M7 a é ce ae PRE ES f. ENCYCLOPÉDIE DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS. TOME PREMIER. tr A fa | ENCYCLOPÉDIE, O U DICTIONNAIRE RAISONNE DES | SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS, PAR UNE SOCIEÉTE DE GENS DE LETTRES. Mis en ordre & publié par M. DIDEROT, de l'Académie Royale des Sciences & des Belles- Lettres de Prufle ; & quant à la PARTIE MATHÉMATIQUE, par M. D'ALEMBERT, de l'Académie Royale des Sciences de Paris, de celle de Prufle, & de la Société Royale de Londres. Tantüm féries junéluraque poller, . Tantüm de medio fumpris accedis honoris ! HORAT. =; MEN ST TOME PREMIER. ic 4 2e 2 KK El Ps a vP. ( N (67 ÿ , { Ù ? Z ENV E ) S CSSS 1 à À 1# ie Me #, TR VV PS di cu = | Les RAS À ASS (3) F N 9 == Æ S f PP = K | « ù à f i ( 7 \ < Th \ S Ep as 4/7, \ NS SIN ; SNyz TF2: Al 4 1) We '! 6 \ DANSE ART ESS SON, rue Saint Jacques, à la Science. S D Paîné , rue Saint Jacques, à la Plume d'or. O N, Imprimeur ordinaire du Roy, rue de la Harpe. B 1 D Chez ii E T D ND, rue Saint Jacques, à Saint Landry, & au Griffon. NM CC Cr EF LT CNALA PNR ONPRA IT ON CENT LP RIVILEGENDU RO Det qi EN vdi |: (y: vu See te AU ! fo Î RES WE SE ARE as ET à CF tarx MU TRE, EE Le k A A Me ie Et Fu UNE 1 : 2 4 AE Eu : ; à US $ CL dE AROÛ À ON ON ASS | | At lieu $ FRE Dire ee sb us | ii | st l LE | “Rs SCDIRE SD ÈS À MONSEIGNEUR "LE COMTE D' ARGENSON. MINISTRE ET SECRETAIRE D'ETAT DE LA GUERRE. V (1 DANAS NE UC NE Cia L'auroriTÉ fuffit a un Miniftre pour lui attirer l'hommage aveugle & fufpect des Courtifans ; mais elle ne peut rien fur le Ju uffrage du Public, des Etrangers , & de la Pofférité. C’eft a la nation éclairée des Gens de Lettres , & fur-tout a la nation libre & defintérefée des Philofophes , que Vous devez, MO NSEIGNEUR , l'eflime générale, fi flateufe pour qui fait penfer , parce qu’on ne l’obtient que de ceux qui penfent. C'eft a eux qu'il appartient de célébrer, fans s'avilir par des motifs méprifables , la confidération diflinguée que Vous {marquez pour les talens ; confidération qui leur rend précieux un homme d'Etat, quand il fait, comme Vous, leur faire [entir que de n'eft point par vanité, mais pour eux-mêmes qu'il les honore. Puiffe 3 MONSEIGNEUR, cet Ouvrage, auquel plufieurs Savans & Artifles célebres ont bien voulu concourir avec nous é que nous Vous préfentons en leur nom, être un monument durable de la reconnoiffance que les Lettres Vous doivent, & qu'elles cherchent à Vous témoigner. Les fiecles futurs , fi notre Encyclopédie a le bonheur d'y parvenir , parleront avec éloge de la proteétion que Vous lui avez accordée dès fa naiffance, moins fans doute pour ce qu’elle eft aujour- d'hui , qu'en faveur de ce qu’elle peut devenir un jour. Nous fommes avec un profond refpect MONSEIGNEUR, Vos très-humbles & trés-obéiflans Serviteurs , DIDEROT & D'ALEMBERT. | DISCOURS FR ve gs x HN NAT k x x 41 AA NS 12e ’ Kane DISCOURS PRÉLIMINAIRE PE) LE S= DATE UR:S. A'ENCYCLOPÉDIE que nous préfentons au Public, eft , comme fon titre l’an: nonce ; l'Ouvrage d’une fociéré de Gens de Lettres. Nous croirions pouvoir A affürer, fi nous n’étions pas du nombre, qu'ils font tous avantageufement connus , ou dignes de l’être. Maïs fans vouloir prévenir un jugement qu'il n'appartient qu'aux Savans de po , il eft au moins de notre devoir d’é- carter avant toutes chofes l’'objeétion la plus capable de nuire au fuccès d’une fi grande entreprife. Nous déclarons donc que nous avons pets eu la témérité de nous charger feuls d’un poids fi fupérieur à nos forces , & que notre fonétion d'Éditeurs con- fifte principalement à mettre en ordre des matériaux dont la partie la plus confidérable nous a été entierement fournie. Nous avions fait expreflément la même déclaration dans le corps du Profpeëtus * ; mais elle auroit peut-être dû fe trouver à la tête. Par cette précau- tion , nous euflions apparemment répondu d'avance à une foule de gens du monde , & même à quelques gens de Lettres, qui nous ont demandé comment deux perfonnes pouvoient trai- ter de toutes les Sciences & de tous les Arts, & qui néanmoins avoient jette fans doute les yeux furle Profpedus, puifqu’ils ont bien voulu honorer de leurs éloges. Aiïnf, le feul moyen d'empêcher fans retour leur objettion de reparoître , c’eft d'employer, comme nous faifons ici , les premieres lignes de notre Ouvrage à la détruire. Ce début eft donc uniquement def- tiné à ceux de nos Leéteurs qui ne jugeront pas à propos d'aller plus loin : nous devons aux autres un détail beaucoup plus étendu fur l'exécution de L'EÉNcrcrop£#D1z:ils-le trou- veront dans la fuite de ce Difcours, avec les noms de chacun de nos collegues ; mais ce détail f important par fa nature & par fa matiere , demande à être précédé de quelques ré- flexions philofophiques. L'OuvrAGE dont nous donnons aujourd’hui le premier volume, a deux objets: comme Encyclopédie , il doit expofer autant qu'il eft poffible, ordre & l’enchaînement des con- noiflances humaines: comme Difonnaire raifonné des Sciences , des Arts & des Méners, 1 doit contenir fur chaque Science & fur chaque Art, foit libéral, foit méchanique, les princi- es généraux qui en font la bafe, & les détails les plus eflentiels, qui en font le corps & L fubftance. Ces deux points de vüe, d'Encyclopéde & de Dilionnaire raifonné, forme- ront donc le plan & la divifion de notre Difcours préliminaire. Nous allons les envifager , les fuivre l’un après l’autre, & rendre compte des moyens par lefquels on a tâché de fatis- faire à ce double objet. | Pour peu qu'on ait réfléchi fur la liaifon que les découvertes ont entr'elles , il eft facile de s’appercevoir que Les Sciences & les Arts fe prêtent mutuellement des fecours, & qu'il y a par a due une chaîne qui les unit. Mais s’il eft fouvent difficile de réduire à un petit nombre de regles où de notions générales, chaque Science ou chaque Art en particu- lier, il ne left pas moins de renfermer en un fyftème qui foit un, les branches on variées de la fcience humaine. Le premier pas que nous ayons à faire dans cette recherche, eft d'examiner, qu’on nous ermette ce terme, la Poe & la filiation de nos connoïflances , les caufes qui ont dû les faire naître, & les caratteres qui les diftinguent; en un mot, de remonter jufqu'à l'origine & à la génération de nos idées. Indépendamment des fecours que nous tirerons de cet examen pour l’énumération encyclopédique des Sciences & des Arts. il ne fauroit être déplacé à la tête d’un ouvrage tel que celui-ci. On peut divifer toutes nos connoiffances en direétes & en réfléchies. Les direétes {ont celles que nous recevons immédiatement fans aucune opération de notre volonté; qui trouvant ouvertes, fi on peut parler ainfi, toutes les portes de notre ame, y entrent fans # Ce Profpedus a été publié au mois de Novembre 1750. ij DISCOURS PRELIMINAIRE réfiftance & fans effort. Les connoiflances réfléchies font celles que lefprit acquiert en opérant fur les direétes, en les uniflant & en les combinant. Let Toutes nos connoïffances direttes fe réduifent à celles que nous recevons par les fens; d’où il s'enfuit que c’eft à nos fenfations que nous devons toutes nos idées. Ce principe des premiers Philofophes a été long-tems regardé comme un axiome par les Scholaftiques; pour qu'ils lui fiffent cet honneur il fuffifoit qu'il füt ancien, &c ils auroient défendu avec la même chaleur les formes fubftantielles ou les qualités occultes. Aufli cette vérité fut-elle traitée à la renaiffance de la Philofophie , comme les Opinions abfurdes dont on auroit dû la diftinguer; on la profcrivit avec elles, parce que rien n’eft fi dangereux pour le vrai, &t ne l’expofe tant à être méconnu, que l’alliage ou lé voifmage de l'erreur. Le fyftème des idées innées , féduifant à plufeurs égards, & plus frappant peut-être parce qu'il étoit moins connu, a fuccédé à l’axiome des Scholaftiques ; & après avoir long-tems regné, il conferve encore quelques partifans; tant la vérité a de peine à reprendre L place, quand les préjugés ou le fophifme l’en ont chaffée. Enfin depuis aflez peu de tems on convient prefque généralement que les Anciens avoient raifon; & ce n’eft pas la feule queftion fur laquelle nous commençons à nous rapprocher d'eux. | Rien n’eft plus inconteftable que l’exiftence de nos fenfations ; ainfi, pour prouver qw’el- les font le principe de toutes nos connoïffances, il fuffit de démontrer qu’elles peuvent l’é- tre: car en bonne Philofophie , toute déduétion qui a pour bafe des faits ou des vérités re- connues, eft préférable à ce qui n’eft appuyé que fur des hypothèfes, même ingénieufes. Pourquoi fuppofer que nous ayons d'avance des notions purement intelleétuelles, f nous n'avons befoin pour les former , que de réfléchir fur nos fenfations ? Le détail où nous allons entrer fera voir que ces notions n’ont point en effet d'autre origine. | La premiere chofe que nos fenfations nous apprennent, & qui même n’en eft pas dif- tinguée , c’eft notre exiftence ; d’où il s'enfuit que nos premieres idées réfléchies doi- vent tomber fur nous, c’eft-à-dire , fur ce principe penfant qui conftitue notre nature, & qui n’eft point différent de nous-mêmes. La feconde connoïflance que nous devons à nos fenfations, eft l’exiftence des objets extérieurs , parmi lefquels notre propre corps doit être compris, puifqu'il nous eft, pour ainfi dire, extérieur, même avant que nous ayons démêlé la nature du principe qui penfe en nous. Ces objets innombrables produifent fur nous un effet fi puiflant , fi continu, & qui nous unit tellement à eux, qu'après un premier inftant où nos idées réfléchies nous rappellent en’nous-mêmes , nous fommes forcés d'en {ortir par les fenfations qui nous affiégent de toutes parts, & qui nous arrachent à la folitude où nous refterions fans elles. La multiplicité de ces fenfations, l'accord que nous remar- quons dans leur témoignage , les nuances que nous y obfervons, les affeétions involontaires qu’elles nous font éprouver, comparées avec la détermination volontaire qui préfide à nos idées réfléchies, & qui n'opere que fur nos fenfations même ; tout cela forme en nous un penchant infurmontable à aflürer l’exiftence des objets auxquels nous rapportons ces fenfa- tions, & qui nous paroïflent en être la caufe; penchant que bien des Philofophes ont regar- dé comme l'ouvrage d’un Etre fupérieur, & comme l’argument le plus convaincant de l’e- xiftence de ces objets. En effet, n’y ayant aucun rapport entre chaque fenfation & l’objet qui l’occafonne, ou du moins auquel nous la rapportons , il ne paroît pas qu'on puifle trouver par le raifonnement de paflage poñible de l'un à Paurre : il n’y a qu'une efpece d'inf- tinét, plus für que la raïfon même, qui puifle nous forcer à franchir un fi grand intervalle; & cet inftinét elt fi vif en nous, que quand on fuppoferoit pour un moment qu'il fubfiftät, pendant que les objets extérieurs feroient anéantis,:ces mêmes objets reproduits tout-à- coup-ne pourroient augmenter fa force. Jugeons donc fans balancer, que nos fenfations ont en effet hors de nous la caufe que nous leur fappofons, puifque l’effer qui peut réfulter de l’exiftence réelle de cette caufe ne fauroit différer en aucune maniere de celui que nous éprouvons ; & n’imitons point ces Philofophes dont parle Montagne , qui interrogés fur le principe des attions humaines, cherchent encore s'il y a des hommes. Loin de vouloir répandre des nuages fur une vérité reconnue des Sceptiques même lorfqu'ils ne difputent pas , laïflons aux Métaphyficiens éclairés le foin d’en développer le principe: c’eft à eux à déterminer, sil eft pofhble, quelle gradation obferve notre ame dans ce ie pas velle fait hors d'elle-même, pouflée pour ainfi dire, & retenue tout à la fois par une Qué de perceptions, qui d’un côté l’entraînent vers les objets extérieurs, & qui de l’autre appartenant proprement qu'à elle, femblent lui circonfcrire un efpace étroit dont elles ne lui permettent pas de fortir. | , De tous les objets qui nous affeétént par leur préfence , notre propre corps eft celui dont l’exiftence nous frappe le plus, parce qu’elle nous appartient plus intimement: maïs à peine fentons-nous l’exiftence de notre corps, que nous nous appercevons de l'attention qu'il exige de nous, pour écarter Les dangers qui l'environnent.Sujer à mille befoins, &fenfible -.* ; | > , »8* ES LEDITEURS i au dernier point à l’aétion des corps extérieurs, il feroit bientôt détruit, fi le foin de fa confervation ne nous occupoit. Ce n’eft pas que tous les corps extérieurs nous faffent éprouver des fenfations defagréables ; quelques-uns femblent nous dédommagér par le laifir que leur attion nous procure. Mais tel eft le malheur de la condition humaine, que la douleur eft en nous le fentiment le plus vif; le plaifir nous touche moins qu’elle, & ne fufñit prefque jamais pour nous en confoler. En vain quelques Philofophes foûtenoient , en rete- nant leurs cris au milieu des fouffranges, que la douleur n’étoit point un mal : en vain quel- ques autres plaçoient le bonheur flifème dans la volupté, à laquelle ils ne laiffoient pas de {e refufer par la crainte de fes fuitéSftous auroiènt mieux connu notre nature, s'ils s'étoient contentés de borner à l’exemption de la douleur le fouverain bien de la vie préfente, & de convenir que fans pouvoir atteindre à ce fouverain bien , il nous étroit feulement permis d’en approcher plus ou moins, à proportion de nos foins & de notre vigilance. Des réflexions fi naturelles frapperont infailliblement tout homme abandonné à lui-même , & libre de pré- jugés , foit d'éducation , foit d’étude : elles feront la fuite de la premiere impreflion qu'il re- cevra des objets; & l’on peut les mettre au nombre de ces premiers mouvemens de lame, précieux pour les vrais fages, & dignes d'être obfervés par eux , mais négligés ou rejettés par la Philofophie ordinaire , dont ils démentent prefque toûjours les principes. | | La nécefité de garantir notre propre corps de la douleur & de la deftruétion , nous fait examiner parmi Les objets extérieurs, ceux qui peuvent nous être utiles ou nuifibles, pour rechercher les uns & fuir les autres. Mais à peine commençons-nous à parcourir ces objets, que nous découvrons parmi eux un grand nombre d'êtres qui nous paroïflent entierement {emblables à nous, c’eft-à-dire, dont la forme eft toute pareille à la nôtre, & qui, autant que nous en pouvons juger au premier coup d'œil, femblent avoir les mêmes perceptions que nous: tout nous porte donc à penfer qu'ils ont aufhi les mêmes befoins que nous éprou- vons, & par conféquent le même intérêt de les fatisfaire ; d’où il réfulre que nous devons trouver beaucoup d'avantage à nous unir avec eux pour démêler dans la nature ce qui peut nous conferver ou nous nuire. La communication des idées eft le principe &r le foûtien de cetre union, & demande néceflairement l'invention des fignes ; telle eft l’origine de la formation des fociétés avec laquelle les langues ont dû naître. Ce commerce que tant de motifs puiflans nous engagent à former avec les autres hommes, augmente bien-tôt l’érendue de nos idées, & nous en fait naître de très-nouvelles pour nous, & de très-éloignées, felon toute apparence, de celles que nous aurions eues par nous-mêmes fans un tel fecours. C’eft aux Philofophes à juger f. cette communication réciproque, jointe à la reflemblance que nous appercevons ertre nos fenfations & celles de nos {emblables, ne contribue pas beaucoup à fortifier ce penchant invincible que nous avons à fuppofer l’exiftence de tous les objets qui nous frappent. Pour me renfermer dans mon fujet, je remarquerai feulement que l'agrément & l'avantage que nous trouvons dans un pareil commerce, foit à faire part de nos idées aux autres hommes, foit à joindre les leurs aux nôtres, doit nous porter à reflerrer de plus en plus les liens de la fociété commencée, &c à la rendre la plus utile pour nous qu'il eft poffible. Mais chaque membre de la fociété cherchant ainfi à augmenter pour lui-même l'utilité qu’il en retire, & ayant à combattre dans chacun des autres un empreflement égal au fien, tous ne peuvent avoir la même partaux avantages , quoique tous y ayent le même droit. Un droit fi légitime eft donc bientôt en- freint par ce droit barbare d’inégalité, appellé loi du Je fort, dont lufage femble nous con- fondre avec les animaux, & dont il eft pourtant fi diflcile de ne pas abufer. Aïnfi la force, donnée par la nature à certains hommes, & qu'ils ne devroïent fans doute employer qu’au foûtien & à la protettion des foibles, eft au contraire l'origine de l’oppreflion de ces der- niers. Mais plus loppreflion eft violente, plus ils la fouffrent impatiemment, parce qu'ils fentent que rien de raifonnable n’a dû les y affujettir. De-là la notion de l'injufte, & par conféquent du bien & du mal moral , dont tant de Philofophes ont cherché le principe , & que le cri de la nature, qui retentit dans tout homme , fait entendre chez les Peuples même les plus fauvages. Delà auffi cette loi naturelle que nous trouvons au dedans de nous, fource des premieres lois que les hommes ont dù former: fans le fecours même de ces lois elle eft quelquefois aflez forte, finon pour anéantir l’oppreffion, au moins pour la contenir dans certaines bornes. C’eft ainfi que le mal que nous éprouvons par les vices de nos femblables, produit en nous la connoiflance réfléchie des vertus oppofées à ces vices; connoïffance pré- cieufe, dont une union & une égalité parfaites nous auroient peut-être privés. Par l’idée acquife du jufte & de linjufte, & conféquemment de la nature morale des attions, nous fommes naturellement amenés à examiner quel eft en nous le principe qui agit, ou ce qui eft la même chofe, la fubftance qui veut & qui conçoit. Il ne faut pas ap- profondir beaucoup la nature de notre corps & l’idée que nous en avons, pour reconnoître u’il ne fauroit être cette fubftance, puilque les propriétés que nous obfervons dans la 9 Prop 4 ï Tome I. | A y \ iv DISCOURS PRELIMINAIRE matiere, n’ont rien de commun avec la faculté de vouloir & de penfer : d’où il réfulte que cet être appellé Nous eft formé de deux principes de différente nature, tellement unis, qu'il rene entre les mouvemens de l’un & les affeétions de l’autre, une correfpondance que nous ne faurions ni fufpendre ni altérer, & qui les tient dans un aflujettiflement réciproque. Cetefcla- vage fi indépendant de nous, joint aux réflexions que nous fommes forcés de faire fur la na- ture des deux principes & fur leur imperfeétion , nous éleve à la contemplation d’une În- telligence toute puiflante à qui nous devons ce que “à s fommes, &c qui exige par confé- quent notre culte: fon exiftence pour être reconnue ; oit befoin que de notre fentiment intérieur, quand même le témoignage univerfel des ätitres hommes, & celui de la Nature entiere, ne s'y joindroient pas. | | | Il eft donc évident que les notions purement intelleétuelles du vice & de la vertu, le prin- cipe & la néceflité des lois, la fpiritualité de l'ame, l’exiftence de Dieu & nos devoirs envers lui , en un mot les vérités dont nous avons le befoin le plus prompt & le plus indifpenfable , font le fruit des premieres idées réfléchies que nos fenfations occafionnent. Quelque interreflantes que foient ces premieres vérités pour la plus noble portion de nous-mêmes, le corps auquel elle eft unie nous ramene bientôt à lui par la néceffté de pourvoir à des befoins qui fe multiplient fans ceffe. Sa confervation doit avoir pour objer, ou de prévenir les maux qui le menacent, ou de remédier à ceux dont ileft atteint. C’eft à quoi nous cherchons à fatisfaire par déux moyens; favoir, par nos découvertes particu- lieres, & par les recherches des autres hommes; recherches dont notre commerce avec eux nous met à portée de profiter. De-là ont dû naître d'abord l'Agriculture, la Medecine ; enfin tous les Arts les plus abfolument néceflaires. [ls ont été en même tems&c nos con- noiffances primitives, & la fource de toutes les autres, même de celles qui en paroïilent très-éloignées par leur nature: c’eft ce qu'il faut développer plus en détail. Ô _… Les premiers hommes, en Saidant mutuellement de leurs lumieres, c'eft-à-dire, de leurs efforts féparés ou réunis, font parvenus, peut-être en aflez peu de rems, à découvrir une par- tie des ufages auxquels ils pouvoient employer les corps. Avides de connoïffances utiles, ils ont dû écarter d'abord toute fpéculation oifive ,"confidérer rapidement les uns après les autres les différens êtres que la nature leur préfentoit, &c les combiner, pour ainf dire , matériellement , par leurs propriétés les plus frappantes & les plus palpables. À cette pre- miere combinaifon , il a dû en fuccéder une autre plus recherchée, mais toüjours relative à leurs befoins, & qui a principalement confifté dans une étude plus approfondie de “a propriétés moins fenfbles, dans l’altération &c la décompofition des corps, &c ans l’ufage qu’on en pouvoit tirer. | Cependant, quelque chemin que les hommes dont nous parlons, & leurs fuccefleurs, ayent été capables de faire, excités par un objet auff intéreflant que celui de leur propre confervation ; l'expérience & lobfervation de ce vafte Univers leur ont fait rencontrer bientôt des obftacles que leurs plus grands efforts n’ont pà franchir. L'efprit, accoûtumé à la méditation , & avide d’en tirer quelque fruit, a dù trouver alors une efpece de reflource dans la découverte des propriétés des corps uniquement curieufes, découverte qui ne connoît point de bornes. En effet, fi un grand nombre de connoïiflances agréables fufhfoit pour confoler de la privation d'une vérité utile on pourroit dire que l'étude de da Nature, quand elle nous refufe le néceflaire , fournit:du moins avec profuñon à nos plaifrs : c’eft une efpece de fuperflu qui fupplée, quoique -très-imparfaitement , à ce qui nous manque. De plus, dans l'ordre de nos befoins & des objets dernôs pañlions , le plaïfr tient une des premieres places, & la curiofité ft un:befoin pour: qui fait penfer , fur-tout lorfque ce defir inquiet eft animé par une forte de dépit de ne pouvoir entierement {e fatisfaire. Nous devons donc un grand nombre de connoïflances fimplement agréables à, limpuiflance malheureufe où nous fommes d'acquérir celles qui nous feroient! d’une plus grande nécef- fité. Un autre motif fert à nous foûtenir dans un pareil travail; fr Putilité n'en, eft pas Pobjet ; elle peut en être au moins le prétexte. Il nous fufht d’avoir trouvé quelquefois un avantage réel dans certaines connoiffances , où d’abord nous ne lavions pas foupçonné , pour nous autorifer à regarder toutes les recherches de pure curiofité, comme pouvant un jour nous être utiles. Voilà l’origine & la caufe des progrès de cette vafterScience, appellée en général Phyfique ou Etude de la Nature , qui comprend tant de ‘parties diffé: rentes: l'Agriculture & la Medecine, qui l'ont principalement fait naïtre ; n'en: {ont plus aujourd'hui que des branches. Auf, quoique les plus-eflentielles & les premieres de tou- tes , elles ont été plus ou moins en honneur à proportion qu’elles ont été plus ou moinsétouf- fées &obfcurcies par les autres. E Dans cette étude que nous faifons de lanature ;-em partie par néceflité, en partie paramur fement, nous remarquons que:les corpsontun grand nombre de propriétés , mais tellement unies pour la plûpart dans un même {ujet, ton de les étudier chacune plus à fond nous DES EDITEURS. v fommes obligés de les confidérer féparément. Par cette opération de notre efprit, nous découvrons bientôt des propriétés qui paroiflent appartenir à tous les corps , comme la faculté de fe mouvoir ou de refter en repos, & celle de fe communiquer du mouvement, fources des principaux changemens que nous obfervons dans la Nature. L'examen de ces propriétés, &c fur -tout de là derniere, aidé parnos propres fens, nous fait bientôt dé- couvrir une autre propriété dont elles dépendent; c'eit l'impénétrabilité ou cette efpece de force par laquelle chaque corps en exclut tout autre du lieu qu'il occupe, de maniere que deux corps rapprochésyle plus qu'il eft poflible, ne peuvent jamais occuper un efpace moindre que celui qu'ils remplifloient étant défunis. L'impénétrabilité eft la propriété prin- cipale par laquelle nous diftimguons les corps des parties de l'efpaceñndéfini où nous ima- ginons qu'ils font placés; du moins c’eft ainfi que nos fens nous font juger, & s'ils nous trompent fur ce point, c’eft une erreur fi métaphyfique, que notre exiftence & notre confer- vation n’en ont rien à craindre, & que nous y revenons continuellement comme malgré nous par notre maniere ordinaire de concevoir. Tout nous porte à regarder l’efpace comme le lieu des corps, finon réel, au moins fuppofé ; c’eft en effet par le fecours des parties de cet efpace confidérées comme pénétrables 8 immobiles, que nous parvenons à nous former l'idée la plus nette que nous puiffions avoir du mouvement. Nous fommes donc comme na- turellement contraints à diffinguer,jau moins par l'efprit, deux fortes d'étendue , dont lune eft impénétrable , & l'autre conftitue le lieu des corps. Ainf quoique Pimpénétrabilité entre néceflairement dans l’idée que nous nous formons des portions de la matiere , cependant comme c’eftune propriété relative, c’eft-à-dire, dont nous n'avons l'idée qu'en examinant deux corps enfemble, nous nous accoûtumons bientôt à la regarder comme diftinguée de ‘étendue , & à confidéréer celle-ci féparément de l’autre. | | = Par cette nouvelle confidération nous ne voyons plus les corps que comme des parties figurées &c étendues de lPefpace ; point de vüe Le plus général & le plus abftrait fous lequel nous puiffions les envifager. Car Pétendue où nous ne diftinguerions point de parties figu- rées, ne feroit q\'un tableau lointain & obfeur, où tout nous échapperoit , parce qu'il nous feroit impofible d'y rien difcerner. La couleur & la figure, propriétés toûjours attachées aux corps, quoique variables pour chacun d'eux, nous fervent en quelque forte à les détacher du fond de l’efpace ; l’une de ces deux propriétés eft même fufifante à cet égard: aufli pour con- fidérer les corps fous la forme la plus intelleétuelle, nous préférons la figure à la couleur, {oit parce que la figure nous eft plus familiere étant à la fois connue par la vûe & par le toucher , foit parce qu’il eft plus facile de confidérer dans un corps la figure fans la couleur, de la couleur fans la figure ; foit enfin parce que la figure fert à fixer plus aifément, êc ‘une maniere moins vague, les parties de l’efpace. | Nous voilà donc conduits à déterminer les propriétés de l’étendue fimplement en tant ue fisurée. C’eft l’objet de la Géométrie, qui pour y parvenir plus facilement, confidere ’abord l'étendue limitée parune feule dimenfion, enfuite par deux, & enfin fous les trois dimerifions qui conftituent OM. du corps intelligible, c’eft-à-dire, d'une portion de l'efpace terminée en tout fens par des bornes iniellénellée | Ainfi , par des opérationsi& des abftraétions fucceflives de notre efprit, nous dépouil- lons la matiere de prefque toutes:fes propriétés fenfbles , pour n'envifager en quelque maniere que fon phantômes 8 lon doit fentir d’abord que les découvertes auxquelles cette recherche nous conduit , ne-pourrontimanquer d’être fort utiles toutes les fois qu'il ne fera point néceflaire d’avoir égard à Fimpénétrabilité des corps ; par exemple; lorfqu'il fera queftion d'étudier leur mouvement, [en:les confidérant comme des partiés de lefpace, figu- rées, mobilesi, 8 diftantes les unes des autres. L'examen! que nous faifons de l'étendue figurée nous préfentant un grand nombre-de combinaifons àfaire, il ef néceffaire d'inventer quelque moyen qui nousrrende ces:combi- naifons plus faciles; & comme elles :confiftent principalement dans le calculêcrle rapport des différentes parties dont nous imaginons que les corps géométriques {ont:formés ;-cette recherche nous: conduit bientôt à l’Arithmétique ou Science des nombres. Elle n’eft autre chofe que l’art de trouver d'une maniere abregée l’expreflion d’un rapport unique quiréfulte de la comparaifon de plufieurs autres. Les différentes manières de comparer ces: rapports donnent les différentes regles de l’Arithmétique. | : De plus, il'eft bien fibile qu'en réfléchiffant fur ces regles, nous n’appercevions certains principes ou propriétés générales des rapports parle moyen defquelles nous pouvons, er exprimant ces rapports d’une! maniere: univerfelles, découvrir les différentes combinaifons qu'on en peut faire. Les réfultats de ces combinaïfons , réduits fous une forme générale ,ne {eronten effetque des calculs arithmétiques‘indiqués ; &rrepréfentés par l'expreflion-la plus fimplet 8 la: plus courteique puiffe foufrir: leur état de généralité. La fcience ou l'art de défigner‘ainfi les rapports eft ceïqu'on nomme Algebre: Ainf quoiqu'il n'y ait proprement “5; DISCOURS PRELIMINAIRE de calcul poflible que par les nombres, ni de grandeur mefurable que l'étendue (car fans l’ef- pace nous ne pourrions mefurer exaétement le tems) nous parvenons, en généralifant toûjours nos idées., à cette partie principale des Mathématiques , & de toutes les Sciences naturelles ; qu'on appelle Science des grandeurs en général ; elle eft le fondement de toutes les découvertes qu'on peut faire fur la quantité, c’eft-à-dire , fur tout ce qui eft fufceptible d'augmentation ou de diminution. a Cette Science eft le terme le plus éloigné où la contemplation des propriétés de la ma- tiere puifle nous conduire , -& nous ne pourrions aller plus loin fans fortir tout-à-fait de l'univers matériel. Mais telle eft la marche de l'efprit dans fes rechéfches, qu'après avoir gé- nérali{é {es perceptions jufqu'au point de ne pouvoir plus les décompofer davantage, il re- vient enfuite fur fes pas, recompofe de nouveau ces perceptions mêmes, & en forme peu à peu & par gradation , les êtres réels qui font l’objet immédiat & direét de nos fenfations. Ces êtres, immédiatement relatifs à nos befoins, font aufli ceux qu’il nous importe le plus d'étudier; les abftraétions mathématiques nous en facilitent la connoïflance; mais elles ne {ont utiles qu'autant qu’on ne s’y borne pas. C'eit pourquoi, ayant en quelque forte épuifé par les fpéculations géométriques les propriétés de l'étendue figurée , nous commençons par lui rendre l’impénétrabilité, qui con- ftitue le corps phyfique, & qui étoit la derniere qualité fenfible dont nous lavions dépouillée. Cette nouvelle confidération entraîne celle de l’a@tion des corps les uns fur les autres, car les corps n'agiffent qu’en tant qu'ils font impénétrables; & c’eft delà que fe déduifent les lois de l'équilibre & du mouvement, objet de la Méchanique. Nous étendons même nos recherches jufqu’au mouvement des corps animés par des forces ou caufes motrices incon- aues, pourvû que la loi fuivant laquelle ces caufes agifent, foit connue ou fuppoñée l'être. Rentrés enfin tout-à-fait dans le monde corporel, nous appercevons bien-tôt lufage que nous pouvons faire de la Géométrie & de la Méchanique, pour acquérir fur les propriétés des corps les connoiffances les plus variées & les plus profondes. C’eft à peu-près de cette maniere que font nées toutes les Sciences appellées Phyfico-Mathématiques. On peut mettre à leur tête lAftronomie, dont l'étude, après celle de nous-mêmes, eft la plus digne de notre application par le fpeétacle magnifique qu’elle nous préfente. Joignant l’obferva- tion au calcul, & les éclairant l’un par l'autre, cette fcience détermine avec une exactitude digne d’admiration les diftances & les mouvemens les plus compliqués des corps céleftes ; elle affigne jufqu’aux forces mêmes par lefquelles ces mouvemens font produits ou altérés. Aufli peut-on la regarder à jufte titre comme l'application la plus fublime & La plus füre de la Géométrie & de la Méchanique réunies, & {es progrès comme le monument le plus inconteftable du fuccès auxquels Pefprit humain peut s'élever par {es efforts. L’ufage des connoïflances mathématiques n’eft pas moins grand dans l'examen des corps terreitres qui nous environnent. Toutes les propriétés que nous obfervons dans ces corps ont entrelles des rapports plus ou moins fenfbles pour nous : la connoïflance ou la dé- couverte de ces rapports eft prefque toûjours le feul objet auquel il nous foit permis d’at- teindre , & le feul par conféquent que nous devions nous propofer. Ce n’eft donc point par des hypothèfes vagues & arbitraires que nous pouvons efpérer de connoître la Nature ; c’eft par l'étude réfléchie des phénomènes, par la comparaifon que nous ferons des uns avec les autres, par l’art de réduire, autant qu'il fera pofible, un grand nombre de phénomènes à un feul qui puifle en être regardé comme le principe. En effet, plus on diminue le nombre des principes d’une fcience , plus on leur donne d’étendue ; puifque l’objetd’une fcience étant néceflairement déterminé, les principes appliqués à cet objet feront d'autant plus féconds w’ils feront en plus petit nombre. Cette réduétion, qui les rend d’ailleurs plus faciles à fai- fr , conftitue le véritable efprit fyftématique qu’il faut bien fe garder de prendre pour l’ef- prit de fyftème , avec lequel il ne fe rencontre pas toûjours. Nous en parlerons plus au long dans la fuite. Mais à proportion que l’objet qu'on embraffe eft plus ou moins difficile & plus ou moins vaîte , la réduétion dont nous parlons eft plus ou moins pénible : on eft donc auf plus ou moins en droit de l’exiger de ceux qui fe livrent à l'étude de la Nature. L’Aimant, par exemple , un des corps qui ont été le plus étudiés, & fur lequel on a fait des découvertes fi furprenantes, a la propriété d'attirer le fer, celle de lui communiquer fa vertu , celle de fe tourner vers les poles du Monde, avec une variation qui eft elle-même fujette à des regles, &c qui n’eft pas moins étonnante que ne le feroit une direétion plus exaëte ; enfin la propriété de s'incliner en formant avec la ligne horifontale un angle plus ou moins rand , felon le lieu de la terre où il eft placé. Toutes ces propriétés fingulieres, dépen- ri de la nature de PAimant , tiennent vraiflemblablement à quelque propriété générale, qui en eft l’origine, qui jufqu'ici nous eft inconnue, & peut-être le reftera long-tems. Au de d'une telle connoïflance, & des lumieres néceflaires fur la caufe phyfique des pro- DES EDITEURS. vij priétés de l’Aimant, ce feroit fans doute une recherche bien digne d’un Philofophe , que de réduire , s’il étoit poflible, toutes ces propriétés à une feule , en montrant la liaïfon qu’elles ont entr'elles. Mais plus une telle découverte feroit utile aux progrès de la Phyfique , plus nous avons lieu de craindre qu’elle ne foit refufée à nos efforts. J’en dis autant d’un grand nombre d’autres phénomènes dont l’enchaïnement tient peut-être au fyftème général du Monde. La feule reflource qui nous refte donc dans une recherche fi pénible , quoique fi nécef- faire , & même fi agréable, c’eft d'amañler le plus de faits qu'il nous eft pofhble , de les difpofer dans l’ordre le plus naturel, de les rappeller à un certain nombre de faits princi- paux dont les autres ne foient que des conféquences. Si nous ofons quelquefois nous élever plus haut , que ce foit avec cette fage circonfpeétion qui fied fi bien à une vüûe auffi foible que la nôtre. ” Tel eft le plan que nous devons fuivre dans cette vaite partie de la Phyfique , appellée Phyfique générale & expérimentale. Elle differe des Sciences Phyfico-Mathématiques, en ce qu'elle n’eft proprement qu'un recueil raifonné d'expériences & d'obfervations; au lieu que celles-ci par l'application des calculs mathématiques à l'expérience, déduifent quel- uefois d’une feule & unique obfervation un grand nombre de conféquences qui tiennent de bien près par leur certitude aux vérités géométriques. Ainfi une feule expérience fur la réflexion de la lumiere donne toute la Catoptrique , ou fcience des propriérés des Miroirs ; une feule fur la réfraétion de la lumiere produit l'explication mathématique de lPArc-en- ciel , la théorie des couleurs, & toute la Dioptrique, ou fcience des Verres concaves & convexes ; d’une feule obfervation fur la prefhion des fluides, on tire toutes les lois de l'équilibre & du mouvement de ces corps ; enfin une expérience unique fur l'accéléra- tion des corps qui tombent, fait découvrir les lois de leur chûte fur des plans inclinés, & celles du mouvement des pendules. Il faut avoïier pourtant que les Géometres abufent quelquefois de cette application de l'Algebre à la Phyfique. Au défaut d'expériences propres à fervir de bafe à leur calcul, ils fe permettent des hypothèfes les plus commodes , à la vérité, qu'il leur eft poflible, mais fouvent très-éloignées de ce qui eft réellement dans la Nature. On a voulu réduire en calcul jufqu’à l’art de guérir; & le corps humain, cette machine fi compliquée, a été traité par nos Médecins algébriftes comme le feroit la machine la plus fimple ou la plus facile à décompofer. C’eft une chofe finguliere de voir ces Auteurs réfoudre d’un trait de plume des problèmes d'Hydraulique & de Statique capables d’arrêter toute leur vie les plus rands Géometres. Pour nous, plus fages ou plus timides, contentons-nous d’envifager la plüpart de ces calculs & de ces fuppofitions vagues comme des jeux d’efprit auxquels la Nature n’eft pas obligée de fe foûmettre ; & concluons , que la feule vraie maniere de phi- lofopher en Phyfique, confifte, ou dans l'application de l'analyfe mathématique aux expé- riences, ou dans l’obfervation feule , éclairée par lefprit de méthode, aidée quelquefois , par des conjeëtures, lorfqu’elles peuvent fournir des vües, mais féverement dégagée de toute hypothèfe arbitraire. | Arrêtons-nous un moment ici, & jettons les yeux fur l’efpace que nous venons de par- courir. Nous y remarquerons deux limites où fe trouvent , pour ainfi dire, concentrées prefque toutes les connoïflances certaines accordées à nos lumieres naturelles. L'une de ces limites, celle d’où nous fommes partis, eft l’idée de nous-mêmes, qui conduit à celle de l'Etre tout-puiflant, 8 de nos principaux devoirs. L’autre eft cette partie des Mathématiques qui a pour objet les propriétés générales des corps, de l’étendue &.de la grandeur, Entre ces deux termes eft un intervalle immenfe , où l'intelligence fuprème femble avoir voulu fe joüer de la curiofité humaine , tant par les nuages qu'elle y a répandus fans nombre, que par quelques traits de lumiere qui femblents’échapper de diftance en diftance pour nous atti- rer. On pourroit comparer l'Univers à certains ouvrages d’une obfcurité fublime , dont les Auteurs en s’abaiffant quelquefois à la portée de celui qui les lit, cherchent à ‘lui per- fuader qu’il entend tout à-peu-près. Heureux donc, fi nous nous engageons dans ce labyrinthe, de ne point quitter la véritable route ; autrement les éclairs deftinés à nous y conduire , ne ferviroient fouvent qu'à nous en écarter davantage. Il s’en faut bien d’ailleurs que le petit nombre de connoïflances certaines fur lefquelles nous pouvons compter, & qui font, fi on peut s'exprimer de la forte, reléguées aux deux extrémités de lefpace dont nous parlons, foit fuffifant pour fatisfaire à tous nos befoins. La nature de l’homme ; dont l'étude eftifi néceflaire & fi recommandée par Socrate, eft un myftere impénétrable à l'homme même, quand il n’eft éclairé que par la raifon feule ; & les plus grands génies à force de réflexions fur une matiere fi importante , ne parviennent ES trop fouvent à en favoir un peu moins que le refte des hommes. On peut.en dire autant e notre exiftence préfente & future , de leffence de l’Etre ‘auquel nous là devons, & du genre de culte qu’il exige de nous. vi) DISCOURS PRELIMINAIRE Rien ne nous eft donc plus néceflaire qu’une Religion révélée qui nous inftruifé fur tant de divers objets. Deftinée à fervir de fupplément à la connoiffance naturelle, elle nous montre une partie de ce qui nous étoit caché; mais elle fe borne à ce qu'il nous eft abfolu- ment néceflaire de connoitre ; le refte eft fermé pour nous, & apparemment le fera toù- Jours. Quelques vérités à croire, un petit nombre de préceptes à pratiquer, voilà à quoi la Religion révélée fe réduit: néanmoins à la faveur des lumieres qu’elle a communiquées au monde, le Peuple même eft plus ferme & plus décidé für un grand nombre de queftions intéreffantes, que ne l'ont été toutes les feétes des Philofophes. À l'égard des Sciences mathématiques, qui conftituent la feconde des limites dont nous avons parlé , leur nature & leur nombre ne doivent point nous en impofer. C’eft à la fimplicité de leur objet qu'elles font principalement redevables de leur certitude. Il faut même avoter que comme toutes les parties des Mathématiques n’ont pas un objet également fimple, aufñ la certitude proprement dite, celle qui eft fondée fur des principes néceffairement vrais Sc évidens par eux-mêmes, n'appartient ni également ni de la même maniere à toutes ces parties. Plufeurs d’entrelles, appuyées fur des principes phyfiques, c’eft-à-dire, fur des vérités d'expérience ou fur de fimples hypothèfes , n’ont, pour ainf dire, qu'une certitude : d'expérience ou même de pure fuppofition. Il #’y a, pour parler exattement, que celles qui traitent du calcul des grandeurs & des propriétés générales de l'étendue, c’eft-à-dire, l'AI- ebre, la Géométrie & la Méchanique , qu'on puifle regarder comme marquées au fceau de évidence. Encore y a-t-il dans la lumiere que ces Sciences préfentent à notre efprit, une efpece de gradation, & pour ainfi dire de nuance à obferver. Plus l’objet qu’elles em- braflent eft étendu, & confidéré d’une maniere générale & abftraite, plus aufh leurs prin- cipes font exernpts de nuages; c’eft par cette raïfon que la Géométrie eft plus fimple que la Méchanique , & l’une & l’autre moins fimples que l’Algebre. Ce paradoxe n’en fera point un pour ceux qui ont étudié ces Sciences en Philofophes ; les notions les plus abftraites, celles que le commun des hommes regarde comme les plus inacceflibles, font fouvent celles qui portent avec elles une plus grande lumiere : Pobfcurité s'empare de nos idées à mefure que nous examinons dans un objet plus de propriétés fenfbles. L'impénétrabilité , ajoûtée à l’idée de létendue, femble ne nous offrir qu'un myftere de plus, la nature du mouvement eft une énigme pour les Philofophes, le principe métaphyfique des lois de la percuffion ne leur eft pas moins caché; en un mot plus ils approfondiflent l'idée qu'ils fe forment de la matiere & des propriétés qui la repréfentent, plus cette idée s'obfcurcit & paroït vouloir leur échapper. On ne peut donc s'empêcher de convenir que l’efprit n’eft pas fatisfait au même degré par toutes les connoïffances mathématiques : allons plus loin, & examinons fans prévention à quoi ces connoïffances fe réduifent. Envifagées d’un premier coup d’œil, elles font fans doute en fort grand nombre, & même en quelque forte inépuifables: mais lorfqu'après les avoir accumulées, on en fait le dénombrement philofophique, on s’apperçoit qu’on eft en effet beaucoup moins riche qu’on ne croyoit l'être. Je ne parle point ici du peu d'appli- cation & d’ufage qu'on peut faire de plufieurs de ces vérités; ce feroit peut-être un argu- ment aflez foible contrelles : je parle de ces vérités confidérées en elles-mêmes. Qu'eft-ce que la plüpart des ces axiomes la Géométrie eft fi orgueilleufe, fi ce n’eft l'expreffion d'une même idée fimple par deux fignes ou mots différens ? Celui qui dit qe deux & deux font quatre, a-t-il une connoïffance de plus que celui qui fe contenteroit de dire que deux & deux font deux & deux? Les idées 1e tout, de partie, de plus grand & de plus petit, ne font-elles pas, à proprement parler , la même idée fimple & individuelle, pufqu'on ne fauroit avoir l’une fans que les autres fe préfentent toutes en même tems? Nous devons, comme l'ont obfervé quelques Philofophes , bien des erreurs à l'abus des mots; c’eft peut. être à ce même abus que nous devons les axiomes. Je ne prétends point Fugue en condamner abfolument l’ufage, je veux feulement faire obferver à quoi il fe réduit; c'eft à nous rendre les idées fimples plus familieres par l’habitude, & plus propres aux différens ufages auxquels nous pouvons les appliquer. Ÿ en dis à-peu-près autant, quoiqu'avec les reftriétions convenables , des théorèmes mathématiques. Confidérés fans préjugé, ils fe réduifent à un aflez petit nombre de vérités primitives. Qu'on examine une fuite de pro- pofitions de Géométrie déduites les unes des autres, en forte que deux propoñtions voifines fe touchent immédiatement & fans aucun intervalle , on s’appercevra qu'elles ne font toutes que la premiere propoñition qui fe FSU pour ainhi dire, fucceflive- ment & peu à peu dans le paflage d’une conféquence à la fuivante, mais qui pourtant n'a point été réellement multipliée par cet enchaînement, & n’a fait que recevoir différentes formes. C’eft à-peu-près comme fi on vouloit exprimer cette propoftion par le moyen d’une langue qui fe {eroit infenfiblement dénaturée , & qu’on l’exprimât fucceflivement de diverfes manieres, qui repréfentaflent les différens états par lefquels la langue a pañlé. _ Chacun DE SEX ED IT BE U\R:S: 1x Chacun de ces états fe reconnoîtroit. dans celui qui en féroit immédiatement voifin; mais dans un état plus éloigné , on.ne le déméleroit plus, quoiqu'il füt toüjours dépendant de ceux qui l’auroient précédé, & deftiné à tranfmettre les mêmes idées. On peut donc re- garder l’enchaînement dé plufeurs vérités géométriques, comme des traductions plus. ou moins différentes &. plus ou moins compliquées de la même propoñition, & fouvent de la mémethypothèfe. Ces. traduétions font, au refte fort. avantageufes par les divers ufages u’elles nous mettent à portée de faire du théorème qu'elles expriment; ufages plus ou moins eftimables à proportion.de leur importance & de leur étendue. Mais.en convenant du mé- rite réel-de la traduétion mathématique, d’une propofition , il faut reconnoïître auf que ce mérite réfide originairement dans la propofition même. C'eft ce qui doit-nous faire fentir combien nous fommesredevables aux génies inventeurs, qui en découvrant quelqu’une de ces vérités fondamentales , fource ,.8& pour ainf dire , original d’un grand nombre d’autres, ont réellement enrichi la: Géométrie, & étendu fon domaine. FL _- Il en.eft de même. des vérités phyfiques & des propriétés des corps dont nous apperce- vons. la liaifon. Toutes ces propriétés bien rapprochées ne nous offrent, à proprement par« ler , qu'une connoiflance fimple &unique. Si d’autres èn plus grand nombre font détachées pour nous, & forment des vérités différentes , c’eft à la foiblefle de nos lumieres que nous devons cetrifte avantage ; & l’on peut dire que notre abondance à cet égard eft l'effet de no: tre indigence même. Les corps éleétriques dans lefquels on a découvert tant de propriérés fingulieres, mais qui ne paroïffent pas tenir l’une à l’autre , font peut-être en un fens les corps les moins connus, parce qu'ils paroïffent l'être davantage. Cette vertu qu'ils acquierent étant frottés , d'attirer de petits corpufcules, &celle de produire dans les animaux une commotion violente, font deux chofes pour nous; c'en feroit une feule fi. nous pouvions remonter à la premiere eaufe. L'Univers, pour qui fauroit lembrafler d’un feul point de vüe , ne feroit, s’il eft permis de Le dire, qu'un fait unique & une grande vérité. Les différentes connoïflances , tant utiles qu'agréables , dont nous avons parlé jufqu’ici, & dont nos befoins ont été la premiere origine, ne font pas les feules que l’on ait dû cultiver. Il en eft d’autres qui leur font relatives, & auxquelles par cette raifon les hommes fe {ont appliqués dans le même tems qu'ils fe livroient aux premieres. Aufli nous aurions en même tems parlé de toutes, fi nous n'avions crû plus à propos & plus conforme à l'ordre philo- {ophique de ce Difcours, d’envifager d’abord fans interruption l'étude générale que les hommes ont faite des corps, parce que cette étude eft celle par laquelle ils ont commencé, quoique d’autres s’y foient bientôt jointes. Voici à-peu-près dans quel ordre ces dernieres ont dù fe fuccéder. L'avantage que les hommes ont trouvé à étendre la fphère de leurs idées, foit par leurs propres efforts, foit par le fecours de leurs femblables, leur a fait penfer qu'il feroit utile de réduire en art la maniere même d'acquérir des connoïffances , & celle de fe communi- quer réciproquement leurs pos penfées ; cet art a donc été trouvé , & nommé Logique. Il enfeigne à ranger les idées dans l’ordre le plus naturel, à en former la chaine la plus immédiate, à décompofer celles qui en renferment un trop grand nombre de fimples, à les envifager par toutes leurs faces, enfin à les préfenter aux autres fous une forme qui les leur fende faciles à faifir. C’eft en cela que confifte cette fcience du raifonnement qu’on regarde avec raifon comme la clé de toutes nos connoïffances. Cependant il ne faut pas croire qu’elle tienne le premierrang dans l’ordre de invention. L'art de raifonner eft un préfent que la Na- ture fait d'elle-même aux bons efprits ; & on peut dire que les livres qui en traitent ne font guere utiles qu'à celui qui peut fe pafler d'eux. On à fait un'grand nombre de raifonnemens juites, long-tems avant que la Logique réduite en principes apprit à démêler les mauvais, ou même à les pallier quelquefois par une forme fubtile & trompeufe. | Cet art fi précieux de mettre dans les idées l’enchainement convenable, & de faciliter en conféquence le paflage de l’une à l’autre, fournit en quelque maniere le moyen de rap- procher jufqu'à un certain point les hommes qui paroïffent différer le plus. En eftet, toutes nos connoiflances fe réduifent primitivement à des fenfations, qui font à peu-près les mé- mes dans tous les hommes ; & l’art de combiner & de rapprocher des idées Fetes ,najoûte proprement à ces mêmes idées, qu'un arrangement plus ou moins exaët, & une énuméra- tion qui peut être rendue plus ou moins fenfble aux autres. L'homme qui combine aifément des idées ne differe guere de celui qui les combine avec peine, que comme celui qui juge tout d’un coup d’un tableau en l’envifageant, differe de celui qui a befoin.pour Papprèter qu'on lui en fafle obferver fucceflivement routes les parties : lun & l'autre en jettant un pre- mier coup d'œil , ont eu les mêmes fenfations, mais elles n’ont fait, pour ainfi dire , que glifler fur le fecond ; & il n’eût fallu que l'arrêter & le fixer plus long-tems fur chacune, pour l'a- mener au même point où l’autre s'eft trouvé tout d’un coup. Par ce moyen les idées réflé- chies du premier feroient devenues aufli à portée du fecond, que des idées d Agnf Tome I, qi. # DISCOURS PRELIMINAIRE il eft peut être vrai de dire qu'il ny à prefque potnt de fcience où d’art dont on ne püt à la rigueur , & avéc une bonne Logique, initruire Pefprit le plus borné ; parce qu'il‘ en a peu dont les propofitions ou les regles ne puiflent être réduites à des notions fimples, & difpoféés entre elles dans un ordre fi immédiat que la chaîne né fe trouve nulle part'inter- rompue. La lenteur plus où moins érande des opérations de Pefprit exige plus oumoins cette chaîne, & l'avantage dés plus grands génies fe réduit à en avoir moins befoin que les au- tres, où plütôt à la former rapidement & prefque fans s'en appércevoir. ( La fcience de la communication dès idées ne fe borne pas à mettre de l’ordre dans les idées mêmes; elle doit apprendre encore à exprimer chaque idée de la maniere la plus nette qu'il eft poflible , & par conféquent à perfeétionner les fignes qui font deflinés à La rendre : c’eft aufli cé que les hommes ont fait peu à peu. Les lañgues, nées avec les: fociétés , n’ont fans doute été d’abord qu'une colleétion affez bifarre de fignes de route efpece ; & les corps naturels qui tombent fous nos {ens ont été en conféquence les pre- miers objets que l'on ait défignés par des noms. Mais, autant qu'il eft permis d'en juger, les langues dans éette premiere origine , deftinée à l'ufage le plus preflant, ont dû être fort imparfaites , peu abondantes, & affujetties à bien peu dé principes certains ; &,les Arts ou les Sciences abfolurnéntnéceflaires pouvoient avoir fait beaucoup de progrès, lorfque les regles de la diétion & du ftyle étoient encore à naître. La communication des idées ne foufiroit pourtant guere de ce défaut de regles, & même de la difette de mots; ou plütôt elle n’en fouffroit qu'autant qu’il étoit néceflaire pour obliger chacun des hommes à augmenter fes proprés connoiflances pat un travail opiniâtre ; fans trop fe repoler fur les autres. Une communication trop facile peut tenir quelquefois l'ame engourdie, & nuire aux efforts dont elle feroit capable. Qu'on jette les yeux fur les prodiges des aveugles nés, & des fourds & muets denaiflance ; on verra ce que peuvent produire les reflorts de l'efprit, pour peu qu'ils foient vifs & mis en aétion par des difficultés à vaincre. : Cependant la facilité de rendre & de recevoir des idées par un commerce mutuel, ayant aufhi.de fon côté des avantages inconteftables , 1l n’eft pas furprenant que les hommes ayent cherché de plus en plus à augmenter cette facilité. Pour cela, ils ont commencé par réduire les fignes aux mots, parce qu'ils font, pour ainfi dire, les fÿmboles que l’on a le plus aifément fous la main. De plus, l’ordre de la génération des mots a fuivi l’ordre des opérations de l'efprit: après les individus, on a nommé les qualités fenñbles, qui, fans exifter par elles- mêmes ; éxiftent dans ces individus, & font communes à plufeurs : peu-à-peu l’on eft enfin venu à ces termes abftraits, dont les uns fervent à lier enfemble les idées, d’autres à défigner les propriétés générales des corps, d’autres à exprimer des notions purement fpirituelles. Tous ces termes que Les enfans font fi long-tems à apprendre, ont coûté fans doute encore plus de tems à trouver. Enfin réduifant l’ufage des mots en préceptes, on a formé la Gram- maire , que Fon peut regarder comme une des branches de la Logique. Eclairée par une Métaphyfique fine & déliée, elle démêle les nuances des idées, apprend à diftinguer ces nuances par des fignes différens, donne des reglès pour faire de ces fignes l’ufage le plus avantageux, découvre fouvent par cet efprit philofophique qui remonte à la fource de tout , les raifons du choix bifarre en apparence, qui fait préférer un figne à un autre, & hé laifle enfin à ce caprice national qu’on appellé ufage ; que ce qu’elle ne peut abfolumerit lui ôter. Ve Les hommes en fe communiquant leurs idées ; cherchent aufh à fe communiquer leurs pañons. C’eit par l’éloquence qu'ils y- parviennent. Faite pour parler au fentiment, comme Ja Logique &c la Grammaire parlent à l’efprit, elle impofe filence à la raifon même; &cles prodiges qu’elle opere fouvent entre les mains d’un feul fur toute une Nation, font peur- être le témoignage le plus éclatant de la fupériorité d’un homme fur un autre. Ce qu'il y a de fingulier , c’eft qu'on ait cru fuppléer par des regles à un talent fi rare. C’eft à peu- prés comme fi on eût voulu réduire le génie en préceptes. Celui qui a prétendu le premier ’on devoit les Orateurs à l’art, ou n'étoit pas du nombre, ou étoit bien ingrat envers la Nature. Elle feule peut créer un homme éloquent; les hommes font le premier livre qu'il doive étudier pour réuflir, les grands modeles font le fecond ; & tout ce que ces Ecrivains illuftres nous ont laiflé de philofophique & de réfléchi fur le talent de l'Orateur, ne prouve que la difficulté de leur refflembler. Trop éclairés pour prétendre ouvrit la carriere, ils ne vouloient fans doute qu’en marquer les écueils. À l'égard de ces puérilités pédantefques qu’on à honorées du nom de Rhétorique, ou plütôt qui n’ont fervi qu’à rendre ce nom ridi- cule, & qui font à l'Art oratoire ce que la Scholaftique eft à la vraie Philofophie, elles ne font propres qu'à donner de l’Eloquence l’idée la plus faufle & la plus barbare. Cepen- dant quoiqu’on commence aflez univerfellement à en reconnoître l'abus, la pofleffion où elles font depuis long - tems de former une branche diftinguée de la connGiflance humaine, ne pérmet pas encore de les en bannir: pour l'honneur de notre difcernement , le tems en vien- dra peut-être un jour. | LA DES EDITEURS. xj Ce r'eft pas aflez pour nous de vivre avec nos contemporains, & de les dominer, Animés par la curiofité & par lamour-propre, & cherchant par une avidité naturelle à * embraffer à la fois le pañlé, le préfent & l'avenir, nous defirons en même-tems de vivre avec ceux qui nous fuivront, & d’avoir vêcu avec ceux qui nous ont précédé. De-[à l'origine & l'étude de l'Hiftoire , qui nous uniflant aux fiecles pañlés par le fpeétacle de leurs vices & de leurs vertus, de leurs connoiflances & de leurs erreurs, tranfmet les nôtres aux fecles futurs. C’eft là qu'on apprend à n’eftimer les hommes que par le bien qu'ils font, & non par l'appareil impofant qui les entoure: les Souverains, ces hommes aflez malheureux pour que tout confpire à leur. cacher la vérité, peuvent eux-mêmes fe juger d'avañce à ce tribunal integre & terrible; le témoignage que rend l’Hiftoire à ceux de leurs prédécefleurs qui leur reflemblent, eft l'image de ce que la poftérité dira d'eux. La Chronologie & la Géographie font les deux rejettons & les deux foûtiens dé là fcience dont nous parlons : l'he, pour ainfi dire, place les hommes dans le tems; l’autre les diftribue fur notre globe. Toutes deux tirent un grand fecours de l’hiftoire de la Terre & de celle des Cieux, c’eft-à-dire des faits hiftoriques , & des obfervations céleftes; & sil étoit permis d'emprunter ici le langage des Poëtes, on pourroit dire que la fcience des tems & celle des lieux {ont filles de l’Aftronomie & de l’'Hiftoire. Un des principaux fruits de l’étude des Empires & de leurs révolutions, eft d'examiner comment les hommes, féparés pour ainfi dire en plufeurs grandes familles, ont formé diverfes fociétés; comment ces différentes fociétés ont donné naiflance aux différentes efpeces de gouvernemens ; comment elles ont cherché à fe diftinguer les unes des autres, tant par les lois qu'elles fe font données, que par les fignes particuliers que chacune a imaginées pour que fes membres communiquaflent plus facilement entr'eux. Telle eft la fource de cette diverfité de langues & de lois, qui eft devenue pour notre malheur un objet confidérable: ‘étude. Telle eft encore l’origine de la politique, efpece de morale d’un genre particulier | & fupérieur, à laquelle les principes de la morale ordinaire ne peuvent quelquefois s’ac- commoder qu'avec beaucoup de finefle, & qui pénétrant dans les reflorts principaux du: ouvernement des Etats, démêle ce qui peut les conferver, les afloiblir ou les détruire. Étude peut-être la plus difficile de routes, par les connoiflances profondes des peuples & des hommes qu'elle exige, & par l'étendue & la variété des talens qu'elle fuppofe ; fur-tout quand le Politique ne veut point oublier que la loi naturelle, antérieure à toutes les. con- ventions particulieres, eft aufli la premiere loi des Reuples, & que pour être homme d'Etat, on ne doit point cefler d'étréfhomme. . Voilà les branches principales de cette partie de la connoïffance humaine, qui confifte ou dans les idées ne que nous avons reçües par les fens, ou dans la combinaifon & la comparaifon dé ces idées ; combinaifon qu'en général on appelle PArlofophie. Ces branches fe fubdivifent en une infinité d’autres dont l’énumération feroit immenfe , & appartient plus à cer ouvrage même qu'à fa Préface. | La premiere opération de la réflexion confiftant à rapprocher & à unir les notions di- tetes, nous avons dû commencer dans ce difcours par envifager la réflexion de ce côté-là, & parcourir les différentes fciences qui en réfultent. Mais les notions formées par la combinaïfon des idées primitives , ne font pas les feules dont notre efprit foit capable. I] eft une autre efpece de connoïflances réfléchies, dont nous devons maintenant parler. Elles confiftent dans les idées que nous nous formons à nous-mêmes en imaginant & en com- pofant des êtres femblables à ceux qui font l’objet de nos idées direétes. C’eft ce qu'on appelle limitation de la Nature, fi connue & fi recommandée par les Anciens. Comme les Fées direétes qui nous frappent le plus vivement, font celles dont nous confervons le plus aifément le fouvenir, ce font auf celles que nous cherchons le plus à réveiller en nous par limitation de leurs objets. Si les objets agréables nous frappent plus étant réels que fimple- ment repréfentés, ce déchet d'agrément eft en quelque maniere compenfé par celui qui réfulte du plaïfir de limitation. À l'égard des objets qui n’exciteroient étant réels que La {entimens triftes ou tumultueux , leur imitation eft plus agréable que les objets même, parce qu'elle nous place à cette jufte diftance , où nous éprouvons le plaifir de l'émotion fans en reflentir le defordre. C’eft dans cette imitation des objets capables d’exciter en nous des fentimens vifs ou agréables, de quelque nature qu'ils foient, que confifte en général limi- tation de la belle Nature, fur laquelle tant d’Auteurs ont écrit fans en donner d'idée nette; foit parce que la belle Nature ne fe déméle que par un fentiment exquis, foit aufli parce que dans cette matiere les limites qui diftinguent larbitraire du vrai ne font pas encore bien fixées, & laiffent quelque efpace libre à l'opinion. . ‘in _ À la tête des connoïfflances qui confiftent dans limitation, doivent être placées la Peinture & la Sculpture, parce que ce font celles de toutes où limitation approche le plus des objets qu'elle repréfente, & parle le plus direétement aux fens. On peut y joindre Tome I, | | * DR ki] DISCOURS PRELIMINAIRE cet art , né de la néceflité, & perfeétionné par le luxe, l'Architeéture , qui s'étant élevée par degrés des chaumieres aux palais, n'eft aux yeux du Philofophe, fi on peut parler ainfi, que le mafque embelli d’un de nos plus grands befoins. L’imitation de la belle Na- ture y eft moins frappante , & plus reflerrée que dans les deux autres Arts dont nous ve- venons de parler ; ceux-ci expriment indifféremment & fans reflriétion toutes les parties de la belle Nature, & la repréfentent telle qu'elle eft, uniforme ou variée ; lArchiteéture au contraire fe borne à imiter par l’aflemblage & l'union des différens corps qu’elle em- ploye, l’arrangement fymétrique que la nature obferve plus où moins fenfiblement dans chaque individu , & qui contrafte fi bien avec la belle variété du tout enfemble. La Poëfe qui vient après la Peinture & la Sculpture, & qui n'employe pour limitation que les mots difpofés fuivant une harmonie agréable à l'oreille, parle plütôt à l'imagination qu'aux fens ; elle lui repréfente d’une maniere vive & touchante les objets qui compofent cet Univers , & femble plûtôt les créer que les peindre , para chaleur , le mouvement, & la vie qu'elle fait leur donner. Enfin la Mufique , qui parle à la fois à l'imagination & aux fens, tient le dernier rang dans l’ordre de limitation ; non que fon imitation foit moins par- faite dans les objets qu’elle fe propofe de repréfenter, mais parce qu'elle femble bornée juf qu'ici à un plus petit nombre d'images; ce qu'on doit moins attribuer à fa nature, qu'à trop peu d'invention & de reffource dans la plüpart de ceux qui la cultivent : il ne fera pas inutile de faire fur cela quelques réflexions. La Mufique , qui dans fon origine n’étoit peut-être def tinée à repréfenter que du bruit, eft devenue peu-à-peu une efpece de difcours où même de “sv , par laquelle on exprime les différens fentimens de l'ame, ou plûütôt fes différen- tes pafhions : mais pourquoi réduire cette expreflion aux pafñons feules, & ne pas l'étendre , autant qu'il eft pofüible, jufqu'aux fenfations même ? Quoique les perceptions que nous recevons par divers organes different entrelles autant que leurs objets, on peut néan- moins les comparer fous un autre point de vüûe qui leur eft commun, c’eft-à-dire, par la fituation de plaifir ou de trouble où elles mettent notre ame. Un objet effrayant, un bruit ter- rible , produifent chacun en nous une émotion par laquelle nous pouvons jufqu'à un certain point lesrapprocher, & que nous défignons fouvent dans Pun & l'autre cas, ou par le même nom, ou par des noms fynonymes. Je ne vois donc point pourquoi un Muficien qui auroir à peindre un objet effrayant, ne pourroit pas y réuflir en cherchant dans la Nature l'efpece de bruit qui peut produire en nous l'émotion la plus femblable à celle que cet objer y excite, J'en dis autant des fenfations agréables. Penfemautrement, ce feroit vouloir refferrer les bornes de l’art & de nos plaïfirs. J'avoue que la péinture dont il s'agit, exige une étude fine & approfondie des nuances qui diftinguent nos fenfations ; mais auf ne faut-il pas efpérer que ces nuances foient démêlées par un talent ordinaire. Saïfies par l’homme de génie , fenties par l'homme de goût, apperçües par l'homme d'efprit, elles font perdues pour la multitude. Toute Mufique qui ne peint rien n’eft que du bruit; & fans l’habitude qui dénature tout, elle ne feroit guere plus de plaifir qu'une fuite de mots harmonieux & {onores dénués d'ordre & de liaifon. Il eft vrai qu'un Muficien attentif à tout peindre, nous préfenteroit dans plufieurs circonftances des tableaux d'harmonie qui ne feroient point faits pour des fens vulgaires ; mais tout ce qu'on en doit conclurre, c’eft qu'après avoir fait un art d'apprendre la Mufique, on devroit, bien en faire un de l’écouter. Nous terminerons ici l'énumération de nos principales connoïflances. Si on les envi- fage maintenant toutes enfemble , & qu'on cherche les points de vüe généraux qui peuvent fervir à les difcerner, on trouve que les unes purement pratiques ont pour but l'exécution de quelque chofe ; que d’autres fimplement fpéculatives fe bornent à l'examen de leur objet, & à la contemplation de fes propriétés ; qu'enfin d’autres tirent de Fétude fpéculative de + Jeur objet l'ufage qu’on en peut faire dans la pratique. La fpéculation &r la pratique confti- tuent la principale différence qui diftingue les Sciences d'avec les Ars, & c'eft à-peu-près en fuivant cette notion, qu'on a donné lun ou l’autre nom à chacune de nos connoïflances. Il faut cependant avotier que nos idées ne font pas encore bien fixées fur ce fujet. On_ne fait fouvent quel nom donner à la plüpart des connoïflances où la fpéculation fe réunit à la pratique ; & l’on difpute, par exemple, tous les jours dans les écoles, fi la Logique eft un art où une fcience : Le problème feroit bien-tôt réfolu , en répondant qu’elle eft à la fois lune & l'autre. Qu'on s’épargneroit de queftions &c de peines fi on déterminoit enfin la f- gnification des mots d’une maniere nette & précife ! | On peut en général donner le nom d’4yr à tout fyftème de connoïffances qu'il eft poffible de réduire à des ee pofitives , invariables & indépendantes du caprice ou de l'opinion, & il feroit permis de dire en ce fens que plufeuts de nos fciences font des arts, étant envi- fagées par leur côté pratique. Mais comme il y a des regles pour les opérations de lefprit ou de l'ame, il y en a aufli pour celles du corps; c’eft-à-dire, pour celles qui bornées aux corps extérieurs , n’ont befoin que de la main feule pour être exécutées. De-là la diftinétion DES EDITEURS. xiij des Arts en libéraux & en méchaniques, & la fupériorité qu’on accorde aux prémiers fur les feconds. Cette fupériorité eft fans doute injuite à plufeurs égards. Néanmoins parmi les préjugés, tout ridicules qu'ils peuvent être, il n’en eft point qui n’ait fa raifon, où pour parler plus exactement, {on origine ; & la Philofophie fouvent impuiflante pour corriger les abus, peut au moins en démêler la fource. La force du corps ayant été le premier principe . qui a rendu inutile le droit que tous les hommes avoient d’être égaux , les plus foibles , dont le nombre eft toùjours le plus grand , fe font joints enfemble pour la réprimer. Ils ont donc éta- bli par le fecours des lois & des différentes fortes de gouvernemens une inégalité de convention dont la force a ceffé d’être le principe. Cette derniere inégalité étant bien affermie, les hommes, en fe réuniflant avec raïfon pour la conferver, n’ont pas laïflé de réclamer fectet- tement contre elle par ce defir de fupériorité que rien n’a pû détruire en eux. Ils ont done cherché une forte de dédommagement dans une inégalité moins arbitraire ; & la fotce corporelle, enchaïînée par les lois, ne pouvant plus offrir aucun moyen de fupériorité, ils ont été réduits à chercher dans la différence des efprits un principe d’inégalité aufi na- turel, plus paiñble , & plus utile à la fociété. Ainfi la partie la plus noble de notre étre s'eft en quelque maniere vengée des premiers avantages que la partie la plus vile avoit ufurpés ; & les talens de l’efprit ont été généralement reconnus pour fupérieurs à ceux du corps. Les Arts méchaniques dépendans d’une opération manuelle, & affervis, qu’on me permette ce terme , à une efpece de routine , ont été abandonnés à ceux d’entre les hom: mes que les préjugés ont placés dans la clafle la plus inférieure. L’indigence qui a forcé ces hommes à s'appliquer à un pareil travail , plus fouvent que le goût & le génie ne les y ont entraînés, eft devenue enfuite une raïfon pour les méprifer, tant elle nuit à tout ce qui l'accompagne. À l'égard des opérations libres de l’efprit , elles ont été le partage de ceux ui {e font crus fur ce point les plus favorifés de la Nature. Cependant l'avantage que les Arts libéraux ont fur les Arts méchaniques par le travail que les premiers exigent de lefprit , & par la difficulté d'y exceller , eft fuffifamment compenfé par l'utilité bien fupérieure que les derniers nous procurent pour là plüpart. C’eft cette utilité même qui a forcé de les réduire à des opérations purement machinales, pour en faciliter la pratique à un plus grand nom- bre d'hommes. Mais la fociété, en refpeétant avec juftice les grands génies qui l’éclai- rent, ne doit point avilir les mains qui la fervent. La découverte de la Bouflole n’eft pas moins avantageufe au genre humain, que ne le feroit à la Phyfique l'explication des pee priétés de cette aiguille. Enfin , à confidérer en lui-même le principe de la diftinétion dont nôus parlons, combien de Savans prétendus dont la fcience n’eft proprement qu'un art méchanique ? & quelle différence réelle y a-t-il entre une tête remplie de faits fans ordre, fans ufage & fans liaifon , & l’inftinét d’un Artifan réduit à l'exécution machinale ? Le mépris qu'on a pour les Arts méchaniques femble avoir influé jufqu’à un certain point fur leurs inventeurs mêmes. Les noms de ces bienfaiteurs du genre humain font prefque tous inconnus , tandis que l’hiftoire de fes deftruéteurs, c’eft-à-dire, des conquérans, n’eft ignorée de perfonne. Cependant c’eft peut-être chez les Artifans qu’il faut aller chercher les preuves les lus admirables de la fagacité de l'efprit, de fà patience & defes reflources. J'avoue que la plû- part des Arts n’ontété inventés que peu-à-peu ; & qu'il a fallu une aflez longue fuite de fiecles pour porter les montres, par exemplé, au point de perfeétion où nous les voyons. Mais n’en eft-il pas de même des Sciences ? Combien de découvertes qui ontimmortalifé leurs auteurs, avoient été préparées par les travaux des fiecles précédens, fouvent même amenées à leur maturité , au point de ne demander plus qu’un pas à faire ? Et pour ne point {ortir de l'Horlo: gerie, pourquoi ceux à qui nous devons la fufée des montres, l'échappement & la répéti- tion, ne font-ils pas aufli eftimés que ceux qui ont travaillé fucceflivement à perfeétionner VAlgebre? D'ailleurs, fi j'en crois quelques Philofophes que le mépris qu’on a pour les Arts n'a point empêché de les étudier, il eft certaines machines fi compliquées, & dont toutes les parties dépendent tellement lune de l’autre, qu'il eft difficile que l'invention en foit dûe à plus d’un feul homme. Ce génie rare dont le nom eft enfeveli dans loubli, weût-il pas êté bien digne d’être placé à côté du petit nombre d’efprits créateurs, qui nous ont ouvert dans les Sciences des routes nouvelles ? | Parmi les Arts libéraux qu'on à réduits à des principes, ceux qui fe propofent l'imitation de la Nature, ont été appellés beaux Arts, parce qu’ils ont principalement l'agrément pour objet. Mais cen’eft pas la feule chofe qui les diftingue des Arts libéraux plus néceflaires ou plus ütiles, comme la Grammaire , la Logique & là Morale. Ces derniers ont des regles fixes & arrêtées, que tout homme peut tranfmettre à un autre: au lieu que la pratique des beaux Arts confifte principalement dans une invention qui ne prend guére fes lois que du génie; les regles qu'on a écrites fur ces Arts n’en font proprement que la partie mécha- nique ; elles produifent à-peu-près l'effet du Télefcope , elles n’aident que ceux qui voyent. FL és DISCOURS PRELIMINAIRE. Îl réfute de tout ce que nous avons dit jufqu'ici, que les différentes manieres dont notre efprit opere fur les objets, & les différens ufages qu'il tire de ces objets même, font le premier moyen qui fe préfente à nous pour difcerner en général nos connoïffances les unes. des autres. Tout s’y rapporte à nos beloins, foit de nécefité abfolue, foit de convenance & d'agrément, foit même d'ufage & de caprice. Plus les befoins font éloignés ou difficiles à fatisfaire, plus les connoïflances deftinées à cette fin font lentes à paroître. Quels progrès la Medecine n’auroit-elle pas fait aux dépens des Sciences de pure fpéculation, fi elle étoit aufh certaine que la Géométrie? Mais il eft encore d’autres caraéteres très-marqués dans la maniere dont-nos connoïflances nous affeétent, & dans les différens Jugemens que notre ame porte de fes idées. Ces jugemens font défignés par les mots d’évidence, de certitude, de probabilité, de fentiment & de goût. | L'évidence appartient proprement aux idées dont l’efprit appercoit la liaifon tout d’un coup; la certitude à celles dont la liaifon ne peut être connue que par le fecours d'un certain nombre d'idées intermédiaires, ou, ce qui eft la même chofe, aux propolitions dont l'identité avec un principe évident par lui-même, ne peut être découverte que par un circuit plus ou moins long; d'où il s'enfuivroit que felon la nature des efprits, ce qui eft évident pour l’un ne feroit Sr que certain pour un autre, On pourroit encore: dire, en prenant les mots d'évidence & de certitude dans un autre fens, que la premiere eft le réfultat des opérations feules de pa &t {e rapporte aux fpéculations métaphy- fiques & mathématiques; & que la feconde eft plus propre aux objets phyfiques, dont la connoïflance eft le fruit du rapport conftant & invariable de nos fens. La probabilité a prin- cipalement lieu pour les faits hiftoriques, & en général pour tous les évenemens pañlés, préfens & à venir, que nous attribuons à une forte de hafard, parce que nous n’en démélons pas les caufes. La partie de cette connoïffance qui a pour objet le préfent & le pañlé, uoiqu'elle ne foit fondée que fur le fimple témoignage, produit fouvent en nous une pet- afion aufh forte que celle qui naît des axiomes. Le fentiment eft de deux fortes, l'un deftiné aux vérités de morale, s'appelle confcience ; c’eft une fuite de la loi naturelle & de l’idée que nous avons du bien & du mal; & on pourroit le nommer évidence du cœur, parce que tout différent qu'il eft de l'évidence de l'efprit attachée aux vérités fpéculatives, il nous fubjugue avec le même empire. L'autre efpece de fentiment eft particulierement affecté à limitation de la belle Nature , 8 à ce qu'on appelle beautés d’expreflion. Il faifit avec tranfport les beautés fublimes & frappantes , démêle avec finefle les beautés cachées, & profcrit ce qui n’en a que l'apparence. Souvent même il prononce dé$ arrêts {éveres fans fe donner la peine d'en détailler les motifs, parce que ces motifs dépendent d'une foule d'idées difficiles à développer fur le champ, & plus encore à tranfmettre aux autres. C’eft à cette efpece de fentiment que nous devons le goût & le génie, diftingués l’un de l’autre en ce que le génie eft le fentiment qui crée, & le goût, le fentiment qui juge. Après le détail où nous fommes entrés fur les différentes parties de nos connoiflances, & fur les caraéteres qui les diftinguent, il ne nous refte plus qu'à former un Arbre généa- logique ou encyclopédique qui les rafflemble fous un même point de vûe, & qui ferve à marquer leur origine & les liaifons qu'elles ont entr'elles. Nous expliquerons : dans un moment lufage que nous prétendons faire de cet arbre. Mais l'exécution n’en eft pas fans dificulté. Quoique l'hiftoire philofophique que nous venons de donner de origine de nos. idées, foit fort utile pour faciliter un pareil travail , il ne faut pas croire que l'arbre ency- clopédique doive n1 puifle même être fervilement aflujetti à cette hiftoire. Le fyftème général des Sciences & des Arts eft une efpece de labyrinthe , de chemin tortueux où l'efprit s'engage fans trop connoître la route qu'il doit tenir. Preflé par fes befoins , &c par ceux du corps auquel il eft uni, il étudie d’abord les premiers objets qui fe pré- fentent à lui; pénetre le Bi avant qu'il peut dans la connoïffance de ces objets; rencontre bientôt des difficultés qui arrêtent, & foit par l’efpérance où même par le defefpoir de les vaincre , fe jette dans une nouvelle route; revient enfuite fur fes pas ; franchit quel- quefois les premieres barrieres pour en rencontrer de nouvelles; & pañlant rapidement d'un objet à un autre, fait fur chacun de ces objets à différens intervalles & comme par fecoufles, uñe fuite d'opérations dont la génération même de fes idées rend la difcontinuité néceffaire. Mais ce defordre, tout philofophique qu'il eft de la part de l'ame, défigureroit, ou plûtôt anéantiroit entierement un Arbre encyclopédique dans lequel on voudroit le repréfenter. D'ailleurs, comme nous lavons déjà fait fentir au fujet de la Logique, la plûpart des Sciences qu'on regarde comme renfermant les principes de toutes les autres, & qui doivent par cette raifon occuper les premieres places dans l’ordre encyclopédique, n’obfervent pas le même rang dans l'ordre généalogique des idées, parce qu’elles n’ont pas été inventées les premieres. En effet, notre étude primitive a dû être celle des individus; ce n’eft qu'après avoir confidéré leurs propriétés particulieres & palpables, que nous avons par | DES EDITEURS.. Xv abftraétion de notre efprit, envifagé leurs propriétés générales & communes, &c formé la Métaphyfique & laGéométrie ; ce n'eft qu'après un long ufage des premiers fignes, que nous avons perfettionné l’art de ces fignes au point d’en faire une Science; ce n’eft enfin qu'après une longue fuite d'opérations fur les objets de nos idées, que nous avons par la réflexion donné des regles à ces opérations même. FA Enfin le fyftème de nos connoiflances eft compofé de différentes branches, dont plufieurs ont un même point de réunion; & comme en partant de ce point il meft pas poflible de s'engager à la fois dans toutes les routes, c’eft la nature des différens efprits qui détermine le sa Aufñ eft-1l affez rare qu'un même efprit en parcoure à la fois un grand nombre. Dans l'étude de la Nature les hommes fe font d’abord appliqués tous, comme de concert , à fatisfaire Les befoins les plus preflans ; mais quand ils en font venus aux connoiffances moins abfolument néceflaires, k ont dû fe les partager, & y avancer chacun de fon côté à-peu-près d’un pas égal. Ainf plufieurs Sciences ont été, pour ainfi dire, contemporaines; mais dans l’ordre hiflorique des progrès de l’efprit, on ne peut les embrafler que fuccef- fivement. | Il en eft pas de même de l’ordre encyclopédique de nos connoïflances. Ce dernier confifte à les rafflembler dans le plus petit efpace poflible, & ämplacer, pour ainf dire, le Philofophe au-deflus de ce vaïte labyrinthe dans un point de vüe fort élevé d’où il puifle ap- percevoir à la fois les Sciences & les Arts principaux ; voir d’un coup d’œil les objets de fes fpéculations, & les opérations qu'il peut faire fur ces objets; diftinguer les branches géné- rales des connoïffances humaines , les points qui les féparent ou qui les uniflent ; & entre- voir même quelquefois les routes fecretes qui les rapprochent. C’eft une efpece de Mappe- monde qui doit montrer les principaux pays, leur pofition & leur dépendance mutuelle, le chemin en ligne droite qu'il y a de l’un à l’autre; chemin fouvent coupé par mille obftacles, qui ne peuvent être connus dans chaque pays que des habitans ou des voyageurs, & qui ne fauroient être montrés que dans des cartes particulieres fort détaillées. Ces cartes particulieres feront les différens articles de notre Encyclopédie, & l'arbre ou fyftème figuré en fera la mappemonde. | Mais comme dans les cartes générales du globe que nous habitons, les objets font plus ou moins rapprochés, & préfentent un coup d'œil différent felon le point de vüe où l'œil eft placé par le Géographe qui conftruit la carte, de même la forme de l'arbre encyclo- pédique dépendra du point de vûe où l’on fe mettra pour envifager l'univers littéraire. On peut donc imaginer autant de fyftèmes différens de la connoiïflance humaine, que de Mappe- mondes de difiérentes projeétions; & chacun de ces fyftèmes pourra même avoir, à l'exclu- fion des autres, quelque avantage particulier. Il n’eft guere de Savans qui ne placent volon- tiers au centre de toutes les Sciences celle dont ils s'occupent , à peu-près comme les premiers hommes fe plaçoient au centre du monde, perfuadés que l'Univers étoit fait pour eux. La prétention de plufeurs de ces Savans, envifagée d’un œil philofophique, trouveroit peut-être, même hors de l'amour propre, d’aflez bonnes raïfons pour fe juftifier. Quoi qu'il en {oit, celui de tous les arbres encyclopédiques qui offiroit le plus grand nombre de liaifons & de rapports entre les Sciences, mériteroit fans doute d’être préféré. Mais peut-on fe flatter de Le faifir ? La Nature, nousne faurions trop le répéter, n’eft com- pofée que d'individus qui font l'objet primitif de nos fenfations & de nos perceptions di- rectes. Nous remarquons à la vérité dans ces individus, des propriétés communes par lefquelles nous les comparons, & des propriétés diflemblables par leiquelles nous les difcer- nons ; & ces propriétés défignées par des noms abftraits, nous ont conduit à former diffé- rentes clafles où ces objets ont été placés. Mais fouvent tel objet qui par une ou plufeurs de fes propriétés a été placé dansune claffe, tient à une autre claffe par d’autres propriétés, &c auroit pû tout aufli-bien y avoir fa place. Il refte donc néceffairement de l'arbitraire dans la divifion générale. L’arrangement le plus naturel feroit celui où les objets fe fuc- céderoient par les nuances infenfibles qui fervent tout à la fois à les féparer & à les unir. Mais le petit nombre d'êtres qui nous font connus, ne nous permet pas de marquer ces nuances. L'Univers n’eft qu'un vafte Océan, fur la furface duquel nous appercevons quel- ques îles plus ou moins grandes, dont la liaifon avec le continent nous eft cachée. On pourroit former l’arbre de nos connoïffances en les divifant, foit en naturelles & en révélées , foit en uriles & agréables, foit en fpéculatives & pratiques, foit en évidentes, certaines, probables & fenfibles, foit en connoïflances des chofes & connoïffances des fignes, & ainf à l’infini. Nous avons choïfi une divifion qui nous a paru fatisfaire tout à la fois le plus quil eft poffible à l'ordre encyclopédique de nos connoïflances & à leur ordre généalogique. Nous devons cette divifion à un Auteur célebre dont nous parlerons dans la fuite de cette Préface: nous avons pourtant cru y devoir faire quelques changemens, dont nous rendrons compte; mais nous fommes trop convaincus de l'arbitraire qui régnera XV] . DISCOURS : PRELIMINAIRE æoûjours dansune pareïlle divifion, pour croire quernotre fyftème foit l'unique ou le meilleur; äl nous fuffira que notre travail ne foit pas entierement defaprouvé par les bons efprits. Nous ne voulons point reflembler à cette foule de Naturaliftes qu'un Philofophe moderne,a eu tant de raïfon de-cenfurer ; 8 qui occupés fans cefle à divifer les produétions de la Nature en genres & en efpeces, ont confumé dans ce travail un tems qu'ils auroient beaucoup mieux-employé à l'étude de ces produétions même. Que diroit-on' d’un Architeéte qui ayant à élever un édifice immenfe, pañleroit toute fa vie à en tracer le plan ; ou d’un Curieux qui fe propofant.de parcourir un vafte palais, employeroïit tout fon tems à en obferver entrée ? MER | Les objets dont notre ame s'occupe, font ou fpirituels ou matériels, & notre ame s’oc- cupe de ces objets ou par des idées direétes ou par des idées réfléchies. Le fyftème des connoiflances direétes ne peut confifter que dans la colleétion purement paflive & comme machinale de ces mêmes connoïflances; c’eit ce qu'on appelle mémoire. La réflexion eft de deux-fortes, nous l'avons déjà obfervé; ou elle raifonne fur les objets des idées direétes, ou elle les imite. Ainfi la mémoire, la raïfon proprement dite, & l'imagination , font les trois manieres différentes dont notre ame opere fur les objets de fes peniées. Nous ne pre- mons point ici l'imagination pour la faculté qu'on a de fe repréfenter les objets; parce que cette faculté n'eft autre chofe que la mémoire même des objets fenfbles, mémoire qui feroit dans un continuel exercice, fi elle n’étoit foulagée par l'invention des fignes. Nous prenons l'imagination dans un fens plus noble & plus précis, pour le talent de créer enimitant. Ces trois facultés forment d’abord les trois divifions générales de notre fyffème, & les trois objets généraux des connoïffances humaines ; l’'Hiftoire, qui fe rapporte à la mémoire ; Ja Philofophie , qui eft le fruit de la raïfon; & les Beaux-arts , que l'imagination fait naître. Si nous plaçons la raifon avant l'imagination , cet ordre nous paroït bien fondé , & conforme au progrès naturel des opérations de l’efprit : l'imagination eft une faculté créatrice, & l'efprit, avant de fonger à créer, commence par raifonner fur ce qu'il voit , & ce qu'il connoît. Un autre motif qui doit déterminer à placer la raifon avant l'imagination, c’eft que. dans cette derniere faculté de l'ame, les deux autres fe trouvent réunies jufqu’à un certain point, & que la raïfon s’y joint à la mémoire. L’efprit ne crée & n'imaginé des objets qu’en tant qu'ils font femblables à ceux qu'il a connus par des idées direétes & par des fenfations; plus il s'éloigne de ces objets, plus les êtres qu'il forme font bifarres & peuagréables. Aïnfi dans limitation de la Nature, l'invention même eft aflujettie à certaines regles; & ce font ces regles qui forment principalement la partie philofophique des Beaux- arts, jufqu’à préfent aflez imparfaite , parce qu’elle ne peut être l'ouvrage que du génie, & que le génie aime mieux créer que difcuter. Enfin, fi on examine les progrès de la raifon dans fes opérations fucceflives , on fe con-. vaincra encore qu'elle doit précéder l’imagination dans l’ordre de nos facultés, puifque la raifon, par les dernieres opérations qu’elle fait fur les objets , conduit en quelque forte à li- magination: car ces opérations ne confiftent qu'à créer, pour ainfi dire, des êtres généraux, ui féparés de leur fujet par abftraétion, ne {ont plus du reflort immédiat de nos fens. Auffi la Métaphyfique & la Géométrie font de routes les Sciences qui appartiennent à la raifon 4 celles où l'imagination a le plus de part. J’en demande pardon à nos beaux efprits détraéteurs de la Géométrie ; ils ne fe croyoient pas fans doute fi près d'elle, & il n’y a peut-être que la Métaphyfique qui les en fépare. L’imagination dans un Géometre qui crée , n’agit pas moins que dans un Poëte qui invente. [left vrai qu'ils operent différemment fur leur objet ; le pre- mier le dépouille & lanalyfe, le fecond le compofe & l’embellit. Il eft encore: vrai que cette maniere différente d'opérer n'appartient qu'a différentes fortes d’efprits ; & c’eft pour cela que les talens du grand Géometre & du grand Poëte ne fe trouveront peut-être jamais enfemble. Mais foit qu'ils s’excluent ou ne s’excluent pas lun Pautre, ils ne font nullement en droit de {e méprifer réciproquement. De tous les grands hommes de l'antiquité , Archimede eft peut- être celui qui mérite le plus d’être placé à côté d’Homere. J'efpere qu’on pardonnera cette digreflion à un Géometre qui aime fon art, mais qu'on n'accufera point d’en être admira- teur outré, ê7 je reviens à mon fujet. | La diftribution générale des êtres en fpirituels & en matériels fournit la fous-divifion des trois branches générales. L'Hiftoire & la Philofophie s'occupent également de ces deux efpeces d'êtres, & l'imagination ne travaille que d’après les êtres purement matériels ; nou- velle raifon pour la placer la derniere dans l’ordre de nos facultés. À la tête des êtres fpirituels eft Dieu, qui doit tenir le premier rang par fa nature, & par le befoin que nous avons de le connoître. Au-deflous de cet Etre fuprème font les efprits créés, dont la révélation nous apprend l’exiftence. Enfuite vient Fhomme, qui compoié de deux principes, tient par fon ame aux efprits, & par fon corps au monde matériel; & enfin ce vaite Univers que nous appellons le Monde corporel ou la Nature. Nous ignorons pourquoi lAuteur célebre qui | nous DES EDITEURS. gui) nous fert de guide dans cetre diflribution, a placé la nature avant l'homme daris fon fyftè- me ; il femble au contraire que tout engage à placer l’homme fur le paflage qui fépare Dieu &c les efprits d'avec les corps. | L'Hiftoire entant qu'elle ie rapporte à Dieu , renferme ou la révélation oulatradition, & {e divife fous ces deux points de vüe, en hiftoire facrée & en hiftoire eccléfiaftique, L’hif- toire de l’homme a pour objet, ou fes aétions, ou fes connoiflances ; & elle eft par confé- quent civile ou littéraire, c'eft-à-dire, partage entre les grandes nations &c les grands énies, entre les Rois &r les Gens de Lettres, entre les Conquérans &z les Philofophes. En: fin l’hiftoire de la Nature eft celle des produétions innombrables qu'on y obferve , & forme une quantité de branches prefque égale au nombre de ces diverfes produétions. Parmi ces différentes branches, doit être placée avec diftinétion l’hiftoire des Arts , qui n’eft autre chofe que l'hiftoire des ufages que les hommes ont faits des produétions de la nature, pour fatis- faire à leurs befoins ou à leur curiofité. | ins. Tels font les objets principaux de la mémoire. Venons préfentement à la faculté qui re: fléchir , & qui raifonne. Les êtres tantfpirituels que matériels fur lefquels elle s'exerce, ayant quelques propriétés générales , comme l'exiftence , le pofhbilité , la durée ; l’examen de ces propriétés forme d’abord cette branche de la Philofophie , dont toutes les autres empruntent en partie leurs principes: on la nomme l’'Ontologie ou Science de l’Etre, où Métaphyfique générale. Nous defcendons de-là aux difiérens êtres particuliers; &c les divifions que four- nit la Science de ces difiérens êtres , font formées fur le même plan que celles de l'Hiftoire: La Science de Dieu appellée Théologie a deux branches ; la Théologie naturelle n’a de connoïfflance de Dieu que celle que praduit la raifon feule ; connoiflance qui n’eft pas d’une fort grande étendue: la Théologie révélée tire de l’hiftoire facrée une connoiffance beau coup plus parfaite de cet être. De cette même Théolovie révélée , réfulte la Science des ef- prits créés. Nous avons crû encore ici devoir nous écarter de notre Auteur. Il nous femble que la Science , confidérée comme apparrenante à la raïfon , ne doit point être divifée comme elle l’a été par lui en Théologie & en Philofophie; car la Théologie révélée n’eft autre chofe, que la raifon appliquée aux fairs révélés : on peut dire qu'elle tient à l’hiftoire par les dôgmes qu'elle enfeigne, & à la Philofophie, par les conféquences qu'elle tire de ces dogmes. Ainfi féparer la Théologie de la Philofophie, ce feroit arracher du tronc un re- jetton qui de lui-même y eft uni. Il femble auf que la Science des efprits appartient bien plus intimement à la Théologie révélée, qu'à la Théologie naturelle. La premiere partie de la Science de l’homme eft celle de l’ame ; & cette Science a pour but, ou la connoïflance fpéculative de l'ame humaine , ou celle de fes opérations. La con« noïflance fpéculative de lame dérive en partie de la Théologie naturelle, & en parrie de la Théologie révélée , & s'appelle Pneumatologie ou Métaphyfique particuliere. La con- noïflance de fes opérations {e fubdivife en deux branches , ces opérations pouvant avoir pour objet, ou la découverte de la vérité, ou la pratique de la vertu. La découverte de la vé- rité, qui eft le butde la Logique, produit l’art de la tranfmettre aux autres; ainfi lufage que nous faifons de la Logique eft en partie pour notre propre avantage, en partie pour celui des êtres femblables à nous ; les regles de la Morale fe rapportent moins à l’homme ifolé, & le fuppoient néceflairement en fociété avec les autres hommes. La Science de la nature n’eft autre que celle des corps. Mais les corps ayant des proprié- tés générales qui leur font communes, telles que l’impénétrabilité, la mobilité, & l’éten- due, c'eit encore par l'étude de ces propriétés , que la Sciènce de la nature doit commen- cer: elles ont, pour ainf dire, un côté purement intelleétuel par lequel elles ouvrent un champ immenfe aux fpéculations de l’efprit, &c unicôté matériel &c fenfible par lequel on peut les mefurer. La fpéculation intelleétuelle appartient à la Phyfique générale, qui n’eft proprement que la Métaphyfique des corps; &t la mefure eft l’objet des Mathématiques , dont les diviñions s'étendent prefqu’à l'infini. Ces deux Sciences conduifent à la Phyfique particuliere , qui étudie les corps en eux- mêmes, & qui n'a que les individus pour objet. Parmi les corps dont il nous importe de connoître les propriétés , le nôtre doit tenir le premier rang, & il eff immédiatement fuivi de ceux dont la connoiflance eft le plus néceffaire à notre confervation ; d’où réfultent l’A- natomie, lAgriculture , la Medecine, & leurs différentes branches. Enfin tous les corps na« turels foümis à notre examen produifent les autres parties innombrables de la Phyfique rai- fonnée. | La Peinture , la Sculpture, lArchite@ure , la Poëfie , la Mufque , & leuts différentes divi- fions , compofent la troifieme diftribution générale , qui naît de l'imagination , & dont les par- ties font comprifes fous le nom de Beaux- Arts. On pourroit auff les renfermer fous le titre général de Peinture, puifque tous les Beaux-Arts fe réduifent à peindre , & ne different que par les ea qu'ils employent ; enfin on pourroit les rapporter tous à la Poëfie , en pre- ome Î, xvii] DISCOURS PRÉLIMINAIRE hänt ce mot dans fa fignification naturelle, qui n’eft autre chofe qu'invention où création, Telles font les principales parties de notre Arbre encyclopédique ; on les trouvera plus en détail à la fin de ce Difcours préliminaire. Nous en avons formé une efpece de Carte à laquelle nous avons joïit uñe explication beaucoup plus érendue que celle qui vient d’être donnée. Cetre Carte & cette explication ont été déja publiées dans le Profpeclus , comme pour preflentir le goût du public ; nous y avons fait quelques changemens dont il fera facile de s'appercevoir , & qui font le fruit ou de nos réflexions ou des confeils de quelques Phila- fophes , aflez bons citoyens pour préndre intérêt à notre Ouvrage. Si le Public éclairé donne fon approbation à ces changemens , elle fera la récompenfe de notre docilité; &s’il ne les approuve pas, nous n’en ferons que plus convaincus de limpofhbilité de former un Arbreen- cyclopédique qui foit au gré de tout lemonde. | La divifion générale de nos connoïffances, fuivant nos trois facultés, a cet avantage, qu’elle pourroit fournir auf les trois divifions du monde littéraire , en Erudits , Philofophes, &c Beaux-Efprits ; enforte qu'après avoir formé l’Arbre des Sciences , on pourroit former fur le même plan celui des Gens de Lettres. La mémoire eft le talent des premiers, la faga- cité appartient aux feconds , & les derniers ont l'agrément en partage. Ainñ, en regardant la mémoire comme un commencement de réflexion , & en y joignant la réflexion qui com- bine , & celle qui imite, on pourroit dire en général que le nombre plus ou moïns grand d'i- dées refléchies , & la nature de ces idées, conitituent la différence plus ou moins grande qu'il ya entre leshommes ; que la réflexion, prife dans le fens le plus étendu qu’on puifle lui don- ner, forme le carattere de l'efprit, & qu'elle en diftingue les différens genres. Du refte les trois éfpeces de républiques dans lefquelles nous venons de diftribuer les Gens de Lettres, n’ont pour l'ordinaire rien de commun , que de faire aflez peu de cas les unes des autres. Le Poëte & le Philofophe fe traitent mutuellement d’infenfés , qui fe repaifient de chimeres: l’un & l’autre regardent l'Erudit comme une efpece d’avare, qui ne penfe qu’à amañler fans joüir, & qui entafle fans choix les métaux les plus vils avec les plus précieux ; & l’'Erudit, qui ne voit que des mots par-tout où il ne lit point des faits, méprife le Poëre & le Philofophe, comme des gens qui fe croyent riches , parce que leur dépenfe excede leurs fonds. Cet ainfi qu’on fe venge des avantages qu’on n’a pas. Les Gens de Lettres entendroient mieux leurs intérêts, fi au lieu de chercher à s’ifoler, ils reconnoifloient le befoin réciproque qu'ils ont de leurstravaux , & les fecours qu'ils en tirent. La fociété doit fans doute aux Beaux- Efprits fes principaux agrémens , & fes lumieres aux Philofophes : maïs ni les uns, ni les autres ne fentent combien ils font redevables à la mémoire; elle renferme la matiere pre- iniere de toutes nos connoiflances ; & les travaux de l’Erudit ont fouvent fourni au Philo- fophe 8c au Poëte les fujets fur lefquels ils s’exércent. Lorfque les Anciens ont appellé les Mufes filles de Mémoire , a dit un Auteur moderne , ils fentoient peut-être combien cette fa- culté de notre ame eft néceflaire à toutes les autres ; & les Romains lui élevoient des tem- ples , comme à la Fortune. | Ïl nous refte à montrer comment nous avons tâché de concilier dans ce Diétionnaire l’or- dre encyclopédique avec l’ordre alphabétique. Nous avons employé pour cela trois moyens, le Syflème figuré qui eft à la tête de l'Ouvrage, la Science à laquelle chaque article {e rap- orte, & la maniere dont l’article eft traité. On a placé pour l'ordinaire après le mot qui res le fujet de Particle , le nom de la Science dont cet article fait partie ; il ne faut plus que voir dans le Syftème figuré quel rang cette Science y occupe, pour connoitre la place que l'article doit avoir dans l'Encyclopédie. S'il arrive que le nom de la Science foit omis dans l'article, la leëture fuffira pour connoître à quelle Science il fe rapporte ; & quand nous au- rions , par exemple, oublié d'avertir que le mot Pombe appartient à l’art militaire, & le nom d’une ville ou d’un pays à la Géographie , nous comptons affez fur l'intelligence dé nos leéteurs, pour efpérer qu'ils ne feroïent pas choqués d’une pareille omiffion. D'ailleurs par la difpoñtion des matieres dans chaque article , fur:tout lorfqu'il eft un peu étendu , on ne pourra manquer de voir que cet article tient à un autre qui dépend d’une Science différente, celui-là à un troïfieme, & ainfi de fuite. On a tâché que l’exactitude & la fréquence des ren- vois ne laiffät là-deflus rien à defirer ; car les renvois dans ce Dittionnaire ont cela de par- ticulier, qu'ils fervent principalement à indiquer la liaifon des matieres ; au lieu que dans les autres ouvrages de cette efpece. ils ne font deftinés qu’à expliquer un article par un autre. Souvent même nous avons omis le renvoi, parce que les termes d'Art ou de Science fur Jefquels il auroit pû tomber , fe trouvent expliqués à leur article, que le lecteur ira chercher de lui-même. C'eft fur-tout dans les articles généraux des Sciences , qu’on a tâché d’expli- quer les fecours mutuels qu'elles fe prêtent. Ainf trois chofes forment l’ordre encyclopé- dique; le nom de la Science à laquelle Particle appartient ; le rang de cette Science dans l'Arbre; la liaifon de l’article avec d’autres dans la même Science ou dans une Science différente ; liaifon indiquée par les renvois , ou facile à fentirau moyen des rermes techniques DES EDITEURS. \ XJx expliqués fuivant leur ordre alphabétique, Il ne s’agit point ici des raïfons qui nous ont fair préférer dans cet Ouvrage l’ordre alphabétique à tout autre; nous les expoferons plus bas, lorfque nous envifagérons cette collection, comme Diétionnaire des Sciences & des Arts. Au refte, fur la partie de notre travail, qui confifte dans l'Ordre encyclopédique, & qui eft plus-deftinée aux gens éclairés qu’à la multitude , nous obferverons deux chofes : la pre: miere, C'eft qu'il feroit fouyent abfurde de vouloir trouver une liaifon immédiate entre un at. ticle de ce Dittionnaire & un autre article pris à volonté; c’eft ainf qu'on. chercheroit en vain par quels liens fecrets Seéfion conique peut être rapprochée d'Accxfarif. L'ordre encyclo- pédique ne fuppofe point que toutes les Sciences tiennent direétement les unes aux autres, Ce font des branches qui partent d’un même tronc, fçavoir de l’entendement humain. Ces branches n'ont fouvent entr'elles aucune liaifon immédiate , & plufeurs ne font réunies que par le tronc même, Ainfi Seëon conique appartient à la Géométrie, la Géométrie conduit à la Phyfique particuliere , celle-ci à la Phyfique générale, la Phyfique générale à la Méta- phyfique ; & la Métaphyfique eft bien près de la Grammaire à laquelle-le mot Accufaiif appartient. Mais quand on eft arrivé à ce dernier terme par la route que nous venons d'indiquer, on {e trouve fi loin de celui d’où l’on eff parti, qu’on l’a tout -à-fait perdu de vüûe. | | | La feconde remarque que nous avons à faire, c’eft qu'il ne faut pas attribuer à notre Arz bre encyclopédique plus d'avantage que nous ne prétendons lui en donner. L’ufage des diviñions générales eit de raflembler un fort grand nombre d'objets : mais il ne faut pas croire. qu'il puifle fuppléer à l'étude de ces objets mêmes. C’eft une elpece de dénombrement des connoiflances qu'on peut acquérir ; dénombrement frivole pour qui voudroit s’en contenter, utile pour qui defre d'aller plus loin. Un feul article raïlonné fur un objet particuhier de Seience ou d'Art, renferme plus de fubftance que toutes les divifions & fubdivifions qu'on peut faire des termes généraux; & pour ne point fortir de la comparaifon que nous avons tirée plus haut des Cartes géographiques, celui qui s’en tiendroit à l’Arbre encyclopédique pour toute connoiffance , n’en fauroit guere plus que celui qui pour avoir acquis par les Mappemondes une idée générale du globe & de fes parties principales , fe flateroit de con- noïtre les différens Peuples qui l’habitenr, &c les Etats particuliers qui le compofent. Ce qu'il ne faut point oublier fur-tout , en confidérant notre Syftème figuré , c’eft que l'ordre encyclopédique qu'il préfente eft très-différent de l'ordre généalogique des opérations dé l'efprit ; que les Sciences qui s'occupent des êtres généraux, ne font utiles qu'autant qu’elles menent à celles dont les êtres particuliers font l’objet ; qu'il n’y a véritablement que ces êtres particuliers qui exiftent ; & que fi notre efprit a créé les êtres généraux, ça été pour pous voir étudier plus facilement l’une aprés l’autre les propriétés qui par leur nature exiftent à la fois dans une même fubftance, & qui ne peuvent phyfiquement être féparées. Ces ré: flexions doivent être le fruit & le réfultat de tout ce que nous avons dit jufqu'ici; &c'c’eft aufli par elles que nous terminerons la premiere Partie de ce Difcours. Nous ALLONS préfentement confidérer cet Ouvrage comme D'éionnaire raifonné des Sciences & des Arts. L'objet eft d'autant plus important , que c’eft fans doute celui qui peut in- térefler davantage la plus grande partie de nos leéteurs , & qui, pour être remph, a demandé le plus de foins &r de travail. Maïsavant que d'entrer fur ce fujet dans tout le détail qu'on eft en droit d'exiger de nous, il ne fera pas inutile d'examiner avec quelque étendue l'état pré- fent des Sciences & des Arts, & de montrer par quelle gradation l’on y eft arrivé. L’expo- fition méraphyfque de l’origine & de la liaifon des Sciences nous a été d’une grande utilité pour en former l’Arbre encyclopédique; l'expofition hiftorique de l'ordre dans lequel nos connoïflances fe font fuccédées, ne fera pas moins avantageufe pour nous éclairer nous- mêmes fur la maniere dont nous devons tranfmettre ces connoiflances à nos lefteurs. D’ail. leurs Phifoire des Sciences eft naturellement liée à celle du petit nombre de grands génies, dont les Ouvrages ont contribué à répandte la lumiere parmi les hommes ; & ces Ouvrages ayant fourni pour le nôtre les fecours généraux , nous devons commencer à en parler avant de rendre compte des fécours particuliers que nous avons obtenus. Pour ne point remonter trop haut, fixons-nous à la renaiflance des Lettres. Quand on confidere les progrès de l’efprit dépuis cette époque mémorable, on trouvé que ces progres fe font faits dans l’ordre qu'ils devoient naturellement fuivre. On a coma mencé par l’Erudition , continué par les Belles - Lettres, & fini par la Philofophie. Cer Or- dre differe à la vérité de celui que doit obferver l'homme abandonné à fes propres lumie- res, ou borné au commerce de fes contemporains , tel que nous l’avons principalement confidéré dans la premiere Partie de ce Difcours : en effet, nous avons fait voir que Pelprit ifolé doit rencontrer dans {a route la Philofophie avant les Belles-Lettres. Mais en fortant d’un long intervalle d'ignorance que des fiecles de lumiere avoient précédé , là régénéras Tome I. "TE | Cr xx DISCOURS PRÉLIMINAIRE tion dés idées, fi on peut parler ainfi, a dû néceflairement être différente de leur génération primitive. Nous allons tâcher de le faire fentir. | 59 à Jr Les chefs-d'œuvre que les Anciens nous avoient laiflés dans prefque tous les genres, avoient été oubliés pendarit douze fiecles. Les principes des Sciences & des Arts éroient per- dus , parce que le beau & le vrai qui femblent fe montrer de toutes parts aux hommes, ne les frappent guere à moins qu’ils n’en foient avertis. Ce n’eft pas que ces tems malheureux, ayent été plus ftériles que d’autres en génies rares ; la nature eft-roüjours la même : mais que pouvoient faire ces grands hommes , femés de loin à loin comme üls le font toüjours , occu- pés d'objets différens , & abandonnés fans culture à leurs féules lumieres ? Les idées qu’on acquiert par la leéture &+ la fociété , font le germe de prefque toutes les découvertes, C’eft un air que l’on refpire fans y penfer, & auquel on doit la vie ; & les hommes dont nous par- lons étoient privés d’un tel fecours. Ils reflembloient aux premiers créareurs des Sciences & des Arts, que leurs illuftres fuccefleurs ont fait oublier, & qui précédés par ceux-ci les au- roient fait oublier de même, Celui qui trouva le premier les roues & les pignons , eût inventé les montres dans unautre fiecle; & Gerbert placé au tems d’Archimede l’auroit peut-être égalé. Cependant la plüpart des beaux Efprits de ces terms ténébreux fe faifoient appeller Poëtes ow Philofophes. Que leur en coûtoit-il en effet pour ufurper deux titres dont on fe pare à fi peu de frais , & qu'on fe flate toûjours de ne guere devoir à des lumieres émpruntées ? Ils croyoient qu'il étoit inutile de chercher les modeles de la Poëñe dans les Ouvrages des Grecs & des Romains, dont la Langue ne fe parloit plus; & ils prenoïient pour la véritable Philofophie des Anciens une tradition barbare qui la défiguroit. La Poëfie fe réduifoit pour eux à un mé- chanifme puéril: examen approfondi de la nature, & la grande Etude de l’homme , étoient remplacés par mille queftions frivoles fur des êtres abftraits & métaphyfiques ; queftions dont la folution, bonne ou mauvaife , demandoit fouvent beaucoup de fubtilité , &c par conféquent un grand abus de l'efprit, Qu'on joigne à ce defordre l’état d'efclavage où prefque toute l'Europe étoit plongée, les ravages de la fuperftition qui naît de l'ignorance, & qui la re- produit à fon tour: & l’on verra que rien ne manquoit aux obftacies qui éloignoient le re- tour de la raifon & du goût; car il n’y a que la liberté d’agir & de penfer qui foit capable de produire de grandes chofes, & elle n’a befoin que de lumieres pour fe préferver des excès. Auffi fallut-il au genre humain, pour fortir de la barbarie , une de ces révolutions qui font prendre à la terre une face nouvelle: l’Empire Grec eft détruit, fa ruine fait refluer en Eu- rope le peu de connoiffances qui reftoient encore au monde ; l'invention de l’Imprimerie, la proteétion des Medicis & de François I. raniment les efprits ; & la lumiere renait de toutes parts. L'étude des Langues & de l’'Hiftoire abandonnée par néceflité durant les fiecles d'igno- rance , fut la premiere à laquelle on fe livra. L’efprit humain fe trouvoit au fortir de la bar- barie dans une efpece d'enfance , avide d’accumuler des idées, & incapable pourtant d'en acquérir d’abord d’un certain ordre par l’efpece d’engourdiflement où les facultés de l’ame avoient été fi long-tems. De toutes ces facultés , la mémoire fut celle que l’on cultiva d'abord, parce qu’elle eft la plus facile à fatisfaire , &z que les connoiflances qu’on obtient par fon {e- cours , font celles qui peuvent le plus aifément être entaflées, On ne commença donc point par étudier la Nature , ainfi que les premiers hommes avoient dû faire; on joüifloit d’un {e- cours dont ils étoient dépourvüûs, celui des Ouvrages des Anciens que la générofité des Grands & l’Impreflion commençoient à rendre communs, on croyoit n’avoir qu’à lire pour devenir favant; & il eft bien plus aifé de lire que de voir. Ainfñ, on dévora fans diftinction tout ce que les Anciens nous avoient laiflé dans chaque genre: on les traduifit , on les commenta ; & par une efpece de reconnoiffance on fe mit à les adorer fans connoïtre à beaucoup près ce qu'ils valoient. De-là cette foule d'Erudits , profonds dans les Langues favantes jufqu’à dédaigner la leur, qui, comme l’a dit un Auteur célebre, connoiïfloient tout dans les Anciens , hors la grace & la finefle , & qu'un vain étalage d’érudition rendoit fi orgueilleux, parce que les avantages qui coûtent le moins font aflez fouvent ceux dont on aime le plus à fe parer. C'étoit une efpece de grands Seigneurs , qui fans reffembler par le mérite réel à.ceux dont ils tenoient la vie, tiroient beaucoup de vanité de croire leur appartenir. D'ailleurs cette vanité n’étoit point fans quelque efpece de prétexte. Le pays de l’érudition & des faits eft inépuifable; on croit, pour ainf dire, voir tous les jours augmenter fa fubftance par les acquifitions que l’on y fait fans peine. Au contraire le pays de la raifon & des découvertes eft d’une affez petite étendue; & fouvent au lieu d’y apprendre ce que l’on ignoroit, on ne parvient à force d’é- tude qu’à défapprendre ce qu'on croyoit favoir. C’eft pourquoi, à mérite fort inégal, un Erudit doit être beaucoup plus vain qu’un Philofophe, & peut-être qu’un Poëte : car l’ef- prit qui invente eft toûjours mécontent de fes progrès, parce qu'il voit au-delà ; & les plus grands génies trouvent fouvent dans leur amour propre même un jugefecret, mais {évere, DES EDITEURS. x que lapptobation des autres fait taire pour quelques inftans, mais qu'elle ñe paivient ja= mais à corrompre. On ne doit donc pas s'étonner que les Savans dont nous parlons miflent tant de gloire à joüir d’une Science hériflée, fouvent ridicule, & quelquefois barbare; Il eft vrai que notre fiecle qui fe croit deftiné à changer les lois en tout genre ; & à faire juftice , ne penfe pas fort avantageufement dé ces hommes autrefois fi célebres. C’eft uné efpece de mérite aujourd’hui que d'en faire peu de cas; & c’eft même un mérite que bien des gens fe contentent d’avoir. I! femble que par le mépris que l’on a pour.ces Savans, on cherche à les punir de l’eftime outrée qu'ils faifoient d'eux-mêmes , ou du fuffrage peu éclairé de leurs contemporains , & qu’en foulant aux piés ces idoles, on veuille.én faire oublier ju qu'aux noms. Mais tout excès eft injufte: Jouüiflons plütôt avec reconnoiffance du travail de. ces hommes laborieux. Pour nous mettre à portée d'extraire des Ouvrages des Anciens tout _ce qui pouvoit nous être utile , il a fallu qu'ils en tiraflent auf ce qui ne l’étoit pas : on ne fau- roit tirer l’or d’une mine fans en faire fortir en même tems beaucoup de mätieres viles oumoins précieufes ; ils auroient fait comme nous la féparation , s'ils étoient venus plus tard; L’Eru- dition étoit donc néceflaire pour nous conduire aux Belles-Lettres, ; En effet, il ne fallut pas fe livrer long-tems à la leéture des Ancieïs, pour. fe convain- cre que dans ces Ouvrages même où l’on ne cherchoit que des faits & des mots, il y avoit mieux à apprendre. On apperçut bientôt les beautés que leurs Auteurs ÿ avoient répan- dues ; car fi les hommes, comme nous l'avons dit plus haut, ont befoin d’être avertis du vrai, en récompenfe ils n'ont befoin que de l'être. L’admiration qu’on avoit eu jufqu’a- lors pour les Anciens ne pouvoit être plus vive: mais elle éommença à devenir plus jufte; Cependant elle étoit encore bien loin d’être raifonnable. On crut qu’on né pouvoit les imiter, qu’en les copiant fervilement , & qu'il n’étoit poflible de bien dire que dans leur Lan- gue. On ne penfoit pas que l'étude des mots eft une efpece d’inconvénient paflager ; né. ceflaire pour faciliter l’étude des chofes, mais dues devient un mal réel, quand elle la re- tarde ; qu'ainfi on auroit dû fe borner à fe rendre familiers les Auteurs Grecs & Romains, pour profiter de ce qu'ils avoient penfé de meilleur ; & que le travail auquel il falloit fe livrer pour écrire dans leur Langue ; étoit autant de perdu pour l’avancement de la raifon. On ne voyoit pas d’ailleurs , que s'il y a dansles Anciens un grand nombre de beautés de ftyle perdues pouf nous, il doit ÿavoir aufli par la même raifon bien des défauts qui échappent , & que l’on court rifque de copier comme des beautés ; qu’enfin tout ce qu’on pourroit efpérer par l’ufage fervile de la Langue des Anciens , ce feroit de fe faire un ftyle bifarrement aflorti d’une infinité de. ftyles différens , très-correét & admirable même pour nos Modetnes , mais que Cicéron où Virgile auroient trouvé ridicule, C’eff ainfi que nous ririons d’un Ouvrage écrit en notre Lan< gue, & dans lequel Auteur auroit raffemblé des phrafes de Bofluet , de la Fontaine , de la Bruyere , & de Racine , perfuadé avec raifon que chacun de ces Ecrivains en particuliereft un excellent modele, “a sl | Ce préjugé des premiers Savans a produit dans le feizieme fieclé une foule de Poëtes ; d'Orateurs , & d'Hiftoriens Latins, dont les Ouvrages , il faut l'avouer, tirent trop fouvent leur principal mérite d’une latinité dont nous ne pouvons guere juger. On peut en comparer quelques-uns aux harangues de la plüpart de nos Rhéteurs , qui vuides de chofes, & fem- blables à des corps fans fubitance , n’auroient befoin que d’être mifes en François pour n’ês tre lûes de perfonne, | | | - Les Gens de Lettres font enfin revenus peu-à-peu de cette efpece de manie. Il y à appa- rence qu'on doit leur changement, du moins en partie , à la proreltion des Grands, qui font bien-aifes d’être favans , à condition de le devenir fans peine , &c qui veulent pouvoir juger fans étude d’un Ouvrage d’efprit, pour prix des bienfaits qu’ils promettent à l’Auteur, oude l’ami- tié dont ils croyent l’honorer. On commença à fentir que le beau, pour être en Langue vul- gaire, ne perdoit rien de fes avantages ; qu'il acquéroit même celui d’être plus facilement faifi du commun des hommes , & qu'il n’y avoit aucun mérite à dire des chofes communes ou ridicules dans quelque Langue que ce füt, & à plus forte raifon dans celles qu’on de voit parler le plus mal. Les Gens de Lettres penferent donc à perfeétionner les Langues vul: gares ; ils chercherent d’abord à dire dans ces Langues ce que les Anciens avoient dit dans E leurs. Cependant par une fuite du préjugé dont on avoit eu tant de peine à fe défaire; au lieu d'enrichir la Langue Françoife , on commença pat la défigurer. Ronfard en fit un jargon barbare , hériflé de Grec & de Latin: mais heureufement il la rendit aflez méconnoi£: fable, pour qu'elle en devint ridicule. Bientôt l’on fentit qu'il falloit tranfporter dans notre Langue les beautés & non les mots des Langues anciennes. Réglée & perfeétionnée par le sou » €lle acquit aflez promptement une infinité de tours & d’expreflions heureufes. Enfin on ne fe borna plus à copier les Romains & les Grecs, ou même à les imiter ; on tâ= cha de les furpañler , s'il étoit poflible , & de penfer d’après foi. Ainf l'imagination des Mo: dernes renaquit peu-à-peu de celle des Anciens; & l’on vit éclorre prefqu'en même tems rs xx DISCOURS PRELIMINAIRE tous les chefs-d'œuvre du dernier fiecle, en Eloquence, en Hiftoire , en Poëfie, &c dansles différens genres de littérature. | | MALHERBE, nourri de la léture des excellens Poëtes de l'antiquité , 8 prenant comme: eux la Nature pourmodele,répandit le premier dans notre Poëfñeune harmonie ëg des beau - tés auparavant inconnues. BALZAC, aujourd'hui trop méprifé , donna à notre Profe de ka noblefle & du nombre..Les Ecrivains de PORT-RoOYAL continuerent ce que Balzac avoit commencé ; ils y ajoûterent cette précifion, cet heureux choix.de termes, & cette puretié qui ont confervé jufqu’à préfent à la plüpart de leurs Ouvrages un air moderne, & qui les di £ tinguent d'un grand nombre de Livres furannés, écrits dans le mêmetems. CORNEILLI:, après avoir facrifié pendant quelques années au mauvais goût dans la carriere dramatique, s’en afranchit enfin ; découvrit par la force de fon génie, bien plus que par la leéture, les lois du Théatre, & les expofa re fes Difcours admirables fur la Tragédie, dans {es rélle- xions fur chacune de fes pieces, mais principalement dans fes pieces mêmes. RACINE s'ouvrant une autre route , fitparoître fur le Théatre une pafñion que les Anciens n’y avoïent guere connue ; & développant les reflorts du: cœur humain, joignit à une élégance &c une vérité continues quelques traits de fublime. DesPRÉAUXx dans fon art poëtique Le rendit l’é- gal d'Horace en limitant; MoLiERE par la peinture fine des ridicules & des mœurs de ‘on tems, laifla bien loin derriere lui la Comédie ancienne ; LA FONTAINE fit ptefque oublier Efope & Phedre, & Bossugr.alla fe placer à côté de Démofthene. Les Beaux-Arts font tellement unis avec les Belles-Lettres, que le même goût qui cul- tive les unes, porte auf à perfeétionnier les autres, Dans le même tems que notre littéra- türe s'enrichifloit par tant de beaux Ouvrages, Poussin faifoit fes tableaux, & Pucer fes ftatues, LE SUEUR peignoit le cloïtre des Chartreux, &: Le Brun les batailles d'Ale- xandre; enfin LULLT, créateur d’un chant propre à notre Langue, rendoit par fa mufique aux poëmes de QUINAULT l’immortalité qu'éllé en récevoit. | Ïl faut avoüer pourtant que la renaiflance de la Peinture &c de la Sculpture avoit été beau- coup plus rapide que celle de la Poëfe & de la Mufique; & la raïfon n’en eft pas difficile à appercevoir. Dès qu’on commença à étudier les Ouvrages des Anciens en tout genre, les chefs-d'œuvre antiques qui avoient échappé en aflez grand nombre à la fuperftition &r à la barbarie, frapperent bientôt les yeux des Artiftes éclairés; on ne pouvoit imiter les Praxi- teles & les Phidias, qu'en faifant exaËtement comme eux; & le talent n’avoit befoin qué de bien voir: auf RaPHAEL & MIcuEz ANGE ne furent pas long-tems fans porter leur : dit à un point de perfetiof, qu'on n’a point encore pañlé depuis. En général, l'objet de la Peinture & de la Sculpture étant plus du reflort des fens , cés Arts ne pouvoient manquer de précéder la Poëfie, parce que les fens ont dû être plus promptement afleétés des beautés fenfibles & palpables dés ftatues anciennes, que l'imagination n’a dû appercevoir les beautés intelleétuelles &z fufitives des anciens Ecrivains. D'ailleurs, quand elle a commencé à les découvrir, limitation de ces mêmes beautés imparfaite par fa fervitude , &c par la Langue étrangere dont elle fe fervoit, n’a pù manquer de nuire aux progrès de l'imagination même. Qu'on fuppofe pour un moment nos Peintres & nos Sculpteurs privés de l'avantage qu'ils avoient de mettre en œuvre la même matiere que les Anciens: s'ils euflent , comme nos Lit- térateurs, perdu beaucoup de tems à rechercher & à imiter mal cette matiere , au lieu de fonger à en employer une autre , pour imiter les ouvrages même qui faifoient l’objet de leur admiration ; ils auroient fait fans doute un chemin beaucoup moins rapide , & en feroient encore à trouver le marbre. À l'égard de la Mufique, elle a dû arriver beaucoup plus tard à un certain degré de per- fe&tion , parce que c’eft un art que les Modernes ont été obligés de créer. Le tems a détruit tous les modeles que les Anciens avoient pù nous laïfler en ce genre ; & leurs Ecrivains , du moins ceux qui nous reftent, ne nous ont tranfmis fur ce fujet que des connoïflances très- obfcures., ou des hiftoires plus propres à nous éronner qu’à nous initruire. Auffi plufeurs de nos Savans , pouflés peut-être par une efpece d'amour de propriété , ont prétendu que nous avons porté cet art beaucoup plus loin que les Grecs ; prétention que le défaut de mo- numens rend auffi difficile à appuyer qu'a détruire, & qui ne peut être qu'aflez foiblement combattue par les prodiges vrais ou fuppotés de la Mufque ancienne. Peut-être feroit-1l permis de conjeéturer avec quelque vraiflemblance , que cette Mufique étoit tout-à-fait différente de la nôtre , & que fi l’ancienne étoit fupérieure par lamélodie, l'harmonie donne à Ja moderne des avantages. : Nous ferions injuftes , fi à l’occafon du détail où nous venons d'entrer, nous ne recon- noïffions point ce que nous devons à l'alie; c'eft d'elle que nous avons reçüû les Sciences, qui depuis ont fruétifié fi abondamment dans toute l'Europe ; c’eft à elle furtout que nous devons les Beaux-Arts & le bon goût ##dont elle nous a fourniun grand nombre de modeles ininutables, | | DES EDITEURS. xxiij Pendant que les Arts & les Belles-Lettres étoient en honneur , il s'en falloit beaucoup que la Philofophie fit le même progrès, du moins dans chaque nation prife en corps ; elle n'a reparu que beaucoup plus tard. Ce n’eft pas qu’au fond il foit plus aifé d’exceller dans les Belles-Letrres que dans la Philofophie ; la fupériorité en tout genre eft également difficile à atteindre. Mais la leéture des Anciens devoir contribuer plus promptement à l'avance- ment des Belles-Lettres & du bon goût, qu'à celui des Sciences naturelles. Les beautés lit- téraires n'ont pas befoin d'être vües long-rems pour être fenties; 8 comme les hommes {entent avant. que de penfer , 1ls doivent par la même raifon juger ce qu'ils fentent avant de juger ce qu'ils penfent. D'ailleurs, les Anciens n'étoient pas à beaucoup près fi parfaits comme Philofophes que comme Ecrivains. En effet, quoique dans l’ordre de nos idées les premieres opérations de la raifon précedent les premiers efforts de l'imagination, celle-ci, uand elle à fait les premiers pas, va beaucoup plus vite que l’autre: elle a l'avantage de travailler {ur des objets qu'elle enfante; au lieu que la raifon forcée de fe borner à ceux qu'elle a devant elle , & de s'arrêter à chaque inftant , ne s’épuife que trop fouvent en re- cherches infruétueufes. L'univers & les réflexions font le premier livre des vrais Philofophes; & les Anciens l’avoient fans doute étudié: il étoit donc néceffaire de faire comme eux; on ne pouvoit fuppléer à cetre étude par celle de léurs Ouvrages, dont la plüpart avoient été détruits, & dont un petit nombre mutilé par le tems ne pouvoir nous donner fur une ma- tiere auf vafte que des notions fort incertaines & fort altérées. . La Scholaftique qui compoloittoute la Science prétendue des fiecles d'ignorance , nuiloit encore aux progrès de la vraie Philofophie dans ce premier fiecle de lumiere. On étoit per- fuadé depuis un tems, pour ainfi dire, immémorial , qu'on poffédoit dans toute fa pureté la doétrine d’Ariftote, commentée par les Arabes, & altérée par mille additions abfurdes ou puériles, & on ne penfoit pas même à s’aflürer fi cette Philofophie barbare étoit réelle- ment celle de ce grand homme, tant on avoit conçù de refpeét pour les Anciens. C’eft ainf qu'une foule de peuples nés & affermis dans leurs erreurs par l'éducation , fe croyent d'autant plus fincerement dans le chemin de la vérité , qu’il ne leur eft même jamais venu en penfée de former fur cela le moindre doute, Auñi, dans le tems que plufeurs Ecri- vains, rivaux des Orateurs & des Poëtes Grecs, marchoient à côté de ls modeles , ou peut-être même les furpañloient; la Philofophie Grecque , quoique fort imparfaite , n’étoit pas même bien connue. Tant de préjugés qu’une admiration aveugle pour l'antiquité contribuoit à entretenir, fembloient fe fortifier encore par l’abus qu'ofoient faire de la foûmiflion des peuples quél- ques Théologiens peu nombreux, mais puiflans: je dis peu nombreux, car je fuis bien éloiz gné d'étendre à un Corps refpeltable & très-éclairé une accufation qui fe borne à quelques. uns de fes membres. On avoit permis aux Poëtes de chanter dans leurs Ouvrages les divinités du Paganifme, parce qu'on étoit perfuadé avec raifon que les nomsde ces divinités ne pou voient plus être qu'un jeu dont on n’avoit rien à craindre. Si d’un côté, la religion des An- ciens, qui animoit tout, ouvroit un vafte champ à l’imagination des beaux Efprits ; de l’au- tre, les principes en étoient trop abfurdes, pour qu’on appréhendât de voir reflufcitetr Ju piter & Pluton par quelque fecte de Novateurs. Mais lon craignoit , ou l'on paroifloit crain- dre les coups qu'une raïfon aveugle pouvoit porter au Chrifhanifme : comment ne voyoit- on pas qu'il n’avoit point à redouter une attaque aufh foible? Envoyé du ciel aux hom- mes , la vénération fi jufte & fi ancienne que les peuples lui témoignoient , avoit été ga: rantie pour toùjours par les promefes de Dieu même. D'ailleurs, quelque abfurde qu'une religion puifle être (reproche que l’impiété feule peut faire à la nôtre) ce ne font jamais les Philofophes qui la détruifent: lors même qu'ils enfeignent la vérité, ils fe contentent de la montrer fans forcer perfonne à la reconnoître ; un tel pouvoir n’appartient qu'à l’Etre tout-puiflant : ce font les hommes infpirés qui éclairent le peuple , & les enthoufiaftes qui l’'égarent. Le frein qu’on eft obligé de mettre à la licence de ces derniers ne doit point nuire à cette liberté fi néceflaire à la vraie Philofophie , & dont la religion peut tirer les plus grands avantages. Si le Chriftianifme ajoûte à la Philofophie les Iumieres qui lui manquent , sil n'appartient qu'à la Grace de foûmettre les incrédules , c'eft à la Philofophie qu'il eft ré- {ervé de les réduire au filence; & pour aflürer letriomphe de la Foi , les Théologiens dont nous parlons n’avoient qu'à faire ufage des armes qu'on auroit voulu employer contre elle. - Mais parmi ces mêmes hommes, quelques-uns avoient un intérêt beaucoup plus réel de s’oppofer à l'avancement de la Philofophie. Faufflement perfuadés que la croyance des peu- ples eft d'autant plus ferme, qu’on l’exerce fur plus d'objets différens , ils ne fe contentoient pasd’exiger pour nos Myiteres la foümiflion qu'ils méritent , ils cherchoient à ériger en dog- mes leurs opinions particulieres ; & c’étoit ces opinions mêmes , bien plus que les dogmes, qu'ils vouloient mettre en füreté. Par là ils auroient porté à la religion le coup le plus ter- rible , fi elle eût été l'ouvrage des hommes ; car il étoit à craindre que leurs opinions étant xxjv DISCOURS PRELIMINAIRE une fois reconnues pour faufles, le peuple qui ne difcerne rien , ne traität de la même ma niere les vérités avec lefquelles on avoit voulu les confondre. 2 D'autres Théologiens de meilleure foi, mais auf dangereux, fe joignoient à ces premiers par d’autres motifs. Quoique la religion foit uniquement deftinée à régler nos mœurs & notre foi, ils la croyoient faite pour nous éclairer aufli fur le fyftème du monde, c’efl-1- dire, {ur ces matieres que le Tout-puiflant a expreflément abandonnées à nos difputes. Ils ne faifoient pas réflexion que Les Livres facrès & les Ouvrages desPeres, fits pour mon- trer au peuple comme aux Philofophes ce qu'il faut pratiquer &c croire , ne devoient point fur les queitions indifférentes parler un autre langage que le peuple: Cependant le defpo- tifme théologique oule préjugé lemporta. Un Tribunal devenu puiflant dans le Midi de Eu: rope, dans les Indes, dans le Nouveau Monde, mais que la Foi n’ordonne point de croire, ni la Charité d'approuver , & dont laFrance n'a pû s’'accoütumer encore à prononcer le nom fans effroi , condamna un célebre Aftronome pour avoir foûrenu le mouvement de la Terre , & le déclara hérétique ; à peu-près comme le Pape Zacharie avoit condamné quelques fiecles auparavant un Evêque, pour m'avoir pas penfé comme faint Auguftin fur les Antipodes, & pour avoir deviné leur exiftence fix cens ans avant que Chriftophe Colomb les découvrit. C’eft ainfi que l’abus de l'autorité fpirituelle réunie à la temporelle forçoit la raifon au fi: lence ; & peu s’en fallut qu'on ne défendit au genre humain de penfer. Pendant que des adverfaires peu inftruits où mal intentionnés faïfoient ouvertement la guerre à la Philofophie, elle fe réfugioit, pour ainñ dire, dans les Ouvrages de quelques grands hommes, qui, fans avoir Pambition dangereufe d’arracher le bandeau des yeux de leurs contemporains , préparoient de loin dans ombre & le filence la lumiere dont lemonde devoit être éclairé peu-à-peu & par degrés infenfibles. sd À la tête de ces illuftres perfonnages doit être placé l'immortel Chancelier d'Angleterre } Francois Bacow, dont les Ouvrages fi jufement eftimés , & plus eftimés pourtant qu'ils ne font connus, méritent encore plus notre leéture que nos éloges. À confdérer les vües fai nes & étendues de ce grand homme , la multitude d'objets fur lefquels fon efprits’eft porté, la hardieffe de fon ftyle qui réunit par-tout les plus fublimes images avec la précifion la plus rigoureufe , on feroit tenté de le regarder comme le plus grand, le plus uriverfel, & le plus éloquent des Philofophes. Bacon, né danse fein de la nuit la plus profonde, fentit que la Philofophie n’étoit pas encore, quoique bien des gens fans doute fe flataflent d'y excel- ler; car plusun fiecle eft groflier , plus il fe croit inftruit de tout ce qu’il peut favoir. Il com mença donc par envifager d’une vüe générale les divers objets de toutes les Sciences natu- relles ; il partagea ces Sciences endifférentes branches , dont il fit l’énumération la plus exaéte qu'’illui fut pofhble : il examina ce que lon favoit déjà fur chacun de ces objets, & fit le ca- talogue immenfe de ce qui reftoit à découvrir: c’eft le but de fon admirable Ouvrage de la dignité É de l’accrorffement des connoiffances humaines. Dans fon nouvel organe des Sciences , il perfeétionne les vües qu’il avoit données dans le premier Ouvrage ; il les porte plus loin, & fait connoître la nécefhité de la Phyfique expérimentale, à laquelle on ne penfoit point en- core. Ennemi des fyftèmes , il n'envifage la Philofophie que comme cette partie de nos con- noiflances, qui doit contribuer à nous rendre meilleurs ou plus heureux: il femble la bor- ner à la Science des chofes utiles, & recommande par-tout l'étude de la Nature. Ses autres Ecrits font formés fur le même plan; tout, jufqu'à leurs titres, y annonce l’homme de gé- nie, l'efprit qui voit en grand. Ïl y recueille des faits, il y compare des expériences, il en indique un grand nombre à faire ; il invice les Savans à étudier & à perfeétionner les Arts, il regarde comme la partie la plus relevée &c la plus eflentielle de Ia Science humaine: À expofe avec une fimplicité noble /es conjeclures & Jes penfées fur les différens objets dignes d'intérefler les hommes ; & il eût pû dire , comme ce vieillard de Térence, que rien de ce qui touche l'humanité ne lui étoit étranger. Science de la Nature , Morale, Politique, Gco- nomique , tout femble avoir été du reflort de cet efprit lumineux & profond ; & l'on ne fait ce qu'on doit le plus admirer , ou des richefles qu'il répand furtous les fujets qu'il traite, ou de la dignité avec laquelle ilen parle. Ses Ecritsne peuvent être mieux comparés qu’à ceux d'Hippocrate fur la Medecine ; & ils ne feroient ni moins admirés , ni moins Iûs, fi la cul- ture de l’efprit étoit aufli chere au genre humain que la confervation de la fanté. Mais il n'y a que les Chefs de feéte en tout an dont les Ouvrages puiflent avoir un certain éclat; Bacon, n’a pas été du nombre , & la forme de fa Philofophie s’y oppotoit. Elle étoit trop fage pour étonner perfonne ; la Scholaftique qui dominoïit de fon tems, ne pouvoit être renverfée que par des opinions hardies & nouvelles; & il n’y a pas d'apparence qu'un Philofophe, qui fe contente de dire aux hommes, vorlà le peu que vous avez appris, voici ce qui vous refle à cher- cher, {oit deftiné à faire beaucoup de bruit parmi fes contemporains. Nous oferions même faire quelque reproche au Chancelier Bacon d’avoir été peut-être trop timide , fi nous ne favions avec quelle retenue , & pour ainfi dire , avec quelle fuperftition , on doit juger un | génie DES EDITEURS. XXv génie fi fublime. Quoiqu'il avoüe que les Scholaîtiques ont énervé les Sciences par leurs queftions minutieufes , & que l'efprit doit facrifier l'étude des êtres généraux à celle des objets particuliers, il femble pourtant par l'emploi fréquent qu'il fait destermes de l'Ecole, quelque: fois même par celui des principes fcholaftiques , & par des divifions & fubdivifions dont l’u- {age étoit alors fort à la mode , avoir marqué un peu trop de ménagement ou de déférence pour le goût dominant de fon fiecle. Ce grand homme . après avoir brifé tant de fers’, étoit encore retenu par quelques chaînes qu'il ne pouvoit ou n’ofoit rompre. Nous déclarerons ici que nous devons principalement au Chancelier Bacon l'Arbre en- cyclopédique dont nous avons déjà parlé fort au long, & que l’on trouvera à la fin de ce Difcours. Nous en avions fait l’aveu en plufieurs endroits du Profpeëlus , nous y reve- nons encore , & nous ne manquerons aucune occafon de le répéter. Cependant nous n’a- vons pas crû devoir fuivre de point en point le grand homme que nous reconnoiflons ici pour notre maître. Si nous n'avons pas placé, comme lui, la raifon après l'imagination , c'eit que nous avons fuivi dans le Syflème encyclopédique l’ordre métaphyfique des opé- rations de l’Efprit, plûtôt que l'ordre hiftorique de fes progrès depuis la renaiflance des Lettres ; ordre que l’illuftre Chancelier d'Angleterre avoit peut-être en vüe jufqu’à un cer- tain point, lorfqu'il faifoit, comme il le dit, le cens & le dénombrement des connoiflances humaines. D'ailleurs, le plan de Bacon étant différent du nôtre, & les Sciences ayant fait depuis de grands progrès , on ne doit pas être furpris que nous ayons pris quelquefois une route différente. Ainf, outre les changemens que nous avons faits dans l’ordre de la diftribution générale, & dont nous avons déjà expofé les raifons, nous avons à certains égards pouflé les divi- fions plus loin , fur-tout dans la partie de Mathématique & de Phyfique particuliere ; d’un au- tre côté, nous nous fommes abftenus d'étendre au même point que lui, la divifion de certaines Sciences dont il fuit jufqu’aux derniers rameaux. Ces rameaux qui doivent proprement entrer dans le corps de notre Encyclopédie, n’auroient fait, à ce que nous croyons, que charger aflez inutilement le Syftème général. On trouvera immédiatement après notre Âr- bre encyclopédique celui du Philofophe Anglois; c’eft le moyen le plus court & le plus facile de faire diftinguer ce qui nous appartient d'avec ce que nous avons emprunté de lui. Au Chancelier Bacon fuccéda lilluftre DescarTes. Cet homme rare dont la fortune à tant varié en moins d’un fiecle, avoit tout ce qu’il falloit pour changer la face de la Phi- lofophie ; une imagination forte, un efprit très-conféquent , des connoïffances puifées dans lui-même plus que dans les Livres, beaucoup de courage pour combattre les préjugés les plus généralement reçus, & aucune efpece de dépendance qui le forçât à les ménager. Aufli éprouva-til de fon vivant même ce qui arrive pour l'ordinaire à tout homme qui prend un afcendant trop marqué fur les autres. Il fit quelques enthoufiaftes , & eut beaucoup d’en- nemis. Soit qu'il connût fa nation ou qu'il s’en débat feulèment , il s’étoit refugié dans un pays entierement libre pour y méditer plus à fon aife. Quoiqu'il penfât beaucoup moins à faire des difciples qu'a les mériter , la perfécution alla le chercher dans fà retraite ; & la vie cachée qu’il menoït ne put l'y fouftraire. Malgré toute la fagacité qu’il avoit employée pour prouver l’exiftence de Dieu, il fut accufé de la nier par des Miniftres qui peut-être ne la croyoient pas. Tourmenté & calomnié par des étrangers, & aflez mal accueilli de fes com- patriotes , il alla mourir en Suede, bien éloigné fans doute de s'attendre au fuccés brillant que fes opinions auroient un jour. On peut confidérer Defcartes comme Géometre ou comme Philofophe. Les Mathémati- ques, dont il femble avoir fait affez peu de cas, font néanmoins aujourd'hui la partie la plus tolide & la moins conteftée de fa gloire. L’Algebre créée en quelque maniere par les Ita- liens, & prodigieufement augmentée par notre illuftre ViETE, a reçû entre lés mains de Defcartes de nouveaux accroïflemens. Un des plus confidérables eft fa méthode des Indé- terminées , artifice très-ingénieux & très-fubtil, qu’on a fù appliquer depuis à un grand nombre de recherches. Maïs ce qui a füur-tout immortalifé le nom de ce grand homme, c’eft l'application qu'il a fà faire de l'Algebre à la Géométrie ; idée des plus vaftes & des plus heureufes que lefprit humain ait jamais eues, & qui fera toùjours la clé des plus pro- fondes recherches, non feulement dans la Géométrie fublime , mais dans toutes les Sciences phyfico-mathématiques. | Comme Philofophe , il a peut-être été aufh grand , mais il n’a pas été fi heureux. La Géométrie qui par la nature de fon objet doit toüjours gagner fans perdre, ne pouvoit man- quer, étant maniée par un aufli grand génie, de faire des progrès très-fenfibles & apparens pour tout le monde. La Philofophie fe trouvoit dans un état bien différent , tout y étoit à commencer; & que ne coûtent point les premiers pas en tout genre ? Le mérite de les faire difpenfe de celui d’en faire de otands. Si Defcartes qui nous a ouvert la route, n’y a pas été ne loin ET fes Sectateurs le croyent , il s’en faut beaucoup que les Sciences lui doi- ome L « xxv) DISCOURS PRELIMINAIRE vent auf peu que le prétendent fes adverfaires, Sa Méthode feule auroit fuff pour le ren- dre immortel; fa Dioptrique eft la plus grande &-la plus belle application qu'on eût faite encore de la Géométrie à la Phyfique ; on voit enfin dans fes ouvrages , même les moins Iûs maintenant , briller par tout le génie inventeur. Si on juge fans partialité ces tourbil- lons devenus aujourd’hui prefque ridicules , on conviendra, j’ofe le dire, qu’on ne pou- voit alors imaginer mieux : les obfervations affronomiques qui ont fervi à les détruire étoient encore imparfaites, ou peu conftatées; rien n'étoit plus naturel que de fuppofer un fluide qui tranfportât les planetes ; il n’y avoit qu'une longue fuite de phénomènes, de raifonnemens & de calculs, & par conféquent une longue fuite d'années, qui pût faire renoncer à une théorie fi féduifante. Elle avoit d’ailleurs l'avantage fingulier de rendre raifon de la gravitation des corps par la force centrifuge du Tourbillon même: & je ne crains point d'avancer que cette explication de la pefanteur eft une des plus belles & des plus dm hypothefes que la Philofophie aït jamais imaginées. Auñli a-t:l fallu pour Yabandonner, que les Phyficiens ayent été entrainés comme malgré eux par la Théorie des forces centrales, & par des expériences faites long-tems après. Reconnoïflons donc que Defcartes, forcé de créer une Phyfique toute nouvelle, n’a pü la créer meilleure ; qu’il à fallu, pour ainfi dire, pañler par les tourbiilons pour arriver au vrai fyftème du mon- de; & que HfSeft trompé fur les lois du mouvement, il a du moins deviné le premier qu'il devoit y en avoir. Sa Métaphyfique, auffi ingénieufe & aufli nouvelle que fa Phyfique , a eu le même fort à peu-près; & c’eft aufhi à peu-près par les mêmes raifons qu'on peut la juftifier ; car telle eft aujourd'hui la fortune IE ce grand homme , qu'après avoir eu des fettateurs fans nom- bre , il eft prefque réduit à des apologiftes. Il fe trompa fans doute en admettant Les idées innées : mais s’il eùt retenu de la feéte Périparéticienne la feule vérité qu’elle enfeignoit {ur l’origine des idées par les fens, peut-être les erreurs qui deshonoroient cette vérité par leur alliage , auroient été plus difficiles à déraciner. Defcartes a ofé du moins montrer aux bons efprits à fecoüer le joug de la fcholaftique , de l'opinion, de l'autorité, en un mot des réjugés & de la barbarie ; & par cette révolte dont nous recueillons aujourd’hui les fruits , a Philofophie a reçu de lui un fervice, plus difhcile peut-être à rendre que tous ceux qu'elle doit à fesilluftres fucceffeurs. On peut le regarder comme un chef de conjurés, qui a eu le courage de s'élever le premier contre une puiflance ADO & arbitraire , & qui en pré- un une révolution éclatante, a jetté Les fondemens d’un gouvernement plus jufte & plus heureux qu’il n’a pû voir établi. S'il a fini par croire tout expliquer , il a du moins commencé par douter de tout; & les armes dont nous nous fervons pour le combattre ne lui en appartien- nent pas moins , parce que nous les tournons contre lui. D'ailleurs, quand les opinions abfur- des font invétérées, on eft quelquefois forcé, pour defabufer le genre humain , de les rempla- cer par d’autres erreurs , lorfqu’on ne peut mieux faire. L’incertitude & la vanité de l’efprit font telles , qu'il a toûjours befoin d’une opinion à laquelle il fe fixe: c’eft un enfant à qui il faut pré- fenter un joüet pour luienlever une arme dangereufe ; il quittera de lui-même ce joüet quand le tems de la raifon fera venu. En donnant ainf le change aux Philofophes ou à ceux qui croyent l'être, on leur apprend du moins à fe défier de leurs lumieres, & cette difpofition eff le pre- mier pas vers la vérité. Aufh Defcartes a-t-il été perfécuté de fon vivant , comme s’il fütvenu Fapporter aux hommes. | NEwTON, à qui la route avoit été préparée par HUYGHENS, parutenfin, & donna à la Phi- lofophie une forme qu’elle femble devoir conferver. Ce grand génie vit qu'il étoit tems de ban- nir de la Phyfique les conjeétures & les hypothèfes vagues, ou du moins de ne les donner que pour ce qu'elles valoient , & que cette Science devoit être uniquement foûmife aux ex- périences & à la Géométrie. C’eft peut-être dans cette vüe qu'il commença par inventer le calcul de l’Infini & la méthode des Suites , dont les ufages fi étendus dans la Géométrie mé- me , le font encore davantage pour déterminer les effets compliqués que l’on obferve dans la Nature, où tout femble s’exécuter par des efpeces de progreflions infinies. Les expérien- ces de la pefanteur , & les obfervations de Képler, firent découvrir au Philofophe Anglois la force qui retient les planetes dans leurs orbites. Il enfeigna tout enfemble & à diftinguer les caufes de leurs mouvemens, & à les calculer avec une exaétitude qu'on n’auroit pü exiger que du travail de plufieurs fiecles. Créateur d’une Optique toute nouvelle , il ft connoître la lumiere aux hommes en la décompofant. Ce que nous pourrions ajoûter à l'éloge de ce grand Philofophe, feroit fort au-deflous du témoignage univerfel qu’on rend aujourd’hui à fes dé- couvertes prefque innombrables | & à fon génie tout à la fois étendu, jufte & profond. En enrichiffant la Philofophie par une grande quantité de biens réels, il a mérité fans doute toute {a reconnoïflance ; maisila peut-êtré plus fait pour elle en lui apprenant à être fage, & à con- tenir dans de juftes bornes cette efpece d’audace que les circonftancés avoient forcé Def- cartes à lui donner. Sa Théorie du monde (car je ne veux pas dire fon Syftême) eft aujour- DES EDITEURS. XXVIj d’hui fi généralement reçue , qu'on commence à difputer à l’auteur l'honneur de l'invention, parce qu'on accufe d’abord les grands hommes de fe tromper, & qu'on finit par les traiter de plagiaires. Je laifle à ceux qui trouvent tout dans les ouvrages des anciens , le plaifir de découvrir dans ces ouvrages la gravitation des planetes , quand ellé n’y feroit pas ; imais en {uppofantmême que lesGrecs en ayenteulidée, ce qui n’étoitchezeux qu'unfyftême hafardé & romanefque , eft devenu une démonftration dans les mains de Newton: cette démonf- tration qui n'appartient qu'à lui fait le mérite réel de fa découverte ; & l’attraétion fans un tel appui feroit une hypothèfe comme tant d’autres. Si quelqu'Ecrivain célebre s’avifoit de prédire aujourd'hui fans aucune preuve qu’on parviendra un jour à faire de l’or, nos def- cendans auroïent-ils droit fous ce prétexte de vouloir ôter la gloire du grand œuvre à un Chimifte qui en viendroit à bout? Et l'invention des lunettes en appartiendroit-elle moins à fes auteurs, quand même quelques anciens n’auroient pas cru impofñlible que nous éten- difions un jour la fphere de notre vüûe ? D'autres Savañs croyent faire à Newton un reproche beaucoup plus fondé, en l’accu- fant d'avoir ramené dans la Phyfique les qualités occultes des Scholattiques & des anciens Phi- lofophes. Maïs Les Savans dont nous parlons font-ils bien fürs que ces deux mots, vuides de fens chez les Scholaftiques , & deftinés à marquer un Etre dont ils croyoient avoir l’idée, fuflent autre chofe chez les anciens Philofophes que l’expréflion modefte de leur ignorance à Newton qui avoit étudié la Nature , ne fe flattoit pas d’en fçavoir plus qu'eux fur la eaufe premiere qui produit les phénomènes ; mais il n’employa pas le même langage, pour ne pas révolter des contemporains qui n’auroient pas manqué d'y attacher une autre idée que lui. Il fe contenta de prouver que les tourbillons de Defcartes ne pouvoient rendre raifon du mouvement des planetes; que les phénomènes & les lois de la Mechanique s’unifloient _pour les renverfer ; qu'il y a une force par laquelle les planètes tendent les unes vers les au- tres , & dont le principe nous eft entierement inconnu. Il ne rejetta point l'impulfon ; il {e borna à demander qu’on s'en fervit plus heureufement qu'on n’avoit fait jufqu’alors pour ex- pliquer les mouvemens des planetes : fes defirs n’ont point encore été remplis, & ne le fe- ront peut-être de long-tems. Après tout , quel mal auroitil fait à la Philofophie, en nous donnant lieu de penfer que la matiere peut avoir des propriétés que nous ne lui foupconnions pas, & en nous defabufant de la confiance ridicule où nous fommes de les connoître toutes ? À l'égard de la Métaphyfique , il paroït que Newton ne l’avoit pas entierement négli- ge. Il étoit trop grand Philofophe pour ne pas fentir qu’elle eft la bafe de nos connoif fances , &c qu'il faut chercher dans elle feule des notions nettes & exaêtes de tout : il paroît même par les ouvrages de ce profond Géometre , qu'il étoit parvenu à {e faire de telles no- tions fur les principaux objets qui l’avoient occupé. Cependant , foit qu'il für peu content lui-même des progrès qu'il avoit faits à d’autres égards dans la Métaphyfique , foit qu'il crût dificile de donner au genre humain des lumieres bien fatisfaifantes ou bien étendues {ur une.fcience trop fouvent incertaine & contentieufe , foit enfin qu'il craignit qu’à l'ombre de fon authorité on n’abufat de fa Métaphyfique comme on avoit abufé de celle de Defcartes pour foutenir des opinions dangereufes ou erronées, il s’abftint prefque abfolument d’en pat- ler dans ceux de {es écrits qui font le plus connus ; & on ne peut guere apprendre ce qu'il penfoit.fur les différens objets de cette fcience , que dans les ouvrages de fes difciples. Ainfi comme il n'a caufé fur ce point aucune révolution, nous nous abftiendrons de le confidérer de ce:côté-là. | Ce que Newton n’avoit ofé, ou n’auroit peut-être pù faire, Locke l'entreprit & l’exé- cuta avec fuccès. On peut dire qu'il créa la Métaphyfique à peu-près comme Newton avoit créé la Phyfique. Il conçutque les abftraétions & les queftions ridicules qu'on avoit jufqu’a- lors agitées, & qui avoient fait comme la fubftance de la Philofophie , étoient la païtie qu'il falloit fur-tout profcrire. Il chercha dans ces abftraétions & dans l'abus des fignes lés caufes principales de nos erreurs, & les y trouva. Pour connoitre notre ame , fes idées & {es affeétions , il n’étudia point les livres, parce qu’ils l’auroient mal inftruit ; il {e contenta de defcendre profondement en lui-même ; & après s'être, pour ainfi dire, contemplé long- tems, il ne fit dans {on Traité de lentendement humain que préfenter aux hommes le mi- roir dans lequel il s'étoit vû. En un mot il réduifit la Métaphyfique à ce qu'elle doit être en effet , la Phyfique expérimentale de lame ; efpece de Phyfique très-différente de celle dés corps non-feulement par fon objet , mais par la maniere de l’envifagér. Dans celle-ci on peut découvrir , & on découvre {ouvent des phénomènes inconnus ; dans l'autre les faits aufli an- . ciens que le monde exiftent également dans tous les hommes: tant pis pour qui croit en voir de nouveaux. La Métaphyfique raifonnable ne peut confifter, comme la Phyfique expéri- mentale | qu’à raflembler avec foin tous ces faits, à les réduire en un corps, à expliquer les uns parles autres, en diftinguant ceux qui doivent tenir le premier rang & fervir comme de bafe. Enun motles principes de la Métaphyfique, aufli fimples que les axiômes, font les mé- Tome I, | D ÿ XXVH] DISCOURS. PRELIMINAIRE mes pour les Philofophes & pour le Peuple. Mais le peu de progrès: que cetterScience a fait depuis f long-tems, montre combien il eft rare d'appliquer, heureufement.tes princi- pes, foit par la difficulté que renferme un pareil travail, {oit peut-être aufiparl'impatience naturelle qui empêche de s’y borner. Cependant le titre de Métaphyficien &même.de grand Métaphyficien eft encore affez commun dans notre fecle ; .car nous aimons à tout prodiguer : mais qu'il y a peu de perfonnes véritablement dignes.de ce nom! Combieny en a-t1l qui ne le méritent que par lé malheureux talent d'obfcurciravec. beaucoup de.füb- tilité des idées claires , & de préférer dans les notions qu'ils {e forment l'extraordinaire au vræ, qui eft toujours fimple ? Il ne faut pas s'étonner après cela fi la plüpart de ceux qu'on appelle Méraphyficiens font fi peu de cas les uns des autres. Je ne doute pointique.cetitfe ne {oit bientôt une injure pour nos bons efprits, comme le nom de Sophifte,, qui pourtant fignifie Sage, avilien Grece par ceux qui le portoient, fut rejetté par les vrais Philofophes. Concluons de toute cette hiftoire, que l'Angleterre nous doit la naiflance de cette Phi- lofophié que nous avons reçue d'elle. Il y a peut-être plus loin des formes fubftantielles aux tourbillons , que des rourbillons à la gravitation univerfelle | comme il ÿ:a peut-être un plus grand intervalle entre l’Algebre pure & l'idée de l'appliquer à la Géométrie , qu'entre le petit triangle de BARROw & le calcul différentiel. ; Tels font lés principaux genies que lefprit humain doir regarder comme fes maîtres, & à qui la Grece eut élévé des ftatues , quand même elle eut été obligée pour leur faire place ; d'abattre celles de quelques Conquérans. Les bornes de ce Difcours preliminaire nous empêchent de parler de plufieurs Philofo- phes illuftres , qui fans fe propoñer des vues aufli grandes que ceux dont nous venons de faire mention ; n'ont pas laiffé par leurs travaux de contribuer beaucoup à l’avancementdes Scien- ces, & ont pour ainf dire levé un coin du voile qui nous cachoit la vérité. De ce nombre {ont; GALILÉE , à qui la Géographie doit tant pour fes découvertes Aftronomiques , &la Méchanique pour {a Théorie de l'accélération; HARYVEY , que la découverte de la circula- tion du fang rendra immortel; HUYGHENS, que nous avons déja nommé, & qui par des ouvrages pleins de force & de génie a fi bien mérité de la Géometrie & de la Phyf- que ; PascAL, auteur d'un traité {ur la Cycloide, qu’on doit regarder comme un prodige de fagacité & de pénétration , & d’un traité de l'équilibre des liqueurs & de la péfanteur de l'air , qui nous a ouvert une fcience nouvelle : génie univerfel & fublime, dont les talens ne pourroient être a regrettés par la Philofophie, f la religion n’en avoit pas profité ; Ma- LEBRANCHE , qui a fi bien démelé les erreurs des fens , & qui a connu celles de l'imagination comme sil n'avoit pas êté fouvent trompé par la fienne; Boyze, le here de la Phyfique expérimentale ; plufeurs autres enfin, parmis lefquels doivent être comptés avec diftinc- tion les VESALE, les SYDENHAM , les BOERHAAVE , &c une infinité d'Anatomiftes & de Phyficiens célébres. | Entre ces grands hommes il en eft un, dont la Philofophie aujourd’hui fort accueillie & fort combattue dans le Nord de l’Europe , nous oblige à ne le point pañfer fous filence ; c’eft l'illuftre LerBNITZ. Quand il n’auroit pour lui que la gloire , ou même que le foupçon d’avoir partagé avec Newton l'invention du calcul différentiel , il mériteroit à ce titre une mention honorable. Mais c’eft principalement par fa Métaphyfique que nous voulons l’en- vifager. Comme Defcartes, il temble avoir reconnu linfufffance de toutes les folutions qui avoientété données jufqu’à lui dés queftions les plus élevées, fur l'union du corps & de l'ame, fur la Providence, fur la nature de la matiere; 1l paroït même avoir eu l'avantage d’expofer avec plus de force que perfonne les difficultés qu'on peut propofer fur ces queftions ; mais moins fage que Locke &c Newton, ilne s'eit pas contenté de former des doutes, ilacherché à Jes difliper,& de ce côté-là il n’a peut-être pas té plus heureux que Defcartes, Son principe de /a raifon fuffifante , très-beau & très vrai en lui-même, ne paroït pas devoir être fort utile à des êtres aufli peu éclairés que nous le fommes fur les raifons premieres de toutes chofes; {es Monades prouvent tout au plus qu'il a vu mieux que perfonne qu’on ne peut fe former une idée nette de la matiere , mais elles ne paroïffent pas faites pour la donner ; fon Aar- monie préérablie , {emble n’ajoûter qu’une dificulté de plus à lopinion de Defcartes fur l’u- tion du corps & de l’ame ; enfin fon fyftème de l’Oprimifine elt peut-être dangereux. par le prétendu avantage qu’il a d'expliquer tout. Nous finirons par une obfervation qui ne paroïîtra pas furprenante à des Philofophes. Ce r'eftguere de leur vivant que les grands hommes dont nous venons de parler ont changé la face dés Sciences. Nous avons déjà vü pourquoi Bacon n’a point été chef de feéte; deux raifons fe joignent à celle que nous en avons apportée. Ce grand Philofophe a écrit plufieurs de:fes Ouvrages dans une retraite à laquelle fes ennemis lavoient forcé , & le mal qu'ils avoient fait à l'homme d'Etat n’a pù manquer de nuire à l'Auteur. D'ailleurs, unique- ment occupé d'être utile, il a peut-être embraflé trop de matieres, pour que fes contempo- DES EDITEURS. CEA rains duffent fe laiflertécléirer à la fois fur un f grand nombre d'objets. On ne permetiguere aux prands génies d'en favoir tant; on veut bien apprendre quelque chofe d'eux fur un fujet borné:|mais onne veut pas être obligé à réformer toutes fes idées fur les leurs. C’eit en partie pour cette raifon que lès Ouvrages de Defcartés ont efluyé en France après fa mort , plus-de perfécution que leur Auteur n’en avoit fouffert en Hollande pendant fa vie; ce n’a été qu'avec beaucoup de peine que les écoles ont enfin ofé admettre une Phyfique:qu’elles s'imaginoient être COhtraire à celle de Moiïfe. Newton, il eft vrai, a trouvé dans fes con- temporains moins de Contradiétion, foit que les découvertes géométriques par lefquelles il annonça , & dont on ne pouvoit lui difputer ni la propriété , ni la réalité , euflent ac- coûtumé à l'admiration pour lui, & à lui rendre des hommages qui n’étoient ni trop fubits, ni trop forcés; {oit que par fa fupériorité il impofit filence à l’envie; foit enfin , Ce qui-pa- roît plus difcile à croire, qu’il eût affaire à une nation moins injufte que les autres. Il a eu l'avantage fingulier de voir fa Philofophie généralement recüe en Angleterre de fon vivant : &c d’avoir tous fes compatriotes pour partifans & pour admirateurs, Cependant il s’en falloir bien que le refte de l’Europe fit alors le même accueil à fes Ouvrages. Non feulement ils étoient inconnus en France, mais la Philofophie fcholaftique y dominoit encore, lorfque Nexr- ton avoit déjà renverté la Phyfique Cartéfienne , & les bio ne étoient détruits avant que nous fongeafons à Les adopter. Nous avons été aufli long-tems à les foûtenir qu'à les rece- voir. Îlne faut qu'ouvrir nos Livres, pour voir avec furprife qu'il n'y, Aipas encore vingt ans qu'on a commencé en France à renoncer au Cartéfianifme. Le premier qui ait ofé par- mi nous fe déclarer ouvertement Newtonien , eff l’auteur du Difcours Jur la figure des Affres | qui joint à des connoïflances géométriques très-étendues, cet efprit philofophique avec lequel elles ne fe trouvent pas toüjours , & ce talent d'écrire auquel on ne croira plus qu'elles nuïfent, quand on aura là fes Ouvrages. M. de MauPERTUIS a crû qu'on pouvoit être bon citoyen, fans adopter aveuglément la Phyfique de fon pays; & pour attaquer cette Phyfique , il a eu.befoin d’un courage dont on doit lui favoir orés En effet notre na- tion , fingulierement avide de nouveautés dans les matieres de goût ,. eft au contraire en matiere de Science très-attachée aux opinions anciennes. Deux difpofitions fi contraires en apparence ont leur principe dans plufeurs caufes, 8: fur-tout dans cette ardeur de joûir , qui femble conftituer notre caraétere. Tout ce qui eft du reflort du fentiment n’eft pas fait pour être long-tems cherché, & cefle d'être agréable, dès qu'il ne fe préfente pas.tout d’un coup: mais auf l'ardeur avec laquelle nous nous y livrons s’épuife bientôt, & lame dé- goûtée aufl-tôt que remplie, vole vers un nouvel objet qu'elle abandornera de même. Au _Contraire, ce n'eit qu’à force de méditation que l’efprit parvient à ce qu'il cherche : mais par cette raifon il veut joüir auf long-tems qu’il a cherché , fur-tout lorfqu'il ne s’agit que d’une Philofophie hypothétique & conjefturale , beaucoup moins pénible que des calculs & des combinaifons exaêtes. Les Phyficiens attachés à lefrs théories, avec le même zele & par les mêmes motifs que les artifans à leurs pratiques, ont fur ce point beaucoup plus de reflem- blance avec le peuple qu'ils ne s’imaginent. Refpeétons toûjours Defcartes ; mais abandon nons fans peine des opinions qu'il eût combattués lui-même un fécle plus tard. Sur-tout ne confondons point fa caufe avec celle de fes fe&tateurs. Le génie qu'il a montré en cherchant dans la nuit la plus fombré üne route nouvelle quoique trompeute, n’étoit qu'à lui : ceux qui Font ofé fuivre les premiers dans les ténébres, ont au moins marque du courage; mais il ny a plus de gloire à s’égarer fur fes traces depuis que:la lumiere eft venue. Parmi le peu de $avans qui défendent encore fa doétrine, il eût defavoi lui-même ceux qui n y tiennent que par ün attachement fervile à ce qu'ils Ont appris dans leur enfance, ou par jè ne fais quel préjugé national , la honte de la Philofophie. Avec de tels motif on peut être le der- tuer de fes partifans ; mais on n’auroit pas eu lé mérite d'être fon premier difciple , ou plûtôt onfeûtété fon advérfaire , lorfqu'il n’y avoit que de l'injuftice à l'être. Pour avoir le droit d'admirer lés erreurs d'un grand homme , il faut favoir les reconnoître , quand le tems les a miles au grand jour. Auflr les jeunes gens qu'on regarde d'ordinaire comme d’aflez mau- vais juges, font peut-être les meilleurs dans les matieres philofophiques & dans beaucoup d'autres ; lofqu'ils ne font pas dépourvûs de lumiere ; parce que tout leur étant également nouveau, ils n'ont d'autre intérêt que celui de bien choifir. | Ce font en effet les jeunes Géometres, tant de France que des pays étrangers ;\ qui ont réglé le’ fort des deux Philofophies. L'ancienne eff tellement profcrite, que fes plus zélés partifans n’ofent plus même nommer ces tourbillons dont ils remplifloient autrefois leurs Ouvrages. Si le Newtonianifme veuoir à êtré détruit de nos jours par quelque caufe que ce pôt être, injufte ou légitime , les feétateurs nombreux qu'il a maintenant joueroïent fans doute alors le même rôle qu'ils ont fait Joüer à d’autres. Telle eft la nature des efprits: telles {ont les fuites de l'amour propre qui gouverne les Philofophes du moins autant que les au- tres hommes, & de la contradiétion que doivent éprouver toutes les découvertes , ou même ce qui en a l'apparence, XXX DISCOURS PRELIMINAIRE Il en a été de Locke à peu-près comme de Bacon, de Defcartes , &7 de Newton. Oublié long-tems pour Rohaut & pour Regis, & encore aflez peu connu de la multitude, il commence enfin à avoir parmi nous des lecteurs & quelques partifans. C’eft aïnfi que les perfonnagesilluftres fouvent trop au-deflus de leur fiecle , travaillent prefque toüjours en pure perte pour leur fiecle même ; c'eft aux âges fivans qu’il eft réfervé de recueillir le fruit de leurs lumieres. Aufli les reftaurateurs des Sciences ne jotüifent-ils prefque jamais de toute la loire qu’ils méritent; des hommes fort inférieurs la leur arrachent, parce que les grands Re {e livrent à leur génie , & les gens médiocres à celui de leur nation. 1l eft vrai que le témoignage que la fupériorité ne peut s'empêcher de fe rendre à elle-même , fufit pour la dédommager des fuffrages vulgaires : elle fe nourrit de fa propre fubftance ; & cette répu- tation dont on eft fi avide, ne fert fouvent qu'à confoler la médiocrité des avantages que le talent a fur elle. On peut dire en effet que la Renommée qui publie tout, raconte plus fou- vent ce qu'elle entend que ce qu’elle voit , & que les Poëtes qui lui ont donné cent bouches, devoient bien auffi lui se un bandeau. | La Philofophie , qui forme le goût dominant de notre fiecle , femble par les progrès qu’elle fait parmi nous, vouloir réparer le tems qu’elle a perdu, & fe venger de l’efpece de mépris que lui avoient marqué nos Peres. Ce mépris eft aujourd’hui rerombé fur l'Erudition, & n’en et pas plus jufte pour avoir changé d'objet. On s’imagine que nous avons tiré des Ouvra- ges des Anciens tout ce qu’il nous importoit de favoir ; & fur ce fondement on difpenferoit volontiers de leur peine ceux qui vont encore les confulter. Il femble qu'on regarde l’anti- quité comme un oracle qui a tout dit, & qu'il eft inutile d'interroger ; & l’on ne fait guere plus de cas aujourd’hui de la reftitution d’un paflage , que de la découverte d’un petit ra- meau de veine dans le corps humain. Mais comme il feroit ridicule de croire qu'il ny a plus rien à découvrir dans lAnatomie, parce que les Anatomiftes fe livrent quelquefois à des recherches , inutiles en apparence , & fouvent utiles par leurs fuites; il ne feroit pas moins abfurde de vouloir interdire l'Erudition , fous prétexte des recherches peu importan- tes auxquelles nos Savans peuvent s’abandonner. C’eft être ignorant ou préfomptueux de croire que tout foit vû dans quelque matiere que ce puifle être , & que nous n'ayons plus aucun avantage à tirer de Pétude & de la letture des Anciens. L'’ufage de tout écrire aujourd’hui en Langue vulgaire, a contribué fans doute à fortifer ce préjugé , & eft peut-être plus pernicieux que le préjugé même. Notre Langue s'étant ré- pandue par toute l’Europe, nous avons crû qu’il étoit rems de la fubftituer à la Langue la- tine, qui depuis la renaiflance des Lettres étoit celle de nos Savans. J’avoiie qu'un Philofo- phe eft beaucoup plus excufable d'écrire en François, qu'un François de faire des vers La- tins; je veux bien même convenir que cet ufage a contribué à rendre la lumiere plus . tale, fi néanmoins c’eft étendre réellement l’efprit d’un Peuple , que d’en étendre la fuper- ficie. Cependant il réfulte de-là un incomiVénient que nous aurions bien dû prévoir. Les Sa- vans des autres nations à qui nous avons donné l’exemple, ont crû avec raïfon qu'ils écri- roient encore mieux dans leur Langue que dans la nôtre. L’Angleterre nous a donc imité ; PAI- lemagne , où le Latin fembloit s'être ee , commence infenfiblement à en perdre lufage: je ne doute pas qu’elle ne foit bien-tôt fuivie par les Suédois , les Danois, & les Rufliens. Ainf, avant la fin du dix-huitieme fiecle, un Philofophe qui voudra s’inftruire à fond des dé- couvertes de fes prédécefleurs, fera contraint de charger fa mémoire de fept à huit Langues différentes ; & après avoir confumé à les apprendre le tems le plus précieux de fa vie, il mourra avant de commencer à s’inftruire. L’ufage de la Langue Latine , dont nous avons fait voir le ridicule dans les matieres de goût , ne pourtoit être que très-utile dans les Ou- vrages de Philofophie , dont la clarté & la TU doivent faire tout le mérite, & qui n’ont befoin que d’une Eangue univerfelle & de convention. Il feroit donc à fouhaiter qu'on rétablit cet ufage: mais il n’y a pas lieu de l’efpérer. L'abus dont nous ofons nous plaindre eft trop favorable à la vanité & à la parefle , pour qu’on fe flate de le déraciner. Les Philofophes , comme les autres Ecrivains, veulent être lüs, &c fur-tout de leur na- tion. S'ils fe fervoient d’une Langue moins familiere , ils auroient moins de bouches pour les célébrer, & on ne pourroit pas fe vanter de les entendre. Il eft vrai qu'avec moins d’admirateurs , ils auroïient de meilleurs juges: mais c’eft un avantage qui les touche peu, parce que la réputation tient plus au nombre qu'au mérite de ceux qui la diftribuent. En récompenfe , car il ne faut rien outrer, nos Livres de Science femblent avoir acquis jufqu'à l’efpece d'avantage qui fembloit devoir être particulier aux Ouvrages de Belles-Let- tres. Un Ecrivain refpettable que notre fiecle a encore le bonheur de pofléder, & dont je loïüerois ici les différentes produétions, fi je ne me bornoïs pas à l’envifager comme Philo- fophe , a appris aux Savans à fecotier le joug du pédantifme. Supérieur dans l'art de mettre en leur jour les idées Les plus abftraites , il a fà par beaucoup de méthode, de précifion, &c de clarté les abaïfler à la portée des efprits qu’on auroit erû le moins faitspour les faifir. El a DRE “ED E T EAN RS. XXX] même ofé prêter.à la Philofophie les ornemens qui fembloient lui être les plus étrangers, & u’elle paroïfloit devoir s’interdire le plus féverement ; & cette hardiefle a été juftifiée par Le Es e plus général & le plus fateur. Mais femblable à tous les Ecrivains originaux, il a laiffé bien loin derriere ui ceux qui ont crû pouvoir limiter. L’Auteur de l’'Hiftoire Naturelle a fuiviune route différente. Rival de Platon & de Lucrece, il a répandu dans fon Ouvrage , dont la réputation croit de jour en jour , cette noblefle & cette élévation de ftyle qui font fi propres aux matieres philofophiques , & qui dans les écrits du Sage doivent être la peinture de {on ame. Cependant la Philofophie , en fongeant à plaire, paroït n’avoir pas oublié qu’elle eft principalement faite pour initruire ; c'eft par cette raifon que le goût des fyftèmes, plus propre à flater l'imagination qu’à éclairer la raifon, eft aujourd’hui prefqu’abfolument banni des bons Ouvrages. Un de nos meilleurs Philofophes femble lui avoir porté les derniers coups *, L’efprit d’hypothefe & de conjeéture pouvoit être autrefois fortutile , & avoit même été néceflaire pour la renaiflance de la Philofophie; parce qu’alors il s'agifloit encore moins de bien penfer, que d'apprendre à penfer par foi-même. Mais les tems font changés, & un Ecrivain qui feroit parmi nous l’éloge des Syftèmes viendroit trop tard. Les avantages que cet efprit peut procurer maintenant {ont en trop petitnombre pour balancer les inconvéniens ui en réfultent, & fi on prétend prouver l'utilité des Syflèmes par un très-petit nombre de découvertes qu'ils ont occafionnées autrefois, on pourroit de même confeiller à nos Géo- metres de s'appliquer à la quadrature du cercle, parce que les efforts de plufeurs Mathé- maticiens pour latrouver, nous ont produit quelques theorêmes. L’efprit de Syftème eft dans Ja Phyfique ce que la Métaphyfique eft dans la Géométrie. S'il eft quelquefoisnéceflaire pour nous mettre dans le chemin de la vérité, il eft prefque toüjours incapable de nous y con- duire par lui-même. Eclairé par lobfervation de la Nature, il peut entrevoir les caufes des phénomenes: mais c’eft au calcul à affürer pour ainfi dire l’exiftence de ces caufes, en dé- terminant exattement les effets qu'elles peuvent produire, & en comparant ces effets avec ceux que l'expérience nous découvre. on hypothefe dénuée d’un tel fecours acquiert rarement ce degré de certitude , qu'on doit toùjours chercher dans les Sciences naturelles, & qui néanmoins fe trouve f1 peu dans ces conjettures frivoles qu'on honore du nom de Syftèmes. S’ilne pouvoit y en avoir que de cette efpece , le principal mérite du Phyficien f{e- roit, à proprement parler, d’avoir l'efprit de Syftème , & de n’en faire jamais. A l’ésard de l'ufage des Syftèmes dans les autres Sciences , mille expériences prouvent combien il eft dangereux. : | La Phyfique eft donc uniquement bornée aux obfervations & aux calculs ; la Medecine à lhiftoire du corps humain , de fes maladies , & de leurs remedes ; l'Hiftoire Naturelle à la defcription détaillée des végétaux, des animaux , & des minéraux ; la Chimie à la compo- fition & à la décompofition expérimentale des corps : en un mot, toutes les Sciences ren- fermées dans les faits autant qu'il leur eft poftible , & dans les conféquences qu’on en peut déduire, n’accordent rien à l'opinion, que quand elles y font forcées. Je ne parle point de la Géométrie, de l'Aftronomie, & de la Méchanique , deftinées par leur nature à aller toû- jours en fe perfeétionnant de plus en plus. On abufe des meilleures chofes. Cer efprit philofophique, fi à la mode aujourd’hui, qui veut tout voir & ne rien fuppofer, s’eft répandu jufques dans Les Belles-Lettres ; on prétend même qu’il eft nuifible à leurs progrès, & il eft dcile de fe le diflimuler. Notre fiecle porté à la combinaifon & à l'analyfe , femble vouloir introduire les difcuflions froides & didactiques dans les chofes de fentiment. Ce n'eft pas que les paflions & le goût n’ayent une Logique qui leur appartient: maïs cette Logique a des principes tout différens de ceux de la Logique ordinaire : ce font ces principes qu'il faut démêler en nous, & c’eft, il faut lavoüer, dequoi une Philofophie commune eft peu capable. Livrée toute entiere à l'examen des perceptions tranquilles de l'ame, il lui eft bien plus facile d’en démêler les nuances que celles de nos pañflions, ou en général des fentimens vifs A nous affeétent, & comment cette efpece de {entimens ne feroit-elle pas difficile à analyfer avec juftefle ? Si d’un côté , il faut fe livrer à eux pour les connoître, de l’autre, le tems où l’ame en eft affeétée eft celui où elle peut les étudier le moins. Il faut pourtant convenir que cet efprit de difcuflion a contribué à affranchir notre littérature de l'admiration aveugle des Anciens; il nous a appris à n’eftimer en eux que les beautés que nous ferions contraints d’admirer dans les Modernes. Mais c’eft peut-être aufh à la même fource que nous devons je ne fais quelle Métaphyfique du cœur, qui s'eft emparée de nos théatres ; s’il ne falloit pas l'en bannir entierement, encore moins falloit-il y laiffer régner. Cette anatomie de l’ame s’eft gliflée jufque dans nos con- verfations; on y diflerte, on n’y parle plus ; & nos fociétés ont perdu leurs principaux agrémens , la chaleur & la gaiete. | * M. l'Abbé de Condillac, de l'Académie royale des Sciences de Pruffe, dans fon Traité des Syflèmes. xxxiÿ DISCOURS PRELIMINAIRE | Ne foyons donc pas étonnés que nos Ouvrages d’efprit foient en général inférieurs à ceux du fiecle précédent. On peut même en trouver la raïfon dans les eflorts que nous faifons pour furpañler nos prédécefleurs. Le goût & l'art d'écrire font en peu de tems des progrès rapides , dès qu’une fois la véritable route eft ouverte; à peine un pans génie a-t-il entrevû Je beau, qu'il l'apperçoit dans toute fon étendue; & l’imitation de la belle Nature femble bornée à de certaines limites qu’une génération, ou deux tout au plus, ont bien tôt atteintes: il ne refte à la génération fuivante que d’imiter : mais elle ne fe contente pas de ce partage; les richefles qu'elle a acquifes auvorifent le defir de les accroître ; elle veut ajoûter à ce qu'elle a reçû , & manque le but en cherchant à le pañler. On a donc tout à la fois plus de principes pour bien juger, un plus grand fonds de lumieres, plus de bons juges, & moins de bons Ouvrages; on ne dit point d’un Livre qu'il eft bon , mais que c'eft le Livre d’un homme d'efprit. C’eft ainfi que le fiecle de Démétrius de Phalere a fuccédé immédiate- ment à celui de Démofthene, le fiecle de Lucain & de Séneque à celui de Cicéron & de Virgile , & le nôtre à celui de Louis XIV. Je ne parle ici que du fiecle en général: car je fuis bien éloigné de faire la fatyre de quel ques hommes d’un mérite rare avec qui nous vivons. La conftitution phyfique du monde lit- téraire entraine, comme celle du monde matériel , des révolutions forcées , dont il feroit aufh injufte de fe plaindre que du changement des faifons. D'ailleurs comme nous devons au fiecle de Pline les ouvrages admirables de Quintilien & de Tacite, que la génération précédente nauroit peut-être pas été en état de produire , le nôtre laïflera à la poftérité des monumens dont il a bien droit de fe glorifier. Un Poëte célebre par fes talens & par fes malheurs a effacé Malherbe dans fes Odes, & Marot dans fes Epigrammes & dans fes Epitres. Nous avons vu naître le feul Poëme épique que la France puifle oppofer à ceux des Grecs , des Romains, des Italiens , des Anglois & des Efpagnols. Deux hommes illuftres , entre lefquels notre nation femble partagée , & que la pottérité faura mettre chacun à fa place, fe difputent la gloire du cothurne , & l’on voitencore avec un extrème plaïfir leurs Tragédies après celles de Cor- neille & de Racine. L'un de ces deux hommes , le même à qui nous devons la HENRIADE, {ur d'obtenir parmi le trés-petit nombre de grands Poëtes une place diftinguée &c qui n’eft qu'à lui, poflede en même tems au plus haut dégré un talent que n’a eu prefque aucun Poëte même dans un dégré médiocre, celui d'écrire enprofe. Perfonne n’a mieux connu l'art fi rare de rendre fans effort chaque idée par le terme qui lui eft propre , d'embellir tout fans fe mé- prendre fur le coloris propre à chaque chofe ; enfin, ce qui caraéterife plus qu'on ne penfe les grands Ecrivains, de n’êtré jamais ni au-deflus, ni au-deflous de fon fujet. Son eflai fur le fiecle de Louis XIV. eft un morceau d’autant plus précieux que l'Auteur navoit en ce genre aucun modele ni parmi les Anciens, ni parmi nous, Son hftoire de Charles XIL. par la rapidité & la noblefle du ftyle eft digne du Héros qu'il avoit à peindre ; fes pieces fugitives fapérieures à toutes celles que nous éftimons Le plus, fuffiroient par leur nombre & par leur mérite pour immortalifer plufieurs Ecrivains. Que ne puis-je en parcourant ici {es nombreux & admirables Ouvrages, payer à ce génie rare le tribut d'éloges qu'il mérite, qu'il a reçu tant de fois de fes compatriotes, des étrangers & de fes ennemis, & auquel la poftérité mettra le comble quand il ne pourra plus en jouir ! | | Ce ne font pas là nos feules richefles. Un Ecrivain judicieux, aufi bon citoyen que grand Philofophe, nous a donné fur les principes des Lois un ouvrage décrié par élue En oe d & eftimé de toute l’Europe. D’excellens auteurs ont écrit l’hiftoire ; des efprits juites & éclai- rés l'ont approfondie : la Comédie a acquis un nouveau genre, qu'on auroit tort de re- jetter , puilqu'il en réfulte un plaifir de plus , & qui n'a pas été aufh inconnu des anciens on voudroit nous le perfuader ; enfin nous avons plufieurs Romans qui nous empêchent de regretter ceux du dernier fiecle. | Les beaux Arts ne font pas moins en honneur dans notre nation. Si j'en croïs les Ama- teurs éclairés , notre école de Peinture eft la premiere de l'Europe , & plufeurs ouvrages de nos Sculpteurs r’auroient pas été defavoués par les Anciens. La Mufique eft peut-être de tous ces Arts celui qui a fait depuis quinze ans le plus de progrès parmi nous. Graces aux travaux d'un génie mâle, hardi & fécond , les Etrangers qui ne pouvoient foufirir nos fymphonies, commencent à les goûter , &c les François paroïfient ae perluadés que Lulli avoit laiffé dans ce genre beaucoup à faire. M. RAMEAU , en pouflant la pratique de fon Art à un fi haut degré de perfeltion , eft devenu tout enfemble le modele & l'objet de la ja- loufie d’un grand nombre d’Artiftes, qui le décrient en s’efforçant de limiter. Mais ce qui le diftingue plus particulierement , c’eft d’avoir refléchi avec beaucoup de fuccès fur la théorie ïk ce même Art ; d’avoir fü trouver dans la Bale fondamentale le principe de l’harmo- nie & de la mélodie ; d’avoir réduit par ce moyen à des lois plus certaines & plus fimples, une fcience livrée avant lui à desregles arbitraires , ou diétées par une expérience aveugle. Je faifis avec empreflement l’occafñon de célébrer cet Artifte philofophe , dans un A eftiné e DÉS EDITEURS. xxx) deftiné principalement à l'éloge dés orands Hommes, Son mérite, dont il a forcé notre fié- cle à convenir, ne fera bien connu que quand le tems aura fait taire l'envie ; & fon nom, cher à là partie de notre nation la plus éclairée , ne peut blefler ici perfonne. Mais dût-il déplaire à quelques prétendus Mécenes , un Philofophe feroit bien à plaindre ; f même en matiere nées &c de goût ; il ne fe permettoit pas de dire la vérité. | Voilà les biens que nous poflédons. Quelle idée ne fe formera-t-on pas de nos tréfors littéraires , fi l'on joint aux Ouvragés de tant de grands Hommes les travaux de toutes les Compagnies favantés , deftinées à maintenir le goût des Sciences & des Lettres 8 à qui nous devons tant d’excellens Livres ! De pareilles Sociétés ne peuvent manquer de pro- duire dans un Etat de grands NE pourvû qu'en les multipliant à l'excès, on n’en facilite point l'entrée à un trop grand nombre de gens médiocres ; qu'on en banniffé toute inégalité propre à éloigner ou à rebuter des hommes faits pour éclairer les autres: qu’on n’y connoifle d'autre fupériorité que celle du gémie; que la confidération ÿ foit le prix du travail; enfin que les récompenfes y viennent chercher les talens, & ne leur foient oint enlevées par l'intrigue: Car il ne faut pas s'ÿ tromper: on nuit plus aux progrès dé Es , en plaçant mal les récompenfes qu'en les fupprimant. Avoüons même à l’honneut des lettres ; que Les Savans n’ont pas toujours befoin d'être récompenfés pour fe multiplier, Témoin l'Angleterre , à qui les Sciences doivent tant, fans que le Gouvernement faffe rien pour elles. Il eftvrai que la Nation les confidere , qu’elle les refpetté même ; & cette éfpecé de récompenfe , fupérieure à toutes les autres , eft fans doute le Digne le plus sûr de fairé fleurir les Sciences & les Arts ; parce que c’eft le Gouvernement qui donne les placés , & le . Public qui diftribue l’eftime. L'amour des Lettres ; qui eft un mérite chez nos voifins , n’eft encore à la vérité qu'une mode parmi nous , &c ne {era peut-être jamais autre chofe ; mais quelque dangereufe que foit cette mode, qui pour un Mécene éclairé produit cent Amateurs ignorans & orguéilleux , peut-être lui fommes-nous redevables de n’être pas encore tombés dans la barbarie où une foule de circonftances tendent à nous précipiter: | On peut regarder comme une des principales , cet amour du faux bel efprit, qui protege l'ignorance , qui s’en fait honneur , & qui la répandra univerfellement tôt ou tard. Elle fera ke fruit &c le terme du mauvais goût ; j'ajoûte qu'elle en fera le reméde. Cat tout a dés ré- volutions reglées , & l’obfcurité fe terminera par un nouveau fiecle de lumiere. Nous ferons plus frappés du grand jour , après avoir été quelque tems dans les ténebres. Elles feront com me une efpece Peace très-funefte par elle-même , mais quelquefois utilé par fes fuites. Gardons-nous pourtant de fouhaiter une révolution fi redoutable ; la barbarie dure des fie<. cles , il femble que ce foit notre élément; la raïfon & le bon goût ñe font que pañler;, Ce feroïit peut-être ici le lieu de repoufler les traits qu'un Écrivain éloquent & philofo< phe * a lancé depuis peu contre les Sciences & les Arts, en les accufant dé corrompte les mœurs. Îl nous fiéroit mal d’être de fon fentiment à la tête d’un Ouvtage tel que celui-ci; & l'homme de mérite dont nous parlons femble avoir donné fon fuffrage à notre travail par le zele & le fuccès avec lequel il y a concouru. Nous ne lui reprocherons point d’avoir con- fondu la culture de l’efprit avec l'abus qu’on en peut faire ; il nous répondroit fans doute que cet abus en eft inféparable : mais nous le prierons d'examiner fi la plüpart des maux qu'il attribue aux Sciences & aux Arts, ne font point dûs à dés caufes toutes différentes, dont l’é: numération feroit ici auf longue que délicate. Les Lettres contribuent certainement à ren: dre la fociété plus aimable; il feroit difficile de prouver que les hommes en font meilleurs, & la vertu plus commune: mais c’eft un privilége qu'on peut difputer à la Morale même ; & pour dire encore plus, faudratl profcrire Les lois ; parce que leur noi fert d’abri à quel- ques crimes, dont les auteurs feroient punis dans une république de Sauvages ? Enfin , quand nous ferions ici au defavantage des connoïflances humaines un aveu dont nous fommes bien éloignés , nous le fommes encore plus de croire qu'on gagnât à les détruire: les vices nous refteroient, & nous aurions l'ignorance de plus: | . Finiflons certe hiftoire des Sciences , en remarquant que les différentes formes de gou- vernement qui influent tant {ur les efprits &c {ur la culture des Lettres , déterminent auffi les efpeces de connoïfflances qui doivent principalement y fleurir ; & dont chacune a fon mérité particulier. Il doit y avoir en général dans une République plus d’Orateurs, d'Hiftoriens ; & de Philofophes ; 8 dans une Monarchie , plus de Poëtes, de Théologiens, & de Géo- metres. Cette regle n’eft pourtant pas fi abfolue , qu’elle ne puifle être altérée & modifié par une infinité de caufes. | APRÈS LES RÉFLEXIONS & les vües générales que nous avons érû devoir placer à latêté … * M. Rouffeau de Genève, Auteur de la Partie de l'Encyclopédie qui concerne la Mufque ; & dont rious efpéroñs que le Public fera très-fatisfait, a compolé un Difcours fort éloquent , pou prouver que le rétabliffément des Sciences & dés Arts a corrompu les mœurs. Ce Difcours a été couronné en 1750 par l Académie de Dijon, avec les plus grands éloges ; a ete Tome ] Paris au commencement de cette année 1751, & a fait béaucoup d'honneur à fon Auteur, E ONE ds / ré XXXJV DISCOURS PRÉLIMINAIRE de cette Encyclopédie, il eft tems enfin d’inftruire plus particulierement le public fur lOu- vrage que nous lui préfentons. Le Pro/pedus qui a déja été publié dans cette vüe, & dont M. DiDEROT mon collegue eft lAuteur, ayant été reçu de toute l'Europe avec les plus rands éloges, je vais en fon nom le remettre ici de nouveau fous les yeux du Publier , avec es changemens & les additions qui nous ont parû convenables à l’un & à l'autre. ON NE PEUT DISCONVENIR que depuis le renouvellement des Lettres parmi nous, on ne doive en partie aux Diétionnaires les lumieres générales qui fe font répandues dans la fociété, & ce gérme de Science qui difpofe infenfiblement les efprits à des connoiffances plus pro- fondes. L’utilité fenfible de ces fortes d'ouvrages les a rendus fi communs, que nous fommes plûtôt aujourd'hui dans le cas de les juftifier que d’en faire l'éloge. On prétend qu’en mul- tipliant les fecours &c la facilité de s'inftruire , 1ls contribueront à éteindre le goût du travail & de l'étude. Pour nous, nous croyons être bien fondés à foûtenir que c’eft à la manie du bel Efprit & à l'abus de la Philofophie, plütôt qu’à la multitude des Diétionnaires, qu'il faut attribuer notre parefle & la décadence du bon goût. Ces fortes de colleétions peuvent tout au plus fervir à donner quelques lumieres à ceux qui fans ce fecours n’auroient pas eu le courage de s'en procurer : mais elles ne tiendront jamais lieu de Livres à ceux qui cherche- ront à s’inftruire ; les Diétionnaires par leur forme même ne font propres qu’à être conful- tés, & fe refufent à toute leéture fuivie. Quand nous apprendrons qu’un homme de Let- tres, defñrant d'étudier l’'Hiftoire à fond , aura choïfi pour cet objet le Di&tionnaire de Moreri , nous conviendrons du reproche que l’on veut nous faire. Nous aurions peut-être plus de raïfon d’attribuer l'abus prétendu dont on fe plaint, à la multiplication des métho- des, des élémens, des abregés, & des bibliotheques, fi nous n’étions perfuadés qu’on ne fau- roit trop faciliter les moyens de s’inftruire. On abrégeroit encore davantage ces moyens, en réduifant à quelques volumes tout ce que les hommes ont découvert jufqu'à nos jours dans les Sciences & dans les Arts. Ce projet, en y comprenant même les faits hiftoriques réellement utiles, ne feroit peut-être pas impoffible dans l'exécution ; il feroit du moins à fouhaiter qu'on le tentât , nous ne prétendons aujourd’hui que lébaucher ; & il nous débar- rafferoit enfin de tant de Livres, dont les Auteurs n’ont fait que fe copier les uns les autres. Ce qui doit nous raflürer contre la fatyre des Diétionnaires, c’eft qu’on pourroit faire le même reproche fur un fondement auf peu folide aux Journaliftes les plus eftimables. Leur but n’eft- il pas eflentiellement d’expofer en raccourci ce que notre fiecle ajoûte de lumieres à celles des fiecles précédens ; d'apprendre à fe pañler des originaux , & d’arracher par conféquent ces épines que nos adverfaires voudroient qu'on laiflät? Combien de lec- tures inutiles dont nous ferions difpenfés par de bons extraits ? Nous avons donc crû qu’il importoit d’avoirun Diétionnaire qu'on püt confulter fur toutes les matieres des Arts &z des Sciences, & qui fervit autant à guider ceux qui fe fentent le cou- rage de travailler à l'inftruétion des autres, qu'à éclairer ceux qui ne s’inftruifent que pour eux-mêmes. Jufqu’ici perfonne n’avoit conçû un Ouvrage aufli grand, ou du moins perfonne ne l’a- voit exécuté. Leibnitz, de tous les Savans Le plus capable d’en fentir lesdiflicultés, defiroit u’on les furmontât. Cependant on avoit des Encyclopédies ; & Leibnitz ne lignoroït pas, lorfqw'il en demandoit une. La plüpart de ces Ouvrages parurent avant le fiecle dernier, &c ne furent pas tout-à-fait méprifés. On trouva que s'ils n’annonçoient pas beaucoup de génie , ils marquoient au moins du travail & des connoïflances. Mais que feroit-ce pour nous que ces Encyclopédies? Quel progrès n’a-t-on pas fait depuis dans les Sciences & dans les Arts? Combien de vérités décou- vertes aujourd'hui, qu'on n’entrevoyoit pas alors? La vraie Philofophie étoit au berceau; la Géométrie de l’Infini n’étoit pas encore ; la Phyfique expérimentale fe montroit à peine; il n’y avoit point de Dialettique ; les lois de la faine Critique étoient entierement ignorées. Les Auteurs célebres en tout genre dontnous avons parlé dans ce Difcours , & leurs illuftres difciples, ou n’exiftoient pas, ou n’avoient pas écrit. L’efprit de recherche &c d'émulation nanimoit pas les Savans ; un autre efprit moins fécond peut-être , mais plus rare, celui de juitefle & de méthode, ne s'étoit point foûmis les différentes parties de la Littérature ; & les Académies, dont les travaux ont porté fi loin les Sciences & les Arts, métoient pas infti- tuées. . Si les découvertes des grands hommes & des compagnies favantes, dont nous venons de parler, offrirent dans la fuite de puiflans fecours pour former un Diétionnaire encyclopédi- ue; il faut avoier aufli que l'augmentation prodigieufe des matieres rendit à d’autres égards un tel Ouvrage beaucoup pr difficile. Mais ce n’eft point à nous à juger fi les fuc- cefleurs des premiers Encyclopédiftes ont été hardis ou préfomptueux; & nous les laïfle- rions tous jouir de leur réputation, fans en excepter Ephraïim CHAMBERS le plusconny DIEWSS LE DUT EURS xt d'entr'eux, f nous n’avionsdes raïfons particulieres de pefer le mérite de céluisci:s | L'Encyclopédie de Chambers dont on a publié à Londres un f grand nombre d'Editions: rapides; cette Encyclopédie qu'on vient de traduire tout récemment en Italien , & qui dé notre aveu mérite en Angleterre. êc chez l'étranger les honneurs qu’on lui rend , n’eût peut= être jamais été faite, f avant qu'elle parut en Angloïis, nous n'avions eu dans notre Langué des Ouvrages où Chambers a puifé fans mefure & fans choix la plus grande partie des chofes: dont il a compofé fon Diétionnaire. Qu'en auroient donc penié nos François fur une traduc=. tion pure &c fimple? Il eût excité lindignation des Savans & lé cri du Public, à qui on n'eût préfenté fous un titre faftueux & nouveau, que des richefles qu'il poflédoit depuis long- tems. . te 4" | Nous ne refufons point à cet Auteur la juftice qui lui eft dûe. Il a bien fenti le mérite de de l’ordre encyclopédique , ou de la chaîne par laquelle on peut defcendre fans interrup=. tion des premiers principes d'une Science ou d’un Art jufqu'à fes conféquences les plus éloi gnées, & remonter de fes conféquences les plus éloignées jufqu’à fes premiers principes ; pañler imperceptiblement de cette Science ou de cet Art à un autre , & s'il eft permis de s'exprimer ainf, faire fans s'égarer le tour du monde littéraire. Nous convenons avec lui que le plan & le deflein de fon Diétionnaire font excellens, & que fi l'exécution en étoit portée à un certain N de perfeétion, il contribueroit plus lui feul aux progrès de la vraie Science que la moitié des Livres connus. Mais, malgré toutes les obligations que nous avons à cet Auteur, & l'utilité confidérable que nous avons retirée de {on travail, nous n'avons pù nous empêcher de voir qu'il reftoit beaucoup à y ajoûter, En effet, conçoit-on que tout ce qui concerne les Sciences & les Arts puifle être renfermé en deux Volumes 7 -folio ? La nomenclature d’une matiere auf étendue en fourniroit un elle feule, fi elle étoit complete Combien donc ne doit-il pas y avoir dans fon Ouvrage d'articles omis ou tronqués? Ce ne font point ici des conjeétures. La Traduétion entiere du Chambers nous a pañlé fous Les yeux, & nous avons trouvé une multitude prodigieufe de chofes à defirer dans les Sciences; dans les Arts libéraux, un mot où il falloit des pages ; & tout à fuppléer dans les Arts méchaniques. Chambers a [à des Livres, mais 1l n’a guere vü d’artiftes ; cependant il y a beaucoup de chofes qu'on n’apprend que dans les atteliers. D'ailleurs il n’en eft pas ici des omiflions comme dans un autre Ouvrage. Un article omis. dans un Diéionnaire commun le rend feulement imparfait. Dans une Encyclopédie, il rompt lenchaînement, & nuit à la forme & au fond ; &1l a fallu tout l’art d’'Ephraim Chambers pour pallier cé défaut. Mais ; fans nous étendre davantage fur l'Encyclopédie Angloife, nous annonçons que Ouvrage de Chambers n’eft point la bafe unique fur laquelle nous avons élevé; que l’on a refait .un grand nombre de fes articles ; que l’on n’a employé prefqu'aucun dés autres fans addition, correttion, ou retranchement, & qu'il rentre fimplement dans la clafle des Auteurs que nous avons particulierèment confultés. Les éloges qui furent donnés il y a fix ans au fimple projet de la Traduétion de l'Encyclopédie Angloife, aurvient été pour nous un motif {ufifant d'avoir recours à cette Encyclopédie , autant que le bien de notre Ouvrage n'en foufriroit pas. | L 44 A | | La Partie Mathématique eft celle qui nous a parü mériter le plus d’êtré confervée : maïs on jugera par les changemens confidérables qui y ont été faits, du befoin que cette Partie & les autres avoient d'une exafte révifions HET À. AIT LA" Le premier objet fur lequel nous nous fommes écartés de l'Auteur Anglois, c’eft l’Arbre généalogique qu'il a-dreflé des Sciences & des Arts, & auquel nous avons crû devoir en fubftituer un autre. Cette partie de notre travail a été fuffifamment développée plus haut. Elle préfente à nos leéteurs le canevas d'un Ouvrage qui ne fe peut exécuter qu’en plufeurs Volumes s1-folio , & qui doit contenir un jour toutes les connoiffances des hommes. À Pafpeét d'une matiere auf étendue, il n’eft perfonne qui ne fafle avec nous la réflexion fuivante, He pAienee journalière n’apprend que trop combien il eft difficile à un Auteur de traiter profondément de la Science ou de l’Art dont il a fait toute fa vie une étude parti- culiere. Quel homme peut donc être aflez hardi & aflez borné pour entreprendre de traiter feul de toutes les Sciences & de tous les Arts? BL. | ral Nous avons inféré de-là que pour foûtenir un poids auf grand que celui que nous avions à porter, il étoit néceflaire de le partager ; & fur le champ nous avons jetté les yeux fur un nombre fuffifant de Sayans & d’Artiltes; d’Artiftes habiles & connus par leurs talens; de Savans exercés dans les genres particuliers qu'on avoit à confier à leur travail. Nous avons _difiribué à chacun la partie qui lui convenoit ; quelques-uns même étoient en pofleflion dé la leur, avant que nous nous chatgeaffions de cer Ouvrage. Le Public verra bientôt leurs noms, & nous ne craignons point qu'il nous les reproche. Ainf, chacun n’ayant été oc: cupé que de ce qu'il entendoïit, a été en état de juger fainémenit de ce qu’en ont écrit les Anciens &c les Modernes, &c d’ajoûter aux fecours qu'il en'a tirés, des connoïffances puifées Tome IL E y sx) DISCOURS PRELIMINAIRE dans fon propre fonds. Perfonne ne s'eft avancé fur le terrein d'autrui , 87 ne s’eft mêlé de ce ul n'a peut-être jamais appris ; ê£ nous avons eu plus de méthode, de certitude, d’éten- ne , & de détails’, qu'il ne peut y en avoir dans la plüpart des Lexicographes. I eft vrai que: ce plan a réduit le mérite d'Éditeurà peu de chofe ; mais ila beaucoup ajoûté à la perfe&tion de l'Ouvrage , & nous penferons toûjours nous être acquis aflez de gloire, fi le Public eft fatisfait. En un mot, chacunde nos Colleoues a fait un Dictionnaire de la Partie dont il s’eft chargé, & nous avons réuni tous ces Diétionnaires enfembie. | 0 : Nous croyons avoir eu de bonnes raifons pour fuivre dans cet Ouvrage l’ordre alphabé- tique. Il nous a paru plus commode &c plus facile pour nos leéteurs, qui defirant de s’inftruire fur la fignification d’un mot, le trouveront plus aifément dans un Dictionnaire alphabétique’ que-dans tout autre. Si nous eufhons traité toutes les Sciences {éparément, en faifant de cha- cune unDiétionnaire particulier, non feulement le prétendu defordre de la faccefion alpha- bétique auroit eu lieu dans cenouvel arrangement ; maisune telle méthode auroit été fnjette à des inconvéniens confidérables par le grand nombre de mots communs à différentes Sciences, & qu'il auroit fallu répéter plufieurs fois, ou placer au hafard, D'un autre côté, fi nous euffions traité de chaque Science féparément & dans un difcours fuivi, conforme à l’ordre des idées, &c non à celui des mots, la forme de cet Ouvrage eût été encore moins commode pour le plus grand nombre de nos leétèurs, qui n’y auroient rien trouvé qu'avec peine ; l’ordre ency- clopédique des Sciences &c des Arts y eût peu gagné, & l’ordre encyclopédique des mots, ou plûtôt des objets par lefquels les Sciences {e communiquent & fe touchent, ÿ auroir infi- niment perdu. Au contraire , rien de plus facile dans le plan que nous avons fuivi que de fatisfaire à l’un & à l’autre ; c’eft ce que nous avons détaillé ci-deflus. D'ailleurs, s'il eût éré eftion de faire de chaque Science & de chaque, Art un traité particulier dans la forme ordinaire, & de réunir feulement ces différens traités fous le titre d'Encyclopédie , il eût été bien plus difficile de raflembler pour cet Ouvrage un fi grand nombre de perfonnes, & la plûpart de nos Collegues auroient fans doute mieux aimé donner féparément leur Ou- vrage , que de le voir confondu avec un grand nombre d'autres. De plus, en fuivant ce der- nier plan, nous euflions été forcés de renoncer prefque entierement à l’ufage que nous vou- lions faire de l'Encyclopédie Angloife , entraînés tant par la réputation de cet Ouvrage , que ar l’ancien Profpeëlus , approuvé du Public, & auquel nous defirions de nous conformer. a Traduétion entiere de cette Encyclopédie nous a été remife entre les mains par les Li- braires, qui avoïent eritrepris de la publier; nous l'avons diftribuée à nos Collegues qui ont mieux aimé fe charger de la revoir , de la corriger, & de laugmenter, que de s'engager, fans avoir, pour ainfi dire, aucuns matériaux préparatoires. Il eft vrai qu'une grande partie de ces matériaux leuf a été inutile, maïs du moins elle a fervi à leur faire entreprendre plus volontiers le travail.qu'on éfpéroit d'eux ; travail auquel plufieurs fe feroient peut-être re- fufé; s'ils avoient prévû ce qu'il devoit leur coûter de foins. D'un autre côté, quelques-uns de ces Savans , en pofléffion de leur Partie long-tems avant que nous fuflions Editeurs, la- voient déja fort avancée en fuivant l’ancien projet de l'ordre alphabétique ; il nous eût par conféquent été impoñlible de changer ce projet, quand même nous aurions été moins dif pofés à l'approuvér. Nous favions enfin, ou du moins nous avions lieu de croire qu’on n’a- voit fait à l’Auteur Anglois, notre modele , aucunes difficultés fur l'ordre alphabétique au- quel il s’étoit aflujetti. Tout fe réunifloit donc po nous obliger de rendre cet Ouvrage conforme à un plan qué nous aurions fuivi par choix, fi nous en euflions été les maîtres. La feule opération dans notre travail qui fuppofe quelque intelligence , confifte à rem- pl les vuides qui féparent deux Sciences où deux Arts, 8 à renouer la chaîne dans les occañons où nos Colleoues fe font repofés les uns fur les autres de certains articles, qui paroiflant appartenir également à listietns d'entre eux, n'ont été faits par aucun. Mais afin que la perfonne chargée d’une partie ne foit point comptable des fautes qui pourroient fe dlifler dans des morceaux furajoûtés, nous aurons l'attention de diftinguer ces morceaux par une étoile. Nous tiendrons exäétement la parole que nous avons donnée ; le travail d’au- trui fera facré pour nous, &c nous ne manquerons pas de confulter l’Auteur, s’il arrive dans le cours de l’Edition que fon ouvrage nous paroïfle demander quelque changement confi- dérable. | Les différentes mains que nous avons employées ont appofé à chaque article comme le fceau de leur ftyle particulier , ainfi que celui du ftyle propre à la matiere & à Pobjer d'une partie. Un procédé de Chimie ne fera point du même ton que Îa defcription des bains & desthéätres anciens , ni la manœuvre d’un Serrurier, expofée comme les recherches d’un Théologien, fur un point de dogme ou de difcipline. Chaque chofe a {on coloris, & ce feroit confondre les genres que de les téduire à une certaine uniformité. La pureté duftyle, la clarté, &c la précifion, font les feules qualités qui puiflent être communes à tous les arti- eles, & ñous efpérons qu'on les ÿ remarquera. S'en permettre davantage, ce feroit s’expofer LU =. DES EDITEURS, XXXVI} à la monotonie 8e au dégoût qui font prefqu’inféparables des Ouvrages étendus, & que l'ex frème variété des matieres doit écarter de celui-ci, #0 2 Nous en avons dit affez pour inftruire le Public de la nature d’une entreprife à laquelle il a paru s'intérefler ; des avantages généraux qui en réfulteront, fi elle eit bien exécutce 5 du bon ou du mauvais fucces de ceux qui l’ont tentée avant nous ; de l'étendue de fon ob: jer ; de l'ordre auquel nous nous formes aflujettis ; dé la difribution qu’on a faite de chaque partie, & de nos fonétions d'Editeurs, Nous allons maintenant pañler aux principaux détails de l'exécution. LÇAS | Nu Eh ré Toute la matiere de l'Encyclopédie peut fe réduite à trois chefs ; les Sciences , les Arts libéraux, & les Arts méchaniques. Nous commencerons par ce qui concerne Les Sciences &c les Arts libéraux; & nous finirons par les Arts méchaniques. | On a beaucoup écrit fur les Sciences. Les traités fur les Arts libéraux fe font multipliés fans nombre ; la république des Lettres en eft inondée, Mais combien peu donnent les vrais principes? combien d’autres les noyent dans une affluence de paroles, ou les perdent dans des ténebres affeétées ? Combien dont l'autorité en impofe , & chez qui une erreur placée à côté d’une vérité, ou décrédite celle-ci, ou s’accrédite elle-même à la faveur de ce voi: finage ? On eût mieux fait fans doute d'écrire moins & d'écrire mieux, | - Entre‘tous les Ecrivains, on a donné la préférence à ceux qui font cénéralément recotii fus pour les meilleurs. C’eft de-là que les principes ont été tirés, À leur expoñtion clairé & précife, on a joint desexemples ou des autorités conftamment reçûes. La coûtume vul2 gaire eft de renvoyer aux fources , ou de citer d’une maniere vague , {ouvent infidelle, &: prefque toüjours confufe; enforte que dans les différentes parties dont un article eft com: ofé, on ne fair exaétement quel Auteur on doit confultér fur tel ou tel point, ou s’il faut Les confulter tous , ce qui rend la vérification longue & pénible. On s’eft attaché; autant qu'il a été poflible, à éviter cet inconvénient , en citant dans le corps même des articles les Auteurs fut le témoignage defquels on s’eft appuÿé ; rapportant leur propre texte quand il eft néceflaire; comparant par-tout lès opinions ; balançant les railons ; propofant des moyens de douter ou de fortir de doute ; décidant même quelquefois ; détruifant autant qu'il eft en nous les erreurs & les préjugés ; &c râchant fur-tout de ne les pas multiplier, & de ne les point perpétuer, en protégeant fans examen des fentimens rejettés , ou en profcrivant fans raifon des opinions reçües. Nous n'avons pas craint de nous étendre quand l'intérêt de la vérité & l’importance de la matiere le demandoient, facrifiant l'agrément toutes les fois qu'il n’a pû s’accorder avec l'inftruétion, | Nous ferons ici fur les définitions une remarque importante. Nous nous fommes éonfora més dans les articles généraux des Sciences à l’ufage conftammenit reçû dans les Diétions naires @& dans les autres Ouvrages, qui veut qu’on commence ‘en traitant d’une Sciénce paf en donner la définition. Nous l'avons donnée auñfi, la plus fimple même & la plus courté qu'il nous a été poflble. Mais il ne faut pas croire que la définition d’une Science , für-tout d'une Science abftraite , en puifle donner l’idée à ceux qui n’y font pas du moins initiés, En effet, qu'eit-ce qu’une Science ? finon un fyftème de regles ou de faits relatifs à un certain objet; & comment peut-on donner l’idée de ce fyftème à quelqu'un qui feroit abfolument ignorant de ce que le fyflème renferme Quand on dit de l’Arithmétique, que c’eft là Science des propriétés des nombres, la fait-on mieux connoïtre à celui qui ne la fait pas, qu'on ne feroit connoître la pierre philofophale , en difant que c’eft le fecret de faire dé l'or ? La définition d’une Science ne confifte proprement que dans l'expoftion détaillée des ‘chofes dont cette Science s'occupe, comme la définition d’un corps eft la defcription dé- taillée de ce corps même ; & il nous femble d’après ce principe, que ce qu’on appelle défis nition de chaque Science feroit mieux placé à la fin qu'au commencement du livre qui en traite: ce feroit alors le réfultat extrèmement réduit de toutes les notions qu’on autoit ac: quifes. D'ailleurs, que contiennent ces définitions pout la plüpart , finon des expreffions va: gues & abftraites, dont la notion eft fouvent plus difficile à fixer que celles de la Sciénce même ? Tels font les mots, fcience, nombre , & propriété, dans la définition déjà citée de l’A- rithmétique. Les térmes généraux fans doute font néceffaires, & nous avons vüû dans ce Di: cours quelle en eft l'utilité : mais on pourtoit les définir un abus forcé des fignes , & la plüpart des définitions , un abus tantôt volontaire, tantôt forcé des termes généraux. Au refte nous le répétons : nous nous fommes conformés fur ce point à l'ufage, parce que ce n'eft pas à nous à le changer, & que la forme même de ce Diétionnaire nous en empêchoits Mais en ménageant les préjugés, nous n’avons point dû appréhender d’expofer ici des idées ‘quenous croyons faines. Continuons à rendre compte de notre Ouvrage. 2 -_ L'empiredes Sciences & des Arts eft un monde éloigné du vulgaire où l’on fait touts les ous des découvertes maïs dont on a bien des relations fabuleufes. Îl éroit important d’affürer les vraies, de prévenir fur les-faufles , de fixer des points d'où l'on partit, & de faciliter ainf Ja xxxviy DISCOURS PRELIMINAITRE recherche de ce qui refte à trouver. Onne cité des faits, on ne compare desexpériences, onrit- magine des méthodes, que pour exciter le génie à s'ouvrir des routes ignorées, & à S’avancer à des découvertes nouvelles, en regardant comme le premierpas celu.où les grands hommes ont terminé leur courfe. C’eft aufh le but que nous nous fommes propofé , en alliant aux prin- cipes des Sciences & des Arts libéraux l’hiftoire de leur origine & de leurs. progrès fucceflifs, & fi nous l'avons atteint, de bonsefprits ne s'occuperont plus à chercherce qu'on favoit avant eux. Il fera facile dans les produétions à venir fur les Sciences &c fur les Arts hbéraux de dé- mêler ce que les inventeurs ont tiré de leur fonds d'avec ce qu'ils ont emprunté de leurs pré- décefleurs : on apprétiera les travaux; & ces hommes avides de réputation & dépourvüs de génie , qui publient hardiment de vieux fyftèmes comme des idées nouvelles, feront bien- tôt démafqués. Mais, pour parvenir à ces avantages , il a fallu donner à chaque matiere une étendue convenable , infifter fur l’effentiel , négliger les minuties , &c éviter un défaut aflez commun, celui de s’'appefantir fur ce qui ne demande qu'un mot, de prouver ce on ne contefte po , &t de commenter ce qui eft clair. Nous n'avons ni épargné, n1 is les éclairciflemens. On jugera qu'ils étoient néceflaires par-tout où nous en avons mis, qu'ils auroient été fuperflus où l’on n’en trouvera pas. Nous nous fommes encore bien gardés d’accumuler les preuves où nous avons crû qu'un feul rafonnement folide fufh{oit , ne les mul: tipliant que dans les occafions où leur force dépendoit de leur nombre &t de leur concert. Les articles qui concernent les élémens des Sciences ont été travaillés avec tout le foin poftble; ils font -en effet la bafe & le fondement des autres. C’eft par cette raïfon que La élémens d'une Science ne peuvent être bien faits que par ceux qui ont été fort loin au-delà ; car ils renferment le fyftème des principes généraux qui s’'érendent aux différentes parties de la Science ; & pour connoître la maniere la plus favorable de préfenter ces prin- cipes , il faut en avoir fait une application tfès-étendue & tres-variée. | Ce font-là toutes les précautions que nous avions à prendre, Voilà les richefles fur lef- quelles nous pouvions compter : mais il nous en eft furvenu d’autres que notre entreprife doit, pour ainf dire, à fa bonne fortune. Ce font des marufcrits qui nous ont été commu- niqués par des Amateurs , ou fournis par des Savans, entre lefquels nous nommerons ici M. ForMEY, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des Sciences &c des Belles-Lertres de Prufle. Cet illuftre Académicien avoit médité un Diétionnaire tel à peu-près que le nôtre, & il nous a généreufement facrifié la partie confidérable qu’il en avoit exécutée, & dont nous ne manquerons pas de lui faire honneur. Ce font encore des recherches, des obferva- tions , que chaque Artifte ou Savant, chargé d’une partie de notre Diétionnaire., renifermoit dans fon cabinet , & qu’il a bien voulu publier par cette voie. De ce nombre feront prefque tous les articles de Grammaire générale & particuliere. Nous croyons pouvoir aflurer qu’au- cun Ouvrage connu ne fera ni aufli riche , ni aufll inftruétif que le nôtre fur les regles & les ufages de la Langue Françoife , 8: même fur la nature, l’origine & le philofophique des Lan- ues en général. Nous feruns done part au Public, tant fur les Sciences que fur les Arts li- Déraux , de plufñeurs fonds littéraires dont il n’auroit peut-être jamais eu Connoiflance. Mais ce qui ne contribuera guere moins à la perfeétion de ces deux branches importantes, ce font les fecours obligeans que nous avons reçüs de tous côtés; proteétion de la part des Grands , accueil & communication de la part de plufeurs Savans ; bibliotheques publiques , cabinets particuliers, recueils, portefeuilles, &c. tout nous a été ouvert, &c par ceux qui cultivent les Lettres, & par ceux qui les aiment. Un peu d’adreffe & beaucoup de dépenfe ont procuré ce qu'on n’a pù obtenir de la pure bienveillance ; & les récompenfes ont prefque toûjours calmé , ou les inquiétudes réelles, ou les allarmes fimulées de ceux que nous avions à confulter. | | | | Nous fommes principalement {enfiblesaux obligations quenousavonsà M. l'Abbé Sarzrer, Garde de la Bibliotheque du Roi: il nous a permis, avec cette politefle qui lui eff naturelle, & qu'animoit encore le plaifir de favorifer une grande entreprife , de choïfir dans le riche fonds dont il eft dépofitaire , tout ce qui pouvoit répandre de la lumiere ou des agrémens {ur notre Encyclopédie. On juftifie ; nous pourrions même dire qu'on honore le choix du Prince, quand on fait {e préter ainfi à fes vües. Les Sciences & les Beaux-Arts ne peuvent donc trop concourir à illuftrer par leurs produétions le regne d’un Souverain qui les favorife. Pour nous, fpeltateurs de leurs progrès & leurs hiftoriens, nous nous occuperons feulement à les tranf- mettre à la poftérité. Qu'elle dife à l'ouverture de notre Diétionnaire , tel étoit alors l'état des Sciences & des Beaux-Arts. Qu'elle ajoûte fes découvertes à celles que nous aurons en- regiftrées , & que l’hiftoire de l'efprit humain &r de fes produétions aille d'âge en âge jufqu’aux fiecles les plus reculés. Que l'Encyclopédie devienne un fanétuaire où les connoïflances des hommes foient à l'abri des tems & des révolutions. Ne ferons-nous pas trop flatés d'en avoir pofé les fondemens ? Quel avantage n’auroit-ce pas été pour nos Peres & pour nous, files travaux des Peuples anciens , des Égyptiens, des Chaldéens , des Grecs, des Romains, 6%, DES EDITEURS. XXXIX avoient été tranfmis dans un Ouvrage encyclopédique, qui eût expofé en même tems les vrais principes de leurs Langues! Faïfons donc pour les fiecles à venir ce que nous regret- tons que les fiecles pañlés n'ayent pas fait pour le nôtre. Nous ofons dire que fi les Anciens euflent exécuté une Encyclopédie, comme ils ont exécuté tant de grandes chofes , & que ce manufcrit {e fût échappé {eul de la fameufe bibliotheque d'Alexandrie , ileût été capable de nous confoler de la perte des autres. | Voilà ce que nous avions à expofer au Public fur les Sciences & les Beaux-Arts. Là paï- tie des Arts méchaniques né demandoit ni moins de détails, ni moins de foins. Jamais peuts être il ne s’eft trouvé tant de difficultés raflemblées, & fi peu de fecours dans les Livres pour les vaincre. On a trop écrit fur les Sciences : on n’a pas aflez bien écrit fur la plûpart des Arts libéraux ; on n’a prefque rien écrit fur les Arts méchaniques ; car qu'eft-ce que le peu qu'on en rencontre dans les Auteurs, en comparaifon de l'étendue & de la fécondité du fu- jet? Entre ceux qui en ont traité, l’un n’étoit pas aflez inftruit de ce qu'il avoit à dire, &a moins rempli fon fujet que montré la néceflité d'un meilleur Ouvrage. Un autre n’a qu'effleuré la matiere , en la traitant plütôt en Grammairien & en homme de Lettres, qu’en Artifte, Un troifieme eft à la vérité plus riche & plus ouvrier: mais il eft en même tems fi court, que les opérations des Artiftes & la defcription de leurs machines , cette matiere capable de four- nir feule des Ouvrages confidérables , n'occupe que la très-petite partie du fien. Chambers n'a prefque rien ajoûté à ce qu'il a traduit de nos Auteurs. Tout nous déterminoit donc à recourir aux ouvriers. On s’eft adreflé aux plus habiles de Paris & du Royaume; on s'eft donné la peine d’aller dans leurs atteliers, de les interroger, d'écrire fous leur diétée , de développer leurs penfées, d'en tirer les termes propres à leurs profeflions , d’en drefler des tables, dé les définir, de converfer avec ceux de qui on avoit obtenu des mémoires , & ( précaution prefqu’indifpen- fable ) de rectifier dans de longs & fréquens entretiens avec les uns, ce que d’autres avoient imparfaitement , obfcurément, & quelquefois infidellement expliqué. Il eft des Artiftes qui font en même tems gens de Lettres, & nous en pourrions citer ici :"mais le nombre en feroit fort petit. La plûpart de ceux qui exercent les Arts méchaniques , ne les ont embraflés que par nécefñté , & n’operent que par inftinét. À peine entre mille en trouve:t-on une dou zaine en état de s'exprimer avec quelque clarté fur les inftrumens qu’ils employent & fur les ouvrages qu’ils fabriquent. Nous avons vû des ouvriers qui travaillent depuis quarante années, ne rien connoitre à leurs machines, Îl a fallu exercer avec eux la fonétion dont {e glorifioit Socrate , la fonétion pénible & délicate de faire accoucher les efprits , obffe T1X animorum, | Mais il eft des métiers fi finguliers & des manœuvres fi déliées , qu'à moins de travailler foi-même , de mouvoir une machine de fes propres mains, & de voir l'ouvrage fe former {ous fes propres yeux, il eft difficile d’en parler avec précifion. Il a donc fallu plufieurs fois fe procurer les machines , les conftruire , mettre la main à l’œuvre , fe rendre, pour ainfi dire, apprentif, & faire foi-même de mauvais ouvrages pour apprendre aux autres com- ment on en fait de bons. | C’eftainfi que nous nous fommes convaincus de l’ignorance dans laquelle on eft fur la plüpart des objets de la vie, & de la difficulté de fortir de cette ignorance. C’eft ainfi que nous nous fommes mis en état de démontrer que l’homme de Lettres qui fait le plus fa Lan- gue , ne connoit pas la vingtieme partie des mots ; que quoique chaque Art ait la fienne, cette langue eft encore bien imparfaite ; que c’eft par l’extrème habitude de converfer les uns avec les autres , que les ouvriers s'entendent, & beaucoup plus par le retour des con- jonétures que par l’'ufage des termes. Dans unattelier c’eftle moment qui parle, & non l'artifte, Voici la méthode qu’on a fuivie pour chaque Art. On a traité, 1°. de la matiere , des lieux où elle fe trouve , de la maniere dont on la prépare, de fes bonnes & mauvaifes qua= lités, de fes différentes efpeces, des opérations par on la fait pañler , foit avant que de lemployer, foit en la mettant en œuvre. 2°. Des principaux ouvrages qu'on en fait, & de la maniere de les faire. 3°. Ona donné le nom, la defcription , & la figure des outils & des machines, par pieces dérachées & par pieces aflemblées ; la coupe des moules & d’autres inftrumens, dont il eft à propos de connoître l’intérieur, leurs profils, &c. | 4°. On a expliqué & repréfenté la main-d'œuvre & les principales opérations dans uné ou plufieurs Planches, où l’on voit tantôt les mains feules de l’artifte , tantôt l’artifte entier en attion, & travaillant à l'ouvrage Le plus important de fon art. k 5 *. Ona recueilli & défini le plus exactement qu'il a été poffible Les termes propres de l’art, Mais le peu d'habitude qu’on a & d'écrire , & de lire des écrits fur les Arts, rend les chofes dificiles à expliquer d’une maniere intelligible. De-là naît le befoin de Figures. On pourroit démontrer par mille exemples, qu'un Diftionnaire pur & fimple de définitions, quelque bien xl DISCOURS PRELIMINAIRE qu'il foit fait, ne peut fe pañler de figures , fans tomber dans des defcriptions obfcures où vagues ; combien donc à plus forte raifon ce fecours ne nous étoit-il pas néceflaire ? Un coup d'œil fur l’objet ou fur fa repréfentation en dit plus qu'une page de difcours. On a envoyé des Deflinateurs dans les atteliers. On a pris l'efquiffe des machines & des outils. On n’a rien omis de ce qui pouvoit les montrer diftinétement aux yeux. Dans le cas où une machine mérite des détails par l'importance de fon ufage & par la multitude de fes parties, on a paflé du fimple au compofé. On a commencé par aflembler dans une premiere figure autant d'élémens qu'on en pouvoit appercevoir fans confufion. Dans une feconde f- gure, on voit les mêmes élémens avec quelques autres. C’eft ainfi qu’on a formé fucceflive: ment la machine la plus Dre , fans aucun embarras ni pour l'efprit ni pour les yeux. l faut quelquefois remonter de la connoiïflance de l'ouvrage à celle de la machine, & d’au- tres fois defcendre de la connoiflance de la machine à celle de l’ouvrage. On trouvera à lar- ticle ART quelques réflexions fur les avantages de ces méthodes, & fur les occafions où il eft à propos de préférer l’une à l’autre. Il y a des notions qui font communes à prefque tous les hommes , & qu'ils ont dans l’ef- prit avec plus de clarté qu’elles n’en peuvent recevoir du difcours. Il y a auf des objets f familiers, qu'il feroit ridicule d’en faire des figures. Les Arts en offrent d'autres fi compofés ; qu’on les repréfenteroit inutilement. Dans les deux premiers cas, nous avons fuppoté que le leéteur n’étoit pas entierement dénué de bon fens &r d'expérience ; & dans le dei , nous renvoyons à l’objet même. Il eft en tout un jufte milieu , & nous avons tâché de ne le point manquer ici. Un feul art dont on voudroit tout repréfenter & tout dire, fourniroit des volumes de difcours & de planches, On ne finiroit jamais fi l’on fe propofoit de rendre en figures tous les états par lefquels pafle un morceau de fer avant que d’être transformé en aiguille. Que le difcours fuive le procédé de l’artifte dans le dernier détail , à la bonne heure. Quant aux figu: res, nous les avons reftraintes aux mouvemens importans de l’ouvrier & aux feuls momens de l'opération, qu'il eft très-facile de peindre & très-difiicile d'expliquer. Nous nous en fommes tenus aux circonftances eflentielles, à celles dont la repréfentation, quand elle eft bien faite , entraîne néceffairement la connoiffance de celles qu’on ne voit pas. Nous n'avons pas voulu reflembler à un homme qui op des guides à chaque pas dans une route; de crainte que les voyageurs ne s’en écartaflent. Il {uffit qu'il y en ait par-tout où ils feroient expofés à s’égarer. | LA‘ Au refte, c'eft la main-d'œuvre qui fait l'artifte , & ce n’eft point dans les Livres qu'on peut apprendre à manœuvrer. L’artifte rencontrera feulement dans notre Ouvrage dés vües qu'il n'eût peut-être jamais eues , & des obfervations qu'il n’eût faites qu'après plufieurs années de travail. Nous offrirons au leéteur ftudieux ce qu'il eût appris d’un artifte en le voyant opérer, pour fatisfaire fa curiofité ; & à l’artifte, ce qu'il feroit à fouhaiter qu'il apprit du Philofophe pour s’avancer à la perfeétion. | Nous avons diftribué dans les Sciences & dans les Arts libéraux les figures & les Planches; felon le même efprit & la même œconomie que dans les Arts méchaniques ; cependant nous n'avons pû réduire le nombre des unes & des autres, à moins de fix cens. Les deux volumes qu’elles et ne feront pas la partie la moins intéreflante dé l'Ouvrage , par attention que nous aurons de placer au verfo d’une Planche l'explication de celle qui fera vis-à-vis ; avec des renvois aux endroits du Diétionnaire auxquels chaque figure fera relative. Un leéteur ouvre un volume de Planches , il apperçoït une machine qui pique fa curiofité : c’eft, fi lon veut, un moulin à poudre, à papier, à foie, à fucre, &c. il Lira vis-à-vis, figure so. sr. ou 60. &c. moulin à poudre, moulin à fucre, moulin à papier, moulin à foie, &c. il trouvera enfuite une explication fuccinéte de ces machines avec les renvois aux articles POuUDRE , PAPIER , SUCRE, SOIE, Éc. 1 | La Gravure répondra à la perfeétion des defleins, & nous efpérons que les Planches de notre Encyclopédie furpañleront autant en beauté celles du Diétionnaire Anglois, qu'elles les furpaflent en nombre. Chambers a trente Planches ; l'ancien projet en promettoit cent vingt, & nous en donnerons fix cens au moins. Il n'eft pas étonnant que la carriere fe foit étendue fous nos pas ; elle eft immenfe, & nous ne nous flatons pas de l'avoir parcourue. Malgré les fecours & les travaux dont nous venons de rendre compte , nous déclarohs fans peine, au nom de nos Collegues &c au nôtre , qu'on nous trouvera toûüjours difpofés à conve- nir de notre infufifance , & à profiter des lumieres qui nous feront communiquées. Nous les recevrons avec reconnoiflance , & nous nous y conformerons avec docilité , tant nous fom- mes perfuadés que la perfeétion derniere d’une Encyclopédie eft l'ouvrage des fiecles. Il-a fallu des fiecles pour commencer; il en faudra pour finir: mais nous ferons fatisfaits d’avoir contribué à jetter les fondemens d’un Ouvrage utile. | | Nous aurons toûjours la fatisfaétion intérieure de n’avoir rien épargné pour réuflir : une des preuves que nous en apporterons, c’eft qu'il y a des parties dans les Sciences &c ue ts DES EDITEURS. xlj Arts qu'on a refaites jufqu'à trois fois. Nous ne pouvons nous difpenfer de dire à l'honneur des Libraires affociés, qu'ils n'ont jamais refufé de fe préter à ce qui pouvoit contribuer à les perfettionner toutes. il faut efpérer que le concours d’un auf grand nombre de circonf. tances , telles que les lumieres de ceux qui ont travaillé à lOuvrage, les fecours des pet- {onnes qui sy font intéreflées , & l'émulation des Editeurs & des Libraires , produira quel- que bon eflet. Lt NRA es 4. De tout ce qui précede , il s enfuit que dans l'Ouvrage que nous annonçons, on à traité des Sciences & des Arts, de maniere qu'on n'en fuppofe aucune connoiffance préliminaire ; qu'on y expofe ce qu'il importe de favoir fur chaque matiere ; que les articles d'expliquent les uns par les autres, & que par conféquent la difhculté de la nomenclature n’embartaffé nulle part. D'où nous inférerons que cet Ouvrage pourra, du moins un jour , tenir lieu de bibliotheque dans tous les genres à un homme du monde ; & dans tous les genres, excepté le fien, à un Savant de profeflion ; qu'il développera les vrais principes des chofes ; qu'il en marquera les rapports ; qu'il contribuera a la certitude & au progrès des connoiflances humaines; & qu'en multipliant le nombre des vrais Savans , des Artiltes diftingués, & des Amateurs éclairés , il répandra dans la fociété de nouveaux avantages, Il ne nous refte plus qu'à nommer les Savans à qui le Public doit cet Ouvrage autant qu'à nous. Nous fuivrons autant qu'il eft pofhble , en les nommant, l’ordre encyclopédique des matieres dont ils {e font chargés. Nous avons pris ce parti, pour qu'il ne paroifle point que nous cherchions à afligner entr'eux aucune diitinétion de rang & de mérite. Les articles de chacun feront défignés dans le corps de l'Ouvrage par des lettres particulieres , dont on trou- vera la lifte immédiatement après ce Difcours. = Nous devons l’Æiffoire Naturelle à M. DAUBENTON , Doéteur en Medecine, de l’Académie Royale des Sciences, Garde & Démonttrateur du Cabinet d'Hiftoire naturelle, recueil im- menfe , raflemblé avec beaucoup d'intelligence & de foin, & qui dans des mains aufli habi- les ne peut manquer d’être porté au plus haut degré de perfetion. M. Daubenton eft Le di- gne collegue de M. de Buffon dans le grand Ouvrage fur l’Hiftoire Naturelle , dont les trois premiers volumes déjà publiés, ont eu fuccefivement trois éditions rapides, & dont le Pu- blic attend la fuite avec impatience. On a donné dans le Mercure de Mars 1751 l’article Abeille, que M. Daubentôn a fait pour l'Encyclopédie ; & le fuccès général de cet article nous a engagé à inférer dans le fecond volume du Mercure de Juin 1751 l’article Agare. On a vû par cé dernier que M. Daubenton fait enrichir l'Encyclopédie par des remarques & des nouvelles vües & importantes fur la partie dont il s'eft chargé , comme on a vû dans l’article Abeille la précifion & la netteté avec lefquelles il fait préfenter ce qui eft connu. La Théologie eft de M. l'Abbé MaLLET , Doëteur en Théologie de la Faculté de Paris, de la Maïfon & Société de Navarre , & Profefleur royal en Théologie à Paris. Son favoir & fon mérite feul , fans aucune follicitation de fa part, l'ont fait nommer à la chaire qu'il occu pes ce qui n’eft pas un petit éloge dans le fiecle où nous vivons. M. l'Abbé Mallet eft auf l'Au- teur de tous les artieles d'Æffoire ancienne & moderne ; matiere dans laquelle il eft très-verfé , comme on le verra bien-tôt par l’'Ouvrage important & curieux qu’il prépare en ce genre. Au refte, on obfervera que les articles d’Æifforre de notre Encyclopédie ne s'étendent pas aux noms de Rois, de Savans, & de Peuples, qui font Fabjet particulier du Diétionnaire de Moreri, & qui auroient prefque doublé le nôtre. Enfin, nous devons encore à M. l'Abbé Mallet tous les articles qui concernent la Poëfe, l'Eloquence , & en général la Zirrérature. Il a déjà publié en ce genre deux Ouvrages utiles & remplis de réflexions judicieufes. L'un eft fon Æffai fur l'étude des Belles-Letres , &t l'autre fes Principes pour la lë&ure des Poëtes. On voit par le détail où nous venons d'entrer, combien M. FABbé Mallet par la variété de fes connoiffances & de fes talens, a été utile à ce grand Ouvrage, & combien l'Encyclo- pédie lui a d'obligation. Elle ne pouvoit lui en trop avoir. La Grammaire eft de M. pu Marsais, qu'il fufht de nommer. La Méraphyfique, la Logique , & Va Morale, de M. l'Abbé Yvon , Métaphyficien profond , &'ce qui eft encore plus rare, d’une extrème clarté. On peut en juger par les articles qui font de lui dans ce premier volume, entr'autres par l’article Agir auquel nous renvoyons, non par préférence ; mais parce qu'étant court, 1l peut faire juger en un moment combien la Philofophie de M. l'Abbé Yvon eft faine , & fa Métaphyfique nette & précife. M. l’Abbé PESTRÉ , digne par fon favoir & par fon mérite de feconder M. l'Abbé Yvon, l’a aidé dans plufieurs articles de Morale. Nous faififfons cette occafion d’avertir que M. l'Abbé Yvon prépare conjointement avec M. l'Abbé DE PRADES , un Ouvrage fur la Religion, d'autant plus intéreflant, qu'il fera fait par deux hommes d’efprit & par deux Philofophes. La Jurifprudence eft de M. ToussaiNT , Avocat en Parlement & membre de l’Académie royale des Sciences & des Belles-Lettres de Prufle ; titre qu'il doit a l’étendue de fes connoif- fances , &t à fon talent pour écrire , qui lui ont fait un nom dans la Littérature. _ Tome I, xhy DISCOURS PRELIMINAIRÉE … Le Plifon eft de M. Erpous ci-devant Ingénieur des Armées de Sa Majefté Catholique ; & à qui la république des Lettres eft redevable de la traduétion de plufeurs bons Ouvrages de différens genres. NT. di | ) | L’Arithmérique & la Géométrie élémentarre ont été reves par M. l'Abbé DE LA CHAPELLE Cenfeur royal & membre de la Société royale de Londres. Ses Inflitutions de Géométrie, & {on Traité des Seélions coniques , ont juftifié par leur fuccès l'approbation que l'Académie des Sciences a donnée à ces deux Ouvrages. , L | Les articles de Fortificauon, de Taëlique, & en général d'A militaire, font de M. Le BLowp , Profefleur de Mathématiques des Pages de la grande Ecurie du Roi, très-connu du Public par plufñeurs Ouvrages juftement eltimés, entr'autres par fes Ælémens dé Forrifi. cation réimprimés plufeurs fois; paï fon Æ fai Jur la Caftramération ; par fes Elémens de la Guerre des Sièges, & par {on Arühméique & Géométrie de l’Officier, que l'Académie des Sciences a approuvée avec éloge. La Coupe des Pierres eft de M. GOUSSIER , trés-verfé & très-intelligent dans toutes les parties des Mathématiques & de la Phyfique, & à qui cet Ouvrage a beaucoup d’autres obligations , comme on le verra plus bas. | Le Jardinage & l'Hydraulique {ont de M. D'ARGENVILLE , Confeiller du Roi en fes Con- {eils, Maître ordinaire en fa Chambre des Comptes de Paris, des Sociétés royales des Sciences de Londres & de Montpellier , & de l'Académie des Arcades de Rome. Il eit Auteur d’un Ou vrage intitulé, Zhéorte & Pratique du Jardinage, avec un Traité d’ Hydraulique | dont quatre éditions faites à Paris, & deux traduétions, l’une en Anglois, l’autre en Allemand, prou- vent le mérite & l'utilité reconnue. Comme cet Ouvrage ne regarde que les jardins de pro+ preté , & que l’Auteur n'y a confidéré l'Hydraulique que par rapport aux jardins, il a gé- néralifé ces deux matieres dans l'Encyclopédie, en parlant de rous les jardins fruitiers, po- tageïs , légumiers ; on y trouvera encore une nouvelle méthode de tailler les arbres, & de nouvelles figures de fon invention. ll a aufh étendu la partie de l'Hydraulique, en parlant des plus belles machines de l'Europe pour élever les eaux, ainfi que des éclufes, & autres bâtimens que l’on conftruit dans l’eau. M. d'Argenville eft encore avantageufement connu du Public par plufieurs Ouvrages dans différens genres, entr'autres par fon Æi/foire Naturelle éclaircie dans deux de fes principales parties , la Lithologie &c la Conchyliologie. Le faccèsde la pre- miere partie de cette Hiftoire a engagé l’Auteur à donner dans peu la feconde , qui traitera des minéraux4 » 18} Hoi "AT | | La Marine eft de M. BezuiN , Cenfeur royal & Ingénieur ordinaire de la Marine , aux travaux duquel font dûes plufeurs Cartes que les Savans & les Navigateurs ont reçües avec empreflement. On verra par nos Planches de Marine que cette partie lui eft bien connue. L’Horlogerre &t la defcription des inftrumens aftronomiques {ont de M. J. B. LE Roy, qui eft l'un des fils du célebre M. Julien le Roy, & qui joint aux inftruétions qu'il a reçües en ce genre d’un pere fi eftimé dans toute l'Europe, beaucoup de connoiflances des Mathémati- ques & de la Phyfique , &c un efprit cultivé par l'étude des Belles-Lettres. L’Anatomie & la Phyfiologie font de M. TARIN, Doëéteur en Medecine , dont les Ouvrages far cette matiere font connus & approuvés des Savans. La Medecine, la Matiere medicale, 8&c la Pharmacie, de M. DE VANDENESSE , Doéteur Ré- ent de la Faculté de Medecine de Paris , très-verfé dans la théorie & la pratique de fon art. La Chirurgie de M. Louis , Chirurgien gradué, Démonttrateur royal au Collége de Saint Côme, & Confeiller Commiflaire pour les extraits de l'Académie royale de Chirurgie. M. Louis déjà très-eftimé, quoique fort jeune, par les plus habiles de fes confreres, avoit été chargé de la partie chirurgicale de ce Diétionnaire par le choix de M. de la Peyronie, à qui la Chirurgie doit tant, &r qui a bien mérité d'elle & de l'Encyclopédie, en procurant M. Louis à l’une & à l'autre. La Chimie eft de M. Mazouin , Doëéteur Régent de la Faculté de Medecine de Paris , Cenfeur royal, & membre de PAcadémie royale des Sciences; Auteur d'un 7rarté de Chimie dont il y a eu deux éditions, & d'une Chimie medicinale que les François & les étrangers ont fort goûrée. . | | La Peinture, la Sculpture , la Gravüre ; {ont de M. LANDoïs, qui joint beaucoup d’efprit & de talent pour écrire à la connoïffance de ces beaux Arts. L'Architeëlure de M. BLONDEL , Architeéte célebre, non feulement par plufeurs Ou- vrages qu'il a fait exécuter à Paris, & par d’autres dont il a donné les defleins, & qui ont été exécutés chez différens Souverains , mais encore pat {on Traité de la Décoration des Edi- fices, dont il a gravé lui-même les Planches qui font très-eftimées. On lui doit aufñ la der- niere édition de Daviler, & trois volumes de l'Architecture Françorfe en fix cens Planches : ces trois volumes feront fuivis de cinq autres. L'amour du bien public & le defir de contri-, buer à l'accroiflement des Arts en France , lui a fait établir en 1744 une école d’Architec- DES EDITEURS. xiiij ture, qui eft devenue en peu de tems très - fréquentée. M. Blondel, outre l’Archite@ture qu'il y enfeigne à fes éleves , fait profefler dans cette école par.des hommes habiles les parties des Mathématiques , de la Fortification , de la Perfpeétive , de la Coupe des Pierres, de la Peinture, de la Sculpture, &c. relatives à l'art.de bâtir, On ne pouyoit donc à toutes {ortes d'égards faire un meilleur choix pour l'Encyclopédie. = Fm | M. Rousseau de Genéve, dont nous avons déjà parlé, & qui pofféde en Philofophe & en homme d’efprit la théorie & la pratique de la Mufique, nous a donné les articles qui con: cernent cette Science. fl a publié il y.a quelques années un Ouvrage intitulé. Dhiffertarion fur la Mufique moderne. On y trouve une nouvelle maniere de noter la Mufque , à laquelle-il n’a péut-être manqué pour être reçue , que de n'avoir point trouvé de prévention pour ung plus ancienne. | | $ TAROT Outre les Savans que nous venons de nommer , il en eft d’autres qui nous.ont fourni pouf l'Encyclopédie des articles entiers &c très-importans, dont nous ne manquerons pas de leu faire honneur. | 117 -HEM M. Le Monnier des Académies royales des Sciences de Paris & de Berlin, & dé la So: ciété royale de Londres , & Medecin ordinaire de S, M. à Saint-Germain-en-Laye ; NOUS à donné les articles qui concernent l’Æimant & l'Eleéfricité , deux matieres importantes qu'il à étudiées avec beaucoup de fuccès, & fur lefquelles il a donné d’excellens mémoires à PA: cadémie des Sciences dont il eft membre. Nous avons averti dans ce volume que les articlés AIMANT & AIGUILLE AIMANTEE font entierement de lui, & nous ferons de même pour ceux qui lui appartiendront dans les autres volumes. | M. pe Canusac de l’Académie des Belles-Lettres de Montauban, Auteur de Zeneïde que le Public revoit 8 applaudit fi fouvent fur la feene Françoïfe , des Fées de l'Amour & de l'Eymen , & de pluñeurs autres Ouvrages qui ont eu beaucoup de fuccès fur le Théatre ly- rique , nous a donné les articles BALLET , DANSE, OPERA, DEcorATioN, & plufieurs autres moins confidérables qui fe rapportent à.ces quatre principaux; nous aurons foin d’a- vertir de chacun de ceux que nous lui devons. On trouvera dans le fecond volume l’article BALLET qu'il arempli de recherches curieufes &c d’obfervations importantes ; nous efpérons qu’on verra dans tous l'étude approfondie & raifonnée qu'il a faite du Théatre lyrique. Jai fait ou reyû tous les articles de Mathématique & de Phyfique, qui ne dépendent point des parties dont il a été parlé ci-deflus ; j'ai aufli fuppléé quelques articles, mais en très petit nombre , dans les autres parties. Je me fuis attaché dans les articles de Mathématique cranfcendante à donner l'efprit général des méthodes , à indiquer les meilleurs Ouvrages où lon peut trouver fur chaque objet les détails les plus importans, & qui n’étoient point de nature à entrer dans cette Encyclopédie ; à éclaircir ce qui m'a paru n'avoir pas été éclairci fuffifamment , ou ne l'avoir point été du tout; enfin à donner , autant qu'il m’a été poflble , dans chaque matiere, des principes métaphyfques exaëts, c’eft-à-dire , fimples. On peut en voir un effai dans ce volume aux articles Aion, Application , Arithmétique univerfelle, &c: Maisce travail, tout confidérable qu'il eft, l’eft beaucoup moinsque celuide M. Diperor mon collegue. Il eft Auteur de la partie de cette Encyclopédie la plus étendue, la plus im- portante , la plus defirée du Public , & j'ofe le dire » la plus diflicile à remplir; c’eft la def cription des Ârts. M. Diderot Pa fute {ur des mémoires qui lui ont été fournis par des où- yriers ou par des amateurs , dont on lira bien-tôt les noms, ou fur Les connoïffances qu'il a été puifer lui-même chez les ouvriers , où enfin fur des métiers qu'il s’eft donné la peine de voir, & dont quelquefois il a fait conftruire des modeles pour les étudier plus à fon aife. À ce détail qui eft immenfe, & dont il seit acquitté avec beaucoup de foin, il en a joint un autre qui ne l’eft pas moins, en fuppléant dans les différentes parties de l'Encyclopédie ü nombre prodigieux d'articles qui manquoient. Il s'eft livré à ce travail avec un defintéreflé- ment qui honore les Lettres , & avec un zele digne de la reconnoiffance de tous ceux qui les aiment ou qui les cultivent, & en particulier des perfonnes qui ont concouru au travail de l'Encyclopédie. On verra par ce volume combien le nombre d'articles que lui doit cet Ouvrage eft confidérable. Parmi ces articles , il y en a de très-étendus, comme ACIER, Aï< GUILLE, ARDOISE, ANATOMIE , ÂANIMAL, AGRICULTURE, &c. Le grand fuccès de l’ar- ticle ART qu’il a publié féparément il y a quelques mois, l’a encouragé à donner aux autres tous fes foins; & je crois pouvoir affürer qu'ils font dignes d’être comparés à celui-là , quois que dans des genres diflérens. Il eft inutile de répondre ici à la critique injufte de quelques gens du monde, qui peu accoûtumés fans doute à tout ce qui demande la plus légere attentiof, ont trouvé cet article ART trop raifonné & trop métaphyfique, comme s’il étoit pofhble que cela fût autrement. Tout article qui a pour objet un terme abftrait & général ne peut être bieri traité fans remonter à des principes philofophiques, toûjoursun peu difficiles pour ceux qui ne font pas dans l’'ufage de réfléchir, Au relte, nous devons avotier ici que nous avons vü avec plaifir un très-grand nombre de gens du monde entendre parfaitement cet article, À Tome L F y xliv DISCOURS PRÉLIMINAIRE l'égard de ceux qui l'ont critiqué, nous fouhaitons que fur les articles qui auront un objet {emblable , ils ayent le même reproche à nous faire. | Plufieurs autres perfonnes, fans nous avoir fourni des articles entiers, ont procuré à l’'En- cyclopédie des fecours importans. Nous avons déjà parlé dans le Profpeëlus & dans ce Dif- cours de M. l'Abbé SALLIER & de M. FORMEY. M. le Comte D'HerouvIiLE DE CLayE, Lieutenant Général des Armées du Roi, & Infpeéteur Général d'Infanterie, que fes connoïffances profondes dans l'Art militaire n°em- péchent point de cultiver les Lettres &c les Sciences avec fuccès, à communiqué des mé- moirestrèscurieux fur la Minéraloote, dont il a faitexécuter en relief plufieurstravaux, comme le cuivre, l'alun , le vüriol, la couperofe , &tc. en quatorze ufines, On lui doit aufli des mé- moires fur le Colzat, la Garence, &tc, : M.FALCONET , Medecin Confultant du Roi & membre de l’Académie royale des Belles: Lettres, poffeffleur d’une Bibliotheque aufü nombreufe & aufh étendue que fes connoiflan- ces , mais dont il fait un ufage encore plus eftimable , celui d'obliger les Savans en la leur communiquant fans referve, nous a donné à cet égard tous les fecours que nous pouvions {ouhaiter. Cet homme de Lettres citoyen , qui joint à lérudition la plus variée lés qualités d'homme d’efprit & de Philofophe , a bien voulu auffi jetter les yeux fur quelques-uns de nos articles, & nous donner des confeils & des éclairciffemens utiles. M. Dupin Fermier Général, connu par fon amour pour les Lettres & pour le bien pu blic, a procuré fur les Salines tous les éclairciflemens néceflaires. M. MoraND, qui fait tant d'honneur à la Chirurgie de Paris, & aux différentes Acadé- mies dont il eft membre, a communiqué quelques obfervations importantes ; on en trou- vera une dans ce volume à l’article ARTÉRIOTOMIE. MM. DE PraDes & Yvon dont nous avons déjà parlé avec l'éloge qu'ils méritent, ont fourni plufeurs mémoires relatifs à l'Hifôtre de la Philofophie &c quelques-uns fur /a Relioion. M. l'Abbé PESTRE’ nous a aufli donné quelques mémoires fur la Philofophie, que nous au- rons foin de défigner dans les volumes fuivans. M. DESLANDES, ci-devant Commiflaire de la Marine, a fourni fur cette matiere des remarques importantes dont on a fait ufage. La réputation qu'il s'eft acquife par fes difié- rens Ouvrages , doit faire rechercher tout ce qui vient de lui. M. Le Romain, Ingénieur en chef de le de la Grenade , a donné toutes les lumieres néceflaires fur les Sucres, & fur plufeurs autres machines qu’il a eu occafon de voir & d’e- xaminer dans {es voyages en Philofophe & en Obfervateur attentif. M. VENELLE, tres-verfé dans la Phyfique & dans la Chimie , fur laquelle il a préfenté à l'Académie des Sciences d’excellens mémoires, a fourni des éclairciflemens utiles & im- portans fur la Minéralogre. | se M. Goussier , déjà nommé au fujet de la Coupe des pierres , &c qui joint la pratique du Deflein à beaucoup de connoïflances de la Méchanique, a donné à M. Diderot la figure de plufieurs Inftrumens &c leur explication. Mais il s’eft particulierement occupé des figures de l'Encyclopédie qu'il a toutes revèes & prefque toutes deffinées ; de la Lutherie en général, & de la faëure de l'Orgue, machine immenfe qu’il a détaillée fur les mémoires de M. THomas {on aflocié dans ce travail. | M. Roceau, habile Profefleur de Mathématiques, a fourni des matériaux fur le Mon- noyage , plufieurs figures qu'il a deflinées lui-même ou auxquelles il a veille. * On juge bien que fur ce qui concerne lImprimerie & la Librairie, les Libraires aflociés nous ont donné par eux-mêmes tous les fecours qu'il nous étoit poflible de derfirer. M. PrevosT, Infpeéteur des Werreries , a donné des lumieres fur cet Art important. La Brafferie a été faite fur un mémoire de M. LoNGcHAMP, qu'une fortune confidérable & beaucoup d'aptitude pour les Lettres n’ont point détaché de l’état de fes peres. M. Buisson, Fabriquant de Lyon, & ci-devant Infpeëteur de Manufa@tures , a donné des mémoires fur la Teinture , fur la Draperie , fur la Fabrication des étoffes riches , {ur le travail de la Soie, fon tirage , moulinage , ovalage , &tc. & des obfervations fur les Arts relatifs aux précédens , comme ceux de dorer les lingots , de batrre l'or & l'argent, de les tirer, de les filer, &cc. M. La Basse’E a fourni les articles de Paflementerie, dont le détail n’eft bien connu que de ceux qui s'en font particulierement occupés. M. Dour s’eft prété à tout ce qui pouvoit inftruire fur l'Art du Gazier qu'il exerce. M. BARRAT, ouvrier excellent dans fon genre, a monté & démonté plufeurs fois en préfence de M. Diderot le métier à bas, machine admirable. M. PicumarD, Marchand Fabriquant Bonnetier , a donné des lumieres fur la Bonre- LerlCe LD PNSONBESLIMI CE EU RAS. xly MM: Bonner & LauReNT ouvriers en Soie, ont monté & fait travailler fous les yeux de M. Diderot, un métier à velours , &tc. & un autre en éoffe brochée: on en verra le détail à l’article VELOURS. | . € R . CVMTERS 17 M. PaprzLon , célebre Graveur én bois , a fourni un mémoire fur l'hiftoire & la pratique de {on Art. | ! TE | | qu | M.FourNIER, très-habile Fondeur de carateres d’ Imprimerie ; en a fait autant pour la Fonderie des caraëteres. | MAFAvRE a donné des mémoires fur la Serrurerie ; Taillanderie ; Fonte des Canoris | EC dont il eft bien inftruit, | | | M. MaLcer, Potier d’érain à Melun, n’a rien laiflé à defirer fur la conñoiffance de {ont Art. | ap + | M. Hizz, Anglois de nation, à communiqué uñée Werrérte Angloife exécutée en relief ÿ & tous fes inftrumens avec les explications néceflaires. | D | LA PRÉ MM. DE PuisiEux, CHARPENTIER , MABILE, & DE VIENNE , ont aidé M. Didérof dans la defcription de pluñeurs Arts. M. Eïbous a fait en entier lés aiticles de Maréchallerie & de Manéce, & M, ARNAULD de Senlis, ceux qui concernent la Péche & la Fe Enfin un grand nombre d’autres perfonnes bien intentionnées ont inftruit M. Diderot fur la fabrication des Ardoifes, lès Forges, la Fonderie, Refendrie, Trifilerie, &c. La plüpart dé ces perfonnes étañt abfentes, on n'a pù difpofer de leur nom fans leur confeñtement ; on les nommera pour peu qu'elles le defirent. Il en eft de même de plufieurs auttes dont les noms ont échappé. À l'égard de celles dont les fecours n’ont été d'aucun ufage , on fe croit dif: penfé de les nommer. | Nous publions cé prémier volume dans le tèms précis pour lequel nous l'avidns profnis. Le fecond volume eft déjà fous prefle; nous efpérons que le Public n’atrendra point les autres, ni les volumes des Figures ; notre exactitude à lui tenit parole ne dépendra que de notre vie , de notre fanté, & de notre repos. Nous avertiflons auffi au nom des Libraires aflociés u’en cas d'une feconde édition , lès additions & correétions feront données dans un volume dar à ceux do auront acheté la premiere, Les perfonnes qui nous fourniront quelques {es cours pour la fuite de cet Ouvrage, feront nommées à la tête de chaque volume. VorLa ce que nous avions à dire fur cette colléétion imménfe. Elle fe préfente ävéc tout cé qui peut intérefler pour elle ; l’impatience que l'on a témoignéé de la voir paroître ; les obfta: cles qui en ont retardé la publication ; les circonftances qui nous ont forcés à nous en char: ger; le zele avec lequel nous nous fommes livrés à ce travail comme s’il eût été de ñotré choix ; les éloges que les bons citoyens ont donnés à l'entreprife ; les fecours innombrables & de toute efpece ie nous avons reçüs; la proteétion du Gouvernement ; des ennemis tant foibles que puiflans, qui ont cherché , quoiqu’en vain, à étouffer l'Ouvrage avant {4 naiflance ; enfin des Auteurs fans cabale & fans intrigue , qui n'attendent d'autre récom- enfe de leurs foins & de leurs efforts, que la fatisfa@tion d’avoir bien mérité de leur patries es ne chercherons point à comparer ce Diétionnaire aux autres; nous reconnoiflons avec plaifir qu'ils nous ont tous été utiles, & notre travail ne confifte point à décrier celui de per= {onne. C’eft au Public qui lit à nous juger: nous croyons dévoir le diftinguer de celui qui parle, Fin pv Discoërs PRÉLIMINAIRE, AVERTISSEMENT Foi CEUX qui ont travaillé à cette Encyclopédie devant répondre des articles qu'ils ont revüs ou compolés , On à pris Le parti de diflinguer les articles de chacun par une lettre mife à la fin de Particle. Quelques circonftances , dont il eft peu important d’inftruire le Public , ont empêché qu’on ne fuivit dans l’ordre des lettres l’ordre Encyclopédique des matieres : maïs c’eft un léger inconvénient. Il fufit que Auteur de chaque article foit defigné de maniere qu’on ne puifle pas s’y tromper. : Les ARTICLES qui n’ont point de lettres à la fin, ou qui ont une étoile au commencement, font de M. Diderot : les premiers font ceux qui lui appartiennent comme étant un des Aureurs de l'Encyclopédie ; les feconds font ceux qu'il a fuppléés comme Edireur. | e ARE ? Voici maintenant les autres fuivant l’ordre alphabétique des lettres. CI M. GOUSSIER, | (D) .M, l'Abbé DE LA CHAPELLE, : (E) | On a oublié (Æ } à la fin de l’article Aigu. M. Du MARSAIS, (F) M. l'Abbé MALLET, (G) On a oublié (G) à la fin d’4ée, & d’Alcoran. M. TOUSSAINT, (A) M. DAUBENTON, Cr M. D'ARGENVILLE, | (Æ) M. TARIN, ! (L) On a mis(L) pour (M } à la fin d'Arrimoine, & (L) pour (1) à la fin d’ Abeilles M. MALOUIN, | (M) M. DE VANDENESSE,. (N). M. D'ALEMBERT, (0) M. BLONDEL, (P) M. LE BLOND; (Q) M. LANDO1S, (R) M.ROUSSEAU de Genévez (S) M ze Rov, | (T) M. Erpous, | (F7) M. l'Abbé Yvon, (X) M. Lourïs, (F) On a oublié ( Y ) à la fin de l’article Accouchement. M. BELLIN, | NÉS) On a mis (Z) pour (Q) à l’article Aide de Camp. Nous avons eu foin d’avertir que les articles AIMANT & AIGUILLE AIMANTÉE étoient en entier de M. le Monnier, Medecin , & nous avertirons de même de tous ceux qu'il nous donnera. Nous ferons la même chofe pour M. de Cahufac, dont il n’y a point d’articles dans ce volume. N. B. Lorfque plufieurs articles appartenant à la même matiere , & par conféquent faits ou revûs par la même perfonne , font immédiatement confécutifs, on s’eft contenté quelquefois de mettre la lettre diféindive à la fin du dernier de ces articles. Aïn l’article ACTION ( Belles-Lerrres ) & l’article ACTION en Poëfte , font cenfés marqués tous deux de la lettre(G), quoiqu’elle ne foit qu’à la fin du fecond ; de mê- me la lettre (F) mife à la fin d’ADVERSATIF appartient aux articles précédens, ADVERBE, ADVERBIAL, ADVERBIALEMENT, re *EXPLICATION DETAILLEE DU SYSTEME DES CONNOISSANCES HUMAINES. # ESETRES PHYSIQUES agiflént fur les fens. Les imprefions dé ces Etres eù À _; excitent les perceptions dans l’Entendement. L'Entendement ne s'occupe de {es per- ceptions que de trois façons, felon fes trois facultés principales, la Mémoire, la Raifon , lImagination. Ou l'Entendement fait un dénombremént pur & fimple de fes perceptions pa la Mémoire ; ou il les examine , les compare, & les digere par la Raïfôn ; où il fe plait à les imiter & à les contrefaire par l’Imagination. D'où réfulte une diftribution générale de la Connoiflance humaine qui paroït aflez bien fondée ; en Æifloire , qui fe rapporte à la Mé« motres en Philolophie, qui émane de la Razfon ; & en Poëfie, qui nait de l’/magination: | MEMOIRE, d'où HISTOIRE. L'HISTOIRE eft des fuirs ; & les faits font ou de Dieu, ou de l’homme , ou de la nature. Les faits qui font de Dieu ; appartiennent à lHiffoire Sacrée, HISTOIRE Ï. L'HISTORE SACRÉE fe diftribue en Hiffoire Sa- trée ou Eccléfiaftique ; V Hifloire des Prophettes, où le récit a précédé l’évenement , eft une branche de l’Hifloire Sacrée, Il. L'Histoire Civise , cette branche de l’Hif toire Univerfelle, cujus fidei exempla majorum , vi- ciffitudines rérum , fundamenta prudentiæ civilis ; ho- minum denique nomen fama commiffa funt , {e dif: tribue fuivant {es objets en Hiffoire Civile proprement dite , & en Hiffoire Littéraire. … Les Sciences font l'ouvrage de la réflexion & de la lumiere naturelle des hommes. Le Chancelier Bacon a donc raïfon de dire dans fon admirable Ou: vrage de dignitate & augmento Scientiarim , que PHif- toire du Monde , fans l’Hiftoire des Savans, c’eft la ftatue de Polipheme à qui on a arraché Poœil: L'Hifloire Civile proprement dite , peut fe fous- I SACR EE: divifer en Mémoires, en Antiquités , & en Hifloire , complette, S'il eft vrai que l’Hiftoire foit la peinture des tems pafñlés, les Anriquités en font des deffeins prefque tobjours endommagés , & 1 Hifforre complete, an tableau dont les Mémoires font des études. III. La diftribution de L'HISTOIRE NATURELLE eft donnée par la différence des fuits de la Nature ; & la différence des faits de la Nature ; par la diffé _rencé des éfats de la Nature. Ou la Nature eftuni- forme & fuit un cours reglé , tel qu'on le remarque généralement dans les corps célefles , les animaux ; des végétaux , &c. ou elle femble forcée & dérangée de fon cours ordinaire , comme dans les wonffres ; ou elle eft contrainte & pliée à différens ufages ; comme dans les A4rrs. La Nature fait tout , où dans on cours ordinaire & réglé, ou dans fes écarts ;ou dans fon emploi. Uniformité de la Nature ; premiere Partie d'Hiftoire Naturelle. Erreurs ou Ecarts de la Nature, feconde Partie d'Hiftoire Naturelle: Ufages de la Nature , troifieme Partie d'Hiftoire Naturelle. _ Ii eft inutile de s'étendre fur les avantages de PÆiffoire de la Nature uniforme. Mais fi on nous de- mande à quoi peut fervir l’Hifloire de la Nature monf= trueufe , nous répondrons , à pañler des prodiges de Les écarts aux merveilles de l’4rs ; à Pégarer encore Les faits qui font de l’homme ; äppartiennient à l’Af foire Civile ; & les faits qui font de la nature , {e rapportent à l’Hifloire Naturelle L Civize TIl NATURELLE; Ou à la remettre dans fon chemin ; & fur-tout à cor: riger la témérité des Propofitions générales, ze axio Tnaturr Corrigatur iniquitas, Quant à l’Æiffoire de la Naiure pliée à différeñs fa- ges, on en pourroit faire une branché de l’Hiftoire Civile ; car Art en général eft l’induitrie de l’honi- me appliquée par fes befoins où par {on luxe ; aux productions de la Nature. Quoi qu’il en foït , cette apphcation ne fe fait qu'en deux mainerés , ou en rapprochant ; Ou en éloignant les corps naturels. L'homme peut quelque chofe ou he peut rien, felon. que le rapprochement ou l'éloignement des corps naturels eft ou n’eft pas poffible: L°Hifloire dela Nature uniforme {é difftibue fuivant fes principaux objets ; en Hiffoire Cétéfle , ou des Af> tres ; de leurs mmotvemens ; apparences fenfrbles | &cs' fans en expliquer la caufe par des fyflèmés , des ypothèfes , &e. il ne s’agit ici que dé phéñomenés purs: En #iffoire des Météores | comme vénes , pluies à tempétes , tonnerres , aurores boréales, &c. Eri Hifloire de la Terre & de la Mer, où des montagnes , des fleu: ves , des rivieres 3 des courants , du flux G reflux ; des fables ; des terres , des foréts | dés fles, des figures, descontinens, &tc. En Hifloire des Minéraux, en Hif: toire dès Végétaux ; & en Hiffoiïe dés Aritraux. D'où refulte ne Æiffoire des Elénens , de là Narire appa- rente ; des effets fenfibles , des mouvemnens ; &c: du Feu , de l'Ær, de la Terré, & dé l'Eau, L’Hifloire de la Nature monffrieufe doit füivre l& même divifion. La Naturé peut opérèr dés prodiges dans les Cieux, dans les régions de l’Air, fur la furface de la Terré, dans fes entraillés , au fond des Mers ; Gc. en tout & par-tout. L’'Hiftoire de la Nature employée eft aufi étendue que les différens ufagés qué les hommes font de {es produétions dans les Arts , les Métiers, & les Manu factures. Il n’y a aucun effet de l’induftrié de l’hom- me ; qu'on ne puifle rappeller à quelque produ&ion de la Nature. On rappellera au travail & à l’emploz de l’Or & de l’Argent, les Arts du Monnoyeur , du Bateur-d'Or , du Fileur-d'Or, du Tireur-d'Or, du Planeur, &c, au travail & à lemploi des Pierres X vu] précieufes , les Arts du Lapidaire , du Diamantaire, du Joaillier , du Graveuren Pierres fines , te. au tra- vail & à l’emploi du Fer, les Grofles-Forges, la Ser- rurerie , la Taillanderie, V Armurerie , V Arquebuferie, la Coutellerie , &cc.au travail & à l’emploi du Verre, la Verrerie , les Glaces , Art du Miroitier , du Wirier, &c. au travail & à l'emploi des Peaux , Les Arts de Chamoifeur | Tanneur, Peaucier , &cc. au travail & à l'emploi de la Laine & de la Soie , fon sirage, fon moulinage , les Arts de Drapiers , Palfementiers | Ga- lonniers , Boutonniers , Ouvriers en velours, Satis, Damas , Etoffes brochées , Luftrines , &c. au travail &à l'emploi de la Terre , la Porerie de terre , la EXPLICATION DU SYSTEME Fayance,, la Porcelaine , &ce. au travail & à l’emploi de la Pierre , la partie méchanique de PArchireëte, du Scxlpteur, du Sruccateur, &c.au travail & à l’em- ploi des Bois, la Meruiferie , la Charpenterie | la Mar- quetterie , la T'ablerrerie, &cc. & ainfi de toutesles au- tres matieres, & de tous les autres Arts, qui font au nombre de plus de deux cens cinquante. On a vù dans le Difcours préliminaire comment nous nous fommes propofé de traiter de chacun. Voilà tout lÆifforique de la connoiffance humai- ne; ce qu'il en faut rapporter à la Mémoire ; & ce qui doit être la matiere premiere du Philofophe. RAISON, d'où PHILOSOPHIE. LA PHILOSOPHIE, ou la portion de la connoiffance humaine qu'il faut rapporter à la Raiïfon, eft très-érendue. Il n’eft prefqu'aucun objet apperçu par les fens, dont la réfle- xion n'ait fait une Science. Mais dans la multitude de ces objets, 1l y en a quelques-uns qui {e font remarquer par leur importance, gibus abcinditur infinitum , & auxquels on peut rap- q P: P 9 S . s sa P 2 La porter toutes les Sciences. Ces chefs font Dieu, à la connoïflance duquel l’homme s’eft élevé pat la réflexion {ur l’'Hiftoire Naturelle & fur l'Hiftoire Sacrée : l'Homme qui eft sûr de {on exiftence par confcience ou fens interne ; la Nature dont l'homme a appris l'hiftoire par l’u- face de fes fens extérieurs. Dieu, Homme, & la Narure, nous fourniront donc une diftri- B< TR LA ?., £ ; bution générale de la Philofophie ou de la Science ( car ces mots font fynonymes) ; & la PAr- LEE SE HS HR 3 lofophie ou Science , fera Science de Dieu , Science de l'Homme, & Science de la Nature. DHITOSOP AL See pee Ses ce De Ho ere Ou SCIENCE. Le progrés naturel de l’efprit humain eft de s’éle- ver des individus aux efpeces, des efpeces aux gen- res , des genres prochains aux genres éloignés , & de former à chaque pas une Science ; ou du moins d’ajoûter une branche nouvelle à quelque Science déja formée : ainfi la notion d’une Intelligence in- crée , infinie , &c. que nous rencontrons dans la Na- ture , & que l’Hiftoire facrée nous annonce ; & celle d’une intelligence crée , finie & unie à un corps que nous appercevons dans l’homme , & que nous fup- pofons dans la brute, nous ont conduits à la notion d’une Intelligence créée, finie, qui n’auroit point de corps ; & de-là , à la notion générale de l’'Efprit. De plus les propriétés générales des Etres , tant{pirituels que corporels, étant l’exiffence , la poffibilité , la du- rée, la fubffance , l'attribut | êtc. on a examuné ces propriétés, & on en a formé l’Onrologie , ou Science de l'Etre en général. Nous avons donc eu dans un or- dre renverté, d’abord l’Oztologie ; enfuite la Science de l'Efprit, ou la Preumatologie , ou ce qu'on appel- le communément Méraphy/fique particuliere : & cette Science s’eft diftribuée en Science de Dieu, ou Théo- logie naturelle , qu'il a plù à Dieu de reéhfier & de fan@ifier par la Révélation , d'où Religion 6 Théolo- gie proprement dite ; d’où par abus, Szperflition. En doëtrine des Efprits bien € malfaifans , ou des Anges & des Démons ; d’où Divination, & la chimere de la Magie noire. En Science de Ame qu’on a fous-divifée en Science de l’Ame raifonnable qui conçoit , & en Science de l Ame fenfitive, qui fe borne aux fenfations. IT. ScreNcE DE L'HOMME. La diftribution de la Science de l'Homme nous eft donnée par celle de fes facultés. Les facultés principales de l'Homme, font l'Entendement , & la Volonté ; l’'Entendement , quil faut diriger à la Vérisé ; la Volonté, qu'il faut plier à la Vertu. L'un eft le but de la Logique ; l’autre eft celui de la Morale. ; LA LoGIQuE peut fe diftribuer en Art de penfer , en Are de retenir fes penfèes , & en Art de les commu niquer, | DE LA NATURE. L'Art de penfer a autant de branches , que l’En- tendement a d'opérations principales. Mais on dif- tingue dans l’'Entendement quatre opérations prin- cipales, l’Appréhenfion , le Jugement , le Raifonne- ment , &t la Méthode. On peut rapporter à l’Æppréhen- fion, la Doifrine des idées ou Perceptions ; au Jugemenr, celle des Propofitions ; au Raïfonnement & à la Mé- thode , celle de l’Induition & de la Démonftration. Mais dans la Démonftration, où l’on remonte dé la chofe à démontrer aux premiers principes ; ou l’on defcend des premiers principes à la chofe à démon- trer : d’où naïflent l’AÆzalyfe & la S'ynthèfe, L’ Ar: de Rerenir a deux branches , la Science de La Mémoire même , & la Science des fupplémens de la Me. more. La Mémoire que nous ayons confidérée d’a- bord comme une faculté purement pañive, & que nous confidérons ici comme une pniflancé aétive que la raïfon peut perfettionner, eft ou Narurelle, ou Ar- tifcielle. La Mérnoire naturelleeft une affe&ion des or- ganes ; l’Arsificielle confifte dans la Prénotion & dans l'Emblème ; la Prénorion fans laquelle rien en parti- culer n’eft préfent à l’efprit ; l’Embléme par lequel l’/maginarion eft appellée au fecours de la Mémoire. Les Repréféntations artificielles {ont le Supplément de la Mémoire, L’Ecriture eft une de ces repréfenta- tions : mais on fe fert en écrivant , on des Curaële- res courans , où de Caraëferes particuliers, On appelle la colleétion des premiers , l”Æ/phabet ; les autres fe nomment Chiffres : d’où naïflent les Arts de Zire , dé crire , de déchiffrer , & la Science de l’Orrhographe. L’ Art de Tranfmnettre {e diftribue en Sczence de P Inf° trument du Difcours, & en Science des qualités du Dif- cours. La Science de l’Inftrument du Difcours s’ap= pelle Grammaire. La Science des qualités du Dit cours , Rhétorique. La Grammaire fe diftribue en Science des Signes } dela Prononciation , de la Conftruëtion , & de la Syz- _ taxe. Les Signes font les fons articulés ; la Prozoncia- tion ou Profodie , l'Art de les articuler ; la Syréaxe, l'Art de les appliquer aux différentes vûes de l’ef- prit DES CONNOISSANCES HUMAINES. xx prit , & la Conffruflion, la connoïflance de l’ordre r'ils doivent avoir dans le Difcours , fondé fur Pu, ge & fur la réflexion. Mais il y a d’autres Signes de la penfée que les fons articulés : favoir le Gefle, & les Caraiteres. Les Caraëleres font ou idéaux, ou hiéroglyphiques, où héraldiques. Idéaux , tels que ceux des Indiens qui marquent chacun une idée & qu'il faut par conféquent multiplier autant qu’il y a d'êtres réels. Hiéroglyphiques , qui font l'écriture du Monde dans fon enfance. ÆHéraldiques, qui forment ce que nous appellons la Science du Blafon. C’eft auffi à lArt de tranfinettre,, qu'il faut rap- porter la Critique, la Pædagogique & la Philologie, La Critique, qui reftitue dans les Auteurs les endroits corrompus, donne des éditions , &c. La Pædagogi- que , qui traite du choix des Etudes , & de la maniere d’enfeigner, La Philologie , qui s'occupe de la con- noiflance de la Littérature univerielle. C’eft à l'Art d’embellir le Diftours, qu'il fautrap- porter la Verfification , ou le méchanique de la Poëfie. Nousomettrons la diftribution de la Rhétorique dans fes différentes parties, parce qu’il n’en découle ni Science , ni Art, fice n’eft peut-être la Parzromime, du Gelte ; & du Gefte & dela Voix, la Déclamation. La MORALE , dont nous avons fait la feconde partie de la Science de Homme, eft ou générale ou par- siculiere, Celie-ci fe diftribue en Jari/prudence Natu- relle, Œconorrique & Politique. La Jurifprudence Natu- relle eft la Science des devoirs de l'Homme feul ; l'Œconomique , la Science des devoirs de l'Homme en famille ; la Polirique , cellé des devoirs de PHom- me en fociété. Mais la Morale feroit incomplette , fi ces Traités n’étoient précédés de celui de la réalité du bien G du mal moral ; de la néceffité de remplir [es devoirs , d'être bon , jufle , vertueux , &c. c’eft l’objet de la Morale générale. Sil’on confidere que les fociétés nefontpas moins obligées d’être vertueules que les particuliers , on verra naître les devoirs des fociétés, qu’on pourroit appeller Jurifprudence naturelle d’une fociété ; Œco- nomique d’une focièté ; Comrnercs intérieur , extérieur, de terre & de mer ; & Politique d’une fociété. III. Science DE LA NATURE. Nous diftribue- rons la Science de la Nature en Phyfique & Mathé- matique. Nous tenons encore cette diftribution de la réflexior & de notre penchant à généralifer. Nous avons pris par les fens la connoïffance des indivi- dus réels ; Soleil, Lune , Sirius , &cc. Aftres ; Air, Feu, Terre, Eau, &ce.Elèmens : Pluies, Neiges, Gré- Les, Tonnerres, &ce. Météores ; & ainfi du refte de l’Hiftoire Naturelle. Nous avons pris en même tems la connoïffance des abftraits, couleur, fon , faveur, odeur, denfité, rareté, chaleur, froid, molleffe, dureté, fluidité, folidité, roideur , élafficité , pefanteur, légere- ré, &c.figure, diflance, mouvement , repos , durée , éten- due, quantité, impénétrabilite. Nous avons vû par la réflexion que de ces abf- traits , les uns convenoient à tous les individus cor- porels , comme étendue , mouvement , impénétra- bilité, &c. Nous en avons fait l’objet de la Phyfique générale, ou métaphyfique des corps ; & ces mêmes propriétés , confidérées dans chaque individu en particulier , avec les variétés qui les diftinguent , comme la dureté, le reffort, la fluidiré, &c. font l’ob- jet de la Phyfique particuliere, / Une autre propriété plus générale des corps, & que fuppofent toutesles autres, favoir, la quantité a formé l’objet des Mathématiques. On appelle qguar- tité Ou grandeur tout ce qui peut être augmenté & diminué. | La quantité , objet des Mathématiques , pouvoit être confidèrée , ou feule & indépendamment des Tome I, individus réels, & des individus abffraits dont oi en tenoit la connoiffance ; ou dans ces individus réels & abftraits ; ou dans leurs effets recherchés d’après des caufes réelles où fuppolées ; & cette feconde vüe de la réflexion a diftribué les Marhématiques en Mathématiques pures , Mathématiques mixtes , Phyfi= co-mathérmatiques. La quantité abffraite | objet des Mathématiques pu- res, eft ou zombrable, ou étendue, La quantité abflraite zombrable eft devenue l’objet de l'Arichmeérique ; &c la quantité abftraite étendue , celui de la Géométrie. L’Arichhérique fe diftribue en Arithmérique rume- rique ou par Chiffres, & en Alpebre où Arihmétique univerfelle par Lettres , qui n’eft autre chofe que le calcul des grandeurs en général , & dont les opéra tions ne font proprement que des opérations arith- métiques indiquées d’une maniere abrégée : car, à parler exaétement , 1l n’y a calcul que de nombres. L’Algebre eft élémentaire ou infinitéfimale , {elon la nature des quantités auxquelles on lapplique. Li finitéfimale eft où difféféntielle où intégrale : différents tielle, quand il s’agit de defcéendre de l’expreflion d’une quantité finie, ou confidèrée comme telle , à l’expreflion de fon accroiffement , ou de fa diminu« tion inftantanée ; sarégrale, quand il s’agit de remon- ter de cette expreflion à la quantité finie mème. La Géométrie, ou a pour objet prinutif Les proprié- _tés du cercle &cde la hgne droite, on embrafle dans fes fpéculations toutes fortes de courbes : ce qui la diftribue en élémentaire, 8 en tranfcérdenre. Les Mathématiques mixtes ont autant de divifñons & de fous-divifions, qu'il y a d’êtres réels dans lef- quels la quantité peut être confidérée. La quantité confidérée dans les corps en tant que mobiles ; ou tendans à fe mouvoir, eft l’objet de la Méchanique. La Méchanique a deux branches , la Srcrique & la Dynamique. La Sratique a pour objet la quantire con: fidérée dans les corps en équilibre , & tendans feu- lement à fe mouvoir. La Dynamique a pour objet la quantité confidérée dans les corps attuellement mus. La Srarique 8&c la Dynamique ont chacune deux par- ties. La Srarique le diftribue en Séasique proprement dire , qui a pour objet la gwartité confidérée dans les corps {olides en équilibre, & tendans feulement à fe , MOUVOIT ; &'en Hydroffatique, qui a pour objet la quantité confidérée dans les corps fluides en équili- bre , & tendans feulementà {e mouvoir. La 2ÿ74- mique {e diftribue en Dyrarrique proprement dire, qui a pour objet la quantité confidérée dans les l hides aûuellement mus, en #ydrodÿynamiqu fluides aûtuellement müs. Mais fi l’on confidere la quantité dans les eaux attuellement müûes, PÆydro- dynamique prend alors le nom d’Hydraulique, On pourroit rapporter la Navigarion à l'Hydrodynanu- que , & la Balliffique ou le jet des Bombes, à la Mé- chanique. La quantité confidérée dans les mouvemens dés Corps Céleftes donne l4/fronomie géométrique ; d'où la Cofmographie ou Defcription de l'Univers , qui fe divile en Uranographie ou Defcription du Ciel ; en Hydrographie ou Defcription des Eaux ; & en Géo- graphie ; d’'ouencore la Chronologie , & la Gromoni- que ou l'Art de confiruire des Cadrans. La quantité confidérée dans la-lummiere , done POptique. Et la quantité confidérée dans le mouve- ment de la lumiere, les différentes branches-d'Ops- que, Lumiere müe en ligne direéte, Opéque propre- mens dite ; lumiere réfléchie dans un feul &c même milieu, Catoptrique ; lumiere rompue en paflant d'un milieu dans un autre, Dioprrique. C’eft à l'Oprique qu'ilfaut rapporter la Perfpeütive, F ; $ I EXPLICATION La quanriré confidérée dans le fon, dans favéhé- mence, fon mouyement , fes dégrés , fes réflexions, fa vitefle, &c. donne lAcoujlique. La quantité confidérée dans lai , fa pefanteur , fon mouvement, fa condenfation, raréfa@ion , Gc. donne la Preumatique. La quantité confidérée dans la poffibilité des évé- nemens , donne l”Art de conjeturer | d'où naît l'A2a- Lyfe des Jeux de hafard. | L'objet des Sciences Mathématiques étant pure- ment intelletuel,, 1l ne faut pas s'étonner de lexac- titude de fes divifions. La Phyfique particuliere doit fuivre la même diftri- bution que l'Hiftoire Naturelle. De PHiftoire, prife par les fens , des Affres, de leurs mouvemens , appa- rences fénfibles , &c. la réflexion a pañlé la recherche de leur origine , des caufes de leurs phénomenes, Éc. &t a produit la Science qu’on appelle A//ronornie phyfique , à laquelle il faut rapporter la Science de leurs influences , qu'onnomime Affrologie ; d’où l4/- trologie phyfique , & la chimere de l 4/rologie judi- ciaire, De 'Hiftoire prife par les fens, des vers , des pluies, grêles., tonnerres, 8tc. la réflexion a pañfé à la recherche de leurs origines , caufes , effets ; Ge. c a produit la Science qu'on appelle Méréorologie. Del’Hiftoire , prife par les fens, de la Mer, de la Terre, des fleuves, des rivieres , des montagnes , des flux & reflux, &c. la réflexion a pañfé à la recherche de leurs caufes , origines , &c. & a donné lieu à la Cofinologie ou Science de l'Univers , qui fe diftribue en Uranologie ou Science du Ciel, en Aerologieou Sciez- ce de V Air, en Géologie ou Science des Continens, &t en Hydrologie ou Science des Eaux, De l’Hiftoire des Mines , prie par les fens , la réflexion a pañlé à la recherche deleur formation , travail, 6c, & a donné lieu à la Science qu'onnomme Minéralogie. De l'Hif- toire des Plantes , prife par les fens , la réflexion a pañlé à la recherche de leur œconomie, propagation, culture , végétation, &c. & a engendré la Boranique dont l’Apgriculeure & le Jardinage {ont deux branches. De l’Hiftoire des Animaux , prife par les fens, la réflexion a pañlé à la recherche de leur confervation, propagation , ufage , Organifation, 6'c, & a produit DU SFSTEME la Science qu’on nomme Zoologie ; d'où font éma- és la Médecine, la Vétérinaire , & le Manége ; la Chaffe , la Péche , & la Fauconnerie, V Anatomie fim- ple & comparée. La Médecine ( fuivant la divifion de Boerhaave ) ou s'occupe de l’œconomie du corps humain & raifonne fon anatomie , d’où naït la Phy- Jrologie: ou s'occupe de la maniere dele garantir des maladies, & s’appelle Wygienne : ou confidere le corps malade, &traite des caufes , desdifférences, & des fymptomes des maladies , & s’appelle Parho- logie: ou a pour objet les fignes de la vie , de la fan- té, & des maladies, leur diagnoftic &c pronoftic, & prend le nom de Sénéiorique : ou enfeigne l’Art de guérir , @c fe fous-divile en Diese , Pharmacie & Chi- rurgie , les trois branches de la Therapeutique. L’Hygienne peut {e confidérer relativement à la fanté du corps , à fa beauté, &c à fes forces ; & (e fous- divifer en Mygienne proprement dite , en Cofinérique, &c en Athlétique. La Cofinétique donnera l Orthopédie, ou l’ Art de procurer aux membres unc belle conformation ; êc lArhlérique donnera la Gymnaflique où l'Arc de les exercer, De la connoïffance expérimentale, ou de PHif- toire prife par lesfens , des qualités extérieures, ferfs bles , apparentes , &cc. des corps naturels , la réflexion nous a conduit à la recherche artificielle de leurs propriétés intérieures & occultes ; & cet Art seit appellé Chimie, La Chimie eft imitatrice & rivale de la Nature: fon objet eft prefque aufliètendu que ce- lui de la Nature même : ouelle décompofe les tres ; ou elle les révivifie ; ou elle les sransforme , &cc. La Chimie a donné naïffance à l’Æ/chimie , & à la Magie naturelle, La Méralluroie ou V Art de traiter les Méraux en grand , eft une branche importante de la Chimie. On peut encore rapporter à cet Art la Tezrture, La Nature a fes écarts, & la Raïfon fes abus: Nous avons rapporté les 7zonffres aux écarts de la Nature ; & c’eft à l’abus de la Raïfon qu’il fautrap- porter toutes les Sciences &c tous les Arts , quine montrent que l’avidité , la méchanceté ; la fuperfti- tion de l'Homme ,-& qui le deshonorent. Voilà tout le Philofophique dela connoïffance hu- maine , & ce qu’il en fautrapporter à la Raïfon. IMAGINATION doi POESTE. L'HISTOIRE a pour objet les individus réellement exiftans, ou qui ont exilé; & la Poëfie , les individus imaginés à limitation des Etres hiftoriques. Il ne feroit donc pas étonnant que la Poëfie fuivit une des diftributions de l'Hiftoire. Mais les différens genres de Poëfe, & la différence de fes fujets, nous en offrent deux diftributions très-naturelles. Ou le fujet d’un Poëme eft facré, ou il eft prophane: ou le Poëte raconte des chofes pañlées, ou il les rend préfentes, en les mettant en aétion ; ou il donne du corps à des Etres abftraits & intelleétuels. La premiere de ces Poëfies fera Marrative: la {econde , Dramatique : la troi- fieme, Parabolique. Le Poëme Epique, le Madrigal, l’Episramme , &tc. {ont ordinairement de ‘Poëfe narrative. La Tragédie, la Comédie, lOpera , VEglogue, &c. de Poëfie dramatique ; &t Jes Allécories , &c. de Poëfie parabolique. POESIE. I NarraTive. IL DRAMATIQUE. IIL PARABOLIQUE. Nous N'ENTENDONS ICI par Poëfie que ce qui _eft Fition. Comme il peut y avoir Verfification fans Poëfie , & Poëfe fans Verfification , nous avons cri devoir regarder la Verffication commeune qua- lité du ftile , & la renvoyer à l’Art Oratoire. En re- vanche, nous rapporteronsl’Architeüture, la Mufique, la Peinture , la Sculpture, la Gravure, &c. à la Poe- fie ; car il n’eft pas moins vrai de dire du Peintre qu'il eft un Poëte, que du Poëte qu'il eft un Peintre; . &c du Sculpteur ou Graveur qu'il eft un Peintre en relief ou en creux, que du Mufcçien qu'il eft un Peintre par les fons, Le Poëre, le Muficien, le Pein- tre ,le Sculpreur , le Graveur, &c.imitent ou contre- font la Nature : mais l’un emploie le diftours ; Vau- tre , les couleurs ; le troifieme , le marbre, Vairain., &c. & le dernier, l’irffrument ou la voix. La Mufique eft Théorique ou Pratique ; Inflrumenrale ou Focale. À l'égard de l’Architeite,, 11 n’imite la Nature qu'im- parfaitement par la fymétrie de fes Ouvrages. ayez le Difcours préliminaire. ; La Poëfie a fesmonftres comme la Nature ;ilfaut mettre de çe nombre toutes Les produétions del'ima- DES CONNOISSANCES HUMAINES À #ination déreglée, & il peut y avoir de ces produc- tons entous genres. TEL Voila toute la Partie Poëtique de la Connoiffance humaine ; ce qu'on en peut rapporter à l’Imagina- tion , & la fin de notre Diftribution Généalogique ( ou fi l’on veut Mappemonde ) des Sciences & des Arts ; que nous craindrions peut-être d’avoir trop détaillée , s’il n’étoit de la derniere importance de bien connoître nous-mêmes , & d’expofer claire: mentaux Autres , l’objet d’une ENCYCLOPÉDIE, DM ANNEE RETENIR PE ET NE I PC EE r QD A EE NC do APR Li SON EEE RU EE EEE LE EE NE CE LR NZ HSE sb EVA GR CPAS UE SIG PT ER DV LE ER AN ns SUR LA DIVISION DES SCIENCES DU CHANCELIER BACO NN. I. Nous avons avoié en plufeus endroits du Pro/peëus, que nous avions l'oblioarion principale de notre Arbre encyclopédique au Chancelier Bacon. L'éloge qu’on a là de ce grand homme dans le Pro/petus paroîït même avoir contribué à faire connoitre à plufieurs perfonnes les Ouvrages du Philofophe Anglois. Ainf, après un aveu aufl formel, il ne doit être permis ni de nous accufer de plagiat, ni de chercher à nous en faire foupçonner. 11. Cet aveu n'empêche pas néanmoins qu'il n’y ait un trés-grand nombre de choies, {ur-tout dans la Branche philofophique , que nous ne devons nullement à Bacon : il eit facile au leéteur d’en juger. Mais, pour appercevoir le rapport &c la différence des deux Arbres, il ne faut pas feulement examiner fi on y a parlé des mêmes chofes, il faut voir fi la difpo- fition eft la même. Tous les Arbres encyclopédiques fe réflemblent néceffairement par la matiere ; l'ordre feul & l’arrangement des branches peuvent les diffinguer. On trouve à peu- près les mêmes noms des Sciences dans l’Arbre de Chambers & dans le nôtre, Rien m'eft cependant plus différent. | III. Il ne s'agit point ici des raifons que nous avons eues de fuivré ün autre ordre que Bacon. Nous en avons expofé quelques-unes ; il feroit trop long de détailler les autres, fur tout dans une matiere d’où l'arbitraire ne fauroit être tout-à-fait exclu. Quoi qu'il en {oit, c’eft aux Philofophes, c’eit - à-dire à un très-petit nombre de gens , à nous juger fur ce point. | | | IV. Quelques divifions comme celles des Mathématiques en pures & en mixtes, qui nous font communes avec Bacon, fe trouvent par-tout, & font par conféquent à tout le monde. Notre divifion de la Medecine eft de Boëerhaave ; on en a averti dans le Profpeëlus, V. Enfin, comme nous avons fait quelques changemens à l'Arbre du Pro/neëus, ceux qui voudront comparer cet Arbre du Profpeëus avec celui de Bacon, doivent avoir égard à ces changemens. | VI. Voilà les principes d’où il faut partir, pour faire le parallele des deux Arbres avec un peu d'équité & de Philofophie. SYSTEME GÉNÉRAL DE LA CONNOISSANCE HUMAINE SUIVANT LE CHANCELIER BACON,. Divifon générale de la Science humaine en Æ1f toire | Poëfie & Philofophie, felon les trois facultés de l’Entendement, Mémoire, Imagination, Raifon. Bacon obférve que cette divifion peut auffi s’appl- quer ‘la Théologie. On avoit fuivi dans un endroit du Profpeëtus cette derniere idée: mais on l'a abandonnée depuis , parce qu’elle a paru plus ingénieufe que folide. RSR a RSS get a Fr ë =: LE Ï. Divifon de l’Miffoire , en naturelle & civile, Hiftoire naturelle fe divife ex Hifloire des produc- tions de la Nature, Hiftoire des écarts de la Nature, Hiftoire des emplois de la Nature , ou des Arts. Seconde divifon de l’Hifloire naturelle tirée de fa fin & de fon ufage, en Aiffoire proprement dite ; & Hiffoire raifonnée. Divifion des productions de la Nature , en Æi/for- re des chofès célefkes , des méréores, de l'air, de la terre & de la mer, des élémens ; des éfbeces particulieres d'individus. Divifion de l'Hiftoire civile en eccléfaffique , en Littéraire , & en civile proprement dite. Premiere divition de l'Hiftoire civile proprement dite ,en Mémoires, Antiquités, & Hifloire complerte. Divifon de l’Hiftoire complette , en Chroniques, Vies, & Relanons. Divifion de l’'Hifoire des tems en générale 8 en particuliere. Autre divifñion de PHifloire des tems en 4rrales &T Journaux. Seconde divifion de l’Hiftoire civile en pure & eri mixte, | Divifion de l'Hiftoire eccléfiaftique en Hiftoire eccléftaffique particuliere ; Hijloire des Prophéties , qui contient la Prophétie & l’accomplifflement , & Æif° toire de ce que Bacon appelle Nerefis ; ou la Provi dence , c’eft-à-dire , de l’accord qui le remarque Î quelquefois entre la volonté révelée de Diçu , & {a volonté fecrette. Divifon de la partie de l’'Hiftoire qua roule fur les dits notables des hommes, en Lettres & Apophthegines. Ec I I. Divifion de la Poëfie en zarrative, dramatique , & parabolique. APTE Divifion générale de la Science en Théologie fa- crée & Philojophie. Divifion de la Philofophie en Science de Dieu, Science de la Nature , Science de l Homme. Philofophie premiere, ou Science des Axiomes , qui s'étend à toutes les branches de la Philofophie. Au- tre branche de cette Philofophie premiere, qui traite des qualités sranfcendantes des êtres, peu , beaucoup, Jemblable, différent , être , non être, &c. Science des Anges & des efprits, fuite de la Scien- ce de Dieu, ou Théologie naturelle. Divifon de la Science de la Nature, ou Philofo- phie naturelle , en /péculative & pratique. Divifon de la Science fpéculative de la Nature en Phyfique particuliere & Méraphy fique ; la premiere ayant pour objet la caufe eficiente & la matiere; & la Métaphyfique , la caufe finale & la forme. Divifon de la Phyfique en Science des principes des chofes , Science de la formation des chofes | ou du mon- de , & Science de la variète des chofes. Divifion de la Science de la variété des chofes en Science des concrets, & Science des ab/fraiïs. Divifon de la Science des concrets dansles mé- mes branches que l’Hifloire naturelle. Divifion de la Science des abftraits en Science des propriétés particulieres des différents corps, comme den- fité, legereté, pefanteur , élaflicité, molleffe , &e. & Science des mouvemens dont le Chancelier Bacon fait une énumération aflez longue , conformément aux idées des fcholaftiques. Branches de la Philofophie fpéculative, qui con- fiftent dans les Problèmes naturels, & les fertimens des anciens Philofophes. Divifion de la Métaphyfque en Sezence des formes &c Science des caufes finales. | Divifion de la Science pratique de la Nature en Méchanique & Magie naturelle. de! Branches de la Science pratique de la Nature, qui confiftent dans le dérombrement des richeffes humaines, naturelles ou artificielles | dont les hommes jotifient & dont ils ont joui, & le caralogue des Polychrefles. Branche confidérable de la Philofophie naturel- le, tant fpéculative que prâtique, appellée Marhe- matiques. Divifon des Mathématiques en pures , en mixtes, Divifion des Mathématiques pures en Géo- métrie & Arithmétique. Divifon des Mathémati-: ques müxtes en Perfpeilive ; Mufique, Affronomie, Cofmographie, Architelture , Science des machines , & quelques autres. Divifion de la Science de l’homme , en Science de l'homme proprement dite, & Science civile. Divifon de la Science de l’homme en Science du OBSERVATIONS SUR LA DIVISION, &c. corps humain, &z Science de l'ame humaine. Divifion de la Science du corps humain'en Mede- cine , Cofmetique, Athletique , &r Science des plaifirs des fers. Diviñion de la Medecine en troïs parties, Art de conferver la fanté , Art de guérir les maladies , Art de prolonger la vie. Peinture, Mufique , 8te. Bran- che de la Science des plaïfirs. Divifion de la Science de l’ame en Science du Jouffle divin, d'où eft fortie l'ame raifonnable, & Science de l’âme irarionnelle, qui nous eft commu- ne avec les brutes, & qui eft produite du limon de la terre. Autre divifion de la Science de l’ame , en Science de la fubfiance de l'ame, Science de fes facultés, & Science de l'ufage 6 de l'objet de ces facultés : de cette derniere réfultent la Divinarion naturelle & artif- crelle, &c. Divifion des facultés de lame fenfible , en ou vement & fentiment. Divifion de la Science de lufage & de l’objet des facultés de lame , en Logique &c Morale. Divifion de la Logique en rt d'inventer, de ju- ger, de retenir , &c de communiquer. Divifon de l’art d'inventer enzrvenrion des Scier- ces ou des Arts , 8 invention des Argumens. Divifion de l’Art de juger, en Jugerment par induc- tion , & jugement par fyllogifrne. Divifon de l’Art du fyllogifme , en Aza/yfe, & principes pour démêler facilement le vrai du faux, Science de l’Analogie , branche de l’Art de juger. Divifion de l’Art de retenir, en Science de ce qui peut aider la mémoire , & Science de la rémore mére. , Divifon de la Science de la mémoire, en pré: notion 8 emblème. | Divifion de la Science de communiquer, en Scie ce de l’inflrument du difcours , Science de la méthode du difcours , & Science des ornerners du difcours , ou Rhé- torique. Divifion de la Science de l’inftrument du dif cours , en Sczerce générale des fignes, & en Grammai- re, qui fe divife en Scence du langage , & Science de lécriture. Divifion de la Science de fignes, en Ayéroplya phes & gefles, &t en caraiteres réels, Seconde divifon de la Grammaire, en Zrréraire & philofophique, Art de la Verfification &c Profodie, branches de La S'crence du langage. Art de déchiffrer branche de PArt d'écrire, Critique & Pédagogie , Branches de l’Art de com- muniquer Divifion de la Morale en Science de l’objer que lame doit {e propofer, c’eft-à-dire, du bien moral, & Science de la culture de l'ame. L’Auteur fait à ce fujet beaucoup de divifions qu'il eft inutile de rap- porter. Divifon de la Science civile, en Sczence de la con. verfation | Science des affaires, & Science de l'Erce Nous en omettons les divifions. L’Auteur finit par quelques réflexions fur l’ufage dela Théologie facrée, qu'il ne divife en aucunes branches. “ Voilà dans {on ordre naturel, & fans démembrement , ni mutilation, l’Arbre du Chancelier Bacon. On voit que l’article de la Logique eft celui où nous l'avons le plus füivi, encore avons- nous crû devoir y faire plufeurs changemens. Au refte nous le répétons , c’eft aux Philofo- phes à nous juger fur les changemens que nous avons faits: nos autres leéteurs prendront fans doute peu de part à cette queftion, qu'il étoit pourtant néceflaire d’éclaircir ; & ils ne {e {ouviendront que de aveu formel que nous avons fait dans le Pro/peëtus , d'avoir l’obliga- sion principale de notre Arbre au Chancelier Bacon ; aveu qui doit nous concilier tout juge impartial & defintéreflé. ENCYCLOPEDIE, 4 mn et DETAMUT Le RTL CAT PER » É - e à mn. = Le | ŒUT G URE Ë CES HUMAINES. TRE SAGRÉE. (HISTOIRE DES PROPHETIES. MEMO ECCLESIASTIQUE. | CIVILE, . à MEMOIRES. EW\ Hisr. CIVILE, proprement dite. he ANTIQUITÉS. ET MO-{ HrstToiRB LITTERAIRE. DERNE, ? HISTOIRE COMPLETE. HISTOIRE CELESTE. UNITFOR- DES METEORES. MITÉ ù LA MER. Fr DE LA DE LA TERRE ET DE 2 NATURE. misrorre / DES MINERAUX. ni JDES VEGETAUX. ©O : SELLE AE mana Eù DES ELEMENS. (#2) er PRODIGES CELESTES, as: METEORES PRODIGIEUX. PROD S SUR LA TERRE ET LA MER. Het RODIGES SU E IMUDE LA MINERAUX MONSTRUEU X. RE. à DES ° VEGETAUX MONSTRUEUX: ANIMAUX MONSTRUEUX, PRODIGES\DES ELEMENS. À MoNNOYEUR, BATTEUR D'Or. Fizeur D'Or. Tireur D'OR: ORFEVRE. PLANEURe [NATU- RELLE. L'ARGENT\ TRAVAIL ET USAGES STE DESSETER DIAMNTAIRE. RES FINES RER ES TRS » Écs CIEUSES: Grosses Dncrs. AUredyarr NOERTURERN ET USAGES TAILLANDERT À pu FER, ARMURERIE, ARQUEBUSERIE h6c, & À il VERRERIESe \ ri \ À TraAvAIz 9 GLACES: \ h £T USAGES NRoITIEr \ Ç ARTS. | DUVERRE, Épunerre, VITRIER ; Ve USAGES SMeTIERs. Ve DE LA . Ti ; MANUFAC- ÂNEUR, NaTure. TURES. TRAVAIL )Ciamorseu £ ê ET UsAGEs À Des PEAUXx: Dieu ‘ GakriEr, 6 HN TRAVAIL ) 01 Ê sr Usaces { ARQUTECTUE PRATIQUE DE LA SCUIPTURE RATIQUE, PIERRE, | DU PLATRE DE L'AR- ù M DOISE, &c. N TRAVAIL A ET UsAces N D£LASOIE, ‘ TRAVAIL ET USAGES Û DE LA LAINE. TRAVAIL ETUSAGES, &cc, > ar jai EN ŒUVRE; Ce SO S PSE LuO-STO'PEHBINE" SCIENCE DE L'HOMME. MÉTAPHYSIQUE GÉNÉRALE, 04 ONTOLOGIE ; 04 SCIENCE DE L’ÊTRE EN GÉNÉRAL, DE LA POSSIBILITÉ, DE L'EXISTENCE, DE LA DURÉE, 6c, ji : [ D'où par abus SCIENCE }pyroroëiE RÉVÉDLÉE. SUPERSTITIONS, DE ; : | ù DIEU. -PScrEeNcE DES ESPRITS TION BIEN ET MAL FAISANS. MAGIE NOIRE, S Û STATIQUEss | fi . € HYDROSTATIQUE, A « À MEcnAni- : 5 Fa À QUE DYNAMIQUE, proprement dites 1 D À ÿ BALLISTIQUE, à | DYNAMIQUE ©! È HypronyNA 9 HYDRAULIQUE:. ko! MIQUE. NAVIGATION, ARGHIT, NAVALE: ji < 5 À CHEN. URANO GRAPHIEe H à PHIE GÉOGRAPHIE. M ça ASTRO NE m7 5 HYprocrAnèIE.- h … AMIXTES, GEOMETRI- 4 ss L QUE, CHRONOLOGIE, Ù à Ë GNOMONIQUE, RAISON. CTuéorocrre NATURBLLE, | RELIGION, RAISONNABLE, PNE OLOGIE où SCIENCE DE L'AmE PNEUMAT SENSITIVE, APPREHEN- À ScreNcEiprs Ipfes, SION, $ ART JUGEMENT. : .. SCIENCE pes PROPOSITIONS. DE & RAISONNE- I NDUC APENSER. À MEwr. È DOS: ET DEMOVSs- MÉTHODE, ., 1e Hi 8 TE, NATURELLE MÉMOIRE, . 9 À RTIF IS PRÉNOTION. ART CIELLE, EMsLresMe, s DE SUPPLÉMENT A ÊTH ART . PRETENIR. De ca Ecrire TETE S CE Hd à IMPRAIMERTE. KG e Mémoire, { UN Cnireres , «4 D'IMPRIMER; > ORTHOGRAPHE. DE LIRE, DE ©. / DÉCHIFFRER, Li w | NT PANTOMIME, vi GESTE. ..; DÉCLAMATION, 1 SIGNES, . IDEAUX. HiEROGLYPHI- CARACTERES QUES. HÉTTIERRS PrRoSopIr. Q Hirirmieuxs LATE CoNSTRUC- ou BLAZON MENT Du -GRAMMAIRE & TION. Discours, FSUESSE ART PHiLoLOGtE, À FR « A CRITIQUE. )MMUNI- : \ PQUER. PEDAGOGI- CHo1x pes ErTupes, : QUES MANIERE D’ENSLIGNER, SCIENCE DES Ru QUALITÉS puy L'#ETORIQHES Drscours. MÉCHANIQUE DE LA POESIE ou VERSIFICATION, CENERALE SCIENCE DU BIEN ET DUMAI EN GENERAL, DES DEVOIRS EN GENERAL, ea DE 14 yVERTU. DE 14 NÉCESSITÉ D'ESTRE VERTUEUX , &ec, à ; 4 NATURELLE, LA A SCIENCE G : LS DEs Lorx, CONOMIQUE. = LIERE 7 < ou JURISPRU- COMMERCE INTERIEUR» EXTERIEUR» ci DENCE POLITIQUE. DE TERRE, DE MER. > MÉTAPHYSIQUE DES CORPS, ox PHYSIQUE GÉNÉRALE. DE L'ÉTENDUE, DE LIMPÉNÉTRABILITÉ, DUMOUVEMENT, DU VUIDE, 6c. NUMERIQUE, ARITHMETI- ELEMENTAIRS, QUE ALGEBRE, + PURES, INrINITE sI> Ç DIFFÉRENTIELLE, MALE, INTÉGRALE. ELEMENTAIRE, (ARCHITECTURE MILITAIRE, TACTIQUE, G£EOMETRIE, TRANSCENDANTE, ( THEorte Des Courses, STATIQUE, proprement dite, hote hdd qEpatotopphpntqeft op appodequhdeepptop dophopapnbtotoueehtt PET ee shot etre desaot ere dote apte. are OPTIQUE; proprement dite, DioPTRIQUE, CATOPTRIQUE, OFTIQUE. «se PERSPECTIVE ACOUSTIQUE. PNEUMATIQUE. NART DE CONJECTURER “ANALYSE DES HAZARDS, PHYSICOMATHEMATIQUES. ANATOMIE Simpze, COMPARÉE, Pawernx- pt + HY&ïENE, proprement dite. “HYGIENE, , , 9 Co SMÉTIQUE. (ORTHOPEDIEs "ATHLÉTIQUE, (GxmNasrique. MapeciniePPATROLOGIE, ZoOOLOGIE.oe SEMbIOTIQUE, THerapeu- | Direte. TIQUE, CHIRURGIEs VEÉTÉRINARE, PHARMACIEe MANEGE, CHASSE» | PESCHE, | Faso ni ASTROLOGIE JUDICIAIRE ? 4 1.0 PHysIQUE STRONOMIE Hire: ASTROLOGIE, PARTICU- | ASTROLOGIE PHYSIQUES LIERE, METEoro1oGrE. LL: URANOLDGIES AEROLOBIEs COSMOLOGIEN Grorocs. HYDROL)GIEs BOTANIQUE: 5 AGRICUITURES + JARDIN{6Ee MINERALOGIE. Curie proprement dite, ( PYROTECHNIE TSINTURL ; 6 METALLIRGIE,) ALCHIMI MAGIE FTURELLE, CHIMIE +, « AT TT POESPE 1 M A NArRrA-: TIVE. DrRAMA- TIQUE. PARABO- LIQUE. GINATIO NN. FOR C Tusonique: RPIQSES M a PRATIQUE: MADRIGAL. ich i Dr VOCALE, EPIGRAMME PEINTURE: ROMAN ; &c. SCULPTUREs ARCHITECTURE CIVILE® TRAGEDIE, COMEDIE, OPERA. PASTORALES, &e, GRAVURE: $ ALLEGORIES, $ tua | RU MO kr, TITRE PURE AT LES X Ne =, € : L LE a ENCYCLOPÉDIE, DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS: LS FREE CES CCR LRO OR OR DO NO AO ER rs DÉCO OCTO ECC. RS us Nestes SM VI £ SV ENS PSN SRE PES DA = 2 ES Lee = £ = £ = ESves = D Los Ze = 5 2 LS SAS UE SRE DES Lez Ù A NS A NE NN TN TN NS NS ANNEE IN RS NS NTI RAS NL NAS PR A EN OS A NAS AS AS : À a &af.m. (ordre Encycloped. Entend. Science de l’homme , Logique , Art de communiquer, Gramm. ) caractere ou figure de la premiere lettre de l’Al- phabet , en latin, en fran- ? çois, & en prefque toutes les Langues de l'Europe. On peut confidérer ce caraétere, où comme let- tre, où comme mot. I. À , en tant que lettre , eft le figne du fon 4, qui de tous les fons de la voix eft le plus facile à pronon- cer, Il ne faut qu'ouvrir la bouche & pouffer l'air des poumons. On dit que la vient de l’a/eph des Hébreux : mais a en tant que fon ne vient que de la conformation des organes de la parole ; & le caraétere ou figure dont nous nous fervons pour repréfenter ce fon, nous vient de l’z/pha des Grecs. Les Latins & les au- tres Peuples de l’Europe ont imité les Grecs dans la forme qu'ils ont donnée à cette lettre. Selon les Grammaires Hébraïques , & la Grammaire générale de’P.R. p. 12. l’aeph ne fert (aujourd’hui ) gue pour Pécriture , & n’a aucun [on que celui de la voyelle qui lui ef? jointe. Cela fait voir que la prononciation des let- tres eft fujette à variation dans les Langues mortes , comme elle l’eft dans les Langues vivantes. Car il eft conftant , felon M. Mafclef & le P. Houbigan , que Paleph fe prononçoit autrefois comme notre 4 ; ce qu’ils prouvent furtout par le paffage d’Eufebe, Prep. EyL. X. c. vj. où ce P. foûtient que les Grecs ont pris leurs lettres des Hébreux. Z4 ex Græcé fingulo- run elementorum appellatione quivis inrelligit, Quid enim aleph ab alpha magnopere differt ? Quid autem vel becha a beth? &rc. Quelques Auteurs ( Covaruvias ) difent , que lorf que les enfans viennent au monde, les mâles font entendre le fon de l’a , qui eft la premiere voyelle de Tome L, À mas, & les filles le fon del; premiere voyelle de femina : mais c’eft une imagination fans fondèment Quand les enfans viennent au monde, & que pour la premiere fois ils pouflent l’air des poumons , om entend le {on de différentes voyelles, felon qu'ils ou- vtent plus ou moins la bouche. On dit un grand À , un petit a : aïinf a eft du genre mafculin , comme les autres voyelles de notre Al- phabet. Le fon de l’« , auffi bien que celui de Pe, eft long en certains mots, & bref en d’autres : z eft long dans grâce ; & bref dans place. Il eft long dans séche quand ce mot fignifie un ouvrage qu’on donne à faire ; & il eft bref dans sache , macula , fouillure. Il eft long dans dti, gros chien ; & bref dans maur, premiere partie du jour. Voyez l'excellent Traité de la Profodie de M. ! Abbé d'Oliver. Les Romains, pour marquer l’a long , l’écrivirent d’abord double, Aala pour 4/a ; c’eit ainfi qu'on trouve dans nos anciens Auteurs François aage , &c Enfuite ils inférerent un # entre les deux 4 , Ahalas Enfin ils mettoient quelquefois le figne de la fyllabe longue , la. On met aujourd’hui un accent circonflexe fur l’e long , au lieu de l’/qu’on écrivoit autrefois après cet a : ainfi au lieu d'écrire rraflin, blafine, afne, &c.om écrit métin, bldme , âne, Maïs il ne faut pas croire avec la plûpart des Grammairiens , que nos Peres n’écri= voient cette f'après le, ou après toute autre voyelles que pour marquer que cette voyelle étoit longue ;1ls écrivoient cette f', parce qu'ils la prononçoient , & cette prononciation eft encore en ufage dans nos Pro< vinces méridionales , où l’on prononce #aflin , teflo à beffi , &c. On ne met point d’accent fur le bref on commun. L’« chez les Romains étoit appellé Zerrre falutaire = lictera falutaris. Cic, Attic. ix, 7. parce que lorfqu’il s’agiloit d’abfoudre on de condamner un Si à 65 ET” Cr. LORS = Juges avoient deux tablettes , fur Pune defquelles ils. sécrivoient l’z, qui eff. la premuere lettre d’abfolyo , = 8 fur lantre ils écrivoient le c, premiere lettre de -|. «conmdemno. Voyez À, fgne d’abfolution ou de con- *damnation. Et l’accufé étoit abfous ou condamné, ifelon que le nombre de l’une de ces lettres l’empor- æoit fur le nombre de l’autre. : = Onà fait quelques ufages de cette lettre qu’il eft “tite d’obferver. | æ. La chez les Grécs étoit une lettre numérale qui “marquoit 7. Voyez-A., lettre numérale. : 2. Parmi nous les Villes où l’on bat monnoie, ont À , mot, eft 1. la troifieme perfonne du préfent de indicatif du verbe avoir. Il a de l'argent, il a peur , de honte, il «+ entre, &avec lefupin des verbes, Île a aimé , elle a vu , à Vimitation des Latins , habeo r À : … . , perfuafum, V. Sürin. Nos peres écrivoient cet a avec une # ; il ha , d'haber, On ne met aucun accent fur & verbe. d | Dans cette façon de parler 4/7 a, a .eft verbe, Cette façon de parler eft une de ces expreflions figu- rées , qui fe font introduites par imitation , par abus, ou catächrefe. On a dit au propre, Pierre a de l’ar- gent, il a de l'efprit ; & par imitation on adit, {y a de l'argent dans la bourfè, ily.a de l'efprit dans ces vers. 17, éftalors un terme abftrait & général comme ce, on. Ce font des termes métaphyfiques formés à l’i- imitation des mots qui marquent des objets réels. L’y vient de [241 des Latins , & a la même figmufication. Ib ,y, c’eft-à-dire /a, ict, dans le point dont il s’a- gt. Il y à des hommes qui, &c. Il, c’eft-à-dire, l'être métaphyfique , l'être imaginé ou d'imitation, a dans le point dont il s’agit des hommes qui, &c. Dans les autres Lañgues on dit plus fimplement , des hommes font , qui \8&tc.. - | C’eft aufli par imitation que l’on dit, Z4 raifon a des bornes. Notre Langue n’a point de cas , la Logique ‘a quatre parties à 8cc. 2. À, comme mot, eff aufi une prépoñtion , & alors on doit le marquer avec un accent grave 4. …. A", prépofition vient du latin à, à dextris, 4 forif= £ris , à droite, à gauche. Plus fouvent encore notre a vient de la prépoñition latine ad, loqui ad , parler a. On trouve auf dcere ad. Cic. If lucrum ad me, ( Plaute ) le profit en vient à moi. Siire parvulos ve- rire ad. me, laiflez venir ces enfans à moi. ” Obfervez que z mot, n’eft jamais que ou la troi- fieme perfonne du préfent de l’indicatif du verbe avoir , où une fimple prépoñtion. Ainfi 4 n’eft jamais adverbe , comme quelques Grammairiens l’ont cru, quoiqu'il entre dans plufeurs façons de parler adver- biales. Car l’adverbe n’a pas befoin d’être fiivi d’un autre mot qui le détermine , ou , comme difent com- münément les Grammairiens, l’adverbe n’a jamais de régime ; parce que l’adverbe renferme en foi la prépoñition & le nom: prudemment ; avec prudence. (7. ADVEREE ) au lieu que la prépofñition a toùjours un régime, c'eftà-dire , qu’elle eft toujours fuivie d’un autre mot, qui détermine la relation ou l’efpece de rapport que la prépofition indique. Ainfi la pré- poñtion 4 peut bien entrer , comme toutes les autres prépofitions, dans des façons de parler adverbiales : mais comme elle.eft toûjours fuivie de fon comple- ment, où, comme On dit, de fon régume , elle ne peut jamais être adverbe. . Æn’eft pas non plus une fimple particule qui mar- eherems (SE | PE TNEPRG a RSS * PARA que le datif; parce qu'en françois nous n’avons ni. …. déclimaïfon, nicas, ni par conféquent de datif. #7 CAS. Le rapport que les Latins marquoient par la. - terminaifon du dati, nous l’indiquons par la prépoñ-: tion a. C’eftainf que les Latins mêmes fe font fervis: de a prépoñition ad, quod atriner adime. Cic. Aecedit ad, referre ad aliquem , & alicui. Ts difoient aufli éga- lement loqui ad aliquem, & loqui alicui, parler 4 quel:* qu'un , 6c. je | it ; À Pégard des différens ufages de-fa prépoñtion 4 ;. il faut obferver 1. que tonte prépoñition eft entre - deux termes , qu’elle lie & qu’elle met en rapport. . 2. Que ce rapport eft fouvent marqué par La figni- fication propre de la prépofñtion même , comme avec, dans , fur , &c. 3. Mais que fouvent auffi Les prépoñitions , furtout a, de ou du, outre le rapport qu’elles indiquent quand elles font prifes dans leur fens prinutif & propre, ne font enfuite par figure & par extenfion , que de fim- _ ples prépofitions unitives ou indicatives , qui ne font que mettre deux mots en rapport ; enforte qw’alors c’eft à l’efprit même à remarquer la forte de rapport qu'il y à entre les deux térmes de la relation unis em tre-eux par la prépofñtion : par exemple , approcheg vous du feu : du , lie feu avec approchez-vous | & l’et- prit obferve enfuite un rapport d’approximation , que du ne marque pas Ælorgnez-vous du feu ; du , lie : Jeu avec éloïgnez-vous, & lefprit obferve-là un rap- port d’éloignement. Vous voyez que la même pré- pofition {ert à-marquer des rapportsoppofés. On dit de même donner à &c ôter a. Ainfi ces fortes de rapports different autant que les mots different entre-eux. Je crois done que lorfque les prépofitions ne fonts ou ne paroiflent pas prifes dans le fens propre de leur premiere deftination 3 & que par conféquent elles n'indiquent pas par elles-mêmes la forte de rapport particulier que cehu qu parle veutfaire entendress; alors c’eft à celui qui écoute ou qui lit, à reconnoïtre la forte de rapport qui fe trouve entre les mots liés par la prépoftion fimplement unitive & mdicative. . Cependant quelques Grammairiens ont mieux ai- mé épuifer la Métaphyfique la plus recherchée, & fi je l’ofe dire, la plus inutile &r la plus vaine , que d'abandonner le Leéteur au difcernement que lui don: ne la connoïiflance & l’ufage de fa propre Langue. Rapport de caufe ; rapport d'effét , d'infirument , de firua- tion , d'époque , table a pieds de biche, c’eft-la un rap- port de forme , dit M. l'Abbé Girard, tom. Il. p. 190. Baffir a barbe , rapport de férvice , (id. 1b.) Pierre à feu , rapport de proprièté produétive, ( 1d.1b.) &c. La pré- pofition 4 n’eft point deftinée à marquer par elle-mê- me un tapport de propriété produitive ,. où de fervice , ou de forme, &tc. quoique ces rapports fe trouvent entre les mots liés par la prépoñtion 4. D'ailleurs. les mêmes rapports font fouvent indiqués par des prépoñitions différentes , & fouvent des rapports op- poiés ont indiqués par la même prépofition. Il me paroiït donc que l’on doit d’abord obferver la premiere & principale deftination d’une prépofñtion. Par-exemple : la principale deftination de la prépoñ- tion 4, eft de marquer la relation d’une chofe à une autre, comme, le terme où l’on va, ou à quoi ce qu’on fait fe termine, le but, la fin, attribution, le pourquoi. Aller à Rome , préter de l'argent à ufure , à gros intérêt. Donner quelque chofe à quelqu'un, &cc. Les autres ufages de cette prépofñition reviennent en- fuite à ceux-là par catachrefe , abus , extenfon!, ou imitation : mais il eft bon deremarquer quelques-uns de ces ufages, afin d’avoir des exemples qui piffent fervir de regle , & aider à décider les doutes par ana logie & par imitation, On dit donc: APRÈS UN NOM SUBSTANTIF. Air a chanter, Billes à ordre, c’eft-à-dire , payable a ordre. Chaife à deux. Doute à éclærcir. Entreprife a exécuter, Femme à lahotte À ( au vocatif ). Grenier a el. Habit à la mode. Inffrument a venr. Lettre de.change Al A \ i) . A 4 \ \ avée , à dix jours de ve. Mariere a procès. Nez à lu- nette. Œufs àlacoque. Plaine à perte de vie. Queflion à juger. Route à gauche. Vache à lait. À APRÈS UN ADJECTIF: Agréable à la vie. Bon à prendre & a Larffer. Con- graire à la fanté. Délicieux à manger. Facile a faire. Obfervez qu’on dit: / eff facile de faire cela. Quand on le veut il eft facile De s’affärer un repos plein d’appas. Quinault: La raïfon de cette différence eft que dans le der- nier exemple de n’a pas rapport à facile, mais à il ; il, hoc, cela, à favoir de faire, &c, eff facile, eft une chofe facile. Ainfi, 22, de s’affürer un repos plein d'ap- pas, eft le fujet de la propoñition, & eff facile en ef Pattribut. Qu'il eff doux de trouver dans un amant qu'ôn aime Un époux que l’on doit aimer ! ( Idem.) I1,àfavoir, de trouver un époux dans un amant, &c. eff doux, eftune chofe douce. (7. PROPOSITION). IL eff gauche à tout ce qu'il fait. Heureux à la guerre. Habile a deffiner , à écrire. Payable à ordre. Pareil à, &c. Proprea , &c. Semblablea, &c. Utile a la Jante, APRÈS UN VERRE. S’abañdonner à fes paflions, S’amufer à des bagatelles. Applaudir à quelqu'un. Aimer à boire , a faire du bien. Les hommes n'aiment point à admirer les autres ; ils cherchent eux-rnémes à être goñtés & a étre applaudis. La Bruyere. Aller d cheval, à califourchon , c’eft-à- dire , jambe deçà , jambe dela. S’appliquer a, &tc. S’at- tacher à , &cc. Bleffer à, il a été bleffé a la jambe. Crier à l'aide, au feu, au fècours. Confeiller quelque chofe à quelqu'un. Donner à boire à quelqu'un. Demander à boire. Etre a. Il eftà écrire, à jouer. Il eft a jeun. Il efta Rome. Il ef? à cent lieues. Il eff long-tems a verir. Cela ef? à faire , à taire , à publier, à payer. C’eft a vous & mettre le prix à votremarchandife. J'ai fait cela a votre sonfidération , à votre intention. Il faut des livres a votre fils. Joiera Colin Maillard , joter al'ombre, aux échecs. Garder à vie. La dépenfe fe monte a cent ècus , 6 la re- cerre a , &c. Monet a cheval. Payer a quelqu'un. Payer à vie, a jour marque. Perfuader a. Préter a. Puifer à la fource. Prendre garde à foi. Prendre à gauche, Ils vonturaà un, deux à deux , trois à trois. Voyons a qui l'aura , c'eft-à-dire , voyons a ceci, ( attendamus ad hoc nempe )a favoir qui l'aura. À AVANT UNE AUTRE PRÉPOSITION. À fe trouve quelquefois avant la prépofition de comme en ces exemples. Peut-on ne pas céder à de fi puiffans charmes ? Etc peut-onrefufer fon cœur A de beaux yeux qui le dernandent ? Je crois qu’en ces occafons il ya une ellipfe fyn- thétique. L’efprit eft occupé des charmes particuliers qui l'ont frappé ; & il met ces charmes au rang des charmes puiffans , dont on ne fauroit fe garantir. Peut-on ne pas céder à ces charmes qui font du nom- bre des charmes fipuiffans , &cc. Peut-on ne pas céder à l'attrait, au pouvoir de fi puiffans charmes ? Peut-on refufer fon cœur à ces yeux, qui font de la clafle des beaux yeux. L’ufage abrege enfuite l’expreffon, & introduit des facons de parler particulieres aux- quelles on doit fe conformer , & qui ne détruifent pas les regles. Aïnfi, je crois que deou des font todjours des pré- pofitions extraétives, & que quand on dit des Savans foätiennent, des hommes m'ont dit, &c. des Savans , des hommes, nefont pas au nominatif. Et de même quand ondit, j'ai vi des hommes , j'ai vû des femmes, &ç, des Tome I, À | hommes , des femmes, ne font pas à l’accufatif; car , fi Pon veut bien y prendre garde, on reconnoîtra que ex hominibus, ex mulieribus, &rc. ne peuvent être ni le fujet de la propoñtion, n1 le térme de l’ac- tion du verbe; & que celui qui parle veut dire , que quelques-uns des Savans fottiennent, &cc. quelques: uns des hommes , quelques-unes des femmes, difent , 6e: À APRÈS DES ADPFERBES. On ne fe fert de la prépofition 4 aprèsun adverbé; que lorfque ladverbe marque relation. Alors ad: verbe exprime la forte de relation, & la prépofñition indique le corrélatif. Ainfi, on dit conformément &, On a jugé conformément à l'Ordonnance de 1667. On dit aufli relativement à. D'ailleurs l’adverbe ne marquant qu’une circons< ftance abfolue & déterminée de l’aétion, n’eft pas fuivi de la prépofition %. À en des façons de parler adverbiales, & en celles qui Î . . . (4 Jont équivalentes à des prépofitions Latines, ou de quelqu'autre Langue. A jamais , à totjours. À l'encontre. Tour à tour, Pas à pas. Vis-a-vis. A pleines mains. À fur & à me Jure. À la fin, tandem , ahquando. C’eff-a-dire ; nem- pe, fcilicet. Suivre à la pifié. Faire le diable à quatre. Se faire tenir a quatre. À caufe, qu'on rend en latin par la propoñition propter. A raifon de. Jufqu’a, ou jufques a. Au-delà. Au-deffus. Au-défjous. 4 quoi bon, quor- sùm. 4 la vie, à la préfence, ou en préfence ; coram Telles font les principales occafons où l’ufage a confacré la prépofñition 4. Les exemples que nous ve- nons de rapporter, ferviront à décider par analogie les difficultés que l’on pourroit-avoir fur cette pré potion: Au refte là prépoñition az eft la même que la pré= poñition 4. La feule différence qu'il y a entre l’uné & l’autre, c’eft que 4 eft un mot fimple, & que ax eft un mot compofé. Ainfi il faut confidérer la prépofñtion 4 en deux états diférens, I. Dans fon état fimple: 1°. Rendez a Céfar ce qui appartient à Céfar; 29. fe prêter a l’exemple; 3°. {e rendre 4 la raïfon. Dans le premier exemple à eft devant un nom fans article. Dans le fecond exemple à eft fuivi de l’article mafculin , parce que le mot commence par une voyelle: & lexemple, & Pefprit, à l'amour. Enfin dans le dernier, la prépo- fition 4 précede l’article féminin, 4 la raïon, a Pau torité. | I. Hors de ces trois cas, la prépofition 4 devient un mot compofé par fa jon@ion avec l’article Ze ow avec l’article pluriel 4es. L'article Z à caufe du fon fourd de l’e muet a amené az , de forte qu’au lieu de dire & Le nous difons az, fi le nom ne commence pas par une voyelle. S’adonner au bien ; & au pluriel au lieu de dire & Les, nous changeons / en x, ce qui arrive {ouvent dans notre Langue, & nous difons aux, foit que le nom commence par une voyelle ou par une confonne : aux hommes , aux femmes, &ce ainfi az eft autant que 4 Le, & aux que à Les. À eft aufi une prépofition inféparable qui entre dans la compofñition des mots: donner, s’adonner » porter ; apporter ; mener , amener , ËLC. CE qui fert ou à l’énergie , ou à marquer d’autres points de vie ajotl tés à la premiere fignification du mot. … Il faut encore obferver qu’en Grec 4 marque 1. Privation, & alors on l'appelle a/pha privatif, ce que les Latins ont quelquefois imité , comme dans amens qui eft compofé de mens, entendement , intel- ligence , & de lalpha privatif. Nous ayons confervé plufieurs mots où fe trouve l'alpha privatif, comme amazone , afyle, abyfme, &c. Palpha privatif vient de la prépoñition #7:p ; fine, fans, Re 1] 4 A . 2. À eñ compofition marque axgmerèarion, Sralors il vient de ya, beaucoup. 3.. A avec un accent circonflexe & un efprit doux à marque admiration, defir, furprifé, comme notre ah ! ou ha ! vox quiritantiss, optantis, adimirantis ; dit Robertfon, Ces divers ufages de l’z en Grec ont donné lieu à ce vers des Racines Greques À fait un, prive, augmente, admire. En terme de Grammaire, & {ur-tout de Gram- maire Greque, on appelle 4 pur un + qui feul fait une fyllabe comme en qixia , amiciia. (F) A, étoit une lettre numérale parmi les Anciens. Baroniusrapporte des vers techniques qui expriment la valeur de chaque lettre de l’alphabet. Celui-c1, Poffidet À numeros quingentos ordine recto. marque que la lettre À fignifioit cirq cens ; furmon- tée d’un titre ou ligne droite, de cette façon (A), elle fignifioit cng mille. _ Les Anciens proprement dits ne firent point ufage de ces lettres numérales, comme on le croit com- munément. Ifidore de Séville qui vivoit dans le fep- tieme fecle aflüre expreflément le contraire ; Latini dutem numcros-ad litteras hon computant, Cet ufage ne fut introduit que dans les tems d’ignorance. M. Du- cange dans fon Gloffaire explique au commence- ment de chaque lettre quel fut cet ufage, & la plû- part des Lexicographes l’ont copié fans l'entendre, puifqu'ils s'accordent tous à dire que Pexplitation de cet ufage fe trouve dans Valerius Probus , au eu que Ducange a dit fimplement qu’elle fe trouvoit dans un Recueil de Grammairiens, du nombre def- quels eft Valerius Probus. Habetur verd illud cum Fa- derio Probo . .. & aliis qui de numeris [cripferunt editum inter Grammaticos antiquos. Les Hébreux, les Arabes emploient leur aleph, & les Grecs leur alpha qui sépond à notre À, pour défigner le nombre 1. & dans ic langage de l’écriture a/pha fignifie le commence- ment & le principe de toutes chofés, Ego Jum alpha; &c. (G) | > À, lettre fymbolique, étoit un hiéroglyphe chez les anciens Egyptiens , qui pour premuers caraéteres employoient ou des figures d’animaux ou des fignes qui en marquoient quelque propriété. On croit qué celle-ci repréfentoit l’Ibis par l’analogie de la forme triangulaire de l’A avec la marche triangulaire de cet oïfeau. Ainfi quand lés caraéteres Phéniciens qu’on attribue à Cadmus furent adoptés en Egypte, la let- tre À y fut tout à la fois un caraétere de l'écriture {ymbolique confacrée à la Religion, & de l'écriture commune uftée dans le commerce de la vie. (G) À , numifmatique ou monétaire, fur le révers des anciennes médailles Greques , fignifie qu’elles fu- rent frappées dans la ville d’Argos, & quelquefois dans-celle d’Athenes: Dans les médailles confulaires cette lettre défigne pareïllement le lieu de la fabri- que ; dans celles dés Empereurs, il fignifie communé- ment Auguflus. Dans le revers des médailles du bas Empire , qui étoient véritablement des efpeces de monnoies ayant cours , & dont le peuple fe fervoïit ; À eft la marque ou de la Ville, comme Antioche , Ar: les, Aquilée , où il y avoit des Hôtels des Monnoies, où fignifie le nom du monétaire. Dans nos efpeces d’or & d'argent cette lettre eft la marque de la mon- noie de Paris; & le double AA celle de Metz. (G) À , lapidaire, dans les anciennes infcriptions fur des marbres, 6c. fignifoit Augwflus, Ager, atunt, &c. felon le fens qu'exige le reîte de l’infcription. Quand cette lettre eft double , elle fignifie Azgufh ; triple, elle veut dire euro, argento, ære. [fidore ajoûte que lorfque cette lettre fe trouve après le mot rz/es, elle fignifie que le foldat étoit un jeune homme. On trouve dans des infcriptions expliquées par d’habiles Antiquaires À rendu par ane, & felon eux , ces deux lettres À D équivalent à ces mots ame diem, (G) À, loire de fuffrage ; les Romains fe fervoient de cette lettre pour donner leurs fuffrages dans les af: femblées du peuple. Lorfqu’on propofoit une nou-. velle loi à recevoir, on divifoit en centuries ceux qui devoient donner leurs voix, & l’on diftribuoit à cha- cun d'eux deux ballotes de bois, dont l’une étoit mar: quée d’un À majufcule qui fignifioit anriquo où anti- quam volo ; Vautre étoit marquée de ces deux lettres UR , zx rogas. Ceux qui s’oppofoient à l’établifle- ment de la loi jettoient dans l’urne la premiere de cés ballottes, pour fignifier, je rejette la loi, ou je m'en tiens a l'ancienne. ( & | À , figne d’abfolution ; chez les Romains dans les caufes criminelles, étoit un figne pour déclarer in- nocente la perfonne accufée; C’eft pourquoi Cicerort dans l’oraifon pour Milon , appelle A une lettre fa- vorable, Zirtera falutaris. Quand il $’agifloit d’un ju- gement pour condamner ou renvoyer quelqu'un ab= fous, on diftribuoit à chaque Magiftrat ou à chaque opinant trois bulletins, dont l’un portoit un A qui vouloit dire abfolvo, j’abfous; l’autre un C qui mar- quoit cordemno, je condamne ; & fur le troïfieme il y avoit une N & une L, ron liquet, c’eft-à-dire, Le fair où le crime en queflion ne me parois pas évident. Le Préteur prononçoit felon le nombre des bulletins qui fe trous voient dans l’urne. Le dernier ne fervoit que quand. Paccufé n’avoit pas pü entierement fe juftifier, & que cependant il ne paroïffoit pas abfolument coupable ; c’étoit ce que nous appellons #7 plus amplement infor- mé, Mais file nombre de ces trois bulletins fe trouvoit parfaitement égal, les Juges inclinoïent à la douceur, & l’accufé demeuroit entierement déchargé de l’ac- cufation. Ciceron nous apprend encore que les bulle- tins deftinés à cet ufage étoient des efpeces de jet- tons d’un bois mince, poli, & frotés de cire fur laz quelle étoient infcrites les lettres dont nous venons, de parler, ceratam unicuique tabellam dari cer& lepiri- ma. On voit la forme de ces bulletins dans quelques anciennes médailles dela famille Cafña, 7. JETTONS, (G). * *4 cogritionibus. Scorpus fameux Agitateur du cir: que eft repréfenté,dans un monument,courant à qua tre chevaux, dont onlit les noms avec celuide Scor- pus. Sur le bas du monument, au haut , Abafcantus eft couché fur fon féant , un génie lui foûtient la tête ; un autre génie qui eft à fes pieds tient une torche allu- mée qu'il approchede la tête d’Abafcantus. Celui-ci a dans la main droite une couronne , & dans la gauche une efpece de fruit : l’infcription eft au-deflous.en ces termes: DiisManibus: Titi Flavi Augufh liberti Abafcanti à cogaitionibus, Flavia Hefperis conjugti [uo bene merenti fecir, cujus dolore nihil habui nift morus. « Aux Dieux » Manes : Flavia Hefperis, époufe de Titus Flavius » Abafcantus affranchi d’Augufte & fon commis ; æ » fait ce monument pour fonmari, qui méritoit bien | » qu’elle lui rendit ce devoir. Après la douleur de cet- » te perte, la mort fera ma feule confolation ».On voit. qu'a cognitionibus marque certainement un office de conféquence auprès de l’Empereur.C’étoitalors Tite ou Domitien qui régnoit. Mais 4 cognitionibus eft une expreffion bien générale, & il n’eft gueres de Charge un peu confidérable à la Cour, qui ne foit pour con- noître de quelque chofe. M. Fabretti prétend qu'a co4 gnitionibus doit s'entendre de l’infpeétion fur le Cir- que, & ce qui concernoit la courfe des chevaux ; ik {e fonde fur ce qu'on mettoit dans ces monumens les: inftrumens qui étoient de la charge ou du métier dont 1l étoit queftion. Par exemple, le muid avec l’Edile, les ventoufes & les ligatures avec les Mede= cins, le faifceau avec le Liéteur, &c. d’où ilinfere que la qualité donnée à Abafcantus eft défignée, par le quadrige qui eft au bas du monument. Mais il ne faut prendre ceci que pour une conjeéture qui peut être ou vraie ou faufle, La çcoûtume de défigner læ 14 A qualité de l’homme par les accefloires dû monument, eft démentie par une infinité d’exemples. On trouve. (dit le P. Monfaucon) dans un monument un Lu- cius Trophymus affranchi d’Augufte, qualifié a vefle € à lacuné, Intendant de la garde-robe, avec deux arcs dont la corde eît caffée, deux torches, & un pot ; & ce fçavant homme demande quel rapport il y a entre ces accefloires & la qualité d’Intendant de la garde-robe : c’eft un exemple qu'ilkapporte contre l'opinion de Fabretti; mais je ne le trouve pas des mieux choifis , & l’on pourroit aflez aifément donner aux arcs fans cordes & au refte desaccefloires un fens. qui ne s’éloigneroit pas de la qualité de Trophymus. Un Intendant de la garde-robe d’un Romain n’avoit gueres d'exercice qu’en tems de paix : c’eft pourquoi on voit au monument de celui-ci deux arcs fans cor- des, ou ce qui éft mieux, avec des cordes rompues ; les autres fymboles ne font pas plus difficiles à inter- préter. Mais l'exemple fuivant du P. Montfaucon me femble prouver un peu mieux contre Fabretti ; c’eft un Ædituus Martis ultoris repréfenté avec deux oi- feaux qui boivent dans un pot. Cela n’a gueres de rapport avec l'office de Sacriftain de Mars. Mais con- noiflons-nous affez bien l'antiquité pour pouvoir af- fürer qu'il n’y en a point? Ne pouvoit-il pas facile- ment y avoir quelque fingularité dans les fonétions d'un pareil Sacriftain ( c’eft le mot du P. Montfau- con ) à laquelle les oïfeaux qui boivent dans un pot feroient une allufon fort jufte ? & la fingularité ne pourroit-elle pas nous être inconnue } n’admirons- nous pas aujourd’hui, ou du moins ne trouvons-nous pastrèsintelligibles des figures fymboliques dans nos monumens, qui féront très-obfcures, & qui n'auront pas même le fens commun pour nos neveux quine deront pas aflez inftruits des minuties de nos petits iulages, & de nos conditions fubalternes ; pour en fentir l’à propos, rer . ŸA curé amicorum. On lit dans quelques infcrip- tions fépulchrales le titre de 4 CURA AMICORUM. Titus Calius Tia filius, Celer, A CURA AMICORUM AUGUSTI, Prefeëlus legionis decime falütaris, Medio- anatricum civitas bene merenti pofuit. Dans une autre : Silvano facrum fodalibus ejus ; & Larum donum pofuit Tiberius Claudius Augufli Libertus Fortunatus A CURA AMICORUM , idemque dedicavit. Ailleurs encore : Æf- culapio Deo Julius Onefimus Augufli Libertus À CURA AMICORUM , voto fufcepto dedicavit lubens merito: Je n’entends pas trop quelle étoit cette Charge chez les Grands à curé amicorum , dit Gruter. Mais, ajoü- te le P, Montfaucon , on a des infcriptions par lef- quelles 1l paroïît que c’étoit une dignité que d’être leur ami & de leur compagnie ; d’où il conclud qu'il fe peut faire que ces affranchis qui étoient & curd amicorum, priflent foin de ceux qui étoient parve- . nus à cette dignité. Ces ufages ne font pas fort éloi- gnés des nôtres ;. nos femmes titrées ont quelquefois des femmes de compagnie ; &1l y a bien des maïfons où l’on attache tel on tel domeftique à un ami qui furvient ; & ce domeftique s’appelleroit fort bien em latin à curé amici. " _ À, dans. les Ecrivains modernes ; veut dire auffi l'an , comme À. D.arzrzo Domini, Van de Notre Sei- gneur : les Anglois fe fervent des lettres À. M. pour dure Artium Magifter, Maître ès Arts. Voyez CARAC: TERE, (G). À, dans le calendrier Julien , eft-aufi la premiere: des {ept lettres dominicales, Voyez DOMINICAL. Les Romains s’en étoient fervis bien:avant le tems. de Notre Seigneur : cette lettre étoit la premiere des huitlettres nundinales ; & ce fut à l’imitation de cet ufage , qu'onintroduifit les lettres dominicales. (G) .… À. D. épiflolaire; ces deux caraéteres dans-les Lettres que s’écrivoient les Anciens , fignifioient are, diem, Des Copiftes ignorans en ont fait tout fimple-, À. mént la prépoñtion ad , & 6nt écrit 24 1v. Kalèrid. ad Vi. Îdus, ad 111. Non. &c. au lieu d’arte diem 1v; Kalend, ante diem va. Idus , &c. ainfi que Le remarque Paulmance. On trouve dans Valerius Probus À, D.P, pour ae diem pridie. (G) - * À défigne une propofition généralé affirmative. Afferic À... verum generaliter:.. À affirme, mais géné- ralement ; difent les Logiciens. Voyez l’ufage qu'ils font de cetté abbréviation à l’article SYLLOGISME. * À, figne des paffions ; felon certains Auteurs, eft relatif aux paflions dans les anciens Diale@tes Grecs, Le Dorien, où cette lettre fe répete fans cefle ,a quel- que chofe de mâle & de nerveux , & qui convient aflez à des Guerriers. Les Latins au contraire em- ploiént dans leur Poëfie des mots où cette lettre do mine ; pour éxprimer la douceur. Mollia lureola pin- git Vaccinia caltha. Vixg. Parmi les peuples de PEurope, les Efpagnols & les Italiens font ceux qui en font le plus d’ufage, avec cette différence que les premiers retplis de fafte & d’oftentation , ont continuellement dans la bouche des 4 emphatiques ; au lieu que les x des terminai- {ons Italiennes étant peu ouverts dans la prononcia- tion , 1ls ne refpirent que douceur & que mollefe, Notre Langue emploie cette voyelle fans aucune affectation. ah 65 7 À , eftauffi une abbréviation dont on fe fert en dif: férens Arts & pour différens ufages: Voyez ABBRÉ- VIATION. (YF 2 mn - ! . AAA, chez les Chimiftes,, fignifie une amalga- me, ou l'opération d’amalgamer, Ÿ, AMALGATION 6 AMALGAME. (M) A,a,ouaa;onfe fert de cette abbréviation er Medecine pour 4e , c’eft-à-dire , pour indiquer une égale quantité de chaque différens ingrédiens énon- cés dans une formule. Ainfi 22 huris, myrrhæ, alumi- nis a Dj, eft la même chofe que 2 rhuris,myrrhe, alu- minis, ana Dj. Dans l’un & lPautre exemple 4,4 à & ana, fignifient parties égales de chaque ingrédient. veut dire, prenez de l’encens, de la myrrhe, de l'aluns de chacun un [crupule. . Cette, fignification d’aza ne tire point fon origine d’un caprice du prémier Médecin qui s’en eff fervi , & ce n’eft point l’autorité de fes, fuccefleurs. qui en. a prefcrit la valeur & l’ufage. La propofition ve chez les Grecs fe prenoit dans le même fens que dans les Auteurs de Medeciné d'aujourd'hui. Hippocrate dans fon Traité des Maladies des Fétn- mes, après avoir parlé d’un peflaire qu'il recom- mande comme propre à la conception, & après avoir fpécifé les drogues ; ajoute avæ d6ono éxaçor, c’eft+ a-dire , de chacune nne dragme, Voyez ANA. (N) À. Les Marchands Négocians , Banquiers , & Te: neurs de Livres ; fe fervent de cette lettre; ou feu- le , ou fuivie de quelques autres lettres aufli initia- les, pour abrèger des façons de parler fréquentes dans le Négoce, & ne pas tant employer. de tems m de paroles à charger leurs Journaux, Livres de comptes ,ouautres Regiftres: Ainfi [4 mis tout feul ; après avoir parlé d’une Lettre de change ; fignifie ac- cepté. À.S,P. accepté fous protér. À,S,. P. C .aécepté fous … protét pour mettre à éompte. À.P. à protefier. (G ) . X A, caraëteré alphabétique. Après avoir donné les différentes fignifications de la lettre 4, il ne nous tefte plus qu'à parler de la maniere de le tracer. L’a dans l'écriture ronde-eft un compofé de trois demi-cereles, ou d’un o rond & d’un demi o, obfer- vant les déliés.& les pleins: Pour fixer le lieu des dé- liés & des pleins, imaginez un rhombe fur un de ces côtés ; la bafe &rle côté fupérieur ; & le parallele à læ bafe,ymarqueront le lieu des déliés ; & les deux autres côtés marqueront le lieu des pleins. #, RHOMBE. Dans la coulée, Paz eft éompofé de trois demi cercles ; on plütôt ovales ; ou d’un o coulé, & dur demio coulé : quant au lieu des déliés & des pleins, ils feront déterminés de même que dans la ronde : mais 31 faut les rapporter à un rhomboïde, Foyez RHOMBOIDE. Dans la grofle bâtarde , il eft fait des trois quarts d’un e ovale., & d’un trait droit d’abord, mais terminé par une courbe , qui forme l’z en achevant l’ovale. La premiere partie, foit ronde, foit ovale de l’a, fe forme d’un mouvement compofé des doigts & du poignet ; & la feconde partie , du feul mouvement des doigts , excepté fur la fin de la courbure du trait qui applatit, foit lo, foit l’ovale, pour en former Pa, . où le poignet vient un peu au fecours des doigts. F7. fur ces lettres nos Planches , € fur Les autres fortes d’é- critures , les Préceptes de MM. Rofallet & Durel. * A, f. petite riviere de France, qui a fa fource près de Fontames en Sologne. À À *AA , f. f. riviere de France, qui prend fa fourcé dans le haut Boulonnoïs , fépare la Flandre de la Pi- cardie, & fe jette dans l'Océan au-deffous de Grave- lines. Il-ya trois rivieres de ce nomdans le Pays bas, trois en Suifle, & cinq en Weftphalie. AABAM , f. m. Quelques Alchimiftes fe font fervi de ce mot pour fignifier le plomb. Voyez PLoms. SATURNE. ACGIB. ALABARIC. (M *AACH ou ACH , ff. petite ville d'Allemagne dans Le cercle de Souabe, près de la fource de l’Aach, Long. 26. 57. lat. 47. 55. *AAHUS , f. petite ville d'Allemagne dans le cer- cle de Weftphalie, capitale de la Comté d’Aahus. Long. 24. 36. lat. 52. 10. *AAM , {. mefure des Liquides, en ufage à Am- fterdam : elle contient environ {oixante-trois livres, . poids de marc. *AAR , f. grande riviere qui a fa fource proche de celle du Rhin, au mont de la Fourche , & qui tra- ver{e la Suifle depuis les confins du Valais juiqu’à la Souabe. * AAR , f. riviere d'Allemagne qui a fa fource dans l’Enfel , & qui {e jette dans le Rhin près de Lantz. *AA ou AAS , Î, ou FONTAINE DES ARQUEBUSA- DES. Source d’eau vive dans le Béarn, furnommée des Arquebufades , par la propriété qu’on lui attribue de foulager ceux qui ont reçu quelques coups de feu. *AAS ou AASA , Fort de Norwege dans le Bail- liage d’Aggerhus. | AB ABA AB , f. m. onzieme mois de l’année civile des Hé- breux , & le cinquieme de leur année eccléfiaftique, qui commencé au mois de Nifan. Le mois #b répond à la Lune de Juillet , c’eft-à-dire à une partie de notre- mois du- même nom & au commencement d’Août. Il'a trente jours. Les Juifs jeûnent le premier jour de ce mois, à caufe de la mort d’Aaron , & le neuvie- me, -parce qu’à pareil jour le Temple de Salomon fut brûlé par les Chaldéens ; & qu’enfuite le fecond Tem- ple bâti depuis la captivité, fut brûlé par les Ro- mains! Les Juifs croyent que ce fut le même jour que les Envoyés qui avoient parcouru la Terre de Chanaañ, étant revenus au camp, engagérent le peu- ple dans la révolte. Ils jeûinent auffi cejour-là en mé- moire de la défenfe que leür ft l’Empereur Adrien de demeurer dans la Judée, & de regarder même de loin Jérufalem , pour en déplorer la ruine. Le dix-huitie- me jour du‘même mois , ils jelnent à caufe que la lampe qui étoit dans le Sanétuaire, fe trouva éteinte cette nuit, du tems d’Achaz. Dicfion. de la Bibl. tom. FE. pag, 41 dé * Les Juifs qui étoient attentifs à conferver la mé- À B À ! moire de tout cé qui leur arrivoit, avoient encore ur jeûne dont parle le Prophete Zacharie, inftitué en mé: moire & en expiation du murmure des [fraëlites dans le défert, lorfque Moyfe eut envoyé de Cadesbarné des efpions dans la Terre promufe. Les Jinfs difent aufi que dans ce mois les deux Temples ont été rui= nés, & que leur grande Synagogue d'Alexandrie fut difperfée. L’on a remarqué que dans ce même mois ils avoient autrefois été chaflés de France , d’Angle- terre & d'Efpagne. (G ) AB , {. m, en Langue Syriaque eft le nom du der: nier mois de l’Eté. Le premier jour de ce mois eft nommé dans leur Calendrier Saurm-Miriam , le Jeûne de Notre-Dame ; parce que les Chrétiens d'Orient jeünoient depuis ce jour jufqu’au quinze du mêmé mois, qu'ils nommoiïent Fashr-Miriam, la ceffation du Jeûne de Notre-Dame, 2) Herbelor, Bib.Orientale.(G) AB,f.m. en hébreu fignifie pere ; d’où les Chaldéens & les Syriens ont fait abbe, Les Grecs abbas, confervé par les Latins , d’où nous avons formé le nom d’.48- bé. Saint Marc & Saint Paul ont employé le mot fy- riaque ou chaldaïque «bbz , pour fignifier Pere | par= ce qu'il étoit alors commun dans les Synagogues & dans les premieres aflemblées des Chrétiens, C’eft pourquoi abba Pater dans le 14° chap. de Saint Marc, & dans le 8° de Saint Paul aux Romains, n’eft que le même mot expliqué , comme s'ils difoient : 4b« ba, c’eft-à-dire , mon pere. Car comme le remarque S. Jerôme dans fon Commentaire fur le iv chap. de lPEpitre aux Galates , les Apôtres & les Evangéliftes ont quelquefois employé dans leurs Ecrits des mots fyriaques , qu’ils interprétoient enfuite en Grec, par- ce qu'ils écrivoient dans cette derniere Langue. Aïnf ils ont dit Bartimée , fils de Timée ; afer, richefles ; où fils de Timée | & richefles , ne {ont que la verfion pure des mots qui les précedent. Le nom d’4bba en Syria- que qui fignifoit un pere naturel , a été pris enfuite pour figmifier un perfonnage , à qui l’on voueroit le même refpeét & la même affeétion qu'à un pére na- turel. Les Doëéteurs Juifs prenoient ce titre par or- gueil ; ce qui fait dire à J. C. dans S. Matthieu, ch: 23. N'appellez perfonne [ur la terre votre pere, parce que vous n'avez qu'un pere qui ef? dans le ciel, Les Chrétiens ont donné communément le nom d’4hbé aux Supé- rieurs des Monafteres. Voyez ABBÉ. (G) : *ABA , f. ville de la Phocide, bâtie par les Abana tes , peuples fortis de Thrace , nommée Aba d’Abas leur Chef, & ruinée , à ce que prétendent quelques- uns, par Xercès. * ABACA, f. Il ne paroït pas qu’on fache bien prés cifément ce que c’eft. On lit dans le Diétionnaire dut Commerce, que c’eft une forte de chanvre ou de lin qu'on tire d’un platane des Indes ; qu'il eft blanc ou gris; qu'on le fait roiür ; qu’on le bat comme notre chanvre ; qu’on oudit avec le blanc des toiles très: fines , & qu’on n’emploie le gris qu'en cordages & cables. ne *ABACH , f. petite ville d'Allemagne dans la baffle Baviere, que quelques Auteurs donnent pour le chä- teau d’Abaude. Long. 29. 40. lat: 48. 52. ABACO , f. m. Quelques anciens Auteurs fe fer- . vent de ce mot, pour dire lArirhmeérique. Les Italiens s’en fervent auffi dans le même fens. Voyez ABAQUE & ARIFHMÉTIQUE, (ON - * ABACOA , f. Ile de l'Amérique feptentrionale, l’une des Lucayes. ee *ABACOT , £. m. nom de lPancienne parure de . tête des Rois d’Angleterre ; fa partie füpérieure for- moit une double couronne. Voyez Dyche. * *ABADA., f. m. c’eft, diton, un animal qui {e- trouve fur la côte méridionale de Bengale, qui a deux cornes , l’une fur le front, l’autre fur la nu- | que du cou; qui eff de la groffeur d’un poulain dé . deux ans ; & qui a la queue d’un bœuf, mais un peu ABA moinslongue ; le crin & la tête d’un cheval , mais! le crin plus épais &plusœude, & la téte:plus plate: & plus courte; les pieds du cerf, fendus ; mais: plus gros, Onajoûte.que de fes deux cornes, celle dur. front eft longue de:trois ou quatre pieds , mince , de l’épaifleur de lajambe humaine vers la racine; qu’elle: eft aiguëéparla pointe , & droite dans la jeunefle de: l'animal, mais qu’elle fe recourbe en-devant ; & que: celle de la nuque ducoueft plus courte & plus pla- te. Les Neores Le tuent pour lui enlever fes cornes ; wilsiregardent comme un fpécifique , non dans plufieurs maladies, ainf qu’on lit dans quelques Au teurs, mais en général contre les venins & les poi- fons,\Il:y auroit de la témérité fur une pareille def: cription à-douter que l’Abada ne foit un animal réel ; refte à.fçavoir s’il en. eft fait mention dans quelqué: Naturalifte moderne , inftruit & fidele , ou fi par ha= ard tout ceci ne feroit appuyé que fur le témoigna- ge quelque voyageur. Foyez Vallifneri, som. 3.p. 307: | PAT … *ABADDON, f. m. vient d’abad , perdre. C’eft le nom que S. Jean donne dans l’Apocalyp{e au Roi des fauterelles, à l’Ange de l’abyfme, à l’Ange exter- minateur. | | .ABADIR oz ABADDIR ; f. m. mot com- poié de deux termes Phéniciens. Il fignifie Pere ma- grifique , titre que les Carthaginoïs donnoient aux Dieux du premier ordre. En Mythologie , abadir eft le nom d’une pierre que Cibele ou Ops , femme de Sa- turne , fit avaler dans des langes à fon mari , à la pla- ce de l'enfant dont elle étoit accouchée. Ce mot fe trouve corrompu dans les glofes d'Ifidore, où on lit Agadir lapis. Barthius le prenant tel qu'il eft dans Ifi- dore, le rapporte ridiculement à la Langue Alleman- de. Bochaït a cherché dans la Langue Phénicienne: FPorigine d’abadir, & croit avec vraiflemblance qu’il figniñe wre pierre ronde ; ce quiquadre avec la figure décrite par Damafcius. Des Anciens ont cru que cette pierre étoit le Dieu Terme: d’autres préten- dent que ce mot étoit jadis fynonyme à Dieu. (G) _ *ABACUZ, f. m. pris adje@. ce font les biens de ceux qui meurent fans laïffer d’héritiers , foit par teftament, foit par droit lignager, ou autrement , & dont la fucceflion pañloit, à ce que dit Ragueau, feion l’ancienne Coûtume du Poitou, au bas Jufti- cier de la Seigneurie dans laquelle ils étoient décé- dés. (A) : ABAJOUR , f. m. nom que les Architettes don- nent à une efpece de fenêtre ou ouverture deftinée à éclairer tout étage foûterrain à l’ufage des cuifi- nes, offices , caves, Gc. On les nomme commu- nément des foupiraux : elles reçoivent Le jour d’en- haut par le moyen de l’embrafement de l'appui qui eft en talus ou glacis , avec plus ou moins d’incli- naïfon , felon que lépaifleur du mur le peut per- mettre : elles font le plus fouvent tenues moins hau- tes que larges. Leurs formes extérieures n'ayant au- cun rapport aux proportions de l’architeture , c’eft dans ce feul genre de croifées qu’on peut s’en difpen- fer , quoique quelques Architettes ayent affeété dans l’ordre attique de faire dés croifées barlongues, à limitation des Abajours ; comme on peut le remar- quer au Château des Tuileries du-côté de la grande Cour : mais cet exemple eft à éviter , n'étant pas rai- fonnable d’affedter-ià une forme de croïfée , pour ainfi dire confacrée aux foûpiraux dans les étages fu- périeurs, On appelle auf ferérres en abajour,, le grand vi- trail d'une Eglife, d’um grand Sallon ou Gallerie, lorfqu’on eft obligé de pratiquer à cette croïfée un glacis à la traverfe fupérieure ou inférieure de fon embrafure, poux raccorder l'inégalité de hauteur qui peut fe rencontrer entre la décoration intérieure ou extérieure d’un Edifice ; tel qu’on le remarque aux. f G À \ f ET À 3 { Invalides; ati Vefhibule ,18c à: 14 galerie du Château À de Clagnys:(P) UE ve Dre À | ABÂISIR, f. mQuelques Alchiiniftes fe font fer vis . de ce mot pour fignifier /podiin. Foyez; SPonium, *ABAISSE , f. f. c’eft le-nom que les Pâtifiers . donnent à la pâte qu’ils ont étendue fous le rouleau } . &c dontals font enfüite le fond d’un pâté, d’une tour. te, êt autres) pieces femblables: . ABAISSÉ 3 adjeét. defcendu phis bas, Ce terme; . fuivant Nicod';'a pour étymologie Cale, bafe fon 1 derent, -ABAISSÉ , ex.terme de Blafon , {e dit du ol ott | desrailes des Aigles, lorfque lé bout de leurs ailes eff: : en embas êr vers la pointe de l’écu ; ou qu’elles font , pliées ; au lieu que leur fituatiôn naturelle eft d’être ouvertes & déployées, de forté qué les bouts téndént … vers les angles ou le chef de Péair. Voyez Vot. Le chevron, le pal, la bande, font auffi ditsa/aift Jés, quand la pointe finit au cœur de l'écu ou au-def. fous: Foyez CHEVRON, PAL, Ge, On dit aufli qu'une piece eft ahaiffée, lorfqu’elle eft au-deflous de fa fituation ordinaire. Ainfiles Com mandeurs de Malte qui ont des chéfs' dans leurs Ara moiries de Famille, font obligés de Les abaifler fous celui de la Religion. Ja. François de Boczoffel Monsontiér , Chevalier de POrdre de Samt Jean de Jérufalem | Commandeur de Saint Paul , Maréchal de fon Ordre, &' depuis Bailli de Lyon. D'or au chef échiqueté d’argent & d'azur de deux tires, abaiffé fous un autre chef des armoiries de la Religion de Saint Jean de Jerufalem, de gueules à la croix d’argent. ( ABAISSEMENT , f. m. (des Equations ) en Alge: bre, fe dit de la rédu@ion des Equations au moindre degré dont ellesfoient fufceptibles. Ainfi l’Equation a5+axx=bx qui paroît du 3° désré , fe réduit ou s’abaïfie à une Equation du 24 dégré xx—+ax=bx , en divifant tous les termes par +. De même l’Equation. zh aaxx= 44, qui paroït du 4° degré, fe réduit au 29, en faifant xx —47; car elle devient alors aazz+ ai; at, ou? +az—=aa. Voyez DEGRÉ, ÉQUATION. RÉDUCTION, &c, ABAISSEMENT du Pole. Autant on fait de che- min en degrés de latitude, en allant du Pole vers l’'E- quateur , autant eft grand le nombre de degrés dont le Pole s’abaïfle ; parce qu'il devient continuellement plus proche de l’horifon. Voyez ÉLÉVATION du Pole, ABAISSEMENT de l’Honifon vifible , eft la quantité dont l'Horifon vifible eft abaïflé au-def- {ous du plan horifontal qui touche la Terre. Pour faire entendre en quoi confifte cet abaïflement ; foit C le centre de la Terre repréfentée ( Fig. 1. Géog. } par le cercle où globe BEM. Ayant tiré d’un point quelconque À élevé au-deflus de la furface du globe, les tangentes AB, AE, & la ligne AOC , il eft évi- dent qu’un fpeétateur , dont l'or feroit placé au point À , verroit toute la portion B O E de la Terre termi- née par les points touchans B , E; de forte que le plan B E:eft proprement l’horifon du fpeétateur placé em À. Voyez HORISON. Ce plan eft abaïfé de la diftance O G., au-deffous du plan horontal FOD qui touche la Terre en O ; & fi la diftance À O eft aflez petite par rapport au rayon de la Terre , la ligne O G eft prefque égale à la ligne À O. Donc, fi on a la diftance AO , où Pélévation de l’œil du fpeîateur, évaluée en pieds, on trouvera facilement le finus verfe O G de l'arc OE. Parexemple,, foit AO= ÿ pieds, le finus verfe OGdel’arcO E , fera donc de ; pieds, le finus total ou rayon de la Terre étant de 19000000 piés en nombres ronds : ainfi on trouvera que l'arc O E eft d'environ 2 minutes & demie ; par conféquent l’arc BOE fera de j minutes : & çomme un degré de da 8 ABA Terre eft de 24 lieues, il s'enfuit que fi la Terre étoit! ‘parfaitement ronde & unie fans aucunes éminencés,, : : ‘un homme detaille ordinaire devtoit découvrir à la diftance d'environ deux lieues autoër.de li, ou une fieue à la ronde : à la hauteur de 20 piés , l'œil de- “vroit découvrir à.2.lieues à la fônie ; à la hauteur de Aÿ:piés 7 Heuess-Gend 00 pntente … Les montagnes "it quelquefois que l’on découvre plus loin ou pi: ;'rès que les diftances précédentes. Parexemple, la montée N L'(Hig.l.n° 2, Géog. ) placée. entre À & le poïht #?,-fait que le fpetateur À ne fauroit voir la partie NE:.8& au contraire la. montagne PQ: placée au-delà de B,, fait que ce mê- me fpectateur peut voir les objets teralyes fitués. au-delà de B , & placés fur cette montagne xiwslef- fus du rayon vifuel AB. | par l’arc de cercle vertical, quife trouve au-deffous de l’horifon , entre cette étoile & l’horifon. Voyez ÉTOILE, VERTICAL. (O0) ABAISSEMENT o4.ABATTEMENT , {. m. ez terme de Blafon, eft quelque chofe d’ajoûté à l’écu, pour en diminuer la valeur & la dignité, en con- féquence d’une aétion deshonorante ou tache infa- mante dont eft flétrie la perfonne qui le porte. Voyez ÂRME. | ; Les Auteurs ne conviennent pas tous qu'il y ait effeivement dans le blafon de véritables abatte- mens. Cependant Leigls & Guillaume les fuppofant réels, en rapportent plufieurs fortes. Les abattemens felon le dernier de ces deux Au- teurs, fe font ou par reverfion ou par diminution. La reverfion fe fait en tournant l’écu le haut en bas, ou en enfermant dans le premuer écuffon un fecond écuflon renverfé. La diminution , en dégradant une partie par lad- dition d’une tache ou d’une marque de diminution, comme une barre, un point dextre, un point cham- pagne, un point plaine, une pointe feneftre, & un I gouffet. Voyez chacun de ces mots à fon article. Il faut ajoûter qu’en ce cas ces marques doivent être de couleur brune ou tannée; autrement, au lieu d’être des marques de diminution, c’en feroit d'honneur. Voyez TANNÉ, BRUN. L’Auteur de la derniere Edition de Guillin rejette tout-à-fait ces prétendus ahatéemens comme des chi- meres : il foûtient qu'il n’y en a pas un feul exem- ple, & qu’une pareille fuppoñtion implique contra- diéion ; que les armes étant des marques de nobleffe & d’honneut, 22/£gnia nobilitatis 6 honoris, on 1 fauroit mêler aucune marque infamante, fans qu’el- les ceffent d’être des armes ; que ce feroit plûtôt des témoignages tobjouts fubfftans du deshonneur de celui qui les porteroit ; & que par conféquent on ne demanderoiït pas mieux que de fupprimer. Il ajoûte que comme l’honneur qu’on tient de fes ancêtres ne peut fouffir aucune diminution , il faut dire la même chofe des marques qui fervent à en conferver la mémoire; qu'il les faut laifler fans altération, ou les fupprimer tout-à-fait, comme on fait dans le cas du crime de lefe-Majefté , auquel cas on renverfe tota- lement l’écu pour marque d’une entiere dégradation. Cependant Colombines & d’autres rapportent quelques exemples contraires à ce fentiment. Mais ces exemples fervent feulement de monumens du reflentiment de quelques Princes pour des ofenfes commifes en leur préfence, mais ne peuvent pas être tirées à conféquence pour établir un ufage ou une pratique conftante, & peuvent encore moins autorifer des Officiers inférieurs, comme des Hé- rauts d'armes, à tenir par leurs mains des empreintes de ces armoiries infamantes. * En un mot les armes étant plütôt les titres de ceux qui n'exiftent plus que de çeux qui exiftent, il 1 tres L’abaiffement d'une étoile fous l’honifon eft mefurée | ABÀ : femble qu’on ne les peut ni diminuer nrabaïffers ée . feroit autant flétrir l'ancêtre que fon defcendant il |. ne peut donc avoir lieu que par rapport à des armes récemment accordées. S'il arrive que celui qui les ai obtenues vive encore, & démiente fes premieres ac tions par celles qui les fuivent, l’abaiflement 1e fera! par la fuppreflion de quelques caraëteres honotans mais non par l’introduétion de fignes difamans. (Y) - ABAISSER une équation, serme d’Algebre. Voyez ABAISSEMENT. ; ABAISSER eft aufli un serme de Géomérrie. Abaïf- fer une perpendiculaire d’un point donné hors d’une: . ligne, c’eft tirer de ce point une perpendicufaire fur la ligne. Voyez LIGNE 6 PERPENDICULAIRE. (O0) ABAISSER , C’eit couper, tailler une branche-près’ fe la tige d’un arbre. Si on abaifloit entierement ba tige de branches, cela s’appélleroit alors ravaler, Voyez RA: ALER. (K) Ta) ABAISSER , C'élt; ez serme de Fauconnerie, Oter quelque chofe de la :# on du manger de l’oifeau, pour le rendre plus léger 8 lus avide à la proie. ABAISSER marque parmi les Pâtifliers la facon qu'on donne à la pâte avec un ‘fouléau de bois qui l'applatit, & la rend aufli mince que l’on veut, {oit qw'on la deftine à être le fond d’un pâté , ou le deflus d’une tourte grafle, si ABAISSEUR , f. m. pris adj. ez Anatomie, eft le nom qu’on a donné à différens mufcles, dont Vac- tion confifte à abaïfler ou à porter en bas les parties auxquelles 1ls font attachés. Voyez MuscLe. ABAISSEUR de la levre fupérieure, eft un mufcle qu'on appelle aufli conftriéleur des ailes du nez où petit incifif. Voyez INCISIF. ABAISSEUR propre de la levre inférieure ou le quarré, eft un mufcle placé entre les abaïfleurs com- muns des levres fur la partie appellée Ze menton. Voyez MENTON. F ABAISSEUR de la machoire inférieure. Voyez DiGASTRIQUE. ABAISSEUR de l'œil, eft un des quatre mufcles de Poil qui le meut en bas. Voyez Œrz & Drorr. * ABAISSEUR des fourcils empêche les ordures d’entrer dans l'œil, & lui fournit une défenfe contre la lumiere trop vive, lorfque par la contraétion de ce mufcle les fourcils s’approchent de la paupiere in- férieure , & en même tems l’un de l’autre. ABAISSEURS de la paupiere inférieure : ils fervent à ouvrir l’œil. ABALIENATION, f. f. dans le Droit Romain ; fignifie une forte d’aliénation par laquelle les effets qu'on nommoit res mancipi, étoient transférés à des perfonnes en droit de les acquérir , où par une for- mule qu’on appelloit sraditio nexu, ou par une renon- ciation qu’on famoit en préfence de la Cour, Voyez ALIÉNATION. Ce mot eftcompofé de ab, &c alienare, aliéner. Les effets qu'on nomme ici res mancipi, & qui étoient lobjet\de l’abaliénation, étoient les beftiaux, les efclaves , les terres, & autres poffeffions dans l’en- ceinte des territoires de l’Italie. Les perfonnes en droit de les acquérir étoient les citoyens Romains , les Latins, & quelques étrangers à qui on permet- toit fpécialement ce commerce. La tranfa@tion fe fai- foit, ou avec la cérémonie des poids , & l'argent à la main, ou bien par un défiftement en préfence d’un. Magiftrat. ( 4) *ABANA, riviere de Syrie qui fe jette dans la mer de ce nom, après avoir arrofé les murs de Damas du côte du Midi, ce qui la fait appeller dans PEcri- ture riviere de Damas. | ABANDONNEÉ, adje@. ez Droir, {e dit de biens auxquels le propriétaire a renoncé {ciemment êc vo- lontaitrement, &c qu'il ne compte plus au nombre de fes effets, On AB A + On appelle aufli abandonnées, les terres dont la mer s’eft retirée, qu'elle a laïflées à fec, & qu'on pente vote En pen de c'e 2 = ABANDONNÉ eu bras féculier, c’eft-à-dire livré par les Juges eccléfiaftiques à la Juftice féculiere ; pour y être condamné à des peines afliéhves que les Tri- bunaux eccléfiaftiques ne fauroient infliger. (A) ABANDONNÉ, adj. épithete que donnent les | Chaïfleurs à un chien courant qui prend les devants d’une meute, & qui s’abandonne fur la bête quand 1l la rencontre, ABANDONNEMENT, f. m. en Droit, eff le dé- laïffement qu’on fait de biens dont on eft poffeffeur, où volontairement où forcément. Sic’eft à des créan- _ciers qu'on les abandonne, cet abandonnement {e nommé ce/fron : fi on les abandonne pour fe libérer des charges auxquelles on eft afljetti en les pofle- dant, il fe nomme déguerpiffement. Voyez CEsste = | 6 DÉGUERPISSEMENT. k .L’ahandonnement qu'un homme fait de tous fes biensle rénd quitte envers fes Nciers, fans qu'ils puiflent rien prétendre aux biens qu'il pourroit ac- quérir dans la fuite. (R, ABANDONNER v. a, en fauconnerie, c’eft laifler foifeau libre en campagne, ou pour l’égayer, ou pour le congédier lorfqu'il n’eft pas bon. ABANDONNER un cheval , c’eft le faire cou- ir de toute fa viîtefle fans lui tenir la bride. Æ4an- donner les étriers, c’eft ôter fes pieds de dedans. S’x- bandonner ou abandonner fon cheval après quelqu'un, c’eft le pourfuivre à courfe de cheval. * ABANGA , f. m. c’eft le nom que les Habitans de l’Ifle de Saint Thomas donnent au fruit de leur palmier. Ce fruit eft de la groffeur d’un citron au- quel il reflemble beaucoup d’ailleurs. C. Bauhun dit queles Infulaires en font prendre trois ou quatre pé- pins par jour à ceux de leurs malades qui ont befoin détpettorauné- ve. 0: | * ABANO ,T. f. petite Ville d'Italie dans la Répu- blique de Venife & le Padouan. Long. 29. 40. lar. D 14 DEA: PSE | | * ABANTÉENS, f. m. plur. font les Peuples d’Ar- gos ainfi nommés d’Abas leur Roi. * ABANTES, f. m. pl. Peuples de Thrace qui paf ferent en Grece, bâtirent Abée que Xercès ruina, & fe retirerent delà dans l’Ifle de Negrepont, qu'ils nommerent Æbantide.. + * ABANTIDE, f f. le Néorepont. 7. ABANTES, ABAPTISTON , f. m. c’eft le nom que les Anciens donnoient à un inftrument de Chirurgie, que les Ecri- vains modernes appellent communément érépan. V, TRÉPAN. ABAQUE , f. m. chez les anciens Mathematiciens fignifioit une petite table couverte de poufliere fur laquelle ils traçoient leurs plans & leurs figures, felon le témoignage de Martius Capella , &t de Perte. Sa. I, V.131. Nec qui abaco numeros & faëto in pulvere metas Soir rififfe vafer. Ce mot femble venir du Phénicien PaN , abak, pouf- fiere ou poudre. ABAQUE, ou Table de Pythagore, abacus Pythagoricus , étoit une table de nombres pour ap- prendre plus facilement les principes de l’Arithméti- que ; cette table fut nommée sable de Pythagore à cau- fe que ce fut lui qui Pinventa, Il eft probable que la sable de Pythagore w’étoit au- tre chofe que ce que nous appellons sable de mulapli- cation, Voyez TABLE DE PYTHAGORE. . Ludolphe a donné des méthodes pour faire la multiplication fans le fecours de l’abague ou table : mais elles font trop longues &c trop difficiles pour s’en fervir dans les opérations ordinaires, Voyez MULTI- PLIÇGATION. (©) Torne re ABA 9 ABAQUE. Chez les Anciens ce mot fignifoit une efpece d’armoire ou de buffet deftiné à diférens ufages. Dans un magazin de Négociant il fervoit de comptoir; & dans une fale à manger, 1l contenoit les amphores & les crateres; celui-ci étoit ordinai- rement de marbre , “omme 1l paroïît par cet endroit d'Horace : : "00 A Et le albus Pocula cum cyatho duo fufhiner. | Les Italiens ont nommé ce meuble credenza, Lé mot Abaque latinifé eft Grec d’oris, Ahaque fi- gnifie de plus panier, corbeïll, “h4 tan de co: lonne, baze d’une roche , 45 montagne, le dia- metre du foleil, &c. Quetques-uns prétendent qu’4- bague eft compofé d'a privatif & de faor , fonde- meñr où bal”. = eit-à-dire qui ef? , fans pié-d'eflal, at- tache “urre le mur. Mais Guichard remonte plus luur, 1l dérive le mot 464Ë de l’'Hebreu TK, exro/i, être élevé; & il fuppofe qu'il fignifioit d’abord une planche ou une tablette, où quelqu'autre meuble femblable appliqué contre le mur, Tite-Live & Sal- lufte parlant du luxe des Romains , après la conquête de l’Afe , leur reprochent pour ces buffets inconnus à leurs bons ayeux un goût qui alloit jufqu’à en faire fabriquer de bois le plus précieux, qu’on revêtoit dé lames d’or. | * L’Abaque d'ufage pour les comptes & les cal- culs étoit une efpece de quadre long & divifé par plufeurs cordes d’airain paralleles qui enfiloient cha- cune une égale quantité. de petites boules d'ivoire ou de bois mobiles comme des grams de chapelet, pat la difpofition defquelles, & fuivant le rapport que les inférieures avoient avec les fupérieures, on. diftribuoit les nombres en diverfes claffes, & l’on faifoit toute forte de calculs. Cette tablette arithmé- tique à l’ufage des Grecs ne fut pas inconnue aux Romains. On la trouve décrite d’après quelques mo- numens antiques par Fulvius Urfinus & Ciaconius : mais comme l’ufage en étoit un peu difficile, celui de compter avec les jettons prévalut. À la Chine & dans quelques cantons de lAfie ; les Négocians comp- tent encore avec de petites boules d'ivoire ou d’é- bene enfilées dans un fil de léton qu'ils portent ac- croché à leur ceinture. (G) ..* ABAQUE. Le grand abaque eft encore une efpece d’auge dont on fe {ert dans les Minés pour laver l’or. . ABAQUE,, c’eft, dit Harris , & difent d’après Har- ris les Auteurs de Trevoux, la partie fupérieure ou le couronnement du chapiteau de la colonne. L’aba- que eft quarré au Tofcan , au Dorique, & à Plonique antique, & échancré fur fes faces aux chapiteaux Corinthien & Compofite. Dans ces deux ordres, fes angles s’appellent cornes , le milieu s’appelle 2z- lai, 8 la courbure s’appelle #rc & à communément une rofe au milieu. Les Ouvriers, ajoûütent Mauclerc & Harris, appellent aufli abzque un ornement Gothi- que avec un filet ou un chapelet de la moitié de la largeur de l’ornement , & lonnomme ce filet, /e flee ou Le chapelet de l’abaque. Dans l’ordre Corinthien labaque eft la feptieme partie du chapiteau. Andrea Palladio nomme abaque la plinthe qui eft autour du quart-de-rond appellé échime ; l’abaque fe nomme encore sailloir. Scamozzi donne aufli le nom d’abaque À une moulure en creux qui forme le chapiteau du pié-d’eftal de l’ordre Tofcan. Voyez Harris, premiere & feconde partie. * ABARANER , £. petite Ville dans la grande Ar- ménie. Long. 6 4. lat. 39.50. | * ABAREMO-TEMO , f. m. arbre qui croît, dit- on, dans les montagnes du Brefil. Ses racines font d’un rouge foncé , & fon écorce eft cendrée, amere au goût, & donne une décoétion propre à déterger les ulceres invétérés. Sa fubftance a la même pro- priété, Il ne refte plus qu'à s’afflrer de us de 10 ÀABA l’arbre & de fes propriétés. Voilà tohjours fon. nom. _ * ABARES, reftes de la Nation des Huns quiferé- pandirent dans la Thuringe fous Sigebert. Voyez la defcription effrayante qu'en fait le Diétionnaire de Trevoux. si D ES j * ABARIM, montagne de l'Arabie d’où Moyfe vit a terre promife; elle étoit à l'Orient du Jourdain vis-à-vis Jéricho, dans le paysdes Moabites. * ABARIME oz ABARIMON , grande vallée de Scythie au pied du mont-Imaüs qui la forme, * ABARNAHAS, terme qu'on trouve dans quel- ques Alchimiftes, & fur-tout dans le Theasrum chimi- cum de Servien Zadith. Il ne paroît pas qu'on foit en- core bien affüré de l’idée qu'il y attachoit. Cham- bers dit qu'il entendoit par Abarnahus la mème chofe que par plena luna, & par plena luna la même chofe que par rragnefta, & par ragnefra la Pierre philofo- hale. Voilà bien des mots pour rien. * ABARO, Bourg ou petite Ville de Syrie dans PAntiliban. * ABAS, f. m. poids en ufage en Perfe pour pefer les perles. Il eft de trois grains &t demi, un peu moins forts que ceux du poids de marc. * ABASCIE , contrée de la Géorgie dans l’Afie. Long. 56. Co. lat. 43. 43. | * ABASSE ox ABASCE , Habitans de l’Abañcie, Voyez ABASCIE. * ABASTER , ( Méramorph. ) l’un des trois che- vaux du char de Pluton. C’eft le noir. . METHEUS & NONIUS. | ABATAGE, f. m. On dit dans un chantier & fur un atelier faire un abatage d’une ou plufeuts pierres, lorfque l’on veut les coucher de leur lit fur leurs joints pour en faire les paremens , ce qui s'exécute lorfque ces pierres font d’une moyenne groffeur, avec un boulin & des moilons: mais lorfqu’elles font d’u- ne certaine étendue, on fe fert de leviers, de corda- ges, & de coins, &c..( P ) ABATAGE , fixieme manœuvre du Faifeur de bas au métier. Elle confifte dans un mouvement aflez le- cer : l'Ouvrier tire à lui horfontalement la barre à poignée ; & parce mouvement il fait avancer les ven- tres des platines juiqu’entre les têtes des aiguilles, &c même un peuau-delà. Alors louvrage paroïîttomber, mais il etotjours foûtenu parles aiguilles; la maille eft feulement achevée. Voyez la Planche fèconde du Faifeur de bas au métier, fig. 2.5. 66. Dansla cin- quieme manœuvre, la preffe eft fur les becs des aiguil- les, & la foie eft amenée fur leurs extrémités, comme on voit dans les fig. z. 3. 4. mais dans Pabatage la preffe eftrelevée, les ventres B des platines, (y£g. 2.) ont fait tomber au-delà des têtes des aiguilles la foie qui n’étoit que fur leurs extrémités, comme on voit (fig. 2.5. 6.) On voit (Jfg. 2.) les ventres B C des platines avancés entre les têtes des aiguilles. On voit (fig. 5.) l'ouvrage 3. 4. abattu; & on voit (fig. 6.) l'ouvrage abattu & foutenu par les aiguil- les, avec les mailles formées, 5, 6. #oyez Particle BAS AU MÉTIER. ABATAGE, terme de Charpentier. Quand on a une piece de bois à lever, on poufle le bout d'un levier fous cette piece, on place un coin à un pié ou environ de ce bout; on conçoit que plus le coin eft voifin du bout du levier qui eff fous la piece à le- ver, plus l’autre extrémité du levier doit être éle- vée, & que plus cette extrémité eft élevée , plus l'effet du levier fera confidérable. On attache une corde à cette extrémité élevée du levier ; lesouvriers tirent tous à cette corde : à mefure qu'ils font baïfler cette extrémité du levier à laquelle leur force eft ap- pliquée, Pextrémité qui eft fous la piece s’éleve, & avec elle la piece de bois. Voilà ce qu’on appelle en charpenterie , faire un abatage. ABATANT , fm, c’eft un chaflis de croifée, ou AB A un volet ferré par le haut ,. qui fe leveiau plancher; en s'ouvrant par le moyen-dune corde pañlée dans une poulie. On s’en fert dans le haut des fermetures de boutiques : Les Marchands d’étoffes en font toû- jours ufage dans leurs magafins ; ils n’ontipar cé moyen de Jour, que ce qu'il.en faut pour faire valoir les couleurs de leurs étoffes, en n’ouvrant l’abatant qu'autant quileft à propos. ( 2). a. ABATANT., ( Métier à faire des bas. ) On donné ce nom aux deux parties (85-06) (85 96) fem. blables & femblablement placées du Bas au métier, planche C6. figure 2. Il faut y diflinguer plufieurs parties; on voit fur leur face antérieure une piecé 945.94 qu'on appelle garde platine ; fur leur face pof- térieure une piece.95 95,qu'on appelle le crocker di dedans de l’abatant: & ous leur partie inférieure une piece 96 96, qu'on appelle le crocher de deffous des aba. tars, I n’y a pas une de ces pieces qui n'ait fon ufa- ge, relatif à fon lieu & à fa configuration. Voyez pour vous en convaincre, l’article BAS AU MÉTIER. L’extrémité fupérieure des abatans 85,85, s’affem- ble & s’ajufte dans la charniere des épaulieres, com me on voit afément dans la fioure premiere de La même Planche. +2 * ABAT. CHAUVÉE, L. f. forte de laine de qua: lité fubalterne à laquelle on donne cenom dans l’An: goumois, la Xaintonge, la Marche &cleLimofin. ABATEÉE OL ABBATÉE, {.f, On {e {ert de ce ter: me pour exprimer le mouvement d’un vaifleau en panne , qui arrive de lui-même jufqu'à un certain point, pour revenir enfuite au vent. Voyez PANNE 6 ARRIVER. (Z) ABATELEMENT , £ m. terme de commercerfité parmi les François dans les Echelles du Levant. TE fignifié une Sentence du Confeii portant interdition de commerce contre les Marchands & Nésocians de la Nation qui défavouent leurs marchés , où qui refufent de payer leurs dettes, Cette interdidion eft fi rigide , qu'il n’eft pas même permis à ceux contre qui elle eft prononcée d’intenter aucune ation pour le payement de leurs dettes, jufqu’à ce qu’ils ayent fatisfait au Jugement du Confeil, & fait lever l’abate- lement'en payant & exécutant ce qui y eft contenu. _Diütionn. du Commerce, tome I. page 548. (G ABATEMENT , . m. état de foibleffe dans lequel {e trouvent les perfonnes qui ont été malades, où celles qui font menacées de maladie. Dans les per- fonnes revenues de maladie, l’abatement parlui-mé- me n'annonce aucune fuite fâcheufe : mais c’eft, fe- lon Hippocrate, un mauvais fymptome dans les per: {onnes malades,quand il n’eft occafionné par aucune: évacuation ; & dans les perfonnes en fanté, quand il ne provient ni d'exercice, ni de chagrin, ni d’au- cune autre caufe de la même évidence. ( N) ABATTIS, f. m. Les Carriers appellent ainfi les pier- res qu'ils ont abatues dans une carriere , foit la bon- ñe pour bâtir , ou celle quieft propre à faire du moi- lon. Ce mot fe dit auffi de la démolition & dés dé. combres d’un bâtiment. (P _ABATIS, c’eft dans PArt Militaire une quan- tité de grands arbres que l’on abat & que l’on en- taffe les uns fur les autres pour empêcher l’ennemi de pénétrer dans des retranchemens on dans quel- que autre lieu. On étend ces arbres tout de leur long: le pié en dedans ; on les attache ferme les uns con- tre les autres, & fi près, que leurs branches s’entre- laffent ou s’embraflent réciproquement. On fe fert de cette efpece de retranchement pour: boucher des défilés & pour fe couvrir dans les paf fages des rivieres. Il eft important d’avoir quelque fortification à la tête du paffage, pour qu'il ne {oit. point infulté par l'ennemi ; il n’y a point d’obftacles plus redoutables à lui oppofer que les abatis. On fe trouve à çouvert de fes coups derriere les branches, &c left impofible aux ennemis de les aborder & de joindre ceux: qui les défendent, & qui voyent à travers les branches fans être vüs. On fe fert encore d’abatis pour mettre des poftes d'infanterie dans les bois &c les villages à Pabri d’e- tre emportés par l'ennemi; dansiles circonvallations &c les lignes on s’en fert pour former la partie de ces ouvrages qui occupe les bois & les autres.lieux qui fourniflent cette fortification. (Q ) ABATIS, fe dit de la coupe d’un bois ou d'une forêt, laquelle fe doit faire fuivant les Ordonnances. Plufieurs obfervent que labatis fe fafle en décours de lune, parce que avant ce tems-là , Le bois devien- droit vermoulu. C’eft l’opinion la plus commune , & £lle n’eft peut-être pas plus certaine que celle de ne femer qu’en pleine lune & dene grefferqu’endecours. ABATIS, fe. dit de l’aétion d'un chaffeur qui tue beaucoup de gibier ; c’eft auffi le nom qu’on donne aux petits chemins que les jeunes loups fe font en al- lant & venant au lieu où 1ls font nourris ; & quand les vieux loups ont tué des bêtes, on dit, les loups ont fait cette nuit un grand abaxis, ABATIS. On entend par ce mot la tête, les pat- tes, les ailerons, le foie, 8 une partie des entrailles d’une oie ; d’un dindon , chapon & autre volaille. -Les Cuifiniers font un grandufage des abatis, & les font fervir boullis, à l’étuvé, enragoût, en pâté, &c. * ABATIS , lieu où les Bouchers tuent leurs bef- taux, foyez TUERIE. * ABATIS , dans les tanneries, chamoïferies, &c. Onappelle cuirs d’abatis, les cuirs encore en poil, & tels qu'ils viennent de la boucherie, .. ABATON , £ m. c’eft le nom que donnerent les Rhodiens à un grand édifice qu'ils conftruifirent pour malquer deux Statues de bronze que la Reine Arte- nufe avoit élevées dans leur ville en mémoire de fon triomphe fur eux. Virruve, Livreir. ps 48. (P) *ABATOS, f ile d'Egypte dans le Palus de Memphis, | ABATTRE , w. a. Abattre une maifon, ua mur, un plancher. 6c, Voyez DÉMozir. (P) ABATTRE , arriver, dériver, obéir au vent, lor{fqu’un vaifleau eft fous voile. Ces termes fe prennent en différens fens. On dit qu’un vaifleau abat , quandil eft détourne de fa route par la force des courants, par les vagues & par les marées, Faire abattre un vaifleau , c’eft le faire obéir au vent lorfqu'il eft fous les voiles , ou qu'il préfente trop le devant au lieu d’où vient le vent; ce qui s’e- xécute par le jeu du gouvernail, dont le mouve- . ment doit être fecondé par une façon: de porter ou d'orienter les voiles. +6 On dit quele vaïfleau abar, lorfque l'ancre a quitté le fond , & que le vaïfleau arrive ou obéit au vent. Voyez ARRIVER. _ Abattreun vaiffeau , c’eft le mettre fur le côté pour travailler à la carene, ou à quelqu’endroit qu’il faut mettre hors de l’eau, pour qu’on puifle le radouber.. Voyez CARENE. RADpoOUS. (Z) ABATTRE nr cheval, c’eft le faire tomber fur le côté par le moyen de certains cordages appellés entraves &t lacs. On l’abat ordinairement pour lui faire quelque opération de Chirurgie, ou même pour le ferrer lorfqu'il efttrop difficile. Abattre l’eau : c’eftefluyer le corps d’un cheval qui vient de fortir de l’eau , où qui eft en fueur ; ce qui fe fait par le moyen de la main ou du couteau de chaleur. S’abattre,{e dit plus communément des chevaux de tirage qui tombent entirantune voiture. (#7) ABATTRE l’oiféau , c’eft le tenir & ferrer entre deux mains pour lui donner quelques médicamens, On dit, 17 faut abattre Poiftau. Rae , fixieme manœuvre du Faifeur de bas dome !, ABB II au métier, Voyez ABATAGE. Voyez auf Bas au MÉTIER. *ABATTRE,, rerme de Chapelier, c’eft applatir fur un baflin chaud le deflus de la forme & Les bords d’un chapeau , après lui avoir donné l’apprêt & Pavoir bien fait fécher ; pour cet effet il faut que le baffin foit couvert de toile &:de papiers, qu'on arrafe avec un goupillon. ABATDTRE du bois au criétrac ; c’eft étaler beaucoup de dames de deflus le premier tas, pour faire plus fa- cilement des cafes dans le courant du jeu. #. CASE. ABATTUE. {. f. On entend à Moyenvic &c dans les autres Salines de Franche-Comté par une abartwe, le > travail continu d’une poële, depuis Le momentoù on la met en feu, jufqu’à celui où on la laïfferepofer. A. Moyenvic chaque abarrme eft compofée de. dix-huit tours, & chaque tour de vingt-quatre heures. Mais comme on laifle fix jours d'intervalle entre chaque abattue, 1l ne fe fait à Moyenvic qu'environ 20 abat- tues par an. La poële s’évalué à deux cens quarante muids par abattue. Son produit annuel feroit donc de 4800 muids, fi quelques caufes particulieres, qu'on expofera à l’article SALINE , ne réduifoient l’abattue! d’une poële à 220 muids:, & par conféquent {on pro- duit annuel à 4400 muids : furquoi déduifant le dé, chet à raifon de 7 à 8 porir +, on peut afürer qu’une Saline , telle que celle de Moyenvic , Qui travaille à trois poëles bien foutenues, fabriquera par an douze mille trois à quatre cens muids de fel, 77. SALINE. ABATTURES, f. f. pl. ce font les traces & foulu- res que laïffe fur Pherbe, dans les broffailles , ou dans: les taillis, la bête fauve en paffant : on connoît le cerf par fes abattures. ABAVENTS, f. m. plur. ce font de petits auvents au-dehors des tours & clochers dans les tableaux des ouvertures, faits de chaflis de charpente, couverts d’ardoife ou de plomb, quifervent à empêcher que le fon des cloches ne fe diffipe en l’air, & a le renvoyer en bas, dit Vignole après Daviler. Ils garantiflent auf le béfroi de charpente de la pluie qui entreroit par les ouvertures. (P ) *ABARI, 4baro , Abarum , rm. grand arbre d’E- thiopie , qui porte un fruit femblable à la citrouille, Voilà tout ce qu’on en fait, & c’eft prefqu’en être réduit à un or. (1) * ABAWIWAR, f.m, Château & contrée de la: haute Hongrie. *ABAZÉE ,f.f. Voyez SABASIE, * ABAYANCE,, f. f. Attente ou efpérance, fon- dée fur un jugement à venir. ABBAASI, {. m. monnoie d'argent de Perfe.Schah- Abas , deuxieme Roï de Perfe, ordonna la fabrication de pieces d’argent,nommées abbaafi, La légende eftre- lative à l’alcoran,& les empreintes au nom de ceRoï, & à la Ville où cette forte d’efpece a été fabriquée. Un abbaafi vaut deux mamoudis ou quatre chayés;' Le chayé vaut un peu plus de quatre fous fix deniers de France. Ainfi l’abbaaft vaut, monnoie de Fran- ce, dix-huit fols & quelques deniers, comme quatre à cinq deniers. Il y a des doubles abbaaf, des triples & des qua= druples : maïs ces derniers font rares. LA A Comme les abbaaff font fujets à être altérés, 1l eft bon de les pefer ; & c’eft pourquoi les payemens en cette efpece de monnoie fe font au poids, & non pas au nombre de pieces. (G) * ABBA, 7. la fignification d’A8 chez les Hébreux, ABBAYE , { f Monaftere ou Maïfon Religieufe £ pos par un Supérieur, qui prend le titre d’48- é ou d’Abbeffe. Voyez ABBÉ , 6e. Les Abbayes different des Prieurés , en ce qu’el- les font fous la direétion d’un Abbé ; au lieu que les Prieurés font fous la direétion d’un Prieur : mais: l'Abbé & le Prieur (nous entendons PAbhé Conven-; N 1] 5 Le 12 ABB tuel } font au fond la même chofe , & ne different que de nom. Voyez PRIEUR. : Fauchet obferve que dans le commencement de la Monarchie Françoife, les Ducs & les Comtes s’ap- eee Abbés , &les Duchés & Comtés , Abbayes. lufieurs perfonnes de la premiere diftinétion , fans êtreen aucune forte engagées dans l’état Monafti- que, prenoient la même qualité. Il y a même quel- ques Roïs de France qui font traités d’Æbbés dans l’Hiftoire. Philippe I. Louis VII. & enfuite les Ducs d'Orléans , prirent le titre d’4hbés du Monaftere de S. Agnan. Les Ducs d'Aquitaine font appellés 44- bés du Monaftere de S: Hilaire de Poitiers, & les Comtes d'Anjou, de celui de S. Aubin, éc. Mais c’eft qu'ils poflédoient en effet ces Abbayes, quoique laiques. Voyez ABBé. | ABBAYE fe prend auf pour le-bénéfice même , &c le revenu dont jouit l Abbé. Le tiers des meilleurs Bénéfices d'Angleterre étoit anciennement, par la conceffion des Papes, appro- prié aux Abbayes & autres Maïfons Religieufes : mais fous Henri VIIL ils furent abolis , & devinrent des Fiefs féculiers. 190 de ces Bénéfices abolis, rappor- toient annuellement entre 200 1. & 35000 I. ce qui en prenant le milieu , fe monte à 2853000 . par an. Les Abbayes de France font toutes à la nomina- tion du Roi , à l’exception d’un petit nombre ; favoir, parmi les Abbayes d’'Hommes , celles qui font Chefs d'Ordre, comme Cluny, Cîteaux avec fes quatre Filles , &c. & quelques autres de Ordre de Sant- Benoît, & de celui des Prémontrés : & parmi les Abbayes de Filles, celles de Sainte-Claire, où les Religieufes , en vertu de leur Regle , élifent leur Abbeffe tous les trois ans. On peut joindre à ces der- nieres, celles de l'Ordre de Saint Auguftin, qui ont confervé l’ufage d’élire leur Abbefle à vie , comme les Chanoinefles de S. Cernin à Touloufe. C’eft en vertu du Concordat entre Léon X.êc Fran- çois I. que les Rois de France ont la nomination aux Abbayes de leur Royaume. ( 4) ABBÉ , f.m. Supérieur d’un Monaftere de Reli- gieux, érigéen Abbaye ou Prélature, oyez ABBAYE 6 ABBESSE. Le nom d’A4bbé tire {on origine du mot hébreu ON, qui fignifie pere ; d’où les Chaldéens &c les Sy- - riens ont formé abba : de là les Grecs abbas , que Îles Latins ont retenu. D’abbas vient en françois le nom d’Abbé, &c. S. Marc & S. Paul , dans leur Texte: gxec , fe fervént du Syriaque ab, parce que c’étoit un mot communément connu dans les. Synagogues & dans les premieres affemblées des Chrétiens. Ils y ajoûtent en forme d'interprétation, le nom de pere, ‘abba , OTarmp, abba, pere , comme s’ils difoient, 4bba, c’eftà-dire , pere. Mais ce nom ab &c abba, qui d’a- bord étoit un terme de tendrefle &c d’affeéhon en Hébreu & en Chaldéen, devint enfuite un titre de dignité & d'honneur. Les Doéteurs Juifs l’affeétoient, & un de leurs plus anciens Livres, qui contient les Apophthegmes , ou Sentences de plufieurs d’entre- eux, eft intitulé Pirke abbot, ou avor ; c’eft-àa-dire , Chapitre des Peres, C’eft par allufion à cette affec- tation que J. C. défendit à fes Difciples d’appeller pere aucun homme fur la terre : & S. Jerôme appli- que cette défenfe aux Supérieurs des Monafteres de fon tems, qui prenoient le titre d’ Abbé ou de Pere. Le nom d’4bbé par conféquent paroït aufli ancien que l’Inflitution des Moines eux-mêmes. Les Direc- teurs des premiers Monafteres prenoient indifférem- ment les titres d’Abbés ou d’Archimandrires. Voyez MoiNE & ARCHIMANDRITE. Les anciens Abbés étoient des Moines qui avoient établi des Monafteres ou Communautés, qu’ils gou- vernoient comme S. Antoine & S. Pacôme ; ou qui avoient été prépolés parles Inftituteurs de la vie mo- naftique pour gouverner ‘une Communauté nome breufe , réfidante ailleurs que dans le chef-lieu de l'Ordre ; ou enfin, qui étoient choïfis par les Moines mêmes d’un Monaftere , qui fe foùmettoient à l’auto- rité d’un feul. Ces Abbés & leurs Monafteres, fui- vant la difpoñtion du Concile de Chalcédome, étoient foûmis aux Evêques, tant en Orient qu'en Occident. A l'égard de l’Orient, le quatrieme Ca- non de ce Concile en fait une loi ; & en Occident, le 21° Canon du premier Concile d'Orléans, le 19 du Concile d’'Epaune, le 22 du II. Concile d'Orléans, & les Capitulaires de Charlemagne , en avoient re- glé Pufage , furtout en France. Depuis ce tems-là quelques Abbés ont obtenu des exemptions des Or- dinaires pour eux & pour leurs Abbayes , comme les Monafteres de Lerins , d’Agaune, & de Luxeuil, Ce Privilége leur étoit accordé du confentement des Evêques , à la priere des Rois & des Fondateurs. Les Abbés néanmoins étoient bénis par les Evêques, & ont eu fouvent féance dans les Conciles après eux : quelques-uns ont obtenu la permiflion de porter la Crofle & la Mitre ; d’autres de donner la Tonfure & les Ordres mineurs. Innocent VIII, a même ac- cordé à l’Abbé de Citeaux le pouvoir d’ordonner des Diacres & des Soûdiacres , & de faire diverfes Bénédiétions, comme celles des Abbefñles , des Au- tels, & des Vafes facrés. Mais le gouvernement des Abbés a été différent , felon les différentes efpeces de Religieux: Parmi les anciens Moines d'Egypte, quelque grande que fût l'autorité des Abbés, leur premiere fupériorité étoit celle du bon exemple & des vertus : n1eux , nileurs inférieurs , n’étoient Prêtres , & ils étoient parfaite- ment foûmis aux Evêques. En Occident, fuivant la Regle de Saint Benoît, chaque Monaftere étoit gou- verné par un Abbé , qui étoit le Direéteur de tous fes Moines pour le fpirituel & pour la conduite in= térieure. Il difpofoit aufli de tout le temporel , mais comme #2 bon pere de famille ; les Moines le choïtif- foient d’entre eux , & l’Evêque diocéfain Pordon- noit Abbé par une Bénédiétion folemnelle: cérémo- nie formée à l’imitation de la Confécration des Eyé- ques. Les Abbés étoient fouvent ordonnés Prêtres , mais non pas toùjours. L’Abbé affembloit les Mor- nes pour leur demander leur avis dans toutes les ren- contres importantes , mais il étoit le maître de la dé- cifion ; ilpouvoit établir un Prevôt pour le foulager dans le gouvernement ; & fi la Communauté étoit nombreufe , il mettoit des Doyens pour avoir foi chacun de dix Religieux , comme le marque le mot Decanus. Au refte , l'Abbé vivoit comme un autre Moine, excepté qu'il étoit chargé de tout le foin de la Maïfon, & qu'il avoit fa Menfe , c’eft-à-dire , fa table à part pour y recevoir les hôtes ; ce devoir ayant été un des principaux motifs de la fondatiow des Abbayes. Ils étoient réellement diftingués du Clergé , quoi- que fouvent confondus avec les Eccléfiaftiques, à caufe de leur degré au-deffus des Laïques. S. Jerôme écrivant à Héliodore, dit expreflément: aa Mona- chorum eff caufa , alia Clericorum. Voyex CLERGÉ ;, PRÊTRES, Gc. Dans ces premiers tems, les Abbés étoient foù- mis aux Evêques & aux Pafteurs ordinaires. Leurs Monafteres étant éloïgnés des Villes, &7 bâtis dans les folitudes les plus reculées, ils n’avoient aucune part dans les affaires eccléfiaftiques. Ils alloient les Di- manches aux EglifesParoiffales avec le refte du peu- ple ; ou s'ils étoient trop éloignés, on leur envoyoit un Prêtre pour leur adminiftrer les Sacremens : en- fin on leur permit d’avoir des Prêtres de leur propre Corps. L’Abbé lui-même ou PArchimandrite , étoit ordinairement Prêtre : mais fes fonétions ne s’éten- doient qu’à l’affiftance fpirituelle de fon Monaftere , & il demeutoit tonjours foûmis à fon Evêèque. Comme il y avoit patmi les Abbés plufieurs Per» fonnes favantes ,'ils s’oppoférent vigoureufement aux héréfies qui s’éleverent de leur tems ; ce qui donna occafion aux Evêques de lès appeller de leurs déferts, & de les établir d’abord aux environs des Fauboutgs des Villes, &enfuite dans les Villes mê- mes, C’eft de ce tems que l’on doit dater l’époque de leur relâchement. Ainf les Abbés étant bientôt dé- chûs de leur premiere fimplicité , ils commencerent à être regardés comme une efpece de petits Prélats. Enfuite ils affle@erent l'indépendance de leurs Evé- ques , & devinrent fi infupportables , que Pon fit contre-eux des lois fort féverés au Concile de Chal- cédoine & autres, dont on a parlé. L'Ordre de Cluny pour établir Puniformité, ne voulut avoir qu’un {éul Abbé. Toutes Les Maïfons qui en dépendoient , n’eurent que des Prieurs, quelques grandes qu’elles fuffent , & cette forme de gouverne- ment a fubffté jufqu’à préfent. Les Fondateurs de Ci- teaux crurent que le relâchement de Cluny venoit en partie de l’autorité abfolue des Abbés : pour y remédier ils donnetent des Abbés à tous lésnouveaux Monafteres qu’ils fonderent, & voulurent qu'ils s’af- _fembläflent tous les ans en Chapitre général, pour voir s'ils étoient uniformes & fideles à obferver la Regle. Ils conferverent une grande autorité à Ci- teaux fur fes quatre premietes Filles , & à chacune d’elles fur les Monafteres de fa filiation ; enforte que PAbbé d’une Mere Eglife préfidât à l’éleéhon des Ab- bés des Filles, & qu'il pût avec le confeil de quel- qués Abbés, les deftituer s’ils le méritoient. Les Chanoïnes Réguliers fuivirent à peu près le gouvernement des Moines , & eurent des Abbés dans leurs principales Maïfons, de léleétion def- quels ils demeurerent en pofleflion jufqu'au Con- cordat de l’an 1516, qui tranfporta au Roi en France le droit des éleétions pourles Monafteres , aufli-bien que pour les Evêchés. On a pourtant confervé l’é- leftion aux Monafteres qui font Chefs-d’'Ordre , com- me Cluny, Citeaux & fes quatre Filles , Prémontré , Grammont, & quelques autres ; ce qui eft regardé comme un privilège, quoiqu’en effet ce foit un refte du Droit commun. Les biens des Monafteres étant devenus confidé- rables , exciterent la cupidité des Séculiers pour les envahir, Dès le V. fiecle en Italie & en France, les Rois s’en emparerent , ou en gratiñerent leurs Of- Ciers & leurs Courtifans. En vain les Papes & les Evéqués s’y oppoférent-ils. Cette licence dura juf- qu'au Regne de Dagobert, qui fut plus favorable à l'Eglife : mais elle récommença fous Charles Martel, pendant le Regne duquel les Laïques fe mirent en pofleffion d’une partie des biens des Monafteres , & prirent même le titre d’Æbbés. Pepin & Charlema- gné réformerent une partie de ces abus, mais ne les détruifirent pas entierement ; puifque les Princes leurs fucceffeurs donnoient eux-mêmes les reve- ñus des Monafteres à leurs Officiers, à titre de ré- compenfe pour leurs fervicés, d’où eft venu le nom de Bénéfice, & peut-être l’ancien mot, Beneficium proper officium ; quoiqu'on l’entende aujourd'hui dans un fens très-différent, & qui ef le feul vrai, favoir des férvices rendus à l'Eglife. Charles le Chau- ve fit des lois pour modérer cet ufage, qui ne laïffa pas de fubfiftér fous fes fuccefleurs. Les Rois Phi- lippe I. & Louis VI. & enfuite les Ducs d'Orléans, font appellés 4bbes du Monaftere de S. Aignan d’Or- léans. Les Ducs d'Aquitaine prirent le titre d’Abéés deS. Hilairé de Poitiers. Lés Comtes d'Anjou, celui d’Abbés de S. Aubin ; & les Comtes de Vérmandois, celui d’4bbés de S. Quentin. Cette coûtume cefla pourtant fous les premiers Rois de la troifieme race; le Clergé s’oppofant à ces innovations , & rentrant de tems en tems dans fes droits, ABB 13 Mais quoiqu’onn’abandonnât plus les revenus des Abbayes aux Laiques, 1l s’introduifit, furtout pen- dant le fchifme d'Occident , une autre coûtume, moins éloignée en général de l’efprit de l'Eglife , mais également contraire au droit des Réguliers. Ce fut de les donner en commende à des Clercs féculiers ; & les Papes eux-mêmes furent les premiers à en ac- corder, toüjours pour de bonnes intentions, mais qui manquerent fouvent d’être remplies. Enfin par le Concordat entre Léon X. & François I, la nomina- tion des Abbayes en France fut dévolue au Roi, à l'exception d’un très-petit nombre ; enforte qué main- tenant prefque toutes font en commende, Malgré les Reglemens des Conciles dont nous avons parlé , les Abbés, furtout en Occident, pri- rent le titre de Seigreur, &c des marques de l’Eprco- pat ; comme la Mitre. C’eft ce qui donna l’origine à plufieurs nouvelles efpeces d’Abbés ; fçavoir aux Ab- bés mitrés, croflés, & non croflés ; aux Abbés œcu- méniques, aux Abbés Cardmaux, Gc. Les Abbés mitrés font ceux qui ont le privilège de porter la Mitre , & qui ont en même tems une auto- rité pleinement épifcopale dans leurs divers terris toires. En Angleterre on les appelloit auffi 4bbés fou- verains & Abbés généraux , & ils étoient Lords du Parlement. Selon le S'. Edouard Coke , 1l y en avoit en Angleterre vingt-ept de cette forte, fans compter deux Prieurs mitrés. Voyez PRIEUR. Les autres qui n’étoient point mitrés, étoient foùmis à l’Evêque diocéfain. LePere Hay, Moine Bénédiétin , dans fon Livre intitulé Æffrum inextinttum , foûtient queles Abbés de fon Ordre ont non-feulement une Jurifdiétion [| com- me |épifcopale, mais même une Jurifdiétion [com- me] papale. Porc/latem qua epiftopalem , mo quafr papalem : & qu’en cette qualité ils peuvent conférer les Ordres inférieurs de Diacres & de Soüdiacres. Voyez ORDINATION. Lorfque les Abbés commencerent à porter la Mi- tre , les Evêques fe plaignirent amerement que leurs priviléges étoient envahis par des Moines : ils étoient principalement choqués de ce que dans les Conciles & dans les Synodes , il n’y avoit aucune difhinétion entre-eux. C’eft à cette occafñon que le Pape Clément IV. ordonna que Les Abbés porteroïent feulement la Mitre brodée en or, & qu'ils laifferoient les pierres précieufes aux Evêques. foyez MITRE. Les Abbés croflés font ceux qui portentles Croffes ou le Bâton paftoral. Foyez CROSSE. Il y en a quelques-uns qui font croflés & non mi- trés, comme l’Abbé d’une Abbaye de Bénédiétins à Bourges ; & d’autres qui font l’un & l’autre. Parmi les Grecsil y a des Abbés qui prennent mé- me la qualité d’A4bbés æcuméniques, on d’Abbés uni- verfels, à limitation des Patriarches de Conftantino- ple. Voyéz ŒCUMÉNIQUE. Les Latins n’ont pas été de. beaucoup inférieurs aux Grecs à cet égard. L’Abbé de Cluny dans un Concile tenu à Rome, prend le titre d’Æbbas Abba- tm , Abbé des Abbés : & le Pape Calixte donne au même Abbé le titre d4bbé Cardinal. Voyez CLUNY. (L’Abbé de la Trinité de Vendôme fe qualifie auff Cardinal- Abbé) pour ne rien dire des autres Abbés- Cardinaux, aïnf appellés , de ce qu'ils étoient les principaux Abbés des Monafteres, qui dans la fuite vinrent à être féparés. L Les Abbés-Cardinaux qui font féculiers, où qui ne font point Chefs -d’Ordre, n’ont point de jurifdi- &tion fur les Religieux , ni d’autorité dans Pintérieur des Monafteres. ER | Les Abbés aujourd’hui fe divifent principalement en Abbés Réguliers (ou Titulaires ), & en Abbés Commendataires. , Les Abbés Réguliers font de véritables Moines ou 14 A BB Religieux , qui ont fait les vœux & portent l’habit de l'Ordre. Voyez RÉGULIER, RELIGIEUX, VŒUX, 6. Tous les Abbés font préfumés être tels , les Ca- nons défendant exprefflément qu'aucun autre qu'un Moine ait le commandement fur des Moines : mais dans le fait il en eft bien autrement. En France les Abbés Réguliers n’ont la jurifdic- tion fur leurs Moines que pour la correétion Mona- chale concernant la Regle. S'il eft queftion d’autre excès non concernant la Regle, ce n’eft point à PAB- bé , mais à l’Evêque d’en connoïtre ; & quand cefont des excès privilégiés , comme s'il y a port d’armes, ce n’eft n1 à l'Abbé, n1 à l’'Evêque, mais au Juge Royal d'en connoitre. | Les Abbés Commendataires , ou les Abbés en Commende , font des Séculiers qui ont été aupara- vant tonfurés. Ils font obligés par leurs Bulles de prendre les Ordres quand ils feront en âge. Voyez SÉCULIER, TONSURE, &c, | Quoique le terme de Commende infinue qu'ils ont feulement pour un tems Padminiftration de leurs Ab- bayes, ils ne laïflent pas d’en joitir toute leur vie, & d’en percevoir toiours les fruits, auffi- bien que les Abbés Réguliers. Les Bulles leur donnent un plein pouvoir , min {piritualibus quam in temporalibus : mais dans la réalité les Abbés Commendataires n’exercent aucune fon- &tion fpirituelle envers leurs Moines , & n’ont fur eux aucune jurifdiétion : ainf cette expreflion 2 fpi- ritualibus , n'eft que de ftyle dans la Cour de Rome, & n’emporte avec elle rien de réel. Quelques Canoniftes mettent les Abbayes en Commende au nombre des Bénéfices, 2er ritulos Be- neficiorum : mais elles ne font réellement qu’un titre canonique, Où une provifon pour jouir des fruits d’un Bénéfice ; & comme de telles provifions font contraires aux anciens Canons , il n’y a que le Pape qui puiffe les accorder en difpenfant du Droit ancien. Voyez COMMENDE, BÉNÉFICE, 6. Comme l’Hiftoire d'Angleterre parle très-peu de! ces Abbés Commendatares , 1l eft probable qu'ilsn’y furent jamais communs : ce qui a donné lieu à quel- ques Auteurs de cette Nation de fe méprendre, en prenant tous les Abbés pour des Moines. Nous en avons un exemple remarquable dans Mu tou- chant l’Inventeur des Lignes, pour transformer les Figures géométriques , appellées par les François Zs Lignes Robervalliennes. Le Doëteur Gregory dans les Tranfa@ions philofophiques , année 1694 , tourne en ridicule l’Abbé Gallois, Abbé Commendataire de l'Abbaye de S, Martin de Cores ; & le prenant pour un Moine : « Le bon Pere, dit-il, s’imagine que nous » fommes revenus à ces tems fabuleux, où il étoit » permis à un Moine de dire ce qu'il vouloïit ». L’Abbé releve cette méprife, & retorque avec avantage la raillerie fur le Doéteur dans les Mémoi- res de l’Académie , année 1703. La cérémonie par laquelle on établit un Abbé, fe nomme proprement Bénédiüion, & quelquefois , quoiqu’ebufivement , Confécration. Voyez BÉNÉ- DICTION 6 CONSÉCRATION. Cette cérémonie confiftoit anciennement à revé- tir l'Abbé de l’habit appellé Cuculla, Coulle, en lui mettant le Bâton paftoral dans la main, & les fou- liers, appellés pedales , ( fandales ) à fes piés. Nous apprenons ces particularités de l'Ordre Romain de Théodore, Archevêque de Cantorbéry. En France la nomination & la collation des Béné- fices dépendans des Abbayes en Commende , appar- tiennent à l’Abbé feul,à l’exclufion des Religieux. Les Abbés Commendataires doivent laïffer aux Religieux Le tiers du revenu de leurs Abbayes franc & exempt de toutes charges. Les biens de ces Abbayes fe parta- gent en trois lots: le premier eft pour l'Abbé; le fe- ABB cond pour-les Religieux, & le troifieme eft affeûté aux réparations & charges communes de PAbbaye; c’eft Abbé qui en a la difpofition. Quoique le par- tage foit fait entre l’Abbé & les Religieux , 1ls ne peu- vent ni les uns, ni les autres , alièner aucune partie des fonds dont ils joinfent , que d’un commun con- fentément , & fans obferver les folemnités de Droit, La Profeffion des Religieux faite contre Le confen- tement de l'Abbé eft nulle. L’Abbé ne peut cepen- dant recevoir auçun Religieux fans prendre l’avis de la Communauté, Les Abbés tiennent le fecond rang dans le Clergé ; & font immédiatement après les Evêques : les Abbés Commendataires doivent marcher ayec les Régu- liers, & concurremment avec eux , felon l’ancien- neté de leur réception. Les Abhés Répuliers ont trois fortes de Puiffance: l'Æconomique , celle d’Ordre , & celle de Jurifdic- diéton. Le premiere confifte dans l’adminiftration du temporel du Monaftere : la feconde, à ordonner du Service- Divin , recevoir les Religieux à Profef- fon, leur donnerla Tonfure, conférer les Bénéfices qui font à la nomination du Monaftere : la troifieme, dans le droit de corriger , d’excommunier , de fuf- pendre. L’Abbé Commendataire n’a que les deux premieres fortes de Puiffance. La troïfieme eft exer- cée en fa place par le Prieur-clauftral, qui eft com- - me fon Lieutenant pour la difcipline intérieure du Monaftere, Voyez PRIEUR 6 CLAUSTRAL, ABBÉ, eft aufh un titré que l’on donne à certains Evèêques , parce que leurs Siéges étotent originaire- ment des Abbayes , & qu'ils étoient même élüs par les Moines : tels font ceux de Catane & de Montréal en Sicile. Voyez EVÈQUE. ABBÉ , eft encore un nom que l’on donne quelque- fois aux Supérieurs ou Généraux de quelques Con- grégations de Chanoiïines Réguliers, comme eft ce- lui de Sainte Génevieve à Paris. Voyez CHANOINE, GÉNEVIEVE, Gc. d ABBÉ, eft aufli un titre qu'ont porté différens Ma- giftrats, ou autres perfonnes laiques. Parmi les Gé- nois, un de leurs premiers Magiftrats étoit appellé l'Abbé du Peuple : nom glorieux , qui dans {on véri- table fens fignifoit Pere du Peuple. ( H &G ) | ABBÉCHER ox ABBECQUER , v. a. c’eft don= ner la becquée à un oïfeau qui ne peut pas manger de lui-même. ; | Abbecquer où abbécher Voïfean, c’eft lui donner feulement une partie du pât ordinaire pour le tenir en appétit; on dit, 1l faut abbecquer le lanier. ABBESSE., f. f. nom de dignité, C’eft la Supé- rieure d’un Monaftere de Religieufes, ou d’une Com- munauté où Chapitre de Chanoiïnefles , comme l'Abbeffe de Remiremont en Lorraine. Quoique les Communautés de Vierges confacrées à Dieu foient plus anciennes dans l’Eglife que celles des Moines, néanmoins l’Infitution des Abbeñes eft poftérieure à celle des Abbés. Les premieres Vierges qui fe font confacrées à Dieu, demeuroient dans leurs maifons paternelles. Dans le IV® fiecle elles s’aflem- blerent dans des Monafteres, mais elles n’avoient point d’Eolife particuliere; ce ne fut que du tems de faint Grégoire qu’elles commencerent à en avoir qui fiflent partie de leurs Convens. L’Abbefle étoit au- trefois élûe par fa Communauté , on les choififloit parmi les plus anciennes & les plus capables de gou- verner ; elles recevoient la bénédiétion de l'Evêque , & leur autorité étoit perpétuelle. L’Abbeffe a les mêmes droits & la même autorité fur fes Religieufes, que les Abbés Réguliers ont fur leurs Moines. Voyez ABBÉ. | Les Abbefles ne peuvent à la vérité , à caufe de leur fexe , exercer les fonétions fpirituelles attachées à la Prêtrife , au lieu que les Abbés en font ordinaire- ment revêtus. Mais il y a des exemples de quelques Abbeffes qui ont le droit, ou plûtôt le privilése de commettre un Prêtre quiles exerce pour elles. Elles ont même une efpece de jurifdiétion épifcopale, auf bien que quelques Abbés, qui font exempts de la vi- | fite de leurs Evêques diocéfains. , ExEMPTroN. L’Abbefle de Fontévraud, par exemple, a la fu- périorité & la diredion , non-{eulément {ur {es Reli- gieufes, mais auf fur tous les Religieux qui dépen- dent de fon Abbaye. Ces Religieux font foûmis à fa correction , & prennent leur miflion d’elle. En France la plüpart des Abbeffes font nommées par le Roi. Il y a cependant plufieurs Abbayes & Mo- nafteres qui {e conferent par éle&tion, & fontexempts de la nomination du Roi, comme les Monafteres de Sainte Claire. | | | I faut remarquer, que quoique le Roi de France ait la nomination aux Abbayes de Filles, ce n’eft pas cependant en vertu du Concordat ; cat les Bulles que le Pape donne pour ces Abbeffes, portent que le Roi a écrit en faveur de la Relisieufe nommée , & que la plus grande partie de la Communauté confent à {on €le&on, pour conferver l’ancien droit autant qu'il 1e peut. Selon le Concile de Trente, celles qu'on élit Abbelles doiventavoir-4o ans d’âge,& 8de profefon, où avoir au moins $ ans de profefhon, & être âgées de 30 ans. Et fuivant les Ordonnances du Royau- me, toute Supérieure, &.par conféquent toute Ab- beñle, doit avoir 10 ans de profefion , ou avoir exer- cé pendant 6 ans un office clauftral. M. Fleury , Inf?, au Droit Ecclef. um 7 | Le Pere Marténe dans /oz Traité des Rits de l’E- glJe, tomelIl, page 39. obferve que quelques Ab- befles confefloient anciennement leurs Rehigieufes. [l'ajoute, que leur curiofité exceffive les porta filoin, que l’on fut obligé de la réprimer. | Saint Bafile dans fes Regles abregées , LrterTO®. 210,tom. II. page 45,3. permet à l’Abbefle d’enten- dre avec le Prêtre les confeffions de fes Religieufes. Voyez CONFESSION. Arbre. | Il eft vrai, comme l’obferve le Pere Martene dans lendroit cité, que jufqu’au 13° fiecle non-feulement les Abbefles, mais les Laiques mêmes entendoient quelquefois les confeffions , principalement dans le cas de néceflité : mais ces confeflions n’étoient point facramentales,&fe devoient aufü faire auPrôtre Elles avoient été introduites par la grande dévotion des fideles , qui croyoient qu’en s’humiliant ainfi, Dieu leur tiendroit compte de leur humiliation : mais comme elles dégénérerent én abus, PEglife fut obli- gée de les fupprimer. Il y a dans quelques Monafte- res une pratique appellée Z2 Coz/pe, qui eft un refte de cet ancien ufage., (H&G). | | * ABBEVILLE, ville confidérable de France , fur la riviere de Somme qui la partage, dans la Bafle-Pi- cardie , capitale du Comté de Ponthieu. Lozg. 19 d. 29. 40". lar. trouvée de 50 d. 6!. 55!, par M. Cafini er 1088. Voyez Hifi, Acad, page 56. * ABCAS, peuple d’Afie qui habite l’Abafcie. ABCÉDER, v. neut. Lorfque des parties qui {ont unies à d’autres dans l’état de fanté, s’en fepa- rent dans l’état de maladie, en conféquence de la cor- ruption, On dit que cés parties font abcédées. ABCES, £. m. eft une tumeur qui contient du pus. Les Auteurs ne conviennent pas.de la raïfon de cette dénomination. Quelques-uns croyent que l’abcès a été ainf appellé du mot latin abcedere, fe féparer, parce que les parties qui auparavant étoient conti- gues fe féparent l’une de l’autre : quelques autres , parce que les fibres y font déchirées & détruites 3 d’autres, parce que le pus s’y rend d’ailleurs, ou eft féparé du fang : enfin d’autres tirent cette dénomi- nation de l’écoulement du pus, & fur ce principe ils affürent qu’il n’y a point proprement d’abcès Ju ARS. qu'a ce que la tufneur creve & s'ouvre d'elle -mê2 me. Mais ce font, là des diftinétions trop fubtiles , pour que les Medecins s’y arrêtent beaucoup. Tous les abcès font des fuites de l’inflammation. On aide la maturation des abcès par le moyen des cataplafmes où emplâtres maturatifs & pourriffans, La chaleur excéflive de latumeur & la douleur pul- fative qu'on y reflent font avec la fevre les fignes que l’inflammatiôn fe terminera par fuppuration. Les friflons irréguliers qui furviennent à l'augmentation de ces fymptomes font un figne que la fuppuration fe fait. L’abcès eft formé lorfque la matiere eft con- vertie en pus : la diminution de la tenfion, de la fievre, de la douleur & de la chaleur, la ceffation: de la pulfation, em font les fignes rationels. L'amol= liffement de la tumeur & la fluQuation font les fignes fenfüels qui annoncent cette terminaifon. 74 oyeg FLUCTUATION: va 4 f On ouvre les abcès par le cauftique ou par l’inci- fon. Les abcès ne peuvent fe guérir que par l’évas cuation du pus. On préfere le cauftique dans les tu meurs critiques qui terminent quelquefois les. fievres malignes. L'application d’un cauftique fixe l’humeut dans la partie où la nature femble lavoir dépofé; elle en empêche la réforption qui feroit dangereufe &t louvent mortelle. Les cauftiques déterminent une grande fuppuration & en accélerent la formation. On les employe dans cette vûe avant la maturité parfaite. On met auffi les cauftiques en ufage dans les tumeurs qui fe font formées lentement & par-con= geftion, qui fuppurent dans un point dont la circonfé- rence eft dure , & où la converfion de l'humeur en pus feroit ou difficile ou impoñfble {ans ce moyen: Pour ouvrir une tumeur par Le cauffique , il faut la couvrir d’un emplâtre feneftré de la grandeur que l’on jugé la plus convenable; on met fur la peau à l'endroit de cette ouverture , une traînée de pier- re à cautere. Si le cauftique eft folide, on a foin de l’humeéter auparavant ; on couvre le tout d’un au2 tre emplâtre, de compreflés & d’un bandage con- tentif, Au bout de cinq où fix heures, plus où moins; lorfqu’on juge; fuivant l’activité du cauftique dont on seit fervi, que l’efcarre doit être faite, on leve l’appareil , & on incife l’efcarre d’un bout à l’autre avec un biftouri , en pénétrant jufqu’au pus ; on panfe la plaiea vec des digeftifs, & l’efcarre tombe au bout de quelques jours par une abondante fuppuration. . Dans les cas ordinaires des abcès, il eft préféra- ble de faire l’incifion avec l’inftrument tranchant qu'on plonge dans le foyer de l’abcès. Lorfque lab- cés eft ouvert dans toute fon étendue, on introduit le doigt dans fa cavité; & s’il y a des brides qui forment des cloïfons, & {éparent labcès en plufieurs cellules , il faut les couper avec la pointe des cifeaux ou avec le biffouri. Il faut que l’extrémité du doigt conduife toüjours ces inftrumens , de crainte d’inté- refler quelques parties qu’on pourroit prendre pour des brides fans cette précaution. Si la peau eff fort anuncie , il faut l'emporter avec les cifeaux & le biftouri. Ce dernier inftrument eft préférable ; parce qu'il caufe moins de douleur, & rend l'opération plus prompte, On choïfit la partie la plus déclive pour faire l’incifion aux abcès. Il faut, autant que faire fe peut, ménager la peau ; dans ce deffein on fait fou- vent des contre-ouvertures , lorfque l’abcès eft fort étendu. Voyez CoNTRE-OUVERTURE. Les abcès caufés par la préfence de quelques corps étrangers ne fe guériflent que par l’extradion de ces corps. Voyez TUMEUR. Lorfque Pabcès eft ouvert, on remplit de charpie mollette le vuide qu’occupoit la matiere, & on y ap- plique un appareil contentif. On panfe , Les jours fui- vans, avec des digeftifs jufqu’à ce que les vaifleaux qui répondent dans le foyer de l’abçès fe foient dé. ABD gorgés par la fuppuration. Lorfquwelle diminue, que le pus prend de la confiftance , devient blanc & fans odeur , le vuide fe remplit alors de jour en jour de mammelons chaärnus, &ila cicatrice fe forme à Paï- de des panfemens méthodiques dont il {era parlé à la cure des ulceres.’oyez: ULCERE. M. Petit a donné à l’Acadènue Royale de Chi= rurgie un Mémoire important fur les tumeurs de la véficule du fel qu’on prend pour des abcès au foie. Les remarques de ce célebre Chirurgien enrichiffent la Pathologie d’une maladie nouvelle. Il rapporte les fignes qui difnguent les tumeurs de la véficule du fiel diftendue par la bileretenue , d'avec les abcès au foie. Il fait le parallele de cette rétention dela bile & de la pierre biliaire avec la rétention d'urine & la pierre de la veflie, & propofe des opérations fur la véficule du fiel à l'infar de celles qu’on fait fur la veflie. F. le vol, 1. des Mem. de Acad. de Chirurgie. Il furvient fréquemment des abcès confidérables au fondement,qui occafñonnent des fiftules. Foyez ce qu'onien dit à l’article dela FISTULE À L’ANUS. (F) * M.Littre obferve, Hifloire de l’Académie, an. 1701 ,page29 ;, à l’occafon d’une inflammation aux parois du ventricule gauche du cœur, que les ven- tricules du cœur doivent être moins fujets à des ab- cès qu'à des inflammations. Car l’abcès confifte dans un fluide extravafé quife coagule , fe corrompt &c fe change en pus, & linflammation dans un gon- flementdes vaifleaux caufé par trop de fluide.Si donc onfuppofe que des arteres coronaires quinourriflent la fubftance du cœur , il s'extravafe &c s’'épanche du fang qui ne rentre pas d’abord dans les veines co- Ce . . L3 . . ronaires deftinées à le reprendre ; 1l fera difficile que le mouvement continuel de contraétion &c de dilata-" tion du cœur ne le force à y rentrer, ou du moins ne le brife & ne latténue, de forte qu'il s'échappe dans les ventricules au-travers des paroïs. Quant à lin- flammation, le cœur n’a pas plus de reffources qu'une autre partie pour la prévenir , ou pour s’en délivrer. * On lit, Æifloire de l’Acad. an. 1730 ; p. 40. la guérifon d’un abeès au foie qui mérite bien d'être connue. M. Soullier Chirurgien de Montpellier fut appellé auprès d’un jeune homme âgé de 13 à 14ans qui , après s'être fort échauffé, s’étoit mis les piés dans l’eau froide & avoiteuune flevre ordinaire,mais dont la fiüte fut très-fâcheufe. Ce fut une tumeur’ confidérable au foie, qu'il ouvrit. Il trouva ce vifcere confidérablement abcédé à fa partie antérieure & convexe, Il s’y étoit fait un trou qui auroit pü rece- voir la moitié d'un œufde poule , & 1l en fortoit dans les panfemens une matiere fanguinolente , épaïfle, jaunâtre , amere & inflammable : c’étoit de la bile véritable accompagnée de floccons de la fubftance du foie. Pour vuider la matiere de cet abcès, M. Soullier imagina une cannule d’argent émouflée par le bout qui entroit dans le foie, fans l’offenfer , & percée de plufieurs ouvertures latérales qui recevoient la ma- tiere nuifible &la portoient en dehors , où elle s’é- panchoït fur une plaque de plomb qu'il avoit appli- quée à la plaie, de maniere que cette matiere ne pouvoit excorier la peau. L’expédient réuflit, la fie- vre diminua , Pembonpoint revint, la plaie fe cicatri- fa, & le malade guérit. : * On peut voir encore dans le Recueil de 1737, page #15, une obfervation de M. Chicoyneau pere, fur un abcès intérieur de la poitrine accompagné des fymptomes de la phthifie 8 d’un déplacementnotable de l’épine du dos & des épaules ; le tout terminé heu- reufement par l'évacuation naturelle de l’abcès par le fondement. ABDAR, f. m. nom de Officier duRoï de Perfe qui lui fert de l’eau à boire, &c qui la garde dans une cru- che çachetée, de peur qu’on n’y mêle du poifon, à çe ABD que rapporte Olearius dans fon voyage de Perfe. (GC) * ABDARA , ville d'Efpagne bâtie par les Car- thaginois dans la Betique , fur la côte de la Méditer- tanée ; on foupçonne que c’eft la villé qu’on nomme aujourd’hui {dre dans le Royaume de Grenade. * ABDELARI, plante Égyptienne dont le fruit reflembleroïit davantage au mélon, s’il étoit un peu moins oblong 8 aigu par fes extrémités. Ray. H. PI. * ABDERE,, ancienne ville de Thrace, que quel- ques -uns prennent pour celle qu’on appelle atijour= d’hui Afperofa , ville maritime de Romane, ; * ABDERITES, habitans d’Abdere. 7. ABDERE: ABDEST, {. m. mot qui dans la Langue Perfane fignifie proprement l’eau qui fert à laver les mains : mais il fe prend par les Perfans & parles Turcs pour la purification légale ; & ils en ufent avant que de commencer leuts cérémonies religieufes. Cè mot eff compofé d’ab qui fignifie de l’eau, & d’eff la main. Les Perfans, dit Olearius ; paflent la main mouillée deux fois {ur leur tête depuis le col jufqu’au front , & enfuite fur les piés jufqu'aux chevilles: mais les Turcs verfent de l’eau fur leur tête, & fe lavent les piés trois fois. Sinéanmoins ils fe font lavés les piés le matin avant que de mettre leur chauflure , ils fe contentent de mouiller la main, & de la paffer par- defflus cette chauflure depuis Les orteils jufqu’à la che- ville du pied. (G) ABDICATION, f. f, aéte par lequel un Magiftrat ouune perfonne en Charge yrenonce, & s’en démet avant que le terme légal de fon fervice foit expiré. Voyez RENONCIATION, | ; * Ce mot eft dérivé d’abdicare ; compolé de ab, &c de dicere, déclarer. = On confond fouvent l’abdicarion avec 1a ré/igna- tion: mais à parler exa@tement, il y a de la différen: ce. Car l’abdication fe fait purement & fimplement, ! au lieu que la réfgnarion fe fait en faveur de quel- que perfonne tierce, Voyez RÉSIGNATION, En ce fens on dit que Dioclétien & Charles V. abdiquerent la Couronne , &c que Philippe IV. Roi d'Efpagne l’a réfigna, Le Parlement d'Angleterre a décidé que la violation des Lois faite par le Roi Jac- ques , en quittant fon Royaume, fans avoir pourvü à l’adminiitration néceflaire des affaires pendant fon abfence, emportoit avec elle l’abdication de la Cou- ronne : mais cette décifion du Parlement eft-elle bien équitable ? ABDICATION dans le Droir civil, fe prend patti- culierement pour l’aéte par lequel un pere congédie & defayoue fon fils, & l’exclut de fa famille. En ce fens, ce mot eft fynonyme au mot Grec aroupuêse , &c au mot Latin , 4 familid alienatio , ou quelquefois ablegatio & negario, &eft oppoié à adoption. Il difiere de l’exhérédation , en ce que l’abdication fe faifoit du vivant du pere, au lieu que Pexhérédation ne fe faifoit qu’à la mort. Ainfi quiconque étoit abdiqué, étoit auf exhérédé, maïs non vice verf4. V. EXHÉRÉDATION. L’abdication fe faioit pour les mêmes caufes que l’exhérédation. | ABp1CATIoN s’eft dit encore de l’aétion d’un hom- me libre qui renonçoit à fa liberté , & fe faifoit vo- lontairement efclave ; &c d’un citoyen Romain qui re- nonçoit à cette qualité, & aux privilèges qui y étoient attachés. ABDICATION, au Palais, eft auf quelquefois fy+ nonyme à ahandonnement, V. ABANDONNEMENT. CH) © ABDOMEN, { m. fignifie le Bas-venrre, c’eft-à- dire cette partie du corps qui eft comprife entre le thorax & les hanches. Voyez VENTRE. Ce mot eft purement Latin, & eft dérivé d’abdere, cacher, foit parce que les principaux vifceres du corps font contenus dans cette partie, & y font, pour ainfi dire, cachés, {oit parce que cette He ABD du cotps eft totjours couverte & cachée à la vüe ; au lieu que la partie qui eftau-deflus, favoir le tho- rax, eft fouvent laiflée à nud. D’autres croient que le mot abdomef'eft compofé de abdere & d'omentur, parce que l’omenium où lépiploon eft une des parties qui y font contenues. D’autres regardent ce mot comme uñ pur paronymon ou terminaifon d’ab- dere, principalement de la maniere dont on le lit dans quelques anciens Gloflaires, où il eft écrit ab- dumen qui pourroit avoir été formé de abdere , comme légumen de legere.l’o & lu étant fouvent mis l’un pour lautre. Les Anatomiftes divifent ordinairement le corps en trois régions on ventres ; la tête , le thorax ou la poitrine , & l’abdomen qui fait la partie inférieure du tronc, & qui eft terminé en haut par Le diaphragme, & en bas par la partie inférieure du baffin des os in- nominés. Voyez Corps. L’abdomen eft doublé intérieurement d’une mem- brane unie & mince appellée péritoine, qui enve- loppe tous les vifceres contenus dans l’abdomen , & qui les retient à leur place, Quand cette membrane vient à fe rompre ou à fe dilater, il arrive fouvent que les inteftins & l’épiploon s'engagent feuls ou tous deux enfemble dans les ouvertures du bas-ven- tre, & forment ces tumeurs qu’on appelle kerzies ou defcentes. Voyez PÉRITOINE 6 HERNIE. Les mufcles de l’abdomen font au nombre de dix, cinq de chaque côté; non feulement ils défendent les vifceres,mais ils fervent par leur contraëtion & di- latation alternative à la refpiration, à la digeftion, & à l’expulfon des excrémens. Par la contraétion de ces mufcles, la cavité de Pabdomen eft refferrée , & la defcente des matieres qui font contenues dans l’eftomac & dans les inteftins , eft facilitée. Ces mufcles font les antagoniftes propres des fphinéters de l’anus & de la vefhe , 8 chaffent par force les ex- Mcrémens contenus dans ces parties, comme aufh le fœtus dans l’accouchement. Voyez MuscLe, RESs- PIRATION ; DIGESTION, ACCOUCHEMENT, 6. Ces mufcles font les deux obliques defcendans, & les deux obliques afcendans, les deux droits, les deux tran{verfaux, & les deux pyranudaux. Voyez Les ar-. sicles OBLIQUE , DROIT , PYRAMIDAL, Gc. On divife la circonférence de l’abdomen en ré- gions : antérieurement on en compte trois; favoir, La région épigaftrique ou fupérieure, la région om- bilicale où moyenne, & la région hypogaftrique ou inférieure: poftérieurement .on n’en compte qu’une {ous le nom de région lombaire. Voyez ÉPIGASTRI- QUE, OMBILICAL, Gc. 1 On fubdivife chacune de ces régions entrois , fça- voir, en une moyenne & deux latérales ; l’épigaftri- que en épigaftre & en hypocondre ; l’ombilicale en ombilicale proprement dite, & en flancs ; l’hypoga- ftrique en pubis &enaînes ; la lombaire enlombaires proprement dites & en lombes. Voyez ÉPIGASTRE, HyPocoNDRE, Éc. Immédiatement au-deflous des mufcles fe pré- fente le péritoine qui eft une efpece de fac qui re- couvre toutes les parties renfermées dansl’abdomen. On apperçoit {ur ce fac ou dans fon. tiflu cellu- laire antérieurement les vaifleaux ombilicaux , l’ou- raque, laveflie. Voyez OMB1ILICAL, OURAQUE, 6rc. Lorfqu’il eft ouvert, on voit l’épiploon, les in- teftins, le méfentere, le ventricule, le foie, la véfi- .cule du fiel, la rate, les reins, le pancréas; les véfi- cules féminaires dans l’homme ; la matrice, les li- -gamens, les ovaires, les trompes, &c. dans la fem- me ; la portion inférieure de l’aorte defcendante, la veine cave afcendante , la veine-porte hépatique, Ja veine-porteventrale, les arteres cœliaque, méfen- térique , fupérieure & inférieure , les émulgentes, les di 4 ? les fpléniques , les fpermatiques, &c, Tome I, ABE 17 les nerfs flomachiques qui font des produétions de la huitiéme paire, & d’autres du nerf intercoftal, Ec. V. ÉpipLOON, INTESTIN ,MESENTERE, 6e, (L) ABDUCTEUR , {. m. pris adjett. nom que les Anatomiftes donnent à différens mufcles deftinés à éloigner les parties auxquelles ils font attachés, du plan que l’on imagine divifer le corps en deux par- ties égales & fymmétriques, ou de quelqu’autre par- tie avec laquelle ils les comparent. Voyez MuscLe. Ce mot vient des mots Latins 4h, de ; & ducere, mener : les antagoniftes des abduéteurs font appel- lés adduüleurs. V, ADDUCTEUR 6 ANTAGONISTE. Les Abduiteurs du bras. Foyez SousÉPINEUX 6: Pié. L’Abduüteur du pouce. Voyez T'HENAR. Abduiteur des doigts. Voyez INTEROSSEUX. L’Abduëleur du doigt auriculaire ou l’hypothe- nar, Ou le petit hypothenar de M. Winflow, vient de l'os pifi-forme, du gros ligament du carpe, & fe ter- mine à la partie interne de la bafe de la premiere phalange du petit doigt. Anar. PI, VI, Fig. 1. © ABDUCTION , f. f. nom dont fe fervent les Ana- tomiftes pour exprimer l’a@tion par laquelle les w/tes abduëleurs éloignent une partie d’un plan qu'ils fuppo- {ent divifer le corps humain dans toute fa longueur en deux parties égales & fymmétriques , ou de quel- qu'autre partie avec laquelle ils les comparent. (Z) ABDUCTION f. f. er Logigne eft une façon d’argu- menter, que les Grecsnonament apogage, où legrand terme eft évidemment contenu dans le moyen terme ; mais où lemoyen terme n’eft pas intimement lié avec le petit terme; deforte qu’on vousaccorde [a majeure d’untel fyllogifme,tandis qu'on vous obligeà prouver la mineure,afin de développer davantage la liaïfon du moyen terme avec le petit terme. Aïnfi dans ce fyl- - logifme , , : Tour ce que Dieu a révélé ef} très-certain : Or Dieu nous a révélé les Myfleres de la Trinité 6 de l’Incarnarion ; Donc ces Myfferes font très-certains. la majeure eft évidente; c’eft une dé ces premie- res vérités que l’efprit faifit naturellement, fans avoir befoin de preuve. Mais la mineure ne l’eft pas, à moins qu'on ne l’étaye, pour ainf dire, de quelques autres propofñtions propres à répandre fur elle leur évidence. ( X * ABÉATES , {. m. pl. Habitans d’Abée dans le Péloponefe ; ceux d’Abée ou Aba dans la Phocide s’appelloient Abantes. Voyez ABANTES. ABÉCÉDAIRE, adjectif dérivé du nom des qua- tre premueres Lettres de l’Alphabeth A,B,C;, D;ïlfe ditdes ouvrages & des perfonnes. M. Dumas, Inven- teur du Bureau typographique, a fait des Livres abé- cédaires fort utiles, c’eft-à-dire, des Livres qui trai- tent des Lettres par rapport à la le@ure ; & qui ap< prennent à lire avec facilité & corretement. ABÉCÉDAIRE eft différent d’Æ/phabéthique. Abécé- daire a rapport au fond de la chofe, au lieu gx” 47 phaberique {e dit par rapport à l’ordre. Les Diétion- naires font difpofés felon l’ordre a/phabérique, & ne {ont pas. pour cela des ouvrages abécédaires. Il ya en Hébreu des Pfeaumes, des Lamentations, & des Cantiques, dont les verfets font diftribués par ordre alphabétique: maïs jene crois pas qu’on doive pour cela les appeller des ouvrages : abécédaires.… ABÉCÉDAIRE {e dit auffi d’une perfonne qui n’eft encore qu'à l’'A,B,C. C’eft un Doéteur abécédaire, c’eft-à-dire qui commence, qui n’eft pas encore bien fayant. On appelle auf Abécédaires les perfonnes qui montrent à lire. Ce mot n’eft pas fort ufité. (F) ABÉE,, ff. Ville du détroit Meflenien que Xercès brûla , & qui avoit été bâtie par bas fils de Lyncée. ABÉE, {. f.ouverture pratiquée à la baie d’un mou- lin, par laquelle l’eau tombe fur la grande roue & 16 ABE fait moudre, Cette ouverture s'ouvre & fe ferme avec des pales ou lamoirs. | ABEILLE., £. f. infeéte de l’efpece des mouches. Il ena de trois fortes:la premiere & la plus nom- Peut des trois eft l’abelle commune : la feconde eft moins abondante ; ce font les fzux bourdons ou mäles : enfin la troifieme eft la plus rare, ce font Les femelles. Les abeilles femelles que l’on appelle reres ou meres abeilles, étoient connues des Anciens fous le nom de Rois des abeilles ; parce qu'autrefois on n’avoit pas diftingué leur fexe : maïs aujourd’hui il n’eft plus équivoque. On les a vù pondre des œufs, & on en trouve aufli en grande quantité dans leur corps. Il n’y a ordinairement qu’une Reize dans une ruche ; am il eft très-dificile de la voir : cependant on pourroit la reconnoïitre aflez aifément, parce qu’elle eft plus grande que les autres; fa tête eft plus allongée, & fes ailes font très-courtes par rapport à {on corps ; elles n’en couvrent guere que la moitié ; au contraire celles des autres abeilles couvrent le corps en entier. La Reine eft plus longue que les mä- les: mais elle n’eft pas aufli groffe. On a prétendu autrefois qu’elle n’avoit point d’aiguillon : cependant Ariftote le connoïfloit ; mais il croyoit qu’elle ne s’en fervoit jamais. Il eft aujourd’hui très-certain que les abeïlles femelles ont un aiguillon même plus long que celui des ouvrieres; cet aiguillon eft recourbé. Il faut avouer qu’elles s’en fervent fort rarement, ce n’eft qu'après avoir été irritées pendant long-tems : mais alors elles piquent avec leur aiguillon, & la pi- quüre eft accompagnée de venin comme celle des abeilles communes. Il ne paroït pas que la mere abeille ait d’autre emploi dans la ruche que celui de multipher l’efpece , ce qu’elle fait par une ponte fort abondante; car elle produit dix à douze mille œufs en fept femaines, & communément trente à quarante mille par an. On appelle les abeilles mâles fzzux bourdons pour les diftinguer de certaines mouches que l’on connoiït fous lenom de hordons. Voyez BOURDON. Onne trouve ordinairement des mâles dans les tuches que depuis le commencement ou le milieu du mois de Mai jufques vers la fin du mois de Juillet; leur nombre fe multiplie de jour en jour pendant ce tems, à la fin duquel ils périffent fubitement de mort violente, comme on le verra dans la fuite. Les mâles font moins grands que la Reine, & plus grands que les ouvrieres ; ils ont la tête plus ronde, ilsne vivent que de miel, au lieu que les ouvrieres mangent fouvent de la cire brute. Dès que l’aurore paroït, celles-ci partent pour aller travailler, les mä- les fortent bien plus tard, & c’eft feulement pour voltiger autour de la ruche, fans travailler. Ils ren- trent avant le ferein & la fraicheur du foir ; ils n’ont ni aiguillon, ni patelles, n1 dents faillantes comme les ouvrietes. Leurs dents font petites, plates & ca- chées, leur trompe eft aufli plus courte & plus dé- liée : mais leurs yeux font plus grands & beaucoup plus gros que ceux des ouvrieres : ils couvrent tout le deflus de la partie fupérieure de la tête, au lieu que les yeux des autres forment fimplement une ef- pece de bourlet de chaque côté. On trouve dans certains tems des faux bourdons qui ont à leur extrémité poftérieure deux cornes charnues auf longues que le tiers on la moitié de leur corps: il paroit auffi quelquefoisentre ces deux cornes un corps charnu quife recourbe en haut. Si ces parties ne font pas apparentes au dehors, on peut les faire fortir en preflant le ventre du faux bour- don; f onl’ouvre, on voit dans des vaifleaux & dans des réfervoirs une liqueur laiteufe, qui eft yraifflem- blablement la liqueur féminale, On croit que toutes çes parties font celles de la génération; çar on ne les trouve pas dans les abeilles meres, ni dans les ou- vrieres. L’unique emploi que lon connoïffe aux mâ- les , eft de féconder la Reine ; aufli dès que la ponte eft finie, les abeïlles ouvrieres les chaffent & les tuent. À | Il y a des abeilles qui n’ont point de fexe. En les difféquant on n’a jamais trouvé dans leurs corps au- cune partie qui eüt quelque rapport avec celles qui carattérifent les abeilles mâles ou les femelles. On les appelle mwulers ou abeilles communes | parce qu’elles font en beaucoup plus grand nombre que celles qui ont un fexe. Il y en a dans une feule ruche jufqu'à quinze ou feize mille, & plus, tandis qu’on n’y trouve quelquefois que deux ou trois cens mâ- les, quelquefois fept ou huit cens, où mille au plus. On défigne auf les abeilles communes par le nom d’oxvrieres, parce qu’elles font tout l’ouvrage qui eft néceflaire pour l'entretien de la ruche, foit la ré- colte du miel & de la cire, foit la conftruétion des al- véoles ; elles foignent les petites abeïlles ; enfin elles tiennent la ruche propre, & elles écartent tous les animaux étrangers qui pourroient être mufibles. La tête des abeilles communes eft triangulaire ; la pointe du triangle eft formée par la rencontre de deux dents poiées horifontalement l’une à côté de l’autre, longues , faillantes & mobiles. Ces dents fervent à la conftruétion des alvéoles : aufli font-elles plus for- tes dans les abeilles ouvrieres que dans les autres. Si on écarte ces deux dents, on voit qu’elles font comme des efpeces de cuillieres dont la concavité eft en-dedans. Les abeilles ont quatre ailes, deux grandes & deux petites ; en les levant, on trouve de chaque côté auprès de l'origine de l’aile de deflous en tirant vers l’eftomac, une ouverture reflemblan- te à une bouche; c’eft ouverture de l’un des pou- mons : il y en a une autre fous chacune des premieres jambes; deforte qu'il y a quatre ouvertures fur le corcelet ( 7. CORCELET ) & douze autres de part & d’autre fur les fix anneaux qui compofenrle corps: ces ouvertures font nommées /Ægmates, Voyez STIG- MATES. L’air entre par ces fligmates, & circule dans le corps par le moyen d’un grand nombre de petits ca- naux ; enfin il en fort par les pores de la peau. Sion tiraille un peu la tête de l’abeille, on voit qu’elle ne tient à la poitrine ou corcelet que par un cou très- court, & le corcelet ne tient au corps que parun filet très-mince. Le corps eft couvert en entier par fix grandes pieces écailleufes, qui portent en recouvre= ment l’une fur l’autre, & forment fix anneaux qui laïffent au corps toute fa fouplefle. On appelle az: rennes ( Voyez ANTENNES ) ces efpeces de comes mobiles & articulées qui font fur la tête, une de cha- que côte ; les antennes des mâles n’ont que onze ar- ticulations, celles des autres en ont quinze. L’abeïlle a fix jambes placées deux à deux entrois rangs ; chaque jambe eft garnie à l’extrémité de deux grands ongles & de deux petits , entre lefquels il y à uné partie molle & charnue. La jambe eft compofée de cinq pieces, les deux premieres font garnies de poils ; la quatrieme piece de la feconde & de la troi- fieme paire eft appellée /a broffe: cette partie eft quarrée, fa face extérieure eft rafe & life, l’inté- rieure eft plus chargée de poils que nos brofles ne le {ont ordinairement, & ces poils font difpofés de la même façon. C’eft avec ces fortes de broffes que la- beille ramaffe les pouflieres des étamines qui tom- bent fur fon corps, lorfqu’elle eft fur une fleur pour faire la récolte de la cire, Voyez Cire. Elle én fait de petites pelotes qu’elle tranfporte à l’aide de fes jambes fur la palette qui eft la troifieme partie des jambes de la troifieme paire. Les jambes de devant tranfportent à celles du milieu ces petites mañfes ; celles-ci les placent & les empilent fur la palette des jambes de derriere, .… Cette manœuvre fe fait avec tant d’dpilité & de promptitude, qu'il eft impoflible d’en diflinguer les mouvemens lorfque l'abeille eft vigoureufe. Pour bien diftinguer cette manœuvre de l'abeille, 1l faut l’obferver lorfqu’elle eff affoiblie & engourdie par la rigueur d’une mauvaife faifon. Les palettes font de fi- gure triangulaire ; leur face. exterieure eft life & lui- fante, des poils s’éleventau-deflus des bords ; comme ils font droits, roides & ferrés, & qu'ils Penvironnent, ils forment avec cette furface une efpece de corbeil- le : c’eft-là que l’abeille dépofe, à l’aide de fes pattes, les petites pelotes qu’elle a formées avec les brofles ; plufeurs pelotes réunies fur la palette font une mañle qui eft quelquefois aufñi grofle qu’un grain de poivre. La trompe de l'abeille eft une partie quife dévelop- pe & qui fe replie. Lorfqu’elle eft dépliée, on la voit | defcendre du deflous des deux groffes dents faillantes qui font à l’extrénuteé de la tête. La trompe paroît dans cet état comme une lame affez épaifle, très-lui- fante & de couleur châtain. Cette lame eft appliquée contre le deffous de la tête : mais on n’en voit alors qu'une moitié qui eft repliée fur l’autre ; lorfque l’a- beille la déplie, l'extrémité qui eft du côté des dents s’éleve, & on apperçoit.alors celle qui étoit deflous. On découvre aufli par ce déplacement la bouche & Îa langue de l'abeille qui font au-deflus des deux dents. Lorfque la trompe eft repliée, on ne voit que les étuis qui la renferment. | Pour développer & pour examiner cet organe, il faudroit entrer dans un grand détail. Il fufira de dire 1c1 que c’eft par le moyen de cet organe que les abeilles recueillent le nuel ; elles plongent leur trom- pe dans la liqueur nuellée pour la faire pañler fur la : furface extérieure. Cette furface de la trompe forme avec les étuis un canal par lequel le miel eft con- duit: mais c’eft la trompe feule qui étant un corps mufculeux, force par {es différentes inflexions & mouvemens vermiculaires la liqueur d’aller en avant, & qui la poule vers le gofier. _ Les abeilles ouvrieres ontdeux eftomaés; l’un reçoit fe miel , & l’autre la cire : celui du miel a un cou qui tient lieu d’œfophage , par lequel pañle la liqueur que la trompe y conduit, & qui doit s’y changer en muel parfait: l’eftomac où la cire brute fe change en vraie cire, eît au-deflous de celui du miel. Voyez CIRE, MIEL. L’aiguillon éft caché dans l’état de repos ; pour le faire fortir, il faut prefler l'extrémité du corps de la- beille. Onle voit paroître accompagné de deux corps blancs qui forment enfemble une efpece de boite, dans laquelle il eft logé lorfqu’il eft dans le corps. Cet aiguillon eft femblable à un petit dard qui, quoi- que très-délié, eft cependant creux d’un bout à l’autre. Lorfqu’on le comprime vers la bafe, on fait monter à la pointe une petite goute d’une liqueur ex- trèmement tranfparente; c’eft-là ce qui envenime les plaies que fait l’aiswillon. On peut faire une équi- voque par rapport à l’aiginllon comme par rapport à la trompe, ce qui paroit être l’aistullon n’en eftque l'étui ; c’eft par l'extrémité de cet étui que l’aiguillon . Lort, & qu'il eft dardé en même tems que la hiqueur empoifonnée. De plus cet aigwillon eft double; il y en a deux à côté qui jouent en même tems, où fépa- rément au gré de l’abeille ; ils font de matiere de cor- ne ou d’écaille, leur extrémité eft taillée en fcie , les dents font inchinées de chaque côté, de forte qué les pointes font dirigées vers la bafe de l’aiguillon, ce qui fait qu'il né peut fortir de la plaie fans la déchi- rer ; ainf 1l faut que l’abeille le retire avec force. Si elle fait ce mouvement avec trop de promptitude, laiguillon cafe & il refte dans la plaie; & en fe fépa- tant du corps de l’abeillé, 11 arrache la veflie qui contient le venin, & qui eft pofée au-dedans à la bafe de laiguillon. Une partie des entrailles forten même _Torne I, ABE 19 tems, ainfi cette fépatation de l’aigwillon eft mortellé pour la mouche. L’aigwillén qui refte dans la plaie a encore du mouvement quoique féparé du corps de l'abeille ; il s’ificline alternativement dans des fens contraires, & il s’enfonce de plus en plus. … | La liqueur qui coule dans l’étui de laiguillon eff unvéritable venin, qui caufe la douleur que lon éprouve lorfqu'ori a été piqué par une abeille. Si on goûte de ce venin, on le fent d’abord douçâtre ; mais 1] devient bien-tôt acre & brûlant; plus l’abeille eff vigoureufe, plus la douleur de la piquûre eft grande. On fait que dans l’hyver on en fouffre moins que dans l’êté, toutes chofes égales de la part de l’abeille = 1l y a des gens qui font plus ou moins fenfibles à cette piquüre que d’autres. Si l’abeille pique pour la fe- conde fois, elle fait moins de mal qu’à la premiere fois, encore moins à une troifieme; enfin le venin s’épruife , & alors l’abeille ne fe fait prefque plus fen- tr. On a toùjours cru qu’un certain nombre de pi- quûres faites à la fois fur le corps d’un animal pour- roient le faire mourir ; le fait a êté confirmé plufieurs fois ; on a même voulu déterminer ie nombre de pi quüres qui feroit néceflaire pour faire mourir un grand animal ; on a aufli cherché le remede qui dé- truiroit ce venin: mais on a trouvé feulement le moyen d’appaifer les douleurs en frottant l'endroit bleffé avec de lhule d'olive ; ou en y appliquant du perfl pilé. Quoi qu’il en foit du remede, il ne faut jamais manquer en pareil cas de retirer l’aiguillon, s’il eft refté dans la plaie comme il arrive prefque toüjours. Au refte la crainte des piquüres ne doit pas empècher que l’on approche des ruches : les abeilles ne piquent point lorfqu’on ne les irrite pas ; on peut. impunément les laïfler promener fur fa main où fur fon vifage , elles s’en vont d’elles-mêmes fans faire de mal; au contraire fi on les chafle, elles piquent pour {e défendre. | | Pour fuivre un ordre dans l’hiftoire fuccinéte des abeilles que l’on va faire ici, il faut la commencer dans le tems oùla mere abeille eft fécondée. Elle peut l'être dès le quatrieme ou cinquieme jour après celui où elle eft fortie de l’état de nymphe pour entrer dans celui de mouche, comme on le dira dans la fi- te. Il feroit prefque impoffible de voir dans la ruche laccouplement des abeilles, parce que la reine refte prefque toûjours dans le milieu où elle eft cachée par les gâteaux de cire, & par les abeïlles qui l’en- vironnent. On a tiré de la ruche des abeïlles meres, & on les à mifés avec des mâles dans des bocaux pour voir ce qui s’y pañleroit. | On eft obligé pour avoir une mere abeïlle de plon: ger une ruche dans l’eau, & de noyer à demi toutes les abeilles, ou de les enfumer, afin de pouvoir les examiner chacune féparément pour reconnoître la mere. Lorfqw’elle eft revériue de cet état violent, elle ne reprend pas d’abord aflez de vivacité pour être bien difpofée à l’accouplement. Ce n’eft donc que par des hafards que l’on en peut trouver qui faf: fent reuflir expérience; il faut d’ailleurs que cette mere foit jeune ; de plus il faut éviter le tems où elle eft dans le plus fort de la ponte. Dès qu’on pré- fénte un mâle à une mere abeille bien choifie, aufi- tôt elle s’en approckie, le lêche avec fa trompe, & lui préfente du miel: elle le touche avec fes pattes, tourne autour de lui, fe place vis-à-vis, lui broffe la tête avec fes jambes, Éc. Le mâle refte quelque- fois immobile pendant un quart-d’heure ; & enfin il fait à peu près les mêmes chofes que la femelle; celle-ci s’anime alors davantäge. On Pa vüe mon- ter fur le corps du mâle; elle recourba l’extrémité. du fien, pour l’appliquer contre l'extrémité de celui du mâle, qui faifoit fortir les deux cornes charnues êt la partie recourbée en arc. Suppofé que cette partie foit , comme on le croit, celle qe opere lac: ‘ 4 \ ‘ 20 ABE -couplement, il faut néceffairement que l'abeille fe- melle foit placée fur le mâle pour la rencontrer, parce. qu’elle eft recourbée en hautyc’eft ce qu'on a obfervé pendant: trois ou quatre heures. Il y eut plufieurs accouplemens, après: quoi le mâle refta immobile, la femelle lui mordit le corcelet, 8 le foùleva: en faifant pafler fa tête fous le corps du mâ- le; mais ce futen vain, caril étoit mort. On prefen- ta un autre mâle: mais la mere abeille ne s’en oc- cupa point du tout, & continua pendant tout le refte du jour de faire différens efforts pour tâcher de ra- rimer le premier. Le lendemain elle monta de nou- veau fur le corps du premier mâle, & fe recourba de la même façon que la veille, pour appliquer l’extré- mité de fon corps contre celui du mâle. L’accouple- iment des abeilles ne confifte-t-1l que dans cette jon- €tion qui ne dure qu’un inftant? On préfume que c’eft la mere abeïlle qui attaque le mâle avec qui elle veut s’accoupler; fi. c’étoit au contraire les mä- les qui attaquaflent cette femelle, ils feroient quel- quefois mille mâles pour une femelle. Le tems de la fécondation doit être néceffairement celui où 1l y a des mâles dans laruche ; il dure environ fix femaines prifes dans Les mois de Mai & de Juin ; c’eft auffi dans ce même tems que les eflains quittent les ruches. Les téinés qui fortent font fécondées ; car on a ob- fervé des eflains entiers dans lefquels 1l ne fe trou- voit aucun mâle, par.conféquent la reine n’auroit pt être fécondée avant la ponte qu’elle fait: auffi-tôt que Peffain eft fixé quelque part, vingt-quatre heu- res après on trouve des œufs dans les gâteaux, Après l’accouplement , 1l fe forme des œufs dans la matrice de la mere abeiïlle; cette matrice eft divi- {ée en deux branches, dont chacune eft terminée par plufieurs filets : chaque filet eft creux ; c’eft une forte de vaifléau qui renferme plufeurs œufs difpofés à quelque diftance Les uns des autres dans toute fa lon- sueur. Ces œufs font d’abord fort petits, 1ls tombent fucceffivement dans les branches de la matrice, & pañlent dans le corps de ce vifcere pour fortir au- dehors ; il y a un corps fphérique pofé fur la matri- ce ; on croit qu'il en degoutte une liqueur vifqueufe qui enduit les œufs, & qui les colle au fond des al- véoles, lorfqu’ils y font dépofés dans le tems de la ponte. On a eftimé que chaque extrémité des bran- ches de la matrice eft compofée de plus de 150 . vaifleaux , & que chacun peut contenir dix-fept œufs fenfbles à l'œil, par conféquent une mere abeïlle prête à pondre a cinq mulle œufs vifibles. Le nom- bre de ceux qui ne {ont pas encore vifbles, & qui doivent groflir pendant la ponte, doit être beaucoup’ plus grand; ainf 1l eft alé de concevoir comment une mere abeïlle peut pondre dix à douze nulle œufs, &c plus, en fept ou huit femaines. Les abeilles ouvrieres ont un imftinét fingulier pour : prévoir le tems auquel la mere abeïlle doit faire la ponte, &cle nombre d'œufs qu’elle doit dépofer; lorfqu'il furpafle celui des alvéoles qui fontfaits, elles en ébauchent de nouveaux pour fournir au befoin preffant ; elles femblent connoïtre que les œufs des abeilles ouvrietesfortiront les premiers, & qu'il y en aura plufieurs milliers; qu’il viendra enfiuteplufieurs centaines d'œufs quiproduiront des mâles ; 8 qu’en-- fin la ponte finira par trois ou quatre, & quelque- fois par plus de quinze ou vingt œufs d’où fortiront les femelles. Gomme ces trois fortes d’abeilles. font de différentes groffeurs, elles y proportionnent Îa grandeur des alvéoles. Il eft aife de diftinguer à l’œil ceux dés reines, & que l’on a appellé pour cette raïon a/véoles royaux; 1s font les plus grands. Ceux des faux bourdons font plus petits que ceux des ei. nes, mais plus grands que ceux des mulets ou abeil- les ouvrieres. | | La mere abeille diffingue parfaitement ces duffé- L \, ABE rens alvéoles ; lorfqu’elle fait fa ponte, elle: drive environnée. de dix: ou douze abeilles ouvrieres , plus ou moins, qui femblent la conduire & la foigner; les unes lui préfentent du miel avec leur trompes, les autres la lêchent & la broffent. Elle entre d'a bord dans un alvéole la tête la premiere »: & elle y refte pendant quelques inflans ; enfuite elle en fort, & y rentre à reculons; la ponte eft faite dans un moment. Elle en fait cingiou fx de fuite, après quoi elle fe repofe avant que de continuer. Quelquefois elle pafle devant un alvéole vuide fans s’y arrêter, Le tems de la ponte eft fort long ; car c’eft pref- que toute l’année, excepté l’hyver. Le fort de cette ponte eft au printèms; on a calculé que dans les mois de Mars êc de Mai, la mere abeille doit pondre environ douze mille œufs, ce qui fait environ deux cens œufs par jour: ces douze mille œufs forment en païtie l’effain qui fort à la fin de Mai ou au mois de Juin, & remplacent les anciennes mouches qui font partie de l’effain; car après fa fortie, la ruche n’eft pas moins peuplée qu'au commencement de Mars. ; | | Les œufs des abeïlles ont fix fois plus de longueur que de diametre ; ils font courbes! l’une de leurs ex- trémités eft plus petite que l’autre: elles font arron- dies toutes les deux. Ces œufs font d’une couleur blanche tirant fur. le bleu; ils font revêtus d’une membrane flexible, deforte qu’on peut les plier, &c cela fe peut faire fans nuire à l’embrion, Chaque œuf eft logé féparément dans un alvéole, & placé de façon à faire connoitre qu'il eft forti du corps de la mere par le petit bout ; car cette extrémité eft col- Iée au fond de l’alvéole. Lorfque la mere ne trouve pas un aflez grand nombre de cellules pour tous les œufs qui font prêts à fortit, elle en met deux ou trois, & même quatre dans un feul alvéole; ils.ne doivent pas y refter; car un feul ver doit remplir dans la fuite l’alvéole en entier. Ona vü les abeilles ouvrieres retirer tous les œufs furnuméraires: mais on ne fçait pas fi elles les replacent dans d’autres al- véoles ; on ne croït pas qu'il fe trouve dans #icune circonftance plufieurs œufs dans les cellules royales. La chaleur de la ruche fufit four faire éclorre les œufs, fouvent elle furpañle de deux degrés celle de nos étés les plus chauds : en deux ou trois jours l’œuf eft éclos ; il en fort un ver qui tombe dans l’alvéole. Dès qu'il a pris un peu d’accroiflement, il fe roule en cercle; il eft blanc, charnu, & fa tête reflemble à celle des vers à foie ; le ver eft pofé de façon qu’en {e tournant , iltrouve une forte de gelée ou de bouil- lie qui eft au fond de l’alvéole, & qui lui fert- de nourriture. On voit des abeilles ouvrieres qui vifi- tent plufieurs fois chaque jour les alvéoles où font les vers: elles y entrent la tête la premiere, & y reftent quelque tems. On n’a jamais pü voir ce qu'el- les y faifoient: mais il eft à croire qu’elles renouvel- lent la bouillie dont le ver fe nourrit. Il vient d’au- tres abeilles qui ne s'arrêtent qu’un inftant à l’entrée de l’alvéole comme pour voir s’il ne manque rien au ver. Avant que d'entrer dans une cellule, elles paflent fucceflivement devant plufeurs ; elles ontun foin continuel de tous les vers qui viennent de la ponte de leur reine : mais fi on apporte dans la ruche. des gâteaux dans lefquels il y auroït dés vers d’une autre ruche, elles les laiflent périr, 8 même elles les entraînent dehors. Chacun des vers qui eft né dans la ruche n’a que la quantité de nourriture qu lui eft néceflaire , excepté ceux qui doivent être changés en reines; il refte du. fuperflu dans les al- véoles de ceux-ci. La quantité de la nourriturereft - propottionnée à l’âge du ver; lorfqu'ils font jeunes, c’eft une bouillie blanchâtre, infipide comme de la colle de farine. Dans un âge plus avancé, c’eft une gelée jaunâtre ou verdâtre qui a un goût de fucre ou de miel: enfin lorfqw'ils ont pris tout leu acéroiffe- Ment , la nourriture à un'goût de fucré mêlé d’acide. On croit que cette matiere eft compofée dé miel &z de cire que Pabéille a pres Ou moins, digérés , & qu’elle peut rendrepar la bouche lorfqu'il lui plait. ? T ne fort di corps des vers 'auctin excrément : auf ont-ils pris tout leur accroïflement en cinq où fix jours. Lorfqu'un ver eft parvenu à ce point, les abeilles ouvrières ferment {on alvéole avec de la cire; lé couvercle eft plat pour ceux dont il doit for- tir des abeilles ouvrierés , 87 convexe pour cetix des faux bourdons. Lorfque l’alvéole eft fermé, le vet fapifle l’intérieur de fa cellule avec une toile de foie: iltiré cette foie de fon corps au moyen d’une filiere pareille à celle des vers à foie, qu'il a au-deflous de la bouche. La toile de foie eft tiflue de fils qui font frès-proches les uns des autres, & qui fe croifent; élle eft appliquée exaétement contre les parois de Palyvéole. On en trouve où il y a jufqu'à vingt toi- les'les unes fur les autres ; c’eit parce que le même alvéole à fervi fucceffivement à vingt vers, qui y ont appliqué chacun une toile ; car lorfque les abeil- les ouvrieres nettoyent une cellule où un ver s’eft métamorpholé, elles enlevent toutes lés dépouilles dé’ la nÿmphe fans toucher à la toile de foie. On a remarque que les cellules d’où fortent les reines ne . fervent jamais deux fois; les abeilles les détruifent pour en bâtir d’autres fur leurs fondemens. Le ver après avoir tapifié de foie fon alvéole, quitte fa peau de ver; & à la place de fa premiere peau, il s’en trouve une bien plus fine: c’eft ainfi qu'il fe change en nymphe. Voyez NymMPHE: Cette nymphe eft blanche dans les premiers jours ; enfuite {es yeux deviennent rougeûtres, il paroît des poils ; enfin après environ quinze jours , c’eft une mouche bien formée, & recouverte d’une peau qu’elle perce pour paroïtre au jour. Mais cette opération eft fort laborieufe pour celles qui n’ont pas de force, com- me il arrive dans les tems froids. Il y en a qui périf- fent après avoir pañle la tête hors de l'enveloppe, fans pouvoir en {ortir. Les abeilles ouvrieres qui avoient tant de foin pour nourrir le ver , ne don- nent aucun fecours à ces petites abeilles lorfquw’elles font dans leurs enveloppes: mais dès qu’elles font parvenues à en fortir, elles accourent pour leur ren- dre tous les fervices dont elles ont befoin. Elles leur donnent du miel, les léchent avec leurs trompes & les efluient, car ces petites abeïlles font mouillées, lorfq'elles fortent de leur enveloppe; elles fe fe- chent bientôt; elles déploient les ailes; telles mar- chent pendant quelque tems fur les gâteaux; enfin elles fortent au-dehors, s’envolent; & dèsle premier - jour elles rapportent dans la ruche du miel &c de la cire. | Les abeïlles fe nourriflent de miel & de cire brute ; On croit que le mélange de ces deux matieres eft né- céflaire pour que leurs digefftions foient bonnes; on croit aufli que ces infeétes font attaqués d’uné mala- die qu'on appelle Z dévoiement ; lorfqu'ils font obli: gés de vivre-de miel feulement. Dans l’état naturel, il n'arrive pas que les excrémens des abeilles qui {ont toujours liquides, tombent fur d’autresabeilles, ce qi leur feroit un très-erand mal: dans le dévoie- ment, ce mal arrive parce que les abeilles n’ayant pas aflez de force pour fe mettre dans une POÉRER convenable les unes par rapport aux autres, celles qui font au-deffus laïent tomber {ur celles qui font au-deflous une matiere qui gâte leurs ailes , qui bou- che les 6rpanes de larefpiration:, & quiles fait périr. Voilà la feule maladie des abeilles qui foit bien, connue ; Of peut y remédier en mettant dans la ru- Che où font les malades , un gâteau qué l’on tire d’u- he autre ruche, & dont les alvéoles font remplis de cire brute: c’eft l'aliment dont la difette a caufé la ABE + maladie} on pourroit auf y fuppléet par tine com: pofition: celle qui a paru la meilleure fe fait avec une denu-livre de fucre , autant de! bon miel; nñe chopine de vin rouges&cenvironunquarteron de fine farine deféve, Les abeilles couréntrifquede fe noyer en büvant dans des ruifleaux ou dans des référvoirs dont les bords font efearpés: Pour prévenir cet'in- convénient ; 1l eft à propos de leu donner de l’eau dans des afhettes autour de leur ruche, On peut re= connoître les jeunes abeilles &rles vieilles par leur couleur, Les premmeres ont les anneaux bruns & les ” poils blancs ; les vieilles ont au contraire les poils roux &c les annéaux d’une couleur moins brüne que les jeunes. Celles-ci ont les aïles fâines & entieres ; dans un âge plis avancé, les ailes fe frangent 6z fe déchiquetent à forcé defervir. On n’a pas encore pû favoir quelle étoit la durée de la vie des ‘abeilles : quelques Auteurs ont prétenduqu'elles vivoïent dix ans, d’autres fept; d’autres enfin ont rapproché de beaucoup. le terme de leur mortnaturelle ;en le f- ant à la fin de la premicre année :'c’eft peut-être Popinion la mieux fondée ; il feroit difficile d’en avoir la preuve; car On ne-pourroit pas gardér une abeille féparément dés autres: ces infeétes ne peu vent vivre qu’en fociëté. | Après avoir fuivi les abeilles dans leurs diflérens apes , il faut rapporter les faits les plus remarqua- blesidans lefpece defociète qu’elles compofent. Une ruche ne peut fubfifter!, sil n'y a une abeille mere ; & sil s’en trouve plufeurs ; les abeilles ouvrieres tuent les furnuméraires. Jufqu'à ce que cette exécur- tion foit faite, elles ne travaillent point; tout eft en defordre dans la ruche. On trouve communément des ruches qui ont jufqu'à feize ou dix-huit mille habitans ; ces infeétes travaillent affidüiment tant que la température de l’air le leur permet. Elles {ortent de la ruche désque laurore paroït; au printems, dans les mois d'Avril & de Mar, il d'y a aucune in- tertuption dans leurs courfes depius' quatre heu- res du matin jufqu'à huit heures du foir ; on en voit \ à tout inftant {ortir de la ruche'& y rentrer chargées de butin. On a compté qu'il en fortoit jufqu’à cent par minute , & qu'une feule abeille pouvoit faire cinq, & même juiqu'à fept voyages en uñ jour. Dans lés mois de Juillet & d’Août, elles rentrent ordinai- rément dans la‘ruche pour y pafler lemilieu du jour; on ñe croit pas qu’elles craignent pour’elles:mêmes la grande chaleur, c’eft plütôt parce que l’ardeur du Soleil ayant defléché les étamines des fleurs, il leur-eft plus difficile de les pelotonner enfemble pour les tranfporter ; aufli celles qui rencontrent des plan- fes aquatiques qui font humides, travaillent à toute heure. | Il y a des tems critiques où elles tächent de fur- monter tout obftacle , c’eft lorfqu'un eflain s’eft fixé dans un nouveau gîte; alors il faut néceffairement conftruire des gâteaux; pour cela, elles travaillent continuellement ; ellés iroient jufqu’à une lieue pour avoir une feule pelotte de cire. Cependant la pluie &c l'orage font infurmontables ; dès qu'un nuage pa- roît l’annoncer, on voit les abeilles {e raffembler de fous côtés, &c rentrer aVec promptitude dans la ru che. Celles-qui rapportent du miel ne vont pas toù- « jours le dépofer dans les alvéoles ; éllés le difiibuent fouvent en chemin à d’autres abeilles qu’elles ren- contrent; elles en donnent aufli à celles qui travail lent dans la ruche, & même il s’en trouve qui le leur enlevent de force. | A Les abeilles qui recuéillent la cire brute, l’ava- lent quelquefois pour lui faire prendre dans leur efto- mac la qualité de vraie cire: mais le plus louvent elles la rapportent enpelotes , & la remettent à d’att- tres ouvrieres qui lavalent pour la préparer; enfin la Gre brute eft auf dépoiée dans les alyéoles, L’a: 22 ABE beille qui arrive chargée entre dans un alvéole, de- tache avec l'extrémité de fes jambes du milieu les deux pelotes qui tiennent aux jambes de derriere, & les fait tomber au fond de l’alvéole. Sicette mou- che quitte alors Palvéole, il en vient une autre qui met les deux pelottes en une feule mafle qu’elle étend au fond de la cellule ; peu-à-peu elle eft rem- plie de ciré brute que les abeilles pétriflent de Ia mê- me façon, & qu'elles détrempent avec du miel. Quelque laborieufes que foient les abeilles, elles ne peuvent pas être tobjours en mouvement; il faut bien qu’elles prennent du repos pour fe délaffer: pen- dant l’hyver , ce repos eft forcé; le froid les engour- dit, & les met dans l’inaétion; alors elles s’accro- chent les unes aux autres par les pattes , & fe fuf- pendent en forme de suirlande. Les abeïlles ouvrieres femblent refpeëter la mere abeille , & les abeilles mâles feulement, parce qu’el- les font néceffaires pour lamultiplication de l’efpece. Elles fuiventla reine, parce que c’eft d’elle que for- tent les œufs: mais elles n’en reconnoïffent qu’une, & elles tuent les autres; une feule produit une affez grande quantité d'œufs. Elles fourniffent des alimens aux faux bourdons pendant tout le tems qu'ils font néceffaires pour féconder la reine : mais dès qu’elle ceffe de s’en approcher, ce qui arrive dans le mois de Juin, dans le mois de Juillet, ou dans le mois d’Aoùût, les abeilles ouvrieres les tuent à coup d’ai- guillon, & les entraînent hors de la ruche: elles {ont quelquefois deux, trois, ou quatre enfemble pour {e défaire d’un faux bourdon. En même tems elles détruifent tous les œufs & tous les vers dont 1l doit fortir des faux bourdons; la mere abeïlle en pro- duira dans fa ponte un aflez grand nombre pour une autre génération. Les abeilles ouvrieres tournent auf leur aigwillon contre leurs pareilles ; &c toutes Les fois qu’elles fe battent deux enfemble, il en coûte la vie à l’une, & fouvent à toutesles deux, lorfque celle qui a porté le coup mortel ne peut pas retirer fon aiguillon; il y a auffi des combats généraux dont on parlera au mot Effain. _ Les abeilles ouvrieres fe fervent encore de leur aiguillon contre tous les animaux qui entrent dans leur ruche, comme des limaces, des limaçons, des fcarabés, Gc. Elles les tuent & les entrainent de- hors. Si le fardeau eft au-deflus de leur force, elles ont un moyen d'empêcher que la mauvaife odeur de l'animal ne les incommode ; elles l’enduifent de pro- polis, qui eft une réfine qu’elles emploient pour ef- palmer la ruche. Voyez PRoPozrs. Les guêpes ê les frélons tuent les abeilles , &c leur ouvrent le ventre pour tirer le miel qui eft dans leurs entrailles ; elles pourroient fe défendre contre ces infeétes , s'ils ne les attaquoient par furprife : mais 1l leur eft impof- fible de réfifter aux moineaux qui en mangent une grande quantité, lorfqu'ils font dans le voifinage des ruches. f’oyez Mouflet, Swammerdam , Les Me- moires de M. Maraldi dans le Recual dé l Académie Royale des Sciences, & Le cinquieme Volume des Mémoi- res pour fervir à l’hifloire des Infèütes , par M. de Reau- mur, dont cet abrégé a été tiré en grande partie. Voyez ALVÉOLE ; ÉSSAIN, GATEAU, PROPOLIS, RUCHE, INSECTE. Il y a pluñeurs efpeces d’abeiïlles différentes de celles qui produifent le miel & la cire; l’une des principales efpeces, beaucoup plus groffe que les abeilles , eft connue fous le nom de bourdon, Voyez BOURDON. Les abeilles que l’on appelle perce-bois font pref- que auf grofles que les bourdons ; leur corps eft ap- plati & prefque ras: elles font d’un beau noir luifant, à l’exception des aïles dont la couleur eft violette. On les voit dans les jardins dès le commencement du printems, & on entend de loin Le bruit qu’elles font en volant: elles pratiquent leur nid dans des mor2 céaux de bois fec qui commencent à fe pourrir; elles y percent des trous ayec leurs dents ; d'où vient leur nom de perce-bois. Ces trous ont douze à quinze pouces de longueur , & font aflez larges pour qu'elles puiffent y pafler librement. Elles divitent chaque trou en.plufieurs cellules de fept ou huit lignes de longueur ; elles font féparées les unes des au- tres par une cloifon faite avec de la fciûre de bois &z une efpece de colle, Avant que de fermer la premiere piece, l’äbeille y dépofe un œuf, & elle y met une pâtée compofée d’étamines de fleurs, humeétée de. miel , qui fert de nourriture au ver lor{qu’il eft éclos : la premiere cellule étant fermée, elle fait les mêmes chofes dans la feconde, & fucceffivement dans tou- tes les autres, Le ver fe métamorphofe dans la fuite en nymphe, & 1l fort de cette nymphe une mouche qui va faire d’autres trous, & pondre de nouveaux œufs , fi c’eft une femelle, Une autre efpece d'abeille conftruit fon nid avec üne forte de mortier. Les femelles font aufli noires que les abeïlles perce-bois & plus velues ; on voit feulement un peu de couleur jaunâtre en-deflous à leur partie poftérieure : elles ont un aiguillon pareil à celui des mouches à miel ; les mâles n’en ont point, ils font de couleur fauve ou rouffe. Les femelles con- ftruifent feules les nids, fans que les mâles y travail- lent : ces mids n’ont que l'apparence d’un morceau de terre gros comme la moitié d’un œuf, collé contre un mur ; 1ls font à l’expofñition du Midi. Si on détache ce nid, on voit dans fon intérieur environ huit ou dix cavités dans lefquelles on trouve, ou des vers & de la pâtée, ou des nymphes, ou des mouches. Cette abeille tranfporte entre fes dents une petite pelote compofée de fable, de terre , & d’une liqueur gluan- te qui lie le tout enfemble, & elle applique & façon- ne avec fes dents la charge de mortier qu’elle a ap- portée pour la conftruttion du nid. Elle commence par faire une cellule à laquelle elle donne la figure d’un petit dé à coudre; elle la remplit de pâtée, & elle y dépofe un œuf & enfuite elle la ferme. Elle fait ainf fucceflivement, & dans différentes direétions fept ou huit cellules qui doivent compofer le nid en entier ; enfin elle remplit avec un mortier groflier les vuides que les cellules laïffent entr’elles, & elle en- duit le tout d’une couche fort épaïfle. Il ÿ a d’autres abeilles qui font des nids fous terre: elles font prefque aufi groffles que des mouches à miel ; leur nid eft cylindrique à Pextérieur, & arron- di aux deux bouts : il eft pofé hiorifontalement &r re- couvert de terre de l’épaifleur de plufeurs pouces, {oit dans un jardin, foit en plein champ, quelquefois dans la crête d’un fillon. La mouche commence d’a- bord par creufer un trou propre à recevoir ce cy- lindre ; enfuite elle le forme avec des feuilles décou- pées: cette premiere couche de feuilles n’eft qu’une enveloppe qui doit être commune à cinq ou fix pe- tites cellules faites avec des feuilles comme la pre- miere enveloppe. Chaque cellule eft auffi cylindri- que & arrondie par l’un des bouts ; l'abeille découpe des feuilles en demi-ovale: chaque piece eft la moi tié d’un ovale coupé fur {on petit diametre. Sion fai foit entrer trois pieces de cette figure dans un dé à coudre pour couvrir {es parois intérieures, de façon que chaque piece anticipât un peu fur la piece voi- fine, on feroit ce que fait l'abeille dont nous parlons. Pour conftruire une petite cellule dans Penveloppe commune , elle double & triple les feuilles pour ren- dre la petite cellule plus folide, & elle les joint en- femble, de façon que la pâtée qu’elle y dépofe avec l'œuf ne puifle couler au-dehors. L'ouverture de la cellule eft auffi fermée par des feuilles découpées en rond qui joignent exaétement les bords de la cellule. Il y atrois feuilles l’une fur l’autre pour faire ce çous vercle, Cette premiere cellule étant placée à lun des bouts de l’enveloppe cylindrique ; de façon que fon bout arrondi touche les paroïs intérieures du bout arrondi de l'enveloppe ; la mouche fait une feconde cellule fituée de la même façon, & enfuite d’autres jufqu’au bout de enveloppe. Chacune a environ fix lignes de longueur fur trois lignes de diametre, & renferme de la pâtée & un ver qui, après avoir pañlé par l'état de nymphe, devient une abeille. Il sk ena de plufeurs efpeces : chacune n’emploie que la feuille d’une même plante; les unes celles de rofier, d’au-! tres celles du maronnier, de l’orme: d’autres abeilles conftruifent leurs nids à peu, près de la même facon, mais avec des matériaux difiérens ; c’eflune matiere analogue à la foie , & qui fort de leur bouche, Il y a des abeilles qui font feulement un trou en terre; elles dépofent un œuf avec la pâtée qui fert d’aliment au ver, &elles rempliffent enfuite le refte “du trou avec de la terre. Il y en a d’autres qui, après avoir creufé en terre des trous d’environ trois pou- ces de profondeur, les revêtiflent avec des feuilles de coquelicot: elles les découpent & les appliquent éxaétement fur les parois du trou: elles mettent au moins deux feuilles l’une fur l’autre, C’eft fur cette couche de fleurs que la mouche dépofe un œuf & la pâtée du ver; & comme cela ne fuffit pas pour rem- plir toute la partie du trou qui eft revètue de fleurs, éllé renverfe la partie de la tenture qui déborde, & ên fait une couverture pour la pâtée & pour l’œuf, enfuite ellé remplit le refte du trou avec de la terre. * Ontrouvera l’'Hifloire de toutes ces mouches dans le fixiéme Volume des Mémoires pour fervir a l’Hifloire des Trfeites, par M. de Reaumur, dont cet abregé a été tiré. Voyez MOUCHE , INSECTE. (L) | ÂABEILLES , ( Myth. ) pañlerent pour les nourrices de Jupiter fur ce qu’on en trouva des ruches dans Pantre de Diété, où Jupiter avoit été nourri. * ABEL,, f. petite ville des Ammonites que Jo- feph fait de la demi-Tribu de Manafsès, au de-là du Jourdain , dans le pays qu'on appella depuis Z4 Trachonite. ABELIENS,ABELONIENS & ABELOITES, f. m. pl. forte d’hérétiques en Afrique proche d’'Hippone , dont l’opinion & la pratique diftinétive étoit de fe marier, & cependant de faire profeffion de s’abitenir de leurs femmes, & de n’avoir aucun commerce charnel avec elles. Ces hérétiques peu confidérables par eux-mêmes, ( car ils étoient confinés dans une petite étendue de pays, & ne fubfifterent pas long-tems ) font deve- nus fameux par les peines extraordinaires que les Savans fe font données pour découvrir le principe fur lequel 1ls fefondoient & la raifon de leur déno- mination, | | Il y en a qui penfent qu'ils fe fondoient fur ce texte de S. Paul, 1. Cor. VIT. 29. Reliquum eft ur 6 qui ha- bent uxores , tanquam non habentes fent. ” Un Auteur qui a écrit depuis peu prétend qu'ils régloient leurs mariages fur le pié du Paradis Ter- reftre ; alléguant pour raifon qu'il n’y avoit point eu d'autre union entre Adam & Eve dans le Paradis Terreftreque celle des cœurs, Il ajoüte qu'ils avoient encore en vûe l'exemple d’Abel, qu’ils foûtenoient avoir été marié , mais n’avoir jamais connu fa fem- me, & que c’eft de lui qu'ils prirent leur nom, Bochart obferve qu'il couroitunetradition dans lO- tient , qu'Adam conçut de la mort d’Abelun fi grand chagrin qu'il demeura cent trente ans fans avoir de commerce avec Eve. C’étoit, commeïl le montre, le fentiment des Doéteurs Juifs ; d’où cette fable fut tranfmife aux Arabes ; & c’eft de-là, felon Giggeus, que 9DNN Thabala en Arabe, eft venu à fignifier s’abffenir de [a femme. Bochart en à conclu qu'il eft fres-probable que cette hiftoire pénétra jufqu’en ABE 23 Afrique , & donna naïffance à la feête 8 au nom des Abéliens. , I eft vrai que les Rabbins ont cru qu’Adam après la mort d’Abel, demeura long-tems fans ufer du ma- rage, & même jufqu'au tems qu'il engendra Seth. Mais d’affürer que cet intervalle fut de cent trente ans, C’eft une erreur manifefle & contraire à leur propre chronologie , qui place la naïffance de Seth à la cent trentieme année du Monde, ou de la vie d’A- dam, comme on peut le voir dans les deux ouvrages des Juifs intitulés Seder Olam. Abarbanel dit que ce fut cent trente ans après la chüte d'Adam, ce qui eft conforme À l'opinion d’au- tres Rabbins, que Cain & Abel furent conçûs immé- diatement après la tranfpreffion d’Adam, Mais, difent d’autres , à la bonne heure que la continence occa- fionnée par la chûte d’Adam ou par la mort d’Abel ait donné naïffance aux Abéliens : ce fut la conti- nence d'Adam, & non celle d’Abel , que ces héréti- ques imuterent; & fur ce pié, ils auroïent dû être appellés Ædamites , & non pas Abéliens, En effet il eft plus que probable qu’ils prirent leur nom d’Abel fans aucune autre raïfon , fi ce n’eft que comme ce Patriarche ils ne laifloient point de poftérité ; non qu'ileût vécu en continence après fon mariage , mais parce qu'il fut tué avant que d’avoir été marié. Les Abéliens croyoient apparemment , felon l’o- pinion commune , qu’Abel étoit mort avant que d’a- Voir été marié : mais cette opimon n’eft ni certaine ni umiverfelle. Il y a des Auteurs qui penfent qu’Abel étoit marié & qu'il laïfla des enfans, Ce fut même, felon ces Auteurs, la caufe principale de la crainte de Cain, qui appréhendoïit que Les enfans d’Abel ne tiraflent vengeance de fa mort, * On croit que cette fete commença fous l’em- pire d’Arcadius & qu’elle finit fous celui de Théo- dofe le jeune ; &'que tous ceux qui la compofoient réduits enfin à un feul village, fe réunirent à l’Églife, S. Aug. de hæref. c. 85. Bayle, dittionn. (G) * ABELLINAS, f. vallée de Syrie entre le Liban & l’Antiliban , dans laquelle Damas eft fituée, * ABELLION, ancien Dieu des Gaulois, que Bouf cher dit avoir pris ce nom du lieu où il étoit adoré. Cette conjeéture n’eft guéres fondée , non plus que celle de Voflius qui croit que lAbellion des Gaulois eft l’Apollon des Grecs & des Romains, ouen re- montant plus haut , le Bélus des Crétois. * ABEL-MOSC. Voyez AMBRETTE où GRAINE DE Musc. * ABENEZER , lieu de la Terre Sainte où les Ifraëlites défaits abandonnerent l’Arche d'alliance aux Philiftins. * ABENSPERG , petite ville d'Allemagne dans le Cercle &Duché deBaviere.Long.29.25. lat. 48.45. * ABEONE , f. f. Déeffe du paganifme à laquelle les Romains fe recommandoïient en fe mettant en voyage. | * ABER , L. m. dans l’ancien Breton , chûte d’un ruifleau dans une riviere ; telle eft l’origine des noms de plufieurs confluens de cette nature, &c de plufeurs villes qui y ont été bâties ; telles que Aberdéen, Aberconway , &c. | * ABERDEEN, ville maritime de l’Ecofle fepten- tentrionale. IL y a le vieux & le nouvel Aberdéen. Celui-ci eft la capitale de la Province de fon nom. Long. 16. lat, 57.23. ABERNETY , ABERBORN, ville de l’Ecoffe fep- _ tentrionale au fond du Golphe de Firth, à l’embou- chure de l’Ern. Long. 14. 40. lat. 56.37, ABERRATION, f. f. ez Affronomie , eft un mou- vement apparent qu’on obierve dans les Étoiles fixes , & dont la caufe & les circonftances ont été découvertes par M, Bradley, Membre de la Société Royale de Londres, & aujourd’hui Affronome du Roi d'Angleterre à Greenwick, 74 ABE M. Picard & plufeurs autres Aftronomes après lui, avoient obfervé dans l'Étoile polaire un mouvement apparent d'environ 40! par an qu'il paroïfloit impot fible d'expliquer par la parallaxe de l’orbe annuel; parce que ce mouvement étoit dans un fens contraire à celui fuivant lequel il auroit dû être , s’il étoit ve- nu du feul mouvement de la Terre dans fon orbite. Voyez PARALLAXE DU GRAND ORBE. Ce mouvement n'ayant pù être expliqué pendant 50 ans , M. Bradley découvrit enfin en 1727 qu'il étoit caufé par le mouvement fucceflif de la lumiere combiné avecle mouvement de la Terre. Si la France a produit dans le dernier fiecle les deux plus grandes découvertes de l’Aftronomie phyfique, fçavoir , Pac- courciflement du Pendule fous l’Équateur, dont Ri- cher s’apperçut en 1672,8 la propagation ou le mou- vement fucceffif de la lumiere démontré dans lAca- démie desSciences par M. Roëmer, Angleterre peut bien fe flatter aujourd’hui d’avoir annoncé la plus grande découverte du dix-huitieme fiecle. Voici de quelle maniere M. Bradley a expliqué la théorie de l’aberration, après avoir obfervé pendant deux années confécutives que l’Étoile > de la tête du Dragon ; qui pañoit à fon zénith, & qui eft fort près du Pole de l’'Ecliptique , étoit plus méridionale de 39/ au mois de Mars qu'au mois de Septembre. Si l’on fuppofe( Planche Affron. Fig. 31. n. 3.) que l’œil foit emporté uniformément fuivant la ligne droite À B., qu’on peut bien regarder ici commeune très-petite partie de l’orbite que la Terredécrit durant quelques minutes , & que l’œil parcourre l'intervalle compris depuis À jufqu’à B précifément dans le tems que la lumiere fe meut depuis C jufqu’en B, je dis qu’au lieu d’appercevoir l'Étoile dans une direétion parallele à B C, l’œil appercevra, dans le cas pre- fent, l'Étoile felon une direétion parallele à la ligne A C. Car fuppofons que l’œil étant entraîné depuis A jufqu’en B, regarde continuellement au-travers de l'axe d’un tube très-délié, & qui feroit toùjours pa- rallele à lui-même fuivant les direétions AC, ac, &c. il eft évident que f£ /a viteffe de la lumiere a un rap- port affez fenfible a la vitefle de la Terre , & que ce rap- port doit celui de BC à AB, alors la particule de lu- miere qui s’étoit d’abord trouvée à l'extrémité C du tube coulera uniformément & fans trouver d’obftacle le long de l’axe, à mefure que le tube viendra à s’a- vancer, puifque felon la fuppoñition on a toüjours AB à BCcomme 4aB à Be, & Aa à Cccomme AB à BC; c’eft-à-dire, que l'œil ayant parcouru linter- valle A a, la particule de lumiere a dû defcendre uni- formément jufqu’en c, & par conféquent fe trouvera dans le tuyau qui eft alors dans la fituation ac. D’ail- leurs il eft aifé de voir que fi on donnoït au tube toute autre inclinaifon , la particule de lumiere ne pourroit plus couler le long de l'axe, mais trouveroit dès fon entrée un obftacle à fon paffage, parce que le point c ou la particule de lumiere arriveroit ne fe trouveroit pas alors dans le tuyau, quine feroit plus parallele à À C. Or, parmi cette multitude innom- brable de rayons que lance l’Étoile & qui viennent tous parallelement à BC, il s’en trouve aflez dequoi fournir continuellement de nouvelles particules qui £e fuccédantlesunes aux autres à l'extrémité du tube, coulent le long de l’axe , &c forment par conféquent un rayon fuivant la diredion A C.Il eftdonc évident que ce même rayon À C fera l’unique qui viendra frapper l'œil, qui par conféquent ne fauroit apper- cevoir l'Étoile autrement que fous cette même di- reétion. Maintenant fi au lieu de ce tube on imagine autant de lignes droites ou de petits tubes extrème- ment fins & déliés, que la prunelle de l’oœil peut ad- mettre de rayons à la fois, le même raifonnement aura lieu pour chacun de ces tubes, que pour celui dont nous venons de parler, Donc l'œil ne fauroit ABE recevoir aucun des rayons de l’Etoile que ceux qui paroîtront venir fuivant des direétions paralleles à A C, & par conféquent l’Etoile paroïtra en effet dans un lieu où elle n’eft pas véritablement; c’eft-à-dire , dans un lieu différent de celui où on l’auroit apper- çue , fi l'œil étoit refté fixe au point À. | Ce qui confirme parfaitement cette théorie f ingé- nieufe, & qui en porte la certitude jufqu’à la démont- tration ; c’eft que la vitefle que doit avoir la lumiere pour que langle d’aberration B C A foit tel que les obfervationsle donnent, s’accorde parfaitement avec la vitefle de la lumiere déterminée par M. Roëmer d’après les obfervations des Satellites de Jupiter, En effet, imaginons (Fig. 31. n°. 2.) que b c foit égal aurayon de l’orbe annuel, l'angle 2 c 4 eft donné par l’obfervation de la plus grande aberration poffible des Etoiles, favoir, de 20/.On fera donc, comme le rayon eft à la tangente de 20”, ainfi ch eft à un quatriéme terme, quifera la valeur de la petite por- tion a à de l’orbe terreftre, laquelle fe trouve ex- céder un peu la dix-millieme partie de la moyenne diftance À B ou À & de la Terre au Soleil, puifqu’elle en eft la 5 partie. C’eft pourquoi la Terre par- courant 360 degrés en 365 jours +, & à proportion un arc de $7 degrés égal au rayon de l'orbite, en ÿ8 jours 2 ou 83709 , il RM que la 10313 par-. tie de ce dernier nombre, c’eft-à-dire, 8! =, ou 8 7! L fera le tems que la Terre met à parcourir le pe- tit efpace ab, & le tems que la lumiere met à par- courir l’efpace #c égal au rayon de l’orbe annuel. Or M. Roëmer a trouvé par les obfervations des Sa- tellites de Jupiter,que la lumiere doit mettre en effet environ 8/ 7" à venir du Soleil jufqu’à nous, Foyez Lumiere. C’eft pourquoi chacune des deux théories de M. Roëmer & de M. Bradley s’accordent à don- ner la même quantité pour la vitefle avec laquelle la lumiere fe meut. | Au refte comme les direétions que l’on regarde comme paralleles, bc,BC,oubienszc, AC, nele font pas en effet, mais concourent au même point du Ciel, fçavoir à l'Etoile E , ils’enfuit qu’à mefure que la terre avancera fur la circonférence de fon orbite, l'arc ou la petite tangente + £ qu’elle décrit chaque jour venant à changer de direétion , 1l en fera de mé- me à l’égard de la ligne À C qui dans le cours d’une année entiere aura un mouvement conique autour de B Coude À E, en forte que prolongée dans le ciel, {on extrémité doit décrireun petit cercle autour du vrai lieu qu'occupe l'Étoile ; & comme l’angle AC B ou l’angle alterne C A E qui lui eft égal eft de 20", il fera vrai de dire que l'Étoile ne fçauroit jamais être apperçue dans fon vrai lieu , mais qu’à chaque année elle doit recommencer à parcourir la circonférence d’un cercle autour de fon véritable lieu : en forte que fi elle eft au zénith , par exemple , elle pourra être vüûe à fon paflage au méridien alternativement 207, plus au Nord où plus au Midi à chaque intervalle d'environ fix mois. M. de Maupertuis dans fon excel lent ouvrageintitulé Elémens de Géographie, explique l’aberration par une comparaifon ingénieufe. Il en eft ainf, dit-il, de la dire@ion qu’il faut donner au fufil pour que le plomb frappe l’oifeau qui vole : au lieu d’ajufter direétement à l’oifeau, le Chaffeur tire un peu au-devant, & tire d'autant plus au-devant , que, le vol de l’oifeau eft plus rapide par rapport à la vitefle du plomb. Il eft évident que dans cette comparaïfon l’oifeau repréfente la Terre, & le plomb repréfente la lumiere de l'Etoile qui la vient frapper. Cette comparaifon peut fervir à faire entendre le principe de l’aberration à ceux de nos Leéteurs qui n’ont aucune teinture de Géométrie. L’explication que nous venons de donner de ce même principe d’après M. Bradley peut être aufli à l’ufage de ceux qui n’en ont qu’une teinture legere ; Fe on Q1t doit fentir que f. un tryau eft mû avec une direétion donnée qui ne foit pas fuivant la longueur du tuyau, ün corpufcule ou globule qui doit traverfer ou eziler ce tuyau en ligne droite durant fon mouvement fans choquer les paroïs du tuyau , doit avoir pour cela une diredtion différente de celle du tuyau, & quine . oit pas parallele non plus à la longueur du tuyau. Mais voici une démonftration qui pourra être facilement entendue par tous ceux qui font un peu au fait des principes de méchanique , & qui ne fuppoie ni tuyau, ni rien d’étranger. Je ne fache pas qu’elle ait encore étédonnée, quoiqu’elle foit fim- ple. Aufli ne prétens-je pas m'en faireun mérite, C B (Fig, 31. n°. 3.) étant (kyp.) la vitefle abfolue de l'É- toile, on peut regarder C B comme la diagonale d’un parallélogramme dont les côtés{eroient C À & AB; ainfi on peut fuppoifer que le globule de lumiere , au lieu du mouvement fuivant CB , ait à la fois deux mouvemens, l’un fuivant C À, lPautre fiuvant AB. Or lé mouvement fuivant À B eft commun à ce glo- bule & à l’œil du fpetateur. Donc ce globule ne frappe réellement l’œil du fpeétateur que fuivant C A. Donc A C eftla direétion dans laquelle le fpeétateur doit voir l'Étoile. Car la ligne dans laquelle nous voyons un objet n’eft autre chofe que la ligne fuivant laquelle les rayons entrent dans nos yeux, C’eft pour cette raifon que dans les miroirs plans, par exemple, nous voyons l’objet au dedans du miroir, 6. Voyez Miroir. Voyez auffi APPARENT. M. Bradley a joint à fa théorie des formules pour calculer l’aberration des fixes en déclinaïfon & en afcenfion droîte : ces formules ont été démontrées en deux différentes manieres, & réduites à un ufage fort fimple par M. Clairaut dans les Mémoires de l’Aca- démie de 1737. Elles ont aufli été demontrées par M. Simpfon de la Société Royale de Londres, dans un Recueil de diférens Opufcules Mathématiques 1m- primé en Anglois à Londres 1745. Enfin M. Fontaine des Crutes a publié un traité fur le même fujet. Cet Ouvrage a été imprimé à Paris en 1744. Des Aftro- nomes habiles nous ont paru en faire cas ; tant parce qu'il explique fort clairement la théorie & les cal- ‘culs de l’aberration , que parce qu'il contient une hiftoire aflez curieufe de l’origine & du progrès de l'Aftronomie dreflée fur des Mémoires de M. le Mon- nier. Nous ayons tiré des [Inftitutions Aftronomiques de ce dernier une grande partie de cet article. (O) *ABER-YSWITH , ville d'Angleterre dans le Caf- diganshire ; Province de [a Principauté de Galles proche de l'embouchure de l’Yfvwith, Long. 13. 20. lat. $2. 30% * ABESKOUN, ifle d’Afie dans la mer Cafpienne, * ABEX , contrée maritime d'Afrique entre le pas de Suaquem & le détroit de Babel-Mandel. * ABGARES. Les Abgares d’'Edefle en Méfopo- famie étoient de petits Rois qu’on voit fouvent fur des Médailles avec des thiares d’une forme aflez fem- blable à certaines des Rois Parthes. Voyez les Anu- quités du Pere Montfaucon , tome III. partie I. p. 80. * ABHAL ; c’eft, à ce qu'on lit dans James , un fruit de couleur roufle , très-connu dans l'Orient, de la groffeur à peu près de celui du cyprès, & qu’on recueille fur un arbre de la même efpece. On le re- garde comme un puiflant emmanégogue. | * ABIAD , ville d’Afrique fur la côte d’Abex. * ABIANNEUR. Voyez ABIENHEUR. ABIB , f. m.nom que les Hébreux donnoient au premier mois de leur année fainte. Dans la fuite 1l fut appellé Nan. Voyez NisAN. Il répond à notre “mois de Mars. Æ4bib en Hébreu fignifie des éprs verds. S, Jerôme le traduit par des fruits. nouveaux, menfe novarum frugum. Exod. XIII. v. 4. Voyez fous le mot N/4r les principales Fêtes & Cérémonies que les Juifs pratiquoïent ou pratiquent encore pendant Tome TI, ABI 25 ce mois. Dichionn. de In Bible, tome I. page à 4. (G) * ABIENHEUR , f, mu serme de la Couture de Bretagne ; c’eft le Sequeftre ou le Commiflaire d’un fonds faifi. R _ * ABIENS. C’étoient entre les Scythes , d’autres difent entre les Thraces, des peuples qui faifoieut profeffion d’un genre de vie auftere, dont Tertullien fait mention , Lib. de prafcripé, cap. xlij. que Strabon loue d’une pureté de mœurs extraordinaire, & qu’A- lexandre ab Alexandro & Scaliger ont jugé à propos d’appeller du nom de Philofophes, enviant, pour ainfi dire , aux Scythes une difinétion qui leut fait plus d'honneur qu'à la Philofophie, d’être les feulspeuples de la Terre qui n’ayentprefque eu ni Poëtes,ni Philo= fophes, ni Orateurs, & qui n’en ayent été ni moins honorés, ni moins courageux ; ni moins fages. Les Grecs avoientune haute eftime pourles Abiens,& ils la méritoient bien par je ne fais quelle élévation de caraétere & je ne fais quel degré de juftice & d’é- quité dont ils fe piquoient fingulierement entre leurs compatriotes pour qui leur perfonne étoit facrée, Que ne devoient point être aux yeux des autres hommes ceux pour qui les fages & braves Scythes avoient tant de vénération ! Ce font ces Abiens, je crois ; qui fe conferverent libres fous Cyrus & qui fe foûümirent à Alexandre. C’eft un grand honneur pour Alexandre,ou peut-être un reproche à leur faire. ABIGEAT , f. m. rerme de Droit Civil, étoit le crime d’un homme qui détournoit des beftiaux pour les voler. | * ABIMALIC , £. m, langue des Africains Beri- beres , où naturels du pays. , ABISME o4 ABYSME,, f.m. pris généralement , fignifie quelque chofe de très-profond , & qui, pour ainfi dire , n’a point de fond. Ce mot eft grec origmairement aGussos ; 1l eft com- pofé de la particule privative « & Guosoe , fond ; c’eft- à-dire fans fond. Suidas & d’autres lui donnent dif. férentes origines : ils difent qu’il vient de « &r de Go, couvrir, cacher, ou de « & de due : mais les plus judi- cieux Critiques rejettent cette étymologie comme ne valant gueres mieux que celle d’un vieux Gloffateur, qui fait venir abyf[us de ad ipfus,à caufe que l’eau vient s'y rendre en abondance. Abime, pris dans un fens plus particulier, fignifie un amas d’eau fort profond. Voyez EAU. Les Septante fe fervent particulierement de ce mot en ce {ens, pour défigner l’eau que Dieu créa au commencement avec la terre; c’eft dans ce fens que lEcriture dit que Les ténebres étoient [ur La furface de Pa- Line. datratiiiil On fe fert aufh du rhot abyfime pour marquer le ré- fervoir immenfe creufé dans la terre, où Dieu ra- mafla toutes ces eaux le troïfieme jour : réfervoir que l’on défigne dans notre Langue par le mot mer, & quelquefois dans les Livres faints par le orand abyfme. ABISME, fe dit dans l’Ecriture de l’enfer, & des lieux les plus profonds de la mer, & du cahos qui étoit couvert de ténebresau commencement du mon- de , & fur lequel l’'Efprit de Dieu étoit porté. Gerefe I. 2. Les anciens Hébreux, de même que la plüpart des Orientaux, encore à préfent, croient que l'abyfrne, la mer, les cieux, environnoient toute la terre ; que la terre étoit comme plongée & flotante fur l’abyfme, à peu près , difent-ils, comme un melon d’eau nage fur l’eau & dans l’eau , qui le couvre dans toute fa moi- tic. Ils croient de plus, que la terre étoit fondée fur les eaux, ou du moins qu’elle avoit fon fondement dans l’abyfine. C’eft fous ces eaux & au fond de cet abyfine , que l’Ecriture nous repréfente les Géans qui gémiflent & qui fouffrent la peine de leurs crimes : c’eft-là où font relegués les Rephaims, ces anciens Géans , qui de leur vivant faïloient trembler les peu- ples ; enfin c’eft dans ces fombres cachots que les Pro- D 26 ABI phetes nous font voir les Rois de Tyr,de Babylone, & d'Egypte, qui y font couchés & enfevelis , mais toutefois vivant &expiant leur orgueil & leur cruau- té. Pfal. XX XIII. 2. XX XV. OC. Proverb. XI. 28.1x. 18. XX1.16. Pf.LXXXPII. 2. LXX. 20. If. x. 9. Ezech. XXV III. 10: XXXI. 18. XXXIT. 19. Ces abyfines {ont la demeure des démons & des impies. Je vis, dit S. Jean dans l’Apocalypie, une étoile qui tomba du ciel, & à qui l’on donna la clef du puits de l’xby/me : elle ouvrit le puits de l'abyfine, & il en fortit une fimée comme d’une grande four- naïfe , qui obfcutcit le foleil & l’air , & de cette fu- mée foftirent des fauterelles , qui fe repandirent fur toute la terre : elles avoient pour Roi à leur tête lAn- ge de l’abyfine, qui eft nommé Exrerininateur. Et ail- leurs, onnous repréfente la bête qui fort del’aby/ine, & qui fait la guerre aux deux témoins de la Divinité, Enfin l’Ange du Seigneur defcend du ciel, ayant en fa main la clef de l’abyfine, & tenant une grande chaï- ne. Il faifit le dragon, l’ancien ferpent, quieft le dia- ble & fatan, le lie, le jette dans l'abyfine pour y de- meurer pendant mille ans,ferme fur lui lé puits de l’a- byfine & le fcelle, afin qu'il n’en puifle {ortir de mille ans, Gc. Apoc. IX. 1.2. XI. 7. XX. 1.3. Les fontaines & les rivieres , au fentiment des Hé- breux, ont toutes leur fource dans l’abyfine ou dans la mer: elles en fortent par des canaux invifibles , & s’y rendent par les lits qu'elles fe font formés fur la terre. Autems du déluge, les abyfmes d’embas , ou les eaux de la mer , rompirent leur digue, les fontaines forcerent leurs fources , & fe repandirent fur laterre dansle mêmé tems que les cataraétes du ciel s’onvri- reht, & inonderent tout le monde, Ecc/. I. 7. Gene]. FIII. VIT. L’abyfme qui couvroit la terre au commencement du monde, & qui étoit agité par l'Efprit de Dieu, ou par un vent impétueux; cet «bye eft ainfi nommé par anticipation, parce qu'il compofa dans la fuite la mer , & que les eaux del’xbyfine en fortirent & fe for- merent dé {on écoulement: ou fi l’on veut, la terre fortit du milieu de cet abyfine, comme une ile qui fort du milieu de la mer, & qui paroît tout d’un coup à nos yeux, après avoir été long-tems cachée fous les eaux, Genef. 1. 2. Didionn. de la Bibl. de Calinet, tom. I. lettre À. au mot Abyfme, pag. 15. M. Woodward nous a donné des conjeäures fur la forme du grand abyfine dans fon Hifioire natu- relle de la Terre: dfoûtient qu'il y a un grand amas d'eaux renfermées dans les entrailles de la terre, qui forment un vafte globe dans fes parties intérieures ou centrales, & que la furface de cette eau eft cou- verte dé couches terreftres : c’eft, felon lui, ce que Moyfe appelle Z grand gouffre, & ce que la piû- part des Auteurs entendent par L grand ahyfine. L’exiftence de cet amas d’eaux dans l’intérieur de la terre, eft confirmée , felon lui, par un grand nom- bre d’obfervations. Voyez TERRE. DÉLUGE. Le mêmeAuteur prétend que l’eau de ce vañte abyf° me communique avec celle de l'océan , par le moyen de quelques ouvertures qui font au fond de l'océan : il dit que cet abyfme&r l'océan ont un centre commun, autour duquel les eaux des deux réfervoirs font pla- cées;de maniere cependant que la furfacede l’abyfme n’eft point de niveau avec celle de l’océan, ni à une aufi grande diftance du centre, étant en partie ref ferrée & comprimée par les couches folides de Ia terre qui font deflus. Mais par tout où ces couches font crevaflées, ou fi poreufes que l’eau peut les pé- nétrer, l’eau de l’aby/me y monte, elle remplit toutes les fentes & les crevafles où elle peut s’'introduire , & elle imbibe tous les interftices & tous les pores de la terre, des pierres, & des autres matieres qui font au- tour du globe, jufqu’à ce que cette eau foit montée au niveau de l'océan, Sur quoi tout cela eft-il fondé? ABI Si ce qu’on rapporte dans les Mémoires de l’Aca- démie de:1741, de la fontaine fans fond de Sablé en Anjou, eft entierement vrai, on peut mettre cette fontaine au rang des &hyfmes ; parce qu’en effet ceux qui ont fondée n’y ont point trouvé de fond ; & que {elon la tradition du Pays, plufieurs beftiaux qui-y font tombés, n’ont jamais été retrouvés. C’eft une efpece de gouffre de 20 à 25 piés d'ouverture, fitué au milieu 6 dans la partie la plus-bafle d’une lande de 8 à o lieues de circuit, dontles bords élevés en en- tonnoir, defcendent par une pente infenfble jufqu'à ce gouffre , qui en eft comme la citerne. La terre trem- ble ordinairement tout autour , fous lespiés des hom- mes & des animaux qui marchent dans ce bafin. Il y a de tems en tems des débordemens , qui n’arrivent pas tofjours après les grandes pluies, & pendant lef quels il fort de la fontaine une quantité prodigieufe de poiffon , & furtout beaucoup de brochets triutés, d’une efpece fort finguliere, & qu’on ne connoit point dans le refte du Pays. Il n’eft pas facile cepen- lant d’y pêcher, parce que cette terre tremblante & qui s’affaifle au bord du gouffre, & quelquefois affez loin aux environs , en rend lPapproche fort dange- reufe ; il faut attendre pour cela des années feches , & où les pluies n’ayent pas ramolli d'avance le ter- rein inonde. En général, il y a lieu de croire que tout ce terrein eft comme la voûte d’un lac, qui eftau-def- fous. L’Académie qui porte par préférence fon atten- tion fur les’ curiofités naturelles du Royaume, mais qui veut en même tems que ce foient de vraies cu- riofités , a jugé que celle-ci méritoit une plus ample inftruéhion. Elle avoit chargé M. de Bremond de s’in- former plus particulierement de certains faits, & de quelques circonftances qui pouvoient plus fürement faire juger de la-fingularité de cette fontaine : mais une longue maladie, & la mort de M. de Bremond arrivée dans l’intervalle de cette recherche , ayant arrêté les vaftes & utiles projets de cet Académi- cien , l’Académie n’a pas voulu priver Le public dece qu’elle favoit déja fur la fontaine de Sablé. (0 &G) Voyez GOUFFRE. | ui ABISME ,{,. m, serme de Blafon. C’eft le centre ou le milieu de l’écu, en forte que la piece qu’on y met ne touche & ne charge aucune autre piece, : Aïnfi on dit d’un petit écu qui eft mis au milieu d’un grand, qu'il eft en abyfine ; &c tout autant de fois qu’on commence par toute autre figure que par celle du milieu,on ditque celle qui eftau milieu eft en ahyfme, comme fi on vouloit dire queles autres grandes pieces étant élevées en relief , celle-là paroït petite, & comme cachée &c abyfmée. 17 porte trois befans d’or avec une fleur de lis en abyfme : ainfi ce terme ne fi- onifie pas fimplement le milieu de l’écu, car 1l eff relatif , &c fuppole d’autres pieces, au milieu def quelles une plus petite eft abyfmée. * ABISME. C’eft une efpece de cuvier ou vaif feau de bois à l’ufage des Chandeliers , dont Pou- verture a b c deft paralleloorammatique ; les ais quarrés oblongs qui forment les grands côtés de ce cuvier font inclinés l’un vers l’autre, font un angle aigu,& s’aflemblent par cet angle dans deux patensfur une banquette à quatre piés ghze, autour de laquelle il y a un rebord pour recevoir le ff qui coule de a chandele quand elle fort de ce vaïfleau. On voit par ce qui vient d’être dit , que les deux petits côtes de ce cuvier a bf, dce, font néceflairement taillés en triangles. C’eft dans ce vaiffeau rempli de fuif en fu- fion, que l’on plonge à différentes repriles les meches qui occupent le centre de la chandele. Ces meches {ont enfilées fur des baguettes. Voyez la maniere de faire la chandele à la broche ou baguette , à Parti- cle CHANDELE , & la figure de labyfme, planche du Chandelier , fig. 7 * ABINGDON, 0 ABINGTON ;, 04 ABINDON,, ville d’Anglèterre en Barkshire , &fut la Tamife. Long, 16.20. lat. 51.40. AB-INTESTAT. Voyez INTESTAT. (A4) * ABISCAS , f. m,. Peuplede PAmérique méridio- nale , à l’Eft du Pérou. _ * ABISSINIE , f. f. grand Pays & Royaume d’A- frique. Long. 48-65. lat. G-20. ABIT ,f.m. Quelques-uns fe fervent de ce mot pour exprimer la cérufe. Voyez ABoIT, CERUSE, BLanc DE PLoM8. ( M) | . ABJURATION, f. f. en général, aëte par lequel on dénie ou l’on renonce une chofe d’une maniere folemnelle , & même avec ferment, 7. SERMENT. … Ce mot vient du Latin abywratio , compoié de ab, de ou contre, & de yurare , jurer. Chez les Romains Le mot d’abyuration fignifioit dé- négation avec faux ferment d’une dette, d’un gage, d’un dépôt, ou autre chofe femblable , auparavant confiée.En ce {ens l’abjuration eft la même chofe que le parjure; elle differe de l’éjuration qui fuppofe le ferment juite. Voyez PARFURE , 6rc. … L'abjuration fe prend plus particulierement pour {a folemnelle rénonciation ou retraétation d’une doc- trine où d’une opinion regardée comme faufle &c pernicieufe. | | . Dansles Lois d'Angleterre , abjurer une perfonne, c’eft renoncer à l'autorité ou au domaine d’une telle perfonne. Par le ferment d’abjuration, on s’oblige de ne reconnoître aucune autorité royale dans la per- fonne appellée le Prérendant , & de ne lui rendre ja- mais l’obéiffance que doit rendre un fujet à fon Prin- ce. Voyez SERMENT , FIDÉLITÉ ,6& | Le mot d’abyuration eft auf ufité dans les ancien- nes Coûtumes d'Angleterre, pour le ferment fait par une perfonne coupable de félonie, qui fe retirant dans un lieu d’afyle , s’obligeoit par ferment d’aban- donner Le Royaume pour toüjours ; ce qui le mettoit à l’abri de tout autre châtiment. Nous trouvons auffi des exemples d’abjuration pour un tems , pour trois ans, pour un an & un jour , & femblables. Les criminels étoient reçüs à faire cette abjura- tion en certains cas, au lieu d’êtré condamnés à mort. Depuis le tems d’Edouard le Confeffeur , juf- qu'à la réformation, les Anglois avoient tant de de- votion pour les Églifes, que fi un homme coupable de félonie fe réfugioit dans une Eglife ou dans un Ci- metiere, c’étoit un afyle dont il ne pouvoit être tiré pour lui faire fon procès ; mais en confeffant fon eri- me à la Juftice ou au Coroner, & en abjurantle Royau- me , il étoit mis en liberté. / ASYLE & CORONER. Après l’abjuration on lui donnoit une croix, qu'il devoit porter à la maïn le long des grands chemins, jufqu'à ce qu’il fût hors des Domaines du Roï : on Vappelloit la banniere de Mere-Epglife. Mais labjura- zion déchut beaucoup dans la fuite, & fe réduifit à retenir pourtotjours le prifonnier dansle Sanétuaire, où il lui étoit permis de finir le refte dé fes jours, après avoir abjuré fa liberté & fa libre habitation. Par le Statut 21. de Jacques [* , tout ufage d’afyle, & conféquemment d’abyuration , fut aboli. Foyez SANCTUAIRE. (G) * ABLAB, {. arbrifleau de la hauteur d’un fep de vigne. On ditqu'il croît en Egypte, qu'il garde fa verdure Hyver & Été, qu’il dure un fiecle, que fes feuilles 8c {es fleursreflemblent à celles de la féve de Turquie, que fes féves fervent d’aliment en Egypte, & de remede contre la toux & la rétention d'urine, 6c. Mais il faut attendte , pour ajoûter foi à cette plante & à fes propriétés, que les Naturaliftes en aient parlé clairement. Le - _* ABLAI, £. contrée de la grande T'artarie. Long. I-1017. lat, S1-54. ABLAIS, Î. m. rerme de CoÂtumes ; il fe dit des blés fçiés encore giffants fur le champ, (Æ) Tome I, ABL : en #4 * ABLAQUE , f. nom que les François ont don“ né à la foie de perle , ou ardafline. Cette foie vient par la voie de Smyrne ; elle eftfort belle: mais com: me elle ne fouffre pas l’eau chaude, il y a peu d'ou- vrages dans lefquels elle puffe entrer. : : . ABLATIF , f. m. serme de Grammaire, C’eft le fi< xieme cas des noms Latins. Ce cas eft ainfi appellé du Latin ablatus , Ôté, parce qu’on donne la termi- naïfon de ce cas aux noms Latins qui {ont le com plément des prépofñtions 4 , abfque, de ex, fine, qui marquent extratlion où trahfport d’une chofe à une autre : ablatus a me | Ôté de moi; ce qui ne veut pas dire qu'on ne doive mettte un nom à l’ablarif qué lorfqu'il y a exéraéfion ou tranfport ; car on met aufi à l’ablatif un nom qui détermine d’autres prépofi: tions , comme clam , pro , pre, &cc mais il faut obfer- ver que ces fortes de dénominations fe tirent de lus, fage le plus fréquent, ou même de quelqu'un des ufages. C’eft ainfi que Prifcien , frappé de l’un des ufages de ce cas, l’appelle cas comparatif; parce qu’en effet on met à l’ablarif l’un des correlatifs de la com- paraïfon : Paulus ef? doûtior Perro ; Paul eft plus fa- vant que Pierre. Varron l’appelle cas Jan, parce qu’il eft propre à la Langue Latine, Les Grecs n’ont point de terminaifon particuliere pour marquer l’a: blanif : c’eft le gértif qui en fait la fon@ion ; & c’eft pour cela que l’on trouve fouvent en Latin le péi. tif à la maniere des Grecs , au heu de l’ablanif latins Il n’y a point d’ablatif en François , ni dans les autres Langues vulgaires, parce que dans ces Langues les noms n’ont point de cas. Les rapports ou vües de lefprit que les Latins marquoient par les difté- rentes inflexions ou terminaifons d’un même mot, nous les marquons , ou par la place du mot, ou par le fecours des prépofitions. Ainfi, quand nos Gram- mairiens difent qu'un nom eft à l’ablanf, ils ne le di fent que par analogie à la Langue latine;je veux dire, par l'habitude qu'ils ont prife dans leur jeunefle à mettre du françois en latin, & à chercher en quel cas Latin ils mettront un tel mot François : par exemple, fi l’on vouloit rendre en latin ces deux phrafes , Zz grandeur de Paris & je viens dè Paris , dè Paris feroit exprimé par legézrif dansla preniierephrafe;au lieu qu'il feroit mus à l’ablarif dans la feconde. Mais com me en françois l’effet que les terminaïfons latines produifent dans l’efprit y eft excité d’une autre ma- mere que par les terminaifons , il ne faut pas don ner à la mamiere françoife les noms de la maniere _ latine. Je dirai donc qu’en Latin aplitudo , ou vaf= titas Lurerie , eft au génitif; Luretia , Luteriæ , c’eft le même mot avec une inflexion différente : Luceriæ eft dans un cas oblique qu’on appelle geézinf, dont l’ufage eft de déterminer le nom auquel il fe rap- porte , d’en reftraindre l’extenfon, d’en faire une application particuliere. Lumen folis ; le génitif fous détermine /mer. Je ne parle , n1 de la lumiere en général , ni de la lumiére de la lune, ni de celle des étoiles, Gc. je parle de la lumiere du foleil, Dans la phrafe françoife Ze grandeur de Paris, Paris ne change point de terminaifon; mais Paris ef lié à grandeur par la prépofition de, & ces deux mots en- femble déterminent grandeur; c’eft-à-diré , qu'ils font connoitre de quelle grandeur particuhiere on veut parler : c’eft de la grandeur de Paris. | Dans la feconde phrafe, je viens de Paris, delie Paris à je viens, & fert à défigner le lien d'où je viens, L’Ablatif a été introduit après Le datif pour plus grande netteté. . Sandius , Vofus , la Méthode de Port-Royal, & les Grammairiens les plus habiles, foûtiennent que lablatif eft le cas de quelqu'une des prépojitions qui {e conftruifent avec l’ablanif, en forte qu’il n’y a ja- mais d'ablerif qui ne fuppofe quelqu'une < ces prés 1 28 ABL poñtionis exprimée ou fonfentendué: ABLATIF abfolu. Par Ablarifabfolu les Grammai- riens entendent unincife quife trouve en Latin dans vne période,pour y marquer quelque circonftance ou de temsou de mamiere, 6e. & qui eft énoncé fimple- ment par l’ablarif: par exemple, imperante Cæfare Au- guffo,Chriflus natus efl:J efus-Chrift eftvenu aumonde fous le regne d’Augufte. Cæfar deleto hofhium exercitu , &c.Céfar après avoir défait l’armée de fes ennemis, Éc. imperante Cœefare Auguflo , deleto exercitu , fontdes ablatifs qw’on appelle communément +bfolus , parce qu'ils ne paroïflent pas être le régime d’ancun autre mot de la propoñition.Mais on ne doit fe fervir duter- me d'abfolu,que pour marquer cequieftindépendant, &c fans relation à un autre : or dans tous les exemples que l’on donne de l’ab/arif abfolu, il eft évident que cet ablatif a une relation de raifon avec les autres mots de la phrafe , & que fans cette relation il y fe- roit hors d'œuvre , & pourroit être fupprimé. D'ailleurs , il ne peut y avoir que la premiere dé- nomination du nom qui puifle être prife abfoluinent & direftement ; les autres cas reçoivent une nou- velle modification ; & c’eft pour cela qu’ils font ap- pellés cas obliques. Or il faut qu'il y ait une raïfon de cette nouvelle modification ou changement de terminaifon ; car tout ce qui change , change par au- th ; c’eft un axiome inconteftable en bonne Méta- phyfique :un nom ne change la terminaifon de fa premiere dénomination, que parce que l'efprit y ajoûte un nouveau rapport, une nouvelle vie. Quelle eft cette vüe ou rapport qu'un tel ab/atif dé- figne ? eft-ce le temis, ou la maniere , ou le prix, ou l’inftrument, ou la caufe, 6. Vous trouverez totjours que ce rapport fera quelqu’une de ces vües dé Pefptit qui font d’abord énoncées indéfiniment par une prépoñition , & qui font enfuite déterminées par le nom qui fe rapporte à la prépofirion : ce nom en fait l'application; 1l en eft le complément. Ainf l’ablanif, comme tous les autres cas, nous donné par la nomenclature l’idée de la chofe que le mot fignifie ; s£empore , tems ; fuffe , bâton ; manu, main ; patre, pere, 6c. mais de plus, nous connoif- ons par la terminaifon de l’ablarif, que ce n’eft pas là la premiere dénomination de ces mots ; qu’ainfi ils ne font pas le fujet de la propoñition , puifqw'ils font dans un cas oblique : or la vûe de lefprit quia fait mettre le mot dans ce cas oblique, eft ou ex- primée par une prépofition , ou indiquée fi claire- ment par le fens des autres mots de la phrafe , que l’éfprit apperçoït aifément la prépoition qu’on doit fuppléer, quand on veut rendre raifon de la conf- truétion. Ainf obfervez : 1. Qu'il n'ya point d'ablarif qui ne fuppofe une prépofition exprimée ou foufentendue. 2. Que dans la conftru@ion élégante on fupprime fouvent la prépoñition!, lorfque les autres mots de la phrafe font entendre aifément quelle eft la prépoñ- tion qui eft foufentendue ; comme irmperante Cœfare Auguflo , Chriflus natus eff : on voit aïfément le rap- port.de tems , & l’on foufentend 48. 3. Que lorfqu’il s’agit de donner raifon de la con- ftrudion, comme dans les verfons interlinéaires , qui ne font faites que dans cette vüe , on doit expri- mer la prépofñtion qui eft foufentendue dans le texte élégant de l’Auteur dont on fait la conftruétion. 4. Qué les meilleurs Auteurs Latins , tant Poëtes qu'Orateurs, ont fouvent exprimé les prépoñtions que les Maîtres vulgaires ne veulent pas qu'on ex- prime , même lorfqu'il ne s’agit que de rendre raifon dé la conftruétion : en voici quelques exemples. Saepeego correxi SUB te cenfore libellos, Ov. de Pon- to, IV. Ep. xï. v. 25. Jaifouvent corrigé mes ou- vrages fur votre critique. Marco SUB judice palles. Perle, Sat, v. Quos decet effe hominum, tali SUB Prin- ABL cipe mores. Matt. L. 1. Florent SUB Cefare leges. Ov: IL. Faft. v. 141. Vacare anegotus.Phæd. L. Tif. Prol. v. 2. Purgare a foliis, Cato, de Re rufticâ, 66. De injurié quert, Cæfar. Super re queri. Horat. Un de aliquo. Cic. Uri de vitoriä. Servius. Nolo mein tem- pore hoc videat fenex. Ter. And, A&.IV. v.ult. Ares, excitationefque viréutumn im omri ætate culfæ | mirificos afferunt fruilus. Cic. de Senelt. n. 9. Doifrina null tañta ir 1llo rempore. Aufon. Burd. Prof, v. Ÿ° 15. Orrni de parte timendos. Ov. de Ponto , L. IV. Ep: Xi. V. 25. Frigida de tota fronte cadebar aqua. Prop. L.IT. Eleg. xx, Nec mihi folfhitium quidquam de noût- bus auferr. Ovid. Trift. L. V. El. x. 7. Templum de marmore, Vire. & Ovid. Vivitur ex rapto. Ovid. Metam. 1.v. 144. Facere de induftria. Ter. And. a@. IV. De plebe Deus ; un Dieu du commun, Ovid. Metam. I. v. 595. Ext La prépofition 4 fe trouve fouvent exprimée dans les bons Auteurs dans le même fens que po/f, après : ainfi lorfqu’elle eft fupprimée devant les ablatifs que les Grammairiens vulgaires appellent 2b/6/us , il faut la fuppléer, fi l’on veut rendre raifon de la conf truétion. Cujus à morte, hic tertius © tricefimus eff annus, Cic. Il y a trente-trois ans qu'il eft mort : 4 morte, depuis fa mort. Surgir, ab his, folio.Ovid. If. Met. où vous voyez que ab his veut dire, après ces chofes, après quoi. Jam ab re divin, credo apparebunt domi. Plaut. Phænul. 4h re diviné : après le fervice divin , : après l’ofice , au fortir du Temple, ils viendront à la maïfon. C’eft ainfi qu’on dit, «b wrbe condiré , de- puis la fondation de Rome : à cené, après fouper : fècundus à Rege, le premier après le Roi. Ainfi quand ontrouve wrbe capté trivmphavis ; il faut dire, ab ur= be capté , après la ville prife. Leëlis suis litreris , ve: aimus in Senatum ; fuppléez à listeris tuis leflis ; après avoir lù votre lettre. On trouve dans Tite-Live, L. IV. 4b re male gefla, après ce mauvais fuccès ; 6 2b re benè gefta, L. XXII. après cet heureux fuccès. Et dans Lucain, L. L. po{ tis ab armis , après avoir mis les armes bas; & dans Ovid. H. Trift. redeat fuperato miles ab hofle ; que le foldat revienne après avoir vaineu l’ennemi. Ainf dans ces occafons on donne à la prépofition 4, qui fe conftruit avec l’ablatif, le même fens que l’on donne à la prépoñition po/£, qui fe conftruit avec l’ac- cufatif. C’eft ainfi que Lucain au L. II. à dit po/f me ducem ; & Horace, I. L, Od. 114. poff ignem ætheri4 domo fubduttum ; où vous voyez qu'il auroit pû dire, ab igne ætherié domo fubdutlo , ou fimplement , igne ætheri& domo fubduëto. La prépoñtion /4b marque auf fort fouvent le tems : elle marque ou le tems même dans lequel Ia chofe s’eft paflée, ou par extenfion, un peu avarit ou nn peu après l’évenement. Dans Corn. Nepos, Att. x. Quos Jub ipfa proferiptione perilluffre fuit; ceft-à-dire , dans le tems même de la profcription. Le même Auteur à la même vie d’Atticus, c. 105. dit, xb occafu folis , vers le coucher du foleil, un peu avant le coucher du foleil. C’eft dans le même fens que Suétone a dit, Ner, $.raeflatis quoque, Jub éxceffu Tiberii, reus , où il eft évident que /#b exceffu Tiberii, veut dire vers le tems, on peu de tems avant la mort de Tibere. Au contraire , dans Florus, L. IL. c. v. fxb ipfo hoflis receffu , impatientes Joli , ir aquas fuas refiluerunt : fub ipfo hoflis receffu veut dire, peu de rems après que l'ennemi fe fut retiré ; à peine Ven: nemi s'étoit-il retiré. | Servius , fur ces paroles du V. E. de l’Æneïd. go deinde Jub ipfo, oblerve que f4b veut dire à prof, après. Claudien pouvoit dire par l’ablatif abfolu, grasus fe- retur, te tefle, labor ; le travail fera agréable fous vos yeux : cependant il a exprimé la prépofition gretx/ . AB L que feretur fub te tefle Labor. Claud. IV. Conf. Honor. À légard de ces façons de parler , Deo duce, Deo juvante , Mufis faventibus , &c. que l’on prend pour des ablatifs abfolus, on peut foufentendre la prépo- poñition /xb, ou la prépoñtion cr ;, dont on trouve plufieurs exemples : Jéquere hac , mea gnata, cum Diis volentibus. Plaut. Perfe. Tite-Live, au L. I. Dec. ii. dit: agire cum Dis Eene juvantibus. Ennïus cité par Cicéron, dit: Doque volentibus cum magnis Dus: & Caton au chapitre xrv. de Re ruff. dit : cércumagt cum Divis. Je pourrois rapporter plufeurs autres exemples pour faire voir que les meilleurs Auteurs ont expri- mé les prépofitions que nous difons qui font foufenten- dues dans le cas de l’ablatif abfolu.S’agit-il de inftru- ment; c’eft ordinairement e/”,avec,qui eft fonfenten- du : armis confligere; Lucilius a dit: Acribus inter Je cum armis confligere cernir. S'agit-il de la caufe,de l’agent : fuppléez à, ab, trajeëtus enfe , percé d’un coup d’é- . pée. Ovid. V. Faff. a dit : Peora trajeëtus Lynceo Caf- 1or ab enfe : & au fecond Liv. des Triftes ; Neve pere. grinis tantum defendar ab armis. Je finirai cet article par un paflage de Suétone qui femble être fait exprès pour appuyerle fentiment que je viens d’expofer.Suétone dit qu'Augufte pour don- ner plus de clarté à fes expreflions , avoit coutume d’exprimerles prépofitions dont la fuppreffion , dit-il , jette quelque forte d’obfcurité dans le difcours, quoi qu’elle en augmente la grace &cla vivacité Suéton.C. Aus.n.86.Voicile paflagetout-au-long.Gerus eloquen- di fecutus eff elegans & temperatum : vitatis fententia- run ineptits , atque inconcinnitate , G reconditorum ver- borum , ut ipfe dicit, fœtoribus : pr@cipuamque curam duxit, fenfurm animi quam apertiffimè exprimere : quod quo facilins efficeret , aut necubi leilorem vel auditorem obturbaret ac moraretur , neque præpoñtiones verbis ad- dere, neque conjunétiones fæpius iterare dubitavit , que detraëtæ afferunt aliquid obfcuritatis, etft gratiam augent. Auffi a-t-on dit de cet Empereur que fa maniere de parler étoit facile & fimple , & qu'il évitoit tout ce qui pouvoit ne pas fe préfenter aïfément à l’efprit de ceux à qui il parloit. Auguffi promta ac profluens que decebat principem eloquentia fuir. Vacit. In divi Augufii epiflolis , elegantia orationis , neque moroa neque anxia : féd facilis, hefcle & fimplex. À. Gell. Aïnfi quand il s’agit de rendre raïfon de la con- ftrudtion Grammaticale , on ne doit pas faire difi- culté d'exprimer les prépofitions , puifqu'Augufte même les exprimoit fouvent dans le difcours ordi- naïre , & qu’on les trouve fouvent exprimées dans les meilleurs Auteurs. À Pésard du François, nous n'avons point d’abla- 1if abfolu, puïlque nous n’avons point de cas : mais nous avons des façons de parler abfolues , c’eft-à- dire , des phrafes où les mots , fans avoir aucun rap- port Grammatical avec les autres mots de la pro- pofition dans laquelle ils fe trouvent , y forment un fens détaché qui eft un incife équivalent à une propofition incidente ou liée à une autre,& ces mots énoncent quelque circonftance ou de tems ou de ma- niere , Gc. la valeur des termes & leur pofition nous font entendre ce fens détaché. _ En Latin la vüûe de l’efprit qui dans les phrafes de la conftruétion fimple eft énoncée par une prépofi- tion , eft la caufe de l’ablatif: re confecté ; ces deux mots ne font à l’ablatif qu'à caufe de la vûüe de l’ef” prit qui confidere la chofe dont il s’agit comme faite &c pañlée : or cette vûe fe marque en Latin par la prépoñtion 4 : cette prépofition eft donc foufenten- due, & peut être exprimée en Latin. En François, quand nous difons cela fait, ce conft- déré, va par la Cour , l'Opéra fini, &c.nous avonsla même vüe du pañlé dans lefprit : mais quoique fou- AB L 29 vent nous puifions exprimer cette vüe par laprépofi: tion après , &c. cependant la valeur des mots iolés du refte de la phrafe eft équivalente au fens de La prépoñition Latine. | GE On peut encore ajouter que la Langue Françoïfe s’étant formée de la Latine, & les Latins retranchant la prépofition dans le difcours ordinaire , ces phrafes nous font venues fans prépoñtions, & nous n'avons faifi que la valeur des mots qui marquent ou le paffé ou le préfent , & qui ne font point fujets à la variés té des terminaïfons , comme les noms Latins ; & voyant que ces mots n’ont aucun rapport gramma tical ou de fyntaxe avec les autres mots de la phra- fe , avec lefquels ils n’ont qu’un rapport de fens où de raifon , nous concevons aïfément ce qu’on veut nous faire entendre. (Æ) _. ABLE, f. m. ox ABLETTE , £ f. poifloñ de tia viere de la longueur du doigt : il a les yeux grands pour fa groffeur, & de couleur rouge ; le dos verd, & le ventre blanc; fa tête eft petite; fon corps eft large & plat: on y voit deux lignes de chaque cô- té, dont Pune eft au milieu du corps, depuis les ouiés jufques à la queue ; & l’autre un peu plus bas ; elle commence à la nageoire qui eft au-deflous des ouies, & elle difparoït avant que d'arriver jufqu’à la queue. Ce poiflon n’a point de fiel; fa chair eftfort mollafle : on le prend aifément à l’hamecon , parce qu'il eft fort goulu. Rondeler, L’Ablette refflemble à un Éperlan : mais fes écailles font plus argentées & plus brillantes. On tire de lÆble la matiere avec laquelle on co- lore les faufles perles. Voyez FAUSSES PERLES. C’eft cette matiere préparée que l’on appelle effence d 0: rienr, Pour lafaire , on écaille le poiffon à l’ordinai- re, on met les écailles dans un bañlin plein d’eau claire, &onles frotte comme fion vouloit les broyer: ‘ Lorfque l’eau a pris une couleur argentée, on la tran{verfe dans un verre , & enfute on en verfe de nouvelle fur les écailles , & on réitere la même opé: ration tant que l’eau fe colore : après dix ou douze heures , la matiere qui colotoit l’eau fe dépofe au fond du verre, l’eau devient claire ; alors onla verte par inclination jufqu’à ce qu'il ne refte plus dans le verre qu'une liqueur épaifle à peu près comme de huile , & d’une couleur approchante de celle des perles : c’eft l’effence d'Orient. Les particules de ma- tiere qui viennent des écailles font fenfbles dans cette liqueur au moyen du nucrofcope ;, ou même de la loupe. On y voit des lames, dont la plüpart font de figure -reétangulaire , & ont quatre fois plus de longueur que de largeur : il y en a aufli dont les ex trémités font arrondies , & d’autres qui font termi- nées en pointe ; mais toutes font extrèmement min- ces ; toutes font plates & brillantes. Cette matiere vient de la furface intérieure de l’écaille où elle eft rangée régulierement & recouverte par des mem branes ; de forte que fi on veut en enlever avec lä pointe d’une épingle, on enleve en même temps tout ce qui vernit l’écaille , où au moins la plus . grande partie, parce qu'on arrache la membrane qui l'enveloppe. Cette matiere brillante ne fe trouve pas feulement fur les écailles du poiflon ; il eft en= core brillant après avoir été écaillé, parce qu'immé- diatement au-deflous de la peau que touchent les écailles , il y a auffi une membrane qui recouvre des lames argentées. La membrane qui enveloppé l’eflomac & les inteftins en efttoute brillante. Cette matiere eft molle & fouple dans les inteftins, & elle a toute {a confiftance & fa perfection fur les écailles: Ces obfervations, & plufieurs autres, ont fait con- jedturer que la-matiere argentée fe forme dans les inteftins , qu’elle paffe dans des vaiffeaux pour arri- ver à la peau & aux écailles , & que les écailles font compolées de ces lames qui {ont arrangées comme 3° ABL autant de petites briques , foit les unes contre les autres, foit les unes au-deflus des autres, ainfi qu'on peut le réconnoître à l’infpeétion de l’écalle. Si les écailles de l’Able fe forment de cette façon, celles des autres poiffons pourroient avoir aufhi la même Lormation. M. de Réaumur, Mém.-del’ Acad. Roy. des Sc, année 1716. F. ECAILLE , Potsson. (1) Nos , poïffon de riviere. Poyez ABLE. (1) BLERET , f. m. o4 ABLERAT , forte de flet quarré que l’on attache au bout dune perche, & avec lequel on pêche de petits poiflons nommés vulgairement Ables, ÀBLOQUIÉ, f. im. serme de ‘Cotume , qui fignifie la même chofe que fftue. C’eft dans ce fens qu'il eft pris dars la Coûtume d'Amiens , laquelle défend de démolir aucuns édifices abloquiés & folivés dans des héritages tenus.en roture , fans le confentement du Seigneur. (4) ABLUTION , £. f. Dans l'antiquité c’étoit une cé- rémonie religieufe ufitée chez les Romains, comme une forte de purification pour laver le corps avant que d’aller au facrifice. Voyez SACRIFICE. Quelquefois ils lavoient leurs mains & leurs piés , quelquefois la tête, fouvent tout le corps : c’eftpour- quoi à l’entrée des Temples 1l y avoit des vafes de marbre remplis d’eau. [left probable qu'ils avoient pris cette coûtume des Juifs ; car nous lifons dans l’Écriture , que Salo- mon placa à l’entrée du Temple qu'il éleva au vrai Dieu , un grand vafe que l’Écriture appelle Ze mer d’airain , où les Prètres fe lavoient avant que d'offrir le facrifice , ayant auparavant fanéifié l’eau en yjet- tant les cendres de la viétime immolée. Le mot d’Ablution eft particulierement ufité dans l’Églife Romaine pour un peu de vin & d’eau que les communians prenoient anciennement après l’ho- fie, pour aider à la confommer plus facilement. Le même terme fignifie auffi l’eau qui fert à laver les mains du Prêtre qui a confacré. (G) ABLUTION , cérémonie qui confifte à fe daver ou purifier le corps , ou quelque partie du corps, & fort ufitée parmiles Mahométans, qui la regardent com- me une condition eflentiellement requife à la priere. Ils ont emprunté cette pratique des Juifs, & l'ont al- térée comme beaucoup d’autres. Ils ont pour cet ef- fet des fontaines dans les parvis de toutes les Mof- quées. Les Mufulmans diftinguent troïs fortes d’Ablu- tions ; l’une qu'ils appellent Go/, & qui eftune ef- pece d’immerfion ; l’autre , qu’ils nomment Wodou, & qui concerne particulierement les piés & les mains; & la troifieme, appellée serreufe ou fabloneufe, parce qu’au lieu d’eau on y emploie du fable ou de la terre. . À l'égard de la premiere, trois conditions font re- quifes. [l faut avoir intention de fe rendre agréable à Dieu, nettoyer le corps de toutes fes ordures , s’il s’y en trouve, & faire pafler l’eau fur tout le poil & fur la peau. La Sonna exige encore pour cette Ablu- tion qu’on récite d’abord la formule uftée , au rom du grand Dieu : louange à Dieu, Seigneur de la Foi Mufulmane ; qu’on fe lave la paume de la main avant que les cruches fe vuident dans le lavoir; qu'il fe faffe une expiation avant la priere ; qu’on fe frotte la peau avec la main pour en ôter toutes les faletés ; enfin que toutes ces chofes foient continuées fans in- terruption jufqu’à la fin de la cérémonie. Six raifons rendent cette purification néceffaire. Les premieres communes aux deux fexes , font les embraflemens illicites & criminels par le defir feul , quoiqu'il n’ait été fuivi d’aucune autre impurete : les fuites involontaires d’un commerce impur, & la mort. Les trois dernieres font particulieres aux fem- mes , telles que Les pertes périodiques du fexe , les pêrtes de fang dans laccouchement ,'& Paécoriche: ment même. Les vrais Croyans font cette ablution au moins trois fois la femaine ; & à ces fix cas, les Setateurs d’Aly en ont ajoûté quarante autres ; comme lorfqu’on a tué un léfard, touché un cada- vre , GC. | | Dans la feconde efbecé d’äblution ; 1l y a fix cho- fes à obferver : qu'elle fe fafle avec intention de. plaire à Dieu; qu'on s’y lave tout le vifage, les mains &c les bras jufqu'au coude inclufivement;aron s’y frotte certaines parties de la tête ; qu’on s’y net-. toyeles pieds jufqu’aux talons , inclufivement ; qu’on y obferve exattement l’ordre prefcrit. La Sonna contient dix préceptes fur le Wodou. II faut qu'il foit précédé de la formule au rom du grand Dieu , &c. qu'on fe lave la paume de la main avant que les cruches foient vuidées , qu’on fe nettoye le vifage , qu’on attire l’eau par les narines, qu'on fe frotte toute la tête & les oreilles, qu’on fépare ow qu’on écarte la barbe pour la mieux nettoyer quand elle eft épaifle & longue, ainfi que les doigts des piés, qu'on nettoye les oreilles l’une après l’autre » qu'on fe lave la main droite avant la gauche ; qu'on obferve le même ordre à l'égard des piés, qu'on répete ces aétes de purification jufqu'à trois fois , &£ qu’on les continue fans interruption jufqu'à la fin. Cinq chofes rendent le Wodou néceflaire : 1°. lif fue de quelqu’excrément que ce foit (excepro femine) par les voies naturelles : 2°. lorfqu’on a dormi pro- fondément, parce qu’il eft à fuppofer que dans un profond fommeil ona contraété quelqu’impureté dont on ne fe fouvient pas : 3°. quand ona perdu la raïon par quelqu’excès de vin , ou qu’on l’a eu véritable- ment ahénée par maladie ou quelqu’autre caufe : 4°. lorfqu’on a touché une femme impure, fans qu'il y eût un voile ou quelqu’autre vêtement entre deux : 5°. lorfqu’on a porté la main fur les parties que la bienféance ne permet pas de nommer. Quant à Pablurion terreufe ou fabloneufe, elle n’a lieu que quand on n’a point d'eai, ou qu'un ma lade ne peut fouffrir l’eau fans tomber en danger de mort. Par le mot de /äble, on entend toute forte de terre , même les minéraux ; comme par l'es, dans les deux autres ablutions , on entend celle de riviere, de mer, de fontaine , de neige , de grêle, &c. en un mot toute eau naturelle. Guer, Mœurs des Turcs , com. I. Liv. II. Au refte ces ablutions font éxtrèmement fréquens tes parmi les Mahométans : 1°. pour les raifons ci- deflus mentionnées ; & en fecond lieu , parce que la moindre chofe, comme le cri d’un cochon , l’appro- che ou l'urine d’un chien , fufffent pour rendre l’a- blution inutile , & mettre dans la néceflité de la réi- térer: au moins eft-ce ainfi qu’en ufent les Muful- mans fcrupuleux. (G) ABLUTION ; LOTION. On appelle de ce nom plu- fieurs opérations qui fe font chez lesApothicaires.La premiere eft celle par laquelle on fépare d’un médi- cament , en le lavant avec de l’eau, les matieres qui lui font étrangeres : la feconde , eft celle par laquelle on enleve à un corps les fels furabondans , en répan- dant de l’eau deflus à différentes reprifes;elle fe nom- me encore édulcoration : la troïfieme eft celle dont on fe fert, quand pour augmenter les vertus &c les propriétés d’un médicament, on verfe deflus, ou du vin, ou quelque liqueur diftillée qui lui communi- que fa vertu ou fon odeur , par exemple, lorfqu’on lave les vers de terre avecle vin, érc. | Le mot d’Æblution ne convient qu’à la premiere de ces opérations, & ne peut fervir tout au plus qu'à exprimer l’adion de laver des plantes dans Peau avant que de les employer : la feconde , eft propre- ment l’édu/coration : la troïfieme peut fe rapporter à l'infufion, Voyez ÉDULCORATION, INFUSION, (N) AB O * ABNAKIS, f. m. Peuple de l'Amérique fepten- trionale , dans le Canada: Il occupe Æ 309. de long. 6 le 46. de lar. * ABO, grande ville maritime de Suede , capi- tale des Duché & Province de Finlande méridio- nale. Lon. 41. lat, CT. * ABOERA , { ville d'Afrique , fur la côte d’or de Guinée. | | ABOILAGE , { im. vieux terme de Pratique , qui fianifie un droit qu'a le Seigneur fur les abeilles qui {e trouvent dans l'étendue de fa Seigneurie. Ce tét- me eft dérivé du mot 4boi/le , qu’on difoit anciennie- ment pour abeille. (F7), ABOIS ; {.m. pl. serme de chafe. 1 marque Pex- trémité où le cerfeft réduit, lorlqu’excédé par une longue courfe il manque de force , & regarde der- riere hu f lés chiens fonttotjours à fes troufles, pour prendre du relâche ; on dit alors que /e cerf tient Les … abois. | Derniers abois. Quand la bête tombe morte, ou outrée, on dit /a béte tient les derniers abois. ABOIT , {. Quelques-uns fe fervent de ce mot pour fignifer la cérufe. 7, ABiT ; CÉRUSE , BLANC DE PLOM8. (M.). ABOKELLE. Voyez ABUKELB. (G.). ABOLITION , f. f. en général , eft l’a@tion par laquelle on détruit où on anéantitune chofe. Ce mot eft latin, & quelques-uns le font venir du Grec , morue où arcAuu , détruire; mais d’autres le dérivent de 46 & olere, comme qui diroit anéan- tir tellement une chofe qu’elle ne laifle pas même d’odeiit. Ainf abolir une loi, un réglement , une coûtume, c’eft l’abroger , la révoquer , l’éteindre, de façon qu'elle n’ait plus lieu à Pavenir. Ÿ, ABROGATION, RÉVOCATION , EXTINCTION, Gc. ABOLITION, ezrerme de Chancellerie ; eft l’in- dulgence du Prince par laquelle il éteint entierement un crime , qui felon les regles ordinaires de la Juf- ice, & fuivant la rigueur des Ordonnances , étoit irrémifible ; en quoi abolition differe de grace ; cette derniere étant au contraire le pardon d’un crime qui de fa nature & par fes circonftances eff digne de re- miflion : aufli les Lettres d’abolition laffent-elles quelque note infamante ; ce que ne font point les Lettres degrace. Lés Lettres d’abolition s’obtiennent à la grande Chancellerie , & font adreflées, fi elles font chtenues par un Gentilhomme , à une Cour fouveraine ; fi- non ; à un Baïlli où Sénéchal. (4) * ABOLLA , {. habit que les Plilofophes affec- toient de porter, que quelques-uns confondent avec l’exomide : cela fuppoié , c’étoit une tunique fans manches, qui laifioit voir le bras & les épaules ; c’eft delà qu’elle prénoit fon nom. C’étoit encore un ha- bit de valets & de gens de fervice. ABOMASUS , ABOMASUM , o4 ABOMASIUM, .m. dans l’Azatomie comparée, c’eft un des efto- macs Où ventricules des animaux quirumunent. Voyez RUMINANT. Voyez auff ANATOMIE COMPARÉE. On trouve quatre eftomacs dans les animaux qui ruminent ; favoir, le rumen oz eftomae proprement dit, le resiculum , l’omafus &c V'abomafus. Voyez RU- MINATION. L’Abomafus , appellé vulgairement la caillerre, eft le dernier de ces quatre eftomacs : c’eft lendroit où fe forme le chyle , & d’où la nourriture defcend im- médiatement dans les inteflins, Il eft garni de feuillets comme l’omafus : mais fes feuillets ont cela de particulier, qu'’outre les tu- niques dont ils font compofés , ils contiennent en- core un grand nombre de glandes qui ne fe trouvent dans aucun des feuillets de Pomalus. Voyez OMA- SUS , Fc, ABO 31 # C’eft dans lAbomafus des veaux 8 des agneaux que fe trouve la prefure dont on fe fert pour faire cailler le lait. Voyez PRESURE, (2) * ABOMINABLÉ , DÉTESTABLE, EXÉCRA. BLE, fynonymes. L'idée primitive & pofitive de ces mots eft une qualification de mauvais aufuprème de- gré : auffi ne font-ils fufceptibles, ni d’augmenta- tion, ni de comparaifon , ft ce n’eft dans le feul cas Où l’on veut donner au fujet qualifié le premier rang entre ceux à qui ce même genre de qualification Pourroit convenir : ainfi l’on dit 42 plus abominable de toutes les débauches , maïs on ne diroit guerés une débauche très-abominable |, ni plus abominable gu'une autre: exprimant par eux-mêmes ce qu'il y a dé plus fort, ils excluent toutes les modifications dont on peut accompagnèr la plûpart des autres épi- thetes. Voilà en quoi ils font fynonymes. Leur différence confifte en ce qu'abominable pa- #oît avoir un rapport plus particulier aux mœurs , déteflable au goût , &c exécrable à la conforma- tion. Le premier marque une fale corruption ; Le fe- cond, de la dépravation ; & le dernier , une extrème difformité. Ceux qui paflent d’une dévotion fuperflitieufe ai Hbertinage, s’y plongent oïdmairement dans ce qu’il y a de plus ahominable. Téls mets font aujourd'hui traités de déteffables, qui faoïent chez nos peres l'honneur des meilleurs repas. Les richefles embel- lfent aux yeux d'un homme intéreflé la plus exé- crable de toutes les créatures. ABOMINATION , f. f. Les Pafteuts de brebis étoient en abomination aux Égyptiens. Les Hébreux devoient immoler au Seigneur dans le defert les abo- minations des Egyptiens, c’eit-à-dire , leurs animaux facrés, les bœufs, les boucs, les agneaux & les be- liers,dont lesEgyptiens regardoïent les facriñices com- me des abonunations êc des chofesillicites.L'Ecriture donne d'ordinaire le nom d’abomination à l'Idolatrie & aux Idoles , tant à caufe que le culte des Idoles en lui-même eft une chofe abominable , que parce que les cérémonies des Idolatres étoient preique tou- jours accompagnées de ciflolutions & d'actions honteules & abominables. Moyie donne auf le nor d’abominable aux animaux dont 1l interdit l’ufage aux Hébreux, Genef. XLI. 34. Exod. VIII. 26. L’Abomination de défolation prédite par Daniel, C. IX... 2,7. marque, felon quelques Interprètes, lI- dole de Jupiter Olympien qu'Antiochus Epiphase fit placer dans le Temple de Jérufalem.La même abomi- nation de défolation dontil eftparléenS. Marc, c. Fr. Fr. .7.&enS, Math. c. XXI. 7.15. qu'on vit à Jé- rufalem pendant le dernier fiège de cette ville par les Romains, fous Tite , ce font les Enfeignes de l’ar- mée Romaine , chargées de figures de leurs Dieux & de leurs Empereurs , qui furent placées dans le T'em- ple après la prife de la Ville & du Temple. Ca/mer, Diéffionn. de la Bible,rom. I. lett. A. pag. 31. (G) ABONDANCE , f. f, Divinité des Payens que les anciens monumens nous reprélentent {ous la figure d’une femme de bonne mine , couronnée de guir- landes de fleurs, verfant d’une corne qu’elle tient de la main droite toutes fortes de fruits ; &z répandant à terre de là main gauche des grains qui fe détachent pêle-mêle d’un faifceau d’épis: On la voit avec deux cornes, au lieu d’une , dans une médaille de Trajan. ABONDANCE , PLÉNITUDE , Voyez FÉCONDITÉ, FERTILITÉ , &c. Les Étymologiftes dérivent ce mot d’ab 8t unda , eau on vague , parce que dans Pabon- dance les biens viennent en affluence , &C pour ainfi dire comme des flots. L’abondañce portée à l'excès dégénere en un dé- faut qu'on nomme regorgement Où rédondance, Voyez REDONDANCE , SURABONDANCE, L’Auteur du Didionnaire Economique donne dif- 32 ABO férens fecrets ou moyens pour produire l'abondance: par exemple, une abondante récolte de bI£, de poires , de pommes, de pêches, &c. (G) ._ * ABONDANCE, petite ville de Savoye, dans le Diocèfe de Chablais. ABONDANT , adj. nombre abondant , ez Arish- métique , eft un nombre dont les parties aliquotes prifes enfemble forment un tout plus grand que le nombre ; ainfi 12 a pour parties aliquotes 1 , 2 3, 4, 6, dont la fomme 16 eft plus grande que 12. Le nombre abondant eft oppofé au nombre défe&if qui eft plus grand que la fomme de fes parties aliquotes , comme 14, dont les parties aliquotes font 1 ,2,7, & au nombre parfait qui eft égal à la fomme de fes parties aliquotes , comme 6, dont les parties ali- quotes font 1,2, 3. Voyez NOMBRE 6 ALIQUO- TE. (O ABONDANT ( d’) serme de Palais, qui fignifie par furérogation ou par furabondance de drois ou de procé- dure, (H) | ABONNEMENT , f. m. eft une convention faite à l'amiable, par laquelle un Seigneur à qui font düs des droits , ou un créancier de fommes non liquides , ou non encoreattuellement dûes, fe contente par in- dulgence, ou pour la füreté de fes droits, d’une fom- me claire & liquide une fois payée , ou fe relâche de façon quelconque de fes droits. Ce terme a fuccédé à celui d’abournement , déri- vé du mot forre, parce que l’abornnement eft la fa- cilité qu'a quelqu'un de borner , limiter ou reffrain- dre fes prétentions. ( H) ABONNIR , v. a. serme de Potier de Terre. On dit abonnir Le carreau , pour dire le fécher à demi, le mettre en état de rebattre. Voyez REBATTRE. ABORDAGE , f. m. On fe fert de ce terme pour exprimer l’approche & le choc de vaiffeaux enne- mis qui {e joignent & s’accrochent par des grapins & par des amares, pour s’enlever l’un l’autre. Voyez GRAPIN, ÂMARES. Aller à l’abordage, fauter à l'abordage , fe dit de Taë&ion ou de la manœuvre d’un vaifleau qui en joint un autre pour l'enlever , auffi bien que de celle des équipages qui fautent de leur bord à celui de l'ennemi. ÂBORDAGE fe dit encore du choc de plufeurs vaifleaux que la force du vent ou l'ignorance du T'1- monier fait devirer les uns fur les autres, foit lort- qu'ils vont en compagmie, ou lorfqu'ils fe trouvent au même mouillage. On fe fert auffi de ce terme pour le choc contre des rochers. Nous nous étions pourv#s de boute- hors pour nous defendre de l’abordage des rochers où nous ap- préhendions d’être emportés par l'impétuofité du cou- rant. (Z ABORDER zx vaifleau. Les gens de mer ne don- nent point à ce terme la même fignification que lui donnent les gens de riviere. Les premiers le tirent du mot bord , par lequel ils défignent une partie du navire ; & non de celui de bord , qui fe prend pour le rivage. Ainfi aborder en Marine , c’eft ou tomber fur un vaifleau, ou défigner l’a@tion d’un bord qui tombe fur l’autre. De-là viennent les mots deborder, reborder , pour dire tomber une feconde fois, & fe détacher des amares. Lorfque les Marins veulent marquer l’aétion de gagner le rivage, ils difent sou- cher mouches, rendre le bord, débarquer , prendre terre, relächer. On tâche d’aborder les vaifleaux ennemis par leur arriere vers les hanches pour jetter les grapins aux aubans , ou bien par l’avant & parle beaupré. Il y eût un brulot qui nous aborda à la faveur du canon de l’ Amiral, Voyez BRULOT. Aborder de bout au corps ou en belle, c’eft mettre l’éperon dans le flanc d’un vaifleau, On dit auffi de deux vaifleaux qui s’approchent en droiture , qu’ils S’'abordent de franc étable. Voyez ÉTABLE. Aborder en travers en dérivant. Couler un yaiffeau à fond en labordant, Vaïfleaux qui s’abordent, foit en chaffant fur leurs ancres, foit à la voile, « Si un vaifleau qui eft à l'ancre dans un Port ou ailleurs , vient à chafler & en aborder un autre, & qu’en l’abordant il lui caufe quelque dommage, » les Intéreffés le fupporteront par moitié ». « Si deux vaifleaux fans voiles viennent à s’abor- » der par hafard , le dommage qu’ils fe cauferont » {e payera par moitié : mais s’il y a de la faute d’un » des Pilotes , ou qu'il ait abordé exprès, il payera » feul le dommage ». Ordonnance de la Marine du mois d'Août 1681.1art, 10. 6 11. tr. vi. L. 3. (CZ) ÂABORDER , V. aët, zerme de Fauconnerie. Lorfque la perdrix pouflée par l’oifeau gagne quelque buif- fon, on dit Z7 faut aborder La remife fous Le vent, afin que les chiens {entent mieux la perdrix dans le buuffon. | ABORIGENES , nom que l’on donne quelquefois aux habitans primitifs d’un pays , ou à ceux qui en ont tiré leur origine , par oppoñition aux colonies ou nouveaux habitans qui y font venus d’ailleurs. Voyez COLONIE. Le mot d’Aborigenes eft fameux dans lantiquité. Quoiqu’on le prenne à préfent pour un nom appel- latif, ç’a été cependant autrefois le nom propre d’un certain Peuple d'Italie ; & létymologie de ce nom eft extrèmement difputée entre les Savans. Ces Aborigenes font la Nation la plus ancienne que l’on fache qui ait habité Le Latium , ou ce qu’on appelle à préfent la Campagne de Rome, Campagna di Roma, En ce fens on diffingue les Ahorigenes des Janige- nes , qui felon le faux Berofe étoient établis dans le pays avant eux ; desSiculesque ces Aborigenes chaf ferent ; des Grecs, de qui ils tiroient leur origine; es Latins, dont ils prirent le nom après leur union avec Enée & les Troyens ; & enfin des Aufoniens, des Volfques, des Ænotriens, &z autres qui hab toient d’autres cantons du même pays. On difpute fort pour favoir d’où vient le mot Aborigenes : s’il faut le prendre dans le fens que nous l'avons expliqué au commencement de cet article, ou s’il faut le faire venir par corruption d’aberrige- nes, errans ; ou de ce qu’ils habitoient les montagnes, ou de quelqu’autre étymologie. S. Jérôme dit qu’on les appella ainfi de ce qu'ils étoient abque origine , les premiers habitans du pays après le déluge. Dertys d'Halicarnafie dit que ce nom fignifie les fondateurs &les premiers peres de tous les habitans du pays, D’autres croyent que la raïfon pour laquelle ils fir- rent ainfi appellés, eft qu’ils étoient Arçcadiens d’o- rigine, lefquels fe difoient enfans de la Terre, & non iflus d'aucun autre Peuple. Aurelius Viétor , & après lui Feftus, font venir Aborigenes par corruption d'aberrigenes | comme qui diroit errans , vagabonds , & prétendent que le nom de Pelafgiens qu’on leur a aufli donné a la même or- gine , ce mot fignifiant aufhi errant. Paufanias veut qu’ils ayent été ainf appellés #70 d'peos, des montagnes qu'ils habitoient. Ce qui fem- ble être confirmé par le fentiment de Virgile, qui parlant de Saturne, le Légiflateur de ce Peuple, s’ex- prime ainfi : Le Na Îs genus indocile, ac difperfum montibus altis Compofuit , legefque dedir. Les Aborigenes étoient ou les anciens habitans du Pays qui y avoient été établis par Janus , à ce que quelques-uns prétendent , ou par Saturne, = par am y Cham ;, où quelqu'autre chef, peu de tems après la difperfions où même auparavant, felon le fentiment de quelques Auteurs; ou bien c’étoit une colonie que quelqu’autre Nation y avoit envoyée, & qui ayant qui vaut S. Voici la ma- niere dont doït être écrit ce mot myftérieux poux produire la prétendue vertu qu’on lu attribue, ABRACADABRA ABRACADABR ABRACADAB ABRACADA ABRACAD ABRACA ABRAC ABRA A BR AB A Serenus Simonicus, ancien Medecin , Seétateur de l’hérétique Bafilide qui vivoit dans le deuxieme fie- cle, a compofé un Livre des Préceptes de la Mede- çine en vers hexametres , fous le titre De Medicinä E 34 ABR parvo pretio parabili, où 1 marque ainf la difpoñs tion &c l’ufage de ces caraéteres: Infcribes charte quod dicitut ABRACADABRA Sepins & fubter repetes , fed detrahe fummam , Æt magis atque magis defint elementa figuris , Singula que femper rapies 6 c@tera figes, Donec in auguftum redigatur littera conurm ÿ His Lino nexis collum redirnire memento : Talia languentis conducent vincula collo, Lethalefque abigent ( miranda potentia ) morbes. ‘Wendelin, Scaliger, Saumaife, & le P. Kircher, £e font donné beaucoup de peine pour découvrir le fensdece mot. Delris en parle, mais en paflant, com- me d’une formule connue en magie , & qu’au refte 1l entreprend point d’expliquer.Ce que l’on peut dire de plus vraiflemblable, c’eft que Serenus qui fuivoit les fuperftitions magiques de Bafilide , forma le mot d’'4ABRACADABRA fur celui d’abrafac on abra- fax, & s’en fervit comme d’un préfervatif ou d’un remede infaillible contre les fievres.f’oyez ABRASAX. Quant aux vertus attribuées à cet amulete, le fiecle où nous vivons eft trop éclairé pour qu'il foit néceffaire d’avertir quetout cela eftune chimere.(G) * ABRACALAN, serme cabaliffique auquel les Juifs attribuent les mêmes propriétés qu’à l’abracada- bra, Ces deux mots font, outre des amuletes, des noms que les Syriens donnoïent à une de leursIdoles. ABRAHAMIEN ox ABRAHAMITE, fm. (Théol.) Voyez PAULIANISTE. (G) ABRAHAMITES, {. m. Moines Catholiques qui fouffrirent le Martyre pour le culte des Images fous Théophile , au neuvieme fiecle. . *, ABRAMBOËÉ, ABRAMBAN, Ville & Pays fur la côte d'Or d'Afrique &c la riviere de Volte, Lozg. 18. lat. 7. ABRASION , . f. figmifie ez Medecine lirritation que produifent fur la membrane interne de l’eftomac & des inteftins les médicamens violens, comme les purgatifs auxquels on a donné le nom de draffique. Foyez DRASTIQUE. La violence avec laquelle METATODE d\ a Gpor ’Iuo, « C’eftà-dire, Pluton préfide [ur L'hyver, Jupiter » fur le printems, le Soleil fur l'été, & le beau Jao fur - » l'auromne. On traduit ordinairement æo/ls Tao, ce >» qui ne veut pas dire une Divinité molle & foible, # maisuneDivinité qui fournit aux hommes toutes les » délices de la vie, & qui préfide fur Pautomne, fai- » fon des vins & des fruits. .. A’Gpoc fignifie aufli #eau, # majeftueux, fuperbe, de là vient l’eépaGavezr d'Eurt- # pide, pour dire une démarche fuperbe, mayefueu- » fe... Dans les vers que je viens d’alléguer Zz0 # eft Bacchus: mais Bacchus eft le Soleil, comme » Macrobe l’a fait voir... Quoi qu'il en foit, #6pos » eft une épithete du Soleil. Le fecond mot Grec dont » abrafax eft compofé, eft ou celui de S20, *4Q, qui » eftfouvent employé dans Homere, & qui veut dire » Jauver ou guérir, ou celui de Sa, zA, qui fignifie »# falut, fanté. Ainf abrafax voudroit dire à la lettre » le eau, le magnifique Sauveur, celui qui guérit les » maux, G qui en préferve ». Hif?. du Manichëif. tome IT, pag. 55. | M. de Beaufobre détaille enfuuite fort au long les preuves qui établiflent qu’abrafax ou ce magnifique Sauveur n’eft autre que le Soleil. C’eft pourquoi nous rénvoyons les Leéteurs à l'ouvrage de cet Auteur. Ces article eff en grande partie tiré des Mémoires de M. Formey, Hifioriographe de l'Académie royale de Pruffe. (G) ABREGÉ , f. m. épitome, fommaire, précis, rac- courci. Unabregé eft un difcours dans lequel on ré- duit en moins de paroles, la fubftance de ce qui eft dit ailleurs plus au long &c plus en détail. . * «LesCritiques, dit M. Baillet, & généralement » tous les Studieux qui font ordinairement les plus # grands ennemis desabregés,prétendent que la coù- » tume de les faire ne s’eft introduite que long -tems » après ces fiecles heureux où fleuriffoient les Belles- » Lettres & les Sciences parmi les Grecs & les Ro- # mains. C’eft à leur avis un des premiers fruits de 3 l'ignorance &r de la fainéantife, où la barbarie a ».fait tomber les fiécles qui ont fuivi la décadence » de PEmpire. Les Gens de Lettres & les Savans de » ces fiecles, difent-ils, ne cherchoient plus qu'à >» abreger leurs peines. &c leurs études, fur-tout dans # la leêture des Hiftoriens, des Philofophes, & des + Jurifconfultes, foit que ce füt le loïfir, foit que » ce füt le courage qui leur manquät ». Les abregés peuvent, felon le même Auteur, fe réduire à fix efpeces différentes: 1°, les épisomes où ABR 33 : Pon'a réduit les Auteurs en gardant régtiliérement leurs propres termes & les exprefñons de leurs origi naux, mais en tâchant de renfermer tout leur fens en peu de mots ; 2°. les abréges proprement dits, que les Abréviateurs ont faits à leur mode, &c dans le ftyle qui leur étoit particulier ; 39. les certons ourhapfodies, qui font des compilations de divers morceaux; 48. les lieux communs ou claffes fous lefquelles on a rangé les matieres relatives à un mêmetitre ; 5°. les Re« cueils faits par certains Ledteurs pour leur utilité par ticuliere, & accompagnés de remarques ; GP..es ex« traits qui ne contiennent que des lambeaux tranf- crits tout entiers dans les Auteurs originaux, la plü- part du tems fans fuite & fans liaifon les uns avec les autrés. : à « Toutes ces mänieres d’abreger les Auteurs, con- »tinue-t-il, pouvoient avoir quelque utilité pour # ceux qui avoient pris la peine de les faire , & peut » être n’étoient-elles point entiérement inutiles à » ceux qui avoient [ù les originaux. Mais ce petit » avantage n’a rien de comparable à la perte que la » plüpart de ces abregés ont caufée à leurs Auteurs, » 8 n’a point dédommagé laRépublique desLettresh. En effet, en quel genre ces abregés n’ont-ils pas fait difparoïtre une infinité d’originaux ? Des Auteurs ont crû que quelques-uns des Livres faints de lan. cien Teftament n’étoient que des abregés des Livres de Gad, d'Iddo , de Nathan, des Mémoires de Salo- mon, de la Chronique des Rois de Juda, &cc. Les Ju- rifconfultes fe plaignent qu’on a perdu par cet arti- fice plus de deux mille volumes des premiers Ecri- vains dans leur genre, tels que Papinien, les trois Scevoles, Labéon , Ulpien, Modeffin, & plufieurs au- tres dont les noms font connus, On a laïffé périr de même un grandnombre des ouvrages des Peres Grecs depuis Origene ou S. Irenée, même jufqu’au fchifme, tems auquel on a vû toutes ces chaînes d’Auteurs ano- nymes fur divers Livres de l’Ecriture. Les extraits que Conffantin Porphyrogenete fit faire des excellens Hiftoriens Grecs & Latins fur l’hiftoire , la Politique, la Morale, quoique d’ailleurstrès-lotiables, ont occa: fionné la perte de Hifloire Univerfelle de Nicolas de Damas, d’une bonne partie des Livres de Po/ybe, de Diodore de Sicile, de Denys d’Halicarnaffe, &c. On ne doute plus que Jyflir ne nous ait fait perdre le Trogue Pompée entier par l’abregé qu'il en a fait, & ainf dans prefque tous les autres genres de httèra< ture. Il faut pourtant dire en faveur des abregés, qu'ils font commodes pour certaines perfonnes quin’ont n | le loïfir de confulter Les originaux, m1 les facilités de fe les procurer, ni le talent de les approfondir, ou d’y démêler ce qu'un compilateurhabile &c exaét leur préfente tout digéré. D'ailleurs, comme l’a remarqué Saumaife , les plus excellens ouvrages des Grecs & des Romains auroient infailliblement &c entierement péri dans les fiecles de barbarie, fans l’indufirie de ces Faifeurs d’abregés qui nous ont au moins fauvé quelques planches du naufrage : ils n’empêchent point qu’on ne confulte les originaux quand ils exiftent.: Bailler, Jugem. des Sçavans, tom. I. pag. 240.8 Juiv. (G) Ils font utiles: 1°, à ceux qui ont déjà vû les cho fes au long. 2°, Quand ils font faits de façon qu’ils donnent la connoiflance entiere de la chofe dont ils parlent, & qu'ils font ce qu’eft un portrait en mignature par rap« port à un portrait en grand. On peut donner une idée, générale d’une grande Hiftoire, ou de quelqu’autre matiere; mais on ne doit point entamerundétail qu'on ne peut pas éclaircir, & dont on ne donne qu'une idée confufe qui n’apprend rien, & qui ne réveille aucune idée déja acquife. Je vais éclaircir ma penfée par ces exemples: S1je dis que Rome fut d’abord Sos Li 36 ABR par des Rois, dont l'autorité duroit autant que leur vie , enfuite par deux Confuls annuels ; que cetufa- ge fut interrompu péndant quelques années ; que Pon élut des Décemvirs qui avoient la fuprème autorité, mais qu’on reprit bién-tôt l’ancien ufage d’élire des Confuls: qu’enfin Jules Céfar, & après lui, Augufte, s’emparerent de la fouverainé autorité; qu'eux & leurs fuccefleurs furent nommés Empereurs : il me femble que cette idée générale s'entend en ce qu’elle eft en elle-même: mais nous avons des abregés qui ne nous donnent qu’une idée confufe qui ne laiffe rien de précis. Un célebre Abréviateur s’eft contenté de dire que Jofeph fut vendu par fes freres, calomnié par la femme de Putiphar , & devint le Surintendant de l'Égypte. En parlant des Décemvirs, 1l dit qu'ils furent chaflés à caufe de la lubricité d’Appius ; ce qui ne laiffe dans l’efprit rien qui le fixe & qui l’éclaire. On n'entend ce que PAbréviateur a voulu dire, que lorfque l’on fait en détail PHiftoire de Jofeph & celle d’Appius. Je ne fais cette remarque que parce qu'on imet ordinairement entre les mains des jeunes gens des abregés dont ils ne tirent aucun fruit, & qui ne fervent qu’à leur infpirer du dégoût. Leur curiofité n’eft excitée que d’une maniere qui ne leur fait pas venir le defir de la fatisfaire. Les jeunes gens n’ayant point encore aflez d'idées acquifes, ont befoin de dé- tail; 8 tout ce qui fuppofe desidées acquifes , ne fert qu'à les étonner, à les décourager, & à les rebuter. ‘ En abrégé, façon de parler adverbiale, fxrmatim. Les jeunes gens devroient recueillir en abregé ce qu'ils obfervent dans les Livres, & ce que leurs Mai- tres leur apprennent de plus utile & de plus intéref- fant. (4) ABREGÉ 04 ABRÉVIATION, lorfqu’on veut écrire avec diligence, ou pour diminuer le volume, ou en certains mots faciles à deviner, on n’écrit pas tout au long. Ainfi au lieu d'écrire Monfieur & Madame, on écrit M° ou M® par abréviation ou par abrégé. Anfi les abréviations font des lettres, notes, carac- teres, qui indiquent les autres lettres qu'il faut fup- pléer. D. O. M. c’eft-à-dire, Deo optimo', maximo. A, R.S. H. Anno reparare falutis humaneæ. Au com- mencement des Épîtres latines, on trouve fouvent $. P. D. c’eftà-dire, Salutem plurimam dicit. Aux Inf- criptions, D. PV. C. c’eft-à-dire, Dicar, vover, con- fécrat. Sertorius Urfatus a fait une colletion des ex- plications De Notis Romanorum. (F ABREGÉ , {. m. partie de l'Orgue. C’eft un aflem- blage de plufeurs rouleaux par le moyen defquels on répand & l’on tranfmet l’aétion des touches du clavier dans une plus grande étendue, Voyez la Figure 20. Planches d'Orgue. : Si les fommiers n’avoient pas plus d’étendue que le clavier , il fufiroit alors de mettre des targettes qui feroient attachées par leur extrémité mférieure aux demoïfelles du clavier, & par leur extrémité fapérieure aux anneaux des bourfettes. Il eft fenfible qu’en baiffant une touche du clavier, on tireroit fa targette qui feroit fivre la bourfette, l’efle & la fou- pape correfpondante. Mais comme les foupapes ne peuvent pas être aufli près les unes des autres que les touches du clavier dont 13,nombre de touches d’une . ottave y compris les feintes,ne font qu'un demi-pié, puifqu'il y a tel tuyau dans l’Orgue , qui porte le: double ; il a donc fallunéceffairement les écarter les unes des autres : mais en les éloïgnant les unes des autres, elles ne fe trouvent plus vis-à-vis des touches correfpondantes du clavier, d’où cependant il faut leur tranfmettre l’aétion. Il faut remarquer que lac- tion des touches du clavier fe tranfmet par le moyen destarsettes polées verticalement , & ainfi que cette a@tion eft dans une ligne verticale. Pour remplir cette indication, on fait des rouleaux B C, Kg. 27. qui font de bois & à huit pans d’un pouce on er: viton de diametre : aux deux extrémités de ces rou leaux que l’on fait d’une longueur convenable , ainfi qu’il va être expliqué,on met deux pointes de fil de fer d’une ligne ou une demi-ligne de diametre pour fervir de pivots. Ces pointes entrent dans les trous des bil- lots À À. Voyez BILLOTS. Soit maintenant la ligne E D, la targette qui monte d’une touche de clavier au rouleau ; &c la ligne GF celle qui defcend de la foupape au même rouleau. La diftance F D entre les perpendiculaires qui paflent par une foupape , & la touche qui doit la faire mouvoir s’appellera lexpan- Jion du clavier. Les rouleaux doivent être de trois ou quatre pouces plus longs que cette étendue. Ces trois ou quatre pouces doivent être repartis égale- ment aux deux côtés de lefpace I K qui eft l’efpace égal & correfpondant du rouleau. À l’efpace F D, aux points I & K , on perce destrous qui doivent tra- verfer les mêmes faces. Ces trous fervent à mettre des pattes I F, K D de gros fil de fer. Ces pattes font appointées pat l’extrémuté qui entre dans le rouleau, & rivées après lavoir traver{e ; autre extrémité de la pate eft applatie dans le fens vertical; & percée d'un trou qui fert à recevoir le leton des targettes, Les pattes ont trois ou quatrespouces de longueur hors du rouleau, & font dans le même plan horifontal, On conçoit maintenant que fi l’on tire latargette E D attachée à une touche, en appuyant le doigt fur cette touche ; Pextrémité D de la patte DK doit baïf- fer. Mais comme la patte eft fixée dans le rouleau au point K , elle ne fauroit baïfler par fon extrémité D fans faire tourner le rouleau fur lui-même d’une égale quantité. Le rouleau en tournant fait fuivre la patte I F dont l’extrémité F décrit un arc de cercle égal à celui que décrit l’extrémité D de Pautre patte, ê tire la targette F G à laquelle le mouvement de la targette E a ainfi été tranfmis. Cette targette F Geft attachée à la bourfette par le moyen du leton H. Voyez BOURSETTE ; SOMMIER. Un abregé eft un compofé d’autant de rouleaux femblables à celui que l’on vient de décrire , qu'il y a de touches au clavier ou de foupapes dans les fom-! miers. Tous les rouleaux qui compofent un abregé font rangés furune table ou plancheEFGH;Fg.20, dans laquelle les queues des billots entrent & font col- lées. Unede leurs pattes répond direétement au-deflus: d’une touche du-clavier L M,à laquelle elle communi- que par le moyen de latargette 46. L'autre patte com- munique pat le moyen d’une targette cd à une fou- pape des fommiers $S, T T qui s'ouvre, lorfque l’on tire la targette du clavier en appuyant le doigt fur la touche à laquelle elle ef attachée, ce qui fait tourner le rouleau & tirer la targette du fommier, On ap- pelle sargette du clavier celle qui va du clavier à l’abrecé ; &c rargette du fommier celle qui va de Pa- bregé au fommier. Les unes &c les autres doivent fe trouver dans un même plan vertical dans lequel fe doivent auffi trouver les demoifelles du clavier &c les bourfettes des fommiers. Par cette ingénieufe con- ftrution , l'étendue des fommiers qui eft quelquefois de 15 ou 20 piés , fe trouve rapprochée ou réduite à l'étendue du clavier qui n’eft que de deux piés pour quatre oétaves. C’eft ce qui lui a fait donner le nom d'abregé | comme étant les fommiers réduits ou abregés. | Dans les grandes Orgues qui ont deux fommiers pla- | cés à côté l’un de l’autre en cette forte AL IC 18; les tuyaux des bafles 87 des deflus font repartis fur tous les deux ; enforte que les plus grands foient vers les extrémités extérieures A-B , & les plus perits vers C ; les tuyaux fur chaque fommier fe fuivent par tons, en cette forte : se = RÉ em TE pur sf [ils RACONTER PRE UC CREER ES = POLE V0 GC FR. L | CLASS EN 6 LE Sornmier C B M CA LA © VS AO RPRSEREE: A RSORFES MIRE ENS Li ME E = Hrers. AIO E ie CS PET NE 0) PE IN OS OP RE RS 0j De fl RTARTES à VONFPELT SN © PRE NT RE 01 7 CL + de = memes RTS n. u_/ et L {à NS B . La difpofition des rouleaux pour faire cette re- partition eft repréfentée dans la Figure. ABREGER un Fief, terme de Jurifprudence feo- dale, fynonyme à dérmembrer ; mais qui fe dit fingu- lierement , lorfque le Seigneur permet à des Gens de main-morte de pofléder des héritages qui en rele- vent. (7) | . ABRÉVIATEUR , adjeëtif pris fubftantivement. C’eft l’auteur d’un abregé. Juftin abréviateur de Trogue Pompée nous a fait perdre Ouvrage de ce dernier. On reproche aux abréviateurs des Tranfac- tions Philofophiques , d’avoir fait un choix plütôt qu’un abregé , parce qu'ils ont pañlé plufieurs mé- moites , par la feule raifon que ces mémoires n’é- toient pas de leur goût. (F) ABRÉVIATEUR, {. m. terme de Chancellerie Romaine. C’eft le nom d’un Officier dont la fonétion eft de rédiger la minute des Bulles & des fignatures. On Pappelle Abréviateur | parce que ces minutes {ont farcies d’abréviations. . Il yen a de deux clafles : les uns qu’on appelle de parco majori (du grand banc ), à qui le Régent de la Chancellerie diftribue les fuppliques , & qui font dreffer la minute des Bulles par des Subftituts qu'ils ont fous eux; &c ceux qu’on appelle de parco minori (du fecond banc ) , dont la fon@tion eft de drefler les difpenfes de mariage. ( G * ABRÉVIATION , £. £. contraëtion d’un mot ou d’un paflage qui fe fait en retranchant quelques lettres ouenfubftituant à leur place des marques ou des caracteres, Voyez SYMBOLE &c APOCOPE. | . Ce mot eft dérivé du latin breyis qui vient du grec Bpaxvs , bref. . Les Jurifconfultes , les Medecins &cc. fe fervent fré- quemment d’abréviations, tant pour écrire avec plus de diligence , que pour donner à leurs écrits un air myftérieux. R . LesRabbins font ceux qui emploient le plus d’s- bréviations. On ne fauroit lire leurs écrits qu’on n'ait une explication des abréviations Hébraiques. Les Ecrivains Juifs & les Copiftes ne {e contentent pas de faire des abréviations comme les Grecs & les La- tins , en retranchant quelques lettres ou fyllabes dans un mot; fouvent ils n’en mettent que la premiere lettre. Ainf * fignifie Rabbi, & N fignifie DN , 2 TN, ou TAN , &c. felon l'endroit où il fe trouve. Ils prennent fouvent les premieres lettres de plu- fieurs mots de fuite, & en y ajoutant des voyelles, ils font un mot barbare qui repréfente tous les mots dont il eft Pabregé. Ainfi Rabbi Schelemoh Jarchi en jargon d’abréviations Hébraïques s’appelle Raf : &c Rabbi Mofès ben Maïemon Rambam. De même , N'D eft mis pour {N 22 ANDD NO, donum in abdito ever- tit iram. Mercerus, David de Pomis, Schindler, Bux- torf & d’autres ont donné des explications de ces fortes d’abréviations. La plus ample colledion des abréviations Romaines eft celle de Sertorius Urfa- tus , qui eft à la fin des Marbres d'Oxford. Serrorii Urfat, Equitis ; de notis Romanorum , commentarius, Dans l'antiquité on appelloit les abréviations rores: On les nomme encore de même dans les ançiennes infcriptions latines. ( G) + ABRÉVIATIONS. Ce font des lettres initiales ou des caraéteres dont fe fervent les Marchands 3 T L e 0 Négocians, Banquiers & Teneurs de Livres pour abrèger certains termes de négoce & rendre les écri- tures plus courtes. Voici les principales avec leu explication. C. fignifie Compte, C. O. Compte ouvert, C. C. Compte courant, M. C. Mon compte. S TA Or Son compte, L, C: Letr compte. N.cC. Notre compte, À. : d | Accepté. ACCEPTE. S.P. Accepté fous prorefl. ACCEPTÉ. S.P.cC. Accepté Jous protet pour mets £re a cornpte, A. P. a proteffer. P. Prorefié OU paye. TRE, ox TRS, Traite ou Traites, RS. Rernifes. Le Rec, PR. © Pour cent, N°. Nurnero, F°. Æolio ou Page, R°: Reito. Ve: Verfo. V. E cu de Go fols ou de trois lis Vres LOUTTLOIS. W. ÆEcu de Go fois ou de trois li= VTES LOUTTLOIS, FL. ou F5, Florins. RE, ou REE, Richedale, Rifdale, Rixdale; ou Rerchedale. DAL. ou DRE, Daller où Daldre, DUC. ou D?. Ducar, M.L. Marc Lubs. L. ST. Livres flerlings. Livres de gros. Livres tournois: Sols tourr01s, D ou 4. Deniers tournois. 5. Livres de poids, M ou Mc. Marcs. ONC. o4 ON. Onces.. G. Gros. DEN. Dénier où gros; D°. Diro, eW Dit, Les Négocians & Banquiers Hollandois ont auf leur abréviations particulieres. Comme toutes les Mar- chandifes qui fe vendent en Hollande , & particulie- tement à Amfterdam , s’y vendent par livres de gros, par rixdale , par florins d’or, par florins , par fous de gros , par fous communs &c par deniers dé gros, poux 38 ABR abrègser toutes ces monnoiïes de compte, on fe fert des caraftéres fuivans. Livres de gros. Ld.er françois & Lv. Ls. en hollandois. Rifiales H, nt Florins d’or, F. d’or ez françois , 88 er hollandois, Florins. “Ur, à Sous de gros. se: Sous communs, S enfrançois & ft. en hollandors, Derniers de gros. ere ABRÉVIATIONS POUR LES POIDS. Schippont, poids de trois cens livres. Schip*. Lijpont, poids de quinze livres, med Quzntal, poids de cent livres. Ct, ou S La livre de deux marcs ou 16 onces. Széen ou Pierre, poids de huit livres, Stz. (G) ABREUVER un varffeau , c’eft y jetter de l’eau , après qu’il eft achevé de conffnure , & l’en remplir entre le franchord &x le ferrage pour éprouver s’il ef bien étanché, & s’il n’y a pas de voie d’eau. (Z ) ABREUVER, eftaufhi le même qu’errofér; on le dit particulierement des prés où l’on fait d’abord ve- nir l’eau d’une riviere , d’une fource , ou d’un ruifleau dans une grande rigole ou canal fitué à la partie {u- périeure desterres, & divifé enfuite par les ramif- cations de petits canaux dans toute l’étendue d’un pré. Cette maniere d’abreuver les prairies établie en Pro- vence & en Languedoc les rend extrèmement fertiles lorfqu’elle eft faite à propos. La trop grande quan- tité d’eau, elle y féjournoit, rendroit les prés ma- récageux. (X ) | Abreuver un cheval, c'eft-à-dire le faire boire ; ce qu’il faut avoir foin de faire deux fois par jour. ( #°) *ABREUVER. Les Vernifleurs dfent de la premiere couche de vernis qu'ils mettent fur le bois, qu'elle Z’abreuve. *ABREU VOIR o% GOUTTIERE, défaut des arbres qui vient d’une altération des fibres li- gneules qui s’eft produite intérieurement, & n’a oc- cafionné aucune cicatrice qui ait changé la forme ex- térieure de l’arbre. L’abreuvoir ala même caufe que la gélivure. Voyez l’article GÉLIVURE. | ABREUVOIR , {. m. On appelle aïnfi un lieu choiïfi &c formé en pente douce au bord del’eau, pour y me- ner boire ou baigner les chevaux. Les abreuvoirs font Drdinairement pavés & bordés en barriere. On dit : menez ce cheval à l’abreuvorr ou à l’eau. (F7) ABREUVOIR , lieu où les oïfeaux vont boire : on dit prendre les oïfeaux à labreuvoir, Pour reéuflir à cette chafle , il faut choïfir un endroit fréquenté par les petits oïfeaux, & oùil y ait quelque ruifleau le long duquel on cherche l’endroit le plus commode our y faire un petit abreuvoir de la longueur d’un filet , & large environ d’un pié ou d’un pié & demi : on couvre l’eau des deux côtés de l’abreuvoir, de joncs , de chaume ou d’herbes , añn que les ofeaux foient obligés de boire à l’endroit que l’on a deftiné æour lPabreuvoir : on attend qu'ils foieñt defcendus pour boire; & quand on en voit une quanitité , on les enveloppe du filet en tirant une ficelle qui ré- pond à ce filet, & que‘tient le chaffeur qui eft caché ; ou bien l’on couvre labreuvoir de petits brins de bois enduits de gl”, 87 les oïfeaux venant fe pofer fur ces baguettes pour boire plus commodément , fe trouvent pris. js L'heure la plus.convenable pouf tendre à l’abreu- voir, eft depuis dix heures du matin jufqu’à onze , &z depuis deux heures'jufqu'à trois après midi , & enfin une heure & demie avant le coucher du-foleil : alors les oïfeaux y viennentenfoule,parceque l’heure les prele. de fe retirer. * Remarquez que plus la chaleur eft srande , meitz leure eft cette chañle. | | ABREVOIRS , ( terme de Maçonnerie où d’Archir, } font de petites tranchées faites avec le marteau de Tailleur de Pierres , ou avec la hachete de Maçon, dans les joints & lits des pièrres , afin que le mortier ou coulis qu’on met dans ces joints , s’accrocheavec les pierres & les lie. Vignole de Daviler, p. 353.(P) .ABREX , mot qui fe trouve dans une infcription Latine découverte à Langres en 1673, & qui a fait penfer à M. Mahudel que Bellorix , dont il eft parlé dans cette infcription , étoit un homme d’autorité. chez les Langroïs , & même qu'il avoit été un de leurs Rois ; car il prétend que le mot abrex marque qu'il avoit abdiqué la royauté , foit qu’elle fût annuelle & éleétive chez ces peuples comme parmi quelques au- tres des Gaules, foit qu’elle fût perpétuelle dans la perfonne de celui qu’on avoit élû ; car fi ce n’eût pas été de fon propre mouvement qu'il eût renoncé à cette dignité , mais qu'il l’eût quittée après l’expira- tion du terme, on auroït dit exrex , & non pas abrex. Nous ne donnons ceci d’après les Mémoires de l'A cadémie des Belles-Lettres, que comme une conjec- ture ingénieufe qui n’eft pas dénuée de vraiflem- blance. (G) : ABRI ,f.m, C’eft ainfi qu’on appelle un endroit où l’on peut mouiller à couvert du vent. Ce port eft à l’abri des vents de oueft & de nord-oueft. L’anfe où nous mouillimes eft fans aucun 4bri. Le vent renfor- çant, nous fûmes nous mettre à l’abri de l’ifle, Mouil- ler à labri d’une terre, | ABRI fe dit aufli du côté du pont où l’on eft moins _expofé au vent. (Z ABRICOTIER , A atbre à fleur en rofe , dont le piftil devient un fruit à noyau. La fleur eft com poiée de plufeurs feuilles difpofées én rofe : le pif- til fort du calyce, & devient un fruit charnu pref- que rond , applati fur les côtés & fillonné dans fa lon- gueur; ce fruit renferme un noyau offeux & applati , dans lequel il y a une femence. Tournefort, {nff, rei) herb. Voyez PLANTE. (1) * ABRICOTS. On en fait des compotes & des confitures feches &c liquides : fon amande fert à faire de la pâte & du ratafiat, Il fe multiplie par fon noyau, &c fe greffe fur prunier & fur amandier. On diftingue labricotier en précoce ou abricotin, en abricot en efpalier, à plem vent. Les abricots violets font les plus beaux & les meilleurs, | La place la plus convenable aux abricotiers eft le plein vent: mais toutes les expofñitions en efpaliers’ leur font bonnes , & ils aiment mieux une terre lé- gere & fablonneufe , qu’une terre plus grafle. ( Æ >: * Compote d’abricots verds. Prenez des abricots verds ; rempliflez un chaudron d’eau à demi; jettez-y des cendres de bois neuf ou gravelées ; faites faire à cette lefive fept ou huit bowillons ; mettez-y vos abricots ; remuez-les avec l’écumoire. Quand vous vous appercevrez qu'ils quitterontle noyau , mettez les dans de l’eau froide , maniez-les , nettoyez & paf" {ez dans d’autre eau claire. Faites bouillir de l’eau dans une poële ; jettez-y vos abricots que vous tire- rez de l’eau claire. Quand ils feront cuits, vous ferez fondre dans une poële une quantité de fucre clarifié » proportionnée à celle des abricots : cependant vous laiflerez égoûter vos abricots entre des ferviettes 3 vous les tirerez de là pour les jetter dans le fucre ; vous les y laïflerez bouillir doucement ; bientôt ils. verdiront : alors pouflez le bouillon ; remuez, écu= mez , laiflez refroidir , &c ferrez. Compote d’abricots mérs. Ouvrez vos abricots par lamoitié , faites-les cuire en firop; caffez les noyaux; pelez les amandes ; mettez une demi-livre de fucre pour une douzaine d’abricots dans une poële. Faites fendre ; arrangez vos moitiés d’abricots dans çe fux \ êre fondu : continuez de faire bouillir; jettez enfinté far les abricots vos amandes ; Ôtez votre compote de deflus le feu ; remuez-la , afin d’aflembler l’écu- me ; enlevez l’écume avec un papier. Remettez fur Le feu : s’ilfe reforme de l’écume , enlevez-la, laiflez refroidir, & ferrez. On peut peler fes abricots. S'ils font durs, on les pañlera à l’eau avant que de les mettre au fucre. | | * Abricots confits. Prenez des abricots verds ; piquez- les par tout avec une épingle; jettez-les dans l’eau ; faites-les bouillir dans une feconde eau , après les avoir lavés dans la premiere ; Ôtez-les de deflus le feu quand ils monteront , &c les laïflez refroidir. Met- ter-les enfuite fur un petit feu ; tenez-les couverts , f vous voulez qu'ils verdiflent, & ne les faites pas bouillir. Quand ils feront verds ; mettez-les rafrai- chir dans l’eau. Quandils feront rafraichis,vous met- trez fur cette eau deux parties de fucre contre une d’eau , enforte que la qnantité du mélange furnage les abricots. Laïfiez-les repofer environ vingt-quatre heures dans cet état ; jettez-les enfuite dans un poë- lon ; faites-les chauffer légérement fur le feu fans ébullition ; remuez-les fouvent. Le jour fuivant vous des ferez égouter en les tirant du firop. Vous ferez cuire le firop feul fur le feu, jufqu’à ce qu'il vous pa: soifle avoir de la confiftance ; vous y arrangerez vos abricots ésoutés ; vous les ferez chauffer jufqu’au fré- miflement du firop, puis les retirerez de deflus le feu, & les laïflerez repofer jufqu’au lendemain. Le lendémain augmentant le firop de fucre, vous les re- mettrez fur le feu & les ferez bouillir, puis vous les laïflerez encore repofer un jour. Le quatrieme jour vous retirerez vos abricots, & vous ferez cuire le firop feul jufqu’à ce qu'il Doit life , c’eft -à - dire, que le fil qu'il forme en le faifant diftiller par inclina- tion , fe cafle net. Laïflez encore repofer un jour vos abricots dans ce firop. Le cinquieme, remettez vo- tre firop feul fur le feu ; donnez-lui une plus forte cuiflon , & plus de confiftance ; jettez-y pour la der- miere fois vos abricots; faites-les frémir ; retirez-les ; achevez de faire cuire le firop feul , & gliflez-y vos abricots ; couvrez-les, & faites-leur jetter avec Le f- rop quelques bouillons encore ; écumez de tems en tems , & dreflez. | | * Abricots en marmelade. Prénez des abricots inürs ; ouvrez-les; caflez les noyaux ; jettez les amandes dans l’eau bouillante pour les dérober , ou ôter la peau. Prenez trois quarterons de fucre pour une Livre de fruit ; mettez fur quatre livres un quart de fu- cre , un demu-feptier d’eau; faites cuire ce mélange d’eau & de fucre ; écumez à mefure qu'il cuit. Quand al fera cuit à la demi-plume, ce dont vous vous apper- cevrez, fien foufllant fur votre écumoire il s’en éle- ve des pellicules blanchâtres & minces ; jettez-y vos abricots & vos amandes ; faites cuiré , remuez; con- tinuez de faire cuire & de remuer jufqu'à ce que vo- tre abricot foit prefque entierement fondu, & que vo- tre firop foit clair, tranfparent & confiftant : Ôtez alors votre marmelade de deflus le feu , elle eft faite; enfermez-la dans des pots que vous boucherez bien. * Pdte d’abricors. Avez des abricots bien murs ; pe- dez-les , ôtez le noyau, defléchez-les à petit feu , ils fe mettront en pâte. Jettez cette pâte dans du fucre que vous aurez tout prêt cuit à la plume ; mêlez bien; faites frémir le mélange fur le feu, puis jettez dans des moules, où entre des ardoifes , & faites bien {é- cher dans l’étuve à bon feu. | ds . Abricors à mi-fucre ; ce font des abricots confits dans une quantité modérée de fucre cuit à la plume, & gliffés dans du frop cuit à perlé. Voyez À LA PLU- ME C À PERLE. ph à Abricors à oralle ; ce font des abricots confits qué les Confifeurs apellent ainf , parce qu'ils ont entor- du 8 contourné une des moîtiés fans cependant la ABS 39 détacher tout-à-fait de l’autré, ou qu'ils ont enjoint enfemble deux moitiés féparées ; enforte qu’elles fe débordent mutuellement par les deux bouts , l’une d’un côté, & l’autre de l’autre. ABRITER , v. a. c’eft porter à l’ombre uné planté mile dans un pot, dans une caïfle, pour lui ôter le trop de foleil, On peut encore abrirer une planche entière; en la couvrant d'une toile où d’un pail: _lflon, ce qui s’appelle proprement couvrir. Voyez Couvrir. (Æ ABRIVER , mot ancien, encore en ufage parmi les gens de riviere ; c’eft aborder & fe joindre au ri- vage. (Z) * ABROBANTIA oz ABRUCHBANIA , {. ville du Comté du même nom dans la Tranfylvanie. ABROHANT. ( Commerce) Voyez MALLE-MOLLE. ABROGATION , f. f. aion par laquelle on ré- voque ou annule une loi. Il n'appartient qu’à celui qui a le pouvoir d’en faire , d’en abroger. 7. ABo- LITION , RÉVOCATION. Abrogation differe de dérogation, en ce que la loi dérogeante ne donne atteinte qu’indireétement à là loi antérieure, & dans les points feulement où l’une & l’autre feroient incompatibles ; au lieu que l’abrogas tion eft une loi faite expreflément pour en abolir une précédente. Voyez DÉROGATION. ( A) *ABROLHOS ou aperi oculos, 1, m. pl. écueils terribles proche l’ifle Sainte-Barbe, à 20 lieues dela côte du Bréfil, * ABROT'ANOIDES , f. nt. efpece de corail ref fémblant à laurone femelle, d’où il tire fon nom, On le trouve, felon Clufius qui en a donné le nom, fur les rochers au fond dé la mer. ABROTONE femelle, 1, f. plante plus connue fous le nom de /artoline, Voyez SANTOLINE. (7) ABROTONE méle, {. m. plante plus connue fous le nom d’aurone. Voyez AURONE. (1) ABRUS, efpece de féve rouge qui croît én Esyp: te & aux Indes. Hi/ff. Planr. Ray. On apporte l’abrus des deux Indes ; on fe fert de fa femence. Il y en a-de deux fortes ; l’une grofle com- me un gros pois, cendrée, noirâtre ; l’autre un peu plus groffe que l’ivraie ordinaire : toutes les deux : d’un rouge foncé. On les recommande pour les in- flammations des yeux , dans les rhumes, Ge, Voyez Dale, (7) | | _* ABRUZZE,, f. f. Province du Royatime de Na- ples en Italie. Long. 30. 40-32. 45. lat. 41. 45« 22) exe ABSCISSE, f. f eft une partie quelconque du diametre ou de axe d’une courbe, comprife entrele fommet de la courbe ou un autre point fixe,& la ren- contre de l’ordonnée. Voyeé? AXE ORDONNÉE. | Telle eft la ligne AE, ( Planch. feët. conig. fig. 36.) comprife entre le fommet A de la courbe M À m, & _ l'ordonnée EM , &c. On appelle les lignes À E aëjciffes du latin abfcindere, couper ; parce qu’elles font des parties coupées de l’axe ou fur Paxe; d’autres les ap: pellent fapiite ; c’eft-à-dire fleches. V, FLECHE. Dans la parabole l’abfciffe eft troifieme propor- tionnelle an parametre & à l’ordonnée , & le para- metre eft troifieme proportionnel à labicifle & à l’ordonnée. Voyez PARABOLE , Gc. | Dans l’ellipfe le quarré de l’ordonnée ef égal au reétangle du paramètre par l’abfcifle, dont on a ôté un autre rectangle de la même abfcifle par une qua- trieme proportionnelle à l'axe, au parametre, &c à Pab{cifle. Voyez ELLIPSE, - Dans lhyperbole les quairés des ordônnées font entte-eux comme les reétangles de l’abfcifle par une autre ligne , compofée de l’abfcifle & de l'axe tranf verfe. Voyez HYPERBOLE. RE . Dans ces deux dernieres propofñitions fur l’ellipfé & l’hyperbole, on fuppole que l’origine des abfcif: L 40 ABS es, c’eft-à-dire le point À , duquel on commence à les compter , foit le fommet de la courbe, ou ce qui revient au même, le point où elle eft rencon- trée par fon axe. Car f on prenait Porigine des abf. cifles au centre, comme cela fe fait fouvent, alors les deux théorèmes précédens n’auroient plus dieu. (O0) ABSENCE, { f. ez Droir, eft l'éloignement de quelqu'un, du lieu de fon domicile. Voyez ABSENT ‘6 PRÉSENT. L’abfènce eft préfumée en matiere de prefcription ; & c’eft à celui qui lallegue pour exception , à prou- ver la préfence. | Celui qui eft abfent du Royaume’avec l'intention de n’y plus retourner, eft réputé étranger : mais il n’eft pas réputé mort. Cependant fes héritiers ne laïf- ent pas par provifion de partager fes biens. Or on lui préfume l'intention de ne plus revenir ,s'il s’eft fait naturalifer en pays étranger, & y a pris un établifle- ment ftable. (4) | ABSENT adj. ez Droit, fignifie en général , gur- conque eft éloigné de fon domicile. ÂBSENT , ez matiere de prefcription , fe dit de celui qui eff dans une autre Province que celle où ef? le pojfeffeur de fon héritage. Voyez PRESCRIPTION 6 PRÉSENT. Les abfens qui le {ont pour l'intérêt de l'Etat , font réputés préfens , goties de commodis eorum agitur. Lorfqu’il s’agit de faire le partage d’une fucceflion où un abfent a intérêt, 1l faut diftinguer s’il y a une certitude probable qu’il foit vivant , ou fi la probabi- lité au contraire eft qu’il foit mort. Dans le premier cas il n'y a qu'à le faire afligner à {on dernier domi- cile, pour faire ordonneravec lui qu'il fera procédé au partage. Dans l’autre cas, fes co-héritiers parta- seront entre-eux la fucceffion, mais en donnant cau- tion pour la part de l’abfenr. Mais la mort ne fe pre- fume pas fans de fortes conjettures ; & s'il refte quel- que probabilité qu'il puifle être vivant, on lui réfer- ve fa part dans le partage, &c on en laiffe l'adminif- tration à fon héritier préfomptif, lequel auffi eft obli- gé de donner caution. (4) Lorfque M. Nicolas Bernoulli, neveu des célebres Jacques &c Jean Bernoulli, foûtint à Bâle en 1709 fa thefe de Doûteur en Droit ; comme ilétoitgrand Géo- metre, aufi-bien que Jurifconfulte , 1l ne put s’em- pêcher de choïfir une matiere qui admiît de la Géo- métrie. Il prit donc pour fujet de fa thefe de fu arris conjeandi in Jure , c’eft-à-dire, de l'application du calcul des probabilités aux matieres de Jurifprudence, & le troifieme chapitre de cette thefe traite du tems où un abfent doit être réputé pour mort. Selon lu il doit être centé tel, lorfqu’il y a deux fois plus à parier qu'il eft mort que vivant. Suppofons donc un homme parti de fon pays à l’âge de vingt ans , & voyons fuivant la théorie de M. Bernoulli , en quel tems il peut être cenfé mort. Suivant les tables données par M. Deparcieux de VAcadémie Royale des Sciences, de 814 perfonnes vivantes à l’âge de 20 ans , il n’en refte à âge de 2 ans que 271 , qui font à peu près le tiers de 814; donc il en eft mort les deux tiers depuis 20 jufqu’à #72,; c’eft-à-dire en ÿ2 ans ; donc au bout de 52 ans 1l y a deux fois plus à parier pour la mort que pour la vie d’un homme qui s’abfente & qui difparoït à 20 ans. J’ai choifi ici la table de M. Deparcieux, & je l’ai préférée à celle dont M. Bernoulli paroït s’êtrefervi, me contentant d'y appliquer fon raïfonnement : mais je crois notre calcul trop fort en cette occafion à un certain égard, & trop foible à un autre; car 1°. d’un côté la table de M.Deparcieuxa été faite fur des Ren- tiers de tontines qui, comme 1l le remarque lui-mê- me, vivent ordinairement plus que les autres, parce que l’on ne met ordinairement à la tontine que quand on eftaflez bien conflitué pour fe flater d’une longue A BS vie. Au contraire , il y a à parier qu'un homme qux eft abfent , & qui depuis long-tems n’a donné deles nouvelles à fa famille, eft au moins dans le malheur ou dans l’indigence, qui joints à la fatigue des yoya- ges ne peuvent guere manquer d'abréger les jours. 2°, D'un autre côté je ne vois pas qu'il fuffife pour. qu’un homme foit cenfé mort , qu'il y ait feulement ve contre un à parier qu'il l’eft, furtout dans le cas dont il s’agit. Car lorfqu'il eft queftion de difpofer des biens d’un homme, & de le dépouiller fans autre motif que fa longue abfence, la loi doit toujours fup- pofer fa mort certaine. Ce principe me paroit fi évi- dent & fi jufte, que fi la table de M. Deparcieux n’é- toit pas faite fur des gens qui vivent ordinairement pluslong-tems que les autres, je croirois que l’ab/ène ne doit être cenfé mort que dansle tems où ilnerefte plus aucune des 314 perfonnes âgées de vingt ans, c’eft-à-dire à 93 ans. Mais comme la table de M. De- parcieux feroit dans ce cas trop favorable aux ab- fens, on pourra ce me femble faire une compenfa- tion , en prenant l’année où 1l ne refte que le quart des 814 perfonnes, c’eft-à-dire environ 75 ans. Cette queftion feroit plus facile à décider fi on avoit des tables de mortalité des voyageurs : mais ces tables nous manquent encore , parce qu’elles font très-dif- ficiles , & peut-être impoflibles dans lexeécution. M. de Buffon a donné à la fin du troifieme volume de fon Hiftoire Naturelle, des tables de la durée de la vie plus exaétes & plus commodes que celles de M. Deparcieux , pour réfoudre le problème dont il s’agit, parce qu'elles ont été faites pour tous les hommes fans difinétion , & non pour les Rentiers feulement. Cependant ces tables feroient peut-être encore un peu trop favorables aux voyageurs, qui doivent généralement vivre moins que les autres hommes : c’eft pourquoi au lieu d'y prendre les # comme nous avons fait dans les tables de M. Depar- cieux , il feroit bon de ne prendre queles À , ou peut- être les 7. Le calcul en eft aifé à faire; 1l nous fuffit d'avoir indiqué la méthode. (O ) * D'ailleurs la folution de ce problème fuppofe une autre théorie fur la probabilité morale des évé nemens que celle qu’on a fuivie jufqu’à préfent, En attendant que nous expofñons à l’article PRoBABI- LITÉ cette théorie nouvelle qui eft de M. de Bufon, nous allons mettre Le leéteur en état de fe fatisfaire lui-même fur la queftion préfente des abfèns reputés pour morts , en lui indiquant les principes qu'il pour roit fuivre. Il eft conftant que quand il s’agit de deci- der par une fuppofñition du bien-être d’un homme qui n’a contre lui que fon abfence, 1l faut avoir la plus grande certitude morale poffble que la fuppoñtion eft vraie. Mais comment avoir cette plus grande certitude morale poffble ? où prendre ce maximum à comment le déterminer ? Voici comment M. de Buf- fon veut qu'ons’y prenne, & l’on ne peut douter ue fon idée ne Qu très-ingénieufe , & ne donne la nos d’un grand nombre de queftions embarraf- fantes , telles que celles du problème fur la fomme que doit parier à croix ou pile un joueur À contre un joüeur B qui lui donneroit un écu, fi lui B amenoit pile du premier coup; deux écus, fi lui B amenoit. encore pile au fecond coup; quatre écus , f. hu B amenoit encore pile au troifieme , & ainf de fuite : car il eft évident que la mife de A doit être détermi= née fur la plus grande certitude morale poffible que l’on purife avoir que B ne paflera pas un certain nom- bre de coups ; ce qui fait rentrer la queftion dans le fini, 8 lui donne des limites. Mais on aura dans le cas de l’abfent la plus grande certitude morale poñli- ble de fa mort, ou d’un évenement en général, par celui oùun nombre d’hommes feroit aflez grand pour qu'aucun ne craignît le plus grand malheur , qui de: vroit cependant arriver infailliblement à un d'entre- EUXS ‘ t ÀABS eux. Exemple : prenons dix mille homines de même âge, de même fanté, 6c. parmi lefquels 1l en doit cettainement mourir un aujourd'hui : fi ce nombré n’eft pas encore aflez grañd pour délivrer éntiérèment le la crainte de la mort chacun d’eux, prenons - en vingt. Dans cette derniere fuppoñition , le cas où l’on autoit la plus grande certitude morale poffible qu'un homme feroit mort, ce feroit celui ou de ces vingt mille hommes vivans , quand 1l s’eft abfenté , iln’en refteroit plus qu'un. "Voilà la route qu’on doit fuivre ici & dans tou- tés autres conjondures paréilles, où l’humanité {em: ble exiger la fuppofñition la plus favorable. ABSIDE,, f. f. rerme d’Affronomie, V. APS1DE. ABSINTHE , f. f. herbe qui porte une fleur à fleu- rôns. Cette fleur eft petite, & compofée de fleurons découpés , portés chacun fur un embriôn de graine , & renferinés dans un calice écailleux : lorfqué la fleur eft pañlée , chaque embrion devient une fe: mence qui n’a point d’aigrette, Tournefort, Inf£. rei herb. Voyez PLANTE. (I ; * ABSINTHE 04 ALUYNE. Il y a quatre fortes d’ab- finthe : la romaine ou grande, la petite appellée poz- tique , l'abfinthe ou l'aluyne de mer, & celle des Alpes appellée gérepi. Cette plante fe met en bordure à deux ou trois piés de diftance , & fe peut tondre. Elle donne de -la graine difficile À vannér ; c’eft pourquoi on la re- nouvelle tous les deux ans en fevrant les vieux piés. K Ga grande wb/fnthe a donné dans l’analyfe chimi- que, n'étant pas encore fleurie, du phlegme liquide; de l'odeur & du goût de la plante ; fans aucune mar: que d’acide ni d’alkali : il étoit mêlé avec lhuile effentielle, enfuite une liqueur limpide , odorante, qui a donné des marques d’un acide foible & d’un alkali très-fort : enfin une liqueur purement alkaline & mêlée de fel volatil , de fel volatil urineux concret , & de l’huile, foit fubtile, foit groffiere. _ La mañle noire reftée dans la côrnue calcinée au feu de reverbere , on atiré de fes cendres par la li- xiviation du {el fixe purement alkah, Les feuilles & les fommités chargées de fleurs & dé grames , ont donné un phlegme limpide de l’o- deur & du goût de la plante, avec des marques d’un peu d’acidité d’abord , puis d’un acide violent, en- fin d’ün acide & d’un alkali urineux avec beaucoup d'huile eflentielle ; une liqueur rouffätre empireu- mateufe , alkaline , & pleine de {el urineux ; du fel volatil concret ; de l'huile, foit eflentielle & fubtile, foit puante & grofliere. ( De la mañle noire reflée dans la cornue & calci- née au feu de reverbere, on atiré des cendres qui ont donné par la lixiviation du fel fixe purement al kali. La comparaifon des élémens 6btenus & dé leur quantité, a démontré que les feuilles ont plus de parties fubtiles & volatiles que les fleurs &les prai- nes ; qu'elles ont beaucoup moins de fel acide & d'huile que les fommités;d’où il s’enfuit que les feuil- les contiennént un fel ammoniacal & beaucoup d'huile fubtile | & que l’on rencontre dans les fom- mités un {el tartareux uni avec un fel ammoniacal : maïs 1l eft vraifflemblable que fon efficacité dépend principalement de fon huile effentielle, amere & aromatique ; & que quoiqu'elle paroïfle la même dans les feuilles & les fommités, cependant elle eft plus fubtile , plus développée & plus volatile dans les feuilles à caufe de fon union intime avec les fels volatils. On l’ordonne dans la jauniffe, la cachexie & les pâles couleurs : elle tue les vers, raffermit Peftomac; mais elle eft ennemie des nerfs comme la plüpart des amers. On en tire plufieurs compoñtions médiçi- nales, Voyez celles qui fuivent, Tome I, ABS AÏ ABSINTHE ( v22 #°) Prenex des foñmités de deux abfinthes fleuries & récentes , mondées, hachées ou rompues , de chacune quatre livres ; de la canelle concaflée trois gros ; mettez le tout dans un baril de cent pintes ; rempliflez le baril de mouft récemment exprimé de raïfins blancs : placez le baril à la cave, laïffez fermenter le vin; & la fermentation finie; rempliflez le tonneau de vin blanc, bouchez-le, & gardez le vin pour votre ufage. Win d’abfinthe qui peut fe préparer en tout rems, Pre: nez feuilles de deux abffnrhes féchées , de chacune fix gros ; verfez deflus vin blanc quatre livres ; faites-les macérer à froid dans un matras pendant vingt-quatre heures ; paflez la liqueur avec expreffion , & filtrez ; vous aurez le vin d'abfnthe que vous garderez pour votre ufage: (N) . | ABSOLU , adjett. On appèlle ainf le Jeudi dela Semaine-fainte , ou celui qui précede immédiatement la fête de Pâque , à caufe de la cérémonie de PAb- foute qui fe fait ce jour-là. Voyez ABSOUTE; ABSOLU , nombre abfolu en A/gebre eft la quan: tité ou le nombre connu qui fait un des termes d’une équation. Voyez ÉQUATION 6 RACINE. Ainf dans l'équation x x 16 x x = 36, le nombre abfolu eft 36 , qui égale x multiphié par lui-même, ajouté à 16 fois +. C’eft ce que Viete appèlle Momogeneum comparas tionis. Voyez HOMOGENE de comparaifon. (© ) ABSOLU. Equation abfolue en A/ffronomie, eft la fomme des équations optique & excentrique : on appelle équation optique l'inégalité apparente du mouvement d’une planete, qui vient de ce qu’elle n'eft pas toüjours à la même diftance de la terre , & qui fubfifteroit quand même le mouvement de la pla: nete feroit uniforme ; & on appelle équation excer: trique l'inégalité réelle du mouvement d’une planete qui vient de ce que fon mouvement n’eft pas unifot- . me. Pour éclaireir cela par un exemple , fuppofons que le foleil fe meuve ou paroïfle fe mouvoir fur la circonference d’un cercle dont la terreoccupele cen- tre , il eft certain que fi le foleil fe meut uniformé- ment dans ce cercle, il paroiït fe mouvoir unmifor- mément étant vü de la terre ; & 1l n’y aura en ce cas ni équation optique , ni équation excentrique : mais fi la terre n’occupe pas le centre du cercle, alors quand même le mouvement du foleil {eroit réel- lement uniforme, ilne paroit pas tel étant vû de la terre. Voyez INÉGALITÉ OPTIQUE ; & en ce cas, il y auroiït une équation optique fans équation excen: trique. Changeons maintenant lorbite circulaire du {oleil en un’orbite elliptique dont la terre occupe le foyer: on fait que le foleilne paroît pas fe mouvoir uniformément dans cette ellipfe:ainf fon mouvement eft pour lors fujet à deux équations, l'équation opti- que, & l'équation excentrique. 7, ÉQUATION. (O0 } ABSOLUMENT,, adv. Un mot eft dit ab/olument . lorfqu’il n’a aucun rapport grammatical avec les au- tres mots de la propoñition dontil eft un incife.f’oyez ABLATIF. (F) ABSOLUMENT, terme que les Théologiens fchola: {tiques emploient par oppoñtion à ce qui fe fait par voie déclarative : ainfi les Catholiques foûtiennent 1e le Prêtre a le pouvoir de remettre les péchés abfolumenr, Les Proteftans au contraire prétendent qu'il ne les remet que par voie déclarative & mind térielle. Voyez ABSOLUTION. Abfolument {e dit éncôre en Théologie par oppo= fition à ce qui eft conditionnel : ainfi les Scholafti- ques ont diflingué en Dieu deux fortes de volontés, l’une efficace & abfolue, l'autre inefficace & condi- tionnelle, Foyez VOLoNTÉ. (G) , | ABSOLUMENT ez Géomerrie, Ce.mot fignifie pré cifément la même chofe que les expreffions rour-a- fait ; entierement : ainfi nous difons qu’une fus eft 42 ABS abfolument ronde , par oppoñtion à celle qui ne Peff qu’en partie, comme un fphéroïde , une cycloïde , &e. (E) * ABSOLUTION, Pardon, rémiffion, fynonymes. Le pardon eft en conféquence de l’offenfe, & re- garde principalement la perfonne qui Pa faite. Il dé- pend de celle qui eft offenfée, & il produit la récon- ciliation, quand il eft fincerement accordé & fince- rement demandé. La remiffion eft en conféquence du crime , & aun rapport particulier à la peine dont il mérite d’être puni. Elle eft accordée par le Prince ou parle Ma- siftrat , & elle arrête l’exécution de la juftice. L’abjolution eft en conféquence de la faute ou du péché, & concerne proprement l’état du coupable. Elle eft prononcée par le Juge civil, on par le Mi- niftre eccléfiaftique , & elle rétablit l’accufé ou le pénitent dans les droits de l’innocence. ABSOLUTION , terme de Droit, eft un jugement par lequel un accufé eft déclaré innocent, & com- me tel préfervé de la peine que les lois infligent pour le crime ou délit dont 1l étoit accufé. Chez les Romains la maniere ordinaire de pro- noncer le jugement étoittelle : la caufe étant plaidée de part & d’autre , l’Huiflier crioit : dixerunt , com- me s'il eût dit, es Parties ont dit ce qu’elles avoient a dire : alors on donnoït à chacun des Juges trois pe- tites boules, dont l’une étoit marquée de lalettre À, pour l’abfolurion ; une autre de la lettre C , pour la condamnation ; & la troifieme , des lettres N L, 707 liquet , la chofe n’eft pas claire, pour requérir le dé- lai de la fentence, Selon que le plus grand nombre des fuffrages tomboit fur l’une ou fur l’autre de ces marques, l’accufé étoit abfous où condamné, 6. s'il étoit abfous , le Préteur le renvoyoit, en difant wr- detur non feciffe ; & s’il n’étoit pas abfous, le Préteur difoit : jure videtur feciffe. S'il y avoit autant de voix pour l’abfoudre que pour le condamner , il étoit abfous. On fuppofe que cette procédure eft fondée fur la loi naturelle. Tel eftie {entiment de Faber fur la 125° loi, de div. reg. jur. de Cicéron , pro Cluentio ; de Quintilien, declar. 264. de Strabon , Lib. IX. Gc. Dans Athenes la chofe fe pratiquoit autrement : les caufes, en matiere criminelle , étoient portées devant le tribunal des Héliaftes Juges ainfi nommés d’H'avos , le foleil , parce qu'ils tenoient leurs aflem- blées dans un lieu découvert. Ils s’afflembloiïent fur la convocation des Thefmothetes , au nombre de 1000, & quelquefois de 1500, & donnoient leur fuf- frage de la maniere fuivante. Il y avoit une forte de vaïfleau fur lequel étoit un tifu d’ofier, & par-deflus deux urnes , l’une de cuivre & l’autre de bois au cou- vercle de ces urnes étoit une fente garnie d’un quar- té long , qui large par le haut, fe rétrécifloit parle bas: comme nous le voyons à quelques troncs an- ciens dans les Eglifes : lune de bois nommée zwee, étoit celle où les Juges jettoient les fuffrages de la condamnation de l’accufé ; celle de cuivre, nom- mée ave , recevoit les fufrages portés pour l’abfo- lution. Avant le jusement on difiribuoït à chacun de ces Magiftrats deux pieces de cuivre , une pleine & l’autre percée : la premiere pour abfoudre ; l’au- tre pour condamner ; & l’on décidoit à la pluralité des pieces qui fe trouvoient dans l’une où l’autre des urnes. ABSOLUTION dans lé Droit Canon, eft un aéte juridique par lequel le Prêtre , comme juge, & en vertu du pouvoir qui lui eft donné par Jefus-Chrift, remet les péchés à ceux qui après la confeflon pa- roiflent avoir les difpofitions requifes. Les Catholiques Romains regardent l’abfolurion comme une partie du Sacrement de Pénitence : le ‘Concile de Trente, Sef, XIV. cap, II, & celui de Florence dans le Decret ad Armenos , fait confiftet la principale partie effentielle ou la forme de ce fas crement , dans ces paroles de l’abfolution : je vous abfous de vos péchés; ego re abfolvo à peccatis tuis. La formule d’abfélurion eft abfolue dans l'Eglife Romaine , & déprécatoire dans l’Eglife Grecque ; & cette derniere forme a été en ufage dans l’'Eghfe d'Occident jufqu’au XIII fiecle. Arcudius prétend à la vérité que chez les Grecs elle eft abfolue, & qu’elle confifte dans ces paroles : Mea mediocritas ha- bet te venia donatum: mais les exemples qu’il pro- duit, où ne font pas desi formules d’abfolurion , ou font feulement des formules d’abfolution de lexcom- munication , & non pas de l’abfolurion facramen- tale. | | Les Proteftans prétendent qu’elle eft déclaratoire & qu’elle n’influe en rien dans la rémiflion des pé- ches : d’où 1ls concluent que le Prêtre en donnant l’'abfolurion ne fait autre chofe que déclarer au pénitent que Dieu lui a remis les péchés, & non pas les [ui remettre lui-même en vertu du pouvoir qu'il a reçu de Jefus-Chrift, Mais cette doûtrine eft con- trairé à celle de Jefus-Chrift, qui dit en S. Jean ch. XX. ver. 23. ceux dont vous aurez remis les péchés, leurs péchés leur ferontremis : auf le Concile de Tren- te, Se] XIV canon IF, l'a-t-il condamnée comme hé- rétique. | Abfolution fignifie affez fouvent une fentence qui délie & releve une perfonne de l’excommunication qu'elle avoit encourue. #. EXCOMMUNICATION. L’abfolution dans ce fens eft également en ufage dans l’Eglife Catholique & chez les Proteftans. Dans l'Eglife Réformée d’Ecofle, fi l’excommunié fait paroïtre des fignes réels d’un pieux repentir , & ft en fe préfentant au Preshytere (c’eft-à-dire, à l’aflem- blée des Anciens ) on lui accorde un billet d’aflü- rance pour fon afolurion , il eft alors préfenté à l’affemblée pour confefler fon péché. Il manifefte {on repentir autant de fois que ie presbytere le mmge convenable ; & quand l’Affemblée eft fatisfaite de fa pémitence, Le Miniftre adreffe fa priere à J. C. le conjurant d’agréer cet homme, de pardonner fa dé- fobéiflance, &c, lui qui a inftitué la loi de. l’excom- munication ( c’eft-à-dire, de lier & de délier les pé- chés des hommes fur la terre ) avec promeñfe de ra- tifier les fentences qui font juftes. Cela fait, il pro- nonce fon abfolution, par laquelle fa premiere fen- tence eft abolie, &le pécheur reçu de nouveau à la communion, (G) ABSOLUTION, ez Droit Canonique, fe prend encore dans un fens différent , & fignifie la levée des cen« füres, L’abfolution accordée à l’effet de relever quel- qu'un de l’excommunication eft de deux fortes ; l’une ab{olue & fans réferve ; l’autre reftrainte & fous ré- {erve : celle-ci eft encore de deux fortes ; l’une qu'on appelle ad effeilum , ou fimplement ab/olution des cen fures ; l’autre appellée ad cautelam.. La premiere, c’eft-à-dire, l’abfolution ad eféülum, eft de ftyle dans les fignatures de la Cour de Rome dont elle fait la clôture , & a l’effet de, rendre l’im« pétrant capable de jouir de la conceffion apoñtolique, l'excommunication tenant toûjours quant à {es au- tres effets. | … L’abfolution ad'eautelam eftune efpece d’ab/olution provifoire qu’accorde à l’appellant d’une fentence d’excommunieation le Juge devant qui l'appel eft porté, à l’effet de le rendre capable d’efter en juge- ment pour pourfuvre fon appel ; ce qu'il ne pou- voit pas faire étant fous l’anathème de l’excommu- nication qui l’a féparé de l’Eglife : elle ne s'accorde à Pappellant qu'après qu’il a promis avec ferment qu'il exécutera le jugement qui interviendra fur l'appel. j L'abfolution à féeviss en terme de Chancellerie Roa maine, eft la levée d’une irrégularité ou fufpenfé encourue par un Eccléfaftique ; pour avoir aflifté à un jugement ou une exécution de mort ou de mu- tilation, (4) On donne-encorele nom d’abfolution à une priere qu'on fait à la fin dé chaque Noëturne & des Heures Canoniales : on le donne auffi aux prieres pour les Morts:.(G) = ABSOLUTOIRE,, adje@. serre de Droit, {e dit d’un jugement qui prononce labfolution d’un accufé, 7’: ABSOLUTION. ( H . * ABSORBANT , adj. Il y a des vaifleaux «4/or- bars par-tout Où il y a des artères exhalantes. C’eft par les pores abforbans de l’épiderme que pañlent l’eau des bains, le mercure ; &rien n’eft plus cer- tain en Anatomie que les artères exhalantes & les veines abforbantes. Les vaiffeaux laëlés abforbent le chyle, &c. line feroit pas inutile de rechercherle méchant ‘me par lequel fe fait l’abforption. Eff-ce par abfor- ption , ou par application ou adhéfon des parties que fe communiquent certaines maladies, comme la gale, les daïrtres, Ge. ? ABSORBANS, remedes dont la vertu principale eft de fe charger des humeurs furabondantes conte- nues dans l’eftomac, ou même dans les inteftins lorf qu'ils y parviennent, mêlés avec le chyle : les 44/or- bans peuvent s'appliquer aufli extérieurement quand 1l eft queftion de deflécher une plaie ou un ulcere. On met au nombre des abforbans les coquillages pilés , les os defléchés & brûlés, les craies, les ter- res, & autres médicamens de cette efpece. - Les 4P/orbans {ont principalement indiqués, lorf- que les humeurs furabondantes font d’une nature acide : rien en effet n’eft plus capable d’émoufler les pointes des acides , & d’en diminuer la mauvaife qualité, qu'un mêlange avec une matiere qui s’en charge , &c qui étant pour l’ordinaire des alkalis f- xes, en fait des fels neutres. La précaution que lon doit prendre avant &r pen- dant l’ufage des «bforbans, & aprés qu’on les a ceflés, eft de les joindre aux délayans aqueux , & de fe pur- ser légerement ; alors on prévient tous les inconvé- niens dont ils pourroient être fiuvis. (N) | * ABSORBER , ergloutir , fynonymes. Æbforber exprime une ation générale à la vérité , mais fuc- ceflive, qui en ne commençant que fur une partie du fujet , continue enfuite & s'étend fur le tout. Mais engloutir marque une ation dont l'effet géné- ral eft rapide, & faïfit le tout à la fois fans le dé- tailler par parties. Le premier à un rapport particulier à la con- fommation &c à la deftru&ion : le fecond, dit pro- piement quelque chofe qui enveloppe , emporte & fait difparoitre tout d’un coup: ainfi le feu 4Z/or- be, pour ainf dire, mais l’eau ergloutir, C’eftfelon cetté même analogie qu’on dit dans un fens figuré être abforbé en Dieu ,ou dans la contem- plation de quelqu’objet , lorfqu’on s’y livre dans toute l’étendue de fa penfée, fans fe permettre la moindre diffraétion. Je ne crois pas qu’ergloutir {oit d’ufage au figuré. ABSORBER ;-v. a. fe dit quand la branche gour- mande d’un arbre fruitier emporte toute la nourri- ture néceflaire aux autres parties de ce végétal. (X) ABSORPTION , f. f. dans l’œconomie animale eft une aétion dans laquelle les orifices ouverts des vaif feaux pompent les liqueurs qui fe trouvent dans les cavités du corps. EF. de la Société d’Edimbours. Les extrémités de la veine ombilicale pompent les liqueurs par voie d’xbforprion | de même que les vaifleaux la@tés pompent le chyle des inteftins. Ce mot vient du latin «hforbere, abforber.(L) AB È O Pak E, 1, f, Cérémonie qui fe pratique dans orme I, ABS 43 l'Eglife-Romaine le Jeudi de la femaine fainte, pour repréfenter l’abfolution qu'on donnoit vers le même tems aux Pénitens dans la primitive Eglife, . L'ufage de l’Eghile dé Rome, & de la plüpart dés Eglifes d'Occident , étoit de donner l’abfolution aux Pénitens. le. jour du Jeudi faint , nommé pour cette raifon le. Jeudi abfolu. Voyez ABsoLu, Dans PEglife .d'Efpagne & dans celle de Milan cette abfolution publique fe donnoit le jour du Ven dredi faint; & dans l'Orient, c’étoit le même jour ou le Samedi fuivant, veille de Pâques. Dans les prenners tems, l'Évêque faïfoit l’abfoute, &c alors elle étoit une partie effentielle du Sacremént de Pé- nitence ;, parce qu'elle fuivoit la confeffion des fautes, la réparation de leurs defordres pañlés, & l'examen. de. la. vie préfente: « Le Jeudi faint, dit » M. l'Abbé Fleury, les Pénitens fe préfentoient la » porte de l'Eglife; l’Evêque après avoir-fait pour » eux plufieurs prieres, les faifoit rentrer À la follici- » tation. de PArchidiacre, qui lui repréfentoit que » c’étoit un tems propre à la clémence. .. Il leur »-faifoitune exhortation fur la miféricorde de Dieu à » 6t le changement qu'ils devoient faire paroître » dans leur vie, les obligeant à lever la main pour » figne de cette promefle; enfin fe laffant léchir aux. » prieres de l’Églife, & perfuadé de leur converfon »1l léur donnoit Pabfolution folemnelle:». Mœurs. des Chrétiens, tit. XXP, Maintenant ce n’eft plus qu'une Cérémonie qui s'exerce par un fimple Prêtre, & qui confifle à réci- ter les fept Pfeaumes de la Pénitence , quelques orai- {ons relatives au repentir.que les Fideles doivent avoir de leurs péchés, une entr’autres que Le Prètre dit debout, couvért, & la main étendue fur le peu- ple, après quoi il prononce les formules Mzferearur &t Indulgentiam. Mais tous les Théologiens convien- nent qu’elles n’operent pas la rémiffion des péchés ; & c’eft la différence de ce qu’on appelle abfoure avec l'abfolution proprement dite. #. ABsoLUTION. (G) ABSPER G, f. petite ville d'Allemagne dans la Suabe. | ABSTEME du latin «bffemius , adjett. pris fubft. terme qui s'entend à la lettre des perfonnes qui s’ab- fliennent entierement de boire du vin, principale- ment par la répugnance & l’averfion qu’elles ont pour cette liqueur. Dans ce fens, abffème eft {ynonyme au mot latin invinius, ÊT au mot grec dowos, & même à ceux-ci Ud) pomorns dpomapadlerne ‘ biveur d’eau , panégyrife de l’eau, étant compofé d’abs, qui marque resran- chement , éloignement, privation, répugnance, & de temetum , Vin. Les Théologiens proteftans emploient plus ordi- nairement ce terme pour fignifier les perfonnes quine peuvent participer à la coupe dans la réception de l’'Euchariftie , par l’averfon naturelle qu’elles ont pour le vin. Voyez ANTIPATHIE. Leurs Seétes ont étè extrémement divifées pour fa- voir fi l’on devoit laifler communier ces 4b/fèmes {ous l’efpece du pain feulement. Les Calviniftes au Syno- de de Charenton déciderent qu'ils pouvoient être ad- mis à la Cene, pourvû qu'ils touchaffent feulement la coupe du bout des levres, fans avaler une feule goutte de l’efpece du vin. Les Luthériens fe récrie- rent fort contre cette tolérance, & la traiterent de mutilation facrilége du Sacrement. {l n’y a point d’ame pieufe, difoient-ls, qui par la ferveur de fes pnieres n’obtienne-de Dieu le pouvoir & la force d’avaler au moins une goutte de vin. Voyez Séricker in nav. Live. Germ. ann. 1709. pag. 304. sen. M. de Meaux a tiré avantage de cette variation pour juftrfer le retranchement de la coupe; car il eft clair, dit-1l, que la Communion {ous les deux efpe- ces n’eft pas de précepte divin, puifqu'il y a des ças S 44 A BS ÔN l'on en peut difpenfer. Foÿez les Nouv. de la Re- Piblique des Lettres , tom. III. pag. 23. Mém. de Trev. 1708. pag. 33. BTJLTIPAS. LALS. : Dans les premiers fiecles dela République Romai- né, toutes les Dames devoient être abflèmes ; & pour s’aflürer fi elles obfervoient cette coûtume, c’etoit une regle de politeffle conftamment obfervée, que toutes les fois que des parens ou des amis les venoient voir, elles les embraflaffent. (G) ABSTENSION , f. f, rermede Droit civil, eft la ré- pudiation de l’hérédité par l'héritier, au moyen de quoi la fucceflion fe trouve vacante ; & le défunt in- teftat, s’il ne s’eft pourvû d’un fecond héritier par la voie de la fubftitution. Foyez SUBSTITUTION &IN- TESTAT. L’abffenfion differe de la rénonciation en ce que celle-cr fe fait par l'héritier à qui la nature ou la loi déferent l’hérédité, & l’abffenfon par celui à quielle ft déférée par la volonté du teftateur. ( 4) ABSTERGEANS , adj. remedes de nature favo- neufe,qui peuvent difloudre les concrétions réfineu- fes. On a tort de les confondre, comme fait Caftelli, avec les abluans: ceux-ci font des fluides qui ne peu- vent fondre & emporter que les fels que Feau peut diffoudre. (NW) ABSTINENCE, f. f. Plufeurs croient que les premiers hommes avant le déluge s’abftenoient de vin & de viande, parce que l’Écriture marque ex- preflément que Noé après le déluge commença à planter la vigne, & que Dieu lui permit d’ufer de Viande, au lieu qu'il n’avoit donné à Adam pour nourriture que les Puis & les herbes de la terre : mais le fentiment contraire eft foûtenu par quantité d’ha- biles Interprètes, qui croient que les hommes d’a- vant le déluge ne fe refufoient ni les plaifirs de la bonné chere’, ni ceux du vin; & l’Écriture en deux mots nous fait aflez connoître à quel excès leur cor- ruption étoit montée, lorfqu’elle dit que route chair avoit corrompu fa voie, Quand Dieu n’auroit pas per- mis à Adam ni l’ufage de la chair, ni celur du vin, fes defcendans impies fe feroient peu mis en peine de ces défenfes. Gez. IX .20, IIT. 17. VI. 11.12 La Loi ordonnoit aux Prètres de s’abftenir de vin pendant tout le téems qu'ils étoient occupés au fer- vice du Temple. La même défenfe étoit faite aux Na- _zaréens pour tout le tems de leur Nazaréat. Les Juifs s’abftiennent de plufeurs fortes d’animaux, dont on trouve le détail dans le Lévitique & le Deutéronome. Saint Paul dit que lés Athletes s’abftiennent de routes chofès, pour obtenir une couronne corruptible , c’eft- à-dire, qu’ils s’abftiennent de tout ce qui peut les af- foiblir; & en écrivant à Timothée , il blâme cer- tains hérétiques qui condamnoient le mariage &c Pu- fage des viandes queDieu a créées.Entre les premiers Chrétiens, les uns obfervoient l’abffinence des vian- des défendues par la Loï, & des chairs immolées aux Idoles ; d’autres méprifoient ces obfervances comme inutiles, & ufoient de [a liberté que Jefus-Chrift a procurée à fes Fideles. Saint Paul a donné fur cela des regles très-fages, qui font rapportées dans les Épîtres aux Corinthiens &caux Romains. Levis, x. 9. Num. VI. 3. 1. Cor. IX. 2.5. Tim, 1.c: IF. 3. 1. cor. VIII. 7.10. Rom. XIV. 23. _ Le Concile de Jérufalem tenu par les Apôtres, or- donne aux Fideles convertis du paganifme de s’abfte- nir du fang des viandes fuffoquées, de la fornication, & de lidolatrie, 4Œ. XF. 20. Saint Paul veut que les Fideles s’abftiennent de tout ce qui a même l'apparence du mal, ab omni fpe- cie malé abflinete vos, &t à plus forte raifon de tout ce qui eft réellement mauvais & contraire à la religion &c à la piété. Theffal, v. 21. Calmer, Didlionn. de la Bibl, Leitre À. tom, 1. pag. 32. (G) ABSTINENCE,f, f. Orphée, après avoir adouci “4 lès mœurs des hommes , établit une forte de viequ’on nomma depuis Orphique; 8 une des pratiques des hommes qui embrafloient cet état ; étoit de ne point manger de la chair des animaux. Il éft plaufible de dire qu'Orphée ayant rendu fenfibles aux Lois de la fociété les premiers hommes qui étoient Antropo- phages: Silveflres homines facer Interprefque Deorum, Cædibus & fœdo vittu deterruit Orpheus. Horat. il leur avoit impofé la loi de ne plus manger de vian- de du tout , & cela fans doute pour les éloigner en- tiérement de leur premiere férocité; que cette pra- tique ayant enfuite été adoptée par des perfonnes qui vouloient embrafler une vie plus parfaite que les autres, 1l y eut parmi les Payens une forte de vie qui s’appella pour lors vie Orphique, O'rgwos io, dont Platon parle dans Épinomis, & au fixièmé Livre de fes Lois. Les Phéniciens & les Affyriens voifins des Juifs avoient leurs jeûnes facrés. Les Égyptiens, dit Hérodote, facrifient une vache à Ifis, après s’y être préparés par des jeûnes; & ailleurs il attribue la même coûtume aux femmes de Cyrene. Chez les Athéniens , les fêtes d’Eleufine & des Tefmopho- res étoient accompagnées de jenes rigoureux , fur- tout entre les femmes qui pafloient un jour entier affifes à terre dans un équipage lngubre, &c fans prendre aucune nourriture. À Rome 1l y avoit des jéûnes réglés en lhonneur de Jupiter, & les Hifto- riens font mention de ceux de Jules Céfar, d’Au- gufte, de Vefpañien , de Marc Aurele, 6c. Les Athle- tes en particulier en pratiquoient d’étonnans: nous en parlerons ailleurs: Voyez ATHLETES. (G) * ABSTINENCE des Pythagoriciens. Les Pythago- riciens ne mangeoïent ni chair, m poiflon, du Moins ceux d’entr'eux qui faifoient profeffion d’une grande perfeéHon, & qui fe piquoient d’avoir at- teint le dernier degré de la théorie de leur Maïtre. Cette abffinence de tout ce qui avoit eu vié étoit une fuite de la métempfycofe : mais d’où venoit à Pythagore l’averfion qu'il avoit pour un grand nom- bre d’autres alimens, pour les féves, pour la mau- ve, pour le vin, &c. On peut lui pañfer l'abffirence des œufs ; il en devoit un jour éclorre des poulets : où avoit-il imaginé que la mauve étoit une herbe facrée, folium fanthffimum? Ceux à qui Phonneur de Pythagore eft à cœur, expliquent toutes ces cho- fes ; ils démontrent que Pythagore avoit grande raï- fon de manger des choux, & de s’abitenir des féves. Mais n’en déplaïfe à Laerte, à Euftathe, à Ælien, à Jamblique, à Athenée, 6. on napperçoit dans toute cette partie de fa Philofophie que de la fuper- fHition ou de l’ignorance : de la fuperitition, s’il pen- foit que la féve étoit protégée des Dieux; de l’igno- rance , s’il croyoit que la mauve avoit quelque qua- lité contraire à la fanté. Il ne faut pas pour cela en faire moins de cas de Pythagore : {on fyftème de la métempfycofe ne peut être mépriféqu'à tort par ceux qui n'ont pas aflez de Philofophie pour con- noître les raifons qui le lui avoient fuggéré , ou qu'à juite titre par les Chrétiens à qui Dieu a révélé limmortalité de l’ame , & notre exiftence future dans une autre vie. ABSTINENCE ez Médecine a un fens très-étendu. On entend par ce mot la privation des alimens trop fucculens. On dit communément qu'un malade eft réduit à l'abffinence, quand il ne prend que du bouillon, de la tifane, & des remedes appropriés À fa maladie. Quoique l’abfhinence ne fufife pas pour guérir les maladies , elle eft d’un grand fecours pour aider l’aétion des remedes. L’abfnence eft un préler- vatif contre beaucoup de maladies, &c furtout con- tre celles que produit la gourmandife. On doit régler la quantité des alimens que l’on prend fur la déperdition de fubftance qu'occañionne ABS l'exercice que l’on fait, fur le temsoù la tranfpira- tion: eft plus ou moins abondante, &cs’abftenir des alimens que l’ona remarqué contraires à fon tempé- rament. | | : Ondit auffiique lesgens foibles & délicats doivent faire abfhinence de l’aéte vénériens : 1. On apprend par les lois du régime ; tant dans l’é- tat de fantéque dans l’état de maladie , à quelle forte d’abffinence on doit s’aftreindre. Voyez RÉGIME.(N) - ABSTINENS ;, adje&. pris fubft. Sete d’héréti- ues qui paturent dans les Gaules & en Efpagne fur 1 fin du troifieme fiecle: On croit qu'ils avoient em prunté une partie de leurs opinions des Gnoftiques & des Manichéens , parce qu'ils décrioient le mariage, condamnoient l’ufage des viandes , & mettoient le S. Efprit au rang des créatures. Baronius femble les : confondre avec les Hiéracites: mais ce qu'il en dit _ d’après S. Philaftre , convient mieux aux Éncratites, dont le nom fe rend exaétement par ceux d’4bfhnens ou Continens. Voyez ENCRATITES 6 HIÉRACITES, (6) ABSTRACTION , f. f.ce mot vient du latin 4b- rahere, arracher, tirer de, détacher. . L’abftrattion eft une opération de Pefprit , par la- quelle , à l’occafñon desimpreffions fenfiblegdes ob- jets extérieurs, ou à l’occafon de quelque"äffeétion intérieute , nous nous formons par réflexion un con- cept fingulier, que nous détachons de tont ce qui peut nous avoir donné lieu de le former ; nous le regar- dons à part comme s’il y avoit quelque objet réel qui répondit à ce conceptindépendemment de notre ma- niere de penfer ; & parce que nous ne pouvons faire connoître aux autres hommes nos penfées autrement que par la parole , cette néceflité. & l’ufage où nous Laos de donner des noms aux objets réels, nous ont portés à en donner aufli aux concepts métaphy- fiques dont nous parlons ; & ces noms n’ont pas peu contribué à nous faire diflinguer ces concepts : par exemple. | Le fentiment uniforme que tous Les objets blancs éxcitenten nous, nous a bit donner lemême nom qualificatif à chacun de ces objets. Nous difons de chacun d’eux en particulier qu'il eft blanc ; enfuite pour marquer ie point {elon lequel tous ces objets fe reflemblent , nous avons inventé le mot Z/ancheur. Oril y a en effet des objets tels que nous appellons Blancs ; mais il n’y a point hors de nous un être qui {oit {a blancheur. Ainf blancheur n’eft qu'un terme abftrait : c’eft le produit de notre réflexion à l’occafon des uniformi- tés des impreflions particulieres que divers objets blancs ontfaites en nous ; c’eft le point auquel nous rappottons toutes ces impreffions différentes par leur caufe particuliere , & uniformes par leur efpece. Il y a des objets dont l’afpe& nous affeéte de ma- nicre que nous les appellons Peaux ; enfuite confidé- rant à part cette maniere d’affetter , {éparée de tout objet, de toute autre maniere, nous l’appellons /4 beauté. Il y a des corps particuliers ; ils font étendus, ils font figurés , ils font divifbles, & ont encore bien d’autres propriétés : il eft arrivé que notre efprit les a confidérés, tantôt feulement en tant qu'étendus , tantôt comme figurés, ou bien comme divifibles, ne . s’arrêtant à chaque fois qu’à une feule de ces confi- # Q s 0 0 dérations ; ce qui eft faire abftraétion de toutes les autres propriétés. Enfuite nous avons obfervé que: tous les corps conviennent entre-eux en tant qu'ils font étendus , ou en tant qu'ils font figurés, ou bien en tant que divifbles. Or pour marquer ces divers’ points de convenance ou de réunion , nous nous fom- mes formés le concept d’érerdue , ou celui de figure. ou celui de divifibiliré : maisil n’y a point d’être phy- fique qui {oit l'étendue, ou la figure, oula divifibilité, & qui ne foit que cela. A BS 45 Vous pouvez difpofer à votre gré de chaque corps particulier qui elt en votre puiflance : mais êtes- vous.ainfi lé maître de l’érendue, de la figure | ou de la divifibiliré à L'animal en général.eft-il de quelque pays, & peut-il fe tranfporter d’un lieu en unautre ? Chaque abftraétion particuliere exclud la confidé- ration de toute autre propriété. Si vous confidérez le corps entant que fguré, 1 eft évident que vous ne le regardez pas comme lumineux , nicomme vivants, vousne lui Ôtéz rien : ainfi il feroit ridicule de con- clurre de votre abfrattion , que ce.corps que votre ciprit ne regarde que comme fre, nepuiffe pas être en même tems en lui-même érerdu, lumineux. vivant, 8. Les, concepts-abftraits font donc comme le point auquel nous rapportons les différentes imprefäons ou réflexions particulieres qui font de même efpece!, & duquel nous écartons tout,ce qui n'eft pas cela préciément. | Tel eft l’homme: il eft un être vivant; capable de-{entir ,de penfer , de juger , derraifonner , de vou loir, de diftinguer chaque acte fingulier de chacune de ces facultés , & de faire ainfi des ab/fradions. Nous dirons , en parlant de L’ARRICLE, que n'y ayant en ce monde que des êtres réels, il n’a pas été poflible que chacun de ces êtres eût un nom propre. Ona donné un nom.commuma,.tous les individus qui fe reflemblent. :Ce-nom commun eft appellé nom d'efpece, parcegw'ilconviént à chaque individu d’u- ne efpece. Pierre efl homme , Paul ef homme ; Alexan dre Cr Céfar étoient hommes. En.ce fens le nom d’efpece n'eft qu'un nom adje@if comme beau, bon , vrai; & c’eft pour cela qu'il n’a point d’article. Mais fi Pon regarde l’homme fans en faire aucune application par- ticuliere , alors l’homme eft pris dans un fens abftrait, &-devient un individu fpécifique; c’eft par cette rai- fon qu’il reçoit l’article ; c’eft ainf qu’on dit /e beau, le bon, le vrar. | On ne s’en eft pas tenu à ces noms fimples abftraits fpécifiques :\d’honime on a fait humanité ; de beau, beauté ; ainfi des autres. Les Philofophes fcholaftiques qui ont trouvé éta- blis les uns &lesautres de ces noms, ont appellé concreis.CeUX que nous nommons ézdividus fpécifiques , tels que /’komme , lebeau , le bon, le vrai. Ce mot con cret vient du latin cocrerus | & fignifie qui croit avec, compofe, formé de ; parce que ces concrets {ont for- més, difent-ils, de ceux qu'ils nomment abffracrs : tels font humanité, beauté , bonté, vériré, Ces Philofo- fophes ont cru que comme la lumiere vient duioleil, que comme-leau ne devient chaude que par le feu de même l’homme n’étoit tel que par l'humanité ; que le beau n'étoit beat-que par la beaute ; le bon par la bonté , & qu'il n’ÿ avoit de vrai que par la vérré, Is ont dit humanité, de là homme , & de même beauté, entuite beau. Mais ce n'eft pas aimf que la nature nous inftruit elle ne nous montre d’abord que le phyfique. Nous avons commencé par voir des hom- mes avant que de comprendre & de nous former le terme-abftrait humanire, Nous avons été touchés du beau & du or avant que d'entendre & de faire les mots de heauré & de bonte ; & les hommes ont été.pé-; nétrés de la réalité des chofes ; & ont fenti une per- fuafion intérieure avant que d'introduire le mot.de vérité. Ils ont compris, ils ont conçu.avant que de faire le mot d’ertendement.; ils ont voulu avant que de dire _ qu'ils avoient une voonté , &. ils fe {ont refouvenu avant que de former le mot de mémoire. On a commencé par faire des obfervations fur lu- fage, le fervice, oul’emploides mots: enfuite on a inventé le mot de Grammaire. . Ainf Grammaire eft comme le centre ou point de! réunion , auquel on rapporte les différentes obferva- tions que l’on a faites fur l'emploi des mois, Mais 46 ABS Grammaire n’eft qu’un terme abftrait ; c’eft un nom métaphyfique & d'imitation. [n’y a pas hors denous un être réel qui foit la Grammaire ; il ny à que des Grammairiens qui -obfervent. Il en eft de même de tous les noms de Sciences & d’Arts ,aufli-bien que des noms des différentes parties de ces Sciences & de ces Arts. JVoyez ART. | De même le point auquel nous rapportons les ob- fervations que l’on a faites touchant le bon & le mau- vais ufage que nous pouvons faire des facultés de notre entendement , s'appelle Lopique. Nous avons vü divers animaux cefler de vivre ; nous nous fommes arrêtés à cette confidération inté: reffante ; nous avons remarqué l’état uniforme d’i- na@%ion où ils {e trouvent tous en tant qu'ils ne vi- vent plus ; nous avons confidéré cet état indépen- demment de toute application particuliere ; & com- me sl étoit en luimême quelque chofe de réel, nous l'avons appellé or. Mais la mort n’eft point un être. C’eft ainfi que les différentes privations , &c l’abfence des objets dont la préfence farfoit fur nous des impreffions agréables ou défagréables , ont ex- cité en nous un fentiment réfléchi de ces privations & de cette abfence, & nous ont donné lieu de nous faire par degrés un concept abftrait du néant mème: car nous nous entendons fort bien , quand nous foû- tenons que le néant n’a point de propriétés, qu'il ne peut être La caufe de rien; que nous ne connoiffons le néant € les privations que par Pabfence des réalités qui leur font oppofées. | La réflexion fur cette abfence nous fait reconnoï- tre que nous ne fentons point: c’eft pour ainfi dire fentir que l’on ne fent point. Nous ayons donc concept dunéant, & ce concept eft une abftraftion que Ms exprimons par un nom métaphyfique , & à la maniere des autres concepts. Ainfi comme nous difons rer un homme de prifon , ti- rer un écu de [a poche , nous difons par imitation que Dieu a tiré le monde du néant. | L’ufage où nous fommes tous les jours de donner des noms aux objets des idées qui nous repréfentent des êtres réels, nous a porté à en donner auf par imitation aux objets métaphyfiques des idées abftraï- tes dont nous avons cozoiffance : ainfi nous en par- lons comme nous faifons des objets réels. L'illufion, la figure, le menfonge, ontun langage commun avec la vérité. Les expreflions dont nous nous fervons pour faire connoître aux autres hom- mes, ou les idées qui ont hors de nous des objets réels , ou celles qui ne font que de fimples abftrac- tions de notre efprit, ont entre elles une parfaite ana- logie. Nous difons, /a mort, la maladie, l'imagination , l'idée, &c. comme nous difons /e foleil , la lune, &tc. uoïique la mort, la maladie , l'imagination , Pidée, és ne foient point des êtres exiftans ; & nous parlons du phénix, de la chimere, du fphinx , & de la pierre philofophale, comme nous parlerions du or , de la panthere , du rhinoceros , du paëtole , où du Pérou. La Profe même , quoiqu’avec moins d’appareiïl que la Poëfie , réalife | perfonifie ces êtres abfraits , & féduit également l'imagination. Si Malherbe a dit que La mort a des rigueurs , qu’elle fe bouche les oreilles , qu’elle nous daiffe crier , &c. nos Profateurs ne difent-1ls pas tous les jouts que la mort ne refpeite perfonne ; attendre da mort ; les Martyrs ont bravé la mort, ont couru au-de- vant de la mort ; envifager la mort fans émotion ; l’ima- ge de la mort; affronter la mort ; la mort ne furprend point ur homme fage : on dit populairement que La mort ra pas faim ; que lamort ra Jamaïs tore, Les Payens réalifoient l’amour , la diféorde , la peur, le filence, la fanté, deu falus, &e.& en faifotent au- tant de divinités. Rien de plus ordinaire parmi nous que de réalifer un ezploi, une charge, une dignité ; A BS -nous perfomfons la rai/or, le goér , le génie ; le natit rel , les paffions ; l'humeur , le caraëtere, les vertusydes vices , l'efprit , le cœur, la fortune, lermalheur | larépu tation ,; la nature, NÉS Les êtres réels qui nous environnent font müûs &c / - e _—.. gouvernés d’une maniere qui n’eft connue que de Dieu feul, & felon les Lois qu'il lui a plû d'établir Jorfqu’il a créé l'Univers: Ainfi Die eft un terme réel ; mais zature n'eft qu'un terme métaphyfique. Quoiquun inftrument de mufique dont les cordes font touchées, ne reçoive en lui-même qu’une fim= -ple modification, lorfqu’il rend le-fon du ré ou celui du fol, nous parlons de ces fons comme fi c’étoit aue tant d'êtres réels: & c’eft ainfi que nous parlons de nos fonges, de nos imaginations, de nos idées, de nos plafirs ; é:c. enforte que nous habitons , à.la vé- rité, un paysréel & phyfque : mais nous y parlons, fi j'ofe le dire, le langage du pays des abffraifions,, & nous difons , J'ai faim, j'ai envie, j'ai pitié, j'ai peurs J'ai deffein, &c. comme nous difons j'ai une montre. Nous fommes énus, nous fommes affèélés | nous /onr- mes agités ; ainf nous fentons, & de plus nous nous appercevons que nous fentons; & c’eft ce qui nous fait donner des noms aux différentes efpeces de fen- fationsgarticuli eres, & enfuite aux fenfations-géné: tales déplaifir & de douleur. Maisil n’y a point un être réel qui foit Ze plaifr, ni un autre qui foit Le douleur. Pendant que d’un côté les hommes en punition du péché font abandonnés à l’ignorance , d’un autre côté ils veulent favoir & connoïtre, & fe flattent d’être parvenus au but quand ils n’ont fait qu'imaginer des noms, qui à la vérité arrêtent leur curiofité , mais qui au fond ne les éclairent point. Ne vaudroit-il pas mieux demeurer en chemin que de s’égarer? l’erreux eft pire que lignorance : celle-ci nous laïfle tels que nous fommes; fi elle ne nous donnerien, du moins elle ne nous fait rien perdre ; au lieu que l’erreur {é- duit l’efprit , éteint les lumieres naturelles , & influe fur la conduite. Les Poëtes ont amufé l'imagination en réalifant des termes abflraits ; le Peuple payen a été trompé : mais Platon lui-même qui banmfloit les Poëtes de fa République, n’a-t1l pas été féduit par des idées qui n’etoient que des abftraéhions de fon efprit? Les Phi- lofophes, les Métaphyficiens , & fi je l’ofe dire ; les Géometres même ont été féduits par des-abftrac- tions ; les-uns par des formes fubftantielles , par des vertus occultes ; les autres par des privations, ou par des attrations. Le point métaphylique , par exem- pie » n’eft qu'une pure abftraétion , auffi-bien que la longueur. Je puis confidérer la diftance qu'il y a d’u- ne ville à ung autre, & n’être occupé que de cette dif- tance ; je puis confidérer aufli le terme d’où je fuis parti, & cehu où je fuis arrivé ; je puis de même par imitation & par comparaïfon , ne regarder une ligne droite que comme le plus court chemin entre deux points : mais ces deux points ne font que les extrémi- tés de la ligne même ; & par une abftraélion de mon efprit , je ne regarde ces extrémités que comme ter- mes , jen fépare tout ce qui n’eft pas cela: l’un eft le terme où la ligne commence ; l’autre , celui où elle finit: ces termes je les appelle poires, &t je n’attache à ce concept que l’idée précife de serme ; Jen écarte toute autre idée : il n’y a ici ni folidité , ni longueur, ni profondeur ; il n’y a que l’idée abftraite de serme. É noms des objets réels font les premiersnoms ; ce font , pour ainf.dire, les ainés d’entre les noms : les autres qui n’énoncent que des-concepts de notre efprit, ne font noms que par imitation, paradop- ion ; ce font les noms de nos concepts métaphyfi- ques : ainfi les noms des objets réels , comme Joe, lune , terre, pourroient être appellés roms phyfiques, & les autres, zoms métaphyfiques. Les noms phyfiques fervent donc à faire entendre ABS que nous parlons d’objets réels ; au lieu qu'un nom métaphyfique marque que nous ne parlons que de quelque concept particulier de notre efprit. Or com- me lorfque nous difons Ze folei!, la terre ; la mer, cet homme , ce cheval, cette Pierre, &c. notre propre ex- périence & le concours des motifs les plus légitimes nous perfuadent qu'il y a hors de nous un objet réel qui eft /o/ul, un autre qui eft serre, cc. & que fi ces objets n’etoient point réels, nos peres n’auroient ja- mais inventé ces noms, & nous ne les aurions pas adopte : de même lorfqu’on dit 4 zature ; la for- tune , le bonheur , la vie, la fanté, la maladie , lamort , &ec. les hommes vulgaires croient par imitation qu’il ÿ a aufli indépendemment de leur maniere de penfer, je ne fais quel être qui eft la zarure ;un autre , qui eft Ja fortune , ou le bozheur, ou la vie, ou la mort, &xc. car ils n'imaginent pas que tous les hommes puiflent dire la zature, la fortune, la vie , la mort ; & qu'il n’y ait pas hors de leur efprit une forte d’être réel qui foit la näture, la fortune , 6:c. comme fi nous ne pou- Vions avoir des concepts , ni des imaginations, fans qu'il y eût des objets réels qui en fuffent l’exem- plaire. À la vérité nous ne pouvons avoir de ces concepts à moins que quelque chofe de réel ne nous donne lieu de nous les former : mais le mot qui exprime Le con- cept, n'a pas hors de nous un exemplaire propre. Nous avons vü de l'or, & nous avons obfervé des montagnes ; fi ces deux repréfentations nous don- nent lieu de nous former l’idée d’une montagne d’or , il ne s'enfuit nullement de cette image qu’il y aït une pareille montagne. Un vaifleau fe trouve arrêté en | pleine mer par quelque banc de fable inconnu aux Matelots , 1ls imaginent que c’eft un petit poiflon qui les arrête. Cette imagination ne donne aucune réa- lité au prétendu petit poiflon , & n’empêche pas que tout ce que les Anciens ont cru du remora ne {oit une fable, comme ce qu'ils fe font imaginés du phérix , &t ce qu'ils ont penté du fphirx , de la chimere , 8c du cheval Pégafe. Les perfonnes fenfées ont de la peine à croire qu'il y ait eu des hommes aflez déraifonna- bles pour réalifer leurs propresabftra@tions : mais en- tre autres exemples , on peut les renvoyer à l’hiftoire de Valentin héréfiarque du fecond fiecle de l'Eglife : c’étoit un Philofophe Platonicien qui s’écarta de la fimplicité de la foi , & qui imagina des æons, c’eft-à- dire des êtres abftraits, qu’il réalifoit ; le felence, la vé- rité , l’intelligence , le propator , où principe. I] com- mença à enfeigner fes erreurs en Egypte, & pañla enfuite à Rome où il fe fit des difciples appellés Fazer- tiniens, Tertullien écrivit contre ces hérétiques. Voyez PHifloire de l'Eglife. Ainfi dès les premiers tems les abftraétions ont donné lieu à des difputes , qui pour être frivoles n’en ont point été moins vives. Au refte fi l’on vouloit éviter les termes abftraits, On feroit obligé d’avoir recours à des circonlocutions & à des périphrafes qui énerveroient le difcours. D'ailleurs ces termes fixent l’efprit ; ils nous fervent à mettre de l’ordre & de la précifion dans nos pen- fées ; ils donnent plus de grace & de force au dif- cours ; ils le rendent plus vif, plus ferré, & plus énergique : mais on doit en connoître la jufte valeur. Les abftraétions font dans le difcours ce que certains fignes font en Arithmétique, en Algebre & en Aftro- nomie : mais quand on n’a pas l'attention de les ap- précier, de ne les donner & de neles prendre que pour ce qu'elles valent , elles écartent l’efprit de la réalité des chofes , & deviennent ainf la fource de bien des erreurs. | | Je voudrois done que dans le ftyle didatique , c'eft-à-dire lorfqu’il s’agit d’enfeigner , on usât avec beaucoup de circonfpettion des termes abftraits & des expreflions figurées : par exemple , je ne vou- drois pas que l’on dit en Logique l’idée renferme, ni ABS. 47 lorfque l’on juge ou compare des idées ; qu’on les unit, Où qu'on les /épare ; car idée n’eft qu'un terme abftrait. On dit aufh que X fujer attire à foi l'attribur » ce ne font-là que des métaphores qui n’amufent que limagination. Je n’aime pas non plus que l’on dife en Grammaire que le verbe gouverne , veut, demande e régit, Ge. Voyez RÉGIME. (22) a à ABSTRAIRE, v. aét. c’eft faire une abftra@ion ; c'eft ne confidérer qu'un attribut ou une propriété de quelque être ; fans faire attention aux autres attria buts ou qualités; par exemple quand on ne confideré dans le corps que l'étendue , où qu’on ne fait attens tion qu'à la quantité ou au nombre. Ce verbe n’eft pas ufité en tous les tems, ni mêz me en toutes les perfonnes du préfent ; on dit feule: J'abftrais ; tu abffrais , il abflrait : mais au lieu de dire nous abftraions , G'c. on dit rous faifons abflraéhion. Le parfait & le prétérit fimple ne font pas ufités 3 mais On dit j'ai abffrait , tu as abftrair , &cc. j'avois ab= rait , &c. j'eus abflrair | &c. Le préfent du fubjonétif n’eft point en ufage ; on dit J'abftrairois , &cc. on dit auf que j'aie abflrair. &cc.(F) ABSTRAIT , abflraite, adjeéhf participe ; il fe dit des perfonnes & des chofes. Un efprit abftrait , c’eft un efprit inattentif, occupé uniquement de fes pro pres penfées , qui ne penfe à rien de ce qu’on lui dit{ Un Auteur, un Géometre , font fouvent abftraits. Une nouvelle pañion rend abftrait : ainfi nos pro: pres idées nous rendent abfraits ; au lieu que diftrait fe dit de celui qui à l’occafion de quelque nouvel ob- jet extérieur ; détourne fon attention de la perfonne à qui il Pavoit d’abord donnée , ou à qui il devoit la donner : on fe fert aflez indifféremment de ces deux mots en plufieurs réncontres. 46//rait marqué une plus grande inattention que diffraie. Il femble qu'abffrait marque une inattention habituelle , & difirait en marque une paflagere à occafon de quelz que objet extérieur, On dit d’une penfée qu’elle eft abffraire , quand elle eft trop recherchée , & qu’elle demande trop d'attention pour être entendue. On dit auffi des rat fonnemens 4bffraits | trop fubtils. Les Sciences abffrais ts, ce font celles qui ont pour objet des êtres ab- fraits; tels font la Métaphyfique &c les Mathématis ques. (Æ) “ABSTRAITS e Logique. Les termes abftraits, cé font ceux qui ne marquent aucun objet qui exifte hors de notre imagination. Ainf beauté, laideur, {ont des termes abftraits. Il y a des objets qui nous plai- lent, & que nous trouvons beaux; il y en a d’autres au contraire qui nous affeétent d’une maniere défai gréable , & que nous appellons Zaids. Maïs il n’y a hots de nous aucun être qui foit la laideur où la beauté. Voyez ABSTRACTION. ABSTRAIT eft aufli un mot en ufage dans les Ma- thématiques : en ce fens l’on dit que les nombres 442 Jiraits font des aflemblages d’unités confidérées en elles-mêmes, & qui ne {ont point appliqués à figni= fier des colleétions de chofes particulieres & déter= minées. Par exemple 3 eft un nombre abftrait , tant qu'il n’eft pas appliqué à quelque chofe: mais f on dit 3 piés par exemple, 3 devient un nombre con- cret. Voyez CONCRET. Voyez aufi NOMBRE. Les Mathématiques -b//raires où pures font celles qui traitent de la grandeur ou de la quantité confidé- tée abfolument &c en général , fans fe borner à au cune efpece de grandeur particuliere. Voyez Ma- THÉMATIQUES. _Telles font la Géométrie & l’Arithmétique. Voyez ARITHMÉTIQUE 6 GÉOMÉTRIE. En ce fens les Mathématiques abffraires {ont op- pofées aux Mathématiques #ixses, dans lefquelles on applique aux objets fenfibles les proprictés fimples & abftraites | & les rapports des quantités dont on ‘48 À BU traite dans les Mathématiques zbffraites: telles font lHydroftatique , l’Optique , PAftronomie , &c. (£) . *ABSUS:c’eft, dit-on ; une herbe d'Egypte dont la fleur eft blanche & tire fur le jaune pâle, la hauteur environ de quatre doigts, & la feuille fem- blable à celle du triolet. Il ne paroït pas à la defcrip- tion de cette plante, qu’elle {oit fort connue des Naturaliftes, & nous n’en fafonsmention qué pour n’omettre que le moins de chofes qu'il eft poflible. * ABSYRTIDES, f. £ ifles de a Dalmatie ou de l’ancienne Liburnie, fituées à l'entrée du golfe de Venile , & qu’on prétend ainfi nommées d’Abfyrte, frere de Médée qu’elle y tua; & dont elle fema les membres fur la route pour rallentir la pourfiute de - fon pere. * ABUCCO ox ABOCCO ox ABOCCHI , f. m. poids dont on fe fert dans le Royaume de Pegu; il équivaut à une livre & demie & quatre onces & de- mie, poids leper de Venife. *ABUYO oz ABUYA, f. une des ifles Philippi- nes aux Indes Orientales. Log. 138. lat, 10. ABUS ,f. m. fe dit de Pufage irrégulier de quelque chofe; ou bien c’eft l’introduétion d’une chofe con- traire à l’intention que l’on avoit eue en admettant. Ce mot eft compoié des mots 4h, de, & ufus, ufage. Les réformes & les vifites font faites pour corri- ger les abus qui fe gliflent infenfiblement dans la dif- cipline ou dans les mœurs. Conftantin le Grand , en introduifant dans l’'Eglife l’abondance des biens, y jetta les fondemens de cette multitude d'abus, {ous lefquels ont gémi les fiecles fuivans. Abus de joi-méême. C’eft une expreffion dont fe fer- vent quelques Auteurs modernes, pour dénoter le crime de la pollution volontaire. Ÿ, POLLUTION. … En Grammaire, appliquer un mot-abufvement, ou dans un fens abufñf, c’eft en faire une mauvaife application, ou en pervertir le vrai fens. Voyez CA- TACHRESE. (A) ABUS , dans un fens plus particulier, fignifie toute contravention commife par les Juges & Supérieurs eccléfiaftiques en matiere de Droit. Il réfulte principalement de Pentreprife de la Jurif diétion ecclefaftique fur la laique ; de la contraven- tion à la police générale de l'Eslife ou du Royaume ; réglée par Les Canons , les Ordonnances ou les Ar- têts. . La maniere de fé pourvoir contre lésjugemens & autres ates de fupériorité des Eccléfiaftiques , mê- me de la Cour de Rome, où lon prétend qu'il y a abus , eff de recourir à l’autorité féculiere des Parle: mens par appel, qu’on nomme pour le diftinguer de l'appel fimple, appel comme d’abus. Le terme d’abus a été employé prefque dans tous les tems dans le fens du préfent article : mais appel comme d'abus n’a pas été d’ufage dans tous les tems: On employa plufieurs moyens contre les entreprifes des Eccléfaftiques & dela Cour de Rome avant de venir à ce dernier temede. :. D'abord on.imagina d’appeller du faint-Siége au faint-Siège Apoflolique comme fit-le Roi Philhippe- Auguite lors de linterdit fulminé contre fon Royau- me par Innocent III. Dans la fuite on appella au futur Concile, ou au Pape mieux avilé, ad Papam melius confulsum , com- me fit Philippe -le- Bel qui appella 44 Concilium de proximo congregardum, & ad futurum verum, @ legiti- mum Pontificem , & ad illum fèu ad illos ad quem velad quos de jure fuerit provocarndnm, | On joisnit enfuite aux appels au futur Concile les proteftations de pourfuivre au Confeil du Roi, ou dans fon Parlement, la caflation des aétes préten- dus.abuñfs , pour raifon d’infraéton des Canons & de la Pragmatique-Sanétuion, foyez PRAGMATIQUE- SANCTION, Cette dernière voie acheminoït de Bien près aux appels comme d'abus. | Enfin l’appel comme d’abus commença d’être en ufase fous Philippe de Valois , & fut interjetté fo- lemnellement par Pierre de Cugnieres , Avocat Gé- néral, & a toujours été pratiqué depuis au grand avantage de la Jurifdiétion royale & des Sujets du Ron, | Le Miniftere public eft la véritable partie dans Pappel comme d'abus ; de forte que les parties pri- vées ; l’appel une fois interjetté , ne peuvent plus tranfiger fur leurs intérêts au préjudice de l'appel , fi ce n’eft de l'avis & du confentement du Miniftere public, lequel peut rejetter l’expèdient propofé sil y reconnoït quelque collufion préjudiciable au bien public. Les Parlemens prononcent fur l'appel comme d’a« bus par ces mots Z/ y 4, ou il n'y a abus. Quelquefois les Parlemens convertiflent l'appel comme d'abus en appel fimple ; c’eft-à-dire, ren- voient les parties pour fe pourvoir pardevant le Ju- ge eccléfiaftique, fupérieur à celui d’où étoit émané le jugement prétendu abuff : quelquefois ils le con- vertiflent auffi'en fimple oppoñtion. | L’exception tirée du laps des tems n’eft point ad- miflible en matiere d'abus ; ni celle tirée de la dé= fertion d'appel en appel d’icelui, | "= L’appel comme d’abus eft fufpenff, fi ce n’eften matiere de difcipline eccléfaftique & de corredion réguliere où il n’eft que dévolutif, | Il fe plaide en la Grand’Chambre & fe doit juger à l'audience, fice n’eft quie le tiers des Juges Toit d’a: vis d’appointer. Les appels comme d’abus ne fe relevent qu’ait Parlement, &c les lettres de relief {e prennent au pe- tit {ceau , Pappellant y annexant la confultation de trois Avocats : mais ce n’eft pas par forme de gra- dation de l’inférieur au fupérieur que les appels com- me d’abus font portés aux Parlemens, mais comme aux dépofitaires de la puiffance & de la protettion royale. L’appellant qui fuccombe à Pappel comme d’abus eft condamné, outre les dépens, à une amende de 7s livres. (A) Agus. Ce mot eft confacré en Médecine aux cho- fes que les Médecins ont nommées 207% - naturelles, dont le bon ufagé conferve & fortifie la fanté, pen- dant que l'abus ou le mauvais ufage qu’on en fait, la détruit & produit des maladies, Foyez Non-Na- TURELLES. (N) ' ABUSIF , adjeét. serme de Droir, qui fe dit fingu- lierement dés entreprifes , procédures & jugemens des Eccléfaftiques , où il y a eu abus , c’eft-à-dire infraétion des Canons ou des Ordonnances. . Foyez plus haut le mot ABUS. ABUSIVEMENT, adv. terme de Droit. Voyez ci-devant ABUSIF 6 ABUS. | La Cour en prononçant fur l’appel comme d'abus interjetté du jugement d’une Cour eccléfiaftique dit, s’ilya lieu à l’infirmer, qu’i/ a été mal, nullement & abufivement jugé. (H) | | _ ABUKESB, f. m. monoie; c’eft le nom que les Arabes donnent au daller d'Hollande qui a cours chez eux. Le lion qu’elle porte eft fi mal repréfenté, qui eft facile de le préndre pour un chien, & c’efl ce qui l’a fait nommer par les Arabes abukesb, qui fignifie chien dans leur langue. f’oyez DALLER. (G ) | *ABUTER, v. a. Aux quilles, avant que de com- | mencer le jeu , chaque joueur en prend une & la jette vers la boule placée à une diftance convenue entre les joueurs ; voilà ce qu’on appelle abzrer, Ce- lui qui abute le mieux, c’eft-à-dire dont la quille eft la plus proche de la boule , gagne l’avantage de jouer, le premier, asc cote | ABUTILON À BU ABUTILON, f. m. herbe à fleur d’une feule feuille femblable en quelque maniere à une cloche . fort ouverte & découpée ; il foit du fond un tuyau _pyramidal chargé le plus fouvent d’étamines. Le pif _til tient au calice, & eft fiché comme un clou dans la partie inférieure de la fleur & dans le tuyau. .Ce piftil devient un fruit en forme de chapiteau ; al eft compoié de plufeurs petites gaînes aflemblées autour d’un axe. Chaque gaine ou capfule eft reçüe _dans une ftrie de l’axe: ces capfules s’ouvrent en deux parties, & renferment des femences qui ont ordinairement la forme d’un rein. Tournefort Inji. rei herb. Voyez PLANTE. (1) ._ * On fe fert de fes ferulles & de fes femences. Ses feuilles appliquées fur les ulceres les nettoient. Ses femences provoquent les urines & chaffent le gra- vier. Elle eff diurétique & vulnéraire. . * ABYDE ox ABYDOS, fub. Ville maritime de Phrygie vis-à-vis de Seftos. Xercès joignit ces deux endroits éloignés l’un de l’autre de fept flades, par le pont qu'il jetta fur l’'Hellefpont. * ABYDE,( Geog. anc. ) ville d'Egypte, _ * ABYLA, f. nom de montagne &c de ville dans le détroit de Gibraltar fur la côte de Mauritanie. C’é- toit une des Colonnes d’Hercule, & Calpé fur la côte d’Efpagne étoit l’autre. On croit que la ville d’42y/4 des anciens eft le Septa des modernes; & la monta- gne, celle que nous appellons montagne des Singes. . * AB yLA o4 ABYLENE, f. ville de la Colæfynie au Midi de la Chalcide, entre l’Antiliban & le fleuve Abana, & capitale d’une petite contrée qui portoit fon nom. A C À . * ACACALIS, f.m: arbriffeau qui porte unefleur en papillon, & un fruit couvert d’une coffe. Voyez Ray. Æ1/E. Plant, On Kit dans Diofcoride que Pacaca- dis eft le fruit d’un arbrifleau qui croît en Egypte; que fa graine eft femblable à celle du tamarin, & que fon infufion mêlée avec le collyre ordinaire éclaircit la vüe. Ray ajoûte que c’eft à Conftantinople un re- mede populaire pour les maladies des yeux. Malgré toutes ces autorités, je ne regarde pas le fort de l’aca- calis comme bien décidé ; fa defcription eft trop va- sue, & 1l faut attendre ce que les progrès de l’Hif- toire Naturelle nous apprendront là-deflus. * ACACIA , f. m. c’eft une forte de petit fac ou de rouleau long & étroit. Les Confuls & les Empe- reurs depuis Anaftafe l’ont à la main dans les mé- dailles. Les uns veulent que ce foit un mouchoir plié qui fervoit à l'Empereur pour donner Le fignal de faire commencer les jeux: les autres, que ce {oit des mémoires qui lui ont êté préfentés ; c’eft l’avis de M. du Cange: plufeurs , que ce foit un petit fac de terre que les Empereurs tenoient d’une main, & la croix de l’autre, ce qui les avertifloit que tout grands qu’ils étoient, 1ls feroient un jour réduits en pouf- fiere. Le fac ou acacia fut fubftitué à la nappe, r7ap- pa, que PEmpereur, le Conful, ou tout autre Magif- trat avoit à la main, & dont il fe fervoit pour don- ner le fignal dans les jeux. ACACTA , f. m. en latin pfeudo-acacia, arbre à fleurs Iccumineufes & à feuilles rangées ordinairement par paires fur une côte. Le piftil fort du calice & eft en- veloppé par une membrane frangée : il devient dans la fuite une gouffle applatie qui s'ouvre en deux par- fes, &c qui renferme des femences en forme de rein. Les feuilles de lacaciafont rangées par paires fur une côte qui eft terminée par une feule feuille. Tournefort Inf?, rei herb. Voyez PLANTE. ( 1) ÂCACTA, acacia noffras,Î. m. eft celui que l’on ap- elle l’acacia commun del’ Amérique ; ilne s’éleve pas bien haut ; fon bois eft dur & raboteux, fon feuilla ge long & petit donnant peu d’ombrage; fes brançhes ome L, À C A 49 “ont pleines de piquans. Il eff propre à planter des berceaux, croit fort vite, & produit dans le prin- tems d’agréables fleurs à bouquets. Cet arbre eft fu jet à verter; 8c Pufage où l’on eft de l’étêter, Le dif: forme beaucoup: 1l donne de la graine. (X) * ACACIA , fuc épaiffi, gommeux, de couleur brune à l'extérieur, & noirâtre on rouflâtre, ou jau- nâtre en-dedans ; d’une confiftance ferme, dure, s’a- molliffant dans la bouche ; d’un goût auftere aftrin- gent, non defagréable, formé en petites mañles ar- rondies du poids de quatre, fix, huit onces, & en- veloppé de veflies minces. On nous l’apporte d’E- gypte par Marfeille ; on eftime le meilleur celui qui eit récent, pur, net, & qui fe difiout facilement dans l’eau, On tire ce fuc des goufles non mûres d’un arbre appellé acacia folio fcorpioidis leguminofe, ©. B. P. C’eit un grand arbre &c fort branchu, dont lès racines fe partagent en plufieurs rameaux, & fe tépandent de tous côtés, & dont le tronc a fouvent un pié d’épaifleur, & égale ou même furpafle en _ hauteur les autres efpeces d’acacia. Il eft ferme, gar- ni de branches & armé d’épines; fes feuilles font me- nues , conjuguées, & rangées par paires fur.une côte de deux pouces de longueur : elles font d’univerd: obfcur, longues de trois lignes, & larges à peine d’u- ne ligne, Les fleurs viennent aux aïflelles des côtes qui portent les feuilles, & font ramaflées en un bou- ton fphérique porté fur un pédicule d’un pouce de longueur ; elles font d’une couleur d’or & fans odeur, d’une feule piece en maniere de tuyau grêle, renflé à fon extrémité fupérieure , & découpé en ÿ quartiers. Elles font garnies d’une grande quantité d’étamines & d’un piftil qui devient une goufle femblable en quelque façon à celle du lupin, longue de cinq pou- ces plus où moins, brune ou rouflätre, applatie, épaife d’une ligne dans fon milieu, plus mince fur les bords, large inégalement ,; & fi fort retrécie par in- tervalle , qu’elle repréfente 4. ÿ. 6..8. 10. & même un plus grand nombre de pañtilles applaties liées en- femble par un fl. Elles ont un demi-pouce dans leur plus grande largeur, &la partieintermédiaire a à peine une ligne : l’intérieur de chacune eft rempli par une femence ovalaire, applatie, dure , mais moins que celle du cormier ; de couleur de chataigne , marquée d’une ligne tout autour comme les graines de tama- rins, & enveloppée d’un mucilage gommeux, 8 un peu aftringent ou acide , & rouflâtre. Cet arbre eft commun au grand Caire; on arrofe d’eau les goufles qui ne {ont pas encore mûres; on les broie: On en exprime le fuc qu’on fait bouillir pour l’épaifür, plis on le met en petites mafles. Ce fuc analyfé don- ne une portion médiocre de fel acide, très-peu de fel alkah, beaucoup de terre aftringente, & beaucoup d'huile ou fubtile ou groffiere. On le place entre les aftringens incraflans & repercufüfs : 1l affermit l’efto- mac, fait cefler le vomiflement, arrête les hémor- thagies & les flux de ventre: onle donne depuis 3 £. juiqu’à 3 j. fous la forme de poudre ou de bol, ou dans une liqueur convenable. Les Egyptiens, en or- donnent tous les matins à ceux qui crachent le fang la quantité d’un gros difloûte dans une liqueur, 6c. Le fuc d’acacia entre dans la thériaque , le mi- thridat, les trochifques de Karabé, & l’onguent ftyp- tique de Charas. pis Il fert aux Corroyeurs du grand Caire pour noir-, cir leurs peaux.A cet acacia vrai on fubftitue fonvent l'acacia nofiras. Voyez ACACIA NOSTRAS. Le fucde lacacia noffras eft plus acide que l'autre; on le tire des cerifes de cette plante récentes & non müres : il a à peu près les mêmes propriétés que Pacacia vrai. * ACACIENS, adj. pris fubft. Ariers ainfi nom. més d’Acace de Cæfarée leur chef. * ACADÉMICIEN, ACADEMISTE,, fub. m:lls {ont l’un & l’autre membres d’une fociété qui porte. 50 A CA le nom d'Académie, & qui a pour objet des ma- tieres qui demandent de l'étude & de l'apphcation. Mais les Sciences & Le bel efprit font le partage de l’Académicien, & les exercices du corps occupent l'Académifte, L'un travaille & compofe des ouvrages pour l’avancement & la perfeétion de la littérature : l’autre acquiert des talens purement perfonnels. ACADÉMICIENS, {. m. pl. feéte de Philofophes qui fuivoient la doûrine de Socrate & de Platon, quant à l'incertitude de nos connoïflances &c à l’in- compréhenfbilité durvrai. Académicien pris en ce fens revient à peu près à ce que l’on appelle P/aromicien, n'y ayant d'autre différence entr’eux que le tems où ils ont commencé. Ceux des anciens qui embraffoient de fyftème de Platon étoient appellés Academicr, Aca- démiciens; au lieu que ceux qui ont fuivi les mêmes opinions depuis le rétabliflement des Lettres, ont pris le nom de Plaroniciens. On peut dire que Socrate & Platon qui ont jetté les premiers fondemens de l’Académie, n’ont pas été à beaucoup près fi loin que ceux qui leur ont fuccé- dé, je veux dire Arcéfilas, Carnéade, Chitomaque, & Philon. Socrate, il eft vrai, fit profeflion de ne rien favoir: mais fon doute ne tomboit que fur la Phyfique , qu'il avoit d’abord cultivée diligemment, & qu'il reconnut enfin furpañler la portée de Pefprit humain. Si quelquefois il parloit le langage des Scep- tiques, c’étoit par ironie ou par modeftie, pour ra- battre la vanité des Sophiftes qui fe vantoient {otte- ment de ne rien ignorer, & d’être tohjours prêts à difcourir fur toutes fortes de matieres. Platon, pere &inftituteur de l'Académie, iaftruit par Socrate dans l’art de douter, & s'avouiant fon {etateur, s’en tint à fa maniere de traiter les matie- res, & entreprit de combattre tous les Philofophes qui l’avoient précédé. Mais en recommandant à fes difciples de fe défier & de douter de tout, il avoit moins en vüe de les laiffer flotans & ffpendus en- tre la vérité & l’erreur, que de les mettre en garde contre ces décifions téméraires & précipitées, pour lefquelles on a tant de penchant dans la jeuneffe , & de les faire parvenir à une difpofition d’efprit qui leur fit prendre des mefures contre ces furprifes de l'erreur, en examinant tout, libres de tout préjugé. Arcéfilas entreprit de réformer l’ancienne Acade- mie , & de former la nouvelle. On dit qu'il imita Pyr- thon, & qu’il converfa avec Timon; deforte que ayant enrichi l’époque, c’eft-à-dire, l’art de douter de Pyrrhon,de élégante érudition de Platon ; & l'ayant armée de la dialeGtique de Diodore,Arifton le compa- roit à la-chimere , & lui appliquoit plaifamment les vers où Homere dit qu’elle étoit lion pardevant , dra- gon par-derriere, & chevre par le milieu. Ainfi Arceft- las étoit, felon lui, Platon par-devant, Pyrrhon par- derriere, & Diodore par le milieu. C’eft pourquoi quelques-uns le rangent au nombre des Sceptiques, &c Sextus Empiricus foûtient qu'il y a fort peu de différence entre fa fe@te, qui eft la Sceptique,& celle d’Arcéfilas , qui eft celle de la nouvelle Académie, _ Voyez les SCEPTICIENS. En effet il enfeignoit que nous ne favons pas mê- me fi nous ne favons rien; que la nature ne nous a donne aucune regle de vérité ; que les fens & l’enten- demert humain ne peuvent rien comprendre de vrai; qué dans toutes les chofes il fe trouve des raïfons oppofées d’une force égale : en un mot que tout eft enveloppé de ténebres , & que parconféquent il faut totjours fufpendre fon confentement. Sa doëtrine ne fut pas fort goûtée, parce qu'il fembloit vouloir éteindre toute la lumiere de la Science , jetter des té- nebres dans l’efprit, & renverfer les fondemens de la Philofophie. Lacyde fut le feul qui défendit la doc- trine d’Arcéfilas : il la tranfmit à Evandre, qui fut fon difciple avec beaucoup d’autres, Evandre la ft paller à Hesefime , & Hésefime à Carhéade: Carnéade ne fuivoit pas pourtant en toutes cho fes la doëtrine d’Arcéfilas, quoiqu'il en retînt le gros & le fommaire. Cela le fit pafler pour auteur d’une nouvelle Académie, qui fut nomtnée la troi- fieme. Sans jamais découvrir fon fentiment, il com- battoit avec beaucoup d’efprit & d’éloquence toutes les opinions qu'on lui propofoit; car il avoit ap- porte à Pétude de la Philofophie une force d’efprit admirable , une mémoire fidele, une grande faci- lité de parler, & un long ufage de la Dialedique. Ce fut lui qui fit le premier connoître À Rome le pouvoir de l’éloquence & le mérite delaPhilofophie ; & cette floriflante jeunefle qui méditoit dès lors l’Em- pire de l'Univers, attirée par la nouveauté & l’ex- céllence de cette noble fcience , dont Carnéade fai- {oit profeflion , le fuivoit avec tant d’empreflement, que Caton, homme d'ailleurs d’un excellent juge- ment, mais rude, un peu fauvage, & manquant de cette politeffe que donnent les Lettres , eut pour ff pet ce nouveau genre d’érudition, avec lequel on perfuadoit tout ce qu’on vouloit. Caton fut d'avis dans le Senat qu’on accordât à Carnéade , & aux Dé- putés qui l’accompagnoient, ce qu'ils demandoient, & qu'on lesrenvoyät promptement & avec honneur. Avec une éloquence aufli féduifante il rénver{oit tout ce qu'il avoit entrepris de combattre, confon- doit la raïfon par la raifon même, & demeuroit ins vincible dans les opinions qu'il foûtenoit. Les Stoi- ciens, gens contentieux & fubtils dans la difpute, avec qui Carnéade & Arcefilas avoient de fréquen- tes conteftations , avoient peine à fe débarrañler des piéges qu'il leur tendoit, Aufli difoient-ils, pour di- minuer fa réputation, qu'il n’apportoit rien contre eux dont il fût l'inventeur, & qu'il avoit pris fes ob- jeétions dans les Livres du Stoicien Chryfippe. Car- néade, cet homme à qui Ciceron accorde l’art de tout réfuter, n’en ufoit point dans cette occafion qui fembloit fort intérefler {on amour propre : il con- venoit modeftement que, fans le fecours de Chry- fippe, il wauroit rien fait, & qu'il combattoit Chry- fippe par les propres armes de Chryfippe. Les correctifs que Carnéade appôrta à la doûrine d'Arcéfilas font très-légers. Il eft aifé de concilier ce que difoit Arcéfilas, qu'il ne fe trouve aucune vérité dans les chofes, avec ce que difoit Carnéade, qu'il ne nioit point qu'il n’y eùt quelque vérité dans les chofes, mais que nous n'avons aucune regle pour les difcerner. Car il y a deux fortes de vérité; l’une que l’on appelle vérité d’exiflence : l'autre que l’onap- pelle vérité de jugement. Or il eft clair que ces deux propofitions d’Arcéfilas & de Carnéade regardent la vérité de jugement: mais la vérité de jugement ef du nombre des chofes relatives qui doivent être con- fidérées comme ayant rapport à notre efprit ; donc quand Arcéfilas a dit qu’il n’y a rien de vïai dans les chofes, ila voulu dire qu'il n’y a rien dans les cho- fes que l’efprit humain puifle connoître avec certi- tude ; & c’eft cela même que Carnéade foûtenoit, Arcéfilas difoit que rien ne ponvoit être compris, &c que toutes chofes étoient obfcures, Carnéade con- venoit que rien ne pouvoit être compris : mais il ne convenoit pas pour cela que toutes chofes fuflent obfcures, parce que les chofes probables auxquelles il vouloit que l’homme s’attachät, n’étoient pas obf cures, felon lui. Mais encore qu'il fe trouve en cela quelque différence d’expreffion, ilne s’y trouve au- cune différence en effet; car Arcéfilas ne foûtenoit que les chofes font obfcures, qu'autant qu’elles ne peuvent être compriles : mais il ne les dépouilloit pas de toute vraiflemblance ou de toute probabilité : : c’étoit-là le fentiment de Carnéade; car quand il di- foit que les chofes n’étoient pas affez obfcures pour qu'onne püt pas difcernerçelles quidoivent étrepréfés À C A sées-dans l’ufage-dela vie ; il ne prétendoit pasqu’el. les fuffent aflez claires pout pouvoir être comprides, Il s'enfuit delà qu'il n’y avoit pas même de di- -verfité de fentimens entr’eux, lorfque Carnéade per mettoit à l’hommedage d’avoir des opimions , & peut Être même de donnér quelquefois fon confentement; Æ lorfqu'Arcéfilas défendoit l’un & l’autre, Carnéade prétendoit feulement que l’homme fage devoit fe fer- vir des'chofes probables dans le commun ufage de ia vie, & fans lefquelles on ne pourroit vivre, mais mon. pas dans la conduite de l’efprit, & dans la te- cherche de la vérité, d’où feulement Arcéfilas ban- mifloit opinion & le confentement. Tous leurs diffé- rends ne confiftoient donc que dans les expreflions, mais non dans les chofes mêmes. Philon difciple de Clitomaque, qui l’avoit été de Carnéade, pour s'être éloigné fur de certains points des fentimens de ce même Carnéade, mérita d’être appellé avec Charmide, fondateur de la quatrieme Académie, 11 difoit que les chofes font compréhen- fibles par elles-mêmes , mais que nous ne pouvons pas toutefois les comprendre, ÂAntiochus fut fondateur de la ciaquieine Acadé- mie : il avoit été difciple de Philon pendant plufeuts années, & 1l avoit foûtenu la doûtrine de Carnéade : mais-enfin 1l quitta le parti de fes Maîtres fur fes vieux jours, & fit repafler dans l’Académie les dog: mes desStoiciens qu'il attribuoit à Platon, foûtenant que la doûrine des Stoiciens n’étoit point nouvelle , mais qu’elle étoitune réformation de l’ancienne Aca- demie. Cette cnmquieme Académie ne fut donc autre chofe qu'une aflociation de l’ancienne Académie & de la Philofophie dés Stoiciens ; ou plûütôt c’étoit la Philofophie même des Stoïciens, avec l’habit & les livrées de l’ancienne Académie, je veux dire ; de celle qui fut floriffante fous Platon & fous Arcéfilas. Quelques-uns ont prétendu qu'il ny a eu qu'une feule Académie; car, difentils, comme plufeurs branches qui {ortent d’un même tronc, & qui s’éten- dent vers différens côtés, ne font pas des arbres dif- rens; de même toutes ces fetes, qui font {orties de ce tronc unique de la doétrine de Socrate, que l’hom- 1e ne fait ren, quoique partagées en diverfes éco: les , ne font cependant qu’une feule Académie. Mais f nous y regardons de plus près, il fe trouve une telle différence entre l’ancienne & {a nouvelle Aca- demie, qu'il faut néceffairement reconnoître deux Académies : l’ancienne, qui fut celle de Socrate & d’Antiochus ; & la nouvelle, qui fut celle d’Arcéf- las, de Carñnéade, & de Philon. La prerhiere fut dog- Mmatique dans quelques points ; on y refpeéta du moins les premiers principes & quelques vérités morales, au lieu que [a nouvelle fe rapprocha prefque entiere- ment du Scepticifme. Voyez SCEPTICIENS: (X) . ACADEMIE , f. f. C’étoit dans l'antiquité un jar- din ou une maïfon fituée dans le Céramique, un des fauxbourgs d’Athenes ; à un mille ou environ de la ville , où Platon & fes feateurs ténoient des affem- blées pour converfer fur des matieres philofophiques. Cet endroït donna le nom à la fete des Académi- ciens, Voyez ACADÉMICIEN. | Le nom d’Académie fut donné à cette maïfon, à caufe d’un nommé Académus on Écadémus , citoyen dAthenes , qui en étoit poffeffeur & y tenoit une efpece de gymnafe. Il vivoit du tems de Théfée. Quelques-uns ont rapporté le nom d’Académie à Cadmus qui ntroduuifit le premier en Grece les Let- tres & les Sciences des Phéniciens : maïs cette éty- mologie eft d'autant moins fondée , que les Lettres dans cette premiere ongine furent trop foiblement cultivées pour qu'il y eût de nombreufes aflemblées de Saväns. Cimon embellit P Académie 8 la décora de fon- tames, d'arbres , & de promenades, en faveur des Torne I, A 4 A si Philôfophes & des Gens de Lettres qui s'y faffim bloient pour conférer enfemble.& pour y difputor fur différentés matieres 6%. C’étoit aufli l’endroit où loriventertoit les Homshes illuftres qui avoïent rendu de grands fervicesà la République. Mais dans le fiëge d’Athenes, Sylla ne refpe@a point cet alyle des beaux-arts ; & des arbres'qui formoient les pro: menades;il fit faire des machines de guerre pour bat- tre la Place. . Cicéron cit anffi une maifon dé campagne où un lieu de retraite près de Pouzole , auquel il donna lé nom d’Æcadémie | où il avoit coûtume de conver: fer avec fes amis qui avoient du goût pout les en: tretiens philofophiques. Ce fut-là qu’il compofa fes Queftions académiques, & fes Livres fur la nature des Dieux. | | Le mot Académie fignifie auf une fe@e de Phitoz fophes qui foûtenoient que larvérité eft inacceffible à notre intelligence , que toutes les connoïfances font incertaines , & que le fage doit toûjours douter & füfpendre fon jugement, fans jamais rien afhrmet où mer poftivement. Ence fens l’Académie.eft la même chofe que la feéte des Académiciéns. Foyez ACADÉMICIEN. | On compte ordinairement trois Académies ou trois fortes d'Académiciens, quoiqu'il y en ait cinq fuivant quelques:uns: L’ançcienne Acadériie eft celle dont Platon étoitle chef, Voyez PLATONISME. Arcéfilas, un de fes fuccefleurs, en introduifant quelques changemens ou quelques altérations dans la Philofophie de cette feéte, fonda ce que Fon ap: peile 44 feconde Académie. C’elt cet Arcéfilas prin: cipalement qui introduifit dans l’Académie le doute efle@if & univerfel. On attribue à Lacyde ; ou plütôt à Carnéade ; létabliflement de la troifieme, appellée auffi /4 rou- velle Académie , qui reconnoiflant que non feulement ily avoit beaucoup de chofes probables , mais aufi qu'il y en avoit de vraies & d’autres faufles , avotioit néanmoins que l’efprit humain ne pouvoit pas bien les difcerner. Quelques-autres en ajoûtent une quatrieme fon- dée par Philon , & une cinquieme par Antiochus , appellée l’AÆrriochéene ; qui tempéra l’ancienne Aca- démie avec les opimons du Stoicifme. foyez Sror- CISME: | L'ancienne Académie doutoit de tout ; elle porta même fi loin ce principe , qu’elle douta f elle de- voit douter. Ceux qui la compoloient eurent toù- jours pour maxime de n’être jamais certains ; ou de m'avoir jamais lefprit fatisfait fur la vérité des cho: fes, de ne jamais rien affirmer , ou de ne jamais rien nier , foit que les chofes leur paruflent vraies, {oit qu’elles leur paruflent faufles. En effet, ils fotite- noiïent une acatalepfe abfolue, c’eft-à-dire, que quant à la nature ou à l’effence des chofes , l’on de- voit fe retrancher fur un doute ab{olu. Foyez Aca- TALEPSIE. Les fe@aterirs de la nouvelle Acadéïie étoient un peu plus traitables : ils reconnoïffoient plufieurs chofes comme vraies, mais fans y adhérer avec uné entiere aflürance. Ils avoient éprouvé que le com- merce de la vie & de la fociété étoit iscompatible avec le doute univerfel & abfolu qu'afeétoit l’an: cienne Académie. Cependant 1l ef vifble que ees chofes mêmes dont ils convenoient , 1ls les regar- doiïent plütôt comme probables que comme certai- nes &c déterminément vraies: par ces correëtifs , ils comptoient du moins éviter les reproches d’abtur- dité faits à l’ancienne Académie. loyez DO u TE. Voyez auffi les Quefrions Aoademizues de Cicéron , où cet Auteur réfute avec autant de force que de netteté les fentimens des Philofophes de fon tems. qui prenoient le titre de feétateurs de Pancienne & Gi 52 ACC A de la nouvelle Académie. Voyez aufft l'article AcA- DÉMICIENS , où les fentimens des différentes Aca- démies font expolés & comparés. (G ) ACADÉMIE , ( Hifi. Liri. ) parmi les Modernes , fe prend ordinairement pour une Socièté où Com- pagnie de Gens de Lettres, établie pour la culture & l'avancement des Arts ou des Sciences. Quelques Auteurs confondent Académie avec Uni- verfité : mais quoique ce foit la: même chofe en La- tin, c’en font deux bien différentes en François. Une Univerfité eft proprement un Corps compofé de Gens Gradués en plufieurs Facultés ; de Profeffeurs qui enfeignent dans les écoles publiques, de Précep- teurs ou Maîtres particuliers, &c d’Etudians qui pren- nent leurs leçons & afpirent à parvenir aux mêmes degrés. Au lieu qu’une Académie n’eft point defti- née à enfeigner ou profefler aucun Art, quel qu'il foit, mais à en procurer la perfeétion. Elle n’eft point compofée d’Ecoliers que de plus habiles qu'eux inftruifent, mais de perfonnes d’une capacité dif- tinguée , qui fe communiquent leurs lumieres & fe font part de leurs découvertes pour leur avantage mutuel. Voyez UNIVERSITÉ. La premiere Académie dont nous lifions l’inftitu- tion, eft celle que Charlemagne établit par le confeil d’Alcuin : elle étoit compofée des plus beaux génies de la Cour, & l'Empereur lui-même en étoit un des membres, Dans les Conférences académiques chacun devoit rendre comptedes anciens Auteurs qu'il avoit Iüs; 8 même chaque Académicien prenoit le nom de celui de ces anciens Auteurs pour lequel 1l avoit le plus de goût, ou de quelque perfonnage célebre de l'Antiquité. Alcuin entre autres, des Lettres duquel nous avons appris ces particularités, prit celui de Flaccus qui étoit le furnom d’Horace ; un jeune Sei- gneur, qui fe nommoit Angilbert, prit celui d’Ho- mere ; Adelard, Evêque de Corbie, fe nomma 47- gufhin ; Riculphe , Archévêque de Mayence, Dame- tas ; 8t le Roi lui-même, David. Ce fait peut fervir à relever la méprife de quel- ques Ecrivains modernes, qui rapportent que ce fut pour fe conformer au goût général des Savans de fon fiecle, qui étoient grands admirateurs des noms Romains, qu'Alcuin prit celui de Flaccus Albinus. La plûpart des Nations ont à prefent des Acadé- Mies , fans en excepter la Ruflie : mais l’Italie l’em- porte fur toutes les autres au moins par le nombre des fiennes. Il y en a peu en Angleterre ; la princi- pale, & celle qui mérite le plus d'attention, eft celle que nous connoiffons fous Le nom de Sociéré Royale. Voyez ce qui la concerne à l’article SOCIÉTÉ Royale. Voyez auffi SOCIÉTÉ D’ÉDIMBOURG.. Il y a cependant encore une Académie Royale'de Mufique & une de Peinture, établies par Lettres Patentes, & gouvernées chacune par des Direéteurs particuliers. En France nous avons des Acadèmues floriffantes en tout genre, plufñeurs à Paris, & quelques-unes dans des villes de Province; en voici les principales. ACADÉMIE FRANÇOISE. Cette Académie a été inftituée en 1635 par le Cardinal de Richelieu pour perfeétionner la Langue ; & en général elle a pour objet toutes les matieres de Grammaire , de Poëfie & d’Éloquence. La forme en eft fort fimple, & n’a jamais reçu de changement: les membres font au nombre de quarante, tous égaux ; les grands Seï- gneurs &c les gens sitrés n’y font admis qu'à #rre d’'Hommes de Lettres ; & le Cardinal de Richelieu qui connoifloit le prix des talens, a voulu que l’ef prit y marchât fur la même ligne à côté du rang &c de la noblefle. Cette Académie a un Direéteur & un Chancelier , qui fe tirent au fort tous les trois mois, & un Secrétaire qui eft perpétuel, Elle a compté & compte encore aujourd'hui parmi fes A C À membres plufeurs perfonnes illuftres par leur efprit & par leurs ouvrages. Elle s’aflemble trois fois la fe- maine au vieux Louvre pendant toute l’année , le Lundi , le Jeudi & le Samedi. Il n’y a point d’au- tres aflemblées publiques que celles où Pon reçoit quelqu’ Académicien nouveau, & une afflembléequi le fait tous les ans le jour de la S. Lois , & où l’A- démie diftribue les prix d’Eloquence & de Poëfñe , qui confiftent chacun en une médaille d’or. Elle a pu- blié un Diétionnaire de la Langue françoïfe qui à déja eu trois éditions , & qu’elle travaille fans ceflé à perfettionner. La devife de.cette Académie eft 4 l’Immortaliré. ACADÉMIE ROYALE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.. À quelque degré de gloire que la France fût parvenue , fous les regnes de Henri IV. & de Louis XII. & particulierement après la paix des Pyrenées &c le mariage de Louis XIV. elle n’a: voit pas encore été aflez occupée du foin de laïffer à la poftérité une jufte idée de fa grandeur. Les ac- tions les plus brillantes , les évenemens les plus mé- morables étoient oubliés , ou couroïient rifque de lé- tre , parce qu’on négligeoit d’en confacrer le fouve- nir fur le marbre & fur le bronze. Enfin on voyoit peu de monumens publics , & ce petit nombre même avoit èté jufques-là comme abandonné à l’ignorance ou à l’indifcrétion de quelques particuliers. Le Roï regarda donc comme un avantage pour la Nation Pétabliffement d’une Académie qui travaille- roit aux Infcriptions , aux Devifes , aux Médailles, & qui répandroit fur tous ces monumens le bon goût & la noble fimplicité qui en font le véritable prix. Il forma d’abord cette Compagnie d’un petit nombre d'Hommes choifis dans l’Académie Françoife , qui commencerent à s’aflembler dans la Bibliotheque de M. Colbert, par qui ils recevoient les ordres de Sa Majefté, Le jour des aflemblées n’étoit. pas déterminé : mais le plus ordinaire au moins pendant l’hyver étoit le Mercredi, parce que c’étoit le plus commode pour M. Colbert, qui s’y trouvoit prefque toüjours. En été ce Miniftre menoit fouvent les Académiciens à Sceaux , pour donner plus d'agrément à leurs confé- rences , & pour en jouir lui-même avec plus de tran- quillité. On compte entre les premiers travaux de l’Aca- démie le fujet des deffeins des tapifferies du Roi, tels qu’on les voit dans le Recueil d’eftampes & de def- criptions qui en a été publié. M. Perrault fut enfuite chargé en particulier de la defcription du Carroufel ; & après qu’elle eut pañlé par l’examen de la Compagnie , elle fut pareïllement imprimée avec les figures. On commença à faire des devifes pour les jettons du Tréfor royal, des Parties cafuelles, des Bâtimens & de la Marine ; & tousles ans on en donna de nou: velles, Enfin on entreprit de faire parmédailles une Hiftoire fuivie des principaux évenemens du regne du Roi. La matiere étoit ample 8 magnifique , mais 1l étoit dif ficile de la bien mettre en œuvre. Les Anciens , dont il nousrefte tant de médailles, n’ont laïflé fur cela d’autres regles que leurs médailles mêmes , qui juf- ques-là n’avoient gueres été recherchées que pour la beauté du travail, & étudiées que par rapport aux connoïiffances de PHiftoire. Les Modernes qui en avoïent frappé un grand nombre depuis deux fiecles, _s’étoient peu embarraflés des regles ; ils n’en avoient . PR fuivi, ils n’en avoient prefcritaucune ; &dansles re- cueils de ce genre , à peine trouvoit-on trois ou qua- tre pieces où le gémie eût heureufement fuppléé à la méthode. La difficulté de pouffer tout d’un coup à fa per- fe&ion un art fi négligé , ne fut pas la feule raifon A C A qui empécha Académie de beaucoup avancer fous M. Colbert l'Hiftoire du Roi par médailles : 1l appli- quoit à mille autres ufages les lumieres de la Com- pagnie. Il y faïloit continuellement inventer ou exa- miner les différens. defleins de Peinture & de Scul- pture dont on vouloit embellir Verfailles. On y re- oloit le choix & l’ordre des ftatues : on y confultoit ce que l’on propofoit pour la décoration des appar- temens & pour l’embelliffement des jardins. On avoit encore chargé l’Académie de faire gra- ver le plan & les principales vües des Maïfons roya- les, & d’y joindre des defcriptiôns. Les gravures en étoient fort avancées., & les defcriptions étoient prelque faites quand M. Colbert mourut, On devoit de même faire graver le plan & les vües des Places conquifes , & y joindre une hiftoire de chaque ville & de chaque conquête : mais ce pro- jet n’eut pas plus de fuite que le précédent. M. Colbert mourut en 1683 , & M. de Louvois hui fuccéda dans la Charge de Surintendant des Bâti- mens. Ce Miniftre: ayant fü que M. PAbbé Talle- mant étoit chargé des infcriptions qu'on devoit met- tre au-deflous des tableaux de la gallerie de Ver- failles | & qu’on vouloit faire paroître au retour du Roi, le manda aufli-tôt à Fontainebleau où la Cour étoit alors , pour être exaétement informé de l’état des chofes. M. l’Abbé Tallemant lui en rendit comp- te, &c lui montra les infcriptions qui étoient toutes prêtes, M. de Louvois le préfenta enfuite au Roi, qui lui donna lui-même l’ordre d’aller inceffamment faire placer ces infcriptions à Verfailles. Elles ont depuis éprouvé divers changemens, M. de Louvois tint d’abord quelques affemblées de la petite Académie chez lui à Paris & à Meudon. Nous lappellons petite Académie , parce qu’elle n’é- toit compolée que de quatre perfonnes, M. Char- pentier , M. Quuinault , M. PAbbé Tallemant, & M. Felibien le pere. Il les fxa enfuite au Louvre , dans le même lieu où fe tiennent celles de l’Acadèmie Françoife ; & il régla qu’on s’aflembleroit deux fois la femaine, le Lundi & le Samedi , depuis cinq heu- res du foir jufqu’à fept, M, de la Chapelle, devenu Contrôleur des bât- mens après M. Perrault , fut chargé de fe trouver aux aflemblées pour en écrire les délibérations , & devint par-là le cinquieme Académicien. Bien-tôt M. de Louvois y en ajoûta deux autres , dont il ju- gea le fecours très-néceflaire à l’Académie pour PHi- ftoire du Roi : c’étoient M. Racine & M. Defpreaux. Il en vint enfin un huitieme , M. Rainffant , homme verfé dans la connoïflance des Médailles, & qui étoit Direéteur du cabinet des Antiques de Sa Ma- jefté. Sous ce nouveau Miniftere on reprit avec ardeur le travail des Médailles de lHiftoire du Roi, qui avoit été interrompu dans les dernieres années de M. Colbert. On en frappa plufeurs de différentes grandeurs , mais prefque toutes plus grandes que celles qu’on a frappées depuis : ce qui fait qu'on les appelle encore aujourd’hui au balancier Médail- les de la grande Hiflorre, La Compagnie commença aufh à faire des devifes pour les jettons de l’Ordi- naire & de l’Extraordinaire des Guerres, fur lefquel- les elle n’avoit pas encore été confultée. Le Roi donna en 1691 le département des Aca- démies à M. de Pontchartrain, alors Contrôleur Gé- nérabés Secrétaire d'Etat ayant le département de la Maïfon du Roi, & depuis Chancelier de France. M. de Ponchartrain né avec beaucoup d’efprit , &z avec un goût pour les Lettres qu'aucun Emploi n’a- voit pû rallentir, donna une attention particuliere à la petite Académie , qui devint plus connue fous le nom d’Académie Royale des Infcriprions & Médail_ Les. Il voulut que M. le Comte de Pontchartrain, A C A 52 {on fils , fe rendit fouvent aux affemblées, qu'il fxa exprès au Mardi & au Samedi. Enfin il donna lint peétion de cette Compagnie à M. l'Abbé Bignon, fon neveu , dont le génie & les talens étoient déja fort célebrés, | Les places vacantes par la mort de M. Raäïinffant & de M. Quinault furent remplies par M. de Tour- reil & par M. l'Abbé Renaudot. Toutes les médailles dont on avoit arrêté les def. feins du tems de M. de Louvois , celles mêmes ‘qui étoient déja faites & gravées , furent revües avec foin : on en réforma plufieurs ; on en ajoûta un grand nombre ; on les réduifit toutes à une même gran- deur ; & l’Hiftoire du Roi fut ainf pouflée jufqu'à Ï avenement de Monfeioneur. le Duc d'Anjou ; fon petit-fils , à la couronne d’Efpasne, Au mois de Septembre 1699 M. de Pontchartrain futnomméChancelier.M. leComte dePontchartrain, fon fils , entra en plein exercice de fa Charge de Se- crétaire d'Etat, dont il avoit depuis long-tems la furvivance , & les Académiciens demeurerent dans fon département. Mais M. le Chancelier qui avoit extrèmement à cœur l’Hiftoire du Roi par médailles, qui l’avoit conduite & avancée par fes propres lu- mieres , retint l'infpeétion de cet ouvrage ; & eut l'honneur de préfenter à Sa Majefté les premieres fuites que lon enfrappa, &c les premiers exemplai- res du Livre quien contenoit les defleins & les ex- phcations. | | L’établiffement de l'Académie des Infcriptions ne pouvoit manquer de trouver place dans ce Livre fa- meux , où aucune des autres Académies n’a éte ou- bliée. La médaille qu'on y trouve fur ce fujet re- préfente Mercure aff ,» & écrivant avec un ftyle à l'antique fur une table d’airain. Il s'appuie du bras gauche fur une urne pleine de médailles ; il y en a d'autres qui font rangées dans un carton à fes pieds. La légende Rerum geflarum fides , & exergue Acade- mia Regia Tnfcriptionum & Numifinatum , infhituta M. DC. LXIII. fignifient que lAcadénue Royale des Infcriptions & Médailles, établie en 1663, doit rendre aux fiecles à venir un témoignage fidele des grandes aétions. | Prefque toute l’occupation de l’Académie fem- bloit devoir finir avec le Livre des Médailles ; car les nouveaux évenemens & les devifes des jettons de chaque année n’étoient pas un objet capable d'occuper huit ou neuf perfonnes qui s’aflembloient deux fois la femaine. M. PAbbé Bignon prévit les inconvéniens de cette inaétion , 8 crut pouvoir en tirer avantage, Mais pour ne trouver aucun obftacle dans la Compagnie , il cacha une partie de fes vües aux Académiciens , que la moindre idée de change- ment auroit peut-être allarmés : il fe contenta de leur repréfenter que l’'Hiftoire par médailles étant achevée , déja même fous la prefle , & que le Roi ayant été fort content de ce qu'il en avoit vü, onne pouvoit choïfir un tems plus convenable pour de- mander à Sa Majefté qu'il lui plüt affürer l’état de l’Académie par quelqu’aéte public émané de lauto- rité royale. Il leur cita l’exemple de l’Académie des Sciences , qui fondée peu de tems après celle des Infcriptions par ordre du Roi, & n’ayant de même aucun titre authentique pour fon établiffement, ve- noit d'obtenir de Sa Majefté ( comme nous allons le dire tout à l'heure ) un Réglement figné de fa main , qui fixoit le tems & le lieu de fes affemblées , qui déterminoit fes occupations , qui aflüroit la conti- nuation des penfons , 6%. La propoñtion de M. l'Abbé Bignon fut extrème- ment goûtée : on drefla aufli-tôt un Mémoire. M. le Chancelier & M. le Comte de Pontchartrain furent fuppliés de appuyer auprès du Roi; êc ils le firent d'autant plus volontiers, que parfaitement inftruits _ 54 An CuA du plan de M. l'Abbé Bignon., ils n’avoient pas moins de zèle pour l’avancement des Lettres. Le Roi ac- corda la demande de PAcadémie, 8 peu de jours après elle reçut un Réglement nouveau daté du 16 Juillet 1701. En vertu de ce premier Réglement l’Académie reçoit des ordres du Roï par un des Secrétaires d’E- tat, le même qui les donne à l’Académie des Sciences. L’Academie eft compofée de dix Honoraires , dix Penfionnaires , dix Afociés, ayant tous voix déli- bérative , 87 outre cela de dix Eleves, attachés chacun à un des Académiciens penfonnaires. Elle s’afflemble le Mardi & le Vendredi de chaque femaine dans une des fales du Louvre, & tient par an deux affemblées publiques, l’une après la S. Martin, l’au- tre après la quinzaine de Pâques. Ses vacances font les mêmes que celles de l'Académie des Sciences. Voyez ACADÉMIE DES SCIENCES. Elle a quelques Afilociés correfpondans, {oit regnicoles, {oit étran- gers, Elle a aufh , comme l’Académie des Sciences, un Préfident , un vice-Préfident, pris parmi les Ho- noraires, un Direéteur & un fous-Direéteur pris par- mi les Penfionnaires. La clafle des Eleves a été fupprimée depuis & -réume à celle des Aflociés. Le Secrétaire & le Thréfo- rier {ont perpétuels , & l’Académie depuis fon re- nouvellement en 1701 a donné au public plufeurs volumes qui font le fruit de fes travaux. Ces volu- mes contiennent, outre les Mémoires qu’on a jugé à propos d'imprimer en entier , plufeurs autres dont l’extrait eft donné par le Secrétaire , & les éloges des Académiciens morts. M. le Préfident Durey de Noinville a fondé depuis environ 15 ans un prix littéraire que l’Académie diftribue chaque année. C’eft une médaille d’or de la valeur de 400 livres. La devife de cette Académie eft verar mori. Tout cer art, eff tiré de l'Hiff. de l’ Acad, des Belles-Lettres , T. I. ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. Cette Aca- démie fut établie en 1666 par les foins de M, Col- bert : Louis XIV. après la paix des Pyrenées def- rant faire fleurir les Sciences, les Lettres &les Arts dans fon Royaume, chargea M. Colbert de former une Société d'homme choifis & favans en différens genres de’lttérature & de fcience , qui s’affemblant fous la proteétion du Roi, fe communiquaflent réci- proquement leurs lumieres & leurs progrés. M. Col- bert après avoir conféré à ce fujet avec les favans les plus illuftres & les plus éclairés , réfolut de for- mer une fociété de perlonnes verfées dans la Phyf- que & dans les Mathématiques , auxquels feroient jointes d’autres perfonnes favantes dans l’'Hiftoire & dans les matieres d’érudition, & d’autresenfin uni- quement occupées de ce qu’on appelle plus particulie- rement Be/les-Letrres, c’eft-à-dire , de la Grammaire, de l’Eloquence & de la Poëfie, Il fut réglé que les Géometres & les Phyficiens de cette Société s’af fembleroient féparément le Mercredi, & tous en- femble le Samedi , dans une falle de la Bibliotheque du Roi, oùétoient les livres de Phyfique & de Ma- thématique : que les favans dans l’Hiftoire s’aflem- bleroient le Lundi &c le Jeudi dans la fale des livres d'Hiftoire : qu’enfin la clafle des Belles-Lettres s’af- fembleroit les Mardi & Vendredi , & que le pre- mier Jeudi de chaque mois toutes ces différentes clafles fe réumiroient enfemble , & fe feroient mu- tuellement par leurs Secrétaires un rapport de tout ce qu’elles auroient fait durant le mois précédent. . Cette Académie ne put pas fubfifter long-tems fur ce pié:1°. les matieres d'Hiftoire profane étant liées fouvent à celles d’'Hiftoire eccléfiaftique , & par-là à la Théologie & à la difcipline de l’Eglife, on craignit que les Académiciens ne fe hafardaflent à entamer des queftions délicates, & dont la déci- fion auroit pù produire du trouble : 2°, ceux qui À C À formoient la clafle des Belles-Lettres étant pref- que tous delPAcadémie Françoïfe,dont l’objet étoit le même que celui de cette clafle’, & confervant beau coup d’attachement pour leur ancienne Atadémie, prierent M. Colbert de vouloir bien répandre fur cette Académie les mêmes bienfaits qu'il paroïfloit vouloir répandre fur la nouvelle , & lui frent fen- tir linutihté de deux Académies diférentés appli- quées au mêmeobjet, & compofées prefque des mêmes perfonnes. M. Colbert goûta leurs raïfons , &t peu de tems après le Chancelier Seguier étant mort, le Roi prit fous fa proteétion l’Acadéinie Fran- çoife , à laquelle la clafle de Belles-Lettres dont nous venons de parler fut cenfée réunie, ainf que la petite Académie d’Hiftoire : de forte qu'il ne réfta plus que la feute clafle des Phyficiens & des Mathé- maticiens. Celle des Mathématiciens étoit compofté de Meffieurs Carcavy,Huyghens, de Roberval, Fre- ricle, Auzout, Picard &c Buot. Les Phyficiens étoient Meffieurs de ia Chambre , Médecin ordinaire du Roi; Perrault, très favant dans la Phyfique & dans PHiftoire naturelle; Duclos & Bourdelin, Chimiftes, Pequet & Gayen, Anatomiftes ; Marchand, Bota- nufte, & Duhamel , Secrétaire. | | Ces Savans, & ceux qui après leur mort les rem- placerent, publierent plufieurs excellens ouvrages pour l'avancement des Sciences; 8e en 1692 & 1693, l’Académie publia , mois par mois , les pieces fugi- tives qui avoient été les dans les affemblées de ces années, & qui étant trop courtes pour être publiées à part, étoient indépendantes des ouvrages auxquels chacun des membres travailloit, Plufieurs de ces pre- miers Académiciens recevoient du Roi des penfons confidérables, & Pégalité étoit parfaite entr'eux comme dans l’Académie Françoife, En 1699 M. l'Abbé Bignon qui avoit long-tems préfidé à l’Académie des Sciences, s’imagina la ren- dre plus utile en lui donnant une forme nouvelle, Il en parla à M. le Chancelier de Pontchartrain , fon oncle , & au commencement de cette année l’A- cadémie reçut un nouveau réglement qui en chan- gea totalement la forme. Voici les articles principaux de ce réglement, 1°, L'Académie des Sciences demeure immédia: tement {ous la protetion du Roi, &recoit fes or- dres par celui des Secrétaires d'Etat à qui il plaît à Sa Majefté de les donner. 2°, L'Académie eff compofée de dix Honoraires ; lun defquels fera Préfident , de vingt Penfionnaires, trois Géometres , trois Aftronomes , trois Méchani- ciens , trois Anatomiftes , trois Botaniftes , trois Chi. miftes , un Tréforier & un Secrétaire , l’un & l'autre perpétuels ; vingt Aflociés, favoir, douze reenicoles, dont deux Géometres, deux Affronomes , &e. & huit étrangers, & vingt Eleves , dont chacun eff at- taché à un des Académuciens penfionnaires. À 3°. Les feuls Académiciens honoraires &7 penfon- naires doivent avoir voixdélibérative quand il s’api- ra d’éle&tions ou d’affaires concernant l’Académie : quand il s’agira de Sciences, les Aflociés y feront joints ; mais les Eleves ne parleront que lorfque Le Préfident les y invitera. 4°. Les Honoraires doivent être regnicoles & re- commendables par leur intelligence dans les Mathé- matiques &c dans la Phyfique;&c les Réouliers ou Re- ligieux peuvent être admis dans cette feule claffe. * 5°. Nul ne peut être Penfionnaire , s’il n’eft connm par quelqu'ouvrage confidérable , ou quelque décou- verte importante ou quelque cours éclatant. 6°. Chaque Académicien penfonnaire eft obligé de déclarer au commencement de l’année l'ouvrage auquel 1l compte travailler. Indépendamment de ce travail, les Académiciens penfionnairesézaflociés font obligés d'apporter à tour de rôle quelques obferva- tions où mémomes, Les aflembléés fe tiennent le Mercredi & le Samedi dé chaque femaine , & en cas de fête , l’aflemblée fe tient le jour précédent, 7°. Ily a deux de ces affemblées qui font publi- ques par an ; favoir, la premiere après la S. Martin, & la fecondée, après la quinzaine de Pâques. . 8°. L'Académie vaque pendant la quinzaine de Pâques, la femainé de la Pentecôte, & depuis Noël jufqu'aux Rois, & outre cela depuis la Nativité ju qu'a la S. Martin, | En 1716, M. le Due d'Orléans, Régent du Royaume , jugea à propos de faire quelques chan- emens à ce Reglement fous Pautorité du Roi. La claffe des Éleves fut fupprimée. Elle parut avoir des inconvéniens , en ce qu'elle mettoit entre les Acadé- miciens trop d’inégalité , & qu’elle pouvoit par-là occafionner entr'eux, comme l'expérience l’avoit prouvé, quelques termes d’aigreur ou de mépris. Ce nom feul rebutoit les perfonnes d’un certain mérite, & leur fermoit l'entrée de l’Académie. Cependant » le nom d’Æleve, dit M. de Fonténelle , E/oge de M. » Amontons,w’empotte parmi nous aucune différence » de mérite ; il fignifie feulement moins d’anciennete » &t une efpece de furvivance ». D'ailleurs quelques Académiciens étoient morts à {oixante & dix ans avec le titre d’Eleves, ce qui paroïfloit mal fonnant. On fupprima donc la claffe des Eleves, à la place de laquelle on créa douze Adjoints, & on leur accorda ainfi qu'aux Aflociés, voix délibérative en matiere de Science. On fixa à douze le nombre des Hono- rares. On créa aufi une clafle d'Aflociés libres au nombre de fix. Ces Aflociés ne font attachés à aucun genre de fcience ; n1 obligés à aucun travail; & 1l fut décidé que les Réguliers ne pourroient à l’avenir entrer que dans cette claffe, | L’Académie a chaque année un Prefident & un Vite-Préfident , un Direteur & un Sous-Direéteur nommés par le Roi. Les deux premiers font toù- jours pris parmi les Honoraires , & les deux autres parmi les Penfonnairés. Les feuls Penfionnaires ont des jettons pour leur droit de préfence aux aflem- blées. Aucun Académicien ne peut prendre ce titre au frontifpice d’un livre, fi Ouvrage qu’il publie n’eft approuvé par l’Académie. Depuis ce renouvellement en ï699 , l'Académie a été fort exacte à publier chaque année un volume contenant les travaux de fes Membres ou les Mé- moires qu'ils ont compoñés & lüs à l’Académie du- rant cette année. À la tête de ce volume eft l’Hiftoire de l'Académie ou l'extrait des Mémoires, & en gé- néral de tout cé qui a été Iù & dit dans l’Académie ; 8 à la fin de l’Hiftoire font les éloges des Acadé- miciens morts durant l’année, nr La place de Secrétaire a été rémiplié par M. de Fon: tenelle depuis 1699 jufqu’en 1740. M. de Mairan lui a fuccédé pendant les années 1741 , 1742, 1743 ; & elle eft à préfent occupée par M. de Fouchy. Feu M. Rouillé de Meflay, Confeiller au Parle- ment de Paris, a fondé deux prix, l’un de 2500 li- vres, l’autre de 2000 livres, que l’Académie diftri- bue alternativement tous les ans. Les fijets du pre- mier prix doivent regarder l’Aftronomie phyfique. Les fujets du fecond prix doivent regarder la Navi- gation &c le Commerce. L'Académie a pour devife Invenit & perfit. Les affemblées qui fe tenoient autrefois dans la Bibliotheque du Roi, fe tiennent depuis 1699 dans une très-belle Salle du vieux Louvre. En 1713 le Roi confirma par des Lettres Patentes l’établiflement des deux Académies des Sciences & des Belles-Lettres. TRE" .… Outre ces Académies de la Capitale, il y en a dans lès Provinces une grande quantité d’autres ; à Tou- ‘loufe, l’Académie des Jeux Floraux , compofée de + A CA. 55 quarante perfonnes ; la plus ancienne du Royaüme, & outre cela une Académie dés Sciences & des Bel. les-Léttres ; à Montpellier , la Société Royale des Sciences, qui depuis 1706 ne fait qu’un mêmé corps avec l’Académie des Sciences de Paris ; À Bordeaux , à Soiflons , à Marfeille, à Lyon, à Pau , à Montair- ban,à Angers,à Amiens, à Villefranche, &c.Lé nom bre de ces Académies augmente de jour eh jour ; & fans examiner ici s'il eft utile de multiplier fi fort de pareils établiffeméens, on ne peut an moins difcon- vémur qu'ils ne contribuent én partie à répandre & à conferver le goût des Lettres & de l'Etude. Dans les Villes mêmes où 1l n’y a point d’'Académies, il fe forme des Sociétés littéraires qui ont à peu près les mêmes exercices. : Paflons maintenant aux principales Académies étrangeres: | Outre la Société Royale dé Londres dont nous avons déjà dit que nous parlerions ailleurs , une des Académies les plus célebres aujourd’hui eff celle de Berlin appellée l’Académie Royale des Sciences € des. Pelles-Lertres de Pruffe. Frederic I. Roi de Pruffe lé tablit en 1700, & en fit M. Leïbnitz Préfident. Les plus grands noms illuftrerent fa lifte dès le commen: cement. Elle donna én 1710 un premier volume fous le titre de Mifcellanea Berolinenfix ; & quoique le fuc- ceffeur de Frederic [. protégeät peu les Lettres, elle ne laiffa pas de publier de nouveaux volumes en 1723,1727, 1734, 1737, & 1740. Enfin Frederic IT. aujourd’hui: Roi dé Prufle, monta fur le Thrône. Ce Prince ; l'admiration de toute l’Europe par fes qualités guerrieres & pacifiques, par fon goût pour les Sciences , par fon efprit & par fes talens, jugea à propos dé redonner à cette Académie une nouvelle vigueur. Il y appella des Etrangers très-diftingués encouragea les meilleurs Sujets par des récompenfes, & en 1743 parut un nouveau volume des Miftellanez Berolinenfra , où lon s’apperçoiït bien des nouvelles forces que l’Académie avoit déjà prifes. Ce Prince ne jugea pas à propos de s’en tenir là. Il crut que l’Académie Royale des Sciences de Pruffe qui avoit été jufqu'alors prefque toùjouts préfidée par un Mi- niftre ou Grand Seigneur , le feroit encore mieux par un homme de Lettres ; il fit à l'Académie des Scien= ces de Paris honneur de choïfir parmi fes Membres Je Préfident qu'il vouloit donner à la fienne, Ce fut M. de Maupertuis fi avantageufement connu dans toute l’Europe, que les graces du Roi de Pruffe en "gagerent à aller s'établir à Berlin. Le Roi donna en même temps un nouveau Reglement à l'Académie , & voulut bien prendre le titre de Prorcéleur. Cette Académie a publié depuis 1743 trois volumes fran- çois dans le même goût à peu près que l’'Hiftoire dé PAcadémie des Sciences de Paris , avec cette diffé- rence ,; que dans le fecond dé ces volumes; les ex- traits des Mémoires font fupprimés , & le feront ap- paremme nt dans tous ceux qui fuivront. Ces volumes feront fiuvis chaque année d’un autre. Elle a deux aflemblées publiques ; l'une en Janvier le jour de la ñaïflance du Roi aujourd’hui régnant ; l’autre à la fin. de Maï , le jour de l’avénement du Roï au Throne: Dans cette dermiére aflemblée on diftribue un prix confiftant en une Médaillé d’or de la valeur de ça ducats, c’eft-à-dire , un peu plus de $oo livres. Le fujet de ce prix eft fucceflivement de Phyfique , de Mathématique, de Métaphyfique, & d'Eruditiom Car cetté Académie à cela de particulier, qu’elle embraflé jufqu'à la Métaphyfique, la Logique &c la Môrälé, qui ne font l’objet d'aucune autre Académie, Elle a une claffe particuliere occupée de cés ma- fieres, & qu'on appelle la clafle de Philofophie fpé= culative, | ACADÉMIE IMPÉRIALE de Perérsboure. Le Czat Pierte I. dit le Grand, par qui la Ruffie a enfin fecoué 56 AC A le joug de la barbarie qui y régnoit depuis tant de fiecles., ayant fait un voyage en France en 1717, &C ayant reconnu par lui-même lutilité des Acadé- mies, réfolut d'en établir une dans {à Capitale. Il avoit déjà pris toutes les mefures néceflaires-pour cela lorfque la mort l’enleva au commencement de1725. La Czarine Catherine qui lui fuecéda , pleinement inftruite de fes vûes ; travailla fur le même plan, & forma en peu de temsune des plus célebres Académies de l’Europe compofée de tout ce qu'il y avoit alors de plus illuftre parmi les étrangers, dont quelques- uns même vinrent s'établir à Petersbourg. Cette Aca- démie qui embrafleles Sciences & les Belles-Lettres, a publié déjà dix volumes de Mémoires depuis 1726. Ces Mémoires font écrits en latin, &c font furtout très- recommandables par la partie mathématique qui con- tient un grand nombre d'excellentes pieces. La plûü- part des Etrangers qui compofoient cette Académie étant morts ou s'étant retirés, elle fe trouvoitau com- mencement du regne de la Czarine Elizabeth dans une efpece de langueur, lorfque M. Te Comte Rafo- movwski en fut nommé Préfident, heureufement pour elle. Il hu a fait donner un nouveau reglement, & paroît n’avoir rien négligé pour la rétablir dans {on ancienne fplendeur. L'Académie de Petersbourg a cette devife modefte, Paularim. Il y a à Bologne une Académie qu’on appelle lZzf ztut, Voyez INSTITUT. .. L’'ACADÉMIE ROYALE d’Efpagne eft établie à Madrid pour cultiver la langue Caftillane : elle eft formée {ur le modele de l’Academie Françoïfe. Le plan.en fut donné par le Duc d’'Efcalone, & ap- prouvé en 1714. par le Roi, qui s’en déclara le protecteur. Elle confifte en 24. Académiciens, y compris un Direéteur & un Secrétaire. Elle a pour dévife un creufet fur le feu , & le mot de la dévife, eft: Lümpia, fa, y da efplendor. L° Académie des Curieux de la Nature, en Allemagne, avoit été fondée d’abord en 1652. par M. Bauich, Médecin ; & l'Empereur Léopold la prit fous fa pro- teétion en 1670, je ne fai s’il fit autre chofe pour elle. _ L'Italie feule à plus d’Académies que tout le refte du monde enfemble. Il n’y a pas une ville confide- rable où il n’y ait aflez de Savans pour former une Académie, & qui n’en forment une en effet. Jarc- kius nous en a donné une Hiftoire abregée, impri- mée à Leipfc en 1725. Jarckius n’a écrit l’'Hiftoire que des Académies du Piémont , de Ferrare, & de Milan; il en compte: vingt-cinq dans cette dermiere ville toute feule : 1l nous a feulement donné la lifte des autres, qui mon- - tent à cinq cens cinquante. La plüpart ont des noms tout-à-fait finguliers & bifarres. Les Académiciens de Bologné , par exemple, fe nomment Æbbandonati , Anfiofi, Ocioft , Arcadi , Confuft, Difertuoft, Dubbiofi, Impatienti, Inabili , Jndifferenti ; Indomiti, Inquieri, Inflabilr, Della noîte piacere, Sitienti , S onnolenti , Torbidi, Vefpertin:: ceux de Genes, Accordati, Sopiti , Refuegliati : ceux de Gubio , Addormentati : ceux de Vemife, Acuti, Al- Lertati , Difordanti , Disjiunti, Difingannant , Do- donei , Filadelfci, Incrufcabili, Inflaucabili : ceux de Rimini, Adagiati, Eutrapeli : ceux de Pavie , 4fr- dati, Della chiave : ceux de Fermo , Raffronrati : ceux de Molife, Agitati: ceux de Florence, A/re- rati , Humidi, Furfurati, Della Crufca, Del Cimento, Infocati : ceux de Cremone, Azimofi: ceux de Na- ples, Ardui, Infernati, Intronati, Lunaticr, S ecreti , Sirenes, Sicuri, Volanti: ceux d’Ancone, Argonautr, Caliginofi: ceux d’Urbin , Affordisi : ceux de Perou- fe, Aiomi, Eccentricr , Infenfatr, I nfipidi, Unifoni : ceux de Tarente, Awdac:: ceux de Macerata, Cure- nati, Imperferti ; d'autres Chimeæric : ceux de Sienne, Lorcefi à Gioviale, Trapallati : ceux de Rome, De- fict, Humorifh , Lincei, Fantaflici, [lurhinati, Incii tati, Indifpofiti, Infecondi , Melancholici, Neglerti, Notti Vaticane, Notturni, Ombroft, Pellegrini, Sterili, Vigilanti: ceux de Padoue, Del, Tinmaturi, Or- diti+ ceux de Drepano, Diffcili : ceux de Brefle, Difperft , Erranti : ceux de Modene, Diffonan : ceux de Reccanati, Difuguali: céux de Syracufe, ÆEbrii : ceux de Milan, Eliconi, Faticofr, Fenici, In- certi, Nafcofli: ceux de Candie, Extravaganti: ceux de Pezzaro, Eeroclii : ceux de Comacchio, Æ/ur- tuanti : Ceux d’Arezzo, Forgati : ceux de Turin ; F- minales : ceux de Reggio, Fumofr, Muri : ceux de Cortone, Humorofr : ceux de Bari, Izcogniri : ceux de Roflano, {acuriofr : ceux de Brada, frrominari, Pigri : ceux d’Acis, Intricati: ceux de Mantoue, Invaghiti: ceux. d'Agrigente, Murabili, Offufcari : de Verone , Olympici, Unani : de Viterbe, Oflinati : d’autres , Vagabondi, | On appelle auf quelquefois Académie, eh An- gleterre, des efpeces d’Ecoles ou de Colléges où la jeuneffe eft formée aux Sciences & aux Arts libé- raux par des Maïtres particuliers. La plüpart des Miniftres non-conformiftes ont été élevés dans ces fortes d’ Académies privées, ne s’accommodant pas de l'éducation qu’on donne aux jeunés gens dans les Univerfités. (0). | ACADÉMIE DE CHIRURGIE. Voyez CHIRURGIE. ACADÉMIE DE PEINTURE, eft une Ecole publi- que où les Peintres vont defliner ou peindre, & les Sculpteurs modeler d’après un homme nud, qu’on appelle #odele. | L’Acadèmie Royale de Peinture & de Sculpture de Paris doit fa naïffance aux démêlés qui furvinrent entre les Maîtres Peintres & Sculpteurs de Paris, & les Peintres privilégiés du Roi, que la Communauté des Peintres voulut inquiéter. Le Brun, Sarazin, Corneille, & les autres Peintres du Roi, formerent le projet d’une Académie particuliere ; & ayant pré- fenté à ce fujet une requête au Confeil, 1ls obtinrent un Arrêt tel qu’ils le demandoient, daté du 20 Jan- vier 1648. Ils s’'affemblerent dabord chez Charmois, Secrétaire du Maréchal Schomberg , qui dreffa les premiers Statuts de l’Académie, | L'Académie tint enfuite {es Conférences dans la maifon d’un des amis de Charmoïs , fituée proche S.Euftache. De-là elle pafla dans l'Hôtel de Clifon, rue des Deux-boules, où elle continua fes exercices jufqu’en 1653, que les Académiciens fe tranfporte- rent dans la rue des Déchargeurs. En 1654 & au commencement de165 5,elle obtint du Cardinal Ma- zarin un Brevet & des Lettres-Patentes , qui furent entegiftrées au Parlement, & en reconnoiïffance elle choïlit ce Cardinal pour fon proteéteur, & le Chan- celier pour Vice-proteéteur, Il eft à remarquer que le Chancelier, dès la pre« miere inftitution de l’Académie, en avoit été nom- mé proteéteur: mais pour faire fa cour au Cardinal Mazarin, il fe démit de cette dignité, & fe contenta de celle de Vice-protecteur. _ En 1656 Sarazin céda à l’Académie un logement qu'il avoit dans les Galeries du Louvre : mais en 1661 elle fut obligée d’en fortir; & M. de Ratabon, Surintendant des Bâtimens , la transféra au Palais Royal, où elle demeura trente & un ans. Enfin le Roi lui donna un logement au vieux Louvre. Enfin, en 1663 elle obtint, par le crédit de M. Colbert, 4000 livres de penfon. Cette Académie eft compofée d’un Proteéteur j d’un Vice-proteéteur , d’un Direéteur , d’un Chan- celier , de quatre Reéteurs, d’Adjoints aux Rec- teurs, d’un Thréforier, & de quatorze Profefleurs , dont un pour l’Anatomie, & un autre pour la Géo- métrie ; de plufieurs Adjoints & Confeillers, d’un Secrétaire & Hiftoriographe, & de deux Huiffers. Les A CA Les premiers Membres de cette Académie furent le Brun, Errard, Bourdon, la Hire, Sarrazin, Cor- neille, Beaubrun, le Sueur, d'Eemont, Vanobftat, Guillin, &e. | “ » L'Académie de Paris tient tous les jours après midi \ vont defliner ou peindre, & les Sculpteurs modeler d’après un homme nud ; il y a douze Profeffeurs qui tiennent l’école chacun pendant un mois, & douze Âdjoints pour les fuppléer en cas de befoin; le Pro- fefleur en exercice met l’homme nud, qu'on nomme modele , dans la pofition qu'il juge convenable , & le pole en deux attitudes différentes par chaque femai- ne, c'eft ce qu’on appelle po/er le rrodele ; dans l’une des femaines 1l pofe deux modeles enfemble , c’eft ce qu'on appelle pofer Le groupe ; les defleins , pein- tfures & modeles faits d’après cet homme s’appellent académies , ainfi que les copies faites d’après ces aca démies. On ne fe fert point dans les Ecoles publi- ques de femme pour modele, comme plufieurs le: éroïent. On diftribue tous les trois mois aux Eleves trois prix de Deflein, & tous les ans deux prix de Peinture 8 deux de Sculpture; ceux qui gagnent les. prix de Peinture & de Sculpture font envoyés à Rome aux dépens du Roi pour y étudier & s’y perfeétionner. * Outre l’Académie Royale, il y a encore à Paris deux autres Ecoles ou Académies de Peinture, dont une à la Manufafture Royale des Gobelins. Cette Ecole eft dirigée par les Artiftes à qui le Roi donne un logement dans Hôtel Royal des Go- belins, & qui font pour l'ordinaire Membres de l’A- cadémie Royale. L'autre eft l’Académie de S. Luc, entretenue par la Communauté des Maitres Peintres & Sculpteurs ; elle fut établie par le Prevôt de Paris, le 12 Août 1391. Charles VII. lui accorda en 1430 plufeurs privilèges, qui furent confirmés en 1584 par Henri TL. En 1613 la Communauté des Sculpteurs fut unie à celle des Peintres. Cette Communauté occupe, proche S. Denys de la Chartre, une maifon, où elle tent fon Bureau , & une Académie publique adnuinif- rée ainfi que l’Acadèmie Royale, & où l’on diftribue tous les ans trois prix de Deflein aux Eleves. (R) ACADÉMIE D'ARCHITECTURE, c’eft une Com- * pagnie de favans Architedtes, établie à Paris par M. EE Miniftre d'Etat, en 1671, fous la direétion du Sutintendant des Bâtimens. , * Paracelfe difoit qu'il n’avoit étudié n1 à Paris, nmiàa Rome, ni à Touloufe, n1 dans aucune Acadé- te : qu'il n’avoit d'autre Univerfité que la Nature, dans laquelle Dieu fait éclater fa fageffe, fa puiffance & fa gloire, d’une niamiere fenfible pour ceux qui l’é- tudient. C’eft à la nature, ajoûtoit:1l, que je dois ce que je fai, & ce qu'il y a de vrai dans mes écrits. - ACADÉMIE, fe dit auf des écoles & féminaires des Juifs, où leurs Rabins & Doéteurs inftrwifent la jeuneffe de leur nation dans la langue Hébraique, lui expliquant le Talmud & les fecrets de la cabale. Les Juifs ont toijours eu de ces Académies depuis leur re- tour de Babylone.Celle de cette derniere ville, 8 celle de Tibériade entre autres , ont été fort célebres. (G) ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. 7. OPÉRA. : - ACADÉMIE, fe dit encore dans un fens particu- lier des lieux où la jeunefle apprend à monter à che- val , & quelquefois à faire des armes , à danfer, à voltiger, Gc. Voyez EXERCICE. C’eft ce que Vitruve appelle Ephebeum ; quelques autres Auteurs anciens Gyr2afeum , &t les Modernes Académie à monter à cheval , ou Académie militaire. Voyez GYMNASE 6 GYMNASTIQUE. Le Duc de Newcaftle , Seigneur Anglois , rap- porte que l'Art de monter à cheval a pañlé d’Itahe en Angleterre ; que la premiere Académie de cette éfpece fut établie à Naples par Fréderic Grifon, le- ner orne". d. pendant deux heures école publique, où Les Peintres. À OA. s? . quel, ajoûte-t-1l , a écrit le prémier furice fujet en vrai cavalier &en grand maître. Henri VIIL découvrir, faitr , lequel eft compofé lui-même de zero 8 Aau@ave, prendre, Voyez CATALEPSIE. ACATALEPSIE €ft fynonyme à ércompréhenfibilité, Voyez COMPRÉHENSION. Les Pyrrhoniens ou Sceptiques tenoient pour l4- catalepfre abfolue : toutes les fciences ou les connoïf- fances humaines n’alloient, felon eux, tout au plus qu'à l’apparence:& à la vraiflemblance. Ils décla- moient beaucoup contre les fens, & les régardoient comme la fource principale de nos erreurs & de no: tre féduétion. Voyez SCEPTIQUE, PYRRHONIEN, ACADÉMIQUE ; SENS , ERREUR, PROBABILITÉ, DouTE, SUSPENSION, &c. (X “ Arcéfilas fut le premier défenfeur de l’acatalep- fie. Voici comment il en raïfonnoïit. On ne peut rien favoir, difoitil, pas même ce que Socrate croyoit ne pas ignorer, qu'on ne fait rien. Cette impofbilité vient, & de la nature des cho- fes, & de la nature de nos facultés, mais plus encore de la nature de nos facultés que des chofes. Il ne faut donc ni nier, ni aflürer quoi que ce foit; car il eft indigne du Philofophe d’approuver ; ou une chofe faufle , où une chofe incertaine , & de pro- noncer avant que d’être inftruit. Mais tout ayant à peu près les mêmes degrés de probabilité pour & contre, un Philofophe peut donc le déclarer contre celui qui nie ou qui aflüre quoi que ce foit; für, ou de trouver enfin la vérité qu'il cherche, ou de nouvelles raifons de eroire qu’elle n’eft pas faite pour nous. C’eft ainfi qu'Arcéfilas la chercha toute fa vie, perpétuellement aux prifes avec tous les Philofophes de fon tems. Mais fi ni les fens ni la raifon ne font pas des ga H y 60 A C6 € vans affez fürs pour être écoutés dans Les écoles de Philofophie, ajoûtoit-il, ils fufifent au moins dans: la-conduite de la vie, où l’on ne rifque rien à fuivre dés probabilités , puifqu'on eft avec des gens qui n’ont pas de meilleurs moyens de fe déterminer. . ACARIATION, f. f. Voyez ACCARIATION. ( A) .-* ACAZER , v. a@. donner en fief ou a rente. De- À vient acagement. Voyez F18F, RENTE. ACCAPAREMENT , f. m. c’eft un àchat de Ha chandifes défendues par les Ordonnances. On le prend aufù pour une efpece de monopole confiflante à faire des levées confidérables de mar- chandifes, pour s’en approprier la vente à foi feul, à l'effet de les vendre à ft haut prix qu'on voudra. ACCAPARER par conféquent figmifie acheter des marchandifes défendues, ou faire des levées des marchan- diles. permifes | quiles reñdent rares. (Æ) ‘On dit accaparer des blés, des laines,, des cires, des fuifs ; Gc. En bonne police cette manœuvre eft défendué fous peine de confifcation des marchan- difes accaparées, d’amende pécuniaire , & même de punition corporelle en cas de récidive. uelques-uns confondent le térmed”accapareravec celui d’ezharrer : maïs ils font différens, & n’ont rien de. coïmiun. que les mêmes défenfes & les mêmes ” peines. Ÿ’oyez ENHARRER. (G) ACCARIATION , f. f. rerme de Palais ufité dans quelques Provinces de France , fur-tout dans les méridionales les plus voifines d’Efpagne : il'eft fyno- nyme à confrontation. Voyez CONFRONTATION, On ditauffi dans le même fens accarement ou aca- rement. Accarer les témoins, c’eft les confronter. ( :* ACCARON , f.m. ville dela Paleftine, celui des cinq gouvernemens des Philiftins où l'arche fut gardée après avoir été prife. Beelzébuth étoit le dieu d’Accaron. | *ACCASTELLAGE.C’eft le château fur Pavant 8 fur Parriere d’un vaifleau. Pour s’en former une idée exaéte ; on n’aura qu'à confulter la P/anche pre- miere de la Marine , &les explications qui y feront jointes. | Le Roi par une Ordonnance de l’année 1675 , de- fend aux Officiers de fes vaifleaux de faire aucun changement aux accaflellages & aux foutes par des féparations nouvelles , à peine de caflation, On fait un accafellage à l'avant & à l'arriere des valfeaux , en les élevant & bordant au-deflus de la life de vibord, & cet exhauflement commence aux herpes de l’embelle. On met pour cet effet deux, trois ou quatre herpes derriere le mât , à proportion de la hauteur qu’on veut donner à l’accaffellage : onle borde enfuite de planches qu'on nomme 447 , ou ef quain, où quein, auxquelles on donne lépaifleur con- venable. Ces bordages qu’on appelle l’e/quain , doivent être tenus plus larges à l’arriere, où ils joignent les mon- tans du revers , qu'en dedans ou vers le nulieu du vaifleau , afin que laccaffellage aille tohjours en s’é- levant, car s’il paroïfloit baïfler , ou être de niveau, il formeroit un coup d’œil défagréable : lorfque ces bordages font coufus & élevés autant qu’il faut, on laiffe une ouverture au-deflus, telle qu’on juge à propos, & l’on coud enfuite les dernieres planches de l’efquain. À chaque herpe , on éleve laccaflellage d’un pie , ou à peu près , felon la grandeur du vai- feau : mais à l’atriere, on met les herpes entre les dermieres planches de l’efquain, pour que la dunette foit plus faine : on laiffe aufli fort fouvent du jour ou un vuide entre les plus hautes planches & celles qui font au-deffous. ACCASTELLÉ , adj. Un vaifleau accafrellé eft ce- lui qui a un château für fon avant &r fur {on arriere. Foyez ACCASTELLAGE & CHATEAU. (Z) ACCEDER äun çontrat ou à un traité , c’eft join- À € & dre fon confentement à un contrat ou traité déja conclu & arrêté entre deux autres perfonnes où un plus grand nombre. En ce fens on dit : les Etats Généraux ont accédé au traité d'Hanovre; la Czarine a accédé au traïté de Vienne. Voyez TRAITÉ. (Æ). | we ACCELERATEUR , { m.pris adj. o4 le bulbo- caverneux,terme d Anatomie, eft un mufcle de la ver- ge qui fert à accélérer l'écoulement de l’uriné & de la femence. Ii eft nommé plus particulièrement accélérateur de l'urine ; en latin accelerator urine. Quelques-uns en font deux mufcles , qu'ils nomment wwufcles accéléra- teurs Il vient par une origine tendineufe dé la par- tie fupérieure êc antérieure de l’urethre : maisdeve- nant bien-tôt charnu , il pafle fous los pubis, & embrafle la bulbe de l’'urethre, Les deux côtés de ce muicle fe joignent par une ligne mitoyenne qui ré- pond au ruphée que l’on voit fur la peau qui le cou- vre ; & ainfi unis, ils continuent leur chemin l’ef- pace d'environ deux travers de doigt, après quoi ce mufcle fe divife en deux produétions charnues , qui ont leurs infertions au corpscaäverneux de la verge, &t deviennent des tendons minces. (L) ACCELERATION , £.f. C’eft l’'accroiffement de viteffe dans le mouvement d’un corps. #. Viresse & MOUVEMENT. Accélération eft oppofé à retardation , terme par lequel on entend 4 diminution de vétefle. Voyez Re- TARDATION. Le terme d'accélération s'emploie particulierement - enPhyfique,lorfqu'ileft queftion de la chûte dés corps pefans qui tendent au centre de la terre par la force de leur gravité, Voyez GRAVITÉ & CENTRE. Que les corps en tombant foient accélérés, c’eft une vérité démontrée par quantité de preuves, du moins 4 pofferiori : ainfi nous éprouvons que plus un corps tombe de haut, plus il fait une forte impref- fion, plus il heurte violemment la furface plane, ou autre obftacle qui l’arrête dans fa chûte. Il y a eu bien des fyftèmes imaginés par les Philo- fophes pour expliquer cette accélération. Quelques- uns l’ont attribuée à la preffion de l’air : plus, difent- ils , un corps defcend, plus le poids de l’atmofphere qui pefe deffus eft confidérable , & la prefion d’un fluide eft en raïon de la hauteur perpendiculaire de fes colonnes : ajoutez , difent-ils, que toute la mafle du fluide preflant par une infinité de lignes droites qui fe rencontrent toutes en un point, favoir , au centre de la terre, ce point où aboutiflent toutes ces lignes foûtient pour ainfi dire la preflion de tou- te la mafle : conféquemment plus un corps en ap- proche de près, plus 1l doit fentir l’effet de la pref- fon qui agit fuivant des lignes prêtes à fe réunir. Voyez AIR 6 ATMOSPHERE. Mais ce quirenverfe toute cette explication, c’eft que plus la preflion de lai augmente , plus aug- mente auffi la réfiftance ou la force avec laquelle ce même fluide tend à repoufler en enhaut le corps tombant. Voyez FLUIDE. On effaye pourtant encore de répondre que l'air à mefure qu’ileft plus prochede la terre,eft plus groffier & plus rempli de vapeurs & de particules hétéro genes qui ne font point un véritable air élaftique > & l’on ajoûte que le corps , à mefure qu’il defcend, trouvant totjours moins de réfiftance de la part de Pé- lafticité de l’air, &c cependant étant toüjours déprimé par la même force de gravité qui continue d'agir fur lui , il ne peut pas manquer d’être accéléré. Mais on fentaflez tout le vague & le peu de précifion de cette réponfe : d’ailleurs, les corps tombent plus vite dans le vuide que dans l'air. Voyez MACHINE PNEUMA- TIQUE. Voyez aufli ÉLASTICITÉ, Hobhes ; Philofop. Probl. c. I, p: 3. attribue lac: célération à une nouvelle impreflion de la caufe qui produit la chûte des corps ; laquelle felon fon prin- cipe eft auf l’air : en même tems , dit-il, qu’une par- tie de l’atmofphere monte, l’autre defcend: car en. conféquence du mouvement de la terre, lequel eft compofé de deux mouvemens , l’un circulaire, Pau- tre progrefif, 1l faut aufli que l’air monte & circule tout à la fois. De-là il s’enfuit que le corps qui tombe dans ce milieu, recevant à chaque inftant de fa chü- te une nouvelle preffion , il faut bien que {on mou- verient foit accéléré. | Mais pour renverfer toutes les raïfons qu’on tiré delair de: rapport à l'accélération , il fuft de dire qu'elle le fait auf dans le yuide comme nous venons delobierver. Voici l'explication que les Péripatéticiens don- nent du même phénomene. Le mouvement des corps pefans en enbas , difent-ils, vient d’un principe in- trinfeque qui les fait tendre au centre , comme à leur place propre & à leur élément , où étant arri- vésils feroient dans un repos parfait : c’eft pourquoi, ajoûtent-ils, plus les corps en approchent, plus leur mouvement s’accroit : fentiment qui ne mérite pas de réfutation. Les Gaflendiftes donnent une autre raïon de l'accélération : ils prétendent qu’il fort de la terre des efpeces de corpufcules attraétufs, dirigés fuivant une infinité de filets direfs qui montent & defcendent ; que ces filets partant comme des rayons d’un centre commun, deviennent de plus en plus divergens à me- fure qu'ils s’en éloignent; en forte que plus un corps eft proche du centre, plus il fupporte de ces filets attractifs , plus par conféquent fon mouvement eft accéléré. Voyez CORPUSCULES 6 AIMANT. Les Cartéfiens expliquent l'accélération par des impulfons réitérées de la matiere fubtile éthérée, qui agit continuellement fur les corps tombans, & les poufle en enbas. Y. CARTÉSIANISME , ÊTHER, MATIERE SUBTILE, PESANTEUR , Éc. La caufe de l'accélération ne paroïtra pas quelque chofe de fi myftérieux, f on veut faire abftra@ion pour un moment de la caufe qui produit la pefan- teur’, & fuppofer feulement avec Galilée que cette caufe ou force agit continuellement fur les corps pefans; on verra facilement que le principe de la gravitation qui détermine le corps à defcendre , doit accélérer ces corps dans leur chûte par une confe- quence néceflaire. Voyez GRAVITATION. - Car le corps étant une fois fuppofé déterminé à defcendre, c’eft fans doute fa gravité qui eft la pre- miere caufe de fon commencement de defcente : or quandune fois fa defcenteeft commencée, cet étateft devenu en quelque forte naturel au corps ; de forte que laiflé à lui-même il continueroit toùjours de def- cendre , quand même la premiere caufe cefleroit ; Comme nous voyons dans une pierre jettée avec la main , quu ne laifle pas de continuer de fe mouvoir après que la caufe qui lui a imprimé le mouvement a ceflé d'agir. Voyez Lor DE LA NATURE 6: Pro- JECTILE. | Mais outre cette détermination à defcendre, im- primée par la premiere caufe, laquelle fufäroit pour continuer à l'infini le même degré de mouvement une fois commencé, il s’y joint perpétuellement de nouveaux efforts de la même caufe , favoir de la gravité, qui continue d'agir fur le corps déja en mouvement , de même que s’il étoit en repos. . Am, y ayant deux caufes de mouvement qui agiflent l’une &c l’autre en même direétion, c’eft-à-dire wersle centre de la terre, 1l faut néceflairement que le mouvement qu’elles produifent enfemble {oit plus confderable que celuique produiroit l’une des deux. &t tandis que la vitefle eft ainfi augmentée , la mé- A CC Gi. : mecaufe fubfiftant tobjours pour l’añgmentér enco. re davantage, il faut néceffairement que la defcente foit continuellement accélérée, Suppofons donc que la gravité, de quelque prins: Cipe qu’elle procede, agifle umiformément fur tous, les corps à égale diftance du centre de la terre: divifant le tems que le corps pefant met à tomber fur la terre, en parties égales infiniment petites, cette. gravité pouflera le corpsvers le centre de la terre, dans le premier inftant infiniment court de la def: cente : fi après cela on fuppofe que l’a@ion de la gra- vité cefle , le corps continueroit tohjours de s’ap« procher uniformément du centre de la terte avec une vitefle infiniment petite égale à celle qui ré- fulte de la premiereimpreflion. Mais enfuite fi l’on fuppofe que Pa@ion de la gra- vité continue, dans le fecond inftant le coïps recez via une nouvelle impulfion vers la terre égale à celle vil a reçüe dans le premier ; par conféquent fa vi- tefle fera double de ce qu’elle étoit dans le premier inftant : dans le troifieme inftant elle fera triple ; dans le quatrieme quadruple ; & ainfi de fuite : car lim preflion faite dans un inflant précédent n’eft point du tout altérée par celle qui fe fait dans l’inftant fuivant ; mais elles font, pour ainf dire, entaflées. & accumulées l’une fur l’autre, C’eft pourquoi comme les inftans de tems font {-fuppofés mfiniment petits, & tons égaux les uns aux autres, la vitefle acqufe par le corps tombant fera dans chaque inftant comme les tems depuis le com: mencement de la defcente, & par conféquent la vi tefle fera proportionnelle au tems dans lequel elle eftacquife. | De plus lefpace parcouru par le corps en mous vement pendant un tems donné, & avec une vitefle donnée , peut être confidéré comme un rettanglé compoié du tems & de la viteffe. Je fuppofe donc À (PL de Mechan. fig. 64.) le corps pefant qui def- cend, AB le tems de la defcente ; je partage cette ligne en un certain nombre de parties égales qui marqueront les intervalles ou portions du terms donné, favoir AC, CE , EG, Éc. je fuppofe que le corps defcend durant le tems exprimé par la pre- nüere des divifñions AC, avec une certaine vitefle uniforme provenant du degré de gravité qu’on lui fuppofe ; cette viteile fera reprefentée par AD, & Pefpace parcouru , par le reétangle C À D. Or lation de la gravité ayant produit dans le premier moment la vitefle À D dans le corps pré: cédemment enrepos ; dans le fecond moment elle produira la witefle C F, double de la précédente ; dans le troïfieme moment à la viteffe C F fera ajoû- té un degré de plus, au moyen duquel fera produite la vitefle E H triple de la premiere, & ainf du refte ; de forte que dans tout le tems À B,le corps aura ac- quis la vitefle B K : après cela prenant les divifions de la ligne qu’on voudra, par exemple les divifions AC,CE, &c. pour les tems, les efpaces parcou- tus pendant ces tems feront comme les aires ou rec+ tangles C D., EF, Gc. en forte que l’efpace décrit par le corps en mouvement, pendant tout le tems AB, fera égal à tous les reétangles, c’eft-à-dire ; à la figure dentelée À B K. _ Voilà ce qui arriveroit fi les accroifflemens de vi- tefle fe failoient , pour ainfi dire , tout-à-coup, au bout de certaines portions finies detems;par exemple, en C,en E; &c. en forte que le degré de mouvement continuât d'être le même jufqu'au tems fuiyant où {e feroit une nouvelle accélération. | Si l’onfuppofe les divifions ou intervalles de tems plus courts, par exemple, de moitie ; alors les den- telures de la figure feront à proportion plus ferrées, & la figure approchera plus du triangle. S'ils font infiniment petits, c’eft-à-dire, que les 2 # > 62 À CC accroiflemens de vitefle foient fuppolés être faits continuellement & à chaque particule de tems indi- vifble , comme il arrive en effet ; les reétangles ainfi fucceffivement produits formeront un véritable trian- gle, par exemple, AB E, Fig 65, tout le tems A B confiftant en petites portions de tems À r, À 2, 6x. &c l’aire du triangle A BE en la fomme de toutes les petites furfaces ou petits trapezes qui répondent aux divifons du tems; l’aire ou le triangle total exprime lefpace parcouru dans tout le tems À B. Or les triangles ABE, Arf, étant femblables, leurs aires {ont l’une à l’autre comme les quarrés de leurs côtés homologues À B, A 1, &c. & par con- féquent les efpaces parcourus font l’un à Pautre , comme les quarrés des tems. De-là nous pouvons auffi déduire cette grande loi de l’accélération : « qu'un corps defcendant # avec un mouvement uniformément accéléré , dé- #» crit dans tout le tems de fa defcenté un efpace » qui eft précifément la moitié de celui qu'il auroit » décrit uniformément dans le même tems avec la vi- » tefle qu'ilauroit acquife à la fin de fa chûüte ». Car , comme nous l’avons déjà fait voir, tout l’efpace que le corps tombant a parcouru dans le tems AB , fera repréfenté par. le triangle AB E ; & l’efpace que ce corps parcourroit uniformément en même tems avec la vitefle BE, fera repréfenté parle reétangle ABEF : or on fait que le triangle eft égal précifément à la moitié du retangle. Ainfi l’efpace parcouru fera la moitié de celui que le corps auroit parcouru unifor- mément dans le même tems avec la vitefle acquife à la fin de fa chûte. Nous pouvons donc conclurre, 1°. que lefpace qui feroit uniformément parcouru dans la moitié du tems À B avec la derniere vitefle acqufe BE , eft égal à celui qui a été réellement parcouru par le corps tombant pendant tout le tems À B. 2°. Si le corps tombant décrit quelque efpace ou quelque longueur donnée dans un tems donné ; dans le double du tems , il [a décrira quatre fois ; dans le triple , neuf fois, 6, En un mot, fi les tems font dans la proportion arithmétique, 1, 2, 3,4, Gc. les efpaces parcourus feront dans la proportion 1, A 503 16, Gc. c’eft-à-dire, que fi un corps décrit, par exemple, 15 piés dans la premiere feconde de , {a chûte , dans les deux premieres fecondes prifes en- femble, il décrira quatre fois 15 piés; neuf fois 15 dans les trois premieres fecondes prifes enfemble, & ainf de fuite. 3°. Les efpaces décrits par le corps tombant dans une fuite d’inftans ou intervalles de tems égaux, fe- ront comme les nombres impairs 1,3,5:7, 0, Gc. c’eft-à-dire , que le corps qui a parcouru 1$ piés dans la premiere feconde , parcourra dans la feconde trois fois 15 piés, dans la troifieme cinq fois 15 piés, &c. Et puifque les vitefles acquifes en tombant font com- me les tems,, les efpaces feront auffi comme les quar- rés des vîtefles ; & les tems & les vitefles en raifon foüdoublées des efpaces. | Le mouvement d’un corps montant ou pouflé en en-haut eft diminué ou retardé par Le même principe de gravite agiflant en dire@ion contraire, de lamème maiere qu'un corps tombant eft accéléré. Voyez RETARDATION. Un corps lancé en haut s’éleve jufqu’à ce qu’il ait perdu tout fon mouvement; ce qui fe fait dans le même efpace de tems que le corps tombant auroit mis à acquérir une vitefle égale à celle avec laquelle le corps lancé a été pouffé en en-haut. Et par conféquent les hauteurs auxquelles s’élevent des corps lancés enen-haut avec diflérentes vîtefles, font entr’elles comme les quarrés de ces vitefles. ACCÉLÉRATION des corps fur des plans inclinés. La même loi générale qui vient d’être établie pour La chûte des corps qui tombent perpendiculairement, 4 auffi lieu dans ce cas-ci. L’effet du plan eft feulement: de rendre le mouvement plus lent. L’inclinaifon étant partout égale; l'accélération , quoiqu’à la vérité moindre que dans les chûtes verticales, fera égale aufh dans tous les inftans depuis le commencement jufqu’à la fin de là chûte. Pour les lois particulieres à ce cas , Voyez l’article PLAN INCLINÉ. . Galilée découvrit le premier ces lois par des expé- riences » & imagina enfuite l'explication que nous venons de donner de l'accélération. Sur laccélération du mouvement des pendules ; Voyez PENDULE. | Sur l’accélération du mouvement des projediles. Voyez PROJECTILE. Sur l’accélération du mouvement des corps com- primés , lorfqu’ils fe retabliflent dans leur premier état & reprennentleurvolume ordinaire, Voyez Com- PRESSION, DILATATION, CORDES, TENSION , Ge. Le mouvement de lair comprimé eft accéléré , lorfque par la force de fon élaiticité il reprend fon volume ,& fa dimenfion naturelle ; c’eft une vérité qu'il eft facile de démontrer de bien des manieres, Voyez AIR, ELASTICITÉ. | ACCÉLÉRATION eft aufli un terme. qu’on appli- quoit dans l’Affronomie ancienne aux étoiles fixes. Accélération en ce fens étoit la différence entre la révolution du premier mobile & la révolution fo laire ; différence qu'on évaluoit à 3 minutes 56 {e- condes. Voyez ÉTOILE, PREMIER MOBILE, &xc. CO | ACCÉLÉRATRICE (Force). On appelle ainf læ force ou caufe qui accélere le mouvement d’un corps. Lorfqu'on examine les effets produits par de telles caufes, & qu’on ne connoît point les caufes.en elles- mêmes, les effets doivent toûjours être donnés indé- pendamment de la connoïffance de la caufe, puif- qu’ils ne peuvent en être déduits : c’eft ainf que fans connoître la caufe de la pefanteur, nous apprenons par l'expérience que les efpaces décrits par un corps qui tombe font entr’eux comme les quarrés des tems. En général dans les mouyemens variés dont les cau- fes font inconnues, 1l eft évident que l'effet produit par la caufe, foit dans untems fini, foit dans uninf- tant, doit toljours être donné par l’équation entre les tems &c les efpaces : cet effet une fois connu, & le principe de la force d’inertie fuppofé, on n’a plus befoin que de la Géométrie feule & du caleul pour découvrir les propriétés de ces fortes de mouvemens. Il eft donc inutile d’avoir recours à ce principe dont tout le monde fait ufage aujourd’hui , que la force accélératrice ou retardatrice eft proportionnelle à l'élément de la vitefle ; principe appuyé {ur cet uni- que axiome vague & obfcur, que l’effet eft propor- tionnel à fa caufe. Nous n’examunerons point fi ce principe eft de vérité néceffaire; nous avouerons feu- lement que les preuves qu’on en a données jufqu'ici ne nous paroiflent pas fort convaincantes : nous ne l’adopterons pas non plus avec quelques Géometres, comme de vérité purement contingente , ce qui rui- neroit la certitude de la Méchanique , &c la réduiroit à m'être plus qu'unefcienceexpérimentale. Nousnous contenterons d’obferver que, vrai ou douteux, clair ou obfcur, il eft inutile à la Méchanique , & que par conféquent il doiten être banni. ( O ACCÉLÉRÉ (Mouvement) en Phyfique, eftun mouvement quireçoit continuellement de nouveaux accroïfflemens de vitefle. Voyez MOUVEMENT. Le mot accéléré vient du latin ad &c celer, prompt; vite. Si les accroïffemens de viîteffe font égaux dans des | tems égaux, le mouvement eff dit être accéléré uni- formément, Voyez ACCÉLÉRATION. | Le mouvement des corps tombans eft un mouves ment accéléré; 8 en füppofant que le milieu par le- quel ils tombent, c’eft-à-diré l'air, f6itfans téfiftance, le même mouvement peut auf être confidére comme acceléré imiformément. Voyez DESCENTE, €. ” Pour ce qui concérne les lois du mouvement accé- léré, Voyez; MOUVEMENT & ACCÉLÉRATION. (O) _ ACCÉLÉRÉ dans Jon mouvement. En Aftronomie, “on dit qu'une Planete eft accélérée dans fon mou- veinent, lorfque fon mouvement diurne réel excede fon moyen mouvement diurne. On dit qu’elle eft retardée dans fon mouvement, lorfqu’il arrive que fon mouvement réel eft moindre que fon mouvement moyen. Quand la Térre eft le plus éloignée du So- leil, elle eft alors le mois accélérée dans {on mou- vement qu'il eft poffible, & c’eft le contraire lorf- qu’elle eft le plus proche du Soleil. Les Aftronomes s’apperçoivent de ces inégalités dans leurs obferva- tions, & on en tient compte dans les tables du mou- vement apparent du Soleil. Voyez ÉQUATION. (O0 ) . ACCENSES , adje&. pris fubft. du latin accemfr forenfes. C’étoient des Officiers attachés aux Magif- trats Romains , & dont la fonéion étoit de con- voquer le peuple aux affemblées, ainfi que le porte leur nom, accen/r ab acciendo. Ts étoient encore char- gés d’afifter le Préteur lorfqu'il tenoit le Siége , & de l'avertir tout haut de trois heures en trois heures quelle heure 1l étoit dans les Armées Romaines. . Les Accenfes, felon Feflus, étoient auf des furnu- méraires qui fervoient à remplacer les Soldats tués dans une bataille ou mis hors de combat par leurs bleflures. Cet Auteur ne leur donne aucun rang dans Ja Milice : mais Afconius Pedianus leur en afligne un femblable à celui de nos Caporaux & de nos Trom- pettes. Tite Liveenfaitquelque mention, maiscomme de troupes irrégulieres, & dont on faïfoit peu d’ef- time.(G) . ACCENT, f. m. Ce mot vient d’acceztum, fupin du verbe accinere qui vient de ad & canere : les Grecs l’appellent œpocudia , modulatio que fÿllabis adhibetur , venant de pos, prépoñtion greque qui entre dans la compofition des mots, & qui a divers ufages, & «du, cantus, chant. On l'appelle aufli rovoc, son. Il faut ici diftinguer la chofe, & le figne de la chofe. La chofe , c’eft la voix ; la parole, c’eft le mot, en tant que prononcé avec toutes les modifications établies pat l'ufage de la Langue que l’on parle. . Chaque nation , chaque peuple, chaque province, chaque ville même , differe d’un autre dans le lan- gage, non-feulement parce qu'on fe fert de mots différens , mais encore par la maniere d’articuler & de prononcer les mots. | Cette maniere différente ; dans l'articulation des mots , eft appellée acer. En ce {ens les mots écrits - a’ont point es ; car l’accent, ou l'articulation modifiée , ne peut affecter que l’oreille ; or l’écriture n’eft apperçue que par les yeux. C’eft encore en ce fens que les Poëtes difent : pré- tez l’oreille à mes triftes accens. Et que M. Peliffon difoit aux Réfugiés : vous tâcherez de vous former aux accens d’une langue étrangere. Cette efpece de modulation dans les difcours , particuliere à chaque pays, eft ce que M. PAbbé d'Olivet , dans fon excellent Traité de la Profodie, appelle accent national. - Pour bien parler une langue vivante , il faudroit avoir le même accent, la même inflexion de voix qu'ont les honnêtes gens de la capitale ; ainf quand on dif ; que pour bien parler françois il ne faut point avoir d’accent, on veut dire, qu'il ne faut avoir mi l’accent Italien , ni l’accent Gafcon , ni l’accent Picard , n1 aucun autre accent qui n’eft pas celui des honnêtes gens de la capitale, |; Accent, ou modulation de la voix dans le difcours; ACA 63 eft le genre dont chäque accent natiohal eft une ef | pece particuliere ; c’eft ainifi qu'on dit, l’accezt Gaf: con, l'accent Flamand, &c. L’accent Gafconéleve la voix où, félon lé bon ufage , on la baïfle : il abrege des fyllabes que le bon ufage allonge ; pr exemple un gafcon dit par confquent , au lieu de dire par con- _ fégrent ; il prononce féchément toutes les voyelles nazales an, en, in, on, un, &c. Selon le méchanifme des organes dé la parole , il y à plufieurs fortes de modifications particulieres à Obferver dans accent en général , & toutes ces mo- difications fe trouvent aufli dans chaque accent na- tional , quoiqu’elles foient appliquées différemment : Car , fi l’on veut bien y prendre garde , on trouve partout umifornuté & variété. Partout les hommes ont ün Vifage , & pas un ne reflemble parfaitement à un autre ; partout les hommes parlent , & chaque pays a fa maniere particulieré de parler, & de mo- difiér la voix. Voyons donc quelles font ces diffé rentes modifications de voix qui font comprifes fous le mot général accenr. Premierement, il faut obferver que les fyllabes en toute langue , ne font pas prononcées du même ton. Il y a diverfes inflexions de voix dont les unes élevent le ton, les autres le baiffent , & d’autres en: fin l’élevent d’abord , & le rabaïflent enfuite fur la mème fyllabe. Le ton élevé eft ce qu’on appelle ac- cent aigu ; le ton bas ou baïflé eft ce qu’on nomme accent gravé ; enfin, le ton élevé & baïflé fuccefi- veément & prefque en même tems fur la même fylla- be, eft l’accent circonflexe. # La nature de la voix eft admirable, dit Ciceron, » toute fofte de chant eft agréablement varié par le » ton circonflexe , par l’aigu & par le grave : orle » difcouts ordinaire, pourfuit-il , eft auffi une efpece »# de chant ». Mira ef? natura vocis , cujus quidem è tribus omnin0 fonis inflexo, acuto , gravi , tanta JE » G cam Jhavis varietas perfetla in cantibus. Eff autem in dicendo etram quidam cantus, Cic. Orator. n. XVII. & xXvir1. Cette différente modification du ton, tantôt aigu , tantôt grave, & tantôt circonflexe , eft encore fenfible dans le cri des animaux, & dans les inftru- mens de mufique. 2. Outre cette variété dans le ton , qui eft où grave ; Où aigu, ou circonflexe, il y a encore à ob- ferver le tems que l’on met à prononcer chaque fyl- Jabe. Les unes font prononcées en moiïns de tems que les autres , & l’on dit de celles-ci qu’elles font longues , & de celles-là qu’elles font breves. Les bre- ves font prononcées dans le moins de tems qu'il eft poffble ; aufli dit-on qu’elles n’ont qu’un tems, c’eft- a-cire ; une mefure , un battement ; au lieu que les longues en ont deux ; & voilà pourquoi les Anciens doubloient fouvent dans l'écriture les voyelles lon- gues, ce que nos Peres ont imite en écrivant aage, &c. 3. On obferve encore l’afpiration qui {e fait de- vant les voyelles en certains mots, & qui ne fe pra- tique pas en d’autres, quoiqu'avec la même voyelle & dans une fyllabe pareille : c'eft ainfi que nous prononçons Ze héros avec afpiration, & que nous di- {ons l’héroëne , l’héroifine & les vertus héroïques | fans afpiration. 4. À ces trois différences , que nous venons d’ob= ferver dans la prononciation , 1l faut encore ajoù- ter la varièté du ton pathétique, comme dans lin- terrogation ; l'admiration , l'ironie , la colere &c les autres pañons : c’eft ce que M. l'Abbé d'Olivet ap- pelle laccent oratoire. s. Enfin, il y a à obferver les intervalles que l’on met dans la prononciation depuis la fin d’une pério- de jufqu'au commencement de la période qui fuit, & entre une propoñtion & une autre propofition ; entre un incife , une parenthefe , une propofition in- .. cidente , & les mots de la propoñtion principale C4 À C C dans lefquels cet incife, cette parenthefe ou cette propoñtion incidente font enfermés. Toutes ces modifications de la voix, qui font très- {enfibles dans l’élocution , font , ou peuvent être , marquées dans l'écriture par des fignes particuliers que les anciens Grammairiens-ont auf appellés ac- cens ; ainf ils ont donné le même nom à la chofe, & au figne de la chofe. | Quoique lon dife communément que ‘ces fignes, ou accens , font ne invention qui n'eft pas trop an- : Cienne, & quoiqu’on montre des manufcrits de mille ans , dans lefquels'on ne voit aucun de cés fignes , &c où les mots {ont écrits de fuite fans être féparés les uns des autres, jai bien de la peine à croire que Jorfqu'une langue a-eu acquis un certain degré de perfection , loriqw’elle ‘a eu des Orateurs & des Poe- tes , & que les Mufes ont join de la tranquillité qui leur eft néceflaire pour faire ufage de leurs talens ; j'ai, dis-je , bien de la peine à me perfuader qu'alors Tes copiftes habiles n’aient pas fait tout ce qu'il fal- loit pour peindre la parole avec toute l’exaëtitude dont ilsétoient capables ; qu’ils n’aient pas féparé les mots par de petits intervalles , comime nous les fépa- sons aujourd'hui , & qu'ils ne fe foient pas fervis de quelques fignes pourindiquer la bonne prononciation. Voici un paffage de Ciceron qui me paroît prou- vér bien clairement qu'il y avoit de fon tems des notes ou fignes dont les copiftes faifoient ufage. irc diligentiam fubfequitur modus etiam & forma verborum. Verfus enim veteres ill: , in häc folutä oratione propemo- dum ; hoc ef? , numeros quofdam nobis re adhibendos putaverunt. Interfpirationis enim , non de atigationis RO 1r@ , neque LIBRARIORUM NOTIS , Jed verborum 6 fententiarum modd , interpunttas claufulas in orationi- Bus effé voluerunt : idque, princeps Tfocrates inflituiffe fertur.. Cic. Orat..Hv. IL. n. xLIV. « Les Anciens, # dit-il, ont voulu qu'il y eût dans la profe même -» des intervalles , des féparations du nombre & de » la mefure comme dans les vers; & par ces interval- . # les, cette mefure, ce nombre , ils ne veulent pas » parler ici de ce quieftdéjà établi pou la facilité de # la refpiration & pour foulager la poitrine de l’Ora- »# teur , ni des notes ou fignes des copiftes.: mais ils » veulent parler de cette maniere de prononcer qui # donne de l’ame & du fentiment aux mots & aux # phrafes, par une forte de modulation pathétique ». Il me femble ,'que l’on peut conclurre de ce paffage, que les fignes, les notes , les accens étoient connus & pratiqués dès avant Ciceron , au moins par les copiites habiles. ffdore , qui vivoit il y a environ douze cens ans, après avoir parlé des accens, parle encore de cer- taines notes qui étoient en ufage, dit-il, chez les Au- teurs célebres , & que les Anciens avoientinventées, pourfuitil, pour la diftinétion de l'écriture , & pour montrer la raïfon , c’eft-à-dire , le mode, la maniere de chaque mot &r de chaque phrafe. Prærerea quædam Jféntentiarum note apud celeberrimos auéfores fuerunt , quafque antiqui ad difinitionem fcripturarum , carmini- bus @ hifloriis appoluerunt ; ad demon/trandam unam- guanque verbi fententiarurmique , ac verfuum rationem. Hd. Orig. Liv. I. c. xx. | Quoi qu'il en foit , il eft certain que la maniere d'écrire a été fujette a bien des variations, comme tous les autres Arts. L’Architeture eft-elle aujour- d’hui en Orient dans le même état où elle étoit quand on bêtit Babylone ou les pyramides d'Egypte? Ainf fout ce que l’on peut conclurre de ces manuferits , où l’on ne voit ni diftance entre les mots, niaccens, ni points , ni virgules, c’eft qu'ils ont été écrits, ou dans des tems d'ignorance , ou par des copiites peu imftruits. Les‘Grecs paroïffent être les premiers qui ont in- troduit l’ufage des açcens dans Pécriture. L'Auteur ACC de la Mérhode Greque de P. R. L pags. +46.) obferve ie la bonne prononciation de la langue Greque étant naturelle aux Grecs , il leur étoit inutile de la marquer par des accens dans leurs écrits; qu’ainfiil y'a bien de l'apparence qu'ils ne commencerent à en faire ufage que lorfque les Romains, curieux de s’inf- truire de la langue Greque, envoyerent leurs en- fans étudier à Athenes. On fongea. alors à fixer la prononciation , & à la faciliter aux étrangers; ce qui arriva, poutfuit cet Auteur, un peu avant le tems de -Ciceron. 8 Au refte, ces accens des Grecs n’ont eu pour ob- jet que les inflexions de la voix, en tant qu’elle peut être ou élevée ou rabaïfée. TS . L'accent aïgu que l’on écrivoit de dfoit à gauche”, marquoit qu'il falloit élever la voix en prononçant la voyelle fur laquelle il étoit écrit. L'accent grave , ainfi écrit , marquoit au con- traire qu'il falloit rabaifer la voix. L'accent circonflexe eft compotfé de l’aigu & du grave * , dans Ja fuite les copiftes larrondirent de cette maniere”, ce qui n'eft en ufage que dans le: grec. Cet accent étoit deftiné à faire entendre qu’a- près avoir d’abord élevé la voix, il falloiït la rabaïfter fur la même fyllabe. nl Les Latins ont fait le même ufage de ces trois ac- cens. Cette élevation & cette dépreffion de la voix étoient plus fenfibles chez les Anciens , qu’elles ne le font parmi nous ; parce que leur prononciation étoit plus foûtenue & plus chantante. Nous avons pour- tant aufli éleyement & abaïflement de la voix dans notre maniere de parler , & cela indépendamment des autres mots de la phrafe; enforte que les fylla- bes de nos mots font élevées & baiflées felon Pac- cent profodique ou tonique , indépendamment de l’accent pathétique , c’eft-à-dire , du ton que la paf- fion & le fentiment font donner à toute la phrafe: car il eff de la nature de chaque voix , dit PAuteur de la Méthode Greque de P. R. ( pag. 551. ) d’avoir quelque éleyement qui foûtienne la prononciation , & cet élevement eft enfuite modéré & diminué , & ne porte pas fur les fyllabes fuivantes. -Cet accent profodique , qui ne confifte que dans l’élevement ou l’abaiflement de la voix en certaines fyllabes , doit être bien diftingué du ton pathétique ou ton de fentiment. Qu'un Gafcon, foït en interrogeant , foit dans quelqu’autre fituation d’efprit ou de cœur , prononce le mot d'examen , il élevera la voix fur la premiere fyllabe , la foûtiendra fur la feconde, & la laiffera tomber fur la derniere , à peu près comme nous laif- fons tomber nos e muets ; au lieu que les perfonnes qui parlent bien. françois prononcent ce mot, em toute occafion, à peu près comme le datyle des Latins , en élevant la premiere , paflant vite fur la feconde , & foûtenant la derniere. Un gafcon, en prononçant cadis , éleve la premiere fyllabe ce, &c laiffe tomber dis comme fi ds étoit un e muet : au contraire , à Paris , on éleve ia derniere dis. Au refle , nous ne fommes pas dans lPufage de marquer dans l’écriture , par des fignes ou accens, cet élevement & cet abaïfflement de la voix : notre prononciation ; encore un coup, eft moins foïtenue & moins chantante que la prononciation des An- ciens ; par conféquent la modification ou tonde voix dont il s’agit nous eft moins fenfble ; Phabitude augmente encore la difficulté de démêler ces diffé- rences délicates. Les Anciens prononçoïeñt , au moins leurs vers , de façon qu'ils pouvoïent mefurer par des battèmens la durée des fyllabes. Ad/uerarm moram pollicis fonore vel plaufu pedis , difériminare , qui docent artem , folent. ( Terentianus Maurus de Metris fub med. ) ce que nous ne pouvons faire qu’en chantant, Enfin, en toutes fortes Te ora- oies ACC toires , foit en interrogéant, en admirañt , en nous fâchant , Ge. les fyllabes qui précedent nos e muets ne font-elles pas foûtenues & élevées comme elles le font dans le difcours ordinaire? 14 Cette différence entre la prononciation des An- ciens & la nôtre , me paroït être la véritable raïon pour laquelle , quoique nous ayons une quantité comme ils en avoient une ; cependant la différence ” de nos longues & de nos breves n'étant pas égale- ment fenfible en tous nos mots , nos vers ne font formés que par lharmonie qui réfulte du nombre des fyllabes , au lieu que les vers grecs & les vers latins tirent leur harmonie du nombre des piés af- {ortis par certaines combinaïfons de longues & de breves. | « Le daëtyle , l’iambe & les autres piés entrent » dans le difcours "ordinaire , dit Ciceron , & l’audi= » teur les reconnoît facilement», eos facile agnofit auditor. ( Cic. Orator, n. LVI.) « Si dans nos Théas » tres , ajoûte-t-1l, un Aëteur prononce une fyllabe » breve ou longue autrement qu’elle ne doit être » prononcée , felon Pufage , ou d’un ton grave ou » aigu ; tout le peuple fe récrie. Cependant, pour: » fuitil; le peuple n’a point étudié la regle de no- » tre Profodie ; feulement il fent qu’il eft bleffé par la » prononciation de l’Aéteur : mais il ne pourroit pas » démêler en quoi ni comment ; 1l n’a fur ce point d’au- » tre regle que le difcérnement de l'oreille ; & avec ce » feul fecours que la nature & l’habitude lui donnent, » il connoît les longues & les breves , & diftingue » le grave de l’aigu ». Theatra tota exclamant , fi fuit una Jÿyllaba brevior aut longior. Nec verd multitudo pe- des novit, nec ullos rumeros tenet : nec illud quod of- féndit aut cur, autin quo offéndat INTELLIGIT , & tamen omnium longitudinum © brevitatum in fonis , fe- eue acutarum graviumqe Vocum ; judicium 1pfa natura in auribus noftris collocavir. ( Cic. Orat. n. Lr. fin. ) Notre Parterre démêle , avec la même finefle , ce qui eft contraire à l’ufage de la bonne prononcia- tion ; & quoique la multitude ne fache pas que nous avons un e ouvert, un e fermé & un e muet, l’Ac- teur qui prononceroit l’un au lieu de l’autre feroit filé. Le célebre Lully a eu prefque toùjoursune extrème attention à ajufter {on chant à la bonne prononcia- tion ; par exemple 1l ne fait point de tenue fur les fyllabes breves, ainfi dans lopera d’Atis, Vous vous éveillez fe matin ; le de matin eft chanté bref tel qu'il eft dans le dif- cours ordinaire ; & un Aëteur qui le feroit long com- me il left dans métiz, gros chien , feroit également fiflé parmi nous , comme il l’auroit été chez les An- ciens en pareil cas. Dans la Grammaire greque , on ne donne le nom d’accenr qu'à ces trois fignes, l’aigu", le stave & le circonflexe” , qui fervoient à marquer le ton, c’eft-à-dire l’élevement & l’abaflement de la voix ; les autres fignes , qui ont d’autres ufages , ont d’au- tres noms, comme l’efprit rude , l’efprit doux, &c. C’eft une queftion s'il faut marquer aujourd’hui ces accens & ces efprits fur les mots grecs : le P. Sa- nadon , dans fa préface fur Horace, dit qu'il écrie Le grec fans accens. En effet, il eft certain qu’on ne prononce les mots des langues mortes que felon les inflexions de la lan- gue vivante ; nous ne faïfons fentir la quantité du grec & du latin que fur la pénultieme fyllabe , en- core faut-il que le mot ait plus de deux fyllabes : mais à l'égard du ton ou accent, nous avons perdu fur ce point l’ancienne prononciation ; cependant ; pour ne pas tout perdre , & parce qu'il arrive fou- vent que deux mots ne different entreux que par Paccent , je crois ayec l’Auteur de la Méthode gre- Tome LI, À G C 65 que.de P. R. que nous devons conferver les accens en écrivant le grec : mais j’ajoûte que nous ne de- vons les regarder que comme les fignes d’une pro< nonciation qui n’eft plus ; & je fuis perfuadé que les Savans qui veulent aujourd’hui régler leur pronon- ciation fur ces accens, feroient fiflés par les Grecs. mêmes sl étoit poffible qu'ils en fuflent entendus, . À l'égard des Latins ; on croit communément que les accens ne furent mis en ufage dans l’écriture que pour fixer la prononciation , & la faciliter aux étran- JC OI | | TES . Aujourd’hui, dans la Grammaire latine , on né donne le nom d’accent qu'aux trois fignes dont nous avons parle , le grave, l’aigu & le circonflexe, & ce dernier n’eft jamais marqué qu’ainfi * , & non° COMME ÉTÉ ur, ADN vie | Les anciens Grammairiens latins n’avoient pas reftraint le nom d’accent à ces trois fignes. Prifcien , qui vivoit dans le fixieme fiecle | & [fidore , qui vi- voit peu de tems après , difent également que les Latins ont dx accens, Ces dix accens , {elon ces Au teurs , font ; 1. L'accent aigu 2. Le grave 3. Le circonflexe ”! be | 4. La longue barre , pour marquer une voyelle longue — , longa linca, dit Prifcien ; /onga vireula , dit [fidore. 5. La marque de la brieveté d’une fyllabe, érevis virgula V, DA mer | | 6. L’hyphen qui fervoit à unir deux mots, com- me ante-tulit ; 1ls le marquoient ainfñ, felon Prif- cien & , & ainf felon Ifidore .n. Nous nous fer- yons du tiret on trait d’union pour cet ufage, porre- manteau,arc-er-ciel ; ce mot hyphen eft purement grec, vo , Jub , & &y, unum. | 7. La diaftole au contraire étoit une marque de féparation ; on la marquoit ainfi > fous le mot , /4p= pofita verfui. (Ifid. de fig. accentuum). 8. L’apoftrophe dont nous nous fervons encore 5 les Anciens la mettoient auf au haut du mot pour marquer la fupprefñion d’une lettre , l'ame pour Le ame, 9. La Aaréu ; c’étoit le figne de l’afpiration d’une voyelle, RAC, Jurve ; hirfutus, hériflé , rude. On le marquoit ainfi fur la lettre‘ , c’eft l’efprit rude des Grecs, dont Les copiftes ont fait l’z pour avoir la fa: cilité d'écrire de fuite fans avoir la peine de lever la plume pour marquer l’efprit fur la lettre afpirée. 10. Enfin, le Jan , qui marquoit que la voyelle ne devoit point être afpirée ; c’eft l’elprit doux des Grecs, qui étoit écrit en fens contraire de l’efprit rude. ; _Ils avoient encore ; comme nous , lafférique &c plufeurs autres notes dont [fidore fait mention, Orig, div. 1. & qu'il dit être très-anciennes.. Pour ce qui eft des Hébreux, vers le cinquieme fiecle , les Docteurs de la fameufe Ecole de Tibé- riade travaillerent à la critique des Livres de l’Ecri- ture-fainte , c’eft-à-dire , à diftinguer les livres apo- cryphes d'avec les canoniques : enfuite ils les divi- ferent par feétions & par verfets ; ils en fixerent la leéture & la prononciation par des points, & par d’autres fignes que les Hébraïfans appellent accezs ; deforte qu'ils donnent ce nom , non-feulement aux fignes qui marquent l’élevation & l’abaïffement de la voix, mais encore aux fignes de la ponétuation. Aliorum exemplo excitati vetuffiores Mafforeræ kuc malo obviam ierunt | voceque à vocibus diflinxerunt interjeélo vacuo aliquo fpatiolo ; verfus verd ac perio- das notulis quibufdam , feu ut vocant accentibus , quos eam ob caufam ACCENTUS PAUSANTES 6 DISTIN- GUENTES ; dixerunt, Malclef, Gram, Hébrai. 1731. torn, I. pag, 34. À * Ces Doûeurs furent appellès Mafforeres, du mot #affore, qui veut dire tradition; parce que ces Doc- teurs s’attacherent dans leur opération à conferver , autant qu'il leur fut pofñible , la tradition de leurs Péres dans la maniere de lire & de prononcer. ‘ À notre égard , nous donnons lé nom d’accenr premierement aux inflexions de voix, & à la ma- mere de prononcer des pays particuliers ; ainfi, comme nous l'avons déjà remarqué , nous difons l'accent Gafton, 8&tc. Cet homme a l'accent étranger, c’eft-à-dire , qu’il a des inflexions de voix & une maniere de parler, qui n’eft pas celle des perfonnes nées dans la capitale. En ce fens , accent comprend l’élevation de la voix , la quantité & la prononcia- tion particuliere de chaque mot & de chaque fyllabe. En fecond lieu , nous avons confervé le nom d’ac- cent à chacun des trois fignes du ton qui eft ou aigu, ou grave , ou circonflexe : mais ces trois fignes ont perdu parmi nous leur ancienne deftination ; ils ne {ont plus , à cet égard , que des accens imprimés : voici l’ufage que nous en faifons en Grec , en Latin, & en François. A l'égard du Grec, nous le prononçons à notre ma- mere, & nous plaçons les accens felon les regles que les Grammairiens nous en donnent, fans que ces ac- cens nous fervent de guide pour élever , où pour abaïfler le ton. Pour ce qui eft du Latin , nous ne faifons fentir aujourd’hui la quantité des mots que par rapport à la penultieme fyllabe ; encore faut-il que le mot ait plus de deux fyllabes ; car les mots qui n’ont que deux fyllabes {ont prononcés également, foit que la premiere foit longue ou qu’elle foit breve : par exem- -ble , en vers, l’a eft bref dans parer & long dans 77a- tr , cependant nous prononçons l’un & l’autre com- me s'ils avoient la même quantité. Or, dans les Livres qui fervent à des leétures pu- bliques , on fe fert de l’accent aïgu , que lon place différemment , felon que la pénultieme eft breve ou longue : par exemple, dans waturinus , nous ne fai- fons fentir la quantité que fur la pénultieme # ; & parce que cette pénultieme eft longue , nous y met- tons l’accent aigu, atutinus. Au contraire , cette pénultieme # eft breve dans ferdtinus ; alors nous mettons l’accent aigu fur Pante- penultieme ro , foit que dans les vers cette pénultie- me foit breve ou qu’elle foit longue. Cet accent aï- gu fert alors à nous marquer qu'il faut s’arrêter com- me fur un point d'appui fur cette antépénultieme accentuée , afin d’avoir plus de facilité pour pañler légerement fur la pénultieme , & la prononcer breve. Au refte, cette pratique ne s’obferve que dans les Livres d’Eglife deftinés à des leétures publiques. I feroit à fouhaiter qu’elle fût également pratiquée à Pégard des Livres Claffiques , pour accoûütumer les jeunes gens à prononcer régulierement le Latin. Nos Imprimeurs ont confervé l’ufage de mettre un accent circonflexe fur l’4 de l’ablatif de la pre- miere déclinaifon. Les Anciens relevoient la voix fur l’a du nominatif, & le marquoient par un accent aigu, #uf4 , au lieu qu’à l’ablatif ils Pélevoient d’a- bord , & la rabaifloient enfuite comme s’il y avoit eu muféa ; & voilà l’accent circonflexe que rous avons confervé dans l’écriture , quoique nous en ayons perdu la prononciation. On fe {ert encore de l’accent circonflexe en Latin quand il y a fyncope , comme virdm pour virorum ; feffertiäim pour feflertiorum. On emploie l’accent grave fur la derniere fyllabe des adverbes , malè, benè , dit, &tc. Quelques-uns même veulent qu’on s’en ferve fur tous les mots in- déclinables , mais cette pratique n’eft pas exaéte- ment fuivie. 4, Nous avons confervé la pratique des Anciens à ACC Pégard de laccent aigu qu'ils marquoïent far la fyl- labe qui eft fuivie d'un enclitique , arma virdmque . cano. Dans virumque on éleve la voix fur lz de wi- rum , & on la laïfle tomber en prononçant 94, qui eft un enclitique. Me, vefont aufh deux autres en- clitiques ; deforte qu’on éleve le ton fur la fyllabe qui précede l’un de ces trois mots , à peu près com- me nous élevons en Françoïs la fyllabe qui précede un e muet : ainfi, quoique dans wener le de la pre- miere fyllabe me foit muet , cet e devient ouvert, & doit être foûtenu dans je mere, parce qu’alors il eff fuvi d’une muet qui finit le mot ; cet e final devient plus aifément muet quand la fyllabe qui le précede éft foûtenue. C’eft le méchanifme de la parole qui produit toutes ces variétés , qui paroïffent des bifar- reries ou des caprices de l’ufage à ceux qui ignorent les véritables caufes des chofes. Au refte, ce mot enclitique eft purement Grec , & vient d’éysaivo , inclino, parce que ces mots font comme inclinés & appuyés fur la derniere fyllabe du mot qui les précede. Obfervez que lorfque ces fyllabes, gue , me, ve, font partie eflentielle du mot , deforte que fi vous les retranchiez, le mot n’auroit plus la valeur qui lui eft propre ; alors ces fyllabes n’ayant point la fignifica- tion qu’elles ont quand elles font enchtiques , on met l’accent , comme 1l convient , felon que la pé- nultieme du mot eft longue ou breve; ainfi dans br que on met l’accent fur la pénultieme , parce que lz eft long , au lieu qu’on le met fur l’antépénultieme dans dénique , 4ndique , drique. Tue On ne marque pas non plus Paccent fur la pénul- tieme avant le ze interrogatif , lorfqw’on éleve la voix fur ce ze, ego-ne ? ficci-ne ? parce qu’alors ce ze eft aigu. Il feroit à fouhaiter que lon accoütumât les jeu- nes gens à marquer les accens dans leurs compof- tions. Il faudroit auffi que lorfque le mot écrit peut avoir deux acceptions différentes, chacune de ces acceptions fat diftinguée par l'accent ; ainfi quand occido vient de cado . Vi eft bref & l’accent doit être fur l’antépénultieme , au lieu qu’on doit le marquer fur la pénultieme quand il fignifie ser ; car alors l’£ eftlong , occédo , &T cet occido vient de cædo. Cette diftin@ion devroit être marquée même dans les mots qui n’ont que deux fyllabes , ainfi 1l fau- droit écrire Zépir , il lit, avec l’accent aigu , & /évrr, il a là, avec le circonflexe ; vexir , 1l vient , & véur, il eft venu. A l'égard des autres obfervations que Îles Gram- mairiens ont faites fur la pratique des accens , par exemple quand la Méthode de P. R. dit qu’au mot muliéris ,1l faut mettre l’accent fur le, quoique'bref, qu'il faut écrire ffés avec un circonflexe, /pés avec un aigu, 6. Cette pratique n'étant fondée que fur la prononciation des Anciens , il me femble que non- feulement elle nous feroit inutile , mais qu’elle pour- roit même induire les jeunes gens en erreur en leur faifant prononcer z#uliéris long pendant qu'il eft bref, ainfi des autres que l’on pourra voir dans la Méshode de P. R. pag. 733. 733, &tc. Finiflons cet article par expofer l’ufage que nous faïfons aujourd’hui, en François, des accens que nous ayons recüs des Anciens. Par un effet de ce concours de circonftances , qui forment infenfiblement une langue nouvelle , nos Peres nous ont tranfmis trois {ons différens qu'ils écrivoient par la même lettre e, Cestrois fons , qui n’ont qu'un mème figne ou caraétere , font , 1°. L’e ouvert , comme dans fèr , Jupiièr, la rèr ; | LVenfèr, Gc. 2°, L’e fermé, comme dans horté, charité, Grc. 3°. Enfin le muet , comme dans les monofyllabes À CC mere, dé, te,fe,le,& dans la derniere dé done, ame, vie, RC pe Ces trois {ons différens fe trouvent dans ce feul mot , fermeté ; le eft ouvert dans [a premiere fyllabe fèr , il eftrmuet dans la feconde 7%e, & il eft fetmé dans la troïfieme #4 Ces trois fortes d’e fe trouvent ‘encore en d’autres mots , comme #èrreré, évêque , [e- vère , repéché , &c. Ù Les Grecs avoient un caractere particulier pour Pebref : , qu'ils appelloient épfflon , din, c’eft-à- dire « petit, & ils avoient une autre figure pour l’e long, qu’ils appelloient Eta, ire; is avoient aufli un o bref, omicron ;:ouunpor , &un'o lon, omega , œutya. Il y a bien del’apparence que l’autorité publique, ou quelque corps reipettable,, &le concert des co- piftes avoient concouru à ces établiflemens. Nous r’avonspasété fiheureux : ces finefles & cette exattitude grammaticale ont pañlé pour des minuties indignes de Pattention des perfonnes élevées. Elles ont pourtant occupé les plus grands des Romains, parce qu’elles font Le fondement de l’art oratoire, qui conduifoit aux'grandes places de la République. Ciceron , qui d'Orateur devint Conful , compare ces minuties aux racines des arbres. « Elles ne nous » offrent, dit-il, rien d’agréable : mais c’eft delà, » ajoûte-t-l, que viennent ces hautes branches & » ce verd feuillage, qui font l’ornement de nos cam- » pagnes ; & pourquoi méprifer lesracines , puifque » fans le fuc qu’elles préparent ; & qu'elles diftri- » buent , vous ne fauriez avoir ni les branches ni » le feuillage ». De fyllabis propemodum denumeran- dis G dimeñiendis loquemur ; que etiamft funt , ficut rnihi videntur, necelfaria , tamen funt magnificentins ; quam docentur. Ef? enim hoc ommind verum , [ed pro- Prè 1r hoc dicitur. Nam ommum magnarum artium , Jicut arborum, latitudo nos deleëlat ; radices flirpefque non item : fed, effe illa fêne his , non poteft. Cic. Orat. fn. XLIIT, I y a bien de Papparence que ce n’eft qu’infenf- blement que l’e a eu les trois fons différens dont nous venons de parler. D’abord nos Peres conferverent le cara@tere qu'ils trouverent établi , & dont la va- leur ne s’éloignoit jamais que fort peu de la premiere infhitution. | Mais lorfque chacun des trois fons de le eft de- venu un fon particulier de la langue , on auroit dû donner à chacun un figne propre dans l’écriture. - Pour fuppléer à ce défaut, on s’eft avifé , depuis environ cent ans, de fe fervir des accens, & l’on a cru que ce fecours étoit fufifant pour diftinguer dans l'écriture ces trois fortes d’e, qui font fi bien ciftingués dans la prononciation. Cette pratique ne s’eft introduite qu'infenfible- ment, & n'a pas été d’abord fuvie avec bien de VPexaétitude : mais aujourd’hui que lufage du Bureau typographique , &c la nouvelle dénomination des lettres ont inftruit les maîtres & les éleves ; nous voyons que les Imprimeurs & les Ecrivains font bien plus exas fur ce point, qu’on ne l’étoit il y à mê- me peu d'années : & comme le point que les Grecs ne mettoient pas fur leur iota , qui eft notrez , eft devenu efflentiel à l’, il femble que l'accent devien- ne, à plus jufte titre , une partie eflentielle à l’e fer- mé, & à le ouvert, puifqu'il les caraétérife. 1°, On fe fert de Paccent aigu pour marquer le fon de l’e fermé , bonté , charité , aimé. 2°. On emploie Paccent grave fur l’e ouvert, pro- cès , accès , fuccès. Lorfqu'’un e muet eft précedé d’un autre e, celui- ci eft plus ou moins ouveït ; s’il eft fimplement ou- vert, on le marque d’un accent grave, i/ mène , il pèfe ; s’il eft très-ouvert, on le marque d’un accent circonflexe , & s’il ne l’eft prefque point & aw’il foit feulement ouvert bref, on {e contente de l’accent Tome. A € C 67 du Aipit, M0 pére, une régle ! quelques-uns pourtant y mettent le grave. | I] feroit à fouhaïter que l’on introduisit un accent perpendiculaire qui tomberoit fur le mitoyen , & qui ne {eroit ni grave ni aiou. V2 Quand l’e’eft fort ouvert, on fe feit de l'accent circonfiexe , rte, tempête ; même, &c. Ces mots , qui font aujonrd'hui ainfi accentués, fürent d'abord écrits avec une f',#e/e # on pronon- çoit alors cette f comme on le’ fait ericoré dans nos Provinces méridionales «Béffe!, refle | &ce. dans la fui: te on retrancha l’/ dans la prononciation, & on la laïfa dans l'écriture | parce que les yeux y étoient accoûtumés , & au lieu de cètte f’, on fit la fyllabe longue, & dans la fuite on a marqué cette longueur par l'accent circonflexe. Cet accent ne marque donc que la léñpueur de la voyelle , & nullement la fup- preflion de ls. Onmet auf cet accent fur /evérre, le nôtre, apôtres bientôt , maïtre, afin qu'il donnät , GC. où la voyelle eft longue : vorre & norre, {uivis d’un fubftantif, n’ont point d’accent, On métl’accent grave fur la, prépoñition ; rezdez a Cefar cé qui appartient à Cefar. On né met point d’accent fur « , verbe ; / à, habet, On met ce même accent fur 44, adverbe; ileff La, On n’en met point fur /a., article ; la raifon, On écrit hola avec l'accent grave. On met encore l’accent grave fur 0%, adverbe ; o2 eff-il ? cet o4 vient de Pub des Latins, que l’on prononçoit oubi, & l’on ne met point d’accent fur 04 , conjon@on alternati- ve, vous ou moi ; Pierre ou Paul : cet ou Vient de awr. J'ajoûterai , en finiflant, que l’ufage n’a point en- core établi de mettre un accent fur le ouvert quand cet e eft fuivi d’une confone avec laquelle il ne fait qu'une fyllabe ; ainfi on écrit fans accent , /a mer, le fer, les hommes , des hommes. On ne met pas non plus d’accent fur le qui précede l’r de l’infinitif des verbes, aimer, donner. Mais comme les Maîtres qui montrent à lire , fe- lon la nouvelle dénomination des lettres, én faifant épeler , font prononcer l’e ou ouvert on fermé ; {e- lon la valeur qu'il a dans la fyllabe , avant que de faire épeler la confone qui fuit cet é, ces Maîtres , auffi-bien que les Etrangers, voudroient que, com- me on met toùjours le point fur lz, on donnât toù- jours à le, dans l’écriture , l'accent propre à en mar- quer la prononciation ; ce qui feroit, difentäls, & plus uniforme, & plus utile. (F) Accent aigu”. Accent bref , ou marque de la brié- veté d’une fyllabe ; on lécrit ainf v fur la voyelle. Accent circonflexe * &”. - Accent grave", Accent long—, qu’on écrit fur une voyelle pour marquer qu’elle eft lon- gue. Voyez ACCENT, ACCENT, quant à la formation , c’eft, difent les Ecrivains, une vraie virgule pour laigu , un plain oblique incliné de gauche à droite pour le srave, ëc un angle aigu, dont la pointe eft en haut , pour le cir- conflexe. Cet angle fe forme d’un mouvement mixte es doigts & du poignet. Pour accent aigu & l’ac- cent grave , ils fe forment d’un feul mouvement des doigts. : ACCEPTABLE , adjet. fe dit ex Palais des of- fres, des propofitions , des voies d’accommodement qui font raïlonnables, & concilient autant qu'il eft pofñble les droits & prétentions refpectives des par- ties litigeantes. (A) ACCEPTATION, ff. dans un fens général, Paétion de recevoir & d’agréer quelque chofe qu’on Li 68 À 6 € nous offre | confentement {ans lequel l’ofre qu'on nous fait ne fauroit être effectuée. Ce mot vient du latm acceptatio, qu fignifie la même chofe. L'ACCEPTATION d’une. donation eft néceflaire pour fa validité : c’eft une folemnité qui y eft effen- tielle, Or l'acceptation , difent les Jurifcon{ultes , eft le concours de la volonté, ou l'agrément du dona- taire, qui donne la perfeétion à l’aéte , & fans lequel le donateur peut révoquer fa donation quand il lui plaira. Voyez DONATION, Ec. En matiere bénéficiale ; les Canoniftes tiennent que l’acceptation doit être fignifiée dans le tems mé- me de la réfignation , & non ex intervallo. En matiere eccléfaftique , elle fe prend pour une adhéfion aux conftitutions des Papes ou autresaétes, par lefquelles 1ls ont été reçus & déclarés obligatoi- res. Voyez CONSTITUTION, BULLE, 6c. Il ya deux fortes d'acceptation ; l’une folemnelle, & l’autre tacite. L’acceptation folemnelle eft un aëte formel, par lequel lacceptant condamne expreflément quelque erreur ou quelque fcandale que le Papea condamné. Quand une conflitution a été acceptée par tous ceux qu’elle regarde plus particulierement, elle eft fuppofée acceptée par tous les Prélats du monde chré- tien qui en ont eu connoïflance : & c’eft cet acquief- cement qu’on appelle accepration tacite. En ce {ens la France, la Pologne &c autres Etats, ont accepté tacitement la conflitution contre la doc- trine de Molinos &c des Quiétiftes. De même l’Alle- magne , la Pologne & autres Etats catholiques, ont accepté tacitement la conftitution contre Janfénius. Voyez MOLINISTE, JANSÉNISTE, 6. ACCEPTATION, en fyle de Commerce, fe dit des lettres de change &c billets à ordre. Or accepter une lettre de change, c’eft reconnoïtre qu’on ef débiteur de là fomme y portée, & s'engager à la payer à fon échéance ; ce qui fe fait en appofant fimplement par l’accepteur fa fignature au bas. Voyez LETTRE DE CHANGE. L’acceptation fe fait ordinairement par celui fur qui la lettre eft tirée lorfqw’elle lui eft préfentée par celui en faveur de qui elle eft faite , ou à l’ordre de qui elle eftpañlée. T'ant que l’accepteur-eft maître de {a fignature, c’eft-à-dire jufqu’à ce qu'il ait remis la lettre acceptée au porteur, il peut rayer fon accepta- tion : mais 1l ne le peut plus quand il l’a une fois dé- livrée. Voyez ACCEPTEUR. Les lettres payables à vüe n’ont pas befoin d’ac- ceptation , parce qu'elles doivent être payées dès qu'on les préfente , ou à défaut de payement, pro- teftées. Dans les lettres tirées pour un certain nome bre de jours après la vüe, acceptation doit être da- tée; parce que c’eft du jour d’icelle que le tems court. La maniere d'accepter dans ce cas, eft de mettre au bas, J’accepte pour tel jour, & de figner. Les lettres de change payables à jour nommé, ou à ufance , ou à double ufance, n’ont pas befoin d’être datées ; l’ufance fervant aflez pour faire connoître la date du billet. Voyez UsancE. Pour accepter celles- ci , il n’eft queftion que d'écrire au bas, Accepté, & de figner. Si le porteur d’une lettre de change n’en fait point faire l'acceptation à tems , il n’a plus de garantie fur le tireur. Voyez PORTEUR. S'il fe contente d’une zc- ceptation à payer dans vingt jours après vüe , tandis que la lettre n’en portoit que huit, les douze jours de furplus font à fes rifques ; enforte que fi pendant ces douze jours l’accepteur venoit à faillir , il n’auroït pas de recours contre le tireur. Et fi le porteur fe con- tente d’une moindre fomme que celle qui eft portée par la lettre, le reftant eft pareïllement à fes rifques, Voyez PROTÈT , ENDOSSEMENT. (H) à CG € * IL y'a des acceptations fous condition en certain cas, comme font celles de payer à foi-même, celles qui {e font fous protêt fimple , & celles fous protêt pour mettre à compte. ACCEPTER wre lettre de change , c’eft la fout crire, s'engager au payement de la fomme qui y eft portée dans le tems marqué ; ce qui s'appelle accepter pour éviter à protèt. Voyez LETTRE DE CHANGE @ PROTÉT. Il faut prendre garde à ne point accepter des let- tres que l’on n'ait provifion en main, ou qu’on ne foit certain qu’elle fera remife dans le tems SUCAT quand une fois on a accepté une lettre, on en de- vient Le principal débiteur : il la faut abfolument ac- quiter à {on échéance , autrement on feroit pourfuivi à la requête de celui qui en eft le porteur , après le protèt qu’il en auroit fait faire faute de payement. Il eft d’ufage de laifler les lettres de change chez ceux fur qui elles font tirées pour les accepter : mais les Auteurs qui ont écrit du Commerce, remarquent que cet ufage eft dangereux , & que furtout quand une lettre de change eff fignée au dos pour acquit, & qu'elle n’eft pas encore acceptée, comme il peut atniver quelquefois , alors 1l ne faut jamais la laifler , pour quelque raïon que ce foit , chez celui qui doit laccepter , parce que sil étoit de mauvaïe foi il pourroit en méfufer. Si cependant celui chez qui une lettre de change a été laiflée pour accepter , la vou loit retenir fous quelque prétexte que ce fût, la diffi- culté qu'il feroit de la rendre vaudroit acceptation, & il feroit obligé d’en payer le contenu. Nous obferverons pour ceux qui veulent fe mêler du commerce des lettres de change, que celles qui {ont tirées des places où le vieux ftyle eft en ufage, comme à Londres, fur d’autres places où l’on fuit le nouveau ftyle, comme à Pariss la date differe ordi- nairement de dix jours ; c’eft-à-dire, que fi la lettre eft datée à Londres le 11 Mars, ce fera le 21 Mars à Paris ; & ainfi des autres dates. Cette obfervation n’eft pas également sûre pour tous Les lieux où l’an- cien ftyle eft en ufage. En Suede, par exemple, la différence eft toñjours de dix jours ; ce qui a changé en Angleterre depuis 1700,où elle a commencé d’être d’onze jours , à caufe que cette année n’a pas été bif fextile. F. NOUVEAU STYLE 6 VIEUX STYLE. ( G) ACCEPTEUR, f. m. serme de Commerce , eft celui qui accepte une lettre de change, Voyez ACCEPTA- TION. L’accepteur, qui ordinairement eft celui fur qui la lettre de change eft tirée, devient débiteur perfon- nel par fon acceptation, & eft obligé à payer quand même le tireur viendroit à failir avant l'échéance. Voyez CHANGE, (G) * Parmi les Nésocians on fe fert quelquefois du terme d’acceptator , qui fignifñe la même chofe. Foyez ACCEPTATION. ACCEPTILATION, ff. rerme de Jurifprudence Romaine, remife qu’onfait de fa créance à {on débi- teur par un aéte exprès ou quittance , par laquelle on le décharge de fa dette fans en recevoir le paye- ment. (4) ACCEPTION. f. f. serme de Grammaire , c’eft le fens que l’on donne à un mot. Par exemple, ce mot efprit , dans fi premiere acception , fignifie vert , fouf- fée : mais en Métaphyfique 1l eft pris dans une autre acception. On ne doit pas dans la fuite du même raï- fonnement le prendre dans une acception différente. Acceptio vocis eff interpretatio vocis ex mente ejus qui excipit, Sicul. p. 18. L’acception d’un mot que pro- nonce quelqu'un qui vous parle, confifte à entendre ce mot dans le fens de celui qui emploie : fi vous l’entendez autrement, c’eft une acception différente. La plüpart des difputes ne viennent que de ce qu’on ne prend pas le même mot dans la même acception. ACC On dit qu’un mot à plufieurs acceptions quand ilpeut être pris en plufieurs fens différens : par exemple, coiz fe prend pour un angle folide,, Ze coir de la chambre , de la cheminée ; coin fignifie une piece de bois ou de fer qui fert à fendre d’autres corps; coin , en terme de monnoie , eftun inftrument de fer qui fert à marquer les monnoies, les médailles & les jettons ; cozz ou coing eff le fruit du coignaflier, Outre le fens propre qui eft la premiere acception d’un mot, on donne en- core fouvent au même mot un fens figuré : par exem- ple, on dit d’un bon livre gw1 eft marqué au bon coin : coin eftpris alors dans une acception figurée ; on dit plus ordinairement dans un /ézs figuré. (F ) ACCEPTION , ex Medecine | fe dit de tout ce qui eft recû dans le corps, foit par la peau, foit par le canal alimentaire. (N) ACCÈS ; ce mot vient du latin acceffus, qui fignifie approcher , V'a&tion par laquelle un corps s'approche de l’autre : mais il n’eft pas ufité en François dans ce fens littéral. Il fignifie dans l’ufage ordinaire «bord, entrée , facilité d'aborder quelqu'un , d'en approcher. V.ENTRÉE, ADMISS10N. Ainf l’on dit : cet homme a accès auprès du Prince. Cette côte eft de dificile accès ; à caufe des rochers qui la bordent. (Æ) * ACCÈS, avoir accès , aborder, approcher. On a accès où l’on entre ; on aborde les perfonnes à qui l’on veut parler ; on approche celles avec qui lon eft fou- vent. Les Princes donnent accès , fe laïflent aborder , permettent qu’on les approche ; l'accès en eft facile ou dificile ; l’abord rude ou gracieux ; l’'approcheutile ou dangereufe. Qui a des connoïffances peut avoir accés ; qui a de la hardiefle aborde ; qui joint à la hardiefle un efprit fouple & flateur, peut approcher les Grands, Voyez Les Synonymes de M. l'Abbé Girard. Accès, em Medecine, Le dit du retour périodique de certaines maladies qui laiflent de tems en tems des intervalles de relâche au malade. Voyez PÉRIODI- QPES © Ainf l’on dit un accès de soute, mais plus fpécia- lement un accès de fievre, d’épilepfe, de folie : on dit aufli un accès prophétique. On confond bien fouvent accès avec paroxyfine, ce- pendant ce font deux chofes différentes ; Paccès n’é- tant proprement que le commencement ou la pre- miere attaque de la maladie , au lieu que le paroxyf- me en eft le plus fort & le plushautdegré. Voyez Pa- ROXYSME. (N) | ACCÈS, cerme ufité à la Cour de Rome, lorfqr'à l’éle&tion des Papes les voix fe trouvant partagées , quelques Cardinaux fe défiftent de leur premier fuf- frage , &c donnent leur voix à un Sujet qui en a déjà d’autres , pour en augmenter le nombre. Ce mot vient du latin acceffus , dérivé d’accedo , accéder, fe joindre. ACCÈS, er Droit canonique, fignifioit la faculté qu’on accordoit à quelqu'un pour pofféder un Béné- _ fice après la mort du Titulaire , ou parce que celui à qui on accordoit cette faculté, n’avoit pas encore l’âge compétent , auquel cas on donnoit en atten- dant le Bénéfice à un autre, & lorfqu'il avoit atteint l’âge requis , il entroit dans fon Bénéfice fans nou- vellé provifion. Le Concile de Trente , Seffon X XV. chap. VII. a abrogé les accès. Il réferve feulement au Pape la fa- culté de nommer des Coadjuteurs aux Archevèques & Evèques, pourvû qu'il y ait néceffité preffante, & que ce foit en connoïffance de caufe. La différence que les Canoniftes mettent entre l'accès & le regrès, c’eft que le reprès haber caufam de praterito | parce qu'il faut pour l'exercer avoir eu droit au Bénéfice, au lieu que l’accès kabes caufam de futuro. Voyez REGRÈS. (H) ACCESSIBLE, adj. ce dont on peut aborder , qui peut étre approché. À C € . 69 On dit: cette place ou cette forterefle eft acceffr- ble du côté de la mer , c’efl-à-dire , qu’on peut y en- trer par ce côté-là. Une hauteur ou diffance acce/fible, en Géométrie , eft celle qu'on peut mefurer méchaniquement en y appliquant la mefure ; ou bien c’eft une hauteur , du pié de laquelle on peut approcher , & d’où l’on peut mefurer quelque diftance fur le terrein. Voyez Dis- TANCE, Gr. Avec le quart de cercle on peut prendre les hau- teurs tant acceffibles qu'inacceffibles. Voyez; HAUTEUR, QUART DE CERCLE , Grc. Un des objets de l’arpentage eft de mefürernon- feulement les diftances acceffibles , mais auf les irac- ceffibles. Voyez ARPENTAGE. (Æ) | ACCESSION , . f. serme de Pratique, eft Va@tion d'aller dans un lieu, Ainf l’on dit en ce fens; le Juge a ordonné une acceffion en tel endroit, pour y drefler un procès-verbal de l’état des chofes. ACCESSION, ez Droir , eft l'union, l’adjeétion d’une chofe à une autre, au moyen de laquelle celle qui a été ajoütée , commence dès-lors à appartenit au propriétaire de la premiere. Voyez ACCESSOIRE & ACCROISSEMENT. Acceffion eft encore fynonyme à accès, terme ufité à la Cour de Rome. Voyez ci-deflus AccÈs. (FH). * ACCESSIT, serre Latin ufité dans les Colléges, {e dit dans les diftributions des prix, des Ecoliers qui ont le mieux réufli après ceux qui ont obtenu les prix, & qui par conféquent en ont le plus approché. Il y a preique toijours plufieurs acceffir, Les Acadé- nues qui diftribuent des prix, donnent fouvent auf des acceffir. ACCESSOIRE , serme de Droir Civil, eft une chofe ajoûtée ou furvenue à une autre plus effentielle on d’un plus grand prix. Voyez ACCESSION. En ce fens acceffoire ef oppofé à prrncipal. Aïnfi l’on dit en Droit, que la pourpre en laquelle on a teint un drap, n'étant que l’acceffoire du drap, appartient à celui qui eft le maître du drap. (4) ACCESSOIRES , ad}. pris fubit. zccefioires de Willis ou par acceflorium , en Anatomie, font une paire de nerfs , qui viennent de la moelle épiniere, entre la partie antérieure & poftérieure dela quatrieme paire des nerfs cervicaux ; enfuite ils montent vers le cra- ne , & y étant entrés, ils en fortent avec la paire vague ou huitieme paire , enveloppés avec elle dans une membrane commune ; après quoi ils abandon- nent la huitieme paire, & vont fe diftribuer aux muf cles du cou & de l’omoplate. Ces nerfs-ci, en montant vers le crane, reçoivent des branches de chacune des cinq premieres paires cervicales près de leur origine de la moëlle de l’é- pine , & fourniflent des rameaux aux mufcles du larynx, du pharynx, 6c. s'uniflant avec une bran- che du nerf intercoftal, ils forment le plexus gan- elio-forme. Voyez PLExus. (NW) | ACCESSOIRES, {. m. pl. ez Peinture, {ont des chofes qu’on fait entrer dans la compoñition d’un tableau, comme vafes, armures, animaux, qui fans être abfolument néceffaires , fervent beaucoup à l’embellir, lorfque le Peintre fait les y placer fans choquer les convenances. (R) j * ACCHO, ville de Phénicie, qui fut donnée à là tribu d’Azer ; il y en a qui prétendent que c’eff la même ville que Acé ou Ptolémais ; d’autres que c’eff Accon. ACCIL, f. m. Chimie: il y en a qui fe font fervis de ce mot pour fignifier Plomb. Voyez PLOMB, SATURNE, ALABARI, AABAM. (M) ACCIDENT, £ m. serme de Grammaire ; 1 eff fur- tout en ufage dans les anciens Grammairiens ; ils ont d’abord regardé le mot comme ayant la propriété de fignifier, Telle eft, pour anf dire, la fubftance 70 À C € du mot, c'éft ce-qu'ils appellent zomxis pofitio : en- fuite ils ont fait des obfervations. particulieres fur cette poñtion ou fubftance Metaphyfique , &:ce font ces obfervations qui ont donné lieu à ce qu'ils ont appellé accidens des diétions , dicliomumaccidentie. Ainf par accident les Grammairiens entendent une propriété, qui, à la vérité, eflrattachée au mot, mais qui n'entre point dans la définition eflentielle du mot; car de ce qu’un mot fera primitif ou qu'il {era dérivé , fimple où compofé, 11 n’en fera pas moins un terme ayant une figmifcation. Voici quels lont ces accidens, 1. Toute diétion où mot peut avoir un fens pro- pre ou un fens figuré. Un mot eft au propre, quand 11 fignifie ce pourquoi il a été premierement établi : le mot Lion été d’abord deftiné à fignifier cet ani- mal qu'on appelle Lion: je viens de la foire, jy ai vi un beau Lion ; Lion eft pris là dans le fens pro- pre : mais fi en parlant d’un homme emporté je dis que c'eft un Loz, lion eft alors dans un fens figuré. Quand par comparaïfon ou analogie un motfe prend en quelque fens autre que celui de fa premiere def- tinetion, cet accident peut être appellé l’acception du mot. 2. En fecond liéw, on peut .obferver fi un mot eft primitif, ou s’il eft dérivé. . Un mot eft primitif, lorfqu'il.n’eft tiré d'aucun autre mot de la Langue dans laquelle il eft emufage, Ainf en François Ciel, Roi, bon , font des mots pri- mutifs. Un mot eft dérivé lorfqu'il eft tiré de quelqu'autre mot comme de fa fource : ainficé/efle, royal, royau- 7ne , royauté, royalement , bonté, bonnement:, {ont au- tant de dérivés: Cet accident eft appellé parles Grammairiens l'efpece du mot; ds difent qu’un mot eft de l’efbece primitive ou de l’efpece dérivée. 3. On peut obferver fi un mot eft fimple-ou s’il eft compofé ; yufle, juflice, font des mots fimples : injufte | injuflice, font compotés. En Latin res eft un mot fimple, publica eft encore fimple ; mais refpu- blica ef un mot compoté. | | | . Cet accident d’être fimple ou d’être compoié a été appellé par les anciens Grammairiens /a figure. Als difent qu'un mot eft de la figure fimple ouqu'il ef de la figure compofée ; en forte que figure vient ici de fngere, &t fe prend pour la forme ou conftitution d’un mot qui peut être ou fimple ou-compofé. C’eft ainf que les Anciens ont appellé va/a fidlilia , ces va- fes qui fe font en ajoûtant matiere à matiere, & jz- gulus louvrier qui les fait, 4 fingendo. 4. Un autre accident des mots regarde la pronon- ciation ; fur quoi il faut diftinguer l’accent, qui eft une élévation ou un abaiflement de la voix totjours invariable dans le même mot; êc.le roz & l’emphafe qui font des infléxions de voix qui varient felon les diverfes pañlions &c les différentes circonftances, un ton fier, un ton foùmis, un ton infolent, un ton pi- teux, Voyez ACCENT. Voilà quatre Æccidens qui fe trouvent en toutes fortes des mots. Maïs de plus chaque forte particu- liere de mots a fes accidens qui lui font proptes; ainf le nom fubitantif a encore pour accidens le genre. Voyez GENRE ; le cas, la déclinaifon , le rnombre, qui eft ou fingulier ou pluriel , fans parler du duel des Grecs. Le nom adjedtif a un accident de plus, qui eft la comparaifon ; dofus , doétior , do&hiffimus ; favant, plus favant, très-favant. VAL Les pronoms ontles mêmes accidens que les noms. À l’égard des verbes, ils ont aufi par accident l’acception, qui eft ou propre ou figurte": ce vieillard rmarche d'un pas ferme, marcher eft là au propre: celui gr me fuit ne marche point dans les ténebres , dit Jefus- Chrift ; fuir & marche font pris dans uñ’fens figuré , ACC c’eft-à-dire, que celui quipratique les maximies de l'Evangile, a une bonne conduite & n’a pas befoin de fe cacher ; il ne fuit point la lumiere, ïl vit fans crainte & fans remords. 2. L’efpece cit auf un accident des verbess ils font ou primitifs, comme parler, boire, faurer , trem- bler ; ou dérivés , comme parlementer , buvoter ; fau- tller , trembloter. Cette efpece de verbes dérivés en renferme plufieurs autres ; tels font les inchoatifs, lès fréquentatifs, les augmentatifs , les diminutifs , les immtatifs, & les défidératifs. 3. Les verbes ont auffi Za figure, c’eft-à-dire qu'ils font fimples, comme venir, tenir, faire; ou compo- és, comme prevenir, convenir, refaire, &c. 4. La voix ou forme du verbe : elle eft de trois fortes, la voix ou forme aflive, la voix palfive & la Jorme neutre. Les verbes de la voix a@ive font ceux dont les terminatfons expriment une aétion qui pañle de Pa- - gent au patient, c’eft-à-dire, de celui qui fait l’adion fur cehn qui la reçoit: Pierre bat Paul ; bat eft un verbe de la forme aétive, Pierre eft l’agent, Paul eft le patient ou le terme de Paétion de Pierre. Dieu conferve [ès créatures ; confèrveeft un verbe de‘la for- me aétive. Le verbe eft à la voix pañlive, lorfqu’il fignifie que le fujet de la propoñition eft le pariens, c’eft-à- dre, qu'il eft le terme de l’aîion ou du fentiment d’un autre: /es méchans font punis, vous ferez pris par: les ennemis ; font punis , ferez pris, {ont de la forme pañlive. Le verbe eft à la forme neutre, lorfqu'il fignifie une aéton ou un état qui ne paffe point du fujet de la propofition fur aucun autre objet extérieur ; comme il palit , il engraiffe, 1l maigrit, nous courons, il ba- dine toñjours, il rit, vous rajeuriflez , &c. 5. Le mode, c’eft-à-dire les différentes manieres d'exprimer ce que le verbe fignifie, ou par l’indi- catif qui eft le mode direét & abfolu ; ou par l’im- pératif, ou par le fubjon@if, ou enfin par l’infinitif. 6. Le fixieme accident des verbes, c’eft de mar- quer le tems par des terminaifons particulieres : J'aime, J'aimols ; j'ai aimé, J avois aimé , J almeral. 7. Le feptieme accident eft de marquer les per- fonnes grammaticales, c’eft-à-dixe , les perfonnes. ‘relativement à l’ordre qu’elles tiennent dans la for- mation du difcours, & en ce fens il eft évident qu'il n'y a que trois perfonnes. La premiere eft celle qui fait le difcours, c’efts à-dire, celle qui parle, Je chante ; je eft la premiere perfonne , & chante eft le verbe à la premiere per- fonne , parce qu'il eft dit de cette premiere per- fonne. La feconde perfonne eft celle à qui le difcours s’adrefle ; #4 chantes, vous chantez, c’eft la perfonne. à qui l’on parle. Enfin, lorfque la perfonne ou la chofe dont on parle n’eft ni à la premiere ni à la feconde perfon- ne, alors le verbe eft dit être à la troifieme per- fonne ; Pierre écrit, écris eft à la troifieme perfonne: le foleil luir, luit eft à la troïfieme perfonne du pré- fent de l’indicatif du verbe /uire. En Latin & en Grec les perfonnes srammaticales font marquées , aufli-bien que les tems , d’une ma- niere plus diftinéte , par des terminaïifons particu- Beres 9 rurlws rÜmleics Formes, rurlouer, ruwlere 9 rÜmloucss canto ; CANEAS , Canfat ; CANEAVI , cantaviflt ; Cartavit ; cantaveram ,; cantabo , &c. au lieu qu’en François la différence des terminaïfons n’eft pas fouvent biert fenfble; & c’eit pour cela que nous joignons aux verbes les pronoms qui marquent les perfonnes , 7e chante, ti chantes, il chante. | | 8. Le huitieme accident du verbe eftla conjugai- fon. La comugaifon eft une diftribution ou lifte de ACC toutes les parties & de toutes les infléxions du ver: be, felon une certaine analogie, Il y a quatre fortes d’analogies en Latin par rapport à la conjugaïfon ; ainfi il y a quatre comugaifons : chacune a f6n pa- radigme, c’eft-à-dire un modele fur lequel chaque verbe régulier doit être conjugué ; ainfi azare , fe: lon d’autres cantare, eft le paradigme des verbes de la premiére comugaifon , & ces verbes, felon leur analogie, gardent l’a long de l’infinitif dans prefque tous leurs tems & dans prefque toutes les perfonnes. Amare , arnabam , amavi, arnayeram , amabo, aman- dum, amatum , &C. » Les autres conjugaifons ont auffi leur analooie & leur paradigme. * Je crois qu’à ces quatre conjugaïfons on doit en ajoûter une cinquieme, qui eft une conjugaifon mix- te, en ce qu’elle a des perfonnes qui fuivent Pana- logie de la troïfieme conjugaifon , & d’autres celle de la quatrieme ; tels font les verbes en ere, 10, comme capere , capio; on dit à la premiere perfonne du paffif capior , je Jus pris, comme audior ; cepen- dant on dit caperis à la feconde perfonne, & non cae- piris, quoiqu'on dife audior, audiris. Comme il y a plufieurs verbes en ere, io, fufcipere fufcipio , interf- cere interficio, elicere , io, excutere, io, fugere fugio, Gc. & que les commençans font embarraflés à les con- juguer , je crois que ces verbes valent bien la peine qu’on leur donne un paradigme ou modele. Nos Grammairiens content aufh quatre conjugai- {ons de nos verbes François. 1. Les verbes de la premiere conjugaifon ont lin- finitif en er, donner. 2. Ceux de la feconde ont linfinitif en À, punir. 3. Ceux dela troifieme ont linfinitif en osr, devour. 4. Ceux de la quatrieme ont Pinfinitif en re, dre, tre, faire, rendre, mettre. La Grammaire de la Touche voudroit une cin- quieme comugaifon des verbes en andre, eindre , oindre , tels que craindre, feindre, joindre, parce que ces verbes ont une fingularité qui eft de prendre le g pour donner un fon mouillé à l’z en certains tems, NOUS craignons , je craignis, je craignifle, craignant. Maïs le P. Buffier obferve qu’il y a tant de diffé- rentes infléxions entre les verbes d’une même con- jugaifon, qu'il faut, ou ne reconnoître qu’une feule comugaifon , ou en reconnoître autant que nous avons de terminaifons différentes dans les infinitifs. Or M. l'Abbé Regnier obferve que la Langue Fran- çoife a jufqu'à vingt-quatre terminaifons différentes à l’infinitif. 9. Enfin le dernier accident des verbes eft Pana- logie ou l’anomalie, c’eft-A-dire d’être réguliers & de fiuvre l’analogie de leur paradigme, ou bien de s’en écarter; & alors on dit qu'ils font irréguliers Où anomaux. Que s’il arrive qu’ils manquent de quelque mode, de quelque tems , ou de quelque perfonne , on les appelle défeilifs. _ À Pégard des prépoñtions, elles font toutes pri- mitives &cfimples, 4, de, dans , avec, &c. fur quoi 1l faut obferver qu'il y a des Langues qui énoncent en un feul mot ces vües de l’efprit, ces rapports, ces manieres d’être, au lieu qu’en d’autres Langues ces mêmes rapports font divilés par l’élocution & expri- més par plufieurs mots, par exemple, coram patre, en préfence de fon pere ; ce mot coram, en Latin, eftun mot primitif & fimple quin’exprime qu’une maniere d’être confidérée par une vûe fimple de lefprit. … L’élocution n’a point en François de terme pour l’exprimer ; on la divife en trois mots , ez préfence de. Il en eft de même de propter, pour l'amour de, ainfi de quelques autres expreflions que nos Gram- mairiens François ne mettent au nombre des prépo- fitions, que parce qu’elles répondent à des prépofi- tions Latines. À C C FT La prépoñnion fe fait qu'ajoûter une éfréonftance Où maniere au mot qui précede, & elle eft toñjours confidérée {ous le même point de vûe, c’eft toïjours la même maniere ou circonftance qu'elle éxprime ;: il'eff dans ; que ce foit dans la ville, ou dans la maï- fon, ou dans le coffre, ce fera toûjours être dans, Voilà pourquoi les propoñitions ne fe déclinent point. Mais il faut obferver qu’il y a des prépofitions fé: parables , telles que dans, fur, avec, &c. & d’autres qui font appellées irféparables, parce qu’elles eñtrent dans la compofition des mots, de façon qu’elles n’en peuvent être féparées fans changer la fignification particuliere du mot; par exemple, refaire, Jurfaire , défaire, contrefaire , ces mots, re, Jur , dé, contre, G:c. font alors des prépofñitions inféparables, tirées du Latin. Nous en parlerons plus en détail au #04 PRE: POSITION, À l'égard de Padverbe , c’eft un mot qui, dans fa valeur, vaut autant qu’une prépofition &c {on com plément, Ainfi prudemment, C’eft avec prudence, fage- ment, avec fagefle, &c. Voyez ADVERBE. | Il y a trois accidens à remarquer dans l’adverbe outre la fignification , comme dans tous les autres mots. Ces trois accidens font, 1. L’efpece, qui eft ou primitive ou dérivative + ict , La , ailleurs, quand, lors, hier, où , &c. font des adverbes de Pefpece primitive, parce qu’ils ne vien- nent d'aucun autre mot de la Langue. | Au lieu que /x/ffement , fenfëment, poliment , ab{o: lument , tellement, 8&èc. font dé l’efpece dérivative ; ils viennent des noms adjeétifs 7wffe, Jénfe, poli, ab. Jolu , tel, &c. | 2. La figure, c’eft d’être fimple ou compofé. Les adverbes {ont de la figure fimple, quand aucun autre mot ni aucune prépofñtion inféparable n’entre dans leur compofition ; ainfi yuffement ; lors , Jamais , font des adverbes de la figure fimple. | Maïs injufement , alors , aujourd’hui, & en Latin hodie , font de la figure compofée. 3. La comparaïfon eft le troifieme accident des adverbes. Les adverbes qui viennent des noms de qualité fe comparent, /uffement ; plus juflement , très Ou fort juftement , le plus juflement , bien; mieux, le rnieux, mal, pis, Le pis, plus mal, très mal, fort mal, &c, À l’ésard de la conjonétion , c’eft-ä-dire, de ces petits mots qui fervent à exprimer la laifon que l’ef- prit met entre des mots & des mots, ou entre des phrafes & des phrafes ; outre leur figmification par- ticuliere , il y a encore leur figure & leur pofition. 1. Quant à la figure, il y en a de fimples, comme É, ou, mais, ft, car, ni, &c. | Il y en a beaucoup de compofées, 6 ff, mais fr, & même il y en a qui font compofées de noms où de verbes, par exemple , 4 moins que, deforte que, bien entendu que , pourv& que. | 2. Pour ce qui eft de leur pofition, c’eft-à-dire ; : de l’ordre ou rang que les conjonétions doivent tenir dans le difcours , 1l faut obferver qu'il n’y en a point qui ne fuppofe au-moins un fens précedent ; car ce qui joint doit être entre deux termes. Mais ce fens peut quelquefois être tranfpofé , ce qui arrive avec la conditionnelle f , qui peut fort bien commencer un difcours ; f? vous êtes utile & la fociété, elle pour- voira à vos befoins, Ces deux phrafes font liées par la conjonétion f£; c’eft comme s’il y avoit, /2 fociéré pourvoira à vos befoins , fe vous y êtes utile. Mais vous ne fauriez commencer un difcours pa mais, @&, or, donc, &c. c’eft le plus ou moins de liaï- fon qu’il y a entre la phrafe qui fuit une conjonétion & celle qui la précede, qui doit fervir de regle pour la pontuation. * Ou s'ilarrive qu’un difcours commence par un or ou un donc, ce difcours eft cénfé la fuite d’un autre qui s’eft tenu intérieurement , & que l’Orateur 72 À GE ou l’Ecrivain a fous-entendu, pour donner plus de véhémence à fon début. C’eft ainf qu'Horace a dit au commencement d’une Ode : ‘ÆEroo Quintilium perpetuus fopor Urger. Et Malherbe dans fon Ode à Louis XIII. partant pour la Rochelle : Donc un nouveau labeuÿ a res armes s'apprête ; Prens ta foudre, Loïis,.... À l’égard des interje@ions, elles ne fervent qu'à marquer des mouvemens fubits de l’ame. Il y a au- tant de fortes d’interjeétions , qu’il y a de pañlions différentes. Ainf 1l y en a pour la triftefle & la com- pañlon , hélas! ha! pour la douleur , ai ai, ha! pour l'averfion & le dégoût, f. Les interjeétions ne fer- vant qu’à ce feul ufage ; & n'étant jamais confidérées que fous la même face, ne font fujettes à aucun autre accident. On peut feulement obierver qu’il y a des noms, des verbes, & des adverbes, qui étant pro- noncés dans certains mouvemens de paflons ont la force de l’interje@tion , courage, allons, bon-Dieu , voyez ; marche, tout-beau , paix , &c. c’eft le ton plü- tôt que le-mot qui fait alors l’interjeétion. (Æ) _ ACGIDENT, {. m. ez Logique, quand on joint une idée confufe & indéterminée de fubftance avec une idée diftinéte de quelque mode : cette idée eft capa- ble de repréfenter toutes les chofes où fera ce mo- de ; comme l’idée de prudent, tous les hommes pru- dens, l’idée de rond, tous les corps ronds. Cette idée exprimée par un terme adjeétif, prudent, rond, donne le cinquieme wriverfel qu’on appelle accident, parce qu’il n’eft pas effentiel à la chofe à laquelle on lattribue ; car s'il l’étoit, il feroit différence ou propre. Mais il faut remarquer ici , que quand on confidere deux fubftances enfemble , on peut en confidérer une comme mode de l’autre. Ainfi un homme habillé peut être confidéré comme un tout compofé de cet homme & de fes habits: mais être habillé à l'égard Æ de cet homme, eftfeulement un mode ou une façon d’être , fous laquelle on le confidere , quoique fes ha- bits foient des fubftances. 7. UNIVERSAUX. ( X) * Les Ariftotéliciens, après avoir diftribué les êtres en dix clafles, réduifoient ces dix claffes à deux gé- nérales ; à la claffe de la fubftance, ou de l’être qui exifte par lui-même , & à la claffe de l’accident, ou de l’être qui eft dans un autre, comme dans un fujet. De la clafle de l’accident , ils en faifoient neuf autres, la quantité, la relation, la qualité, Padtion, la pafon , le tems, le lieu , la fituation, & l'habitude. ACCIDENT , ez Medecine, fignifie une révolution qui occafionne une maladie, ou quelqu’autre chofe de nouveau qui donne de la force à une maladie dé- jà exiftante. La fupprefion fubite des crachats dans la péripneumonie eft un accident fâcheux. Les plus fameux Praticiens en Medecine recommandent d’a- voi communément plütôt égard à la violence des accidens qu’à la caufe de la maladie; parce que leur durée pourroit tellement augmenter la maladie, qu'elle deviendroit incurable. F. SYMPTOME.(N) ACCIDENT, ez Peinture. On dit des accidens de lu- miere, lorfque les nuages interpofés entre le foleil & la terre produifent fur la terre des ombres qui Pobf- curciflent par efpace; l'effet que produit le foleil fur ces efpaces qui en reftent éclairés, s’appelle accident de lumiere. Ces accidens produifent des effets merveil- leux dans un tableau. On appelle encore accident de lumiere, les rayons qui viennent par une porte , par une lucarne, ou d’un flambeau, lorfque cependant ils ne font pas la lu- miere principale d’un tableau, (R) ACCIDENT fe dit aufliez Fauconnerie. Les oïfeaux de proie font fuyets à plufeurs accidens ; il arrive quelquefois que les faucons font bleflés en attaquant le milan ou le héron: fi la bleflure eft légere, vous la guérirez avec le remede fuivant : mettez dans-un pot verni une pinte de bon verjus; faites-y infufer pendant douze heures pimprenelle & confoude de chacune une poignée, avec deux onces d’aloës & autant d’encens, une quantité fufffante d’origan , 8 un peu de maftic ; l’infufon étant faite, paflez le tout par un linge avec expreflion, & gardez ce remede pour le betoin. On fe fert de cette colature pour étu- ver doucement la bleffure qui fe guérit par cemoyen aifément. | Si la bleflure eft confidérable , il faut d’abord cou- per la plume pour empêcher qu’elle ne s’y attache, & y mettre une tente imbibée de baume ou d'huile de millepertuis. | Si la bleflure eft interne, ayant été caufée par l’ef: fort qu’a fait le faucon en aire fur fa proie, il faut prendre un boyau de poule ou de pigeon, vuider & laver bien ce boyau, puis mettre dedans de la mo- nue, & faire avaler le tout à l’oifeau ; il vomira fur le champ le fang qui fera caïllé dans fon corps, & peu de tems apres :l fera guéri. Si la bleflure de loifeau eft confidérable, mais extérieure, & que les nerfs {oient offenfés, il faudra premierement là bien étuver avec un liniment fait avec du vin blanc, dans lequel on aura fait infufer des rofes feches, de Pécorce de grenade, un peu d’ab- finthe & d’alun, enfuite on y appliquera de la té- rebenthine. ACCIDENTEL, adj. ez Phyfique, fe dit d’un effet qui arrive, ou d’une caufe qui arrive par accident, pour ainfi dire , fans être ou du moins fans paroïtre fujette à des lois , ni à des retours réglés. En ce fens accidentel eft oppoié à conffant & principal, Ainfi la fituation du foleil à l’égard de la terre, eft la caufe conftante & principale du chaud , de l'été, & du froid de l’hyver : mais les vents, les pluies, &c. en font les caufes accidentelles , qui alterent & modifient fouvent lation de la caufe principale. Point accidentel, en perfpettive, eft un point de la ligne horifontale où fe rencontrent les projeétions de deux lignes qui font paralleles l’une à l’autre, dans l’objet qu’on veut mettre en perfpeétive, & qui ne font pas perpendiculaires au tableau, On appelle ce point accidentel, pour le diftinguer du point princi- pal , qui eft le point où tombe la perpendiculaire me- née de l’œil au tableau , & où fe rencontrent les pro- jeétions de toutes les lignes perpendiculaires au ta- bleau. Voyez LIGNE HORISONTALE. (O0) ACCISE, f. £, terme de Commerce, droit qui fe paye à Amfterdam, & dans tous les Etats des Provinces- Unies fur diverfes fortes 'de marchandifes & de den- tées, comme font le froment , & d’autres grains, la bierre, les tourbes, le charbon de terre. Les droits d’accifé du froment fe payent à Amiter- dam à raifon de trente fols le /4?, foit que les grains {oient chers, foit qu'ils foient à bon marché, outre les droits d’entrée qui font de dix florins, non com- pris ce que les Boulangers & les Bourgeois payent pour le mefurage, le courtage, & le port à leurs maifons. (G) ACCLAMATION , f. f. marque de joie ou d’ap- plaudiflement par lequel le public témoigne fon efti- me ou fon approbation. L’antiquité nous a tranfmis plufieurs fortes d’acclamations. Les Hébreux avoient coûtume de crier Lofanna ; les Grecs dya0n ruxn, bon ne fortune. Il eft parlé dans les Hiftoriens de quel- ques Magiftrats d’Athenes qui étoient élûs par accla- mation. Cette acclamation ne fe manifeftoit point par des cris, maïs en élevant les mains, Les Barbaresté- moignoient leur approbation par un bruit confus de leurs armes. Nous connoïflons plus en détail fur ce point les ufages des Romains, dont on peut CPAS es À © € les acclamations à trois efpeces différentes ; celles du peuple, celles duSénat, 8 celles des afflemblées des gens de Lettres. | Les acclamations du peuple avoient lieu aux en- trées des Généraux & des Empereurs, aux fpe@tacles donnés par les Princes ou les Magiftrats, & aux tiomphes des vainqueurs. D'abord ce n’étoit que les cris confus d’une multitude tranfportée de joie, & F'expreflion fimple 8 fans fard de l'admiration pu- blique, plaufus tunc arte carebar, dit Ovide. Mais fous les Empereurs, & même dès Augufte, ce mouve- ment impétueux auquel le peuple s’abandonnoit comme par enthoufiafme , devint un att, un concert apprêté. Un Muficien donnoit le ton, & le peuple fatant deux chœurs répétoit alternativement la for- mule d’acclamation, La faufle nouvelle de la conva- lefcence de Germanicus s'étant répandue à Rome, le peuple courut en foule au Capitole avec des flam- beaux & des viétimes en chantant, /z/va Rorra, Jalva pairia, falvus eff Germanicus. Néron pañionné pour la mufique , lorfqu'il jouoit de la lyre fur le théatre, avoit pour premiers acclamateurs Seneque & Bur- thus, puis cinq mille foldats nommés Awguflales, qui entonnoïent fes loïanges, que le refte des fpec- tateurs étoit obligé de répéter. Ces acclamations en mufque durerent jufqu’à Théodoric. Aux acclama- tions fe joignoient les applaudiflemens auffi en ca- dence. Les formules les plus ordinaires étoient felici- ter, longiorent vitam , annos felices ; celles des triom- phes étoient des vers à la louange du Général, & les foldats & le peuple crioient par intervalles 20 srim- phe : mais à ces louanges le foldat mêloit quelquefois des traits piquans &c fatyriques contre le vainqueur, Les acclamations du Sénat, quoique plus férieutes, avoient le même but d’honorer le Prince , & fouvent de le flatter. Les Sénateurs marquoient leur confen- ement à fes propofñtions par ces formules, omnes, omnes, æquum cft, jufum ef. On a vü des éleétions d'Empereurs fe faire par acclamation , fans aucune éhbération précédente. Les gens de Lettresrécitoient ou déclamoient leurs pieces dans le Capitole ou‘dans les Temples, & en préfence d’une nombreufe aflemblée. Les acclama- tions s’y pafloient à peu près comme celles des fpec- tacles, tant pour la mufque que pour les accompa- gnemens. Elles devoient convenir au fujet & aux perionnes ; il y en avoit de propres pour les Philofo- phes, pour les Orateurs, pour les Hiftoriens, pour les Poëtes. Une des formules les plus ordinaires étoit le fophos qu'on répétoit trois fois. Les comparaïfons &t les hyperboles n’étoient point épargnées , furtout par les admirateurs à gages payés pour applaudir ; car il y en avoit de ce genre, au rapport de Philo- ftrate. (G) | ACCLAMPER , acclarmpe , mât acclampé, mât ju- mellé.sC’eft un mât fortifié par les pieces de boïs at- tachées à fes côtés. Voyez CLAMP 6 JUMELLE.(Z) ACCLIVITAS, ff. pente d’une ligne ou d’un plan incliné à l’horifon, prife en montant. Voyez PLAN incliné. s'd Ce mot eft tout latin: 1l vient de la propoñition ad, 8t de clivus , pente, penchant. La raifon pour laquelle nous inférons ici ce mot, c’eft qu'il fe trouve dans quelques ouvrages de Phy- fique &z de Méchanique , & qu'il n’y a point de mot françois qui lui réponde, | | La pente, prifeen defcendant , fenomme declivitas. Quelques auteurs de fortifications ont employé accliviras pour fynonyme à talud.. Cependant, le mot sa/ud eft d'ordinaire employé “indifféremment pour défigner la pente, foit en mon- tant, foit en defcendant. (0) ACCOINTANCE, f. f, vieux mot qui s'emploie Tome LI FA ACC 73 encoré quelquefois au Palais, pour fisnifier #7 com. merce tllicise avecune femme ou une fille. (A) ACCOISEMENT , fm. sérme de Medecine, Il n’eft d'ufage que dans cette phrafe , l’accoifémenr des hu- meurs ; & il défigne alors la ceffation d’un mouve- ment exceflif excité en*elles par quelque caufe que cefoit. Voyez CALME. (N) ACCOISER, v. a@. ex Medecine , calmer, appaï- fer, rendre coi. Accoifer les humeurs, les hurneurs font accoiftes, (N) ACCOLADE, f. f cérémonie qui fe pratiquoit en conférant un Ordre de Chevalerie, dans le tems où les Chevaliers étoient recûs en cette qualité par les Princes chrétiens. Elle confiftoit en ce que le Prince armoit le nouveau Chevalier, l’'embrafoitenfuite en figne d'amitié, & lui donnoit fur l'épaule un petit COUP du plat dune épée. Cette marque de faveur & de bien- veillance eff fi ancienne, que Grégoire de Tours écrit que les Roïs de France dé la prermiere race, donnant le baudrier & la ceinture dorée, baïifoïent les Che- valiers à la joue gauche, en proférant ces paroles, aie Rom du Pere 6 du Fils G du Suïnt-Efrit, &com- me nous venons de dire, les frappoient de l'épée lé- gerement fur l'épaule. Ce fut de la forte que Guil- laume le conquérant, Roi d'Angleterre, conféra la Chevalerie à Henri fon fils âgé de dix-neufans, en lui donnant encore des armes; & c’eft pour cette raifon que le Chevalier qui recevoit l’accolade étoit nomme Chevalier d'armes , & en latin Mikes; parce qu’on le mettoit en pofleffion de faire la guetre, dont l’épée, le haubert, & le heaume, étoient Les fymbo- les. On y ajoûtoit le collier comme la marque la plus brillante de la Chevalerie. Il n’étoit permis qu’à ceux qui avoient ainfi recù l’accolade de porter l’é- pée, & de chaufler des éperons dorés; d’où ils étoient nommés Equites aurai, différant par-là des Ecuyers qui ne portoient que des éperons argentés. En Angleterre , les fimples Chevaliers ne pouvoient porter que des cornettes chargées de leurs armes : mais le Roi les faifoit {ouvent Chevaliers Bannerets en tems de guerre, leur permettant de porter la ban- mere comme les Barons, Voyez BANNERET. (G ACCOLADE , ez Mufique, eftun trait tiré à la marge de haut en bas, par lequel on joint eñfemble dans une partition les portées de toutes les différentes parties. Comme toutes ces parties doivent s’exécuter en même fems , on compte les lignes d’une parti tion, non par le nombre des portées, mais par celui des accolades ; car tout ce qui eft fous une accola- de ne forme qu'une feule ligne. 7. PARTITION. (S) * ACCOLAGE, f. m. fe dif de la vigne : c’eft un travail qui confifte à attacher les farmens aux écha- las. Il y a des pays où on les lie ou accole , car ces termes font fynonymes, aufitôt qu’ils font taillés. Il y cena d’autres où on n’accole que ceux qui font crus depuis la taille. Il faut commencer l’accolage de bonne heure. On dit que pour qu'il fût aufi utile qu'il doit l’être, il faudroit s’y prendre à deux fois: la premiere, on ac- coleroit les bourgeons des jeunes vignes au bas feu- lement , afin qu'ils ne fe mêlaffent point les uns avec les autres, ni par le milieu’, ni parle haut ; cette pré- Caution empêcheroit qu’on ne les caffât, quand il s’a- giroit de les féparer pour les accoler entierement. La feconde fois, onles accoleroittous généralement. Quoiqu'entreles boureeonsil yen eût de plus grands les uns que les autres, 1l feroït néceflaire de les acco- ler tous la premiere fois & par le haut & par le bas: fi on attendoit qu'ils fuffenttous à peu pres de la mé- me hauteur pour leur donner la même façon, un vent qui furviendroit pourroit les caffer : mais les vigne- rons n’ontgarde d’avoir toutesces atteñtions,à moins que la vigne ne leur appartienne. PEN en ACCORER , v. a, c’eft attacher une branéhe d’ar. K 74 À CC bre ou un fep de vigne à un échalas ou fur un treil- lage d’efpalier, afin qu’en donnant plus d’airaux fruits & aux raifins, leur maturité {oit plus parfaite, & leur goût plus exquis. (Æ) | | On dit accoler la vigne à l’échalas ; c’eft Pattacher à l’échalas avec les branchesles plus petites du faule qu’on referve pour cet ufage. ACCOLER, serme de Commerce, fignifie faire un certain trait de plume en marge d’un ivre, d’un comp- te, d’un mémoire, d’un inventaire, qui marque que plufeurs articles font compris dans une même fup- putation , ou dans une feule fomme , laquelle eft ti- rée à la marge du côté où font pofés Les chiffres dont on doit faire Paddition À la fin de la page. EXEMPLE. Dettes aétives , tant bonnes que douteufes, à moi dûes par les craprès. Bonnes. , Par Jacques 300 |. I Par Pierres ; 200 ; dr : Douteufes. Pat Jean 400 1 Par Nicolas ; 00 «I 2. Total, 1400 Î. AccoLÉ, adj. fe prend dans le Blafonen quatre fens différens : 1°. pour deux chofes attenantes & jointes enfemble, comme les écus de France & de Navarre qui font accolés fous une même couronne, pour les armoiries de nos Rois. Les femmes acco/ent leurs écus à ceux de leurs maris. Les fufées, les lozanges & les macles , font auf cenfées être zccolées quand elles fe touchent de leurs flancs ou de leurs pointes, fans rem- phr tout l'écu: 2°. Accole fe dit des chiens, des va- ches , ou autres animaux qui ont des colliers ou des couronnes paflées dans le col, comme les cignes , les aigles : 3°. des chofes qui font entortillées à d’autres, comme une vigne à l’échalas , un ferpent à une co- lonne ou à un arbre, 6. 4°. On fe {ert enfin de ce terme pour les chefs , bâtons , mafles, épées, ban- nieres & autres chofes femblables qu’on paffe en fau- toir derriere l’écu. Voyez Ecu, FUSÉE, LOZANGE, MacLe, CHEF, BASTON, 6. Rohan en Bretagne ,de gueules à neuf macles d’or, accolées & aboutées trois trois en trois fafces. (77) ACcoOLER, c’eft urur deux ou plufieurs pieces de bois enfemble fans aucun affemblage , fimplement pour les fortifier les unes par les autres , & leur donner la force néceflaire pour Le fervice qu’on en veut tirer. ACCOLURE , f. f. piece de bois fervant dans la compofition d’un train. Voyez TRAIN. _ACCOMMODAGE, fm. quifigrifie l’aëtion d’arranger les boucles d’une tête ou d’une perruque : ainfi accommoder une tête, c’eft en peigner la frifure, arranger les boucles, y mettre de la pommade & de la poudre; pour cet effet après que les cheveux ont été nus en papillotes & pafñlés au fer, on les lue refroidir, & quand ils font réfroidis , on ôte les pa- pillotes , on.peigne la frifure , & on arrange les bou- cles avec le peigne ; de façon à pouvoir les étaler & en former plufieurs rangs ; après quoi on y met un peu de pommade qu’on à fait fondre dans la main. Cette pommade nourrit les cheveux , y entretient l'humidité néceflaire ; & fert qutre cela à leur faire tenir la poudre. ACCOMMODATION , ff. rerme de Palais qui eft vieilli. Voyez ACCOMMODEMENT , qui fignifie la même chofe.(H) | ACCOMMODEMENT, f. m. ex rerme de Prati- que , eft un traité fait à l'amiable, par lequel:on ter- mine un différend, une conteftation où un procès. j A C C On dit qu'un mauvais accommodement vaut mieux que le meilleur procès. Il fe peut faire par le feul concours dés parties, ou par l’entremile d’un tiers arbitre, ou de plufeurs à qui 1ls s’en font rapportés. C’eft à peu près la même chofe que sranfaétion. Voyez TRANSACTION , AR- BITRAGE. (4) ACCOMMODER , v. a. c’eft apprêter des mets ou les préparer par le moyen du feu ou autrement , pour fervir de nourriture ou d’aliment, Voyez Nour- RITURE 04 ALIMENT. Le deffein de laccommodage des mets devroit être de détacher la tiffure trop compaéte de la chair ou des viandes , pour les préparer à la diffolution & à la digeftion dans leftomac , la viande n'étant pas un aliment propré à l’homme lorfqwelle n’eft pas préparée. Il y en a qui penfent que la nature n’a pas cu en vüe d’en faire un animal carnacier. Voyez CaR- NACIER. Les opérations les plus ordinaires font le rôti , le bouilhi , l’étuvée. Il faut obferver que dans le rôti, les mets fupporteront une chaleur she grande & plus longue que dans le bouilli ou létuvée , & dans le boul, plus grande & plus longue que dans lPétu- véc. La raifon en eft que le rôti fe faifant en plein air, comme les parties commencent à s’échauffer ex- térieurement ; elles s’étendent , elles fe dilatent , & ainfi elles donnent par degrés un paflage aux parties ratéfiées de Pair qu’elles renferment ; moyennant quoi les fecoufles intérieures qui operent la diflolu- ion, en deviennent plus foibles & plus ralenties. Le bouilhi fe faifant dans l’eau , fa compreflion en eft plus confidérable , & par une fuite néceflaire, les fe- coufles qui doivent foulever le poids font à propor- tion plus fortes ; ainfi la coétion des mets s’en fait beaucoup plus vite : & même dans cette maniere de les préparer, il y a de grandes différences ; car l’o- pération eft plütôt faite, à mefure que le poids d’eau eft plus grand. Dans létuvée, quoique la chaleur dure infiniment moins que dans les autres manières d’accommoder, l'opération eft beaucoup plus vive , à caufe qu’elle fe fait dans un vaifleau plein & bien clos; ce quicaufe des fecoufles beaucoup plus fouvent réitérées & re= verberées avec beaucoup plus de vigueur : c’eft de là que procede la force extrème du digefteur , ou de la machine de Papin, & que l’on peut concevoir plus clairement l'opération de la digeftion. Voyez Dices- TEUR 6 DIGESTION. | | M. Cheyne obferve que le bouilli fépare on déta- che une plus grande partie des jus fucculens quecon- tiennent les mets,qu’ils en deviénnent moins nourrif= fans , plus détrempés , plus légers, & d’une digeftion plus aifée : que le rôti, d’un autre côté , laifle les mets trop pleins de fucs nourriffans,, trop durs de di- geftion, & qui ont befoin d’être plus détrempés ou délayés. C’eft pourquoi on doit faire bouillir Les ani- maux robuftes, grands & adultes, dont on vent faire fa nourriture : mais on doit faire rôtir les plus jeu- nes & les plus tendres. w ACCOMPAGNAGE, f. f. serme de Sorerie , trame fine de même couleur que la dorure dont l’étoffe eft brochée , fervant à garnir le fond fous lequel elle pañle, pour empêcher qu'il ne tranfpire au-travers de cette même dorure, ce qui en diminueroit l'éclat & le brillant. peer | Toutes les étoffes riches dont les chaînes font de couleur différente de la dorure, doivent être accom- pagnées. Voyez FOND oR, BRoCARDS , Tissus, &c. & LISSES DE POIL. ACCOMPAGNATEUR , f m. ez Mufique. On appelle ainfi celui qui dans un concert accompagne où de l’orgue ou du clavecin. dr Îl faut qu'un bon accompagnateur foit excellent * A € € Muficien!; qu'ilfache bien l'harmonie qu'il connoiffe à fond fon clavier, qu'il ait l'oreille excellente, les doigts fouples, &:le coût bon. = 0 6 - Nous aurons occafon de parler au mot accompaz gnement de quelques-unes des qualités néceflaires à laccompagnateur. (S) | ACCOMPAGNE, adj. rerme de Blafon, U {e dit de quelques pieces honotables qui en ont d’autres en féantes partitions. Ain on dit que la croix eff accors- pagniée de quatre étoiles, de quatre coquilles, & feige alëz rions, de vingt billetres ; lorfaue ces chofes font égale- ment difpofées dans les quatre cantons qu’elle laïffe vuides dans l’écu. Foyez Croix, ALÉRION , Br£- LETTES, 6. Lechevron peut être accompagné de trois croiflans , deux en chef & un en pointe , detrois rofes , de trois befans , 6:c. La fafce peut être accom- pagrée de deux lozanges , deux molettes, deux croi- fettes, Gc. l'une en chef, l’autre en pointe , ou de - ‘quatre tourteaux , quatre aiglettes, 6. deux en chef &-deux en pointe: Le pairle de trois pieces fembla- bles., une en chef & deux aux flancs ; &r le fautoir de quatre, la premiere en chef, la fecondeen pointe, & les deux autres aux flancs. On dit la même chofe des pieces nufes dans le fens de celles-là | comme deux clefs en fantoir, trois poiflons mis en pairle, @c. Voyez SAUTOIR,PAIRLE, Grc. | Efparbtz en Guienne, d'argent à la fafce de gueu- des ; accompagné de trois merlettes de fable. (77) ACCOMPAGNEMENT , {. m. c’eft l'exécution d'une harmonie complette & réguliere fur quelque nftrument , tel que l'orgue, le clavecin, lethéorbe!, la guitarre, 6c, Nous prendrons ici le clavecin pour exemple. On y a pour guide une des parties de la Mufique, qui eft ordinairement la baffle, On touche cette baffe de la main gauche , & de la droite , l'harmonie indi- quée par la marche de la bafle , par le chant des au- îres parties qu’on entend en même tems , pat la pai- üition qu'on a devant les yeux, ou par des chiffres qu'on trouve communément ajoûtés à la bafle. Les Italiensméprifent les chiffres ; la partition même leur eft peu néceflaire ; la promptitude & la finefle de deur oreille y fupplée, & ils accompagnent fort bien fans tout cet appareil : mais ce n’elt qu’à leur difpo- tion naturelle qu'ils font redevables de cette faci- lité : & les autres Peuples qui ne font pas nés comme eux pout la Mufique , trouvent à la pratique de l’ac- » lira. » Tirez alors un des morceaux de fer hors du fen; »# portez-le fous un grand marteau; faites-le tirer ent » barre, &tourmenter ; & fans le faire chauffer plus » qu'il ne l’eft,. plongez-le dans Peau froide, o2 A CI - » Quand vous l’aurez trempé, caflez-le ; confidé- y» rez fon grain, & voyez s'il eft entierement acier, » ou s'il contient encore des parties ferrugineules. ..» Cela fait, reduifez tous les morceaux de fer en » barre; {oufflez de nouveau ; rechauffez le creufèt » & le mélange; augmentez la quantité du mêlan- » pe, & rafraichiflez de cette maniere ce que les » premiers morceaux n'ont pas bu; remettez-y ou de » nouveaux morceaux defer, fi vous êtes content ». de la transformation des premiers, ou les mêmes, » s'ils vous paroiïflent ferrugineux ; & continuez # comme nous avons dit ci-deflus », Voici ce que nous lifons dans Pline fur la maniere de convertir le fer en acier : forzacum maxima diffe- rentia eft ; 2n is equidem nucleus ferri excoquitur ad in- durandam aciem, alioque inodo ad denfandas incudes. snalleorumque roftra. I] fembleroit par ce paffage , que les Anciens avoient une maniere de faire au four- neau de l’acier avec lé fer, & de durcir ou tremper leurs enclumes & autres outils. Cette obfervation eft de M. Lifter , qui ne me paroît pas avoir regar- dé l’endroit de Pline affez attentivement; Pline par- le de deux opérations qui n’ont rien de commun, la trempe & l’aciérie. Quant au zucleus ferri, au noyau de fer, 1l eft à préfumer que c’eft une mañle de fer afiné, qu'ils traitoient comme nous Pavons lu dans Ariftote, dont la defcription dit quelque chofe de plus que celle de Pline. Mais toutes les deux font in- fufifantes. . Pline ajoûte dans le chapitre fuivant : Ferrum accen- Jun igni, nift durerur riélibus, corrumpitur ; & ailleurs, ÆAquarum fumma différentia eff quibus immergitur ; ce qui rapproche un peu la maniere de converur le fer en acier du tems de Pline, de celle qui étoit en ufage chez les Grecs, du tems d’Arifiote, Venons maintenant à celui des Modernes, qui s’eft le plus fait de réputation par {es recherches dans cet- te matiere; c’eft M. de Reaumur, célebre.par un grand nombre d'ouvrages, ou imprimés féparément, ou répandus dans les Mémoires de l’Académie des Sciences ; mais furtout par celui où il expofe la ma- riere de convertir le fer forgé en acier. Son ouvra- ge parut en 1722 avec ce titre : l’#ré de convertir le fer forgé en acier, 6 l'Art d’adoucir le fer fondu , ou de faire des ouvrages de fer fondu aufft finis que de fer for- gé. Il eft partagé en différens Mémoires , parce que efettivement 1l avoit été lu à l’Académie fous cette forme, pendant le cours de trois ans. M. de Reaumur, après avoir reconnu que l’acier ne differe du fer forgé, qu'en ce qu'il a plus de fou- fre & de fel, en conclut: 1°. que la fonte qui ne differe auf du fer forgé , que par ce même endroit, peut être de Pacier; 2°.que changer le fer forgé en acier, c’eft lui donner de nouveaux foufres & de nou- veaux fels. | Après un grand nombre d’effais, M. de Reaumur s’eft déterminé , pour les matieres fulphureufes, au charbon pur & à la fuie de cheminée; & pour les matieres falines, au fel marin feul , Le tout mêléavec de la cendre pour intermede. Il faut que ces matieres {oient à une certaine dofe entr’elles, & la quantité de leur mélange dans un certain rapport avec la quan- tité de fer à convertir, 1l faut même avoir égard à fa qualité. | Si la compofition qui doit changer le fer en acier eft trop forte ; fi le feu a été trop long, le fer fera trop acier ; trop de parties fulphureufes & falines in- troduites entre les métalliques, les écarteront trop les unes des autres, &c en empêcheront la liaïfon au point que le tout ne foutiendra pas le marteau. M. de Reaumur a donné d’excellens préceptes:pour préve- nir cet inconvénient; & ceux qu'il prefcrit pour fai- re ufage de l’acier, quand par malheur il eft devenu £rop açier par fa méthode, ne {ont pas moins bons. avoit trop de foufres & de fels, 11 ne s’agit que dé lui en Ôter. Pour cet effet, 1l ne faut que l’enve- lopper de matieres alkalines, avides de foufres & de fels. Celles qui lui ont paru les plus propres, font la. chaux d'os & la craie; ces matieres avec certaine durée de feu , remettent le mauvais acier, l’aciertrop: acier, au point qu'il faut pour être bon. On voit, qu'en s'y prenant ainfi, on pourroit ramener l'acier. à être entierement fer, & l'arrêter dans tel degré moyen qu'on voudroit. L'art de M. de Reaurmur , dit très -ingénieufement M. de Fontenelle dans PHif- toire de l’Académie, /emble fe joter de ce métal, Voilà. pour Le fer forgé converti en acier. Voyez, quant à l’art d’adoucir le fer fondu, ou de faire des ouvra- ges de fer fondu auff finis que de fer de forge, les articles FER & FONTE. Nous rapporterons feulement ici un de ces faits finguliers que fournit le hafard , mais que le rafonnement & les réflexions mettent à profit: M. de Reaumur adoucifloit un marteau de porte cochere affez orné ; quand il le retira du four- neau, 1l le trouva extrèmement diminué de poids ;: & en effet, fes deux groffes branches, de maflives qu’elles devoient être, étoient deÿenues creufes, en confervant leur forme ; 1l s’y étoit fait au bas un pe-. tit trou par où s’étoit écoulé le métal qui étoit fon- du au dedans , & pour ainf dire, fous une croûte ex- térieure. Voyez les induétions fines que M. de Reaur-. mur a tirées de ce phénomene : tout tourne à profit entre les mains d’un habile homme ; il s’inftruit par les accidens, & le Public s'enrichit par fes fuccès. Voici une autre defcription de la maniere de con- vertir le fer en acier, tirée de Geofroi, Mar. Med. Tom. I. pag. 495. « Si le fer eft excellent, onle fond. » dans un fourneau; & lorfqu’il eft fondu, on y jette » de tems en tems un mêlange fait de parties éga-, » les de fel de tartre, de fel alkali, de limaille de » plomb, de râclure de corne de bœuf, remuant de, » tems en tems; on obtient ainfi une mañle qu'on. » bat à coups de marteau, &c qu’on met en barre. » Si le fer ne peut fupporter une nouvelle fufon, » on fait une autre opération: on prend des verges » de fer de la groffeur du doigt; on les place dans » un vaifleau de terre fait exprès, alternativement, » lit fur lit, avec un mélange fait de parties égales » de fuie, de poudre de charbon, de râpure de cor- » ne de bœuf ou de poil de vache. Quand le vaif- » {eau eft rempli, on le couvre; on l’enduit exaéte- » ment de lut, & on le place dans un fourneau de » reverbere. Alors on allume le feu, & on l’augmen- » te par degré, jufqu'à ce que le vaifleau foit ar- » dent ; fept ou huit heures après, on retire les ver- » ges de fer changées en acier, ce que l’on connoît » en les rompant. S’il y paroït des pailles métalli- » ques brillantes, très-petites , & très-ferrées, c’eft. »* un très-bon acier : fi elles font peu ferrées, mais » parfemées de grands pores, il eft moins bon ; quel- # quefois les paillettes qui font à l’extérieur font » ferrées, & celles qui font à l’intérieur ne le font, » pas; ce quiniarque que l'acier n’a pas été fufh- » famment calciné. Alors il faut remettre ht fur lit, » & calciner de nouveau ». Il faut fubftituer dans cette defcription le mot de lames, à celui de pailler. tes, parce que celui-ci fe prend toüjours en mauvai- fe part, & que tout acier pailleux eft défettueux. Voilà pour l’artificiel : voici maintenant pour l’a- cier naturel. Avant que d’entrer dans la defcription du travail de l’acier naturel, il eft à propos d’aver- tir qu'on ne fauroit difcerner à l'œil , par aucun f- gne extérieur, une mine de fer, d'avec une mine d’acier. Elles fe reffemblent toutes, ou pour mieux dire, elles font toutes fi prodigieufement variées , que l’on r’a pu jufqu’à préfent afligner aucun carac- tere qui foit particulier à l’un ou à l’autre. Ce n’eft qu’à la premiere fonte qu’on peut commencer à cons. À CI Jeûturer ; & ce n’eft qu'après avoir pouffé un éffai à “on-plus grand point de perfection, que l’on s’affare -de la bonté ou de la médiocrité de la mine. - La Nature a tellement deftiné certaines mines, plü- “tôt que d’autres , à'être acier , que dans quelques Ma- -Sufaétutes de France, où l’on fait de l’acier naturel, on trouvé dans la même fonte un aflemblage des deux mines bien marqué; elles fe tiennent féparées “danse même bloc. Il y én a d’autres où l’acier {ur- nage le fer dans la fonte. Cette efpecé donne même de lacrer excellent & à très-bon compté : mais on en tire peu. Voici un fait arrivé dans une mine d’Alfa- cé, & qui prouvera que plus les mines tendent À être acier, Ou acier plus pur, moins elles ont de difpoñi- tions à fe mêler avec celles qui font deftinées à être fer forgé , ou acier moins pur. Le Mineur ayant trou. vé un filon qui par fes caraéteres extérieurs lui pa- rut d’une qualité différente de l’arbre de la mine, il ‘en préfenta au Fondeur, qui de fon chef en mit fon- dre avec la mine ordinaire ; mais quand il vint à per- cer fon fourneau, les deux mines fortirent enfemble, fans fe mêler ; la meilleure portée par la moins bon- ne ; d’où il s'enfuit que plus une mine éft voifine de Ja qualité de l’acier, plus elle ef legere. Lorfqu'on a trouvé une mine de fer, & qu’on s’eft aflüre par les épreuves, qu’elle eff propre à être con- vertie en acier naturel ; la premiere opération eft de fondre cette mine. La feule différence qu'il y a dans cette fonte des aciéries , eft celle des Forges où l’on travaille Le fer ; c’eft que dans les forges on coule le fer en gueufe, ( Voyez FORGE ) & que dans les acié- ries on le coule en plaques nunces, & cela afin de pouvoir le brifer plus facilement. Chaque pays, & prefque chaque forge & chaque aciérie, a fes conf. truétions de fourneaux, fes pofitions différentes de foufilets , fes fondants particuliers, fes charbons, fes bois; mais ces variètés de manœuvres ne changent rien au fond des procédés. Dans les aciéries de Dalécarlie, on fait rougir la premiere fonte; on la forge, & on la fond une {e- conde fois. On fait la même chofe à Quyarnbaka : mais ici on jette fur cette fonte des cendres mêlées de vitriol & d’alun. En Alface & ailleurs, on fup- prime la feconde fonte. À Saltzhbourg, où l’on fait d’excellent acier, on le chauffe jufqu’au rouge blanc; On met du fel marin dans de l’eau froide, & on y trempe. En Catinthie, en Stirie, on ne tient pas le fer rouge, & au lieu de fel, c’eft de l'argile que l’on detrempe dans l’eau. Ailleurs, on frappe le fer rouge long -tèms avant que de le tremper; enforte que quand on le plonge dans l’eau , il eft d’un rouge éteint. Dans prefque toutes les aciéries, on jette des craf. {es ou fcories fur la fonte, pendant quelle eft en fu- fon; on a foin de l’en tenir couverte, pour empé- cher qu’elle ne fe brûle. En Suede, c’eft du fable de rviere, En Carinthie, Tirol & Stirie, on emploie au même ufage des pierres à fufil pulvérifées. En Stinie, On ne fond que quarante à cinquante livres pefant de fer à la fois ; ailleurs , on fond jufqu’à cent & cent ving-cinq livres à la fois. Ici l’orifice de la tuyere eft en demi-cercle ; ailleurs il eft oval. On regarde dans un endroit la chaux comme un mauvais fondant ; ce fondant réuflit bien en Alface. Les fontes de Saltz- bourg font épaifles dans la fufñon ; dans d’autres endroits on ne peut les avoir trop limpides & trop coulantes. Là, on agite la fonte, & on fait bien; ici, on fait bien de la laifler tranqulle. Quelques- uns ne veulent couler que fur des lits de fable de ri- viere fin & pur, & ils prétendent que l’acier en vau- -dra mieux; en Alface, on fe contente d’un fable tiré de la terre, & l'acier n’en vaut peut-être pas moins. Il faut attribuer toutes ces différences prefqu’au- ‘eomme l’or & l'argent, misentrele f A CI 103 tant au préjugé & à l’entêtement des ouvriers qu’à la nature des mines. Après avoir inftruit le Leteur de toutes ces peti- tes différences, qui s’obfervent dans la fonte de l’a- cier naturel, afin qu'il puiffe les eflayer toutes, & s’en tenir à ce qui lui paroîtra le mieux; relative- ment à la nature de la mine qu'il aura à employer ; nous allons reprendre ce travail, tel qu'il 1e fait à Dambach à fept-licues de Strasboure, & le fuivre juiqu’à la fn. LU ES | À mi- côte d’une des montagnes de Vofges, on ot: vit une mine de fer qui avoit tous les caraderes ‘ d’une mine abondante & riche. Elle rendoit'en É7 QT. par la fufion cinquante fur cent ; les filons enétoient larges de quatre à cinty pieds; & on leur trouvoit jufqu’à vingt à trente toifes de.profondeur. Hscou: roient dans des entre-deux de rochers extrèmement écartés ; ils jettoient de tous côtés des branches auf “rm quelle tronc, & que lonfuivoit par. dés gal: eries. La mine étoit couleur d’ardoife ; compolée d’un grain ferrugineux très-fn ; enveloppée d’une terre grafle, qui, difloute dans l’eau, prenoïit une aflez belle couleur d’un brun violet. Quoiqu’on la pulverisät , la pierre d’aïmant ne paroifloit point y faire la moindre impreflion ; l'aiguille aimantée n’en reflentoit point non plus à fon approche : mais lorfqu’on lavoit fait rôtir, & qu’on avoit dépouillé la terre grafle de fon humidité vifquenfe, l’aimant commençoit à s’y attacher. Il eft étonnant que les corps les plus compa@s ; er & l’aimant, n’arrêtent en aucune façon lation magnétique, & qu'elle foit fufpendue par la feule terre grafle qui enveloppe la mine. On tiroit cette mine en la caffant avec des coinsz comme on fend les rochers, & on la voituroit dans un fourneau à fondre. Là on la couloit fur un lit de fable fin, qui lui donnoit la forme d’une planche de cinq à fix piés de long fur un pié ou un pié 8 demi de largeur ; & deux ou trois doigts d’épaiffeur. Long-tems avant que de couler , on remuoit fou vent avec des ringards , afin de mêler les deux ef: peces de mines qui feroient reftées féparées, même en fufon ; fans cette précaution. Il eût été peut-être mieux de ne les point mêler du tout, & de ne faire couler que la partie fupérieure , qui contenoit l’acier le plus pur. C’eft aux Entrepreneurs à Le tenter. Après cette fonte , qui eft la même que celle du fer , & qu'on verra à l’art. FORGE, dans le dernier détail ; on tranfportoit les planches de fonte ou lés gâteaux, dans une autre ufine, qu’on appelle propre: ment Aciérie. C’eft à que la fonte recevoit {a pre- miere qualité d’acier. Pour parvenir à cette opération , on cafloit les plaques, ou gueufes froides, en morceaux de vingt- cinq à trente livres pefant; on faifoit rougir quelques- uns de ces morceaux , & on les portoit fous le mar- teau qui les divifoit en fragmens de la groffeur dur poing. On pofoit ces derniers morceaux fur le bord d’un creufet qu'on rempliffoit de charbon de hêtre : lorfque le feu étoit vif, on y jettoit ces fragmens les uns après les autres , comme fi on eût voulu les fondre. C’eft ici une des opérations les plus délicates de l’art. Le degré de feu doit être ménagé de façon que ces morceaux de fonte fe tiennent fimplement mous pendant un tems très-notable. On a foin alors de les raflembler au milieu du foyer avec des ringards , afin qu’en {e touchant , ils {e prennent & foudent les uns aux autres. Pendant ce tems les matieres étrangeres fe fon- dent , & on leur procure l'écoulement par un trou fait au bas du creufet. Pour les morceaux réunis & foudés les uns aux autres, on en forme une maffe 104 ACI «fon appelle loupe, Le Forgeron foulève la loupe de tems en tems avec fon ringard pour la mettre au- deffus dé la fphere du vent , & l’empêcher de tom- ber aû fond du creufet. En la foulevant, il donne encore moyen au charbon de remplir le fond du creufet, & de fervir d'appui à la loupe élevée. Cette loupe refte cinq à fix heures dans le feu, tant à fe former qu’à fe cuire. Quand on la retire du feu , on remarque que c’eft une mañle de fer toute bourfou- flée , fpongieufe , pleine de charbons & de matiere vitrifiée. On la porte toute rouge fous le martinet, par le moyen duquel on la coupe en quatre groffes parts , chacune comme la tête d’un enfant. Si on caffe une de ces loupes à froid, fon intérieur pré- fente des lames aflez larges & très-brillantes, comme on en voit au bon fer forgé. | On rapporte une des quatre parts de la loupe au même feu , on la pofe fur les charbons , on la recou- vre d’autres charbons ; elle eft placée un peu au- déflus-de la tuyere. On la fait rougir fortement pen- dant trois ou quatre heures: On la porte enfuite fous le martinet ; on la bat , & on lui donne une forme quarrée. On la remet encore au feu affujettie dans une tenaille qui fert à la gouverner, & à l'empêcher de prendre , dans le creufet, des places qui ne lui conviendroïent pas. Après une demi-heure elle eft toute pénétrée de feu. On la poule jufqu’au rouge- blanc ; on la retire , on la roule dans le fable, on lui donne quelques coups de marteau à main, puis on la porte fous le martinet. On forge toute la par- tie qui eft hors de la tenaille ; on lui donne une for- me quarrée de deux pouces de diametre , fur trois ou quatre de long ; & on la reprend , par ce bout forgé , avec les mêmes tenailles pour faire une fem- blable opération fur la partie qui étoit enfermée dans les tenailles. Cette manœuvre fe réitere trois ou qua- tre fois, jufqu’à ce que le Forgeron fente que fa ma- tiere fe forge aïfément , fans fe fendre n1 cafler. Toute cette opération demande encore une grande expérience de main &c d'œil pour ménager le fer en le forgeant , & juger , à la couleur , du degré de cha- leur qu’il doit avoir pour être forgé. Après toutes ces opérations , on le forge forte- ment fous le martinet. Il eft en état de n'être plus ménagé : on l’allonge en une barre de deux piès & demi ou trois piés, qu’on coupe encore en deux par- ties , & qu’on remet enfemble au même feu , faifies chacune dans une tenaille différente ; on les poufle jufqu’au rouge-blanc , & on les allonge encore en barres plus longues & plus menues, qu’on jette aufli- tôt dans l’eau pour les tremper. Jufques-là ce n’eft encore que de l’acier brut, bon pour des inftrumens grofliers comme bêches, focs de charrues , pioches ; &c, dans cet état 1l a le grain gros , & eft encore mêlé de fer. On porte ces barres d’acier brut dans une autre ufine, qu’on ap- pelle Afinerie. Quand elles y font arrivées , on les cafle en morceaux de la longueur de cinq à fix pou- ces ; on remplit alors le creufet de charbon de terre jufqu’un peu au-deflus de la tuyere , obfervant de ne la pas boucher. On tape le charbon pour le pref- fer & en faire un lit {olide fur lequel on arrange ces derniers morceaux en forme de grillage , polés les unsfur les autres par leurs extrémités, fans que les côtés fe touchent ; on en met jufqu’à quatre ou cinq rangs en hauteur , ce qui forme un prifme , qu’on voit en À , Planche de l’ Acier ; puis on environne le tout de charbon de terre pilé & mouillé, ce qui for- me une croûte ou calotte autour de ce petit édifice. Cette croûte dure autant que le refte de l’opération, parce qu’on a foin de l’entretenir &c de la renouvel- ler à mefure que le feu la détruit. Son ufage eft de concentrer la chaleur & de donner un feu de rever- bere. Après trois ou quatre heures , les morceaux font fufifamment chauds ; on les porte, les uns après les autres fous le martiñet ; où on les allonge en lames plates , que l’on trempe auffitôt qu’elles for- tent de deflous le martinet. On obferve cependant d’en tirer deux plus fortes & plus épaifles que les autres , auxquelles on donne une légere courbure, & que l’on ne trempe point. Le grain de ces lames eft un peu plus fin que celui de l’acier brut, Ces lames font encore brifées en morceaux: de toutes longueurs ; il n’y a que les deux fortes qui reftent comme elles font. On raflemble tous les au- tres fragmens ; on les rejoint bout à bout & plat con- tre plat , & on les enchäffe entre les deux longues lames non trempées. Le tout eft faïfi dans des tenail- les, comme on voit Fig. B. méme Planche, & porté à un feu de charbon de terre comme le précédent, On poufle cette matiere à grand feu ; & quand on juge qu’elle y a demeuré affez long-tems, on la porte fous le martinet. On ne lui fait fupporter d’abord que des coups légers, qui font précédés de quelques coups de marteau à main. Il n’eft alors queftion que de rapprocher les fragmens les uns des autres , & de les fouder. On reporte cette pince au feu, on la pouffe encore au rouge-blanc , on la reporte fous le martinet ; on la frappe un peu plus fort que la pre- miere fois ; On allonge les parties des fragmens qui faillent hots de la pince ; on leur fait prendre par le bout la figure d’un prifme quarré. ( Voyez la fig. C, méme Planche. ) On retire cette maîle avec des pin- ces ; on la faifit avec une tenaille par le prifme quar- ré , & l’on fait fouffrir au reffe le même travail : c’eft ainfi que l’on s’y prend pour faire du tout une longue barre que lon replie encore une fois fur elle- même pour la fouder derechef ; du nouveau prif- me qui en provient , on forme des barres d’un pouce ou d’un demi pouce d’équarriffage , que l’on trempe &t qui font converties en acier parfait. La perfec- tion de lacier dépend , en grande partie , de la der- niere opération. Le fer , ou plütôt l’étoffe faite de petits fragmens , veut être tenue dans un feu vio- lent, arrofée fouvent d’argile pulvérifée , pour lem- pêcher de brûler, & mife fréquemment fous le mar« teau , & du marteau au feu, On voit ( éme Planch. fig. D.) le prifme tiré en barres pour la derniere fois par le moyen du martinet. Voilà la fabrication de lPacier naturel dans fon plus grand détail. Nous n’avons omis que les chofes que le difcours ne peut rendre, & que l'expérience {eule apprend. De ces chofes, voici les principales. Il faut 1°. favoir gouverner le feu ; tenir les lou= pes entre la fufñion & la non fufion. 2°. Conduire avec ménagement le vent des {oufllets ; le forcer & le rallentir à propos. 3°. Manier comme il convient la matiere fous le martinet , fans quoi elle fera mi- fe en pieces. Ajoûtez à cela une infinité d’autres no tions , comme celles de la trempe, de l’épaifleur des barres, des chaudes , de la couleur de la matiere en feu, &c. Après toutes ces opérations, on ne conçoit pas comment l'acier peut être à f bon marché : mais il faut favoir qu’elles fe font avec une vitefle extrème, & que le travail eft infiniment abregé pour les hom- mes , par les machines qu'ils emploient. L’eau & le feu les foulagent à tout moment ; le feu qui amollit la matiere , l’eau qui meut le martinet qui la bat. Les Ouvriers n’ont prefque que la peine de diriger ces agens : c’en eft encore bien affez, Il y a d’autres manieres de fabriquer l’acier natu- rel , dont nous allons faire mention le plus briéve- ment qu'il nous fera poffble. Proche d’'Hedmore , dans la Dalécarlie , on trouve une très-belle acié- rie. La veine eft noire, peu compadte & formée de grains ferrugineux. On la réduit aifément en pou- dre fous les doists ; elle eft lourde & donne un'fer ténace ACT ténace & fibreux. Après la premiere fonte , en [a remet dans une autre ufine après l'avoir brifée en morceaux. Ontrouvedans cetteufine une forge à peu près comme celle des Ouvriers en fer, mais plus grande. Son foyer eft un creufet de quatorze doigts de diametre fur un peu plus de hauteur. Les parois & le fond de ce creufet font revêtus de lames de fer. Il y a à la païtie antérieure une ouverture oblongue pour retirer les {cories. Quant à la tuyere, elle eft à une telle diftance du fond , que la lame de fer fur laquelle elleseft pofée , quoiqu'un peu inclinée , ne rencontreroïfmpas , en la prolongeant , l'extrémité des lames qui revêtent le fond. Depuis la levre in- férieure de la tuyere jufqu’au fond, il y a une hau- teur de fix doigts & denu. Les deux canaux des {oufflets fe réuniflent dans la tuyere qui eft de cui- vre. Il eft néceflaire , pour réuflir , que toutes ces _ pieces foïent bien ajuftées. On fait trois ou quatre cuites par jour. Chaque matin, lorfqu’on commence l'ouvrage, on jette dans le creufet des fcories , du charbon & de la poudre de charbon pêle-mêle, puis on met def- fus la fonte en morceaux ; on la recouvre de char- bons. On tient les morceaux dans le feu jufqu'à ce qu'ils foient d’un rouge-blanc , ce qu’on appelle blanc de Lune. Quand ils font bien pénétrés de feu, on les porte en mafle fous le marteau, & cette mafle fe divife là en parties de trois ou quatre livres cha- cune, Si le fer eft ténace, quand il eft rouge , & fra- gile, quandil eft froid , on en bat davantage la mafle avant que de la divifer. Si elle fe met en gros frag- mens , on reporte ces fragmens fur l’enclume pour être foüdiviés. Cela fait, on prend ces morceaux &r on les range dans la forge autour du creufet. On en jette d’abord quelques-uns dans le creufet ; on les y enfonce & enfévelit fous le charbon, puis on rallentit le vent, &c on les laifle fondre. Pendant ce tems on fonde avec un fer pointu , & l’on examine fi la matiere, prête à entrer en fufñon, ne fe répand point {ur les coins , & hors de la fphere du vent. Si on trou- ve des morceaux écartés, on les met fous le vent ; &t quand tout eft fondu , pour entretenir la fufon , on force le vent. La fufon eft à fon point lorfque les étincelles des fcories & de la matiere s’échap- pent avec vivacité à-travers les charbons, & lor{- que la flamme, quiétoit d’abord d’un rouge-noir , devient blanche quand les fcories font enlevées. Quand le fer atété aflez long-tems en fonte , & qu'ileft nèttoyé de fes crafles , la chaleur fe rallen- tit, & la mañle fe prend : alors on y ajoûte les au- tres morceaux rangés autour du creufet ; ils fe fon- dent comme les précédens. On emplit ainf le creu- fet dans l’intervalle de quatre heures : les morceaux de fer ont été jettés pendant ces quatre heures à qua- tre repriles différentes. Quand la mafñle a fouffert fufifamment le feu, on y fiche un fer pointu, on la laiffe prendre , & on l’enleve hors du creufet. On la porte fous le marteau, on en diminue le volume en la paitriffant , puis avec un coin de fer on la par- fage en trois, où quatre, OU Cinq, IT eft bon de favoir que fi la tuyere eft mal placée, &t le vent inéval , ou qu'il furvienne quelqu’acci- dent , il ne fe forme point de fcories , le fer brûle, les lames du fond du creufet ne réfiftent pas , &c. & qu'il n’y a de remede à cela que dejetter fur la fonte une pelletée ou deux de fable de riviere. On remet au feu les quatre parties coupées : on commence par en faire chauffer deux, dont l’une eft pourtant plus près du vent que Pautre. Lorfque la premiere eft fufifamment rouge, on la met en barre fur l’enclume ; pendant ce travailon tient la feconde fous le vent, & on l’étend de même quand elle eft affez rouge, On en fait autant aux deux ref Tome L | A CI tOs tantes. On leur donne à toutes une forme quarrée , d’un doigt & un quart d’épaiffeur, & de quatre à cinq piés de long. On appelle cet acier acier de forgé ou de fonte, On le forge à coups preflés, & on lejette dans une eau courante : quand il y eft éteint on l’en retire , & on le remet en morceaux, | On porte ces morceaux dans une autre ufine , où l’on trouve une autré forge qui differe de la premiere en ce que la tuyere eft plus grande, & qu’au lieu d’être lémi-circulaire elle eft ovale ; qu'il n’y a de fa forme ou levre jufqu’au bas du creufet, que deux à trois doigts de profondeur , & que le creufet a dix à onze pouces de large , fur quatorze à feize de lon- gueur. Les morceaux d'acier font rangés 1à par lits dans le foyer de la forge. Ces lits font en forme de: grillage , & les morceaux ne fe touchent qu'en deux endroits. On couvre cette efpece de pyramide de charbon choïfi , on y met le feu, & on iouffle. Le grillage eft fous le vent. Après une demi-heure ou trois quarts d'heure de feu, les morceaux d’acier font d’un rouge de lune : alors on arrête le vent : êt on les retire l’un après l’autre , en commençant par ceux d’en haut : on les porte fous le martinet pour être forgés & mis en barre. Deux ouvriers, dont l’un tient le morceau par un bout & l’autre par l’autre , le font aller & venir dans fa longueur fous le martinet : l’enclume eft entre deux. C’eftain: fi qu'ils mettent tous les fragmens ou morceaux pris {ur la pile où pyramide & portés fous le martinet, en lames qu'ils jettent à mefure dans une eau courante & froide. Les deux derniers morceaux de la pile, ceux qui la foûtenoient, & qui font plus grands que les autres , fervent à l’ufage luivant : on cafle toutes les lames, & on en fait une étoffe entre ces deux gros morceaux qu n'ont point été trempés, On prend le tout dans des pinces, on remet cette efpece d’étoffe au feu , & on l’y laïfle jufqu’à ce qu’elle foit d’un rouge blanc. Cette mafle rouge blanche fe roule fur de l’argile fec & pulvérifé ; ce qui laide à {e fouder. On la remet au feu, on l’en retire; on la frappe de quelques coups avec un marteau À main, pour en faire tomber les fcories , & aider les lames à prendre. Quand la foudure eft aflez pouflée, on porte la mañle fous le martinet , on l’étend & on la met en barres. Ces barres ont neufà dix piés de long, & font d’un acier égal , finon préférable À celui de Carinthie & de Stirie. Il faut fe fervir dans toutes ces opérations de char- bon de hêtre & de chêne, ou de pin & de bouleau. Les charbons récens & fecs font les meilleurs. Il em faut bien féparer la terre & les pierres. La ouille ou le charbon de terre eft très-bon. | Il faut trois leviers aux foufflets pour élever leurs feuilles , & non un ou deux comme aux foufilets de forges , car on a befoin ici d’un plus grand feu. Quant à ce qui concerne la diminution du fer , il a perdu prefque la moitié de fon poids avant que d’être en acier : de vingt-fix livres de fer crud , on n'en retire que treize d'acier , quelquefois quatorze, Hl'ouvrier eff très-habile, En général, la diminution eft de vingt-quatre livres fur foixante ou foixante- quatre , dans le premier feu : le reftant perd encore huit livres au fecond. Il faut ménager le feu avec foin : le fer trop chauffe fe brûle ; pas aflez, il ne donne point d’acier. Pour obtenir un acier pur & exempt de {cories, 1l faut fondre trois fois ; & fur la fin de la troïfieme fonte , jetter deflus une petite partie de fer crud fri- I, & mêlé avec du charbon; mais plus de charbon que de fer. Pour fabriquer un cent pefant d'acier, où felon la façon de compter des Suédois, pour huit grandes tonnes , il faut trente tonnes de charbon. ” La manufaéture d’açier de Quyarnbaka eft éta- | {: O 106 A CI blie dépuis le téms de Guftave Adolphe. Il ya deux fourneaux : ils font fi grands qu’un homme y peut tenir de toute fa hauteur : ni les murs mile fond ne font point revêtus de lames de fer ; c’eft une pierre qui approche du talc qui les garantit. On jette cha- que fois dans le feu dix grandes livres de fer. Le fer s’y cuit bien , & comme dans les forges. Il en faut fouvent tirer les fcories, afin que la mafñle fonde feche. Lorfque le fer eft en fonte, on jette deflus des cendres mêlées de vitriol & d’alun. On eftime que cette mixtion ajoûte à la qualite. Quand le fer eft fondu , 1l eff porté & divife fous un marteau, & les fragmens nus en barres; les barres partagées en moindre parties, font mifes à chauffer , difpofées en grillages ; chaudes, on les étend de nouveau; & l’on réitere cette manœuvre jufqu’à ce qu’on ait un bon acier. L’acier en baril de Suede eft fait avec cehu dont nous venons de donner la fabrication : on fe con- tente après fon premier recuit de le mettre en bar- res & de le tremper. L’acier pourles épées, qui ef celui dont la qualité eft exaétement au-deflus de Pa- cier en baril , eft mis quatre fois en lames, autant de fois chauffé au grillage, & mis autant de fois fous le marteau. L'acier excellent,ou celui quieftau- deflus du précédent, eftfaconné & trempé huit fois. On met des marques à l’acier pour diftinguer de quel genre il eft : mais les habiles ouvriers ne fe trompent pas au grain. On fait chaque femaine quatorze cens pefant d’a- cier en baril, douze cens d’acier à épées , & huit cens d’acier à reflorts. Le cent pefant eft de huit tandes barres de Suede , ou de cent foixante petites oies du même pays. Pour le cent pefant du meilleur acier, de l'acier à reflorts , 1l faut treize orandes livres & demie de fer crud, & vingt-fix tonnes de charbon: dix gran- des livres de fer crud, & 24 tonnes de charbon pour l’acier à épées ; & la même quantité de fer crud & neuf tonnes de charbon pour l’acier en baril. Lorfque la mine de fer eft mife pour la premiere fois en fufñon dans les fourneaux à fondre & defti- nés au fer forgé, on lui voit quelquefois furnager de petites mafles ou morceaux d’acier qui ne vont point dans les angles , & qui ne fe précipitent point au fond , mais qui tiennent le milieu du bain. Leur fuperficie extérieure eft inégale & informe, celle qui eft enfoncée dans la matiere fluide eft ronde : c’eft du véritable acier qui ne fe mêlera avec le refte que par la violence du vent. Ces mafñles donnent depuis fix jufqu'à dix & quinze livres d’acier. Les ouvriers Suédois qui ont foin de recueillir cet acier qu'ils eftiment, difent que le refte de la fonte n’y perd ni n'y gagne. Dans la Dalecarlie on tire encore d’une mine ma- récageufe un fer, qu’on transforme de la maniere fuivante en un acier qu’on emploie aux ouvrages qui n’ont pas befoin d’être retrempés: on tient ce fer au-deffus d’une flamme vive jufqu’à ce qu'il fonde & qu'il coule au fond du creufet : quand il eft bien liquide , on redouble le feu; on retire enfuite les charbons , & on le laïffe refroidir : on met cette ma- tiere froide en morceaux ; on prend les parties du centre , & l’on rejette celles qui font à la circonfe- rence : on les remet plufieurs fois au feu. On com- mence par un feu qui ne foit pas de fonte : quand cela arrive , on arrête le vent , & on donne le tems 3 la matiere fondue de s’épaifir. On jette deflus des fcories ; on la remet en fufñon, & l’on en fépare l’a- cier. Toute cette manœuvre mériteroit bien un plus long détail : mais outre qu'il nous manque, il allon, geroit trop cet article. Si le fer de marais ne fe fond pas , & qu'il refte gras & épais, on le retourne, & on l’expofe au feu de l’autre face. Dans le Dauphiné , près de d’Allévard & de là montagne de Vanche, il y a- dés mines de fer. Lé fer crud qui en vient eft porté dans un feu qu’on appelle l’affrerie. Le vent des foufflets donne fur la mañle, qui fe fond par ce moyen peu à peu. Le foyer du creufet eft garni de lames de fer ; il eft très-profond. On laiffe ici le bain tranquille iufqu’à ce que le creufet foit plein ; alors on arrète le vent, & on débouche le trou; la fonte coule dans des moules où elle fe met en petites mafñles. On enleve de la furface de ces mañles, des fcories qui cachent le fer. On porte le refte fous le marteau ; & on le met en barres. On porte ces barres dans un feu voïfin qu'on appelle chaufferie : à, on les poufle jufqu’au blanc. On les roule dans le fable pour tempérer la chaleur , & on les forse pour les durcir & convertir en acier, Mais il faut obferver qu'entre ces deux opérations, après lavoir pouflé jufqu'au rouge blanc, on le trempe. À Saltzhourg , on choifit les meilleures veines : ce font les brunes & jaunes. On calcine ; on fond ; on met en mafñles, qui pefent jufqu'à quatre cens dans la premiere fonte. On tient la matiere en fu- fion pendant douze heures ; on retire les crafles ; on remue ; on laifle figer ; on met en morceaux ; on plonge dans l’eau chaque morceau encore chaud : on le remet au feu; on ly laïfle pendant fix heures qu'on poufle le feu avec la derniere violence : on Ôte Les fcories ; on refend & l’on trempe. Ces opéra- tions réitérées donnent à l’acier une grande dureté : cependant on y revient une troïfieme fois; on remet les morceaux au feu pendant fix heures; on les for. me en barres que l’on trempe. Ces barres plus épaïf- - fes que les premieres font remifes en morceaux, &c forgées en petites barres quarrées d’un demi-doigt d’équarriffage. À chaque fois qu'on les trempe , on a foin qu’elles foient chaudes jufqu’au blanc, & l’on met du fel marin dans l’eau pour rendre la fraîcheur plus vive. Cet acier eftextrèmement eftimé. On en fait des paquets qui pefent vingt-cinq livres. Cet acier s'appelle Zffon. | | De quatre cens pefant de fer crud, on tire en. viron deux cens livres & demie de biffon:le refte s’en va en fcories , crafles & fumées. On y emploie moitié charbons mous, moitié charbons durs. On en confomme à recuire fix facs. Trois hommes peuvent faire quinze à feize cens de cet acier par femaine. L’acier qui porte le nom de Srie, fe fait en Carin- thie fuivant cette méthode. Il y a dans la Carinthie, la Stirie & le Tirol,, des forges de fer & d'acier. Leurs fourneaux font con- fruits comme en Saxe ; la tuyere entre afléz avant dans le creufet. Ils fondent quatre cens & demie à . chaque fonte. On tient la matiere enfufion pendant trois ou quatre heures : pendant ce tems on ne cefle de l’agiter avec des ringards ; & à chaque renou- vellement de matiere , on jette. deffus de la pierre à fufil calcinée & pulvérifée. On dit que cette pou- dre aide les fcories à fe détacher. Lorfqne la ma- tiere a été en fufion pendant quatre heures, on re- tire les fcories : on en laïfle cependant quélques- nes qu’on a réconnues pour une matiere ferrugi- neufe. On enleve cette matiere en lames; on la forge en barres , & l’on a du fer forgé. Quant au refte de la matiere en fufion, on le retire. On le porte fous le marteau, onle partage en quatre partiès qu’on jette dans l’eau froide. On refond de nouveau com- me auparavant : on réitere ces opérations trois Ou quatre fois, felon la nature de la matiere. Quand on-éft aflüré qu’elle eft convertie en bon acier , on l’étend fous le marteau en barres de la longueur de trois piés. On la trempe à chaque barre dans une eau où l’on a fait diffoudre de l'argile ; puis on en fait des tonneaux de deux cens & demi pefant, . De quatre cens & demi de fer , on retire un de- imi cent de fer pur, le refte eft acier. Trois hommes font un millier par femaine. : On fuit prefque cette méthode de faire acier en Champagne, dansle Nivernoiïs , la Franche-Com- té, le Dauphiné , le Limofin , le Périgord , & mé- me la Normandie. Enfin à Fordinberge & autres lieux, dans le Rouf- fillon & le pays de Foix, on fond la mine de fer dans un fourneau ; on lui laifle prendre la forme d’un creufet ou d’un pain rond par-deflous , & plat deflus, qu'on appelle #7 male. Cette maïle tirée du feu fe divife en cinq ou fix parties qu’on remet au feu, & qu'on allonge enfuite en barres. Un cô- té de ces barres eft quelquefois fer, & l’autre acier. IL fuit de tout ce qui précede , qu'il ne faut point fuppofer que les étrangers aient des méthodes de con- vertir le fer en acier dont ils faflent des fecrets : que le feul moyen de faire d’excellent acier naturel , c’eft d’avoir une mine que lanature ait formée pour cela, & que quant à la maniere d'obtenir de l’autre mine un acier artificiel, fi celle de M. de Réaumur n’eft pas la vraie , elle refte encore à trouver. L’acier mis {ur un petit feu de charbon, prend dif- férentes couleurs. Une lame prend d’abord du blanc ; 2°. un jaune léger comme un nuage ; 3°. ce jaune augmente jufqu'à la couleur d’or ; 4°. la couleur d’or difparoït , & le pourpre lui fuccede ; 5°. le pour- pre fe cache comme dans un nuage , & fe change en violet ; 6°. le violet fe change en un bleu élevé ; 7°. le bleu fe difipe & s’éclaircit ; 8°. les reftes de toutes ces couleurs fe diffipent, & font place à la couleur d’eau. On prétend que pour que ces couleurs foient bien fenfbles , il faut que l’acier mis fur les charbons ait été bien poli, & graiflé d’huile ou de fuf. … Nos meilleurs aciersfe tirent d'Allemagne & d’An- gleterre. Celui d'Angleterre eft le plus eftimé, par fa finefle de grain & fa netteté : on luitrouve rarement des veines & des pailles. L’acier eft païlleux quand ila été mal foudé ; les pailles paroïffent en écailles à fa furface : les veines font de fimples traces longi- tudinales. L’acier d'Allemagne au contraire eft vei- neux , pailleux, cendreux, & piqué de nuances pâ- les qu’on apperçoit quand il eft émoulu & poli. Les cendrures font de petites veines tortueufes : mais les piquüres font de petits trous vuides que les particules d'acier laiflent entr'elles quand leur tiffu n’eft pas aflez compatt. Les pailles & Îles veines rendent l'ouvrage mal- propre, & le tranchant des inftrumens inégal , foible, mou. Les cendrures &c les piquûüres le mettent en fcie. Pour diftinguer le bon acier du mauvais, prenez le morceau que vous deftinez à l'ouvrage dans des tenailles , mettez-le dans un feu de terre ou de char- bon , felon le pays; faites-le chauffer doucement, comme fi vous vous propofñez de le fouder : prenez garde de le furchauffer ; il vaut mieux lui donner deux chaudes qu’une ; l'acier furchauffé fe pique, *& le tranchant qu’on en fait eft en fcie , & parcon- féquent rude à la coupe ; ne furchauffez donc pas. Quand votre acier fera fufifamment chaud, portez- le fur Penclume ; prenez-un marteau proportionné au morceau d'acier que vous éprouvez ; un marteau trop gros écrafera , & empêchera de fouder : trop “petit , il ne fera fouder qu’à la furface , &c laïffera le cœur intaët ; le grain fera donc inégal : frappez doucement votre morceau d'acier, jufqu’à ce quil ait perdu la couleur de cerife ; remettez-le au feu : faites-le rougir un peu plus que cerife ; plongez-le dans l’eau fraîche ; laiflez-le réfroidir ; émoulez- le & le poliflez ; effayez-le enfuite & le confidérez : _sila des pailles , des cendrures , des veines , des pi- quüres,vousles apperçevrez, Il arrivera quelquefois Tome I, ACI 107 qu'un ; deux, trois , où même tous les côtés du morceau éprouvé feront parfaits : s’il n'y en a qu'un de bon, faites-en le tranchant de votre ouvrage ; par ce moyen, les imperfeétions de lacier fe trou: veront au dos de la piece : mais il y a des pieces à deux tranchans. L’acier ne fauroit alors être trop bon ni trop fcrupuleufement choïf : il faut qu’il foit pur & net par fes quatre faces & au cœur. . L’acier d'Allemagne vient en barils d'environ deux piés de haut , & du poids de cent cinquante. livres: I! étoit autrefois très-bon : mais il a dégénéré. L'étoffe de Pont vient en barres de différentes groffeurs : c’eft le meilleur acier pour les gros in- {trumens , comme cifeaux , forces , ferpes, haches ; É?c. pour aciérer les enclumes , les bigornes, &c. L’acier de Hongrie eft à peu près de Ja même qualité que létoffe de Pont, & on peut l’employer aux mêmes ufages, L’acier de rive fe fait aux environs de Lyon , & n'eft pas mauvais : mais il veut être choifi par un connoifleur , & n’eft propre qu’à de gros tranchans ; encore lui préfere-t-on létoffe de Pont, & l’on a rai- fon. C’eft cependant le feul qu’on emploie à Saint- Etienne & à Thiers. L’acier de Nevers eft très-inférieur à l’acier de ri- ve : il n’eft bon pour aucun tranchant : on n’en peut faire que des focs de charrue. Mais le bon acier eft propre à toutes fortes d’ou- vrages entre les mains d’un ouvrier qui fait l’em- ployer. On fait tout ce qu’on veut avec l’acier d’An- gleterre. Il eff éconnant qu’en France , ajoûte l’Artifte de qui je tiens les jugemens qui précedent fur la qua- lité des aciers, ( c’eft M. Foucou , ci-devant Coute- lier) o72 ne foit pas encore parvenu à faire de bon acier , quoique ce Royaurne foit le plus riche en fer, & er habiles ouvriers. Jai bien de la peine à croire que ce ne foit pas plutôt défaut d'intelligence dans ceux qui conduifent ces manufaétures , que défaut dans les matieres & mines qu'ilsont à travailler..Il fort du Royaume près de trois millions par an pour l’acier qui y entre. Cet objet eft aflez confidérable pour qu'on y fit plus d'attention, qu’on éprouvât nos fers avec plus de foin , & qu’on tâchât enfin d’en obtenir , ou de l’acier naturel, ou de l’acier artifi- ciel , qui nous difpensât de nous en fournir auprès de Pétranger. Mais pour réuflir dans cet examen, des Chimiftes , fur-tout en petit , des contemplatifs fyftématiques ne fuffifent pas : il faut des ouvriers , & des gens pourvüs d’un grand nombre de connoïffan- ces expérimentales fur les mines avant que de les mettre en fer , & {ur l'emploi du fer au fortir des forges. Il faut des hommes de forges intelligens qui aient opéré , mais qui n'aient pas opéré comme des automates , & qui aient eu pendant vingt à trente ans le marteau à la main. Maison ne fait pas aflez de cas de ces hommes pour les employer : cependant ils font rares , & ce font peut-être les feuls dont on puifle attendre quelque découverte folide. Outre les aciers dont nous avons fait mention , il a encore les aciers de Piémont, de Clamecy, l'acier de Carme, qui vient de Kernanten Allema- gne ; on l’appelle auffi acier à la double marque ; ieft affez bon. L’acier à la rofe , ainfi nommé d’une tache qu'on voit au cœur quand on le cafle. L’acier de gran de Motte ,de Mondragon, qui vientd'Efpagne; il eft en mafles ou pains plats de dix-huit pouces de diametre , fur deux , trois, quatre , cinq d’épaifleur. Il ne faut pas oublier acier de Damas, fi vanté par les fabres qu’on en faifoit : mais il eft inutile de s'étendre fur ces aciers , dont l’ufage eft moins ot dinaire ici. On a trouvé depuis quelques années né maniere particuliere d’aimanter l'acier. Voyez là-deflus l’ar- ticle AIMANT, Voyez aufl l’aréicle FER fur Fe Oprié= 1 10% À QU tés medicinales de Pacier. Nous les renvoyons à cet ‘article, parce que ces propriétés leur font commu nes; & l’on croit que pour l’ufage de la Medecine Île fer vaut mieux que l'acier. Voyez Geoffroy, Mar, Med. pag. 500. Nous finirons cet article «acier par le problème ‘propofé aux Phyficiens & aux Chimiftes fur quel- ues effets qui naïflent de la propriété qu'a lPacier xx produire des étincelles, en le frappant contre un caillou , & réfolu,par M. de Reaumur. On $’étoit apperçû au microfcope que les étincelles qua fortent de ce choc font autant de petits globes fphériques. Cette obfervation a donné lieu à M. Kemp de Kerr- wik de demander, 1°. laquelle des deux fubftances, où du caillou, ou de l’acier, eft employée à la pro- du&ion des petits globes ; 2°. de quelle maniere cela fe fait ou doit faire ; 3°. pourquoi, fi l’on emploie le fer au lieu d’acier, n’y a-t-l prefque plus d’étincelles fcorifiées. M. deReanmur eommence la folution de ces quef- tions par quelques maximes fi fages, que nous ne pouvons mieux faire que de les rapporter ici. Ces queftions ayant été inutilement propoiées à la So- cièté Royale de Londres plus d’un an avant que de parvenir à M. de Reaumur , il dit qu’on auroit fouvent tort d’en croire des queftions plus difficiles, parce que de très-habiles gens à qui on les a propo- fées n’en ont pas donné la folution; qu'il faudroit être bien für auparavant qu'ils l'ont cherchée, & que quelqu'un qui eft parvenu à fe faire connoître par {on travail, n’auroit qu’à renoncer à tout ouvrage fnivi, s’il avoit la facilité de fe livrer à tous les éclair- ciflemens qui lui feroient demandés, M. de Reaumur laïfe à d’autres à expliquer com- ment le choc de l’acier contre le caillou produit des étincelles brillantes, &c il répond aux autres quef- tions que le fer &r l’acier font pénétres d’une matiere inflammable à laquelle ils doivent leur dudtilité ; ma- tiere qu'ils n’ont pas plütôt perdue, qu'ils devien- nent friables, & qu’ils font réduits en fcories ; qu'il ne faut qu’un inftant pour allumer la matiere inflam- mable des grains de fer & d'acier très-petits, peut- être moins, ou auf peu de tems que pour allumer des grains de fciüres de bois ; que fi a matiere in- flammable d’un petit grain d'acier eft allumée fubi- tement , f elle eft toute allumée prefqu’à la fois, cela fuffit pour mettre le grain en fufon; que les pe- tits grains d’acier détachés par le caillou font auf embrafés foudainement ; que le caillou lui-même aide peut-être par la matiere fulphureufe qu'il four- nit dans l’inftant du choc à celle qui eft propre au grain d'acier ; que ce grain d’acier rendu liquide s’ar- rondit pendant fa chûte ; qu'il devient une boule, mais creufe, friable, fpongieufe, parce que fa ma- tiere huileufe &c inflammable a été brülée &c brûle avec éruption; que ce tems fufht pour brüler celle d’un grain qui eft dans Pair libre: enfin que l’acier plus dur que le fer, imbibé d’une plus grande quan- tité de matiere inflammable & mieux diftribué , doit donner plus d’étincelles. On peut voir dans le Me- moïre même de M. deReaumur, Recueil de l’Acade- mie des Sciences , année 1 7.36. les preuves des fuppo- fitions fur lefquelles la folution que nous venons de rapporter eft appuyée : ces preuves y font expoiées avec toute la clarté, l’ordre, & l'étendue qu’elles mé- ritent, depuis la page 301 jufqu'a 403. AciER sire, terine d’Horlogerie. V. FIL DEPIGNON. ACINIFORME,, adjet. ou acino/fa tunica (en Ana- zomie) c’eft une membrane de l’œil appellée auf uyée, Voyez UVÉE. (L) * ACKEN oz ACHEN, f. ville d'Allemagne dans le cercle de Baffe-Saxe fur l’Elbe. ACME,, f.( Medecine) vient du Grec «un, pointe; 1l eft particulierement en ufage pour fienifer le plus haut point, ou le fort d’une maladie ; car quelques - uns divifent les maladies en quatre états ou périodes ; 1°, l’arche qui eft le commencement où la premiere attaque ; 2°. l’ancbafrs, du Grec arabasse, qui eft l’aus- mentation du mal; 3°. l’acme qui en eft le plus haut point ; 4°. le paracme qui en eft le déclin, Cette divifion mérite attention dans les maladies aiguës où elle a fur-tout lieu, comme dans la fevre continue, dans la fievre maligne, dans les inflam mations. Les maladies fuivent tous ces périodes fe- lon le bon ou le mauvais traitement qu’on y appor- te, ou felon la caufe, le degré de malignité de la maladie , l’épuifement ou les forces a@tuelles du ma: Jade. (W) * ACMELLA , fubft. plante qui vient de PIfle de Ceylan où elle eft commune, Voici fon caraëtere fes lon P. Hotton, Profeffeur de Botanique à Leyde, Les fleurs de cette plante fortent de l'extrémité des tiges, & font compofées d’un grand nombre de petites fleurs jaunes, radiées, qui forment en s’uniffant une tête portée fur un calice à cinq feuilles. Lorfque ces fleurs font tombées, il leur fuccede des femences d’un gris obfcur, longues & lifles , excepté celles quifont au fommet: elles {ont garnies d’une double barbe qui les rend fourchues ; la tige eft quarrée & cou- verte de feuilles pofées par paires, femblables à cel= les de l’ortie morte, mais plus longues & plus poin= tues. ; La vertu qu’elle a où qu’on lui attribue de guérir de la pierre, en la diflolvant, l’a rendue celebre. En 1690 un Officier Hollandois ‘affüra à la Compagnie des Indes Orientales qu'il avoit guéri plus de cent perfonnes de la néphrétique, & même de la pierre, par l’ufage feul de cette plante. Ce témoignage fut confirmé par celui du Gouverneur de Ceylan, En 1699, le Chirurgien de l'Hôpital de la ville dé Co- lombo écrivit les mêmes chofes de l’'Acmella à P. Hot: ton. Ce Chirurgien diftinguoit dans fa Lettre trois fortes d’acmella différentes entr'elles , principale- ment par la couleur des feuilles ; il recommandoit fur-tout celle à femences noires & à grandes feuilles, On cueille les feuilles avant que les fleurs paroif fent ; on les fait fécher au foleil, & on les prend en poudre dans du thé, ou quelqu’autre véhicule con- venable : ou l’on fait infufer la racine , les tiges, & les branches dans de l’efprit-de-vin que l’on diftille enfuite ; l’on fe fert des fleurs ,de l'extrait, de la ra- cine & de fels de cette plante dans la pleurèfie, les coliques, & les fievres. Comme une plante auii importante ne peut être trop bien connue , j’ajoûterai à la defcription précé- dente celle de Breyn. Cet Auteur dit que fa racine eft fibreufe &c blanche, fa tige quarrée & haute d'environ un pié ; qu’elle fe divife en plufieurs bran- ches ; que fes feuilles font longues, pointues, rabo- teufes , & un peu découpées, &c que fes fleurs naif- fent aux extrémités des branches. Le même Auteur ajoûte qu’on peut prendre deux ou trois fois par jour de la teinture d’acmella faite avec l’efprit-de-vin dans un verre de vin de France ou du Rhin, ou dans quelque déco@tion antinéphré- tique , pour faciliter la fortie du gravier &c des pierres. Nous ne pouvons trop inviter les Naturaliftes à rechercher les propriétés de cette plante. Quel bon- heur pour le genre humain, fi on lui découvroit par hafard celles qu’on lui attribue , & quel homme me- riteroit mieux l’immortalité que celui qui fe feroit livré à cetravail? Peut-être faudroit-il faire le voyage de Ceylan. Les fubftances animales prennent des qualités fingulieres par l’ufage que font les animaux de certains alimens plûtôt que d’autres; pourquoi n’en feroit-il pas de même des fubftançes végétales à ACO Mais fi cette induëtion eft raifonnable, il s'enfuit que telle plante cueillie d’un.côté de cette montagne au- ra uné vertu qu'on ne retrouvera pas dans la même plante cueillie de l’autre côté ; que telle plante avoit jadis-une propriété qu'elle n’a plus aujourd’hui, & qu'elle ne recouvrera peut-être jamais ; que les fruits, les végétaux, les animaux font dans une vicifitude perpétuelle par rapport à leurs qualités, à leurs for- mes , à leurs élémens ; qu’un ancien d'il y a quatré mille ans, ou plütôt que nos neveux dans dix mille ans ne reconnoïtront peut-être aucun des fruits que nous avons aujourd’hui, en les comparant avec les defcriptions les plus exaëtes que nous en faifons ; & que par conféquent 1l faut être extrèmement réfervé dans les jugemens qu’on porte fur les endroits où Les anciens Hiftoriens & Naturaliftés nous entretiennent de la forme, des vertus, & des autres qualités d’ê= tres qui font dans un mouvement perpétuel d’altéra- tion, Mais, dira-t-on , fi les alimens falubres dégé- nerent en porfon, de quoi vivront les animaux à Il y & deux réponfes à cette objection: la premiere , c’eit que la forme , la conftitution des animaux s’altérant en même proportion & par les mêmes degrés infen- fibles, les uns feront toljours convénables aux au- tres ; la feconde, c’eft que s’il arrivoit qu'une fubftan- ce dégénérât avec trop de rapidité , les animaux en abandonneroient l’ufage. On dit que le zalum perft- cum Où la pêche nous eft venue de Perfe comme un porfon; c’eft pourtant dans notre climat un excellent fruit, 8 un aliment fort fain. * ACO, f. m. porflon dont Aldrovande fait men- tion, & qu'il dit être fort commun dans l’Epyre, la Lombardie, le lac Como , & d’une nourriture excel- lente, Cherchez maintenant ce que c’eft que l’aco, ACOCATS, f. m. pl. ( Soierie. ) Ce font deux lit- teaux de deux piés de longueur environ, & d’un pouce d’épaifleur, taillés en dents faites en V à leur partie fupérieure : ils fervent à porter un bâton rond auquel le battant eft fufpendu ; & au moyen des entailles qui font dans leur longueur, on peut avancer ou recu- ler le battant, felon que le travail l'exige. Les aco- cats font attachés au-dedans du métier aux deux ef tafes, parallelement l’un à l’autre, Les dents en V des acocats aident fuffifamment à_fixer le battant dans leñdroit où il eft placé , pour qu’on ne craïgne pas qu'il fe dérange en travaillant. Voyez VELOURS cife- de, & l'explication du Métier à velours cifelé, ACŒMETES, du Latinacæmere ou acæmeit , pot infommii , {. m.pl. ( Théolog. ) nom de certains Reli- gicux fott célebres dans les 1° fiecles de l'Eghife , lur-tout dans l'Orient; appellés ainf , non qu’ils euf- fent les yeux toüjours ouverts fans dormir un feul moment, comme quelques Auteurs l’ont écrit, mais parce qu'ils obfervoient dans leurs Eglifes une pfal- modie perpétuelle, fans l’interrompre ni jour ni nuit, Ce mot eft Grec, drclunros, compote d’x privatif, & touaw, dormir. | Les Acœmetes étoient partagés en trois bandes, dont chacune pfalmodioit à fon tour, & relevoitles autres; de forte que cet exercice duroit fans inter- ruption pendant toutes Les heures du jour & de la nuit. Suivant ce partage, chaque Acœmeté confa- croit religieufement tous les jours huit heures en- tieres au chant des Pfeaumes, à quoi ils Joïgnoient la vie la plus exemplaire & la plus édifiante : auffi ont-ils illuftré l’Eglife Orientale par un grand nom- bre de Saints, d'Evêques, & de Patriarches. Nicéphore donné pour fondateur aux Accmetes ‘an nonumé Marcellus , que quelques Ecrivains moder- nes appellent Marcellus d’Apamée : mais Bollandus nous apprend que ce fut Alexandre, Moine de Sy- rie, antérieur de plufeurs années À Marcellus. Sui- want Bollandus, celui-là mourutvers l’an 430, Il fut A CO 109 remplacé dans le souvérnement des Acometes pat Jean Calÿbe, & celui-ci par Marcellus, | ù On lit dans Saint Grégoire de Tours, & plufieurs autres Ecrivains , que Sigifmond, Roi de Bourgogne, inconfolable d’avoir, à l’inftigation d’une méchante Princéfle qu'il avoit époufée en fecondes nôcés, & qui étoit file de Théodoric, Roi d'Italie, fait périr Géferic {on fils, Prince qu'il avoit eu de fa premiere femme , fé retira dans le Monaftere de $, Mauricé j connu autrefois fous le nom d’Agaune ,; 8 y étais blit les Acoœmetes pour laïffer dans l'Eglife un mo: nument durable de fa douleur & de fa pénitence. Il n’en fallut pas davantage pour que le nom d’A: céæmetes & la pfalmodie perpétuelle Ait mife en vos gue dans l'Occident, & fur-tout dans la France , dont plufieurs Monafteres, entr’autres celui dé Saint Des nys, fuivirent prefqu’en même tems l’exemple de celui de Saint Maurice: quelques Monafteres de filles fe conformerent à la même regle, Il paroît par l’a: bregé dés aétes de Sainte Saleberge recueillis dans un _manufcrit de Compiegne, cité par le P. Ménard ,qué cette Sainte, après avoir fait bâtir un vafte Mona fiere, & y avoir raflemblé trois cens Religieufes; les partagea en plufieurs chœurs différens, de mas mere qu'elles pufent faire retentir nuit & jour leur Eglife du chant des Pfeaumes. On pourroit encôre donner awjoürd’hui le nom d’Acæmetes à quelques Maïfons religieufes où l'as doration perpétuelle du Saint Sacrement fait partie de la régle, enforte qu'il y a jour & nuit quelques perlonnes de la Communauté occupées de ce pieux exercice. Voyez SACREMENT 6 ADORATION. On a quelquefois appellé les Stylites Aéæmeres, Re les Acœmetes, Sudites. V.STyLiTE 6 Srunire.(G) * ACOLALAN, fubft.um. ( Hi/4. nat.) Punaile de lle Madagafcar qui devient groffe comme le pou ce, & qui prend alors des ailes : elle ronge tout, mais fur-tout les étoffes. ACOLYTHE , f. m.( Théolog. Hifi. anc, 6 mod. chez les Anciens fignifioit uze perfonne fermé & iné- branlable dans [ès fèntimens. C’eft pourquoi l’on don: na Ce nom à certains Stoiciens qui fe piquoient dé cetté fermeté. … | ; Ce nomeftorignarément Grec, æxonol0oe. Quel« ques-uns le compofent d’& privatif &ride scaceros, via, Voie, chemin; &c pris en ce féns il fignifie à la lettre qui perfifle toñjours dans la méme vote, qui ne s’en écarte jamais, D’autres écrivent acolyte fans k, 8€ le dérivent d’éxoaros, acolytus, formé d’& négatif &c de zonvw, arceo, impedio ; d’autres enfin prétendent qu'il fignifñe à la lettre 27 fuivant, un fervanir. C’eft en ce dernier fensque dans les Autéurs ecclé: faftiques on trouve ce terme fpécialement appliqué aux jeunes Clercs qui afpiroient au faint Miniftere, 8 tenoient dans le Clergé le premier rang après les Soûdiacres. L’Eglife Greque n’avoit point d’acoly: thes , au moins les plus anciens monumens n’en font ils aucune mention: mais l’Eglife Latine en a eu dès le 111. fiecle ; Saint Cyprien 8 le Pape Cornéille. et parlent dans leurs Epitres ; & le 1v. Concile de Cars: thage prefcrit la maniere de les ordonner. Les Acolythes étoient de: jeunes hommes entre Vingt &c trente ans deftinés à fuivre toûüjours l’'Evès que, & à être fous fa main. Leurs principales foncs tions dans lés premiers fiecles de l’Eglife étoient dé porter aux Evêques les Lettres que les Eglifes étoient en ufäsge de s’écrire mutuellement, lorfqu’elles avoient quelque affaire importante à confultér; ce ui, dans les tems de perfécution où les Gentils épioient toutes les occafons de prophaner nos Myf. teres , exigeoit un fecret inviolable & üne fidélité à toute épreuve: ces qualités leur firent donner le nom d'Acolythes | aufh-bien que ‘eur afiduité ‘auprès de l'Evêque qu'ils étoient obligés d'accompagner & Je t10 A CO Lervir. Îls faifoient fes meMages, portoient les eulo- gies, c’eft-à-dire, les pains-benis que lon envoyoit en figne de Communion: ils portoient même l’Eu- chariftie dans les premiers tems; ils fervoient à l’au- tel fous les Diacres; & avant qu'il y eût des Soüdia- cres, ‘ils en tenoient la place. Le Martyrologe mar- que qu’ils tenoient autrefois à laMeffe la patene enve- loppée, ce que font à préfent les Soûdiacres ; & il ef dit dans d’autres endroits qu'ils tenoient auffi le cha- lumeau qui fervoit à la Communion du calice. Enfin als fervoientencorelesEvêques & lesOficians en leur préfentant les ornemensfacerdotaux. Leurs fon£tions ont changé; le Pontifical ne leur en afligne point d'autre, que de porter les chandeliers, allumer les cierges, & de préparer le vin & l’eau pour le Sacri- fice : ils fervent aufli l’encens, & c’eft l’ordre que les jeunes Clercs exercent le plus. Thomaff. Diftiplin. de l'Eglife. Fleury, Inflit. au Droit eccleftaft. rome I. part. 4. chap. 6. Dans l’Eglife Romaine il y avoit trois fortes d’A- colythes : ceux qui fervoient le Pape dans fon Palais, & qu'on nommoït Palatins : les Srarionnaires qui {er- voient dans les Eglifes, &c les Régionaires qui ai- doient les Diacres dans les fonétions qu'ils exer- goient dans les divers quartiers de la ville. Le nom d’Acolythe a encore été donné à des Of- ciers laïcs attachés à la perfonne des Empereurs de Conftantinople ; & dans les Liturgies des Grecs, le mot atonouria fignifie La fuite, la continuation de Of ice, les cérémonies des Sacremens:, & les prieres. (G) * ACOMA , f. ville de l'Amérique feptentrionale, au nouveau Mexique ; elle eft capitale de la Pro- vince. Long. 169. lat, 35. * ACOMAS, fm. (if. rar.) grand & gros “arbre de l'Amérique, dontla feuille eft large, le fruit en olive , d’une couleur jaune, &c d’un goût amer. .On emploie cet arbre dans la confiruétion des navi- res, & on en tire des poutres de dix-huit pouces de diametre fur foixante piés de longueur. © ACONIT , f. im. ( Æfé nat. ) en Latin aconirum, herbe à fleur irréguliere | compoñfée de plufieurs feuilles, & dont le piftil devient un fruit à plufieurs loges ou capfules. La fleur de cette plante a cinq feuilles qui font toutes différentes entr’elles, & qui repréfentent en quelque façon la tête d’un homme revêtu d’un heaume ou d’un capuchon. La feuille fupérieure tient lieu de cafque ou de capuchon; les - deux feuilles inférieures font à la place de la men- ‘tonniere, &1celles des côtés peuvent être compa- -rées à des oreillettes.. I fort:au nulieu de la fleur deux croffes qui font cachées fous la feuille du def- fus; il en fort auf le piftil, qui devient un fruit compolé de gaînes membrareufes, qui font difpo- fées en maniere de tête, &r qui renferment ordinai- rement des femences anguleufes & ridées. Tourne- «fort, inf. rei herb. Voyez PLANTE. (1) AconiT , (2°) ( Jardinage. ) vient de femence fur couche, & auffi de brins fans racine. Il y a un aco- nit d'été & un autre d'hyver. ( Æ) Mais de tous les açonits ( Mar. med.) 11 n’y ena qu'un qui puifle fervir danslaMedecine ; c’eft Paco- . miturofalutiferum five anthora. C. B: Sà racine eft un contie-poifon pour ceux qui ont mangé la racine-des autres aconits. Les payfans des Alpes&.des Pyrénées s’en fervent contre les moriu- res des chiens enragés & contre la colique. Elle eft donc alexitere, cordiale, flomachale ,.8& bonne pour la cohique venteufe. Elle contient beaucoup - d'huile & de fel eflentiel volatil. La Nature a femblé faire naître! l’aconit falutaire auprès du napel, qui eft un vrai poifon, pour fervir -de-contre-poifon ; aufli comme le napel coagule le fang,, l'aconit falutaire agit en divifant les humeurs. ACO ACONTIAS, {. m. ( Hiff. na. ) ferpent qui s’é- lance comme un trait décoché, ce qui lui a fait don- ner le nom de javelor. Voyez JAVELOT. (1) ACONTIAS, f. m. (Phyfiq. ) nom employé par quelques Auteurs pour défigner une Come, où plü- tôt un Météore, qui paroît avoir une tête ronde ou oblongue, & une queue longue & menue, à peu près de la forme d’un javelot. Voyez COMETE 6 MÉTÉORE. ( O * ACOPIS, f. (Hiff. nas.) pietre précieufe tranf- parente comme le verre, avec des taches de couleur d’or. On l’a appellée acopis , parce que l’huile dans laquelle on la fait bouillir, pañle pour un remede contre les laflitudes. Pline. Conflant. Il faut attendre pour favoir à laquelle de nos pierres rapporter celle- ci & beaucoup d’autres dont nous parlerons dans la fuite, que M. Daubenton, de l’Académie Royale des Sciences de Paris, ait fait ufage de fa découverte ingénieufe fur la maniere de tranfmettre à nos def- cendans la maniere d’appliquer , fans erreur, nos noms de pierres, aux pierres mêmes auxquelles nous les avons donnés , & de trouver quel eft celui de nos noms de pierres qui répond à tel ou tel nom des An- ciens. * ACOPOS, f. ( Hiff. nar.) plante dont il eft fait mention dans Pline, & que l’on prétend être l’a- nagyris de Diofcoride , que Gerard regarde comme uñe efpece de srifolium. * ACORES, f. Tfles de l'Amérique qui appartien- nent aux Portugais ; elles font au nombre de neuf, Long. 346.—354. lat. 39. | Elles {ont commodément fituées pour la naviga- tion des Indes Orientales & du Brefil : on en tire principalement des blés, des vins & du pañtel : mais cette derniere denrée eff le principal du négoce. Les batates entrent dans la cargaifon des Hollandois, Les Acores donnent encore des citrons, des limons, des confitures, dont le fayal eft la plus eftimée. On y porte des toiles, de l’huile, du fel, des vins de Canarie & de Madere ; des taffetas, des rubans, des droguets de foie , des draps, des futaines, des bas de foie, du riz, du papier, des chapeaux , & quelques étoffes de laine, On a en retour de la monnoie d’or du Brefil, des fucres blancs, des mofcoïades, du bois de Jacaranda, du cacao, du girofle : les Anglois y paflent auffi des étoffes, des laines, du fer, des harengs, des fardines, du fromage, du beurre, & des chairs falées. * ACORNA, f. ( Hiff. rar. € bor. ) efpece de char- don dont il eft parlé dans Theopbraîte. Il a, dit cet Auteur, la tige & la feuille velues &c piquantes ; ce qui convient non-feulement à l’a@ihis, mais à un grand nombre d’autres plantes. * : L’acorna eft, felon Pline, une efpece de chèns “verd femblable au houx ou au genevrier. * ACORUS, £ m.( Æff. nat. ) On donne au- jourd’hui le nom d’acorus à trois racines différentes ; le vrai acorus , l'acorus des Indes , &c le faux acorus. | Le vrai acorus eft une racine longue, genouillée , dela groffeur du doigt, un peu plate, d'un blanc verdâtre au dehors; quand elle eft nouvelle , rouf- fâtre ; quand elle eft deffléchée, blanche au dedans : “fpongieufe , acre , amere, aromatique au goût & agréable à l’odorat. Des racines de cette plante ram- pante s’élevent des feuilles d’une condée & demie, de la figure de l'iris à feuille étroite, applaties, pointues, d'un verd agréable, lifles, larges de 4 à 5 lignes, acres, aromatiques ;, un peu ameres, & odorantes quand-on les froifle. Quant à fesfleurs , elles font fans pétales, compofées de fix étamines rangéesemépis ferrés, entre lefquels croïfflent des embryonsenvi- ronnés de petites feuilles applaties ou écaillées. Cha- que embryon devient un fruit triangulaire &c à trois loges ; & toutes çes parties font attachées à un po con aflez gros, & forment un épi conique qui naît à une feuille fillonnée & plus épaifle que les autres. Cet acorus vient dans les lieux humides de la Li- thuanie , de la Tartarie, & en Flandre, en Angle- terre le long des ruifleaux. Sa racine difüillée donne beaucoup d'huile effentielle, & un peu d’efprit vo- latil urineux. D'où il s'enfuit qu’elle eft pleine de fel volatil, aromatique , huileux. On le recommande pour fortifier l’eftomac, chafler les vents, appaifer les tranchées, lever les obftruétions de la matrice &c de la rate, provoquer Les regles , augmenter le mou vement du fang. Il pafle auf pour alexipharmaque. L’acorus des Indes eft une racine femblable au vrai Acorus, mais un peu plus menue , d’une odeur plus agréable , amere & piquante au goût. Il vient des Indes Orientales & Occidentales. Celui du Brefil ef aflez femblable à celui de l’Europe. On l’ordonne feul ou avec d’autres remedes contre les humeurs vifqueufes & les poifons. _ Letroifieme acorus eft une racine noueufe , rouge intérieurement & extérieurement , fans odeur , fur- tout quand elle eft verte ; d’un goût très-foible d’a- bord , maïs qui devient bientôt d’une grande acrimo- nie. Dodonée dit qu’elle eft bonne dans les dyflen- teries , les flux de ventre , & toute hémorrhagie. On le prend ou en décoétion ou de quelqu’autre maniere. ACOTOIR , f. m. ez Architeîture, c’eft le derriere d’un banc de pierre ou de bois qui fert à s'appuyer en arriere. (P) ACOUDOIR , f m. ( Architeit. ) s'entend de tous murs à hauteur d'appui dont l’élévation eft propor- tionnée à la grandeur humaine, Voyez Appur 6 BA- LUSTRADE.(P) * ACOUSMATIQUES, adj. pris fubft. (Æ/£. anc.) Pour entendre ce que c’étoit que les Acou/matiques , il faut favoir que les difciples de Pythagore étoient diftribués en deux clafles féparées dans fon école par un voile ; ceux de la premiere clafle, de la claffe la plus avancée, qui ayant pardevers eux cinq ans de filence pañlés fans avoir vü leur maître en chaire, car ilavoit toijoursété féparé d’eux pendant tout ce tems par un voile, étoient enfin admis dans lefpece de {anduaire d’où il s’étoit feulement fait entendre, & le voyoient face à face ; on les appelloit les Æforéri- ques. Les autres qui reftoient derriere le voile &c qui ne s’étoient pas encore tüs aflez long-tems pour mé- riter d'approcher & de voir parler Pythagore, s’ap- pelloient Exorériques & Acoufinatiques ou Acoufliques. Voyez PYTHAGORICIEN. Mais cette diflinétion n’e- toit pas La feule qu’il y eût entre les Æforériques &t les Exotériques. Il paroït que Pythagore difoit feulement les chofes emblématiquement à ceux-ci; mais qu'il les révéloit aux autres telles qu’elles étoient fans nuage, & qu'il leur en donnoit les raifons. On difoit pour toute réponie aux objeétions des ÆAcoufliques , évrocépa, Pythagore l’a dif : mais Pythagore lui-même réfolvoit les objeions aux Æ/orériques. ACOUSTIQUE, f. f. eft la doëtrine ou la théorie des fons. Voyez Son. Ce mot vient du Grec æxcve , j entends. _ L’Acouflique eft proprement la partie théorique de la Mufique. C’eft elle qui donne les raïfons plus ou moins fatisfaifantes du plaifir que nous fait ’harmo- nie, qui détermine les affetions ou propriétés des cordes vibrantes, 6e. SON, HARMONIE, CORDE. L’Acouflique eft la même fcience qu’on a autrement appellée Phonique. Voyez PHONIQUE. - ACOUSTIQUES , adj. pris fubft. On dit Zes acoufh- ques pour Les remedes acouftiques. Ce font ceux qu'on emploie contre les défauts & les maladies de l'oreille .ou du fens de Voxte. Voyez OREILLE & Outre. On dit aufli maladies acoufliques, & inffrumens acouftiques dans emême fens que remedes acoufliques. Acouftique fe dit principalement des inftrumens par lefquels ceux qui A C Q tif ont l'oiie dure remédient à ce défaut, Poyez Cor- NET , PORTE-VOIx. Le Doëteur Hook prétend qu'il n’eft pas impôffible d'entendre à la diftance d’une ftade le plus petit bruit qu’une perfonne puifle faire en parlant ; & qu'il fait un moyen d'entendre quelqu'un à travers uné mu« taille de pierre épaifle de trois piès. Voyez Eco, CABINETS SECRETS & PoRTE-Voix. (0) * ACOUSTIQUES, f. m. Ÿ. ACOUSMATIQUES; ACOUTREUR f, An. srme de Tireur d’or , c’eft l’ouvrier qui refferre & polit le trou du fer ou de la filiere dans laquelle pale le trait, lorfqu'il s’agit de Le tirer fin, Voyez TIREUR-D'OR. ACOUTUMANCE, f. f, (Architeülure.) fe dit, d’après Vitruve, pour exprimer l'habitude que lon a de fuivre un précepte, un auteur, ou un genre dé bâtiment, felon l’ufage du climat, du lieu, rc. C’eft proprement de cette accourumance ou habitude que fe font formées les régles du goût pour l’art de bâtir {elon l’efprit de chaque Nation, & que font nées Les architedures Italienne , Françoïfe , Morefque , Chi- noïfe, Gc. (P) ACOUTY , f. m. ( Æiff. nat. ) animal quadrupede des Antilles. Il eff de la groffeur du lapin-ou du lie« vre ; il a deux dents dans la mâchoire fupérieure , & deux aütres dans la mâchoire inférieure , fembla« bles à celles du lievre, & il eft fort agile ; fa tête eft approchante de celle du rat ; fon mufeau eff. pointu , fes oreilles font courtes & arrondies ; il eft couvert d’un poil roufsätre comme le cerf, & quel- quefois brun tirant fur le noïr , rude &c clair com- me celui d’un cochon de troïs mois ; 1l a la queue plus courte que celle d’un lievre ; elle eft dégarnié de poils , de mème que les jambes de derriere : les quatre jambes font courtes & menues ; le pié de cel- les de devant eft divifé en cinq doigts terminés par des ongles , tandis que les piés de devant n'ont que quatre doigts. Cet animal fe retire dans les creux des arbres : la femelle porte deux ou trois fois l’an- née ; ayant que de mettre bas , elle prépare , fous un buiflon , un petit lit d'herbes & de moufle , pour y dépofer fes petits , qui ne font jamais que deux ; elle les allaite dans cet endroit pendant deux ow trois jours , & enfuite elle les tranfporte dans des creux d'arbres où elle les foigné jufqu'à ce qu'ils puiflent fe pañler d'elle. L’acouty fe nourrit de ra- cines , & 1] mange avec fes pates de devant comme les écureuils ; il n’eft jamais gras à moins qu'il ne - fe trouve aflez près des habitations pour avoir des fruits de manioc & des patates ; alors 1l s’engraifle : ais én quelque état qu'il foit, il a tohjours un goût de venaïfon, & fa chair eft dure ; cependant il y a beaucoup d® gens qui l’aiment autant que celle du lapin. Au commencement que lifle de [a Guade- loupe fut habitée, on n'y vivoit prefque d’autre chofe. On chafle ces animaux avec des chiens qui les réduifent dans les creux des arbres qu'ils habi- tent : Là on les enfume comme les renards , & ils n’en fortent qu'après avoir beaucoup crie : lorfque cet animal eft write , 1l hérifle le poil de fon dos, il frappe la terre de fes pates de derriere comme les lapins; il crie , il fiffle &c d'mord ; on peut pourtant l’apprivoifer. Les Sauvages fe fervent des dents de lacouty , qui font fort tranchantes , pour fe déchi- rer la peau dans leurs cérémonies. Æf. des Antil- les, par le P. du Tertre ; Hiff, nat. 6 mor. des Antile les de l’Amérique, &tc. (1) *ACOQS, 1. (Geog.) Voyez DAX. * ACQUA-PENDENTE , 1. ville d'Italie dans l'Etat de PEglife, au territoire d'Orviette , près de la Paglia. Long. 29. 28. lat. 42. 43. * ACQUARIA , £. ville d'Italie, dans le Duché de Modene, près dela Sultena, 112 À GC Q ACQUEREUR , { m. ex Droir, eît la perfoñne à qui l’on a tranfporté la propriété d’une chofe , par vente, ceflion, échange, ou autrement. Il fe dit fingulierement de celui qui a fait lacquifition d’un immeuble. (47) ACQUÊET , 1. m. ( Jurifprud. ) eftun bien immeu- ble qu’on n’a point eu par fucceflion, mais qu’on a acquis par achat, par donation, ou autrement. Foyez IMMEUBLE, Ce mot vient du Latin acquirere , acqué- tir, gagner. Nos Coûtumés mettent beaucoup de différence en- tre les acquêts & les propres : le Droit Civil ne fait pas cette diftinétion, Voyez PRoPRE, & PATRIMO- NIAL, GC. Legs, ou donation faite à l’héritier préfomptif en ligne collatérale , eft acquér en fa perfonne : mais ce qu'il recueille à titre de fuccefhon , hu devient propre. En ligne direte, tout heritage une fois parvenu aux énfans , même par legs ou donation , prend en leurs mains la qualité de propre , quand il ne lauroiït pas eue précédemment. Les acquérs faits par le mari ou la femme avant le mariage , n’entrent point en communauté , quand même le prix n’en auroit été payé que depuis le ma- riage : mais dans ce fecond cas, la moitie du prix ap- partient à l’autre conjoint. Des acquéts faits dans une Coûtume qui ne porte point communauté, ne laïffent pas d’être communs, fi les conjoints ont contraté mariage dansune Coù- tume qui porte communauté ; fans y déroger , ou s'ils l’ont expreflément ftipulée. Nouveaux ACQUÊTS , terme de finance, eft un droit que payent au Roi les roturiers pour raïfon de Pacquifition & tenure de fiefs , dont autrement ils fe- roient obligés de vuider leurs mains, comme n'étant point de aondition à pofléder telle forte de biens. Ce- pendant les Bourgeois de Paris, & de quelques autres Villes, quoique roturiers , peuvent poféder des fiefs, fans être fujets à ce droit. (4) * ACQUI , . ville d'Italie, Duc. de Monferrat, fur la Bormia. Long. 26.5. lat. 44. 40. ACQUIESCEMENT , { m. serme de Droir , eft ladhéfion d’une des parties contraétantes ou colliti- geantes, ou de toutes deux, à un aéte ou un juge- ment. Ainfi acquiefcer à une condition, à une claufe, c’eft l’accepter : acquiefcer à un jugement, c’eft en pañler par ce qu’il ordonne, (#4) ACQUIESCEMENT , ( Commerce, ) confentement qu'un Négociant ou autre perfonne donne à l’exécu- tion d’une Sentence arbitrale , d’une Sentence des Confuls , ou autre ate fait en Juftice. On ne peutre- venir contre un Jugement, après un acquiefcement; l’e- xécuütion d’un Jugement pañle pour acquiefcement. (G) ACQUIESCER , demeurer d'accord d’une chofe, en convenir. Ce Marchand a été obligé d’acquiefcer à la Sentence arbitrale rendue contre lui. (G) ACQUISITION, f. f. (Jurifp.) eft laëtion par laquelle on fe procure la propriété d’une chofe, Il fe dit aufli de la chofe même acquife. Aïnfi l’on dit en ce fens : ila fait une mauvaile ou une bonne acquifition. Il fe dit fingulierement d’un immeuble. Les acquifitions faites par l’un des conjoints furvi- vans, avant la confeétion d'inventaire , appartiennent à la communauté qui étoit entre lui & le prédécédé. Voyez COMMUNAUTÉ 6 CONTINUATION de com- munauté. (H) ACQUIT, f. m. rerme de Pratique, {ynonyme à quittance, ou décharge. Voyez l’une & l'autre. ACQUIT 4 caution, terme de finances , fe dit d’un billet queles Commis de Bureaux d'entrée du Royau- me délivrent à un particulier , qui fe rend caution qu'une balle de marchandife fera vüe & vifitée à la Doïüane du lieu pour lequel elle eft deffinée ; fur le dos duquel billet les Commis de la Doïane , après avoir fait leur vifite, en donnent leur certificat, qui fert de décharge à celui qui s’eft porté caution. ACQUIT 4 caution de tranfir , autre terme de f- nances. Ce terme regarde certaines marchandifes ou chofes fervant aux ouvrages & fabrication d’icelles, quifont exemptes des droits d'entrée & de fortie du Royaume |; même des péages., oûrois , & autres droits. v L’ACQUIT ou certificat de franchife, concèrne l’e- xemption des droits de fortie des marchandifes defti- nées pour envoyer hors le Royaume , lefquelles font achetées & enlevées pendant le tems des franchifes des Foires. | ACQUIT de payement , eft un terme ufté dans les Bureaux des cinq groffes Fermes. Quand on paye les droits d’entrée & de fortie, le Receveur du Bureau fournit un acquit fur papier timbré , qu’on nomme acquit de payement | & qui fert de quittance & de dé- charge. ACQUIT de, comptant, {ont des Lettres Patentes expédiées à la décharge du Garde du Thréfor Royal pour certaines fommes remifes comptant entre les mains du Roi. Les acquits de comptant ne font point libellés : ce font des lettres de validation qui regar- dent certaines fommes données manuellement au Roi , & que Sa Majefté veut que la Chambre des Comptes pañle en dépenfe, fans qu'il foit fait men. tion des emplois à quoi elles ont été deflinées , impo- fant fur ce, filence à fes Procureurs Généraux. (4) ACQUIT , 1. m.( Commerce. ) parmi des Négocians, fignifñie encore quittance , reçé , ou récépiffé : payé à un tel par, acquis du tel jour , c’eft-à-dire fur fa quittance, recù , oz récépiflé. Y Quand un Banquier ou une autre perfonne donne une Lettre de Change échûe , pour en aller recevoir le payement, il Pendofe en blanc, afin que le garçon puifle mettre Le recû au-deflus de fa fignature. Il faut obferver toûjours en faifant ces fortes d’endoffemens en blanc, de mettre au-deflous de fa fignature ces mots pour acquit , &c cela afin qu’on ne puifle pas remplir le blanc d’un ordre payable à un autre. (G) ACQUIT , Î. m. ( serme de jeu ) au Billard ; c’eit le coup que celui qui a le devant donne à jouer fur fa bille à celui qui eft le dernier. | ACQUITER , v. a. fignifie , payer des droits pour des marchandifes aux entrées & forties du Royau- me , aux entrées des Villes, & dans les Bureaux du Roi. Il fignifie auffi payer fes dettes. On dit acquirer des Lettres & Billets de change, des promefles , des obli. gations , pour dire les payer. ( G) ACQUITER, v. a. ( Jurifprud. ) acquiter une pro- mefle , un engagement, c’eft le remplir. Acguiter fes dettes, ou celles d’un autre, c’eft les payer; acguiter quelqu'un de quelque chofe, c’eft l’en affranchir en la faifant pour lui, où empêchant qu’il ne foit pour- fuivi pour raifon de ce. Si, par exemple, un Seigneur qui releve lui-même d’un autre , a des vaflaux fur qui le Seigneur fuzerain prétende des droïts, c’eft à lui à les en acquiter ; car ils ne doivent le fervice qu’à leur Seigneur immédiat. (4) ACQUITPATENT , {. m. (rerme de finances.) eft une ordonnance ou mandement du Roi, en vertu de laquelle les Thréforiers où Receveurs des Domaines de: Sa Maiefté font obligés de payer au porteur d'- celle, quand elle eft en bonne forme, la fomme con- tenue en l’acgzitpatent, Or la forme requife pour'un acqmitpatent Valide , eft qu'il foit figné , contre-figné , vérifié à la Chambre du Thréfor, contrôlé, &c.(Æ4} * ACRAMAR , o VAN , ville & lac d'Armème, en Afie. Lon. C2. lat. 36. 30. | * ACRATISME , £ m. ( Æff. an. ) Les Grecs fai- foïent quatre repas ; le déjeuner, qu'ils appelloient acratifina | où dianeffifmos ; le diner , arifton ou dor- piflon : un petit repas entre le diner & le fouper, kef bi perifiné, Ca perifima , ce qu’on appelle en Latin mererda ; & Île ‘Touper , dipnon , & quelquefois epidorpis. . *ACRATOPHORE, ou qui donne levin pur (Myt.) nom qu'on donna à Bacchus, à Phigalie, ville d’Ar- gadie, où ce Dieu étoit principalement honoré. * ACRATUS,(Myr. )Genie de la fuite de Bacchus. * ACRE, 1. (Geogr.) Prolémaide, $. Jean d’Acre, ville d’Afe ; qui appartient aux Turcs, proche de Tyr. Lon. 57. lat. 52. 40. ACRE, f. f. (Commerce.) mefure de terre, différente felon les différens pays. Voyez MESURE, VERGE 6 PERCHE. * Ce mot vient du Saxon äcere, ou de l’Allemand acker, lequel vraiffemblablement eft formé d’acer, & fignifie la même chofe. Saumaife cependant le fait . venir d’acra, qui a été dit pour akeza , & fignifoit chez les Anciens une mefure de terre de dix piés. L’acre en Angleterre & en Normandie eft de 160 perches quarrées. L’acre Romaine étoit proprement la même chofe que le 7ugerum. Voyez ARPENT. Il y a en Angleterre une taille réelle impofée par Charles IT. à raifon du nombre d’acres que poffedent les habitans. Le Chevalier Petty a calculé dans PArishmetique politique que l'Angleterre contient 39038500 acres ; les Provinces Unies 4382000, 6c. L’acre des bois eft de quatre vergées , c’eft-à-dire, ©6o piés. Voyez VERGÉE. ( E & G) ÂCRE, adj. (Chimie) fe dit de ce quieft piquant,mor- dicant, & d’un goût défagréable, Tout excès & toute dépravation de falure fait l’acre. C’eft en Medecine qu'on emploie plus communément ce terme. Il y a autant de différentes efpeces d’acres que de différentes efpeces de fels. Il y a des acres aigres, des acres alkalis , &c des acrès moyens, qui tiennent de l’a- cide & de l’alkali en différentes proportions ; & on peut éprouver les actes pour en connoître l’efpece , comme on éprouve les {els pour favoir s'ils font aci- des ou alkalis, ou neutres. Voyez SELS. On peut auf diftingner les acres en acre fcorbuti- que , acre vérolique , &cc. Lorfque les différens {els qui font naturellement dans les liqueurs du corps, font en quantités difpropottionnées, ou lorfque la dépura- tion de ces liqueurs eft troublée , & leur chaleur na- turelle ‘augmentée , il fe fait des acres de différentes efpeces. Certaines gangrenes font voir que les li- queurs du corps humain peuvent devenir fi acres, w’elles en font cauftiques. Les alkalis urineux qui fe Re naturellement dans les corps vivans, font diflolvans des parties animales , non-feulement des humeurs &r des chairs , mais auffi des nerfs & des car- tilages ; & les acres acides des animaux, comme eft T’acide du lait, amolliflent & diflolvent les os les plus durs. On peut en faire l'expérience avec du lait ai- pre; on verra qu'il diflout jufqu’à l’ivoire. _ Souvent un acre contre nature fe trouve confondu dans les humeurs, & ne produit point de mal {enfi- ble tant qu'il n’y eft pas en affez grande quantité , ou qu'il eft plus foible que ne le font les liqueurs qui n’ont qu'une falure naturelle. On a vû fouvent des perfonnes qui portant un levain de vérole dans leurs humeurs , paroifoient fe bien porter tant que Le virus m'avoit pas fait aflez de progrès pour fe rendre fenfi- ble. Il y a des gouteux qui fe portent bien dans les intervalles des accès de goutte, quoiqu'ils ayent dans eux de l’humeur acre de la goutte : c’eft pour cette raifon-là que les Medecins fages & habiles ont égard à la caufe de la goutte dans toutes Les maladies , qui arrivent aux gouteux, comme aux autres hommes. Des charbons de pefte ont forti tout d’un coup à des perfonnes qui paroïfloient être en parfaite fanté ; ‘& lorfque ces charbons peflilentiels fortent de quel- que pattie intérieure du corps, ceux à qui, ce mal- heur arrive, meurent fans garder le lit ; & quelque- Tome I, ACR 113 fois même ils tombent morts dans les rues en allant à leurs affaires : ce qui prouve bien qu’on peut por ter dans foi pendant quelque tems un levain de ma- ladie, & d’une maladie tres-dangereufe , fans s’en appercevoir. C’eft ce qu'ont peine à comprendre ceux qui ayant la vérole confervent cependant tou- tes les apparences d’une bonne fanté, n’ont rien com: muniqué , & ont des enfans fains, | Souvent des perfonnes font prêtes d’avoir la pe- tite vérole & femblent fe porter bien ; cependant elles ont en elles le levain de cette maladie, qui quels ques jours après Les couvrira de boutons & d’ulceres: Ces chofes font approfondies , & clairement expli- quées dans la Chimie Medicinale. (M) "ACREMENT , f. m.( Commerce.) nom qu’on donne à Conftantinople à des peaux aflez fembla- bles à celles qu'on appelle premiers coufleaux. Ces peaux font de bœufs & de vaches, & font apportées des environs de la mer noire. ACRIDOPHAGES, f. pl. dans l’Æiffoire ancienne a Cté lé nom d’un Peuple qui, difoit-on, vivoit de fauterelles ; ce que veut dire le mot acridophages, for- me de œxpèe, fauterelles, & çayw, manger. Onplaçoit les Acridophages dans l'Ethiopie proche des déferts. Dans le printems ils faifoient une grande provifion de fauterelles qu'ils faloient & gardoient pour tout le refte de l’année, Ils vivoient jufqu’à 40 ans, & moutoient à cet âge de vers ailés qui s’engen: roient dans leur corps. Voyez S. Jerôme contre Jo- viuen ; & fur S. Jean , cap. iv. Diodore de Sicile, 4, TIT, cap. üij. 6 xxix. & Strabon, 6. XVT. Plinemet aufh des Acridophages dans le pays des Parthes , &S, Jérôme dans la Libye. UE Quoiqu’on raconte de ces Peuples des circonftan- ces capables de faire paflentout ce qu’on en dit pour fabuleux , 1l peut bien y avoir eu des Acridophages : & même encore à préfent il y a quelques endroits du Levant où l’on dit qu'on mange des fauterelles. Et l'Evangile nous apprend que S. Jean mangeoït dans le défert des fauterelles , 2xprdve, y ajoûütant du miel fauvage. Matth. cap. üj. v. 4. … Il eft vrai que tous les Savans ne font pas d'accord fur la traduétion de dzp9%e, & ne conviennent pas qu'il faille le rendre par faurerelles. Ifidore de Pelufe entre autres , dans fa 132° Epitre , parlant de cette nourriture deS. Jean , dit que ce n’étoit point des ani- maux, mais des pointes d’herbes ; & taxe d'ignoran- ce ceux qui ont entendu ce mot autrement. Mais S. Augufuin , Bede, Ludolphe & autres, ne font pasde fon avis. Auffi les Jéfuites d'Anvers rejettent-ils lo- pinion des Ebionites , qui à 4xpidec fubftituent #y#ps- dve, qui étoit un mets délicieux , préparé avec du miel & de Phuile ; celle de quelques autres qui lifent dyapides OÙ yapidee ; des écreviffes de mer, & celle de Beze qui lit #'ypadve, poires fauvages. * ACRIMONIE, ACRETÉ,, fyronymes. Acrirmo- nie eft un terme {cientifique qui défigne une qualité attive & mordicante, qui ne s'applique guere qu'aux humeurs qui circulent dans l’être animé, & dont la nature fe manifefte plûtôt par les effets qu’elle pro- dut dans les parties qui en font affe@ées , que par aucune fenfation bien diftinéte. Acreté eft d’un ufage commun, par conféquent plus fréquent : 1] convient auf à plus de fortes de chofes. C’eft non-eulement une qualité piquante , capable d’être , ainfi que l’acrimonie , une caufe aëh- ve d’altération dans les parties vivantes du corps ant mal , c’eft encore une forte de faveur que le goût dif tingue & démêle des autres par une fenfation propre & particuliere que produit le fujet affetté de cette qualité. On dit l’acrimonie des humeurs , 8 l’acreré de l'humeur. | | * ACRIMONIE ,{. f. ( Chimie E Phyfig. ) confidé= rée dans le corps acre , confifte dans quelque chofe {14 ACR de fpiritueux & qui tient de la nature du feu. S1 on depouille le poivre de fon huile eflentielle, & cette huile eflentielle de fon efprit re@teur,le refte eft fade, & ce refte eft une fi grande partie du tout, qu’à peine l’analyfe donne-t-elle quelques grains d’acre fur une livre dé poivre. Ce qui eft acre dans les aromatiques eft donc un efprit 8 un efprit fort fubtil. Si un hom- me mange de la canelle pendant quelques années, ileft für de perdre fes dents : cependant les aromati- ques pris en petite quantité peuvent être remèdes , mais leur abondance nuit.Le Doéteur deBontekoe dit que les parfums font les mains des dieux ; & le Com- mentateur de Boerhaave a ajoûté avec autant de vé- rité que d’efprit , que fi cela étoit , ils auroient tué bien des hommes avec ces mains. L'acrimonie , fenfation , eft laétion de cet efprit uni à d’autres élémens fur nos organes. Cette aétion eft fuvie de la foif, du deffechement , de chaleur , d’ardeur , d’irritation, d'accélération dans les flui- des, de diflipation de ces parties, & des autres effets analogues. Acrimonte dans les humeurs , eft une qualité mali gnce qu'elles contraétent par un grand nombre de cau- {es , telles que le croupiffement, le trop d’agitation, &c. Cette qualité confifte dans le développement des fels & quelque tendance à l’alkalifation, en confe- quence de la diffipation extrème du véhicule aqueux qui les enveloppe ; d’où l’on voit combien la longue abftinence peut être mufble dans la plüpart des tem- péramens. | ACROBATES , f. m. ( Æ1f£. anc.) efpecé de dan- feurs de corde, Il y en avoit de quatre fortes : les premiers fe fufpendant à une corde par le pié ou par le col voltigeoient autour , comme une roue tourne fur fon eflieu ; les autreswoloient de haut en bas fur la corde, les bras 8 les jambes étendus, appuyés fimplement fur l’eftomac ; la troifieme efpece étoïent coux qui couroient fur une corde tendue oblique- ment, où du haut en bas; & les derniers, ceux qui non-feulement marchoient fur la corde tendue hori- fontalement , mais encore faifoient quantité de fauts & de tours, comme autoit fait un danfeur fur la‘terre, Nicéphore, Grégoras, Manilius, Nicétas, Vopifcus, Sympofius, font mention de toutes ces différentes ef- peces de danfeurs de corde. (G ACROBATIQUE, adj. pris fubft. ( 4rchite&ure. premier genre de machine dont les Grecs fe fervoient pour monter des fardeaux. Ils la nommoient acrobati- con. (P) * ACROCERAUNES, ( Géog. anc. & mod. ) nom qu'on a donné à plufieurs hautes montagnes de dif- férentes contrées : maïs ce font proprément celles qui font en Epire qui donnent leur nom à un promontoire de la mer Adriatique. | * ACRŒA , adj. f. ( Myth.) furnom de Junon & de la Fortune. Ce furnom leur venoit des Temples qu’elles avoient dans des lieux élevés : on n’immo- loit que des chevres dans celui que Junon avoit dans la citadelle de Corinthe, FACRŒUS , adj. m. (Mysk.)furnom queles habi- tans de Smyrne donnerent à Jupiter, comme & par la même raifon que Junon & la Fortune furent furnom- mées acrææ par les habitans de Corinthe. .Acr&A. ACROLITHOS, f. (Hiff. anc. ) flatue coloffale que le Roi Maufole ft placer au haut du Temple de Mars en la ville d'Halicarnafle : cette ftatue fut faite par l'excellent ouvrier Telochares , où comme quel- ques-uns eftiment, par Timothée. ( P' ACROMION oz ACROMIUM , {. en Anatomie eft une apophife de l’omoplate produite par une émi: nence appellée épine. Voyez OMOPLATE. Ce mot vient d’éspos, extrème, 8 d’'Shve, épaule, comme qui diroit l’éxtrémiré de l'épaule | & non pas d’anchora ; à raïon de quelque reflemblance de figuré PNA TT : de lacromion avec une ancre , comme Dionis s’eft imaginé, | Quelques-uns ont crû que Pacromion étoit d’une nature différente des autres os, parce que durant l'enfance il ne paroît que comme umcattilage qui s’offifie peu-à-peu , & qui vers l’âge de vingt ans devient dur , ferme & continu avec Pomoplate, 7. ÉPIPHISE, OSSIFICATION. ( L * ACRON , f. petit Royaume d'Afrique fur la côte d'Or de Guinée. Il eft divifé en deux parties , l’une qu'on appelle le peris Acror , &c l’autre le grand Acron. ACRONYQUE, adj. ez Affronomie fe dit du lever d'une étoile au-deflus de l’horifon lorfque le foleil y entre , ou de fon coucher, lorfque le foleil en fort. Voyez LEVER 6 COUCHER, _ La plûpart écrivent achroniqué , faïfant venir ce mot de # privatif & povos, £ems , en quoi ils fe trom- pent; car c’eft un mot francifé du Grec axpowyec, compofé de dupoy, extrémité, &ndE , nuit: ideo acro- 7ychum quod circa d'epoy rüe voxloc ; aufli quelques Au- teurs écrivent-1ls même acronyélal au lieu d’acrony- chus ; & cette façon de l’écrire eft en effet très-con- forme à étymologie, mais contraire à l’ufage. Lever ou coucher acronyque eft oppoté à lever ou coucher cofmique & héliaque, Comme dans la premiere antiquité la plüpart des peuples n’avoient pas tout-à-fait réglé la grandeur de l’année,parce qu’ils ne connoïfloient pas encore aflez le mouvement apparent du foleil, il eft évident que fi on eût fixé à certains jours du mois quelque éve- nement remarquable, on auroit eu trop de peine à découvtir dans la fuite précifément le tems de lan- née auquel cela devoit répondre. On fe fervoit donc de la méthode ufitée parmi les gens qui vivoient à la campagne ; Car ceux-ci ne pouvoient fe régler fur le calendrier civil, puifque les mêmes jours du mois civil ne répondoient jamais aux mêmes faifons de l’année , & qu'ainf il falloit avoir recours à d’autres fignes pour diftinguer les tems & les faifons. Or les Laboureurs , les Hiftoriens & les Poëtes, y ont em- ployé le lever & le coucher des aftres. Pour ceteffet ils diftinguerent trois fortes de lever & de coucher des aftres, qu'ils ont nommé acronyque , cofimique, & héliaque. Voyez COSMIQUE & HÉLIAQUE. Iafr. Afir. de M. Le Monnier. (O) ACROSTICHE, {. f. ( Belles-Lerrres. ) forte de poëfie dont les vers font difpolés de maniere que chacun commence par une des lettres du nom d’une perfonne , d’une devife ou tout autre mot arbitraire. Voyez POEME , POESIE. Ce mot vient du Grec dxpos, Jummus , extremus , qui eft à une des extrémités, & olixos , Vers. Nos premiers Poëtes François avoient tellement pris goût pour les Acroftiches , qu'ils avoient tenté tous Les moyens imaginables d’en multiplier les dif. ficultés. On en trouve dont les vers , non-feulement commencent, mais encore finiflent par la lettre don née ; d’autres où l’Acroffiche eft marquée au com- mencement des vers, & à l’hémiftiche. Quelques- uns vont à rebours, commençant par la premiere lettre du dernier vers , & remontant ainfi de fuite jufqu’au prenuer. On a même eu des fonnets Pezra- crofiiches , c’eft-à-dire , où le même acroftiche répeté _juiqu'à cinq fois formoit comme cinq différentes co lonnes. Voyez PENTACROSTICHE. ACROSTICHE. , eft aufli le nom que donnent quel- ques Auteurs à deux épigrammes de l’Anthologie, dont l’une eft en lPhonneur de Bacchus , & Pautre en l’honneur d’Apollon : chacune confifte en vinet- cinq vers , dont le premier eft le précis de toute la piece ; & les vingt-quatre autres {ont remplis d’épi- thetes commençant toutes dans chaque vers par la même lettre de l’alphabet, c’eft-à-dire par 4 dans le feçond vers, par B dans le troifieme, & ainfi de fuite jufqu’à à ; ce qui fait pour chaque Dieu quatre- Vingt-feize épithetes. Voyez ANTHOLOGIE. Il y a beaucoup d'apparence qu'à la renaïffance des Lettres fous François I. nos Poëtes , qui fe pi- quoïent beaucoup d’imiter les Grecs, pritent de cette forme de poëfie le deffein des -4croffiches, qu’on trou- ve firépandus dans leurs écrits , & dans ceux des ri- meurs qui les ont fuivis jufqu'au règne de Louis XIV, C'étoitaffeéter d’impofer de nouvelles entraves à li: magination déja fuflifamment reflerrée par la con- tranté du vers, & chercher un mérite imaginaire dans des difficultés qu’on regarde aujourd’hui, & avec rai- fon , comme püériles. | On fe fervoit aufli dans la cabale des lettres d’un mot pour en faire les initiales d’autant de mots dif- férens ; & Saint Jerome dit que David employa con- tre Semeiï , un terme dont chaque lettre fignifioit un nouveau terme injurieux ; Ce quirevient à nos acro/- siches. Mém. de l’Acad. t. IX. (G) ACROSTICHE , {. f. ez Droit, s’eft dit pour cens. Voyez CENS. _* ACROSTOLION o4 CORYMBE , f. m. ( Æiff anc. ) C’étoit l'extrémité de la proue des vaif- feaux anciens, Le roffrum ou l’éperon étoit plus bas, & à fleur d’eau. ACROTERES , f. f. ( Archire&ure, ) Quelques- uns confondent cé terme avec aortiffément , couron- rement , &tc. à caufe qu'il vient du Grec axporapur, qui fignifie exrrémiré ou porrte : aufli Vitruve nomme- t-ilacroreres de petits piés-d’eftaux fans bafe , & fou- vent fans corniche , que les Anciens deftinoient à recevoir les figures qu'ils plaçoient aux extrémités triangulaires de leurs frontons : mais dans l’Archi- tedture françoile ; ce terme exprime les petits murs ou dofférets que l’on place à côté des piés-d’eftaux , entre le focle & la tablette des baluftrades. Ces zcro- reres {ont déftinées à foûtenir la tablette continue d'un pié-d’eftal à Pautre , & font l'office des demi- baluftres , que quelques Architettes affeétent dans leur décoration , ce qu'il faut éviter, Voyez BALUS- TRADES. (P). | | * ACROTERIA (Hff. anc.) ce font, dans les mé- dailles,, les fignes d’une vitoire, ou l’emblème d’une ville maritime ; ils confiftoient en un ornement de vVaifleau recourbé. | ACRU, (Manége.) On dit monter a cru. W.MoNTER. . * ACTÆA, . ( Bo. Hiff. rar. ) herbe dont Pline fait mention, & que Ray prend pour lAconitum race- #ofum où l’herbe de Saint-Chriflophe. Tous les Botanif- tesregardent le fuc dé la Chriftophorienne comme un poifon ; cependant Pline dit qu'on en peut donner le quart d’une pinte dans les maladies internes des fem- mes. Îl faut donc ou que l’ Aa ne foit pas la même plante que la Chriftophorienne ; ou que la Chrifto- phorienne ne foit pas un poifon ; ou que ce foit une preuve des réflexions que j'ai faites à l’article Ac- mella. Voyez ACMELLA. :# ACTEA, n. p. ( Myrh. ) une des cinquante Né- réides. ; x J# : ACTE, f. m.( Bel. Letrres. )païttie d’un Poëme Dramatique , féparée d’une autre partie par un in- termede. Ce mot vient du Latin a@4s, qui dans fon origine, veut dire la même chofe que le dhâua des Grecs ; ces deux mots vénantées verbes ago & Speo, qui figni- fent faire &x agir. Le mot dés convient à toute une piece de théatre ; au lieu que celii d’acfus en Latin,& d'acte en François , a été reftraint, & ne s’entend que: d’une feule partie du Poëme dramatique. : Pendant les intervales qui fe rencontrent entre les ates , le théatre refte vacant, &iknéfe pañle aucune aétion fous les yeux des fpeétateurs ; mais on fuppofe qu'il s’en pafñle hors de la portée de leur vüe quel: Tome I, | A C T ETS qu'une rélative à la piece , & dont les atés fuivans les informeront. On prétend que cette divifion d’une piece en plu: fieurs aëtes , n’a été introduite parles Modernes, que pour donner à l'intrigué plus dé probabilité, &c la rendre plus intéreflante : car lé fpeétateur à qui dans latte précédent on a infinué quelque chofe de ce qi eft fuppofé fe pañler dans l’entre-aûe , ne fait éncoré que s’en douter , & eft agréablement furpris, lorfque dans l’aéte fuivant ,il apprend les fuites de lation qui s’eft pañlée , & dont il n’avoit qu’un fimple {onpcon: Poyez PROBABILITÉ 6 VRAISSEMBLANCE, D'ailleurs les Auteurs dramatiques ont trouvé pat: là le moyen d’écarter de la fcene ; les parties de l’äcs tion les plus feches , les moins intéreffantes , celles qui ne font que préparatoires , &pourtant idéalement né: ceflaires, en les fondant pour ainfi dire dans les entre- aétes , de forte que l'imagination feule les offre au fpeétateur en gros, & même aflez rapidement pour lui dérober ce qu’elles auroient de lâché ou de défaz gréable dans la repréfentation. Les Poëtes Grecs né connoifloient point ces fortes de divifions ; il eft vrai que l’aétion paroît de tems en tems interrompue fur le théatre, & que les Aéteurs occupés hors de la fcene , ou gardant le filence, font place aux chants du chœur ; ce qui produit des intermedes ; mais non pas abfolu- ment des aétes dans le goût des Modernes, parce que les chants du chœur fe trouvent liés d'intérêt à l’ac- tion principale avec laquelle ils ont tofjours un rap- port marqué. Si dans les nouvelles éditions leurs tra- gédies fe trouvent divifées en cinq a@es , c’eft aux éditeurs & aux. commentateurs, qu'il faut attribuer ces divifions ; & nullement aux originaux ; car de tous les Anciens qui ont cité des pañfages de comédies où de tragédies Greques, aucun ne les a défignés par lPaëte d’où ils font tirés, & Ariftote n’en fait nulle mention dans fa Poëtique. Il eft vrai pourtant qu'ils confidéroient leurs pieces comme confiftant en plu- fieurs parties ou divifions , qu'ils appellotent Prorafe, Epitalé ; Cataftafè , & Cataftrophe; mais il n’y avoit pas fur le théatre d’interruptions réelles qui marquaffent cés divifions. Voyez PROTASE , EPITASE, Gé Ce font les Romains qui les premiers ont introduit dans ls pieces de théatre cette divifion par a@es. Donät, dans l’argument de lAndrienne , remarque pourtant qu'il n’etoit pas facile de Pappercevoir dans leurs premiers Poëtes dramatiques : mais dir tems d'Horace l’ufage en étoit établi; il avoit même pañlé en loi. | Neuve minor, neu fit quinto produtfior aëfu Fabula, que polèi vule & fpeilata reponi. Mais on n’eft pas d'accord fur la néceffité de cette divifion , n1 fur le nombre des aûtes : céux quiles f= xent à cinq , affignent à chacun la portion de l’adtion principale qui lui doit appartenir. Dans le premier, dit Voflius, /uffisur, Poër. Lib. IT. on expofe le fujet ou l’argument de la piece, fans en annoncer le ‘dé- nouement, pour ménager du plaïfir au fpeétateur , & l’on annonce les principaux caraëteres : dans le fe- cond'on développe l'intrigue par degrés : le troifieme doit être rempli d’incidens qui forment le nœud : le | quatrième prépare des reflources ou des voies au dé- nouement , auquel le cinquieme doit être uniquement confacré. Selon l'Abbé d’Aubignac, cette divifion eff fondée fur l’expérience ; car on a reconnu 1°, que toute tra- gédie devoit avoir une certaine longueur; 2°. qu'elle devoit être divifée en plufieurs parties où aëes, Ona enfuite fixé Ja longueur de chaque aëe; il a été facile après cela d’en déterminer le nombre. On à vù, par exemple , qu'une tragédie devoït être’ environ de | qinze ou feize cens vers partagés en plufieurs aes : que chaque aéfedevoit être environ de trois cèns vers: on en a conçlu que la tragédie devoit avoir eimq afes, Pi 116 ACT tant parce qu'il étoit néceffaire de laifler tèfpirer le fpetateur, & de ménager fon attention, en ne la furchargeant pas par la repréfentation continue de lation, & d’accorder au Poëtela facilité de fouftraire aux yeux desfpeétateurs certaines circonftances, foit par bienféance, foit par néceflité ; ce qu’on appuie de Pexemple des Poëtes Latins , &z des préceptes des meilleurs Critiques. Jufques-là la divifion d’une tragédie en a&es paroît fondée ; mais eft-il abfolument néceflaire qu’elle foit en cinq aëfes mi plus ni moins ? M. l'Abbé Vatry , de qui nous empruntons une partie de ces remarques, prétend qu’une piece de théatre pourroit être égale- ment bien diftribuée en trois aëfes, 8 peut-être même en plus de cinq, tant par rapport à la longueur de la piece , que par rapport à fa conduite. En effet, il n’eft pas eflentiel à une tragédie d’avoir quinze ou feize cens vers. On en trouve dans les Anciens qui n’en ont que mille, & dans les Modernes qui vont jufqu’à deux nulle. Or dans le premier cas, trois intermedes feroient fuffifans ; & dansle fecond, cinq ne le feroient pas , felon le raifonnement de l'Abbé d’Aubignac. La divifon en cinq ades , eft donc une regle arbitraire qu'on peut violer fans fcrupule. Il peut fe faire , con- clut le même Auteur, qu’il convienne en général que la tragédie foit en cinq aéfes , & qu'Horace ait eu rai- fon d’en faire un précepte; & 1l peut être vrai en même tems qu'un Poëte feroit mieux de mettre fa piece en trois, quatre, ou fix aéles, que de filer des aîles inutiles ou trop longs, embaraflés d’épifodes , ou furchargés d’incidens étrangers , éc. M. de Vol- taire a déja franchi l’ancien préjugé, en nous don- nant la mort de Céfar , qui n’eft pas moins une belle tragédie , pour n’être qu’en trois aûfes. Les ailes fe divifent en fcenes , & Voffius remarque que dans les Anciens un ae ne contient jamais plus de fept fcenes. On fent bien qu'il ne faudroit pas trop les multiplier, afin de garder quelque propor- tion dans la longueur refpeëtive des ailes ; mais il n°y a aucune regle fixe fur cenombre, Voff. Inflit. Poëric. Lib. II. Mem. de l’Acad, Tom. VIII. pag. 188. € fuiv. Comme les entr'aétes parmi nous font marqués par une fymphonie de violons , ou par des changemens de décorations, ils l’étoient chez les Anciens par une toile qu’on baïfoit à la fin de lade, & qu’on rele- voit au commencement du fuivant. Cette toile , fe- Ion Donat , fe nommoit fparium. Vofl, Infhir, Poër, db. II. ACTES, f. m. pl. fe dit quelquefois en matiere dé Sciences, des Mémoires ou Journaux faits parune Société degens de Lettres. On appelle les A&es de la Société Royale de Londres, Tranfaëtions ; ceux de l’Académie Royale des Sciences de Paris, Mémoires ; ceux de Léipfic font nommés fimplement 4ées, ou Aila eruditorum , 8cc. Voyez SOCIÉTÉ ROYALE, ACADÉMIE , JOURNAUX. ( O ACTES DES APÔTRES, {. m. plur. ( Théolop. ) Li- vre facré du Nouveau Teftament, qui contient l’Hif- toire de l’'Eglife naïflante pendant lefpace de 29 ou 30 ans, depuis l’Afcenfion de N. S. Jefus-Chrift, juf- qu'à l’année 63 de l’Ere Chrétienne. S. Luc eft l’au- teur de cet ouvrage, au commencement duquel il fe nomme ; & 1l ’adrefle à Théophile, auquelil avoit déja adreflé fon Evangile. Il y rapporte les aétions des Apôtres , & prefque totjours comme témoin ocu- Jaire : de-là vient que dans le texte Grec, ce livre eft intitulé œpaëus » Aüles. On y voit l’accompliffe- ment de plufeurs promeffes de I. C. fon Afcenfion, 1a defcente du S. Éfprit, les premieres prédications des Apôtres, & les prodiges par lefquels elles furent confirmées , un tableau admirable des mœurs des premiers Chrétiens ; enfin tout ce qui fe pañla dans V’Eglife jufqu’à la difperfon des Apôtres, qui fe par- fagcrent pour porter l'Evangile dans tout le monde. # ACT Depuis le Point de cette féparation , St Luc àbar® donna l’hiftoire des autres Apôtres, dont il étoit trop éloigné , pour s’attacher particulierement à celle de St Paul qui avoit choïfi pour fon Difciple, & pour compagnon de fes travaux, Îl fuit cet Apôtre dans toutes fes nuflions, &c jufqu’à Rome même, où 1f paroît que les aétes ont été publiés la feconde année du féjour qu'y fit S. Paul, c’eft-à-dire la 63 année de l’Ere Chrétienne , & la 9. & 10.de l’Empire de Néron. Au refte le ftyle de cet ouvrage, qui a été compofé en Grec, eit plus pur que celui des autres Ecrivains Canoniques ; & l’on remarque que S. Luc qui poflédoit beaucoup mieux la langue Greque que l’Hébraique , s’y {ert toûjours de la verfion des Septante dans les citations de l’Ecriture. Le Côn- cile de Laodicée met les Aëtes des Apôtres au nom- bre des Livres Canoniques, & toutes les Eglifes Pont totjours fans conteftation reconnu comme tel. Il y a eû dans PAntiquité un grand nombre d’ou- vrages fuppofés, & la plüpart par des’hérétiques , fous le nom d’A&es des Apôtres. Le premier livre de cette nature qu'on vit paroïître, & qui fut intitulé Ales de Paul & de Thecle | avoit pour Auteur un Prêtre Difciple de S. Paul. Son impofture fut décou- verte par S. Jean; & quoique ce Prêtre ne fe fût porté à compofer cet ouvrage que par un faux zele pour fon Maître , il ne laiffa pas d’être dégradé du Sacerdoce, Ces Ates ont été rejettés comme apo- Cryphes par le Pape Gelafe. Depuis, les Manichéens fuppoferent des A@es de S, Pierre & S, Paul ,oùuils femerent leurs erreurs. On vit enfuite les Aéles de 5. André, de S. Jean, & des Apôrres en général , fup- pofés par les mêmes hérétiques, felon S. Epiphane, S. Auguftin , & Philaftre ; /es Aëles des Apôtres faits par les Ebionites ; Ze Voyage de S, Pierre fauflement attribué à S. Clément ; l’erlevemenr | ou Le raviffe= ment de S, Paul , compofé par les Gafanites, 8 dont les Gnoftiques fe fervoient auffi ; Les Aëes de S. Phi- lippe & de S. Thomas, forgés par les Encratites & les Apoftoliques ; /z Mémoire des Apôtres , compofée par les Prifciilianites ; /’Itinéraire des Apôtres, qui fut re- jetté dans le Concile de Nicée , & divers autres dont nous ferons mention , fous le nom des feûtes qui les ont fabriqués. 46, Apoffol. Hieronim. de Viris uufir. c. 7. Chyfoftom. 12 AG, Dupin, Differr. Prés lim, fur le N. T, Tertull. de Baptifin. Epiphan. heref. VIII. 7%, 47. & 61. S. Aug. de fide contr. Manich. G Trait, in Joann. Philaftr. heref, 48. Dupin Bi. blioth. des Aut. Ecclef. des IIT. prem. fecles. ACTE DE FO, f. m.( Æ:f2. mod. ) dans les pays d'Inquifition en Efpagne, auto da fe, eft un jour {o- lennel que l’Inquifition affigne pour la punition des Hérétiques , ou pour l’abfolution des accufés recon- nus innocens. Voyez INQUISITION. L'auto fe fait ordinairement un jour de grande Fête, afin que l'exécution fe fafle avec plus de fo- lennité & de publicité : on choïfit ordinairement ur Dimanche. D'abord les criminels font amenés à l’Eglife, où on leur lit leur fentence ou de condamnation ow d’abfolution. Les condamnés à mort font livrés au Juge féculier par les Inquufiteurs, qui le prient que tout fe pafle fans effufon de fang ; s'ils perféverent dans leurs erreurs ; als font brûlés vifs. (G) ACTE , {. m. ( Droir 6 Hiff. mod, ) fignifie décla=- ration , convention, Où. fipulation , faite par ou en- tre des parties , en préfence & par le mimiftere d'Of-. ficiers publics , ou fans leur miniftere, & hors de leur préfence. En Angleterre l'expédition des aëes fe fait de deux marieres différentes : ou l'expédition eft dentelée , ou elle ne left pas. | L'expédition dentelée , eft celle dont le bord d’en- haut ou du côté, eft découpé par crans, & qui eff. fcellée du cachet de chacune des parties, Contrac- tantes ; au moyen de quoi, en la rapprochant dé la portion de papier on de parchemin dont elle a été éparée , 1l eft aifé de voir fi c’eft elle-même qui si été délivrée , ou fi elle n’a point été contrefaite. L'expédition non dentelée, eft celle qui eft unique, comme dans les cas où il n’eft pas befoin que les deux païties aient une expédition chacune. Voyez Mi- PARTI. Les aëtes {ont ou publics où particuliers ; ceux-là font de jurifdiéion volontaire, ou de jurifdiétion contentieufe. | Les aëfes de jurifdiétion volontaire , qu’on appelle auf ailes authentiques, font tous les contrats, obli- gations, tranfaétions , ou décharges , pañlés par-de- ant Notaires. Les aies de jurifdiéion contentieufe font tous ceux qui fe font en Juftice, pour intenter une action, &c la pourfuivre jufqu’au jugement définitif. Les aëkes privés , font ceux qui fe pañlent de par- ticulier à particulier , fans le miniftere d'Officiers publics, tels que les billets, quittances, baux, ou tous autres faits fous fimple fignature privée. Aîle d'appel, eft celui par lequel une partie qui fe plaint d’un jugement , déclare qu’elle s’en porte ap- pellante. Ale d’héritier , eft toute démarche où aéton, par laquelle il paroît que quelqu'un eft dans la difpofition de fe porter héritier d’un défunt. Aëte de notoriété. Voyez NOTORIÉTÉ. Aïe du Parlement , en terme de Jurifprudence An- gloife , eft fynonyme à Ordonnance. Cependant les Jurifconfultes du pays mettent quelque différence entre ces deux termes. Voyez-la au mot ORDON- NANCE. (H) ACTE, f. m. ex terme de Palais , fignifie arteflation donnée par Les Juges pour conftater quelque circonf- tance de fait ou de procédure. Ainf l’une des par- ties, par exemple, qui a mis fon inventaire de pro- duétion au Greffe, en demande aée. Un Avocat dans {es écritures ou dans fon plaidoyer demande aée de quelque aveu fait en Juftice par fa partie adverte, & favorable à la fienne: mais il faut obferver que ce terme n’eft d’ufage qu'au Parlement: dans les Jufti- ces inférieures on ne dit pas demander aëe, mais de- mander Zertres. Voyez LETTRES. On appelle auf ae au Palais , Patteftation que donne un Greffier , ou autre perfonne ayant carac- tere en Juftice, qu’une partie s’eft préfentée, ou a fatisfait à telle ou telle formalité ou procédure. C’eft en ce fens qu'on dit vx adle de comparution, pour V'atteftation qu'une partie a comparu; #2 aûke de voyage, pour l’atteftation qu’une partie s’eft tranf- portée de tel lieu en tel autre, à l’effet de pourfui- vre {on droit, ou de défendre à la demande contre elle formée. C’eft dans ce fens aufli qu’on appelle aile de célébration de mariage, le certificat par lequel le Curéattefte qu'il a été célébré entretel &telle.(Æ) * ACTEON, n. p. ( Myth. ) un des chevaux qui conduifoient le char du Soleil dans la chüte de Phae- ton. A&téon fignifie /umineux. Les autres chevaux compagnons d’Aftéon s'appellent Eryrhreus, Lampos, € Philogeusou Aerfoz, Pyrois, Eous, & Phléson, {elon qu’on en voudra croire, ou le Poëte Ovide, ou Ful- gence le Mythologue. Ovide appelle celui-ci Ærhon. ACTEUR fe dit de tout homme qui agit. Voyez ACTE, ACTION, AVOCAT. ACTEUR , en parlant du Théatre, fignifie 42 hom- me qui joue un rôle dans une piece, qui y repréfente quelque perfonnage ou caraëkere. Les femmes fe nom- ment Aürices, 8 tous font compris fous le nom gé- néral d’Aéleurs, Le Drame originairement ne confiftoit qu’en un fimple chœur qui chantoit des hymnes en l'honneur A C T 119 de Bacchus, deforte que les prèmiers Aéeurs n°& toient que des Chanteurs & des Muficiens. Voyez PERSONNAGE, TRAGÉDIE, CARACTERE, CHœURr, … Thefpis fut le premier qui à ce chœur très-infor- me mêla , pour le foulager , un Déclamateur qui ré: citoit quelqu’autre avanture héroïque ou comique, Eichyle à qui ce perfonnage feul parut ennuyeux, tenta d’en introduire un fecond , & convertit les an: ciens récits en dialogues. Avant lui , les 4éewrs bar- bouillés de lie, & trainés fur un tombereau, amu- foient les pañlans : il donna la premiere idée des théa: tres, &c à fes Aéfeurs des habillemens plus majeftueux, & une chauflure avantageule qu’on nomma rade: quins Où cothurne, Voyez BRODEQUIN, | Sophoclé ajoûita un troifieme Aéeur, &les Grecs fe bornerent à €é nornbré; c’eft-à-dire, qu’on regara da comme une regle du poëme dramatique de n’ad- mettre Jamais fur la fcene plus de trois interlocuteurs à la fois: regle qu'Horace a éxprimée dans ce vers … Nec quarta loqui Perfona laborét. Ce qui n’empêchoit pas que les troupes de Comé= diens ne fuffent plus nombreufes : mais felon Voffius, le nombre de tous les Æéfeurs néceflaires dans une piece ne devoit pas excéder celui de quatorze. Avant l'ouverture de la piece , on les nommoit en plein théatre, & l’on avertifloit du rôle que chacun d’eux avoit à remplir. Les Modernes ont quelquefois mis fur le théatre un plus grand nombre d’Aéurs pour augmenter lintérèt par la varièté des perfonnages : mais il en a fouvent réfulté de la confufon dans la conduite de [a piécé. Horace parle d’une efpece d’Aéeurs fecondaires en ufage de fon tems, & dont le rôle confiftoit à imiter les Aüeurs du premier ordre, & à donner à ceux-ci le plus de luftre qu’ils pouvoient en contre-faifant les Nains. Au refte on fait peu quelles étoient leurs fonttions. Fe Les anciens 4&eurs déclamoiént fous lé maîque j & étoient obligés de poufler éxtrèmement leur voix pour fe faire entendre à un peuple innombrable qui remphfoit les amphitéatres : ils étoient accompa= gnés d’un Joueur de flûte qui préludoit, leur donnoit le ton, & jouoit pendant qu'ils déclamoient. Autant les Aéfeurs étoient en honneur à Athenes ; où on les chargeoïit quelquefois d’Ambaflades & de Négociations , autant étoient-ils méprifés à Rome: non feulement ils n’avoient pas rang parmi les ci- toyens, mais même lorfqué quelque citoyen montoit {ur le théatre , 1l étoit chaflé de fa tribu, & privé du droit de fuffrage par les Cenfeurs. C’eft'ce que dit expreflément Scipion dans Ciceron cité par Saint Augu. lv. IT. de la cité de Dieu ,:c. XII. cm ar- tem ludicram [cernamque totam probro ducerent, genusid hominum , non modo honore reliquorum civium , Je efiam tribli movert notatione cenfori4 voluerunt ; & l’e- xemple de Rofcius dont Ciceron faifoit tant de cas,” ne prouve point le contraire. L’'Orateur'eftime à la vérité les talens du Comédien: mais il fait encore plus de cas de fes vertus, qui le diftinguoient telles ment de ceux de fa profeflion, qu’elles fembloient devoir Pexclurre du théatre. Nous avons à cet égard à peu près les mêmes idées que les Romains : & les Anglois paroïflent avoir en partie adopté celles des Grecs. (G) / ACTIAQUES, adj. ( Æf4. anc. ) ont été des jeux qu'Augufte inftitua, ou felon d’autres, renouvella en mémoire de la fameufe vioire qu'il avoit rem portée fur Marc-Antoine auprès d’Attium. foyez JEU." Stephanus & quelques autres après lui ont pré tendu qu’on les célébroit tous les trois ans : mais la plus commune opinion fondée fur le témoignage dé Strabon, qui vivoit du tèms d’Aubufte, eft que ce nétoit quetous les cinq ans, & qu'on les célébroit 118 ACT en l'honneur d’Apollon furnommé Aus, C’eft donc une étrange bévüûe que de s’imaginer, comme ont fait quelques Auteurs, que Virgile a eu intention d’infinuer qu'ils avoient été inflitués par Ence, dans ce pañlage de l’Enéide, liv. ILE, v. 280. Atiaque Iliacis celebramus litrora ludis, Il eft vrai que le Poëte en cet endroit fait allufion aux jeux Aéfagnes : mais il ne le fait que pour flater Augufte, en attribuant au Héros de qui cet Empereur defcendoit,ce que cèt Empereur lui-même avoit fait, comme le remarque Servius. ACTIAQUES ( années ) font la fuite d’années que l’on commença à compter depuis l’ere ou époque de la bataille d’Adium, qu’on appela auf ere d "Augufle. Voyez ANNÉE 6 EPOQUE. (G) ACTIF, adive, terme de Grammaire ; un mot eft atiif quand il exprime une adtion, 4&ifeft oppoté à paffif. L'agent fait l’adion, le patient la reçoit. Le feu brûle, le bois eft brûlé ; ainfi #réle eft un terme aihf, & brélé eft paffif. Les verbes réguliers ont un participe aéfif, comme Zfanr, &c un participe paf, comme /4, Je ne fuis point battant de peur d’être battu, Et L’htimenur débonnaire gf£ na grande vertu, (Mol.) l'y a des verbes aëifs & des verbes paffifs. Les verbes atifs marquent que le fujet de la propoñtion fait lation, j'erféigne ; le verbe paffif au contraire Marque que le fujet de la propofition reçoit lation, qu'il eft le terme ou l’objet dé l’a&ion d’un autre, Je fuis enfeioné , 8tc, | On dit que les verbes ont une voix aëive & une Voix pafliye, c’eftà-dire, qu’ils ont une fuite de ter- mMinaifons qui exprime un fens af, 8&c une autre lifte de définances qui marque un fens palff, ce qui eft Vrai, fur-tout en Latin &en Grec ; car en François, ëc dans la plüpart des Langues vulgaires, les verbes n'Ont que la voix aëive; & ce n’eft que par le fe- cours d’une périphrafe, & non par une terminaifon propre, que nous exprimons le {ens paffif. Ainf en Latin amor; amas, amatur, & en Grec grtouas, QIX, Qiactres, veulent dire Je fuis aimé ou aimée, tu es aimé, Ou aimée , il eff aimé ou elle eft aimée. Au lieu de dire voix aëlive ou voix paffive, on dit à l'acif, au paffif; & alors aëtif & paffif {e prennent fübflantivement , où bien on foufentend Jérs: ce Vétbe eft à l’'aif, c’efl-à-dire, qu'il marque un {ens aff. RE - L TS | Les véritables verbes zé4fs ont une voix adive & une voix paffive : on les appelle auf 24/5 cranfitifs ; parce que l’a&tion qu'ils fgnifient pañle de l'agent fur un patient, qui eftle terme de Paétion, comme barre, 2nffruire, &C. | II ÿ a des verbes qui marquent des aétions qui ne paflent point fur un autre objet, comme a//er, ve- 7ir, dormir, &tc. ceux-là font appellés aéifs inrranfr- 2f5, & plus ordinairement zeurres, c’efl-à-dire, qui ne {Ont ni aéifs sranfiuifs, mi paflifs ; car neutre vient du Latin rever, qui fienifie #2 l’un ni l’autre: c’eft anfi qu'on dit d’un nom qu'il eft zeurre, c’eft-à-dire, qu'ilweft n1 rafeulin ni féminin. Voyez VerBe.(F) ACTIF, adj. ce qui communique le mouvement Où l’action à un autre. Voyez ACTION. … Dans ce fens le mot d’aéiif eft oppoié à paffif. F. PASSE. "A À * C’eft ainfi que l’on dit wre caufe alive, des princi- pes achfs, &tc. Foyey CAUSE, PRINCIPES, Etc. Newton prétend que la quantité du mouvement dans l'Univers devroit toljours diminuer en vertu des chocs contraires, &c. deforte qu'il eft néceffaire qu'elle foit conferyée par certains principes a&ifs. ; [met au nombrede ces principes af la caufe de la gravité ou l'atträdtion, & celle de la fermen- tation ; & il ajoûte qu’on voit peu de mouvement dans l’Univers qui ne provienne de ces principes. La caufe de l’attraétion toùjours fubfiftante, & qui ne s’afloiblit point en s’exerçant, eft felon ce Philo- {ophe une reflource perpétuelle d’aétion &r de vie, Encore pourroit-il arriver que les effets de cette vertu vinflent à fe combiner, de façon que le fyf- tème de l’Univers fe dérangeroit, & qu’il demande: roit , felon Newton, re main qui y retouchät , emen- datricem manum defideraret. V. MOUVEMENT , GRA- VITÉ , FERMENTATION, ATTRACTION. (O0) ACTIF, adj. er terme de Pratique, {e dit des dettes du côté du créancier : confidérées par rapport au débiteur, on les appelle dertes paffives. On appelle dans les EleGtions voix aëlive, la facul- té de donner fon fufrage pour le choix d’un fujet; &c voix pallive, l'habileté à être él foi-même. (A) ACTIFS, principes aëhifs, en Chimie, font ceux que l’on fuppofe agir d'eux-mêmes, fans avoir befoin d’être mis en ation par d’autres. #. PRINCIPE. La plüpart des livres de Chimie diftinguent les principes chimiques des corps en principes aélifs & en principes paffifs. Les principes aéifs font, felon eux, Pefprit, huile, & le fel; & ils regardent com- me principes paffifs l’eau & la terre. Nous n’admet- tons point cette diftinétion, parce que ces chofes font relatives : tel principe qui eft aé%f à quelques égards , eft paffif à d’autres. L’eau ne paroît pas de- voir être mile au nombre des principes paffifs. M. Homberg & quelques Chimiftes modernes après lui, ne font qu'un feul principe a&if; favoir, le foufre ou le feu qu’ils prétendent être la fource de toute aétion & dé tout. évenement dans l’Univers. Voyez SOUFRE 6 FEU. Le terme de principes athifs, dit le Dofteur Quincy, a été employé pour exprimer certaines divifions de la matiere, qui par quelques modifications parti- culieres font aëives , refpeétivement à d’autres, éom- me lefprit, l'huile, & le fel , dont les parties font plus propres au mouvement que celles de la terre &c de l’eau: mais l’on voit aflez combien ce terme eït RUE improprement. Voyez la Chimie Phyfique. ACTIF, ( Medecine, ) nom que l’on donne aux re- medes dont l’a@ion eft prompte & vive, de même qu'à ceux dont l’aétion eft grande & fubite. Tels {ont Les émétiques, fes purgatifs violens, les alexi- taires, les cordiaux. Ces derniers méritent fur-tout le nom d’aéif. (N) * ACTION, ACTE, ( Grammaire, ) Aëion {e dit généralement de tout ce qu’on fait, commun ou ex- traordinaire. Aëe ne {e dit que de ce qu’on fait de remarquable. Cette aëfon eft bonne ou mauvaife ; c’eit un ace héroïque. C’eft une bonne adion que de foulager les malheureux; c’eft un aëe généreux que de fe retrancher du néceffaire pour eux. Le fage fe propofe dans toutes fes acfions une fin honnête. Le Prince doit marquer tous: les jours de fa vie par des aëes de grandeur, On dit aufli une aéñon ver- tueufe 8 un acte de vertu. sa? Un petit accefloire de fens phyfique ou hiftorique ; dit M. l’Abbé Girard, diftingue encore ces deux mots : celui d’zéon a plus de rapport à la puiffance qui agit, & celui d'a en a davantage à l'effet pro- duit;, ce qui rend l’un propre à devenir attribut de Pautre. Ainfi on pourroit dire : confervez la préfence d’efprit dans vos aéfions , & faites qu’elles foient tou- tes des aëes d'équité. Voyez Les Synonymes. de M. 145: bé Grrard, Pen Le | ACTION. L f. ( Morale. ).Les aëfions morales ne font autre chofe que Les athions volontaires de l'hom- me, confidérées par rapport a l’imputation de leurs effets dans la vie commune. Pax action volontaire, nous en tendons celles qui dépendent tellement de la volonté À %. + humaine ; comme d’une caufé libre, que fans fa détermination, produite par quelqu'un de fes aétes immédiats , & précédée de la connoïffance de l’en- tendement , elles ne fe feroient pomt , & dont par conféquent l’exiftence , ou la non-exiftence , eft au pouvoir de chacun. Toute aëtion volontaire renferme deux chofes : l’uneque l’on peut regarder comme la matiere de l’ac- tion ; & l’autre comme la forme, La premiere, c’eft le mouvement même de la faculté naturelle, ou lu- fage aétuel de cette faculté confidéré précifément en lui-même. L'autre , c’eft la dépendance où eft ce mouvement d’un décret de la volonté , en vertu de- quoi on conçoit l’aétion comme ordonnée par une caufe libre & capable de fe déterminer elle-même. L’ufage aétuel de la faculté confidéré précifément en lui-même , s'appelle plütôt une aéhion dela volonté, wuné adion volontaire ; car ce dernier titre eft af- fete feulement au mouvement des facultés envifa- é comme dépendant d’une libre détermination de ke volonté : mais on confidere encore les séions vo- dontaires ou abfolument , & en elles-mêmes, comme des mouvemens phyfiques produits pourtant par un décret de la volonté , ou en tant que leurs effets peuvent être imputés à l’homme. Lorique les a@tions volontaires renferment dans leur idée cette vüe ré- fléchie , on les appelle des aélions humaines ; & com- me on pañle pour bien ou mal morigené , felon que ces fortes d’a&tions font bien ou mal éxécutées, c’eft- a-dire ; felon qu’elles conviennent ou ne convien- Ment pas avéc la loi qui eft leur regle ; & que les difpofitions même de l’ame , qui réfultent de plu- fieurs aëtes réitérés , s'appellent mœurs ; les aétions humaines , à caufe de cela , portent auf le titre d’afions morales. Les attions morales , confidérées au dérmier égard, renferment dans leur eflence deux idées : l’une qui en eft comme la mariere | & l’autre comme la forme. La matiere comprend diverfes chofes. 1°. Le mou- vement phyfique de quelqu'une des facultés natu- relles : par exemple , de la faculté motrice de l’ap- petit fenfitif, des fens extérieurs & intérieurs , 6e. On peut aufhi mettre en ce mème rang les aétes mé- mes de la volonté confidérés purement &c fimple- ment dans leur être naturel , en tant que ce font des effets produits par une faculté phyfique comme telle. 3°. Le défaut de quelque mouvement phyfique qu’on étoit capable de produire ou en lui-même ou dans fa caufe ; car on ne fe rend Pas moins puniffable par les péches d’omiffion, que par ceux de commiffion. 3°. Ce ne font pas feulement nos propres mouve- mens ; nos propres habitudes & l’abfence des uns & des autres en notre propre perfonne , qui peu- vent conftituer la matiere de nos aions morales ; mais encore les mouvemens ; les habitudes & leur abfence qui fe trouvent immédiatement en autrui, pourvû que tout cela puifle & doive être dirigé par notre propre volonté : ainfi à Lacedemone on ré- pondoit des fautes d’un jeune homme qu’on avoit pris en amitié, ( Voyez IMPUTATION. } 4°. Il n’eft pas jufqu'aux aétions des bêtes brutes , ou aux opé- rations des végétaux & des chofes inanimées en gé- néral , quine puiffent fournir la matiere de quelque aétion morale , lorfque ces fortes d’êtres font fufcep- tibles d’une direétion de notre volonté : d’où vient que ; felon la loimême de Dieu , le propriétaire d’un bœuf qui frappe des cornes ( Voyez Exod, XXI. 10.) eft tenu du dommage que fait cette bête, s’il en con- noïiffoit auparavant le défaut : ainfi on peut s’en prendre à un vigneron lorfque , par fa négligence , la vigne qu'il cultive n’a été fertile qu’en farmens, 5°. Enfin les aétions d'autrui , dont on eft le fijet paffif, peuvent être le fujet d’une ation morale, en tant que, par fa propre faute , on a donné lieu de ACT 119 lès commettre : ainf une femme qui a été violée pafle pour coupable, en partie , loriquelle s’eft ex- pofée imprudemment à aller dans les lieux où elle pouvoit prévoir qu’elle couroit rifque d’être forcée. La forme des a&tiôns morales confifte dans l’ipu tabiliré., fi J’ofe défigner ainfi cette qualité , par la- quelle les effets d’une aétion volontaire peuvent être imputés à l'agent , c’eft-à-dire , être cendés lui ap- partenir proprement comme À leur auteur ; & c’eft cette forme des aétions qui fait appeller l’agent cazfë morale. Voyez IMPUTATION 6 MORALITÉ des ac- tions. (X ) ACTION eft un terme dont on fe fert ez Méchani: que pour défigner quelquefois l’effort que faituncorps ou une puiffance contre un autre corps ou une autre puiflance , quelquefois effet même qui réfulte de cet effort. C’eit pour nous conformer au langage commun des Méchaniciens & des Phyficiens, que nous don- nons cette double définition. Car fi on nous deman: de ce qu’on doit entendre par aéfion , en n’attachant à ce terme que des idées claires, nous répondrons que c’eft le mouvement qu’un corps produit réellement, ou qu'il tend à produire dans un autre , c’eft-dire qu'il y produiroit fi rien ne lempêchoit. Voyez Mou: VEMENT. | En effet, toute puiflance n’eft autre chofe qu’un cotps qui eft a@uellement en mouvement, où qui tend à fe mouvoir, c’eft-à-dire qui fe mouvroit fi rien ne l’en empêéchoit. Voyez Puissance. Or dans un corps, ou attuellement mû , ou qui tend à fe mou- voir, nous ne voyons clairement que le mouvement qu'il a, ou qu'il auroit s’il n'y avoit point d’obftacle : donc l’aétion d’un corps ne fe manifefte À nous que par ce mouvement : donc nous ne devons pas attaa cher une autre idée au mot d’aéioz que celle d’un mouvement aûtuel , ou de fimple tendance; & c’eft embrouiller cette idée que d’y joindre celle de je ne fai quel être métaphyfique , qu’on imagine refider dans le corps , & dont perfonne ne fauroit avoir de notion claire & diftinéte. C’eft à ce même mal-en- tendu qu'on doit la fameufe queftion des forces vi- ves qui, felon les apparences , n’auroit jamais été un objet de difpute , fi on avoit bien voulu obferver que la feule notion précife & diftinéte qu'on puife donner du mot de force feréduit à Jon effer, c’eftà-dire au mouvement qu'elle produit ou tend à produire: Voyez FORCE. Quantité d'ailion , eft le nom que donne M. de Maupertuis, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris 1744, & dans ceux de l’Académie de Berlin 1746, au produit de la maffe d’un corps par l’efpace qu’il parcourt & par fa vitefle. M. de Mau pertuis a découvert cette loi générale , que dans les changemens quife font dans l’état d’un corps,la quan: tité d’aûtion néceflaire pour produire ce changement, eft la moindre qu’il eft poffible, Il a appliqué heureu- fement ce principe à la recherche des lois de la ré- fraëton , des lois du choc, des lois de l'équilibre , Éc. &c s’eft même élevé à des conféquences plus {u- blimes fur l’exiftence d’un premier être. Les deux ouvrages de M. de Maupertuis que nous venons de citer, méritent toute l’attention des Philofophes ; & nous les exhortons à cette leéture : ils y verront que Auteur a fü allier la métaphyfique des caufes fina= les ( Voyez CAUSES FINALES ) avec les vétités fon damentales de la méchanique ; faire dépendre d’une même loi le choc dés corps élaftiques & celui des corps durs, qui jufqu'ici avoient eu des lois fépa- rées ; & réduire à un même principe les lois du mou- vement & celles de équilibre. Le premier Mémoire où M. de Maupertuis a don- né lPidée de fon principe , eft du 15 Avril 1744; & à la fin de la même année ; M, le Profefleur Euleg 120 K CT publia fon excellent Livre : Merhodus inveniendi li- neas curvas maximi vel minimi proprictate gaudentes, Dans le fupplément qui y avoit été ajoïte , cet illuf- tre Géometre démontre que ‘dans les trajeétoires que -des corps décrivent par des forces centrales, la viteffe multipliée par l’élément de la courbe, fait toûjours un rinimum. Ce théoreme eft une belle application du principe de M. de Maupertuis au mouvement des planetes. , Par le Mémoire du 15 Avril 1744 que nous venons de citer , on voit que les réflexions de M. de Mau- pertuis fur les lois de la réfra@tion , l’ont conduit au théoreme dont il s’agit. On fait le principe que M. de Fermat, & après lui M. Leibnitz, ont employé pour expliquer les lois de la réfraëtion. Ces grands Géometres ont prétendu qu’un corpufcule de lumiere qui va d’un point à un autre en traverfant deux mi- lieux différens , dans chacun defquels ila une vitefle différente, doit y aller dans le sems le plus court qu'il eft poffble : & d’après ce principe, ils ont démon- tré géométriquement que ce corpufcule ne doit pas aller d’un point à l’autre en ligne droite , mais qu'’é- tant arrivé fur la furface qui fépare les deux nulieux, äl doit changer de direétion , de maniere que le finus de fon incidence foit au finus de fa réfraétion , com- me fa vitefle dans le premier milieu eff à fa vitefle dans le fecond ; d’où ils ont déduit la loi fi connue du rapport conftant des finus, Voyez SINUS, Ré- FRACTION, Ëc. Cette explication, quoique fortingémieufe , eft fu- gette à une grande difficulté ; c’eft qu'il fandroit que Le corpufcule s’approchât de la perpendiculaire dans les milieux où fa vitefle eft moindre, & qui par con- féquent lui réfiftent davantage : ce qui paroït con- traire à toutes les explications méchaniques qu'on a données jufqu’à préfent de la réfraétion des corps, & en particulier de la réfraétion de la lumiere. L’explication entre autres qu’a imaginée M. New- ton, la plus fatisfaifante de toutes celles qui ont été données jufqu’ici, rend parfaitement raïfon du rap- port conitant des finus , en attribuant la réfraétion des rayons à la force attraétive des milieux ; d’où 1l s'enfuit que les milieux plus denfes, dont lattraétion eft plus ne , doivent approcher le rayon de la per- pendiculaire : ce qui eft en effet confirmé par l’ex- périence. Or l’attraétion du milieu ne fauroit appro- cher le rayon de la perpendiculaire fans augmenter {a vitefle | comme on peut le démontrer aifément : ainf, fuivant M. Newton , la réfra@ion doit fe faire en s’approchant de la perpendiculaire lorfque la vwi- tefle augmente ; ce qui eft contraire à la loi de MM. Fermat & Leibnitz. M. de Maupertuis a cherché à concilier l’explica- tion de M. Newton avec les principes métaphyfiques. Au lieu de fuppofer avec MM. de Fermat & Leib- itz qu'un corpufcule de lumiere va d’un point à un autre dans le plus courttems poffble, il fuppofe qu’un corpufcule de lumiere va d’un point à un autre , de maniere que la quantité d’ation loit la moindre qu'il eft poflible. Cette quantité d’a&ion, dit-il, eft la vraie dépenfe que la nature ménage. Par ce principe philofophique , il trouve que non-feulement les finus font en raifon conftante, mais qu'ils font en raïfon in- verfe des viteffes, (ce qui s’accorde avec l’explica- tion de M, Newton) & non pas enraïfon direéte, comme le prétendoïent MM. de Fermat & Léibnitz. - Il eft fingulier que tant de Philofophes qui ont écrit fur laréfradion , n’ayent pas imaginé une maniere f-fimple de concilier la métaphyfique avec la mécha- nique ; il ne falloit pour cela que faire un affez léger. changement au calcul fondé fur le principe de M. de Fermat. En effet, fuivant ce principe, le tems , c’eft- à-dire l’efpace divifé par la vitefle., doit être un #i- gimum : de forte que l’on appelle E l’efpace parcouru ACT dans le premier milieu avec la viteffeV, & e l'efpace parcouru dans le fecond nulieu avec la viteffe y» , on aura + = à un rinimum, c'eft-à-dire = + fe | —=0.Orileftfacile de voir que les finus d'incidence & deréfration fontentr'eux comme dE à + de; d’oil s’enfiut que ces finus font en raïfon direéte des vitef fes V , y, & c’eft ce que prétend M. de Fermat. Mais pour que ces finus fuflent en raïfon inverfe des vi- tefles , il n’y auroit qu’à fuppofer V dE + y de=0o; ce qui donne EX V +exv= àun r271mum: & c’eft le principe de M. de Maupertuis, Voyez MINIMUM. On peut voir dans les Mémoires de l’Académie de Berlin que nous avons déja cités, toutes les autres applications qu'il a faites de ce même principe, qu’on doit regarder comme un des plus généraux de la mé- chanique. , Quelque parti qu'on prenne fur la Métaphyfique qui lui fert de bafe, ainfi que fur la notion que M. de Maupertuis a donnée de la quantité d’a@ion ,il n’en fera pas moins vrai que le produit de lefpace par la vitefle eft un zirimum dans les lois les plus généra- les de la nature. Cette vérité géométrique dûe à M. de Maupertuis, fubfiftera toüjours ; & on pourra, fi l’on veut, ne prendre le mot de quantité d’atfion que pour une maniere abrégée d'exprimer Le produit de l’efpace par la viteffe. (O0) ACTION ( Belles Lettres. en matiere d’éloquence, fe dit de tout l’extérieur de l’Orateur, de fa conte- nance , de fa voix, de fon gefte, qu'il doit affortir au fujet qu'il traite. | | L’aéfion, dit Ciceron , eft pour ainfi dire l’éloquen- ce du corps : elle a deux parties, la voix &r le gefte, L'une frappe l'oreille , l’autre les yeux; deux fens , dit Quintilien, par lefquels nous faifons pañler nos fentimens & nos pafñions dans lame des auditeurs. Chaque pañlion a un ton de voix, un air, un gefte qui lui font propres; il en eft de même des pentées , le même ton ne convient pas à toutes les expreflions qui fervent à les rendre. Les Anciens entendoient la même chofe par pro nonciation , à laquelle Démofthene donnoit le pre- mier , le fecond & le troifieme rang dans léloquen- ce, c’eft-à-dire , pour réduire fa penfée à fa jufle. valeur, qu’un difcours médiocre foütenu de toutes les forces & de toutes les graces de l’aétion , fera plus d’effet que le plus éloquent difcours qui fera dépour- vi de ce charme puuffant. La premiere chofe qiil faut obferver , c’eft d’a- voit la tête droite, comme Ciceron le recommande. La tête trop élevée donne un air d’arrogance ; felle eft baiflée ou négligemment panchée, c’eftune mar- que de timidité ou d’indolence. La prudence la met- tra dans fa véritable fituation. Le vifage eft ce qu do- mine le plus dans laéfion. Il n'ya, dit Quintilien, point demouvemens ni de pafhons qu'il n’exprime : il menace, il carefle, ilfupplie, il eft trifte , il eft gai, ilefthumble , il marque la fierté ,1l fait entendre une infinité de chofes.Notre ame fe manifefte auffi parles yeux.La joie leur donne de l'éclat ; la triftefte les cou vre d’une efpece de nuage :äls font vifs , étincelans dans l’indignation ; baïflés dans la honte , tendres & baignés de larmes dans la pitié. Âu refte l’aélion des Anciens étoit beaucoup plus. véhémente que celle de nos Orateurs. Cléon, Gé- néral Athénien, qui avoit une forte d’éloquence im- pétueufe , fut le premier chez les Grecs qui donna. l'exemple d’aller & de venir fur la tribune en haran+ guant. Il y avoit à Rome des Orateurs qui avoient ce défaut ; ce qui faifoit demander par un certain Virgilius à un Rhéteur qui fe promenoït de la forte , combien de milles il avoit parcouru en déclamant en Italie, Les Prédicateurs tiennent encore quelque cho. fe de cette çoûtume, L’affioz des nôtres, noie plus ACT plus modérée que celle des Italiens, eff mfiniment plus vive que celle des Anglois , dont les Sermons fe réduifent à lire froidement une difertation Théolo- gique fur quelque point de l’Ecriture, fans aucun mou- vement. Voyez DÉCLAMATION , GESTE, PRONON- CIATION. | : ACTION du Poëme, Ç PO&ME 6 EPOPÉE. ÂCTION dans 4 Poyez Tragédie. MATIQUE. ACTION ex Poëfe, ce qui fait le fujet ou la ma- tiere d'un Poème. | Onen diftingue de deux fortes : laiton principale, qu'on nomme proprement aëon onfæble. Foyez Fa- BLE. Et l’alion incidente, qu'on appelle autrement Epifode. Voyez Eri6oDe & EprsoDiQUe. Nous ne traiterons que de la premiere. Comme le grand Poëme fe divife en Epique & en Dramatique , chacune de ces efpeces à aufli fon ac- tion particuliere. Celle du Poëme Dramatique doit être une, intriguée , dénouée & complete | & d’une du- rée beaucoup moindre que celle qu'on donne à lac- tion du Poème Epique. Voyez DRAMATIQUE, IN- TRIGUE, DENOUEMENT, UNITÉ, TRAGEBIE, Ge. L'action du Poème Epique doit être grande, une, entiere, merveilleufe , & d’une certaine durée. 1°. Elle doit être grande, c’eft-à-dire, noble & intéreffante. Une avantute commune , ordinaire ,ne fourniffant pas de fon propre fonds les inftruétions que fe propofe le Poëme Epique,, il faut que l’aélior {oit importante & héroïque. Ainf dans l’Eneide un Héros échappé des ruines de fa patrie , erre long- tems avec les reftes de fes Concitoyens qui Pont choiïfi pour Roi ; & maloré la colere de Junon qui le pourfuit fans relâche , il arrive dans un pays que lui promettoient les deftins ,| y défait des ennemis re- doutables ; & après nulle traverfes furmontées avec autant de fagefe que de valeur, il y jette les fonde- mens d’un puiffant Empire. Ainf la conquête de Jé- rufalem par les Croifés ; celle des Indes par les Por- tugais ; la réduétion de Paris par Henri le Grand, malgré les eflorts de la Ligue, font le fujet des Poë- mes du T'afle,du Camoens, & de M. deVoltaire; d’où ileft aifé de conclurre qu'une hiftoriette, une intrigue amouretue , ou telle autre aventure qui fait le fonds de nos romans, ne peut jamais devenir la matiete d’un Poëme Epique, qui veut dans le fujet de [a no- biefle & de la majefte. Il y a deux manieres de rendre l’aéfion épique in- téreflante } la premiere par la dignité & l'importance des perfonnages. C’eft la feule dont Homere fafle ufage, n'y ayant rien d’ailleurs d’important dans fes modeles, & qui ne puifle arriver à des perfonnages ordinaires. La feconde eft importance de l'a&on en elle-même, comme l’établiffement ou l’abolition d'une Religion ou d’un Etat, tel qu’eft le fujet choiïfi par Virgile , qui en ce point l’emporte fur Homere. L'uëfion de la Hentiade réunit dans un haut degré ce double intérêt, Le P. le Bofiu ajoûte une troifieme mamiere dejet- ter de l'intérêt dans l’aéon ; favoir, de donner aux lecteurs une plus haute idée des perfonnages du Poë- me que celle qu’on fe fait ordinairement des hommes, & cela en comparant les Héros du Poëme avec les hommes du fiecle préfent. Voyez HÉROS 6 Carac- TERE. 2°, L’aëlion doit êtreune , c’eft-à-dire que le Poëte doit fe botñer à une feule & unique entreprife illuf- tre exécutée par fon Héros, & ne pas embrafferl'hif toire de fa vie toute entiere. L’Iliade n’eft que l’hif- toire de la colere d'Achille , & lOdyfée , que celle du retour d'Ulyffe à Itaque. Homere n’a voulu dée- crise m toute la vie de ce dernier , ni toute la guerre de Troie. Stace au contraire dans fon Achilléide, & Tome I, TRrAGÉDIE 6 DrA- ACT 121 Eucain dans fa Pharfale, ont entaflé trop d’évene- mens découfus pour que leurs ouvrages méritent le nom de Poëmes Epiques. On leur donne celui d’héroi- ques, parce qu'il s’y agit de Héros: Mais il faut pren- dre garde que l’unité du Héros ne fait pas l’uñité de laëron, La vie de l’homme 'eft pleine d’inégalités ; 1l change fans cefle de deflein, ou par l’ingonftance de {es paflions , ou par les accidens imprévüûs de la vie. Qui voudroït décrire tout l’homme, ne formeroit qu'un tableau bifarre, un contrafte de pañlions op- polées fans liaïfon & fans ordre. C’eft pourquoi l'é- popée n’eft pas la louange d’un Héros qu’on fe pro- pole pour modele , mais le récit. d’une 407 grande &cilluftre qu'on donne pour exemple. Il en eft de la Poëfie comme de la Peinture. L’u- mité de l'aéior principale n'empêche pas qu’on n’y mette plufieurs incidens particuliers , & ces incidens {enomiment Epsfodes. Le deffein ef formé dès le com- mencement du Poëme , le Héros en vient à bout en franchiffant tous les obftacles : c’eft le récit de ces oppofñtions qui fait les Epifodes : mais tous ces Epi- iodes dépendent de l’adion principale , & font telle- ment és avec elle & fi unis entre-eux, qu’onne perd jamais de ge nile Héros, ni l’aéfior que le Poëte s’eft propofé dechanter. Au moins doit-on fuivreinviola- blement cette regle, fi l’on veut que l'unité d’aééionfoit confervée. Difcours fur le Poème Epique à La tête du Telemag. pags 12 @& 13. Princip. pour la leël. des Poë- tes, tome IT, pag: 109. 3°. Pour l'integrite de l’aéon il faut, felon Arif tote, qu'il y ait un commencement , un milieu , & une fin : précepte en {oi -même affez obfcur | mais que le P. le Boflu développe de la forte. « Le com- » mencement, dit:1l, ce font lescaufes quiinflueront » fur unezéor, & la réfolution que quelqu'un prend » de la faire ; le milieu, ce font les effets de ces cau- » fes & les difficultés qui en traverfent l’exécution ; » &c la fin , c’eftle dénouement & la ceffation de ces » difficultés ». « Le Poëte, ajoïte le même Auteur, doit com- » mencer fon atfioz de maniere qu’il mettele leéteur » en état d'entendre tout ce qui fuivra , & que de » plus ce commencement exige néceflairement une (» fuite. Ces deux mêmes principes pris d’une ma- » mereinverfe , auront aufli lieu pour la fin ; c’eft- » a-dire , qu'il faudra que la fin ne laifle plus rien à » attendre , & qu'elle foit néceflairement [a fuite de » quelque chofe qui aura précédé : enfin il faudra » que le commencement foit lié à la fin par le milieu, » qui eft l'effet de quelque chofe qui a précédé, & la » caufe de ce qui va fuivre ». Dans les caufes d’une aion on remarque deux plans oppofés. Le premier & le principal eft celui du Héros : le fecond comprend les deffeins qui nui- fent au projet du Héros. Ces caufes oppofées pro- duifent auf des effets contraires ; favoir , des efforts de la part du Héros pour exécuter fon plan , & des efforts contraires de la part de ceux qui le traverfent : comme les caufes & les deffeins , tant du Héros que des autres perfonnages du Poème , forment le com- mencement de l’aéfion, les efforts contraires en for- ment le milieu. C’eft-ià que fe forme le nœud ou l’in- trigue, en quoi confifte la plus grande partie du Poë- me, Voyez INTRIGUE , NŒUD. La folution des obftacles eft ce qui fait le dénoue- ment , & ce dénouement peut fe pratiquer de deux manieres , OÙ par une reconnoiffance, où fans re- connoiflance ; ce qui n’a lieu que dans la Tragédie, Mais dans le Poëme Epique , les différens effets que le dénouement produit , & les divers états dans lef. quels il laifle les perfonnages du Poëme , partagent lation en autant de branches. S'il change le fort des principaux perfonnages , on dit qu’il y a péripérie, & alors l’adion eft émplexe, S'il n’y a pas de péripétie, LA 122 À CF mais que le dénouement n’opere que le pañfage d’un état de trouble à unétat de repos , on dit que l’aéion eft fimple. Voyez PÉRIPÉTIÉ, CATASTROPHE, DéÉ- NOUEMENT. Le P.le Boflu , Traité du Poëme Epique, 4°: L’aélion de l’'Epopée doit être merveilleufe , c’eft-à-dire , pleine de fétions hardies , mais cepen- dant vraiflemblables. Telle ef l'intervention des di- vinités du paganifme dans les Poëmes-des Anciens, &t dans ceux des Modernes celle des pafions perfon- nifées. Mais quoique le Poëte puifle aller quelque- fois au-delà de la nature, 1l ne doit jamais choquer la raïon. Il y a un merveilleux fâge & un merveil- leux ridicule. On trouvera fous les mots MACHINES G MERVEILLEUX cette matiere traitée dansune jufte étendue. J’oyé; MACHINE 6 MERVEILLEUX. 5°. Quant à la durée de lation du Poëme Epique, Ariftote obferve qu’elle eft moins bornée que celle d’une Tragédie. Celle-ci doit être renfermée dans un jour, ou comme on ditezére deux foleils. Mais l’E- popée, felon lemême Critique , n’a pas de tems bor- né. En effet, la Tragédie eft remplie de pafions vé- hémentes, rien de violent ne peut être de longue du- rée : mais les vertus & les habitudes qui ne s’acquie- rent pas tout d’un coup, font propres au Poëme Epi- que ; & par conféquent fon aë102 doit avoir une plus grande étendue. Le P. le Boflu donne pour reple que plus les paffions des principaux perfonnages font vio- lens , & moins l’aéfion doit durer : qu’en conféquence l’'adion de l’Iiade , dont le courroux d'Achille eft l'ame, ne dure que quarante-ept jours; au lieu. que celle de lOdyflée, où la prudence.eft la qualité do- minante, dure huit ans & demi; & celle de l’Enér- de, où le principal perfonnage eft un Héros pieux & humain , près de fept ans. Mais ni la regle de cet Auteur n’eft inconteftable , ni fon fentiment fur la durée de lOdyflée & fur celle de l’Tliade n’eft exaét. Car quoique l’Epopée puiffe renfermer en narration les aëons de plufeurs années, les critiques penfent aflez généralement que le tems de l’aéfion principale, depuis Pendroit où le Poë- te commence fa narration, ne peut être plus long qu’une année , comme le tems d’une aéion tragique doit être au plus d’un jour. Ariftote & Horace n’en difent rien pourtant : mais l'exemple d’Homere & de Virgile le prouve. L'Tliade ne dure que quarante- fépt jours : lOdyffée ne commence qu’au départ d’U- lyfe de l’ifle d'Ogygie ; & l’Enéide , qu’à la tempête qui jette Enée fur les côtes de Carthage. Or depuis ces deux termes , ce qui fe pafle dans lOdyflée ne dure que deux mois, & ce qui arrive dans l’Enéide remplit l’efpace d’un an. Il eft vrai qu’Ulyffe chez Alcinous , 8 Enée chez Didon , racontent leurs aventures pañlées , mais ces récits n’entrent que com- me récits dans la durée de l’aéon principale ; & le cours des années qu'ont pour ainfi dire confumé ces évenemens, ne fait en aucune mamere partie de La durée du Poëme. Comme dans la Tragédie, les éve- nemens racontés dans la Protafe, & qui fervent à l'intelligence dé l’aéion dramatique , n’entrent point dans fa durée ; ainfi l’erreur du P. le Boflu eft mani-, fefte. Voyez PROTASE. Voyez auf FABLE. (CG) ACTION, dans l'æconomie animale, c’eftrun mou- vement ou un changement produit dans tout le corps ou dans quelque partie , & qui difiere de la fonétion en ce que celle-ci n’eft qu’une faculté de produire , au lieu que laéion eft la faculté réduite en aéte. Bocrhaave. On diftingue les aéfions de même que les fonc- tions en vitales, naturelles & animales. Les atfions vitales {ont celles qui font d’une nécefité abfolue pour la vie ; telles font le mouvement du cœur , la refpiration , @c. Les aëtions naturelles, {ont celles par le fecours defquelles le -corps eft confervé tel qu’il eft ; telles font la digeftion , les fecrétions, la ACT nutrition , Gc. Les aëions animales font celles qui produifent fur l’ame un certain changement, & fur lefquelles lame a quelque pouvoir ; telles font le mouvement des mufcles foñmis à la volonté , les fenfations , &c, Voyez FONCTION , ANIMAL, NATU- REL 6: VITAL. (L) .… ACTION, fe dit ez Medecine dans le même fens que fonëion ; c’eft pourquoi l’on dit: l’aéion du ventricule fur les alimens eft de les divifer , & de les mêler in- timement enfemble. Un Medecin doit connoître l’ac- ton de toutes Les parties du corps humain , pour di- ftinguer la caufé , le fiége & les différences des ma- ladies, Cette connoïffance le met en état de pronon- cer fürement du danger que court un malade , ou de la proximité de fa convalefcence. Ÿ. FONCTION. Aion fe dit encore medicinalement pour force. On augmente l’adior d'un purgatif en y ajoûtant quelque chofe , c’eft-à-dire , qu’on lui donne plus de force. Voyez FORCE. ( N | ACTION, dans l'Art militaire | eft un combat qui fe donne entre deux armées, ou entre différens corps de troupes qui en dépendent. Ce mot s'emploie auf fi pour fignifier quelque fait mémorable d’un Ofi- cier où d’un Commandant d’un corps de troupes. (Q) ACTION , ez Droit, eit une demande judiciaire fondée fur un titre ou fur la Loi, par laquelle le demandeur fomme celui qu’il appelle en Juftice , de fatisfaire à ce à quoi il eft obligé en vertu de l’un ou de l’autre, à faute de quoi ilrequiert qu’il y foit condamné par le Juge. Les aéfions font divifées par Juftinien en deux ef- peces générales ; en réelles, c’eft-à-dire , dirigées contre la chofe ; & en perfonnelles , c’eft-à-dire , diri- gées contre la perfonne : car lorfque quelqu'un exer- ce une aétion , ou il la dirige contre un homme qui lui fait tort , foit parce qu’il manque à fa convention, {oit parce qu'il lui a fait quelqu’offenfe , auquel cas il y a ation contre la perfonne ; ou il l’exerce con- tre un homme qui ne lui fait pas de tort , mais ce- pendant avec qui il a quelque démêlé fur quelque matiere ; comme fi Caius tient un champ, que Ju- lius reclame comme lui appartenant, & qu’il intente fon aétion afin qu'onle lui reftitue ; auquel cas l’aion. a pout objet la chofe même. Voyez les Inflir, Liv, IF. tir. 1y, Où l’on expole fommairement les principales aütions introduites par la Loi Romaine. Il y a une troifieme aéfor , que l’on appelle ac- tion mixte , Gt qui tient des deux clafles d’a&tions réelles & perfonnelles. L’aition réelle eft celle par laquelle le demandeur reclame le droit qu’il a fur des terres ouhéritages, des rentes ou autres redevances , @&c, Voyez RÉEL. Celle-ci eft de deux fortes ; ou poffefloire ou pé- titoire. Voyez POSSESSOIRE 02 RÉINTÉGRANDE , . G& PÉTITOIRE. Une ation n’eft purement réelle que quand elle s’attaque uniquement à la chofe , & que le détenteur eft quitte en l’abandonnant : mais s’il eft perfonnel- lement obligé à la reftitution des fruits ou des inté- rêts , dès-lors elle eft mixte. L'action perfonnelle eft celle que l’on a contre ur autre ,en conféquence d’un contrat ou quafi-contrat par lequel il s’eft obligé de payer ou faire quelque chofe , ou pour raifon d’une offenfe qu'il a faite , ou par lui-même ou par quelqu’autre perfonne dont il eft refponfable. Voyez PERSONNEL. Dans le premier cas l’aéion eft civile ; dans lau- tre elle eft ou peut être criminelle. Voyez Civiz & CRIMINEL. L’aclion mixte eft celle que Fon intente contre le détenteur d’une chofe , tant en cette qualité que comme perfonnellement obligé. On l'appelle ainf à caufe qu’elle a un rapport compofé, tant à la chofe qu’à la perfonne. ACT On affigne communément trois fortes d’aétions mixtes : l’aéfion de partage entte, co-héritiers , de di- vifion entre des aflociés, & de borniage entre des voi- fins. Voyez PARTAGE € BORNAGE. | Les aétions {e divilent auf en civiles & en pénales ou criminelles, L’atfion civile eft celle qui ne tend qu’à recouvrer ce-qui appartient à un homme, en vertu d’un contrat ou d’une autre caufe femblable ; com- me fi quelqu'un cherche à recouvrer par voie d’ac- tion une fomme d'argent qu'il a prètée, 6e, Foyez CIVIL. Y hi L’adion pénale ou criminelle tend à faire punir la pérfonne accufée où pourfuimie, foit corporellement, foit pécumiairement. Ÿ. PEINE, AMENDE, 6. … En Franceil n’y a pas proprement d’aéfions péna- Les, ou du moins elles ne font point déférées aux particuliers , lefquels dans les procès criminels ne peuvent pourfuivre que leur intérêt civil. Ce font les Gens du Roi qui pourfuivent la vindiéte publi- que. Voyez CRIME. On diftingue auffi les aéions en mobiliaires & 1m- amobiliaires. Voyez ces deux termes. L'aéfion fe divife encore en a@ion préjudiciaire ou incidente , que l’on appelle aufli préparatoire ; & en aülion principale. L’aélion préjudiciaire eft celle qui vient de quelque point ou queftion douteufe , qui net qu’accefloire au principal ; comme fi un homme pourfuivoit fon jeune frere pour des terres qui hui font venues de fon pere , & que l’on opposât qu'il eft bâtard : il faut que l’on décide cette derniere queftion avant que de procéder au fonds de la caufe ; c’eft pourquoi cette ation eft qualifiée de preyudicialis, quia prius Judicanda eff. L’aétion {e divife aufi en perpétuelle & en cempo- relle. L’aéhion perpétuelle eft celle dont la force n’eft dé: terminée par aucun période ou par aucun terme de tems. De cette efpece étoient toutes les aéons civiles chez les anciens Romains, {çavoir , celles qui ve- noïent des Lois, des décrets du Sénat & des confti- tutions des Empereurs ; au heu que les aéfions ac- cordées par le Préteur ne pafloient pas l’année. On a auffienAngleterre des adions perpétuelles & des aüions temporelles ; toutes les aétions qui ne font pas expreflément limitées étant perpétuelles. Il y a plufieurs flatuts qui donnent des aéions , à condition qu’on les pourfuive dans le tems pref- crit, | Mais comme par le Droit civil il n’y avoit pas d’aétions fi perpétuelles que le tems ne rendit fujettes à prefcription ; ainfi, dans le Droit d'Angleterre, quoique quelques détions foient appellées perpérnel- Les, en comparaifon de celles qui font expreflément limitées par ftatuts , il y a néanmoins un moyen qui les éteint ; favoir , la prefcription. Voyez PRESCRIP- TION. On divife encore l’aétion en direile 8T contraire. Voyez DIRECT € CONTRAIRE. Dans le Droit Romain le nombre des aéions étoit limité , & chaque aétion avoit fa formule par- ticuliere qu'il falloit obferver exaétement. Mais par- minous les adions font plus libres. On a aétion tou- tes les fois qu’on a un intérêt effectif à pourfuivre , & il n’y a point de formule particuliere pour chaque nature d'affaire. ( 4) ACTION , dans le Commerce , figniñe quelquefois Les efféis mobiliaires ; & l’on dit que les Créanciers d’un Marchand fe font faïfis de toutes fes adfions , pour dire qu'ils fe font mis en poffeffion & fe {ont rendus maîtres de toutes fes dettes aûtives. ACTION de Compagnie. C’eft une partie ou égale portion d'intérêt dont plufeuts jointes enfemble Tome I. ACT 123 compofent le, fonds capital. d’une. Compagnie: de Commerce. Ainfi une Compagnie qui a trois cens aitions de mille ivres chacune ,\doit avoir un fonds de trois cens nulle livres : ce quis’entend à propor- tion fi les aéons {ont réglées. ou plus haut ou plus bas. | _ On dit qu'une perfonne a quatre où fix athons dans une compagnie , quand il contribue au fonds capital, & quil y eft intéreflé pour quatre ou fix mille livres, fi. chaque aëfion eft de mille livres , comme on vient de le fuppofer. Un Aétionnaire ne peut avoir voix déhibérative dans les afflemblées de la Compagnie, qu’il n’ait un certain nombre d’aéñons fixé par les Lettres patentes de l’établiffement de la Compagnie ; & il ne peut être Direéteur qu’il n’en ait encore une plus grande quantité. Voyez COMPAGNIE. Aion s'entend auf des obligations , contrats & recoñnoïflances que les Direéteurs des Compagnies de Commerce délivrent à ceux qui ont porté leurs demers à la caïfle, & qui y font intéreflés. Ainf dé: livrer une aëtion , c’eft donner & expédier en forme le titre qui rend un Ationnaire propriétaire de l’ac- tion qu'il a prife. | Les aëlions des Compagnies de Commerce hauf- fent ou baïflent fuivant que ces Compagnies. pren- nent faveur ou perdent de leur crédit. Peu de chofe caufe quelquefois cette augmentation ou cette dimi- nution du prix des aétions. Le bruit incertain d’une rupture avec des Puiflances voifines , du l’efpérance d’une paix prochaine , fufifent pour faire baifler où haufler confidérablement les afions. On fe rappelle avec étonnement , & la poftérité aura peine à croire comment en 1719 les atlions de la Compagnie d’Oc- cident , connue depuis fous le nom de Compagnie des Indes, monterent en moins de fix mois jufqu’à 1900 pour cent. Le commerce des aitions eft un des plus importans qui fe fafle à la Bourfe d’Amfterdam & des autres villes des Provinces Unies où il y a des Chambres : de la Compagnie des Indes Orientales. Ce qui rend ce commerce fouvent très-lucratif en Hollande, c’eft qu'il {e peut faire fans un grand fonds d’argent comptant , & que pour ainf dire il ne confifte que dans une vicifitude continuelle d'achats &c de reven- tes d’adions qu’on acquiert quand elles baïffent , & dont on fe défait quand elles hauffent. L'on fe fert prelque toüjours d’un courtier lorf- qu’on veut acheter ou vendre des aélions de la Com- pagnie Hollandoïfe ; & quand on eft convenu dé prix, le vendeur en fait le tranfport & en figne la quittance en préfence d’un des Direéteurs qui les fait enregiftrer par le Secrétaire ou Greffer ; ce qui fuf- fit pour tranfporter la propriété des parties vendues du vendeur à lacheteur.Les droits du Courtier pour fa négociation fe payent ordinairement à raïfon de fix florins pour chaque aéfoz de cinq cens livres de gros , moitié par l'acheteur & moitié par le vendeur. Ce commerce eft très-policé. Il n’en étoit pas de même de celui qui s’étoit établi en 1719 dans la rue Quinquempoix fans autorité , & qui a plus rui- né de familles qu'il n’en a enrichi. Aujourd’hui la Compagnie des Indes a donné parmi nous une for- me réguliere au commerce des aéhions. ; Les atfions Françoïfes font préfentement de trois fortes : favoir , des aëlions fimples , des aülions ren- tieres | & des actions intéreffées. Les aëfions fimples font celles qui ont part à tous les profits de la Compagnie, mais qui en doivent aufli fupporter toutes les pertes, n'ayant d'autre caution que le feul fonds de la Compagme même. Les aéfions rentieres {ont celles qui ontun profit sût de deux pour cent , dont le Roi s’eft rendu garant, comme il l’étoit autrefois des rentes fur la Ville, Qi 124 ACT mais qui n’ont point de part aux répartitions où di- videndes. bd Les aëfions intéreffées tiennent pour ainfi dire le milieu entre les deux ; elles ont deux pour cent de revenu fixe , avec la garantie du Roï, comme les ations rentieres , & outre cela elles doivent parta- ger l'excédent du dividende avec les aéions fimples. Ces dernieres adlions ont été créées en faveur des Communautés eccléfaftiques qui pouvoient avoir des remplacemens de demers à faire. Il y a quelques termes établis & propres au négoce des adions , comme ceux de dvidend ou dividende, aëhion nourrie, nourrir une atlion , fondre une atlion , qu'il eft bon d'expliquer. Nourrir une athion , c’eft payer exaétement à leur échéance les diverfes fommes pour lefquelles on a fait fa foûmiflion à la caiffe de la Compagnie , fui- vant qu'il a été réglé par lesArrêts duConfeil donnés pour la création des nouvelles aétions. Fondre des aëtions , c’eft les vendre & s’en défaire fuivant lés befoins qu'on a de fes fonds, foit pour nourrir d’autres aétions , foit pour fes autres affaires. Une aïfion nourrie eft celle dont tous les paye- mens font faits , & qui eft en état d’avoir part aux dividendes ou répartitions des profits de la Compa- gnie, Jufqu’à cet entier & parfait payement,ce n’eft pas proprement une aé%on, mais fimplement une foûmifion. Voyez SOUMISSION. Dividend ou dividende, c’eft ce qu’on nomme au- trement répartition , C’eft-à-dire la part qui revient à chaque A@tionnaire dans les profits d’une Compa- gnie , jufqu'au prorata de ce qu'il y a d'aéfions. F. ACTIONAIRE 6 RÉPARTITION. En Angleterre les aéions les plus anciennes , & qui fe foûtiennent le mieux , font celles du Sud, celles des Indes & celles de la Banque. Il fe forma à Lon- dres vers 1719 une Compagnie d’affürances dont les aitions furent d’abord très-brillantes, & tomberent totalement fur la fin de 1720. On peut voir dans le Diétionnaire du Commerce les différentes révolu- tions qu'a éprouvées le négoce des aéions depuis 1719 jufqu’à 1721, tant en Angleterre que dans di- verfes nouvelles Compagnies de Hollande. (G) © ACTION du Foreflaller. en Anpl. confifte à acheter fur les chemins les grains, les ne outoute autre matchandife avant qu’elle arrive au marché ou à la foire où elle devoit être vendue ; ou à l’acheter lorfqw’elle vient d’au-delà des mers, & qu’elle ef en route pour quelque Ville, Port, Havre, Baye ou Quai du Royaume d'Angleterre , dans le deffein d’en tirer avantage , en la revendant beaucoup plus cher qu’elle n’auroit été vendue. Voyez FRIPIER 04 REGRATIER. Fleta dit que ce mot fignifie obffruétio- nem vie , vel impedimentum tranfitus & fugæ averiorum. . On fe fert particulierement de ce mot dans le pays de Crompton , pour exprimer l’aétion de celui qui arrête une bête fauve égarée de la forêt, & qui l’em- pêche de s’y retirer ; ou laétion de celui qui fe met entre cette bête & la forêt, précifément dans le che- inin par où la bête doit y retourner. ACTION( Manëge, ) Cheval tojours en aëlion, bouche todjours en attion , fe dit d’un cheval qui mâ- che fon mord , qui jette beaucoup d’écume , & qui par-là fe tient la bouche toùjours fraîche : c’eft un indice de beaucoup de feu & de vigueur. M. de Neu- caftle a dit auffi Zes actions des jambes. ( V) ACTION , ez Peinture & en Sculpture, eft l’attitu- de ou la pofñition des parties du vifage & du corps des figures repréfentées , qui fait juger qu’elles font avitées de pañions. On dit:cette figure exprime bien par-{on aëion les paffions dont elle eft agitée ; cette aition eft bien d’un homme effrayé. L’on fe fert également de ce terme pour les animaux ; l’on dit : voilà un chien dont laëfioz exprime bien le fureur ; d'un cerf aux abois : voilà un cerf qui pat fon aéfion exprime fa douleur, 6c. (R) pr ACTIONAIRE oz ACTIONISTE f. m. ( Com merce.) c’eftle propriétaire d’une aétion ou d’une part dans le fonds ou capital d’une Compagnie: Voyez ACTION. Les Angloïs aufli bien que nous fe fervent du terme d’actionaire dans le fens que nous venons de mar- quer. Les Hollandois employent plus communé: ment celui d'acionifle. (G ACTIVITÉ, f. £. (Phyfque ) VERTU D'AGIR 0x FACULTÉ ACTIVE. Voyez FACULTÉ, Éc, L’aétiviré du feu furpañle toute imagination. On dit l’'aéivité d'un acide , d’un poifon, &c, Les corps, fe- lon M. Newton, tirent leur a&iviré du principe d’at- traétion. Voyez ATTRACTION. | | * Sphere d’aülivité d’un corps fe dit d’un efpace qui environne ce corps, & qui s'étend aufli loin que fa vertu ou fon efficacité peut produire quelque effet fenfible. Ainfi on dit /4 fphere d’attivité d’une pierre d’aimant , d’un corps éleétrique , &c. Voyez SPHERE, ÉCOULEMENT , 6c.(O) * ACTIUM, f. m. Promontoire d’Epire fameux par le combat où Augufte & Antoine fe difputerent empire du monde. | * ACTIUS, adj. (Myrk.) Apollon fut ainfi fur- nommé d’Æéfium où 1l étoit honoré. ACTON, (Medecine.) Les eaux minérales d’Afton font les plus énergiques entre les eaux purgatives des environs de Londres. Elles caufent à ceux qui les prennent des douleurs au fondement &c dans les in- teftins ; ce que l’on attribue à la grande quantité de fels qu’elles chaffent du corps, & qui réunis à ceux dont ces eaux font chargées, en deviennent plus aétifs & plus piquans (N) ACTUAIRES , ( Æiff. anc. ) vaiffeaux pour l’acfion. C’eft ainfi que les Anciens appelloient une forte de longs vaiffleaux, que l’on avoit conftruits particu- lierement d’une forme agile & propre aux expédi- tions ; ils reviennent à ce que l’on appelle en France des Brigantins. Voyez VAISSEAU 6 BRIGANTIN. Ciceron dans une épitre à Attieus appelle une cha- loupe decem fculmorum , c’eft-à-dire à cinq rames de chaque bord, a&uariola ; ce qui fait préfumer que les bâtimens nommés aéuariæ naves ne pouvoient con- tenir ni un nombreux équipage , ni une nombreufe chiourme telle que celle des vaiffeaux de haut-bord & à plufieurs rangs de rames. (G) ACTUEL, adj. terme de Théologie , fe dit d’un at- tribut qui détermine la nature de quelque fujet & le diftingue d’un autre, mais non pas toüjours dans le même fens ni de la même maniere. Voyez ATTRIBUT, SUJET. Ainf les Théologiens fcholaftiques difent grace ac- tuelle par oppoftion à la grace habituelle. Voyez HA- BITUEL. Ils difent aufñ péché aéfueZ par oppofition au péché . originel, ° ” La grace aëluelle eft celle qui nous eft accordée par maniere d’aéte ou de motion pañlagere. Voyez ACTE & MOT10N. On pourroit la définir plus clairement celle que Dieu nous donne pour nous mettre en état de pou- voir, d'agir, ou de faire quelqu'atlion. C’eft de cette grace que parle S. Paul, quand il dit aux Philippiens, chap. I. « Ïl vous a été donné non-feulement de croire » en Jefus-Chrift, mais encore de foufrir pour lui ». S. Auguftin a démontré contre les Pélagiens , que la grace aëuelle eft abfolument néceflaire pour tonte ation méritoire dans l’ordre du falut. | La grace habituelle eft celle qui nous eft donnée par maniere d'habitude , de qualité fixe & permanente, inhérente à l’ame , qui nous rend agréables à Dieu, & dignes des récompenfes éternelles. Telle eft la grace du baptême dans les enfans, Voyez; GRACE, ACT . Le péché aüluel eft célur que commet par fa propre volonté & avec pleine connoïffance une perfonne qui eft parvenue à l’âge-de difcrétion. Le péché origis el eft celui que nous contraétons en venant au monde, parce que nous fommes les enfans d'Adam. Voyez PÉcué. Le péché aîuel fe fubdivile en péché mortel &e péché véniel. 11 MORTEL 6 VENIEL. (& ) . ACTUEL, adj. s’apphque dans la pratique de Me- decine aux maladies, à leur accès, & à la façon de les traiter. Ain on dit douleur aëluelle, pour fignifier la préfence de la douleur ; accès atluel ; dans une fié- vre ; figniñe l’état du malade préfentement afiligé d’une flevre ou continue , ou intermittente , ou d’un tedoublement. La cure aëuelle eft celle qui convient à l’accès même de la maladie. ACTUEL, (er Chirurgie) fe dit d’une des fortes de cauteres. Voyez CAUTERE.(N ) ACTUS , terme qu'on trouve dans les. anciens Ar- chitetes ; c’eftfelon eux un efpace de 120 piés. Fzrruve page266.(P) | ACUTANGLE, adj. Un triangle zcurangle eft ce- lui dont les trois angles font aigus. #. TRIANGLE. ACUTANGULAIRE. Seilion acutangulare d'un cone , eft la fe&tion d’un cone qui fait un angle avec l’axe du cone. Voyez AiGu. (E) | *ACUDIA , f. m.( Æf. nat.) animal de l'Améri- que , de la groffeur &c de la forme de Pefcargot , qui jette , dit-on , de la lumiere par quatre taches lui- fantes, dont deux font à côté de fes yeux, & deux fous fes ailes. On ajoûte que fi l’on fe frotte le vifage de l’humidité de fes taches luifantes ou étoiles , on paroit refplendiffant de lumiere tant qu’elle dure ; & que cette humidité éclairoit les Américains pendant la nuit avant l’arrivée des Efpagnols. . * ACUITZEHUARIRA, ox ZOZOTAQU AM, oz CHIPAHUARZIL , ( if. nat. Bor. ){. m. plante de Mechoacan, Province de l'Amérique. Sa racine eft ronde , blanche en dedans, & jaune en dehors. On en tire une eau que les Efpagnols appellent l’ezxe- mie des venins , contre lefquels elle eft apparemment un antidote. À D AD ,( Gram. ) prépotition Latine qui fignifie 4, auprès , pour , vérs, devant. Cette prépoñtion entre auf dans la compoñtion de plufeurs mots, tant en Latin qu’en François ; amare , aimer , adamare , ai- mer fort ; addition , donner ,| adonner ; on écrivoit au- trefois addonner, s'appliquer à , s'attacher | fe livrer : cet homme ef? adonne au vin , au jeu , cc. Quelquefois le 4 eft fupprimé , comme dans 4%- grer , aguérir , améliorer | anéantir ; on conferve le d lorfque le fimple commence par une voyelle , fe- lon {on étymologie ; adopter | adoption , adhérer , ad- héion, adapter ; &t dans les mots qui commencent par 2, admettre, admirer, adminifirer,adminiffration; & encore dans ceux qui commencent par les confonnes J & y ; adjacent , adjeëtlif, adverbe , adverfaire , adjoint : autrefois on prononçoit advent, adyis, adyocat ; mais depuis qu'on ne prononce plus le 4 dans ces trois derniers mots , on le fupprime auffi dans l'écriture. Le méchanifme des organes de la parole a fait que le d fe change en la lettre qui commence le mot fim- ple , felon l’étymologie ; ainfi on dit accumuler , affir- mer, affaire (ad faciendum) affamer, aggreger, annexer, annexe, applanir, arroger, arriver , affocier , attribuer. Par la même méchanique le d'étoit changé en c dans acquérir, acquiefcer, parce que dans ces deux mots le g eît le c dur : mais aujourd’hui on prononce aguérir, aquiefcer, (EF) *ADA , ( Géog. mod. ) ville de la Turquie Afia- tique , fur la route de Conftantinople à Hifpahan, & la riviere de Zacarat. | { À D A 125 :# ADAD 07 ADOD , f. m°{ Myrh: ) divinité des Affyriens, que lesuns prennent pour le foleil, d'au: tres pour cet Adad qui fut étouffé par Azael qui Jui fuccéda, & quifat adoré ainfi qu'Adad par les Sy- tiens , & fur-tout à Damas:, au rapport de Jofephe. Antiq. Judaiq. > | ADAGE ,f.m.( Belles-Lettres.)c’eftun proverbe ou une.fentence populaire que l’on: dit communé: ment. Voyez PROVERBE, 6c. Cemot viént de 24 &T agor, luivant Scaliger , gu0d agatur ad alinid fig: randum ; parce que lon s’enfert pour fignifier autre chofe. Ê | Gr Erafme a fait une vafte 8x précieufe colle@tionides adages Grecs & Latins , qu’il atirés de leurs Poëtes; Orateurs, Philofophes, 6. | Adage , proverbe, & paræmia , fignifient la même chofe : mais l'adage eft différent du gnome, de la fer- nve ou de l’apophthegme. F. SENTENCE 6 APOPH2 THEGME , 6e. ( G LH ADAGIO , terme de Mufique. Ce mot écrit à la tête d’un air défigne le premier &cle plus lent des quatre principaux degrés demouvement établis dans la Mufique Tfalienne, Adagio eft un adverbe Italien , quu fignifie à l'aile, pofémenr ; & c'eft aufli de cette mamere qu'il faut battre la mefure des airs auxquels il s'applique. Voyez MOUVEMENT. Le nom d’adagio {e tranfporte aflez communé- ment par métonymie aux morceaux de Mufique dont 1l détermine le mouvement; & il en eft de même des autres mots femblables. Ainfi l’on dira 72 adagio de Tartini, un andante de $. Martino , un allegro de Locatelli, &c. Voyez ALLEGRO , ANDANTE. (S) ADALIDES , f. m. pl. ( ff. mod.) Dans le Gou- vernement d'Efpagne ce font des Officiers de Juf- tice qui connoiflent de toutes les matieres concer- nant les forces militaires. ! | : Dans les Lois du Roi Alphonfe , il eft parlé des Adalides comme de Magiftrats établis pour diriger la marche des troupes &c veiller fur elles en tems de guerre. Lopez.les repréfente comme une forte de Juges qui connoïffent des différends nés à l’occafon desincurfions,du partage du butin,des contributions, 6’c. peut-être étoit-ce la même chofe que nos Inten- dans d’armée,ou nos Commiffaires des Guerres.(G) ADAM , f. ( Théol. ) nom du premier homme que Dieu créa, & qui fut la tige de toutle genre-humain, felon Ecriture. Ce n’eft pas précifément comme nom propre ; mais comme nom appellatif, que nous plaçons dans ce Diétionnaire le nom d'Adam , qui défigne tout homme en général, & répond au grec dyrporos ; en particuher le nom Hébreu EN , répond au Grec mupôos , &au Latin rufus , à caufe de la couleur rouf- sätre de la terre , dont , felon les Interpretes , Adam avoit été tiré. On peut voir dans la Genefe, chap. 1, 2,3 € 4. toute l'hifloire d'Adam ; comment il fut formé du limon , & placé dans le paradis terreftre, & inftitué chef & roi de la terre , & des animaux créés pour fon ufage ; & quelle fut fa premiere innocence & fa jufhice originelle; par quelle défobéiffance il en déchut, & quels châtimens il attira fur lui-même & fur fa poftérité. Il faut néceflairement en revenir à ce double état de félicité & de mifere , de foibleffe & de grandeur, pour concevoir comment l'homme, même dans l’état préfent, eft un compolé fi étrange de vices & de vertus, fi vivement porté vers le fou- verain bien, fifouvent éntraîné vers le mal, & fujet à tant de maux qui paroïflent à la raïfon feule les châtimens d’un crime commis anciennement. Les Payens même avoient entrevüû les ombres de cette vérité , & elle eft la bafe fondamentale de leur mé- tempfycofe , & la clé unique de tout le fyflème du Chriftianifme. 426 À D À : Quoique fous les Peres aient repardé ces déux | différens états d’ Adam comme lepremier-anneau au quel tient effentiellement toute la chaîne de la ré- vélation , on peut-dire:cependant que S. Auguftin eit le premier qui les ait développés à fond , & prouvé folidement l’un & l’autre dans fes écrits con- tre les Manichéens & les Pélagièns ; perfuadé que pour combattre avec fuccès ces deux Seétes oppos fées, 1l.ne pouvoit trop inffter fur l’extrème duffé= rence de ces deux états, relevant contre les Mani- chéens.le pouvoir du libre arbitre dans l’homme in- nocent , & après {a chûte, la force toute-puiffante de la grace pour combattre les maximes des Péla- giens : mais 1l n’anéantit jamais dans l’un & l’autre état ni la néceffté de la grace , ni la coopération du hbre arbitre. | | Les Interpretes & les Rabbins-ont formé diverfes queftions relatives à Adam , que nous allons parcou- tir, parce qu'on les trouve traitées avec étendue, fit:dans le Diétionnaire de Bayle, foit dans le Dic- tionnaire de la Bible du P. Calmet. On demande, 1°. combien de tems Adam & Eve demeurerent dans le jardin de délices. Quelques-uns les y laïflent plufieurs années , d’autres quelques jours, d’autres feulement quelques heures: Dom Cal- met penfe qu'ils y pûrent demeurer .dix ou douze jours ; & qu'ils en fortirent vierges. -. 2°. Plufeurs auteurs Juifs ont prétenduque l’hom- me & la femme avoient été créés enfemble & col- lés par les épaules ayant quatre piés ; quatre mains & deux têtes femblables entout, hors le {exe , & que Dieu, leur ayant envoyé un profond fommeiïl , Les fépara & en forma deux perfonnes : idée qui a beau- coup de rapport aux Androgynes de Platon. Voyez ANDROGYNE. Eugubin , 7 Cofmopæia , veut qu'ils aient été unis , non par le dos, mais par les côtés; enforte que Dieu, felon l’Ecriture , tira la femme du côté d'Adam : maïs cette opinion ne s’accorde pas avec le texte de Moyie, dans lequel on trouve- roit encore moins de traces de la vifion extravagante de la fameufe Antoinette Bourignon , qui préten- doit qu’ÆAdam avoit êté créé hermaphrodite , & qu’a- vant fa chûte il avoit engendré feul le corps de Jefus- Chriit. 3°. On n’a pas moins débité de fables fur la beauté & la taille d'Adam. On a avancé qu'il étoit le plus bel homme qui aït jamais été, & que Dieu, pour le former; fe revêtit d’un corps humain parfai- tement beau. D’autres ont dit qu’il étoit le plus grand géant qui eût jamais été , & ont prétendu prouver cette opinion par ces paroles de la Vulgate, Jofue, ch. XIV. Nomen Hebron ante vocabatur Cariath-arbe , Adam saximus ibi inter Enachim fitus ef}: mais dans le paflage le mot Adam n’eft pas le nom propre du premier homme, mais un nom appellatif qui a rapport à arbé ; enforte que le fens de ce paflage eft : cet homme ( Arbé ) étoit le plus grand ou le pere des Enachims. Sur ce fondement , & d’autres fem- blables , les Rabbins ont enfeigné que le premier homme étoit d’une taille fi prodigieufe , qu’il s’éten- doit d’un bout du monde jufqu’à l’autre, & qu'il paffa desifles Atlantiques dans notre continent fans avoir au milieu de l'Océan de l’eau plus haut que la ceintu- re : mais que depuis fon péché Dieu appefantit fa main fur lui, & le réduit à la mefure de cent au- nes. D’autres hui laiflent la hauteur de neuf cens cou- dées , c’eft-à-dire, de plus de mille trois cens piés, &c difent que ce fut à la priere des Anges effrayés de- la premiere hauteur d’Adam, que Dieu le réduifit à celle-ci. 4°. On difpute encore aujourd’hui , dans les Eco- les, fur la {cience infufe d'Adam. Il eft pourtant dif. ficile d’en fixer l'étendue. Le nom qu'il a donné aux animaux prouve qu'il en connoïffoit les proprietés , À D A fi dans leurorigine tous les noms font fionificatifs » comme quelques=uns le préténdent. Dieu Payant créé parfait, on ne peut douter qu’il nelui ait don- né un efprit vaite &c éclairé : mais cette fciénce {pé- culative n’eft pas incompatible avec l’ignorance ex- périmentale-des chofes qui ne s’apprennent que par l’ufage 8 par la refléxion. C’eft donc fans fonde- ment qu’on lui attribue l’invention des lettres hé- braiques , le Pfeaume XCI. 8 quelques ouvrages fuppofés par les Gnoftiques & d’autres Novateurs. 5°. Quoique la certitude du falut d'Adam né foit pas un fait clairement revélé, les Peres , fondés fur ces mots du Livre de la Sagefle ck, X. ». 2. cuftodivit G eduxit illum a delilo [io , ont enfeigné qu'il fitune folide pénitence. C’eft auffi le fentiment des Rab- bins , & l’Eglife a condamné l’opinion contraire dans Tatien & dans les Encratites. Am mourut âgé de neuf cent trente ans , & futenterré à Hébron!, {elon quelques-uns qui s’appuient du paffage de Jofué, que nous avons déja cité. D’autres , en plus grand nom- bre , foûtiennent qu'il fut enterré fur le Calvaire; enforte que le pié de la Croix de Jefus-Chrift répon- doit à l’endroit même où repofoit le crane du pre- mier homme, afin, difent-ils , que le fang du Sauveur coulant d’abord fur le chef de ce premier coupable, purifiât la Nature humaine comme dans fa fource , &que l’homme nouveau fût enté fur l’ancien. Mais S, Jérôme remarque que cette opinion, qui eft affez propre à flater les oreilles des peuples, n’en eft pas plus certaine pour cela: favorabilis opinio , 6 mul- cens aurem populi, nec tamen vera. In Matth. cap, xxviy. Le terme d'Adam en matiere de morale & de fpi- ritualité , a des figmifications fort différentes felon les divers noms adjeétifs avec lefquels il fe trouve joint. Quand il accompagne ceux-ci, premier, vieil, & ancien , il fe prend quelquefois dans un fens littéral , &c alors il fignifie le premier homme confidéré après fa chûte, comme l’exemple & la caufe de la foibleffe humaine. Quelquefois dans un fens figuré, pour les vices , les pañfions déréglées, tout ce qui part de la cupidité & de la nature dépravée par le péché d’4- dam. Quand il eft joint aux adjeétifs zouveau ou fe- cond ; il fe prend toüjours dans un fens figuré , & le plus fouvent il fignifie Jefus-Chrift, comme l’homme Dieu, faint par eflence, par oppoñtion à l’homme pé- cheur , ou la juftice d’une ame véritablement chré- tienne , & en général toute vertu ou fainteté expri- mée fur celle de Jefus-Chrift, & produite par fa orace, (G) * ADAMA, ( Geog. anc. ) ville de la Pentapole } qui étoit voifine de Gomorrhe & de Sodome, & qui fut confumée avec elles. * ADAMANTIS , f. ( Æiff. nar. ) nom d’une plan- te qui croit en Arménie & dans la Cappadoce, & à laquelle Pline attribue la vertu de terraffer les lions & de leur Ôter leur férocité. Voyez Le Liv, XXI F. chap. xviy. | * ADAMIQUE (serre. ) adamica terra , ( Hifi. nat.) Le fond de la mer eft enduit d’un limon falé , gluant, ras, mucilagineux & femblable à de la gelée ; on Fe découvre aifément après le reflux des eaux, Ce limon rend les lieux qu’elles ont abandonnés, fi glif- fans qu’on n’y avance qu'avec peine. Il paroît que c’eft un dépôt de ce que les eaux de la mer ont de plus glaireux & de plus huileux , qui fe précipitant continuellement de même que le fédiment que les: eaux douces laïffent tomber infenfiblement au fond des vaifleaux qui les renferment , forme une efpece de vafe qu’on appelle serra adamica, On conjetture qu'outre la grande quantité de poiflons & de plan- tes qui meurent continuellement , & qui fe pourrif- {ent dans la mer , l’air contribue encore de quelque chofe à augmentation du limon dont il s’agit ; car on obferve que la serre adamique fe trouve en plus grande quantité dans les vaifleaux que l’on a cou- verts fimplement d’un linge , que dans ceux qui ont été fcellés hermétiquement. Mémoires de lAcademie, . année 1700 , pag. 29, ADAMITES ox ADAMIENS , f. m, pl. (Théolog.) Adamiflz 6 Adamiani, feëte d'anciens hérétiques, qu’on croit ayoir été un rejetton des Bafilidiens & des Carpocratiens. | | S. Epiphane, après lui S. Auguftin, & enfuite Theodoret, font mention des Adamites : mais les cri- . tiques font partagés fur la véritable origine de cette feéte, & fur le nom de fon auteur. Ceux qui penfent qu’elle doit fa naïflance à Prodicus , difciple de Car- pocrate, la font commencer au milieu du 11. fiecle de l’Eglife : mais il paroït par Tertullien & par Saint Clément d'Alexandrie, que les feétateurs de Prodi- cus ne porterent jamais le nom d’Adämites, quoique dans le fond ils profefaffent les mêmes erreurs que ceux-ci. Saint Epiphane eft le premier qui parle des Adamites , fans dire qu’ils étoient difciples de Prodi- cus : il les place dans fon Catalogue des Héretiques après les Montaniftes & avant les Théodotiens, c’eft- à-dire , fur la fin du z1. fiecle. Quoi qu'il en foit, ils prirent, felon ce Pere, le nom d’Adamites , parce qu'ils prétendoient avoir été rétablis dans l’état de nature innocente, être tels qu'Adam au moment de fa création, & par confé- quent devoir imiter fa nudité. Ils déteftoient le ma- triage, foûtenant que l’union conjugale n’auroïit ja- mais eu lieu fur la terre fans le péché, & regar- doient la jouiffance des femmes en commun comme un privilège de leur prétendu rétabliffement dans la Juftice originelle. Quelqu'incompatibles que fuffent ces dogmes infames avec une vie chaîte, quelques- uns d'eux ne laifloient pas que de fe vanter d’être continens, & afitroient que fi quelqu'un des leurs tomboit dans le péché de la chair, ils le chafoïent _ de leur aflemblée, comme Adam &c Eve avoient été chaflés du Paradis terreftre pour avoir mangé du fruit défendu; qu'ils fe regardoient comme Adam & Eve, & leur Temple comme le Paradis. Ce Tem- ple après tout n'étoit qu'un foüterran, une caverne obfcure, où un poële dans lequel 1ls entroient tout nuds, hommes & femmes; & là tout leur étoit per- mis, jufqu'à l’adultere &c à l’incefte, dès que l’ancien ou le chef de leur fociété avoit prononcé ces paro- les de la Genefe, chap. 1. v. 22. Crefcite 6 mulripli- camini. Théodoret ajoûte que, pour commettre de pareilles a@ions, 1ls n’avoient pas même d’écard à l'honnêteté publique, & imitoient l’impudence des Cyniques du paganifme. Tertullien affüre qu'ils nioient avec Valentin l’unité de Dieu, la nécefiité de la priere , &traitoient le martyre de folie & d’ex- travagance. Saint Clément d'Alexandrie dit qu'ils fe vantoient d’avoir des livres {ecrets de Zoroafître, ce qui a fait conjeturer à M. de Tillemont qu'ils étoient adonnés à la magie. Epiph. here[. 52. Théo- doret, Zy. I. hæreticar. fabular. Tertull. contr. Prax. c. 3. Gin Scorpiac. c. 15. Clem. Alex. Ssrom. lib, 7, Til- lemont, some II. page 280. Tels furent les anciens Adamites. Leur feéte obf- cure êc déteftée ne fubfifta pas apparemment longe- tems, puifque Saint Epiphane doute qu'il y en eût encore , lorfqu'il écrivoit: mais elle fut renouveilée dans le x11. fiecle par un certain Tardème connu encore fous le nom de Tazchelin, qui fema {es er- reurs à Anvers fous le regne de l'Empereur Henri | V. Les principales étoient qu'il n’y avoit point de diftinétion entre les Prèêtres & les laics, & que la fornication.&l’adultere étoient des aétions faintes 8 méritoires. Accompagné de trois mille fcélérats ar- més, il accrédita cette doctrine par fon éloquence ê par fes exemples ; fa feéte lui furvécut peu, & fut éteinte par le zele de Saint Norbert, À D À 127 D’autres Adamuses réparurent encore dans le x1v, fiècle fous le nom de Turlupins & de pauvres Freres , dans le Dauphiné & la Savoie. Ils foûütenoient que l’homme arrivé à un certain état de pétfedion, étoit affranchi de la loi des pañlions, & que bien loin que la liberté de l’homme fage confiftât à n'être pas foù- mis à leur empire, elle confiftoit au contraire à fe. couer le joug des Lois divines. Ils alloïent tous nuds, &t commettoient en plein jour les a@ions les plus brutales. Le Roi Charles V. fecondé par le zele de Jacques de Mora , Dominicain & Inquifiteur à Bour- ges, en fit périr plufieurs par les flammes; on brüla auffi quelques-uns de leurs livres À Paris dans la Place du marché aux pourceaux, hors la rue Saint Honoré. Un fanatique nommé Picard, natif de Flandre, ayant pénètre en Allemagne & en Boheme au com- mencement du Xv. fiecle, renouvella ces erreurs, & les répandit fur-tout dans l’armée du fameux Zifca malgré la févérité de ce Général. Picard trompoit les peuples par fes preftiges, & fe qualifioit fs de Dien : 11 prétendoit que comme un nouvel Adam il avoit été envoyé dans le monde pour y rétablir la loi de nature, qu'il faifoit fur-tout confifter dans la nudité de toutes les parties du corps, & dans la com- munauté des femmes. Il ordonnoit à fes difciples d'aller nuds par les rues & les places publiques, moins réfervé à cet égard que les anciens Adarnites, qui ne fe permettoient cette licence que dans leurs affemblées. Quelques Anabaptiftes tenterent en Hol- lande d'augmenter le nombre des fettateurs de Pi- card: mais {a févérité du Gouvernement les eut bien- tôt diffipés. Cette fete a aufli trouvé des partifans en Pologne & en Angleterre : ils s’affemblent la nuit; & l’on prétend qu’une des maximes fondamentales de leur fociété eft contenue dans ce vers, Jura, perjura, fécretum prodere noi. Quelques Savans font dans l'opinion que l’origine des Adarmites remonte beaucoup plus haut que l’éta- bliflement du Chriftianifme : ils fe fondent fur ce que Maacha mere d’Afa, Roi de Juda, étoit grande Prê- trefle de Priape, & que dans les facrifices noéturnes que les femmes faifoient à cette idole obfcène, elles paroïfioient toutes nues. Le motif des Adamites n’é- toit pas le même que celui des adorateurs de Priape ; & l’on a vû par leur Théologie qu’ils n’avoient pris du Paganifme que l’efprit de débauche, & non le culte de Priape. Voyez PRIAPE. (G) *ADAMS PIC en Anglois, ou Pic d'Adam en François , la plus haute montagne de Ceylan dans l'Ile de Colombo. Elle a deux lieues de hauteur, & à fon fommet une plaine de deux çens pas de diame- tre. Long. 98. 25. lat. 5. 45. * ADANA, ADENA, f. ville de la Natolie fur la riviere de Chaquen. Long. 34. lat. 38. 10. ADAKNE, f. m. ( Æif. nat. ) en Italien, ApELLo ou ÂDENO ; ez Latin, ATTILUS, poiflon qui ne fe trouve que dans le fleuve du PG. Il a cinq rangs de srandes écailles rudes & piquantes, deux de chaque côté, & l’autre au milieu du dos: celui-ci finit en approchant de la nageoïre, qui eft près de la queue ; cette nageoire eft feule fur le dos: il y en a deux fous le ventre & deux près des nageoires ; la queue eft pointue. Ce poiflon feroit aflez reflemblant à l'efturgeon, fur-tout par fes grandes écailles : mais il les quitte avec le tems; l’efturgeon au contraire ne perd jamais les fiennes. Quand l’adane a quitté fes écailles, ce qui arrive lorfqu'il a un certain äge, _ileft fort doux au taucher. Ce poiflon a la tête fort groffe, les veux petits, la bouche ouverte, grande & ronde : il n’a point de dents; lorfque la bouche eit fermée, les levres ne {ont pas en ligne droite, elles forment des finuofités. Il a deux baïbillons charnus & mous; fes ouies font couvertes, & fon dos ef 128 À D A blanchatre. Ce poiffon eft fi grand & f gros, qu'il pefe juiqu'à mille livres, au rapport de Pline , ce qui eft fort étonnant pour un poiflon de riviere. On le pêche avec un hameçon attaché à une chaîne de fer; &c il faut deux bœufs pour le trainer lorfqu'il eft pris. Pire aflüre qu'on ne trouve ce porflon que dans le PÔ. En eflet on n’en a jamais vû dans l'Océan mi dans la Méditerranée. Quelque gros qu’il puiffe être, ce n’eft pas une raïfon pour croire qu'il ne foit pas de riviere ; car l'étendue & la profondeur du P6 font plus que fufifantes dans de certains endroits pour de pareils poiflons: celui-ci habite Les lieux où il ya le plus de poiflon, &:1l s’en nourrit ; il fe re- tie pendant l’hyver dans les endroits les plus pro- fonds. La chair de l’adane eft molle, mais de bon août, felon Rondelet. Aldrovande prétend qu’elle il'eft pas trop bonne en comparaïfon de l’efturgeon. Voyez ces deux Auteurs & Le mor Poisson (1) * ADAOUS ox QUAQUA, Peuple d'Afrique dans la Guinée propre, au Royaume de Saccao. ADAPTER, v. a. Adapter en Chimie, c’eft aju- fter un récipient au bec du chapiteau d’un alembic où au bec d’une cornue, pour faire des diftillations ou des fublimations. [1 vaut mieux fe {ervir du terme ajufter, parce qu'il fera mieux entendu de tout le monde. (M) ADAPTER, terme d’Architeëlure, c’eft ajoûüter après coup par encaftrement ou aflemblage, un membre faillant d’Architeéture ou de Sculpture , à quelque «corps d'ouvrage, foit de maçonnerie, de menuife- ie, Gc. (P) ADAR, f. m. ( Hif. anc. & Théol. ) douzieme mois de l’année fainte des Hébreux, & le fixieme de leur année civile. Il n’a que vingt-neuf jours, & ré- pond à Février, quelquefois il entre dans le mois de Mars , felon le cours de la lune. Le feptieme jour de ce mois, les Juifs célebrent un jeûne à caufe de la mort de Moyfe. Le treizieme jour ils célebrent le jeûne qu'ils nom- ment d’'Æffher, à caufe de celui d’Efther, de Mardo- chée, & des Juifs de Suies, pour détourner les mal- heurs dont ils étoient menacés par Aman. Le quatorzieme, ils célebrent la fète de Purim ou des forts, à caufe de leur délivrance de la cruauté d’Aman. Effh. IX. 17. Le vingt-cinquieme , ils font mémoire de Jecho- nias, Roi de Juda , élevé par Evilmerodach au-deflus des autres Rois qui étoient à fa Cour, ainfi qu’il eft rapporté dans Jérémie, c. Li, y, 31 & 32. Comme l’année lunaire que les Juifs fuivent dans leur calcul, eft plus courte que l’année folaire d’onze jours, lefquels au bout de trois ans font un mois; ils intercalent alors un treizieme mois qu'ils appellent Véadar ou Le fècond adar, qui a vingt-neuf jours. loyez INTERCALER , Didionn. de la Bibl. rome I. page 55. * ADARCE ,f. m. (if. rar.) efpece d’écume fa- lée qui s’engendre dans les lieux humides & maréca- geux, qui s'attache aux rofeaux & à l'herbe, & qui sy endurcit en tems fec. On la trouve dans la glatie : elle eft de la couleur de la poudre la plus fine de la terre Âflienne. Sa fubftance eft lâche & poreufe , comme celle de l'éponge batarde , enforte qu’on pour- roit l’appeller l'éponge batarde des marais. Elle paffe pour déterfive , pénétrante, réfolutive, propre pour diffiper les dartres, les roufleurs, &r au- tres affections cutanées: elle eft auffi attra@ive, & lon en peut ufer dans la fciatique. Dioféorid, lib. F. ch. cxxxviy, * ADARGATIS o4 ADERGATIS, o4 ATERGA- TIS ,( Mych.) divinité des Syriens, femme du dieu Adad. Selden prétend qu’ÆAdargatis vient de Dagon par corruption.C’eft prefqu'ici le cas de Pépigramme: Mais il faut avouer auffe qu’en venant de-la jufqu’ici elle a bien changé fur La route. On la prend pour la Derétlo des Babyloniens & la Venus des Grecs. * ADARIGE, ( Chimie.) Voyez SEL AMMONrAC, qu'Harris dit que quelques Chimuftes nomment ainfi. * ADARME, f. ( Commerce, ) petit poids d’Efpa- gne dont on fe fert à Buénos-Aires & dans l’Améri- que Efpagnole. C’eft la feizieme partie de notre once qui eft à celle de Madrid, comme cent eft à quatre- vingts-freize. * ADATIS, f. m. ( Commerce. ) c’eft le nom qu’on donne à desmouffelines qui viennent des Indes Orien- tales. Les plus beaux fe font à Bengale; ils portent trois quarts de large. * AD D À, riviere de Suifle & d'Italie, qui à fa fource au mont Braulis dans le pays des Grifons, & fe jette dans le PÔ auprès de Crémone. * ADDAD ,f. m.( Bor. ) nom que les Arabes don- nent à une racine d'herbe qui croit dans la Numidie & dans l'Afrique. Elle eft très-amere, & c’eft un poifon fi violent, que trente ou quarante gouttes de fon eau diftillée font mourir en peu de tems. 4blanc. tra. de Marmol. Liv. VIT, c, j. * AD ÆQUAT ox TOTAL, adj. (Logique. \fe dit - de l’objet d’une Science. L'objet adæquat d’une Scien- ce éft la complexion de fes deux objets, masériel & formel. L'objet matériel d’une Science eftla partie qui li en eit commune avec d’autres Sciences. L'objet formel eft la pattie qui lui en eft propre. Exemple. Le corps humain en tant qu'il peut être guéri , Eft l’objer adæquat ou rotal de la Medecine. Le corps humain en ef l’objer matériel : en tant qu’il peut être guért , il en ef l’objer formel. ADÆQUATE oz TOTALE, {e dit ez Méraphyfique de l’idée, L'idée totale où adæquate eftune vùe de l’ef- prit occupé d’une partie d’un objet entier : l’idée par- telle où inadæquate, eft une vüe de l’efprit occupé d’une partie d’un objet, Exemple : La vûe de Dieu eft ‘une zdée totale, La vüe de fa toute-puiffance eft une idée partielle. ADDEXTRÉ, adj. en terme de Blafon, {e dit des pieces qui en ont quelqu’autre à leur droite ; un pal qui n’auroit qu'un lion fur le flanc droit , feroit dit addextré de ce Lion. Thomaffin en Provence , de fable femé de faulx d’or , le manche en haut , addextré & feneftré de même. (77) | ADDICTION, L.f. (Jurifp.) dans la Loi Romaine, c’eft l’aétion de faire pafler ou de transférer des biens à un autre , {oit par Sentence d’une Cour , foit par voie de vente à celui qui en offre le plus. Voyez ALIÉNATION. | Ce mot eft oppofé au terme abdiéio ou abdicatio. - Voyez ABDICATION. Il eft formé d’addico | un des mots déterminés à l’ufage des Juges Romains , quand ils permettoient la délivrance de la chofe ou de la perfonne , fur la- quelle on avoit pañlé Jugement. C’eft pourquoi les biens adjugés de cette mamiere par le Préteur au véritable propriétaire , étoient ap- pellés bona addiëla ; & les débiteurs livrés par cette même voie à leurs créanciers pour s’acquiter de leurs dettes , s’appelloient /érvi addiüh. Addiclio in diem , fignifioit l’'adyudication d’une chofe a une perfonne pour un certain prix ,; à MOINS Qu'à Un jour déterminé le propriétaire ou quelque autre per- fonne n’en donnât ou n’en offrit davantage. ( 4) ADDITION, er Arithmétique, c’eft la premiere des quatre regles ou opérations fondamentales de cette Science. Voyez; ARITHMÉTIQUE. L’addition confifte à trouver le total ou la fomme de plufeurs nombres que l’on ajoûte fucceffivement lun à autre. Voyez NOMBRE, SOMME ox TOTAL. Dans l’Algebre le caraétere de l’addition eff le fi- gne + , que l’on énonce ordinairement par le . plus : ADD plus : ainfi 3 + 4 fignifie la fomme de 3 & de 4; & en lifant on dit trois plus quatre. Voyez CARACTERE. L'addition des nombres fimples, c’eft-à-dire com- poiés d’un feul chiffre, eft fort aifée. Par exemple , on appercçoit d’abord que 7 & 9, où 7 +9 font 16. Dans les nombres compotfés, l’addition s'exécute “en écrivant les nombres donnés paï colonnes verti- cales, c’eft-à-diré, en mettant direétement les unités Sous les unités , les dixaines fous les dixaines, &c. après quoi l’on prend féparément la fomme de tou- tes ces colonnes. | Mais pour rendre cela bien intelligible par des exemples , fuppofons que l’on propofe de faire l’ad- dition des nombres 1357 & 172 : après les avoir écrits l’un fous l’autre, comme on le voit, 1357 L 7 2. 1 $ 2 9../ommeou toral. On commence par laddirion des unités, en difant #7 & 2 font o , qu'il faut écrire fous la colonne des unités ; paflant enfuite à. la colonne des dixaines, on dira ÿ & 7 font 12 ( dixaines) qui valent 1 cent& 2 dixaines, on pofera donc 2 dixaines fous la colonné des dixaines , & l’on retiendra 1 cent que l’on doit ” porter à la colonne des cens, où l’on continuera de dire 1 (cent qui a été retenu ) & 3 font 4, & 1 font 5 (cèns); onécrira ÿ fous la colonne des cens : pañlant enfin à la colonne des mille où il n’y a qu'un, on l’écrira fous cette colonne , & la fomme ou Le total de tôus ces nombres réunis, fera 1529. Enforte que pour faire cette opération, il faut réu- nir ou ajoûter toutes les unités de la premiere colon- ne , en commençant de la droite vers la gauche; & fi la fomme de ces unités ne furpafle pas 9, on écrira cette fomme entiere fous la colonne des unités : mais f elle eft plus grande , on retiendra le nombre des di= xaines contenues dans cette fomme pour l’ajoûter à da colonne fuvante des dixaines; & dans le casoùil y aura quelques unités, outre ce nombre de dixaines, Ôn les écrira fous la colonne des unités ; quand 1ln°y en aura pas, on mettra o, ce qui fignifiera qu'il n'y a point d'unités , mais fimplement des dixaines, que l’on ajoûtera à la colonne fuvante des dixaines , où l’on obfervera précifément les mêmes lois qu’à la précédente ; parce que 10 unités valent 1 dixaine ; 10 dixaines valent : cent ; ro cens valent 1 mille, 6c. Aïnfi pour faire l'addition des nombres 87899 + 13403 + 1920 + 885 , on les difpofera comme dans l'exemple précédent : 87899 13403 1920 88; IOAIO7... total. Et après avoir tiré une ligne fous ces nombres ainfi difpofés , on dira 9 & 3 font 12, & 5 font 17, où il y a une dixaine & 7 unités; on écrira donc 7 fous la colonne des unités , & l’on retiendra x ( di- * xaine ) que l’on portera à la colonne des dixaines , où l’on dira 1 ( dixaine retenue ) & 9 font 10, & 2 font 12, (le o ne fe compte point ) & 8 font 20 (di: xaines ) qui valent précifément 2 cens, puifque 10 dixaines valent 1 cent; on écrira donc o fous la co- lonne des dixaines pour marquer qu’il n’y a point de dixaine, & l’on portera les 2 cens à la colonne des cens, où il faudra pourfuivre l’opération , en difant 2 (cens retenus) & 8 font 10, & 4 font 14, & ofont 23 , & 8 font 31 cens, qui valent 3 milles & 1 çent; Forme I, A D D 129 on pôféra donc 1 fous la colonne des cens , & l’ori portera les 3 ( mille.) à celle des mille, où l’on dira 3 (mille retenus) & 7 font 16 , & 3 font 13,& 1 font 14mille, qui valent 1 (dixaine) de mille, & 4 (mille) ; ainf l’on écrira 4 ( mille ) fous la colonne des mille , & l’on-portéra : ( dixaine de mille ) à la colonne des dixames de mille , où l’on dira t Ronan de mille retenue ) & 8 font 9, & 1 font 10 (dixaine de mille), qui valent précifément 1 centaine de mille; anfi l’on. écrira o fous la colonne dés dixaines de mile, pour marquer qu'il n’y a point de pareilles dixaines , & l’on placera en avant 1 ( centaine de milles), ce qui achevera l'opération , dont la fomme.ou le total fera 108107. . rw Quand les nombres ont différentes dénominations: par exemple, quand ils contiennent des livres ,-des fous , & des demiers, ou destoifes , des piés ,despou- ces , Gc. on aura l'attention de placer les deniers fous les deniers , les fous fous les fous , les livres, 6. & l’on opérera comme ci-deffus. Suppofons pour cela que l’ôn propofed’ajoûter les nombresfuivans, 1201, Lo + 651. 12/ 54 + 01, 8£ od. (le figne I. fignifie des livres ; celui-ci f des fous , & celui-là 4 des deniers) ,on les difpofera comme onle voit dans cet exemple : 120! 1 5 où GES Len -33 9 8 o 1o$h 1 6/ 24 forme, l Et après avoir tiré une ligrié , On commencera pat les deniers, en difant 9 & 5 font 14 deniers , qui va= lent un fou & 2 deriers ( puifque r {ou vaut 12de- tiers ) ; on écrira donc 2 demiers fous la colonne des deniers , & l’on portera 1 fou à la colonne des fous , où l’on dira 1 ( fou retenu ) & $ {ont 6, & 21ont8 ; & 8 font 16 / qui valent 6 fous & 1 dixaine de fous; ainfi l’on écrira 6 fous fousles unités de fous,& l’onre- tiendra 1 dixaine de fous pour Le porter à la colonne des dixaines de fous, où Pon dira 1 (dixaïne retenue} & 1 font 2, &c r font 3 dixaines de fous, qui valent 30 fous où 1 livre &c 1 dixaine de fous ; car 1 livre vaut 20 fous : on écrira donc 1 dixaine de fous fous la colonne des dixaines de fous ; & retenant 1 livre on la portera à la colonne des unités de livres, où continuant d'opérer à l'ordinaire , on trouvera que le total eft 1951. 16/ 24. L’addition des décimales {e fait de la même maniere que celle des nombres entiers; ainfi qu'on peut lé voir dans lexemple fuivant : 630.953 LS 0201007 BOL ANT 987.3037 Sorrnrne Voyez encore le mot DÉCIMAL.(E) L’addision, en algebre, c’eft-à-dire, l'addition des quantités indéterminéés , défignées par les lettres de l’alphabet, fe fait en joignant ces quantités avec leurs propres fignes, & réduifant celles qui font fuf= ceptibles de réduétion ; favoir les grandeurs fembla« bles. Voyez SEMBLABLE , & ALGEBRE. Ainfi a ajoûté à la quantité 4, donne a+ 4 ; & a joint avec —b, faita—b;—a &—b,font—a—b6 ; 7a & gafont7a+oaz16 a; car 74 & 94 font des grandeurs femblables. Si les grandeurs algébriques, dont on propofe de faire l’addition, étoient compofées de plufieurs ter- mes où il ÿ en a de femblables ; par exemple, fi lon avoitle polynome 3a42b3—5$c$4—4dr—+2s quil fallüt ajoûter au polynome—s446s4—42 is 3+4drÿ ut Gp Von éériroit d’abord l’un de ces polynomes, tel qu'al eft donné, comme on le voit : #7 3a42b3-$cs4—4dr428 ma1b34+ycs4+adr—s *_ +s,,. Total 24a2b3—çcs4 On difpoféroit enfuite l’autre polynome fous celui que l’on vient d'écrire, de maniere que les termes femblables fuflent direétement les uns fous les autres: on tireroit une ligne fous ces polynomes ainfi difpo- fés, & réduifant fucceflivement les termes fembla- bles à leur plus fimple expreffion, on trouveroit que la fomme de ces deux polynomes eft 242b3—cs4+s, en mettant une petite étoile ou un zero fous les ter- mes qui fe détruifent totalement. ” Remarquez que l’on appelle grandeurs /émblables , en Algebre, celles qui ont les mêmes lettres & pré- cifément le même nombre de lettres; anf 5424 & 24 bd font des prandeurs femblables ; la premiere fignifie que la grandeur 424 eft prife $ fois, &c la fecondé, qu’elle eft prife 2 fois; elle eft donc prie en, tout 7 fois ; l’on doiït donc écrire 74bd au lieu de sabd+42abd; & comme l’expreffion 7abd eft plus fimple que $4244+24b4d, ceft la raifon pour laquelle on dit en ce cas que l’oz réduit à la plus fim- ple expreffion. ; | Pour reconnoître facilement les’ quantités algébri- ques femblables, omne doit point faire attention à leur coefficient : mais 1l faut écrire les lettres dans l’ordre de l'alphabet, Quoique 2444 foit la même chofe qué 24bd ou 24ba; cependant on aura une grande attentionde ne point renverfer l’ordre de Pal- phabet , & d'écrire 244 d, au lieu de 2444 ou de 2b da: cela fert à rendre le calcul plus clair ; ÿ «bd & 24 b d paroïflent plütôt des grandeurs femblables que ÿhad & 2b da, qui font pourtant la même chofe que les précédentes. Les quantités 3 #2c & 4b2c {ont aufli desgrandeurs femblables : mais les grandeurs 443 f & 243 ne font pas femblables, quoi- qu’elles ayent de commun la quantité 43 ; parce qu’il eft eflentiel aux grandeurs /émblables d’avoir les mêmes lettres & le même nombre de lettres. Onobfervera encore que les quantités pofitives ou affe@ées, du figne + font direétement oppofées aux quantités négatives ou précédées du figne —; ainfi quand les grandeurs dont on propofe l’addition {ont femblables & affedées de fignes contraires, elles fe détruifent en tout ou en partie, c’eft-à-dire, que dans le cas où l’une eft plus grande que l’autre , 1l fe détruit dans la plus srande une partie égale à la plus petite , & le refte eft la différence de la plus grande à la plus petite, affeétée du figne de la plus grande. Or cette opération ou réduétion tombe toüjours fur les coefficients : il eft évident que s df&—34df fe réduifent à + 14df; puifque + $ df montre que la quantité df eft prife ÿ fois, & —3 d/f fait connoître que la même quantité d/f eft retranchée 3 fois : mais une même quantité prife $ fois & Ôtée 3 fois fe réduit à n'être prie que 2 fois. . Parcillement+s fr & —6 fm fe réduifent à —1f"2 ou fimplement à — fm ; car — 6 fn eft la quantité fr Ôtée 6 fois, & + 5 fm eft la même quantité f 72 remi- fe $ fois ; la quantité fm refte donc négative encore âme fois, & eft par conféquent — fr. Ÿ. NÉGATIF. Il ps a point de grandeurs Algébriques, dont on ñe puiffe faire l'addition, en tenant la conduite que 52, 2Wac +7Wac = OVars 6GVab—=xx + 4 Vab—xx = 13 V'ab—xx. De même 6 3 + 7Y/3=13 y/3. L'on a encore ay/ze + bac = (a+8)yac, en ajoütant enfemble les gran- deurs 4, b, qui multiplient la quantité ac. on a indiquée ci-deflus : ainfi 22 + À£ = ADD DAROMÉMQNL EEE SS NE À Eater d . IE I — , puiique 24+3c+34 = ja+3c. - On fait l'addition des fra@tions pofitives ou afir- matives, qui ont le même dénominateur, en ajoù- tant enfemble leur numérateur, 8 mettant fous cette fomme le dénominateur commun : ainfi+++=#; Ets. Ce b GT PER ia Ver 2ÿaVex. LA 244 x 2abkVex” ©. aa bx aa bx (a er + SAN RS Ci" Voyez FRACTION. On fait l'addition des quantités négatives de la même maniere précifément que celle des quantités afirmatives : ainfi — 2 & +3= 5, — fe & IE AIT 154% = Aa nr a LS on a Vax & — bVax = — a—b Vlax Quand il faut ajoûter une quantité négative à une quantité afirmative, Pafirmative doit être di- minuée par la négative , ou la négative par l’afr- mative : ainfi+bz at; 2 & ET; —ayae &+bVac = bu VWac ; pareillement L2i—3=—1; — LE &+ LE = T2 ; de même + 2 Wac & —7 Wac = —5 Wac. S’il s’agit d’ajoûter des irrationels ; quand ils m’au- ront pas la même dénomination, on la leur don- nera. En ce cas, s'ils font commenfurables entr'eux, on ajoûtera les quantités rationnelles fans les lier par aucun figne, & après leur fomme on écrira le figne radical : ainfi V8 +y/18=V4X: +VoX:2 =2V2+3V2=5V2—=V5;0. Au contraire y% &t y/7 étant incommenfurables, leur fomme fera. Vs +y/s. Voyez SoOURD 6 INCOMMENSURABLE. Voyez auffi ARITHMÉTIQUE UNIVERSELLE, (O) ADDITION , {. f. ex termes de Pratique , eft fyno- nyme à /upplément : ainfi une addition d'enquête ou d’information , eft une nouvelle audition de té- moins , à l’effet de conftater davantage un fait dont la preuve n’étoit pas complete par l'enquête ou in- formation précédemment faite. ( A) ADpDiTIONS, {. f. pl. dans l’Art de Imprimerie ; font de petites lignes placées en marge, dont le ca- raëtere eft pour l’ordinaire de deux corps plus mi- nuté que celui de la matiere. Elles doivent être pla- cées à côté de la ligne à laquelle elles ont rapport , finon on les indique par une * étoile, où par les let tres a, b,c, &c. On y porte les dates, les citations d’Auteurs , le fommaire de l’article à côté duquel elles fe trouvent. Quand les lignes d’addirions par leur abondance excedent la colonne qui leur eft def- tinée , & qu'on ne veut pas en tranfporter le reftant à la page fuivante, pour lors on fait fon addition hachée, c’eft-à-dire, que l’on raccourcit autant de lignes dela matiere, qu'il en eft néceffaire pour y fubflituer le refte ou la fuite des additions ; dans ce cas , ces dernieres lignes comprennent la largeur de la page & celle de l’addirion. ADDUCTEUR , fm. pris adje@. ez Anatomie , eft le nom qu’on donne à différens mufcles deftinés à approcher les parties auxquelles ils font attachés, du plan que l’on imagine divifer Le corps en deux parties épales & fymmétriques , & de la partie avec laquelle on les compare ; ce font les antagoniftes des abduéteurs. Voyez MUSCLE 6 ANTAGONISTE. Ce mot vient des mots Latins ad, vers, & ducere mener. L'apDUCTEUR de Pæil eft un des quatre muf- cles droits de l'œil, ainfi nommé , parce qu'il fait - avancer laprunellevers le nez. VoyezŒ1r & Droit. On le nomme aufi huveur , parce que quand on boit, il tourne l’œil du côté du verre. }. BUvVEUR. L’adéäuéleur du pouce eft un mufcle du pouce qui vient de la face de l’os du métacarpe, qui foûtient le doigt index tourné du côté du pouce, & monte obliquement vers la partie fupérieure de la premiere phalange du pouce , où 1l fe termine par une large . infertion ; c’eît le méfothénar de Wixl. exp, an, & l’anti-thenar de quelques autres Anatomiftes. Voyez. Doicr. Adduëteur du gros orteil, appellé auf anti-chenar. Poyez ANTI-THENAR. + L’addutleur du doigt indice , eft un mufcle du doigt indice , qui vient de la partie interne de la premiere phalange du pouce , & fe termine à la premiere pha- lange du doigt indice qu’il approche du pouce, - Adduiteur propre de l'index. Po Adduëleur du doigt du milieu. à fR< ut tr Adduileur du doigt annulaire, SRRERO NES L’adduéteur du petit doigt, où métacarpien , vient du ligament annulaire interne de los pififorme ou crochu , & fe termine tout le long de la partie inter- ne & concave de l'os du métacarpe du doigt auri- culaire. Les adduëteurs de la cuiffe. Voyez TricErs. L’adduileur de la jambe. Voyez COUTURIER. _Adduiüteur du piè, Voyez JAMB1ER. Adduëteurs des doigts du pié. Voyez INTEROSSEUX. Voyezdes planches d’ Anatomie € leur explication. (L) ADDUCTION, f. f. nom dont fe fervent les Ana- tomiftes pour exprimer l’aétion par laquelle les muf- cles adduéteurs approchent unepartié d’un plan qu’ils fuppofent divifer le corps humain dans toute fa lon- sueur en deux parties égales & fymmétriques, ou de quelqu'autre partie avec laquelle ils les compa- rent. (L) j * ADEL, ( Geogr.) qu'on nomme aufli Zeila , de fa Capitale , Royaume d'Afrique, côte méridio- nale du détroit de Babel-Mandel. *: ADELBERG, petite ville d'Allemagne, dans Je Duché de Wirtemberg. ADELITES,& ALMOGANENS , Adelirti, & AI moganeni, 1. m. pl. (Æ/f. mod.) nom que les Efpagnols donnent à certains peuples , qui par le vol & le chant des oïfeaux, parlarencontre des bêtes fauvages & de plufeurs autres chofes femblables, devinoient à point nommé tout ce qui doit arriver de bien ou de mal à quelqu'un. Ils confervent foigneufement parmi eux des livres qui traitent de cetteefpece defcience, oùils trouvent des regles pour toutes fortes de pronoftics & de prédi@ions. Les devins font divifés en deux claf- fes, l’une de chefs où de maîtres, & l’autre de dif- ciples ou d’afpirans. On leur attribue encore une au- tre forte de connoïffance , c’eft d'indiquer non-feu- lement par où ont pafié des chevaux ou autres bêtes de fomme, mais aufi le chemin qu'auront tenu un ou plufieurs hommes , jufqu'à fpécifier: la nature ou la forme duterrein par où ils auront fait léur route, di c’eft une terre dure ou molle, couverte de fable ou d’herbe , fi c’eft un grand chemin, pavé ou fablé, ou quelque fentier détourné, s'ils ont pañlé entre des roches, enforte qu'ils pouvoient dire au jufte le nom- bre des pafflans , & dans le. befoin les fuivre à la pifte. Laurent Valla , dé qui l’on a tiré ces particu- larités merveilleufes, a négligé de nous apprendre dans quelle Province d’Efpagne &-dans quel tems vivoient ces devins. ( G | ADEMPTION,, f. f.1en terne de Droit Civil , eft la révocation d’un privilège, d’unetdonation, ou au- tre acte femblable. EE LAS | L’ademption ou la privation d’un less, peut être exprefle , cornme quand le teftateur :déclare en for- me qu'il révoque ce qu'il avoit légué; ou tacite, Tome I, A D E 121 comme quand 1l fait cette révocation feulement d’une maniere indireéte ou implicite, Voyez RÉvo- CATION. ( H * ADEN , ( Géogr. ) ville de Arabie heureufe, capitale du Royaume de ce nom. C’eft un port de mer, dans une prefqu'ifle de la côte méridionale ; vis-a-vis du cap de Guardafui. Lor. 63. 20. las, Las C’eit aufli une montagne dans le Royaume de ez. | * ADENA, ox ADANA , aujourd’hui Malmef: D » ( Géogr. ) f. f. ville de Cilicie , dans l’Ana- folie. * ADENBOURG,, oz ALDENBOURG, ( Géog. mod. ) ville d'Allemagne , cercle de Weftphalie , Du+ ché de Berg. Long. 25, lat. 47. 2. ADENERER , v. a&t. ( Jurifprud. ) eft un ancien es de Pratique, qui figrufoit e/fimer, mettre a prix ADENOGRAPHIE , f. f. en Anatomie, deftripa tion des glandes. Ce mot eft compofé du Grec dJw, glande | 8 ypagt, deféription. Nous avons un Livre de Wharton , intitulé 44e: nographia , in-12. à Londres 1656 ; & de Nuck un Ouvrage 27-8°, imprimé à Leyde en 1691 & en 1722. ( L | * ADENOIDES, adj, pl. ez Anat. glanduleux ; glandiformes , épithete que lon donne aux proffates, ADENO:PHARY NGIEN , adj, pris fub. ez Ana comie , nom d'une paire de mufcles qui font formés pat un paquet de fibres qui fe détache de la glande thyroïde , & s’unit de chaque côté avec le thyro- : pharyngien. Winflow. Voyez GLANDES THYRO1DES, THYROPHARINGIEN. Voyez les Planches d’Anato- mie G leur explication. (L) * ADENOS, £. m. ou coton de Marine, vient d'A: lep par la voie de Marfeille. *:ADENT , {. m. ( Charpent, € Menuif. ) ce font des entailles ou afflemblagés où les pieces aflem blées ont la forme de dents.On donne quelquefois ce nom à des mortoifes, qui ont la même figure ; & l’on dit rzortoifes., affemblages en adent. * ADÉONE, . £. (Myrh.) Déefle dont S: Auguf: tin dit dans la Cité de Dieu, LI, chap. xxiy.'qu'elle étoit invoquée-par les Romains quand ils aïloient en voyage, | | * ADEPHAGIE , £ f. (Myth. ) Déefle de la goutmandife à laquelle les Siciliens rendirent un culte religieux : ils lui avoient élevé un Temple où fa flatue étoit placée à côté de celle de Cérès. * ADEPHAGUS , adj. ( Mych. ) furnom d'Her= cule ; c’étoit à dire, Hercule le vorace. ET * ADEPTES , adj. pris. fub, ( Philofoph. ) C’eft le nom qu'on donnoit jadis à ceux qui s’occupoient de l’art de transformer les métaux en or, &-de la recherche d’un remede univerfel. Il faut, felon Pa- racelfe , attendre la découverte de l’un & de l’autre immédiatement du Ciel. Elle ne peut, felon lui, pafler d’un homme à un autre : mais Paracelfe étoit apparemment .dans l’enthoufafme lorfqu'il faifoit ainf l'éloge de cette forte de Philofophie , pour la- quelle il avoit un extrème penchant: car dans des momens où fon efprit étoit plus tranquille il con- venoit qu'on pouvoit l’apprendré de ceux quila pof fédoient. Nous parlerons plus au long de ces vifion- naires à l’atticle chimie. Voyez ALCHIMIE. ADEQUAT , adj. ( Lopig. ) Voyez ADÆQUAT: * ADERBIAN ,( Géog.mod. ) grande Province de Perfe. Long: Go-66. lat. 36-39. ADERBOGH , ( Géog. mod.) ville d'Allemagne, cercle de haute Saxe , Duché de Poméranie, Elle appartient au Roi de Prufle, | Nu * ADERNO ; ( Géog. mod. ) ville de Sicile dans lavallée de Démone. Us * ADES, 1 (Myek.) où Platon, V. me PLUTON: 1] 12 ADH ADESSENAIRES , { m: plur. ( Théolog.) nom formé par Pratéolus du verbe Latin adeffe , être pré- #ent, & employé pour défigner les Hérétiques du xvi° fiécle, qui reconnoïfloient la préfence réelle de Jefus-Chrift dans l’Euchariftie, mais dans un #ens différent de celui des Catholiques. Voyez PRÈ- SENCE 5 EUCHARISTIE, Ce mot au refte eft peu ufité, & ces hérétiques {ont plus connus fous le nom d’{rmpanateurs, Impa- aatores : leur feéte étoit divifée en quatre branches ; les uns foutenant que le Corps de Jefus-Chrift eft dans le pain, d’autres qu'il eft à l’entour du pain , d’autres qu'il eft fur le pain , &cles derniers qu'il eft fous le pain. Voyez IMPANATION. ( G) * ADGISTES , (Myth. ) Génie hermaphrodite. ADHATODA, {. ( Hiff. nar, ) herbe à fleur d’une feule feuille irréguliere , en forme de tuyau évafé en ‘gueule à deux levres , dont la fupérieure eft rephiée en bas dans quelques efpeces , ou renverfée en ar- tiere dans quelques autres ; la levre inférieure eft découpée en trois parties ; ilfort du calice un piftil qui eît fiché comme un clou dans la partie pofté- rieure de la fleur : ce piftil devient dans la fuite un fruit aflez femblable à une maflue , qui eft divifé dans fa longueur en deux loges, & quife partage en deux pieces : il renferme des femences qui font or- -dinairement plates & échancrées en forme de cœur. Tournefort , frflic. rei herb. Voye; PLANTE. (1) . * On lui attribue la vertu d’expulfer le fœtus mort ; & c’eft de-là que lui vient le nom d’adharoda, dans la Langue de Ceylan. ADHERENCE 04 ADHESION , £. f. er Phyfique, eft l’état de deux corps qui font joints & tiennent l’un à l’autre, foit par leur propre a&tion , foit par la compreffion des corps extérieurs. Ce mot eft com- pofé de la prépofition Latine ad,8c hærere être attaché. Les Anatomiftes obfervent quelquefois des prof- phyfes ou adhérences des poumons aux parois du thorax , à la plevre ou au diaphragme , qui donnent occafon à différentes maladies. Voyez POUMON, PLEVRE , PLEURESIE , PHTHISIE , PERIPNEUMO- NIE , Gc. L’adhérence de deux furfaces polies & de deux moitiés de boules , font des phénomenes qui prou- vent la pefanteur & la preflion de l'air. Voyez Atr. M. Mufchenbroek , dans fon eflai de Phyfique , donne beaucoup de remarques {ur l’adhérence des corps : il y fait mention de différentes expériences qu'il a faites fur cette matiere , & dont les princi- pales font fur la réfiftance que différens corps font à la rupture, en vertu de l’adhérence de leurs par- ties. Il attribue l’adhérence des parties des corps principalement à leur attra@tion mutuelle. L’adhé- rence mutuelle dés parties de l’eau entr’elles & aux cotps qu’elle touche, eft prouvée par les expérien- ces les plus communes. Il en eft de même de l’adhé- rence des parties de l’air, fur laquelle on trouvera un Mémoire de M. Petit le Medecin , parmi ceux de FAcadémie des Sciences de 1731. 7. COHÉLION. Quelques Auteurs paroïffent peu portés à croire que l’adhérence des parties de l’eau, & en général de tous les corps, vienne de l’attraétion de leurs parties. Voici la raïifon qu'ils en apportent. Imagi- nez une petite particule d’eau , & fuppofant que l’at- traionagife , par exemple à une ligne de diftance, décrivez autour de cette petite particule d’eau un cercle dont le rayon foit d’une ligne, la particule d’eau ne fera attitée que parles particules qui feront dans ce cercle ; 8: comme ces particules agiflent en fens contraires , leurs effets mutuels fe détruiront , & l’attrafion de la particule fera nulle , puifqu’elle “aura pas plus de tendance vers un çôté que vers un autre. ( O | .* ADHERENT adj. (Jurifprud, ) fignifie celui qui «fl dans lé même parti, la même intrigue , le même com plot ; car ce terme fe prend pour l’ordinaire en mau- vaife part. Il eft fynonyme à complice : mais il en dif fere en ce que ce dernier fe dit de celui qui a part à un crime , quel que foit ce crime : au lieu que le mot d’adhérent ne s'emploie guere que dans le cas de crime d'Etat, comme rebellion, trahifon, félonie êc. (A) | : * ADHÉRENT , attaché, annexé. Une chofe eft adhérente à une autre par l'union que la nature a produite, ou par celle que le tiffu & la contimuté. ont mile entr’elles. Elle eft asrachee par des liens ar- bitraires, mais qui la fixent réellement dans la placé ou dans la fituation où l’on veut qu’elle demeure : elle eft annexée par un effet de la volonté & par une loi d'infitution, & cette forte de réumion eft morale. Les branches font adhérentes au tronc, &c la fta- tue l’eft à fon pié-d’eftal, lorfque le tout eft fondu d’un feul jet : mais les voiles font aftachées au mât, les idées aux mots,& les tapifleries aux murs, Il ya des Emplois & des Bénéfices annexés à d’autres. Adhérent eft du reflort de la nature , & quelque- fois de l’art ; & prefque toijours 1l eft pris dans le fens littéral & phyfique : atfaché eft prefque toû- jours de l’art, & fe prend aflez communément au fi- guré :. annexé eft du ftyle de la légiflation, &c peut pañler du littéral au figuré. Les excroïffances qui fe forment fur Les parties du corps animal , font plus ou moins adhérentes felon là profondeur de leursracines &c la nature des parties. Il n’eft pas encore décidé que lon foit plus fortement attaché par les liens de l'amitié que par cesliens de l'intérêt fi vils 8 fi méprifés , les inconftans n’étant pas moins communs que les ingrats : il femble que l'air fanfaron foit annexé à la faufle bravoure , &c la môdeftie au vrai mérite. | ADHÉSION, ez Logique. Les Scholaftiques diftin- guent deux fortes de certitude ; l’une de fpéculation, qui naît de l’évidence de la chofe ; & l’autre d’adhe- fion ou d'intérêt , qui ne naît pas de l'évidence , mais de l'importance de la chofe & de l’intérêt qu’on y a. Voyez CERTITUDE ,; TÉMOIGNAGE, VÉRITÉ, ÉvVI- DENCE. | Adhéfion fe prend auffi fimplement pour le con- fentement qu’on donne à une chofe, & dans lequel on perfifte conftamment. (# ) ADHÉSION, {. f. ez Phyfique, eft la même chofe qu'adhérence. Voyez ADHÉRENCE. (O) * ADJA ou AGGA , ( Gcog. mod, ) petite ville d'Afrique dans la Guinée , fur la côte de Fantin, proche d’Anemabo. * ADIABENE,, f, f. contrée d’Afie à l'Orient du Tigre, d’où l’on a fait Adiahenien , habitant de l’A- diabene. | ADJACENT , adj. ( Géom. ) ce qui “à immédiates ment à côté d'un autre. On dit qu’un angle eft adyacens à un autre angle , quand l’un eft immédiatement contigu à l’autre ; de forte que les deux angles ont un côté commun, On fe fert même plus particulie- rement de ce mot, lorfque les deux angles ont non- feulement un côté commun , mais encore lorfque les deux autres côtés formentune même ligne droite, Voyez ANGLE & CÔTE. Ce moteftcompoté dezd, à, & jacere, être fitué. ADJACENT, adj. m. On dit fouvent en Phyfique, Les corps adjacens à un autre corps, pout dire Les corps voifins. ( O pe ADIANTE. Voyez CAPILLAIRE. (N) ADIAPHORISTES , . m, pl. ( Théo/, } nom formé du Grec 494 @opos , indifférent | compofé d’«’ privatif, & de dragopos k différent. | On donna ce titre dans le xvi° fiecle aux Luthé2 riens mitigés qui adhéroient aux fentimens de Mex fanchton dont le cara@ere pacifique ne s’acéommo- doit point de l’extrème vivacité de Luther. Depuis en 1548, on appella encore Adiaphorifies les Luthé- riens qui foufcrivirent à l’Zzrerim que l'Empereur Charles V. avoit fait publier à la Diete d’Ausbourg. Sponde A, C, an de J. C. 1525 Ë en 1548. Voyez LUTHERIEN. (G) * ADIAZZO , ADIAZZE o AJACCIO, ( Geog. mod.) ville, port, & château d’Italie fur la côte occ1- dentale de lifle de Corfe, Long. 26.28. lar. 47. 44. ADIEU-TOUT , parmi les Tireurs d’or, eft une maniere de parler dont ils fe fervent pour avertir ceux qui tournent le moulinet que la main eft placée sûrement, & qu'ils n’ont plus qu’à marcher. ADJECTIF , terme de Grammaire. Adjectif vient du latin adjeülus, ajoûté, parce qu’en effet le nom adje&tif eft toüjours ajoûté à un nom fubftantif qui eft ou ex- primé ou fous-entendu. L’adje&if eft un mot qui donne une qualification au fubftantif ; il en défigne la qualité ou maniere d’être, Or comme toute qualité fuppofe la fubftance dont elle eft qualité, il eft évi- dent que tout adjettif fuppofe un fubftantif : car il faut être, pou être tel. Que fi nous difons, Ze beau vous touche, le vrai doit être l'objet de nos recherches, Le bon eff préférable au beau , &cc. Il eft évident que nous ne confidérons même alors ces qualités qu’entant qu’elles font attachées à quelque fubftance ou fuppôt: le beau, c’eft-à-dire, ce qui eff beau; Le vrai, c’eft-à- dire, ce qui et vrai, &c. En ces exemples , le beau , Le vrai, &cc. ne font pas de purs adje@ifs ; ce font des adjectifs pris fubftantivement qui défignent un fuppôt quelconque ; entant qu’il eft ou beau , ou vrai, ou bon, 6. Ces mots font donc alors en même tems adjeétifs 8 fubftantifs : ils font fubftantifs, puifqu'ils défigment un fuppôt, de . . . ils font adjectifs, puif- qu'ils défignent ce fuppôt entant qu’il eft tel. Il y a autant de fortes d’adje@tifs qu'il y a de fortes de qualités, de manieres & de relations que notre efprit peut confidérer dans les objets. Nous ne connoïflons point les fubftances en elles- mèmes , nous ne les connoïflons que par les impref- fions qu’elles font fur nos fens, & alors nous difons que les objets font ss, felon le fens que ces impref- fions affeétent. Si ce font les yeux qui font affetés, nous difons que l’objet eft coloré, qu’il eft ou blanc, Ou noir, ou rouge, ou bleu, &c. Si c’eft le goût, le corps eft ou doux, ou amer ; ou aigré , ou fade, &r. Si c’eft le ta, l’objet eft où rude, où poli; ou dur, Ou mou ; gras, huileux, ou fec; &c. Ainf ces mots Élarc , noir, rouge, bleu , doux, amer, aigre, fade, &c. font autant de qualifications que nous donnons aux objets, & {ont par conféquent autant de noms adjetifs. Et parce que ce font Les impreffions 1e les objets phyfiques font fur nos fens, qui nous ont donner à ces objets les qualifications dont nous venons de parler , nous appellerons ces fortes d’ad- jetifs adjetlifs phyfiques. Remarquez qu'il n’y a rien dans les objets quifoit Temblable au fentiment qu'ils excitent en nous. Seu- lement les objets font tels qu’ils excitent en nous telle fenfation , ou tel fentiment, felon la difpofition de nos organes, & felon les lois du méchanifme univerfel. Une aiguille eft telle que fi la pointe de cette aiguille eft enfoncée dans ma peau, j'aurai un fentiment de douleur : mais ce fentiment ne fera qu’en moi, & nullement dans laiguille. On doit en dire autant de toutes les autres fenfations. . Outre les adjeétifs phyfiques il y a encore les 4d- Jectifs métaphyfiques qui nt en très-prand nombre, &c dont on pourrait faire autant de clafles différentes qu'il y a de fortes de vües fous lefquelles lefprit peut confidérer les êtres phyfques & les êtres mé- taphyfiques, | | | A DJ 133 Comme nous fommes accoûtumés à qualifier les êtres phyfiques , en conféquence des impreflions im médiates qu'ils font fur nous, nous qualifions auffi les êtres méraphyfiques & abftraits, en conféquence de quelque confidération de notre efprit à leur égard, Les adje@tifs qui expriment ces fortes de vies ou con: fidérations, font ceux que j’appelle adjcéfifs métaphy[i- ques , ce qui S'entendra mieux par des exemples, Suppofons une allée d’arbres au milieu d’une yafte plaine : deux hommes arrivent À cette allée, l’un par un bout ; l’autre par le bout oppofé ; chacun de ces hommes regardant les arbres de cette allée dit, voila le premier ; de forte que l'arbre que chacun de ces hommes appelle Ze premier eft le dernier pat rap- port à l’autre homme. Aiïnfi premier, dernier, & les autres noms de nombre ordinal , ne font que des ad- jeétifs métaphyfiques. Ce font des adje@ifs de relation & de rapport numéral, Les noms de nombre cardinal, tels que deux, trois, &tc. font auf des adjedifs métaphyfiques qui quali- fient une colle&ion d'individus. Mon, ma, ton, ta, fon, fa, &c. font aufi dés adjeétifs métaphyfiques qui défignent un rapport d'appartenance ou de propriété , & non ne qualité phyfique & permanente des objets. Grand & petit font encore des adjeéifs métaphy= fiques ; car un corps, quel qu'il foit, n’eft ni grand mi petit en lui-même ; il n’eft appellé ze/ que par rap- port à un autre corps. Ce à quoi nous ayons donné le nom de grand a fait en nous une impreffion difé- rente de celle que ce que nous appellons pesis nous a faite ; c’eft la perception de cette différence qui nous a donné lieu d'inventer les noms de grand, de perir, de rzoirdre, &c. Différent | pareil, fémblable, {ont auffi des adjedifs métaphyfques qui qualifient les noms fubftantifs en conféquence de certaines vües particulieres de l’ef- prit. Différent qualifie un nom précifément entant que je fens que la chofe n’a pas fait en moi des ime preflions pareilles à celles qu'un autre y a faites. Deux objets tels que j'apperçois que Pun n’eft pas l’autre, font pourtant en moi des impreflions pa: reilles en certains points : je dis qu'ils font femiblables en ces points là, parce que je me fens afe@é à cet égard de la même maniere ; ainfi fémblable et un ad- jeétif métaphyfique. Je me promene tout autour de cette villedeguerre, que je vois enfermée dans fes remparts : j’apperçois cette campagne bornée d’un côté par une riviere & d'un autre par une forêt : je vois ce tableau enfermé dans fon cadre, dont je puis même mefurer l’étendue & dont je vois les bornes: je mets fur ma table un livre, un écu; je vois qu'ils n’occupent qu’une petite étendue de ma table ; que ma table même ne remplit qu'un petit efpace de ma chambre , & que ma cham- bre eft renfermée par des murailles : enfin tout corps me paroït borné par d’autres corps , & je vois une étendue au-delà. Je dis donc que ces corps font 4or- nés , terminés. finis ; ainfi borné , rminé , fini, ne fup- pofent que des bornes & la connoiffance d’une éten- due ultérieure. | D'un autre côté, f je me mets à compter quelque nombre que ce puuifle être , füt-ce le nombre des grains de fable de la mer & des feuilles de tous les arbres qui font fur la furface de la terre, je trouve que jepuis encore y ajoûter , tant qu’enfin, las de ces additions toùjours poffibles , je dis que ce nombre eft infini, c'efl-à-dire, qu'il eft tel , que je n’en apper- çois pas les bornes, &c que je puis toüjours en aug- menter la fomme totale. J’en dis autant de tout corps étendu, dont nôtre imagination peut toljours su les bornes, & venir enfin à l'étendue infinie. Ainf infini n'eft qu'un adjeétif métaphyfique, 134 A DIJ Parfair eftencore un adjedtif métaphyfique. L’u- age de la vie nous fait voir qu'il y a des êtres qu ont-des-avantages que d’autres n’ont pas : nous trou- vons qu'à cet égard ceux-ci valent-mieux que ceux- là. Les plantes , les fleurs, les arbres , valent mieux que les pierres. Les animaux ont encore des qualités préférables à celles des plantes, & l’homme a des connoïffances qui -l’élevent au-deffus des animaux. D'ailleurs ne fentons-nous pas tous les jours qu’il vaut mieux avoir que de n’avoir pas ? Si l’on nous montre deux-portraits de la même perfonne , & qu'il y en.ait un qui nous rappelle avec plus d’exaétitude & de vérité l’image de cette perfonne, nous.difons que Le portrait eff parlant , qu’il eff parfais , c’eft-à-dire qu'ileft tel qu'il doit ètre. Tout ce qui nous paroît tel que nous n’apperce- vons pas qu'il puifie avoir un degré de bonté & d’ex- cellence au-delà , nous l’appellons parfuir. Ce qui.eft parfait par rapport à certaines perfon- nes , ne l’eft pas par rapport à d’autres, qui ont ac- quis des idées plus juftes & plus étendues. Nous acquérons ces idées infenfiblement par Pu- fage de la vie; car dès notre enfance , à mefure que nous vivons, nous appercevons des p/us ou des moins , des bien &c des mieux , des #al & des pis : mais dans ces premiers tems nous ne fommes pas en état de réfléchir fur la maniere dont ces idées fe for ment par degrés dans notre efprit ; & dans la fuite , comme l’ontrouve ces connoïffances toutes formées, quelques Philofophes fe font imaginé qu’elles naïf- {oient avec nous : ce qui veut dire qu’en venant au monde nous favons ce que c’eft que linfini , le beau, le parfait, Gc. ce qui eft également contraire à l’ex- périence & à la raïfon. Toutes ces idées abftraites fuppofent un grand nombre d'idées particulieres que ces mêmes Philofophies comptent parmi les idées ac- quifes : par exemple , comment peut-on favoir qu’/ faut rendre à chacun ce qui lui eff dé , fi on ne fait pas encore ce que c’eft que rezdre, ce que c’eft que cha- cun, & qu'il y a des biens & des chofes particulie- res, qui,en vertu des lois de la fociété, appartien- nent aux uns plütôt qu'aux autres ? Cependant fans ces connoïffances particulieres , que ces Philofophes même comptent parmi les idées acquifes , peut - on comprendre le principe général ? Voici encore d’autres adjettifs métaphyfiques qui demandent de l'attention. Un nom eft adjeëtif quand 1l qualifie un nom fub- ftantif: ot qualifier un nom fubflantif, ce n’eft pas feu- lement dire qu’il eft rouge ou bleu, grand ou petit , c’eft en fixer l'étendue, la valeur , acception, éten- dre cette acception ou lareftraindre , enforte pour- tantquetoûjours, l’adje&tif & le fubftantif pris enfem- ble, ne préfentent qu’un même objet à l’efprit ; au lieu que fi je dis Liber Perri , Perri fixe à la vérité l’é- tendue de la fignification de Zber : mais ces deux mots préfentent à l’efprit deux objets différens, dont Pun n’eft pas l’autre ; au contraire, quand je dis /e beau Livre, il ny a là qu'un objer réel, maïs dont j'énonce qu'il eft beau. Ainfi tout mot qui fixe l’acception du fubflantif, qui en étend ou quienreftraint la valeur, &r qui ne préfente que le même objet à l’efprit , eft un véritable adje@if, Ainf réceffaire, accidentel , pof- fible, impoffible ,.sout, nul, quelque, aucun, chaque ; el, quel, certain , ce, cet , cetie , TON ; M4 > ÉON ; Eat 5 vos , vôtre, nôtre , 8: même /e, la, les, font de véri- tables adjeétifs métaphyfiques , puifqwils modifient des fubftantifs , & les font regarder fous des points de vüe particuliers. Tour homme préfente homme dans un fens général afhrmatif : z4/ homme l’annonce dans un fens général négatif : guelque homme préfente un fens particulier indéterminé : /or, fa, fes, vos , &c. font confidérer le fubftantif fous un fens d’apparte- nançe & de propriété ; car quand je dis eus ezfis , A DJ menus elt autant fimple adjetif qu'ÆEvardrius, dans ce vers de Virgile : : | Nam tibi, Timbre, caput, Evandrius abflulir enfis. Æn. Liv. X. v, 394. ineus marque l’appartenance par rapport à moi, & Evyandrius la marque par rapport à Evandre. Il faut ici obferver que les mots changent de va- leur felon les différentes vüesque l’ufage leur donne à exprimer : boire ,| manger, font des verbes; mais quand on dit Z boire , le manger, &c. alors borre & manger font des noms. 4imer eft un verbe aétif: mais dans ce vers de Popera d’Atys, J'aime, C’efl mon defin d'aimer toute ma vie. aimer eft pris dans un fens neutre. Mier, tien , fien , étoient autrefois adje@ifs ; on difoit un fier frere, uni mien ami: aujourdhui, en ce fens , il n’y a que #07, ton, fon, quifoient adjeéifs ; sien, tien, fier, {ont de vrais fubftantifs de la clafe des pronoms , Zermien, le tien , Le fien. La Difcorde, dit la Fontaine, vint, Avec, Que f-que non, fon frere ; Avec, Le tien-le mien ; {on pere. Nos , vos, font toûjours adjeëtifs : maïs vôrre, nôtres font fouvent adje@tifs , & fouvent pronoms, Ze vôrre » le nôtre. Vous & les vôrres ; voilà le vôtre , voici Le fier & le mien: ces pronoms indiquent alors des objets certains dont on a déja parlé. Foyez PRONOM. Ces réflexions fervent à décider fi ces mots Pere ; Roï , & autres femblables , font adje@ifs ou fubftan- tifs. Qualifient-ls ? ils font adje@ifs.Lours XV. eff Ror, Ror qualifie Louis XV ; donc Ro: eft-là adjeétif. Le Roi eff à l'armée : le Roi défigne alors uñ individu : il eft donc fubftantif, Ainfi ces mots font pris tantôt ad- jeivement , tantôt fubftantivement ; cela dépend: de leur fervice, s’eft-à-dire, de la valeur qu’on leur donne dans l’emploi qu’on en fait. Il refte à parler de la fyntaxe des adjedtifs. Ce: qu’on peut dire à ce fujet, fe réduit à deux points. . 1. La terminaifon de l’adjetif, 2. La pofition de ladjeétif. 1° A l’égard du premier point, 1l faut fe rappeller ce principe dont nous avons parlé ci-deflus , que l’ad- jetif 8 le fubftantifmis enfemble en conftruétion, ne préfentent à l’efprit qu’un feul & mémeindividu, ow phyfique , ou métaphyfique. Ainfi l’adjeétif n'étant réellement que le fubftantif même confidéré avec la qualification que l’adje@tif énonce , ils doivent avoir. l'un & l’autre les mêmes fignes des vües particuheres fous lefquelles l’efprit confidere la chofe qualifiée. Parle-t-on d’un objet fingulier : ladjeétif doit avoir la terminaifon deftinée à marquer le fingulier. Le fub- ftantif eft-1l de la clafle des noms qu’on appelle #74/- culin : l'adjedif doit avoir le figne deffiné à marquer les noms de cette clafle. Enfin y a-t:1l dans une Lan- ue une maniere établie pour marquer les rapports ou points de vûe qu’on appelle cas : Padje&if doit encore fe conformer ici au {ubftantif : en un mot if doit énoncer les mêmes rapports , & fe préfenter fous les mêmes faces que le fubftantif; parce qu'il n’eft qu'un avec lui. C’eft ce que les Grammairiens appellent Z4 concordance de l’adyettif avec le fubflantif, qui n’eft fondée que fur l'identité phyfique de Pad- je&if avec le fubftantif. 2°, A l’égard de la pofition de ladjeétif, c’eft-à- dire , s’il faut le placer avant ou après Le fubftantif, s’il doit être au commencement ou à la fin de la phra- fe, s’il peut être féparé du fubftantif par d’autres mots : je répons que dans les Langues qui ont des, cas, c’eft-à-dire , qui marquent par des terminaifons les rapports que les mots ont entre eux, la poñtion n’eft d’aucun ufage pour faire connoître l’identité de l’adjedtif avec fon fabftantif : c’eft l'ouvrage , ou plû- "tôt la deftination de la terminaifon , elle feule a ce privilège. Et dansces Langues on confulte feulement V'oreille pour la poñtion de l’adjeéhif, quimême peut être féparé de fon fubftantif par d’autres mots, Mais dans les Langues qui n’ont point de cas, com- me le François , l’adje@if n’efl pas féparé de fon fub- ftantif, La poñtion fupplée au défaut des cas. Parve , nec invideo , fène me, Liber, ibis in urbemn. Ovid. I.trift. 1. 1. Mon petit livre, dit Ovide , tu iras donc à Rome fans -moi? Remarquez qu'en François l’adjedtif eft joint au fubftantif, #07 petit livre ; au lieu qu’en Latin parve qui eft l’adjeétif de Zber , en eft féparé , même par plufñeurs mots : mais pare a la términaifon con- -venable pour faire connoître qu'il eft le qualificatif “de Zber. Aurefte, ilne faut pas croire que danses Langues qui ont des cas , il foit néceffaire de féparer l’adje@f | ‘du fubftantif ; car d’un côté Les terminaifons les rap- prochent toûjours l’un de l’autre , & les préfentent à l’efprit, felon la fyntaxe des vües de l’efprit qui ne peut jamais les féparer. D’ailleurs f. l'harmonie ou le jeu de l'imagination les fépare quelquefois , fou- vent aufhelle les rapproche. Ovide, qui dans l’exem- ple ci-deflus fépare parve de Liber, joint ailleurs ce mê- me adjeëtif avec fon fubftantif, Tuque cadis, patri& , parve Learche, manu. Ovid. IV. Faff. v. 490. En François l’adje@if n’eft féparé du fubftantif que lorfque ladjeéif eft attribut; comme Louis ef? jufie, Phébus ef? fourd, Pégafe eff rétif: & encore avec ren- dre, devenir, paroître , &c. Un vers étoit trop foible, & vous le rendez dur: J'évite d’être long , 6j e deviens ob[cur. Defpreaux, Art. Poët, c.j. - Dansles phrafes , telles que celle qui fuit, les ad- jeétifs qui paroïffent ifolés ,| forment {euls par ellipfe üne propofition particuliere : Heureux , qui peut voir du rivagé Le terrible Océan par les vents agité. Il y a [à deux propoñitions grammaticales : celui ( qui peut voir du rivage le terrible Océan par les vents agité ) cft heureux , où vous voyez que heureux eff Vattribut de la propofition principale. Il n’eft pas indifférent en François , felon la fyn- taxe élégante & d’ufage d’énoncerle fubftantif avant Padje®if , ou ladjettif avant le fubftantif. Il eft vrai que pour faire entendre le fens , il eft égal de dire bonnet blanc Ou blanc bonnet : maïs par rapport à lé- locution êc à la fyntaxe d’ufage , on ne doit dire que bonnet blanc. Nous n’avons fur ce point d’autre regle que l’oreille exercée , c’eftà-dire , accoütumée au commerce des perfonnes de la nation qui font le bon ufage. Ainf je me contenterai de donner ici des exem- ples qui pourront fervir de guide dans les occafions analogues. On dit habit rouge, ainfi dites habir bleu , habir gris, & non bleu habir, gris habit. On dit mon li- vre , ainf dites so7 livre, fon livre, leur Livre, Vous ver- rez dans la lifte fuivante zone torride, ainfi dites par analogie zone tempérée & zone glaciale ; ainfi des au- tres exemples. LISTE DE PLUSIEURS ADJIECTIFS - quine vont qu'après leurs fubffantifs dans les exemples qu'on en donne ici, Accent Gafcon. Aëlion baffe. Airindolenr. Air mo- deffe. Ange gardien. Beauté parfaite, Beauté Romaine. Bien réel. Bonnet blanc. Cas direff. Cas oblique. Cha- Peau noir. Chemin raboteux. Chemife blanche. Contrat clandefiin. Couleur jaune, Coétume abufive. Diable L/ AD] CE3 boiteux. Dine royale, Diner propre. Diftours concis, Ernpire Ortoman, Efprit invifible. Erar eccléfiafhique. Etoiles fixes. Expreffion littérale. Fables choïfies. Fi. gure ronde. Forme ovale, Ganif aisuifé, Gage touché, Génie fupérieur. Gomme arabique. Grammaire raifor: née. Hommage rendu. Homme inffruir. Homme Juffe. Âfle défèrse. Ivoire blanc. Tyoire jaune. Laine blanche, Lettre anonyme. Lieu inacceffible, Faites une ligne droite. Livres choifis. Mal néceffaire. Mariere combufble, Mé- thode latine. Mode françoife. Morue fraiche. Mot ex preffif. Mufiqie Italienne. Nom fubftantif. Oraifon do- mihicale, Oraifon funebre. Oraifon mentale. Péché mor tel. Peine inutile. Penfée recherchée, Perle contrefaite. Perle orientale, Pié fourchu. Plans défiinés. Plants plantés. Point mathématique. Poiffon fale. Politique angloifè. Principe obftur. Qualité occulte. Qualité fen- Jible. Queflion méraphÿfique. Raifins fecs. Raïfon dé: cifive. Ratfon péremptoire. Raïfonnement recherché. Ré: gime abfolu. Les Sciencesexaïles. S ens frsuré, Subflan- if mafeulin. Tableau original, Terme abftrait. Termè Obfcur. Terminaifon féminine. Terre labourée. Terreur pañrique. Tor dur. Trait piquant. Urbanité romaine, Urne fatale. Ufage abufif. Verbe a&if. Verre concave, Verre convexe. Wers iambe. Viande tendre, Vin blanc, Vin cuit. Vin verd. Voix harmonieufe. Vie courte. Vie baffe. Des yeux noirs. Des yeux fendus. Zone torride ; TC: Il y a au contraire des adje@ifs qui précedent tot jours les fubftantifs qu'ils qualifient; comme Certaines gens. Grand Général. Grand Capitaine, Mauvaife habitude. Brave Soldat. Belle fituation. Jafte défenfe. Beau jardin. Beau garçon. Bon ouvrier. Gros arbre. Saint Religieux. Sainte Thérefè. Petit animal: Profond refpeët. Jeune homme. Vieux pécheur. Cher amt, Réduit à la derniere mifère, Tiers : Ordre, Triple alliance , 8cc. Je nai pas prétendu inférer dans ces liftes tous les adjectifs qui fe placent les uns devant les fubftantifs ; & les autres après : J'ai voulu feulement faire voir que cette pofition n’étoit pas arbitraire. | Les adjeétifs métaphyfques comme Ze, /4, les , ce; cet, quelque, un, tout, chaque, tel, quel, fon, fa, fes, votre ; 705 , leur , fe placent toûjours avant Les fub{- fantifs qu'ils qualifient. Les adjeëtifs de nombre précèdent auffi les fub£ tantifs appellatifs , & fuivent les noms propres : Ze prernier hormme , François premier | quatre perfonnes ; Henri quatre, pour quatrieme : maïs en parlant dunom- bre de nos Rois , nous difons dans un fens appella- tif, qu'il y a eu quatorge Louis | & que nous en [om mes au quingieme. On dit aufli, dans les citations , livre premier , chapitre fécond ; hors de là ; on dit 4 premier livre , le fécond livre. D'autres enfin fe placent également bien devant où après leurs fubitantifs , c’eff un favant homme, c’eft un homme favant ; cel un habile avocat où un avo- cat habile ; & encore mieux, c’eff un homme fort [a- vant, c'eff un avocat fort habile : mais on ne dit point c'eft un expérimenté avocat ; au lieu qu’on dit, c'eftur avocat expérimenté, Où fort expérimenté ; c'efl ur beau livre, c’eff un divre fort beau ; ami véritable, véritable ami ; de tendres regards , des regards tendres ; l’intelli- gence Juprème , la fuprème intelligence ; favoir profond; profond avoir ; affaire malheureufè , malheurenfè af? faire, &c. Voilà des pratiques que le feul bon ufage peut apprendre ; & ce font-là de ces finefles qui nous échappent dans les langues mortes, & qiu étoient fans doute très-fenfibles à ceux qui parlotent ces lan- gues dans le tems qu’elles étoient vivantes. La poëfie , où les tranfpofitions font permifes , & fnême où elles ont quelquefois des graces, a fur ce point plus de liberté que la profe. * Cette pofition de l’adjeéhif devant ou après le fiubs 136 A D Hantif eft fi peu indifférente qu’elle change quelque- fois entierement la valeur du fubftantif : en voici des exemples bien fenfibles. C'eft une nouvelle certaine , c’ejt une chofe certaine , c'eftà-dire , afférée , véritable , conftante. J'ai appris certaine nouvelle ou certaines chofes ; alors certaine ré- pond au guidam des Latins , & fait prendre le fubf- tantif dans un fens vague &c indéterminé, : Un honnéte-homme eft un homme qui a des mœurs, de la probité & de la droiture. Un homme honnête eft un homme poli, qui a envie de plaire: Les Lon- nêres gens d’une ville, ce font les perfonnes de la ville qui font au-deflus du peuple , qui ont du bien, une réputation integre, une naiflance honnète , & qui ont eu de l’éducation : ce font ceux dont Hora- ce dit, quibus eff equus & pater 6 res. Une fage-femme eft une femme qui eft appellée pour aflifter les femmes qui font en travail d'enfant. Une fémme fage eft une femme qui a de la vertu & de la conduite. Vrai a un fens différent , felon qu'il eft placé, avant ou après un fubftantif: Gilles ef un vrai char- Latan , c'eft-à-dire qu’il ef? réellement charlatan ; c’eft un homme vrai, c’eft-à-dire véridique ; c'ej? une nou- yelle vraie, c’eft-à-dire véritable. Gentilhomme eft un homme d’extra@tion noble ; ur homme gentil eft un homme gai, vif,joli, mignon, Petit-maître , n’eft pas un maitre petit ; c'effur pau- yre homme , fe dit par mépris d’un homme qui n’a pas une forte de mérite , d’un homme .qui néglige ou qui eft incapable de faire ce qu'on attend de hu, & ce pauvre homme peut être riche ; au keu qu'un hom- me pauvre eft un homme fans bien. Un homme galant n’eft pas toujours ur galant-hom- me: le premier eft un homme qui cherche à plaire aux dames, qui leur rend de petits foins ; au lieu qu'un galant-homme eft un honnéte-homme ; qui n'a que des procédés fimples. Un homme plaifant eft un homme ezjoe, folatre, qui fait rire ; #z plaifant homme fe prend toüjours en mauvVaife part ; c’eft un homme ridicule , barre, fingulier , digne de mépris. Une fémme groffe , c’eit une femme qui eft enceinte. Une groffe femme eft cel- le dont le corps occupe un grand volume, qui eft grafle & replete. Il ne feroit pas difäcile de trouver encore de pareils exemples. A l'égard du gente , il faut obferver qu’en Grec & en Latin, il y a des adjeëtifs qui ont au nominatif trois terminaifons, #&A06 y 2a 3 Hay , bonus, bona, bonum ; d’autres n’ont que deux terminaifons dont la premiere fert pour le mafculin & le féminin , &c la feconde eft confacrée au genre neutre, 6 xai 1 sud aluor , ro éud ao, heureux ; & en latin Ac &t hæc fortis & hoc forte, fort. Clenard & le commun des Grammairiens Grecs difent qu’il y a aufhi en Grec des adjedifs qui n’ont qu'une terminaïfon pour les trois genres : mais la favante méthode Greque de P. R. affure que les Grecs n’ont point de ces adjec- tifs, Liv. I. ch. ix. regle XIX, avertiffément. Les La- tins en ont un grand nombre , prudens , felix , ferax, £enax , RC. En François nos adjeifs font terminés : 1°. ou parun e muet , comme /age fidele, utile, facile , ha- bile, timide, riche , aimable , volage , troifieme , quarrie- me , &c, alors l’adjeéif fert également pour le maf- culin & pour le féminin ; un aanr fidele , une fem- me fidele. Ceux qui écrivent fdel , util, font la mê- me faute que s'ils écrivoient /2g au lieu de fage , qui fe dit également pour les deux genres. 2°, Si l’adjeëtif eftterminé dans fa premiere dé- nomination par quelqu'autre lettre que par une muet, alors cette premiere terminaifon fert pour le genre mafculin: pur, dur, brur , Javant , fort, bon. À Pégard du genre féminin, il faut diftinguer : ou l’adje@if finit an mafculin par une voyellé , où il eftterminé par une confonne. Si Padjettif mafculin finit par toute autre voyell que par un e muet, ajoütez feulement lemuet après cette voyelle , vous aurez la terminaifon féminine de l’adjeétif : Jerfé, fenfée > joli, jolie j bourru, bourrue. | Si l’adje&if mafculin finit par une confonne ; dé- tachez cette confonne de la lettre qui la précede, 8T ajoûtez un e muet à cette confonne détachée, vous aurez la terminaifon féminine de l’adjettif: pur ,pu-re; faint, fain-te ; [ain , fai-ne ; grand , gran- de ; ot, fo-te ;bon, bone. Je fai bien que les Maîtres à écrire , pour multi- plier les jambages dont la fuite rend l'écriture plus unie & plus agréable à la vûe , ontintroduit une fe- conde z dans ho-ne , comme ils ont introduit une 7z dans Lo-me : ainfi on écrit communément bone, homme , honneur, &c. mais ces lettres redoublées font contraires à l’analogie , & ne fervent qu’à mul- tiplier les difficultés pour les étrangers & pour les gens qui apprennent à lire. | … Il y a quelques adjettifs qu s’écartent de la regle: en voici le detail. | On difoit autrefois au mafculin 4e/, nouvel, fol, moi, & au féminin felon la regle , belle, nouvelle , folle, molle ; ces féminins fe font confervés : mais les mafculins ne font en ufage que devant une voyelle; un bel homme un nouvel amant ; un fol amour : ainfi beau, nouveau , fou, mou, ne forment point de fé- minin ; mais Efpagnol eft en ufage , d’où vient Æ/f- pagnole ; felon la regle générale , blanc fait blanche; franc, franche ; long fait longue ; ce qui fait voir que le gde long eft le g fort que les Modernes appellent gue : il eft bon dans ces occafions d’avoir recours à l’'analogie qu'il ya entre l’adje@tif & le fubftantifabf- trait : par exemple, longueur, long , longue ; douceur, doux , douce; jaloufie , jaloux, jaloufe ; fraicheur, frais, fraiche ; Jécherefe, fec , feche. Le f & le y font au fond la même lettre divifée en forte & en foible ; le feft la forte, & le eftla foible : de-là raif, naive ; abufif, abufive ; chenf, chétive ; défenfif, défenfive ; paffif, pallive ; négatif, negative ; purgatif , purgative , GC. On dit #07 , ma; ton, ta ; fon, fa : mais devant une voyelle on dit également au fémininmoz, ton, Jon ; mon ame , ton ardeur, fon épée : ce que le mé- chanifme des organes de la parole a introduit pour éviter le bâillement qui fe feroit à la rencontre des deux voyelles, maame , ta épée, fa époufé; en ces occafions , foz, ro , mon {ont féminins , de la mé- me maniere que res, tes ,fes, les, le font au plu- rier , quand on dit , mes filles , les femmes , &tc. Nous avons dit que l’adje&tif doit avoir la termi- naïfon qui convient au genre que l’ufage a donné au fubftantif: fur quoi on doit faire une remarque finguliere , fur le mot gezs ; on donne la terminaïfon féminine à l’adjeétif qui précede ce mot, & la maf- culine à celle qui le fuit, füt-ce dans la même phrafe : il y a de certaines gens qui font bien fots. A l’égard de la formation du plurier , nos anciens Grammairiens difent qu’ajoütant s au fingulier, nous formons le plurier, boz, bons. ( Acheminement à le Langue Françoife par Jean Maffer. ) Le même Auteur obferve que les noms de nombre qui marquent plu- ralité , tels que quatre, cinq, fix, fèpt, &c. ne re- goivent points | excepté vingt G cent, qui Ont ur plu rier : quatre-vingts ans , quatre cens hommes. Telle eft auffi la regle de nos Modernes : ainfi on écrit au fingulier bon, & au plurier bons ; fort au fingulier , forts au plurier ; par conféquent puifqu’on écrit au fingulier gété, gérée , on doit écrire au plu- rier gérés , gdtées , ajoütant fimplement ls au plurier mafçulin , “mafculin , comme on l’ajoûte au féminin. Celà me paroît plus analogue que d’Ôter l'accent aigu au maf- culin, & ajoûter un 7, gérez : Je ne vois pas que le ? ait plütôt que l’s le privilége de marquer que l’e qui de précede eff un e fermé: pour moi je ne fais ufage du 4 aprés le fermé, que pour la feconde perfonne plurielle du verbe, vous aimez , ce qui diflingue le verbe du participe & de l’adje@if ; vous êtes aimés, les perdreaux Jont gdtés , vous gätez ce Livre. Les adje@ifs terminés au fingulier par une s , {er- vent aux deux nombres:27 eff gros & gras; üls font gros 6 gras. Il ya quelques adjeëtiis qu'il a plù aux Maïtres à écrire de terminer par un + au lieu de s , qui finif- fant en dedans ne donnent pas à la main la liberté de faire de ces figures inutiles qu'ils appellent #rairs ; il faut regarder cet x comme une véritable s ; ainfi -on dit : ÿ/ effjaloux , & ils font jaloux ; il eff doux, & dls Jont doux ; l'époux , les époux, &c. L’Z final fe change en azx, qu’on feroit mieux d'écrire aus: J f / !; égal , égaus ; verbal, verbaus ; féodal, féodaus ; nup- tial , nuptiaus , 8cc. À l'égard des adje&ifs qui finiffent par es ou ant au fingulier , on forme leur plurier en ajoûtants, felon la regle générale , & alors on peut laiffer ou rejetter le #: cependant lorfque le : fert au fému- nin , l’analogie demande qu’on le garde : excellent , excellente » excellents, excellentes. Outre le genre,le nombre,& le cas, dont nous ve- nons de parler, les adjeétifs font encore fujets à un autre accident , qu’on appelle /es degrés de comparai- Jon , & qu’on devroit plutôt appeller degrés de qua- Lfication , car la qualification eft fufceptible de-plus êc de moins : bon, meilleur , excellent ; favant, plus [a- vant, très-favant. Le premier de ces degrés eft ap- pellé pofuf, le fécond comparanf , & le troïfieme f4- perlatif : nous en parlerons en leur lieu. Kne fera pas inutile d’ajoûter ici deux obferva- tions : la premuere , c’eft que les adjeétifs fe prennent fouvent adverbialement. Facile € difficile , dit Do- nat, guæ adverbia ponuntur , romina potins dicenda Junt , pro adverbiis pofita : ut ej?., torvim clamat ; hor- -rendum refonat ; & dans Horace, turbidèm letatur : ( Liv. I. Od. xX1x. v. 6.) fe réjouit tumultueufe- ment , reflent les faillies d’une joie agitée & con- fufe : perfidüm ridens Venus ; (Liv. III, Od. xxv11. y. 67.) Venus avec un foùrire malin. Et même primÔ, fecundd, tertid, poltremd , ferd , optatd , ne font que des adjedtifs pris adverbialement. Il eft vrai qu'au fond l’adje@tif conferve tofjours {à nature , & qu'en ces occafñons même il faut tobjours foufentendre une prépoñtion & un nom fubftantif, à quoi tout ad- verbe eft rédu@tible : ainf , surbidim leratur ,ideft, _Letatur Juxta negotium Où modum turbidum : primd, fecundd , 14 eft , 22 primo vel fecundo loco ; optatd ad. venis , id eft , 27 ternpore optato, &tc. À limitation de cette façon de parler latine, nos “adjetifs font fouvent pris adverbialement ; parler haut, parler bas, fentir manvais, voir clair, chanter faux, chanter juffe,&c. on peut-en ces occafions -{oufentendre une prépoñinion & un nom fubftantif : parler d'un ton haut, fentir un mauvais goût , voir d’un æil clair, chanter d’uñ con faux : mais quand il feroit -Vrai qu'on ne pourroit point trouver de nom fubftan- : tif convenable & ufité , la façon de parler n’en fe- oi pas moins elliptique; on y foufentendroit l’idée de chofe où d’érre, dans un fens neutre, 7. ELLIPSE. La feconde remarque , c’eft qu’il ne faut pas con- fondre l’adje@if avec lénom fubftantif qui énonce : -une qualité, comme b/ercheur, érendue ; l’adjetif qua- Life unfubftantif ; c’eft lefubftantif même confidéré comme étant tel, Magifirat équitable; ainfi l’adjettif _n'exifte dans-le difcours que relativement au fub- _fantifqui en ef le fuppôt, & auquel il fe rapporte Tome 6 e À CO À 137 par l'identité ; au lieu que le fabftantif qui exprime une qualité, eft un terme abftrait & metaphyfique, qui énonce un concept particulier de l’efprit,qui con- fidere la qualité indépendamment de toute applica- tion particulhere , & comme fi le mot étoit le nom d'un être réel & fubfiftant par lui-même :tels font couleur, étendue, équiré, &c. ce font des noms fub- ftantifs par imitation. Voyez ABSTRACTION. Au refte les adje@ifs font d’un grand ufage, fur- tout en Poëfie , où ils fervent à faire des images & à donner de l'énergie : mais il faut toûjours que l’Ora- !_teurou le Poëte ayent l’art d’en ufer à propos , &c que l’adjeétif n’ajoûte jamais au fubftantif une idée accefloire , inutile, vaine ou déplacée. ( F° ADIECTIFS ( Logique. ) Les adjehifs étant defti- nés par leur nature à qualifier les dénominations, on en peut diftinguer principalement de quatre for tes; favoir les rominaux, les verbaux , les numéraux, & les pronominaux. Les adjethifs nominaux font ceux qui qualifient par un attribut d’efpece, c’eft-à-dire, par une qualitéin: hérente & permanente, foit qu’elle naïfle de la na- ture de la chofe, de fa forme, de fa fituation ou de fon état; tels que or , noir, Jünple, beau , rond, ex. terne, autre , pareil, fermblable, Les adjehfs verbaux qualifient par un attribut d’é- venement , c'eft-à-dire , par une qualité acciden- telle & furvenue , qui paroît être l'effet d’une ation qui fe pañle ou qui s’éft pañlée dans la chofe; tels font ampant , dominant ) liant , careffart > bonifé > Jemplifé , noirci, embelli, Ts tirent leur origine des verbes, les uns du gérondif, & les autres du parti cipe : mais il ne faut pas les confondre avec les participes & les gérondifs dont ils font tirés. Ce qui conflitue la nature des adjeihifs , c’eft de quali- fier les dénominations; au lieu que celle des parti- cipes & des gérondifs confifte dans une certaine ma- niere derepréfenter l’aétion & l’évenemént. Par con- féquent lorfqu’on voit le mot qui eft participe, être dans une autre occafon fimplement employé à qua- lhfèr , il faut conclurre que c’eftou par tranfport de fervice , ou par voie de formation & de dérivation, dont les Langues fe fervent pour tirer d’une efpece les mots dont ellés-ont befoin dans une autre où el- les les. placent , & dès-lors en établiflent la difé- rence. Au refte il n'importe pas que dans la ma- niere de. les tirer de leur fource, il n’y aït aucun changement quant au matériel : les mots formés n’en feront pas moins diftingués de ceux à qui ils doivent leur origine. Ces différences vont devenir fenfibles dans les exemples que je vais citer. Un efpritrampant ze parvient jamais au fublime. Tels vont rampant devant les Grands pour devenir in- Jolens avec leurs égaux. Une perfonne ôbliseante Je fair aimer de tous ceux qui la vonnoiffent. Cette dame ejt bonne, obligeant coiyonrs quand elle le peur. L’ame 4 guere de vigueur dans un corps fatigué. IZ ef jufie de fe repofer après avoir fatigué. Qui ne voit que rampant dans le premier exem- ple eft une fimple qualification , & que dans le {e- cond il repréfente une aétion ? Je dis la même chofé des mots obligeante &c obligeant | & de ceux-ci, un corps fatigné , & avoir fatigué. … Les adjeihifs numéraux font , comme leur’ nom le déclare , ceux qui qualifient par un attribut d'ordre numéral , tels que premier , dernier, fecond , deuxie. me , troifrefñe, cinquièrne, Les adjeülifs pronominaux qualifient par un attr:- but de défignation individielle, c’eft-à-dire par une qualité qui ne tenant ni de l’efpece ni de l’ac- tion , ni de l’arrangement , n’eft qu’une pure indica« tion de certains individus ; ces adjecifs font , ou une qualification de rapport perfonnel , comme 72072 ma, ton; notre, votre, fon, leur ; mien ; tien, fien : 138 À DT j # À , . 4 où une qualification dé quotité vague & non de- terminée , tels que quelque, um, plufieurs, tout, hul, aucur ; où enfin une qualification de fimple préfentation , comme les fuivans, ce, ces, chaque, quel tel, certair. M à La qualification exprimée par les adjeéifs eft fuf- ceptible de divers degrés : c’eft ce que l’art nommé degrés de comparaifon , qu'il aréduitsà trois , fous les noms de pofsuif, comparatif, 6 fuperlarif. Le pofif confifte dans la fimple qualificatiôn faite fans aucun rapport au plus niau moins. Le comparatif eftune qualification faite en augmentation ou en di- minution , relativement Aun autre degré de la même qualité. Le fuperlatif qualifie dans le plus haut degré, c'eftà-dire, dans celui qui eft au-deflus de tous ; au lieu que le comparatif n’eft fupérieur qu’à un des de- grés de la qualité : celui-ci n’exprime qu'une com- paraïfon particuliere ; & l’autre en exprime une unt- verfelle. Les adjeëtifs verbaux & nominaux font aufñ appel- dés concrers. Voyez ces termes. ( X ADIEU-VA, terme de Marine; c’eft un terme dont on fe fert lorfque voulant faire verur le vaïfleau pou changer de route, on en avertit l'équipage pour qu'il {e tienne prêt à obéir au commandement. (Z * ADIGE ( Géog. mod. ) riviere d'Italie qui prend fa fource au midi du lac glacé dans les Alpes , & fe jette dans le golphe de Venife. | * ADIMAIN , £ m. ( if. rat. ) On dit que c’eft un animal privé, aflez femblable à un mouton, à laine courte & fine, dont il n’y a que la femelle qui porte cornes , qui a l'oreille longue &c pendante ; qu’il eft de la groffeur d’un veau; qu'il fe laifle mon- ter par les enfans; qu’il peut les porter à une lieue, & qu'il compofe la plus grande partie des troupeaux des habitans des deferts de Libye, Marm. crad. par Ablanc. | * ADIMIAN , (Jardinage. ) c’eft le nom que les Fleuriftes donnent à une tulipe amarante, panachée de rouge & de blanc. ADJOINDRE ,\v. ad. ( Jurifprudence. ) c’eft don- ner à quelqu'un un collègue, lui affocier un fecond. Voyez ADroINT. (H) ADJOINT, terme de Grammaire, Les Grammai- riens qui font la conftruétion des mots de la phrafe, relativement au rapport que les mots ont entr'eux dans la propofition que ces mots forment, appellent adjoins où adjoints les mots ajoûtés à la propofition, &c qui n’entrent pas dans la compofition de la pro- poñition: par exemple, les interjeétions hélas, ka! &T les vocatifs. Hélas , petits moutons, que vous êtes heureux ! Que vous êtes heureux font les mots qui forment le ens de la propoñition; gxe y entre comme adverbe de quantité, de maniere, &c d’admiration; quantum, combien, à quel point, vous eft le fujet, éfes heureux eft l’attribut, dont éres eft le verbe, c’eft-à-dire, le mot qui marque que c’eft de vous que lon dit éres heureux , & heureux marque ce que l’on dit que vous êtes, & fe rapporte à vous par un rapport d'identité. Voilà la propoñtion complete, Hélas & petits moutons he font que des adjoints. Ÿ: SUIET , ATTRIBUT. (F) | AproinTs, ady.( Belles- Lestres ) font au nombre de fept , qu'on appelle auff circon/lances , exprimées par ce vers, | Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, *quañdo. Les arguméns: qui fe tirent des adjoënss , font des ! hdminicules des prèuves qui naïffent des circonftan- | “cés particulieres du fait. Voyez PREUVE 6 CIRCONS- TANCE, En Rhétorique, les adjoints, adjunta , forment | ‘un Lieu commun d’où Pon tiré des argumens pour ou à ADI ébntre prefque dans toutes les matieres,parce qu'il ess eft peu qui ne foïent accompagnées de circonftances favorables ou défavorables; la chofe eff & claire, qu’il feroit inutile d’en donner des exemples, (G) ADIOINT, adj. pris fubft, On appelle aïnfi une forte d’aflocié, de collegue ou de coadjuteur qw'on donne à quelqu'un qui eft en place ; ou pour le foula- ger dans {es fonétions, ou pour rendre compte de fa vigilance & de fa fidélité. L | Quelques-uns prononcert & écrivent goints à mais ils prononcent & écrivent mal. (Æ) ADJOINT de lP'Acadénmé des Sciences. J’ayez ACA: DÉMIE. | _ ADJOINT , Officier de la Librairie ; c’eftun Libraire élù à la pluralité des voix dans laflemblée générale des Anciens, & de feize mandés dans le nombre des Modernes, quifont ceuxqui ont au moins dix ans de réception; prépoié conjointement avec le Syndic pour régir les affaires de la Communauté, & veiller à l’obfervation des Réglemens donnés par nos Rois fur le fait de la Librairie &c de l’Imprimerie. Il y en a quatre qui avec le Syndic forment ce qu’on appelle les Officiers de la Librairie, Leurs principales fonions font de vifiter én la Chambre Syndicale de la Librairie les livres qui ar- rivent à Paris, foit des Provinces du Royaume ; {oit des Pays étrangers ; de faire des vañtes chez les Ei- braires & chez les Imprimeurs ; pour voir s'il ne s’y pañle rien contre le bon ordre; & dans le cas de contravention, en rendre compte à M. le Chan celier. Ils font encore chargés de faire la vifite des bibliotheques où cabinets de livres à vendre, afin de veiller à ce qu’il ne fe débite par aucunes voies dés livres profcrits , & délivrent un certificat fur le- quel le Lieutenant de Police accorde la permiflion de vendre & d'afficher la vente. Voyez SYNDIC, CHAMBRE SYNDICALE, ADJONCTION , L f. rermie de flyle du Palais, qu'on émploie dans les plaintes en matiere criminelle, où l’on demande l'intervention où adjontion de M. le Procureur Général, ou de fon Subftitut , ou du Pro- cuteut fifcal, fi la plainte n’eft point portée devant une Juftice royale. Or demander l’adjonthor du Mi- niftere public, e’eft demander qu’il fe porte accufa- teur, & pourfuive laccufé en fon nom concurrem- ment avec la partie civile. (Æ) À ADJOURNEMENT , f. m. (Junfprud.) eft'une aflignation à comparoître à certain jour nommé pour procéder par-devant une Cour de Juftice ou un Juge aux fins & conclufions de lexploit d’aflignation , c’eft-à-dire, les contefter ou y déférer. Voyez Assi- GNATION. ALL Ménage dérive ce mot de cdjurnare, comme qui diroit diem dicere, qu’on trouve en ce fens dans les capitulaires. | L’adjournement en Cour eccléfiaftique s'appelle citation. | L’aflignationn’émporte pastobjours adjourrementz “par exemple, les témoins qu’ôn affigne à venir dé- pofer ne font pas adjournés : l’affignation n’emporte adjournement que quand la partie eft aflignée à com patoitre en Juftice. | k : Les adjournemens doivent être libellés", c’eft-à< dire, contenir les conclufons &£ les moyens de la de- mande, Voyez LIBELLÉ. Les ajournemens par-devant les Juges inférieurs fe donnent: fans commifions : Jéc4s ès Cours fupé- fieurés: par exemple , on ne péut donner adjourne- ment aux Requêtes de l’Hôtel-ou du Palais , qu'en vertu de Lettres de Commurtimns dont fera laïffé CO ‘pie avec l'exploit, fi ce n’eft qu'il y eût déjà inftance liée ou retenue en cette Cour, auquel cas 1l ne feroit pas befoin de Lettres: on ne le peut non plus ès Cours g ; D'ÉVMIR DER 5. fupérieures ; telles que le Parlement, ouautres , qu'en j À DIT vertu de Lettres de Chancellerie, Commiffion parti- culiere , où Arrêt: on nele peut non'plus au Con- feil , ni même aux Requêtes de l'Hôtel, lorfqu’il s’a- git de juger au Souverain, qu'en vertu d’Arrèt du Confeil où Commiffion du Grand Sceau. Les exploits d’adjournement doivent contenir le nom du Procureur du. demandeur en tous fiéges 8e matieres où Le miniftere des Procureurseft néceffaire. Voyez le titre IT. dé Ordonnance de 166 7. L’adjournementeperfonnel eftune affignation en ma- tiere criminelle, par laquelle l’accufe eft fommé de comparoitre en perfonne. Il fe décerne contre l’ac- cufé, lorfque le crime n’eft pas capital, & qu'il n’é- chet point de pémeafiétive, ni même infamante ; où contre une partie affignée fimplement pour être ouie, laquelle a négligé de comparoître. Il emporte interdiétion contre un Officier de judicature. Voyez DECRET. Un adjournement &trois briefs jours eft une fomma- tion faite à cri public au fon de trompe, après qu’on a fait perquifition de la perfonne de laccufé, à ce qu'il ait à comparoitre dans lestrois jours en Juftice, à faute de quoi on lui fera fon procès comme contu- max, n ADJOURNEMENT fe dit en Angleterre d’une ef pece de prorogation, par laquelle on remet la féance du Parlement à un autre tems , toutes chofes demeu- rant en état. Voyez PROROGATION. (AH) ADIPEUX , adj. ez Anatomie, {e dit de certains conduits & de certains vaifleaux qui {e diftribuent à la graifle. Voyez V AISSEAU 6 GRAISSE. Îl ya des vaifleaux aipeux qui font, fuivant quel- ques Auteurs, une partie de la fubftance de lépi- ploon. Voyez EPIPLOON. | Malpighi doute files conduits adipeux font des vaif- feaux diftinéts ( dans un Ouvrage imprimé après fa mort ). Morgagni, adverf. Anar. III, page 3. infinue qu'ils ne font pas néceflaires, parce qu'il penfe que la fecrétion de la graifle peut fe faire au moyen des arteres dans les cellules adipeufes , de même que dans les autres parties d’où elle peut être enfuite re- prife par les veines, fans qu’il {oit befoin d’admet- tre un troifieme genre de vaifleaux propres à cet office, tels que Malpighi paroït les avoir foupçonnés, Rivinn’admetpoint de conduits adipeux. dif. de omento. ADIPEUSE, adj. o4 GRAISSEUSE , ez Anatomie, eft le nom que l’on donne à une membrane ou tuni- que qui enveloppe le corps, & qui eft fituée immé- diatement fous la peau : on la regarde comme le foù- tien de la graïfle , qui eft logée dans les intervalles qui fe trouvent entre fes fibres, & dans les cellules particulieres qu’elle forme. Voyez GRAISSE , PEAU, CELLULE , &c. Les Anatomiftes font partagés touchant l’exiftence de cette membrane. La plüpart des Modernes ne la regardent que comme la tunique extérieure de la membrane charnue, autrement de la membrane com- mune des mufcles, Voyez MEMBRANE CHARNUE, PANNICGULE, Gc. (L) ADIPEUSES , cellules. Voyez CELLULES adipeufes. ADIRÉ , adj. vieux rerme de Pratique, qui eft en- core ufité au Palais. Il eft fynonyme à égarer , & fe dit fingulierement des pieces d’un procès qui ne fe trouvent plus: ainf l’on dira, par éxemple, la meil- leure piece de mon fac s’eft trouvée adirée. Ce même terme fignifie aufh quelquefois rayé ou biffé. (H) ADIRER o4 ADHIRER. Voyez ADIRÉ. Lorfqwune Lettre de change payable à un parti- culier, & non au porteur, ou ordre, eft adirée, le payement en peut être pourfuivi & fait en vertu d’u- ne feconde Lettre, fans donner caution, en faifant mention que c’eft une feconde Lettre , & que la pre- nuere ou autre précédente demeurera nulle, Et au cas que la Lettre adirée füt payable au por- Tome I, À DJ 120 teur ou à ordre, le payement n’en doit être fait que par ordonnance de Juflice, en baillant caution de garantir le payement qui en fera fait. Voyez l’Ordon. rance de 1673. tit. V.(G) * ADIRES, f. m,. pl. (A. Nar, ) on appelle en Efpagne adires | une forte de petits chiens de Barba- rie, fins, tulés , mais voraces, qu’on prend dans les maïfons, quand.ils y font jettés par la faim. Il y en . à de Perfe quifont plus grands que ceux de Barba- rie ; les chiens: n’ofent attaquer ceux-ci, ils font pour- tant prefque de la même couleur les uns & les au- tres : les jardiniers de ces contrées difent qu'ils fe mêlent avec les chiens ordinaires. I et parlé dans d’autres Auteurs, fous Le nom d’Adire , d’un animal qu’on trouve en Afrique , de la grandeur du renard, & qui en a la finefle. Cette defcription & la précé- dente font fi différentes qu’on ne peut affürer qu’elles foient l’une & Pautre du même animal. ADITION , f. fo serme de Jurifprudence | qui ne s'emploie qu'avec le mot hérédiré. Adition d'hérédiré eft la déclaration que fait Phéritier inftitué formel- lement ou tacitement , qu'il accepte l’hérédité qui lui eft déférée. Dans le Droit Civil ce terme ne s’em- ployoit qu’en parlant d'un héritier étranger appellé à la fucceflion par le teflament du défunt. Quand Phéritier naturel, on héritier du fans acceptoit l’hé- rédité , cela s’appelloit s’émifter, & l'acceptation imnixtion. Mais nous ne faifons point cette diftinc- tion , & l’adition fe prend en général pour l’aéte par lequel l'héritier, foit naturel ou inftitué, prend qualité. Un fimple acte de l’héritier naturel ou inftitué , par lequel il s’eft comporté comme héritier , opere ladirion d'hérédité , & lui Ôte la faculté de renon- cer ou de jouir du bénéfice d'inventaire, Voyez R£- NONCIATION , BÉNÉFICE D’INVENTAIRE. ADJUDICATAIRE , f. m. serme de Palais, eff celui au profit de quieft faite une adjudication. Voyez ADJUDICATION 6 ADJUGER, ADJUDICATIF , adj. serme de Palais , qui {e dit d'un Arrêt où d’une Sentence qui porte adjudica- tion au profit du plus offtant, d’un bien vendu par autorité de Juftice, où qui défere au moins de- mandant une entreprife de travaux ordonnés judi- ciairement. Voyez ADIUDICATION 6 ADIUGER. ADJUDICATION , f. f. (Jurifprud. ) eft lation d’adjuger. Voyez ADIUGER. L'effet de l’agudication par decret eft de purger les dettes & les hypotheques dont étroit affeûtée la chofe vendue : elle ne purge pas cependant le dotaire lorfqu’il n’eft point ouvert. Pour entendre ce que fignifient ces expreflions, purger le doiaire , Les dettes , les hypotheques. Voyez au mot PURGER. (A) ADJUGER , v. a. (Jurifprud. ) c’eft juger en fa- veur de quelqu'un, conformément à fes prétenfions. I fignifie aufi donner la préférence dans une vente publique au plus offrant & dernier enchérifleur ; & dans une proclamation d'ouvrages ou entreprifes au rabais , à celui qui demande moins. ( 4 ADJURATION , f. £. ( Théol. ) commandement ou injonétion qu’on fait au démon dé la part de Dieu, de {ortir du corps d’un poflédé , ou de déclarer quel- que chofe. | Ce mot eft dérivé du Latin agurare , conjurer folliciter avec inftance, & l’on a ainfi nommé ces formules d’exortifme , parce qu’elles font prefque toutes conçues en ces termes : adjurote , Jpiritus 1r11= murnde, per Deumyivum, ut, &c. Voyez EXORCISME, POSSESSsION , éc. (GG). ; ADJUTORIUM , f. eft le nom qu'on donne ex Anatomie , à l'os du bras , ou à Phumerus. Voyez Humerus, ( L). * ADMETTRE , RECEVOIR, On admet quel- qu'un dans une fociété particulière ; on le reçois à une charge, dans une Académie ; il Mr: pour être 1j 140 A D M admis d’avoir l'entrée libre ; il faut pour être reçé du _ cérémonial. Le premier eftune faveur accordée par les perfonnes qui compofent la fociété , en confe- quence de ce qu’elles vous jugent propre à particr- per à leurs deffeins, à goûter leurs occupations , êc à augmenter leur amufement ou leur plaifr. Le fe- cond eft une opération par laquelle on acheve de vous donner une entiere pofeflion:, & de vous inf- taller dans la place que vous deyez occuper en con- féquence d’un droit acquis, foit par bienfait , foit par éleétion, foit par ftipulation. Ces deux mots ont encore dans un ufage plus.or- dinaire , une idée commune qui lés rend fynonymes. Ilne faut alors chercher de différence entreux, qu’en ce qu'admertre femble fuppofer un. objet plus intime & plus de choix; & que recevoir paroït ex- primer quelque chofe de plus extérieur & de moins libre. C’eft par cette raifon qu’on pourroit dire que l’on eft admis à l’Académie Françoife, & qu’on ef reçh dans les autres Académies, Oncdmet dans fa familiarité & dans fa confidence ceux qu’on en juge dignes; on reçoit dans-les maifons & dans les cer- cles. ceux qu’on y préfente; où l’on voit que rece- voir dans: ce fens n’emporte pas une idée de précau- tion qi eft-attachée à admettre. Le Miniftre étranger eft admis à l'audience du Prince, & le Seigneur qui voyage eft reçé à fa Cour. Migux l’on veut que les fociétés foïent compo- fées / plis l’on doit être attentif à en bannir les ef- prits aigres, inquiets, & turbulens ; quelque mérite qu'ils aient d’ailleurs ; à n’y admettre que des gens d'un cara@tere doux & liant. Quoique la probité & la fagefle faffent eftimer, elles ne font pas recevoir dans le monde; c’eft la prérogative des talens aima- bles & de l’efprit d'agrément. . * ADMETE , Lf.( Myth. ) une des Nymphes Océanides. ADMINICULE , f. mer droir , eft ce qui forme un commencement de preuve, où une preuve im- parfaite ; une circonflance où une conjéélure qui tend à former ou à fortifier une preuve. Ce mot vient du Latin adminiculum , qui fignifie appui , échalas. Les Antiquaires fe fervent du mot admenicules, pour fignifier les attributs ou ornemens avec lefquels Junon eft repréfentée fur les médailles. Voyez AT- TrRiBuT & SYMBOLE. ( A) ADMINISTRATEUR ; £ m. ( Jurifprud. ) eft celui qui régit un bien comme un tuteur, curateur, exécuteur teftlamentaire. Voyez ADMINISTRATION, EXÉCUTEUR TESTAMENTAIRE. Lessperes font les adminiftrateurs nès de leurs enfans. On appelle fingulierement adminiffrateurs | ceux qui régiflent les biens des Hôpitaux. Foyez H6- PITAL. Si une femme eft chargée d’une adminifiration, on l'appelle adminiffratrice , & elle eftobligée à ren- dre compte comme le feroit l’adminiftrateur (7) ADMINISTRATION , f. f. ( Jurifprud. ) eft la geftion des affaires de quelque particulier ou com- munauté, ou la régie d’un bien. Foyez GOUVERNE- MENT , RÉGIE. | Les Princes indolens confient l’admimiffration des affaires publiques à leurs Miniftres. Les guerres ci- viles ont ordinairement pour prétéxte la mauvaife adminifration, ou les abus commis dans l'exercice de la juftice, &c. Adminifiration {e dit fingulierement de la direc- tion des biens d’un mineur , ou d’uninterdit pour fu- reur, imbécilité, ou autre caufe, & de ceux d’un Hôpital ; par un tuteur , un curateur , ou un admi- nifirateur. Voyez MIiNEUR , PuPILLE, TUTEUR,, CURATEUR, ADMINISTRATEUR, 6'c. Adminiftration {e dit aufh des fonétions ecclé- faftiques. C’eft au Curé qu'appartient exclufve- ment à tout autre ,:l’adminiffration des Sacremens dans fa Paroifle. Foyer CURE ; PAROISSE ét. On doit refufer l’adminiftration des Sacremens aux ex2 communies. Voyez EXCOMMUNICATION. En matière bénéficiale , on diftingue deux fortes d'adminifiration,, lune au temporel, 82 Pautrerart fpirituel. Celle-ci confifte dans le pourvoir d’excome munier, de corriger , de conféfer les bénéfices :l’aus tre dans lexercice des droits &r prérogatives atta- chées au bénéfice. Foyez TEMPORALITÉ. G Adminifiration s'emploie aufi au Palais comme fynonyme à Journiffement : ainfi lon dit adrminiftrer des témoins, des moyens, des titres, des preu- ves. (4) L Fa | | ADMIRABLE, adject. ( Medecine. } épithete que des Chimiftes ont donnée,par hyperbole, quelques- unes de leurs compoñtions ; tel eft le fel admirable de Glauber. On Pa appliquée sénéralement à toutes les pierres fadices & medicinales: en voici une dont M. Lemeri donne la defcription à caufe-de fes gran desqualités. | js da Pulyérifez, mêlez enfemble du vitriol blanc, 18 onces ; du fucre fin, du falpetre, de chacun 9 onces; de l’alun, 2 onces:/du fel ammoniac, 8 gros; du camphre , 2 onces: Mettez le mélange dans un pot de terre vernilié; humeétez-le én contiftance défimiel avec de l’huile d'olive; puis mettezfur un petit feu, faites deffécher doucement la-matierejufqu’à ce qu’el- le ait pris la dureté d'une pièrre ; gardez-la couver- te, car elle s’hnmeéte aïfément. c JE - On obfervera de modérer le feu dans cette opé- ration, à caufe de la volatilité du camphre: mais quelque foin que l’on y apporte , il s’en difipe toù- jours une grande quantité. On en ajoûtera à caufe dé cela quelques grains dans la pierre, lorfqu'on s’en fervira. | Cette pierre eft déterfive, vulnéraire, aftringen- te; elle réfifte à la gangrene, arrête le fang , étant appliquée feche ou difloute : on Pemploie dans Les cataraétes en collyre , contre les ulceres fcorbuti- ques. On ne s’en {ert qu'à l’extérieur, (W) ADMIRATIF , adj. m. ( Gramm. ) comme quand on dit ur ton adimiratif, un pefle admiratif; c’eft-à-dire, un ton, un gefre, quimarque de la furprife , de l’admi- ration où une exclamation, En terme de Grammaire, on dit un point admiratif, on dit aufli ur point d’admi- ration. Quelques-uns difent #2 point exclamatif ; ce point fe marque ‘ainf /. Les Imprimeurs appellent fimplement admiratif, & alors ce mot eft fubftantif mafculin, ou adjeétif pris fubftantivement , en fouf- entendant point. On met le point admiratif après le dernier mot de la phrafe qui exprime l'admiration : Que je fuis à plaindre ! Mais fi la phrafe commence par une inter- jedtion , «h, où ha, hélas, quelle doit être alors la pondtuation à? Communement on met le point ad- miratif d’abord après l’interjeétion: Hélas ! perirs moutons, que vous êtes heureux. Ha! mon Dieu, que je fouffre : mais comme le fens admiratif ou exclamatif ne finit qu'avec la phrafe, je ne voudrois mettre le point admiratif qu'après tous les mots qui énoncent Padmiration. Hé/zs, perirs moutons , que vous tes hez- reux ! Ha, mon Dieu, que je fouffre ! Voyez PONC- TUATION. (Æ ; * ADMIRATION, £. f. (Morale) c'eft ce fenti- ment qu’excite en nous la préfence d’un objet, quel qu'il foit, intelleétuel ou phyfique , auquel nous atta- chons quelque perfe@ion: Si l’objet eft vraiment beau, l'admiration dure ; fi la beauté n’étoit qu'ap- parente, l'admiration s’évanoit par la réflexion; fi l’objet eft tel, que plus nous l’examinons , plus nous y découvrons de perfeétions, l'admiration augmen- te, Nous n’admirons gueres que ce qui eft au-deflus ADM de no$ forces où de nos cénnoiflances. Ainf l’adri- ration eft fille tantôt de notre ignorance, tantôt de. notre incapacité : ces principes font fivrais que ce qui. eftadmirable pour l’un, n'attire: feulement pas l'attention d’un autre. Il ne faut pas confondre /4 /ur- prifé avec. l'admiration, Une chofe laide où belle; pourvu qu’elle ne-foit:pas ordinaire dans fon genre ; nous,caufe de la furprife mais iln'eft donné qu'aux belles:de ptodüire en nousila furprile & l'admiration : ces deux fentimens peuvent aller enfemble.& fépa- rément, Saint-Evtemond dit que l’zdrmirarion eft la marque d'unipetit éfpritercette penfée.eft faufle ; il eût fallu dire, pour lurendre juite, que l'admiration d'umévchofe comammereft la marque de peu d'efprit: mais ilyra des occafons où l'étendue de l'edriration eft, pour ainfi-dire, ln mefure de la beauté.de l'ame &c de lagrandeur de l’efptit. Plus un être créé &r pen- fant voit loin dans da mature, plus il a de difcerne- ment, &c-plus il admire. Au refte il faut un peu Être en garde contre ce premier mouvement de notre ame à la préfence des objets; & ne s’y hvrer que quand on eft raflüré par fes connoïflances, & fur- tout-par des modeles auxquels on‘puiffe rapporter l'objet qui nous eft préfent. Il faut que ces modeles {oientad’une beauté univerfellement convenue. Il y a des efprits qu'il eft extrèmément difficile d’éton- ners ce font ceux que la Métaphyfique a élevés au- deflus-des chofes faites; qui rapportent tout ce qu'ils voyent » entendent, Gc. au pofible , .ê qui ont en eux-mêmes un modele idéal au-deflous duquel les êtres créés reftent toïjours. ADMISSIBLE sadj. (27 Droir) qui mérite l’ad- mifion, Voyez ci-deflous ADMISSION: ADMISSION, £ f.(Jurifprud.) a@ion par la- quelle quelqu'un eft admis à une place ou dignité. Ce terme fe dit fpécialement de la reception aux Ordres, ou à quelque degré dans une Faculté; &c le billet des Examinateurs en faveur .du Candidat, s'appelle admiteatur, parce que l’admiffion eft expri- mée par ce terme latin. Foyez CANDIDAT. . ADMISSION fe dit aufli au Palais, des preuves & des moyens, qui font reçüs comme concluans 6c pertinens. (4) | … *A4DMITTATUR ,,rerme latin ; {. mm. (Hiff. mod.) _ billet qu’on accorde après les examens ordonnés à ceux qui fe préfentent aux Ordres, à certaines di- gnités , aux degrés d’une Faculté, 6. lorfqu'ils ont été trouvés dignes d’y être admis. | ADMODIATEUR , o4 AMODIATEUR , {. m. (Jurifprud.) Fermier quitient un bien à titre d’ad- modiation. Voyez ci-deffous ADMODIATION. --ADMODIATION , ox AMODIATION , ff. (Jurifprud. ) terme de Coûtumes , ufité en quelques Provinces pour fignifier un bail, dont le prix fe paye en fruits par le Fermier, lequel en retient moitié, ou plus ou moins, pour fon exploitation. Arrodiation éftauffi fynonyme en quelques endroits à bal a fer- me, & {e dit du bail même, dont le prix {e paye en argent. | | | ADMONESTER , y. a. cerme de Palais, c’eft faï- re une légere correétion verbale en matiere de dé- lit. Voyey ADMONITION. ADMONITION,, f £ rerme de Palais , eft unere- montrance que fait le Juge en matiere de délit au délinquant, à qui il remonte {a faute, & laver- tit d’être plus circonfpe& à l’avenir. L'admonition eft moindre que Ze Pléme, & n’eft pas flétriflante, fi cen’eft qu'elle foit fuivie d’amen- de ; elle fe joint le plus ordinairement avec l’aumo- ne, & fe fait à huis clos. Le terme d’adnonmtion s'emploie aufi en matiere eccleéfiaftique, 8 alors il eft fynonyme à moniron. Poyez ce dernier. (4 ADNAT A, adj. f, pris fubif, ez Anatomie, eft une À D © 141 membrane épaiffe &mblanche, tqui,enveloppe le lo. be:de l'œil ..8 qui en-forme, latunique externe. On l'appelle en françois corjonélive. ayez TUNIQUE 6 ConsoNCTIVE+ (ÆL) a HÉAD.OD, f. (Myth). nomique les Phéniciens donnoient au Maître des Dieux sue 2 ADOLESCENCE, ff. (Rhscfolog.)eff le tems.de l'accroiflemeñt. dans la- jeunefles, ou, l’âge.:qui uit Penfance, &-quife-termine-àrcelui oi un homme eff formé. J’oyez ACGROISSEMENT GAGE. Cesmot vieht du latin adolefcere, croître 2 4 . L'état d'adolefcence dure-tant queiles fibres con- tinuent de eroitre &x d'acquérir, de la confiftance, Foyeg FIBRE, 40 tom ot Gétéms fe compte ordinairement depuis quatôre ze Ou.quinze ans juiqu'à vingt-cinq, quoique »feloa 7 les Idfférentes conftifutions il puide: durer plussou IMOUMS, TA Les Romains Pappliquoientiindiftinétement. aux garçons & aux filles ; & le comptoient depuis douze ans: juiqu'à vingt-cing.pour lésluns, &c depuis dou ze juiqi'à vinet-un-pour les: autres: Voyez PUBER- té, Éc. ÿ Souvent même leurs Écrivains employoientindi£ féremment les termes de 7uvenis 8t adolefcens pour toutes fortes de perfonnes en deçà de quarante-cinq ans. Lorfque les fibres font arrivées à un degré de con- fiffance 8 dertenfion fuffifant pour foûtenir les par- ties, la matiere de: la nutrition devient incapable de les étendréydavantage , 8 par conféquent elles ne fauroient plus croître, Foyez MorT. (4) * ADOM oz ADON ;( Géog. mod.) contrée qui borne la côte d’or de Gyinée en Afrique. *ADONAÏ, f. m.(Zkéol, )eft, parmi les Hé- breux, un des noms de Dieu, & figmifie Seigneur. LesMafloretes ont mis fous Le nomque l’on lit au- jourdhui Jekoya, les points qui conviennent aux con- fonnes du mot Adonaï,-parce qu'il étoit défendu chez les Juifs dé prononcer le nom propre de Dieu, & qu'il n'y avoit que le Grand Prêtre qui eût ce privilége, lorfqu'il entroit dans le Sanétuaire. Les Grecs ont auflimis le mot Adonai à tous les en- droits où fe trouve le nom de Dieu. Le mot Adonaï eft dérivé d’une racine qui fignifie bafe & fondement, 8 convient à Dieu, en ce qu'il eft le foûtien de tou- tes.les créatures, & qu'il les gouverne. Les Grecs Pont traduit par zupros, & les Latins par Dorrnus, Il s’eft dit aufi quelquefois des hommes, comme dans ce verfet du Pfeaume 104. Confétuit eum Dormi- rm domis fuæ, en parlant des honneurs auxquels Pharaon éleva Jofeph, où le texte hébreu porte: Adonaï. Genebrard , le Clere , Cappel , de nomine Dei Tetragramm. (G r ADONER , ADONE,, srme de Marine , on dit Le ventadone , quand après avoir été contraire , il com- mence à devenir favorable , & que des rumbs ou airs de vent les plus prêts de la route qu’on doit faire, 1 fe range vers les rumbs de {a bouline, & du vent largue. Voyez BOULINE. (Z) * ADONÉE,, (Myth) nom que les Arabes don- noient au Soleil &: à Bacchus, qu'ils adoroient. Ils ofroient au premier tous Les jours de l’encens & des parfums. ADONIES, oz FESTES ADONIENNES , fub. £, (Myth.) qu'on célébroit anciennement en l'honneur d’Adonis favori de Venus, qui fut tué à la chañle par un fanolier dans les forêts du Mont Liban. Ces fêtes prirent naïiflance en Phénicie, & paflerent de- 1 en Grece. On ‘en faïfoit de femblables en Egypte en mémoire d'Ofiris. Voici ce que dit Eucien de cel- les de Byblos en Phénicie : « Toute la Ville au jour » marque pour la folemnité, commençoit à pren- » dre le deuil, & à donner des marques publiques 142 ADO # de douleur & d’affiétion : on n’entendoit de tous » côtés que des pleurs & des gémiflemens ; les fem- # mes qui étoient les miniftres de ce culte, étoient » obligées de fe rafer la tête, &t de fe battre la por- 5" trine en courant lesrues. L’impie fuperftition obli- # geoit celles qui refufoient d’aflifter à cette céré- » monie, à fe proftituer pendantun jour, pour em- » ployer au culte du nouveau Dieu, l'argent qu’el- # les sagnoient à cet infame commerce. Au dernier » jour de la fête, le deuil fe changeoït en joie, & # chacun la témoignoït comme ft Adonis eût été ref- # fufcité : la premiere partie de cette folemnité s’ap- # pelloit déasisues, pendant laquelle on pleuroit le » Prince mort; & la deuxieme £upeorc, Le retour, où # la joie fuccédoit à la triftefle. Cette cérémonie du- # roit huit jours, & elle étoit célébrée en même # tems dans la baffle Egypte. Alors, dit encore Eu- # cien qui en avoit été témoin, les Egyptiens expo- # foient fur la mer un panier d’ofier, qui étant pouf- » {é par un vent favorable, arrivoit de lui-même # fur les côtes de Phénicie, où les femmes de By- # blos, qui Pattendoient avec impatience, l'empor- >» toient dans la Ville, & c’étoit alors que l’affliétion # publique faifoit place à une joie univertelle ». S. Cyrille dit qu'il y avoit dans ce petit vaiffeau des lettres par lefquelles les Egyptiens exhortoient les Phéniciens à fe réjouir, parce qu’on avoit retrouvé le Dieu qu’on pleuroit. Meurfus a prétendu que ces deux différentes cérémonies fafoient deux fêtes dif- tinétes qui fe célébroient à différens tems de l’année, & à fix mois l’une de Pautre, parce qu'on croyoit qu'Adonis pañloit la moitié de l’année avec Profer- pine , & l’autre moitié avec Venus. Les Juifs voïfins de la Phénicie & de l'Egypte, & enclins à lidola- trie , adopterent aufli ce culte d’Adonis, La vifion du Prophete Ezechiel,, où Dieu lui montre des fem- mes voluptueufes aflifes dans le Temple, & qui pleu- roient Adonis, 6 ecce 1bi fedebant mulieres plangentes Adonidem , ne permet pas de douter qu’ils ne fuffent adonnés à cette fuperfüition. Mém. del’ Acad, des Bel. des-Lettres. (G) ADONIQUE ox ADONIEN , adjeét. ( Poëf.) forte de vers fort court , ufité dans la poëfie Greque & Latine. Il n’eft compofé que de deux piés , dont le premier eft un da@tyle, & le fecond un fpondée on trochée, comme rara Juventus. On croit que fon nom vient d’Adonis, favori de Venus, parce que l’on fafoit grand ufage de ces for- tes de vers dans les lamentations ou fêtes lugubres qu'on célébroit en l’honneur d’Adonis. 7. ADONIES ou ADONIENNES. Ordinairement on en met un à la fin de chaque ftrophe de vers fapphiques , comme dans celle-ci : Scandit œratas vitio[a naves Cura , nec turmas equitumn relinquit Ocyor cervis 6 agente nimbos Ocyor euro. Horat. Ariftophane en entremêloit auffi dans fes comédies avec des vers anapeftes. Voyez ANAPESTE 6 SA- PHIQUE. (G) * ADONIS, {. f. (Jardinage. ) forte de renoncule, qui a la feuille de la camomille; fa fleur eft.en rofe, {es femences font renfermées dans des capfules ob- longues. On en diftingue deux efpeces. Ray attribue à la graine d’adonis hortenfis , flore minore , atro, rubente , la vertu de foulager dans la pierre & dans la colique. | Et mêlée à l’'adonis ellebori radice , buphthalmi flore, de tenir la place de lellébore même dans les com- pofitions médicinales. ADOPTIENS, {. m. pl. ( Théolog.) hérétiques du - huitieme fiecle, qui prétendoient que Jefus-Chrift, en tant qw'hotmme , n’étoit pas fils propre où flsn4* turel de Dieu, mais feulement fon fils adoptif. Cette feête s’éleva fous l’empire de Charlemagne vers lany83, à cette occafon. Elipand ; Archevé- que de Tolede, ayant confulté Felix, Evèque d'Ur- gel, fur la filiation de Jefus-Chrift, celui-ci répondit. que Jefus-Chrift, en tant que Dieu, eft véritable. ment & proprement ls de Dieu , engendré naturel lement par le Pere ; mais que Jefus-Chrit, en tant qu'homme ou fils de Marie ; n’eft que fils adoptif de Dieu; décifion à laquelle Elipand fouferivit. On tint en 791 un Concile à Narbonne, où la caufe des deux évêques Efpagnols fut difcutée , mais non décidée. Felix enfuite fe rétraéta, puis revint à fes erreurs ; & Elipand de fon côté ayant envoye à Charlemagne une profeflion de foi, qui n’étoit pas orthodoxe, ce Prince fit aflembler un Concile nom- breux à Francfort en 794, où la doétrine de Felix & d’Elipand fut condamnée , de même que dans ce- lui de Forli de l’an 795 , & peu de tems encore après dans le Concile tenu à Rome fous le Pape Leon lil. Felix d’Urgel pañfa fa vie dans une alternative con- tinuelle d’abjurations & de rechütes, & la termina dans l’héréfie ; il n’en fut pas de même d’Elipand. Geoffroi de Clairvaux impute la même erteur à Gilbert de la Porée ; & Scot & Durand femblent ne s'être pas tout-à-fait aflez éloignés de cette opinion, Wuitafle, Trais. de l'Incarn, part, IT, quefl. vüy. art. 24 pag. 216. 6 fuiv. (G) ADOPTIF, adj. (Jurifprudence.) eft la perfonne adoptée par une autre. Voyez ADOPTION. Les enfans adoptifs , chez les Romains, étoient confidérés fur le même pié que les enfans ordinaires & ils entroient dans tous les droits que la naiflance donne aux enfans à l'égard de leurs peres. C’eft pour- quoi il falloit qu'ils fuffent inftitués héritiers ou nom- mément deshérités par le pere, autrement le tefta= ment étoit nul. L'Empereur Adrien préféroit les enfans adopnifs. aux enfans ordinaires , par la raïfon, difoitil , que c’eft le hafard qui nous donne ceux-ci, au lieu que c’eft notre propre choix qui nous donne les autres M. Menage a publié un Livre d’éloges ou de vers adreflés à cet Empereur, intitulé Liberadoptivus , au- quel il a joint quelques autres ouvrages. Heïnfius & Furftembers de Munfter ont auf publié des Livres adoptifs. ( H) ADOPTION, £. f. (Jurifprud. Hiff. anc. mod. ) eft un aéte par lequel un homme en fait entrer un autre dans fa famille , comme fon propre fils, & lui donne droit à fa fucceflion en cette qualité. | Ce mot vient de adoptare qui fignifie la même chofe en latin ; d’où on a fait dans la bafle latinité adobare à qui fignifie faire quelqu'un chevalier, lui cendre lépée ; d'où eft venu auffi qu’on appelloit z17/es ado batus un chevalier nouvellement fait ; parce que ce- lui qui lavoit fait chevalier étoit cenfé en quelque façon l’avoir adopté. Voyez CHEVALIER. Parmi les Hébreux on ne voit pas que ladoptior proprement dite ait été en nfage. Moyie n’en ditrien dans fes lois ; & l’adoption que Jacob fit de fes deux petits-fils Ephraim &c Manañé n’eft pas proprement une adoption , mais une efpece de fubftitution par la- quelle il veut que les deux fils de Jofeph ayent cha- cun leut lot dans Ifrael , comme s’ils étoient fes pro- pres fils : Vos deux fils, dit1l, féront 4 moi; Ephraim & Manal[é feront réputés comme Ruben & Simeon: mais comme il ne donne point de partage à Jofeph leur frere, toute la grace qu'il lui fait, c’eft qu'au lieu d’une part qu’il auroit eu à partager entre Ephraum &c Manañlé , il lui en donne deux; l’effet de cette adoption ne tomboit que fur l’accroiflement de biens & de partage entre les enfans de Jofeph. Gerefè xlvüy. 5. Une autre efpece d'adoption uñtée dans Ifrael , ADO tonfftoit en ce que le frere étoit obligé d’époufer la veuve de fon frere décédé fans enfans , enforte que Les enfans qui naïfloïent de ce mariage étoient cendés appartenir au frere défunt, & portoient fon nom; pratique quiétoit en ufageavant la Loi ; ainfi qu’on le voit dans l’hiftoire de Thamar. Mais ce n’étoit pas en: core la maniere d'adopter connue parmi les Grecs & les Romains. Deur, xxv. 5. Ruth.iv. Matth. xx1j.24. Gen. xvii. La fille de Pharaon adopta le jeune Moyie, &c Mardochée adopta Efther pour fa fille, On ignore les cérémonies qui fe pratiquoient dans ces occafions 8e jufqu’où s'étendoiént les droits de Padoprior : mais il eft à préfumer qu'ils étoient les mêmes que nous voyons dans les loïs Romaïnes ; c’eft-à-dire ; que les ‘enfans adoptifs partageoïeñt & fuccédoient avec les enfans naturels ; qu'ils prenoient le nom de celui qui les adoptoit, & pañloient fous la puiffance paternelle de celui qui les recevoit dans fa fanulle, £xode Ir. z0. Efther IT, 7:13. Par la paffion du Sauveur, &c par la communica- tion des mérites de fa mort qui nous font appliqués par le baptême , nous devenons les enfans adoptifs de Dieu, & nous avons part à l'héritage celefte. C’eft ce queS. Paul nous enfeigne en plufeurs en- droits. Vous n'avez pas reçu l’efprit de fervitude dans la crainte, mais vous avez reçh l’efprit d'adoption des en- fans par lequel vous criez , mon pere ; mon pere. Et : Nous ‘atrendons l'adoption des enfans de Dieu. Et encore: Dieu nous a envoyé fon fils pour racheter ceux qui étorer£ [ous Ja Loi, afin que nous recevions l'adoption des enfans. Rom. vi. 15. & 23. Galat. iv. 4. & 5. Parmi les Mufulmans la cérémonie dé Padoption e fait en faifant pafler celui qui eftadopté par dedans : Ia chemife de celui qui l’adopte: C’eft pourquoi pour dire adopter en Turc; on dit faire palfer quelqu'un par fa chemife ; & parmi eux un enfant adoptif eft | appellé abier-ogdi , fils de l’autre vie, parce qu'il n’a pas été engendré en celle-ci. On remarque parmi les Hébreux quelque chofe d’approchant. lie adopte le Prophete Elifée , 8 lui communique le don de pro- phétie , en le revêtant de fon manteau : Elias mifit pallium fuum fuper illum : & quand Elie fut enlevé dans un chariot de feu, il laifla tomber fon manteau, qui fut relevé par Elifée fon difciple , fon fils fpirituel & fon fuccefleur dans la fonétion de Prophete. D’Her- belot, Biblior. orient. page 4.7. IL. Reg. xix. 19. IF. - Rep. xt. 13. | . Moyte revêt Eleafar des habits facrés d’Aaron ; lorfque ce Grand-Prêtre eft prêt de fe réunir à fes peres ; pour montrer qu'Eleazar lui fuccédoit dans les fonchons du Sacerdoce ; & qu'il l’adoptoit en quel- que forte pour l’exercice de cette dignité. Le Seigneur dit à Sobna Capitaine du Temple, qu'il le dépouillera de fa dignité, & en revêtira Eliacim fils d'Helcias: Te le revérirai de votre tunique ; dit le Seigneur , 6 7e le ceindrai de votre ceinture , 6 je mettrai votre puiffance dans Ja rain. S. Paul én plufeurs endroits dit que les Chrétiens fe fonr revétus de Jefus-Chrift ; qu'ils fe font rèvétus de l'homme notveai , pour marquer adoption dés enfans de Dieu dont ils font revêtus dans le bap- téme; éé qui a rapport à la pratique aétuelle des Orientaux. wum. xx. 26. Îfaie xxi, 22. Rom. xüji Galat. üj. 26. Ephef. iv. z.4. Coloff. ii. 10. Calmet; Didionn. de là Bible , tome 1. lettre À. page 62.( G) La coûtume d’adoprer étoit très-commune chez les anciens Romains, qui avoient une formule exprefle pour cet aéte : elle leur étoït venue des Grecs ; qui lPappelloient dore, filiation. Voyez ADOPTIr. Comme l’adoprion étoit une efpece d'imitation de la Nature, inventée pour la confolation de ceux qui wavoient point d’enfans, il n’étoit pas permis aux Eunuques d'adoper, parce qu'ils étoient dans lim puiflance a@uelle d’avoir des enfans. #7 EUNUQUE. *Aln’étoit pas permis non plus d'adopter plus âgé “ LA À D O 143 me foi; parce que c’eût été renverfer l'ordre de la Nature: il falloit même que celui qui adoptoit eût au moins dix-huit ans de plus que celui qu'il adop- toit, afin qu'il y eût du moins poffibilité qu'il füt fon pere naturel. Les Romains avoient deux fortes d’édoprion ; l’une qui fe faifoit devant le Préteur; l’autre par l'aflem- blée du peuple, dans le téms de la République; &c dans la fuite par un Refcrit de l'Empereur. Pour la premiere , qui étoit celle d’un fils de fa: mille, fon pere naturel s’adrefloit au Préteur, devant lequel il déclaroit qu'il émancipoit fon fils, fe dé- pouilloit de autorité paternelle qu'il avoit fur lui, & confentoit qu'il pafsât dans la famille de celui qui l’adoptoit. Voyez ÉMANCIPATION, L'autre forte d’xdoption étoit celle d’une perfonne qui m’étoit plus fous la puiflance paternelle, & s’ap- pelloit adrogation. Voyez ADROGATION. La perfonne adoptée changeoit de nom & prenoit le prénom, le nom, & le furnom de la perfonne qui l’adoptoit. oye; Nom. | L'adoption ne fe pratique pas en France. Seule: ment il y a quelque chofe qui y reflemble , & qu’on pourroit appeller une adoption honoraire : c’eft l’inf- titution d’un héritier univerfel, à la charge de porter le nom &g les armes de la famille. Les Romains avoient aufhi cetté adoption tefta= mentaire: maïs elle n’avoit de force qu’autant qu’elle étoit confirmée par le peuple. Voyez TESTAMENT. _ Dans la fuité il s'introduifit une autre forte d’- doption , qui e faifoit en coupant quelques cheveux à la perfonne, & les donnant à celui qui l’adoptoit. Ce fut de cette maniere que le Pape Jean VIIT. adopta Bofon ; Roi d'Arles ; exemple unique; peut- être, dans l’Hiftoire , d’une adoption faite par un ec- cléfiaftique ; l’ufage de l’adoption établi à limitation de la Nature, ne paroïffant pas l’autorifer dans des perfonnes à qui ce feroit un crime d’engendrer na- turellement des enfans. M. Bouflac , dans fes Noëfes Theologice ; nous don- ñe plufieurs formes modernes d'adoption , dont quel- ques-unes fe faifoient au baptème , d’autres par l’é- pée. (4) | La demande en adoption nommée wdrogatio étoit conçue en ces termes : Velisis, jubeatis uti L. Valerius Lucio Titio tam lege jureque filius fibi fier , quam fe ex eo patre matreque familias ejus ñatus efler; utique ei VIrŒ necifque in eum poteflas fret uti pariundo filio ef. Hoc ta, ut dixi ; ita vos ; Quirires , rogo. Dans les derniers tems les zdoptions {e faifoient par la conceffion des Empereurs. Elles fe pratiquoient encore par tefta- ment, {nr im cer C. Oülavium in familiam nomenque. adoptavit. Les fils adoptifs prenoïent le nom & le fur- nom de celui qui les adoptoit ; & comme ils aban- donnoient en quelque forte la famille dont ils étoient nés , les Magiitrats étoient chargés du foin des dieux Pénates de celui qui quittoit ainfi fa fanulle pour en- tret dans une autre: Comme l'adoption faifoit fuivre à l’enfant adoptif la condition de celui qui l’adoptoit ; elle donnoit aufi droit au pere adoptif fur toute la famille de l’enfant adopté. Le Sénat au rapport de Tacite condamna & défendit des 2doprions feintes dont ceux qui prétendoient aux Charges avoient in- troduit l’abus afin de multiplier leurs cliens & de fe faire élire avec plus de facilité. L’adoprion étoit ab- {olimentinterdite à Athenesen faveur des Magiftrats avant qu'ils euffent rendu leurs comptes en lortant Uécharee. Gé}, 0 * ADOR @& ADOREA ; ( Myth.) gâteaux faits âvec de la farine & du fel , qu'on offroit en acrifice; & les facrifices s’appelloïent adorea fzcrifcta: ADORATION, f. f. ( Théol. ) l’aëlion de rendre à “un être les honneurs divins. Voyez D'TEU. Ce mot eft formé de la prépoñtion Latine ad &e dé 144 ADO 05 , la bouche‘; ainfi adorare dans fa plus étroïte fipni- fication veut dire approcher {a main de fa bouche , “nanum ad os admovere, comme pout la baïfer ; parce ‘qu’en effet dans tout l'Orient ce gefte eftune des plus grandes marques de refpeët & de foûmifon. Le terme d’adorarion efl équivoque , &c dans plu- fiers endroits de l’Ecriture, il eft pris pour la mar- que de vénération que des hommes rendent à d’au- tres hommes ; comme en cet endroit où il eft parle “de la Sunamite dont Elifée reflufcita le fils. Vers ile, € corruit ad pedes ejus , € adoravit fuper terram. Reg, TV. cap. 17. v. 37. Mais dans fon fens propre , adoration fignifie le culte de latrie, qui n’eft dû qu’à Dieu. Voyez CULTE & LATRIE. Celle qu’on prodigue aux idoles s'appelle idolatrie, Voyez IDOLATRIE. C’eft une expreffion confacrée dans l’Eglife Ca- tholique, que de nommer adorarion le culte qu'on rend , foit à la vraie Croix, foit aux Croix formées à l’image de la vraie Croix. Les Proteftans ont cen- furé cette expreflion avec un acharnement que ne méritoit pas l'opinion des Catheliques bien enten- due. Car fuivant la doë@rine de lEglife Romaine, ladorution qu’on rend à la vraie Croix, & à celles qui la repréfentent, n’eft que relative à Jefus-Chrift l'Homme-Dieu ; elle ne fe borne ni à la matiere , ni à la figure de la Croix. C’eftune marque de véné- sation finguliere & plus diftinguée pour l'infiru- ment de notre Rédemption , que celle qu’on rend aux autres images, ou aux reliques des Saints. Mais ileft vifible que cette adoration eft d'un genre bien différent, & d’un degré inférieur à celle qu’on rend à Dieu. On peut voir fur cette matiere l'Expo/tion de la Foi, par M. Bofluet, & décider fi l’accufation des Proteftans n’eft pas fans fondement. . LATRIE, CRroIx , SAINT, IMAGE, RELIQUE. | ADORATION , ( Hiff. mod. ) maniere d'éliré les Papes, mais qui n'eft pas ordinaire. L’éleétion par adoration Le fait lorfque les Cardinaux vont fubite- ment & comme entraînés par un mouvement ex- traordinaire à l’adoration d’un d’entre eux, & le pro- clament Pape. Il y a lieu de craindre dans cette forte d’éleétion que les premiers qui s’élevent n’entrainent les autres, & ne foient caule de l’éle&tion d’un fujet auquel on n’auroit pas penfé. D’ailleurs quand on ne feroit point entraine fans réflexion , on fe joint pour l'ordinaire volontairement aux premiers , de peur que fi l’éleétion prévaut , on n’encourre la co- Îere de l’élû. Lorfque le Pape eft élù , on le place fur l’Autel, &les Cardinaux fe profternent devant lui, ce qu’on appelle auffi l’adoration du Pape, quoi- que ce terme foit fort impropre , l’a@tion des Cardi- naux n'étant qu'une ation de refpett. ADORER , v. a. ( Théol. ) Ce terme pris felonfa fignification littérale 8c étymologique tirée du Latin, fignifie proprement porter à fa bouche,baifer fa main, ou baïfer quelque chofe : mais dans un fentiment de vénération & de culte : 2 j'ai vé le foleil dans fon état, & la lune dans fa clarté , © [if ai baifé ma main , ce qui ] | oïfeaux de proie à voler & revenir fur le poing ou au leurre; c’eft auffi les rendre plus familiers, &les tenir en fanté, en leur Ôtant le trop d’embonpoint. On dit dans le premier fens , l'affaiffage eft plus diffi- cile qu’on ne pere. AFFALE , terme de commandement; ( Marine. il eft fynonyme à fair baiffer. L’on dit affale les cargues- | fond. Voyez CARGUE-FOND. (Z) AFFALÉ , étre affalé fur La côte, ( Marine.) c’eftà. . dire, que la force du vent ou des courans porte le vaifleau près de terre , d’où il ne peut s'éloigner & courir au large, foit par l’obftacle du vent, foit par l’obftacle des courans ; ce qui le met en danger d’é- chouer fur la côte, & de périr. - AFFALER ,w. a@t. ( Marine.) affaler une manœuvres c’eft la faire baïfler. Voyez MaANœuUvRE. (Z) * AFFANURES, . £. pl. ( 4griculr. ) c’eft la quan- tité de blé que l’on accorde dans quelques Provinces | aux moïflonneurs êc aux batteurs en grange pour le prix de leur journée. Cette maniere de payer n’a plus lieu aujourd’hui, que quand le fermier manque d’ar- gent, & que les ouvriers veulent être payés fur le champ. AFFEAGER , v. a@. serme de Coftumes ; c’eft don- ner à féage, c’eft-à-dire, démembrer une partie de fon fief pour le donner à tenir en fief ou en roture. Foyez FÉAGE. (A) AFFECTATION. ff. Ce mot qui vient du Latin afféttare, rechercher avec foin, s'appliquer à diffé- rentes chofes. Afféttation dans une perfonne eft pro- prement une maniere d’être a@uelle , qui eft ou qui paroît recherchée, & qui forme un contrafte cho- quant , avec la maniere d’être habituelle de cette A perfonne, ou avec la maniere d’être ordinaire des anirés hommes. L’affééarion eft donc fouvent un ter me relatif & de comparaifon ; de maniere que ce qui eft afféttation dans une perfonne relativement à {on caradtere ou à fa maniere de vivre, ne l’eft pas dans une autre perfonne d'un caradere différent OU Op- pofé ; ainf la douceur eft fouvent affeélée dans un homme colere, la profufion dans un avare , Gc. La démarche d’un Maître à danier & se la Ait de ceux aw’on appelle petits Maïtres , eft une démar- che affdie 3 Metrsielle differe de la démarche or- dinaire des hommes , & qu’elle paroît recherchée dans ceux qui l'ont, quoique par la longue habitude elle leur foit devenue ordinaire & comme naturelle. Des difcours pleins de grandeur d’ame & de philo- fophie, font affééfation dans un homme qui, apres avoit fait fa cour aux Grands , fait le Philofophe avec fes égaux. En effet rien n’eft plus contraire aux maximes philofophiques, qu’une conduite dans la- quelle on eft fouvent forcé d'en pratiquer dé con- traires. ge Les grands complimenteurs font ordinairement pleins d’affetation, fur-tout lorfque leurs compli- mens s’adreflent à des gens médiocres ; tant parce qu’il n’eft pas vraiflemblable qu’ils penfent en effet tout le bien qu’ils en difent, que parceque leur vi- fage dément fouventleurs difcours ; de maniere qu’ils feroient très-bien de ne parler qu'avec un mafque. AFFECTATION, {. f. dans le langage & dans la converfation , et un vice aflez ordinaire aux gens qu’on appelle Peaux parleurs. Il confifte à dire en ter- mes bien recherchés, & quelquefois ridiculement choifis, des chofes triviales ou communes : c’eft pour cette raïfon que les beaux parleurs font ordinaire- ment fi infupportables aux gens d’efprit, qui cher- chent beaucoup plus à bien penfer qu'à bien dire, ou plûütôt qui croyent que pour bien dire, il fuit de bien penfer; qu’une penfée neuve, forte, juite, lu- mineufe , porte avec elle fon expreflion ; & qu'une penfée commune ne doit jamais être préfentée que pour ce qu'elle eft, c’eft-à-dire avec une exprefhon fimple. Affatlation dans Le ffyle, c’eft à peu près la même chofe que l’affeétation dans le langage, avec cette différence que ce qui eft écrit doit être naturellement un peu plus foigné que ce que lon dit, parce qu'on eft fuppofé y penfer mürement en l’écrivant ; d’où 1l s'enfuit que ce qui eft affeétation dans le langage ne left pas quelquefois dans le ftyle. L’afféélarion dans le ftyle eft à Paffe@ation dans le langage, ce qu’eft Faffectation d’un grand Seigneur à celle d’un homme ordinaire. J’ai entendu quelquefois faire l'éloge de cer- taines perfonnes, en difant qu'elles parlenr comme ur livre : ce que ces perfonnesdifent étoit écrit, cela pourroit être fupportable : maïsilme femble que c’eft ün grand défaut que de parler ainft; c'eft une marque prefque certaine que lon eft dépourvü de chaleur &c d'imagination : tant pis pour qui ne fait jamais de {o- lécifmes en parlant. On pourroit direque ces perfon- nes-là lifent toûjours, & ne parlent jamais. Ce qu'il y a de fingulier, c’eft qu'ordinairement ces beaux parleurs font de très-mauvais écrivains: la raïfon en éft toute fimple ; ou ils écrivent comme ils parle- roient, perfuadés qu’ils parlent comme on doit écri- re ; & ils fe permettent en ce cas une infinité de né- sligences &c d’expreffions impropres qui échappent, maloré qu’on en ait , dans le difcours ; ou ils mettent , proportion gardée, le même foin à écrire qu'ils met- tent à parler ; & en ce cas l’afféélation dans leur ftyle eft, fi on peut parler ainfi, proportionnelle à celle de leur langage, & par conféquent ridicule. (0) * AFFECTATION , ÀFFÉTERIE. Elles appar- tiennent toutes les deux à la maniere extérieure de fe comporter , & confftent également dans l’éloigne- ment du naturel; avec cette diférençe que l’afeita- FM, 7 tion a pour objet les penfées, les fentimens , le goût dont on fait parade, & que l’afférerie ne regarde que les petites manieres par lefquelles on croit plaire. L’affilation eft fouvent contraire à la fincérité : alors elle tend à décevoir; & quand elle n’eft pas hors de la vérité, elle déplaît encore par la trop grande attention à faire paroïître ou remarquer cet avantage. L’afférerie eft toùjours oppofée au fimple &z au naif: elle a quelque chofe de recherché qui déplaît fur-tout aux partifans de la franchifé : on la paffe plus aifément aux femmes qu'aux hommes. On tombé dans l’affriation en courant après l’efprit, & dans l'afférerie en recherchant des graces. L’affélation & Vafférerie font deux défauts que certains caraëteres bien tournés ne peuvent jamais préndre , & que ceux qui les ont pris ne peuvent prefque jamais perdre: La fingularité & laféétation {e font également re- marquer : mais il y a cette différence entr’ellés, qu’on contraëte celle-ci , & qu’on naît avec l’autre, 1l n’y a gueres de petits Maîtres fans affééfation, ni de pe: tites Maîtrefles fans afférerie. AFFECTATION, terme de Pratique ; fignifie l’impoi fition d’une charge ou hypotheque fur un fonds; qu’on affigne pour füreté d’une dette, d’un legs , d’us ne fondation, ou autre obligation quelconque. Affélañion , en Droit canonique, eft telle exception. ou réfervation que ce foit, qui empêche que le col- lateur n’en puiffe pourvoir à la premiere vacance qui arrivera ; comme lorfqu'il eft chargé de quelque mandat ,indult, nomination, ou réfervation du Pape, Voyez MANDAT ; INDULT ; NOMINATION, 6 RÉ- SERVATION. L’affeitation des Bénéfices n’a pas lieu en France, où les réfervations papales font regardées comme abufives. (AH) AFFECTÉ. Equation affectée, en Algebre , eft une équation dans laquelle la quantité inconnue monte à deux ou à plufeurs degrés différens. Telle eft, par exemple, l’équation +3 — px? + g x'= a? b, dans laquelle il y a trois différentes puifflances de x ; fa- voir x3, x2, & xt oux. Voyez ÉQUATION. Affèité fe dit aufli quelquefois en Algebre, en par- Jant des quantités qui ont des coefficiens : par exem- ple, dans la quantité 2 à, a eft affilé du coefficient 2. Voyez COEFFICIENT. On dit aufli qu'une quantité Algébrique eft affectée du figne + ou du figne —, ou d’un figne radical, pour dire qu’elle a le figne + où le figne —, ou qu’elle renferme un figne radical. Voyez RADICAL, &c.(0) AFFECTION , f. f pris dans fa fignification natu- telle & littérale, figniñie fimplement un attribut par- ticulier à quelque fujet, & qui naît de Pidée que nous avons de fon effence. Voyez ATTRIBUT. Ce mot vient du verbe Latin affrcere, affe£ter, l’at- tribut étant fuppoté affecter en quelque forte le fjet pat la modification qu'il y'apporte. Affetion en ce fens eft fynonyme à propriéré, ou à ce qu'on appelle dans les écoles proprium quarto mo do. Voyez PROPRIÉTÉ, Gc. Les Philofophes ne font pas d’accord fur le nombre de claffes des différentes afféchions qu’on doit recons noitre. Selon Ariftote, elles font, ou /xbordonnantes, oùt fubordonnées. Dans la premiere claffe eft le mode tout feul ; & dans la feconde, le lieu, le tems, & les bor- nes du fujet. À Le plus grand nombre des Péripatéticiens parta gent les af ons en internes, telles que le mouve- ment & les bornes; & externes, telles que la place & le tems. Selon Sperlingins, il eft mieux de divifer les afféfions en fimples ou unies, & en féparées ou défunies. Dans la premiere clafle , 1l range la quanri- té, la qualité, la place, & le tems; &t dans l’autre, le mouvement le repos, 158 AFF Sperlingius paroît rejetter les horzes du nombre des affitions, & Ariflore & les Péripatéticiens, la quantité & qualité: mais il meft pas impoñlible de concilier cette différence, puifque Sperlingrus ne nie pas que le corps ne foit fini ou borné; n1 Ariftote &c {es fettateurs, qu'il n'ait le grantum & le quale. Is ne different donc qu’en ce que l’un n’a pas donné de rang propre & fpécial à quelques afféfions à qui l’au- tre en a donné. On diftingue auff les afféifions en affeitions du corps & affettions de l’ame. Les afféfions du corps font certaines modifications qui font occafonnées ou caufées par le mouvement en vertu duquel un corps eft difpoté de telle ou telle maniere. Voyez Corps, MATIERE, MOUVEMENT, MODIFICATION, Éc. On fubdivife quelquefois les afhclions du corps en premieres & fecondares. | Les affétions premieres font celles qui naïffent de l’idée de la matiere, comme la quantité & la figure ; ou de celle de la forme , comme la qualité & la puif- fance ; ou de l’une & l’autre , comme le mouvement, le lieu, :& le tems. Voyez QUANTITÉ, FIGURE, QUALITÉ, PUISSANCE, MOUVEMENT, LIEU, TEMS. Les fecondaires ou dérivatives font celles qui naïf- fent de quelqu’une des premieres, comme la divii- bilité, la continuité, la contiguité, les bornes , lim- pénétrabilité, qui naïflent de la quantité, la régula- : rité & l’irrégularité qui naïffent de la figure, la force . & la fanté qui naïffent de la qualité, &c. Voyez Dr- VISIBILITÉ , &c. Les affitions de l'ame font ce qu’on appelle plus ordinairement paffion. Voyez PASSION. Les afféétions méchaniques. ( Cet article fe trou- vera traduit au mot MÉCHANICAL AFFECTIONS qu’il faudra rapporter ici ). AFFECTION , terme qu’on employoit autrefois en Géométrie , pour défigner une propriété de quel- que courbe. Certe courbe a relle affection , eft la même chofe que certe courbe a telle propriété. V. CouR8E. (0) *AFFECTION , ( Phyftol. ) {e peut prendre en gé- néral pour limpreffion que les êtres qui font ou au- : dedans de nous , ou hors de nous , exercent fur notre ame. Mais l’affeilion fe prend plus communément pour ce fentiment vif de plaifirou d’averfion que les objets , quels qu'ils foient , occafionnent en nous ; on dit d’un tableau qui reprefente des êtres qui dans la nature offenfent les {ens , qu'on en eft affecté de- agréablement. On dit d’une aétion héroïque , ou plütôt de fon récit , qu’on en eft afkéé délicieufe- ment. Telle eft notre conftruéion qu'a l’occafon de cet état de l’ame, dans lequel elle reffent de l’amour ou de la haine, ou du goûtou de l’averfon, il fe fait dans le corps des mouvemens mufculaires , d’où, felon toute apparence , dépend l’intenfité , où ia rémiffion de cesfentimens. La joie n’eft jamais fans une grande dilatation du cœur , le pouls s’éleve, le cœur palpi- te, juiqu'à fe faire fentir ; la tranfpiration eff fi forte qu'elle peut être fuivie de la défaillance 87 même de la mort. La colere fufpend ou augmente tous les mouvemens, furtout la circulation du fang ; ce qui rend le corps chaud , rouge , tremblant, Les .. oril eft évident que ces fymptomes feront plus ou moins violens , felon la difpofition des parties & le mé- chanifme du corps. Le méchanifme eft rarement tel que la liberté de lame en foit fufpendue à l’occa- fion des imprefions. Mais on ne peut douter que cela n'arrive quelquefois: c’eft dans le méchanifme du corps qu'il faut chercher la caufe de la différence de fenfbilité dans différens hommes, à l’occafon du même objet, Nous reflemblons en cela à des inftrumens de mufique dont les cordes font diveri fement tendues ; les objets extérieurs font la fonc- tion d’archets fur ces cordes, & nous rendons tous des fons plus ou moins aigus. Une piquûre d’é- pingle fait jetter des cris à une femme mollement élevée ; un coup de bâton rompt la jambe à Epic- tete fans prefque l’émouvoir. Notre conftitution ; notre éducation, nos principes , nos fyftèmes , nos préjugés, tout modifie nos afhélions , & les mouve- mens du corps qui en font les fuites, Le commence- ment de l’afeéioz peut être fi vif, que la Loi qui le qualifie de premier mouvement , en traite les effets comme des aëtes non libres. Mais il eft évident par ce qui précede , que le premier mouvement eft plus ou moins durable , felon la différence des conftitu: tions, & d’uneinfinité d’autres circonftances. Soyons donc bien réfervés à juger les ations occafionnées par les paflions violentes; Il vaut mieux être tropin- dulgent que trop févere ; fuppoferde la foibleffe dans les hommes que de la méchanceté, & pouvoir rap: porter fa circonfpeétion au premier de ces fentimens plütôt qu’au fecond ; on a pitié des foibles ; on détefte les méchans , &c 1l me femble que l’état de la commi: fération eft préférable à celui de la haine. AFFECTION, ez Medecine, fignifie la même chofe que zzaladie, Dans ce fens ; Ôn appelle une maladie hyftérique une affection kyflérique, une maladie mélan- cholique ou hypochondriaque , uze affeilion mélan- cholique ou hypochondriaque. Voyez HYSTÉRIQUE , MÉLANCHOLIQUE, Gc. (N) s AFFÉRENT , adj. serme de pratique, qui n’eft ufité qu'au fémnin avec le mot part : la part afférente dans une fucceffion eft celle qui appartient & revient de droit à chacun des cohéritiers. ( AFFERMER , v.a@. serme de Pratique, qui fignifie prendre ou donner, mais plus fouvent donner à fer- me une terre, métairie, ou autre domaine, moyen- nant certain prix ou redevance que le preneur ou fermier s’oblige de payer annuellement. Voyez FERME. (4) AFFERMIR a bouche d’un cheval , y. a@. ( Mané: ge. ) ou lafférmir dans la main € fur les hanches ; c’eft continuer les leçons qu’on lui a données, pour qu'il s’accoûtume à l'effet de la bride , & à avoir les han- ches bafles. Voyez ASSURER. ( 7”) AFFERTEMENT, f. m. (Marine. )on fe {ert de ce terme fur l'Océan pour marquer le prix qu’on paye pour le loïage de quelque vaifleau. Sur la Méditer- ranée, on dit zaliffement : l’accord qui fe fait entre le propriétaire du navire & celui qui charge fes mar chandifes, s'appelle coztrat d'affèrtemene. AFFERTER, v. a@t. ( Marine.) c’eft louer un vaif- feau fur l'Océan. (Z AFFERTEUR , f. m. (Marine. ) c’eft le nom qu’on donne au Marchand qui loïe un vaïffeau, & qui en paye tant par mois, par voyage, ou par tonneau, au propriétaire pour le fret. Le Roi défend de donner aucun de fes bâtimens de mer à fret, que l’Afferteur ne paye comptant au moins la dixieme partie du fret dont on fera conve- nu. (Z) | | AFFEURAGE , f. serme de Coétumes, Voyez Ar- FORAGE , qui eftla même chofe. AFFEURER , ( Commerce. ) vieux mot de Com- merce qui figmifie , wertre les marchandifes & les den- rées qui S'apportent dans les marchés à un certain prix les taxer, les eflimer. Voyez AFFORAGE. ( G) AFFICHES , 1. f. pl. serme de Palais, font des pla- cards que l’Huiffer procédant à une faifie réelle, eft obligé d’appofer en certaies endroits lors des criées qu'il fait de quatorzaine en quatorzaine de l’immeu- ble faifi, Voyez CRIÉE, & SAISIE RÉELLE. Ces affiches doivent contenir aufä-bien que le procès-verbal de criées, les noms, qualités, &c do- AFF miciles du pourfuivant & du débiteur , la defcrip- tion des biens faïfis, par tenans & aboutiffans , fi ce n'eit que ce foit un fief ; auquel cas, il fufit de le défigner par fon principal manoir, dépendances & appattenances. | | Elles doivent être marquées aux armes du Roi, & non à celles d’aucunautre Seigneur , à peine de nulli- té, 87 appoñées à la principale porte de l'Eglife paroif- fiale {ur laquelle eft fitué l'immeuble faifi ; à celle de la Paroïfle du débiteur, & à celle de la Paroïffe du fiége dans lequel fe pourfuit la faifie réelle. (Æ) AFFICHE , ez Librairie, eft un placard ou feuille de papier que l’on applique ordinairement au coin , des rues pour annoncer quelque chofe avec publici- té, comme jugemens rendus , effets à vendre , meu- bles perdus , livres imprimés nouvellement ou réim- primés , &c. Toute affiche à Paris doit être revêtue d’une permifion du Lieutenant de Police. Il eft une feuille périodique que l’on appelle AFr1r- CHES DE PARIS ; c’eft un afflemblage exaét de tou- tes les affiches , ou au moins des plus intéreflantes : elle renferme les biens de toute efpece à vendre ou à louer , Les effets perdus ou trouvés ; elle annonce les découvertes nouvelles , les fpeétacles, les morts , le cours & le change des effets commerçables, &xc, Cette feuille fe publie régulierement toutes les {e- maines. | AFFICHER, v. a. eft l’aétion d'appliquer une af fiche. Voyez AFFICHEUR. AFFICHEUR , f. m. nom de celui qui fait métier d'afficher. Il eft tenu de favoir lire &c écrire , & doit être enregiftré à la ChambreRoyale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs , avec indication de fa de- meure. Il fait corps avec les Colporteurs, & doit comme eux porter au-devant de fon habit une pla- que decuivre , {ur laquelle foit écrit AFFICHEUR. H lui eft défendu de rien afficher fans la permiffion du Lieutenant de Police. * AFFILÉ , adj. ( Ægriculr. ) Les Laboureurs défi- gnent par ce terme l’état des blés , lorfque les gelées du mois de Mars les ont fait fouffrir en altérant les fibres de la fane qui eft encore tendre , & qui ceffe par cet accident de prendre fon accroiflement en longueur & en diametre. * AFFILER , v. a@. (Jardinage. ) c’eft planter à la ligne, Voyez ALIGNER. AFFILER , ( cerme de Tireurs-d’or. ) c’eft difpoter lextrémité d’un fil d’or à pafler dans une filiere plus menue. Foyez FIREUR-D’OR. ÂAFFILER ( eme commun a prefque tous les Arts où lon ufe d'outils tranchans , & à prefque rous Les ouvriers qui les font. ) Ainfi les Graveurs affilenr leurs burins ; les Couteliers afflent leurs rafoirs, leurs couteaux , cifeaux & lancettes. Ce terme fe prend en deux fens fort différens. r°. Affiler , c’eft donner à un inftrument tranchant, tel qu un couteau; une lancette , :c. la derniere façon, en enlevant après qu'il eft poli , cette barbe menue &t très-coupante qui le borde d’un bout à l’autre , que les ouvriers appellent 07/1. 2°, Affiler, c'eft palier | fut la pierre à afféler un inftrument dont le tranchant veut être réparé , foit qu'il y ait bréche., foit qu’à force de travailler il {oït émouflé , en un mot un tran- chant qui ne coupe plus aflez facilement. Il y a gé- néralement trois fortes de pierre à afffer : une grofle pierre bleue ; couleur dardoïfe , & qui n’en eft qu’un morceau , fur laquelle on ôte le morfil aux couteaux quand ils font neufs ; & fur laquelle on répare leurs tranchans quand ils ne coupent plus. Cette pierre ne fertguere qu'à affiler les inftrumens dont 11 n°’eft pas né- ceffaire que le tranchant foit extrèmement fin. Pour les inflrumens: dont Île tranchant ne peut être trop fin, comme les rafoirs, on à une autre pierre blan- chätré plus tendre & d’un grain plus fin que la pre- AFF 159 miere , qui fe trouve en Lorraine : celle-ci fert À deux ufages. Le premier, c’eft d’enlever le mor- fil : le fecond , c’eft en ufant peu-à-peu les grains de l'acier , à rendre le tranchant plus fin qu'il n’a pàl’6- tre au lortir de defns la poliffoire ; auffi la pierre d’ar- doife n’at-elle pas plûtôt enlevé le morfil des cou- teaux &r des autres imftrumens auxquels elle fert, que ces inftrumens font afflés. {| n’en eft pas de même du rafoir, ni des autres outils qui veulent être pañlés fur la feconde pierre blanche ; qu'on appelle pierre à rafoir. L’ouvrier fait encore aller & venir doucement fon rafoir fur cette pierre lons-tems après que le mor: fl eft emporté. Il ya une troifieme Pierre qu’on ap- pelle pierre du Levant ; dont la couleur éft ordinaire! ment d’un verd très-obfcur, très-fale, & tirant par endroits fur le blanchâtre ; {on grain eft fin, & elle eft ordinairement très- dure : mais pour qu’elle foit bonne , on veut qu’elle foit tendre. C’eft une trou. vaille pour un ouvrier qu'une pierre du Levant d’u: ne bonne qualité. Cette pierre eft À lufage des Gra veurs ; 1ls aff/ent fur elle leurs burins : elle fert aux Couteliers qui affflent {ur elle les lancettes : en géne- ral elle paroït par la fineffe du grain, propre pour les petits outils 87 autres dont le tranchant doit être fort vif, & à qui on peut & on doit donner cette f- nefle de tranchant ; parce qu'ils ont été faits d’un acier fort fin &r à grain très-petit , & qu’ils font def. tinés à couper promptement & nettement. Il y à une quatrieme pierre du Levant d’un tout-à-fait beau verd, fur laquelle on repañle auff les petits outils , tels que les lancettes, & dont les ouvriers font grand cas quand elle eft bonne. Pour repailer un couteau , on tient la pierre de là main gauche | & l’on appuie deffus la lame du couteau qui fait avec la pierre un angle aflez confi- dérable : de cette maniere {a lame prend fur la pierre & perd fon morfil. On fait aller & venir quatre à cinq fois Le tranchant fur la pierre, depuis le talon jufqu’à la pointe , fur un des plats en allant, & fur l'autre plat en revenant ; la pierre eft à fec. Le ra- loir s’affile entierement à plat: & fa pierre à rafoir eft arrofée d'huile, Mais comme le morfil du rafoir eft fin, que le grain de la pierre eft fin, & que la la- me du rafoir va & vient à plat fur la pierre , il pour- roit arriver que le morfil feroit long-tems à fe déta- cher. Pour prévenir cetinconvénient , l’ouvrier paffe légerement le tranchant du rafoir perpendicutaire- ment fur l’ongle du pouce : de cette maniere le morfil eft renverfé d’un où d’autre côté, & la pierre l’en- leve plus facilement. La lancette ne s’affle pas tout- a-fait tant à plat que le rafoir ; la pierre du Levant eft aufh arrofée d’huile d'olive , & la lancette n’eft cenfée bien afäilée par l’ouvrier, que quandelle entre par fon propre poids & celui de fa chafle, & fans faire le raoimdre bruit , fur un morceau de canepin fort fin que l’ouvrier tient tendu entre les doigts de la main gauche.Il ya des infirumens qu’on ne paffe point fur la pierre à affiler, maïs fur lefquels au contraire on appuie la pierre. C’eft la longueur de l’inftrument , & la forme qu’on veut donner au tranchant, qui dé- terminent cette maniere d’affer. _ AFFILEATION , ff. (Jurifpr.) s'eft dit par les Ecrivains du moyen Âge pour adoprion, Voyez AbOP- TION. : | Chez les anciens Gaulois Paffliation étoit une adoption qui fe pratiquoit feulement parmiles grands. Elle fe faifoit avec des cérémonies militaires, ES pere préfentoit une. hache de combat à celui qu'il Vouloit adopter pour fils, comine pour lui faire en- tendre que c’étoit par les armes qu'il devoït fe con- ferver la fuccefion à laquelle il lui donnoit droit. ( #7). * AFFINAGE , {m. ( Ars méchaniques.) {e dit en général de toute manœuvre par laquelle on fait paf- Îer une portion de matiere, folide furtout, quelle 160 AFF qwelle foit d’ailleurs, d’un état à un autre, où elle eft plus dégagée de parties hétérogenes , &e plus pro- pre aux ufages qu’on s’en promet, Le fucre s’affine ; le fer s’affne ; le cuivre s’affne, &cc. Je dis we por- sion de matiere folide, parce que l’affinage ne {e dit pas des fluides : on les clarifie ; on les purifie, Éc. mais on ne les affine pas. | L’AFFINAGE des métaux ( Chimie. ) fe pratique différemment en différens pays, & felon les différen- tes vües de ceux qui affénent. Il y a pour l'argent l’affinage au plomb , qui fe fait avec une coupelle bien feche qu’on fait rougir dans un fourneau de re- verbere ; enfuite on y met du plomb. La quantité du plomb qu’on emploie n’eft pas la même par tout. On emploie plus ou moins de plomb , felon que lar- gent qu’on veut coupeller eft foupçonné d’avoir plus ou moins d’alliage. Pour favoir la quantité de plomb qu’on doit employer , on met une petite partie d’ar- gent avec deux parties de plomb dans la coupelle ; & fi on voit que le bouton d'argent n’eft pas bien net, on ajoûte peu à peu du plomb jufqu’à ce qu’on en ait mis fuffifamment ; enfuite on fuppute la quan- tité de plomb qu’on a employée , & on fait ainh com- bien il en faut pour affiner l'argent ; on laiffe fondre le plomb avant que de mettre l'argent, & même il faut que la litarge qui fe forme fur le plomb fondu, {oit fondue nr - c’eft ce qu’on appelle en terme d'Art, le plomb découvert ou en nappe. Si on y met- toit l'argent plûtôt, on rifqueroit de faire fauter de la matiere : au contraire on tardoit plus qu’il ne faut pour que le plomb foit découvert , on gâteroit Popération; parce que le plomb {eroit trop diminué par la calcination. Le plomb étant découvert, on y met largent. Si on enveloppe l’argent , il vaut mieux l’envelopper dans une lame de plomb , que dans une feuille de papier ; parce qu'il feroit à craindre que le papier ne s’arrêtat à la coupelle. L'argent dans la coupelle fe fond , & tourne fans cefle de bas en haut & de haut en bas, formant des globules qui groffiffent de plus en plus à mefure que Ta mafle diminue; & enfin ces globules , que quel- ques-uns nomment ffeurs , diminuent en nombre, &c deviennent fi gros, qu'ils fe réduifent à un qui cou- vre toute la matiere, en faifant une corrufcation ou éclair, & refte immobile. Lorfque l’argent eft dans cet état, on dit qu’z/ fait l’opale | &t pendant ce tems il paroït tourner. Enfin on ne le voit plus remuer ; il paroît rouge ; il blanchit, & on a peine à le dif- tinouer de la coupelle ; & dans cet état 1l ne tourne plus. Si on le tire trop vite pendant qu'il tourne en- core , l'air le faififfant il vegette, & il fe met en fpi- ralle ou en mafle hériflée, & quelquefois il en fort de la coupelle. Il y a quelques différences entre la façon de cou- peller en petit, & celle de coupeller en grand: par exemple , lorfqu’on coupelle en grand ; on fouffle fur la coupelle pendant que argent tourne , pour le dégager de la litarge; on préfente à la li- farge un écoulement, en pratiquant une échancrure au bord de la coupelle, & on retire la litarge avec unrateau; ce qui fait que lorfque ouvrier ne tra- vaille pas bien, ontrouve du plomb dans la litarge , &c quelquefois de Pargent ; ce qui n’arrive pas, êc ce qu’on ne fait pas lorfqu’on coupelle en petit. Il faut dans cette opération compter fur feize parties de plomb pour chaque partie d’alliage. L’affinage de l'argent au falpetre fe fait en faifant fondre de l’argent dans un creufet dans un fourneau à vent ; lorfque l’argent eft fondu , c’eft ce qu'on ap- pelle Za matiere ef? en bain : l'argent étant dans cet état, on jette dans le creufet du falpetre , & on laïfle bien fondre le tout enfemble ; ce qu'on appelle #ra/er bien la matiere en bain, : Onretire le creufet du feu, & on verfe par incli- nation dans un baquet plein d’eau où l’argent fe met en grenaille, pourvü qu’on remue l’eau avec un ba- lai ou autrement : fi l’eau eft en repos , l’arsent tom- be en mafñle, | | On fond auffi l'argent trois fois, en y mettant du falpetre & un peu de borax chaque fois ; & la troi- fieme fois , on laifle refroidir le creufet fans y tou- cher, & on le verfe dans une lingotiere ; enfute on le cafe, & on y trouve un culot d’argent fin : les {cories qui font deflus , font compofées du falpetre & de l’alliage qui étoit dans argent. Deux onces de falpetre & un gros de borax cal- ciné par marc d'argent , ce qu’on réitere tant que les fcories ont de la couleur. On peut affiner l’or par le nitre , comme on affine par ce moyen l'argent, fi ce n’eft qu'il ne faut pas y employer Le borax,parce qu’ilgâte la couleur delor : l'or mêlé d’argent ne peut s’affiner par le falpetre. L’affénage de l’or fe fait en mettant fondre de l’or dans un creufet, & on y ajoûte peu à peu, lorfque Por eft fondu , quatre fois autant d’antimoine : lor{- que le tout fera dans une fonte parfaite, on verfera la matiere dans un culot, & lorfqu’elle fera refroi- die , on féparera les fcories du métal ; enfüite on fera fondre ce métal à feu ouvert pour en diffiper l’anti- moine en foufflant ; ou pour avoir plütôt fait, on y jettera à différentes reprifes du falpetre. L’antimoine n’eft meilleur que le plomb pour aff- ner or, que parce qu'il emporte l'argent , aulieu que le plomb le laifle , & même en donne. Il y a l’affrage de l’or par l’inquart qui fe fait par le moyen de l’efprit de nitre, qui diffout l’alliage de l'or & l'en fépare. Cet affinage ne fe peut faire que lorfque l’alliage furpañle de beaucoup en quantité l'or ; il faut qu'il y aitle quart d’or : 1l fe peut faire lorfqu'il y en a plus ; il ne fe fait pas fi bien lorfqu'il y en a moins. On affine aufli l’or par la cimentation , en met- tant couche fur couche des lames d’or & du ciment compolé avec de la brique en poudre , du felammo- mac & du fel commun, & on calcine le tout au feu : il y en a qui mettent du vitriol; d’autres du verd de gris, c. Affiner, V, a. rendre plus pur: affiner l'argent , c’eft purifier ce métal de tous les métaux qui peuvent lui être unis, en les féparant entierement de lui. Affiner eftauffi neutre : on peut dire l'or s’affine, cc. Affineur , {. m. celui qui affine l'or & l'argent, &c. Affnerie , {. f. lieu où l’on rend plus purs les mée- taux , le fucre, &c. Affinerie fe dit auffi du fer affre. On peut dire , j'ai acheté tant de milliers d’affinerie. Il y en a qui difent raffiner, raffinement , raffineur & raffiné: mais ces mots font plus propres dans le moral que dans le phyfique. Voyez fur ces différentes affineries les articles des métaux. AFFINAGE, terme de Filaffier. Voyez; CHANVRE 6 AFFINER. AFFINER, v. neut. serme de Marine. On dit Ze tems affiné : c’eft-à-dire qu'il n’eft plus f. fombre ni fi chargé, & que l’air commence à s’éclarcir. Le tems s'étant affiné, nous découvrimes deux vail[eaux qui éroient fous le vent a nous, auxquels nous donnämes chaffe jufqu'an foir. Voyez TEMS. (Z) AFFINER, en terme de Cloutier d'épingle, c’eft faire la pointe au clou, en le faifant pañler fur le meule. Voyez MEULE. e AFFINER, c’eft la derniere façon que les Filaffrers donnent au chanvre pour le rendre aflez fin & aflez menu, pour en pouvoir faire du fl propre à toutes fortes d'ouvrages. Voyez CHANVRE. AFFINERIE : on donne le nom d'afirerie, aux bâtimens, où les ouvriers affineurs travaillent. Par conféquent il y a des bâtimens d'afrerie de fu- Te; cre, dés affineries de fer, des affneries de cuivre, *e, Voyez FER , SUCRE, FORGE, 6. 8&c en général les articles qui portent le nom des différentes matieres à affiner ; la maniere dont on s’y prend pour les aff- ner, avec la defcription des outils & des bâtimens appellés affneries. Par exemple, Forges, Planche 9. pour l'affinage du fer. * AFFINEUR , m. (4rrs méchan.) C’eft le nom que l’on donne en général à tout ouvrier entre les mains duquel une fubftance folide, quelle qu'elle {oit, pafle pour recevoir une nouvelle modification ” qui la rende plus propre aux ufages qu'on en tirera. Ainf les fucreries ont leurs affireurs & leurs afline- ties. Il en eft de même des forges, &c de toutes les manufadures où l’on travaille les métaux & d’autres fubftances folides qui ne reçoivent pas toute leur perfedion de la premiere main d'œuvre. AFFINEUR , à la Monnoie, appellé plus commune ment Effayeur, Voyez ESSAYEUR. AFFINOIR : les Filafliers donnent ce nom au fe- tan qui, plus fin qué tous les autres, fert à donner la derniere façon à la filafle pour la rendre en état d’être filée. Voyez la fig. PI, du Cordier. AFFINITÉ,, £. f. (Jurifprud.) eff la haïfon qu fe contraéte par mariage entre l’un des conjoints , & Les parens de l’autre. a Ce mot eft compofé de la prépofition latine 44, & de fines, bornes, confins , limites ; c’eft comme fi l’on difoit que l’affziré confond enfemble les bornes qui: {éparoïent deux familles, pour n’en faire plus qu’une, ou du moins faire qu’elles foient umies enfemble. Affinité eft différent de confanguinité, Voyez CON- SANGUINITÉ: | | Dans la loi de Moyfe il y avoit plufeurs degrés d’afféniré qui formoient des empêchemens au matia- ge, lefquels ne femblent pas y faire obftacle en ne _ fuivant que la loi de nature. Par exemple, il étoit défendu ( Levis. c. xviui. y. 26.) d’époufer la veuve de fon frere, à moins qu'il ne fût mort fans enfans ; auquel cas le mariage étoit non-feulèment permis, mais ordonné. De même il étoit défendu à un mari d’époufer la fœur de fa femme, lorfque celle-ci étoit encore vivante ; ce quinéanmoins étoit permis avant la prohibition portée par la loi; comme il paroït par T’exemple de Jacob. Les anciens Romains n’avoient rien dit fur ces ma- riages ; & Papinien eftle premier qui en aït parlé à l’occafon du mariage de Caracalla. Les Jurifconful- tes qui vinrent enfuite étendirent fi loin les laïifons de l’affirité, qu'ils mirent l'adoption au même point que la nature. Voyez ADOPTION. L’affniré, fuivant les Canoniftes modernes, éft un empêchement au mariage jufqu’au quâtrieme degré inclufivement ; maïs feulement en ligné directe, êc non pas en ligne collatérale. Af£nis mei affinis, non ef? affinis meus. V. DEGRÉ, DIRECT, COLLATERAL. - Il eft à remarquer que cet empêchement ne reéful- te-pas feulement d’une affriré contraëtée par maria- ge légitime , mais auffi de celle qui left par un com- merce illicite; avec cette différence pourtant que celle-ci ne s'étend qu'au deuxieme degré inclufive- ment ; au lieu que l’autre, comme on l’a obfervé, s'étend julqu'au quatrieme. Voyez ADULTERE, CoN- IQUEINE NC Re Les Canoniftés diftinguent trois fortes d’afférire : la premiere eft celle que nous avons définie, & celle qui fe contraéte. entre le mari & les parens de fa femme, & entre la femme & les parens du mari. La feconde entre le mari & les alliés de lafemme, & entre la femme & les alliés du mar. La troifieme, entre le mari & les alliés des alliés de fa femme, & entre la femme & les alliés des al= liés du mari. | 14 AGD | Tome E, AFF 161 Maïs le IV® Concile de Latran , tenu én 1213 , ju- _ géa qu'il ny avoit que l’affriré du premier genre qui produisit uné véritable alliance ; &c que les deux au- tres efpeces d’affnité n'étoient que des rafinemens qu'il falloit abroger. €, 202 déber, Tir, de confang. Gaffin. 1 Les degrés d’affiniré fe comptent comme ceux de parénté ; & conféquemment autrement dans le Doit canon , que dans le Droit civil. Voyez DEGRE. _ Il y a eñcore une affinité ou cognation fpirituelle y qui eft celle qui fe contraéte par le facrement de bap= tème & de confirmation. En conféquence de cette’ affinité le parrein he peut pas époufer fa filleule fans difpenfe. Voyez PARREIN , BAPTEME, Gc, on: AFFINS, rerme de Droir, vieilli: ce mot avoit été francifé & étoit fynonyme à a/iés qui fe dit des per- fonnes de deux familles diftinftes, mais attachées féulement lune à Pautre par les liens de l’afhmité. (47) AFFINITÉ , ez matiere de Sciences, V. ANALOGIE, | AFFIRMATIF , affirmative , adj. Il y a en Alge- bre des quantités affirmatives ou pofitives. Ces deux mots réviennent au même, Voyez QUANTITÉ 6 POSITIENNENT | Le figné ou le caraétere affrmatif eft +, (0) . AFFIRMATIF, adj. ( Théol.) fe dit fpéciälément à l’Inquifition , des herétiques qui avotient les fenti- mens érronées qu'on leur impute ; &c qui à leurs in= térrogatoires lès défendent & les foûtiennent avec force. Voyez INQUISITION 6 HÉRÉTIQUE. (G). AFFIRMATION, £ f. au Palais, eft la déclara- tion que fait en juftice avec ferment l’une des parties litigantes. Voyez SERMENT. L’affirmation eft de deux fortes : celle qui fe faiten matiere civile, & celle quife fait en matiere crimi- nelle. C’eft uné maxime de notre Droit que l’affir- thatioñ né fauroit être divilée ; c’eft-à-dire qu'il faut faire droit fur toutes les parties de la déclaration, & non pas avoir égard à une partie & rejetter l’au- tre. Si par exemple une partie à qui on défere le fermént en juftice fur la queflion de favoir fi elle a reçûù uñ dépôt qu’on lui redemande, répond qu’elle l'a recù ; mais qu’elle l’a reftitué depuis ; on ne pourra pas en conféquence de l’aveu qu’élle fait de lavoir reçû , la condamner à reftituer : il faudra au contraire la décharger de la demande à fin de reflitution, en conféquence de ce qu’elle affirme avoir reflitué ; mais cette maxime ne s’obferve qu'en matiere civile : en matiere criminelle, com- me lafférmarion ne fuffit pas pour purger l’accuié , ün fe fert contre lui de fes aveux pour opérer fa conviction, fans avoir toüjours épard à ce qu'il dit à fa décharge. Si, par exemple, un homme accufé de meurtre avoué avoir menacé la perfonne qui de- puis s’eft trouvé tuée, quoiqu'il afirme que ce n’eft pas lui qui la tuée , la préfomption qui refulte de fa menace , ne laiflera pas d’être regardée com- me un admimiculé où commencement de preuve, nonobftant ce qu'il ajoûte à fa décharge. Et même en matiere civile , lorfque Paffrmarion n’eft pas litis-décifoire, commeïfont les déclarations que fait une partie dans fes défenfes fans preftatiôn de ferment , ou même celles précédées de’ prefta- tion de ferment dans un intériogatoire fur faits & articles; le Juge y aura feulement tel égard que'de, raifon. . ” | | Li En Angleterre on fe contente d’une fimple ‘fire mation fans ferment de la part des Quacres, qui 1oû: tiennent qué le ferment eft abfolument contraire! à là loi de Dieu. foyez QUACRE 6 SERMENT: Cette fecte y caufa beaucoup de trouble par fon oppoñition déclarée à toutes fortes de fermens, & fpécialement par le refus qu'ils firent de prêter le ferment de fidélité exigé par Charles II. jufqu'à ce qu'en 1680. le Parlement fit un AGe qui por- é 21 6 AFF toit que leur déclaration folemnelle d'obéiffance & de fidélité vaudroit le ferment ordinaire. Voyez DE: CLARATION & FIDELITÉ. "rt En 169$, ils obtinrent pour un tems limité, un autre Ade, portant que leur affrmarion folemnelle vaudroit ferment dans tous les cas où le ferment eft folemnellement prefcrit par la loi ; excepté dans les matieres criminelles, pour pofléder des charges de judicature , des poftes de confiance & des em- plois lucratifs : laquelle affrmation devoit être con- çue encette forme :.»je N. en préfence de Dieu » tout-puiflant, témoin de la vérité de ce que j'at- # tefte; déclare que, &c. : Dans la fuite cet Aûe fut renouvellé & confirmé | pour toùjours. Mais la formule de cette afirmation n'étant pas encore à leur gré comme contenant en fubftance tout ce qui fait leflence du ferment , ils {olliciterent le Parlement d’y faire quelques change- mens, à quoi ils parvinrent en 1721 , qu'on la retifia de la maniere qui fuit, à la fatisfaétion univerfelle de tous les Quacres : »je N. déclare & affirme fince- » rement, folemnellement & avec vérité ». À préfent on fe contente à leur égard de cette formule , de la maniere pourtant, & en exceptant les cas qu'on vient de dire en parlant de la formule de 1695. Et celui qui après une pareille affärmation dépoieroit faux, feroit réputé coupablede parjure , & punifla- ble comme tel. Voyez PARJURE. AFFIRMATION , en termes de bureaux, eft la dé- claration qu’un comptable met à la tète de fon com- pte pour le certifier véritable. Selon l’ufage des bu- reaux , l'affirmation fe met au haut de la premiere page du compte, & à la marge en forme d’apoftille. Ce terme fe dit aufli du ferment que fait le com- ptable, lorfqu'il préfente fon compte à la Chambre des Comptes en perfonne , & qu'il afñrme que tou- tes les parties en font véritables. Voyez INTERRO- GATOIRE (À). AFFLICTION, ff. (Med.) pafñion de lame, qui influe beaucoup fur le corps. L’afliülion produit ordinairement les maladies chroniques. La phthifie eft fouvent la fuite d’une grande affitlion. Voyez CHAGRIN. (N) * AFFLICTION , chagrin, pare | fynonymes. L’affliélion eft au chagrin , ce que lhabitude eft à late. La mort d’un pere nous 4flise ; la perte d’un procès nous donne du chagrin ; le malheur d’une perfonne de connoïffance nous donne de la peine. L'affiétion abat ; le chagrin donne de l’humeur ; la peine attrifte pour un moment : laflifion eft cet état de triftefle & d’abattement , où nous jette un grand accident, & dans lequel la mémoire de cette accident nousentretient. Les affligés ont befoin d’a- mis qui les confolent en s’aflligeant avec eux ; Les petfonnes chagrines de perfonnes gaies, qui leur donnent des diftraétions ; & ceux qui ont une peine, d’une occupation , quelle qu’elle {oit , qui détourne leurs yeux, de ce qui Les attrifte, fur un autre objet. AFFLUENT , adj. terme de rivieres ; fe dit d’une riviere qui tombe dans une autre : la riviere de Marne afflue dans la Seine..Confluenr{e dit des deux rivieres x. & affluent de l’une ou de l’autre. Au Coz- fluent de la Marne &c de la Seine. A Paffuent de la Marne dans la Seine. AFFOLCÉE , bouffole , aiguille affolcée ; ( Marine.) c’eft l’épithete de toute aiguille défeétueufe, & tou- chée d’un aimant qui ne l’anime pas aflez , ou qui ne lui donne pas la. véritable direétion , indiquant mal le Nord , & ayant d’autres défauts. Foyez Bous- SOLE, (Z: AFFORAGE, {. serme de Droit, qui {e prend dans deux fienifications différentes : dans les Coûütumes où al x employé, äl fignifie un droit qu’on paye au Seigneur, pour avoir droit de vendre du vin, du cidre, où autre liqueur dans étendue de {a feignen: rie, fuivant le prix qui y a été mis par fes Officiers. Et dans l’ordonnance de la Ville, du mois de Dé- cembre 1672, il fignifie le tarif même de ces fortes de marchandifes fixe par les Echevins. Ce terme paroît venir du mot Latin forum, qui fisniñie marché. AFFOUAGE, f. serme de Coûtumes, qui fignifie le droit de couper du bois dans une forêt, pour fon . & celui de fa famille. Ce mot eft dérivé de Cu. AFFOUAGEMENT , f. m. rerme de Coftumes ufite dans la Provence, & en quelques autres endroits où les tailles font réelles : il fentfie l’état ou la lifte du: nombre de feux de chaque paroïfle, qu’on drefie à l'effet d’afleoir la taille avec équité & proportion. Ce mot eft dérivé du précédent. (H) AFFOURCEE, f. f. (cravail d'ancres.) anchre d’af- fourche, eft la troifieme ancre d’un vaifleau, Voyez ANCRE. AFFOURCHER , v. a. ( Marine. ) c’eft mouiller une feconde ancre après la premiere, de façon que une eft moullée à ftribord de la proue, & l’autre à bas-bord; au moyen de quoi les deux cables font une efpece de fourche au-deffous des écubiers, &t fe foulagent lun l’autre, empêchant le vaifleau de tour- ner fur fon cable; car l’une de ces ancres aflüre le: vaifleau contre le flot, & l’autre contre le jufan. On appelle cette feconde ancre, axcre d’affourche ou d’af- fourché. Voyez ANCRE , JUSAN, ÉCUBIER. AFFOURCHER 4 la voile; ( Marine.) c’eft porter l'ancre d’affourche avec le vaiffeau, lorfqu’il eft en- core fous les voiles. (Z) AFFRANCHI, en Latin Zbertinus, {. m.(Theol.) Ce terme fignifie proprement un efclave mus en li- berté ; dans les Aëes des Apôtres il eft parlé de Zz | fyragogue des affranchis , qui s’éleverent contre Saint Étienne , qui difputerent contre lui, & qui témoi- gncrent beaucoup de chaleur à le faire mourir. Les Interpretes font fort partagés fur ces libertins ou af- franchis. Les uns croyent que le texte Grec qui porte. Libertini, eft fautif, & qu'il faut lite Libyflini, les Juifs de la Libye voifine de l'Egypte. Le nom de Z- bertinin’eft pas Grec ; & les noms auxquels il eft joint dans les Aëtes, font juger que faint Luc a voulu dé- figner des peuples voifins des Cyrenéens & des Ale- xandrins : mais cette conjedture n’eft appuyée fur au- cun manufcrit ni fur aucune verfon que l’on fache. Joann. Druf. Cornel. à lapid, Mill. D’autres croyent que les affranchis dont parlent les A&es, étoient des Juifs que Pompée & Sofius avoient emmenés captifs de la Paleftine en Italie, lefquels ayant obtenu la liberté , s’établirent à Rome, & y demeurerent jufqu’au tems de Tibere, qui les en chafla , fous prétexte de fuperflitions étrangeres, il vouloit bannir de Rome & de l'Italie. Ces af- es pürent fe retirer en aflez grand nombre dans la Judée, avoir une fynagogue à Jérufalem, où ils étoient lorfque faint Étienne fut lapidé. Les Rabins enfeignent qu'il y avoit dans Jérufalem jufqu'à qua- tre cens fynagogues, fans compter le Temple. Œcx- menius Lyran. 6c, Tacit. Annal, lb. II. Calmet, Diéfionn. de la Bibl. Tom. I. lettre À , pag. 71.(G) AFFRANCHI, adj. pris fuit. dans le Droit Romain, étoitunnonveau citoyen parvenu à la. qualité d’honi- me libre par l’affranchiflement ou manumifon. #7. l'un G l’autre de ces deux mots. ar : L’affranchi, quoique forti de lefclavage par la ma- numifion , n’étoit pas exempt de tous devoirs énvers fon ancien maître , devenu fon patron. En général, il étoit obligé à la reconnoïffance , non-feulement par la loi naturelle qui exige fans diftinétion pour toute forte de bienfait ; mais auffi par la loïcivile qui lui en faïfoit un devoir indifpenfable , à peine de tentrer dans la fervitude : fi, par exémple ; fon pa: tron ou le pere ou la mere de fon patron étoient tombés dans l’indigence , il étoit obligé de fournir à leur fubfftance , felon fes facultés , fous peine de rentrer dans les fers. Il encouroit la même peine s’il avoit maltraité fon patron, ou qu'il eût fuborné des témoins contre luienjuitce. L’honneur que l’affranchi dévoit à fon patron etmn- pêchoit qu'il ne pût époufer fa mere, fa veuve ou da fille. | | | Le fils de l’affranchi n'étoit pas réputé afanchi , & étoit pleinement libre à tous égards. Voyez Lr- BERTIN. | BE be Quelques Auteurs mettent de la différence entre dibertus & libertinus , & veulent que lbertus fignifie celui même qui a été tiré de l’état de fervitude., & dibertinus , ke fils de l’affranchi : mais dans l’ufage tous les deux fignifient un affranchi. L’aéte par lequel un efclave étoit mis en liberté s’appelloit en Droit 14- Aumiffio, comme qui diroit dimiffio de manu, » affran- » chiflement de l’autorité d’un maître ». Voyez Ar- FRANCHISSEMENT: 4 Les affranchis confervoient leur nom, & le joi- gnoient au nom & au prénom de leur maitre ; c’eft aifi que le poëte Andronicus, affranchi de M. Livius Salinator , fut appellé M. Livius Andronicus. Les af- franchis portoient auf quelquefois le prénom de la perfonne à la recommandation de laquelle ils avoient obtenu la liberté. Ces nouveaux citoyens étoient diftribués “dans les tribus de la ville qui étoient les L 1 \ je moins honorables ;-on ne les a placés que très-rare- ment dans les tribus de la Campagne. Dès l’inftant de l’affranchiflement les efclaves fe coupoient les cheveux comme pour chercher dans cette offrande une jufte compenfation du don pré- cieux de la liberté qu'ils recevoient des Dieux, cette dépouille paffant dans toutel’antiquité payenne pour un préfent extrèmement agréable à la divinité, C'étoit un des priviléges des efclaves devenus ki: bres pat leur afranchiflement , que de ne pouvoir plus être appliqués à la queftion dans une affaire où leur maître {e feroit trouvé impliqué. Milon , accufé du meurtre de Clodius, fe fervit de cette précau- tion pour détourner des dépoñtions qui ne lui au- roient pas été favorables. Il aima mieux donner la liberté à des efclaves témoins du fait, que de s’ex- pofer à être chargé par des gens d’autant moins ca- pables de réfifter à la torture, qu’ils étoient prefque tous délateurs nés de leurs maïtres. La condition d’af franchis étoit comme mitoyenne entre celle des ci- toyens par droit de naïffance , & celle des efclaves ; plus libre que celle-ci, mais toutefois moins indé- pendante que la prenuere. ( G & Æ. . * AFFRANCHIR % pompe. ( Marine.) La pompe eft dite affranchie ou franche quand ayant jetté plus d’eau hors du vaiffleau qu'il n’y en entre, elle ceffe de travailler. Voyez FRANCHE 6 FRANCHIR. AFFRANCHISSEMENT , f. m. ( Jurifprud, ) eft laëte par lequel on fait paffer un efclave de l’état de fervitude à celui de liberté. Voyez, pour les différen- tes manieres dont on proceédoit à laffranchiflement d’un efclave chez les Romains, le mot MaAnumIS- SION. | Affranchiffement, dans notre Droit, eft la concef. fon d’immunités& d’exemptions d'impôts & de char- gés publiques, faite à une ville, une Communauté, ou à des particuliers. On le prend en Angleterre dans un fens analogue à celui-ci, pour l’aggrégation d’un particulier dans une Société ou dans un Corps politique, au moyen de laquelle 1l acquiert certains priviléges & certai- nes prérogatives. Aïnf on dit en Angleterre qu’un homme eft affran- ch, quand il a obtenu des Lettres de naturalifation, Tome I, LS AFF 163 au moyen defquelles il'eftréputé résnicole, ou des Patentes qui le déclarent bourgeois de Londres, ou de quelque autre ville. Voyez AUBAIN & NATURA- LISATION. (4) AFFRIANDER , v. aët, ( Chaffe. ) Afffiander l'oi- Jeau, en Fauconnerie, c’eft le faire revenir fur le leurre avec du pât de pigeonneaux où de poulets. AFFRONTAILLES , 1. f. pl. serme de Pratique ufité en quelques endroits pour fignifier les bornes de plu- fieurs hérirages aboutiflantes à celles d’un autre fonds. (4) | AFFRONTE » terre de Blafon ; c’eft le contraire d’adofjé ; 11e dit de deux chofes oppofées de front, comme deux lions, ou deux autres animaux. Gonac en Vivarès, de gueules à deux levrettes Es d'argent, accollées de fable, clouées d’or. AFFÜURAGE 07 AFFEURÉS, #. AFFORAGE. AFFUSION , f. £. ( Pharmacie.) L’affufion confifte d verter une liqueur chaude ou froide fur certains médicaments. Il y a des fubftances dont les infufñons &c les préparations doivent fe faire de cette façon pour n'en pas difliper les parties volatiles : telles font les infufions de creflon, de cochléaria, de bec cabunga, des plantes labiées, & de la plüpart des plantes aromatiques, comme l’abfinthe, la taneñe, la fantoline, l’aurone, 6:c. Sans cette précaution, on fe prive de l’huïle ef- fentielle & de l’efprit éreéteur ou incoercible, qui fait toute l'énergie de ces plantes. (N AFFUSTAGE, fm. (rerme de Chapelier. ) c’eft ainfi qu'on appelle lés façons que l’on donne aux vieux chapeaux en les remettant à la teinture, en leur rendant le luftre, ou en les redreffant fous les plombs, & fur-tout quand on les retourne, & qu’on leur donne une nouvelle colle. * AFFUSTAGE , ( Menuifiers , Charpentiers ; & au- tres ouvriers qui fe fervent d'outils en fer ) c’eft raccom- moder la pointe ou le taillant d’un outil émouflé, ou fur la meule, ou fur la pierre à repañer. * AFFUSTAGE, ( Métier. ) fe dit auffi de l’aflor- tiflement des outils néceflaires à ce métier. IL eft mal ou bien affzffé. Cette boutique eft bien on mal affuflée. Je ne fus pas affuflé ici pour cet ouvrage. AFFUT , f. m. eft un afflemblage de Charpente fur leauel on monte le canon, & qu'on fait mouvoir par le moyen de deux roues. Il fert à tenir le canon dans une fituation convenable pour faire aifément fon fervice. | L’affur eftcompofe de deux longues pieces de bois HI, K L, (P2 VI. de l'art, Milir, fig. 4.) qu'on nom- me fes flafques. Elles font chacune une efpece de li- gne courbée dont une des extrémités I eft immédfa- tement pofée à terre , & l’autre H eft appuyée fur l’axe ou l’effieu des roues , qu’elle déborde d’environ un pié. Les flafques font jointes l’une à l’autre par quatre pieces de bois appellées exreroifès. La premiere À eft appellée enrretoifé de volée ; la feconde C, ez- tretoife de couche ; la troïfieme D, extreroife de mire ; & la quatrieme G, qui occupe tout l'intervalle de la partie des flafques qui touche à terre, fe nomme ez- cretoife de lunete. On pratique dans les flafques entre. la partie qui répond à l’entretoife de volée, & celle qui répond à leflieu des roues de l’affut, des entail- les dans lefquelles on place les tourillons du canon. On pofe fur lestrois premieres entretoifes A,C,D, une piece de bois fort épaifle fur laquelle pofe la culafle du canon. Cette piece fe nomme /4 fémelle de l’afjut. La fig. 2. de la Planche VI, de l'art. Milir, fait voir le canon monté fur fon aflut. La fig. 3. de la même Planche repréfente le profil de l’affut dont A B eft une des flafques ; & /a fig. 4. le plan du même aflut. . Lorfqu’on veut mener le canon en FEES > QU ÿ 164 AFF le tran{porter d’un lieu à un autre ; on attache ün avant-train à la partie de ces flafques où eft l’entre- roife de lunete, comme on le voit, PZ FT. Arr. Mi. fig. 3. La figure 2. de la Planche VIF fait voir Le plan de lavanttrain, & de Pafut qui y eft joint ou attaché, Outre l’affut qu'on vient de faire connoïtre, qui ef le plus ordinaire , &qui fe nomme aff à roage, il y a des affurs de place; des marins , & des bérards , lefquels, au lieu des roues ordinaires , n’ont que des roulettes pleines qui fuffifent pour faire mouvoir le canon fur un rampatt ou fur de petits efpaces. Le:mortier a auf un afr pour la facilité du fer- vice, &pourle faire tenir plus folidement dans telle fituation qu'on veut. L’affut du mortier n’a point de roues, attendu qu’on ne tanfporte point le mortier fur fon affut, comme on y tranfporte le canon. On a imagine différentes fortes d’affurs de mortiers ; il y en a de fer,ilyena eu de fonte : maïs nous ne parlerons ici que du plus ordinaire. Il eft compofé de deux pieces de bois plus ou moins fortes & longues, fuivant la groffeur du mortier : on les appelle ffafques, comme dans le ca- non; elles font jointes par des entretoiles fort épaifles. Sur la partie fupérieure du milieu des flafques, 1 y a une entaille pour recevoir les tourillons du mortier; par-deffus chaque entaille , fe pofe une forte bande de fer appellée fs-barde , dont le milieu eft courbé en demi-cercle pour encaftrer Les tourillons , &c les tenir fortement joints ouattachés aux flafques de l’af- fut. Dans l'intérieur de chaque entaille eft une pa- reille bande de fer appellée, à caufe de fa pofition, fous-bande. Ces bandes font attachées aux flafques par de longues & fortes chevilles de fer ; quelquefois la fus-bande eft attachée aux flafques par une autre bande de fer, qui couvre chacune de fes extrémités, 1 y a fur le devant & fur le derriere des flafques , des efpeces de barres de fer arrondies qui les traverient de part & d’autre, & qui fervent à les {errer exaéte- ment avec les entretoïfes : c’eft ce qu’on appelle des boulons. Sur le devant des flafques ou de l’affut, 1ly a quatre chevilles de fer élevées perpendiculaire- ment entre lefquelles eft un morceau de bois, fur le- quel s’appuie le ventre du mortier, ou fa partie qui contient lachambre. Ce morceau de bois fert à foû- tenir le mortier lorfqu’on veut le faire tirer ; il eft appellé couffinet. Au lieu de chevilles pour le tenir, il eft quelquefois encaftré dans une entaille que Pon fait exprès vers l'extrémité des flafques. Lorfqu’on veut relever le mortier, & diminuer fon inclinaïfon furle couffinet, on introduit entre le mortier &r le couffinet un coin de mire , à peu près comme celui quffert à pointer le canon. On voit , P2 VII. de fortif. figure 8. un mottier À monté fur {on affut X. Traité d’Artillerie par M. le Blond. (Z) AFEUT , terme de Chaffe ; c’eft un lieu caché où l’on fe met avec un fufil prêt à tirer, & où on attend Le foir le gibier à la fortie d’un bois. On dit, 1l fait bon aller ce foir à l’affui; on va le matin à la rentrée, AFFUTER , v. a@. parmi les Graveurs, les Sculp- zeurs, @ autres ouvriers, efkfynonyme à arguifer. On dit, affuter les outils, pour aiguifer les outils. Voyez AIGUISER. | LesPeïntres & les Deflinateurs difent, affzrer les crayons pour dire , aiguifèr les crayons. | Pour affurer comme il faut les burins, il fuffit feu- lement de les aiguifer fur trois faces 4 b, a c, & fur le bifeau #6c d, (fig. 27. PI. IT, de Gravére. ) On aïiguife les faces 4b, a c, en les appliquant fur la pierre, & appuyant avec le doigt indice fur la face oppofée, comme omle voit dans la figure 6. & pouf {ant vivement le burin de » en z, & de cen d, & le ramenant de même. Après que les deux faces font aiguifées , on aiguife le bifeau « à 6 d, en Pappliquant AFR fur la pierre à huile , & le pouffant éctamenant plu: fieurs fois de e en f &t de fen e, ainfi q’on peut lé voir dans la figure 8. Il y a cette différenceentrew: guifer 8 affuter, qu’affuter {e dit plus ordinairement du bois & des crayons que des métaux , & qu'on aigui/e un inftrument neuf & un inftrument qui a déjà fervi; au lieu qu'on naffute gueres que Pinftrument qui a fervi. Aiguifèr défigne indiftinétement l’aétion de don- ner la forme convenable à l'extrémité d’un inftrus ment qui doit être aigu ; au lieu qu’afirer défigne la réparation de la‘même forme altérée par l’ufage. AFILIATION. Voyez AFFILIATION. 3 AFLEURER , v. a@, serme d’Architeëture , Ceft ré= duire deux corps faillans l’un fur lautre à une même furface : défafleurer , c’eft le contraire. On dit : cette porte, cette croïfée défafleure le nud du mur, lorfque l’une des deux fait reffaut de quelques lignes, & qu’alors il faut approfondir leurs fellures ou ôter 6 Ha épaifleurs pour détruire ce déjafleuremenr. p | AFRAISCHER , v.n.( Marine, ) Le vent afraiche: Les matelots {e fervent de ce mot pour direque le vent devient plus fort qu'il m'étoit. Ÿ. FRAISCHIR ; FRA1s. Ils marquent aufli par la même expreffion le défir qu’ils ont qu'il s’éleve un vent frais : afraicke, difent-ils. (Z) * AFRICAINE. Voyez ŒILLET-D'INDE. * AFRIQUE , ( Géog. ) l’une des quatre parties principales de la Terre. Elle a depuis Tanger jufqu'à _ Suez environ 800 lieues ; depuis le Cap-verd juf- qu'au cap Guardafui 1420 ; & du cap de Bonne-Ef: pérance jufqu’à Bone 1450. Long. 1-71. lat. mérid. 1-33. 6 lat. fept. 1-37. 30. On ne commerce gueres que fur les côtes de l’A-= frique ; le dedans de cette partie du monde n’eft pas _ encore aflez connu , & les Européens n’ont gueres Li] commencé ce commerce que versle milieu du x1v° fiecle. Il y en a peu depuis les Royaumes de Maroc & de Fés jufqu’aux environs du Cap-verd. Les éta- tabliflemens font vers ce cap & entre la riviere dé Sénegal & de Serrelionne. La côte de Serrelionne eft abordée par les quatre Nations : mais il n’y a que les Anglois & les Portugais qui y foient établis. Les Anglois feuls réfident près du cap de Miférado. Nous faifons quelque commerce fur les côtes de Ma- laguette ou de Greve : nous en faifons davantage au petit Dieppe & au grand Seftre. La côte d'Ivoire ou des Dents eft fréquentée par tous les Européens ; ils ont prefque tous aufli des Habitations &c des Forts à la côte d'Or. Le cap de Corfe eftle principal établif- fement des Anglois : on trafique peu à Afdres. On tire de Benin & d’Angole beaucoup de Negres, On ne fait rien dans la Cafrerie. Les Portugais font éta= blis à Sofala, à Mozambique , à Madagafcar. Ils font auffi tout le commerce de Melinde. Nous fuivrons les branches de ces commerces fous les différens ar= ticles CAP-VERD , SÉNEGAL, rc. * AFRIQUE , ( Géog. ) Port & Ville de Barbarié au Royaume de Tunis en Afrique. * AFRIQUE, ( Géog. mod. ) petite ville de France en Gafcogne , Généralité de Montauban. | AFSLAGERS, f. m. ( Commerce, )On nomme ain- fià Amfterdam les perfonnes établies par les Bour- guemaîtres pour préfider aux ventes publiques qui, {e font dans la Ville, y recevoir les encheres &c faire l’adjudication des cavelins ou partie de marchan- difes au plus offrant & dernier enchérifleur. L’4f- lager doit toùjours être accompagné d’un clerc de la Secrétairerie pour tenir une note de la vente. Les Commiflaires fe nomment auf Verdurmeefler, ou maîtres dela vente ; & c’eft ainfi qu’on les appel- le le plus ordinairement, Voyez VENDU MEESTER, (G) A G À APRES ÀGA, £.m. ( if mod ) dans le langage du Mo- bol, eit un grand Seigneur ou un Commandant. Les Turcs fe fervent de ce mot dans ce dernier fens ; ainf chez eux lAga des Janiffaires eft le Co- lonel de cette troupe. Le Capi-Aga eft le Capitame de la porte du Serrail. Voyez JANISSAIRE , CAPT- AGA. 4x , l Ils donnent auf quelquefois le titré d’Agz par politeffe à des perfonnes de diftinétion , fans qu’elles ayent de charge ni de commandement. Mais aux per- fonnes revêtues du titre d’Aga, par honneur &c par refpeét pour leur dignité , on emploie le mot d’4- garat , terme pluriel, au lieu de celui d’Age qui eft fingulier. Ainfi parmi nous , au lieu de vous , nous difons à certaines perfonnes votre Grandeur; & au lieu de je ,un Miniftre ou Officier Général écrit zous, êcc. En quelques occafions, au lieu d’Apz, ils difent Agafi où Agaffi : ainfi ils appellent PAga ou Com- mandant général de la Cavalerie, Spahilar Agalfr. Foyez PAGE, ODA, SPAHI, Gc. | AGA des Janiflaires , Voyez JANISSAIRE-AGA. AGA des Spahis , Voyez SPAHILAR-AGA. (G) . _ AGACE, f. f. ( Æliÿf. nat. ) oïfeau plus connu {ous le nom de Pie. Voyez Pre. (1) | * AGADES , ( Géog. ) Royaumé & Ville de mé- me nom, dans la Nigritie en Afrique. Lozg. 20. 15. lat. 19. 10. * AGANIPPIDES,( Myr. ) Les Mufes furent ainf furnommées de la fontaine Aganippe qui leur étoit confacréé, | AGANTE , ( Marine. ) terme qui n’eft employé que par quelques Matelots pour prezds. ( Z ) AGAPES, f. £. termes de l'Hiff. ecclefraft, Ce mot eft tiré du Grec ayuœn s amour, & on l’employoit pour fignifier ces repas de charité que faifoient en- tr'eux les premiers Chrétiens dans les Eghfes, pour cimenter de plus en plus la concorde & l’union mu- tuelle des membres du même corps. Dans les commencemens ces agapes fe pafloient fans défordre & fans fcandale, au moins les en ban- nifloit-on féverement , comme il paroît par ce que S. Paulen écrivit aux Corinthiens , Epir. I. ch. XI. Les Payens qui n’en connoïfloient ni la police ni la fin, en prirent occafion de faire aux premiers Fi- deles les reprochés les plus odieux. Quelque peu fondés qu'ils fuflent , les Pafteurs, pour en bannir toute ombre de licence, défendirent que le baïfer de paix par où finifloit cette aflemblée fe donnât entre les perfonnes de fexe différent , ni qu’on drefsât des lits dans les Eglifes pour y manger plus commodé- ment : mais divers autres abus engagerent infenfible- ment à fupprimer les agapes. S. Ambroiïfe & S. Au- guftin y travaillerént fi efficacement , que dans l'E- glife de Milan l’ufage en ceffa entierement, & que dans celle d'Afrique il ne fubfifta plus qu’en faveur des Clercs, & pour exercer l’hofpitalité envers les étrangers, comme il paroît par le troifieme Concile de Carthage. Thomafl. Dyfcip. de l'Eglife, part. IH ch. XIVII, n°, 1: Quelques Critiques penfent ; & avec raifon, qué c’eft de ces agapes que parle S. Paul dans lendroit que nous avons déjà cité. Ce qu’ils ajoûtent n’eft pas moins vrai; favoir ; que la perception de PEucha- riftie ne fe faifoit pas dans les agapes mêmes, mais immédiatement après, & qu’on les faifoit en mé- moire de la derniere cene que Jéfus-Chrift célébra avec fes Apôtres, & dans laquellle il inftitua l’'Eu- chariftie : mais depuis qi’on eut réglé qu’on rece- vroit ce Sacrement à jeun ; les agapes précéderent la commumion. D'autres Ecrivains prétendent qué ces agapes n’é- À G À 165 toient point une commémorationdé la dernière cenë de Jefus-Chrift} mais une coûtume que les nou- veaux Chrétiens avoient émpruntée du paganifme, Mos vero illes ut referunr, dit Sédulius fur Le chap. xr, de la premiere Epit. aux Corinth. de gernrui adhuc fu perfänione veniebar, Et S. Auguftin rapporte que Fau- fte le ManichéenreprochoitauxFideles qu'ilsavoient converti lés facrifices des Payens-en agapesi: Chrif° tianos facrificia Paganorun convertiffe in agapas: Mais outre que le témoignage de Faufte, éñnémi des Catholiques, n’eft pas d’un grand poids , fon ob: Jjettion & celle de Sédulius ne {ont d’aucune force ; dès qu'on fait attention que les Juifs étoient dans l’'ufage de manger des viétimes qu'ils immoloiént au vrai Dieu, & qu'en ces occafions ils raflembloient leurs parens & leurs amis. Le Chriflianifme qui avoit pris naïflance parmi eux , en prit cette coûtume , ina différente en elle-même, mais bonne & loïable pat le motif qui la dirigeoit. Les premiérs fideles d’abord en petit nombre , fe confidéroient-comme une fa: mille de freres, vivoient en. commun : l’efprit dé charité inftitua ces repas , où régnoit la tempérance : multipliés par la fuite, ils voulurent conferver cet ufage des premierstems ; les abus s’y glifferent , & lEglife fut obligée de les interdire. Else Ontrouve dans les Epitres de S. Grésoire le Grand que ce Pape permit aux Anglois nouvellement con: : vertis de faire des feftins fous des tentes ou des feuil: lages , au jour de la dédicace de leurs églifes ou des fêtes des Martyrs , auprès des églifes | mais non pas dans leur enceinte: On rencontre auffi quelques tra- ces des agapes dans l’ufage où font plufñeurs Eglifes Cathédrales & Collégiales de faire ; le Jeudi-faint ; après le lavement des piés & celui des autels , une collation dans le Chapitre , le Veftiaire | & mè- me dans l’Eglife. Tertull. org. Clem. Alex. Minur: Felix. S. Ang. S. Chryfoft. S. Greg. Ep. 71. L. IX, Baronius, ad ann. 57.377.384. Fleury , Æhf£. ecclef. tome Î, page 94. Liv. I, | | AGAPETES, f f. serme de l’Hifloire eccléfraffique à c’étoient dansla primitive Eglife des Vierges qui vi: voient en communauté, & qui fervoient les Écclé- faftiques par pur motif de piété & de charité. Ce mot fignifie bien aimées, & comme le précé- dent 1l eft dérivé du grec éyaran. | Dans la premiere ferveur de l’Eglife naïflänte ; ces pieufes fociétés, loin d’avoir rien de criminel , étoient néceflaires à bien des égards. Car le petit nombre de Vierges, qui faifoient avec la Mere du Sauveur partie de l’Eglife, & dont la plüpart étoient parentes de Jefus-Chrift ou de fes Apôtrés , ont vé- cu en commun avec eux comme avec tous les au tres fideles. Il en fut de même de celles que quelques Apôtres prirent avec eux en allant prêcher l’Évans gile aux Nations ; outre qu’elles étoient probable- ment leurs proches parentes , & d’ailleurs d’un âge & d’une vertu hors de tout foupçon, 1ls ne Les retin- rent auprès de leurs perfonnés que pour le feul in- térêt de l'Évangile, afin de pouvoir par leur moyen ; comme dit Saint Clement d'Alexandrie, introduire la foi dans certaines maifons, dont l'accès n’étoit per . mis qu'aux femmes ; car on fait que chez les Grecs furtout;, lé gynecée ou appartement des femmes étoit féparé , & qu’elles avoient rarement communication avec les hommes du dehors. On peut dire la même chofe des Viérges dont le pere étoit promu aux Or- dres facrés , comme dés quatre filles de Saint Philip: pe Diacte, & de plufeurs autres: mais hors de ces cas privilégiés & de néceflité, il ne paroït pas que l'Eglife ait jamais fouffert que des Vierges, fous quel: ‘e prétexte que ce füt, vécuflent avec des Ecclé- taftiqués autres que leurs plus proches parens. On voit par fes plus anciens monumens qu’ellea toüjours interdit ces fortes de fociétés: Car Tertullien, dans 166 À G À {on Hvre fur le voile des Vierges, peint leur -état commeun engagement indifpenfable à vivre éloi- gnées desregardsdes hommes ; à plus forte raifon à fiür toute cohabitation avec-eux,. Saint Cyprien, dans ne de fes Épitress aflüre aux Vierges de {on tems, que l’Eglife ne fauroit fouffrir non-feulement qu'on les vit loger fous le même toit avec des hom- mes, mais encore manger à la même table : ec par Virgines cum mifeulis habitare, non dico fimuldormire., fèd-nec fimul vivere. Le même faint Evèque., inftruit qu'un de fes collegues venoit d'excommumier un Dia- cre pour-avoir logé plufeurs fois avec une Vierge, félicite ce Prélat de cette ation comme d’untrait digne de la prudence & de la fermeté épifcopale : confulrè & cum wigore fecifhi , abflinendo Diaconum qui cum. virgine fæpè manfit, Enfin les Peres du Concile de Nicée défendent expreflément à tout Ecclefiaftique d’avoir chez eux de.ces femmes qu’on appelloit /18- introduite , fi.ce n’étoit-leur mere, leur 1œur ou leur tante paternelle, à l'égard delquelles, difent-ils, ce feroit une horreur de penfer que des Miniftres du Seigneur fuflent capables de violerles lois de la na- ture, de quibus-nominibus nefas ef? aliud,quam natura conflit fufpicars | 2 Par cette doétrine des Péres , &par les précautions prifes par le Concile de Nicée, il eft probable que la fréquentation des. Agaperes & des Eccléfafhiques avoit occafionné des défordres &c des {candales, Et c’eftce que femble infinuer Saint Jérôme quand il demande avec une forte d'indignation : 4ade.Agapetarum peflis in Ecclefié introiit? C’eft à cette même fin que Saint Jean Chryfoftome, après fa promotion au Siége de Conftantinople , écrivit deux petits traités fur le dan- ver de ces fociétés; & enfin le Concile général de or {ous Innocent I.en 1139. les abolit entie- rement. M. Chambers avoit brouillé tout cet article, con- fondu les Diaconeffes avec les Agapetes, donné une même caufe à la fuppreflion des unes & des autres , &c autorifé par des faits mal expofés Le concubinage des Prêtres. Il eft certain que l’Eglife n’a jamais to- léré cet abus en tolérant les Apapetes, &c il n’eft pas moins certain que ce n’eft pointà raifon des defordres gwelle a aboli les fonéions de Diaconefles. Voyez DIACONESSE. (G) * AGARÉENS ,( Géog. Hif. anc.) peuples ainf nommés d’Agar mere d’'Ifmael, dont ils defcendoient; & depuis appellés Sarrafens. AGARIC , rrinéral ( Hifi. nat. ) matiere de la na- ture des pierres à chaux, qui fe trouve dans les car- rieres de ces pierres. L’agaric minéral eft mieux nom- ménoelle de pierre, Voyez MOBLLE DE PIERRE. (1) AGaAric, {.m. ( Hiff. nat.) enlatin Agaricus, her- be, dit M. Tournefort, dont on ne connoît ni les fleurs ni les graines » Qui croit ordinairement contre le tronc des arbres, 8 qui reflemble en quelque fa- çon au champignon. Tournefort , Znff. rei herb, Voyez PLANTE. Mais M. Micheli prétend avoir vû des fleurs dans l’agaric; & conféquemment voici comment 1il décrit ce genre. « L’agaric eft un genre de plante dont les » caracteres dependent principalement de la forme +» de fes différentes feuilles ; elles font compofées de » deux parties différentes : il y en a qui font poreu- »# fes en deflous, d’autres font dentelées en forme » de peigne, d’autres font en lames, d’autres enfin »# font mes. Les fleurs {ont fans petales, & n’ont » qu'un feul filet; elles font ftériles » Clles m'ont ni » calice, ni piftil, ni étamines. Elles naïffent dans des # enfoncemens, ou à l’orifice de certains petits trous. » Les femences font rondes ou arrondies; elles font # placées dans différents endroits comme il eft ex- » pliqué dans les foûdivifions de ce genre, & dans # le détail des efpeces qu’a donné M, Micheli, No- AGA va plant. gencra, pag. 11.7. & fuivantes. Voyez PLAN: TE. (1). É%. .* M..Bouldue, continuant l’hoire dés purgatifs répandue dans les Mémoires de l’Académie, en ett venu à Pagare, &c il hu paroït (Mém 1714. p.27.) que ce purgatif a été fort eftimé des Anciens ,:quoi- qu'il le foit.peu aujourd’hui & avec raifon; catil eff très-lent dans {on opération, & par le long féjour qu'il fait dans leftomac, il excite des vomifiemens, ou tout au moins des naufées infupportables, fuivies de fueurs, de fyncopes, & de langueurs qui durent beaucoup; il laïffe aufi un long dégoût pour les ali- mens. Les Anciens qui n’avoient pas tant de purga- ts à choïfir que nous, n’y étoient apparemment pas fi Es ; Où bien, auroit pl ajoûter M. Boulduc, agaric n'a plus les mêmes propriétés qu'il avoit. . C’eft, dit cet Académicien, une efpece de chamz pignon qui vient fur le larix ou melefe. Quelques- uns croyent que c’eftune excroiffance, une tumeur produite par une maladie de l’arbre : mais M. Tour- nefort le range fans dificulté parmi les plantes & avec les autres champignons. On croit que celui qui nous eft apporté du Levant, vient de la Tartarie, & qu'il eff le meilleur. Il en vient aufli des Alpes & des montagnes du Dauphiné & de Trentin. Il y a un mau- Vais agaric quine croit pas fur le larix, mais fur les vieux chênes, les hêtres, 6:c. dont l’ufage feroit très= | pernicieux. | On divile l’agaric en mâle & femelle ; le premier a la fuperficie rude & raboteufe, & la fubftance in- térieute fibreufe, ligneufe, difficile à divifer, de di- verles couleurs, hormis la blanche ; il eft pefant, Le fecond au contraire à la fuperficie fine, lifle, bru- ne ; il eft intérieurement blanc, friable, & fe met aifément en farine, & par conféquent il eft léger: tous deux 1e font d’abord fentir au goût fur la lan- gue , & enfuite ils font amers & acres ; mais le mâle a plus d’'amertume & d’acreté. Celui-ci ne s'emploie point en Medecine, & peut-être eft-ce le même que celui qui ne croît pas fur le larix. M. Boulduc a employé fur Pagaric les deux gran: des efpeces de diflolvans, les fulphureux & les aqueux. Il a tiré par l’efprit de vin une teinture réf- neufe d’un goût & d’une odeur infupportable : une goutte mufe fur la langue faifoit vonur, & donnoit un dégout de tout pour la journée entiere. De deux oncés d’agaric, 1left venu fix dragmes & dernie de teinture : le marc qui ne peloit plus que neuf drag- mes , ne contenoit plus rien , & n’étoit qu'un muci- lage ou une efpece de boue. | Sur cela, M. Boulduc foupçonna que ce mucilage inutile quu étoit en fi grande quantité, pouvoit venir de la partie farineufe de l’agaric, détrempée & amol- he ; & la teinture réfineufe , de la feule partie fuperi- cielle ou corticale. Il s’en affüra par lexpérience ; car ayant féparé les deux parties, ilne tira de la tein- ture que de lextérieur, & prefque point de liñté- rieur; ce qui fait voir que la premiere eft la feule purgative, & la foule à employer , fi cependant on lemploie ; car elle eft toûjours très-defagréable, &c caufe beaucoup de naufées.& de dégoût. Pour di- minuer fes mauvais effets, il faudroit la mêler avec d’autres purgatifs. Les diffolvants aqueux n’ont pas non plus trop bien réufh fur l’agaric ; l’eau feule n’en tire rien: on n’a par fon moyen qu'un mucilage épais, une boue, & nul extrait, L’eau aidée du fel de tartre, parce que les fels alkalis des plantes diflolvent ordinairement les parties réfineufes, donne encore un mucilage , dont , après quelques jours de repos, la partie fupe- rieure eft tranfparente, en forme de gelée, & fort différente du fond, qui eft très-épais. De cette partie fupérieure féparée de l’autre, M. Boulducta tiré par. évaporation à chaleur lente un extrait d’affez bonne À G À confiflance, qui devoit contenir la partie réfineufe & la partie faline de l’agaric, l’une tirée par le fel de tartre, l’autre par l’eau. Deux onces d'agaric avec “une demi -once de fel de tartre, avoient donné une once & demi- dragme de cet extrait : 1l purge très- bien, fans naufées, & beaucoup plus doucement que la teinture réfineufe tirée avec l’efprit de vin. Quant àla partie inférieure du mucilage, elle ne purge point du tout, ce n’eft que la terre de l'agaric. M. Bouldue ayant employé le vinaigre diftillé au lieu de fel de tartre, & de la même maruere , 1l a eu un extrait tout pareil à l’autre, & de la même vertu, mais en moindre quantité. _ La diflillation de lPagarie a donné à M. Boulduc allez de {el volatil, & un peu de fel efentiel : il y très peu de fel fixe dans la terre morte. L’agaric mâle, que M. Boulduc appelle faux aga- rie, & qu'il n’a travaillé que pour ne rien oublier fur cette matiere, a peu de parties réfineules , & moins encore de {el volatil ou de fel effentiel. Auff ne vient- il que fur de vieux arbres pourris, dans lefquels 1l s’eft fait une réfolution ou une difipation des princi- pes aëtifs. L’infufion de cet agaric faite dans Peau, _ devient noire comme de l’encre, lorfqu’on la mêle avec la folution de vitriol : auf l’aguric mâle eftl employé pour teindre en noir. On voit par-là qu'il a beaucoup de conformité avec la noix de galle , qui eft une excroiflance d’arbres. AGATE. Les Tireurs d’or appellent ainfi un _inffrument dans le milieu duquel eft enchaffée une agate qui fert à rebrunir l'or. AGATE, Achates, {. f. ( Hif. nat.) Pierre fine que les Auteurs d'Hiftoire naturelle ont mife dans la clafle des Pierres fines demi-tranfparentes. Voyez PIERRE FINE. | On croit que le nom de l’agare vient de celui du fleuve Achares dans la vallée de Noto en Sicile, que l’on appelle aujourd’hui £ Drillo ; & on prétend que les premieres pierres d'agare furent trouvées fur les bords de ce fleuve. La fubftance de lagare eft la même que celle du caillou, que l’on appelle communément pierre a fi - fil: toute la différence que l’on peut mettre entre l'u- ne & l’autre, eft dans les couleurs ou dans la tranf parence. Ainfi l’agere brute, Pagare imparfaite » par rapport à la couleur & à la tranfparence, n’eft pas différente du caillou; & lorfque la matiere du cail- lou à un certain degré de tranfparence ou des cou- leurs marquées, on la nomme agare, On diftingue deux fortes d’agates par rapport à la tranfparence : fçavoir , l’agate orientale & l'agate ocer- dentale: la premiere vient ordinairement des pays Orientaux, comme fon nom le défigne , & on trou- ve la feconde dans les pays Occidentaux, en Alle- magne, en Boheme, &c. On reconnoît l’agare orsen- tale à la netteté, À la tranfparence, & à la beauté du poli; au contraire l’agare occidentale eft obfcure , fa tranfparence eft offufquée, & fon poliment n’eft pas auffi beau que celui des agares orientales. Toutes les agates que l’on trouve en Orient n’ont pas les qua- fités qu'on leur attribue ordinairement, & on ren- contre quelquefois des agates en Occident que l’on pourroit comparer aux orientales. © La matiere ou la pâte de l’agate orientale, com- me difent les Lapidaires, eft un caillou demi-trant parent, pur & net: mais dès qu’un tel caillou a une teinte de couleur, il retient rarement le nom d’agare. Si la couleur naturelle du caillou eff laiteufe 8 mêlée de jaune ou de bleu, c’eftune chalcedoine ; fi le caïl- : jou eft de couleur orangée, c’eft une fardoine ; sl eft rouge, c’eftune cornaline. Voyez CarzLoU, CHAL- CEDOINE, CORNALINE, SARDOINE. On voit par | cette diftinétion qu’il y a peu de variété dans la cou- leur des agates orientales; elles font blanches, ou ! À G À 167 plütôt elles n’ont point de couleur. Âu contraire l’a. gate occidentale a plufeurs couleurs &c différentes nuances dans chaque couleur; il y en a même de jaunes & de rouges, que l’on ne peut pas confondre avec les fardoines n1lés cornalines, parce que le jau- ne de l’agate occidentale, quoique mêlé de rouge, n'eft jamais aufi vif & auf net que l’orangé de la fardoine. De même le rouge de l’agate occidentale femble être lavé & éteint en comparaifon du rouge de la cornaline : c’eft la couleur du minium compa- rée à celle du vermillon. La matiere de l’agate occidentale eft un caillou, dont la tranfparence eff plus qu’à demi-ofufquée, & dont les couleurs n’ont ni éclat ni netteté, _Heft plus difficile de diffinguer l’agate des autres pierres demi-tranfparentes, telles que la chalcedoine, la fardoine & la cornaline, que de la reconnoître par- mi les pierres opaques, telles que le jafpe &cle jade; cependant on voit fouvent la matiere demi-tranfpa- rente de l’agate mêlée dans un même morceau dé pierre avec une matiere opaque, telle que le jafpe; &t dans ce cas on donne à la pierre le nom d’agare Jaf= pée, fi la matiere d’agate en fait la plus grande par- tie; & on lappelle a/pe agaré fi c’eft le jafpe qui do- iric. L’arrangement des taches &c l’oppoftion des cou- leurs dans les couches, dont l’agate eft compofée , {ont des caraéteres pour diftinsuer différentes efpe- ces qui font l’agate fimplement dite, l’agate onyce, l’a- gaie œillée, & l’agate herborifee. L'agate fimplement dire eft d’une feule couleur ou de plufeurs , qui ne forment que des taches irré- guleres pofées fans ordre & confondues les unes avec les autres. Les teintes & les nuances des cou- leurs peuvent varier prefqu’à l’infim ; de forte que dans ce mêlange & dans cette confufion il s’y ren- contre des hafards auf finguliers que bifarres. Il femble quelquefois qu’on y voit des gafons , des ruifleaux 87 des payiages , fouvent même des ami- maux @c des figures d'hommes ; & pour peu que l'imagination y contribue , on y apperçoit des ta- bleaux en entier : telle étoit la fameufe agate de Pyrrhus Roi d’Albanie, fur laquelle on prétendoit voir, au rapport de Pline, Apollon avec fa lyre , &c les neuf Mufes, chacune avec fes attributs : où l’agate dont Bosce de Boot fait mention ; elle n’é- toit que de la grandeur de l’ongle, & on y voyoit un Evêque avec fa mitre : & ‘en retournant un peu la pierre, le tableau changeant, il y paroïfoit un homme & une tête de femme. On pourroit citer quantité d’autres exemples, ou plütôt 1l n’y a qu'à entendre la plüpart des gens qui jettent les yeux fur certaines agates, ils y diftinguent quantité de cho- fes que d’autres ne peuvent pas même entrevoir. C’eft poufler le merveilleux trop loin, les jeux de la nature n’ont jamais produit fur Les agates que quel- ques traits toujours trop imparfaits, mème pour y faire une efquiife. L'agate onyce eft de plufeurs couleurs : mais ces couleurs au lieu de former des taches irrégulie- res, comme dans l’agate fimplement dite, forment des bandes ou des zones qui tepréfentent les diffé- rentes couches dont l’agate eft compofée, La cou- eur de l’une des bandes n’anticipe pas fur les ban- des voifines. Chacune eft terminée par un trait net & diftin@. Plus les couleurs font oppofées & tran- chées l’unèwar rapport à l’autre, plus l’agate onyce eft belle. Mais l’agate eft rarement fufceptible de 7 4 u ce genre.de beauté, parce que {es couleurs n’ont pas une grande vivacité. Voyez ONYCE, L’agate œillée eftune efpece d’agate onyce doné les couches font circulaires. Ces couches forment quelquefois plufeurs cercles concentriques fur la furface de la pierre ; elles peuvent Être plus épaifles 168 À G À Jes tines que les autres, mais l’épaifleur de chacune en particulier eft prefqu'égale dans toute fon éten- due : ces couches ou plütôt ces cercles ont quelque- fois une tache à leur centre commun , alors la pierré teffemble en quelque façon à un œil ; c’eft pour- quoi on les a nommées agates œillées. I] y a fou- vent plufieurs de ces veux fur une même pierre ; c’eft un aflemblage de plufeurs cailloux qui fe font formés les uns contre les autres , & confondus en- Temble en groffiffant. Voyez CarLLoU. On monte en bagues les agates œilléés, & le plus fouvent on les travaille pour lés rendre plus reffemblantes à des yeux. Pour cela on diminue l’épaiffeur de la pierre dans certains endroits , & on met deflous une feuille couleur d’or; alors les endroits les plus min- ces paroïflent enflammés , tandis que la feuille ne fait aucun effet fur les endroits de la pierre qui font les plus épais. On ne manque pas aufli de faire une tache noire au centre dé la pierre en deflous, pour repréfenter la prunelle de l'œil , fi la nature n’a pas fait cette tache. On donne à l’agate le nom d’herborifée ou de dez- drite, (Voyez DENDRITE.) lorfqu’on y voit des ra- mifications qui repréfentent des plantes telles que des moufles , & même des buiffons & des arbres. Les traits font fi délicats , le deffein eft quelquefois fibien conduit, qu’un Peintre pourroiït à peine co- pier une belle agate herborifée : mais elles ne font pas toutes auffi parfaites les unes que les autres. On en voit qui n’ont que quelques taches informes 5 d’autres font parfemées de traits qui femblent imi- ter les premieres produétions de la végétation, mais qui n’ont aucun rapport les uns aux autres. Ces traits quoique liés enfemble , ne forment que des rameaux imparfaits & mal deffinés. Enfin, les belles agates herborifées préfentent des images qui imi- tent parfaitement les herbes & les arbres ; le def- fein de ces efpeces de peintures eft fi régulier, que Von peut y diftinguer parfaitement les troncs , les branches , les rameaux , & même les feuilles : on eft allé plus loin, on a cru y voir des fleurs. En effet, il y a des dendrites dans lefquelles les extré- mités des ramifications font d’une belle couleur jau- ne, ou d'unrouge vif, Voyez CORNALINE herborifée, SARDOINE herborifte. Les ramifications des agates herborifées font d’une couleur brune’ ou notre , fur un fond dont la couleur dépend de la qualité de la pierre ; il eft net &c tranfparent , fi l’agate eft orientale ; fi au con- traire elle eft occidentale , ce fond eff fujet à toutes les imperfeétions de cette forte de pierre. Voyez CairzLzou. (1) | _ * Les agates & les jafpes fe peuvent facilement teindre : mais celles de ces pierres qui font unies naturellement , font par cette même raifon , com- pofées de tant de parties hétérogenes , que la cou- leur ne fauroit y prendre uniformément : ainfi, on n’y peut faire que des taches , pour perfeéhonner la régularité de celles qui sy rencontrent ; mais non pas les faire changer entierement de couleur, comme on fait à l’agate blanchâtre nommée chal- cedoine. Si l’on met , fur un moreéau d’agate chalcedoine, de la diflolution d’argent dans de l’efprit de nitre, & qu'on l’expofe au foleil, on la trouvera teinte au bout de quelques heures, d’une couleur brune tirant fur le rouge. Si l’on y met de nouvelle diflolution , on l’aura plus foncée, & la teinture la pénetrera plus “avant, & même entierement ; fi l’agaten’a qu'une ou deux lignes d’épaifleur, & qu’on mette de la dif “{olution des deux côtés, cette teinture n’agit pas “uniformément. Il y a dans cette forte d’agate, & dans la plûpart des autres pierres dures, des veines préfqu'imperceptibles qui en font plus facilèment AGA pénétrées que Île refte ; enforte qu’elles deviennent plus foncées, & forment de très-agréables variétés qu'on ne voyoit point auparavant, Si l'on joint à la diflolution d'argent le quart de fon poids, ou environ, de fuie & de tartre rouge mêlés enfemble , la couleur fera brune tirant fur le r1s. Au lieu de fie & de tartre , fi on met la même quantité d’alun de plume , la couleur fera d’un vio- let foncé tirant fur le noir. La diflolution d’or ne donne à l’agate qu’une lé- gere couleux brune qui pénètre très-peu; celle du bifmuth la teint d’une couleur qui paroït blanchà- tre & opaque , lorfque la lumiere frappe deflus , & brune quand on la regarde à travers le jour. Les autres diflolutions de métaux, & de minéraux, em- ployées de la même maniere, n’ont donné aucune forte de teinture. Pour reuflir à cette opération , il eft néceffaire d’expofer l’agate au foleil : M. Dufay en a mis fous une moufle; mais elles n’ont pris que très-peu de couleur, & elle ne pénetroit pas fi avant. Il a mé- me remarqué plufeurs fois que celles qu'il avoit expofées au foleil ont pris moins de couleur dans tout le couts de la premiere journée , qu’en une demi-heure du fecond jour , même fans y remettre de nouvelle diffolution. Cela lui a fait foupçonner, que peut-être l'humidité de l’air étoit très-propre à faire pénétrer les parties métalliques. En eflet, il a fait colorér des agates très-promptement, en les portant dans un lieu humide auffi+ôt que le foleit avoit fait fécher la diflolution , & les expofant de rechef au foleil. Pour tracer fur la chalcedoine des figures qui aïent quelque forte de régularité , la mamiere qu réufñit le mieux eft de prendre la diffolution d'argent avec une plume , ou un petit bâton fendu, & de fuivre les contours avec une épingle, fi Pagate eft dépolie ; le trait n’eft jamais bien fin, parce que la diflolu- tion s'étend en très-peu de tems : mais fi elle eft bien chargée d'argent, & qu’elle fe puiffe cryftalli- fer promptement au foleil , elle ne court plus rifque de s’épancher , & les traits en feront aflez délicats. Ils n’approcheront cependant jamais du trait de læ plume , & par conféquent de ces petits arbres qu’on voit fi délicatement formés par les dendrites. Suppofé pourtant qu'on parvint à les imiter 3 voici deux moyens de diftinguer celles qui font na- turelles d'avec les fa@ices. 1°. En chauffant l’agate colorée artificiellement, elle perd une grande par- tie de fa couleur, & on ne peut la lui faire repren- dre qu’en remettant deflus de nouvelle diflolution d'argent. La feconde maniere , qui eft plus facile & plus fimple, eft de mettre fur l’agate colorée un peu d’eau forte ou d’efprit de nitre, fans Pexpofer au foleïl ; il ne faut qu’une nuit pour la déteindre entierement. Lorfque l'épreuve fera faite, on lui reftituera , fi l’on veut , toute fa couleur , en l’ex- pofant au foleil plufieurs jours de fuite : mais il ne faut pas trop compter fur ce moyen, comme on verra par ce qui fuit. On fait que par le moyen du feu, on peut chan- gérla couleur de la pläpart des pierres fines ; c’eft ainfi qu’on fait les faphirs blancs , les amethiftes blanches. On met ces pierres dans un creufet , & on les entoure de fable ou de limaille de fer ; elles perdent leurs couleurs à mefure qu’elles s’échauf- fent ; on les retire quelquefois fort blanches. Si l’on - chauffe de même la chalcedoine ordinaire, elle de- vient d’un blanc opaque ; & 1 Pon fait des taches avec de la diffolution d'argent , ces taches feront d’un jaune citron, auquel l’eau-forte n’apporte plus aucun changement, La diflolution d’argent “ler a la chalcedoine ainfiblanchie & expofée au folerl plu- fieurs jours de fuite, y fait des taches brunes. La diffolution d'argent donne à l’agate orientale une couleur plus noire qu’à la chalcedoine commu- ne. Sur une agate parfemée de taches jaunes, elle a donné une couleur de pourpre. Voyez Mémoires de l'Académie, année 1 728 , par M. Dufay. Nous avons dit dans l'endroit où l’on propole le moyen de re- connoître l’agate teinte d’avec l’agate naturelle , qu'il ne falloit pas trop compter fur leau-forte. En effet, M. de la Condamine ayant mis deux dendrites naturelles dans de leau-forte , pendant trois ou quatre jours , il n’y eut point de changement. Les dendrites miles en expérience , ayant été oubliées furune fenêtre pendant quinze jours d’un tems hu- _mide & pluvieux , il fe mêla un peu d’eau de phue dans l’eau-forte ; & l’agate où les arbriffeaux étoient très-fins, fe déteignit entierement : le même fort arriva à l’autre, du moins pour la partie qui trem- poit dans leau-forte ; il fallut pour cette expérience de l’oubli , au lieu de foin & d’attention. AGATE, (Mat med.) on attribue de grandes ver- tus À l’agate , de même qu’à d’autres pierres pré- cieufes : mais elles font toutes imaginaires. Geof- froy: CN) L’AGATE ( ez Architeïure. ) fert à l’embellif- fement des tabernacles , des cabinets de pieces de rapport, de marqueterie, 6c. (P) es * AGATE, (S:) Géog. petite ville d'Italie au Royaume de Naples, dans la Province ultérieure. Long. 32-8. lat. 40-53. AGATE, GATTE,JATTE. ( Marine.) Voyez GATTE. (Z) | * AGATHYRSES , £. m. pl. (Æiff anc.) peuples de la Sarmatie d'Europe , dont Herodote, S. Je- rôme , & Virgile, ont fait mention. Virgile a dit qu'ils fe peignoient ; S. Jerôme , qu'ils étoient ri- chés fans être avares ; & Herodote, qir'ils étoient efféminés. * AGATY, ( Hift. nat. Botan.) arbre du Mala- bare qui a quatre à cinq fois la hauteur de hom- me, & dont le tronc a environ fix piés de circon- férence. Ses branches partent de fon milieu & de fon fommet , & s'étendent beaucoup plus en hau- teur ou vérticalement qu'horifontalement ; 1l croit dans les lieux fablonneux. Sa racine eft noire, aftringente au goût, & poufle des fibres à une gran- de Hit Le bois d’agaty eft tendre , & d’autant plus tendre qu’on le prend plus Voifin du cœur, Si lon fait une incifon à l’écorce , il en fort une li- queur claire & aqueufe, qui s’'épaifht & devient gommeufe peu après fa {ortie. Ses feuilles font ailées. Elles ont un empan & demi de long. Elles font formées de deux lobes principaux , unis à une maîtrefle côte , & oppofees direétement. Leur pé- dicule eft fort court & courbé en devant. Leurs etits lobes font oblongs & arrondis par les bords. Îls ont environ un pouce & demi de longueur & un travers de doigt de largeur. Cette largeur eft la même à leur fommet qu'à leur bafe. Leur tiflu eft extrèmement compaët & uni ; d’un verd éclatant en deflus, pâle en deflous , & d’une odeur qu'ont les féves quand on les broie. De la groffe côte partent des ramifications déliées , qui tapiffent toute la furface des feuilles. Ces feuilles fe ferment pendant la nuit, c’eft-à-dire que leurs lobes s’ap- prochent. _ Les fleurs font papilionacées , fans odeur , naïf fent quatre à quatre , ou cinq à cinq ,.ou même en plus grand nombre , fur une petite tige qui fort d’entre les ailes des feuilles. Elles font compofces de quatre pétales , dont un s’éleve au-deffus des autres. Les latéraux forment un angle, font épais, blancs & ftriés par des veines, blänçhes d’abord, : Tome I, FAN } ET A GE 169 puisjaunes & enfuite rouges. Les étamines des fleurs forment un angle & fe diftribuent, à leur éxtrémi- té, en deux filamens qui portent deux fommets jaunes & oblongs. Le calice qui environne la bafe des pétales eft profond, compolé de quatre portions ou feuilles courtes , arrondies & d’un verd pâle, . Lorfque les fleurs font tombées , il leur fuccede des coffes longues de quatre palmes, &c larges d’un travers de doigt, droites, un peu arrondies, vertes & épaifles. Ces coffes contiennent des fé- ves oblongues, arrondies, placées chacune dans une loge , féparée d’une autre loge par une cloifon charnue , qui regne tout le long dé [a coffe ; les féves ont le goût des nôtres, & leur reffemblent , excepté qu'elles foñt beaucoup plus petites. Elles blanchiffent à mefure qu'elles mürifleñt ; on peut en manger. Si les tems font pluvieux, cet arbre por tera des fruits trois ou quatre fois l’année. Sa racine broyée dans de l'urine de vache, dif- fippe les tumeurs. Le fuc tiré de l'écorce , mêlé avec le miel & pris én gargarifme , eft bon dans lefquinancie , & les aphthés de là bouche. Je pour- rois encore rapporter d’autres propriétés des dif- férentes parties de cet arbre : mais elles n’en fe- roient pas plus réelles , & mon témoignage n’ajoù- teroit rien à celui de Ray , d’où la defcription pré- cédente ef tirée. * AGDE , ( Géop. ) ville de France en Langue- doc , au térritoire d’Agadez , differ. de long. à l’'Ob: fervatoire de Paris, 147’ 37" à lorient. Lar. 43-18- s4. Mém. de l’Acad. 1724, pag. 89. Hifl. * AGE , ( Myth. ) Lès Poëtes ont diftribué le tems qui fuivit la formation de l’hômme , én quatre ges. L'âge d’or , fous le regne de Saturne au ciel ; & fous celui de l’innocence & de la juftice en térre. La terre produfoit alors fans culture ; & dés fleuves de miel & de lait couloient de toutes parts. L’ége d’aroent , fous lequel ces hommes commencerent à être moins juftes & moins heureux. L’Zge d’airain , 6ù le bon- heur des hommes diminua encore avec leur vertu 3 & l’êge de fer, fous lequel, plus méchans que fous 19 4 âge d’atrain , ils furent plus malheureux. On trou- vera tout ce fyftème expolé plus au long dans l’oni- -vrage d’Héfiode, intitulé Opera G dies ; ce Poëte fait à fon frere l’hiftoire des fiecles écoulés, & lui mon- tre le malheur conftamment attaché à l’injuftice, afin de le détourner d’être méchant. Cette allégorie des dges eft très-philofophique & très-inftruétive ; elle étoit très-propre à apprendre aux peuples à eftimer la vertu ce qu'elle vaut. | Les Hiftoriens, ou plütôt les Chronolosiftes , ont divifé l'age du Monde en fix époques principales, entre lefquelles ils laiflent plus où moins d’interval- les , felon qu'ils font le monde plus ou moins vieux. Ceux qui placent la création fix mille ans avant J cas Chr , comptent pour l’âge d'Adam jufqu’au déluge, 2262 ans; depuis le déluge jufqu’au partagé des Nations, 738 ; depuis le-partage des Nations juf- qu'à Abraham,460; depuis Abraham jufqu’à la pâqué des Ifraëlites, 645; depuis la pâque des Ifraëlites juf- qu'à Saul, 774; depuis Saul juiqu’à Cyrus, 583; & depuis Cyrus jufqu'à Jefus-Chrift, 538. Ceux qui ne fontle monde âgé que de quatre mille ans, comptent de la création au déluge, 1656; du déluge à la vocation d'Abraham, 426 ; depuis Abra- ham jufqu’à la fortie d'Egypte, 430; depuis la fortie d'Egypte jufqu’à la fondation du Temple, 480; de- puis la fondation du Temple jufqu’à Cyrus, 476; depuis Cyrus jufqu’à J efus-Chrift, 532. | D’autres comptent de la création à la prife de Troie, 2830 ans; & à la fondation de Rome, 3250; de Carthage vaincue par Scipion à } efus-Chrift, 200; de Jefus-Chrift à Conftantin, 312, & au rétabliffe- ment de l’Empire d’Ogcident , 808, AGE , en terme de Jurifprudence , fe dit de certains périodes de la vie auxquels un citoyen devient ha- bile À tels ou tels ates , à pofléder telles ou telles dignités , tels ou tels emplois : mais ce qu’on appelle purement & fimplement en Droit &re ez âge, c’eft être majeur. Voyez MATEUR 6 MAJORITÉ. Dans la coùtume de Paris on eft en 4ge, pour tefter de fes meubles 87 acquêts, à vingt ans : mais on ne peut difpofer de fes immeubles qu'à vingt-cinq. On ne peut être reçù Confeillér ès Parlemens & Préfidiaux , Maître , Corretteur ou Auditeur des Comptes, Avocat ou Procureur du Roï , Baïlli, Sé- néchal, Vicomte, Prevôt, Lieutenant Général, Cr vil, Criminel, ou Particulier ès Sièges qui ne ref- fortiffent pas nüment au Parlement, ni Avocat ou Procureur du Roi èfdits Siéges , avant l’âge de vingt- fept ans accomplis ; ni Avocat où Procureur Géné- ral , Bailli, Sénéchal , Lieutenant Général & Parti- culier , Civil ou Criminel , ou Préfident d’un Préfi- dial, qu'on n’ait atteint l’âge de trente ans ; ni Maï- tre des Requêtes de l'Hôtel avant trente-fept ans ; ni Préfident ès Cours Souveraines avant quarante : mais le Roi, quand il le juge à propos , accorde des difpenfes , moyennant finance , à l’eftet de rendre habiles à ces charges ceux qui n’ont pas atteint l’âge prefcrit par les Edits. Voyez DISPENSE. Et quant aux dignités Eccléfaftiques, on ne peut être promû à l’Epifcopat avant vingt-fept ans ; à une Abbaye , aux Dignités , Perfonats , Cures & Prieurés clauftraux, ayant charge d’ames, avant vingt-cinq ans : fi cependant la Cure attachée au Prieuré clauftral eft exercée par un Vicaire perpé- tuel , vingt ans füfifent. On peut même en France pofléder É Prieurés éle@ifs à charge d’ames à vingt- trois ans, & ceux qui n’ont point Charge d’ames, à Vingt-deux commencés ; & c’eit de cette maniere qu'il faut entendre l’âge requis pour tons les Béné- fices,que nous venons de dire ; cer c’eft uñe maxime en Droit canonique , que l’année commencée fe compte comme fi elle étoit accomplie. Pour les Bénéfices fimples ou Eténéfices à fimple tonfure, tels que les Chapelles où {hapellenies , les Prieurés qu’on appelle ruraux , &t qui n’ont rien qui fienne de ce qu'on appelle reéforerie | on les peut pofléder à feptans , mais accomplis. Il en faut qua- torze auffi complets , pour pofléder les Bénéfices fimples , qui font des efpeces de reétoréries, & pour fes Canonicats des Cathédrales & des Métropoles, fi ce n’eft qu'ils vaquent en régale ; car alors fept ans fufifent. Mais le droit commun eïft qu'on ne puifle être pouryû d'aucun Bénéfice , même fimple, avant quatorze ans. AGE ( Letres de Bénéfice d’ ) eft fynonyme à Ler- tres d’émancipation. Voyez ÉMANCIPATION. AGE ( difpenfe d’ ) eft une permiflion que le Roi accorde , & qui s’expédie en Chancellerie , pour être reçu à exercer une charge avant l’âge requis par les Ordonnances. AGE du bois ( en ffyle d'Eaux 6 Foréts. ) eft le tems qu'il y a qu'un taillis n’a été coupe. Voyez TAILLIS. * AGe zubile, ( Jurifprud. ) dans les Auteurs du Pa- lais , eft l’âge auquel une fille devient capable de mariage , lequel eft fixé à douze ans. (4) AGE fe prend, ez Medecine , pour la divifion de la vie humaine. La vie fe partage en plufieurs gges, favoir en enfance , qui dure depuis le moment de la naïflance , jufqu’au tems où l’on commence à être fufceptible de raifon. Suit après l’âge de puberté, qui {e termine à quatorze ans dans Îles hommes, & dans les filles à douze. L’adolefcence fuccede depuis la quatorzieme année, jufqu'à vingt où vingt-cinq ans , Ou pour mieux dire , tant que la perfonne prend de laccroifflement, On pañle enfuite à Pâge vail, dont on{ort à quarante-çinq ou cinquante ans. De- t A GE là, l’on tombe dans la Vieilléffle, qui fe fuhdivife en vieillefle proprement dite , en caducité & décré- pitude , qui eft la borne de la vie. à Chaque âge a fes maladies particulieres ; elles dé- pendent de la fluidité des liquides, & de la réfiftance que leur oppofent les folides : dans les enfans, la délicatefle des fibres occafñonne diverfes maladies, comme le vomifflement , la toux, les hernies ; Pépaif fiffement des liqueurs, d’où procedent les aphthes, les, fluxions, les diarrhées , les convuifions, fur-tout lorf- que les dents commencent à paroïtre, ce qu’on ap- pelle vulgairement Ze germe des dents. À peine les en- fans font-ils quittes de ces accidens, qu'ils deviennent fujets aux inflammations des amygdales , au rachitis, aux éruptions vers la peau, comme la rougeole &cla petite vérole,;aux tumeurs des parotides,à lépilepfe: dans l’âge de puberté ils font attaqués de fievres ai- guës , à quoi fe joignent les hémorrhagies par le nez; & dans les filles , les pâles couleurs. Cet âge eft vrai ment critique, felon Hippocrate : car fi les maladies opimatres auxquelles les jeunes gers ont été fujets ne ceffent alors,ou, felon Celfe, lorfque les hommes con- noïflent pour la premiere fois les femmes , & dans le exe féminin au tems de l’éruption des regles, elles deviennent prefqueincurables. Dans l’adolefcence la tenfion des folides devenant plus confidérable , les alimens étant d’une autre nature, les exercices plus violens, les humeurs font plus attémées , divifées, & exaltées : de-là réfultent les fievres inflamma- toires & putrides , les péripneumonies, les crache- mens de fang, qui, lorfqw'onles néglige, dégénerent en phthifie, maladie fi commune à cet âge, qu’on ne pen{oit pas autrefois que l’on y füt fujet lorfque lon avoit atteint l’âge viril, qui devient lui-même le regne de maladies très-confidérables. L'homme étant alors dans toute fa force & fa vigueur, les #- bres ayant obtenu toute leur élafficité , les fluides fé trouvent preflés avéc plus d’impétuofité ; de-là naïf {ent les efforts qu’ils font pour fe fouftraire à la vio- lence de la preffion ; de-là Porigine d’une plus gran- de diffipation par la tranfpiration, des inflammation, des dyffenteries , des pleuréfies, des flux hémorrhoi- daux, des engorsemens du fang dans les vaifleaux du cerveau, qui produifent la phrénèfie, la Iéthar- gie, & autres accidens de cette efpece, auxquels fe joignent les maladies qu’entraînent après elles la trop grande application au travail, la débauche dans la premiere jeunefle, les veilles, Pambition demefurée, enfin les pañlions violentes & l’abus des chofes non- naturelles’ telles font l’affeétion hypochondriaque , les vapeurs, la confomption, la catalepfe | & plu- fieurs autres. : | La vieilleffe devient à fon tour la fource d’un nom- bre de maladies fâcheufes ; les fibres fe deflechent & fe raccorniflent, elles perdent leur élafticité, Les vaif- {eaux s’obftrient, les pores de la peau fe refferrent, la tranfpiration devient moins abondante ; il fe fait un reflux de cette matiere fur les autres parties : de- là naïffent les apoplexies , les catharres , Pévacua- tion abondante des férofités par le nez & par la voie des crachats , que l’on nomme vulgairement picuise ; l’épaiffiffement de l’humeut contenue dans les articu- lations, les rhûümatifmés , les diarrhées &c les ftran- guries habituelles ; de l’affaiffement des vaiffleaux & du raccormifement des fibres proviennent les dyfu- ries, la paralyfe, la furdité , le glaucome , mala- dies fi ordinaires aux vieillards, & dont la fin eft le terme de la vie. | L'on a vû jufqu'ici la différence des maladies felon les dges : les remedes varient auffi felon l’état des flui- des & des folides, auxquels on doit les proportionner. Les doux , & ceux qui font légerement toniques , conviennent aux enfans ; les délayans & les aqueux doivent être employés pour ceux qui ontatteint l’âge de puberté, en qui l’on doit modérer l’adivité du fang. Dans ceux qui font parvenus à l’adolefcence & à l’âge viril, la fobriété , l'exercice modéré, le bon ufage des. chofes non-naturelles, deviennent au- tant de préfervatifs contre les maladies auxquelles on eft fujet ; alors les remedes delayans & incififs font d’un. grand fecours fi, malgré le régime ci-def- fus , l’on tombe en quelque maladie. Une diete aromatique & atténuante foûtiendra les vieillards ; on peut avec fuccès leur accorder l’ufage modéré du vin ; les diurétiques & les purgatifs lé- 56) EN. | gers & réitérés fuppléront au défaut de tranfpira- tion. Toutes ces regles font tirées d'Hoffman, & des plus fameux Praticiens en Medecine. (NW ) ÂGE ,( Anar. ) Les cartilages &c les ligamens s’of- ffant , & le cerveau fe durciflant avec l’âge, celui des vieillards eft plus propre aux démonitrations Anatomiques. On concevra la callofité qui doit fe former dans les vaifleaux les plus mous de latète, fi on fait attention à la mémoire incertaine par rap- port aux nouvelles idées qu’on youdroit donner aux gens avancés en àge , eux quine {e fouviennent que trop fidelement de ce qu'ils ont vü jadis. Laudator cemporis act. (L AGE de la Lune, (er Affronomie. ) fe dit du nom- bre de jours écoulés depuis la nouvelle Lune. Ainfi trouver l’âge de la Lune, c’eft trouver le nombre de jours écoulés depuis la nouvelle Lune. 7. Luxe. (0) _ AGE, ( Jardinage. ) On dit l’ége d’un bois, d'une graine, d'un atbre: ce bois a neuf ans demande à étre coupé ; cette graine & deux ou trOIS ans , eff trop vieille pour être bonne à {emer : on en doit chofir de plus jeune. Cet arbre doit avoir tant d'années ; il y à sant d'années qu'il eft plantée. Voyez ARBRE. L’ége d’un arbre fe compte par les cercles ligneux qu’on remarque fur fon tronc coupé ou fcié horifon- talement. Chaque année le tronc & les branches d’un arbre reçoivent une augmentation qui fe fait par un cercle ligneux , ou par une nouvelle enve- loppe extérieure de fibres & de trachées. (Æ) . ÂGE , en terme de Manège, {e dit du tems qu'il ya qu'un cheval eft né , & des fignes qui l’indiquent. Voyez CHEVAL. - Il ya plufieurs marques qui font connoître l’ége du cheval dans fa jeunefle : telles font les dents, le bot ,. le poil, la queue, & les yeux. Voyez DENT, SABOTS GE, Le nn La premiere année il, a fes dents de lait, qui ne font que fes mâchelieres & fes pinces ou dents de devant; la feconde année fes pinces brunifent & courts, & pointus. A fept ans {es dents font au bout de leur croiffance ; & c’eft alors que la marque ou féve eft la plus apparente. À huit ans toutes les dents font pleines , unies & polies au-deflus, & la marque ne fe diftingue prefquéplus : {es crochets font alors jaunätres. À neuf ans les dents de devant ou les pin- ces paroïffent plus longues ; plus jaunes , &c moins nettes qu'auparavant ; & la pointe de fes crochets eft un peu émouflée. À dix ans On ne fent plus de creux en dedans des crochets fupérieurs, comme on Tome I, AGE 171 l’avoït fenti jufqu’alors, & fes tempes commencent à fe creufer & à s’enfoncer. À onze ans fes dents {ont fort longues, jaunes , noires , & fales : mais celles de fes deux mâchoires fe répondent encore , & poitent les. unes fur les autres. A douze ans les fupérieures croifent fur les inférieures. À treize ans fi le cheval a beaucoup travaillé , fes crochets font prefque perdus dans la gencive ; finon ils en fortent noirs , fales , & longs, 2°. Quant au fabot, s'il eft poli , humide , creux, & qu'il iônne, c’eft un figne de jeunefle: : fi.au con- traire il a des afpérités, des avalures les unes fur les autres, s'il eft fec, fale, & mat , c’eft une marque de vieilleffe. 3°. Quant à la queue; en la tâtant vers le haut ; l’on fent l'endroit de la jointure plus oros & plus faillant que le refte, le cheval n’a pas dix ans : fi au contraire les jointures font unies & égales au refte, il faut que le cheval ait quinze ans. | 4°. S'il a les yeux ronds, pleins, & affürés , que la paupiere fupérieure {oit bien remplie, unie , & de niveau avec les tempes, & qu’il n’ait point de rides m1 au-deflus de Poil, ni au-deffous ; c’eft une maraue de jeunefle, 5° Si lorfqu'on lui pince la peau ; & qu'on la lâche enfuite , elle fe rétablit aufi-tôt fans laifler de rides ; c’eft une preuve que le cheval eft jeune. 6°, Si à un cheval de poil brun , il poufle du poil grifâtre aux paupieres ou à la criniere ; où qu’un cheval blanchâtre devienne ou tout blanc, ou tout brun , c’eft une marque indubitable de vieilleffe. Enfin lorfqu’un cheval eft jeune , les barres de la bouche font tendres & élevées ; s’il eft vieux, elles font baffes , & n’ont prefque pas de fentiment. Voyez DÉRRÉS RES . I y a une forte de chevaux appellés £égaux , qui ont à tout âge du noir à la dent , ce qui peut trom- per ceux quine s’y connoifflent pas. ÂGE, ou difcernement qu’on: fait des bêtes noi- res "comme warcaffins , bêtes de compagnies | ragot , * Jenglier en fon tieran , Janglier en fon quartan , vieux Janglier mirêé, & laie. | Age, Ou difcernement qu’on fait des cerfs; on dit Jeune cerf, cerf de dix cors jeunement , cerf de dix cors 6 vieil cerf. 6 Age, ou dilcernement qu'on fait des lieyres ; on dit lévrauts, lievres & hazes. | . Ægz, ou difcernement qu’on fait des chevreuils ; On dit fans | cheyrotins , jeune chevreuil , vieil chevreuil & chevrerre, | à ÿ Age, des loups ; on dit /ouvereaux ; jeunes loups , vieux loup , & louve. > Age des renards ; On dit rezardeaux , jeunes re- nards., vieux renards , 8c renardes. D. ” AGE , adj. en termes de Jurifprudence , eft celui qui a l’âge compétent & requis par les lois , pour exer- cer certains actes civils, ou pofléder certains em- plois où dignités. Voyez AGE. (4) . * AGELAROU : Au-haut de la feconde planche du pavé du temple de la Fortune de Paleftrine, on dpperçoït ün. animal avéc l’infcription age/arou. Cet anmmalabeaucoup de reflemblance avec le finge d’Angole. Des Ethiopiens vont l’attaquer ; les uns ont deslboucliers ; d’autres -des fleches : c’efl-là le feul endroitoùäl'en foit fait mention. Voyez les Are tiquités du-Pere-de Montfaucon, fupplèment, tom. IF, pag. 163. :1. #l'ño zu AGEMOGLANS , f.:m. 04 AGIAM-OGLANS , ou AZAMOGLANS , ( Hif. mod. ) font de, jeunes enfans que le. Grand Seigneur achette des Fartares, où qu'il prend.en guerre, ou qu'il arraché, d’entre les bras des Arétiens fotmus à fa domination, : £ Com { Ce mot dans la langue originale fientfie exfans de Barbare ; c’eft-à-dire , fuivant la maniere de S'expri- TT r. 172 AGE mer des Mufulmans, né de parens qui ne font pas Turcs. Il eft compolé des deux mots Arabes; EX , agem ; qui fignifie parmi les Turcs la même chofe que barbare parmi les Grecs ; les Turcs diftinguant tous les habitans de la terre en Arabes ou Turcs, & en agem, comme les Grecs les divifoient en Grecs & en Barbares ; l’autre mot eft EN y , oglan, qui fignifie enfant. La La plüpart de ces enfans font des enfans de Chré- tiens que lé Sultan fait enlever tous les ans par forme de tribut, des bras de leurs paréns. Ceux qui font chargés de la levée de cet odieux impôt, en pren- nent un fur trois ; & ont {om de choïfir ceux qui leur paroïffent les mieux faits & les plus adroits. On les mene aufli-tôt à Gallipoli, ou à Conftan- tinople ; où on commence par les faire ciconcire ; enfuite on les inftrait dans la religion Mahométane ; on leur apprend la langue Turque, & on les forme aux exercices de guerre, juiqu'à ce qu'ils foient em âge de porter les armes : & c’eft de cette école qu’on tire les Janiflaires. Voyez JANISSATRES. À Ceux qu'on ne trouve pas propres à porter les armes , on les emploie aux offices les plus bas & les plus abje@s du ferrail ; comme à la cuifine , aux écu- ties, aux jardins, fous le nom de Boflangis , Atta- gis, Halvagis , 6. Îls n’ont ni gages m1 profits, à moins qu'ils ne foient avancés à quelque petite char- ge, & alors mème leurs appointemens font très- médiocres , & ne montent qu'à fept afpres & demi par jour , ce qui revient à environ trois fols & demi de notre monnoie. ( G) * AGEN, ( Géog. ) ancienne ville de France, capitale de l’Agénois , dans la Guienne, fur la rive droite de la Garonne, Long. 18.15. 49. lat, 44. 1227: AGENDA, adj. pris fubft. ( Comm.) tablette ou Li- vret de papier fur lequel Lés Marchands écrivent tout ce qu’ils doivent faire pendant le jour pour s’en fou- venir , foit lorfqu'ils font chez eux, foit lorfqu'ils vont par la ville. | ; Ce mot éft originairement latin : agerda, les chofes qu'il faut faire, dérivé du verbeago; mais nous l'avons francifé. | L'agenda ét très-néceffaire aux Négocians, parti- culierement à ceux qui ont peu ou point de mémoire, où qui font chargés de trop grandes affaires, parce qu'il fert à leur rappeller des occafions importantes , {oït pour l'achat, foit pour la vente, foit pour des népociations de lettrés de change, 6e. On appelle auffñ agezda un petit almanach de po- che que les Marchands ont coûtume de porter fur eux pour s’afürer des dates , jours de rendez-vous, Gi. (G) | * AGENOIS , adj. pris fubft. ( Geog. ) contrée de France dans la Guienne , qui a pris fon nom d'Agen fa capitale. | * AGENORIA;, ( Myth.) Cétoit la déefle du courage &:de l’induftrie. On lui oppofoit Vacuna déeffe de la parefle, | | AGENS de Change 6 de Banque, {.m.pl. (Comim.) font des Officiers établis dans les villescommerçantes dela Frañce pournégocier éntreles Banquiers & Com- merçans les affaires du change & l’achat ou la vente des marchandifes & autres effets. À Paris & à Lyon, on les nomme Agens de chanse, en Provence on les appelle Cerfals ; ailleurs on les appelle .Cowrriers. Voyez CoURTIER 6 CHANGE. | JR À Paris il y a 30 Agens de changé & Courtiers de marchandifes, de draps, de foie, de laine , de toile, Éc. qui furent créés en titre d'office par Charles IX. en Jui 1572, & le nombre en fut fixé par Henri[V. en 1595. Ce nombre a fort varié depuis ; car d’abord il n’ÿ avoit que huit Agens de change pour la ville de AGE Paris, de la création d'Henri IV. Leur nombre fut augmenté jufqu'à 20 en 1634, & porté à 30 par un Edit du mois de Décembre 1638. En 164$ Louis XIV. créa fix nouveaux Offices, & les chofes de- meuréerent en cet état jufqu’en 170$ que tous les Of- fices d'Agens de change on de banque ayant été fup- primés dans toute étendue du Royaume, à la réferve de ceux de Marfeille & de Bordeaux, le Roi créa en leur place cent feize nouveaux Offices pour être dif tribués dans les principales villes du Royaume avec la qualité de Confellers du Roi, Agens de banque, Change , commerce & finance. Ces nouvelles charges furent encore fupprimées en 1708 pour Paris ; & au lieu de vingt Agens de change qu'y établifloit l'Édit de 1705, celui de 1708 en porta le nombte À qua rante, & en 1714 le Roi ÿ en ajoûta encore vingt autres pour la ville de Paris, Mais le titre de ces Agens fut encore fupprimé en 1720, & foixante autres Agens par comnuiffion furent établis pour faire leurs fonétions, Ceux-ci furent à leur tour fupprimés, & d’autres créés en leur place en titre d'Office par Édit du mois de Janvier 1723. Ainf il y a a@uéllement foixante Agens de change à Paris ; ils font un corps qui élit des Syndics. Ils ne prennent plus la qualité de Courtiers, mais celle d’Agens dé change depuis l'Arrêt du Confeil de 1639 ; & par l'Édit de 170$ , ils ont auff lé titre dé Conleillers du Roi. Voyez CouRr- TIER. Leur droit eft un quart pouf cent dont la moi- tié eft payable par celui qui donne fon argent, & l'autre par celin qui lé reçoit où qui en fonrmit la va- leur en lettres de change ou autres effets. Dans la né- gocration du papier qui perd beaucoup, comme par exemple , des contrats fur l'Hôtel de ville, &c. dont l’acheteur ne paye pas la moitié de la fomme totale portée dans Le contrat à caufe de la variation du cours de ces effets, l’Agent de changé prend fon droit fur le papier, c’eft-à-dire , fur la fommé qu'il valoit au- trefois, & non fur l’argent qu’on le paye felon le cours de la place. Dans les villes où les Agens ne font pas établis en titre d'Office , ils font choïfis par les Con- fuls, Maires & Echevins devant léfquels 1ls prêtent le ferment. Les-4gens de change ne peuvent être Ban- quiers, &c porter bilan fur la place,où ils doiventavoir un livre paraphé d’un Conful, coté & numeroté, par POrdonnance de 1673. On peut voir dans le Dic- rionnaire du Commerce de Savary les divérs réglemens faits pour le corps des Agens de change, 8 furtout ceux quifont portés par l’Arrêt du Confeil du 24Septembre 1724. | AGENS GÉNÉRAUX DU CLERGÉ : ce font ceux qui font chargés des affaires du Clergé de l’Eglife Gallicane. Il ÿ en a deux qui font ou pourfuivent au Confeil toutes les affaires de PEglife : on les change de cinq ansencinqans , & même à chaque affemblée du Clergé , frelle le juge à propos. Les affemblées du Clergé ayant été réglées fous CharlesIX , on laïfloit à la fuite de la Cour, après qu’elles étoient finies, des perfonnes qui prenoient foih des affaires , à quion donnôit le nom de Syrdics : mais en 1595 on établit des Agens fixes, avec un pouvoir beaucoup plus éten- du , & on réglà 1°. leurs gages ;' 2°, qu'ils ferôient nommés alternativement pat les Provinces eccléfiaf- tiques ; favoir, l’un par celles de Lyon, Sens, Am- brun, Reims, Vienne, Rouen, Tours ; & l’autre par celles d'Auch , Arles, Narbonne , Bourges, Bor- deaux, Fouloufe, Aix; 3°. que ceux que Pon nom- meroit feroient a@uellement Prêtres, qu'ils pofféde- roïent un Bénéfice payant dégimes dans la Province. - Les Agens Généraux ont droit de Commisrimus. Cette place eft remplie par MM. les Abbés de Coriolis & de Caftries , en la préfente année 1751. (G) : AGENT , adj. pris fubft. {e dit ez Méchanique & en Phyfique d’un corps , ou en général d’une punf- fance qui produit outqui tend à produire quelque ef- fet par fon mouvement a@tuel , ou par fa tendance ‘au mouvement. Voyez PUISSANCE 6 ACTION.( O ) AGENT 6 PATIENT, ( Jurifprud. ) fe dit dans le Droit coûtumier d'Angleterre de celui ou de celle qui fe fait où qui fe donne quelque chofe à foi-même ; de forte qu'il eft tout à la fois & celui qui fait ou qui donne la chofe , & celui à qui elle eft donnée , ou à . qui elle eft faite. Telle eft, par exemple , une femme quand elle s’afñigne à elle-même fa dot fur partie de l'héritage de fon mari. (4) AGENT fe dit auffi de celui qui eft commis pour avoir foin des affaires d’un Prince ou de quelque Corps , où d’un Particulier. Dans ce fens Agent eft la même chofe que Député, Procureur , Syndic, Fac- teur. Voyez DÉPÜTÉ , SYNDIC , Gt. En Angleterre parmi les Officiers de l'Echiquier , il y a quatre Agens pour Les taxes & impôts. Voyez TAXE, ECHIQUIER. AGENT , en cermme de Négociation, eft une perfonne au fervice d’un Prince ou d’une République , qui veille fur les affaires de fon maïtre afin qu’elles foient expédiées. Les Agers n'ont point de Lettres de créan- ce, mais fimplément de recommendation ; on ne leur “donne pas audience comme aux Envoyés & aux Ré- fidens: mais il faut qu'ils s’adreflent à un Secrétaire d'Etat , ou tel autre Miniftre chargé de quelque Dé- partement. Ils ne joiiffent pas non plus des Privilé- ges que le Droit des Gens donne aux Ambaffadeurs, aux Envoyés & aux Réfidens. 2x. de Furetiere. AGEOMETRIE ,; défaut ou ignorance de Géo- métrie , qui fait qu'on s’écarte dans quelque chofe des principes & des regles de cette Science. Voyez GÉOMÉTRIE. On l'appelle autrement ageomerrete ; ces deux mots font purement Grecs, "Ayeoperphoi [o'a "Aytouerpie ;les Anolôis & quelques Ecrivains, les ont confervés tels qu'ils font. (O) | AGERATE, ageratum , ( Hiff. at.) plante dont la eur eft monopétale, légumineufe, en forme de tuyau par le bas, & divifée par Le haut en deux le- Vres, dont la fupérieure eft découpée en deux par- ties , & l’inférieure en trois : le piftil qui fort du ca- lice devient un fruit oblong , membraneux , partagé en deux loges,& rempli de petites femences attachées au placénta. Tournefort, 2affir. re herb. appendix. V. PLANTE. | ” AGEÉRATOIDE, en Latin ageraroides, (Ait. nat.) genre de plante qui porte fes fleurs fur une petite tête faite en forme de demi-globe. Ces fleurs font compo- {ées de fleurors d’une feule feuille : les femences qu’elles produifent font couronnées par un anneau membraneux, & tiennent au fond d’un calice qui eftänud. Porrederæ differt. VIII. Voyez PLANTE. (1) _ *AGERONIA ox ANGERONIA, (Myr.) Déefle du Silence : elle préfidoit aux confeils. On avoit placé fa ffatue dans le temple de la Volupté. . Elle eftrepréfentée dans les monumens avec un doigt fur la bouche. Sa fête fe célébroit le 21 Décembre. * AGESILAUS ,(Myrh.) premier nom de Pluton. * AGÉTORION, ( Myth.) fête des Grecs dontil eff faitmention dans Hefychius, mais où l’on n’en ap- prendquelenom. * AGGERHUS ; (:Géog. ) gouvernement de Nor- vege , dont Anflo eit la capitale. … AGGLUTINANS , adj. pris fubft. ( Med. ) Les 2p- glutinans font la Plüpart d’une nature vifqueufe, c’eft- ä-dire , qu'ils fe réduifent facilement en gelée , & prennent une confiftance sommeufe, d’où leur vient le nom d’agglutinans, qui eft formé d’ad à, & gluten, glu. Voyez GLU 6 AGGLUTINATION. . Les agglutinans font des remedes fortifians | & dont l'effet eft de réparer promptement les pertes, en empâtant les fhudes , & en s’attachant aux foli- des du corps ; ainf ils remplacent abondamment ce f À GG 13 que les aétions vitales ont commencé à détruire. Ces remedes ne conviennent qu'aux gens affoiblis & épui- 1és par les remedes évacuans , la diete & les boit. {ons trop aqueufes , comme il arrive à ceux qui ont efluyé de longues & fâcheufes maladies. | On doit divifer Les agglurinans en deux clafles. La prenuere comprend les alimens bien nourriflans , & empâatant les parties acres des fluides : tels font les - gelées en général, comme celles de corne de cerf, de mou de veau, de pié de veau, & de mouton, de poulets. La feconde comprend les remedes qui ne {ont pas ahimens ; telles font la gomme arabique, la gomme adragante , la graine de pfyllium , la graine de lin, l'oliban, le fang de dragon & d’autres. . Mais parmi les remedes 2gg/utinans il y en a qui s'appliquent extérieurement ; tels {ont le baume du Comnandeur , celui d'André de la Croix , les téréz benthines , la farcocolle , lichtyocolle , les poix , & quelques plantes même, comme la confoude, le plan- tin, les orties, les millefeuilles, &c. il en eft d’autres dont l’ufage eft intérieur & extérieur, 74 oyez REME- DES , NUTRITION, FORTIFIANS, Gc. AGGLUTINATION , f, m.( Med. ) a@ion deréu- nur les parties du corps féparées par une plaie ; cou- pure, 6’. De là vient le nom que l’on donne à cer- tains topiques qui produifent cet effet, Le nom d’ag- glutinans. + Mais ce terme peut convenir aux remedes inté- rieurs agglutimans & incraflans, quiempâtant de leur naturel les particules acres de nos fluides, émouf- {ent leur pointe , & changeant ainfi leur confiftance, les rendent plus propres à fournir un fuc nourricier louable & capable de réparer les parties. La nutrition ne remplit tous ces termes qu’au moyen de cette agglutination , & c’eft à fon défaut que nous atttibuons le deflechement de nos folides , la fonte de nos humeurs, & les flux colliquatifs qui détruifent les fluides & corrodent les folides , &e Voyez NUTRITION , ATROPHIE, CONSOMPTION, AGGLUTINANS. (N AGGOUED-BUND , (Soierie.) Il y a différentes fortes de foie qui fe recueïllent au Mogol : l’aggoxed- burd eft la meilleure. AGGRAVATION , £ £. (Jurifpr. ) dans le fens de fon verbe d’oùuil eft formé, devroit fignifier ladion de rendre une faute plus criminelle , où d’en aug- menter le châtiment ; car c’eft-là la fignification d’ag- graver: mais il n’eft pas François ence fens. Aggravation Où aggrave eft un terme de Droit ca- nonique par où l’on éntend'une cenfure eccléfiafti- que , une menace d’excommunication après trois moñutions faites fans fruit. Voyez CENSURE. Après l’agoravation on procede à la réageravation. ou réaggrave, qui eft l’excommunication définiti- ve : le reftejufqu'alors n’avoitété que comminatoire. W,EXCOMMUNICATION &RÉAGGRAVATION;, Etc. L’apgravation & réaggravation ne peuvent être. ordonnées fans la permuflion du Juge laique, . AGGRAVE , 1, m. éerme de Droit canonique; eft la même chofe qu'aggravation. Foyez [upra. ( H) AGGREGATION , 1. f, én phyjique, fe dit quel- quefois de l’aflemblage & union de plufieurs cho=. {es qui compofent un feul tout fans qu'avant cetaf- femblage les unes ni les autres euffent aucune dé- pendance ou liaifon quelconque enfemble. Ce mot vient de la prépoñtion Latine ad, &t grex, troupeau. En ce fens un monceau de fable, un tas de décombres, font des corps par agerégarion. ( O.) AGGRÉGATION, ( Jurifpr.) fe dit auf dans l’ufa- ge ordinaire pour aflociation. Ÿoyez ASSOCIATION. : Aïnfi l’on dit qu'une perfonne eft d’une compagnie ou communauté par aggrégation s une agorégation de : Doteurs aux Ecoles de Droit. En Italie on fait frés . quemment des aggrégations de plufieurs familles ou 174 À GG maifons , au moyen dequoi elles portent les mêmes noms & les mêmes armes. (4) AGGREGÉ, ad}. pris fubitant. dans les Ecoles de Droit. On appelle aggregés en Droit ou fimplement ‘aggregés, des Doéteurs attachés à la Faculté, & dont les fonétions font de donner des leçons de Droit pri- vées & domeftiques, pour difpofer les étudians à leurs examens & thefes publiques, de les préfenter À ces examens & thefes comme fuffifamment prépa- rés, & de venir interroger où argumenter les réci- piendaires lors de ces examens ou de cesthefes. Ces places fe donnent au concours, c’eft-à-dire, à celui des compétiteurs qui en eft réputé Le plus di- one , après avoir foûtenu des thefes publiques fur toutes les matieres de Droit. Il faut pour être habile à ces places être déjà Doéteur en Droit ; on ne l’e- xige pas de ceux qui difputent une chaire, quoique le titre de Profeffeur foit au-deflus de celui d’Agere- ge. La raifon qu'on en rend, eft que le titre de Pro- feffeur emporte éminemment celui de Doékeur. (H ) AGGREGÉ, pris comme fubftantif, eftla réunion ou le réfultat de plufeurs chofes jointes & unies en- femble. Ce mot n’eft prefque plus en ufage; il vient du Latin ageregatum qui figifie la même chofe; &c on dit fouvent l’apgregat au lieu de laggrege : mais ce dernier mot ne s'emploie gueres. Joyez AGGRÉGA- TION & SOMME. Il a la même origine que aggrépa- #01, * Les corps naturels font des aggrepés ou aflemblages de particules ou corpufcules unis enfemble par le principede l’attraétion. Voyez Corps, PARTICULE, E:c. On difoit aufh anciennement en Arithmétique Paporegé ou l’appregat de plufieurs quantités > Pour dire Za fomme de ces mêmes quantités. (0) tr AGGRESSEUR , f. m. ex terme de Droit, eft celui de deux contendans ou accufés, qui a commence la difpute ou la querelle : ileft cenfe Le plus coupable. En matiere criminelle, on commence par informer qui des deux a été l’aggreffeur. AGGRESSION , f. f. cerme de Pratique, eft lation par laquelle quelqu'un fe conftitue aggreffeur dans une uetelle ou une batterie. (4) * AGHAIS , serme de Codtume, marché à aghais ou fait à terme de payement & de livraïfon , & qui oblige celui qui veut en profiter, à ne point laïfter pañler le jour convenu au d’aghais fans livrer ou payer, ou fans configner &c faire affigner au refus de la partie. Voyez Galland , Traité du franc-aleu. | * AGIDIES , (Mythol. ) Joteurs de gobelers, Faï- feurs defours de pañle-pañle ; c’étoit l’épithete que les Payens mêmes donnoient aux Prêtres de Cybele. AGILITÉ, SOUPLESSE , £. f. ( Phyfiolog.) difpo- fition au-mouvement dans les membres ou parties deflinées à être mûes. Voyez MuscLe 6 Muscu- EAIRE. (L) AGIO , .m. rerme de Commerce, ufité principale- ment en Hollande &z à Venife, pour figmfer ce que lPargent de banque vaut de plus que l'argent cou- tant, excédent quieft aflez ordinairement de cinq pour cent, Ce mot vient de l'Italien agio, qui figmfe aider. & * , Sirun Marchand, dit Savary dans on Didionnaire du Commerce, en vendant fa marchandife, ftipule Le payement, ou feulement cent livres en argent de banques owcent cinq én argent de caïfle ; en ce cas on dit que l’agio éft de cinq pour cent. L’agio de banque ,ajoûte le même Auteur, eft va- riable dans prefque toutes les places à Arfterdam. I eft ordinairementid'environ trois ou quatre pour cent; à Rome deïprès de vingt-cinq fur quinze cens; à. Venile, de vingt pour'cent fixe. Agio fe dit aufipour exprimer: le profit qui re- vient d'une avance faite‘ pour quelqu'unt; 8 en ce fens les noms d’agio'&c d'avance lont fynonymes, On AGI {e fert du premier parmi les Marchands &-Négocians, “dour faire entendre que ce n’eft point un intérêt, mais un profit pour avance faite dans le commerce: ce profit fe compte ordinairement fur le pié de demi pour cent par mois, c’efl-à-dire,, à raïfon de fx pour cent par an. On lui donne quelquefois, mais impro- prement , le nom de change. Savary, Didfionnaire du Cornmerce , Tome I. page 6 0G. | | Agio fe ditencore, mais improprement , du change d’une fomme négociée, foit avec perte, foit avec profit. Quelques-uns appellent agio d’afférance, ce que d’autres nomment prime ou couf? d’afférance. Voyez PRIME. 14, ibid, (G) AGTOGRAPHE,, pieux , utile, qui a écrit des cho- fes faintes, & qu’on peut lire avec édification. Ce mot vient de dyscc, fainc, facré, &t de ypago , j'écris. C’eft le nom que l’on donne communément aux Li- vres qui ne font pas compris au nombre des Livres facrés , qu'on nomme Apocryphes : maïs dont l’Eglife a cependant jugé la leéture utile aux Fideles, & pro- pre à leur édification. Voyez HAGIOGRAPHE. AGIOTEUR, f. m. (Commerce. ) c’eft le nom qu'on donne à celui qui fait valoir fon argent à gros intérêt, & qui prend du public des effets de com- merce fur un pié très-bas, pour les faire rentrer en- fuite dans le public fur un pié très-haut. Ce terme n’eft pas ancien: il fut, je crois, employé pour la premiere fois, ou lors du fameux fyftème , ou peu de tems après, (G . AGIR, v. at. ( Morale, ) Qu’eft-ce qu’agir? c’eft, dit-on , exercer une puiffance ou faculté ; & qu’eft- ce que puiffance ou faculté ? c’eft, dit-on , Le pouvoir d'agir: mais le moyen d’entendre ce que c’eft que Pouvoir d'agir, quand on ne fait pas encore ce que c’eft qu’agrr ou alion ? on ne dit donc rien ici, fice n'eft un mot pour un autre: l’un obfeur, & qui eft ‘état de la queftion; pour un autre obfcur, & qui eft également l’état de la queffion. Il en eft de même de tous les autres termes qu’on a coûtume d'employer à ce fujet. Si l’on dit qu’agir, c’eft produire un effet, & en être la caufe eficienté & proprement dite. Je demande, 1°. ce que c’eftque produire ; 2%. ce que c’eft que l’effér ; 3°. ce que c’eft que caufe ; 4°. ce que c’eft que caufe cfficiente, & pro- prement dite. . I eft vrai que dans les chofes matérielles & es certaines circonitances, je puis me donner une idée aflez jufte de ce que c’eft que produire quelque chofe & en être la caufe efficiente, en me difant que c’eft communiquer de fa propre fubtance à un être cenfé nou- veau. Aïnf la terre produit de herbe qui n’eft que la fubflance de la terre avec un furcroït ou change- ment de modifications pour la figure, la couleur, la flexibilité, 6c. "ha En ce fens-là je comprens ce que c’eftque produr- re ; J'entendrai avec la même facilité ce que c’eft qu'effer, en difant que c’eft l’être dont la fubitance a été tirée de cellé d’un autre avec de nouvelles modi- fications ou circonftances ; car s’il ne furvenoit point de nouvelles modifications, la fubftance comimuni- quée ne difereroit plus de celle qui communique. ” Quand une fubflance communique ainfi à une autre quelque chofe de ce qu'elle eft, nous difons qu’elle agir : mais nous ne larffons pas de dire qu'un être agir en bien d’autres conjonéires , où nous ne voyons point qu'une fubftance communique rien de ce qu'elle eff, dés Qu'une pierre fe détache du haut d’un rocher, & que dans fa chûte elle poufle une autre pierre qui commence de la forte à defcendre, nous difons que la premiere pierre agir fur la feconde; lui a-t-elle pour cela rien communiqué de {à propre fubfance ? C’eft, dira-t-on , le mouvement de la premiere qui seft commüniqué à la feconde; & c'eft par cette communication dé mouvement que la premiere pierre eft dite agir. Voilà encore de ces difcours où Ton croit s'entendre, & où certainement on ne s’en- tend point aflez; cär enfin comment le mouvement de la premiére pierre fe communique-t-il à la fécon- de, s’il ne fe communique rien de là fubftance de la pierre ? c’eftcomme fi l’on difoit que la rondeur d’un slobe peut fe communiquer à PR fubftance , fans qu'il fe communique rien de la fubftance du globe, Le mouvement eft1l autre chofe qu’un pur mode ? & un mode eftil réellement & phyfiquement autre chofe que la fubftance mênre dont il eft mode ? De plus, quand ce que j'appelle en moi mon ame où mon efprit; de non penfant où de non voulant à légard de tel objet ; devient penfant où voulant à Pégard de cet objet; alors d’une commune voix:il eft dit agir. Cependant & là penfée & la volition n’é- tant que les modes de mon efprit, n'én font pas une fubftance diftinguée ; & par cet endroit encore agir d’eft point communiquer une partie de ce qu’eft uñe fubftance à une autre fubftance. De même encore fi nous confidérons Dieu en tant qu'ayant été éternellement le feul être, il te trouva par la volonté avec d’autres êtres que lui, qui furent nomimés créatures ; nous difons éncore par-là que Diet a agi : dans cetre aétion ce n'eft point non plus la fubftance de Dieu qui devintpartie de la fubftance des créatures. On voir par ces différens éxemples que le mot agir forme des idées entierement différentes : ce qui eit tres-remarquable. = Dans le premier, agir fionifie feulèment ce qui fe pañe quand un corps en mouvement feñcontre un fecond corps, lequel à cette occafion eft mis en mou vement,.où dans un plus grand mouvement, tandis que le premier cefle d’être en mouvement, ou dans un fi grand monvement. l Dans le fecond , agir fignifñie ce qui fe pale en moi, quand mon ame prend une des detix modifica- tions dont je fens par experience qu'elle eft fufcep- tible, & qui s'appellent perfée ou volision. Dansletroificme, agir figifie ce quiartive ; quand en conféquence de la volonté de Dieu 1l fe fait quel- que chofe hors de lui. Or en ces trois exemples, Le mot agir exprime trois idées tellement différentes, qu'il ne s’y trouve aticun rapport, finon vague &c indéterminé, comme il eft aie de le voir. Certainement les Philofophes , & en particulier les Métaphyfciens, demeurent ici en beau chemin. Je ne les vois parler ou difputer que d'agir &c d'action; &t dans aucun d'eux, pas même dans M. Loke, qui a voulu pénétrer juiqi'aux derniers replis de lenten- dement humaïñ , je ne trouve point qu'ils aient pen{é nulle part à expofer ce que c’eft qu'agir. Pour réfultat des difcuflions précédentes, difons ce que l’on peut répondre d'intelhgible à la quef- tion. Qu'eft-ce qu'agir ? je dis que par rapport aux créatures , agir eft, en général, 4 difpofiion d'un étre en tant qué par Jon entremife il arrive ailuellement quelque changement ; €at il eft impofhible de concevoir qu'il arrive naturellement du changement dans la na- ture, que ce ne foit par un être qui agifle ; & nul être créé n'agit, qu'il n'arrive du changement, ou dans lui-même , où au-dehors. _- On dira qu'il s’enfuivroit que la plume dont j'écris attuellement devroit être cenfée agir, puifque c’eft pat fon entremue qu'il {e fait du changement fu cé papier qui de non écrit devient écrit. À quoi je Té- ponds que c’eft de quoi le torrent mème des Philo- 1ophes doivent convenir , dès qu'ils donnent à ma plume en certaine occafion le nom de caufé inftrumen= £ale ; car fi elle eft caule, elle a un effet, & tout ce Qui a un effet, agir. AGE Je dis plus: ma plume en cette ocçafion agit audi - Lun FAO 75 réellement & auf formellement qu’un feu foûterrain qui produit un tremblement de terre; car ce trem- blément n’eft autre chofe que le mouvement dés par- ties de la térre excité par le mouvement des parties du feu : comme les traces forméés a@uellement fur ce papier ne font que de l'encre mûe par ma phime, qui elle-même eft mûe par ma main, il n’y à donc de différence , finon que la caufe prochaine du mou- vement de la terre eft plus imperceptible, ais elle n'en éft pas moins réelle, Notre définition convient encore mieux à ce qui eft dit agir à l'égard des efprits, foit au-dedans d'eux mêmes par leurs penfées & volitions, foir au-dehors par le moûvement qu'ils impriment à quelque cofps; chacune de ces chofes étant un'changement qui ar: rive par l’entremife de l'ame, La même définition peut convenir également bien à l’aétion de Dieu dans ce que nous en pouvons con- cevoir. Nous concevons qu'il âgit entant qu'il pro- duit quelque chole hors de lui; car alors c’eft un Changement qui fe fait par le moyen d’un être exif- tant par lui-même. Mais avant que Dieu eût rien produit hors de li, n’agifloitil point, & auroit-il été de toute éternité fans aétion ? queftion incompré- henfble. Si, pour y répondre, il faut pénétrer l’ef fence de Dieu impénétrable dans ce qu’elle eft pa elle-même, les Savans auront beat nous dire fur ce fujet que Dieu de toute éternité agit par un aûe fim- ple, immanñenñt 6 permanent ; grand difcours, & fi l’on veut refpeétable , mais fous lequel nous ne pouvons avoir des idées claires. Pour moï qui, comme le ditexpreflément PApôtre Saint Paul, ne connois naturellement le Créateur que par les créatures, je ne puis avoir d'idée de lui naturellement qu'autant qu’elles m'en fourniflent ; & elles né m'en fourmiflent point fur ce qu’eft Dieu, lans aucun rappott à elles. Je vois bien qu’un être intelligent, coïfime l’auteur des créatures, a penfé de toute étermté. Si l’on veut appeller agir à l'égard de Dieu, ce qui eft fimplement per/er où vouloir, fans qu'il lui furvienne nulle modification , nul change- ment ; je ne m'y oppole pas; & fi la Religion s’ac- corde mieux de ce térme agir, jy ferai encore plus inviolablement attaché: mais au fond la queftion ne fera toùjours que de nom; puifque par rapport aux créatures jé comprends ce que c’efl qu’air, & que c’eft ce même mot qu'on veut appliquer à Dieu, pour expfitner en lui ce que nous ne comprenons point. Au reîte je ne comprends pas mêmé la vertu & lé principe d'agir dans les créatures ; j'en tombé d’ac- cord. Je fai qu'il y a dans mon ame un principe qui fait mouvoir mon corps ; je ne comprends pas quel én eff le reflort: mais c’eft aufli ce que jé n'entre: prends point d'expliquer. La vraiè Philofophie fe trouvera fort abrégée, fi tous les Philofophes veu: lent bien, comme moi, $’abftenir de parler de ce qui manifeftèment eft incompréhenfible. ; Pour finir cet article, expliquons quelques ter- mes familiers dans Le fujet qui fait celui de ce même article. | | 1°. Agir, comme J'ai dit, eften général, par rap- port aux créatures, cé qui {e pañfe dans un être par le moyen duquel il arrive quelque changement. 2°, Ce qui furvient par ce changement s’appelle effet ; ainfi agir & produire un effet , c’eit la même chofe. 3°. L’être confidéré en tant que c’eff par lui qu’ars rive le changement, je l'appelle caufe. > 4°. Le changement confidéré au moment même où il arrive, s’appelle par rapport à la caufe > HO, 5°. L'aétion en tant que mifé ou rectie dans quel: que être, S’appelle paffion ; ëc entant que reçûe dans un être intelligent, qui ku-même Pa produite , elle s'appelle aëe ; dé forte que dans les êtres {pirituels on 76 A GÏ dit d'ordinaire que l’aëte eft le terme de la faculté agiflante, & l’adlion l'exercice de cette faculté. 6°, La caufe confidérée au même tems, par rap- port à l’adion & à l’aûte, je Pappelle cazfalité. La caufe confidérée entant que capable de cette caufa- lité, je l'appelle puiffance ou faculte. (X) AGrr eft d’ufage ez Méchanique & en Phyfique : on dit qu’un Corps agir pour produire tel ou tel effet. Voyez AcTioN. On dit aufi qu'un corps agzs fur un autre, lorfqu'ille poufle ou tend à le poufler. Foyez PERCUSSION. (0) AGIR , en terme de Pratique, fignifie pourfuivre une demande ou a&tion en Juftice. Voyez ACTION 6 DE- MANDE. (H) AGITATEURS, f. m.( if. mod. ) nom que l’on donna en Angleterre vers le milieu du fiecle pañlé à certains Agens ou Solliciteurs que l’armée créa pour veiller à fes intérêts. Cromvwel fe ligua avec les Agzsateurs, trouvant qu'ils étoient plus écoutés que le Confeil de guerre même. Les Apitateurs commencerent à propofer la réforme de la Religion & de l'Etat, & contribuerent plus que tous les autres fa@tieux à l'abolition de l’E- pifcopat & de la Royauté : mais Cromwel parvenu à fes fins par leur moyen , vint à bout de les faire cafler. (G AGIT ATION , £. f. (Phyf.)figniñie le fecouement, le cahotage ou la vacillation d’un corps en différens fens. Voyez MOUVEMENT. Les Prophetes, les Pythies étoient fujets à de vio- lentes agitarions de corps, &c. & aujourd’hui les Quakres ou Trembleurs en ont de femblables en An- gleterre. Voyez PROPHETE , PYTHIE, rc. Les Phyfciens appliquent quelquefois ce mot à l’efpece de tremblement de terre qu'ils appellent #re- ior & arietatio. Voyez TREMBLEMENT dererre. Les Philofophes l’employent principalement pour fignifier l’ébranlement inteftin des parties d’un corps naturel. Voyez INTESTIN. Ainfi on dit que le feu agite les plus fubtiles par- ties des corps. Voyez FEU. La fermentation & l’effer- vefcence ne fe font pas fans une vive agiration des particules du corps fermentant.#”. FERMENTATION, ÉFFERVESCENCE 6 PARTICULE. (O) AGITO , qu'on nomme auf gto, ( Comm. ) pe- tit poids dont on fe fert dans le Royaume de Peu. Deux agiro font une demi- biza ; la biza pefe cent reccalis , c’eft-à-dire , deux livres cinq onces poids- fort, ou trois livres neuf onces poids léger de Ve- nife. Savary, Difion. du Commerce , rome I. p. 606. * AGLAÏTA , ( Myth.) nom de la plus jeune des trois Graces , qu’on donne pour époufe à Vulceain. Voyez GRACES.. - * AGLAOPHÈME, ( Myth.) une des Sirenes. Voyez SIRENES. * AGLATIA, Tout ce que nous favons de l’agla- tia, c'eft que c’eft un fruit dont les Egyptiens fai- foient la récolte en Février , &c qui dans les carac- teres fymboliques dont ils fe fervoient pour défigner leurs mois , fervoit pour indiquer. celui de fa récolte. Voyez le tome IT, du Supplem. des Antiquités du Pere Montfaucon. : * AGLIBOLUS ,( Myrh. ) Dieu des Palmyréniens. Ils adoroient le foleil fous ce nom : ils le repréfen- toient fous la figure d’un jeune homme vêtu d’une tunique relevée par la ceinture, & quine lui def- cendoit que jufqu’au genou, & ayant à fa main gau- che un petit bâton en forme de rouleau ; ou felon Hérodien , fous la forme d’une grofle pierre ronde par enbas , & fimiflant en pointe ; ou fous la forme d’unhoôomme fait , avec les cheveux frifés, la figure de la lune fur l’épaule , des cothurnes aux piés, & un javelot à Ja main. | # AGMAT ox AGMET, ( Géog. ) ville d'Afri- AGN que , au Royaume de Maroc , dans la province & fur la riviere de même nom. Long. 11. 20. lar, 30. 35. * AGNACAT , ( Æiff. nat. bor. ) Rai fait men- tion de cet arbre, qu’on trouve, ditl, dans une con- trée de l'Amérique voifine de lPiffhme de Darien : il eft de la grandeur & de la figure du poirier ; fes feuilles {ont d’un beau verd, & ne tombent point. Il porte un fruit femblable à la poire, verd lors mé- me qu'il eft mûr. Sa pulpe eft aufhi verte, douce, grafle , & a le goût de beurre. Il pafle pour un puif- lant érotique. * AGNADEL , ( Géog. ) village du Milanez, dans la terre de Crémone , fur un canal entre l’Adda & Serio, Long. 27. lat. 45. 10. * AGNANIE ox ANAGNI, ( Géog. ) ville d'Italie dans la campagne de Rome. Long.3 0-41. lat. 41-45: * AGNANO , ( Géog. ) lac du Royaume de Na- ples dans la Terre de Labour. AGNANS , f. m. pl. ( serme de Riviere. ) fortes de morceaux de fer en triangle , percés par Le milieu, qui fervent à river les clous à clains qui entrent dans la compofition d’un batteau foncet. * AGNANTHUS, ( Hiff. nat. bot. ) plante dont Vaillant fait mention. Ses fleurs font placées aux ex- -trémités des tiges & des branches en bouquets. Elles refflemblent beaucoup à celles de l’'agnus caflus. C’eft un petit tube dont le bord antérieur eft découpé en. portions inégales : de ces portions les trois fupérieu- res forment un trefle ; des trois inférieures , celle du milieu eft la plus grande des fix, & fes deux latéra- les les plus petites de toutes. L’ovaire naït du fond d'un calice découpé : cet ovaite tient à l’extrémité du tube qui forme la fleur. Quand la fleur tombe, il fe change, à ce que rapporte Plumier, en une baie qui contient une feule femence : il n’y en a qu'une efpece, Voyez les Mémoires de l’Académie des Sczences 1722. AGNATION , f. f. terme du Droit Romain, qui fi- gnifie le lien de parenté ou de confanguinité entre les defcendans par mâles d’un même pere. Voyez AGNATS. "étymologie de ce mot eft la prépofition Latine ad , 8 nafci, naître. L’agnation differe de la cogration en ce que celle: ci étoit le nom univerfel fous lequel toute la famille 8 même les agnats étoient renfermés ; au lieu que l’'agnation n’étoit qu’une forte particuliere de cogna- tion , qui ne comprenoit que les defcendans par mâ- les. Une autre différence eft que l’agrarion tire fes droits & fa diftinétion du Droit civil , & que la cog- nation au contraire tire Les fiens de la Loi naturelle & du fang. Voyez COGNATION. Par la Loi des douze Tables , les femmes étoient appellées à la fucceflion avec les mâles , fivant leur desré de proximité , & fans difinétion de fexe. Maïs la Jurifprudence changea dans la fuite; & par la Los Voconia les femmes furent exclues du privilège de l'agnation , excepté celles qui étoient dans le degré même de confanguinité, c’eft-à-dire , les fœurs de celui qui étoit mort 2zreffar: & voilà d’où vint la dif- férence entre les agnats & les cognats. Mais cette diftinétion fut dans la fuite abolie paf Juftinien , {nffivur. III. 20. 8 les femmes furent ré- tablies dans les droits de l’agnation ; en forte que : tous les defcendans paternels , foit mâles ou femel- les, furent admis indiftinétement à lui fuccéder fui- vant le degré de proximité. Par-là le mot de cognation rentra dans la fignifica- tion naturelle, & fignifia tous les parens , tant du côté du pere que du côté de la mére ; 8 agnarion fi« gnifia feulement les parens du côté paternel Les enfans adoptifs joiifloient aufli des priviléges de l'agnation , que l’on appelloit à léur égard civile, pat oppoñtion à l'autre qui étoit naturelle. : : AGNATS ; AGNATS , serme de Droit, Romain,les defcen- dans mâles d’un même pere. Ÿ. AGNATION. Agnats fe dit par oppoñtion à cogzafs,, terme plus. f générique qui comprend aufli la defcendance fémi- nine du même pere. 7. COGNATS, COGNATION é AGNATION. (4) Jr tt AGNEAU. ( Théo. ) Voyez PASCAL: h ; * AGNEAU, f. m.( Œconom. ruflig.) c’eft le petit de la brebis & du bélier. Aufli-tôt qu'il eft né on le leve, on le met fur fes piés, on l’accoûtume à téter: s’il refufe, on lui frotte les levres avec du beurre & du fain-doux, & on y met du lait. On aura le foin de tirer le premier lait de la brebis, parce qu'il eft pernicieux : on enfermera lagneau avec fa mere pendant deux jours, afin qu’elle le tienne chaude- ment & qu'il apprenne à la connoître. Au bout de quatre jours on menera la mere aux champs, mais re fon petit ; il fe paflera du tems avant qu'il foit aflez fort pour l’y fuivre. En attendant on le laïffera. fortir Le matin & le foir, & téter fa mere avant que de s’en féparer. Pendant le jour on lui donnera du fon & du meilleur foin pour l’empècher de bêler. Il faut avoir un lieu particulier dans la bergerie pour les agneaux: ils y pafleront la nuit féparés des meres par une cloïfon. Outre le lait de la mere, 1l y en a qui leur donnent encore de la vefce moulue, de l’a- voine, du fain-foin, des feuilles, de la farine d’orge ; tous:ces alimens font bons : on les leur expofera dans de petites auges & de petits rateliers : on pourra leur donner aufli des pois qu'on fera cuire modérément , & qu’on mettra enfuite dans du lait de vache ou de chevre. Ils font quelquefois difficulté de prendre cette nourriture ; mais.on les y contraint, en leur trempant Îe bout du mufeau dans l’auget, & en les faifant ava- ler avec le doigt. Comme on fait faillir les brebis au mois de Septembre , on a des agneaux en Fevrier : on ne garde que les plus forts, on envoie les autres à {a boucherie : on ne conduit les premiers aux champs qu'en Avril, & on les fevre fur la fin de ce mois. La brebis n’allaite fon petit que fept à huit femaines au plus, % on le lui laïfle : mais on a coûtume de le lui Ôter au bout d’un mois. On dit qu'un agneau ne s’a- drefle jamais à une autre qu’à fa mere, qu'il recon- noît au bêlement , quelque nombreux que foit un troupeau. Le fain-foin, les raves, les navets, 6:c. don- neront beaucoup de lait aux brebis, ê& les agneaux ne s’en trouveront que mieux. Ceux qui font du fro- mage de brebis ; les tirent le matin & le foir, &c n’en laiflent approcher les agneaux que pour fe nourrir de ce qui refte de lait dans les pis ; & cela leur fuf- fit, avec l’autre nourriture, pour les engraïfler, On vend tous les agneaux de la premiere portée, parce qu'ils font foibles. Entretous, on préfere les plus chargés de laine, & entre les plus chargés de laine, les blancs, parce que la laine blanche vaut mieux que la noire. Il ne doit y avoir dans un troupeau bien compofé qu’un mouton noir contre dix blancs. Vous châtrerez vos agneaux à cinq ou fix mois, par un tems qui ne foit m froid ni chaud. S'ils reftoient be- liers, ils s’entre-détruiroient, & la chair en feroit moins bonne. On les châtre en leur faifant tomber les tefticules par une incifon faite à la bourfe, ou en les prenant dans le lacs d’un cordeau qu’on ferre jufqu’à ce que le lacs Les ait détachés. Pour prévenir Venflure qui fuivtoit, on frotte la partie malade avec du fain-doux, &c on foulage l’agneau en le nourrif- fant avec du foin haché dans du fon, pendant deux ou trois jours. On appelle agreaux primes ceux qu’on a d’une brebis mife en chaleur, & couverte dans le tems requis : ces agneaux font plus beaux & fe ven- dent un tiers, & quelquefois moitié plus que les au- tres. Ces petits animaux font fujets à la fievre & à la gratelle. Aufli-tôt qu'ils font malades, il faut les féparer de leur mere. Pour la fievre, on leur donne Tome L. A GN, 177. du lait -de leur mere coupé avec de l'eau : quant à la gratelle qu'ils gagnent au menton, pour avoir, à ce qu’on dit, brouté de l’hetbe: qui n’a point.encore été humeëtée par la rofée ; on les en guérit en leur frottant le muieau, la langue & le palais, avec du {el broyé & mêlé avec l’hyfope ; en leur lavant les parties malades avec du vinaigre, les frottant en- fuite avec du fain-doux & de la poix-réfine fondue enfemble. On s’apercevra/que les agneaux font ma- lades, aux mêmes fymptomes qu’on le reconnoît dans les brebis. Outre les remedes précédens pour la gratelle , d’autres fe fervent encore de verd-de- gris êc de vieux-oing,, deux parties de vieux-oing contre une de verd-de-oris ; on en frotte la gratelle à froid : il y en a qui font macérer des feuilles de, cyprès broyées dans de l’eau > &c ils en lavent l'en- droit du mal. | Fe à CA AGNEAU, (Cuifime.) Tout ce qui fe mange de l'agneau eft délicat. On-met la tête & les piés.en potage: on les échaude, on les affaiflonne avec le petit-lard , le fel, le poivre, les clous de airofle, 8C les fines herbes : on frit la cervelle après lavoir bien faupoudrée de mie de pain : on met la freflure au pot, ou dépecée en morceaux on la fricaffe : on {ert la poitrine frite : on la coupe par morceaux; on la fait tremper dans le verqus, le’ vinaigre, le fel, le poivre, le clou.de girofle, le laurier, pendant qua- tre heures: on fait une pâte claire de farine, jaune d'œufs & vin blanc : on a une poële de beurre ou de fain-doux toute prête fur le feu, & l’on y jette les morceaux d'agneau, après qu'on les a tournés & re- tournés dans la pâte claire ; mais il fant pour cela que le beurre fondu foit aflez chaud. On peut faire une entrée avec la tête 8 les piés; les piés fur-tout feront excellens , fi on en Ôôte les grands os, qu’on en remplifle le dedans d’une farce grafle de blanc de volaille, de perdrix, de riz, avec truffes, cham- pignons , moelle, lard blanchi & haché, fines her- bes , {el, poivre, clous, crême , & jaune d'œufs. On partage l'agneau par quartiers, & on le met à la broche ; c’eft un très-bon rôti. Voilà la vieille cui- fine, celle de nos peres.-Il n’eft pas poffible de fui- vre la nouvelle dans tous fes rafinemens : il vaudroit autant fe propofer l’hiftoire des modes, ou celle des combinaiions de PAlchimie. Tous les articles de la Cuifine ne feront pas faits autrement, Nous ne nous fommes pas propoiés de décrire les manieres difé- rentes de dénaturér les mets, mais bien celle de les affaifonner. Queftion de Jurifprudence, Les agneaux font-ils com- pris dans un legs fait fous le nom d’oves ? Non, il faut les en féparer. Mais à quel âge un agnéau eft-il mis au nombre des brebis ? À un an dans quelques en- droits ; à la premiere tonte de laine dans d’autres. La chair des agneaux trop jeunes pafle pour gluan- te , vilqueule, & mauvaife nourriture. Dans des tems de mortalité de beftiaux, on a quel- quefois défendu de tuer des agneaux. On lit dans un Reglement de CharlesIX. du 28 Janvier 1563 , art. 39: Inhibons 6 défendons de tuer ni MANQET APTEAUX 3 de ce jour en ur an, fous peine de dix livres d'amende. Diférens anciens Reglemens reftreignent le tems du commerce des agneaux au tems feul compris depuis Pâques jufqu’à la Pentecôte. IL y en eut auf qui fixe- rent l’âge auquel 1ls pouyoient être vendus ; & ilne fut permis de tuer que les agneaux d’un mois, de fix femaines, & de deux mois au plus. Le tems de la vente des agneaux s’étendit dans la fuite depuis le premier de Janvier jufqu’après la Pentecôte. Il y eutun Arrêt en 1701, qui ne permit de ven- dre & tuer des agneaux que dans l'étendue de dix lieues aux environs de Paris, & que depuis Noël jufqu’à la Pentecôte. Si l’on fait attention à l’impor- tance qu’il y a d’avoir des laines en quantité, on 178 A GN conviendra dela fageffe de ces lois & de celle du gou- vernement, quina prefque pas perdu de vüe un feul des objets qui pourroient intérefler notre bien-être. Nous avons un nombre infini d’occafions de faire cette réflexion, & nous ne nous lafflerons point de là répéter, afin que les peuples apprennent à aimer là fociété dans laquelle ils vivent, & les Puiffances qui les gouvernent. AGNEAU , ( Mar. med, ) On emploie plufeurs de {és parties en Medecine. Hippocrate dans fon traité de fuperfetatione, ordonne d’appliquer une peau d’a- gneau toute chaude fur le ventre des filles qui font incommodées par une fuppreffion de regles, dans le deflein de relâcher les vaifleaux de l’uterus & d’en diminuer la tenfon. M. Freind dans fon Emmenalogie recommande des fomentations émollientes pour le même effet : mais la chaleur balfamique de la péau d’un agneau nou- vellement tué, me patoït plus propre qu'aucune au- tre chaleur artificielle à relâcher les vaifleaux. Ses poumons font bons dans les maladies de la poi- trine ; {on fiel eft propre contre l’épilepfe, la dofe en eft depuis deux gouttes jufqu’à huit. La caillette qui fe trouve au fond de fon eftomac eft regardée comme un antidote contre les poifons. Les poumons de cet animal brülés & réduits en poudre guériflent les meurtriffures que caufent les fouliers trop étroits. L’agneau contient une grande quantité d'huile &z de fel volatil. Les parties de Pagneau lés meilleures & les plus légéres font, fuivant Celfe , la tête & les piés. Il donne un fuc gluant. L’agnéau eft humeétant, rafraichiffant ; il nour- rit beaucoup & adoucit les humeurs acres & pico- tantes : quand il eft trop jeune & qu'il n’eft pas aflez cuit , il eit indigefte. Il convient dans les tems chauds aux jeunes gens bilieux : mais les perfonnes d’un tem- pérament froid & phlegmatique , doivent s’en abfte- nir & en ufermodérément. (N) La peau d'agneau garnie de fon poil & préparée par les Pelleniers-Fourreurs ou parles Mépiffiers , s'emploie à de fort bonnes fourrures qu’on appelle fourrure d’a- grelins. Ces mêmes peaux dépouillées de la laine, fe paf. fent auf en mégie, & on en fabrique des marchan- difes de ganterie. À l'égard de la laine que fournif- fent les agneaux, elle entre dans la fabrique des cha- peaux , & on en fait aufli plufieurs fortes d’étoffes & de marchandifes de bonneterie. * AGNEAUX de Perfe, ( Commerce. ) Les fourrures de ces agneaux font encore préférées en Mofcovie à celles de Tartarie : elles font grifes & d’une fri- fure plus petite & plus belle : mais elles font fi che- res qu'onn’en garnit que les retrouflis des vêtemens. *AGNEAUX de Tartarie, ( Commerce. ) agneaux dont la fourrure eft précieufe en Mofcovie : elle vient de la Tartarie & des bords du Volga. La peaueft trois fois plus chere que l’animal fans elle. La laine en eft noire ; fortement frifée, courte, douce & éclatante, Les Grands de Mofcovie en fourrent leurs robes & leurs bonnets, quoiqu’ils pufflent employer à cet ufa- ge lesmartres zibelines , fl communes dans ce pays. AGNEAU de Soythie. Voyez AGNUS SCYTHICQUS. * AGNEL ox AIGNEL , ancienne monnoie d’or qui fut battue fous S. Louis , & qui porte un agneau ou mouton. On lit dans le Blanc que l’zgze/ étoit d’or fin, & de ÿo + au marc fous S. Louis, & valoit r2 fous 6 deniers tournois. Ces fous étoient d'argent & prefque du poids de l’agnel. La valeur de l’agnel ef ‘encore fixée par le même Auteur à 3 deniers $ grains trébuchans. Le Roi Jean enffit faire qui étoient de ro à 12 grains plus pefans. Ceux de Charles VI. & de Charles VII. ne pefoient que 2 deniers , & n’étoient pasor fin. * AGNELINS, (zerme de Mégifferie.) peaux pañlées A GN d’un côté, qui ont la laine de l’autre côté, Nous avous expliqué à Particle AGNEAU , l’ufage que les Mégifiers , les Chapeliers, les Pelletiers- Fourreurs & plufeurs autres ouvriers font de la peau de cet animal. 4 Agnelins {e dit encore de la laine des agneaux qui n’ont pas été tondus , & qui fe leve pour la premiere fois au fortir des abattis des Bouchers ou des bouti- ques des Rôtiffeurs. Agnelins {e dit en général de la laine des agneaux qui n’ont pas été tondus , foit qu’on la conpe fur leur corps , ou qu’on l’enleve de deflus leurs peaux après u'ils ont été tués. * AGNESTIN , (Géog. ) ville de Tranfylvanie fur la riviere d'Hofpach. Long. 43. 12. lat. 46. 45. AGNOITES oz AGNOËTES , f. m. pl. ( Théoz.} feéte d’hérétiques qui fuivoient l'erreur de Théophro- ne de Cappadoce , lequel foûtenoit que la Science de Dieu par laquelle il prévoit les chofes futures , connoït les préfentes & {e fouvient des chofes paf- fées , n’eft pas la même, ce qu’il tâchoit de prouver par quelques paflages de l’Ecriture. Les Eunomiens ne pouvant fouffrir cette erreur le chaflerent de leur communion ; & 1l fe fit chef d’une fete, à laquelle on donna le nom d’£Euromifphroniens. Socrate , So zomene & Nicéphore qui parlent de ces hérétiques ajoûtent qu'ils changerent auffi la forme du baptême, ufitée dans l’Eglife, ne baptifant plus au nom de la Trinité , maïs au nom de la mort de Jefus- Chrift. Voyez BAPTÈME 6 FORME. Cette fete commença fous l'empire de Valens, vers l’an du falut 370. AGNOITES 04 AGNOETES , fe@e d’Eutychiens dont Thémiftins fut l’auteur dans le vr. fiecle. Ils foûtenoient que Jefus-Chrift en tant qu'homme igno- roit certaines chofes , & particuliérement le jour du jugement dernier. Ce mot vient du Grec ayvcures, ignorant, dérivé d’ayvoe, zenorer. Eulogius , Patriarche d'Alexandrie , qui écrivit contre les Ægnoites {ur la fin du vi. fiecle, attribue cette erreur à quelques Solitaires qui habitoïent dans le vofinage de Jérufalem , & qui pour la défendre alléguoient différens textes du Nouveau Teftament , ê& entre autres celui de S. Marc, c.xiÿ. v. 32. que 72/ honrme fur la serre ne fait ni le jour , ni l'heure du juge- ment , ni les Anges qui [ont dans le ciel, n1 même le Fils ; mais le Pere feul. Il faut avouer qu'avant l’héréfie des Ariens qui ti- roient avantage de ce texte contre la divinité de Je- fus-Chrift, les Peres s’étoient contentés de leur ré- pondre que ces paroles devoient s'entendre de Je- fus-Chriit comme homme, Mais depuis Arianifme & les difputes des Agnoites , les Théologiens Catho- liques répondent que Jefus-Chrift , même comme homme , n'ignoroit pas le jour du jugement ,"puif- qu'il en avoit prédit l’heure en S. Luc, c. vx. v, 37. le lieu en S. Matthieu, c. xxiv. v. 28. Les fignes & les caufes en S. Luc, c. xxy. y. 24. ce qui a fait dire À S. Ambroïfe, Lib. W. de fide, c. xvj. n°. 204. quo- modo nefcivit judicii diem qui & horam prædixir | 6 lo- cum © figna expreffit ac caufas ? maïs que par ces pa- roles le Sauveur avoit voulu réprimer la curiofité in- difcrete de fes difciples , ‘en leur faifant entendre qu’il n’étoit pas à propos qu'il leur révélât ce fecret : & enfin, que ces mots, 2 Pere feul, n’excluent que les créatures & non le Verbe incarné, qui connoïfloit bien l'heure &c'le jour du jugement en tant qu'hom- me , mais non par la nature de fon humanité quel- qu'excellerite qu’elle füt , dit S. Grégoire : 22 natur& quidem humanitatis novit diem 6 horam , non ex naturä humanitatis novir, Ideo fcientiam , quam ex naturä hu- manë non habuit, in qué cum Anpgelis creatura fuir, hanc fe cum Angelis habere denegavit. Lib. I. epiff. xliy. Wuitaf. #raût. de Trinir, part, 1. qu, iv, art, 2. Je&, üij. p.408. 6 fe. (G) A GN + * AGNONE ox ANGLONE, ( Géop. ) ville confi- érable du Royaume de Naples dans l'Abruzze près du Mont-Marel. AGNUS-CASTUS, en latin #rex , arbrifleau dont la fleur eft compofée d’une feule feuille, & dont le piftil devient un fruit compolé de plufeurs capfules. Cette fleur femble être divifée en deux levres; fa partie poflérieure forme un tuyau ; il fort du calice un pitil qui eft fiché comme un clou dans la partie poftérieure de la fleur ; dans la fuite il devient un fruit prefque fphérique , divifé en quatre cellules , & rempli de-femencés oblongues, Tournefort, 24/2, rei herb, Voyez PLANTE. (1) AGNUS CASTUS, ( Mar. med. )onfe fért de fa feuille , de fa fleur, & furtout de fa femence pour ré- foudre ,pourattenuer, pour exciter l’urine & les mois aux femmes, pour ramollir les duretés de la rate, pour chafer les vents; on en prend en poudre &cen déco@tion; on l’applique auf extérieurement, (N) AGNUS- DEI, ( Théol. ).eft un nom que l’on donne aux pains de cire empreints dela figure d’un agneau portant l’étendart de la croix, & que le Pape bénit folemnellement le Dimanche 27 a/bis après fa confécration, & enfuite de 7 ans en 7 ans, pour être diftribué au peuple. Ce mot eft purement Latin & fignifie agneau de Dies, nom qu'on lui a donné à caufe de l'empreinte qu'il porte. | L'origine de cette cérémonie vient. d’une coûtu- me ancienne dans l’Eglhife de Rome. On prenoit au- trefois le Dimanche 27 albis , le refte du cierge Pafcal béni le jour du Samedi faint, & on le difiribuoit au peuple par morceaux. Chacun les brüloit dans fa maïlon, dans les. champs , les vignes, &c..comme un préfervatif contre les prefliges du démon, & contre les tempêtes & les orages. Cela fe pratiquoit ainfi hors de Rome : mais dans la ville, l’Archidiacré au lieu du cierge Pafcal, prenoit d'autre cire fur laquelle 11 verfoit de l'huile , & en faifant divers morceaux en figures d’agneaux , il les bénifloit & les diftribuoit au peuple. Telle eft l’origine des agrnus Dei que les Papes ont depuis bénis avec plus de cérémonies. Le Sacrifte les prépare long-tems avant la bénédiétion, Le Pape revêtu de fes habits Pontificaux, les trem- pe dans l’eau-benite & les bénit. Après qu’on les en a retirés , on les met dans une boëte qu’un Soûdiacre apporte au Pape à la Mefle après l’agrus Deï,&cles lui préfénte en repétant trois fois ces paroles : ce Jons ici de jeunes agneaux qui vous ont annoncé l’alleluia ; voila qu'ils viennent à la fontaine pleins de charité , allelura. Enfuite le Pape les diftribue aux Cardinaux , Evé- ues, Prélats, 6. On croit qu'il n’y a qué ceux qui . dans les Ordres facrés qui puiffent les toucher ; t’eft pourquoi on les couvre de morcèaux d’étoffe proprement travaillés, pour les donner aux laiques. Quelques Ecrivains en rendent bien des rarfons myf- tiques, & leur attribuent plufeurs effets. L'ordre Ro- main. Amalarius , Valajrid Sirabon , Sirmond dans [es notes [ur Ennodius ; Théophile, Raynaud, AGNus Der, partie de la Liturgie de l’Eglife Romaine, ou priere de la Meffe entre le Parer & la Communion. C’eft l’endroit de la Meffe où le Prêtre - {e frappant trois fois la poitrine, répete autant de fois à voix intelhgible , la priere qui commence par ces deux mots agnus Dai. (G AGNUS SCYTHICUS, ( Hifi. nat, bot, ) Kircher eft le premier qui aït parlé de cette plante. Je vais -l’abord rapporter ce qu’a dit Scaliger pour faire connoître ce que c’eft que l’agrus féychicus, puis Kempfer & le fayant Hans Sloane nous appren- dront ce qu'il en faut penfer. « Rien, dit Jules Cé- » far Scaliger , n’eft comparable à l’admirable ar- # brifleau de Scythie. Il croït principalement dans le # Zaçcolham, auffi çélebre par {on antiquité que Tome I, À G N 179 » paf lé courage de fes habitans. L’on feme dans » cette Cüntrée une graine prefque femblable à » celle du melon, excepté qu’elle eft moins oblon- » gue. Cette grainè produit une plante d’envirori »trois piés de haut, qu'on appelle Éoramers , ou » agneau, parce qu'elle reflemble parfaitement à » cet animal par les piés ; les ongles ; les oreilles & » la tête ; il ne lui manque qué les cornes ; à la place » defquelleselle a une touffe de poilElle eft couverte » d’une peau légere dont les habitans font des bon- » nets. On dit que fa pulpe reffemble à la chair de » Pécrevifle de mer, qu'ilen fort du fang quand on y fait unéincifion, & qu'elle eft d’un goût extrè- * mement doux, La racine de la plante s’éténd fort » loin dans la terre : ce qui ajoûte au prodige, c’eft » qu'elle tire fa nourriture des arbriffeaux eircon- » voifins, & qu’elle périt lorfqu’ils meurent ou qu’on » vient à les arracher. Le hafard n’a point de part à » cet accident : on lui a caufé la mort toutes les fois * qu'on la privée de la nourriture qu’elle tire des » plantes voifines, Autre merveille, c’eft que les » loups font les feuls animaux carnaffiers qui en » foient avides. ( Cela ne pouvoit manquer d’être.) » On voit par la fuite que Scaliger n’ignoroit fur ».cette plante que la maniere dont les piés étoient » produits & fortoient du tronc ». Voilà Phiftoire de l’agzus fèythicus, ou de la plante mervelleufé de Scaliger ; de Kircher, de Sigifmond, d'Hesberetein , d'Hayton Arménien ; de Surius, du Chanceliér Bacon , ( du Chancelier Bacon , notez bien ce témoignage ) de Fortunius Licetus , d'André Lebarrus, d'Eufebe de Nuremberg, d’Adam Olea- rius ; d'Olaus Vormius , & d’une infinité d’autres Ba< taniftes, Seroit-il bien pofñble qu'après tant d’autorités qui atteftent l’exiftence de l’agneau de Scythie, après le détail de Scaliger, à qui il ne reftoit plus qu'à favoir comment Les piés fe formoient , l'agneau de Scythie füt une fable ? Que croire en Hiftoire na: turelle , fi cela eft à … Kempfer, qui n’étoit pas moins verlé dans l’His ftoire naturelle que dans la Medecine, s’eft donné tous les foins poffibles pour trouver cet agneau dans la Tartarié , fans avoir pù y réuflir. « On ne con- » not ici , dit cet Auteur, m1 chez le menu peuple nt » chez les Bôtaniftes, aucun zoophite qui broute ; & » je n'ai retiré de mes recherches que la honte d’a- » voir été trop crédule ». [l ajoûte que ce qui a don- né lieu à ce conte, dont il s’eit laflé bercer comme tant d’autres, c’eft l’ufage que l’on fait en Tartarie de la peau de certains agneaux dont on prévient la naïflance, & dont on tue la mere avant qu’elle les mette bas, afin d’avoir leur laine plus fine. On bor- de avec ces peaux d’agneaux des manteaux, des robes &c des turbans. Les voyageurs , ou trompés fur la nature de ces peaux par ignorance de la langue du pays , ou par quelqu’autre caufe , en ont enfuite impofé à leurs compatriotes , en leur donnant pour la peau d’une plante la peau d’un animal. M, Hans-Sloane dit que l’agrus feythicus eft une racine longue de plus d’un pié , qui a des tubérofi: tés , des extrémités defquelles fortent quelques tiges longues d'environ trois à quatre pouces, & aflez femblables à celles de la fougere , & qu’une grande partie de fa furface eft couverte d’un duvet noir jau- natre , aufli luifant que la foie , long d’un quart dé pouce, & qu'on emploie pour le crachement de fang. Il ajoûte qu’on trouve à la Jamaique plufieurs plantes de fougere qui deviennent aufli grofles qu’un arbre, & qui font couvertes d’une efpece de duvet pareil à celui qu’on remarque fur nos plantes capils laires ; & qu'au refte il femble qu’on aitemployé l'art poux leux donner la figure d’un agneau , car les raçig Li 180 AGN nesreflemblent au.corps, &c les tiges aux jambes de Voilà donc tont.lé merveilleux. de l'agneau de Scythie réduit à tiensou du moins à fort peu de.chofe, à une racine velue à laquelle on donne la figure, où à peu près, d’un agneauen la contournant. 1 Cetarticle nous fournira des réflexions plis; uti- tes contre la fuperftition & le préjugé, que le duvet dé l’agneau de Scythie.contrele crachement defang. Kircher, & après. Kircher ; Jules.Céfar Scaliger, écriventune fable merveilleufe; 8cils l’écrivent avec ce ton de gravité &c de perfuafñon qui ne manque jamais d’en impofer. Ce font des gens dont les lu« mieres & la probité ne font.pas fufpeétes : tout dé- pofe-en leur faveur: ils font crus ; & par qui par les premiers génies de leur tems; & voilà tout d'un coup.une nuée de témoignages plus puiffans que le leur quile fortifient, & qui forment pour ceux qui viendront un poids d'autorité auquel 1ls n'auront nr - la force ni leicourage. de: séfifter ;: & lagneau de Scythie paflera pour un être réel, sb x 11 faut diftinguer les faits en deux claffes ; én faits fimples 8 ordinaires ; & en faits extraordinaires 6e prodigieux. Les témoignages de quelques perfonnes inftrüites & véridiqués , fuffifent pour les faits fim= ples; les autres demandent; pour l’homme qui pene; des autorités plus fortes. Il faut en général quelles autorités {oient en raifoninverfe de la vraiflemblance des faits 3 c’eft-à-dire., d'autant plus nombrerfes êc plus grandes, que la vraiflemblance eft moindre. Il faut fubdivifer Les faits, tant fimples qu’extraor- dinaires ; en tranftoires & permanens. Les tranfitor tes, ce {ont .ceux qui. n’ont exifté que linftant de leur durée ; les permanens, ce font ceux qui.exiftent toûjours x dont on peut s’aflürer en tout. tems. On voit que ces derniers font moins dificiles à croire que les premiers, &c que la facilité que chacun a dé s’affürer de la véritérou de la fauffeté des témoigna- ges , doit rendre:les témoins:circonfpeéts , & difpo- fer les autres hommes à les croire. 11 faut difribuer les faits tranfitoires en faits qui fe font paflés dans un fiecle éclairé , &t èn faits qui fe font pañlés dans des tems de ténebres & d’igno- tance; & les faits permanens, en faits permanens dans un lieu acceffible ou.dans un heu imaccefible. Il faut confidérer les témoigages en eux-mêmes, puis les comparer entr'eux : les confidérer en eux- mêmes, pour voir s'ils impliquent aucune contra- didion, &s’ils font de gens éclairés &z inftruits : Les comparer entr’eux, pour découvrirs’ils ne font point calqués les uns fur les autres , &c fi toute cette foule d’autorités de Kirker, de Scaliger , de Bacon, de Li batius, de Licetus, d'Eufebe, &c. ne fe rédmiroit pas parhazard à rien,ou à l’autorité d’un feul homme. Il faut confidérer fi les témoins font oculaires où non ; ce qu'ils ontrifqué pour fe faire croire ; quelle crainte ou quelles efpérances ils avoient en annon- çant aux autres des faits dont ils fe difoient témoins ôculaires ! S'ils avoientexpofé leur vie pour fobtenir leur.dépoñition, il faut convenir qu’elle acquéretoit une grande force ; que feroit-ce donc s'ils l’avoient fa- crifiée &c perdue ? Il nefaut pas non plus confondre les faits qui fe {ont pañlés à la face de tout un peuple , avec ceux qui n’ont eu pour fpeétateurs qu'un petit nombre de perfônnes. Les faits clandeftins, pour peu qu'ils foient merveilleux, ne méritent prefque pas d’être crus : les faits publics, contre lefquels. on n’a point recla- imé dans le tems, ou contre lefquels il n’y a eu de reclamation que de la part de gens. peu nombreux & mal intentionnés ou mal inftriuts ;, ne peuvent brefque pas. être contredits..… | - _ Voilà une partie desiprincipes d'après lefquels on accordera ou lon refufera farçroyance, fi l'onne veutpas donner dans desréveries,& filon aime finces rement la vérité. PV CERTITUDE, PROBABILITÉ, 6e, * AGOBEL, ( Géog.) ville d'Afrique auRoyau= né de Maroc, dans la Province d’Ea en Barbare. AGON , f. m,( Miff. añc. ) ché les Anciens étoit une difputésou combat pour la fapériorité dansquel- qu'exercice du corps ou. de l’efprite =. Îl y avoït de ces combats dans la plüpart des-fètes anciennes en l’honneur des Dieux ou des Héros. 77 FETES VEUT ASE ET IR AE ENS 71e | “Il y én avoit Auffi d’inflitués exprès , & qui ne fe célébroient pas fimplement pour rendre quelque fète plus folemnelle. Tels étoient à Athenes lagoz gym ñicus ; Vagon nemeus , inftitué par les Aroiens dans la 53° Olympiade ; lagon olympius, inftitué par Her- cule 430. ans avant la premiere Olympiade Voyez NÉMÉEN, OLYMPIQUE, Ge, | 1:13 Les Romains, à limitation des Grecs ; inflituerent aufli de ces fortes de combats. L'Empereur Auréhen en établitunfous le nom d’agor. fois, combat du {o- leil; Diceletien un autre, fous le nom d’agon capiz tolinus ; quife célébroit tous les quatre ans à la ma- niere des jeux Olympiques, C’eft pourquoi au lieu de compter lés années par luftres ; les Romains les ont quelquefois comptées par agoréss | Agon ie difoit auffi du Miniftre dans les facrifices dont la fonétion étoit de: frapper la viétime: Wayez SACRIFICE, VICTIME: À KI QOn'ctoit que ce nom lui eft venu de ce que fe te- nant. prêt à porter le eoup, il demandoït : agon’ où agone; frapperarje? .. 2 | L’agon en.ce fens s’appelloït aufli poña cultrarius & vicimarius. ( G ) | AGONALES , adj. pris fubft. (if. añc.)fètes que les Romains célébroient à l'honneur du Dieu Janus, ou ,àce que d’autres prétendent , à l’honneur du Dieu Agonius , que les Romains avoient coûtume d'invoquer lôrfqu'ils entreprenoient quelque chofe d’important. Voyez FÊTE: o’ | Les Auteurs ne font pas d'accord fur l’étymolo- pie de ce mot. Quelques-uns le font venir du mont Agonus , qui depuis fut nommé Quirinal, où fe far {oit cette folemnité. D’autres le dérivent de la céré- monie qui fe pratiquoit en cette fête, où le Prêtre tenant un couteau dégaîné , & prêt à frapper la vic- time qui étoit un bélier , demandoit , agone , ferai- je? C’eftle fentiment d'Ovide, Faff. Liv. I. y. 3194 Voyez SACRIFICE. ÂGONALES. On nommoït encore ainfi des jeux publics confiftans en combats & en luttes, tant d’hommés que d'animaux. Ces jeux fe donnoient dans Pamphithéatre dédié à Mars & à Minerve: AGONAUX , jours ou fêtes agonales célébrées chez les Romains au commencement du mois de Jan- vier, Elles paroïffent avoir été en ufage dès le tems des Rois de Rome , puifque Varron rapporte que dans ces jours le Prince immoloit une viétime dans fon Palais, Ovide, après, d’autres Auteurs, rapporte l’origine dece nom à plufeurs étymologies : mais la plus vraiflemblable , & celle à laquelle 1f s’en tient z eft celle-ci : Fos ctiam freri folitis ætate priorumt - Nomina de ludis Greca tuliffe diem. Er priàs antiquus dicebat Agoniafermo 3, Veraque judicio eft ultima caufa meo. D’autres prétendent que ces facrifices fe non moient agoralia, parce qu'ils fe faïfoient furles mon- tagnes nommées par les anciens Latins Agones : au moins appelloient-ils le mont Quirinal 1075 Agonus, & la porte Colline, Porrz Agonenfis. AGONAUX , adj. pris fubft. ( if. anc. ) furnom que l'on donnoit aux Saliens, Prêtres que Numa Pompilius avoit inftitués pour de frvice dau Dieu Mars, furnommé Gradivus: Voyez SADIENS. 1 + On les äppelloït auf Quiriraux ; di mont Quiri- nal oùils fafoient leurs fon@ions. Rofinus lès ap- pelle Ægomenfes Salis! (6) 1 nm ro AGONIENS; (Myte. ) L'étoient les Dieux qu'on invoquoit lorfqu'on :vouloit entreprendre quelque chofe d'important ; ce mot Vient du verbe ago. AGONIOS , ( Myth. ) nom donné à Mercure, parce qu'il préfidoit aux jeux agonaux dont on Jin attribuoit l'invention. _ AGONIUS; ( Myth.) furnom donné à Janus dans les fêtes agonales qu'on célébroit en fon honneur, Janus Agonali luce pianduserir. (G) AGONISTIQUE ; adj. f. pris fubft. ( Hif4 ane.) la fcience des exercices du corps ufités dansles fpec- tacles des Anciens ; ainfi nommée à caufe des jeux publics, éyôee , qui en étoient le principal objet , & à l'inflitution defquels eft dû l’établiflement de la profeffion d’athlete, Onen apprenoit les flatuts avec un foin extrème, & ils n’étoient pas exécutés avec moins de févérité. Nous avons de Pierre Dufaur un traité d'aponiffique, plemd’érudition, mais confus fans methode: (Ge 184 40) EUR 1 AGONISTIQUES, (Théol. ) du Grec dydv,Wrom- bat, nom par lequel Donat & les Donatiftes défi- gnoient les Prédicateurs qu'ils envoyoient dans les villes &les campagnes ; pour répandre leur -doëtri- ne, & qu'ils regardoient comme autant de com battans propres à leur conquérir des difciples: On les appelloit ailleurs Circuirers ; Circellions ; Circum- cellions ; Carropites, Coropires ; & à Rome Monrenfes: L'Hiftoire eccléfiaftique eft pleine des, violences qu’ils exerçoient contre les Catholiques. #oyez Cir- CONCELLIONS ; DONATISTES ; &c. (G) - . AGONOTHETE, fm, (if, anc.) chez les Grecs étoit un Magäftrat qui faïfoit la fonétion de Direc- teur; de Préfident , & de Juge des combats; oujeux publics ; qu'on appelloit. zgons. C’étoit lui qui en ordonnoit lés préparatifs ; 8, qui adjugeoit le prix aux vainqueurs. Voyez JEU, COMBAT, Éc. : Ce môteft.compoié d’ayer , combat, &tde riSauu ; Métire hr (por sa 51 rat ie SNA éd EN Eure Sa .… Les Romains appelloïent def£grator &c numerarius ; l’officier qui fafoit chez eux la fonétion de l’agono- thete; À AXE, | mi E ft: . On appelloit encore athlotheres & hellanodiques 3 ceux qui préfidoient aux jeux, dont voici les princi: pales fonéhions: Ils écrivoient fur un regiftre le nom &t le pays des athletes qui s’enrolloient , pour.ainfi dire; &c à l'ouverture des jeux, un héraut procla- moit publiquement ces noms. L’agonochete leur fai- foit prêter ferment qu'ils obferveroient très-relioieu- fement toutes Les lois prefcrites pour chaque forte dé combat ; && qu'ils ne feroient rien ni direétement, ni indiredtement ; contrée l’ordre & la police établie. dans les jeux: Il faifoit punir für le champ les contre- venans par dés officiers ou liéteurs armés de verges, &T nommés #affophores. Enfin pour régler le rang de ceux qui devoient difputer le prix dans chaque ef- pece de combat ; ils les faifoient tirer au fort, & dé cidoient des conteftations qti pouvoient s'élever entre eux: Cet fur ce modele qu’on avoit établi dans nos anciens tournois des jugeside barriere:. .. Les Agonothetes placés au bout ou à l’un descô- tés du ftade ; diftribuoient les couronnes aux athletes . viétorieux ; des javelots élevés dévant eux; étoient le fymbole de leur authorité,; qui n’étoit point fub- ordonnée à celle des Amphyétions;car quoique ceux- ci fiflent l’office de Juges aux jerix Pythiens ; on ap: pelloit de leurs décifions à l’xgonorhete | ouintendant des jeux, & de celui-ci àl’Empereur. (G)' - AGONYCLITES , fm, pl, ( Théo. ) hérétiques A GR Toi du vir. fieclé, qui voient. pour maxime de ne prier jamais à genoux, mais debout. l Ce moteftcompofé d’? privatif, de yo, genou, & du verbe Au, inclèner, plier; courber \Waye? GE NUFÉEXION. GI IEIEMOBNE US MNRIET 4 : AGORANOME ; fm. (CAUJE anc.) étoit ii Ma giftrat cheziles Athéniens, établi pour maintenir le bon ordre & la police dansiles marchés; mettre le prix aux denrées , juaer dés conteftations qui s’éle: voieñt entre le véndeur & l'acheteur, & examiner les poids & mefures, :°:+ 1: M: Cemot eft compolé duiGrec, éyopa smarché ; & VEpAO à difiribuer. TON EN ETES à L'agorarome étoit à peu près chez les Grécs ce qu'étoit un Edile cürule chez lés Romains: Yoyé EDILE, RS | CAE NN STE ‘Aniftote diftingue deux fortes dé Magifträts : les agoranomes ; qui avoient infpethôn fur les marchés; &c les aftynomes ; duos ; qui l’avoient fur les b4- timens, Ou für la conftruétion des cités , dan Les Romains n’oht méconnu ni te nom ni les fonc: _ti0ns de ce Magiftrat ; comme il paroît par ces vers de Plaute : Euge pe 1 cdiétiones edilitias bic habet guider. Mirumque, adeo ef, ni hunc fecere {bi Ætoli Ægoranomum. Captiv: | | L'agoranome avoit principalement infpe%on fr les poids 8xifur les iméfures des denrées. Ainfil n’a- voit pas des fonétions fiérendues que celles dés Edi- léschez les Romains. (G) 1 27 | FTAGOREUS } ( Myrh: ) furnom détiné à Mer cure ; d’üne ftatue qu'il avoit fur le marché de La cédémone. Mercure agoreus ‘ef fynôonyme ‘à Mer. cure du marché, SEE (7 DONC ET :FIAGOSTA;, ( Géog. ) ville de Sicile ; & port: Long. 33: lat. 37. LRU PARIS « | AGOUTY , fm. ( Hif, nat: ) animal quadrupede dé l'Amérique. Voyez AcourY,( LT} 1010. * AGRA , ( Géog. ) ville capitale dél’Indoftan, dans les Etats du Mosol en Afie ; fur la riviere de Gémene, Long. 06: 26. lar, 26. 40: : Le Commerce s’y fait par des caravanes quipar- tent d'Amadabath ; dé Suraté ; & d’ailleurs , ur des charneaux dont fe fervent les François, les'Anglois, les Hollandôis ; lés Maures ; les Turcs ; lés Arabes, les Perfans’; 8e. On en tire d’excellent indigo!, des étoffés | & des toiles : on dit qu'il n’y à point dé confifcation pour avoir fait fortir ou entrer des marchandes èn fraude , mais qu’on paye le double du droit, : Maine EDS 'E | .*-AGRA, (ff. her. Ÿ bois de fenteur, qui vient de Pifle de Haynan , à la Chine. On en diftingne de trois fortes ; dont on fait le prix; mais on nenous ap- prend tien fur la nature de ce bois , ‘ni de la plante qui Le fournit. On dit que le plus fin s’acheteà Hay- nan 80. taels le pié , & fe vend à Canton‘d0, Voyez RRRARRNUEENENL, 9°, ci mA : * AGRA-CARAMBA ; autre bois de fenteur, qui vient pareillement de Haynan, mais für lequel on ne nous inftruit pas davantage que fur l’agra fimple. On dit qu'il coûté foixante taels le cati y & fe vend à Canton 80 ous ; qu'il éft purgatif , 8 que les Japo- nois en font cas. ii AGRAFE, ff. (cerme d’archireë,) on 'entend'par cé nom tout ornement de fculpture qui femble unir plufetirs membres d’architeëture , les uns avec les autres ; comme le haut dela bordure d’iné glace, avec celle du tableau au-deflus, ou cette dermere avec la Côtniche qui regne À Fextrémité fupérieure d'un falén; d’une galerie ; Éc. mais én général , agräfc exprime la décoration qu’on péut'äffe&ter fur le parement extérieur de da clé d’une croifée ôù ar- cädéplein-ceimtre ; bombée, où anfe de parier; 162 AGR c’eft dans cette’ efpece de fculpture , qi'il faut être circonfpeét : nos {culpteuts modernes ont pris des licences , à cet égard, qu'il faut éviter, plaçant -des ornemens chimériques , de travers, & de for- mes variées , qui ne font point du reflort de la décoration de la clé d’une arcade, qui repréfente expreflément la folidité que cette clef donne à tons les voufloirs , qu’elle feule tient dans un équilibre parfait. D'ailleurs les ornemens de pierre en gé- néral doivent être d’une compoñtion grave , la beauté des formes en doit faire tous les frais , & fur - tout celle de ce genre- ci. Sa forme doit in- diquer fon nom. C’eft-à-dire qu’il faut qw’elle pa- roïfle agrafer l’atchivolte, lé chambranle ou ban- deau avec le claveau, fommier , plinthe ou cor- niche de deflus. Voyez la figure. (P) AGRAFE, (Jardinage.) eft un ornement qui {ert à'lier deux figures dans un parterre , alors 1l peut fe prendre pourrun nœud ; on peut encore enten- dre par le mot d’agrafeÿ un ornement qu'on atta- che , &c que l’on cole à la plate bande d’un par- terre, pour n’en faire paroitre que la moitié , qui fe lie & forme un tout avec le refte de la Brode- rie. (X) | s AGRAFE, ( Serrurerie. ) c’eft un terme généri- que pour tout morceau de fer qui fert à fufpendre, À accrocher, ou à joingre, 6. Dans les efpagnolet- tes, par exemple, l'aprafe, c’eft le morceau de fer évidé & large qui s'applique fur Pun des guichets des croifées , & dans lequel paffe le panneton de l’efpagnolette qui va fe refermer fur le guichet oppofé. Voÿyez SERRURERITE , Planche 13. figure -chiffiée 11. 22. 13. 14. 18.19. en 18. 6 19.une _agrafe avec un panneton., Mémne Planche fig. 15 V'a- rafe féparée. | *AGRAHALID , (Hifi. nat. bot.) plante d'Egypte & d’Ethiopie , laquelle Raï donne le nom fuivant, Lycio affinis Ægyptiaca. C’eft , felon de- mery, un arbre grand comme un poirier fauvage , peu branchu , épineux , reflemblant au Lycium. Sa feuille ne differe guere de celle du buis ; elle eft feulement plus large & plus rare. Il a peu de fleurs. Elles font blanches, femblables à celles de fhyacinthe, mais plus petites. Il leur fuccede de petits fruits noirs , approchans de ceux de l’hieble , & d’un goût ftyptique amer. Ses feuilles aigrelet- tes & aftringentes donnent une décoétion qui tue les vers, | AGRAIRE, ( Æiff. ac.) terme de Jurifprudence romaine, dénomination qu’on donnoit aux lois con- cernant le partage dés terres prifes fur les ennemis. Vôyez Lot. Ce mot vient du Latin ager, champ. Il y en a eu quinze ou vingt, dont lés princi- pales furent , la loi Ca/fia , de lan 267 de Rome ; la loi Zicinie, de lan 377. la loi Flamimia , de l’an 525. les deux lois Sermpronia en 620. la loi Æpu- lea en 653 ; la loi Bæbiz ; la loi Cornelia en 673 ; la loi Servilia en 690 ; la loi Flavia ; la loi Julia, en 691 ; la loi Æla Licinia ; la loi Livia ; la loi Marcia ; la loi Roftia , après la deftruétion de Car- thage ; la loi Floria , & la loi Tiria. Mais lorfqu'on dit fimplement la oz agraire , cette dénomination s'entend toûjours de la-loi Caffia pu- bliée par Spurius Cafius, pour le partage égal des terres conquifes entre tous les citoyens , & pour régler la quantité d’acres ou arpens que chacun pourroit pofléder. Les deux autres loïs agraires, dontail eft fait mention dans le Digefte, & dont Yune fut publiée par Céfar & l’autre par Nerva , m'ont pour -objet que les limites ou bornes des ter- res, & n’ont aucun rapport avec la loi Cafia. Nous avons quelques Oraifons de Ciceron , avec letitre de lege agraria; elles font contre Rullus, Tri- un du peuple , qui vouloit que lessterres çonqui- fes fuffent véndues à l'encan , & non diftribuées aux citoyens. L’exorde de la feconde eft admirable. (Æ) AGRANIES , AGRIANIES ox AGRIONIES , (Hif, anc, Myth.) fête infituée à Argos en l’hon- neur d’une fille de Proëtus. Plutarque décrit ainf cette fête. Les femmes y cherchent Bacchus, & ne le trouvant pas elles ceflent leurs pourfuites , di- fant qu'il s’eft retiré près des Mufes. Elles foupent enfemble, & après le repas elles fe propofent des énigmes : fhyftére qu figniñoit que l’érudition & les Mufes doivent accompagner la bonne chere; & fi: livrefle y. furvient , fa fureur eft cachée par les Mules qui la retiennent chez elles, ceft-à-dire, qui en répriment l’excès. On célébroit ces fêtes pen: dant la nuit, & l’on y portoit des ceintures &c des couronnes. de liere , arbufte confacré à Bacchus & aux Mufes. (G) AGRAULIES oz AGLAURIES, ( Æiffoire ane, Mych.) fêtes ainfi nommées parce qu’elles devoient leur inflitution aux Agraules, peuples de l’Attique, de la tribu Evertheide , qui avoit pris leur nom d’agraule ou aglaure, fille du Roi Cecrops. On en ignore les cérémonies, & l’on fait feulement qu’el- les fe faifoient en honneur de Minerve. (G) * AGRAULIES , (Myr.) fêtes qu’on celébroïiten l'honneur de Minerve. Elles étoient ainfñ nommées des Agraules, peuples de lAttique, delatribu Erec- theide qui les avoient inftituées. * AGRÉABLE , GRACIEUX , confidérés gram= maticalement. L'air &c les mamieres, dit M. l'Abbé Girard , rendent gracieux, L’efprit & l'humeur ren- dent agréable. On aime là rencontre d’un homme gracieux ; il plaît. On recherche la compagnie d’un homme agréable ; il amufe, Les perfonnés polies font toüjours gracieufès. Les perfonnes enjouées font ordinairement agréables, Ce n’eft pas aflez pour la fo- ciété d’être d’un abord gracieux , & d’un commerce agréable. On fait une réception gracieufe. On a la converfation agréable. I] femble que les hommes font gracieux par l'air , & les femmes par les ma- nieres. 3 Le gracieux &c l’agréable ne fignifient pas toüjours des qualités perfonnelles. Le gracieux fefdit quel- quefois de ce qui flatte les fens & l’amour pro- pre ; & l’agréable, de ce qui convient au goût & à lefprit. Il eft gracieux d’avoir de beaux objets de- vant {oi ; rien n’eft plus agréable que la bonne com- pagnie. Il peut être dangereux d’approcher de ce qui eft gracieux | & d’uer de ce qui eft agréable, On naît gracieux , & l’on fait l’agréable, | * AGRÉAGE, ( Commerce. ) on nomme ainfi à Bourdeaux, ce qu'ailleurs on appelle courtage. Voyez COURTAGE. (H AGREDA, (Géop.) ville d'Efpagne dans la vieille Caftille. Long, 15-54. lat, 41-538 * AGREDA , (Géog.) ville de l'Amérique méri= dionale , au Royaume de Popaian. AGRÉER, v. a@. (Marine) on dit agréer ur vaiffeau , c’eft l’équiper de fes manœuvres , corda- ges, toiles , poulies, vergues, ancres, cables; en un mot de tout ce qui eft néceffaire pour le met- tre en état de naviger, AGRÉEUR, {m. (Merine.) c’eft ainf qu'on nomme celui qui agrée le vaifleau , qui pañle le funin , frappe les poulies , oriente les vergues, & met tout en bon ordre, & en état de faire ma- nœuvre. | s' AGREILS, AGREZ, AGREZILS, f. m. pl. (Marine. ) On entend par ce mot, les cordages, pou- | lies, vergues, voils , caps de mouton , cables, an- cres, & tout ce qui eft néceflaire pour naviger, Sur la Méditerranée, quelques - uns fe fervent du mot fortil. On dit rarement agrezils.(Z) | AGRÊMENT, f, m, ex Droir, fignihe confertement, ou ratification; confentement, lorfqu'on adhere à un afte ou contratt d'avance, on dans le tems même qu'il fe fait ; ratification, lorfqu'on y adhere après coup. AGRÉMENS, d, m. (Paffément. ) On comprend fous ce nom tons les ouvrages de mode qui fervent à l’ornement des robes des Dames ; ces ouvrages {ont momentanées, c'eft-à-dire, fujetsà des variations infinies qui dépendent fouvent ou ‘du goût des fem- mes, ou de la fantaifie du fabriquant. C’eft pour- quoi il n’eft guere poflible de donner une idée par- faite 8 détaillée de tous ces ouvrages; ils feroïent hors de mode avant que le détail en füt achevé: on endira feulement le plus eflentiel8z le moins fujet an changement. On doit lorigine de ces fortes d’agré- mens au feul metier de Rubannerie , qui eft l'unique en pofleflion du‘bas métier : cetouvrage a été connu feulement dans fon principe fous le nom de foucis d'hannetons, dont la fabrique a été d’abord fort fim- ple , & eft aujourd’hui extrèmement étendue. Nous allons en détailler une partie qui fera connoitre l’rm- portance de ce feulobjet : premierement, c’eft fur le bas métier annoncé plus haut,que s’operent toutes les petites merverlles dont nous rendons compte: cè bas métier‘eft une fimple planche bien corroyée, longue de deux piés 8 demi fur un pié de large. Vers les deux «extrémutés de cette planche font deux trous dans lefquels entrent deux montans, fur l’un def- quels tft placée une pointe aiguë & polie, qui fervi- ra à la tenfion de l'ouvrage à faire ; c’eft fur l’autre que font mifes les foies à employer: enfin on peut dire qu'il reflemble parfaitement au métier des Per- ruquiers, & peut, comme lui, être placé fur les ge- noux. Les fores font tendues fur ce métier, & ‘elles y font l'effet de La chaîne des autres ouvrages ; on tient ces loies ouvertes par Le moyen d’un fufeau de buis qu'on y introduit, & dont la tête empêche fa {ortie à travers d'elles; ce fufeau, outre qu'il tient ces oies ouvertes, leur fert encore de contrepoids dans le cas où les montans, par leur mouvement, occafionneroient du lâche. C’eft par les différens paf- fages & entrelacemens des foies contenues fur le pe- tit canon qui dert de navette, paflages & ‘entrelace- mens qui font l'office de la trame, que font formés différens nœuds, dans divers efpaces variés à linfi- ni, & dont on fera l’ufage qui fera décrit ci-après. Quand une longueur contenue entre Les deux mon- tans dont on a-parléiplus haut, fe tronve ainf rem- plie de nœuds, elle eftenroulée fur de montant à pointe, :& fait place à une autre longueur qui fera fixée comme celle-ci fur cette pointe; ce premier ouvrage ainf fait jufqu'au bout, eft enfuite coupé entre lemmilhieuide deux nœuds, pour être de nouveau employé à lufagequ'on!hu deftine. Ces nœuds ainfi coupés font appellés nœuds fimples, & forment deux efpeces de petitestouffes de foie, dont le nœud fait la jonétion. De ces nœuds font formés, toüjours à l’aide de larchaine, d’autres ouvrages d’abord un peu plus étendus ,rappellés sravers ; puis ‘encore d’autres enco- re plus étendus appellés guadrille: cette quantité d’o- pérations tendentitoutes à donner la perfe&ion à cha- que partie &au tout qu'on en formera. C’eft du gé- me &z du goût de l’ouvrier que dépendent les diffé- rens arrañgemens des parties dont on vient de par- ler: c'eft à luià faire valoir le tout par la variété des deffeins, par la diverfité des couleurs artiftement unies ‘par limitation des fleurs naturelles, & d’au- tres objets agréables. Ces ouvrages regardés fouvent avec trop d'indifférence , forment cependant des ef fets très-palans, & ornent parfaitement les habille mens des Dames : on les emploie encore fur des vef- tes ; on en forme des aigrettes, pompons, bouquets à mettre dans les cheveux, bouquets de côté, braf- felets, ornemens de coëffures &c de bonnets, &c; On \ rs AGR 183 y péut employer la chenille, le cordonnet, la mila nefe 6 autres. Quant à la matiere , l'or, l'argent , les perles, la foie, peuvent y entrer lorfqu'il eft queftion d’en former des franges. La derniere main d'œuvre s’opere fur le haut métier à bafles lifles & à plate navette, 8 par le fecours d’une nouvelle & derniere chaîne. Il y a de:ces agrémens appellés foz- gere, parce qu'ils répréfentent cetre plante ; il y a prefqu'autant de noms que d'ouvrages différens ; nous en donnerons quelques-uns à leurs articles ; avec la defcription du métier appliqué à une figure. *AGRERE ( Géog. ) petite ville de France dans le haut-Vivarez , au pié des Monts. * AGRIA (Géog.) en Allemagne , ville de da ‘hau- te Hongrie fur la riviere d’Agria. Longirude 37. lat. 47. 30. AGRICULTURE , f f. ( Ordre Encycl. Hifloire de la Nar. Philof. Science de la Nat. Botan. Agricult.) L'agriculture eft, comme le mot le fait aflez enten- dre, l’art de cultiver la terre. Cet art eft le premier, le plus utile, le plus étendu, & peut-être le plus e£ fentiel des arts. Les Egyptiens faifoient honneur de fon invention à Ofinis ; les Grecs à Cerès & À Trip- toleme fonfils; lestaliens à Saturne ou à Janus leur Roi, qu'ils placerent au rang des Dieux en recon- noïflance detce bienfait. L'agriculture fut prefque unique emploi des Patriarches, les plus refpeéta- bles de tous les hommes par la fimplicite de leurs mœurs, la bonté de leurame, & l’élevation de leurs fentimens. Elle a fait les délices des plus grands hom- mes chez les autfes peuples anciens. Cyrus le jeu- ne avoit planté lui-même la plüpart des arbres de fes jardins, 8z daignoit les cultiver ; & Lifandre de Lacédemone, & l’un des chefs de la République, s’écrioit à la vüe des jardins de Cyrus: O Prince, que tous les hormmes vous doiventeftimer heureux, d'avoir Ja joindre ainfi la vertm à tant de prandeur 6 de dignité! Lifandre dit {4 vertu, comme fil’on eût penfé dans ces tems qu'un Monarque agriculteur ne pouvoit man- quer d'être un homme vertueux; & il eft conftant du moins qu'il doit avoir le goût des chofes utiles &z des occupationsinnocentes. Hiéron deSyracufe, At- talus, Philopator de Pergame, Archelaus de Macé- doine, & une infinité d’autres, font loités par Pline &c par Xenophon, quine louoient pas fans connoïflan- ce, & qiuin’etoient pas leurs fujets , de l’amour qu'ils ont eu pour leschamps & pour les travaux dela cam- pagne. La culture des champs fut le premier objet du Légiflateur des Romains ; & pour en donner à fes fiets la haute idée qu'il en avoit lui-même , la fonc- tion des premiers Prêtres qu'il inftitua , fut d'offrir aux Dieux les prémices de la terre, 87 de leur de- mander des recoltes abondantes. Ces Prêtres étoient au nombre de douze; 1ls étoient appellés Arvales , de arva, champs, terres labourables. Un d’entr'eux étant mort, Romulus lui-même prit {a place ; & dans la fuite on n’accorda cette dignité qu’à ceux qui pou- voient prouver une naïflanceäilluftre. Dans ces pre- miets tems, chacun faïoit valoir fon héritage , & en tiroit {a fubfftance. Les 'Confuls trouverent les cho- fes dans cet état, & n’y firent aucun changement. Toute la campagne de Rome fut cultivée parles vain- queurs des Nations. On vit pendant plufieurs fiecles, les plus célebres d’entre les Romains, pafñler de la campagne aux premiers emplois de la République , &, ce qui ef infiniment plus digne d’être obfervé, revenir des premiers emplois de la République aux occupations de la campagne. Ce n’étoit point indo- lence ; ce n’étoit point dégoût des grandeurs ; où éloignement des affaires publiques : on rétrouvoit dans des befoins de l’État nos illuftres agriculteurs , toujours prêts à devenir les défenfeurs dela patrie. Serranus femoït fon champ, quandon lappella à fa tête de l’ArméeRomaine : Quintius Cinçinnatus la. 104 AGR boutoit une piece de terre qu'il poffédoit au-delà ‘du Tibre, quand il reçut fes provifons de Diétateur ; Quintius Cincinnatus quitta ce tranqulle exercice ; prit le commandement des armées ; vainquit les en- nemis ; fit pañler Les captifs fous le joug; reçut les hon- neurs du triomphe, & fut à fon champ au bout de fei- ze jours. Tout dans les premiers tems de la Républi- que & les plus beaux joursde Rome, marqua la hau- te eftime qu’on y faifoit de l’agriculture : les gens n1- ches,, Zocupletes, n’étoient autre chofe que ce que nous appellerions aujourd’hui de gros Laboureurs &t de riches Fermiers. La premiere monnoïe, pecuria a pecu, porta l’empreinte d’un mouton ou d’un bœuf, com- me fymboles principaux de l’opulence: les regiftres des Quefteurs & des Cenfeurs s’appellerent pa/cua. Dans la diftinétion des citoyens Romains , les pre- miers & les plus confidérables furent ceux qui for- moient les tribus ruftiques , r#fäicæ sribus : c’étoit une grande ignominie, d’être réduit, par le défaut d’une bonne & fage œconomie de {es champs, au nombre des habitans de la ville & de leurs tribus, ën tribu urbana. On prit d’affaut la ville de Carthage: tous les livres qui remplifloient fes Bibliotheques fu- rent donnés en préfent à des Princes amis de Rome ; elle ne fe réferva pour elle que les vingt-huit livres d'agriculture du Capitaine Magon. Decius Syllanus fut chargé de les traduire ; & l’on conferva loriginal & la tradu@ion avec un très-grand foin. Le vieux Caton étudia la culture des champs, &c en écrivit: Ciceron la recommande à fon fils, &c en fait un très- bel éloge : Omnium rerum, lui dit-il, ex quibus aliquid exquifitur, nihil eft agricultur& melius, nihil uberius, nihil dulcius , nihil homine libero dignius, « De tout ce >» qui peut être entrepris ou recherché, rien au mon- » de n’eft meilleur ; plus utile , plus doux, enfin # plus digne de l’homme libre, que l’agriculture ». Mais cet éloge n’eft pas encore: de la force de celui de Xénophon. L'agriculture naquit avec les lois & la fociété ; elle eft contemporaine de la divifion des ter- res. Les fruits de la terre furent la premuere richeffe : les hommes n’en connurent point d’autres, tant qu'ils furent plus jaloux d'augmenter leur félicité dans le coin de terre qu’ils occupoient, que de fe tranfplan- ter en différens endroits pour s’inftruire du bonheur ou du malheur des autres : mais auflitôt que l’efprit de conquête eut agrandi les fociètés & enfanté le luxe , le commerce, & toutes les antres marques éclatantes de la grandeur &c de la méchanceté des peuples; les métaux devinrent la repréfentation de la richeffe, l’agriculture perdit de fes premiers hon- neurs ; & les travaux dela campagne abandonnés à des hommes fubalternes, ne conferverent leur an- cienne dignité que dans les chants des Poëtes. Les beaux efprits des fiecles de corruption, ne trouvant rien dans les villes qui prêtât aux images & à la pein- ture , fe répandirent encore en imagination dans les campagnes, & fe plurent à retracer les mœurs an- ciennes, cruelle fatyre de celles de leur tems : mais la terre fembla fe venger elle-même du mépris qu’on fai- foit de fa culture. « Elle nous donnoit autrefois , dit _» Pline, fes fruits avec abondance ; elle prenoit, pour # ainf dire, plaïifir d’être cultivée par des charrues » couronnées par des mains trlomphantes; & pour » correfpondre à cet honneur, elle multiplioit de » tout fon pouvoir fes produétions. Il n’en eft plus » de même aujourd’hui; nous l’avons abandonnée à » des Fermiers mercenaires ; nous la faifons cultiver » par des efclaves ou par des forçats ; & l’on feroit » tenté de croire qu’elle a reflenti cet affront. » Je ne fai quel eft l’état de l’agriculture à la Chine : mais le Pere du Halde nous apprend que l'Empereur, pour en infpirer le goût à fes fujets , met la main à la char- rue tous les ans une fois ; qu'il trace quelques fillons ; & que les plus diftingués de fa Cour lui fuccedent tour à tour au même travail & à la même charrue: Ceux qui s'occupent de la culture des terres font compris fous les noms de Laboureurs, de Laboureurs fermiers , Sequeftres , Œconomes , & chacune de ces dé- nominations convient à tout Seigneur qui fait valoir fes terres par fes mains, & qui cultive fon champ. Les prérogatives qui ont été accordées de tout tems à ceux qui fe font livrés à la culture des terres, leur font communes à tous. Ils font {omis aux mêmes lois, & ces lois leur ont été favorables de tout tems ; elles fe font même quelquefois étendues jufqw’aux ani- maux qui partageoient avec les hommes les travaux de la campagne. Il étoit défendu par une loi des Athé- niens , de tuer le bœuf qui fert à la charrue ; il n’étoit pas même permis de l’immoler en facrifice. « Celui » qui commettra cette faute, ou qui volera quelques » outils d'agriculture, fera puni de mort ». Un jeune Romain accufé & convaincu d’avoir tué un bœuf, pour fatisfaire la bifarrerie d’un ami, fut condamné au banniflement, comme s’il eût tué fon propre Me- tayer , ajoûte Pline. Mais ce n’étoit pas affez que de protéger par des lois les chofes néceffaires au labourage , 1l falloit en- core veiller à la tranquillité & à la füreté du Labou- reur & de tout ce qui lui appartient. Ce fut par cètte railon que Conftantin Le Grand défendit à tout créan- cier de faïfir pour dettes civiles les efclaves , les bœufs , & tous les inftrumens du labour, « S'il arrive » aux créanciers, aux cautions , aux Juges mêmes , » d’enfreindre cette loi , ils fubiront une peine arbi- » traire à laquelle ils feront condamnés par un Jugefu3 » périeur». Le même Prince étendit cette défenfepar une autre loi, & enjoignit aux Receveurs de fes de- mers , fous peine de mort, de laïfler en paix le La- boureur indigent. Il concevoit que les obftacles qu’on apporteroit à l’agriculture diminueroient l'abondance des vivres & du commerce, & par contrecoup lé- tendue de fes droits, Il y eut un tems où l’habitant des provinces étoit tenu de fournir des chevaux de pofte aux couriers, & des bœufs aux voitures publi- ques ; Conftantin eut l’attention d’excepter de ces corvées le cheval & le bœuf fervant au labour. » Vous punirez féverement, dit ce Prince à ceux à » qui il en avoit confié autorité , quiconque contre- » viendra à ma loi. Si c’eft un homme d’un rang qué » ne permette pas de févir contre lui, dénoncez-le » moi, & j'y pourvoirai : s’il n’y a point de chevaux » ou de bœufs que ceux qui travaillent aux terres , » que les voitures & les couriers attendent ». Les campagnes de l’Illyrie étoient défolées par de petits Seigneurs de villages qui mettoient le Laboureur à contribution & le contraignoient à des corvées nu fibles à la culture des terres: les Empereurs Valens & Valentinieninftruits de ces défordres les arrêterent par une loi qui porte exil perpétuel & confifcation de tous biens contre ceux qui oferont à l'avenir exer- cer cette tyrannie. Mais les lois qui protegent la terre, le Laboureur & le bœuf, ont veillé à ce que leLaboureur remplit fon devoir. L'Empereur Pertinax voulut que le champ laiflé en friche appartint à celui qui le cultiveroit ; que celui qui Le défricheroit fût exempt d’impofition pendant dix ans; & s’il étoit efclave, qu'il devint libre. Aurelien ordonna aux Magiftrats municipaux des villes d’appeller d’autres citoyens à la culture des terres abandonnées de leur domaine, & il accorda rois ans d'immunité à ceux qui s’en chargeroïent. Une loi de Valentinien, de Théodofe & d’Arcade met le premier occupant en poffeflion des terres abandonnées , & les lui accorde fans retour, fi dans l’efpace de deux ans perfonne ne les réclame : mais les Ordonnances de nos Rois ne font pas moins fa- vorables à l’agriculture que les Lois Romaines. Henri III, Charles IX, HenrilV. fe font plüs à fa- vorier vorifér par des Reglemens les habitans dé la campa- gne. Ils ont tous fait défenfes de faïfir les meubles, les harnois , les inftrumens & les beftiaux du Labou- reur. Louis XIII, & Louis XIV. les ont confirmés. Cet article n’auroît point de fin, fi nous nous propo: fions de rapporter toutes les Ordonnances relatives à la confervation des grains depuis la femaille jufqu’à la récolte. Mais ne font-elles pas toutes bien juftes ? Eft-il quelqu'un qui voulût fe donner les fatigues & faire toutes les dépenfes néceffaires à l’agriculture, &z difperfer fur la terre le grain qui charge fon gre- nier , s'il n’attendoit la récompenfe d’une heureufe moiflon ? | La Loi-de Dieu donna l'exemple. Elle dit : « Si » l’homme fait du dépât dans un champ ou dans une » vigne en y laiflant aller fa bête ; il réparera.ce » dommage aux dépens de fon bien le meilleur. Sile » feu prend à des épines & gagne un amas de gerbes, >» celui qui aura allumé ce feu fupportera la perte ». La loi des hommes ajoûta : « Si quelque voleur de » nuit dépouille un champ qui n’eft pas à lui, 1l fera » pendu , s’il a plus de quatorze ans ; 1l fera battu de » verges ; s’il eft plus jeune, & livré au propriétaire » du champ, pour être fon efclave jufqu'à ce qu'il » ait réparé le dommage , fuivant la taxe du Préteur. » Celui qui mettra le feu à un tas de blé, fera fouetté » & brûlé vif. Si le feu y prend par fa négligence, il # payera le dommage, ou fera battu de verges, à la »# difcrétion du Préteur ». Nos Princes n’ont pas été plus indulgens fur le dé- gût des champs. Ils ont prétendu qu'il fût feulement réparé, quand il étoit accidentel ; & réparé & puni, quand il étoit médité. « Siles beftiaux fe répandent # dans les blés , ils feront faïfis, &c le berger fera chä- » tié ». Il eft défendu , même auxGentils-hommes , de chaffer dans les vignes, dans les blés , dans les terres enfemencées. Voyez l'Edir d'Henri IV, a Follembray , 22 Janvier 1599. Voyez ceux de Louis XIV. Août 1689. & 20 Mai 1704. Ils ont encore favorifé la récolte en permettant d’y travailler même les jours de Fêtes. Mais nous renvoyons à Particle GRAIN &c à d’aurres articles , ce qui a rapport à la récolte, à la vente, au commerce , au tran{port, à la police des grains, & nous pañlons à la culture des terres. Pour cultiver les terres avec avantage , 1l importe d’enconnoître la nature : telle tèrre demande une fa- con, telle autre une autre ; celle-ci une efpece de grains, celle-là une autre efpece. On trouvera à Par- ticle Terre & Terroir en général ce qui y a rapport, & aux plantes différentes le terroir & la culture qu’elles demandent : nous ne réferverons ici que ce qui con- cerne l’agriculture en général ou le labour. 1. Proportionnez vos bêtes & vos uftenciles, le nombre , la profondeur , la figure, la faifon des la- bours & des repos, à la qualité de vos terres &z à la nature de votre climat. 2. Si votre domaine eft de quelqu’étendue ; divifez- le en trois parties égales ou à peu près; c’eft ce qu'on appelle rrerrre fes serres en foles. Semez l’une de ces trois parties en blé, l’autre en avoine & menus grains, qu'on appelle rzers, & laïf- fez la troifieme en jachere. 3. L'année fuvante , femez la 7achere en blé ; changez en avoine celle qui étoit en blé, & mettez en jachere celle qui étoit en ayoine. Cette diftribution rendra le tribut des années, le repos & le travail des terres à peu près égaux, fi lon combine la bonté des terres avec leur éten- due. Mais le Laboureur prudent , qui ne veut rien laïifler au hafard , aura plus d’égard à la qualité des terres qu’à la peine de les cultiver; & la crainte de la difette le déterminera plütôt à fatiguer confi- dérablement une année, afin de cultiver une grande Tome I ie - A GR 18; étendue de terres ingrates, & égalifer fes années en revenus, que d’avoir des revenus inégaux en égali- fant l'étendue de fes labours ; & il nefe mettra que le moins qu'il pourra dans le cas de dire, ra fole de blé ef? forte ou-foible cette année. 4. Ne deflolez point vos terres, parce que cela vous eft défendu, & que vous ne trouveriez pas vo- tre avantage à les faire porter plus que l’ufage ê&cun bon labourage ne le permettent: j. Vous volèrez votre maître ,' fi. vous êtes fer- mier, & que vous décompotiez contre fa volonté, & contre vôtre bail. Voyez DÉCOMPOTER, Terres à blé, Vous dônnerez trois façons À vosterres à blé avantque de les enfemencer, {it de froment, {oit de méteil, foit de feigle : ces trois façons vous les donnerez pendant l’année de jacheré. La premiere aux environs de la Saint Maïtin, où après la femaille des menus grains vers Pâques: mais elle eft plus avantageufe & plus d’ufage en automne. Elle con: fifte à Ouvrir la terre & à en détriiré lés mauvaïfes herbes : cela s’appelle faire Z4 caffaille, où formbrer, ot égerer ; Ou jacherer, ou lever Le guérer, ou guerter, OU mouvoir, OU Caffer, tourner, froiffer les jacheres. Ce premier labour n’eft gueres que de quatre doigts de profondeur ; & les fillons en font ferrés : il y a pour- tant des Provinces où l’on croit trouver {on avan- tage à le donner profond. Chacun a fes raifons. On retourne en terre par cette façon le chaume de la dépouille précédente , à moins qu’on n’aime mieux y mettre le feu. Si 6n y a mis le feu, on laboure fur la cendre, ou bien on brûle le chaume , comme nous venons de dire; ou on l’arrache pour en faire des meules , & l’employer enfiute à différens ufages; ou on le retourne, en écorchant légérement la terre. Dans ce dernier cas, on lui donne le tems de pou- rir, & au mois de Décembre on retourne au champ avec la charrue, & on lui donnele premier des trois véritables labours: ce labour eft profond, & s’ap- pelle /abour en plante. Il eft fuivi de l’émotage qui fe fait avec le cafle-motte, mais plus fouvent avec une forte herfe garnie de fortes dents de fer. Il faut encore avoir foin d’ôter les pierres ou d’épierrer, d’6- ter les fouches ou d’eflarter les ronces, les épines, &c. Le fecond labour s’appelle irage ; quand on a don- né la prermiere façon avant l’hyver, on bine à la fin de Phyver ; f on n’a donné la premiére façon qu’as près l’hyver, on bine fix femaines ou un mois après. On avance ou on recule ce travail, fuivant la tem pérature de l’air ou la force des terres. Il faut que ce labour foit profond. Le troifieme labour s'appelle, ou #erçage, ou re- binage, On fume les terres avant que de le donner, f on n’y a pas travaillé plütôt. Il doit être profond quand on ne donne que trois façons; on le donne quand l’herbe commence à monter fur le gueret, & qu’on eft prêt à l’emblaver, & tout au plus huit à quinze jours avant. _ Comme il faut qu'il y ait toùjours un labour avant la femaille, il y a bien des terres qui demandent plus de trois labours. On donne jufqu’à quatre à cinq la- bouts aux tertes fortes, à meïfure que les herbes y. viennent; quand la femaille eft précédée d’un 4° la- bour, ce labour eft léger ; il s’appelle traverfér. On ne traverfe point lesterres glaifeufes, enfoncées , &x autres d’où les eaux so clené dificilement. Quand on donne plus de trois labours, on n’en fait gueres que deux ou trois pleins ; deux l’hyver, un avant la femaille : les autres ne font proprement que des de- mi-labours qui fe font avec le {oc fimple, fans cou- tre & fans oreilles. r | Terres à menus grains. On ne laïfle repofer ces terres depuis le mois de Juillet ou br à qu’elles a 186 AGR ont été dépouillées de blé, que jufqu’en Mars qu'on les enfemence de menus grains. On ne leur donne qu'un où deux labours, l'un avant lhyver, Pautre avant de femer. Ceux qui veulent amender ces ter- res y laiflent le chaume, ou le brülent : 1ls donnent le premier labour aux environs de la Saint-Martin, & le fecond vers le mois de Mars, On n’emploie en France que des chevaux on des bœufs. Le bœuf laboure plus profondément , com- mence plütôt, finit plus tard, eft moins maladif, coûte moins en nourriture & en harnois, & fe vend quand il eft vieux: il faut les accoupler ferrés , afin qu'ils tirent également. On fe {ert de buffles enltae, d’ânes en Sicile ; il faut prendre ces animaux jeunes, gras, vigoureux, &c. r. N’allez point aux champs fans connoîtrelefonds, fans que vos bêtes foient en bon état, & fans quel- que outil. tranchant. La terre n’eft bonne que quand elle a dix-huit pouces de profondeur. 2. Choififlez un tems convenable ; ne labourez ni trop tôt ni trop tard; c’eft la premiere façon qui dé- cidera des autres quant aux terres. 3. Ne labourez point quand la terre eft trop feche: ou vous ne feriez que l’égratigner par un labour fu- perficiel, ou vous difiperiez fa fubftance par un la- bour profond. Le labour fait dans les grandes cha- leurs doit être fuivi d’un demi-labour avant la fe- maille. 4. Si vous labourez par un tems trop mou, la térre chargée d’eau fe mettra en mortier; enforte que ne devenant jamais meuble, la femence s’y por- teroit mal. Prenez le tems que la terre eft adoucie , après les pluies ou les browillards. 5. Renouvellez les labours quand les herbes com- mencent à pointer , & donnez le dernier peu de tems avant la femaille. | 6. Labourez fortement les terres grafles, humides & fortes, & les novales; léserement les terres fa- bloneufes, pierreufes, feches, & légeres, & non à vive jauge. 7, Ne poufez point vos fillons trop loin, vos bé- tes auront trop à tirer.d’une traite. On dit qu'il feroit bon que les terres fuflent partagées en quartiers, chacun de quarante perches de long au plus pour les chevaux, & de cent cinquante piés au plus pour les bœufs ; ne les faites repofer qu’au bout de la raie. 8. Si vous labourez fur une colline, labourez ho- rifontalement, & non verticalement. ._ 9. Labourez à plat & uniment dansles pays où vos terres auront befoin de l’arrofement des pluies. La- bourez en talus, à dos d’âne , & en fillons hauts, les terres argilleufes & humides. On laïffe dans ces dermers cas un grand fillon aux deux côtés du champ pour recevoir & décharger les eaux. 10. Que vos fillons foient moins larges, moins unis, & plus élevés dans les terres humides que dans les autres. Si vos fillons {ont étroits, & qu'ils n’aient que quatorze à quinze pouces de largeur fur treize à quatorze de hauteur, labourez du mich au Nord, afin que vos grains ayent le foleil des deux côtés. Cette attention eft moins néceflaire f vos fillons font plats. Si vous labourez à plat & en planches des terres humides, n'oubliez pas de pratiquer au milieu de la planche un fillon plus profond que les autres, ü recoive les eaux. Il y à des terres qu’on laboure à uni, fans fillons ni planches, & où l’on fe contente de verfer toutes les raies du même côté, en ne pré- nant la terre qu'avec l’oreille de la charrue ; enforte qu'après lé labour on n’apperçoit point d’ezrve ; on fe fert alors d’une charrue à tourne-oreille. 11. Sachez que les fillons porte-eaux ne font per- mis que quand ils ne font point de tort aux voïfins, & qu’ils font abfolument néceflaires. | 12, Donnez le troifieme labour de travers, afin : que votre terre émotée entout fens fe ñettoye plus facilement de pierres, & s’imbibe plus aïfément des eaux de plute. À 13. Que votre dernier labour foit toïyours plus profond: que le précédent. Que vos fillons foient preffés. Changez rarement de foc. Ne donnez point à la même terre deux fois de fuite la même forte de grains. Ne faites point labourer à prix d'argent: fi vous y êtes forcé, veillez à ce que votre ouvrage fe fafle bien. 14: Ayezune bonne charrue, W, à l'article CHARS RUE, wre caffe-mote , une herfe, des pioches, &c. Voulez-vous connoïtre le travail de votre année à le voici. ICE te En Janvier. Dépouillez les gros légimes, Retour- nez les jacheres. Mettez en œuvre les chanvres ê lins. Nettoyez, raccommodez vos charrettes, tombe- reaux, 8 apprêtez des échalas & des ofiers. Coupez les faules & les peupliers. Relevez les foffés, façon- nez les haies. Remuez les terres des vignes, Fumez ceux des arbres fruitiers qui languiront. Emondezles autres. Effartez les prés. Battez les grains. Retournez le fumier. Labourez les terres légeres & fablonneufes qui ne l’ont pas été à la Saint-Martin, Quand il fera doux, vous recommencerez à planter dans les val lées. Entez les arbres & arbrifleaux hâtifs. Entertez les cormes , amandes, noix, 6. Faites tiller le chan- vre &c filer. Faites faire des fagots &c du menu bois: Faites couver les poules qui demanderont. Marquez les agneaux que vous garderez. Salez le cochon. Si vous êtes en pays chaud, rompez les guérets, pré parez les terres pour la femaille de Mars, 6e, En Fevrier. Continuez les ouvrages: précédens. Plantez la vigne. Curez, taillez, échaladez les vignes plantées. Fumez les arbres , les champs, les prés, les jardins, & les couches. Habillez les prairies. Elaguez les arbres, nettoyez-les de feuilles mortes, de vers, de mouffe, d’ordures, 6c. Donnez lafacon aux terres que vous femerez en Mars, fur-tout à celles qui font en côteaux. Vous femerez l’avoine, fi vous écoutez le proverbe. Semez les lentilles, les pois chiches, le chanvre, le lin, le pañtel. Préparez les terres à fain: foin. Vifitez vos vins s'ils font délicats. Plantez les bois, les taillis, les rejettons. Nettoyezle colombier, le poulaillier ;' 6. Repeuplez la garenne. Raccom- modez les terriers. Achetez des ruches & des mou- ches. Si votre climat eft chaud, liez la vigne à l’é- chalas. Rechauffez les piés des arbres. Donnez le ver: rat aux truies , finon attendez. En Mars. Seinez les petits blés, le lin, les avoi- nes, & les rz4rs. Achevez de tailler & d’échalader les vignes. Donnez tout le premier labour. Faites les fagots de farmens. Soûtirez les vins. Donnez la {e- conde facon aux jacheres. Sarclez les blés. Semez les olives, & autres fruits à noyau. Dreffez des pe: pinieres. Greffez les arbres avant qu'ils bourgeons nent. Mettez vos jardins en état. Semez la lie d'olive fur les oliviers languiffans. Défrichez les prés. Ache- tez des bœufs, des veaux, des senifles, des poulains, dés taureaux, &c. | En Avril, Continuez de femer les mars & lefaim- foin. Labourez les vignes & les terres qui ne l’ont pas éncore été. Greffez les arbres fruitiers. Plantez les oliviers , greffez les autres. Taïllez la vigne nouvelle, Donnez à manger aux pigeons, car ils ne trouveront plus rien. Donnez l’étalon aux cavales , aux âneffes, & aux brebis. Nourriffez bien les vaches qui vèlent ordinairement dans ce tems. Achetez des mouches ; chetchez-en dans les bois. Nettoyez les ruches, 8 faites la chaffe aux papillons. En Mai. Semez le lin, le chanvre, la navette, le colfa, le millet, & le panis, fi vous êtes en pays froid. Plantez le fafran. Labourez les jacheres. Sars clez les blés, Donnez le fecond labour & les {ons nés AGR ceffaires à la vigne. Otez les pampres 8e les farmens fans fruit. Coupez les chênes & les aunes pour qu'ils pelent. Emondez & entez les oliviers. Soignez les mouches à miel, & plus encore les vers à foie. Ton- dez les brebis, Faites beurre & fromage. Rempliflez vos vins. Châtrez vos veaux. Allez chercher dans les forêts du jeune feuillage pour vos beftiaux. En Juiz. Continuez les labours & les femailles des mois précédens. Ebourgeonnez & liez la vigne. Continuez de foigner les mouches, & de châtrer les veaux. Faites provifon de beurre & de fromage. Si vous êtes “en pays froid, tondez vos brebis. Don- nez le deuxieme labour aux jacheres. Charriez les fumiers & la marne: Préparez & nettoyez l’aire de la grange. Châtrez les mouches à miel. Tenez leurs ruches nettes. Fauchez les prés, & autres verdages. Fanez le foin. Recueïrllez les légumes qui font en ma- turité. Sciez fur la fin du mois vos orges quarrés. En Italie, vous commencerez à dépouiller vos fromens, partout vous vous difpoferez à la moiflon. Battez du blé pour la femaille. Dépouillez les cerifiers. Amaf fez des claies, & parquez les beftiaux. En Juillet. Achevez de biner les jacheres. Conti- nuez de porter les fumiers. Dépoullez les orges de primeur, les navettes, colfas, lins, vers à foie, ré- coltes, les légumes d’été. Serrez ceux d’hyver. Don- nez le troifieme labour à la vigne. Otez le chiendent. Uniflez la terre pour conferver les racines. Déchar- gez les pommiers & les poiriers des fruits gâtés &c fu- perflus. Ramaflez ceux que Les vents auront abattus, & faites-en du cidre de primeur. Faites couvrir vos vaches. Wifitez vos troupeaux. Coupez les foins. Vui- dez & nettoyez vos granges. Retenez des moiflon- neurs. En climat chaud, achetez à vos brebis des be- lers, & rechauflez Les arbres qui font en plein vent. En Août. Achevez la moïiflon. Arrachez le chan- vre. Faites le verjus. En pays froid, effeuillez les leps tardifs ; en pays chaud , ombragez-les. Com- mencez à donner le troifieme labour aux jacheres. Battez le feigle pour la femaille prochaine. Conti- nuez de fumer les terres. Cherchez des fources, s’il vous en faut, vous aurez de Peautoute l’année, quand vous en trouverez en Août. Faites la chafle aux gue- pes. Mettez le feu dans les pâtis pour en confumer les mauvaifes herbes. Préparez vos prefloirs, vos cu- ves, vos tonneaux, & le refte de l’attirail de la ven- dange. + En Septembre. Achevez de dépouiller les grains & les chanvres, & de labourer les jachéres ; fumez les terres ; retournez le fumer ; fauchez la deuxieme coupe des prés; cueillez le houblon , le fenevé, les pommes , les poires , les noix , & autres fruits d’au- tomne ; ramañlez le chaume pour couvrir vos éta- bles ; commencez à femer les feigles , le méteil & même le froment ; coupez les riz & les millets ; cueil- lez &c préparez le paîtel & la garence ; vendanzez fur la fin du mois. En pays chaud, femez les pois , la vefce, le fénegré , la dragée, &c. caflez les terres pour le fainfoin ; faites de nouveaux prés ; raccom- modez les vieux ; femezles lupins, & autres grains de la même nature , & faites amas de cochons mai- gres pour la #landée. En Octobre, Achevez votre vendange & vos vins, & la femaille des blés ; recueillez le miel & la cire ; néftoyez les ruches; achever la récolte du fafran ; ferrez les orangers ; feméz les lupins, l'orge quarré, les pois, les féverolles, l’hyvernache ; faites le cidre &.le réfiné ; plantez les oliviers ; déchauffez ceux qui font en pié ; confifez les olives blanches ; com- mencez fut la fin de ce mois à provigner la vigne, à la rueller, fi c’eft lufage ; veillez aux vins nou- veaux ; commencez à abattre les bois, à tirer la mar- ne &z à planter. En pays chaud , depuis le ro jufqu’au ' Tome I, | AGR 187 23 , vous femerez le froment ras & barbu, 8 même le lin , qu'on ne meticien terre qu’au printems. En Novembre. Continuez les cidres ; abattez les bois ; plantez, provignez & déchauflez la vigne ; amaflez les olives quand elles commencent à chan: ger, de couleur ; tirez-en les premicres huiles ; plan- tezlesohviers , taillez les autres ; femez de nouveaux piés ; récoltez les marons & chataignes, la garence ët les ofiers ; ferrez les fruits d'automne & d’hyver ; amaflez du gland pour le cochon ; ferrez les raves : ramaflez & faites fécher desherbes pourles beftiaux ; charriez les furmiers & la marne ; liez les vignes; rap- portez & ferrez les échalas ; coupez les branches de faules ; tillez-les ou fendez ; faites l'huile de noix; commencez à tailler la vigne ; émondez les arbres + coupez les bois à bâtir & à chauffer ; nettoyez les ruches , & vifitez vos ferres & vos fruiteries. On a dans un climat chaud des moutons dès ce mois ; On lâche le bouc aux chevres ; on {eme le blé ras & barbu, les orges , les féves &lelin. En pays froid êc tempéré ; cette femaille ne fe fait qu’en Mars. En Décernbre. Défrichez les bois, coupez-enpour bâtir & chauffer ; fumez & marnez vos terres ; bat- tez votre blé; faites des échalas, des paniers de jonc & d’ofer , des rateaux , des manches ; préparez vos outils , raccommodez vos harnoïs & vos uftenfiles ; tuez & falez le cochon; couvrez de fumier les piés des arbres & les légumes que vous voulez garder juf- qu'au printems ; Vifitez vos terres ; étêtez vos peu- pliers & vos autrés arbres, fi vous voulez qu’ils pouf- fent fortement au printems; tendez des rets & des pièges ; & recommencez votre année. Voyez Le détail de chacune de ces opérations à leurs articles. Voilà l’année , le travail & la maniere de travail- ler de nos laboureurs. Mais un Auteur Anglois a pro- pofé un nouveau fyftème d'agriculture que nous al- lons expliquer, d’aprèsla traduétion que M. Duha- mel nous à donnée de l’ouvrage Anglois, enrichi de fes propres découvertes, M. Tull diftingue lesracines,en pivotantes qui s’en- foncent verticalement dans la terre , & qui foûtien- nent les grandes plantes , comme les chênes & les noyers ; & en rampantes, qui s'étendent parallele- ment.à la furface de la terre. l prétend que celles-ci font beaucoup plus propres à recueillir les fucsnour- riciers que celles-là. Ikdémontre enfuite que les feuil- les font des organes très -néceffaires à la fanté des plantes, & nous rapporterons à l’article FEUILLE les preuves qu'il en donne : d’où il conclut que c’eft faire un tort confidérable aux lufernes & aux fain- foins , que de les faire paître trop fouvent par le bé: tail, & qu'il pourroit bien n’être pas auffi avantageux qu’on fe l’imagine de mettre les troupeaux dans les blés quandils font trop forts. Après avoir examiné les organes de la vie des plantes , la racine & la feuille , M. Tull pañle à leur nourriture : 1l penfe.que ce n’eft autre chofe qu’une poudre très-fine , ce quin’eft pas fans vraiffemblance, ni-fans difficulté ; car il paroït que les fubftances in- tégrantes de la terre doivent être diffolubles dans l'eau, & les molécules de terre ne femblent pasavoir cette propriété : c’eft l’obfervation de M. Duhamel. M. Tull le fait enfuite une queftion très-embarraf- fante ; 1l fe demande fi toutes les plantes fe nourrif- {ent d’un même fuc ; il le penfe : mais plufieurs Au- teurs ne font pas de fon avis ; & 1ls remarquent très. bien que telle terre eft épuifée pour une planté, qui ne left pas pour une autre plante; que des arbres plantés dans une terre où il y en a eu beaucoupsér lonp-tems de la même efpece, n’y viennent pas fi bien que d’autres arbres ; que les fucs dont Forge fe nourrit , étant plus analogues à ceux qui nourriffent: le blé, la terre en eft plus. épuifée qu’elle ne leûr été . par l’avoine; & par conféquent que tout étant égal Aai) 108 AGR d’ailleurs, le blé fuccede mieux à l’avoine dans une terre qu’à l'orge. Quoi qu’il en foit de cette queftion, {ur laquelle les Botaniftes peuventencore s'exercer, M, Duhamel prouve qu’un des principaux avantages qu’on fe procure en laiffant les terres fans les enfe- mencer pendant l’année de jachere , confifte à avoir aflez de tems pour multiplier les labours autant qu'il eftnéceffaire pour détruire lesmauvaifes herbes,pour ameublir & foulever la terre, en un mot pour la dif pofer à recevoir le plus précieux &c le plus délicat de tous les grains , le froment : d’où il s'enfuit qu’on autoit beau multiplier les labours dans une terre, fi on ne laïfloit des intervalles convenables entre ces labours, on ne luiprocureroit pas un grand avantage. Quand on a renverfé le chaume & l'herbe, il faut laïfler pourrir ces matieres , laïfler la terre s’impré- gner des qualités qu’elle peut recevoir des météores, finon s’expofer par un travail précipité à la remettre dans fon premier état. Voilà donc deux conditions ; la multiplicité des labours , fans laquelle les racines ne s'étendant pas facilement dans les terres, n’en ti- reroient pas beaucoup de fucs; des intervalles con- venables entre ces labouts, fans lefquels les quali- tés de la terre ne fe renouvelleroient point. À ces conditions il en faut ajoûter deux autres ; la deftru- étion des mauvaïfes herbes , ce qu’on obtient par les labours fréquens ; & le jufte rapport entre la quantité de plantes & la faculté qu'a la terre pour les nourrir. Le but des labours fréquens, c’eft de divifer les molécules de la terre ; d’en multiplier Les pores, & d'approcher des plantes plus de nourriture : mais on peut encore obtenir cette divifion par la calcination & par les fumiers. Les fumiers alterent toljours un peu la qualité des produétions ; d’ailleurs on n’a pas du fumier autant & comme on veut , au lieu qu'on peut multiplier les labours à diferétion fans altérer la qualité des fruits. Les fumiers peuvent bien four- nir à la terre quelque fubftance : mais les labours ré1- térés expofent fucceflivement différentes parties de la terre aux influences de l'air , du foleil& des pluies, ce qui les rend propres à la végétation. Mais les terres qui ont refté long-tems fans être enfemencées , doivent être labourées avec des pré- cautions particulieres , dont on eft difpenfé quand il s’agit de terres qui ont été cultivées fans interrup- tion. M. Tuil fait quatre clafles de ces terres : 1°. celles qui font en bois; 2°. celles qui font en landes ; 3°. celles qui font en friche ; 4°. celles qui font trop . humides. M. Tull remarque que quand la rareté du bois n’auroit pas fait cefler la coûtume de mettre le feu à celles qui étoient en bois pour les convertiren terres labourables , il faudroit s’en départir ; parce que la fouille des terres qu’on eft obligé de faire pour enlever les fouches, eftune excellente façon que la terre en reçoit , & que l’engrais des terres par les cendres eft finon imaginaire , du moins peu eflicace. 29. Il faut , felon lui , brûler toutes les mauvaifes pro- duétions des landes vers la finde l'été, quand les her- bes font defféchées, & recourir aux fréquens labours. 3°. Quant aux terres en friche, ce qui comprend les fainfoins, les lufernes, les trefles, & généralement tous les prés, avec quelques terres qu’on ne laboure que tous les huit on dix ans, il ne faut pas fe conten- ter d’un labour pour les prés, il faut avec une forte charrue à verfoir commencer par en méttre la terre engrofles mottes , attendre que les pluies d’automne ayent brifé ces mottes ; que l'hyver ait achevé de les détruire, & donner un fecond labour, un troi- fieme, &c. en un mot ne confier du froment à cette terre que quand les labours l’auront aflez aflinée. On brûle les terres qui ne fe labourent que tous les dix ans ; & voici comment on s’y prend: on coupe toute la furface en pieces les plus régulieres qu’on peut , comme on les voit en z &a ( fig. 1. PI. d’agri- culture ) de huit à dix pouces en quarré {ur deux à trois doigts d’épaifleur : on les drefle enfuite les unes contre les autres, comme on voit en #8 ( fe. 2.) Quand le tems eft beau, trois jours fuffifent pour les deffécher: on en fait alors des fourneaux.Pout former ces fourneaux , on commence par élever une petite tour cylindrique , a f 4 ( fig. 3.) d’un pié de diame- tre. Comme la muraille de la petite tour eft faite avec des gafons , fon épaifleur eft limitée par celle des gafons: on obferve de mettre l'herbe en-dedans , & d'ouvrir une porte f d’un pié de largeur , du côté que fouffle le vent. On place au-deflus de cette porte un gros morceau de bois qui fert de lintier. On rem- plit la capotte de la tour de bois fec mêlé de paille , & l’on acheve le fourneau avec les mêmes gafons en dôme , comme on voit (fig. 4.) ene d. Avant que la voûte foit entierement fermée , on allume le bois, puis on ferme bien vite la porte d, fermant aufli avec des gafons les crevafles par où la fumée fort trop abondamment. | On veille aux fourneaux jufqu’à ce que la terre paroïfe embrafée ; on étouffe le feu avec des gafons, fi par hafard il s’eft formé des ouvertures, & l’onré- tablit le fourneau. Au bout de 24 à 28 heures le feu s'éteint & les mottes {ont en poudre, excepté celles de deffus qui reftent quelquefois crues, parce qu’el- les n’ont pas fenti ie feu. Pour éviter cet inconvé- ment, 1l n'y a qu'à faire les fourneaux petits : on at- tend que le tems foit à la pluie, & alors on répand la terre cuite le plus uniformément qu’on peut, ex- cepté aux endroits où étoient les fourneauxeOn don- ne fur le champ un labour fort léger; on pique da- vantage les labours fuivans ; fi l’on peut donner le premier labour en Juin , &c s'ileft furyenu de la pluie, on pourra tout d’un coup retirer quelque profit de la terre, en y femant du millet, des raves , &c. ce qui n’empêchera pas de femer du feigle ou du blé l’automne fuivant. Il y en a qui ne répandent leur terre brûlée qu'immédiatement avant le dernier la- bour. M. Tuli blâme cette méthode malgré les foins qu’on prend pour la faire réuflr ; parce qu'il ef très- avantageux de bien mêler la terre brülée avec le terrein. 4°. On égouttera les terres humides par un fofié qui fera pratiqué fur les côtés , ou qui la refen- dra. M. Tull expofe enfuite les différentes manieres de labourer : elles ne different pas de celles dont nous ayons parlé plus haut : mais voigi où fon fyftème va s’éloigner le plus du fyftème commun. Je propofe, dit M. Tull , de labourer la terre pendant que les plan= tes annuelles croiflent , comme on cultive la vigne & les autres plantes vivaces. Commencez par un la= bour de huit à dix pouces de profondeur ; fervez-vous pour cela d’une charrue à quatre coutres & d’un.{oc fort large : quand votre terre fera bien préparée, fe- mez : mais au lieu de jetter la graine à la main & fans précaution , diftribuez-la par rangées , fuffifamment écartées les unes des autres. Pour cet effet ayez mon femoir. Nous donnerons à article SEMOIR la defcription de cet inftrument. À mefure que les plan- tes croïffent , labourez la terre entre les rangées ; fer- vez-vous d’une charrue légere. F. 4 l’art. CHARRUE la defcription de celle-ci. M. Tullfe demande enfuite s’il faut plus de grains dans les terres graffes que dans les terres maigres, & fon avis eft qu'il en faut moins où les plantes deviennent plus vigoureufes. Quand au choix des femences , il préfere le nou- veau froment au vieux. Nos fermiers trempent leurs blés dans l’eau de chaux : il faut attendre des ex- périences nouvelles pour favoir s'ils ont tort ou rai- fon ; & M. Duhamel nous les a promifes. On eftime vil eft avantageux de changer de tems en tems de ose , & l'expérience juftifie cet ufage. Les au- tres Auteurs prétendent qu'il faut môttre dans un ter- AGR rein maïgre des femences produites par un terrein gras , & alternativement. M. Tull penfe au contrat- re, que toute femence doit être tirée des meilleurs terreins ; opinion , dit M. Duhamel, agitée,mais non démontrée dans fon ouvrage: Îlne faut pas penier comme quelques-uns , que les grams changent au point quelefroment devienne feigle ou ivraie, Voilà les principes généraux d'agriculture de M.Tull, qui different des autres dans la maniere de femer, dans les labours fréquens , & dans les labours entre les plantes. C’eft au tèems & aux effais à décider , à moins qu'on n’en vetille croire l’Auteur fur ceux qu'il a faits, Nous en rapporterons les effets aux ar- ticles BLÉ, FROMENT , SAIN-FOIN, Gc. êt ici nous nous contenterons de donner le jugement qu’en porte M, Duhamel, à qui l’on peut s’en rapporter quand on fait combien il eft bon obfervateur. Il ne faut pas confidérer , dit M. Duhamel, files grains de blé qu’on met en terre en produifent un plus grand nombre , lorfqu’on fuit les principes de M. Tull ; cette comparaifon lui feroit trop favo- rable, Il ne faut pas non plus fe contenter d'examiner fi un arpent de terre cultivé fuivant fes principes , produit plus qu'une même quantité de terre cultivée à l'ordinaire ; dans ce fecond point de vüe , la nou- velle culture pourroit bien n’avoir pas un grand avan- tage fur l’ancienne. Ce qu’il faut examiner, c’eft 1°. fitoutes les terres d’une ferme cultivées, fuivant les principes de M. Tull, produifent plus de grains que les mêmes terres n’en produiroient cultivées à l'ordinaire : 2°. fi la nouvelle culture n’exige pas plus de frais que Pan- cienne , & fi l’accroïflement de profit excede l’ac- croiflement de dépenfe : 3°. fi l’on eft moins expofé aux accidens qui fruftrent l’efpérance du Laboureur, fuivant la nouvelle méthode que fuivant Pancienne. À la premiere queftion, M. Tull répond qu’un ar- pent produira plus de grain cultivé fuvant fes prin- cipes , que felon la maniere commune. Diftribuez, dital , les tuyaux qui font fur les planches dans l’éten- due des plates bandes , & toute la fuperficie de la terre {e trouvera aufli garme qu’à l'ordinaire : mais mes épis feront plus longs, les grains en feront plus gros, & ma récolte fera meilleure. On aura peine à croire que trois rangées de fro- ment placées au milieu d’un efpace de fix piés de lar- geur, puiflent par leur fécondité fuppléer à tout ce qui n'eft pas couvert; & peut-être, dit M. Duha- mel, M. Tull exagere-t-il : mais il faut confidérer que dans l’ufage ordinaire il y a un tiers des terres en ja- chere , un tiers en menus grains, & un tiers en fro- ment ; au lieu que fiuvant la nouvelle méthode, on met toutes les terres en blé : mais comme fur fix piés de largeur on n’en emploie que deux, il n’y a non plus que le tiers des terres occupées par Le froment. Refte à favoir fi les rangées de blé font aflez vigou- reufes , & donnent aflez de froment, non-feulement pour indemnifer de la récolte des avoines , eftimée dans les fermages le tiers de la récolte du froment, “mais encore pour augmenter le profit du Laboureur. À la feconde queftion, M. Tull répond qu'il en coûte moins pour cultiver fes terres ; & cela eft vrai, “fi Fon compare une même quantité de terre cultivée par l’une & l’autre méthode : mais comme fuivant la nouvelle 1l faut cultiver toutes les terres d’une ferme , & que fuivant l’ancienne on en laïffe repofer un fiers, qu'on ne donne qu’une culture au tiers des avoines, & qu'il n’y a que le tiers qui eft en blés, qui demande une culture entiere , il n’eft pas pofñli- ble de prouver en faveur de M. Tull ; refte à favoir file profit compenfera l’excès de dépénfe. C’eft la troifieme queftion ; M. Tull répondque des accidens qui peuvent arriver aux blés, il y en a que ‘rien ne peut prevenir , comme la grêle, les vents, AGR 189 lés pluies êt les gelées exceflives , certaines gelées accidentelles , les browillards fecs, Gc. mais que Œuant aux caufes qu rendent le blé petit & retrait, chardonné , c. fa méthode y obvie. Mais voici quelque chofe de plus précis : fuppofez deux fermes de trois cens arpens , cultivées lune par une méthode , l’autre par l’autre ; le fermier qui fui- Vra la route commune divifera fa terre entrois foles, &c 1l aura une fole de cent arpens en froment, une de même quantité en orge, en avoiné, en pois , &c, & la troifieme {ole en repos. Il donnera un-ou deux labours au lot des menus grains , trois ou quatre labouts au lot qui doit refter en jachere , & le refte occupé par le froment ne fe- ra point labouré. C’eft donc fix labours pour deux cens arpens qui compofent les deux foles en valeur ; ou, Ce quirevient a même , fon travail fe réduit à labourer une fois tous les ans quatre ou fix cens arpens. | On paye communément fix francs pour labourer un arpent ; ainf, fuivant la quantité de labours que le fernuer doit donner à fes terres, 1 débourfera 2400 ou 3600 Liv. Ii faut au moins deux mines & demie de blé , me- fure de Petiviers , la mine pefant quatre-vingts livres, pour enfemencer un arpent. Quand ce blé eft chot- té , il fe renfle &c il remplit trois mines ; c’eft pour- quoi l’on dit qu’on feme trois mines par arpent. Nous le fuppoferons auf, parce que le blé de femence étant le plus beau & le plus cher , il en réfulte une compenfation. Sans faire de différence entre le prix du blé de récolte & celui de femence, nous eftimons lun &7 l’autre quatre Liv. la mine ; ainfi il en coûtera 1200 liv. pour les cent arpens. Il n’y a point de frais pour enfemencer & herfer les terres , parce que le laboureur qui a été payé des façons met le blé enterre gratis. On donne pour fcier & voiturer le blé dans la grange fix livres par arpent ; ce qui fait pourles cent arpens 600 lv. Ce qu’il en coûte pour arracher les herbes ou far- cler, varie fuivant les années ; on peut l’évaluer à une Ev. dix fous par arpent , ce qui fera 150 livres. Il faut autant d'avoine ou d’orge que de blé pour enfemencer le lot qui produira ces menus grains : mas commeils font à meilleur marché , les fermiers ne les eftiment que le tiers du froment. 400. Liv. _ Les frais de femaille fe bornent au roulage, qui fe paye à raïon de dix fous l’arpent. so liv. Les frais de récolte fe montent à 200 liv. le tiers des frais de récolte du blé. 200 Liv. " Nous ne tiendrons pas compte des fumiers: 1°, parce que les fermiers Pen achetent pas; ils fe con- tentent du produit de leurfourage : 2°.1ls s’employent dans les deux méthodes , avec cette feule différence que dans lanouvelle méthode on fume une fois plus de terre que dans l’ancienne, Les frais de fermage font les mêmes de part & d’au: tre, ainfi que les impôts : ainfi la dépenfe du fermier qui cultive trois cens arpens dé terre à l’ordinaire ; {e monte à 5000 Liv. s’il ne donne que trois façons à fes blés , & une à fes avoines ; ou à 6200 liv. sil sonne quatre façons à fes blés, & deux à fes avoines. Voyons ce que la dépouille de fes terres lui don« nera. Les bonnes terres produifant environ cinq fois la femence, il aura donc quinze cens mines , où 6000 livres. | | La récolte des avoines étant le tiers du froment, lui donnera 2000 liv. Lou Et fa récolte totale fera de 8000 liv. Ôtez ÿooo liv. de frais , refte 3000 liv. fur quoi il faudroit encore Ôter 1200 liv. s’il avoit donné à fes terres plus de quatre façons. | 5 ROC On fuppole que la terre a êté cultivée- pendant 190 À GR plufieurs années à la maniere de M. Tull, dans le calcul fuivant : cela fuppofé , on doit donner un bon labour aux plates bandes après la moiffon , un labour léger avant de femer , un labour pendant l’hyver, un au printems , un quand le froment monte en tuyau , & un enfin quand il épie. C’eft fix labours à donner aux trois cens arpens de terre. Les trois cens bi A e L4 ! L arpens doivent être cultivés & enfemencés en blé : ce feroit donc 1800 arpens à labourer une fois tous les ans. Mais comme à chaque iabour 1l y a un tiers de la terre qu’on ne remue pas, ces 1800 arpens fe- ront réduits à 1200 OU à 1000; ce qui coutera à rai- fon de fix iv. 6000 ou 7200 liv. On ne confume qu’un tiers de la femence qu’on a coùtume d'employer ; ainf cette dépenfe fera la mê- me pour les 300 arpens que pour les 100 arpens du calcul précédent. 1200 liv. Suppofons que les frais de femence & de récolte foient les mêmes pour chaque arpent que dans l’hy- pothefe précédente, c’eft mettre les chofes au plus fort , ce feroit pour les trois cens arpens 1800 liv. Le farclage ne fera pas pour chaque arpent letiers de ce que nousl’avons fuppofé dans lhypothefe pre- cédente ; ainf nous mettons pour les trois cens ar- pens 150 iv. Toutes ces fommes réunies font 10350 li. que le fermier fera obligé de dépenfer , & cette dépenfe excede la dépenfe de l’autre culture de ÿ350 liv. On fuppofe, contre le témoignage de M. Tuill, que chaque arpent ne produira pas plus de froment qu’un arpent cultivé à l’ordinaire. J’ai mis quinze mi- nes par arpent ; c’eft 4500 mines pour les trois cens arpens, à rafon de quatre lv. la mine , 18000 liv. Mais fi l’on Ôte de 18000 I. la dépenfe de 10350 li. reftera à l’avantage de la nouvelle culture fur l’an- cienne 4650 liv. D'où il s'enfuit que quand deux arpens cultivés fuivant les principes de M. Tull , ne donneroïent que ce qu'on tire d’un feul cultivé à Pordinaire, la nouvelle culture donneroit encore 1650 livres par trois cens arpens de plus que l’ancienne, Mais un avantage qu'on n’a pas fait entrer en Calcul , & qui eft très-confidérable, c’eft que les récoltes font moins incertaines. | Nous nous fommes étendus fur cet objet, parce qu'il importe beaucoup aux hommes. Nous invitons ceux à qui leurs grands biens permettent de tenter des expériences coûteufes, fans fuccès certain & fans aucun derangement de fortune, de fe livrer à celles- ci, d’ajoûter au parallele & aux conjeétures de M. Duhamel les eflais. Cet habile Académicien a bien fenti qu’une légere tentative feroit plus d'effet fur les hommes que des raifonnemens fort juftes, mais que la plüpart ne peuvent fuivre, & dont un grand nombre, quine les fuit qu'avec peine, fe méfie toù- jours. Auffi avoit-il fait labourer une piece quar- rée oblongue de terre, dont il avoit fait femer la moitié à l’ordinaire, & l’autre par rangées éloignées les unes des autres d’environ quatre piés. Les grains étoient dans les rangées à fix pouces Les uns des au- tres. Ce petit champ fut femé vers la fin de Décem- bre. Au mois de Mars M. Duhamel fit labourer à la bêche la terre comprife entre les rangées : quand le blé des rangées montoit en tuyau , il ft donner un fécond labour , enfin un troifñieme avant la fleur. Lorfque ce blé fut en maturité, les grains du mi- lieu de la partie cultivée à l'ordinaire n’avoient pro- duit qu'un, deux, trois, quatre , quelquefois cinq & rarement fixtuyaux ; au lieu que ceux desrangées avoient produit depuis dix-huit jufqu’à quarante tuyaux ; & les épis en étoient encore plus longs & plus fourmis de grains. Mais malheureufement, ajoûte M. Duhamel, les oifeaux dévorerent lesgrain avant fa maturité, & l’on ne put comparer les produits, AGR : AGRIER , Î. m: terme de Coâtume ,.eft un droit ou redevance feigneuriale, qu’on appelle en d’autres coûtumes serrage. Voyez TERRAGE. ( H) * AGRIGNON, ( Géog. ) l’une desîles des Larrons ou Mariannes. Lar. 19. 40. AGRIMENSATION,f. f. erme de Droir,par où l’on entend larpentagedes terres. Ÿ. ARPENTAGE. (H) AGRIMONOIÏDE , f. f. en Latin agrimonoides, ( Hifi, nat. ) genre d’herbe dont la fleur eft en rofe, &c dont le calice devient un fruit fec. Cette fleur eft compofée de plufeurs feuilles qui font difpofées en rond , & qui fortent des échancrures du calice. La fleur & le calice font renfermés dans un autre calice découpé. Le pis calice devient un fruit oval & pointu qui eft enveloppé dans le fecond calice, & qui ne contient ordinairement qu’une feule femence- Tournefort , 22/2. ret herb. Vi 0yez PLANTE. AGRIPAUME,, f. f. en Latin cardiaca , (Hif. rat.) herbe à fleur compofée d’unefeule feuille , & labiée: la levre fupérieure eft pliée en gouttiere , & beau- coup plus longue que l’inférieure qui eft divifée en trois parties. Ii fort du calice un pifftil qui tient à la partie poftérieure de la fleur comme un clou , & qui eft environné de quatre embrions ; ils deviennent enflute autant de femences anguleufes qui remplif fent prefque toute la cavité de la capfule qui a fervi de calice à la fleur, Tournefort , 27/?, rei herb. Voyez PLANTE. (1) * Elle donne dans l’analyfe chimique de fes feuil- les & de fes fommités fleuries & fraîches, une li- queur limpide , d’une odeur &c d’une faveur d’herbe un peu acide ; une liqueur manifeftement acide, puis auftere ; une liqueur rouffe , imprégnée de beaucoup de fel volatil urineux ; de l’huile. La maffe noire ref- tée dans la cornue laïfle après la calcination & la lixiviation des cendres un {el fixe purement alka- li. Cette plante contient un {el effentiel tartareux, umiavec beaucoup de foufre fubtil & groflier. Elle a plus de réputation, felon M. Geoffroy , qu’elle n’en mérite. On l’appelle cardiaca , de l’erreur du peuple qui prend les maladies d’eftomac pour des maladies de cœur. Le cataplafme de fes feuilles pilées & cui- tes ,réfout les humeurs vifqueufes , & foulage le gon- flement & la diftenfion des hypochondres qui occa- fionnent la cardialgie des enfans. On lui attribue quelques propriétés contre les convulfons , les ob- ftruétions des vifceres, les vers plats, & les Ilom- brics ; & l’on dit que prife en poudre dans du vin elle excite les urines & les regles , & provoque l’accou- chement. Ray parle de la décoétion d’agripaume ou de fa poudre feche mêlée avec du fucre , comme d’un remede merveilleux dans les palpitations , dans les maladies de la rate , & les maladies hyftériques. Il y a des maladies des chevaux & des bœufs, dans lefquelles les Maquignons & les Maréchaux l’em- ployent avec fuccès. AGRIPPA , ( if. anc. ) nom que l’on donnoit anciennement aux enfans qui étoient Venus au mon- de dans une attitude autre que celle qui eff ordinaire & naturelle , & fpécialement à ceux qui étoient ve- nus les piès en devant. Ÿ. DÉLIVRANCE, ACCOU- CHEMENT. Ils ont été ainfi appellés , felon Pline , parce qu’ils étoient ægrè parti, venus au monde avec peine. De favans critiques rejettent cette étymologie; parce qu'ils rencontrent ce nom dans d’anciens Au- teurs Grecs , & ils le dérivent d’éype , chaffer, & de irmoc , cheval, c’eft-à-dire chaffeur à cheval: quoi qu'il en foit, ce mot a été à Rome un nom, puis un fur- nom d'hommes, qu’on a féminifé en agrippina. (G) * AGRIS , bourg de France dans la Généralité de Limoges. * AGROTERE , adj. ( Myrk. Ÿ nom de Diane ; ainf appellée parce qu’elle habitoit perpétuellément A GU les forêts & les campagnes. On immoloïit tous les ans à Athenes cinq cens chevres à Diane Apgrotere. : Xénophon dit que ce facrifice fe faifoit en mémoire de la défaite des Perfes, & qu’on fut oblige de re- duire, par un decret du Senat , le nombre des che- vres à cinq cens par an ; car le vœu des Athéniens ayant été de facrifier à Diane agrosere autant de che- vres qu'ils tueroient de Perles , il y eut tant de Per- fes tués, que toutes les chevres de PAttique n’au- roient pas fufi à fatisfaire au vœu. On prit le parti de payer en plufeurs fois ce qu'on avoit promis en une, & de tranfiger avec la Déeffe à cinq cens che. vres par an. * AGROTES , f. m: ( Myrh.. ) divinité des Phé- niciens, qu’on promenoit en proceflion le jour de fa fête, dans une niche couverte , fur un chariot traîné par différens animaux. | * AGUAPA, f. m. ( Æif. nat. bo. ) arbre qui croît aux Indes occidentales, dont on dit que l’om- bre fait mourir ceux qui s'y endorment nuds , & ax’elle fait enfler les autres d’une maniere prodi- sieufe, Si les habitans du pays ne le connoïffent pas mieux qu'il ne nous eftdéfigné par cette defcription, ils font en grand danger. *AGUARA PONDA , f. m. Brafilianis Marggra- vil , Ruttenffeert Belgis , id eff myofuros , viola Jpicata Brafiliana. ( Hifi. nat. bor. ) plante haute d’un pié & demi & plus, à tige life, ronde , verte & noueufe. Il fort de chaque nœud.quatre ou einq feuilles étroi- tes, crenelées , pointues, vertes & inégales. Le fom- met de fa tige eft chargé d’un épi long d’un pouce & plus , uni & couvert de fleurs d’un bleu violet, & formées de cinq feuilles rondes. Elle reffemble à la violette, & en a l’odeur. Sa racine eft droite , d’une médiocre grofleur & divifée en branches filamen- teules, Il y en a une autre efpece qui differe de la préce- dente par la largeur de {es feuilles. Elle eft marquée au fommet de fes tiges d’un cube creux , qui forme une efpece de cafque verd ; de ce creux fortent des fleurs bleues femblables aux premieres. .* AGUAS , ( Géogr..) peuple confidérable de PA- mérique méridionale, fur le bord du fleuve des Ama- zones. Ce font , dit-on dans l’excellent Diétionnaire portatif de M. Vofpien , les plus raifonnables des In- diens : ils ferrent la tète entre deux planches à leurs enfans aufh-tôt qu'ils font nes. * AGUATULCO ox AQUATULCO oz GUA- TULCO, ville & port de la nouvelle Efpagne , en Amérique , fur la mer du Sud. Longir. 279. latir, Z5.10. *AGUAXIMA , ( Æiff. nat. bor. ) plante du Bréfil &c desifles de l’Amérique méridionale. Voilà tout ce gw’on nous en dit ; & je demanderois volontiers pour qui de pareilles défcriptions font faites. Ce ne peut être pour les naturels du pays, qui vraiffemblable- ment connoïflent plus de caraéteres de l’aguaxima , que cette defcription n’en renferme , & à qui on n’a pas befoin d'apprendre que l’aguaxima naït dans leur pays ; c'eft, comme fi l’on difoit à un François, que le poirier eft un arbre qui croit en France, en Alle-. magne, Gc. Ce n’eft pas non plus. pour nous; car que nous impotte qu'il y ait au Bréfil un arbre ap-. pellé aguaxima , fi nous n’en favons que ce nom ? à quoi fert ce nom ? IHlaiffe les ignorans tels qu'ils font ; il n’apprend rien aux autres : s’il m'arrive donc de faire mention de cette plante, & de plufeurs au- tres auffi malcaratérifées, c’eft par condefcendance pour certains leéteurs , qui aiment mieux ne rien trouver dans un article de Diétionnaire , où même. y trouver qu'une fottife, que dene point trouver l’article du tout. L. LA ‘* AGUIATE, o4 AGUÉE , ( Myth, ) qui eft dans: À G Ü FOT - Les rnes, Les Grecs donndient cette épitheté à Apola lon , parce qu'il avoit des ftatues dans les rues. * AGUILA , ou AGLE , ville de la Province de Habat,, au Royaume de Fezen Afrique ; fur la rivie- re d'Erguila. AGUL L’AN NEUF, (if. mod.) quête que l’on _ faifoit en quelques Diocètes le premier jour de lan pour les cièrges de l’Eglife. IL paroît que cette céré- monie inftituée d’abord pour une bonne fin., dégéné- ra enfuite en abus. Cette quête fe faifoit par de jeu: nes gens:de l’un & de l’autre fexe : ils choififloient: un chef qu'ils appelloient leur fo/les , fous la: con. duité duquel ils commettoient même dans les Egli: fes des-extravagances qui approchoient fort de la Fête des Fous: Foyez FÊTE pes Fous. Cette coûtume fut abolic dans. le Diocèfe d’An:. gers en 1595 par une ordonnance fynodale : mais on la pratiqua encore hors dés Eglifes ; ce qui obli- gea un autre fynode en 1668 de défendre cette quête quifé faifoit dans les maifôns avec béaucoup de!li- cence & de fcandale , les garçons &cles filles y dan fant & chantant des chanfons diflolues, On. y don: noit aufli le nom de bacchelertes à cette folle réjoiufe fance , peut-être à caufe des filles qui s’y affem bloient , & qu'en langage du vieux tems on appelloit bachelettes. Thiers, Traité des Jeux, AU GUI: L’AN NEUF, ( Æiff. anc. ) cï1 Ou refrain des anciens Druides,, lorfqu’ayant cueilli le gui de chêne le premier jour de l’an, ils alloient lé porter en pompe foit dans les villes, foit dans les, campa- * gnes voifinés de leurs forêts. On cueilloit ce gui avec beaucoup de cérémonies dans le mois de Dé- cembre ; au premier jour de l’an,.on l’envoyoit aux Grands, & on le diftribuoït pour étrennes au peus ple, qui Le regardoit comme unremede à tous maux, & le portoit pendu au cou, à la guerre , &c, On en frouvoit dans toutes les maifons & dans les tem ples. (G) * AGUILAR DEL CAMPO, (Géog.) petite ville, d’Efpagne , dans la vieille Caftille. * AGUILLES , f f. (Commerce. ) c’eft le nom de toiles de coton, quife font à Alep. * AGUITRAN , f. m. poix molle. Voyez Porx. -* AGUL, ( Æiff. rar, bor. ) c’eft un petit arbrif: fean fort épineux, dont les feuilles font longuettes , êt femblables: à celles de la fanguinaire. Il a beau- coup de fleurs rougeâtres , auxquelles fuccedent des: gouffles. Sa racine eft longue &: purpurine : 1l fe trouveen Arabie , en Perfe, &enMéfopotamie. Ses fewlles font changées le matin de manne groffe come me des, grains de:coriandre ; cette manne a le goût & la faveur dela nôtre; mais f on laifle pañler le Soleil deflus, élle fe fond & fe diffipe. Les feuilles de lagul paflent pour purgatives, Lemery. Voyez ALHAGT. | * AGUTIGUEPA ( Æifi:nar. bot.) plante du Bré: . fil, à racine ronde parle haut ; d’un rougefoncé, & bonne à manger ; à tige droite, longue de:trois piés juiqu'à cinq, grofle comme le doigt , portant fans . ordre fur des pédicules quisont ‘fix travers de doigt: de longueur , des feuilles longues depuis ui pié juf qu'à deux, larges de quatre travers de doigt , poin< tues , d’um beau verd , luifantes , femblables aux feuilles du paco-eire | relévées dans toute leur lon- gueur d’une côte ê& d’une infinité de veines quiram- pent obliquement fur toute la furface, & bordées, tout autour d’un trait rouge. Du fommet de la tige s’éleve une fleur femblable au. lis , de couleur de few; compofée de trois où quatre feuilles : chaque fleur a trois ou quatre étamines ,.de même couleur, . 8e faites en défenfes de fanglier. On ditque faracine piléeguérit;mondifie, &c.lesulceres. Dans des tems de difette "onda: fait bouillir ou: griller, & on:la mange, : w= ra 192 À G U. : *AGUTI TREVA oz AGOUTI TREVA , planté des Ifles Mariannes ; fa feuille eft femblable à celles de l’oranger , maïs plus mince ; fa fleur eft cou- verte d’une efpece de rofée ; {on fruit eft gros, couvert d’une écorce rougeâtre , & contient des fe- mencés femblables à celles de la grenade , tranfpa- rentes, douces &c agréables au goût. Ray. *AGYNNIENS (Théol.) hérétiques, quiparurent environ l’an de J. C. 694. Ils ne prenoient point de femmes , & prétendoïent que Dieu n’étoit pas au teur du mariage. Ce mot vient d’ privatif & de vivo, femme. Prateol. (G) * AGYRTES, joueurs de gobelets , farceurs, faifeurs de tours de pafñle-pañle ; voilà ce que f- onifie agyrte , & c’etoit le nom que portoient, & que méritoient bien les Galles, prêtres de Cybele. À H AH-AH, (Jardinage. ) CLAIRE VOIE ox SAULT DE LOUP. Où entend par ces mots une ouverture de mur fans grille , & à niveau des allées avec uñ foffé au pié, ce qui étonne & fait crier ah-ah. On prétend que c’eft Monfeigneur , fils de Louis XIV , qui a inventé ce terme, en fé promenant dans les jardins de Meudon. (X) * AHATE de Pauncho Recchi , ( Hifloire naturelle, botanique. ) arbre d’une groffleur médiocre, d’en- viron vingt piés de haut. Son écorce eft fongueu- fe & rouge en dedans. Son bois blanc & dur. Ses branches en petit nombre & couvertes d’une écorce verte & cendrée. Sa racine jaunâtte, d’un odeur forte , & d’un goût onétueux. Sa fetulle oblongue & femblable à celle du malacatijambou ; froiflée dans [a maim , elle rend une huile fans odeur. Sa fleur eft attachée par des pédicules aux plus petites feuilles. Elle a trois feuilles triangulai: res, épaifles comme du cuir, blanches en dedans, vertes en deflus, &c rendant l'odeur du cuir:brülé, quand on les met au feu. Le fruit fort des étamines de la fleur. Il eft dans fa maturité de la groffeur d’un citron ordinaire, verd & ftrié par dehors ; blanc en dedans, & plein d'une pulpe fucculente , d’un gout & d’une odeur agréable. Ses femences font oblongues , unies, luifantes & enfermées dans des cofles. On le cueille : avant qu'il foit mür, & il devient comme la nefle dans la ferre où on le met, Cet arbre'a été apporté des Indes , aux ifles Philippines. Il.aime les climats chauds. Il fleurit deux fois lan, la premnere fois en : Avril. Ray lui attribue différentes propriétés, ainfi u’aux feuilles & aux autres parties de l'arbre. - AHOUAI eft un gente de plante à fleur, com- pofée\d’une feule feuille en forme d’entonnoir & découpée. Il fort du fond du calice un piftil qui eft attaché au bäs de la fleur comme un clou, & qui devient dans'la fuite un fruit charnu en for- me de poire, quirenferme un noyau prefque trian- gulare , dans lequel 1l y'a une amande. Tourne- fort. Unff rei herb. app. Voyez PLANTE. (1) * AH OVATI, Theveri Clufii , (CH. nat: bot. ) fruit du Brefl de la groffeur de la chataigne, blanc, &t de la figure à-peu-prèsides trufes d’eau. Il croît furun arbre grand comme le poirier, dont l'écorce eft blanche , piquante & fucculente ; la feuille lon- gue de deux ou trois pouces , large de deux , toûjours verte ; &c la fleur monopétale , en en- tonrioir , découpée en plufeurs parties; & du cali-: ce s’éleve un piftil qui devient le fruit. Ce fruit eft un poifon. Lemery.. "01: Millet en difingue un autre, qi croit pareille- . ment en Amérique & qui n’eft pasmoins dange-: reux.s on dit queParbre qui le porte répand un odeur défagréable quand on Pincile, * AHUILLE , bourg de France dans 14 Généra: lité de Tours. ; * AHUN, petite ville de France dans la haute-Mar-_ che, Généralité de Moulins. Long. 19.38. lar. 49.5. * AHUS ox AHUIS , ( Geog. ) ville maritime de Suéde, Principauté de Gothlande & terre de Blec- kingie ; elle eft fituée proche la mer Baltique. Long, 32 14, lat, 56, AI AJ AJACCIO. (Géog.) Voyez ADIAZZO. * AJAN, (Géogr.) nom général de la côte orientale d'Afrique , depuis Magadoxo jufqu’au cap Guardafui fur la pointe du détroit de Babelmandel. * AJAXTIES , fêtes qu'on célébroit à Salamine en l'honneur d’Ajax, fils de Telamon, C’efttout ce qu’on en fait. | . AICH, (Géog.) ville d'Allemagne, dans la haute- Bavière , fur le Par. Long. 28. 50. lat. 48. 30: *AICHÉERA , un des fept dieux céleftes que les Arabes adoroient , felon M. d’Herbelot. AICHSTAT,,(Géog. )ville d'Allemagne dansla Fran- conie, fur la riviere Altmul. Long. 28-44. lat, 49. AIDE fignifie affiflance , fecours qu’on prête à quel- qu'un, |] fisnifie auf quelquefois la perfonne même qui prète ce fecours ou cette affiffance ; ainfi dans ce dernier fens , on dit aide de camp. Voyez AIDE DE CAMP. Aide-major. Voyez AIDE-MATOR. . AIDE fe dit aufli en général de quiconque eft ad- joint à un autre en fecond pour l’aider au befoin ; ainfi l’on dit en ce fens aide des cérémonies , d’un officier qui aflifte le Srand-maître , & tient fa place s’il eft abfent. On appelle auf aides les garçons qu’un Chirurgien mene avec lui pour lui prêter la main dans quelque opération de conféquence. On appelle aide de cuifine un cuifinier en fecond, ou un garçon qui fert à la cufine. AIDE, en Droit Canon , ou Eplife fuccurfale, eft une Eglife bâtie pour la commodité des paroïffiens, quand l'Eglife paroiffale eft trop éloignée , ou trop petite pour les conténir tous. AIDE , dans les anciennes coûtumes , fignifie Jubfide en argent, que les vaffaux ou cenfitaires étoient obligés de payer à leur Seigneur en certaines occa- fions particulieres. Aide differe de saxe en ce que la taxe s’impofe dans quelque befoin extraordinaire & preffant ; aw lieu que laide n’eft exigible qu'autant qu’elle eft établie par la coûtume, & dans le cas marqué par la coûtume ; de cette efpece font les aides derelief & de chevel. Voyez aide-relief & aide-chevel. On payoit une aide au Seigneur quand il vouloit acheter une terre. Mais 1l n’en pouvoit exiger une femblable qu’une fois en fa vie. Ces aides, dans l’origine , étoient libres & volon- taires ; c’eft pourquoi on les appelloit droits de com- plaifance. | Il paroît que Les Seigneurs ont impofé cette mar- : que de fervitude fur leurs vaflaux , à l'exemple des : Patrons de l’ancienne Rome , qui recevoient des ‘préfens de leurs cliens & de leurs affranchis , en cer- taines occafons , comme pour doter leurs filles, ou en certains jouts folemnels comme le jour de leur naïfflance, Voyez PATRON & CLIENT. (G) : AIDE , en terme de Jurifprudence féodale | {ont des fecours auxquels les vaflaux , foit gentilshhommes ou:roturiers , font tenus envers leur Seisneur dans : quelques occafons particulieres ; comme lorfqu'il marie {a fille ou fait recevoir fon fils chevalier , ow mil eftprifonnier.de guerre ; ce qui fait troisfortes d'aides, l’aide de mariage, l'aide dechevalerie, & l’aide de _ rançon, On appelle d’un nom commun ces trois fortes d'aides , aide-cheyel ,quia capitali domino ARDERR, : aidé L'aide de rançon s’appelloit aufli aides loyañx;, parcè qu’elle étoit dûe indifpénfablement. On appela aufi vides loyaux , fous Louis VIT, une contribution qui fut impofée fur tous les fujets fans diftinétion , pour de voyage d'outre-mer ou la croifade ; & on appel- doit ainfi en-général toutes celles qui étoient dûes er vertu d’une loi. PX On appelloit au contraire aidés libres ou gracieufes, celles qui étoient offertes volontairement par Les fu jets on vañaux. L'aide chevel eff le double dés devoirs que le fir- jet doit ordinairement chaque année, pourvû qu'ils n’excedent pas ving-cinq fous. Si le fujet ne doit point de devoirs , 1l payera feulement vingt-cinq “ous. Le Seigneur ne peut exiger cette aide qu'une fois en fa vie pour chaque cas. … Aides raifonnables étoient celles que les vaflaux étoient obligés de fournir au Seigneur dans de cer- taines néceflités imprévues , & pour raifon defquel- les on les taxoit au prorata de léurs facultés ; telles étoient par exemple, en particulier, celles qu’on ap- pelloit aides de l’ofl & de chevauchée | qi étoient des fubfides dùs au Seigneur pour l'aider à fubvenir aux frais d’uné guerré , comme qui diroit de nos jours, le dixieme denier di reveru des biens. Aide-rélief eft un droit dû en certaines Provinces par les vaflaux aux héritiers de leur Seigneur immé- diat, pour lui fournir la fomme dont ils ont befoin pour payer lé relief du fief qui leur échet par la mort dé leur parent. "4 Te _ On trouve auf dans l’Hiftoire eccléfiaftique des aides levées par des Evêques dans des occafons qui les obligeoient à des dépenfes extraordinaires , com- me lors de leur facre ou joyeux ayenement, lorf- qu'ils reçoivent les Rois chez eux ; lorfqu'ils par- toient pour un Concile , ou qu'ils alloient à la cour du Pape. Ces aides s’appelloient autrement comes epif- copales ou fynodales, ou denier de Päque, Les Archidiacres en levoient auili chactin dans leur Archidiaconé. Il eft encore d’ufagé & d'obligation de leur payer un droit lorfqu'ils font leur vifite, droit qui leur eft dû par toutes les Eglifes paroiïfliales | même celles qui font deflervies par des Religieux. _ Ain, adj. pris fubft. ez Cuifine, eft un domeftique fubordonné au Cuifinier , & deftiné à l’aider. AIDE fe joint auffi à plufeurs mots avec lefquels il ne fait proprement qu'un feul nom fubftantif. AIDES, ex terme de finañce , fignifie les impôts qui fe levént, à quelque titre que ce foit, par Le Sou- verain fur les denrées & les marchandifes qui fe ven- dent dans le Royaume. Ce droit répond à ce que les Romains appelloient veéhigal, à vehendo ; parce qu'il fe levoit, comme parmi nous, à titre de péage, d'entrée ou de fortie fur les marchandifes qui étoient tranfportées d’un lieu à un autre. Le veéfigal étoit oppolé à sributum , lequel fe levoit par têtes fur les perfonnes , comme parmi nous les: aides {ont oppo- fées à la saille on capitation , qui font auffi des taxes perfonnelles. On a appellé les aides de ce nom, parce que c’é- toit originairement des fubfdes volontaires & pañla- gers, que les fujets fournifloient au Prince dans des befoins preflans , 80 fans tirer à conféquence pour la fuite. Mais enfin elles ont été converties en im- pofitions obligatoires & perpétuelles. On croit que ces aides furent établies fous le re- gne de Charles V. vers l’an 1270 , & qu’elles n’é- toient qu'à raïfon d'un foi pour livre du prix des denrées. Les befoins de l’État les ont fäit monter fuc- . ceffivement à des droits beaucoup plus forts. (7) La Cour des Aides eft une Cour Souveraine étas Tome L 6 AID 193 ble éñ plufeurs Provinces du Royaume pour con- noître de ces fortes d’impoftions &c de toutes les ma tieres qui y ont tapport : elle connoït, par exemple, des prétendus titres de noblefle, à l’effet de déchar- ger ceux qui lés alleguent des impofitions roturieres; s'ils font véritablement nobles, ou de les ÿ fofmiet- tre s'ils ne le f6nt pas. Dans plufieurs Provinces, telles que la Provence, la Bourgogne & le Languedoc , la Cour des Aïdes eft unie à la Chambre des Comptes. Il y a en France douze Cours dés Aides , comme douze Parlemens ; favoir , à Paris, à Rouen, à Nan- tes, à Bourdeaux , à Pau , à Montpellier , à Mon: tauban, à Grenoble , à Aix, à Dion, à Châlons & à Metz. | Avant l’érefion des Cours des Aides, 1l y avoit des Généraux des aides pour la perception & la ré- gié des droits , & une autre forte de Généraux pour le jugement des conteftations en cette matiere; & ce furent ces Généraux des aidés , fur le fait de la Juftice , qui réunis en corps par François premier , commencerent à former un tribunal en matieré d'aides, qu’on appella par cette raifon /a Cour des Aides: : A1DES, fi f. ( Mancpe:) fe dit des fecours & des foûtiens que le cayalier tire des effets modérés de la bride, de l’éperon, du caveçon, de la gaule, du fon de la voix, du mouvement des jambes, des cuiffes, & du talon , pour faire manier un cheval comme il hui plaît. On emploie les aides pour prévenir les chä- timens qu'il faut fouvént employer pour dreffer un cheval, Il y a aufiles aides {ecrètes du corps du ca- valier; elles doivent être fort douces. Ainf on dit : ce cheval connoît lés aides , obéit, répond aux aides, prend les aides avec beaucoup de facilité & de vis gueur. On dit aufli : ce cavalier dorine les aides ex- trèmement fines , pour exprimer qu'il manie le che- val à propos, & lui fait marquer avec juftefle fes tems &c fes mouvemens. Lorfqu'un cheval nobéit pas aux aides du gras des jambes ; on fait venir Pé- péron au fecours , en pinçant de l’un ou des deux: Si Pon ne fe fert pas avéc diferétion des azdes du cavecon , elles deviennent un châtiment qui rebute peu à peu lé cheval fauteur, qui va haut & juite en fes fauts & fans aucune aide. Voyez SAUTEUR. Un cheval qui a les aides bien fines fe brouille ou s’em- pêche de bien manier, pour peu qu’on ferre trop les cuiflés, ou.qu’on laifle échapper les jambes. Aides du dedans, aides du dehors : façons de parler telatives au côté fur lequel le cheval manie fur les voltes, ou travaille Le long d’une muraille ou d’une haie. Les aides dont on fe fert pour faire aller un cheval par airs, & celles dont on fe fert pour le faire aller fur le terrein, font fort différentes. IL y a trois aides diftinguéés qui fe font ayant les rènes du dedans du cavecon à la main. La premiere eft de mettre l'épaule de dehors du cheval en dedans ; la feconde eft de lui mettre auffi l’épaule de dedans en dedans ; & la troifieme eft de lui arrêter les épau- les. On dit : répondre , obéir aux aides ; tenir dans la fujétion des aides, Voyez RÉPONDRE, OBÉIR 6: SUJÉTION.(F) ù | AIDES, f. f. pl. ( Architeët. ) piece où les aides de cufine & d'office font leur {érvice ; c’eft propre- ment la décharge des cuifines, où l’on épluche’, la- ve & prépare tout ce qui fe fert fur la table, après, ävoir été ordonné par le maître d’hôtel. Ces aides doivent être voifines des cuifines , avoir des tables , une cheminée , des fourneaux & de l’eau abondam- ont (PE AIDÉ DE CAMP ; f. m. On appelle ainf en France de jeunes volontaires qui s’attachent à des Officiers Généraux pour porter leurs ordres partout où il eff befoin , principalement dans à tabl ai 194 AID ls doivent les bien comprendre, & les déclarer très: ter.emles repañlant avec les fix autres de la ma- nière que nous ayons enfeigné. I faut ufer des:mêmes précautions pour conferz ver ces barreaux aimantés, C’eft pourquoi on aurd une boîte convenable dans laquelle on fera ajufter deux pieces de:fer d'environ un pouce de. longueur ( qui eft à peu près l’épaifleur de fix barres d’acier) perpendiculairement lune vis-à-vis de‘lautre ;:& à la diftance de fix pouces de dehors en: dehôrs.; ces pieces de. fer feront d'environ un quart de poucé quarré & bien polies fur les côtés ; on placéra à côté d'elles , & tout joignant , les douze barres d’a- cier ; fix d’un côté & fix de l’autre ; les fix d’un côté avec leur pole dx nord vers un bout dela boîte, & les fix de l’autre avec leur pole du fud vèrs ee mê- me bout. Il faut bien prendre garde de ne les ja- mais mettre ni retirer toutes à la fois d’un côté ow de l’autre, car on les défaimanteroit : mais on en mettra à la fois une de chaque côté , de maniere que leur effort fe contre-balance continuellement ; c’eft une obfervation qu’on doit toljours faire ; de n’en laiffer jamais deux-ou plufieurs enfemble avec leur pole de même nom du même côté ;fans quoi elles . ñe manqueroient pas de perdre leur vertu. La vertu magnétique que l’on communique à un morceau de fer ou d'acier , y réfide tant que ces corps ne font pas expolés à aucune attion violente qui puiffe la difliper : il y a néanmoins des circonf. tances aflez léveres qui peuvent détruire en très-peu de tems le magnétifme du fer le mieux aimanté. Nous allons rapporter 1c1 les principales. Premierement , lorfqu’on a aimanté un morceau de fer fur un aimant vigoureux, fi on vient à le paf fer fur le pole femblable d’un aimant plus foible il perd beaucoup de fa vertu , & n’en conferve qu’au- tant que lui en auroit pû donner l’aimant foible {ur lequel on la paflé en dernier lieu. 2° Lorfqw’on pañle une lame de fer ou d’acier fur le même pole de l'ai mant {ur lequel on l’a déjà aimantée , mais dans me - direétion contraire à la premiere , la vertu magné- tique de la lame fe difipe auffi-tôt , & ne fe réta- blira qu’en continuant de pañfer la lame fur le même pole dans le dernier fens : mais les poles feront chan: gés à chaque extrémité , & on aura bien de la peine à lui communiquer autant de vertu magnétique qu’- elle en avoit d’abord. | 3°. Il eft effentiel de bien toucher les poles de l'ai mant avec le morceau de fer qu'on veut aimanter ; . &dene pas fe contenter de l’en approcher à une pe- tite diffance , non-feulement parce que c’eft le meil- leur moyen de lui communiquer beaucoup de ver- tumäpnétique mais parce que la matiere maghéti= que fe diftribue dans le fer fuivant une feule 8 mê- me direétion, Voici une ‘expérience qui prouve la néceflité-du contaét du fer & de l’armure de l’aimanti pour que la: communication foit-parfaite : #i on pañle une aiguille de bouflole d’un-pole:à l’autre de Vai- amant , en lui faifant toucher fucceflivement les deux boutons-de l’armure , elle:acquerra la vertu magné- tique, & fe dirigera nord & dud , comme l’on fait. Mais fi après avoir examiné fa direétion, on la re- pañle une feconde fois fur l’aimant dans le même fens qu’on l’avoit fait d’abord , avec cette feule différen- » tions très-violentes dans la nature ». Suivant les expériences de cet Auteur, & celles de M. de la Hire, une colonne d’air fur la furface de la terre , de la hauteur de 36 toifes , eft égale au poids de trois lignes de mercure ; & des quantités égales d’air occupent des efpaces proportionnels aux poids qui les compriment. Aïnfi le poids de Pair qui rem- pliroit tout l’efpace occupé parle globe terreftre, fe- roit égal à celui d’un cylindre de mercure, dont la bafe égaleroit la furface de la terre, & qui auroit en hauteur autant de fois trois lignes que toute l’at- mofphere contient d’orbes égaux en poids à celui que nous avons fuppofé haut de 36 toifes. Donc en prenant le plus denfe de tous les corps, l’or par exemple, dont la gravité eft environ 14630 fois plus grande que celle de l'air que nous refpirons ; il eft aifé de trouver par le calcul que cet air feroit ré- duit à la même denfité que l'or, sil étoit preflé par une colonne de mercure qui eût 14630 fois 28 pou- ces de haut, c’eft-à-dire 409640 pouces ; puifque les denfités de l’air en ce cas feroïent en raïfon réci- proque des poids par lefquels elles feroïent preflées. - Donc 409640 pouces expriment la hauteur à laquel- le le barometre devroit être dans un endroit où l’air feroit aufli pefant que l’or , & 2 552 lignes l’épaif- feur à laquelle feroit réduite dans ce même endroit notre colonne d’air de 36 toifes. Or nous favons que 409640 pouces ou 43526 toi- fes ne font que la 74° partie du demi-diametre de later- re. Donc fi au lieu de notre globe terreftre, on fup- pofe un globe de même rayon, dont la partie exté- rieute {oit de mercure à la hauteur de 43538 &c l’in- térieure pleine d’air, tout le refte de la fphere dont le diametre fera de 6451538 t-fera rempli d’un ar denfe plus lourd par degré que les corps les plus pefans que nous ayons. Conféquemment , comme il eft prouvé que plus l’air eft comprimé, plus le même degré de feu augmente la force de fon refort & le rend capable d’un effet d’autant plus grand; & que, par exemple, la chaleur de Peau bouillante augmente le reffort de notre air au-delà de fa force ordinaire d’une quantité égale au tiers du poids avec lequel il eft comprimé ; nous en pouvons inférer qu'un degré de chaleur qui dans notre orbe ne produiroit qu'un effet modéré, en produiroit un beaucoup plus violent dans un orbe inférieur ; & que comme 1l peut y avoir dans la na- ture bien des degrés de chaleur au-delà de celle de l’eau bouillante , 1 peut y en avoir dont la violence fecondée du poids de l'air intérieur foit capable de mettre en piecestout le globe terreftre. Mérm. de PA. R. des Sc. an. 1703. Voyez TREMBLEMENT de terre. La force élaftique de Pair eft encore une autre fource très-féconde des effets de ce fluide, C’eft en vertu de cette propriété qu'il s’infinue dans les pores des corps, y portant avec lui cette faculté prodigieufe qu'il a de fe dilater, qui opere fi facilement ; confé- quemment il ne fauroit manquer de caufer des ofcil- lations perpétuelles dans les particules du corps aux- quelles il fe mêle, En effet le degré de chaleur, la gra- vité vité & la denfité de Pair; & conféquemment fon élafticité & fon expanfion ne reftant jamais les mê- mes pendant deux minutes de fuite, il faut néceflai- rement qu'il fe fafle dans tous les corps une vibration, où une dilatation & contraëtion perpetuelles. Foyez VIBRATION, OSCILLATION, 6. On obferve ce mouvement alternatif dans une in- finité de corps différens, & fingulierement dans les plantes dont les trachées des vaiffèaux à ait font lof fice de poñmons: car l’air qui y eft contenu fe dila- tant & {e reflerrant alternativement à mefure que la chaleur augmente ou diminue, contraéte & relâche tour à tour les vaifleaux , & procure aïnfi la circu- lation desfluides. . VÉGÉTAL, CIRCULATION, 6. Auf la végétation & la germination ne fe feroient- elles point dans le vuide. Il eft bien vrai qu'on a vü des féves s’y gonfler un peu; & quelques-uns ont cru qu'elles y végétoient : mais cette prétendue végéta- ton n’étoit que l'effet de la dilatation de Pair qu’elles contenoient. Voyez VÉGÉTATION, &c. C’eft par la même raïfon que lai contenu en bul- les dans la glace la rompt par fon aétion continuelle ; ce qui fait que fouvent les vaifleaux caflent quand la liqueut qu'ils contiennent eft gelée. Quelquefois des blocsde marbre tout entiers fe caflentenhyver,à cau- fe de quelque petite bulle d’arr qui y eft enfermée & qui à acquis un accroïflement d’élafticité. C’eft le même principe qui produit la putréfa&ion & la fermentation : car rien ne fermentera nine pour- rira dans le vuide , quelque difpofition qu'il ait à Pun ow à l’autre. Voyez PUTRÉFACTION 6 FERMEN- TATION. L’air eft le principal inftrument de la nature dans toutes {es opérations fur la furface de la terre & dans fon intérieur. Aucun végétal ni animal terreftre où aquatique ne peut être produit, vivre ou croître fans air. Les œufs ne fauroient éclorre dans le vuide. L'air entre dans la compoñition de tous les fluides , comme le prouvent les grandes quantités d’air qui en fortent: Le chêne en fournit un tiers de fon poids; les pois autant ; le blé de Turquie, un quart; &c. Voyez la Sratique des végétaux de M. Hales. L'air produit en particulier divers effets fur le corps humain, fuvant qu'il eft chargé d’exhalai- ons, & qu'il eft chaud, froïd où hummde. En effet, comme l’ufage de l’air eft inévitable , 1l eft certain qu'il agit à chaque inftant fur la difpofition de nos corps. C’eft ce qui a été reconnu par Hippocrate, & par Sydenham l’Hippocrate moderne,qui nous a laïffé des épidémies écrites {ur le modele de celle du Prince de la Medecine, contenant une hiftoire des maladies aiguës entant qu'elles dépendent de la température de l’air. Quelques favans Medecins d'Italie & d’Al- lemagne ont marché fur les traces de Sydenham ; &c une Société de Medecins d’'Edimbourg fuit attuelle: ment le même plan. Le célebre M. Clifton nous a donné l’hiftoire des maladies épidémiques avec un journal de la température de Pair par rapport à la ville d’Yorck depuis 1713 jufquen 1725. À ces Ou- vragesil faut joindre l’Effai fur leseffets de l’air par M. Jean Atbuthnot Docteur en Medecine, &c traduit de lAnpglois par M. BoyersPar.1740.ir-12.M. Formey. L’air rempli d’exhalaifons animales, particuliere- ment de celles qui font corrompues, a fouvent cau- fé des fievres peftilentielles. Les exhalaïfons du corps humain font fujettes à la corruption. L’eau où Pon s'eft baigné acquiert par le féjour une odeur cada- véreufe. [left démontré que moins de 3000 hommes placés dans l’étendue d’un arpent de terre y forme- . roient de leur propre tranfpiration dans 34 jours une atmofphere d'environ 71 piés de hauteur, laquelle n'étant point difipée par les vents deviendroit pefti- lentielle en un moment. D'où l’on peut inférer que la premiere attention en bâtiffant des villes eft qu'el Tome J, AIR 233 les foient bien ouvertes, les maïfons point trop hau: tes, & les rues bien larges. Des conftitutions pefti- lentielles de l’air ont été quelquefois précédées de grands calmes. L’air des prifons caufe fouvent des maladies mortelles : aufh le principal foin de ceux qui fervent dans les hôpitaux doit être de donner un libre paffage à Pair. Les parties corruptibles des cadavres enfevelis fous terre font emportées quoique lente- ment dans l'air ; & il feroit à fouhaiter qu’on s’abftint d’enfevelir dans les églifes, & que tousles cimetieres fuffent hors des villes en plein air. On peut juger de- là que dans les lieux Où 1l y a beaucoup de monde affemblé, comme aux fpedtacles, l'air s’y remplit en pêu de 'tems de quantité d’exhalaifons animales très: dangereufes par leur prompte corruption. Au bout d'une heure on ne refpire plus que des exhalaifons humaines ; on admet dans fes poûmons un air infeété forti de mille poitrines, & rendu avec tous les cor- pufcules qu’il a pù entraîner de l’intérieur de toutes ces poitrines, fouvent corrompues & puantes. M. Formey. | L’air extrèmement chaud peut réduire les fubftan: ces animales à un état de putréfaétion. Cet air eft par- ticulierement ntufible aux poûümons. Lorfque lair ex- térieur eft de plufieurs degrés plus chaud que la fub£ tance du poûmon, il faut néceffairement qu'il détruife & corrompe les fluides & les folides , comme l’expé- riencele vérifie. Dansune rafinerie de fucre où la cha- leur étoit de 146 degrés, c’eft-à-dire, de $4 au-delà de celle du corps humain, un moineau mourut dans deux minutes, & un chien en 28.Mais ce qu'il y eut de plus rémarquable, c’eft que le chien jetta une fa- live corrompué, rouge & puante. En général per- fonne ne peut vivre long-tems dans uri air plus chaud que fon propre corps. M. Formey. Le froid condenfe l’air proportionnellement à fes degrés. Il contraëte les fibres animales & les fluides , auf loin qu’il les pénetre ; ce qui eft démontré par les dimenfons des animaux,réellement moindres dans le froid que dans le chaud. Le froid extrème agit fur le corps’ en maniere d’aieuillon, produifant d’abord un picotement, & enfuite un léger degré d’inflam- mation caufé par l’irritation & Îe reflerrement des fibres. Ces effets font bien plus confidérables fur le poümon, où le fang éft beaucoup plus chaud & les membranes très-minces. Le contaét de l’air froid en- trant dans ce vifcere feroit infupportable , fi Pair chaud en étoit entierement chaflé par l'expiration. L’air froid reflerre les fibres de la peau, & refroi- diffant trop le fang dans les vaifleaux,arrèté quelques- unes des parties groflieres de la tranfpiration , & enr- pêche quantité de fels du corps de s’évaporer. Faut- il s'étonner que le froid caufe tant de maladies ? Il produit le fcorbut avec les plus terribles fymptomes par lirritation & l’inflammation des parties qu’il ref- ferre. Le fcorbut eft la maladie des pays froids, comme on le peut voir dans les journaux de ceux qui ont paflé l’hyver dans la Groenlande &c dans d’autres régionsfroides. Onlit dans les Voyages de Martens &z du Capitaine Wood,que des Anglois ayant pañé l’hy- ver en Groenlande , eurent le corps ulcéré & rempli de vefles ; que leurs montres s’arrèterent ; que les liqueurs les plus fortes fe gelerent, 8 que tout fe gla- çoit même au coin du feu. M. Formey. L'air humide produit le relâchement dans les fibres animales & végétales. L'eau qui s’infinue par les po= res du corps en augmente les dimenfions. C’eft ce qui fait qu’une corde de violon mouillée baiffe en peu dé tems. L’humidité produit le même effet fur les fibres des animaux. Un nageur eft plus abattu par le relà- chement des fibres de fon corps , que par fon exerci- ce. L'humidité facilite le paffage de l’air dans Les po- res ; Pair pafñle aifément dans uné veflie mouillée ; l’humidité affoiblit l’élafticité de l'air ; ce “ caufe le 8 234 ATR relâchement des fibres en tems de pluie. L’air fec roduit le contraire. Le relâchement des fibres dans les endroits où la circulation du fang eit imparfaite , comme dans les cicatrices & dans les parties luxées ou contufes , caufe de grandes douleurs. M. Formey. Undes exemples de l'efficacité merveilleufe delar, c’eft qu’il peut changer les deux regnes, l'animal & le végétal, l’un en l’autre. Voyez ANIMAL, Gc. En effet il paroît que c’eft de Pair que procede toute la corruption naturelle & l’altération des fub{f- tances ; & les métaux, & fingulierement l'or, ne font durables & incorruptibles , que parce que Pair ne les fautoit pénétrer. C’eft la raifon pourquoi on a vü des noms écrits dans le fable ou dans la pouflere fur de hautes montagnes fe lire encore bien diftinétement au bout de quarante ans, fans avoir été aucunement défigurés ou effacés. Voyez CORRUPTION , ALTÉ- RATION , Éc. Quoique l’air foit un fluide fort délié , 1 ne pénetre pourtant pas toutes fortes de corps. Il ne pénetre pas, comme nous venons de dire, les métaux : il en eff même quelques-uns qu'i ne pénetre pas, quoique leur épaifleur ne foit que de -£ dé pouce ; il pafferoit a travers le plomb, s’il n’étoit battu à coups de mar- teau : il ne traverfe pas non plus le verre, ni les pier- res dures & folides , ni la cire, ni la poix, la réfine, le fif 8 la graïfle : mais 1l s’infinue dans toutes fortes de bois, quelque durs qu’ils puiffent être. Il pañle à travers le cuir fec de brebis, de veau, le parchemin fec , la toile feche , le papier blanc, bleu , ou gris, êt une veflie de cochon tournée à l’envers. Mais lor{- que le cuir, le papier, le parchemin ou la veffie fe trouvent pénétrés d’eau, ou imbibés. d'huile ou de graïfle , l'air ne pañle plus alors à travers : 1l pénetre auf bien plus facilement le bois fec que celui quieft encore verd ou humide. Cependant lorfque l’air eft dilaté jufqu’à un certain point, 1l ne pañle plus alors à travers les pores de toutes fortes de bois. Muffch. Venons aux effets que les différentes fubftances mêlées dans ler produifent fur les corps inamimés. L'air n’agit pas uniquement en conféquence de fa pe- fanteur & de fon élafticité ; il a encore une infinité d’autres effets qui réfultent des différens ingrédiens qui y font confondus. Aïnf 1°. non-feulement il diflout & atténue les corps par fa preflion &c fon froiflement , mais auffi comme étant un chaos qui contient toutes fortes de menftrues, & qui conféquemment trouve partout à difloudre quelque forte de corps. Ÿ. Disso£LuTIoN. . On faitque le fer & le cuivre fe diffolvent aifément & fe rouillent à l’air, à moins qu'on ne les garantiffe en les enduifant d’huile. Boerhaave aflüre avoir vû des barres de fer tellement rongées par l'air, qu'on les pouvoit mettre en poudre fous les doigts. Pour le cuivre, 1l fe convertit à l’air en une fubftance à peu près femblable au verd-de-oris qu’on fait avec le vi- naigre. Voyez FER, CUIVRE, VERD-DE-GRIS, ROUILLE, &c. M. Boyle rapporte que dans les régions méridio- nales de l’Angleterre , les canons fe rouillent fi promptement , qu’au bout de quelques années qu'ils font reftés expolés à l’air, on en enleve une quan- tité confidérable de crocus de Mars. Acofta ajoûte que dans le Pérou l’air diflout le plomb, & le rend beaucoup plus lourd; cependant l'or pafle généralement pourne pouvoir être diffous par l'air ; parce qu'il ne contraéte jamais de rouille, quelque long-tems qu'on ly laifle expofé. La raïi-' {on en eft que le fel marin, qui eft le feul menftrue capable d’agir fur l'or , étant très-dificile à volatili- fer , il n’y en a qu’une très-petite quantité dans l'air à proportion des autres fubftances. Dans les labo- ratoires de Chimie, où l’on. prépare l’eau régale, l'air étant imprégné d’une grande quantité de ce fel, AIR l’or y contraëte de la rouille comme les autres mé- taux. Voyez OR, Éc. | Les pierres même fubiffent le fort commun aux métaux : ainfi en Angleterre on voit s’amollir & tomber en pouflere la pierre de Purbec, dont eft bâtie la Cathédrale de Salisbury ; 8 M. Boyle dit la même chofe de la pierre de Blackington. Woyez PIERRE. s | Il ajoûte que l’air travaille confidérablement fur le vitriol, même lorfque le feu n’a plus à y mordre. Le même auteur a trouvé que les fumées d’une li- queur corrofive agifloient plus promptement & plus marifeftement fur un métal expofé à l’air, que ne faifoit la liqueur elle-même fur le même métal, qui métoit pas en plein air. 20, L'air volatilife les corps fixes : par exemple , fi l’on calcine du fel, & qu'onle fonde enfuite , qu’on le feche &c qu'on le refonde encore, & ainf de fuite plufieurs fois ; à la fin il fe trouvera tout-à-fait éva- poré , & il ne reftera au fond du vafe qu’un peu de terre, Woyez VOLATIL, VOLATILISATION, Gc. Van-Heimont fait un grand fecret de Chimie de volatilifer le {el fixe de tartre : mais l’air tout feul fufit pour cela. Car fi l’on expolfe un peu de ce fel à l'air dans un endroit rempli de vapeurs acides, Le fel tire à lui tout Pacide ; & quand il s’en eft fol, 1l fe volatilife. Voyez TARTRE, &c. 3°. L’air fixe auff les corps volatils : ainfi quoique le nitre ou l’eau-forte s’'évaporent promptement au feu , cependant s’il y a près du feu de l’urine putré- fiée , l’efprit volatil fe fixera &c tombera au fond. 4°. Ajoûtez que l’air met en aétion les corps qui font en repos, c’eft-à-dire , qu'il excite leurs facultés cachées. Si donc il fe répand dans l’air une vapeur acide, tous les corps dont cette vapeur eft le menf- true en étant diflous , font mis dans un état propre à l’aétion. Voyez ACIDE, &c. En Chimie, il n°’eft point du tout indifférent qu’un procédé fe fafle à l’air ou hors de l’air, ou même à un air ouvert, ou à un air enfermé. Ainfi le camphre brûlé dans un vaifleau fermé fe met tout en fels; au lieu que fi pendant le procédé on découvrele vaif feau , &,qu'on en approche une bougie , il fe difi- pera tout en fumée. De même pour faire du foufre inflammable, 1l faut un air libre. Dans une cucur- bite fermée, on pourroit le fublimer juiqu’à mille fois fans qu’il prit feu. Si l’on met du foufre fous une cloche de verre avec du feu deflous , 1l s’y élevera un efprit de foufre : mais s’il y a la moindre fente à la cloche par où l’air enfermé puifle avoir commu- nication avec l’air extérieur , le foufre s’enflammera aufli-tôt. Une once de charbon de bois enfermée dans un creufet bien luté , y reftera fans déchet pen- dant quatorze ou quinze jours à la chaleur d’un four- neau toùjours au feu ; tandis que la muillieme partie du feu qu’on y a confumé , l’auroit mis en cendres dans un air libre, Van-Helmont ajoûte que pendant tout ce tems-là le charbon ne perd pas même fa cou- leur noire ; mais que s'il s’y introduit un peu d’air, il tombe aufli-tôt en cendres blanches. Il faut dire la même chofe de toutes les fubftances animales & végétales, qu’on ne fauroit calciner qu’à feu ou- vert, & qui dans des vaifleaux fermés ne peuvent : être réduits qu’en charbons noirs. air peut produire une infinité de changemens dans les fubftances , non-feulement par rapport à fes propriétés méchaniques , fa gravité , fa denfité, &c. mais auf à caufe des fubftances hétérogenes qui y font mêlées. Par exemple, dans un endroit où il y a beaucoup de marcaflites , l'air eft imprégné d’un fel vitriolique mordicant, qui gâte tout ce qui eft fur terre en cet endroit, & fe voit fouvent à terre en forme d’efflorefcence blanchâtre. A Fahlun en Sue- de, ville connue par fes mines de cuivre, qui lui ont Fait auffi donner le nom de Copperbetg; les exha- laïfôns minérales affe@ent l'air f fenfiblement , que la monnoie d’argent & de cuivre qu'on a dans la po- che en change de couleur. M. Bayle apprit d’un Bourgeois qui avoit du bien dans cet endroit, qu’au deffus des veines de métaux & de minéraux qui y {ont ; on voyoit fouvent s'élever des efpeces de co- {onnes de fumée, dont quelques-unes n’avoient point du tout d’odeur , d’autres en avoient une très-mau- vaife, & quelques-unes en avoïent une agréable. Dans la Carniole , & ailleurs, où 1l y a des mines, V’air devient de tems en tems fort mal fain, d’où il arrive de fréquentes maladies épidémiques , éc. Ajoûtons que les mines qui font voifines du cap de Bonne-Efpérance , envoyent de fi horribles vapeurs d’arfénic dont il y a quantité , qu'aucun animal ne fauroit vivre dans le voifinage ; & que dès qu’on les a tenues quelque tems ouvertes, on eft obligé de les refermer. 123 On obferve la même chofe dans les végétaux : ainf lorfque les Hollandois eurent fait abbatre tous les girofliers dont lfle de Ternate étoit toute rem- plie , afin de porter plus haut le prix des clous de gi- zofle, il en réfulta un changement dans l'air qui fit bien voir combien étoient falutaires dans cette Ifle les corpufcules qui s’échappoient de l'arbre & de fes fleurs : car auffi-tôt après que les girofliers eurent été coupés, on ne vit plus que maladies dans toute lle, Un Médecin qui étoit furles lieux , & qui a rapporté ce fait à M. Bayle , attribue ces maladies aux exha- laifons nuifibles d’un volcan qui eft dans cette Ile, lefquelles vraiflemblablement étoient corrigées par les corpufcules aromatiques que répandoïent dans Jar les girofliers, L’ai contribue aufli aux changemens qui arrivent d’une faifon à l’autre dans le cours de l’année. Ainfi dans l’hyver la terre n’envoyeguere d’émanations au- deflus de fa furface, par la raifon que {es pores font bouchés par la gelée ou couverts de neige. Or pen- dant tout ce tems la chaleur foûterraine ne laïfle pas d'agir au-dedans , & d’y faire un fond dont elle fe décharge au printems. C’eft pour cela que la même graine femée dans l’automne & dans le printems, dans un même fol & par un tems également chaud , viendra pourtant tout différemment. C’eft encore pour cette raïfon queWl’eau de la pluie ramaflée dans le printems, a une vertu particuliere pour le fro- ment, qui y ayant trempé, en produit une beaucoup plus grande quantité qu'il n’auroit fait fans cela. C’eft auf pourquoi il arrive d'ordinaire, comme on l’ob- ferve aflez conftamment, qu'un hyver rude eft fuivi d’un printems humide & d’un bon été. De,plus , depuis le folftice d’hyver jufqu’à célui d'été, les rayons du foleil donnant toùjours de plus en plus perpendiculairement , leur a@ion fur la furface de la terre’ acquiert de jour en jour une nouvelle force , au moyen de laquelle ils relâchent ; amollffent & putréfent de plus en plus la glebe ou le ol , jufqu'à ce que le foleil foit arrivé au tropi- que où ayec la force d’un agent chimique, il réfout les parties fuperficielles de la terre en leurs princi- pes, c'eft-à-dire, en eau, en huile, en fels, &c. qui s’elevent dans l’atmofphere. Voyez CHALEUR. Voilà comme fe forment les météores qui ne font que des émanations de ces corpufcules répandus dans l'air. Voyez MÉTÉORE. Ces météores ont des effets très-confidérables fur Vair. Ainf , comme on fait, Le tonnerre fait fermen- ter les liqueurs. Voyez TONNERRE , FERMENTA- TION , GC. En effet tout ce qui produit du changement dans le degré de chaleur de l’atmofphere, doit auffi en pro- -duire dans la matiere de l’air. M. Boyle va plus loin fur cet article, & prétend que les fels & autres fub- Torre | à 603 AIR 235 ftances mêlées dans l’air, font maintenus par le chaud dans un état de fluidité, qui fait qu'étant mêlés en- {emble ils agiffent conjointement ; & que par le froid ils perdent leur fluidité & leur mouvement , fe met- tent en cryflaux, & fe féparent les uns des autres. Siles colonnes d’air font plus ou moins hautés, cette différence peut cauferaufli des changemens, y ayant peud’exhalaifons qui s’éleventau-deflus des plus hau: tesmontagnes.Onenaeu lapreuve par certaines mas ladies peftilentielles, qui ont emporté tous les habi- tans qui peuploient un côté d’une montagne , fans que ceux qui peuploient l’autre côté s’en foient au- cunement fentis. T Le a CH On ne fauroit mer non plus que la fechereffe & l'humidité ne produifent de grands changemens dans l’atmofphere. En Guinée, la chaleur jointe à l’humi- dité caufe une tellé putréfadion,, que les meilleures drogues perdent en peu dé tems toutes leurs vertus , ëc que les vers s’y mettent. Dans l’ifle de S.]J ago, oneftobligé d’expofer le jour les confitures au foleil, pouren faire exhaler l’humidité qu’elles ont contrac- tée pendant la nuit, fans quoi elles feroient bien-tôt gâtces. durs | T C’eit fur ce principe que font fondés la conftruc= tion & l’ufage de l'Hygrometre. Voyez Hycro- METRE, MES ( Ces différences dans l’a ont aufli une grande in< fluence fur les expériences des Philofophes , des Chi: miltes & autres. Par exemple,ileftdificile de tirer l'huile du foufre, Per carmparam , dans un air clair & fec, parce qu’a- lors il eft très-facile aux particules de ce minéral de s’échapper dans l'air : mais dans un air groffier & humide, elle vient en abondance, Ainf tous les fels fe mêlent plus aifément, & étant fondus agiflentavec plus de force dans un air épais & humide ; toutes les féparations de fubitances s’en font auffi beaucoup mieux. Si le fel detartre eft expofé dans un endroit où il y ait dans l’air quelque efprit acide flottant, il s’en impregnera, &-de fixe deviendra volatil. De même les expériences faites fur des fels à Londres, où l'air eft abondamment impregné du foufre qui s’exhale du charbon de terre qu’on y brûle , réufliflent tout autrement que dans les autres endroits du Royaume où l’on brüle du bois , de la tourbe, ou autres ma- tieres. C’eft aufli pourquoi les uftenciles de métal fe rouillent plus vite ailleurs qu'à Londres, où ily à moms de corpufcules acides & corrofifs dans l’air , & pourquoi la fermentation qui eft facile à exciter dans un lieu où 1l n’y a point de foufre , eft impra- ticable dans ceux qui abondent en exhalaïfons ful- phureufes. Si du vin tiré au. clair après qu'il a bien fermenté eft tranfporté dans un endroit où l’air foit imprégné des fumées d’un vin nouveau qui fermente attuellement ,:1l recommencera à fermenter. Ainfi le {el de tartre s’enfle comme s’il fermentoit, fi on le met dans unendroit où lon prépare de l’efpritdenitre, du vitriol, ou du {el marin. Les Brafleuts, les Diftil: lateurs &c les Vinaigriers font une remarque qui mé- rite bien d’avoir place ici : c’eft qu'il n’y a pas de meilleur tems pour la fermentation des fucs des plan tes, que cehu où ces plantes font en fleurs. Ajoutez que les taches faites par les fucs des fubftances vé- gétales ne s’enlevent jamais mieux de déflus les étof= fes, que quand les plantes d’où ils proviennent font dans leur primeur. M. Boyle dit qu'on en a fait lexpérience fur des taches de jus de coing , de hou blon & d’autres végétaux ; & que fingulierementune qui étoit de jus de houblon, & qu’on n'avoit pas pi emporter quelque chofe qu’on y fit, s’en étoit allée d'elle-même dans la faifon du houblon. Outre tout ce que nous venons de dire de l'air , quelques Naturaliftes curieux & pénétrans ont en- core obfervé d’autres effets de ce fluide, qu'on ne Ggi 236 ATR peut dédiure d’aucuné des propriétés dont nous ve- nons de parler. C’eft pour cela que M. Boyle a com- pofé un Traité exprès, intitulé Conyeëfures [ur quel- -ques propriétés de l'air encore inconnues. Les phénome- nes de la flamme &c du feu dans le vuide portent à croire , felon cet auteur, qu'il y a dans l’airune{ubf- tance vitale & finguhere, que nous ne connoiflons pas, en conféquence de laquelle ce fluide eft fi né- ceflaire à la nutrition de la flamme. Mais quelle que {oit cette fubftance, 4l paroït.en examinant l'air qui en eft dépouillé ; &.dans lequel: conféquemment la flamme ne peut plus fubfifter, qu’elle y eft en bien petite quantité. en comparaïfon du volume d’ar qui en eftimpréené, puifqu'’on ne trouve aucune altéra- tion fenfble dans.les propriétés de cet air. Woyez FLAMME. | | D'autres exemplesquifervent à entrêterut ces con- jedures, font.les fels qui paroiflent & qui s’accroif- ent dans certains corps, qui n’en produiroïent point du tout ou en produiroïent beaucoup moins s'ils n’é- toient pas: expofés! à lair, M. Boyle parle de quel- ques matcafltes tirées de deflous terre, qui étant gardées dans un.endroit fec, fe couyroient aflez vite d’une efflorefcence vitriolique:, & s'égrugeoïient en peu de tems.en une poudre qui contenoit une quan- tité confidérable de couperofe , quoique vraiflembla- blement elles fuflent reftées en terre plufieurs fié- cles fans fe diffoudre. Ainfi la terre ou la mine-d’alun & de quantité d’autres minéraux: dépouillée de fes fels, de fes métaux & autres fubftances, les recou- vre avec le tems. On obferve la même chôfe du fraifi dans les forges. Joyez MINE, FER, 6c. M. Boyle ajoûte, que fur des enduits de chaux de vieilles murailles , ii s’amafñle avec le tems uneefñflo- refcence copieufe d’un qualité nitreufe dont on tire du falpetre. Le colcothar de vitriol n’eft point natu- rellement corrofif, & n’a de lui-même aucun. fel : mais fi on le laifle quelque tems expofé à l'air, il donne du fel,.& beaucoup. Voyez CoLcoTHAR. Autre preuve qui conftate ces propriétés cachées de l’air ; c’eft que.ce fluide ; introduit dans les médi- camensantimoniaux, les rendémétiques , propres à caufer des foiblefles de cœur & des brülemens d’en- trailles; &c qu'il gâte &c pourrit.en peu de-tems des arbres déracinés qui s’étoient confervés fains &c en: tiers pendant plufeurs fiecles qu'ils étoient reftés fur pié. Voyez ANTIMOINE. Enfin les foies dans la Jamaïque fe gâtent bientôt , f. on les laïffe expofées à l’a , quoiqw’elles ne per- dent pas toijours leur couleur; au lieu que quand on ne les y expole pas , elles confervent leur force & leur teinture. Le taffetas jaune porté au Brefil y devient en peu de jours gris-de-fer , fi on le laïfle expolé à l'air ; au lieu que dans les boutiques 1l con- ferve fa couleur. À quelques lieues au-delà du Para- guai, les hommes blancs deviennent tannés : mais dès qu'ils quittent cette contrée , ils redeviennent blancs. Ces exemples, outre une infinité d’autres que nous ne rapportons point ici, fufflent pour nous con- vaincre que nonobftant toutes les découvertes qu’on a faites jufqu’ici fur l’air, il refte encore un vañte champ pour en faire de nouvelles. ul Par les obfervations qu'on a faites fur ce qui arri- ve, lorfqw'après avoir été faigné dans des rhûma- tifmes on vient à prendre du froid , il eft avéré que Pair peut s’infinuer dans le corps avec toutes fes qua- hités, & vicier toute la mafle du fang & desautreshu- meurs. Voyez SANG. | nl Par les paralyfes , les vertiges & autres affe@ions nerveufes que caufent les mines, les lieux humides & autres , 1l eft évident que l’air chargé des qualités qu'il a dans cès lieux , peut relâcher & obftruer tout Le fyflème nerveux. Voyez HUMIDITÉ, 6c.-Et les coliques, les fluxions, les toux & les confomp- tions. qué produit un air humide , aqueux & nitreux; font bien voir qu'untel air eft capable de-gâter.& dé dépraver les parties nobles, Gc, Woyez Particle ATt- MOSPHERE. diront sine 25 SP : M. Defaguliers à imaginé une machine pour changer lair-de la chambre d’une perfonne mala- de, en en chaffant l'air impur, & y en introduifant du frais par le moyen d’une roue qu'il appelle roue centrifuge, fans qu’il foit befoin d'ouvrir n1 porte, ni fenêtre ; expédient quiferoit d'une grandeutilité dans les mines, dans les hôpitaux &c autres lieux fem- blables , où l’air ne circule pas. On a déja pratiqué quelque chofe de femblable à Londres, pour évacuer de ces lieux l’air échauffé parles lumicres & par l’ha- leine 8 la fueur d’un grand nombre de perfonnes, ce qui eft très-incommode , furtout dans les grandes chaleurs. Voyez Tranfa&. Phulof. r°. 437: p. 41. M, Hales a imaginé depuis peu une machine très- propre à renouveller Pair. Il appelle cette machine le ventilateur. Il en a donné la defcription dans un ou- vrage qui a éte traduit en François par M.de Mours, Doëéteur en Medecine, &c imprimé à Paris.il y a peu d'années. Voyez VENTILATEUR. Atr inné ; eft une fubftance aérienne extrème- ment fubtile ; que les Anatomiftes fuppofent être enfermée dans le labyrinthe de l'oreille interne, & qui fert felon eux à tranfmettre les {ons au /ér/ortum commune. Voyez; LABYRINTHÉ , SON , OUIE. Mais par les queftions agitées dans cesdernierstems au fujet de lexiftence de cet air inné, il commence à être fort vraiflemblable que cetair n’exifte pas réel- lement. Machine à pomper l'air. Voyez MACHINE PNEU- MATIQUE. (O | AIR, (T PUR. L'air eft fouvent défigné dans l’E- criture {ous le nom de cie]; les oifeaux du ciel pour Les oifeaux de Pair. Dieu fit pleuvoir du ciel fur Sodome Le Joufre & lefeu ; c’eft-à-dire, 2 fr pleuvorr de l'air ; que le feu defcende du cieZ, c’elt-à-dire de l'air. Movie menace les Jfraelites des effets de la colere de Dieu, de les faire périr par un air corrompu : percuriat te Dominus acre corrupto ; ou peut-être par un vent brü- lant qui caufe des maladies mortelles , où par une’ fé- cherefle'qui fait périr les moïflons. Barre l'air, par- ler en l’air, font des manreres de parler ufitées même en notre langue, pour dire pafler fans jugement, fans intelligence , fe fatiguer en vain. Les puifflances de l'air, (Ephéf. xj. 2.) font les démons qui exercent princi- palement leur puiffance dans Pair, en y excitant des tempêtes, des vents &c des orages. Genef. xix, 24. IPy Reg. 7. 10. Deut. xxi. 22. 1, Cor. ix: 24. 19.04 Di, de la Bibl, du P. Calmet, rom. I. À, pag, 89.(G} AR. Les Grecs adoroient l’air, tantôt {ous le nom de Jupiter. tantôt fous celui de Juno. Jupiter ré- gnoit dans la partie fupérieure de l’atmofphere,Junon dans fa pattie inférieure. L’Aïr eft aufi quelquefois une divinité qui avoit la lune pour femme &c la rofée pour fille. Il y avoit des divinations par le moyen de l'air ; elles confiftoient où à obferver le vol & le cri des oïfeaux , ou à tirer des conjeétures des météo- res êc des cometés , ont à lire les évenemens dans les nuées où dans la direétion du tonnerre. Ménelas dans Iphigénié attefte l’air témoin des paroles d’Agamem- non : mais Ariffophane traite d’impiété ce ferment d'Euripide, Plus on confidere la religion des Payenss plus on la trouve favorable à la Poëñe ; tout elt ant mé , tout refpire , tout eft en image; onne peut faire un pas fans rencontrer des ‘chofes divines &r des dieux ,'& une foule de cérémonies agréables à pein= dre : mais peu conformes à la raifon. 11 7 "7" * AIR, MANIERES , con/idérés pramimaticalement< L’air femble être né! avec nous ; 1l frappeñà la pre- miere vûüe. Les manieres font d'éducation On plait par l'air ; on! fe diftingue parles manières, L'air pré Vient; les #anieres engagent. Tel vous déplaît & vouséloigne par fon air ; qui vous retient & vous charme enfuite par fes waxierès. On fe donne un air ; ‘on affe@e des manieres. On compofe fon air ; on" étir- “die fes manieres-Woyez les Synonymes François. On ne peut être un fat fans favoir fe donner un ar & affeQer des anieres "pas même peut-être un bon Comedient Sr Ponné fait compofer fon air 8 étudier fes manieres ; on eft un mauvais courtifan ; & l’on doit s'éloigner de tous les états où l’on eft obligé de paroître différent de ce qu’on eff. : Arr fe dit ez Peinture de l’imprefliôn que fait un tableau , à la vûe duquel on femblé réellement ref- pirer l'air qui regne dans la nature fuivant les diffé- rentes heures du jour : frais ; fi c’eft un foleil levant qu'il repréfente ; chaud , fi c’eft un couchant. On dit encore qu'il y a de l’arr dans un tableau , pour ex- _ primer que la couleur du fond &c des objets y eft di- minuée felon les divers degrés de leur éloignement : cette dinunution s'appelle la per/pettive aërienne, On dit auf ar de rête : tel fait de beaux airs de tête. On dit encore attraper, faifir ler d’un vifage', c’eft-à- dire le faire parfaitement refflembler. En ce cas l'air fembleroit moins dépendre de la configuration des parties, que de ce qu'on pourroit appeller Ze gefle du viage. (CR) Air ez Mufique, eft proprement le chant qu'on adapte aux paroles d’une chanfon où d’une petite piece de Poëfie propre à être chantée ; & par exten- fion on appelle ar la chanfon même. Dans les Opéra on donne le nom d’arrs à tous les morceaux de mufi- que mefurés, pour les diftinguer du récitatif qui ne left pas; & généralement on appelle ar tout mor- ceau de mufique, foit vocale, foit inftrumentale , qui a fon commencement & fa fin. Si le fujet eft di- vifé entre deux parties, l’air s’appelle dxo , fi entre trois, srio , &c. _Saumaife croit que ce mot vient du Latin ærz; & M. Burette eft de fon opinion , quoique Menage com- batte ce fentiment dans fon étymologie de la langue Francçoile. Les Romains avoient leurs fignes pour le rythme, ainfi que les Grecs avoient les leurs ; &.ces fignes,, tirés auf de leurs caracteres numériques , fe nom- moient non-feulement zwmerus , mais encore æra, c’eft-à-dire nombre, ou la marque du nombre; z4- mer nota , dit Nonius Marcellus. C’eft en ce fens qu'il fe trouve employé dans ce vers de Lucile : Hac ef ratio ? perverfa æra ? fumma fubduëta improbè à Et Sextus Rufus s’en eft fervi de même. Or auotaue quoi ce mot æra ne Îe prit originairement parmi les Mu- ficiens que pour Le nombre ou la mefure du chant , dans la fuite on en fit le même ufage qu'on avoit fait du mot zwmerus ; & l’on fe fervoit d’erz pour défi- gner le chant mème : d’où eft venu le mot François air, & l'Italien aria pris dans le même fens. Les Grecs avoient plufieurs fortes d’airs qu'ils ap- pelloient zomes, qui avoient chacun leur caratere, & dont plufeurs étoient propres à quelques inftru- mens particuliers, à peu près comme ce que nous appellons aujourd’hui pieces ou fonates. La mufque moderne a diverfes efpeces d’airs qui conviennent Chacune à quelque efpece de danfe dont ils portent lenom. Voyez MENUET,GAVOTTE, MUSETTE, PASSEPIE, CHANSON, &c. (S) | A1R,.(Jerdinage.) On dit d'un arbre qu'il eft planté en plein vent ou en plein&r, ce qui. eft {y- nonyme. Voyez AIR. (K) AIR, e7 Fauconnerie; on dit l’oifeau prend larr, c'eft-è-dire, qu'ils’éleve beaucoups +. + # AR 04 AYR;, ( Géog.i) ville d'Eçofle à l’embour- "À IR 237 chure de la-riviere-de fon nom. Long, 14. 40. las San | AIRAIN 64 CUIVRE JAUNE, £. nm, (Chim.) c’efl un métal fadtice compofé de cuivre fondu avec la pierre de calamine qui lui communique la dureté & la couleur jaune, oÿez MÉTAL, CUIVRE, Ondit que les Allemands ont-poffédé long £tems le fecret de faire ce métal, Voici préfentement com ment on le prépare. On mêle aveé du charbon de terre de la pierre calamine calcinée & réduite em poudre : on incorpore ces deux fubitances en une feule mafle par le moyen de l'eau ; enfuite quand cela eff ainfi préparé, on mét environ fept livres de calamine dans un vafe à fondre qui doit contenir environ quatre pintes ; &c on y joint à peu près cind livres de cuivre: on met le vafe dans une fournaife à vent de huit piés de profondeur} & on Py laife environ onze heures , au bout duqueltems lairain eft formé. Quand il eft fondu ; on lé jette en mafles ouenbandes, Quarante-cinq livres de cälamine crue, trente livres étant brûlée ou calcinée'; & foixante livres de cuivre , font avec la calamine cent livres d’airam, Du tems d’Erker , fameux Métallurgiite , L2 oixante &quatre livres de cuivre ne donnoient par le moyende la calamine , que quatre-vingts-dix li vres d’airain. Atrairi qu autrefois ne fignifioit que le cuivre, & dont on fe fert préfentement plus particulierement pour fignifierle euiyre jaune , fe dit encore du métal dont on fait des cloches:, & qu’on nomme auffi #ronge, Ce métal {e fait le plus communément avec dix par- ties de cuivre rouge & une partie d’étain ;ony ajoûte auf un peu dezinc. + 1 | Lairain dé Corinthe a eu beaucoup de réputa: tion parmi les Anciens. Le conful Mummius ayant faccagé & brûlé Corinthe 146 ans avant J. Con dit que ce précieux métal fut formé de la prodigièeufe quantité d’or, d'argent & de cuivre dont cette ville étoit remplie, & qui fe fondirent enfemble dans cet incendie, Les ftatues ,lesvafes, &c. ati étoient faits de ce métal, étoient d’un prix iles Ceux qui entrent dans un plus grand détail’, le diflinguent en trois fortes : l’or étoit le métal dominant de la pre- mire efpece ; l’argent de la feconde ; & dans la troi- fième, l'or, l'argent & le cuivre , étoient en égale quantité. \} Il y a pourtant une difficulté au fjet du cuivre de Corinthe; c’eft que quelques Auteurs difent que ce métalétoit fort recherché avant le fac de Corinthe par les Romains ; ce qui prouveroit que le cuivre de Corinthe n’étoit point le produit des métaux fondus confufément dans l’incendie de cette ville , & que les Corinthiens avoient poflédé particulierement l’art de compofer un métal où le cuivre dominoit, 8 qu'on nommoit pour cela cuiyrelde Corinthe. PV. CUIvVRE. L'asrain ou cuivfe jaune eft moins fjet à verdir qué le cuivre rouge : il eft aufli plus dut | c’eft de tous les métaux le plus dur : c’eft ce qui a fait qu’on s’en eft fervi pour exprimer la dureté ; on dit z# féécle d'atrain, unfront d'airain, &c: Les limes qui ne peu- vent plus fervir à l’airain font encore bonnes pour limer le fer ; ce qui prouve que le fer eft moins dur que Parrain. ( M AIRE, area, {. f. Une aire eft proprement une furface plane fur laquelle on marche. Voyez PLAN, Le mot Latin arez , d'où vient aire, fignifie pro- prement le lieu où l’on bat le blé ; il eft dérivé de arére, être fec. AIRE , ez Géomerrie, eft la furface d’une figure rééhligne ; curvilgné ou mixtiligne, c’eft-à-dire Pef pace que cette figure renferme. Voyez SURFACE, FIGURE , Gc. Si une aire, par exemple un champ , a la figure d'un quarré dont le côté foit de 40 piés, cette wire 23 ATR dura 1600 piés quarrés , ou contiendra 1600 petits quarrés dont le côté fera d’un pié. Voyez QUARRE, MESURE. . Ainfi, trouver l’aire ou la furface d’un triangle, d’un quarré , d’un parallélogramme , d’un reétangle , d’un trapeze , d’un rhombe , d’un polygone, d’un cercle ou d’une autre figure , c’eft trouver combien cette aire contient de piés, de pouces & de lignes quarrés. Quant à la maniere de faire cette réduétion d’une furface en furfaces partielles quarrées , voyez TRIANGLE. ef Pour mefurer un champ, un jardin, un lieu en- touré de murs, fermé de haies , ou terminé par des lignes , il faut prendre les angles qui fe trouvent dans le contour de ce lieu , les porter fur le papier , & réduire enfuite l'aire comprile entre ces angles & leurs côtés en arpens , 6c. en fuivant les méthodes prefcrites pour la mefure des figures planes en géné- ral, Voyez FAIRE ou LEVER un plan, (E). Si du centre du feleil on conçoit une ligne tirée au centre d’une planete, cette ligne engendrera au- tour du foleil des aires elliptiques proportionnelles aux tems. Telle eft la loi que fuivent les planetes dans leur mouvement autour du foleil : ainfi le foleil étant fuppofé en S, & une planete en À, ( Planche d’Affronomie , fig. 6 1. n°. 2 ) fi cette planete parvient en B dans un tems quelconque donné , le rayon vec- teur À S aura formé dans ce mouvement l’aire ASB : Loit enfuite la même planete parvenue en P, & foit pris le point D , tel que l'aire P S D foit égale à Pazre A SB ; ileft certain par la propofñtion précédente , qu’elle aura parcouru les arcs P D & AB dans des tems égaux. Voyez PLANETE 6 ELLIPSE. Le célebre Newton a démontré que tout corps qui dans fon mouvement autour d’un autre , fuit la loi dont nous venons de parler , c'eft-à-dire, que tout corps qui décrit autour d’un autre corps des aires pro- portionnelles au tems, gravite ou tend vers ce corps. Voyez GRAVITATION G& PHILOSOPHIE NEWTON- NIENNE. ( O ): AIRE , terme d’Archireëture , eft une place ou fu- perficie plane & horifontale fur laquelle l’on trace un plan , une épure, 6e. Voyez ÉPURE. Il fe dit encore d’un enduit de plâtre dreffé de ni- veau pour tracer une épure ou quelque deffein. AIRE de plancher , fe dit de la charge qu’on met fur les folives d’un plancher , d’une couche de plà- tre pur pour recevoir le carreau. ÂTRE de moilon ; c’eft une petite fondation au rez- de-chauftée , fur laquelle on pofe des lambourdes, du carreau de pierre , de marbre, ou dalles de pier- re: c’eft ce que Vitruve entend par ffarumen. AIRE de chaux € de ciment; c’eft un mañlif en ma- niere de chape pour conferver le deffus des vottes qui font à l'air, comme il en a été fait un fur PO- rangerie de Verfalles, ÂIRE de recoupes ; C’eft une épaifleur d'environ huit à neuf pouces de recoupes de pierre pour affer- mir les allées des jardins. (2) AIRE de pont ; c’eft le deflus d’un pont fur lequel on-marche , pavé où non pavé. ARE d’un baffin ; c’eft un maflif d'environ un pié d’épaiffeur fait de chaux & de ciment avec des cail- loux ou un corroi de glaife pavé par-deflus , ce qui fait le fond du baflin. Cette arefe conferve long-tems pourvû que la fuperfcie de Peau s'écoule aifément ; quand le tuyau de décharge eft trop menu , l’eau fu- perflue regorgeant fur les bords, delaye le terrein fur lequel eft aflis-le bañlin , &c Le fait périr. (K) Are. C’eft, en œconomie rufhique, le nom que l’on donne à la furface des granges, des poulailhers , des colombiers , des toits à porc, des bergeries , des vi- nées, Gc.fur laquelle on marche. L’aire de la grange d’une grande ferme eft percée ATR d’une poite charretiere au moins , quelquefois de deux. Pour faire l’aire on commence par labourer le terrein ; on enleve un demi pié de terre ; on lui fubf- titue dela glaife paitrie & rendue ferme. On étend bien cette glaife ; on a foin que fa furface garde le niveau. On laïffe efluyer la terre ; on la bat à trois ou qua- tre repriles avec une batte de Jardimier. Ÿ. BATTE. On n’y laïffe point de fentes ; on l’applanit bien avec un gros cylindre de pierre fort pefant. On ne prend pas toijours cette précaution. C’eft fur cette aire qu’on bat le blé. Pour l'aire des bergeries , il ne faut pas la faire de niveau ; 1l faut qu’elle foit un peu en pente, afin d’avoir la commodité de la nettoyer ; du refte fans pierre & bien battue. Celle des toits à porc doit être pavée , fans quoi les cochons la fouilleront. AIRE ( Jardinage. ) eft un terrein plein & uni fur lequel on fe promene , tel que feroit la place d’un parterre, d’un potager , le fond d’un boulingrin , & autres. (À) AIRE, f. f, zidus, eftle nid ou l'endroit qu’habitent les grands oïfeaux de proie, tel que l’aigle , le fau- con, l’antour , &c. Ces oïfeaux fe retirent & élevent leurs petits dans Les rochers les plus efcarpés , ou fur les arbres les plus élevés ; ils y conftruifent des aires qui ont jufqu’à une toife quarrée d’étendue , &c qui font faites avec des bâtons affez gros, & des peaux des animaux qu’ils ont dévorés. Joyez A1G1E. ( I ) Article VIT. de POrdonnance de Louis XIV. du mois d’Août 1669. ( Chaffe. ) il eft dit : « Défendons 5 à toutes perfonnes de prendre dans nos forêts , » garennes, buifons & plaifirs , aucunes aires d’oi- » {eaux de quelque efpece que ce foit ; & en tout » autre lieu les œufs de cailles, perdrix & faifans, # à peine de 100 livres pour la premiere fois, 200 » livres pour la feconde , & du fouet & banmfe- » ment à fix lieues de la forêt pendant cinq ans, » pour la troifieme ». AIRE , en terme de Vannier , c’eft un endroit plein dans un ouvrage de faifflerie, qui commence à la torche 8: monte jufqu’à une certaine diftance ; ce qui fe faiten tournant un brin d’ofier autour de chaque pé. Voyez FAISSERIE, TORCHE , PÉ, * AIRE ( Géog. ) ville de France dans la Gafco- gne fur l’Adour. Long. 17, 40. lat. 43. 47. * ARE , ( Géog, ) ville des Pays-Bas , comté d’Ar- tois. Long. 20.3'.28". lat. 50%. 38.18". | AIRELLE , {. £. ox MIRTILLE, f. m. ( Æift. rar ) en Latin vis Idæa , plante dont la fleur eft d’une feule feuille en forme de cloche ou de grelot. Il fort du calice un piftil qui eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, & qui devient dans la fuite un fruit mou ou une baie pleme de fuc creu- fée en forme de nombril : cette baie eft remplie de femences ordinairement aflez menues. Tournefort , Infl. rei herb. Voyez PLANTE. (1) de * AIRES, £. f. ce font dans les marais falans le nom qu’on donne aux plus petits des baflins quatres dans lefquels le fond de ces marais eft diftribué. Les aires ou œillettes , car on leur donne encore ce der- niernom, ont chacune 10 à 12 piés de largeur furxÿ de longueur ou environ : elles font {éparées par de petites digues de treize à quatorze pouces de large > & on retire dix-huit à vingt livres de {el par an d’une aire ou æillerte , tous frais faits. AIRES , Manege. Voyez AIRS. . * AIRES , fête qu’on célébroiït à Athenes en Phon- neur de Cerès & de Bacchus, en leur offrant les pré- mices de la récolte du-blé & du vin. Elle fe nommoit auîM A/0es. Voyez ALOES. AIROMETRIE , f, f, eft la fciençe des propriétés de l'air, Voyez Air. Ce mot eft compofé d’ésp, air, & de peTpeuy , mefurer. L’airométrie comprend les lois du mouvement , de la pefanteur , de la preflion , de lélafhicité, de la ra- réfadion , de la condenfation , Ge, de l’air, #. ELAs- TICITÉ , RARÉFACTION, Gc. Le mot d’airomérrien’eft pas fort en ufage; & on appelle ordinairement cette branche de la Phyfique la pneumatique. Voyez PNEUMATIQUE. M. Wolf, Profefleur de Mathématique à Hall, ayant réduit en démonftrations géométriques plu- fieurs des propriétés de l'air, publia le premier à Leipficen 1709. les éléments de lairomérrie en Alle- mand,, & enfuite plus amplement en Latin ; & ces élémens d’airométrie ont depuis été inférés dans le cours de Mathématiques de cet Auteur en 5, volu mes/2-4°, à Geneve. ( O) | AIRS , {. m. pl. ez terme de Manège , font tous les mouvemens , allures & exercices qu’on apprend au cheval de manège. Voyez MANEGE, ACADÉMIE, CHEVAL. Le pas naturel d’un cheval, le trot & le galop, ne font point comptés au nombre des airs de ma- nége, qui font les balotades , les croupades, les ca- prioles , les courbettes & demi-courbettes , les fal- cades, le galop gaillard , le demi-air ou mefair , le pas ; le faut, les paflades, les pefades, les pirouet- tes, le répolon , le terre à terre, les voltes & demi- voltes: Voyez les explications de tous ces airs à leurs dettres refpetives. Quelques Auteurs prennent les airs dans un fens plus étendu , & les divifent en bas & relevés : les airs bas {ont la démarche naturelle du cheval , telle que le pas, le trot, le galop &c le terre à terre: les azrs élevés font ceux par lefquels le cheval s’éleve davan- tage de terre. Un cheval qui n’a point d'air naturel , eft celui qui plie fort peu les jambes en galopant. On dit : ce cavalier a bien rencontré l’ar de ce cheval, &c 1l manie bien terre à terre: ce cheval prend l’a descourbettes , fe préfente bien à l'air des caprioles, pour dire qu'il a de la difpofition à ces fortes d’airs. Les courbettes & les airs mettent parfaitement bien un cheval dans la main, le rendent léger du dedans, le mettent fur les hanches, Ces airs le font arrêter fur les hanches, le font aller par fauts ; & l’affürent dans la main. Il faut ménager un cheval qui fe pré- fente de lui-même aux wrs relevés, parce qu'ils le mettent en colere quand on le prefletrop. (7) AIS, 1. m. (Menui[. Charpen.) planche de chèneou de fapin à l’ufage de la Menuferie : on nomme les ais extrevouts lorfqu’ils fervent à couvrir les efpaces des folives, & qu'ils en ont la longueur fur neuf ou dix pouces de large & un pouce d’épaifleur. Cette maniere de couvrir les entrevouts étoit fort en ufage autrefois : mais on fe fert à préfent de lattes que l’on ourdit de plâtre deflus & deflous ; cela rend les plañchers plus fourds , 8: empêche la pouffiere de pénétrer ; ce qu'il eft prefqu’impoñible d'éviter dans l’ufage des ais de planches, qui font fujets à fe fen- dre ou gercer : ces entrevouts de plâtre ne fervent même aujourd’hui que pour les chambres en galetas: on plafonne prefque toutes celles habitées par les maîtres; ce qui occafñonne la ruine des planchers ; les Charpentierstrouvantpar-là occafon d'employer du bois verd rempli de flaches & d’aubiers ; au lieu qu'on voit prefqne. tous les planchers des bâtimens des derniers fiecles fubffter fans affaiflement ; le bois étant apparent, ayant une portée fuffifante , étant bien écarri, quarderoné fur les arrêtes & les entrevouts , garm d’as bien dreflés & corroyés , or- nés de peintures & fculptures , ainf que font celles de la grande galerie du Luxembourg à Paris, As de bois de bäteau; ce font des planches de ché- ne ou de fapin qu'ontire des débris des bâteaux dé- L A IS 239 chirés, & qui fervent à faire des cloifons légeres, lambriffées de plâtre des deux côtés pour empêcher le bruits le vent, pour ménager la place & la char- ge dans les lieux qui ont peu de hauteur de plancher. Voyez CLOISON & claire vois, (P) A1s , outil de Fondeur en fable ; c’eft'une planche de bois de chêne d’environ un pouce d’épaifeur : cette planche fert aux Fondeurs pour pofer les chafz fis dans lefquels ils font le moule. Foyez FONDEUR EN SABLE , © a fig. 1.7. Pl, du Fondeur en fable. A1s , aflenfile d’Imprimerie ; c’'eft une planche de bois de chène de deux piés de long fur un pié &'de- mide large, & de huit à dix lignes d’épaifieur , unie d’un côté , & traverfée de l’autre de deux barres de bois pofées à deux ou trois pouces de chaque extré- mite. On fe fert d’ais pour tremper le papier, pou le remanier, pour le charger après l'avoir imprimé. Il y a à chaque prefle deux ais ; un fur lequel eft po: {€ le papier préparé pour l’impreffion , & l’autre pour recevoir chaque feuille imprimée. Les Compofiteurs ont auffi des 4is pour defferrer leurs formes à diftribuer & mettre leurs lettres. ( 74 FORME. ) Mais le plus fouveni ils ne fe fervent que de dermni-ais : deux de ces demi-ais font de la grandeur d’un grand ais, AS , terme de Paumier ; c’eft une planche maçon- née dans le mur à l’extrémité d’un tripot ou jeu de paume , qu’on appelle qguarré. L’ais eft placé précifé- ment dans langle du jeu de paume qui touche à la gallerie, & dans la partie du tripot où eft placé le ferveur. Les tripots ou jeux de paume qu’on appelle des dedans, n’ont point d’ais. Quand la balle va frap- per de volée dans lais, ce qui fe connoît par le fon de la planche, le joïieur qui l’a pouflée gagne un quinze. Voyez JEU DE PAUME. AIS à preffer ou mettre les livres en prefle, outil des Relieurs ; ls doivent être de bois de poirier. Il en faut de différente grandeur, c’eft-à-dire , pour in-fo- lo, in-4° ,1n-8° , in-12 & in-18. Voyez Plan. I. de la Reliñre, fig. V. Quand on ne trouve du boïs de hêtre. Ais à endoffer, ce font de petites planches de hé- tre bien polies, dont un des côtés dans la largeur eft rond , l’autre eft quarré. On met une de ces plan- ches entré chacun des volumes qui font tous tour- nés du même fens, lorfqu’ils font couchés & qu’on {e prépare à les mettre en prefle pour y faire le dos, le côté quarré de la planche tout joïgnant le bout des ficelles de la couture ; enforte que ces planches preffant un peu plus le bord des livres, fervent à fai- re fortir le dos en rond. Il y en a pour toutes les formes de livre. Voyez Plan, I, fig. F' Ais à fouetter ; il y a des planchés toutes fembla- bles pour fouetter, mais plus larges que les précé- dentes. On dit ais 4 fouetter. Voyez PL. I. fr. G. As à rogner , ce font de petites planches qui fer- ventauxRelieurs à maintenir les livres qu’ils veulent rogner dans la preffe, Voyez ROGNER, FOUETTER, & ENDOSSER. As feuillé , en terme de Vitrerie où Planche à la fou- dure ; eft un ais qui fert à couler l’étain pour fouder. A1 du corps , partie du bois du métier des étoffes en foie. Ce {ont deux petites planches oblongues per- cées d’autant de trous que l'exige le nombre des mail: les dir corps , ou des maillons ou des aiguilles. Elles ont quatre cens trous chacune pour les mé- tiers de 400 cordes & 600 trous pour les métiers de 600 cordes : il y a huit trous dans la largeur pour les métiers de 400 , & il y en a 10 pour les métiers de 600. Leur ufage eft de tenir les mailles de corps & les arcades dans la diréétion qu’elles doivent avoir. #7, PI. 6, n°. 7, La PL. ef un des ais du corps. A1s ex Serrurerie, C’eftun outil à l’ufage de Ia Ser- point de poirier , on prend 2.40 ATS rurerie en ornement. Sa forme eft bien fimple; ce n’eft proprement qu'un morceau de bois , d’un pouce ouun pouce & demi d’épaiffeur , oblong, porté fur deux piés , percé à fa furface de trous ronds & conca- ves , qui fervent à l’ouvrier pouf emboutil des demi- boules. Foyez Serrur. PI. 15: fig. M. Azs à coller, bout de planche d’un bois léger & uni, qui a la forme de la moitié d’un cercle dont on auroit enlevé un petit fegment, enforte que les deux arcs terminés par la corde de ce fegment & par le diametre fuflent égaux de part & d'autre. Ces ais font à l’ufagé de ceux qui peignent en éventail ; c’eft là-deflus qu'ils collent leurs papiers ; ou peaux; ces papiers ou peaux ne font collés que fur les bords de l’ais. Voyez de ces ais PL, de l’évantaillifle, 14. 12. PR AISANCE ,{. f. en terme de Pratique, {e dit d’un fervice ou d’une commodité qu’un voifin retire d’un autre , en vertu de titres ou de poffeffion immémo- riale , fans qu'il en revienne aucun fruit à cet autre -voifin ; comme la fouffrance d’un paflage fur {es ter- res, d’un égoût, &c. Ce terme eft fynonyme à /érvi- tude. Voyez SERVITUDE. (4) AISANCE, f. f. ( Archiveit, ) fiége de commodité propre & commode, que l’on place attenant une chambre À coucher, une fallé de compagnie , cabi- net , Ge. à la faveur d’une foupape que l’on y pra: tique aujourd’hui, ce qui leur a fait donner le nom d’aifance où de Lieux à foupape , aufli bien qu'à la piece qui contient ce fiège; ils’en fait de marbre & de pierre de lierre que l’on revêt de menuiferie ou de marqueterie, orné de bronze, tel q’on en voit aux Hôtels de Talmont, de Villars, de Villeroy , & ailleurs. Ces fortes de pieces font partie des garde-robes ; & lorfque l’on ne peut , faute d’eau , y pratiquer des foupapes, on y tient feulement des chaifes percées. On donne le nom de Larrines aux lieux domefti- ques. Voyez LATRINES. (P) AISAY-LE-DUC, ( Géog. ) ville de France en Bourgogne, Bailliage de Chatillon. AISEMENT , Garde-robe, {. m. ( Marine. ) L’épe- ron fert d’aifement aux Matelots ; mais on en fait dans les Galeres & ailleurs pour les Officiers. (Z ) * AISNAY-LE-CHASTEAU, ( Géog. ) ville de France dans la Généralité de Bourges. * AISNE, ( Géog. ) riviere de France, qui a fa fource en Champagne, & fe joint à POife vers Com- piegne. AISSADE de poupe. ( Marine. ) c’eft l'endroit où la poupe commence à fe rétrécir, & où font aufli Les Radiers. Voyez POUPE 6 RADIER. (Z) * AISSANTES , f. f. pl. o4 AISSIS oz BAR- DEAUX , f. m. pl. c’eft le nom que les Couvreurs donnent à de très-petits ais faits de douves, ou d’au- tres bouts de planches minces dont on couvre les chaumieres à la campagne. Cette couverture eft Lé- gere. On s’en fert aufhi pour les hangards , fur-tout quand la tuile eft rare. Il faut que les arffantes foient fans aubier , fans quoi elles fe pourriront. Elles de- mandent beaucoup de clous. Il ne feroit pas mal de les peindre. On regagne toutes ces petites dépenfes fur la groffe charpente qui peut être moins forte. AISSELLE , 1. f. Anatom. cavité qui eft fous la partie la plus élevée du bras. Voyez Bras. Ce mot eft un diminutif d’axis, & fignifie peuir axe, Voyez AXE. Les abfcès dans les aiffelles font ordinairement dangereux , à caufe de la quantité des vaifleaux fanguins, lymphatiques, & des nerfs qui forment beaucoup de plexus autour de cette partie. Les an- ciennes Lois ordonnoient de pendre les criminels im- puberes par deffous les aiffelles. V. PUBERTÉ,c.(L) Il y a des perfonnes en qui la fueur ou la tranipi- ration des aïflelles de même que celle des'aines, eff puante : on en peut corriger la puanteur, felon Paul Eginette, de cette façon : prenez alun liquide , deux parties ; myrrhe , une partie difloute dans du vin : lavez fouvent les aiffelles avec ce mêlange. Ou bien prenez de la litharge calcinée & éteinte dans du vin odoriférant , & battez-la en y ajoütant un peu de mytrrhe , jufqu'à ce qu’elle ait acquis la confiftance du miel. Ou bien prenez litharge d’argent , fix gros ; myr- the , deux gros ; amome, un gros , que vous arrofe- rez avec du vin. | Enfin, prenez alun liquide , huit gros; amome, myrrhe , lavande , de chacun quatre gros ; broyez- Fe A du vin. Paul Eginete, Chap. xxxvy. lib. IIT. N) 1 ÂISSELLE , ( Jardinage. ) fe dit encore des tiges qui s’élevént & qui fortent des côtés du maître brin, en fe fourchant & fe fubdivifant en d’autres bran- ches qui font moindres ; elles produifent à leur ex- trémité des boutons foibles qu’il faut retrancher , afin de laifler toute la feve au maître brin qui en devient plus beau ; coupez ces branches avec l’ongle , on aux cifeaux , au-deflous du fourchon, fans l’écarter. (X AISSELLE DES PLANTES, 4/a, Î. f, (Hiff, nat. Bor. c’eft le petit efpace creux qui fe trouve à la jonétion des feuilles où des rameaux avec la branche ou la. tige ; il en fort de nouvelles pouflées , & quelque- fois des fleurs. Dans ce cas, on dit que les fleurs naïf- fent dans les aiffelles des feuilles. ( Z) AISSELIER , f. m. chez Les Charpentiers ; on en- tend par un aiffelier une piece de bois ou droite où arcuée , terminée par deux tenons, dont l’un a fa mortoife dans une des deux pieces de bois afflemblées de maniere qu’elles forment un angle à l’endroit de leur aflemblage , & dont l’autre tenon a fa mortoifé dans l’autre de ces deux pieces de bois. Aïnfi les deux pieces & l’affelier forment un triangle dont l’if fèlier eft la bafe , & dont les parties fupérieures des pieces affemblées forment les côtés. L’aiffelier eft employé pour fortifier l’affemblage des deux pieces, & pour empêcher que celle qui eft horifontale ne fe fépare de celle qui eff perpendiculaire, ou vertica- le, foit par fon propre poids , {oit par les poids dont elle fera chargée. Ainfi, planc. IT. des ardoifes, fig. 2. la piece de bois oppofée à l’angle Æ, dans la machine, eft un siffélier. I] fufit de cet exemple , pour recon- noître l’aiffelier toutes les fois qu'il fe rencontrera dans les autres figures. Voyez auffi les Planches de Charpente. AISSELIERS, on donne auff Le nom d’aifféliers, aux bras d’une roue , lorfqu'ils excedent la circonférence de cette roue, de maniere que la puiffance appli- quée à ces bras, fait mouvoir la roue plus faci- lement. AISSES , Voyez EssEs. | AISSIEU d’ancre. Voyez JAs. Voyez auffi ESSIEU. AIT aëke, expreffion de Palais, eftune ordonnan- ce qui fe met au bas des requêtes préfentées par les parties , lorfqw’elles demandent aéte de l'emploi qu’el- les font d’icelles pour quelques écritures. Par exem- ple , dans une requête d'emploi pour griefs, l’'appel- lant demande aûe que pour griefs , il emploie la pré- fente requête, & le Rapporteur met au bas d'icelle, ait aile, G fois figrifié. (H) * AITMAT , nom que les Arabes donnent à l’an- timoine. *AJUBATIPIT À Brafilienftum,nom d’un arbrifleau du Bréfil qui a cinq ou fix palmes de haut, & dont le fruit eft femblable à l’amande , excepté qu'il eft noir. Onen tire une huile de la même couleur, dont les fauvages fe fervent pour fortifier les articula- tions. | AJUDANT , {. m, terme dont on fe fert dans quelques elques pays étrangers, pour fignifier Ce que nous appellons 4ide-de-Camp. Voyez AIDE-DE-CAMP. (Z) * A[JUS-LOCUTIUS , Dieu de laparole, que les Romains honoreiént fous ce nom extraordinaire : mais comine il faut favoir fe taire, ils avoient auf le Dieu du filence, Lorfque les Gaulois furent fur le point d’entreren Italie, on entendit fortir du bois de Vefta, une voix qui crioit ; f£ vous ne relevez les murs de la ville , elle era prife. On négligea cet avis; les Gaulois arriverent ; &c Rome fut prife. Après leur retraite on fe rappella l’oracle ; & on lui éleva un autel fous le nom dont nous parlons. Il eut en- fuiteun Temple à Rome , dans l'endroit même oùul s’étoit fait entendre la premiere fois. Ciceron dit au deuxieme livre de la Divination , que quand ce Dieu n’étoit connu de perfonne, il parloit ; mais qu'il s’é- toit tu depuis qu'il avoit un Temple & des autels, & que le Dieu de la parole étoit devenu muet aufi-tôt qu'il avoit été adoré. Il eft difficile d’accorder la vé: nération finguliere que les Payensavoient pour leurs Dieux, avec la patience qu'ils ont eue pour Les daf- L ? . . #, { L s: cours de certains Philôfophes : ces Chrétiens qu'ils ‘ont tant perfécutés s difoient -ils rien de plus fort Co que ce qu’enlit dans Ciceron? Les Kvres de la Divr- nation ne font que des traités d’irreligion. Mais quelle impreflion devoient faire fur les peuples, ces mor- ceaux d’éloquence où les Dieux font pris à témoin, & font invoqués ; où leurs menaces font rappellées; ‘en un mot, où leur exiftence eft fuppolée ; quand ces morceaux étoient prononcés par des gens dont ‘on avoit une foule d’écrits philofophiques , où les Dieux & la religion étoient traitésgde fables ! Ne trouveroit-on pas la folution de toutes ces difficultés dans la rareté des manufcrits du tems des Anciens ? Alors le-peuple ne lifoit guéres : il entendoit les dif cours-de fes Orateurs, & ces difcours étoient toû- jours remplis depiété envers les Dieux ; maïs il igno= toit ce que l’Orateur en penfoit & en écrivoit dans {on cabinet ; ces ouvrages n’étoient qu’à l’ufage de fes amis. Dans l’impofhbilité où l’on fera toüjours d'empêcher les hommes de penfer &c d'écrire , ne feroit-il pas à défirer qu’il en für parmi nous, comme chez les Anciens? Les produétions de l’incrédulité ne font à craindre que pour le peuple & que pour la foi des fimples. Ceux qui penfent bien favent à quoi s’en tenir; & ce ne fera pas une brochure qui les écartera d’un fentier qu'ils ont choïfi avec examen , & qu'ils fuivent par goût. Ce ne font pas de petits raifonnemens abfurdes qui perfuadent à un Philo- fophe d'abandonner fon Dieu : l’impiété n’eft donc À craindre que pour ceux qui fe laïflent conduiré: Mais un moyen d'accorder le refpe& que l’on doit a la croyance d’un peuple , & au culte national , avec la liberté de penfer , qui eft fi fort à fouhaiter pour la découverte de la vérité , & avec la tranquil- lité publique , fans laquélle il n’y a point de bon- heur ni pour le Philofophe, ni pour le peuple ; ce fe- voit de défendre tout écrit contre le gouvernement & la religion en langue vulgaire ; de laifler oublier ceux qui écriroient dans une langue favante , & d’en pourfuivre les feuls traduéteurs. Il me femble qu’en s’y prenant ainfi , les abfurdités écrites par les Auteurs , ne feroient de mal à perfonne. Au refte, la Liberté qu’on obtiendroit par ce moyen, eft la plus grande , à mon avis, qu’on puifle accorder dans une {ociété bien policée. Ainfi partout où l’on n’en joiita pas jufqu'à ce point-là , on n’en fera peut-être pas moins bien gouverné : mais à coup für , il y aura un vice dans le gouvernement partout où cette liberté fera plus étendue. C’eft-là, je crois, le cas des An- glois & des Hollandoiïs : il femble qu’on penfe dans ces contrées , qu'on ne foit pas hbre , fi l’on ne peut être impunément effréné. AJUSTE , Voyez AVUSTE: Tome Î, AJU 247 AJUSTEMENT , f. m. fe dit en général de tout ce qui orne le corps humain en le couvrant; il s'entend en Peinture, non-feulement des draperies ou vête- mens de mode & de fantaifie:, mais encore de la fa- çon d’orner les figures ; foit en les ceignant de chaï- nes d’or, ou d’autres riches ceintures , foit en les habillant de légeres étoffes, en les coëffant de diade- mes de belle forme, ou de voiles fingulierement liés avec des rubans, en relevant leurs cheveux, ou les laiffant péndre galamment ; enfin en les ornant dé colliers, de braflelets, &c. (R). AJUSTER, Voyez AVUSTER: AJUSTER un œillet , (Jardinage. ) c’eft arranger à la main fes feuilles, de maniere qu’elles fe trou vent fi bien difpofces que l’œillet en paroifle plus large. On fait ce travail quand la fleur eft toute épa= noue. ( À) | AJUSTER. ur cheval ( Manépe, ) c’eft lui appren- dre fon exercice en lui donnant la grace néceflaire. AJUSTER #7 fer, (Maréchalie Ÿ c’eft le rendre propre au pied du cheval. ( F7) ÂJUSTER , ez terme de Balancier, c’eft rendre les poids conformes aux poids étalonnés ou à l’étalon. AJUSTER, ex terme de Bijoutier, c’eft remplir les vuides d’une piece, tabatiere ou autre, de morceaux de pierres fines, de cailloux, de coquillages , 6e. &c pour ainfi dire la marqueter. AJUSTER carreaux, ( cerme d’ancien Monnoyage. } c’étoit couper avec des cifoires les angles ou pointes des pieces de métal qui alors étoient préparées en quarré pour être enfute arrondies. AJUSTER , de dit, dans'les Manufuitures de foie, des lifles qui-ne doivent être m1 plus élevées ni plus bafles que l'ouvrage ne le comporte. 4yzfler, c’eft leur donner cette difpofition. [l'eftimpoflible de faire de bel ouvrage, quand les Hiffes font mal wffées; parce qu’alors les parties de la chaîne fe féparent mal. Il n’eft mêmé pas poflible de travailler, quand ‘elles font très-mal æuflées. Voyez Lisse. AJUSTEURS ( 4 /4 Monnoie. ) ne peuveñt, non- plus que les Monnoyeurs , être reçüs, s'ils ne font d’eftoc & ligne. Leur fonétion eft de donner aux flancs le poids qu'ils doivent avoir. Leur droit, dé deux fols pour l’or, un fol pour l’argent & le billon; lequel droit ils partagent entre eux. AJUSTOIRE , f.m. (4 La Monroe. ) eft une ba“ lance qui fert aux ajufteurs à déterminer fi le flanc à monnoyer eft du poids fixé, s’il eff fort ou foible : les flancs qui font d’un poids au-deffous font cifaillés pour énfüite être remis à la fonte; ceux qui font trop forts font limés & diminués par leur furface avec une écoüane. Voyez FLANC , CISAILLER , ECOUANE. AJUTAGE 04 AJOUTOIR , f. m. ( Fonraïnier. ) Les ajutages ou ajoutoirs font des cylindres de fer: blanc ou de cuivre percés de plufieurs façons , lef. quels fe viffent fur leur écrou que lon foude au bout d’un tuyau montant appellé /ozche. Il y à deux fortes d’autages, les fémples 8 les com: pofés ; les f£mples font ordinairement élévés en coné & percés d’un feul trou. Les compolés {ont applatis én-deflus & percés fu la platine de plufeurs trous, de fentes, ou d’un faif: ceau de tuyaux qui forment dès gerbes & des piraïi- doles. _ Parmi les qurages compofés , il y en a dont le mi lieu de la fuperfcie eft tout rempli , & qui ne font couverts que d’une zone qui les entoure ; on les ap- pelle zjoutoirs à l'épargne, parce qu'on prétend qu'ils dépenfent moins d’eau , & que le jet en paroït plus gros. On fait prendre aux ajoutoirs pluféurs figures ; comme de gerbes, de pluies, d’évantails, foleils;, girandoles ; bouillons. Voyez PLUIES ; ÉVANTAILS; GIRANDOLES, BOUILLONS , SOUCHE. ( X ). Il s’enfuit de ce qui précede, que ee 7e duffés 242 AU rence des jaräpes quidnet de la différence dans les jets. Ainfñ le même tuyau d’eau peut fournir autant de jets différens qu’on y place de différens a/urages. Sion veut favoirquels ayurages font les meilleurs. , N : .. ÿ , È Mariotte aflüre, conformément à l'expérience, qu'un trourond, égal &pols, à l'extrémité d'untube, donne un jet plus élevé que ne feroit un 4/urage cylindrique ou même conique ; mais que des deux dermiers le conique eft le meilleur. #oyez Trait. du mouvem. des Eaux , Part. IF. Philofoph.tranfait. n°, 181. p. 124. Voyez auf dans les œuvres de M. Mariotte Le Traité intitulé, Regles pour les jets d'eau , qui eft féparé de {on Traité du mouvement des eaux, & dans lequel on trouve toutes les tables pour les dépenfes d'eaux paridiférens ajutages, pour les ajutages répondans aux diférens réfervoirs, &c. Voici une des tables qu'ilnous donne fur cela. Tables des dépenfes d’eau pendant une minute par dif- férens ajutages ronds, l’eau du réfervoir étant a 12 pieds de hauteur. Pour lajutage d’une ligne de diametre, Pour 2 lignes, : . Pour 3 lignes, , . Pour 4 lignes, . " Pour.$ lignes, 7% Pour 6 lignes, . : Pour enes "4 Pour 8 lignes, . . Pour o lignes, . 1 pinte 2 & 2% 6 pintes 5. 14 pintes. 25 pintes à pêu-près. 39 pintes à peu-près. 56 pintes, 76 pintes +. 110 pintes <. 126 pintes. Si on divife ces nombres par 14, le quotient don- nera les pouces d’eau : ainfi 126 divilés par 14 font 9 pouces, 6c. (0) AJUTANT o4 ADJUTANT & AJUTANT CANONNIER ; c’eft-à-dire, ex terme de Marine, Aide: Pilote & Aide-Canonnier. On fe fert rarement de ce terme, & l’on préfere celui d'aide. (Z) * AIX , ( Géog. ) ville de France en Provence, dont elle eft la capitale, près de la petite riviere d'Arc. Long. 2346! 34".lar. 4313135". *A1x, ( Géog.) ville de Savoye fur le lac de Bourget. Long. 23. 34. lat. 45. 40. * Aix, (-Géog. ) petite ville de France dans le Li mofin , fur les confins de la Marche. * AIX-LA-CHAPELLE , (Géog. ) ville d’Allema- gne dans le cercle de Weftphalie au Duché de Ju- Lers. Long. 23. 55. lat. 51. 53. * AIZOON, plante aquatique qui refflemble à laloës ordinaire , finon qu'elle a la feuille plus pe: tite & épineufe par le bord ; il s’éleve du milieu ; des efpeces de tuyaux ou gaines difpofées en pattes d’é- crevifle, qui s'ouvrent & laiffent paroître des fleurs blanches à trois feuilles, qui ont en leur milieu de pe- tits poils jaunes. Sa racine eft fibreufe , longue , ron- de , blanche, femblable à des vers. Elle croît dans les marais: elle contient beaucoup d’huile & de phleo- me, peu de fel. Elle rafraîchit & épaifit les humeurs ; on s’en fert en application extérieure, AK AL *AKISSAR oz AK-HISSAR , (Géog.) ville d’Afie dans la Natolie , fur la riviere Hermus. Long. 46. at, 38. $0: ; AKOND , f. m. (Hif£. mod. ) terme dérelations, Officier de Juftice en Perfe qui juge des caufes des veuves & des orphelins , des contrats & autres af. faires civiles. Il eft le grand Maitre de l’école de Droit, & c'eft lui qui en fait leçon aux Officiers fu- A LA balternes. H a.des députés dans tontes les Courts dt Royaume; &zcedont ces députés affiftés d’unSadra, ni font tousles contrats. (G@) * AL, particule qui fignifie dans la Grammaire Arabe ‘ou a. Elle s'emploie fouvent au commen cement d’un nom pour marquer l'excellence. Mais les Orientaux difant /es montagnes de Dieu pour défi: gner des montagnes d’une hauteur extraordinaire il pourroït fe faire que +/ ft employé par les Arabes dans le même fens 5 car en Arabe 4//a fignifie Dieu: ainf A/chimie ce feroit /4 Chimie de Dieu, ou la Chimie par excellence. Nous avons donné là fignification de cette particule , parce qu’elle entredans la compoñ= tion de pluñeurs noms François ; quant à l’étymolo= gie des mots :A/chimie , Alpebre & autres dont sous venons de parler, nous n’y fommesnullementattas chés. Quoique nous ne méprifions pas la fcienceéty- mologique , nous la mettons fort au-deflous dercetté partie de la Grammaire, qui confifte à marquer les différences délicates des mots qui dans l’ufage come mun, &furtout en Poëfie, font pris pour fynonymes, mais qui ne le font pas. C’eff fur cette partie que feu M. l'Abbé Girard a donné un excellent eflai. Nous avons fait ufage de fon livre par-tout où nous en avons eu occafon ; & nous avons tâché d’y fuppléer par nous mêmes en plufeurs endroits où M. l'Abbé Girard nous a manqué. La continuation de fon ou: vrage feroit bien digne de quelque membre de l’A- cadémie Françoife. Il refte beaucoup à faire encore de ce côté, comme nous le montrerons à l’arricle SYNONYME. On n'aura un excellent Diétionnaire de Langue que quand la métaphyfique des mots fe fera exercée fur tous ceux dont on ufe indiflinéte< ment , & qu’elle en aura fixé les nuances. ALABARI , f m. ( Chimie.) Il y en a qui fe font fervi de ce nom pour fignifier le plomb. F. PLOMB } SATURNE , AABAM, ACCIB. (M). | * ALADULE ox ALADULIE , ( Géog. }) proi vince de la Turquie en Afe, entre Amafñie &la mer Méditerranée , vers le mont Taurus. ; * ALAINS , nom d’un ancien peuple de Sarmatié d'Europe. Jofephe dit qu'ils étoient Scythes. Ptolo= mée les place au-delà du mont {mais. Selon Claudie ils occupoient depuis le mont Caucafe jufqu’aux por- tes Caïfpiennes, Ammien Marcellin les confond avec les Maffagetes. M. Herbelot les fait venir d’Alan , ville du Turqueftan, & le Pere Lobineau les établit en Bretagne. | * ALAÏIS, oïfeau de proié qui vient d'Orient ou du Pérou, & qui vole bien la perdrix. On en entre tient dans la Fauconnerie duRoï. On les appelle auffi alethes. | À *ALAIS , (Géog.) ville de France dans le bas Lans guedoc fur la riviere de Gardon, Long. 21. 32. läri 4. 8. 4 + es * ALAISE oz ALÈSE ; f. f. linges dont on fe fert pour envelopper un malade. L’alaife eft faite d’un feul lé, de peur que la dureté d’une couture ne blef: fât. Les aluifes font furtout d’ufage dans les couches êc autres indifpofitions où il faut réchauffer le mala- de , ou garantir les matelas fur lequel il eft couché: * ALAMATOU , f. m. prune de l’ifle de Mada- gafcar. On en diftingue de deux fortes : Puné a le goût de nos prunes ; toutes deux ont des pepins : mais celle qu’on nomme a/amatou iffaie, & qui a le goût de la figue, eft un aliment dont l'excès pañle pour dangereux. À LA BOULINE. Voyez ALLER LA BOULINE. ALAMBIC 64 ALEMBIC, f.m. ( Chimie. ) c’eit un vaifleau qui fert à diftiller , & qi confifte en un matras Ou une curcubite garnie d’un chapiteau pret: que rond , lequel eft terminé par un tuyau oblique par où pañlent les vapeurs condenfées , & qui font recûes dans une bouteille où matras qu’on ya ajufté , & qui s'appelle alors recipient.. F1 DISTILLATION. On entend communément par a/ambic Pinftru- ment entier qui fert pour la difillation avec tout ce qui en dépend: mais dans le fens propre , ce n'eft qu'un vaïfleau qui eft ordinairement de CUVE , AU quel eft adapté & exaétement jointun chapiteau con- cave, rond 8 de même métal, fervant à arrêter les vapeurs qui s’élevent, & à les conduire dans fon bec. La chaleur du feu élevant les parties volatiles de la matiere qui eft au fond du vaifleau , elles fontre- cûes dans le chapiteau, & y font condenféesipar la froideur de Pair, ou parle moyen de l’eau qu’on ap- plique extérieurement, Ces vapeurs deviennent ainfi une liqueur qui coule par le bec de l’a/ambic , 6t tom- be dans un autre vaifleaw appellé récipient. Voyez RÉCIPIENT. Le chapiteau de l’alambic eft quelquefois environ- né d’un vaiffeau plein d’eau froide , & qu'on nomme un réfrigérent , quoique dans cette vüe on fe férve aujourd'hui plus communément d’un ferpentin. #. RÉFRIGÉRENT, SERPENTIN , 6e. Il y a différentes fortes d’alambics ; 1l y en a un où le chapiteau & le matras en cucurbite font deux pieces féparées ; & un autre où Le chapiteau eff joint hermétiquement à la cucurbite, É*c. Voyez CucuR- BTE, MATRAS , RÉCIPIENT. (M) * Voyez Planche III. de Chimie, fig. 2. un alambic de verre , compofé d’un matras À &d'un chapiteau B. Fig. 2. un alambic de verre, compoié d’une cu- curbite À ; d’un chapiteau tubulé B; C tube du cha- piteau ; D 'houchon du tube. Fig. 3. un alambic de métal; d la cucurbite; e le chapiteau avec fon ré- frigérent ; fle récipient. Figure 4. alambics au bain- marie, où fe font en même tems plufñeurs diftilla- tions ; À petit fourneau de fer ; / bain-marie ; #2 ou- verture par laquelle on met de l’eau dans le bain- marie à mefure qu’elle s’y confume ; z2#chapiteaux des alambics ; 000 récipiens. Figure $. alambic au bain de fable ou de cendre; «porte du cendrier ; b porte du foyer ; « capfule de la cucurbite ; dle fable ; e chapiteau de lalambic. : À LA MORT, Cuiens , (cri de Chaffe.) on parle ainfi à un chien lorfque le cerf eft pris. ALAN, f. m. er Venerie, c'eft un gros chien de l’efpece des dogues. * ALAN, ( Géog. ) ville de Perfe dans la province d’Alan, dans le Turqueftan. x #ALAND , (Géog.) ile de la mer Baltique , entre la Suede & la Finlande. ts _ #*ALANGUER, ( Géog.) ville de Portugal dans l’'Eftramadure. o | ALANIER , f. m. (Yurifprudence. ) dans quelques anciennes coûtumes eft le nom qu'on donnoit à des gens qui formoient & élevoient pour la chañle des dogues venus d'Efpagne , qu’on nommoïit alazs. (H ) * ALAQUE,, L. f. Voyez PLINTHE 0% ORLET. * ALAQUECA , pierre qui fe trouve à Balagate aux Indes, en petits fragmens polis, auxquels on attribue la vertu d'arrêter Le fang , quand ils font ap- liqués extérieurement. * ALARBES , c’eft, felon Marmol, le nom qu'on donne aux Arabes voleurs établis en Barbarie. ALARES ,f. m. ( Hiff anc.) felon quelques an- ciens Auteurs , étoient une efpece de milice chez les Romains; ainfi appellée du mot Latin 4/4, à caufe. de leur agilité & de leur légereté dans les combats. Quelques-uns veulent que ç’ait été un peuple de Pannonie: mais d’autres, avec plus d’apparence de raïfon, ne prennent aleres que pour un adjectif où une épithete qu'on donnoiït à la Cavalerie, parce qu’elle étoit tohjours placée aux deux ailes de l'ar- mée ; raifon pour laquelle-on appelloit un corps de cavalerie «le. Voyez AILE, CAVALERIE, 6, (G) Mufiles ALAITRES , mufcali ALARES ; en Anato- mie. Voyez PTERYGOIDE. ALARGUER , v. n. terme de Marine, qui fignifie s'éloigner d'une côte où l'on craint d’échoter ou de de- meuret affalé ; mais il ne figmifie pas avancer en mer & prendre le large en fortant d’un port. La chaloupe s’eft alarguée du navire. (Z ) "nil ALARME, f. f. ce mot vient de l’Italien 44!” arme, aux armes. Pofle d'alarme , eft une efpace de terrein que le Quaïtier-Meftre général où Maréchal général des Logis affigne à un régiment pour y marcher en cas d'alarme. ) Pofle d'alarme dans une garnifon:, eft le lieu où chaque régiment a ordre de venir fe rendre dans des occafons ordinaires. fn | Pieces d’alarmes ; c’eft ordinairement quelques pie» ces de canon placées à la tête du camp, & qui font totjours.prêtes à être tirées au premier commande= ment, foit pour donner l’a/arme aux troupes ou les rappeller du fourage en cas que l’ennemi fe mette en devoit d'avancer pour attaquer l’armée, ( Q ) * ALASTOR ; c’eft, felon Claudien, un des quaz tre chevaux qui tiroient le char de Pluton lorfqu'il enleva Proferpine. Le même Poëte nous apprend que les trois autres s’appelloient Ophreus, Æthon & Dyéleus , noms qui marquent tous quelque chofe de fombre & de funefte. On donne encore le nom d’a- Laflor à certains efprits qui ne cherchent qu'à nuire. ALATERNE., {. m. en Latin a/aternus , arbrifleau dont les fleurs font d’une feule feuille en forme d’en- tonnoir., & découpées en.étoile à cinq pointes. Le piftil qui fort du fond de ces fleurs devient dans la fuite un fruit ou une baie molle , remplie ordinaï- rement de trois femences, qui ont d’un côté une bofle, & de l’autre des angles, Tournefort, /2/£. rez herb. Voyez PLANTE. (1) : * Onen fait des haïes : on le met en buiflon dans les plates-bandes des parterres. Si on le veut encaif- fer on lui donnera un tiers de terre à potager ê un tiers de terreau de couche. On emploie fes feuilles en gargarifme dans les inflammations de la bouche & de la gorge. * ALATRI, (Géog.) ancienne ville d'Italie , dans la campagne de Rome. Long. 30.58 lat. 41. 44. * ALAVA ow ALABA, ( Géog. ) petite province d'Efpagne ; Vi@oria,en eft la capitale, * ALAUT ox ALT, ( Géog.) riviere de la Tur« _quie én' Europer ‘elle fort des montagnes qui fépa- rent la Moldavie de la Tranfylvame, & fe jette dans le Danube. A-L'AUTRE, #erme de Marine; ce mot eft prononcé à haute voix par. l’équipage. qui eft de quart, lort- qu’on fonne la cloche, pour marquer le nombre des horloges du quart ; 8c cela fait connoitre qu'ils veil lent & qu'ils entendent bien les coups de la.cloche. Voyez QUART. (Z) | ALBAÀ , {.f. ( Commerce. ) petite monnoie d’Alle- magne, en François demi-piece ; elle vaut huit fenins du pays, & le fenin vaut deux deniers ; ainf l’a/bz vaut feize deniers de France. Voyez DENIER, 243 * ALBADARA, c’eft le nom que les Arabes don. ce nent à los féfamoïde de la premiere phalange dugros ::% orteil, Il eft environ de la groffeur d’un pois. Les Ma- :.? giciens lui attribuent des propriétés furprenantes,, comme d’être indeftruétible , {oit par l’eau, foit-pat le feu. C’eft là qu’eft le germe de l’homme.que-Dieu . doit faire éclorre un jour, quand il lui plaira. de le refufciter. Mais laiffons ces contes à ceux qui les aï- ment , & venons à deux faits. qu'on peut lire plus fé- tieufement. Une jeune femme étoit fujette à de fré- quens accès d’une maladie convulfive contre laquelle tous les remedes avoient échoué. Elle s’adrefla à un Medecin d'Oxfort quiavoit de la HART , $C QUI 1] ie ‘+ + 244 A LB lui ayant annoncé que le petit os dont il s’agit ici étoit par fa diflocation la véritable caufe de fa mala- die, ne balança pas à [ui propofer l’amputation du gros orteil. La malade y confentit & recouvra la fanté. Ce fait, dit M. James, a été confirmé par des témoignages, & n’a jamais été révoqué en doute. Mais 1l y a plus : il dit que lui-même fut appellé en 1737 chez un Fermier de Henwood-Hall près de So- lihull dans le Warwickslure,& qu'il le trouva affs fur le bord de fon lit, où 1l difoit avoir pañfé le jour & Ja nuit quiavoient précède, fans ofer remuer , parce que le moindre mouvement du pié lui donnoit des convulfons. Le Fermier ajoûta qu'il y avoit quelques jours qu'il s’étoit bleflé au gros orteil de ce pié, que cette bleflure lui avoit-donné des convulfons , & qu’elles avoient continué depuis. Comme ces fymp- tomes avoient quelque rapport à ceux de l'épilepfe, M, James linterrogea., & n'en ap rit autre chofe fi- non qu'il s’étoit toûjours bien porté. Sur cette réponfe il lui ordonna des remedes qui furenttous inutiles, & cet homme mourut au botit d’une femaine. .. * ALBAN, (S. ) ( Gcog. ) petite ville de France dans le bas Languedoc , Diocèfe de Mende. * ALBANIE , ( Geog. ) province de la Turquie Européenne fur le golphe de Venife, Long. 36. 18- 39: 40./ar. 39-43. 30. | * ALBANIE, ( Géog. anc.) c’étoit une Province d'Afe fituée fur la mer Cafpienne. Elle avoit cette mer à lorient, l’Ibérie à l’occident, & l’Atropatie au midi. On prétend que la Georgie orientale ou Île Gurpgiftan eft l’ancienne Albanie Afiatique. La partie de la Grece qui portoit autrefois le nom d’Epire , ou la partie occidentale de la Macédoine, s'appelle Albanie. + Ïl y a une Province de PEcoffe feptentrionale qui porte encore aujourd’hui le nom d’Æ4/bunie qu'on a quelquefois donné à l’Ecoffe entiere. * ALBANIN oz BALBANIN, f. m. peuple qui, felon M. d'Herbelot , n’a aucune demeure fixe , fub- fifte de fes courfes fur la Nubie & l’Abyffime, a une langue qui n’eft ni l'Arabe, ni le Cophte, ni PAbyf fin, & fe prétend defcendu des anciens Grecs qui ont pofièdé l'Egypte depuis Alexandre, * ALBANO , ( Géog. ) ville d'Italie fur un lac de même nom, dans la campagne de Rome, Long. 30. 25. lat. 41. 43: * ALBANO, ( Géog. ) ville dans la Bafikeate au Royaume de Naples. - "UALBANOIS , adj. pris fubft. ( Théolog. ) héréti- ques qui troublerent dans le vit. fiecle la paix de ’E- olife, Ils renouvellerent la plûpart des erreurs des NMariéhéens ê des autres hérétiques quavoient vécû depuis plus de trois cens ans. Leur premiere rêverie çonfiftoit à établir deux principes, Pun bon, pere de Jefus-Chrift, auteur du bien & du nouveau Tefta- ment ; & l’autre mauvais, auteur de l’ancien Tefta- ment, qu'ils rejettoient en s’infcrivant en faux con- tre tout ce qu'Abraham & Moyfe ont pù dire. Ils ue que le monde eft de toute éternité; que le ils de Dieu avoit apporté un corps du ciel; que les Sacremens, à la réferve du Baptême, font des fuperf- -titions inutiles ; que l'homme a la puiffance de don- ner le Saint-Efprit ; que l’Églife n’a point le pouvoir d’excommunier , & que l'enfer eft un conte fait à plaifir. Prateele Gautier dans [à chron. (G) = * ALBANOÏISE, adj: f. e*eft, parmi les Fleurifles, une anémone cu feroit toute blanche, fans un peu d’incarnat qu’elle a au fond de fes grandes feuilles & de fa pluche. | * ALBANOPOLI, ( Géog. }) ville de la Turquie Européenne dans Albanie. Long. 38. 4. lat: 51. 48. * ALBANS , ( Géog. ) ville d'Angleterre, Long. 17:10. af. 51.40. _*ALBARAZIN, ( Géog:). ville d’Efpasne au : Royaume d’'Arragon , fur le Guadalabiar, Long. 26. 12. lat. 40.32. ALBARIUM OPUS, #rme d’'Architeîture. Voyez STUC. | *ALBASTRE (or prononce l'S ) ou ALABASTRA, {. f. ancienne ville d'Egypte du coté de l’Arabie & dans la partie orientale de ce Royaume. Les habitans font appellés dans S. Epiphane A/abaffrides, ALBASTRE, f. m. Æ/abafirum ( Hiff. nat.) matiere ealcinable moins dure que le marbre. Elle a différen- tes couleurs : on en woit de blanche ou blanchâtre ; elle eft le plus fouvent d’un blanc fale jaunâtre , ou jaune rouffâtre, ou roux; il y en a de rougeñtre ; onen trouve qui eft variée de ces différentes couleurs avec du brun, du gris, 6e. On y voit des veines où bandes que l’on pourroit comparer à celles des pierres fines que l’on appelle ozyces. Voyez ONyx. C’eft dans ee fens que lon pourroit dire qu'il y a de Paz- bätre onyce, & il s’en trouve avec des taches noires qui {ont difpofées de façon qu’elles reflemblent à de petites moufles , & qu’elles répréfentent des bandes de gafon; c’eft pourquoi on pourroit l’appeller 4/- bätreherborifé à limitation des pierres fines auxquel- les on a donné cette dénomination. Voyez DENDR:- TES. L’albâtre eff un peu tranfparent , & fa tranfpa- rence eft d'autant plus fenfible que fa couleur appro- che le plus du blanc. On le polit, mais on ne peut pas lui donner un poliment aufli beau & auffi vif que celui dont le marbre eft fufceptible, parce qu'il eft plus tendre que le marbre. D’alleurs lorfque fa fur- face a été polie, on croiroit qu’elle auroit été frottée avec de la graiffe. Cette apparence obfcurcit fon po- liment; & comme cette matiere et un peu tranfpa- rente, elle refemble en quelque façon à de la cire. Sa couleur contribue à le rendre tel ; car on ne voit pas la même chofe dans le jade qui malgré fa dureté a aufh un poliment matte & gras, Quoique Palbâtre n’ait pas un beau poli & qu'il foit tendre, on l’a toù- jours recherché pour l’employer à différens ufages; on en fait des tables, des cheminées , de petites co- lonnes, des vafes, desftatues, 6. On diflingue deux fortes d'alhägre , oriental 8& le commun. L’'albätre orien- tal eft celui dont la matiere eft la plus fine, la plus nette, & pour ainfi dire la plus pure ; elle eff plus dure , fes couleurs font plus vives; aufli cet a/härre eft-il beaucoup plus recherché & d’un plus grand prix que l’a/bätre ordinaire. Cehu-c1 n’eft pasrare :on en trouve en France : on connoïît celui des environs de Cluny dans le Mâäconnois. Il yen a en Lorraïne , en Allemagne, & furtout en Italie aux environs de Ro- me, &c 1l eft encore plus commun qu’en ne le eroit, Voyez STALACTITE. (1) ALBASTRE , ( Medecine. ) L’albâtre étant calciné & appliqué avec de la poix ou de la réfine , amollit & refout les tumeurs skirreufes , appaife les dou- leurs de Peftomac , & raffermit les dents & les gen- cives, felon Diofcoride. (M) ALBATROSS , albatoça maxima, oïfeau aquati- que du cap de Bonne-Efpérance; c’eft un des plus grands oïfeaux de ce genre : il a le corps fort gros & les ailes très-longues lorfqw’elles font étendues ; ily a , près de dix piés de diftance entre l’extrémité de l’une des ailes &ccelle de l’autre. Le premier os de laileeft aufi long que le corps de Poileau. Le bec eft d’une | couleur jaunâtre terne ; il a environ fix pouces de longueur dans Poifeau fur lequel cette defcription à été faite : car les oifeaux de cette efpece ne {ont pas tous de la même grandeur , il y en a de beaucoup plus petits que coti dont il s’agit. Les narines’ font fortapparentes ; le bec eft un peurefferré par les cô- tés à l'extrémité qui tient à la tête, &zil eft encore plus étroit à l’autre extrémité quieft terminée parune pointe crochue. Le fommet de la tête eft d’un brun çlau & çendré ; le refte de la tête , le cou, la poi- A LB trine , le ventre, les cuiffes , le deffous de la queue ; &c la face interne des ailes, font de couleur blanche. Le derriere du cou, les côtés du corps, font traver- fés par des lignes de couleur obfcure fur un fond blanc, Le dos eft d’un brun fale parfemé de petites lignes & de quelques taches noires où de couleur plombée. Le croupion eft d’un brun clair ; la queue d’une couleur bleuâtre tirant fur le noir. Les ailes font de la même couleur que la quéue , à l'exception des grandes plumes qui font prefque tout-à-fait noi- res. Les bords fupérieurs des aïles font blancs ; les jambes & les piés font de couleur de chair. Il n’a que trois doigts qui font tous dirigés en avant & joints enfemble par une membrane : il y a auffi une portion de membrane fur les côtés extérieuts du doigt interne & de l’externe. Les a/batrofs font en grand nombre au cap de Bonne-Efpérance. Albin les confond avec d’autres oifeaux que lon appelle dans les Indes Orientales. vaiffeaux de guerre. Edwards prétend qu’il fe trompe, parce qu’au rapport des voyageurs , les vaifleaux de guerre {ont des oïfeaux beaucoup plus petits que les albatrofs. M3f. raturelle des oiféaux par Georges Edwards. Voyez Oiseau. (7) * ALBAZARIN ox ALBARAZIN , f. m. forte de laine d’Efpagne. Voyez LAINE. * ALBAZIN , ( Géog. ) ville de la grande Tarta- rie. Long. 122. lat, #4. , | ALBE ox ALBETTE, petit poiflon de riviere , Mieux connu fous le nom d’ablesre. F. ABLETTE. (1) *ALBE, (Géog.) ville d'Italie dans le Montferrat, fur la rive droite du Tanaro. L. 24.40. 1. 44. 36. * ALBE-JULIE ox WEISSEMBOURG , ( Géog. ) ville de Tranfylvanie , près des rivieres d'Ompay & de Mérish. Long. 42. lat, 46. 30. * ALBE-LONGUE, ( Géog. ) ancienne ville d’I- take; on, en attribue la fondation à Afcagne fils d’Ence, environ 1100 ans avant Jefus-Chrift. . *ALBE-ROYALE oz STUL-WEISSEMBOURG, (Géog.) ville de la bafle Hongrie fur le Raufiza. Long. 30. lar. 47. * ALBENGUE ox AEBENGUA , ( Géog.) ville d'Italie dans létat de Genés. Longit. 25. 45. latit. 44: 4: | ALBERGAINE , z0ophyte , aufñ appellé a/berga- me. Foyez ALBERGAME. (7) : ALBERGAME de mer, Î. m. malum infanum , zoophyte que Rondelet a ainfi nommé à caufe'de fa reflemblance avec lefpéce de pommes d'amour lon- gues, auxquelles on a donné le nom d’a/hergaine à Montpellier. On voit fur la/hergame des apparences . de feuilles où de plumes. C’eft en quoi ce zoophyte differe de la grappe de mer: il ya auff quelque dif- térence dans leur pédicule. Voyez GRAPPE de mer , ZoopPayre. (7 ALBERGE, ALBERGIER , {. m. (Jard.) efpece de pêcher dont les fruits font des pêches précoces qui ont une chair jaune, fermé, 8 fe nomment a/berges. ALBERGEMENT ;£. m. (Jurifp. ) en Dauphiné eft la même chofe que ce que nous appellons err- phytéofe ou bail emphytéorique, V. EMPHYTÉOSE. (4) * ALBERNUS, efpece dé camelot ow boufacan -qui vient du Levant par la voie de Marfeille. ALBERTUS, £ m.( Commerce, ) ancienne mon- note d'or qu’Albert, Archiduc d'Autriche , fit frap- per en Flandre, à laquelle il.donna {on nom. , . Cette monnoie efl au titre de vingt-un carrats 2#. On la reçoit à la monnoie fur le pié de matiere pour pañler à la fonte. Le marc eft acheté 690 livres , & il y a 90 carolus au marc ; conféquemment il vaut 8 L. 4f 4 d. | À LB 245 l'Albigeoiïs , dans le haut Languedoc: elle.eft fur le Tarn. Long. 19.40.14. 43.55. 44. ALBICANTE o4 CARNÉE , f. f. c’eft chez Les Fleurifles une anémone ‘dont les grandes feuilles {ont dun blanc fale, & la pluthe blanche, excepté à fon extrémité qui eft couleur de rofe. *ALBICORE,, f. m. poiflon qui a, dit-on, la figuré & le goût du maquerear, mais qui eft plus grand-On le trouve vers les latitudes méridionales de l'Océan, où1l fait la guerre aux poiffons volans. ALBIGEOÏS ; adj. pris fubft. ( Théo.) {e@e gé: nérale compofée de plufeurs hérétiques qui s’éleve- rent dans le x1r. fecle , & dont Le but principal étoit de détourner les Chrétiens de la réception des Sacre- mens ; de renverfer l’ordre hiérarchique, & de trous bler la difcipline de l’'Eglife. On les nomma ainfi, par ce qu'Olivier , un des difciples de Pierre de Valdo, chef des Vaudoiïs ou pauvres de Lyon, répandit le premier leurs erreurs dans Albi, ville du haut Lan- guedoc fur le Tarn, & que cette ville fùt comme le centre des provinces qu'ils infeéterent de leurs opi- nions. Cette héréfie qui renouvelloit le Manichéifme, l’Ariamfme & d’autres dogmes des anciens feétaires, auxquels elle ajoûtoit diverfes erreurs particulie: res aux différentes branches de cette fe@te , avoit pris naïffance en Bulgarie. Les Cathares en étoient la ti- ge ; &c les Pauliciens d'Arménie l’ayant femée en Al: lemagne , en Italie & en Provence, Pierre de Bruys & Henri la porterent, dit-on , en Languedoc ; Ar- naud de Brefle la fomenta ; ce qui fit donner à ces hérétiques les noms d’Æerriciens , de Perrobufiens , d’'Arnandiffes , Cathares, Piffres, Patarins ,Tifferands, Bons-hommes , Publicains, Paffzotens | &cc. &t à tous enfuite le nom général d’Albigeois, Ceux-ci étoient proprement des Manichéens. Les erreurs dont les accufent Alanus, moine de Cîteaux, &t Pierre, moine de Vaux-Cernay , auteurs contem- porains qui écrivirent contre eux, font 1°. d’admet= tre deux principes ou deux créateurs, l’un bon, l’au tre méchant : le premier, créateur des chofes invifi- bles &c fpirituelles ; le fecond, créateur des corps, & auteur de Pancien Teflament qu’ils rejettoient , admettant le nouveau, & néanmoins rejettant l’uti- lhité des Sacremens. 2°. D’admettre deux Chrifts : Punméchant,quiavoit paru fur laterre avec un corps fantaftique |, comme l’avoient prétendu les Marcio- nites , & qui n’avoit, difoientils, vécunmin’étoit ref fufcité qu’en apparence ; l’autre bon, mais qui n’a point été vù en.e monde. 3°. De nier laréfurre@ion de la chair, & de croire que nos ames font ou des démons, ou d’autres ames losées dans nos corps en punition. des crimes de leur vie pañlée ; en confé- quence ils nioient le purgatoire, la néceflité de la priere pour les morts, & traitoient de fable la créan- _ ce des Catholiques fur Penfer. 4. De condamner | tous les Sacremens de l’Eglife; de rejetter le Bapte- | mecomme imutile ; d’avoir l'Euchariffie en horreur 3 de ne pratiquer m confefon , nrpénitence; decroire le mariage défendu : à quoi l’on peut ajoûter leur | haine contre les Miniftres de l’Eglife ; le mépris qu'ils fawoient des images &c des rehiques. Ils étoient géne- | ralement divifés en deux ordres ; les parfairs & les éroyans. Les parfaits menoïent une vie auftere , con“ tinente, ayant en horreur le menfonge & le jure ment. Les croyans, vivant comme le refte des homa mes & fouvent même déréelés, s’imaginoient être fauvéspar la foi &c par la feule impoñtion des mains . des parfaits. "Cette héréfie fit en peu de tems de fi grands pro= | grès dans les provinces méridionales de la France , qu'en 1176 on la condamna dans un concile tenu à | Éombez, & au concile général de Latran en 1170. : *ALBI, ( Géogi } ville de Françe, capitale de || Mais maleré le zele de S, Dominique & des: autres 2.46 À LB Inquifiteurs, ces hérétiques multipliés mépriferenit les foudres de l’Eglife. La puiflance temporelle fe joignit à la fpirituelle pour les terrafler. On publia contre eux une croifade en 1210, & ce ne fut qu’a- près dix-huit ans d’une guerre fanolante , qu'aban- donnés par les Comtes de Touloufe leurs proteéteurs, & affoiblis par les vi@toires de Simon de Montfort, les A/bigeois pourfuivis dans les Tribunaux ecclé- fiaftiques, & livrés au bras féculier , furent entie- rement détruits , à l’exceprion de quelques -uns qui {ejoïgnirent aux Vaudois des vallées de Piémont , de France & de Savoie. Lorfque Les nouveaux réformés parurent , ces hérétiques projetterent de fe joindre aux Zuingliens , & s’unirent enfin aux Calviniftes , fous le regne de François I. L’exécution de Cabrie- res & de Mérindol , qu’on peut lire dans notre hif- toire , acheva de difliper les reftes de cette feéte dont on ne connoît plus que le nom. Au refte, quoique les Albigeois {e foient joints aux Vaudois, il ne faut pas croire que ceux-ci ayent adopté les opinions des premiers ; les Vaudois n'ayant jamais été Mani- chéens, comme M. Bofluet l’a démontré dans fon hifloire des Variations , Liv. XI. Petrus Vall. Cern. Sanderus, Baronius, Spondan. de Marta , Bofluet, hifi. des Variar, Dupin, Biblioth ecclef. feecl. XII, 6 XIII. (G) | * ALBION , ancien nom de la grande Bretagne. Les conje@ures que l’on a formées fur l’origine de ce nom nous paroiflent fi vagues, que quand elles ne feroient pas hors de notre objet nous n’en rapporte= tions aucune. : | * ALBION a nouvelle , partie de l'Amérique fep- tentrionale , découverte &c nommée par Drake en 1578. elle eft voifine du Mexique & de la Flo- side. | * ALBIQUE, £. £. nom qu’on donne à une efpece de craie ou terre blanche qui a quelque reffemblance avec la terre figillée, & qu’on trouve en plufieurs endroits de France. * ALBLASSER - WAERT ( Géog.) pays de la Hollande méridionale , entre la Meule &c le Leck. * ALBOGALERUS , f. m. bonnet des Flamines Diales ou des Flamines de Jupiter. Ils le portoient toûjours , & il ne leur étoit permis de le quitter que dans la maïfon. Il étoit fait, dit Feftus, de la peau d’une vi@ime blanche : on y ajuftoit une pointe faite d’une branche d’olivier. Celui qu’on voit Planc. 7. Hifi. anc. eft orné de la foudre de Jupiter dont Le Fla- mine diale étoit Prêtre. | * ALBORA , efpece de gale ou plütôt de lepre dont Paracelfe donne la defcription fuivante : c’eft, dit-il, une complication de trois chofes ; des dar- tres farineufes , du ferpigo, & de la lepre. Lorfque plufieurs maladies dont l’origine eft dif- férente viennent à fe réunir , 1l s’en forme une nou- velle à laquelle il faut donner un nom différent. Voi- ci les fignes de celle-ci. On a fur le vifage des taches femblables au férpigo ; elles fe changent en petites puftules de Îa nature des dartres farineufes : quant à leur terminaïfon , elle fe fait par une évacuation puante par la bouche & le nez. Cette maladie, qu'on ne connoit que par fes fignes extérieurs, a aufl fon. fiége à la racine de la langue. Voici le remede que Paracelfe propofe pour cette maladie qu'il a nom- mée. | + Prenez d’étain, de plomb, d'argent, de chacun une-dragme ; d’eau diflillée de blancs-d’œufs demi- pinte : mêlez. Il faut diftiller les blancs d’œufsaprès les avoir fait cuire , vetfer l’eau fur la limaille des métaux, & en laver l’albora. Paracelfe de apoflema- tibus. Voyez DARTRE , SERPIGO , LEPRE. se * ALBORNOZ., f. m. manteau à capuce fait de poil de chevre, & tout d'une piece, à l'ufage des A LB Maures ; dès Turcs, & des Chevaliers de Malte, quand ils vont au camp par le mauiais tems. ALBOUR o4 AULBOURG , arbte mieux connu fous lenom d’ébenier ou de faux ébenier. Voyez Ege- NIER. (7) D Den Lu 1 * ALBOURG ( Géog. ) ville de Danemark dans le Nord Jutland. Lon. 27. lat. 57. * ALBRAND , o4 ALEBRAN , ox ALEBRENT , nom qu’on donne ez Venerie au jeune canard, qui devientau mois d'Oë&tobre carardeau, & en Novem- bre canard, ou oifeau de riviere. ALBRENÉ , adj. serme de Fauconnerie, fe dit d’un oifeau de proie qui a perdu entierement ou en par- tie fon plumage. On dit: ce gerfaut eft a/brené, il faut le baigner. v. ALBRENER , v. n. veut dire chafler aux a/brans : 1] fait bon a/brener. “ay | * ALBRET oz LABRIT , (Géog. ) ville de France en Gafcogne,au pays d’Albret. Lon. 17. lat. 44.10. ALBUGINEÉE , adj. f. ez Anatomie, eft la tunique la plus extérieure de l’œil, appellée autrement coz- Jonitive, Voyez; CONJONCTIVE. Ce mot vient du La- tin a/bus , blanc; la tunique a/buginée recouvrant le blanc de l'œil. Voyez ŒIL. Albuginée eft aufli la tunique qui enveloppe inv médiatement les tefticules. Voyez TESTICULES 6 SCROTUM. (L) : | ALBUGO ou TAIE , eft une maladie des yeux où la cornée perd fa couleur naturelle, & devient blanche & opaque. . La raie eft la même chofe que ce qu’on appelle au- trement leucoma , neuroua. Voyez LEUCOMA & TAIE. ALBUGO ouLEUCOMA 1. m.( Churug. ) c’eftune tache blanche & fuperficielle qui furvient à la cornée tranfparente par un engorgement des vaifleaux lym= phatiques de cette partie. Ce vice empêche la vüetant qu'ilfubfifte.Il ne faut pas confondre la/bugo avec les cicatrices de la cornée : les cicatrices font ordinaire: ment d’un blanc luifant & fans douleur : ce fonit-des marques de guérifon, & non de maladie. L’afbugo eft d’un blanc non luifant comme'de craie, &eftaccom- . pagné d’une légere fluxion, d’un peu d’inflammation, &c de douleur, & d’un petit larmoyement;ilarrive fans qu'aucun ulcere ait précédé : la cicatrice au contraire eft la marque d’un ulcere guéri. À L’albugo peut fe terminer par un ulcere, &z'alors après fa guérifon il laïffe une cicatrice qui ne s’efface point. ; Pour guérir l’a/bugo , il faut prefcrire les remedes. généraux propres à détourner la fluxion : on fait en- fuite ufage des remedes particuliers. Les auteurs pro- pofent les remedes acres & volatils pour difloudre ,, détacher & nettoyer l’albugo , comme les fiels de brochet, de carpe ou autres poiffons ; ou ceux de per- drix, d’oifeaux de proie & autres , dans lefquels on trempe la barbe d’une plume pour en toucher la ta- che deux fois par jour. M. M° Jean confeille entt’au, tres remedes Le collyre fec avec l'iris, le fucrecandi,, la myrrhe, de chacun un demi gros, êc quinze grains . de vitriol blanc. On s’eft fouvent fervi avec fuccès d’un mêlange de poudre de tuthie, de fucre can. di & de vitriol blanc à parties égales, qu’on fouffle. fur la tache avec un fétu de paille ou un tuyau de plume. (4) ‘#4 ALBUMINEUX , adj. ( Phyfiol. ) fuc album: neux*, dans l’æconomie animale, eft une efpece: d’huile fort fixe , ténace,, glaireufe & peu inflamma- ble , qui forme le fang & les lymphes des animaux. Ses propriétés font aflèz femblables à celles du blanc: d'œuf; c’eft ce qui lui a fait donner le nom de fac albumineux. Voyez Suc & HUILE, L'huile c/bumineufe a des propriétés fort fingulie- res, dontileft difficile de découvrir le principe : elle N ALC fe durcit au feu, & même dans Peau chaude ; elle ne fe laiffe point délayer par les liqueurs vineufes , - même par l’efprit-de-vin , ni par l'huile de tereben- thine, & les autres huiles réfineufes fluides ; aucon- traire , cesguiles la durciffent, Elle contient affez de Lei tartareux pourètre fort fufceptible de pourriture , fur-tout lorfqw’elle eft expofée à l'a@tion de Pair : mais elle n’eit fjette à aucun mouvement de fer- mentation remarquable , parce que fon {el eft plus volatilifé & plus tenacement uni à Phuile que celui des vésétaux ; auflile feu le faitil facilement dégé- nérer-en fel alkah volatil ; ce qui n’arnive prefque pas au fel tartareux des végétaux , fur-tout lorfqu’il meft encore uni qu'à une huile mucilagineufe. L’in- diffolubilité ; le caradtere glaireux, &le défaut d’in- flammabilité de cette huile , lui donnent beaucoup ‘de conformité avec l'huile muqueufe : mais elle en differe par quelques autres propriètés, & fur-tout par le fel qu’elle contient , & dont l'huile muqueufe ‘eft entierement ou prefqu’entierement privée. Voyez “eff. de Phyf. par M. Quefnay. (Z) * ALBUNÉE,, la dixieme des Sibylles. Varron dit ‘qu’elle étoit de Tibur ; c’eft aujourd’hui Tivoli. Elle y fut adorée : elle eut une fontaine & un bois confa- crés près du fleuve Anis. On dit que fa ftatue fut trou- vée dans le fleuve ; elle étoit repréfentée tenant un ivre à la main. * ALBUQUERQUE , ( Géog. ) ville d’Efpaghe, ‘dans l’Eftramadure. Long. 11. 40. lat, 38. 52. * ALBURNE,, f. m. Ce fut d’abord le nom d’une montagné de Lucanie, puis celui du Dieu de cette montagne. On dut à M. Æmilius Metellus la con- noifflance de cette nouvelle Divinité. ALBUS, {. m. ( Commerce. ) petite monnoïe dé Cologne, qui vaut deux creuzers, &rle creuzers vaut un fol fix deniers, & £ de denier; ainfi l’a/bus vaut neuf deniers #, de France. ALCADE , f.m. ( Æif£. mod. ) en Efpagne, eftun | Juge ou Officier de Judicature, qui répond à peu près à ce que nous appellons en France ur Prevôr. Les Efpagnols ont tiré Le nom d’alcade, de l’alcaide ‘des Mores. Voyez ALCAÏDE. (G) * ALCAÇAR-QUIVIR, ox ALCAZAR-QUIVIR, ( Géog. ) ville d'Afrique , fur la côte de Barbarie, Province d’Afgar, Royaume de Fez. - * ALCACAR DO SAL, (Géog.) ville de Por- tugal , dans l’Eftramadure , fur la riviere de Cadaon. Long. 9. 41. lat, 38. 18. : ALCACÇAR CEGUER , (Géog.) ville d'Afrique, au Royaume de Fez , Province d'Habat, Log. 12. 'ÉPRRÉ 1 era | ALCAHEST , Voyez ALKAHEST. . ds ALCAIDE , 04 ALCAYDE , f. m. ( Æiff. mod. ) chez les Mores , en Barbarie, eft le Gouverneur d’une ville ou d’un château, fous Pautorité du Roi de Maroc. Ce mot eft compofé de la particule 4/, & du verbe NP, kad,, ou akad , gouverner, régir, adminiftrer. hr 4 Lafurifdidion de l’alcaide eft fouveraine, tant au criminel qu’au civil, & c’eft à lui qu’appartiennent les amendes. ( & sde . ALCAIQUES , adj. (Lirtérar.) dans la poëfie Gre- que & Latine eftun nom commun à plufieurs fortes de vers, ainfi appellés du nom d’ÆA/cée, à qui on en attribue linvention. | La premiere efpece d'u/caïques eft de vers de cinq piés , dont le premier eft un fpondée, ou un tambe; Île fecond un iambe, le troifieme une fyllabe longue, le quatrieme un daëtyle , & le cinquieme un daétyle ou un amphimacre , tels que font cesvers d’'Horace: Omnes | ed| dem | cogimur | , omnium | Verfa | tur ur|nà | ferius | ocyus | Sors exituTa; | | A LC 247 | La feconde efpece confifte en deux da@yles & deux trochées , telque celui-ci: Exili \um impof| tura |. éymbæ. Outre ces deux premierés fortes qu’on appellé 44 caïques daëty liques, il y en aune troifieme qui s’appellé fimplement a/caiques ; dont le premier pié eft un épi- trite , le fecond &c le troifieme deux choriambes, & le quatrieme un bacche , comme celui-ci, Cur timet fla | vurn tiberim | téngere, cur | oliyum ? _ L’ôde alcaïque confifte enquatre ftrophes, de qua- tre vers chacune ; dont les deux premiers font des vers alcaiques de la premiere efpece , lé troifième un iambe dimetre hypercataleétique , c’eft-à-dire , de quatre piés & une fyllabe longue, tel que celui-erc Trans mu | rat in | cer | os. ho| nores|, Etle quatrieme eft un alcaique de la feconde efpecé; tel que le dernier de la ftrophe fuivante : Non poffidentem mulra vocaveris Recte bentum : rectins occupat Nornen beati , qui Deorum Muneribus fapienter uti, Gc. Horat. Pour peu qu’on ait l’oreille délicate, on fent com- bien les vers a/caiques , mais furtout ceux dont efl formée cette ftrophe , font harmonieux. Auffi Hora- ce les appelle-t-il les fons mâles & nerveux d’Alcée, minaces Alcæi camene. (G) 8 * ALCALA LA REALE , ( Geog. ) ville d’'Efpa- gne , dans l’Andaloufe, près de la riviere de Salado. Long. 14. 30./lat. 37.18... * ALCALA DEHENAREZ , ( Géog. ) ville d'Ef pagne , dans la nouvelle Cafülle , fur la riviere dè Henarez. Long.l14. 32. lat. 40. 30. , . * ALCALA DE GUADAÏRA , ( Géog.) ville d’Efpagne , dans PAndaloufie , fur la riviere de Gua- daira. Long. 12. 40. lat. 35.15. ; ALCALESCENT ,TE , adj. ez Medecine, qui n’eff pas rout-a-fair alkali , qui approche de la nature du fel lixiviel, Boérhaave, Comm. Pourquoi les chofes natu- rellement acefcentes, où alcalefcentes, n’efluyeroient- elles pas dans l’efftomac les mêmes dégénérations qu’elles fouffrent au dehors ? ( L)) ALCATI , Voyez ALKALI. * ALCAMO , ( Géog. ) ville de Sicile, au pré du mont Bonifati. Long. 30. 42. lat. 38. 2. | * ALCANA, f. m. le Troefne d'Egypte fournit à la téinture un rouge ou un jaune qu’on tire de fes feuilles , felon qu’on emploie cette couleur : un jau- ne, fon la fait tremper dans l’eau; un rouge, fi on la laiffe infufer dans du vinaigre , du citron , ou de l’eau d’alun. On extrait des baies de la même plante une huile d’une odeur très-agréable ; on en fait ufage en Medecine. ’ | 4 @ - . ALCANNA ; ( Medecine ) alcanna offic. Liguflrun indicum , fei alcanna manichondi, Herm. Muf. Zeil..6. 63. C’eft le kenna des Turcs & des Maures ; {es feuilles réduites en poudre jaune, fervent de cofmé- tique aux naturels du pays, qui en font une efpece de pâte avec du fuc de limon ; les hommes en ter- gnent leur barbe, &c les femmes leurs ongles. Elle eft bonne pour exciter les régles, &c pour Îles mala- dies hyftériques ; auffi les Orientaux s’en fervent-1ls pour caufer l'avortement, & pour chafler le fœtus mort dans la matrice. (N) . _* ALCANTARA,{ Géog.) villed’Efpagne , dans l'Eftramadure , fur le Tage. Long. 11. 35. lat. 39. 20. Il y a en Efpagne une autre ville nommée Fa Jencia d Alcantara ; c’eft encore le nom d’une con- trée de Portugal ; à une lieue ou environ au-deffous de Lisbonne. slrueyal ALCANTARA (Ordre d’) Hifi. mod, ançien Qx : à 248 À LC dre Militaire ; aïinf appellé d’une ville d'Efpagné de même nom, dans l’Eftramadoure. Voyez CHEVA: LIER , ORDRE , 6e. here En 1212, Alphontfe IX. Roi de Caftille, ayant re- pris Alcantara fur les Mores, en confia la garde & la défenfe , d’abord aux Chevaliers de Calatrava, 8 deux ans après aux Chevaliers du Poirier, autre Ordre Militaire inflitué en 1170 par Gomez Fer- nand , & approuvé par le Pape Alexandre III. fous la regle de S. Benoît. Ce fut à cette occafion, qu'ils quitterent leur ancien nom, pour prendre celui de Chevaliers d’ Alcantara. k Aprèslexpulfion des Mores, & la prife de Gre- made, la Maïtrife de l'Ordre d’A/cantara , & celle de l’Ordre de Calatrava, furent umies à la Couron- ne de Caïftille, par Ferdinand & Ifabelle. Woyez Ca: LATRAVA. | é. | En 1340, les Chevaliers d’A/cantara demande- rent la perimiffion de fe marier, & elle leur fut aé- cordée. Ils portent la Croix verte ou de finople fleur- delyfée , & ont en Efpagne plufeurs riches Com- manderies , dont le Roi difpofe en qualité de Grand- Maitre de l'Ordre. ( G _ * ALCARAZ, ( Géog. ) ville d'Efpagne, dans la Manche, fur la Guardamena, Long. 15. 42. lat. 38. 26: * ALCATHÉES , fêtes qu'on célebroit à Micènes en l’honneur d’Alcathous, fils de Pelops, celui qui foupçonné d’avoir fait affafliner fonfrere Chryfppe, chercha un afyle à la cour du roi de Megare, dont il époufa la fille, après avoir délivré le pays d’un lion furieux qui le ravageoit. Il fuccéda à fon beau-pere, fut bon Souverain, & mérita de amour de fes peu- ples les fêtes annuelles, appellées Æ/carhées. * ALCATRACE , f. m. petit oifeau que l’on chet- cheroit envain fur l'Océan des Indes aux environs du feizieme degré de latitude & fur les côtes d’Ara- bie , où Wicquefort dit qu'il fe trouve ; éar pour le reconnoître , 1l en faudroit une autre defcription, & fur cette defcription peut-être s’appercevroit-on que “c’eft un oïféau déjà connu fous un autre nom. Nous invitons les Voyageurs d’être meilleurs obfervateurs, s’ils prétendent que l’'Hiftoire naturelle s’enrichifle de leurs obfervations. Tant qu'ils ne nous rappor- teront que des noms, nous n’en ferons guere plus avancés. * ALCAVALA, droit de douanne de cinq pour cent du prix des marchandifes, qu’on paye en Ef- pagne & dans l'Amérique Efpagnole. ALCÉ,, f. m. animal quadrupede. On ne fait pas bien quel eft l’animal auquel ce nom doit apparte- nir, parce que les defcriptions qu’on a faites de l’alcé font différéntes les unes des autres. Si on confulte les Naturaliftes anciens & modernes, on trouvera par rapport à cet animal des faits qui paroïflent ab- ‘folument contraires ; par exemple , qu'il a Le poil de diverfes couleurs, & qu’il eft femblable au chameau dont le poil n’eft que d’une feule couleur ; qu'il a des cornes , & qu'il n’en n’à point ; qu'il n’a point de jointures aux jambes, & qu'il a des jointures, & que c’eft ce qui le diftingue d’un autre animal ap- pellé #achlis ; qu’il a le pié fourchu, & qu'il a le pié folide comme le cheval. Cependant on croit qu'il y a beaucoup d'apparence que l’a/cé n’eft point dif- ‘férent de l’animal que nous appellons é/az , parce que la plüpart des Auteurs conviennent que l’alcé eft à peu près de la taille du cerf; qu'il a les oreilles & les piés comme le cerf, & qu'il lui reflemble en- core par la petitefle de fa queue & par fes cornes ; qu'il eft différent-du cerf par la couleur & la lon- ueur de fon poil, pat la petitefle de fon cou & par b roideur de fes jambes. On a remarqué qu'il a la levre fupérieure fort grande. Il eft certain que tous ges cara@teres conviennent à l'élan, On pourroit auf- ALC f concilier les contrariétés qui fe trouvent dans leg defcriptions de l’afcé ; car quoique le poil de l'élan ne foit que d’une couleur , cependant cette couleur change dans les différentes faïlons de l’année , {lon en croit les Hiftoriens feptentrionaux ; ælle devient plus pâle en été qu’elle ne left en hyver. Les élans mâles on des cornes ; les femelles n’en n’ont point ; & lorfqu'on a dit que lalcé n’avoit point de jointu- res , ona peut-être voulu faire entendre feulement, qn'il a les jambes prefqu'aufi roides que s’il n’avoit point de jointures ; en effet cet animal a la jambe très-ferme. Mérn. del’ Acad. royale des Sc,tom.TIr.ps prem. pag. 179. Voyez ÉLAN. (D) - ALCÉE, en latin-4/cea, f. f. herbe à fleur mono: petale en forme de cloche ouverte & découpée 3 il y a au milieu de la fleur un tuyau pyramdal, chargé le plus fouvent d’étamines, & 1l fort du cali- ce un piful qui pafle par le fond de la fleur, & qui s’emboite dans le tuyau. Ce piftil devient dans la fuite un fruit applati & arrondi, quelquefois poin- tu, & enveloppé pour l'ordinaire par le calice. Ce fruit eft compofé de plufeurs capfules qui tiennent à un axe cannelé , dont chaque cannelure reçoit une capfule qui renferme un fruit fait ordinairement en forme de rein. L’alcée ne differe de la mauve & de la guimauve qu’en ce que {es feuilles font décou= pées. Tournefort ; nf£. rei herb. Voyez PLANTE. (1) * ALCHIMELECH , o4 MELILOT ÉGYPTIEN, plante qui croit &c s'étend à terre, petite, ferpen- tant lentement , ne s’élevant prefque jamais ; ayant la feuille du trefle, feulement un peu moins grande; les fleurs petites, en grand nombre, oblongues, pla- cées les unes à côté des autres, de la couleur du fafran | & d’une odeur fort douce ; il fuccede à ces fleurs des gouffes obliques, qui contiennent une très: petite femence ronde, d’un rouge noirêtre, d’une faveur amere & aftringente, & qui n’eft pas fans odeur, Ray. ALCHIMIE , £ f. eftla chimie la plus fubtile par laquelle on fait des opérations de chimie extraordi- naires , qui exécutent plus promptement les mêmes chofes que la nature eft long-tems à produire ; come me lorfqu’avec du mercure & du foufre feulement, on fait en peu d'heures une matiere {olide & rou- ge, qu'on nomme cizabre, & qui eft toute femblable au cinabre natif, que la nature met des années & même des fiecles à prôduiré. Les opérations de l’a/chimie ont quelque chofe d’ad- mirable & de myftérieux ; 1l faut remarquer que lor{- que ces opérations font devenues plus connues, el- les perdent leur merveilleux, & elles font mifes au nombre des opérations de la chimie ordinaire, com- me y ontété mifes celles du Hlium, de la panacée du kermès , de l’émétique, de la teuiture de l’écar- late, &c. & fuivant la façon , dont font ordinaire ment traitées Les chofes humaines, la chimie ufe avec ingratitude des avantages qu’elle a reçüs de l’a/chr- mie : l’alchimie eft maltraitée dans la plüpart des livres de chimie. Voyez ALCHIMISTES. Le mot a/chimie eft compofé de la prépoñtion 47 qui eft Arabe , & qui exprime /xblime ou par excel= lence, & de chimie, dont nous donnerons la défini- tion en fon lieu. Voyez CHIMIE. De forte que z/chr- raie ,fuivant la force du mot, fignifie Ze chimie fubli- me, la chimie par excellence. . Les antiquaires ne conviennent pas entre eux'de l'origine , ni de l’ancienneté de la/chimie : fi on en croit quelques luftoires fabuleufes , elle étoit des le tems de Noé. Il y en aMmême eu qui ont prétendii qu’'Adam favoit de l’alchimie. | Pour ce qui regarde l'antiquité de cette fcience 5 on n'en trouve aucune apparence dans les anciens auteurs, foit Medecins, foit Philofophes , foit Poe- tes, depuis Homere , jufqu’à quatre cens Le efus= Jefus-Chrift. Le premier auteur qui parle de faire de l'or eft Zozime , qui vivoit vers le commencement du cinquieme fiècle. Il a compofe en Grec un Livre fur l’art divin de faire de l'or & da l'argent. C’eft un Manufcrit qui eft à la Bibliotheque du Ror. Cet ou- vrage donne lieu de juger que lorfqu'il a été écrit, il y avoit déjà long-tems que la chimie étoit culti- vée ; puifqu’elle avoit déjà fait ce progrès. Il n’eft point parlé du remede univerfel , qui ef l'objet principal de lÆ/chimie , avant Geher, auteur Arabe , qui vivoit dans le feptieme fiecle. Suidas prétend que fi on ne trouve point de mo- nument plus ancien de l’ÆZchimie, c’eft que l’'Empe- reur Dioclétien fit brûler tous les Livres des anciens Égyptiens ; & que c’étoient ces Livres qui conte- noient les myfteres de l’Alchimie. _ Kirker aflüre que la théorie de la Pierre-philofo- phale eft expliquée au long dans la table d'Hérmèes, & que les anciens Égyptiens n’ignoroient point cet art. On fait que l'Empereur Caligula fit des effais, pour tirer de l’or de l’orpiment. Ce fait eft rapporte par Pline, Hiff, rar. ch. iv. liv. XX°XTTI. Cette opéra- . tion n’a pù fe faire fans des connoïffances de Chimie, fupérieures à celles qui fufifent dans la plüpart des arts & des expériences pour lefquelles on employe le feu. - | Au refte , le monde eft fi ancien, & il s’y eft fait tant de révolutions, qu'il ne refte point de monu- mens certains de l’état où étoient les fciences dans les tems qui ont précedé les vingt dermiers fiecles ; je n’en rapporterai qu'un exemple : la Mufique a été portée , dans un certain tems chez les Grecs , à un haut point de perfettion ; elle étoit fi fort au- deflus dela nôtre , à en juger par fes effets ; que nous avons pèine à le comprendre ; & on ne man- queroit pas de le révoquer en doute , fi cela n’é- toit bien prouvé par l'attention finguliere qu’on fait que lé gouvernement des Grecs y donnoit, & par le témoignage de plufeurs auteurs contemporains & dignes de foi. Voyez An ad fanitatem mujice, de M. Malouin. 4 Paris, chez Quillau , rue Galande, Il fe peut auffi que la Chimie ait de mème été por-. tée à un fi haut point de perfe&tion, qu'elle ait pù faire des chofes que nous ne pouvons faire aujour- d’hur, & que nous ne comprenons pas comment 1l feroit poflible que l’on exécutât. C’eft la Chimie ainfi perfettionnée qu'on a nommée Æ/chimie, Cette fcience , comme toutes les autres , a péri dans cer- tains tems , & il n’en eft refté que le nom. Dans la fuite, ceux qui ont eu du goût pour lÆ/chimie, le {ont tout d’un coup mis à faire les opérations, dans lefquelles la renommée apprend que lÆ/chimie réuf- _ ffoit ; ils ont ainfi cherché l'inconnu fans pañler par le connu : ils n’ont point commencé par la Chimie, fans laquelle on ne peut devenir A/chimifle que par hafard. Ce qui s’oppofe encore fort au progrès de cette fcience , c’éft que les Chimiftes, c’eft-à-dire, ceux qui travaillent par principes, croient que l’4/chimie eft une fcience imaginaire , à laquelle ils ne doivent pas s’appliquer; &les Alchimiftes au contraire croient que la chimie n’eft pas la route qu'ils doivent tenir. La vie d’un homme , un fiecle même, n’eft pas fufifant pour perfe&tionner la Chimie ; on peut dire que le tems où a vécu Beker, eft celui où a commencé notre Chimie. Elle s’eft enfuite perfe&tionnée du tems de Stahl, & on À a encore bien ajoûté depuis ; ce: pendant elle eft vraiflemblablement fort éloignée du terme où elle a été autrefois. Les principaux auteurs d”A/chimie font Geber , le Moine , Bacon , Ripley, Lulle, Jean le Hollandois, êc Ifaac le Hollandois, Bafile Valentin, Paracelfe , Tome I, ALC 249 Van Zuchten, Sendigovius , 6e. (M ALCHIMISTE , f. m. celui qui travaille a l’Alchi- mie. Voyez ALCHIMIE. Quelques anciens Auteurs Grecs fe font fervis du mot ypusorommie, qui fignifie faifèur d’or, pour dire 4/chimifle , & de ypuoomosurixn, l’art de faire de l'or , en parlant de lA/chimie, On lit dans d’autres Livres Grecs , œosmrac ; félor , faileur , Alchimifte, qui figmifie aufi Aureur de vers, Poëte. En effet, la Chimie &c la Poëfic ont quelque confor- mité entr'elles. M. Diderot dit, pag. 8 du Profpeitus de ce Di&tionnaire : /4 Chimie eflimitatrice & rivale de la nature ; fon objet eft prefqu'aulft étendu que celui de la nature même : cette partie de la Phyfique cf? entre les autres, ce que la Poëfre efl entre les'autres genres de lit- cérature ; ou elle décompoÿe les êtres , ou elle les revivife, ou elle les transforme , Gc. On doit diftinguer les Æ/chirmifles én vrais & en faux , ou fous. Les Alchimifles vrais font ceux qui, après avoir travaillé à la Chimie ordinaire en Phy- ficiens, pouilent plus loin leurs recherches, en tra- vaillant par principes & méthodiquement à des com- binaïfons curieufes & utiles, par lefquelles on imite les ouvrages de la nature, ou qui les rendent plus propres à l’ufage des hommes, {oit en leur donnant une perfeétion particuliere , foit en y ajoûtant des agrémens qui, quoique artificiels, font dans certains cas plus beaux que ceux qui viennent de la fimple hature dénuée de tout art, pourvii que ces agrémens artificiels foient fondés {ur la nature même, & l’i- mitent dans fon beau. Ceux au contraire qui fans favoir bien [a Chimie ordinaire , où qui même fans en avoir de teinture, fe jettent dans l’Alchimie fans méthode & fans prin- cipes , ne lifant que des Livres énigmatiques qu’ils eftiment d'autant plus qu'ils Les comprennent moins, font de faux Alchimifles , qui perdent leur tems & léur bien , parce que travaillant fans connoïflance, ils ne trouvent point ce qu’ils cherchent , & font plus de dépenfe que s'ils étoient imftruits, parce qu'ils employent fouvent des chofes inutiles , & qu'ils ne favent pas fauver certaines matieres qu’on peut retirer des opérations manquées, D'ailleurs , ils ont pour les charlatans autant de goût que pour les Livres énigmatiques : ils ne fe fou- cient pas d’un bon Livre qui parle clairement , mais ne flate point leur cupidité comme font les Livres émematiqués auxquels on ne comprend rien , & auxquels les gens entêtés du fabuleux, on du moins du myftérieux , donnent le fens qu’ils veulent ytrou- ver, & qui eft plus fuivant leur imagination ; auffi ces faux Alchimiites s’ennuieront aux difcours d’un homme inftruit de cette fcience , qui la dévoile , & qui réduit fes opérations à leur juite valeur : ils écouteront plus volontiers des hommes à fecrets aufli ignorans qu'eux, mais qui font profeffñion d’exciter leur curiofité. Il faut dans toute chofe , & furtout dans celles de cette nature , éviter les extrémités : on doit éviter également d’être fuperftitieux , ou incrédule. Dire que l’Æ/chimie n’eft qu’une fcience de vifionnaires , & que tous les Alchimiftes font des fous ou des im- pofteurs, c’eft porter un jugement injufte d’une fcien- ce réelle à laquelle des gens fenfés & de probité peur- vent s'appliquer : mais aufl il faut fe garantir d’une efpece de fanatifme dont font particulierement fuf- ceptibles ceux qui s’y livrent fans difcernement , fans confeil & fans connoïffances préliminaires , en un mot fans principes. Or les principes des fciences font des chofes connues ; on y doit pafler du connu à l'inconnu : fi en Alchimie , comme dans les autres fciences , on pañle du connu à l'inconnu , on pourra en tirer autant & plus d'utilité que de certaines au- tres fciences ordinaires, (M) " LL 250 ALC * ALCIDON ; c’eft le nom que les Fleuriftes don- nent àune des efpecesd’æœillets piquetés. 7. ŒILLET. * ALCIS , nom fous lequel Minerve étoit adorée chez les Macédomiens. * ALCMAER( Géog. ) ville des Provinces- Unies dans le Kennemerland, partie de la Hollande feptentrionale. Long. 22. 10. lat. 52. 28. ALCMANTEN , adj. (Bell. Letr. ) dans la poëfie Latine, c’eft une forte de vers compofé de deux da- étyles & de deux trochées, comme celui-ci, Virgini|bus pue|rifque| canto. Horat. Ce nom vient d’Æ/cman , ancien poëte Grec, efti- mé pour fes poëfes lyriques & galantes dans lef- quelles 1l employoit fréquemment cette mefure de vers. (G) ALCOHOL. Foyez ALKOOL. ALCORAN oz AL-CORAN, f. m. (Théol.) C’eft le livre de la loi Mahométane , ou le livre des révé- lations prétendues & de la doétrine du faux Prophe- te Mahomet. Voyez MAHOMÉTISME. Le mot a/coran eft arabe , & fignifie à la lettre Z- vre ou colleëhion, & la premiere de ces deux interpré- tations eft la meilleure ; Mahomet ayant voulu qu’on appellât fon alcoran Ze Livre par excellence, à limita- tion des Juifs & des Chrétiens, qui nomment l’ancien & lé nouveau Teftament, l’Écrieure, AWMAN, Les livres, ra BiGrua. Voyez LIVRE 6 BIBLE. Les Mufulmans appellent auf l’alcoran, PTE, alforkan, du verbe "5, pharaka, divifer ou diftinguer, foit parce que ce livre marque la diftinétion entre ce qui eft vrai ou faux, licite ou illicite, foit parce qu’il contient des divifions ou chapitres, ce qui eft encore une imitation des Hébreux, qui donnent à différens livres le même nom de EYE, perakim , c’eft-à-dire, titres ou chapitres, comme MMDNNPNE, chapitres des Peres. MO'INVP1D, chapitres du R. Eliezer : enfin ils nomment encore leur alcoran alzeehr , avertiflement ou fouvenir, pour marquer que c’eft un moyen d’en- tretenir les efprits des Croyans dans la connoïffance de la loi, & de les y rappeller. Dans toutes les fauf- {es religions, le menfonge a affeété de fe donner les traits de la vérité, L'opinion commune parmi nous fur l’origine de l’alcoran, eft que Mahomet le compofa avec le fe- cours de Batyras hérétique Jacobite, de Sergius Moiï- ne Neftorien, & de quelques Juifs. M. d’'Herbelot, dans fa Bibliotheque orientale, conjeéture qu'après que les héréfies de Neftorius & d’Eutychès eurent été condamnées par des Conciles œcuméniques, plu- fieurs Evêques, Prêtres, Religieux & autres, s’étant retirés dans les deferts de l’Arabie & de l'Egypte, fournirent à cet impoñteur des paflages défigurés de l'Écriture-Sainte, & des dogmes mal conçus & mal réfléchis, qui s’altererent encore en pañfant par fon imagination: ce qu'il eft aifé de reconnoître par les dogmes de ces anciens hérétiques , difper{ès dans la/- coran, Les Juifs répandus dans l'Arabie n’y contri- buerent pas moins ; aufli fe vantent-ils que douze de leuts principaux Doëteurs en ont été les auteurs. Quoiqu'on n'ait pas de certitude entiere fur le pre- mier de ces fentimens , il paroït néanmoins plus pro- bable que le fecond; car comme il s’agifloit en don- nant l’a/coran de tromper tout un peuple, le fecret & le filence, quelque grofliers que püflent être les Arabes, métoient-ils pas les voies les plus füres pour accrédi- ter la fraude ? & n’étoit-il pas à craindre que dans la multitude , il ne fe rencontrât quelques efprits aflez éclairés pour ne regarder pas comme infpiré un ou- vrage auquel tant de mains'auroient eu part ? Mais les Mufulmans croyent comme un article de foi, que leur Prophete, qu'ils difent avoir été un homme fimple & fans lettres, n’a rien mis du fien dans ce livre, qu'ill’a reçû de Dieu par le mi- ruftere de l’Ange Gabriel, écrit fur un parchemin fait de la peau du bélier qu'Abraham immola à la place de fon fils Ifaac, & qu'il ne lui fut communi- qué que fucceflivement verlet à verfet en différens tems & en différens lieux pendant le cours de 23 ans. C’eft à la faveur de ces interruptions qu'ils pré- tendent juftifier la confufon qui regne dans tout l'ouvrage, confufon qu'il eft f impofññble d’éclair- cir, que leurs plus habiles Doéteurs y ont travaillé vainement ; car Mahomet, ou fi l’on veut fon co- pifte , ayant ramaflé pêle-mêle toutes ces prétendues révélations, il n’a plus été poffible de retrouver dans quel ordre elles ont été envoyées du Ciel. Ces vingt-trois ans que l’Ange a employées à ap- potter l’a/coran à Mahomet, font, comme on voit, une merveilleufe reffource pour fes feétateurs : par- là ils fauvent une infinité de contradiétions palpa- bles qui fe rencontrent dans leur loi. [ls les rejettent pieufement fur Dieu même, & difent que pendant ce long efpace de tems il corrigea & réforma plu= fieurs des dogmes & des préceptes qu’il avoit pré- cédemment envoyés à fon Prophete. Quant à ce que contient la/coran, ce que nous en allons dire avec ce qu’on trouvera au mot MAxo- METISME., fra pour donner une idée jufte & com- plete de la Religion Mahométane. On peut rapporter en général toute fa doétrine aux points hiftoriques & dogmatiques : les premiers avec quelques traces de vérité, font mêlés d’une infinité de fables & d’abfutdités : par exemple, on y lit qu’a- près le châtiment de la premiere poftérité des enfans d'Adam, qu’on y nomme Ze plus ancien des Prophetes, Noé avoit réparé ce que les premiers avoïient perdu; qu'Abraham avoit fuccédé à ce fecond, Jofeph au troifieme ; qu'un miracle avoit produit & confervé Moyie; qu’enfin Saint Jean étoit venu prêcher l’E« vangile; que Jefus-Chrift, conçu fans corruption dans le fein d’une Vierge , exemte des tentations du demon, créé du foufle de Dieu, & animé de fon Saint Efprit, étoit venu létablir, & que Mahomet l’avoit confirmé. En donnant ces éloges au Sauveur du Monde, que ce livre appelle Ze verbe, la vertu , l'ame & la force de Dieu, il nie pourtant fa génération éternelle & fa divinité , & mêle des fables extrava- gantes aux vérités faintes de notre Religion ; & rien n’eft plus ordinaire que d’y trouver à côté d’une cho- {e {enfée les imaginations les plus ridicules. Quant au dogme, les peines & les récompenfes de la vie future étant un motif très-puiffant pour ani- mer ou retenir les hommes, & Mahomet ayant af- faire à un peuple fort adonné aux plaifirs des fens, il a cru devoir borner la félicité éternelle à une faaili- té fans bornes de contenter leurs defirs à cet égard; &t les châtimens , principalement à la privation de ces plaifirs, accompagnée pourtant de quelques châ timens terribles, moins par leur durée que par leur rigueur. En conféquence il enfeigne dans l’alcoran qu'il y a fept Paradis ; & le livre d’Azar ajoûte que Maho- met les vit tous, monté fur l’alborak, animal de tail- le moyenne, entre celle de l’âne & celle du mulet. Que le premier eft d'argent fin, le fecond d’or, le troifieme de pierres précieufes, où fe trouve un An- ge d’une main duquel à l’autre il y a foixante & dix mille journées, avec un livre qu’il ht toujours: le quatrieme eft d’'émeraudes ; le cinquieme de cryftal ; le fixieme de couleur de feu: & le feptieme eft un jardin délicieux arrofé de fontaines & de rivieres de lait, de miel & de vin, avec divers arbres toñjours verds , dont les pepins fe changent en des filles fibel- les & fi douces, que fi l’une d’elles avoit craché dans la mer, l’eau n’en auroit plus d’amertume. Il ajoûte que ce Paradis eft gardé par des Anges, dont les uns ont la tête d’une vache, qui porte des cornes, lef À D G quelles oft quarante mille nœuds, & comprennent quarante journées de chemin d’un nœud à lautre. Les autres Anges ont 70000 bouches, chaque bou- che 70000 langues, & chaque langue loue Dieu 6000 fois le jour en 70000 fortes d’idiomes diffé- rens. Devant le throne de Dieu font quatorze cierges allumés qui contiennent cinquante journées de che- min d’un bout à l’autre. Tous les appartemens de ces Cieux imaginaires feront ornés de ce qu’on peut con- cevoir de plus brillant; les Croyans y feront fervis des mets les plus rares & les plus délicieux, 8x épou- feront dès Houris ou jeunes filles, qui, malgré le com- merce continuel que les Mufulmans auront avec el- les, feront toijours vierges. Par où l’on voit que Ma- homet fait confifter toute la béatitude de fes prédef- tinés dans les voluptés des fens. L'Enfer conffte dans des peines qui finiront un jour par la bonté de Mahomet, qui lavera les téprou- vés dans une fontaine, & les admettra à un feftin compoié des reftes de celui qu'il aura fait aux Bien- heureux. Il admet auffi un Jugement après la mort, & une efpece de Purgatoire ; c’eft-à-dire, des peines dans le tombeau & dans le fein de la terre pour les corps de ceux qui n'auront pas parfaitement accom- ph fa loi. Foyez MunkiR 6 NEKIR. Les deux points fondamentaux de l’a/coran fuffi- voient pour en démontrer la faufleté : le premier eft la prédeftination, qui confifte à croire que tout ce qui arrive eft tellement déterminé dans les idées éternelles, que rien n’eft capable d’en empêcher les effets; & l’on fait à quel point les Mufulmans font infatués de cette opimon. Le fecond eft que la Re- ligion Mahométane doit être établie fans miracle , fans difpute, fans contradiétion, de forte que tous ceux qui y répugnent doivent être mis à mort; & que les Mufuimans qui tuent ces incrédules, méri- tent le Paradis : aufñ l’hiftoire fait-elle foi qu’elle s’eft encore moins établie & répandue par la féduétion , que par la violence & la force des armes. | Il eft bon d’obferver que lalcoran, tant que ve- cut Mahomet , ne fut confervé que fur des feuilles volantes; & que ce fut Aboubekre {on fucceffeur, qui le premier fit de ces feuilles volantes un volu- me, dont il confia la garde à Hapsha ou Aïcha, veu- vede Mahomet, comme l'original auquel on püt avoir recours en cas de difpute ; & comme il y avoit déja un nombre infini de copies de la/coran répan- dues dans l’Afe, Othman fuccefleur d’Aboubekre, en fit faire plufieurs conformes à l'original qui étoit entre les mains d’Hapsha, & fupprima toutes les au- tres. Quelques Auteurs prétendent que Mohavia Ca- life de Babylone, ayant fait recueillir les différentes copies de lalcoran, confia à fix Doéteurs des plus habiles le foin de recueillir tout ce qui étoit vérita- blement du fondateur de la Seéte , &r fit jetter Le refte dans la riviere. Mais malgré l’attention de ces Doc- teurs à établir un feul 8 même fondement de leur doërine , ils devinrent néanmoins les chefs de qua- tre Sectes différentes. La premiere & la plus fuper- ftitieufe , eft celle du Doéteur Melik, fuivie par les Maures:& par les Arabes. La feconde, qu’on nom- me l’Imeniane, conforme à la tradition d’Alr, eft fui- vie par les Perfans. Les Turcs ont embraflé celle d’O- mar, qui eft la plus libre; & celle d'Odman, qu'on regarde comme la plus fimple, eft adoptée par les Tartares; quoique tous s’accordent à regarder Ma- homet comme le plus grand des Prophetes. Les principales différences qui foient furvenues aux copies faites poftérieurement à celle d’Abou- bekre, confiitent en des points qui n’étoient pas en ufage du tems de Mahomet, & qui y ont été ajoû- tés par les Commentateurs, pour fixer & détermi- ner la véritable leçon, & cela à l’exemple des Maf- foretes , qui ont aufh nus de pareils points au texte Tome I, Hébreu de Péeriture. Voyez PoINT. | Tout la/coran eft divifé en furas ou chapitres, & les furas font foufdivifées en petits verfets mal cou- fus & fans fuite, qui reffemblent plus à de la profe qu’à de la poëfie. La divifon de l’alcoran en fwras eft moderne ; le nombre en eft fixé à foixante. La plüpart de ces /zras ou chapitres ont des titres ridi- cules, comme de Zz vache, des fourmis , des mouches , & ne traitent nullement dé ce que leurs titres ana noncent. | | | Il y à fept principales éditions dé l’x/coran ; deux : à Medine, une à la Mecque, la quatrieme à Coufa, une à Balora, une en Syrie , & l'édition commune. La premiere contient 6000 vers ou lignes ; Les autres en contiennent 200 ou 236 de plus : mais pour le nombre des mots ou des lettres, il eft le même dans toutes : celui des mots eft de 77639; & celui des lettres de 323015. | Le nombre des Commentaires de l’a/coran eft fi immenfe , que des titres feuls raffemblés on en pour roit faire un très-oros volume. Ben Ofchair en a écrit lhiftoire intitulée, Tarikh Ben Ofthair. Ceux qui ont le plus de vogue font Ze Raïdhaori Thaalebi , le Zas malch fchari , & le Bacai. Outre Palcoran , dont les Mañiométans font la bafe de leur croyance ils ont un livre de traditions ap- pellé la Sonna. Voyez SONNA, TRADITION ; MA HOMÉTISME. Ils ont aufli une Théologie poñitive, fondée fur lalcoran &z {ur la fonna, & une {cholafti- que fondée für la raïfon, Ils ont leurs cafuiftés & une elpece de Droit-canon, où1ls diftinguent ce qui eft de droit divin d’avec ce qui eft de droit pofitif. On a fait différentes tradudions de l’alcoran : nous en avons une en François d’André du Riel, fieur de Maillezais ; 8&c le P. Maracci, Profefleur én langüe . Arabe dans le Collège de Rome, en fit imprimer à Padoue en 1698 une Latine, à laquelle il avoit tra- vaillé 40 ans, & qui pale pour la meilleure , tant par rapport à la fidelité à rendre le texte, qu’à caufe &es notes favantes & de la réfutation complete des rêveries de l’alcoran , dont il l’a ornée. Les Mahométans ont un culte extérieur, des cé- rémomes ; des prieres publiques; des mofquées, & des miniftres pour s’acquiter des fon@ions de leur Religion , dont on trouvera les noms &c l'explication dans ce Dittionnaire fous les titres de MOSQUÉE, MuPHTI, IMAN, HATIB, SCHEIK , DERvIS , 6 autres. ALCORAN, chez les Perfans, fignifie aufli une ef pece de tour ou de clocher fort élevé , environné de deux ou trois galeriés l’une fur Pautre, d’où les Moravites, elpece de prêtres parmi eux, recitent des prieres à haute voix plufieurs fois le jour en fai- fant le tour de la galerie afin d’être entendus de tous côtés. C’eft à-peu-près la même chofe que les Mi- natets dans les Mofquées des Turcs. 7. MiNARET. ALCOVE ,f. m. ( 4rchireë, ) C’eft la partie d’une chambre où eft ordinairement placé le lit , & où 1l y a quelquefois des fiéges ; elle eft féparée du refté par une eftrade, ou par quelques colonnes où au- tres ornemens d’architeéture. Ce mot nous vient de l’'Efpagnol a/coba , lequel vient lui-même de Arabe elcauf, qui fignifie fim- plement 47 cabiner, un lieu où l’on dort , ou d’e/co- bat , qui fignifie une rente {ous laquelle on dort, en Latin zerz. On décore les a/coves de plufieurs façons. Voyez Nice. C’eft à l’Architeëte à marquer la place de l’a/cove ; c’eft au Sculpteur ou au Menuifier à exécuter, (P) 3 ALCREBIT , {.m. ( Chimie. ) inftrument de fer qui garnit une ouverture faite à la partie poftérieure du fourneau à fondre les mines; ce fourneau fe nom- me caffillan. On ne fe fervoit que de cette efpece de fourneau pour la fonte des mines en He > Avant 11} 252. ÀALD la découverte de l'Amérique. L’alcrebit fert à rece- voir le canon du foufflet ; deforte que le bout du foufflet ne déborde point dans le fourneau. ( M) ALCYON , f. m. a/cedo , nom que les Anciens ont donné à un oïfeau : mais ils n’ont pas aflez bien dé- crit cet oïfeau pour que l’on ait pà le reconnoïtre : ainfi nous ne favons pas précifément quel étoit l’a/- cyon des Anciens. Cependant les Modernes on fait l'application de ce nom. Belon l’a donné à deux ef- peces d’oifeaux que nous appellons en François zar- tin-pécheur & roujjerolle. Voyez MARTIN-PESCHEUR, ROUSSEROLLE. On trouvera dans l’Ornithologie d’AI- drovande , Liv. XX, chap. lx. tout ce que cet Au- teur a pûtirer des Anciens , parrapport à leur a/cyon. I ( M ONIUM, f. m. fubftance qui fe trouve dans la mer , & que l’on avoit mife preique juiqu’à pré- fent au rang des végétaux , &T au nombre des plantes de mer. Les Botaniftes ont diftingué plu- fieurs efpeces d’a/cyonium ; en en trouve douze dans les Infhturions de M. de Tournefort : mais comme on ne pouvoit reconnoître ni feuilles ri fleurs nt {e- mences dans aucune de ces efpeces , on ne leur a donné aucun caraétere générique. Le degré de con- fiffance , la couleur, la grandeur & la figure de ces prétendues plantes fervoient de caraéteres fpécif- ques : mais le meilleur moyen de les reconnoitre eft d’en voir les gravures dans différens Auteurs , com- me le confeille M. de Tournefo:t, On en trouve aufll des defcriptions détaillées , If. pl. Jo. Bauh. som. III. div. 39. Hift pl. Raï. tom. Î. ête. Enfin on a reconnu que ces prétendues plantes doivent être fouf- traites du regne végétal , & qu'elles appartiennent au regne animal. On eft redevable de cette décou- verte à M. Peyflonel ; il a reconnu que l’alcyorium étoit produit & formé par des infeétes de mer qu font allez reflemblans aux polypes. Cette obferva- tion a été confirmée, & elle s'étend à la plüpart des fubftances que l’on croyoit être des plantes marines. PLPLANTES MARINES, POzYp1ER. Le mot alcyonium vient d’alsyon, parce qu'on a cru que lalcyorium avoit quelque rapport avec cet oïfeau pour fon nid. En effet , il y à des a/cyonium qui font creux & fpon- ieux , & que l’on a bien.pè prendre pour des nids d'oifeaux. { 1) * ALDBOROUG, ( Géog ) ville d'Angleterre, dans le comté de Su#oik. Longic, 18, lar. 57. 40. Il y a encore une ville de même nom dans la fubdi- vifion feptentrionale de ia province d’Yorck. L, z 7. dat, 57.9: ALDEÉBARAM ox ALDEPBARAN , f.m. (4ffron.) mot Arabe, nom d’une étoile de la premiere gran- deur dans l’œil d’un des douze fignes ou conftellations du Zodiaque, appellé Ze Taureau; ce qui fait qu’on l'appelle auf très-communément le! du Taureau. Foyez TAUREAU. (0) * ALDENBOURG. Voyez ALTEMBOURG. ALDERMAN , f. m.( H\f£. mod. ) terme ufité en Angleterre, où 1l fignifie un adjoint on collepue aflo- cié au Maire ou Mapiftrat civil d’une ville ou cité , afin que la police y foït mieux adminifttée. Ÿ. CITÉ, VILLE, &c. Il y a des A/dermans dans toutes les cités &r les villes municipales , qui en compofent le confeil commun, & par Pavis defquels fe font les reglemens de police. Ils prennent aufh connoïflance en quelques occafions de matieres civiles & même criminelles : mais très- rarement. Leur nombre n’eft point le même par-tout ;ily en a plus ou moins , felon les différentes villes : mais il n’y en a nulle-part moins de fix, ou plus de vinpt-fix, C’eft de ce corps d’Aldermans qu’on tire tous les ans des Maire & échevins , qui après leur Mairie ou Echevinage retournent dans la clafle des Aldermans, D DM . dont ils étoient comme les Commifaires, 7 dyez MAIRE. su. : Les vingt-fix A{dermans de Londres font fupérieurs aux trente-fix Quartemers. Voyez: QUARTENIER... ; Quandun des A/dermans vient à mourir, les Quar- terers en préfentent deux , entre lefquels le Lord Maire & les Æ/dermans en choïfiffent un. Tous les A/dermans qui ont été Lords Maires, & les trois plus anciens Æ/dermans qui ne l’ont pas été, ont le brevet de Juges depaix. Il y a eu autrefois des Æ/dermans des marchands, des A/dermans de hôpital, & autres. Il eft parlé auffi dans les anciennes Archives des Anglois de P 4/der- man du Roi, qui étoit comme un Intendant ou Juge de Province envoyé par le Roï pour rendrela juftice. Il étoit joint à l’'Evêque pour connoître des délits; de forte néanmoins que la jurifdiétion du premierfe renfermoit dans les lois humaines, & celle de l’autre dans les lois divines, & qu’elles ne devoient point empièter l’une fur l’autre, Voyez SÉNATEUR. $ Les Ældermans chez les Anglois-Saxons étoient le fecond ou troifieme ordre de leur nobleffle. Foyez NoBLesse, Aufli ce mot vient-ildu Saxon a/der, an- cien, & 74n , homme, Un Auteur moderne prétend avec affez de vraiffem- blance que chez les anciens Allemands le chef de chaque famille ou tribu fe nommoit Eu/derman, non paspour fignifhier qu’it fût le plus vieux, maïs parce qu’il repréientoit l’ainé des enfans, conformément au gouvernement paternel qui étoitufité dans cette nation. Comme un village ne confiftoit ordinairement qu’en une tribu ou branche de famille, le chef de cette branche ou tribu , qui en cette qualité avoit une-{or- te de jurifdiction furle village, s’appelloit l’Ex/der- man du village. un Thomas Elienfis, dans la vie de S. Ethelred , rend Aläerman par Princeou Comte: Egelwinus , qui cogno- rminatus ef? Alderman , quod intelligitur Princeps five Comes. Matthieu Paris rend le mot d’Æ/derman par Jufticier, Jufliciarins ; & Spelman obferve que ce fu rent les Roïs de la Maifondes Ducs de Normandie qui fubftituerent le mot de Jufhicier à celui d’Alderman. Atheling figmifioit un noble de la premiere claffe ; Aiderman , un noble de la feconde; &t Thane, un fim- ple gentilhomme. Voyez ATHELING 6 T'HANE. Alderman étoitla même chofe que ce que nous ap- pellons Comte ; & ce fut après le regne d’Athelitane qu'on commença à dire Comte, au lieu d’A/derman, Voyez COMTE. Alderman, dès le tems du Roi Edgar, s’employoit aufli pour fignifier un Juge ou un Jufhcier, Voyez Jv- GE 6 JUSTICIER. | Cet dans ce fens qu’Alvin , fils d’Athelftane , eff appellé Æ/dermanus totius Anglie ; ce que Spelman rend par capitalis Juffciarius Anglie. (G ) * ALEA , farnom de Minerve : il lui fut donné par Aleus Roi d’Arcadie, qui lui bâtit un temple dans la ville de Tegée, capitale de fonroyaume. On con+ fervoit dans ce temple la peau &c les défenfes du fanghier Calydon; & Augufte en enleva la Minerve Alea, pour punir les Arcadiens d’avoir fuivi le part# d'Antoine. ; ALECHARITH, £ m. ( Chim. ) il y en a qui fe fervent de ce nom pour fignifier Ze mercure, . MEr- CURE , VIF-ARGENT. (M) | *ALECTO), f. f. une des trois Furies ; T'ifiphone 8 Mevgere font fes {œurs. Elles font filles de l'Acheron ér de la Nuit. Son nom répond à celui de l Envie, Quelle origine & quelle peinture de Pezvie ! Il mefemble que pour les peuples & pourles enfans qu’ilfaut prendre par l'imagination , cela eft plus frappant que de fe borner à repréfenter cette paflion comme un grand mal, Dire que l'envie eft un mal, c’eft prefque ne faire énténdre autre chofe , finon que l’envieux ref- femble à un autrehomme : mais queleft l’envieux qui n'ait horreur de lui-même, quand il entendra dire que l’Envie efl une des trois Furies, & qu’elle eff fille de l'Enfer & de la Nuit? Cette partie emblématique de la Théologie du Paganifme n’étoit pas tojours fans quelqu’avantage ; elle ctoit toute de l'invention des Poëtes ; & quoi de plus capable de rendre aux autres hommes la vertu aimable & le vice odieux, que les peintures charmantes ou terribles de ces ima- ginations fortes ? | ALECTORIENNE, PIERRE ALECTORIENNE, PIERRE DE COQ, gemma aleëloria , pierre qui fe forme dans l’eftomac & dans le foie des cogs & même des chapons. Celles qui fe trouvent dans le foie font les plus grofles, & il y en a eu une qui avoit jufqu’à un pouce & demi de longueur, & qui ctoit de figure irréguliere, & de couleur mêlée de brun & de blanc. Celles de l’eftomac font pour la plüpart aflez femblables aux femences de lupin pour la figure, & à une féve pour la grandeur ; leur cou- leur eft cendtée, blanchâtre, où brune claire ; il y en a qui refiemblent à du cryftal, mais elles font plus obfcures, & elles ont des filets de couleur rou- geûtre. Foyez Agricola, de natura foffuium, Lib. VI. PART CR) one À hs ALECTRYOMANCIE, f. f. Divinarion, qui fe failoit par le moyen d’un coq. Voyez DIVINATION. Ce mot eft Grec, compoié d’aéxeyrplor, ur cog , & de paavrelaæ , divination. Cet art ctoit en ufage chez les Grecs, qui le pra- tiquoient ainfi: on traçoit un cercle fur la terre, & on le partageoït enfuite en vingt-quatre portions ou efpaces égaux, dans chacun defquels on figuroit une des lettres de l’alphabet, & fur chaque lettre on met- toit un grain d'orge ou de blé. Cela fait, on plaçoit au milieu du cercle un coq fait à ce manège, on ob- fervoit foigneufement les lettres de deffus lefquelles il enlevoit les grains, & de ces lettres raffemblées on faifoit un mot qui formoit la réponfe à ce qu'on vouloit favoir. Ce fut ainf que quelques devins nommés Fiduf- sinus, Jrenée, Bergamius, & Hilaire, felon Ammien Marcellin, auxquels Zonaras ajoûte Libanius & Jam- blique, chercherent quel devoit être le fuccefleur de l'Empereur Valens. Le coq ayant enlevé les grains qui étoient fur les lettres ©, E, 0, A. ils en conclu- tent que ce feroit Theodore : mais ce fut Theodofe , qui feul échappa aux recherches de Valens ; car ce Prince, informé de l’a@ion de ces devins , fit tuer tous ceux dont les noms commençoient par ces qua- tre premieres lettres, comme Theodofe, Theodore , Theodat, Theodule , &c. aufi-bien que les devins. Hilaire , un de ces derniers, confefla dans fon inter- rogatoire, rapporté par Zonaras & cité par Delrio, qu'ils avoient , à la vérité, recherché quel feroit le fuccefleur de Valens, non par l’aleétryomancie , maïs par la nécyomancie, autre efpece de divina- tion , où l’on employoit un anneau & un bafin, F.Necyomancie. Voyez auffi Delrio, Difquifit magic. Lib, IV. cap. 2. quaft. VII. feë. tj. pag. 504 6 565. (G) ALÉES, a. p.f. ( Hiff. anc. ) fêtes qu’on célébroit en Arcadie en l’honneur de Minerve 4/ea, ainfñ fur- nommée par Aleus , Roi de cette partie de la Grece. * ALEGRANIA , ( Géog. ) Voyez ALLEGRANIA. * ALEGRE , ( Géog. ) Voyez ALLEGRE. * ALEGRETTE, ( Géog. ) ville de Portugal dans ’Alentéjo, fur la riviere Caïa & les confins de Port- _ Aleore. Loz. 11.10. lat. 39. 6. ÂLEIRON oz ALERON , f. m. piece du métier d’éroffe en foie. L’aleiron eft un liteau d'environ un pouce de large & un peu plus , fur un demi-pouce d'épaifleur , &c deux piésou environ de longueur, Il ALE 255 eftpercé dans le milieu : on enfile des 4/eirons dans lé carete , plus ow moins, felon le genre d’étoffé qu'on a à travailler. Au moyen des: cordes ou ficelles qui pañlent dans chaque trou pratiqué aux deux extrémi= tés de Pa/erron , & dont les unes répondent auxlif: fes,& les autres aux calquerons;ontfait haufler &rre- lever les lifies à diferétion, L’afeiron dans les bons métiers ne doit pas être coché àfes extrémités, mais percé. Si on pañoit les cordes autour des aléirons ; elles pourroient frotter les unes contre les autres’; &t gêner le renvoi des lifles. Foyez foierie, fig. 2: Pl VIIL, F, auf PI, I. fig. r. 4. Voyez VELOURS cifele. ALEMBROTE, . m. ( Chim. ) eft un mot Chal: déen dont fe fervent les Aichinuftes pour figmifier clé de l'art, c'eft-à-dire, de l’art chimique. Cette clé fait entrer le Chimifte dans la tranfmutation , &elle ouvre les corps de forte qu’ils font propres à former la pierre philofophale, Qui fait ou qui fauroit quelle eft cette clé, fauroit le grand œuvre. I ÿ en-a Qui diient que cette clé eft le {el du mercure. Alembroth fignife aufli un fl fondant ; & parce que les {els les plus fondans font les alkalis , fem broth eit un el aikali qui fert à la fufon des métaux, Dans ce iens a/embroth a été employé pour fignifier un iel alkali naturel qui fe trouve en Chypre; &il y æ apparence que ce {el eft une efpece de borax, où qu'on en pourroit faire du borax. .BorAx.(M) ALEMDAR , 4. m. (Æiff. mod. ) Officier de la Cour du Grand Seigneur. C’eft celui qui porte l’en: feigne ou étendart verd de Mahomet lorfque le Sul: tan fe montre en‘public dans quelque folemnite. Ce mot eit compoié d'alem , qui fgnihe éendert , & de dar, avoir ; tenir. Ricaut, de /'Emp. Or. (G) ALENCÇON , (Géog.) ville de France dans la bañle Normandie fur la Sarte , grofie par la Briante. Loz. 17. 45. lat 48. 25, Le commerce de La Généralité d’Æ/ençon mérite d’être connu. On fait à 4/erçon des toiles de ce nom: au Pont-audemer & à Bernay, les blancards , qui font des toiles de lin; à Bernay, à Lizieux , à Brion- ne , les'brionnes ; à Lizieux, les cretonnes, dont la chaine eft chanvre, & la trame eït lin ; à Domifront êc Vimoutiers , de grofles toiles ; les points de Fran- ce , appellés velin , à Alençon ; les frocs à Lizieux, à Orbec , à Bernay , à Férvaques, &c à Tardotet ; des ferses , des étamines, des crêpons , à Alençon ; des petites ferges à Seez ; des ferges croifées & des dro- guets à Verneuil ; des étamines de laine , de laine & foie , &c des droguets de fil & laine , à Sonance & à Nosent-le-Rotrou ; des ferses fortes &c des tremic- res à Efcouche ; des ferges , des étamines, & des laineries à Laigle , où l’on fabrique auffi des épin- oles, de même qu’à Conches. Il y a à Conchesquin- caillerie & dinandrie ; tanneries à Argentan , Vi- moutiers, Conches, & Verneuil ; fabrique de fa- bots, de bois quarrés , de planches & mairaïin ; en- grais de volailles, œufs & beurre ; falpêtre d’Argen- tan ; verreries & forges, verreries à Nonant, à Tor- tiflambert & à Thimarais ; forges à Chanfeprai, Varennes, Carouges , Rannes , Conches, & la Bon- ne-ville ; mines abondantes dans le pays d’'Houlme, & aux environs de Domfront ; chevaux dans les her- bages d’Auge , & beftiaux à l’engrais. ALENÉE, £ f. c’eft un outil d'acier dont fe fer- vent les Selliers, Bourreliers, Cordonniers, & autres ouvriers qui travaillent le cuir épais , & dui le cou- fent. L’alene a la pointe très-fine & acerée , & va toijours en groffiflant jufqu’à la foie, ou à l'endroit par où elle eft enfoncée dans un manche de bois, On a foin de fabriquer toûjours les aleres courbées en arc, afin de les rendre plus commodes pour tra- vailler , & moins fujettes à blefler l’ouvrier qui s’en fert. Ce font les Maîtres Epingliers & Aiguilliers,, qui 254 À LE Font & vendent les a/ezes : aufli les appelle-t-on quél: quefois A/eniers. _ Il y a des a/enes de plufeurs fortes : les alenes à j0indre » font celles dont les Cordonniers fe fervent pour coudre les empeignes avec les cartiers ; la/ene à premiere femelle eft plus grofle que celle à join- dre; & l’alene à dérniere femelle, encore davanta- ge. Voyez Les figures de fix fortes d’alenes , fig. 22. & Juivantes du Cordonnier-Bottier, Ces alenes des Cor- donniers font des efpeces de poinçons d’acier très- aigus, polis, & courbés de différentes manieres, fe- lon le befoin. Ils font montés fur un manche de buis. Voyez la fig. 3.7. qui repréfente une alene montée. On tient cet outil de la main droite, & on perce avec le fer des trous dans les cuirs pour y pañfer les fils qu'on veut joindre enfemble. Ces fils font armés de foie de cochon , quileur fert de pointe : ils font au nombre de deux , que l’on pañfe dans le même trou , l’un d’un fens , & lautre de l’autre. On ferre le point en tirant des deux mains ; favoir de la main gauche , après avoir tourné le: fil un tour ou -deux fur un cuir qui environne la main, & qu’on appelle manicle. Voyez MANICLE. Son ufage eft de garantir la main de limpreffion du fil : de la main droite on entortille Pautre fil deux ou trois fois autour du co- let du manche de l’alene; ce qui donne le moyen de les tirer tous deux fortement. * ALENTAKIE ( Géog. ) Province de lEfthonie, fur le Golfe de Finlande. . * ALENTÉJO, ( Géog. ) Province de Portugal, fituée entre le Tage & la Guadiana. ALEOPHANGINES , adj. ( ez Pharmacie. ) Ce font des pilules qu’on prépare de la maniere fuivante. Prenez de la canelle, des clous de girofle, des petites cardamomes , de la mufcade , de la fleur de mufcade, du calamus aromatique , carpobalfamum, ou fruit de baume, du jonc odorant, du fantal jau- ne , dugalanga, des feuilles de rofes rouges, une demi-once de chaque. Réduifez le tout grolffiere- ment en poudre ; tirez-en une teinture avec de l’ef- prit-de-vin dansun vaifleau de terre bien ferme ; vous difloudrez danstrois pintes de cette teinture du meil- leur aloès une livre. Vous y ajoûterez du maftic, de la myrthe en poudre , une demi-once de chaque; du fafran, deux gros ; du baume du Pérou, un gros : vous donnerez à ce mêlange la confiftance propre pour des pilules , en faifant évaporer l'humidité fu- perflue, fur des cendres chaudes. Pharmacop.de Lon- dres. (N) * ALEP , ( Géog.) grande ville de Syrie, en Afie, {ur le ruifleau Marfgras ou Coié. Long. 35. lat. 33. 50. Le commerce d’4/ep eft le même que d’Alexan- drette, qui n’eft, à proprement parler, que le port d'Alep. Les pigeons y fervent de couriers; on les inftruit à ce voyage, en les tranfportant d’un de ces endroits dans l’autre , quand ils ont leurs petits. L’ar- deur ‘de retrouver leurs petits, les ramene d’4/ep à Alexandrette , ou d’Alexandrette à Æ44ep, en trois heures , quoiqu'il y ait vingt à vingt-cinq lieues. La défenfe d’aller autrement qu'à cheval d’Alexan- drette à A/ep , a été faite pour empêcher par les frais le Matelot de hâter la vente, d’acheter trop cher, &c de fixer ainfi le tau des marchandifes trop haut. On voit à A/ep des Marchands François, Anglois, Hollandois, Italiens, Arméniens, Turcs, Arabes, Perfans , Indiens , &c. Les marchandifes propres pour cette échelle, font les mêmes que pour Smyrne. Les retours font en foie, toile de coton , comme amanblucies , anguilis , lizales,, toiles de Beby , en Taquis , à Jamis, & indiennes, cotons en laine ou filés , noix de salle , cordotans , favons , & camelots fort eftimés. ALEPH, C'eft le nom de la premiere lettre de A LE l’älphabet Hébreu , d’où l’on a formé l'a/phe des Sÿz riens & des Grecs ; ce nom fignifie Chef, Prince, ou rnille. On trouve quelques Pfeaumes & quelques au tres ouvrages dans PÉcriture , qui commencent par aleph , & dont les autres verfets continuent parles, lettres fuivantes de l'alphabet. Il n’y a en cela aucun myftere ; mais ces pieces s’appellent acrofhiches , par- ce que tous les vers qui les compofent , commencent par une lettre de alphabet, felon l’ordre & larran- gement qu’elles tiennent entre elles dans l’ordre. grammatical. Ainfi dans le Pfeaume Beari immaculati in vid, les huït premiers vers commencent par 24ph, les huit fuivans par heck ; & ainf des autres. Dans le Pfeaume 110. Confitebor tibi, Domine , in toto corde meo , Ce Vers commence par ph; ce qui fuit, 2 concillo juflorum € congregatione | commence par beth , & ainfi de fuite, Dans les Lamentations de Jé- rémie , il y a deux chapitres , dont la premiere ftrophe feulement commence par 4/eph, la feconde par berh ; &t ainfi des autres. Le troifieme chapitre a trois verfets de fuite qui commencent par a/eph ; puis trois autres qui commencent par her, & les Hébreux ne connoïffent point d’autres vers acroftiches que ceux-là. Voyez ACROSTICHE; Les Juifs fe fervent aujourd’hui de leurs lettres ; pour marquer les chifres : 4/eph , vaut un ;4erh, deux; ghimel, trois ; & ainfi des autres. Maïs on ne voit pas qu'anciennement ces cara@teres aient eu le même ufage : pour Le refte , on peut confulter les gram- maires Hébraïques. On en a depuis peu impriméune en François à Paris chez Colombat, en faveur de ceux qui n'entendent pas le Latin : pour les Latines, elles font très-communes, On peut confulter ce que nous dirons ci-après, fous les articles de LANGUES HÉBRAIQUES, de GRAMMAIRE , de POINTS VOYEL- LES , de LETTRES , &c. (G ALERIONS, f. m. pl. £rme de Blafon, forte d’ai- glettes qui n’ont ni bec ni jambes. Voyez AIGLETTE. Ménage dérive ce mot de aguilerio , diminutif d’4- quila. I n’y a pas plus de cent ans qu’on les nomme alérions , & qu’on les repréfente les ailes étendues fans jambes & fans bec. On les appelloit auparavant fimplement, par leur nom aiglertes. L’alérion repréfenté ne paroït différent des mer- lettes , qu'en ce que celles-ci ont les ailes ferrées ; & font repréfentées comme pañlantes ; au lieu que Pa- lérion eft en pal, & a l'aile étendue ; outre que la merlette a un bec & que l’a/érion n’en a pas. Voyez MERLETTE, (F7 ALERON, {. m. (Soerie.) Voyez ALEIRON. On dit aleron dans la manufa@ture de Paris ; & l’on dit alei- ron dans celle de Lyon. * ALERTE, cri de guerre, par lequel on appelle les foldats à leur devoir. ALÉSÉ , adj. ( Hydraul. ) fe dit des parois ou cô- tés d’un tuyau qui {ont bien limés, c’eft-à-dire , dont on a abattu tout Le rude, (Æ ALÉSÉ , terme de Blafon ; 1l fe dit de toutes les pie- ces honorables, comme d’un chef, d’une fafce , d’une bande, quine touchent pas Les deux bords ou Les deux flancs de l’écu. De même, la croix ou le fautoir qui ne touchent pas les bords de leurs quatre extrémités, {ont dits aléfés, Il porte d'argent à la fafce aléfée de gueules. : L’Aubefpine , d’azur au fautoir a/éfé d’or, accom= pagné de quatre billettes de même. (7) ALÉSER , dans P Arrillerie 3 c’eft nettoyer lame d’une piece de canon , l’aggrandir pour lui donner le calibre qu’elle doit avoir. (Q ) ÂALÉSER, terme d’Horlogerie , c’eft rendre un tro circulaire fort life & poli, en y pañlant un aléfoir. Voyez ALESOIR. (T.) ALÉSOIR, {. m. ex rerme de la Fonderie des Canons, eft une machine aflez nouvellement inventée, qui ALE fert à forer les canons, & à égalifer leur furface in- térieure. | : L’aléfoir eft compofé d’une forte cage de char- pente ABCD, ( Planche de la Fonderie des Canons ) établie fur un plancher folide EE , élevé de huit ou dix piés au-deflus du fol de l’attelier. Cette cage contient deux montans à languettes FF, fortement fixés à des pieces de bois GG, qui portent par leurs extrémités fur les traverfes qui aflemblent les montans de la cage. On appelle ces montans à fan- guettes couliffes dormanres. Leurs languettes , qui 1ont des pieces de bois de quatre pouces d’équarrif- fage, clouces fur les montans , doivent fe regarder & être polées bien d’aplomb , & parallelement dans la cage ; leur longueur doit être triple, ou environ, de celle des canons qu’on y veut aléfer. Sur ces couliffes il y en a deux autres à rainure 2 2, qui s’y ajuftent exaétement. Ce font ces dernieresqui portent les moifes 3 3 3, entre lefquelles la piece de canon H fe trouve prife ; enforte que les deux cou- lffes à rainure , les moifes & la piece de canon, ne forment plus qu'une feule piece au moyen des gou- geons à clavettes ou à vis qui les umflent enfemble ; enforte que le tout peut couler entre les deux cou- Lffes dormantes par des cordages & poulies mou- flées KKKK , attachées au haut de l’a/éfoir & à la culafle de la piece de canon. Le bout des cordages va fe rouler fur un treuil L, aux deux extrémités du- quel font deux roues dentées M M du même nombre de dents. Les tourillons du treuil font pris dans des colets , pratiqués entre les montans antérieurs de la cage & des dofles 4 4 qui y font appliquées. Voyez méme Planche , fig. 2. Les deux roues dont nous venons de parler, en- grennent chacune dans une lanterne N N d’un même nombre de fufeaux. Ces lanternes font fixées fur un arbre commun P P , dont les tourillons font pris de même par des colets , formés par les deux montans de la cage & les doffes ÿ qui y font appliquées. Les parties de cèt axe qui excedentla cage , font des quar- rés fur lefquels font montées deux roues à chevil- les OO, au moyen defquelles les ouvriers font tour- ner les lanternes fixées fur le même axe, & les roues dentées qui y engrennent ; & par ce moyen, élever ou baïfler les morfes, les coulifles à rainures , & la piece de canon qui leur eft aflujettie par les corda- ges qui fe roulent fur le treuil ou axe des roues den- tées MM. Sur le fol de l’attelier , direétement au-deflous des coulifles dormantes , eft fixé un bloc de pierre Q fo- lidement maçonné dans le terre-plein. Cette pierre porte une crapaudine de fer ou de cuivre R,, qui doit répondre diretement aplomb au-deffous de la ligne parallele aux languettes des coulifles dormantes , & qui fépare l’efpace qu’elles laïflent entre-elles en deux parties égales. Nous appellerons cette ligne 4 ligne de foi de l’aléfoir.C’eft dans cette ligne qui eft à plomb, que l’axe vrai de la piece de carton, dont la bouche regarde la crapaudine , doit fe trouver; enforte que le prolongement de cet axe, qui doit être parallele aux languettes des couliffles dormantes , pañle par cette crapaudine. Toutes ces chofes ainf difpofées , & la machine bien affermie, tant par des contrevents qe par des traverfes qui uniffent les montans à la charpente du comble de lattelier, on préfente le foret à la bouche du canon, s’il a été fondu plein , pour le forer, ou s’il a été fondu avec un noyau, pour faire fortir Les matieres qui le compofent. Le foret à (fig. 3. ) ef fait en langue de carpe, c’eft-à-dire à deux bifeaux ; il eft terminé par une boïte d, dans laquelle entre la partie quarrée ? de la tige du foret, qui eft une forte barre de fer , ronde dans la partie qui doitentrer dans le canon, & terminée en pivot par fa partie inférieu- A LE 255 ré , laquelle porte fur la crapaudine R dont on à parlé. À trois ou quatre piés au-deflus de la crapaudine eft fixée fur la tige du foret, qui eft quarré en cet en- droit, une forte boîte de bois oude fer S, au-travers de laquelle paflent les leviers S'T' que des hommes ou des chevaux font tourner. Au moyende ce mouve- ment &c de la preffion de la piece de canon fur la poin- te du foret, on vient à-bout de la percer aufli avant que l’on fouhaite. Les parties que le foret détache, & qu'on appelle aléfures, font reçhes dans une auge V pofée fur la boîte des leviers, ou fufpendue À fa partie inférieure des couliffes dormantes, Lorfque la piece eft forée aflez avant, ce qué l’on connoît lorfque la bouche du canon eft arrivée À une marque faite {ur la tige du foret , à une diftance con- venable de fa pointe , on l’éleve au moyen du rouagé expliqué ci-devant , jufqu'à ce que le foret foit forti de la piece. On démonte enfuite le foret de deffus fa tige, & on y fubifitue un /é/oir ou équarrifloir à qua- tre couteaux. L’a/e/oir repréfenté, figure 3. eft une boîte de cuivre D de forme cylindrique , au milieu de laquelle eft un trou quarré , capable de recevoir la partie quarrée &c un peu pyramidale B de la tige fur laquelle précédemment le foret étoit monté.Cette boîte a quatre rainures en queue d’aronde , paralle- les à fon axe, & dans lefquelles on fait entrer quatre couteaux d’acier trempé. Ces couteaux font des bar- res d'acier C en queue d’aronde, pour remplir les rainures de la boite. Ils entrent en coin par la partie fupérieure , pour qu'ils né puiflent fortir de cette boîte , quoique la piece de canon les poufle en em- bas de toute fa pefanteur. Les couteaux doivent ex- céder de deux lignes, ou environ, la furface de la boîte , & un peu moins par le haut que parle bas, pour que l’aléjoir entre facilement dans la piece de canon, dont on accroit l’ame avec cet outil, en fai- fant tourner la tige qui le porte comme on a fait pour forer la piece. j Apres que cet aléfoir a pañlé dans la piece , on en fait pafler un autre de cinq couteaux , & on finit par un de fix, où les furfaces tranchantes des couteaux font paralleles à Paxe de la boîte, & feulement un peu arrondies par le haut pour en faciliter l’entrée, Cet aléfoir efface toutes les inégalités que les autres peuvent avoir laifiées , & donne à l’ame du canon la forme parfaitement cylindrique & polie qu’elle doit avoir. Le canon ainfi aléfé, eft renvoyé à l’attelier des Cizeleurs où on l’acheve & repare. On y perce aufñ la lumiere; & il en fort pour être monté fur fon af- fut. Il eft alors en état de fervir, après néanmoins qu'il a été éprouvé. Voyez CANON. | On a pris le parti de fondre les canons folides, & de les forer & aléfer à l’aide de cette machine j'parce qu’on eft für par ce moyen de n’avoir ni foufllures ; ni chambres ; inconvéniens auxquels on eft plus ex- pofé en les fondant creux par le moyen d’un noyau. Le premier 4/éfoir a été conftruit à Strasbourg. On en fit long-tems un fecret, & on ne le montroit point. Il y en a maintenant un à l’arfenal de Paris que tout le monde peut voir. Un feul a/éfoir fufit pour trois four- neaux ; cette machine agiMant avec aflez de prompti- tude , elle peut forer autant de canons qu’on en peut fondre en une année dans un attelier. ALÉSOIR, outil d'Horlogerie , efpece de broche d'acier trempé. Pour qu'un a/éfoir foit bien fait , il faut qu'il foit bien rond & bien poli, & un peu en pointe. Il fert à rendre les trous durs, polis & bien ronds. Ces fortes d'outils font enmanchés comme une lime dans un petit manche de bc1s, garni d’une virole de cuivre. Leur ufage eft de polir intérieure ment & d'accroître un peu les trous ronds dans lef 256 ÀADE quels on les fait tourner à force. Voyez fig. 3.9. PI. XIV, d'Horlogerie. (T) ALEÉSOIR , ex rerme de Doreur, eft une autre efpece de foret qui fe monte fur un fut de vilebrequin. On s’en fert pour équarrir les trous d’une piece. Voyez la fig. 21. PL du Doreur. * ALÉSONNE , ville de France en Languedoc, inéralité de Touloufe , diocefe de Lavaur. * ALESSANA, petite ville du Royaume de Na- ples dans la province d’Otrante, Longit. 36. tant. A0, * ALESSIS ( Géog. ) ville d’Albanie dans la Tur- quie Européenne , proche l’embouchure du Drin. Long. 37. 15. lat. 41. 48. ALESURE,, f. f. Les Fondeurs de canons appellent _ ainf le métal qui provient des pieces qu’on alefe. Voyez ALÉSER 6 ALÉSOIR, _ALETES, f. f. pl. ( Archiret. ) de l'Italien a/erta , petite aile ou côté , s'entend du parement extérieur d’un pié-droit : mais la véritable figmification d’a- letes s'entend de l’avant-corps que lon affeûe fur un pié-droit pour former une niche quarrée , lorf- que l’on craint que le pié-droit fans ce reflaut, ne devienne trop maflif ou trop pefant en rapport avec le diametre de la colonne.ou pilaftre. Voyez Pré- DROIT. (P) ALÉTIDES , adj. pris fubft. ( Æiff. anc. ) facrifi- ces folemnels que les Athéniens faïoient aux mänes d’Erigone , par ordre de l’oracle d’Apollon. ALEUROMANCIE , ff. ( Divinar. ) divination dans laquelle on fe fervoit de farine, foit d’orge, {pit d’autres grains ; ce mot eft Grec & formé d’areu- por, farine, & de pavrtia , divination. | On fait que l’aleuromancie étoit en ufage dans le Paganifme , qu’elle s’eft même introduite paru Les Chrétiens , comme en fait foi cette remarque de Théodore Balfamon , fur le fixieme Concile général. Mulieres quædam , cum ordeo ea, que ab aliis 19noran- ur enunciant ; quæ ....ecclefiis 6 fanchis imaginibus affidentes | & fe ex tis futura difcere prædicantes , non Jecus ac Pythoniffe futura predicant : mais on ignore de quelle maniere on difpofoit cette farine pour en tirer des préfages. Delrio Difquifir. magic. Lib. IF. cap. 2. Quaft. VII. feët. 17, pag. 453. (G) * ALEXANDRETTE ( Géog. ) ville de Syrie en Afie , à l'extrémité de la mer méditerranée , à l’em- bouchure d’un petit ruiffeau appellé Be/um ou Sol- drat, fur le golfe d'Ajazze. Lar, 364, 35. 10". long. $4. Voyez AÂLEP. *ALEX ANDRIE oz SCANDERIA, ville d'Egyp- te, à l’une des embouchures occidentales du Nil, près de la mer Méditerranée. Long. 474, 56. 30". lat. 1307. _ Il y a en Pologne une petite ville de ce nom. Voyez ÂLEXANDROW. * ALEXANDRIE DE LA PAILLE, ville d'Ita- lie dans l’Alexandrin , au Duché de Milan, fur le TFanato. Long. 26. 15. lat. 44. 53. * ALEXANDRIN ( L° ) quartier d'Italie dans le Duché de Milan, autour d'Alexandrie, qui lui donne le nom d’Æ/exandrin. *ALEXANDRIN ; épitéthe qui défigne dans la Poë- fie françoife la forte de vers affe@ée depuis long- tems ,-&. vraiflemblablement pour toûjours, aux grandes & longues compofitions , telles que le poë- me épique & la tragédie , fans être toutefois exclue des ouvrages de moindre haleine. Le vers 4Zexan- drin eft divifé par un ee en deux parties qu’on ap- pelle hémifliches. Dans le vers alexandrin , mafculin ou féminin , le premier hémftiche n’a jamais que fix fyllabes qui fe comptent : je dis qui {e comptent, ALE . parce que s’il arrive que cet hémiftiche ait fept fyl-. labes , fa derniere finira par un e muet, & la pre- miere du fecond hémiftiche commencera par une * voyelle ou par une z non afpirée , à la rencontre de. laquelle le muet s’élidant , le premier hémiftiche fera réduit à fix fyllabes. Dans le vers alexandrin mafculin, le fecond hémiftiche n’a non plus que fix fyllabes qui fe comptent , dont, la derniere ne peut être une fyllabe muette. Dans le vers alexandrin féminin, le fecond hémiftiche a fept fyllables dont la derniere eft toüjours une fyllabe muette. Voyez RIME MASCULINE , RIME FÉMININE , HÉMISTI- CHE. Le nombre & la gravité forment le carattere de ce vers ; c'eft pourquoi je le trouve trop éloigné du ton de la converfation ordinaire pour etre em- ployé dans la comédie. Le vers alexandrin françois répond au vers hexametre latin, & notre vers ma- rotique ou de dix fyllables , au vers iambique latin. IL faudroit donc faire en françois de notre a/exan- drin & de notre marotique l’ufage que les Latins ont fait de leur héxametre & de leur iambique. Une loi commune à tout vers partagé en deux hémiftiches , & principalement au vers alexandrin,c’eft que le pre- mier hémiftiche ne rime point avec le fecond m avec aucun des deux du vers qui précede ou qui fuit. On dit que notre vers ælexandrin a été ainfi nommé ou d’un Poëme françois de la vie d'Alexandre compofé dans cette mefure par Alexandre de Paris, Lambert Licor , Jean le Nivelois, & autres anciens Poëtes, ou d’un Poëme latin intitulé lÆZexandriade | &c tra- duit par les deux premiers de ces Poëtes , en grands vers, en vers alexandrins , en vers héroïques ; car toutes ces dénominations font fynonymes , &c défi- gnent indiftinétement la forte de vers que nous ve- nons de définir. ALEXANDROVW , petite ville de Pologne , dans la Wolhinie, fur la riviere de Horin. ALEXIPHARMAQUES , adj. pris fubft. ( Mede- cine, ) Ce terme vient d’éxcËo , repoufer , & de çxp- maxor qui veut dire proprement po/o7. Ainfi les a/exz- pharmaques, felon cette étymologie, font des remedes dont la vertu principale eft de repouffer ou de pré- venir les mauvais effets des poifons pris intérieure- ment. C’eft ainf que l’on penfoit autrefois fur la na- ture des a/exipharmaques ; mais les Modernes font d’un autre avis. Ils difent que les efprits animaux {ont af- fettés d’une efpece de poifon dans les maladies ai- uës, & ils attribuent aux a/exipharmaques la vertu d’expulfer-par les ouvertures de la peau ce poifon imaginaire. Cette nouvelle idée qui a confondu les fudorifiques avec les a/exipharmaques, a eu de ficheu- {es influences dans la pratique ; elle a fait périr des nullhons de malades. Les alexipharmaques {ont desremedes altérans, cor- diaux, qui n’agiflent qu’en fimulant & irritant les fibres nerveufes & vaiculeufes. Cet effet doit pro- duire une augmentation dans la circulation & une raréfa@ion dans le fang. Le fang doit être plus broyé, plus atténué, plus divifé, parce que le mouvement inteftin des humeurs devient plus rapide : maïs la cha- leur augmente dans le rapport de l’effervefcence des humeurs ; alors les fibres fimulées, irritées , agiflant avec une plus grande force contraétive , les aétions toniques ,mufculaires & élaftiques font plus énersi- ques. Les vaifleaux fouettent le fang & l’expriment avec plus de vigueur : la force trufive & compref- five du cœur augmente, celle des vaifleaux y corref pond ; & les refiftances devenant plus grandes par la pléthore préfuppofée ou par la raréfaétion qui eft l'effet de ces mouvemens angmentés, il doit fe faire un mouvement de rotation dans les molécules des humeurs , qui étant pouflées de la circonférence au centre, du centre à la circonférence, font fans cefñle battues contre les parois des vaiffeaux, de ces pa- rois ALE rois à la bafe, & de la bafe à la pointe de l’axe de ces mêmes canaux ; la force fyftaltique du genre va£ culeux augmente donc dans toute l’étendue ; les pa- rois fortement diftendues dans le tems de la fyftole du.cœur réagiflent contre le fang, qui lesécarte au moment de la diaftole ; leur reflort tend à les rap- procher. &c fon aétion ef égale à la diflenfion qui a précède. À UE La Il doit réfulter de cette impulfion du fang dans les vaifleaux êc de cetterétropulfon,une altération con- fidérable dans le tiflu de ce fluide; s’ilétoit épaisavant cette ation, fes parttes froiflées paflent de l’état de condenfation àceluide raréfaétion,& cetteraréfa@tion répondau degré de denfité & de tenacité précédentes; les molécules collées & räpprochéesparune cohéfion intime doivent s’écarter, le {éparer, s’atténuer, fe divifer; l'air contenu dans ce tiflu reflerré & con< denfé tend à fe remettre dans {on premier état, cha- que molécule d’air occupant plus d’efpace augmente le volume des molécules du Hquide qui l’enferme ; & enfin celles-ci cherchant à fe mettre à l’aife,diftendent les parois des vaifleaux, ceux-ci augmentent leur réaction, ce qui produit un redoublement dans le mouvement des liquides. Delà viennent la fievre, la chaleur, les léfions de fonftions qui font extrèmes, &t quine fe terminent que par l’engorgement des par- ties molles , le déchirement des vaifleaux, les dépôts de la matiere morbifique fur des parties éloignées ou déjà difpofées à en recevoir les atteintes, les hémor- rhagies dans le poñmon, dans la matrice, les in- flammations du bas ventre, de la poitrine & du cer- veau. Celles-ci fe terminent par des abfcès, 8 lagan- grene devient la fin funefle de la cure des maladies entreprife par les alex/pharmagnes , dans le cas d’un fang ou trop fec oùtrop épais. Mais fi le fang eft acre, diflous & rareñé, cesre- medes donnés dans ce cas fans préparation prélimi- naire font encore plus funeftes : ils atténuent le fang déjà trop divifé ; ils tendent à exalter les fels acides & alkalins qui devenant plus piquans font l'effet des corroffs fur les fibres ; ainf il arrive une fonte des humeurs & une diaphorefe trop abondante. Delà une augmentation de chaleur, de féchereffe & de tenfion. Ces cruels effets feront fuivis d’autres encore plus ficheux. _Lesalexipharmaques ne doivent donc pas êtie donnés de toute main, ni adminiftrés dans toutes fortes de maladies, Les maladies aiguës, furtout dans leur com- mencerment, dans l’état d’acroiflément, dans l’acme, doivent être refpeétées ; & malheur à ceux à qui on . donnera ces remedesincendiaires dans ces tems où la nature fait tousfes efforts pour fe débarraffer du poids dela maladie qui la furcharge. Cés maladies aiguës où la fievre, la chaleur, la féchereffe, le délire, font ou au dernier degré, ou même legers , ne permettent point l'ufage des a/exipharmaques avant d’avoir defempli les vaifleaux; ilfaut diminuer la quantité, lararéfa@tion & l’acrimonie des fels répandus dansles humeurs , avant deles mettre ena@tion. Les faignées, les adouciflans, les délayans , les purgatifs font donc les préliminai- res requis à l’admimiftration des alexipharmaques. Mais ce n’eit pas affez d'employer ces précautions géné- rales ; elles doivent être modifiées felon la différence des circonftances que préfentent la délicatefle ou la Force du tempérament, l’épaififfement ou la raré- faétion des humeurs, la diffolution & l’acrimonie, ou la vifcofité des liqueurs, la fecherefle ou la mol- lefle de la peau, la tenfon ou la laxité des fibres. Cela étant, l’ufage de ces remedes a@ifs ne fera point fi général qu'il l’eft, & leur adminiftration ne {e fera qu'après un mür examen de l’état aduel des forces ou oppreflées par la quantité des humeurs ou épui- fées par la diferte & l’acrimonie de ces mêmes hu- meurs. Tome Î, ALE 257 Voici des réflexions utiles pout l’adminiftration.de ces remedes. 1°. Les a/exinharmaques ne pouvant que redoubler la chaleur du corps,doivent être profcrits dans les in- flammations, dans la fevre, dans les douleurs vives, dans la teufonèc l’irritation trop grande. Ainf ils ne conviennent nullement dans tous les cas où les em-. pyriques les donnent, fans avoir égard à aucune des circonftances énoncées. * | 2°. On doit les éviter toutes les fois que leur effet ne peut qu'irriter & accélérer le mouvement des li- quides déjà trop grand. Ainf les gens fecs, bilieux , dont les humeurs font aduftes & réfineutes, doivent en éviter l’ufage. 3°. Ces remedes devant agiter Île fang , il eft bon de ne les adminiftrer que dans les cas où l’on ne crain- dra point de faire pafler les impuretés des premieres voies dans les plus petits vaifleaux. Ainfi on fe gar- dera de les employer ayant d’avoir évacué les leyains contenus dans les premieres voies,quife mélant avec le fang deviendroient plus nuifibles & plus dange- TeUx: 4°. Quoique dansles maladies épidémiquesle poi- fon imaginaire faffe foupçonner la néceflité de ces re- metles , 1l faut avoir foin d'employer les humeëtans avant les incendiaires, 8 tempérer l’aétion des 4/6: xrpharmaques pat la douceur & l’aquofité des dé- layans & des tempérans : ainf le plus für eft de les mêler alors dans l’efprit de vinaigre délayé & dé- trempé avecrune fufifante quantité d’eau. 5. Comme la fueur & la tranfpiration augmen- tent par lufage de ces remedes , il faut fe garder de les ordonner avant d’avoir examiné fi les malades lent facilement, s’il eft expédient de procurer la fueur : ainf quoique les catarrhes, les rhûâmes , les pétipneumonies , &c. ne viennent louvent que par la tranfpiration diminuée, il feroit imprudent de vou- loir y remédier par les a/exipharmaques , avant de fonder le tempérament, le fiése & la caufe du mal. Le poumon reçoit fur-tout uneterrible atteinte de ces remedes dans la fievre & dans la péripneumo- nie , Car ils ne font qu'augmenter l’engorgement du fang déja formé : auf voit-on tous les jours périr un nombre infimi de malades par cette pratique , auffi permicieufe que mal raïfonnée. | . 6°. Quoique les fueuxs foient indiquées dans bien des maladies , il eff cependant bon d'employer avec circonfpeétion les alexipharmaques : le t{lu compaét de la peau , la chaleur aétuelle , l’épaiffiffement des liqueurs, l’obftruétion des couloirs, demandent d’au- tres remedes plus doux & plus appropriés , qui n’é- tant pas admimiftrés avant les fudorifiques , jettent les malades dans un état affreux , faute d’avoir com mencé par les délayans , les tempérans & les apéri- tifs légers. 7°. Dans les chaleurs exceflives de l’êté , dans les froids extrèmes , dans les affe@ions cholériques, dans les grandes douleurs , dans les fpafmes qui refferrent le tflu des pores, il faut éviterles aZxipharmaques, ou ne les donner qu'avec de grands ménagemens. Les alexipharmaques font en grand nombre : lestrois regnes nous fourmflent de ces remedes. Les fleurs cordiales , les tiges & les racines, les graines & les feuilles des plantes aromatiques, fur-tout des ombel- liferes , font les plus grands a/evipharmaques du regne végétal. Dans le regne animal , ce font les os, les cornes , les dents des animaux , & fur-tout du cerf, tapés & préparés philofophiquement ; les différens befoards, les.calculs animaux. Dans le regne miné- ral, les différentes préparations de l’antimoine , le foufre anodyn ou l’éther fait par la dulcification de l'efprit de vitriol avec l’alkool. Les remedes fimples tirés des trois regnes font à l'infini dans la claffe des alexiphatmaques, Kk& 258 ALF Les remedes aevipharmaquescompolés font la con feion d’alkermes , celle d’hyacinthe, les différentes thériaques , le laudanum liquide, les pilules de ftar- ké , l’orviétan , les eaux générale, thériacale , div me , l’eau de mélife compofée. (W) ALEXITERES , adj. pris fub. ( Medecime. ) Ce terme dans Hippocrate ne figmifie rien plus que re- modes & fecours, Les Modernes ont appliqué le mot -alexiteres à des remedes contre la moffure des ant maux venimeux, & même aux amulettes c aux charmes ; en ün mot, à tout ce que l’on porte fur foi, comme un préfervatif contre les poifons, les enchan- temens & les maléfices , & leurs fuites fâcheufes. II n’y a pas de différence entre les a/exiteres & les ale- xipharmaques. Eau de lait ÂALEXITERE félon la Pharmacopée de Londres. Prenez de reine des prés, de chardon bent, de galanga, fix poignées de chacun; de menthe, d’ab- {ynthe , cinq poignées de chacune ; de rue, trois poi- gnées ; d’angélique , deux poignées: méttez par-def- füs, après que vous aurez broyé le tout, environ douze pintes de lait, & le diftillez au bain marie. Trochifques ALEXITERES de l& même Pharmaco- pée. Prenez de la racine de zédoaire, de la racine de ferpentaire de virginie , de la poudre de pattes d’é- crevifles , de chaque un gros &c demi ; de l’écorce extérieure de citron féchée, de femence d’angélique, de chacun un gros ; du bol d'Arménie préparé, un demi gros; de fucre candi , le poids du tout; rédui- fez tous ces ingrédiens en une poudre fine ; enfuite faites-en une pâte propre pour les trochifques avec une quantité fuffifante de mucilage de gomme adra- ganth préparée avec de l’eau thériacale. L'eau de lait alexirere & les trochifques font de bons altérans propres à fortifier , ftimuler , ranimer les fibres & réveiller les efprits. Les trochifques font encore aftringens, abforbans & carminatifs : la dofe de l’eau & des trochifques eft fort arbitraire. (N) * ALFANDIGA ; c’eft à Lisbonne ce que nous ap- pellons ici 4 douanne oule lieu où fe payent les droits d'entrée & de fortie. Il eft bon d’avertir que tous Les galons, franges , brocards, rubans d’or & d’argent, étoient confifqués fous le regne précédent , parce wil étoit défendu d'employer de l’or & de l’argent és , {oit en meubles, foit en habits : les chofes ne {ont peut-être plus dans cet état fous le regne pré- fent. * ALFAQUIN , f.m. Prêtre des Maures : il y en a encore de cachés en Efpagne. Ce mot eft compo- fé de deux mots Arabes, dont l’un fignifie exercer office de Prêtre , ou adminiftrer les chofes faintes , & Pautre fignifie Clerc. l’Alfaqui ou Alfaquin de la gran- de Mofquée de Fez eft fouverain dans les affaires fpi- rituelles , & dans quelques temporelles où il ne s’a- git point de peine de mort. ALFERGAN , eft le nom d’un Auteur Arabe tra- duit par Golius. Voyez ASTRONOMIE. (0) ALFET , {. m. ( Jurifprud. ) ancien mot Anglois, qui fignifioit /a chaudiere qui contenoit l’eau bouillan- te dans laquelle Paccufé devoit enfoncer {on bras juf- qu'au coude par forme d’épreuve ou de purgation. Voyez EPREUVE 6 PURGATION. (A) * ALFIDENA, ville d'Italie au Royaume de Na- ples dans PAbruzze. * ALFIERE , ox Porte-enfigne. Ce nom a pañlé de l’Efpagnol en notre langue,à l’occafon des Flamands qui fervent dans les troupes d'Efpagne. * ALFONSINE , adj. pris fub. c’eft dans l’Univer- fité d’Alcala le nom d’un a@te de Théologie, ainfi appellé parce qu’il fe foûtient dans la Chapelle de $. Iidefonfe. On dit d’un Bachelier qu'il a foûtenu : fon alfonfine , comme on dit ici d’un Licencié qu'il a fait fa Jorbonique. ALGALIE, { f. inffrument de Chirurgie, eft un tuyai d'argent qu'on introduit dans la veflie. Les cas pour lefquels on le mèt en ufage en ont fait changer di- verfement là conftru@ion. Les plus longues ont dix pouces de long & environ deux lignes de diametre, Dans la forme la plus ordinaire, & dont la plûpart des Chirurgïens fe fervent en toutes rencontres, elles ont cinq à fix pouces en droite ligne ; elles forment enfuite un petit coude en dedans, qui donne naïffan- ce à une courbure ou demi cercle qui fait la panfe en dehors. Cette courbure a environ trois pouces : le refte de la fonde qui acheve la courbure ; forme un bec d’un pouce & demi ou deux pouces de long, dont l'extrémité fermée finit le canal. Il y a fur les côtés du bec à deux lignes de fon bout, deux peti- tes ouvertures longuettes d'environ cinq lignes, &z d’une ligne de largeur dans leur milieu : on appelle ces ouvertures les yeux de la fonde, L’extrémité pof- térieure de la fonde qui forme l’entrée du canal doit être évafée en entonnoir, & avoir deux anfes fur les côtés. Ce font ordinairement deux anneaux, dont l’'ufage eft de fervir à armer en cas de befoin la fon- de de deux cordons pour l’affujettir à une ceinture, Je préfere l’ancienne figure de ces anfes qui font en forme de bouflole; elles me paroïffent plus propres à fervir d’appui & empêcher que la fonde ne vacille entre les doigts de celui qui la dirige. Cette figure des anfes n'empêche pas qu’elles ne fervent au mê- me ufage que les anneaux qu’on leur a fubftitués. ( Voyez fig. 2°. & 3°. PL X°) Les fondes à long bec que nous venons de décrire font bonnes pour s’inftruire de la capacité de la vef- fie, de l’exiftence des pierres , &c. mais on s’eft ap- perçu quelles n’avoient pas les mêmes avantages dans le cas de rétention d’urine. Lorfque ce long bec eft dans la veffie, il déborde l’onifice de deux ou trois travers de doigt ; il n’eft donc pas poffible qu'avec ces fondes on puifle tirer toute l’urine qui eft dans la veflie ; & ce qui reftera au-deflous du niveau des yeux de la fonde pourra occafionner des irritations , des ulceres & autres accidens , par la mauvaïle qua- lité qu'il aura acquife. Une petite courbure fans pan- fe, avec un bec fort court, qui ne déborde l’orifice de la veflie que de quelques lignes , remédie à cetin- convémient. On a reconnu encore un défaut dans les æ/galies ; ce {ont les ouvertures de l'extrémité antérieure, dans lefquelles le tifu fpongieux de l’urethre enflammé peut s’introduire & engager par-là la fonde dans le canal , de façon qu’on ne pourroit la faire avancer ni reculer fans déchirement & effufion de fang ; accident qui, comme on voit, ne vient point du peu d’adreffe du Chirursien , mais de l’imperfeétion de linftrument qu'il employe: on y a remédié en coupant l'extrémité antérieure de fa fonde ( Voyez Les fig. 5 6 6. PIX. ). que l’on ferme exactement par un petit bouton py- ramidal , dont la groffeur doit excéder le diametre de l’algalie d’un cinq ou fixieme de ligne. Ce bouton eft au bout d’un ftylet très-fin, qui pale dans le ca- nal de la fonde, & qui eft contourné en anneau à 3 ou 4 lignes du pavillon. Lorfqu’on tire cet anneau, le bec de la fonde fe ferme; & fi on le poufle , le bouton pyramidai s'éloigne de l'extrémité de la fon- de, & en laïfle l'ouverture aflez libre pour la fortie de Purine , des glaires, & même des caillots de fang. Il y a des fondes flexibles ( Voyez La fig. 4. PL. X. } qui paroiflent propres à moins incommoder les ma- lades, lorfqu’on eft obligé de leur laifler une algalie dans la veflie pour éviter la réitération trop fréquen- te de fon introdu&tion. Leur ftruêture les rend fujet- tes à inconvénient : le fil d'argent plat tourné en fpr rale peut s’écarter, pincer les parties qui letouchent, & ne pouvoir être retiré. On en a vû dont les pas fe font incruftés de matieres tartareufes. - M. Petit a le premier fupprimé la fonde flexible; & s’eft fervi en fa place d’une algalie tournéeen ss, qui s’accommode parfaitement aux courbures du ca- nal de Purethre , la verge étant pendante. . Les algalies des femmes ne different de celles des hommes qu’en grandeur & en courbure. Les plus longues ont cinq à fix pouces ; elles font prefque droi- tes ; 1l n’y a que l'extrémité antérieure qui fe cour- be Iégérement dans Pétendué de fept à huit lignes. ( Voyez fig. . PI. X, ) La différente conformation des organes établit, comme on en peut juger; la dif- férence des a/galies propres à l’un & l’autre fexe. - Lorfqu'on veut faire des injeétions dans la veflie; il faut avoir une a/galie de deux pieces , entre lef- quelles on ajufte un uretere de bœuf ou une trachée artere de dindon , afin que la vefie ne fouffre point de l’a&tion de la feringue fur l'entrée du canal. Voyez PL, X, fig. 8. (F) | | TE ALGAROTAH , 1. m. Viétor Algaroth.étoit un Mé- decin de réputation de Véronne; il eft auteur d’un remede , qui eft uñe préparation d’antimôine ; qu’on nomme Poudre d’Algaroth. Voyez ANTIMOINE. (M) * ALGARRIA, ( L’) province d'Efpagne , dans la partie feptentrionale de la nouvelle Caftille, * ALGARVE, petit Royaume, province de Por- tugal , borné à l'occident & au fud par Océan; à lorient par la Guadiana , & au nord par l’Entéjo. * ALGATRANE,, £. f forte de poix qu’on trou- ve à la pointe de fainte Hélene , dans la baie, On dit que cette matiere bitumineufe {ort liquide d’un trou élevé de quatre à cinq pas au-deflus du mon- tant de la Mer; qu’elle bowillonne ; qu’elle fe durcit comme de la poix, & qu’elle devient ainfi propre à tous les ufages de la poix. _ ALGÉBRAIQUE, adj. eft la même chofe qu’/- gébrique. Voyez ALGÉBRIQUE. | ALGEBRE, £ f. ( Ordre Encyclopédique : Entende- rent, Raiïfon, Science de la Nature , Science des êtres réels, des êtres abffraits , de la quantité ou Mathémati- ques , Mathématiques pures | Arithmètique | Arithrméti. que numérique & Algebre. ) c’eft la méthode de faire en général le calcul de toutes fortes de quantités, én les repréfentant par des fignes très-univer{els. On a choiïfi pour ces fignes les lettres de l'alphabet, com- me étant d’un ufage plus facile & plus commode qu'aucune autre forte de fignes. Ménage dérive ce mot de l’Arabe Ægiabarat, qui figmifie Ze rétabliffe- sent d’une chofe rompue; fuppofant fauflement que la principale partie de l’Algebre confifte dans la confi- dération des nombres rompus. Quelques uns penfent avec M. d’Herbelot , que l’Æ/gebre prend fon nom de Geber , Philofophe Chimifte & Mathématicien cé- lébre, que les Arabes appellent Gzabers, & que l’on croit avoir été l'inventeur de cette fcience ; d’autres prétendent que ce nom vient de Gefr, efpece de par- chenun , fait de la peau d’un chameau, fur lequel Ali & Giafur Sadek écrivirent en caraéteres myfti- ques la deftinée du Mahométifme , & les grands évenemens qui devoient arriver jufqu’à la fin du monde ; d’autres le dérivent du mot geber, dont avec la particule 42 on a formé le mot 4/gebre, qui eft purement Arabe, & fignifie proprement /a réduétion des nombres rompus en nombres enners; étymologie qui ne vaut guere mieux que celle de Menage. Au reite 1l faut obferver que les Arabes ne fe fervent jamais du mot Æ/gebre feul pour exprimer ce que nous en- tendons aujourd’hui par ce mot; mais ils y ajoûtent toùjours le mot macabelah , qui fignifie oppofition & comparaifon ; ainfi Algebra - Almacabelah eft ce que nous appellons proprement Æ/pebre. Quelques Auteurs définiffent lAlgebre l’ars de ré: oudre les problèmes Mathématiques : mais c’eft-là l’i- dée de PAnalyfe ou de l’art analytique plutôt que de YAlgebre. Voyez ANALYSE, , : Tome I, HRE 5 Enefet l’Alpebre a proprement deux parties. 1°, Là méthode de calculer les grandeurs en les repréfen: tant par les lettres de l’alphabet. 20, La maniere de le fervir de ce calcul pour la folution des problè- mes. Comme cette derniere partie eft la plus éten< due & la principale , on lui donne fouvent le nom d'Algebre tout court, & c’eft principalement dans ce fens que nous l’envifagerons dans la fuite de cet article. bei q Les Arabes Pappellent l’are de refhtution € de com- paraïfon , ou l'arc de réfolution & d'équation. Les an< ciens auteurs Italiens lui donnent le nom-de regu/a rer 6 cenfus, c'efl-è-dire,, la regle de la racine & du quarré : chez eux la racine s'appelle res ; & le quatré , cenfus : P. RACINE, QUARRÉ. D’autres la nomment Arichmeétique fpécieufe , :Arithmétique unis verfelle, &cc. “ap | L’Algebre eft proprement la méthôde de calcule les quantités indéterminées; c’eftune forte d’arithmé: tique par le moyen de laquelle on calculeles quari- tités inconnues comme frelles étoient connues. Dans les calculs algébriques, on regarde la grandeur cherà chée,nombre, ligne, ou toute autre quantité,comme fi elle elle étoit donnée; & par lé moyen d’une ow de plufieurs quantités données, on marche de confé= quence en conféquence, jufqu’à ce que la quantité que: l’on a fuppofé d’abord incornue , ou au moins quelqu’une de fes puiffances, devienne égale à quel- ques quantités connues ; ce qui fait connoître cette quantité elle-même. Voyez QUANTITTÉ 6 ARITHS MÉTIQUE. + On peut diftinguer deux efpéces d’Æ/gebre ; la nus merale, & la litrérale, L’Ægebrè numérale où vulgaire eff celle des an ‘ciens Aloébriftes , qui n’avoit lieu que dans la réfos lution des queftions arithmétiques. La quantité cher: chée y eft repréfentée par quelque lettre ou caraca tére : mais toutes les quantités données font expris mées en nombres. Voyez NOMBRE. L’Aloebre litrérale où fpécieufe, ou la nouvelle Al: gebre, eft celle où les quantités données ou con nues , de même que les inconnues, font exprimées où réprélentées généralement par les lettres de l’al- phabet. Voyez SPÉCIEUSE. Elle foulage la memoire & lPimagination en dimi- nuant beaucoup les efforts qu’elles feroient obligées de faire , pour retenir les différentes chofés néceflai= res à la découverte de la vérité fur laquelle on tra4 valle, & que l’on veut conferver préfentes à l’ef: prit : c’eft pourquoiquelques Auteurs appellent cette {cience Géométrie Méraphy/fique. | L’Algebrefpécieufe n’eft pas bornée comme la nu« mérale à une certaine efpece de problèmes : maïs elles {ert univerfellement à la recherche ou à Pinventio® des théorèmes, comme à la réfolution & à la dés monftration de toutes fortes de problèmes , tant atithmétiques que géométriques. /.THÉOREME, ci Les lettres dont on fait ufage en Algebre repré< fentent chacune féparément des lignes ou des nom bres , felon que le problème eftarithmétique ou géo: métrique ; & mifes enfemble elles reprélentent des produits , des plans , desfolides & des puiffances plus élevées, fi les lettres font en plus grand nombre: par exemple , en Géometrie , s’il y a deux lettres, comme « b , elles repréfentent un reétangle dont deux côtés font exprimés, l’un par la lettre a, & l’autre par ; de forte qu’en fe multipliant récipros quémént elles produifent le plan a à : fi la mêmellet: tre eft répétée deux fois, comme #4, elle fignifie un. quarré : trois lettres, a bc, repréfentent un. foli= deou un parallélepipede reétangle , dont les trois dis menfions font exprimées par lestroislettres a, 8, c la longueur par &, la largeur par 4, la prorondeu Où, ki 260 A LG l'épaifleur par & ; ‘en forte que par leur fultiplica- tion mutuelle elles produifent le folide 4 c. Comme dans les quarrés, cubes, 4% puffances , &c. la multiplication des dimenfions ou degrés ef exprimée par lamultiplication des lettres, & que le nombre de ces lettres peut croître jufqu’à devenir trop incommode,on fe contente d'écrire la racine une feule fois , & de marquer à la droite l’expofant de la puiffance, c’eft-à-dire lé nombre des lettres dont ft compofée la puiflance ou le degré qu'il s’agit d’ex- primer, comme 42, 43, a4, aÿ : cette derniere ex- preflion «5 , veut dire la même chofe que a élevé à la cinquiéme puiffance; & ainfi du refte, #, Purs- SANCE , RACINE , ÉXPOSANT , Gc. Quant aux fymboles , caraéteres, 6. dont ônfait ufage en Algebre, avec leur application , 6e. Voyez des articles CARACTERE, QUANTITÉ , Gt. Pour la méthode de faire les différentes opérations de l’Algebre, voyez ADDITION , SOUSTRACTION, MULTIPLICATION , Gc. Quant à l’origine de cet art , nous n’avons rien de fort clair là-deflus : on en attribue ordinairement l’in- vention à Diophante , auteur Grec, qui en écrivit treize livres , quoiqu'il n’en refte que fix. Xylander les publia pour la premiere fois en 1575. & depuis ils ont été commentés & perfettionnés par Gafpar Bachet, Sieur de Meziriac, de l’Académie Fran çoife, & enfuite par M. de Fermat. Néanmoins il femble que l’'Algebre n’a pas été to- talement inconnue aux anciens Mathématiciens , qui exiftoient bien avant le fiecle de Diophante : on en voit les traces en plufieurs endroits de leursouvrages, quoiqu'ils paroiflent avoir eu le deflein d’en faire un myftere. On en apperçoit. quelque chofe dans Eu- clide , ou au moins dans Theon qui a travaillé fur Euclide. Ce Commentateur prétend que Platon avoit commencé le premier à enfeigner cette fcien- ce. Il y en a encore d’autres exemples dans Pappus, & beaucoup plus danssArchimede & Apollonius. Mais la vérité eft que l’Analyfe dont cès Auteurs ontfaitufage , eft plhtôt géométrique qu’algébrique, comme cela paroïît parles exemples que l’on en trou- ve dans leurs ouvrages ; en forte que l’on peut dire que Diophante eft le premier & le feul Auteur par- mi les Grecs qui aittraité de l’Algebre. On croit que cet artaété fort cultivé par les Arabes : on dit même que les Arabes l’avoient reçu des Perfes, &t les Perfes des Indiens. On ajoûte que les Arabes l’apporterent en Efpagne, d’où, fuivant l’opinion de quelques- uns, il pafla en Angleterre avant que Diophante y füt connu. Luc Paciolo, ou Eucas à Burgo, Cordelier, eft le premier dans l’Europe qui ait écrit fur ce fujet : {on Livre , écrit en Italien , fut imprimé à Venife en 1494. Ilétoit, dit-on, difciple d’un Léonard de Pie & de quelques autres dont il avoit appris cette mé- thode : mais nous n’avons aucun de leurs écrits. Se- lon Paciolo l’Algebre vient originairement des Ara- bes : ilne fait aucune mention de Diophante ; ce qui feroit croire que cet Auteur n’étoit pas encore connu en Europe. Son Algebre ne va pas plus loin que les équations fimples & quarrées; encore {on travail fur ces dernieres équations eft-1l fort impar- fait , comme on le peut voir par le détail que donne fur ce fujet M. l'Abbé de Gua, dans un excellent Mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie des Sciences de Paris 1741. Voyez QUARRÉ 04 QUADRA- TIQUE , ÉQUATION , RACINE, 6c. Après Paciolo parut Stifelius , auteur qui n’eft pas fans mérite: mais il ne fit faire aucun progrès remarquable à lAlgebre. Vinrent enfuite , Scipion Ferrei , Tartaglia, Cardan , & quelques autres , qui poufferent cet art jufqu'à la réfolution de quel- ques équations çcubiques:Bombelli les fuivit, On peut voir dans la diflertation de M. PAbbé de Gua qué nous venons de citér ; l’hiftoire très-curieufe & très- exaéte des progrès plus ‘ou moins grands que chacun de ces Auteurs fit dans la fcrénce dont nous parlons: tout ce que nous allons dire dans la fuité de cet ar- ticle fur l’hiftoire de l’Algebre , eft tiré de cette dif- fertation. Elle eft trop honorable à nôtre Nation pour n’en pas inférer ici la plus grande partie. .&« T'el étoit l’état de l’Algebre &:de l'Analyfe , lorf- » que la France vit naître dans fon fein François » Viete, ce grand Géometre, qui lui fit feul autant » d'honneur que tous les Auteurs dont nous venons » de faire mention en avoient fait enfémble à PI- » talié. | » Ce qué nous pourrions dire ici à fon éloge , fe- » roit certainement au-deflous de ce qu’en ont dit » déja depuis long-tèms les Auteurs les plus illuftres, » même parmi les Anglois, dans là bouche defquels » ces louanges doivent être moins fufpeétes de par- »tialité que dans celle d’un compatriote. Voyez ce » qu’en dit M, Halley , Tranf. Phil, n°. 190. art. 2. » an. 1687. » Ce témoignage , quelqu’avantageux qu'il foit » pour Viete, eft à peine égal à celui qu'Harriot , au- » tre Algébrifte Anglois, rend au même Auteur dans » la préface du livre qui porte pour titre Arts Ana: » lyticæ praxis. | » Les éloges qu’il lui donne f{ônt d'autant plus re: » marquables, qu'on les lit à la tête de ce même » ouvrage d'Harriot, où Wallis a prétendu apperce: » voir les découvertes les plus importantes qui fe » foïent faites dans l’Analyfe, quoiqu'il lui eût été » facile de les trouver prelque toutes dans Viete, à » qui elles appartiennent en effet pour la plüpart ; comme on le va voir, | » On peut entr’autrés en compter fept de ce genre, » La premiere, c’eft d’avoir introduit dansles cal » culs les lettres de l’alphabet, pour défigner même » les quantités connues. Wallis convient de cet ar- » ticle , & il explique au ch. xiv. de fon traité d’Al= » gcbre l’utilité de cette pratique. | » La feconde, c’eft d’avoir imaginé prefque tou- » tes les transformations des équations , auffi bien » que les différens ufages qu’on en peut faire pour » rendre plus fimplés les équations propofées. On » peut confulter là-deflus fon traité de Recognitione » Æquatioriim , à la page 91. & fuivantes , édit. de: » 1646. aufh bien que le commencement du traité dé » Emendatione Æquationum , page 127. & fuivantes. » La troifieme , c’eft la méthode qu'il a donnée #pour reconnoître par la comparatfon de deux » équations , qui ne différeroient que par les fignes , » quel rapport il y a entre chacun des coeficiens » qui leur font communs, & les racines de l’une &c » de Pautre. Il appelle cette méthode /yrerifis, & il » Pexplique dans le traité de Recognitione , page 104. » & fuivantes, | » La quatrieme, c’eft l’'ufage qu'il fait des décou- » vertes précédentes pouf réfoudre généralement les » équations du quatrieme degré, & même celles du » troïfieme. Voyez le traité de Emendatione, page 140, » À 147: | - » La cinquieme ; c’eft la formation des équations » compofées par leurs racines fimples , lorfqw’elles » font toutes pofitives, ou la détermination de toutes » les parties de chacun des coefficiens de ces équa- » tions , cé qui termine le livre de Emendatione, page » 158. | » La fixieme & la plus confidérable , c’eft la ré- » folution numérique des équations, à imitation des » extraétions de racines numériques,matiere qui fait » elle feule l’objet d’un livre tout entier. » Enfin on peut prendre pour une feptieme dé- » couverte ce que Viete a-enfeigné de la méthode » pour confinure géométriquement les équations ; » & qi'on trouve expliquée page 229. & fuivantes. » Quoigw’un fi grand nombre d'inventions pro- » pres à Viete dansla{éule Analyfe ; l'ayent fait re- »# garder avec raoncomme le pere de cette Science, # nous fommes néanmoins obligés d’avouer qu’il ne »s’étoit attaché à reconnoître combien il pouvoit » y avoir dans les équations de racines de chaque » éfpece, qu’autant quecette recherche entroit dans » le deffein qu'il s’étoit propofé,d'’afligner ennombre » les valeurs où exaétes ou approchées de ces raci- » nes. Ine confidéra donc point les racines réelles » négatives , non plus que les racines impoñibles , » que Bombelli avoit introduites dans le calcul ; & # ce ne fut que par des voies indireétes qu'il vint à- > bout de déternuner ; lorfqu'il en eut befoin ; le > nombre des racines réelles pofitives. L'illuftre M; # Halléy lui fait même avec fondement quelques re- # proches fur les regles qu'il donne pour cela. » Ce que Viete avoit omis de faire au fujet du # nombre des racines, Harriot qui vint bientôt apres, # le tenta inutilement dans fon 4rtis analyticæ Pra- » xis, L'idée que l’on doit fe former de cet ouvrage, # eftprécifément cellé qu’en donne fa préface: car # pour celle qu’on pourroit en prendre par la lecture + du tfaité d’Algebre de Wallis , elle ne feroit point # du tout jufte. Non-feulement ce livre ne comprend » point, comme Wallis voudroit l’infinuer , tout ce # qui avoit été découvert de plus intéreffant dans # l’Analyfe lorfque Wallis a écrit ; on peut même » dire qu'il mérite à peine d’être regardé comme un » ouvrage d'invention. Lesabregés qu'Harriot a ima- # ginés dans l’Alsebre ; fe réduifent à marquer les » produits de différentes lettres, en écrivant ces let: » tres immédiatement les unes après les autres: (car # nous ne nous arrêterons point aobferver avec Wal: # lis qu’il a employé dans les calculs les lettres mi- # nufcules au lieu des majufcules ). Il n’a point fim- » phfié les expreffions où une même lettre fe trou- » voit plufieurs fois , c’eft-à-dire, les expreffions des # puiflances, en écrivant l’expofant à côté, On verra # bientôt que c’eft à Defcartes qu’on doit cet abregé, # ainf que les premiers élémens du calcul des puuf- # fances ; découverte qui en étoit la fuite naturelle , # & qui a été depuis d’un fi grand ufage. » Quant à l’Analyfe, le feul pas qu'Harriot paroïfle # proprement ÿ avoir fait , c’eft d’avoir employé # dans la formation des équations du 3° & du 4° de: # gré, les racines négatives ; &c même des produits # de deux racines impoñhbles; ce que n’avoit point # fait Viete dans fon dernier chapitre de Emendatio- 5 ne : encore trouve-t-0on ici une faute ; c’eft que »# l’Auteur forme les équations du 4° degré ; dont les # quatre racinés doivent être tout à la fois impoffi- # bles , par le produit de be + aa=o,&df#+aa # = 0, ce qui n'eft pas affez général, les quatre raci- s nes ne devaïit pas être tout à la fois fuppofées des # imaginaires pures ; mais tout au plus deux imagi: # naires pures, & deux mixtes imaginaires ». M. l'Abbé de Gua fait encore à Harriot plufieurs autres reproches, qu'on peut lire dans fon Mémoire. « Il n’eft prefque aucune Science qui nait dû au ÿ grand Defcartes quelque degré de perfeétion : mais # l’Algebre & l’Analyfe lui font encore plus redeva: » bles que toutes les autres. Vraiflemblablement il # n’avoit point lü ce que Viete avoit découvert dans # ces deux Sciences, & il les pouffa beaucoup plus # loin. Non-feulement il marque, ainfi qu'Harriot, # les produits de deux lettres , en les écrivant à la » fuite l’une de l’autre ; il a ajoûté à cela l’expref # fion du produit de deux polynomes,, en fe fervant # du figne de la multiplication ; & en tirantune ligné # fur chacun de ces polynomes en particulier, ce # qui foulage beauçoup l’imagmation, C’eft lux qui A LG 261 » a introduit dans l’Algebre les expofans ; ce qui a » donné les principés élémentaires de léurs calculs : # c’eft lui qui à imaginé le prémier dés racines aux » équations ; dansles cas mème où ces racines font » impoflibles ; de façon que les imaginairés & les » réelles rempliflent le nombre des dimienfions de # La propoféé : c’eft lui qui a donné lé prémier des # moyens de trouver lés limites dés racines dés équia- »# tions ; qu'on ne peut réfoudre exaftément : enfinil » à beaucoup ajoûté aux effeétions géométriques de » l’Algebre que Vieté nous avoit laïflées ; en déter- #"minant ce que c’eft que les lignes négatives; c’eft- #.a-dire ; celles qi répondent aux racines des équa- # tions qu'il nomme faxffes + & en enfeignant à mul » tiplier & à divifer les lignes les unes par les autrés. # Voyez le commencement de [a Géométrie, | forme ; # comme Harriot , les équations par la multiplica= » tion de leurs racines fimples ; & fes découvertes # dans l’Analyfe pure fe réduifent principalement à » deux: La premiere; d’avoir enfeigné combien ilfe » trouve de racines pofitives ou négatives dans les » équations qui n’ont point dé racines imaginaires. » Voyez RACINE. La feconde , c’eft emploi qu'il » fait de deux équations du fécond degré à coeffià »# ciens indétermunés , pour former par leur multi- # plication une équation qui puifle êtré comparée » terme à térme, avéc une proôpolée quelconque du 5 4° deoré , afin que ces comparaifons différentes » fourniflent la détermination de toutes les déter- » minées qu'il avoit prifes d’abord, & que la pro- ÿ pofée fe trouve ainfi dééompofée en deux équa- # tions du fecond degré ; facilés à réfoudré par les # méthodés qi’on avoit déjà pour cet effèt. Voyez » Ja Géormér. pag. 80. édit. d'Amfl. an. 1649. Cét » ufage des indéterminées eff fi adroit & fi élégant, # qu'il a fait régarder Defcartés comme linventeur # de la méthode des indéterminées ; car c’eft cette » méthode qu’on 4 depuis appellée & qu'on nomme » éncore aujourd’hui proprement l’Azalyfe de Def. # cartes ; quoiqu'il faille avouer que Ferrei , T'arta- » gli, Bombelli, Viete fur-tout, & après lui Har- ÿ rot, en euflent eu connoïffance. # Pout l’Analyfe mixte; c’eft-à-diré application » de l’Analyfe à la Géométrie; elle appartient pref » que entiérement à Defcartes ; puifque c’eft à lui » qu'on doit inconteftablément les deux découver: » tes qui en font comme la bafe. Je parle de la dé- # términation de la nature des courbes par les équa- » tions à deux variables (p.26. ) ; & dé la conf- » truttion générale des équations du 3° & du 4° de- 5 gré (p. 95 ). On peut y äjoûter l’idée de déter: # miner la nature des courbes à double courbure par # deux équations variables (p. 74.) ; la méthodedes »# tangéntes ; qui eft comme le premier pas qui fe » foit fait vers les infitiment petits (p. 46.) ; énfim » là détermination des courbes propres à réfléchit # où à reumr par réfraétion en ün feul point les » rayons de lumiere; application de PAnalyfe & dé » la Géométrie à la Phyfique ; dont on avoit point » vûù jufqu'alors d’auffi grand exemple. Si on réunit # toutes cès différentes produétions ; quelle idée ne # fe formera-t-on pas du gränd homme de qui elles » nous Viénnient |! & que fera-ce en comparaïfon de ÿ tout cela, que le peu qui reftéra à Harriot, lorfque 5» dés découvertes que Wallis lui avoit attribuées # fans fondement dans le chapitre 33 de fon Alge: #5 bre Huftoriqié & pratique, on aura Ôté ; comme # On le doit, ce qui appartient à Viete où à Defcar: #» tes,fuivant l’énümération que nous en avons faite à » Outré là détermination du nombre des racines » vräiés Où faufles; c’eft-à-dire pofitives où négatis » yes, dansilés équations dé tous les degrés qui n’ont # point de racines imaginaires , Defcartes a mieux » déterminé, qu’on n’avoit fait jufqu’alors ; le noms = à 4 2 562 A LC » bre & l’efpece des racines des équations quelcon- » ques du 3° & du 4° degré, foit au moyen des-remar- ques qu'il a faites fur fes formules algébriques,, foit -» en employant à cet ufage différentes obfervations » fur fes conftruétions géométriques, » Ce dernier ouvrage.qu’il avoit néanmoins laiflé imparfait, a été perfeétionné depuis peu à peu par différens Auteurs , Debaune., par exemple ; jufqu’à ce que l’illuftre M. Halley y ait mus, pour ainfi dire, la derniere main dans un beau Mémoire inféré dans » les Tranfa@ions philofophiques, n°, 190. art. 2. »# an. 1687, & qui porte letitre fuivant : de zwmero ».radicum 11 @ tationibus folidis ac biguadraticts , five »-Lerti® ac quartæ poteflatis | earumque limitibus tratla- » Elus. | » Quoique Newton fût né dans un tems où lAna- lyfe paroifloit déjà prefque parfaite, cependant un fi grand génie ne pouvoit manquer de trouver à y » ajoûter encore. Il a donné en effet fucceffivement # dans fon Arithmétique univerfelle : 1°. une regle » très-élécante & très-belle pour connoitre les cas où _+ les équations peuvent avoir des divifeurs ratio- » nels, & pour déterminer dans ces cas quels poly- .# homes peuvént être ces divifeurs : 2°. une autre .» regle pour reconnoître dans un grand nombre d’oc- » cafñons, combien il doit fe trouver de racines ima- » ginaires dans une équation quelconque : une troi- » fieme, pour déterminer d’une maniere nouvelle » les limites des équations ; enfin une quatrieme qui » eft peu connue, mais qui n’en eft pas moinsbelle, » pour découvrir en quel. cas les équations des de- » grés pairs peuvent fe réfoudre en d’autres. de de- » grés inférieurs , dont les coefficiens ne contiennent « que de fimples radicaux du premier degré. , » À cela. il faut joindre l’application des fraétions au calcul des expofans ; l’expreflion en fuites inf- nies des puiffances entieres oufraétionnaires , pof- tives ou négatives d’un binome quelconque ; Pex- » cellente regle connue fous le nom de regle duparal- » lélogramme, & au moyen de laqueile Newton aff- *# gne en fuites infimies toutes les racines d’une équa- »# tion quelconque; enfin la belle méthode que cet # Auteur a donnée pour interpoler les feries, & qu’il # appelle #ethodus differentialis. » Quant à Papplication de l’Analyfe à la Géomé- trie, Newton a fait voir combien il yétoit verié , non-feulement parles {olutions élégantes de diffé- tens problemes qu’on trouve, ou dans fon-Arith- métique umiverfelle , où dans fes principes de la # Philofophie naturelle, mais principalement par fon # excellenttraité deslignes du troifieme ordre. Voyez # COURBE ». _ Voilà tout ce que nous dirons fur le progrès de TAloebre. Les élémens de cet Art furent compilés & publiés par Kerfey en1671:l'Arnthmétique fpécieufe & la nature des équations y font amplement expli- quées & éclaircies par un grand nombre d'exemples différens : on y trouve toute la fubftance de Diophan- te. On y a ajoûté plufieurs chofes qui regardent la compofition & la réfolution mathématique tirée de Ghetaldus. La même chofe a été exécutée depuispar Preftet en 1694, & par Ozanam en 1703. Maïs ces Auteurs ne parlent point ou.ne parlent que fort brié- vement de l'application de PAlgebre à la Géométrie. Guifnée y a fupplée dans un traité écrit en François, qu'il a compolé exprès fur ce fujet , & qui a été pu- bliéen 1705 : aufli-bien que le Marquis de l’Hopital dans fon traité analytique, des Seétions. coniques , 1707. Le traité de la grandeur du P. Lamy de l’Ora- toire ; le premier volume de l’Aralyfe démontrée du P. Reyneau, & la Science du, calcul du ,même Au- teur, {ont aufli des ouvrages.où l’on peut s’inftruire de PAlgebre : enfin M. Saunderfon, Profeffeur en Mathématique à Cambridge, & membre dela So- » » L 9 Che GP Se ar er ES se 5 9 PS RE Se OO ON FO NO & + + » ? 2 > A de D A. d 6 Ov s » > # Pie, Le kr Er + ciété Royale de Londres , a publié unexéellenttraité fur cette matiere, en Anglois & en deux vol.:#-4°, intitulé E/émens d’Algebre. Nous avons aufides élé- mens d’Algebre de M. Clairaut , dont la réputation de l’Auteur aflüre le fuccès & le mérite. On a appliqué auffi l’Algebre à la confidération & au calcul des infinis; ce qui a donné naïffance à une nouvelle branche fort étendue du calcul algé- brique : c'eft ce que l’on appelle Z4 doifrine des flu- xions ou Le calcul différentiel. Voyez FLUXIONS & DiFFÉRENTIEL, On peut voir à l’article ANALYSE les principaux Auteurs qui ontécrit fur ce fujet Je me fius contenté dans cet article de donner Pidée generale de l'Algebre , telle à peu près qu’on la donne communément, & jy ai joint ; d’après M. l’Abbé de Gua , Phiftoire de fes progrès. Les Savans trouveront à l’arr, ARITHMÉTIQUE UNIVERSELLE -des réflexions plus profondes fur cette Science ; & à l’article APPLICATION , des obfervations fur ’appli- cation de lAlgebre à la Géométrie. (O) ALGÉBRIQUE, adj. mm, Ce qui appartient à ’Al- gebre. Foyez ALGEBRE. Ainfi l’on dit caratteres ou fÿmboles algébriques , cour bes algébriques, folutions alstbriques, Voyez CARAO- TERE, Cc. Courbe algébrique, e’eft une courbe dans laquelle le rapport des abfcifles aux ordonnées, peut être dé- terminé par une équation c/gébrique. Voyez COURBE. On les appelle auf Zgnes ou courbes géométriques, Voyez; GÉOMÉTRIQUE, Les courbes algébriques {ont oppofées aux courbes méchaniques où tranfcendantes, Voyez MÉCHANIQUE É TRANSCENDANT: | ALGÉBRISTE, f. m. fe dit d’une perfonne ver- fée dans l’Algebres Voyez ALGEBRE. (0) ALGENEB , o4 ALGENIB , {. m, serme d’Affrono= rnie , c’eft le nom d’une étoile de la feconde gran deur, aucôté droit de Perfée. Foyez PERSÉE. (O) * ALGER , Royaume d'Afrique dans la Barbare, borné à left, par le Royaume de Tunis, au nord, par la Mediterranée, à l’occident, par les Royau- mes de Maroc & de Tafilet, & terminé en pointe. vers le midi. Long. 16,26. lat. 3.4. 37. | * ALGER, ville d'Afrique, dans la Barbarie, ca- pitale du Royaume d'Alger, vis-à-vis l’Ifle Minor- que. Long. 21.20. lar, 36. 30. * ALGEZIRE, ville d'Efpagne dans l’Andaloufie , avec port fur la côte du detroit de Gibraltar, On Pap- pélle-auffie vieux Gibraltar, Long. 12, 28.4lar, 36. * ALGHIER,, ville d'Italie, fur la côte. occiden« tale de Sardaigne. Long. 26. 15. lat. 404 33. ALGOIDES , o4 ALGOIDE, Foyez ALGUETTE. ALGOL.,, ou réte de Medufe ; étoile fixé de la troi- fieme grandeur, dans la conftellation de Perfée. Voyez Persée. (O). * ALGONQUINS , peuple de l'Amérique fepten- trionale , au Canada; ils habitent entre la riviere d’Ontonac, & le lac Ontario. ALGORITHME, f m.cerme arabe, employé par quelques Auteurs, & fingulierement par les Ef-. pagnols, pour fignifier la pratique de l'Algebre, Voyez ALGEBRE. Il fe prend auffi quelquefois pour l'Arishmérique par chiffres. Voyez ARITHMETIQUE. | L’algorithme., felon la force du mot, fignifie pro- prement l'Arc de fupputer avec jufieffe & facilité ; 1l comprend les fix regles de l’Aritmétique vulgaire. C’eft ce qu’on appelle autrement Logiffique nombran- æ ou rumérale. VF, ARITHMETIQUE, REGLE, Grc. Ainfi l’on dit l'algorithme des entiers, l'algorithme des frattions, l’agorithme des nombres fourds. Foyez FRACTION, SourD, &c. (0) | OTALL * ALGOW, pays d'Allemagne, qui fait partie de la Souahe, _ ALGUAZIL, {. m.( Ai. mod. ) en Efpagne, ef le nom de bas Officiers de Juffice , faits pour procu- rer l'exécution des ordonnances du Magiftrat ou Ju- ge. Alpuayzil répond aflez à ce que nous appellons ici Sergent ou Exemr, Cè nom eft originairement arabe, comme plufeurs autres, que les Efpagnols ont con- fervé des Sarrafins ou Mores , qui ont long-tems ré- gnédans deu pays (Ge, us, nan ALGUE, f. f. en latin a/ga, (Bor.) hérbe qui naît au fond des eaux, & dont les feuilles reflemblent aflez à celles du chiendent ; il y a quelques efpeces qui ont les feuilles délices comme les cheveux & très-longues. Tournefort, Zaf£. rei herb. Voyez PLAN- TE. (1) | L’algue commune (alga offic. ) eft une plante qui croit en grande quantité le long des bords de la Me- diterranée ; on s’en fert comme du kali. Elle eft apé- titive, vulnéraire & defficative : on dit qu’elle tue les puces & les punaifes. (N) *ALGUEL, ville d'Afrique, dans la Province d’'Hea , au Royaume de Maroc. ALGUETTE, f. f. zannichellia, genre de plante qui vient dans les eaux, & auquel on a donné le nom dun fameux Apothicaire de Venife, appellé Zazxi- chelli : fes fleurs font de deux fortes, mâle & femel- le, fans petales ; la fleur mâle eft fans calice, &r ne confifte qu'en une fimple étamine, dont le fommet eft oblong , & a deux, trois ou quatre cavités. Les fleurs femelles fe trouvent auprès de la fleur mâle, enveloppées d’une membrane quitient lieu de calice; elles font compofées de plufieurs embrions furmon- tés chacun d’un piftil. Ces embrions deviennent dans ‘la fuite autant de capfules oblongues en forme de cornes convexes d’un côté, & plates ou même con- caves de l’autre, qui toutes forment le fruit aux aïf- felles des feuilles. Chacune de ces capfules renfer- me une femence oblongue, & à peu près de même figure qu’elle. Pontedera a décrit ce genre fous Le nom d’Aponogeton. Antolog. pag. 11.7. Voyez PLAN- TE. (I ste , {. m. plante à fleur papilionacée, dont le piftil devient dans la fuite un fruit ou une filique compofée de plufieurs parties jointes, ou, pour ainfi- dire , articulées enfemble , & dont chacune renferme une femence faite en forme de rein. Ajoûtez au carac- tere de ce genre , que fes feuilles font alternes. Tour. nefort, Corol. Infl. rei herb. Voyez PLANTE. (1) * ALHAGT , ou agul , où almagi Arabibus , planta fpinofa mannarm refipiens. J. B. Cette plante s’éleve à la hauteur d’une coudée & plus : elle eff fort bran- chue ; elle eft hériflée de tous côtés d’une multitude prodigieufe d’épines extrèmement pointues , foibles, &z pliantes. Sur ces épines naïflent différentes fleurs purpurines ; ces fleurs en tombant font place à de petites soufles longues, rouges , reflemblantes à celles du genêt piquant, & pleines de femences qui ont la même couleur que la gouffe. Les habitans d'Alep recueillent fur cette plante une efpece de manne, dont les grains font un peu plus gros que ceux de la coriandre. Elle croît en buiffon , & des branches aflez raflem- blées partent d’un même tronc dans un fort bel or- dre , & lui donnent une forme ronde. Les feuilles font à l’origine des épines ; elles font de couleur cendrée, , oblongues , & polygonales : fa racine eft longue & de couleur de pourpre, Les Arabes appellent sereniabin ou trangebin , la manne de l’a/hagi : on trouve cette plante en Perte, aux environs d'Alep & de Kaïka , en Méfopotamie. Ses feuilles font defficatives & chaudes : fes fleurs purgent ; on en fait bouillir une poignée dans de l’eau. Ses feuilles & fes branches , dit M. Tourne- fort, fe couvrent dans les orandes chaleurs de l’été d'une liqueut grafle & onétueufe , & qui a à peu ALI 263 près la confiftenéé de miel. La. fraicheur de la nuit la condenfe &c la réduit en forme de grains : cé font ces grains auxquels on donne le nom de manne dal. hagt, 8 que les naturels du pays appellent ange- bin, Où tereñiubin : on la recueille principalement aux environs de Tauris , ville de Perfe, où on la réduit en pains aflez gros , & d’une couleur jaune foncée. Les grains les plus gros qui font chargés de poufliere & de parcelles de feuilles defféchées, {ont les moins eftimés. On leur préfere les plus petits, qui cependant pour la bonté font au-deflous de notré manne de Calabre, | … On en fait fondre trois onces dans une infuñon de feuilles de fené, que l’on donne aux malades qu’on veut purger. … * ALHAMA , ville d'Efpagné , au Royaume de Grenade. Long. 14. 20. lat. 36. 50. * ALIBANIES , f. £. toiles de cotonqu’on apporté en Hollande des Indes Orientalés , par les retours de la Compagnie, | | ALIBI ; f.m. ( Jurifprud. ) terme purement Latin, dont on a fait un nom François, qui s'emploie en ftyle de procédure criminelle , pour fignifier l’abfènce dé l’accufé par rapport au lieu où on l’accufe d’avoir commis Le crime ou le délit. Ainf alléouer ou prou: verun alib:, c’eft protefter ou établir par de bonnes preuves , que lors du crime commis on étoit en un autre endroit que celui où il a été commis. Ce mot Latin fignifie littéralement a/leurs, (K) * ALICA, efpece de nourriture dont il eft beau- coup parlé dans les Anciens ; & cependant aflez peur connue.des Modernes , pour que les uns penfent que ce foit une graine , & les autres une préparation ali- mentaire. Maïs afin que le Leéteur juge par lui-même de ceque c’étoit que l’alica , voici la plüpart des paf fages où 1l en eft fait mention. L’alica mondé , dit Ceke, eft un akment convenable dans la fievre ; prenez-le dans l’hydromel , fi vous avez, l’eftomac fort & le ventrereflerré : prenez-le au contraire dans du vinaigre & de l’eau, fi vous avez le ventre relä- ché & l’eftomac foible. Li. III. cap. yj. Rien de meilleur après la tifane, dit Aretée, Z6. I. de Morë. acut. cap. x. L’alica 8 la tifane font vifqueufes, douces , agréables au goût : mais la tifane vaut mieux. La compofition de l’une & de l’autre eft fm ple ; car il n’y entre que du miel. Le chondrus ( & l’on prétend que a/ica {e rend en Grec par ordpos ) eft, felon Diofcoride , une efpece d’épeautre qui vaut nuieux pour l’effomac que le riz, qui nourrit da- vantage 8 qui referre, L’alica reflembleroit tout- à-fait au chondrus , s’il refferroit un peu moins, dit Paul Æpginete : (il s’enfuit de ce paflage de Paul Æ- ginete , que l’alica & le chondrus ne font pas tout- à-fait la même chofe. ) On lit dans Onibafe , que l’a- lica eft un froment dont on ne forme des alimens liquides, qu'avec une extrème attention. Galien eft de l’avis d’Oribafe, & il dit pofitivement : « la/icaeft »un fromentd’unfuc vifqueux ê&r nourniflant. Cepen- dant ilajoûte : « La tifane paroït nourriflante.… mais » l’alica l’eft.Pline met l’z/cz au nombre des fromens; après avoir parlé des pains , de leurs efpeces, &c. il ajoûte : « l’alica {e fait de mais; on le pile dans des # mortiers de bois ; On employe à cet ouvrage des » malfaiteurs ; à la partie extérieure de ces mortiers » eft une grille de fer qui fépare la paille & les par- » ties grofheres des autres ‘après cette préparation, # on lui en donne une feconde dans un autre mor- » tier ». Ainfinous avons trois fortes d’a/ica ;le gros, le moyen, & le fin; le gros s’appelle aphatrema ; mais pour donner la blancheur à l’aice, 1l y a une façon de le mêler avec la craie. Pline diflingue en- fuite d’autres fortes d’alica ; &c donne la préparation d’un a/ica bâtard fait de maïs d’Afrique ; & dit en- core que l’alice eft de l'invention des Romains, & 264 A L'i tue les Greës euffent moins vanté leur tifane, s'ils avoient connu l’alica. De ces autorités comparées , Saumaife conclut que lPalica & le chondrus font la imême chofe ; avec cctte différence, felon lui , qué le chondrus n'étoit que l’afice groffier ; 8c que l’alica eftune préparation alimentaire. On peut voir fa dif- fertation de homonym. hylef, tatr. ©. 57. ALICAIRES , f f. ( Æiff. anc.) alicariæe. On ap- pelloit ainfichez les Romains des femmes publiques, parce qu’elles fe tenoient tous les jours à leur porte pour attirer les débauchés. On les nommoit auf proffibula , parce quelles lieux infâmes qu'elles habi- toient étoient appellés ffabula, & encore celle ; ce qui les fit défigner par le nom de cellarie. (G) * ALICANTE,, ville d'Efpagne, au Royaume de Valence, & fur le territoire de Cégura. Elle eft fur la Méditerranée & dans la baie de cenom.Lozg. 17. 40. lat, 38.14. _* ALICATA , villé de Sicile, dans une efpece d’ile, près de la mer. Long. 31.37. lat. 37. 11. ALICATE,, £ £. (Peint, en émtail ) c’eft une efpece de pince dont fe fervent lés Emailleurs à la lampe, & que les Orfévres & autres ouvriers appellent ér#- xelles, Voyez BRUXELLES. ALIDADE, f. f. (Géom.) On appelle ainf Pindex où la regle mobile, qui partant du centre d’un inf- trument affronomique ou géométrique, peut en par- courir tout Le limbe pour montrer les degrés qui mar- quent les angles, avec lefquels on détermine les dif- tances, les hauteurs, &c. Ce mot vient de l’Arabe, où il a la même fignification. En Grec &c en Latin on l’appélle fonvent diowlpe , dioptra ;&t encore linea fiducie , Egne de foi, AE Cette piece porte denx pinules élevées perpen- diculairement à chaque extrémité, Voyez PINULE, Demi-cERGLE , 6c. (E) ALIDADE, ( Canon.) c’eftdanslamachine à caneler les canons de fufil, une efpece d’aiguille qui femeut fur le cadran de cette machine, 8zqui indique à lou- -vrier , lorfqu’il a travaillé un des pans de fon canon, de combien il doit le tourner, pour:que la canelure qu'il va commencer foit aux autres dans le rapport demandé ; pour qu’elle foit, par exemple, égale, ou aw’elle foit double, de celle qui précède. Voyez Plen- che IT, du Canonier , fig. 12.e, Mais Woyez l'article CanoON, pour l’ufage de cette piece. ALIFATIQUE , forte de poids anciennement ufi- té en Arabie. Voyez Porns.(G) ALIÉNABLE , adj. ( Jurifprudence ) terme de droit, fe dit des chofes dont l’aliénation eft permife : telles font toutes celles qui font dans le commerce civil. (4) | ] ALIENATION , 1. £. ( Jurifprudence, ) eft un ter- me général qui fignifie tout aéte par lequel on fe dé- -pouille de la proprièté d’un effet , pour la transférer à un autre. Telles font la vente, la donation, &c. L’aliénation en général eft hbre & permife à tout propriétaire: cependant un mineur ne fauroit aliener valablement fon bien fans y être autorifé par jufti- ce. L’aliénation des terres de la Couronne eft tou- jours cenfée faite avec faculté perpétuelle de rachat. Le Concile de Latran tenu en 1123, défend aux Bénéficiers d’aliéner leur Bénéfice , Brébende , ou autre bien eccléfaftique. Le baïl emphitéotique eft une efpece d’aliénation. Le baïl à ferme de plus de neuf ans pañle auf pour aliénation. Voyez BAIL. On tient cette maxime en Droit ,que qui ne peut aliéner ne fauroit obliger. ( 4) ALIES ( Æiff. nat.) fètes d’Apollon ou du Soleil, établies à Athènes. (G) . ALIGNEMENT , f. m. eft la fituation de plufieurs objets dans une ligne droite. #. ALIGNER. ( O ) ALIGNEMENT , terme d'Architedure : lorfque les L 4 ALP faces de deux pavillons ou de deux bâtimens fépa- rés à une certaine diftance l’un de lPautre , ont la même faillie, & font fur une même ligne droite , on: dit qu'ils font en alignement, Donner un alignemenc, c’eft régler par des réparations fixes le devant d’un mur de face fur une rue : prendre un alignement, c’eit en faire l’opération. (P) ALIGNER,, v. a. n’eft autre chofe en péneral , que placer plufeurs objets de maniere qu'ils foient tous dans uné même ligne droite, ou dans un même plan: Voyez LIGNE , PLAN, 6c. On aligne ordinairement en plaçant des jalons ou piquets, de maniere qu’en mettant l’œil affez près d’un de ces jalons, tous les autres qui fuivent lui foient cachés. (© ÂALIGNER , terme d'Architecture, c’eft réduire plu- fleurs corps à une même faillie, comme dans la ma= çonnerie quand on drefle les murs, 8 dans le jar- dinage quand on plante des allées d'arbres. fls {ont alignés, lorfqu’en les bornoyant ds paroïffent à l'œil fur une même ligne. (? ALIGNER ef Jardinage, c’eit tracer fur le terrein des lignes par le moyen d’un cordeau, 8 de bâtons appéllés jalons , pour former des allées, dés parter= res, des bofquets , dés quinconces êc autres pieces, Il faut être trois ou quatre perfonnes pour porter les jalons , les chänger , les reculer felon la volonté dutraceur. On obfervera de fe placer à trois où quatre piés au-deflus du jalon, & en fe baïflant à fa hauteur | & fermant un œil , mirer avec celui qui eft ouvert tous les autres de maniere qu'ils fe couvrent tous, fuivant la tête du premier jalon & de ceux qu font pofés dans le milieu &z à l’autre extrémité. On ne doit point parler en travaillant , fur-tout dans les grandes diftances où la voix fe perd aïfément. Cer- tains fignes dont on conviendra fufront pour fe fai- re éntendre de loïn : par exemple , fi en aligrant un jalon fur une ligne , il verfe du côté gauche, il faut montrer avec la main, en la menant du côté droit, que ce jalon doit être redreffé du côté droit; com me auffi pour le faire avancer ou reculer, pour le mettre en alignement : obfervez qu'il faut toujours en pofer un à chaque bout de l'alignement, & les laiffer même lons-tems pour faciliter le plantage des arbres. Voyez JALON. Un jour de pluie & venteux empêche de bien 4%: gner : on met du linge ou du papier pour difcerner les jalons , & fouvent on y appote un chapeau pour les mieux découvrir. (4) ALIGNOUET , f. m. inftrument de fer dont on fe fert dans la fabrication des ardoifes. Il a {on ex- trémité fupérieure quatrée comme la tête d’un mar- teau ; 1l va toûjours en diminuant comme un coin. Son extrémité inférieure fé termineroiït en taillant, comme l'extrémité tranchante d’un cifeau, fi on n’y avoit pratiqué une entaille en qui y forme deux pointes. La plus petite des figures Æ. PJ, premiere de l’ardoife , eft un alignouer. Quand une piece d’ardoi- fe efthien féparée de fon banc, on la jette dans la for- cée. Voyez BANC € FONCÉE. On la fort de la carrie- re ; & la premiere opération qui confifte à la divifer par fon épaïfleur , s'exécute avec la pointe. Poyez pointe. La pointe prépare une entrée à l’a/ignouer. On place lalignouss dans entrée préparée par la poin- te ; on frappe fur l’aligrouer avec un pic moyen, &t la féparation de la piece d’ardoïfe fe fait. Voyez P: MOYEN 6 ARDOISE. | * ALILAT , nom fous lequel les Arabes adoroient la lune ou, felon d’autres, la planete de Venus , que nous nommons hefperus le {oir, & phofphorus le matin, ALIMENS , £. m. pl. ez Droit, fignifient non-feu- lement la nourriture, mais auf toutes les autres né- ceffités de la vie, & fort fouyent même une penfion deftinée A LI deftinée à fournir à quelqu'un cès befoins , qu’on ap- pelle aufli par cette rafon pez/fon alimentaire. Aïnfi l’on dit que les enfans doivent les a/mens à leurs pere & mere , s’ils font en néceflité , & un pere ou une mere à fes enfans , même naturels : un mari eft obligé de nourrir & entretenir fa femme quand elle ne lui auroit point apporté de dot ; comme la femme eft obligée de fournir des a/mens à fon mari lorfqu’il n’a pas de quoi vivre : le beau-pere & la belle-mere font pareillement obligés d’en fournir à leur gendre & à leur bru ; & le gendre & la bru à leur beau-pere ou leur belle-mere, tant que Pallian- ce dure. Le pere n’eft pas obligé de fournir des alimens à un enfant qu'il eft dans le cas de deshériter; m1 l’ayeul à {es petits enfans f leur pere s’eft marié fans {on confentement, à moins qu'il n’ait fait les fommations refpettueufes. Pour la faveur des alimens , 11 eft défendu de faire aucune ftipulation fur les revenus à écheoir pour les éteindre ou les diminuer ; on n’en admet point la compenfation. Les conteftations pour caufe d'a/i- mens doivent être jugées fommairement , & le juge- ment qui intervient doit être exécuté nonobftant l'appel. Les a/imens légués par teftament font or- donnés par provifion, fi l'héritier eft abfent ou qu'il differe d'accepter la fucceflion. Quand le Prince ac- corde des Lettres de furféance , ils en font exceptés. Si Les alimens ont été légués jufqu’à l’âge de puberté, elle eft réputée pour ce cas ne commencer qu’à dix- huit ans. C’eft auffi en conféquence de la faveur que mé- ritent les w/rens, que le Boulanger & le Boucher, êt autres marchands de fournitures de bouche, font, dans quelques Jurifdi&tions , préférés aux autres eréanciers. ( Æ) ALIMENS ( /es } méritent une attention finguliere dans la pratique de la Medecine; car on peut les regar- der 1°. comme caufes des maladies lorfqu'ils font ou vicieux ou pris en trop grande quantité : 2°. comme temedes dans les maladies , ou comme faifant par- tie du régime que doivent tenir les malades pour ob- tenir leur guérifon. Des alimens confidérès comme caufe de maladies. On:peut confidérer dans les a/imens leur quantité, eur qualité , le tems de les prendre , les fuites des alimens mêmes. Tous ces motifs peuvent faire envi- fager les alimens comme caufes d'autant de maladies, & tendent à prouver que ce n’eft pas fans raifon que les plus grands Medecins infiftent fi fort fur la diete dans la pratique ordinaire de Medecine. I. La quantité trop grande des a/mens devient la caufe de nombre de maladies. En effet, les a/imens amaftés dans l’eftomac en plus grande quantité qu’il n’en peut porter , caufent à ce vifcere un grand tra- vail : la digeflion devient pénible , les deux orifices du ventricule fe trouvent fermés de maniere que les alimens ne peuvent en fortir ; ce aui excite des car- dialgies , des douleurs dans l’épigaftre , des gonfle- mens des hypochondres , des fuffocations qui {ont plus grandes lorfqu’on eft couché fur le dos & fur le côté gauche; parce que le diaphragme étant hori- fontal , le poids & la plénitude de lPeftomac l’em- portent fur la contra@ion de ce mufcle, & le ven- tricule ne fe vuide que par des convulfons , fans avoir changé le tiffu des alimens; ce qui caufe des diarrhées , des lienteries, & des coliques avec dyflen- terie. S'il pafle dans les vaiffleaux latées quelques parties de ces alimens indigeftes & non divifés , elles épaififfent le chyle , comme nous l’allons voir. IT. La qualité vicieufe des a/imens produit un effet encore plus dangereux : en fe digérant ils fe mêlent avec les humeurs à quielles communiquent leur mau- Tome I, A LT 265 vaife qualité. Ces qualités font l’aikalefcence , Pa: cidité, la qualité rance , la vifcofité & la glutinofité ; toutes ces qualités méritent l'attention des Praticiens, & font un des plus grands objets dans les maladies, 1°. Tous les a/imens tirés du rene animal {ont al: kalins , de même que toutes lésplantes légumineufes & cruciferes. Les chairs des animaux vieux ou fort exercés font encore plus alkalines. Les fels volatils des parties des animaux s’exaltent de même que les huiles, & produifent l'effet des alkalis volatils. 7. oÿez ALK ALT, 29, L'acidité des alimens eft occafionnée par les fruits acides , les herbes , les fruits d'été, les boif- {ons acides, le lait , les vins acides, Pefprit-de-vin, la bierre | & enfin toutes les fabftances où l'acide domine. Cette acidité produit des maladies dans ceux où les organes font trop foibles pour dénaturer ces acides & empêcher leur effet pernicieux. 7. Actpes. 3°. La qualité rance des a/imens eft fur-tout remar- quable dans les chairs falées, le lard , les graifles trop vieilles, de même que les huiles ; elle eft auf produite par le féjour trop long de ces alimens dans l'eflomac fans être digérés. Elle produit les mêmes maladies que l’alkalicité des humeurs , & demande les mêmes remedes, 4°. L'acrimonie muriatique eft produite par Les altmens falés , les poifons , les chairs falées , la oran- de quantité de fel dans les a/imens & leur affaifon- nement de trop haut goût : la quantité des épiceries &t aromates engendrent des maladies qui dépendent de lacrimonie muriatique , telles que le fcorbut des pauvres & des gens de mer, & le fcorbut des gens oïffs , &c fur-tout des riches & des gens de Lettres. Voyez SCORBUT 6 ACRIMONIE. 5°. La vifcofité & la glutinofité fe trouvent dans les alimens durs , ténaces , compaës , dont le fuc eft muqueunx , vifqueux & comme de la colle; tels font les viandes dures , les extrémités des animaux , les peaux, les cartilages, les tendons ; telles font les phan- teslégumineufes , les féves & les pois, les féves de marais, Gc. Cette vifcofité produit les maladies de Pépaififfement & de la vifcofité des humeurs ; l’obf truétion des petits vaifleaux ; Les flatuofités , les co- liques venteufes & fouvent bilieufes avec diarrhées. Mais ces différentes fortes d’alimens ne produifent ces effets qu’à raifon de leur trop grande quantité ou de la difpofition particuliere du tempérament : d’ail- leurs le défaut de boiffon fufffante où même le top de boïflon fervent encore à diminuer les forces des organes de la digeftion. IT. Le tems de prendre les aliens influe für leur altération. Si on les prend lorfque l’eftomac eft plein & chargé de crudités ou de falure , ils ne fervent qu’à l’augmenter : lorfque l’eftomac eft vuide,& leur quantité immoderée ou leur qualité vicieufe , ils ne peuvent produire que des effets pernicieux. Sion mange après une grande évacuation de fang, de femence ou de quelqu’autre humeur , la digeftion devient dificile à caufe de la déperdition des efprits animaux. 3°. Lorfque l’on mange dans le tems de la fevre ; alors les fucs digeftifs ne peuvent fe féparer par l'é- tétifme & la trop grande tenfion des vifceres ; il fe forme un nouveau levain qui entretient & augmente celui de la fievre. La cure des maladies dont la caufe eft produite par Les aimens, fe réduit à enlever la falure qu’ils ont formée , à empêcher la régénération d’une nouvelle, & à fortifier l’eftomac contre les effets produits , ou par la quantité ou par la qualité des a/imens. Le premier moyen confifte à employer les éméti- ques, fi l’eftomac eft furchargé , felonla nature & la force du tempérament ; l'émétique eft préféra- ble aux purgatifs, d'autant que ceux-ci mêlent une 266 À LT partie de la falure dans le fang , & que l’émétique l’emporte de l’eftomac & purge feul ce vifcere de la façon la plus efficace. Cependant c’eft au Médecin à examiner les cas , la façon & les précautions que demande l’émétique, Le fecond moyen conffte à empêcher la falure ou les crudités de fe former de nouveau ; les remedes les meilleurs font le régime & la diete, qui confiftent à éviter les caufes dont on a parlé ci-deflus : ainfi on doit changer la quantité , la qualité des alimens , & les régler felon les tems indiqués parle régime. Voyez RÉGIME. ( N) * Si certains a/imens très - fains font, par la raïfon qu'ils nourriflent trop, des mens dangereux pour un malade , tout aliment en général peut avoir des qualités ou contraires ou favorables à la fanté de ce- lui qui fe porte lemieux.Il feroit peut-être très-difficile d'expliquer phyfiquement comment cela fe fait, ce qui conftitue ce qu’on appelle Ze sempéramment n'étant pas encore bien connu ; ce qui conffitue la nature de tel ou tel aliment ne l’étant pas aflez ; ni par con- féquent le rapport qu’il peut y avoir entre tels &c tels alimens & tels & tels temperamens. Il y a des gens quine boivent jamais de vin, & qui fe portent fort bien ; d’autres en boivent, & même avec excès, & nes’en portent pas plus mal. Ce n’eft pas un hom- me rare qu'un vieil ivrogne : maïs comment arrive- t-il que celui-ci feroit enterré à Pâge de vingt-cinq ans , s’il faifoit même un ufage modére du vin, & qu'un autre qui s’enivre tous les jours parvienne à l’âge de quatre-vingts ans ? Je n’en fai rien : je con- jeéture feulement que l’homme n'étant point fait pour paffer fes jours dans l'ivrefle , & tout excès étant vraiflemblablement nuifible à la fanté d’un homme bien conftitué , il faut que ceux qui font excès con- tinuel de vin fans en être incommodés, foient des gens mal conftitués, qui ont eu le bonheur de ren- contrer dans le vin un remede au vice de leur tem- pérament , & qui auroient beaucoup moins vécu s'ils avoient été plus fobres. Une belle queftion à propofer par une Académie, c’eft comment le corps fe fait à des chofes qui lui femblent très-nuifibles : par exemple, les corps des forgerons, à la vapeur du charbon, qui ne les incommode pas , & qu eft capable de faire périr ceuxqui n’y font pas habitués; & jufqu’où le corps fe fait à ces qualités nuïfibles, Autre queftion, qui n’eft ni moins intéreflante ni moins difficile, c’eft la caufe de la répugnance qu’on remarque dans quelques perfonnes pour les chofes les meilleures & d’un goût le plus général ; & celle du goût qu’on rematque dans d’autres pour les cho- fes les plus malfaines & les plus mauvaifes. Il y a felon toute apparence dans la nature un grand nombre de lois qui nous font encore incon- nues, & d’où dépend la: folution d’une multitude de phénomenes. Il y a peut-être aufli dans les corps bien d’autres qualités ou fpécifiques ou générales, que celles que nous y reconnoïflons. Quoi qu’il en foit , on fait par des expériences inconteftables qu’en- tre ceux qui nous fervent d’alimens, ceux qu'on foupçonneroit le moins de contenir des œufs d’in- feétes , en font imprégnés, 8 que ces œufs n’atten- dent qu’un eftomac , & pour ainf dire ,un four pro- pre à les faire éclorre. Voyez Mérm. del Acad. 1730. page 217. 6 Hifi. de l’Acad, 170 7. page 9. où M. Homber dit qu’un jeune homme qu'il connofloit, & qui fe portoit bien, rendoit tous les jours par les felles depuis quatre ou cinq ans une grande quantité de vers longs de cinq ou fix lignes , quoiqu'il ne mangeât ni fruit m1 falade , &c qu'il eût fait tous les remedes connus. Le même Auteur ajoûte que le même jeune homme a rendu une fois ou deux plus d’une aune & demie d’un ver plat divifé par nœuds : d’où lon voit, conclut l’Hiftorien de l’Académie , combien il y a d'œufs d’infeétes dans tous les alimens. M. Lemery a prouvé dans un de fes Mémoires; que de tous les alimens ceux qu’on tire des Végétaux étoient les plus convenables aux malades, parce qu'ayant des principes moins développés , ils fem- blent être plus analogues à la nature. Cependant le bouillon fait avec les viandes eft la nourriture que l’ufage a établie, & qui pafle généralement pour la . plus faine & la plus néceffaire dans le cas de mala= die , oùelle eft prefque toûjours la feule employée : mais ce n’eft que par l'examen de fes principes qu’on {e peut garantir du danger de la prefcrire trop forte dans les circonftances où la diete eft quelquefois le {eul remede ; ou trop foible , lorfque le malade ex- tenué par une longue maladie a befoin d’une nour- riture augmentée par degrés pour réparer fes forces. Voilà ce qui détermina M. Geoffroy le cadet à entre- prendre l’analyfe des viandes qui font le plus d’ufa- ge , & ce qui nous détermine à ajoûter ici l’analyfe de la fienne. Son procédé général pent fe diffribuer en quatre patties : 1°. par la fimple diftillation au bain-marie ; &t fans addition, il tire d’une certaine quantité, com- me de quatre onces d’une viande crue , tout ce qui peut s’en tirer : 2°, il fait bouillir quatre autres on ces de la même viande autant & dans autant d’eau qu'il faut pour en faire un confommé , c’eft-à-dire , pour n'en plus rien tirer ; après quoi il fait évaporer toutes les eaux où la viande a bouilli , & il lui refte un extrait aufh folide qu'il puifle être , qui contient tous les principes de [a viande , dégagés de phleps me &c d'humidité : 3°, il analyfe cet extrait, & fé- pare ces principes autant qu’il eft poflible : 4°. après cette analyfe il lui refte encorede l’extrait une certai- ne quantité de fibres de la viande très-defféchées , & il les analyfe auf. | La premiere partie de l'opération eft en quelque forte détachée des trois autres , parce qu’elle n’a pas pour fujet la même portion de viande, quieft le lujet des trois dernieres, Elle eft néceffaire pour dé- terminer combien il y avoit de phlegme dans la por- tion de viande qu’on a prife ; ce que les autres par- ties de l’opération ne pourroient nullement détermi- ner. Ce n’eft pas cependant qu’on ait par-là tout Le phlegme , ni un phlègme abfolument pur ;il y en a quelques parties que le bain-marie n’a pas la forcé d'enlever , parce qu’elles font trop intimement en- gagées dans le mixte , & ce qui s’enleve eft accom- pagné de quelques fels volatils , qui fe découvrent par les épreuves chimiques. La chair de bœuf de tranche , fans sraïfle , fans o$ , fans cartilages ni membranes, a donné les prin- cipes fuivans : de quatre onces mifes en diftillation au bain-marie, fans aucune addition, ileft venu 2, onces 6. gros 36. grains de plegme ou d’humidité | qui a pañlé dans le récipient, La chair reftée feche dans la cornue s’eft trouvée réduite au poids d’une once 1. gros 36. grains. Le phlegme avoit l’odeux de bouillon. Il a donné des marques de fel volatil én précipitant en blanc la diflolution de mercure fubli- mé corrofif ; & le dernier phlegme de la diftillation en a donné des marques encore plus fenfibles en prér cipitant une plus grande quantité de la même diflo: lution. La chair defféchée qui pefoit 1. once 1.gros 36. grains, mife dans une cornue au fourneau de rez verbere , a d’abord donné un peu de phlegme char- ge d’efprit volatil, qui pefoit 1. gros 4. grains; puis 3. gros 46. grains de fel volatil & d’huile fétide qui n’a pu s'en féparer. La tête morte pefoit 3. gros 30, grains: c’étoit un charbon noir, luifant 8 léger, qui a été calciné dans un creufet à feu très-violent. Ses cendres expofées à l’air fe font humeëtées, & ont augmenté de poids : leffivées , l’eau de leur leffive + nn RE EE —— n’a point donné de marques de fel alkali, maïs de el marin, en précipitant en blanc la diflolution du mercure dans l’efptit de nitre. Elle n’a caufé aucun chängément à la diflolution du fublimé corrofif, fi ce n'eft qu'après quelque tems de répos 1l s’eft for- é au bas du vaifiéau une efpece de nuage, en for- me de coagulum léger. Or nous ne connoïffons juf- qu’à préfent que les fels qui font de la nature du fel ammoniac , ou le fel marin , qui précipitént enBlane la diffolution de mercure par l’éfprit de nitre, &feu- lement les tèrres abforbantes animales qui précipi- tent légerement la diflolution du fublimé corrofif. * Quatre onces de chair de bœuf féchée au bain- marie , enfuite arrofée d'autant d’efprit-de-vin bien redtifié , & laiflée en digeftion pendant un très-long tems , mont donné à l’efprit-de-vin qu’une foible teinture : l’efprit n’en a détaché .que quelques gout- tes d'huile ; la couleur qu'il a prife étoit roufle , & fon odeur étoit fade. L’huile de tartre , mêlée avec cèt efprit , en a développé une odeur urineufe: fon mêlange avec la diflolution de mercure par lefprit de nitre a blanchi ; il ‘y eft fait un précipité blanc jaunâtre ; puis cette liqueur eft devenue ardoifée , à caufe du {el ammoniac urineux dont l’efprit-de- vin s’étoit imbu. L’eflai de cet efprit-de-vin, mêlé avec la diflolution du fublimé corrofif, a produit un précipité blanc qu eft devenu un peu jaune : la pré- cipitation ne s’eft faite dans le dernier cas que par le développement d’une portion du fel volatil urineux, ui a pañlé dans l’efprit-de-vinavecle felammoniacal. - onces de chair de bœufayant été cuites dans un vaifleau bien fermé avec trois chopines d’eau, &c la cuiflon répétée fix fois avec pareille quantité de nouvelle eau , tous les bouillons mis enfemble, & les derniers n’ayant plus qu’une odeur de veau très- légere ,.on les a fait évaporer à feu lent ; on les a fil- trés vers la fin de l’'évaporation pour en {éparer une portion terreufe , 8 il eft refté dans le vaiffeau un extrait médiocrement folide qui s’humeétoit à l'air très-facilement & qui s’eft trouvé peer 1 gros 6 grains; c’eft-à-dire , que quatre ônces de bœuf bouilli donnant 1 groë 56 grains d'extrait ; une livre de fem- blable bœuf eût donné 7 gros 8 grains de pareil ex- trait ; plus 11 onc. 16 gros 64 grams de phlegme, & 3 onces 2 gros de fibres dépouillées de tout fuc. Où conçoit que ce produit doit varier felon la qualité du bœuf. Au refte , le bouillon fait d’une bonne chair de bœuf , dénuée de membranes, de tendons , de cattilages, ne fé met prefque jamais en. gelée : j'en- tens par gelée une mafle D. & tremblante. … L’extrait de bœuf qui pefoit 1. gros 56. gräins ana- Iyfé, a fourni 1. gro". grains de fel volatil attaché aux parois du récipient, non en rämüfications, com- me ordinairement les fels volatils, mais en cryftaux plats , formés pour la plûüpart en parallélepipedes. L'efprit & l'huile qui font venus enfemble après le {el volatil , pefoient 38. grains. Le fel fixe de tartre, mêlé avec ce fel volatil,4 päru augmenter fa force, ce qui pourroit. faire foupçonner ce dernier d’être un {el ammoniacal urineux. La tête morte ou le char- bon refté dans la. cornue , étoit trèstrarefié & très- léger ; ne pefoit plus que fix grains : fa leflive a précipité en blanc la diflolution de mercure , com- me a fait la léffive de la cendre de chair de bœuf crue dont j'ai parlé ci-deflus. Les 6: gros 36: grains de fa maffe des: fibres de bœuf defléchées , analy- fées de la même façon, ont rendu 2. gros d’un {el volatil de la forme des fels volatils ordinaires ; & qui s’eft attaché aux parois du récipient en ramifica- tions, & mêlé d’un peu d'huile fétide affez épaife, mais moins brune que celle de lextrait qui a été ti- rée du bouillon. E’efprit qiu étoit de couleur citrine, féparé de {on huile, a pelé 36, grains ; la tête morte peloit 1. gros Go. orains, À Tome Z, è ALI 26 La leflive qu'on a faite après la calcination n’a pû altérer la diflolution du mercure par l’efprit denitre, parce que lotf{u’on aïanalyfé ces fibres de bœuf defléchées , elles étoient déjà dénuées , non-feule- ment de tout leur fel eflentiel-ammoniacal, mais encore de leur fel fixe, qui eft de nature de fel ma- tin, puifqu'elles ont paflé pour la plus grande partie avec les huiles dans Peau pendant. la longue ébullis tion de cette chair. Cette leffive a, feulement teint légerement de couleur d’opale la diflolution du fu blimé corrofif ; preuve qu'il y refloit encore une portion huileufe. On fait que les matieres fulphureu- {es précipitent cette diflolution en noir; ou plütôt en violet foncé, dent la couleur d’opale eft un com- imencement. ch. Le à 1 4 SUR On connoît donc par l’analyfe dé l’extrait des bowullons, qu’il pale dans Peau pendant l’ébullition dé la chair de bœuf, un fel ammomiacal qu'on peut regarder comme le fel effentiel de cette viande, & qui paroit dans la diffillation de l’extrait fous une forme différente de celui qu’on retiré dé la chair lorfqu’on la diftille CTué. ni: ms . M. Geoffroy a fait les mêmes épérations fur la chair de veau, celle de mouton, celle de poulet, de coq ,de thapon , de pigéon, de faifan, de. pérdrix , de poulet-d’inde ; & voici là tablé du pro- duit de fes expériences. | , us Læ Onces, Gros, Grains Chair de bœuf crue, diflillée au bain- IMATLE, À Eau prémiere. , Quatre onces de chair de bœuf ont donné de premiere humidité ..., 2 6 36 Bœuf féché au bain-marié . . . : . 1 , 1 36, OAI ARE À h: ‘+ Extrait de bœuf bourlli, Quatre onces de bœuf ont donné Her LE, CREME 1 56 Les fibres féchées, ...1,.: 6 36. ROM EE ANR RETRO: % pi DT | L: ; di nn Eau tirée par le bain marie ..,.. 2 6 3G À quoi il faut ajoûter un fecond fleg- me que le bain-marié n’a pü en- GORE EME Le en 7 iris ts 1 16 Total de l’humidité qui fe trouvè : contenue dans quatre onc. de chair ‘de bœuf, 2 onces 7 gros $2 grains. un. , HTORIS EE S LE A Poids des malfes de Le chair de bœuf | Pour une livre. èr Une livré de feize onces contiendra DEEE RS D Cult: 0 04 RO Le eue te IE cale 71 D LS Fibres Léchees 20 ei | 71 12 Total y 20e 16. Analyfe de l'extrait de quatre onces de bœuf qui ont produit 1 gros $C grains. . | SÉYOAMSCANE TA ON Huet en ne 38 Têtesorte ou charbon... G nya ir CS eares Lt GTR 7 Total. ” + © © € .É. Î 4 56. Analyfe de fx gros trerte-fix grains | de fibres defféchées. Lselvolatnle. LU: : € > 20 Efprit volatil ,,,::: 22. 36 268 À L I Oncés, Gross Grains, "Téte-morte où charbon... I 60 Peters eu rc 2 12 Chair de veau crue, Eau premiere. Quatre onces de cette chair ont donné de premiere humidité . £ 6 4 Veau féché au bain-marie, ...:.: 1 LL Dar OAI AA Extrait de veau. Quatre onces de veau ont produit PRRETEAIT MISES SUN RCE EE 230 Les fibres féchées ess . ÿ 62 Eau par le bain-marie . . 2 6 5ÿ4 Fotal.s 6 NT ARR À quoi 1l faut ajoûter un fecondfleome que le bain-marie n’a pù enlever, jou-la perte. nn. 70 Total. 4 Eau de la premiere UE SZ MS SA Eau de la feconde évaporation » | 79 Total, 44% 15% GNT Poids des malfes de la chair de veau pour une livre. Une livre de feize onces contiendra - ERA Lo ee ANCYS Enrextrait, 2900 0 ea ME Ni NEA ( Fibres” féchées "5 er 0e TOMATE PERRE 16 Analyfe de Pextrait de 4 onces de veau, 2 gros 30 £TAINS, Sel volatil A RE | Huile & efprit (‘°° "" te # PC MORCMNLALENS 1 DEMEURER à 18 Total ,,,.., 2 30 snalyfe de cinq gros 62 grains de res de veau ... Sel volatil . TARN 1 66 Huile & nes. RE ‘ RE 37 Tête-morte: 10 : DITS Pertés Atos 4 13 Pot 5 62 Chair de mouton diflillée au bain-marie, Eau premiere. Quatre onces de cette chair ont donné de premiere humidité... .,:,, 3 Mouton féché au bain-marie. , ,,, 1 «x A2 Total, «4 we À Extrait de mouton bouilli. Quatre onces dé mouton ont produit 2 58 FibrésMéghges gs, 1: à 5 Go Eau par le bam-marie.,,. 2 6 30 Total, . : Sa du a À quoi il faut ajoûter un fecond ie que le bain-marie n’a pü enlever. . 68 Fotal sister À étais se 6 36 | À LI Poids de mafles pour une livre. Onces, Gros. Graïnsg Une livre de 16 onces contiendra, En eau CCC NS ET a + + I ï 5 3 ?. extraite ee , TA EG Fibres Héchées, 2,12 2 ORNE Aralyfe de l'extrait de 4 onc. de mouton, 2 gros 58 grains. Sekvolatil…. 0,6 aus à ï _ Huile &c efprit. . . .. re ï Tête-morte , :,. .,1 ÿ4 Peter rie À Total. .... ET Araly fe de 3 gros Co grains de fibres defféchées. Sel volatil & huile inféparable. . 3, 12 Roanne TO rs à 24 détc-morte LINE Put 2 Perte KL CAES: Sage 24 Total $s 60 Chair d'agneau : uhe livre de chair Jans graiffe. Extrait difficile à fécher & tolïjours ATANCE ASS NME RTE ES e É 39 Poulet : chair 6 os, 9 onces 4 gros 48 grains. | AU YER Jan des PRES, LOL GGURE las ER ARS de AE 7 36 Fibres charnues & os fire après PRIT tte ce li MT IS p* Tôtalis 424 Lmpilns 4848 Analyfe de % gros 36 grains d'extrait | de poulet. ‘ Efprit, huile & flegme .. : A 1 Sel volatil & huile . . .. 58 Tétesmonten AMEN 23 2 20 Perte... 15 Total... 7 36 Analyfe des fibres deffèchées du pouler, 6 gros 18 grains. Efprit & huile épaifle . .. : 31324 Sel volatil . RME I TS morte LUE PRET 1 6 PeITOrU Ee SUR so Totale.5on 6 18 Analyfe des os de poulet après l'ébulli- tion, 3 gros 9 grains. Efprit, huile, &c fel volatil . , : : 69 Téte-motté 01,000 ; 2 8 Petté dm SE A Total 3 te CUITE 3 9 Vieux cog, pefant 2 liv. 2 onces 6 gros. Extrait gélatineux fec. ... 4 7 66 Chapon : chair de chapon dégraiffé , z Ly, 2 onces 2 gros 48 grains, Extrait difficile à fécher., ï $ Pigeons de volieré : deux pigeons pefant 14 ônces. Extrait folide en tablettes ; : : . 7 35 À LI Faifan : chair de faifen, pefant à div. avec Les os. Onces, Gross Grains, EX MOU ELA SNS TZ 16 Fibres féchées avec les os.. 9 32 EU RL 20 Le :TD, 4 D À. Total ® =: 32 Analyf de fimple chair de faifan 4 onces. | RP EE TP OR UE | "630 Hip CARE, 7, ANA 4 SSL S Eu EEE Se 2 36 MÉÉMOMEME NT EAN 2 48 POFTS Na RE? 24 Total * = + À. Analyfe de l'extrait de faifan, 1 gros 56 grains, Efprit & Huile. , . . . . à 46 Serial ne 3 Léte-MOeint 1. LA 36 PRE. J'ai Tet vs LOI Le I 56 Fibres fêchées de faifan fans os, G gros 36 grains. Efprit, fel volatil , & huilé épaifle. : Sonto Du Léte-moite Lip xonsinsts L'oT2 PORER HR et 14 Total jy Bu 6 36 | Perdrix : deux vieilles perdrix, pejant r. 1 Liv. 2 ontes 5 gros. Extrait huileux où oras & humide... : 6 30 Poulet d'Inde : un pouler d'Inde, ' pefant 9 Liv. Extrait gras & huileux , quoiqu’en HDI EE le.» 2er Ci AE 43 ms Caurs de veaux. Deux cœurs de veaux, pefant onze onces 4 gros , ont rendu d'extrait qui n'a pü fe mettre en gelée, ni LÉMBÉRER UN TM din Lee in 4 60 Foie de veau : un foie pefant 2 livres 7 gros. Extrait qi s’humeétoit ; . : . . . 2. : Co Pié de veau : huit piés , pefant 6 Liv. & onces. FRERE RER ET LT, À À4ÿ Extrait gommeux & fec . . .. RUE. Os humides au fortir du bouillon, avec cartilages , . 4, : : . 2 10 Létales :24 10 56 Sa, Analyfe d'une once d'extrait gornmeux 6 fec de piès de veau. Efprit & huile A USER 3 2 Sel VOLTAIRE 1$ HÉtésmO Ne SEEN 2 24 Perte ; : SL TERME 29 Total. : : Le A LI Macreufes + deux macreufes di poids de 2 Div, 7 onces. Extrait folide qui s’humecte a changement des tems :.. «2 HV. 1 so ne 169 Onces Gros, Grains, Les dofes d'extraits marquées dans ces Tables; mettent en état de ne plus faire au hafard des mé- langes de différentes viandes fans favoir précifément ce qu’on y donne ou ce qu’on y prend de nourriture, Ces dofes font les dofes extrèmes ; c’eft- à: dire qu’elles fuppofent qu’on a tiré de la viande tout ce qui pouvoit s’en tirer par l’ébullition. Mais les bouil- Jons ordinaires ne vont pas jufques-là, & les extraits qui en viendroient feroient moins forts. M. Geoffroy en les réduifant à ce pié ordinaire ; trouve qu’on à encore beaucoup de tort de craindre, comme on fait communément, que les bouillons ne nourriffent pas aflez les malades. La Medecine d'aujourd'hui tend aflez à rétablir la diete auftere des Anciens, mais elle à bien de la peine à obtenir fur ce point uné rande foümifion, ALIMENT , f m. (Phyfolog.) eft tout ce qui peutfe diffoudre & fe changer en chyle par le moyen e la Hiqueur flomachale & de la chaleur naturelle, pour être enfuite converti en fang; & fervir à aug: mentation du corps ou à en réparer les pertes con- tinuelles. Voyez NOURRITURE, CHYLE, SANG; NUTRITION, 6%. Ce moteft Latin, & vient du vethe alere, nourrir; ‘ | Les premiers hommes ignoroient les vertus des viandes , des fruits, des plantes, des bêtes fauva- ges , de l’eau froide, 6e. ils ont par conféquent dû faire bién des tentatives à leurs dépens. Tel aliment qui convient à un corps robufte, dérange, détruit un fuyet foible & délicat: ce qui eft fain dans un climat froid , ne l’eft pas dans un, pays chaud. Sa- voit-on tout cela autrefois ? On ufoit de chofes dan- gereufes parce qu’elles étoient inconnues ; & cela arrive encore aux navigateurs dans les pays loin- tains. On fait que les foldats d'Antoine furent obli- gés en Affyrie dé manger les racines qui fe rencon- troient ; 1l s’en trouva de venimeufes qui les firent tomber dans le délire, au rapport de Plutarque ; & Diodorede Sicile raconte que Les Grecs à leur retour de l'expédition de Cyrus ,fe noutrirent pendant 24 heures du miel de la Colchide. Boerh. comment. (L} ÂLIMENT du feu; pabulum ignis , fignifie tout ce qui fert à nourrir le fé, comme le bois , les huiles ; & en général toutes les matieres grafles & fulphu: reufes. Voyez Feu & CHarEur. (0) ALIMENTAIRE , adj. ( Phyftolog.) cé qui à rap: port aux alimens ou à la nourriture, Voyez Nour- RITURE, 6C; Les anciens Medecins tenoient que chaque hu- meur étoit compolée de deux parties; une a/men- taire &t une excremencitielle, Voyez HUMEUR 6 EXCRÉMENT, Conduit ALIMENTAIRE ; eft un nom que Tyfon & quelques autres Auteurs donnent À cette partie du corps, par où la nourriture pañle depuis qu’elle eft entrée dans la bouche, jufqu’à fa fortie par l’a- nus; & qui comprend le sofer, l’eftomac, les in- teftins. Voyez ESTOMAC, 6c.- | Morgagni regarde tout Le conduit a/imentaire (qui comprend l’eftomac, les inteftins, & les veines la- tées) comme formant une feule glande , qui eft de la même nature, qui a la même ftruêture & les mê- mes ufages que les autres glandes du corps: Wôyez GLANDE. | Chaque glande a fes vaifleaux différens, fecré- tôires &excrétoires , & aufli fon réfervoir commun; où la matiere qui y eft apportée reçoit fa premiere préparation par voie de digeftion, 6; 270 À LI -Daäns cette vafte & importante glande que forme de conduit alimentaire, le gofier & l’œfophage font de vaifleau déférent ; l’eflémaë eft le réfervoir com- ‘mun; les vêines laftées font les vaifleaux fecrétois res, aütremenñt les couloirs; & les inteftins depuis le pylore jufqu’à l’anus , font le canal excrétoire. Ainf les fonétions de cette glande, commé de toutes les autres, font principalement quatre; favoir, la folution, la féparation , la fecrétion, & l’excrétion. Corluit alimentaire, s'entend auf quelquefois du canal thorachique. Voyez THORACHIQUE. (L) Loi ATIMENTAIRE (Jurifprud.) étoit une loi chez les Romains qui enjoigneiït aux enfans de fournir la fubfftance à leurs pere &-mere. #. ALIMENS. (A) ALIMENTAIRES, ady. pris {ubft. ( Æiff, anc.)nom que donnoient les Romains à de jeunes garçons & . de jeunes filles qu'on élevoit dans des lieux publics, comme cela fe pratique à Paris dans les hôpitaux de la Pitié, des Enfans-rouges., 6. Ils avoient comme nous des maifons fondées où l’on élevoit & nourrif: foit des enfans pauvres & orphelins de l’un & de l’autre fexe, dont la dépenfe fe prenoit ou fur le fife ou fur des revenus certains laiffés par teftament à ces établiflemens, foit par les Empereurs, foit par les particuliers. On appelloit les garçons alimentarit pueri ; & les filles a/mentarie puelle. On les nom- moit aufhi fouvent du nom des fondateurs & fonda- trices de ces maïfôns. Jule Câpitolin , dans la vie d’Antonin le Pieux, rapporte que ce Prince établit une maifon en faveur des filles orphelines , qu’on appellaFauftiniennes, Fauflinianæ, dunom de l’Impé- ratrice époufe d’Antonin ; & felon le même auteur, Alexandre Severe en fonda une autre pour des en- fans de l’un & de l’autre exe, qu’on nomma, Mam- méens & Mariméennes, du nom de fa mere Mammée : Puellas & pueros , quemadmodum Antoninus Fauflinia- nas inflituerat , Mammeanas & Mammaanos influruit. Jul. Capitol. in Antonin. & Sever. (G) À LINÉA ( Gramm. ) c’eft-à-dire , incipe a lined, commencez par une nouvelle ligne. On r’écrit point ces deux mots 4 Une, mais, celui qu diéte un dif- cours, où 1l y a divers fens détachés, après avoir diété le premierfens , dit à celui qui écrit: punifum... a lined : c'eft-à-dire , terminez par un point ce que vous venez d'écrire ; laiflez en blanc ce qui refte à remplir de votre derniere ligne ; quittez-la , finie ou non finie , & commencez-en une nouvelle, obfervant qué le premier mot de cette nouvelle ligne commence par une capitale, & qu'il foit un peu rentré en de- dans pour mieux marquer la féparation , ou diftinc- tion de fens. On dit alors que ce nouveau fens eft a lineé, c'eft-à-dire qu’il eft détaché de ce qui pré- cede , & qu’il commence une nouvelle ligne, Les 4 lineé bien placés contribuent à la netteté du difcours. Ils avertiffentle lecteur de la diflinétion du fens. On eft plus difpofé à entendre ce qu’on voit ainfi féparé. Les Vers commeñcent toujours 4 lined, & par une lettre capitale. | Les ouvrages en Profe des äncieñs Auteurs, font diftingués par des alineé , cotés à la marge par des chiffres :on dit alors numero 1 , 2,3, &c. Onles divife auf par chapitres, en mettant le numero en chiffre romain, Les chapitres des Inftituts de Juftinien font auffi divifés par des a lined, & le fens contenu d’un a 4- neé à l’autre eft appellé paragraphe, & fe marque ainfi $. (F) * ALIPHE., ville d'Italie , au Royaume de Naples, däns la terre de Labour, près de Volturne. * ALIPTÆ , {. m. PL ( Æif. ant, ) du Grec arcige frotter , nom des Officiers chargés d’huiler & de fro- ter les Athletes , fur-tout les Luteurs & les Pancrati- tes avant que la lice füt ouverte, * ALIPTERION, en Latin onéfuarium fm, ( Hif anc, ) étoit un des appartemens des Thermes des An- ciens, dans lequel les athletes fe rendoïent pour fefai- te üindre par les officiers de Paleftre, ou fe rendre ce fervice les uns aux autres. On appelloit encore cette chambre æleothefrum. ALIQUANTES, adj. f, Les parties aliquantes d'un tout {ont celles qui répetées un certain nombre de fois ne font pas le tont complet, ou qui répétées un certain nombre de fois , donnent un nombre plus grand ou plus petit, que celui dont elles font les par- ties aliquantes. Voyez PARTIE, MESURE, 6c. Ce mot vient du Latin alquantus, qui a la même fignification. | Aïnfi s eftune partie alquante de +2 ; parce que pri- fe deux fois , elle donne un nombre moindre que 12; & que prife trois fois, elle en donne un plus grand. Les parties aliquantes d’une livre ou vingt fols, font : 3: Partie aliquañte , compofée d’un dixieme & d’un vingtieme, | 6 compofée d’un cinquieme & d’un dixieme. 7 compofée d’un quart & d’un dixieme, 8 compofée de deux cinquiemes. 9 compofée d’un quart & d’un cinquieme. 11 compofée d’une moitié 8 d’un vingtieme, i2 compofée d’une moitié & d’un dixieme. 13 compofée d’une moitié, d’un dixieme & d’un vingtième. | 14 compofée d’une moitié & d’un cinquieme. 15 compofée d’uñe moitié & d’un quart. 16 compofée d’une moitié, d’un cinquieme & d’un dixieme. | 17 coinpofée d’une moitié, d’un quart & d’un _ dixieme. 18 compofée d’une moitié & de deux einquie- mes. 19 compofée d’une moitié, d’un quart, & d’un __ : cinquiemé. Quant à la maniere de multiplier les parties 4 quantes | Voyez; MULTIPLICATION. ALIQUOTES , adj f. on appelle ainfi les parties d’un tout qui répétées un certain nombre de fois font le tout complet; ou qui prifes un certain nombre de fois , égalent le tout. Voyez PARTIE, rc. Ce mot vient du Latin alquotus, qui fignifie la même chofe. Aïnf 3 eft une partie aliquote de 12, parce que prife quatre fois elle égale ce nombre. Les parties a/iquotes d’une livre ou vingt fols {ont : 10 / moitié de 20 /f. quart. cinquieme. dixieme. vingtieme. tiets. fixieme huitieme. douzieme. quinzieme: feizieme. vingt-quatrieme: quarante-huitieme. uant à la multiplication des parties a/quoies: Voyez Particle MULTIPLICATION. (E) ALISÉ , adj. verts alifés , ( Phyfig. & Marine. )font certains vents réguliers qui foufilent toùjours du mé- me côté fur les mers, ou alternativement d’un cer- tain côté & du côté oppofé. | Les Anglois les appellent auf vers de commerce ; parce qu'ils font extrèmement favorables pour ceux qui font le commerce des Indes. 4 Ces vents font de différentes fortes ; quelques-uns foufflent pendant 3 où 6 mois de l’année du même côté, & pendant un pareil efpace de tems du côté. ei: el li ND DO EN li D RONA ES œ bei «nn Où B Co AR 60 éppoié : ils font extrèmement communs dans la met des Indes ; & on les appelle rowffons. Voyez Mous; SONS. D’autres fouflent conftamment du même côté ; tel eft ce vent continuel qui regne entre les deux tro- piques, & qui fouffle tous les jours le long de la mer d’orient en occident. | Ce dernier vent eft celui qu’on appelle propre- ment vers alifë, Il regne toute l’année dans la mer Atlantique & dans la mer d’Ethiopie entre les deux tropiques, mais de telle maniere qu’il femble foufiler en partie du nord-eft dans la met Atlantique , & en partie du fud-eft dans la mer d’Ethiopie. Auffitôt qu’on a pañlé les ifles Canaries, à peu près à la hauteur de 28 degrés de latitude feptentrionale ; il regne un vent de nord-eft qui prend d'autant plus de l’eft qu’on approche davantage des côtes d’Amé- rique , & les limites de ce vent s'étendent plus loin fur les côtes d'Amérique que fur celles d'Afrique. Ces vents font fujets à quelques variations finvant la faifon, car ils fuivent le foleil ; lorfque le foleil fe trouve entre l'équateur & le tropique du cancer, le vent de nord-eft qui regne dans la partie feptentrio- nale de la terre, prend davantage de l’eft , & le vent de fud-eft qui regne dans la mer d’Ethiopie, prend da- vantage du fud. Au contraire lorfque le foleil éclaire la partie méridionale de la terre, les vents du nord- eftde lamer Atlantique prennentdavantage du nord, & ceux du fud-eft de la mer d’Ethiopie, prennent d’a- vantage de l’eft. | Le vent général d’eft fouffle auffi dans la mer du fud. Il eft vent de nord-eft dans la partie feptentriona- lé de cette mer, & de fud-eft dans la partie méridio- nale. Ces deux vents s'étendent de chaque côté de l'équateur jufqu’au 28 & 30° degré. Ces vents font fi conftans & fi forts, que les vaifleaux traverfent cètte grande mer depuis l'Amérique jufqu’aux ifles Philippines, en dix femaines de tems ou environ; car ils foufflent avec plus de violence que dans la mer du Nord & dans celle des Indes, Comme ces vents regnent conftamment dans ces parages fans aucune variation & prefque fans orages, il y a des Marins qui prétendent qu'on pourroit arriver plütôt aux Indes , en prenant la route du détroit de Magel- lan par la mer du fud , qu’en doublant le cap de Bon- ne-Ffpérance, pour fe rendre à Java, & de là à la Chine. Muffch. Effais de Phyfque. Ceux qui voudront avoir un plus ample détail fur ces fortes de vents ; peuvent confulter ce qu’en ont écrit M. Halley & le voyageur Dampierre. Ils pourront aufli avoir fecours au chapitre [ur les vents, quite trouvé à la fin de l’effai de Phyfique de M. Muff- chenbroek , ainfi qu'aux srairés de M. Mariotte fur la nature de l'air & fur le mouvement des fluides. Pour ce qui eft des caufes phyfiques de tous ces vents, voyez l’article VENT. | Le Doéteur Lifter dans les Tranfattions philofophi- ques a fur la caufe de ces vents une opinion fingu- liere, Il conjeture que les vents tropiques ou mouf fons, naïflent en grande partie de l’haleine ou du fouf fle qui fort d’une plante marine appellée /argo/fz ou lenticula marina | laquelle croit en grande quantité depuis le 361 jufqu'au 184 de latitude feptentrionalé, &c ailleurs fur les mers les plus profondes : « car, dit- # il, la matiere du vent qui vient du foufile d’une » feule 8 même plante , ne peut être qu’uniforme 8 » conftante ; au lieu que la grande variété d’arbres » & plantes de terre , fournit une quantité de vents » différens : d’obil arrive , ajoûte-tl, queles vents » en queftion font plus violens vers le midi , le foleil » réveillant ou ranimant pour lors la plante plus que » dans une autre partie du jout naturel, & l’obligeant # defouffler plus fort &c plus fréquemment ». Enfin il attribue la direéionde te vent d'orient énoccident, A LI 272 au courant général & uniforme de la mer, comme on obferve que’le courant d’une riviere eft toûjours accompagné d’un petit vent agréable qui fouffle du même côté : à quoi l’on doït ajoûter encore, felon lui, que chaque plante peutêtreresardée commeun hélio: trope , qui en fe penchant fuit le mouvement du {o- leil & exhale fa vapeur de ce côté-là ; de forte que la dire@tion des vents a/fés doit être attribuée en quelque façon au cours du foleil, Une 6pinion fi chi mérique ne mérite pas d’être réfutée, 7. COURANT: Le Do&teur Gordon eft dans un autre fyflème ; & il croit que l’atmofphere , qui environne la terre & qui fuit fon mouvement diurne, ne la quitte point ; ou que f l’on prétend que la partie de l’atmofphere la plus éloignée de la terre ne peut pas la fuivre , dut moins la partie la plus proche de la terre ne l’aban- donne jamais : de forte que s’il n’y avoit point de changemens dans la pefanteur de l’atmofphere, elle accompagneroit toüjours la terre d’occident en orient pat un mouvement toûjours uriforme & entiere= ment imperceptible à nos fens. Mais comme la por- tion de Patmofphere qui fe trouve fous la ligne eft ex: trèmement raréfiée , que fon reflort eft relâché, & que par conféquent fa péfanteur & fa compreffion {ont devenues beaucoup moins confidérables que cel: les des parties de l’atmofphere qui font voifines des poles , cetté portion eft incapable de fuivre le mou vement uniforme de la terre vers lorient ;* & par confèquent elle doit être pouffée du côté de l’occi- dent, & caufer le vent continuel qui regne d’orient en occident entre les deux tropiques. foyez fur tout cela lersicle VENT. (0) : ALISIER, f. m. ox ALIZIER, cratægus , arbré dont le fruit ne differe de celui du poirier que par la forme & la grofleur. Ce fruit n’eft qu’une baie remplie de femences calleufes 87 renfermées dans de petites loges. Tournefort, 17f. re herb. Voyez PLANTE. (1) * ALISMA , efpece de doronic : cette plante jette de fa raciné plufeurs feuilles femblables à celles du plantin, épaifles | nerveufes , velues, & ‘’étendant à terre. Il fort du milieu des feuilles une tige qui s’eleve d’un pié ou d’un pié & demi, velue, portant des feuilles beaucoup plus petites que celles d’en- bas, &c à fon fommet une fleur jaune radiée commé celle du doronic ordinaire, plus grande cependänt &. d’une couleur d’or plus foncée. Sa femence eît Jonguette , garnie d’une aigrette, acre, odorante., Sa racine eft rougeâtre, entourée de filamens longs comme celle de l’ellébore noir, d’un goût piquant, aromatique & agréable. Ce doronic croit aux lieux montaoneux : il contient beaucoup.de fel & d'huile : il eft diurétique , fudorifique , qnelquefois émétique : - il diffout les coagulations du fang. Ses fleurs font éternuer ; leur infufon arrête Le crachement de fang. Lemery. Il y à entre cette defcription & celle d’Ori- bafe des chofes communes & d’autres qui different. Oribafe attribue à l’alifma des propriétés fingulieres, comme de guérir ceux qui ont mangé du levre ma- tin. Hofman dit qu'il eft réfolutif & vulnérairé; qu’il eft bon dans les grandes chütes ; & qué les payfans le fubftituent avec fuccès à l’ellébore dans les ma- ladies des beftiaux. Tournefort en diflingue cinq ef- peces : on en peut voir chez lui les défcriptions , fur- tout de la quatrième. | .,* ALITEUS, furnom donné à Jupiter, parce que dans un tems de famine il prit un foin particulier des Meuniers, afin que la farine ne manquât pas. ALKAHEST , 0 ALCAHEST , {. m.( Chimie) eft un menitrue ou diflolvant, que les Alchimiftes difent être pur, au moyen duquel ils prétendent ré- foudre entierement les corps enleur matiere primiti- ve,& produire d’autres effets extraordinaires &t inex° pliçables, 7ôyez MENSTRUE, DISSOLVANT, 6, 37 ALK Paracelfe.& Vanhelmont, ces deux 1lluftres adep- tes, déclarent expreflément qu’il y a dans la nature un certain fluide capable de réduire tous les corps fublunaires , foit homogenes, foit hétérogenes , en la matiere primitive dont ils font compolés, ou en une liqueur homogene & potable, qui s’unit avec l’eau & les fucs du corps humain, & retient néanmoins fes vertus féminales, & qui étant remêlée avec elle-mé- me, fe convertit par ce moyen en une eau pure &c élémentaire , d’où, comme fe Le font imaginés ces deux Auteurs, elle réduiroit enfin toutes chofes en eau. Voyez EAU. Le témoignage de Paracelfe , appuyé de celui de Vanhelmont, qui protefte avec ferment qu'il poffé- doit le fecret de l’a/kaheft, a excité les Chimiftes & les Alchimiftes qui les ont fuivis, à chercher un fi noble menftrue. Boyle en étoit fi entèté, qu'il avoue franchement, qu'il aimeroit mieux pofléder l’4/ka- hef?, que la Pierre philofophale même. foyez ALCHI- MIE. En effet , il n’eft pas difficile de concevoir que tous les corps peuvent venir originairement d’une matie- re primitive qui ait “Abeie) été fous une forme flui- de. Ainfi la matiere primitive de l’or n’eft peut-être autre chofe qu’une liqueur pefante , qui par fa natu- re ou par une forte attraétion entre fes parties, ac- quiert enfuite une forme folide. Foyez Or. En con- féquence il ne paroït pas qu'il y ait rien d’abfurde dans l’idée d’un être, ou matiere univerfelle , qui ré- fout tous les corps en leur étre primitif. L'a/kahef? eft un fujet qui a été traité par une infi- nité d’Auteurs, tel que Pantaleon, Philalethe , Ta- chenius, Ludovic, 6c. Boerhaave dit qu’on en pour- roit faire une Bibliotheque. Veidenfelt dans fon trai- té de fecretis adeptorum , rapporte toutes les opinions que l’on a eues fur cette matiere. Le terme d’a/kahef? ne fe trouve dans aucune lan- gue en particulier: Vanhelmont dit l'avoir premie- rement remarqué dans Paracelfe, comme un terme qui étoit inconnu avant cet auteur ; lequel dansfonIl. livre de viribus membrorum, dit, en parlant du foie : ef? etiam alkaheff liquor magnam hepatis confervandi 6 confortandi, &c. C’eft-a-dire, « il y a encore la li- » queut a/kaheft qui eft fort efficace pour conferver » le foie, comme aufli pour guérir l’hydropifie, & » toutes les autres maladies qui proviennent des vi- »# ces de ce vifcere, &c. C’eft ce fimple paffage de Paracelfe qui a excité les Chimiftes à chercher l’a/kaheff; car dans tous les ouvrages de cet auteur , 1l n’y a qu’un autre endroit où il en parle, & encore il ne le fait que d’une ma- mere indirecte. Or comme il li arrive fouvent de tranfpofer les lettres des mots, & de fe fervir d’abbréviations , & d’autres moyens de déguifer fa penfée, comme lor{- qu'il écrit wutratar Pour tartarum, mutrin Pour ri- zrum ; On croit qu'a/kahef? peut bien être ainfi un mot déguifé ; de-là quelques-uns s’imaginent qu’il eft for- mé d’a/kali eff, & par conféquent que c’eft un {el alka- li de tartre volatiife. Il femble que c’étoit l’opinion de Glanber , lequel avec un pareil menftrue fit en effet des chofes étonnantes fur des matieres pri- {es dans les trois genres des corps : favoir, animaux, végétaux & minéraux ; cet 4/kaheft de Glauber eff le nitre qu'on a rendu alkali , en le fixant avec le chär- bon. | _ D’autres prétendent qu’a/kaheff vient du mot Al- lémand algueft, comme qui diroit entierement fpiri- gueux où volatil ; d’autres veulent qu’il foit pris de Jaltz-gueift, c’eft-à-dire, efprit de jel; car le menftrue umiverfel doit être , à ce qu’on prétend, tiré de l’eau; & Paracelfe lui-même appelle le fel, Ze cen- tre de l’eau | où les métaux doivent mourir, &c. En effet, l’efprit de fel étoit le grand menftrue dont 1l fe fervoit la plüpart du tems. Le Commenta teur de Paracelfe, qui a donné une édition latine de fes œuvres à Delft, aflure que l’a/kaheff eft le mer- cure réduit en efprit. Zwelfer jugeoit que c’étoit un efprit de vinaigre reétifié du verd de gris ; & Starkey croyoit l’avoir découvert dans {on favon. | On a employé pour exprimer l’z/kahe/f quelques termes fynonymes & plus fignificatifs : Vanhelmont le pere en parle fous le nom d’ignis aqua, feu eau: mais 1] femble qu’en cet endroit, il entend la liqueur circulée de Paracelfe, qu’il nomme fx, à caufe de la propriété qu’elle a de confumer toutes chofes, &c eau à caufe de fa forme liquide. Le même Auteur appelle l’alkaheft ignis gehennæ , feu d’enfer, terme dont fe fert aufli Paracelfe; il le nomme aufli /#m- mum 6 feliciffimum omnium falium , « le plus excel- » lent & le plus heureux de tous les fels, qui ayant » acquis le plus haut depré de fimplicité, de pureté » & de fubtilité, jouit {eul de la faculté de n’être » point altéré n1 affoibli par les fujets fur lefquels il » agit, & de difloudre les corps les plus intraitables » & les plus rebelles, comme les caïllous, le verre, » les pierres précieufes , la terre, le foufre, les mé- » taux, Gc. & d’en faire un véritable fel de même » poids que le corps diffous ; & cela avec la même » facilite que l’eau chaude fait fondre la neige, Ce » {el, continue Vanhelmont , étant plufieurs fois » cohobé avec le /al circulatum de Paracelfe, perd » toute fa fixité, & à la fin devient une eau infipide » de même poids que le fel d’oùelle a été produite »#. Vanhelmont déclare expreflément « que ce menftrue » eft entierement une produétion de l’art & non de » la nature. Quoique l’art, dit-il, puifle convertir en » eau une partie homogene de la terre élémentaire, » je nie cependant que la nature feule puifle faire la » même chofe; car aucun agent naturel ne peut chan- » ger un élément en un autre ». Et il donne cela com- me une raïfon pourquoi les élémens demeurent toû- jours les mêmes. Une chofe qui peut porter quelque jour dans cette matiere, c’eft d’obferver que Vanhel- mont, ainfi que Paracelfe, regardoit l’eau comme l’inftrument univer{el de la Chimie &c de la Philofo- phie naturelle : la terre comme la bafe immuable de toutes chofes; le feu comme leur caufe efficiente : que, felon eux, les vertus féminales ont été placées dans le méchanifme de la terre : que l’eau, en diflol- vant la terre, & fermentant avec elle, comme elle fait par le.movyen du feu , produit chaque chofe; que c’eft-là l’origine des animaux, des végétaux & des mi- néraux , & que l’homme même fut ainfi créé au com- mencement , au récit de Moyfe. | Le caraëtere eflentiel de l’a/kaheff , comme nous avons obfervé, eft de diffoudre & de changer tous les corps fublunaires , excepté l’eau feule ; voici de quelle maniere ces changemens arrivent. 1°. Le fujet expofé à l'opération de l’akakef?, eft ré- duit en fes trois principes, qui font le fel, le foufre & le mercure; enfuite en fel feulement, qui alors de- vient volatil, & à la fin il eft changé entierement en eau infipide. La maniere d'appliquer le corps qui doit être diflous, par exemple, l'or, le mercure, le fable & autres femblables, eft de le toucher une fois ou deux avec le prétendu a/kaheff ; & fice menftrue eft véritable, le corps fera converti en fel d’un poids égal. 29, L’alkahef? ne détruit pas les vertus féminales des corps qu'il difout; ainfi en agiffant fur l'or, il le réduit en {el d’or; il réduit l’antimoine en feld’an- timoine ; le fafran en fel de fafran:, éc. fels qui ont les mêmes vertus féminales & les mêmes propriétés que le concret d’où ils font formés, Par vertus Jéminales , Vanhelmont entend les ver- tus qui dépendent de la ftruéture ou méchanifme d’un corps, & qui le conftituent ce qu'il eft par lemoyen ALK de l’a/kañeft. On pourroit facilement avoir un or po- table a@tuel & véritable , puifque l’a/kahef? change tout le corps de l’or en un fel qui conferve les vertus féminales de ce métal, & qui eft en même tems fo- fuble dans l’eau. È 3°. Tout ce que diflout l’a/kahef? peut être volatili- {6 par un feu de fable; & fiaprès lavoir volatilifé, on diftille l’a/kaheff, le corps qui refte , eft une eau pure êc infipide, de même poids que le corps primitif, mais privée de fes vertus féminales. Par exemple, fi l’on diflout de l’or par l’a/kahef?, le métalidevient d’abord un {el qui eft l'or potable : mais lorfqu’en donnant plus de feu, on diftille le menftrue, il ne refte qu'une pure eau élémentaire, d’où il paroït que Peau Émple eft le dernier produit ou effet de l'a/kahef?. 4°, L’alkaheft n’éprouve aucun changement ni di- minution de force en diflolvant les corps fur lefquels # agit; c’eft pourquoi 1l ne fouffre aucune réation de leur part, étant le feul menftrue inaltérable dans la nature. ; ” | 5°. Il eff incapable de mélange, c’eft pourquoi il eft exemt de fermentation & de putréfaétion ; en ef fet 1l fort aufh pur du corps qu’il a diffous, que lorf- qu'il y a été appliqué , & ne laiffe aucune impureté. On peut dire que la/kaheff eft un être de raifon, c'eft-à-dire, un être imaginaire , fi on lui attribue toutes les propriétés dont nous venons de parler d’a- près les Alchimiftes. On ne doit pas dire que la/kahef! eft lés alkalis vo- latifés ou digérés dans les huiles, puifque Vanhel- mont lui-même dit que fi on ne peut pas atteindre à la préparation de l’a/kaheft , il faut volatilifer les al- Kkalis , afin que par leur moyen on puifle faire les diflolutions. (M) ALKALI, {. m. ( Chimie, ) fignifie en général tout fel dont les effets font différens & contraires à ceux des acides. Il ne faut pas pour cela dire que les alkalis font d’une nature différente & oppofée à celle des acides , puifqu'il eft de l’eflence faline des al- kalis de contenir de l’acide, Voyez ACIDE. Alkali eft un mot arabe : les Arabes nomment kaZ une plante que les François connoïflent fous le nom de /oude ; on tire de la leffive des cendres de cette plante, un fel qui fermente avec les acides, & les émoufle; & parce que ce feleft celui de cette efpece qui eft le plus connu, on a donné le nom d’a/kali à tous les fels qui fermentent avec les acides , & leur font perdre leur acidité. Les propriétés de ces corps, par lefquelles on les confidere comme #/kalis , ne font que des rapports de ces corps, comparés avec d’autres qui font acides pour eux; c’eft pourquoi il y a des matieres qui font alkalines pour quelques corps , & qui fe trouvent acides pour d’autres. Les alkalis font ou fluides, comme eft la liqueur de nitre fixé; ou Jo/des, comme la foude. | Les g/kalis, tant les fluides, que les. Jolides, {ont ou fixes, comme font le fel alkali de tartre, & la li- - queur alkaline de tartre, qu’on nomme vulgaire- ment huile de tartre par défaillance ; ou les a/kalis font volarils, comme font le {el & l’efprit de corne de. cerf, | On peut diftinsuBles alkalis fixes des alkalis vo- latils, en ce que lésfixes font prendre au fublimé _-corrofif diffous dans de Péau, ou à la diflolution de mercure faite par lefprit de nitre, une couleur rouge orangée ; au lieu que les alkalis volatils donnent à ces dolutions une couleur blanche laiteufe. Pour favoir dans l’inftant fi une matiere eft alka- line, on léprouve avec une teinture violette : par exemple, en les mêlant avec du firop de violette , diflous dans Peau, les alkalis, tant les fixes que les volatils , verdiffent ces teintures violettes; au lieu que les acides les rougiffent, Tome I. ALK 273 Les alkalis ont la propriété de fe fondte aifément au feu ; & plus un alkal eft pur, plus aïfément il s’y fond; au contraire lorfqu'il contient de la terre, où quelqu’autre matiere, 1l n’eft pas facile à fondre. Les alkalis s’humeétent auf fort afémént à Pair : ils simbibent de fon humidité lorfqu’ils ne font pas exaétement renfermés. Cés trois génres de corps donnent dés alkalis : lé genre des animaux fournit beaucoup d’alkalis vola- tils , & prefque point de fixes ; le genre des végé- taux donne plus d’alkalis fixes que de volatils; 1 a beaucoup d’alkalis fixes du genre minéral, & pret: que point de volatils ; & même il n’y a pas longs tems qu’on fait qu'on peut tirer des alkalis volatils urineux du genre minéral ; #7. Zes Mémoires de lAca- démie Royale des Sciences , de l’année 1746. Analyfe des eaux minérales de Plombieres , par M. Maloin. Il ÿ a un alkali fixe naturel qui éft du genre mi- néral, tel queft le natrum; cet alkali naturel eft peu connu, & plus commun qu’on ne le croit; c’eft pour- quoi on en trouve dans prefque toutes les eaux miz érales, parce qu’elles l’ont emporté des terres qu’el- {e4 ont traverfées ; c’eft pourquoi auffi on trouve dans la plüpart de ces eaux du fel de Glauber dont la bafe eft un alkali de la nature du natrum. Enfin cet alkah naturel eft la bafe du fel le plus commun par fes ufages & par la quantité qu’on en trouve , favoir le fel gemme & le {el marin. Quoiqu’on n’admette point communément d’al- kali naturel dans le genre des végétaux , on conçoit cependant qu'il n’eft pas impofñhble qu'ils en ayent tiré de la terre dont elles fe nourriflent ; il eff vrai que la plus grande partie de cetalkali naturel change de nature dans la plüpart des plantes. Il y a encore moins d’alkali naturel dans les ani- maux, que dans les végétaux: cependant on en tire plus d’alkali, que des végétaux , parce que le feu peut alkalifer plus aifément les principes des ani- MaAUX, | — Les fels fixes dés plantes font des fels alkalis, qu’on en tire après les avoir brûlées &7 avoir leffivé leurs cendres: c’eft pourquoi on appelle ces fels , /éls Lixi- viels, On n'entend communément {ous le nom de Jels alkalis fixes, que les fels lixiviels des plantes. Les fels naturels ou effentiels des plantes font le plus fouvent ou de la nature du nitre, ou de la na- ture du tartre, ou de la nature du fel commun ; de: forte qu’en brûlant ces plantes , on fixe leurs fels par leur charbon, & ces fels font aluins ;/ ou de la nature de nitre fixe ; ou de la nature de l’alkali du tartre , ou de la nature de Palkali du fel commun, qui eft une efpece de foude, fçavoir le fel alkair proprement dit. Quelques plantes ont dé tous ces {els enfemble. La methode de Tachenius , pour faire les fels al- kalis fixes , eft de brüler Les plantes en chärbon avant que de les convertir tout-à-fait en cendres ; au lieu qu'en les brülant à feu ouvert, par la façon ordi- haire , elles tombent en cendres tout de fuite. Les {els fixes, faits à la maniere de Tachezius, {ont moins al- Kalis & plus huileux que les fels faits à l'ordinaire. Ce qui refte dans la cornue après la diftillation des plantes, diminue environ des deux tiers, lorf= qu'on le calcme à feu ouvert. Cette partie qui s’é- vapore eft une portion d’huile de la plante, qui ayant été faife par la chaleur & combinée avec la partie terreufe & faline fixe de la plante, n’a pü en être féparée ; par le feu clos & plus foible, dans la cornue. Il entre dans la comipoftion des fels alkalis fixes des plantes, une partie de leur huile, qui fait que ces fels ont quelque chofe de doux au toucher, Le nitre fixe contient un peu de la partie grañle de la matiere inflammable avec laquelle on ve AHÉLIED M 274 À LK quoiqu'en verfant de l'acide de nitre fur du nitre fixé , on forme de nouveau un nitre qui ne contient point cette partie grafle, onn’en peut pas conclurre que pour fixer le nitre, c’eft-à-dire, pour en faire un alkali fixe, le principe huileux n’y foit néceflaire. Si on demande ce que devient cette partie grafle du nitre fixe, dans la reproduétion du nitre ; il eft fa- cile de répondre à cette queftion, en faïfant voir, que cette partie grafle qui faifoit partie du nitre fixe, refte dans l’eau-merede la diffolution qu’on fait pour cryftallifer ce nitre régénéré : on y trouveroit , fi on s’en donnoit l4 peine, un réfidu gras qui après avoir été defléché pourroit s’enflammer au feu. Il eft vrai qu’en général les huiles fe diffipent par le feu : mais il y a des cas où elles fe fixent auff par le feu. Il y a lieu de foupçonner que les alkalis {ont gras au toucher, par l’huile qu y eft fixée. La falure & l’acreté des alkalis ne font pas une preuve qu'ils . ne contiennent point de l’huile : les huiles qui ont pañlé par le feu font falées & acres comme eft l’huile de corne de cerf. | Les alkalis different entre eux par la terre qui en fait la bafe, par l’acide quiles conftitue fel, & par la matiere grafle qui entre dans leur compofition. On n’alkalife pas tous les fels avec les matieres grafles , comme on fait le nitre, parce qu'il n’y a que l'acide du nitre qui dffolve bien les huiles. Perfonne fans doute n’a penfé qu'il ne fe faifoit pas de diflipation dans l'opération par laquelle on fixe du nitre ; & il eft bon de favoir que le charbon ne donne prelque point de fel alkali. Les alkalis fixes font en général plus forts que les alkalis volatils : on tire l’efprit volatil de fel ammo- niac, par le moyen de lalkali du tartre & de la potafle ; cependant il y a des occafions où les alka- ls volatils font plus forts que les alkalis fixes. Par exemple , fi dans une diflolution de cuivre précipi- tée par l’alkali du tartre , on verfe une fufifante quantité d’efprit volatil, cet alkali volatil fera quit- ter prife à l’alkali fixe ; il fe faifira du cuivre, & il le redifloudra. Ce qui prouve encore que l’alkal volatil eft quelquefois plus fort que l’alkali fixe, c’eft que fi on met du cuivre dans un alkali volatil , _ille difloudra plus parfaitement que ne le diffoudroit un alkali fixe. Les fels alkalis fixes des plantes font compofés d’une petite partie de la terre de la plante, dans la- quelle eft concentré un peu de fon acide par le feu même qui difipe-le refte , pendant qu’on brüle la plante, ce qui fait un corps falin poreux ; & c’eft par cet acide que contient cette terre, que le fel qui réfulte de cette combinaifon eft difloluble. oyez ACIDE. Una fel alkali peut être plus ou moins alkali, {e- lon qu'il a plus ou moins d'acide concentré dans fa terre. Les alkalis qui ont plus d'acide approchent plus de la nature des fels moyens, & ainfi ils font moins alkalis, que ceux qui n’ont d’acide que pour rendre diffoluble la terre abforbante qui leur fert de bafe, & pour faire l’analogie des {els alkalis avec les acides, les chofes de même nature étant natu- rellement portées à s’unir; ainfi les chofes grafles s’uniflent aifément enfemble. | Si au contraire les alkalis avoient moins d’acide, ils feroient moins alkalis ; ils tiendroient plus de la nature des terres abforbantes , ils s’uniroient avec moins de vivacité avec les acides, & ils feroient moins diflolubles dans eau. Il ne faut pas leffiver les cendres des plantes avec de l’eau chaude , pour en tirer les fels , fi on veut ne pas difloudre une trop grande quantité d'huile, qui les rendroit noiïrâtres on rouflâtres : 1ls font plus blancs lorfqu’on a employé l’eau froide. À la vérité, on tire plus de ces fels par l’eau chaude, que par À L0K l’eau froide : mais le feu qu'il faut employer pou blanchir les fels tirés par l’eau chaude, diffipe cet excédent; de forte qu'après la calcination qui eft moindre pouf lesfels tirés par l’eau froide , quepour ceux qui font tirés par l’eau chaude , on tire autant & même plus de fel d’une même quantité de cen- dre, lorfqu’on a employé l’eau froide , que lorf- qu'on a employé l’eau chaude. Les fels alkalis volatils different entre eux, com- me les fels alkalis fixes different entre eux. C’eftfaire tort à la Pharmacie, à la Medecine, & furtout aux malades , que de dire que les fels volatils tirés du genre des animaux , ont tous les mêmes vertus : on peut dire au contraire qu’ils font différens en pro- priétés, felon les différentes matieres defquelles on les tire. Les fels volatils de crane humain font fpé- cifiques pour l’épilepfe ; ceux de vipere font à pré- férer dans les fievres , furtout pour celles qui por- tent à la peau; ceux de corne de cerf font recom- mandables dans Jes maladies qui font avec affeétion des nerfs. À la vérité, les efprits volatils urineux , tirés des animaux , ont des propriètés qui {ont communes à tous : mais il faut reconnoitre aufi qu'ils en ont de particulieres,qui font plus différentes dans les uns que dans les autres ; comme en reconnoïffant que les vins ont des qualités communes à tous les vins en général , 1l faut reconnoïître en même tems qu'ils en ont qui font particulieres à chaque vin. Dans la grande quantité d’analyfes de plantes, qui ont été faites à l’Académie des Sciences, M. Hom- berg a obfervé qu’on trouvoit rarement deux fels alkalis de deux différentes plantes , qui fuflent d’e- gale force d’alkali. Les alkalis different par leurs différentes terres, par leurs différens acides, & par les différentes pro- portions & combinaïfons de ces deux chofes ; ils different auf par le plus ou moins d'huile qu'ils con- tiennent , & par le plus ou le moins de fels moyens qui y font joints , & enfin par la différente efpece de ces fels moyens. | Les alkalis fixes font des diflolvans des matieres grafles , avec lefquelles ils forment des corps favon- neux , quiont de grandes propriétés. Ces fels font apéritifs des conduits urinaires : c’eft pourquoi ils font mis au nombre des plus forts diurétiques que fournifle la Medecine. On fait combien cette vertu diurétique des fels lixiviels eft utile dans le fel de genêt , pour la guérifon des hydropifies. Souvent on employe aux mêmes ufages des cendres des plantes , au lieu de leur fel, & ils n’en font que mieux , parce que pour les tirer de leurs cendres, - la lefive , & enftite l’exficcation & la calcination de ces fels, ne les rendent pas meilleurs pour cela. Il y en a qui employent l’eau même difillée de la plante , pour tirer le {el de fes cendres. En général, les alkalis font de puiffans fondans , c’eft-à-dire , les alkalis diflolvent fortement les hu- meurs épaifles & vifqueufes: c’eft pourquoi ils font apéritifs, & propres à remédier aux maladies qui viennent d’obftruction, lorfqu’un Medecin fage êz habile les met en œuvre. sé Les favons ne font compoféfff® d’alkalis &z d’hui- les joints enfemble; les M@Recins peuvent faire pré- parer différens fayons pouf différentes maladies , en faifant emytloyer différés alkalis & différentes hui- les , felon les différens cas où ils jugent les favons conveMbles. On peut dans bien des occafons employer les fels fixes des plantes dans les medecines, pour tirer la teinture des purgatifs réfineux , & employer ceux de ces fels qui conviennent dans la maladie. Voyez la Chimie Médicinale &e M:Malouin. (4) Ws a A LKR LES ALKALIS fixes font confiderés comine reme: des , & ont les propriétés fuivantes. On s’en fert comme évacuäns , purgañifs , diuréti- ques , fudorifiques. Leur propriété eft de détruire en peu de terms l’acide des humeurs contenues dans les premieres voies , en formant avec lui un fel neutre qui devient purgatif, | | On s’en fert pourréfoudre les obftrutions du foie, & faire couler la bile ; ils deviennent diurétiques en donnant un mouvement plus fort au fang, & en dé- barraïlant les reins des parties glaireufes qui s’op- pofent au paflage des urines ; c’eit par la même rai- fon qu'ils font aufli quelquefois fudorifiques. Enfin ces {els font d’un très-grand fecours dans les mala- dies extérieures ; on emploie avec fuccès la lefive qu'on en tire pour nettoyer les ulceres fanieux, & arrêter Les progrès de la mortification. - Il faut cependant en faire ufage intérieurement avec beaucoup de précaution ; car ils font très- dangereux dans le cas de chaleur & de putréfaétion alkaline , & lorfqueles humeurs font beaucoup exal- tées ; enfin lorfqu’elles font en diflolution, ce que l’on connoït par la puanteur de l’haleine & l'urine du malade. Maruere d'employer les alkalis. On aura foin d’a- bord que leftomac foit vuide : la dofe eft depuis quatre grains juiqu’à un gros, felon l’état des forces du malade , fur lefquelles on doit confulter un Me- decin. Le véhicule ordinaire dans lequel on les fait pren- dre .eft l’eau commune. Selon lintention que l’on aura, & l’indication que l’on voudra remplir, on changera la boiffon que l’on fera prendre par-deflus, c’eft-à-dire, que lorfque l’on aura deffein de faire fuer ou d'augmenter la tranfpiration , cette boïflon era légerement fudorifique, ou lorfqu'il fera quef- tion de poufler par la voie des urines , alors on la rendra un peu diurétique. Voyez SUDORIFIQUE 6 DiURÉTIQUE. Mais files alkalis font des remedes, ils font auffi caufes de maladies : ces maladies font l’alkalefcence du fang & des autres humeurs , les fievres de tout genre , la diffolution du fang , la crifpation des foli- des, le fcorbut, la goutte même & les rhûümatifmes. Ces fels agiflant fur les liquides , les atténuent, en exaltent les {oufres , féparent l'humeur aqueufe , la rendent plus acre & plus faline ; il feroit imprudent d’ordonner dans ces cas l’ufage des alkalis. Les caufes antécédentes de l’alkalefcence font les fuivantes : les alimens alkalefcens, c’eft-à-dire, ti- res.des végétaux alkalefcens ou des animaux , ex- cepté Le lait de ceux qui fe nourriffent d’herbes , les poiflons , leur foie, & leur peau , les oïfeaux qui vi- vent de poiflons , tous les oïfeaux qui fe nourriflent d'animaux, ou d’infe&tes, ou qui fe donnent beau- coup d'exercice ; comme auffi les animaux que l’on tue pendant qu'ils font encore échauffés, font plus ets que Les autres à une putréfation alkaline. Les alimens tirés de certains animaux, comme Les graif. fes, les œufs , les viandes aromatifées , le poiflon _ vieux & pris en grande quantité , la marée gardée long-tems , produifent une alkalefcence dans les hu- meurs.quiexalte les foufres , & difpofe:le corps aux maladies inflammatoires. . La foibleffe des organes de la digeftion ; car dans ce cas, l'aliment qu'on a pris fe corrompt dans l’ef tomac , & caufe ce que “ons appellons ordimai- tement érdigeflion.; le chyle mal fait qui en réfulte fe mêle avec le fang, & le difpofe à devenir plus alkalefcent. | La force exceflive des organes de la digeftion deftinés à laffimilation des fucs, produitune grande quantité de fang extrèmement exalté, & une bile de même nature. Alors les alimens acefcens fe çonver- Tome I, ALK 275 tifent en alkalefcens. Lors donc que ces organes agiffent avec trop de force fur un aliment qui eft déjà alkalefcent, :l le devient davantage , & approche de plus en plus de la corruption. Delà vient que les perfonnes pléthoriquies font plus fujettes aux maladies épidémiques que les au- tres ; que celles qui jouiffent d’une fanté parfaite font plûtôt attaquées de fievres malignes que d’autres qui ne font pas aufli bien conftituées. Ceux qui font d’une conftitution mâle & athlétique font plus-fujets aux maladies peftilentielles & aux fievres putrides que les valétudinaires. Aufli Hippocrate, 46.21. aph. 3. veut que Pon fe méfie d’une fanté exceflive : car la même force de complexion qui fuffit pour porter le fang & les fucs à _ce degré de perfe@ion, les exalte enfin au point d’occafionner les maladies. Celfe prétend qu'une trop bonne fanté doit être fufpeéte. « Si quelaw’un , » dit-il, eft trop rempli d’humeurs bonnes & loüa- # bles, d’un grand embonpoint , & d’un coloris bril- # lant, 1l doit fe méfier de fes forces ; parce que ne » pouvant perfifter au même degré, ni aller au- » delà , il fe fait un bouleverfement qui ruine le » tempérament. Une longue abftinence : car lorfque le fang m’eft pas continuellement délayé & rafraîchi par un nou- veau chyle, il contraéte une acrimonie alkaline qui rendune haleine puante , & dégénere en une fievre putride dont la mort eft la fuite. En effet les effets de l’abftinence font plus difficiles à guérir que ceux de l’intempérance. : Le flagnation de quelque partie du fang & des hu- meurs ; parce que les fucs animaux qui croupiflent fuivant le penchant naturel qu’ils ont a fe corrompre, s’exaltent & acquierent une expanfon qui ne tarde guere à fe manifefter. | La chaleur exceflive des faifons, du climat ; auff£ dans l'été les maladies aiguës font-elles plus fré- quentes &c plus dangereufes. | La violente agitation du fang qui produit la cha- leur. Lorfque quelqu’une de ces caufes ou plufieurs enfemble ontoccafonné une putréfaétion alkaline , elle fe manifefte par les fignes fuivans dans les pre- mieres voies. 1°, La foif. On fe fent altéré, c’eft-à-dire, porté à boire une grande quantité de délayans'quinoyant les felsacres &alkalis fontceffer ce fentiment incommo- de,& difpofent la matiere quife putréfie ou qui eft déjà putréfiée à fortir de l’eftomac &c dés inteftins | par le vomiflement où par les felles. Si on fe fert d’acides dans ces cas , leur union avec les alkalis forme un fel neutre. : 2°. La perte totale de lappétit, & l’averfion pour les alimens alkalefcens ; l'appétit ne pouvant être que nuifible , lorfque Peftomac ne peut digérer les alimens. £ 3°. Les rots nidoreux, owles rapports qui laiffént dans la bouche un goût d'œufs pourris, À caufe de la portion des fels putrides & d'huile rance qui fort en même tems que l'air. Le 4°. Les matières épaifles qui s’amaffent fur {a lan- guc & le palais, affectent les organes du goût d’une fenfation d’amertume , à caufe que les fucs animaux c@trattent un goût amer, en devenant rances ; il peut fe faire aufli que ce goût foit caufé par une bile trop exaltée êc prête à fe corrompre. vie, 5°. Les maux d’effomac caufés par l'irritation des fels acrimonieux, la vüe‘ou même l’idée d’un aliment alkalefcent prêt à fe corrompre, fufifent quelquefois pour les augmenter. Cette irritation augmentañt pro- duit un vomiflement falutaire , fi la matiere putréfiée ne féjourne que dans les premieres’ voies. Si cette acrimonie affedte les inteffins, elle follicite des diar= thées fymptomatiques, C’eft anfi 1 poiffon & M 1 276 ALK es œufs putreñés gardés long-tems dans les premie: res voies caufent de pareils effets. | 6°, Cette acrimonie alkaline produit une laflitude {pontanée , une inquiétude univerfelle, un fentiment de chaleur incommode , & des douleurs ihaques an- lammatoires. Les inflammations de bas-ventre font Souvent la fuite des fievres putrides T°. Cette acrimonie mêlée dans Le fang le dénature & le décompofe au point que les huiles deviennent rances , les fels acres & corrofifs, les terres alkali- nes. La lymphe nourriciere perd fa confiftance &c fa qualité balfamique & nourriffante, devientacre, irri- tante, corrofive , & loin de pouvoir réparer les foli- des & les fluides, les ronge & les détruit. 8°. Les humeurs qui fe féparent par les fecrétions ont acres, l’urine eft rouge & puante, la tran{pi- ration picote & déchire les pores de la peau. Enfin la putréfaétion alkaline du fang & des hu- meurs doit être fuivie d’une dépravation on d’une deftrudtion totale des a@tions naturelles, animales & vitales , d’une altération générale dans la circula- tion , dans les fecrétions & dans les excrétions , d’in- flammations générales ou locales, de fievres qui dé- génerent en fuppurations, gangrenes & fphaceles qui ne {e terminent que par la mort. Cure des maladies occafionnées par les alkalis ou l'al- kalefcence des humeurs. La différence des parties affec- tées par la putréfaëtion alkaline en apporte aufl à la cure. Siles alimens alkalins dont la quantité eft trop grande pour être digérée, pourriflent dans l’eftomac &c dans Les inteftins, & produifent les effets dont nous avons parlé; on ne peut mieux faire que d’en procu- rer l’évacuation par le vomifflement ou les felles, Les vomitifs convenables font l’eau chaude, Le thé, Phy- pecacuanha à la dofe d’un {crupule. Lorfque la putréfa@tion alkaline a pañlé dans les vaifleaux fanguins, la faignée eft un des remedes les plus propres à aider la cure ; elle rallentit l’aétion des {olides {ur les fluides, ce qui diminue la chaleur, & par conféquent l’alkalefcence. La ceflation des exercices violens foulage auffi beaucoup ; l'agitation accélérant la progreflion du fang & les fecrétions, augmente la chaleur & tous fes effets. Les bains émolliens, les fomentations & les lave- mens de même efpece font utiles ; en relâchant les f- bres, ils diminuent la chaleur : d’ailleurs les vaifleaux abforbans recevant une partie du liquide , les bains deviennent plus efficaces. ” L'air que le malade refpire doit être frais tempéré. Les viandes qu’on pourra permettre font l’agneau , le veau , le chevreau, les poules domeftiques , les poulets, parce que ces animaux étant nourris de vé- gétaux ontles fucs moins alkalins. Onpent faire de ces viandes des bouillons légers qu’on donnera de trois heures en trois heures. On ordonnera des tifannes , des apofemes, ou des infufñons faites avec les végétaux farineux. On peut ordonner tous les fruits acides en général que l’été & l'automne nous fourniflent. Il ÿ a une infinité de remedes propres à détruire facrimonie alkaline : mais nous n’en citerons qu'un petit nombre qui pourront fervir dans les différentes ocçafions. | . Prenez avoine avec fon écorce, deux onces ; eau de riviere, trois livres ; faites bouillir , filtrez & mê- lez à deux livres de cette décoétion fuc de citron ré- cent, une once ; eau decanelle difillée, deux gros; de firop de müres de haies, deux onces : le malade en ufera pour boiflon ordinaire. Boerhaave , Mar, Med, | Mais tous ces remedes feront inutiles fans le régi. me, & fans une boiflonabondante qui délaye & dé- trempe les humeurs ; il faut avant tout débarrafler A LK les premieres voies des matieres alkalines qu’elles contiennent. | L’abflinence des viandes dures & alkalines, le mouvement modéré, un exercice alternatif des muf cles du corps pris dans un air frais 8 tempéré , foula- gera beaucoup dans l’acrimonie alkaline, Il faut en- core eviter l’ufage des plantes alkalines qui d’elles- mêmes font bonnes dans des cas oppolés à celui dont nous parlons. (N) ALKALI de Rorrou, c’eft lalkali des coquilles d'œufs préparées. Rotrou préparoitl’4/kali de coquil- les d'œufs, en les faifant fécher au foleil , après en avoir Ôté les petités peaux , & après les avoir bien lavées ; enfuite il les broyoit , & les réduifoit en poudre fine fur le porphyre. Voyez ROTROU. ALKALIN , ALKALINE , adj. gx ff alkali, ou efprit alkalin , liqueur alkaline. ALK ALIS dulcifiés , ce font des favons. Les a/ka- lis font des acres que les huiles adouciffent, & les alkalis joints à des huiles font des favons. Voyez SAvON. Les favons ordinaires font des a/kalis dulci- fiés, & les acides dulcifiés font des favons acides. Les différens a4/kalis dulcifiés, c’eft-à-dire les fa- vons ordinaires, ont des propriétés qui font diffé- rentes, felon Les différens a7kaiis, & felon les diffé- rentes matieres grafles dont ils font compofés. Voyez la Chimie Médicinale. ALKALISATION , fubft. f. terme de Chimie , qui fignifie l’aétion par laquelle on donne à un corps ou à une liqueur la propriété a/kaline, Par exemple la kalifation du falpetre qui eft un fel neutre, qui n’eft ni a/kali ni acide , fe fait en le fixant avec le char- bon ; après cette opération le falpetre eft un 4/ka/r. On peut aufli faire l’a/kalifation d’un fel acide, comme eftle tartre, qui calciné devient 4/kal. Voyez TARTRE. ALKALISÉ, part. paf. & adj. ce qu’on a rendu al. kali, comme on dit efprit-de-vin alkalifé, Voyez Es- PRIT-DE-VIN éartarife. ALKALISER. verb. a@, rezdre alkali une liqueur ou un corps. (M * ALKÉKENGE, £. f. ( Bor. ) coqueret on co: querelle. Ses racines font genouillées & donnent plufieurs fibres grêles. Ses tiges ont une coudée de haut ; elles font rougeâtres, un peu velues & bran- chues. Ses feuilles naïflent deux à deux de chaque nœud, portées par de longues queues. Elles naïflent folitaires de chaque aiflelle des feuilles , fur des pé- dicules longs d’un demi pouce, grêles, velus. Elles font d’une feule piece , en rofette , en forme de baf fin, partagées en cinq quartiers , blanchâtres , gar- mies de fommets de même couleur. Le calice eft en cloche. Il forme une veflie membraneufe , verte dans le commencement , puis écarlate , à cinq quartiers. Son fruit eft de la figure, de la grofleur & de la cou- leur de la cerife , aigrelet 8 un peu amer. Il contient des femences jaunâtres, applaties & prefque rondes. Il donne dans l’analyfe beaucoup de phlegme, du fel effentiel & de l'huile. Les baies d’alkekenge excitent lurine , font {ortir la pierre , la gravelle, guériffent la colique néphré- tique , purifient le fang ; on les employe ordinaire- ment en décoë@ion , & quelquefois féchées & pulvé- rifées : on employe ce fruit dans le firop de chicorée, & dans le firop antinéphrétique de la Pharmacopée royale de Londres. On en fait auffi des trochifques {elon la Pharmacopée du collège de Londres. Voici les trochilques d’alkekenge, tels que la pré- paration en eft ordonnée dans la Pharmacopée de la Faculté de Médecine de Paris, Prenez de pulpe épaiffie de baies d’afkekenge avec leurs femences, deux onces ; de gomme arabique, adragant , de fuc de réglifle, d’amandesameres, de femence de pavot blanc, de chacune une demi- once ; des quatre grandes femences froides , des fe- mences d’ache , de fuc de citron préparé, de cha- cun deux gros ; d’opium thébaïque un gros ; de fuc récent d’alkekenge, une quantité fuffifante : faites- en felon l’art des trochifques. * ALKERMES , £ m. ou graine d’écarlate. Cette graine fe cueille en grande quantité dans la campa- gne de Montpellier. On la porte toute fraïche à la ville où on l’écrafe; on en tire le jus qu’on fait eui- re, & c’eft ce qu’on nomme Ze/rop alkermès de Mont- pellier, C’eft donc une efpece d'extrait d’alkermès , ou de rob qui doit être fait fans miel & fans fucre , pour être légitime. M. Fagon , premier Medecin de Louis XIV. fit voir que la graine d’écarlate qu’on croyoit être un végétal, doit être placée dans le genre des animaux. Ÿoyez GRAINE D'ÉCARLATE. Confection alkermès ( Pharmacie. ) La préparation de cette confe&tion eft ainfi ordonnée dans la Phar- macopée de la Faculté de Medecine de Paris. Prenez du bois d’aloès, de canelle mife en pou- dre, de chacun fix onces ; d’ambre gris, de pierre d'azur, de chacun deux gros; de perles préparées, une demi-once ; d’or en feuille , un demi-gros ; de mufc, un fcrupule ; du firop de meilleur kermes chauffé au bain-marie, & pañlé par le tamis, une livre : mêlez tous ces ingrédiens enfemble , & faites en felon l’art une confection. | Nota que cette confeétion peut fe préparer aufli fans ambre & fans mufc. La dofe en eft depuis un demi gros jufqu’à un gros. Bien des perfonnes préfé- rent le fuc dekermes à cette confeétion. Quant aux propriétés de cette confettion, y. KERMES. (N) ALKOOL, f. m. que quelques-uns écrivent a/co- ol ; c’eft un terme d’Alchimie & de Chimie, qui eft Arabe. Il fignifie une matiere, quelle qu’elle {oit, réduite en parties extrèmement fines ou rendues ex- trèmement fubtiles ; ainf on dit 4/koo! de corail, pour dire du corail réduit en poudre fine, comme l’eit la poudre à poudrer. On dit 4/kool d’efprit.de-vin , pour faire entendre qu’on parle d’un efprit-de-vin rendu autant fubtil qu’il eft poffible par des diftillations réitérées. Je crois que c’eft à l’occafon de l’efprit-de-vin, qu’on s’eft {ervi d’abord de ce mot z/kool ; & encore aujour- d’hugce n’eft prefque qu’en parlant de l’efprit-de-vin qu’on s’en fert : ce terme n’eft point ufité lorfqu’on parle des autres liqueurs. Voyez ESPRIT-DE-VIN. ALKOOLISER , verbe act. figniñie lorfqu’on par- le des liqueurs , purifier & fubrilifèr autant qu’il eft pofüble ; & lorfqu'il s’agit d’un corps folide, il figni- fie réduire en poudre impalpable : ce mot alkoolifer vient originairement de l’Hebreu 27f , qui fignifie étre ou devenir léger : il eft dérivé de Arabe 55 , qui fignifie devenir menu, ou fe fubrilifer, & à la troïfiéme conju- gaifon ko , Kaal, dinunuer ou rendre fubtil ; on y a ajouté la particule 4/7, comme qui diroit par excel- Lence. C’eft pourquoi on ne doit pas écrire alcohol, mais 4/kool, vh la racine de ce mot. (M) ALLAITEMENT , {. m. /aéfatio , eft l’attion de donner à téter. Voyez LAIT. Ce mot s’employe aufli pour fignifier le tems pen- dant lequel une mere s’acquitte de ce devoir. Voyez SEVRAGE. (L) ALLAITER, y. a. mourrir de fon lait : la nourrice ni l’a a/lairé : une chienne. qui a/laire fes petits. (L) = * ALLANCHES , o7 ALANCHE,, ville de Fran- ce en Auvergne, au Duché de Mercœur , géné- ralité de Riom. Long. 20. 40. lat. 45, 12. * ALLANT , ville de France en Auvergne, gé- néralité de Riom. ALLANTOIDE , f. f3( Anatomie ) membrane al- lantoïde en Anatomie, c’eft une membrane qui en- vironne le fœtus de différens animaux elle eft con- finue avec l’ouraque., qui eft un çanal onvert au A LL 27e moyen duquel elle eft remplie d’urme. Ce mot eft dérivé du Grec éarac, farcimen , boyau, &c de due, forme, parce que dans plufieurs animaux la membra: . ne allantoide eft de la forme d’une andouille ; tandis que dans d’autres elle eft ronde, La membrane alanroïde fait partie de l’arriere- faix ; on la conçoit comme un réfervoit urinaire, placée entre le chorion & l’amnios , & quireçoit par lenombyril & louraque l'urine qui vient de la vefhe. Voyez ARRIERE-FAIX 6 OURAQUE. | Les Anatomiftes difputent fi l’allanroide {e troue ve dans l’homme, | Drelincourt, Profeffeur d’Anatomie à Leyde, dans une diflertation qu'il a compofée exprès fur cette membrane , foûtient qu’elle eft particuliere aux ani- maux qui ruminent. Voyez RUMINANT. Manget affirme qu'il l’a fouvent vüe , & qu’elle. contient une eau différente de celle de l’amnios. Mu- nich écrit avoir démontré l’al/lansoide dans un fœtus de quatre mois : Halé dit que l’aflanroide eft plus dé- licate que l’amnios , qu’elle couvre feulement la par: tie du fœtus qui regarde le chorion, Voyez Tran- Jaétions Philofophiques ; n°. 271. Tyfon, Keïl, Chefelden , font pour l’aZlanroide : Albinus a trouvé dans un fœtus de fept femainés , un petit vaifleau qui peut pañler pour l’ouraque, ins féré dans une propre veficule ovale, plus srande que la vefie urinaire féparée de l’amnios; lexpérien: ce ne s’eft pas encore aflez répétée pour conflater ce fait. (L) | * ALLARME, cerreur, effroi, frayeur, épouvante, crainte, peur , appréhenfion, termes qui défignent tous des. mouvemens de l’ame, occafionnés par l’appa- rence ou par la vüe du danger. L'alarme naît de lPapproche inattendue d’un danger apparent ou réel, qu'on croyoit d’abord éloigné : on dit l’alarme fe ré= pandit dans le camp : remettez-vous , c’eff une fauf[e al- larme. ne La serreur naît de [a préfence d’un évenement ou d’un phénomene, que nous regardons comme le pro- gnoftic & Pavant-coureur d’une grande cataftrophe ; la serreur fuppofe une vüe moins diftin@e du danger que lallarme, 8tlaïfle plus de jeu à l’imagination , dont le preftige ordinaire eft de groflir les objets, Auffi l’allarme fat-elle courir à la défenfe , & la er- reur fait-elle jetter les armes : l’aZ/arme {emble encore plusintime que la zerreur: les cris nous allarmient ; les fpe&tacles nous impriment de la érreur : on porte la terreur dans l’efprit, & l’allarme au cœur. L’effroi & la terreur naïflent l’un & l’autre d’un grand danger: mais la verreur peut être panique, & l’effroi ne l’eft jamais. Il femble que l’effroi foit dans les organes, & que la serreur {oit dans l’ame. La ser- reur a faifi les efprits ; les fens font glacés d’effroi ; un prodige répand la serreur ; la tempête glace d’effror. La frayeur naît ordinairement d’un danger appa- rent & fubit: vous m'avez fait frayeur : maïs. on peut être allarmé fur le compte d’un autre; & la frayeur nous regarde tobjours en perfonne. Si l’on a dit à quelqu'un, le danger que vous alliez courir m'effrayoit , ou s’eft mis alors à fa place. Fous m'avez effrayé, & vous m'avez fait frayeur, {ont quelquefois des expref- fions bien différentes : la premiere peut s'entendre du danger que vous avez couru; & la feconde du dan- ger auquel je me fuis cru expofé. La frayeur fuppofe un danger plus fubit que l’effroi, plus voifin que Pal. larme , moins grand que la £erreur. Le, * L’épouvante à {on idée particuliere; elle naît, je crois, de la vüe des difficultés à furmonter pour reuf fr, & de la vûüe des fuites terribles d’un mauvais fue- cès: Son entreprife m'épouvante'; je crains [on abord, & Jon arrivée me tient en appréhenfion. On craint un horma- te méchant; on à peur d’une bête farouche: ïl faut craindre Dieu , mais il ne faut pas en avoir peur, 278 ALL L’effroi naît dé ce qu’on voit ; la serrer de ce qu'on imagine ; l’allarme de ce qu’on apprend; la crainée de «ce qu'on fait; l’épouvante de ce qu’on préfume ; la peur de l'opinion qu'ona; & lappreéhenfion de ce qu'on attend. La préfence fubite de l’ennemi donne l’a//arme ; la “yûe du combat caufe l’effro: ; l'égalité des armes tient dans l’appréhenfion ; la perte de la bataille répand la æerreur.; {es fuites jettent l’épouvante parmi les peu- ples & dans les provinces; chacun craint pour foi ; la vüe d’un foldat fait frayeur; on a peur de {on ombre. Ce ne font pas là toutes les mamieres poffibles d’en- wifager ces expreflions : mais ce détail regarde plus particulierement l’Académie.Françoife. * ALLASSAC , (-Géog.) ville de France, dans le Limofn & la Généralité de Limoges. - "ALLÉE, {. f. rerme d’Archireëture, eftun paflage commun pour aller depuis la porte de devant d’un logis, jufqu’à la cour, ou à l’efcalier où montée. C’eft auf dans les maïfons ordinaires un paflage qui communique & dégage les chambres, & qu’on nom- me aufli corridor, Voyez CORRIDOR. (P) ALLÉE D'EAU, (Ayd.) V. GALLERIE D'EAU. -ALLÉES DE JARDIN. Les a/lées d’un jardin font comme les rues d’une ville;'ce font des chemins droits &t paralleles , bordés d’arbres, d’arbrifleaux, de ga- fon 6c. elles fe diftinguent en a//ées fimples &c allees doubles. La fémple n’a que deux rangs d’arbres ; la double en a quatre ; celle du milieu s’appellerrairreffe allée, les deux autres fe nomment contre-allées. Les allées vertes font gafonnées ; les blanches font toutes fablées , & ratiflées entierement. L’allée couverte fe trouve dans un bois touffu; la/- lée découverte-eft celle dont le ciel s'ouvre par en- haut. | | On appelle fous-allée | celle qui eft au fond & fur les bords d’un boulingrin, ou d’un canal renfonce ; entouré d’une allée fupérieure, On appelle allée de niveau celle-qui eft bien dref- fée dans toute fon étendue: allée en pente où rampe douce; eft celle qui accompagne une cafcade, & qui en fuit. la chüte: on appelle aflée parallele celle qui s'éloigne d’une égale diftance d’une autre allée : ailée retournée d’equerre,, celle qui eft äsangles droits : aflée ournante Ou circulaire , eft la même : allée diagonale , traverfe un bois ou un parterre quarré d’angleenan- gle, ou en-croix de Saint-André : allée en zigyag, eft celle qui ferpente dans un bois fans former aucune ligne droite. Allée de traverfe, fe dit par fa pofition en équerre par rapport à un bâtiment ou autre objet: allée droite, qui fuit fa ligne : allée biaifée, qui s’en écarte : grande allèe:, petite allée , fe difent par rapport à leur étendue. Ily a encore en Angleterre deux fortes d’allées ; les unes couvertes d’un gravier de mer plus gros que Je fable , 8 les autres de coquillages, quifont de tres- petites coquilles toutes rondes liées par dumortier de chaux & de fable: ces allées | par leur variété , font quelque effet de loin ; mais elles ne font-pas commo- des pour fe promener. Ailée.en perfpeïtive, c’eft celle qui eft plus large à fon entrée qu’à fon iflue. Allée labourée & herfee, celle qui eft repañlée à la herfe, & où les carroffes peuvent rouler. Allée. fablée, celle où il y a du fable fur la terre bat- tue , où fur une aire de recoupe. | .: Allée bien tirée celle que le Jardinier a-nettoyée de méchantes herbes avec la charrue, puis repañlée au rateau. ï Allée de compartiment, large {entier qui fépare les £arreaux d’un parterre. Allée d'eau ; chemin bordé de plufeurs jets ou bouillons d’eau, fur deuxdignes paralleles ; telle eft celle du jardin de Verfailles, depuis la fontaine de la pyramide, jufqu’à celle du dragon. Les allées doivent être dreffées dans leur milieu en ados , c’eft-à-dire, en dos de carpe , ou dos d’âne . afin de donner de l’écoulement aux eaux, & empé- cher qu’elles ne corrompent le niveau d’une a/ée. Ces eaux même ne deviennent point inutiles ; elles fervent à arrofer les pallifades , les plattebandes , & les arbres des côtés. Celles des mails & des terrafles qui font de ni- veau, s’égoûtent dans les puifarts bâtis aux extré- mités. Les allées fimples, pour être proportionnées à leur longueur, auront $ à 6 toifes de largeur, fur 100 toifes de long. Pour 200 toifes , 7 à 8 de large ; pour 300toïfes, 9 à rotoifes ; & pour 400, 10 à 12 toiles. Dans les aflées doubles on donne la moitié de la largeur à l’alée du milieu , & l’autre moitié fe divife en deux pour les contre-allées ; par exemple, dans une allée de 8 toiles, on donne 4 toifes à celle du mi- lieu, & 2 toifes à chaque convre-allée : fi l’efpace eft de 12 toifes, on en donne 6 à laflée du milieu, & chaque contre-allée en a trois. Si les contre-allées {ont bordées de palliffades, il faut tenir les a//ées plus larges. On compte ordinaire- ment pour fe promener à l’aife trois piés pour un homme, une toife pour deux, & deux toïfes pour quatre perfonnes. Afin d'éviter le grand entretien des a/lées, on rem- plit leur milieu de tapis de gafon, en pratiquant de chaque côté des fentiers aflez larges pour s’y pro- mener. Voyez la maniere de les dreffer & de les fabler à leurs articles, (K) * IHn'y à perfonne, qui étant placé, foit au bout d’une longue allée d'arbres plantée fur deux lignes droites paralleles , foit à l’extrémité d’un long corri- dor , dont-les murs de côté, & le platfond & le pavé font paralleles, n'ait remarqué dans le premier cas que les arbres {embloient s’approcher ; & dans le {e- cond cas, que les murs de côté, le platfond & le pa- vé offrant le même phèénomene à la vüe, ces quatre furfaces paralleles ne préfentoient plus la forme d’un parallelepipede , mais celle d’une pyramide creufe ; & cela d'autant plus que l’allée & le corridor étoient plus longs. Les Géometres ont demandé fur quelle ligne il faudroit difpofer des arbres pour corriger cet effet de la perfpe@ive, & conferver aux rangées d’ar- bres le paralléhfme apparent. On voit que la folution de cette queftion fur les arbres, fatisfait en même tems au cas des muts d’un corridor. Il eft d’abord évident que, pour paroître paralle- les, il faudroit que les arbres ne le fuffent pas ; mais que les rangées s’écartaflent l’une de l’autre. Les deux lignes de rangées devroient être telles que lesinter- valles inégaux de deux arbres quelconques corref- pondants, c’eft-à-dire, ceux qui font le premier, le fecond , le troifieme , &c. de fa rangée, fuflent toù- jours vûs égaux ou fous le même angle, fi c’eft de cette feule égalité des angles vifuels que dépend l’é- galité de la grandeur apparente de la diftance des ob- jets ; ou fi en général la grandeur des objets ne dé- pend que de celle des angles vifuels, C’eît fur cette fuppofition que le P. Fabry a dit fans démonfiration , & que le P. Taquet a démontré d’une maniere embarraflée, que les deuxrangées de- voient former deux demi-hyperboles ; c’eft-à-dire, que la diftance des deux premiers arbres étant prife à volonté , ces deux arbres feront chacun au fommet de deux hyperboles oppofées. L’oœ:il fera à extrémité d’une ligne partant du centre des hyperboles , éga- le à la moitié du fecond axe , & perpendiculaire à lallée. M. Varignon l’a trouvé auffi par une feule analogie: mais le problème devient bien plus Inéral, fans déveni Ï ipliqué, en- général, fans devenir gueres plus complique, e tre les mains de M. Varignon ; il le réfout dans la fuppoñtion que les angles vifuels feront noneu- lement toùjours égaux, mais croiflans ou décroif- fans {elon tel ordre que l’on voudra, pourvüû que le plus grand ne foit pas plus grand qu’un angle droit, & que tous les autres foient aigus. Comme les finus des angles font leur mefure, il fuppofe une courbe quelconque dont les ordonnées repréfenteront les finus des angles vifuels, & qu’il nomme par cette raïfon courbe des finus. De plus, l'œil peut être pla- cé où l’on voudra, foit au commencement de l'allée, foit en de-cà, foit en de-là : cela fuppofé, & que la premiere rangée foit une ligne droite, M. Vari- gnon cherche quelle ligne doit être la feconde qu'il appelle courbe de rangée ; il trouve une équation ge- nérale & indéterminée, où la pofñtion de Poil, la courbe quelconque des fénus , & la courbe quelcon- que de rangée, {ont liées de telle maniere, que deux de ces trois chofes déterminées, la troifieme le fera néceflairement. Veut-on que les angles vifuels foient tobjourségaux, c’eft-à-dire , que la courbe des finus foit une droite, la courbe de rangée devient une hyperbole, l’autre rangée ayant été fuppofée ligne droite : mais M. Varignon ne s’en tient pas-là ; il fuppofe que la pre- miere rangée d’arbres foit une courbe quelconque, & il cherche quelle doit être la feconde , afin queles arbres faflent à la vüe tel effet qu'on voudra. Dans toutes ces folutions, M. Varignon a toù- jours fuppofé avec les PP. Fabry & Taquet , que la grandeur apparente des objets ne dépendoit que de la grandeur de langle vifuel; mais quelques Ph:- lofophes prétendent qu’il y faut joindre la diftance apparente des objets qui nous les font voir d'autant plus grands, que nous les jugeons plus éloignés: afin donc d’accommoder fon problème à toute hy- pothèfe , M. Varignon y a fait entrer cette nou- . velle condition. Mais un phénomene remarquable , c’eft que quand on a joint cette feconde hypothèfe fur les apparences des objets, à la premiere hypo- thèfe , & qu'ayant fuppoié la premiere rangée d'ar- bres en ligne droite, on cherche, felon la formule de M. Varignon, quelle doit être la feconde ran- gée, pour faire paroitre tous les arbres paralleles, on trouve que c’eft une courbe qui s'approche toüjours de la premiere rangée droite, ce qui eft réellement impofñhble ; car fi deux rangées droites paralleles font paroître les arbres non paralleles & s’appro- chans, à plus forte raifon deux rangées non paral- leles & qui s’approchent , feront-elles cet effet. C’eft donc là, f on s’en tient aux calculs de M. Varignon, une très-srande difficulté contre l’hypothèfe des ap- parences en raïfon compolfée des diftances & des finus des anglés vifuels. Ce n’eft pas là le feul exem- ple de fuppofitions philofophiques , qui , introdui- tes dans des calculs géométriques , menent à des conclufions vifiblement faufles; d’où 1l rélulte que les principes fur lefquels une folution eff fondée, où ne font pas employés par la nature, ou ne le font qu'avec des modifications que nous ne connoifions pas. La Géométrie eft donc en ce fens là une bonse, & même la feule pierre de touche de la Phyfique. Hifl. de l’Acad. année 1718 , pag. 57. Mais il me femble que pour arriver à quelque ré- fultat moins équivoque, 1l eût fallu prendre la rou- te oppofée à celle qu’on à fuivie; on a cherché dans le problème précédent quelle loi devoient fuivre des diftances d’arbres mis en allées, pour paroître toû- jours à la mème diftance, dans telle ou telle hypo- thèfe fur la vifon ; au lieu qu'il eût fallu ranger des arbres de maniere que la diffañce de l’un à l’autre eût tobjours paru la même, & d’après l'expérience déterminer quelle feroit l’hypothèfe la plus vraiflem- blable fur la vifon. | A LE 279 Nous traiterons plus à fond cette matiere à Parti= cle PARALLELISME , & nous tâcherons de donner fur ce fujet de nouvelles vües , 87 des remarques fut la méthode de M. Varignon. Voyez aufft APPARENT. ALLÉGATION , f. f. en terme de Palais , eff la cita- tion d'une autorité ou d’une piece authentique, à l’e£ fet d'appuyer une propofition , ou d’autoriler une prétenfon , ou l’énonciation d’un moyen. (#) ALLEGE , terme de riviere, bateau vuide qu’on at- tache à la queue d'un plus grand , afin d’y mettre une partie de fa charge, s’il arrivoiït que {on trop grand poids le mit en danger. On appelle cette manœuvre rincer. Voyez RINCER. On donne en général le nom d’afleges à tous les bâ- timens de grandeur médiocre, deftinés à porter les marchandiés d’un vaifleau qui tire trop d’eau, & à le foulager d’une partie de fa charge. Les a//eges {er- vent donc au déleffage. ALLEGE LE CABLE, ( Marine. ) terme de com- mandement pour dire f£/er un peu de cable. ALLEGE LA TOURNEVIRE, ( Mar. ) c’eft un com- mandement que l’on fait à ceux qui font près de cette manœuvre, afin qu'ils la mettent en état, & qu’on puifle s’en fervir promptement. , TOURNEVIRE. ALLEGES À VOILES , bâtimens groffierement faits , qui ont du relévement à l’avant & à l’arriere, & qui portent mâts & voiles. ÂLLEGES d’Armfterdam, bateaux groflierement faits qui n’ont m mât, m1 voiles, dont on Îe fert dans la ville d’Amfterdam pour décharger & tranfporter d’un lieu | à l’autre les marchandifes qu’on y débite. Les écou- tilles en font fort cintrées & prefque toutes rondes; le croc ou la gaffe lui fert de gouvernail, & il y a un retranchement ou une petite chambre à larriere.(Z) ÂLLEGES , terme d’Architetture , ce {ont des pierres fous les piés-droits d’une croifée qui jettent harpe, ( Voyez HARPE. ) pour faire liaifon avec le parpin d'appui, lorfque l'appui eft évidé dans l’embrale- ment. On les nomme ainfi, parce qu’elles z//egent où foulagent , étant plus légeres à l’endroit où elles entrent fous l'appui. (P) ALLÉGEANCE (SERMENT D”-), 1. f. (Jurifp.) c’eft le ferment de fidélité que les Anglois pretent à leur Roï en fa qualité de Prince & Seigneur tempo- rel , différent de celui qu'ils lui pretent en la qualité qu'il prend de chef de l’Eglife Anglicane , lequel s’ap- pelle ferment de fuprématie. Voyez SUPRÉMATTE. Le ferment d’allégeance eft conçu en ces termes : » Je N.... protefte & déclare folemnellement de- » vant Dieu &c les hommes, que je ferai toûjours fi- » dele 8 foùmis au Roi N. ... Je profefle & déclaré » folemnellement que j’abhorre , détefte & condam- » ne de tout mon cœur comme impie & hérétique » cette damnable propofition: que Les Princes excom- »'muniés ou deffituës par le Pape ou le féxe de Rome, » peuvent être légitimement dépofés ou mis à mort par » leurs fuyets , ou par quelque perfonne que ce for ». Les Quacres {ont difpentés du ferment d’allégean- ce : on fe contente à ce fiet de leur fimple déclara- tion. foyez QUACRE. (AH) *ALLEGEAS , (Commerce. ){, m. étoffes des Indes Orientales, dont les unes font de chanvre ou de lin, les autres de coton. Elles portent huit aunes fur cinq, fix à fept huitiemes, ou douze aunes fur trois qua- tts & cinq fixiemes. ALLEGER Ze cable, c’eltez Marine foulager le ca- ble, ou attacher plufieurs morceaux de bois où ba- rils le long d’un cable pouf le faire floter , afin qu'il ne touche point fur les roches qui pourroient fe trou- ver au fond de l’eau & l’endommapger. | ALLEGER wn vaifleau, c’eft lui Oter une partie de fa charge pour le mettre à flot , ou pour le rendre plus léger à la voile. (Z) ALLEGERIR 04 ALLEGIR ## cheval, (Manege,) 80 ALL c’eft le rendre plus libre & plus léger du devant que du derriere , afin qu'il ait plus de grace dans fes airs de manege. Lorfqu’on veut a//égerir un cheval, il faut qu’en le faifant troter , on le fente toijours difpofe à ‘galopper ; & que l’ayant fait galopper quelque tems, on le remette encore au trot. Ce cheval eff fi pefant d’épaules & fi attaché à la terre, qu’on a de la peine à lui rendre le devant léger, quand même l’on fe fer- viroit pour la//égerir du cavecon à la Newcaftle. Ce cheval s’abandonne trop fur les épaules , il faut Z’a/- légerir du devant & le mettre fous lui. (7 ALLEGORIE, f. f£. (Listérat.) figure dé" Rhétorique par laquelle on employe des termes qui, pris à la let- tre, fignifient toute autre chofe que ce qu’on veut leur faire fignifier. L’al/égorie n’eft proprement autre cho- fe qu’une métaphore continuée, qui fert de compa- raïfon pour faire entendre un fens qu'on n’exprime point, mais qu’on a en vüe. C’eit ainfi que les Ora- teurs & les Poëtes ont coùtume de repréfenter un état fous l’image d’un vaiffean , & les troubles qui l’a- gitent fous celle des flots &c des vents déchaïnés ; par les Pilotes, ils entendent Zes Souverains ou Les Magif- crats ; par le port, La paix ou La concorde. Horace fait un pareil tableau de fa patrie prête à être replongée dans les horreurs d’une guerre civile, dans cette belle ode qui commence ainfi : O ravis, referent in mare te novi Fluilus , cc. La plüpart des Théologiens trouvent Pancien Tef- tament plein d’aflégories & de fens typiques qu’ils rap- portent au nouveau : mais on convient que le fens a- légorique | à moins qu’il ne foit fondé fur une tradi- tion conftante, ne forme pas un argument für com- * me le fens littéral. Sans cette fage précaution, cha- que fanatique trouveroit dans l’Ecriture dequoi ap- puyer fes vifions. En effet c’eft en matiere de religion furtout, que l’a/légorie eft d’un plus grand ufage. Phi- lon le Juif a fait trois livres d’allégortes fur l’hrftoire des fix jours. Voyez HEXAMERON. Et l’on fait affez quelle carriere les Rabbins ont donnée à leur imag;- nation dans le Talmud & dansleurs autres Commen- taires. 3 . Les Payens eux-mêmes faifoient grand ufage des allégories , & cela avant les Juifs ; car quelques-uns de leurs Philofophes voulant donner des fens raifonna- bles à leurs fables & à l’hiftoire de leurs dieux , prc- tendirent qu’elles fignifioient toute autre chofe que ce qu’elles portoient à la lettre ; 8 de là vint le mot d’allégorie, c’eft-à-dire un difcours qui, à le prendre dans fon fens figuré aAn0 æyopeues, fignifie toute au- tre chofe que ce qu’il énonce. Ils eurent donc recours à cet expédient pour contenter de leur mieux ceux qui étoient choqués des abfurdités dont les Poëtes avoient farci la religion, en leur infinuant qu’il ne falloit pas prendre à la lettre ces fiétions, qu’elles con- tenoient des myfteres, & que leurs dieux avoient été des perfonnages tout autrement refpeétables que ne les dépeignoit la Mythologie, dont ils donnerent des explications telles qu’ils les vouloient imaginer : en- forte qu’on ne vit plus dans les fables que ce quin’y étoit réellement pas ; on abandonna l’hiftorique qui révoltoit, pour fe jetter dans la myfticité qu’on n’en- tendoit pas. M. de la Naufe dans un difcours fur l’origine & l'antiquité de la cabale , inféré dans le tome IX. de PAcadémie des Belles-Lettres , prétend que ce n’étoit point pour fe cacher, mais pour fe mieux faire en- tendre,que les Orientaux employoient leur ftyle f- guré , les Egyptiens leurs hiéroglyphes , les Poètes leursimages , & les Philofophes la fingularité de leurs difcours , qui étoient autant d’efpeces d’a//égories, En ce cas il faudra dire , que l’explication étoit plus obf- cure que letexte, & l'expérience le prouva bien ; car ALL on brouilla fi bien les fignes figuratifs avec les chofes figurées , & la lettre de Pa//égorie avec le fens qu’on prétendoit qu’elle enveloppoit, qu’il fut très-dificile, pour ne pas dire impofñfible , de démêler l’un d'avec l’autre. Les Platoniciens furtout donnoient beaucoup dans cette méthode : & le defir de les imiter en tranf- portant quelques-unes de leurs idées aux myfteres de la véritable religion, enfanta dans les premiers fie- cles de l'Eglife les héréfes des Marcionites , des Va- lentintens , & de plufeurs autres compris fous le nom de Gnofiiques, | | C’étoit de quelques Juifs récemment convertis, tels qu'Ebion, que cette maniere de raifonner s’étoit introduite parmi les Chrétiens. Philon , comme nous l’avons déjà dit, & plufieurs autres Dodteurs Juifs s’appliquoient à ce fens figuré, flatteur pour certains efprits par la nouveauté & la fingularité des décou- vertes qu'ils s’imaginent y faire. Quelques Anteurs des premiers fiecles du Chriftianifme , tels qu'Orige-, ne ,imiterent les Juifs & expliquerent auff l’ancien & le nouveau Teftament par des allésories. Voyez Az- LÉGORIQUE & PROPHÉTIE. | Quelques Auteurs, & entre autres le P. le Boflu, ont penié que le fujet du Poëme épiquen’étoit qu’une maxime de morale a/légoriée, qu'on revêtoit d’abord d’une aétion chimérique , dont les a@teurs étoient A &B ; qu'on cherchoit enfuite dans l’hiftoire quelque fait intéreflant, dont la vérité mife avec le fabuleux püt donner au Poëme quelque vraiflemblance , & qu’enfuite on donnoit des noms aux aéteurs, comme Achille, Ence, Renaud, &c. Voyez ce qu’on doit pen- Jér de cette prétenfion fous le mot EPOPÉE ou POEME ÉPIQUE. (G) | ALLEGORIQUE , adj. ( Théol. ) ce qui contient une allégorie. Voyez ALLEGOR1E. Les Théologiens diffinguent dans l’Ecriture deux fortes de fensen gé- néral, le fens littéral & le fens myftique. 7. SENS LiTTERAL @ MYSTIQUE. | Ils fubdivifent le fens myftique en a//égorique , rro- pologique & anagogique. Le fens a/légorique eft celui qui réfulte de l’appli- cation d’une chofe accomplie à la lettre , mais qui n’eft pourtant que la figure d’une autre chofe : ainf le ferpent d’airain élevé par Moyfe dans le defert, pour guérir les Ifraëlites de leurs plaies, repréfentoit dans un fens a//évorique Jelus-Chrift élevé en croix pour la rédemption du genre humain. | Les anciens Interpretes de l’Ecriture fe font fort at- tachés aux fens al/égoriques. On peut s’en convain- cre en lifant Origene , Clément d'Alexandrie , &c. mais ces «//egories ne font pas toûjours des preuves concluantes, à moins qu’elles ne {oient indiquées dans l’Ecriture même, ou fondées fur le concert una- nime des Peres. Le fens allégorique proprement dit, eftun fens y- Jlique quiregarde l’Eglife &z les matieres de religion. Tel eît ce point de doétrine que S. Paul explique dans fon Epitre aux Galates : 4braham duos filios ha- buit, unurn de ancillä, 6 unum de liberä : fed qui de ancillé , fecumdum carnem natus ef? ; qui aytem de li ber , per repromiffionem : que funt per ALLEGORTAM diéfa. Voilà l’allégorie; en voicile fens &l’application à l'Eglife &r à fes enfans: Mec enim funt duo teflamera; unum quidem 11 monte Sina, in ferviturem generans ; que efl Agar. . . , Ille autem que furfum ef? Jerufa- ler libera eff, quæ eff mater noftra . . . . Nos autem fratres, fecundum Ifaac LM ne fil fumus Non fumus ancille filii, fed liberæ ; qué libertate Chriftus 705 liberavit. Galat. cap, jv. verf. 23. 24. 25. 26.20. 31 (G) | | * ALLEGRANIA, ( Géog. ) petite ifled’Afrique, lune des Canaries, au nord de la Gracieufe , au nord-oueft de Rocca, & au nord-eft de Sainte-Claire. * ALLEGRE ox ALEGRE, ville de France en Auvergne, dnvèergne, généralité de Riom , éle&io de Briow de, au pié d’une montagne au-deflus de laquelle il ÿ a un grand lac, Lon. 21. 22. lat. 45. 10. ALLEGRO , serme de Mufique. Ce mot écrit à la tête d’un air, défigne, du lent au vite, le troifieme des quatre principaux degrés de mouvement établis dans la Mufique Italienne. :4//gro eft un adjeëtif Ita- lien qui fignifie gai; & c’eft auf lexpreffion d’un mouvement gai & animé , le plus vif de tous après le preflo. Voyez MOUVEMENT. Le diminutif #//egrerto mdique une gaieté plus mo- dérée, un peu moins de vivacité dans la mefure: (S) - ALLELUIA,04 ALLELUIAH, 04 HALLELUIAH, expreflion de joie que l’on chante ou que l’on récite dans l’'Eglife à la fin de certaines parties de l’ofice divin. Ce mot eft Hébreu, ou plûtôt compofé de deux mots Hébreux; favoir, 101, kallelu , & M, Ja, qui eft une abbréviation du nom de Dieu rt , Jehova, qui tous deux fignifient laudate Domirum ; en forte qu’en notre langue , alleluia veut dire pro- prement loxez le Seigneur. S. Jérôme prétend que le dernier mot dont eft compofé a/leluia, n’eft point une abbréviation du nom de Dieu, mais un de fes noms ineffables ; ce qu'il prouve par divers paflages de l’Ecriture , où à la place de laudate Dominum , comme nous lifons dans la verfion Latine, les Hébreux lfent af/eluia ; remarque qui n'infirme pas le fens que nous avons donné à ce mot. Le même Pere eft le premier qui ait introduit le mot alleluia dans le fervice de l’Eglife : pendant long- tems on ne lemployoit qu'une feule fois l’année dans lEglife Latine; favoir , le jour de Pâques : mais al étoit plus en ufage dans l’Eglife Greque, où on le «hantoit dans la pompe funebre des SS. comme $. Jérôme le témoigne expreflémenten parlant de celle de fainte Fabiole : cette coûtume s’eft confervée dans cette Eglife , où l’on chante même l’a/e/uia quelque- fois pendant le Carême. S. Grégoire le grand ordonna qu’on le chante- xoit de mème toute l’année dans l’Églife Latine ; ce qui donna lieu à quelques perfonnes de lui reprocher qu'il étoit trop attaché aux rits des Grecs , & qu'il antroduoit dans l’Eglife de Rome les cérémonies de celle de Conftantinople : mais il répondit que tel avoit été autrefois l’ufage à Rome , même lorique le Pape Damaie, qui mourut en 384. introduit la coû- tume de chanter Pa//e/uia dans tous les offices de l'année. Ce decret de S. Grégoire fut tellement reçû dans toute l’'Eghife d'Occident , qu’on y chantoit l’a/- Zeluia même dans l'office des Morts, comme l’a re- marqué Baronius dans la defcription qu'il fait de ‘l'enterrement de faite Radeponde. On voit encore dans la Mefle Mofarabique , attribuée à S. Ifidore de Séville , cet introit de la Meffe des défunts : Tx es portio mea, Domine , alleluia | in terr& viventium, allelura. Dans la fuite ’Eglife Romaine fupprima le chant de Pa/leluia dans Poffice & dans la Mefle des Morts, auffi-bien que depuis la Septuagéfime jufqu'au gra- duel de la Meffe du Samedi-faint, & elle y fubfti- tua ces paroles, laus nb: , Domine , rex æternæ glo- rie ; comme on le pratique encore aujourd’hui. Et le quatrieme Concile de T'olede dans l’onzieme de fes canons ; en fitune loi exprefle,qui a été adoptée par . les autres Eglifes d'Occident. S. Auguftin dans fon Epitre 1109: ad Januar. re- marque qu'on ne chantoit laZle/ua que le jour de Pâques & les cinquante jours fuivans, en figne de joie de la réfurreétion de Jefus-Chrift : & Sozomene dit que dans lEglife de Rome on ne Le chantoit que le jour de Pâques. Baronius, & le Cardinal Bona, fe font déchaïînés contre cet Hiftorien pour avoir avan- cé ce fait : mais M, de Valois dans fes Notes fur çet Tome I, ALL 81 Auteur ; môritre qu'il n’avoit fait que ttpporter lu. fage de {on fiecle. Dans la Mefle Mofarabique on le Chantoït après l'évarigilé, mais non pas en tout tems; au lieu que dans les autres Eglifes on le chantoit , . comme On le fait encore, entre l’épitre & l’évan- gile’, c’eft-à-dire, au gradnel. Sidoine Appollinaire remarque que les forçats où rameurs chantoient à haute voix l’aleluia , comme un fignal pour s’exci- ter & s’encourager à leur manœuvre: Curvortm hiñc chorus helciariorum Refponfantibus ALLELUIA ripis, Ad Chriflur levai amnicum celeufina : Sic, fic pfallité | nauta vel viator. . C’étoit en effet la coûtume des premiers Chréä tiens que de fanétifier leur travail par le chant des hymnes & des pieaumes. Bingham , orig. ecclefafr. 10m. WT. Lib. XIV. c. xj, $. 4.(G) . ALLELUIA ,{. m.( Æiff. nat, \en Latin oxis, her- be à fleur d’une feule feuille en forme de cloche , OU verte & découpée. Il fort du calice un piftil qui eft attache au fond de la fleur comme un clou, & qui devient dans la fuite un fruit membraneux ; oblong ; & divifé le plus fouvent en cinq loges qui s’ouvrent chacune en dehors par une fente qui s’étend depuis la bafe du fruit jufqu’à la pointe. Chaque loge con- tient quelques femences enveloppées chacune d’une membrane élaftique ; qui la poufle ordinairement aflez loin lorfqu’elle eft müre. Tournefort, Tnfl. rei herb. Voyez PLANTE. (1) ALLELUIA , ( Jardin. ) oxytriphillon. Cette plante ne grainé point, & ne fe multiplie que par de gran- des traînafles ou rejettons qui {ortent de fon pié ; de même qu'il en fort des violettes & des margueri- tes. On replante ces rejettons en Mars & Avril , &. on {eur donne un peu d’eau. Cette plante croît na- turellement dans les bois, & aime ombre. :(X) L’ALLELUIA , ( Medecine. ) eft d’une odeur agréa- ble, & d’un goût aigrelet : il eft bon pour défalté- rer, pour calmer les ardeurs de la fievre, pour ra- fraichir, pour purifier les humeurs : il fortifie le cœur, réfifte aux venins. On s’en fert en décotion, où bien on en fait boire le fuc dépuré. * ALLEMAGNE, ( Géog.) grand pays fitué au mileu de PEurope , avec titre d’Empire ; borné à Veft par la Hongrie & la Pologne ; au nord par la mer Baltique & le Danemarc ; à l'occident par les Pays-bas ; la France & la Suifle ; au midi parles AL pes ou Pltalie, & la Suiffe. Il a environ 240. lieues de la mer Baltique aux Alpes, & 200. du Rhin à la Hongrie, Il eft divifé en neuf cercles , qui font lAu- triche , le bas Rhin, le haut Rhin, la Baviere , la haute Saxe, la bafle Saxe , la Franconie , la Soua- be , & la Weftphalie. Lon. 23-37. lat. 26-55. C’eft un compolé d’un grand nombre d'Etats fou- verains & libres , quoique fous un chef commun; On conçoït que cette conftitution de gouvernement établiffant dans un même Empire une infinité de fron- tieres différentes ; fuppofant d’un lieu à un autre des lois différentes , des monnoies d’une autre efpe- ce, des denrées appartenantes à des maîtres diffé- rens, G’c. On conçoit, dis-je,que toutes ces circonftan: ces doivent mettre beaucoup de variété dans le com- merce. En voici cependant le général & le princi: pal à obferver. Pour encourager fes fujets au com- merce , l'Empereur a établile port franc fur la mer Adriatique , par des Compagnies tantôt projettées, tantôt formées dans les Pays-bas ; par des privilé- ges particuliers accordés à l'Autriche , à la Hongrie, à la Boheme ( Voyez ComPAGnIE & PORT })., par des Traités avec les Puiffances voifines, & fur:tout par le Traité de 1718. avec la Porte , dans lequel il eft arrêté que le commerce fera bre aux Alle: mands dans l’Empire Ottoman ; que. depuis Vidiun | Na # _ ALL les Impériatx pourront faire pañler leurs marchaï- diies {ur des facques Turques en Tartarie, en Cni- mée, 6. que les vaifleaux de l’Empire pourront aborder fur la Méditerranée dans tous les ports de Turquie ; qu'ils feront libres d'établir des Confuls , des Âgens, 6. partout où les Alliés de la Porte en ont déjà, & avec les mêmes prérogatives ; que les effets des marchands qui mourront ne feront point confifqués ; qu'aucun marchand ne fera appellé de- vant les Tribunaux Ottomans , qu’en préfence du Conful Impérial ; qu’ils ne feront aucunement ref- ponfables des dommages caufés par les Maltois ; qu'avec pañeport ils pourront aller dans toutes les villes du Gränd-Seigneur oùle commerce les deman- dera : enfin que les marchands Ottomans auront les mêmes facultés & priviléges dans l'Empire. *ALLEMANDS, fm. ce peuple a d’abord habité le long des rives du Danube , du Rhin , de FElbe , &c de l’Oder. Ce mot a un grand nombre d’étymologies , mais elles font fi forcées,qu'il vaut prefqu'autant n’en favoit aucune que de les favoir toutes. Cluvier pté- tend que l'Allemand n’eft point Germain, mais qu'il eft Gaulois d’origine. Selon le mème auteur, les Gaulois, dont Tacite dit qu'ils avoient pañlé le Rhin & s’étoient établis au-delà de ce fleuve, furent les premiers Allemands. Tout ce que l’on ajoûte fur l’o- rigine de ce peuple depuis Tacite jufqu'à Clovis, n’eft qu’un tiflu de conjedtures peu fondées. Sous Clovis, les Allemands étoient un petit peuple qui oc- cupoitla plus grande partie des terres fituées entre la Meufe, le Rhin, & le Danube. Si l’on compare ce petit terrein avec l’immenfe étendue de pays qui porte aujourd’hui le nom d’Æ/emagne, & fi l'on ajoûte à cela qu'il y a des fiecles que les Allemands ont les François pour rivaux & pour voifins, on en faura plus fur le courage de ces peuples, que tout ce qu’on en pourroit dire d’ailleurs. ALLEMANDE, £. f. ( Mufique. ) et une forte de piece de Mufique , dont la mefure eft à quatre tems, & fe bat gravement. Il paroît par fon nom que ce caractere d’ait nous eft venu d'Allemagne : mais il eft vieilli, & à peine les Muficiens s’en fervent-1ls aujourd’hui ; ceux qui l’employent encore lui don- nent un mouvement plus gai. A/lemande eft aufh une Lorte de danfe commune en Suifle & en Allemagne; l'ait de cette danfe doit être fort gai, & fe bat à deux tems. (S) ALLER de l'avant , ( Marine. ) c’eft marcher par: l'avant ou la proue du vaiffeau. ALLER er droiture. ( Marine.) Voyez DROITURE. ALLER 4 bord, ( Marine.) Voyez BORD. ALLER au cabeffan, (Marine.) Voyez CABESTAN. ALLER 4 la fonde, (Marine) Voyez SONDE. - ALLER & graffe bouline, ( Marine.) c’eft cingler fans que la bouline du vent foit entierement halée. Voyez BOULINE GRASSE. ALLER au plus près du vent, (Marine. ) c’eft cingler à fix quarts de vent près de l’aire ou rumb d’où 1l vient; par exemple, fi le vent eft nord, on pourroit aller à l’oueft-nord-oueft, & changeant de bord à l’eft-nord-eft. ALLER proche du vent, approcher le vent , ( Marine.) c’eft fe fervir d’un vent qui paroït contraire à la route, & le prendre de biais, en mettant les voiles de côté par le moyen des boulines &c des bras. ALLER de bout au vent, (Marine) fe dit d’un vaif- feau qui eft bon boulinier , & dont les voiles font bien orientées, de forte qu'il femble aller contre le vent, ou de bout au vent. Un navire travaille moins fes ancres & fes cables, lorfqu'’étant mouillé il eft 4e bout au vent, c’eft-à-dire qu'il préfente la proue au lieu d’où vient le vent. : ALLER vent largue ; (Marine.) c’eft avoir le vent par le travers, & cingler où l’on veut aller fans qe les boulines foient halées. | ALLER entre deux écoutes, ( Marine.) c’eft aller vent en poupe. ALLER au lof, (Marine.) Voyez Los. | ALLER à la bouline. ( Marine.) Voyez BOULINE: ALLER à trait & a rame.( Marine.) Voyez RAME: ALLER à la dérive. ( Marine.) Voyez DERIVE & Deriver, Se laifler aller a La dérive ; aller a Dieu & au tes ; à mâts 6 a cordes ou à fc, c’eft ferrer toutes les voiles & laïfler voguer le vaifleau à la merci des vents & des vagues ; ou bien c’eft aller avec toutes les voiles & les vergues baïflées à caufe de la fureut du vent. | ALLER avec Les huniers, à mi-mét, (Marine, ) Voyez HUNIER. ALLER £erre à terre, (- Marine. ) c’eft naviger en côtoyant le rivage. Voyez RANGER LA COSTE.(Z) ALLER en traite. Voyez TRAITE. ALLER 4 l'épée , ( Efcrime. ) on dit d’un efcrimeur qu’il bat la campagne, qu’il ve 4 l'épée, quand il s’é- branle fur une attaque, 8 qu'il fait de trop grands motuvemens avec {on épée pour trouver celle de l'ennemi. C’eft un défaut dans un efcrimeur d’a/ler x l'épée, parce qu’en voulant parer un côté , il en dé- couvre un autre. | ALLER , ( Manége. ) fe dit des allures du cheval ; aller le pas , aller le tror, &c. Voyez ALLURES. On dit aufli en terme de Manége, aller étroit, lorfu'on s’approche du centre du Manége : aller large, lorf- qu’on s’en éloigne : a//er droit à la muraille , c’eft con- duire fon cheval vis-à-vis de la muraille, comme fr l'on vouloit pafler au-travers. On dit en termes de Cavaletie , aller par futprife , lorfque le cavalier fe fert des aides trop à coup, de façon qu’il furprend le cheval au lieu de l’avertir; aller par pays , figni- fie, faire un voyage, ou fe promener & cheval ; aller à toutes jambes , à toute bride, à étripe cheval, où a tom- beau ouvert, c’eft faite courir fon cheval aufhi vite qu’il peut aller. On dit du cheval, al/er par bonds 6 par fauts , lorfqu’un cheval par gaieté ne fait que fauter, au lieu d’aller une allure réglée. Cette ex- preffion a une autre fignification en terme de Mané- ge. Voyez SAUTER. Aller à trois jambes , {e dit d’un cheval qui boite ; a//er de l'oreille, fe dit d’un cheval qui fait une inclination de tête à chaque pas. (77) ALLER de bon tems, terme des Véreurs; l'on dit les véneurs alloïient de bon tems, /orfque le Roi arriva, ce qui fignifie qu'il y avoit peu de tems que la bête étoit paflée. Aller d'afftrance, {e dit de la bête, lorfqwelle va au pas, le pié ferré & fans crainte. - Aller au gagnage , fe dit de la bête fauve, (le cerf, le dain, ou le chevreuil) lorfqu’elle va dansles grains pour y viander & manger; ce qui fe dit auf du lievre. Aller de hautes erres , fe dit d’une bête pañlée il y a fept ou huit heures ; ce Lievre va de hautes erres. Aller en quête, fe dit du valet de Emier lorfqwil va aux bois pour y détourner une bête avec {on Hi mier. Aller fur foi , fe fur-aller ; fe fur-marcher , {e dit de la bête qui revient fur fes erres, fur fes pas, en re- tournant par le même chemin qu’elle avoit pris. ALLER e% galée terme d’Imprimerie, Voyez GALÉE: ALLEU, ( franc )f{.m. Jurifprud. fief poflédé librement par quelqu'un fans dépendance d'aucun Seigneur. Voyez ALLODIAL. Le mot alleu a été for- mé des mots a/odis, alodus , alodium , aleudum , ufi- tés dans les anciennes lois & dans les anciens titres, qui tous fignifient serre, héritage , domaine ; 8 le mot franc, marque que cet héritage eft libre & exempt de tout domaine. Mais quelle eft l’origine de ces mots Latins eux-mêmes? C’eft ce qu'on ne fait point, ALL Cafleneuve dit qu’elle eft aufüi difficile à decou- vrir que la fource du Nil. Il y a peu de langues en Europe à laquelle quelque étymologifte n'en ait voulu faire honneur. Maïs ce qui paroît de plus vraïf- femblable à ce fujet, c’eft que ce mot eft François d’origine. : Bollandus définit l’alleu, prædium , fèu quævis pof- Jeffio libera jurifque proprit, & non in feudum cliente- lari onere accepta. Voyez FIEF. Après la conquête des Gaules , les terres furent divifées en deux manieres , favoir en bénéfices & en alleus, benéficia & allodia. Les bénéfices étoient les terres que le Roi donnoit à fes Officiers & à fes Soldats , foit pour toute leur vie, foit pour un tems fixe. Voyez BÉNÉFICE. Les alleus étoient les terres dont la propriété ref toit à leurs anciens poflefleurs ; le foixante-deuxie- me titre de la Loi Salique eft de allodis : & là ce mot eft employé pour fonds héréditaire , ou celui qui vient à quelqu'un, de fes peres. C’eft pourquoi alleu 8 patrimoine font fouvent pris par les anciens Jurifconfultes pour deux termes fynonymes. Voyez PATRIMOINE. ; Dans les Capitulaires de Charlemagne & de fes “uccefleurs, æ/leu eft toùjours oppole à fef: mais vers la fin de la deuxieme race les terres allodiales perdirent leurs prérogatives ; & les Seigneurs feffes obligerent ceux qui en poffédoient à les tenir d'eux à l’avenir. Le même changement arriva auf en Al- lemagne. Voyez FIEF G T'ENURE, L’ufurpation des Seigneurs fieffés fur les terres al- lodiales alla fi loin, que le plus grand nombre de ces terres leur furent aflujetties ; & celles qui ne le furent pas , furent du moins converties en fiefs : de- là la maxime que, 7#/la terra fine Domino, nulle terre fans Seigneur. Il y a deux fortes de ffanc-alleu , le noble & lé ro- EUTLET. | Le franc.alleu noble eft celui qui à juftice, cenf- ve, ou fief mouvant de lui; Ze franc-alleu roturier eft celui qui n’a mi juftice , ni aucunes mouvances. Par rapport au franc-alleu , il y a trois fortes de Coûtumes dans le Royaume ; les unes veulent que tout héritage foit réputé franc , fi le Seigneur dans la juftice duquel il eft fitué , ne montre le contraire: tels font tous les pays de droit écrit, &c quelques portions du pays coûtunuer. Dans d’autres lé franc- alleu n’eft point recù fans titre ; & c’eit à celui qui prétend pofñléder à ce titre, à le prouver. Et enfin quelques artres ne s’expliquent pôint à ce fujet; &z dans ces dernieres on fe regle par la maxime géné- rale admife dans tous les pays coûtumiers, qu’ #’y a point de terre fans Seigneur, 8 que ceux qui pré- . tendent que leurs terres font libres, le doivent prou- ver, à moins que la Coûtume ne foit exprefle au contraire. Dans les Coûtümes même qui admettent 2e franc- alleu fans titre, le Roi & les Seigneurs font bien fon- dés à demander que ceux qui poffedent des terres en franc-alleu aient à leur en donner une déclaration, afin de connoître ce qui eft dans leur mouvance, & ce qui n'y eft pas. (À) 7" ALLEVURE , {. f. ( Commerce. ) pétite monnoié de cuivre, la plus petite qui fe fabrique en Suede : fa valeur eft au-deffous du denier tournois ; il faut deux allevér:s pour un rouftique. Voyez RousTI- QUE. | ALLIAGE, f. m. ( Chimie.) fignifie L mélange de différens métaux. A/liage {e dit le plus fouvent de l’or & de l’argent qu'on mêle féparément avec du cuivre; & la différente quantité de cuivre qu'on mêle avec ces métaux, en fait les différens titres. L’alliage de or & de Pargent fe fait le plus fou- vent pour la monnoïe & pour la vaïffelle, Tome I. ALL 283 .… L'alliage de la monnoie fe fait pour durcir l'or & l'argent , & pour payer les frais de la fabrique de la monnoie, & pour les droits des Princes. L’afliage de la vaiflelle fe fait pour durcir lor & l'argent. L’alliage eft différent dans les différentes Souve- rainetés, par la différente quantité de cuivre avéc laquelle on le fait. L’a/lage de la monnoie d’argent d'Efpagne difere de celui des monnoies des autres pays, ence qu'il fe fait avéc le fer. Tout a/liage durcit les métaux ; & même un mé- tal devient plus dur par l’afliage d’un métal plus ten- dre que lui : mais la/liage peut rendre , & il rend quelquefois Les métaux plus du@iles,plusextenfibles ; on le voit par l’alliage de la pierre calaminaire aveé le cuivre rouge, qui fait le cuivre jaune. De l'or êc de l’argent fans a//age neferoient pas auffiextenfibles _ que lorfqu'il y en a un peu. L’alliage rend les métaux plus faciles à fondre, qu'ils ne le font naturellement. L’alliage des métaux eft quelquefois naturel lorf qu'il fe trouve des métaux différens dans une même mine ; comme lorfqu'il y a du cuivre dans une mine d’argent. Le fer eft très-difiicile à allier avec l'or & l’ar- gent: mais lorfqu'il y eft une fois allié, il eft auffi difficile de en ôter, L’alliage du mercure avec les autres métaux fe nomme ealgame. Voyez AMALGAME. Loriqu'on allie le mercure en pétite quantité avec les métaux, qu'il ne les amollit point , & qu’au contraire il les durcit, on fe fert auf du terme d’a/liage | pour fi- gniñer ce mélange du mercure avec les métaux; & cet alliage {e fait toüjours par la fufon, au lieu que lamalgame fe fait fouvent fans fufion. Voyez Ar: LIER, MERCURE. ( M) Tout le monde connoît la découverte d’Archimede fur lalliage de la couronne d’or d’Hieron , Roi de Syracufe. Un ouvrier avoit fait cette couronne pour le Roi , qui la foupçonna d’a/liage , & propofa à Ar- chimede de le découvrir. Ce grand Géometre y rêva long-tems fans pouvoir en trouver le moyen ; enfin étant un jour dans le bain , ilfitréflexion qu’un corps plongé dans l’eau perd une quantité de fon poids égale au poids d’un pareil volume d’eau, Voyez Hy- DROSTATIQUE. Et il comprit que ce principe lui donneroit la folution de fon problème. Il fut fi tranf porté de cette idée , qu'il fe mit à courir tout nud par les rues de Syracule en criant, évprre , Je lai trouvé. Voici le raifonnement fur lequel porte cette folu- tion : s’iln’y a point d’alliage dans la couronne , mais qu'elle foit d’or pur , il n’y a qu’à prendre une mafle d’or pur, dont on foit bien aflüré, & qui foit égale au poids de la couronne , cette mafle devra aufli être du même volume que la couronne ; &t par con: féquent ces deux mañles plongées dans l’eau doi. vent y perdre la même quantité de leur-poids. Mais s’il y a de l’alliage dans la couronne, en ce cas la mañle d’or pur égale en poids à la couronne , fera d’un volume moindre que cette couronne, parce que Vor pur eft de tous les corps celui qui contientle plus de matiere fous un moindre volume ; donc la mäfle d’or plongee dans l’eau, perdra moins de fon poids que la couronne. Suppofons enfuite que la/Zage de la couronne foit de l'argent , & prenons une mañfe d'argent pur égale en poids à la couronne, cette mafle d'argent fera d'un plus grand volumé que la couronne ; & par conféquent elle perdra plus de poids que la couronne étant plongée dans l’eau : cela pofé, voici comme on réfout le problème. Soit ? le poids de fa couron- ne, x le poids de lor qu’elle contient, y lé poids de Vargent, p le poids que perd la mafle Se dans l'eau, “ti 284 À LL g le poids que perd la mafle d'argent, r le poids que perd la couronne , on aura À pour le poids que la quantité d’or x perdroit dans l’eau , & = pour le poids que la quantité d’argent y perdroit dans l’eau : or ces deux quantités prifes enfemble doivent être égales au poids r perdu par la couronne. Donc + -=7r. De plus on ax+y—P. Ces deux équations feront connoïtre les inconnues x & y. Voyez; ÉQUATION. Au refte pour la folution complette & entiere de ce problème , 1l eft néceflaire, 1°. que l’allage ne foit que d’une matiere ; car s’il étoit de deux, on auroit trois inconnues & deux équations feulement, & le problème refteroit indéterminé : 2°. que l’on connoïfle quelle eft la matiere de la/liages fi c’eft de l’argent ou du cuivre, 6:c. (O Regle d’ALLIAGE eftune régle d’Arithmétique dont on fe fert pour réfoudre des queftions qui ont rapport au mélange de plufieurs denrées où matieres, com- me du vin, du blé, du fucre , des métaux, ou autres chofes de différent prix. Quand ces différentes matieres font mêlées en- femble, la regle d’af/iage apprend à en déterminer le prix moyen. Suppofons par exemple, que l’on de- mandât un mêlange de 144 livres de fucré à 12 fols la livre , & que ce mélange fût compofé de 4 fortes de fucre,à 6, 10,15 &17f.lalivre ; f l’on vouloit déterminer combien il doit entrer de chaque efpece de fucre dans cette compoñtion , voici la regle qu'il faudroit fuivre. Placez l’un fous l’autre tous les prix, excepté le prix moyen. Que chaque nombre plus petit que le prix moyen foit lié à un nombre plus grand que le même prix; par exemple liez 6 avec 15, & 10 avec 17; prenez enfuite la différence de chaque nom- bre au prix moyen, êc placez ces différences de ma- niere que celle de 15 à 12 foit vis-à-vis de 6; celle de 6 à 12 vis-à-vis 15; celle de 12 à 17 vis-à-vis 10: enfin celle de 12 à 10 vis-à-vis 17 ; ainfi que vous pouvez le voir dans l’exemple qui fuit. ‘ 3 | 27 15 6 | 54 12 1 5 45 17 2 | 18 16 144 Remarquez qu’un nombre qui feroit lié à plufieurs : autres nombres doit avoir vis-à-vis de lui toutes les différences des nombres auxquels il eft lié. Après cela faites cette proportion : la fomme de toutes les différences eft au mélange total donné, comme une différence quelconque eft à un quatrie- me nombre, qui exprimera la quantité cherchée de la chofe vis-à-vis laquelle ef la différence, dont vous vous êtes fervi dans la proportion ; l'opération étantachevée, vous trouverez qu'il faudra 27 livres du fucre à 6 fols, 54 du fucre à 15 fols, 45 du fucre à 10 fols ,& 18 du fucre à r7fols. Obfervez cependant que fouvent ces fortes de queftions font indéterminées, & qu’elles font par conféquent fufceptibles d’une infinité de folutions ; ainfi qu'il eft facile de s’en convaincre pour peu que l’on foit ver{é dans l’Algebre , où même que l’on faffe un peu d'attention à la nature de la queftion , qui fait aflez comprendre qu’en prenant un peu plus d’'u- ne efpece de matiere, 1l en faudra prendre un peu moins des autres, vü que le total eneft déterminé. Ceux qui feront curieux de voir une explication plus étendue de la regle d’alliage & d’en avoir mé- me une pleine démonftration, pourront confulter Wallis, Taquet dans fon arithmétique, & le fifième d’arithmétique de M. Malcolm. (Æ ) ALLIAGE , eft dans l’Artllerie le mêlange des mé- taux qui s’employent pour former celui dont on fait les canons & les mortiers. Voyez CANON. (Q) ALLIAGE ( 4 la Monnoïe ) eft un mêlange de dif. férens métaux dont on forme un mixte de telle na- ture & de tel prix que l’on veut. Dans le monnoya- ge , l’alliage eft prefcrit par les Ordonnances : mais l’on altere les métaux avec tant de précaution , que par ce mélange l’or & l’argent ne font que peu éloi- gnés de leur pureté. L’alliage eft néceflaire pour la confervation des efpeces; il donne au métal monnoyé aflez de dureté ; il empêche que les frais ne dimi- nuent le poids des efpeces; il augmente le volume, & remplit les dépenfes de fabrication. Les Ordon- nances ayant prefcrit le titre de l’a/liage , on ne peut fe difpenfer, fi le titre géneral de la matiere fondue eft trop bas, d’y mettre du fin; fi au contraire le ti- tre eft trop haut, de le diminuer par une matiere in- férieure, telle que le cuivre, 6:c. Le procédé de l’a liage des monnoies eft expliqué à l’arsicle MONNOIE. *ALLIAIRE, 1. f. plante dont la racine menue, li- gneuüfe, blanche , fent l’ail. Ses tiges font d’une cou- dée & demie, grêles , un peu velues, cylindriques, cannelées, folides. Ses feuilles font d’abord arrondies comme celles du lierre terreftre : mais elles font bien plus amples. Bien-tôt après, elles deviennent poin- tues. Elles font crenelées tout autour, d’un verd pâ- le, liffes, portées fur de longues queues fort écar- tées l’une de l’autre , placées alternativement & fans aucun ordre ; elles ont l’odeur & la faveur de l’ail, Ses fleurs font nombreufes, placées à l’extrémité des tiges & des ramaux, en forme de croix, compofées de quatre pétales blancs. Le piftil qui s’éleve du calice fe change en un fruit membraneux , cylindri- que , en filiques partagées intérieurement en deux loges par une cloïfon mitoyenne , à laquelle font at- tachés deux panneaux voutés. Ces loges font plei- nes de graines oblongues , arrondies, noires , nichées dans les foffes de la cloïfon mitoyenne. Toute la plante pilée a l’odeur d’ail. Elle naît dans les bui£- {ons &c fur le bord des foflés , aux environs de Paris, Toutes fes parties font d’ufage. Efle ronge un peu le papier bleu , ce qui prouve qu’elle contient un fel qui tient de l’ammoniac , mêlé avec beaucoup de foufre & de terre. Elle donne par l’analyfe chimique , outre le phlegme acide, un feb volatil concret, du fel fixe très-lixiviel, beaucoup. d'huile & de terre. On dit qu’elle eft diurétique ; que fa graine eft bonne pour les vapeurs, & que la pou- dre de fes feuilles guérit les ulceres carcinomateux. ALLIANCE , dans les Saintes Ecritures ; on em- ploye fouvent le nom de seffamentum , & en Grec diathiké , pour exprimer la valeur du mot Hébreu berith, qui fignifie alliance; d’où viennent les noms d’ancien & de nouveau teftament , pour marquer l’an- cienne & la nouvelle alliance. La premiere alliance de Dieu avec les hommes, eft celle qu’il ft avec Adam au moment de fa création, & lorfqu’il lui dé- fendit l’ufage du fruit défendu. Le Seigneur mit l'hom- me dans le Paradis terrefire, € lui fit ce commandement : Vous mangerez de tous les fruits du Paradis où du jardin: mais ne mangez point du fruit de l'arbre de la fcience du bien 6: du mal ; car auffi-tôt que vous en aurez mangé, vous mourrez , où vous deviendrez mortels. C’eft-là, dit faint Auguftin, la premiere alliance de Dieu avec l’homme: se/lamentum autem primum quod faëlum eff ad hominem pr'mum , profeëlo illud eff: qué die ederitis, morte moriermini ; d’où vient qu'il eft écrit: se/famen- cum a fæculo : morte morieris. Genef. IT. xvj. Aug. de civis. Dei, lib. XVI. cap. xxvuy. Ecch. XIV. xvuy. La feconde alliance eft celle que Dieu fit avec homme après fon péché, en lui promettant, non- feulement le pardon, pourvû qu'il fit penitence ; mais aufh la venue du Meffe , qui le racheteroit & toute fa race , de la mort du péché, & de la feconde mort, qui eft celle de l'éternité. Saint Paul , en plu- fieurs endroits, nous parle de ce pate, par lequel le fecond Adam a racheté & délivré de la mort ceux que le premier Adam avoit fait condamner à mourir. Sicut in Adam omrnes moriuréur, 1éa in Chriflo omnes vivificabuntur : 8x ailleurs : Sicur per hominem peccatum in hunc mundum introivit, & per peccatum mors... .., Sicur per inobedientiam untus hominis peccatores confh- tuti junt multi, ita 6 per unius obedirionem Jufti confli- suentur multi, Et le Seigneur parlant au ferpent, dit: Je mettrai une imimitié entre toi G La femme, entre ta race 6 la frenne ; elle te brifèra la tête, & tu l'attaqueras en Jecret par le talon. La poitérité de la femme qui doit brifer la tête du ferpent eft le Meflie ; par fa mort il a fait périr le diable , qui avoit l'empire de la mort: Ur per mortem deftrueret eum qui habebat mortis impe- riurn ; 1d eff diabolum, 1. Cor, xv. 22. Rom. y. 12, 19. Gene. 7.15. Hebr. i. 14. Une troifieme alliance eft celle que le Seigneur fit avec Noé, lorfqu'il lui dit de bâtir une arche ou un grand vaifleau pour yfauver les animaux de la terre, & pour y retirer avec lui un certain nombre d’hom- nes, afin que par leur moyen il pût repeupler la terre après le déluge. Geref. vy. 28. Cette alliance fut renouvelée cent vingtün ans après ; lorfque les eaux du Déluge s’étant retirées , & Noé étant forti de l’arche avec fa femme & fes enfans ; Dieu hui dit : Je vais faire alliance avec vous 6 avec vos enfans après vous , G avec tous les animaux qui font Jortis de Parche , enforte que je ne ferai plus pe- #ir toute chair par les eaux du Déluge ; & l’arc-en-ciel que je mettrai dans les nues fèra le gage de l'alliance que je ferai aujourd'hui avec vous, Genef. IX, viy. AXE ES RT: Toutes ces alliances ont été générales éntre Adam & Noë , & toute leur poftérité: mais celle que Dieu : fit dans la fuite avec Abraham , fut plus limitée ; elle ne regardoit que ce Patriarche & fa race, qui dévoit naïtre de lui par Ifaac. Les autres defcendans d'Abraham par [fmael & par les enfans de Cethura , n’y devoient point avoir de part. La marque ou le fceau de cette alliance fut la circoncifion , que tous les mâles de la famille d'Abraham devoient rece- voir le huitieme jour après leur naïffance ; les effets & les fuites de ce paéte font fenfñhbles dans toute Phiftoire de l’ancien Teftament :la venue du Meflie en eft la confommation & la fin. L’aZliance de Dieu avec Adam forme ce que nous appellons l’évar de na- ture ; alliance avec Abraham expliquée dans la loi de Moyfe , forme la loi de rigueur; l’aliance de Dieu avec tous-les hommes par la médiation de Jefus- Chnift, fait la loi de grace, Genef. xij. 1. 2. xviy. 10. 11. 12. Dans le difcours ordinaire nous ne parlons guere “que de l’ancien & du nouveau Teftament ; de l’a/- Tiance du Seigneur avec la race d'Abraham, & de celle qu’il a faite avec tous les hommes par Jefus- Chriff, parce que ces deux a/liances contiennent : éminemment toutés les autres qui en font des fui- tes, des émanations & des explications : par exem- ple, lorfque Dieu renouvelle fes promefles à Ifaac “&c à Jacob , & qu'il fait a/iance À Sinaï avec les Hraëlites , &c leur donne fa loi: lorfque Moyfe peu de tems avant fa mort , renouvelle l’afiance que le Seigneur a faite avec fon peuple, & qu’il rappelle devant leurs yeux tous les prodiges qu'il a faits en leur faveur : lorfque Jofué fe fentant prêt de fa fin, ‘qure avec les anciens du peuple une fidélité inviola- ‘ble au Dieu de leurs peres , tout cela n’eft qu'ne fuite de la premiere alliance faite avec Abraham. Jofias , Efdras , Néhemie , renouvellerent de même À LL 283 en différeris tems leurs engagemens & leur a/iance avec le Seigneur ; mais ce n’eft qu’un renouvelle: ment de ferveur, & unepromefle d’une fidélité nou- velle à obferver les'lois données à leurs peres. £xod, XJ. 24. VJ, 47. xix. 5. Deuter, xxix. Jof. xxij æxiv, Reg. xviig. Paral, IT, xxiy. La plus grande, la plus folennelle, la plus excel lente , & la plus parfaite de toutes les a/iances de Dieu avec les hommes, ef celle qu'il fait avec nous par la médiation de Jefus-Chrift : alliance éternelle qui doit fubfifter jufqu’à la fin des fiecles, dont le fils de Dieu eft le garant , qui eft cimentée & afer- mie par fon fang , qui a pour fin & pour objet la vie éternelle, dont le facerdoce, le facrifice, & les loïs font infiniment plus relevées que celles de lan: cien Teflament. Voyez Saint Paul , dans es épitres aux Galates 6 aux Hébreux. (GS it 6 ALLIANCE, {. f. (Jurifprud. & Hif. ans.) union ou faïfon de deux perfonnes ou de deux familles pa le mariage ; qu’on appelle autrement af£niré, Voyez AFFINITÉ. Ce mot vient de la prépoñition latine 44, &c de ligare , lier. La loi des douze tables défendoit les a/liances entre les perfonnes d’un rang & d’une condition inégale ; & l’on dit qu’en Portugal les filles de qualité ne fau- roient s’allier à des gens qui n’aient jamais été à la guerre. ALLIANCE fe dit aufli des ligues & des traités qui fe font entre des Souverains, & des Etats, pour leur füreté 8 leur défenfe commune. . TrAITÉ, LIGUE. Gc. La triple a//iance entre l'Angleterre, la Hollande &c la Suede, eft très-fameufe. La quadruple a/ance entre la France, l’Empire, l’Angleterre & la Hol- lande, ne l’eft pas moins. Alliés dans ce même fens eft fynonyme à conf£- dérés : ainfi l’on dit Ze Roi € fées alliés. Voyez Conr£- DÉRATION. | Quoique le titré d’a/lié des Romains fût une ef. pece de fervitude , il étoit pourtant fort recherché. Polybe raconte qu’Ariarathes offrit un facrifice d’ac- tion de graces aux Dieux pour lavoir obtenu. La raïfon en étoit, que dès-lors ces alliés n’avoient plus rien à craindre d’aucun autre peuple. Les Romains avoient différentes {ortes d’alliés « quelques-uns participoient avec eux aux priviléges des citoyens, comme les Latins & les Herniques ; d’autres lèur étoient unis en conféquence de leur fon- dation | comme les colonies {orties de Rome ; d’au: tres y tenoient par les bienfaits qu'ils en avoient re- cüs , comme Maflinifla , Eumenes & Attale, qui leur étoient redevables de leurs Etats ; d’autres l’étoient en conféquence de traités libres, mais qui aboutif: foïent toüjours à la fin à les rendre fijets de Rome, comme les Rois de Bithynie, de Cappadoce, d'Egyp- te, & la plüpart des villes de Grece ; d’autres enfin l'étoient par des traités forcés & en qualité de vain- cus : car les Romains n’accordoient jamais la paix à un ennemi qu'als ne fiflent une alliance avec lui, c'eft-à-dire, qu'ils ne fubjuguoient jamais aucun peu- ple qui ne lui fervit à en fubjuguer d’autres. Voyez Confid. fur les cauf: de la grand, dès Rom. c. vi. p. 62. G Jeg. (AH). l | ALLIANCE , #archandifé d'Orfévre, bague ou jone que l’accordé donne à {on accordée ; elle eft faite d’un fil d’or & d’un fl d'argent en lacs. ALLTAR ÆRIS, fignifie en A/chimie le cuivre des Philofophes , c’eftà-dire, le cuivre de ceux qui travaillent au grand œuvre. On a exprimé par ces deux mots Ze cuivre blanc où blanchi. Quelques Chi- nuftes ont aufli entendu par a/liar æris, ce que d’au- tres veulent dire par eaz de mercure. rie | Je foupçonne qu’a/liar æris vient de l’alliage dé l’ar- enic avec le cuivre, qui fait un cuivre blanc très: 286 ATEËL. femblable À l'argent, ce qui a préfenté aux Alchi- miftes une image de la tranfmutation. Becker dit que pour changer le cuivre en argent, il faut difloudre de l'argent dans l’eau -forte, en faire la précipitation par le moyen du fel commun ou avec de l’efprit de fel, & édulcorer le précipité. L'argent dans cet état eft fufble, volatil & très-pé- nétrant. On le mêle avec poids égal ou plus, de cen- dre d’étain ou de limaille de fer. On met le mêlange dans une boîte de cuivre façonné comme une boîte à favonnette , de forte que l’hémifphere d’en-bas foit rempli du mélange. On lutte bien Les jointures , & on met la boïte au feu pour l’y faire rougir & enfuite blanchir, fans fondre. Alors on laïfle éteindre le feu ; la boîte refroidie & ouverte, on prend ce qui eft dedans qu’on réta- blit en métal, en le faifant fondre avec du flux noir. Par ce moyen on a l’argent qu’on avoit employé, & de plus la boîte de cuivre eft prefque toute con- vertie en bon argent. Ce que Becker attribue à la force pénétrante de l’argent chargé de l'acide du fel. Voyez LUNE CORNÉE. (M) ALLIEMENT, f. m. c’eft le nom que les Char- pentiers , Maflons, Architeétes, en un mot tous les ouvriers qui ont à fe fervir de la grue ou d’une au- tre machine à élever de grands fardeaux, donnent au nœud qu’ils font à la corde qui doit enlever la piece. Voyez fig. 26. n°. 106. le nœud d'alliement. ALLIER , v. a. (Chimie.) c’eft mêler différens mé- taux en les faifant fondre enfemble,.comme lorfqu’on fond enfemble du cuivre , de l’étain, & quelquefois de argent, pour faire des cloches, des ffatues, Éc. F. MÉTAL 04 AIRAIN DE CORINTHE , ALLIAGE. En alliant Vor & l’argent enfemble , il faut beau- coup d’or pour jaunir l'argent, & il faut peu d'argent pour blanchir l'or. Les Indiens allient l’or avec l’émeri d’Efpagne pour en augmenter la quantité, comme les Européens a/- lient le cuivre avec la pierre calaminaire. Pour déterminer le degré de l’alliage ou de la pu- reté de largent, on le fuppofe divifé en douze de- niers ; & lorfqu'il eff allié avec un douzieme de cui- vre, c’eft un argent à onze deniers; lorfqu'il contient un fixieme d’alliage ou deux douziemes , largent eft à dix deniers. Il y a environ deux gros de cuivre pour l’allage fur chaque marc d'argent. L'argent de monnoie eft _allié avec une plus grande quantité de cuivre , que ne l’eft l'argent de vaifelle ; au lieu que l'or de mon- noie a moins d’alliage que l’or de vaifelle. On fe fert du terme d’amalgamer lorfqu’on a//ie le mercure avec les métaux. Le mercure amollit les au- tres métaux lorfqu’on les mêle enfemble fans les faire fondre, & qu’on y mét une grande quantité de mer- cure, & ce mélange retient tobjours le nom d’aa/- game : mais lorfqu'on employe une moindre quantité de mercure, & qu’on le fond avec les métaux, onfe fert du terme d’alliage. F’ai cherché ( Æif£. de P Ac. Royale des Sc.1740.) à perfeétionner l’étain en le rendant plus blanc, plus dur, plus fonore, & en lui faifant perdre le cri qu'il a ordinairement lorfqu’on Le fait plier. J’ai allié le mercure avec l’étain fondu , ce qui fe fait fort aifément , pourvü qu’on ait l’attention dene . laïffer l’étain au feu que le tems qu’il faut pour le mettre dans une.fonte parfaite. Si on l’y laifloit plus long-tems , où qu'on donnât un feu trop fort , Pétain {e calcineroit , & étant trop chaud, il rejalliroit de la matiere en pétillant lorfqw’on y verferoit le mer- cure. Ru: V’ai eflayé différentes proportions du mercure ëc delétain : j'ai trouvé que celle qui convient le mieux eft de mettre une partie de mercure fur huit parties A LE d’étain; fuivant cette proportion, l’étain devient plus blanc êc plus dur. | Lorfque j’ai mis moins de mercure, il ne perfe@ion- noit pas aflez l’étain; lorfque j’en ai mis plus, il le rendoit trop caffant ; & même lorfque j'en aimis beau- coup , 1l l’a rendu friable. Le mercure a auffi la propriété de faire perdre par l’alhage le cri de l’étain , & je crois que ce crin'eft pas eflentiel à l’étain. … Cet alliage réfifte au feu auquel réfifte l’étain ordi- naïre : jai chauffé l’étain a/lié avec du mercure, fu- vant la proportion que j’ai indiquée : je lai fondu & refondu ; mais j'ai trouvé que cela ne lui faïfoit point perdre de fon poids, & qu'il en devenoit plus beau ; ce qui vient de ce que tant qu’on n’employe qu’un feu fufifant pour faire fondre l’étain , ce feu n’eft pas aflez fort pour vaincre l’adhérence qui eft entre les globules de mercure & les parties de l’étain : aucon- traire il mêle plus également & plus intimement le mercure avec létain. , Pour perfeétionner le plomb en le rendant plus propre aux ouvrages pour lefquels il feroit utile qu'il : fût plus dur, je l’a a/lié avec du mercure, &j'aitrou- vé que le mercure Ôte au plomb fa couleur livide, qu'il le rend plus blanc & plus dur, & que dans cet état il reflemble à de l’étain ordinaire. ( J'ai trouvé que la proportion du plomb & du mer- cure, qui réufht le mieux pour cela, eft celle d’une partie de mercure fur quatre parties de plomb. J'ai refondu le plomb que j'avois amfi a/lié avec du mercure ; je l’ai pefé après lavoir laïffé refroidir, & j'aitrouvé qu'iln’avoit rien perdu du mercure que jy avois mêlé, 4 Pour allier le mercure au plomb, il faut faire chauf- fer le mercure dans une cuillere de fer pendant que le plomb eft au feu à fondre. On verfe le mercure dans le plomb dès qu'il eft fondu , & on retire auffitôtle tout dufeu. , Lorfque l’alliage eft refroidi , on le remet au feu pour le fondre de nouveau , &.on le tetire du feu dès qu'il eft fondu. C’eft ce tems de la feconde fufon qu’il faut pren- dre pour verfer dans des moules, le plomb ainfi 4/- lié, fi on veut lui donner une forme particuliere.( M} ALLIER, {. m. arbre foreftier qui fe rapporte au genre de l’alifier. Voyez ALISIER. (7) ALLIERs ( Chafle. )eftun engin ou filet fait à mail les claires de fil verd ou blanc, qui fert à prendre les cailles , les faifans , les perdrix, les rales , 6'c. L’a/- lier pour les uns ne differe du même inftrument pour les autres que par la hauteur ou la longueur. Ce filet eft traverfé de piquets qu’on fiche en terre. Ces. pi- quets tiennent l’aflier tendu , & fervent à le diri- ger comme on veut , droit ou en zig-zag. On le conduit ordinairement en zig-zag , parce qu'il eft plus captieux , quoiqu'il occupe alors moins d’efpa- ce. L’alliereft proprement à trois feuilles : la premie- re eft un filet de mailles fort larges, qui permettent une entrée facile à l’oifeau ; la feconde eft à mailles plus étroites, afin que l’oifeau étant entré dans l’a/lier & trouvant de la réfiftance de la part de la feconde feuille, fafe effort & s’embarrafle dans les mailles ; la troifieme feuille eft à mailles larges comme la pre- miere, parce que l’oifeau pouvant fe préfenter à l’al- lier ou de lun ou de l’autre côté , il faut qu'il trou- ve de l’un & de l’autre côté le même piège. *ALLIER, riviere de France, qui a fa fource dans le Gevaudan, pañle entre le Bourbonnois & le Nivernois , & fe jette dans la Loire à une lieue ou "environ au-deflus de Nevers. * ALLIGATOR , f. m. efpece de crocodile des Indes Occidentales; il a jufqu’à dix-huit piés de lone, 8z fa groffeur eft proportionnée à fa longueur. Il eft amphibie. On dit qu'il ne ceffe de croître jufqu’à ce À E gu'il meure. Il répand une forte odeur de müfc , dont Pair & l’eau s’empregnient au loin. ALLINGUES, ff. ( rerme de riviere. ) fortede pieux que l’on enfonce dans une riviere flotable au- deflus de l'arrêt, À environ une toife & demie de là berge, pour faire entrer le bois qui vient à flot , afin de le tirer plus commodément & l’empiler fur la ber: se que l’on fouhaite. ALLIOTH , serie d’ Affronomie, étoile qui fe remar- que à la queue dé la grande ourfe. Voyez ÉTOILE 6 GRANDE OURSE. (0) ALLITERATION , f, f. figure de Rhétorique ; c’eft une répétition & un jeu fur la même lettre. (G ) *ALLOBROGES , f. m. On entendoit autrefois par A/lobroges un peuple ancien de la Gaule Narbon- noïfe ; & l’on entend par ce mot aujourd’hui les Sz- Yoyards. ALLOCATION, (Commerce 6 reddition de compte.) fe dit quand on a approuvé, alloué ou admis un ar- ticle de l’une des trois parties d’un compte, recette dépenfe ou reprife , pour le pafler en compte à l’état final, Voyez ALLOUER. (G) ALLO CATION, en terme de Pratique, a aufi le même fens. L’approbation ou l'arrêté du compte, ou en particulier des articles d’icelui, doit fe faire par la partie intéreflée à qui le compte eft fourni. (4) _ ALLOCUTION, L.f.( de anc. ) nom donné par les Romains aux harangues faites aux foldats par les Généraux ou les Empereurs. Plufeurs médailles de Caligula, de Néron, de Galba & des autres Empe- teurs Romains, repréfentent ces Princes en habit de guerre, haranguant des foldats avec ces légendes : Adloc. coh. Adlocutio cohortium. Adlocutio coh. prætor. Adlocutio Aug. Augufii adlocutio militum. Ce qui prou- ve que les harangues militaires des Anciens ne font pas fi fufpeétes que les ont voulu rendre quelques ri tiques , puifque les Empereurs ont confacré par des monumens publics celles qu'ils faifoient à leurs àr- mées. (G) | ALLODIAL, adj. ( Jurifprud. ) épithete d’un hé- ritagé qui eft tenu en franc-alleu. Foyez ALLEU. - Une terre a/lodiale eft une terre dont quelqu'un a la propriété abfolue , & pour raïfon de laquelle le propriétaire n’a aucun Seigneur à reconnoître , n1 redevance à payer. Voyez PROPRIÉTÉ. … En ce fens a//odial eft oppofé à feudal ou féodal , ou bénéficiaire, Voyez F1EF, BÉNÉFICE, ALLEU, Gc. Les héritages allodiaux ne font pas exempts de la dixme. H ( no e , . m. eft dans l’Arillerie un cordage qui s’employe dans la conftruétion des ponts. (Q ) ALLONGE, ff, ( Marine. ) c’eft une piece de bois ou un membre de vaifleau dont on fe fert pour en allonger un autre. On éleve l’al/onge fur les va- tangues , fur les genoux & fur les porques , pour for- mer la hauteur & la rondeur du vaiffeau. Les plus proches du plat-bord qui terminent la hauteur du vaif- eau s'appellent a/onges de revers, V, VARANGUES , GENOUX , PORQUES. | Allonge premiere ou demi-grenier ; c’eft celle qu’on empatte avec la varangue & le genou de fond. 4/- longe feconde ou feconde allonge ; c’eft celle qui eff pla- cée au-deflus de la premiere, & quis’empatte avec le bout du haut du genou de fond | Allonge de revers, ou troifieme allonge; c’eft celle qui acheve la hauteur du vaiffeau par fes côtés. Lorf- qu'il n’y a que deux a/longes, la feconde s’appelle de revers: | Les allonges de revers different des prémieres en ce qu’elles préfentent leur concavité au lieu de leur convexité. Voyez la Planche IV. fig. 1. n°, 19, 20 & 21. où l’on voit la forme des al/onges, & la manie- re dont elles font placées. Voyez auffi Planche V, fig. 3. 4. 6 5. AL à Gabarit de trois ailonges, ce font lés trois a/longes l’une fur l’autre, qui forment les côtés du vaifleau. Lorfque les a//onges font bién empattées fur les ge- noux ; le vaifleau en eft plus fort 8 mieux lié ;Pépañf feur des allonges eft ordinairement des deux cinquie- mes parties de l’étrave, à la hauteur des pouttieres dut premier pont. Lu ; Leur rétréciflement qui donne la façon au vaif feau, eff du tiers de la hauteur du pontal, c’eft-à-dire du creux. Voyez PONTAL où CREUX. | On met deux a//onges aux deux côtés de l'étravé ; & deux aux deux côtés dé l’étambot pour äfermir davantage ces pieces principales. . Le férre-pouttieré viént fépondre éntre les fécordes allonges & les allonges de revers. (Z) | *ALLONGE, ( Comm.) morceaux que ceux qui veulent frauder les droits de marque , dans le com merce des dentelles de Flandre, font rentér fur de nouvelles pieces. L’Arrêt du 24 Juin 1684 portant que ces marchandifés feront marquées aux a/on2 ges &c à l’un des bouts ; a obvié à cette contravention. Auparavant on faioit pafler fucceflitement les 42 loriges d’une piece à une autre. ALLONGE, serre commu a la Menuiferie ; Charpenà trie, à la Taillanderie, Serrurerie; &cc. & Aun grand nombre d’autres arts tant en bois qu’en métaux, &c: Il fe dit de toute piece rapportée à uné autre de quel: que mamereque cepuille être, pour lui dônner lé- tendue en loncueur qu'exige l’ufage auquel on defti ne la piece avec fon allonge. * ALLONGE ; f: f. c’eft dans les foächeries un petit crochet qui fert à fufpendre lés animaux tués, oùt éntiers ou par morceaux, L’al/onge eft recourbée em fens contraire par {es deux bouts ; l’un de ces bouts éftmoufle , & l’autre efktrés-aigu, & ils femblefit for: mer avec le corps du crochet tine s; dont le bec fu- périeur fert à embrafler la tringle du dedans de Pétas le, & l’inférieur à entrer dans la viande & à la fuf pendre. Lorfqu'un animal eft tué & dépouillé de fa péau, où même avant, on lui pafle à chaque patte de erriere une æ//orge, & on le fufpend tout ouvert, en attendant'qu'il acheve dé fe vuider de fang. ÂAELONGES DE POUPE ; ( Marine.) cormieres, cor- riieres ,'allonges de trepot. Ce font les dernieres pieces de bois qui {ont pofées à l’arriere du vaiffeau fur la life de hourdi &c fur les efains, & qui forment le haut de la poupe. Quelques-uns les difinguent , ap- pellant les deux a//onges des deux bouts, corzieres ; Ouallonges de trepor; & celle qui eft au milieu, 8& qui a fous elle l’étambot, ils l’appellent 4//onge de poupe. On donne ordinairement aux «//onges de pou- pe autant de long où de hauteur au-deffus de la life de hourdi, qu’en a l’étambot. Les a//onges des deux bouts font pofées droites fur les eftains, & entretei ñues avec eux par des chevilles de fer & de bois. On leur donne le plus fouvent les deux tiers de l’épaifleur de Pétrave, & on les fait rentrer ou tom: ber en dedans, autant qu'il faut pour achever la courbe que les eftains ont commencé à former, & par ce moyen il ne doit y avoir d’efpace par le haut éntr'elles que les trois cmquiemes parties de la lon- gueur de la life de hourdi, ou deux piés plus que là moitié de cette longueur. Voyez La figure de cètte piece, Planche 6. fie. 7. & [a pofition Planche 3. fig. 1: RR: On dit pofer Les allonges. Allonges d'étrave, ce font deux pieces de bois qu'on met fouvent aux deux côtés de l'étrave pour la fortifier, Voyéz EFRAVE: Allonges de porque; ce font des allonges qui vien nent joindre les porques, & qui font dans les côtés des plus grands vaifleaux par-deflus le ferrage. Les allonges de porque d’un vaifleau de 134 piés de long de l’étrave à l’étambot, doivent avoir dix pouces d’épaifleur, & de la largeur à proportion; leur bout 588 À E E d'en-bas doit pafler jufqu'au-de-là des fleurs; 8 le bout d’en-haut doit venir au plus haut point. Engé- néral, leur épaiffeur doit approcher de celle des cour- bés ; mais elles doivent être entées plus avant dans les ferre-couttieres, Voyez Planche IV, Marine, fig, 2. 19,28. 6. 29.(Z) | | ALLONGES des potenceaux ; ( Rubann,.) ces allon- ges font deux longues pieces de bois menues en for- me de fortes lattes , que l’on attache fur la traverfe du derriere du métier au-deflous des potenceaux. Ils font pofés.cbliquement , c’eft-à-dire , que le bout eft beaucoup plus élevé que celui qui porte fur la tra- verfe. Cette obliquitéeft néceffaire pour quelles dif- férentes {oies des roquetins ne traînent point les unes fur les autres. Ces a/onges font percées de quantité de trous dans leur longueur, pour pañler les broches qui portent les roquetins : elles font aufli foûtenues par différens fupports qui font de petits poteaux polés à terre, Voici l’ufage de ces z//onges : lorfque l’on fait du velours, il faut que toutes les branches foient mi- {es à part fur quantité de petits roquetins enfilés par {ept ou huit dans les broches des a//onges : cette fépa- ration eft néceffaire, parce quefitoutes ces branches étoient enfemble fur la même enfuple, une partie là- cheroït pendant que l’autre feroit roide ; ce que lon évite en les féparant,chaque branche pouvant ainfine lâcher qu’à proportion de l’emploi. Il y a quelquefois 150 roquetins {ur ces a/onges & même davantage. Chaque roquetin a fon contre-poids particulier,qui eft un petit fac de toile où font attachés les deux bouts d’une ficelle , laquelle ficelle s’entortille deux fois à l’entour de la moulure du roquetin: ce contre-poids refte toljours en équilibre par ce moyen, la ficelle pouvant continuellement gliffer à mefure que le con- tre-p@ids déroule. On fe {ert d’un petit fac detoile pour pouvoir contenir quantité de petites pierres, dont on diminue le nombre à mefure que le roquetin fe vuide ; parce qu'il faut qu'il foitmoins chargé alors, que lorfqu’il eft plein. I faut encore que cha- cune des branches de velours porte elle-même un pe- tit poids ; ce qui fe fait ain: on pafle la branche dans une petite ficelle qui porte le petit poids dont 1l.s’a- git ; on peut mettre un maillon à cette petite ficelle, : ce qui ne fera que nueux. Voici l’ufage de tous ces. petits poids : lorfque l’ouvrier enfonce une marche, le pas qu'il ouvre fait lever toutes ces branches ,jainf que tout le refte de la chaine quileve ; ces branches furtout obéiffent à la levée ; & lorfqu'ilquitte cette marche, le pas baïflant occafionneroit de lâcher, f tous ces petits poids ne tenoient la branche en équi- libre, puifque le roquetin ne peut s’enrouler, mais bien fe dérouler, lorfqu’il eft tiré en avant : chacun de ces petits poids s'appelle freluquet. Voyez FRELU- QUET. ALLONGES, ce font des pieces du métier de Ga-. fer. Voyez Planche III. du Gafier, fig. 2. Les pieces de bois 9, 10,9, 10, aflemblées chacune à un des piés de derriere du métier, perpendiculairement à ces piés , à tenon & à mortoile , & foûtenues en-def- fous chacune par un aïflelier, 10 ,11,10, 11, font les allonges du métier. Elles fervent à foûtenir l’enfu- ple de derriere , & donnent lieu à un plus grand dé- ployement de la chaîne. Quand un métier eft affez long , 1l eft inutile de lui donner des a//onges. Les al- longes ne font à proprement parler que des additions à des métiers mal-faits ou mal-placés : mal-fairs, fi n'étant pas aflez longs pour donner le jeu convena- ble à la chaîne & aux parties de chaîne féparées par la life & par la tire, on eft obligé d'y mettre des allonges : mal-placés,files piés de derriere fe trouvant trop hauts pour s'appliquer contre un mur incliné à en-dedans d’une chambre, comme :1l arrive à tous les étages élevés , on eft obligé d’avoir un métier çoiut auquel on remédie par les a//onges, : ALLONGES de portelots , (terme dé riviere. :}e pièces de bois cintrées, pofées fur les crochuaux d’un ba: teau foncet à la hauteur dela foûbarque. 7, Cro- CHUAUX ; SOÜBARQUE. w ALLONGEÉ , adj. fe dit généralement ez Géométrie de ce qui eft plus long que large. C’eft en ce fens qu'on dit, #zexagone , un eptagone, un ofogone , &c. allongé , un ovale fort allongé. Voyez EXAGONE , Gc, Sphéroïde allongé , {e dit d’un fphéroïde dont laxé feroit plus grand que Le diametre du cercle perpendi- culaire à cet axe, & également éloigné de fesiex+ trémités. Voyez AXE, | Aïn on peut donner le nom de fphéroide allongé à un fphéroïde qui eft formé par la révolution d’une demi-ellipfe autour de {on grand axe ( Voyez SpHé: ROIDE, ) Si le fphéroide eft formé par la révolution d’une demi-ellipfe autour de {on petit axe ; owen ge- néral , fi fon axe eft‘plus petit que le diametre du cercle dont le-plan eit perpendiculaire au milieu de cet axe, il s'appelle alors fphéroide applarri : cette derniere figure eft à peu près celle de la terre que nous habitons, & peut-être de toutes les planetes, dans la phüipart defquelles on obferve que laxe eft plus petitque le diametre de léquateur. #, TERRE. Le mot allongé s’employe auf quelquefois en par- lant des cycloides, & desépicycloides , dont la bafe eft plus grande que la circonférence du. cercle gé- nérateur. #7, CYCLOIDE 6 EPpICYCLOIDE. (O) : ALLONGÉ , cerrme de Vénerie, {e dit d’un chien qui a les doigts du pié étendus par une bleflure qui lui a offenfé les nerfs. En Fauconnerie on appelle oz Jeau allongé, celui qui a fes:pennes entieres & d’une. bonne longueur. | | Allonger le trait 4 un limier , c’eft laiffer le trait dé- ployé tout de fon long. ALLONGÉE , adj: ez Anatomie , fe dit de la moël- le du cerveau réunie de tonte part pour former deux -cylindres médullaires , qui s’uniffent avec deux pa- reils du cervelet fur l’apophyfe bafilaire de los occi- pital. Les nerfs olfaéuüfs ne viennent point de la moëlle allongée ; la fin de la moelle #//ongée s’étrécit fous les corps pyramidaux & olivaires , & fort obli- quement du crane pour entrer dans le canal de lé- pme , où elle prend le nom de #oe/le épiniere. Voyez MoELLE , CERVEAU, (L) . ALLONGER ; v. aë&. ( Marine. ) Allonger le ca- ble, c’eft l'étendre fur le pont jufqu’à une certaine longueur , ou pour le bitter, ou pour mouiller l’an- cre. Voyez BITTER. Allonger une manœuvre, c’eft Vé- tendre pour pouvoir s’en fervir au befoin. {longer la vergue de civadiere, c’eft Ôter la vergue de civa- diere de l’état oùelle doit être pour fervir, & la fai- re paffer {ous le beaupré , ou Le long du beaupré , au lieu de la tenir dreflée en croix. Voyez BEAU- PRÉ. Allonper la terre, c’eft aller le long de la terre. Voyez RANGER LA CÔTE. (Z) ALLONGER, v. a@.( Efcrime.) c’eft détacher un coup d'épée à l'ennemi en avançant le pié droit fans. remuer le gauche. Voyez ESTOCADE. ALLONGER 2e cou , ( Manege, ) {6 dit d’un cheval qui au lieu de tenir fa tête en bonne fituation lor£ qu'on Parrête , avance la tête & tend le cou comme pour s'appuyer fur fa bride, ce qui marque ordinai- rement peu de force de reins. Æ/lonper , en terme de Cocher , c’eft avertir le poftillon de faire tirer les che- vaux de devant ; alors le cocher dit au poftillon , &Z longez , allonge. Allonger les étriers , c’eit augmenter la longueur de l’étriviere par le moyen de fa bou-' cle, donton fait entrer lardillon à ün ou plufieurs points plus bas. Voyez ÊTRIER. ( #) - de * ALLONGER , v. neuf. ufité dans /es Manufaütures de foie, Si une.étoffe eft mal frappée , que les figures du deflein, quelles qu’elles foient ; fleurs Qu autres , n'aient À h'aientpas les contours qu’elles doivent avoir, mais qwelles prennent plus de longueur que le deflein n’en comporte ; on dit que l’ouvrier allonge. ÂALLONGER , c’eit ex sermede Manufaüturier er laine, en fil, en un mot, prefqu’en tout ouvrage ourdi, mettre l’étofe ou l'ouvrage fur deux enfuples éloi- gnées l’une de l’autre de quelques piés ; & par le moyen de leviers appliqués dans des trous prati- qués aux quatre extrémités de ces deux enfuples, le diftendre & lui donner plus d’aunage. Cette ma- nœuvre eftexpreflément défendue par lesreglemens. Voyez RAMER, DRAPERIE ES =) Allonger {e dit encore d’une chaîne qui devenue trop courte pour fournir la quantité d'ouvrages d’un même deflein que l’on defire , s’allonge d’une autre chaîne qu'on lui ajoûte, par le tordage & par les nœuds. Voyez TORDAGE & NœŒups. ALLOUÉ , adj. pris fub. ( Jurifprud. ) et un ou- vrier qui après fon apprentiflage fini, s’eft encore engagé à travailler pendant quelque tems pour le compte de fen maitre, qe, Alloïé s’eft dit auf , particulierement en Breta- gne, du Subflitut ou Lieutenant général du Séné- chal. Alouyfè où alloife | étoit la charge ou dignité de l’Aloüé , pris en ce dernier fens. (Æ) | ALLOUÉ d’Imprim. {. m. c’eftun efpece d’ouvrier apprenant l’art de l’Imprimerie , différent dé l'ap- prentifen ce que ce dernier, s’il eft reçû comme ap- prentif, peut parvenir à la maîtnife , au lieu que le premier , engagé fous la dénomination d’A/oxé , ne peut jamais être plus qu’ouvrier à la journée , fur- vant les Reglemens de la Librairie & Imprimerie, &c en conféquence de fon propre engagement. ALLOUER , v. a@. (Jurifprud. ) c’eft approuver quelque chofe. Ce terme s’employe finguherement en parlant des articles d’un compte ou d’un mémoi- re ; en a/loier les articles , c’eft reconnoiïtre que ces articles ne {ont pas fufceptibles de conteftation , & y acquiefcer ; ce qui {e peut faire purement & fim- plement, ou avec des reftriétions & modifications. Dans le premier cas , l'allocation s'exprime fimple- ment par ces mots, aloüié rel article. Dans le fecond caÿ, on ajoûte, pour la Jomme de tant. (H) * ALLUCHON oz ALICHON , £. m. cerme de Ri- yiere , efpece de dents ou de pointes de bois qui font placés dans la circonférence d’une grande roue , & qui engrainent entre les fufeaux d’une lanterne dans les moulins & les autres machines qui ont des roues. Les alluchons different des dents, en ce que les dents font corps avec la roue, & font prifes fur elle; au lieu que les a//uchons font des pieces rapportées. La partie qui fait dent & qui engraine , s’appelle /a réte de l’alluchon ; celle qui eft émmortoifée ou aflemblée de quelque façon que ce foit avec la roue, s’appelle la queuc de l’alluchon. Toutes les éminences ou dents qu'on apperçoit à la partie fupérieuré c c du rouet, PI, IL. ardoifes , fig. 2. s'appellent des a/luchons. Vous en verrez encore a La PL, VI. des Forges | & dans un grand nombre d’autrés endroits de nos Planches. ALLUMÉ , adj. terme de Blafon ; 1l fe dit des yeux des animaux l’orfqu'ils font d’une autre couleur que leur corps. On le dit auffi d’un bücher ardent, &c d’un flambeau dont la flamme n’eft point de même couleur. D’azur à trois lambeaux d’or allumés de gueules. LUN. + Perrucard de Balon en Savoie , de finople à trois têtes de perroquets d’argent , a/lumées & bequées de ueules ; au chef d'argent, chargé d’uné croix tre- flée de fable. (7°) oc | ALLUMELLE , outil de Tabletiers Peigniers , eft un tronçon de lame de couteau, dont le tranchant eft aigufé d’un feul côté , comme celui d’un cifeau de Menuifer. Cet outil leur fert à gratter les matieres dont les peignes font faits,par exemple,le buis, l'ivoi- Tome L, À LM 280 re, l’écaille, la corne, comme ils feroïent avée un morceau de verre, qui eft trop caflant pour qu'ils puiflent s’en fervir à cet uiage. Il y a des ouvriers qui emmanchent cet outil dans un manche femblable à celui d’une lime. AE T ae *ALLUMETTE,, f. f. petit fétu de boisfec & blanc, de rofeau ; de chenevotte, de fapin, foufré par les deux bouts ; fervant à allumer la chandelle, & ven- du pat les grainetiers & les fruitieres. Les a//xretres payent d'entrée deux fols le cent , & un fol de {ortie. ALLURE , f. f. c’eft la maniere de marcher des bêtes. Ce mot s'applique en Morale à la conduite, & fe prend en mauvaife part. | : . ALLURES , £. f. plur. (Manépe.) train, marche d'un cheval. Les a//ures du cheval font le pas, l’en- tre-pas, le trot, l’amble, le galop, le traquenard, & le train rompu. Foyez chacun de ces mots à leurs lettres. On dit qu’un cheval a les a/ures froides quand il leve très-peu les jambes de devant en chéminant. Une allure réglée, c’eft cellé qu’on fait aller au che= yal, enforte qu’il aille toûjours égälement vite. (7°) ALLUSION, f. f. ( Livrerature. ) eft une figure de Rhétorique, par laquelle On dit une chofe qui a du rapport à une autre , fans faire une mention expreflé de cellé à laquelle elle a rapport. Ainfi f#bir Le joug, et une allufñon à l’ufage des Anciens de faire pañler leurs énnems vaincus fous uné traverfé de bois por: tant fur deux montans , laquelle s’appelloit Jug4rr. Ces fortes d’allufions , quand elles ne font point trop obfcures, donnent de la noblefle & de la grace au difcours. | , Îl y a une autre éfpece d’allufiôn qui confifte dans un jeu de mots, fondé fur la reflemblance des fons, telle que celle que faifoient les Romains fur le nom de l’Empereur Tiberius Nero, qu’ils appelloient B:- berius Mero ; ou celle qu’on trouve dans Quintilien fur le nom d’un certain Placidus, homme aigre &c cauflique , dont en ôtant les deux premieres lettres On fait acidus. Cette feconde iorte d’a//ufton eit or- dinairement froide & infipide. _ Ce mot vient de la prépofition Latine 44, & de ludere, jouer; parce qu’en effet l’aZ/uffon eft un' jeu de penfées où de mots. (G) | * Une obfervation à faire fur les aZ/ufions en gé= ñéral, c’eft qu’on ne doit jamais les tirer que de fu- jéts connus, enforte que lés auditeurs ou lés le@teurs n’ayent pas befoin de contention d’efprit pour en faïfir le rapport, autrement elles font en pure perte pour celui qui parle où qui écrit. ALLUVION , £. f. (Jurifprudence. ) dans le Droit civil eft un accroiflement qui fe fait par degrés art rivage de la mer, ou à la rive d’un fleuve, par les terres que l’eau y apporte. Voyez ACCESSION. Ce mot vient du Latin a//uo, laver, bäigner. Le Droit romain met l’a//uvion entre les moyens légitimes d'acquérir; & le définit un aécroïffement latent & imperceptible. Si donc une portion confidé- table d’un chämp eft emportée toute en une fois par un débordement , & jointe à uñ champ voififi, cette portion de terre ne fera point acquife par droit d’al- luvion, mais pourra être réclamée par le proprié= taire. (4) ALMADIE, f. f. On appelle ainfi une petite bar= que dont fe fervent les Noirs de la côte d'Afrique ; elle eft longue d’environ vingt piés , & faite pour ordinaire d’écorce d'arbre. C’eft auffi un bâtiment dont on fe fert dans Inde : qui a 80 piés de long fur fix à fept piés de large. IR reflemble à une navette , à la referve de fon arriere qui eft quarré. 4e ra STE Les habitans de la côte de Malabar, & fur-tout le Roi de Cälicut, fe fervent de ces afmadies, que l’on nomme aufli carhuri. Ils en arment en tems de guerre jufqu'à deux ou trois cens; ils font fou: Oo »50 ALM vent d'écorcës d’atbrés, pointues devant & derriere, “& leur donnent 40 à 50 piés delong ; elles vont à la voile & à la rame d'une très-grande vitefle. (Z) ALMAGESTE,, {. m. (.4f/ron.) eft le nom d’un ouvrage fameux compofé par Prolomée. C’eft uhe colleétion d’un grand nombre d’obfervations & de ‘problèmes des Anciens, concernant la Géométrie & TAftronomie. Dans le Grec, qui eft la langue dans laquelle il a été compofé originairement , il éft inti- tulé cuflabis peyisn, Comme qui diroit, #rès -ample colleëtion : or de ce mot weyisn, avec la particule al, il a été appellé a/magefle par les Arabes, qui lé traduifirent en leur langue vers l’an 800, par ordre du Calife Almamoun. Le nom Arabe eft A/magherti. Ptolomée vivoit fous Marc Aurele; fon ouvrage & ceux de plufieurs Auteurs qui l'ont précedé on qui Tont fuivi, nous font connoître que l’Affronomie étoit parvenue au point où elle étoit de fon tems, par les feules obfervations des Grecs, fans qu'il pa- roifle qu'ils ayent eu connoïffance de ce que les Chal- déens ou Babyloniens avoient découvert fur la mème matiere. Il eft vrai qu'il cite quelques obfervations d’éclipfes,qui avoient été apparemment tirées de cel- les que Callifthene envoya de Babylone à Ariftote, Mais on ne trouve pas que les frères defces an- ciens Aftronomes euflent été connus par les Grecs. Cet ouvrage avoit été publié fous Pempire d'An- tonin ; & foit qu'il nous ait d’abord été apporté par les Sarrafins d'Éfpagne , le nombre des Affronomes s'étant multiplié d’abord fous la proteétion des Ca- lifes de Bagdad, foit qu'on en eût enlevé diverfes copies du tems des Croïfades, lorfqu'on fit la con- quête de la Paleftine fur les Sarrafins , il eft certain qu'il a d’abord été traduit d’Arabe en Latin par ordre de l'Empereur Frideric II. vers l’an 1230 de l’Ere chrétienne. Cette traduétion étoit informe , & celles qu’on à faites depuis ne font pas non plus trop exaétes : on eft fouvent obligé d’avoir recours au texte original. Ifmael Bouillaud en à cependant rétabli divers paffa- ges, dont il a fait ufage dans fon Affronomie Philo- laïque, s'étant fervi pour cet effet du manufcrit Grec que l’on conferve à la Biliotheque du Roi. L’Almagefle a été long-tems regardé comme une des plus importantes colle@ions qui euflent été faites de toute l’Affronomie ancienne; parce qu'il ne ref- toit gueres que ce livre d’Aftronomie qui ett échappé à la fureur des Barbares. Préface des Inff, Aftron, de M. le Monruer. Le P. Riccioli, Jéfuite Italien , a auf fait un traité d’Aftronomie, qu'il a intitulé, à limitation de Pto- lomée , Nouvel Almagefle ; c’eit une colleétion d’ob- fervations aftronomiques anciennes & modernes, 7. ASTRONOMIE 6 ASTRONOMIQUE. . ALMAMOUN, eft le nom d’un Cahfe des Sar- rafins, lé féptieme de la race des Abbaffides, à qui nous avons l’obligation de la premiere mefure de la Terre qui ait été faite depuis l’Ere chrétienne, Vers l’an 820 deux Aftronomes Arabes, Chalid Ibn Abd’mlic & Ali Ibn Ifa mefurerent dans les plaï- nes de Sixjar, par l’ordre de ce Cahfe , un degré de la circonférence de la Terre; l’un vers le nord & l’autre vers Le fud. Comme ce fait eft peu connu & a rapport à l’hiftoire des Sciences, nous avons cru de voir lui donner place dans cet Ouvrage. (O0) ALMANACH , fm, (4ffron.) Calendrier ou Table, où font marqués les jours & les fêtes de l’année, le cours de la Lune pour chaque mois, 6e. Woyez CA- LENDRIER, ANNÉE, JOUR, Mois, LUNE, &c. Les Grammaïiriens ne font point d'accord fur l’o- tigine de ce mot: les uns le font venir de la particule Arabe 47, & de manah, compte : d’autres, du nom- bre defquels eft Scaliger , le dérivent de cette même ALM. prépoftioh al , & du mot Grec JuYece 3 le conrs des mois. Gohus n’eft pas de ce féntiment : voici quel eft le fien ; c’eft, dit-il, l’ufage dans tout lOtient, que les fujets faffent des préfens à leurs Princes au commencement de l’année: or le préfent que font les Aftronomes font des Æphémerides pour l’année commençante ; & c’eft de-là que ces Ephémerides ont été nommées a/manha , qui fignifie érrennes ou préfens de la nouvelle année. Voyez EPHÉMÉRIDE, Enfin Verftegan écrit a/mon-ac , &c le fait venir du Saxon, Nos ancêtres, dit-1l, traçoient le cours des Lunes pour tonte l’année fur un bâton ou morceau de bois quarré,qu’ils appellôient 4/ monaght,par con- traétion pour 4/-moon-held , qui fignifie en vieil An- glois, Ou en vieux Saxon, contenant routes les Lunes. Nos aimanachs modernes répondent à ce que les anciens Romains appelloient Faffes, Voyez FASTES. Le Lecteur peut s’inftruire de ce qu'il faut fairé pour conftnuire un ahnanach ; à l’article CALE N- DRIER. Le Roi de France Henri II: par une Ordonnance. de lan 1579, défendit « à tous faïfeurs d’arnanachs » d’avoir la témérité de faire des prédiétions fur lés » affaires civiles ou de l'Etat, où des particuliers, » foit en termes exprès, où en termes couverts ». Voyez ASTROLOGIE. Notre ficcle eft trop éclairé pour qu’une pareille défenfe foit néceflaire ; & quoi- que nous voyions encore plufieurs a/manachs remplis de ces fortes de prédiétions, à peine le plus bas peu-. ple y ajoûte-t-il quelque foi. La plûüpart de nos a/manachs d’aujourd’hui con- tiennent non-feulement les jours & les fêtes de l’an- née , mais encore un très-grand nombre d’autres chofes. Ce font des efpeces d’agerdz, où l'on peut s’inftruire d’une infinité de détails fouvent néceffai- res dans la vie civile, & qu’on auroït peine quelque- fois à trouver ailleurs. L’almanach le plus ancien & lé plus utile eft 42 manach Royal, vol. in-8°. Dans fon origine, quire- monte à l’année 1679, cet almanach ou calendrier, avec quelques prédiétions ajoûtées aux phafes de la Lune , renfermoit feulement le départ des couriers , le journal des fêtes du Palais, un extrait des priMci- pales foires du Royaume, & les villes où,l’on bat monnoie. Les premieres Lettres de privilège font da- tées du 16 Mars 1679 ; il a fubfifté à peu près dans la même forme APE 1697. Le feu Ro: Louis XIV. ayant eu la curiofité dé le voir cette année, Laurent d’Houry eut l’honneur de le lui préfenter, & peu de tems après il obtint de Sa Majefté des Let- tres de renouvellement de privilège , fous le titre d’Amanach Royal, le 29 Janvier 1699. Le but de l’Auteur , dès cet inftant, fut d'y renfermer peu-à- peu les Naïflances des Princes 8 Princefles de l’'Eu- rope, le Clergé de France, PÉpée, la Robe, & la Finance, ce qu'il a exécuté en très-grande partie juf qu’à fa mort arrivée en 1725. Depuis ce tems cet ouvrage a été continué , tant par la Veuve d’'Houry que par le Breton petit-fils d'Houry, à qui le Roien a confié la manutention & donné le privilège aux charges, claufes, & conditions portées par l’Arrèt du Confeil du 15 Décembre 1743. Cet Alinanach contient aujourd’hui les Naïffances & Alliances des Princes & Princefles de l’Europe , les Cardinaux; lés Évêchés & Archevêchés de France, les Abbayes commendataires, les Ducs & Pairs, les Maréchaux de France, & autres Officiers généraux de terre & de mer, les Confeils du Roi, & tout ce qui y a rap- port, le Parlement, les Cours Souveraines &c Juif didions de Paris; l’'Univerfité, les Acadénues ,les Bibliothèques publiques , les Fermiers Généraux, Thréloriers des deniers royaux, 6:c. mis dans leur ordre de réception, & fingulierement leurs demeu« res à Paris, (U) | ALM ALMANDINE , ALABANDINE , alabandica gem- #na , ( Hif. nat, ) pierte précieufe de couleur rouge, dont le nom vient d’Æ/abanda ancienne ville de Ca- rie dans l’Afie mineure. On trouve dans le Mercure Indien un chapitrequi traite de l’a/mandine. L'Auteur prétend qu’elle eft beaucoup plus tendre & plus lé- gere que le rubis oriental, qu’elle tire plus fur la couleur de grenat que fur celle de rubis ; ce qui fait que cette pierre eft moins agréable à la vüe & moins eftimée que le rubis oriental, ou même le rubis ba- laïs , ou le rubis fpinel, quoiqu’elle foit mife au nom- bre des pierres les plus precieufes, ZI. part. chap. iv. Le même Auteur ajoûte que cette pierre, pour peu qu'il s’en trouve, peut être évaluée au prix du ru- bis balais ; que les plus belles peuvent être efti- mées à légal du rubis fpinel de la premiere couleur. TTT. part, ch. iv. & que les almandines étoient rares de fon tems. Ce nom n'eft prefque plus en ufage aujour- d’huni ; je ne fai mème pourquoi il eft venu jufqu’à nous, tandis que l’on a oublié tant d’autres noms de pierres précieufes qui avoient été tirés des noms des villes où fe faifoit le commerce de ces pierres, ou du nom des contrées où fe trouvoient leurs mines. Pour avoir des connoffances plus détaillées de la nature de la pierre qui a été appellée a/mandine, il faut remon- ter à la fource , & confulter Le 3° chap. du XX X VII. livre de l’Hiftoire naturelle de Pline. (1) * ALMANZA , ville d'Efpagne dans la nouvelle Caffille ; fur les frontieres du Royaume de Valence. Long. 16. 35. lat. 38. 54. * ALMEDA , ville de Portugal dans l’'Eftrama- doure , fur le Tage, à l’oppofite de Lisbonne. Long. 9. ar. 38. 42. - * ALMEDINE,, ville du Royaume de Maroc en Afrique , entre Azamor & Safle. - * ALMEIDE,, ville frontiere de Portugal, dans la province de Tra-los-montes , fur les confins du. royaume de Léon. Long. 22. 20. lat, 40. 51. . * ALMENE, f. f. ( Commerce. \ poids de deux li- vres dont on fe fert à pefer le fafran en plufieurs en- droits des Indes orientales. * ALMERIE, ville maritime d’Efpagne dans le Royaume de Grenade, avec un bon port fur la Mé- diterranée, fur la riviere d’Almorra. Long. 15. 45. lat, 36. 51. ALMICANTARATS, oz ALMUCANT A- RATS, fm. serme d’Affronomie ; ce font des cercles paralleles à l’horifon qu’on imagine pafler par tous Les degrés du méridien. foyez CERCLE, HORISON, PARALLELE, 6c. Ce mot vient de l’Arabe «/mocan- tharat. Les alrnicantarats coupent le méridien dans tous fes degrés, comme les paralleles à l'équateur coupent le méridien. Voyez MERTDIEN 6 ÉQUATEUR. Les a/micantarars{ont donc par rapport aux azimuts &c à l’horifon ce que font les paralleles par rapport aux méridiens & à l'équateur. Voyez AZIMUT. Ils fervent à faire connoître la hauteur du foleil & des étoiles ; c’eft pourquoi on les appelle auffi cercles de hauteur, ou paralleles de hauteur ; ils font d’ufage dans la Gnomonique pour tracer des cadransfolaires. Feu M.Mayer de l'Académie de Petersbours,à qui l’Aftronomie doit plufieurs excellentes chofes, a donné une méthode pour trouver la déclinaifon des étoiles & la hauteur du pole indépendamment l’une de l’autre, & fans fe fervir d'aucun angle mefuré par des arcs de cercles, en fuppofant que l’on con- noïfle les paflages de deux étoiles par le méridien, par deux verticaux & par deux a/micantarars incon-. aus, mais conftans, M. de Maupertuis a auf réfolu ce même problème à la fin de {on A/ftronomie nau- tique, ( O1) * ALMISSA, ville de Dalmatie, à l'embouchure de la Cetina. Long. 36. lat, 43, 50. Tome L, | + _ & il devient jaune en le pulvérifant. ALO 207 * ALMONDE,, ff. ( Comm. ) mefure de Portu- gal qui fert à mefurer les huiles. Les Portugais ven- dent leurs huiles d’olive par a/mondes dont les 26 font une botte ou pipe. Chaque a/monde eft compo- fée de douze canadors, & le canador eft femblable au mingle ou bouteille d’Amfterdam. 7. MINGLE. * ALMORAVIDES , f. m. peuples qui habitent les environs du mont Atläs. | * ALMOUCHIQUOIS , peuples de l’Amérique dans la nouvelle France,le long de la riviere de Cho- vacouet. * ALMOX , ARISFASGO , c’eft dans quelques ports de l'Amérique Efpagnole, & fur-tout à Buenos- Ayres, un droit de deux & demi pour cent, levé pour le Roi d'Efpagne fur les peaux de taureaux qu’on charge pour l’Europe. Ce droit eft fans préjudice de celui de quint ou dés quatre réauxpar cuir. * ALMSFEOH , {. m. ( Jurifprud. ) étoit un des noms que les anciens Anglois donnoient au denier S. Pierre. Voyez DENIER S. PIERRE. ( H) ALMUCANTARATS. Voyez ALMICANTARATS: * ALMUDE, £. f. (Commerce. ) mefure des liqu:- des ; on lanomme plus ordinairement a/monde, Voyez ALMONDE. ( G * ALMUGIE, £. f. en Affrologie , fe dit de deux planetes, du Jupiter, par exemple, & du Soleil, lorfqu'ils fe regardent de trine, parce que le Lion &c le Sagittaire qui font leurs maïfons fe regardent aufi de trine. Aïnf deux planetes font en a/mugie quand elles fe regardent du même afpe& que leurs maifons. * ALMUNECAR , ville d'Efpagne au Royaume de Grenade,avec port fur la Méditerranée. Long, 14. 3.7. lat, 36. 30. ALOËS ( Bor. ) en Latin a/oe , plante à fleur lilia- cée, monopétale, en forme de tuyau , & découpée en fix parties : 1l y a des efpeces dont le calice de- vient le fruit , & d’autres où c’eft Le piftil qui fe chan- ge en un fruit oblong , & pour l’ordinaire cylindri- que , divifé en trois loges remplies de femences ap- platies , & prefque demi-circulaires. Tournefort , Tnf£. rei herb. Voyez PLANTE. ( 1) ÂLOË 04 ALOËS , f. m. ( Mar. Med. ) eft le fuc épaifü de plufeurs plantes du même genre & portant le même nom, qui croient à différentes hauteurs, fuivant le terrain & le climat. Il vient d’Efpagne & de plufeurs autres pays chauds. L’efpece la plus ordinaire de ces plantes eft celle qu’on nomme aloe, J.B. Pit. Tourn. a/oe yulg. C. B. Cette plante a un goût extrèmement amer ; elle croit en Perfe, en Egypte , en Arabie, en Italie & en Efpagne. - On divife l’aloès en trois efpeces ; en aloës fucco- srin , en aloès hépatique & en aloès caballin : ils {e ti- rent tous les trois de différentes efpeces d’a/oës. Le premier .eft appellé en Latin aloès focotrina vel Juccotrina , parce qu’on en tiroit beaucoup de Pile de Succotra ; c’eft le plus beau & le meilleur de tous ; il eft net , de couleur noire ou brune, luifante en- dehors, citrine en-dedans ; friable , réfineux , aflez léger , fort amer au goût , d’une odeur défagréable, Le fecond eft appellé en Latin aloès hepatica , par- ce qu'étant rompu il a la couleur du foie ; il ne dif- fere du fuccotrin qu’en ce que fa couleur eft plus. obfcure : mais on confond aflez ces deux efpeces, & l’on prend lune pour lPautre. . Le troifieme eft appellé caballinia , parce qu’on ne | s’en fert que pour les maladies dés chevaux ; c’eft le plus sroflier , le plus terreftre & le moins bon de tous. Pour le tirer on pile la plante , & l’on en ex- | prime le fuc à la preffe ; on fait enfuite épaïflir ce fuc au foleil ou fur le feu, jufqu'a une confiftence folide ; il eft fort noir , compaét & pefant. | L’aloès en calebafe qu aloès des Barbades, eft fembla- | Shi Ooï 39% ALO ble à cette derniere forte , lorfqu’il eft nouveau ; en vieilliffant il devient hépatique , &c étant gardé il de- vient caflant , lucide & tranfparent. L’aloès contient beaucoup d'huile & de fel effen- ‘tiel , d’où vient fon amertume. Les aloès hépatique & fuccotrin font de fort bons pur- satifs : mais ils caufent des hémorrhagies en raré- frant le fang , & d’autres évacuations fâcheufes ; ils ont emménagogues , apéritifs , flomachiques , pour- vû qu'on les prenne en mangeant ; car fi on les met dans un eftomac vuide , ils y caufent beaucoup de tranchées & purgent peu; 1ls tuent les vers & les chaffent ; employés à l'extérieur en teinture , ils def- féchent , détergent & confolident les plaies. C’eft un grand atténuant , cordial & reftaurant que Paloès ; il brife & diflout les humeurs pituiteu- fes & gypfeufes. Comme 1l purge violemment , 1l faut fe donner de garde d’en ordonner l’ufage en fubftance aux femmes enceintes 8 hyftériques , il faut corriger fa vertu purgative avec la cafe; on lordonne depuis quatre grains jufqu'à une demi- dragme ; fa partie réfineufe, extraite par l’efprit-de- Vin, purgera violemment ; la partie gommeufe ex- traite par l’eau, fera un bon vulnéraire , fur-tout dans les ulceres de la veffie & des reins. La teinture de myrrhe & d’aloès {ert à prévenir la mortification dans les plaies. Si lon veut donc employer ce remede fans crain- dre d'augmenter la raréfaétion des humeurs , 1l eff à propos de Le débarrafler de fon principe fulphu- reux & réfineux, ou plütôt de divifer {es foufres & fa réfine. Les pilules de Becher rempliffent fort bien ces vües. Si ces principes ne font pas divifés, ce remede agite beaucoup le fang & produit d’étran- ges effets. M. Boulduc , parlant des purgatifs , dit que l’a/oès eft un des modérés, & felon lanalyfe chimique qu'il en donne , laloès fuccotrin contient à peine la moi- tié autant de réfine ou de matiere fulphureufe que Valoès hépatique , maïs un tiers de plus de fubftance faline ; c’eft pour cela que le fuccorrin eft préféré pour lufage intérieur , parce qu'il a moins de réfine. L’Aépatique s'emploie avec les baumes naturels , lorf- qu’il eft queftion de nettoyer une plaie ou de refer- mer une coupure récente ; c’eft l'effet des particules réfineufes & balfamiques dont il eft compofe. Quoiqu'il foit befoin de corriger la réfine d’aoës en la bridant avec des tempérans , il ne faut pas la féparer entierement des {els ; ceux-ci étant très-ac- tifs rongent les veines & les extrémités délices des fibres, s'ils ne font tempérés & enchainés par la par- tieréfineufe. Les préparations du fuc d’aloès deman- dent à être faites par d’habiles mains. Afin donc qu’elles foientmoinsnuifibles , loin de féparer la par- te faline de la réfineufe , M. Boulduc exige qu’on travaille à les unir par un fel alkali, comme le fel de tartre , G:c. Il faut , ajoûte ce célebre Artifte , non -feulement aider la nature par des remedes, mais encore lui donner du fecours dans la façon d’adminiftrer les remedes mêmes. if. de l'Acad. R. des Scienc. 1708. Les différentes préparations d’aloès fe trouvent dans toutes les Pharmacopées ; telles font l’aloès ro- fat , les pilules d’aloès lavé , la teinture d’aloès ; 1l en- tre dans différentes pilules , telles que celles de Bé- cher, les pilules de Rufus, Îles aléophangines , les marocofhines. L’élixit de propriété doit fes vertus à la teinture tirée de cette réfine , 6. Aloès rofat Le plus fimple 6 de feul d'ufage. Prenez de Z’aloès fuccorrin lifant en poudre , quatre onces ; du fuc dépuré de rofes de Damas, une pinte : mettez le tout en digeftion fur un feu modéré , jufqu’à ce que le phlegme fuperflu foit évaporé , & qu'il {e faffe une confiftence de pilules Jécundum artem, Pilules d'alots lavé, Prenez de l’alois diffous dans du fuc de rofes &t épaiffi , une once ; de trochifques dagaric , trois dragmes ; de mafhic , deux dragmes : du firop de rofes de Damas , quantité fufifante pour faire des pilules f: a. | Nota que , felon quelques Auteurs , les troïs ef- peces d’aloès ci-deflus , le fuccotrin , Phéparique & le caballin , peuvent fe tirer de la même plante par la feule différence de l’évaporation. ( N ) ALOËS. Voyez AIRES. ALOËTIQUE , adj. On fe fert de ce mot ex Phar- macie pour exprimer toutes les préparations dont l’aloës fait la bafe ou le principal ingrédient. (N) ALOGIENS , f. m. ( Théol, ) fete d’anciens hé- rétiques dont le nom eft formé d’« privatif, & de a070c , parole ou Verbe, comme qui diroit fans Verbe, parce qu'ils nioient que Jefus-Chrift füt le Verbe éternel , & qu’en M ils rejettoient l’évan- gile de S, Jean comme un ouvrage apocryphe écrit par Cerinthe , quoique cet Apôtre ne l’eût écrit que pour confondre cet hérétique, qui nioït aufli la di- vinité de Jefus-Chrift. Quelques Auteurs rapportentl’origine de cette fec- te à Théodofe de Byfance, corroyeur de fon mé- tier, & cependant homme éclairé , qui ayant apof- tafñé pendant la perfécution de Sévere , répondit à ceux qui lui reprochoient ce crime , qué ce n’étoit qu’un homme qu’il avoiterenié , & non pas un Dien; &t que de-là fes difciples qui nioient l’exiftence du Verbe , prirent le nom d'a xopo: : « ils difoient, » ajoïte M. Fleury , que tous les Anciens, & même » les Apôtres, avoient recû & enfeigné cette doc- »trne, & quelle s’étoit confervée jufqu'au tems » de Viétor , qui étoit le treizieme Evêque de Rome » depuis S. Pierre : mais que Zephirin, fon fuccef- » feur, avoit corrompu la vérité ». Mais outre qu’un Auteur contemporain leur oppofoit les écrits de Ju- fin, de Miltiade, de Tatien , de Clément, d’Iré- née , de Meliton, & autres Anciens qui difoient que Jefus-Chrift étoit Dieu &c homme ; il étoit für que Vidtor avoit excommunié Théodofe : & comment l’eüt-1l excommumié , s'ils enflent été du même fen- timent à Æ5ff, eccl. rome I, L, IF. n°, xxiij. p. 489. D’autres avancent que ce futS. Epiphane,qui dans fa lifte des héréfies leur donna ce nom:mais ce fenti- ment paroit moins fondé que le premier ; d’autant plus que d’autres Peres , & grand nombre d’Auteurs eccléfaftiques,parlent des A/ogiens comme des {e&ta- teurs de Théodofe de Byfance. 7. Tertul. L. des prefer. c. dernier, S. Aug. de her. c. xxxüj. Eufeb. L. . chap. xix. Baromius , ad ann. 196. Tillemont. Dupin, . Bibliot. des Au. ecclef. 1. fiecle, (G) ALOGOS, ou fans raifon, nomque les Egyptiens donnoient à Thyphon. Voyez THYPHON. ALOI , f. m. terme d'Orfévre , de Bijoutier , & an- tres ouvriers en métaux précieux ; {e dit du mêlange d’un métal précieux avec un autre , dans un certain rapport convenable à la deftination du mêlange. L’aloi eft à lalliage, comme l’efpece au genre, ow comme alliage eft à mélange, Mélange {e dit de toutes matieres mes enfemble : alliage fe dit feulement d’un mélange de métaux ; & aloi ne fe dit que d’un alliage de métaux fait dans un certain rapport dé- terminé par l’ufage de la matiere où du mêlange, ou ordonné par les reglemens. Si le rapport déterminé par l'ufage , ou ordonné par lesrevlemens , fe trou- ve dans le mêlange, on dit du mélange qu'il eftde bon aloi ; finon , on dit qu’il eftde avais aloi : bon aloi eft fynonyme à sisre, quand 11 s’agit des matie- res d’or ou d'argent. Voyez TITRE. - * ALOIDES , aloe palufinis , plante qui a la feuille de laloès, feulement un peu plus courte &c plus étroite, bordée d'épines ,; & chargée de gouffes fem- ALO blables à des pattes d’écrevifle, qui s'ouvrent & pouffent des fleurs blanches à deux ou trois feuilles, qui reviennent aflez à celles de l’efpece de nénu- phaf , appellé morfüs ranæ , & qui portent de peti- tes étammes jaunes. Sa racine eft longue, ronde, compofée de fibres blanches , & tend droit au fond de l’eau , où elle parvient rarement : Elle à aufli des fibres obliques. L’aloides eft vulnéraire. ALOIDES , {. pl. ( Myth. ) enfans d’'Iphimedie & d’Aloée fon époux, ou felon d’autres , de Neptune. ALOIGNE. Voyez BOUÉE. * ALOPE , eft une des Harpies, 7. HARPIES. ALOPECIE, f. f. maladie de la téte dans laquelle elle eft dépouillée de cheveux, en tout on en partie. La caufe de cette maladie eft un épaififfement du fuc nourricier, qui lui Ôte la fluidité néceffaire pour pouvoir pénètrer jufqu'au bulbe dans lequel le che- veu eftimplanté ; ce qui prive le cheveu de fa nour- riture , & l’oblige de fe féparer de la tête. Cet épait- fiflement a plufeurs caufes : dans les enfans, c’eft la mème que ce quioccafonné tes croûtes de lait , qui fouvent entrainent après elles la chüte des cheveux: la petite vérole fait auffi le même effet : lorfque l’a- lopécie attaque les adultes & les hommes faits , elle a ordinairement pour caufe la vérole, le fcorbut : elle eft aufli produite par les maux de tête violens & in- vétérés, par la trop grande application au travail , par les mêmes caufes que la maladie hypochondria- que & mélancholique, enfin par des révolutions &z des chagrins imprévüs. Dans les vieillards , lalopé- ce eft'une fuite du raccornifilement des fibres. L’alopécie eft plus ou moins difficile à traiter , fe- lon la caufe qui Pa produite ; & on ne peut parve- mir à fa guérifon , qu’en détruifant cette caufe : ain- fi il eft d’une grande conféquence pour un Medecin d’étreinftruit de ce qui a donné lieu à lalopécie , afin d'employer les remedes propres à cette maladie. On en donnera le traitement dans les cas où elle fe trouvera jointe à quelqu’autre maladie, comme la vérole, le fcorbut, &c. 7. VÉROLE & ScorBuT.(N) ALOPECURE,, en Latin alopecurus , eftun genre de plante à leur monopétale , labiée, dont la levre fupérieure eft en forme de voûte, & inclinée en bas; la levre inférieure eff partagée entrois parties. Il y a dans lintérieur de la fleur des étamines, des fom- mets , & la trompe du piftil : elle produit quatre fe- mences qui font oblongues , qui ont différens angles, & qui mürifent dans un calice d’une feule piece, dont les bords font découpés. Porrederæ Anthologia , Lib, IT, cap. xljx. Voyez HERBE , PLANTE, BOTA- NIQUE. (1) * ALORUS , nom que les Chaldéens donnoient au premier homme. ALOSE, f. f. poiflon de mer, en Latin 4/o/4 ; on Va appellé à Bordeaux du nom de cowlac : il eft fort reflemblant à la fardine pour la tête, l'ouverture de la bouche , les écailles, & pour le nombre &r la fi- tuation des nageoires : mais l’a/ofe eft beaucoup plus grande. Elle eft longue & applatie fur les côtés, de façon que le ventre eff faïllant dans le milieu, & forme fur la longueur du poiflon une ligne tranchante & garnie de pointes comme une fcie: la tête eft ap- platie fur les côtés comme le corps ; le mufeau eft pointu ; la boucheeft grande & unie dans l’intérieur fans aucunes dents : ily a quatre ouies de chaque côté ; les écailles font grandes & minces ; on les arrache aïfément : il femble voir des émeraudes bril- ler au-deffus des yeux de chaque côté : la langue eft - noirâtre ; les mächoires faperieures font pendantes ; le ventre & les côtés font de couleur argentée ; le dos & le deflus de la tête font d’un blanc jaunâtre. Ce poiffon entre au printems êten été dans les ri- vieres, où 1l s’engraifle ; c’eft pourquoi les #/0/es que ALO 193 l’on pêche dans l’eau douce font meilleures à man- ger que celles que lon prend dans la mer : la chair de celles-ci a peu de fuc ; elle eft feche , & on fe fent altéré après en avoir mangé. Ces poiffons font totjours plufeurs enfemble ; & on en prend une fi grande quantité dans de certains endroits, qu'on n’en fait aucun cas : ils ont tant d’arrêtes, qu’on a de la peine à les manger ; au refte leur chair eft de très- bon goût quand elle eft graffe , & on la digére aifé- ment. Rondelet. Aldrovande, Voyez PorssoN. ( I) *ALOST , ville des Pays-bas , dans le comté de Flandre , capitale du comté d’Aloft, Elle eft fur la Dendre, entre Gand & Bruxelles. Loz. 21. 42, lat, 49. 55. * ALOUCHI, f. m. gomme qu’on tire du canne- lier blanc ; elle eft très-odoriférante. ALOUETTE , f. f. en latin alauda : il y a plu- fieurs efpeces d'alouerte ; ce qui pourroit faire diftin- guer leur genre, c’eft que le doigt de derriere eft fort long, qu'elles chantent en s’élevant en l'air, & de plus que leurs plumes font ordinairement de couleur dé terre : mais ce dernier cara@ere n’eft pas conf- tant dans toutes les efpeces d’aouerre | & n’eft pas particulier à leur genre , car il convient aux moi- neaux & à d’autres oïfeaux. . L’alouerte ordinaire n’eft guere plus groffe que le moïneau domeftique , cependant fon corps eft un peu plus long ; elle pefe une once & demie; elle a fix pouces de longueur depuis la pointe du bec juf- qu'à l’extrémité des pates. La queue eft auffi lon- gue que les pates. L’envergure eft de dix pouces. Le bec à environ trois quarts de pouce de longueur depuis fa pointe jufqu’à l’angle de la bouche. La partie fupérieure du bec eft noïre & quelquefois de couleur de corne, celle du deffous eft prefque blan- châtre ; la langue eft large , dure & fourchue ; & les natines font rondes. Les plumes de la tête font de couleur cendrée tirant fur le roux, & le milieu des plumes eft noir; quelquefois l’oifeau les hériffe en for. me de crête. Le derriere de la tête eft entouré d’une bande de couleur cendrée qui va depuis l’un des yeux jufqu'à l’autre. Cette efpece de bande eft d’une couleur plus pâle & moins apparente dans lalouerre ordinaire que dans lalouerre des bois. Le menton eft blanchâtre , la gorge jaune & parfemée de taches brunes , le dos eff de la même couleur que la tête, & les côtés font d’une couleur rouffe jaunâtre. Cha- que aile a dix-huit grandes plumes ; le bord exté- rieur de la premiere eft blanchâtre, & dans les au- tres plumes il eft roux. Les plumes qui font entre la fixieme & la dix-feptieme ont la pointe comme émouflée , dentelée , & de couleur blanchâtre. Les bords des petites plumes de l’aile font de couleur rouffe cendrée. La queue a 3 pouces de longueur, & elle eftcompolfée de 12 plumes ; les 2 plumes du milieu font pofées l’une fur l’autre , elles font bru- nes & entourées d’une bande de blanc rouffâtre. Les deux qui fuivent de chaque côté fonthrunes, & leur bord eft d’un blanc rouflâtre. La quatrieme éft brune, à l'exception du bord extérieur qui eft blanc. Les barbes extérieures de l’avant-derniere plume de cha- que côte font blanches en entier, de même que la pointe. Le refte de ces deux plumes eft brun; les deux dernieres à l'extérieur font blanches, & elles ont une bande brune longitudinale fur les bords in- térieurs. Les piés & Les doigts font bruns , les ongles . font noirs à l'exception de leurs extrémités qui font blanches ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu à fa naïiffance. L’alouerte devient fort grafle dans les. hyvers moderés. Elle fait trois pontes chaque année, dans les mois de Mai, de Juillet & d’Août, &c elle. donne quatre où cinq œufs d’une feule ponte. Le fond de fon nid eft en terre, elle le ferme avec des 294 A LO brins d’herbe ; enfin elle .éleve fes petits en peu de tems. Willughbi. Derham. Voyez O1SEAU. (1). ALOUETTE DE BOIS. alauda arborea., alauda fyl- vefiris. Derk. Hiff. nat. des oiféaux. tom. I. le mâle efe une once un quart; cet oïfeau a fix pouces de AS bre depuis la pointe du bec jufqu’au bout de la -queue , l’envergure eft d’un pie ; il eft plus petit que l'alouette ordinaire, & fon corps eft plus court; le bec -eft comme dans les autres oifeaux de ce genre, droit, pointu, mince,.un peu large, de couleur brune, & long de plus d’un demi-pouce. La langue eft large & fourchue ; liris des yeux eft couleur de noisette, Les narines font rondes ; les piés font d’un jaune pâle ou de couleur de chair. Les ongles font bruns ; le doigt de derriere ef le plus long ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu à fa naïflance. Le ventre & la poitrine font d’un blanc jaunâtre. Cette même couleur eft plus foncée fur la gorge, & fur le milieu de chaque plume il y a des taches brunes. La tête & le dos font mouchetés de noir & -de roux jaunâtre, & le milieu des plumes eft de cou- leur noire. Le cou eft un peu cendré; il y a une ligne blanchâtre qui va depuis l’un des yeux jufqu’à l’autre, -& qui fait une efpece de couronne autour de la tête. Le croupion eft de couleur jaune rouflâtre. Il y adix-huit grandes plumes dans chaque aile ; Pextérieure ef la plus courte, les cinq qui fuivent font plus longues que les autres d’un demi-pouce ; leur extrémité eft pointue, leurs bords extérieurs {ont blanchâtres ; les autres plumes font plus cour- tes, leur pointe eft émouflée & dentelée, & leurs bords font de couleur jaune. Les plumes de la faufle aile font brunes, & la pointe eft de couleur rouflä- tre mêlée de blanc, & il y a une tache blanchâtre au bas de-ces plumes, Les plumes qui couvrent Par- ticulation de l’aileron font de couleur cendrée. La queue a deux pouces de longueur ; elle eft compofée de douze plumes ; elle n’eft point fourchue , cepen- dant les plumes du milieu font una peu plus courtes que les autres, elles font terminées en pointe, & elles font de couleur verte mêlée d’un roux fale ou de fauve. Les quatre qui fuivent de chaque côté ont la pointe émouflée , leur extrémité eft blanchâtre. La couleur de celles qui font fucceflivement les plus avancées en-dehors eft plus fombre & tire fur le noir. -On trouve dans l’eftomac de cet oïfeau des fcarabés, -des chenilles & des graines, de l’herbe aux perles ou gremil. Ces oifeaux volent en troupe & reftent en l’air fans balancer leurs ailes ; ils chantent en volant à- peu-près comme les merles. L’alouette de bois differe principalement de l’a- louette ordinaire, 1°. par fa voix & fon chant qui imite celui du merle; 2°. par un petit cercle de plumes blanches qui forment une efpece de cou- ronne qui entoure la tête depuis l’un des yeux juf- qu'à l’autre ; 3°. parce que la premiere plume ex- térieure de l’aile eft plus courte que la feconde , au lieu quelles font d’égale grandeur dans l’alouette ordinaire ; 4°. parce que les plumes extérieures de la queue ont la pointe blanchâtre; $°. parce qw’elle fe perche fur les arbres ; 6°. parce qu’elle eft plus petite, & que fon corps eft plus court & plus gros à proportion de fa longueur, Wuohbi, Voyez Or- SEAU. (1). ALOUETTE DE MER, féhæniclos, petit oïfeawqui. {e trouve dans les lieux marécageux fur les côtes de la mer. On lui a donné le nom d’alouerte, parce qu'il n’eft guere plus gros que cet oïfean, & qu'il eft à peu près de la même couleur ; cependant 1l eft un peu plus blanc par-deffous le ventre & plus brun fur le dos. Il a les jambes noires, minces & allongées de même que le bec, fa langue eft noire, & elle s’étend dans toute la longueur du bec , il remue continuel- À LP lement la queue, 87:11 change de place à tout inftant: L’alouette de mer feroit affez femblable au bécaffeau, fi elle étoit aufi grande. Ces oïfeaux doivent multi- plier beaucoup & être fort fréquens, car on en prend une très-prande quantité ; on les trouve meilleurs à manger que les alouettes communes. Bellon , Æi/4 de la nat, des oiféaux , iv. IF. c, xxiv. V. Oiseau. (1) ÂLOUETTE DE PRÉS,alauda pratorum. Voyez FARLOUSE. ALOUETTE HUPÉE , alauda criflata. Voyez Co CHEVIS. * On prend les alouettes divérfement : la maniere la plus commune eft avec des nappes , qui fe tendent comme pour les ortolans , à la referve qu’il faut {e fervir d’un miroir, & que les appellans font à terre, au lieu qu’on met les ortolans fur de petites fourchet- tes ; 2°. au traineau la nuit dans les chaumes; 3°. aux collets ; 4°. au filet quarré , tendu en plain champ fur des fourchettes comme une efpece de fouriciere , dans laquelle on chafle doucement les a/ouertes ; 5°. avec une autre forte de filet appellé soznelle muree. Voyez tous ces pièges à leurs articles. * ALPAGNE, f. m. animal à laine , fort fembla- ble au Llamas & aux vigognes , excepté qu'il a les jambes plus courtes & le mufle plus ramañlé. C’eft au Pérou une bête de charge : on fait des étofes , des cordes & des facs de fa laine. On la mélange avec celle de vigogne : cette derniere ne vientguere du Pérou en Efpagne fans en être fourrée. *ALPAM , plante Indienne dont le tronc eft divifé en deux ou trois tiges , & couvert d’une écorce verte & cendrée, fans odeur, & d’un goût acide aftrin- gent; le bois de la branche eft blanchâtre, partagé par des nœuds, plein d’une moelle verte ; la racine lon- gue, rouge , compofée d’un grand nombre de filets capillairesqui s'étendent entout fens; la feuille oblon- gue , étroite, pointue par le bout, d’un verd foncé en-deflous , d’un verd pâle en-deflus, avec beaucoup de côtes, de fibres, de veines ; attachée à un pédicule court, fort & plat en-deffus, défagréable à l’odorat 8 acre au goût ; la fleur pourpre foncé, fans ôdeur, pla cée fur un pédicule foible & rond, par deux outrois,à trois feuilles affez larges, pointues par le bout, & cou- vertes en-dedans d’un duvet blanc ; les étamines, au nombre de trois, rouges, oblongues & fe croifant ; & la coffe qui fuccede à la fleur, pointue , ronde, pleine d’une pulpe charnue & fans aucune femence, au moins qu’on puifle difcerner. : Elle croit dans les lieux découverts 8 fablonneux ; elle eft commune à Aregatti & à Mondabelli : elle : porte fleur & fruit au commencement & à la fin de année; elle eft toüjours feuillée. Quelque partie qu’on prenne de cette plante, on en fera avec de l'huile un onguent , qui guérira la ale & détergera les vieux ulceres. *ALPANET ,f.m. ez Vénerie, c’eft un oïfeau de proie qui s’apprivoife & qui vole la perdrix & le lie- vre. Nous Pappellons suriffien , parce qu’il vient de Tunis. Cette defcription eft imfufifante en hiftoire: naturelle. * ALPARGATES , ce font des fortes de fouliers qui fe font avec le chanvre. On prend le chanvre quand il eft prêt à être filé, on le,tord avec les ma- chines du Cordier ; on le natte à deux brins ;°on coud cette natte en la reployant fans cefle fur elle-même , plus où moins, felon que la largeur de l’empeigne &c des quartiers le demande ; elle forme tout le deflus du foulier. Le Cordonnier ajufte la femelle à ce def- fus, comme s’il étoit de cuir, & l’alpargate eftfaite. Il ya des alpargates d’hyver & d’été.Celles d’été font d’une natte extrèmement légere & fine. Celles d’hy- ver {ont d’une natte plus épaife &plus large , & cette natte eft encore foûtenueen-deflous par une fourrure ou piquüre dé laine ou de coton, Le Cordonnier à À LP foin d’en ajuiter une pareille fur la femelle en-dedans; ce qui rend cette chaufure extrèmement chaude, On y a les piéds comme dans un manchon. * ALPES , hautes montagnes d'Europe , qui fépa- rent l'Italie de la Francet@& de l'Allemagne. Elles com- imencent du côté de France vers la côte de la Médi- terranée près de Monaco , entre l’état de Genes & le comté de Nice , & finifient au golfe de Carnero, partie du golfe de Venife. . AE UN à ALPHABET , £ m. ( Extendemenr, Science de l'homme, Logique, Art decommuniquer , Grammaire.) Par le moyen des organes naturels de la parole , les hommes font capables de prononcer plufeurs fons très-fimples, avec lefquels ils forment enfuite d’au- tres fons compoñés. On a profité de cet avantage na- turel. On a deftiné ces fons à être les fignes des idées, des penfées & des jugemens. _ Quand la deftination de chacun de cés {6ns parti- culiers , tant fimples que compofés, a été fixée par l’ufage, & qu'amf chacun d’eux a été le figne de quelque idée , on les a appellès os. | _ Ces mots confidéres relativement à la fociété où ils font en ufage , & regardés comme formant un en- femble, font ce qu'on appelle Z2 langue de cette fociète, C’eff le concours d’un grand nombre de circonf- tances différentes qui a formé ces diverfes langues : le climat, L'air, le fol, les alimens, les voifins, les re- lations, les Arts , le commerce, la conflitution poli- fique d'un Etat; toutes ces circonftances ont eu leur part dans la formation des langues , & en ont fait la varicte, | | É C'étoit beaucoup que les hommes euflént trouvé par l’ufage naturel des organes de la parole , un moyen facile de fe communiquer leurs penfées quand ils étoient en préfence les uns des autres : mais cé m’étoit point encore aflez ; on chercha , & l’on trou- va le moyen de parler aux abfens , & de rappeller à {oi-même & aux autres ce qu’on avoit penfé, ce qu’on avôit dit, & ce dont on étoit convenu. D'abord les Lymboles ou figures hiéroglyphiques fe préfenterent - à l’éfprit : maïs ces fignes n’étoient mi aflez clairs , ni aflez précis, ni aflez univoques pour remplir le but qu’on avoit de fixer la parole , & d’en faire un mo- nument plus expreflif que Pairain & que le marbre, Le defr & le befoin d'accomplir ce deflein , frent enfin imaginer ces fignés particuliers qu’on appelle lettres, dont chacune fut deftinée à marquer chacun des fons fimples qui forment lés mots. | Dès que l’art d'écrire fut porté à un certain point, on repréfenta en chaque.langue dans une table-fépa- rée les fons particuhers qui entrent dans la forma- tion des mots de cette langue, & cette table ou lifte éft ce qu’on appelle l’alphabet d’une langue, _ Ce nom eft formé des deux premieres lettres Gre- ques a/pha &c betha , tirées des deux prennéreslettres de l'alphabet Hébreu ou Phénicien, aleph, beth. Quid ertm aleph ab alpha magnopere differt ? dit Eufebe , Liv. ZX. depræpar. evang. c. vj. Quid autem vel betha a beh, &cc. Ce qui fait voir, en paffant, que les Anciens ne donnoïent pas au etha des Grecs le fon de l’y con- fonne, car le berh des Hébreux n’a jamais eu cé fon-là. Ainf par alphabet d’une langue, on entend /4 rable ou /1ffe des caraëteres | qui font les fignes dés fons par- ticuliers qui entrent dans la compoftion des mots de cette langue. :.- | Toutes les nations qui écrivènt leur lañgué, ont in 4/phaber qui leur eft propre, ou qu’elles ont adopté de quelque autre langue plus ancienne. Il feroit à fouhaiter que chacun de ces 4/phabets eut été dreflé par des perfônnes habiles , après un examen raïfonnable ; il y auroit alors moins dé con- tradiétions choquantes entre la maniere d'écrire &r la maniere de prononcer , & l’on apprendroit plus faci- lement à lire Les languesétrangeres ; mais dans le tems À EL P 295 de la naïffance des a/phabers ; après jé ne fai quelles révolutions, & même avant l'invention de l’Impri- merie, les copiftes & les letteurs étoient bien moins communs qu'ils ne le font devenus depuis ; les hom- mes n’étoient occupés que de leurs befoins , de leur fürete & de leur bien-être, & ne s’avifoient guere de fonger à la perfection & à la juftefle de l’art d’é- crire ; & l’on peut dire que cet art ne doit fa naïffan- ce & fes progres qu'à cette forte de génie, ou de gout épidémique qui produit quelquefois tant d'effets fur: prenans parmi les hommes. Je ne m'arrêterai point à faire l'examen dés 44hu- bers des principales langues. J’obferverai feulement : I. Que lalphaber Grec me paroît le moins défec- tueux. Il eft compofé de 24 caraéteres qui confervent toüjours leur valeur ; excepté peut-être le » qui fe prononce en» devant certaines lettres : par exemplé devant un autre >, &y7eno qu'on prononce d'yeocs & c’eft de là qu'’eft venu Argelus , Ange, Lex qui répond à notre c a toûjours la prononcias tion dure de ca, & n'emprunte point celle du «ou di Cara ; ainfi des autres. . Il ya plus : les Grecs s’étant apperçus aw’ilsavoient un ebref & un e long, les diftinguerent dans l'écriture par la raïfon que ces lettres étoient diftinguées dans la prononciation, ils obferverent une pareille diffé- rence pouf l'o bref & pour l’o long : l’un eft appellé o microrr, c’eft-à-dire perit o Ou o bref; & l’autre qu’on écrit ainfi o , eft appellé o mega, c'eft-à-direo grand à o long, il a la forme & la valeur d’un double 0, Ils mventerént auffh des caraéteres particuliers pour diftinguer le c, le p & Le : communs, du c, du p & du # qui ont une afpiration. Ces trois lettres +, 6, , font les trois afpirées , qui ne font quele c, le p & le #, accompagnés d’une afpiration. Elles n’en ont pas moins leur place dans l’a/phaber Grec. On peut blâmer dans cet a/phaber le défaut d’or dre. Les Grecs auroient dû féparer les confonnes des voyelles ; après les voyelles, 1ls devoient placer les diphthongues , puis les confonnes ; faifant fuivre la confônne foiblé de fa forte, b,p 7,5, &cc. Ce dé- faut d'ordre eft fi confidérable ; que l’o hrefeft la quin- zieme lettre de l’alphabes, & le grand o ou o long ef la vingt-quatrieme & derniere , le érefeft la cinquie- me, & l’e long la feptiéme , 6e Pour nous nous w’avons pas d’a/phabet qui nous foit propre ; il en eft de même des Italiens, des Ef pagnols, & de quelques autres de nos voifins, Nous avons tous adopté l’a/phaber des Romains. Or cet alphabet n'a proprement que 19 lettres : a;b,c,d,e,f,g,h,1,l,m,n;0,p,r,s,t,u,z, car l’x &r le & ne font que des abbréviations. xeft pour gz : exemple exil, exhorter, examen, &c: on prononce epyemple, eayil, egzhorter , egyarmen , &cc. x eft auf pour cs: axiome , fèxe, on prononce «c- fiome , fecfe, On fait encore fervir l’x pour deux f/ dans Auxer- re , Flexelles, Uxel, & pour une fimple /' dans Xuzr: LORBE A CLC» L’6 n’eft qu’une abbréviation pour er, _ Le k eft une lettre Greque, qui ne fe trouve en Latin qu’en certains mots dérivés du Grec; c’eftno: tre c dur; ca, co, cu, Le g n’eft auf que lé c dur : ainfi cés trois lettres c,k;q, ne doivent être comptées que pour ne mê: me lettre ; c’eft le même fon repréfenté par trois ca- raéteres différens. C’eft ainfi que c : font &; fi en- core f?, & #1 font aufñ quelquefois f. C’eft un défaut qu’un même fon {oit reprefenté par plufieurs caraêteres différenis : mais ce n’eft pas lé feul qui fe trouve dans notre alphabet. Souvent une même lettre a plufeurs {ons diffé rens ; L’s entre deux voyelles fe prend pour Le 7, ai 296 À EPP Heu qu'en Grec lez eft toljours 7, & fgms toïjours figria. Notre ë a pour le moins quatre fons différens ; 1°. le fon de l’ecommun, comme:en,père, mère , frè- re; 2°.le fon de l’eférmé, comme en bonté, vérité, aimé ; 3°, le fon de leouvert, comme béte, tempête, fête; 4°. le fon de l’e muet, comme J'aime; 5°. enfin fouvent on écrite, & on prononce z, comme E7»- pereur , enfant ; femme ; en quoi on fait une double faute , difoit autrefois un Ancien : premierement , en ce qu’on écrit autrement qu'on ñe prononce : en fecond lieu , en ce qu’en lifant, on prononce autre- ment que le mot n’eft écrit. Bis peccatis , quod altud féribitis , € aliud legitis quam fcriptum eft, & féribenda funtut legenda , & legenda ut [cripta funt. Marius Vic- torinus , de Orthog. apud Voflium de arte Gramm. com. À. p. 179. « Pour moi, dit auf Quintiien, à + moins qu'un ufage bien conftant n’ordonne le con- » traire, je crois que chaque mot doit êtreécrit com- # me il eft prononcé ; car telle eft la deftination des # lettres, pourfuitil, qw’elles doivent conferver la » prononciation des mots ; c’eft un dépôt qu'il faut # qu’elles rendent à ceux qui lifent , de forte qu'elles » doivent être le figne de ce qu’on doit prononcer »# quand on lit» : Evo nift quod con uetudo obtinuerit, fic féribendum quidque judico quomodo fonat : hic enim ujus ef litterarum , ut cuflodiant voces € velur depot um reddant legentibus ; itaque 1d exprimere debent, guod dicturi funt. Quint. Inft. orat. L. L. c. vu. Tel eft le fentiment général dés Anciens; &c l’on peut prouver 1°. que d’abord nos Perés ont écrit conformément à leur prononciation, felon la pre- miere deftination des lettres; je veux dire qu'ils n’ont pas donné à une lettre le fon qu'ils avoient déja donné à une autre lettre, & que s'ils écrivoient Ernpereur , c’eft qu'ils prononçoient épereur par un é, comme on le prononce encore aujourd'hui en plufieurs Provinces. Toute la faute qu'ils ont faite, c’eft de n’avoir pas inventé un alphabet François, compofé d'autant de caraéteres particuliers , qu'il y a de fons différens dans notre langue ; par exemple, les trois e devroient avoir chacun un caraétere pro- pre, comme le, & l’a des Grecs. 2°, Que l’ancienne prononciation ayant été fixée dans les livres où les enfans apprenoient à lire , après même que la prononciation avoit changé ; les yeux s'étoient accoûtumés à une maniere d'écrire différente de la maniere de prononcer ; & c’eft de-là que la maniere d'écrire n’a jamais flivi que de loin en loin la maniere de prononcer ; & l’on peut aflürer que lufage qui èft aujourd’hui conforme à l’ancienne orthographe ,eft fort différent de celui qui étoit au- trefois le plus fuivi. Il n’y a pas cent ans qu’on écri- voit / ha, nous écrivons z/ a; on écrivoit 1/ eff nat, ils font nais, nati, nous écrivons ils font nés ; foubs, nous écrivons Jos ; reuve, NOUS écrivons rouve, &C. 3°. Il faut bien diftinguer la prononciation d’avec orthographe : la prononciation eft l’effet d’un cer- tain concours naturel de circonftancés. Quand une fois cé concours a produit fon effet, &c que l’ufage de la prononciation eft établi, 1l n’y a aucun parti- culier qui foit en droit de s’y oppoñer , mide faire des temontrances à l’ufage. Mais l'orthographe eft un pur effet de Part; tout art a {a fin & fes principes , & nous fommes tous en droit de repréfenter qu'on ne fuit pas les principes, de Part, qu'on n’en remplit pas la fin , & qu'on ne prend. point les moyens propres pour arriver à cette fin. Il eft évident que notre alphabet eft défedueux, en ce qu'il n’a pas autant de caraéteres, que nous avons de fons dans notre prononciation. Aiïnfi ce que nos peres firent autrefois quand ils voulurent établir Part d'écrire, nous fommes en droit de le À LP faire amourd'hui pour perfeétionner ce même art # & nous pouvons inventer un alphabet qui re&iñfie tout ce que l’ancien a de défeëtueux. Pourquoi ne pourroit-on pas faire dans l’art d'écrire ce que l’on. a fait dans tous les autres axts ? Fait-on la ouerre, je ne dis pas comme on la faïfoit du tems d’Alexan- dre , mais comme on la faifoit du téms même d’'Hen- ti IV ? On a déja chañgé dans les petites écoles la dénomination des lettres ; on dit be ,fe, me, re: on a enfin introduit , quoiqu'avec bien de la peine, la difinétion de l’x confofne y, qu'on appelle ve, & qu'on n'écrit plus comme on écrit l’# voyelle ; il en eft de même du 7, qui eft bien différent de l;; ces diffinétions font très-modernes ; elles n’ont pas encore un fiecle ; elles font fuivies généralement dans Imprimerie. Il n’y a plus que quelques vieux écrivains qui n’ont pas la force de fe défaire deleur ancien ufage : mais enfin la"diftin@ion dont nous parlons étoit raïfonnable , elle a prévalu. . enferoit de même d’un alphabet bien fait, s'il étoit propofé par les perfonnes à qui il convient de le propoler , & que l'autorité qui préfide aux petites écoles , ordonnât aux Maïtres d'apprendre à leurs difciples à le lire, 7 . Je prie les perfonnes qui font d’abord révoltées à de pareilles propofitions de confidérer : _Ï. Que nous avons a@tuellement plus de quatre alphabets différens , & que nos jeunes gens à qui on a bien montré à lire, lifent également les ouvrages écrits felon l’un ou felon l’autre de ces alphabets : les alphabets dont je veux parler font : 1°, Le romain, où l’a fe fait ainf a. 2°, L'italique, a. 3°. L’alphabet de l'écriture que les Maîtres appel: lent françoife , ronde, ou financiere, où le fe fait ainfi &, ls ainfi e , lr Æ, or, T7 ainfi. 4°. Palphabet de la lettre bâtarde, 5°. l'alphabet de la coulée. dr Je pourrois même ajoûter l'alphabet gothique. IÏ. Laleéture de ce qui eft écrit felon l’un de ces al- phabets, n'empêche pas qu’on ne life ce qui ef écrit felon un autre alphabet. Ainfi quand nous aurions encore un nouvel alphabet, & qu’on apprendroït à le lire à nos enfans, ils n’en liroient pas moins les autres livres, ù III. Le nouvel alphabet dont je parle, ne détruiroit rien ; il ne faudroit pas pour cela bréler tous les Livres, comme difent certaines perfonnes ; le caraétere ro- main fait-il brûler les livres écrits en italique ou au- trement ? Ne lit-on plus les livres imprimésil y a 80 ou 100 ans, parce que l'orthographe d’aujourd’hui eft différente de ces tems-là ? Et fi l’on remonte plus haut, on trouvera des différences bien plus grandes encore , & qui ne nous empêchent pas de lire les li- vres qui ont été imprimés {elon l'orthographe alors en ufage, LA Enfin cet alphabet rendroit l'orthographe plus fa- cile, la prononciation plus aïfée à apprendre, & feroit cefler les plaintes de ceux qui trouvent tant de contrariétés entre notre prononciation & notre orthographe, qui préfente fouvent aux yeux des f- fs différens de ceux qu’elle devroit préfenter felon a premiere deftination de ces fignes. . On oppoñe que les réformateurs de l’orthographé n’ont jamais été fuivis : je répons : 1°. Que cette réforme n’eft pas l'ouvrage d'un particulier. | 20, Que le grand nombre de ces réformateurs fait voir que notre orthographe a befoin de réforme. 3°. Que notre orthographe s’eft bien réformée de- puisquelques années. | 4°. Enfin, c’eft un fimple a/phaber de plus que je voudrois qui fût fait & autorifé par qui il convient ; qu’on apprit à le bre, & qu'il y eût certains hvres écrits À BP écrits füivant cetaphabers ce qui n’empêcheroit pas plus delire les autres livrés , que le caraétere italique mempêche de lire leromain. - Alphabet, en termes de Polygraphie , ou Stegaro- graphie, c’eft le double du chiffre que gardé chacun des correfpondans.quis’écrivent en caraéteres par- ticuliers & fecrets dont ils font convenus. On écrit en une-premiere colonne l’a/phabes ordinaite, &r Vis- d-vis de chaque lettre ; on met les fignes ou caraéte- res fecrets de l’afphaber polygraphe , qui répondent À ja lettre de l’a/phabes vulgaire. Il y à encore une troïfieme colonne oh lon met les lettres nulles ou inutiles! 1qu'on n’a ajoütées que pour augmenter la, dificulté de ceux entre les mains de qui l'écrit pour- roit tomber. Aïnf l’alphaber polygraphe eft la clef dontlesicorrefpondans fe fervent pour déchirer cé qu'ils s’écrivent. J'ai égaré mon a/phabet , fadons- en un autre. L'art de faire de ces fortes d’alphabers, & d’ap- prendre à les déchifirer, eft appellé Polygraphie ëc Sregañographie , du Grec creyare , caché, Venant de rive , tego , je cache; cet art étoit inconnu aux An- ciens ; ils n’avoient que la -cyrale laconique. C’étoit deux cylindres de bois fort égaux ; l’un étoit entre les-mains de lun des correfpondans ;: & l’autre en. celles de l’autre correfpondant. Celui qui éerivoit, tortilloit fur fon rouleau une laniere de parchemin, fur laquelle il écrivoit en long ce qu'il vouloit; en- fuite illenvoyoit à fon correipondant qui l'appli- quoit fur {on cylindre ; enfoite que les traits de l’é- criture fe trouvoient dans la même fituation en la- quelle ils avoient été écrits ; ce qui pouvoit aïfe- ment être deviné: les Modernes ont uié de plus de tafinemens. - | On donne auffi le nom d’a/phaber à quelques li- vres où certaines matieres font écrites felon l’ordre alphabétique. L'afrhabes de la France eftun livre de Géographie , obles villes de France font décrites par ordre alphabétique. Æ/phaberum ugufliniarum, eft un livre qui contient l’hiftoire des Monafteres des Auguftins , par ordre alphabétique. (F) ArpHApèr grec G latin, (Théol.) caraëteres ou lettres à l’ufage des Grecs ou des Latins, que, dans la confécration d’une Eglife, le Prélat confécrateur trace avec {on doigt fur la cendre dont on a couvert le pavé de la nouvelle Eglife. Quelques-uns croyent que c’eft par allufon à ce qui eft dit de J efus-Chrift dans Ÿ Apocalypfe ce. j. ÿ. 7. 8t 22. ego Jum alpha 6 omega, primus € noviffiinus, principium 6 finis : mais en ce cas il fufiroit de tracer un 4/pha &t un omega grec, & un & & un z latin. D’autres, avec plus de vraiflemblance, prétendent que cette cérémonie eft relative à une priere que l’on récite pendant ce tems- là, & dans laquelle:il eff fait mention d’é/émens , nom won donne aux lettres de l’a/phaber. Bruno Signien- fs, de confecr. Ecclef. (G). ALPHABET., able, index ou repertoire du grand li vre, (Commerce). Ce font les divers noms que les Marchands, Négocians, Banquiers & teneurs de li- vres, donnent à une efpece de regiftre compolé de vingt-quatre feuillets cotés &c marqués chacun en gros caraéteres d’une des lettres de l’a/yhaber, fui- vant leur ordre naturel, commençant par 4, & finif- fantparZ. Cet alphabet où font écrits les nonis 8c furnoms de ceux avec lefquels on eft en compte ouvert, & les folio du grand livre où ces comptes font debités & crédités, fert à trouver facilement & fans peine les endroits du grand livre dont on a befoin. © + Alphabet fe dit auf, mais moins ordinairement, des fimples tables qui fe mettent au commencement des autres livres, dont les Négocians fe fervent dans les affaires degleur commerce, foit pour les païties fimples , foit pour Les parties doubles. F Livre. (G@) Tome I, | A L P 297 ALPHABET: les Relienrs Doreurs appellent 4/pha Let les diverfes lettres dont 1ls fe fervent pour mettre les noms des livres fur le dos. Ces lettres font de cui- vie fondu ; chacune a fa tige aflez longue pour être emmanchée dans un morceau de bois, & pour que le bois ne fé brule pas en faifant chauffer la lettre au fourneau. Il faut des 2/phabers de différentes groffeurs pour aflortir à celles des livres, Voyez PL, II. fig. Q. de la Reliére. On.dit faire les noms. ALPHABETIQUE , adj. ( Gramm. ) qui eft felon l’ordre de l'alphabet , sable alphabérique, Les Di&ion- naires font rangées {elon l’ordre alphabétique ; mais ona tort de ne pas féparer Les mots qui commencent parz, de ceux qui commencent par ; enforte qu’on trouve iambe {ous la même lettre que jambe, Il en et de même des mots qui commencent par #, ils font confondus avec ceux qui commencent par y, enforte qu'urbanité {e trouve après vrai, &c. Aujourd’hui que la diftinétion de ces lettres eft obfervéeexa@tement, on devroit y avoir égard dans arrangement alpha- bétique des mots. (7 * ALPHÆNIX , f. m. les Confifeurs appellent ainfi le fucre d’orse blanc ou tors. Pour le faire , ils font cuite du fucre ordinaire; ils l’écument bien ; quand il eft pur & cuit à fe cafler , ils le jettent fur un mar- | bre froté d’un peu d’huile d'amandes douces. Ils peu- _ vent le falfifier avec l’amydon , &c felon toute appa- rence ils n'y manquent pas. Cependant ils hu don nent le nom d’a/phænix pour le faire valoir. Voyez SUCRE. ALPHANGE, f. f. (Jardinage. ) C’eft une laitue romaine ou chicon rouge , que l’on lie pour la faire devenir belle. Voyez LAITUE. (K) *ALPHÉE, fleuve d’Elide : on croyoit qu’il traver- {oit la mer, & fe rendoit enfuiteen Sicile, auprès de la fontaine Aréthufe; opinion fondée fur ce que l’on retrouvoit, à ce qu'on croyoit, dans l’île d’Orty- ie, ce que l’on jettoit dans l’Æ/phée: mais ce phé- nomene n'eft fondé que fur une reflemblance de mots, & que fur une ignorance de langue ; fur ce qué PAréthufe , étant environnée de faules, les Siciliens l’appellerent Æ/phaga: les Grecs qui vinrent long- tems après en Sicile, y trouverent ce nom qu'ils pri- rent afément pour celui d’Æ/phée; & puis voilà un article de Mythologie payenne tout préparé : un Poë- te n’a plus qu’à faire le conte dés amours du fleuve & de la fontaine , & le Paganifme aura deux Dieux de plus: l’aventure de quelqu’enfant expofé dans ces lieux, multipliera bientôt les autels ; car qui empé- chera un Poëte d’attribuer cet enfant au Dieu & à la fontaine, qui par ce moyen ne fe feront pas cherchés de fi loin à propos de rien ? ALPHET À , rerme d’Affronomie, c’eft le nom d’une étoile fixe de la couronne feptentrionale , qu’on ap- pelle autrement /ucida coronæ , ou luifante de la cou- ronne. Voyez l’article COURONNE. (0) *AT:PHIASS À 04 ALPHIONIA, ( Myth.) furnom de Diane, qui lui venoit d’un bois qu'on lui avoit confacré dans le Péloponnefe, à l'embouchure de l’Alphée. * ALPHITA , préparation alimentaire faite de la farine d’orge pelé & grillé, ou plus généralement de la farine de quelque grain que ce foit : on conjeéture que les Anciens étendoient {ur le plancher, de diftan< ce en diftance , leur orge en petits tas, pour le faire mieux fécher quand il étoit humide; & que Pa/phira eft la farine même de l’orge qui n’a point été {eché de cette maniere. L’aphita des Grecs étoit aufli le polenta des Latins ; la farine de l’orge détrempée & cuite avec l’eau, ou quelqu'autre liqueur, comme le vin, le moût , l'hydromel, 6e. étoit la nourri- ture du peuple & du foldat. Hippocrate ordonnoit fouvent à fes malades l’efphita fans {el, s P 298 A LP ALPHITOMANCIE,, £ £. divinarion qui fe fafoit parle moyen de quelque mets en général, # lon tire ce mot du Grec daçira, les vivress où par celui de l’or- ge en particulier, fi on le fait venir d’érçuroy , farine dorge > & de parie ) divination, On croit qu’elle confiftoit à faire manger à ceux de qui on vouloit tirer Paveu de quelque crime incer- tain un morceau de pain ou de gâteau d'orge : s'ils l’avaloient fans peine , ils étoient déclarés innocens; finon on les tenoit pour coupables. Tel eft du moins l'exemple qu’en donne Delrio qui dit l'avoir tiré d’un ancien manufcrit de S. Laurent de Eiege, qui porte : Cm in fervis fufpicio furti habetur , ad facerdotem du- cuntur, qui cruflam panis carmine infé&lam dat fingulis, que cèm heferit gutturi , manifefii furti reum afferir. Les payens connoïfloient cêtte pratique, à laquelle Horace fait allufion dans ce vers de fon épitre à Fulcus : Urque facerdotis fugitivus hba recufo. Cette fuperftition avoit pañlé dans le Chriftianifme, & faïfoit partie des épreuves canoniques ; & c’eft vraiflemblablement ce qui a donné lieu à ce ferment : que ce morceau puiffe m'étrangler , f2 &c. Delrio dif- quifi. magic. lib. IV. c. 1j. quefl. VII. fé. 2.(G) ALPHONSIN , f. m. c’eft le nom d’un inftrument de Chirurgie dont on fe fert pour tirer les balles du corps. Il a été ainfi appellé du nom de fon inventeur Al- phonfe Ferrier, Medecin de Naples. I confifte en trois branches jointes enfemble parle moyen d’un anneau. L'inftrument ainf ferré étant introduit dans la plaie jufqu’à la balle, l'opérateur retire l’anneau vers le manche, & les branches s’ouvrant d’elles-mêmes faififlent la balle ; alors 1l repoufle l’anneau, & par ce moyen les branches tiennent fi ferme la balle, qu’elles l’amenent néceflairement hors de la plaie, lorfqu’on les en retire. Bibliot. anat, med. T. 1. page 61,7. Voyez TIRE-BALLE. ( F) ALPHONSINES , sables Alphonfines. On appelle ainf des tables aftronomiques dreflées par ordre d’Alphonfe Roi de Cafülle, & auxquelles on a erû que ce Prince lui-même avoit travaillé, Voyez As- TRONOMIE 6 TABLE. (O0) | ALPHOS , f. m. ( Chzrurgie.) eft une maladie dé- crite par Colfus fous le nom de viligo, dans laquelle la peau eft rude & marquetée de taches blanches. Ce terme eft employé par quelques Auteurs pour défigner un fymptome de lepre : Paltération de la couleur de la peau, ou le changement de fa fuperf- cie qui devient rude & inégale, peuvent être l'effet de l’imprefion de l’air, ou du maniement de quel- ques matieres folides ou fluides, & par conféquent n'être pas un effet du vice de la mañle du fang. La diftinion de ces caufes eft importante pour le trai- tement. Voyez LEPRE. (Y) ALPINE, f. f. alpina, genre de plante ainf appel- lée du nom de Profper Alpin Medecin Botanifte , mort en 1616. Les Plantes de ce genre ont une fleur mo- nopétale , irréguliere, tubulée , faite en forme de mafque, découpée en trois parties, ayant un piflil dont la partie antérieure eft creufe & aïlée, & la par- tie poftérieure eft terminée par un anneau à travers lequel pañle le piftil de la fleur. Le calice devient dans la fuite un fruit oval charnu divifé en trois par- fies qui s'étendent depuis le fommet jufqu’à la bafe. Ce fruit eft rempli de femences qui tiennent au pla- centa par de petits filamens. Plumuier, Nova plantarum genera. Voyez PLANTE. (1) * ALPISTE, phalaris. Cette plante porte un gros épi compofé d’un amas écailleux de goufles pleines de femences : deux de ces goufles furtout reffemblent à des écaïlles & contiennent dans leurs cavités, cat elles font creufes & carinées ;;chacrine une femence enveloppée de fa coffe, Elle croît aux ifles Canaries, en Tofcane parnu le blé, em Eangue- doc, aux environs de Marfeille.. Les anciens enre- commandent la femence, le fuc & les feuilles comme un excellent remede interne contre les douleurs dela vefle. | | On lit dans Lobel que quelques perfonnesien font du pain qu’elles mangent pour cet effet. Ses femences font apéritives, & par conféquent falutaires dans les embarras des reins & de la vefñe. * ALPUXARRAS,( Géog. ) hautes montagnes d’Efpagne dans le Royaume de Grenade au bord de la Mediterranée, ALQUIER , qu'on nomme auffi cantar, 1. m. ( Commerce. ) melure dont on fe fert en Portugal pour mefurer les huiles, L’a/quier contient fix cavadas. Il faut deux alquiers pour faire l’almude ou almonde, Poyez ALMONDE. L’alquier eft auffiune mefure de grains à Lisbonne. Cette melure eft très-petite, en forte qu'il ne faut pas moins de 240 alquiers pour faire 19 feptiers de Pa- tis ; 60 alquiers font le muid de Lisbonne ; 102 à 10% alquiers letonneau de Nantes, de la Rochelle, & d’Au- ray; & 114à 115 le tonneau de Bordeaux & de Van- nes. Ricard dans fon Traité du négoce d’Amfterdam, dit qu'il ne faut que 54 alquiers pour le muid de Eif- bonne. La mefure de Porto en Portugal s’appelle auf 4/2 quier : mais elle eft de 20 pour ro plus grande que celle de Lisbonne. On fe fert auf d’a/quiers dans d’auz tres États du Roi de Portugal , particulierement aux iles Acores & dans Pile de S. Michel. Dans ces deux endroits, fuivant le même Ricard , le muid eft de 60 alquiers, & il en faut 240 pour le /4f? d'Amifterdam, Voyez LAST & Muip.(G) toi i= * ALQUIFOUX , efpece de plomb minéral très: pefant, facile à pulvérifer , mais difficile à fondre, Quand on le cafle, on lui remarque une écaille blan- che, luifante , cependant d’un œil notrâtre, du refté aflez femblable à aiguille de Pantimoine. Ce plomb vient d'Angleterre en faumons de différentes grof: feurs & pefanteurs. Plus il eft gras, lourd &c liant, meilleur il eff. : +4 ALRAMECH ox ARAMECH, serre d’Affrono- mie , c’eft le nom d’une étoile de la premiere gran: deur appellée autrement Æréurus, Voyez ARCTU= RUs.(O) * ALRUNES, ff. c’eft ainfi que les anciens Ger: mains appelloient certaines petites figures de bois dont ils faifoient leurs Lares, ou ces Dieux qu'ils avoient chargés du foin des maïfons & des perfon- nes, & qui s’en acquitoient fi mal, C’étoit pour tant une de leurs plus générales & plus anciennes fuperftitions. Ils avoient deux de ces petites figures d’un pié ou demi-pié de hauteur ; ils repréfentoient des forcieres , rarement des forciers ; ces forcieres de bois tenoient felon eux , la fortune des hommes dans leurs mains. On les faïfoit d’une racine dure; on donnoit la préférence à celle de mandragore, On les habilloit proprement. On les couchoit mollement dans de petits coffrets. On les lavoit toutes les fe- maines avec du vin & de l’eau. On leur fervoit à chaque repas à boire & à manger , de peur qu’elles ne fe miflent à crier comme des enfans qui ont be- foin, Elles étoient renfermées dans un lieu fecret. On ne les tiroit de leur fanétuaire que pour les conful- ter. Il n’y avoit ni infortune , ni danger, ni maladies à craindre , pour qui poflédoit une A/rune: mais elles avoient bien d’autres vertus. Elles prédifoient l'avenir, par des mouvemens de tête, & même quel- EA.-e re , quefois d’une maniere bien plus intelligible. N'eft- ce pas là le comble de l’extravagance? a-t-on l’idée d’une fuperftition plus étrange, & n'étoit-ce pas À LS afléz pout la honte du genre humain qu'elle eût été? falloit-1l encore qu’elle fe füt perpétuée jufqu’à nos jours, On dit nie folie des Æ/runes {ubffte encore parmi le peuple de la baffle Allemagne, chez les Da- nois, & chez les Suédois: | *ALSACE, province de France, bornée à l’eft par le Rhin, au fud par la Suifle & la Franche-Comté , à l’occident par la Lorraine, & au nord par le Palatinat du Rhin. Long, 24. 30-35. 20. lat. 47. 36-49. Le commerce de cé pays confifte en tabac , eau- de-vie, chanvre, garence, écarlate, fafran , cuirs, & bois; ces chofes fe trafiquent à Strasbourg, fans compter les choux pommés qui font un objet beau- coup plus confidérable qu’on ne croiroit, Il ÿ a ma- nufaûure de tapiflerie de moquette & de bergame, de draps, de couvertures de laine, de futaines, de toiles de chanvre & de lin ; martinet pour la fabri- que du cuivre : on trouvera à l’article Cuivre & aux Planches de Minéralogie, la defcription & la f- gure de ces martinets, Moulin à épicerie, commerce de bois de chauffage , qui appartient aux Magiftrats feuls ; tanneries à pétits cuirs, comme chamois, boucs ,chevres, moutons ; fuifs, poiflon fec & falé, chevaux , 6c.….. Le refte du pays a aufl fon négoce; celui de la bafle A/face eft en bois ; de la haute en vin, en eaux-de-vie, vinaigre , blés, feigles, avoi- nes, Les Suifies tirent ces dernieres denrées de l’une & de l’autre A/face, En porcs & beftiaux ; en tabac; en fafran, térébenthine , chanvre, lin, tartre , fuif , poudre à tirer, chataignes, prunes, graines & léou- mes. Le grand trafic des chataignes , des prunes & autres fruits fe fait à Cologne , à Francfort, & à Bâle. L’Alface a des manufaures en grand nombre : mais les étoffes qu’on y fabrique ne font ni fines nt cheres. Ce font des tiretaines moitié laine &c moitié fil, des treillis , des canevas & quelques toiles. Quant aux mines , l’Auteur du Diéionnaire du Commerce dit, que hors celles de fer, les autres font peu abondantes. On va juger de la valeur de ces mines par le compte que nous en allons rendre d’après des-mé- moires qui nous ont été communiqués:, par M. le Comte d'Hérouville de Clayes , Lieutenant Général des Armées de Sa Majefté. Les mines de Giroma- gny, le Puix & Auxelle-haut, font fituées au pié des montagnes de Voges, à l’extrémité de la haute Alface ; la fuperficie des montagnes où font fituées les mines, appartient à différens particuliers, dont on achete le terrain, quand il s’agit d'établir des ma- chines , & de faire de nouveaux percemens. Depuis Le don fait des terres d’A/face à la maïfon de Mazarin , ces mines ont été exploitées par cette maïfon jufqu’à la fin de 1716, que le Seigneur Paul- Jules de Mazarin les fit détruire , par des raifons dont il eft inutile de rendre compte; parce qu’elles n'ont aucun rapport à la qualité de ces mines. Ces mines font reftées prefque fans exploitation jufqu'en 4733, qu'on commença à les rétablir. Ce travail a été continué jufqu’en 1740 ; & voici l’état où elles étoient en 1741, 1742, 1743, Gc. La mine de faint Pierre , fituée dans la montagne appellée Ze Montjean, banc de Giromagny, a fon en- trée & fa prenuere galerie au pié de la montagne ; elle eft de quarante toifes de longueur : le long de cette galerie , eft le premier puits de 89 piés de pro- fondeut ; je dis Z long, parce qu’au-delà du trou de ce puits, la galerie eft continuée de ÿ ; toifes &z fe rend aux ouvrages de [a mine de S. Jofeph. Le fecond puits a 100 piés de profondeur ; le troïfieme 193 ; le quatrieme 123 : alors on trouve une autre galerie de quatre toifes qui conduit au cinquieme puits, qui eft de 128 piés. Au milieu de ce puits, on rencontré une galerie de 40 toifes de longueur , qui conduit aux ouvrages -où font atuellement quatre mineurs occupés à un filon demune d'argent d’un pouce d’é- Tome L, À LS 299 paifleut, qui pfomet augmentation, Dé ces ouvtaz ges, on revient au fixieme puits, qui eft de 107 piés de profondeur, où les ouvrages fur le minuit {ont remplis de décombres , que l’on commence à en- lever. 4 « Du fixiéme puits vérs le midi, oh a commencé une galerie de 35 toifes de longueur, pour arriver à des ouvrages qu’on appelle du cougle, où il y a un filon de mine d’argent de deux pouces & demi: d'épaifleur ; Où trois mineurs font employés ; & où l’on efperé en employer vingt: Cette partie de la mine pale pour la plus riche. : | Le feptieme puits a 94 piés de profondeur. En. tirant de ce puits au minuit par une galerie de tren2 té-cinq toiles , on trouvé des ouvrages dans lefquels il y a deux mineurs à un filon de 4 à 3 porices d’é- paifleur de mine d'argent ; cuivre & plomb. Le hui: tieme puits a 100 piés de profondeur ; le neuvieme a aufh 100 piés de profondeur. Au fond de ce puits. on trouve une galerie de 40 toiles, qui conduit aux ouvrages vers le minuit, où font employés neuf mit neurs {ur un filon de quatre à cinq pouces, Le dixie- me puits a 86 piés ; & le onzieme 120 piés. Le: douzieme eft de 60 ; on y trouve un filon de 4 pou« ces d’épafleur fur trois toifes de longueur, conti= nuant par une mine picallée , jufaw’au fond où fé trouve encore un filon de deux pouces d’épaifleur fur fix toiles de longueur , & un autre picaflement de mine en remontant: Nous avons dit en parlant du premiér puits qu’au- delà de ce puits la galerie étoit continuée de 55 toifes, pour aller à la mine de faint Jofeph. Au bout de cette galerie eft un puits de la profondeur de 60 piés ; un {econd puits de 40 : mais ces ouvra- ges {ont fi remplis de décombres qu’on ne peut les travailler. Cette mine de faint Pierre eft riche ; & fi les décombres en étoient enlevées, on pourroit employer vers le midi 30 mineurs coupant mine. Ontira de cette mine pendant le mois de Mars 17413 quatorze quintaux de mine d'argent tenant 8 lots; 86 de mine d'argent, cuivre & plomb, tenant en argent 4 lots en cuivre, 12 lots p 2, le plomb fer- vant de fondant; plus 30 quintaux tenant trois lots ; qui font provenus des pierres de cette même mine, que l’on a fait piler &c laver par les boccards. Pour exploiter cette mine , il y a un canal fur terre d’un grand quaït de lieue de longueur, qui conduit les eaux fur une roue de trente-deux piés de diametre, laquelle tire les eaux du fond de cette mine par 22 pompes afpirantes & foulantes, Pour souver- ner cette machine , 1l faut un homme qui ait foin du canal,un maître de machine, quatre valets, trois char: pentiers, trois houtemens , foixante-dix manœuvres , pour tirer la mine hors du puits ; deux maréchaux, deux valets , huit chaideurs , outre le nombre de cou: peuts dont nous! avons parlé, Ti La mine de faint Daniel fur le banc de Giroma= gny ; actuellement exploitée, a fon entrée au levant par une galerie de la longueur de 30 toifes ; & fur la longueur de cette galerie, il fe trouve trois puits ow chocs différens. Le premier a 48 piés ; le fecond 48 3 le troifième 36. Ces trois puits fe réuniffent dans le fond où il fé trouve une galerie de 42 toifes. Dans cette galerie eft un autre puits de 6o piés ; puis une autre galerie de fix toiles , & au bout de cette galerie un puits de douze piés de profondeur. Lé filon du fond de la mine eft argent , cuivre &c plomb, de la largeur de fix pouces fur fix toifes de longueur, &c le filon des deux galeries eft de fix pouces de lar- geur fur vingt toifes de longueur. Cette mine pro: duit a@uellement par mois 70 quintaux de mine de plomb , 40 quintaux de mine d'argent. La mine de plomb tenant 45 lots de plomb p. + êc 8 lots de mine aufh pour £ ou quintal, . Ppi 300 A LS La mine de faint Nicolas, banc de Giromagñy 5 donnoit trois métaux, argent, cuivre & plomb ; on cefla en 1738 d’y travailler faute d'argent , pour payer les ouvriers qui n’y travailloient qu’à fortfait. Elle a fon entrée au levant par une galerie de 8 toifes au bout de laquelle eft un puits ; & cette ga- lerie continue depuis ce puits encore 18 toiles, au bout defquelles on trouve un filon de cuivre de Pé- paiffeur de deux pouces fur une toife de longueur; ce filon eft mêlé dé veines de mine d’argent, dont le quintal tient 6 lots. Cette mine a trois puits : le pre- mier de 40 piés ; le fecond de 60, &x le troifieme de 20 piés de profondeur. On obfervoit en 1741, qu'il étoit néceflaire d’ex- ploiter cette mine pour l'utilité de celle de S. Daniel. La mine de $. Louis fur le banc de Giromagny , a {on entrée au midi par une galerie de ro. toifes , au bas de laquelle eftun puits de 12, piés: au bas de ce puits eft une autre galerie de la longueur de 80 toiles , qui aboutit fur la galerie du premier puits de la mine de Phenigtorne. Dansle premier puits, il y en a un autre de 24. piés de profondeur, où fe trouve un filon d'argent , de cuivre & plomb , de 4. pou- ces d’épaifleur fur 4. toifes de longueur. La mine de Phenigtorne pafle pour la plus confi- dérable du pays : elle a fon entrée au levant au pié de la montagne de ce nom, & fon filon eft au midi ; elle eft mêlée d'argent &c cuivre ; le quintal produit 2. farcs d'argent & 10. à 12. livres de crivre: quand le filon eft mêlé de roc ,elle ne donne qu'un marc d'argent par quintal, mais tobjours la même quantité de cuivre. La premiere galerie pour l’entrée de cette mine eft de quinze toifes jufqu’au premier puits :ily a 12. chocs ou puits de 100. piés de pro- fondeur, Les ouvrages qui méritoient d’être travail- lés ne commencoient en 1741. qu’au fixieme puits. Dans le feptieme puits, il y avoit un filon feulement picaflé de mine d'argent ; rien dans le huitieme : dans le neuvieme, au bout d’une galerie de 30. toi- fes de long, il y avoit un filon qui pouvoit avoir de la fuite;au bout de cette galerie il y avoitencoreun puits commencé, où l’on trouvoit un pouce de mine qui promettoit un gros filon: dans le dixième & onzieme peu de chofe : dansle douzieme , vers minuit, il fe trouvoit un filon de trois pouces d’épaiffeur fur 4 toifes de longueur ; & dans le fond de la montagne, où la machine prenoit fon eau, il y avoit un filon de trois pouces , en tirant du côté du puits, de la lonoueur de douze toifes, au bout defquelles fe trouvoit encore un puits commencé, de la profon- deur de 20. piés, &cde trois toifes de longueur , dans le fond duquel eft un filon de fix pouces d’épaiffeur, de mine d’argent & cuivre, fans roc ; &c aux deux côtés dudit puits , encore le même filon d’une toife de chaque côté. | Nous ne donnerons point la coupe de tontes ces mines , une feule fufifant pour aider l’imagination à fe faire une image exaëte des autres. La mine de Phenigtorne étant la plus riche , nous l'avons préfé- rée. Voyez Minéralogie , PI, I. 4 eft la galerie pour entrer dans la mine ; B, la galerie du fofdant tirant à S. Louis ; C', galerie dans Île troïfieme étage; D, galerie fur le fixieme étage; Æ, galerie dans le f- xieme étage ; À, galerie iur le feptieme étage; &, galerie fur le huitieme étage ; H, galerie fur le neu- vieme étage; J, galerie au milieu du neuvieme éta- ge; LL, les ouvrages du côté de minuit; M, le fond des ouvrages ; NN, les ouvrages du côté de midi ; ppp, le puits où eft le plus fort de la mine ; la trace ombrée fort marque la mine; 9, bermond d’eau porté par le grand tuyau dans le réfervoir R; T', un grand réfervoir pour foûtenir les eaux de la machine. Cette mine de Phenigtorne exploitée dans les re- &lés, pouvoit, felon Peftimation de 1741. produiré 90 quintaux , plütôt plus que moins, par mois. On voit par ce prohl, que les trois mines deS, Da- niel , de S. Louis & de S. Nicolas, peuvent com- muniquer dans la Phenigtorne par des galeries , & par conféquent abréger beaucoup les travaux & les dépenfes. | El : La mine de S. François , fur le banc du Puix , n’é- toit point exploitée en 1741. elle a fon entrée au levant par une galerie de 15. toifes, au bout de la- quelle on trouve le premier puits qui eft de Go. piés de profondeur ; & du premier puits au fecond, la galerie eft'continuée fur la longueur de fept toifes, où l’on trouve le fecond puits de oo. piés de pro- fondeur. - ke: Cette mine contient du plomb , tenant trois lots d'argent par quintal, & 40. l. de plomb pour 2. Le filon commence au premier puits, & va jufqu'aw fond du fecond, gros de tems en tems de trois pou- ces, fur la longueur de 80. piés du côté du midi & minuit: dans le fond du puits il y a un autre filon de quatre à cinq pouces, mêlé de roc par moitié; & en remontant du côté du midi, il y a encore un f- lon de trois à quatre pouces d'épaifleur , fur trois toifes de longueur, qui contient plus d'argent que les autres filons de la mine. La mine deS. Jacques, fur le banc du Puix, non exploitée en 1741. pafloit alors pour ne pouvoir lé- tre fans nuire à la Phenigtorne, qui valoit mieux ; &c ela faute d’une quantité d’eau fufifante pour les deux dans les tems de féchereffe. La mine de S. Michel, banc du Puix, non ex- ploitée en 1741.eft de plomb pur ; elle a fon en- trée entre le midi 8 le couchant par une galerie de huit toifes , au bout de laquelle eft un puits de 30 piés : fon filon eft petit, & de peu de valeur : mais de bonne efpérance. | La mine de la Selique , banc du Puix, non exploi- tée en 1741. eft de cuivre pur , n’a qu’une galerie de 20 toifes au bout de laquelle il y a un puits com- mencé , qui n’a pas été continué ; le filon n’en étoit pas encore en regle. | La mine de S. Nicolas des bois, banc du Piux, non exploitée en 1741. eft de cuivre & plomb , àen juger par les décombres, | Les autres mines du banc du Puix, qui n’ont ja- mais été exploitées, du moins de mémoire d’hom- mes, font la montagne Collin , la montagne Sche- logue , les trois Rois, S. Guillaume, la Buzeniere, & Sainte-Barbe. La Taichesronde , non exploitée , eft une mine d'argent qui paroït abondante & riche. | Toutes ces montagnes, tant du banc de Giro- magny que du Puix , font contigués ; une petite ri- viere les fépare : de la premiere à la derniere il n’y a guere qu'une lieue de tour. Il y a au banc d’Etueffont une mine d’argent , cui- vre & plomb , diftante d’une lieue & demie de cel- les de Giromagny ; elle n’a point non plus été ex- ploitée de mémoire d’homme. Au banc d’Auxelles, la mine de S. Jean eft entie- rement exploitée à la premiere galerie feulement ; elle eft de plomb : on y entre par une galerie de cent toifes pratiquée au pié du Montbomard; vingt mineurs y {ont occupés. Il y a dans cette mine dix chocs ou puits de différentes profondeurs , depuis 36. jufqu’à $7. piés chacun. | La mine de S. Urbain, au même banc, eft ex- ploitée à fortfait ; elle eft de plomb : on y entre par une galerie pratiquée au midi, de cinq à fixtoïles : la découverte de cette mine eft nouvelle; elle eft de 1734. ou 173%. Son filon, qui parut d’abord à la fuperficie de la terre , eft maintenant de douze pou- ces d’épaifleur en des endroits , & de fix pouces en { ALS d’autres ; & fa longueur de cinq toifés avec efpé- . rance de continuité. . Au même banc, la mine de S. Martin non exploi- tée depuis un an, eft dé plomb; fon expoñition eft au midi : ony entre par une galerie de vingt toiles, au bout de laquelle eft un choc ou puits de 18 piés feulement de profondeur. Le filon de cette mine eft de quatre à cinq pouces d’épaifleur , & de quatre toiles de longueur ; c’eft la même qualité de mine qu'à S. Urbain. La mine de Sante-Barbe, non exploitée depuis deux ans, eft expofée au levant : on y entre par une galerie de la longueur de douze toifes , au bout de laquelle eft un feul puits de 90 piés de profondeur : elle donnoit argent , cuivre & plomb. Au même banc, la mine de S. Jacques , non ex- ploitée depuis deux ans , a fon expoñition au midi ; fans galerie d'abord: elle n’a qu’un puits de 24 piés de profondeur , au bout duquel on trouve une gale- rie de quatre toifes qui conduit à un autre puits de 6o. piés , où font des ouvrages à pouvoir occuper cinquante mineurs coupant mines. Au même banc, la mine de l’'Homme-fauvage, non exploitée, a fon expoñition au midi par une ga- lerie de trois toiles feulement , & travaillée à dé- couvert : fon exploitation a ceflé depuis trois ans. Cette mine eft de plomb ; fon filon eft de deux pou- ces d’épaifleur. Au même banc, la mine de la Scherchemite , non exploitée, a {on expoñtion au levant ; elle eft de plomb : fon filon étoit,à ce que difoient les ouvriers, d’un demi-pié d’épaifleur. Mine de S. George, non exploitée : elle eft de cuivre ; fon puits eft fans galerie, & n’a que 18 piés de profondeur. x Mines de la Kelchaffe & du Montménard, non ex- ploitées : elles font argent, cuivre & plomb; & de Vieux mineurs les difent très-riches. Les mines d’Auxelle-haut font auf contiguës les tines aux autres: Voilà l’etat des principales mines d’Alface en 1741. voici maintenant les obfervations qu’elles oc+ cafionnerent. 1°, Qu'il faut continuer un percemént commen- cé à la mine de S. Nicolas, banc de Giromagny , jufqu’à la mine deS. Daniel ; parce qu’alors les eaux de $. Daniel s’écouleront dans S$. Nicolas , & le tranf- port des décombres fe fera plus facilement par le re- changement des manœuvres & l’épargne des machi- nes coûteufes qu'il faut employer aux eaux de Saint- Daniel. On conjetture encore que le percement ne fera pas long, les ouvriers de Pune des mines enten- dant les coupsde marteau quife frappent dans l’autre, 2%. Que pour relever la mine de Phenigtorne , il faut rétablir l’ancien canal & les deux roues , à cau- fe de la grande quantité d’eau que produit la fource qui eft au fond de la mine. | 3°. Qu'il faudroit déplacer lés fourneaux , les fon- deries, & tous les établiffemens auxquels il faut de Veau , dont la Phénigtorne a befoin, & qu’elle ne pourroït partager avec ces établiffemens fans en manquer dans les tems de fécherefle. 4°. Que la mine de $S. François, banc du Puix, peut être reprife à peu de frais. 5°. Que celle de S. Jacques, même banc, eft à abandonner, parce que les machines à eau nui- roient à la Phenigtorne, & qu’on ne peut y en établir ni à chevaux ni à bras. 6°. Que l’exploitation des mines d’Auxelle-haut , en même tems que de celles de Puix & de Giroma- gny, {eroient fort avantageufes , parce qu’on tire- . toit des unes ce qui feroit néceflaire , foit en fondant foit autrement , pour les autres. 7°. Que pour tirer partie de la mine de $, Jean, ALS 301 atbanc d'Etueffont, il faudroit nettoyér trois étangs qui fervént de réfervoir, afin que dans les tems de féchereffe on en püût tirer l’eau , & fuppléer ainf à la fource qui manque. | 8°. Que les ouvriers, quand ils ne travaillent qu’à fortfait, ruinent nécéffairement les Entrépreneurs , & empêchent la continuation des ouvrages; les ga leries étant mal entrétenues, les décombres malnet- Ur | Fa toyées , & le filon tout-à-fait abandonné , quand il importeroit d'en chercher la fuite. 9°. Que les Entrepreneurs, par le payement à fortfait, payant aux mineurs un fol fix deniers par hvre de plomb fuivant l’eff&, les autres métaux qui fe trouvent dans la mine de plomb, quoique non: perdus ; ne font pas payés. ‘ 10°, Que Peflai doit contenir par quintal de mine 45. livres de plomb, & que quand il produit moins, le Direéteur ne la recevant pas , le mineur eft obli- gé de la nettoyer pour la faire monter au degré. 119, Qué le Direlteur ne la recoit point à moin= dre degré, parce que plus la mine eft nette, plus elle donne en pareil volume ; & moins 1l faut de charbon pour la fondre. Il importe donc par cette raïfon que la mine foit mêlée de roc le moins qu'il eft pofible : mais en voici. d’autres qui ne font pas moins importantes ; c’eft que ce roc eft une matiere chargée d’arfenic, d’antimoine, êc autres poifons qui détruifent le plomb & largent , l'emportant en fu- mée. 12°. Qu'il fe trouve dans le pays toutes chofes néceffaires , tant en bois qu’en eaux, machines, fondeurs , mineurs, 6. pour l'exploitation des mi- nes ; & qu'il eft inutile de recourir à des étrangers, furtout pour les fontes ; l'expérience ayant démon: tré que celles des Fondeurs du pays réufiflent mieux que celles des étrangers. 13°. Que fans nier que les Allemands ne foienf de très-bons ouvriers , 1l ne faut cépendant pas im- puter à leur habileté , mais à la force de leurs gages, ce qu'ils font de plus que les nôtres, dont la rente eit moindre, 14°. Que quant aux boïs néceflaires pour les mi- nes de Puix &c de Giromagny, tous les bois des mon: tagnes étoient jadis affe@és à leur ufage ; qu'il feroit à fouhaiter que ce privilège leur fût continué, & que les forges de Belfort & les quatorze communaus tés du val de Rozemont fe pourvuflent ailleurs. 15°. Que les autres bois des montagnés voifines qui ne font pas dégradés , s'ils font bien entretenus ; fufiront à l’exploitation. 16°. Que le fortfait empêche les ouvrages ingrats. de s’exécuter , quelque profit qu'il puifle en revenir pour la fuite ; & par conféquent que cette conven- tion du Directeur au mineur ne devroit jamais avoir heu. 17°. Que les mines étant prefque tohjours enga- gées dans lesrocs, leur exploitation confomme beau- coup de poudre à canon, &c qu'il faudroit Paccor-: der aux Entrepreneurs au prix que le Roi la paye: 18°, Qu'il faut établir le plus qion pourra de boccards pour piler les pierres de rebut, tant les an- ciennes que les nouvelles,parce que l’ufage des boc- cards eft de petite dépenfe , & lavantage confidé- rable. Voici la preuve de leur avantage ; celle de leur peu de dépenfe n’eft pas néceflaire. Après l'abandon des mines d’Alface , les fermiers des domainés de M. le Duc de Mazarin, n'ignorant pas ce qu’ils pourroient retirer des pierres de rebut: provenues te l’ancienne exploitation , traiterent pout avoir la permiffion dé cette recherche, avec M. le Duc de Mazarin. Le Seigneur Duc ne manqua pas d’être léfé dans ce prenuer traité ; il le fit donc téfilier ; & il s’obligea par un autre à fournir Les bois & les charbons ; les fourneaux & les bocçcards, 3 OZ À LS pour la toitié du profit. On peut juger par'ées aväns ces combien les rentrées devoient être confiderables. 19°. Que fi la Compagnie Angloïle qui avoit trai- té de ces mines, s’en eft mal trouvée, c’eft qu'elle a té d’abord obligée de fe conftituer dans des frais im- menfes, en machines, en maïfon, en magafn, en fourneaux, en halles, 6c. fans compter les sagestrop forts qu’elle donnoit aux ouvriers. 20°, Qu'ilconviendroit, pour prévenir tout abus, qu’il y eût des Direteurs , Infpeéteurs & Contrôleurs des mines établis par le Ror. 21°, Que les terrains des particuliers que l’on oc+ cupe pour l’exploitation des mines, font remplacés par d’autres, felon l’eftimation du traitant ; mais non à fa charge, tant dans les autres mines du Royaume, que dans les mines étrangeres , & qu'il faudroit éten- dre ce privilége à celles d’Alface, 22°, Qu’afin que les précautions:qu’on prendra pout exploiter utilement ces mines, ne reftent pas inutiles , il faudroit ménager les bois, & avoir une concefhion à cet effet de certains bois à perpétuité » ainfi qu'il eft pratiqué dans toutes les autres mines de l'Europe; parce que les baux à tems n'étant jamais d’un terme fufifant pour engager les Entrepreneurs aux dépenfes néceffaires, il arrive fouvent que les Entrepreneurs à tems limité, ou travaillent & difpo- fent les mines à l'avantage des fuccéfleurs, ou que les Entrepreneurs à tems, voyant leurs baux prêts à expirer, font travailler à fortfait pour en tirer le plus de profit, &rpréparent ainfi une befogne ruineufe à ceux qui y entrent après eux. | 23°. Que pour le bon ordre des mines en général, il conviendroit que Le Roi établit de fa part un Off- cier, non-feulement pour lui rendre compte de la vi- gilance des Entrepreneurs & des progrès qu'ils pour- roient faire; mais qui püt encore y adminiftrer la juitice pour tout ce qui concerne les Officiers, Ou- vriers , Mineurs ; & les appels en juftice ordinaire étant totjours difpendieux, que ceux des Jugemens de cet Officier ne fe fiflent que pardevant les Inten- dans de la province. 24°. Que tous les Oficiers, Mineurs, Fondeurs , maîtres des boccards & lavoirs,ainfique les voituriers ordinaires qui conduifent les bois & charbons, jouif- {ent de toute franchife, foit de taille , foit de corvée. 25°. Qu'il plût au Roi d'accorder la permiflion de pañfer en toutes les provinces du Royaume les cuivres & les plombs, fans payer droits d’entrée & de fortie. 26°. Que le Confeil rendit un Arrêt par lequel il fût dit que, tous les Affociés dans l’entreprife des mi- nes feront tenus de fournir leur part ou quotité des fonds & avances néceffaires, dans le mois; faute de quoi ils feront déchus & exclus de la focièté, fans qu’il foit néceflaire de recourir à aucune fommation ni autorité de juftice ; cette loi étant ufitée dans tou- te l’Europe en fait de mines. Voilà ce que des perfonnes éclairées penfoient en 1741, devoir contribuer à exploitation avantageu- fe, tant des mines d’Alface, que de toute mine en général : nous publions aujourd’hui leurs obferva- ons, prefque fürs qu’il s’en trouvera quelques-unes dans le grand nombre, qui pourroient encore être uti- les, quelque changement qu’il foit peut-être arrivé depuis 1741 dans ces mines. Que nous ferions fatis- faits de nous tromper dans cette conjeéture, & que l'intervalle de dix ans'eût fufñ pour remettre les cho- fes fur un f bon pié, qu'on n’eût plus rien à defirer dansun objet aufli important |! Elles obfervoient encore en 1741 dans les vifites qu'elles ont faites de ces mines, que les Mineurs fe conduifoient fans aucun fecours de l’art; que les En- trepreneurs n’avoient aucune connofffance de la Géo- métrie foûterraine; qu'ils ignoroïent l’anatomie des montagnes ; que les meilleurs fondans y étoient in- A LS connus ;-que -pourvû que le métal fût fondu; ils fé foucioient fort peu du refte, de la bonne façon & de la bonne qualité , qui-ne dépend fouvent que d’une efpece de fondant qui rendroit le métal plus net, plus fin, & meilleur; que les ouvriers s’en te noient à leurs fourneaux, fans étudier aucune for- me nouvelle; qu'ils n'examinoient pas davantage les matériaux dont ils devoient les charger ; qu’ils ima- ginoient qu'on ne peut faire mieux que ce qu'ils font ; qu’on eft ennemi de leur intérêt , quand on leur, propofe d’autres manœuvres: que quand on leur fai- foit remarquer que les fcories étoient épaifles, & que le métal fondu étoit impur, ils vous répondoient, c’eft la qualité de la mine, tandis qu'ils devoient dire, c'e? la mauvaile qualité du fondant, & en effayer d’au- tres : que fi.on leur démontroit que leurs machines n’avoient pas le degré de perfeétion dont elles étoient fufceptibles, & qu'il y auroit à reformer dans la conf- truéhon de leurs fourneaux, 1ls croyoient avoir fa- tisfait à vos objeétions, quand ils avoient dit, c’e/£ la méthode du pays; & que fi leurs ufines étoient mal conffruites , on ne des auroit pas laiffées [2 long-tems imparfaites : qu'il eft conftant qu'on peut faire de lex- cellent acier en Alface ; mais que l'ignorance & l’er- têtement fur les fondans, laifle la matiere en gueufe trop brute, le fer mal préparé, & l’acier médiocre. Qu'on croyoit à Kingdall que les armes blanches étoient de l'acier le plus épuré, & qu'il n’en étoit rien ; que la préfomption des ouvriers, & la fufifance des maitres, ne fouffroient aucun confeil : qu’il fau- droit des ordres ; & que ces ordres, pour embraffer le mal dans toute {on étendue, devroient comprendre les tireries , fonderies, & autres ufines : que la con- duite des eaux étoit mal entendue; les machines mauvailes , 8 les trempes médiocres ; qu'il n’y avoit nulle œconomie dans les bois & les charbons; que les établiffemens devenoient ainf prefqu'inutiles ; que chaque entrepreneur détruifoit ce qu'il pouvoit pendant fon baïl; que tout fe dégradoit, ufines & forêts : qu'il fuffloit qu'on fht convenu de tant de charbon, pour le faire fupporter à la mine; que dure ou tendre, il n’importoit, la même dofe alloit to jours ; que le fondant étant trop lent à difloudre , il faudroit quelquefois plus de charbon ; mais que mi le Maïtre m1 louvrier n’y penfoient pas : en un mot, que la matiere étoit mauvaife, qu'ils la croyoient bonne, & que cela leur fuffifoit. Voilà des obferva- tions qui étoient très-vraies en 1741; & il faudroit avoir bien mauvaife opinion des hommes , pour croi- re que c’eft encore pis aujourd’hui. Mais les endroits dont nous avons fait mention ne font pas les feuls d’où on tire de la mine en Alface : Sainte-Marie-aux-Mines donne fer, plomb & argent; Giromagny & Banlieu, de même; Lach & Val-de- Willé, charbon, plomb; d’Ambach, fer ordinaire, fer fin ou acier ; Ban-de-la-Roche, fer ordinaire; Fra- mont, fer ordinaire; Molsheim, fer ordinaire, plâ- tre, marbre; Sultz, huile de pétrole & autres bitu- mes. Ces mines ont leurs ufines & hauts-fourneaux ; au Val de Saint-Damarin, pour l’acier; au Val de Munfter pour Le laiton ; à Kingdall pour les armes lanches & les cuivres ; à Baao, pour le fer & lacier. L’Alface a auffi fes carrieres renommées : il ya à Roufack , moilons, pierre de taille, chaux & pavés à Bolwil, chaux ; à Rozeim, pierre de taille, pavé, . meules de moulin, bloc,&c bonne chaux ; à Savernes, excellent pavé. Les mines non exploitées font, pour le fer, le Val de Munfter & celui d’Orbay; pour le fer & cuivre, le Val de Willé, Baao & Thaim; pour le gros fer, le fin, & le plomb, d’Ambach; pour l'argent, le plomb &clefer, Andlau ; pour le plomb, Oberenheim; pour le charbon, Vifche; pour le fer & l’alun, le Ban-de- la-Roçhe & Framont, On trouveençore à Marlheim, A LS Valfone & Hauthaac, des marçailites qui indiquent de bonnes mines. | | EE : Voici ce que les Mines de Giromagny produifoient en 1744. ETAT de Liyraifon pour le mois de Mars. Faiioe | Lot. Cuivre. Plomb, 13. 2400 Mines de Chaydé, argent 5+ 5 13. 45ço Pilons de Saint Pierre... 4 5 13. 1400 Pilons de Pheniptorne... 2 : 13. 3800 Crafles de la fonderie... = 3 22 #7. 7oo Pilons de Phenigtorne... + 6 22. 2400 Mines de Chaydé ....: 5 6 22. 2400 Pilons de Saint Pierre. .. 4 £ 22. 400 Halles de Sant André... + 23 22. 5600 Mines de Saint André... + 2 27. 3300 Crafles de la fonderie... + 2 34 27. 3300 De Saint Jean d’Auxelle 1: 39 27. 1800 De Saint Jean d’Auxelle 14 43 30 600 Crafles de la fonderie .. + + 20 30. 300 Hallés de Saint André. 24 30. 1300 Mines de Chaydé ..:., 43 5 30. 1950 Pilons de Phenigtorne . . 3 . 30. 2200 Pilons de Saint Pierre... 4 4 30. 1550 Mines de Sainte Barbe .. + 39 Fotal, : : : : 6331... 10541 C’eft-à-dire, que cette livraifon donne en argent 63 marcs 3 liv. & en cuivre fin 1054. ETAT de la Livraifon du mois d'Avril, même année, a Mo. | " 11. 1300 Pilons de Phenigtorne.. : 2 . 14. 3100 Crafles de la fonderie .. À + 34 15: 3600 Mines de Chaydé ..... # 6 18. 4600 Mines de Saint André... 2 49 18. 4600 Pilons de Saint Pierre .. 4 4 19. 900 Pilons de Phenigtorne . . 2 £ 21. 1800 Crafles de Phenigtorne nm L- 28 23: 6oo Crafles de la fonderie... 1 FVOZS 24: 900 Pilons de Phenigtorne .. 2 2 24 2700 Mines de Chaydé . .:. 3i 8 24. 1250 Mines de Saint André . . 2 43 27: 1750 De Saint Jean d’Auxelle À 39 27. 1350 De Saint Jean d’Auxelle À 42 28. 1600 Mines de Sainte Barbe... Z 46 29. 3800 Pilons de Saint Pierre... 32 À 29: 900 Mines de Chaydé : ..; 35 8 30: 1800 Craffes de la fonderie: . + 1 ïg 30: 1300 Pilons de Phenigtorne ., 2 x 30. 65o Halles de Saint André . . > 26 30: 4450 Mines de Saint André .. 2 48 30. 1100 Halles de Saint Daniel.. 51 3 16 Total -:: 5m 131... 10871. C’eft-à-dire, argent fin, $s mars 13 livres; & cuivre fin, 1087 livres. *ALSEN , île de Danemarck, dans la iner Balti- que, auprès d’Appenrade & de Fléensbourg. * ALSMASTRUM, plante dont il y a trois efpe- ces ; fa racine eft compofée de fibres blanches, qui partent des nœuds inférieurs de la tige, & s'étendent en rond ; fa tige eft pleine de cellules membraneu- \ #% E 4 303 fes, qui vont du centre à la circonférence , & qui font formées par de petites feuilles. Elle eft canelée dans toute fa longueur ; la partie qui fort de l’eau eft pâle; le refte eft rougeâtre; fes nœuds font à deux lignes de diftance les uns des'autres ; il en part des feilles au nombre de 8, 10 & 12, à compter avant que la tige foit hors de l’eau ; ces feuilles font difpofées circularement ; elles n’ont qu'environ une ligne de largeur à la bafe, fur 8 ou 10 lignes dé long : celles: qui font hors de l’eau font plus larges & plus courtes que les autres. De leurs aiflelles partent des fleurs à quatre feuilles blanches rangées en rond, d'environ une ligne & demie de large: le piftil en eft rond; elles font oppofées aux divifions d’un calice décou: pé en quatre parties: fes étamines font courtes , au nombre de quatre, & à fommets blancs ; le piftil de: génere en une capfule plate ; ronde, divifée par cô- tes de melon, avec un nombril fur le devant. Il s’ou- ve en quatre parties, & laïffe échapper un grand nombre de femences oblongues. Cette plante fleurit en Juillet & en Août. "ALTAMUR À, ville du Royaume de Naples ; dans la terre de Bari, au pié de l’Abennin. Long. 3.44 13. lat. 41. | | * ALTBRANDEBOURG. Foyez BRANDEBOURG: *ALTDORF , o7 ALTORF, bourse de Suifle, chef-lieu du canton d’Uri, au-deflous du lac des qua- tre Cantons, où la Rufs fe jette dans ce lac. Log. 26. 10. lat. 40. 55. * ALTEMBOURG, ville de Tranfylvanie. Lonp. 40. lat, 46.34. | *ALTEMBOURG, château de Suifle, dans l’Ara gow , ancien patrimoine dela Maïfon d'Autriche. *ALTENA , ou ALTENAW , ville d'Allemagne ; dans la baffle Saxe, fur la rive {eptentrionale de l’Eibe. Long. 27. 25. lat, 54. * ALTENBOURG , ville d'Allemagne, avec un Château, dans le cercle de haute-Saxe & dans la Mif me, fur la Pleifs. Long. 30. 38. lar. 40. 59. ALTENBOURG , autre ville du mêmenom, dans la baffe-Hongrie, dans la contrée de Moïon, près du Danube. Long. 35. 30. lat. 44. ALTENBOURG, 04 OLDENBOURG, ville d’Alle- magne, dans le duché d’Holftein. Lozg. 28. 50. lat. 84.20. * ALTENDORF, ville d'Allemagne, dans le cer- cle du haut-Rhin, & le landgraviat de Hefle, fur le Wefer. Long. 27. 40. lat. 51. 50. * ALTENSPACH, ville d'Allemagne, dans le cercle de Souabe, fituée entre le lac de Conftance & celui de Zeïl. | | ALTÉRATION , f f. er Phyfique , éft un change- ment accidentel & partial d’un corps, qui ne va pas jufqu’à rendre le corps entierement méconnoif- fable , ou à lui faire prendre une nouvelle déno- mination ; Où bien c’eft l’acquifition ou la perte de certaines qualités qui ne font pas eflentielles à la na- ture d’un corps. F. Corps , QUALITÉ, ESSENCE. Ainfi on dit qu’un morceau de fer , qui auparavant étoit froid , eft a/réré lorfqu'il eft échauffé ; parce qu’on peut toljours voir que c’eft du fer, qu’il porte toijours le nom de fer, & qu'il en a toutes les pro- priètés: | C’eft par là que Palératior eft diftinguée de la gé- nération & de la corruption : ces termes marquant lac: quifition ou la perte des qualités effentielles d’un corps. Voyez GÉNÉRATION 6 CORRUPTION: Quelques Philofophes modernes prétendent , d’a= prèsles anciens Chimiftes & les Corpufculaires, que toute a/rération eft produite par un mouvement local ; & felon eux, elle confifte toùjours dans l’émiffion , ou lPacceflion; ou l'union, ou la féparation, ou la tranfpofition des particules qui compofent un corps: Voyez PARTICULE, 66; 304 A ET Ariftote établit une efpece particuliere de mouye- ment, qu'il appelle #ouvement d altération. Voyez MouUvEMENT, &c. (O0) * ALTERATION, ez Medecine, fe prend en différens {ens :.pour le changement de bien en mal , ous les ex- cès caufent de l'altération dans la fanté : pour une gran- de foif, i/ a une altération continuelle ; l’altération eft une fuite ordinaire de la fievre. (L) | ÂLTERATION , ( Jardinage. ) eft une efpece de ceflation de feve dans un végétal ; c’eft une maladie à laquelle il faut promptement remédier, pour ren- dre à la plante toute la vigueur néceflaire. (Æ) ALTERATION , ( 4 la Monnoie. ) eft la diminution d’une piece en la rognant , en la limant , regravant dans la tranche, ou en emportant quelque partie de la fuperficie avec des cauftiques, comme l’eau régale pour l'or, l’eau forte pour l'argent, ou avec une fleur de foufre préparée. Les Ordonnances & les Lois pu- niflent ce crime de mort, comme celui de faux mon- noyage. ALTERCATION , ff. (Jurifpr.) léger démêlé entre deux amis ou deux perfonnes qui fe fréquen- tent. Ce mot vient du Latin aÆercari, qui figmiñoit fimplement converfer , s’entrétenir enfemble. Ils n'ont pas enfemble de querelle formée : maïs ul ya cokjours quel- ques petite altercation eritre eux. Alrercation {e dit auffi quelquefois ex serme de Pa- lais , de ces conteftations , on plütôt de ces cris qui s’élevent fouvent entre les Avocats, lorfque Les Ju- ges font aux opinions. (AH) ALTERER, dminuer, affoiblir » V.a. Voyez AL- TERATION. ALTERER , ( Phyfiol. ) fignifie caufér la foif. Les medecines a/erent ordinairement: ces aliméns m'ont beaucoup a/téré, (N) ALTERNATIF , adj. { Jurifpr.) qui fuccede à ur autre, qui lui fuccede à Jon tour. Ainfi un Office aéer- natif eft celui qui s'exerce tour à tour par plufeurs Officiers pourvûs d’un femblable Ofice. On dit de deux Officiers généraux quicommandent chacun leur jour, qu'ils commandent a/ernativement. (11) ALTERNATION, f. f. fe dit quelquefois pour exprimer Ze changement d’ordre qu’on peut donner à plufieurs chofes ou à plufeurs perfonnes , en les pla- çant fucceffivement, les unes auprès des autres, ou les unes après les autres. Ainfi trois lettres z,,c, peuvent fubir une alternation en fix façons difiéren- tes; abc,acb,bac,bca, cha,cab, L’alternation eftune des différentes efpeces de com- binaifons. /.CoMBINAISON. En voici la regle. Pour trouver toutes les a/rernarions poflibles d’un nombre de chofes donné, par exemple de cinq chofes, (com- me de cinq lettres, de cinq perfonnes, 6’. ) prenez tous les nombres depuis l’unité jufqu’à cinq, &mul- tipliez-les fucceffivement les uns parles autres, 1 par 2, puis par 3, puis pat 4, puis par 5 , le produit 120 fera le nombre d’a/rernations cherché. La raïfon de cette pratique eft bien fimple. Pre- nons par exemple deux lettres 4 & b, il eft évident qu'il n'y a que deux a/ernations poflibles,ab,bu; prenons une troifiemelettre c , il eft évident que cette troifieme lettre peut être difpofée de trois manieres différentes dans chacune des deux alternations pré- cédentes ; favoir, ou à la tête, ou au milieu, ou à la fin. Voilà donc pour trois lettres deux fois trois alter- nations ou fix. Prenons une quatrieme lettre , elle pourra de même occuper quatre places différentes dans chacune des fix alternations de trois lettres, ce qui fait fix fois 4 ou 24; de même cinq lettres fe- ront vingt-quatre fois ÿ OU 120, & ainfi de fuite. (0) ALTÉRNATIVE , f £ (Gramm. ) Quoique ce mot foit le féminin de l’adjeétif a/rernarif, 1l eft pris fubftantivement quand il fignifie le choïx entre deux chofes offertes, On dit en ce fens, prendre l’a/serna- ALT rive de deux propoñtions, en approuver Pune, enre-: jeter l’autre. (F) ! | Le * ALTERNE, adj. fe dit en général de chofes qui fe fuccedent mutuellement , où qui font difpofées par ordre les unes après les autres avec de certains intervalles. Il ne s’employe guere qu’en matiere.de Sciénces & d'Arts. | "ee En Botanique , par exemple , on dit que les feuilles d’une plante {ont a/rernes ou placées alternativement lorfqu’elles font difpofées les unes plus haut que les autres , des deux côtés oppofés de la tige ; la pre- miere d’un côté étant un peut plus bas que la pre- miere de l’autre; la feconde de même , & ainfi de. fuite jufqu’au haut. En Géométrie, quand une ligne coupe deux droites paralleles , elle forme des angles intérieurs & exté- rieurs , que l’on appelle a/rernes; quand on les prend deux à deux au-dedans des paralleles, ou deux à deux au-dehors ; l’un d’un côté de la fécante & en- haut , & l’autre de l’autre côté de la même fécante & en-bas .Ainfi(dans les Planches de Géométrie, fig. 406.) a&d;b&c;xB&u;,z8&y, font des angles a/iernes, Les angles extérhes peuvent donc être alfernes com- me les internes. #oyez ANGLE 6 PARALLELE. Raïfon alterne eft une proportion qui confifte en ce que l’antécédent d’une raïfon étant à fon conféquent, comme l’antécédent d’une autre eft à fon conféquent, il y aura encore proportion en difant : l'ansécédenr efé à l'antécédentcomme le conféquent efhau conféquent, Par exemple, f A:B::C:D; donc en alternant, A:C::B:D. Voyez RAISON, RAPPORT, 6. (E) Alterné , on dit dans le Blafon que deux quartiers font aliernés , lorfque leur fituation eft telle qu'ils fe répondent en a/rernative | comme dans l’écartelé , où le premier quartier 8 le quatrieme {ont ordinaire- ment de même nature. (F) ALTESSE, { £. ( Æiff. mod. ) titre d'honneur qu’on donne aux Princes. Voyez TITRE 6 QUALITÉ. Les Rois d'Angleterre & d’Efpagne n’ayoient point autrefois d’autre titre que celui d’A/effe. Les premiers l’ont confervé jufqu’au tems de Jacques I. & les feconds sufqu’à Charles V. Voyez MAJESTÉ. Les Princes d'Italie commencerent à prendre le titre d’A/reffe en 1630 ; le Duc d'Orléans prit le titre d’Alreffe Royale en 1631, pour fe diftinguer des au- tres Princes de France. #. ALTESSE ROYALE, Le Duc de Savoie , aujourd’hui Roide Sardaigne , prend le titre d’A/reffe Royale, en vertu de fes pre- tentions fur le Royaume de Chypre. On prétend qu’il n'a pris ce titre que pour fe mettre au-deflus du Duc de Florence , qui fe faïfoit appeller Grazd- Duc ; mais celui-ci a pris depuis le titre d’4/xeffe Royale, pour fe mettre À niveau du Duc de Savoie. Le Prince de Condé eft le premier qui ait pris Le titre d’A/reffé Séréniffime, & qui ait laïflé celui de fimple A/reffe aux Princes légitimés. On donne en Allemagne aux Eleéteurs tant ec- cléfaftiques que féculiers le titre d’Atefle Eleëtorale ; & les Plénipotentiaires de France à Munfter, don- nerent par ordre du Roi letitre d’A/effe à tous les . Princes Souverains d'Allemagne. | ALTESSE ROYALE, vivre d'honneur qu’on donne à quelques Princes légitimes defcendus des Rois. .: L’ufage de ce titre a commencé en 1633, lorfque le Cardinal Infant pafla par l'Italie pour aller aux Pays-Bas ; car fe voyant {ur le point d’être environ- né d'une multitude de petits Princes d'Italie, qui tous affe@oient le titre d”Æ/reffe, avec lefquels 1l étoit chagrin d’être confondu ; il fit enforte que le Duc de Savoie.convint de le traiter d”AZreffe Royale, & de n’en recevoir que l’4Zreffe. Gafton de France, Duc d'Orléans, & frere de Louis XIIT. étant alors à Bru- xelles , & ne voulant pas fouffrir qu'il y eût de dif tindion entre le Cardinal & lui, puifqu'ils étoient tous tous deux fils & freres de Rois, pritaufli-tôt la mêmé qualité ; & à leur exemple, les fils & petits-fils de Rois en France, en Angleterre, & dans le Nord, ont aufli pris ce titre. C’eft ainf que Pont porté Monfieur Philippe de France, frere unique du Roi Louis XIV. & fon fils Philippe, Régent du Royau- me , fous la minorité du Roi; & l’on donna auñl le titre d’A/reffe Royale à la Princefle fa Douairiere : au lieu qu’on ne donne que le titre d’Æ/refle Séréniffime, aux Princes des Maïfons de Condé & de Conti. On ne donne point letitre d’Æ/reffe Royale à Mon- feigneur le Dauphin , à caufe du grand nombre de Princes qui le prennent ; cependant Louis XIV, agréa que les Cardinaux en écrivant à Monfeigneur le Dauphin , le traitaflent de Sérériffime Alreffe Royale, parce que le tour de la phrafe Italienne veut que l’on donne quelque titre en cette lañgue , & qu’apres ce- luide Majefté ,1l n’y en a point de plus relevé. que celui d’A/teffe Royale. a La Czarine aujourd’hui régnante , en défignant Hg fon fuccefleur au throne de Ruffie, le Prince e Holftein , lui a donné le titre d’Æ/reffe Impériale. Les Princes de la Maifon de Rohan ont auffi le titre d’A/refle ; & ceux d’entre eux qui font Cardi- naux, tels que M. le Cardinal de Soubife, Evêque de Strasbourg , prennent letitre d’A#/effe Eminen- tiffime. (G) * ALTESSE , {. f. nom que donnent les Feurifles à un œillet d’un violet brun , qui de carné qu'il paroït d’abord, pañle enfuite au blanc de lait. * ALTEX , ville maritime d’'Efpagne , au Royau- me de Valence, fur la Méditerranée. Long. 18. 4. lat. 38. 40. ALTHE 4-FRUTEX , où GUIMAUVE ROYA- LE , {. f. (Jardinage. ) arbriffeau peu élevé, dont le bois eft jaunâtre ; fes feuilles reflemblent à celles de la vigne, & fes fleurs font en forme de clochettes , tantôt blanches , tantôt couleur de rofe , tantôt vio- lettes. Son fruit eft plat & arrondi en pafille, avec des capfules qui en renferment la graine. On l’em- ploie dans les plates - bandes, & on l’éleve de graine en l’arrofant fouvent , parce qu'il aime naturelle- ment les lieux humides. ( X ) ALTIMÉTRIE , £ £. ( Géom. ) c’eft l’art de mefu- rer les hauteurs, foit accefbles, foit inaccefibles. Ce mot eft compofé du Latin alfus, haut, & du Grec pérpor » mefure. L’altimétrie eft une partie de la Géométrie prati- que , qui enfeigne à mefurer des lignes perpendicu- laires & obliques , foit en hauteur ou en profondeur. Voyez GÉOMÉTRIE , HAUTEUR, 6. (E) ALTIN , { m. (Commerce. ) monnoie d’argent de Mofcovie , qui vaut trois copées, &c la copée vaut quinze fous deux deniers. Ainf le/riz vaut quarante- cinq fous fix deniers de France. Voyez COPÉE. * ALTIN, ville & Royaume de même nom, en Afrique , dans la: grande Tartarie , proche l’'Obi. Long. 108. 3. * ALTKIRCK., ville de France , dansle Sundgow. ALTOIN, £. m. ( Commerce. ) monnoie , nom que l’on donne au fequin dans plufieurs Provinces des Etats du Grand-Seigneur , particulierement en Hon- grie. Voyez SEQUIN. * ALTORF, ville d'Allemagne , dans le cercle de Franconie, au territoire de Nuremberg. Long. 28. 57. lat. 49. 23. ALTUS , er Mufique. Voyez HAUTE-CONTRE. * ALTZEY , ville d'Allemagne , dans le bas Pa- latinat , capitale du territoire de même nom. Long. 23. lat. 49. 44. | | * ALUCO , nom d’un oïfeau dont il eft parlé dans Belloni, Aldrovande, & Jonfton. C’eft une ef- pece de libou dont la grandeur varie; il eft gros, tantôt comme un chapon , tantôt comme un pigeon; Torre I, À LU 305 foñ plumage eft plombé & marqueté de blanc ; il a la tête grofle, couronnée de plumes, & fans oreil- les apparentes ; {on bec eft blanc ; fes yeux grands, noirs, & couverts de plumes qu les renfoncent ; fes pattes velues &c armées de ferres longues & cro- chues. Il habite les ruines, les cavernes , le creux des chênes ; il rode la nuit dans les champs ; il vit de rats & d'oifeaux ; 1l a le gofer très-large,. & fon cri eft lugubre ; fa chair contient beaucoup de fel vola: til & d'huile ; fon fang defléché & pulvérifé , eft bon dans l’afthme ; fa cervelle fait agglutiner Les: plaies. La dofe de fang pulvérifé eft depuis un demi- fcrupule jufqu’à deux fcrupules: * ALUDE, f. f. bafane colorée , qui a l’envers velu , & dont on fe fert pour couvrir les livres, Voyez BASANE. ALUDEL, f. m. terme de Chimie, qui fe dit des vaifleaux qui fervent à fublimer les fleurs des miné: taux, Voyez SUBLIMATION , Ec. Les a/udels confiftent dans une fuite de tuyaux de terre ou de fayence, ou plutôt ce font des pots ajud2 tés les uns fur les autres, qui vont en diminuant à mefure qu'ils s’élevent ; ces efpeces de pots font fans fond , fi cen’eft le dernier qui fert de chapiteau aveugle, Le premier a/udel s’ajufte fur un pot qui eft placé dans le fourneau ; 8cc’eft dans ce pot d’en-bas qu’on met la matiere qui doit être fublimée. En un mot le aludels {ont ouverts par les deux bouts, à l’excep- tion du premier &z du dernier : le prenier eft fermé par fon fond, & le dernier eft fermé par fon fommet. Cn employe plus ou moins d’a/zdelsfelon que les fleurs qu'on y veut fublimer doivent monter plus ow moins haut. : Voyez PL. 4. Clim. fig. 8. aludel ou pot oval ouvert par les deux bouts. Æp.9.aludels montés fur un four- neau 44 ; b porte du cendrier ; c porte du foyer ; dd regîtres du fourneau ; e pot qui eft au milieu des charbons ardens , & qui contient la matiere mife en fublimation ; f prenuer aludel percé d’une porte gg par laquelle on jette de la matiere; 2 3°. aludel, 1 4°. aludel , k 5°. aludel fait en chapiteau aveugle & tubule ; / bouchon qui ferme le tube. ( M). ALVEATILUM , ez Anatomie, eft la même chofe que la conque. Voyez CONQUE. (Z) * ALVE DE TORMES, ville d'Efpagne, au, Royaume de Léon, dans le territoire de Salamanque, fur la rive feptentrionale de la riviere de Tormes. Long. 12. lar, 41. ALVÉOLAIRE, adj. f. 7 Anatomie, apophyfe ou arcade de los maxillaire, dans l’épaifleur de laquelle les alvéoles font creufées. Voyez MAXILLAIRE. ALVÉOLAIRES, Voyez ALVÉOLE. (1). ALVÉOLES , £. f, pl. ez Anar, fe dit des cavités dans lefquelles les dents font placées. Voyez DENT. Ce mot vient du latin æ/yeolr. Les alyéoles dans le fœtus ne font pas toutes for: mées , & il n’y a dans chaque mâchoire que dix ou douze dents ; elles ont peu de profondeur, les cloi- fons qui les féparent font très-minces; on les diftingue par dehors par autant de boffes ; leur entrée eft fer- mée par la gencive, de maniere quelles demeurent. dans cet état jufqu'à l’âge de fix ou fept mois, ce qui étoit néceflaire pour que l’enfant ne bleffât point le téton de la nourrice ; les germes des dents font enfermés dans ces alvéoles. Voyez GERME. Les alvéoles dans la mâchoire d’un adulte font plus profondes, plus dures & plus épaifles ; elles font garnies d’une matiere fpongieufe &c d’un diploé qui {épare les racines des molatres, & elles {ont en plus grand nombre ; elles peuvent fe rélargir & fe retrécir fuivant que les caufes de compreflion agi- ront du centre à la circonférence & de la circonfé- rence au centre ; c’eft çe qui fait que les alyéoles e Qq 306 À LV dilatent quelquefois fi fort que les dents ne font plus affermies dans ces cavités, & qu’elles difparoïfient dans les jeunes comme dans les vieux fujets. Les alvéoles font tapiflées d’une membrane très: fenfible , qui paroît être nerveufe & qui envelope les racines de chaque dent ; c’eft de cette membrane & du nerf de la dent que vient la douleur appellée odontalgie ou mal de dent, Voyez ODONTALGIE 6 MAL DE DENT. (L). ÂLVÉOLE., f. m. alveolus. On a donné ce nom aux petites cellules dont font compotfés les gâteaux de cire dans Les ruches des abeilles. Ÿ. ABrrL£ee. Elles con- ftruifent ces a/véoles avec la cire qu’elles ont avalée. On a vù au mot ABEILLE , que les ouvrieres, après avoir avalé la cire brute , la changeoiïent dans leur eftomac en vraie cire. Voyez CIRE. L’abeille rend par la bouche la cire dont elle forme la/véole ; cette cire n'eft alors qu’une liqueur moufleufe & quelque- fois une efpece de bouillie qu’elle pofe avec fa lan- gue & qu’elle façonne avec fes deux dents ; on voit la langue agir continuellement & changer de figure dans les differentes pofñtions où elle fe trouve ; la pâte de cire fe feche bientôt & devient de la vraie cire parfaitement blanche, car tous les a/yéoles nou- vellement faits font blancs ; s'ils jauniffent , & même s’ils deviennent bruns & noirs, c’eft parce qu’ils font expofés à des vapeurs qui changent leur couleur na- turelle. On ne peut pas douter que la cire ne forte de la bouche de l’abeille ; car on la voit allonger un alyéole fans prendre de la cire nulle part, & fans en avoir aucune pelote à fes jambes; elle n'employe pas d’autre matiere que celle qui fort de fa bouche ; 1l faut même qu’elle foit liquide pour être façonnée, ou au moins elle ne doit pas être abfolument feche. On croit que les râclures d’un a/véole nouvellement fait, c’eft-à-dire les petites parties que les ouvrieres enlevent en le réparant, peuvent fervir à en con- ftruire d’autres : mais il eft certain qu’elles n’em- ployent jamais de la cire feche; on leur en a préfenté fans qu’elles en aient pris la moindre particule ; elles fe contentent de la hacher pour en tirer tout le miel qui peut y être mêlé. Les a/véoles font des tuyaux à fix pans, pofés fur une bafe pyramidale. Le fond de ces tuyaux eft un angle folide , formé par la réunion de trois lames de cire de figure quadrilatérale ; cha- cune de ces lames a la figure d’un rhombe, dont les deux grands angles ont chacun, à-peu-près, 110 de- grés, & dont les deux petits angles ont par confé- quent chacun environ 7o degrés. Cette figure n’eft pas exactement la même dans tous les a/yéoles ; 1] y en a où les lames du fond paroïffent quarrées : on trouve même des cellules dont le fond eft compoié de quatre pieces , quelquefois 1l n’y a que deux de ces pieces qui foient de figure quadrilatérale , les autres ont plus ou moins de côtés. Enfin ces pieces varient de figure & de grandeur : mais pour Pordi- naïre ce font des lofanges ou des rhombes plus ou moins allongés , & il n’y en a que trois ; elles font réunies par un de leurs angles obtus, & fe touchent par les côtés qui forment cet angle. Voilà une cavité pyramidale dont le fommet eft au centre; la circon- férence a trois angles faillans ou pleins, &c trois an- gles rentrans ou vuides. Chaque angle failant eft l’angle obtus d’un lofange dont l’angle oppofé eft au fommet de la pyramide ; chaque angle rentrant eft formé par les côtés des lofanges qui ne fe touchent pas, & qui font par conféquent au nombre de fix dans la circonférence du fond de l’a/yéole, Ce fond eft adapté à l’extrémité d’un tuyau exagone dont les pans font égaux. Cette extrémité eft terminée com- me les bords du fond, par trois angles faillants ou pleins, & par trois angles rentrans ou vuides placés alternativement. Les arrêtes qui font formées par la réunion des pans du tuyau exagone, aboutiflent aux fommets des angles qui font à fon extrémité ; alter= nativement à un angle fallant êc à un angle rentrant, L’éxtrémité du tuyau étant ainfi terminée , le cou vercle le ferme exa@tement ; fes angles faillans {ont recüs dans les angles rentrans de Pextrémité du tuyau dont il reçoit les angles faillans dans fes an glcs rentrans. Il y a tojours quelqu'irrégularité dans la figure des a/véoles. Les arrètes du tuyau exa- gone qui devroient aboutir aux fommets des angles rentrans du fond, fe trouvent un peu à côté. Ce dé- faut , fi c’eneft un, fe trouve au moins dans deux an- gles, & fouvent danstous les trois ; foit parce que les lofanges du fond ne font pas réguliers, foit parce que les pans de l’exagone ne font pas égaux; ily en a au- moins deux qui ont plus de largeur que les quatre autres , & qui font oppofés l’un à l’antre ; quelque- fois on en trouve trois plus larges que les trois aus tres. Cette irrégularité eft moins fenfible à l’entrée de Palvéole que près du fond. Les tuyaux des a/véo- Les font pofés les uns fur les autres, & pour ainfi dire empilés, de façon que leurs ouvertures fe trouvent du même côté, & fans qu'aucune déborde la furface du gâteau de cire qu’elles compolent. #. GATEAU DE CIRE. L'autre face du gâteau eft compoñée d’une pile de tuyaux difpofés comme ceux de la premiere face ; de forte que les a/yéoles de l’une des faces du gâteau & ceux de l’autre face fe touchent par leur extrémité fermée. Toutes les a/véoles d’un gâteau étant ainfi rangées fe touchent exaétement fans laif. fer aucun vuide entre elles. On conçoit aïfément qu'un tuyau exagone , tel qu’eft un a/véole poié au milieu de fix autres tuyaux exagones , touche par chacune de fes faces à une face de chacun des autres alvéoles ; de forte que chaque pan pourroit être com- mun à deux alyéoles ; ce qui eft bien éloigné de laif- fer du vuide entreux. Suppofons que les deux piles de tuyau qui compofent le gâteau ,. & qui fe tou- chent par leurs extrémités fermées , c’eft-à-dire par leurs fonds , foient féparées l’une de Fautre, on verra à découvert la face de chaque pile fur laquelle paroîtrontles paroisextérieures des fonds des z/véoles, Ce fond qui eft concave en-dedans , comme nous la- vons déja dit, eft convexe en-dehors, &c forme une pyramide qui fe trouve creufe lorfqu’on regarde dans l’intérieur de l’alyvéole, & faillante à extérieur. Si on fe rappelle la figure des parois intérieures du fond qui eft compofé de trois lofanges, 6'c. on aura la figure des parois extérieures ; ce font les mêmes lofanges réunis par un de leurs angles obtus , ils fe touchent par les côtés qui forment cet angle. La” circonférence eft compolée de trois angles faillans & de trois angles rentrans , & par conféquent de fix côtés, Toute la différence qui {e trouve à l’ex- térieur , c’eft que le centreeft faillant, Les tuyaux exagones des aivéoles étant difpofés ; comme nous avons dit, confidérons un g/yéole, & les fix autres alyéoles | dont il eft environné. Les fonds pyrami- daux de ces fix alvéoles , forment en fe joignant avec le fond de l’alvéole qui eft au centre , trois pyramides creufes & renverfées , femblables à cel- les qui font formées par les parois intérieures des fonds ; aufli ces pyramides renverfées fervent-elles de fond aux a/véoles qui rempliffent l’autre face du gâteau que nous avons fuppoié être partagé en deux parties. M. Kœnig a démontré que la capacité d’une cellule à fix pans &c à fond pyramidal quelconque fait de trois rhombes femblables & égaux, étoit toñjours égale à la capacité d’une cellule à fond plat dont les pans rettangles ont la même longueur que les pans en trapefe de la cellule pyramidale , & cela quels que foient les angles des rhombes. Il a auffi démon- tré qw’entre les cellules à fond pyramidal, celle dans laquelle il entroit le moins de matiere avoit fon fond compofé de trois rhombes dont chaque grand angle étoit de 109 degrés 26 minutes , & chaque pe- tit angle de 70 dégrés 34 minutes. Cette folution eft bien d'accord avec les mefures précifes de M. Ma raldi, qui font de 109 degrés 28 minutes pour les grands angles, & de 70 degrés 32 minutes pour les petits. [left donc prouvé , autant qu’il peut l’être , que les abeilles conftruifent leurs afvéoles de la fa- çona plus avantageufé pour épargner la cire : cette lorte de conftruéhon eftauffi la plus folide ; chaque fond d’alvéole eft retenu par les pans des «/éo/es qui Îe trouvent derriere : cet appui paroït néceflaire , car les fonds & les pans de l’a/yéoe font plus nunces que le papier le plus fin. Le bord de la/véoe eft trois ou quatre fois plus épais que le refte ; c’eft une ef- pece de bourlet qui le rend afez fort pour réfifter aux mouvemens dest abeilles qui entrent dans l’/- yéole & qui en fortent. Ce bord eft plus épais dans les angles de l’exagone que fur les pans ; il eft pour ainft dire prefque impoflible de voir dans Les ruches, & même dans lesruches vitrées qui font faites exprès pour l’obfervation, quelles font. les parties de l’a7- véole que les abeilles forment les premieres. Il y a un moyen plus fmple ; 1l faut prendre des gâteaux, fur- tout ceux qui font nouvellement faits, & examiner les cellules qui fe trouvent fur leurs bords, elles ne font que commencées : il y en a dont la conftruion ft plus ou moins avancée ; on a reconnu que les abeilles commençoient l’a/péole par le fond , qw’el- les formoient d’abord un des rhombes ; elles éle- vent fur les deux côtés de ce rhombe, qui doivent {e trouver à la circonférence du fond , la naïflance de deux pans de l’exagone ; enfuite elles font un {e- cond rhombe du fond avec lès commencemens de deux autres pans de l’exagone , &c'enfn le troifieme xhombe complete le fond, & deux pans qu’elles ajoû- tent ferment l’exagone. Le fond étant fait & le tuyau exagone commencé , elles l’allongent & le finifient en-appliquant le bourlet fur Les bords de l’ouverture. Elles conftruifent en même tems plufeurs fonds les uns à côté des autres ; & pendant que les unes font des cellules fur l’un des côtés de ces fonds, les au- tres en conftruifent de l’autre ; deforte qu’elles font les deux faces d’un gâteau en même tems. Il leur en: faut beaucoup pour drefler les parois des cellules , pour les amuncir , pour les polir ; chaque cellule ne peut contenir qu'une ouvriere ; on la voit y entrer la tète la premiere ; elle ratifle les parois avec fes dents ; elle fait une petite pelotte grofle comme la tête d’une épingle avec les particules de cire qu’elle a détachées , & à l’inftant elle emporte la pelotte : une autre fait la même manœuvre , & ainfi de fuite jufqu’à ce que l’alvéole {oit fini. | Les alvéoles fervent de dépôt pour conferver le muel , les œufs & les vers des abeilles : comme ces œufs & ces vers font de différentes groffeurs , Voyez ÂBEILLE , les abeilles font des a/véolesde différente grandeur pour les loger. Les plus petits font hour les vers qui doivent fe changer en abeïlles ouvrieres ; le diametre de ces cellules eft d'environ deux lignes 5» & la profondeur eft de cinq lignes = , & le g4- teau compofé de deux rangs de ces cellules a environ dix lignes d’épaiffeur ; les cellules où doivent naître les faux bourdons font profondes de huit lignes, fou- vent plus , & quelquefois moins ; elles ont trois li- gnes 55 OÙ à peu près trois lignes & un tiers de Die de diametre pris dans un {ens : mais le diame- tre qu'on prend en fens contraire eft plus petit d’une neuvieme partie; cette différence vient de ce que l’exagone de ces alyéoles a deux faces oppofées plus petites que les quatre autres ; il y a aufli quelque dif- férence , mais bien moins fenfble entre les diametres des petites cellules. Les deux fortes d’a/véoles dont on vient de donner les dimenfons, ne fervent pas feule- _ To L Ÿ: ALU 384 né ment à loger les œufs & enfuite les vers; fouvent les abeïlles les rempliflent de miel lorfqw'elles les trou- vent vuides, Îl y a aufi des cellules dans lefquelles elles ne mettent jamais que du miel , celles-ci font plus profondes que les autres : on én a vù qui n’a- voient pas plus de diametre que les plus petites , & dont la profondeur étoit au moins de dix lignes. Lorf- que la récolte du miel eft abondante, elles allongent d'anciens a/yéoles pour le renfermer , ou elles en font de nouveaux. qui font plus profonds qué les au- tres. Lorfque lés parois de la ruche , ou quelqu’au- tre Circonftance gênent les abeilles dans la conftruc- tion de léur alvéole, elles lesinclinent , elles les cour- bent , & les difpofent d’une maniere irréguliere. Les alvéoles deftinés à fervir de logement aux vets _quidoivent fe métamorpholer en abeïlles meres, font abfolument différens des autres a/véoles ; on n'y voit aucune apparence de la figure exagone ; ils font ar- rondis & oblongs ; l’un des bouts eft plus gros que l'autre ; leur furface extérieure eft parfémée de pe- tites cavités. Ces cellules paroïffent. être oroffiere- ment conftruites ; leur parois font fort épaïfies , une feule-de ces cellules peut pefer autant qué 140 cel lüles ordinaires : Le lieu qu’elles occupent femble être pris au hafard ; les unes font polées au milieu d’un gâteau fur plufñeurs cellules exagones ; d’autres {ont fufpendues aux bords des gâteaux, Le gros bout elt toûjours en haut ; ce bout par lequel les ouvrie- res commencent la ,conftruétion ded’z/ycole eft'quel- quefois fufpendu par un pédicule : mais à relure que l’a/véole s’allonge , il s’étrécit ; enfin il efbter- nuné-par le petit bout qui refte ouvert. La cellule entiere a 1$ ou 16 lignes de profondeur ; lorfque ces alyéoles ne font qu’à demi faits , leur furface eft Life ; dans la fuite les ouvrieres y appliquent de pe- tits cordons de cire qui y forment des cavités. On croit que ces cavités font les premiers vefliges des cellules ordinaires qui feront conftruites dans la fuite fur ces grands a/véoles. Lorfqne les abeïlles femelles {ont {orties de ceux qui pondent aux bords des gâ- teaux , lés ouvrières raccourciflent ces a/yéoles, & les enveloppent en allongeant les gâteaux ; ils font alors recouverts par des cellules ordinaires qui font plus élevées dans cet endroit du gâteau , où il eft plus épais qu'ailleurs. Il y a dés ruches où il ne fe trouve que deux ou trois grands a/véoles ; on en a vüjuqu’à ‘Quatante dans d’autres : c’eft au printems qu'il faut chercher ces alvéoles ; car dans une autre faïfon, ils pourroient tous être recouverts par d’autres cellules. Mém. de l’Acad. Royale des Scienc. 1712, @ Mém. pour [ervir a P Hifoire des infeëtes, par M. de Reaumur. I | ALUINE o4 ALUYNE , ( Botan. ) nom que lon a donné à l’abfynthe. Voyez ABsYNTHE. (7) * ALVINIERES , £ f, carpieres, forcieres : ce font de petits étangs où l’on tient le poifion , mais princi- palement les carpes mâles & femelles deftinées à peupler. AP" ALVIN, f. m. On appelle z/vin tout le menu poif- fon qui fert à peupler les étangs & autres pieces d’eau : ainfi alyiner un étang , c’eft l’empoiflonner en y jet- tant de la/vir , & l’alvinage eft le poifon que les mar- chands rebutent, & que les pêcheurs rejettent dans l’eau. En plufeurs endroits on appelle l’alvin du ror- rain : en d’autres on dit du fretin , du menu fretin , de la menuifaille, & généralement de peuple, On fe {ert encore du mot de feuille, quoi qu’à parler jufte, il y ait de la différence entre la fille & l’alvin. Voyez FEUILLE. *ALUN, f. m. a/umen , {el foffile & minéral d’un goût acide , qui laïfle dans la bouche une faveur dou- ce, accompagnée d’une aftriétion confidérable, Ce mot vient du Grec axe, fe/, ou peut-être du Latin /7- men ; parce qu'il donne de l’éclat aux couleurs. On Qgq 1j - É ar 0 ss À 303 À LU diftinpue deux fortes d’alun , le zaturel où natif, & le faëlice, quoique celui-ci foit auffi naturel que l’au- tre. On a voulu faire entendre par cette épithete, qu'il faut faire plufieurs opérations pour le tirer de la mine, & que ce n’eft qu'après avoir été travaillé que nous l’obtenons en cryftaux, où en mañles fali- nes, À peine connoïflons-nous aujourd’hui l’a/xr 7a- turel. Les Anciens au contraire en faifoient un trés- grand ufage : ils en diftinguerent de deux fortes , le liquide & le fc. L’alur naturel liquide ; n’étoit pas ab- folument en liqueur. Il paroït par les defcriptions,que cet alun étoit feulement humide & mouillé, & qu'il attiroit l'humidité de l’air. Aïnf on ne le difoit Zgui- de, que pour le diftinguer de lalun fec : l'alur liquide étoit plus ou moins pur. Le plus pur étoit Hfle &z uni , quelquefois tranfparent , mais ordinairement nua- geux. La furface de l’autre a/ur liquide étoit inégale, & il fe trouvoit mêlé avec des matieres étrangeres , fuivant la defcription des mêmes Auteurs. Les Anciens diftinguoient aufli deux fortes d’a/ur naturel fec : ils le reconnoïfloient aux différences de la figure & de la texture : ou il étoit fendu & com- me la fleur de celui qui eft en mañle, car il étoit for- mé en mottes ou en lattes ; ou il fe fendoit & fe par- tageoit en cheveux blanes ; ou il étoit rond & fe dii= tribuoit encore en trois efpeces ; en «/un moins ferré & comme formé de bulles ; en a/un percé de trous fftuleux , & prefque femblable à l'éponge; en ar prefque rond & comme l’aftragale : ou il reffembloit à dela brique ; ou il étoit compofé de croûtes. Et tous ces aluns avoient leurs noms. M. de Tournefort trouva dans l'ifle de Milo de lx- lun naturel liquide. Voici en peu de mots ce qu'il rap- porte fur les mines de ce fel. Réfation d’un voyage du Levant , tom. I. p. 163. « Les principales mines font # À une demi-lieue de la ville de Milo, du côté de »# Saint- Venerande: on n’y travaille plus aujour- # d’hui. Les habitans du pays ont renoncé à ce com- # merce, dans la crainte que les Turcs ne les inquié- # taflent par de nouveaux impôts. On entre d’abord »# dans une caverne, d’où l’on pañle dans d’autres »# cavités qui ont été creufées autrefois à mefure » que l’on en tiroit la/un. Ces cavités font en for- » me de voûtes, hautes feulement de quatre ou cinq » piés fur neuf ou dix de largeur. L’a/ur eft incrufté »# prefque partout fur les parois de ces foûterrains. » Il fe détache en pierres plates de l’éparffeur de » huit ou neuf lignes , & même d’un pouce. À me- # fure qu’on tire ces pierres , il s’en trouve de nou- » velles par-deflous. La folution de cet a/ur naturel » eft aigrelette & ftyptique : elle fermente avec # l’huile de tartre, & elle la coagule. CE mêlange »# ne donne aucune odeur urineufe. On trouve auffi » dans ces cavernes de l’a/un de plume; il vient par » gros paquets, compoiés de filets déliés comme la # foie la plus fine , argentés, luifans , longs d’un # pouce & demi ou deux. Ces faifceaux de fibres » S’échappent à-travers des pierres qui font tres-lé- # geres & friables. Cet a/un a le même goût que l'a- >» lun en pierre dont on vient de parler, &1l produit 5 le même effet quand on le mêle avec l’huile de # Taïtre ». Le nom d’a/wn de pluüme vient de ce que ces filets déliés font quelquefois difpofés de façon qu'ils ref- femblent aux barbes d’une plume. On confond fou- vent cette forte d’alun avec l’arniante où pierre incom- bujlible ; parce que cette pierre eft compofée de pe- tits filets déliés comme ceux de l’alur. M. de Tour- nefort rapporte que dans tous les endroits où1l avoit demandé de l’z/1# de plume en France, en Italie , en Hollande , en Angleterre , 6:c. on lui avoit toù- jours préfenté une mauvaife efpece d'amiante, qui vient des environs de Caryfto dans lifle de Négre- pont, à A LU On faitencore à préfent la même équivoque; pat- .ce que l’a/un de plume eft fi rare , que l’on n’en trou- ve prefque plus que dans les cabinets des-curieux, Il eft cependant fort aifé de le diftinguer de l’amiante + cette pierre eftinfipide. L’a/zr de plume au contraire a le même goût que l’a/urz ordinaire. « On rencontre, » continue M. de Tournefort, à quatre milles de la » ville de Milo vers le fud , fur le bord de la mer, » dans un lieu fort efcarpé, une grotte d'environ » quinze pas de profondeur , dans laquelle les eaux » dela mer pénetrent quand elles font agitées. Cette » grotte , après quinze ou vingt piés de hauteur, a » fes parois revêtues d’a/un fublimé ; aufli blanc que » la neige dans quelques endroits , & rouffâtres ou » dorées dans d’autres. Parmi ces concrétions on dif- » tingue deux fortes de fleurs très- blanches & dé- » liées comme des brins de foie; les unes font alu- » mineufes & d’un goût aigrelet, les autres font pier- » reufes & infipides. Les filets alumineux n’ont que » trois ou quatre lignes de longueur , & ils font atta- » chés à des concrétions d’a/zz: ainfiils ne different » pas de l’a/un de plume. Les filets pierreux font plus » longs , un peu plus flexibles, &c ils fortent desro- » chers ». M. de Tournefort croit qu'il y a beaucoup d'apparence que c’eft la pierre que Diofcoride a com: parée à l’a/un de plume , quoiqu’elle foit fans goût & fans aftriétion , comme le dit ce dernier Auteur, qui la diftingue de l’amiante. | Les incruftations de la grotte dont on vient de pat: ler , ne brûlent point dans le feu : il refte une efpece de rouille après qu’elles font confumées. On trouvé de femblables concrétions fur tous les rochets qui font autour de cette orotte : maïs il y en a qui font de fel marin fublimé , auffi doux au toucher que la fleur de la farine. On voit des trous dans lefquels Pa lun paroît pur & comme friable ; fi on le touche on le trouve d’une chaleur exceflive. Ces concrétions fer- mentent à froid avec l'huile de tartre, À quelques pas de diftance de cette grotte , M. de Tournefort en trouva une autre dont le fond étoit rempli de foufre enflammé qui empéchoit d’yentrer. : La terré des environs fumoit continuellement , & jettoit fouvent des flammes. On voyoit dans quel- ques endroits du foufre pur & comme füblimé qui s’enflammoit à tout inftant : dans d’autres éndroits, il diftilloit goutte à goutte une folution d’a/uz d’une ftypticité prefque corrofive. Si on la méloit avec l'huile de tartre, elle fermentoit vivement. On feroit porté à croire que cette liqueur feroit l'alun liquide dont Pline a parlé, & qu’il dit être dans l’ifle de Melos. Mais on peut voir dans Diofcoride que cette efpece d’a/un n’étoit pas liquide ; & que, comme nous l’avons déja dit , les defcriptions que les Anciens nous ont laïffées de l’z/ur liquide , prou- vent qu'il n’étoit point en liqueur. On fuit différens procédés pour faire l’a/un failice ; & fuivant les différentes matieres dont on fe fert, on a ou l’alur rouge , ou le romain, ou Le citronné , aux quels il faut ajoûter l’alun de plume , dont nous avons déjà fait mention, l’alur fucré, & l’alur bräle. Les mines d’a/ur les plus ordinaires font 1°. les rocs un peu réfineux : 2°. le charbon de terre : 3°. toutes les terres combuitibles , brunes & feuilletées comme l’ardoife. La mine de charbon de terre de La- val au Maine , a donné de l’a/un en aflez grande quan- tité, dans les eflais qu’en a fait M. Hellot de l’Acadé- mie Royale des Sciences de Paris, & de la Socièté Royale de Londres, 4°. Plufieurs autres terres tirant fur le gris-brun. Il y en a une veine courante fur terre dans la viguerie de Prades en Rouflillon ,quia depuis une toife jufqu’à quatre de largeur dans unelongueur . de près de 4 lieues, & qui eft abondante. En géné ral, lorfque le minéral qui contient l’a/ur a été mis en tas & long-tems expofé à l'air, on voit fleurir la: ALU dun à la fütfacé du tas: Pour effayér ces matieres on en fait une leffive, comme on fait celle des pyrites calcinées par le vitriol. Cependant on ne calciné pas les mines d’a/ur qui né font pas fulphureufes. On ré- duit la leffivé parcbullition dans la petite chaudiere de plomb , & on pefe l'alur qui s’y trouve, après l’a- voir fait fecher. Voyez de da fonte des mines , des fon- deries, &cc. traduit de l'Allemand de Shlutter, publié par M. Hellot, om. I. pag. 260. _ L’Angleterre, l'Italie , la Flandre & la France, Tont les principaux endroits où l’on fait l’un. Les mi nes'où fe trouve l’alur de Rome font aux environs de Civita-Vecchia ; on les appelle l’z/sminiere della Tol- fa. On y trouve une fôrte de pierre fort dure qui con: tient l’z/ur. Pour en féparer ce fel, on commence par tirer la pierre de la mine, dé même que nous ti- rons ici la pierre à bâtir, ou le marbre de nos car: rieres. Après avoir brifé ces pierres , on les jette dans un fourneau femblable à nos fourneaux à chaux, & on les y fait calciner pendant douze à quatorze heu- res au plus. On retire du fourneau les pierres calci- nées, & on en fait plufieurs tas dans une grande pla- ce. Les morceaux ne font point élevés ; onles fépare les uns des autres par un foflé rempli d’eau. Cette eau fert à arrofer les monceaux trois ou quatre fois pat jour pendant lefpace de quarante jours, jufqu’à ce que la pierre calcinée femble fermenter & fe cou- vre d’une efflorefcence de couleur touge. Alors on met cette chaux dans dés chaudieres pleines d’eau que Pon fait bouillir pendant quelque tems pour faire fon- dre le fel. Enfiute on tranfvafe l’eau imprégnée de {el, & on la fait bouillir pour la réduire jufqu’à un certain degré d’épaifliflement , & fur le champ on la fait couler toute chaude dans des vaifleaux de bois de chêne. L’a/un fe cryftallife en huit jours dans ces vaïfleaux ; il fe forme contre leurs parois une croûte de quatre à zinq doigts d’épaifleur, compofée de cryf- faux tranfparens , & d’un rouge pâle ; c’eft ce qu’on appelle z/un de roche, ou parce qu'il eft tiré d’une ef- pece de roche, ou parce qu'il eft prefque auf dut que la roche. _ I y a en Italie une autre mine d’a/uz À une demi- lieue de Pouzzol du côté de Naples. C’eft une mon- tagne appellée Ze mon d'Alun, ou Les foufrieres, ou La folfarre ; en Latin /alphureus mors, forum Vulcani,campi phlegraei, la demeure de Vuülcain, les campagnes ar- dentes ; parce qu’on voit dans cet endroit de la fumée pendant le jour , des flammes pendant la nuit. Ces ex- haladons fortent d’une foffe longue de quinze cens piés & large de mille. On en tire beaucoup de fou fre & d’alun. L’alun paroïît fur la térre en effloref- cence. On ramañle tous Les jours cette fleur avec des balais, & on la jette dans des foffés remplis d’eau, juf: qu’à ce que l’eau foit fuffifamment chargée de ce fel. Alors on la filtre, & enfuite on la verfe dans des baf- fins de plomb qui font enfoncés dans la terre. Après que la chaleur foûterraine, qui eft confidérabie dans ce liéu, a fait évaporer une partie de l’eau , onfiltre dé nouveau le réfidu , & on le verfe dans des vaif- feaux de bois. Sa liqueur s’y refroidit, & leur s’y cryftallife. Les cryflaux de ce fel font blancs tranf- parens. On trouve auffi dans le folfatre des pierres dures qui contiennent de l’alur, On lés travaille de la mê: me façon que celles de Palumimiére della Tolfa. Les mines d’a/ur d'Angleterre qui fe trouvent dans les Provinces d'York & de Lancaftre, font en pierres bleuâtres affez femblables à lardoïfe. Ces pierres con- tiennent beaucoup de foufre : c’eft une efpece de py- rite qui s’enflamme au feu , & qui fleurit à l'air : on pourroit tirer du vitriol de fon efflorefcence. On fait des monceaux de cette pierre , & 6h y met le feu pour faire évaporer le foufre qu’elle contient, Le feu s’éteint de lui-même après cette évaporation, Alors A LU 309 On met en diseftion dans l’eati pendant vingt-quatre héures la pierre calcinée : enfiute on verfe dans des Chaudières de plomb l’eau chargée d’a/ur. On fait bouillir cette eau avéc une lefive d’algue marine, jufqu’à ce qu’elle foit réduite à un certain degré d’é- pañflifflement. Alors on y verfe une aflez grande quan- tité d'urine pour précipiter au fond du vaifleau le fou- fre, le vitriol & lés autres matieres étrangeres. En- fuite On tranfvafe la liqueur dans des baduets de fa- pin. Peu à peu l’a/uz fe cryftallife & s’attache aux pa- rois des vaifleaux. On l’en retire en cryftaux blancs & tranfparens, que l’on fait fondre für lé feu dans des chaudieres de fer. Lorfque l’a/un et en fufion, on le verfe dans des tonneaux ; il s’y refroidit, & on a des mafles d’a/ur de la même forme que les ton- neaux qui ont fervi de moules. On a auf appellé cet alun, 4 de roche, peut-être parce qu'il eft én gran- dés mafles, ou parce qu'il eff tiré d’une pierre com- me l’alux de l’aluminiere della Tolfa. Dans ces mi nes d'aur d'Angleterre, on voit couler fur les pier- res alumineufes une éau claire d’un goût ftyptique. On tire de lalur de cette eau en la faïfant évaporer. On trouve en Suede uné forte de pierre dont on peut tirer de l’a/un, du vitriol & du foufre. C’eft une belle pyrite fort pefante & fort dure, d’une couleur d’or ;, brillante, avec des taches de couleur d'argent; On fait chauffer cette pierre , & on l’arrofe avec dé l’eau froide pour la faire fendre & éclater, Enfuite — Ôn la cafle aifément ; on met les morceaux de cette pierre dans des vaifleaux convenables fur un four- neau de réverbere ; le füufre que contient la pierre fé fond, & coule dans des récipiens pléins d’eau. Lorfqu'il ne tombe plus rien, on retire la matiere qui refte dans les vaifleaux , & onl’expofe à lair pen= dant deux ans. Cette matiere s’échauffe beaucoup, jette de la fumée & même une petite flamme que lôn appérçoit à peine pendant le jour; enfin elle fe réduit en cendres bleuâtres dont on peut tirer du vi- triol par les lotions , les évaporations & les cryftalli fations. Lorfque le vitriol eft cryftallifé ; il ne une eau crafle & épaifle que l’on fait bouillir avec une huitième partie d'urine & de leflive de cendres de bois , il fe précipite au fond du vaifleau beaucoup dé fédiment rouge & grofier, On filtre la liqueur, & on la fait évaporer jufqi’à un certain degré d’épaifife- ment ; enfute 1l s’y forme des cryftaux d’alur bien tranfpatens , que l’on appelle 4/ur de Suede. À Cypfele en Thrace, on prépare lalur, en fai- fant calciner lentement les marcaflites, & les laiffant enfuite difloudre à l’air par la rofée & la phne ; après quoi on fait bouillir dans l’eau, &c on laïfle cryftallifer le fel. Béllon. M. Rays. sav, tom. 2. p. 381. Nous n'avons point été à portée de mettre en plan- ches tous ces travaux, & quand nous l’aurions pà, nous n’euflions pas été aflez tentés de nous écarter de notre plan pour l’entreprendre. Nous nous contenté- rons de dônnerici la maniere de faire la qu’on fuit à Dange, à trois lieues de Liège, & deux lieties d'Hui, appliquant à des planches que nous avons deffinées fur des plans exécutés en relief par les ordres de M. le Comte d'Herouville, Lieutenant Général, qui a eu la bonté de nous les communiquer. Ces plans ont été pris fur les lieux. Mais avant que d’entrer dans la Mañufatture de l’alun , le leéteur ne fera pas fâché fans doute de defcendre dans la mine & de fiuvre les prépatations que l’on donne à la matiere qu'on entire fur le chemin de la mine à la manufadture ; c’eft ce que nous allons expliquer, & appliquer en même tems à des planches fur l’exaétitude defquelles on peut compter. Les montagnes des environs de la mine de Dange font couvertes de bois de plufeurs fortes : mais on n’y trouve que des plantes ordinaires , des genié- vres , des fougeres , &c autres. Les terres rapportent des grains de plufieurs efpeces & donnent des vinss 33 À EU L'eau des fontaines eft légere , la pierre des tochers eft d’un gris bleu célefte, elle a le grain dur &fin; or en fait de la chaux. C’eftderriere ces rochers qu'on trouve les bures pour le foufre , l’z/ur , le vitniol, le plomb & le cuivre. Plus on s’enfonce dans les pro- fondeurs de la terre, plus les matieres font belles. On y defcend quelquefois de 8o toifes ; on fut les veines de rochers en rochers ; on rencontre de tres- beaux minéraux , quelquefois du cryftal ; il fort de ces mines une vapeur.qui produit des effets furpre- nans. Une fille qui fe trouva à l'entrée de la mime fut frappée d’une de ces vapeurs, & elle changea de couleur d’un côté feulement. On trouve dans les bois fous les hauteurs à dix piés de profondeur, plufeurs fortes de fable dont on fait du verre, du cryftal & de la fayance. Trois hommes commencent une bure; 1ls tirent les terres, les autres les étançonnent avec des perches coupées en deux. Quand le percement eft pouflé à une certaine profondeur, on place à fon en- trée un tour avec lequel on tire les terres dans un pa- nier qui a trois piés de diametre fur un pié & demi de profondeur. Six femmes font occupées à tirer le panier, trois d’un côté du tour, trois de l’autre. Un broüetteur reçoit les terres au fortir du panier &c les emmene. On conçoit que plus la bure avance, plus il faut de monde. Il y a quelquefois fept perfonnes dedans & fept au-dehors. De ceux du dedans les uns minent , les autres chargent le panier, quelques-uns . étançonnent. Les hommes ont 20 fols du pays par jour, ou 28 {ols de France ; les femmes dix fols de France. Quand on eft parvenu à $o piès de profon- deur, les femmes du tour tirent juiqu’à 200 paniers par huit heutes. A dix piés on commence à rencon- trer de la mine qu’on néglige. On netcommence à re- cueillir qu’à 20 à 25 piés. Quand on la trouve bonne, on la fuit par des chemins foûterrains qu’on.fe fraye en la tirant ; on étançonne tous ces chemins avec des morceaux de bois qui ont fix pouces d’'équarriffagetur fix piés de haut ; on place ces étais à deux piés lesuns des autres fur les côtés ; on garnit le haut de petits morceaux de bois & de fafcines ; quand les quvriers craignent de rencontrer d’eau, ils remontent leur chemin. Mais s’il arrive qu’on ne puifle éviter l’eau, on pratique un petit canal foûterrain qui conduife les eaux dans une bure qui a 90 piés de profondeur, & qui eft au niveau des eaux : là 1l y a dix pompes fur quatre baflins, quatre an niveau de l’eau, trois au fecond étage, & trois au troifieme. Des canaux de ces pompes, les uns ont deux piés de hauteur, les au- tres quatre ou même cinq. Ces pompes vont par le moyen de deux grandes roues qui.ont 46 piés de dia- metre,8 qui font miles en mouvement par des eaux qui fe trouvent plus hautes qu’elles &c qui font dans les environs. Cette machine qui meut les pompes s’ap- pelle ergin, La premiere pompe a 10 toifes, la fecon- de 10, & celle du fond 10. Les trois verges de fer qui tiennent le pifton ont $o piés , & le refte eft d’af- piration. La largeur de la bure à huit piés en quarré. L’engin & les pompes font le même effet que la ma- chine de Marly, mais ils font plus fimples. On jette le minéral qui contient l’z/ur dans de gros tas qui ont vingt piés de haut, fur foixante en quar- ré. W. Mineral. Plan. 2. 4, À, 4, font ces tas. On le laifle dans cet état pendant deux ans, pour qu’il jette fon feu , difent les ouvriers. Au bout de deux ans, on en fait, pour le brûler, de nouveaux amas, qu’on voit même Planche en 8, B,8B, B. Ces amas font par lits de fagots &c lits de minéral , les uns élevés au-deflus des autres, au nombre de vingt , en for- me de banquettes , comme on les voit. On a foin de donner de l’air à ces amas dans les endroits où lon s’apperçoit qu'ils ne brülent pas également ; c'eft ce que fait avec fon pic la fig. z, Pour donner de Pair, l’ouvrier travaille: ou pioche’, comme s’il vouloit faire un trou d'un.pié quarré : mais ce trou fait , il le rebouche tout de finite. On laiffe brûler le minéral pendant huit à neuf jours , veillant à ce qu'il ne foit ni trop cuit m1 pas aflez cuit ; dans l’un & l’autre cas on n’en tireroit rien. Quand on s’apper- çoit que la matiere eft rougeâtre , & qu’elle fonne ; on s’en fert d’un côté ( cehui où l’on a commencé de mettre le feu ) tandis que de l’autre côté on conti- nue.d’ajoûter à peu près la même quantité ; en forte que l’amas fe réforme à mefure qu'il fe détruit : c’eft ce que font les deux fig. 2. & 3.l’une , 2: emporte la matiere brülée avec fa brouette ; l’autre , 3. con- tinue un litavec fa hotte. Les Fêtes & les Dimanches n'interrompent point cetravail,qu'on poufle pendant, 8 heures par jour. Deux hommes prennent la matiere brûlée pour la jetter dans les baquets d’eau ; & une douzaine de petits garçons & de petites filles refont le tas. à l’autre extrénuté, C, C,C, C, &c.D, D, D, D, &cc. font ces baquets. Les hommes ont trente fols de France par jour , & les enfans cinq fols. _ Onremarque que les arbres qui font aux: envi- rons des tas du minéral en feu meurent, & que la fumée qui les tue ne fait point de mal aux hommes. Les baquets font au nombre de douze , comme on les voit fur deuxrangéesC,C,C,C,C,C;D,D, D ,D,2D, D; fix d'un côté, fix d’un autre: ilsont chacun feize piës en quarré , {ur un pié de profon- deur. Ces douze baquets font féparés par un efpace, dans lequel on en a diftribué trois petits E,£E,E, qui ont chacun , fur trois piés de fong , un pié & de- mi de large, & deux piés de profondeur. Il y a un petit baquet pour quatre grands ; quatre des grands, deux d’un côté C, C, & deux de l’autre D, D, communiquent avec un petit £. L'ouverture par la- * quelle les grands baquets communiquent avec les pe- tits, eft fermée d’untampon , qu’on peut Ôter quand on veut. Les brotietteurs portent fans ceffe de la. matière du tas dans les grands baquets : ces grands baquets font pleins d’eau ; ils reçoivent l’eau par le canal F'; le canal Fprolongé en G, G, G, &ec. fait le tour des douze grands baquets: ces grands ba- quets ont des ouvertures en #, A ,Æ, &c. par lefquelles ils peuvent recevoir l’eau qui coule dans. le canalG, G, G, quiles environne. Quand la ma- tiere a trempé pendant 24. heures dans un grand ba- quet C1. on laifle couler l’eau chargée de particules alumineufes diffoutes dans le petit baquet £ , & on la jette de ce petit baquet £ , dans le grand D 1. où elle refte encore à s’éclaircir: on continue ainf à remplir les baquets C 1. C 2.C3.&c. &les baquets D 1. D 2. D 3. &cc. d’eau chargée de parties alumi- neufes , par le moyen des petits baquets £ , £ ,Æ. Ces baquets font tous faits de bois, de madriers & de planches, & le fond eneft plancheyé. Quand on préfume que l’eau eft aflez éclaircie dans les. grands baquets € 1. C2. € 3. &c. D 1. D 2, D 3. &c. on en Ôte les bouchons , & on la laiffe couler. par le long canal £ , E, E, &c. dans un réfervoir F, qui eft à so toifes de-là : elle demeure deux à trois heures dans ce réfervoir, puis on la laïfle aller dans un autre réfervoir 1 , qui eft à deux cens toifes du réfervoir F; mais de fa même grandeur : ce der- nier réfervoir I( Voyez Minéral, Plan. 3.) eft der- riere les chaudieres. Quand l’eau du réfervoir Z eft claire , on s’en fert ; fi elle ne l’eft pas, on la laïfle repofer. Quand elle eft fufifamment repofée , on la laifle couler dans les deux chaudieres G, G; ces chaudieres font de plomb , & font affifes fur les four- neaux H,H,H.K , K,efcaliers qui conduifent fur les fourneaux vers les chaudieres. L, L, cendriers. M, M, portes des fourneaux par lefquelles on jette la houille, L’eau qu’on a introduite dans les chaudie- res G, G, y refte 24. heures ; on les remplit à me- ALU fure que l’eau y diminue, non de l’eau du réfervoir JT, qui eft derriere elles, mais d’une autre dont nous parlerons tout à l'heure, Quand on s’apperçoit que la matiere contenue dans les chaudieres G, G , eft cuite , ceque l’on reconnoît à fa tranfparence & à fon écume blanche , on la renvoye, foit par un ca- nal, foit autrement, des chaudieres G, &, dans buit cuves M , M, M, M, &c. où elle refte pen- dant trois jours : au bout de trois jours on prend avec des écopes l’eau qui lui furnage dans les cuves M ,M, M, M , &c. on la jette fur les canaux r,r, r,r, quila conduifent dans les cuves p, p, où il ne refte plus qu’un fédiment qu’on prend avec des feaux , & qu'on remet dans les deux chaudieres du milieu ou d’afinage z, #. À mefure que la matiere diminue dans les chaudieres 7, #, on les remplit avec d'autre eau claire. Quand la matiere tirée des chaudieres M, M, M , en une efpece de pâ- te , & portée dans les chaudieres d’affinage #,x, eft entierement fondue ou difloute , on la décharge par un petit canal dans les tonneaux 0, 0,0, 0, où elle cryftallife. Les chaudieres G, G , ont cinq piés de largeur, deux & demi de hauteur du côté du bouchon ; de l’autre côte deux piés , & neuf piés de longueur. Les tonneaux, 0 , o , o, ont trois piés de diametre fur fix de hauteur. On laïffe la matiere dans les tonneaux pendant neuf jours en automne , & pendant douze jours en hyver , fans y toucher, crainte de tout gâter. Le tonneau tient 2500. Quant aux chaudieres G , G, qu'on appelle chaudieres à éclaircir, on les remplit à mefure que l’eau y diminue avec de l’eau mere : on entend par eau mere , celle qui s'éleve à la furface des cuves, M, M, M, &c. pendant que l’eau y féjourne ; on prend cette eau dans les cuves p, p, avec des feaux , & on la ren- voye, felon le befoin, des cuves p , p, dansles chau- dieres à éclaircir G, G. C’eft ce que font les deux fig. 2. 2. dont l’une prend dans la cuvep , & l’autre jette fur les canaux de renvoi 9, 4, qui fe rendent aux deux chaudieres à éclaircir G, G, qu'on entre- tient toljours avec moitié de l’eau des cuves p,p, & moitié de l’eau du réfervoir . Les fours font de la longueur de la chaudiere ; leur hauteur eft cou- pée en deux par un grillage dont les barres ont trois pouces d’équarriflage, & cinq piés de longueur ; il ÿ en a cinq en longueur, & trois en travers. Ce grillage ne s'étend qu'à la moitié de la capacité du Bu ; c’eft fur lui qu'on met la houille ; 1l faut toutes les 24 heures deux tombereaux de houille pour les quatre fourneaux. Ces tombereaux ont fix piés de long , fur trois de large & trois de haut. Il eft bon d’obferver que les chaudieres étant de plomb ,il faut qu’elles foient garanties de l’a@tion du feu par quelque rempart ; ce rempart, c’eft une grande plaque de fonte d’un pouce d’épaifleur Æ, H, H, qui couvre le deffus des fourneaux. Voyez l4 Planche 3. de Minéralogie. On voit, Planche de la couperofe , une coupe du fourneau; À, porte du four- neau;, B,B, porte du cendrier; €, C, la grille ; D , D, D, D, coupe de la chaudiere; A, A, la cheminée ; 71, K, L , hotte & tuyau de la cheminée. On fait auf de l’z/ur en France, proche les mon- tagnes des Pyrénées. L’alur eft compofé d’un acide qui eft de la nature de Pacide vitriolique , puifque quand il eft joint avec Palkali du tartre , il donne un tartre vitriolé, com- me feroit l’acide tiré du vitriol même. Cet acide, pour former l’alur , eft uni à une terre qui eft une efpece de craie ; cette terre ef particuliere, & fem- ble tenir de la nature des matieres animales calci- nées. L’alur donne par la décompoñtion quelque chofe d’urineux , qui vient le plus fouvent de l’urine dont on fe fert pour le clarifier quand on le fabri- que. D'ailleurs, lalur pourroit donner un alkali À LU 31 volatil urineux , indépendamment de cette urine , parce qu’il contient un peu de bitume , qui combi- né avec la terre de Palun , peut donner urralkali volatil ; ce qu’on doit inférer des expériences: que M. Malouin a rapportées à l’Académie en1746. en donnant l’analyfe des eaux minérales de Plombieres, C’eft de lui que nous tenons le refle de cet article. : L’alun eft un remede qui , étant misen œuvreavec les précautions & la prudence néceflaires, appaife & guérit toutes les hémorrhagies en général, tant internes qu'’externes. On peut donc s’en fervir dans l'écoulement du fang, caufé par l’ouverture de quel- ques vaifleaux dans les premieres voies ; dans le fais gnement de nez ; dans les crachemens &.vomifle- mens de fang ; dans le flux des urines enfanglantées, & des hémorrhoïdes ; dans toutes les pertes de fang qui arrivent aux femmes, en quelque tems qu’elles leur furviennent, pendant leur grofefle, & après lFaccouchement. Enfin l’alur n’eft pas moins efficace dans les hé- morthagies qui auroient été caufées par un coup dé feu, ou par quelque inftrument tranchant, par quel: que chûüte, ou quelque coup de tête violent ; & dans celles même qu feroient la fuite de quelques ulceres rongeans &c invétérés. La maniere dont agit l’a/un eft très-douce: on n’é- prouve lorfqu’on en prend, d’autre changement dans le corps, que quelques maux de cœur légers: mais ils durent très-peu, & ne vont jamais juiqu’à faire vomir avec efort. Quelques-uns prétendent qu’il eft dangereux d’ar- rêter le fang par Pufage des aftringens; préjugé d’au- tant plus mal fondé à l'égard de l’a/ur, qu'il eft dé- truit par l'expérience. Ce remede n’entraîne jamais de fuite fâcheufe,pourvûü néanmoins que les vaiffeaux aient été fufifamment defemplis, ou par Les pertes, ou par les faignées ; c'eft au Medecin à en décider. Le Medecin ne l’employera jamais dans les hémor- rhagies critiques, ni dans les fievres violentes : c’eft pourquoi il efttoüjours néceflaire de confulter le Me- decin {ur fon ufage. Au refte, la maniere d’en ufer doit être variée, ainf que le régime , felon les différens tempéramens, & les différentes hémorrhagies. La dofe eft depuis trois grains , jufqu’à un demi- gros , incorporé avec un peu de miel rofat. M. Ma- louin a trouvé que le cinabre joint à l’alur, faïoit réuffir mieux ce remede, furtout lorfqu'il s’agit de calmer les naufées, 6. Ce Medecin fait entrer un grain de cinabre naturel dans chaque prife d’a/ur. Voyez fa Chimie Médicinale. On donne l’alun dans les grandes hémorrhagies preflantes, de deux heures en deux heures, & nuit & jour. Lorfque les hémorrha- gies feront moins vives, on le donnera de trois ou de quatre heures en quatre heures, &c le jour feule- ment , fi la chofe n’eft pas preffante. Lorfque la perte de fang fera arrêtée, ce qui arri- ve ordinairement après la huitieme ou dixieme prife, on dinunuera infenfiblement pendant un mois l’ufa- ge de l’alun. | Les femmes ont quelquefois des pertes de fang ex- traardinaires, ou font fujettes à en évacuer tous les mois en telle abondance, qu’elles s’en trouvent con- fidérablement affoiblies. Dans la vüe de modérer ces pertes fans les arré- ter, on leur fera prendre le matin à jeun un demi- gros d’alun fept ou huit jours de fuite avant le tems de l'évacuation; elles continueront cette pratique pendant cinq ou fix mois, fans quoi elles courent rif- que de devenir fujettes aux pertes blanches ,:qui peuvent devenir d’autant plus dangereufes, qu’elles font quelquefois fivies de skirrhes ou d’ulceres. Déux obfervations générales doivent être rappor- tées à toutes Les efpeces de pertes de fang dont nous \ 312 À EL Ü vénons de parlèr ; la premiere, c'eit que lorfqu'il y sa des nmfomnies pendant la perte, ôn doit joindre à lufage de l'a/ur, celui des narcotiques , ou du moins des. calmans: la feconde, c’eft que les grandes hé- morthagiesfont prefque toiours fuivies de degoûts, d’altération:, de laffitudes, d’inquiétudes &-de dou- Leurs detête violentes, &c de battemens des grcfles arteres ; 1l faut auffi employer dans ces cas les cal- mans, 8 même les Rarcotiques, furtout lorfqul y a de l’infomnie, Voyez Helvetius, Traitédes maladies. On fe fertextérieurement de l’a/ur dans les lotions aftringentes ; & il entre dans différens cofméti- ques, & dans plufieurs compofitions pour nettoyer les dents. | C’eft un des principaux ingrédiens des teintures & des couleurs, qui pour être comme il Le faut, ne peu- vent s'en:paller. Il {ert à affermir la couleur fur l’étof- fe, & il:a en cette occafon le même ufage que l’eau gommée & les huiles vifqueufes ; il difpofe auf les étoftes à prendre la couleur ; & il lui donne plus de vivacité &de délicatefle, comme or voit clairement dans la cochenille & la graine d’écarlate. | Ceteffet de l’alur femble être dû à fa qualité af- tringente, par le moyen de laquelle 1l bride les par- ticules les plus fines des couleurs, les retient enfem- ble, & les empêche de s’évaporer. C’eft par-là auffi qu'il empêche le papier, qui a été long-tems dans l'eau alumineufe , de boire lorfqu'on écrit deflus. Voyez COULEUR, TEINTURE, , L’alun fucré reflemble beaucoup au fucre; c’eft une compoftion d’alun.ordinairé , d’eau-rofe , & de blancs d'œufs cuits enfemble en confiftance de pâte, à laquelle on donne enfuite la forme que l’on veut; étant refroidie, elle devient dure comme une pier- re, on l’employe en qualité de cofmétique. L’alun brûlé, alumen uflum; c’eft un alun calciné fur le feu, & qui par ce moyen devient plus blanc, plus léger, plus facile à pulvérifer & cauftique. L'alun de plume, alumen plumofum, eft une {orte de pierre minérale faline de différentes couleurs, or- dinairement d’un blanc verdâtre,, reflemblant au tale de Venife, excepté qu’au lieu d’écailles, elle a des fi- lets ou fibres qui reffemblent à celles d’une plume, d’où lui vient fon nom. L’alun clarifie les liqueurs; un peu d’a/ur jetté dans de l’eau divine, la clarifie de façon, qu’on n’eft pas obligé de la filtrer. L’a/ur clarifie auffi l'encre; on employe l’alun dans les fabriques de fucre, pour la propriété qu'il a de clarifier : ceux qui font profeflion de deffaler de la morue, fe.fervent aufli d’z/un. Les Anatomuftes & les Naturaliftes mettent un peu d’alun dans l’eau-de-vie blanche, dans laquelle ils confervent des animaux, 6. pour conferver les cou- leurs... Il y en a qui s’imaginent que l’a/un a la fecrete propriété d’appaifer les douleurs de rhûmatifmes, lorf- qu'on le porte fur foi: quelques perfonnes fujettes aux rhümatifmes, croyent s’en garantir, en portant dans leur poche, ou dans leur gouflet, un morceau d’alun. Alun purifié : on putifie l’alur comme la plüpart des autres fels, par la diflolution, la filtration, & la cryftallifation. On prend de l’a/ur de Rome, on le fait fondre dans de l’eau bouillante , après lavoir concafé ; on filtre la diflolution ; on en fait évapo- rer une partie, & on le porte dans un lieu frais, où l’alun fe forme en cryftaux , qu’on retire de l’eau, & qu’on fait fécher ; c’eft l’a/ur purifié, Àlun teint de Mynficht. I] y a eu dans le fiecle pañlé une préparation d’alur en grande réputation : Mynfcht, qui étoit un grand Medecin d'Allemagne, en fut l’auteur. Pour purifier l’a/ur , il en faifoit fondre deux onces dans de Peau de chardon-bénit ; ä y ajoûtoit une once de fang de dragon en poudre tämifée ; lè tout ayant bouilli enfemble jufqu'à cé que l’alun füt diffous , 1l filtroit la diffolution, & la mettoit à cryftallifer : 1l avoit par ce moyen un a/ur teint en rouge. M. Helvetius qui a remis en France, comme il eft encore en Allemagne, l’ufage de l’a/ur pris en gran- de dofe, faifoit par le feu ce que Mynficht faïfoit par l’eau; c’eft-à-dire, pour parler le langage de Chimie, Mynficht employoit, pour purifier Pa/ur, la voie humide , & M. Helvétius fe fervoit de la voie feche. M. Helvetius faïfoit fondre l’a/ur dans une cuilhiere de fer fur le feu avec le fang de dragon en poudre ; 1l les mêloit bien enfemble , & après avoir retiré du feu‘la mafñle molle , il en formoit des pilules de la groffeur des pois ronds : 1l faut que plufieurs perfonnes fe mettent à faire promptement ces pilu- les , parce que la mafñle fe durcit en refroidiffant. * ALUNER,, v. aët. c’eft uñe opération de Tein- turier : toutes les étoffes qu’on veut teindre en cra- moiïfi doivent être a/unées. Ainf a/uner, c’eft ou faire tremper dans l’alun, ou mettre au bain d’alun. Voyez TEINTURE. * ALUS , defert d'Arabie, où les Ifraélites cam- perent le dixierne our. *ALYPUM, où FRUTEX TERRIBILIS, (Hip. ñat. ) atbufte qui s’éleve à environ une coudée ; fa racine eft couverte d’une écorce noirâtre , fa lon- gueur eft de quatre à cinq pouces, & fa grofleur de près d’un pouce de diametre en fon collet ; elle eft garme , ou plütôt partagée én trois ou quatre grof- les fibres ; fes branches font couvertes d’une perite pellicule d’une couleur de rouge brun, déliées &c caf- fantes ; fes feuilles placées fans ordre , tantôt par bouquets, tantôt ifolées, quelquefois accompagnées à leurs arffelles d’autres petites feuilles , font de dif- férentes figures : les unes reflemblent aux feuilles du myrte ; les autres s’élargiffent vers le bout , ou font en trident , ou n’ont qu'une pointe. Les plus gran des ont environ un pouce de longueur, fur trois ow quatre lignes de largeur , & font épaifles & d’un verd éclatant. Chaque branche porte une feule fleur, quelquefois deux , mais rarement : ces fleurs font d’un beau violet, & ont environ un pouce de dia- metre ; elles font compoféés de demi-fleurons , & de leur milieu s’élevent quelques étamines blanches, avec un petit {ommet noirâtre. Ces fleurons finiflent en trois pointes, & n’ont qu'environ trois lignes de long , fur une ligne de large : chaque demi-fleuron porte fon embryon , qui, quand la fleur eft pañlée, devient une femence garnie d’une efpece d’aigrette. Toute la fleur eft foütenue par un calice compofé de feuilles difpofées en écailles, chacune defquelles n’a que deux ou trois lignes de long fur une ligne de large. On lit dans Clufius que les charlatans de l’Anda= loufie donnoient la décoëtion de cette plante pour les maladies vénériennes ; d’autres gens de même caraétere la fubftituent au fené : mais la violente ac- tion de ce remede , qui n’a pas été nommé pour riem frusex terribilis | fait fouvent repentir de fon ufage &c ceux qui l’ordonnent, & ceux à qui 1l eft ordonné. Mém. de l’Acad. des Sciences , 1 712. Cette plante a beaucoup d’amertume , fon goût eft aufi defagréable que celui du lauréole, & fon amertume augmente beaucoup pendant fix ans; on la trouve en plufieurs endroits du Languedoc ; mais elle croit principalement en abondance fur le mont de Cete, dans cette province, auprès de Frontignan ; c’eft pour cette raïfon que les Botaniftes lui ont donné le nom d’4/ypon-montis-Ceti. On trouve aufli lAlypum dans plufieurs endroits de Provence, fur- tout dans ceux qui font voifins de la mer & fitués au mudi, | Elle Elle eft un violent cathartique, & ne purge pas avec moins de force la bile, le phlegme, & les hu- -meurs aqueufes, que le tithymale. Mais nous ne faurions trop répeter qu’on ne doit fe fervir d’un re- mede fi violent qu'avec beaucoup de précaution. N NARIDE , f. f. herbe dont la fleur eft com- pofée de quatres feuilles difpofées en croix; 1l fort du calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit prefqu’elliptique , gonflé & aflez gros; ce fruit eft partagé en deux loges par une clorfon parallele aux deux portions qu’elle divife , & il renferme des {e- mences applaties, arrondies, & entourées par un limbe. Tournefort, {nff. rei herb. Voyez PLANTE. ALYSSON , £. m, herbe dont les fleurs font com- poiées de quatre feuilles difpofées en croix ; 1l fort du calice un pifil, qui devient dans la fuite un fruit aflez petit, relevé en boffe, & partagé en deux lo- ‘ ges par une ‘cloifon qui eft parallele aux portions qu’elle divife : ce fruit renferme des femences ar- rondies. Tournefort, Z2/f£. rei herb. Voyez PLANTE. (1) AEYTARCHIE, f. f. dignité de l'Alytarque, qui dutoit quatre ans. Voyez ci-defjous ALYTARQUE. ALYTARQUE , f. m. ( Æft. anc. ) Magiftrat qui dans les jeux commandoit aux Mafhigophores , ou Porte-verses, & leur faifoit exécuter les ordres de l’Agonothete, (G) ALZAN ,f. m.( Manége. ) poil de «cheval tirant fur le roux. Ce poil a plufeurs nuances qu'on défi- gne par plufieurs épithetes; favoir, alzan clair, alçan poil de vache, alzan bai, alyan vif, alzan obfcur , al- zan brûlé. On dit proverbialement a/zan brûlé, plérôr mort que laffé ; ce qui veut dire que les chevaux de ce poil font fi vigoureux, qu'ils ne fe laffent jamais, (F7) A M AM. Voyez; HAMEÇON AMABYR, ox AMVABYR ,f. fm. ancien mot An- glois, qui fignifie Le prix de la virginiré. C’étoit un droit quife payoit au Seigneur dans quelques Provinces d'Angleterre par celui qui époufoit la fille d’un de fes vaflaux. Voyez MARQUETTE. ( H) * AMACACHES , f. m. pl. peuples de l’Améri- que méridionale , dans le Bréfil, aux environs de la contrée de S. Sébaftien de Rio-Janeiro. * AMACORE , & AMACURE , riviere de P Ame- rique feptentrionale , qui tombe dans la Caribone, & fe jette dans la mer du nord, aux environs de l’em- bouchure de l’Orenoque. *AMACUSA, ile & province du Japon, avec une ville du même nom. *AMADABAD , grande ville d’Afie, capitale du Royaume de Guzurate , aux Indes orientales, dans l’Empire du Mogol. Long. 90. 15. lar. 23, Son commerce eft d’étofles de foie, de coton, pures ou mêlées de lune & de l’autre , comme tul- bandes, allégias, attelaffes, baffetas & chilfes , bro- cards de draps d’or & d'argent, damas, fatins , taf- fetas , velours, alcatifs d’or, d'argent, de foie ,& . de laine ; toiles de coton, blanches ou peintes , qui fe font dans cette ville même , & qu’on tranfporte à Surate , à Cambaye, & à Boritfchia. Le pays a de lindigo , du fucre, des confitures, du cumin, du _ muel, de la laque, de l’opinm, du borax, du gin- gembre, des mirobolans, du falpetre , du fel ammo- mac , de l’ambre-oris, du mufc , des diamans ; ces trois dernieres marchandifes font d'importation. C’eft d’Amadabad ou Amadabath , que viennent toutes les toiles bleues qui pailent en Perfe, en Ara- bie ,en Abyffimie , à la mer Rouge, à la côte de Mé- linde , à Mofambique , à Madagafcar, à Java, à Su- matra, à Macaflar , aux Moluques. Boritfchia ou Brotchia , ville du Royaume de Gu- Tone I, | AMA 313 farate, à 12 lieues de Surate, a auf des manufac- + tutes de toiles de coton. On en fut aufh à Bifanta- gar, à Pettan , à Brodera , à Goga, à Chin, Pour, Nariaath, Vañlet, Gc. | * AMADAN, ville d’Afe, dans la Perfe. Long. 65. 25, lat, 35.43. AMADES , f. £. pl. On appelle ainfi dens Le Bla- Jon , trois liftes plates-paralleles , dont chacune eft large comme le tiers de la face ; elles traverfent lécu dans la même fituation, fans toucher aux bords d’un côté ni d'autre. ( 7 | * AMADIE, ville d’Afe, dans Le Curdiftan, fur une haute montagne. Long. $3. 30. las, 36. 25. *AMADIS, c’eft le nom que /es Couturieres en linge donnent à une façon de manche ou de poignet , qui r’eft sucre d’ufage qu'aux chenufés de nuit. Les man- ches en amadis {ont peu ouvértes ; font doublées de la même toile qu’elles font faites , depuis le poignet jufqu’au deflus de la fente ou ouverture de la man- che ; font étroites & s'appliquent fi exaétement fur le bras, qu’elles ne bouffént point , & qu’à péiné peu- vent-elles fe pliffer. Les gens opulens les garniflent en- deflus de falbalas longs, ou de belle moufleline, où même de dentelle, Le poignet n’a qu’une petite man- chette de deux ou trois doigts au plus. On donne en- core le nom d’amadis aux manchettes dontles femmes en couches fe couvrent les bras. * AMADOU , f. m. efpece de meche noire qui f& prépare en Allemagne avec unefortede grands cham- pignons ou d’excroiffances qu’on trouve fur les vieux chênes , frênes & fapins, On fait cuire ces excroïl- fances dans de l’eau commune ; on les feche, onles bat ; on leur donne enfiute une forte leffive de falpe- tre; on les remet fécher au four , & l’amadou eft fait. On fait de quel ufage il eft pour avoir promptèment du feu, par le moyen dé l’acier & de la pierre à fufil. * AMAGER ox AMAG , île du Danemark fur la mer Baltique , vis-à-vis de Copenhague, d’où l’on peut y pañler fur un pont. | * AMAGUANA , ile de l'Amérique feptentrio- nale, & une des Lucayes près d'Hifpaniola. * AMAIA, AMAJA, AMAGIA , ville principale des Cantabres en Efpagne, vers les confins des Af- turies , à trois lieues de Villa-Diego, 6ù l’on en voit _ encore les ruines. AMAIGRI , adj. fe dit d’une terre ufée & dénuée des fels néceflaires à la produétion des végétaux. On doit y remédier en l’engraiïflant. 7. ENGRa1S. (K) AMAIGRIR, v. a. serme d’Architeilure, Voyez DÉMAIGRIR. * AMAIGRIR , rendre maigre. L’ufage fréquent de certains ahmens deffeche & amaigrit ; le travail Pa aIaig, . AMAIGRIR, v.n. il emaigré tousles jours. #, Mar- GREUR. (L. , *AMAIGRIR, ez Sculpture, {e dit du changement qui furvient dans une figure de terre ou de plâtre nou- vellement faite, lorfqu’en fe féchant fes parties fe reflerrent , diminuent de grofleur ; & deviennent moins noufries. _ AMAIGRIR, v.a. e7 terme de Charpentier conftruëleur de vaifleau, c’eft rendre un bordage ou une piece de bois moins épaifle, (Z) * AMALFI, ville d'Italie au Royaume de Naples fur la côte occidentale du golfe de Salerne. Long. 3,7; NL SFS. AMALGAMATION , ff. c’eft ez Chimie ’aétion d’amalgamer, c’eft-à-dire de diffoudre ou d'incorpo- rer un métal , fpécialement l'or, avec le mercure, Voyez AMALGAME. cas | . Cetteopération eft défignée chez les Chimiftes par les lettres À À À. Voyez AAA. L’amalgamation {e fait en fondant, ou du moins en chauffant le métal , & en y ajoûtant Fr une Cer— à 1 r 314 A MA taine proportion de mercure ; en remuant les deux fubftances , qui par ce moyen s’incorporent enfem- ble, La trituration feule pourroit fufire pour faire cette diflolution, ou cet alliage du mercure avec les métaux : mais l'opération fe fait mieux par la cha- leur. Tous les métaux, excepté le fer, s’umiffent & s’a- malgament plus ou moins facilement avec le mercu- re : maïs l’or eft celui de tous qui le fait Le plus ai- fément ; enfuite l'argent, puis le plomb & l’étain ; le cuivre aflez difficilement, & le fer point du tout. Il meft cependant pas abfolument impoñlible de le faire ; il paroïît que Becker en a connu les moyens. Le remede de M. Desbois, Medecin de la Faculté de Paris, eft un alliage de fer & de mercure. L’amalgamation de l’or fe fait ordinairement en échauffantles lames ou feuilles d’or jufqu'à ce qu’elles {oient rouges ; après quoi on verfe le mercure deffus, & on remue le mélange avec une petite baguette de fer jufqu’à ce qu’il commence à fumer ; alors on le jette dans un vaifleau plein d’eau , où il fe fige & de- vient maniable. Cette forte de calcination eft fort enufage chez les Orfevres & les Doteurs , qui par ce moyen rendent Por fluide & duétile pour fervir à leurs ouvrages. Ce mêlange ou amalgame étant mis fur un autre métal , par exemple fur le cuivre, &c le tout étant mis enfuite fur le feu à évaporer, lor refte feul fur la fur- face du cuivre; ce qui forme ce qu’on appelle dorure. Voyez DORURE. On peut enlever la noirceur de l’amalgame en le lavant avec de l’eau , & on peut en féparer une por- tion de mercure en l’exprimant à travers un linge ; le refte étant évaporé dans un creufet, l’or refte fous la forme d’une poudre impalpable, & dans cet état on l’appelle chaux d'or. Voyez Or. L'or retient envi- ron trois fois {on poids du mercure par l’arxlgama- tion. ( M) | AMALGAME, f. m. ez Chimie eft une combinaifon ou un alliage du mercure avec quelqu'un des métaux. Voyez AMALGAMATION , MERCURE , MÉTAL. Ce mot eft formé du Grec ua, fimul , enfemble , & de ya , jungere , Joindre. L’emnalgame du mercure avec le plomb eftune fub- ftance molle , friable , & de couleur d’argent. Voyez PLoMs. Si onlave cet aralgame avec de l’eau bien claire & qui foit chaude , & qu’on le broye en même fems dans un mortier de verre , les impuretés du métal fe êleront avec l’eau ; & fi on change l’eau & qu'on répete la lotion plufeurs fois , le métal fe purifiera de plus en plus. Un des plus grands fecrets de la Chi- mie , {elon Boerhaave, c’eft de trouver moyen d’a- voir à la fin la liqueur aufli pure & aufli nette, que lorfqw’elle a été verfée fur Pamalgame ; ce qui pour- roit fournir une méthode d’annoblir les métaux, ou de les retirer des métaux moins précieux. #7 TRANS- MUTATION ; PIERRE PHILOSOPHALE, Éc. Cette maniere philofophique de purifier les mé- taux, peut s'appliquer à tous les métaux, excepté au fer. Voyez AMALGAMATION. | Les amalgames s’amolliffent par la chaleur , 87 au contraire fe durciflent par le froid. Les métaux erzal. gamés avec le mercure, prennent une confiffance molle & quelquefois prefque fluide, felon la quan- tité du mercure qu’on y a employée. On peut retirer les métaux du mercure & les re- mettre dans leur premier état par le moyen du feu. Le mercure eft volatil, & cede bien plus aïfément au feu que ne font les métaux; c’eft pourquoi en met- tant l’amalgame fur le feu, le mercure fe diffipe & le métal refte divifé en petites parties, ce quu eft l'effet du mercure qui a diflous le métal qui eft ainfi réduit | en poudre, qu'on nomme quelquefois chaux. Voyez CHAUX D'OR. Si on veut ne pas perdre ainfi le mercure par l’éva- poration , il faut faire opération dans des vaiffeaux clos , dans une cornue avec fon récipient, & y faire diftiler le mercure comme on fait dans la révivifica- tion du mercure de fon cinabre. Et pour avoir Le métal dans fon premier état, tel : qu'il étoit avant que d’en faire l’arzalgame, on prend la poudre ou la chaux du métal, qui refte après en avoir retiré le mercure, & on fait fondre ce refte dans un creufet. L’amalgame eft un moyen dont on fe fert dans plu- fleurs pays pour tirer l’or & l'argent de leurs mines. On broye ces mines avec du mercure qui fe charge de ce qu’elles ont de fin, c’eft-à-dire de ce qu’elles ont d’or ou d’argent , & qui ne fe mêle point avec la terre,ni avec la pierre ; de forte que le mercure étant retiré de la mine par fon propre poids & par la lotion qu’on fait de ce mercure dans de l’eau , on retire par la cornue le mercure, qui laïfle le métal qui étoit dans la mine. (M) | AMALGAMER', v. a. Voyez AMALGAME 6 AMALGAMATION. * AMALTHÉE,, £. f. c’eft le nom de la chevre qui allaita Jupiter, & que ce dieu par reconnoiflance plaça parmi les aftres. Les Grecs ont fait d’une de {es cornes leur corne d’abondance. Voyez CHEVRE. *AMAM , ville de la tribu de Juda. Voyez JoSuÉ, 13. 20. * AMAN, port du Royaume de Maroc fur la côte de l'Océan Atlantique , entre le cap Ger & celuide Canthin. * AMANA , île de l'Amérique feptentrionale , & une des Lucayes. * AMANAS , îles Turques au nord de File Ef- pagnole dans l'Amérique ; ce font les plus orientales. *AMANBLUCÉE, £.f. toile de coton qui vient du Levant par la voie d'Alep. * AMANCE , bourg de France en Lorraine fur PAmance ,ruifleau. Long. 23. 57. 9. lat. 48. 45.5. * AMAND (SAINT ), ville des Pays-Bas dans le Comté de Flandre fur la Scarpe. Log. 21. 8. 42. LAPS OS ET. LAON * AMAND (SAINT), ville de France dans le Bour- bonnois fur le Cher & les confins du Berry.Loug. 20. 20. lat. 406. 32. * AMAND (SAINT), petite ville de France dans le Gatinoïis au diocèfe d'Auxerre. AMANDE , f. f. femence renfermée dans une écorce dure & lisneufe. Le compofé de ces deux parties eft appellé zoyau. Voyez NoxAU (1) Les amandes {ont douces ou ammeres. Les amandes douces paflent pour être nourriffantes , maïs elles font de difficile digeftion, lorqu’on en mange trop. On en fait avec le fucre différentes fortes de préparations , comme des maflepains , des macarons : on en tire l’orgeat , & une huile fort en ufage en Medecine, Elle eft excellente dans les maladies des poumons , la toux , les aigreurs d’eftomac , Pafthme &r la pleu- réfie. Sa qualité adouciflante & émolliente la ren- dent d’un ufage admirable dans la pierre de la veffie, dans la gravelle ; dans toutes les maladies des reins, & de la vefñe. Elle corrige les fels acres & irritans qui fe trouvent dans l’eftomac & les inteftins ; elle eft bonne pour la colique & la conffipation. On en donne aux femmes enceintes quelque tems avant qu’elles accouchent. Elle abbat les tranchées des enfans qu’elle purge , fi on la mêle avec quelque firop convenable. L’amande douce contient beaucoup d’huile , peu de fel & de phlegme. L’amande amere contient beaucoup d'huile , plus de fel que l’ammnde douce, peu de phlegme ; c’eft pourquoi l'huile d'amandes ameres {e conferve ‘plus long-tems , fans fe rancir , que l’huile d'amandes dou- ces, On employé les amandes ameres éxtérieurement , pour nettoyer & embellir la peau ; l'huile qu'on en “tire eft bonné pour la furdité ; elle entre fouvent dans lés finimens anodyns. L’hurle d'amandes ameres employée extérieurement eft bonne pour les duretés des nerfs, pour effacer les taches de la peau, & pour diffiper la dureté du ventre des enfans. Selon quel- -ques-uns , l’efprit de vin tartarifé empêche les Auiles d'amandes douces & d'amandes ameres de devenir rances. Les amandes douces procurent le fommeil & aug- mentent la fecrétion de la femence ; les unes & les autres conviennent en tout tems , à tout âge & à toutes fortes de tempéramens , pourvü qu'on en ufe modérément. | On exprime des amandes douces pilées & délayées dans l’eau , un at que l’on fait boire aux gens maiï- gres ou heétiques , aux pleurétiques ; & qui leur fait un bien évident , parce que ce lait contient beau: coup de parties huileufes balfamiques , propres à nourrir & rétablir les parties folides , à modérer le mouvement impétueux des humeurs & à adoucir leur acrèté. La différence du goût entre les amandes douces & les ameres , vient de ce que dans les douces il fe trouve moins de fel, & que ce fel eft parfaitement lié & retenu par des parties rameules , de forte qu’il ne peut faire qu'une impreffion très-légere fur la lan- oue. Les ameres au contraire contiennent plus de {el acre , qui n'étant qu’à demi embarraflé par des parties huileufes , excite une fenfation plus forte & plus defagreable. L'huile d'amandes douces tirée fans feu eft la meil- leure ; elle foulage dans les douleurs , les fpafmes & les convulfions. (N) * Pour faire l’huile d'amandes douces , choififlez: les ; jettez-les dans l’eau chaude ; ôtez-en la peau ; efluyez avec un linge. Pilez dans un mortier ; met- tez la pâte dans un fac de canevas, & le fac fous une prefle, & vous aurez de l’huile fans feu. Vous aurez de la même maniere l’huile d’aman- des amerés ; vous obferverez feulement de mettre la pâte chaude dans le fachet de canevas. Vous confirez les amandes vertes , comme les abricots. Voyez ABRICOT. C’eft encore la même méthode qu'il faut fuivre pour les mettre en com- pote. Si vous prenez pour deux livres d’amandes , une livre où cinq quarterons de fucre ; que vous le faf- fiez cuire à la plume ; que vous y jettiez vos aman- des ; que vous remuiez bien , pour les empêcher de prendre au fond ; que vous continuiez jufqu’à ce qu’il n’y ait plus de fucre ; que vous les mettiez enfuite fur un petit feu ; que vous les y teniez jufqu'à ce qu’elles petent ; que vous les remettiez dans la poëile , & les y teniez couvertes jufqu'à ce qu’elles loient efluyées ; vous aurez des amandes a la praline grifes. Si quand vos amandes ont pris fucre , vous les laiflez égouter dans un poëflon, & qu’à cetre égou- ture vous ajoûtiez un peu d’eau, de cochenille , d’a- lun & de crême de tartre ; que vous fafkez bien cuire le tout , & que vous y jettiez vos amandes , vous les aurez pralines rouges, Si vous vous contentez de les faire cuire dans du fucre préparé & café, vous les aurez blanches. Prenez du fucre en poudre, du blañc d’œuf , de la fleur d'orange, faites-en une glace ; roulez-y vos amandes pelées ; faites-leur prendre cette glace ; dreflez-les fur un papier ; mettez-les fur ce papier fé- cher à petit feu dans un four , & vous aurez des amandes glacées. Tome I, À M À 313 Si après avoir échaudé & pelé vos amandes, vous les jettez dans du blanc d'œuf, & de-là dans du fucre en poudre ; f vous les glacez enfuite , re- commençant de les remettre dans le blanc d'œuf, de-là dans le fucre en poudre , & de les glacer juf- qu'a ce qu’elles foient aflez grofes ; vous aurez des amandes foufflées. | AMANDE ( Commerce.) fruit très-dur & extrêmes: ment amer qiu fert de bafle monnoie aux indes orien: tales , principalement où les cauris des Maldives. n’ont point cours. Voyez CAURIS: Ces amandes croiflent & font très-communes dans la Caramanie deferte ; on les envoie premie- rement à Ormus , ile du golfe Perfique , & d’Or- mus elles paflent dans une grande partie des Indes. La valeur de ces amandes va affez communément jufqu’à quarante-cinq à cinquante pour un pacha, pe- tite monnoie de cuivre d’une valeur variable , de fix à fept deniers de France. AMANDE , ex cerme dé fourbiffeur , eft cette païtie de la branche d’une garde d’épée qui enoccupele milieu, de figure un peu ovale comme la poignée, & enrichie de divers ornemens. Voyez la fig. 9. PL. du Damaf- guineur , qui repréfente une garde d’épée : on donne le nom d’arande à l'endroit z de la branche quieften ventre ou renflement oval. *AMANDÉ, fm. c’eftune boiffon qui fe fait de la maniere fuivante: Pelez des amandes douces ; faites bouillir légeremient dans de l’eau une demi-poignée d'orge mondé ; jettez cette eau ; faites bouillir votre orge une feconde fois, jufqu’à ce qu'il commence à crever; retirez la décottion ; pañlez le tout par ur linge ; pilez vos amandes; à mefure qu’elles {e met- tent en pâte , délayez cette pâte avec la décoûtion d'orge. Vous aurez un lait dans lequel vous diffou- drez du fucre ; ajoûtez-y un peu de fleur d’orange; & vous aurez une boïflon agréable au goût , rafrat- chiffante , fomnufere, & nourriflante. Voyez AMAN- DIER. AMANDEMENT , f. m. ( Agric. ) c’eft lation d’amander une terre. Voyez AMANDER. (X) AMANDER , v. a. ( Agriculture. ) c’eft amé: liorer une terre maigre & ufée en y répandant de bon fumier , ou d’autres engrais convenables à {a nature. Îl y a plufieurs fortes d’emardemens , tels que les fumiers , les terres , les cendres , les excrémens des animaux ; les curures des marres , des étangs, & les boues des rues. Voyez ENGRAIS. (X) AMANDIER , en latin amygdalus, arbre dont la fleur eft compofée de plufeurs feuilles difpofées en rofe ; 1l fort du calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit dur, ligneux, oblong , & recouvert d'une forte d’écorce ; ce fruit renferme une fe- mence oblongue. Tournefort , Zzf£. rei herb, Foyez PLANTE. (1) L’Armandier fert à recevoir les greffes des pê- chers & des abricotiers. Ses feuilles & fes fleurs font toutes femblables à celles du pêcher ; fon fruit oblong & verdätre forme une coque qui renferme une amande douce , ou amere ; c’eft par ce moyen qu'il perpètue fon efpece. (K) Sur le fruit de l’amandier , voyéy AMANDE. * AMANDOURT , forte de coton qui vient d’A- lexandrie par la voie de Marfeille. * AMANGUER , ville d’Afe dans l’ifle de Ny:: phon , fur la côte occidentale de Jamayloti , où elle a un port. | AMANSES , f f. plur. ( Chimie) mot barbare & faétice , dont certains Æ/chimifles fantafques fe fer- vent pour dire , pierres précieujes contrefaites , OU prers res arnificielles | ou faëhices, Voyez PIERRE. (M) * AMANT , AMOUREUX ; adj. ( Gramm, ) fufit d’aimer pour être amoureux ; il faut témoigner qu'on aime pour être amant, On eft Sr de ri 316 À M A celle dont la beauté touche le cœur; on eft avant decelle dont on attend du retour. On eft fouvent amoureux {ans ofer paroître amant ; &t quelquefois on fe déclare amant fans être amoureux. Amoureux défigne encore une qualité relative au tempérament, un penchant dont le terme amant ne réveille point l’idée, On ne peut empêcher un homme d’être amou- reux ; ilne prend guere le titre d’emanr qu’on ne le lui permette. Voyez les Synon. de M. l'Abbé Girard. _ * AMANTHEA, ville de Calabre fur la Méditer- ranée , vers le cap de Suraro. *AMANUS, fm. ( Myrh. ) Dieu des anciens Perfes. C’étoit, à ce qu’on croit , ou le foleil ou le feu perpétuel qui en étoit une image. Tousles jours les Mages alloient dans fon temple chanter leurs hymnes pendant une heure devant le feu facré , te- nant de la vervaine en main, & la tête couronnée de tiares dont les bandelettes leur tomboient fur les joues. * AMAPAIA , province de l’Amérique méridio- nale, dans la nouvelle Andaloufie, près de lOre- noque. AMARACINON. L’amaracinon étoit un onguent précieux préparé avec des huiles effentielles 8c des fubftances aromatiques ; il n’eft plus ufité. L'auteur de cet onguent , ou pour mieux dire , de ce baume précieux, lui a donné le nom d’aaracinon , vraif- femblablement À caufe de l'huile eflentielle de mar- jolaine qui en faifoit la bafe , ou qui du moins y en- troit. Car amaracinon paroît Venir d’amaracus ; mat- jolaine. (N) | * AMARANTES, £. m. pl. anciens peuples de la Colchide ; ils habitoient à la fource du Phafe, fur une montagne du nom d'Amarante. AMARANTHE ,, f. f. ( Bor. & Jard. ) amaranthus, herbe dont les fleurs font compofées de plufieurs feuilles difpofées en rofe. Du milieu de ces fleurs il s’éleve un piftil, qui devient dans la fuite un fruit en forme de boîte prefque ronde ou ovale , qui fe divife tranfverfalement en deux pieces, &c qui ren- ferme des femences qui font pour l’ordinaire arron- dies. Tournefort, fn/f. rei herb. Voyez PLANTE. (J ) La fleur de l’amaranthe , qui reflemble à une pa- nache en forme d’épi, d’une couleur de pourpre, d’oranger , de rouge & de jaune, extremement vive & variée, s’éleve à la hauteur d'environ deux piés avec des feuilles larges , pointues , rouscâtres dans les bords , & d’un verd clair dans le milieu. Sa grai- ne qui naît dans de petites capfules au milieu des fleurs, eft ronde, petite, luifante , &tne vient qu'aux fleurs fimples : elle fleurit au mois d'Août jufqu’à la fin de l'automne , & demande à être fouvent arro- fée, & à être élevée fur une couche avec des clo- ches ; le froid & le vent-lui font très-contraires, On leve les amaranthes en mottes pour les tranf- planter dans les parterres , & garnir les pots remplis de fumier bien pourri, ou de bonne terre ; fans cette précaution elles auroient de la peine à reprendre. On conferve leur graine dans des boîtes pendant Thyver, ou plètôt on garde la tige feche dans la ferre ; & après que les fortes gelées font pañlées , on l’égraine pour la femer ; ce qui lui donne le tems de “bien mürir. Elle fe feme en Avril & en Mai. (Æ) * AMARANTHEA, furnom de Diane , pris de ce- Jui d’un village de l’Eubée où elle étoit adorée. AMARANTHOIDE, £ f. (Bor. ) amaranthoïdes , genre de plante obfervé par le P. Plumier. Sa fleur eft compolée de fleurons raffemblés en forme de tête “écailleufe ; il fort de l’axe plufieurs feuilles qui font pofées deux à deux,rangées comme des écailles faites en forme de tuile creufe , &reflemblantes en quelque forte à des pattes d’écrevifles. Ces feuilles embraf- fent un fleuron entouré d’un calice ; il fort du fond un piftil qui tient comme un clou à la partie infc- riéure de la fleur , & qui eft enveloppé d’une coeffe. Ce piftil devient dans la fuite un fruit arrondi , avec une efpece de queue crochue, Tournefort. Znff, rei herb. app. Voyez PLANTE. * AMARIN ( SAINT }) ville d’Alface. * AMARMOCHDY; ville du Zanguebar en Afi=” que,au royaume de Melinde,à la fource de la riviere Quilimanco. | | AMARQUE, f, f. cerme de Marine; c’eft où un tonneau flotant & qu’on met deflus un banc de fa- ble , ou un mât qu’on éleve fur uneroche , pour que les vaifleaux qui viennent dans ce parage s’éloignent de lendroit où ils voyent ces marques , qu’on ap- pelle autrement balife ou bouée. AMARRAGE,, f. f. en terme de Marine , eft l’an- crage du vaifleau ou fon arrêt, ou l’attache de fes agreils avec des cordages. Voyez AMARRES 6 SAï- sine, Lorfqu'un vaifleau eft défarmé , 1l n’y refte que les cables néceffaires à fon amarrage. On appelle encore ainf l'endroit auquel une grofle corde, ou une feule mife en double , eft liée à une petite. 7. AMARRER. AMARRE , rerme de Marine, c’eft le commarde- ment pour faire attacher ou lier quelque chofe. On dit, amarre bas bord, amarre firibord ; pour de, amarre à gauche , amarre a droite, Amarre a fil de car- ret, c’eft faire amarrer les voiles de façon qu’on: puif- fe les déployer aifément au befoin ; en coupant les fils de carret. VoyezxFiLs DE CARRET. AMARRES , serme de Marine qui défigne les cor- dages avec lefquels on attache les agreils du vaif feau , ou les culafles des canons qui y font placés. Ce font aufliles cordes avec lefquelles on attache le vaifleau à des pieux ou à des anneaux. On Le dit auffi des cables qui fervent à mouiller l'ancre : par exemple, ce navire a fes trois amarres dehors, c’eft: à-dire , qu'il a mouillé fes trois ancres ; ce quis’ap- pelle mouiller en patte d’oie: ce vaïfleau eft fur les amarres, c’eft-à-dire , qu'il eft à l'ancre. On dit /ar- guer une amarre, pour dire détacher une corde. Nous fimes couper l'amarre de notre chaloupe qui étoit à la toue. Voyez TouE, MOUILLER. AMARRER , v:n. terme de Marine, qui fignifie ar- tacher ou lier fortement avec un cordage, foit un vaifleau, foit quelqu’une de fes parties où de fes agreils, On dit amarrer le cable, lorfqu'il faut l’atta- cher fortement à l’organeau de l’ancre. Amarrer deux cables , c’eft les attacher enfemble avec un nœud ; ce qui eft moins für, mais plütôt fait qu'une épiçure. Voyez ÉPICER. Amarrer La grand'voile , c’eft attacher fortement au mât dans l'endroit convenable. Amarrer à terre, c’eft lier le cordage à terre par un bout. Armarrer une manœuvre lorfqu’elle eft affez filée, Voyez MANGUVYRE, FILER. Voyez ANCRE 6: OR- GANEAU. (Z) Armarrer a les mêmes fignifications fur la riviere ; c’eft toüjours arracher par le moyen d’un cable : maïs fermer eft plus ufité. Les voituriers par eau enten- dent encore par amarter, s’approcher de terre, *AMARUMAYA , riviere de l'Amérique méridio= nale , qui a fa fource proche de Cufco, & ie jette dans le fleuve des Amazones au-deflous des Ifles Amagues. * AMASEN , ville d'Afrique dans la Nigritie fur le lac de Borno , capitale d’un petit royaume de fon nom. * AMASIE , ville de Turquie dans la Natohe, capitale d’une contrée à laquelle elle donne {on nom , près de la riviere de Cafalmach. Long. 53. 40. lat. 39.353. AMASSER , v. a@. en Hydraulique. Pour amalfer des eaux, il faut examiner frla fource eft décori- À M A A M A 317 verte & peu profonde, f-elle n’eft pointapparente, || rés doivent rendre polies celles dun flanc qui leur cor- ou fielle eft enfoncée dans les terres : on agira dif- féremment fiuvant ces trois cas. Lorfque la fource eft découverte, vous creufez feulement pour l'amaffer un trou quarré , dont vous-tirez les terres doucement , que vous foûtien- drez. par des pierres feches: Dans l'endroit de l’é- coulement, vous creufez une rigole dans les terres, ou une pierréc-bâtie de blocailles ou pierres feches, que vous couvrez de terre à melure que vous mar- chez, Si la fource n’eft pas apparente, on fera plu- fieurs puits éloignés de 30 à 40 pas, & joints par des tranchées, qui ramañfleront toutes les eaux. Dans le cas où la fource eft enfoncée plus avant dans la terre, vous creuferez juiqu'à Peau un paf- fage en forme de voûte par-deflous les terres , que vous rétiendrez avec des planches & des étreffillons. Lorfque vous aurez conftruit plufieurs de ces voü- tes & des pierrées de communication, vous les conduirez dans une grande tranchée de recherche, dont les berges feront:coupées en talus des deux côtés , en pratiquant des rameaux à droite &c à gau- che en forme de pattes d’oie , pour ramañler le plus d’eau que vous pourrez. Toutes ces. pierrées, tran- chées & rameaux fe rendront par une petite pente douce , dans une feule & grande pierrée , qui por- tera l’eau dans le regard de prife , on dans le ré- {ervoir. TT On pratique depuis ce regard de so toiles en 50 toïfes , des puifarts où puits maçonnés , pour exa- miner fi l’eau y coule, & en connoîïtre la quan- tité. On marque le chemin de l’eau par des bornes, afin d'empêcher les plantations d’arbres dont les ra- cines perceroient les tranchées & feroient perdre les eaux. (X ) u . AMASSETTE, c’eft une petite piece de bois, de corne, d'ivoire, 6c. dont on fe fert pour rafflembler les couleurs après les avoir broyées fur la pierre. #7. Planche de Panture , figure z. * AMASTRE, AMASTRIS,AMASTRIDE,, ville ancienne & maritime de Paphlagonie fur le bord du Pont-Euxin ; on l'appelle aujourd’hui 4maffro. AMATELOTER fe dit ez Marine de deux Mate-, lots qui fe prennent pour compagnons &c aflociés , afin de fe foulager réciproquement, & que lun puifle fe repofer quand l’autre fait le quart. (Z ) AMATEUR, f. m. c’eft un terme confacré aux Beaux-Arts, mais particulierement a la Peinture. I] {e dit de tous ceux qui aiment cet art & qui ont un goût décidé pour les tableaux. Nous avons nos axrateurs , & Les Italiens ont leurs virruofes. (R * AMATHONTE oz AMATHUSE, ville de lifle : de Chypre où Venus & Adonis avoient des autels. Quelques Géographes croyent que c’eft Limiflo d'aujourd'hui ; d’autres difent que Limiflo eft à plus de fept milles des ruines d’Amathufe. * AMATHRE, nom qu'Homere a donné à une des cinquante Néréides. | : * AMATHUS ox AMATHONTE,, ville de la tri- bu de Manaflès en-deçà du Jourdain. , * AMATHUSIA. Venus fut ainfi nommée d’Ama- thonte dans l’ifle de Chypre où elle étoit particulie- rement adorée. * AMATIQUE ox S. THOMAS, Voyez THOMAS (SAINT. ) AMATIR , srme de monnoie , eft l'opération de blanchir les flancs, enforte que le métal en foit mat &c non poli. En cet état on marque le flanc au balan- cier d’où il fort ayant les fonds. polis & les reliefs mats. La canule de ces deux effets eft que la gra- vure des quarrés eft feulement adoucie, au lieu que les faces font parfaitement polies. La grande preffion que le flanc {ouffre entre les quarrés fait qu’il en prend jufqu'aux moindres traits. Les parties polies des quar- refpondent ; aû heu que celles qui font gravées & feulement adoucies, par conféquent encore remplies dé pores quifont imperceptibles chacun en particu- lier, mais dont le grand nombre fait que ces parties: poreufes ne font point luifantes, laifient fur le flanc autant de petits points en relief qu’elles ont de pores. C’eft ce qu'on appelle Z mar. Le blanchiment pour l'argent & la,couleur pour l’or qui rendent les flancs mats dans toute leur étendue, font des préparations: indifpenfables pour avoir de belle monnoie, & que l’avidité des Entrepreneurs leur fait négliger ,'quoi- qu'ils foient payés pour les faire. 2.4 3er AMATIR ,.e7 terme d'Orfévre en grofferie, c’eft ter l'éclat & le poliment à certainesiparties qui doivent» fervir comme d’ombre en les rendant graineutes &c mattes., pour que celles auxquelles on laïffe le poli. paroïffent avec plus d'éclat lorfque ce font des reliefsil Au contraire lorfque ce font les fonds qui foht polis, certaines parties des reliefs font mattes afin:qu’elles fe détachent davantage. des mêmes. fonds, comme dans les médailles, Voyez MÉDaiLLes & MATroïR. Ondit or mat &c argent blanchi , lorfque les pieces fai- tes de ces métaux n’ont point été polies äprès. avoir: été dérochées. Voyez Porir & DÉROCHER.. * AMATITUE , riviere de l'Amérique feptentrio- nale-en la nouvelle Efpagne, qui fe jette dans la mer: Pacifique fur les confins de la province de Guaxaca. *AMATO , riviere d'Italie dans la Calabre, elle a fa fource dans l’Apennin , & fe jette dans la mer près du bourg de Sainte Euphémie. | * AMATRICE, ville d'Italie au Royaume de Na- ples dans lAbruzze ultérieure, Long. 32. 4. lar, 42. 33. * AMATZQUITL, five. unedo papyracea Nierem- : Berg. ( Bot. ) plante dont la fubftance eft légere com- me celle du figuier, dont la feuille reflemble à celle du _ citronmer,mais eft plus velue & plus pointue, dont : le fruit eft de la groffeur d’une noix & plein de grai- ne blanche de la même forme que celle de la figue. Cette plante aime les pays chauds & fe trouve à Chietla ; la décoétion de fa racine pafle pour falutai- re dans les maladies fébriles. AMAUROSE , f. f. rerme de Medecine , eft une pri- vation totale de la vüe fans qu'il y ait aux yeux au- cun défaut apparent. Voyez Œ1L, &c. Ce mot eft francifé du Grec auavpôris qui fignifie ob/curcifjemrent , étant derivé du verbe œuaupow, qui fignifie obfeurcir. Amaurofis eft la même chofe que le guéta ferena des Latins. Voyez GOUTTE SEREINE, (N) AMAUTAS , {. m. ( Æff. mod. ) Philofophes du Pérou fous le regne des Jncas. On croit que ce fut l'Inca Roca qui fonda le premier des écoles à Cufco, afin que les Amautas y enfeignaflent les Sciences aux Princes & aux Gentilshommes ; car il croyoit que la, fcience ne devoit être que pour la Noblefle. Le de- voir des Amautas étoit d'apprendre à leurs difciples les cérémonies & les préceptes de leur religion; la raifon , le fondement & l’explication des lois ; la po- ltique & l'Art Militaire ; l'Hifloire & la Chronolo- gie ; la Poëfie même, la Philofophie, la Mufique & l'Affrologie. Les Amauras compoioient des comédies & des tragédies qu’ils repréientoient devant leurs Rois & les Seigneurs de la Cour äux fêtes folem- nelles. Les fujets de leurs tragédies étoient des ac- tions militaires, les triomphes de leurs Rois ou d’au- tres hommes illuftres. Dans les comédies ils parloient de l’agriculture, des affaires domeftiques , & des di- vers évenemens de la vie humaine. On n’y remar- quoit rien d’obfcene ni de rampant; tout au con: traire y étoit grave, fententieux , conforme aux bon: nes mœurs & à la vertu. Les aéteurs étoient des per- {onnes qualifiées 3 À quand la piece étoit jouée , ils venoient reprendre leur place dans l’afflemblée , cha: 318 AMA un felon fa dignité. Ceux qui avoient le mieux réuffi dans leur rôle recevoient pour prix des joyaux ou d’autres préfens confidérables. La poëfie des .Arwau- tasétoit compofée de grands & de petits vers où 1ls obfervoient la mefure des fyllabes. On dit néanmoins qu'au tems de la conquête des Efpagnols ils n’avoient pas encore l’ufage de l'écriture, &-qu'ils fe fervoient de fignes ou d’inftrumens fenfibles pour exprimer ce qu'ils entendoient dans les Sciences qu'ils enfei- gnoient. Garciflaflo de la Vega, 1/2, des Incas, liv, II, éI7.(G) * AMAXHOBIENS, anciens peuples de Sarmatie, dans le pays de Roxolanes, maintenant la Mofcovie. * AMAXIE, ville ancienne de la Cilicie, féconde en bois propres pour la Marine. | * AMAXITE , ancienne ville de la Troade, où Apollon eut un temple dont Chrysès fut Grand- Prêtre. AMAZONE, 1. f, ( Hif!. anc.) femme courageufe & hardie, capable de grands exploits, Voyez VIRA- GO , HÉROINE ; Ge, Amazone, dans un fens plus particulier , eft le nom d’une nation ancienne de femmes guerrieres, qui; dit-on, fonderent un Empire dans l’Afiemineure, près du Thermodon, le long des côtes de la mer Noire. Il n’y avoit point d'hommes parmi elles ; pour la propagation de leur efpece, elles alloient chercher des étrangers ; elles tuoient tous les enfans mâles qui leur naifloient, & retranchoient aux filles la mam- melle droite pour les rendre plus propres à tirer de l'arc. C’eft de cette circonftance qu’elles furent ap- pellées Amazones | mot compoié dx privatif, & de matos, mammelle, comme qui diroit fars mammelle , ou privées d’une maminelle. Les Auteurs ne font pas tous d'accord qu'il y ait eu réellement une nation d’ÆAzazones. Strabon, Pa- léphate, & plufeurs autres le nient formellement : mais Hérodote , Paufanias, Diodore de Sicile, Tro- gue Pompée, Juftin, Pline, Pomponius Mela, Plu- tarque, & plufeurs autres, l’affirent pofitivement. Hippocrate dit qu'il y avoit une loi chez elles, qui condamnoit les filles à demeurer vierges, jufqu’à ce qu'elles euflent tué trois des ennemis de l'Etat. Il ajoûte que la raïfon pour laquelle elles amputoient la mammelle droite à leurs filles, c’étoit afin que le bras de ce côté-là profitât davantage, & devint plus fort. Quelques Auteurs difent qu’elles ne tuoient pas leurs enfans mâles ; qu’elles ne faifoient que leur tordre les jambes, pour empêcher qu’ils ne préten- diffent un jour fe rendre les maîtres. M. Petit Medecin de Paris , a publié en 1681, une differtation Latine , pour prouver qu'ily a eu réelle- ment une nation d’A7razones ; cette diflertation con- tient quantité de remarques curieufes & intéreflan- tes fur leur maniere de s’habiller , leurs armes , & les villes qu’elles ont fondées. Dans les médailles le bufte des Amazones eit ordinairement armé d’une petite hache d’armes appellée Aipennis , ou fécuris, qu’elles portoient fur l’épaule , avec un petit bou- chier en croiffant que les Latins appelloient pe/sa , à leur bras gauche : c’eft ce qui a fait dire à Ovide, de Ponto. Non tibi amagonia eff pro me fumenda fècuris, Aut excifa levi pelta gerenda manu. Des Géographes & voyageurs modernes préten- dent qu’il y a encore dans quelques endroits, des Amagones, Le P. Jean de Los Sanétos , Capucin Por- tugais , dans fa defcription de l'Ethiopie , dit qu'il y a en Afrique une République d’Amazones ; & Ænéas Sylvius rapporte qu'on a vü fubfifter en Boheme pendant neuf ans ,-une République d'Awazones fon- dée par le courage d’une fille nommée Valafca. (G) AMAZONES , riviere des Amazones ; elle traverfe toute l'Amérique méridionale d’occident en orient j & pale pour le plus grand fleuve du monde, On croit communément que le premier Européen qui Va reconnu , fut François d’Orellana , Efpagnol ; ce qui a fait nommer cette riviere par quelques-uns Orellana : mais avant lui, elle étoit connue fous le nom de Maranon ( qu'on prononce Maragron) nom qu’elle avoit reçù, à ce qu’on croit, d’un autre Ca- pitaine Efpagnol ainfi appellé, Orellana dans fa rela- tion dit avoir vü en defcendant cette riviere, quel- ques femmes armées dont un cacique Indien lui avoit dit de fe défier : c’eft ce qui l’a fait appeller riviere des Afnazones, On prétend que ce fleuve prend fa fource au Pe- rou; après avoir traverfé 1000 à 1200 lieues de pays ; 1l fe jette dans la mer du Nord fous la Ligne, Son embouchure, dit-on, eft de 80 lieues. La carte très-défe@tueufe du couts de la riviere des ÆAmazones dreflée par Sanfon fur la relation pure- ment hiftorique d’un voyage de cette riviere que fit Texeira , accompagné du P. d’Acunha Jéfuite , a été copiée par un grand nombre de Géographes, & on n’en a pas eû de meilleure jufqu’en 1717. qu'on en publia une du P. Fritz Jéfuite , dans les Leërres édifan- res @ curieufes. Enfin M. de la Condamine, de l’Académie Royale des Sciences , a parcouru toute cette riviere en 1743 ; & ce voyage long , pénible, & dangereux: nous a valu une nouvelle carte de cette riviere plus exate que toutes celles quiavoient précédé. Le cé- lebre Académicien que nous venons de nommer, a publié une relation de ce voyage très-curieufe & très-bien écrite , qui a été auffi inférée dans le vo- lume de l’Académie Royale des Sciences pour 1745. Nous y renvoyons nos Leéteurs , que nous exhor-. tons fort à la lire. M. de la Condamine dit qu’il n’a point vü dans tout ce voyage d’Amazones , ni rien qui leur reflemble; 1l paroît même porté à croire qu’elles ne fubfiftent plus aujourd'hui; mais en raf- femblant les témoignages , 1l croit aflez probable qu'il y a eu en Amérique des Amayzones, c’eft-à-dire une {ociété de femmes qui vivoient fans avoir de commerce habituel avec les hommes. M. de la Condamine nous apprend dans fa rela- tion , que l’Orenoque communique avec ce fleuve par la Riviere noire, ce qui jufqu’à préfent étoit refté douteux. (O ) AMAZONIUS , nom donné au mois de Décem- bre par les flateurs de Empereur Commode , en l'honneur d’une courtifanne qu'il aimoit éperdu- ment , & qu'il avoit fait peindre en Amazone : ce Prince par la même raïfon prit aufli le furnom d’4- mazonius, (G) AMBA. Foyez MANGA. *AMBADAR , ville de la haute Ethiopie,auRoyau- me de Bagamedri, au pié des montagnes , entre les Provinces de Sayea & Dambea. AMBAGES ,f.m.( Belles-Lettres.) mot purement Latin adopté dans plufeurs langues, pour fignifier un amas confus de paroles obfcures & entortillées dont on a peine à démêler le fens ; ou un long ver- biage, qui, loin d’éclaircir les chofes dont il s’agit, ne fert qu’à les embrouiller. . CIRCONLOCUTION. * AMBAIBA , arbre qui croit au Bréfil ; il eft très- élevé ; fon écorce refflemble à celle du figuier; elle couvre une peau mince , épaifle , verte & gluante; fon bois eft blanc , comme celui du bouleau, mais plus doux & plus facile à rompre ; fon tronc eft de oroffeur ordinaire , mais creux depuis la racine juf- . qu'au fommet ; fa feuille eft portée fur un pédicule épais , long de deux ou trois piés, d’un rouge foncé en dehors, & fpongieux au-dedans ; elle eft large , ronde, découpée en neuf ou dix lanieres , & chaque laniere a fa côte , d’où partent des nervures en grand. AMB sombre ; elle eft verte en deflus, cendrée en deflous, & bordée d’uneligne grisâtre; le haut du creux donne une efpece de moelle queles Negres mettent fur leurs bleflures ; les fleurs fortent de la partie fupérieure du tronc,& pendent à un pédicule fort court, au nombre de quatre où cinq; leur forme eft cylindrique ; elles ont fept à neuf pouces de long , fur un pouce d’e- _ païfleur ; leur cavité eft pleine de duvet ; 1l ÿ a aufh des amandes qui font bonnes à manger , quand les fleurs font tombées ; les habitans du Bréfil font du feu avec fa racine feche fans caillou ni acier ; ils pratiquent un petit trou ; ils fichent dans ce trou un morceau de bois dur & pointu qu'ils agitent avec beaucoup de viteffe ; le bois percé eft fousleurs piés, . & le bois pointu eft perpendiculaire entre leurs jam- bes : l'agitation fufit pour allumer l’écorce, Onattribue à fa racine , à fon écorce , à fa moelle, à fa feuille, au fuc de fes rejettons, une fi grande quantité de propriétés, que les hommes ne devroient point mourir dans un pays où il y auroït une dou- zaine de plantes de cette efpece, fi on en favoit faire ufage. Mais je ne doute point que ceux qui habitent ces contrées éloignées, ne portent le même juge- ment de nos plantes & de nous, quand ils lifent les vertus merveilleufes que nous leur attribuons. * AMBATTINGA : cet arbre a la branche rou- geâtre, le bois d’un tiflu fort ferré, & la feuille d’un verd éclatant au fommet , pâle à la bafe, mais d’un grain fi rude , qu’elle polit comme la lime. On tire de l’ambaitinga une liqueur huileufe ; fon fruit eft large , menu , loñg comme la main , bon & doux au goût. Voyez l'Hiff, des Plant. de Ray. * AMBALAM , grand arbre qui croît aux Indes, dont les branches s'étendent beaucoup; qui aime les lieux fablonneu*, dont le tronc eft fort gros, & qui a la racine longue & fibreufe, le bois life & poli , l’é- corce épaifle;les plusgrandes branches decouleurcen- drée, Les petites de couleur verte, & parfemées d’une poudre bleue ; les feuilles petites , irrégulieres , ran- gées par paires , oblongues , arrondies , excepté par le bout , deux fois auffi longues que larges , pointues, d’un tiflu ferré, douces, lifles , hufantes des deux côtés, d’un verd vif en déflus, un peu plus pâles en deflous , & traverfées d’une côte, qui diftribue des nervures prefqu’en tous fens. Les jets des gran- des branches portent un grand nombre de fleurs à cinq ou fix pétales minces, pointues , dures , & lui- fantes ; ces fleurs contiennent dans un petit ovaire jaune le fruit qui doit venir; cet ovaire eft entouré de dix à douze étamines, felon le nombre des péta- les. Les étamines font déliées, petites , blanches & jaunes à leurs fommets. Il part du centre de l’ovaire cinq ou fix petits ftyles : quand les boutons des fleurs viennent à paroître , l’arbre perd fes feuilles , & n’en poufle d’autres que quand le fruit fe forme. Ce fruit pend des branches en grappes ; 1l eft rond, oblong, dur , femblable à celui du mango , &c d’un verd vif, quand 1l eft prefque mûr ; il jaunit enfuite ; ileft aci- de au goût ; fa pulpe fe mange ; 1l contient une aman- de dure, qui remplit toute fa cavité ; fa furface eft recouverte de filets igneux ; il'efttendre fous ces fi- lets ; l'arbre porte fleurs & fruits deux fois lan. Les naturels du pays font de fon fuc mêlé avec le riz une efpece de pain qu’ils appellent apez. On attribue à {es différentes parties, à fes feuilles, à fon écorce, &c. plufieurs propriétés médicinales, qu’on peut voir dans Ray. * AMBARE , arbre des Indes grand & gros, à feuilles femblables à celles du noyer, d’un verd un peu plus clair, & parfemées de nervures qui les em- bellilfent ; à fleurs petites & blanches, à fruit gros comme la noix , verd au commencement, d’une odeur forte, d’un goût âpre , jauniffant à mefure qu'il mürit ; acquérant en même tems une odeur AMB 319 agréable , un goût aigrelet, & plein d’une moelle cartilagineufe & dure, parfemée de nervures ; on le confit avec du fel 8: du vinaigre ; ilexcite l’appé- tit, & fait couler labile. Lémery. | AMBARVALES , adj. pl. pris fubft. (Æ5f. arc. ) fêtes ou cérémonies d’expiation, que les Romains fafoient tous Les ans dans les campagnes, pour ob- tenir des Dieux une abondante moiflon. #7. FÊTE, rc, À cette fête, ils facrifotent une jeune vache, une truie , ou une brebis, après lavoir promenée trois fois autour du champ; ce qui fit donner à cette fête le nom d’ambarvales , lequel eft dérivé d'aue, autour, ou ærmblo , faire le tour, & de arva, champs ; d’au- tres, au lieu d’ambarvalia | écrivent: ambarbalia , & amburbia , & le font venir de æmbio, faire letour, êt urbs, ville. … Dunom des animaux qu’on facrifioit en cette fête, onla nommoit auf fwoverauriles , fuovetaurilia, Voyez SUOWETAURILES. Le carmen ambarvale, étoit une priere qui fe faifoit en cette occafion, dont Caton nous a confervé la formule, ch. cxxxxy. de re ruflica, Les Prètres qui officioient à cette folennité, s’ap- pelloient Frarres orvales, Voyez ORVALES , 6 AGri- CULTURE. Cette fête fe célébroit deux fois l’année , à la fn de Janvier , ou felon quelques Auteurs: au mois d'Avril, & pour la feconde fois au mois de Juillet ; mais on n’a rien de certain fur le jour auquel elle étoit fixée. (G) AMBASSÂDE., f. f, ( Hiff. mod. ) envoi que Îles Princes Souverains ou les États fe font les uns aux autres de quelque perfonne habile & expérimentée pour négocier quelque affaire en qualité d’4716affa- deur. Voyez AMBASSADEUR. . Le P. Daniel dit que c’étoit la coûtume , fous les premiers Rois de France , d'envoyer enfemble plu- fieurs ambafladeurs qui compofoient une efpece dé confeil : on obferve encore quelque chofe d’aflez femblable à cela dans les traités de paix. L'embaf- fade de France à Nimegue, pour la paix, éfoit com- pofée de trois Plénipotentiaires ; celle de Munfter de deux , Éc. | L’hiftoire nous parle auffi d'ambafladrices ; Mme [a Maréchale de Guebriant a été, comme dit Wicque- fort, la premiere femme, & peut-être la feule, qui ait été envoyée par aucune Cour de l’Europe en qualité d’ambaffadrice. Matth. Liv. 197. Vie d'Henri IF. dit que le Roi de Perfe envoya une Dame de fa Cour en ambaflade vers le Grand Seigneur pendant les troubles de l'Empire. AMBASSADEUR, f. m. ( if. moder. ) Mixifire public envoyé par un Souverain à un autre, pour y repréfenter fa perfonne. Poyez MINISTRE. Ce mot vient de ambafciator, terme de la bañffe latinité , qui a été fait de ambaülus, vieux mot.em- prunté du Gaulois, fignifiant férviteur, client, dome ffique ou officier , felon Borel , Ménage, &c Chifflet d’après Saumaife & Spelman : mais les Jéfuites d’An- vers, dans les aëf, Sanét. Mart, tom. II. pag. 128. re- jettent cette opinion, parce que l'embaë des Gaulois avoit ceffé d’être en ufage long-tems avant qu'on {e fervit du mot Latin ambaftia : cependant cela net pas ftriétément vrai, car on trouve ambaftie dans la loi Salique, #r. z9 , qui s’eft fait d’ambaëlia ; en pro- nonçant le s comme dans aéio, & ambaëlla Vient d'ambailus, &ce dernier d’ambaët, Lindenbroeg le dérive de l'Allemand ambacht, qui figniñie œuvre, comme fi on fe loüoit pour faire quelque ouvrage ou légation : Chorier eft du fentiment de Linden- broes au fujet du même mot, qui fe trouve dans la loi des Bourguignons. Albert Acharifus en fon Di: &ionnaire Italien, le dérive du Latin ambulare, mare 320 A MB cher on voyager. Enfin les Jéfuites d'Anvers, à l’en- droit que nous venons de citer, difent que l'on trou- Ve ambafcia dans les lois des Bourguignons , & que c’eft de-là que viennentles mots ambafficatores &t am- baftiatores, pour dire les Envoyés, les Agens d’un Prince ou d’un État, à un autre Prince ou Etat. Ils croient donc que chez les Barbares qui inonderent l’Europe, ambaltia fignifioit le difcours d’un homme qui s’humilie ou s’abaïfle devant un autre, & qu'il vient de la même racine qu’abaiffer, c’eft-à-dire de an Où arm &c de bas. En Latin nous nommons ce Miniftre /egatus ou orator : cependant il eft certain que ce mot ambaffa- deur a chez nous une fignification beaucoup plus am- ple que celui de /egatus chez les Romains; & à la ré- ferve de la proteétion que le droit des gens donne à l’un & donnoità l’autre , iln’y a prefque rien de com- mun entr'eux. Voyez LEGATUS. Les ambaffadeurs {ont ou ordinaires ou extraordi- ARAITES. AMBASSADEUR ordinaire , eft cel qui réfide en la Cour d’un autre Prince par honneur, pour entre- tenir réciproquement une bonne intelligence, pour veiller aux intérêts de fon Maître , &z pour négocier les affaires qui peuvent furvenir. Les ambaffadeurs ordinaires {ont d’inftitution moderne ; 1ls étoient in- connus il y a 200 ans : avant ce tems-là tous les a- Baffadeurs étoient extraordinaires , & fe retiroient fi- tôt qu'ils avoient achevé Paffaire qu'ils avoient à négocier. Voyez ORDINAIRE. AMBASSADEUR exrraordinaire » eft celui qui eft envoyé à la Cour d’un Prince pour quelque affaire particuliere & preffante, comme pour conclurre une paix ou un mariage, pour faire un compliment, 6*c. Voyez EXTRAORDINAIRE. A la vérité il n’y a nulle différence eflentielle entre ambaffadeur ordinaire & ambafladeur extraordi- naire : le motif de leurs ambaffades eft tout ce qui les diffingue : ils joiiffent également de toutes les prérogatives que le droit des gens leur accorde. Athènes & Sparte flomffantes, dit M. Toureil , n’avoient autrefois rien tant aimé que de voir & d'entendre dans leurs aflemblées divers ambaffadeurs qui recherchoient la protetion ou l’alliance de Pune ou de l’autre. C’étoit, à leur gré, le plus bel hom- mage qu’on leur pût rendre ; & celle qui recevoit le plus d’'ambaffades , croyoit lemporter fur fa rivale. . À Athènes, les abaffadeurs des Princes êc des États étrangers montoient dans la tribune des Ora- teurs pour expofer leur commiflion &c pour {e faire mieux entendre du peuple : à Rome ils étoient in- troduits au Sénat, auquel ils expofoient leurs ordres. Chez nous les arnbaffadeurs s'adreflent immédiate- ment & uniquement au Roi. Le nom d’abaffadeur, dit Ciceron, eft facré & inviolable : 707 modo inter fociorum jura , fed etiam inter hoffium tela incolume verfatur. In Verr. Orar. WI. Nous Hfons que David fit la guerre aux Ammonites pour venger l’injure faite à {es ambaffadeurs, Liv. IT, des Rois , ch. x. Alexandre fit pafler au fil de l’épée les habitans de Tyr, pour avoir infulté fes ambaffa- deurs. La jeuneffe de Rome ayant outragé les ambaf- fadeurs de Vallonne, fut livrée entre leurs mains pour les en punir à difcrétion. Les ambafladeurs des Rois ne doivent point aller aux nôces , aux enterremens, ni aux aflemblées pu- bliques & folemnelles , à moins que leur Maître n'y ait intérêt : ils ne doivent point aufli porter le deuil, pas même de leurs proches, parce qu’ils repréfen- tent la petfonne de leur Prince, à qui il eft de leur devoir de fe conformer en tout. En France le ronce du Pape a la préféance fur tous les autres ambafladeurs , & porte la parole en leur nom lorfqu’il s’agit de complimenter le Roi. Dans toutes les autres Cours de l'Europe l'ambaf= Jadeur de France a le pas fur celui d'Efpagne, comme cette Couronne le reconnut publiquement au mois de Mai 1662, dans l’audience que le Roi Louis XIV, donna à l’ambaffadeur d'Efpagne, qui, en préfence de vingt-fept autres tant ambafladeurs qu'envoyés des Princes, protefta que le Roï fon maitre ne difpute- toit jamais le pas à la France, Ce fut en réparation de l’infulte faite à Londres l’année précédente par le Baron de Batteville, ambaffadeur d'Efpagne, au Comte d’Eftrades, ambaffadeur de France : on frap- pa à cette occañon une médaille. ( G *AMBELA, arbre que les Indiens appellent chara- mei , & les Perfes & les Arabes ambela. I] y en a de deux efpeces : lune eft aufli grande que le neflier; elle a la feuille du poirier, &c le fruit femblable à la noïfette : mais anguleux & aigrelet. On le confit dans fa maturité, & on le mange avec du fel. L’autre ef- pece eft de la même grandeur : mais fa feuille eft plus petite que celle du poirier , & fon fruit plus gros. Les fndiens font bouillir fon bois avec le fantal , & pren- nent cette décoétion dans la fievre. Le premier ambela croît fur les bords de la mer; Île fecond en terre ferme. L’écorce de la racine de l’un & dé l’autre donne un lait purgatif, qu’on fait pren- dre , avec le fuc d’une dragme de moutarde pilée, à ceux qui font attaqués d’afthme. L'on arrète l'effet de ce purgatif quand il agit trop , avec de la décoc- tion de riz, qu'on garde deux ou trois jours pour la rendre aigre. Le fruit de l’arrbela fe mange. On le confit. On l’employe aufi dans les ragouts. Voyez Bot. de Parkin{on. * AMBER , riviere d'Allemagne dans la Baviere, qui a fa fource à deux lieues de Fuxfen, & fe joint à l’Ifer au-deflus de Landshut. : * AMBERG , ville d'Allemagne dans le Nordgow , capitale du haut Palatinat de Baviere , fur la riviere de Wils. Long. 29. 80. lat. 49. 26. * AMBERT , ville de France dans la bafle-Au- vergne, chef-lieu du Livradois. Long, 21.28. laur. 43. 28. AMBEZAS, fe dit az tritfrac de deux as qu’on amene en joiant les dés Voyez As, RAFLE & TR1c- TRAC. | AMBI, { m. machine ou 2#/frument de Chururgie, inventé par Hippocrate pour réduire la luxation du bras avec l’épaule. oyez LuxATI0N. Ileft compolé de deux pieces de bois jointes enfemble par une char- nicre : l’une fert de pié & eft parallele au corps; l’au- tre piece eft parallele au bras qui y eft attächée par plufieurs lacs , & elle fait avec la premiere pieceun angle droit, qui fe trouve placé précifément fous l’aiffelle. 7. Les fig. 10. & 12. PL. IV, de Chirurgie. - Pour {e fervir de l’ambi, on lie le bras fur le levier dont la charniere eft le point fixe , & en appuyant avec force fur l’extrémité du levier, on lux fait dé- crire une courbe pour approcher cette extrémité du pié de l’inftrument: ce mouvement fait en même tems l’extenfon , la contre-extenfon & la réduétion de l’os. | | Cette machine a quelques avantages : le bras peut y être placé de façon que les mufcles foientrelâchés ; elle a une force fuffifante, & on pourroit même lui en donner davantage en allongeant le bout de fon levier. L’extenfion & la contre-extenfion font éga- lement fortes, puifque la même caufe les produit en même tems. Mais l’ambi a aufli des défauts confidé- rables; en ce que la tête de los peut être pouflée dans fa cavité avant que les extenfions ayent été fufffantes. On rifque alors de renverfer en - dedans ou le rebord cartilagineux, ou la capfule ligamenteur- {e. Au refte cetie machine ne pourroit convenir tout au plus que pour la luxation en-deffous, & on fait que Le bras fe luxe fort facilement en-devant & en- dehors, A MB dehors. M. Petit a inventé une machine qui convient également à toutes les efpeces de luxation du bras. Voyez MACHINE pour la luxation du bras. (F°) AMBIA-MONARD , ( Med. ) bitume liquide jau- ne , dont l’odeur approche de celle du tacamahaca ; il eft réfolutif, fortifiant, adouciffant ; il guérit Les dartres, la gratelle : on s’en fert pour les humeurs froides: il a Les mêmes vertus que les sommes. (W) * AMBIAM , ville & royaume d’Ethiopie vers Le lac Zaflan. * AMBIANCATIVE, ville & royaume d’Ethio- pie, entre la Nubie & le Bagamedri. AMBIANT , adj. fe dit ez Phyfique de ce qui for- me comme un cercle ou une enveloppe à lentour de quelque chofe ; ce qu’on appelle ambiens en La- tin, Ou.cércumarmbiens ; comme l’atmofphere qui en- veloppe la terre & tout ce qu’elle porte. Ainfi on dit l'air ambiant pour l’air environnant ; les corps ambians pour Les corps environnans. Voyez AtR. (0) * AMBIBARIENS , peuples de l’ancienne Gaule ; on croit que ce font aujourd’hui ceux du diocèfe d’A- vranches. AMBIDEXTRE, adj. pris fubft. (Jurifp. ) qui fe Jert des déux mains avéc une aïfance égale. Voyez Main. Ce mot vient du Latin ambidextra | compofé de ambo, les deux, & dextra , main droite , fait à limitation du mot Grec aude £r , qui fignifie la même chofe. Hippocrate dans fes Aphorifmes prétend qu’il n’y a point de femme embidextre : plufeurs Mo- dernes cependant foûtiennent le contraire , & citent des exemples en faveur de leur fentiment : mais s’il y a des femmes ambidextres, il faut avoter du moins qu’il y en a beaucoup moins que d'hommes. On a aufi appliqué le mot ambidextre dans un fens métaphorique à ceux qui prennent de l'argent de deux parties, & promettent féparément à l’une & à Pautre des’employer pour elle, comme poutroit faire un Ex- pertun Procureur ou folliciteur de mauvaïfefoi.(Æ7) * AMBIERLE,, ville de France dans le Forès, à rois lieues de Rotianne , à quinze de Lyon. AMBIGENE,, adj. hyperbole ambigene, en Géomé- zrie, c’eft celle qui a une de fes branches infinies inf- crite, & l’autre circonfcrite à fon afymptote. Voyez Course. Telleeft dans la fig. 38. Analyf. la courbe BCED , dont une branche CB eft:infcrite à l’a- fymptôte AG, c’eft-à-dire tombe au-dedans ; & l'au- tre branche C£ D eft circonfcrite à l’afymptote 4F, c’eft-à-dire tombe au-dehors de cette afymptote. M. Newton paroît être le premier qui fe foit fervi de ce terme pour défigner certaines courbes hyperboli- ques du troifieme ordre. (0) AMBIGU , adj. ( Gramm. ) ce mot vient de ambo, deux, & de ago, poufler, mener. Un terme ambigu ‘préfente à l’efprit deux fens différens. Les réponies -des anciens oracles étoient toüjours ambigues ; & c’étoit dans cette ambiguité que l’oracle trouvoit à fe défendre contre les plaintes du malheureux qui lavoit confulté, lorfque l’évenement n’avoit pas ré- pondu à ce que l’oracle avoit fait efpérer felon l’un des deux fens. Voyez AMPHIBOLOGIE. (F) AMBITÉ, adj. en ufage dens Les Werreries. On dit : que le verre eft ambiré quand il eft mou, quand il n’y a pas affez de fable ; alors il vient plein de petits gru- meaux ; le corps du verre en eft tout parfemé ; les marchandifes qui s’en font font comme pourries & _cafent facilement. Il faut alors le rafiner , & perdre .à cette manœuvre du tems & du charbon. Voyez l’ar- ._sicle VERRERIE. 4 AMBITION , f.f. c’ef? la paffion qui nous porte avec excès à nous aggrandir. Îl ne faut pas confondre tous les ambitieux : Les uns attachent la grandeur folide à l'autorité des emplois ; les autres à la richeffe ; les au- tres au fafte des titres, 6c. Plufieurs vont à.leur but -{ans nul choix des moyens ; quelques-uns pardegran- | Tome I : A MB 321 des chofes, & d’autres par les plus petites : ainfi telle ambition pafle pour vice, telle autre pour vertu ; telle eft appellée force d’efprir, telle égarement & bafeffe. Toutes les paflions prennent le tour de notre ca- raétere. Il y a, s’il eft permis de s’exprimer ainfi » entre l’ame & les objets une influence réciproque. C’eft de l’ame que viennent tous les fentimens : mais c’eft par les organes du corps que pañlent les objets qui Les excitent : felon les couleurs que l’ame leur donne ; felon qu’elle les pénetre , qu’elle les embel- lit, qu’elle les déguife, elle les rebute ou elle s’y at- tache. Quand on ignoreroit que tous les hommes ne fe teflemblent point par le cœur , il fufroit defavoir qu'ils envifagent les chofes felon leurs lumieres , peut-être encore plus inégales, pour comprendre la différence qui diftingue les paflions qu’on défigne du même nom : fi différemment partagés d’efprit, de fen- timens & de préjugés, il n’eft pas étonnant qu'ils s’at- tachent au même objet fans avoir en vüele même in- térêt; & cela n’eft pas feulement vrai des ambitieux , mais auf de toute pañlion. (X) * Les Romains avoient élevé un temple à l’ambr- tion , & ils le lui devoient bien. Ils la repréfentoient avec des ailes & les piés nuds. AMBITUS ,f. m. eft er Mufique le nom qu’on don- noit autrefois à l'étendue particuliere de chaque ton ou mode du grave à l’aigu. Car quoique l'étendue d’un mode fût en quelque maniere fixée à deux oc- taves , il y avoit des tons irréguliers dont l’embitus excédoit cetteétendue, & d’autres qui n’y arrivoient pas. Voyez MoDE , ToN de l’Eglife. (S) *AMBIVARITES, peuples de la Gaule Belgique : on croit qu’ils habitoient le pays aujourd’hui appellé Le Brabant. Voyez BRABANT. AMBLE , {. m.c’eft, en langue de Manege, un pas du cheval, danslequel il a toujours à la fois deux jam- bes levées. Voyez Pas. Ce pas eft un train rompu, un cheval qui va l’aw- - ble, mouvant toujours à la fois les deux jambes de devant ou les deux de derriere : l’amble eft lallure na- turelle des poulains ; & ils s’en défont dès qu'ils font aflez forts pour troter. On ne connoït point cette al- lure dansles Manéges, où les Ecuyersne veulent que le pas, le tros & le galop. La raifon qu'ils en donnent eft. qu’on peut mettre au galop un cheval qui trote, fans l'arrêter, mais qu’on ne peut pas le mettre de même de l’amble au galop fans l’arrêter ; ce qui prend du tems & interrompt la juftefle & la cadence du ma- nége. Voyez TROT, GALOP , 6c. Il y a différentes manieres pour drefler un jeune cheval à l’amble. Quelques-uns le fatiguent à mar- cher pas à pas dans des terres nouvellement labou- rées, ce qui l’accoùtume naturellement à la démar- che de l’amble: mais cette méthode a fes inconvé- niens; car on peut, en fatiguant ainfi un jeune che- val, l’afoiblir ou l’eftropier. D’autres, pour Le former à ce pas, l’arrêtent tout court, tandis qu'il galope, & par cette furprife lui, font prendre un train mitoyen entre le trot & le ga- lop; de forte que perdant ces deux allures , 1l faut néceffairement qu’il retombe à l’emble: mais on rif- que par-là de lui gâter la bouche, ou de jui donner une encartelure , ou un nerf-férure, D’autresly dreffent en lui chargeant les piés de fers extrèmement lourds: mais cela peut leur faire heur- ter & bleffer les jambes de devant avec les piés de derriere. D’autres leur attachent au paturon des poids de plomb : maïs outre que cette méthode peut cau- fer les mêmes accidens que la précédente , elle peut auf caufer au cheval des foulurés incurables , ou lui écrafer la couronne , &c. | D’autres chargent le dos du cheval de terre, de plomb, ou d’autres matieres pefantes : mais il eft à craindre qu’on ne lui rompe les vertebres en le {ur- chargeant. | D'autres tâchent de le réduire à l’arzble, à la main avant de le monter, en lui oppofant une muraïlle ou ine barriere, & lui tenant la bride ferrée, &z-le frap- ant avec une verge lorfqu'il bronche, fur les jam- be de derriere & fous le ventre : mais par-là on peut mettre un cheval en fureur, fans lui faire enteñndre ce que l’on veut de lui, ou le faire cabrer, ou lui faire écarter les jambes , ou lui faire prendre quel- qu'autre mauvais tic, dont on aura de la peine à le deshabituer. . D’autres, pour le même effet, lui mettent aux deux piés de derriere des fers plats &c longs qui dé- bordent le fabot en devant , autant qu'il faut pour que le cheval, s’il prend le trot, fe heurte le derrie- re des jambes de devant avec le bout des fers : mais il y a à craindre qu'il ne fe blefle les nerfs , & n’en devienne eftropié pour toùjours. Quelques-uns , pour réduire un cheval à l’armble, lui mettent des lifieres autour des jambes en forme de jarretiere , & l’envoyent au verd en cet état pen- dant deux ou trois femaines, au bout defquelles on les lui ôte. C’eft ainfi que les Efpagnols s’y pren- nent : mais on n'approuve pas cette méthode ; car quoiqu’à la vérité 1l ne puifle pas en cet état trotter fans douleur, fes membres n’en fouffriront pas moins ; & fi l’on parvient à le) mettre à l’arble , fon allure fera lente & aura mauvaïfe grace, parce qu'il aura le train de derriere trop rampant. La maniere de mettre un cheval à l’amble par le moyen du tra- mail paroïît la plus naturelle & la plus füre. Mais beaucoup de ceux qui s’en tiennent à cette méthode tombent encore dans différentes fautes quelquefois 1ls font le tramail trop long , & alots il ne fert qu'à faire heurter les piés dit cheval confu- fément les uns contre les autres ; ou ils le font trop court, & alors 1l ne fért qu’à lui faire tournoyer & lever les piés de derriere fi fubitement , qu’il s’en fait une habitude dont on ne vient guere à bout de le défaire par la fiute. Quelquefois aufli le tramaïl eft mal placé, & eft mis , de crainte qu’il ne tombe, au-deffus du genou & du fabot: en ce cas , l'animal ne peut pas poufler contre , & la jambe de dévant ne peut pas forcer celle de derriere à fuivre : ou fi pour éviter cet inconvénient on fait le tramail court &c droit , il comprimera le gros nerf de la jambe de derriere & la partie charnue des cuifles de devant, en forte que le cheval ne pourra plus aller qu’il ne ‘bronche pardevant, & ne fléchifle du train de der- ‘riere. | Quant à la forme du tramail , quelques-uns le font de cuir ; à quoi il y a cet inconvénient , qu’il s’al- Tongera où rompra ; ce qui pourra empêcher le fuc- cès.de l’opération. Pour un bon tramail , 1l faut que les côtés foient fi fermes, qu’ils ne puiflent pas prê- ‘ter de l’épaifleur d'un cheveu ; la houffe mollette ; & fi bien arrêtée qu’elle ne puifle pas fe déranger ; la bande de derriere plate, & defcendant aflez bas. .En le dreflant à la main, on lui mettra feulement -en commençant un demi-tramail , pour le dreffer d’a- bord d’un côté ; enfuite on en fera autant à l’autre côté ; & lorfqu'il ira l’ansble à la main avec facilité 322 & avec aifance, fans trébucher ni broncher, cequi ! fe fait d'ordinaire en deux ou trois heures , on lui ! mettra le tramail entier. Voyez TRAMaAIx. AMBLER , ( Manege. ) c’eft aller l’amble. V. Am- _BLE. Il y a certains chevaux bien forts , qui amblenr .lorfqu’on les prefle au manege : mais c’eft le plus -fouvent par foibleffe naturelle où par laffitude. (7) * AMBLETEUSE, ville maritime de France dans la Picardie. Lon. 19. 20. dat. $o. 50. ‘AMBLEUR , f. m, ( Manege. ) Officier de la ran- “de & petite écurie du Roi. Voyez AMBLE. (F°) ÂMBLEUR, Ÿ m. c'efbainf qu'on nomine.ez Ÿéx nerte-un cerf dont la trace du pié de derriere fiw- pañle la trace du pié de devant, AMBLYOPIE., f. f. ef une ofufcation ou un obfeur- ciffement de la vie, qui empêche de diftinguer clai- rement l’objet, à quelque diftance qu’il {oit placé. Cette incommodité vient d’une obftruétion impar- faite des nerfs optiques , d’une fuffufion légere , du défaut ou de l’épaifleur des efprits, &c. Quelques- uns comptent quatre efpeces d’ablyopies ; favoir, la #2yopie, la presbytie, la nyalopie, & l’amaurofis. Voyez chacune à Jon article. Blanchard. (N) AMBLYGONE , adj. m. serme de Géom. qui fe dit d’un triangle dont un des angles eft obtus ,oua plus de 90 degrés. Voyez ANGLE & TRIANGLE. | Ce mot eft compolé de l’adje@if Grec au£nde , obe tus | & de yaris, angle. ( E * AMBOHISTMENES , peuples d'Afrique , qui habitent les montagnes dela partie orientale de l’ile dé Madagafcar. AMBOINE , île d’Afe ; lune des Moluques, aux Indes orientales , avec ville de même nom. Long. 145. lat. mérid. 4. * AMBOISE , ville de France , dans la Tourai- ne , au confluant de la Loire & de la Mañle. Long: 184. 39°. 7". lat, 4374 2,4!. 861. AMBON , auBur, nom que l’on donne au bord cartilagineux qui environne les cavités des os quien reçoivent d’autres : tels font ceux de la cavité gle= noide de P’omoplate, de la cavité cotyloide des os des hanches. Voyez OMOPLATE & HANCHE, &c. (L) AMB0ON, eftaufli la même chofe que jubé. 7. Ju8£. AMBOUCHOIR , f. m. pl. ez rerme de Bottier , ce font les moules fur lefquels on fait la tige d’une botte. Ils font compofés de deux morceaux de bois qui réunis enfemble, ont à peu près la figure de la jambe , & qu’on fait entrer l’un après l’autre dans le corps de la botte ; on écarte les morceaux de bois à difcrétion par le moyen d’un coin de bois, appellé clé, que l’on chafle à coups de marteau entre les deux pieces qui compofent l’ambouchoir. Foyez la fg..29. PI. du Bortier. * AMBOULE , ( VALLEE D’) contréé de l’île de Madagäfcar , au midi, versla côte orientale ,au nord du Carcanoffi. k * AMBOURNAI 64 AMBRONAT, ville de Fran- ce dans le Bugey , à trois lieues de Bourg en Breñle. AMBOUTIR , v. a. er térme de Chaudronnier , c’eft donner de la profondeur & dela capacité à une. piece qui étoit platte , en lafrappant en dedans avec un marteau à tranche ou à panne ronde. Voyez La fig. 6. PL. 1. du Chaudronnier | qui repréfente un ouvrier qui amboutit une piece fur un tas avec un marteau. Ce terme convient dans le même fens à l'Orfévre , au Serrurier , au Ferblantier ; & à la plû- part des autres Ouvriers qui employent les métaux, ou des matieres fléxibles. AMBOUTIR , ex terme d'Eperonnier, Voyez Es= TAMPER. AMBOUTISSOIR o4 EMBOUTISSOIR , f. m. outil d'Eperonnier , eftune plaque de fer dans laquel- le eftuñe cavité fphérique ou paraboloïde , {elon que l’on veut que les fonceaux que l’on amboutit deflus foient plus arrondis ou plus aigus. :Le fond de cette cavité eft pèrcé d’un trou rond d'environ fept à huit lignes de diametre ; c’eft fur cet outil polé à cet effet fur une enclume ,.que l’on fait pren- dre la forme convexo-concave aux pieces de fer qui doivent former les fonceaux en ‘frappant deffus la tête d’une bouterolle qui appuie la piece rougie au feu , qui doit former le fonceau. Voyez ESTAMPER & FONCEAU , & /a fig. 1. PI. de l'Eperonnier | qui repréfente l’ambouifloir. AMBOUTISSOIR , outil de Cloutier | eft yn poin- A MB çon d’äcier trempé , dont l’éxtrémité inférieure eft concave , & de la forme que l’on veut donner aux têtes des clous que l’on fabrique avec cet outil, comme les clous à têté de champignon , les bro- “quettes à têté émbouties , & autres fortés. Vüyez la Jig. 1. PI, dn Cloutier. 7: * AMBRACAN, f. m. poiflon de mer qu'on ap- pelle encore ambera , dont Marmol a fait mention, mais qu neft connu , je crois, d'aucun natura- lifte. Marmol dit qu'il eft d’une grandeur énorme ; qu’on ne le voit que quand il eft mort ; qu’alors la imer le jette fur le rivage ; qu'il a la tète dure com- me un caillou ; plus de douze aunes de longueur ; &'qué v’eftce poiflon, & non la baleine , qui jette Pambre. Voyez à l’article AMBRE ce qu'il faut pen- fer de cette dermiere partie de da defcription ; quant aux autres , élles ne peuvent être appuyées ni com- battues d’aucuné autorité. * AMBRACIE , ancienne ville d’Epire , dont le golfe eft célebre par la viétoire d’Augufte fur An- toire. * AMBRASI, riviere d'Afrique au Royaume de Congo; elle a fa fource dans des montagnes voifines de Tinda , & fe jette dans la mer d’Ethiopie , entre les rivieres de Lelunda & de Cofe. Pa AMBRE-GRIS , ( Æiff. nat. ) Armbarum cinera- ceum Jeu grifeum ; Ambra grifea; parfum qui vient de la mer, & qui fe trouve fur les côtes en morcearix de confiftaänce folide ; cette matiere éft de couleur cendrée & parfemée de petites taches blanches ; elle eft légere & grafle ; ellé a une odeur forte ëc pénétrante qui la fait reconnoître aifément , mais qui neft cependant pas aufh aétive & auf agréa- ble dans l’ambre brut qw'elle lé devient, après qu'il a été préparé , & furtout après qu'il a été mêle Œrss “+ FRERE ‘avec une petite quantité de mufc & dé civette. C’eft par ces moyens qu'on nous développe fon odeur dans les eaux de fenteur & dans les autres chofes, où on fait entrer ce parfum. Il s’enflamme & il brù- le ; en lé mettant dans un vaifleau fur le feu , on le fait fondre & on le réduit en une réfine liquide dé couleur jaune , où même dorée. Il fe diffout en par- tie dans l’efprit-de-vin , & il en réfte une partie {ous la forme d’une matiere noire vifqueufe. * Les Naturaliftes n’ont jamais été.d’accord fur Po- rigine & fur la nature de l’arbre-gris. Les uns ont cru que c’étoit l’excrément de certains oïfeaux qui vivoient d'herbes aromatiques aux îles Maldives où à Madagafcar ; que ces excrémens étoient altérés : affinés & changés en ambre fur les rochers où ils reftoient éxpofés à toutes les viciffitudes de Pair. D'autres ont prétendu qué ces mêmes excrémens étoient fondus par la chaleur du Soleil fur les bords de la mer, & entraînés par les flots ; que les balei- nes les avaloient & les rendoïent enfuite convertis en ambre-gris, qui étoit d'autant plus noir qu’il avoit demeuré plus long-tems dans le corps de ces ani- maux. On a aufh foûtenu que l’enbre-gris étoit ex- crément du crocodile, du veau marin, & principa- lement des baleines, fur-tout des plus grofles & des plus vieilles. On en a trouvé quelquefois dans leurs inteftins; cependant de cent que l’on ouvrira, on ne fera pas aflüré d’en trouver dans une feule. On à même voulu expliquer la formation de l’ambre-gris dans le corps de la baleine, en difant que c’eft une véritable concrétion animale, qui fe forme en boule dans le corps de la baleine mâle, & qui eft enfer- imée dans une grande poche ovale au-deflus des tefti- cules à la racine du penis. Tranf. Philo. n°. 385 & 387. On a dit que l’ambre-pris étoit une forte de gomme qui diftille des arbres, & qui tombe dans la met où elle fé change en ambre, D’autres ont avancé que c’étoit un champignon marin arraché du fond de mer par la violence des tempêtes ; d’autres l'ont Tome L » A M B 323 cru uñe produttion végétalé, qui naît des ratincs d'un arbre qui s'étend dans la mer: on a dit qu'il venoit de l’écume de la mer ; d’autres énfin ont aflüré qué l’ambre-gris n’étoit autre chofe que des rayons de cire & de miel qué les abeilles faifoient dans des feñtés de grands rochers qui font au bord dé la mer des Indes. Cette Opinion a pari la meil- léure à M. Formey, Secrétaire de l'Académie Royale des Sciences & Belles-Lettres de Pruflé. Voici com: ment 1l s’en explique dans fon manuferit : « Je ne » trouve point de fentiment plus raifonnable que ce- » Jui qui affüre que l’ambre.gris n’eft autre chofe qu'un » compoié de cire & de miel, qué lés mouches font » fur les arbres, dont les côtes de Mofcoÿie font rem: » plies, ou dans lés creux des rochers qui font au »# bord de la mer des Indes ; que cette matiere {e cuit » 6t s’ébauche au foleil, & que fe détachant enfuité » ou par Peffort des vents, où par l’élevation des » Eaux, Où par fon propre poids, elle tombe dans là ‘ # mer & acheve de s’y perfe@ionner , tant par l'ai # gitation des flots ; que par l’efprit falin qu’elle y » rencontre ; Car On vVOit par expériénce qu’en pres » nant de la cire & du miel, & les mettant en dige: » ftion pendant quelque tems , on én tire un élixir # & une efléncé qui eft non-feulement d’une odeur » très-agréable , mais qui a auffi des qualités fort ap2 » prochantes de l’ambre-gris ; & je ne doute point » qu'on ne fit un élixir encore plus excellent, fi on » 1e fervoit du miél des Indes ou de Mofcovie, parce » que lès mouches qui le font y trouvent des fleurs » plus aromatiques & plus odoriférantes , rc. » M. Geoffroy dit expreflément dans le premier vo: lume de fon traité de La matiere Médicale , qu'ilny à pas lieti dé douter que l’ambre-gris ne foit une efpecé de bitûme qui fort de la terre fous les eaux de la mer : 1l eft d’abord liquide, enfuité il s’épaiffit, enfin il fe durcit ; alors les flots l’entraînent & le jettent {ur le rivage : én effét c’eft fur les rivagés de la mer; & fur-tout après les tempêtes, que l’ôn trouve l’- bre-gris. Ce qui prouve qu'il eft liquide quand il fort de la terre, c’eft que l’artbre-oris folide, tel que nous l’avons, contient dés corps étrangers qui n’auroient pas pù entrer dans fa fubftance fi elle avoit tojours été feche & folide; par exemple , on y trouve de petités pierres, des coquilles, des 6s, dés becs d’oiz {eaux , dés ongles , des rayons de cire encore pleins de miel, &c. On a vù des morceaux d’ambre-gris, dont la moitié étoit de cire pure. Il y à eu encoré d’autres Chimiftes qui ont nié que cette matiere fût une fubftance animale, parce qu'elle ne léut avoit donné dans l’analyfe aucun principe animal. On a cru dans tous lès tems que l’ambre-pris étoit une ma: tiere bitumineufe. Les Orientaux penfoient qu’il for: toit du fond de la mer comme le naphthe diftille de quelques rochers ; & ils foûtenoient qu’il n’y en avoit des fources que dans le golfe d’Ormus, entre la mer d'Arabie & le golfe de Perfe. Plufeurs Auteurs fe {ont réunis à croire que l’ambre-gris étoit une forte de poix de matiere vifqueufe, un bitume qui fort du fond de la mer, ou qui coule fur {es côtes en forme liquide , comme le naphthe ou le pétrole fort de l4 terre & diftille des rochers ; qu'il s’épaiflit peu à peu &t fe durcit dans la mer, Traxf. Philof. n. 133. 434. 435. Nous voyons tous ces différens états du bitus me dans le piffafphalte & dans l’afphalte, 7. Napri THE, PISSASPHALTE, ASPHALTE. L'ambre-gris eft en morceaux plus éu moins gros &t ordinairement arrondis ; ils prennent cette forme en roulant dans la mer ou fur le rivage. On en ap porta en Hollande, fur la fin du fiecle dernier, un morceau qui peloit 182 livres ; 1l étoit prefque rond, & 1l avoit plus de deux piés de diametre, On dit qué ce morceau étoit naturellement de cette srofleur, & qu'il n’y avoit pas la moindre apparence qu'on eût {1 »4 AMB réuni plufieuts petits morcedux pour le former. Plu- fieurs Voyageurs ont rapporté qu’ils avoient vü une quantité prodigieufe d’abre-gris dans certaines cô- tes: mais on n'a jamais pû les retrouver; qu'ils en avoient rencontré des mafles qui pouvoient pefer juf qu’à quinze mille livres ; enfin qu’il y avoit une île qui en étoit formée en entier. Il eft vrai qu'ils ont été obligés d’avoïer que cette île étoit flotante, parce qu'ils vavoient pas pà la rejoindre. Si l'arbre eft un bitume, il ne feroit pas étonnant qu’il y en eût de grands amas: maïs on les connoit fi peu, que larz- bre a été jufqu’ici une matiere rare & précieufe; ce- pendant on en trouve en plufeurs endroits. Il y en a une affez grande quantité dans la met des Indes au- tour des îles Moluques : on en ramafle fur la partie de la côte d'Afrique & des îles voifines qui s’étend depuis Mozambique jufqu’à la mer rouge; dans Pile de Ste Marie; dans celle de Diego-Ruis près de Ma- dagafcar; à Madagafcar; dans l'ile Maurice qu n’en eft pas fort éloignée; aux Maldives, & fur la côte qui eft au-delà du cap de Bonne-Efperance. Il y en a aufñ fur les côtes des îles Bermudes, de la Jamai- que, de la Caroline, de la Floride, fur les rades de Tabago, de la Barbade, & des autres Antilles. Dans le détroit de Bahama & dans les îles Sambales ; les habitans de ces îles le cherchent d’une façon aflez finguliere, ils Le quêtent à l’odorat comme les chiens de chafle fuivent le sibier. Après les tempêtes ils courent fur les rivages , & s’il y a de l’ambre-gris ils en fentent l’odeur, [l y a auf certains oïfeaux fur ces rivages qui aiment beaucoup l’ambre-gris, & qui le cherchent pour le manger. On trouve quelques morceaux d’anbre-sris fur le rivage de la mer Médi- terranée, en Angleterre, en Écofle, fur les côtes oc- cidentales de l'Irlande, en Norvege, & fur les côtes de Mofcovie & de Ruflie, 6c. On diftingue deux fortes d’ambre-gris ; la premiere & la meilleure eft de couleur cendrée au-dehors, & parfemée de petites taches blanches au-dedans. La feconde eft blanchâtre ; celle-ci n’a pas tant d’odeur ni de vertu que la premiere. Enfin la troifieme eft de couleur noirâtre , & quelquefois abfolument noire ; c’eft la moins bonne & la moins pure, on l’a appelée ambre-renardé, parce qu’on a crü qu’il n’étoit noir que parce qu'il avoit été avalé par des poiflons. En effet on a trouvé de l’arzbre dans l’eflomac de quelques poiflons: mais fa couleur noire peut bien venir d’un mélange de matieres terreufes ou de certaines dro- gues, comme des sommes avec lefquelles on le {o- phiftique. Pour effayer fi l’ambre-gris eft de bonne qualité, on le perce avec une aiguille que l’on a fait chauffer ; s’il en fort un fuc gras & de bonne odeur, c’eft une bonne marque. Les Parfumeurs font ceux qui font le plus grand afage de l’ambre-gris ; on en mêle auffi dans le fucre & dans d’autres chofes ; c’eft un remede dans la Me- decine, (1) AmBre-GRis ( Med.) Si on diftille Panbre, il don- ne d’abord un phlegme infpide, enftute une liqueur acide , fuivie d’une huile dont l'odeur eft fuave , & mêlée avec un peu de fel volatil femblable à celui que l'on retire du fuccin; enfin il refte au fond de Ta cornue une matiere noire , hufante & bitumineu- Le. L’ambre eft donc compofé de parties huileufes, très-ténues , & fort volatiles , mais qui font enga- gées dans des parties falines & graffes, plus épaifles & plus grofferes. Il ma pas beaucoup d’odeur quand il eft en mafle : mais étant pulvérilé & mêlé avec d’autres ingrédiens , fes principes fe raréfient & s’é- tendent , & fa volatilité efttelle, qu'il répand une odeur fuave & des plus agréables. Ses vertus font de fortifier le cerveau, le cœur, l’eftomac ; il excite de da joie, provoque la femence , & on le donne pour augmenter la fecrétion des efprits animaux & les ré- veiller. On l’ordonne dans les fyncopes, dans les débilités des nerfs : on s’en fert dans les vapeurs des hommes ; mais il eft nuifible à celles des femmes: on en fait une teinture dans l’efprit-de-vin ; on l’or- donne en fubftance à la dofe d’un grain pufqu’à huit, Les Orientaux en font un grand ufage. ( N'} AMBRE JAUNE ( Âif. nat, ) ambarum citrinum, ele&rum , karabe , fuccinum , fuccin , matiere dure , {e- che , tranfparente , caffante , de couleur jaune , de couleur de citron ou rougeâtre, quelquefois blan- châtre où brune , d’un goûtun peu acre , & appro- chant de celui des bitumes. L’arzbre-jaune eft inilam- mable , & aune odeur forte & bitumineufe lorfqu'l eft échauffé. Il attire, après avoir été frotté, Les pe- tites païlles,.les fétus, & autres corps minces & lé- gers ; d’où vient le nom d’eleérum , & celui d’élettri- cité, Voyez ÉLECTRICITÉ. L'ambre-jaune fe diffout dans lefprit-de-vin, dans l’huile de lavande , & mé- me dans l'huile de lin , mais plus difficilement. Il fe fond fur le feu, & il s’enflamme ; alors il répand une odeur auf forte & aufli défagréable que celle des bitumes. Les Naturaliftes n’ont pas été moins incertains {ur l’origine de l’ambre-jaune, que fur celle de l’errbre- gris : on a crû que c’étoit une concrétion de l'urine du lynx, qui acquéroit une dureté égale à celle des pierres de la veflie; c’eft pourquoi on avoit donné le nom de /yrcurium à l'ambre: d’autres ont préten- du que c’étoit une concrétion des larmes de certains oïfeaux ; d’autres ont dit qu’il venoit d’une forte de peuplier par exudation. Pline rapporte qu’il découle de certains arbres du genre des fapins, qui étoient dans Les ifles de l'Océan feptentrional ; que cette li- queur tomboit dans la mer après avoir été épaïfñie par le froid ; & qu’elle étoit portée par les flots fur les bords du continent le plus prochain, qu'il ap« pelle lAuffravie, M. Formey , Secrétaire de l’Acadé- mie Royale des Sciences de Prufle, a expofé les preuves que l’on a données de ce fyftème fur la formation de l’ambre ; voici ce qu'il dit dans un ma- nufcrit qui nous a été communiqué. « L’embre-aune » ne fe trouve ordinairement que dans la mer Bal- » tique , fur les côtes de la Pruffe. Quand de cer- » tains vents regnent, il eff jetté {ur le rivage ; & les » habitans qui craignent que la mer qui le jette nele » rentraîne , le vont ramafler au plus fort de la tèm- » pête. On en trouve des morceaux de diverfe figu- » re &c de différente grofleur, Ce qu'il a de plus fur- » prenant , &c qui embarrafle les Naturaliftes, eft » qu’on pêche quelquefois des morceaux de cet ar- » bre, au milieu defquels on voit des feuilles d’ar- » bres, des fétus , des araignées, des mouches, des » fourmis , & d’autres infeétes qui ne vivent que fur » terre, En effet, c’eft une chofe aflez difficile à ex- » pliquer, comment des fétus & des infeétes, qui na- » gent toûjours fur l’eau à caufe de leur légereté, » peuvent {e rencontrer dans les morceaux d’ambre » qu'on tire du fond de la mer. Voici explication » qu’on en donne, Ceux qui ont voyagé du côte de la » mer Baltique, remarquent que vers la Pruffe il y a » de grands rivages fur lefquels la mer s’étend,tantôt » plus, tantôtmoins : mais que vers la Suede cefont » de hautes falaifes , ou des terres foûtenues, fur le » bord defquelles il y a de grandes forêts remplies » de peupliers & de fapins, qui produifent tous les » étés quantité de gomme & de réfine ; cela fuppo- » fe , ileft aïfé de concevoir qu’une partie de cette » matiere vifqueufe demeurant attachée aux bran- » ches des arbres, les neiges la couvrent pendant » l’hyver, les froïds l’endurciffent & la rendent caf- » fante, & les vents impétueux en fecoüant les bran- » ches, la détachent & l’enlevent dans la mer. Elle » defcend au fond par fon propre poids ; elles’y cuit » peu à peu, & s’y endurçit par l’aétion çcontinuelle A MB » dés éfprits falins ; &’enfin elle deviénit l’armbre : en- » fuite de quoi la-mer venant à s’apiter extraordinai- » rement , & le vent pouflant fes flots des côtes de » la Suede à celles de la Prufle, c’eft une néceflité » que l’ambre five ce mouvement, & donne aux pê- » cheurs occafion de s'enrichir, & dé profiter de » cette tempête. L’endroït donc de la mer Baltique » oil yale plus d'anére, doit être au-déflous de » ces arbres , &-du côté de la Suede ; & fi la mer » n’y étoit pas trop profonde , je ne doute pas qu’on »n'y en trouvât en tout tems une orande quan- wtité ; 8 ilne faudroit pas attendre que le vent füt » favorable , comme on fait aux côtes de la Pruffe. » Il ne répugne pourtant pas qu’on puifle trouver » quelques morceaux d’zbre dans d’autres endroits #de la mer Baltique ; & même dans l'Océan avec » lequel elle a-ccommunication ; car l’eau de la mer » étant continuellement agitée , elle peut bien en » enlever (quelques-uns, & les pouffer fur des riva- » ges fort éloignés : mais cela ne fe doit pas faire fi sfréquemment & en fi grande abondance que fur » les côtes de Prufle. Au refte, il n’y a pas de difi- » culté à expliquer dans ce fentiment comment des »# mouches, des fourmis, & autres infeétes , peu- » vent quelquefois fe trouver'au milieu d’un mor- » ceau d’arnbre ; car s'il arrive qu’un de ces infeétes » en fe promenant fur les branches d’un arbre ; ren- » contre une goufte de cette matiere réfineufe qui » coule à travers l'écorce, qui eft aflez liquide en » fortant , il s’y embarraffe facilement ; & n’ayant » pas la force de s’en retirer, il eft bientôt enfe- » veli par d’autres gouttes qui fuccedent à la pre- » nuere, & qui la groffflent en {e répandant tout à » l’entour. Cette matiere , au milieu de laquelle il » y a des infeétes, venant à tomber, comme nous # avons dit, dans la mer, elle s’y prépare & s’y en- » durcit ; & s'il arrive enfuite qu’elle foit pouflée » fur un rivage, & qu’elle tombe entre les mains # de quelque pêcheur, elle fait l’étonnement de ceux » qui n’en favent pas la caufe. » On demande au refte fi l’arrbre jaune doit pafler # pour une gomme où pour une réfine, Il eft aifé de » fe déterminer là-deflus; car comme la gomme fe » fond à l’eau , & que la réfine ne fe fond qu’au feu, » 1l femble que l’arbre | qui né fe fond que de cette # derniere maniere, doit être mis au nombre des » réfines plütôt qu'en celui des gommes. M. Ker- + kring avoit pourtant trouvé le fecret de ramollir 5 l’arsbre autrement que par le feu, & d’en faire » comme une pâte à laquelle il donnoit telle figure # qu'il lui plaïoit. Voyez Jour. des Sav. Août 1672. # Obfer. cur. fur toutes les part. de la Phyf. rome IT. » page 93. E füiv. » Cette opinion fur Porigine & la formation de l’a- bre a été fuivie par plufeurs Auteurs , & en parti- culier par le P. Camelli, Trazfaët. Phil. n°. 290. On a aflüré que lambre-jaune étoit une congella- tion qui fe formoit dans la mer Baltique , & dans quelques fontaines , comme la poix. D’autres ont crû que c’étoit un bitume qui coule dans la mer , qu'il y prend de la confiftance , & qu’enfuite il ef rejetté fur les côtes par les flots : mais il fe trouve auffi de l'ambre dans les terres , & même en grande quantité. On a conclu de ce fait que l’ambre étoit un bitume foflile , & on a dit qu'il étoit produit par un fuc bi- tumineux 8 par un {el vitriolique , & qu'il étoit plus ou moins pur & tranfparent, quil avoit plus où moins de confiftance , felon que les particules de fel &c de bitume étoient plus où moins pures, &: qu’el- les étoient mêlées en telle ou telle proportion. Agri- cola penfoit que l’ambre-jaune étoit un bitume , de zatura foffium , lb. IF. {on fentiment a été confirmé par plufeurs Auteurs; il y en à même qui en ont été bien convançus, qu'ils ont äffüré qu'il n’y a A MB 325 pas lieu d’en douter, M. Geoffroy la dit expreffé. ment dans le premier volume de fon Traité de la matiere Médicale. 1] diftingue deux fortes d’anbre-jaune, qui toutes les deux font abfolument de la même nature. L'une eft jettée fur les bords de certaines mers par l'agitation des flots ; on tire l’autre du fein de la terre, On trouve la premiere forte fur les côtes de la Prufle; |. les vagues en jettent des morceaux fur le rivage , les habitans du pays courent les ramafler, même pen- dant les orages &les tempêtes , de peur que les flots ne réportent dans la mer les mêmes morceaux qu'ils Ont apportés fur le rivage. Cet ambre-aune eft decon- fillance folide : on dit cependant qu'il y en a quel- ques mofceaux qui font en partie liquides , & qu’on trouve fur les rives des petites rivieres dont l’em- bouchüre eft fur les mêmes côtes dont on vient de parler ; & même on en montre des morceaux fur le£ quels on à imprimé des cachets lorfqw'ils étoient af. 1ez mous pour en recevoir les empreintes. Comme le terrein de ces côtes contient beaucoup d’erbre- Jaune, les eaux qui ÿ coulent en entraînent des mor- ceaux qui n'ont pas encore acquis un certain degré de confiftance ; l'agitation de ces eaux n'étant pas fi forte que celle des eaux de la mer , les morceaux qui font encore liquides en partie font confervés & jettés dans leur entier fur Les bords dés petites rivie- res Ou des ruiffeaux. On trouve de Pambre-jaune foffilé en Prufle & en Poméranie , préfque dans tous les endroits où on ouvre la terre à une certaine profondeur : fouvent même on en voit dans les fillons de la chartue. Hart- man, qui a fait un Traité de l’arbre - jaune, croit que tout le fond du territoire de Prufle & de Pomé- ranie CÎt d'ambre-jaune , à caufe de là grande quan tité que l’on en trouve prefque partout dans ces pays : mais les principales mines font des côtes de Sudwic. Il y a fur ces côtes des hauteurs faites d’une forte de terre qui reflemble à des écorces d’arbres 5 defôrte qu’on prendroit ces éminences de terre pour des monceaux d’écorces : la couche extérieure de ce terrein eft defléchée, & dé couleur cendrée : la fe- conde couche eft bitutnineufe , molle & noire. On trouve fous ces deux couches né matiere grife for- mée comme le boïs, à cette différénce près que dans le bois on remarque des fibres tranfyerfales ; au lieu que là matiere dont nous parlons éft fimplement compofée de couches plates & droites poléés les unes fur les autres ; cependant on lui à donné le nom de bois fofile. On trouve de prétendu bois fofile pref que partout où il y à de l’ambre-jaune | & ils font méêlés enfémble en grande quantité ; c’eft ce qui a fait croire à Hartman qué cette matiere étoit La ma- trice ou la funé de l’rrbre-jaune ; en effet c’eft une terre bitumineufé qui prend feu comme le charbon, & qui rend une odeur de bitume. On y trouve des minéraux qui participent du vitriol, On 4 crù que ce bois foffile venoit des arbres qui s’étoient entañlés fur ces côtes , 8 qui avoient été confervés & com- me embaumés par l’abre-jaune : mais cette opinion n’a point du tout été prouvée. Voyez le premier vol. de la matiere Médicale de M. Geoffroy , 8 Hif. fucci- norum corpora aliena inyolventium , &c. Nathan, Sen- delio, D. Med. &c. On trouve de l’ambre-jatine dans les montagnes de Provence, auprès de la ville de Sifteron, & aux en- virons du village de Salignac , furles côtes de Mar- feille ; on en trouve en Italie dans la Marche d’'An- cone , aux environs de la ville du même nom, dans le duché dé Spolette, en Sicile aux environs de la ville de Catane & de celle de Gergenti , & fur les bords du PÔô ; en Pologne , en Siléfie , en Suede : Mais on n’y trouve de l’abre qu’en très-petite quan- tité ; il ÿ en a un peu plus dans l’Allemagne fepten- trionale , en Suede , en Danemarck , dans le Jut: 326 À M B land & le Holftein ; il y.en a encore davantage fur les côtes de Samopgitie, de Curlande & de Livomé, -& dans les terres, G'c. mais l’ambre-jaune qui vient ‘de ces pays n'eft pas fi beau ni fi pur ni, à beau- ‘coup près, en. fi grande quantité que celui qui fe ‘trouve en Poméranie, depuis Dantzick jufqu'à Pile ‘de Rugen , & fur-tout en Pruffe dans le pays appellé Sambie, depuis Neve-Tif jufqu'à Vrantz-Vrug. On diftingue trois fortes d’ambre-janne par rapport aux différentes teintes de couleur ; favoir , le jaune ou le citronné , le blanchâtre, & le roux, L’arbre-jaune efl employé à différens ufages de luxe; fon poli, fa tranfparence , fa belle couleur d’or l'ont fait mettre au rang des matieres précieufes. On en.a fait des colliers , des braflelets , des pommes de canne, dés boîtes & d’autres bijoux qui font encore d'ufage chez plufieurs Nations de l’Europe , & fur-tont à la Chine , en Perfe , & même chez les Sauvages ; au- trefois l’ambre étoit à la mode en France : combien ne voit-on pas encore de coupes, de vafes &r d’au- tres ouvrages faits de cette matiere avec un travail infini ? mais les métaux précieux, les pierres fines & les pierreries l’ont emporté fur lambre-jaune dès qu'ils ont été affez communs pour fournir à notre luxe. Il n’en fera pas de même des vertus médicina- Îes de l’anbre, & de fes préparations chimiques ; elles le rendront précieux dans tous les tems &c préféra- ble ; à cet égard, aux pierres les plus éclatantes.(7) * AMBRÉADE,, £ f. nom que l’on donne à de Tambre faux ou fadtice , dont on fe fert pour la traite fur quelques côtes d'Afrique, & en particulier du Sénegal. Voyez TRAITE. * ÂAMBRES, ville de France dans le haut Lañgue- doc , au Diocefe de Caftres. * AMBRESBURI, ville d’Angleterre dans la Wil- tonie , fur lAvon. _+AMBRETTE, femence d’une plante du genre ap- pellé Kesmie. Voyez KETMIE. (1) | ” AMBRETTE oz FLEUR DU GRAND SEI- GNEUR , Jacea ( Jardinage. ) plante du genre ap- pellé blues. Voyez BLUET. Ses feuilles reflemblent à celles de la chicorée ; fa tige {e divife en plufeurs branches dont les fleurs font par bouquets, & à têtes écailleufes, de couleur purpurine & d’une odeur fort agréable. L’embrette croît dans les près &r autres lieux incultes; ce qui La fait nommer Jaceu nigra pra- cenfis ou ambrette fauvage. (K ) * AMBRIERES, ville de France dans le Maine, fur la Grete. * AMBRISE, f. m. C’eft en rermes de Fleurifle , une tulipe colombine , rouge & blanc. Voyez TuLrpe. * AMBRONS , peuples de la Gaule , qui habi- toient les environs d’Embrun , felon Feftus ; & les cantons de Zurich, Berne, Lucerne & Fribourg, {elon Cluvier. * AMBROSIA , nom que les Grecs donnoient à ‘une fête que l’on célebroit à Rome le 24 Novembre en l'honneur de Bacchus. Romulus l’avoit inftituée, & les Romains l’appelloient bremalia, Voyez BRU- MALES. | AMBROSIE , f. f. dans La Théologie des payens, étoit le mets dont ils fuppoloient que leurs dieux fe mourrifloient. Voyez Dieu & AuTEL. Ce mot eft compofé d’4 privatif &z de Boris, mortel ; ou parce que l’ambroffe rendoit immortels ceux qui en man- geoient, où parce qu'elle étoit mangée par des im- mortels. Lucien fe moquant des dieux de la fable , dit qu'il falloit bien que l'ambrofte &c le nettar , dont l’une étoit leur mets & l’autre leur boiflon ordinaire,ne fuf- {ent pas fi excellens que les Poëtes le difoient; pif qu'ils defcendoient du ciel pour venir fur les autels, fucer le fang & la graifle des vidtimes, comme font Les mouches fur un çadavre ; propos d'efprit fort, (G), AMBROSIE, {. f. ambrofia , ( Bo.) sente de plante, dont la fleur eft un bouquet à plufeurs fleurons {oû= tenus par le calice. Ces fleurons ne laïflent aucune femence après eux. Les embryons naïflent furla mê- me plante féparément des fleurs, & deviennent dans la fuite des fruits femblables à des mafles d'armes, ils renferment chacun une femence ordinairement oblongue.Tournefort , Ixf£. rei herb. V. PLANTE. (1) AMBROS1IE où THÉ pu MEXIQUE: ( Med. } Chenopodium ambrofioides Mexicanum. Pit: Tournef, Cette plante étrangere fe cultive dans les jardins; elle a paflé pour le vrai thé. L’infufon de fes feuilles eft bonne pour les crachemens de fang & pour les maladies des femmes en couche. ( N ).. AMBROSIEN, (RiT ou Orrice. ) Théol: maniere particuliere de faire l'Office divin dans l'Eglife de Milan qu’on appelle auff quelquefois PE: glife Armbrofeenne. Voyez RIT , OFFICE, LITURGIE; Ce nom vient de S. Arbroife , doëteur de l’Eglife 8 évêque de Milan dans le 1v° fiecle. Walafrid Strabon a prétendu que S. Ambroiïfe était véritablement l’au- teur de l'Office qu’on nomme encore aujourd’hut Arnbrofien , 8 qu'il le difpofa d’une maniere parti: culiére tant pour fon Eglile cathédrale que pour toux tes les autres de fon Diocefe. Cependant quelques: uns penfent que l’Eglife de Milan avoit un Office dif férent de celle de Rome, quelque tems avant ce S: Prélat. En effet jufqu’an tems de Charlemagne , les Eglifes avoient chacune leur Office propre; dans Rome même il y a eu une grande diverfité d'Offices; & fi l’on en croit Abaïlard, la feule églife de Latram confervoit en fon entier l’ancien Office Romain; & lorfque dans la fuite les Papes voulurent faire adop+ ter celui-ci à toutes les Eglifes d'Occident afin d’y établir une uniformité de rit , PEglife de Milan fe fervit du nom du grand Ambroïfe &c de l’opinion où lon étoit qu'il avoit ou compofé on travaillé cet Office pour être difpenfée de l’abandonner ; ce qui la fait nommer ris Ambrofien par oppofñtion au ris Romain, Le | AMBROSIEN , ( Chanr. ) Il eft parlé dans les Ru- briquaires du chant Ambrofien aufh ufité dans l’Eglife de Milan & dans quelques autres, & qu’on diftinguoit du chant Romain, en ce qu'il étoit plus fort & plus élevé , au lieu que le Romain étoit.plus doux &c plus harmonieux. Voyez CHANT & GRÉGORIEN. S. Au: guftin attribue à S. Ambroiïfe d’avoir introduit er Occident le chant des Pfeaumes à limitation des Eglifes orientales; & il eft très-probable qu'il em compofa ou revit la pfalmodie, Auguft. Confef], LX., Ce VL]« | AMBROSIENNE , ( BIBLIOTHEQUE. ) nom qu’on donne à la Bibliotheque publique de Milan. Voyez Particle BIBLIOTHEQUE. (G) AMBROSIENS o4 PNEUMATIQUES, (Théol.Y nom que quelques-uns ont donné à des Anabaptiftes difciples d’un certain 4mbroife qui vantoit fes préten- dues révélations divines, en comparaifon defquelles il méprifoit les livres facrés de l’Ecriture. Gautier, de hr. au XVI. fecle. (G) ; AMBUBAIES, £ f. Ambubaie , ( Hifi. anc. ) cer= taines femmes venues de Syrie qui gagnoient leur vie à joüer de la flûte & à fe proftituer. Horace les joint, aux charlatans : Ambubaiarum collegia , Pharmacopole. Ce nom vient du Syriaque abbub, oude l’Arabe ae. bub qui fignifie Hére, c’eft-à-dire, joueufe de flûte ; d’autres le dérivent d’ambu pour am aux environs, ëc de Baie , parce que ces femmes débauchées fe reti- roient auprès de Baïes en Italie. Cruquius met ces femmes au nombre de celles qui vendoient des dro- gues pour farder, | | . AMBULANT, adj. pris fubft. ( Comm. ) On ap- pelle ambulans dans les Fermes du Roi des Commis qui n’ont point de Bureau fixe, mais qui parcourent tous les Bureaux d’un certain département, pour voir s'il ne fe pañle rien contre les droits du Roi & l'intérêt de la Ferme. Voyez Commis, DROITS , FERME, 6c. j AMBULANT fe dit auffi à Amfterdam des Cour: tiers ou Agens de change qui n’ont pas fait ferment par-devant les Magiftrats de la ville. Ils travaillent comme les autres, mais ils ne font pas crus en Juf- tice. Voyez AGENT DE CHANGE 6 COURTIER. (G) AMBULANT ( ex Manege ) fe dit d’un cheval qui va l’amble. Voyez AMBLeE. (F) AMBULATOIRE, adj. (Jurifprud. ) terme qui fe difoit des Jurifdiétions qui n’avoient point de Tribu- nal fixe, mais qui s’exerçoient tantôt dans un lieu, & tantôt dans un autre, pour les diftinguer de celles qui étoient fédentaires. Foyez Cour. Ce mot eft dé- rivé du verbe latin embulare, aller & venir. Les Par- lemens & le Grand Confeil étoient des Cours ambu- latoires. On dit en Droit, en prenant ce terme dans ur fens figuré , que la volonté de l’homme eft ambulatoire ju{- qu'à la mort; pour fignifier que jufqu’à fa mort il lui eft hibre de changer & révoquer comme il lui plaira {es difpoñitions teftamentaires. Les Polonoïis ; fans en excepter la Nobleffe & la Cour, ne prennent plaïfir qu'à la vie errante & am- bulatoire. Dalerac , tom. II. op. 76. cap. iv, | En vain les hommes ont prétendu fixer leur féjour dans des cités ; le defir qu’ils ont tous d’en fortir pour aller de côté & d’autre, montre bien que la nature les avoit fait pour mener une vicaétive & ambulatoire. H | ç AN , arbre qui croït dans l’île Aruchit, & porte un fruitfemblable à celui de la canne de fu- cre, &.de la groffeur de la graine de coriandre. Ray. * AMBULTI , ( Myr. ) terme qui défigne proloz- gation ,;& dont-ona fait le furnom d’Arbzis qu’on donnoït à Jupiter, à Minerve, & aux Tyndarides, d’après l'opinion où l’on étoit que les dieux prolon- geoient leur vie à difcrétion. * AMBUELLA oz AMBOILLA , contrée d’Afri- que auRoyaume de Congo, entre le lac d’Aquelon- de & Saint-Salvador. AMBURBIUM , ou AMBURBTALE SACRUM ( Hifi. anc. ) étoit une fête ou cérémonie de religion, ufitee chez les Romains, qui confiftoit à faire pro- ceffionnellement le tour de la ville en-dehors. Ce mot eft compofe du verbe Latin ambire, aller autour, &c urbs ; ville. Scahger , dans fes notes fur Feftus, a prétendu que lés amburbia étoient la même chofe que les ambarvalia ; & il n’eft pas le feul qui lait prétendu. Les viétimes qu’on menoit à cette procef- fion , & qu’on facrifioit enfuite, s’appelloient du mot amburbium ; amburbiales victime. Voyez AMBARVA- LES (Go) ce à * AMDENAGER , un des royaumes de Kun- kam, ou du grand pays compris entre le Mogol & le Malabar. ÂME ,£f.Ord. Encycl. Enitend. Raï. Philof. ou Science des Efprits, de Dieu , des Anges , de l’ Ame. On entend par ame un principe doué de connoiffance & de fentiment. Il {e préfente ici plufieurs queftions à dif cuter: 1°. quelle eft fon origine : 2°, quelle eft fa na- ture : 3°. quelle eft fa deflinée : 4°. quels font les êtres en qui elle réfide, Il y a eu une foule d'opinions fur fon origine; _&c cette matiere a été extrèmement agitée dans l’an- tiquité , tant payenne que chrétienne. Il ne peut y avoir que deux maméres d’envifager l'ame , ou comme une qualité,ou comme tine fubftance. Ceux : qui penfoient qu’ellé n’étoit qu'une pure qualité, AME 327 comme Epicute, Dicéarchus, Ariftoxène , Afclepiaz de & Galien , croyoient & devoient néceffairement croire qu’elle étoit anéantie à la mort. Mais la plus grande partie des Philofophes ont penfé que lame étoit une fubflance. Tous ceux qui étoient de cette opiuon; Ont foutenu unanimement qu’elle n’étoit qu'une partie féparée d’un tout, que Dieu étoit ce tout, 6 que l’ae devoit enfin sy réunir par voie de réfufon. Mais ils différoient entreux fur la na- ture de ce tout ; les uns foûtenant qu'il n'y avoit dans la nature qu’une féule fubftance , les autres. prétendant qu’il y en avoit deux: Ceux qui {oûte- noïent qu'il n’y ävoit qu’une feule fubftance uni- verfelle , étoient de vrais athées : leurs fentimens & ceux des Spinofiftes modernes font lés mêmes ; & Spinofa fans doute à puilé fes erreurs dans cette fource corrompue de l'antiquité. Ceux .qui foûte- noiénñt qu'il y avoit dans la nature deux fubftances générales , Dieu & la matiere, concluoient en confé: quence de cet axiome fameux , derien rien, que l’une & l’autre étoient éternelles : ceux-ci formoient la clafle des Philofophes Théiftes & Déiftes, appro=, chant plus ou moins fuivant leurs différentes fubdi- viñons , de ce qu’on appelle Ze Spinofifine. Ii faut re: marquer que tous les fentimens des anciens {ur la nature de Dieu, tenoient beaucoup de ce {yftème abfurde. La feule barriere qui doit entreux & Spi- nofa, c’eft que ce Philoïophe ainfñ que Straton, def- tituoit & privoit de la connoïffance & de la raïfon cette force répandue dans le monde , qui felon lui en viviñoit les parties & entretenoit leur liaïfon , au lieu que les Philofophes Théiftes donnoient de la rafon & de l'intelligence à cette ame du monde. La divinité de Spinofa mn’étoit qu'une nature aveugle, qui n’avoit n1 vie ni fentiment, & qui néanmoins avoit produit tous ces beaux ouvrages , & y ayoit . mis.fans le favoir une fyimmétrie & une fubordination qui paroïffent évidemment l’effet d’une intelligence très-éclairée , qui choïfit & fes fins & fes moyens. La divinité des Philofophes au contraire étoit une intelligence éclairée, qui avoit préfidé à la forma tion de l'univers. Ces Philofophes ne diftinguoient Dieu de la matiere ; que parce qu'ils né donnoï ent le nom de matiere qu'à ce qui eft fenfible & pal: pable. Ainfi Dieu étant dans leur fyftème une fub{- tance plus déliée, plus agile, plus pénétrante que les corps éxpofés à la perception des fens , ils lui donnotentle nom d’eépris, quoique dans la rigueur il fût matériel. Voyez l’article de lIMMATÉRIALIS- ME, où nous prouvons que les anciens Philofophes n’avoient eu aucune teinture de la véritable fpiri- tuahté. Nous y prouverons même que les idées des premiers Peres , encore un peu teintes de la fagefle humaine, n’avoient pas été nettes fur la fpi: ritualité :1l eft fi commode de raifonner pat imita- tion, fi difficile de ne rien conferver de ce qion a chéri long-tems ,.fi naturel de juftifier fes penfées paf la droiture de l'intention, que fouvent on eft dans le piége fans lavoir craint ni foupconné..Ainf les Peres imbus & pénètrés, s’il eft permis de parler ainf, des principes des Philofophes Grécs, les avoient portés avec eux dans le Chriftianifme. Parmi les Théiftes , les uns ne réconnoïffoient qu'une feule perfonne dans la Divinité , les autres deux ou trois : enforte. que :les premiers croyoient que l'ame étoit une partie du Dieu fuprème, & les derniers croyoient feulement qu’elle étoit nne par: tie de la feconde ou de la troïfieme hypoñtafe , ainf qu'ils Pappelloient. De même qu'ils multiplierent les - petfonnes de la Divinité , ils multiplierent la na- r % ture de l'ame. Les uns en donnoiïent denx à chaqué homme ; les autres encore plus libéraux lui en don noïent trois : il y avoit l'ame sntelleluellé ; l'ame fer Jitive; 8 l'ame végératve, Mais l'on doit obferve 328 AME qu'entre ces ames ainfi multipliées , ils croyoient qu'il n’y en avoit qu'une feule qui fùt partie de la Divinité. Les autres étoient feulement une matiere élémentaire , ou de pures ie | Quelque différence de fentiment qu'il y eût fur la nature de lame, tous ceux qui croyoient que C’é- toit une fubftance réelle, s’accordoient en ce point, qu’elle étoit une partie de la fubftance de Dieu, awelle en avoit été féparée, & qu'elle devoit y retourner par réfufon : la propofñtion eft évidente par elle-même à l'égard de ceux qui n’admettoiènt dans toute la nature qu'une feule fubftance umver- {elle ; & ceux qui en admettoient deux, les confide- voient comme réunies & compofant enfemble Puni- vers, précifément éomme le corps & lame compo- fent l’homme : Dieu en étoit l’ae, & la matiere le corps ; & de même que le corps retournoit à la maffe dela matiere dont 1l étoit forti, l’ame retournoit à l'efprit univerfel , de qui tous les efprits tiroient leur fubftance 65 leur HUE C’eft conformément à ces idées que Ciceron ex= pofe les fentimens des Philofophes Grecs : « Nous » tirons, dit-il, nous puifons nos ames dans la na- » ture des Dieux, ainfi que le foûtiennént les hom- » mes les plus fages &les plus favans ». Les expref- fions originales font plus fortes & plus énergiques: À naturé deorum, ut dohiffémis fapientiffimifque placuir, hauflos animos 6 libatos habemus. De div. Lab. IL. c. xlix, Dans un autre endroit, il dit que l’efprit hu- main qui eft tiré de Pefprit divin ne peut être com- paré qu'à Dieu : Aumanus autem animus decerptus gf£, mente divina, cum alio nullo nifi cum ipfo Deo compa- rari poreff. Tufcul. quæft. Lib. V. c. xv. Et afin qu'on ne s’imagine pas que ces fortes de phrafes, que lame eft une partie de Dieu, qu'elle eit tirée de lui, de fa nature ( phrafes qui reviennent continuellement dans les écrits des anciens } ne font que des expref- fions figures , & que l’on ne doit point interpréter avec une févérité métaphyfique , il ne faut qu’obfer- ver la conféquence que l’on tiroit de ce principe, & qui a été univerfellement adoptée par toute Pan- tiquité, que l'ame étoit éternelle, 4 parte ante 6 a parte poff ; c’eft-à-dire, qu’elle étoït fans commence- ment & fans fin, ce que les Latins exprimoient par le feul mot de fémpiternelle. C’eft ce que Ciceron 1in- dique aflez clairement quand 1l dit qu'on ne peut trouver fur la terre l’origine des ares : « On ne ren- » confre rien, dit-il, dans la nature terreftre, qui » ait la faculté de fe reflouvenir & de penfer, qui ÿ puifle fe rappeller le pañlé , confidérer le pré- _ » fent, & prévoir l'avenir. Ces facultés font divines; » &. l’on ne trouvera point d’où l’homme peut les »avoir, fi ce n’eft de Dieu. Aïnfi ce quelque chofe # qui fent, qui goûte, qui veut, eft célefte & divin, # & par cette raifon il doit être néceflairement éter- » nel». La maniere dont Ciceron tire la conféquen- ce, ne permet pas d’envifager le principe dans un autre fens que dans un fens précis & métaphyfique. Lorfqw’on dit que les Anciens croyoient l'éternité de l'ame , fans commencement comme fans fin, on ne doit pas s’imaginer qu'ils cruflent que l’ayre exiftât de toute éternité d’une maniere diftinéte & particu- liere, mais feulement qu’elle étoit tirée ou détachée de la fubftance éternelle de Dieu, dont elle faifoit partie, & qu’elle s’y devoit réunir & y rentrer de nouveau. C’eft ce qu’ils expliquoiïent par Pexemple d’une bouteille remplie d’eau & nageant dans la mer, venant à fe brifer ; l’eau coule de nouveau & fe réu- nit À la mafle commune : il en étoit de même dé l’are À la diffolution du corps. Ils ne différoient que fur le tems de cette réunion ; la plus grande partie foûte- noiït qu’elle fe faïfoit à la mort, ëc les Pythagoriciens prétendoient qu’elle ne fe faifoit qu'après plufeurs tranfmigrations, Les Platoniciens marchant entre çes deux opinions, ne réunifloient à lefprit univerfel ;' immédiatement après la mort, que les ames pures & fans tache. Celles qui s’étoient fouillées par des vi- ces ou par des crimes, pañloient par une fucceffion de corps différens, pour fe purifier avant que de re- tourner à leur fubftance primitive. C’étoit-là les deux efpeces de métempfycofes naturelles , dont faifoient réellement profeffion ces deux écoles de Philofophie. Que ce foient-là les véritables fentimens de lanti- quité, nous Le prouvons par les quatre grandes feêtes de l’ancienne Philofophie ; favoir les Pythagoriciens, les Platoniciens , les Péripateticiens , & les Stoiciens : lexpofition deleurs fentimens confirmera ce que nous avons dit de ceux des Philofophes en général fur la nature de l'ame. Ciceron dans la perfonne de Velleius l’Epicurien, accufe Pythagore de foûtenir que lame étoitune fub- ftance détachée de celle de Dieu , ou de la nature univerfelle, & de ne pas voir que par là il mettoit Dieu en pieces & en morceaux. « Pythagore & Em- pédocle, dit Sextus Empiricus, croyoient, ainfi que » toute l’école Italique, que nos axes font non-feu- » lement de la même nature les unes que les autres, » mais qu’elles font encore de la même nature que » celles des dieux , & que les ares irrationnelles des » brutes ; n’y ayant qu'un feul efprit infus dans Pu- » nivers qui lui fournit des ames, & qui unit les nô- » tres avec toutes les autres ». Platon appelle fouvent l'ame fans aucun détour , Dieu, une partie de Dieu. Plutarque dit que Pytha- gore & Platon croyoient lame immortelle , & que s’élançant dans l’wre univerfelle de la nature, elle retournoit à fa premiere origine. Arnobe accufe les Platoniciens de la même opinion, en les apoftrophant de la forte : « Pourquoi donc lame , que vous dites » être immortelle, être Dieu, eft-elle malade dans » les malades, imbécille dans les enfans , caduque » dans les vieillards ? 6 folie , démence , infatua- » tion »! Ariftote, à quelques modifications près ; penfoit fur la nature de lame comme les autres Philofophes. Après avoir parlé des ames fenfitives , & déclaré qu’elles étoient mortelles , il ajoûte que l’efprit ou l'intelligence exifte de tout tems , & qu’elle eft de nature divine: maïs il fait une feconde diftinétion ; il trouve que l’efprit eft a@if ou pañlif, &c que de ces deux fortes d’efprit le premier eft immortel & éternel , le fecond corruptible. Les plus favans Com- mentateurs de ce Philofophe ont regardé ce pañlage comme inintelligible , 8 ils fe font imaginés que cette obfcurité provenoit des formes & des qualités qui infeétent fa philofophie, & qui confondent en- femble les fubftances corporelles & incorporelles. S'ils euffent fait attention au fentiment général des Philofophes Grecs fur lame univerfelle du monde, ils auroient trouvé que ce paffage eft clair, & qu'A- riftote , de ce principe commun que l’are eft une partie de la fubftance divine, tire ici une conclufon contre fon exiftence particuliere & diftinéte dans ur état futur : fentiment qui a été embraflé par tous les Philofophes , mais qu'ils n’ont pas tous avoué auff ouvertement. Lorfqu’Ariftote dit que l'intelligence active eft feule immortelle & éternelle, & que lin- telligence pañlive eft corruptible ; Le fens de ces ex- preffions ne peut être que celui-ci : que les fenfations particulieres de l’zme,en quoi confifte fon intelligence: pafible, cefferont à la mort : mais que lafubftance,en quoi confifte fon intelligence aétive , continuera de {ubfifter, non féparément , mais confondue dans l’a- me de l'univers. Car l'opinion d’Ariftote , qui com- paroit l'ame à une table rafe, étoit que les fenfations & les réflexions ne font que des pafñons de l'ame, 8c c'eft ce qw’il appelle l’irselligence paffive ; qui comme il le dit, ceffera d’exifter , Ou qui en d’autres termes H équivalens , - AME équvalens , éft corruptible. Ses commentateurs & {es paroles mêmes nous apprennent ce qu'il faut en- tendre par l’izrelligence aëtive , en la carattérifant d’2#- tellisence divine, ce qui en indique & l’origine & la fin. Par là cette diftin@ion, extravagante en appa- rence , de lefprit humain en intelligence ative &z pafive, paroït fimple 8 exaéte. Pour n’avoir point en la clé de cette ancienne métaphyfique , les parti- fans d’Ariftote ont été fort partagés entr'eux, pour décider ce que leur maître croyoit de la mortalité ou de l’immortalité de l’arze. Les exprefhions d'intelligence paflive ont même fait imaginer à quelques-uns , com- me à Némefius , qu'Aniftote croyoit que lame n’e- toit qu’une qualité. Quant aux Stoiciens , voyons la maniere dont Sé- neque expofe leurs fentimens: « Et pourquoi, dit-il, » ne croiroit-on pas qu'il y a quelque chofe de di- » vin dans celui qui eft une partie de la divinité » même? Ce tout dans lequel nous fommes conte- » nuseftur, & cet un eft Dieu. Nous fommes fes » aflociés, nous fommes fes membres ». Epiétete dit que les emes des hommes ont la relation la plus étroite avec Dieu; qu’elles en font des parties ; qu’el- les font des fragmens féparés & arrachés de fa fub- ftance. Enfin Marc Antonin combat par ces réflexions la crainte de la mort. « La mort, dit-il , eft non-{eu- » lement conforme au cours de la nature , mais elle » eft encore extrèmement utile. Que l’on examine » combien un homme eft étroitement umi à la divini- >» té; dans quelle partie de nous-mêmes cette union » réfide , & quelle fera la condition de cette partie » ou portion de l'humanité au moment de fa réfu- » fion dans l’awe du monde. » Les fentimens des quatre grandes fees de Phi- lofophes font, comme on le voit, à peu près umifor- mes fur ce point. Ceux qui croyoient,comme Plutar- que, qu'il y avoit deux principes , l’un bon & Pautre mauvais, croyoient que lame étoit tirée , partie de la fubftance de l’un, & partie de la fubftance de lPau- tre ; & ce n’étoit qu’en cette circonftance feule qu’ils différoient des autres Philofophes. l Peu de tems après la naïflance du Chriftianifme, les Philofophes étant puiffamment attaqués par les écrivains chrétiens , altérerent leur philofophie & leur religion, en rendant leur philofophie plus reli- gieufe , & leur religion plus philofophique. Parmi les tafinemens du paganifme , l'opinion qui faifoit de lame une partie de la fubftance divine , fut adoucie. Les Platoniciens la bornerent à l’amé des brutes. Toute puiflance irrationnelle , dit Porphire , resourne par réfufion dans l'ame du tout. Et l’on doit remarquer que ce n’eft feulement qu’alors que les Philofophes commencerent à croire réellement & fincerement le dogme des peines & des récompenfes d’une autre vie. Maïs les plus fages d’entre-eux n’eurent pas plû- tôt abandonné l’opinion de lame univerfelle , que les Gnoftiques , les Manichéens &c les Prifcilliens s’en emparerent : ils la tranfmirent aux Arabes , de qui les athées de ces derniers fiecles , & notamment Spi- nofa , l'ont empruntée. On demandera peut-être d’où les Grecs ont tiré cette opimion fi étrange de l’a univerfelle du mon- de ; opinion aufi déteftable que lathéifme même, & que M. Bayletrouve avec raïfon plus abfurde que le fyflème des atomes de Démocrite & d’Epicure. On s’eft imaginé qu'ils avoient tiré cette opinion d'Egypte. La nature feule de cette opinion fait fufh- fanfment voir qu’elle n’eft point Egyptienne : elle eft trop rafinée, trop fubtile , trop métaphyfique , trop fyflématique : l’ancienne philofophie des Barbares ( fous ce nom les Grecs entendoient les Egyptiens comme les autres nations) confiftoit feulement en ma- ximes détachées, tranfmiles des maitres aux difciples parlatradition, où rien ne reflentoit la fpéculation , Tome I, A ME 329 &c où l’on ne trouvoit ni les rafinemens m les fubtilités qui naiflent des fyffèmes & des hypothefes. Ce ca+ raétere fimple ne régnoit nulle part plus qu'en Egyp- te. Leurs Sages n’étoient point des fopluftes {cho- laftiques & fédentaires, comme ceux des Grecs; ils s’occupoient entierement des affaires publiques de la rehgion & du gouvernement ; & en conféquence de ce caractere , 1ls ne poufloient les Sciences que juf- qu'où elles étoient néceffaires pour les ufages dela vie. Cette fagefle f. vantée des Esyptiens , dont il eff parlé dans les faintes Ecritures , confiftoit eflentiel- lement dans les arts du gouvernement, dans les ta- lens de la légiflature , & dans la police de la fociété civile. Le caratere des premiers Grecs , diféiples des Egyptiens, confirme cette vérité ; favoir, que les Egsyptiens ne philofophoient ni fur des hypothefes,, ni d'une maniere fyftématique. Les premiers Sages de la Grece , conformément à l’ufage des Esyptiens leuts maîtres, produifoient leur philofophie par ma- ximes détachées & indépendantes, telle certainement qu'ils Pavoient trouvée, & qu’on la leur avoit en- feignce. Dans ces anciens tems le Philofophe & le Théologien, le Légiflateur & le Poëte, étoient tous réunis dans la même perfonne : il n’y avoit ni di- verfité de fe@es , ni fucceffion d'écoles : toutes ces chofes font des inventions Greques , qui doivent leur naïflance auxfpéculations de ce peuple fubtil & grand raifonneur. Quoique l’oppoñition du génie de la Philofophie Egyptienne avec le dogme de lame univerfelle , {oit feule fufifante pour prouver que ce dogme n’étant point Egyptien ne peut être que Grec , nous en con- firmerons la vérité en prouvant qué les Grecs éenfurent les premiers inventeurs. Le plus beau principe dela Phyfique des Grecs éuit deux auteurs, Démocrite & Séneque : le principe le plus vicieux de leur Mé- taphyfique eut de même deux auteurs , Phérécide le Syrien , & Thalès le.Miléfien , Philofophes con-' temporains. Phérécide le Syrien, dit Cicéron, fut le premier qui foûtint que les ares des hommes étoient fempi- ternelles ; opinion que Pythagore fon difciple accré- dita beaucoup. Quelques perfonnes , dit Diogene Laërce , pré- tendent que Thalès fut le premier qui foûtint que les armes des homimnes étoient fempiternelles, Thalès , dit encore Plutarque , fut le premier qui enfeigna que. l'ame eft une nature éternellement mouvante, ou fe mouvant par elle-même. On entend communément par le paflage ci-deflus de Cicéron, & par celui de Diogene Laërce , que les Philofophes , dont il y eft fait mention, font les. premiers qui aient enfeigné l’immortalité de lame. Mais comment accorder ce fentiment avec ce que dit Cicéron, ce que dit Plutarque , ce qu'ont dit tous les Anciens,que l’immortalité de l’emeétoitune chofe que l’on avoit crue de tout tems ? Homere l’enfeigne, Hérodote rapporte que les Egyptiens l’avoient enfei- gnée depuis les tems les plus reculés : c’eft fur cette opinion qu'étoit fondée la pratique fi ancienne de déifier les morts. Il en faut conclurre , qu’il n’eft pas queftion dans ces paflages de la fimple immortalité, confidérée comme une exiftence qui n'aura point de fin, mais qu'il faut entendre une exiftence fans com- mencement , aufli-bien que fans fin : c’eft ce que fi- gnifie le mot de Jémpiternelle dont fe fert Cicéron. Or l'éternité de l'ame étoit, comme nous l’avonsdéjà fait voir, une conféquence qui ne pouvoit naître que du principe qui fait l’are de l’homme une partie de Dieu, & aui par conféquent faoit Dieu Pare uni- verfelle du monde. Enfin l’antiquité nous apprend que ces deux Philofophes penfoient qu'il y avoitune Rio AME ame univerfelle ; & l’on doit obferver que ce dogme eft fouvent appellé Ze dogme de l’immortalite. Ainfi ces différens paflages, &c furtout celui de Ci- céron , contiennent un trait fingulier d’iftoire, qui prouve non-feulement que l’opinion de lame univer- {elle eft une produétion des Grecs, mais qui même nous découvre quels en furent les auteurs : car Suidas : nous dit que Phérécide n’eut de maitre que lui-mé- me. L'autorité de Pythagore répandit promptement cette opimon par toute la Grece ; && je ne doute point u’elle ne foit la caufe que Phérécide, quin’eut point dh de la cacher, comme le fit {on grand difciple par le moyen de la double doûtrine , ait été regardé com- me athée: Quoique les Grecs aient été inventeurs de cette opimon , comme il eft cependant très-certain qu'ils ont été redevables à l'Egypte de leurs premieres con- noïflances , il eft vraiflemblable qu’ils furent con- duits à cette erreur par l’abus de quelques principes Égyptiens. Les Egyptiens , comme nous l’enfeigne le témoi- gnage unanime de toute l'antiquité , furent des pre- muiers à enfeigner l’immortalité de l'ame ; & ils ne le firent point dans l’efprit des Sophiftes Grecs, unique- ment pour fpéculer , mais afin d'établir fur ce fonde- ment le dogme fi utile des peines & des récompenfes d’une autre vie. Toutes les pratiques & toutes les inftruétions des Egyptiens ayant pour objet le bien de la fociété, le dogme d’un état futur fervoit lui- même à prouver & à expliquer celui de la Provi- dence divine : mais cela feul ne leur paroïfloit point fufifant pour réfoudre toutes Les objeétions qui naïf- fent de l’origine du mal, &c qui attaquent les attri- buts moraux de la divinité, parce qu'il ne fufit pas pour le bien de la fociété que l’on foit perfuadé qu’il y a une providence divine, fi l’on ne croit en même tems que cette providence eft dirigée par un être par- faitement bon & parfaitement jufte :1ls n'imagierent donc point de meilleur moyen pour réfoudre cette difhculté , que la métempfycofe ou la tranfmigration des ames, fans laquelle, fuivant l'opinion d'Hiérocies, on ne peut juftufer les voies de la providence. La coniéquence néceflaire de cette idée, c’eft que l’arze eft plus ancienne que le corps. Ainfi Les Grecs trou- vant que les Egyptiens enfeignoient d’un côté que l’'arne eft immortelle 4 parte poft, & qu’ils croyoient d’un autre côté que l’ae exiftoit avant que d’être unie au corps, ils en conclurrent, pour donner à leur fyftème un air d’'umiformité , qu’elle étoit éternelle à parte ante comme 4 parte poff ; où que devant exifter éternellement, elle avoit aufiexifté de toute éternité. Les Grecs après avoir donné à l’are un des attri- buts de la divinité, en firent bientôt un Dieu parfait; erreur où ils tomberent par l’abus d’un autre principe Egvyptien. Le grand fecret des myfteres &cle premier des myfteres qui furent inventés en Egypte, confif- toit dans le dogme de l’unité de Dieu : c’étoit-à le myitere que l’on apprenoit aux Rois, aux Magiftrats & à un petit nombre choïfi d'hommes fages &c ver- tueux; &c en cela même cette pratique avoit pour objet lutilité de la fociété. Ils repréfentoient Dieu comme un efprit répandu dans tout le monde, & qui pénétroit la fubftance intime de toutes chofes , enfei- gnant dans un fens moral & figuré que Dieu eft tout en tant qu'il eft préfent à tout, & que fa providence eft aufli particuliere qu’univerfelle. Leur opinion, comme l’on voit, étoit fort différente de celle des Grecs fur l’arme univerfelle du monde ; celle-ci étant uffi pernicieufe à la focièté , que l’athéifme dire peut l’être. C’eft néanmoins de ce principe que Dieu ef? tout , expreflion employée figurément par les Égyptiens, & prife à la lettre par les Grecs, que ces derniers ont tiré cette conféquence , que zout eff Dieu : ce qui les a entraînés dans toutes les erreurs AME & les abfurdités de notre fpinofifime. Les Osientanx d'aujourd'hui ont auf tiré Originairement leur reli- gion d'Egypte, quoiqu’elle foit infeêtée du fpinofi- me le plus groflier : mais ils ne font tombés dans cet égarement que par le laps detems , & par l'effet d’une fpéculation rafinée , nullement originaire d'Egypte, Ils en ont contraûé le goût par la communication - des Arabes-Mahométans, grands partifans de la Phi- lofophie des Grecs, & en particulier de leur opinion fur la nature de lame, Ce qui le confirme, c’eft que les Druides , branche qui proyvenoit également des anciens Sages de PEgypte, n’ont jamais rien enfei- gné de femblable , ayant été éteints avant que d’a- voir eu le tems de fpéculer & de fubtilifer fur des hy- potheles & des fyftèmes, Je fai bien que le dogme monftrueux de l’are du monde pafla des Grecs aux Égyptiens ; que ces derniers furent infeétés des mau- vais principes des premiers : mais cela n’arriva que lorfque la puiflance de l'Egypte ayant été violem- ment ébranlée par les Pertes , & enfin entierement détruite par les Grecs, les fciences & la religion de cette nation fameufe fubirent une révolution séné- rale. Les Prêtres Egyptiens commencerent alors à philofopher à la maniere des Grecs; &ils en contrac- terent une fi grande habitude, qu’ils en vinrent enfin à oublier la fcience fimple de leurs ancêtres, trop né- gligée par eux. Les révolutions du gouvernement contribuerent à celle des Sciences : cette derniere doit paroître d’autant moins furprenante, quetoutes leurs fciences étoient tranfmifes de génération en génération, en partie par tradition , & en partie par le moyen myftérieux des hiéroglyphes, dont la con- noiflance fut bientôt perdue ; de {orte que les Anciens qui depuis ont prétendu les expliquer,nous ontappris feulement qu'ils n’y entendoient rien. Les Peres mêmes ont été fort embarrafés à ex- pliquer ce quiregarde l'origine de lame : Tertullien croyoit que les armes avoïent été créées en Adam, & qu’elles venoient l’une de l’autre par une efpece de produétion. Anima velut furculus quidam ex matri- ce Adam! in propaginem deduita | & genitalibus femine foveis commodata. Pullulabit tam intelleëlu quam €: fen- Ju. Vert. de animä , c. xix. J’ajoûterai un paflage de S. Auguftin , qui renferme les diverfes opinions de fon tems , & qui démontre en même tems la di£- ficulté de cette queftion. Harum autem fententiarum quatuor de animé , utrum de propagine veniant , ar ir fingulis quibujque nafcentibus mox fiant , an in corpora rafcentinum jam alicubiexiffentes vel mittantur divinits, vel fuä fponte labantur , nullam temerè affirmari opor- tebit ; aut enim nondum ifia quæfhio à divinorum libro- run catholicis trattatoribus , pro merito fuæ obfcuritatis & perplexitatis , evoluta atque iluftrata eff ; au fi Jar faëlum ft, nondum in manus noftras hujufcemodi litere provenerunt, Origene croyoit que les res exiftoient avant que d’être unies aux corps , & que Dieu ne les y envoyoiït pour les animer , que pour les punir en même tems de ce qu’elles avoient failli dans le ciel , & de ce qu’elles s’étoient écartées de l’ordre. M. Leibnitz a fur lorigine des mes un fentiment qui lui eft particulier. Le voici : il croit que les mes ne fauroient commencer que par la création , nif- nir que par l’annihilation ; & comme la formation des corps organiques animés ne lui paroït explica- ble dans l’ordre , que lorfqu’on fuppofe une préfor- mation déjà organique ; il en infere que ce que nous appelions génération d’un animal, n’eft qu’une transformation & augmentation : ainfi puifque le même corps étoit déjà orgamié , il eft à croire, ajoü- te-t-il, qu'il étoit déjà animé , & qu'il avoit la même ame. Après avoir établi un fi bel ordre,& des regles fi générales à l’évard des animaux; il ne lui paroît pas raïfonnable que l’homme en foit exclu entiere- ment , & que tout fe fafle en lui par miracle par rap. portà fon ame. ILeft doncperfuadé que les armes qui fe- ront un jour mes humaines, comme celles des autres efpeces , ont été dans les femences , & dans les an- cêtres jufqu’à Adam, & ont exifté par conféquent de- puis le commencement des chofes , totjours dans une maniere de corps organiés ; doétrine qu'il confirme par les obfervations microfcopiques de M. Leuwen- hoek, & d’autres bons obfervateurs. Il ne faut pas cependant s’'imaginér qu'il croye qu’elles aient toù- jours exifté comme raifonnables; ce n’eft point Là fon fentiment : il veut feulement qu’elles n'aient alors exifté qu'en ames fenfitives ou animales , doïées de perception & de fentiment , mais deftituées de rai- fon ; & qu’elles foient demeurées dans cet état juf- qu'au tems de la génération de l’homme à qui elles devoient apparterur. Elles ne reçoivent donc, dans ce fyftème, la-raon que lors de la génération de l’homme ; foit qu'il y ait un moyen naturel d'élever une ae fenftive au degré d’are raifonnable , ce qu’il eft dificile de concevoir ; foit que Dieu ait don- né la raïfon à cette ame par une opération particu- liere |; ou fi vous voulez, par une efpece de tranf- création; ce qui eft d'autant plus aïfé à admettre , que la révélation enfeigne beaucoup d’autres opéra- tions immédiates de Dieu fur nos ames, Cette expli- cation paroit à M. de Leibnitz lever les embarras qui fe préfentent ici en Philofophie ou en Théologie : il eft bien plus convenable à la Juftice divine de don- ner à l'ame déjà corrompue phyfiquement ou anima lement par le péché d’Adam , une nouvelle perfec- tion qui eft la raïfon , que de mettre une axe raifon- . nable, par création ou autrement , dans un corps où elle doive être corrompue moralement. . La nature de l’arie n’a pas moins exercé lés Philo- fophes anciens & modernes, que fon origine : il a été &c il fera toùjours impofhble de pénétrer com- ment cet être, qui eft en nous & que nous regardons comme nous-mêmes , eft uni à un certain aflembla- e d’efprits animaux qui font dans un flux continuel. Chaque Philofophe a donné une définition différente de fa nature. Plutarque rapporte les fentimens de plufeurs Philofophes, qui ont tous été d’avis difié- rens. Cela eft bien jufte, puifqu'ils décidoient pofi- tivement fur une chofe dont ils ne favoient rien du tout. Voici ce paflage, some Il. p. 898. trad. d'A- ayot. « Thalès a été le premier qui'a defim lame une » nature fe mouvant toüjours en foi-même : Pytha- ».sore, que c’eftun nombre fe mouvant foi-même ; » &c cenombre-là , il le prend pour l’entendement : » Platon , que c’eft une fubftance fpirituelle fe mou- » vant foi-même, & par un nombre harmonique : # Ariftote , que c’eft Patte prenuer d’un corps orga- » nique , ayant vie en puiflance : Dicéarchus , que # c’eft l’harmome & concordance des quatre élé- # mens : Afclepiade le Medecin , que c’eft un exer- » cice commun de tous les fentimens enfemble. Tous » ces Philofophes-là , continue-tl, que nous ayons #mis ci-devant , fuppofent que l’are eft incorpo- »relle, qu’elle fe meut elle-même , que c’eft une » fubftance fpirituelle ». Mais ce que les anciens nommoient Zzcorporel , ce n’étoit point notre fpiri- tuel , c’étoit fimplement ce qui eftcompofe de parties très-fubtiles. En voici une preuve fansréplique. Ari- ftote rapportant le fentiment d’Héraclite fur l’a, dit qu’il la regardoit comme une exhalaifon ; & il ajoûte que felon ce Philofophe elle étoit incorpo- relle. Qu’eft-ce que cette incorporéité , fmon une extrème ténuité qui rend l’arre impalpable 8 imper- ceptible à tous nos fens?C’eft à cela qu’il fautrappor- ter toutes les opinions fuivantes. Pythagore diloit que l’ame étoit un détachement de Pair ; Empedocle en faifoit un compoié de tous les élémens : Démo- crite , Leucippe , Parménide, &c. ( Diog. Laërt. Uib, VIIL. fig. 27.) foûténoient qu’elle étoit de feu : Tome L AME 331 Epithorme avançoit que lés mes étoient tirées du foleil : Plutarque rapporte ainfi opinion d'Epicure; « Epicure croit que lame eft un mélange , une tem- » pérature de quatre choies ; de je ne fai quoi de feu, » de je ne fai quoi d’air , de je ne fai quoi de vent, » & d’un autre quatrieme qui n’a point de nom. » ( ubi Jupra. ) ». Anaxagoré , Anaximene, Arche- laus , Ge. ont crû que c’étoit nn air fubtil. Hippon affüra qu’elle étoit d’eau ; parce que, {élon lui, l’hu- mide étoit le principe detoutes chofes.Xenophane la compoloit d’eau & de terre ; Parmenide , de feu & de terre; Boëce, d’air & de feu, Critius foûtint que l’are n’étoit que le fang ; Hippoctate , que c’étoitun efprit délié répandu par tout le corps.Marc Antonin; qui étoit Stoicien, étoit perfuadé que c’étoit quel- que chofe de femblable au vent, Critolais imagina que {on effence étoit une cinquieme fubftance, En- core aujourd’hui il y a peu d'hommes en Orient qui aient une connoiflänce parfaite de la {piritualite. IE y a là-deffus un pañlage de M. de Laloubere (foyage duroyaume de Siam, tone I. page 362. ) qui vient ici fort à propos. « Nulle opinion ; dit-il, n’a été f » généralement reçûe parmi les hommes, que celle » de l’immortalité de l'ame: mais que larme {oit im= » matérielle , c’eft une vérité dont la connoïiffance » ne S'eft pas tant étendue ; aufli eft-ce une difficulté » très-srande de donner à un Siamois l’idée d’un pur » efprit; & c’eft le témoignage qu'en rendent les » Mifionnaires qua ont été le plus long-tems parmi »eux, Tous les payeñs de l'Orient croyent à la vé- » rité qu'il refte quelque chofe de l’homme après fa » mott, qui fubfitte féparément & indépendamment » de fon corps : mais ils donnent de l’étendue & de » la figuré à ce quirefte , &c ils lui attribuent les mê- # mes membres ê toutes les mêmes fubftances fo- » lides & liquides dont nos corps font compofés : ils » fuppofent feulement que nos ames font d’une ma- » tiere aflez fubtile pour {e dérober à l’attouchement » &T à la vüe , quoiqu'ils croyent d’ailleurs que fi on » en bleffoit quelqu’une , le fang qui couleroit de fa » bleflure pourroit paroitre. Telles étoient les manes » &z les ombres des Grecs & des Romains ; & c’eft » à cette figure des ames , pareille à celle des corps ; » que Virgilé fuppofe qu’Enée reconnut Palinure ; » Didon & Anchife dans les enfers ». Aux payens anciens & modernes, on peut jomdre les anciens Doéteurs des Juifs, & même les Peres des premiers fiecles de l’'Eglife. M. de Beaufobre a prouvé démon- frativement dans le fecond tome de fon Hiftoire du Manichénme, que les notions de création & de fpi- ritualité ne fe trouvent point dans l’ancienne Théo- logie Judaique. Pour les Peres , rien n’eft plus aifé que d’alléguer des témoignages de leur hétherodoxie fur ce fujet. S. Irénée ( B. IL. c. xxiv. LP 0, vijs G paflim ) dit que l'ame eft un fouffle, qu’elle n’eft incorporelle qu'en comparaifon des corps grofliers ; & qu'elle reflemble au corps qu’elle a habité. Ter- tullien fuppofe que l’ame eft corporelle ; defnimuns arimam Dei flatu natam immortalem, corporalem efr- giatam. De animâ, cap. xx. S. Bernard , felon l’a- veu du Pere Mabillon , enfeigna à propos de lame qwaprès la mort elle ne voyoit pas Dieu dans le ciel, mais qu'elle converfoit feulement avec l’hu- manité dé Jefus-Chrift. Voyez l’article de F'IMMA- TÉRIALISME , 04 de la SPIRITUALITÉ. Il eft donc bien démontré que tous les anciens Philofophes ont crû l'ame matérielle. Parmi les mo- dernes qui fe déclarent pour ce fentiment, on peut compter un Averroës , un Calderin, un Politien sun Pomponace , un Bembe ; un Cardan, un Cefalpin , un Taurell, un Cremonin ; un Berigard, un Vivia- ni, un Hobbes, 6. On peut aufli leur affocier ceux qui prétendent que notre ame tire fon origine des peres & des meres par la vertu M ; que d’as t 1] 332 AME bord elle n’eflt que végétative 8 femblable à celle _ d’une plante ; qu’enfuite elle devient fenfitive en fe erfeétionnant ; & qu’enfin elle eft rendue raifonna- bte par la coopération de Dieu. Une chofe corpo- relle ne peut devenir incorporelle : fi l’are raïon- nable eft la même que la fenfitive, mais plus épu- rée , elle eft alors matérielle néceffairement. C’eft là le fyftème des Epicuriens , à cela près que lame chez les Philofophes payens avoit en elle la faculté de fe perfe@tionner ; au lieu que chez les Philofo- phes chrétiens , c’eft Dieu qui par fa puiffance la conduit à la perfe@tion : mais la matérialité de l’are eft toljours néceflaire dans les deux opinions. Ceux qui difent que l’embryon eft animé jufqu’au quaran- tieme jour, tems auquel {e fait la conformation des parties, prêtent, fans le vouloir, des armes à ceux qui foûtennent la matérialité de l’arze, Comment fe peut-il faire que la vertu féminale, qui n’eft fecou- ruéd’aucun principe de vie, puifle produire.des ac- tions vitales ? Or fi vous accordez, continuent-ils , qu'il y a un principe de vie dans les femences.capa- ble de produite la conformation des parties, d'agir, de mouvoir ; en perfeéionnant ce principe & lui don- nant la liberté d'augmenter & d’agir librement par les organes parfaits, 1l eft aifé de voir qu'il peut & doit même devenir ce qu’on appelle ame; qui par conféquent eft matérielle. Spinofa ayant une fois pofé pour principe qu'l n’y a qu'une fubftance dans lumivers , s’eft và for- cé par la fuite de fes principes à détruire la fpiritua- lité de lame. Il ne trouve entre elle & le corps d’au- tre différence que celle qu'y mettent les modifica- tions diverfes, modifications qui fortent néanmoins d’une même fource, & pofledent un même fujet. Comme il eft un de ceux qui paroît avoir le plus étudié cette matiere , qu'il me foit permis de donner ici un précis de fon fyftème & des raïfons fur lef- HR il prétend l’appuyer. Ce Philofophe prétend onc qu'il y a une ame univerfelle répandue dans toute la matiere , & furtout dans l’air , de laquelle toutes les ames particulieres font tirées ; que cette ame univerfelle eft compofée d’une matiere déliée & propre au mouvement, telle qu’eft celle du feu ; que cette matiere eft toüjours prête à s'unir aux fuets difpofés à recevoir la vie, comme la matiere de la flimme eft prête à s’attacher aux chofes combufti- bles qui font dans fa difpofition d’être embrafées. Que cette matiere umie au corps de l’animal y en- tretient, du moment qu’elle y eft infinuée jufqu’à celui qu'elle l’abandonne , & {e réunit à fon tout, le double mouvement des poumons dans lequel la vie confifte | & qui eft la mefure de fa durée. Que cette ae ou cet efprit eft conftimment , & fans variation de fubftance , le même en quelque corps qu'il {e trouve , féparé ou réuni; qu'il n’y a enfin aucune diverfité de nature dans la matiere ani- mante , qui fait les ames particulieres raifonnables, fenfitives , végétatives , comme il vous plaira de les nommer ; mais que la différence qui fe voit entr’el- les ne confifte que dans celle de la matiere qui s’eft trouvée animée , & dans la différence des organes qu'elle eft employée à mouvoir dans les animaux, ou dans la différente difpofition des parties de l’ar- bre ou de la plante qu’elle anime ; femblable à la matiere de la flamme uniforme dans {on effence , mais plus ou moins brillante ou vive, fuivant la fub£ tance à laquelle elle fe trouve réunie ; en effet elle paroït belle & nette, lorfqu’elle eft attachée à une bougie de cire puriñée ; obfcure &z languiflan- te , lorfqw’elle eft jointe à une chandelle de fuiferof- fier, Il ajoûte que même parmi les cires, il yen a de plus nettes & de plus pures ; qu'il y a de la cire jaune & de la cire blanche. l'y a auffi des hommes de différentes qualités; ce AME qui feul conftitue plufeurs degrés de perfe@ions dans leur raïfonnement ; y ayant une différence infinie là- deflus, On peut même ,ajoûte-til, pérfeionneren l’homme les puiffances de l’arre ou de l’entéendement, en fortifiant les organes par le fecours des Sciences, de éducation , de l’abftinence , de certaines nout- ritures ouboïflons ; oules dégrader pärune vie déré- glée , par des pañlions violentes , les calamités , les maladies, & la vieilleffe : ce qui eft même une preu2 ve invincible , que ces puiffances ne font que l'effet des organes du corps conftituées d’une certaine ma- mere. La portion de lPame univerfelle qui aura fervi à animer un corps humain, pourra fervir à animer ce- lui d’une autre efpece ; & pareïllement celle dont les corps d’autres animaux auront été animés , & celle qui aura fait poufler un arbre on une plante, pourra être employée réciproquement à animer des cotps-humains ; de la même maniere que les parties de la flamme qui auroient embrafé du bois pour: roient auf embrafer une autre matiere combuftible. Ce Philofophe moderne poufle cette penfée plus loin , & il prétend qu'il n’y a pas de moment où les ares particulieres ne fe renouvellent dans les corps animés, par des parties de l’aeuniverfelle qui fuc- cédent aux a7mes particulieres ; ainfi que les particu= les de la lumiere d’une bougie oud’une autre flamme font fuppléées par d’autres quiles chaflent , & font chaffées à leur tour par d’autres. La réunion des ares particulieres à la générale , à la mort de Panimal , eft auffi prompte & auffi en- tiere que le retour de la flamme à {on principe aufi- tôt qu'elle eft {éparée de la matiere à laquelle elle étoit unie. L’efprit de vie dans lequel les armes con- fiftent , d'une nature encore plus fubtile que celle de la flamme , elle n’eft la même , n’eft ni fufceptible d’une féparation permanente de la matiere dont il efttiré,, ni capable d’être mangé , & eft immédiate- ment &r eflentiellement uni dans l’animalvivantavec Pair ; dont fa refpiration eft entretenue. Cet efpnit eftporté fans interruption dans les poumons de l’aniz mal avec l’air qui entretient leur mouvement : il eft pouflé avec lui dans les veines par le fouffle des poulmons; il eft répandu par celles-ci dans toutes les autres parties du corps. Il fait le marcher & le cou cher dans les unes, levoir, l'entendre , le raïfonner dans les autres. Il donne lieu aux diver{es paflions de l'animal. Ses fon@ions fe perfettionnent & s’afoi- bliffent , felon laccroiflement ou diminution des for- ces dans les organes , elles ceffent totalement; & cet efprit de vie s'envole & fe réunit au général ,.lorf- que les difpofitions qu’il maïntenoit dans le particu= lier viennent à cefler. Avant de bien pénétrer le fyftème de Spinofa, il faut remonter jufqu'à la plus haute antiquité, pour favoir ce que les anciens penfoient de la fubftance. Il pa- roît qu'ils n’admettoient qu’une feule fubftance , na- turelle , infinie, & ce qui furprendra leplus , indivi- fible , quoique pourtant divifée en trois parties ; & ce font elles, qui réunies & jointes enfemble , for- ment ce que Pythagore appelloit Ze sour, hors duquel il n’y a rien. La premiere partie de cette fubftance, inacceffible aux regards de tousles horimes, eft pro- prement ce qui détermine l’effence de Dieu , des Anges & des génies; elle fe répand delà fur tout le refte de la nature. La feconde partie compofe les glo- bes céleftes , le foleil ; les étoiles fixes , les planetes, &t ce qui brille d’une lumiere primitive & originale. La troïfieme enfin compofe les corps , &c générale- ment tout l’empire fublunaire , que Platon dans le Timée nomme /e féjour du changement, la mere & la nourrice du fenfible. Voïlà en gros quelle idée on avoit de la fubftance-unique dont on croyoit que les êtres tiroient le fond même de leurnature, chacun fiüivant le degré de perfeétion qui lui convient. Et comme cette {ubftance pafloit pour indivifible , quoi- qu'elle füt divifée en trois parties, de même elle paf {oit pour immuable ,: quoiqu’elle fe modifiât de dif- férentes:manieres. Mais ces modifications étant de : peu de.durée, on les comptoit pour rien , même on les regatdoit comme non exiftantes, & cela par rapport au-tout, qui feul exifte véritablement. Ce qu'on doit obferver avec foin : la fubftance jotit de ‘être , &t fes modifications efperent en joüir fans ja- mais pouvoir yarriver, Le trop fameux Spinofa , en écrivant à Henri : Oldenbourg Secrétaire de la Societé Royale de Lon dres, convient que c’eft parmi Les plus anciens Phi- lofophes qu’il a puifé fon fyftème, qu'il n’y a qu’une fubftance dans l'univers. Mais il ajoûte qu'il a pris les chofes d’un biais plus favorable , {oit en propo- fant de nouvelles preuves , foit en leur donnant la forme obfervée par les Géometres. Quoi qu’ilen foit, fon fyflème n’eft point devenu plus probable , les contradiétions n’y font pas mieux fauvées. Les an- ciens confondotent quelquefois la matiere avec la fubftance unique , & 1ls difoientconféquemiment que tien ne lui eft effentiel que d’exifter , & que l’éten- due convient à quelques-unes de fes parties, ce n’eft que lorfqu’on les confidere par abftration, Mais le plus fouvent ils bornoïent l’idée de la matiere à ce qu'ils appelloient eux-mêmes lerpire fublunaire , la nature corporelle. Le corps, felon eux , eft ce qu’on conçoit par rapport à lui feul, & enle détachant du tout dont il fait partie. Le tout ne s’apperçoit que par l’entendement |; & le corps que par l'imagination aidée desfens. Ainfiles corps ne font que des modi- fications qui peuvent exifter ou non exifter fans faire aucun tort à la fubftance ; ils caraétérifent &z déter- minent lamatiere ou la fubftance , à peu près comme les paffions cara@térifent & déterminent un homme indifférent à être mù ou à refter tranquille. En con- féquence , la matiere n’eft ni corporelle ni incorpo- relle ; fans doute ; parce qu'il n’y a qu’une feule fub£ tance dans l’univers, corporelle en ce quieftcorps, incorporelle en ce qui ne left point. Ils difoientauff, {elon Proclus de Lycie , que la matieré eff animée ; mais que les corps ne le font pas ; quoiqu'ils aient un principe d’organifation , un je ne fai quoi de décifif qui les difingue l’un de l’autre ; que la ma tiere exifte par elle-même , mais nôn les corps qui changent continuellement d’attitude & de fituation. Donc on peut avancer beaucoup de chofes des corps, qui ne conviennent point à la matiere; par exemple, qu’ils font déterminés par des figures, qu'ils fe meu- vent plus ou moins vite, qu'ils fe corrompent & fe renouvellent , 6c. au heu que la matiere eftune fubf: tance de tous points inaltérable. Aufli Pythagore & Platon conviennent-ils l’un & l’autre, que Dieu exif- toit avant qu'il y eût des corps, mais non avant qu’il y eût de la matiere , l’idée de la matiere ne deman- dant point l’exiftence aétuelle du corps. Mais pour percer ces ténebres , & pour fe fairé jour à travers, 1l faut demander à Spinofa ce qu’il entend par cette feulefubftance, qu'il a puifée chez les anciens. Car ou cette {ubftanceeft réelle, exifte dans la nature &r hors de notre efprit, ou ce n’eft qu’une fubftance idéale , métaphyfique & abfiraite. S'il s’en tient au premier fens , 1lavance la plus grande abfur- dité du monde. Car à qui perfuadera-til que Le corps A qui fe meut vers lorient , eff la même fubftance numérique que le corps Bqui fe meut vers l’occi- dent ? À qui fera-t-l croire que Pierre qui penfe aux propriétés d’un triangle, eft précifément le même que Paul qui médite fur le flux &c reflux de la mer? Quand on prefle Spinofa pour favoir fi l’efprit hu- main eft la même chofe que le corps , il répond que l’un & l'autre font le même fujet , la même matiere AME 333 qui a différentes modifications , qu’elle eff efprit en tant qu’on l’a confidere comme penfante ; & qu’elle eft corps en tant qu’on fe la repréfente comme éten- due & figurée. Maisje voudrois bien favoir ce qu’au- roit dit Spinofa , à un homme aflez ridicule pour afhrmer qu’un cercle eft un triangle , 8 qui auroit tépondu à ceux qui lui auroient objeété la différence des définitions & des propriétés du cercle & du triangle, pour prouver que ces figures font différen- tes, que c’eft pourtant la même figure , mais diver- fement modifiée ; que quand'on la confideré comme une figure qui a tous les côtés de la circonférence également diftans du centre, & que cette circonfé- rence ne touche jamais une ligne droite ou un plan que par un point, On la nomme cercle ; mais que quand on la confidere comme figure compolée de trois ans gles & de trois côtés , alors on la nomme sriengle ; cette réponfe feroit femblable à celle de Spinofa, Cependant je fuis perfuadé que Spinofa fe {eroit mo: qué d'un tel homme , & qu'il lui auroit dit que ces deux figures ayant des définitions & des propriétés divérfes , font néceflairement diférentes malgré {a diftinéhion imaginaire &c fon frivole guarenus. Voyeg Particle du SpiNosis Me. Ainfi, en attendant que les hommes foient faits d’une autre efpece, &c qu'ils rai- fonnent d’une autre maniere qu’ils ne font , &c tant qu'on croira qu'un cercle n’eft pas un triangle, qu’une pierte n’eît pas un cheval , parce qu'ils ont des déf- mtions , des propriétés diverfes & des effets diffé- rens ; nous conclurrons par lès mêmes raifons , & nous crotrons que l’efprit humain n’eft pas corps. Mais fi par fubflance Spinofa ‘entend une fubftance idéale métaphyfique & arbitraire , 1l ne dit rien; car ce qu’il dit ne fignifie autre chofe , finon qu’il ne peut ÿ avoir dans l'univers deux effences différentes qui atent une même eflence ? Qui en doute » C’eft À la faveur d’une équivoque auffi groffiere qu’il foûtient qu'il n'y a qu'une féule fubflance dans l'univers. Vous ne vous imagineriez pas qu'il eût le front de foütenir que la matiere eft indivifble : il ne vous vient pas feulement dans l’efprit comment il pour- toit s y prendre pour foütenir un tel paradoxe. Mais de la maniere dont il entend la fubftance , rien n’eft plus aifé. Il prouve donc que la matiere ef indivif: ble ; parce qu'il confidere métaphyfiquement l’effen- ce où Ha définition qu’il en donne ; &c parce que la définition ou l’effence de toutes chofes , c’eft d’être précifément ce qu'on €ft, fans pouvoir être ni. auçe- menté m1 diminué, 1 diviié ; de-là il conclut que le corps eft indivifible. Ce fophifme eft femblable à celui-ci. L'eflence d’un triangle confifte à être une figure compofée de trois angles ; on ne peut ni en ajoüter ni en diminuer : donc le triangle eft un corps ou une figure indivifble. Ainfi , comme l’effence du corps eft d’être une fubftance étendue , il eft certain que cette eflence eft indivifble, Si on Ôte ou la fubf- fance , où l’extenfion , on détruit néceflairement la nature du corps. À cet égard donc le corps eft quel- que chofe d'indivifible. Mais Spinofa donne groflie- rement le change à fes Leûteurs, ce n’eft pas de quotil s’agit. On prétend que ce corps ou cette fubf. tance étendue, a des parties les unes hors des au= tres, quoiqu'à parler métaphyfquement , elles foient toutes de même nature. Or c’eft du corps tel qu'il exiite dans la nature , que je foûtiens contre Spinofa qu'il n’eft pas capable de penfer. L’efprit de l’homme eft de fa nature indivifible, Coupez le bras où la jambe d’un homme , vous ne divitez ni ne diminuez fon efprit, il demeure toù- jours femblable à lui-même , êc fuffifant à toutes fes opérations comme il étoit auparavant, Or fi l'ame de l’homme ne péut être diviée , il faut néceffairement que ce foit un point , ou que ce ne foitpas un COr ps. Ce feroit une extravagance de dire que Pefprit de 334 AME l’homme fütun point mathématique, puifque le point mathématique n’exifte que dans Pimagimation, Ce meft pas auffi un point phyfique ou un atome. Ou- tre qu'un atome indivifible répugne par lui-même , cette ridicule penfée n’eft jamais tombée dans Pef prit d'aucun homme, non pas même d'aucun Épi- cutien. Puis donc que lee de l’homme ne peut être divifée , & que ce n’eft ni un atome ni un point mathématique , il s'enfuit manifeftement que ce n’eft pas un COrpS. | | Lucrece après avoir parlé d’atomes fubtils ; qui agitent le corps , fans en augmenter où diminuer le poids , comme on voit que l’odeur d’une rofe on du vin, quand elle eft évaporée , n’ôte rien à la pefan- teur de ces corps : Lucrece, dis-je, voulantenfuite rechercher ce qui peut produire le fentiment en l’homme , s’eft trouvé fort embarraflé dans fes prin- cipes : il parle d’une quatrième nature de lame qui n’a point de nom, & qui eff compoée des parties les plus déliées & les plus polies, qui font comme lame de l’ame elle-même. On peut lire le sroifieme livre de ce Poëte philofophe ; & on verra fans peine que fa philofophie eft pleine de ténebres & d'obfeu- rités, & qu’elle ne fatisfait nullement la raïfon. Quand je me replie fur moi-même , je m'appet- coïs que je penfe , que je réfléchis fur ma penfée , que jafirme, que jenie, que je veux, &e que je ne veux pas. Toutes ces opérations me font infiniment con- nues; quelle en eft la caufe ? C’eft mon efprit : mais quelle eft fa nature, fi c’eft un corps, ces aétions auront néceflairement quelque teinture de cette na- ture corporelle ; elles conduront néceflairement l’ef- prit à reconnoître la liaifon qu'il a par quelque en- droit avec le corps & la matiere qui Le foûtient com- me un fujet , & le produit comme fon effet. Si on penfe à quelque chofe de figuré , de mou ou de dur, de fec ou de liquide , quidoiten mouvement ou en repos ; l’efprit fe porte d’abord à fe repréfenter une fubftance qui a des parties féparées les unes des au- tres , & qui eft néceflairement étendue. Tout ce qu'on peut s’imaginer qui appartienne au COrps , tou- tes les propriétés de la figure & du mouvement, :conduifent l’efprit à reconnoïtre cette étendue, par- ce que toutes les aétions &c toutes les qualités du corps en émanent, comme de leur origine ; ce font autant de ruifleaux qui menent néceflairement l’ef- prit à cette fource. On conclut donc certainement ue la caufe de toutes fes a&ions , le fujet de toutes Hs qualités eft une fubftance étendue. Mais quand on pafle aux opérations de lame , à {es penfées , à fes affirmations, à {es négations , à fes idées de verité , de faufleté , à l’aéte de vouloir & de ne pas vouloir ; quoique ce foient des aéhons claire- ment & diftinétement connues , aucune d’elles néan- moins ne conduit l’efprit à fe former l’idée d’une fubftance matérielle 8 étendue. Il faut donc de né- ceffité conclurre qu’elles n’ont aucune liaifon effen- tielle avec le corps. On pourroit bien d’abord s’imaginer que l’idée qu’on a de quelque objet particulier , comme d’un cheval ou d’un arbre, feroit quelque chofe d’éten- du, parce qu’on fe figure ces idées comme de petits portraits femblables aux chofes qu’elles nous repré- fentent : mais quand on y fait plus de réflexion, on conçoit aïifément que cela ne peut être, Car quand je dis , ce qui a été fait, je n'ai l’idée ni le portrait d'aucune chofe : mon imagination ne me fert ici de rien; mon efprit ne fe forme l’idée d'aucune chofe particuliere , il conçoit en général lexiftence d’une chofe. Par conféquent cette idée, ce qui a été fair, n’eft pas une idée qui ait reçû quelque extenfion ni aucune expreflion de corps étendu. Elle exifte pour- tant dans mon ame, je le fens ; fi donc cette idée avoit quelque figure , quelque extenñon , quelque mouvement ; comme elle ne provient pas dé lob- jet , elle auroit été produite par mon efprit , parce que mon efprit feroit lui-même quelque chofedé- tendu. Or fi cette idée fort de mon efprit, parce qu’il eft formellement matériel &étendu , elle aura reçù de cette extenfon qui l'aura produite , uné liai- fon néceflaire avec elle , qui la fera connoître , & qui la préfentera d’abord à Pefprit, Cependant de quelque côté que je tourne cette idée , je n’y apperçois aucune connexion néceffaire avec l'étendue, Elle ne me paroïtnironde, ni quarrée, ni triangulaire ; je n’y conçoïs ni centre, ni Circon- férence, n1 bafe , ni angle, ni diametre , ni aucune autre chofe qui réfulte des attributs d’un corps; dès que je veux la corporifier, ce font autant de téne- bres & d’obfcurirés que je verfe fur la connoïffance que j'en ai. La nature de l’idée fe foûleve d’elle-mê- me contre tous les attributs corporels &c les rejette: N’eft-ce pas une preuve fort fenfible qu’on veut y inférer une matiere étrangere qu'elle repoufle, & avec laquelle elle ne peut avoir d'union mi de fo- ciété ? Or cette antipathie de la penfée avec tous les attributs de la matiere &c du corps, fi fubtil , f délié , fi agité qu'il puifle être, feroit fans contre- dit impofhble fi la penfée émanoit d’une fubftance corporelle &z étendue. Dès que je veux joindre quel- que étendue à ma penfée , &c divifer la moitié d’une volonté ou d’une réflexion, je trouve que cette moi- tié de volonté ou de réflexion eft quelque chofe d’extravagant & de ridicule : on peut raïonner de même, fon tâche d’y joindre la figure & le mouve- ment. Entre une fubftance dont l’effence eft de pen- fer & entre une penfée, il n’y a rien d’intermédiaire, c’eft une caufe qui atteint immédiatement fon effet ; deforte qu’il ne faut pas croire que l’étendué , la f- gure ou le mouvement aient pû s’y gliffer par des voies fubreptices & fecretes pour y demeurer z7- cognito: Si elles y font, il faut néceffairement ou que: la penfée ou que la faculté de penfer les découvre : or 1l eft clair que ni la faculté de penfer m la pen- fée ne renferment aucune idée d’étendue , de figure ou de mouvement. Il eft donc certain que la fubi- tance qui penfe , n’eft pas une fubftance étendue . c’eft-à-dire un corps. Spinofa pofe comme un principe de fa Philofophie,, que l’efprit n’a aucune faculté de penfer ni de vou- loir : mais feulement il avoue qu'il a telle ou telle penfée , telle ou telle volonté. Ainfi par l’entende- ment , il n'entend autre chofe que les idées aétuel- les qui furviennent à l’homme. Il faut avoir un grand penchant à adopter l’abfurdité , pour recevoir une philofophie fi ridicule. Afin de mieux comprendre cette abfurdité , 1l faut confidérer cette fubftance en ellemême , & par abfiraétion de tous les êtres fin- guliers , & particulierement de l’homme ; car puif- que l’exiftence d’aucun homme n’eft néceflaire , 1l eft poffible qu'il n’y ait point d'homme dans Puni- vers. Je demande donc fi cette fubftance , confidérée ainf précifément en elle-même , a des penfées ou fi elle n’en a pas. Si elle n’a point de penfées , com- ment a-t-elle pù en donner à l’homme, puifqu’on ne peut donner ce qu’on n’a pas ? Si elle a des penfées, je demande d’où elles lui font venues ; fera-ce de dehors ? Mais outre cette fubftance , il n’y a rien. Sera - ce de dedans ? Mais Spinofa mie qu'il y ait aucune faculté de penfer , aucun entendement ou puiffance , comme il parle. De plus, fi ces penfées viennent de dedans ou de la nature de la fubftance, élles fe trouveront dans tous les êtres qui poffede- ront cette fubftance ; deforte que les pierres raïfon- neront auffi-bien que les hommes. Si on répond que cette fubftance , pour être en état de penfer, doit être modifiée ou façonnée de la maniere dont l’hom- me. eft formé ; ne fera-ce pas un Dieu d'une aflez AME plaifante fabrique ; un Dieu qui, tout infini qu’il eff, eft privé de toute connoiffance , à moins qu'il n’y ait quelques atomes de cette fubftance infinie , mo- difiés & façonnés comme eff l’homme , afin qu’en puifle dire que ce Dieu a quelque connoïffance ; c’eft-à-dire ; en deux mots , que fans le genre hu- main Dieu n’autoit aucune connoifflance ? Selon cette belle doûtrine, un vaifleau de cryftal plein d’eau aura autant de connoiïffance qu’un hom- me ; cat il reçoit les idées des objets de même qué - nos yeux. Îl eft fufceptible des impreflions que ces æ objets lui peuvent donner ; delorte que s’il n’y a: point d’entendement ou de faculté capable de penfer &c de raïfonner à la préfence de ces idées, & que les reflexions ne foient autre chofe que ces idées mêmes, il s'enfuit néceflairement que comme elles font dans un vaifleau plein d’eau, autant que dans la tête d’un homme qui regarde la lune & les étoiles, ce vaiffeau doit avoir autant de connoïffance de la lune &z des étoiles que l’homme ; on ne peut y trouver aucune différence, qu'on ne la cherche dans une caufe fupé- rieure à toutes ces idées, qui les fent, qui les com- pare l’une à l’autre, & qui raonne fur leur compa- raifon, pour en tirer des conféquences qui font qu’il conçoit le corps de la lime & des étoiles beaucoup plus grand que ne le repréfente idée qui frappe l1- magination. Cet abfurde fyftème a été embraflé par Hobbes : écoutons-le expliquer la nature & l’origine des fen- fations. « Voici, dit-il, en quoi confifte la caufe im- »# médiate de la fenfation : l’objet vient preffer la par- » tie extérieure de l'organe, & cette preflion péne- » tre jufqu'à la partie intérieure : là fe forme la re- # ptéfentation ou l’image ( phentafma) par la réfif- # tance de l'organe, ou par une efpece de réflexion » qui caufe une preflion vers la partie extérieure , » toute contraire à la preffion de l’objet, qui tend » vers la partie intérieure : cette repréfentation, ce » phantafma eft, dit-il, la fenfation même ». Voici comment il parle dans un autre endroit : « La caufe de la fenfation eft l’objet qui preffe l’or- » gane; cette preflion pénetre jufqu’au cerveau par » le moyen des nerfs, & de-là elle eft portée au cœur; # de-là, au moyen de la réfiftance du cœur qui s’ef- # force de renvoyer au-dehors cette preflion & de » s’en délivrer; de-là, dit-il, naît l’image, la repré- » fentation, & c’eft ce qu’on appelle féxfation ». Mais quel rapport , je vous prie, entre cette imprefion &c le fentiment lui-même, c’eft-à-dire la penfée que cette impreflion excite dans l’arse ? Il n’y a pas plus de rapport entre ces deux chofes, qu'il y en a entre ün quatré & du bleu, entre un triangle &z un fon, entre une aiguille & le fentiment de la douleur, ou entre la réflexion d’une balle dans un jeu de paume & l’entendement humain. Deforte que la définition que Hobbes donne de la fenfation, qu’il prétend n’e- tre autre chofe que l’image qui fe forme dans le cer- veau par l’imprefhion de l’objet, eft auffi impertinen- te, que fi pour définir la couleur bleue, il avoit dit que c’eft l’image d’un quarré, Ge. S'il n’y a point en nous de faculté de penfer & de fentir, l'œil recevra fi vous voulez l’impreffion extérieure des objets : mais excepté le mouvement des reflorts, rien ne fera ap- perçü, rien ne fera fenti ; &z tant que la matiere fera feule , quelque délicats que foient les organes, quel- que aétion qui fuive de leur jeu & de leur harmonie, la matiere demeurera toüjours aveugle & fourde, parce qu’elle eft infenfble de fa nature, & que le {entiment , quel qu'il Loit, eft le cara@tere d’une au- ‘ tre fubftance. Hobbes paroit avoir fenti le poids de cette difi- culté infurmontable ; de-là vient qu'il affe@e de la cacher à fes leéteurs, 87 de leur en impofer à la faveur de l’ambiguité du terme de repréfentation. } ET é x AME 335 Il fe ménage même un fubterfuge ; & en cas qu’on le prefle trop vivement, il infinue à tout hafard, qu'il pourroit bien fe faire qu'il y eût dans la fenfation quelque chofe de plus. « [ne fait s’il ne doit pas dire, » à l'exemple de quelques Philofophes, que toute # matiere a naturellement &c effentiellement la facul: »te de connoïtre , & qu'il ne lui manque que les or- » ganes & la mémoire des animaux pour exprimer » au-déhors fes fenfations. Il ajoûte que fi on fupa » poife un homme qui eût poffédé d’autres fens que » celui de la vüe , qui ait fes yeux immobiles, & toù- » jours attachés à un feul & même objet, lequel de » fon côté foit invariable &c fans le moindre chan: » gement , cet homme ne verra pas, à parler pro- » prement , mais qu'il fera dans une efpece d’éton- » nement & d’extafe incompréhenfible, Ainf, dit-il, » 1l pourroit bien fe faire que les corps qui ne font # pas organifés , euflent des fenfations : mais comme » faute d'organes, il'ne s’y rencontre ni variété, ni »mémoIre , ni aucun autre moyen d'exprimer ces » fenfations , ils ne nous paroïflent pas en avoir». Quoique Hobbes ne fe déclare pas pour cette opi- nion , 1l la donne pourtant comme une chofe pofli- ble : mais il le fait d’une maniere fi peu affürée, & avec tant de réferve, qu'il eft aifé de voir que ce n’eft qu'une porte de derriere qu'il s’eft ménagée à tout évenement, en cas qu'il fe trouvât trop preflé par les abfurdités dont fourmille la fuppoñtion qui envifage la fenfation , comme un pur réfultat de fi- gure &t de mouvement. [l a raifon de fe tenir fur la réferve : ce n’eft qu'un miférable fubterfuge , à tous égards aufli abfurde , que l'opinion qui fait confifter la penfée dans le mouvement d’un certain nombre d’atomes. Car qu’y a-t-il au monde de plus ridicule que de s’imaginer que la connoïiffance eftaufli effen- tielle à la matiere que l’étendue ? Quelle fera la con- féquence de cette fuppoñtion ? Il en faudra conclurre qu'il y a dans chaque portion de matiere, autant d'êtres penfans , qu'elle a de parties : or chaque por- tion de matiere étant compoiée de parties divifibles à Pinfini, c’eft-à-diré, de parties qui malgré leur con- tiguité , font aufli diftinétes que fielles étoient à une très-crande diftance les unes des autres , elle fera ainfi compofée d’une infinité d'êtres penfans. Mais c’eft trop nous arrêter fur les abfurdités qui naif- fent en foule de cette fuppoñition monfirueufe ? Quel- que familiarifé que fût Spinofa avec les abfurdités, il n’en eft cependant jamais venu jufques-là : pour penfer, dans fonfyftème , du moins faut-il être orga- nié comme nous le fommes. Mais pour réfuter Epicure, Spinofa, & Hobbes, qui font confifter la nature de lame non dans la fa- culté de penfer , mais dans un certain aflemblage de petits corps déliés, fubtils, & fort agités qui fe trou- vent dans le corps humain, voici quelque chofe de plus précis. D’abord on ne conçoit pas que les im- prefions des objets extérieurs puiflent y apporter d'autre changement que de nouveaux mouvemens , ou de nouvelles déterminations de mouvement, de nouvelles figures , ou de nouvelles fituations ; cela eit évident : or toutes ces chofes n’ont aucun rap- port avec l’idée qu’elles impriment dans l’erve; il faut néceflairement que ce foit des fignes d’inftitu- tion qui fuppofent une caufe qui les ait établis, ou qui les connoifle. Servons-nous de l'exemple de la parole , pour faire mieux fentir la force de l’argu- ment: quand on entend dire Diez , l’Arabe reçoit le même mouvement d’air à la prononciation de ce mot François ; le tympan de fon oreille, les petits os qu'on nomme l’ezclume & le marteau, reçoivent de ce mouvement d’air la même fecoufle &c le même tremblement qui fe fait dans Poreille & dans la tête d’une perfonne qui entend le François. Par confé- quent tous ces petits corps qu'on fuppole compofer 330 AME. l’efprit humain , font remués de la même mamiere, & reçoivent les mêmes impreffions dans la tète d’un Arabe que dans celle d’un François ; par conféquent encore un Arabe attacheroit au mot de Dieu, la même idée que le François , parce que les petits corps fubtils & agités qui compoñent l’efprit humain, felon Epicure &les Athées , ne font pas d’une autre nature chez les Arabes que chez les François. Pour- quoi donc l’efprit de l’Arabe ne fe forme-t-1l à la pro- nonciation du mot Diez , aucune autre idée que celle d’un fon, & que l’efprit d’un François joint à l’idée de ce fon celle d’un être tout parfait, Créateur du ciel & dela terre ? Voici un détroit pour les Athées & pour ceux qui nient la fpiritualité de lame, d’où ils ne pourront fe tirer, puifque jamais ils ne pour- ront rendre raïfon de cette différence qui fe rencon- tre entre l’efprit de l’Arabe & celui du François. Cet argument eft fenfible , quoiqu’on n’y fafle pas aflez de réflexion ; car chacun fait que cette diffé- rence vient de l’établiffement des langues, fuivant lequel on eft convenu de joindre au fon de ce mot Dieu , l’idée d’un être tout parfait; 8: comme l’A- rabe qui ne fait pas la langue Françoife ignore cette convention , il ne reçoit que la feule idée du fon, fans y en joindre aucune autre. Cette vérité eft conf- tante, & il n’en faut pas davantage pour détruire les principes d’'Epicure , d’'Hobbes , & de Spinofa ; carje voudrois bien favoir quelle feroït la partie con- traftante dans cette convention ; à ce mot Dieu, je joindrai l’idée d’un être tout parfait; ce ne fera pas ce corps fenfble &z palpable, chacun en convient; ce ne fera pas aufhi cet amas de corps fubtils & agi- tés, qui font l’efprit humain, felon le fentiment de ces Philofophes,parce que ces efprits reçoivent toutes les imprefñons de l’objet, fans pouvoir rien faire au- delà : or ces impreflions éfoient les mêmes , &c par- faitement femblables, lorfque PArabe entendoit pro- noncer ce mot Dieu, fans favoir pourtant ce qu’il fi- gnifoit. Il faut donc néceffairement qu'il y ait quel- qu'autre caufe que ces petits corps avec laquelle on convienne qu'à ce mot Dieu , l’ame fe repré- fentera l'être tout parfait, de la même mamiere qu'on peut convenir avec le Gouverneur d’une place affiégée, qu’à la décharge de vingt ou trente volées de canon , 1l doit affürer les habitans qu'ils feront bien-tôt fecourus. Mais comme ces fisnaux feroient inutiles, fion ne fuppofoit dans la place un Gouver- neur fage & intelligent, pour raifonner & pour tirer de ces fignaux les conféquences dont on feroit con- venu avec lui; de même auffi il eft néceffaire de concevoir dans l’homme un principe capable de for- mer telles ou telles idées, à.telle ou telle détermi- nation, à tel ou tel mouvement de ces petits corps qui reçoivent quelque impreffion de la prononcia- tion des mots, comme l’idée d’un être tout parfait à la prononciation du mot Dieu. Aïnf il eft clair & certain qu'il doit y avoir dans l’homme une caufe dont l’eflence foit de penfer, avec laquelle on con- vient de la fignification des mots, Il eft encore clair & certain que cette caufe ne peut être une fubftance maternelle, parce que l’on convient avec elle qu’au mouvement dela matiere ou de ces petits corps, elle fe formera telle ou telle idée. Il eft donc clair &c cer- tain que l’ame de l’homme n’eft pas un corps, mais que c’eft une fubftance diftinguée du corps, de la- quelle leffence eft de penfer , c’eftà-dire, d’avoir la faculté de penfer. Il en eft de l’idée des objets qui fe préfentent à nos yeux, comme des fons qui frappent l'oreille ; & comme il eft néceffaire qu'on foit convenu avec un Chinois qu'il fe repréfentera un être tout parfait à la prononciation du mot François Dieu, il faut auffi de même qu'il y ait une certaine convention entre les impreflions que les objets font au fond de nos AME yeux & de notre efprit, pour fe repréfenter tels où: tels objets, à la préfence de telles ou telles impref- fions. Car, 12. quand ona lesyeuxouverts, en pen- fant fortement à quelque chofie, il arrive très-fou- vent qu’on n'apperçoit pas les objets qui font devant foi, quoiqu'ils envoyent à nos yeux les mêmes efpe- ces & les mêmes rayons, que lorfqu’on y fait plus d'attention. De forte qu’outre tout ce qui fe pañle dans l'œil & dans le cerveau, il faut qu'il y ait en- core quelque chofe qui confidere & qui examine ces impreflions de l’objet, pour le voir & pour le con- noître, Mais 1l faut encore que cette caufe qui exa- mine ces impreflions , puifle {e former à leur pré- fence lidée de l’objet qu’elles nous font connoître : car il ne faut pas s’imaginer que les impreflions que produit un objet dans notre œil & dans le cerveau, puiflent être femblables à cet objet. Je fai qu'il y a des Philofophes qui fe repréfentent ce qui émane des corps , & qu'ils nomment desefpeces intentionnelles comme de petits portraits de l’objet : mais je far auffi qu’ils ne font en cela rien moins que Philofo- phes. Car quand je regarde un cheval noir , par exem- ple, fice qui émane de ce cheval étoit femblable au cheval , l’air devroit recevoir l’impreflion de la noir- ceur , puifque cette efpece doit êtreimprimée dans Vair , ou dans l’eau , ou dans le verre au travers du- quel elle paffe avant de venir à mon œil; & onne pourra rendre aucüne raïfon fuffifante de cette dif- férence qui s’y trouve , ni dire pourquoi cette efpece intentionnelle imprimeroit fa reflemblance dans mon œil &t dans les efprits du cerveau, fi elle ne les a pas imprimées dans l’air, parce que les efprits du cerveau font & plus fubtils & plus agités que n’eft l'air, ou l’eau, &le cryftal, par le moyen defquels cette efpece eft parvenue jufqu'à moi. On ne peut aufh rendre raïfon , pourquoi nous n’appercevons pas les objets dans l’obfcurité ; car quand je fuis dans une chambre fermée, proche d’un objet, pourquoi ne l’apperçois-je pas, s'il envoie de lui-même des efpeces intentionnelles qui le repréfentent ? J’en fuis proche, j'ouvre les yeux , je fais tous mes efforts pour l’appercevoir, & pourtant je ne vois rien. IE faut donc croire que je n’apperçois les objets que par la lumiere qu'ils réfléchiffent à mes yeux, qui ef di- verfement déterminée, felon la diverfité de la figure & du mouvement de l’objet : or entre des rayons de lumiere diverfement déterminés, & l’objet que j'apperçois , par exemple , #7 cheval noir, il ya fipeu de proportion & de reflemblance , qu’il faut recon- noiître une caufe fupérieure à tous ces mouvemens, qui ayant en foi la faculté de penfer, produit des idées de tel ou tel objet ; à la préfence de telles ow de telles impreffions que les objets caufent dans le cerveau par l'organe des yeux, comme par celui de Poreille, Quelle fera donc cette caufe? Si c’eft un corps , on retombe dans les mêmes difficultés qu'aupara- vant; on ne trouvera que des mouvemens & des figures, & rien de tont cela n’eft la penfée que je cherche : fera-ce huit, dix ou douze atomes qui com- poferont cette penfée & cette réflexion ? Suppofons que ce font dix atomes, je demande ce que fait cha- cun de ces atomes; eft-ce une partie de ma penfée, ou ne l’eff-ce pas ? fi ce n’eft pas une partie de ma penfée, elle n’y contribue en rien ; fi elle en eflune. partie, ce fera la dixieme. Or bien loin que je conço, ve la dixieme partie d’une penfée, je fens au contrai- re clairement que ma penfée eft indivifible ; foit que je penfe à tout un cheval, ou que je ne penfequ'à fon œil, ma penfée eft toûjours une peniée & une aétion dé mon ame , de même nature & de même ef- pece : foit que je penfe à la vafte étendue de l’uni- vers, ou que je médite fur un atome d’Epicure & fur un point mathématique ; foit que je penfe à l'être, Qu AME bu que je médite fur le néant, je penfe ; Je raïfon- né, je fais des réflexions, & toutes ces opérations, en tant qu’ahion de mon ame , ont abfolument fem- blables & parfaitement uniformes. Dira + t-on que la penfée eft un affemblage de ces atomes ? Mais fi c’eft un aflemblage de dix atomes, ces atomes, pour former la penfée , feront en mouvement où en repos: -s’ils font en mouvement, je demande de qui ils ont recù ce mouvement : s'ils l’ont reçû de l’objet, on en aura la penfée autant de tems que durera cette im- preffion; ce fera comme une boule pouflée par un . mail, elle produira tout lé mouvement qu’elle aura recü ; or cela eft manifeftement contre l'expérience. Dans toutesles penfées des chofes indifférentes où les pafions du cœur n’ont aucun intérêt, je penfe quand al me plait, & quand il me plait je quitte ma penfée ; qela rappelle quand je veux, & j'en choifis d’autres à ana fantaifie. Il feroit encore plus ridicule dé s’ima- giner que:la penfée confiftât dans le repos de laffem- blage de ces petits corps, & on ne s'arrêtera pas à réfuter cette imagination. Il faut donc reconnoître néceffairement dans l’homme un principe, qui a en lui-même & dans fon eflence la faculté de penfer, de délibérer , de juger & de vouloir. Or ce principe que j’appelle efprir, recherche, approfondit {es idées, Les compare les unes avec les autres, & voit leur con- formité ou leur difproportion. Le néant, le pur néant, quoiqu'il ne puifle produire aucune imprefhon, par- ce qu'il ne peut agir, ne laïffe pas d’être l’objet de la peniée, de même que ce qui exifte. L’efprit, par fa propre vertu & par la faculté qu’il a de penfer, tire le néant de l’abyfme pour le confronter avec l’être, & pour reconnoître que ces deux idées du zéerr & de l’érre fe détruifent réciproquement. Je voudrois bien qu’on me dit ce qui peut condui- re mon efprit à s’appercevoir des chofes qui impli- quent contradiétion : on conçoit que l’efprit peut re- cevoir de différens objets, des idées qui font con- traires & oppofées: mais pour juger des chofes im poffibles, 1l faut que l’efprit aille beaucoup plus loin que là où la feule perception de l’objet le conduit ; 1l faut pour cet effet que l’efprit humain tire de fon propre fonds d’autres idées que celles-là feules que les objets peuvent produire. Donc il y a une caufe fupérieure à toutes les impreflions des objets, qui agit & qui s'exerce fur fes 1dées, dont la pläpart ne {e forment point en lui par les impreflions des objets extérieurs, telles que font les idées univerfelles, mé- taphyfques & abftraites, les idées des chofes paf- fées & des chofes futures, les idées de l'infini, de l’é- ternité, des vertus, 6c. En un inftant mon efprit rai- {onne fur la diftance de la Terre au Soleil; en un inftant 1l pañle de l’idée de l’Univers à celle d’un atome , de l’être au néant , du corps à Pefprit ; il raifonne fur des axiomes qui n’ont rien de corpo- rel. De quel corps eft-il aidé dans tous ces raifonne- mens, puifque la nature des corps eft entierement oppolée à ces idées ? Donc, 6:c. Enfin, la maniere dont nous exerçons la faculté de communiquer nos penfées aux autres, ne nous per- met pas de mettre notre ae au rang des corps. $i ce qui penfe en nous étoit une matiere fubtile, qui pro- duisit la penfée par fon mouvement, la communica- tion de nos penfées ne pourroit avoir lieu, qu’en mettant en autrui la matiere penfante dans le même mouvement où elle eft chez nous; & à chaque pen- fée que nous avons, devroit répondre un mouve- ment uniforme dans celui auquel nous voudrions la tranfmettre : mais une portion de matiere ne fauroit en toucher une autre, fans la toucher médiatement ou immédiatement. Perfonne ne foûtiendra que la matiere qui penfe en nous agiffe immédiatement fur celle qui penfe en autrui. Il faudroit donc que cela :{e fit à l’aide d’une autre matiere en mouvement, Tome I, AME 337 Noûs avons trois moyens de faire patt de nos pen- {éés aux autres, la parole, les fignes & Pécriture. Si l’on examine attentivement ces moyéns , on verra qu'il n’y en a aucun qui puiflé mettre la matiere pen- fante d'autrui en mouvement. Il réfulte de tout ce que nous avons dit, que ce n’eft pas l’incompréhen- fibilité feule, qui fait réfufér la penfée à la matiere, mais que c’eft l’impofñbilité intrinféque de la chofe, &les contraditions où l’on s’éngage, en faifant le prin- cipe matériel penfant. Dès-là on n’eft plus en droit de recourir à latoute-puifflance de Dieu , pour établit la matérialité de l’ame. C’eft pourtant ce qu’a fait M. Locke : on fait que ce Philofophe a avancé , que nous néferons peut-être jamais capables de connoître fun être purement matériel penfe, ou non. Un des plus beaux efprits dece fiécle, dit dans un defes ouvrages, que ce difcours parut une déclaration fcandaleufe , quel’ame eft matérielle & mortelle. Voici comme il en parle : « Quelques Anglois dévots à leur maniere » fonnerent l'alarme. Les fuperftitieux {ont dans la » fociété cé que les poltrons font dans tine armée, » 1ls ont & donnent des terreurs paniques : on cria » que M. Locke vouloit renverfer la Religion; il ne » s’agifloit pourtant pas de religiôn dans cette affai # re : c’étoit une queltion purement philofophique , » très-indépendante de la foi & de la révélation. Il » ne falloit qu’exanuner fans aigreur s’il y a de la con- » tradiétion à dire, /a matiere peut penfer, 8 fi Diew » peut Communiquer la penfée à la matiere. Mais » les Théologiens commencent fouvent par dire » que Dieu eft outragé, quand on n’eft pas de leur » avis; c’eit reflembler aux mauvais Poëtes , qui » crioient que Defpreaux parloït mal du Roi, par- » ce qu'il {e moquoit d'eux, Le Doëteur Stilling= » fleet s’eft fait une réputation de Théologien modé- » ré, pour n'avoir pas dit poñitivément des injures à # M:Locke, Il entra en lice contre li: maïs il fut * battu, car 1l raifonnoit en Dofteur, & Locke en » Philofophe inftruit de la force & de la foibleffe de » l'efprit humain, & qui fe battoit avec des armes # dont 1] connoïffoit la trempe ». C’eft-à-dire, f l’on en croit ce célebre Ecrivain, que la queftion de la matérialité de l’ame, portée au tribunal de la raïfon, fera décidée en faveur de M. Locke. Examinons quelles font fes raifons : « Je fuis corps , » dit-il, & je penfe; je n’en fai pas davantage. Sijene » confulte que mes foibles lumieres, irai-je attribuer # à une caufe inconnue ce que je puis fi aifément » attribuer à la 1eule caufe feconde que je connois » un peu? Ici tous les Plilofophes de l’école m'’ar- » rêtent en argumentant, & dufent : Il n’y à dans le » corps que de l’étendue & de la folidité, & il ne » peut y avoir que du mouvement & de la figure : » or du mouvement, de la figure, de Pétendue & » de la folidité, ne‘peuvent faire une penfée; donc » l'ame né peut pas être matiere. Tout ce grand rai- » fonnement répété tant de fois fe réduit unique- » ment à ceci: Je ne connois que très-peu de chofe » de la matiere, j'en devine imparfaitement quel= » ques propriétés ; Or je ne fai point du tout fi ces » propriétés peuvent être jointes à la penfée ; donc » parce que je ne fai rien du tout, j’aflûre poñtive- » ment que la matiere ne fauroit penfer. Voilà net- » tement la maniere de raïifonner de l’école, M. » Locke diroit avec fimplicité à ces Meflieurs : Con- » feflez que vous êtes auffi ignorans que moi; votre # imagination &c la mienne ne peuvent concevoir » comment un corps a des idées; & comprenez- » vous mieux comment une fubftance telle qu’elle # foit a des idées ? Vous ne concevez 1 la matiere » ni l’éfprit; comment ofez-vous affürer quelque » chofe ? Que vous importe que lame foit un de ces » êtres incompréhenfbles qu’on appelle mariere , où » un de cés êtres incompréhenfbles qu’on appelle Vy | >. — 335 AME » cfprit ? Quoi ! Dieu le créateur de tout ne peut-il » pas éternifer ou anéantir votre ame à fon gré, » quelle que foit fa fubftance? Le fuperfitieux vient » à fon tour, & dit qu'il faut brüler pour le bien de # leurs ames ceux qui foupçonnent qu’on peut pen- » {er avec la feule aide du corps: mais que diroit-il » f c'étoit lui-même qui füt coupable d'irréligion ? ». En effet quel eft l’horime qui ofera afürer fans une # impiété abfurde, qu'il eft impoñfible au Créateur # de donner à la matiere la penfée &c le fentiment ? # Voyez, je vous prie, à quel embarras vous êtes »# réduits, vous qui bornez ainf la puiffance du # Créateur » ? Dans ce raifonnement je vois l’hom- me d'efprit, & nullèment le métaphyficien. Il ne faut pas s’imaginer que pour réfoudre cette que- tion 1l faille connoître l’eflence &t la nature de la matiere : les raifonnemens que l’Auteur fonde fur cette ignorance ne font nullement concluans. Il fufit de remarquer que le fujet de la penfée doit être un; ot un amas de matiere n’eft pas un, c’eft une multi- tüde. Ces mots, amas , aflemblage , colleëtion , ne fig- nifient qu'un rapport externe entre plufieuts chofes, une maniere d’exifler dépendamment les unes des autres. Par cette union nous les regardons comme formant un feul tout, quoique dans la réalité elles ne foient pas plus une que fi elles étoient féparces. Ce ne font là, par conféquent , que des termes abf- traits qui au dehors ne fuppoñfent pas une fubftance unique, mais une multitude:de fubftances. Or, que notre ame doive être une d’une unité parfaite, c’eft ce qu'il eft aie de prouver. Je regarde une perfpec- tive agréable , j'écoute un beau concert; ces deux fentimens {ont également dans toute l’ame. Si lon y füppofoit deux parties , celle qui entendroit le con- cett n’auroit pas le fentiment de la vûe agréable ; puifque l’une n'étant pas l’autre, elle ne feroit pas fufceptible des affeftions de l’autre. L’ame n’a donc point de parties, elle compare divers fentimens qu’elle éprouve. Or , pour juger que l’un eft doulou- reux, & l’autre agréable, il faut qu’elle reffente tous les deux; & par conféquent qu’elle foït une même fubftance très-fimple. $i elle avoit feulement deux parties, l’une jugeroit de ce qu’elle fentiroit de fon côté , & l’autre de ce qu’elle fentiroit en particulier de fon côté, fans qu'aucune des deux pt faire la comparaifon, & porter fon jugement fur les deux fentimens ; l’ame eft donc fans parties &c fans nulle compoñition. Ce que je dis 1c1 des fentimens, je peux le dire des idées : que 4, B, C, trois fubfances qui entrent dans la compofition du corps fe partagent trois perceptions difièrentes; je demande où s’en fera la comparaïfon. Ce ne fera pas dans 4, puifqu’ellene fauroit compofer une perception qu’elle à avec celles qu’elle n’a pas. Par la mêmeraifon , ce ne fera ni dans B ni dans C'; il faudra donc admettre un point de réunion, une fubftance qui foit en mêmetems un fujet fimple & indivifble de ces trois perceptions , diflinéte par conféquent du corps ; une ame, en un mot, purement fpirituelle. L’ame étant une fubftance très-fimple , il ne peut y avoir de divifion dans elie ; & celles que nous ÿ fuppofons pour concevoir d’une maniere plus nette les diverfes chofes qui s’y paflent, ne confiftent qu’en pures abftraétions. L’entendement, c’eft l’ame en- tant qu’ellede repréfente fimplement un objet; la vo- lonté, c’eft l’ame entant qu’elle fe détermine vers tel objet ou s’en éloigne. C’eft ce qu’on a défigné du nom de facultés de l'ame. Ce {ont diverfes manieres d’exercer la force unique qui conftitue l’effence de lame. Quiconque veut s’inftruire à fond de toutes les opérations de l’ame, trouvera de quoi fe fatis- faire dans plufieurs excellens Ouvrages dont les prin- cipaux font Zz recherche de la vérité, le traité de Pen. tenderment humain, & les deux Philofophies de M. Wolf, Ces dernieres furtout font cé qui a parn ju£= qu’à préfent de plus circonftancié & de mieux dé veloppé fur cet important fujet, Après avoir établi lPexiftence de l’ame, M. Wolf la confidere par rap- port à la faculté de connoïître qu’il diftingue eninfé- rieure & fupérieure. La partie inférieure comprend la perception, fource des idées, le fentimentt, Pima- gimation, la faculté de former des fiions, la mé- moire ; l'oubli & la réminifcence. La partie fupé- rieure de la faculté de connoître confifte dans lat tention & la réflexion, dans l’entendement en géné- ral &c fes trois opérations en particulier, & dans les difpofitions naturelles de l’entendement. La feconde faculté générale de lame, c’eft celle d’appéter où de fe porter vers un objet; entant qu’elle le confidere comme un bien ; d’où réfulte la détermination con- traire , lorfqw’elle lenvifage comme un mal. Cette faculté fe partage même en partie inférieure 8 par- tie fupérieure. La premiere n’eft autre chofe que l'appétit fnfitif & l’averfation fenfitive, ou le goût & l'éloignement que nous confervons pour les objets en nous laiffant diriger par les idées confufes des fens; delà naïffent les paflions. La partie fupérieure eft la volonté entant que nous voulons où ne voulons pas, uniquement parce que des idées diftinétes, exemp- tes de toute impreflion machinale , nous y détermi- nent. La hberté eft Pufage que nous faifons de ce pou- voir de nous déterminer. Enfin , il regne une liaïfon entre les opérations de l’ame # celles du corps dont l'expérience nous apprend les regles invariables. Voilà l’analyfe pfychologique de M. Woif, La queftion de l’immortalité de l'ame eft néceflai- rement liée avec la fpiritualité de lame. Nous ne con- noïflons de deftruétion que par l’altération ou la {é- paration des parties d'un tout; or nous ne voyons point de parties dans l'ame: bien plus nous voyons poñtivement que c’eft une fubftance parfaitement une & qui n’a point de parties. Pherécide le Syrien eft le premier qui au rapport de Cicéron & de $. Au- guftin , répandit dans la Grece le dogme de l’immor: talité de lame. Mais ni l’un nt l’autre ne nous détail lent les preuves dont il fe {ervoit , & de quelles preu- ves pouvoit fe {ervir un Philofophe qui, quoique rempli de bon fens, confondoit les fubftances fpiri- tuelles avec les matérielles, ce qui eft efprit avec ce qui eft corps. On fait feulement que Pythagore n'entendit point parler de ce dogme dans tous les voyages qu'il fit en Egypte & en Affyrie, & qu’il le reçut de Phérécide, touché principalement dece qu’il avoit de neuf & d’extraordinaire, L’Orateur Romain ajoûte que Platon étant venu en Italie pour conver- fer avec les difciples de Pythagore approuva tout ce qu’ils difoient de l’immortalité de l’ame , & en donna même une forte de démonftration qui fut alors très- applaudie : mais il faut avoüer que rien n’eft plus frêle que cette démonfration, & qw’elle part d’un principe fufpe&. En effet, pour connoître quelle ef- pece d’immortalité 1l attribuoit à lame, il ne faut que confidérer la nature des argumens qu’il emploie pour la prouver. Les argumens qui lui {ont partiou- fiers &c pour lefquels il eft fi fameux ne {ont que des argumens métaphyfques tirés de la nature & des qualités de lame , êc qui par conféquent ne prouvent que fa permanence, & certainement il la croyoit ; mais il y a de la différence entre la permanence de l’ame pure êc fimple , & la permanence de l’ame ac- compagnée de châtimens & de récompenfes. Les preuves”morales font les feules qui puiflent prouver un état futur 8 proprement nommé de peines & de récompenfes, Or Platon, loin d’infifter fur ce genre de preuvés, n’en allegue point d’autres, comme on peut le voir dans le douziémé livre de fes lois, que l'autorité de la tradition & de la religion. Je fers cons cela pour vrai, ditäl, parce que je l'ai où dire, Par AME ibfait aflez voir qu'il en abandonne la venité, & qu'il n’en réclame que l’inutilité. 2°.L’opimion de Piatonfur la meétempfycofe a donné lieu de le-regarder comme le plus grand défenfeur des peines & des récompen- fes d’une autre vie. À l’opimion de Pythagore qui croyoit la tranfmigration des ames purement natu- relle & néceflaire , il ajoûta que cette tranfmugration étoit deftinée à purifier les ames qui ne pouvoient point à caufe des fouillures qu'elles ayoïent contrac- tées ici bas, remonter au lieu d’où elles étoient def- cendues, ni fe rejoindre à la fubftance univerfelle dont elles avoient été féparées ; & que par conféquent les ames pures & fans tache ne fubifloient point la mé- templycofe. Cette idée étoit aufli finguliere à Platon que la métempfycofe phyfique l’étoit à Pythagore. Élle femble renfermer quelque forte de difpenfation morale que n’avoit point celle de fon maître ; & elle en différoit même en ce qu’elle n’y aflujettifloit pas tout le monde fans diftinétion , n1 pour un tems égal. Mais pour faire voir néanmoins combien ces deux Philofophes s’accordoient pour rejetter l’idéé des peines & des récompenfes d’une autre vie, il fufra de fe rappeller ceque nous avons dit au commence- ment de cet article de leur fentiment fur l’origine de lame. Des gens qui étoient perfuadés que lame n’e- toit immortelle que parce qu'ils la croyoient une portion de la divinité elle-même, un être éternel , incréé auf bien qu'imcorruptible ; des gens qui fup- pofoient que l’ame, après un certain nombre de re- volutions , fe réunifloit à la fubftance univer{elle où elle étoit abforbée , confondue & privée de fon exif- tence propre & perfonnelle : ces gens-là , dis-je , ne croyoient pas fans doute l’ame immortellé dans le fens que nous le croyons : autant valoit-il pour les ämes être abfolument détruites & anéanties, que d’être air englouties dans l’ameuniverfelle, &r d’être privées de tout fentiment propre & perfonnel. Or _ nousaÿons prouvé au commencement de cet article, que la réfufon de toutes les ames dans lame uni- verfelle étoit le dogme conftant des quatre principa- les feétes de Philofophes qui floriffoient dans la Gre- ce. Tous ces Philofophes ne croyoient donc pas Pa- fe immortelle au fens que nous l’entendons. Mais pour dire ici quelque chofe de plus précis ; lorfque Platon infifte en plufieurs endroits de fes ou- vrages fur le dogme des peines & des récompenfes d’une autre vie, comment le fait-il ? C’eft toüjours én fuivant les idées groflieres du peuple; que les armes des méchans pañlent dans le corps des ânes & des pourceaux ; que ceux qui n’ont point été imitiés ref- tent dans la fange & dans la boue ; qu’il y a trois juges dans les enfers: 1l parle du Styx, du Cocyte & delAchéron, &c. &z1l yinfifteavec tant de force, que Pon peut & que l’on doit même croire qu’il a voulu perfuader les leéteurs auxquels ilavoit deftiné les ou- vrages où1l en parle, comme le Phédon, le Gotgias, fa République, 6c. Mais qui peut s’imaginer qu'il ait été lui-même perfuadé de toutes ces idées chimér1- ques? Si Platon, le plus fubtil de tous les Philofo- phes , eût crû aux peines &c aux récompenfes d’une autré vie, il l’eût au moins lafifé entrevoir commeil Pa fait à l'égard de l'éternité de larze, dont il étoit in- timement periuadé ; c’eft ce qu'on voit dans fon £pi- Aomis, lorfqu'l parle de la condition de l’homme de bien après ta mort : « J’afre, dit-il, très-fermement, > en badinant comme férieufement, que lorfque la » mort terminera fa carriere, 1l fera à fa difiolution > dépouillé des fens dont il avoit Pufaseicibas ; ce » n'eft qu'alors qu'il participera à une condition fim- » ple &c unique; &c fa diverfité étant réfolue dans » l’ünité , 1l fera heureux, fage & fortuné ». Ce n’eft pas fans deflein que Platon eft obfcur dans ce pañlage. Comme il croyoit que lame fe réunmifloit finalement à la fubftance univerfeile & unique de la Tome T. AME 339 nature dont elle avoit été féparée , & qu’elle s’y con- fondoit , fans conferver une exiftence diftin@e , 1l ef aflez fenfble que Platon infinue ici fecretement, que lor{qu'il badinoit , il enfeignoit alors que l’homme dé bien avoit dans l’autre Vie une exiftence diftinéte , particulieré, & perfonnellement heureufe, confor- meément à l’opinion populaire fur la vie future ; mais que lorfqu'il parloit férieufement, il ne croyoit pas que cette exftence fût particuliere & diftinéte : 1l croyoit au contraire que c’étoit une vie commune , fans aucune fenfation perfonnelle, une réfolution de l'arme dans la fubftance univerfeile. J’ajoûterai feule- ment 1ci, pour confirmer ce que je viens de dire, qué Platon dans fon Timée s'explique plus ouvertement, & qu'il y avoue que Les tourmens des enfers font des opinions fabuleufes. En effet, les Anciens les plus éclairés ont resardé ce que ce Philofophe dit des peines & des récom- pentes d’une autre vie, comme chofes d’un genre exotérique , c’eft-à-dire , comme des opinions defti- nées pour le peuple , & dont il ne croyoit rien lui: inème. Lorfque Chryfippe, fameux Stoïcien, blâme Platon de s'être fervi mal-à-propos des terreurs d’une vie future pour détourner les hommes de l'injuftice, il fuppofe lui-même que Platon n’y ajoûtoit aueune foi; 1l ne le reprend pas d’avoir cri ces opinions, mais de s'être imaginé que ces terreurs puériles pou= voient être utiles au progrès de la vertu. Strabon fait voir qu'il eft du même fentiment , lorfqu’en parlant des Brachmanes des Indes, il dit qu’ils ont à la ma- mere de Platon, inventé des fables concernant l’im- mortalité de l’arte & le jugement futur. Celfe avoue que ceque Platon dit d’un état futur & des demeures fortunées deftinées à la vertu , n’eft qu'une allégo- rie, Il réduit le fentiment de ce Philofophe fur la na- ture des peines & des récompenfes d’une autre vie ;. à l’idée de la métempfycofe qui fervoit à la purifica- tion des ames ; & la métempfycofe elle-même fe ré- duifoit finalement à la réunion de l’arte avec la na- ture divine, lorfque l'ame , pour me fervir de fes ex- preffions , étoit devenué aflez forte pour pénétrer dans les hautes régions. Les Péripatéticiens & les Stoïciens ayant renoncé au caraétere de Légiflateurs , parloïent plus ouver: tement contre les peines & les récompenfes d’une au- tre vie. Auf voyons-nous qu’Ariftote s'explique fans détour, & de la maniere la plus dogmatique contre les peines 6 les récompenfes d’une autre vie : « La » mort, dit-il, eft de toutes les chofes la plus terrible, » c’eft la fin de notre exiftence ; & après elle l’hom: » me n'a mi bién à efpérer, ni mal à craindre. Epiétete, vrai Stoicien s’il y en eut jamais, dit en parlant de la mort : « Vous n'allez point dans un lieu » de peines : vous retournez à la fource dont vous », êtes fortis, à une douce réunion avec vos élémens » primitifs ;1l n’y a ni enfer, ni Achéron, ni Cocy- » te, ni Phlégéton. » Séneque dans fa confolation à Marcia , fille du fameux Stoicien Crémutius Cor- dus , reconnoït & avoue les mêmes principes avec auf peu de tour qu'Epiétete : « Songez que Les morts » ne reflentent aucun mal ; la terreur des enfers eft » une fable; les morts n’ont à craindre ni ténebres, » ni prifon, mtorrent de feu, ni fleuve d’oubli; il » n’y a après la mort ni tribunaux, ni coupables ; il » règne une liberté vague fans tyrans. Les Poëtes » donnant carriere à leur imagination, ont voulu » nous épouvanter par de vaines frayeurs : mais la » mort eft la fin de toute douleur , le terme de tous » les maux ; elle nous remet dans la même tran- » quillité où nous étions avant que de naître ». Cicéron dans fes Epîtres familieres où 1l fait con noître les véritables fentimens de fon cœur , dans fes Offices même , fe déclare expreflément contre ce dogme : « La confolation, dit-1l dans une lettre Vvi 349 AME »_ à Torquatus, quim'eftcommuneavec vous, c'eft # qu'en quittant la vie , je quitterai une république » dont je ne regretterai point d’être enlevé; d’au- » tant plus que la mort exclut tout fentiment ». Et il dit à fon ami T'érentianus : « Lorfque les confeilsne » fervent plus de rien, on doit néanmoins, quelque » chofe qu'il puifle arriver , le fupporter avec mo- » dération, puifque la mort eft [a fin de toutes cho- # fes ». Ii cft certain que Cicéron déclare ici {es vé- ritables fentimens. Ce font des lettres qu'il écrivoit a es amis pour les çonfoler lotfqu’il avoit befoin hui même de confolation, à caufe de la trifte & mau- Vaife fituation des affaires publiques : circonftances où les hommes font peut fufceptibles de déguifemens êc d'artifices, &c où ils font portés à déclarer leurs fentimens les plus fecrets. Les paffages que l’on ex- trait de Cicéron pour prouver qu'il croyoit Pimmor- talité de l’are , ne détruifent point ce qu’on vient d’a- vancer : car l'opinion des Paÿyens fur l’immortalité de l'ame, bien-loin de prouver qu’il y eût après cette vie un état de peines &c de récompenfes, eft incom- patible avec cette idée, & prouve direétement le contraire , comme je l’ai dejà fait voir. La plus belle occafon de difcuter quels étoient les vrais fentimens des différentes feétes philofophiques fur le dogme d’un état futur , fe préienta autrefois dans Rome , lorfque Céfar pour diffuader le Sénat de condamner à mort les partifans de Catilina , avan- ça que la mort n’étoit ponntun mal, comme fe l'ima- ginoient ceux qui prétendoient l’infliger pour châti- ment ; appuyant fon fentiment par les principes con- nus d’'Epicure fur la mortalité de lame, Caton & Ci- céron, qui étoient d'avis qu’on fit mourir Les confpi- rateurs , n’entreprirent cependant point de combat- tre cet argument par les principes d’une meilleure philofophie ; ils fe contenterent d’alléguer Fopinion qui leur avoit été tranfmife par leurs ancêtres fur la croyance des peines & des récompenfes d’une autre vie, Au lieu de prouver que Céfar étoit un méchant philofophe, ils fe contenterent d’infinuer qu’il étoit un mauvais citoyen. C’étoit évader l'argument ; & rien n’étoit plus oppofé aux regles de la bonne Logi- que que cette réponie, puilque c’étoit cetteautorité mème de leurs maîtres que Céfar combattoit par les principes de la Plilofophie Greque. Il eft donc bien décidé que tous les Philo‘ophes Grecs n’admettoient point l'immortalité de laze dans Le fens que nous la croyons. Mais avons-nous des preuves bien convain- quantes de cette immortalité ? S'il s’agit d’une certi- tude parfaite, notre raïon ne fauroit la décider. La raïifon nous apprend que notre 47e a eu un commen- cement de fon exiftence ; qu'une caufe toute -puif- fante & fouverainement libre l'ayant une fois tirée du néant, la tient tolijours fous fa dépendance, & la peut faire cefler dès qu’elle voudra , comme elle l’a fait commencer dès qu’elle a voulu. Je ne puism’af {rer tue mon ame fubfftera après la mort, & qu’elle fubfftera toljours , à moins que je ne fache ce quele Créateur a réfolu fur fa deftinée. C’eft uniquement fa volonté qu’il faut confulter ; &z l’on ne peut con- noitre fa volonté s’il ne la révele. Les feules promef- fes d’une révélation peuvent donc donnerune pleine afürance fur ce fujet ; &c nous n’en douterons pas, finous voulons croire le fouverain Doéteur des hom- mes. Comme il eft le feul qui ait pô leur promettre l'immortalté, al declare qu'il eft le feul qui ait mis ce dogme dans une pleme évidence , 87 qui l’ait con- duit à la certitude. Quoique la révélation feule puiffe nous convaincre pleinement, de cette immortalité, néanmoins on peut dire que la raïfon a de très-orands droits furcette queftion,& qu'elle fournit en foule des raifons fi fortes, & qui deviennent d’un fi grand poids par leur aflembiage , que cela nous mene à une ef- pece de certitude, En effet, notre ame dotée d’intel- lisence & de biberté, eft capable de connoître Por- dre &c de s’y foûmettre ; elle left de connoître Diew &t de l’aimer ; elle eft fufceptible d’un bonheur infini par ces deux voies : capable de vertu , avide de fé- lcité & de lumiere , elle peut faire à Pinfini des pro- grès à tous ces Cpards, & contribuer aïnfi pendant l'éternité, à la gloire de fon Créateur. Voiläun grand préjugé pour fa durée. La fagefle de Dieu luipermet troit-elle de placer dans lasse tant de facultés, fans leur propofer un but qui leur réponde ; d’y mettre un fonds de richefles immenfes , qu’une éternité feule fufit à développer ; richeffes inutiles pourtant, sl lui refufe une durée éternelle, Ajoûtez à cette pre- miere preuve la différence eflentielle qui fe trouve entre la vertu & le vice : la terre eft le lieu de leur naïflance &c de leur exercice ; maïs ce n’eft pas le lieu de leur jufte rétribution. Un mélange confus des biens &c des maux, obfcurcit ici-bas l’œconomie de la providence par rapport aux aétions morales. Il faut donc qu’il y ait pour les axes humaines, un tems au-delà de cette vie , où la fagefle de Dieu fe manifefte à cet égard , où fa providence fe dévelop- pe, où fa juftice éclate par Le bonheur des bons, & par les fupplices des méchans, & où il paroïffe à tout l'univers que Dieu ne s’intérefle pas moins à la con- duite des êtres intelligens , & qu’il ne regne pas moins fur eux que fur les créatures infenfibles. Rafflemblez les raifons prifes de la nature de l’erre humaine, de l'excellence & du but de fes facultés, confidérées dans le rapport qu’elles ont avec les attributs divans ; prifes des principes de vertu & de religion du’elle renferme, de fes defirs & de fa capacité pour un bon- heur infini ; joignez toutes ces raïfons avec celles que nous fournit l’état d’épreuve où l’homme fe trouve 1ci-bas , la certitude & tout à la fois les obfcurités de la providence,vous conclurrez que le dogme de lim- mortalité de l’ame humaine eft fort au-deffus du pro- bable. Ces preuves bien méditées , forment en nous une conviétion, à laquelle il n’y a que les feules pro- mefles de la révélation qui puiffent ajoüter quelque chofe. Pour la quatrieme queftion , favoir quels font les êtres en qui réfide lame fpirituelle ; vous confulterez l’arsicle ÂAME DES BESTES. (X) | * Aux quatre queftions précédentes fur origine, la nature, la deflinée de l'axe , 8x fur les êtres en qui elle réfide; les Phyficiens 8c les Anatomiftes en ont ajoûté une cinquieme , qui fembloit plus être de leur reffoit que de la Métaphyfque ; c’eft de fixer. le fige de l’ame dans les êtres qui en ont. Ceux d’entre les Phyfciens qui croyent pouvoir admettre la fpirituahté de l'arme , 8c lui accorder en même tems de l’étendue , qualité qu'ils ne peuvent plus regarder comme la différence fpécifñique de la ma- tiere , ne lui fixent aucun fiége particulier : ils difent qu’elle eft dans toutes les parties du corps ; & com- me ils ajoütent qu’elle exifte toute entiere fous cha- que partie de fon étendue , la perte de certains mem- brès ne doit rien Ôter ni à fes facultés, m1 à fon a vité, ni à fes fonétions. Ce fentiment réfout des dif. ficultés : mais il en fait naître d’autres, tant fur cette. maniere particuliere & incompréhenfible d’exifier des efprits:, que fur la diflinétion de la fubftance fpi- rituelle & de la fubffance. corporelle ; aufi n’eftl guere fuivi. Les autres Philofophes penfent qu’elle neit point étendue, & que pourtant il y a dans le corps ,un lieu particulier où elle réfide & d’où elle. exerce fon ernpire. Si ce n’étoit un certain fentiment commun à tous les hommes , qui leur perfuade que leur tête ou leur cerveau eft le fiéce de leurs pen- fées ,1l y auroit autant fujet de croire que c’eft le poümon ou le foie, ou tel autre vifcere qu'en vou- droit; car fi leur méchanmifme n’a &c ne peut avoir auçun rapport avec la faculté de penier, comme on Pa démontré ci-devant, celui du cerveau n’y en a pas davantage. Il faudroit, à ce qu'il fembile , une pattie où vinflent aboutir tous les mouvemens des fenfations , & telle que M. Defcartes avoit imaginé la glande pinéale. Voyez GLANDE PINÉALE. Mais il n’eft que trop vrai , comme on le verra dans la fuite de cet article, que c’étoit une pure imagination de ce Pulofophe , & que non-feulement cette parties" mais nulle autre n’eft capable des fonétions qu’il hui attribuoit. Ces traces qu'on fuppoñe f volontiers, & dont les Philofophes ont tant parlé qu’elles font devenues familieres dans le difcours commun, on ne fait pas trop bien où les mettre ; & l’on ne voit point de partie dans le cerveau qui foit bien propre ni à les recevoir ni à les garder. Non-feulement nous ne connoiflons pas notre ae, nila maniere dont elle agit fur des organes matériels : mais dans ces orga- nes mêmes nous ne pouvons appercevoir aucune difpofition qui détermine l’un plütôt que l’autre à être le fiége de l’arre, Cépendant la difficulté du fujet n'exclut pas les hypothefes ; elle doit feulement les faire traiter avec moins de rigueur. Nous ne fnirions point fi nous les voulions rapporter toutes. Comme 1l étoit difhcile de donner la préférence à une partie fur une autre, il n’y en a prefqu’aucune où l’on n’ait placé lame. On la met dans les ventricules du ceryeau., dans le cœur, dans le fang ; dans l’eflomac , dans les nerfs, Éc. fais de toutes ces hypothefes, celles de Defcar- tes, de Vieuflens & de Lancif, ou de M. de la Pey- ronie , paroïlent être les feules auxquelles leurs au- teurs ayent été conduits par des phénomenes, com- me nous l’allons faire vou. M. Vieuflens le fils a fuppoié dans un ouvrage où 1l fe propofe d’expli- quer le délire mélancholique, que le centre ovale étoit le fiége des fonétions de l’efprit. Selon les dé- couvertes ou le fyftème de M, Vieuflens le pete, le centre ovale eft un tiflu de petits vaiffeaux très-dé- liés, qui communiquent tous les uns avec les autres par une infinité d’autres petits vaifleaux encore in- finiment plus déliés, que produifent tous les points de leur furface extérieure. C’eft dans les premiers de ces petits vaifleaux que le fang artériel fe fub- tie au point de devenir efprit animal, & il coule dans les feconds fous la forme d’efprit. Au dedans de ce nombre prodigieux de tuyaux prefqu’abiolu- ment imperceptibles fe font tous les mouvemens aux- quels répondent les idées ; & les imprefions que ces mouvemens y laïflent, font les traces qui rappellent les idées qu'on a déja eues. Il faut favoir que le cen- tre ovale fe trouve placé à l’origine des nerfs; ce qui favorife beaucoup la fonétion qu’on lui donne 11. Voyez CENTRE OVALE, Si cette méchanique eft une fois admife, on peut imaginer que la fanté, pour ainfi dire, matérielle de lefprit , dépend de la régularité, de Pégalité ; de la liberté du cours des efprits dans ces petits canaux. Sida plüpart font affaiflés , comme pendant le fom- meil, les efprits qui coulent dans ceux qui reftent fottuitement ouverts, réveillent au hafard des idées entre lefquelles il n’y a le plus fouvent aucune liai- fon, &t que l'ame ne laïfle pas d’affembler, faute d'en avoir en même-tems d’autres qui luien faflent voir Pincompatibilité : f au contraire tous les petits tuyaux font ouverts, &c que les efprits s’y portent en trop grande abondance , & avec une trop grande rapidité , 1! fe réveille à la fois une foule d'idées très- vives, que l’are n'a pas le tems de diffingier ni de comparer ; &c c’eft-là la frénéfie, S'il y a feulement dans quelques petits tuyaux üne obftru@ion telle que les efprits ceffent d’y couler, les idées qui y étoient attachées font abfolument perdues pour Pme, elle n’en peut plus faire aucun ufage dans fes opérations ; de forte qu’elle portera un jugement infenié toutes AME 341 les fois que ces idées li auroient été néceffaires pour en former uñ taifonnable ; hors de-là tous fes Jugemens feront fains , c’eft-là le délire mélan- cholique. | M. Vieuflens a fait voir combien fa füppoñtion s'accorde avec tout ce qui s’obferve dans cette ma- ladie ; puifqw’elle vient d'une obftru@ion, elle eft produite par un fang trop épais & trop lent, auff n'a-t-on point de fievre. Ceux qui habitent un pays chaud, & dont le fang eft dépouillé de fes parties les plus fubtiles par une trop grande tranfpiration ; ceux qui ufent d’alimens trop grofliers; ceux qui ont été frappés de quelque grande & longue crainte, &c. doivent être plus fujets au délire mélancholique. On pourroit poufler le détail des fuppoñitions fi loin qu'on voudroit, & trouver à chaque fuppoñition dif: férente, un effet différent; d'où il rétulteroit qu'il ny a guere de tête fi faine où il n'y ait quelque petit tuyau du centre ovhle bien bouché. | Mais quand la fuppoñtion de la caufe de M. Vieuf: fens s’accorderoit avec tous les cas qui fe préfentent, elle n’en feroit peut-être pas davantage la caufe réelle. Les Anciens attribuoient la pefanteur de l’air \ à l'horreur du vuide; & l’on attribue aujourd’hui tous les phénomenes céleftes à lattra@ion, Si les Anciens {ur des expériences réitérées avoient décou- vert dans cette horreur quelque loi conftante, com- me on en a découvertune dans l’attraétion , auroient- ils pù fuppofer que l’horreut du vuide étoit vrai- ment la caufe des phénomenes , quand même les phé- nomenes ne fe feroient jamais écartés de cette loi à Les Newtoniens peuvént-ils fuppofer que l’attra@ion {oit une caufe réelle , quand même il ne furviendroit jamais aucun phénomene qui ne fuivit la loi inver- fe du quarré des diftances ? Point du tout. Il en eft de même de l’hypothele de M. Vieuflens. Le centre ovale a beau avoir des petits tuyaux, dont les uns s'ouvrent & les autres fe bouchént : quand il pour roit même s’afitrer à la vûe ( ce qui hui eft impofii- ble } que le délire mélancholique augmente où dimi- nue Gans le rapport des petits tuyaux ouverts, aux petits tuyaux bouchés ; fon hypothele eh acquerroit beaucoup plus de cértitüde , & rentreroit dans la clafle du flux & reflux , & de l’attra@ion confidérée relativement aux mouvemens de la lune : ais elle ne feroit pas encore démontrée. Tout cela vient de ce que lon n'apperçoit-par-tout que des effets qui fe correfpondent , & point du tout dans un de ceseffets laraïfon de leftet correfpondant ; prefque toüjouts la haifon manque , &c nous ne la découvrirons peuts être jamais. | | Mais de quelque märiere que l’on conçoive ce qui penie en nous, il eft confiant que les fonûions en {ont dépendantes de l’organifation , &c de l'état ac- tuel de notre corps pendant que nous vivons. Cette dépendance mutuelle du corps & de ce qui pente dans l’homme , eft ce qu’on appelle luzioz du corps avec l'ame ; union que la fâine Philofophie & la ré- vélation nous apprennent être uniquement l'effet de la volonté libre du Créateur. Du moins n’avons- nous nulle idée immédiate de dépendance, d'union, ni de rapport entre ces deux chofes , corps & penfée. Cette union eît donc un fait que nous ne pouvons revoquer en doute, mais dont les détails nous font abiolument inconnus, C’eft à la feule expérience à nous les apprendre , & à décider toutes les quef- tions qu'on peut propoler fur cette matiere. Une des plus curieufes eft celle que nous agitons ici : Parne exerce-t-elle également fes fonétions dans toutes les païties du corps auquel elle eft unie ? ou y en a-t1l quelqu’une à laquelle ce privilège foit particuliere ent attaché ? S'il y en a une, quelle eft cette par- tie ? c’eft la glande pinéale, a dit Defcaites ; c'eft le centre ovale, a dit Vieuflens ; c’eft le corps cals +42 AME leux, ont dit Lancifi & M. dela Peyromie. Defcartes avoit pour. lui qu'une comjeéture, fans autre fon- dement que quelques convenances: Vieuflens a fait un fyftème , appuyé de quelques obfervations ana- tomiques ; M. de la Peyronie a préfenté le fien avec des expériences. Defcartes vit la glande pinéale unique & comme fufpendue au milieu des ventricules du cerveau par deux filamens nerveux & flexibles, qui lui permet- tent d’être müe en tous fens, & par où elle reçoit toutes les impreflions que le couts des efprits ou d’un fluide quelconque qui coule dans les nerfs, y peut apporter de tout le refte du corps ; il vit la glan- de pinéale environée d’artérioles, tant du lacis cho- roide que des parois internes des ventricules , où elle eff renfermée, & dont les plus déliés tendent “vers cette glande ; & fur cette fituation avantageule, il conjeûtura que la glande pinéale étoit le fiége de l’ame , & l’organe commun de toutes nos fenfations. Mais on a découvert que la glande pinéale manquoit dans certains fujets, ou qu'elle y étoit entierement oblitérée , fans qu'ils euffent perdu l’ufage de la rai- fon &c des fens : on l’a trouvé putréfiée dans d’au- tres , dont le fort n’avoit pas été différent: elle étoit pourrie dans une femme de vingt-huit ans, qui avoit confervé le fens & la raïfon jufqu’à la fin ; & voilà lame délogée de l'endroit que Defcartes lui avoit af figné pour demeure. On a des expériences de deftruétion d’autres par- ties du cerveau, telles que les rares &c refles, fans que les fonétions de lame aient été détruites. [Len faut dire autant des corps cannelés; c’eft M. Petit qua chaflé lame des corps cannelès, malgré leur ftruétu- re finguliere. Où eft donc le /erforium commune ? où eft cette partie, dont la blefflure ou la deftru@tion em- porte neéceflairement la ceflation ou l'interruption des fonétions fpiituelles, tandis que les autres par- ties peuvent être altérées où détruites, fans que le fujet ceffe de rafonner ou de fentir ? M. de la Peyro- nie fait pafler en revüe toutes les parties du cerveau, excepté le corps calleux; 82 il leur donne l’exclu- fion parune foule de maladies très-marquées êz très- dangereufes qui les ont attaquées, fans interrompre les fonétions de l’ame : c'eft donc, felon lui, le corps calleux qui eft le lieu du cerveau qu’habite l’arne. Oui, c’eit felon M, de la Peyronie, le corps calleux qui eft ce fiège de lame, qu'entre les Philofophes les uns ont fuppofé être partout, &c que les autres ont cherche en tant d’endroits particuliers; & voici com- ment M, de la Peyromie procede dans fa démonftra- tion. « Un payfan perdit par un coup reçûù à la tête, » une très-grande cuillerée de la fubftance du cer- » veau; cependant 1l guérit, fans que fa raïfon en » fût altérée : donc l’ae ne réfide pas dans toute l’é- » tendue de la fubftance du cerveau. On a vù des » fujets en qui la glande pinéale étoit oblitérée ou » pourrie; d’autres qui n’en avoient aucune trace, » tous cependant jouifloient de la raifon : donc l’ame » n’eft pas dans la glande pinéale. On a les mêmes » preuves pour les races, les sofles, linfundibulum., les » corps canneles, le cervelet ; je veux dire que ces par- » ties ont été ou détruites, ou attaquées de maladies » violentes, fans que la raïfon en fouffît plus que »# de toute autre maladie: donc l’ane n’eft pas dans » ces parties. Refte le cotps calleux », On peut voir dans le Mémoire de M. de la Peyronie, toutes les ex- périences par lefquelles il prouve que cette partie du cerveau n’a pü être altérée ou détruite, fans que Valtération ou la perte de la raïon ne s’en foit fui- vie ; nous nous contenterons de rapporter 1ci celle qui nous a Le plus fortement affeéte. Un jeune hom- me de feize ans fut blefié d’un coup de pierre au-haut & au-devant du pariétal gauche; l’os fut çontus & ne parut point félé; 1l ne furvint point d'accident jufqu’au vingt-cinquieme jour, que lé malade coin- mença à fentir que l’œil droit s’affoiblifloit, & qu'il étoit pefant & douloureux, fnstout lorfqu’on le pre. {oit : au bout de trois jours, 1l perdit la vùe de cet œil feulement ; il perdit enfuite l’ufage prefqu’entier de tous les fens , & il tomba dans un affoupiffement êt un affaiffement abfolu de tout le corps : on fit des incifions ; on fit trois trépans ; on ouvrit la dure-me- re; ontira d’un abfcès, qui devoit avoir environ le volume d’un œuf de poule, trois onces & demie de natiere épaifle, avec quelques flocons de la fubftan- ce du cerveau. On jugea par la dire&tion d’une fon- de applatie & arrondie par le bout en forme de cham- pignon, qu’on nomme #exingophylax , &t par la pro- fondeur de l’endroit où cette fonde pénétroit, qu’elle étoit foûtenue par le corps calleux, quand on l’aban- donnoit légerement. | Dès que le pus qui pefoit fur le corps calleux fut vuidé , l’afloupiflement cefa, la vûe & la liberté des fens revinrent. Les accidens recommençoient à me- fure que la cavité fe remplifloit d’une nouvelle fup- puration , & 1ls difparoïfloient à mefure que les ma- tieres fortoient. L’injetion produifoit le même effet que la préfence des matieres : dès que l’on remplif- joit la cavité, le malade perdoit la raïfon &c le fen- timent ; & on lui redonnoit l’un & l’autre en pom- pant l'injeétion par le moyen d’une feringue : en laif. fant même aller le meningophylax fur le corps cal: leux, fon feul poids rappelloit les accidens, qui dif paroïfloient quand ce poids étoit éloigné. Au bout de deux mois, ce malade fut guéri ; il eut la tête en- ticrement libre, & ne reflentit pasla moindre incom- modité. Voilà donc l'ame inftallée dans le corps calleux ; juiqu'à ce qu'il furvienne quelqu’expérience qui l'en déplace , & qui réduife les Phyfologiftes dans le cas de ne favoir plus où la mettre. En attendant, confi- dérons combien fes fonétions tiennent à peu de cho- fe ; une fibre dérangée; une goutte de fang extrava- fé ; une légere inflammation ; une chûte ; une cor tufion: & adieu le jugement, la raïfon , & toutecet- te pénétration dont les hommes font fi vains : toute cette vanité dépend d’un filet bien où mal placé, faim ou mal fain. Après avoir employe tant d’efpace à établir la fpi- ritualité 8x l’immortalité de Pare, deux fentimens très-capables d’enorgeueillir Phomme fur fa condition à ver; qu'il nous foit permis d'employer quelques lignes à lhumilier fur fa condition préfente par la contemplation des chofes futiles d’où dépendent les qualités dont il fait le plus de cas. Il a beau faire, l'expérience ne lui laifle aucun doute fur la conne- xion des fonéhons de lame, avec l’état & l’orsanifa- tion du corps ; il faut qu’il convienne que l’impref- fion inconfidérée du doigt de la Sage-femme fuf- {oit pour faire un fot, de Corneille, lorfque la boïi- te offeufe qui renferme le cerveau & le cervelet, étoit molle comme de la pâte. Nous finirons cet ar- ticle par quelques obfervations qu’on trouve dans les Mémoires de l’Académie, dans beaucoup d’autres endroits, & qu'on s’attend fans doute à rencontrer ici. Un enfant de deux ans & demi, ayant joii juf- ques-là d’une fanté parfaite, commencça à tomber en Jlangueur; la tête hu groffifloit peu-à-peu: au bout de dix-huit mois il cefla de parler auffi diftin@tement qu'il avoit fait; 1l n’apprit plus rien de nouveau; au contraire toutes les fon@tions de lame s’altérerentau point qu'il vint à ne plus donner aucun figne de per- ception nide mémoire, non pas même de soût, d’odo- rat m d’ouie : il mangeoïit à toute heure, &c recevoit indifféremment les bons &c les mauvais alimens + 1l étoit fobjours couché fur le dos ,ne pouvant foûtenir ni remuer fa tête, qui étoit devenue fort grofle & fort lourde; 1l dormoit peu, & erioit nuit & jour; avoit la refpiration foible & fréquente, 8 le poux fort pe- tit, mais réglé ; il digéroit aflez bien, avoit le ven- tre hibre, & fut toûjours fans fievre, Il mourut après deux ans de maladie; M. Littre l'ouvrit, & lui trouva le crane d’un tiers plus grand qu'il ne devoit être naturellement, de l’eau claire dans le cerveau; l’entonnoir large d’un pouce, & profond de deux; la glande pinéale cartilagineufe ; la moëlle allongée, moins molle dans fa partie anté- rieure que le cerveau ; le cervelet skirreux, ainfi que la partie poftérieure de la moëlle allongée, & la moeël- le del’épine & les nerfs qui en fortent, plus petits & plus mous que de coûtume. Voyez les Mémoires de l’Académie, année 170$ , pag. ÿ7 ; année 1741 , Hifi. Pag. 31; année 1709, Ff?, pag. 11 ; & dans notre Dit. sonnatre les articles CERVEAU , CERVELET , MOEL- LE , ENTONNOIR , 6e. La nature des alimens influe tellement fur la conf- titution du corps, & cette conftitution fur les fonc- tions de l'ame, que cette feule réflexion feroit bien capable d’effrayer les meres qui donnent leurs enfans à nourrir à des inconnues, Les imprefions faites fur les organes encore ten- dres des enfans , peuvent avoir des fuites fi fâcheu- {es , relativement aux fonétions de lame , que les pa- rens doivent veiller avec foin , à ce qu’on ne leur donne aucune terreur panique , de quelque nature qu'elle foit. Mais voici deux autres faits très-propres à démon- trer Les effets de l'ame fur le corps, & réciproquement les effets du corps fur l’asze, Une jeune fille que fes dif- pofitions naturelles, ou la févérité de l'éducation, avoit jettée dans une dévotion outrée , tomba dans une efpece de mélancholie religieufe. La crainte mal raifonnée qu'on lui avoit infpirée du fouverain-Etre , avoit rempli fon efprit d'idées noires; & la fuppref- fon de fes regles fut une fuite de la terreur & des alarmes habituelles dans lefquelles elle vivoit. L’on employa inutilement contre cetaccident les emmena- gogues les plus efficaces & les mieux choïfis ; la fup- preflion dura ; elle occafonna des effets fi ficheux, que la vie devint bientôt mfupportable à lajeune ma- lade; & elle étoit dans cet état, lorfqw’elle eut le bon- beur de faire connoïffance avecun Eccléfiaftique d’un caractere doux & liant , & d’un efprit rafonnable, qui, partie par la douceur de fa converfation, partie par la force de fes raïfons, vint à bout de bannir les frayeurs dont elle étoit obfédée, à laréconcilier avec la vie, & à lui donner des idées plus faines de la Di- vinité; &c à peine l’efprit futl guéri, que la fuppref- | fon ceffa , que Pembonpoint revint, & que la mala- de jouit d’une très-bonne fanté, quoique fa maniere de vivre fût exactement la même dans les deux états oppofés. Mais comme lefprit n’eft pas moins fujet à des rechûtes que le corps; cette fille étant retom- bée dans fes premieres frayeurs fuperftitieufes, fon corps retomba dans le même dérangement, & la ma- ladie fut accompagnée des mêmes fymptomes qu’au- paravant. L’'Eccléfiaftique fuivit, pour la tirer de-là , la même voie qu’il avoit employée ; elle lui réuffit, les regles reparurent, & la fanté revint. Pendant quelques années , la vie de cette jeune perfonne fut une alternative de fuperftition & de maladie, de re- ligion & de fanté. Quand la fuperftition dominoit, les regles cefloient , &c la fanté difparoïffoit ; lorfque la religion 8 le bon fens reprenoient le deflus, les humeurs fuivoient leur cours ordinaire, & la fanté revenoit. | Un Muficien célebre | grand compoñteur , fut attaqué d’une fievre qui ayant toüjours augmenté , devint continue avec des redoublemens. Le feptic- me jour il tomba dans un délire violent & prefque continu ; accompagné de cris, de larmes , de ter- AME 343 reurs & d’une infomnie perpétuelle, Le troifieme jour de fon délire , un de ces coups d'inftin& que l’on dit qui font rechercher aux animaux malades les herbes qui leur font propres , lui fit demander à éntendre un petit concert dans fa chambre. Son Medecin r’y confentit qu'avec beaucoup de peine : cependant on lui chanta des Cantates de Bernier ; dès les premiers accords qu'il entendit, fon vifage prit un air ferein, {es yeux furent tranquilles , les convulfions cefle- rent abfolument , il verfa des larmes de plaiir , & eut alors pour la Mufique une fenfibilité qu'il navoit jamais éprouvée , & qu'il n’éprouva point depuis. Il fut fans fievre durant tout le concert ; &z dès qu’on l’eut fini, il retomtba dans fon premier état. On ne manqua pas de revenir à un remede dont le fuccès avoit été fi imprévû & fi heureux. La fievre & le délire étoient toïjours fufpendus pendant les con- certs ; & la Mufque étoit devenue fi néceffaire au malade , que la nuit il faifoit chanter & même dan: fer une parente qui le veilloit, & à qui fon affiion ne permettoit guére d’avoir pour fon malade la complaifance qu’il en exigeoit. Une nuit entr’autres qu'il n’avoit auprès de lui que fa garde , qui ne fa- voit qu'un miérable vaudeville , il fut obligé de s’en coftenter, & en reffentit quelques effets. Enfin dix jours de Mufique lé guérirent entierement , fans autre fecours qu’une faignée du pié , qui fut la {e- conde qu’on lui fit, & qui fut fuivie d’une grande évacuation. Voyez TARENTULE. M. Dodart rapporte ce fait, après l’avoir vérifié. Il ne prétend pas qu'il puifle fervir d'exemple ni de règle : maïs il eft affez curieux de voir comment dans un homme dont la Mufique étoit, pour ainfi dire , devenue l’ame par une longue & continuelle habitude , les concertsont rendu peu à peu aux efprits leur couts naturel. Il n’y a pas d'apparence qu’un Peintre püt être guéri de même par des tableaux ; la Peinture n’a pas le même pouvoir fur les efprits, & elle ne porteroïit pas la même impreffion à lane. AME DES BÊTES. ( Méraph.) La queftion qui concerne l'ame des bêtes, étoit un fujet aflez digne d’inquiéter les anciens Philofophes ; il ne paroît pour- tant pas qu'ils fe foient fort tourmentés {ur cette matiere , ni que partagés eñntr'eux fur tant de points différens , ils fe foïent fait de la nature de cette me un prétexte de querelle. Ils ont tous donné dans lopinion commune, que les brutésfentent & connoif. fent, attribuant feulement à ce principe de connoif. fance , plus où moins de dignité , plus où moins de conformité avec l’ame humaine ; & peut-être, fe con- tentant d’envelopper diverfement , fous les favantes ténebres de leur ffyle énigmatique , ce préjugé grof fier, mais trop naturel aux hommes , que la matiere eft capable de penfer. Mais quand les Philofophes an- ciens ont laïffé en paix certains préjugés populaires , les modernes y fignalent leur hardiefle, Defcartes fuivi d’un parti nombreux , eft le premier Philofo- phe qui ait ofé traiter les bêtes de pures machines : car à peine Gomefius Pereira , qui le dit quelque tems avant hu, mérite - til qu'on parle ici de lui ; puifqu'il tomba dans cette hypothèfe par un pur hafard , & que felon la judicieufe réflexion de M. Bayle , il n’avoit point'tiré cette opinion de fes véri tables principes. Aufli ne lui fit-on l'honneur ni de la redouter , ni de la fuivre, pas même de s’en fou- venir ; & ce qui peut arriver de plus trifte à un no- Vateur , il ne fit point de feête. | Defcartes eft donc le premier , que la fuite de fes profondes méditations ait conduit à nier l’aze des béres , paradoxe auquel il a donné dans le monde une vogue extraordinaire. Il n’auroit jamais donné dans cette opinion , fi la grande vérité de la diftinc- tion de l'ame & du corps, qu'il a le prèmier mife dans fon plus grand jour, jointe au préjugé qu’on avoit 344 AME contre l’immatérialité de l’ame des bêtes ,ned’avoit forcé , pour ainfi dire, à s’y jetter. L’opinion des “machines fauvoit deux grandes objetions, Püne contre l’iminortalité de l’erre , l’autre contre la bon- té de Dieu. Admettez le fyflème des automates, ces déux difficultés difparoïffent : mais on ne s’étoit pas apperçu qu'il en venôit bien d’autres du.fond du fyftème mêmé, On peut obferver en paffant que la Philofophie dé Defcartes, quoiqu’en aieñt pù dire es envieux , tendoit toute à l’avantage de la reli- pion ; l’hypothefe des machines en eft une preuve. Le Cartéfianifme a toljours triomphé, tant qu'il n'a cu en tête que les ames matérielles d’Ariftote, que ces fubftancés incompletes tirées de la puiffance de là mâtiére., pour faire avec elles un tout fubftan- tiel qui pénfe & qui connoît dans les bêtes. On a fi bien inis en déroute ces belles entités de l’école, que je ne pénfe pas qu'on s’avile de les reproduire jamais : cés fantômes n’oferoient foûtenir la lumiere d’un fieclé comme le nôtre ; & s’il n’y avoit pas de milieu éntr'eux & lès automates Cartéfiens , on feroit obligé d'admettre ceux-ci. Heureufement de- puis Defcartes , on s’eft apperçü d’un troïifieme parti qu'il y avoit à prendré ; & c’elt depuis ce tems que le ridicule du fyffème des automates s’eft dévelop- pé. On en à l'obligation aux idées plus juftes qu’on s’eft faites, dépuis quelque tems, du monde intellec- tuel. Où a compris que ce monde doit être beaucoup plus étendu qu’on ne croyoit , & qu’il renferme bien d’autres habitans que les Anges , & les ames humai- nes ; ample reflource pour les Phyficiens , partout où le méchanifmé demeure couit, en particulier quand il s’agit d'expliquer les mouvemens des bru- tes. En faifant l’expofé du fameux fyflème des auto: mates ; tâchons de ne rien omettre de ce qu’il a de plus fpécieux , & de repréfenter en racourci toutes les raïfons direétes qui peuvent établir ce fyftème. Elles fe :réduifent à ceci; c’eft que le feul mécha- nifme rendant raiïfon des mouvemens des brutes, lhypothèfe qui leur donne une ame eft faufle, par cela même qu'elle eft fuperflue. Or c’eft ce qu'il eft aifé de prouver , en fuppofant une fois ce principe , que le corps animal a, déjà en lui-même , indépen- dammeént de lame, le principe de fa vie & de fon mouvement : C’eft dequoi l'expérience nous fournit des preuves inconteftables. 1°, Il eft certain que l’homme fait uñ grand noim- bre d’ations machinalement , c’eft-à-dire , fans s’en appercevoir lui-même , & fans avoir la volonté de Les faire ; aétions que l’on ne peut attribuer qu’à lim- preflion des objets & à une difpofition primitive de la machine , où l'influence de l’ame n’a aucune part. De ce nombre font les habitudes corporelles, qui viennent de la réitération fréquente de certaines a@ions , à la préfence de certains objets ; ou de l’u- ion des traces que diverfes fenfations ont laiflées dans le cerveau ; ou de a liaïfon d’une longue fuite de mouvemens, qu’on aura réitérés fouvent dans le imême ordre , foit fortuitement , foit à deflein, A cela fe rapportent toutes les difpofitions acquifes par Vart. Un mufcien, un joueur de luth, un danfeur, exécutent les mouvemens les plus variés & les plus ordonnés tout enfemble , d’une maniere très-exaéte, fans faire la moindre attentien à chacun de ces mou- vemens en particulier :1l n'intervient qu'unfeul aéte de la volonté , par-où il:fe détermine à chanter, ou joïer un tel air, & donne le premier branle aux éfprits animaux; tout le refle fuit régulierement fans qu'il y penfe. Rapportez à cela tant d’aétions furpre- nantes des gens diftraits , des fomnambules, 6*c. dans tous ces ças les hommes font autant d’automates. 2°. Il y a des mouvemens naturels tellement in- volontaires ,.que nous ne faurions les retenir , par éxemble, cé méchanifme ddmirable quiteñnd X con: ferver l'équilibre , lorfque nous nous baïflons , lorf que nous marchons fur une planche étroite, 6. 3°. Les goûts & les antipathies naturelles pour certains objets, qui dans les enfans précedent le dif cernement & la connoïffance ; & qui quelquefois dans les perfonnes formées furmontent tous les ef: forts de la raifon, ont leur fondement dans le mécha- nifme , & font autant de preuves de l'influence des objets fur les mouvemens du corps humain. 4°. On fait combien les pañlions dépendent du degré du mouvement du fang & des impreflions réci: proques que produifent les efprits animaux fur le cœur & fur le cerveau, dont l’union par l’entremife des nerfs eft fi étroite. On fait comment les imprefs fions du dehors peuvent exciter ces pafñons , ou les fortifier , en tant qu’elles font de fimples modifica- tions de la machine. Defcartes dans fon sraité des Paffions , &le P. Malebranche dans fa Morale, expli- quent d’une maniere fatisfaifante le jeu de la mas chine à cet égard ; & comment, fans le fecours d’au- cune penfée , par la correfpondance &c la fympaz thie merveilleufe des nerfs & des mufcles , chacune de ces pañlions , confidérée comme une émotion tou- te corporelle , répand fur le vifage un certain ai qui lut eft propre , eft accompagnée du gefte & du maintien naturel qui la caraétérile , & produit dans tout le corps des mouvemens convenables à fes bes foins & proportionnés aux objets. Il eft aifé de voir où doivent aboutir toutés ces réflexions fur le corps humain , confidéré comme uri automate exiftant indépendamment d’uneame , ou d’un principe de fentiment & d'intelligence : c’eft que fi nous ne Voyons faire aux brutes que ce qu’un tel automate pourroït exécuter en vertu de fon orga- nation , 1l n’y a ; ce femble , aucune raïfon qui nous porte à fuppofer un principe intelligent dans les brutes , & à les regarder autrement que comme de pures machines ; n’y ayant alors que le préjugé qui nous fafle attacher au mouvement des bêtes , les mêmes penfées qui accompagnent en nous des mou- vemens femblables, . Rien ne donne une plus jufte idée des automates Cartefiens , que la-comparaifon employée par M. Regis , de quelques machines hydrauliques que Pon voit dans les grottes & dans les fontaines de certai- nes maïfons des Grands , où la feule force de l’eau déterminée par la difpofition des tuyaux ,& par quel- que preflion extérieure , remue diverfes machines. Il compare les tuyaux des fontaines aux nerfs ; lesmuf: cles, les tendons, &c. font les autres reflorts qui appartiennent à la machine ; les efprits font l’eau qui les remue ; le cœur eft comme la fource; &les cavités du cerveau font les regards. Les objets exté- rieurs , qui par leur préfence agiffent fur les organes des fens des bêtes , font comme les étrangers qui entrant dans la grotte, felon qu’ils mettent lepié fur certains carreaux difpofés pour cela, font remuer certaines figures; s'ils s’approchent d’une Diane, elle fuit & fe plonge dans la fontaine; s'ils avan- cent davantage , un Neptune s’approche , & vient les menacer avec fon trident. On peut encore com- parer les bêtes dans ce fyftème, à ces orgues qui jouent différens airs , par le feul mouvement des eaux : 1l y aura de même, difent les Cartéfiens ,une organifation particukere dans les bêtes , que le Créa- teur y aura produite, & qu’il aura diverfement ré- glée dans les diverfes efpeces d'animaux, mais toû- Jours proportionnément aux objets, toûijours par rapport au grand but de la confervation de l’indivi- du & de l’efpece. Rien de plus aïfé que cela au fu- prème ouvrier , à celui qui connoît parfaitement la difpofition & la nature de tous ces objets qu'ila créés. L’établiffement d’une fijufte correfpondance ne doit rien AME rien coûter à fa puiflance & à fa fagelle. L'idée d’une telle harmonie paroît grande & digne de Dieu : cela feul, difent les Cartéfiens , doit familiarifer un Philofophe. avec ces paradoxes fi choquans pour le préjugé vulgaire , & qui donnent un ridicule f ap- parent au Cartéfianifme fur ce point. Une autre confidération en faveur du Cartéfia- nifme , qui paroît avoir quelque chofe d’éblourffant, eft prife des produétions de Part. On fait jufqw’où eft allée lPinduftrie des hommes dans certaines machines: leurs effets font inconcevables , & paroïffent tenir du miracle dans l’efprit de ceux qui ne font pas vertés dans la méchanique. Raffemblez ici toutes les mer- veilles dont vous ayez jamais oui parler en ce genre, des ftatues quimarchent,des mouches artificielles qui volent & qui bourdonnent ; des araignées de même fabrique qui lent leur toile ; des oifeaux qui chan- tent ; unetête d’or qui parle ; un Pan qui joue de la flûte : on n’auroit jamais fait l’énumération , même à s’en tenir aux généralités de chaque efpece , de toutes ces inventions de l’art qui copie fi agréable- ment la nature. Les ouvrages célebres de Vulcain, ces trépiés qui fe promenoient d'eux-mêmes dans l’'aflemblée des Dieux; ces efclaves d’or, qui fem- bloient avoir appris l’art de leur maître , qui travail- loient auprès de lui , font une forte de merveilleux qui ne pafle point la vraiffemblance ; & les Dieux qui l’'admiroient fi fort , avoient moins de lumieres apparemment que les Méchaniciens de nos jours. Voici donc comme nos Philofophes Cartéfiens rai- fonnent: Réuniflez tout l’art &c tous les mouvemens furprenans de ces différentes machines dans une feu- le, ce ne fera encore que l’art humain ; jugez ce que produira Part divin. Remarquez qu'il ne s’agit pas d’une machine en idée que Dieu pourtoit produire : le corps de l’animal eft inconteftablement une ma- chine compofée de reflorts infiniment plus déliés quéne feroïent ceux de la machine artificielle , où nous fuppofons que fe réumiroit toute l’induftrie ré- pandue & partagée entre tant d’autres que nous avons vües jufqu'1ci.il s’agit déncde favoir file corps de l’animal étant , fans comparaïfon , au-deflus de ce que feroit cette machine, par Ja délicatefle , la variété, l’arrangement , la compoñition de {es ref- forts, nous ne pouvons pas juger, en raifonnant du plus petit au plus grand , Que fon organifation peut caufer cette variété de mouvemens réguliers que nous voyons faire à l'animal ; & fi, quoique nous n’ayons pas à beaucoup près là-defluis une connoïf- fance exaËte , nous ne fommes pas en droit de juger qu’elle renferme aflez d’art pour prodiure tous ces effets. De tout cela le Cartéfien conclut que rien ne nous oblige d'admettre dans les bêtes une axe qui {eroit hors d'œuvre , puifque toutes les aétions des animaux ont pour derniere fin la confervation du corps , & qu'il eft de la fagefle divine de ne rien faire d'inutile , d’agir par les plus fimples voies, de pro- portionner l'excellence &z le nombre des moyens à importance de la fin; que par conféquent Dieu n’aura employé que des lois méchaniques pour l’en- tretien de la machine , & qu'il aura mis en elle-mé- me ; & non hors d'elle , le principe de fa conferva- tion & de toutes les opérations qui y tendent. Voilà le plaidoyer des Cartéfiens fini ; voyons ce qu’on y répond. | Je mets en fait que fi l’on veut raifonner fur l’ex- périence , on démonte les machines Cartéfiennes , & que pofant pour fondement les aétions que nous voyons faire aux bêtes, on peut aller de confequen- ce en conféquence , en fuivant les regles de la plus exacte Logique, jufqu’à démontrer qu'il y a dans les bêtes un principe immatériel , lequel eft caufe de ces aions. D'abord il ne faut pas chicaner les Car- tefiens fur la poffbilité d’un méchanifme qui produi- Tome ?, AME 345 roït tous ces phénomenes. Il faut bien fe garder de les attaquer für ce qu'ils difent de la fécondité des lois du mouvement, des miraculeux effets du mé- chanifme , de l'étendue incompréhenfible de len- tendement divin ; & fur le parallele qu'ils font des machines que l’art des hommes a conftruites, avec le nrerveilleux infiniment plus grand que le Créa- teur de l’univers pourroït mettre dans celles qu'il produiroit. Cette idée féconde & prefqw’infinie des poflibilités méchaniques , des combinaifons de la f- gute & du mouvement, jointe à celle de la fageffe & de la puiffance du Créateur , eft comme le fort inexpugnable du Cartéfianifme. On ne fauroit dire où cela ne mene point ; & certainement quiconque a tant foit peu confulté l’idée de PEtre infiniment patfait , prendra bien garde à ne nier jamais la poflibilité de quoi que ce foit, pourvû qu'il n'impli- que pas contradiétion. Mais le Cartéfien fe trompe, lorfque partant de cet: te poffibilité qu’on lui accorde, il vient argumenter de cette mamere ; Puifque Dieu peut produire des êtres tels que mes automates, qui nous empêchera de croire qu'il les a produits ? Les opérations des bru- tes, quelque admirables qu’elles nous paroïflent, peuvent être le réfultat d’une combinaïfon de ref- forts, d’un certain arrangement d'organes, d’une certaine application précife des lois générales du mouvement , application que l’art divin eft capable de concevoir & de produire : donc il ne faut point attribuer aux bêtes un principe qui penfe & qui fent , puifqne tout peut s'expliquer fans ce principe ; donc il faut conclurre qu’elles font de pures machi- nes. Onfera bien alors de lui nier cette conféquence, & de lui dire : nous avons certitude qu’il y a dans les bêtes un principe qui penfe & qui fent ; tout ce que nous leur voyons faire conduit à un tel principe ; doncnous fommes fondés à le leur attribuer, malgré la poffibilité contraire qu’on nous oppofe : remar- quez qu'il s’agit ici d’une queftion de fait, favoir, fi dans les bêtes un tel principe exifte ou n’exifte point : nous voyons les aétions des bêtes , 1l s’agit de découvrir quelle en eft la caufe; & nous fommes aftraints ici à la même maniere de raifonner dont les Phyfciens fe fervent dans la recherche des caufes naturelles , & que les Hifioriens employent. quand ils veulent s’affürer de certains évenemens. Les mê- mes principes qui nous conduifent à la certitude fur les queftions de ce genre, doivent nous déterminer dans celle-cr. La premiere regle, c’eft que Dieu ne fauroit nous tromper. Voici la feconde : la laïfon d’un grand nom- bre d’apparences ou d'effets réunis avec une caufe qui les explique , prouve lexiftence de cette caufe. Si la caufe fuppofée explique tous les phénomenes connus, s'ils fe réuniflent tous à un même principe, comme autant de lignes dans un centre commun; fi nous ne pouvons imaginer d'autre principe quiren- de raïfon de tous ces phénomenes que celui-là; nous devons tenir pour indubitable l’exiftence de ce prin- cipe. Voilà le point fixe de certitude au-delà duquel l’efprit humain ne fauroit aller ; car 1l eft impofñfble que notre efprit demeure en fufpens , lorfqu'il y a raifon fufifante d’un côté, & au’il n’y en a point de l'autre. Si nous nous trompons malgré cela , c’eft Dieu qui nous trompe, puifqu’il nous a faits de telle maniere, & qu'il ne nous a point donné d’au- tre moyen de parvenir à la certitude fur de pareils fujets. Si les bêtes font de pures machines, Dieu nous trompe ; cet argument eft le coup fatal à l’hypothefe des machines. 3 Avoüons-le d’abord ; fi Dieu peut faire une ma- chine, qui par la feule difpofition de fes reflorts exé- cute toutes les actions furprenantes que l’on admire dans un chien ou dans un finge , il peut former d’au- X ‘ 340 AME tres machines qui imiteront parfaitement toutes les a@tions des hommes : l’un & l’autre eft également pof- fible à Dieu ; & il n’y aura dans ce dernier cas qu’une plus grande dépenfe d’art ; une organifation plus fine, lus de reflorts combinés , feront toute la différence. Dieu dans {on entendement infini renfermant les idées de toutes les combinaïfons, de tous les rapports poffibles de figures , d’impreffions & de détermina- tions de mouvement , & fon pouvoir égalant fon in- tellisgence, il paroît clair qu’il n’y a de différence dans ces deux fuppoñitions , que celle des degrés du plus & du moins, qui ne changent rien dans le pays des pofibilités. Je ne vois pas par où les Cartéfiens peu- vent échapper à cette conféquence , & quelles dif- parités eflentielles ils peuventtrouver entre le cas du méchanifme des bêtes qu'ils défendent , & le cas ima- ginaire qui transformeroit tous les hommes en auto- mates , & qui réduiroit un Cartéfien à n’être pas bién für qu'il y ait d’autres intelligences au monde que Dieu & fon propre efprit. Si j’'avois affaire à un Pyrrhonien de cette efpece, comment m'y prendrois-je pour lui prouver que ces hommes qu’il voit ne font pas des automates ? Je fe- rois d’abord marcher devant moi ces deux principes: 1°. Dieu ne peut tromper ; 2°. la liaïfon d’une lon- gue chaine d’apparences,, avec une caufe qui expli- que parfaitement ces apparences , & qui feule me les explique ; prouve l’exiftence de cette caufe. La pure poflibilité ne prouve rien ici, puifque qui dit poffibi- lité qu'une chofe foit de telle maniere, pofe en même tems pofbilité égale pour la maniere oppofée. Vous m’alléeuez qu'il eft poffible que Dieu ait fabriqué des machines femblables au corps humain, qui par les feules lois du méchanifme parleront ,s’entretiendront avec moi, feront des difcours fuivis, écriront des livres bien raifonnés. Ce fera Dieu dans ce cas, qui ayant toutes les idées que je reçois à l’occafñon des mouvemens divers de ces êtres que je crois intelli- gens comme moi, fera jouer les reflorts de certains automates pour m'imprimer ces idées à leur occa- fion , & qui exécutera tout cela lui feul par les lois du méchanifme. l'accorde que tout cela eft poffible : mais comparez un peu votre fuppofñition avec la mien- ne. Vous attribuez tout ce que je vois à un mécha- nifme caché, qui vous eft parfaitement inconnu ; vous fuppofez une caufe dont vous ne voyez afluré- ment point la laïfon avec aucun des effets , & qui ne rend raifon d’aucune des apparences : moi je trou- ve d’abord une caufe dont j'ai l’idée , une caufe qui réunit,qui explique toutes ces apparences; cette cau- fe c’eft une ame femblable à la mienne. Je fai que je fais toutes ces mêmes aétions extérieures que je vois faire aux autres hommes par la direétion d’une ame qui penfe, qui raifonne ; qui a des idées, qui eft unie à un corps, dont elle regle comme il lui plaît les mou- vemens. Une ame raifonnable m'explique donc clai- rement des opérations pareilles que je vois faire à des corps humains qui m’environnent. J’en conclus qu'ils font unis comme le mien à des ames raifonna- bles. Voilà un principe dont j'ai l’idée, qui réunit & qui explique avec une parfaite clarté les phénome- nes innombrables que je vois. La pure pofhbilité d’une autre caufe dont vous ne me donnez point idée , votre méchanifme poffible, mais inconcevable, & qui ne m'explique aucun des . effets que je vois, ne m'empêchera jamais d'affirmer l’exiftence d’une ame raifonnable qui me les expli- que, ni de croire fermement que les hommes avec qui je commerce , ne font pas de purs automates. Et prenez-y garde , ma croyance eft une certitude par- faite, puifqu’elle roule fur cet autre principe évi- dent , que Dieu ne fauroit tromper : & fi ce que je prends pour des hommes comme moi, m’étoient en effet que des automates ; 1l me tromperoit; il fe- roit alors tout ce qui feroit néceffaire pour me pouf- fer dans Perreur, en me faifant concevoir d’un côté une raïfon claire des phénomenes que j’appercois laquelle n’auroit pourtant pas lien , tandis que à l’autre 1l me cacheroit la véritable, | Tout ce que je viens de dire s’applique aifémenr aux athons des brutes, & la conféquence va tonte feule. Qu’appercevons-nous chez elles ? Des aétions fuivies, rafonnées , qui expriment un fens & qui re- préfentent les idées , les defirs, les intérêts, les def feins de quelque être particulier. IL eft vrai qu’elles ne parlent pas ; & cette difparité entre les bêtes & l’homme > VOUS fervira tout au plus à prouver qu’el- les n’ont point comme lui des idées univerfelles , qu’elles ne forment point de raifonnemens abftraits. Mais elles agiflent d’une maniere conféquente ; cela prouve qu'elles ont un fentiment d’elles-mêmes , & un intérêt propre qui eft le principe & le but de leurs aëhons ; tous leurs mouvemens tendent à leurutilité, à leur confervation, à leur bien-être, Pour peu qu’on fe donne la peine d’obferver leurs allures , il paroît manifeftement une certaine fociété entre celles de même efpece, & quelquefois même entre les efpe- ces différentes ; elles paroïflent s’entendre, agir de concert, concourir au même deflein ; elles ont une correfpondance avec les hommes : témoin les che- vaux , les chiens, &c. on les drefle , ils apprennent ; on leur commande , 1ls obéiffent ; on les menace, ils paroïffent craindre ; on les flatte, ils careflent à {eur tour. Bien plus, car il faut mettre ici à l’écart les mer- veilles de linftin& , nous voyons ces animaux faire des aétions fpontanées , où paroït une image de rai- fon & de liberté , d'autant plus qu’elles font moins uniformes , plus diverfifiées, plus fingulieres , moins prévües , accommodées fur le champ à l’occafon préfente. Vous Cartéfien, m’alléguez l’idée vague d’un mé- chanifme poffble, maïs inconnu & inexplicable pour vous & pour moi: voilà, dites- vous , la fource des phénomenes que vous offrent les bêtes. Et moi j'ai Fidée claire d’une autre caufe ; j’ai l’idée d’un prin- cipe fenfitif : je vois que ce principe à des rapports très-diftinéts avec tous les phénomenes en queftion, & qu’il explique & réunit univerfellement tous ces phénomenes. Je vois que mon ame en qualité de prin- cipe fenfitif,produit mille aétions & remue mon corps en mille manieres, toutes pareilles à celles dont les bêtes remuent le leur dans des circonftances {embla- bles. Pofez un tel principe dans les bêtes, je vois la raïon & la caufe de tous les mouvemens qu’elles font pour la confervation de leur machine: je vois pourquoi le chien retire fa patte quand le feu le brû- le ; pourquoi il crie quand on le frappe, &c. ôtez ce principe, je n’apperçois plus de raïfon, ni de caufe unique & fimple de tout cela. J’en conclus qu'il y a dans les bêtes un principe de feñtiment , puifque Dieu n’eft point trompeur , & qu'il feroit trompeur au cas que les bêtes fuffent de pures machines ; puif qu'il me repréfenteroit une multitude de phénome- nes, d'où réfulte néceflairement dans mon efprit li dée d’une caufe qui ne feroit point: donc les raïfons qui nous montrent direétement l’exiftence d’une ame intelligente dans chaque homme , nous affürent auf celle d’un principe immatériel dans les bêtes. Mais il faut pouffer plus loin ce raifonnement pour en neux comprendre toute la force. Suppofons dans les bêtes , fi vous le voulez , une difpoñition de la ma- chine d’où naïffent toutes leurs opérations furpre- nantes ; croyons qu'il eft digne de la fagefle divme de produire une machine qui puifle fe conferver elle- même, & qui ait au-dedans d’elle , en vertu de fon admirable organifation, le principe de tous les mou- vemens qui fendent à la conferver ; je demande à quoi bon cette machine ? pourquoi ce merveilleux Rreangement de reflorts ? pourquoi tous ces orpa= nes. femblables à ceux de: nos fens ? pourquoi ces “yeux , ces oreilles, ces narines, ce cerveau? c’eft; ‘dites-vous , afin de régler les mouvemens de l’auto> mate fur les impréflions diverfes des corps extérieurs: le but de tout cela, c’eft la confervation même de a machine. Mais-encore ; je vous prie, à quoi bon -dans l'univers des machunes qui fe confervent elles- mêmes ? Ce n’eit point à nous , dites-vous , de péné: trer les vües du Créateur, & d’afligner les fins qu'il fe propofe dans.chacun de fes ouvrages. Mais sl nous les découvre ces vües par des mdices aflez par- {ans ,n’eft-1l pas raifonnable de les reconnoitre ? Quoi ! n’ar-je pas raifon de dire que l'oreille eff faite pour oùir &c les yeux pour voir ; que les fruits qui naïflent du {ein de la terre font deflinés à nourrir l’homme ; que l'air eft néceflaire à l’entretien de fa Vie , puifque la circulation du fang ne fe feroit point fans cela ? Nierez-vous que les différentes parties du corps änimal foient faites parle Créateur pour l’u- fage que l’expérience indique ? Si vous le mez, vous donnez gain de caufe äux athées: Je vais plus avant : les organes de ños fens, qu’un art f fage, qu'une main fi induftrieufe a façonnés , ont-ils d’autres fins dans l'intention du Créateur ; que les fenfations mêmés qui s’excitent dans notre ame par leur moyen? Doutera-t-on que notre corps ne foit fait pour notre ame, pour être à fon égard un principe de {enfation & un inftrument d’aétion ? Et & cela eft vrai des hommes , pourquoi ne le fe- roit-il pas des animaux ? Dans la machine des ani- maux, nous découvrons un but tres-fase , très-digne de Dieu , but vérifié par notre expérience dans des cas femblables ; e’eft de s’unir à un principe imma- tériel , & d’être pour lui fource de perception & inf trument d’aion; voilà une unité de but, auquel fe rapporte cette combinaïfon prodigieufe de reflorts qui compofent le, corps organifé ; Ôtez ce but, niez ce principe immatériel , fentant par la machine, agiffant fur la machine, & tendant fans cefle par fon PRE intérêt à la conferver , je ne vois plus aucun but d’un fi admirable ouvrage. Cette machine doit être faute pour quelque fin diftinéte d’elle ; car elle m’eft point pour elle-même, non plus que les roues de lhorloge ne font point faites pour horloge. Ne répliquez pas, que comme l’horloge eft conftruite pour marquer les heures, & qu’ainf fon ufage eft de fournir aux hommes une jufte mefure du tems, il en eit de mème des bètes ; que ce fontles machines que le Créateur a deftinées à l’ufage de l’homme. Il y auroit en cela une grande erreur ; car 1l faut foigneu- fement diftinguer les ufages accefloires , & pour ainfi dire, étrangers des choles, d'avec leur fin naturelle & principale, Combien d'animaux brutes , dont l’homme ne tire aucun ufage, comme les bêtes fé- roces , les infetes , tous ces petits êtres vivans , dont l'air, l’eau, &c prefque tous les corps font peuplées ! Les animaux qui fervent homme, ne le font que par accident ; c’eft lui qui les dompte, qui les appri- voie , qui les drefle , qui les tourne adroitement à fes ufages. Nous nous fervons des chiens, dés che- vaux, en les appliquant avec art à nos befoins ; comme nous nous fervons du vent pour poufler les vafleaux, & pour faire aller les moulins. On fe mé- prendroit fort de croire que l’ufage naturel du vent & le but principal que Dieu fe propofe en produi- fant ce météore, foit de faire tourner les moulins, & de faciliter la courfe des vaifleaux ; & l’on aura beaucoup mieux rencontré, fi l’on dit que les vents font deflinés à purifier & à rafraîchir l'air. Appli- quons ceci à notre fujet. Une horloge eft faite pour montrer les heures, & n’eft faite que pour cela; toutes les différentes pieces qui la compofent font néceflaires à ce but, & y çonçourent toutes : mais Tome I, ; AME 347 ÿ a-t-1l quelque proportion entre la déhicateffe , Ia variété, la multiplicité des organes des animaux, & les ufages que nous en tifons ; que même nous ne tirons que d’un petit nombre d’efpeces ; & encore de la plus petite partie de chaque efpece ? L’horloge a un but diftinét d'elle-même : mais regardez bien les animaux , fuivez leurs mouvemens ; voyez-les dans leur naturel , lorfque l’induftrie des hommes né les contraint en rien, 8&cne les aflujettit point à nos be- foins & à nos caprices, vous n’y remarquez d'autre yüe que leur propre confervation. Mais qu'enten- dez-vous par leur confervation ? eft-ce celle dela machine? Votre réponfe ne fatisfait point; la pure matiere n'eft point fa fin à elle-même ; encore moins le peut-on dire d’une portion de matiere organifée ; larrangement d’un tout matériel à pour but autre chofe que ce tout; la confervation de la machine de la bête , quand fon principe fe trouveroit dans la machine même , feroit moyen & non fin : plus il y auroit de fine méchanique dans tout cela, plus jy découvrirois d’art, & plus je ferois obligé de recou- tir à quelque chofe hors de la machine , c’eft-à-dire, à un être fimple , pour quicet arrangement ft fait, & auquel la machine entiere eût un rapport duti- lité. C’eft ainfi que les idées de la fagefle & de la véracité de Dieu, nous menent de concert à cette conclufon, générale que nous pouvons déformais regarder comme certaine. Il y a une ame dans les bêtes, c’eft-à-dire, un principe immatériel uni à leur machine ; fait pour elle, comme elle eft faite pour lui, qui reçoit à {on occafion différentes fenfa- tions |, & qui leur fait faire ces actions qui nous furprennent, par les diverfes dire&ions qu’elle im- prime à la force mouvante dans la machine. Nous avons conduit notre recherche jufqu’à l’é- xiftence avérée de lame des bêtes, c’eft-à-dire , d’un principe immatériel joint à leur machine. Si cette ame n'étoit pas {pirituelle | nous ne pourrions nous aflürer fi. la nôtre left; puifque le privilège de la raifon & toutes les autres facultés de l’ame humai- ne, ne {ont pas plus incompatibles avec l’idée de La pure matiere , que l’eft la fimple fenfation , & qu'il y a plus loin de la matiére rafinée, fubtilifée , mife dans quelque arrangement que ce puifle être, à la fimple perception d’un objet, qu'il n’y a de cette perception fimple & direéte aux aétes réfléchis 8 au rafonnement. D'abord il y a uné diftinétion effentielle entre La raïon humaine & celle des brutes. Quoique le pré- jugé commun aille à leur donner quelque degré de raifon , 1l n’a point été jufqu’à les égaler aux hom- mes. La raifon des brutes n’agit que fur de petits ob- jets , & agit très-foiblement ; cette raïfon ne s’appli- que point à toutes fortes d'objets comme la nôtre. L’arne des brutes {era donc une fubftance qui pente , mais Le fonds de fa penfée fera beaucoup plus étroit que celui de lame humaine. Elle aura l’idée des ob- jéts corporels qui ont quelque relation d'utilité avec fon corps : mais elle n’aura point d'idées fpirituelles & abftraites ; elle ne fera point fufceptible de l’idée d'un Dieu , d’une religion, du bien & du mal mo: ral, m1 de toutes celles qui font f bien liées avec celles-là , qu'une intelligence capable dé recevoir les unes eft néceflairement fufceptible des autres: L’ame de la bête ne renfermera point non plus ces, notions & ces principes fur lefquels on bâtit les fciences & les arts. Voilà beaucoup de propriètés de l’ame humaine qui manquent à celle de la bête = mais qui nous garantit ce défaut ? L'expérience : avec quelque foin que l’on ébferve les bêtes , de quelque côté qu'on les tourne , aucune de leurs aétions ne nous découvre la moindre trace de ces idées dont je viens de parler ; je dis même celles de leurs aéions qui marquent le plus de fubtihté & de finefle ; X x 1 345 AME ani paroïflent plus raifonnées, À s’en tenir à l’éxpé< rence, on eft donc en droit de leur refufer toutes ces propriétés de l’ame humaine. Direz-vous avec Bayle, que de ce que lame des brutes emprifonnée qu'elle eft dans certains organes , ne mamifefte pas telles & telles facultés , telles & telles idées, il ne s'enfuit point du tout qu’elle ne foit fufceptible de ces idées , & qu’elle nait pas ces facultés; parce que c’eft peut-être l’orgamiation de la machine qui les voile & les enveloppe ? À ce ridicule peur-étre , dont le bon fens s’irrite , voici une réponfe décifive. C’eft une chofe direétement oppofée à la nature d’un Dieu bon & fage , & contraire à l’ordre qu'il fuit invariablement , de donner à la créature certaines facultés, & de ne lui en permettre pas l'exercice, fur-tout fi ces facultés , en fe déployant , peuvent contribuer à la gloire du Créateur & au bonheur de la créature, Voici un principe évidemment contenu dans l’idée d’un Dieu fouveramement bon & fouve- rainement fage , c’eft que Îes intelligences qu'il a créces , dans quelque ordre qu'il les place ; à quel- que œconomie qu'il lui plaie de les foùmettre ( je parle d’une œconomie durable & réglée felon les lois générales de la nature ) {oient en état de le glo- rifier autant que leur nature les en rend capables, & foient en même tems miles à portée d'acquérir le bonheur dont cette nature eft fuiceptible. De - là il fuit qu’il répugne à la fagelle & à la bonté de Dieu, de foûmettre des créatures à aucune œconomie qui ne leur permette de déployer que les moins nobles de leurs facultés , qui leur rende inutiles celles qui font les plus nobles , & par conféquent les empê- che de tendre au plus haut point de félicité où elles puiflent atteindre. Telle feroit une œconomie qui borneroit à de fimples fenfations des créatures fuf- ceptibles de raifonnement & d'idées claires, & qui les priveroit de cette efpece de bonheur que procu- rent les connoïflances évidentes & les opérations libres & raifonnables , pour les réduire aux feuls plaïfirs des fens. Or lame des brutes , fuppofé qu’elle ne différât point effentiellement de l’ame humaine, {eroit dans le cas de cet aflujettiflement forcé qui répugne à la bonté & à la fagefle du Créateur, & qui eft direétement contraire aux lois de l’ordre. C’en eft aflez pour nous convaincre que l’ame des brutes n'ayant , comme l'expérience le montre , aucune connoiïffance de la divinité , aucun principe de reli- gion , aucunes notions du bien & du mal moral, n’eft point fufceptible de ces notions. Sous cette ex- clufon eft comprife celle d’un nombre infini d'idées &z de propriétés fpirituelles, Mais fi elle n’eft pas la même que celle des hommes , quelle eft donc fa nature ? Voici ce qu’on peut conjeéturer de plus rai- fonnable fur ce fujet , & qui foit moins expofé aux embarras qui peuvent naître d’ailleurs. Je me repréfente l'ame des béres comme une fubf- tance immatérielle & intelligente : mais de quelle efpece ? Ce doit être, ce femble, un principe a&tif qui a des fenfations , & qui n’a que cela. Notre ame a dans elle-même , outre {on ativité eflentielle, deux facultés qui fourniflent à cette a@ivité la matiere fur laquelle elle s'exerce. L’une , c’eft la faculté de for- mer des idées claires & diftinétes fur lefquelles lé principe a&tif ou la volonté agit d’une maniere qui s'appelle réflexion , jugement , raifonnement , choix li. bre : l’autre, c’eft la faculté de fentir, qui confifte dans la perception d’une infinité de petités idées in« volontaires , qui fe fuccedent rapidement Pune à Pautre , que lame ne difcerne point , mais dont les différentes fucceffions lui plaifent ou lui déplaifent, & à l’occafñon defquelles le principe a&tif ne fe dé- ploie que par defirs confus, Ces deux facultés pa- roiflent indépendantes l’une de l’autre : qui nous empêcheroit de fuppofer dans l’échelle des intelli- sences , au-defous de l'ame humaine , üné efpece d’efprit plus botné qu’elle, & qui ne lui reffemble- roit pourtant que par la faculté de fentir ; un efprit qui n’auroit que cette faculté fäns avoir l’autre , qui ne feroit capable que d'idées indiftinétes , ou de per- ceptions confufes ? Cet efprit ayant des bornes beau- coup plus étroites que l’ame humaïne , en fera ef fentiellement ou fpécifiquement diftiné. Son a@ivis té {era reflerrée à proportion de fon intelligence : comme celle-ci fe bornera aux perceptions confu- {es , celle-là ne confiftera que dans des defirs con. fus qui feront relatifs à ces perceptions. Il n’aura que quelques traits de l'ame humaine ; il fera {on portrait en raccourci, L’ame des brutes , felon que je me la figure ; apperçoit Les objets par fenfation ; elle ne réfléchit point ; elle n’a point d'idée diffinéte ; elle n’a qu'une idée confufe du corps. Mais qu'il y a de différence entre les idées corporelles que la fen- fation nous fait naître, & celles que la bête recoit par la même voie ! Les fens font bien pafler dans notre ame l’idée des corps : mais notre ame ayant outre cela une faculté fupérieure à celle des fens, rend cette idée toute autre que les fens ne la lui donnent. Par exemple , je vois un arbre , une bête le voit aufli : mais ma perception eft toute diféren- te de la fienne. Dans ce qui dépend uniquement des fens , peut-être que tout eft égal entr’elle & moi : j'ai cependant une perception qu’elle n’a pas , pour- quoi? Parce que j'ai le pouvoir de réfléchir fur l’ob- jet que me préfente la fenfation. Dès que j'ai vü un feul arbre , j'ai l’idée abftraite d’arbre en général, qui eft féparée dans mon efprit de celle d’une plante, de celle d’un cheval & d’une maifon. Cette vüe que l’entendement fe forme d’un objet auquel. la fenfa2 tion l’applique, eft le principe de tout raifonnement, qui fuppofe réflexion , vûüe diftinéte , idées abftrai- tes des objets, par où lon voit les rapports & les différences , & qui mettent dans chaque objet une efpece d'unité. Nous croyons devoir aux fens des connoifflances qui dépendent d’un principe bien plus noble , je veux dire de l'intelligence qui diftingue, qui réunit, qui compare , qui fournit cette ve de difcrétion ou de difcernement. Dépouillons donc hardiment la bête des priviléges qu’elle avoit ufur= pés dans notre imagination, Une amê purement fen- fitive eft bornée dans fon a@ivité , comme elle left dans fon intelligence ; elle ne réfléchit point , elle ne raïfonne point ; à proprement parler , elle ne choifit point non plus ; elle n’eft capable ni de ver- tus m de vices, m1 de progrès autres qué ceux que produifent les impreffions & les habitudes machina- les. Il n’y a pour elle ni pañlé n1 avenir ; elle fe con- tente de fentir & d'agir , & fi fes aétions femblent lui fuppofer toutes les propriétés que je lui refufe, il faut charger la pure méchanique des organes de ces trompeufes apparences. | En réuniffant le méchanifme avec l’aion d'u principe immatériel & /oi-mouvans, dès-lors la gran- de difficulté s’affoiblit | & les aétions raïfonnées des brutes peuvent très-bien fe réduire à un principe fenfitif joint avec un corps organifé. Dans l’hypo= thefe de Defcartes , le méchanifme ne tend qu’à la confervation de la machine ; mais Le but & Pufage de cette machine eft inexpliquable , la pure matiere ne pouvant être fa propre fin, & l’arrangement le plus induftrieux d’un tout matériel ayant néceflaire- ment de fa confervation d’autre raifon que lui-même. D'ailleurs de cette réaction de la machine , je veux dire de ces mouvemens excités chez elle, en con- féquence de l’impreflion des corps extérieurs, on n’en peut donner aucune caufe naturelle ni finale. Par exemple , pour expliquer comment les bêtes cherchent l’aliment qui leur,eft propre, fufit-il de dire , que le picotement çaufé par certain fuc acre aux nerfs de l’eftomac d’un chien, étant tranfmis at éerveau , l’oblige de s'ouvrir vers les endroits les plus convénables, ponr faire couler les efprits dans les mufcles des jambes ; d’où fuit lé tranfport de la nachine du chien vers la viande qu’on lui offre? Je ne vois point deraifon phyfique qui montre que l’ébran: lement de ce nerftranfnis jufqu’au cerveau doit faire refluer les efprits animaux dans les mufcles qui pro- duifeatcetranfportutile à la machiné, Quelle force pouffé cés efprits précifément de ce côté-là ? Quand on auroit découvert la raifon phyfique qui produit un telefet , onen chercheroiït mutilement la caufe finale. La machine infenfble n’a aucun intérêt , puif- qu’elle n’eft fufceptible d’aucun bonheur ; rien à pro- prement parler, ne peut être utile pour elle. & Il en eft tout autrement dans l’hypothéfe du mé- chanifine réuni avec un principe fenfitif ; elle ef fondée fur une utilité réelle , je veux dire , fur celle du principe fenñtif, qui n’exifteroit point , s’il n’y avoit point de machine à laquelle ilfüt uni, Ce prin- _ &tpe étant air, il a le pouvoir de remuer les reflorts de cette machine , le Créateur les difpofe de ma: niere qu'il les puifle remuer utilement pour fon bon- heur , l'ayant conftruit avec tant d’aft, que d’un côté les mouvemens qui produifent dans lame des fentimens agréables tendent à conferver la machine, fource de ces fentimens ; & que d’un autre côté les defirs de l’ame qui répondent à ces fentimens , produifent dans la machine des mouvermens infenfi- bles, lefquels en vertu de l’harmonie qui ÿ règne ; tendent à leur tour à‘ la conferver en bon état , afin d’en tirer pour l’ame des fenfations agréables. La caufe phyfique de ces mouvemens de animal fi fage- ment proportionnés aux impreflions des objets, c’eft l’'aivité de l’ame elle-même, qui a la puiffance de mouvoir les corps ; elle dirige & modifie fon aétivité conformément aux diverfes fenfations , qu’excitent én élle certaines impreflions externes dès qu’elle y éft involontairement appliquée ; impreffions qui, felon qu’elles font agréables ou afiligeantes pour lame , font avantageuies ou nuifibles à la machine. D'autre côté à cette force , toute aveugle qu’elle eft , fe trouve foûmis un inftrument fi. artiftement fabriqué , que d’une telle fuite d'impreflions que fait fur lui cette force aveugle , réfultent des mouve- mens également réguliers & utiles à cet agent. Ainf tout fe lie & fe foûtient : l’ame, en tant que principe fenfitif , eft foïmife à un méchanifme qui lui tranfmet d’une certaine mamiere l’impreflon des objets du dehors; en tant que principe aétif , elle préfide elle-même à un autre méchanifme qui lui eft fubordonné , & qui n’étant pour elle qu'inftrument d’aétion , met dans cette aétion toute la régularité néceflaire. L’ame de la bête étant attive &c fenfitive tout enfemble , réglant fon aétion fur fon fentiment, & trouvant dans la àifpoñtion de fa machine & de quoi fentir agréablement , & de quoi exécuter utile- ment & pour elle, & pour le bien des autres parties de l'univers , eft le lien de ce double méchanifme ; élle en eff ia raïfon & la caufe finale dans Pintention du Créateur. Mais pour mieuxexpliquer ma penféé, füppofons un de ces chefs-d’œuvres de la méchanique où divers poids & divers reflorts font fi mduftrieufement ajuf tés , qu'au moindre mouvement qu’on lui donne, il produitles effets les plus furprenans & les plus agréa- bles à la vûe ; comme vous diriéz une de ces machi- nes hydrauliques dont parle M. Repis ; une de ces merveilleufes horloges , un de ces tableaux mou- vans , une de ces perfpeétives animées ; fuppofons qu'on dife à un enfant de prefler un reflort ; ou de tourner une mamivelle , & qu'aufli-tôt on apperçoi= ve des décorations fuperbes & des payfages rians ; qu'on voye remuer & danfer plufeuts figures , qu'on , | AME 349 énténde des foñs harmonieux, éc. cet enfant n’eft-il pas un apeït aveugle, par rapport à la machine ? Il en ignore parfaitement la difpofition , il ne fait com- ment & par quelles lois arrivent tous ces effets qui le furprennent ; cependant il eff la caufe de ces mou: vemens ; en touchant un feul réflort il a fait jouer toute la machine ; il eft la force mouvante qui lui dünne le branle. Le méchanifme éft l'affaire de l’ou- vrier qui a mventé cette machine pour le divertir : ce méchamifme que l’enfant ignore eft fait pour lui, & c’eft lui qui le fait agir fans le favoir, Voilà l’amié des bêtes : mais l’éxemple eft imparfait ; il faut fup- pofer qu'il y ait quelque chofe à ce refflort d’où dé- pend le jeu de la machine, qui attire l'enfant ; qui lui plaît & qui l’engage à le toucher. Il faut fup= pofèr que lenfant s’avançant dans une grote, à peine a-t-l appuyé fon pied für un certain endroit où eft un reflort , qu’il paroît un Neptune qui vient lé menacer avec fon trident ; qu'effrayé de cette apparition , il fuit vers un endroit où un autre ref- fort étant preflé , fafle furvenirunefigure plus agréa- ble ; où fafle difparoître la premiere. Vous voyez que l'enfant contribue à ceci, commeun agent aveu- gle, dont l’adivité eft déterminée par l’imprefion agréable ou éffrayante que lui caufent certainsobjets. L’arre dé la bére eft de même ; & delà ce merveil- leux concért entre l’impreflion des objets & les mou- veémens qu'elle fait à leur occafion. Tout ce que ces mouvemens ont de fage & de régulier éeft fur le compte de lintelligence fuprème qui a produit la machine , par des vües dignes de fa fagefle &c de fa bonté. L’ame eft le but de la machiné ; elle en eft la force mouvante ; réglée par le méchanifme , elle le reglé à fon tour. Il en eft ainfi de l’homme à cer- tains égards , dans toutes les a@ions , ou d'habitude, où d’inftinét: il n’agit que comme principe fenfitif, il n’eft que force mouvante brufquement déterminée par la fenfation : ce que l’homme eft à certains égards , les bêtes le font en tout ; & peut-être que fi dans l’homme le principe intelligent & raifonna- ble étoit éteint , on n’y verroit pas moins de niou- vemens raiônnés , pour ce qui regarde le bien du Corps , OU; ce qui revient à la même chofe , pour Putilité du principe fenfitif qui refteroit feul , que l’on n’en remarque dans les brutes. Si l’arme des bétes eft immatérielle , dit-on, fi c’eft un éfprit comme notre hypothefe Le fuppofe, elle eft donc immortelle, & vous devez néceflairement lui accorder le privilége de l’immortalité , comme un apanage iñiféparable de la fpiritualité de fa nature, Soit que vous admettiez cette conféquence, foit que vous preniez lé parti de la nier, vous vous jettez dans un tertible embarras. L’immortalité de l'arme des béres et une opinion trop choquante & trop ridicule aux yeux de la raïfon même , quand elle ne feroit pas profcrite par une autorité fupérieure, pour l’ofer oûtenir férienfement. Vous voilà donc réduit à nier la conféquence, & à foûtenir que tout être immaté- fiel n’eft pas immortel : mais dès lors vous äncan- tiflez une des plus grandes preuves que la raifon fournifle pour l’immortalité de l'ame. Voici comme lon a coûtume de prouver ce dogme : l'ame ne meurt pas avèc le corps ; parce qu'elle n’eft pas corps; parce qu’elle n’eft pas divifible comme lui ; parce qu’elle n’eft pas un tout tel que le corps humain, qui puifle périr par le dérangement ou la féparation des parties qui le compofent, Cet argument n’eftfolide, qu’au cas que le principe fur lequel il roule le foit auf ; favoir, que tout ce qui éft immatériel eft ims mortel ; & qu’auctine fubftance n’eft anéantie : mais ce principe fera réfuté par l'exemple des bêtés ; donc la fpiritualité de lame des bêres ruime les preuves de Pimmortalité de l'ame humaiñié, Cela feroit bon fi de ce raifénnement nous concluiüns l’immortalité 330 AME ‘de lame humaine : mais il n’en eft pas ani. La parfaite certitude que nous avons de limmorta= Titéde nos ames nefe fonde quedur ce que Dieu Va révelée : or la même révélation qui nous ap: -prend que lame humaine eft immortelle, nous ap- ‘prend auffi que celle des bêtes n’a pas le même pri- vilége. Ainf, quoique l’are des bétesloït {piritwelle , -&qu'elle meure avec Île corps, cela n’obfcurcit nul- lement le dosme de limmortalité de nos ames, puif- que ce font là deux vérités de fait dont la certitude a -poür fondement commun Le témoignage divin. Ce -neftipas que la raifon ne fe joigne à la révélation pour établir l’immortalité de nos ames : mais elle tire fes preuves d’ailleurs que de la fpiritualité. El eft -Vrai qu’on peut mettre à la tête des autres preuves la fpiritualité ; 1l faut aguerrir les hommes contre les dificultés qui les étonnent : accoïtumés, en vertu -d'une pente qui leur eft naturelle,à confondre l’ame avec le corps; voyant du moins , malgré leur dif- tinéhon ; qu'il n’eft pas poflible de ne pas fentir com- bien le corps a d’empire fur l'ame, à quel point il influe fur fon bonheur 8 fur fa mifére, combien la ‘dépendance mutuelle de ces deux fubftances eft étroite; on fe perfuade facilement que leur deftinée eft la même; 8c que puilque ce qui nuit,au corps blefle l'ame , ce qui détruit le corps doit aufhi ne- ceffairement la détruire. Pour nous munir contre cé préjugé, rien n’eft plus efficace que le faïfonnement fondé fur la différence eflentielle de ces deux êtres, qui nous prouve que l’un peut fubffter fans l’au- tre. Cet argument n’eft bon qu'à certains égards, &c pourvû qu'on ne le poufle que jufqu’à un certain point. Il prouve feulement que lame peut fubfiter après la mort; c’eft tout ce qu’il doit prouver : cette pofibilité eft le premier pas que l’on doit faire dans lexamen de nos queftions; 8 ce premier pas eft important. C’eft avoir fait beaucoup que de nous convaincre que notre ame eft hors d'atteinte à tous les coups qui peuvent donner la moit à notre corps. Si nous réfléchiflons fur la nature de lame des bêtes, elle ne nous fournit rien de fon fonds qui nous porte à croire que fa {piritualité la fauvera de lanéantiffe- ment, Cette ame, je l'avoue, eft immaténelle ; elle a quelque degré d’a@ivité & d'intelligence , mais cette intelligence fe borne à des perceptions indif- tindtes ; cette aivité ne confifte que dans des defirs confus , dont ces perceptions indiftinétes font le mo- tif immédiat. Il eft très - vraiflemblable qu'une ame purement fenfitive , & dont toutes les facultés ont befoin., pour fe déployer, du fecours d’un corps or- ganifé, n’a été faite que pour durer autant que ce corps : ileft naturel qu'un principe uniquement ça- pable de fentir, un principe que Dieu n’a fait que pour l’unir À certains organes , celle de fentir &.d’e- xifter , aufli-tÔt que ces organes étant diflous, Dieu fait cefler l’union pour laquelle feule il Pavoit créée. Cette ame purement fenfitive n’a point de facultés qu’elle puife exercer dans l’état de féparation d'avec {on corps : elle ne peut point croitre en félicité, non plus qu’en connoïflance, ni contribuer éternelle- ment, comme l’ame humaine , à la gloire du. Créa- teur, par un progrès éternel de lumieres & de ver- tus. D'ailleurs, elle.ne réfléchit point, elle ne pré- voit nine defire l’avenir, elle efttoute occupée de ce qu’elle fent à chaque inftant de fon exiftence ; on ne peut donc point dire que la bonté de Dieu l’en- gage à lui accorder un bien dont elle ne fauroit fe former l’idée , à lui préparer. un avenir qu'elle n’ef- pere ni ne defire. L'immortalité n’eft point faite pour une telle ame ; ce n’eft pointun bien dont elle puifle joiur ; car pour jouir de ce bien, il faut être capable de réflexion , il faut pouvoir anticiper par la pen- {e fur l’avenir Le plus reculé ; il faut pouvoir fe dire à foi-même, je {is immortel, & quoi qu'il arrive, -: je ne ceflerai jamais d’être, & d’être henterixs - L’objethion prile des fouffrances des bêtes: vefhla; plus redoutable-detoutes celles que lon puifle faire contre la fpiritualité de leur re: elleeft d'unfigrand. poids ; que les Cartéfiens ont'crù la:pouvoirtourner en preuve de leur fentiment, feule capable-deles- y retenir , malgré lés embarras infurmontables où ce fentiment les jette. Si les brutes ne font pas de. pures machines, fi elles fentent, f elles connoïfent,, elles font fufceptibles de la douleur. comme du plai- fr; elles font fujettes à un déluge de maux, qu’elles, {ouffrent fans qu'il-y ait de leur faute , 8c fans l’a Voir mérité, puifqu'elles font innocentes , 8 qu’el= les n’ont jamais violé l’ordre qu’elles ne connoïffent. point. Où eften ce cas la bonté, où eft l'équité du. Créateur? Où eft la vérité de ce principe qu'on doit reparder comme une loi éternelle de l’ordre à. Sous ur: Dieu jufte, on ne peut être miférable fans d'a voir mérité, Mais ce qu'il ya de pis dans leur condi-. tion, c’eft qu’elles fouffrent dans cette vie fans au. cun dédommagement dans une autre, puifque leur. ame meurt avec le corps ; & c’eft ce qui double la. difficulté. Le Pere Malbranche à fort bien ponufé. cette objettion dans fa défenie contre les accufa- tiüns de M.-de la Ville, | de | Je répons d’abordque ce principe de S. Ausuftin,; favoir., que fous un Dieu jufle-on ne peut être miférable Jans l'avoir mérité ; n’eit faitque pour les créatures! raïfonnables , & qu’on ne fauroit en faire qu'à elles feules d’apphcation jufte, L'idée de juflice, celle de mérite & de démérite, fuppofe qu'ileft queftion d’un agerit hbre , & de la conduite.de Dieu à l’égard-de ‘cet agent. Il n’y a qu'un tel agent qui foit capable de vice & de vertu , 8 qui puifle mériter quoi que ce foit. La maxime en queftion n’a donc aucun rap- port à l’arne des bêtes. Cette ame eft capable de fenti: ment , mais elle ne l’eft ni deraïfon, ni de liberté, ni de vice , ni de vertu ; n'ayant aucune idée de re- gle, de loi ; de bien ni de mal moral , elle n’eft ca- pable d’aucune ation moralement bonne où mau- vaile. Comme chez elle le plaïñr ne peut être ré- _compenfe , la douleur n’y peut être châtiment : il faut donc changer la maxime , & la réduire à celle- ci; favoir, que fous un Dieu bon aucune créa- ture ne peut être néceflitée à fouffir fans l’avoir mérité : mais loin que ce principe foit évident, je crois être en droit de foûtenir qu'il eft faux. L’ame des brutes eft fufceptible de {enfations, & n’eft fuf- ceptible que de cela : elle eft donc capable d’être heureufe en quelque degré. Mais comment le fera-t- elle ?.c’eft en s’uniffant à un corps organifé ; {a con- ffitution.eft telle que la perception confufe qu’elle aura d’une certaine luite de mouvemens , excités par les objets extérieurs dans le corps qui lui eft uni, produira chez.elle une fenfation agréable : mais auf, par une conféquence néceflaire, cette ame, à l’oc- cafion de fon corps, fera fufceptible de douleur comme de plaïfir. Si la perception d’un certain ordre de mouvemens lui plait , il faut donc que la percep- tion d’un ordre de mouvemens tout différens l’aflige & la bleffe : or felon les lois générales de la nature, ce corps auquel l’ame eftunie doit recevoir affez {ou- vent des impreflions de ce dernier ordre , comme il en reçoit du premier , & par conféquent l’ame doit recevoir des fenfations douloureufes, aufli-bien. que des fenfations agréables, Cela même eft nécef- faire pour lPappliquer à la confervation de la ma= chine dont fon exiftence dépend , & pour la faire agir d’une maniere utile à d’autres êtres de l'univers; cela d’ailleurs eft indifpenfable : voudriez-vous que cette ame n’eût que des fenfations agréables ? Il fau- droit donc changer le cours de la nature, & fuipen- dre les lois du mouvement ; car les lois du, mouve- ment produifent çette alternative d’impreflions op- AME potées dans les corps vivans, comme elles produite fent celles de leur génération & de leur deftruétion : mais de ces lois réfulte le plus grand bien de tout le fyflème immatériel, & dés intelligences qui lui font unies ; la fufpenfon de ces lois renverferoit tout. Qu'emporte donc la jufte idée d’un Dieu bon ? c’eft que quand 1l agit 1l tende toüjours au bien, & produife un bien; c’eft qu’il n’y ait au- cune créature fortie de fes mains quine gagne à exifter plütôt que d’y perdre: or telle eft la condi- tion des bêtes; qui pourroit pénétrer leur intérieur, y trouveroit une compenfation des douleurs & des plaifirs , qui tourneroit toute à la gloire de la bonté divine, on y verroit que dans celles qui foufrent inégalement, 11 y a proportion , imégalité , ou de plaïfirs ou de durée ; & que le degré de douleur qui pourroit rendre leur exiftence malheureufe , eft pré- cifément ce qui la détruit : en un mot, fi l’on dedui- {oit la fomme des maux, on trouveroit toüjours au bout du calculun réfidu de bienfaits purs , dont elles font uniquement redevables à la bonté divine ; on verroit que la fagefle divine a fû ménager les cho- fes; en forte que dans tout individu fenfitif , le de- gré du mal qu'il fouffre , fans lui enlever tout Pa- vantage de fon exiftence , tourne d’ailleurs au profit de lunivers. Ne nous imaginons pas aufli que les fouffrances des bêtes reffemblent aux nôtres : les bé- tes ignorent un stand nombre de nos maux, parce qu’elles n'ont pas les dédommagemens que nous avons ; ne jouiflant pas des plaïfrs que la raïfon pro- cure , elles n’en éprouvent pas les peines : d’ailleurs, la perception des bêtes étant renfermée dans le point indivifible du préfent , elles foufrent beaucoup moins que mous par les douleurs du même genre, parce que l’impatience & la crainte de avenir n'ai- grit point leurs maux, & qu'heureufement pour elles 1l leur manque une raifon ingémeufe à fe les groffir. Mais n’y a-t-1l pas de la cruauté & de linjuflice à faire foutfrir des armes 8e à les anéantir, en détrui- fant leurs corps pour conferver d’autres corps? n’eft- ce pas un renverfement vifible de l’ordre, que lame d’une mouche, qui eft plus noble que le plus noble des corps, puifqu’elle eft fpirituelle, foit détruite afin que la mouche ferve de pâture à Phirondelle, qui eût pà fe nourrir de toute autre chofe? Eftl jufte que _ Pame d’un poulet fouffre & meure afin que le corps de l’homme foit nourri? que lee du cheval endure mille peines & mille fatigues durant ñ long-tems, pour fournir à Phomme Pavantage de voyager commo- dément ? Dans cette multitude d’asres qui s’anéantif- fent tous les jours pour les befoins paflagers des corps vivans, peut-on reconnoitre cette équitable & fage fubordination qu’un Dieu bon & jufte doit nécefai- rement obferver? Je réponds à cela que largument feroit viétorieux, fi les armes des brutes fe rapportoient aux corps & fe terminoient à ce rapport; car certai- nement tout être fpirituel eft au-deflus de la matiere. Mais, remarquez-le bien, ce n’eft point au corps, comme corps, que fe termine l’ufage que le Créateur tire de cette axe fpirituelle, c’eft au bonheur des êtres intelligens. Sile cheval me porte, &c fi le poulet me - nourrit , ce font bien là des effets qui le rapportent direftement à mon corps : mais ils fe terminent à mon ame, parce que mon ame feule en recueille Vutilité. Le corps n'eft que pour l'ame, les avantages du corps {ont des avantages propres à l'ame ; toutes les douceurs de la vie animale ne font que pour elle, n’y ayant qu'elle qui puifle fentir, & par conféquent être fufcepuible de félicité. La queftion reviendra donc à favoir fi l’ae du cheval, du chien, du pou- let, ne peut pas être d’un ordre aflez inférieur à l’ame humaine, pour que le Créateur employe celle-là à procurer, même la plus petite partie du bonheur de celle-ci, fans violer les regles de ordre & des pro- AME 391 _ portions. On peut dire la même chofe de la mouche à l'égard de l’hirondelle, qui eft d’une nature plus: excellente, Pour l’anéantiflement, ce n’eft point un mal pout une créature qui ne refléchit point fur fon. exiftence, qui eft incapable d’en prévoir la fin, & de comparer, pour ainf dire , l’être avec le non: être, quoique pour elle l’exiftence foit un bien, parce qu’elle fent. La mort, à l’égard d’une ame fen- fitive , n’eft que la fouftraétion d’un bien qui n’étoit pas dû; ce n’eft pont un mal qui empoifonne les dons du Créateur & qui rende la créature malheureufe. Ainfi, quoique ces armes êt ces vies innombrables que Dieu tire chaque jour du néant, foient des preu: vés: de la bonté divine, leur deftruétion journalieré ne bleffe point cet attribut : elles fe rapportent au monde dont elles font partie ; elles doivent {ervir à Vutilité des êtres qui le compofent; ilfufit que cette utilité n’exclue point la leur propre, & qu’elles foient heureufes en quelque mefure', en contribuant au bon: heur d'autrui. Vous trouverez ce fyflème plus déve: loppé &c plus étendu. dans le traité de l’effai philofo- phique fur lwre des. bêtes de M. Bouillet, d’où ces res fléxions ont été tirées. L’Arnufèment philofophique du Pere Bougeant Jéfite fur le langage des bêtes, a eu trop. de cours dans le monde, pour ne pas mériter de trouver ici {a place. S'il n’eft vrai, du moins il eft ingénieux. Les bêtes ont-elles une ame, ou n’en ont-elles point ? queftion épineufe & embarraffante furtout pour un philofophe chrétien. Defcartes fur ce principe,qu’on peut expli- quer toutes les aétions des bêtes par les lois de la méchanique, a prétendu qu’elles n’étoient que de fimples machines, de purs automates. Notre raïfon femble fe révolter contre un tel fentiment : il y a même quelque chofe en nous qui fe joint à elle pour bannir de la fociété l'opinion de Defcartes. Ce n’eft pas un fimple préjugé, c’eft une perfuafon intime, un fentiment dont voici Porigine. Il s’eft pas poffible que les hommes avec qui je vis foient autant d’auto- mates ou de perroquets inftruits à mon infu. Fap- perçois dans leur extérieur des tons & des mouve- mens qi paroïfient indiquer une ame : je vois régner un certain fil d'idées qui fuppole la raïfon : je vois de la laifon dans les raonnemens qu’ils me font, plus ou moins d’efprit dans les ouvrages qu’ils compofent. Sur ces apparences ainfi raflemblées, je prononce hardiment qu’ils penfent en effet. Peut-être que Dieu pourroit produire un automate en tout femblable au corps humain, lequel par les feules lois du mécha- nifme,, parleroit, feroit des difcours fuivis, écriroit des livres très-bien raïfonnes. Mais ce qui me raffüre contre-toute erreur, c’eft la véracité de Dieu. Il me fufit de trouver dans mon ame le principe unique qui réunit & qui explique tous ces phénomenes qui me frappent dans mes femblables, pour me croire bien fondé à foûtenir qu’ils font hommes comme moi. Or les bêtes font par rapport À moi dans le mê- me cas. Je vois un chien accourir quand je l'appelle, me carefler quand je le flatte , trembler & fuir quand je le menace, m’obéir quand je lui commande, & donner toutes les marques extérieures de divers {en- timens de joie, de triftefle , de douleur, de crainte, de defir, des pañons de Pamour & de la haine ; je conclus auffi-tôt qu'un chien a dans lui-même un principe de connoïffance &c de fentiment, quel qu'il foit. Il me fuffit que l'axe que je lui fuppoñe foit lu- nique raifon fufhfante qui fe lie avec toutes ces ap- parences & tous ces phénomenes qui me frappent les yeux, pour que:je fois perfuadé que ce n’eft pas une machine. D'ailleurs une telle machine entrai- neroït avec elle une trop grande compoñtion de reflorts , pour que cela puifle s’allier avec la fageñle de Dieu qui agit toñjours par les voies les plus fime ples, Il-y a toute apparene que Defcartes, ce génie 3 52 AME fi fupérieur , n’a adopté un fyftème fi peu conforme à nos idées , que comme un jeu d’efprit, & dans la feule vûe de contredire les Péripatéticiens ; dont en effet le fentiment fur la connoïflance des bêtes n’eft pas foûtenable. Il vaudroit encore mieux s’en temir aux machines de Defcartes, fi l’on n’avoit à leur oppofer que la forme fubftantielle des Péripatéti- ciens , qui n'eft ni efprit ni matiere. Cette fubftance mitoyenne eft une, chimere , un être de raïfon dont nous n'avons ni idée ni fentiment. Eff-ce donc que les bêtes auroient une ame fpirituelle comme l’hom- me ? Mais fi cela eft ainf, leur ame fera donc immor- telle & libre; elles feront capables de mériter ou de démériter , dignes de récompenfe ou de châtiment; il leur faudra un paradis & un enfer. Les bêtes fe- ront donc une efpece d'hommes, ou les hommes une efpece de bêtes ; toutes conféquences infoûtenables dans les principes de la religion. Voilà des dificul- tés à étonner Les efprits les plus hardis, mais dont on trouve le dénouement dans le fyftème de notre Jé- fuite. En effet pouryvû que lon fe prête à cette fup- pofition , que Dieu a logé des démons dans le corps des bêtes ; on conçoit fans peine comment les bêtes peuvent penfer, connoitre, fentir & avoir une ame {pirituelle, fans intérefler les dogmes de la religion. Cette fuppoñtion n’a rien d’abfurde ; elle coule mé- me des principes de la religion. Car enfin, puifqu'il eft prouvé par plufieurs paffages de l’Ecriture, que les démons ne fouffrent point encore les peines de l'enfer , & qu'ils n’y feront livrés qu’au jour du juge- ment dernier , quel meilleur ufage la juftice divine pouvoit-elle faire de tant de légions d’efprits réprou- vés , que d’en faire fervir une partie à animer des millions de bêtes de toute efpece , lefquelles rem-, pliflent Punivers , & font admirer la fageffe & la tou- te-puiflance du Créateur ? Mais pourquoi les bêtes, dont l’ame vraiflemblablement eft plus parfaite que la nôtre , n’ont-elles pas tant d’efprit que nous ? Oh, dit le Pere Bougeant , c’eft que dans les bêtes , com- me dans nous , les opérations de l’efprit font aflujet- ties aux organes matériels de la machine, à laquelle il eft uni ; & ces organes étant dans les bêtes plus grofliers & moins parfaits que dans nous , 1l s’enfuit que la connoïffance , les penfées & toutes les opéra- tions fpirituelles des bêtes, doivent être aufli moins parfaites que les nôtres. Une dégradation fi honteufe pour ces efprits fuperbes , pufqu’elle les réduit à n'être que des bêtes , eft pour eux un premier effet de la vengeance divine , qui n’attend que le dernier jour pour fe déployer fur eux d’une maniere bien plus terrible. Une autre raïfon qui prouve que les bêtes ne font que des démons métamorphofés en elles , ce font les maux exceflifs auxquels la plüpart d’entr’elles font expofées , & qu’elles fouffrent réellement. Que les chevaux font à plaindre, difons-nous , à la vüe d’un cheval qu'un impitoyable charretier accable de coups ! qu’un chien qu’on dreffe à la chaffe eft mi- férable ! que le fort des bêtes qui vivent dans les bois eft trifte ! Or fi les bêtes ne font pas des démons, qu'on m'explique quel crime elles ont commis pour naître fujettes à des maux fi cruels ? Cet excès de maux eft dans tout autre fyftème un myftere incom- préhenfble ; au lieu que dans le fentiment du Pere Bougeant , rien de plus aifé à comprendre, Les ef- prits rebelles méritent un châtiment encore plus rigoureux : trop heureux que leur fupplice foit diffé- té ; enunmot, la bonté de Dieu eftjuftifiée ; l’hom- me lui-même eft juftifié. Car quel droit auroitl de donner la mort fans néceflité, & fouvent par pur divertiflement à des millions de bêtes , fi Dieu ne lavoit autorifé ? & un Dieu bon &c juite auroit-il pù donner ce droit à l’homme ; puifqu’après tout, les bêtes font auffi fenfbles que nous-mêmes, à la dou- AME leur & à la mort ; fi ce n’étoient autant de coupa= bles viétimes de la vengeance divine ? Mais écoutez, continue notre Philofophe , quelque chofe de plus fort & de plusintéreffant. Les bêtes font naturellement vicieufes : les bêtes carnacierés & les oïfeauxde proie font cruels ; beaucoup d'infeîtes de la mème efpece fe dévorent les uns les autres ; les chats font perfides & ingrats; les finges font malfai- fans ; les chiens font envieux ; toutes font jaloules & vindicatives à l’excès , fans parler de beaucoup d’au- tres vices que nous leur connoïflons. Il faut dire de deux chofes l’une : ou que Dieu a pris plaïfir à for- mer les bêtes aufli vicieufes qu’elles font , & à nous donner dans elles des modeles de tout ce qu'il y a de plus honteux ; ou qu’elles ont comme l’homme un pé- ché d’origine qui a perverti leur premiere nature. La premiere de ces propofitions fait une extrème peine à penfer , &c eft formellement contraire à l’Ecriture- fainte,qui dit que tout ce qui fortit des mains de Dieu à la création du monde, étoit bon & même fort bon. Or fi les bêtes étoient telles alors qu’elles font aujour- d’hui, comment pourrait-on dire qu’elles fuffent bon- nes & fort bonnes ? Où. eft le bien qu’un finge {oit fi malfaifant, qu'un chien foit fi envieux, qu’un chat foit fi perfide?Il faut donc recourir à la feconde propo- fition, & dire que la nature des bêtes a été comme cel- le de l’homme corrompue par quelque péché d’origi- ne ; autre fuppofition qui n’a aucun fondement, &r qui choque également la raifon & la religion. Quel parti prendre ? admettez le fyftème des démons changés en bêtes, tout eft expliqué. Les armes des bêtes font des efprits rébelles qui fe {ont rendu coupables envers Dieu. Ce péché dans les bêtes n’eft point un péché d’origine, c’eft un péché perfonnel qui a corrompu 8&c perverti leur nature dans toute fa fubftance : de là tous les vices que nous leur connoïfions. Vous êtes peut-être inquiet de favoir quelle eft la deftinée des démons après la mort des bêtes. Rien de plus aifé que d’y fatisfaire. Pythagore enfeignoit autrefois , qu’au moment de notre mort nos ames paf- fent dans un corps foit d'homme , {oit de bête, pour recommencer une nouvelle vie, & toùjours ainfi fuc- ceffivement jufqu’à la fin des fiecles. Ce fyftème qui eft infoûtenable par rapport aux hommes, & qui eft d’ailleurs profcrit par la religion , convient admira- blement bien aux bêtes, felonle P. Bougeant, & ne choque ni lareligion, n1 la raïfon. Les démonsdeftinés de Dieu à être des bêtes, furvivent néceflairement à leur corps, & cefleroient de remplir leur deftina- tion, fi lorfque leur premier corps eft détruit, ils ne pafloient aufli-tôt dans un autre pour recommen- cer à vivre fous une autre forme. Si les bêtes ont de la connoïffance & du fentiment, elles doivent conféquemment avoir entre-elles pour leurs befoins mutuels , un langage intelligible, La chofe eft poffible , il ne faut qu’examuner fi elle eft néceflaire. Toutes les bêtes ont de la connoïflance , c’eft un principe avoté ; & nous ne voyons pas que l’Auteur de la nature ait pü leur donner cette con- noiffance pour d’autres fins que de les rendre capa- bles de pourvoir à leurs befoins , à leur conferva- tion, à tout ce qui leur eft propre & convenable dans leur condition , & la forme de vie qu’il leur a prefcrite. Ajoûtons à ce principe, que beaucoup d’ef- peces de bêtes font faites pour vivre en fociété , & les autres pour vivre du moins en ménage, pour ainfi dire , d’un mâle avec une femelle , & en fanulle avec leurs petits jufqu'à ce qu’ils foient élevés. Or, fi l’on fuppofe qu'elles n’ont point entr’elles un langage, quel qu’il foit, pour s'entendre les unes les autres ». on ne conçoit plus comment leur fociété pourroit fubfifter: comment les caftors, par exemple, s’aide- roient-ils les uns les autres pour fe bâtirun domicile , s'ils n’avoient un langage très-net & aufh intelligi- ble ble pour eux que nos langues le font pour nous ? La connoiïfflance fans une communication réciproque par un langage fenfible & connu , ne fuffit pas pour entretenir la fociété , ni pour exécuter une entreprife aui demande de l’union & de l'intelligence. Com- ment les loups concerteroient-ils enfemble des rufes de guerre dans la chaffe qu'ils font aux troupeaux de moutons, s'ils ne s’entendoient pas ? Comment enfin des hirondelles ont-elles pü fans fe parler former tou- tes enfemble Le deflein de claquemurer un moineau qu’elles trouverent dans le nid d’une de leurs cama- rades, voyant qu’elles ne pouvoient l’en chafler ? On pourroit apporter mille autres traits femblables pour appuyer cé rafonnement. Mais ce qui ne fouf- fre point 1ci de difficulté , c’eft que fi la nature les a faites capables d'entendre une langue étrangere , comment leur auroit-elle refufe la faculté d'entendre &c de parler une langue naturelle ? car les bêtes nous parlent & nous entendent fort bien. Quand on fait une fois que les bêtes parlent & s'entendent, la curiofité n’en eft que plus avide de connoître quels font les entretiens qu’elles peuvent avoir entre elles. Quelque difficile qu'il foit d’expli- quer leur langage & d’en donner le diétionnaire , le Pere Bougeant a ofé le tenter. Ce qu’on peut aflurer, c’eft que leur langage doit être fort borné , puifqu'l ne s'étend pas au-delà des befoins de la vie ; car la nature n’a donné aux bêtes la faculté de parler, que pour exprimer entre elles leurs defirs & leurs fenti- mens , afin de pouvoir fatisfaire par ce moyen à leurs befoins & à tout ce qui eft néceffaire pour leur con- fervation : or tout ce qu’elles penfent , tout ce qu’el- les fentent , {e réduit à la vie animale. Point d'idées abftraites par conféquent , point de rafonnemens métaphyfiques, point de recherches curieufes fur tous les objets qui les environnent , point d’autre fcience que celle de fesbien porter, de fe bien con- ferver , d'éviter tout ce qui leur nuit , & de fe pro- curer du bien. Ce principe une fois établi, que les connoïffances , les defirs, les befoins des bêtes, & par conféquent leurs expreffions font bornées à ce qui eftutile ou néceflaire pour leur confervation ou la multiplication de leur efpece, :l n’y a rien deplus aifé que d'entendre ce qu’elles veulent fe dire. Pla- cez-vous dans les diverfes circonftances où peut être quelqu'un qui ne connoît &c qui ne fait exprimer que {es befoins, & vous trouverez dans vos propres dif- cours l'interprétation de ce qu’elles fe difent. Com- me la chofe qui les touche le plus eff le defir de mul- tiplier leur efpece, ou du moins d’en prendre les moyens , toute leur converfation roule ordinaire- ment fur ce point. On peut dire que le Pere Bougeant a décrit avec beaucoup de vivacite leurs amours, & que le diétionnaire qu’il donne de leurs phrafes ten- dres & voluptueufes, vaut bien celui de Opéra. Voilà ce qui a révolté dans un Jéfuite, condamné par-état à ne jamais abandonner fon pinceau aux mains de l’amour. La galanterie n’eft pardonnable dans un ouvrage philofophique, quelorfque Auteur de ouvrage eft homme du monde ; encore bien des perfonnes l'y trouvent-elles déplacée. En prétendant ne donner aux raifonnemens qu’un tourléger & pro- pre à intérefler par une forte de badinage, fouvent on tombe dans le ridicule ; & toûjours on caufe du fcandale, fi l’on eft d’un état qui ne permet pas à l'i- magination de fe livrer à fes faillies. Il paroït qu'on a cenfuré trop durement notre Jéfuitefur ce qw’il dit, que les bêtes font animées par des diables. Il eft aifé de voir qu'il n’a jamais regardé ce fyftème que com- me une imagination bifarre & prefque folle, Le titre d’amufement qu'il donne à fon livre, & les plaifante- aies dont il l’égaye, font aflez voir qu’ilne le croyoit pas appuyé fur des fondemens affez {ohides pour opé- rer une vraie perfuafñon, Ce n’eft pas que ce fyftême Tome I. AME 353 né réponde à bien des difficultés , & qu'il ne fût aflez dificile de lé convaincre de faux : mais cela prouve feulement qu’on peut aflez bien foûtenir une opinion chimérique , pour embarrafer des perfonnes d’ef- prit, mais non pas aflez bien pour les perfuader. Il n’y a, dit M. de Fontenelle dans une occafñon à peu près femblable , que la vérité qui perfuade , même fans avoir befoin de paroïtre avec toutes fes preu- ves. Elle entre fi naturellement dans lefprit , que quand on lapprend pour la premiere fois , il femble qu'on ne fafle que s’en fouvenir. Pour moi, s’il m’eft permis de dire mon fentiment, je trouve ce petit ou= vrage charmant & très-agréablement tourné. Je n°y vois que deux défauts ; celui d’être l’ouvrage d’un Religieux ; & l’autre , le bifarre aflortiment des plai- fanteries qui y font femées , avec des objets quitou- chent à la religion, & qu’on ne peut jamais trop ref pecter. (#) ÂME DES PLANTES (Jardinage. ) Les Phyficiens Ont tojouts été peu d'accord fur le lieu où réfide Varne des plantes ; les uns la placent dans la plante, ou dans la graine avant d’être femée ; les autres dans les pepins ou dans le noyau des fruits. La Quintinie veut qu'elle confifte dans le milieu des arbres qui eft le fiége de la vie, & dans des ra- cines faines qu’une chaleur convenable & lhumidité de la feve font agir. Malpighi veut que les princi-’ paux organes des plantes foient les fibres ligneufes , les trachées , les utricules placées dans la tige des arbres. D’autres difent que l’ae des plantes n’eft au- tre chofe que les parties fubtiles de la terre, lef- quelles poufiées par la chaleur, pañlent à travers les pores des plantes, où étant ramañlées, elles for- ment la fubftance qui les nourrit, Voyez TRACHÉE. Aujourd’hui en faifant revivre le fentiment de Théophrafte, de Pline, &c de Columelle', on foûù- tient que lame des végétaux réfide dans la moelle qui s'étend dans toutes les branches & les bour- geons. Cette moelle qui eft une efpece d'ame, & qui fe trouve dans le centre du tronc & des bran- ches d’un arbre , fe remarque plus aifément dans les plantes ligneufes , telles que le fureau , le fieuier, & la vigne , que dans les herbacées ; cependant par analogie , ces dernieres n’en doivent pas être dé- pourvües. Voyez LIGNEUX , HERBACÉE , &c. Cette amen’eft regardée dans les plantes que comme végétative ; & quoique Redi la croye fenfitive, on ne l’admet qu’à l'égard des animaux : on reftraint à Phomme , comme à l'être le plus parfait, les trois qualités de lame, favoir de vésétative , de fenfitive, & de raifonnable. (X) ÂME DE SATURNE , anima Saturni , felon quel- ques Alchimifles , eft la partie du plomb la plus par- faite , qui tend à la perfeétion des métaux parfaits ; laquelle partie eft felon quelques-uns, la partie tei- gnante. (M) ÂME, cerme d’ Architecture &c de Déffèin ; c’eft l’ébau- che de quelques ornemens , qui fe fait fur une ar-» mature de fer, avec mortier compofé de chaux & de ciment , pour être couverte & terminée de ftuc ; on la nomme auf zoyau. Ame eft aufli une ar- mature de quelque figure. que: ce foit , recouverte de carton. On dit aufli qu’ deffein a de l'ame , pour dire que fon exquifle eft touchée d’art, avec feu & légereté. ÂME , (Sruccateur, ) On appelle ainfi la premiere forme que l’on donne aux fieures de ftuc , lorfqu’on les ébauche groffierement avec du plâtre, où bien avec de la chaux & du fable ou du tuileau caflé , avant que de les couvrir de ftuc, pour les finir ; c’eft ce que Vitruve , Liv. VIT. chap. 1. appelle nucleus, ou royau. Voyez la figure 12 Planche de ffuc. On ñomme aufli ame ou zoyau , les figures de terre on Yy 354 AME de plâtre qui fervent à former les figures qu’on jette en bronze, ou autre métal. Voyez NoyAU. AME , en terme d’Artillerie , eft le dedans du cali- bre, depuis l'embouchure jufqu’à la culafle, Voyez Canon & Noyau.(Q) . AME d’un gros cordage , ( Marine.) c’eft un certain nombre de fils de carrets, qui fe mettent au milieu de différens torons qui compofent le cordage ; cela s'appelle aufli la seche. Voyez CABLE 6 CORDAGE. Voyez FILS DE CARRETS , FORON. (Z) ÂME ; les Artificiers appellent ainfi le trou coni- ue pratiqué dans le corps d’une fufée volante le Le de fon axe, pour que la flamime s’y introduife d’abord aflez avant pour la foûtenir. Voyez FUSÉE VOLANTE. | ÂME , en terme de Boiffelier, c’eft un morceau de cuir qui forme dans le foufflet une efpece de foüpa- pe, qui y laïffe entrer l’air lorfqu’on écarte les deux palettes du foufllet, & l’y retient lorfqu’on les con- prime l’une contre l’autre ; ce qui oblige l’air con- tenu dans la capacité de cette machine de pafler par le tuyau de ferou de cuivre , appellé porte-venr , qui le porte au lieu où on le define. Voyez SOUFFLET DES ORGUES. _ * AME ou effieu d'un rôle de tabac ; c’eft le bâton autour duquel le tabac cordé eft monté. Il fe dit auffi des feuilles de tabac dont on remplit aux îles ce que l’onappelle azdouilles de tabac. Voyez l’article TABAC. AMELANCHIER , {. m. arbrifleau qui doit être rapporté au genre appellé zelier. V, NEFLIER. (7) * AMELIA , ville d'Italie , dans le Duche de Spo- lete. Long. 30. 4. lat. 42. 33. . AMÉLIORATION, £, fer Droir, fignifie l’accroif- fement ou progrès de la valeur & du prix d’une cho- {e. Voyez VALEUR. Ainfi améliorer, c’eft augmenter le revenu d’une chofe. On en diftingue de plufeurs fortes ; d’indifpenfa- bles , d’utiles , & de voluptueufes. Les améliorations in- difpenfables font celles qui étoient abfolument nécef- faires pour la confervation de la chofe. Les ziles {ont celles qui n’ont fait qu’augmenter fa valeur ou {on produit. (On tient compte à celui qui a fait les unes ou les autres, quoiqu'il n’eût pas commuiffion de les faire. Les améliorations voluptueufes font cel- les qui n’ajoûtent que des agrémens extérieurs à la chofe , fans en augmenter le prix. On n’eft pas obli- gé de tenir compte de celles-là à celui qui les a fai- tes fans pouvoir. ( A) - _ AMELIORER , verbe a@if, s'entend , er Jardinage , de la réparation qu’on fait à un ter- rein épuifé des fels néceffaires à la végétation , en le labourant bien , & l’échauffant par d’excel- lént fumier , pour l’engraifler & le rendre meilleur. Si c’eft une terre ufée ou très-mauvaile, on fera fouiller à trois piés de profondeur dans toute l’éten- due du terrein ; on enlevera la mauvaife terre, & on y en fera apporter de meilleure. On peut faire éncore retourner les terres à trois piés de bas, en commençant par un bout à faire une rigole de fix piés de large, & de toute l'étendue du jardin ; on ré- pandra dans le fond un lit de demi-pied de fumier convenable à la nature de la terre; on fera enfuite couvrir de terre le fumier, en obfervant de jetter dans le fond la terre de deflus, qui eft toûjours la meilleure , & que l’on aura eu foin de mettre à part. Par de femblables rigoles faites dans tout le terrein, on rejoindra la premiere rigole par où on avoit com- mencé, & on rendra cette terre plus vigoureufe, & même cela coûte moins que den rapporter de nou- velle, comme il a été dit ci-deflus. ‘Il fe trouveroit ün vuide à la derniere tranchée, fi le fumier qu’on a répandu partout, & quine laïfle pas de hauffer les terres, ne fuppléoit à ce défaut. Si on trouvoit une terre très-pierreule, on la paf- AME feroit à a groffe claie ; mais fi c’étoient de croffes pierres ou roches qui fe rencontraffent par efpace , on les pourroit laïfler ; elles ne nuiroiïent point; elles ferviroient même à la filtration des parties les plus groffieres de la terre, & à en détacher plus facile- ment les fels. (Æ) AMELIORISSEMENT , f. m. fe dit dans l'Ordre de Malte, dans le même fens qu'on dit par tout ail- leurs amélioration. Voyez AMELIORATION. (H) * AMELPODYF, nom de quatre arbres qui croiffent aux Indes. Ray qui en parle, rapporte quelques-unes de leurs propriétes : mais ils n’en donne d’autrés def. criptions que celles qui peuvent entrer dans des phra- fes de Botanique fort courtes. Il appelle , par exem- ple, le premier , arbor Indica acarpos, floribus umbella. ts rerrapetalis , & ainf des autres, * AMELSFELD , contrée de la Turquie en Euro- pe, dans la partie orientale de la Bofme, aux con- fins de la Servie, vers la riviere de Setniza. AMEN , mot hébreu , ufité dans l’Eglife à la fin de toutes les prieres folemnelles dont il eft la conclu- fon ; 1l fignifie far; c’eft-à-dire, ain/t-foir | ainfi-foit- 1!, Les Hébreux avoient quatre fortes d’armer ; l’un entr'autres qu'ils appelloient l’anez jufle, devoit être accompaoné de beaucoup d’attention & de devo- tion ; c’elt l’emez entendu dans le fens que nous ve- nons de linterpréter, lequel a pañlé dans toutes les langues fans aucune altération. Quelques Auteurs prétendent que le mot amer n’eft qu'un compofé des lettres initiales de ces mots , adonai melech neeman, Dominus rex fidelis | expref- fion ufitée parmi les Juifs, quand ils vouloient don- ner du poids & de l'autorité à ce qu’ils difoient. En effet, pour exprimer en abregé les mots 9N2 0n DIN, adonai, meleck, neeman, les Rabbins ne fe fervent que des lettres initiales, qui jointes enfemble forment réellement le mot TN, ame, Les Cabaliftes Juifs, en fuivant leur méthode de chercher des fens cachés dans les mots, méthode qu'ils appellent zoraricon, forment avec le motarrez, la phrafe entiere adonaï melech neeman. Foyez No- TARICON. D'un autre côté , 1l eft certain que le mot amer fe trouvoit dans la langue hébraïque, avant qu’il y eût au monde ni Cabale ni Cabaliftes, comme on le voit au Deutéronome, ch. xxvij.v. 18. PV. CABALE, &c. La racine du mot amen eft le verbe «man, lequel au pañlif fignifie étre vrai, fidele , conflant, &c. d’où a été fait le nom een qui figmifie vrai ; puis du nom amer On à fait une efpece d’adverbe afñirmatif, qui placé à la fin d'une phrafe ou d’une propofition, figni- fie qu'on y acquiefce, qu’elle eftvraie, qu’on en fou- baite l’accompliffement, &c. Ainf, dans le pañlage que nous venons de citer du Deutéronome, Moyte ordonnoit aux Levites de crier à haute voix au peu- ple : maudir celui qui taille ou jette en fonte aucune ma ge, &c. & le peuple devoit répondre amer; c’eft-à- dire , out , qu’il le foit, je le fouhaite, j'y confens. Mais au commencement d’une phrafe, comme il fe trouve dans plufñeurs paflages du Nouveau-Teftament, ül fignifie vraiment, véritablement, Quand il eft répété deux fois, comme il l’eft toüjours dans S. Jean, il a l'effet d’un fuperlatif, conformément au génie de la langue Hébraique , & des deux langues dont elle eft la mere , la Chaldaique & la Syriaque. C’eft en ce {ens qu'on doit entendre ces paroles : «men, amen’, dico vobis. Les Evangéliftes ont confervé le mot hé- breu amer dans leur grec, excepté:S. Luc quilex- prime quelquefois par ax4666 , véritablement , Ou va} , certainement. (G * AMENAGE,, {. m. erme de voiturier. C’eft tan- tôt l’a@ion de tranfporter les marchandifes d’un lieu dans un autre; tantôt la quantité de marchandifes _aménées. On dit: je férai l'amenage de mes huiles : il a Jait un fort amenage. * AMENAGER , v. aët: serme de commerce de bois ; c’eft le débiter, foit en bois. de charpente, {oit en bois deftinés à d’autres ufages. ._ AMENDABLE,, adj. terme de Droit, qui a deux fignifications différentes : quand on lapplique à une perfonne ; il fignifie qui mérité d’être impo[é à une amen- de ; quand on l’applique à une chofe, 1l fignifie gui mé: rite d'être amendte ; c'eft-à-dire d’être réformée où per- fe&tionnée. (4) AMENDABLE (Commerce. ) dans ce dernier fens eft très-commun dans les ftatuts des Corps & des Com- munautés des Arts & Mériers, & le dit des ouvrages faifis par lés Jurés, qui font en état d’être rendus meilleurs , 8€ qui pour cela ne font pas fujets à con fifcation. À Paris c’eft la Chambre de Police qui juge fiune befogne eft amendable ou non : & dans le pre- mier {ens 1l s'entend aufli des artifans qui méritent d’être mis à l’amende pour avoir contrevenu à leurs ftatuts &r reglemens. Voyez AMENDE. (G) AMENDE , f. £, (Jurifprad.) impoñition d’une per ne pécumiaire pour un crime ou un délit, où pour avoir intenté mal-ä-propos un procès, ou interjetté un appel téméraire d’un jugement fans grief, Il y en a que les lois n’ont pas déterminées; & qui s’impofent, fuivant les circonftances & la prudence du Juge; d’autres qui font fixées par les Ordonnan- ces ; telles font entr'autres celles qui font dûes en ma- tieres civiles, en cas d'appel, de récufation de Ju- ges, de demande en requête civile ; lefquelles dans fous ces cas doivent être confipñées d'avance par lappellant , le récufant , ou demandeur en requête civile ; toute audience lu devant être demiéejufqu’à ce ; fauf à les lui reftituer , fi par l’évenement du procès , fes moyens d'appel , de récufation , ou de requête civile font jugés admifhbles & pertinens. AMENDE honorable eft une forte de punition infa- mante , uftée particulierement en France contre les criminels de lefe Majefté divine ou humaine , ou au- tres coupables de crimes fcandaleux. - On remet le coupable entre les mains du bour- reau, qui le dépouille de fes habits , &c ne lui laifle que la chemife ; après quoi il lui pafle une corde au cou , lui met une torche de cire dans la main , & le conduit dans un auditoire ou devant une Eglife , où il lui fait demander pardon à Dieu , au Roï & à Ju£ tice. Quelquefois la punition fe termine là : mais le plus fouvent ce n’eft que le prélude du fupplice capi- tal ou des galères. On appelle auf faire amende honorable à quelqu'un, lui faire une réparation publique en juftice , ou en préfence de perfonnes choïfies à cet effet, des inju- res qu'on hui a dites, & des mauvais traitemens qu’on lui a faits. (7) AMENDES , relatives aux chafes. Il en eft dit : article 40. de l’Ordonnance de Louis XIV. du mois d’Aoët 166 9.» La collette des amendes adjugées ès # Capitaineries des chaffes de nos maifons royales ei- » deflus dénommées fera faite par les Sergens, Col- » leéteurs des arrendes des lieux ; lefquels fourniront # chacune année un état de leur recette & dépenfe au grañd-Maître , dans lequel pourra être employé » jufqu’à la fomme de 300 livres par nos Capitai- » nes ou leurs Lieutenans , pour les frais éxtraordi- » naires de procès & de juitice de leurs Capitaine- #ries ; & pourront taxer aux Gardes-chafles leurs » falaires pour leursrappotts fur les deniers des amen- » dés , dont le revenant-bon fera mis entre les mains » du Receveur de nos bois, où de notre Domaine, #5 pour les payer , & en compter comme des autres » deniers de fon maniement. Défendons à tous Gref- sf fiers , Sergens ;, Gardes-chafles , & autres Officiers, st de s’immicer en la colleéte des amendes des chaf Tome I, AME 355 » fes ; pourquoi à cet effet , fera obfervé ce qui eft # ordonné pour les amendes de nos forêts. » Art. 14. titre des peines , amendes , reflitutions., du mots d’'Août 1669.» Défendons aux Officiers d’ar- » bitrer les amendes & peines, ni les propofer moin: » dres que ce qu’elles font reglées par la préfente » Ordonnance, ou les modérer ou changer après le » jugement , à peine de répétition contr’eux, de fuf » penfon de léurs charges pour la premiere fois, & # de privation en récidive. Article 15. idem. « Ne fera fait donc remife ou mo- » dération , pour telle caufe que ce foit, des amendes, #reftitutions , intérêts , confifcations, ayant qu’elles » foient jugées, ni après pour quelque perfonne que » ce puifle être. | AMENDÉ, adj. chevalamende jen terme de Manëse, celui qui a pris un bon corps, qui s’eft engraifé. (7) AMENDER z7 ouvrage, c’eft en corfiger les dé- feéluofités. Les reglemens pour les manufa@tures de Laineries , portent que les draps & étoffes de laines quine pourront être amendés feront coupéspar mor- ceaux de deux aulnes de long, quelquefois fans amende, & quelquefois fans préjudice de l’amerde. . Parmi les artifans , les belognes faifies par les ju= rés , qui ne peuvent être amendées , font füjettes à confifcation, AMENDER, figmife aufi minier de prix. Les pluies ont fait amender les ayoines & les foins, Quel- ques-uns difent ramender. Voyez RAMENDER:(G) AMENER , v. a. 6 quelquefois neut. serme de Marine, fignifie abbaifèr ou mettre bas. Par exemple on dit : le vent renforçant beaucoup , nous fûmes obligés d’arener nos vergues fur le plat-bord. Nous trouvämes dans cette rade un vaifleau du Roi, qui nous conttaignit d’amerer le pavillon par refpeét. Après deux heures de combat, le galion Efpagnol amena &r ie rendit. Ce vaifleau a amené, c’eft-à-dire qu'il à abbaïfé fes voiles ou fon pavillon pour fe rendre. AMENE , erme de Marine, c’eft ainf qu'on com- mande d'amener ou de baïfler quelque chofe ; amene le grand hunier : Amene la mifene ; amene le pavillon, amene les huniers fur le ton ; amene tout, toute la voile ; n’arene pas. Voyez HuNïER, MISENE, PAVIL- LON , &c. (Z) AMENER les mats de hune , c’eft les mettre à bas, amener ur vaiffeau, amener une terre, c'eft pour «dire s’en approcher ; où fe mettre vis-a-vis. On dit : 7ous arnendmes cetre pointe au Jud. Voyez HUNE. PLAT- BORD, Gc. (Z) faut AMENRIR , v. a. ( Jurifpr. ) terme ancien em- ployé dans quelques vieilles Coûtumes , où il fignifie diminuer ; eftropier , detériorer , &c. (H) * AMENTHES, ce terme fignifioit chez les Égyp- tiens la même chofe quads chez les Grecs ; un lieu foûterrain où toutes les ames vont au fortir des corps; un lieu gi reçoit & qui rend : on fuppofoit qu'à la mort d’ün animal, l’ame defcendoit dans ce lieu foû- terrain , & qu'elle en remontoit enfuite pour habi- ter un nouveau corps. Prefque tous les Légiflateurs ont préparé aux méchans & aux bons, après cette vie, un {èjonr dans une autre , où Les uns feront pu- nis & les autres récompentés. Ils n’ont imaginé que ce moyen où la métemplycofe , pour accorder la Pro- vidence avec la diftribution inégale des biens 8e des maux dans ce monde. La Philofophie les avoit fugoérés l'un & l’autre aux fages , & la révélation nous a appris quel eft celui des deux que nous de: vions réparder comme Le vrai. Nous ne pouvons done plus avoir d'incertitude fur notre exiftence future, ni {ur la nature des biens ou des maux qui nous at- tendent après la mort. La parole de Dieu qui s’eft expliqué poftivement fur ces objets us né Y 1 356 AME taie ancuh lieu aux hypothéfes. Maïs je fais bien étonné que parmi les anciens Philofophes que icette lumiere n’éclairoit pas , il ie s’en foit trouvé aucun, du moins que je connoïfle, qui ait fongé à ajoûter aux tourmens du Tartare &c aux plais de : l'Élifée , la feule broderie qui leur manquât ; c’eft que les méchans entendroient dans le Tartare, & les bons dans l’Élifée , ceux-ci tout le bien, & ceux-là tout le mal qu’on diroit ou qu'on penferoit d'eux, quand ils ne feroïent plus. Cette idée meft venue plufieurs fois à la vüe de la fatue équeftre de Henri IV. J’étois fâché que ce grand Monarque n’enten- dit pas où il étoit, Péloge que je faifois de lui dans mon cœur. Cet éloge eût été fi doux pour lui ! car je n’étois plus fon fujet. * AMENTUM, fub. m. pour bien entendre ce que weft que l’amentum , il faut fasoir que les Romains avoient deux fortes de lance ou pique, kafla : les unes pour les foldats armés à la légere , elles fe lan- çoient comme le javelot ; les autres plus longues & plus pefantes, dont on frappoit fans les lâcher , cel- les-ci s’appelloient ka//æ amentate ; & l'amentum étoit un petit lien de cuir qui les traverfoit à peu près dans le milieu. Le foldat pañloit fon doigt dans le lien, de peur qu’en lançant fon coup, la pique ne lu échappât de la main. Il ÿ avoit auffi des javelots à amentum. Voyez V Antiq. expliq. pag. O4. * AMENUISER , a/légir, aiguifer, termes com- muns à prefque tous les rss méchaniques. Amenuifer fe dit généralement de‘toutes les parties d’un corps Won diminue de volume. Æmenuifer une planche, c’eft hu ôter par-tout de fon épaifieur ; il ne differe d’allégir dans cette oacafon qu’en ce qu'al/égir fe dit des groffes pièces comme des petites ; & qu'ami fér ne fe dit guere que de ces dernieres ; on n'ame- auife pas un arbre, mais On laf/égir ; on ne Pargurfe pas non plus ; on n’aiguife qu'une épingle ou un bà- ton. Aiguifer ne {e dit que des bords ou du bout ; des bords, quand on les met à tranchant fur une meule ; du bout, quand on le rend aigu à la lime , ou au mat- teau. Aiguifer ne fe peut jamais prendre pour a//égtr ; mais aménuifer & allépirs’employent quelquefois Pun pour l’autre. On aflégisune poutre ; on ameruife une voliche ; on aiguife un poinçon. On a/kgir en dimi- nuant un corps confidérable fur toutes Les faces ; on en amenuife un petit en le diminuant davantage par une feule face ; on l’aiguife par les extrémités. *AMER, adj. qui défigne cette qualité dans Les fubfr tances végétales &c autres que nous reconnoïfons au goût, quand elles excitent en nous par le moyen de ce fens, l'impreffion que nous fait principalement éprouver ou l’abfynthe , oula coloquinte ; car il n’eft pas poffible de définir autrement les faveurs, qu’en les rapportant aux fubftances naturelles qui les ex- citent : d’où il s’enfuit que fi les fubftances étoient dans un état de viciflitude perpétuelle, & que les chofes ameres tendiflent à cefler de l'être, & celles qui ne le font pas à le devenir, les expreflions dont nous nous fervons ne tranfmettroient à ceux quu viendroïent long-tems après nous , aucune notion diftinéte, & qu'il n’y auroit point de remede à cet inconvément. Quoi qu'il en foit de la faveur , paffons à Paétion des amers. En général ils paroïffent agir premiere- ment en augmentant le reflort des fibres des orga- nes de la digeftion qui font relâchées & affoiblies ; &z fecondement en fuccédant aux fonétions de la bile, quand elle eft devenue trop languiffante êc peu propre aux fervices qu’elle doit rendre ; d’où il s’en- fuit encore que les amers corrigent le fang & les humeurs ; qu'ils facilitent la digeltion &c Pafimila- tion des alimens ; qu'ils fortifent les folides, & qu'ils les difpofent à l'exercice qui convient de leur part, pour la confervation de la fanté. /, AMERTUME. * AmEr: DE Bœur, c’eft le fiel de cet animal: les Teinturiers-Dégraiffeurs en font un grand ufage pour enlever les taches des étoffes. Voyez DÉra- CHEUR, DÉTACHER, DÉGRAISSEUR 6 D£- GRAISSER. | | *AMERADE,, f. im. c’étoit chez les Sarrafèns la mê- me chofe qu'Emir. Voyez ÉMIR. La fonétion des Amerades répondoit à celle de nos Gouverneurs de province. _ *AMÉRIQUE,, on 4 Nouveau-monde , ou les Indes occidentales , eftune des 4 parties du monde, baignée de océan , découverte par Chriftophe Colomb, Gé- nois , en 1491, &c appellée Amérique d’Améric-Vef- puce Florentin, qui aborda en 1497, à la partie du continent fituée au fud de la ligne ; elle eft princi- palement fous la domination des Efpagnols , des François , des Anglois, des Portugais & des Hollan: dois. Elle eft divifée en féptentrionale & en méridio- nale par le golfe de Mexique & par le détroit de Pa- nama. L'Amérique féprentrionale connue s'étend de- puis le 1 1° degré de latitude jufqu'au 75°. Ses contrées principales font le Mexique , la Californie, la Lou fiane ; la Virginie, le Canada , T'erre-neuve, les îles de Cuba , Saint-Domingue, & les Antilles. L74merr- que méridionale s'étend depuis le 12° degré fepten- trional, jufqu’au 6o° degré méridional ; fes contrées font Terre-ferme , le Pérou, le Paraguai, le Chilr, la Terre Magellanique, le Bréfil, & le pays des Amazones. L’ Amérique méridionale donne de l’or & de l'argent, de Por en lingots , en paille, en pepins, & en pou- dre : de l'argent en barres & en piaîtres ; l'Amérique fèptentrionale, des peaux de caftors , de loutres, d’o- rigneaux, de loups-cerviers, 6c. Les perles viennent ou de la Marguerite dans la Mer du nord, ou des îles de Las-perlas dans celle du fud. Les éméraudes, des environs de Sainte-foi, de Bogette. Les marchan- difes plus communes font le fucre , le tabac, Pindi- g0, le gingembre , la cafe, le maftic, l’aloès, les cotons, l’écaille, les laines, les cuirs, le quinqui- na , le cacao, la vanille , les bois de campeche, de fantal , de faffafras, de bréfil, de gayac , de canelle, d'inde, &c.iLes baumes de Tolu, de Copahu , du Pérou , le befoard, la cochenille , l’ipécacuhana , le fang de dragon, l’ambre, la gomme copale, la muf cade, le vifargent , les ananas, le jalap , le mécoa- chan, des vins, des liqueurs, l’eau des barbades , des toiles, 6c. Toute contrée de l’Amérique ne porte pas toutes ces marchandifes : nous renvoyons aux articles du commerce de chaque province ou royaume, le détail des marchandifes qu'il produit. AMERS o4 AMETS, f. m. (Marine) ce {ont des mar- ques prifes fur la côte pour fervir à guider les navi- gateurs , & les faire éviter les dangers cachés fous l’eau qu'ils trouvent dans certains parages ; on fe fert ordinairement pour «mers, de clochers, d'arbres, de moulins, & autres marques fur les côtes qui puuf- fent fe diftinguer aifément de la mer. (Z) * AMERSFORT, ville des Pays-bas , dans la province d’Utrecht , fur la riviere d’Ems. Long. 23. lat, 52. 14. AMERTUME, f. f. ( Phyf. ) efpece de faveur où de fenfation oppofée à douceur. On croit qu’elle vient de ce que toutes les particules d’un corps amer, font émouflées & diminuées au point qu’il n’en refte pas une qui foit longue &z roide, ce que l’expérience paroît confirmer. En effet, les alimens étant brûlés ou cuits & leurs particules diminuées & brifées par le feu, deviennent amers : mais cette hypothele ou explication, comme on voudra lPappeller, eft pure- ment conjeturale. Voyez GouT & Amen. (0) * AMÉS ET FEAUX , expreffons par lefquelles nos Rois ayoient çoûtume de diftinguer dans leurs AME lettres patentes , les Mapiftrats & les Officiers qui | avoient dignités, d'avec les autres ; il n’yavoit mé- me ordinairement , felon la remarque de Loyfeau , dans fon traité des Ordres & des Dignités | que ceux qui avoient le titre de Confèillers du Prince , à qui il accordât ceux de dileëfi 6 fideles noffri, dont 05 amés C feaux eît la tradu@ion. * AMÈS, efpece de gâteau qu’on faifoit dans les cuifines Greques. La maniere ne nous eft pas con- nue. AMETEHYSTE , { f. ( Hiff. nat.) amethyftus, pier- re précieufe de couleur violette , ou de couleur vio- lette pourprée. On a fait dériver {fon nom de fa cou- leur , en difant qu’elle reflembloit à la couleur qu’a le vin, lorfqu'il eft mêlé d’eau. Les Auteurs qui ont traité desPierres précieufes,ont donné plufieurs déno- munations des couleurs de Pazerhyfle ; ils difent que les plus belles font de couleur violette , tirant fur La couleur de rofe pourprée , de couleur colombine , ou de fleur de penfée; & qu’elles ont un mélange de rouge , de violet, de pris de lin, &c. il eft bien dificile de trouver des termes pour exprimer les tein- tes d’une couleur ou les nuances de plufieurs cou- leurs. Je crois même qu'il eft impofible de parvenir par ce moyen à donner une 1dée jufte de la couleur d’une pierre précieufe. C’eft pourquoiil vaut mieux donner un objet de comparaïfon qui exprime la cou leur de Parerh;fle. On le trouvera dans le fpeûre folaite que donne le prifme par la refra@ion des rayons de la lumiere. L’efpace de ce fpe@tre auquel M. Newton a donné le nom de violet repréfente la couleur de lererhyfle la plus commune, qui eft fim- plement violette. Si on fait tomber l'extrémité infé- rieure d’un fpeétre fur l’extrémité fupérieure d’un autre fpeétre ; on mêlera du rouge avec du violet, & on verra la couleur de l’'arnechyfle pourprée. Ce moyen de reconnoître les couleurs de l’'amethyffe , eft certainement le plus fr. On peut de la même façon voir les couleurs de toutes les autres pierres précieufes colorées. Voyez PIERRE PRÉCIEUSE. On a dit qu'il y a des amerhyfles orientales : maïs elles font fi rares, qu’il fe trouve peu de perfonnes qui prétendent en avoir vü. Il feroit aifé de les dif tinguer des autres par leur poids & par leur durété, car elles doivent comme toutes les pierres orienta- les, être beaucoup plus pefantes & plus dures que les pierres occidentales ; elles doivent auf avoir un plus beau poli : on afüre qu’elles font de couleur violette pourprée. Les amerhyfles occidentales {ont fort communes , on en diftingue deux fortes : l’une eft fimplement violette , & cette couleur eft un peu obfcure dans la plüpart ; l’autre eft d’une couleur violette un peu pourprée, elle nous vient par la voie de Carthagene : celle-ci eff plus rare que la premie- re , On la défigne ordinairement par le nom d’ame- thyfle de Carthagene. La dureté de l’emerhyfle et À peu près la même que celle du cryftal ; elle fe forme auffi comme le cryltal en aiguilles exagones terminées à chaque bout par une pointe à fix faces. Voyez CRYSTAL DE Rocu£. La plûüpart de ces aiguilles ne font teintes de violet qu'en partie , le refte eft blanc , & c’eft du vrai cryftal de roche. On voit des cuvettes , des couvercles de tabatieres , & d’autres bijoux qui , quoique faits d'une feule piece } font en partie de cryftal & en partie d'amerhyfle. Les aiguilles de cette pierre font Le plus fouvent réunies plufieurs enfem- ble dans fa mine ; on en voit des morceaux affez gros. On les fcie tranfverfalement pour faire des limes ; on y voit les plans à fix faces que forment les diffé- rentes portions d’aiguilles ; elles ont ordinairement fipeu d’adhérence les unes avec les autres, que la lame qu’elles compofent {e fépare aïfément.en plu- fieurs pieces, On trouve larethyfte , commele cryf- AME 357 tal, danslés fentes perpendiculaires dés rochéts, auf y en a-t-1l des morceaux qui font unis au caillou & à l’agate ; d’autres font recouverts d’une terre jau- pâtre , telle qu'on en trouve ordinairement dans les fentes des rochers. Auffi les morceaux d’ameshyfle n'ont pas tous la même netteté ; il y en a qui, com. me le cryftal, font obfcurs ou revêtus d’une croûte jaunâtre, On trouve beaucoup d’amerhyfles dans les montagnes d'Auvergne ; il y en a en Allemagne, en Boheme , en Efpagne dans une montagne à deux lieues de Vic en Catalogne. Il peut s’en trouver dans La plûpart des lieux où il y à du cryftal, puifque l'ameshyfle n’eft autre chofe qu’un cryftal teint par une fubftance métallique fort attenuée. Voyez PrER- RE PRÉCIEUSE. (7) AMETHYSTE , ( Medecine, ) L’amethyfle | felon quelques-uns, eft propre à empêcher l'ivrefle, étant portée au doigt, ou mife en poudre dans la bouche ; on prétend qu’elle eft bonne pour arrêter le cours de ventre | & pour abforber les acides qui font en trop grande quantité dans l’eflomac , comme les au- tres fubftances alkalines. Selon M. Geoffroy , les propriétés de la teinture tirée de cette pierre pré- cieufe , ne font pas plus certaines pour leur efica= cité , que les vertus prétendues dont on vient de parler. (N) AMEUBLIR , v. aët. c’eft en Jardinage donner à une terre des labours fi fréquens & faits fà propos, qu’elle devienne comme de la poudre. Par ce moyen les arbres profitent de tous les arrofemens du Ciel , qui diflolvent les {els de la terre , en provoquent la fermentation , & font poufler aux végétaux de beaux jets & de longues racines. (Æ) AMEUBLISSEMENT , £. m. serme de Jurifprudence françoife , eftune f&ion de droit par laquelle une por- tion de la dot d’une femme , qui eft immeuble de fa na- ture , eft réputée meuble ou effet mobilier, en vertu d’une ftipulation expreffe faite au contrat de mariage, à l'effet de le faire entrer en communauté. Onle fait or- dinairementlorfque la femme n’a pas aflez d’effets mo- biliers, pour mettre dans la communauté. Le mari mê- me peut auffi ameublir une partie de fes propres. L'ameubliflement fait par contrat de mariage n’eft pas une paëtion ou convention fujette À infinuation, quoiqu'elle puiffe emporter avantage en faveur de lun des conjoints. L’ameubliffément d’un propre , fait par contrat de mariage , reftedans effet dans le cas de décès du conjoint fans enfans. Dans le cas de renonciation À la communauté par la femme , elle reprend fes ameubliffèmens : mais fi elle Paccepte , ils font confondus dans la comm. nauté. Un mineur ou une mineure ne fauroit faire par , Contrat de mariage lameubliffément d'aucune portion de fa dot ,de fa propre autorité, ni même de celle de {on tuteur ou curateur feul ; ou s’il le peut, du moins feroit-l reftituable après l'avoir fait : mais il ne left pas , fi l'emeubliffement a été fait par avis de parens homologué en juftice, à moins que Pameubliffement ne ft exceffif , auquel cas il feroit feulement reduc- tible : or l'ameublifflemenr eft jugé raifonnable ou ex- ceflif par proportion avec l'avantage que le conjoint ameubliffant reçoit de l’autre conjoint. Dans Pufage, c’eft ordinairement le tiers de la dot qui eft ameubli, L'ameubliffement n'étant flipulé qu'à l'effet de faire entrer dans la communauté les propres ame blis , il n’en change point d’ailleurs la nature ; de forte que fi la femme à ameubli un héritage qui lui étoit propre, & que dans le partage de la commu- nauté cet héritage tombe dans fon lot , 1l fera pro- pre dans fa fucceffion, comme s’il n’avoit point été ameubli. (H AMEUTER , v. a, serme de chafle , c’eft mettre les 35% À MI chiens en meute , ou les aflembler pour la chaffe. On dit : Les chiens font bien ameurés, lorfqu'ils marchent bien enfemble. Voyez MEUTE. * AMFORA , petite riviere du Frioul, qui a fa fource dans l’état de Venife, & qui fe jette dans le golfe de ce nom, près d’Aquilée. | * AMHARA , royaume de l’Abyflinie , dont il occupe le milieu ; il touche au feptentrion le royau- me de Bagemdar ; à lorient, celui d’Angot; au midi, celui de Walaka , & à l’occident cehu de Gojam, dont il eft féparé par le Nil. : AMI, AMITIÉ, fubft. exPenture,fe difent des cou- leurs qui fympathifent entre elles, & dontles tons & les nuances produifent un bel effet. Cette umion ou ur s'appelle amirié ; on dit des couleurs amies. R) * AMI , adj. fignifie , en fait de négoce, corref- pondant , perfonne avec laquelle on eft en liaifon & en commerce d’affaires. Aïnf l’on dit : J’ai fait cette affaire, cette négociation pour compte d'a. Am, eft aufli en ufage dans les polices d’aflü- rance , &c lorfqu’on ne veut pas y paroître fous fon nom ; il fuffit que le correfpondant déclare qu'il aflü- re pour compte d'ami. Voyez ASSURANCE. (G) * AMIA , nom d’un poiflon, dont Aëtius & Pline ont parlé ; l’un nous apprend que fa chair eft difi- cile à digérer; l’autre qu'il croit fi promptement, qu’on y remarque des différences d’un jour à Pautre. Voyez Tetrab. I, fèrm. 2. 6 Hijlor. natur. L. IX, cap. XH. AMIABLE, adj. er vermes de Commerce, On appelle amiable compofiteur | celui qui fait l'office d'ami pour accommoder deux négocians qui ont des contefta- tions où des procès entemble. Il differe de l’arbirre, en ce que pour concilier & rapprocher les efprits , il retranche fouvent quelque chofe du droit de cha- que partie : ce que l’abitre qui remplit la fonétion de Juge femble n’avoir pas la liberté de faire. Foyez ARBITRE. (G). AMIABLEMENT oz À L’'AMIABLE , de concert & avec douceur. Ainf, l’on dit que deux marchands pour éviter les frais, ont terminé leurs affaires ou leurs conteftations 4 l'amiable, On dit encore vente a l’a- miable. (G) AMIABLES , ( Arithm. ) On entend par nombres amiables, ceux qui font réciproquement égaux à la fomme totale des parties aliquotes l’un de Pautre ; tels font les nombres 284 & 220 ; car les parties aliquotes du premier, font r, 2,4,71; 142, dont la fomme eft 220 ; & les parties aliquotes du fe- cond, font 1, 2, 4, ÿ 10, 11,20, 22, 443 55; 110, dont la fomme eft 284. Voyez NOMBRE. (0) AMIANTE , {m. arniantus , (Hifi. nat. ) matiere minérale compofée de filets déliés, plus ou moins longs, pofés longitudinalement les uns contre les au- tres en maniere de faifceau. Ces filets font fi fins qu’on les a comparés à du lin. Il y a plufieurs fortes d'amiante , qui quoique de même nature, varient par leurs couleurs, par les différentes longueurs de leurs filets ; par leur adhérence plus ou moins forte. Il y à de l’amiante jaunâtre ou rouffâtre ; on en voit de cou- leur d'argent ou grifâtre , comme le talc de Veni- fe : il y en a de parfaitement blanc ; ils font plus ou moins luifans : il y a des filets qui n’ont que quélques lignes de longueur ; on en trouve qui ont fix pouces & plus: ceux-ci font ordinairement les plus blancs & les plus plus brillans ; ce font auf les plus rares ; on les prendroit pour de la foie, fon ne les examinoit pas de près : chaque fil {e détache aifément des autres, tandis qu'il y a d’autres amian- tes où ils font collés, & pour ain dire, unis les uns aux autres : quelquefois ils tiennent à des matieres d’une autre nature ; il y en a dans des morceaux de. cryftal de roche : enfin il ya de larniante qui paroiït n'être pas encore dans fon état de perfeêtion ; c’eft pour ainfi dire une mine ou une pierre d’aiante, La plûpart des Auteurs donnent à ce minéral le nom de pierre, lapis amiantus ; mais au moins ce n’eft pas une pierre calcinable, puifqu’on a crû qu’elle étoit incombuftible : la vérité eft que l’armiante réfifte à lation ordinaire du feu : mais fi on l’expofe à un feu plus violent , on vient à bout de le vitrifier ; c’eft donc une matiere vitnifiable. Il n’y a rien de mer- veilleux dans cette propriété ; fi elle eût été feule dans l’arniante, onne lPauroit pas tant vantée : mais elle eft jointe à une autre propriété beaucoup plus finguliere ; c’eft que les filets de l’añriente font fi fle- xibles , & qu'ils peuvent devenir fi fouples qu'il eft poffible d’en faire un tiflu prefque fembläble à ceux que l’on fait avec les fils de chanvre, de lin où de foie. On file l’arniante , on en fait une toile , & cette toile ne brûle pas lorfqw’on la jette au feu : voilà ce qui a tobjours paru étonnant ; & il y a encore bien des gens qui ont peine à le croire aujourd’hui. En ef- fet , 1l eft aflez fingulier d’avoir une toile que l’on blanchifle dans le feu ; c’eft cependant ce que Por fait pour la toile d'amiante : lorfquelle eft fale & crafieufe , on la met dans le feu; & lorfqw’elle en. fort , elle eft pure & nette ; parce que le feu ordi- naire eft aflez aétif pour confumer toutes les matie- res étrangeres dont elle étoit chargée : mais füt:1l af fez violent pour calciner les pierres ; il n’auroit pas encore la force de vitrifier l’ersiante : cependant cha- que fois qu’on la met au feu, & qu'on l’y tient pen- dant quelque tems, elle perd un peu de fon poids. On a donné à la matiere dont 1l s’agit ici différens noms , qui ont rapport à fes propriétés. On l’a nom- mée amiante, asbefle , falamandre | parce qu’elle ré- fifte au feu ordinaire ; & parce qu’elle fe file comme du lin ou de la laine, on lui en a donné les noms ;, en ajoûtant une épithete , pour faire entendre que ce lin ou cette laine ne fe confument point au feu. Vor- là d’où viennent les noms de lin incombuftible , Z- zum asbeflinum , linum vivum , plume ou laine de fa- lamandre, parce qu’on a crû que la falamandre étoit à l'épreuve du feu. L’amiante a eu d’autres noms, tirés de fa couleur & de fa forme : on l’a connu fous le nom debo/frichites, de corfoides,de polia, parce qu'il reflemble à des cheveux, & même à des che- veux gris. Enfin on a ajoûté à tous cesnoms ceux des pays où il fe trouvoit , lirum Carpafum , Carba- fm , Cariftium , Cyprium , Indum, &c. M. de Tour- nefort a fait mention de lariante de Carifto, dans l’île de Négrepont , & il dit que c’eft de toutes les efpeces d’ariantela plus méprifable. Re/, d’un voyage du Levant , tome I. page 165. I] y a de Pamiante dans “bien d’autres lieux, par exemple ,en Siberie, à Eif 3 pb] field dans la Thuringe, dans les mines de l’ancienne Baviere , à Namur dans les Pays-bas, dans Pile d’Anglefey , annexe de la principauté de Gailes ; à Alberdeen en Ecoffe , à Montauban en France, dans la vallée de Campan aux Pyrénées, en Italie à Pou- zole , dans l'ile de Corfe, à Smyrne, en Tartanie, en Egypte ; Gc. L’amniante eft bon pout faire des meches dans les lampes ; il devoit même paroître bien plus propre à cet ufage que les filets d'argent dont on fait des me- ches dans les réchauds à Pefprit-de-vin : ces meches métalliques Ôtent toute apparence de merveilleux à celles d'amiante ; celles-ci font préférables aux me- ches ordinaires , parce qu'il ne leur arrive aucun changement qui puifle oflufquer la lumiere. On n’a . pas de peine à croire que ceux qui ont fait desrre- cherches fur les lampes perpétuelles , n’ont pas manqué d'y faire entrer l’uniante pour beaucoup. C'étoit déjà quelque chofe que d’avoir la meche : mais on nes’en eft pas tenu là ; on a prétendu que l'amiante devoit auf fournir l’huile, êc que fi on Lh. t'ouvoit moyen d'extraire cette huile, elle ne fe confommeroit pas plus que l’amiante, Quelle abfur- dité ! Une matiere peut-elle jetter de la flamme, fans perdre de fa fubftance ? Les anciens favoient faire des toiles d'amiante : quoique Pline ait été mal inftruit fur l’origine & la nature de l’eiante , qu'il prenoit pour une matiere végétale , il ne peut pas nous jetter dans l'erreur par rapport à l’ufage que l’on failoit de l'amiante de fon tems : il dit, Aif£. nar. &b. XIX. cap. J. avoir Vù dans des feftins des nappes de lin vif, c’eft-à-dire , d'amiante, que l’on jettoit au feu pour les nettoyer lorfqw’elles étoient fales , &c que l’on brüloit dans ces toiles les corps des rois, pour empêcher que leurs cendres ne fuflent mêlées avec celles du bücher. Ces toiles devoient être fort cheres , puifque Pline ajoûte que ce lin valoit au- tant que les plus belles perles : il dit aufli qu'il étoit roux, & qu'on ne je travailloit que très-dificile- ment, parce qu'il étoit fort court. Cela prouve que Parniante que l’on connoïfloit du tems de Pline, & qui venoit des Indes, étoit d’une très-mauvaife qua- htés Cependant on avoit bien certainement le fecret d’en faire destoiles. Cet art a été enfuite prefqu’en- tierement ignoré pendant long-tems, & encore à préfent on ne le connoît qu'imparfaitement. M. Ciampini a fait un traité fur la maniere de filer l’a- miante ; {elon cet auteur, il faut commencer par le faire tremper dans Peau chaude pendant quelque tems,enfuite on le divife, on le frotteavec les mains, & on l’agite dans l’eau pour le bien nettoyer , & pour en {éparer la partie la plus grofliere & la moins flexible, êcles brins les plus courts. Après cette pre- muére opération, on le fait tremper de nouveau dans l’eau chaude, jufqu’à ce qu’il foit bien imbi- bé. & qu'il paroïfle ramolli ; alors on le divife & on le prefle entre les doigts pour en féparer toute matiere étrangere. Après avoir répété ces lotions cinq ou fix fois , on raflemble tous les fils qui font épars, & on les fait fécher. L’amiante étant ainfi préparé, on prend deux petites cardes plus fines que celles avec lefquelles on carde la laine des cha- Peaux, on met entre deux de l’amiante, & on tire peu à peu avec les cardes quelques filamens ; mais ces fils font trop courts pour être filés fans y ajoû- ter une filaffe d’une autre nature , qui contienne les fils d'amiante, qui les réunifle , & qui les lie -enfem- ble. On prend du coton ou de lalaine , & à mefure que l’on fait ce fil mêlé d'amiante & de laine ou de co- ton ;, on doit avoir attention qu'il y entre tohjours plus d'riante que d'autre matiere , afin que le &l puifle fe foütenir avec l'amiante feul; car dès qu’on en a fait de la toile ou d’autres ouvrages, on les jette au feu pour faire brüler la laine ou le coton. D’au- tres auteurs difent qu’on fait tremper l’arzianre dans dé l’huile pour Ja rendre plus flexible ; quoi qu’il en foit, celle dont les filets font le plus longs eff la plus facile à employer, & les ouvrages qu’on en fait font d'autant plus beaux, que liante eft plus blanche. Onpeut faire aufliune forte de papieravec les brins d'amiante les plus fins , qui reftent ordinairement après qu'on a employé les autres. Voyez le quatrieme vol. des Récréations marhèm. & phyfiques. On confond fouvent l’alun de plume avec l’arian- re, 8 fi.cet alunétoit plus commun ,onle prendroit pour l’ariente, parce que ces deux matieres fe ref- femblent beauconip.Ileft cependant fort aifé de les diftinguer ; l’alun de plume eft fort piquant au goût, & l’arniante eftinfipide. #. ALUN DE PLUME. (1) AMIANTE ( Medecine.) L’amiante entre dans les medicamens qui fervent à enlever les poils. My- repfe l’employe dans la compoñition de fon onguerit de citron pour les taches de la peau :il pañle pour être très-efficace: contre toutes fortes de fortilèges, fur-tout contre ceux des femmes, felon Pline & A MI 359 Schroder. On prétend aufli que l’amianre réfifte au poifon , & qu'il guérit la gale. (N) * AMICLE , {. m.( Æif anc. ) amiculum ou pal- la , c’eft l’habit extérieur dont les femmes fe cou- vroient. I paroît par plufeurs antiques qw’elles le faifoient quelquefois monter comme un voile juique par-deflus la tête , & que les plus modeftes s’en en- veloppoient les bras jufqt’aux poignets. Le peplum étoit aufli une forte d’habit extérieur dont l’'ufage fut très-commun chez les Grecs & chez les Romains : mais 1l feroit difficile de diffinguer ces vêtemens les uns des autres ; les marbres naident prefque point à faire ces difinétions, & les auteurs qui ont eu Oc- cafion de les nommer, ne penfoient gueres à en marquer la différence. AMICT, fm. (A4. mod.) du Latin ami&us, venant du verbe amicire , vêtir, couvrir ; c’eft un des fix ofnemens que porte le Prêtre à l’autel : il confifte en une piece quarrée de toile blanche, à deux coins de laquelle font attachés deux rubans ou cordons : on le pañle à l’entour du cou , difent les anciens ri- tels, ze inde ad linguam tranfèat mendacium ;, &'on en fait enfuite reyenir les bouts fur la poitrine & dur le cœur ; enfin on l’arrête en noüant les rubans der- riere Le dos. Dans prefque toutes les églifes les Pré- tres féculiers le portent fous l’aube ; dans d’autres, & en particuhier dans celle de Paris, cette coûitume. n’a lieu qu’en été. Pendant l’hyver lamié{ert à cou- vrir la tête, & forme une efpece de capuce ou de camaïil , qu'ils laiflent tomber fur les épaules depuis la préface jufqu’après la communion, Les Réeuliers en couvrent en tout tems leur capuchon. La rubri- que portequ'on ne doit point mettre d’aube fans anict, Voyez AUBE. (G) * AMID , ville de Turquie dans la Natolie, Lon, #4. 20. lat, 40. 30. AMIDA , f. m. (Æiff. mod. ) faux Dieu adoré pat les Japonois. Il a plufieurs temples dans l'empire du Japon, dont le principal eft à Jedo. Sa ftatue compo- fée d’un corps d'homme avec une tête de chien com: me lPanubis des Anciens , eft montée fur un cheval à fept têtes proche de la ville de Meaco. On voit un autre temple dédié à cette idole, qui y eft repréfen- tée fous la figure d’un jeune homme qui porte fur fa tête une couronne environnée de rayons d’or. ILeft accompagné dé mille autres idoles qui font rangées aux deux côtés de ce temple. Les Japonois ont une fi grande confiance dans leur idole Amida , qu'ils fe perfuadent de joüit d’un bonheur éternel | pourvû qu'ils puiflent fouvent invoquer où prononcer fon nom. Îls croyent même qu'il fufit pour {e fauvet , de repéter fréquemment les paroles fuivantes : Mami, Arnida , buth , c’eft-à-dire heureux Amida , Jauvez- zous. On garde une des figures.de cette idole à Rome dans le cabinet de Kirker , comme on le peut voir dans le Muf. Coll, Rom. Soc, Jefu, Amit. 1678. (G) * AMIDE o4 AMNÉE, ancienne ville de Méfo- potamie fur le Tigre ; elle s’eft auf appelée Cozf- tantie , de l'Empereur Conftantins qui lembellit. AMIDON. foyez Amypon. * AMIENS, ville de France, capitale de Picardie fur la Somme. Long. 204 2! 4l!, Jar. 4oû 3.3! 38! *AMIÉNOIS , petit pays de Francedans.la Picar- die, qui a pour capitale Amiens, & qui eit traverlé par la Somme. 13.108 * AMIESTIES, f. f. nom qu’on donne à des toiles de coton qui viennent des Indes. nu AMI LA, ALA MIRE, oz fémplement À|,\carac- tete ou terme de Mufique qui indique la noté quenous appellons 4. Voyez Gamme. (S) AS CET TA * AMILO on AMEULUS, fleuve de Mauritanie -dont il eft parlé dans Pline. Bi sb AMIMETOBIE , £. £. (Hiff. anc.) nomqueMare- Antoine & Cléopatre donnerent à la dociété.de plai. 360 À MI ürs qu'ils lierent enfemble à Alexandrie. Ce mot eff compofé du Grec dyulumros , inimitable , & dé Go, vie, c’eft-à-dire vie inimitable. Ce que Plutarque en ra- conte dans la vie d’Antoine , prouve qu’elle étoit aflez bien nommée pour les dépenfes effroyables qu’elle entraînoit , & qu’il n’étoit pas pofhble d’i- miter. (G) AMINÉÉ, ( Med. ) Le vin d’Aminée étoit ou celui de Falerne, ou le produit d’une efpece particuliere de raïfin qu’on avoit tranfplantée en Italie. Galien parle du vin d’Aminée qui fe faifoit dans le Royaume de Naples, dans la Sicile & dans la Tofcane. Selon Columelle, le vin aminéen étoit le plus ancien &r le premier dont les Romains euflent fait ufage , & le produit de vignes tranfplantées du pays des A4mi- ñéens dans la Theffalie. Ce vin étoit auftere , rude &acide lorfqu’il étoit nouveau : mais il s’amollifloit en vieilliffant, & ac- quéroit une force & une vigueur qui étoit beaucoup augmentée par la quantité d’efprits qu’il contenoït : ce qui lerendoit propre à fortifier l’eftomac, (N) * AMINEL , petite ville d'Afrique en Barbare ; élle eft fituée dans la partie orientale du Royaume .de Tripoli. AMIRAL , f. m. (Marine. ) Ce mot vient des Grecs qui nommerent Aunpæasos celui qui commandoit aux armées navales ; ils l’avoient formé du mot Arabe Amir, qui fignifioit #7 Seigneur , un Commandant. Anciennement on a donné ce nom à ceux qui com- mandoient fur terre, comme à ceux qui comman- doient fur mer. Les Sarrafins ont été les premiers qui ayent appellé Amiraux les Capitaines & Géné- raux de leurs flottes ; après les Sarrafins , les Siciliens 8 les Génois accorderent ce titre à celui qui com- mandoit leurs armées navales. Aujourd'hui VA ral eft le chef & le commandant des armées nava- les & des flottes. Il eft à la tête & le premier Of- cier de toute la Marine du Royaume. Autrefois 1l y avoit deux Amiraux , Vun du Ponant , & l’autre du Levant : aujourd’hui ce font deux Wice- Arniraux créés en 1669. L’Arniral d’Arragon, d'Angleterre, de Hollande & de Zélande, ne le font que par commiffon : ces Off- ciers font inférieurs à l’Amiral aénéral des Etats Gé- néraux. | En Efpagne on dit l’Awirante ; mais Amiral n’eft que le fecond Officier qui a un Général d'armée au- deflus de lui. L’Amiral en France porte pour marque extérieure de fa dignité , deux ancres d’or pañlées en fautoir derriere fon écu. Entre lesrdroits attribués à P Arrr- ral , il a celui du dixieme de toutes les prifes qui {e font fur mer & fur les greves , des rançons , & des repréfailles : 1l a auffi le tiers de ce qu’on tire de Tamer ou qu’elle rejette ; le droit d'ancrage, tonnes & balifes. Ïl a la nomination de tous les Officiers des Sièges généraux & particuliers de l’Amirauté , & la jufhice s’y rend en fon nom. C’eft de lui que les Capitaines & maîtres des vaifleaux équipés en marchandifes , doivent prendre leurs congés, pafleports, commif- fions 8 fauf-conduits. | - L’Amiral n’a point de féance au Parlement, fui- “vant l’Arrêt rendu à la réception de l’Ariral de Cha- tillon en 15$1. Les anciens Ariraux n’avoient point ‘de Jurifdiétion contentieufe ; elle appartenoït à leurs Lieutenans ou Officiers de robe longue. Mais en 1626 lé Cardinal de Richelieu en fe faïfant donner letitre de Grand-Maïtre 6 Surintendant du Commerce 6 de la Navigation , au lieu de la charges d’ Amiral qui fut alors fupprimée, fe fit attribuer l'autorité de décider & de juger fouverainement de toutes les queftions -de Marine, même des prifes & du bris des vaifleaux. En 1669 la charge de Surintendant général de la Navigation & du Commerce fut fupprimée, & celle d’Ariral fut rétablie la même année en faveur du Comte de Vermandois , avec le titre d’Oficier de la Couronne. Le pouvoir de lArmiral étoit autrefois extrème- ment étendu; on peut voir au #re 1. de l’Ordonnance de la Marine de 2681 , jufqu’où le Roia borné ce pou- voir. Le Roi s’eft réfervé le droit de nommer les #3= ce-Armiraux , Lieutenans Généraux, Chefs d'Efcadre, Capitaines , Lieutenans, Enfeignes & Pilotes de fes vaifleaux, frégates, brülots, &c. ere Il y à eu anciennement des Amzraux pour diver- fes Provinces maritimes du Royaume. La Norman- die, la Bretagne, la Guienne, le Languedoc & la Provence du tems de leurs Ducs ou Comtes, avoient leurs Amirautés particulieres , dont quelques-unes ont fubfité après la réunion de ces Provinces à la Couronne ; & même en 1626, le Duc de Guife fe prétendoit encore 4miral de Provence. En Bretagne la qualité d’Arzral eft jointe à celle de Gouverneur de cette Province : c’eft pourquoi en 169$ , le Roï donna le Gouvernement de Bretagne au Comtesde Fouloufe, afin que l'Amirauté de Bretagne füt réume à la charge d’4rriral général de France. On trouve une lifte des Æ4riraux de France don- née par le P. Fournier ; il nomme pour le premier Pierre Lemegue , fous Charles IV. l'an 1327, & ik finit fa lifte à Henri de Montmorency, qui fit fa dé- miflion de l’Amirauté entre les mains du Roï à Nan- tes, l’an 1626. Jean le Feron a fait un traité des Ami raux , & la Popliniere a fait un livre intitulé l4r1- ral : on peut y voir des détails fur cette charge. Mais toutes les chofes qui regardent le pouvoir > les fonétions & les droits de l’4rriral, fe trouvent dans le Reglement du 12 Novembre 1669, & dans l’Ordonnance du mois d’Août 1681, auxquels nous renvoyons. Depuis Florent de Varenne, Amiral de France en 1270 au pañlage d’Outremer fous Le Roï Saint Louis , on compte cinquante-cinq 4riraux juf- qu'à Louis-Jean-Marie de Bourbon, Duc de Penthie= vre, qui rempht aujourd’hui cette charge. (Z) AMIRAL d’une compagnie de vaifleaux marchands allans de conferve ; c’eft celui d’entre eux.qu'ilschoiï- fiflent comme le plus fort & le plus en état de les défendre , fous la conduite &c les ordres duquelils fe _ mettent pour ce voyage. Voyez CONSERVE. (Z ) AMIRAL , vaiffleau amiral ; c’eft celui qui eft monté par lArmiral. Il porte le pavillon quarré au grand mât, & quatre fanaux en poupe, foit dans un port ou en mer. Ÿ”. dans les PJ.de Mar. celles des pay. {Left d’u= fase que le navire qui eft monté par l Amiral, fur- paffe les autres par fa beauté, fa grandeur & fa force. On appelle auf amiral le principal vaiffeau d’une. flotte, quelque petite qu’elle foit. . Lorfque deux vaifleaux de même banniere ; c’eft- à-dire commandés par des Officiers de même grade, fe rencontrent dans un même port:, le premier arri- vé a les prérogatives & la qualité d'atral ; & celui qui arrive aprés , quoique plus grand & plus fort ; n'eft que vice-amiral. | Cetordre s’obferve parmi les Terreneuviers, c’eft- à-dire les bâtimens qui vont à la pêche fur le banc. de Terreneuve , dont le premier arrivé prend la qua- lité d’amiral, & la retient pendant tout le tems de la pêche. Il porte le pavillon au grand mât, donne les ordres , afligne les places pour pêcher à ceux qui font arrivés apres lui , & regle leurs conteftations, (21) * AMIRAL-rromp, amiral-frifesamiral-d’ Angleterre, amiral-chrétien | cafhillian , trivermant , valier’, refnet , -&c. ce font des noms que les Fleuriftes ont donnés à différentes fortes d’œillets , felon les diverfes cou- leurs de leurs feuilles. Voyez dans-le Diffionnaïre de Treyoux les différentes fignifications qu'il y faut at- tacher , & qu'il eft aflez inutile de rapporter 101. + AMIRANTE., *AMIRANTE (1s1Es DE L’), îles d'Afrique en- fre la ligne & l’ile de Madagafcar. AMIRANTE , {. m. ( Marine. ) fe dit quelquefois de la charge d’4riral. La charge de grand , haut ou premier Amiral ( car différentes nations lui donnent différentes épithetes ) eft toùjours très-confidérable, & une des premieres charges de Etat dans tous les Royaumes & Souverainetés bordées de la mer, & n’eft poflédée communément que par des Princes &c des perfonnes du premier rang. On a vù, par exem- ple, en Angleterre Jacques Duc d'York, frere uni- 1e du Roi Charles IT, revêtu de cette charge pen- de la guerre contre les Hollandoïs, & fon titre étoit Je Lord haut- Amiral d'Angleterre, avec de très - gran- des prérogatives & priviléges. On a vü auf dans le même Royaume cette importante charge partagée entre plufieurs Commifaires, que l’on appelle dans ce casles Lords-Commiffaires de l’Amirauté. Adtuelle- ment (1751)elle fe trouve ainfi partagée , n’y ayant point de haut Amiral de ce Royaume. #7. AMIRAL 6 AMIRAUTÉ. (Z) AMIRAUTÉ , (Juïifprud. ) eft une Jurifdi@ion qui connoît des conteftations en matiere de marine & de commerce de mer. Il y a en France des fièges particuliers d’Arirauté dans tous les ports ou havres du Royaume, dont les appellations fe relevent aux fiéges généraux, lefquels font au nombre de trois en tout, dont un à la Table de Marbre de Paris, un au- tre à celle de Rouen, & l’autre à Rennes ; les appels de ceux-ci fe relevent aux Parlemens dans le reflort defquels ils font fitués. Ce Tribunal connoït de tous les délits & différens qui arrivent {ur les mers qui baignent les côtes de France, de toutes les a@ions procédantes du com- merce qui fe fait par mer, de l’exécution des focié- tés pour raïfon dudit commerce & des armemens, des affaires de compagnies érigées pour l’augmenta- tion du commerce ; en premiere inftance des contef- tations qui naïflent dans les lieux du reflort du Par- lement-de Paris, oùiln’y a point de fiéges particu- liers d’Armirauté établis, & par appel des fentences des Juges particuliers établis dans Les villes & lieux maritimes. Il eft compofé de l’Amiral de France, qui en eft le chef, d’un Lieutenant général, d’un Lieutenant particulier, d’un Lieutenant criminel, de cinq Con- {eillers , d’un Procureur du Roi, de trois Subftituts , d’un Grefher , & de plufieurs Huifiers. L'AMIRAUTÉ des Provinces-Unies a un pouvoir plus étendu : outre la connoiffance des conteftations en matiere de Marine & de commerce de mer , elle eft chargée du recouvrement des droits que doivent les marchandifes qu’on embarque & débarque dans les ports de la République, & de faire confiruire &z équiper les vaifleaux néceffaires pour le fervice des Etats-Généraux. Elle eft divifée en cinq collèges, & juge en dernier reflort des matieres qui font de fa connoiffance. L’'AMIRAUTÉ d’Angleterre ne daffere pas beau- coup de celle de France. IL eft à remarquer feule- ment que dans tous les fiéges d’Amirauté , tant les particuliers que le général & fouverain qui réfide à Londres, toutes les procédures fe font au nom de l’Amiral , & non pas au nom du Roi. Il faut en- core remarquer cette différence, quel Arirautéd’An- gleterre a deux fortes de procédures : l’une particu- liere à cette Jurifdiétion ; & c’eft de celle-là qu’elle fe fert dans la cennoiffance des cas arrivés en pleine mer ; l’autre conforme à celle ufitée dans les autres Cours : & c’eft de celle-ci qu’elle fe fert pour les cas de fon reflort, qui ne font point arrivésen pleine mer, comme les conteftations furvenues dans les _ ports ou havres, ou à la vüe des côtes. L'AMIRAUTÉ d'Angleterre comprend aufi une Tome I, | AMI 301 Cout paiticuliere , appellée Cour d'équité, établie pour régler lés différends entre Marchands. (4-2 ) *AMITERNO (Hif. & Géog.) ancienne ville d’E talie, dans le pays des Sabins. C’eft la patrie de l’'Hif: torien Sallufte. Amiterne a été détruite, & les ouvra- ges de Sallufte dureront à jamais, On voit encore dans l’Abru2ze des ruines de cette ville. On lit dans Stra- bon, Liv. F. qu’elle étoit fituée fur le penchant d’uné moutagne , & qu'il en reftoit de fon tems un théâtre , quelques débris d’un temple , ayec une grofle tour. AMITIÉ, f. f. ( Morale, ) L'amitié n’eftautre chofe que l'habitude d'entretenir avec quelqw'urt un commerce honnête & agréable. L'amitié ne feroit-elle que cela à L'amitié, dira-t-on , ne s’en tient pas à ce point: elle va au-delà, de ces bornes étroites. Mais ceux qui font cette obfervation, ne confiderent pas que deux perfonnes n’entretiendront point une liaifon qui n’ait rien de vicieux, & qui leur procure un plaifir ré: ciproque, fans être amies. Le commerce que nous ponvons avoir avec les hommes, regarde ou l’efprit ou le cœur : le pur commerce de l’efprit s’appelle fimplement conoifflance ; le commerce où le cœur s’intérefle par l’agrément qu'il en tire , eft amurié, Je ne vois point de notion plus exaéte & plus propre à développer tout ce qu’eft en foi l’amirié, & même toutes {es propriétés. Elle eft par-là diftinguée de la charité, qui éftune difpofition à faire du bien à tous : l’airié n’eft dûe qu’à ceux avec qui l’on eft aêtuellement en com= merce ; le genre humain pris en général, eft trop étendu, pour qu'il foit en état d’avoir commerce avec chacun de nous, ou que chacun de nous Pait avec lui. L’aririé fuppofe la charité , au moins la charité naturelle : mais elle ajoûte une habitude de laïfon particuliere , qui fait entre deux perfonnes un agrement de commerce mutuel. C’eft l’infufifance de notre être qui fait naître le mitié, & c’eft l'infuffifance de l'amitié même qui la détruit. Eft-on feul , on fent fa mifere ; on {ent qu’on a befoin d'appui; on cherche uñ fauteur de fes goûts, un compagnon de fes plaïfirs & de fes peines ; on veut un homme dont on puffe occuper le cœur & la penfée : alors l’aitié paroît être ce qu’il y a de plus doux au monde ? A-t-on ce qu’on a fouhaité , on change de fentiment ? Lorfqu’on entrevoit de loin quelque bien, il fixe d’abord les defirs ; lorfqu’on l’atteint , on en fent le néant. Notre ame dont 1l arrêtoit la vüe dans l’éloi= gnement , ne fauroit plus s’y repofer, quand elle voit au-delà : ainf l’airié, qui de loin bornoit toutes nos prétenfions , cefle de les borner de près ; ellene remplit pas le vuide qu’elle avoit promis de remplir ; elle nous laiffe des befoins qui nous diftrayent & nous portent vers d’autres biens; alors on fe néglige,. on devient difficile , on exige bientôt comme un tri- but les complaifances qu'on avoit d’abord recûes comme un don. C’eft le cara@tere des hommes de s’approprier peu à peu jufqu’aux graces qu’on leur fait; une longue poñeffion accoütume naturelle: ment àregarder comme fiennes les chofes qu’on tient d'autrui : l'habitude perfuade qu'on a un droit naturel fur la volonté des amis ; on voudroit s’en former un titre pour les gouverner : lorfque ces prétenfions font, réciproques, comme il arrive fouvent,l’amour propre s’irrite, crie des deux côtés , & produit de l’aigreur, des froideurs, des explicationsameres, & la rupture, On fe trouve aufli quelquefois des défauts qu'on s’étoit cachés ; où l’on tombe dans des pañfons qu. désoûtent de l'axirié, comme les maladies violen- tes dégoûtent des plus doux plaifirs. Auf les hom- mes extrèmes , capables de donner les plus fortes preuves de dévouement, ne font pas les plus capa bles d’une conftante amitié : on ne la trouve nulle part fi vive & fi folide , que dans les Li timides Z 36% AMI & férieux, dont l'ame modérée connoït la vertu; le fentiment doux & païfble de Pamirié foulage leur cœur, détend leur efprit, l’élargit, les rend plus confians & plus vifs, fe mêle à leurs amufemens, à leurs affaires , & à leurs plaifirs myftérieux : c’eft ” lame de toute leur vie. Les jeunes gens neufs à tout , font très-fenfbles à lamirié : mais la vivacité de leurs pañfions Les diftrait &c les rend volages. La fenfibilité & la confiance font ufées dans les vieillards : mais le befoin les rap- proche , & la raifon ef leur lien. Les uns aiment plus tendrement , les autres plus fohidement. Les devoirs de l’aisié s'étendent plus lom qu’on nie croit : on doit à l’airié à proportion de fon degré & de fon caraëtere ; ce qui fait autant de degrés &c de caradteres différens de devoirs. Réflexion impor- tante, pour arrêter le fentiment injufte de ceux qui fe plaignent d’avoir été abandonnés, mal {ervis , ou peu confiderés par leurs amis, Un ami avec qui l’on maura eû d'autre engagement que de fimples amur- femens de Littérature, trouve étrange qu’on n’ex- pofe pas fon crédit pour lui; l'amitié n’étoit point d’un caraétere qui exigeât cette démarche. Un ami que l’on aura cultivé pour la douceur & l’agrément de fon entretien, exige de vous un fervice qui inté- tefleroit votre fortune ; l’aitié n’étoit point d’un degré à mériter un tel facrifice. Un ami homme de bon confeil , & qui vous en a donné effeétivement d’utiles, fe formalife que vous ne l’ayez point confuité en une occafon particulie- re; ila tort : cette occafñon demandoit une confi- dence qui ne fe fait qu’à des amis de famille & de parenté : ils doivent être les feulsinftruits de certai- nes particularités qu'il ne convient pas tohjours de communiquer à d’autres amis, fuflent-ils des plus intimes. La jufte mefure de ce que des amis doivent exiger , fe diverfifie par une infinité de circonftan- ces , & felon la diverfité des degrés & des caraëteres d'amitié. En général, pour ménager avec foin ce qui doit contribuer à la fatisfaétion mutuelle des amis, & à la douceur de leur commerce , 1l faut que l’un dans fon befoin attende ou exige totjours moins que plus de fon ami, & que l’autre felon fes facultés donne totjours à fon ami plus que moins. Par les réflexions que nous venons d’expofer , on éclaircira au fujet de l'amitié, une maxime impor- tante ; favoir , que l’amitie doit entre les amis , trou- ver de l'égalité ou l'y mettre ; amicitia aut pares in- venit, aut facir. Un Monarque ne peut-il donc avoir des amis ? faut-il que pour les avoir, 1l les cherche en d’autres Monarques , ou qu’il donne à fes autres amis un caraétere qui aille de pair avec le pouvoir fouverain ? Voici le véritable fens de la maxime recüe. + C’eft que par rapport aux chofes qui forment l’a- mitié , il doit fe trouver entre les deux amis, une li- berté de fentiment & de langage aufli grande , que fi l'un des deux n’étoit point fupérieur, n1 autre in- férieur. L'égalité doit fe trouver de part & d'autre, dans la douceur du commerce de l’amirie ; cette dou- ceur eft de fe propofer mutuellement fes penfées, fes goûts, fes doutes , fes difficultés ; mais toüjours dans la fphere du caraétere de l'amitié qui eft établi. L'amitié ne met pas plus d'égalité que le rapport du fang ; la parenté entre des parens d’un rang fort différent , ne permet pas certaine familiarité : on fait la réponfe d’un Prince à un Seigneur qui lui mon- troit la ftatue équeftre d'un Héros leur ayeul com- mun : celui qui ef? deffous eff le vôtre , celui qui eft deffus eff Le mien, C’eft que l’air de familiarité ne convenoit pas au refpeët dû au rang du Prince ; & ce font des attentions dans l'amitié, comme dans la parenté, aux- quelles il ne faut pas manquer. (X) * Les Anciens ont diviniié laritié ; mais ilne paroît .A MM pas quelle ait eu comme les autres: Divinités ; des temples & des autels de pierre, & je n’en finis pas trop fâché. Quoique le téms ne nous ait confervé aucune de {es repréfentations ; Lio Geraldiprétend dans fon ouvrage des Dieux du Paganifme ; qu’on la fculptoit fous la figure d’une jeune femme ,dla tête nue, vêtue d’un habit groflier , & la poitrine décou- verte jufqu'à lendroit du cœur, où elle portoit la main ; embraflant de l’autre côté un ormeau fec. Cette derniere idée me paroîït fublime. * AMITIÉ, ( Comm.) c’eftune efpece de moiteur légere & un peu on@ueufe, accompagnée de pefan- teur, que les Marchands de blé reconnoïfient au taët dans les grains, mais furtout dans le froment, quand il eft bien conditionné. Si on ne l’a pas larflé {écher fur le grenier; f on a eu foin de s’en défaire à tems, 1l eft frais & onûtueux, &cles Marchands de blé difent qu'il a de Pamité, ou de la’ #4/7: Le grain verd eft humide & mou; le bon grain eftlourd , fer- me , onétueux & doux; le vieux grain eft dur , ec, & léger. * AMIUAM , une des îles Majottes , dans l'Océan Ethiopique , entre les côtes de Zanguebar & l'île de Madagaicar. * AMIXOCORES , peuples de l'Amérique dans le Brefil , proche la contrée de Rio-Janeiro. AM-RKAS , {. m.( Hif. mod, ) vafte falle dans le palais du grand Mogol, où il donne audience à: {es fujets , 8 où il paroïît les jours folemnels avec une magnificence extraordinaire. Son throne eft foùtent par fix gros pieds d’or maflif, & tout femés de ru» bis, d’émeraudes & de diamans ; on l’eftime forxan- te millions. Ce fut Cha-Gean pere d’Aurengzeb,, qui le fit faire pour y expofer en public toutes Les pier- reries de fon threfor, quis'y étoient amafñlés des dé- pouilles des anciens Patans & Rajas ; & des préfens que les Omhras font obligés de faire au grand Mo: gol tous les ans à certaines fêtes. Les Auteurs'qui nous apprennent ces particularités , conviennent que tous ces ouvrages fi riches pour la matiere font tra- vaillés fans goût , à l’exception de deux paons cou- verts de pierreries & de perles, qui fervent d’orne: ment à ce throne , & qui ont été faits par un Fran- çois. Aflez près de cette falle, on voit dans la cour une tente qu’on nomme l’afpek , qui a autant d’éten: due que la falle ou a-kas , & qui eft renfermée dans un grand baluftre couvert de lames d'argent ; elle eft foûtenue par. des piliers revêtus de lames de même métal : le dehors eft rouge , & le dedans doublé de toiles peintes au pinceau , dont les couleurs font fi vives & les fleurs fi naturelles, qu’elles paroïffent comme un parterre fufpendu. Bernier, 42/£. du grand Mogol. ( G) AMMI , ( Bor. ) genre de plante à fleurs difpofées en forme de paralol. Chaque fleur eft compoñée de plufieurs feuilles arrangées en forme derofe , échan- crées en cœur, inégales & tenantes à un calice. Ce calice devient dans la fuite un fruit compofé de deux petites femences convexes , cannelées d’un côté , & plates de l’autre. Dans les efpeces de ce genre les feuilles font oblongues , étroites & placées par paires le long d’une côte , qui eft terminée par une feule feuille. Tournefort , Zn. rei herb. Voyez PLANTE. 1 és DE CANDIE , ( Medecine. ) Ammi parvum foliis feniculi , C.B. Pin. On doit choïfir la femence d’ammi la plus récente , la mieux nourrie , la plus nette , la plus odorante , d’un goût nn peu amer; elle donne de l’huile exaltée , 8&c du fel volatil. Cette femence eft aromatique , incifive , apéniti- ve , hyfterique , carminative, céphalique; elle réfifte au venin , c'eftune des quatre petites femences chau- des. L’ammi ordinaire & denos campagnes n’eft point aromatique, (W) AMM . AMMITÉ où AMMONITE , £. £ ( Æif. nat.) Ammites , ammonites , matiere pierreufe compofee de-grains arrondis , plus ou moins gros. Cette diffe- rence de groffeur a fait diftinguer l’ammite'en perite &c en/grande. La petite eft compofée de parties que l’on a comparées pour la forme & pour la grofleur à des œufs de poiflon, à des grains de mullet , à des fe- mences de pavot , d’où {ont venus les mots cencrites &c meconites que l’on trouve dans Pline. Les grains de la grande ammite font quelquefois gros comme des poids ou comme des orobes , & ils leur reflemblent pour la forme ; c’eft pourquoi on a donné à ces am- mnires les noms de pifolithos & d’orobias. Il y en a dont les parties font autant & plus groffes que des noix. La couleur des amites doit varier comme cel- le de la pièrre ; on en voit de grifes & de parfaite- ment blanches. Les grains de celle-ci font fort ref- femblans à des anis, lorfqw’ils font féparés les uns des autres. On trouve cette pierre aflez communé- ment. Agricola de Nar. foffil. lib. V. pag. 264. Aldro- vande Mufei metal. lib, IF. pag. 633. Voyez PIERRE. On a rapporté au genre de l’axmite la pierre que l’on appelle #e/oard mineral, Voyez BESOARD MINÉ- RAL. (1) AMMOCHOSIS , f. f. ( Medecine, ) aupoyorie , efpece de remede propre à deflécher le corps, qui confiite à l’enterrer dans du fable de mer extrème- ment chaud. Voyez Bain & SABLE. (N) AMMODYTE , f.m. Ammodytes, ( Hifi. nat. ) {erpent ainfi appellé , parce qu’il fe glifle fous Le fa- ble, il en a la couleur ; fa longueur eft d’une cou- dée , & il reflemble à la vipere ; cependant fa tête eft plus grande, & fes mâchoires plus larges : fon dos eft parfemé de taches noires ; fa queue eft dure ; 1l femble qu’elle foit parfemée de grains de millet ; c’eft ce qui a fait donner à ce ferpent le nom de cezchrias, ou plütôt cerchnias. Il a fur le devant de la tête, où plütôt fur le bout de la mâchoire fupérieure,;une émi- | nence pointue en forme de verrue , que l’on pour- roit prendre pour une corne , ce qui lui a fait don- ner le nom de /érpezt cornu. Les ferpens ammodytes font en Afrique & en Europe , & furtout dans l’Ef clavonie, auf les at-on appellés viperes cornues d’IL lirie ; onentrouveenltalie, 6c. On dit que fi on ne remédie à la morfure de ce ferpent, on en meurt en trois jours ou au plus en fept jours , & beaucoup plü- tôt, fi ona été mordu par la femelle. Æ/droyande. Voyez SERPENT. ( 1) AMMODYTE , (Medecine. ) Lorfque la morfure de l’ammodyte ne caufe pas une mort prompte , le fang {ort de la plaie; la partie mordue s’enfle, 1l furvient auflitôt un écoulement de fanie , qui eft fiuivi d’une pefanteur de tête & de défaillance. On doit dans un pareil cas recourir d’abord aux remedes ordinaires , aux ventoufes, aux fcarifications de la partie autour de la plaie, à la ligature & à l'ouverture de la plaie avec le biftouri : les meilleurs remedes font la men- the prife dans l’hydromel , la thériaque appliquée {ur la plaie , les cataplafmes propres à la cure des ulceresmalins, &c. Aétius , Tesrab. IV. Serm.1.(N) * AMMONIA , furnom fous lequel les Eléens fa- crifioient à Junon , foit par allufion à Jupiter-Am- mon fon époux , foit à caufe de l’autel qu'elle avoit dans le voifinage du temple de Jupiter-Ammon. "AMMONIAC, Je! AMMONIAC ox ARMONIAC, al ammoniacus feu armeniacus. ( Hifi. rat. ) Nous ne connoïflons le /e/ ammoniac des anciens que par les defcriptions qu’ils en ont laiflées : autant que nous pouvons en juger aujourd’hui , 1l paroïr que ce /e/ étoit aflez femblable à notre fel gemme. Les anciens lui ont donné le nom de /èl ammoniac , parce qu’on Le trouvoit en Libye aux environs du temple de Jupi- ter-Ammon. Quelques-uns l'ont appellé fé/ armoniac , Qu armeniac , peut-être à çaufe du voifinage de l’Ar- Tome I. AMM 363 ménie. On ne fait pourquoi tant d’Auteurs ont dit que ce fe/ venoit de l'urine des chameaux , laquelle étant defféchée par l’ardeur du foleil , laiffoit un fel fublimé fur les fables brülans de l’Arabie & des au- tres lieux arides de l’Afrique & de l’Afie , où il pafle beaucoup de chameaux pendant les longs voyages des caravanes : cette opinion eft peut-être fondée fur ce que l’on a dit que l’urine des chameaux entre dans la compoñition du /&/ ammoniac , que l’on nous apporte aujourd’hui d'Egypte & de Syrie. Mais ce {él n’a de commun que le nom avec le /e/ ammoniac des anciens. Nous connoïflons aujourd’hui deux fortes de /6/ ammoniac, le naturel & le fachice. Le /el ammoniac naturel fe tire des foufrieres de Pouzzol dans cette grande fofle dont il eft fait men- tion à l’article de PALUN. Voyez ALUN. Il y a des fentes dans quelques endroits , d’où l’on voit fortir de la fumée le jour , & des flammes la nuit. On en- tafle fur ces fentes des monceaux de pierres ; les évaporations falines qui font continuellement éle- vées par les feux foûterrains , paflent à travers ces monceaux , & laiffent fur les pierres une fuie blan- che , qui forme après quelques jours une croûte de fel. On ramañle cette incruftation , & on lui donne le nom de /é/ ammoniac. Cette fuie blanche ou ces fleurs ont vraiment un goût de fel ; elles fe fondent dans l’eau , &elles fe cryftallifent en tubes, qui ne paroïflent pas différens de ceux du fel marin, Ce fel paroît approcher beaucoup du Jél armmoniac des anciens ; & il paroït qu’on en doit trouver de la même nature dans plufieurs autres endroits, où 1l fe fait des évaporations de fel foflile par les feux foù- terrains, M, d’Herbelot rapporte dans fa Bibliotheque orien- tale , que dans le petit pays de Botonen Afie , ily a ‘une grotte où l’on voit de la fumée pendant le jour, & dés flammes pendant la nuit , & qu'il fe condenfe fur les parois de cette cavité un./è/ ammontac , que les habitans du pays appellent zx/chader. La vapeur qui forme ce {el eft fi pénétrante, que les ouvriers qui travaillent dans cette grotte, y périflent lorfqu’ils y reftent un peu trop long-tems. Nous avons deux fortes de /é/ ammoniac faütice 3 lune vient des Indes ; elle eft de couleur cendrée &c en pains de figure conique, comme nos pains de fucre. Nous. tirons l’autre d'Egypte & de Syrie, pat la voie de Marfcille ; elle eft en forme de pains ronds & plats , d’un palme ou deux de diametre, & de trois ou quatre. doigts d’épaiffeur , concaves fur l’une des faces , & convexes fur l’autre, avec une petite cavité au centre de cette face. Ces pains font taboteux & de couleur cendrée au-dehors, & blan- châtres, tranfparens , & cannelés au-dedans. Leur goût eft falé, acre & piquant. Cette feconde forte de Jél ammoniac eft beaucoup plus commune que la prémiere , qui commence à être fort rare en ce pays- Ci. Il y a eu plufieurs opinions fur la formation &c fur la compoftion du /e/ ammoniac faühice. Les uns difoient qu'il venoit des urines que les chameaux répandent {ur les fables de la Libye , & que c’étoit le fel fixe de ces urines que la chaleur des fables faifoit fublimer ; mais cela n’eft rapporté par aucun auteur digne de foi. Cette opinion paroît auf faufle, par rapport à notre /él ammoniac , que par rapport à celui des an- ciens, comme on l’a déjà dit. D’autres croyoient que pour faire le fe/ ammoniac , on ramafloit l'urine des chameaux ou des autres bêtes de charge, qu'on la fai foit évaporer ; & qw’après plufeurs lotions, on mo- déloit Le réfidu en forme de pains. Enfin d’autres pré. tendoient que ce fel étoit compoifé de cinq parties d'urine d’homme , d’une partie de fel marin & d’une demie-partie de fuie ; que l’on faifoit FRS toute Z i] 364 AMM lhumidité de ce mélange, & fublimer le réfidu ; qu'enfuite on diflolvoit la matiere que donnoit la fublimation , & que l’on fafoit évaporer la diffolu- ton pour tirer le fel ammoniac. Malsré tout cela, hous ne faurions pas encore la vraie préparation de ce fel, fans le Pere Sicard Jéfuite, Miffionnaire en Egypte , qui a rapporté le procedé que l’on fuit pour cette préparation. Voici en peu de mots ce qu'il en dit, dans les zouveaux Mémoires des Miffionnaires de a Compagnie de Jefus , dans le Levant, tom. Il. & On fait du /e/ ammoniac dans plufeurs lieux d’E- #gypte, comme Damaier & Mehallée ; maisfurtout 5 à Damaier, qui eft un village dans la partie de » l'Egypte , appellée DeZsa , aux environs de la ville 5 de Manfoura. On met une certaine fuie dans de # grandés bouteilles de verre d’un pié & demi de » diametre avec un peu de fel marin , diffous dans # de Purine de chameaux ou d’autres bêtes de fom- »# me. On remplit les bouteilles jufqu’à la moitié ou # aux trois quarts , &c on les range au nombré de » vingt ou trente fur un fourneau bâti exprès pour » cet ufage ; on entoure les bouteilles avec de la ter- »re-glaife , de façon queleur col ne pañle que d’un # demi - pié au-deflus de la terre ; alors on met le 5 feu au fourneau, on l’augmenté par degrés ; & lorf- 5 qu’il eft pouffé à un certain point, on entretient # pendant trois jours & trois nuits. Pendant ce tems, » 1l fe fublime une matiere qui s'attache au col des » bouteilles , & il refte au fond une maffe noire ; la » matieré fublimée eft le /&/ ammoniac, Il faut pour 5 la préparation de ce /é/ une fuie qui ait été pro- » duite par les excrémens des animaux , furtout des -» chameaux. » Cette fine eft fort commune en Egyp- te ; car le bois y étant fort rare , on brüle les excré- mens des animaux mêlés avec ia paille ; on en fait de petites mañles femblables à celles que les tan- neuts font avec le tan , & qu'ils appellent wosres 4 brûler : en Egypte on donne le nom de gellées à cel- les qui font faites avec la fiente des animaux. Geof- froy, Mat. med, tom. I. Voyez SEL. (1) LE SEL AMMONIAC , fi l’on en croit l’il- luftre Boerhaave, garantit toutes les fubftances ani- males de la corruption , & pénetre les parties les plus intimes des corps ; il eft apéritif, atténuant, : réfolutif, diaphoretique, fudorifique , antifeptique, & diurétique, propre à irriter les nerfs & à proyo- quer l’éternument; il n’agit point fur Le corps humain: | par une qualité acide ou alkaline , mais par une au- tre beaucoup plus pénétrante que celle du fel com- mun; on l’ordonne à la dofe d’un fcrupule mêlé avec d’autres fubftances, dans les fievres intermittentes, dans les obftruétions. * Onenfait un gargarifme de la façon fuivante dans la paralyfie de la langue , dans le gonflement des amygdales: prenez de l’eau de fleurs de fureau, fix onces ; de l’efprit de cochléaria , une once ; du fel ammoniac, un gros: mêlez-les enfemble , & faites- en un gargarifme. | _ Le Je! ammoniac , diffous avec'la chaux dans un vaifleau de cuivre , donne une eau ophthalmique qui eft de couleur bleue. Le fel volatil & l’efprit volatil urineux du /e/ am moniac , sordonnent à la dofe de douze grains pour le {el volatil, & de douze gouttes pour l’efprit &c {el aromatique huileux. Toutes ces préparations font bonnes pour réveiller & irriter dans les affe@ions ‘foporeufes , dans l’affettion hyftérique. On employe l’efprit de Jé7 armmoniac pour frotter les parties affligées de rhümatifme. Il ne faut point ordonner les efprits volatils feuls, car ils irritent & brûlent les membranes de l’œfophage &r des inteftins, comme des cauftiques. Les fleurs martiales de /e/ammoniac font un excel. knt apéritif; elles s’ordonnent jufqu'à la dofe d’un ÀAMM fcrüpule. Ces fleurs mifes dans l’eau-dé-vié , donnent la teinture de Mars de Mynficht. Le fel fébrifuge de Sylvius eft le réfidu ou le caprif mortuum de la difillation du /e/ ammoniac avec le {el de tartre. Ce fel cryftallifé fe donne à un gros , & davantage, dans les fievres intermittentes & autres maladies, (N) | *AMMONIAQUE(GOMME) ; C’eft un fuc concret qui tient le milieu entre la gomme & la réfine. Il s’a- mollit quand on le manie, & devient gluant dans les mains. Il eft tantôt en gros morceaux formés de pe- tits grumeaux, rempli de taches blanches ou rouf- tres; parfemé dans fa fubftance d’une couleur fale & prefque brune ; de forte qu’on peut fort bien le com- parer au mêlange de couleurs que l’on voit dans le benjoin amygdaloïde : tantôt cette somme eft en lar- mes ou en petits grumeaux compaéts & folides , fem blables à de l’encens , jaunâtres & bruns en-dehors, blancs ou jaunâtres en-dedans , luifans & brillans. Sa faveur eft douce d’abord, enfuite un peu amere: fon odeur eft pénétrante, & approche de celle du gal- banum , mais elle eft plus puante ; elle s’étend facile- ment fous les dents fans fe brifer , & elle y devient plus blanche : jettée fur des charbons ardens,, elle s’enflamme , & elle fe diffout dans le vinaigre ou dans l’eau-chaude. On nous l’apporte d'Alexandrie en Egypte. Pour l’ufage on prefere le fuc en larmes aux gros morceaux ; 1l faut choifir celles qui font grandes, pures , feches , qui ne font point mêlées de fable , de terre ou d’autres chofes étrangeres. On les purifie quand elles font fales , en les faifant difloudre dans du vinaigre ; on les pañle enfuite & on les épaiñit. Diofcoride dit que c’eft la liqueur d’un arbre du genre de la férule, qui naït dans cette partie de la Li- bye , qui eft près du temple de Jupiter-Ammon. M. Geoffroy dit qu’elle découle comme du lait, ou d’elle- même , ou par l’incifion que l’on fait à une plante ombellifere , dont on n’a pas encore la defcription. Au refte , les graines qu’on trouve dans les morceaux de cette gomme, font bien voir qu’elle eft le fuc d’u- ne plante ombellifere ; car elles font foliacées, fem- blables à celles de lanet , mais plus grandes. L’Au- teur que nous venons de citer, ajoûte que la plante qui les porte croît dans cette partie de Afrique qui eft au couchant de l'Egypte, & que l’on appelle au- jourd’hui Ze Royaume de Barca. Cette gomme donne dans lPanalyfe chimique par la diftillation , du phlegme limpide, rouffâtre, odo- rant & un peu acide; du phlegme urineux ; de l'huile limpide , jaunâtre, odorante , & une huile épaifle , rouflâtre & brune. La mañe noire reftée dans la cornue, calcinée au creufet pendant vingt heures , a laïflé des cendres brunes dont on a tiré par lixiviation du {el alkali fixe. D'où l’on voit que cette gomme eft compofée de beaucoup de foufre , foit groflier, {oit fubtil, mêlé avec un {el de tartre, un fel ammomiacal, & un peu de terre. j Elle eft apéritive , atténuante , déterfive ; elle amollit , digere , réfout ; elle excite Les regles ; elle fond les duretés & les tumeurs fcrophuleufes. On la donne en fubftance depuis un fcrupule jufqu’à un demi-gros ; elle fait un excellent emménagogue , & pour cet effet on l’employe en pilules & en bols avec les préparations de mars & les fleurs de fel am- moniac. Les préparations de la gomme ammoniaque {ont les pilules , Vemplätre & le lair. » Ermplätre de gomme ammoniaque : prenez de la gom- me ammoniaque plus de fix onces ; de la cire jaune, de la réfine, de chacune cinq onces; de l’emplâtre fimple de Mélilot, de l’onguent d’Althéa , de l'huile AMN d'Iris, de la térebenthine de Venife , de thacun une once & demie ; de la graiffe d’oie , une once; du fel ammomiac , des racines de bryonne, d'iris, de cha- cune demi-once ; du galbanum , du bdellium , de cha- cun deux gros : faites cuire le tout jufqu’à confiftance de cérat : on doit employer bien de la précaution dans cette compofition. Voyez EMPLATRE ; on en fait peu d’ufage. Lait d'ammoniac : prenez de la gomme ammonia- que la plus pure, trois gros ; faites-[la difloudre dans fix onces d’eau d’hyfope : ce remede eft bon dans lafthme & la refpiration gênée. Pilules de gomme ammoniaque : prenez de la gom- me ammOmiaque préparée avec le vinaigre de {quil- le, deux onces ; du meilleur aloès, une once & de- mue; de la myrrhe, du maftic, du benjoin, de cha- cun demi-once; du fafran de mars, du fel d’abün- the , de chacun deux gros ; du firop d’abfinthe, une fufifante quantité pour en faire des pilules ; elles font un grand apéritif : on en peut ufer à la dofe d’un denu-gr0s par jour lé matin & le foir. (N) * AMMONITES , peuples defcendus d’Ammon fils de Lot. Ils habitoient avec les Moabites une con- trée de la Syrie. Dieu fe fervit d’eux pour punir les Ifraëlites, & de Jephté pour les réprimer. Ce Naas qui fit imprudemment couper la moitié de la barbe aux ambaffadeurs de David, étoit leur Roï. Il y avoit un autre peuple de ce nom, & qu’on appelloit auf Æmmoniens ; 1] habitoit la Libye , aux environs du temple de Jupiter-Ammon. AMNIOMANTIE , {. f. forte de divination ou de Préfage qu’on tiroit de la coeffe ou membrane qui en- veloppe quelquefois la tête d’un enfant à fa naïffance. Pour bien entendre ce terme, il faut fayoir que dans le ventre de la mere le fœtus eft enveloppe de trois membranes : l’une forte , que les Grecs appel- loient ycpror, 8 les Latins fécurdine ; l’autre plus mince, appellée aanavrorde , &c la troifieme plus min- ce encore, qu'on nommoit aavios : ces deux dernieres fortent quelquefois avec le fœtus, 8 enveloppent la tête & le vifage de l’enfant. On dit que le fils de l’'Em- pereur Macrin fut furnommé Diadumene , parce qu’il vint au monde avec cette pellicule , qui formoit au- tour de fa tête une efpece de bandeau ou de diadè- me. Et dans l’ancienneRome , les Avocats achetoient fort cher ces fortes de membranes qu’ils portoient fur eux, imaginant qu'elle leur portoit bonheur , & leur procuroit gainde caufe dansles procès dontils étoient chargés. Les vieilles, dit Delrio , felon que cette pel- licule eft vermeille ou Hivide, préfagent la bonne ou mauvaife fortune des enfans. Et 1l ajoûte que Paul Jove, tout Evêque qu'il étoit, n’a pas manqué d’ob- ferver dans l’éloge de Ferdinand d’Avalos, Marquis de Pefcaire, que ce Seigneur étoit venu au monde la tête ainfñi enveloppée , & par conféquent qu’il de- voit être heureux. Ce préjugé fubfifte encore parmi le peuple, qui dit d’un homme à qui tout réuffit, qu'il eff ze coeffe. C’eft ce que les Anciens entendoient par amiomantie , terme compofé des deux mots , «uvios , coëffe où membrane , &t pavréia, divination. Delrio, Dif- quific. magic. art. lib. IV. quefl. vis. feë. 1. p. 554.(G) AMNIOS 04 AMNION , ez Anatomie, eftla mem- brane qui enveloppe immédiatement le fœtus dans la matrice, &c qui eft la plus intérieure. Ce mot paroît venir du Grec œuvoc, agneau, comme qui diroit peau d'agneau. L’amrios eft une membrane blanche, mol- le, mince & tranfparente , contigué au chorioz , dans laquelle on ne voit prefque point de vaifleaux, ou bien il n’en paroît qu'un petit nombre. Elle fait par- tie de l’arriere-faix, & elle eft placée fous le chorion. Voyez ARRIERE-FAIX 6 CHORION. . Elle contient une hqueur claire, femblable à une gelée fine, que l’on croit fervir à la nourriture du AMO 36$ fœtus, parce qi’on en trouve tobjours fon eflomac rempli. Voyez NUTRITION. À la partie extérieure de l’amnios eff fituée la mem brane allantoide. Dans quelques fujets cette mem- brane & le chorion tiennent fi étroitement enfem- ble , qu'ils paroïffent n'être qu’une feule membrane. Ses vaifleaux ont la même origine que ceux du cho- rion. Voyez ALLANTOIDE. Cette membrane a t-elle de vraies glandes ? plu- fieuts-ont vû dans la furface interne de l’arrios de la vache, une grande quantité de petits corps blancs, ainfi que dans le cordon , & même des dppendices fiftuleufes à la même furface interne de l’awzios , qui verfoient une liqueur par unéinfinité de pores. Il faut convenir que dans l’homme on n’a pas encore vû de glandes : on nie que cette membrane ait des vaïf- feaux fanguins. On pourroit demander d’où vient la liqueur de cette membrane ; la queftion eft difficile à décider, F. ce qu’en dit le Doéteur Haller, Com- ment, fur Boerhaave. ( L * AMNISIADES ox AMNISIDES ; f. f. nymphes de la ville d’'Amnifies dans l’île de Crete. AMNISTIE, f. £. forte de pardon général qu'un Prince accorde à fes fujets par un traité ou par un édit, par lequel il déclare qu'il oublie tout le pañé & le tient pour non avenu, & promet n’en faire aucune recherche. Foyez PARDON. Ce mot eft francifé du Grec éuvncie » amniffie ; qui étoit le nom d’une loi femblable que Thrafybule avoit faite après l’expulfon des trente tyrans d’Athe- nes. Andocides , orateur Athénien dont Plutarque a écrit la vie, & dont il y a une édition de 1575, nous donne dans fon Oraïfon fur Les myfleres, une formule de l’amniflie & des fermens par lefquels elle étoit cie mentée. L’amniflie eft ordinairement la voie par où le Prin ce fe réconcilie avec fon peuple après une révolte ou un foûlevement général. Tel a été , par exemple, latte d’oubli que Charles IL. Roi d'Angleterre , a. accordé lors de fa reftauration. (Æ) L'armnniflie eft auf, dans les troupes, un pardon que le Souverain accorde aux déferteurs, à condition de rejoindre leurs régimens. (Q ) AMODIATEUR,, f,. m. celui qui prend une terre à ferme. AMODIATION, £. f. bail à ferme d’une terre en grain Ou en argent, AMODIER ox ADMODIER , v. a. affermer une terre en grain Ou en argent. * AMOGABARE, {. m. nom d’une ancienne mi- lice Efpagnole , fort renommée par fa bravoure. Il n’y a plus d’Amogabares dans les troupes Efpagno- les ; ce qui ne fignifie pas qu'il n’y a plus de braves gens. | AMOISE. Foyez Moïse, terme de charpenterie, * AMOL , ville d’Afe au pays des Usbecs fur Le Gihun. Long. 82. lat, 39. 20. AMOLETTES 04 AMELOTES , f. f. plur. (Mar.) on appelle ainfi les trous quarrés où l’on pañle les bar- res du cabeftan & du virevaux. Les amelotes doivent avoir de largeur la fixieme partie de l’épaifleur du cabeftan. (Z). *AMOME , f. m.amomum racemofun , eft un fruit fec, en grappe , membraneux, capfulaire, plein de- graines, qui a été connu des anciens Grecs, ainfiqu’il eft facile de s’en afürer par la comparaïfon qu’on en peut faire avec la defcription de Diofcoride. . dans la mar, med. de Geoffroy , les fentimens desBotaniftes {ur l’amome. La grappe de l’amome eft compofée de dix ou douze follicules ou grains ; ces grains font membraneux , fibreux , faciles à rompre , & ferrés les uns près des autres , fans pédicule ; ils naïflent du même farment ; ce farment eft ligneux , fibreux ,cy- lindrique, de la longueur d’un pouce ; odorant, acre, 36 AMO garni de feuilles entaflées , foit petites & difpofées €n écailles à la partie où ce farment ne porte point de follicules , foit de fix feuilles plus longues qui en- vironnent chaque follicule , comme fi elles en étoient le calice. Trois de ces longues feuilles font de Ia lon- gueur d’un demi-pouce; & les trois autres {ont un peu plus courtes : elles font toutes minces , fibreufes, acres , odorantes, fouvent retirées à leur fommet, raremententieres, de forte qu’à peine s’étendent-elles au-delà des grains de l’amome ; ce qui vient, comme il eft croyable , de ce qu’elles fe froiflent mutuelle- ment, & ie brifent à leur extrémité dans le tranf- port. La groffeur &x la figure de ces grains d’amome eft femblable à celle d’un grain de rafin : ils ont une petite tête, ou plütôt un petit mammelon à leur poin- te, & à leur extérieur des filets très-minces, & des nervures comme des lignes dans toute leur longueur : ils ont encore trois petits fillons , & autant de petites côtes qui répondent aux trois rangs de graines qui remplifent l’intérieur des follicules , & qui font cha- cun féparés par une cloïfon membraneufe. Chaque rang contient beaucoup de graines anguleufes, en- veloppées d’une membrane mince , fi étroitement que ces trois rangs ne forment que trois graines oblon- gues. La couleur du bois & des grappes eft la même: dans les unes elle eft pâle , dans d’autres blanche ou roufâtre ; mais dans les follicules blancs ;, les graines font ordinairement avortées , au lieu que dans les rouflâtres, elles font plus folides & plus parfaites. Ces graines font anguleufes , d’un roux fonce en-de- hors , & blanches en-dedans : mais elles font plus {o- lides que celles du cardamome. Les grappes ont une odeur vive qui approche de celle de la lavande or- dinaire , mais plus douce : féparées de leurs follicu- les, les graines ont une odeur plus forte &c plus acre, & qui tient de celle du camphre. L’amome renferme beaucoup d'huile effentielle aromatique, fubtile & volatile , qu’on en tire par la diftillation après l’avoir fait macérer dans l’eau. Il faut choïfir le plus récent, le plus gros , affez pefant & rempli de grains bien nourris , de couleur purpurine , odorans , acres au goût ; il en faut fépa- rer la coque blanchâtre , qui n’eft bonne à rien , afin d’avoir les grains purs & nets: on nous l’apporte des iles Philippines. Il incife, il digere , réfifte au venin , chafle les vents , fortifie l’eftomac ; il donne de l’appétit & de la vigueur, & provoque les mois aux femmes, L’amomum , ou feum aromaticum , fion officinarum , Tourn. /nff. 308. eft une femence chaude , feche, atténuante , bonne pour lever les obftruétions , chaf- fer le gravier des reins , & exciter l’urine &les re- gles ; elle pale pour alexipharmaque ; on l’employe quelquefois pour l’amome véritable , celui dont nous ayons donné d’abord la defcription. ( N) * AMOMI , nom que les Hollandoiïs donnent au poivre de la Jamaique, que nous‘appellons autre- ment graine de girofle. AMOMEUM Plini, ou folanum fruticofum , bacci- ferum , (Jardinage. ) eft un atbrifleau dont le bois eft brun, la feuille jaune , d’un verd noir, la fleur blanche, les fruits rouges & ronds comme des ce- rifes. L’emomum garde fes feuilles & fes fruits dans la ferre , & ne fe dépouille qu’au printems. On ena de l’efpece par le moyen de fa graine. (X) AMONCELER , v. n. ou pañl. cheval qui amon- cele ou qui s’amoncele; cheval quieft bien enfemble, qui eft bien fous lui, quimarche fur les hanches fans fe traverfer. Ce terme n’eft prefque plus ufité dans le manege. (7) * AMONDE , riviere d'Ecoffe dans la Lothiane ; elle fe jette dans le golfe d’Edimbours. *AMONE oz L’AMONE, riviere d'Italie qui a fa fourçe au pié de l’Apennin, arrofe une partie de AMO la Romagne , & fe jette dans le PÔ près de flaz venne. AMONT , terme dont on fe fert fur les rivieres ; il marque la pofñtion d’une partie, ou d’un pont ou d'un bateau , relativement au cours de la riviere ; ainf on dit, l’avant-bec d’une pile , lavant-bec d’a- mont ; && de l’arriére-bec, Ze bec d'aval. L’amont eft oppolé au cours de la riviere; l'aval le reparde & le fuit, * AMORAVIS , nom que nos anciens Roman- ciers donnent aux Sarrafins ou aux Maures d’Afri- que. L’étymologie de ce nom reflemble à beaucoup d’autres, qu'on ne lit point fans fe rappeller l’épi- gramme du chevalier d’Aceilly. , * AMORBACH , ville d'Allemagne dans la Fran: come, fur la riviere de Muldt. AMORCE , fubift. ex terme de Pyrotechnie , ou de Pytobologie , eft de la poudre à tirer qu’on met dans le baffinet des armes à feu, à des fufées, à des pé- tards , &c, On ne met l’amorce qu'après avoir char- gé. Quelquefois l’amorce eft de la poudre à canon pulvérilée & mife en pâte , comme aux fufées , pé- tards, ferpentaux, & autres pieces d'artifice ; quel- quefois aufñi comme pour les bombes , carcafñles, grenades , 6. on ajoüte fur quatre parties de pou- dre une de founfre , & autant de falpetre, pilés fépa- rément , & alliés avec de l’huile. Pour les canons de guerre , on a une verge de fer pointue pour percer la cartouche par la lumiere, &c qu’on appelle dégorgeoir. Voyez DEGORGEO!R. On appelle auffi amorce une corde préparée pour faire tirer tout de fuite, ou des boîtes , ou des pé- tards , ou des fufées. Les meches foufrées qu’on at- tache aux grenades & à des faucifles , avec lefquel- les on met le feu aux mines, fe nomment auf amorce, CH) AMOR CE fe dit aufñ d’un appât dont on fe fertà la chafle ou à la pêche pour prendre du gibier, des bêtes carnacieres ou du poiflon. * AMORCER,, v. a@. c’eft chez les charrons , les menuifiers , les charpentiers, &c autres ouvriers er bois, commencer avec l’amorçoir un trou qu’on finit avec un autre inftrument, felon la figure & l’ufage qu'on leur deftine. Chez les fafeurs de peignes, c’eft faire la premiere coupure des dents par le haut feuillet de Peftadon. Voyez PEIGNE 6’ ESTADON. AMORCER , chez les ouvriers en fer, c’eft préparer deux morceaux de fer, quarrés ou d'autre forme , à être foudés enfemble de maniere qu'après être fou- dés 15 m'aient tous deux que l’épaiffeur de l’un ou de l’autre ; pour cet effet on les forge en talus, & onles applique l’un fur l’autre ; & pour que la foudure fe fafle proprement, & que par conféquent il n’y ait point de crafle ou frafer fur les furfaces qui doivent être appliquées l’une contre l’autre , le forgeron a attention de tourner ces furfaces toûjours du côté du fond du feu. AMORÇOIR, f. m. outil de Charron. Cet outil eft emmanché comme les tarrieres & les eflerets, & n’en differe que par le bout d’en-bas du fer qui eft fort aigu , & qui eft demi reployé d’un côté, & de- mi reployé de l’autre: ces deux demi-plis font tran- chans ; cet outil fert aux charrons pour commencer à former les trous ou mortoifes dans les moyeux & dans les gentes. Voyez La fig, 22. PI, du Charron. Ge font les taillandiers qui font les amorçoirs. Voyez auffe PI, V. du Taïillandier.. * AMORGOS, ville de lArchipel , l’une des Cy- clades. Lon. 44.15. lat. 36. 30. * AMORIUM , ancienne ville de la grande Phry- gie , aux confins de la Galatie, dans PAfie mineure. * AMORRHÉENS , £ m. plur. peuples defcendus d'Amorrhée, fils de Chanaan ; ils habitoient entre les torrens de Jabok & d’Arnon. | È AMORTIR, v. a@, serme de Boyaudier | c’eit faire tremper les boyaux dans le chaudron à mefure qu’ils {ont lavés , pour les amollir un peu & les difpofer à recevoir la préparation fiuvante, qui eft le dégraif- fage. Il n’y a point de tems fixe pour faire tremper ces boyaux ; quelquefois 1l ne faut qu’un jour pour les amortir | 8 quelquefois davantage ; cela dépend communément de la chaleur & du tems qu'il fait. Voyez CorDes À BoyAU & DÉGRAISSAGE. | AMORTISSEMENT , f. m. ( Jurifprud. ) eft une aliénation d'immeubles faite au profit de gens de main-morte , comme de couvens, confréries , corps de métier ou autres communautés. Voyez MAI N- MORTE. Ce mot à la lettre fignifie la même chofe qu'extinihion, AMORTISSEMENT , ( LETTRES D’ ) font des pa- tentes royales contenant permifion en faveur d’une communauté d'acquérir un fonds ; ce qu’elle ne pourroit faire fans cela. Cette conceflion fe fait moyennant une fomme qui eft payée au Roi & au Seigneur , pour dédommager l’un & l’autre des pro- fits qui leur reviendroient lors des mutations , lef- quels ne peuvent plus avoir lieu lorfque le bien eft poflédé par une communauté, qui ne meurt pas. Ce reglement a été fait à l’imitation de la loi Pa- piria, par laquelle il étoit défendu de confacrer au- cun fonds à des ufages religieux , fans le confente- ment du peuple. | Ce fut S. Louis qui imagina cet expédient , fur les plaintes que les Eccléfaftiques de fon tems porte- rent au Pape contre les Seigneurs qui prétendoient les troubler dans leurs acquifitions, en conféquence des lois du royaume qui défendoient aux gens d’églife de pofléder des fonds. Il leur conferva ceux qu'ils poflédoient pour lors : mais pour réprimer leur avidi- té,illeurimpofa pour les acquifitions qu’ils feroient à avenir, l'obligation de payer au Domaine les droits d’amortiffement, & aux Seigneurs une indemnité. 7. INDEMNITÉ. (A) AMORTISSEMENT s'entend , ez Archireëlure, de tout ouvrage de fculpture ifolé,qui termine quelques avant-corps, comme celui du château de Verfailles du côté de la cour de Marbre , & celui du palais Bourbon à Paris du côté de l’entrée ; ou bien com- pofé d’architedure & fculpture, comme celui qui couronne l’avant-corps du milieu du manege dé- couvert du château de Chantilly. Ces amortiffe- mens tiennent fouvent lieu de fronton dans la déco- ration extérieure de nos bâtimens : mais 1l n’en faut pasufer trop fréquemment, & craindre fur-tout d’a- bufer de la licence de les trop tourmenter , dans l’in- tention , difent la plüpart de nos Sculpteurs, de leur donner un air pittorefque : la fagefle des formes y doit préfider ; l’on doit rejetter abfolument dans leur compofition tous ornemens frivoles, qui ne for- ment que de petites parties , corrompent les mafles ; & qui vûes d’en-bas , ou d’une certaine diftance , ne laiflent appercevoir qu'un tout mal entendu , fans choix , & fouvent fans convenance pour le fujet. I! faut obferver auffi que ces amortiffemens {oient en proportion avec l’archite@ure qui les reçoit, que leur forme générale foit pyramidale avec l'édifice , & éviter les idées capricieufes ; car il femble depuis quelques années qu’on n’ofe plus placer d’écuflons qu'ils ne foient inclinés ; abus qui fait peu d’honneur à la plüpart des Architeétes de nos jours ; par paref- fe ou parignorance ils abandonnent le foin de leur compoftion à des Sculpteurs peu entendus, qui ne connoiflant pas les principes de l’architeture natu- relle, croyent avoir imaginé un chef-d'œuvre quand ils ont entaflé des coquilles, des palmettes, des gé- mes, des fupports, 6. quine forment qu’un tout monftrueux , fans grace, fans art , & fouvent fans beauté d'exécution, A M O 367 ” Je ne crois pas pouvoir me difpenfer de parler de ces abus, ni de recommander aux Sculpteurs d’ac- quérir les principes de l’Architedure:, & aux jeunes Architeétes l’art du deflein, comme l’ame du goût ; toutes ces frivolités n’ont pris le deflus que par l'i- gnorance de l’un & de l’autre. Le Sculpteur fe contens te de fa main-d'œuvre ; quelques Architeétes , d’un vain titre dont ils abufent. S'ils étoient inftruits réci- proquement de leur art , l’exécution en auroit plus de fuccès ; car il ne faut pas douter que c’eft dans cette partie principalement qu'il faut réunir la théo- rie & l’expérience. La fculpture dans un édifice étant étrangere à la folidité & à la commodité, elle ne peut trouver rafonnablement fa place que dans les édifi- ces facrés, dans les palais des rois , & dans les mai fons des grands ; alors il faut qu’elle foit traitée avec nobleffe , avec prudence, & qu’elle paroife fi bien liée à l’architedture qui la reçoit , que l’une & l’autre concoutre à donner un air de dignité aux montmens qu'il s’agit d'ériger, Voyez ce que j’en ai dit, & les exemples que j'en ai donnés dans le 21. volume de ma Décoration des édifices, À Paris , chez Jombert. On peut ufer de moins de févérité pour les amor- tiffemens deftinés à la décoration des fêtes publi- ques, comme arcs de triomphe, décorations théatra- les , feux d'artifices, &c. dont l’afpeët eft momenta- née, & s’exécuteen peinture à frefque fur de la toile u de la volige, où lon peut préférer les formes ingénieufes , quoiqu'hafardées, le brillant & l'éclat, à la gravité des formes qu’exige un monument de pierre : auf ai-je ufé de ces licences dans l’arc de triomphe de la porte S. Martin , que je fis exécuter à Paris en 1745. à l’occafñon du retour du Roi de l’armée de Flandre, & à la décoration du théatre + college de Louis le grand , exécutée en 1748: . AMOVIBLE,,ady. serme de Droir & fur-tout de Droit eccléftaffique , fignifie , qui peut être deftitué de fon emploi , dépoflédé de fon office, ou privé de fon bénéfice; tels font des Vicaïres de paroïfles, des Grands-vicaires , qui font amovibles à la volonté du Curé ou de l’'Evêque, ou des officiers clauftraux, que le Supérieur peut dépofer quand bon lui fem- ble. (Æ) 1 * AMOUQUE , f. m. c’eft, en Indien, le nom des Gouverneurs ou Pafteurs de Chrétiens de Saint- Thomé. | AMOUR :ilentre ordinairement beaucoup de fympathie dans l’emour, c’eft-à-dire , une inclination dont les fens forment le nœud ; mais quoiqu’ils en forment le nœud , il n’en font pas toujours l'intérêt principal : il n’eft pas impoñlible qu'il y ait un amour exempt de grofñereté. | Les mêmes pañlions font bien différentes dans les hommes. Le même objet peut leur plaire par des endroits oppofés. Je fuppofe que plufeurs hommes s’attachent à la même femme : les uns l’aiment pour fon efprit, les autres pour fa vertu , les autres pour fes défauts , 6-c. &r il fe peut faire encore que tous aiment pour des chofes qu’elle n’a pas, comme lorfque l’on aime une femme légere que lon croit {olide. N'importe, on s'attache à l’idée qu’on fe plaît à s’en figurer ; ce n’eft même que cette idée que lon aime , ce n’eft pas la femme légere. Ainfi l’objet des pañfions n’eft pas ce qui les dégrade ou ce qui les anoblit, mais la maniere dont on envifage cet objet. Or j'ai dit qu'il étoit poffible que l’on cherchât dans Pamour quelque chofe de plus pur que l’intérêt des fens. Voici ce qui me fait Le croire. Je vois tous les jours dans le monde qu’un homme environné de femmes , auxquelles il n’a jamais parlé, comme à la _ Mefle, au Sermon, ne fe décide pas toujours pour celle qui eft la plus jolie , & qui même lui paroît telle : quelle eft laraïfon de cela ? C’eft que chaque 308 À M O beautéexprimeun caraétere tout particulier ; & célui qui entre le plus dans le nôtre, nous le préférons. C’eft donc le caraëtere qui nous détermine ; c’eft donc l’ame que nous cherchons : on ne peut mesnier cela. Donc tout ce qui s'offre à nos fens ne nous plaît que comme une image de ce qui fe cache à leur vûe : donc nous n’aimons les qualités fenfibles que comme les organes de notre plaifir , & avec fubordination aux qualités infenfibles dont elles font lexpreflion : donc il eft au moins vrai que l’ame eft ce qui nous touche le plus. Or ce n’eft pas aux fens que l’ame eft agréable , maïs à l’efprit : ainfi l'intérêt de l’efprit devient l'intérêt principal , & fi celui des {ens lui étoit oppofé, nous le lui facrifierions. On n’a donc qu’à nous perfuader qu'il lui eft vraiment op- polé , qu'il eft une tache pour l’ame; voilà l’a- fIOUT pur. Cet Amour eftcependant véritable, & onné peut le confondre avec l’amitié ; car dans l'amitié, c’eft l’ef- prit qui eft l'organe du fentiment : ici ce font les fens. Et:comme les idées qui viennent par lesfens , fontin- finiment plus puiffantes que les vûes de la réflexion; ce qw’elles infpirent eft paflion. L’amutié ne va pas, fi loin; c’eft pouttant ce queje ne voudrois pas déci- der ; cela n’appartient qu’à ceux qui ont blanchi fur ces importantes queftions. Il ny a pas d’emour fans eftime , la raïfon en eft claire. L'amour étant une complaifance dans l’objet aimé , & les hommes ne pouvant fe défendre de trouver un prix aux chofes qui leur plaifent ; leur cœur en groflit le mérite ; ce qui fait qu'ils fe pré- ferent les uns aux autres, parce que rien ne leur plaît tant qu'eux-mèmes, Ainfi non-feulement on s’eftime avant tout, mais on eftime encore toutes Les chofes qu’on aime , com- me la chafle, la mufique, les chevaux, 6’c. Et ceux qui méprifent leurs propres pañlions, ne le font que par réflexion & par un effort de raifon ; car l’inftinét les porte au contraire. Parune fuite naturelle du même principe, la haine rabaïfle ceux qui en font l’objet ; avec le même foin que l'amour les releve. Il eft impofñfble aux hommes de fe perfuader que ce qui les bleffe n'ait pas quel- que grand défaut, c’eft un jugement confus que l’ef- prit porte en lui-même. Et fi la réflexion contrarie cet inftin@t (car il y a des qualités qu’on eft convenu d’eftimer , & d’autres de méprifer ) alors cette contradiétion ne fait qu'irriter la pafion ; & plütôt que de céder aux traits de la vérité , elle en détourne les yeux. Aïnfi elle dépouille {on objet de fes qualités naturelles, pour lui en don- ner de conformes à fon intérêt dominant ; enfuite elle fe livre témérairement & fans fcrupule à fes pré- ventions infenfées. Amour DU MONDE. Que de chofes font compri- fes dans lamour du monde | Le libertinage , le defir de plaire, l’envie de dominer, 6. L’amour du fen- fible &c du grand ne font nulle part fi mêlés ; je parle d’un grand mefuré à l’efprit & au cœur qu'il touche. Le gèmie &t l’aétivité portent à la vertu &c à la gloire: les petits talens , la parefle, le goût des plaïfrs , la gaieté , &c la vanité, nous fixent aux petites chofes ; mais en tous c’eft le même inftinét, & l'amour du monde renferme de vives femences de prefque tou- tes les paflions. AMOUR DE LA GLOIRE. La gloire nous donne fur les cœurs une autorité naturelle qui nous touche, fans doute , autant qu'aucune de nos fenfations , & nous étourdit plus fur nos miferes qu’une vaine diffi- pation: elle eft donc réelle en tout fens. Ceux qui parlent de {on néant véritable , foûtien- droient peut-être avec peine le mépris ouvert d’un feul homme. Le vuide des grandes pañfons eft rem- pli par le grand nombre des petites : les contemp- A M O tertrs de la ploire fe piquent de bien danfer ; ouù dé quelque mifere encore plus bafle. Ils font fl aveus gles, qu'ils ne fentent pas que c’eft la gloïre qu'ls cherchent fi curieufement, & fi vains qu'ils ofent la inettre dans les chofes les plus frivoles. La gloire, difent-ils, n’eft ni vertu ni mérite ; ils raifonnent bien en cela : elle n’en eft que la récompenfe. Elle nous excite donc au travail & à la vertu, & nous rend fouvent eftimables, afin de nous faire eftimer, Tout eft très-abjett dans les hommes, la vertu, la gloire, la vie : mais les chofes les plus petites ont des proportions reconnues. Le chêne eft un grand arbre près du cerifier ; ainfi les hommes à Pégard les uns des autres. Quelles font les inclinations & les vertus de ceux qui méprifent la gloire ! l’ont-ils méritée ? AMOUR DES SCIENCES ET DES LETTRES. La pañlion de la gloire, & la pañlion des fciences , fe reffemblent dans leur principe; car elles viennent Pune & l’autre du fentiment de notre vuide & de notre imperfe@tion. Mais l’une voudroit fe former comme un nouvel être hors de nous ; & l’autre s’at- tache à étendre & à cultiver notre fonds : ainf la pañlon de la gloire veut nous aggrandir au-dehors, &c celle des fciences au-dedans. On ne peut avoir lame grande, ou l’efprit un peu pénétrant , fans quelque paflion pour Les Lettres. Les Arts font confacrés à peindre les traits de la belle: nature ; les Arts & les Sciences embraflent tout. ce qu'il y a dans la penfée de noble ou d’utile ; deforte qu'il ne refte à ceux qui les rejettent , que ce quieft indigne d’être peint ou enfeigné. C’eit très-faufle- ment qu'ils prétendent s’arrèêter à la pofleflion des mêmes chofes que les autres s’amufent à confidérer. Il m’eft pas vrai qu’on poflede ce qu’on difcerne fi mal , ni qu’on eftime la réalité des chofes, quand on en méprife l’image : l'expérience fait voir qu’ils men- tent , & la réflexion le confirme. La plüpart des hommes honorent les Lettres, comme la religion & la vertu, c’eft-à-dire , comme une chofe qu’ils ne peuvent, ni connoïtre , ni prati- quer , ni aimer. Perfonne néanmoins n’ignore que les bons Livres font l’eflence des meilleurs efprits , le précis de leurs connoïffances &c le fruit de leurs longues veilles : Pé- tude d’une vie entiere s’y peut recueillir dans quel- ques heures ; c’eft un grand fecours. | Deux inconvéniens font à craindre dans cette pañon : le mauvais choix & l'excès. Quant au mau- vais choix , il eft probable que ceux qui s’attachent à des connoïffances peu utiles ne feroient pas pro- pres aux autres : mais l’excès peut fe corriger. Si nous étions fages, nous nous bornerions à un petit nombre de connoïffances, afin de les mieux pofléder : nous tâcherions de nous les rendre fami- lieres & de les réduire en pratique ; la plus longue & la plus laborieufe théorie n’éclaire qu'imparfaite- ment; un homme qui n’auroit jamais danfé , pofle- deroit inutilement les regles de la danfe : il en eft de même des metiers d’efprit. Je dirai bien plus : rarement l'étude eft utile lor£ qu'elle n’eft pas accompagnée du commerce du mon- de, Il ne faut pas féparer ces deux chofes : l’une nous apprend à penfer, l’autre à agir, l’une à parler, lau- tre à écrire ; l’une à difpofer nos a&tions , & l’autre à les rendre faciles, L’ufage du monde nous donne encore l’avantage de penfer naturellement , & l’ha- bitude des Sciences , celui de penfer profondément. Par une fuite néceffaire de ces vérités, ceux qui font privés de l’un & de l’autre avantage par leur condition ,.étalent toute la foibleffe de lefprit hu- main, La nature ne porte-t-elle qu'au milieu des cours & dans le {ein des villes floriffantes , des ef- prits aimables & bienfaits ? Que fait-elle pour le la- | boureur AMO boureur préoccupé de fes befoins ? Sans doute elle a fes droits , il en faut convenir. L’art ne peut éga- ler les hommes ; il les laïfle loin les uns des autres dans la même diftance où ils font nés , quand ils ont la même application à cultiver leurs talens : mais quels peuvent être les fruits d’un beau naturel né- SHC CLIN | Amour DU PROCHAIN. L'amour du prochain eft de tous les fentimens le plus jufte & le plus utile : il eft auf néceflaire dans la fociété civile, pour le bonheur de notre vie, que dans le chriftianifme pour la félicité éternelle. AMOUR DES SEXES. L'amour, partout où il eft, eft toijours le maïtre. Il forme lame , le cœur & l’efprit felon ce qu'il eft. Il n’eft ni petit ni grand, felon le cœur & lefprit qu’il occupe, mais felon ce qu'il eft en lui-même ; & 11 femble véritablement que l'amour eft à l'ame de celui qui aime , ce que lame eft au cotps de celui qu’elle anime. Lorfque les amans fe demandent une fincérité ré- ciproque pour favoir l’un & l’autre quand 1ls cefle- ront de s’aimer , c’eft bien moins pour vouloir être avertis quand on ne les aimera plus , que pour être mieux affürés qu’on les aime lorfqw’on ne dit point le contraire. Comme on n’eft jamais en liberté d'aimer ou de ceffer d’aimer , l'amant ne peut fe plaindre avec juftice de l’inconftance de fa maîtrefle , ni elle de la lévereté de fon amant. L'amour, aufli-bien que le feu , ne -peut fubffter fans un mouvement continuel , & 1l cefle de vivre dès qu'il cefle d’efpérer ou de craindre. | Il n’y a qu’une forte d'amour : maisil.y en a mille différentes copies. La plûpart des gens prennent pour de l'amour le defir de la jouiffance. Voulez-vous fon- der vos fentimens de bonne-foi., & difcerner laquel- le de ces deux pañfions ef le principe de votre atta: -chement : interrogez les yeux de la perfonne qui vous tient dans fes chaînes. Si fa préfence intimide vos fens & les contient dans une {oûmiffion refpetueu- fe , vous l’aimez. Le véritable zrzour interdit même à la penfée toute idée fenfuelle, tout eflor de lima- ination dont la délicatefle de l’objet aimé pourroit être offenfée , sil étoit poflible qu'il en fût inftruit : mais fi les attraits qui vous charment font plus d’im- preffion fur vos fens que fur votre ame ; ce n'eft point de l’amour , c’eft un appétit corporel. Qu'on aime véritablement ; & l’amour ne fera ja- mais commettre des fautes qui bleffent la confcience ou l’honneur. Un amour vrai , fans feinte € fans caprice, Ef} en effet le plus grand frein du vice ; Dans fes liens qui fait [e retenir , Et honnéte-homme , ou va le devenir. L'Enfant Prodigue, Comédie. Quiconque eft capable d'aimer eft vertueux : j’o- feroïs même dire que quiconque eft vertueux eft auffi capable d'aimer; comme ce feroit un vice de confor- mation pour le corps que d’être inepte à la généra- tion , c'en eft auffi un pour l’ame que d’être incapa- ble d'amour. Je ne crains rien pour les mœurs de la part de l'amour , 1l ne peut que les perfeétionner ; c’eft lui qui rend le cœur moins farouche , le caraétere plus liant , l'humeur plus complaifante. On s’eft accoû- tumé en aimant à plier fa volonté au gré de la perfonne chérie ; on contra@te par-là l’heureufe ha- bitude de commander à fes defirs, de les maîtrifer &c de les réprimer ; de conformer fon goût & fes in- clinations aux lieux , aux tems , aux perfonnes : mais les mœurs ne font pas également en füreté quand on eft inquiété par ces failles charnelles que les hom- mes grofliers confondent avec lamour, Tome I, A M O 369 De tont ce que nous venons de dire, il s’enfuit que le véritable amour eft extrèmement rare. Il en eft comme de l’apparition des efprits ; tout le monde en parle , peu de gens'en ont vi, Maximes de la Ro- chefoucauld. A MOUR CONJUGAL, Les caraëteres de l’a- mour conjugal ne font pas équivoques. Un amant, dupe de lui-même ; peut croire aimer fans aimer en etlet : un mari fait au quite s’il aime. Il a joui : ot la jouiffance eft la pierre de touche de l'amour ; le vé- ritable y puife de nouveaux feux : maïs le frivole s’y éteint. L'épreuve faite , fi l’on connoît qu’on s’eft mépris, je ne fai de remede à ce mal que la patience. S'il eft poñlible , fubffituez l’amitié à l’amour : mais je n’ofe même vous flatter que cette reflource vous refte. L'amitié entre deux époux eft le fruit d’un long amour , dont la joïuffance & le tems ont calmé les bouillans tranfports. Pour l'ordinaire fous le joug de l’hymen , quand on ne s’aime point on fe hait ,-out tout au plus les génies de la meilleure trempe fe ren- ferment dans l'indifférence. Des vices dans le caraétere , des caprices dans humeur , des fentimens oppofés dans l’efprit , peu- vent troubler l’eour le mieux affermi. Un époux avare prend du dégoût pour une époufe qui , pen- fant plus noblement , croit pouvoir régler fa dépen- fe fur leurs revenus communs : un prodigue au con- traire méprife une femme œconome. | Pour vivre heureux dans le mariage , ne vous y engagez pas fans aimer & fans être aimé. Donnez du corps à cet amour en le fondant fur la vertu. S'il n’avoit d'autre objet que la beauté , les graces & la jeunefle , aufli fragile que ces avantages pañlagers , il pañferoit bien-tôt comme eux : mais s’il s’eft atta- ché aux qualités du cœur & de l’efprit , 1l eft à l’é- preuve du tems. Pour vous acquérir ke droit d'exiger qu’on vous aime , travaillez à le mériter. Soyez après vingt ans aufh attentif à plaire , aufi foigneux à ne point of- fenfer ,| que s’il s’agifloit aujourd’hui de faire agréer votre amour. On ne conferve un cœur que par les mêmes moyens qu'on a employés pour le conquérir. Des gens s’époufent , ils s’adorent en fe mariant ; ils favent bien ce qu'ils ont fait pour s’infpirer mutuel- lement de la tendrefle ; elle eft le fruit de leurs égards , de leur complaifance , & du foin qu’ils ont eu de ne s’offrir de part & d’autre qu'avec un certain extérieur propre à couvrir leurs défauts, ou du moins à les empêcher d’être defagréables. Que ne con- tinuent-ils fur ce ton là quand ils font mariés ? & fi c’eft trop, que n’ont-ils la moitié de leurs attentions pañlées ? Pourquoi ne fe piquent-ils plus d’être aimés quand il y a plus que jamais de la gloire & de Pa- vantage à l'être? Quotr, nous qui nous eftimons tant, & prelque tobjours mal à propos ; nous qui avons tant de vanité, qui aimons tant à voir des preuves de notre mérite , ou de celui que nous nous fuppo- fons , faut-il que fans en devenir ni plus loiables ni plus modeftes , nous ceffions d’être orgueilleux & vains dans la feule occafon peut-être où il va de no- tre profit & de tout l'agrément de notre vie à l’être à AMOUR PATERNEL. S1 la raifon dans l’homme, ou plütôt l’abus qu'il en fait , ne fervoit pas quelque- fois à dépraver {on inftin@, nous n’aurions rien à dire fur l'amour paternel : les brutes n’ont pas befoin de nos traités de morale, pour apprendre à aimer leurs petits, à Les nourrir & à les élever ; c’eft qu’el- les ne font guidées que par linftin& : or Finftinét, quand il n’eft point diftrait par les fophifmes d’une raifon captieufe , répond toüjours au vœu de la Na- ture, fait fon devoir, & ne bronche jamais. Si hom- me étoit donc en ce point conforme aux autres ani- maux , dès que l'enfant auroit vü la lumiere, fa mere ÀAaa 370 À M O. le nourriroit de fon propre lait, veilleroit à totis fes beloins, le garantiroit de tout accident, &r ne croi- toit pas d’inftans dans fa vie mieux rémplis que ceux qu’elle auroit employés à ces importans devoirs. Le pere de fon côté contribueroit à le former ; il étu- dieroit fon goût, fon humeur & fesinclinations, pour mettre à proft fes talens : 1l cultivéroit lui-même cette jeune plante, & regarderoit comme une indif- férence criminelle , de l’abandonner à la difcrétion d’un gouverneur ignorant , ou peut-être même vi- Cieux. Mais le pouvoir de la coûtume , malgré la force de linftinét, en difpofe tout autrement. L'enfant eft à peine né, qn'on le fépare pour toûjours de fa mere; élle eft ou trop foible où trop délicate; elle eft d’un état trop honnête pouf allaiter {on propre enfant. En vain la Nature a détourné le cours de la liqueur qui l’a nourri dans le féiñ maternel, pour porter aux mammelles de fa dure marâtre deux rüiffleaux de lait deftinés déformais pour fa fubfftance ? la Nature ne fera point écoutée, fes dons feront rejettés & me- prifés : celle qu’elle en a enrichie, dût-elle en périr élle-même, va tarir la fource de ce near bienfai- fant. L'enfant fera livré à une mere empruntée & mercenaire , qui mefurera {es foins au profit qu’elle en attend. Quelle eft la mere qui confentiroït à recevoir de quelqu'un un enfant qu'elle fauroït f’être pas le fien? Cependant ce nouveau né qu’elle relégue loin d'elle fera-t1lbien véritablement le fièn, lorlaw’après plu- fieurs années , les ‘pertes continuelles de fubftance que fait à chaque inffant ün corps vivant auront été réparées en lui par un laït étranger qui laura tranf formé en un homme nouveau ? Ce lait qu'il a fucé n'étoit point fait pour fés organés : Ç’a donc été pour hi un aliment moins profitable que n’etit été le lait maternel. Qui fait fi fon tempérament robuite & fain dans l’origine n’en a point été altéré? qui fait fi cette transformation n’a point influé fur fon cœur? l’ame & le corps font fi dépendans l’un de l'autre! s’ilne deviendra pas un jour, précifément par cette raïfon, un lâche, un fourbe, un malfaiteur? Le fruit le plus délicieux dans le terroit qui lui convenoit, ne man: que guere à dégénérer, s’il eft tranfporté dans un autre. _ On compare les Rois à des peres de famille, & lon a rafon: cetté comparaïfon eft fondée fur la nature & l’origine même de la royauté.” Le premier qui fur Rot, fut un foldat heureux , dit un de nos grands Poëtes(Mérope, Trapédie de M. de Voltaire ) : mais il eft bon d’obferver que c’eft dans la bouche d’un tyran, d’un ufurpateur , du meurtrier de {on Roï, qu'il met cette maxime, indigne d’être prononcée par un Prince équitable : tout autre que Poliphonte eût dit : | Le premier qui fut Roi, régna fur fes enfans. Un pere étoit naturellement le chef de fa famille ; la famille en fe multipliant devint un peuple, & con- féquemment le pere de famille dévint un Roi. Le fils aîné fe crut fans doute en droit d’hériter de fon au- torité , & le fceptre fe perpétua ainfi dans la même maifon, jufqu'à ce qu'un /o/dat heureux ou un fujet rebelle devint la tige premiere d’une nouvelle race. _ Un Roi pouvant être comparé à un pere, on peut téciproquement comparer un pere à un Ror, & dé- terminer ainf les devoirs du Monarque par ceux du chef de famille, & les obligations d’un pere par cel- les d’un Souverain : aimer, gouverner, récompenfer , & punir, voilà, je crois, tout ce qu'ont à faire un pere & un Roi, Un pere qui n’aime point fes énfans efl'un mon- fre : un roi qui n’aime point fes fujets eft untyran. Le pere & le roi font l’un & Pautre des images vi- Vantes de Dieu, dont empire eft fondé fur larour, La Nature a fait les peres pour Pavantage des'enfans : la focièté a fait les Rois pour la félicité despeuples : il faut donc néceflairement un chef dans une famille & dans un État : mais fi ce chef eft indifférent pour les membres, ils ne feront autre chofe à fes yeux que des inftrumens faits pour fervir à le rendre heureux, Au contraire , traiter avec bonté ou fa famille ow fon État, c’eft pourvoir à fon üntérêt propre. Quoïque fiège principal de la vie 8 du fentiment , la tête.eft totours mal affife fur un tronc maigre & décharné. : Même parité entre le gouvernement d’une famille êc celui d’un Etat. Lé maitre qui régit l’une ou l’au- tre, a deux objets à remplirs l’un d'y faire régner les mœurs, la vertu & la piété: l’autre d’en écarter _le trouble, les defaftres & l’indigence : c’eft Pazrour _de l’ordre qui doit le condtire , & non pas cette fu- reur de donuner, quife plait à pouffer à bout la do: cité la mieux éprouvée. Le pouvoir de récompenfer & punir eftle nerf du gouvernement, Dieu lui-même ne commande rien, fans effrayer par des meñaces , @c' inviter par: des promefles. Les deux mobiles du cœur humain font Pefprit & la crainte. Peres & Rois , vousavez dans vos mains tout ce qu'il faut pour toucher ces-deux paflions. Maïs fongez que l’exaéte juitice eft auf foi- gneufe defécompenfer , qu’elle eftattentive à punir. Dieu vous a établis fur la terre fes fubftituts:& fes tepréfentans : mais ce n’eflipas umquement pour y tonner ; c’eit auffi pouf y tépandre des pluies. & des rofées bienfaifantés.: = 1 10 15190! | L'amour paternel ne differe “pas: de l’ameur propre. Un enfañt ne fübfifte que par fes parens ; dépend d'eux, viént d'eux , leur -doit tout ; ils n’ont rien qui leur foit fi propre. Auf: un pere ne fépare point lidée de fon-fils de la fienne , moins que le filsnaf foibliffe cette idée de propriété par quelque contras diétion ; mais plus un pere s'irritéde cette contra diétiôn, plus il s’afiliges plus ilprouve ce que je dis. AMOUR FILIAL ET FRATERNEL Comme lés'en- fans n’ont nul droit fur la volonté'dé leurs péres , la leur étant au contraire toijours combattué , cela leur fait fentir qu'ils font des êtres à part, &cnée peut pas leur infpirer de l’amour propre , parce que la propriété ne fauroit être du côté dé la dépendance. Cela et vifible: c’eft par cette taifoù que la tendrefle des enfans n’eft pas aufli vive que celle des peres ; mais les lois ont pourvià cetinconvénient. Elles font un garant aux peres contre l’ingratitude des enfants’, comimne la nature eft aux enfans un Ôtage afüré con- : tre l’abus des Lois: Il étoitjufté d’affürer à la ieil- leffe ce qu’elle accordoit à l'enfance. La reconnoïffance prévient dans les enfans' bien nés ce qué le devoir leur impoie , il eft dans la faine nature d'aimer ceux qui nous aiment & nous prote- gent, & l’habitude d’une jufte dépendance fait perdre le fentiment de la dépendance même : mais 1l fuffit d’être homme pour être bon pere ; & fi on n’efthom- me de bien ; 1l,eft rare qu’on foit bon fils. Du refte qu’on mette à la place de ceque je dis, là fympathie ou le fang ; & qu'on mb fafle entendre pourquoi le fang ne-parle-pas autant, dans les enfans que dans les peres ; pourquoi la fympathie ;périt quand la foûmuffion diminue ; pourquoi des freres ouvent {e haiflent fur des fondemens filégers, 6e. Maïs quel eft donc le nœud del’amitié des freres ? Une fortune , un nom commun , ‘même naïflance êc même éducation , quelquefois mêmecaraétere ; enfin l'habitude de fe regarder comme appartenant les uns aux autres, & comme n'ayant qu’un feul être; voi- 1à ce qui fait que l’on s’aime , voilà l’amour propre, mais trouvez le moyen de féparer des freres d’inté- À M O kêt, l'amitié lui furvit à peine ; l’amout propre qui en étoit le fond fe porte vers d’autres objets. + AMOUR DE L'ESTIME. Il n’eftpas facile de trou: ver la premiere & la plus ancienne raifon pour la- quelle nous aimons à être eftimés. On ne fe fatisfait point là-deflus, en difant que nous defirons l’eftime des autres , à caufe du plaïfir qui y eff attaché ; car comme ce plaifit eftun plaifir de réflexion, la diffi- culté fubfifte , puifqu'il refte toùjours à favoir pour- quoi cette eftime qui eft quelque chofe d’étranger & d’éloigné à notre égard ; fait notre fatisfaétion. On ne réüflit pas mieux en alléguant l’utilité de la gloire ; car bien que l’eflime que nous acquérons nous ferve à nous faire réuflir dans nos defleins, &: nous procure divers avantages dans la fociété ; 1l y a des circonftances où cette fuppoñtion ne fauroit avoir lieu. Quelle utilité pouvoient envifager Mu- tius, Léonidas, Codrus , Curtius, &c. & par quel intérêt ces femmes Indiennes qui fe font brûler après la mort de leurs maris , cherchent-elles en dépit mê- me des lois & des remontrances , une eftime à la- quelle elles ne furvivent point? « Quelqu'un a dit fur ce fujet, que l’amout propre nourrit avec complaifance une idée de nos perfec- tions, qui eft comme fon idole , ne pouvant fouffrit ce qui choque cette idée, comme le mépris & les imjuftices , & recherchant au contraire avec pañon tout ce qui la flatte & la groflit, comme l’eftime & les louanges. Sur ce principe, Putilité de la gloire confifteroit en ce que l’eftime que les autres font de nous confirme la bonne opinion que nous en avons nous-mêmes. Mais ce qui nous montre que ce n’eft: point là la principale, ni même l’umique fource de l’z- 2nour de d'effime ; c'eft qu'il arrive prefque toùjours que les hommes font plus d’état du mérite apparent qui leur acquiert l’eftime des autres , que du mérite séel qui leur attire leur propre eftime ; ou fi vous voulez , qu'ils aiment mieux avoir des défauts qu’on eftime , que de bonnes qualités qu’on n’eftime point dans le monde ; & qu'il y a d’ailleurs une infinité de perlonnes , qui cherchent à fe faire confidérer par des qualités qu’ellesfavent bien qu’elles n’ont pas, ce qui prouve qu’elles n’ont pas recours à une eftime étrangere , pour confirmer les bons fentimens qu’el- les ont d’elles-mêmes. Qu'on cherche tant qu'on voudra-les fources.de cette inclination , je fuis perfuadé qu’on n’en trou: vera la raifon que dans la fagefle du Créateur. Car comme Dieu fe fert de l’amour du plaifir pour con- ferver notre corps, pour en faire la propagation, pour nous unir les uns avec les autres , pour nous rendre fenfbles au bien & à la confervation de la ociété ; 1l n’y a point de doute auffi que fa fageffe ne fe ferve de lamour de l’eflime , pour nous défen- dre des abaïflemens de la volupté , & faire que nous. nous portions aux-aétions honnêtes & louables , qui conviennent fi bien à la dignité de notre nature. Cette précaution n’auroit point été néceflaire., la raïfon de l’homme eût agi feule en lui, & indé- pendamment du fentiment; car cette raifon pouvoit hu monter l’honnête ; & même le lui faire préférer à l’agréable : mais, parce que cette raïfon eft par- tiale , & juge fouvent en faveur du plaifir,attachant lhonneur & la bienféance à ce qui lui plaît; il a plû à la fagefle du Créateur de nous donner pour jugé de nos aétions , non-feulement notre raifon , qui fe laïffe corrompre par la volupté , mais encore la raï- fon des autres hommes, qui n’eft pas fi facilement féduite. ré AMOUR-PROPRE € de nous-mêmes. L'amour eft une complaifance dans l’objet aimé. Aimer une cho- Je, c’eft fe complaire dans fa pofleflion , fa grace , fon accroïffement; craindre fa privation , {es dé: chéançces , &c. Tome I, AMO 37: Plufieurs Philofophes rapportent généralement à l'amour-propre toute forte d’attachemens ; ils prèéten- dent qu’on s’approprie tout ce que l’on aime ; qu’on n’y cherche que fon plaifir & fa propre fatisfac- tion ; qu’on fe met foi-même avant tout ; jufques-là qu'ils nient que celui qui donne fa vie pour un au- tte, le préfere à foi. Ils paflent le but en ce point ; car fi l’objet de notre amour nous eft plus cher, que l’exiftencé fans l’objet de notre amour, il pa- roit que c’eft notre amour qui eft notre paflion do= minante , & non notre individu propre ; puifquetout _nous échappe avec la vie, le bien que nous nous étions appropriés par notré amour, comme nôtres être véritable. Ils répondent que la poffeffion nous fait confondre dans ce facrifice notre vie & celle de l’objet aimé ; que nouscroyons n’abandonner qu’une partie de nous-mêmes pour conferver l’autre : au moins ils ne peuvent nier que celle que nous confer: vons nous paroit plus confidérable que celle que nous abandonnons. Or, dès que nous nous regardons. comme la moindre partie dans le tout, c’eft une pré- férence mamifefte de l’objet aimé. On peut dire là même chofe d’un homme, qui volontairement & de fans-froid meurt pour la gloire : la vie imaginaire qu'il achete au prix de fon être réel , eft une préfé- rence bien inconteftable de la gloire | & qui juftifie la diftinétion que quelques Ecrivains ont mifé avec fageffe entre l'amour propre & l'amour de nous-mêmes. Avec l'amour denous-mêmes,difent-ils,on cherche hors de foi fon bonheut ; on s’aime hors de foi davan- tage, que dans fon exiftence propre ; on n’eft point foi-même fon objet. L'amour - propre au contrairé fubordonne tout à fes commodités & à fon bien-être : il eft à lui-même fon objet & fa fin ; deforte qu’au lieu que les paflions qui viennent de l’amour de nous- mêmes nous donnent aux chofes , l’amour-propre veut que les chofes fe donnent à nous, & fe fait le centre de tout. . L'amour de nous-mêmes ne peut pécher qu’en excès ou en qualité ; il faut que fon déreglement confifte | en ce quénous nous aimons trOPp , OU en ce quénous nous aimons mal, ou dans l’un & dans l’autre de ces défauts joints enfemble. L'amour de nous-mêmes ne peche point en éxcès #. cela paroït de ce qu'il eft permis de s’aimer tant qu’on veut; quand on s'aime bien. En effet , qu’eft- Et s al 2 = 2 ce que s’aimer {oi-même ? c’eft defirer {on bien , c’eft craindre fôn mal, c’eft rechercher {on bonheur. Or. j'avoue qu'il arrive fouvent qu’on defire trop, qu’on craint trop, & qu’on s’attache à fon plaïfir , ou à ce ! qu’on regarde comme fon bonheur avec trop d’ar- deur : mais prenez garde que l’excès vient du défaut qui eft dans l’objet de vos paflions., & non pas de la trop grande mefure de l'amour de vous-même. Ce qui le-prouve ,:c’eft que vous pouvez & vous devez mê-. me defirer fans bornes la fouveraine félicité , crain- re fans bornes la fouveraine mifere; & qu'il yau- roït même.du déreglement à w’avoir que des defirs bornés pour un bien infini. : En effet , fi l’homme ne devoit s'aimer lui-même . que dans une,mefure limitée , le yuide de fon. cœur ne devroit pas être infim ; &f le vuide de fon cœur ne devoit pas être infini, ils’enfuivroit qu’il n’auroif pas été fait pour la poffeffion de Dieu, mais pour la poffeffion d'objets finis &-bornés. Cependant la religion & l'expérience nous apprens nent également le contraire. Rien n’eft plus légitime & plus jufte que cette infatiable avidité , qui fait qu'aprèsla poffeffion des avantages du monde , nous cherchons encore le fouverain bien. De tous ceux qui l’ont cherché dans les objets de cette vie, aucun ne l’a trouvé. Brutus qui avoit fait une profeffion particuliere de fagefle , avoit crû ne pas fe tromper en le cherchant dans la vertu; mais Fe aumoié aa ij 3% AMO la veftu poutelle-même au lieu qu’elle n’a rien d’ai- mable & de loïable que par rapport à Dieu; coupa- ble d’une belle & fpirituelle idolatrie , 1l n’en fut pas moins eroflierement décçü ; il fut obligé de reconnoi- tre {on erreur eh mourant, lorfqu’il s’écria: O verse, ÿe reconnois quetu n'es qunmiférable fantôme, &c ! . Cette infatiable avidité du cœur de homme n’eft donc pas'un mal, I falloit qu’elle fit, afin que les hommes fe trouvaflent par-là difpofés à chercher Dieu. Or ce que dans l’idée métaphorique & figu- rée, nous appellons wzcœur qui a une capacité infinie, ar vuide qui ne peut étre rempli par les créatures, fipnifie dans Pidée propre & littérale, une ame qui defire naturellement un bien infini , & qui le defire fans bornes, quine peut être contente qu'après lavoir ob- tenu. Si donc 1l eft néceflaire que le vuide de notre cœur ne foit point rempli par les créatures , il eft néceflaire que nous defirions infiniment ; c’eft-à- dire, que nous nous aimions nous-mêmes fans me- fure. Car s'aimer, c’eft defirer fon bonheur. Je fai bien que notre nature étant bornée, elle m’eft pas capable , à parler exaftement , de former des defirs infinis en véhémence : mais fices defirs ne font pas infinis en ce fens, ils le font en un autre; car 1l eff certain que notre ame defire felon toute l’étendue de fes forces : que fi le nombre des efprits néceflaires à l'organe pouvoit croître à l'infini, la véhémence de fes defirs croîtroit aufli à l’infini ; & qw’enfin fi l’infinité n’eft point dans laéte ; elle ef dans la difpofition du cœur naturellement infatiable. Auf eit-ce un grand égarement d’oppofer l’a- mour de nous-mêmes à l'amour divin , quand celui-là eft bien réglé : car qu’eft-ce que s’aimer foi-même comme il faut? C’eft aimer Dieu; & qu’eft:ce qu’ai- met Dieu? C’eft s'aimer foïi-même comme: il faut. L'amour de Dieu eft le bon fens de lasour de nous- mêmes ; e’en eft l’efprit & la perfe&tion. Quand la- nour de nous-mêmes {e tourne vers d’autres objets , 1l né mérite pas d'être appellé amour; il elt plus dan- gereux que la haine la plus cruelle ::mais quand l’e- hour de nous-mêmes {e tourne vers Dieu, ‘fe con: fond avec amour divin. J'ai infinué dans ce que je viens de_dire, que l’a: mour de nous-mémès allume toutes nos: autrès affec- tions , 8 eft le principe général de nos mouvemens. Voici la preuve de cette vérité : en concevant une nature intelligente, nous concevons' une volonté ; une volonté fe porte néceflairement à l’objet qui lui convient : ce qui lui convient eft un bien par rapport à elle ,& par conféquent fon bien + or ai mant toûjours fon bien, par-là elle s’aime elle-même, &t aime tout par rapport à elle-même ; car qu’eft-ce que la convenance de l’objet auquel elle fe-porte, f- non un rapport eflentiel à elle ? Ainfi quand elle aï- me ce-qui a rapport a’elle ; comme li convenant, n’eft-ce pas elle-même qui s’aime dans ce qui lui con- vient ? ET UT, | : Pavoue que l’afeMon- que nous avons pour les autres , fait quelquefois naïître nos defifs ,'nos crain- tes, & nos efpérances : mais quel'eft le principe de cétte affection, fice n’eft larnour de nous-mêmes ? Con- fidérez bien toutes les fources de nosamitiés , & vous trouverez qu'elles fe réduifent à l’intérêt, la recon- noiffance , la proximité , la fympathie, & une con- venance délicate entre la vertu 87 l'amour de nous- imérnes), qui fait que nous croyons l'aimer pour elle- fiême , quoique nous l’aimions en éffet pour l'amour de nous ; &toutcelafe réduit à l’urnour de nous-mêmes. La proximité tire de-là toute la force qu’elle a pour allumer nosaffeétions : nous aimons nos enfans parce qu’ils font nos énfans ; s'ils étoient les enfans d’un autre , ils nous feroient indifférens. Ce n’eft done pas eux que nous aimons, c’eft la proximité qui nous lie avec eux. [leftivrai que les enfans n'ai- ment pas tant leurs péres que les-peres aiment leuts enfans : mais cette différence vient d’ailleurs. Voyez AMOUR PATERNEL , 6 FILIAL. Au trefle, comme il-y a proximité de fang, proximité de profefion; proximité de pays, &c. il'eft certain aufi queces affeŒions fe diverffient à cet égard en une infinité de mamieres : mais 1l faut que la proximité ne foit point combattue par l’intérêt ; cär alors celui-ci || lemporte infailliblement. L'intérêt va direétement ànous ; la proximité n’y va que par réflexion : ce qui fait que l’intérêt agit toûjours avec plus de force que la proximité. Mais en cela, comme en toute autre chofe, les circonftances particulieres changent beau: coup la propoñition générale, Non-feulement la proximité eft une fource d'amis: tié , mais encore nos affe{tions varient felon Le degré de la proximité : la qualité d'homme que nous por- tons tous , fait cettebienveillance générale que nous: appellons humanité : homo fm, hurnani nihil a me aliez T2LLTI2 Pro ° La proximité de la nation infpire ordinairement: aux hommes une bienveillance , qui ne ie fait point fentir à ceux qui habitent dans leur pays, parce que cette proximité s’affoiblit par le nombre de ceux qui la partagent ; mais elle devient fenfble, quand deux ou trois perfonnes originaires d’un même pays fe ren- contrent dans un climat étranger. Alors l’amour de: . nous-mêmes quia befoin d'appui & de confolation , & qui en trouve en la perfonne de ceux qu’un pareil intérêt & une femblable proximité doit mettre dans la même difpoñition , ne manque jamais de faire une: attention perpétuelle à cette proximité, fi un plus fort motif pris de fon intérêt ne l’en empêche. La proximité de profeflion produit prefque toi. jours plus d’averfion que d'amitié, par la jaloufe qu’elle infpire aux hommes les uns pour les autres : mais celle des conditions eft prefque toüjours ac- compagnée de bienveillance. On eft furpris que les | Grands foient fans compañlion pour les hommes du. commun ; c’eft qu'ils lesvoyent en éloignement , les confidérant par les yeux de l’zmour propre. Ils ne les: prennent nullement pour leur prochain ; ils font bien éloignés d’appercevoir cette proximité ou ce: voifinage , eux dont l’efprit & le cœur ne font occu- pés que de la diftance.qui les fépare des autres hom- mes , & quifont de cet objet les délices de leur vanité, + La fermeté barbare que Brutus témoigneen voyant mourir, {es proprés enfans, qu'il fait exécuter en fa préfence , n’eft pas fi defintéreflée qu’elle paroît :: ‘ le plus grand des Poëtes Latins en découvre le motif en ces termes : Vincet amor patrie , laudumque immenfa cupido. mais il n’a pas démêlétoutesles raifons d’intérêtque font l’inhumanité apparente de ce Romain. Brutus étoit comme les autres hommes ; ils’aimoit lui-même plus que toutes chofes : fes enfans font coupables d'un crime qui tendoit à perdre Rome , mais beau coup plus encore à perdre Brutus. Si l’affeétion pa= ternelle excufe les fautes , l'amour propre les ag grave, quand ileft direétement bleflé : fans doute que Rome eut l’honneur de ce que Brutus ft pour l'amour de lui-même , que fa patrie accepta le facri- fice qu’il faifoit à fon amour propre, & qu’il fut cruel par foiblefle plûtôt que par magnanimité. ul L'intérêt peut tout fur les ames; on fe cherche dans l’objet de tous fes attachemens ; 8 comme il a diverfes fortes d'intérêts , on peut diftinguer auffi diverles fortes d’afféétions que l'intérêt fait naï- tre entre les hommes. Un intérêt de volupté fait naître les amitiés galantes : un intérêt d’ambition fait naître les amitiés politiques : un intérêt d'or- gueil fait naître les amitiés illuftres : un intérêt d'a AMO warice fait naître les amitiés utiles. Le vulgaire qui déclame ordinairement contre l'amitié intérefée , ne fait ce qu'il dit. Il fe trompe en ce qu’il ne connoît généralement parlant, qu'une forte d'amitié inte- reflée, qui eft celle de l’avarice ; au lieu qu'il y a autant de fortes d’afedions intéreflées , qu'il y a d'objets de cupidité. Il s’imagine que c’eft être cri- minel que d’être intéreflé , ne confidérant pas que c’eft le defintéreflement & non pas l'intérêt qui nous perd. Si les hommes nous offroient d’aflez grands biens pour fatisfaire notre ame, nous férions bien de les aimer d’un amour d'intérêt, & perfonne ne devroit trouver mauvais que nous préféraffions les motifs de cet intérêt à ceux de la proximité & de toute autre chofe. | La reconnoïflance elle-même n’eft pas plus exemp+ te de ce principe de l'amour de nous - mêmes; car quelle différence y a-t-il au fond entre Pintérêt & la reconnoïffance ? C’eft que le premier a pour objet le à: à venir, au lieu que la dérniere a pour objet le n pañlé. La reconnoiflance n’eft qu’un retour dé- licat de l'amour de nous-mêmes, qui fe fent obligé ; c’eft en quelque forte l'élévation de Pintérèt : nous n’aimons point notre bienfaiteur parce qu'il eft at- mable, nous l’aimons parce qu'il nous a aimés. La fympathie, qui eft la quatrieme fource que nous avons marquée de nos affe@tions, eft de deux fortes. Il y a une fympathié des corps & une fym- pathie de l’ame : 1l faut chercher [a caufe de la pre- miere dans le tempérament, & celle de la feconde dans les fecrets reflorts qui font agir notre cœur. Il eft même certain que ce que nous croyons être une fympathie de tempérament, a quelquefois fa fource ère les principes caches de notre cœur. Pourquoi penfez-vous que je hais cet homme à une prenuere vüe quoiqu'il me foit inconnu ? C’eft qu'il a quelques traits d’un homme qui m’a offenfé , que ces traits frappent mon ame & réveillent une idée de haine fans que j'y faffe réflexion. Pourquoi au contraire aime-je une perlonne inconnue dès que je la vois, fans m'informer f elle a du merite ou fi elle n’en a pas? c’eft qu'elle a de la conformité ou avec moi ou avec mes enfans & mes amis, en un mot ayec quel: que perfonne que j'aurai aimée. Vous voyez donc quelle part a l’arour de nous-mêmes à ces inclinations myttérieufes & cachées , qu’un de nos Poëtes décrit de cette maniere : Il eff des nœuds fecrets , 1l ef? des fympathies 3 Dont par les doux accords Les ames afforties, &éc, Mais fi après avoir parlé des fympathies corpo: telles, nous entrions dans le détail des fympathies fprituelles, nous connoîtrions qu’aimer les gens par fympathie, n’eft proprement que chérir la reflem: blance qu'ils ont avec nous; c’eft avoir le plaïfir de nous aimer en leurs perfonnes. C’eft un charme pout notre cœur de pouvoir dire du bien de nous fans blefler la modeïftie. Nous n’aimons pas feulement ceux à qui la Nature donne des conformités avec nous, mais encore ceux qui nous reflemblent par art & qui tâchent de nous imiter : ce n’eft pas qu'il ne puifle arriver qu'on haïra ceux de qui l’on eft mal 1nuté : perfonne ne veut être ridicule; on aimeroit mieux être haïffable ; ainfi on ne veut jamais de bien aux copies dont le ridicule réjaillit fur l'original. Mais für quels principes d'amour propre peut être fondée cette affeétion que les hommes ont naturel- lement pour les hommes vertueux , auxquels néan- moins ils ne fe foucient pas de reffembler ? car le vice rend à cet égard des hommages forcés à la ver- tu ; les hommes l’eftiment &c la refpeétent. Je répons qu'il y a fort peu de perfonnés qui äyent pour jamais renoncé à la vertu, & qui ne s'i- maginent que s'ils ne font pas vertueux en un tems, AMO 373 ils ñnè pmident le devénir en un autrè. J’ajoûte qué la vertu eft eflentiellement aimable à l’arour de nous-mêmes , comme le vicé lui eft effentiéllement haïflable. La raifon en eft que le vice eft un facrifice que nous nous faifons dés autres Anous-mêmes; & la vertu un facrifice que nous faifons au bien des au> tres dé quelque plaifir ou de quelqu'avantage qui nous flattoit. Comment n’aimerions-nouüs pas ï clé- mence ? elle eft toute prête à nous pardonner nos crimes : la libéralité fe dépouillé pour nous faire du bien : l'humilité ne nous difpute rien ; elle cede à nos prétenfions : la tempérance refpeéte notre hon neur, & n'en veut point à nos plaifrs : la jnfticé défend nos droits , & nous rend ce qui nous ap- partient : la valeur nous défend ; la prudence nous conduit ; la modération nous épargne; la charité nous fait du bien, 6c. | … Sices vertus font du bien , dira-t-on, ce n'eft pas à moi qu'elles le font ; je le veux : mais fi vous vous trouviez en d’autres circonftances elles vous en fe: rotent : mais elles fuppofent une difpofition à vous en faire dans l’occafon. N'avez-vous jamais éprouvé, qu'encore que Vous n'attendiez ni fecours ni protec: tion d'une perfonne riche, vous ne pouvez vous défendre d’avoir pour elle une fecrete confidéras tion ? Elle naît, non dé votre efprit, qui méprife fou: vent les qualités de cet homme, mais de l'amour de vous-mmêmes, qui vous fait refpetter en lui jufqu'au fimple pouvoir de vous faire du bien? En un mot, cerqui vous prouve que l’axour de vous-même entré dans celui que vous avez pour la-vertu, c’eft que vous éprouvez que vous aimez davantage les ver: tus, à mefure que vous y trouvez plus de rapport & de convenance avec vous, Nous aimons plus na- turellement la clémence que la févérité, la libéraz lité que l’œconomie , quoique tout cela foit vertus Au refte, il ne faut point excéptér du nombre de ceux qui aiment ainfi les vertus , les gens vicieux &t déréglés : au contraire , il eft certain que par ce: la même qu'ils font vicieux , ils doivent trouver la vertu plus aimable. L’humilité applanit tous les chemins à notre orgueil,elle eft donc aimée d’un or- oueilleux ; la hhéralité donne , elle né fauroit donc déplaire à un intéreflé ; la tempérance vous laïfle en poñleffion de vos plaifirs ;'elle ne peut donc qu'être agréable à un voluptueux, qui ne veut point de r& val ni de concurrent. Auroit-on erù que l’afe&ion qué les hommes du monde témoignent pour les gens vertueux eût une fource fi mauvaile ? 8: me par: donnera-t-on bien ce paradoxe, fi j’avance qu'il ar: rive fouvent que les vices qui font au-dedans dé nous , font l'amour que nous avons pour les vertus des autres ? | Je vais bien plus avant, & j'oferai dire que l’7: mor de nous-mémes a beaucoup de part aux fenti- mens les plus épurés que la morale & la rélision ñous font avoir pour Dieu. On diftingue trois for- tes d'amour divin; un amour d'intérêt , un amour de reconnoiffance, &c un amour de pure amitié : l’amour d'intérêt fe confond avec l’arour dé nous: mêmes ; l'amour de réconnoïffance , a encore la imê- me fource que celui d'intérêt, felon ce que nous en avons dit e1 - deflus ; l'amour de pure amitié fem: ble naître indépendamment de tout intérèt & de tout amour de nous-mêmes, Cependant fi vous y re- gardez de près, vous trouverez qu'il a dans le fond lé même principe que les autres: car premiex rement il eft remarquable que l'amour de pure anutié ne naît pas tout d’un coup dans l’ame d’un homme à qui l’on fait connoitre la religion. Lé pre- mier desré de notre fanétification eft de fe détacher du monde ; le fecond , c’eft d’aimer Dieu d’ün amour d'intérêt, en lui donnant tout fon attachement, pat: ce qu’on le çonfidere comme le fouverain bien’; le 374 AMO ‘troifieme , C’eft d’avoir pour fes bienfaits la recon- noïffance qui leur eft düe ; & le dernier enfin , c’eft d’aimer {es perfeétions. Il eft certain que le premier de ces fentimens difpofe au fecond , le fecond au troïfieme, le troifieme au quatrieme : or comme tout ce qui difpofe à ce dernier mouvement, qui eft le plus noble de tous, eft pris de l’aour de nous-mêmes, ils’enfuit que la pure amitié dont Dieu même eft l’objet , re naït point indépendamment de ce der- nier amour D'ailleurs , l’expérience nous apprend qu'entre les attributs de Dieu , nous aimons particulierement ceux qui ‘ont le plus de convenance avec nous : nous aimons plus {a clémence que fa juftice, fa bénéf- cence que fon immenfité ; d’où vient cela ? fi ce n’eft de ce que cette pure amitié, qui femble n’avoir pour objet que les perfettions de Dieu, tire fa force prin- cipale des rapports que ces perfeétions ont avec nous. S'il y avoit une puré amitié dans notre cœur à l’égard de Dieu, laquelle fût exempte du principe de l’amour de nous-mêmes, cette pure amitié naïtroit néceffairement de la perfeétion connue, & ne s’é- leveroiït point de nos autres affeétions. Cependant les démons connoiïffent les perfeétions de Dieu fans les aimer , les hommes connoïffent ces perfeétions avant leur converfion, & perfonne n'oferoit dire que dans cet état ils aient pour lui cette affeétion que l’on nomme de pure amitié ; il s'enfuit donc qu'il faut autre chofe que la perfe&tion connue pour faire naître cet amour, | Pendant que nous regardons Dieu comme notre juge , 8 comme un juge terrible qui nous attend la foudre à la main ; nous pouvons admirer fes per- feions infinies, mais nous ne faurions concevoir de l’afe&ion pour elles. Il eft bien certain que fi nous pouvidns refufer à Dieu cette admiration , nous nous garderions bien de la lui rendre : & d’où vient cette néceffité d’admirer Dieu ? C’eft que cette ad- miration naît uniquement de la perfeétion connue : fi. donc vous concevez que la pure amitié a la mê- me fource, il s’enfuit que la pure amitié naïîtra dans notre ame comme l’admiration. 1°, De ce que nous nous aimons nous-mêmes né- ceflairement , il s'enfuit que nous avons certains de- voirs à remplir qui ne-tegardent que nous-mêmes : or les devoirs qui nous regardent nous-mêmes, peu- vent fe réduire en général à travailler à notre bon- heur & à notre perfetion; à notre perfeétion, qui confifte principalement dansune parfaite conformité de notre volonté avec l’ordre ; à notre bonheur , qui confifte uniquement dans la jouiffance des plaifirs, j'entens des folides plaifirs, &c capables de contenter un efprit fait pour pofléder le fouverain bien. 28. C’eft dans la conformité avec l’ordre que con- fiffe principalement la perfeétion de l’efprit : car ce- lui qui aime l’ordre plus que toutes chofes , a de la vertu ; celui qui obéit à l’ordre en toutes chofes , remplit fes devoirs ; & celui-là mérite un bonheur folide ,.qui facrifie {es plaifirs à l’ordre. 3°.1Chercher fon bonheur, ce n’eft point vertu, c’eft néceflité : car il ne dépend point de nous de vouloir être heureux ; & la vertu eft libre. L'amour propre, à parler exaétement , n’eft point une qualité qu'on puifle augmenter ou diminuer. On ne peut cefler de s'aimer : mais on peut cefler de fe mal ai- mer. On peut par le mouvement d’un amour propre éclairé , d’un amour. propre foutenu par la foi & par l’efpérance , & conduit par la charité, facrifier fes plaifirs préfens aux plaïfirs futurs, fe rendre malheu- reux pour un tems., afin d’être heureux pendant lé- ternité ; car la gracene détruit point la nature. Les pécheurs & les juftes veulent également être heu- reux ; ils courent également vers La fource de la félicité : mais le jufte ne fe laïffe ni tromper ‘ns corrompre par les apparences qui le flattent ; au lieu que le pécheur , aveuglé par fes paflons , oublie- Dieu, {es vengeances & {es récompenfes, & em ploye tout le mouvement que Dieu lui donne pour le vrai bien , à courir après des fantômes, 4°. Notre amour propre eft donc le motif qui fe- couru par la grace nous unit à Dieu, comme à no-. tre bien, & nous foûmet à la raifon comme à notre loi, ou au modele de notre perfeétion : mais il ne faut pas faire notre fin ou notre loi de notre motif. Il faut - véritablement & fincerement aimer l’ordre, & s’u- nir à Dieu par la raïfon ; il ne faut pas defirer que l’ordre s’accommode à nos volontés : cela n’eft pas poflible ; l’ordre eft immmiable & néceffaire : il faut hair fes defordres , & former fur l’ordre tous les mou- vemens de fon cœur ; il faut même venger à fes dé- pens lhonneur de l’ordre offenfé , ou du moins fe foûïmettre humblement à la vengeance divine : car celui qui voudroit que Dieu ne punît point linjuftic ou livrognerie , n’aime point Dieu ; & quoique | la force de fon amour propre éclairé, il s’abftienne de voler & de s’enivrer , 11 n’eft point jufte. s°. De tout ceci 1l eft manifefte premierement , qu'il faut éclairer fon amour propre, afin qu’il nous ex- cite à la vertu: en fecondlieu , qu’il ne faut jamais fuivre uniquement le mouvement de l'amour propre : en troifieme lieu, qu'en fuivant l’ordre inviolable- ment , on travaille {olidement à contenter fon 4mour propre : en un mot, que Dieu feul étant la caufe de nos plaifirs , nous devons nous foïmettre à fa loi, & travailler à notre perfetion. e: 6°. Voici en généralles moyens de travailler à fa perfeëtion , & d'acquérir & conferver l’amour habi- tuel & dominant de l’ordre. Il faut s’accoûtumer au travail de lattention , & acquérir par-là quelque force d’efprit ; 1l ne faut confentir qu’à l'évidence , & conferver ainfi la liberté de fon ame ; il faut étu- dier fans cefle l’homme en général, & foi-même en particulier, pour fe connoitre parfaitement ; il faut méditer jour & mut la loi divine, pour la fiuvre exattement ; fe comparer à l’ordre pour s’humilier & Îe meprifer ; fe fouvenir de la juftice divine, pour la craindre & fe réveiller. Le monde nous féduit par nos fens ; il nous trouble l’efprit par notre imagina- tion; il nous entraine & nous précipite dans les der- niers malheurs par nos pañons. Il faut rompre le commerce dangereux que nousavons avec hui par notre corps, fi nous voulons augmenter l’union que nous avons avec Dieu par la raifon. | | Ce n’eft pas qu’il foit permis de fe donner la mort, ni même de ruiner fa fanté : car notre corps n’eft pas à nous ; il eft à Dieu, 1l eft à l'Etat, à notre famille, à nos amis : nous devons le conferver dans fa force , felon l’ufage que aous fommes obligés d’en faire : mais nous ne devons pas le conferver contre l’ordre de Dieu , &aux dépens des autres hommes : il faut l’expofer pour le bien de l'Etat, & ne point craindre de l’affoiblir , le ruiner , le détruire, pour exécuter les ordres de Dieu. Je n'entre point dans le détail de tout ceci, parce que je n’ai prétendu expofer que les principes généreux fur lefquels chacun eft obli- gé de régler fa conduite , pour arriver heureufement au lieu de fon repos & de fes plaifrs. (X) * AMOUR oz CUPIDON ( Myrk. ) Dieu du Pa- ganifme , dont on a raconté la naïffance de cent ma- nieres différentes , & qu’on a repréfenté fous cent formes diverfes, qui lui conviennent prefque toutes également. L'amour demande fans cefle , Platon a donc pû le dire fils de la pauvreté ; il aime le trou- ble & femble être né du cahos comme le prétend “Héfode : c’eft un mêlange de fentimens fublimes , &z de defirs grofliers, c’eftce qu’entendoit apparemment AMR Sapho , quand-elle fafoit Pemor, fils du ciel & de la terre. Je croïs que Simonide avoit.en vüe lecom- pofé de force & de foibleffe qu’on remarque dans la conduite des amans , quand il penfa que l'amour étoit fils de Venus & de Mars. Il naquit elon Alemeon, de Flore &-de Zéphire, fymboles.de l’inconftance &z de la beauté. Les uns lui mettent un bandeau {ur les-yeux, pour montrer combien il eit aveugle; & d’autres un doigt fur la bouche, pour marquer qu'il veut de la difcrétion. On lui donne des aïles , fym- boles de légérété ; un arc, fymhole: de puiflanee; in flambeau allumé , fymbole d'aûivité: dans quel: ques Poëtes , c’eft un dieu ami de la paix, de la concorde’, 8c.de toutes vertus; ailleurs, c’eft un dieu cruel, & perede tous les vices: & en effet, l'amour efk tout cela , felon les ames. qu'il domi ne. Il a même plufeurs de ces cataéteres fuccef- fivement dans la même ame : 1l y a des amans qui . nous le montrent dans un inftant , fils du ciel ; & dans un autre, fils de l’enfer. L’amour.eft quelquefois en- cote repréfenté , tenant par les ailes un papillon, qu'il tourmente & qu'il déchire : cette allégorie eft trop claire pour avoir befoin d'explication. AMOUR , peindre avec amour, c'eft travailler un ouvrage , le rechercher, le finir de façon que rien n’y foit négligé. CR). - “AMOUR a forsacception en Fauconnerie : on dit voler d'amour, des oïfeaux qu'on laïffe voler en liberté, afin qu'ils foûtiennent les chieñs. | AMOUR (SaINT-) ville de France, dans la Fran- che-Comté. Long..22. 58. Lar.-46. 30: | AMOUR o4 ÂAMOER, grand fleuve , mer, île, &z détroit du même nom en Afie , dans la Tartarie Orientale. éileter | AMOUREUX), adj. mufcles amoureux, armatori? mufculi Lis Anatomie ) eft le nom: que l’on donne : quelquefois aux mufcles de l'œil qui le font mouvoir obliquement , & lui font faire .ce qu'on appelle des œillades. Voyez ŒIL... 1 -:Lorfque labdudeur & l’abaifleur agiflent enfem- ble , ils donnent à l’œil ce mouvement oblique. Foyez Droir.(L) * AMPAN ox EMPAN, f. m. ( Comm. ) mefure étendue qui fert,à mefurer les diftances & Les lon- gueurs. Voyez PALME. AMPARLIER ,f. m.( Jurifp.) vieux mot qui set : ditautrefois pour Avocar, On a dit auffi ayant-parlier ‘dans la même fiemfication. Tous deux font derivés de parier, fignifiant la même chofe. (4) * AMPASA ; petit pays d'Afrique, fur la côte de ‘Zanguebar entre la ligne & le royaume de Mélinde, Long, 58. Lat. mérid. 1. 30. - *; AMPASTELER ;'ez Teinture, c’eft donner aux laines & aux draps!, lebleu de pañtel..On dit auf gue- der, parce que le guede & le paftél font la même chofe. Quand le-bleu{e donne avec le voude 6e Fin- digo , cela n’empêcheipas qu’on ne fe ferve du terme ampafieler. Voyez TEINTURE. * AMPATRES ; peuples de lilede Madagafcar, vers la côte méridionale, entre Caremboule &c Car- canafli. mi | * AMPECHONÉ , aureyova ( Hff. anc. ) manteau leger queles femmes portoient fur leur tunique. On peut voir dans les Arriquités expliquées du P. Mont- faucon une figure d’Héfione avec cet ajuftement.Son : manteau eft frangétpar le bas. Vo/. III, pag. 35. AMPELITE , 1. f. ampelites , pharmacitis ( Hifoi- re nat, ) terre noire & bitumineufe, qui doit être re- gardée comme fulphureufe &c inflammable ; Pline Pa defignée commetelle en difant qu'elle eft très-reffem- -blañte au bitume, qu’elle fe hquéfie dans l’huile, & -qwelle refte de couleur noïrâtre après avoir été brü- -Iée, Difcoride affüre que l’on trouve la terre qu'il appelle erpelire, aux environs de la ville aujourd’hui A M P 37 nommée Seleuche en Sourie ; il la donne comme une terre d’un. beau, noir, qui fe diviféaffez facilement, qui-eft également luifante dans toutes fes parties, êc qui fe. diffout promptement dans, huile après avoir été broyée ; celle qui eftblanche nef pas diffoluble, c’eft une mauvaife qualité pour cette terre au rapport du même auteut. Mathiole conclut de toutes ces ob- fervations ; que l’arpelite n’eft.pas fort dificrente du jais. ( Voyez JA1s.) ou du, charbon. de ferre. Voyez CHARBON DE TERRE. Lenom d’arpelite Vient d’ut ne propriété qu'a Cette terre, qui eft de faire mou- rix les. vers, qui fe trouyent dans les vignes’, €’éit pourquoi.on la, nommée:serre de vighe. On La auf appellée pharmaciis ; parce qu'on lui attribue quel- ques. propriétés médicinales, comme de guérit Îés üulceres des paupieres ; on s’en elt auffi.fervi pour teindre_en noires cheveux & les fourcils ;.on.én a fait des dépilatoires,, &e. Terre mufez regis Drejdenfes. D.,Chrif. Gottlieb Ludwig. Lipfiæ 1749, pag. T2. Voyez TERRE. (1) Sr LUN MR RS * AMPELUSIA, c’eflun promontoiré d'Afrique, dans la Mauritarue Tingitane , ‘dans la province de Hasbar près de Tanger, vis-à-vis l’Andaloufes c’éft auffi une ville & promontoire.de Crete , qu’on nom- me aujourd'hui Capo Sagro. C’eft encore une ville &c promontoire de Macédoine Fr près du golfe Sainte- Anne, .& que nous appellons Capo Camiftro. * AMPHAXE o4 AMPHAXIS , petite ville dé Ma- cédoine , fur le. golfe que nous.appellons de Coma. Elle donnoit fonnom à un.petit pays qu’on nommoit l’'Amphaxite, ns + | * AMPHIARÉES ( Æif£. anc. ) fêtes que les Oro- piens célebroient à l'honneur du devin Amphiaraus, uiavoit un Oracle fameux dans le temple qu'ils lui éleverent. Ceux qui alloient confulter Oracle, im- smoloient un mouton, en étendoient à terre la pearr, & s’endormoïient deflus , attendant en fonge l'inñfpi- ration du dieu. | AMPHIARTHROSE , f fer Anatomie, eft une forte d’articulation neutre on moyenne , qui eft dif- tinguée de la diarthrofe , en ce qu’elle n’a pas un mouvement mamfefte, & de la /ynarthrofe , pat fa _connexion.:#oyez ARTICULATION, DIARTHROSE, «66. Ce mot. vient d’œuç}, deux, &T d’épSpowois, articu- lation ,l’'amphiarthrofe étant compofée de deux autres fortes d’articulations : c’eft:pourquoi quelques-uns l’appellent aufi darthrofe-[ynarthrodiale. Les pieces qui la compofent n’ont pas cfacune un cartilage propre & particulier .comme dans la diarthrofe; elles tiennent de part & d’autre à un même cartilage commun, qui étant plus ou moins fouple, leur permet un mouvement de flexibilité. Telle eft la connexion de la premiere côte aves le fternum , & celle des corps des vertebres entre eux. Winflow. Voyez VERTEBRE , 6 PL. Anaiomiques. AMPHIBIE , fub. pris adjeétiv.( Æ1/£. ar.) animal qui vit alternativement fur la terre & dans l’eau, c’eft-à-dire dans l’air & dans l’eau, comme le caftor, le veau de mer, 6x. L’homme & quantité d’autres animaux que l’on ne regarde pas comme amphibies , le font cependant en quelque façon ; puifqu'ils vi- vent dans l’eau tant qu'ils reftent dans la matrice , &c qu'ils refpirent lorfqu'ils font nés : mais ils ne peu- vent plus dans la fuite {e paffer d’ar , fi ce n eft pen- dant quelques inftans , comme il arrive aux plon- geurs. Il eft vrai qu’on a vü des gens qui pouvoient refter dans l’eau pendant un affez long tems ; peut- être que fi on y mettoit de jeunes animaux, On em- pêcheroit le trou oval de-fe fermer, & que le fans pourroit circuler au moins pendant quelque tems fans le mouvement des poumons, 7oyet TROU OVAL, On a divifé les animaux en £erreftres, aquatiques, & amphibies : mais on a trouvé cette méthode très-dé- feétueufe , parce qu’on y fépare des efpeces du ré. mé sénre , &c des genres de la même claffe, & parce qu’on y réunit des efpeces de différens genres & des genres de différentes clafles ; c’eft-à-dire , parce que: cette méthode n’eft pas d'accord avec d’autres mé- thodes : mais cet inconvénient doit arriver dans tou- tes les méthodes arbitraires. Voyez MÉTHODE. Gefner a fait un article des amphibies dans {a divi- fon des animaux, ordre II. des animaux d’eau-douce, part. V. Amphibies. Le caftor, le loutre , le rat d’eau, l’hippopotame , le crocodile , un grand léfard d’Amé- rique , le cordyle , la tortue d’eau ; la grenouille , le crapaud d’eau , la falamandre d’ean appellée sac ou taflot , le ferpent d’eau , &c. Gefner regardoit auff comme amphibies les oïfeaux qui cherchent leur nour- riture dans l’eau. Nomenclator aquatiliurn animantium, pag. 352 Gfiivantes. M. Linnæus fait uné clafle d'amphibies dans fa dif tribution des animaux. Syf. nat. regn. anim. claffis III. Le premier ordre contient les reptiles, qui font les tortues , le crapaud, la grenouille , le crocodile , le cordyle, le léfard , lafalamandre, le caméleon, le fcinc, &c. Le fecond ordre contient les /érpens. Foyez ANIMAL. (1) AMPHIBLÉSTROIDE, f. f. ez Anatomie , eft le nom d’une tunique ou membrane de l’œil, appellée plus ordinairement rétine. Voyez RÉTINE. Ce moteft Grec , cugiBancpudie, cempolé d’au- giBrnsper, rets , & de éidve, forme ; parce que le tiflu de cette membrane eft en façon de rets : d’où les La- tins l’appellent aufireriformis. (L) AMPHIBOLOGIE, 1. £. (serme de Grammaire. ) ambiguité, Ce mot vient du Grec augiBcAix , qui a pour racine ugi, prépoñtion qui fignifie ezviron , au- tour, & BaXno, jertér 3 à Quoi nous avons ajOûtÉ A0= yo , parole, difcours. Lorfqu’une phrafe eft énoncée de façon qu’elle eft fufceptible de deux interprétations différentes , on dit qu’il ya amphibologie , c’eft-à-dire qu’elle eft équi- voque, ambigue. L’amphibologie vient de la tournute de la phrafe , c’eft-à-dire de l’arrangement des mots , plütôt que de ce que les termes font équivoques. On donne ordinairement pour exemple d’une 4m- phibologie , la réponfe que fit oracle à Pyrrhus , lorf- que ce Prince l’alla confulter fur l'évenement de la guerre qu'il vouloit faire aux Romains : Aio te, Æacida , Romanos vincere poffe. L’amphibologie de cette phrafe confifte en ce que l’efprit peut ou regarder se comme le terme de l’ac- tion de vincere , enforte qu’alors ce fera Pyrrhus qui fera vaincu ; oubien on peut regarder Rezzanos com- me ceux qui feront vaincus, & alors Pyrrhus rempor- tera la victoire. Quoique la langue Françoife s’énonce communé- ment dans un ordre qui femble prévenir toute ar- phibologie ; cependant nous n’en avons que trop d’e- xemples , furtout dans les tranfa@tions, les aëtes , les teftamens , Gc. nos qui, nos que, nos 1/, fon, fa, fe, donnent aufi fort fouvent lieu à l’amphibologie : ce- lui qui compofe s'entend, & par cela feul il croit qu'il fera entendu: mais celui qui lit n’eft pas dans la même difpofition d’efprit ; il faut que l’arrangement des mots le force à ne pouvoir donner à la phrafe que le fens que celui qui a écrit a voulu hui faire en- tendre. On ne fauroit trop répéter aux jeunes gens , qu’on ne doit parler & écrire que pour être entendu, & que la clarté eft la prenuere & la plus effentielle qualité du difcours. (F) AMPHIBRAQUE,, ( Belles- Lettres. ) eft le nom d’un pié de vers dans la poëfie Greque &c Latine , qui confifte en trois fyllabes ,une longue entre deux bre- ves. Voyez PIÉ & VERS. Ce mot vient d’auçi 3 AUIOHT ;. & de Bpavs 3 bref 5: comme qui diroit pié-brefa fes deux extrémités, On l’a appellé auf 7anius & fcolius. Diom. III, p. 475. Tels font ces mots 4marë, dbiré ,patérnis, O'uñpoe, &c. (G) | * AMPHIBRONCHES, £. f. pl. c’eft le nom qu’on peut donner aux parties circonvoifines des bron- ches ; & qu’on applique, felon Harris, à celles qui environnent les glandes des gencives & autres qui arrofent la gorge , la trachée artere & l’œfophage. On dit auf amphibronchies. * AMPHICLÉE , ancienne ville de la Phocide en Grece, dont les Amphiétyons changerent le nom en celui d'Ophythea. AMPHICTYONS, f. m. pl.( Æi/£. anc. ) c’étoient des députés des différens peuples de la Grece, qui dans laffemblée générale repréfentoient toute la na- tion. Ils avoient plein pouvoir de propofer , de ré- foudre & d’arrêter tout ce qu'ils jugeotent utile & avantageux à la Grece, | Les Amphidyons étoient à peu près en Grece ce que font les Etats Généraux dans les Provinces Unies, où plûütôt ce qu’on appelle en Allemagne , /4 diete de l'Empire. Voyez ETATS 6 DIETE. Celui qui donna l’idée de ces affemblées , & qui en convoqua une le premier, fut Amphiétyon , troi- fieme Roi d’Athenes, qui imagina ce moyen pour unir les Grecs plus étroitement entre eux, & les ren- dre par-là la terreur des barbares leurs voifins ; & fon nom demeura affeété"à fon tribunal. | Il s’aflembloit deux fois l’an dans le temple de Cé- res, qui étoit bâti dans une vañte plaine près du fleuve Afopus. Le Paufanias, dans la lifte des dix nations qui en- voyoient des députés à ces affemblées , ne parleque des Toniens , des Dolopes, des Theflaliens, des Œnia- nes, des Magnéfiens , des Méliens;, des Phthiens, des Doriens , des Phocéens , &r des Locriens : 1l n’y com- prend pas les Achéens , les Eléens, les Argiens, les Mefléniens & plufieurs autres.. Efchine donne auffs une lifte des cités qui étoient admifes dans ces affem- blées, dans fon Oraïfon de Falfa legatione. Acrifius inftitua unnouveau confeil d’enphidyons, qui s’afflembloient deux fois lan dans le temple de Delphes. Les députés fe nommoientindifféremment , A'ugs#luoves » LIuA Hype » l'epouvipves » & leur aflemblée TA aie. | Les Romains ne jugerent pas néceffaire de fuppri- mer ces aflemblées des amphittyons. Strabon même aflüre que de fon tems elles fe tenoient encore. ( G } * AMPHIDÉE, £. f. c’eft, felon quelques Ana- tomiftes , la partie fupérieure de lorifice de la ma- trice. AMPHIDROMIE, f. f. ( Hifi. anc. ) étoit une fête chez les Anciens , qui fe célébroit le cmquieme jour après la naïffance d’un enfant. Voyez FÊTE. (G), AMPHIMACRE , f. m. pié dans la Poëfie ancienne, Greque & Latine, qui confiftoit en trois {yllabes , une breve entre deux longues. Ce mot vient du Grec duo), autour, & de uaxpès, long ; comme qui diroit long à fes deux extrémités. Tels font ces mots: 6mnËkm, cafhitas , ypaparur,s &c. Ce pié eft auffi appellé quelquefois crercus 8e fefcennius. Diom. LIL. p. 475. Quintil. LE. IX, cap. iv. (G one , . m. (Æiff. anc.) habit velu des deux côtés, à l’ufage des Romains dans la faifon froi- * de. C’eft tout ce qu’on en fait. q * AMPHINOME , nom qu'Homere donne à une des cinquante Néréides. | * AMPHIPHON, (Mychol.) gâteaux qu’on faifoit en l'honneur de Diane, & qu’on environnoït de pe- tits lambeaux. C’eft-là tout ce que nous en favons. Ceux qui écrivent, tombent dans une étrange con- tradiétion ; ils prétendent tous que leurs ouvrages pafleront nd à AMP ÿañferont À la poftétité CC plüpait d’entre eux ‘barlent des chofes d’uné maniere à n'être entendus “que dé leurs contemporains. Je fai qu'il y a un grand nombre d'ouvrages où lé bon goût ne permet pas les détails, & qu'il né faut pas s'attendre qu'un Poëte ‘qui a occafon d'employer le nom d’une arme ou d’un plumet, en fafle la defcription : maïs tous les Au- teurs ne font pas dans ce cas. Ceux quu font des diétionnaires n’ont pas cette excufe. pour eux : au contraire , je penfe que fi les diétionnaires étoient bien faits , ils ferviroient de commentaire à tous les autres ouvrages ; & que c’eft-là qu'on trouveroit cés notes, ces éclairciflemens qui énflent nos edi- tions, & au milieu defquels le texte d’un Auteur ef comme étouffé. On a imaginé tant de diétonnaires, onen a tant exécute ; cependant ilen refte un à faire : ce feroit un diétionnaire où tous les paflages obfcurs de nos bons Auteurs féroient éclaircis : il ne fe- toit peut - être pas inutile de marquer dans le mê- me ouvrage les fautes de langue dans lefquelles ils font tombés. Ce travail nettoyeroit nos éditions à vénir de toute cette broderie marginale, qui leur eft néceffaire dans l’état où font Les chofes , mais qui ne les én défisure pas moins. On conçoit bien que ce que je viens de dire des Auteurs François, s’étend auf aux Auteurs Grecs & Latins. AMPHIPOLES , £. m. pl. (Æif. anc. ) étoient des Archontes où Magiftrats fouverains de Syracute. 77. ARCHONTE. Is y fürent établis par Timoléon, après qu'il en eut expulfé Denysle Tyran. Ils gou- vérnerent Syracufe pendant l’efpace de 300 ans ; &r Diodore de Sicile nous affüre qu'ils fubfftoient en- core de fon tems. ( G * AMPHIPOLIS, ville ancienne fituée fur Le fleu- ve Strimon aux frontieres de Thrace & de Mace- doine. Elle s’appella depuis Chriftopoli ; on dit qw’elle fe nomme aujourd’hui £mboli ou Chryf6polr. AMPHIPROSTYLE , (Archite&. ) Ce mot eff for- mé de ces trois ,aue), autour, mpo, dèvant , & œUnoe, colonne. Il figniñe un double proflyle, ( Voyez PROs- TYLE. ) qui a deux faces pareilles , c’eft-à-dire qui a un portail derriere, pareil à celui qui n’eft que devant au proftyle : cette efpece de temple a été particu- liere aux Payens. Les Chrétiens n’ont jamais fait de portail au derriere de leurs églifes. 7. TEMPLE. (P) * AMPHIRO, nom d’une nymphe oceanide. AMPHISBÆNE, ferpent qui peut fe porter en ayant & en arriere. 7. DouBre-MarcHEuUR. (1) AMPHISCIENS , f. m. pl. serme de Géographie 6: d’Affronomie, fe dit des peuples qui habitent la Zone torride. Voyez ZONE. Ce mot vient d’auçi, autour, &x de cxla , ombre, On les a ainfinommés , parce qu’ils ont leur ombre tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; c’eft-à-dire dans une faïfon de l’année au feptentrion, & dans l’autre au midi. Voyez OmBre. Les Amphif- ciensfont auf Æfciens. Voyez ASCIENS. (O ) AMPHISMILE , f. m. biffouri tranchant des deux côtés, propre pour difléquer. Ce mot eft compofé d'au), autour, & de quin, biffouri ou lancette, Voyez ScAtPEL. (Y) * AMPHITHÉATRE , {. m. Ce terme eft com- pofé de aug, & de Gcœrpoy , théatre ; 8c théatre Vient de &eouas , regarder , contempler ; ainfi amiphithéatre fi- gnifie proprement un lieu d’où les fpeétateurs rangés circulairement voyoient également bien. Auf les Latins le nommoient-ils vi/orium. C’étoit un bâtiment fpacieux , rond , plus ordinairement ovale, dont l’ef- pace du milieu étoit environné de fiéges élevés les uns au-deffus des autres, avec des portiques en-de- dans & en-dehors. Cafliodore dit que ce bâtiment étoit fait de deux théatres conjoints. Le nom de cu- yea qu’on lui donnoit quelquefois , & qui fut le pre- mier nom des théatres , n’exprimoit que le dedans, ou ce creux formé parles gradins, en çone tronqué , Tome I, | AMP 377 dont la furface la plus petite , celle qui étoit au-def: fous du premier rang de gradins & du podium , s’ap- pelloit l'arene, parce qu'avant que dé commencer les jeux de l’amphithéatre, on y répandoit du fable ; nous difons encore aujourd’hui, l’arexe de Némes , les arenes de Tintiniac. Au lieu de fable, Caligula fit répandre dans le cirque de la chryfocollé ; Néron ajotita à [a chryfocolle du cinabre broyé. 14 Dans les cominencemens , les amphithéatres né toient que de bois. Celui que Statitus Taurus fit conftruire à Rome dans le champ de Mars, fous eme pire d’Augulte , fut le premier de pierre. L’aphis théatre de Statilius Taurus fut brûlé & rétabli fous Néron. Vefpañen en bâtit un plus grand & plus fu- perbe , qui fut fouvent brûlé & relevé : il en refte encore aujourd'hu une grande partie. Voyez Plan- che 2. de nos antiquités , fig. 1. lamphithéatre de Vef- pañen , tel qu'il étoit jadis, & fig. 2. tel qu'il eft à préfent. Parmi les amphithéatres entiers ou à demi-dé- truits , qui fubfiftent , il n’y en a point de compara- ble au colifée. Il pouvoit coñtemir , dit Vi@tor, qua- tre-vingts-ept mille fpectateurs. Le fond ou enceinte la plus bafle étoit ovale. Autour de cette enceinte étoient des loges ou voûtes ; qui renferinoient les bêtes qui devoient combattre ; ces loges s’appelloient cave. Au deflus desloges appéllées caveæ , dont les por: tes étoient prifes dans un mur qui entouroit l’arene ; & fur ce mur, étoit pratiquée une avance en forme de quai, qu'on appelloit podium. Rien ne reflemble tant au podium qu'une longue tribune , ou qu’un grand periftyle circulaire. Ce podium étoit orné de colon- nes & de baluftrades. C’étoit la place des Sénateurs , des Magiftrats, des Empereurs , de l'Editeur du fpec- tacle , & des veftales, qui avoient aufñ le privilège du podium. Quoiqu'il füt élevé de douze à quinze piés , cette hauteur n’auroit pas fufñ pour garantir dés éléphans , des lions , des léopards , des panthe- res , & autres bêtes féroces, C’eft pourquoi le devant en étoit garmi de rets, de treillis , de gros troncs de bois ronds & mobiles qui tournoient verticalement , fous l’effort des bêtes qui vouloient y monter: quel- ques-unes cependant franchirent ces obffacles ; &c ce fut pour prevenir cet accident à l’avenir, qu’on pra- tiqua des foflés ou euripes tout autour de l’arene, pour écarter les bêtes du podium. Les gradins étoient au-deflus du podium : il y avoit deux fortes de gradins ou de fiéges ; les uns déftinés pour s’affleoir ; les autres plus bas & plus étroits, pour faciliter l’entrée &la fortie des premiers. Les gradins às’afleoir étoient circulaires ; ceux qui fervoient d’ef- calier, coupoient les autres de haut en bas. Les ora- dins de l’amphithéatre de Vefpañen ont un pié deux pouces de hauteur, & deux piés & demi de largeur. Ces gradins formoient les précinétions ; & l’armphi- théatre de Vefpañien avoit quatre précinétions , ou baudriers , halte. Les avenues que Macrobe appel- loït vorzitoria | {ont des portes au haut de chaque efcalier , auxquelles on arrivoit par des voûtes cou- vertes. Les efpaces contenus entre les précinétions & les efcaliers , s’appelloient cure: , des coins. Nous avons dit que les Sénateurs occupoient le podium, les .chevaliers avoient les fiéges immédiatement au-def- fus du podium jufqu’à la premiere précinttion ; ce qui formoit environ quatorze gradins. On avoit pratiqué deux fortes de canaux, les uns pour décharger les eaux de pluie ; d’autres pour tranfmettredes liqueurs odoriférantes , comme une infufion de vin & de fa- fran. On tendoit des voiles pour garantir les fpeéta- teurs du foleil , fimples dans les commencemens, dans la fuite très-riches. Le grand diametre de l'emphi- théatre étoit au plus petit, environ comme 1 + à I. Outre l’amphirhéarre de Statihus Taurus êc cel de Vefpañen , il y avoit ençore à Fiee celui de à 378 AMP . Trajan, Il ne refté du premier & du dernier que lé nom de l’endroit où ils étoient, le champ de Mars, , Ïl y avoit un emphichéatre à Albe , dont il refte, à ce qu'on dit, quelques weftiges ; un à Vérone, dont les habitans travaillent tous les jours. à réparer les ruines ; un à Capouede pierres d’une grandeur énor- me ; un à Pouzzol, dont les ornemens, font détruits au point qu’on n’y peut rien connoïtre ; un au Pié du Mont-Caffin , dans le voifinage de la maïfon de Varron,, qui n’a rien de remarquable ; un à Orti- coli ; dont on voit encore des reftes; un à Hifpella , qui, paroît avoir été fort grand , & c’eft tout ce qu'on en peut conjetturer ; un à Pola, dont la pre- miere enceinte eft entiere, Chaque ville avoit le fien, mais tout eft détruit ; les matériaux ont été em- ployés à d’autres bâtimens ; &c ces fortes d’édifices étoient fi méprifés dans les fiecles barbares, qu'il n'y a que la dificulté de la démolition , qui en ait ga- ranti quelques-uns. Mais l’ufage des,amphirhéatres n’étoit pas borné à l'Italie ; il y en avoit dans les Gaules, on en voit des reftes à Frèjus & à Arles. Il en fubfifte un prefqu’en- tier à Nimes. Celui de Nîmes eft d'ordre dorique à deux rangs de colonnes , fans compter un autre or- dre plus petit qui Le termine par le haut. Il y a des reftes d’arrphithéatres à Saintes ; ceux d’Autun done nent une haute idée de cet édifice; la face extérieure étoit à quatre étages , comme celle du Colifée, ou de l’amphithéatre de Vefpañien. Pline parle d’un azphithéatre brifé , dreflé par Cu- tion, qu tournoit fur de gros pivots de fer ; enforte que du même amphithéatre, on pouvoit, quand on vouloit , faire deuxthéatres différens., fur lefquels on tepréfentoit des pieces toutes différentes. C’eft fur l’arene des amphithéatres que fe faifoient les combats de gladiateurs ( . GLADIATEURS. ) &c les combats des bêtes; elles combattoient ou contre d’autres de la même efpece, ou contre des bêtes de différente efpece, ou enfin contre des hommes. Les hommes expofés aux bêtes étoient ou des criminels condamnés au fupplice , ou des gens qui fe louoient pour de l’atgent, ou d’autres qui s’y offroient par oftentation d’adrefle ou de force. Sile criminel vain- quoit la bête , il étoit renvoyé abfous. C’étoit encore dans les amphithéatres que {e faifoient quelquefois les haumachies & autres jeux, qu’on trouvera décrits à leurs articles. | L’amphithéatre parmi nous, c’eft la partie du fond d’une petite falle de fpettacle, ronde ou quarrée, oppofée au théatre , à fa hauteur, & renfermant des banquettes paralleles , & placées les-ünes devant les autres, auxquelles on arrive par un efpace ou une allée vuide qui les traverfe depuis le haut de l’a phithéatre jufqu’en bas ; les banquettes du fond font plus élevées que celles de devant d'environ un pied & demi, en fuppofant la profondeur de tout l’efpace de dix-huit piés. Les premieres loges du fond font un peu plus élevées que l’amphichéarre ; lamphithéatre domine le parterre ; l’orcheftre qui eft prefque de niveau avec le parterre , eft dominé par le théatre ; & le parterre qui touche l’orcheftre , forme entre l’amphithéatre & le théatre , au-deffous de lun & de l’autre., un efpace quarté profond, où ceux qui fif- flent ou applaudiffent les pieces font debout. AMPHITHÉATRE, ez Anatomie, eft un lieu où font des gradins , ow rangs de fiéges élevés circulaï. tement les uns au-deflus des autres. Ces gradins ou fiéges occupés parles étudians en Anatomie, ne for- ment quelquefois que la demi-circonférence ; dans ce cas l’emphithéarre eft en face du démonftrateur ; mais fi les gradins regnent tout autour de la falle, le démonftrateur en Anatomie occupe le milieu de la- rene, &fes éleves l’environnent, rangés comme dans un cone creux , tronqué & renveré.. À M P . AMPHITHÉATRE DE GASON 04 VERTUGADIN ; en Jardinage, eftune décoration de gafon pour réeu- larifer un côteau.ou une montagne , qu’on n’a pas deffein de couper & de foûtenir par des terraffes, On y pratique des eftrades, des gradins & des plain- pieds, qui vous montentinfenfiblement dans les par- ties les plus élevées. On orne ces amphithéatres de caifles, d'ifs, depots, de vales de fayence remplis d’atbrifleaux & de fleurs de faifon, ainfi que de feu- res & de fontaines. (Æ) 2 . 7 AMPEHITHOË, nom d’une des cinquante Néréi- CS. TOR. | 11 , | * AMPHITRITE., ( Mysh. ) fille de l'Océan & de Doris, qui confentit à époufer Neptune , à la perfua- fon d’un dauphin, qui pour fa récompenfe fut placé parmi les aftres. Spanheim dit qu’on la repréfentoit moitié femme & moitié poiflon. , . Il y avoït auffi deux Néréides du même nom, . AMPHORA, ( Aftron.) Ce nom qui eft Latin fe donne quelquefois à la conftellation du Verfeau, Voyez VERSEAU, (0) AMPHORE,, amphora, dans l’Ecriture ; {e prend fouvent dans un fens appellatif, pour une cruche où un vafe à mettre des liqueurs : par exemple , vous rencontrerez un homme qui portera un vafe plein d’eau, amphoram aquæ portans. Luc. XXII. 10. Ail- leurs 1l fignifie une certaine mefure : ainf il eff dit dans Daniel , qu'on donnoit par jour au dieu Belus fix amphores de vin, v221 amphore fex. c. xv. y. 2. mais l’amphore n’étoit pas une mefure hébraique. AMPHORE , f, f. chez les Grecs & les Romains , étoit un vaifleau-de terre fervant de mefure aux chofes liquides. Voyez MESURE. | | Elle eft appellée dans Homere œugigopsus ( enplace dequoi on a-dit auf par fyncope éugopeus ) à caufe des deux anfes qui étoient pratiquées aux deux côtés de ce vaifleau pour le porter plus facilement; c'eft la même chofe que guadrantal, V. QUADRANTAL. _L’amphore étoit la vingtieme partie du culeus, & contenoit 88 feptiers, qui pouvoient faire à peu près 36 pintes de Paris. Suétone parle d’un certam hom- me qui briguoit la quefture , qui but une wzphore de vin à un feul repas avec l'Empereur Tibere. Le P. Calmet prétend que l’arzphore romaine con- tenoit deux urnes on 48 feptiers romains , Où qua- tre-vingts livres de douze onces chacune ; & que l'amphore attique contenoit trois urnes ou cent-vingt livres aufñ de douze onces, qui n’en font que quatre- vingts-dix des nôtres , poids de marc. Amphore {e difoit aufli d’une mefure de chofes fe- ches, laquelle contenoit trois boifleaux , c. On en confervoit le modele au Capitole, pour empêcher le faux mefurage ; elle étoit d’un pied cubique. Armphore {e dit chez les Vénitiens d’une mefure de liquides , beaucoup plus grande que l’emphore Gre- que où Romaine. Elle contient quatre bigots , foi- xante-feize muftachio, ou deux bottes ou muids.(G) * AMPHORITES , efpece de combat poétique , qui fe faifoit dans l’île d'Ægine. On y accordoit un bœuf, pour récompenfe, au Poëte quavoit le mieux célebré Bacchus en vers dithyrambiques. * AMPHRYSE, riviere de Theflalie dans la pro: vince nommée Phrhiocide, Il y en a une autre du mé- me nom en Phrygie dans l’Afie mineure; enfin c’eft encore une ville de laPhocide , fituée {ur le Parnañle. * AMPIGLIONE , ce font les ruines de l’ancienne ville , appellée Empulum ; elles font à une lieue de Tivoli, près du bourg Cafello S. Angelo. AMPHOTIDES, f. f. pl. ( Æif. anc. ) du Grec auouride , armes défenfives , en ufage dans le Pugilat : c’étoient certaines calottes à oreilles , faites d’airain, &c doublées de quelqu’étoffe , dont les athletes cou- vroient les parties de leur tête les plus expofées , ” pour amottir la violence des coups, (G) A M P - AMPLE, adj. ( Maréchal.) eft une épitheté qu’on donne au jarret d’un cheval. Voyez JARRET. (7°) AMPLIATIF, adj. ferme de Chancellerie Romaine, al fe dit des Brefs ou Indults qui ajoûtent quelque chofe aux conceflions & privilèges contenus ès In- dults & Brefs antérieurs. Voyez ci-deffous AMPLIA- TION. (A) AMPLIATION , ff. terme de Chancellerie, & fin- ‘gulierement de Chancellerie Romaine : un Brefou Bulle d’ampliation , eft la même chofe qu'un Bref ampliatif. Voyez ci-deffus AMPLIATIF. On appelloit autrefois Lertres d'ampliation, des Lettres qu'on obtenoit en petite Chancellerie à l’ef. fet d’articuler de nouveaux moyens omis dans des Lettres de requête civile précédemment impétrées : mais l’ufage de ces Lettres eft à préfent abrogé ; & lPOrdonnance de 1667 qui les a abrogées, a ordonné que ces moyens feroient articulés par une fimple re- quête. - AMPLIATION , er termes de Finance, eft un double qu’on garde d’une quittance ou autre aéte portant décharge, à l’effet de le produire au befoin. Ampliation , fignifie encore ex termes de Finance, l’expédition en papier d’un nouveau contra@ de rente fur la ville, que le Notaire fournit avec la groffe en parchemin, & que le rentier remet au payeur avec fa quittance pour recevoir. AMPLIATIONS de contra@s , er termes de Pratique, font des copies de ces contraéts, dont on dépofe les grofles ès mains d’un Notaire, pour en délivrer des ampliations ou expéditions aux parties ou à des créan- ciers colloqués utilement dans un ordre , avec décla- ration de l'intérêt que chaque créancier a dans ces contraéts relativement à fa collocation dans l’ordre. (H) AMPLIER, v. a. rerme de Palais, ufté dans quelques Tribunaux, fignifie différer &c mettre plus au large. Ainfi, amplier le terme d’un payement, c’eft donner du tems-au debiteur ; ar1plier un criminel, c’eft différer le jugement de fon procès ; amplier un prifon- nier, C'eft lui rendre fa prifon plus fupportable, em hui donnant plus d’aifance & de liberté. (7) AMPLIFICATION , f. f. ex Rherorique ; forme que POrateur donne à fon difcours, & qui confifte à faire paroître les chofes plus grandes où moindres qu’elles ne font en effet. L’amplification trouve fa place dans toutes les parties du difcours ; elle fert à la preuve, à l’expofñtion du fait, à concilier la faveur de ceux qui nous écoutent, & à exciter leurs paflions. Par elle POrateur aggrave un crime, exagere une lotan- ge , étend une narration par le développement de {és Circonftances , préfente une penfée fons diverfes fa- ces ;. & produit des émotions relatives à fon fujet. Voyez ORAISON & Passron. Tel eft ce vers de Virgile, où au lieu de dire fimplement Turnus meurt, il amplife ainfi fon récit : AÎE ili folvuntur frigere membra, Viraque cum gemitu fugit indignara [ub umbras. Æneid. XII. La défimtion que nous avons donnée de l’ampli- fication, eft celle d’Ifocrate & même d’Ariftote ; & à ne la confidérer que dans ce fens, elle feroit plü- tôt l’art d’un Sophifte & d’un Déclamateur , que cehu d’un véritable Orateur. Auffi Cicéron la définit- il une argumentation véhémente ; une affirmation énergique qui perfuade en remuant les paffons. Quin- tilien & les autres maîtres d’éloquence font de l’em- plfication lame du difcours : Longin en parle comme d’un des principaux moyens qui contribuent au fu- blime , mais il blâme ceux qui la définiffent un dif cours qui grofht les objets, parce que ce caraétere convient au fublime & au pathétique, dont il diftin- gue l’amplificarion en ce que le fublime confifte uni- Tome I | À M P 379 quemént dans Pélevation des fentimens & des mots, & l’amplification dans la multitude des uns & des au- tres. Le fublime peut fe trouvér dans une penfée nni- que, & l’amplification dépend du grand nombre. Ainf ce mot de l’Ecriture, en parlant d'Alexandre ; fur ‘terra in confpettu ejus ; eft un trait fublime ; pourroit- "on dire que c’eft une amplification ? On met äufhi cette différence entre l’amplification & la preuve , que celle-ci a pour objet d’éclaircir un point obfeur ou controverfé , & celle-la de donner de là grandeur & de l'élévation aux objets : mais rien n'empêche qu'un tiffu de raifonnemens ne foit en même-tems preuve & amplification. Cette dér- mere eft en général de deux fortes : l’une roule fur les chofes, l’autre a pour objet les mots & les ex- preflions. * La premiere peut s’exécuter de différentes manie: res, 1°, par l’amas des définitions, comme lorfqué Cicéron définit l’hiftoire : seflis cemporum , lux verita- {IS y VIE IMMOrI® » Magifira vit@ , confcia vetufatis. Voyez DÉFINITION. 2°, Par la multiplicité des adjoints ou circonftan- ces: Viroile en donne un exemple dans cette lamen- tation fur la mort de Céfar, où il décrit tous les pro: diges qui la précéderent ou la fuivirent”: Vox quoque per lucos vulgo exaudita filentes Ingens ; 6 frmulacra modis pallentia miris Pia fub obfcurum noûis ; pecudefque locute ; Tnfandim , fiflunt amnes, terreque dehifeunt , Ecrneftum illachrymat templis ebur, æraque fudans. 3°. On amphifie encore une chofe par le détail des caufes & des effets : 40. par l’énumération des confé- quences : 5°. par les comparaifons, les fimilitudes , & les exemples. Voyez COMPARAISON. 6:c. 69. par des contraftes ou oppoñtions , & par les induétions qu'on en tire. Toutes ces belles defcriptions des ora- ges, des tempêtes, des combats finguliers, de la pefte, de la famine, fi fréquentes dans les Poëtes, ne font que des arrplifications d’une penfée ou d’une ation fimple développée. L’amplification par les mots {e fait principalement en fix mamieres : 10. par des métaphores : 2°. par des fynonymes : 3°. par des hyperboles : 4°. par des péri- phrafes : 5°. par des répétitions auxquelles on peut . ajoûter la gradation : 6°. par des termes nobles & magnifiques. Ainf au lieu de dire fimplement , zous formes tous mortels, Horace a dit : Ornnes eddem cogimur ; omniur Verfatur urné ferits, ocyus Sors exitura , & n0S 17 &ternur Exilium impofitura cymbe. Od. Lib. Il. On amplifie une penfée générale en la particula- tifant , en la développant, & une penfée particuliere & reftrainte, en remontant de conféquence en con- féquence jufqu’à {on principe. Mais on doit prendre garde dans l’arrplification ; comme en tout autre ou- vrage du reffort de l'éloquence , de iortir des bornes de fon fujet , défaut ordinaire aux jeunes gens que la vivacité de leur imagination empoite trop loin. Les plus grands Orateurs ne fe font pas toüjours eux-mé- mes préfervés de cet écueil ; & Cicéron lui-même, dans un âge plus mûr, condamna cette longue ampli: Jication qu’il avoit faite fur le fupplice des parricides dans fon oraifon pour Rofcius d'Amerie, qui lui at- tira cependant de grands applaudiflemens. Il impute au caractere bouillant de la jeuneñe l’affeation qu'il eut alors de s'étendre avec complaifance fur des eux communs qui n’alloient pas direétement à la juftifica- tion de fa partie. (G ÿ * AMPLISSIME., adj. fuperl. empliffimus, qualité dont on honore chez les étrangers & dans les Collé- ges quelques perfonnes conftituées en dignité : on Bbbi 33% AMP traïte dans les.exercices publics Le Redteur de PUni- verfité de Paris, d’ampliffrme Reëtor, AMPLITUDE d’un arc.de parabole, ( en Géom.) eff Âa ligne horifontale comprife entre le point d’où on fuppofe qu'un arc, ou portion de parabole commen- ce, & le point où cette-portion fe termine. Ce ter- me eft principalement en ufage dans le jet des bom- bes, & l'amplitude de la parabole s'appelle alors ampli- sude du jet. Voyez; PARABOLE 6 PROJECTILE. AMPLITUDE d’unaftre, ez Aftronomie, eft l’arc de lhorifon compris entre. le vrai levant ou le vrai cou- chant, &c le point où cet aftre fe leve , ou fe couche en effet. 7oyez HoRisoN, LEVER, COUCHER, Ëc. L’amplitude eft de deux fortes , ortive ou orientale, & occidentale on occafe. L’emplitude orientale ou ortive, eft la diftance entre le point où fe leve l’aftre, & le point du véritable ofient, qui eft un des points d’interfection de l’équa- teur & de l’horifon. Voyez ORIENT. L’armnplitnde occidentale ouvocca/e eft la diflance entre le point où l’äftre fe couche, & le point du vrai occi- dent équino@tial. Voyez OCCIDENT. … L'amplitude orientale & l’occidentale s’appellent tantôt féprentrionale, tantôt meridionale, felon qu'el- les tombent dans la partie /épentrionale ou meridio- zale de Phorifon. Le complément de l’emplirude orientale ou occi- dentale au quart complet de l’horifon , s’appelle azz- muth ; cependant il faut remarquer, que comme il y aune infinité d’azimuths, iln’y en a qu'un feul qui foit véritablement le complément de l’emplitude ;fçavoir, Pazimuth qui répond au cercle vertical, paffant par ‘le point de l’horifon où l'aftre fe leve ou fe couche. Voyez AZIMUTH 6 VERTICAL. Pour trouver l’amplitude orientale du foleil, ou d'un autre aftre, par le moyen du globe, 7. GLOBE. Pour trouver l’erzplitude du foleil par la Trigono- métrie, la latitude & la déclinaifon du foleil don- nées ; il faut dire : comme le co-finus de la latitude eff au rayon, ainf le finus de la declinaifon ef au finus de l’amplitude, 1 eft facile de voir que comme la de- clinaïfon du foleïl change d’un jour à l’autre, l’a plitude change auff ,'& que de plus elle eft différen- te pour chaque latitude. C’eft pourquoi les Aftrono- mes-ont dreflé des tables des amplitudes diurnes du foleil pour chaque jour, & pour différentes latitu- des, comme pour Paris, Londres, 6:c. L’amplitude magnétique eft un arc de cercle com- pris entre le point du lever ou du coucher du foleil, & le point Eft ou Oueft du compas magnétique ou bouf- {ole ; c’eft-à-dire, la diftance du point du lever ou du coucher du foleil au point Eft ou Oueft du compas ma- gnétique. Voyez BOUSSOLE, CERCLE, Lever ,Cou- CHER, Éc. Lorfque la bouflole n’a point de déclinaifon, c’eft-à-dire, lorfqu’elle eft direétement tournée au pole, il eft vifible que l’Eft ou l'Oueft de la bouflole répondent exa@tement à ceux du monde, & qu'ainfi l'amplitude magnétique eft alors la même que l’am- plitude aftronomique.( 0) * AMPOULE,, f. f. (Æiff. anc.) vafe en ufage chez les Romains, & furtout dans les bains, oùils étoient remplis de l’huile dont on fe frotoit au fortir de l’eau. Les Chrétiens fe font aufli fervis d’arspoules; & les vafes qui contenoient l’huile dont on oïgnoit les ca- téchumenes & les malades, le faint-chrême, & le vin du facrifice, s’appelloient ampoules. C’eft encore aujourd’hui le nom d’une phiole qu’on conferve dans l’Eglife de Saint-Remi de Reums, & qu'on prétend avoir été apportée du Ciel pleine de baume, pour le baptême de Clovis. Ce fait eft atteflté par Hincmar, par Flodoard, & par Aimoin. Grégoire de Tours & Fortunat n’en parlent point. D’habiles gens l’ont combattu ; d’autres habiles gens l'ont défendu. Etil À MP yaeu, à ce qu'on prétend, un Ordre de Cheva- liers de-la Sainte-Ampoule, qui faifoit remonter fon infhitution jufqu’a Clovis. Ces Chevaliers étoient , felonFavin, au nombre de quatre ; favoir, les Barons de Terrier, de Beleftre, de Sonatre &r de Louvercy, . AMPOULETTE, {. f. (Are Milis.) C’eft ainf qu'on nomme dans l’Artillerie, le bois des fufées des bom- bes & srenades. Y'oyez FUSÉE.(Q) AMPOULETTES, f. f. ex terme de Marine, c’eft Vhorloge à fable qu’on tient dans la chambre du vaïl- feau où eft la bouflole. 7. SABLE 6€ HorLoGe. (Z) . * AMPURDAM, petit pays d’'Efpagne, à l’extré- mité orientale de la Catalogne , au pié des Pyrénées. * AMPURIAS, ville & port d’'Efpagne dans la Ca: talogne. Long. 20. 40. lat 42. AMPUTATION, £.£. ez Chirurgie, eft l'opération. de couper un membre ou autre partie du corps. Dans les cas de mortification on a fouvent recours à l’a putation. Voyez MORTIFICATION, GANGRENE ; SPHACELE. L’amputation d’un membre eft une opé- ration extrème à laquelle on ne doit avoir recours qu'après avoir employé tous les moyens poflibles pour l’éviter. Elle eft inévitable lorfque la mortifica- tion s’eft emparée d’une partie, au point qu'iln’y ait plus aucune efpérance qu’elle fe revivife. Les fracas d'os confidérables, par coups de fufils, éclats de bom- be & de grénade, & autres corps contondans , exi- gent l’arnputation ; de même que la carie des os, qui ronge & confume leur fubftance, êc les rend comme vermoulus. % Lorfque l'opération eft réfolue {ur fa néceflité in- difpenfable, il faut déterminer l'endroit où elle fe fera. On a établi avec raifon qu’on ne couperoit du bras & de la cuifle que le moins qu'il {eroit poffble. On coupe la jambe quatre travers de doigt au - def- fous de la tubérofité antérieure du tibia; non-feule= ment pour la facilité de porter une jambe de bois après la guérifon , mais pour éviter de faire l’incifion dans les tendons aponévrotiques des mufcles exté- rieurs de la jambe, & pour ne point fcier l'os dans l’apophyfe, ce qui rend la cure longue & difficile par la grande furface d’os qui feroit alors découverte, Quelques Auteurs font d'avis qw’on doit ménager la jambe de même que l’extrémité fupérieure ; ils prefcrivent en conféquence , que pour les maladies du pié, il faut conferver la jambe jufqu’au-deflus.des, malléoles , & faire porter un pié artificiel. Solingen, fameux praticien de Hollande, en a inventé un, (au rapport de Dionis ) qu'il dit avoir tant de fermete, qu'on peut marcher avec autant de facilité que fi l’on avoit un pié naturel. Cette heureufe invention ne nous ayant pas été tranfmife , nous fommes dans le cas de douter de fes avantages. Y. JAMBE DE BOIS. On peut extirper le bras dans fon articulation fu- périeure, pour les maladies qui affeétent la tête de l’humerus. On_a donné à l’Acadèmie de Chirurgie plufieurs Mémoires en projet fur la méthode d’extir- per la cuifle dans l’article: mais cette opération n’a pas encore eu lieu, & paroït abfolument impratica- ble. On coupe les doigts dans les articles: quelques praticiens préferent de les couper dans le corps de la phalange avec des tenailles incifives. Fabrice d’Aquapendente ne veut pas qu’on coupe un membre dans la partie faine; mais dans la partie gangrenée, deux travers de doigt au-deflous du lieu où finit la mortification. L'opération fe fait fans dou- leur ; on cautérife enfuite avec des fers rouges tout ce qui refte atteint de pourriture. Cette maxime n’eft point fuvie, elle eff très-défeétueufe ; car il eft im- poflble de cautérifer jufqu’à la partie faine exclufi- vement ; mais fi la cautérifation n’eft pas exaéte, ce qui reftera de gangrené communiquera facilement la pourriture aux parties faines, ce qui rendra l’opéra- tion inutile, Si le feu agit fur les parties faines, l’ope- ration {era fort douloureufe ; on perd par-là lavan- tage qu’on fe promettroit, Outre la cruauté d’une pa- reille opération, on ne feroit pas difpenfe de la Higa- ture des vaifleaux lors de la chûte de l’efcarre ; tous ces inconvéniens doivent faire rejetter cette opéra- tion, & femblent confirmer un axiome reçü en ‘Chi- rurgie, que les amputations doiveñt fe faire dans la partie fame. J’ofe cependant affürer que je me fuis quelquefois fort bien trouvé de fuivre une route moyenne entre ces deux préceptes. J’ai fait avec fuccès pluñeurs amputations dans la partie attaquée d'inflammation, qui {épare la partie faine de la gan- grenée. Cette méthode eft fondée fur la raifon & fur l'expérience : lorfqu’on a emporté un membre, on doit tâcher de procurer la fuppuration de la plaie, & on fait que l’inflammation eft un état antécedent néceflaire à la fuppuration; on doit donc l’obtenir plus facilement en coupant le membre dans une par- . tie déja enflammée. On fait aufi qu'il ne fe fait ja- mais de fuppuration fans fievre , &t que la fievre eft caufée par l’inflammation : la fievre fera donc plus violente fi l’on coupe le membre dans la partie faine, puifque fans calmer celle que produifoit l’inflamma- tion qui féparoit le fain du gangrene , on en excite encore: une nouvelle. Foyez GANGRENE. Lorfqu’on {e déterimine à faire l’amputation dans la partie en- flammée, il faut avoir foin de débrider les membra- nes ou les aponévrofes ; car par l’étranglement qu’el- les caufent, le moignon pourroit tomber en morti- fication, & on regarderoit alors ce que nous venons de dire comme un précepte meurtrier, malgré les avantages décrits, auxquels fe joint celui de confer- ver une plus grande partie du membre. Avant que d'entreprendre l'opération , il faut dif- pofer toutes les chofes qui y font néceffaires : le tour- niquet, & tout ce qui en dépend, fera rangé fur un plat, avec les inftrumens, qui confiftent en un grand couteau courbe pour l’incifion circulaire des chairs ; ( Poyez COUTEAU. ) un couteau droit pour couper les chairs qui entourent les os; une compreñle fen- due pour retroufer les chairs ; une fcie pourdcier les os, (Voyez Score. ) & des aiguilles enfilées pour faire la ligature des vaifleaux. ( oyez AIGUILLE. ) Sur un autre plat feront difpofées les pieces de lappa- reil, de façon qu’elles fe préfentent les unes après les autres dans l’ordre où l’on doit les employer : ce font de la charpie brute; deux petites comprefes quarrées larges d’un pouce, une comprefle ronde de la grandeur du moignon , une croix de Malte , trois comprefles longuettes, & une bande d’une longueur convenable. Il eft bon d’avoir toutes ces pieces dou- bles, en cas qu’on foit obligé de changer appareil; il faut en outre être muni de quelques boutons d’alun crud & d’alun en poudre. Tout étant prêt, on peut faire l'opération : il faut d’abord mettre le malade dans une fituation commo- de pour lui, autant qu’elle peut l’être dans cette cir- conftance, &, pour Popérateur. Si l’on doit couper lebras ou la cuide, le Chirurgien fe mettra extérieu- rement, & f c’eft la jambe ou l’avant-bras, 1l fe pla- cera à la partie interne, parce que dans cette fitua- tion, 1l fciera plus facilement les os. | Les aides Chirurgiens doivent être placés felon les fonétions dont ils feront chargés, pendant l’opé- ration, Où il y a trois conditions eflentielles à rem- plir. Il faut d’abord fe rendre maïtre du fang par le moyen du tourniquet. Voyez TOURNIQUET. Il faut en fecond lieu abattre le membre felon l’art; & en dernier lieu il faut faire la ligature des vaifleaux & appliquer l'appareil. Pour abattre lemembre, il faut le faire foûtenir au- deflus & au-deflous du lieu où fe doit faire la fe&tion. . Lorfque le membre eft fradturé en plufeurs pieces, il doit être fur une planche ou dans une efpece de caifles fans cette précaution , le moindre mouve. ment cauferoit au malade des douleurs très-aigués , auf cruelles que l’opération. On peut mettre 1m médiatement au-deflus du lieu où l’on va faire l'in: cifion une ligature circulaire un peu ferrée ; elle fert - à affermir Les chairs & diriger lincifon. Il faut avoir {oin de retrouffer la peau & les chairs avant l’appli- cation de cette ligature. : Le Chirurgien , le genou droiten terre, & le bras droit paflé {ous le membre qu'il va amputer , reçoit de cette main le couteau courbe qu'un aide lui pré- fente. Il en pofe le tranchant fur le membre de façon que la pointe foit du côté de la poitrine le plus infé- rieurement qu'il eft pofhble. Il pince avec le doigtin- dex & le pouce de la main gauche le dos du coùteau vers fa pointe : 1l eft inutile de pofer fortement les quatre doigts de la main gauche fur le dos du coû- teau ; car ce n’eft point en appuyant que les inftru- mens tranchans font capables de couper, mais en fciant pour ainfi dire. Sur ce principe, qui eft incon- teftable , on commencera l’incifon circulaire en ti- tant lecoûteau intérieurement par l’a@ion combinée des deux mains, & enfuite on coupera en ghffant circulairement autour du membre ; quand on en eft à la partie fupérieure , le Chirurgien fe releve, & il continue de couper en faifant ce mouvement , en- forte qu’il acheve l’incifion circulaire loriqu'il eft entierement debout , avec cette attention de com: mencer le plus inférieurement que l’on peut ; on n’eft . pas obligé de reporter plufieurs fois le couteau, & d’un feul tour on fait l’incifon. Quelques praticiens font l'incifion circulaire en deux tems : ils coupent la peau & la graifle deuxtra- vers de doigts au-deflous du lieu où ils fe propoñent de fcier l'os; ils font enfuite retroufler 8 aflujettir les parties coupées pour continuer à leur niveau Pin- cifion jufqu’à l'os. L'avantage ‘de cette méthode eff d'éviter que l’os ne déborde les chaiïrs ; ce qui ren droit la cure fort longue , en mettant dans lobliga- tion de refcier la portion d’os qui fait éminence. Mais on pourroit fans rendre l’opération plus longue & plus douloureufe , obtenir cetavantage, en incli- nant le tranchant du couteau vers la partie fupé- tieure du membre, le faifant entrer obliquement de bas en haut dans les chairs. J’ai fait plufieurs fois cette opération de cette maniere : je laïfle de cette premiere incifion environ un pouce de char au- tout de l’os, & je coupe encore obliquement avec un biftouri droit ce qui refte jufqu’au périofte exclu- fivement. Par cette méthode le bout de l’os eft toû- jours caché dans les chairs, fans que le malade ait été obligé d’acheter cet avantage par un furcroît de douleurs ; & je ménage le tranchant de mon inftru- ment pour une autre opération. C’eft une attention qu'il faut avoir, fur-tout dans les armées , où il faut beaucoup opérer avecile même inftrument. Dès que l’incifion circulaire eft faite , on prend le couteau droit pour couper les chairs qui reftent au- tour de l'os, ou dans l’entre-deux à la jambe & à l’a- vant-bras. On a foin d’incifer le périofte ; 1l eft inu- tile de le ratifler vers la partie inférieure, comme on le fait communément ; cela allonge l’opération fans produire aucun fruit. On retrouffe les chairs avec la comprefle fendue, & on prend enfuite la {cie que l’on appuie fur l’os légerement pour faire la premiere trace. On peut aller après à plus grands coups , mais toüjours fans trop appuyer de crainte d'engager les dents dans le corps de los. Quand on eft fur la fin, il faut aller plus doucement pour ne point faire d’éclats. Celui qui foûtient le membre doit avoir attention de ne pas le baïffer, car il feroit écla- ter l'os; ni de le relever, car il ferreroit la fcie com- me dans un étau & rendroit l'opération plus difficile. Lorfqu’il y a deux os , il faut faire enforte de finir 392 AMP par le plus folide ; de crainte d’occafionner des ti- raillemens & des dilacérations par la fecouffle de Pos le plus foible : ainfi à la jambe on fait les premieres impreffons fur le tibia, on {cie enfuite les os con- jointement , & on finit parle tibia. À l’avant-bras on finit par le cubitus. L’aide qui foutient doit appuyer fortement le péroné contre le tibia, ou le radius contre le cubitus , lorfqu’on fcie ces parties. Lorfque l’amputation eft faite, il faut fe rendre maître du fang : pour cet effet on lâche fufifamment le tourniquet afin de découvrir les principaux vail- feaux, & en faire la ligature, qui eft le moyen le plus für & fujet à moins d’inconvéniens que l’appli- cation des cauftiques. 7, CAUSTIQUE 6 HÉMOR- RHAGIE .Dès qu’ona apperçu le vaifleau, on refferre le tourniquet : pour faire la ligature, on prend une aiguille courbe enfilée de trois ou quatre brins de fil dont on forme un cordonnet plat en le cirant. On entre dans les chairs au-deflous & à côté de l’extre- mité du vaiffeau en piquant affez profondément pour fortir au-deflus & à côté. On en fait autant du côté oppolé, de façon que le vaifleau fe trouve pris avec une fufifante quantité de chairs dans l’anfe du fil en- tre les quatre points patalleles : on fait d’abord un double nœud , nommé communément le nœud du Chirurgien, que l’on fixe par un fecond nœud fim- ple: s’il y a plufieurs vaifleaux confidérables, on en * fait la ligature. L’hémorrhagie des vaifleaux mufcu- laires s’arrête par l'application de la charpie & la compreflion ; on pourroit tremper la charpie qu’on applique immédiatement fur ces vaifleaux, dans lefprit de vin ou dans celui de térébenthine, pour en fermer l’orifice &c donner lieu à la formation du caillot. On peut aufli appliquer pour produire cet effet, des boutons d’alun, ou de la poudre de ce mi- néral. On couvre enfuite tout le moignon de charpie fe- che & brute , parce qu’elle s’accommode plus exac- tement à toutes les inégalités de la plaie, que fi elle étoit arrangée en plumafleaux : on pofe de petites comprefles quarrées vis-à-vis les vaiffeaux ; on con- tient le tout avec une comprefle ronde ou quarrée dont on a abbattu les angles, ce qui la rend oétogone; celle-ci doit être foùtenue par une grande compreffe en croix de Malte dont le plein fera de la grandeur du moignon & de la comprefle oétogone, & dont Les quatre chefs s’arrangeront fur les parties antérieure , poftérieure & latérales du moignon ; on applique en- luite les trois longuettes dont deux croifent le moiï- gnon; & la troifieme qu'on nomme /onguette circu- laire à caufe de fon ufage , contient les deux autres en entourant Le bord du moignon. On fait enfuite un bandage qu’on nomme capeline , qui confifte en cir- culaires furle membre , & en renver{és pour couvrir le moïgnon , lefquels renverfès font contenus par des tours circulaires qui termunent l’application de la . bande. On peut fe difpenfer de ce bandage qui exige une bande de fix aunes de long ; ne faire que quel- ques circulaires pour contenir les comprefles , & avoir un fond de bonnet de laine garni & armé de cordons pour en coëffer, pour ainf dire , Le bout du membre. Tout cela étant achevé , on peut lâcher le tour- niquet afin de foulager le malade; où même l’ôter entierement, après avoir mis Le malade au lit. I doit y être couché le moïgnon un peu élevé; & un aide tenir ferme avec la main l'appareil pendant douze ou quinze heures, crainte d’une hémorrhagie. On peutlever l'appareil au bout de trois ou quatre jours, & panfer la plaie avec un digeftif convenable. On attend ordinairement trois ou quatre jours pour la levée de l’appareïl, pour que la fuppuration fe dé- tache : mais on peut humecter dès le fecond jour la charpie avec l’huile d'hypericum. “AMP Il eft parlé dans l’hiftoire dé l’Académie Royale des Sciences, année 1702, d’une méthode propofée à cette Acadèmie par M. Sabourin Chirurgïen de Geneve, pour perfeétionner opération de lampe tation. Tout le fecret confifte à conferverun lambeau de la chair & de la peau qui defcende un peu au- deflous de l'endroit où fe doit faire la feétion, afin qu'il ferve à recouvrir le moignon. L'avantage de cette méthode eft qu’en moins de deux jours ce lam- beau de chair fe réunit avec les extrémités des vaif- feaux coupés, & exempte par-là de les lier, ou d’ap- pliquer les cauftiques & les aftringens ; méthodes qui {ont toutes fort dangereufes ou au moins fort incom- modes, Ajoutez à cela que Pos ainf recouvert ne s’exfolie point. R Cette opération qui eft précifément la même que celle que Pierre Verduin Chirurgien d’Amfterdam a imaginée & publiée en 1697, n'a pas eu-tous les avantages que fes partifans s’en promettoient ; per- {onne ne la pratique : les perfonnes curieufes d’en favoir plus au long le détail, peuvent en lire la defcription dans les traités d'opérations de M. de Ga- rengéot. Cette méthode a donné lieu à l'opération à deux lambeaux de M. Ravaton Chirurgien Aide- Major de l'Hôpital Royal de Landau, décrite dans le traité des opérations de M. le Dran, auf bien que celle de de M. Vermalle Chirurgien de l’Éleéteur Pa- latin. Ces opérations, qui confiftent à fendre le moi- gnon en deux endroits oppofés pour fcier l’os de fa- çon qu'il y ait un ou deux pouces de chair qui le re- couvrent ; ces opérations, dis-je, font plus doulou- reufes que la méthode que nous avons décrite. On {epropofe d'éviter l’exfoliation de l’os, dont lexpec- tative ne rend pas l’opération ordinaire plus dange- reufe , car on attend avec patience ce qui ne fait courir aucun péril : enfin on veut guérir en peu de jours & éviter la fuppuration. L’expérience démon- tre néanmoins que la fupputation fauve plus de la moitié des malades. On fait que plufeurs perfonnes font mortes après la guérifon parfaite d’une amputa- tion, par l'abondance du fang , quine leur étoit point néceflaire , ayant alors moins de parties À nourrir. La fuppuration peut empêcher cette formation fur- abondante des liqueurs , & les accidens fubits qu’elle occafionneroit comme on le voitquelquefois dansles amputations de cuifle , où les malades font tourmen- tés de coliques violentes qui ne cedent qu'aux fai- gnées , parce qu’elles font l’effet de l’engorgement des vaifleaux méfentériques produit par l’obftacle que le fang trouve à fa circulation dans le membre amputé. Il y a cependant des obfervations qui dépo- fent en faveur de ces opérations à lambeaux : maïs je crois qu'on ne peut les pratiquer que pour les ac- cidens de caufe externe , & au bras parpréférence. : M. le Dran, le pere, Maître Chirurgien de Paris, a fait le premier l’amputation du bras dans l’article. On n’applique pas le tourniquet pour faire cette opé- ration, Il n’eft pas plus néceffaire de pañler une ai- guiile de la partie antérieure à la poftérieure du bras en côtoyant l’humerus, afin d’embrafler avec un fil ciré les vaiffeaux & les lier avec la peau pour empé- cher l’hémorrhagie ; la fouftraétion de cette aiguille diminue la douleur. On fait une incifion demi-cir- culaire à la partie moyenne du mufcle deltoide juf- qu’au périofte exclufivement. On foûüleve ce lam- beauenle difléquant, jufqu’à ce qu’on ait découvert la tête de l’humerus. On incife la capfule ligamen- teufe; & tandis qu'un aide luxe fupérieurement le bras en faifant fortir la tête de l'os, l'opérateur coupe les chaïrs le long de l’humerus avec un biftouri droit, & fait un lambeau triangulaire inférieurement. Il eft le maître de lier les vaifleaux avant de les couper ; il n’y auroit pas d’ailleurs grand inconvénient à ne les lier qu'après, Quelques Chirurgiens prétendent mé- mé qu'il n’eft point néceffaire de faire la ligature dés Vaifleaux, parce qu'en retrouffant le lambéau infé- rieur, on leur fait faire un pli qui arrête l’hémorra- gie. Le premier appareil confifte en charpie , com- -prefle 8 bandagecontentif. (F) | _ * AMRAS, château fort en Allemagne, dans le Tirol. Lon. 29: 10. LE. AT. th: AMSDORFIENS , f. m. plur, ( Théol. ) feêté de | proteftans du xvi° fiecle, ainfi nommés de leur chef ! Nicolas Amfdorf, difciple de Luther, qui le fit d’a- bord miniftre de Magdebourg , & de fa propre au- torité évêque de Naüimbutg. Ses feétateurs étoient des confeffionniftes rigides , quifottenoient que non- | feulement les bonnes œuvres étoient inutiles , mais même pernicieufes au falut ; doétrine aufh contraire au-bon fens qu'à l'Ecriture, & qui fut improuvée par les autres Féntenis de Luther. (G) | ” # AMSTEL), riviere de Hollande qui pañle à Am- fterdam , & qui fe jette dans FY. On prétend que la ville a pris fon nom de la riviere. * AMSTERAND , petit pays de la Hollande mé- ridionale , qui a pris le nom d’Æ”/#elard , terre d’Am- tel, ou de la riviere d’Amftel, ou de la ville d’Am- fterdam , qu’on appelle auffi Arnfteldam | & en La- tin Amfrelodarniun. | . *AMSTERDAM , ville des Provinces unies , ca- pitale de tous les Pays-bas Hollandois , de la Hol- lande feptentrionale, & de l’Amfteland , au con fluantdes rivieres d’Amftel & de l’Y. Loz. 22. 39. lat. 324 22! 45". | * AMSTERDAM LA NOUVELLE , ville de l’Améri- que feptentrionalé, dans le nouveau Pays-bas, fur la riviere du Nord. 74 * AMSTERDAM,, île de la mer Glaciale, dans la partie feptentrionale du Spirtzherg , que les Angloïs nomment Newland. Il y a encore trois îles du même nom , l’une dans la mer des Indes, vers les terres Auftrales inconnues , entre la nouvelle Hollande & Madagafcar ; l’autre dans la même mer, entre le Pé- rou & les îles de Salomon ; & la troifieme, dans la met de la Chine , entre le Japon & l'ile Formofe. * AMSTRUTTER,, petite ville de PEcofle meri- dionale, dans la province de Fife , fur le golfe d'E- dimbourg. AMULETE , f. m. ( Divinar. ) image ou figure qu’on porte pendue au cou ou fur foi, comme un préfervatif contre les maladies &c les enchantemens. Les Grecs appelloient ces fortes de préfervatifs 7e- perle : TéplapaTe : droTpoæaia = art TETE , QuAatlipre. Les Latins leur donnoïent les noms de probra, férvaro- ria , amolimenta , quia mala amoliri dicebantur , bar- ce qu’on prétendoit qu'ils avoient la vertu d’écarter les maux ; & amolerz, d’où nous avons fait amulere. Les Romains les appelloient auffi phylaëferia , phy- laéteres, & étoient dans cette perfuafñoh que les athletes qui en portoient, ou remportoient la viétoire fur leurs antasoniftes , ou empêchoient l'effet des charmes que ceux-ci pouvoient porter fur eux. Rz- ffict didicerunt luxuriam, dit l’ancien Scholiafte de Juvénal , & palefhris ui & phylaëkeriis , ut athletæ , ad vincendum ; nam G niceteriat phylatteria funt que ob viétoriam febant | & de collo pendentia geftabantur. Les Juifs attribuoient auffi les mêmes vertus à ces phylaëteres ou bandes de parchemin qu'ils affec- toient de porter, par une faufle interprétation du précepte qui leur ordonnoit d’avoir continuellement la loi de Dieu devant les yeux, c’eft-à-dire , de la méditer & de la pratiquer. Les Latins les nommoient encore præfifcini , c’eft- à-dire, préfervatifs contre la fafcination ; & ceux qu'ils pendoient à cet effet au cou des enfans étoient d’am- bre ou de corail, & repréfentoient des figures obf- cenes & autres. Voyez Plan. VI. d’Antiq. fig. 8. 9. Les Chrétiens n’ont pas été exempts de ces fuperfti- AMU 38% tions, puifque 5. Jean Chryfoftôme reproche à céux -de fon tems de fe fervir de charmes , de hgatures , & de porter fur eux des pièces d’or qui répréfentoient Alexandre le grand , & qu'on regardoït comme des préfervatits, Quid vero diceres aliquis de his qui car- minibus 6 ligaturis utuntur, € de circumligantibus at rea Alexandri Macedonis numifmata capiti vel pedibis ? Homil. 25. ad pop. Antioch. Ces pratiques avoient été condamnées pat Conftantin & par différens côn« ciles , entr'autres par celui de Tours , tenu ous Chat: ‘lemagne-; & ce prince les défend auf dans fes Ca: -pitulaires', 4v. FT, chap. xx. : Delrio rapporte que dans cette armée de Reïftres, “quifous le regne d'Henri IT: pañla en France com: manñdée par le baron de Dhona ; & fut défaite par le duc de Guife à Vimori & à Auneau, prefque totis les foldats qui refterent fur le champ de bataille por toient des amuleres, comme on le reconnut en les dépouillant après la viétoire. Lé peuple à encore foi à certaines branches de corail , ou autres végétaux qu'on pend au cou des enfans, & qu’on regarde comme des préfervatifs contre la colique où d’au- tres maux. Delrio, Ly. Z,°ch, iv, quafl. 4. page 413, Cr fuiv. * Les Arabes aufli bien que les Turcs ont beaucoup de foi aux talifmans & aux æwleres, Les Nestes les appellent des gris-gris ; ces derniers font des paffages de PAlcoran ; écrits en petits caraéteres fur du pa- pier ou du parchemin. Quelquefois au lieu de ces paflages , les Mahométans portent de certaines pier- res auxquelles ils attribuent de grandes vertus. Les Dervis leur vendent fort cher cesiortes d’arruletes, & les dupent ; en leur promettant des merveilles qui n'arrivent point ; & quoique lexpérience eût dû dé- tromper ceux qui les achetent , ils s’imaginent toi. jours que ce n’eft pas la vertu qui a manqué, mais qu'eux-mêmes ont manqué à quelque pratique où circonftance qui a empêché la vertu des aruletes . Is ne fe contentent pas d’en porter fur eux, ils en attachent encore au cou de leurs chevaux , après les avoir enfermés dans de petites bourfes de cuir : ils prétendent que cela les garantit de l'effet des yeux malins & envieux. Les Provençaux appellent ces amuletes cervelami , & par-là on voit qu’ils font dans la même erreur, foit qu'ils aient apporté cette fuperftition de l'Orient où ils trafiquent , foit qu'ils Vaient tirée des Efpagnols, qui l’ont eux-mêmes re- cüe des Mores ou Arabes, qui ont été maïtres de leur pays pendant quelques fiecles. Le chevalier d’Arvieux , de qui nous empruntons ceci, dit que les chevaux Arabes dont quelques Emirs lui frent préfent dans fes voyages,avoïent au cou de ces am leres dont on lui vantoit fort la vertu, & qu'on lui recommandoit de ne point ôter à {es chevaux, à moins qu'il ne voulüt bientôt les voir périr. Voyez TALISMAN. Mém, du chevalier d’Arvieux , tome III, page 247. | Le concile de Laodicée défend aux eccléfiaftiques de porter de ces amuleres ou phylaéteres , fous peine de dégradation. $. Chryfoffôme & S. Jérôme ont montré auffi beacoup de zele contre cette pratique. Hoc apud nos, dit ce dernier , féperftiriofæ muliercu- le , in parvulis evangeliis € in crucis ligno, € 1ftiuf- modi rebus | que habent quidem zelum Dei , non juxta Jcientiam , ufque hodie fathirant. Voyez Kixch. Œdip, Æpypt. Les amuleres ont à préfent bien perdu de leur crédit: cependant le fameux M. Boyle les allegue comme des preuves qui conftatent par le grandnom- bre d’émanations qui pañlent de ces medicamens dans le corps humain , combien ce dernier eff po- reux & facilement pénétrable. I ajoûte qu'il eft per- fuadé que quelques-uns de ces médicamens ne font pas fans effet ; parce que lui-même ayant été fujet à 334 A MU un faignement de néz., après bien des rèmedes ten- ; tés inutilement , n’en trouva pas de plus efficace que . de la poudre de crane humain , appliquée fur la peau ’ autant qu'l faut {eulement pour qu’elle s’y échauffe. Zvelfer à ce fujet-là apprit une circonftance très- : particuliere du premiér Medecin de Moravie ; qui ayant préparé quelques trochifques de crapauds, de la maniere. que de prefcrit Van-helmont, trouva que non-feulement portés en guife d’arruleres , ils le préfervoient, lui , fes amis & fes domeftiques , de la pefte,mais même qu’appliqués fur le mal de ceux qui étoient déjà peftiférés , ils les foulageoient confidé- rablément , & en guérifloient quelques-uns. . Le-même M. Boyle fait voir combien les émana- tions qui fortent même des æmuletes froids font ca- pables de pénétrer dans les pores des animaux vi- vans,, en fuppofant quelqu’analogie entre les pores de la peau & la figure des corpufcules. Bellini a fait tout ce qu'il a ph pour démontrer la pofbilité de cette introduétion des corpufcules des wmäleres dans le corps humain , dans fes dernieres propoñtions de febribus, MM. Wainwright & autres l'ont démontré auf. Voyez EMANATION, PORE, PEAU, PESTE, &c. … On trouve des livres d'anciens Medecins qui con- tiennent plufeurs defcriptions de cesremedes, qui font encore pratiqués aujourd’hui par des empiri- ques , des femmes, ou d’autres perfonnes crédules & fuperftitieufes. (G) *. AMUR ox AMOER , riviere de la grande Tar- tarie en Âfie ; elle a fa fource près du lac Baycal, vers le 117. degré de longitude, & fe jette dans l’O- céan oriental au 55. degré de latitude feptentrio- nale , &le 152. de longitude. Elle féparele Dauria du pays des Monguils, & baïgne la ville d’Albañn. AMURER , v.a&.( Marine, ) C’eft bander & roi- dir quatre cordages appelléscouers, qui tiennent aux points d’enbas de la grande voile & de la mifene , pour maintenir la voile du côté d’où vient le vent. Voyez COUETS 6 AMURES. ._ Amurer la grande voile , c’eft mettre vers le vent le coin qu’on appelle /e point de la voile, en l’'ame- nant jufqu’à un trou fait dans le côté du vaifleau & appellé dogue d'amure. On dit la même chofe des autres voiles ,en les nommant en même tems par leurs noms. L'on amure pour aller au plus près & vent largue. Armurer tout bas, c’eft mettre le point des voiles qu’on amure le plus bas qu'il eft poflible pour que le vaiffeau fe comporte bien, & qu'il aille mieux & au plus près du vent. Amure, c’eft le commandement qu’on fait pour faite amurer, quand on veut faire route près du vent. Armure la grande voile, armure tout bas ; {erre la civa- diere & le perroquet de beaupré, & aure les couets. AMURES , £.f, plur.( Marine. } ce font des trous pratiqués dans le plat-bord du vaifleau, & dans la gorgere de {on éperon. Il ya dixemwres, quatre pour les couets, & fix pour les écoutes des pacfis & de la civadiere. … Les amures des couers de mifène font à la gorgere de l’éperon. Voyez Les figures, Marine, Plan, I. & PL. IV. fig. 1. Voyez ÉPERON. Les amures des couets de la grande voile font à l’a- vant du grand mât dans le plat-bord, l’un à bas- bord, l’autre à fribord ; ces deux ares s’appellent dogues d’amure, Voyez les figures, Marine ; PL. 1. Les «mures des écoutes de la grande voile {ont à ftri- bord &z à bas-bord de l'artimon. Les amures des écoutes de mifene font à ftribord & à bas-bord du grand mât. Les amures de la civadiere {ont auprès des amures des écoutes de mifene. È - 3° - : 74 . Quoiqu'il y ait des amwres pour-les écoutes , on ne La fé fert du verbe amurer que pourlés couéts: car on dit border l'écoute; & haler l'écoute. Les armures fervent pour aller à la bouline& ferrer le vent. Voyez COUETS. | Amures d’une voile , ce font les manœuvres quifer- vent à l’emurer, | “4 Er L’anure d’artimon, c'eftunpalanqun,, ou quélque- fois une corde fimple. : ME On dit l’amure a:bas-bord , l'amure à ftribord , pour marquer qu’un vaileau eft 4rmvré au côté droit où au côté gauche. 1 Les arnures des voiles d’étay font de fimples cordes. Dogue d'amure, c’eftle trou pratiqué dans le côté du vaiffeau à l’embelle. F. DoçuEe D'AMuRE. (Z) * AMURQUE , ff. c’eftle nom qué les Apothi- caires & Droguiftes donnent , foit au marc d'olives preflurées, foit au dépôt même del’huile. _: * AMUY , ville de l'Inde, au-delà du Gange en Âfie, près du bord occidental du lac de Chiamat , aux confins du royaume de Kanduana, - | * AMYCLES , ancienne ville du Péloponefe , b4- tie par Amycle , roide Sparte près du mont Tay- gete, où Apollon eut un temple qui le fit furnom- mer Amycléen. | | * AMYCLÉEN , furnom d’Apollon, Voyez Amy- CLES. 1 ca | * AMYCLEUS, étoit un dieu particulier de la Grece ; il y avoitun temple’&c des autels, Paufanias, qui en a fait mention, ne nous en apprend rien de plus. Ce font quelques extravagances de moins fur Je compte du'genre humain. - | AMYDON,f.m. (Ujage de la nat. Art, blé & amyd) Nous allons expliquer la maniere dont fe fait lary- don ; nous en,fuivrons le détail dans toutes les cir- conftances ; & la définition de l’amydon par laquelle nous finirons , fera le réfultat des opérations que nous aurons expofées. | Ayez du blé ou des iflues de blé, comme les recou- pettes & les griots. Pour entendre ce que c’eft que recoupettes & griors ; 1l faut favoir que le blé moulu {e blute, & que le bluteau le diftribue en fix portions ; favoir , la fleur de la farine , la groffe farine , les griots , les recoupettes, les recoupes , & le fon. On donne le fon aux chevaux ; on nourrit les vaches de recoupes ; on fait du pain de la grofle farine , & de la fleur de farine ; & l’on tire l’axydon des griots & des recoupettes.Les Amydonniers n’employent le blé en nature que quand il eft sâté. Il leur eft défendu d’y confumer de bon blé ; défenfe aflez fuperflue. La raifon de plus de perfeétion dans l'ouvrage , ne dé- termine prefque jamais les ouvriers à faire bien à gros frais , ce qu'ils peuvent faire mal ou moins bien à vil prix. Toute l’attention des Amydonniers fe réduit à choi- fir les iflues des blés les plus gras. C’eft de ces iflues qu'ils font l’aydon fin ; celui qu’on employe en pou- dre à poudrer la tête , en dragées & autres compofñ- tions qui entrent dans le corps humain. Le blé pâté eft moulu & employé, comme on verra dans la fuite, à la confeétion de l’arydon commun ; celui qui fert aux Cartonmieïs , aux Relieurs, aux Afficheurs, &c. en un mot à tous les artifans qui dépenfent beaucoup de colle. Pourvoyez-vous donc de griots & de recoupet- tes, & même de blés gätés. Les Boulangers vous four- niront les griots & recoupettes , que vous pourrez employer fur le champ. [l faudra faire moudre les blés pâtés. L’eaueftle principal inftrument d’un Amydonniers mais furtout celle qui doit fervir de levain &z produire la fermentation. Si vous vous propolez de faire l’a- mydon dans un lieu où il n’y aitpoint d’Amydonnier, & que vous ne puifliez emprunter du levain, 8e ob- tenir par çet emprunt ce que l’on appelle de eaux LTES 2 fires, vous pourrez vous en procurer de l’une des trois manieres fuivantes. 1°.Prenez deux livrés du levainavec lequel lé Bou- langer fait lever fa pâte; délayez ces deux livres de levain dans un feau d’eau chaude : au bout de deux jours l’eau fera füre. Remuez cette eau ; ajoûtez un demi: feau d’eau chaude ; laiffez repofer. Remuez en- core & continuez la même manœuvre jufqu'à ce que vous ayez la quantité d’eau dont vous aurez befoin. 2°. Ou mettez dans un chauderon quatre pintes d’eau, quatre pintes d’eau-de-vie , deux livres d’alun de roche : faites bouillir le tout enfemble, &c fervez- Yous-en comme je vous le dirai dans la fuite. 3°. Ou fuivez le procédé qui vous fera indiqué à la troifieme manœuvre de l'Amydonnier. Ayez des tonneaux connus fous le nom de derr- queues de Bourgogne, comme vous les voyez Plarch. de l'Amydonn. b,c,d,e, f, g, 8e. défoncez-les par un bout , & fervez-vous-en de la maniere fivante. Mettez un feau d’eau fûre empruntée d’un con- frere, ou préparée, comme nous l’avons dit ci-def- fus, dans un de vos tonneaux ; peut-être faudra- t-il de cetté eau moins d’un feau. La quantité du le- vain varié : ilen faut moinsen été, plusenhyver, & il faut prendre garde, furtout dans cette derniere faifon , que le levain ne gele. Mettez de l’eau pure fur ce levain jufqu’an bon- don; c’eft ce que fait la fig. 2. de lAmydonnier | qui eft au puits. Achevez de remplir les tonneaux de ma- tiere, c’eft-à-dire de recoupettes & de griots, moitié par moitié, ou de farine de blé gâté moulu gros. Cette premiere opération s'appelle mesrre en trempe. Les flatuts difent que les recoupés &t recoupettes feront miles en trempe ou en levain pendant Pefpace de trois femaines dans des eaux pures ; nettes & clai- res. Mais on ne les y laiffe en été que pendant dix jours, & pendant quinze en hyver : ce terme eft plus court ou plus long, fuivant la force du levain. Il ny a guere que l’expérience qui puifle inftruire là-det- fus. La matiere eft en trempe dans les tonneaux €, f, &c. qu'on voit pleins. | Après que les matieres auront té fuffifamment en trempe ou en levain, elles feront précipitées , &1l leur furnagera une eau qu'on appelle eau graffe. Cette eau grafle n’eft autre chofe que les huiles des matie- : res que la fermentation a envoyées à la furface. On jette cette eau. Après que vous aurez jetté cette eau, ayez des fas de toile de crin de 18 pouces de diame- tre fur 18 pouces de hauteur ; prenez-en un; pofez- le fur un tonneau biénrincé, comme vous voyez au tonneau b ; puifez trois feaux de matiere en trempe ; verfez-les fur lefas , & lavez-les avec fix feaux d’eau claire , en procédant de la maniere fuivante. Verfez “d’abord {ur les trois feaux de matiere en trempe mife dansle{as ; deux feaux/ d’eau claire; remuez Le tout ‘avec vos bras, comme vous voyez faire à la fg. 2. Quand ces deux feaux d’eau claire feront pañlés,, vérfez deux autres féaux fur le refte de matiere contenue dans le fas ; temuez derechef. Quand ces deux feaux feront pañlés , verfez lés deux der- niets feaux fur le fecond reftant, 8 remuez pour-la troifieme fois, Cette feconde opération s’appelle /à- ver le fon. Il eft enjoint par les ftatuts aux maïfres -Amydonniers de biènYzver ou /éparer lesfons , & dè “veiller à ce que letirs fas foïent bons, & leurs eaux bien pures Sbiéniiethéss ALES TLIGES KR SM Vuidez dans un'tonheau ce qui reftera dans le fas;; lavez bien ces réfidus avec de leau-élairé, c’eft ce que fait la figure 3. &c'ces réfidus lavés ferviront de ‘nourriture aux -beftiaux. Continuez de -pañer dela “matiere en trempe für le mème tonneau, jufqu’à ce GUAIMOIE MÉRTAR n ER CRPEE | L * Le lendemain dé cette feconde opération ( les fta- futs difent srois jours apres) jettez l’eau qui a pañlé Tome I, ° AM Y 383 à-thavers le fas avec la matiere en trempé : cette eau fe nomme ezx fére. C’eft le levain naturel des Amy donniers ; celui que je vous confeillois d'emprunter d'eux , fi vous en avez à votre portée, Il faut mettre de cette eau, quand on s’en fert pouf mettre en trem- pe, un feau fur chaque tonneau de matiere en été; trois &c quelquefois quatre feaux en hyver. Voilà le troïfieme levain dont j’avois promis de parler. Enlevez cette eau füre avec une febille dé bois; jufqu’à ce que le blanc dépofé au fond de chaque ton- neau paroïfle ; rempliflez enfuite vos tonneaux dé nouvelle eau , en quantite fufifante pour pouvoir avec une pelle de bois battre, broyer & démêler Pa- mydon : c'eft ce que peut faire auffi la fp. 3. enfuité rempliffez vostonneaux d’eau-claire. Cette troifieme manœuvre s'appelle rafraichir l'amydon, On voit qué les Amydonniers qui rafraichiflent Le lendemain du lavage des ons , ne fuvent pas bien exaétement leurs flatuts. Deux jours après le rafraichiflement , jettez l’eau qui a fervi à rafraîchir jufqu’à ce que le premier blanc paroïfle. Ce premuer blanc fe nomme par les Artif= tes ou gros ou zoir , fuivant les différens endroïîts où. l’amydon {e fabrique : ce gros ou roir s’enleye de def: {us l’armydon ou fecond blanc qui en eft couvert. On ne le perd pas; il fait le plus gros gain des Amydon- niers, qui en engraiflent des cochons. Quand le gros ou noir eft enlevé, on jette un feau d’eau claire fur le réfidu de crafle que le gros ou noir laïfle fur le fe- cond blanc, ou fur l’amydon qu’il couvroit. On rincé bien la furface de cet amydon avec ce feau d’eau ; on a un tonneau vuide tout prêt à recevoir les rin- cures : on les y met ; elles y dépofent ; & ce dépôt des rinçures s'appelle arzydon commun. Les Amy- donniers nomment cette quatrieme opération r/rcer. Le rincer étant fait, on trouve au fond de chaque tonneau quatre pouces d’épaifleur ou environ d'a- mydon. Cette quantité varie felon la bonté des re: coupettes & des griots qu’on a employés. Il eft évi- dent que les blés gâtés qu'on employe en amydon, doivent donner davantage, tout étant employé : mais l'armydon qu'on en tire elt tobjours commun ; & n’a jamais la blancheut de celui qui eft fait de recoupet- tes & de griots de bon blé. On prend l’amydon qui eft dans un tonneau, onle verfe dansun autre; c’eft: à-dire , pour parler précifément, que de deux ton- neaux d’arydon on n’en fait qu'un , où par conféquent il fé doit trouver neuf à dix pouces d’arzydon de re- coupettes & de grtots. Cette cinquieme opération s’appelle paffer les blancs: Lorfque les blancs font pañlés d’un tonneau fur un autre , on vérfe deflus une quantité fufifante d’eau claire pour les battre, broyer & délayer ; ce qui s’e- xécute avec une pelle dé bois. Cette opération eft lafixieme, & s'appelle déméler les blancs. _ Les blancs démêlés, on pofe un tanus de foie ; dont la figure eftovale, fur un tonneau rincé & pro- pre ; on fait pafler à-travers ce tamis les blancs qu’on vient de démêler : on continue.ce travail fur un mé- metonneau.,jufqu'à ce qu'il foit plein. Les ftatuts en- joignent de fe fervir d’eau bien claire pour paffer Les blancs. THE LE Deux jouts après que les blancs ont été démêlés 8e pañlés, on jette l’eau quieft dans les tonneaux, &c qui a traverfé le tamis de foie , jufqu’à ce qu'on {oit au blanc: Il refte fur le blanc une eaurde même cou- leur qui le-couvre; verfez cette eau dans un grand pot de terre ; jettez enfuite un feau d’eau-claire fur Pamydonmêème ; rincez fa furface avec cette eau; ajoûtez cette rinçure à l’eau blanche : cette rinçure dépofera;tle dépôtfera encore de l'e2ydor commun. Après que l’emydon aura été bien rincé , levez- lé du fond des tonneaux ; mettez-le dans des paniers d'ofier, arrondis par les coins &c sans en-dedans UCcC 386 AMY de toiles qui ne font point attachées aux pañiérs. Ces paniers ont un pié de large, dix-huit pouces de long, fur dix pouces de haut. Cette opération s’appelle /e- ver les blancs, Le lendemain du jour qu’on aura levé les blancs, vous ferez monter les paniers remplis d’axydon dans le grenier au haut de la maïfon ; c’eft ce que fait la fig. 4. L’aire du plancher de ce grenier doit être de plâtre bien blanc & bien propre. On renverfera: les paniers oo fens-deflus-deflous fur Paire de plâtre ; la toile n'étant point attachée aux paniers fuivra l’amy- don. On Ôtera cette toile de deflus le bloc d’aydon qui reftera zwd , comme on le voit en z#1. On mettra ce bloc z m fur le côté; onle rompra avecles mains, fans inftrumens , en quatre parties; chaque quartier en quatre morceaux ; c’eft-à-dire que chaque panier donnera feize morceaux, ou environ foixante livres d’amydon, On laïfle l’arydon fur le plancher de plâ- tre jufqu’à ce qu'il ait tiré l’eau qui fe pouvoit irou- ver dans lzr:ydon. L'opération précédente eff la hui- tieme , & s'appelle rompre l’'amydon. On voit autour du bloc 2m" de l’anydon rompu. Quand on s’apperçoit que l’amydon rompu eft fuf- fifamment féché, & qu'il. eft refté aflez de tems fur le plancher de plâtre du grenier pour pouvoir être manié , on le met aux effurs ; c’eft la neuvieme opéra- tion : elle confifte à l’expofer proprement à l’air fur des planchesfituées horifontalement aux fenêtres des Amydonniers. C’eft ce que fait la fig. 5. & ce qu’on Voitenz,i,i, &C. Lorfque l’amydon vous aura paru fufifamment ref- fuyé fur les planches, vous prendrez les morceaux, vous les ratiflerez de tout côté; ces ratiflures pañfe- ront dans l’arydon commun ; vous écraferez les mor- ceaux ratiflés , & vous les porterez dans l’étuve, le répandant à la hauteur de 3 pouces d’épaifeur, fur des claies couvertes de toiles. C’eft ce que font les fig. 6. & 7. Vous aurez foin de retourner l’azydon foir & matin : fans cette précaution, fans ce remua- ge dans l’étuve, de très-beau blanc qu’il eft 1l devien- droit verd. Cette opération ef la derniere, & s’ap- pelle reirre l’'amy don à l’étuve. Les Amydonniers qui n'ont point d’étuves , fe fervent du deflus des fours des Boulangers; ils les louent. L’amydon au fortir de l’étuve eft fec & vénal. Qu’eft-ce donc que l’amydon ? c’eft un fédiment de blé gâté , ou de griots & recoupettes de bon blé, dont on fait une efpece de pâte blanche & friable, & qu’on prépare en fuvant le procédé que nous ve- nons d'expliquer. Le gros amydon qu'on vend aux Confifeurs , aux Chandeliers, aux T'einturiers du grand-teint , aux Blanchiffeurs de gafe, &c, doit refter quarante-huit heures aux fours des Amydonmiers ; & au fortir du four, huit jours aux efus: ce font les.ftatuts. -L’Amydonnier ne, pourra acheter des. blés gâtés fans la permifion accordée au marchand par le Ma- giftrat de les vendre... ont ny L’erydon qui en ptoviendra , fera fabriqué avec la même précaution que l’amzydon fin. . L’amydon commun & fin, ne {era vendu par.les Amydonmérs qu'engtain, fans qu'il-leur foit permis, fous quelque prétexte que ce foit , de le réduire en poudre, T L’amydon {ert à faire de la colle , de l’empois blanc ou bleu, 6c. le meilleur eft blanc , doux, tendre & friable, On dit que fon nom Latin amy lum eft dérivé de /£re mola fatlum ; parce que les Anciens ne fai foient point moudre le grain dont ils faifoient l’erÿ- don, On fuit encore cette méthode dans quelques en. droits de l’Allemagne ; onle fait crever &:on l’écrafe. Outre l’arrydon de froment , 1l y en a encore deux autres : l’un {e fait avec la racine de lerwm , voyez } À M Y ÂRUM, ou pié de veau , 6c. & l’autre avec {4 pornie de terre G la truffe rouge. Ce fut le fieur deVaudreuil qui l’inventa le premier, & qui obtint en 1716 le privi- lége NE. pour lui & pour fa famille, de le fabri- quer pendant vingt ans. L'Académie jugea en 1730, que l’anydon de pomme de terre & de truffes rouges, propofé par le fieur de Ghife, faifoit un empois plus épais que celui de l’eydor ordinaire, mais que l'é- mail ne s’y mêloit pas aufli-bien ; cependant qu’il fe- roït bon d’en permettre l’ufage , parce qu'il n’étoit point fait de grains, qu'il faut épargner dans les an- nées de difette. Fayez EMpors. | L’AMYDON , eft d’ufage ez Medecine ; il contient de l’huile & du fel eflentiel ; il eft pedtoral ; il épaiffit & adoucit les férofités âcres de la poitrine, arrête les crachemens de fang. On le dit propre aux mala- des des yeux ; on l’employe cuit avec du lait pour la diarrhée ; on fait grand cas de fa décoëion prife en lavement dans la diarrhée ; & lorfque les felles font fanglantes & les inteftins fort relâchés, on fait cette décoéhon plus épaïfle, &'on y met fur quatre onces une once d'eau-de-vie: maïs ce remede eff fufpe&, lorfque le feu & la douleur de l’inflammation {e joignent aux felles fanguinolentes, &c. (N) AMYDONNIER , f. m. artifan, qui fabrique &ë vend lamydon fait ou de recoupes de froment pur , ou de racines: Voyez AMYDON. | *AMYELES, ancienne ville d'Italie, dans le pays des Arunciens , qu’on prétend être aujourd’hui la terre de Labour : elle donna fon nom au golfe que nous appellons de Guëre , & qui fe nommoit go/fe d’Amyeles. AMYGDALES , en Anatomie, eft le nom de deux glandes du gofier , appellées en Latin sor/flle. Voyez ŒSOPHAGE, GOSIER, Éc. Ces deux glandes font rougeûtres, de la figure à peu près d’une amande, d’où elles ont été appellées amy gdales , du Latin amygdale , qui fignifie amandes. Elles occupent chacune l’interftice des demi-arçades latérales de la cloifon du palais , l’une à droite, & l’autre à gauche de la bafe de la langue, & font re- couvertes de la membrane commune du gofer. Elles ont chacune une grande finuofité ovale qui s'ouvre dans le gofer, & dans laquelle répondent des conduits plus petits, qui verfent dans le gofer, dans le larynx, & dans lœfophage, une liqueur mu- cilagineufe & ontueufe, pour humeéter & lubrifer ces parties. Voyez LARYNX , Gc. Lorfque les mufcles des demi-arcades agïffent , ils compriment les amygdales ; 8 comme elles font fort fujettes à s’enflammer , elles occafionnent fouvent ce qu'on appelle #24] de porge, Voyez ŒSOPHAGE, ENROUEMENT. ( L:) LES AMYGDALES font fujettes à différentes ma- ladies ; telles font linflammation , le skirrhe, le gon- flement œdémateux, & enfin toutes les différentes efpeces. de tumeurs qui peuvent arriver aux glandes. Ces accidens produfent l’angine.,, ou l’efquinancie faufle.. J’oyez ESQUINANCIE. . :Remarquez cependant que les tumeurs des 471yg- dales deviennent plus ailément skirrheufes que celles qui.fe forment dans les autres parties , à caufe de lépaififlement de l'humeur qui fe fépare dans.ces glandes. L’air.qui les frappe. continuellement, eff une caufe occafionnelle des concrétions lymphati ques qui y font fréquentes, On fent bien qu'il eff aifé de:prévenir ces concrétions dans les différentes ef- peces d’efqrinancie. Pour y parvenir, il faut entre- tenir la fluidité dans cette humeur, par les remedes ancififs atténuans., .les-béchiques .expeétorans., les emplâtres réfolutives.& fondantes , telles que le dia- chylon gommé 6c autres. | | .. On ne doit.employer le fer dans ces cas que dans un befoin extrème.& conftaté par l’impofhbilité de guérir autrement. Les cicatrices qie produifent les opérations ou les efcarrotiques , caufent un grand dérangement dans la déglutition & la refpiration, outre qu'elles font difgracieufes pour les perfonnes qui les portent, | Si ces tumeurs font caufées, comme il arrive d’or: dinaire, par un virus écrouelleux , fcorbutique ou rachitique , il faut avant tout penier à traiter ces caufes générales. On doit craindre avec jufte raifon la gangrene qui attaque fouvent ces parties. Voyez GANGRENE. (N) AMYNTIQUES , adj. terme de Pharmacie, quali- fication qu'on donne à des emplâtres défenfives ou fortifiantes. Voyez EMPLASTRE. ( N) * AMYZON , ox MEZO, ville ancienne de Ca- ie, dans l’Afie mineure. A N AN, f. m. o7 ANNÉE, f. f. CHifr. & Afir.) dans l'é- tendue ordinaire de fa fignification, eit le cycle ou Paffemblage de plufeurs mois , & communément de douze. l’oyez CYCLE & Moïs. D’autres définiflent généralement l’azrée, une pé= riode ou efpace de tems qui fe mefure par la révolu- tion. de quelque. corps célefte dans fon orbite. Voyez PÉRIODE. Aitnf le tems dans lequel les étoiles fixes font leur révolution eft nommé La grande année, Cette année eft de 25920 de nos années vulgaires; carona re- marqué que la feétion commune de Pécliptique & de ‘ lPéquateur, n'eft pas fixe &c immobile dans le ciel étoilé ; mais que les étoiles s’en éloignent en s’a- vançant peu-à-peu au-delà de cette feétion, d’envi- ron 50 fecondes par an. Ona donc imaginé que toute la fphere des étoiles fxes faifoit une révolution pé- tiodique autour des poles de d'écliptique , & parcou- roit 50 fecondes en un an; ce qui fait 25920 ans pour la révolution entiere. On a appellé grande année ce long efpace de tems, qui furpafie quatre à cinq fois celui que l’on compte vulgairement depuis le com- mencement du monde. Voyez l'article PRÉCESSION des équinoxes. Les tems dans lefquels Jupiter , Saturne , le Soleil, la Lune , finifient leurs révolutions , & retournent au même point du zodiaque , font refpeétivement ap- pellés années de Jupiter , de Saturne ; années Solaires € années, Lunaires. Voyez SOLEIL , LUNE , PLANE- DE, Éc. L'année proprement dite , eft l’année folaire, ou l’efpace de tems dans lequel le Soleil parcourt ou pa- roit parcourir les douze fignes du zodiaque. Voyez ZODIAQUE 6 ECLIPTIQUE. Suivantles obfervations de Meffieurs Caffini, Bian- chini, de la Hire, l’anrée et de 36% jours ; heures 49 min. & c’eft-là la grandeur de Pannée fixée par les ‘auteurs du Calendrier Grégorien. Cette année eft celle qu’on appelle l’année Affronomique : quant à Pannée civile | on la fait de 365 jours, excepté une année de quatre en quatre, qui eft de 366 jours. La viciflitude des faifons femble avoir donné oc- cafon à la premiere inflitution dé l’anzée; les hom- mes portés naturellement à chercher la caufe de cette vicifitude , virent bien-tôt qu’elle étoit produite par les différentes fituations du Soleil par rapport à la terre, & 1ls convinrent de prendre pour l’azée l’ef- pace de tems que cet aftre mettoit à revenir dans la même fituation, c’eft-à-dire, au même point de fon orbite. Voyez SAISON. Ainfi comme ce fut principalement par rapport aux faïfons que l’année fut infituée , la principale attention qu'on eut, fut de faire enforte que les mêmes parties de l’azrée répondiffent totjours aux mêmes faifons , c’eft-à-dire, que le commencement Tome I, AN 387 de l’année fe trouvât toûjours dans le tems que le Soleil étoit au même point de fon orbite. Mais comme chaque peuple prit une voie diffé rente pour arriver à ce but, 1ls ne choifirent pas tous le même point du zodiaque pour fixer le commence ment de Parnée , & ils ne s’accordetent pas non plus fur la durée de la révolution entiere. Quelques-unes de ces années étoient plus correétes que les autres , mais aucune n'étoit exaéte , c’eft-k-dire, qu’aucune ne marquoit parfaitement le tems précis de la révo- lution du Soleil. Ce font les Egyptiens , fi on en croit Hérodote ; qui ont les premiers fixé l’année | & qui l’ont fait de 360 jours , qu'ils féparerent en douze mois ; Mercu: re Trifmepiite ajoûta cinq jours à l’année, & la fit de 365 jours. Thalès, à ce qu’on prétend, la fit du mêmenombre dejours parmi les Grecs : mañsilne fut fuivi en ce point que d’une partie de la Grece. Les Juifs, les Syriens, les Romains, les Perfes, les Ethiô- piens, les Arabes, avoïent chacuns des années dif férentes. Toute cette diverfité eft peu étonnante, fi on fait attention à l'ignorance où l’on étoit pour lors de l’Aftronomie. Nous lifons même dans Diodore de Sicile, 2. I. dans la vie de Numa par Plutarque, & dans Pline, Liv, VIT. chapir, xlvüj. que l’année Egyptienne étoit dans les premiers tems fort diffé- rente de celle que nous appellons aujourd’hui de ce nom. L'année folaire eft l'intervalle de tems dans lequel le foleil paroît décrire le zodiaque , ou celui dans lequel cet aftre revient au point d’où il étoit parti, Voyez SOLEIL. Ce tems, felon la mefure commune, eft de 36% jours ÿ heures 49 minutes. Cependant quelques Af: tronomes le font plus où moins grand de quelques fécondes , & vont même jufqu'à une minute de dif- férence. Kepler , par exemple, faifoit l’année de 36$ jours ÿ heures 48 min, 57 fec. 30 tierces. Ric- cioh de 365 jours ÿ heures 48 min. Tycho de 36$ jours ÿ heures 48 min. M. Euler a publié dans le prenuer tome des Mémoires François de l Académie de Berlin , pag. 3,7. une table par laquelle on voit com- bien les Affronomes font peu d'accord fur la gran- deur de l’arznée folaire, L'année folairé, comme nous l’avons déjà obfervé, eft divifée en année affronomique & année civile. L'année affronomique eft celle qui eft déterminée avec précifion par les obfervations aftronomiques : comme 1l eft affez avantageux que cette année ait un commencement fixe , foit qu’on compte le tems en années écoulées depuis la naïffance de J, C. foit qu'on le compte en années écoulées depuis le com- mencement de la période Julienne , les Aftronomes font enfin convenus que le commencement de l’47- née folaire {oit compté du midi qui précede le pre- mier jour de Janvier , e’eft-à-dire, de maniere qu'à midi du premier Janvier , on compte déjà un jour complet où 24 heures de tems écoulées. On peut diftinguer l’année aflronomique en deux efpeces ; l’une /ÿderéale , l'autre éropique. L'année fÿderéale | qu'on appelle auffi anomalifti- que ou périodique , eft l’efpace de tems que le foleil met à faire fa révolution apparente autour de la terre , ou , Ce qui revient au même , le tems que la terre met à revenir au même point du zodiaque. Ce tems eft de 36$ jours 6 heures 9 minutes 14 fec. L'année rropique eft le tems qui s’écoule entre deux équinoxes de printems ou d’automne ; on la nomme année tropique , parce qu'il faut que tout cet inter- valle de tems s'écoule pour que chaque faifon fe tétabliffe dans le même ordre qu'auparavant : cette année eft de 36$ jours , heures 48 nn. 57 fec. & par conféquent elle eft un peu plus courte que l'année fyderéale, La raifon de cela eft que comme Ccci 300 AN l’équinoxe , ou la fe&tion de l’écliptique & de l’é- quateur eft rétrograde de jo fecondes par an, le fo- leil , après qu'il cf parti d’un des équinoxes, doit pa- roître rencontrer ce même équinoxe l’année fuivante dans un point un peu en-deçà de celui où il Va quit- té ; & par conféquent le foleil n'aura pas encore achevé fa révolution entiere lorfqu’il fera de retour aux mêmes points des équinoxes. /2/£, Afir. L'année civile eft celle que chaque nation a fixée pour calculer l’écoulement du tems : ce n’eft autre chofe que l’année tropique , dans laquelle on ne s’ar- rête qu’au nombre entier de jours , en laïflant les fra@tions des heures & des minutes, afin que le cal- cul en foit plus commode. Ainfi l’année sropique étant d'environ 365 jours 5 heures 49 minutes , l’année civile eft feulement de 365 jourst: mais de crainte que la correfpondance avec le cours du foleil ne s’altérât au bout d’un cer- taîn tems , on a réglé que chaque quatrieme année feroit de 366 jours pour réparer la perte des frac- tions qu’on néglige les trois autres années. De cette maniere l’année civile eft foùdivifée en commune & en biffextile. L'année civile commune eft celle qu'on a fixée à 365 jours ; elle eft compofée de 7 mois de 31 Jours; favoir, Janvier, Mars, Mai, Juillet, Août, Oéto- bre , Décembre ; de quatre de 30 jours, Avril, Juin, Septembre & Novembre , & d’un de 28 jours, qui eft Février. Il y a apparence que cette diftribution bifarre a été faite pour conferver , autant qu'il étoit poflible , l'égalité entre les mois, & en même tems pour qu'ils fuflent tous à peu près de la grandeur des mois lunaiïres , dont les uns font de 30 jours & les autres de 29. Une autre raïfon qui a pü y enga- ger, c’eft que le foleil met plus de tems à aller de l’équinoxe du printems à l’équinoxe d'automne , que de celui d'automne à celui du printems ; deforte que du premier Mars au premier Septembre , il y a qua- tre jours de plus que du premier Septembre au pre- mier Mars : mais quelque motif qu’on ait eu pour faire cette diftribution , on peut en général fuppofer larnée commune de ÿ mois de 31 jours, & de 7 mois de 30 jours. L'année biffextile eft compofée de 366 jours , & elle a par conféquent un jour de plus que larnée commune ; ce jour eft appellé Jour intercalaire ou bif- fextile. L’addition de ce jour intercalaire , tous les quatre ans , a été faite par Jules Céfar , qui, voulant que les faifons puflent toïjours revenir dans le même tems de l’année , joignit à la quatrieme annee les fix heures négligées dans chacune des années précéden- tes. Il plaça le jour entier formé par ces quatre frac- tions après le vingt-quatrieme de Février , qui étoit le fixieme des Calendes de Mars. Or comme ce jour ainfi répété étoit appellé en conféquence bis féxto calendas , l’année où ce jour étoit ajoûte , füt aufli appellée bis Jéxrus , d’où eft venu #iffextile. Le jour intercalaire n’eft plus aujourd’hui regardé comme la répétition du 24 Février , mais il eft ajoûté à la fin de ce mois , & en eft le vingt - neuvieme. Voyez BISSEXTILE. Il y a encore une autre réformation de l’année ci- vile , établie par le pape Grégoire XIIL. Voyez GRÉ- GORIEN. L'année lunaire eft compofée de douze mois Iunai- res. Voyez LuNAIRE. Or 1l y a deux efpeces de mois lunaires ; favoir , e mois périodique , qui eft de 27 jours 7 heures 43 min. i fec. c’eft à peu près le tems que la lune employe à faire fa révolution autour de la terre : 2°, le mois fÿnodique , qui eft le tems que cette planete employe à retourner vers le foleil à chaque conjonétion ; ce tems qui eft l'intervalle de A N deux nouvelles lunes , eft de 29 jours 12 heures 44 minutes 33 fec. Voyez a l'article SYNODIQUE La canfe de la différence de ces deux mois. Le mois fynodique eft le feul dont on fe ferve pour mefurer les années lunaires ; or comme ce mois eft d'environ 29 jours & 12 heures, on a été obligé de fuppofer , pour la commodité du calcul , les mois lunaires civils de 30 & de 29 jours alternativement ; ainfi le mois fyno- dique étant de deux efpeces , aftronomique & civil, il a fallu diftinguer auffi deux efpeces d'années lunai- res ; l’une aftronomique , l’autre civile. 77/2. Affr. L'année affronomique lunaire eft compofée de dou- ze mois fynodiques lunaires , & contient par confé- quent 354 jours 8 heures 48 min. 30 fec. 12 tierces. Voyez SYNODIQUE. L'année lunaire civile eft on commune , ou embo- lifmique. L'année lunaire commune eft de douze mois lunaï- res civils, c’eft-à-dire de 354 jours. L'année embolifmique intercalaire eft de treize mois lunaires civils, & de 384 jours. Voyez EMBoOLIs- MIQUE, Voici la raifon qui a fait inventer cette 47- née : comme la différence entre l’année lunaire civile & l’année tropique eft de 11 jours $ heures 49 nun. il faut, afin que la premiere puifle s’accorder avec la feconde , qu'il y ait 34 mois de 30 jours , & 4 mois de 31 inférés dans cent années lunaires ; ce qui laïfle encore en arriere un refte de 4 heures 21 min. qui dans fix fiecles fait un peu plus d’un jour. Jufqu’ici nous avons parlé des années & des mois, en les confidérant aftronomiquement. Examinons préfentement les différentes formes d'années civiles que les Anciens ont imaginées, & celles que fuivent aujourd’hui divers peuples de la terre. L'ancienne an née romaine étoit l’arnée lunaire, Dans fa premiere in- füitution par Romulus , elle étoit feulement compofée de dix mois, Le prenuer , celui de Mars , contenoit 31 jours; le fecond, celui d'Avril, 30. 3°. Mai 31; 4. Juin 30; 5°. Quintilis ou Juillet 31 ; 6°. Sextilis : où Août 30 ; 7°. Septembre 30 ; 8°. Oëtobre 31; 9°. Novembre 30; 10°. Decembre 30; le tout fai= fant 304 jours. Ainfi cette aznée {e trouvoit moindre de 5o jours que l’année lunaire réelle , & de 61 que l’année folaire, De-là il réfultoit que le commencement de l’arnée de Romulus étoit vague, & ne répondoit à aucune faïfon fixe. Ce Prince fentant l'inconvénient d’une telle variation , voulut qu’on ajoûtât à chaque année le nombre de jours néceffaires pour que le premier mois répondit toüjours au même état du ciel : mais ces jours ajoûtés ne furent point partagés en mois, Numa Pompilius corrigea cette forme irréguliete de l’année, &t fit deux mois de ces jours furnumérai- res. Le premier fut le mois de Janvier ; Le fecond ce- lui de Février. L'année fut ainfi compofée par Numa de douze mois, 1°. Janvier 29 jours, 2°. Février 28, 3°. Mars 31, 4°. Avril 29, $°.Mai31, 6°, Juin 29, 7°. Juillet 31, 8°. Août 29, 9°. Septembre 29, 10°. Oë&tobre 35, 11°. Novembre 29, 12°. Decembre 29; le tout faifant 355 jours. Ainfi cette aznée furpañloit l'année civile lunaire d’un jour, & Parnée affronomique lunaire de 13 heures 11 minutes 24 fecondes: mais elle étoit plus courte que lannée folaire de 11 jours, enforte que {on commencement étoit encore vague, par rapport à la fituation du foleil. Numa voulant que le {office d’hyver répondit au même jour , fit intercaler 22 jours au mois de Fé- viier de chaque feconde année, 23 à chaque quatrie- me, 22 à chaque fixieme, & 23 à chaque huitieme. Mais cette regle ne faïfoit point encore la compen- {ation néceflaire ; car comme l’année de Numa fur- pañloit d’un jour l’aznée Greque de 354 jours, l’er- reur devint fenfble au bout d’un certain tems, ce qui obligea d'avoir recours à une nouvelle maniere d’intercaler ; au lieu d’ajoûter vingt-trois jours à cha- que huitieme année, on n’en ajohta que quinze ; &c on chargea les grands Pontifes de veiller au foin du calendrier. Mais les srands Pontifes ne s’acquittant point de ce devoir; laifferent tout retomber dans la plus grande confufion. Telle fut l’année romaine juf- qu’au tems de la réformation de Jules Céfar. Foyez les articles CALENDES', NONES 6 IDESs, fur la maniere de compter les jours du mois chez les Ro- mains. | L'année Julienne eft une année folaire | contenant communément 365$ jours, mais qui de quatre ans en quatre ans, c’eft-à-dire, dans les anrées biflextiles, eft de 366 jours. Les mois de l’année Julienne étoient difpofés aïnf : 1°. Janvier 31 jours , 20. Février 28, 3°. Maïs 31, 4°. Avril 30, 5°.Mai3r,.60.Jum3o, 7°. Juillet 3r, 8°. Août 31, 9°. Septembre 30 , 10°. Oétobre 31, 119, Novembre 30, 12°. Decembre 31; & dans tou- tes les années biffextiles le mois de Février avoit com- me à préfent 29 jours. Suivant cet établiffement la grandeur aftronomique de l’année Julienne étoit de 365 jours 6 heures ; & elle furpafloit par conféquent la vraie année folaire d'environ 11 runutes, ce quien 131 ans produifoit un jour d'erreur. L'année romaine étoit encore dans cet état d’imperfeétion , lorfque le Pape Grégoire XIII. y fit une réformation, dont nous parlerons un peu plus bas. Jules Cefar à qui l’on eft redevable de la forme de l’année Julienne, avoit fait venir d'Egypte Sofigènes fameux Mathématicien , tant pour fixer la longueur de l’arnée, que pour en rétablir le commencement, qui avoit été entierement dérangé de 67 jours, par la négligence des Pontifes. Afin donc de le remettre au folftice d’hyver, Sofi- gènes fut obligé de prolonger fa premiere année juf- qu’à quinze mois où 445 jours ; &c cette année s’ap- pella en conféquence l’azrée de confufion, anus confufionts. L'année établie par Jules Cefar a été fuivie par toutes les nations chrétiennes jufqu’au milieu du fei- zieme fiecle, & eontinue même encore de l’être par l'Angleterre. Les Aftronomes &c les Chronologiites de cette nation comptent de la même maniere que le peuplé, & cela fans aucun danger , parce qu’une erreur qui eft connue n’en eft plus une. L'année Grégorienne n’eft autre que l’arnée Julienne corrigée par cette regle, qu’au leu que la derniere de chaque fiecle étoit toïjours biflextile, les der- nieres azhées de trois fiecles confécutifs doivent être communes ; & la derniere du quatrieme fiecle feu- lement eft comptée pour biffextile. La raïfon de cette correétion, fut que l’année Ju- lienne avoit été fuppofée de 36+ jours 6 heures , au lieu que la véritable arnée folarre eft de 365 jours 5 heures 49 minutes , ce qui fait 11 minutes de diffé- rence , comme nous l’avons déja remarqué. Or quoique cette erreur de 11 minutes qui fetrou- ve dans l’année Julienne foit fort petite, cependant elle étoit devenue f confidérable en s’accumulant depuis le tems de Jules Cefar, qu’elle avoit monté à 70 jours , ce qui avoit confidérablement dérangé l’é- quinoxe. Car du tems du Concile de Nicée, lorfqu'il fut queftion de fixer les termes du tems auquel on doit célébrer la Pâque , l’équinoxe du Printems fe trouvoit au 21 de Mars. Mais cet équinoxe ayant continuellement anticipé, on s’eft apperçû l’an 1582. lorfqu’on propofa de réformer le calendrier de Jules Cefar , que le foleil entroit déjà dans l’équateur dès le 11 Mars; c’eft-à-dire, ro jours plütôt que du tems du Concile de Nicée. Pour remédier à cet inconvé- ent , qui pouvoit aller encore plus loin , le Pape Grégoire XIII. fit venir les plus habiles Aftronomes de fon tems , & concerta avec eux la correétion qu’il A N 389 falloit faire , afin que l’équinoxe tombät au même jour que dans le tems du Concile de Nicée ; & com- me 1l s’étoit gliffé une erreur de dix jours depuis ce tems-là, on retrancha ces dix jours de l’année 1582, dans laquelle on fit cette correétion ; & au lieu du $ d'Oftobre de cette année , on compta tout de fuite le 15. La France, PEfpagne, les pays Catholiques d’Alle- magne, & l'Italie, en un mot, tous les pays quu font fous l’obéiffance du Pape , recürent cette réforme dès fon origine: mais les Proteftans la rejetterent d’abord, En l'an 1700, l'erreur des dix jours avoit augmen- té encore & étoit devenue de onze ; c’eft ce qui dé- termina les proteftans d'Allemagne à accepter la ré- formation Grégorienne , auffi-bien que les Danois & les Hoilandois. Maisles peuples de la Grande-Breta- gne & la plüpart de ceux du Nord de l’Europe, ont confervé jufqu’ici l’ancienne forme du calendrier Ju- lien. Voyez CALENDRIER , STYLE. /7/£. Affr. Au refte il ne faut pas croire que larnée Grégo- rienne {oit parfaite ; car dans quatre fiecles l’année Julienne avance de trois jours, une heure & 22 mi- nutes. Or comme dans le calendrier Grégorien on ne compte que les trois jours, &t qu’on néglige la fraétion d’une heure 8 221 minutes, cette erreur au bout de 72 fiecles produira un jour de mécompte, L'année Egyptienne appellée auf l’azrée de Nabo- zaffar, eft l’année folaire de 365 jours divifée en dou- ze mois de trente jours , auxquels font ajoütés cinq jours intercalaires à la fin : les noms de ces mois font ceux-ci. 1°. Thot, 2°. Paophi, 3°. Athyr, 4°, Chojac, 5°. Tybi, 6°, Mecheir, 7°, Phatmenoth , 8°, Pharmu- thi ; 0°. Pachon, 10°, Paunt, 11°, Epiphi, 12°. Me- Jori ; & de plus #uépas érayouéres | ou les cinq jours intercalaires. La connoiffance de l’année Egyptienne, dont nous venons de parler, eft de toute néceflité en Aftrono- mie , à caufe que c’eft celle fuivant laquelle font dreflées les obfervations de Ptolomée dans fon Al- magefte. Les anciens Eeyptiens, fuivant Diodore de Sicile, liv. T. Plutarque dans la vie de Numa, Pline, Zv. VIT, . c. 48. mefuroient les aznées par le cours de la lune. Dans le commencement une lunaïfon,c. à. d. un mois lunaire farfoit l’année ; enfuite trois , puis quatre , à la maniere des Arcadiens. De-là les Egyptiens alle- rent à fix, ainfi que les peuples de l’Acarnanie. Enfin ils vinrent à faire l’anzée de 360 jours , & de douze mois ; & Afeth, 32° Roi des Egyptiens, ajoûta à la fin de l’année les ÿ jours intercalaires. Cette briéveté des premieres années Egyptiennes , eit ce qui fait , fi- vant les mêmes Auteurs , que les Egyptiens fuppo- foient le monde fi ancien , &c que dans l’'Hiftoire de leurs Rois, on en trouve qui ont vécu jufqu’à mille & douze cens ans. Quant à Herodote , 1l garde un profond filence fur ce point ; 1l dit feulement que les années Egyptiennes étoient de douze mois , ainfi que nous l’avons déja remarqué. D'ailleurs l’Ecriture nous apprend que dès le tems du déluge l’azrée étoit compoiée de douze mois, Par conféquent Cham, & {on fils Mifraim, fondateur de la Monarchie Eeyp- tienne , ont dû avoir garde cet ufage, & il n’eft pas probable que leurs defcendans y ayent dérogé. Ajoû- tez à cela, que Plutarque ne parle fur cette matiere qu'avec une forte d'incertitude , & qu’il n’avance le fait dont il s’agit, que fur le rapport d'autrui. Pour Diodore de Sicile , iln’en parle que comme d’une conjeture de quelques auteurs , dont il ne dit pasle nom , &ui probablement avoient crû pat-là conci- lier la chronologie Egyptienne avec celle des autres nations. Quoi qu'il en foit , le Pere Kixcher prétend qu’ow trel’arnéefolaire,quelquesprovinces d’'Egypteavoient des années lunaires , & que dans les tems les plus re- 390 A N culés quelques-uns des peuples de ces provinces pre- noient une feule révolution de la lune pour une 4z- née; que d’autres trouvant cet intervalle trop court, faïloient l’année de deux mois, d’autres de trois, É:c. ÆEdip. Epypt. tom, II. p. 252. Un Auteur de ces derniers tems affüre que Varron a attribué à toutes les nations ce que nous venons d'attribuer aux Egyptiens, & 1l ajoûte que Laëtance le releve à ce fujet. Nous ne favons pas fur quels endroits de Varron & de Laétance cet auteur fe fonde ; tout ce que nous pouvons aflürer , c’eft que Laétance , Divin. infhr. Lib. IT, c, xüj. en parlant de l’opinion de Varron fup- pofe qu’il parle feulement des Égyptiens. Au refte S. Auguftin, de Civir. Dei, L. XV. c. xiv. fait voir que les années des patriarches rapportées dans lEcriture font les mêmes que les nôtres ; & qu’il n’eft pas vrai, comme Beaucoup de gens fe le font imaginés , que dix de ces armées n’en valoient qu’une d'à préfent. Quoi qu'il en foit , 1l eft certain que l’arzée Egyp- tienne de 365 jours étoit une anriée vague; car com- me elle différoit d'environ 6 heures de l’année cropi- que , 1l arrivoit en négligeant cet intervalle de 6 heu- res , que de 4 ans en 4 ans, cette année vague anti- cipoit d’un jour fur la période folaire ; & que par conféquent en quatre fois 365 ans , c’eft-à-dire , en 1460 ans, fon commencement devoit répondre fuc- ceffivement aux différentes faifons de l’année, Lorfque les Egyptiens furent fubjugués par les Ro- mains, 1ls reçürent l’année Julienne , mais avec quel- qu'altération ; car ils retinrent leurs anciens noms avecles cinq auépes émayauéver, 8 ils placerent le jour intercalé tous les quatre ans , entre le 28 & le 29 d’Août. Le commencement de leur zrnée répondoit au 29 Août de l’aznée Julienne. Leur année réformée de cette maniere, s’appelloit anus Aéliacus , à caufe qu’elle avoit été inftituée après la bataille d’'Aftium. L'ancienne année Greque étoit lunaire , & compo- fée de douze mois, qui étoient d’abord tous de 30 jours , &c qui furent enfuite alternativement de 30 & de 29 jours ; les mois commencçoient avec la pre- miere apparence de la nouvelle lune ; & à chaque 3,5, 8°,11°, 14°, 16° & 17° année ducycle de 19 ans, on ajoütoit un mois embolifmique de trente jours, afin que les nouvelles & pleines lunes revinf- fent aux mêmes termes ou faifons de l’armée, Foyez EMBOLISMIQUE. Leur année commençoit à la premiere pleine lune d’après le folftice d'été. L'ordre de leurs mois étoit celui-ci, ne. E yalouCaiwy de 29 Jours » 27 MeTæyelT io, 30 jours ; 3°. Bondpouæy 29 : 4°. Mœmaxlnpior 30 > 5°: Tuayedioy 29 ; 60. Iocuidéor 30 , 7°. Tao 29, 80. Aydec-npiavs 30 ; 9°. E’Aa@nCoAsœ » 29 ; 109. Merv- DE 20H 0, OynNOY 29; 12°. ExsppHPopIAY , 30. Les Macédoniens avoient donné d’autres noms à leurs mois, ainfi que les Syro-Macédoniens , les Smyrniens, les Tyriens, les peuples de Chypre, les Paphiens , les Bithyniens, 6c. L'ancienne année Macédonienne étoit une année lu- naire, qui ne différoit de la Greque que par Le nom & l’ordre des mois. Le premier mois Macédonien ré- pondoit au mois Mæmaéterion , ou 4° mois Attique : voici l’ordre , la durée, & les noms de ces mois : 1°. Ajos, 30 jOUrS: 20, A'œeAAaloc, 29 jJOUTS ; 3°. A’udv- vaæios » 30; LA Iepirlocs 29 ; se A'USpos , TOMED ar Since, 303 7°. A'preuicios, 303 8°. Atos, 20 ; 9°. Ila- veuos , 30 3 10°. Ace, 29 ; 119, Topmaics , 395 mo Yorepeperæios y 29. La rouvelle année Macédonienne eft une année {o- laire, dont le commencement eft fixé au premier . Janvier de l’année Julienne, avec laquelle elle s’ac- corde parfaitement, Cette année étoit particulierement nommée l’an- née Arrique; & le mois intermédiaire d’après Pojt- deor, ou le 6° mois, étoit appellé &ocerduy B, ou der- nier Pofideon. L'ancienne année Juive étoit une année lunaire, compofée ordinairement de 12 mois alternativement de 30 & de 29 jours. On la faïfoit répondre à l’année folaire, en ajoûtant à la fin 11 & quelquefois 12 Jours, ou en inferant un mois embolifmique. Voici les noms &c la durée de ces mois : 1°. AM- Janou Abib, 30 jours ; 2°. Jiar ou Zius, 29 ; 3°. Siban ou SAvan, 303; 4°. Thamuz on Tamuz , 29; $°. 4b, 30; 6°. Elul, 29 ; 7°. Tifri on Ethanim, 30 ; 8°. Mar- Poe ou Bul, 29; 9°. Cifleu, 30; 10°. Thebeth, 29; 11°. Sabat Où Schebeth, 303 12°, Adar dans les an- nées embolifmiques, 30; Adar, dans les armées com- munes étoit de 29. L'année Juive moderne eft pareillement une armés lunaire de 12 mois dans les années communes, &de 13 dans les années embolifmiques, lefquelles font la 3°. la 6°.8°, 11°. 14, 17°. & 19°. du cycle de 19 ans. Le commencement de cette année eft fixé à la nou- velle lune d’après l’équinoxe d’automne. Les noms des mois & leur durée , font 1°. Tifri, de 30 jours ; 2°. Marchefyan , 29; 3°. Cifleu , 30; 4°. Tebeth, 29 ; 5°. Schebeth , 30 ; G°. Adar, 29; 7°. Wea- dar, dans les années embolifmiques, 30; 8°. Mifan, 30; 9°. Jiar, 29 ; 10°. Silvan , 30; 11°, Thamuz, 29; 12°. Ab, 30; 13°. Elub, 29. Voyez CALENDRIER. L'année Syrienne eft une année folaire, dont le commencement eft fixé au commencement du mois d'Oftobre de lParnée Julienne , & qui ne differe d’ail- leurs de l’année Julienne que par le nom des mois, la durée étant la même. Les noms de fes mois font, 1°, Tishrin répondant au mois d'Oftobre & conte- nans 31 jours; 2°, le fecond Tiskriz contenant ainfi que Novembre, 30 jours ; 3°. Canun, 31; 4°. le {e- cond Carun, 313; 5°. Shabar,28;, 6°. Adar, 313 7°. Nifan , 30; 8°. Acyar, 31 ; 0°. Hariram, 30; 10°. Tamuz, 313, 11°. 4b, 31; 12°. Elul, 30. L'année Perfenne eit une année folaire de 36$ jours,& compofée de douze mois de 3ojours chacun, avec 5 jours intercalaires ajoûtés à la fin. Voici Le nom des mois de cette année, 1°. Atrudiameh ; 2°, Ar- dihafehlmeh; 3°. Cardimeh; 4°. Thirmeh; 5°. Merdetmed: 6°. Schabarirmeh ; 7°. Meharmeh ; 8°, Abenmch; 9°. Adarmeh ; 10°. Dimeh; 11°. Behenmeh; 12°. Affirer- meh. Cette année eft appellée année Jeydegerdique , pour la diftinguer de larnée folaire fixe , appellée l'année Gelaleene, que les Perfans fuivent depuis l’an- née 1089. Golius, dans fes notes fur Alfersan, pag. 27 & Juiv. eft entré dans un grand détail fur la forme an- cienne & nouvelle de l’année Perfienne, laquelle a été fuivie de la plüpart des auteurs Orientaux. Il nous apprend particuherement , que fous le Sultan Gelaluddaulé Melicxa , vers le milieu du onzieme fiecle , on entreprit de corriger la grandeur de l’an- née & d'établir une nouvelle époque ; 1l fut donc reglé que de quatre ans en quatre ans, on ajoüteroit un jour à l’année commune , laquelle feroit par con- féquent de 366 jours. Mais parce qu’on avoit recon- nu que l’année {olaire n’étoit pas exaétement de 365 jours 6 heures , il fut ordonné qu’alternativement ( après 7 ou 8 intercalations ) onintercaleroit la cin- quieme, & non pas la quatrième aznée ; d’où il paroït que ces peuples connoifloient déja fort exatement la grandeur de l’année, puifque felon cette forme, l'année Perfienne feroit de 365 jours ÿ heures 49 mi- nutes 31 fecondes, ce qui differe à peine de l'année Grégorienne , que les Européens ou Occidentaux fe font avifés de rechercher plus de $oo ans après les Afiatiques ou Orientaux. Or depuis la mort de Jez- dagirde , le dernier des Rois de Perfe, lequel fut tué AN par les Sarrafins , année Perfenne étoit de 365 jours , fans qu’on fe fouciât d’y admettre aucune in- tercalation ; & il paroït que plus anciennement, après 120 années écoulées, le premier jour de l'an, qui avoit rétrograde très-{enfiblement , étoit remis au même lieu qu'auparavant , en ajoûtant un mois de plus à l’année, qui devenoit pour lors de 13 mois. Mais l’année dont tous les auteurs qui ont écrit en Arabe ou en Perfan , ont fait ufage dans leurs tables Aftronomiques, eft femblable aux années Égyptien- nes , lefquelles font toutes égales, étant de 365 jours fans intercalation. /7/2. Aftr, de M. le Monnier. Autefte l’année Jezdegerdique , comme on peut le re- marquer , eftla même chofe que l’arnée de Nabonaffar. Quant à l’année Gelaleene , c'eft peut-être la plus par- faite & la plus commode de toutes les années civiles, ainfi que nous venons de le dire ; car, comme on trou- Ve par le calcul , les folftices & les équinoxes répon- dent conftamment aux mêmes jours de cette année, qui s’accorde en tout point avec les mouvemens {o- laires ; & c’eft une avantage qu’elle a même, felon plufieurs Chronologiftes , {ur l’aznée Grégorienne , parce que celle-c1,felon eux, n’a pas une intercala- tion aufli commode. L'année Arabe ou Turque eft une année lunaire, compofée de 12 mois , qui font alternativement de 30 & de 29 jours ; quelquefois aufli elle contient 13 mois. Voici le nom &c. de ces mois. 1°. Muharram , de 30 jours ; 2°, Saphar, 29; 3°. Rabia, 30 ; 4°. fe- cond Rabia , 29 ; $°. Jomada, 30 ; 6°. fecond Jomada , 29; 7°, Rajab, 30; 8°, Shaaban , 29 ; 0°. Sarmadan , 30; 10°. Shawal, 29; 11°. Dulkaadak , 30 ; 12°. Dul- hepgia, 29, & de 30 dans les zzrées embolifmiques. On ajoûte un jour intercalaire à chaque 2°, $°, 7°, 10°, 13°, 15°, 18°, 21°, 24°, 26°, 29° année d’un cy- cle de 29 ans. L'année Ethiopique eft une année folaire qui s’ac- corde parfaitement avec l’Aftiaque , éxcepté dans les noms des mois. Son commencement répond à celui de l’année Egyptienne, c’eft-à-dire au 29° d’A- vril de l’année Julienne. Les mois de cette année font , 1°. Mafcaram ; 2°. Tykympl; 30. Hydar; 4, Tyshas; so. Tyr; 6°. Jacatil} 7°. Magabit, 8°. Mijarta ; 9°. Giribal ; 10°. Syne; 110, Marile; 120, Hahafe, ê il y a de plus cinq jours intercalaires, L'année Sabbatique, chez les anciens Juifs , fe di- {oit de chaque feptieme année. Durant cette année, les Juifs laifloient toûjours repoñfer leurs terres. Chaque feptieme année Sabbatique , c’eft-à-dire chaque 49°. année étoit appellée l'année de Jubilé, & étoit célebrée avec une grande folemnité. Voyez JuB1ILÉ. Le jour de PAN , ou le jour auquel l’année com- mence, a toijours été très-différent chez les diffé- rentes Nations. Chez les Romains, le premier & le dernier jour de l’an étoient confacrés à Janus ; & c’eft par cette raïon qu’on le repréfentoit ayec deux vifages. C’eft de ce peuple que vient la cérémonie de fou- haïter la bonne année , cérémonie qui paroït très- ancienne. Non-feulement les Romains fe rendoient des vifites, & fe faifoient réciproquement des com- plimens avant la fin du premier jour : mais ils fe pré- fentoient auffi des érreznes, férene , & offroient aux Dieux des vœux pour la confervation les uns des autres. Lucien en parle comme d’une cofitume très- ancienne , même de fon tems, & il en rapporte l’o- rigine à Numa. Ovide fait allufon à la même cérémonie au com- mencement de fes faftes. Poftera lux oricur , linguifque animifque favere Nunc dicenda bono funt bona verba die, AN 391 Et Pline dit plus expreflément, L. xxvij. c. v. pr Mun anni trcipientis diem lætis precationibus irvicent See OMINANEUT. ‘année civile ou légale, en Angletèrré, comménce le jour de l’Annonciation, c’efl-à-dire le 25 Mars; quoique l’année chronologique commence le jour de la Circoncifion, c’eft-à-dire le premier jour de Janvier, ainf que l’année des autres Nations de l'Europe. Guil: laume le Conquérant ayant été couronné le premier de Janvier, donna occafion aux Anglois de commen: cer à compter l’asnée de, ce jour-là pour l’hiftoire ; mais pour toutes les affaires civiles, ils ont retenu leur ancienne maniere, qui étoit de commencer l’a: née le 25 Mars. Dans la partie de l’année qui eft entré ces deux termes, on met ordinairement les deux dates à-la- fois, les deux derniers chiffres étant écrits l’un {ut l’aux tre à la maniere des fra@tions ; par exemple, 172 +eft la date pour tout le tems entre le premier Janvier 1725 & le 25 Mars de la même anzée, Depuis Guil- laume le Conquérant, les patentes des Rois , les char- tres, Gc. font ordinairement datées de l’arrrée du re: gne du Roi. | L’Eglife d'Angleterre commence l’année au pre: mier Dimanche de l'Avent. Voyez AVENT, Les Jufs, ainfi que la plüpart des autres Nations de Orient, ont une arr civile qui commence avec la nouvelle lune de Septembre, & une année ecclé: faftique qui commence avec la nouvelle lune de Mars. Les François, fous les Roïs de la race Merovin: gienne, commencçoient l’année du jour de la revûe des Troupes, qui étoit le premier de Mars; fous les Rois Carlovingiens ; ils commencerent l’azrée le jour de Noël; & fous les Capétiens, le jour de Pâques; dé forte que le commencement de l’aznée varioit alors depuis le 22 Mars, jufqu'au 25 Avril. L'année ecclé- Jéajlique en France comménce au premier Dimanche de l'Avent. Quant à l’année civile, Charles IX ordonna en 1564, qu'on la feroit cominencer à l’avenir au prez mier de Janvier. Les Mahométans commencent l’arzée au moment où le Soleil entre dans le Bélier, Les Perfans, dans le mois qui répond à notre mois de Juin. | Les Chinois, & la plûüpart des Indiens commen- cent leur aznée avec la premiere lune de Mars. Les Brachmanes avec la nouvelle lune d'Avril, auquel jour als célebrent une fête appellée Sarrwar faradi pauduga , c’eft-à-dire, la fête du nouvel an. LesMexicains, fuivant d’Acofta, commençoient l’année le 23 de Février, tems où la verdure com- mençoit à paroiïtre. Leur année étoit compofée de dix- huit mois de vingt jours chacun, & ils employoient les cinq jours qui reftoient après ces dix-huit mois , aux plaifirs, fans qu’il fût permis de vaquer à aucu- ne affaire, pas même au fervice des temples. Alva- rez rapporte la même chofe des Abyffins, qui com- mençoient l'arnée le 26 d'Août, & avoient cinq jours oififs à la fin de l’arnée , qui étoient nommés pa- gomen. À 1 À Rome, il y a deux manieres de compter les #2- nées ; l’une commence à la Nativité de Notre - Sei- gneur, & c'eft celle queles Notaires fuivent, datant a nativitate ; autre commence au 23 Mars, jour de lIncarnation , & c’eft de cette façon que font datées les Bulles, arno incarnationis. Les Grecs commen- cent l’année le premier Septembre, & datent du com- mencement du monde. Lestennées {ont encore diftinguées, eu égard aux époques d’où on Les compte : lorfqu’on dit azs de gra. ce où années de notre Seigneur , on compte depuis la naïffance de Jefus-Chrift, Ans ou années du monde, 392 À NA {e dit eñ comptant depuis le commencément du mon. de: ces années, fuivant Scaliger , font au nombre de 5676. On dit auffi ans de Rome, de Pegire de Nabonaf far, &c. Voyez l’article EPOQUE. (0) Année féculaire, c’eft la même chofe qu’un Jubile. Voyez JuBiLE. (G) AN ET JOUR, 67 Droir, &c..eft un tems qui dé- termine le droit d’une perfonne dans bien des cas, ‘&c qui quelquefois opere lPufucapion, & quelquefois da prefcription. Voyez PRESCRIPTION, Éc. Par éxemple, la poffeffion pendant #7 6: Jour ope- re une fin de non-recevoir contre le propriétaire qui réclame des effets mobiliaires. Elle opere aufi en fa- veur du poffeffeur qui a détenu pendant ce téms un héritage , le droit de fe faire maintenir en ladite pof- feffion, par la complainte , ou aétion de réintégran- de. Voyez COMPLAINTE 6 REINTEGRANDE. Voyez de titre des prefcriptions dans la Coétume de Paris. L'an 6 jour en matiere de retrait, eft le tems ac- cordé aux lisnagérs, pour retraire un héritage pro- pre qui a été aliéné , & au-de-là duquel le retrait n’eft plus praticable, Ce tems court même contre les mi- neurs, fans efpérance de reftitution. 7. LIGNAGER. AN de deuil, Voyez DEUIL. AN de viduité. Voyez ViDUITÉ ou DEUIL. ANA , (Pharm.) caraëtere ufité dans les ordonnan- ces de Meïecine, qu’on écrit auf par abbréviation & a ; 1l défigne dans une recette ou dans une ordonnance, des parties égales d’ingrédiens, foit que ces ingré- diens foient liquides ou fecs. Voyez À. Ainfi quelques Auteurs ont dit une proportion anatique, pour fignifier reifor ou proportion d'égalité. Voyez EGALITÉ, RAI- SON, &c. (N) *ANA, ville d'Afie, dans l'Arabie deferte, fur l'Euphrate. Long. 60. 20. lat. 33. 25. * ANAB, ( Géog. anc.) montagne dans la Tribu de Juda, au pié de laquelle il y avoit une ville du même nom, entre Dabet & Iftamo. 7. Jof. xy. * ANABAGATHA, ( Géog. anc.) ancienne ville d'Afe, fous le Patriarchat d’Antioche. Voyez Aubert le Mire, 22 Géog. ecclef. nor. *ANABAO, ( Géog. mod.) une des iles Molu- ques, au fud-oueft de Timor. Anabao & Timor font féparées par un canal qui peut recevoir tous les vaif- feaux. Il y a deux pointes à l’extrémité du canal ; cel- le qui eft du côté méridional, & qui s'appelle Cu- pang, appartient à Timor; celle qui eft fur le côté feptentrional eft à Anabao. ANABAPTISME, héréfie des Anabaptiftes, Voyez l’article fuivant. 4 ANABAPTISTES, f. m. plur. ( Théol. ) feête d’hé- rétiques qui foûtiennent qu'il ne faut pas baptifer les enfans avant l’âge de difcrétion, ou qu'à cet âge on doit leur réitérer le baptème, parce que felon eux ces enfans doivent être en état de rendre raïfon de leur foi, pour recevoir validement ce facrement. Ce mot eft compofé d’&ve, de rechef, & de Gar- ri Co ou de farlo,baptifer, laver, parce que l’ufage des Anabaptifles eft de rebaptifer ceux qui ont été bapti- {és dans leur enfance. Les Novatiens, les Cataphryges , & les Donatif- tes, dans les premiers fiecles, ont été les prédecef- feurs des nouveaux Anabaptifles | avec lefquels ce- pendant il ne faut pas confondre les Evêques catho- liques d’Afe & d'Afrique , qui dans le troifieme fie- cle foûtinrent quele baptême des hérétiques n’étoit pas valide, & qu'il falloit rebaptifer ceux de ces hé- rétiques qui rentroient dans le fein de ’Eglife. Voyez REBAPTISANS. Les Vaudois, les Albigeois , les Pétrobrufiens, & la plüpart des fe@es qui s’éleverent au Xr1° fie- cle ,paflent pour avoir adopté la même erreur : mais on ne leur a pas donné le nom d’Arabapaifles ; çar il patoît d’ailleurs qu'ils ne croyoïent pas le bäptéme fort néceflaire. Voyez ALBIGEOTS , éc. 4 Les Arabaptifles proprement dits, font une {e@e de proteftans qui parut d’abord dans le xv1° fiecleen quelques contrées d'Allemagne , & particulierement en Weftphalie, où ils commirent d’horribles excès. Ils enfeignoient que le baptême donné aux enfans étoit nul & invalide ; que c’étoit un crime que de prêter ferment & de porter les'armes ; qu’un vérita= ble Chrétien ne fauroit être magiftrat : 1ls infpiroient de la haine pour les puiflances & pour la noblefle ; vouloient que tous les biens fuflent communs, & que tous les hommes fuffent libres & indépendans, & promettoient un fort heureux à ceux quis’attache- roient à eux pour xterminer les impies, c’eft-à-di- re, ceux qui s’oppofoient à leurs fentimens. On ne fait pas au juite quel fut l’auteur de cette feête : les uns en attribuent l’origine à Carloftad , d’autres à Zuingle. Cochlée dit'que ce fut Balthafar Pacimontan, nommé par d’autres Hubméir, & brûlé pour fes erreurs à Vienne en Autriche Pan 1527. Meshovius , qui a écrit fort au long une hiftoire des Anabaptifles | imprimée à Cologne en 1617: leur donne pour prenuer chef Pelarous , qui commença, dit-il, à ébaucher cette héréfie en 1522. Leur fyf tème paroït avoir été développé fucceflivement en Allemagne par Hubmeir, Rodenftein, Carloftad , Weftenberg , Didyme, More, Manfius, David, Hoffman, Kants ; & par plufeurs autres, foit en Hollande , foit en Angleterre. L'opinion la plus commune eft qu’elle doit fon origine à Thomas Muncer de Zwicau , ville de Mi. nie, & à Nicolas Storch ou Pelargus de Stalberg , en Saxe, qui avoient êté tous deux difciples de Luther, dont ils fe féparerent enfuite, fous prétexte que fa doûtrine n’étoit pas affez parfaite ; qu’il n’avoit'que préparé les voies à la réformation ; & que pour par- venir à établir la véritable religion de Jefus-Chrift ; il falloit que la révélation vint à l'appui de la lettre motte de l'écriture. £x revelationibus divinis judicars dum effe , & ex bibliis , dicebat Muncerus. Sleidan eff l’auteur qui détermine plus précifément l’origine des Arnabaptifles, dans fes commentaires | hifioriques. Ilobferve que Luther avoit prêché avec tant de force pour ce qu'il appelloit /a liberté évan- gélique, que les payfans de Suabe fe liguerent enfem- ble , fous prétexte de défendre: la doétrine évangé- lique & de fecotier le joug de la fervitude. Oduité caufé quaft doitrinamevangelii rueri, 6 Jerviturem abs Je profügare veillent, Is commirent de grands defor- dres : la noblefle, qu'ils fe propofoient d’extermi- ner ,. prit les armes contr’eux ; & après en avoir tué un grand nombre , les obligea à pofer les armes , ex= cepté dans la Turinge , où Muncer, fecondé de Pff- fer, homme hardi, avoit fixé le fiége de fon em- pire chimérique à Mulhaufen, Luther leur écrivit plufeurs fois pour les engager à quitter les armes, mais toùjours inutilement : 1ls retorquerent contre lui fa propre doûrine , foûtenant que puifqu'ils avoient été rendus libres parle fang de Jefus-Chrif, c’étoit déjà trop d’outrage au-nom Chrétien qu'ils euffent été réputés efclaves par la noblefle, & que s'ils prenoïient les armes , c’étoit par ordre de Dieu. Telles étoient les fuites du fanatifme où Luther lui- même avoit plongé l'Allemagne par la liberté de fes opuuons. Ilrcrut y remédier en, publiant un livre dans lequel ilinvitoitles Princes à prendre les armes contre.ces féditieux, qui abufoïent ainfi de la parole de Dieu. Il eft vrai quele comte de Mansfeld ;foû- tenu par les Princes &c la noblefle d'Allemagne, défit & prit Muncer & Pfffer, qui furent exécutés à Muls haufen : mais la fe@e ne fut que diffipée & non dé- truite; & Luther , fuivant fon cara@teré inconfrant , defavotia en quelque forte fon premier livre par un | fecond , ANA fecond, à la follicitation de bien des gens de fon parti, qui trouvoient fa premiere démarche dure, &: même un peu cruelle. ; Cependant les Arabaptifies fe multiplierent & fe trouverent aflez puiffans pour s'emparer de Munfter en 1534. & y foûtenir un fiége fous la conduite de Jean de Leyde, tailleur d’habits, qui fe fit déclarer leur roi. La ville fut reprife fur eux par l'Evêque de Munfter , le 24. Juin 1535. Le prétendu roi, & fon confident Knifperdollin, y périrent par les fuppli- ces ; & depuis cet échec la feéte des Arabaptifles n’a plus ofé {e montrer ouvertement en Allemagne. Vers le même tems, Calvin écrivit contr’eux un traité qu'on trouve dans fes opufcules. Comme ils fondoient fur-tout leur doétrine fur cette parole de Jefus-Chrift, Marc xvj verf, 16, quiconque croira 6 fera baptifé fera Jauvé, & qu'il n’y a que les adultes qui foient capables d’avoir la foi aétuelle ; ils en in- féroient qu'il n’y a qu'eux non plus qui doivent re- cevoir le baptême , fur-tout n’y ayant aucun paflage dans le nouveau Teftament où le baptème des en- fans foit expreflément ordonné : d’où ils tiroient cette vonféquence, qu’on devoit le réitérer à ceux qui l’a- voient recû avant l’âge de raïfon. Calvin & d’autres auteurs furent embarraflés de ce fophifme ; & pour s’en tirer, ils eurent recours à la tradition & à la pratique de la primitive Eglife. Ils oppoferent aux Anabaptifles Origene, qui fait mention.du baptème des enfans , Auteur des queftions attribuées à faint Juftin , qui en parle auf; un concile tenu en Afri- que, qui, au rapport de S: Cyprien, ordonnoit qu’on baptisât les enfans aufli-tôt qu'ils feroient nés; la pratique du même faint Doéteur à ce fujet; les conci- les d’Autun, de Mâcon, de Gironne, de Londres, de Vienne , &c. une foule de témoignages des Peres, tels que S. Irenée , S. Jérôme , S. Ambroïfe, S. Au- guftin , rc. Ces autorités , toutes refpettables & toutes for- tes qu’elles foient, faifoient peu d’impreffion fur des efprits aheurtés à décider tout parles Ecritures, tels qu'étoient les Arabaptiftes : aufli les Théologiens ca- tholiques fe font-ils attachés à trouver dans le nou- veau Teftament des textes capables deles terrafler, employant contr'euxles argumens de tradition que par lurabondance de droit. En effet , les enfans {ont jugés capables d'entrer dans le royaume des cieux, Marc, ix. verf. 1.4. Luc, xvuy. verf. 16. & le Sauveur lui-même en fit approcher quelques-uns de lui & les bénit. Or ailleurs , chap. y. verf. v. S. Jean aflure que quiconque n’eft pas baptifé ne peut entrer dans le royaume de Dieu; d’où ils’enfuit qu’on doit don- ner le baptème aux enfans. Ce que répondent les Arabaprfles , que-les enfans dont parle Jefus-Chrift étoient déjà grands, puif- qu'ils vinrent à lui, & conféquemment qu’ils étoient capables de produire un aéte de foi, eft manifefte- ment une interprétation forcée du texte facré, puif- que dans S. Matthieu & dans S. Marc ils font appel- lés de jeunes enfans , œasdia , dans S. Luc, Bpéçn, de petits enfans ; & que le même Evangélifte dit ex- preflément qu'ils furent amenés à Jelus-Chrift : ils n’étoient donc pas en état d’y aller tous feuls. Une autre preuve non moins forte contre les 4z4- baptiftes , c’eft celle qui fe tire de ces paroles de faint Paul aux Romains, chap. v. verf, 17.« que fi à caufe » du péché d’un feul , la mort a régné par ce feul » homme, à plus forte raïon ceux qui reçoivent l’a- » bondance de la grace & du don de lajuftice regne- >» ront-ils dans la vie par un feul homme , qui eft Je- # fus-Chrift ». Car fi tous font devenus criminels par un feul, les enfans font donc criminels; & de même fi tous font juftifiés par un {eul, les enfans font donc auf juftifiés par lui : or on ne fauroit être juftifié fans la foi; les enfans ont-donc la foi nécef- Tome L, À N A 393 faire pour recévoir le baptême , non pas uné foi ac= tuelle , telle qu’on l'exige dans les adultes , mais une foi fuppléée par celle de l’Eglife , de leurs peres & meres , de leurs parreins & marreines, C’eft la doc: trine de S, Auguitin: faris piè recleque credimus , dit: il , Lib. ITT. de Liber. afb. c. xxii. n°. 67. prodeffe pars vulo eorum fulerm à quibus confecrandus offertur : &c il ajoûte ailleurs que céètte imputation de foi eft très= équitable, puifque ces enfans ayant péché par la vo- lonté d'autrui, 1l eft jufte qu’ils foient aufli juftifiés par la volonté d'autrui. Accommodar illis mater Ec: clefta aliorum pedes ut veniant , aliorum cor ut crédant , alioram linguam ut fateantur | ut quoniam quod-ægri Junt , alio peccante prægravantur , allo pro eis confirente Jalventur. Serm. 176. de verbis Apoftoli. _ À cette erreur capitale , les Azabapriffes en ont ajoûté plufieuts autres des Gnoftiques & des anciens hérétiques : par exemple , quelques-uns ont nié la divinité de Jefus-Chrift , & fa defcente aux enfers 3 d’autres ont foûtenu que les ames des morts dor- moient jufqu’au jour du jugement , & que les peines de Penfer n’étoient pas éternelles. Leurs enthoufiaf> tes prophétifoient que le jugement dernier appro: choit, & en fixoient même le terme. Les nouveaux Anabaptifles e bornent aux trois principales opinions des anciens, n’attaquent point les puiffances , du moins ouvertement, & ne fe dif tinguent guere en Angleterre ides autres fectes que par une conduite des mœurs , & un extérieur extrè- mement fimple & uni, en quoi ils ont beaucoup de conformité avec les Quakers. Voyez QUAKERS. À mefure que les Anabaptifles {e font multipliés , leurs diverfes feétes ont pris des dénominations dif- tinétives , tirées , foit du nom de leurs chefs, foit des opinions particulieres qu’elles ont entées fur le fyflème général de l’Anabaprifme. On les a connus {ous les noms de Munceriens | Catharift:s , Enthoufraf: tes, Silentieux , Adamifles, Georgiens , Indépendans , Hutites, Melchiorites , Nudipedaliens, Mennonites , Builcholdiens | Augufliniens, Servetiens, Monafleriens Où Munfferiens, Libertins , Deoreliéliens, Semperorans,, Polygamires, Ambroifiens , Clanculaires, Manifeflaires, Babulariens, Pacificateurs ; Pafforicides, Sanguinaires , &tc: On-peut principalement confulter fur cette hé: réfie Sleidan. Meshovius, Aÿ?. des Anabap. Spon. ad ann. 1522. 6 1523. Dupin, A1ff. du XF 1. fiecle. (G) ANABASIENS , f. m. pl. ( Æf£. anc. ) étoient des couriers qui voyageoient à cheval ou fur des cha- riots pour des meflages d'importance. Voyez Cour RIER 6 Posre. Ce mot vient du Grec avaBairo, monter. ( G * ANABASSES, fm; ( Com. & Drap. ) couver- tures ou pagnes qui fe font à Rouen & en Hollande. Elles ont trois quarts & demi de long fur trois quarts de large ; elles font rayées bleu & blanc, & 1l y a environ un pouce d'intervalle entre chaqueraie. ANABIBAZON , {. m. cerme d’Affronomie ; c’eft le nom qu'on donne à la queue du dragon , ou au nœud méridional de la lune, c’eft-à-dire, à l'endroit où elle coupe l’écliptique pour pañler de la latitude feptentrionale à la méridionale. Voyez NœuD.(0) * ANACALIPE o4 ANACALIF, £. m. ( Hiff. nat.) efpece de polypede venimeux qu’on trouve à Mada- gafcar entre l'écorce des vieux arbres, & dont la piquüre eft auffi dangereufe que celle du {corpion, ANACALYPTERIE, f. f. ( ff. anc. ) fête qui fe célébroit chez les anciens le jour qu’il étoit permis à la nouvelle époufe d’ôter fon voile , & de fe laifler voir en public. J’oyez FÊTE , MARIAGE , 6c. Ce mot vient du Grec évarantrler , découvrir. (G) ANACAMPTIQUE, adj. m. ( Acouflique. ) figni- fellé même chofe que réfléchiffant , & Îe dit fingulie- tement des échos qu’on dit être des fons réfléchis. Voyez RÉFLEXION , SON, ECHO. Dadd 394 À NA Et par analogie quelques-uns appellénit auffi ANA: CAMPTIQUE la fcience qui a pour objet les rayons réfléchis, & qu’on appelle autrement Caroptrique. Voyez CATOPTRIQUE, PHONIQUE, 6e. Ce mot eft formé des mots Grecs ave , rurfim, derechef, & zaurle , fleëlo , je fléchis. (0) * ANACANDEF, f. m. ( Æif£. nar.) ferpent ex- trèmement petit, qui fe.ghiffe dans le fondement , où il caufe de grandes douleurs, & qu’on n’en déloge pas aifément. Les relations de l’ile de Madagafcar, qui font les feules qui en faffent mention, en parlent comme d’un animal dangereux. | * ANACANDRIANS , f. m. pl. ( Æff. mod. ) c’eft le nom que les habitans de l’île de Madagafcar don- nent à ceux qui font defcendus d’un Roandriar, ou Prince blanc, qui a dérogé , ou pris une femme qui n’étoit ni de fon rang, nide fon état. * ANACARDE , {. m. anacardium, ( Hifi. nat.) c'eft un fruit , ou plütôt un noyau applati, de la for- me du cœur d’un petit ofeau , noirâtre, brillant, long d'environ un pouce, fe terminant par une poin- te moufle, attaché à un pédicule ridé qui occupe toute la bafe. Il renferme fous une double enve- loppe fort dure & qui eft une efpece d’écorce , un noyau blanchâtre , d’un goût doux comme Pamande ou la châtaigne. Entre la duplicature de cette enve- loppe eftun fuc mielleux , acre, & brülant, placé dans les petits creux d’une certaine fubftance fon-. gueufe ou diploé. Les anciens Grecs ne le connoïf- loient pas. Il faut prendre l’anacarde récent , noïr , pefant, contenant un noyau blanc & beaucoup de liqueur fluide. Le R. P. George Camelli, de la Compagnie de Jefus, dans l’izdex des plantes de l’ile de Luzone que Jean Ray a fait imprimer, diflingue trois efpe- ces d’anacarde : la premiere eft la plus petite , ap- pellée Zigas ; la feconde ou moyenne, eft l’arzacarde des boutiques ; & la troifieme {e nomme cajou , ou acajou. Le ligas eft un arbre fauvage, de médiocre gran- deur , qui vient fur les montagnes, & dont les jeunes poufles répandent quand on les cafle, une liqueur laiteufe , qui en tombant fur Les mains ou fur le vifa- ge, excite d’abord la demangeaifon, & peu à peu l’enflüre. Sa feuille eft longue d’un empan & davan- tage ; elle eft d’un verd foncé & rude, & a peu de fuc ; fa fleur eft petite, blanche , découpée en for- me d'étoile, & difpofée en grappe à l'extrémité des tiges. Son fruit eft de la grofleur de celui de lérable, &t d’un rouge fafran ; 1l a le goût acerbe , comme la pomme fauvage ; à fon fommet eft attaché un noyau noir , lufant, & plus long que les fruits ; fon aman- de mâchée picote & reflerre un peu le gofier. L’anacarde moyen eft un grand arbre, beau & droit, haut de foixante & dix piés, épais de feize ou envi- ron , qui aime le bord des fleuves , & qui jette au loin & en tout fens plufieurs branches de couleur cendrée ; fon bois eft blanchâtre , & couvert d’une écorce cendrée ; fa racine fibreufe, rougeâtre, garnie d’une écorce roufle, fans odeur, mucilagineute , & d’une faveur un peu falée ; fa feuille grande, quelque: fois de trois coudées , longue , ovalaire ,attachée aux rameaux par de petites queues , difpofée à fon ex- trémité en forme de rofe, épaiffe ,nombreufe, rude, life , luifante, verte en deflus, un peu cendrée en deflous , infipide, & fans odeur ; fa fleur petite , ra- maflée en grape, blanchâtre , de bonne odeur, tail- lée en étoile, & portée fur de longs pédicules vio- lets qui fortent du tronc. Elle eft compofée d’un ca- lice verd, pointu , découpé en cinq quartiers, & de cinq pétales jaunes, ovales, pointus, & blanchâ- tres par leur bord, Entre ces pétales , font placées autant d’étamines blanchâtres, garnies de fommets partagés en deux, & au milieu un petit ftyle blan- ANA châtré, Quand la fleur eft pañlée, il {ui fuccede un fruit allongé , plus petit qu'un œuf de poule, fans noyau, bon à manger , rougeâtre d’abord, enfui- te de couleur de pourpre foncé en dehors, jaunâtre d’abord en dedans , & bientôt après d’un bleu rou- geâtre, d’une faveur acerbe , portant à fon fommet un noyau en cœur, verd dans le commencement, rougeâtre par la fuite, enfin noirâtre. Cet arbre fe trouve aux Indes orientales, au Malabar , & dans les iles Philippines. Les Indiens en font cuire les tendres fommetspour les manger ; les noyaux où amandes font bonnes auf ; elles ont le goût des piftaches & des châtai- gnes ; on en Ôte l’écorce en les mettant fous la cen- dre chaude: | Le même Camelli dit que la vertu cauftique & dangereufe qu’on attribue au noyau, n’eft que dans le fuc mielleux qui remplit les petits creux de lé- corce. On frotte de ce fuc les condylomes , & au- tres excroiflances charnues , les écrouelles , les ver- rues, & les dartres vives qu’on veut déraciner. Ce fuc mielleux eft utile pour mondifier lesulceres des beftiaux ; il confume les dents cariées ; on l’employe avec la chaux vive pour marquer les étoffes de foie ; on fait de l’encre avec les fruits verds pilés, &c mé: lés avec de la leffive & du vinaigre. L’acajou eft un fruit, ou plütôt un noyau qui a la figure d’un rein, la groffeur d’une châtaigne , l’é- corce grife, brune , épaiffe d’une ligne , compotée comme de deux membranes, & d’une certaine fubf- ‘ tance qui eft entre les deux, fongueufe, & comme un diploé , contenant dans fes cellules un fuc miel- leux, rouflâtre , acre, 8c fi mordicant, quen en frottant légerement la peau, on yexcite la fenfation du feu. Si quelqu'un mord imprudemment cette écorce, 1l fouffrira une ardeur vive & brûlante à la langue & aux levres. L’amande qui eft deflous a auffi la figure d’un rein ; fa fubftance eft blanche ; elle a la confif- tance &c le goût de amande douce ; elle eft revêtue d’une petite peau jaune qu'il en faut enlever. L’atbre qui porte ce fruit fe trouve aux îles de l'Amérique , au Bréfil, & aux Indes; ils’éleve plus ou moins haut, felon la différence du climat & du terroir, Au Bréfil il égale la hauteur des hêtres ; au Malabar & aux îles, il eft médiocre : le P. Plumier en donne la defcription fuivante. L’acajou eft de la hauteur de notre pommier, fort branchu , fort touffu, & couvert d’une écorce ridée & cendrée ; fa feuille eft arrondie , longue d’environ cinq pouces, large de trois, attachée à une queue courte, life, ferme comme du parchemin , d’un verd gai en deflus & en deflous, avec une côte & des nervüres paralleles ; au fommet des rameaux naïflent plufieurs pédicules chargés de petites fleurs, rangées en parafol, le calice découpé en cinq quar- tiers droits, pointus , & en forme de lance ; la fleur eft en entonnoir , compofée de cinq pétales , longs , pointus , rougeâtres, verdâtres , rabattus en dehors, & plus longs que le calice ; les étamines font au nom- bre de dix, déliées , de la longueur des pétales & garnies de petits fommets ; elles entourent le piftil dont l’embryon eft arrondi; le ftile eft grêle, re- courbé, de la longueur des pétales, & le ftigmate qui le termine, eft pointu ; le fruit eft charnu & en forme de poire , plus gros qu'un œuf d’oie, ou du moins de cette grofleur , couvert d’une écorce min- ce, life, luifante , tantôt pourpre, tantôt jaune, tantôt coloré de l’un & de l’autre ; fa fubftance inté- rieure eft blanche , fucculente, douce , mais un peu acerbe. Ce fruit tient à un pédicule long d’un peuplus d’un pouce , & porte à fon fommet un noyau : C’eft ce noyau par lequel nous avons commencé la def- cription , & qu’on appelle içi moëx d’acajou, Le bois d’acajou coupé, & même fans Pêtre, té- pand beaucoup de gomme rouffâtre , tranfparente , & folide ; cette gomme imbibée d’eau fe fond comme la gomme arabique, & tient lieu de la meilleure glu, On exprime du fruit unfuc, qui fermenté devient vineux & emvre : 1l excite les urines ; on en retire un efprit ardent fort vif. Plus il eft vieux, plus il enivre ; on en fait du vinaigre ; les Indiens preferent Vamande au fruit. Le fuc mielleux teint le linge de couleur de fer ; l'huile peint le linge en noir ; le fuc eft bon pour le feu volage, les dartres , la gale, les vers, &c. Il'enleve les taches de roufleur, maïs il d'en faut pas ufer dans le tems des regles ; alors il excite des érefipeles. Les habitans du Bréfil comp- toient jadis leur âge avec ces noix ; ils en ferroient une tous les ans. | | | * ANACATHARSE , f. ( Med.) vient de draw: Oxipouæs, purger par le haut. Blancard comprend fous cette dénomination les émétiques, les fternutatoires, les errhines , les mafticatoires, & les mercuriaux ; cependant il ne fignifie proprement que purgation par le haut, & n’a été appliqué chez les Anciens, qu’au foulagement des poñmons par l’expettoration, * ANACATHARTIQUES , adj. plur. épithete que l’on donne aux médicamens qui aident l’expec- toration. Voyez EXPECTORATION. ANACÉPHALÉOSE , ff. ( Belles-Lertres ) terme de Rhetorique. C’eftune récapitulation ou répétition courte & {ommaire des principaux chefs d’un Dif- COUTS. | | Ce mot eft formé de la prépoñition Grecque à, une féconde fois | 8 riqann, tête, chef. Cette récapitulation ne doit point être ne répé- tition fèche de ce qu’on a déja dit, mais un précis exact en termes différens , orné & varié de figures , dans un ftyle vif. Elle peut fe faire de différentes manieres , foit en rappellant fimplement les raifons qu’on a allèguées , foit en les comparant avec celles de l’adverfaire , dont ce parallele peut mieux faire fentir la foibleffe, Elle eft néceflaire, {oit pour con- vaincre davantage les auditeurs, foit pour réunir comme dans un point de vûe, tout ce dont on les a déja entretenus, foit enfin pour réveiller en eux les pañlions qu’on a tâché d’y exciter. Cicéron excelloit particulierement en ce genre, Voyez PERORAI- sox. (6) vs D: ME . * ANACHIMOUSST, f. in. ( Géog. mod. ) peuple de l’île Madagafcar, dont il occupe la partie méri- dionale, fituée au nord de Manamboule. * ANACHIS, {. m. ( Mychol. ) nom d’un des qua: tre Dieux familiers que les Egyptiens croyoient at- tachés à la garde de chaque perfonne , dès le mo- ment de fa naïffance, Les trois autres étoient Dymon, Tychès., & Heros : ces quatre Dieux fe nommoient auf Dynamis, Tyché, Eros, & Anranché ÿ la Puiflan- ce, la Fortune , l'Amour, & la Néceffité. S'il eft vrai que les Payens même ayent reconnu que l’homme abandonné à lui-mêise n’étoit capable de rien, & qu'il avoit befoin de quelque Divinité pour le conduire ; ils auroient pû le confier à de moins extravagantes que les quatre précédentes. La Puiffance eft fujette à des injuftices ; la fortune à des caprices , amour à toutes {ortes d’extravagancés, &c la néceflité à des forfaits , fi on la prend pour lé befoin:; & fi on la prend pour Ze deflin , c’eft pis en- core: car fa préfence rend les fecours des trois au- tres Divinités fuperflus. Il faut pourtant convenir que ces Divinités repréfentent aflez bien notre con- dition préfente ; nous paflons notre vie à comman= der, à obéir, à defirer, & à pourfuivre. ANACHORETE, f. m. (if. mod, ) Hermite où perfonnage pieux qui vit feul dans quelque défert , pour y étre à l'abri des tentations du monde, & plus à portée de méditer, Voyez HERMITE, Ce mot vient Tome, A NA 395 du Grec asayupew, fe retirer dans une région écartée. Tels ont été S. Antoine, S. Hilarion , & une inf» nité d’autres, S. Paul l’'Hermite fut le premier za» chorete, Parmi les Grécs il y a un grand nombre d’474* choretes , la plüpart Religieux, qui ne fe fouciant pas de la vie laborieufe & dés fatigues du monaftere , de: mandent un petit canton de terre & une cellule où ils feretirent & ne fe montrent plus au couvent qu'aux grandes folennités. Voyez Moine. On les appelle aufli quelquefois Afteres & Solitaï: res. Voyez ASCÉTIQUE, 6, | Les Ænachoreres de Syrie & de Palefline fe reti: roient dans les endroits les plusinconnus & les moins fréquentés, habitant dans des grotes & y vivant de fruits & d’herbes fauvages. | | IH y a eu auffi des Arachorerès dans l'Occident: Pierre Damien qui a été de l’ordre des Hermites ,en. parle fouvent avec éloge. Il les repréfente comme ce qu'il y a de plus parfait parmi les Religieux, & marque pour eux beaucoup plus d’eftime & de véné- ration que pour Les Cœnobites où Moines qui réfi- dent dans des monaftères. Voyez Cænorire. La plüpart de ces Arachoreres ne fe retiroïent qu’a- vec la permiffion de leur Abbé, & c’étoit le couvent qui leur fournifloit leurs befoins. Le peuple en conf: : dération de leur piété , leur portoit quelquefois des fommes confidérables d’ argent qu'ils gardoient ; & à leur mort ils le laifloient au monaftere dontils étoient Cœnobites. L'Ordre de Saint-Benoît a eu beaucoup de ces Anachoretes , ce qui étoit conforme aux confti- tutions de cet Ordre,qui permettent de quitter la com: munauté pour vivre Solitaire ou Azachorere, Les Ana: choretes ne fubfiftent plus aujourd’hui : maïs les an- ciens ont enrichi leurs monafteres de plufiéurs reve- aus confidérables , comme l’a remarqué Pierre Acofta dans fon hiftoire de l’origine & du progrès des reves aus eccléfiaftiques. (G) | ANACHRONISME , f, m. èrme ufité en Chronolo- gie, erreur dans la fupputation des tems & dans la date des évenemens,qu’on place plûtôt qu’ils ne font arri= vés. Ce mot eft compofé de la prépofition Grequé ave ; au-deffus, er arriere, & de wpovos , terms. _Teleff celui qu’a commis Virgile en faifant régner Didon en Afrique du tems d’Enée ; quoique dans la vérité elle n’y foit venue que 300 ans après La prife de Troie. + NL. à L'erreur oppofée , qui confifté à dater un évene- ment d’un tems poftérieur à celui auquel il eft arris vé ,'s’appelle parachronifme. Mais dans l’ufage ordi- naïre on ne fait guere cette diftinion, & on em- ploye indifféremment azachronifine pour toute faute contre la Chronologie. ( G | . ANACLASTIQUE , f. f. ( Optq. ) eft la partie de l’Optique qui a pour objet les réfrations. C’eft la même chofe que ce qu’on appelle autrement Diop- trique, Voyez D'IOPTRIQUE. Ce mot fe prend aufli adjeétivement. Point ana= claftique, eft le point où un rayon de lumiere ferompt; c’eft-à-dire le point où 1l réncontre la furface rom pante. VoyezRE FR ACTION. Ce mot eft formé des mots Grecs ; ava , rurstm , derechef , & zxale , fran gosJeromps. _ — Courbes anaclaftiques , eft le nom que M. de Maï- tan a donné aux courbes apparentes que forme le fond d’un vafe plein d’ean pour un œil placé dañs Vair ; où Le plat-fondd'rine chambre, pour un œil pla: cé dans un baffin plein d’eau au milieu de cette éham bre ; ou la votte du ciel, ve par réfrahion à-tra= vers l’atmofphere. M. de Mairan détermine tes cour: bes d’après un principe d'Optique adopté par plu= fleurs Auteurs, & rejetté par d’autres ; mais qu'on peut ne prendre dans fon Mémoire que pour un prins çipe purement géométrique : auquel cas fes rechere Ddd à 396 A NA thes conferveront tout le mérite qu'elles ont à cet égard. Barrow à la fin de fon Oprique, détermine ces mêmes courbes par un autre principe. Poyez ce que c’eft que le principe de M. de Mairan, & celui de Barrow , à l’arsicle APPARENT. Mém. Ac. 1 7.40.(0) ANACLETERIE , ff. ( if. anc, )fète {olennelle que célébroient lesAnciens lorfque leurs Rois ou leurs Princes devenus majeurs, prenoient en mains les rè- nes du gouvernement, & en faifoient la déclaration folennelle à leur peuple. Ce mot eft compofe de la prépofition Greque are, & de xancw, appeller. ( G) *ANACOCK., f. m. ( Hifoire naturelle, ) dans Ray, Aiff. Plant. c’eft le nom d’une efpece de ha- ticot de l'Amérique , que Jean Bauhin appelle pyfum Arnericanum aliud, magnum, bicolor | coccineum, & nigrum férul, fève fafeolus bicolor anacock dittus , dont Cafpard Bauhin donne la même .defcription, & que Gérard & Parkinfon nomment uricor ou fève d'E- gypre. *ANA-COLUPPA , (Æ/£. nat.) nom d’une plarte dont il eft fait mention dans l’ Horus malabaricus | & Fe eftnommée Ranunculi facieindica fpicata, corymbi- eris affénis, flofculis tetrapetalis. On dit que fon fuc mêlé avec le poivre foulage dans lépilepfñe, & qu'il eft le feul remede connu contre la morfure du cobra- capella. Voyez COBRA-CAPELLA. ANACOLUTHE , f. f. (Gramm. ) c’eftune figure de mots qui eft une efpece d’ellipfe. Ce mot vient d’avaxcroudoc, adje@if, zon confentanens : la racine de ce mot en fera entendre la fignification. R. #x0- AcuSos, comes, compagnon; enfuite on ajoûte lx pri- vatif & un » euphonique, pour éviter Le bâillement entre les deux 4; par conféquent l’adje@if aracolu- the fignifie qui nef? pas compagnon , ou qui ne fe trou- ve pas dans la compagnie de celui avec lequel Pa- nalogie demanderoit qu'il fe trouvât. En voici un exemple tiré du fecond livre de l’Enéide de Virgile, v. 330. Panthée, Prêtre du temple d’Apollon, ren- contrant Ence dans le tems du fac de Troie, fui dit qu'Ilion n’eft plus; que des milliers d’ennemus en- trent par les portes en plus grand nombre qu’on n’en vit autrefois venir de Mycenes : Portis ali bipatentibus adfunt Millia quot magnis nunquam venêre Mycemis. On ne fauroit faire la conftruétion fans dire : Ali adfunt tot quot nunquam venêére Mycenis. Ain rot eft l’anacoluthe ; c’eit le compagnon qui man- que. Voici ce que dit Servius fur ce paflage : MILLIA, Jubaudi TOT , 6: eff éyanonoudor; ram dixit QUOT cum n10n prærmiferit TOT. Il en eft de même de sarrtm fans quantim , de 1a- uen fans guanquam ; fouvent en François au lieu de dire { ef-la où vous allez , il ef? dans la ville où vous allez , nous difons fimplement 7 eff où vous allez. Aïnfi lanacoluthe eft une figure par laquelle on fous-entend le corrélatif d’un mot exprimé ; ce qui ne doit avoir lieu que lorfque l’ellipfe peut être aité- ment fuppléée , & qu’elle ne blefle point l’ufage. (Æ) *ANACONTTI, {. m. (if. nar.) arbre de l’ile de Madagafcar, dont la feuille reflemble à celle du poi- rier , & dont le fruit eft long, & donne un fuc qui fait cailler le lait. Je n’a1 que faire d’avertir que cette defcription eft trèsincomplete , & qu'il y al delou- vrage pour les Botaniftes. | * ANACOSTE , f. f. ( Comm. Drap. ) étoffe de laine croifée , très-rafe , & fabriquée en maniere de {erge; elle a une aune de large, & vingt aunes ou environ font la piece. Il s’en fabrique à Beauvais, d’où elles paflent en Efpagne. Quant à la maniere de fabriquer l’azacofle, voyez l’article D'RAPERIE. ANACRÉONTIQUE , adj. ( Belles-Lettres. ) ter- me çonfaçré en Poëlie pour fignifer çe qui a été in- venté pat Aracréon, ou compofé dans le goût & le ftyle de ce Poëte. _ Anacréon né à Téos , ville d’Ionie, florifloit-vers Pan du monde 3512. Il fe rendit célebre par da dé. licatefle de fon elprit & par le tour aïfé de fa poëñie, où fans qu'ilparoïffe aucun effort de travail , onitrou- ve partout des graces fimples & naïves. Ses odes font marquées à un coin de délicatefle, ou pour mieux dire , de négligence aimable ; elles font courtes, gra cieufes , élegantes, & ne refpirent que le plaïfir & Pamufement : ce font, à proprement parler, des chan- fons qu'ilenfanta fur le champ dans un coup de verve infpiré par l’amour &c par la bonne chere, entre lef quels il partageoit fa vie. Le tendre, le naïf, le gra- cieux, font les caraéteres du genre azacréontique, qui na mérité le nom de lyrique dans lPantiquité , qué parce qu’on le chantoit en s’accompagnant de la ly- re: car il differe entierement & par le choix des fu- jets & par les nuances du ftyle , de la hauteur & de la majefté de Pmdare. Nous avons une tradition d”4- nacréon en profe par Mile Lefevre , connue depuis fous le nom de Mie Dacier, & trois en vers. L’une eft de Longepierre , l’autre de M. de la Foffe: elles paflent pour plus fideles que celle de Gacon , qu’on lit néanmoins avec plus de plaïfir ; parce qu’elle eft plus légere , & qu'il l’a enchaflée dans un roman aflez ingénieux des avantures galantés & des plaï- firs d’Aracréon. Horace a fait plufieurs odes à limi- tation de ce Poëte , telles que celle qui commence par cevers, O matre pulchré filia pulchrior; &t celle-ci, Lydia, dic per omnes, &cc. & plufeurs autres dans le même goût. La conformité de caraëtere produifoit _entre eux celle des ouvrages. Parmi nos Poëtes Fran- çois, M. de la Mothe s’eft diftingué par fes odes a7a- créontiques , qui {ont toutes remplies de traits d’efprit, d’un badinage léger , & d’une morale Epicurienne. Nos bonnes chanions {ont aufli autant d’odes 424 créontiques. La plûpart des odes d’Azacréon font en vers de fept fyllabes , ou de trois piés & demi, fpondéés ow iambes ,& quelquefois anapeñtes : c’eft pourquoi l’on appelle ordinairement les vers de cette mefure 474 créontiques. Nos Poëtes ont aufi employé pour cette ode les vers de fept & de huit fyllabes, quront moins de nobleffe, ou fi l’on veut d’emphafe , que les vers alexandrins, mais plus de douceur & de molleffe.(G) * ANACTES, {. m. (Mycholog. ) nom commun à trois anciens Dieux qu’on prétendoit nés dans Athe- nes, de Jupiter & de Proferpine. Ils s’appelloient Tritopatreus , Eubulcus & Dionyfius. On leur don- noit aufli le nom de Dioféures. Is avoient un temple qu'on nommoit l’Anacée ; & l’on y célébroit une fête de même nom. Voyez dans le Diié. de Moreri, toutes les conjettures des favans fur l’origine des Anaëtes, Anaîles étoit encore un nom d'honneur, affe@é aux fils 8 aux freres des Rois de Chypre. Les Rois étoient fur le throne : mais les Anaétes gouvernoïient. C'’étoit à eux que les Gergines rendoient compte , & ils faifoient examiner les dénonciations des Gergines par les Promalanges. Voyez GERGINES & PROMA- LANGES. Les femmes des Azaifes s’appelloient 47af° fes, & celles qui les fervoient CoZzcydes. * ANACTORIE, ff. (Géog. anc. & mod. ) c’eft aujourd’hui Voriyze , ville d'Épire à l'embouchure du golfe d’Ambracie; elle appartenoit jadis aux Co- rinthiens & à ceux de Corcyre; les Athéniens la pri- rent & y placerent les Acarnaniens qui les avoient aidés dans le fiége, | * ANACUIES, f. m, ( Geog. mod. ) peuples dé l'Amérique dans le Brefil, vers la contrée que les Portugais poffedent fous le nomde Capitanie de Sere- gippe. Baudran. ANADIPLOSE , f. f. ( Gramm.) avadimnune. R. av, retro re, 8 dumhow) duplivo, C'eftune figure qua ANA fe fait lorfqu'une propoñtion recommence par le : “même mot par lequel la propoftion précédente finit, Parexemple: Sir Tityrus , Orpheus ; Orpheus in fylvis, &cc. Virg. Ecl. vig. v. 55. Et encore, Addit fe fociam , timidifque fupervemt Ægle, ZÆgle Naïadum pulcherrima. Vire. Ecl. y]. v. 20. Il ‘y a une autre figure qu'on appelle épazadiplofe, qui fe fait, lorfque de deux propofitions corrélatives, Tune commence & l’autre finit par le même mot. Crefeit amor numimi quantum ipfa pecunia crefèit, Juvenal, xiv. v. 138. Et Virgile au premier Liv. de l’Enéidé , v. 754. Multa fiper Priamo rogitans, fuper Heëlore ntulta. (F7) * ANADOLI HISSARI oz DENT HISSAR. f. m. (Ge: € Hiff.) nom que les Turcs donnent à celui des châteaux de l’Hellefpont ou des Dardanelles , qui eft en Afe. D’Herbelot, Bifl. Orienr. | * ANADROME. f. m. ( ez Medecine, ) tranfport de l'humeur morbifique des parties inferieures aux fuperieures. Cet accident eft d’un mauvais préfage, {elon Hipocrate. (N) * ANADYOMENE, de evaduomen, qui fe leve ou fort enfe levant. (Hif!. anc.) nom d'un tableau de Ve- nus fortant des eaux, peint par Apelle, & qu'Augufte fit placer dans le Temple de Céfar fon pere adoptif. Le tems en ayantalteré la partie inferieure , on dit qu’il ne fe trouva perfonne qui ofàt le retoucher. J’en fus étonné. N’ÿ avoit-il donc point à Rome de Peintre fnauvais ou médiocre ? Les hommes communs {ont toüjouts prèts à continuer ce que les hommes extra- œrdinaires ont entrepris ; & ce ne fera jamais un bar- bouilleur qui fe croïfa incapable de finir ou de re- toucher un tableau de Raphael ; *ANÆTIS, ANETIS ; ANAITIS , ff. ( Myth.) Déefle adorée jadis pat les Lydiens, les Armeniens, &c les Perfes: Son culte défendoit de rien entre- prendre que fous fes atifpicés ; c’eft pourquoi dans des contrées voifines de la Scythie, les affemblées importantes & les délibérations fur les grandes af: fairés fe faifoïent dans fon temple. Les filles les plus belles & les mieux nées lui étoient confacréés : la | partie la plus effentielle de leur fervice confiftoit à rendre heureux les hommes pieux qui venoient offrir des facrifices à la Déefle. Cette proftitution religieu- fe, loin de les deshonorer , les rendoït au contraire plus confidérées & plus expofées aux propofitions de mariage. L’eftime qu'on faifoit d'elles fe mefuroit fur Fattachement qu’elles avoient marqué pour le culte plaifant d’Aneris: Lafète de cette divinité fe célébroit tous les ans : dans ce jour on promenoit fa flatue , & fes dévots & dévotes fedoubloient de ferveur, On tient que cette fête fut infüituée en mémoire de la viétoire que Cyrus, Roi de Perfe, remporta fur les Saces , peuples de Scythie. Cyrus les vaïnquit par tm ftratagème fi fingulier, que je ne puis me difpen- . fer d’en faire mention: ce Prince feignit d’abandon- ner fon camp & de s'enfuir ; aufli-tôt les Saces s’y précipitérént & fe jétterent fur le vin & les viandes |! que Cyrus y avoit laïflés à deffein. Cyrus revint fur eux, les trouva ivres & épars, & lés défit. On ap- pelloit aufi la fête d’Anetis, 4 folennité des Saces. Pline dit que fa ftatue fut la premiere qu’on eût faité d’or, & qu’elle fut brifée dans la guerre d'Antoine contre les Parthés. Les Lydiens adoroïent une Diane fous le nom d’Areris, à ce que difent Hérodote, Stra- bon, & Paufanias. Strab. ZE. II. 12. 15. Pauf. ir La- con. Plin. LIIT. c. iv, Cæl. Rhodip. L, XVTIT, c. xxix. Pluficurs foldats s’enrichirent des morceaux de la ftatue d’'Azæhis': on raconte qu’un d'eux, qui s’étoit établi à Boulogne en Italie, eut l'honneur de rece- voir un jour Auguite dans fa maifon & de lui donner | Poyez LITTERAL & SENS. (G ANA 397 à fouper. Eft-il vrai, lui demanda ce Prince pendant le repas , que celui qui porta Les premiers coups à la Déefle, perdit la ve, l’ufage des membres, & mou: rut fur le champ? Si cela étoit, lui répondit le foldat, je n’aurois pas l’avantage de voir Augufte chez moi; ce fut moi qui le premier frappai la ftatue, & je m'en trouve bien ; fi je poflede quelque chofe, j'en ai l’o= bligation à la bonne Déefle | & c’eft d’une de fes jambes, Seigneur, que vous foupez. *ANAFE ox AFFA, (Géog. mod, ) ville de la pro: vince de Temefne, au Royaume de Fez en Afrique, fur la côte de l’Océanatlantique. Alfonfe Roi de Por: tupal, la rüina, pour mettre fin aux courfes que fes habitans faifoient fur les Chrétiens. | | ANAGALLIDASTRUM, ( Hif. rat, ) genre de plante qui ne differe du #ouron, qu’en ce que {es feuil: les font placées altérnativement le long de la tige, & que.fes fleurs font découpées en quatre parties, Michel, Nova plant. genera. Voyez MOURON. ( 1}, ANAGALLIS , voyez MOURON. * ANAGARSKAIE , (Géog. mod.) ville des Mof- covites de la grande Tartarie, dans la province de Dauria , à l’orient du lac Baycal, aux fources de la riviere d’Amur. Long.2 18. lat. feptentrionale 58. Wits, Carte de Tartar. . *ANAGHELOME, (Géog. mod.) petite ville d’Ir- lande, dans la Province d’Uliter ou d’Ultonie, Comté de Dowané, fur le Ban. ANAGLYPHE,, f.m.(Anatom.) d'avaynuge, Je gra ve, nom qu'Herophile donnoit à une portion du qua: trieme ventricule du cerveau, & que les Anatomif= tes modernes appellent calamus fcriptorius. Voyez Ca: LAMUS SCRIPTORIUS. (L) * ANAGNIE ox AGNANTI, (Géog. anc, & mod.) ville d'Italie, dans l'Etat Eccléfiaftique, & la Cam- pägne de Rome ; elle eft ancienne & fut célebre en tre celles des Herniques. Elle eft aujourd’hui prefque ruinée. Ce fut là que Boniface VIII. fut pris le 7 Sep: tembre 1303 par Colonne & Noparet. | …. * ANAGNOSTE,, {. m. (Hif. anc.) nom qué les Romains donnoient à celui de leurs domeftiques qui ffoit pendant le repas. Les hommes puiflans avoient des aragnoltes, & ces efclaves furent en grand cré- dit fous l'Empereur Claude, _ . | ANAGOGIE, f. f. ( Théol.) raviflement ou éléva- tion de l’ame vers les chofes céleftes & éternelles, | oupenfées & éxplications par lefquelles on éleve l’a- me vers ces chofes, Voyez EXTASE, Gc. Ce mot eft formé du grec «va , furfum, en haut, & d’aywya, con: duite, du Verbe yo, duco, c’eft-à-dire, mouvement qui conduit aux chofes d’en-haut, qui éleve l’ame à la contemplation des chofes divines. (G) | _ ANAGOGIQUE, adj. sranfportant. (Théolog.) c'eft-a-dite ; tout ce qui éleve l’efprit humain vers les chofes éternelles & divines, & particulierement cèllés qui concernent la vie future. . ANAGOGIE. Ce nom, comme le précédent, eft dérivé duGrec, & eft principalement employé en parlant des divers {ens del’Ecriture. Le fens aragopique eft un fens myftiqué de quelque pañlage de l’Ecriture, qui regarde l’éterni: té ou la vie à venir, Ainfi, le mot Jerufalem, qui dans le fens litteral fignifie une ville de Paleftine, la capi= tale de la Judée, pris dans un fens azagogique, fignifie la patrie celefte, le terme où nous devons tendre. * ANAGRAMME , f. f, (Belles. Lettres.) tranfpofi= tion des lettres d’un nom avec un arrangement où combinaifon de ces mêmes lettres , d’où il réfulte un fens avantageux ou defavantageux à la perfônne à qui appartient ce nom. Voyez Nom. re Ce mot eft formé du gréc ve, en arriere) 8T dé, paume, lettre, c’eft-à-dire, lettre tranfpofée on prife à rebours. L SES 1 ee aultie.r Ainf l’anagramme de logica eff caligo, celle de Lor« 398 ANA raine , alérion, & l’on dit que c’eft pour cela que la -Maïfon de Lorraine porte des alérions dans fes armes, ‘Calvin à la tête de fes {nfliturions imprimées à Straf- bourg en 1539, prit le nom d’Æ4/uius, qui eft lana- gramme de Calvinus , &t le nom d’A/cuin, cet Anglois qui fe rendit fi celebre en France par fa doûrine fous le regne de Charlemagne. Ceux qui s’attachent fcrupulèufement aux regles dans l’anagramme, prétendent qu’il n’eft pas permis de changer une lettre en une autre, & n’en exceptent que la lettre afpirée 2. D’autres moins timides pren- ment plus de licence, &c croyent qu'on peut quel- quefois employer e pour &, y pour w, s pour, c pour À, & réciproquement ; enfin qu'il eft permis d'omettre ou de changer une ou deux lettres en d’au- tres à volonté : & l’on fent qu'avec tous ces adoucif- femens on peut trouver dans un mot tout ce qu’on veut. | L’anagramme n'eit pas fort ancienne chez les Mo- dernes ; on prétend que Daurat poëte francois, du tems de Charles IX , en fut l'inventeur : mais comme on vient de le dire, Calvin l’avoit précédé à cet égard ; & l’on trouve dans Rabélaïs, qui écrivoit fous François I. & fous HenniIl, plufeurs azagrammes. On croit aufli que les Anciens s’appliquoient peu à ces bagatelles ; cependant Lycophron qui vivoit du tems de Ptolomée Philadelphe , environ 280 ansavant la naïffance de Jefus-Chrift, avoit fait preuve de fes talens à cet égard, en trouvant dans le nom de Psolo- née [ronsuaæs, CES MOIS a70 meliroc, du miel, pour marquer la douceur du caraétere de ce Prince; & dans celui de la Reine Arfinoé, Apowon, ceux-ci iov space » violette de Junon. Ces découvertes étoient bien dignes de l’auteur le plus obfcur & le plus entortillé de toute l’antiquité. | | Les Cabaliftes, parmi les Juifs, font aufli ufage de anagramme : la troifième partie de leur art qu’ils ap- ellent rhemura , c’eft-à-dire, changement, n’eft que Vart de faire des aragrammes, & de trouver par-là dans les noms des fens cachés & myftérieux. Ce qu'ils exécutent en Changeant, tranfportant où combinant différemment les lettres de ces noms. Ainf, de ñ3 qui font les lettres du nom de Noé, ils font A qui figni- fie grace, & dans MW, Meffié, ils trouvent ces mots MDW", 27 fe réjouir. Il y a deux mamieres principales de faire des 42a- grammes : la premiere confifte à divifer un fimple mot en plufieuts ; ainfi /a/fineamus contient fus-tinea-mus. C’eft ce qu’on appelle autrement rebus ou Zogogryphe, Voyez LOGOGRYPHE. | La feconde eft de changer l’ordre & la fituation des lettres, comme dans Rom, on trouve amor | H10T4 & maro. Pour trouver toutes les azagrammes que cha- que nom peut admettre par algebre, voyez l’article COMBINAISON. On ne peut nier qu'il n’y ait des aragrammes heu- reufes & fort juites : mais elles font extremement ra- res : telle eft celle qu’on a mife en réponfe à la quef- tion que fit Pilate à Jefus-Chrift, Quid eff veritas? ren- due lettre pour lettre par cette aragramme, Eff vir qui adeff, qui convenoit parfaitement à celui qui avoit dit de lui-même, ego fum via, veritas, &cc. Telle eft en- core celle qu'on a imaginée fur le meurtrier d'Henri TT, Frere Jacques Clement, & qui porte, c'e? L'enfer qui m'a créé. Outre les anciennes efpeces d’anagrammes, on en ainventé de nouvelles, comme l’anagramme mathé- matique imaginée en 1680, par laquelle l'Abbé Ca- telan trouva que les huit lettres de Louis XI, fai- foient vrai héros. On a encore une efpece d’anagramme numérale , nommée plus proprèment chronogramme , où les let- tres numérales , tc’eft-à-dire, celles qui dans Parith- métique Romaine tenoient lieu de nombre, prifes en- femble felon leur valeur numérale, expriment quél qu'époque : telle eft ce diftique de Godart fur la naïf fance de Louis XIV. en 1 638, dans un jour où Paigle fe trouvoit en conjonétion avec le cœur du lion, ÆXorlens Delphin aqVILa CorDIsqVe Leonls CongrefsF gaLLos fpe Lærli14qVe refeCIe , dont toutes les lettres majufcules raflemblées for ment en Chiffre Romain, M DCXXXVIIIou1638. * ANAGROS, f. m. (Commer.) mefure de grains en Efpagne, qui tient un peu plus que la mine de Pa- ns, Trente-fix aragros font dix-neuf feptiers de Paris. “ANAGYRIS ox BOIS PUANT, (if. nar.) Diofcoride a connu cet arbrifleau:; ille décrit Liv. LIL. chap. clxvi;. & lui attribue quelques propriétés médi- cimales. Selon nos Botanites, l’anagyris eft fort ra- meux ; fon écorce eft d’un verd brun; fon bois jau- nâtre ou pâle; fes feuilles rangées trois à trois, ob- longues, pointues, vertes en-deflus, blanchâtres en- deflous ; d’une odeur fi forte & fi puante, furtout quand on les écrafe, qu’elles font mal à la tête; fa fleur jaune, & femblable à celle du genêt, fuivie de goufles longues d’un doigt, comme celles des hari- cots, cartilagineufes, contenant chacune trois ou quatre femences, grofles comme nos plus petites fé- . veroles, formées en petits reins; blanches au com- . Mencement, puis purpurines , & enfin noirâtres & bleues , quand elles font tout-à-fait mûres ; fa feuille pafle pour réfolutive, & fa femence pour émetique. Voyez le Dit. de Med. | *ANAGYRUS, (Géog. & Myth.) bourg de l’At: tique en Grece dans la tribu Erechtide. On dérive {on nom ou de l'anagyris, plante ; ou d’un 4ragy- rus, demi-dieu , qui avoit un temple dans cet endroit, & qu'il étoit dangereux d’offenfer. Suidas raconte qu'un vieillard ayant coupé le bois facré de fon tem- ple, Anagyrus s’en vengea en infpirant à la concu- bine du vieillard un amour violent pour {on fils ; que fur le refus que fit le jeune homme de prêter l'oreille aux follicitations de la concubine,, elle l’accufa au- près de fon pere de lavoir voulu forcer ; & que le vicillard crédule oubliant fon âge , celui de fonfils, êz le caraétere de l’accufatrice, fit précipiter fon fils du haut d’un rocher, & fe pendit bientôt après, de- fefpéré d’avoir fait pérnir ce fils unique dont il re- connut l’innocence. | * ANAHARATH, ( Géog. anc. ).ville de la tribu d'Iffachar, dont ileft fait mention dans Jofué xix. 9. *ANAIDIA, f. f. impudence, ( Myth.) divinité qui eut des autels dans Athenes. On la défigna par une perdrix, qui pañloit alors, apparemment fur quel- que préjugé d’hiftoire naturelle , pour un oifeau fort impudent. | Lu *ANALABE , f. m. (Æif. mod,) partie de l’habil- lement des moines Grecs. L’aralabe étoit en Orient ce qu’eft le fcapulaire en Occident ; il étoit percé dans le milieu d’une ouverture pour pañler la tête , & s’ajuftoit fur les épaules en forme de croix. Ana labe vient de ave, deffus, & de xau£are, je prends. ANALECTE, adj. ( Lircér, ) mot Grec ufité pour une co/leélion de petites pieces ou compofitions. Le mot vient d’avaXeyo 5 Je ramal[e. Le P. Mabillon % donné fous le nom d’analeëfe une colle&ion de plu- fieurs manufcrits qui n’avoient point encore été im= primés. (G) ANALEMME , £. m. ( Affron. ) L’analemme eft un planfphere, ou une projeétion orthographique de la {phere fur le plan du méridien, l’œil étant fuppofé à une diftance infinie , & dans lé point oriental ou oc- cidental de Phorifon. Voyez PLANISPHERE , PROJEC- TION , SPHERE., Gc. Analemme vient du verbe Grec ayanauGaye , réfumer, reprendre; d’où l’on a fait ara- lemma. Où fe fert de l'aralemme comme d’un gnomon où d’un aftrolabé , dont üne des parties feroit la même projeétion faite fur une plaque d’arrain ou de bois ; & l’autre , un horifon mobile qu’on lui auroit adapté, Voyez ASTROLABE. L’analemme donne le tems du lever & du coucher du foleil, la durée du plus long jour pour une latitu- de quelconque , & l'heure du jour. | inftrument appellé sigone des fignes , s'appelle auffi quelquefois amalemme, Voyez TRIGONE DES SIGNES. | Cet inftrument eft fort utile à ceux qui tracent des cadrans folaires, pour marquer les fignes du zodia- que , la longueur des jours , & généralement tout ce qui entre dans la conftruéion des cadrans folaires. Voyez CADRAN. (0) ANALEPSIE , f. £. (Medecine. ) c’eft le recouvre- ment des forces & de la premiere vigueur après une maladie. (N) ANALEPTIQUES , adj. ( Medecine. ) remedes def- tinés à relever & à rétablir les forces diminuées & abattues. Ce font des médicamens de la claffe de ceux que l’on nomme fortifans & cordiaux, _ Ces remedes agiflent par un principe fubtil, vo- latil, huileux, & d’une odeur tres-agréable ; 1l s’in- finue dans les petits vaiffleaux abforbans des nerfs & des membranes. Leur vertu eft fort limitée, car ils n’operent qu'après qu'on a détruit les caufes morbi- fiques , & leur effet n’eft point tel que Le vulgaire fe l’imagine , de ranimer ou de reproduire pofñtivement les forces abattues & éteintes. Ces remedes ne font falutaires qu'autant qu’il fe fait une converfion con- venable des alimens folides & liquides en fang & en liqueurs bien conditionnées, pour former un fuc nour- ricier propre à réparer Les pertes occafionnées par les mouvemens du corps: , On ne doit point employer ces remedes dans les maladies aigues, dans la chaleur & leffervefcence des humeurs, comme dans la fievre , ou lorfque la mafle du fang & des liqueurs eft remplie d’impure- tés : mais on peut s’en fervir utilement dans le dé- clin des maladies ; dans la convalefcence , lorfque les paflions de l’ame &c de longues veilles , les tra- vaux & fatigues de l’efprit & du corps, ou de gran- des hémorrhagies , ont épuifé les forces. Ilne faut pas non plus donner ces remedes indiffé- remment : on doit ufer d’un grand ménagement dans leur adminiftration, parce qu'ils paflent prompte- ment dans le fang,&c qu'ils en augmentent la quantité. Les remedes araleptiques font parmiles vegétaux, les fleurs de rofe, de citron, d'orange , de jafmin, de muguet ; Les feuilles de mélifle, d’origan, de ma- rum ; les fruits tels que les citrons, les oranges ; les écorces de canelle, de cafcarille. Parmi les animaux ; les fucs tirés des animaux, les gelées , les confommés. La décoftion ou linfufon de chocolat dans l’eau , le lait, l’eau diftillée du pain avec les écorces de ci- tron, le bon vin vieux de Bourgogne , le véritable vin d'Efpagne , font des remedes aflurés pour répa- rer peu à peu les forces des convalefcens. Toutes les eaux fpiritueufes données par intervalle & à petite dofe, font bonnes dans le cas où il faut ra- nimer les forces ou épuifées ou abattues. La thériaque , les confeétions d’hyacinthe & d’al- kermès font d’excellens moyens potrréveiller Le ref- {ort des fibres tombées dans Patonie & le relâchement, N ( “n OGTE, 1. f. ( Logique & Gramm. ) terme abftrait : ce mot eft tout Grec, éyxAoysa. Cicéron dit que puifqw’il fe fert de ce mot en Latin, il letraduira par comparai/on, rapport de reffemblance entre une chofe & une autre : A’vaAoyia y latinè ( audendum eff enim, guoniam hæc primum à nobis noyvantur ) comparatio, Proportio-ve dici poteft. Cic. A NA 395 Analogie fignifié donc la relation , lé rapport ou la proportion que plufeurs chofes ont les unes avec les autres, quoique d’ailleurs différentes par des qualités qui leur font propres. Ainfi le pié d’une montagne a quelque chofe d’analogue avec celui d’un animal , quoique ce foient deux chofes très-différentes: Il y a de l’anulogie entre les êtres qui ont entre eux cértains rapports de reflemblance , par exemple, en- tre Les animaux & les plantes: mais l’aralogie eft bien plus grande entre les efpeces de certains animaux avèc d’autres efpeces. Il y a aufi de l’analogielentre les métaux êc les végétaux. À Lesfcholaftiques définiffent l’axzalogie, une réffems blance jointe à quelqué divérfité. Ils en diftinguent | ordinairement de trois fortes ; favoir une d’irépatiré, où la raifon de la dénomination commune eft la mês me en nature , mais non pas en degré où en ordre; en ce fens animal eft analogue à l’homme &c à la brute : une d'attribution , où quoique la raifon du nom com: mun {oit la même, il fe trouve une différence dans fon habitude ou rapport ; en ce fens falutaireeft ana logue tant à l’homme qu'à un exercice du corps : une enfin de proportion , où quoique les raifons du nom commun different réellement , toutefois elles ont quelque proportion entre elles; en ce fens les ouies dés poiflons font dites être analogues aux poumons dans les animaux terreftres. Ainfi l’œil & l’enten- dement font dits avoir analogie, ou rapport l’un à Pautre. En matiere de langage, nous difons que les mots nouveaux font formés par azalogie, c’eft-à-dire , que des noms nouveaux font donnés à des chofes nou velles, conformément aux noms déjà établis d’autres chofes , qui font de même nature & de même efpece. Les obfcurités quife trouvent dansle langage, doivent furtout être éclaircies par le fecours de l’aralogie, L’analogie eft aufli un des motifs de nos raïfonne: mens ; je veux dire qu’elle nous donne fouvent lieu de faire certains raifonnemens, qui d’ailleurs ne prou- vent rien, s'ils ne font fondés que fur l’analogie. Par exemple , 1l y a dans le ciel une conftellation qu’on appelle Loz ; analogie qu'il y a entre ce mot & le nom de l’animal , qu'on nommé auffi Zion , a donné lieu à quelques Aftrologues de s’imaginer que les en2 fans qui naifloient fous cette conftellation étoient d'humeur martiale : c’eft une erreur. On fait en Phyfique des raïfonnemens très-{olides par analogie. Ce {ont ceux qui font fondés {ur l’uni- formité connue , qu’on obferve dans les opérations de la nature ; & c’eft par cette azalogie que l’on dé- truit les erreurs populaires fur le phénix, le rémora, la pierre philofophale & autres. Les préjugés dont on eftimbu dans enfance, nous donnent fouvent lieu de faire de fort mauvais raifon- nemens par azalogie. Les raïfonnemens par analogie peuvent fervir à expliquer & à éclaircir certaines chofes, mais non pas à les démontrer. Cependant une grande partie de notre Philofophie n’a point d’autre fondement que l’analogie. Son utilité confifte en ce qu’elle nous épar- gne mille difcuffions inutiles, que nous ferions obli- gés de répéter fur chaque corps en particulier. Il fufit que nous fachions que tout eft gouverné par des lois générales & conftantes, pour être fondés à croire que les corps qui nous paroïflent femblables , ont les mê- mes propriétés, que les fruits d’un même arbre ont le même goût, Gc. Une analogie tirée de la reflemblance extérieure des objets, pour en conclurre leur reffemblance in- térieure , n’eft pas une regle infaillible : elle n’eft pas univerfellemént vraie , elle ne l’eft que z£ plurimimts ainf l’on en tire moins une pleine certitude, qu'une grande probabilité. On voit bien en général qu'il eft de la fagefle & de la bonté de Dieu de diftinguer par LA 400 À NA descaraderesextérieurs les chofes iñtérieurement dif: férentes. Ces apparences font deftinées à nous fervir d’étiquette pour fuppléer à la foibleffe de nos fens , qui ne pénetrent pas jufqu’à Pintérieur des obiets : mais quelquefois nous nous méprenons à ces étiquet- tes. Il y a des plantes venimeufes qui reflemblent à des plantes très-falutaires. Quelquefois nous fommes furpris de l’effet imprévu d’une caufe , d’où nous nous attendions à voir naître un effet tout oppolé : c’eit qu’alors d’autres caufes imperceptibles s’étant jointes avec cette premiere à notre infu, en chan- gent la détermination. Il arrive aufli que le fond des objets n’eft pas toùjours diverfifié à proportion de la diflemblance extérieure. La regle de l’aralogie n’eft donc pas une regle de certitude, prifqu'elle a fes ex- ceptions. Il fuffit au deflein du Créateur, qu’elle for- me une grande probabilité , que fes exceptions foient rares, & d’une influence peu étendue. Comme nous ne pouvons pénétrer par nos fens jufqu’à l’intérieur des objets , l’azalogie eft pour nous ce qu’eft le té- moignage des autres, quand ils nous parlent d’ob- jets que nous n'avons mi vûs , ni entendus. Ce font- là deux moyens que le Créateur nous a laïflés pour étendre nos connoïffances. Détruifez la force du té- moignage, combien de chofes que la bonté de Dieu nous à accordées , dont nous ne pourrions tirer au- cune utilité ! Les feuls fens ne nous fuffifent pas : car quel eft l’homme du monde qui puifle examiner par lui-même toutes les chofes qui font néceffaires à la vie? Par conféquent dans un nombre infini d’occa- fions , nous avons befoin de nous inftruire Les uns les autres, & de nous en rapporter à nos obfervations mutuelles. Ce qui prouve en paffant , que le témoi- gnage , quand il eft revêtu de certaines conditions, eft le plus fouvent une marque de la vérité; ainfi que l’analogie tirée de la reffemblance extérieure des ob- jets , pour en conclurre leur reffemblance intérieu- re , en eft le plus fouvent une regle certaine. Foyez L'article CONNOISSANCE , où ces réflexions font plus étendues. En matiere de foi on ne doit point raifonner par analogie ; on doit fe tenir précifément à ce qui eft révélé, & regarder tout le refte comme des effets naturels du méchanifme univerfel dont nous ne con- noiflons pas la manœuvre. Par exemple, de ce qu'il y a eu des démoniaques , je ne dois pas m'imaginer qu'un furieux que je vois foit poffédé du démon ; comme je ne dois pas croire que ce qu’on me dit de Léda , de Sémelé, de Rhéa-Sylvia , foit arrivé autre- ment que felon l’ordre dela nature. En un mot Dieu comme auteur de la nature , agit d’une maniere uni- forme. Ce qui arrive dans certaines circonftances , arrivera toûjours de la même maniere quand les circonftances feront les mêmes ; & lorfque je ne vois . que l’effet fans que je puifle découvrir la caufe , je dois reconnoître où que je fuis ignorant , où queje fuis trompé, plûütôt que de me tirer de l’ordre natu- rel. Il n’y a que l’autorité fpéciale de la divine réve- lation qui puifle me faire recourir à des caufes fur- naturelles. Voyez Le I. chapitre de l'Evangile de faint Matthieu, Ÿ. 19. & 20. où il paroît que S. Jofeph garda la conduite dont nous parlons. En Grammaire l’analogie eft un rapport de reffem- blance ou d’approximation qu'il y a entre une let- tre & une autre lettre, ou bien entre un mot & un autre mot , ou enfin entre une expreffion , un tour ; une phrafe, & un autre pareil. Par exemple, 1l y a de l’aralogie entre le B & le P. Leur différence ne vient que de ce que les levres font moins ferrées l’u- ne contrel’autre dans la prononciation du B ; &: qu'on les ferre davantage lorfqu’on veut prononcer P. Il y a auf de l’analogie entre le B &c le F. Il n’y a point d’analogie entre notre o7 dis &c le dicitur des Latins,ou fidicedes Italiens : çe font-là des façons de parler pro- pres & paiticuülieres à chacune de ces lañigies. Mais 1l y a de l’analogie entre notre o7 dir & le man fagt des Allemands : car notre oz vient de homo , & man fagt fignifie l’homme dit ; man kan, l'homme peut. L’axc- logie eft d’un grand ufage en Grammaire pour tirer des induétions touchant la déclinaifon , le genre & les autres accidens des mots, (F & X) ANALOGIE , ez Mathémarique , eft la même chofe que proportion, où égalité de rapport. Voyez PROPOR+ TION , RAPPORT , RAISON. (0) ANALOGIE. On fe fert de ce motez Medecine pour fignifier la connoïflance de l’ufage des parties, de leur ftruêture & de leur liaïfon , eu égard à leurs fon- étions: elle donne de grandes vües dans les maladies, {oit pour en expliquer la caufe & l’aétion , foit pour déterminer les remedes qui y font néceffaires. C’eft à l’aralogie que l’on doit Putilité de la faignée dans différentes maladies inflammatoires & éruptoires ; c’eft par l’aralopie que l’on a reconnu les effets de différentes préparations chimiques tirées du mercu- re , de l’antimoine & du fer. (N) ANALOGUE, adj. ( Gram. ) qui a de l’analogie : par exemple , les étrangers fe fervent fouvent d’ex- preflions , de tours ou phrafes dont tous les mots à la vérité font des mots François, mais l’enfemble ou conftruétion de ces mots n’eft point azalogue au tour ; à la maniere de parler de ceux qui favent la langue. Dans la plüpart des Auteurs modernes qui ont écrit en Grec ou en Latin , on trouve des phrales qui font analogues au tour de leur langue naturelle , mais qui ne {ont pas conformes au tour propre à la langue originale qu'ils ont voulu imiter. Voyez ce que dit Quintilien de l’ezalogie , au chap. vj. liv, de fes Infit. (F) ANALYSE ( Ordre encyclop. Entend. Raïfon. Ph:- lofoph. ou Science , Science de la Nature, Mathémari- ques pures , Arithmétique littérale , ou Algèbre, Ana- lyfe. ) eft proprement la méthode de réfoudre les problèmes mathématiques, en les réduifant à des équations, Voyez PROBLÈME & ÉQUATION. L’Analyfe, pour réfoudre les problèmes ,employe le fecours de l’Algebre , ou calcul des grandeurs en général : auf ces deux mots, Azalyfe, Algebre, {ont fouvent regardes comme fynonymes. L’Analyfi eft l'inftrument ou le moyen général par lequel on a fait depuis près de deux fiecles dans les Mathématiques de fi belles déconvertes. Elle fournit les exemples les plus parfaits de la maniere dont on doit employer l’art du raifonnement , donne à l’efprit une merveilleufe promptitude pour dé- couvrir des chofes inconnues , au moyen d’un petit nombre de données; & en employant des fignes abregés & faciles pour exprimer les idées , elle pré- {ente à l’entendement des chofes, qui autrement iem- bleroïent être hors de fa fphere. Par ce moyen les démonftrations géométriques peuvent être fingulie- rement abregées : une longue fuite d’argumens , où l’efprit ne pourroit fans le dernier effort d'attention découvrir la liaifon des idées , eft convertie en des fignes {enfbles, & les diverfes opérations qui y font requifes font effe@tuées par la combinaïfon de ces fignes. Mais ce qui eft encore plus extraordinaire , c’eft que par le moyen de cet art un grand nombre de vérités font fouvent exprimées par une feule li- gne ; au lieu que fi on fuivoit la maniere ordinaire d'expliquer & de démontrer , ces vérités rempli- roient des volumes entiers. Ainf par la feule étude d’une ligne de calcul , on peut apprendre en peu de, tems des fciences entieres , quiautrement pourroïent à peine être apprifes en plufieurs années. Voyez Ma- THÉMATIQUE , CONNOISSANCE , THÉORÈME, ALGEBRE, @c. © L'Analyfe eft divifée, par rapport à fon.objet ; en en Analyfe des quanticés finies & Analyfe des uaritt= tés infinies. | _Analyfe des quantités finies, eft ce que nous appel- dons autrement Arithmétique [pécieufe où Algebre. ALGEBRE. ” Analyfe des quantités infinies , où des infinis | ap= pellée auffi La souvelle Analyfe, eft celle qui calcule les rapports des quantités qu’on prend pour infinies , ‘ou infiniment petites. Une de fes principales bran- ches eft /a méthode des fluxions , ou le calcul différen- tiel. Voyez; FLUXION , INFINIMENT PETIT, & Dir- -FÉRENTIEL. | Le grand avantage des Mathématiciens modernes fur les anciens, vient principalement de l’ufage qu'ils font de lAralyfe. | . Les anciens Auteurs d’A4xa/yfe font nommés par Pappus , dans la préface de {on feptieme livre des colle&tions mathématiques ; favoir ; Euclide , en fes Data 6 Porifinata ; Apollonius , de Seéfione Rarionis, & dans fes Coriques.; Ariflæus., de Locis folidis ; &t Eratofthenes , de Mediis proportionalibus. Mais les'an- çiens Auteurs d’Aralyfe étoient très-différens. des modernes. Voyez ARITHMÉTIQUE. L’Algebre appartient principalement à ceux-ci : on en peut voir l’hiftoire , avec fes divers Auteurs, fous l’article ALGEBRE. Les principaux Auteurs fur l’Azalyfè des infinis , font Wallis , dans fon Arithmétique des infimis ; New- ton, dans fon Analyfis per quantitatum feries, fluxiones, 6 différentias ; & dans {on excellent Traité qui a pour titre de quadraturé curvarum : Leïbnitz, aë. eruditor. an. 1684. le marquis de l’'Hopital, en fon Aza/yfe des infiniment peuits, 1696. Carré, en fa méthode pour La mefüure des furfaces, la dimenfion des folides , ëcc. par l’application du calcul intégral, 1700. G. Man- fredi, dans fon ouvrage de conffruëlione equationum diffrentialium primi gradäs , 1707. Nic. Mercator, dans fa Logarithmotechnia , 1668. Cheyne, dans fa Methodus fluxionum inverfa , 1703. Craig, Merhodus fgurarum lineis rechis & curvis comprehenfarum ; qua- draturas déterminandi, 168$. & de quadraturis figura- rum curvilinearum © locis , &cc. 1693. Dav. Gré- gory, dans fon ÆExercitatio geometrica de dimenfione figurarum , 1684. & Nieuventit, dans fes Coz/idera- tiones circa Analyfeos ad quantitates infenité parvas ap- plicatæ, principia ; 1695. : L'Analyfe démontrée du P. Reyneau de l’Oratoi- re ,imprimée pour la premiere fois à Paris'en 1708, en 2 volumes in-4°. eft un livre auquel ceux qui veulent étudier cette fcience ne peuvent fe difpen- fer d’avoir recours. Quoiqu'il s’y foit glffé quel- ques erreurs, c’eft cependant jufqu'à préfent l’ou- vrage le plus complet que nous ayons fur lAxa/yfe. Il feroit à fouhaiter que quelqu'habile Géometre nous donnât fur cette matiere un traité encore plus exa@ & plus étendu à certains égards, & moins eten- du à d’autres que celui du P. Reyneau. On pourroit abreger le premier volume, qui contient fur la théo- rie des équations beaucoup de chofes affez inutiles, &t augmenter ce qui concerne le calcul intégral, en {e fervant pour cela des différens ouvrages qui en ont été publiés, & des morceaux répandus dans les Mémoires des Académies des Sciences de Paris , de Berlin, de Londres, &de Petershourg , dans les Ades de Leipfic, dans les ouvrages de MM. Bernoulli , Euler , Maclaurin , &c, Voyez CALCUL INTÉGRAL. Cetarticle Analyfe eft deftiné au commun des le- éteurs , & c’eft pour cela que nous l'avons fait aflez court : on trouvera à l’article ARITHMÉTIQUE UNIVERSELLE un détail plus approfondi ; & à l’ar- ticle APPLICATION, On traitera de celle de lAnayfe À la Géométrie. L'article ALGEBRE contient l’hiftoire de lAzalyfe. (O) Le ANALYSE . £, (Gram.) ce mot eft Grec, avaau- ome Î, A NA 401 vx à formé d’ava, rutfm , & de Ave, folvo, je ré» fous. Il fignifie , à proprement parler, la rélolution ou.le développement d’un tout.en fes parties : ainfi on appelle Azalyfe d’un ouvrage, l'extrait de cet ou- vrage, où l’on en développe les parties principales ; Analyfe d’un raïfonnement , l'examen qu'ôn fait d’un raifonnemént en le partageant en plufeurs parties où propofitions , pour en découvrir plus facilement la vérité ou la faufleté. (0) L’'ANALYSE , {. f. ez Logique, c’eft ce qu'on ap- pelle dans les écoles /a méthode qu'on fuit pour décou- vrir la vérité ; on la nomme autrement /e zzéthode de réfolution. Par cette méthode , on pañle du plus com- pofé au plus fimple ;.au.lieu que dans la fynthefe, on va du plus fimple au plus compofé. Comme cet- te définition n’eit pas des plus exactes, on fous per: mettra d'en fubflituér uné autre. L’aralyfe cônfifte à remonter à l’origine dé nos idées, à én développer la génération & à en faure différentes compofitions ou décompofitions pour és comparer par tous les côtés qui peuvent en montrer lés rappotts. L’z24= lyfe ainfi définie , il eft aïfé de voir qu’elle eft le vrai fecret des découvertes. Elle a cèt avantage fur la fÿnthefe , qu’elle n’offre jamais que peu d'idées à la fois, & totours dans la gradation la plus fimple. Elle eft ennemie des principes vagues, & de tout ce qui peut être contraire à l’exaétitude & à la préci- fion. Ce n’eft point avec le fecours des propofitions générales qu’elle cherche la vérité: mais totjouts par uné efpece dé calcul, c’eft-à-dire, én compofant &c décompofant les notions pour les comparer , de là maniere la plus favorable, aux découvertes qu’on a en vüe. Ce n’eft pas non plus par dés définitions , qui d'ordinaire ne font que multiplier les difputes : mais c’eft en expliquant la génération de chaque idée. Par ce détail on voit qu’elle eft la feule mé= thode qui puifle donner de l'évidence à nos raïfon- nemens ; & par conféquent la feule qu’on doive fui vre dans da recherche de la vérité, & dans la ma- mere même d’en inftruire les autres ; honneur qu’on fait ordinairement à la fynthefe, Il s’agit maintenant de prouver ce que nous avançons. Tous les Plilofophes, en général , conviennent qu'il faut dans l’expofition comme dans la recherche de la vérité , commencer par les idées les plus fim- ples & les plus faciles : mais ils ne s'accordent pas {ur la notion qu'ils fe forment de ces idées fimples & faciles. Prefque tous les Philofophes , à la tête defquels on peut mettre Defcartes ; donnent ces noms à des idées innées, à des principes généraux, & à des notions abftraites , qu'ils regardent comme la fource de nos connoïfflances, De ce principe , il s'enfuit néceflairement qu'il faut commencer par dé- finir les chofes , & regarder les définitions comme des principes propres à en faire découvrir les pro- priétés. D’autres en petit nombre , tels que Loke & Bacon ,; entendent par des idées fimples les pre- mieres idées particulieres qui nous viennent par {en+ fation & par réflexion : ce font les matériaux de nos connoiïffances que nous combinons felon les circonf- fanices , pour en former des idées complexes , dont lanalyfè nous découvre les rapports. Il ne faut pas les confondre avec les notions âbftraites , n1 avec les principes généraux des Philofophes ; ce font au- contraire celles qui nous viennent immédiatement des fens , & à la faveur defquelles nous nous éle- vons enfuite par degrés à des idées plus fimples ou plus compofées. Je dis plus compoées , parce que l'azalyfe ne confifte pas toùjours, comme on {e l'i- magine communément , à pafler du plus compofé au plus fimple. xl da Îl me femble que fi l’on faififloit bien le progrès des vérités , il feroit inutile de chercher des raïfon: nemens pour, les démontrer , & que se feroit aflez eé 402 À N À de Les énoncer; ‘car elles fe fuivroient dans un tel ordre, que ce que lune ajoûüteroit à celle qui d'au- roit immédiatement précédée , feroit trop fimple pour avoir befoin de preuve : de la forte on arrive- roit aux plus compliquées , & l’on $’en aflüreroït mieux que par toute autre voie. On établiroit même une fi grande fubordination entre toutes les connoïf- fances qu'on auroit acquifes, qu'on pourroit à fon “gré aller des plus compolées aux plus fimples, ou des plus fimples aux plus compofées ; à peine pour- roit-on les oublier, on du moins , fi cela arrivoit , a haïfon qui feroit entr’elles faciliteroit les moyens de les retrouver. Mais pour mieux faire fentir l’avantage de l’aza- dyfe fur la fynthefe , interrogeons [a nature , & fui- vons l’ordre qu’elle indique elle-même dans l’expo- ftion de la vérité. Si toutes nos connoiflances vien- nent des fens, il eft évident que c’eft aux idées fim- les à préparer l'intelligence des notions abfiraites. ft-1 raifonnable de commencer par l’idée du poffi- ble pour venir à celle de l’exiftence , où par l'idée du point pour pafer à celle du folide ? Il eff évident que ce n’eft pas-là la marche naturelle de lefprit humain : f les Philofophes ont de la peine à recon- noître cette vérité , c’eft parce qu'ils font dans le préjugé des idées innées ,où parce qu'ils fe laifent prevenir pour un ufage que le tems paroït avoir con- facré, Les Géometres mêmes, qui devroient mieux con- noître les avantages de l’analyfé quelles autres Phi- lofophes , donnent fouvent la préférence à la fyn- thefe ; aufi , quand ils fortent de leurs calculs pour entrer dans des recherches d’une nature différente , on ne leur trouve plus la même clarté , la même pré- cifion , ri la même étendue d’efprit. Mais fi l'analyfe eft la méthode qu’on doit fuivre dans la recherche de la vérité, elle eft auffi la mé: thode dont on doit fe fervir pour expofer les décou- vertes qu’on a faites. N’eft-il pas fingulier que les Philofophes , qui fentent combien l’ezzlyfe eft utile pour faire de nouvelles découvertes dans la vérité » n'aient pas recours à ce même moyen pour la faire entrer plus facilement dans l’efprit des autres ? Il femble que la meilleure maniere d’inftruire les hom- mes , c’eft de les conduire par la route qu’on a dü tenir pour s’inftruire foi-mème. En effet, par ce moyen , on ne paroitroit pas tant démontrer des vé- rités déjà découvertes , que faire chercher & trou- ver des nouvelles vérités. On ne convaincroit pas feulement le Leéteur , mais encore on l’éclaireroit ; & en lui apprenant à faire des découvertes par lui- même, on lui préfenteroit la vérité fous Les jours les plus intéreflans. Enfin , on le mettroit en état de fe rendre raifon de toutes fes démarches : il fauroit toû- jours où il eft, d’où il vient, où il va : il pourtoit donc juger par lui-même de la route que fon guide lui traceroit, & en prendre une plus füre toutes les fois qu’il verroit du danger à le fuivre. Mais pour faire ici une explication de l’ana/yfè que je viens de propofer, fuppofons-nous dans le cas d'acquérir pour la premiere fois les notions élémen- taires des Mathématiques, Comment nous y pren: drions-nous ? Nous commencerions , fans doute, par nous faire l’idée de l’unité ; & l’ajoûtant plufeurs fois à elle-même , nous en formerions des colleétions que nous fixerions par des lignes ; nous répeterions cette opération, & par ce moyen nous aurions bien- tôt fur les nombres autant d'idées complexes , que nous fouhaiterions d’en avoir. Nous réfléchirions en- fuite fur la maniere dont elles fe font formées ; nous en obferverions les progrès, & nous apprendrions infailliblement les moyens de les décompofer. Dès- lors nous pourrions comparer les plus complexes ANA avec les plus fimples., & découvrir les propriétés des unes & des autres. ur hi Dans cette méthode les opérationside l’efprit n’au- roient pour objet que des idées fimples ou des idées complexes que nous aurions formées , & dont nons connoïtrions parfaitement les générations : nous ne. trouverions donc point d’obftacle à découvrir les premiers rapports des grandeurs. Ceux-là connus, nous verrions plus facilement ceux qui les fuivent immédiatement , & qui ne manñqueroient pas de nous en faire appercevoir” d’autres ; ainfi après avoir commencé par les plus fimples , nous nous éleve- rions infenfiblement aux plus compofés , & nous nous ferions une fuite de conñoïflances qui dépen- droient fi fort les unes des autres , qu’on ne pour- roit arriver aux plus éloignées que par celles qui les auroient précédées. | | Les autres Sciences, qui font également à la por. tée de l’efprit humain , n’ont pour principes que des idées fimples, qui nous viennent par fenfation &c par réflexion. Pour en acquérir les notions complexes , nous n'avons , comme dans les Mathématiques , d’aur- tres moyens que de réunir les idées fimples en diffé- rentes collettions : il y faut donc fuivre le même or- dre dans le progrès des idées, & apporter la même précaution dans le choix des fignes. En ne rafonnant ainfi que fur des idées fimples , ou fur des idées complexes qui feront l'ouvrage de Pefprit > nous aurons deux avantages ; le premier , c’eft que connoïffant la génération des idées fur lef- quelles nous méditerons , nous n’avancerons point que nous ne fachions où nous fommes , comment nous y fommes venus , & comment nous pourrions retourner fur nos pas : le fecond, c’eft que dans cha- que matiere nous verrons fenfiblement quelles font les bornes de nos connoïffanees ; car nous les trou- verons lorfque les fens cefferont de nous fournir des idées , & que, par conféquent , l’efprit ne pourra plus former de notions. Toutes les vérités fe bornent aux rapports qu font entre des idées fimples , entre des idées com= plexes, & entre une idée fimple & complexe. Par la méthode de l’azalyfe , on pourra éviter les erreurs où l’on tombe dans la recherche des unes & des au tres. . Les idées fimples ne peuvent donner lieu à aucu ne méprife, La caufe de nos erreurs vient de ce que nous retranchons d’une idée quelque chofe qui lus appartient , parce que nous n’en voyons pas toutes les parties ; ou de ce que nous li ajoûtons quelque chofe qui ne lui appartient pas, parce que notre ima- gination juge précipitamment qu’elle renferme ce qu’elle ne contient point. Or, nous ne pouvons rien retrancher d’une idée fimple , puifque nous n’y dif: tinguons point de parties ; &c nous n’y pouvons rien ajoûter tant que nous la confidérons comme fimple, puifqu’elle perdroit fa fimplicité. Ce n’eft qué dans l’ufage des notions complexes qu’on pourroit fe tromper, foit en ajoütant , {oit en retranchant quelque chofe mal-à-propos : mais fi nous les avons faites avec les précautions que je de- mande, il fuffira , pour éviter les méprifes , d’en re- prendre [a génération ; car par ce moyen nous ÿ verrons ce qu'elles renferment , & rien de plus ni de moins. Cela étant, quelques comparaïfons que nous faflions des idées fimples & des idées complexes , nous ne leur attribuerons jamais d’autres rapports que ceux qui leur appartiennent. Les Philofophes ne font des raifonnemens f obf- curs & fi confus, que parce qu'ils ne fonpçonnent pas qu’il y ait des idées qui foient l’ouvrage de l’efprit, où que s'ils le foupçonnent , ils font incapables d’en dé- couvrir la génération. Prévenus que les idées font m- nées , ou que , telles qu’elles font, elles ont été bien faites ils-croyent n'y devoir rien changer ,1 &c les prennent telles que le et les préfente. Comme on ue peut bien zzalyfer que Les idées qu'on à {oi-même formées avec.ordrèe, leurs aza/y/es ,; ouplütôt leurs définitions , font prefque tobjours. défeétueufes ; ils éténdent ou reftreignent fhal-à-propos la figmifica- tion de leurs termes ; ils la changent fans s’emap- percevoir, où même ils yrapportent-les mots À,des notions vagues. & à des entités inintelligibles. II faut donc fe fairerune nouvelle combinaifon d'idées ; commencer par les plus fimples que les fens tranf mettent ; en former des notions complexes, qui en fe combinant à leur tour, en produiront d’autres, & ainf de fuite. Pourvique nous confacrions des noms diftinéts à chaque colleétion , cette méthode ne peut manquer de nous faire éviter l'erreur. Foyez SYN- THESE & AxIOME. Voyez auf! LOGIQUE. (X) - ANALYSE, ( Litterature. ) d’un livre, d’un ouvra- se, c’eft un précis, un-extrait-fidele d’un ouvrage, tel qu'en donnent où qu’en doivent donner les Jour-. naliftes. L'art d’une azalyfe impartiale confifte à bien {air le but de l’auteur, à expofer {es principes, di- viñons, le progrès de fa marche, à écarter ce qui peut être étranger à fon fujet, & fans lui dérober rien de ce qu'il.a debon:ou d’excellent, ne pas diflimu- ler fes défauts, L’azalyfe demande de la juftefle dans Vefprit pour ne pas prendre le change en appuyant fur des accefloires tandis qu’on néglige le principal. Les arnalyfes des nouvelles de la République des Lervres -de M.Bayle, & aujourd’hui celles du Journal des Sa- vans, font un modele d'impartialité: 1l feroit à fou- baiter qu'on en püt dire autant de tous les Journaux. Les plaidoyets des Avocats généraux, lorfqu’ils don- nent leurs conclufñons , font des analyfes ; dans lef- quels ils réfument les moyens des deux parties, ex- pofés & débattus auparavant par leurs Avocats. ANALYSE , ( Lirterature. ) fe dit encore d’une efpece d’irdex ou table des principaux chefs ou ar- ticles d’un difcours continu , difpolés dans leur or- dre naturel & dans la liaïfon & la dépendance qu'ont entr’elles les matieres. Les arzalyfes contiennent plus de fcience querles tables alphabéthiques , mais font moins en ufage parce qu’elles font moins faciles à comprendre. (G) ANALYSE, eft aufñ en ufage dans la Chimie pour difloudre un corps compolé, on en divifer les différens principes. Voyez PRINCIPE DE COMPO- SITION, CORPS, Gc. Analyfer des corps ou les réfoudre en leurs parties compolantes, eft Le principal objet de l’art chimique. Voyez CHIM1E. L’analyfe des corps eft principale- ment effeétuée par le moyen du feu. Voyez FEU. Tous les corps, par le moyen d’une azalyfe chi- mique, peuvent fe réfoudre en eau, efprit, huile, fel, & terre, quoique tous les corps ne fournifient pas tous ces principes également , mais les uns plus, les autres moins, & en différentes proportions , fe- lon les différens corps, felon les différens genres dont ils font. Voyez PRINCIPE. L’analyfe des animaux & celle des végétaux eft aïfée; celle des minéraux , & en particulier des mé- taux 87 demi-métaux , eft plus difficile. 7. ANIMAL, VÉGÉTAL, 6 MÉTAL. Les différentes ana/yfes de plantes n’ont pas réufli par rapport à aucune découverte des propriétés & vertus des plantes analyfées. Les plantes les plus fa- lutaires rendent par cette voie d'agir, à peu pres les mêmes principes que les plus venimeufes ; la raïfon apparemment eft, que l’a&tion du feu dans la diftil- lation change les plantes & leurs principes ; c’eft pourquoi au lieu de difillation , M. Boulduc a fait fes analyfes par déco@tion feulement, Voyez Mémoir. Acad. Roy. des Scienc. an. 1734.p.139. lift. 63. Quelques corps du genre des minéraux font for- Tome Æ - À N A 403 més de particules fimenues 8 fi fortement unies ; que leurs corpufcules,ont-befoin de moins de cha.- leur pour les emporter que.pour les divifer en leurs principes, de forte que l’axalyfe de tels corps eft im- praticable ; c'eft ce qui faitila,difhculté d’aza/yfer le foufre , le mercure, Ge: + 7 tea M … La diffé&tion anatomique d’un animal eft auffi une efpece d’analyfe. Voyez ANATOMIE. , -LILeft du devoir d’un bon citoyen de faire connoi- tre aux autres, autant qu'il lui M pofible, les erreurs qui peuvent,les féduire. L'aralyfe, qui eft f difficile en Chimie, eft aujourdhui. fort commune par la cré- dulité des hommes & la ‘charlatanerie de ceux qui enabufent. Il eft difficile de connoitre par l’azalyfe la compoñtion & les propriétés des chofes ; 11 faut être favant & expérimenté en Chimie, pour féparer les. principes qui compofent les corps, & les avoir tels qu'ils y font naturellement, afin de pouvoir dire ce qu'ils ns Cependant on croit que tout homme de l’art , je veux dire tout homme qui tient à l’art de guérir, fait faire des azalyfès. On donne comme uné chofe poflible à tout homme du métier, à faire l’a- nalyfe d’un rémede fecret où d’une eau qu’on veut _connoïtre ; & on a la vanité de s’en charger, & le rapport qu'on en fait eft une impoñture. Ces faifeurs d'analyfe touvoient toüjours autrefois du nitre dans toutes les eaux, aujourd’hui c’eft du fel felenite & dur {el de Glauber : ils favent faire loucher de l’eau avec de la noïx de galle ; 1ls la diftillent ou la font évapo-" rer, &c ne favent pas même connoitre le réfidu de ces opérations, qui d’ailleurs font infuffifantes, L’a- nalyfe des eaux eft ce qu'il y a de plus difficile en Chimie , comme les expériences fur les fluides en Phyfique ; font en general les plus difficiles. Il faut pour pouvoir parler fayvamment des eaux & des prin- cipes qui les compofent , être non-feulement verfé dans la Chimie, mais même il faut y être très-habile, Pour connoître combien il eft difficile d’azalyfer, 8e pour apprendre comment il faut s’y prendre pour analyfer une eau minérale, il faut lire dans les Mé- moires de l’Académie de 1726 l’analyfe des eaux de Pafly ; & dans les Mémoires de 1746 , l’analyfè de Veau de Plombieres. ( M) ANALYSTE, exz Mathématique , 1, m. {e dit d’uné perfonne verfée dans lAzalyfe mathématique. Voyez ANALYSE. ANALYTIQUE, adj. (Mark. ) qui appartient à l’analyfe, ou qui ef de ta nature de lazalyfe, ou qui fe fait par la voie de l’analyfè. Voyez ANALYSE. Ainfr l’on dit équation analytique , démonflration analytique , recherches analytiques, table analytique, calcul analyu- que, &c. Voyez MÉTHODE. La méthode analytique eft oppolée à la fynthénique. Dans la Philofophie naturelle, aufi bien que dansles Mathématiques, 1l faut commencer à applanir les dif: ficultés par la méthode analytique, avant que d’en ve- nir à la méthode fynthétique. Or cette azalyfe confif- te à faire des expériences & des obfervations, à en tirer des conféquences générales par la voie de l’in- duétion ; & ne point admettre d’objeétions contre ces conféquences, que celles qui naïflent des expérien- ces ou d’autres vérités conftantes. Et quand même les raifonnemens qu’on fait fur les expériences par la voie de l’induétion, ne feroient pas des démonf- trations des conféquences générales qu’on a tirées ; c’eit du moins la meilléure méthode de raïfonner fur ces fortes d’objéts ; le raïifonnement fera d'autant plus fort, que l’indution fera plus générale. S'il ne {e préfente point de phénomenes qui fourniffent d'ex- ception, on peut tirer la conféquence générale. Par cette voie aralytique, on peut procéder des fubftan- ces compofées à leurs élémens, des mouvemens aux forces qui les produifent, & en général des effers à leurs caufes, & des caufes particulieres à de plus gé- Eceï 404 À NA ñérales,, jufuà ce que Fon foit parvenu à celle qui ëft la plus grande de toutes. Voilà ce que c’eft que la méthode azalyrique, dit M. Newton. | "Là méthode fynthétique confifte à prendre com- me principes les caufes déja connues &r conftatées ; à les faire fervir à l’explication des phénomenes qui én proviennent; & à juflifier cette explication par des preuves. Voyez SYNTHESE. RTL Ati Méthode analyhque, en Géometrie, eftla méthode de réfoudre les problèmes, &de démontrer les théo- rèmes de Géométrie, en y employant l’Aralyfe ow l'Agebre, Voyez ALGEBRE , ANALYSE G APPLICA- TION. PE : Cette méthode eft oppofée à la méthode appellée fynthétique, qui. démontre les théorèmes, & réfoût les problèmes, en fe fervant des lignes mêmes qui compofent les figures , fans repréfenter ces lignes par des noms algébriques. La méthode fynthétique étoit celle des Anciens, l’aralyrique eft dûe aux Modernes. Ÿ. les articles cités ci-deffus. V. auffl SYNTHESE. (0) * ANA-MALLU , fm. (Æ/. nat.) arbriffeau lé gumineux qui croit au Bréhl ; il a des épines dont les naturels du pays fe fervent pour fe percer les oreil- les. Pour cet effet , ils en Ôtent l'écorce. De plus, ils font avec les feuilles, botillies dans l’eau de riz ou le petit-lait, un bain pour le ventre, quand il eft gon- flé par des vents ou par une lymphe extravafée. On voit parce que nous venons de dire de l’aza-mallu y qu'il s’en manque beaucoup que nous eñ ayons une bonne defcription. Confultez l’AHortns malabaricus. * ANAMELECH, £. m. (Myrh.) idole des Sama- ritains , repréfentée fous la figure du faifan; d’autres difent du cheval, le fymbole de Mars. * ANAMNETIQUES, adj. (Med. ) médicamens propres à réparer ou à fortiñier la mémoire, ANAMORPHOSE, f. f. en Perfpeütive & en Pein- ture, {e dit d’une projection monfirueufe, ou d’une ré- préfentation défigurée de quelqu'image , qui eft faite fur un plan ou fur une furface courbe, & qui néan- moins à un certain point de vüe, paroiït réguliere, &r faite avec de juftes proportions. Voyez PRoJEc- TION. Ce mot eft grec; il eft compofé d’éva,rurfum, derechef, & uopowois , formation, qui vient de uopga, {orme. : Pour faire une azamorphofe, ou une projeétion monftrueufe fur un plan , tracez le quarré 4 B CD. ( PL. de perfpeët. fig. 19. n°. 1. ) d’une grandeur à vo- lonté, & fubdivifez-le en aréoles, ou en petits quar- rés. Dans ce quarré ou cette efpece de réfeau , que l’on appelle prototype craticulaire , tracez au naturel l’image , dont l'apparence doit être monftrueufe : ti- rez enfuite la ligne a 8 ( fig. 29.79. 2. )égale à AB ; & divifez-la dans le même nombre de parties égales que le côté du prototype 4 B : au point du milieu £, élevez-la perpendiculaire £ F, & menez #7 S perpen- diculaire à Æ F”, en faifant la ligne £ F d’autant plus longue , & la ligne 7 S d'autant plus courte, que vous avez deflein d’avoir une image plus difforme. De chaque point de divifon tirez au point 7 des i- gnes droites , & joignez les points »,$, par la ligne droite &S, Par les points €, e, f, g, &c. tirez des lignes droites paralleles à a b : alors 4 8 c d fera l’efpace où lon doit tracer la proje&tion monftrueufe ; & c’eft ce que l’on appelle l’eype craticulaire. Enfin dans chaque aréole ou petit trapeze de l’ef- pace a b c d, deffinez ce que vous voyez tracé dans l’aréole correfpondante du quarré 4 B CD ; par ce moyen vous aurez une image difforme, qui paroïtra néanmoins dans fes juftes proportions , fi l’œil eft pla- cé de maniere qu'il en foit éloigné de la longueur E V, & élevé au-defflus à la hauteur de 7 S$. Le fpettacle fera beaucoup plus agréable, fi Pima- oc défigurée ne repréfente pas un pur cahos, mais quelqu’autre apparence : ainfi l’on a vü une riviere avec des foldats, des chariots, &@c. marchans fr lune de fes rives, repréfentée avec un tel artifice que quand elle étoit regardée au point S, ilfembloit que ce füt le vifage d’un fatyre. Mais on ne pent donner facilement des regles pour cette partie’, qui dépend principalement de l’induftrie & de l’adrefle de lArtite." On peut auffi faire méchaniquement une a4mor- phofe de la maniere fuivante : on percera de part en part le prototype à coups d’aisuille dans fon contour , êt dans plufieurs autres points ; enfuite on l’expofe= ra à la lumiere d’une bougie ou d’une lampe , & on marquera bien exaétement les endroits, où tom- ent fur un plan, ou fur une furface courbe, les rayons qui pañlent à travers ces petits trous; car ils donneront les points correfpondans de l’image dif- forme, par le moyen defquels on peut achever la déformation. Faire une añamorphofe [ur la furface convexe d’un co- 72. I paroït aflez par le problème précédent, qu'il ne s’agit que de faire un eétype craticulaire fur la fur- face d’un cone qui paroïffe égal au prototype crati- culaire , l'œil étant placé à uné diftance convenable au-deflus du fommet du cone. C’eft pourquoi , foit la bafe 4 B C D du cone ( fg. 20.) divifée par des diametres en un nombre quel- conque de parties égales; ou ce qui revient au mê- ine , {oit divifée la circonference de cette bafe entel nombre qu'on voudra de parties égales, & {oient ti rées par les points de divifion des lignes droïtes au centre. Soit auffi divifé un rayon en quelques par- ties égales; par chaque point de divifion décrivez des cercles concentriques ; par ce moyen vous aurez trace le prototype craticulaire 4 , le double du dia- metre 4 B, comme rayon; décrivez le quart de cer- cle E G( fig. 21.), ab que larc £ G foit égal à la circonférence entiere, & pliez ce quart de cercle, de mamiere qu'il forme la furface d’un cone, dont la bafe foit le cercle À B CD ; divifez l'arc E G dans le même nombre de parties égales que le prototype craticulaire eft divife, & tirez des rayons de chacun des points de divifion ; prolongés G F'en T, jufques à ce que FI=FG : du centre 7, & du rayon 1 F, décri- vez le quart de cercle FKH; & du point F au point E , tirez la droite TE ; divifez l’arc X F dans le mé- me nombre de parties égales que le rayon du proto- type craticulaire ; & du centre Z par chaque point de divifion, tirez des rayons, qui rencontrent £ F aux points 2,2, 3, &c. enfin du centre F, & des rayons F1, F2, F3, & décrivez des arcs concen- triques. De cette maniere vous aurez l’eétype crati- culaire , dont les aréoles paroïîtront égales entr’elles. Aïnfi en tranfportant dans les aréoles de leétype craticulaire, ce qui eft defliné dans chaque aréole du prototype craticulaire, vous aurez une image monf- trueufe qui paroïitra néanmoins dans fes juftes pro- portions fi l’œil eft élevé au-deflus du fommet du cone d’une quantité égale à la diftance de ce fommet à la bafe. Si l’on tire dans le prototype craticulaite les cordes des quarts de cercle, & dans l’ettype craticulaire les cordes de chacun de fes quarts, toutes chofes d’ail- leurs reftant les mêmes, on aura l’etype craticulaire dans une pyramide quadrangulaire. Il fera donc aife de deffiner une image monftreufe {ur toute pyramide, dont la bafe eft un polygone re- oulier quelconque. … Comme lillufon eft plus parfaite quand on ne peut pas juger, par les objets contigus , de la diftance des parties de l’image monftrueule , il eft mieux de ne regarder ces fortes d'images que par un petit trou. On voit à Paris dans le cloitre des Minimes de la Place-Royale, deux azamorphofes tracées fut deux des côtés du cloître; l’une repréfente La Ma ANA deleine ; l’autre S. Jeañ écrivant fon Évangile. Elles font telles que quand on les regarde direéétement, on ne voit qu'une efpece de payfage, 6c que quand on les regarde d’un certain point de vüe, elles repréfen- tent des figures hiumaïnes très-difinétes. Ces deux figures font l'ouvrage du Pere Niceron Minime, qui a fait fur ce même fujet un traité Latin , intitulé, Thaumaturgus opticus , Optique miraculeufe, dans le- quelil traite de plufieuts phénomenes curieux d'op- tique, & donne fort au long les méthodes de tracer ces fortes d’aramorphofes {ur des fifaces quelcon- ques. Le Pere Emmanuel Maignan Minime, a aufhi traité cette mème matiere dans un ouvrage Latm, intitulé , Per/pethiva horaria, imprimé à Rome en 1648. Foyez la propofirion 7,7 de la Catoptrique horaire de ce derriier ouvrage, pag. 438. | , Comme les miroirs cylmdriques , coniqués & py- famidaux ont la propriété de rendre difformes les objets qu’on leur expofe , & que par conféquent ils peuvent faire paroître naturels des objets difformes, on donne aufhi dans l’Optique des moyens de tracer fur le papier des objets Pom , qui éfant vüs par ces fortes de mirons , paroïfent de leur figure na- turelle. Par exemple, fi on vent tracer une image diffor- me, qui paroifle de fa figure naturelle, étant vüe dans un miroir cylindrique, on commencera ( jfo- 24. perfp. ) par décrire un cercle ABC égal à la bafe du cylindre ; enfuite fuppofant que O fort le point où tombe la perpendiculaire menée de l’œil , on tiréra les tangentes O € & O B. On joindra les points d’attouchement € & B par la droite CB, on divifera cette ligne CB en tant de parties égales qu'on voudra ; & par les points de divifion on tirera des li- gnes'au point O : on fuppofera queles rayons O 47,0 I 1e réfléchiffent en F & en G ; enfuite ( fg. zS. perfp.) fut une droite indéfime M Q, on élevera la per- pendiculaire M P égale à la hauteur de l'œil ; on fera MQ égale à O H de la fig. 14, 8c au point Q on éle- vera la perpendiculaire Q R égale à CB & divifée en autant de parties que CB ; par les points de divi- fion on tirera des lignes au point P, qui étant pro- longées jufqu’à la ligne MN , donneront les points J, 11, LIL, &ec. & les diftances Q 1, 114, 171, &c. qu'il faudra tranfporter dans la figure 14 de Tenl,de en 11, de 11en 111, &cc. de cette inaniere les points F,G, de la fig.14. répondront au point N ou {F°de la fig. 15. Par ces points F,G, & par lepoint Xtel : que K H=1G, on tracera un arc de cercle jufqu’en S, & en T', c’eft-à-dire jufqu’à larencontre des tan- gentes OS,OT, & on fera de mème pour les points III, IT &cc. énfuité on deffinera une figure quel- conque dans un quarré dont les côtés foient égaux à CBou QR & foient divifés en autant de parties qu’on a divité cés lignés , enforte que le quarré dont il s’agit foit partagé lui-même en autant de petits quarrés. On déffinera après cela dans la figure SF GT une image difforme , dont les partiés foïent fi- tuées dans lès parties de cette figure , correfpondan- tes aux parties du quarré. Cette image étant appro- chée d’un miroir cylindrique dont BC foit la ba- fe, & l'œil étant élévé au-defius du point O à une hauteut égale à MP, on verra dans le miroir cy- lindrique la figure naturelle qui avoit été tracée dans le petit quarté. On a aufli des méthodes affez femblables à la pré- cédente pour tracer des images difformes , qui foient rétablies dans leur figure naturelle , par des miroirs coniques où pyramidaux. On peut voir une idée de ces méthodes dans la Catoptrique de M. Wolf. Nous nous bornerons ici à ce qui regarde Les miroirs cy- lindriques , comme étant les plus communs. On trou- ve dans les aétes de Leipfc de 1712, la defcription d’une machine aramorphonque de M, Jacques Léo- À N À 40$ pold , par le moyen de laquelle on peut décrire mé chaniquement &aflez exaëtement des images diffor: mes qui oient rétablies dans leur état naturel par des miroirs cylindriques Oùconiques. . On fait auffi dans la Dioptrique des #zzmorphofes, Elles confiftent en des figures difformes ; qi font tracées fur un papier &c qui patoïffent dans 1eur état naturel lorfqu'on les regarde à travers un vérre po: Hhédre , c’eft-à-dire à plufieurs faces. Et voici de quelle maniere‘elles fe font. Sur une table horifontale 4 BCD ,on éleye à an: oles droits ( fig. 21. perfp.) une planche 4FE D ; on pratique dans chacune de cés deux planches ou-ta- bles deux coulifles , telles que l'appui BAC puifle fe mouvoir entre les coulifles de la table horifonta- Je, & qu'on puifle faire couler'un papier entre les couliffes de la planche verticale; on adapte à l’ap- pui B HC un tuyau TK garni en Z d’un vetre po: lyhedre , plan convexe ,‘compofé de 24 plans trian- pulaires difpofés à peu près fuivant la courbure d’u-. ne parabole. Le tuyau eft percé en X, d’un petit trou ui doit être un peu au-delà du foyer du verre ; on éloigne l'appui BAC de la planche verticale ; & on l'en éloigne d'autant plus que l’image difforme doit être plus grande. | On met au-devant du trou Æ une lampe ; on marque avec du crayon les aréoles ou points lumi- feux que {a lumiere forme fur la planche 4DEF; & pour ne fe point tromper ‘en les marquant, il faut avoir foin de regarder par le trou fi en effet ces aréo- les ne forment qu’une feule image. On tracera enfute dans chacuné de ces aréoles des parties d’un objet, qui étant vües par le troti K ne paroïtront former qu'un feul tout; 8&on aura foin de regarder par le trou À en faïfant cette opé: ration, pour voir fi toutes ces parties forment en effet une feule image. A l’évard des efpaces intermé: diaires, on les remplira de tout ce qu’on voudra; & pour rendte le phénomene plus curieux , on aura foin même d'y tracer des chofes toutes différentes de celle qu’on doit voir par le trou ; alors regardant par le trou À , on ne verra qu’une image diftinéte, fort différente de celle qui paroifloit fur le papier à la vüe fimple. On voit à Paris dans [a Bibliotheque des Minimes de la Place-royale , deux anamorphofes de cette ef. pece ; elles font l'ouvrage du P. Niceron, dont nous avons déja parlé ; & on trouve aufli dans le som. 4. des Mémoires de l’Académie Pinpériale de Petersbourg , la defcription d’une arzamorphofe femblable, faite par M. Leutman, membre de cette Académie, en l’hon: neur de Pierre Il, Empereur de Ruffie ; cet auteur expofe la méthode qu'il a fuivie pour cela , & fait des remarques utiles fur cette matiere. Voyez fur cet article la Catoptrique & la Dioptrique de M. Wolf, déja citées. (O * ANAN 04 ANNAND ( Géog. mod. ) fleuve d'Écofle , dans fa partie méridionale, province d’A- nandal ; 1l prend fa fource près du Cluid & fe déchar- ge dans un golfe de la mer d’Irande , appellé So/yai- frich. Baudrand. | ANANAS, ( Hifi. rat. ) genre de plante obfervé par le P. Plumier : fa fleur eft monopétale , faite en forme d’entonnoir, divifée en trois parties, &z polée fur les tubercules d’un embryon ; qui devient dans la fuite un fruit charnu , plein de fuc , & fait comme une pomme de pin. Voyez Planche XXVTIL. fig. 5. 1 renferme de petites femences faites en forme de rein , & couvertes d’une coëffe. Tournefort , If, rei herb. app. Voyez PLANTE. (1) * On en diftingue fix efpeces, felon Miller, où lon peut voir leurs defcriptions. La premiere qu’il appelle azanas aculearus , fruëlu ovato, carne albida, et, felon lui, la plus commune en Europe : maisil 406 À N A ajoûte que l'ananas aculeatus , fruëlu pyramiidato , car- ne aurea , qui eft la feconde efpece, eft préférable à la premiere , parce que fon fruit eft plus gros, & d’un meilleur goût , & que fon fuc eft moins aftrin- ent. Cette ce poufle ordinairement de deffous on fruit fix ou fept rejettons , ce qui la fait multi- plier aifément , & peut la rendre, dit Miller, com- mune en peu d’années. Les curieux cultivent la troifieme efpece, a7a- nas folio vix ferrato, pour. la variété feulement ; car le fruit n’en eft pas fi bon que celui des efpeces pré- cédentes. La cinquieme efpecé , ananas aculeatus , fructu pYramidato , virefcente, carne aure4, eft maintenant ort rare en Europe; elle paffe pour la meilleure; en Amérique les curieux la cultivent préférablement aux autres : on la peut faire venir des Barbades ou du Montferrat, aus | «La fixieme qu’on appelle en Botanique, ananas , fruëlu ovato, ex luteo virefcente, carne lute4 , eft ve- aue.de la Jamaique ; elle n’eft pas encore commune en Angleterre, dit Miller’; ceux quiont goûté de fon fruit, aflurent qu’il a beaucoup de faveur. Mais com- me elle eft tardive, elle s’accommode plus difficile- ment de notre climat. Son fruit eft un mois de plus à muürir que le fruit des autres. . Jai oi parler, continue le même Botanifte , d’une autre efpece d’ananas, dont la chair eft jaune en de- hors, & verte en dedans ; mais je ne l’ai jamais vue. L’ananas, fruit dont la faveur furpafle celle de tous les fruits qui nous font connus , eft produit par une plante, dont la feuille reffemble à celle de la- loès, pour l'ordinaire dentelée comme elle, mais moins épaifle & moins pleine de fuc. Elle a été apportée des établiffemens des Indes orientales dans ceux des Indes occidentales , où elle eft devenue très-commune & d’un excellent aca- bis. Il n°y a pas long-tems qu’on la cultive en Euro- pe, & qu’elle y donne du fuit. M. le Cour de Ley- de eft le premier qui l’ait cultivée avec fuccès ; apres plufieurs tentatives inutiles, 1l a enfin trouvé un degré de chaleur propre à lui faire porter un fruit, plus petit à la vérité qu'aux Indes occidentales , mais auf bon , au jugement de perfonnes qui ont vécu long-tems dans l’une & l’autre contrée. Le tems de la maturité des bons azanas eft depuis le commencement de Juillet jufqu’au mois de Sep- tembre. Ce fruit eft mür, lorfqu'1l répand une odeur forte , & qu'il cede fous le doigt : 1l ne conferve fon odeur fur la plante, que trois ou quatre jours ; & quand on le veut manger parfait, il ne faut pas le garder plus de vingt-quatre heures après l'avoir cueil- li. Dit, de Miller. On tire par expreflion de l’azanas un fuc dont on fait un vin excellent , qui fortifie, arrête les naufées, réveille les efprits, provoque les urines , mais dont les femmes enceintes doivent s’abftenir. On confit les araras , &t cette confiture eft bonne pour les per- fonnes d’un tempérament foible. Lémery. * ANANDAL ( Géog. mod. ) Province de lEcoffe méridionale , entre la contrée d’Eskédale au cou- chant, & celle de Nithefdale à l’orient. ANANISAPTA , serme de Magie, efpece de talif- man ou de préfervatif contre la pefte & les autres maladies contagieufes , qui confifte à porter fur foi ce mot écrit arzanifapta. Delrio le regarde comme un talifman magique, & fondé fur un paét avec le démon, &c le met au nombre de ceux qu’on portoit comme des préferva- tifs contre les fievres peftilentielles , & qui étoient conçûs en trois vers écrits d’une certaine maniere qu'il n’explique point, & dont al ne cite que celui-ci. Ananifchapta ferit , mortem que lwdere querie, A NA Il en cherche l’origine dans le Chaldéen ou l'Hé- breu 231, choneni , miferere mei, & WENŸ, fchopher , par lefquels on implore la miféricorde d’un Juge, mais non pas celle de Dieu. Ana, NN , ajoûte- t-1l, dansles myfteres de la cabale , fignifie #2 efpris -où font les notions innées, & auquel préfide l’ange que les cabaliftes appellent E3ÿ , az, qui manifefte à l’homme la vérité ; d’où vient le mot Y2N, hezag, que d’autres prononcent 474 , & qui fignifie 2do/e ; d’où vient \JiY , anazi, divination , &f/Chaphat, QE, qui fignifie que cette idole on ce mauvais ange, juge que la maladie naît de maléfice, & en indique le re- mede. I dit encore que les cabaliftes ont voulu met- tre dans le mot arzanifapta , autant de mots différens , qu'il y a de lettres, & qu'ainf ce mot fignifie A. antidotum , N. Nazareni, À. auferat , N. necem , I. 2n- toxicationis , S. fanchificet , À. alimenta, P. pocula T. Trinitas, À. alma. Qui fignifient que la mort de Jefus-chrift qui a été injufle de la part des Juifs , frappe de la part de Dieu la mort , c’eff-a dire, le démon, &c. & il traite cette explication de rêverie : la fienne eft un peu plus favante ; c’eft au leéteur à juger fi elle eft plus fenfée. Delrio, difquifit. magicar. Lib, III. part. IT. queft. 4. fe&. vi. pag. 463. & 464. (G) * ANAPAUOMÉNÉ » TION ( Hifl. nat. ) d’avareu- ousyn » qui ceffe ; nom d’une fontaine de Dodone , dans la Moloffie , Province d’Epire, en Grece. Pline dit que l’eau en eft fi froide , qu’elle éteint d’abord les lambeaux allumés , & qu’elle les allume néan- moins , fi on les en approche quand 1ls font éteints ; qu'elle tarit fur le midi ; on l’a appellée par cette rai- {on anapauoméné : qu'elle croit depuis midi jufqu'à minuit, & qu’elle recommence enfuite à diminuer, fans qu’on pue favoir quelle peut être la caufe de ce changement. Il ne faut pas mettre au même degré de probabilité les premieres & les dernieres merveil- les attribuées aux eaux de l’zrapauornené, I] y a fur la furface de la terre tant d’amas d’eaux fujets à des abaiflemens & à des élévations périodiques , que l'efprit eft difpofé à admettre tout ce qu'on luira- contera d’analogue à ce phénomene ; mais la fontai- ne d’azapauomèné eft peut-être la feule dont on ait jamais dit qu’elle éteignoit & allumoit les flambeaux qu'on en approchoit : on n’eft ici fecouru par aucun fait femblable. * ANAPE, f. m. ( Géog. & Myth. ) aujourd’hui l’Alfeo, fleuve de Sicile , près de Syracufe ; les Poë- tes l’ont fait amoureux de Cyané, & Protecteur de Proferpine , contre l’attentat de Pluton. Cyané fut changée en fontaine ; fes eaux fe mêlerent à celles de l’Alphée, & elles coulerent enfemble dans la mer de Sicile. Ovide a décrit cette avanture dans fes Mé- tamorphofes ; & il en fait aufi mention dans {es Faf- tes, à propos des jeux inftitués à Rome, & célé- brés en Avril en l’honneur de Cerès. ANAPESTE , f. m. ( Lirtéras. ) forte de pié dans la Poëfñe Greque & Latine, qui confifte en deux breves & une longue. Voyez PIE. Ce mot eft dérivé d’évarale , frapper a contre fens > parce qu’en danfant lorfqu’on chantoit des vers de cette mefure, on frappoit la terre d’une maniere toute contraire à celle dont on battoit la mefure pour des poëfes où dominoit le daétyle ; aufñ les Grecs l’appelloient-ils anti-daétyle , avrid'asruncc. Diom. III. pag. 474. Voyez DACTYLE. En effet, l’arapefle eft comme l’oppofe du daëtyle ; ces trois mots fapiens , léoërènt, mupious , font des a74- pefles. Les vers anapefles ou anapeftiques , c’eft-à-dire , compofés de ces fortes de piés, étoient fort en ufage chez les Anciens, & furtout chez les Grecs dans les poëfies légeres. Foyez ANACREONTIQUE. (6) * ANAPHE , £ f. (Géog. & Mych. ) ile de la mer Egée qu'on dit s'être formée infenfiblement comme Delos, Hiera , & Rhodes. C’eft du culte particn- lier qu'on y rendoità Apollon , qu’il fut appellé .474- 12, Lu " a. *ANAPHONESE, L £. l'exercice par le chant, An- tylle, Plutarque , Paul, Aétius, & Avicene, difent qu'une des propriètés de cet exercice, c’eft de forti- hier les organes qui fervent à la produétion dela voix, d'augmenter la chaleur, & d’atténuer les fluides ; lesmêmes Auteurs lé confeillent aux perfonnes fu- jettes à la cardialoïe , aux vomiflemens , à l’indigef- tion , au dégoût, &en-général, à toutes celles qui font furchargées d'humeurs. Hippocrate veut qu’on chante après le repas: mais cé n’eft pas l'avis d'A: retée. #9" quente de l’infpiration & de l'expiration dans le chant, peut nuire ou fervir à la fanté dans plufieurs circonftances , fur lefquelles les aéteurs de l'Opéra nous donneroient de meilleures mémoires que la Fa: culté de Medecine. ANAPHORE, f. f. (Gramim.) dyægopa , de wragipn, äterdm fero , refero. Figure d’élocution qui fe fait lorf- qu'on recommence divers membres de période pat le même mot : en voici un exemple tiré de l'Ode ’Horace à la fortune ; Liv. I. Te pauper æmbur follr- cité prece ste dorminam æquoris ; Gc. Te Dacus afper ; te profugi Scythæ ; te femper anteit [eva neceffitas ; te [pes © albo rara fides colit velata panno. Et dans Virgile, Ecl. 10. v. 42. Hic gelidi fortes, hic mollia prata , Lycort; Hic nemis , hfc 1pfo recu confumerer ævo. Cette figure eft auf appellée répétition. ( F ) * ANAPLEROSE , f £ ( Med. ) L’a&tion de remplir. On a quelquefbis donné le nom d’are- plerofe à cette partie de la Chirurgie, qui s'occupe de la réproduétion des parties qui peuvent fe repro: duire ; & c’eft de-là qu’eft venue l’épithete d'en plerotique, que l’on donne aux remedes qui font ré- naître les chairs dans les plaies , 8 dans lés ulceres, & qui les difpofent à cicatrifer. Wayez ANAPLEROTI- QUES, ANAPLEROTIQUES , adj. #erme dé Medecine ; qualification qu’on donne aux medicamens qui font revenir dans les ulceres & les plaies , des chairs nou velles quiles rempliffent & réparent la perte de là fubftance. Voyez PLAIE 6 ULCERE. Ce font des topiques qui aident à cicatrifer les plaies, tels que la Sarcocolle , certains baumes ou re: fines difloutes dans l’efprit de vin, comme le baume du Commandeur. On les appelle aufli z2carrarifs & Jarcotiques. Ces topiques agiffent par leurs parties agglutina- tives , lorfque les bords ou les ulceres d’une plaie faite dans les chairs , font rapprochées. Si l’on appli- que-deflus des comprefles trempées dans ces baumes, ils les confolident & hâtent leur réunion , parce que leurs parties réfineufes venant à s’appliquer immé- diatement fur la peau , tiennent, à l’aide de la com: prefle, les bords de la plaie én refpett , l’empêchent de fe défunir, & par ce moyen donnent la faculté aux fucs nourriciers de s’y porter & d’y faire corps. Il eft bon d’obferver ici qu’on ne doit point ufer indifféremment de ces fortes de topiques , foit natu: rels, foit faéhices ; ils ne conviennent que pout Les parties charnues : & dans ce cas même on doit avoit attention à n’employer que de l’efprit - de -vin me- diocrement rettiñé , pour diffoudre ces refines. En effet , fi l’efprit-de-vin étoit trop re@tifié , il auroit deux inconvéniens. Le premier ferôit, de ne pas tire des corps employés pour la confeétion de ce baus me, toute la fubftance qu'on defire ; il ne fuffit pas d’avoir feulement la refineufe , 1l faut qu’il agifle fur la gommeufe, pour répondre à l'intention de ceux Quoi qu'il en foit,, ileft conftant quel’adtion fré- | ANA 40% qui en font les inventeurs ; 8 le fecond inconvé: ment, c’eftqu'un efprit-de-vin trop vif crifperoit &c brûleroit les bords de la plaie ; & au lieu d’en h4- ter la guérifon, il he feroit que la retarder. : * : S1 J'ai dit que l'application de ces baumes ,, {it faétices , foit naturels ,ne convenoit que pour les plaies faites dans les parties charnues , à-plus forte ratfon feroit-elle beaucoup plus à redouter &dan- gercufe ; files bleffés avoient quelques tendons où parties nérveufes endommagées ; car ces! parties étant beaucoup plus fenfibles & plus délicatés!, on courroit rifque d’eftropier les bleflés , par la crif pation ; inflammation & la fuppuration qu’on cau- feroit à la plaie. (N d “ANAPLYSTE 04 ANAPHLYSTE. ( Geog, 6 Myth. ) ancienne ville maritime de la Grece, pro che d’Athenes, vers le cap Colias. Elle étoït céle: bre par les temples de Pan , de Cérès, dé Venus Coliade, & des Déefles Genethyllides. Il yen à qu croyent qu'Anaphlyite eft aujourd’hui Afope. __ “ANAPODARI., (Geog.) petite riviere de l’île de Candie, qui a fa fource à Caffel Bonifacio, coule proche de Caflel Belvedere | & fe jette dans la mer Meridionale, entre le cap dé Marola, & Cafñtel de Gira Petra, Mat, Di&. geog. ANAPODOPHYLLON. ( Fiff. nat, ) genre de plante à fleurs, compofée de plufieurs feuilles dif pofées en rofe ; il s'élève du milieu de la fleur un putl , qui devient dans la fuite un fruit fait ordinai- tement en forme d'œuf, & qui n’a qu'une capfule : il eft rempli de fémencés qui font pour l'ordinaire Se Tournefort, 1nff, rei herb. Voyez PLANTES “ ANAPUIA. ( Geog. mod. ) Province de la Ve- ñnezuela dans Amérique méridionale, versles monts S. Pierre & la fource du Buria. | * ANAQUITO. ( Geog. mod.) contrée de l’Amé- rique au Pérou , & dans la Province de Quito: *ANARCHIE, 1. f ( Polirig. ) C’eft un défordré dans un Etat , qui confifte en ce que perfonne n’y a aflez d'autorité pour commander & faire réfpeêter les 16is ; & que par conféquent le peuple fe conduit comme 1l veut, {ans fubordination & fans police. Ce mot eft Compolé de « privatif, & de #pxi, comman derent. On peut affürer que tout gouvernement én génés al tend au defpotifme ou à l’aarchie. | ANASARQUE, f. f. ( Medecine. ) efpece d'hydro- pifie ; où la peau eft bouffie & enflée , & céde à l’im- prefhon des doigts , comme de la pâte. Woyez Hv- DROPISIE. Cette hydropifie eft dans les cellules dé la graïffé ; qui communiquant les unes avec les autres, donnent paflagée à la férofité épanchée dans leur cavité. Cette boufhflure fe guérit, fi on détruit la caufe qui l’occafionne : les apéritifs, les fondans, lés diuré- tiques chauds » lontexcellens dans l’az/urque, Voyez ŒDEME. (N) | , ANASTASE , f. f. ( ez Medecine. ) tran{pott des humeurs qu'on a détournées d’une partie für une au tre. (N) _ *ANASTASIOPLE , ouîle de S. Joachim dans lOceanoriental, une des Mariannes ou îles dès Lar: tons. | ANASTOMOSE , f. f. terme d'Anatomie , qui fis gnifie quelquefois une fi grande ouverture dé lori: fice des vaifleaux , qu'ils ne peuvent retenir ce qu'ils contiennent. Voyez VAISSEAU , Gc, Ce mot eft formé du Grec dva, per ; à travers, & goua, os, bouche. | Ce mot eft plus en ufage pour fignifier l’ouvers ture de deux vaifleaux dont elle rend la coimunis cation réciproque. Il en eft plufieurs de cette efpece : par exemple ; 409 À N À “d’une aftere avéc-iné artere, d’uné véine avec ne veine , ou d’une-veine avec unesattere, Voyez AR- TERE @ VEINE. | La cireulation di fang -dans le foetus, fe fait par Je moyen des araflomofes ou des jonétions de la vei- né cave avec la veine pulmonaire, & de lartere pulmonaire avec l'aorte, Voyez F@Tus. La-‘mème circulation dans les adultes fe fait par des anaflomofes, ou les jonétions continuées des ar- teres. capillaires avecles veines. #7 CIRGULATION. - Après que Harvey eut démontré la circulation du fang: dans le cœur , le poumôn , & les grands vaifleaux fanguins, on n’eut encore .que des conjec- tures au fujet de la maniere dont les extrémités de Ces vaifleaux trarifmettoient le fang aux veines ; juf- qu'à ce que Leuwenhoeck eut découvert avec fés microfcopes la continuation des extrémités de ces vaifleaux dans les poiflons, les grenouilles, &c Malsté cette découverte, on m’ofoit aflüirer que ces-haifons des extrémités des artères & des vei- nes euflent lieu dans le corps humain & dans les quadrupédes ; car les animaux fur qui lon a juiqu’à préfent fait cette expérience avec fuccès , font , di- {oit-on , une efpece de poiffon ou d’ampiübies, dont le cœur n’a qu'un ventricule : outre que Le fang en eft froid , il n’a point en ces animaux une circula- tion auf rapide que le fang de ceux en qui le cœur a deux ventricules. Cette différence dans les principaux organes de la circulation , détermina Cowper à faire des. ex- périences plus approfondies fur des animaux dont les organes font pareils aux nôtres, par la ftruc- ture & la conformation intrinfeque , & n’en diffe- rent que par le volume : il en réfulta une démonf- tration complete de l’ezaffomofe, ou de la jonétion des arteres & des veines dans l’épiploon. *. En 170%, Frederic Frantzus de Frankenau ; Me- decin à Copenhague, publia un ouvrage étendu &c favant , intitulé Araflomofis retecta, (L) | ANASTROPHE , £.f, (Gramm. ) avasrpogn , de dre, qui répond à per, in, inter des Latins, & du verbe spigo, verto. Quintilien, au chap, v. du I. li. de fes Inff.or. dit que l'azafirophe et un vice de conf- truétion dans lequel. on: tombe par des, inverfions contre l’ufage , vitium inverfconis. On en donne pour exemple ces endroits de Virgile , Saxa per 6! [copu- Los. IE. Géor. v. 276. &tencore ... …. Furit vmiffis Vulcanus habenis , Tranftra per & remos. Æn. V.v. 662. & au I. I. v. 12. ltaliam contra. On voit par ces exemples que V'araftrophe n’eft pas toùjours un vice, & qu’elle peut auffi pafler pour une figure par laquelle un mot qui régulierement eft mis devant un autre, per faxa per cranfira ; contra Ttaliam , verfus Italiam | &c: eft mis après. Saxa per, &c. (F) | *ANATE ox ATTOLE ,f.f. ( Aif. nat.) forte de teinture qui fe prépare aux Indes orientales, à peu-près comme l’indigo. On la tire d’une fleur rou- e qui croit fur des arbrifleaux de fept à huit piés de Das on cueille cette fleur quand elle eft dans fa force ; on la jette dans des cuves ou des citernes ; on ly-laïfle pourrir ; quand elle eft pourrie ; on l’a- gite, ou à bras, ou avec une machine telle que celle qu'on employe dans les indigoteries ; (7. INDIGo.) on la réduit en une fubftance épaifle ; on la laifle un peu fécher au foleil;on en forme enfuite des gâ- teaux ou des rouleaux : les Teinturiers préferent l’anate à l'indigo. On la tire de la baye d’Honduras. ANATHÈME,, f. m. (Théol.) du Grec dyatmux , -chofe mife à part, féparée ; dévoiée. Ce nom eft équi- voque, & a été pris dans un fens odieux & dans un fens favorable. Dans le premier de ces deux fens, anathème fe prend principalement pour le retranche- ment & la perte entiere d’un homme féparé de la ANA coinmunion-des Fideles , où-du nômbredes viva ou des privilèges de la focrétés: où le -déyoñment d’un homme, d’un animal, d’une ville, où d’autre chofe , à être exterminé ; détruit, livré aux flam- mes , & en quelque forte anéanti. + se ,sivs Le mot Hébreu En, chere, qui répond au-Greg avabnue, fignifie proprement perdre, détruire ,.exter- miner , dévoier ;\anathémarifers Moyle veut qu'on dé voue à l’arathème les villes des Chananéens qui ne fé rendront pas aux [fraëlites, & ceux qui adoreront les faux dieux. Deuter, VII. 2.26: Exod. XXII. 29, Quelquefois on dévouoit à l’'anathème ceux qui n’a- voient pas exécuté les ordres.du Prince ou de la Ré, publique : ainfi le peuple Hébreu affemblé à Mafpha dévoua à l’asarhème. quiconque ne-marcheroiït pas contre ceux de Benjamin , pour venger l’outrage fait à la femme du jeune Lévite. Judic. xix. G xxy. Saul dévoïa à l’azathème quiconque mangeroït quel- que chofe avant le coucher du foleil dans la pour- fuite des Philiftins. 7. Reg, xiv. 24. Il paroît par l’e- xécution de tous ces dévoümens , qu’il s’agifloit de faire mourir tous ceux qui s’y trouvoient envelop- pés. Quelquefois des perfonnes fe dévouoient.elles- mêmes , fi elles n’exécutoient quelque chofe. De-là l’Eglife chrétienne , dans fes décifions, a prononcé anathème, c’eft-à-dire, qu’elle a dévoué au malheur éternel ceux qui fe révoltent contr’elle, où qui combattent fa foi. Dans plufñeurs conciles, tant généraux que particuliers , on a dit azathème aux hérétiques qui altéroient la pureté de la foi; & plufieurs autres ont concù leurs décifions en cette forme : fi quelqu'un dit ou foûtient telle ou telle er- reur ; fi quelqu'un nie tel ou tel dogme catholique; qu'il foit anafhèine : fr quis dixerit , &cc. anathema fit ; JE quis negaverit , &tc. anathema fit. — IL y a deux efpeces d’arathèmes ; les uns font ju- diciaires , & les autres abjuratoires. x Les judiciaires.ne peuvent être prononcés que parun concile, un Pape, un Evêque , ou quelqu’au- tre perfonne ayant jurifdiétion à cet égard : ils diffe- rent. de la fimple excommunication , en ce qu’elle n'interdit aux Fideles que l’entrée de l’Eglife ou la communion des Fideles, 8 que l’anathème les re- tranche du corps des Fideles , mêrne de leur com- merce, & les livre à Satan. Voyez EXCOMMUNI- CATION. | ; L’anathème abjuratoire fait pour l’ordinaire par= tié de l’abjuration d’un hérétique converti , parce qu’il eft obligé d’anathématifer l’erreur à laquelle il renonce. Voyez ABJURATION, e Les critiques & les commentateurs, font parta- gés fur la maniere d'entendre ce que dit S. Paul, qu’il defiroit être anathème pour fes freres. Rome. 2x. 3. les uns expliquent ce mot par celui de waudit ; les autres par celui de féparé. | Cependant comme le mot azathème , va dmue , fi= gnifie en général cor/facré, dévoié, on le trouve pris en bonne part dans les anciens Auteurs ecclé- faftiques ; c’eft-à-dire, pour toutesles chofes que la piété des Fideles offroit dans les temples , & confa- croit d’une maniere particuliere , foit à leur décora- tion , oit au fervice de Dieu. Quelques Grammai- riens, diftinguent fcrupuleufement entre ces deux mots Grecs dvalnuera » 8 ayabsuara , dont le pre= mier , difent-ils, fignifie les chofes dévouées à périr, en figne de malédiétion & d’exécration ; & le fecond s’applique aux chofes retirées de l’ufage profane, pour être fpécialement confacrées à Dieu: mais ils ne donnent aucune raïfon folide de cette diftinétion.. D'ailleurs, les peres Grecs employent indifférem- ment ces deux termes dans le double fens dont il s’a- git ici, fans y mettre la diftinétion qu'ont imaginé les Grammairiens. Pour nous, nous nous contente- rons de remarquer que les anciens donnoient Le nom ; "" danathème À NA d'anathème À toutes les ofrandes, mais principales ment à celles qu’on fufpendoit aux pihers ou co- lomnes , & aux voûtes des églifes, comme des mo- numens de quelque-grace ou faveur fignalée qu’on avoit reche du ciel. Bingham , Orig. ecclef. rome LIT. div. VIII, c. vi. 1. (G) ANATOCISME., f. m. (Comm. ) contrat ufuraire ù l’on ffipule un intérêt de l'intérêt même uni au principal. Ce mot eftorigimairement Grec. Cicéron l’a em- ployé en Latin , & il a pafié dans la plüpart des au- tres langues : 1l vient de la prépofition «2, qui dans les mots compofés fignifie répétition, ou duplication , & de roxoç, ufure. é L'anatocifme eft ce que nous appellons vulgaire- ment l’éncérét de l’intérér, ou l’intérét compofe. Voyez INTÉRÊT. | C’eft la plus criminelle efpece d’ufure ; elle eft fe- vérement condamnée par les lois Romaines , & par le droit commun de la plàpart des nations; elle eft contraire au droit naturel & divin; nulle autorité n’en peut accorder ni la difpenfe mPabfolution , mê- me à l’article de la mort, fans la reflitution, ou du moins la promefle de reftituer , f: on le peut , tout le bien acquis par ce crime, également oppoié à la juf- tice & à la charité. Voyez Usure. (H) * ANATOLIE. Voyez NATOLIE. *ANATOMIE, £ f. (Ordre encycl. Entend, Raifon, _Philofophie ou Science , Science de la nat. Phyfiq. géné- rale, particul. Zoologie , Anatomie fimple & comparée. ) C’eft l'Art de difléquer ou de féparer adroitement les parties folides des animaux, pour en connoître fa fituation , la figure, les connexions, 6. Le terme Anatomie vient de rereuro , Je coupe ; Je difleque. I] a différentes acceptions. S’il fe prend ; comme on vient de le dire, pour l’art de diffèquer, 1l e prend auffi pour le fujet qu'on diffeque on qu'on a difféqué ; & quelquefois même pour la repréfentation en plâtre, en cire , ou de quelque autre maniere , foit de la ftruc- ture entiere , foit de quelqu'une des parties d’un ani- mal difféqué. Exemple: 5/ y a au cabinet du Roi de bel. Les anatomies en cire. bn sncf But de l Anatomie. Le but immédiat de lAraro- mie prife dans le premier fens , ou confidérée comme l’art de difléquer, c’eft la connoïflance des parties folides qui entrent dans la compofition des corps des animaux. Le butéloignée, c’eft l'avantage de pouvoir À l’aide decette connoïflance , fe conduire fürement dans le traitement des maladies , qui font l’objet de la Medecine & de la Chirurgie. Ce feroit fans doute une contemplation très-belle par elle-même , & une recherche bien digne d’occuper feule un Phi- lofophe , que celle de la figure , de la fituation , des connexions des os , des cartilages, des membranes, des nerfs , des ligamens , des tendons, des vaiffeaux artériels , veineux , lymphatiques, &c. mais fi on ne pañloit de l'examen ftérile des parties folides du corps à leur aétion fur les parties fluides, fur le chyle, fur le fang,, le lait , la lymphe, la gfaifle, Ge. & de là à la contervation & au rétabliflement de la machine entiere ; ce travail retomberoit dans le cas de beau- coup d’autres travaux , qui font un honneur infini à la pénétration de l'efprit humain , & qui feront des monumens éternels de fa patience , quoiqu’on n’en ait retiré aucune utilité réelle. Avantages de l Anatomie. Lorfqu’on examine com- bien il eft néceffaire de connoître parfaitement le mé- chanifme de ouvrage le plus fimple, quand on eft prépole par état, {oit à l'entretien, foit au rétabliffe- ment de cet ouvrage , s'il vient à fe déranger ; onn’i- magine guere qu'il y ait eu & qu'il y ait encore deux fentimens différens fur l’importance de l’ Azatomie pour l'exercice de la Medecine. Loriqu’on s’eft dit à foi-même que, tout étant égal d’ailleurs, celui qui _ Tom À N À 409 connoîtra Le mieux une horloge {era l’ouvrier le plus capable de la raccommoder, il iemble qu'on foit forcé de conclurre que, tout étant égal d’ailleurs , celui qui entendra le mieux le corps humain ; fera le plus en état d’en écarter les maladies; 87 que le meilleur Ana: tomifte fera certainement le meilleur Medecin. C’étoit aufli l’avis de ceux d’entre les Medecins qu’on appelloit dogmatiques. I faut, difoient-ils, ow- vrir des cadavres, parcourir les vifceres , fouiller dans les entrailles , étudier l'animal jufque dans fes parties les plus: infenfibles ; & lon ne peut trop louer le courage d'He- rophile & d’Erafiftrate, quirecevoientles malfaiteurs & qui les difléquoient tout vifs ; & la fagefle des Prin- ces qui-les leur abandonnoïent, & qui facrifioientun petitnombre de méchans à la confervation d’une mul- titude d’innocens de tout état, de tout âge, & dans tous les fiecles à venir. Que répondoient à cela les Empiriques ? Que les chofes ne {ont point dans un cadavre , ni même dans un homme vivant qu'on vient d'ouvrir, ce qu’elles font dans le corps fain & entier : qu’il n’eft euere pof fible de confondre ces deux ctats fanss’expofer à des fuites fâcheufes : que files demi-notions font toû- jours nuifibles , c’eit furtout dans le cas préfent: que la recherche añnatomique , quelque exaéte & parfaite qu’on la fuppofe, ne pouvant jamais rien procurer d’évident fur le tif{u des folides, fur la nature des flui- des , fur Le jeu de la machine entiere, cette recherche ne manquera pas de devenir lefondement d’une mul: titude de fyftèmes , d'autant plus dangereux , qu'ils auront tous quelque ombre de vraiflemblance ; qu’il eft ridicule de fe livrer à une occupation defagréable & pénible, qui ne conduit qu’à des ténebres, & de chercher par la difleétion des corps , des lumieres qu’on n’en tirera jamais ; que c’eit tomber dans une lourde faute que de comparer la machine animale à une autre machine; que, quelque compolé’ que {oit un ouvrage forti de la main de l'homme, on peut s’en promettre. avec du tems & de la peine, une entiere & parfaite connoiflance ; mais qu'il n’eneft pas ainfi des ouvrages de la nature, & à plus forte raïfon du chef-d'œuvre de la Divinité; & qu'il faut pour dé- velopper la formation d’un cheveu, plus de faga- cité qu'il n’y en a dans toutes les têtes des hommes enfemble, Celui, difent-ils, quifurle battement du cœur & la pulfation des arteres, crut qu'il n’y avoit qu’à porter le fcalpel fur un defes {emblables, & pé- nétrer d’un œil curieux dans l’intérieur de la machi- ne pour en découvrir les reflorts, forma de toutes les conjedures la plus naturelle en même tems & la plus trompeufe : l’homme vü au-dedans lui devint plus incompréhenfble que quand il n’en connorffoit que la fuperficie ; & fes imitateurs dans les fiecles à venir, nueux inftruits {ur la configuration, la fituation, & la multitude des parties , n’en ont été par cette raï- fon que plus incertains fur l’œconomie générale du tout. Celfe fentit la force des rafonnemens qu’on faifoit de part & d'autre, & prit un parti moyen : il permit à l’Anatomifte d'ouvrir des cadavres, mais non d’é- gorger des hommes : il voulut qu'onattendit du tems & de la pratique les connoïffances anatomiques que l’'infpeion du cadavre ne pourroit donner ; métho- délente , maïs plus humaine , dit-on , que celle d'Hé- rophile & d’Erañitrate. Me feroit-il permis d’expofer ce que je penfe fur l’émploi qu’on fait ici du terme d’Aumaniré. Qu'eft-ce que l’humanité? finon une difpoñition habituelle de cœur à employer nos facultés à l'avantage du genre humain. Cela fuppoié , qu'a d’inhumain la difleion d’un méchant? Puifque vous donnez le nom d’irhu- main au méchant qu’on difleque, parce qu'ila tour- né contre fes femblables des facuites qu'il devoitem- ployer à leur avantage ; comment Ur ATO ANA l'Erañftrate , qui furmontant fa répugnance en faveur du gente humain , cherche dans les entrailles du cri- minel des lumieres utiles ? Quelle différence mettez- vous entre délivrer de la pierre un honnête homme, & difféquer un méchant ? l'appareil eft le même de part & d’autre. Maïs ce n’eft pas dans appareil des actions, c’eft dans leur objet, c’eft dans leurs fuites, qu’il faut prendre les notions véritables des vices & des vertus. Je ne voudrois être n1 Chirurgien ,ni Ana- tomifte , mais c’eft en moi pufllanimité ; & je fou- haiterois que ce füt l’ufage parmi nous d’abandonner à ceux de cette profeffion les criminels à difléquer , & qu'ils en euffent le courage. De quelque maniere qu'on confidere la mort d’un méchant , elle feroit bien autant utile à la fociété au milieu d’un amphi- théatre que fur un échafaud; & ce fupplice feroit tout au moins aufli redoutable qu'un autre. Mais il y auroit un moyen de ménager le fpeétateur , l’Ana- tomiite & le patient : le fpeétateur & l’Anatomifte, en n’eflayant fur le patient que des opérations uti- les, & dont les fuites ne feroient pas évidemment fu- neftes : le patient , en ne le confiant qu'aux hommes les plus éclairés , & en lui accordant la vie s’il ré- chappoit de l'opération particuliere qu’on auroit ten- tée fur lui, L’Anatomie , la Medecine & la Chirurgie ne trouveroient-elles pas aufi leur avantage dans cette condition ? & n’y auroit-1l pas des occafions où Pon auroit plus de lumieres à attendre des fuites d’une opération, que de l’opération même ? Quant aux cri- minels , il n’y en a guere qui ne préféraffent une opé- ration douloureufe à une mort certaine ; 87 qui plû- tôt que d’être exécutés ne fe foûmuiflent ; foit à l’in- ze@ion de liqueurs dans le fang , foit à la transfufon de ce flude , & ne fe laïffaflent ou amputer la cuifle dans l’articulation , ou extirper la rate , ou enlever quelque portion du cerveau, ou lier les arteres mam- maires & épigaftriques, ou {cier une portion de deux ou trois côtes, où couper un inteftin dont on infi- nueroit la partie fupérieure dans l’inférieure , ou ou- vrir Poœfophage, ou lier les vaifleaux fpermatiques fans y comprendre le nerf, où eflayer quelqu'autre opération fur quelque vifcere. Les avantages de ces eflais fufiront pour ceux qui favent fe contenter de raïfons ; nous allons rapporter un fait hiftorique pour les autres. «# Au mois de Jan- » vier quatre cens foixante & quatorzeil advint, di- # {ent les chroniques de Louis XI. pag. 240 , édit. de »# 1620, que uno franc archier de Meudon près Pa- # ris, eftoit prifonnier ès prifons de Chaftelet pour » occafon de plufeurs larrecins qu’il avoit faits en # divers lieux , 8 mefmement en l’églife dudit Meu- » don: & pour lefdits cas & comme facrilége, fut » condempné à eftre pendu & eftranglé au gibet de # Paris nommé Montfaulcon | dont il appella en la » Court de Parlement , où il fut mené pour difcuter » de fon appel ; par laquelle Court & par fon arreft # fut ledit franc archier déclaré avoir mal appellé # & bien jugé par le Prevoft de Paris, par deversle- » quel fut renvoyé pour exécuter fa fentence : & ce # même jour fut remonftré au Roy par les Medecins » ‘& Chirurgiens de ladite ville , que plufeurs & » diverles perfonnes étoient fort travaillez & mo- » leftez de la pierre, colicque pañfion, & maladie du # cofté, dont pareillement avoit efté fort molefté # ledit franc archier; & auffi des dites maladies # eftoit lors fort malade Monfieur du Boccaige, & # qu'il feroit fort requis de veoir les lieux où les # dites maladies font concrées dedens les corps # humains , laquelle chofe ne pouvoit mieulx être » fceué que incifer le corps d’ung homme vivant, # ce qui pouvoit bien eftre fait en la perfonne d’icel- »# luifranc archier , que auff bien eftoit preft de fouf- # frir mort ; laquelle ouverture & incifion fut faite »# au çorps du dit franc archier , & dedens icellui b » pris & regardé les lieux des dites maladies : & après » qu'ils eurent été vüs, fut recoufu, & fes entrail- » les remifes dedens : & fut par l’ordonnance du Roï » fait très-bien penfer, & tellement que dedens quin- » ze jours après, il fut bien gueri, & eut remiffion » de fes cas fans defpens , & fi lui fut donné avec- »# ques ce, argent », Dira-t-on qu’alors on étoit moins fuperftitieux & plus humain qu’aujourd’huti à Ce fut pour la prenuere fois depuis Celfe, qu'on tenta l’opération de la taille, qui a fauvé dans la fuite la vie 4 tant d'hommes. Mais pour en revenir aux avantages de l’Araromie pour l’exercice de la Medecine, il paroît que dans cette queftion chacuna pris le parti qui convenoit à fes lumieres anatomiques : ceux qui n’étoient ni grands Anatomifles, ni par conféquent grands Phyfiologifies , ont imaginé qu'on pouvoit très-bien fe pafler de ces deux titres, fans fe départir de celui d’habile Mede- cin, Stahl, Chimifte , paroït avoir été de ce nombre : les autres au contraire ont prétendu que ceux qui n'avoient pas fuivi l’Araromie dans fes labyrinthes , n'étoient pas dignes d’entrer dans le fan@tuaire de la Medecine; & c’étoit le fentiment d’'Hoffman, auteur dela Medecine fyftématique raifonnée; c’étoit auf, à ce qu’il femble, celui de Freind : maïs il ne vouloit ni fyftèmes ni hypothèfes , dans les autres s’entend ; car pour lui, 1l ne renonçoit point au droit d’en faire. Cet exemple prouve beaucoup en faveur des empiriques , qui prétendoient, comme nous l’avons fait voir ci-de£ fus, que les connoiffances anatomiques entraîneroïient néceffairement dans des hypothèles : mais il n'ôte rien à la certitude des propoñtions qui fuivent. . Premiere propofition. Le corps humain eft une ma- chine fujette aux lois de la Méchanique , de la Stati- que, de Hydraulique & de Optique ; donc celui qui connoîtra le mieux la machine humaine, & qui ajoûtera à cette connoïffance, celle des lois de la Mé- chanique , fera plus en état de s’affürer par la pra- tique & les expériences , de la maniere dont ces lois s’y exécutent, & des moyens de les y rétablir quand elles s’y dérangent; donc l’Araromie eft abfolument néceffaire au Medecin. Seconde propofition. Le corps htüimain eft une ma- chine fnjette à des dérangemens qu’on ne peut quel- quefois arrêter qu’en divifant le tif, & qu’en retran- chant des parties, Il n’y a prefqu'aucun endroit où cette divifion ne devienne néceflaire : on ampute les piés, les mains, les bras, les jambes, les cuifles, &c, &t dans prefque toutes les opérations, il y a des par- tiés qu'il faut ménager, & qu'on ne peut offenier, fans expofer le malade à perir. Donc l’Araromie eft indifpenfable au Chirurgien. Troifieme propofition. Le corps eft une partie de nous-mêmes très-importante ; fi cette partie languit ; Pautre s’en reflent, Le corps humain eft une des plus belles machines qui foient forties des mains du Créa- teur. La connoiflance de foi-même fuppofe la con- noiflance de {on corps ; & la connoiflance du corps fuppofe celle d’un enchainement fi prodigieux de caufes & d'effets, qu'aucun ne mene plus direéte- ment à la notion d’une intelligence toute fage & tou- te-puiflante : elle eft, pour ainfi-dire , le fondement de la Théologie naturelle, Galien , dans fon livre de la formation du fœtus, fait un crime aux Philofophes de fon tems , de s’amufer à des conjettures hafardées fur la nature & la formation du monde, tandis qu'ils ignoroient les premiers élémens de la ftruéture des corps animés. Donc la connoïflance anatomique eft requife dans un Philofophe. Quatrieme propofition. Les Magiftrats font expofés ! . . * 14 1. tous Les jours à faire ouvrir des cadavres, pour y dé- couvrir les caufes d’une mort violente ou fufpeéte ; 3 e 3 c'eft fur cette ouverture & les apparences qu’elle Di) L - - ri. offrira, qu'ils appuieront leur jugement, & qu'ils pro- nonceront que la perfonne mortea été etpoifonriée ; ou qu'elle eft morte naturellement; qu'un enfant étoit mortayant que de naître, ou qu’il a été étouffé après {a naiflance, 6c. Combien de contéftations pors tées à leurs Tribunaux, où l’impuiflance, la fterilité, le tems de l’accouchement, l’avortement, l’accou- chement fimulé ou diffimulé, Ge. {e trouvent com- pliqués ! Ils font obligés de s’en tenir aveuglément aux rapports des Medecins & des Chirurgiens. Ces rapports font motivés, à la vérité : mais, qu'importe, fi les motifs font inintelligibles pour le Magiftrat ? L’ Anatomie ne {eroit donc pas tout-à-fait inutile à un Magiftrat. Crnquieme propofition. Les Peintres, les Sculpteurs, devront à l'étude plus ou moins grande qu’ils auront faite de Anatomie, le plus ou le moins de correttion de leurs deffeins. Les Raphaels , les Michel-Anges , les Rubens , &c. avoient étudié particulierement l_4- natomie. L’étude de la partie dé lAzaromie qui eft re- lative à ces arts, eft donc néceffaire pour y exceller. Sixierne propofition. Chacun a intérêt à connoître fon corps ; il n’y a perfonne que la fruéture, la fiou- re, la connexion, la communication des parties dont il eft compolé, ne puifle confirmer dans la croyance d’un Etre tout-puiflant. À ce motif f important , il fe joint un intérêt qui n’eft pas à négliger, celui d’être éclairé fur les moyens de fe bien porter, de prolon- ger {a vie, d'expliquer plus nettement le lieu, les fymptomes de fa maladie, quand on fe porte mal ; de difcerner les charlatans ; de juger, du moins en général, des remedes ordonnés, &c, Aulu-Gelle ne peut fouffuix que des hommes libres, & dont l’édu- cation doit être conforme à leur état, ignorent rien de.ce qui a rapport à lœconomie du corps humain. La connoïflance de l’Anatomie importe donc à tout homme. | Hif'oïre abrègée des progrès de l Anatomie, Eftl éton- nant après cela qu'on faffe remonter l’origine de l’Anatomie aux premiers agés du monde ? Eufebe dit qu'on lifoit dans Manethon, qu’Athotis, dont la chro- nologie Egyptienne fixoit lé regne plufieurs fiecles avant notre ere, avoit écrit des Traités d’Anatomie. Parcourez les livres faints, arrêtez-vous à la defcrip- tion allégorique que lEccléfiafte fait de la vieilleffe : amernento creatoris (UL, dum juvenis es, Ge, & vous ap- percevrez dès ces tems des veftiges de fyftèmes phy- fiologiques. Homere dit de la bleflure qu'Enée reçut de Diomede , que les deux nerfs qui retiennent le £e- mur, S’'étantrompus, l’osfe brifa au-dedans de la cavi- té où eftrecü le condyle fupérieur ; ce Poëté eft dans d’autres occafons femblables fi exa& & fi circonf- tancié, que quelques Auteurs ont prétendu qu’on ti- reroit de fes ouvrages un corps d’Azaromie aflez cten- du. Dès les premiers ages du monde, l’infpeétion des entrailles des viétimes, la coûtume d’embaumer, les iraitemens des plaies, & les boucheries mêmes > di- . derent à connoïtre la fabrique du corps animal. On eftconvaincu par les ouvrages d'Hippocrate que l’Of zéologie lui étoit parfaitement connue ; & Paufanias nous dit qu'il fit fondre un fquelete d’airain, qu'il confacra à Apollon de Delphes. On feroit tenté de croire qu'il avoit eu des notions de la circulation du fang & de la fecrétion des humeurs. Voici là-deflus un des paflages les plus frappans. On lit dans Hippo- crate: « que les vêines font répandues par tout le + corps ; qu'elles y portent le flux, l’efprit & le mou- »# vement, & qu'elles font toutes des branches d’une » feule ». Remarquez que les Anciens donnoient à tous les vaifleaux fanguins indiftinétement le nom de veines. | | | Democrite cultiva l’ Anatomie : & lorfqu’Hippo- crate fut appellé par les Abderitains, pour le suérir de fa folie prétendue, il trouva le Philofophe occu- pé dans fes jardins à difféquer des animaux. Il avoit Tome I, ANA Ati écrit fiir là nature de l’homme & des Chairs ; mais nous n'avons pas fon ouvrage. Pythagore eut auffi des notions anatomiques ; Em- pedocle, difciple de Pythagore, avoit formé rin {y tème fur lagéñération, larelpiration, lotte, la chair, &c les femences des plantes. Il attribuoit la génération des animaux à des parties de ces amimaux mêmes ; les unes contenues dans la femence du mâle , lesau- tres dans la femence de la femelle, La réunion de ces parties formoit l’animal, & leur pente à fe réunir occafionnoit l’appetit vénérien. Il comparoit l'oreille à un corps fonore que l’air vient frapper ; la. Chair étoit, felon lui, un compofé des quatre élémens ; les ongles étoient une expanfion des nerfs racornis par l'air & par lé toucher ; lés.os étoient de la terre & de Peau condentées ; Les larmes & les fueurs, du fang attenu€ & fondu ; les graines des plantes, des œufs qui tombent quandsils font mûrs , & que la terre fait éclorre; &:il attribuoit la fufpenfion des liqueurs dans les fiphons à la pefanteur de l'air. Alcmeon autre difciple de Pythagore, paffe pour avoir anatomiié le premier des animaux, Ce qui nous refte de fon Anatomie ne väloït guere la peine d’être confervé ; il prétendoit que les chevres refpirent par les oreilles. Ce que je pourroïs ajoûter de fa Phyfo- logie, n’en donneroit pas une grande opinion. Ce qui nous refte d’Ariftote ne nous permet pas de douter de fes progrès en Azaromie. Un fait qui honore autant Alexandre qu'aucune de fes vidoires À c’eft d’avoir donné à Ariflote huit cens talens, près de onze iillions de notre monnoie, & d’avoir con- fié à fes ordres plufieurs milliers d’hommes , pour perfeétionner la {cience de la nature & des proprié- tés des animaux. Ces puiflans fecouts n’étoient pas reftés inutiles entre les mains du Philofophe , s’1l eft vrai, comme je lai entéridu dire à un habile Ana tomifte , que celui qui en dix ans détravail ; Parvien- droit à favoir ce qu'Ariftote a renférmé dans {es deux petits volumes des animaux, auroitbien employé fon terms. Pts, | | Arifote diféqua des quadrupedes, des poiflons , des oïfeaux & des infe@es. Selon ce Philofophe , le Cœur et le principe & la fource des veines & du fang. 11 fort du cœur deux veines : l’une du côté droit, qui eft la plus grofe ; l’autre du côté gauche ; ces veines portent Le fang dans toutes les parties du COrpPS. Le cœur a trois ventricules dans le fœtus ; ces ven- tricules communiquent avec le poumon, par deux grandes veines qui {e diftribuent dans toute fa fub£ tance. Le cœur eft aufi l'organe des nerfs. Ariftote confond, ainf qu'Hippoctate, les nerfs, les ligamens & les tendons. Le cerveau m’eft qu’une mafle d’eau & de terre , mais il n’en eft pas de même de la moelle épiniere ; il donne au foie, à la rate & aux reins la fonétion de foûtenir & de fufpendre les vaifleaux. Les tefticules ne font que pour le mieux. Deux ca- naux viennent s’y rendre de l’aorte , & deux au- tres des reins : les derniers contiennent du fang ; les premiers n’en contiennent point. Il fort de la tête de chaque tefticule ou de l’une de leurs extrèmités 3 un autre canal plus gros qui fe recourbe & va en diminuant vers les deux autres canaux ; ce canal re= courbé eft enveloppé d’une membrane & fé termine à l’origine de la verge : il ne contient point de fang, mais une liqueur blanche. Ily a à l’endroit de la ver- ge où il fe termine , une ouverture par laquelle. i] aboutit dans la verge. Ariftote fe {ert de cette EXpo- fition anatomique pour expliquer comment les eu- nuques ne peuvent engendrer. La conception{e fait, felon lui, du mêlange de la femence de l’homme avec le fang menftruel. Il admet de la femence dans la femme : mais il la regarde comme un excréiment. Il prend les tefticules pour des poids femblables à ceux que les Tiflérans attaçhent à leurs chaînes poux | Fffi 412 ANA les tendre ; autant en font les tefticules fur les ca- naux dont nous avons parlé. Pour la nutrition , il dit que les alimens fe prépa- tent d’abord dans la bouche; qu'ils font portés par l’æfophage dans le ventre fupérieur , & que les veï- nes du méfentere abforbent ce qu'il faut au corps, comme les fibres de la racine des plantes fucent l’hu- meur terreftre qui nourrit l'arbre. On n’a pas dit mieux depuis. Il employe l’épiploon & le foie à aï- der la coétion des viandes par leur chaleur. Voilà une efquifle de lÆzaromie & de la Phyfiolo- gie d’Ariftote, J’ajoûterai qu’il a fait mention des in- teftins jejurum , colon, cecum , 6 reülum ; qu’il con- noïfloit mieux ces parties qu'Hippocrate ne les avoit connues ; & que le refte de fa Phyfiologie prouve au moins l'attention qu’il a apportée pour parvenir à la connoïfflance de l’œconomie animale. Dioclès de Carifte , qui vécut peu après Ariftote fous le regne d’Antigonus , pafle pour avoir écrit le premier de l’art de diffléquer: mais c’eft une erreur. On avoit long-tems avant lui des planches ou repré- fentations anatomiques. Ariftote renvoye à ces plan- ches ou repréfentations , dans toutes les occafions où les defcriptions anatomiques devroient être expli- quées; & hœc anatomica deferiptio , dit-il, ex iconibus petenda fr. Cetart long-tems renfermé dans quelques familles & connue d’un petit nombre de favans, fut {oigneu- fement étudié par Hérophile & par Erafiftrate. On croit qu'Hérophile naquit à Carthage, & qu'il vé- cut fous Ptolemée Soter; Galien dit de lui, que ce fut un homme confommé dans la Medecine & dans V’ Anatomie ; qu'il avoit étudié dans Alexandrie. La Nevrologie étoit alors un pays inconnu. Hérophile y fit les premieres découvertes. Un certain Eudeme, Medecin , partage avec lui l’honneur d’avoir décou- vert & démontré les nerfs proprement dits. Héro- phile en diftinguoit de trois fortes : les uns fervoient aux fenfations , & étoient miniftres de la volonté ; ils tiroient leur origine en partie du cerveau dont ils étoient comme des germes, & en partie de la moelle allongée. Les autres venoïent des os & alloient fe terminer à des os. Les troïfiemes partoient des muf- . cles & ferendoient à des mufcles , d’où l’on voit que le terme zerf étoit encore commun aux #erfs, aux - gamens & aux tendons. Il logeoït ame dans les ven- tricules du cœur ; il difoit que les nerfs optiques avoient une cavité fenfible , ce qui leur étoit parti- culier ; & il les appelloit par cette raifon , pores op- tiques. I] avoit remarqué que certaines veines du mé- fentere étoïient deftinées à nourrir les inteftins, & n’alloient point à la veine porte , mais à de certains corps glanduleux. Il nomma le premier inteftin dode- cadaëlylon , quia onze pouces de long. Et parce que le vaifleau qui pañle du ventricule droit du cœur dans le poumon , qu’il prenoit pour une veine, avoit la tunique épaifle comme une artere, il le nomma veine artérielle; par la même raïfon , 1l donna le nom d’artere veineufe, à celui qui va du poumon dans le ventricule gauche : il appella c/oifon les {épara- tions des ventricules du cœur. Il fit les noms de rerine & d’arachnoïde que portent les tuniques de l'œil aux- quelles il les donna ; celui de preffoir qui eft refté à l'endroit du cerveau où s’uniffent les finus de la dure- mere ; celui de glandulæ paraflulæ à celles qui font fituées à la racine de la verge : 1l les diftingua par: l’épithete de g/arduleufes , de celles qu'il appella va- riqueufès & qu’il plaçoit à l’extrémité des vaiffeaux qui apportent la femence des tefticules. F1 da à Sur ce qui précede on ne peut douter qu'Hérophile n'ait été le premier Anatomifte de fon tems. Si l’on confidere de plus qu'une fcience où un art ne com- mence à être fcience ou art, que quand les connoif- fances acquifes donnent lieu de lui faire une langue ; ANA on fera tenté de croire que ce ne fut guère que fous Hérophile que l’Azartomie devint un art. Erafiftrate pañle pour comtemporain d’'Hérophile: il fe fit auf un nom célebre par fes connoïfflances anatomiques. On croit qu'Hérophile & Erafiftrate oferent les premiers ouvrir des corps humains, au- torifés par les Antiochus & Ptolémées’, Princes fa- vans , &C par conféquent profteéteurs de ceux qui létoient. La principale découverte d’Erafftrate eft celle de certains Vaïf[eaux blancs ; qu’il apperçut dans le méfentere des chevreaux qui têtent ; il reconnut dans fa vieillefle que tous les nerfs partent du cer veau. [l décrivit fort exaétement les membranes qui font aux orifices du cœur, que nous nommons 74- nules , & que fes difciples appellerent sricufpidales. Ce n’eftpasici le lieu de faire mention de fa Phyfiolo- gie ; il favoit que l’urine fe {épare dans les reins , & il redreffa Platon fur Pufage de la trachée-artere, par laquelle ce Philofôphe & d’autres eroyoient que la boiflon alloit rafraichir les poumons. Après Heérophile & Erafiftrate, ces deux fondateurs de Part Anatomique, parurent Lycus, Quintus, Ma- rinus , dont 1l ne nous eft parvenu que la réputation de grands Anatomiftes dont ils ont joui. On- voit à plufieurs traits épars dans les ouvrages de Celfe, qu'il s’étoit occupé de l’Aratomie. On en peut dire autant de Pline le naturalifte, aufñ bien que de fon neveu. Âretée fit trop de cas de cet art pour l’avoir igno- ré. Selon Aretée , le cœur eft le fiége de lame : les poumons ne peuvent jamais être par eux-mêmes fu£ ceptibles de douleur.‘La pulfation de l’artere eff la caufe du mouvement prosreffif du fang. Aretée fait partir les veines du foie : 1l y fait engendrer la bile. L’eftomac eft la fource de [a peine & du plaïfir : le colon contribue à la coëtion des-alimens. Il y a aux inteftins & à l’eftomac deux tuniques couchées obli- quement l’une fur l’autre. Les reins font des corps olanduleux : le refte de fa Phyfologie eft fondé fur les connorffances anatomiques qu’on avoit avant hu. C’étoit un fyftème compoié de ceux d'Hippocrate, d’'Hérophile & d’Erafiftrate : on a dit de lui qu'il n’a- voit embraflé aveuglément aucun parti; qu'il n’é- toit admirateur enthoufiafte de perfonne , & qu'il étoit pour La vérité contre toute autorité. Rufus l’Ephéfen qui vécut fous les Empereurs Nerva & Trajan, eft le premier anatomifte célebre qui fe préfente après Aretée; on infere de quelques endroits des livres qui nous reftent de lui, que les nerfs qu'on a depuis appellés récurrens , étoient récem- ment découverts, & qu'il avoit apperçà dans la ma- trice quelques vaifleaux, dont fes prédécefleurs n’a- voient pas fait mention. Galien fuccéda à Rufus. On ne voit pas que l’Æ»4- rormie ait fait de grands progrès depuis Hippocrate jufqu’à Herophile & Erafiftrate , ni depuis ces deux derniers jufqu'à Galien. On s’occupa dans tous les tems qui précéderent ces deux Anatonuftes, depuis Hippocrate, & dans ceux qui les fuivirent juiqu’à Galien, au défaut de cadavres qu’on püt difféquer pour augmenter le fonds des connoïffances anatomi- ques, à combiner ces connoiffances , & à former des conjeétures Phyfologiques. Plus on fuit attentive- ment l’hiftoire des Sciences & des Arts, plus on eff difpofé à croire que les hommes font très-rarement des expériences & des fyftèmes en même-tems. Lorf que les efprits font tournés vers les connoïflances expérimentales, on ceffe de raïfonner; & alternatt- vément, quand on commence à raïfonner , Les expé- riences reftent fufpendues. | Mais on apperçoit évidemment ici l’obftacle qui arrêta les difleétions anatomiques. Dans les tems qui fuivirent ceux d'Herophile & d’Erafiftrate, on brû- loit plus attentivement que jamais les cadavres chez r -les Romains ; la religion & les lois civiles faifoient [3 refpetter les corps morts fous les peines les plus fe- veres s [es Anatomiftes en furent réduits à des hafards inopinés ; il leur fallut trouver ou des tombeaux ou- Verts ou des malfaiteurs expofés. Les enfans aban- donnés ennaïffant furent leur plus grande reflource, & ce fut dans les ouvrages des Anatomuites , fur les orands chemins, fur les enfans expofés, fur les ani- maux, & fur-tout fur les finges, que Galien s'inf- truifit en Anatomie. I nous a laffé deux ouvrages qui l’ont immortalifé; l’uneftintitulé Adriniftrations ana- romiques , & l’autre de l’Ufage des parties du corps hu- nain. I dit qu’en les écrivant 1l compofe un Hymne à l’honnieur de celui qui nous a faits ; & j'eftime, ajoûte-til, que la folide piété ne confifte pas tant à facrifier à Dieu une centaine de taureaux qu'à an- noncer aux hommes fa fagefle & fa toute-puiflance. On voit, en parcourant ces ouvrages, que Galen poflédoit tontes les découvertes anatomiques des fie- cles qui l’avoient précédé , & que s’il n’y en ajoûta pas un grand nombre d’autres fur l’araromte du corps humain, ce fut manque d’occafions & non d’aétivité. Trompé par la refflemblance extérieure de Phomme avec le finge, il a fouvent attribué à celui-ci ce qui ne convenoit qu’à celui-là ; c’eft du refte le feul re- proche qu'on lui fafle. Soranus, contempotain de Galien, anatomuifa la matrice : Théophile Protofpatarius écrivit de la ftru- dure du corps humain; dans une analyfe des traités anatomiques de Galien, 1l dit que la premiere paire de nerfs qui partent des premiers ventricules du cer- veau s'étend aux narines; qu'il y a deux mufcles . émployés pour fermer les paupieres , &c un feul pour les ouvrir; que la fubftance de la langue eft mufcu- leufe ; qu'il y a un ligament fort qui embrafle les vertebres, & que cela eft commun à toutes les autres articulations. Oribafe , frge de Galien , ne nous a rien laiflé qu’on ne trouve dans les ouvrages de fon modele, fi l’on en excepte la defcription des glandes falivaires. Théophile écrivit de lAnaroimie fous Em péreur Heraclius. Nemefus, évêque d’'Emiffa en Phénicie, difoit fur la fin du quatrieme fiecle, que la bile n’exiftoit pas dans le corps pour elle-même , mais pour la digef- tion, l’éjeétion des excrémens, & d’autres ufages ; idée dont Sylvius de le Boë fe vantoit long-tems après. | Suivirent les tems d’ignorance & de barbarie, pendant lefquels l’Araromie éprouva le fort des au- tres fciences & des autres arts. Il s’écoula des fiecles fans qu'il parût aucun Anatomifte ; & l’on eft pref- qu'’obligé de fauter depuis Nemefus d’Emifla , juf- qu'à Mundinus de Milan, fans être arrêté dans cet intervalle de plus de neuf cens ans, par une feule dé- couverte de quelqu'importance, Mundinus tenta de perfeétionner l’Azatomie : il difféqua beaucoup ; il écrivit : maïs au jugement de Douglas & de Freind , il écrivit peu de chofes nouvelles ; il avança que les teflicules des femmes font pleins de cavités & de caroncules glanduleufes , &t qu'il s’y engendre une humidité aflez femblable à de la falive , d’où naît le plaifir de la femme, qui la répand dans l’aéte vénérien ; que la matrice eft dif- tribuée en fept cellules ; que fon orifice reffemble à un bec de tanche ; & qu'il y a à l’orifice du vagin une membrane qu'il appelle ve/amentum : auroit:l voulu défigner l’hymen ? Une réflexion qui nous eft fuggerée par ce mélange de chofes faufles & vraies, c’eft qu'il femble que les yeux avec lefquels les Au- teurs ont vù certaines chofes , ne font pas les mê- mes yeux que ceux avec lefquelsils en ont obfervé d’autres. Mais je n’aurois jamais fini fi j'infiftois fur tous les Anatomiites des fiecles où je vais entrer. Cet art, qu'on avoit fi long-tems négligé , fut tout-à-coup À NA 412 répris avec énthoufiafmé. Les différentes parties des cadavres humains fuffirent à peine à la multitude des obfervateurs : de-là vint que les mêmes découvertes fe firent fouvent en même tems dans des beux fort éloignés, & par plufieurs Anatomiftes à la fois ; & qu'on efttrès-incertain à qui il faut les attribuer. J’a= vértis donc ici que je ñne prétens dépouiller perfonne de ce quu lui appartient, & qu'on me trouvera tout difpofé à reftituer à un Auteur ce que je hu aurai Ôté, au premier titre de propriété qui me fera pro duit en fa faveur. Aprés cette proteftation, qui m'a pau néceflaire, je vais pourfuivre avec rapidité lhifloire de l’Aratormie, n'infiftant fur les découver- tes que lorfqu'elles le mériteront par leur impor tance , & me conformant à l’ordre chronologique de la premiere édition de leurs principaux ouvrages, Jean de Concorriggio , Milanôis , anatomifa en 1420 , & fes œuvres furent publiées à Vemife en 1515: Vefale en 1514; André Vefale, natif de Bru- xelles, dont le mérite anatomique excita la jaloufie des prenuers hommes de fon tems , & qui donna à fes ouvrages tant de folidité, qu’ils ont réfifté à tou- tes leurs attaques. On pourroit diftribuer lhiftoire générale de1”4- Anatomie en cinq parties : la premiere comprendroit depuis la création jufqu’à Hippocrate ; la feconde, depuis Hippocrate jufqu’à Hérophile & Erafiftrate ; la troïfieme , depuis Hérophile & Erafiftrate jufqu’à Galien ; la quatrième , depuis Galien jufqu’à Vefale; &r la cinqueme , depuis. Vefale jufqu à nous, Vefale découvrit le ligament {ufpenfeur du penis, &t redifia un grand nombre de notions auxquelles on étoit attaché de fon tems , & qu'il eut le courage d'attaquer, malgré l’autorité de Galien dont elles étoient appuyées. Achillinus de Bologne parut en 1521 : on li at- tribue la découvérte du marteau & de l’enclume, deux petits os de l’oreille interne. Dans la même année , Berenger de Carpi , qui guérit le premier le mal vénerien par les friétions mercunielles, & dé- couvrit l’appendice du cœcum , les caroncules des reins , ce qu'il appelloit corps glanduleux , & la l1- gne blanche , qu'il nomme lgne centrale. En 1524, Jafon Defprez : Alexander Benediëtus de Verone, en 1527 : en 1530,. Nicolas Mafla, qui nous a laïfé une defcription très-exaéte de la cloifon du ferotum; & dans li même année, Michel Servet, Efpagnol , homme d’un génie peu commun, qui entrevit la circulation du fang , ainf qu'il paroït par des pafla- ges tirés d'ouvrages qui ont été funeftes à l’Auteur , & dont les titres ne promettent rien de femblable : l’un eft de Trinitaris erroribus ; & l’autre, Chriffanif- mi refliturio. Volcher Coyter , en 1534; 1l naquit à Groningue , & fit les premieres obfervations fur lin- cubation des œufs , travail que Parifanus continua long-tems après : en 1536, Guinterus d’Andernach, qui nomma pancreas le corps olanduleux de ce nom, 8 découvrit la complication de la veine & de l’ar- tere fpermatique : en 1537, Louis Bonnaccioli , qui décrivit les nymphes & le clitoris , comme des par- ties diftinétes : Vaflée de Catalogne, en 1540 : Jean Fernel , d'Amiens , en 1542: Charles Etienne, de la Faculté de Paris, & Thomas Vicary , de Londres, en 1545 : en 1548 » Arantius, & Thomas Gemini, qui penfa voler à Vefale fes planches anatomiques , dont il n’étoit que le graveur : en 1551, Jacques Sylvius , qui apperçut le premier les valvules pla- cées à l’orifice de la veine azygos , de la jugulaire, de la brachiale , de la crurale ; & au tronc de la veine cave qui part du foie , le mufcle de la cuifle appellé le guarré, l'origine du mufcle droit , ét. en 1552, André Lacuna : en 1556, Jean Valverda, qui mérite une place parmi les Anatonuftes, moins par fes découvertes que par fon application à l'Anato- 414 ANA mie; il eut l'honneur de faire pañler cet art d'Italie €n Efpagne ; honneur ftérile, car il n’y fru@tifia pas. Réal Colomb , de Crémone, en 1559 ; en 1667, Ambroife Paré , qui n’eût pas été fi grand Chirur- gien s’il n’eût été grand Anatomifte ; & Gabriel Fal- lope , qui a donné fon nom à une des dépendances de la matrice, qu’on prétend avoir été connue d’He- rophile & de Rufus d’Ephefe. En 1563, Barthelemi Euftachi , dont les planches anatomiques {ont fi célebres, qui décrivit le premier avec exaülitude le canal thorachique,apperçut la val- vule placée à lorifice de la veine coronaire dans le cœur , & découvrit le troifieme os de l'oreille inter- ne , & les glandes appellées rezes fuccinéturiari, reins fucceintüriaux. | En 1565, Botal, dontle paflage du fang dansle fœ- tus de l’oreillette droite dans l'oreillette gauche porte le nom : en 1573, Jules Jaflolin , auteur d’une excel- lente Oftéologie , extrèmement rare. Dans la même année, Conftantius Varole , de Bologne, qui fit la découverte de la valvule du colon, divifa le cerveau en trois parties, apperçut des glandes dans le ple- xus choroide , & appella de {on nom le plexus tranf verfal du cerveau 4 pont de Varole : en 1574,Jean- Baptifte Carcanus ; Milanoïis , qui donna le nom de trou ovalau pañlage que Botal avoit découvert : en 1578 ; Jean Barfter : Felix Platerus, de Bâle, en 1583. Dans la même année , Salomon Albert , qui difputa à Varole la découverte du colon : en 1586, . Archange Piccolhomini, Ferrarois , qui divifa la fubftance du cerveau en médullaire & en cendrée, & fit d’autres découvertes : en 1588, Cafpar Bau- hin , de la même ville, qui ne fut pas moins grand Anatomifte qu'habile Botanifte : en 1593, André du Laurent, & André Cæfalpin qui preffentit la circu- lation du fang, mais d’une maniere fi obfcure qu’on ne fongea à lui faire honneur de cette découverte que quand on en connut toute la certitude & toute importance , & qu'il ne fut plus queftion que de l’Ô- ter à celui qui avoit faite : en 1597 , Jean Poftius, né à Germersheim : en 1600, Fabricius 4h Aqua- pendente , ainf appellé d’une petite ville du Milanez où 1l naquit ; il fut difciple de Fallope , à qui il fuc- céda en 1565 dans une chaire d’Araromie : il remar- qua les valvules des veines, parla le premier de l’en- veloppe charnue de la veffie , & tenta de réduire en fyftème les phénomenes de la génération. En 1603, Philippe Ingraffas, Sicilien, qui décri- vit exactement l’os ethmoiïde , & découvrit l’étrier de l'oreille ; en 1604, Horftius & Cabrole ; en 1605, Grafeccins; en 1607, Riolan, l’habile & jaloux Rio- lan , qui contefta plus de découvertes encore qu'il n’en fit : 1] remarqua les appendices oraifleufes du colon, nomma les canaux hépatiques & cyftiques du foie , & s'apperçut du pli du canal cholédoque. Parurent en 1611, Vidus Vidius, & Gafpard Bar- tholin ,. qui s’arfogea la découverte des vaïfleaux lymphatiques ; en 1615, Gafpard Hoffman & Paaw ; en 1617, Gresoire Horftius; Fabricius Bartholet , en 1619 ; dans la même année , Pierre Laurembere , Glandorp grand Chirurgien , Jean Remmelin , & Hoffman, qui a travaillé jufqu’en 1667 ; en 1622, Afellius de Crémone , qui découvrit les veines lac- tées ; Richard Banifter, dans la même année ; en 1623, Æmihus Parifanus, qui a fait le fecond des expériences fur Fincubation des œufs ; en 1624, Melchior Sebizius ; Adrien Spigelius, en 1626; Louis Septale, en 1628; dans la même année, Alexander Maflarias, qui a travaillé jufqu’en 1634; & l’immor- tel Harvey , qui fit la découverte de la circulation du fang : découverte qui bannit dela Phyfiologie la chaleur innée , Vefprit vital, V'humide radical, &c. En 1640, Befler , qui a écrit fur les parties de la génération de la femme ; en 1641, Thomas Bartho- À NA lin , Vefling ; & Wirfung, qui nous a appris que le pancréas avoit un conduit ; en 1642, Jean Bont ; Sheneïder , qui a traité de la fabrique du nez, de la membrane pituitaire , Gc. en 1643 : Rubbeck ,en 1650, qui partage avec Bartholin l’honneur de la découverte des vaifleaux lymphatiques ; en 1657, Highmore, & Antoine Deufng ; en 1652, Molinet- tus ; Dominique de Marchettis, Warthon, qui dé- couvrit les glandes falivaires inférieures ; & Pecquet, qui découvrit le canal thorachique, & annonça le ré- fervoir qui porte fon nom : réfervoir beaucoup plus remarquable dans les animaux que dans l’homme, où il n’a pas une forme & une capacité bien décidées. En 1653, Lyfer, qui a éclairci la méthode de difféquer ; en 1654 > Jean-Chriftophe Volckham- mer, Gliffon & Hemfterhuis ; Rolfenck en 1656; Henri Sigfmond Schilling, en 1658; en 1659, Vigier & Charleton; Van-Horne, en 1660; en 1667, Stenon, qui découvrit les conduits falivaires fupérieurs ; en 1664, Willis qui perfehionna l’Araromie des nerfs &c celle du cerveau; en 1665, Jean Theophile Bon- net, quirécucillit ce que la plüpart des Anatomiftes avoit compofé , & rendit un fervice aux Artiftes , en mettant à leur portée des traités qui étoient de- venus fort rares ;en 1666, Meibom; Néedham,, qui a écrit fur la formation du fœtus, en 1667 ; en 1668, Graaf, qui inventa la feringue à injeéter, & qui fut l’auteur du fyftème des œufs dans les femelles vivipares , fyftème engendré par lanalogie , & vio- lemment attaqué par l’expérience. En 1669, Jean Mayow, Hoboken, qui abien écrit des enveloppes du fœtus ; & Lower, donton aun excellent traité fur le cœur ; Kerckringius, en 1670; en 1672, Drelincourt, Diemerbroeck, & Swammer- dam qui s’eft attaché aux parties de la génération ; en 1674, Gerard Blafus, qu’on peut confulter {ur l’'Aratomie comparée ; en 1675, Briggs, qui décri- vit l’œil & apprit à le difléquer ; en 1680, Borelli, qui tenta d’aflujettir en calcul les mouvemens des animaux ; €fort qui, s'il n’a pas été fort utile au pro- grès de la Medecine & de l’ Anatomie, a du moins fait beaucoup d'honneur à fon auteur, & en général à l’efprit humain. Dans la même année, Verle, & Rivin qui a des prétentions fur la découverte de quelques conduits falivaires. En 1681, Grew & Dupré; Stockhammer , en 1682; en 1683, Bellim, & Duverney, qui expofa la ftruéture de l'oreille dans un traité dont on fait encore aujourd’hui très-grand cas ; Brown & Shel- hammer, qui a étudié l'oreille, en 16845 en 1685, Brunner, qui à examiné les glandes ; Bidloo & Wieuflens , qui a travaillé utilement {ur les nerfs = en 1686, Leal Lealis Jean Bohn, Ent , & Malpighi , non moins grand Phyficien qu’habile Anatomifte, ob- fervateur en tout genre, &le premier prefque qui eût aflez bien vù , pour compter fur fes obfervations ; Muralto, en 1688 ; Haverds, dont on a un ouvrage fur la moelle des os, en 1691 ; en 1692, Nuck, qui ayant obfervé ayec plus d'attention que fes prédé- cefleurs, la ftruture & la deftination des varfleaux lymphatiques, les compara à des fiphons, qui pom- pent d’un côté le fluide, & le dépofent de l’autre dans la mafle du fang ; en 1693 , Verheyen, qui fit dans fa jeuneffe tant d’obfervations fur la femence. En 1694, Gibbon & Cowper, qui découvrit les glandes de lurethre , qui portent fon nom; Dionis & Ridley, qui a bien connu le cerveau, en 169$ ; en 1696 , Leuwenhoeck dont on a une infinité d’ob- fervations microfcopiques ; Pofthius, en 1697; en 1701, Pafchioni , Berger & Fantonus; Valfalva, en 1704 ; Francus de Franckenau, en 170$ ; en 1706, Morgagni, dont on a des chofes nouvelles fur la lan- gue, le pharinx, l’épiglotte, les glandes febacées, l'utérus, le vagin, les mammelles , &c. en 1707, A NA Drake, Keïl & Douglas,qui a fait voir que quoique le conduit de la glande parotide fût coupé, on pou- voit, quand lextrémité coupée étoit encore aflez proche , la ramener dans la bouche & guérir la plaie. En 1709, Lifter; Hovius, qui a écrit fur les hu- meurs des yeux, en 1710; Goelicke, en 1713 ; Lan- cifi, qui s’eft particulierement illuftré par la publi- cation des tables d’'Euftachi , en 1714; en1719, Heifter, Chirurgien & Medecin fi célebre ; en 1721, Ruifch, qui poufla l’art des injeétions fi loin, art dont la perfettion a confirmé tant de découvertes ancien- nes, 8 occafionné celle de tant de vérités inconnues; en 1724, Santorin ; en 1726, Bernard Siegfried Al- binus , qui a une connoïflance fi étendue de tout le corps anatomique, 8 qui s’eft fait une fi grande té- putation par {es tables & par l'edition qu'il a don- née de celles d'Euftachi; en 1727, Haller, favant en Anatomie & en Phyfologie ; le célebre Monro, en 1730 ; Nichols, en 1733; Caffebohm, qui a bien connu l'oreille, en 1734; enfin Boerhaave, l’Efcu- lape de notre fiecle, celui de tous les Medecins qui a le mieux appliqué PAnatomie & la Phyfologie à la théorie & à la pratique ; & tant d’autres parmi les anciens & les modernes, tels que Caferius, Bourdon, Palfin, Lieutaud, Cant, Ge. à qui leurs ouvrages feront plus d'honneur que mes éloges, & qui par cette raifon ne devroient point être offenfés de mon oubli. Mais je ferois impardonnable , & l’on pourroit m'accufer de manquer à ce que je dois à nos Aca- démies , fi je ne faifois mention de notre VWinflow, qui vit encore , & dont le traité pañle pour le meil- leur qu’on ait {ur les parties {olides ; notre Morand, fi connu par fes lumieres &c {es opérations ; notre Bertin, qui a fi bien expliqué les reins ; notre Senac à qui le traité fur le cœur ; qu'il nous a donné récemment , aflürera dans les fiecles à venir la répu- tation de grand Phyficien &c de grand Anatomifte ; notre Ferrein , un des hommes qui entend le mieux l’œconomie animale , & dont les découvertes fur la formation de la voix & des fons , n’en font deve- nues que plus certaines pour avoir été conteftées ; & les Auteurs de l’Hiftoire naturelle , dont le fecond volume eft plein de vües & de découvertes fur l’A- natomie & la Phyfiolopie, Voilà les hommes utiles auxquels nous fommes re- devables des progrès étonnans de lAxaromie, Si nous n'ignorons plus quelles font les voies étroites qu'ont à fuivre les liqueurs qui fe féparent de nos alimens; fi nous fommes en état d'établir des regles furla die- te ; fi nous pouvons rendre raïfon du retour difficile de la Iymphe ; fi nous favons comment par des ob- firuétions caufées dans les vaifleaux qui les portent, ces vaifleaux font diflendus ourelâchés, & comment il s’enfuit une hydropifie plus ou moins confidérable, fuivant que ces vaifleaux font plus ou moins gros ; fi nous nous fommes affürés des propriétés de Phu- meur pancréatique, &z finous avons vù difparoître le | triumvirat & toutes les vifions de Vanhelmont, de Sylvius de le Boë fur la fermentation néceffaire À la digeffion ; fi. nous avons vû cefler les fuites f4- cheules des bleflures du conduit de la parotide ; fi nos humeurs font débarraflées de ces millions d’ani- malcules dont elles fourmilloient ; fi le réfervoir de Ta femence de la femme nous eft enfin connu ; fl’ho- mogénéite de cette femence , de celle de l’homme , & d’une infinité d'extraits de fubftances animales & vé- gétales , eit conftatée ; fitant d’imaginations bifarres fur la génération viennent enfin de difparoître, &c. c’eft aux découvertes des Anatomiftes dont nous ve- nons de parler , que nous en avons l'obligation. Ces découvertes font donc de la derniere impot- tance. La moindre en apparence peut avoir des fui- tes furprenantes, C’eft ce preflentiment qui occa- À NA 41$ fonna fans doute entre les Anatomifles des contefta: tions fi vives {ur la ramification d’une veine ou d’une artere , fur l’origine ou l'infertion d’un mufcle, & fur d'autres objets dont la recherche ne paroît pas fort eflentielle au premier coup d’œil, Une conféquence de ce qui précede, c’eft qu’il ny à rien à négliger en Anatomie, & que plus lart des dificétions s’eft perfe&tionné , plus Part de guérir eff devenu lumineux, Par quel penchant au paradoxe femble-t-on cependant mettre en queftion f les con- noïflances d’Anatomie fubtile & recherchée ne font pas fuperflues ? eft-ce fincerement qu’on ferme les yeux fur les avantages de la connoiffance de la dif tribution des plus petits canaux des arteres & des veines, & de la communication de ces vaifleaux les uns avec les autres ? n’eft-ce pas l’injeion qu'on y fait qui a completé la démonftration de la circulation du fang? Un homme fans étendue d’efprit 8 fans vües lit un recueil d’obfervations microfcopiques ; & du haut de fon tribunal, il traite l’auteur d’homme inu= tile , & Pouvrage de bagatelle, Mais que dira ce juge de nos produétions, quand il verra ces obfervations qu'il a tantméprifes, devenir le fondement d’un édi ‘ fice immente? Il changera de ton ; il fera l'éloge du fecond ouvrage , & il ne s’appercevra feulement pas qu'il eft en contradi@on, & qu'il éleve aujourd’hui ce qu'il déprimoit hier. Les palettes & la fpirale font les parties les plus déliées d’une montre, mais n’en {ont pas les moins importantes. Aflürons-nous des découvertes : mais gardons-nous de rien prononcer fur leurs fuites ,ü nous ne voulons pas nous expoler 4 faire un mauvais rôle, Sans la connoiffance de l Aratomie déliée | com- bien de cures qu’on n’eût ofé tenter ! Valfalya racon: te qu'une dame fe luxa une des cornes de l’oshyoide, êc que la fuite de cet accident fut de l'empêcher d’a- valer. Le grand Anatomifte foupçonna tout d’un coup cette luxation & la réduifit. Il y a donc des occafions où la connoïffance des parties les plus petites devient néceflaire. Mais de quelle importance ne feroit - il pas de découvrir, f l’air porté dans le poumon fuit cette voie pour fe mêler au fang ; f la fubftance cor ticale du cerveau, n’eft que la continuation des vaïf feaux qui fe diftribuent à ce vifcere ; f ces vaiffeaux portent immédiatement le fuc nerveux dansies fibres médullaires ; quelle eft la ftrudure & Pufage de la rate ; celle des reins fucceinturiaux ; celle du thy- mus ! Gc. | Conteftera-t-on à Bocrhaave que fi nôus étions mieux inftruits fur les parties folides , & fi la na: ture des humeurs nous étoit bien développée , les lois des Méchaniques nous démontreroient que ces cifets inconnus de l’œconomie animale qui attirent toute notre admiration, peuvent fe déduire des prin- cipes les plus fimples ? Quoi donc, n’eft-il pas conf tant que dans la nature où Dieu ne fait rien en vain, la moindre configuration a fa raïfon; que tout tient par des dépendances réciproques, & que nous n’a- vons rien de mieux à faire que de poufier auffi loin que nous le pourrons, l'étude de la chaîne impercep- tible qui unit les parties de la machine animale & qui en forme un tout ; en un mot, que plus nous au rons d’obfervations, plus nous ferons voifins du but que l’Anatomie, la Phyfiologie, la Medecine & la Chirurgie doivent fe propofer conjointement. Mais purfque l'étude de | Azatomie, même la plus déliée , a des ufages fi étendus; puifqu’elle offre un f. grand nombre de découvertes importantes à ten ter, comment fe fait-il qu’elle foit négligée, & qu'elle languifle, pour ainf dire? Je le demande aux maîtres dans l’art de guérir, & je ferois bien fatisfait d’en= tendre lä-deflus leurs réponfes. Nous avons défini l’Æ#zafomie ; nous en ayons dé- montré l’utilité dans toutes les conditions ; nous 410 A N A avons expolé fes progrès le plus rapidement qu'il nous a été poffible, pour ne pas tomber dans des ré- pétitions, en nous étendant ici fur ce qui doit former ailleurs des articles féparés. Nous avons indiqué des découvertes à faire, Nous allons pañler aux diftribu- tions différentes de l’Aratomie. On divife l’ Anatomie relativement au fujet dont l’Anatomifte s'occupe. en. humaine & en comparée. L’Anatomie humaine, qui eft abfolument, & propre- ment appellée Azatomie, a pour objet, ou, fi l’on aime mieux, pour fujet le corps humain. C’eft Part que plufieurs appellent Azthropologie. L’Anatomie comparée eft cette branche de l44- romie qui s'occupe de la recherche & de l'examen des différentes parties des animaux, confidérées re- lativement à leur ftruêture particuliere, &c à la forme qui convient Le mieux avec leur façon de vivre &c de fatisfaire à leurs befoins. Par exemple, dans l’ Anatomie comparée des eflomacs, on obferve que Les animaux qui ont de fréquentes occañons de fe nour- tir, ont l’eftomac très-petit, en comparaïfon de certains animaux qui évités par les autres animaux qu'ils dévorent, fe trouvent fouvent dans la nécef- fité de jeûner, &c à qui 1l femble que par cette ra1- fon la nature ait donné un effomac capable de con- tenir de la nourriture pour long-tems. Foyez EsTo- MAC @& RUMINATION. | Dans l’Anatomie comparée, on examine les brutes & même les végétaux, afin de parvenir, par la com- paraïfon de ce qui s’y pañle avec ce qui fe pañle en nous , à une plus parfaite connoïffance du, corps hu- main. C’eft la méthode qu'Ariftote a fuivie. On di- roit qu’il n’a immolé tant d’animaux que pour en rapporter la ftruéture à celle de l’homme. Mais qu'on fe propofe ce but ou non, l’examen qu’on fera des parties des brutes par la diffeétion, s’appellera tou- jours Aratomie comparée. Si l’on fait attention à la multitude infinie d’ani- maux différens qui couvrent la furface de la terre, & au petit nombre de ceux qu'on a difféqués, on trouvera l’ Anatomie comparée bien imparfaite. Le fujet de l'Azatomie, ou le corps, {e divife en parties organiques, & en parties non organiques ; en parties fimilaires, & en parties diflimilaires, fper- matiques , G'c. Voyez ORGANIQUE , SIMILAIRE , SPERMATIQUE, 6. La divifion la plus ordinaire eft celle qu’on fait en parties fo/ides, 8 en parties ffuides ; ou en parties qu contiennent, & en parties qui font contenues, Voyez SOLIDE , FLUIDE. Les parties folides font les os, les nerfs, les muf- cles , les arteres, les veines, les cartilages, les ligamens, les membranes , &c. Les parties fluides font le chyle, le fang, le luir, la graiffe, la lymphe, &c. | Voyez a leurs articles Os, NERF, MUSCLE, AR- TERE, VEINE, Gc. CHYLE, SANG, LAIT, rc. Quant à l’art d’anatomifèr, voyez ANATOMIQUE. Voyez DissECTION, DiISSÉQUER. Il ne nous refte plus pour achever cet article & offrir en même tems au leéteur un traité d’Azaromie aufh complet qu'il puifle le defirer, que d’ajoûter ici l'explication de nos planches. Cette explication for- mant proprement l’Azatomie, {eroit trop étendue pour pouvoir être placée vis-à-vis de nos figures ; & nous ne lui trouverons aucun lieu plus convenable que celui-ci. Ces Planches ont été deffinées, les unes d’après nature, les autres d’après les Anatomiftes les plus célebres, Elles font au nombre de vingt, &c con: tiennent plus de deux cens figures. PLANCHE PREMIERE. Fig. 1. de VESALE, repréfente le fquelere vi en devant. a L’os du front, ou le coronal, L la future coro- À N A nale. c le pariétal gauche. 2 la future écailleufe. e f g los temporal. f l’apophyfe maftoide. e Papophy= fe zigomatique. À les grandes aïles de los {phenoï- de, ou l’apophyfe temporale. zz les os de la pomet- te. k la face des grandes aîles qui fe voit dans les foffes orbitaires. / los planum. 7 los unguis. 2 la pophyfe montante de l’os maxillaire. o les os du nez: p la cloifon du nez. gg les os maxillaires. rr la mâ- choire inférieure. s le trou fourcilier. 4 le trou or- bitaire inférieur. w la cinquieme. x la fixieme ver tebre du cou. y le trou de leur apophyfe tranfver- fe, ? letrou mentonier., 1 2 3 le fternum. 1 la piece fupérieure qui refte toùjours féparée de celle qui fuit. 2 la partie moyenne, qui dans l’adulte n’eft compofée que d’une feule piece, & de cinq à fx dans les jeunes fujets. 3 le cartilage xiphoide. 4 les clavicules. 5, 6,7,8,9, 10, 15, les vraies côtes. 12, 13, Gc. les faufles, 15, 16, 17, 18 , les caïti- lages qui unifient les vraies côtes au flernum. 19 la dermere vertebre du dos. 20, 21, les cinq verte- bres des lombes. 8, w, leurs apophyfes tranfvertes. 2222, los facrum. +7, les trous de l’os facrum. 23 lomoplate, 24 l’os du bras ou l’humerus, 25 le rayon ou radius. 26 los du coude ou le cubitus. 27 le carpe. 28 le métacarpe. 29 les doigts qui font compofés chacun de trois os nommés phalanpes. 30,31, 32, les os innominés ou les os des hanches. 30 l’osileum. 31 los pubis. 32 l’os ifchium. 33 le trou ovalaire. 34 le femur. « fa tête. 8 {on col. A le grand trochanter. : le petit trochanter. le con- dyle interne. à ie condyle externe. 35 la rotule. 36 le tibia. > le condyle externe, # le condyle in- terne. uw l’empreinte ligamenteufe où s'attache le ligament de la rotule. $ la cheville ou la malléole interne. 37 le peroné. x la malléole externe. 38 le tarfe. + l’aftragal. = le calcaneum,. ÆE le navi- culaire, #} les trois cunéiformes. 39 le métatar fe. 40 les doigts qui font compofés chacun de 3 os nommés phalanges, Figure 2 repréfènte La tête du fquelete , v4e dans Ja partie inférieure, À B Baa 11 M L l'occipital. À le trou occipital. B, B, les condyles de cet os. 4, a, les trous condyloïdiens poftérieurs. M l'épine, x x les tubérofités qui s’obfervent à côté de cette épine. L la tubérofité occipitale. N N la future lamdoï- de. 22 lepariétal. CD'E G cdefg 33 l'os temporal. C l’apophyfe maftoide. D lapophyfe ftyloide. Æ lapophyfe zigomatique. G l’apophyfe tranfverfe. e la rainure mafloïdienne dans laquelle s’attache le digaftrique. dle conduit de la carotide, e Pextrémi- té du rocher. f la foffe articulaire. g le trou auditif externe. 33 une partie de la fofle temporale. O0 O la future zigomatique. F P 5 los de la pomette. Æ l’apophyfe zigomatique de cet os, qui avec celle de los des tempes Æ forme l’arcade zigomatique. Æ F P future formée par l'articulation de los de la po- mette avec los maxillaire. ÿ une partie de la fofle zigomatique. 4 HI KW X 4 l'os fphénoïide. #,1, K , les apophytes ptérigoides. F, À, 4, les gran- des ailes. À l’aîle externe. I l’aile interne. X le pe- tit crochet qui s’obferve à l'extrémité de Païle in- terne. # la fofle ptérigoidienne. 4 letrou oval., Xe trou épineux. Ÿ”la fente {pheno-maxillaire, Q RS 1 k l 77 le palais, ou les foffes palatines. 77 les os du palais. /, 2,les os maxillaires. R R articulation de ces os avec les os du palais. S articulation des os du palais entre eux. © articulation des os ma- xillaires entre eux. 2, 2, les trous palatins ou trous guftatifs poftérieurs. X le trou incifif, ou trou guf- tatif antérieur. 8 la partie poftérieure des cornets inférieurs du nez. 9 la partie poftérieure des cornets inférieurs de l'os ethmoïde. 10 l'os vomer. T'arti- culation éulation de cet os avec l'os fphénoïde. #? articula- tion de cet os avec les os du palais. 11, 12, 13, t4,15,16,17,18, les dents. 11,12, 13,14, ‘15, les dents molaires, 16 la canine. 17, & 18, les deux incifives. Les Figures 3, 4,3, tepréfentent dès fyüeletes de fœtus de différens âges. Pa AoN CNE 2] I. Fioure z. dé VESAZLE. Elle reprefeñte le [quelere va de côte. _ a AB le coronal. B la future coronale. 4 la tu- bérofité furciliere. 4 le trou furcilier. Cle pariétal. D l'empreinte mufculaire du temporal. Æ la future ‘écailleufe. F, la portion écailleufe de l’os des tem- pes. G l’occaipital. Æ# Le trou maftoidien poftérieur. Î l’apophyfe maftoide. X le trou auditif externe. L l’apophyfe zygomatique de los des tempes. M la- pophyfezygomatique de l’os dela pommette.Z M l’ar- cade zygomatique. N l’os de la pommette. O l’apo- phyfe orbitaire de l’os de la pommette. P la fofle zy- gomatique. Q la foffe temporale, R l'orbite. S l'a- pophyfe montante de los maxillaire. T les os du nez. 7 la fofle maxillaire. S 7 l'os maxillaire. Xle condyle dé la mächoire inférieure. Y l’apophytfe coronoiïde. Z le trou mentonier. 4 entrée des foiles nafales. c le métacarpe. d les doigts. € le fecond Tang des os du carpe. f lé troifieme rang des os du carpe. g le cubitus. 2 le radius. z la tête du radius. & l’olécrane. / Papophyfe coronoide du cubitus. -‘m le condyle externe de l’humerus. z fon condyle interne. o la marque de l'endroit où la tête de l’hu- * mérus eft féparée de cet os dans le fœtus. p la tête de l’humérus. g r s & x à y 7 l’omoplate. g la fofle {ous-épineufe. r la fofle fus-épineuté. s Pacromion. 4 l’apophyfe coracoïde. z angle poftérieur fupé- rieur. x f l’épine de l’omoplate. y l'angle poftérieur inférieur, 7 le col de lomoplate. 1 la clavicule. 2, 3: 4, S5 6, 7, les différentes pieces du fternum dans les jeunes fujets. 8, 9 , les deux pieces dont le cartilage xiphoide eft quelquefois compofé. 10, 11, 12, 13, 145 15,16, & 21, les cartilages des côtes. # endroit où ces cartilages font unis avec des côtes. 22, 23 , & 33,les côtes. 34 la premiere vertebre du cou. 35 , 36, 37, les vertebres du cou. 38 l’apophyfe épineufe. 39 les apophyfes tranfver- fes. 40 intervalle entre deux vertebres pour le paf- fage des nerfs. 41, 41, 41, 6c.les cinq vertebres lombaires. 42. les os desiles. 43 une partie de los facrum. 44 le coccyx. 45 le fémur. 46 l'os ifchion. 47 l'os pubis. 48 la tête du fémur. 49 fon cou. so de grand trochanter. ÿ1 le condyle externe du fé- mur. ÿ2 le condyle interne. + la rotule, 53 $4 5 le tibia. ÿ4 la tubérofité où s'attache le ligament de la rotule. $$ la malléole interne. $6 lé peroné. 57 la malléole externe. 38 l’äftragal. so le calca- neum. 6o le cuboide. 6rle naviculaire. 62 le moyen cunéiforme. 63 le petit cunéiforme. 64 le grand Cunéforme. 65 le métacarpe. 66 les doigts, : : Figure 2, reprèfente la bafe du crane. , a bc Le coronal, a l’épine du coronal coupéé, à les finus frontaux. c, c, les fofles antérieures de da bafe du crane. «e ff l'os ethmoïde. 4 Papophyfe crifta-galli. é,e,f,f, les trous qui percent de cha- que côté la lame. 6 fg ki k lm no l'os {phénoïde. g la fofle pituitaire. k ,k, les petites aïles de l’os {phénoïide. i les apophyfes clinoïdes antérieures. Z , l, les apophyfes clinoides poftérieures. » la fente fphénoïdale. 7 le trou oval. o ie trou épi- neux. #7, 2, 0, les grandes aïîles. p q le rocher. ple trou déchiré antérieur. 4 l'angle poftérieur fupé- rieur du rocher. »,7,0,p,g, les fofles moyen- ñes de la bafe du crane, r le trou auditifs le trou Torne À, ANA 47 déchiré pofténieur. z, #, #, les finus latéraux. z la fin du finus longitudinal. x le grand trou occipital, f,t,u, les fofles poftérieures inférieures du co: ronal. Figure 3. repréfene les dents dans leur entier. 1,2, Lesincifives. 3 les canines. 4, $, 6, 75 8 , les molaires. 9 o 9 le collet de la dent, 10 10 là couronne de la dent. . Figure 4. de CLOPTON HAvERrs, À À À A La partie antérieure du genou, féparéè des autres. 4,4, 4, les grandes glandes muqueus fes. bbb b la membrane capfulaire. c la rotule, Figure $ du même, Un petit fac de moelle qui ef compofée de petites véficules. Æigure G du méme. Glande muqueufe tirée du fnus de la partie inférieure de l’humérus. PLANCHE LIT. Æigure s de VESALE. Elle repréfénte le fuelere VI e71 ATTLETE, 1,1, Les pariètaux. 2 la future fagittale, 3 6 le temporal. 3 la foffe temporale. 6 la foffe zygomati- que. 4 4 la future lambdoïide. $ Poccipital. 7 l’ar: cade zygomatique. 8 9 10 la mâchoire inférieure, 8 fon condyle. 9 lPapophyle coronoïde. 10 le trou mentonier. #4 la tubérofité occipitale. 17,11 ,11, & 12, les 7 vertebres du cou. 13, 14, Gc. 24, les 12 vertebres du dos. 25, & 29, les $ vertebres des lombes. 30, 30, &c. les apophyfes tranfverfes. 31, 31, les apophyfes épineufes. 32 l’articulation des apophyfes tranfverfes des vertebres du dos avec les côtes. 33 34 l'angle des côtes. 353 36 & 39 l’o- moplate. 35 la fofle fous-épineufe. 36 & 37 lépr ne de l’omoplate. 36 l’apophyfe acromion. 38 la foffe fus-épineufe. 39 l’angle antérieur de l’omo- plate, qui reçoit dans la cavité glénoide la tête de lhumérus. 40 41 42 & 44 l’humérus. 40 la tête de l’humérus. 41 empreinte mufculaire, ou le deltoi: de. 42 le condyle interne. 43 la poulie de cet os qu eft rectie dans la partie fupérieure du cubitus. 44 petite foffette poftérieure qui reçoit l’extrémité de lolécrane. 48 49 & 57 l'os des îles, 52 48 ÿ1 la crête. 49 l’échancrure fciatique. $o l’épine pofté- rieure fupérieure. $r lPépine poftérieure inférieu- re. $2 l’épine antérieure fupérieure. $3 l’épine an: térieure inférieure. 54 la tubérofité de l'ifchion. 55 & G1lefémur. 55 la tête du fémur. 56 legrand trochanter. 57 le petit trochanter, 58 & 59 la ligne pre. 60 le condyle externe: 6r le condyle interne, 62 le cartilage intermédiaire dé l'articulation. 63 64 66 67 le tibia. 63 le condyle externe. 64 le con- dyle interne. 67 la malléole interne. 6% 68 le péro- né. 68 la malléole. interne. 69 l’aftragal. 70 le cal: caneum. 71. lé cuboide. 72 le moyen cunéiforme. 73 le petit cunéiforme. 74 le métatharfe. 75 les doigts. 76 le fcaphoide. 77 le grand os cunéifor- me, @c. comme dans la figure premiere de la plan- che premiere & feconde. Figures 2. 3. 4.3. 6.7.6 8. repréfèntent différens degrés d'offification de l'os pariétal , par où l’on voit com- #nénrt les intervalles entre les fibres offeufes fe font rent plis par deprés. PLANCHE IV. Figure 1.d' AL BINUS. a a Lés mufcles frontaux, # une partie de Papos nevrofe qui recouvre le mufcle temporal. 4 une par- tie du mufcle occipital gauche. «le mufcle fupérieur de l'oreille. 4 le mufcle antérieur de l’oreille. eePor- biculaire des paupieres. f le tendon de ce mufcle. # le mufcle furcihier. 44 les pyramidaux du nez. # l’oblique defcéndant du nez. k une partie du myrtie forme. 2 / le grand incifif.» le petit zygomatique, Gss . F #8 ANA n le grand zygomatique. o le camn. pp le mafrétér. g le triangulaire de la Jevre inférieure. 7 le quarré dela levre inférieure. ff l’orbiculaire des levres. u u le peauflier. x x le fterno-maftoidien. y y le cl no-maftoidien. 7 le fterno-hyoidien. 4 le fterno-thy- roidien. Z la trachce-artere. C D Îe trapeze. £ le ‘deltoide. F le grand pe@oral. G AT N le biceps. G Îa courte tête. N'la longue. Ffon 4ponevrofe cou- pée. 1 {on tendon. Æ le long extenfeur. Z le court extenfeur. M M'le brachial interne. O le coraco- brachial: P le long fupinateur. Q le rond pronateur. -R le radial interne. S le long palmaire. .T l’apone- vrofe palmaire. #F le fublime. X le fléchifleur du pouce. F les extenfeurs du pouce. r le thenar. 2 le court palmaire. 3 l’hypothenar. 4 les ligamens qui retiennent les tendons des fléchiffeurs des doigts. 5 le fublime ou le perforé. 6 le profond ou le perforant. 7 le mefo-thenar. 8 8 ie radial externe. 9 9 le long extenfeur du poute. to le court. 11 l’extenfeur des dôiots. 13 le mufcle adduéteur du pouce. 14 lin- teroffeux du doigt index. 15 le ligament annulaire externe. 4 legrand dorfal. 16, 16, 16, les digitations du grand dentelé.17 17le mufcle droit du bas-ventre -qui paroît à travers l’aponevrofe du grandoblique. 18 18 le grand oblique. 19 le ligament deFallope. + l'an- neau. 20 le tefticule danslesenveloppes fur lefquelles le mufcle cremafter s’étend. 21 l’aponevrofe du faf- -cia-lata. 22 le fafcia-lata. 23 le couturier. 24 l’ila- -que. 25 le pfoas. 26 le peétinée. 27 le triceps fupé- rieur. 28 grêle interne. 29 le droit antérieur. 4 le triceps inférieur. 30 le vafte externe. 31 le vate in- terne, 32 le tendon du couturier. 33 le tendon du grêle interne. 34 le cartilage inter-articulaire. 35 le ligament de la rotule. 36 le jambier antérieur. 57 l’extenfeur commun. 38 le fléchiffeur des doigts. 39 le fléchiffeur du pouce. 40 le jambier poftérieur. 41 ligament qui retient les fléchiffeurs du pié. 42 les jumeaux. 43 le folaire. 44 , 45, les ligamens quire- tiennent les extenfeurs du pié & des doigts. 46 le court extenfeur des doigts. 47 le thenar. Figure 2. d'ALBINUS. A le ligament tranfverfal du carpe, a partie de ce ligament attachée à los pifi-forme. & la partie atta- chée à Pos naviculaïre. B canal par lequel pañle le tendon du radial interne. c abduéteur du petit doigt. 4 fon origine de los pififorme. e fon attache au l- gament du carpe. D le court fléchifleur du petit doigt. f fon origine du ligament du carpe. g tendon _qui lui eft commun avec l’abduéteur du petit doigt. Æ E addu@teur de los du métacarpe du petit doigt -qui eff ici recouvert par le court fléchifleur £, & par l’abduéteur C. F le court abduéteur du pouce. _kfon origine du ligament du carpe. À partie de l’ex- trémité du tendon inférée au prenuer os du pouce. k portion tendineufe qui s’unit aux extenfeurs & au court fléchiffeur du. pouce. G l’oppofant du pouce, - le tendon du court extenfeur coupé. {tendon com- mun des extenfeurs du pouce , qui s'étendent juf- qu'au dernier os du pouce. X L le court fléchiffeur du pouce. À m fa premiere queue. L » fa feconde queue. / fa troïfieme queue. 1 partie qui naît du li- gament du carpe. #7 extrémité tendineufe de la pre- miere queue qui s'infere au premier os du pouce ; c’eft une partie de celui qui s’infere à l’os fefamoide, &c qui fe trouve au-deflous de cette extrémité ten- _dineufe: z.0 extrémité tendineufe de la derniere por- tion, z la partie inférée à l’os féfamoide. o la partie qui s’infere au premier os du pouce. M adduéteur du pouce couvert en partie par le court fléchiffeur Z, en partie par l’interofleux poftérieur Q du doigt du milieu. p une partie de la portion qui vient de l’os du métacarpe, qui foûtient le doigt du milieu. Q lin: terofleux poftérieur du doigt dumuilieu, couvert par ANA Piñterofleux p @ le fléchiflenr L. r fon tendon par lei - quel il s’unit au tendon de l’extenfeur commun des doigts. R l’interofieux antérieur du doigt du milieu couvert par l’adduéteur 4, S Pinterofleux poftérieur du doigt index couvert par l’adduéteur M. s fon ten- don par lequel il s’infere au troifieme os, après s’é- tre uni au tendon de l’extenfeur commun du doigt index. T linterofieux antérieur de l’index couvert par ladduéteur M & l’abduéteur N. Fabduéteur de l'index couvert par l’adduéteur M. sl’extrémité de fon tenddn , par laquelle z il s’infere au premier os du doigt index. W le tendon du premier vermicu- laire , qui s’unit avec le tendon commun des éxten- feurs de l’index, & de-là s’infere au troifieme os. X tendon du fecond vermiculaire coupé, lequel s’urit au tendon de l’interoffeux À avec lequel il forme Y le tendon commun qui fe rend au troifieme os , après Ss’êtré uni avec le tendon de l’extenfeur commun. Z tendon du troifieme vermiculaire cou- pé, lequel s’unit au tendon de l’interoffeux p , d’où r , le tendon commun, s’uniflant avec le tendon de l’extenfeur commun, va s’inférer au troifieme os. A tendon du quatrieme vermiculaire coupé, lequel s’üunit au tendon de l’interofleux N , d’où © le ten- don commun s’unifflant avec le tendon dé l’exten- feur propre du petit doigt, va s’inféret enfuite au troifieme os. A ligament par lequel le tendon des flé- chifleurs , t’eft-à-dire , le fublime & le profond, font couverts. & « « « {on attache à chaque bord du premier os. = # tendon du profond coupé au com- mencement de chaque doigt, où il eft au-deflous du tendon n du fublime. 8 8 8 certaine marque de di- vifion. » l'extrémité du tendon inférée au troifieme os. Ile tendon du fublime , coupé & couvert par le ligaiment À. x ® les deux portions dans lefquelles le fublime fe divife, couvertes par les ligamens À & +, + le ligament par lequel le tendon du profond & l'extrémité du tendon du fublime eft couverte jufqu’à la partié moyenne du fecond doigt. 9 hoa- ment attaché au bord de chaque os. | Figure 3. de DE COURCELLES. 41 a 2 la grande aponevrofe de la plante du pié. A1 fon principe. 42, 3, 4, fes limites autour de la plante du pié. 45,6,7,8,9, 10, 11, fes divi- fions en portions. B 1 2 3 petite aponevrofe de la plante du pié. Br fon commencement. 23 fon ex- trémité. Cr, 2,3, 4, les trous pour le paffage des vaifleaux. D queue de la grande aponevrofe. E f- bres tendineufes courbes. Æ le tendon d'Achille. G le commencement de l’abdu&teur du plus petit doigt du pié. Æ fibres de la petite aponevrofe qui re- couvrent le tubercule de l’os du métatharfe, ou cin- quieme doigt. J l’abduéteur du pouce couvert en grande partie par la grande aponevrofe. K1 2 3 le ligament latéral interne. X1 2 la partie ouverte de ce ligament. L les vaifleaux qui paflent par ce liga- ment. M le tendon du long fléchifieur des doigts. N le tendon du jambier poftérieur. © le tendon du jambier antérieur. P l’aftragal. Qr 2 3 lambeau de peau. À élévations graïffeufes qui recouvrent les ex- trémités de la grande aponevrofe. Si 2 3 4 5 le pou- ce & les doigts. T'une partie du court fléchiffeur du pouce, PLANCHE V. D’ALBINUS. ÉTÉDIE, LOU PES a ales mufcles occipitaux. c le releveur de l’oreil- le. d le frontal. e une partie de l’aponevrofe qui re- couvre le temporal. f l'orbiculawe des paupieres. F le mufcle antérieur de l'oreille. g le zygomatique. hk le mafleter, z le thyro-maftoidien. & le fplenius. 111 le trapeze. "le petit complexus. z z le deltoide. o le fous-épineux. p le rhomboïde. g le petit rond. _rle grand rond. f Le long extenfeur, ## le çourt exten- féur. z le brachial externe: x, le brachial interne. y le long fupinateur.) 72 le rradial extérne. ,1, l'anconée. » 3 l'exténfeur commun:des doigts. 4,4 le long ex- tenfeur duponce..5:le court extenfeur. 6 le, cubital interne. 71l'extenfeur du petit doigt. 8 Le cubital ex- terne..9; lehigament annulaire externe. 10 ligament particulier qui retient le tendon de l’extenfeur du pe- tit doigt. 11 le tendon de l’extenfeur commun. 12 les ! tendons des interoffleux, + l’union destendons des | éxtenfeurs. 13 le grand dorfal. 14 le grand oblique | du bas ventre. 13 le moyen feflier recouvert.de l'a- | ponevyrofe-du. faicia-lata. 16 le grand feflier. 17 le vafte externe recouvert.du fafcia-lata. 18, 19 le bi- ceps. r8/lalongue tête. ro la courte. 20, 22 le de- ini-membrañeux. 21 le demi-nerveux. 23,le triceps inférieur.….-24 le grêle interne. 25,le vafte interne. 26 le plantaire..27 les deux jumeaux, 28 le folaire. 29 le long fléchiffeur du pouce. 30 le court peronier. 31 le peronier-antérieur. 32 ligament qui retient les tendons. dell’extenfeur des, doigts. 33 ligamens qui tètiennent les tendons des, peromiers. 34 le grand pa: rathenar ou l’abduéteur du petit doigt. | Figufe 2. A Vinteroffeux antérieur du petit doigt. ab fon ori- gine de l'os du métacarpe du petit doigt. «l'extrémité de fon tendon. 2 l’interoffeux poftérieur du doigt an: nulaïre couvert en partie par l'interoffeux 4, de fon origine de l'os du métacarpe du doigt annulaire. ften- don par lequel, il s’unit avec le tendon de l’extenfeur commun, &.va s’'inférer au troifieme os. C D l'inter- offeux poftérieur. du doigt du milieu. € portion de ce mufcle qui vient de l’os du métacarpe du doigtan- nulaire. De autre portion qu vient de celui du doigt du milieu. g# fon origine de los mitoyen du méta- carpe. À tendonpar lequel il s’unit avec le tendon de l’extenfeur commun, & va s'inférer au. troifieme os. EF l’interofleux antérieur. du doigt du, milieu. Æ une partie qui fort de l'os du métacarpe du, doigt du milieu. X / {on origine..Æ partie qui provient de l’os du métacarpe du doigt index. z fon extrémité tendineufe. G interoffeux antérieur de l'index. z 0 fon origine de l’os du métacarpe du doigt index. p fon ex- trémité tendinete ; g inférée au premier os du méta- carpe. A. téndon du fecond vermiculaire coupé, le- quel s'unit au tendon de lintéroffleux Æ F avec le- quel il forme L le tendon commun qui S’unit au ten- don de l’exténfeur propre du petit doigt, & va s’in- férer au troifieme os. M tendon du fublime coupé. r quelque marque de divifion. N, O es deux portions dans lefquelles le tendon du fublime fe fend. p une partie qu s’en détache, & par laquelle ils font unis. Q R extrémité des queues au-de-là de cette partie, par laquelle elles font unies. SS partie par laquelle elles touchent le tendon du profond qui eft à côté. ru l'extrémité de ces queues inférées au fecond os. 1. l'os pififorme. 2 le cuboïde, 3 une partie de l’os cuboide articulée avecle radius, & recouvèrte d'un cartilage. 4 fon bord recouvert d’un cartilage. 5 los lunaire. 6 fon bord recouvert d’un cartilage. 7 fa fa- ce articulée avec le radius, & recouverte d’un carti- lage. 8 l'osnaviculaire. o fon bord récouvert d’un cartilage. 10 fon extrémité articulée avec Le radius, & recouvert d'un cartilage. 11 fon bord recouvert d’un cartilage. 12 le trapefe. 13 fon bord revêtu d’un cartilage. 14 fon finus par lequel paffe le tendon du radial externe:n5, 16 fes bords revêtus de carti- lages: r7e trapezoide. 18 &c 19 fes bords revêtus de cartilages. sole grand fatêterevêtue d’une croù- te'cartilaginente. 22 fon bord revêtu de cartilages. 23 l'os cunéiforme. 24 {on bord revêtu de:cartila- ges! 25 l’apophyfe-enfiforme: 26 26 fa facerevêtue d’uncartilage } & articulée avec le cuboide.& le lu- naire. 27: fon bord revêtu d’un cartilage.:28 los du Tome I, A N À 419 métacarpe.du petit doigt. 29, 30 fes bords revêtus de cartilages. 3.1.fa tête inférieure fevêtue de carti- lages. 32 petit:os fefamoide qui fe, trouve quelque- fois, 33, l’os du métacarpe du petit doigt. 34, 35, 36, {es bords revêtus de cartilages. 37 fa tête infé- rieure revêtue de cartilages. 38 38 l’os du metacar- pe du milieim 39, 40, 41, fes bords revêtus de car- tilages. 42 fa tête inférieure revêtue de cattilages. 43 l'os du métacarpe de l’index. 44, 45, fes bords re- vêtus de cartilages. 46 46 fon extrémité inférieuré reyêtue de cartilages. 47 los fefamoide qui s’obferve dans quelques fujets. 48 ,48, lés fecondes phalanges. 49, 49, leurs bords revêtus de cartilages. 50; 50, 6e. leurs éminences inégales, $1, Gc. leurs extrémités inférieures revêtues de cartilages & articulées avec les fecondes phalanges..52, 52, les troifiemes pha- anges. 53, Gc. leurs bords revêtus de cartilages. .545.54, G'c. leurs éminences inégales.,5 $ leurs ex- trénutés inférieures articuléés avec la troifiéme pha: lange, & reyêtue de cartilages. 56, 56, c. les troi- fiemes phalanges. 7 leurs bords revêtus de cartila- ges, 58. re, leurs éminences inégales, 59 leurs ex- trémités inférieures inégales en dedans. 60 l’os du métacarpe du pouce. 61 fon bord revêtu de cartila= ges. 62.63 une partie de fon extrémité inférieure re- vêtue de cartilages diftingués en deux faces, qui re- çoivént les os fefamoides. 64 65 les os fefamoides. 66 le premier .os du pouce. 67 fon bord revêtu de cartilages. 68 une partie de l’extrémité inférieure de ce même os revêtue de cartilages, & articulée avec le dernier os. 69 le dernier os du pouce. 70 fon bord revêtu de cartilages. 71 fon extrémité inégale, 72 l'os fefamoide qui s’obferve rarément. PLANCHE: VE Figure 1, d'A LBINU S: F l’abduéteur de l'index. # {on originé de l’os du métacarpe du pouce. A l’intérofleux antérieur, cou- vert en partie par l’abduéteur #, 8 > fon origine de los du métacarpe du doigt index. @ A lintéroffeux antérieur du doigt du milieu. @ fa tête qui vient de Pos du métacarpe di doigt index. d+ fon origine de l'os dusmétacarpe du doigt index. A portion inférée à l’os du métacarpe du doigt du milieu, {4 fon ori- gine,.de l’os du métacarpe du doigt du milieu. 8 8 Pu- mon des têtes de ce mufcle. sextrémité commune charnue. «le tendon dans lequel 1l fe termine. #71 l’intérofleux poftérieur du doigt du milieu. & fa tête qui vient de l’os du métacarpe du doigt du milieu. à » fon origine de l’os du métacarpe du doigt du mi- lieu. 11 fa tête qui vient de l’os du métacarpe du doigt annulaire. » £ fon origine de cet os du métacarpe. ° union des têtes. 7 extrémité communé charnue. $ tendon qui s’unit au tendon de l’extenfeur com- mun, & s’infére au trofieme os. > o l’intérofleux pof- térieur au doigt annulaire. > fa tête qui vient de l’os du métacarpé du doigt annulaire, 6+ fon origine de los du métacarpe du doigt annulaire. ç tête qui vient de l'os du métacarpe du doigt annulaire. + v fon ori- gine de cet os du métacarpe, g union des têtes. 7 ex= trémité commune charnue. +! le dernier tendon. # ab- duéteut de l'os du métacarpe du quatrieme doigt, le- quel s’infete à cet os, & eft recouvert par l’abduc- teur du petit doist ©. © abduéteur du petit doigt de la main. » extrémité tendineufe qui s’unit au tendon de l’extenfeur propre du petit doigt. + l’intéroffeux antérieur du petit doigt couvert par l’intérofleux = &, b fon tendon qui s’unit au tendon du quatrième ver- miculaire, c« l’intérofleux antérieur du doigt annulaire couvert par l’intéroffeux #11. d fon tendon qui s’unit au tendon du troifieme vermiculaire. e l’intérofleux poftérieur de l'index couvert par l'intéroffeux © à. ffontendon qui s’unit au tendon commun de lex- tenfeur de l’index, & s’infere au troifieme os, g l’a Gssi 420 A NA ponevrofe de l’abduéteur de l'index qui s’unit au ten- don commun de l’extenfeur de l’index. 4 le tendonde l’extenfeur commun des doigts qui fe rend au doigt index. : le tendon coupé de l'indicateur. k le tendon commun de l'indicateur & de l’extenfeur commun. Z/ le tendon de l’extenfeur commun qui fe rend au doigt du milieu. #70 le tendon de l’extenfeur commun qui fe rend au troïifieme doigt,& quiavant que d’arri- ver à ce doigt eft compofé des deux 7 7. pp le tendon de l’extenfeur propre du petit doigt. 9,9 ,9q,gq,les aponevrofes produites par les tendons des extenfeurs des doigts qui environnent leur articulation avec les os du métacarpe auxquels ils s’attachent. r lapone- vrofe que fournit le premier vermiculaire au ten- don commun des extenfeurs de lindex. f’, J', J', les aponevrofes que fourniflent les tendons des intérof- feuxe = 11. z0, celles qui s’uniflent aux tendons des extenfeurs , & fe terminent fur leur dos, & font con- tinues par la partie fupérieure aux aponevrofes 4, 4,44 £, t, les aponevyrofes femblables , produites par les tendons des intéroffleuxe, À, c, a, & des vermiculai- res. 4 tendon du premier vermiculaire , lequel s’unit avec le tendon commun de l’extenfeur de l’index. v,v,v,lestendons desintéroffleuxe,x,1l1,*,®, unis avec les tendons des extenfeurs 4, /, o. w,w,#, les tendons communs des intéroffeux & des vermiculai- res unis avec les tendons des extenfeurs, x le tendon commun de l’abduéteur du petit doigt , & de {on pe- tit fléchifleur unis avec le tendon p. y, 7,77, extré- mités des tendons des extenfeurs 7,7, 7,7, qui fe ren- dent aux fecondes phalanges. 4 le tendon du pre- mier vermiculaire, fortiñié par une portion k qu'il recoit du tendon commun des extenfeurs de l'index, & qui fe porte autroïfieme os. B, B, B, les tendons des intéroffeux e, &, 1, >, ®, fortifiés par une portion des tendons des extenfeurs k, /,0 , qui fe portent au troïfieme doigt. €, €, les tendons des intérofieux 6 A, c,a, communs avec les vermiculaires, fortiñiés par une pôrtion-.des tendons des extenfeurs , /,0,p,. & qui {e portent à la troifieme!phalange. D le tendon commun de labduéteur du petit doigt & de fon pe- tit fléchifleur, qui reçoit une portion de l’extenfeur P, & fe porte à la troifieme phalange. Æ, Æ,E ,E, les extrémités communesformées de ’umion desten- dons, 4 B de l'index, CB du.doigt du milieu, CB du troifieme-doigt, € D du quatrieme ; & FFF inféré aux troifiemes phalanges. G le tendon.coupé du petit extenfeur du pouce. Ale tendon.coupé,du grand extenfeur du pouce. J le tendon commun du grand & du petit extenfeur du pouce , À qui fe rend à la derniere phalange du pouce. L l’aponeyrofequi environne la capfule de l'articulation du pouce avec le métacarpe. M l’aponevrofe que le tendon com- mun des extenfeurs de l’index reçoit de la queue pof- térieure du fléchifleur court du pouce, laquelle eft continue à l’aponevrofe L. N la queue poftérieure du fléchifleur court du pouce, couverte par l’abduc- teur T, & par-l’abduéteur ©. O P l’extrémite de l’ab- duéteur du pouce, couvett par l’abduéteur r..P fon extrémité tendineufe inférée au premier os du pouce. 1 l'os naviculaire, 2 fon éminence unie-avec le cu- bitus, & revêtue d’un cartilage mince. 3 l’éminence par laquelle il eft articulé avec le trapeze & le tra- pezoïde, couvert d’une croute cartilagineufe mince. 4, 5 , fes bords revêtus d’une croûte cartilagineufe mince. 6 le lunaire. 7 fon éminence reçûe dans l’ex- trémité du radius, & recouverte d’un cartilage min- ce. 8, 9, 10, fes bords enduits d’un cartilage..x x le cuboiïde. 12 fa furfacearticulée avec leradius, &re- vêtue d’un cartilage poli: 53: 14, fes bords revêtns d’un cartilage poli. 15 fa facepar laquelle:l eft arti- culé avec le cunéiforme , & laquelle eff recouverte d’un cartilage mince. 16 le pififorme. 17 l'os cunei- forme. 18 {a partie articulée avec le cuboide &c le lunaire ; & revêtue d’un cartilage poli. 19; 20 fes bords revêtus d’un cartilage pol. 21 le grand, 22 fa tête recouverte d’un cartilage, & articulée avec le lunaire & le naviculaire. 23, 24, 25, fes bords revê- tus de cartilages. 26 le trapezoide. 27, 28, 20 fes bords revêtus de cartilages, 30 le trapeze. 31, 32, fes bords revêtus de cartilages, 33 l’os du métacarpe du pouce. 34 fon bord revêtu de cartilages, 3; le pre- mier os du pouce. 36 la face de fa tête inférieure re- vêtue de cartilages. 37 le dernier os du pouce. 38 {on bord revêtu de cartilages. 39 fon extrémité éminente & inégale, 40, 40, 40, les os du métacarpe de la main. 41, 42, Gc. 49, leurs bords révêtus de cartila- ges. 50,50, &c. les premieres phalanges des doigts, S1, 51: Gc. Leurs parties articulées avec la feconde phalange , & revêtues d’un cartilage. $2, 52, Gc. les econdes phalanges. 53, 53 , leurs bords revêtus de cartilages, 54 54, leur partie articulée avec la troi- fieme phalange , & revêtue d’un cartilage. 55 , &c. les troifiemes phalanges. 56, Ge, leurs bords revé- tus d’un cartilage, 57 , &c. leurs extrémités inégales, Figure 2. dé DE COURCELLES, 4 une portion de la petite aponevrofe de la plan: te du pié , qui marque le lieu de fon infertion. B lPadduéteur du petit doigt en fon infertion. C Pab- duéteur du pouce avec {on double tendon. Dr, 2, le fléchifleur court du petit doigt divifé en deux ven- tres, £ 1, 2, l’origine de l’abduéteur du petit doigt attaché à l’une &c l’autre tubérofité du calcaneum; on voit le mufcle même féparé en B. F l’origine de labduéteur du pouce. G 1, 2, le tendon du long péronier. Æ 1, 2, 3, les extrèmités des tendons du fléchiffeur court des doigts coupé. J le premier tendon coupé. À 1, 2, 3, le refte des autres ten- dons. L l’extremité du tendon tibial poftérieur at- taché au premier os cunéiforme, M 1, 2, 3,4,5, les quatre queues du tendon du long fléchifleur des doigts, dont la premiere, 4, 5, eft coupée tranf- verfalement. M 6 le tendon du fléchifleur long des doigts plus large dans lendroit, où 1l fe fépare en A parties. M 7 le tendon du long fléchifleur des doigts. N une autre tête qui fe joint au tendon dx perforant. © portion tendineufe remarquable qui vient du tendon du fléchifleur long du pouce , & qui s'étend fur celui du petforant. P portion ten- dinéufe beaucoup plus petite, & qui provient des mêmes tendons. Q portion tendineufe qui vient du tendon du -perforant , & qui s’infere dans celui du fléchifeur long du pouce. À petit mufcle qui fe termine en O. S une partie du tranfverfal du pié, qui paroït entre les queues du perforant. T l’inter- offeux interne ou inférieur du petit doigt. F linter- offeux externe du troifieme doigt après le pouce. U W les deux ventres extérieurs du fléchifleur court du pouce. X 12, le ventre interne du même mufcle. Ÿ'une partie de l’adduéteur du pouce. Z 1,2,3, 4, les quatre mufcles lombricaux. 4 r 2 la gaine ouverte pour le tendon du fléchiffeur long du pouce, 8 x 2 la gaine que forme le ligament latéralinterne , ouverte pour le paffage du tendon du fléchiffeur long des doigts. c apophyfe dans la bafe du cinquieme os du metatharfe. 4 tendon du long fléchiffeur du pouce. : Figure 3 du même. Ale fléchifleur court du petit doïgt féparé de fon origine. B l'extrémité du tendon de l’abduéteur du pouce. € le tendon du court péronier. D le ten- don du long péronier. Æ l'origine d’un petit muf- cle. F l'extrémité du tendon du jambier poftérieut. G le fléchiffeur long du pouce. # rameau confidé- rable qui vient du tendon du fléchifleur long du pouce , & s’unit à celui du perforant. J le pe- it rameau qui s’unit au tendon, dont nous avons déjà fait mention, Æ portion du: tendon du fléchif- feur long dés doigts, qui s'unit à cehui du pouce. Z petit mufcle coupé tranfverfalement dans fon prin- cipe Æ. M l’autre tête qui s’unit au tendon du flé- chiffeur long des doigts. MN fon principe qui s'atta- che au petit tubercule du calcaneum. © tendon commun du perforant coupé. O 2, 3,4, 5 6, les quatre queues dans letquelles ils fe divifent , dont la premiere 2 3 eft coupée en travers. P1, 2,3, 4, les quatre mufcles lombricaux. Q x, 2, les dernieres queues du tendon du fléchiffeur court des doigts. R le mufcle tranfverfe du pie. S x, juf qu'à 6, le court fléchiffeur du pouce. $ 1, 2, 3, es trois ventres. $ 4 6 fa double origine. S 5 continuation de la membrane qui forme les gai- nes des fléchiffleurs longs. T 1 jufqu’à 4, l’adduc- teur du pouce. T 1, 2, 3, les trois ventres de l'adduéteur du pouce. T 4 fon origine du calca- neum , & le grand lisgament même du calcaneum. F linteroffeux interne on inférieur du petit doigt. U l’interoffeux externe ou fupérieur du troifieme doigt après le pouce. #7 l’interoffeux interne ou inferieur du troifieme doigt. X l’interoffeux ex- terne ou fupérieur du fecond doigt. F linterofleux interne ou inférieur du fecond doigt. Z l’inter- offeux externe ou fupérieur du premuer doigt. a la gaine ouverte & produite par le ligament latéral in- terne du fléchiffeur long des doigts. à la gaine qui vient du même ligament, par laquelle pafle le tendon du flechiffeur long du pouce, & qui eft aufli ouverte. Figure 4 du même. A la grande aponevrofe renverfée. B 1,2, 3, les trois portions charnues de la même aponevro- fe. C'la petite aponevrofe renverfée, D 1 portion charnue antérieure de la petite aponevrofe en fi- tuation, & recouverte par une aponevrofe mince, & tranfparente dans cet endroit. Æ 1, 2,3, le fléchiffeur court des doigts du pié, qui a trois ven- tres prefque féparés jufqu’à fon origine. Æ' 1, 2, 3, les trois tendons du même mufcle qui appartiennent aux trois premiers doigts. G une partie de Pabduc- teur du pouce. Æ le tendon de l’abduéteur du pe- tit doigt. Æ 1, 2, fes deux ventres divilés jufqu’à leur origine. J 1 2 le fléchifleur court du petit doigt, avec les deux portions dans lefquelles il fe di- vie. À une partie du fléchiffeur court du pouce. Æ£ extrémité de la grande aponevrofe, ou quatrie- me portion en corps entier. N l’autre tête qui s’u- ! nit au tendon du long fléchifleur des doigts, ou la mañle charnue de la plante du pié. O 1,2, 3,4, 5:06,7,les quatre tendons du long fléchifeur des doigts du pie. P 1, 2, 3, les gaines ou les liga- -mens qui couvrent les tendons du long & court flé- chufleur des doigts. Q la gaine qui recouvre le tendon du perforant & l'extrémité du perforé. R. la gaine qui recouvre le tendon du perforé. S i 2 Ta même gaine que P 1 2 3 ouverte. T 1 2 la mé- me gaine que Q coupée. 771 2 la même gaine que À ouverte. 0 1 2 3 la gaine du pouce divi- fée en trois parties, pour recouvrir le tendon du long fléchifleur du pouce. #° 1, 2,3, 4, les qua- -tre mufcles lombricaux. X 1: tendon du fléchifieur long du ponce. Y l’interoffeux interne ou inférieur du petit doigt. Z 1 2 l’interofleux externe ou fu- pénieur du troifieme doigt après le pouce. 4 mon- tre l'endroit du gros tubercule du calcaneum , d’où naït la grande aponevrofe plantaire ; & 2, celui d’où naît la petite aponevrofe. PE AA Nr CASE MEN IET: Figure premiere D'H ALLER. Elle repréfente le diaphragme. A le cartilagexiphoide. B,1,2,3,4,5$,6,7, Jes cartilages des 7 côtes inférieures, C, 1, 2,3, A NA 421 les trois vertebres fupérieurés des lombes. D lé tronc de laorte coupé. Æ l’orifice de Partere celia- que. F la méfentérique fupérieure. G G les arte- res rénales, Æ la veine-cave coupée dans fon ori- ficé. Î l’œfophage. Æ le mufcle pfoas. L le quarré des lombes. N N le nerf intercoftal. O © le nerf Jplanchnique , ou le rameau principal du nerfinter- coftal, lequel forme les ganglions femi-lumaires. P la derniere paire dorfale qui fort au-deflus de la dou: zieme vertebre du dos. Q@ Q@ une partie des veines phréniques. À larc intérieur ou la limite dela chair 6 à laquelle le péritoine eft adherent ; il fe ter- mine par des fibres ligamenteufes ou tendineufes , qui viennent de Papophyfe tranfverfe de la premiere vertebre des lombes ; elle donne paflage au pfoas. S ligament fort continu aux fibres tendineufes du mufcle tranfverfe de l'abdomen : il vient en s’unif- fant avec Parc À de l’apophyfe tranfverfe de la pres nuere vertebre des lombes , fe termine à la pointe de ladouzieme côte, & il eft conftant que la partie interne de ce ligament donne paffage au quarré, TV X FZT AO A#O tendon du diaphragme. TTT le principal tflu des fibres tendineufes, qui, unit les chaires oppofées , les appendices avec les fibres qui viennent du ffernum , & ces mêmes ap- pendices avec les fibres qui viennent des côtes. 7. le péritoine eft fortifié dans cet endroit par des fibres tendineufes éclatantes, en commençant au ligament S, & on les fepare fouvent difficilement des chaires qui viennent du ligament. X, fibres tendineufes qui côtoyent les bords de l’aïle gauche : elles viennent du troufleau que le ligament À envoye, & elles fe terminent à la partie fupérieure de l’œfophage dans la principale couche. T F7, gros troufleau de fibres creufes en général en forme de lune , dont les cor- nes fe terminent dans les mufcles intercoftaux:; la partie courbe eft couverte par l’œfophage 6 par la veine-cave ; les fibres des chaires moyennes s’éle- vent {ur ce troufleau, Z Z', différens entrelacemens de fibres. Q fibres trafverfes, r le faifceau anté+ . rieur de la veine-cave, tendineux, fort, placé devant l’orifice de cette veine prefque tranfverfe :, il fort en partie du grand paquet A, &cen partie des fibres du paquet gauche À. À faifceau gauche de la yeine- cave quifort.en partie des chaires moyennes , & en partie des fibres recourbées du faifceau poftérieur, © fafceau poftérieur de la veine-caye, qui s’ob- ferve conftamment large continue au tiflu principal de laile droite, & qui dégenére en partie dans le faifceau A ; en partie au-deflus de ce faifceau , en fe prolongeant dans les fibres charnues moyennes. A faïlceau droit de la veine-cave. # ce trou s’ob- ferve fouvent pour l’artere phrénique , quand elle perce la couche inferieure du ‘tendon, & fe porte en cette couche, & la couche fupérieure, 4 aa, les chairs qui viennent des côtes. 22, les chairs qui viennent du ligament S , qui montent prefque droi- tes , & foûütiennent le rein & la capfule rénale. cc les chaits qui proviennent de l'arc intérieur R. defghmit le pilier droit du diaphragme. 4 l’ap- pendice latéral externe, e le fecond appendice. f une autre portion du fecond appendice. g le tendon commun des deux portions e & f. k l’'appendice in« térieure , dont une païtie s’unit avec la portion g , & forme le tendon 7, & en partie forme la co- À Tonne tendineufe & ,-qui en s’uniffant à celle du côté gauche / s’unit au tendon : & s’infere dans la . p « . J troifieme vertebre vers I. o appendice intérieur. p -appendice moyen. 4 appendice extérieur. r chair qui provient du ligament À, & répond à 4. f' chair du ligament $, qui répond à ?. : uw x croix ou décuffa- tion des appendices intérieurs au-deflous de l’œfo- phage. la cuiffe droite & fupérieure qui defcend à droite. #la feconde cuiffe droite qui s’en va à droite h 422 À N A &-eh bas. #la troïfieme cuifle plus grande. qui vâ de gaucheà droite, xx la quatrieme cuuffe plus gran; de, qui va de droite à gauche. y,la. colonne droite de lœfophage. zla gauche. «8 l'accroïffement des co- Îonnes-au-deflous de l’æfophage. + la colonne droite antérieure. 8 la gauche poftérieure. Figure2. de M. DUVERNEY, repréfente le pharynx vi poftérienrement. ' A emufcle œfophagien. 8 le crico-pharyngien. € le thyro-pharyngien.D le cephalo-pharyngien.£ por- tion des condyles de l’occipital. Fcommencement de la moelle épiniere. G G une partie de la dure-mere, qui recouvre le cervelet. À la trompe d’Euftachi. I le périftaphylin interne, X le pterigo-pharyngien. L le mylo-pharyngien. M le ploflo-pharimgien. Ne ftylo-pharyngien. © le ftylo-hyoidien. PPapophyfe fyloïde. © le digaftrique. À le pterigoidien mterne. $ l'oreille. T les os du crane. 7 la trachée artere, Figure 3. de M, DUrERNEY ;, elle repréjente le larynx VÉ arférieurernent, t 1 2 2 los hyoïide. 11 la bafe. 2 2 l’extrémité des grandes cornes. 3 3 ligament qui unit les grandes cornes de l’os hyoiïde avec les grandes cornes 4 4 du cartilage thyroïde, 445 5 lé cartilage thÿroide. 4 4 fes-grandes cornes. 6 6 ligament qui unit lé cartilage thyroïde avec los hyoïde: 7 7 7 7 la glande thyroi- de. 88 le:cartilage cricoïde. 9, 9, 9,9, les cartilages dela trachée artere. 10 lefterno-thyroidien. 1 1 l’ade- nothyroïdien. 12 12 le crico-thyroidien., 13 15 Phyo- thyroidien, Figure 4. D'EUSTACAT , elle repréfente le larynx A pofiérienremert. & la partie concave de l’épiglotte. #8 la face inter- ne du cartilage thyroïde. //les grandes cornes, 2: les petites cornes. ce le fommet des, cartilages aryté- noïdes, dde le cartilage cricoide. dd fes deux petites éminences. #ff f l’'aryténoïdien tranfverfe. gg Pary- ténoïdien oblique gauche. # 4 l’aryténoidien oblique droit. | Figure 5. D'EUSTACHI ; repréfente le larynx ouvert, G yvé fur Le côte. "A B BB lafacé interne du cartilage thyroïde. 4 la partie gauche, B BB la droite. C D lépiglotté, C la face convexe, D la face concave. Æ portion membraneufe de la. partie latérale du larynx. FF le fommet des cartilages aryténoides. G G arÿyténoi- dien tranfverfe. A l’aryténoidien oblique droit zun- féré au cartilage aryténoïde gauche. 7 Æ l’atyténoi- dien oblique sauche 4 qui vient de laryténoïide gau- che..Æ le thyro-aryténoidien gauche a a qui vient du cartilage thyroïde &, & s’infere à l’aryténoide gau- che. L le crico-aryténoidien latéral gauche ae qui, vient du cartilage cricoide, & b s’infere à la bafe de Paryténoïde gauche. M partie de la bafe du cartilage aryténoide gauche. N le: crico-aryténoidien gauche, aa la premiere origine du cartilage cricoide, 2 fon infertion à la bafe de laryténoide gauche. O le!car- tilage cricoide. P PQ Q R la trachée artere, P PP, les trois premiers anneaux cartilagineux, Q Q les ef- paces mütoyens.entre ces anneaux, À la partie pof- férieure de latrachée artere, toute membraneule. PLANCHE VIII. Figure premiere de DRAKE. 1 l'aorte ou la grande artere coupée dans fon ori- gine, à orifice du ventricule gauche du cœur. À les trois valvules demi-circulaires de l’aorte, comme elles paroïflent lorfqw'ehestempéchent le fang dere- tourner dans lé véntricule pauche pendant fa diaftole, 22 le tronc des artères Coronairés du cœur, fortant ‘du commencement de l'aorte: 3 «le ligament artériel , quin’eft pas exa@ement repréfenteé 4,4: lesarteres foûclaviéres fortant de la grande artere, dont les arteres axillaires, .& celle des bras 2 3 23 font une continuation. $ 5 les deux arteres carotides, dont la droite fort de la foüclaviere, & la gauche de l'aorte. 6 6.les deux arteres vertébrales, fortant de la foû.- claviere,, elles paffent par les apophyfes tranfverfes des vertebres du cou, d’où.elles entrent dans le cras ne par, le grand trou,occipital. 7, 7, lés arteres qui condtufent le fans dans la partie inférieure de la fa- ce, la langue, les mufcles adjacens & les glandes: 8, 8, les troncs des arteres temporales, fortant des ca- rotides ,. & donnant des rameaux aux glandes paro- tides & aux 9, 9,mueles voifins , au péricrane &c au- devant dela tête, 10, 10, troncs quienvoyent le fang dans la cavité du nez, & particulierement aux glan- des de fa membrane mufqueufe. 11, 11, lesarteres ocs cipitales, dont les troncs paflent fur les apophyfes maftoides , 8 fe diftribuent à la partie poftérieure du pericrane où elles s’anaftomofent avec lés branches desarteres temporales. 12, 12, atteres qui portent le fang au pharynx, à la luette & à fes muicles. B B pe- tite portion de la bafe du crane, percée par lPartere de la dure-mere, qui eft ici repréfentée avec une por- tion de la dure-mere. 13, 13, contours que font les ar- teres carotides avant que, de fe rendre au, cerveau par la bafe du crane. 14, 14, parties des arteres caro: tides qupaflent de chaque côté de la felle fphénor- de , où elles fourniffent plufeurs petits rameaux qui fervent à former le rere mirabile, qui eft beaucoup plus apparent dans les quadrupedes, que dans l’home- ‘ me, (Nora. Les arteres du éervelet font confondues avec celles du prétendu rese rrirabile. ) C la glande pituitaire hors de la felle fphenoïde, placée entre les 2 troics tortueux des arteres carotides, 14, 14. DD arteres ophthalmiques fortant des carotides avant qu’elles s’infinuent dansla pie-mere. 1$ contours que font les arteres vertébrales en paflant par les apo- phyfes tranfverfes de la premiere vertebre du cou, vers le grand trou de l’occipital. On a averti plus d’u- ne fois que les cavités de ces arteres {ont beaucoup plus larges dans l’endroit où elles fe rephent, que leurs troncs inférieurs, ce qui fert.à diminuer l'im- pétuofité du ang conjointement avec, leur contour. Dans les quadrupedes , les angles des inflexions ou des contoursides arteres du cerveau, font plus aiguss &c fervent par conféquent à diminuer davantage lim- pétuofté.du fang qui s'y porte avec force, à caufe de la poñition horifontale de leurs troncs. 16 les deux troncs de l’artere vertébrale, qui pafent fur la moel- le allongée. 17 les rameaux, par lefquels les’ arteres carotides cervicales communiquent, 18, 18, les ra- mifications des afteres au-dedans du crane, dont les troncs les plus grands font fitués entre les lobes du cer- veau & dans {es circonvallations, Les veines du cer- veau partent des extrémités. de ces arteres. Leurs troncs-ont-une poñtion fort différenteide celle des ar- teres; car, celles-ci, pénetrent dans Le cerveau par fa bafe, & {e diftribuent.de la maniere.qu'on l’a dit c1- deflus auilien que-lesitroncs:des veines s'étendent fur la furface du cerveau, 8&ndéchargent le fang dans le.finus longitudinal. Ces Veines n'accompagnent pas les arteres à leur entrée, de même que dans les au- tres parties, commeile font les: arteres.& les veines -de la dure-mere,-qui paflent enfemble par le même trou dans la bafe duiciane B B..E E les arteres du cervelet.-19.,.19!, les arteres du larynx des glandes thyroidiennes., des mufcles &c des parties, COntigues qui fortent des arteres, foûclavieres. 203, 20 ,'auites arteres qui ont leur origine auprès des premieres 19», 19, &qui conduifent le fang dans les müfcles dir cou &c de lomoplatte.'21. 21, les mammaires qui for- tent des arteresfohclayieres, & defcendent intérieu- rement fous.les cartilages des vraies côtes, à un de- -mi-pouce environ de diftancé de chaque côté du ficrs ANA hum ; quelques-uns de leurs rameaux pañffènt par les mufcles peétoral & intercoftal, & donnent du fang aux mammelles où ils fe joignent avec quelques ra= meaux des arteres intercoftales, avec lefquelles 1ls s’anaftomofent. Ces arteres mammaires s’uniflent en: core avec les grandes branches des épigaftriques , 57, 7, ce qui augmente le mouvement du fang dans les tégumens du bas-ventre. Nora. On peut à la fa: veur de cette anaftomofe expliquer le rapport qui {e trouve entre la matrice & les mammelles , & Les affeétions fympathiques de ces deux parties. Les ex- trémités des artereslombaires & intercoftales s’anaf tomofent avec elles, de même que les précédentes, 22, 22, les arteres des mufcles du bras, & quelques- unes de ceux de l’omoplate. 23 23 partie du grand tronc de l’artere du bras, que l’on s’expofe à bleffer en ouvrant la veine bafilique, ou la plus interne des trois veines de l’avant-bras. 24 24 divifion de Parte- re brâchiale , au-deflous de la courbure du coude, -25 25 branche decommunication d’uneartere qui fort du tronc de l’artere brachiale au-deffus de fa cour- bure, dans le repli de l’avant-bras, qui s’anaftomofe un peu plus bas avec les arteres de l’avant-bras. On trouve dans quelques fujets, au lieu de cette bran- che, plufeurs autres petits rameaux qui en tiennent lieu , au moyen de ces rameaux qui communiquent de la partie fupérieure de l’artere brachiale, avec celle de l’avant-bras: le cours du fang n’eft point an- terrompu, quoique le tronc 23 {oit fortement ferré ; ce que l’on fait en liant cette artere lorfqu’elle eft bleffée dans le cas d’un anevryfme : il eft néceflaire de lier le tronc de l’artere au-deflus & au-deflous de l’endroit où elle eft bleflée, de peur quelefang, qui pale dans ce tronc inférieur par les rameaux de com- munication, ne fe fafle un pañlage par l'ouverture de l’artere en rétrogradant. 26 artere extérieure de lavant-bras, qui forme le pouls auprès du carpe, ar- tere radiale, 27, 27, arteres des mains & des doigts. 28 28 tronc defcendant de la grande artere, ou de l'aorte. 29 artere bronchiale fortant de l’une des arte- . res intercoftales :elle fort quelquefois immédiatement du tronc defcendant de l’aorte, & quelquefois de l’ar- tere intercoftale fupérieure , qui fort de la foûclavie- re. Ces arteres bronchiales s’anaftomofent avec Par- tere puimonaire. éd. Ruifth. epiff. anaftom. 6. figure c. e. c. 8e petite artere fortant de la partie inférieure de l’aorte defcendante, pour fe rendre à l’œfophage. Ruiïfch fait mention d’arteres qui fortent de l’interco- ftale fupérieure , & qui aboutiffent à l’œfophage. 37, 3 1,arteres intercoftales de chaque côté de Paorte def cendante. 32tronc de lartere céliaque, d’où fortent, 335 33» 33, les arteres hépatiques, 6c. 34 l’artere ciftique dans la vefñcule du fiel. 35 lartere coronaire ftomachique inférieure. 36 la pdorique. 37 Pépiploi- que droite, gauche & moyenne, fortant de la coro- naire, 38 ramifications de l’artere coronaire, qui em- brafle le fond de leflomac. 39 artere coronaire fu- périeure du ventricule. 40, 40 arteres phréniques, ou les deux arteres du diaphragme : celle du côté _gauche fort du tronc de la grande artere, & la droite de la céliaque. 41 Le tronc de l’artere fplenique for- tant dela céliaque, & formant un contour. 42.deux petites arteres-qui aboutiflent à la partie fupérieure du duodenum, & du pancréas ; les autres arteres de ce dernier fortent de l’artere fpélnique à mefure qu’el- le pañle dans la rate, 43 tronc de l’artere méfenteri- que fupérieure, tourné versle côtédroit. 44, 44, ra- meaux de l’artere méfenterique fupérieure, féparés des petits inteftins. On peut obferver ici les différen- tes anaftomofes que les rameaux de cettè artere for- ment dans le méfentere avant que de fe rendre aux inteftins. 45 l’artere méfenterique inférieure, fortant dela grande aïtere. 46, 46, 46, anaftomofes remar-' quabies des arteres méfenteriques, 47, 47, rameaux À N A 413 de l’artere méfenterique inférièure, paffant dans l’in- teftin colon. 48 ceux du reétum. 49, 49, les arteres émulgentes des reins. so les arteres vertébrales des lombes. $1, ÿ1,arteres fpermatiques qui defcendent aux tefhicules, & qui font fi petites qu’elles échap- pent à la vüe, à moins qu’on ne les injecte. 52 l’ar- tere facrée. 53,53, les arteres iliaques. 4, $4,les ra- meaux iliaques externes. 55, 55,ilaques internes qui font beaucoup plus grands dans le fœtus, que dans les adultes, à caufe de leur union avec les deux arte- res ombilicales. 56, 56, les deux arteres ombilicales coupées ; celle du côté droit eft telle qu’on la trouvé dans le fœtus, & celle du côté gauche femblable à celle qu’on découvre dans les adultes. 57, les arteres épigaftriques qui montent fous les mufcles droits de l’abdomen , & s’anaftomofent avec les mammaires, comme on l’a remarqué ci-deflus. 58, 58, rameaux des arteres 1liaques externes, qui paflent entre les deux mufcles obliques du bas-ventre. $o,$9,rameaux des arteres 1liaques internes, qui conduifent Le fang aux mufcles extenfeurs & obturateurs des cuifles. 60, 60, troncs des arteres qui aboutiflent au penis. 61 61 artere de la veflie urinaire. 62, 62, arteresin= ternes des parties naturelles, qui forment avec celles du penis, qu’on voit ici repréfentées , les arteres hy- pogaftriques chez les femmes. Les arteres externes des parties naturelles naïffent de la partie fupérieu- re de l’artere crurale, qui eft immédiatement au- deflous-des épigaftriques. 63 le penis enflé & def: féché. 64 le gland du penis. 65 la partie fupérieure ou dos du penis, retranchée du corps du penis, afin de pouvoir découvrir les corps caverneux, 66 les corps caverneux du penis, féparés des os pubis, en- flés 8 defléchés. 67 les deux artérés du penis, com me elles paroïffent après qu’on les a injeétées avec de la cire fur chaque corps caverneux du penis. 68 la cloïfon qui fépare les corps caverneux. 69 les crura= les. 70 ,.70 , les arteres qui pañfent dans les mufcles des cuifles & de la jambe. 71 partie de l’artere cru- rale qui pañle dans le jarrèt. 72 lès trois grands troncs des arteres de la jambe. 73, les arteres du pié avec leurs rameaux, qui communiquent de leur tronc fu- périeur à leur tronc inférieur, aufhi bien que leur communication à l’extrémité de chaque orteil, qui eft la même que celle des doigts. Figure 2, ramifications de la veine- porte dans le foie. Fig. 3, membranes de la trachée-artere féparées les unes des autres. Fig, 4 , tronc d’une groffe veine diffequé. Fig. $, une partie de l'aorte tournée dedans en dehors, Fig. 6, vaifleaux lymphatiques. Fig, 7, ramifications de la veine- cave dans le foie. Fip. 8, de Ruïfch, parties des arteres diftribuées dans le placenta. Fig. 9. l’artere pulmonaire. Fig. 10 , tronc de la veine pul- TIL07141rE, L | ! Figure 2, a partie de la veine-porte qui entre dans le foie; c la veine ombilicale, qui dans l'adulte forme une efpece de ligament ; d le canal veineux qu dé- genere aufli en ligament ; « l’extrémité des veines capillaires qui fe terminent dans le foie; f l’extré- mité des veines qui viennent des inteftins & pour former le tronc de la veine-porte. Fig. 3, aa, la membrane glanduleufe ; 2b4a vafculeufe ; c la mem- brane interne. Fig. 4, aa, la membrane externe ou la nervéufe ; #b la vafculeufe ; > à l’épiploon. y ü u neff au rein droit & à la caplule atrabilaire droite. 6 ® paroïflent être des rameaux à la ratté; + nerf gaftro-épiploique gauche, qui fe jette fur La Toïne Ii H | ANA 427 portion gauche du fond de l’eftomac où lépiploon eft attaché , & jette à l’eftomac les rameaux 0 o ; 1, 1, Gc. à l’épiploon. 2 , 2; 2 , paroiflent être des rameaux au rem gauche & à la capfule atrabilaire, 13» 35 33 rameaux quife rendent au téfticule, dé compagme avec és arteres fpermatiques. 4,4, 4; 'c. paroïffent être des rameaux qui fe jettent dans le meféntère & aux inteftins..s, &, s , &c. rameaux qui s’uniflent enfemble çà & Jà le long des:corps des vertebres; des lombes & dé l'os faérum , & fe jet: tent au fond du baflin ; où ils S’iimiflènt 6 avec là 3‘paire facrée , & 7 avec la 4° paire. 8, 8, 8, &c. ra meauxque les rameaux $ > 5 reçoivent des troncs des intercoftaux, 0,0, 0, &c. paroïflent être des ra= meaux au mefocolon, & à la partie gauche du co- lon, 10 1010, 6 la neuvieme pare ; appelléé nerfs lingaux ; & qui fort de la partie latérale des Corps pyramidaux, 1 1 rameaux de la heuvieme pairé qui fe diftribuënt au digaftrique , à lhyo-plofie, au gemo-ploffe , à la langue, Ge. 13 13 gros rameau dé la neuvieme pairé qui {e porte le long du cou, & fe diftribue au ftérno-thyroïdien ; au coraco-hyoï- dien ; au fterno-hyoidien, 6. 13 râmeat d’unioh de la feconde paire cervicale avec le rameau 12 de l’inz tercoftal. 14, 14, 6. nerfs cervicaux, 14, 14, leè féconds ; 15, 15, les troifiemes ; 16; 16; les qua triemes ; 17, 17, les cinquièmes ; 18; 18; les fi xiemes ; 19, 19, les feptiemes ; 20 ; 20 ; les hui: tièmes. 21 fameau d'union entre la feconde & la troifieme paire cervicalé. 23; 22, rameaux d'union entre la troifième & la quatrieme paire cervicale. 23 rameau de là Quatrieme paire cervicale qui fé joint au récurrent de l’épine. 4 2$ 24 25 origine des herfs diaphragmatiques ; 24 de la quatrieme pair cervicale, 25 de la cinquieme paire, 26, 26, nerfé diaphragmatiques dont ie droit defcend plus direéte- mént ; parce qu'il n'en eft point'empêch£ par lé cœur ; le gatché déféend obliquément , à caufe dé la fituation oblique du cœur du côté gauche. 27, 27, rameaux des nerfs diaphragmatiques dans lé diaphragme. 28 28 union des quatre paires dés nerf cervicaux inférieurs ; & de la premiere dorfale ) qui forment lés nerfs du bras: LD ADS PI20323 230 34, & 39; les nerfs dorfaux. 40 & 44, les nerfs lombaires. 45 & 48 les nerfs facrés. 50,51, les nerfè jo 50 qui proviennent des dernières paires lombai: res 51 51 de la quatrième paire , qui unis enfemblé fe joignent aux premieres paires facrées 3 du côté droit, 2 du côté gauche ; pôur forinér lés nerfs {cias tiques. 5252, les nerfs fciatiqes! | LÀ nn PTS ASN GONE UE, UT Te A Figuré premiere d'HA LL ER , répréfènte les urteres _de la face: | À le tronc commun de la carotide. B [a veine jugulaire commune. C la carôtide interne! D la ca rotide externe. E l’artere thyroidienne fupérieure: F l’artere linguale , couyeïte par les veines & par le ceratoglofle. G l’origine de l’artere labiale pareille ment couverte. r r les rameaux ptérisoidiens. © un rameau au dos de la langué. H lé tronc de la caro- tide externe dans la parotide. I l’artere occipitalé couverte par la parotide & par lés mufcles. K l’ar- tere pharyngée cachée. L rameau fuperficiel de l’ar- tere labiale. M l’artere fous-meñtoniere, N les ra meaux fuperfciels de la labiale. O l’artere mufcu- Jarre dé la lèvre inférieure, p anaftomofe avec l4 maxillaire interné. 4 la maxillaire inférieure couver= te par les fnufcles, & qui fort par un trou. R les ra- meaux de Cette artere qui fe jettent au quarré & à la levré inférieure. S anaftomofe avec la fous-men- tonniere. T anaftomofes avec la coronaire de la le: vre inférieure. V les rameaux de l’artere labiale inf: riéure anaftomôfés avec la coronaire labiale inf: Hbhij 428 À N A rieure. Ÿ la coronaire de la levre inférieure. Z un de fes rameaux au mafleter & au buccinateur. + un rameau à la peau. £ au triangulaire & à l’angle des levres. c un rameau de la carotide externe à la pa- rotide. d la tranfverfale de la face qui fort de la tem- porale. e rameau à la temporale,, & à l’orbiculaire de la paupiere. f rameau alvéolaire qui accompagne le buccinateur , & qui eft à peine apparent.-g ra- meau au zygomatique , à la partie fupérieure de la parotide , à l’orbiculaire inférieur, à la peau. 4 ra- meaux au buccinateur. z à l’angle des levres. k, k, la coronaire labiale fupérieure. Z la nafale latérale qui enpart. {on anaftomofe avec l’ophthalmique, z une autre nafale dont deux rameaux. oune autre à la cloi- fon des narines. pla coronaire de la levre fupérieure du côté droit, & l’anaftomofe avec la gauche. q ra- meau au mufcle zygomatique, & vers l’arcade zygo- matique. £ le profond, qui s’anaftomofe d’un côté avec un compagnon du buccinateur:, &c de l’autre avec le fous-orbitaire. z cette anaftomofe. x la place -du tronc fous-orbitaire couvert par les mufcles. y les anaffomofes de ce rameau fous-orbitaire avec le ra- meau temporal. z anaftomofe fous-orbitaire avec la coronaire labiale. 1 rameau qui fe jette au fond du nez. 2 anaftomofe avec l’ophthalmique. 3 autre anaf- tomofe. } rameau inférieur qui fe diftribue au rele- veur commun, & qui communique avec le rameau f. A le rameau defcendant de Pophthalmique du rele- veur. $ un autre aux ailes du nez. 6 tronc de l’op#- thalmique qui fort de l’orbite. 7 rameau à la paupiere inférieute. 8 à la fupérieure au corrugateur, Ge. où l’efpace qui eft entre les. deux fourcils. 10 cutanée, 11 le dorfal du nez. 12 anaftomofes de la coronaire avec les nafales. À l’artere auriculaire poflérieure. 13 rameau de la temporale au mafleter & à la paro- tide. 14 la temporale la plus profonde. 1$ la tempo- rale. 16 l’auriculaire antérieure. 17 la temporale interne. 18, 19, fes anaftomofes avec les rameaux de l’ophthal- * mique, 20 les rameaux qui vont au front ; aux tem- pes » au finciput. 22 la temporale externe. 23 l’auri- culaire fupérieure. 24 les arteres fincipitales. 25 anaf tomofes avec l’occipitale. 26 la veine faciale, 27 la veine temporale. 28 la veine faciale qui monte dans Ja face. 29 les veines frontales. À la veine ophthalmi- que. 30 le conduit de Stenon. 31 le conduit de la glande accefloire. 32 la glande maxillaire. 33 la glan- de parotide. 34 la compagne de la parotide. 35 le mufcle mafleter. 36 le triangulaire. 37 le quarré. 38 l’orbiculaire inférieur. 39 l’orbiculaire fupérieur 40 la nafale de la levre fupérieure. 41 le bucci- nateur. 42 le zygomatique, 43 le releveur commun des levres. 44le releveur commun de la levre fupé- rieure & de l’aïle du nez. 45 l’orbiculaire dela pau- piere. 46 le frontal. 47 le temporal. 48 le maftoidien. 49 coupe de la trachée artere. $o la moelle épiniere, $1 52 le vrai milieu de chaque levre. Figure 2. D'HALLER repréfènte une partie de la difrri- bution de La carotide externe. À le bord inférieur du cartilage thyroïde. B le bord fupérieur, C los hyoïde, D la glande de Warthon, ou la glande maxillaire. E la glande fublinguale. F extrémité de la mâchoire inférieure , dont une des branches a été emportée. G l’aîle externe de l’apo- phyie ptérigoide, H la partie antérieure de l’arcade zysomatique rompue. Î la partie interne. K le con- duit auditif. L Papophyfe maftoide, M. le trou paroù pañle la troifieme branche de la cinquieme paire. N le trou de l’artere épineufe. O la place de Papo- phyfe tranfverfe de la premiere vertebre. a lapo- phyfe ftyloide, P le mufcle fterno-thyroidien. Q le caraco-hyoïdien. R , R , les fterno-hyoïdiens. S le mylo-hyoïdien indiqué en pañlant. T une partie du bafo-gloffe, dont la plus grande partie a été détruite. V la partie du pharynx qui défcend du crochet de Vapophyfe ptérigoide. X le mufcle ftylo-glofe. Y le ftylo-pharyngien. Z le periftaphylin externe, 4 le pe- riftaphylin interne. à l’oblique fupérieur de la tête. cloblique inférieur. A le releveur de Pomoplate. Zle complexus. e le nerf de la huitieme paire. f flartere vertébrale ; qui paroît d’abord à nud entre le grand droit & les obliques ; & enfuite entre l’oblique infé- rieur & le releveur de l’omoplate. g un rameau qui {e diftribue aux mufcles obliques , au grand droit, au complexus , au petit droit. # le tronc commun de Ja carotide.Z5i la carotide interne , qui eft ici un peu fléchie. / la carotide externe.” l’artere thyroïdienne fupérieure. z le rameau qui fe diftribue aux mufclés hyo-thyroidien, cerato-slofle , fferno-hyoïdien. o un rameau qui fe jette dans les mufcles flerno-hyoï- “diens. p rameau qui defcend vers le coraco-h:.o1- dien le long de la peau. 11 rameau qui va au crico- thyroidien & à la glande thyroïde. 4 rameau de l’ar- tere pharyngée. r un rameau fuperficiel à la glande parotide. f'le premier rameau qui va au pharynx, & qui fe divife en haut & en bas. s rameau à la hui- tieme paire de nerfs, au ganglion intercoftal, au fcalene , au mufcle droit interne , & au long du cour. z le fecond rameau qui fe diftribue au pharynx. * en- droit où on remarque dans différens fujets un ra- meau qui accompagne la jugulaire. W rameau qui fe jette au droitinterne à la partie fupérieure du pha- rynx, xx rameau qui fe jette à la partie poftérieure du pharynx &c qui defcend. y rameau fuperficiel de la carotide externe. z l’artere Zinguale. x rameau qui fe jette au cerato-gloffe. 8 le tronc profond de la Hinguale ou la ranine, y rameau fuperficiel ou la Jublinguale. S os mylo-hyodien. + lartere /abiale, € fon rameau palatin, n un grand rameau à la glande maxillaire, © un rameau aux amygdales, A unrameau ptérigoidien. 8 un rameau à la glande fublinguale &au mylo-hyoidien , ou l’artere Jous-mentoniere, & le rameau qui nourrit la mâchoire inférieure, + les ra= meaux de la palatine qui fe jettent aux mufcles du palais. À le profond du palais. >: le tronc labial qui fe jette à la face. u l’artere occipirale, y artere ffylo- mafloïdienne, o l’auriculaire poflérieure. Ë les rameaux de l’attere fplénique qui fe diftribuent au fplenius, 7 le rameau reningé poftérieur, pun rameau au Com- plexus. r le coude de la carotide où elle commence à prendre le nom de maxillaire interne. v l’artere temmporale, @ l’artere meningée, x la maxillaire inférieure. + la temporale profonde extérieure. w la maxillaire in- terne qui côtoye la racine de l’apophyfe ptérigoide. 1 l’artere semporale profonde interne. # lartere alvéo= laire. 3 la rafale & la palatine defcendante qui font obfcurément apparentes dans la fente fphéno-maxil- laire. Figure 3 de RUISCH, /e procès ciliaire y4 au microféope: À la partie tendineufe du procès cilaire. B la partie mufculeufe. C fibres circulaires du petit cer- cle plus fenfbles qu’elles ne font naturellement. Figure 4 du même ; le globe de l'œil € Les nerfs qui s’y rendent, 4 A les nerfs oculaires. BB les artérioles difperfées fur la fclérotique. C la fciérotique. D l’uvée. E la pupille. Figure ÿ du même ; la langue vie dans [a partie in- férieure. À tégument membraneux de la langue. BB les arteres fublinguales. Figure 6 du même ; la choroide fans fes vaiffeaux A les nerfs dont les dernieres ramifications fe per- \ dent dans le ligament ciliaire. B l'iris ou le lien du ligament ciliaire où ces rameaux fe terminent. C la produétion de ces rameaux vers le ligament ci- liaire. E l’uvée. Figure 7 de COwPER ; les mafcles de l'œil prefque dans | leur firuation naturelle. ‘A la fclérotique. B portion fupérieure de la pat: tie ofleufe dé Vorbite, fur laquelle on obferve le pètit anneau cartilagineux. 44 le nerf optique. C por: tion inférieure de l’angle externe de l'orbite , où s’in- ere Le mufcle oblique inférieur. D le grand oblique. E le fuperbe. F l’abduéteur. G Pabañfleur, H l’ad: duéteur. I le petit oblique. Figure 8 de BiDLOO; la paupiere fupérieure avec fes glar- des & fes poils ve a la loupe, _ AA Ja péau éloignée. BB la glande fupétieure. CC les petites glandes defquelles elle eft compofce. DD les conduits de cette glande. EE d’autres pe: tites glandes femées fur ces conduits. FF le tarfe. GG les membranes qui lenvironent. HH les poils courbès en haut. [ la glande lacrymale, KK coupe des os du nez. L conduit de cette glande vers le nez. M d’autres condiuts de cette glande vers la paupiere. L | Figure 9 de RuistH; la choroide 6 fes arteres: À les arteres ciliaires. C. face antérieure du H- gament cihaire. D cercle de l'iris, ou face antérieu- re des procès ciliaires. E la pupille. Figure 10 du méme. - À portion poftérieure de la fclérotique: B la rétis he dont toutes les arteres ne font pas remplies. Figure 11 du même , repréfente l'humeur vitrée & la cryffalline. - À l'humeur vitrée. B le cryftallii: C. les procès ciliaites couverts d’une humeur noire. D les ar- térioles de la membrane de Ruifch. E portion du nerf optique. F portion de la fclérotique, Figure 12 du méme. À la lame extérieure de la fclérotique. B la laz me intérieure. C enveloppe intérieure qu’on dit provenir de la pie-mere. Figure 13 du méme, . 15 les ärtérioles de l'iris vûes au microfcope. À le grand cercle artériel de l'iris. B le petit. Figure 14 D'HEISTER ; la langue vie dans [a face Jupérieure. . AAA A la furface fupérieure de la langue dans laquelle fe voyent par-tout des papilles en forme de tête & d’autres pyramidales. B un morceau de l'enveloppe extérieure féparé du refte & renverié, on y voit un grand nombre de papilles nerveufes adhérentes à fa face interne: CC la feconde enve- loppe de la langue ou Ze corps rériculaire de Malpighi, par les trous duquel les papilles nerveufes pañent de la troïfieme membrane vers la premiere. O X corps réticulaire féparé de la troïfiemeenveloppe dela Jangue , & renverfé pour y faire voir les petits trous difpofés en forme de réfeau. EE la membrane, ou le cofps papillaire nerveux , dans lequel fe voyent les papilles nerveufes. FF es glandes linguales, & les papilles , qui paroïffent bien plus groffes que les antérieures, G trou qui s’obferve quelquefois à la partie poftérieure de la langue. PLANCHE XIIL DE L'OREILLE. Figure 1 de D'UVERNEY. Élle repréfente la diffribution de la portion dure dans les différentes parties de la face. À letronc de la portion dure à fa fortie du crane, pär le trou fitué entre les apophyfes ftyloide & maf- À NA 459 toide. BB le gros rameau: que cette portion jette à loreille externe. C C le rameau inférieur qui fe dif tribueaumenton ; aux mufcles fitués fur la machoi- re, & aux tégumens, D lerameau fupérieur qui. en forme de patte d’oic fe divife en plufieurs rameaux. 1,2, 35 45 5, les ÿ rameaux de cette branche, qui fe diftribuent aux mufcles des tempes du front & des patpieres. 6 rameaude cette branche, qui fe | jette au milieu des joues , & qui enfé joignant à une ! branche de la cinquieme paire 7, deviènt plusgrosi 8 le dernier rameau de cette divifion, qui jette des pa: 32 TL ain À filets au buccinateur. Fe re Figure à d’après nature; elle repréfènte l'os des rempel en ftuation, E vh à Ja partie latérale externe. AA AA partie de cetios qui forme la foffé tempo: rale. B l’apophyfe zygomatique.. C l’apophyfe tranf. | verfe. D lâpophyie maftoide. E Panñgle Pambdoi- de. F Le trou ftÿlo-maftoidien. G le trou auditif ex: terne: - Figure 3 d’après nature, repréfente l'os des tempes , vA dans fa partie inférieure. À la portion écailleufe qui forme la fofle tempo: tale. BCDEFG le rocher. B fa pointe. BCD fon angle antérieur, D lorifice de la trompe d'Eu£ tachi. E l'angle poftérieur inférieur. F [a fofle ju- gulaire, G lé conduit de la carotide, H l’apophy- 1e ftyloide. I le trou ftylo-maftoidien. K l’apophy fe maftoide, L la rainure maftoidienne, M Pangle lämbdoïde: NNO la foffe articulaire. O fa félu- te. P le trou auditif externe. Q lapophyfe tranf- verfe. R l’apophyfe zygomatique, Figure 4 d'après nature ; repréfente l'os des rempess vi par fa face latérale interne, , À À partie de cet os qii forme la future écailé leufe. BB face interne de la portion écailleufe; DDEE le rocher. D fa face füpérieure: EE fa fa: ce poftérieure. F le trou auditif interne. GH fon angle poftérieur fupérieur. H fa pointe. IE {on angle poftérieur inférieur. K la foffé jugulaite. LL la goutiere du finus latéral, Figure ÿ d’après nature ; repréfente les canaux dent: circulaires € le limaçon. À le limaçon. B les canaux demi-circulaires. C la fenêtre ovale. D la fenêtre ronde: : Figure G de VALSAVA ; elle repréfente les canaux demi circulaires , le limagon ; Les offelers de l'oreille, &c. en fituation, a l'extrémité de l’aquedric de Fallopé. 4 portion des paroïs du finus maftoidien. e mufcle dela petite apophyfe du marteau. 4 mufcle de la grande apo< phyfe du marteau. e le côté antérieur de la trom- pe d’Euftaclu ; où s’infere ce mufcle. ff le périfta- phylin externe. g mufcle de l’étrier. 1 le grand ca- * nal demi-circulaire, 2 le moyen canal. 3 le plus pe: tit. 4le veftibule. $ le canal du limaçon. 6 la por: tion molle du nerf auditif, qui fe diftribüe au lima: çon & aux canaux demi-circulaires. Figure 7 de RUISCH ; elle repréfente les offeleis de l'oie dans leur état naturel & recouverts de leiir périoffe. No: 1 ces os font repréfenités beaucoup plus grands qu’ils ne le font naturellement. _ À le marteau. B Penclume. C l’étrier. D lors biculaire. No. 2 repréfeñte ces os dans leur grandeur naturelle dans les adulres. * No. 3 repréfente ces mêmes os tels qui s’obférvent dans le fans. | Figure 8 de VALSALVA ; repréfente la diftribution de là portion molle dans les canaux demi-circularres; 439 A NA Figure og & 10 de Biproo , repréfentent la peau& hb Pépiderme:vis au ‘microfcope. "a d'6k. les papilles. 2 2 différentes véficules fituées entre cés papilles. dd les vaïfleaux de la fuenr. ee Gc. les cheveux qui s’élevent des vaifleaux de la füeur, | + :. … Figure 10, reprèfente l'épiderme. : ad les: pores. de, la fueur, 4 Ge, les fillons fur lefquels ces trous font rangés. Figure 11 6 12 d'après RuiscH , repréfente la cloifon des narires couverte de la membrane pituitaire, gar- "wie de fes vaifleaux 6 de fes glandes muqueufes. À cette cloifon couverte de vaïfleaux, B cette cloïfon garnie de finus muqueux. “(PLANCHE XIV. Figuré premierè d'HALLER;: À Ia tente du cervelet. B le finus longitudinal de la dure-mere ; qui fe divife en deux parties de fon " extrémité pofterieure. C le finus droit divifé en deux - parties, dont l’une dégorge dans le finus latéral droit, & l’autre dans le finus latéral gauche. D veftiges de la faulx du cerveau. E E, les grandes veines de la tente A, F infertion des veines du cerveau dans les finus latéraux. G omifice du finus occipital pof- térieur. HH , les finus occipiraux pojtérieurs , le droit &c le gauche. I I la faulx du cervelet. K K les grands finus tranfverfes. L L' les fofles jugulaires. M M les finus pétreux inférieurs. qi s'ouvrent dans ces fofles. NN les finus pésreux fupérieurs O O veine du cervelet qui débôuehe dans cés finus. P P finus-occipitaux antérieurs inferieurs. Q Q leur canal. de décharge qui fort avec la neuvieme paire. RR le finus occipital antérieur & fupérieur. SS la -com- munication avec les finus caverneux & le circulaire. T lorifice du finus pétreux fupérieur, par lequel 1 s’ouvre dans le finus caverneux, V V , les fus caverneux. X X le ffnus tranfverfe de La foffè pituitaire.. YŸ Y le finus crculaire de Ridley. ZZ infertion des veines antérieures du cerveau dans les finus ca- verneux. aa la principale artere de la dure-mete. bb la veine qui l'accompagne. c endroit du crane où elle y entre par un trou particulier. d 4 les ar- teres carotides internes dans le finus caverneux, cou- pées dans l’endroit où elles entrent dans le cerveau. ee artériole qu’elle jette dans ce finus au nerf de la cinquieme paire. f f endroit où la cafotide in- terne produit l’artere ophthalmique. g g lès apophytes clinoïdes poftérieures, 4 l’apophyfe crifta-galli. zz les finus frontaux. k k nerf de la cinquieme païre qui fe diftribue à la dure-mere. Z troifieme branche de la cinquiemé paire, # la feconde branche, z la premiere branche ou l’ophthalmique. o la quatrieme pare de nerfs. p la troifieme paire. 4 cloïfon qui fepare la cinquieme de la fixieme. r la fixieme paire. f origine du nerf intercoftal. £ £ entrée de la feptieme paire dans la dure-mere. 4 4 premieres racines de la huitieme paife. x x fecondes racines de lahuitieme paire. y y la neuvieme paire: z? trou de la moelle épiniere. Dans l'œil droit , la partie fupérieure de l'orbite | détruite. | 1 1 l’artere ophthalmique, 2 2 {on rameau extérieur, qui accompagne le nerf du même nom. 3 3 raméau intérieur qui le diftribue aux narines. 4, 4, rameaux à la fclérotique , dont quelqies-uns fe rendent à l’'uvée. s, 5, veftiges des mufcles releveurs de la Re ue RAC paupiere & de œil. G l’extrémité du releveur de la paupiere. 7 la glande /acrymale. 8 le nerf op- tiqué., 20 21 22 23 24 25 26 27 28 19, Comme dans lœil du côté oppoie. ANA Dans l'œil gauche. É la poulie. 10 le mufcle grand oblique. 11 le releveur de l'œil. 12 le mufcle interne de l'œil . ou l’adduüteur. 13 l’abduéteur coupé. 14 le rameati- fupérieur de la troïfieme paire , lequel fe diftribue aux releveurs de l’œil & de la paupiere, rÿ letrefte du tronc. 16 raméau de ce nerf à loblique infé. rieur. 17 rameauau droit inférieur de l'œil. 18 ra. meau au droitinterne. 19 rameat ax ganglion oph=! thalmique, 20 rameau fuperieur de la premiere bran- che de la cinquieme paire. 21 filet extérieur de ce rameau. 22 filet intérieur. 23, rameau extérieur de, la premiere branche de la cinquieme paire. 24 pe- tits rameaux qui fe portent à la face par les trous de- l'os de la pommette. 25 rameaux à la glande lachry- male. 26 rameaux inférieurs de la douzieme branche de la cinquieme paire. 27 filet de ce rameau av garr:: glion. 28 petit rameau aux narines. 29 petit tronc: qui s’éleve en devant. 30 le ganglion ophthalmique. 31les petits nerfs ciliaires. 7, 8, comme dans l'œil, droit; Figure féconde de RIDLEY. A A, les lobes anterieurs du cerveau. BB, les lobes pofterieurs. C C le cervelet. D D, les finus latéraux. EE, les arteres vertébrales, F, les finus vértébraux. GGG la dure-mere féparée du côté droit dela moelle épiniere. 1, 2,3, 4, Gc. lesdixpaires. de nerfs du cerveau, avec fept autres de la moelle épiniere. a trou qui aboutit à la tige pituitaire, 24 les deux éminences orbiculäires. ce , les deux troncs. dé l’artére carotide intérne. 4 4 leur communica- tion avec la vertébrale. ee, branches de La bafilai-- re, qui forment le plexus choroiïde. f plufieurs pe- tites branches de la carotide interne, g l’artere ba- filaire , compofée de deux troncs 4, des arteres vertébrales. : 12 l’artere épiniere. k petite branche d’une artére qni traverfe la neuvieme paire. Z/; les jambes de la moelle allongée. 7m ;, la protuberance annulaire , ou pont de Varole: z, les corps pyrami- daux. 0 , les corps olivaires. p la branche antérieu- re de la carotide interne. 94, petites branches qui vont au plexus choroiïde, rrrr, branches d’artetes difperfées fur la protubérance annulaire. f f', partie des pédoncules du cerveau. * * nerf accefloire: PLANCHE XV. Lés figürés dèe cette planche fônt tirées des 4d- verfaria anatomica de T'ARIN : elles repréfentent les cavités du cerveau & du cervelet. Figure. On voir dans cette figure les deux portions anté- rieure 6 poflérieure de la tête : elle eff coupée à fix lignes au-deffus des fourcils , de la partie antérieure vers la partie moyenne ; 6 de la partie poflérieure ; où de Pocciput , vers la même partie moyenne ; de maniere cependant que ces deux coupes forment dans lendroit de leur concours un angle plus ou moïns obtus ; pour y découvrir en entier les ventricules fupérieurs dx cerveau , @ les finus poftérieurs de ces ventricules. Voici ce que ces deux portions ont de commun. À À coupe des tégumens. B C coupe des os; B de leur écorce ; € de leur fubftance fponsieufe, D E F GH coupe de la dure-meré; DEF G de la faulx, D F du finus longitudinal fupérieur. JIK E MNO, &c. coupe du cerveau; J J de la fubftance corticale ; IT de la fubftance médullaire , diftinguée? des autres parties par tous les petits points rouges par: lefquels on a voulurepréfenter les gouttes de fang qui s’écoulent des veines coupées dans cet endroit; LE coupe du bord poftérieur du corps calleux M de la cloifon tranfparente , N de la colonne antérieure de de la voûte, O'des parties latérales du bord pofté= | ANA “eur du corps calleux, P P des colonnes*poftérieu- res de la voûte. * extrémité poftérieure des cornes de bélier. Q Q@R R coupe des ventricules antérieurs du cerveau , À R des parois des finus poftérieurs. Ce qui fuit ef? particulier à la coupe qui reprefente la face. SS Les Corps canneleés parfemés de veines. T V COUCHES des nerfs optiques , couvertes en partie du pléxus choroiïde. V V EMINENCES ova/aires des cou- ches ; ces éminences ne S’obfervent pas toûjours. UU rouveaux FREINS tranfpatens comme de la cor- ne , qui retiennent lé tronc des veines qui viennent des corps cannèlés & des couches des nerfs opti- ques , {e décharger dans ce tronc fitué dans l’angle formé par la rencontre des couches & des corps can- nelés : ces freins s'étendent de part & d’autre de la partie antérieure des couches , le long de l’angle dont nous venons de parler , vers leur partie pofté- neure fous ces couches , jufqu’à la partie antérieu- re de la fente des finus antérieurs des ventricules du cerveau, & fe terminent de la partie poftérieure de ces couches fous ces couches mêmes, par une fub- {tance médullaire femblable à-celle qui couvre les nerfs optiques : ces freins pouflent quelquefois un Ou deux rameaux aux éminences ovalaires des cou- ches. X X un de ces rameaux. Z a b c le PLExUS choroïde dans {a fituation naturelle. a les rameaux qui fe dégorgent dans les branches 2 , lefquelles par leur concours forment la VEINE de Galien, cd EM1- NENCE des finus poftérieurs des ventricules fupé- tieurs du cerveau: ces éminences ne s’obfervent pas toljours, de ORIFICE qui conduit dans les finus dans lelquels s'étendent les piliers poftérieurs dela voûte, les cornes de bélier & le plexus choroide, Ce qui fuit eff particulier à la coupe oppofte. fghiy &c. Face inférieure du corps calleux, ou la paroi fupérieure des ventricules latéraux du cer- Veau & des finus poftérieurs de ces ventricules. f f fa partie de ce corps qui couvre les corps cannelés. ggla paroi fupérieure des finus poftérieurs, 4 2 lés VEINES qui s'étendent le long de la paroi de ces ventricules, iiles CANNELURES formées parla courbure de cette paroi. / 7 la CLoisonNrranfparente, k la partie inférieure du bord poftérieur du corps calleux. /les parties de la voûte Contigues pofté- tieurement à là paroi fupérieure des ventricules , - & antérieurement à la partie poftérieure de la cloi- fon tranfparente. m partie antérieure arrondie des colonnes médullaires quiforment la voüte,& qui font tn peu adhérentes dans cet endroit. z o la partie po- ftérieure de ces colonnes qui va toüjours en s’amin- ciflant , & qui eft adhérente en z au corps calleux, êt{e ter nine en tranchant en 0. p ESPACE triangu- laire ifocele compris entre Le bord poftérieur du corps calleux & les colonnes poñftérieures de la vote, ñommé la LYRE , entrecoupée de filets de la partie antérieure à la poftérieure, & d’une partie latérale verts l’autre. Y. Figure 2. Cette figure repréfente la partie moyenne de la coupe de la fisure premiere , qui repréfente la face ; le plexus choroïde.en a été enlevé ; la coupe O P.du bord Û ! û f 7 poftérieur du corps calleux, Grc. a été éloignée pour dé- couvrir La païtie fupérieure du cervelet. H Partie antérieure & fupérieure du cervelet. J COMMISSURE po/férieure du cerveau. I la GLAN- DE pinéale. K les COLONNES médullaires qui lient cette glande aux couchés des nerfs optiques , & l’ap- liquent à la commiflure poftérieure du cerveau. L les NATÈS. M coupe de la cloïfon tranfparente. NN coupe du pilier antérieur de la voëte. S.S les Corps cannelés. T V les COUCHES des nerfigoptiques. V les Eminences arrondies des couches, U U rozyeaux A NA 431 FREINS -dont nous avons parlé dans la figure pre: micre, X Y Z FENTE qui iépare les couches, & qui conduit dans le troifieme ventricule. X la VuLzve,. Y l’Anus. Z la FENTE continue à la vulve & à l’a- nus ; en ouvrant cette fente on découvre le troifie- me ventricule. Figure 3. Cite figure ef? prefqne la même que la précé- dente, Jinon qu'elle repréfente Le troifieme vencricule. HIT Ge. U comme dans la figure précédente , fi ce n’eit que les colonnes K paroïflent s'étendre le long du bord fupérieur & intérieur des couches , & que les éminences V V n'ont point été repréfentées. ab'e d le croifième VENTRICULE. 4 la COMMISSURE antérieure du cerveau. #6 la partie de ce ventricule nommée l’ésronnoir, c c les EÉMINENCES orbiculaires d'où s’élevent les colonnes N N. 4 ConpuirT qui du troifiéme ventricule s'étend dans le quatrieme. 4 FENTE continue à l’entonnoir & à ce conduit, ee ENDROTT où les couches font quelquefois adhéren- tes entr’elles Figure 4. Cette figure fait voir la rête coupée ; de ma= riere.qu'on découvre les finus antérieurs des venrricu- des latéraux du cerveau G les cornes du bélier, À À Coupe des técumens. BCD E * coupé des os , C des finus frontaux , D de la clofon de ces finus , EË de l’épine du coronal , * de Papophyfe de l’os ethmoïde, F srous olfathifs. G G fofles an- térieures de la bafe du crane , couvertes de la dure mere. HH sous optiques, LI nerfs optiques qui fe rendent à l'œil par ce trou. J union de ces nerfs. K concours de ces nerfs de la partie poftérieure vers l’antérieure, 2 coupe des carotides inter= nes. LL coupe de la dure-mere. M M coupe dela fubftance corticale du cérveau. N N coupe de la fubftance médullaire du cerveau. O P coupe des finus des ventricules du cerveau , © des finus an- térieurs, P des poftérieurs. Q coupe des couches des nerfs optiques , bordée de la fubftance medullai- re, dont ces couches font couvertes. R une partie & le fond de l’entonnoir. S orifice antérieur du conduit ouvert du troiñeme ventricule dans le quatrieme, T la commiffure pofterieure du cerveau. U les rats. hiklmnop comme dans la coupe oppofée de la figure premiere , fi ce n’eft que le corps calléux a été féparé des parties latérales antérieures auxquelles il eft continu, &c renverfé de devant en arriere, pour faire voir que les cornes de bélier V W ne font pas un prolongement du corps calleux. V extrémité poftérieure de ces cornes voifines du bout poftérieur du corps calleux. W leur extrémité antérieure can- nelée & voifine X X des apophyfesclinoides poterieures. YY filamens médullaires, obliques de devant en de- hors , &c de derriere en devant , unis enfemble pour couvrir les cornes. Z Z prolongement pyramidal des piliers poftérieurs de la voûte : ce prolongement borde le bord interne des cornes. 46 le PLExUS. choroïde. a partie de ce plexus renverfée de devant en arriere, & repréfentée en 77, (fig. 1°). 28 partie de ce-plexus qui couvre les cornes, repréfen- tée dans fa fituation naturelle. cc partie latérale externe des finus antérieurs des ventricules anté- rieurs du cerveau. de R comme dans la coupe de la figure premiere. f f bord interne & inférieur du lobe moyen du cerveau. gg FENTE qui fe trouve entre ce bord & la moelle allongée , & par laquelle les arteres du plexus choroïde fe rendent à ce plexus, Figure 5. On voir dans cette figure une coupe verticale de la tête, de droite à gauche , le long de, la partie pofiérieure des oreilles ; ë Le cerveles coupé , de marie requ'on puifle y découvrir de quatrième ventricule, 432 ANA Ce qui fuit ef? commun aux deux coupes. AA, coupe des tégumens & des chars. B CD toupe des os, C dela future fagittale, D dutrou oval. E FG HI coupe de la duré-mere, FG de la faulx, G du finus longitudinal, HI de la tente, 1 des finus lateraux. JK L coupe du cerveau , J de la fubftance corticale, K de la fubftance meédul- laire. L coupe des finus des ventricules antérieurs du cerveau dans l’efpace triangulaire commun à ces finus. * orifice des finus poftérieurs. M N O cou pe du cervelet , M de la fubftance corticale , N de la fubftance médullaire , O des parois du quatrieme ventricule. P parties latérales inférieures du cerve- let, feparées par la petite faulx de la dure-mere. Ce qui fuit eff particulier à la coupe qui repréfente les oreilles. . Q Bordpoñtérieur des cornes de bélier, R plexus choroïde qui couvre la partie poftérieure des cornes. S bord poftérieur du corps calieux. T'les NaTÈs. U les TESTÉS , V la GLANDE pinéale dans leur fitua- tion naturelle. W colonne médullaire d’où fort X, l'origine de la quâtriéme paire de nerfs. Y la face poftérieure de la grande valvule du cerveau. a b cd € fg paroi antérieure du quatrieme ventricule ou- verte. a la partie inférieure du conduit formé par la grande valyule & les colonnes médullaires du cer- velet. # c petite FENTE qui divife cette parot, dd dd, Les quatre petites FOSSES. e f portion de la feptieme par- re de nerfs qui fort du quatrieme ventricule. e fa fortie de ce quatrieme ventricule dans l’angle formé par le concours de la partie inférieure & antérieure du cervelet, & la poftérieure de la moelle allongée. gele BEC de plume à écrire, dont les bords g g font quelquefois crenelés. coupe de la moelle épr- niere, Ce qui fuit ef particulier à la coupe oppofee. i efpace triangulaire, qui réfulte du concours de la partie inférieure, poftérieure & antérieure de la faulx, àvec la partie moyenne & antérieure de la tente. / extrémité fupérieure de Péminence vermi- culaire , fituéé fur la valvule Y. / parties latérales internes du cervelet, correfpondantes à ces extremi- tés. k extrémité inférieure de l’éminence vermicu- laire oppofée à la paroi 4 b c de f. m la partie poñté- tieure du quatrieme ventricule. PLANCHE XVI. Figure premiere d’'HALLER ; elle repréfente les arteres de la partie antérieure 6 interne de la poitrine. A Le foie repréfenté en pañlant. B la portion droi- te du diaphragme. C quelques parties des mufcles de l’abdomen. D le pericarde, à travers lequel le cœur paroît çà & là. E l’oreillette droite circonfcrite par des points. F la pointe du cœur. G la veine cavein- férieure. H la veine pulmonaire droite. I la veine cave inférieure. K fa continuation dans la jugulaire, droite. L la jugulaire gauche. M une partie de Paor- té. N la ligne dans laquelle le péricarde fe termine dans la veine cave. O la ligne par laquelle il eft adhé- rent À l'aorte, P la partie droite du thymus. Q la gau- che. R la lame gauche du médiafltin unie avec le pé- : ricarde. S la trachée artere. T l’œfophage. V la glan- de thyroïde. X la veine jugulaire interne droite. Y la veine thyroïdienne fupénieure. Z le nerf droit de la huitieme paire. a tronc commun de l’artere foûcla- viere & de la carotide droite. # la foüclaviere droi- te. c la carotide droite. dla veiné mammaire droite. é lartere mammaire droite. f rameau péricardio- diaphragmatique de la mammaire droite. ÿ rameau qui fe diftribue au péricarde & aux elandes placées {ous la Veine cave: À rameau qui accompagne le nerf diaphragmatique: 1 rameau fuperficiel qui fe diftri- bue aux poumons. k d’autres au péricarde, / rageau A NA de lattere diaphragmatique droite. 2 anaftomofe de l’une & l’autre artériole qui accompagne ce nerf, o rameau de l’artere diaphragmatique Au diaphragme, p anaftomole de la mammaire avec les rameaux de la diaphragmatique. 4 l’artere thymique droite. r l’ar- tere pericardine pofterieure fupérieute. / lartere thy- mique gauche poftérieure. la veine thymique droi- te. 4 rameau des arteres mammaires, qui fort du thorax. x divifion dela mammaire interne. y rameau externe, ou l’épigaftrique. 7 rameau qui fe diftribué aux tégumens extérieurs de laspoitrine. 1 rameau abdominal, ou l’épigaftrique intérieur. 2 l’extérieu- re, ou la mufculo-phrénique. 3 rameau intérieur dé la mammaire, Ou la phrenico-péricardine. 4 rameau au médiaftin. $ petit rameau au péricarde. 6 petit tronc qui fe porte au diaphragme. 7 les arteres co- ronaifes antérieures figurées en pañlant. 8 la veine thyroïdienne. inférieure droite. 9 la veine thyroi- dienne inférieure gauche. 10 rameau qui fe diftribue à la trachée artere. 11 un autre à l’œfophage. 12 un autre à la corne droite du thymus. 13 la catotide gau- che. 14 la foticlaviere gauche. 15 les deux rameaux de là thyroidienne inférieure. 16 la vertébrale gau- che. 17 la mammaire. 18 un de fes rameaux au me- diafüin, qui accompagne le nerf diaphragmatique. 19 rameau thymique gauche. 20 divifion de la mam- maire gauche. 21 rameau phrénique ou péricardin gauche. 22 rameau épigaftrique. 23 la veine foûcla- vicre gauche. 24 la jugulaire gauche. 25 la mam- maire gauche. 26 rameau thymique gauche. 27 ra- meau duperfciel. 28 la veine bronchiale gauche. 29 rameau thymique. 30 rameau médiaftin. 31 ra- A bronchial, 32 la veine thyroide moyenne gau- che. Figure 2 d'HALLER, repréfente l'aorte inclinée [ur la gauche, afin qu’on puiffe mieux voir les arteres bronchiales du méme côté, À B C le poumon droit. A le lobe inférieur. B Le fupérieur. € le moyen. D E le poumon gauche. D le lobe inférieur. E le lobe fupérieur. F F l’œfophage. G G G laorte, H H H les rameaux qu'elle jette en-dedans {e bas ventre figurés en pañlant. J Parc de laorte. K le tronc de la foûclaviere & de la ca- rotide droite. L la foûclaviere droite. M la carotide droite, N ia gauche. O la foûclaviere gauche. P le péricarde recouvert poftérieurement de la plevre. Q Q le médiaftin poftérieur. R Ja veine cave. S l’azy= gos, T rameauintercoftal fupérieur: U U 1 2 3 vei- nesintercoitales, X divifon de l’azygos.Y tronc droit, Z le gauche. 4 la trachée artere. = la bronche droite. a veme bronchiale gauche. £ tronc qui s’infere au- delà de l’aorte dans les efpaces intercoftaux. c ra- meau à l’œfophage, d'à la trachée artere, e enfuite à l’œfophage, fau même, g dans les tuniques de laor- te. Al’artere péricardine poftérieure fupérieure, qui vient de la foûclaviere gauche, & qui fe diftribue à l’œfophage & à la trachée artere ; : la même qui vient de la {oûüclaviere droite, & fe diftribue au tronc de l'aorte & à la trachée artere. kles arteres broncho- œfophagiennes qui viennent de l’aotte. @ l’artere &r la. veine œlophagienne, qui viennent de la bronchiale droite. Z l’artere bronchale droite. 77 intercoftale {u- périeure, qui en fort & fe porte vers l'intervalle de la {econde & de latroifieme côte. z721esbronchiales qui fe diftribuent aux poumons, o une partie de la bron- chiale gauche. p p p les arteres intercoftales. 4 les trois petites arteres œfophagiennes, qui viennent de l’aorte.r l’autre artere œfophagienne. /'veine de l’a- zygos à l'aorte. : veine bronchrale droite de l’azygos.. x d’autres petites arteres œfophagiennes. x rameau de l’artere r. y 7 la plus grande artere œfophagienne. 1 l’attere œlophagienne. 2 une autre veine, 3 une troifieme, 4 une quatrieme, i | Figure Figure 3. de Nu CK; repréfente 1ne partie de la marrrmelle. À À une partie de la mammelle. B B {a peau cou- pée. CCC la partie glanduleufé de la mammelle, 4 d d d racines capillaires des tuyaux laiteux. e, e, e trois de leurs troncs. ff anaftomofe dé ces troncs en- tre eux. g la papille percée de plufieurs trous. Figure 4. de BIDLOO ; repréfente les veficules d’un rameau bronchial, À rameau bronchial féparé de fon tronc, BB {es petits rameaux. C C les véficules qui terminent ces rameaux. D véficules féparées de différentes figures qui font recouvertes de vaifleaux fanguins , & d’au- tres vaifleaux qui s’entrelacent les uns avec les au- tres. PLANCHE X VII, DE SENAC. Figure premiere. Cette figure reprèfente la face convexe du cœur, mais il a été forcé par La cire dont il a été rempli ; on ne pouvoit faire voir autrement la figure naturelle des facs ; l'injection n'a pas conférvé la à . . Here s proportion exaile des vaifleaux ; ils ont été diver/e ment forcés. | L’aorte c, par exemple, paroït moins groffe que l’artere pulmonaire. La veine-cave fupérieure B a été trop dilatée , les proportions manquent de même dans les arteres coronaires ; à mefure que les ventri- cules ont été dilatés, ces arteres fe font allongées : à leurs extrémités, de même que dans leur cours, elles font marquées par des points , ce font ces points qui les diftinguent des veines. À l'oreillette droite remplie de cire ; il ne paroït aucune dente- lure, quoiqu'il y en ait quelque trace dans l’état naturel. B la veine-cave fupérieure, qui eft continue avec l’appendice à fa partie pofténieure. C laorte qui vient de derriere l’artere pulmonaire , & fe cour- be en montant. D l’artere pulmonaire. E l'oreillette gauche qui eff plus élevée que la droite. F la veine pulmonaire antérieure. I I les valvules de l’artere pulmonaire qui avoient été pouflées dans les finus par l’inge&tion , & qui paroïffoient au-dehors. g bran- che antérieure de l’artere pulmonaire gauche® # ar- tere coronaire droite. ££ veines innominées , qui dé bouchent dans l'oreillette par leur tronc. &K la veine qui accompagne l’artere. Lda branche antérieure de l’artere coronaire qui pañle à la partie poftérieure par la pointe du cœur. 72m mm mm arteres qui ram- pent {ur les oreillettes & les grands vaiffeaux. Il n’eft pas douteux qu’il n’y ait des variations dans les vaif- feaux Coronaires , 1l eft peu de fujets où on trouve ces vanfleaux exactement les mêmes : mais c’eft dans les branches que fe préfentent les variations. Les troncs en général font peu différens, les principales divifions font aufli moins variables ; mais on ne fini- roit jamais fi l’on vouloit marquer toutes les différen- ces qui font très-fréquentes dans les vaifleaux. Il faut cependant obferver ces différences pour établir ce qui eft le plus général; elles peuvent d’ailleurs nous découvrir quelque ufage particulier , ou quelque vüe de la nature. Figure feconde. Cette figure repréfente la face applatie du cœur, @ les oreillettes remplies ; les ventricules & Les vaiffeaux coronaires font auffr remplis ; Le finus de la veine coronaire a été forcé par l’injettion. À oreillette ou fac gauche dont la furface fupé- rieure eft toujours oblique. B le fac droit qui eft plus court que le fac gauche. C la veine pulmonaire gau- che & poftérieure. D D le finus coronaire qui a été trop dilate-par la cire. E la veine pulmonaire droi- te , poftérieure du fac gauche, F la veine-cave infé- rieure qui avoit été liée, & dont l’orifice paroït plus petit que dans l’état naturel. GGG adoflement des facs qui font liés par un plan extérieur des fibres Tome I. ANA 433 commimes à l’un & à l’autre. H embouchure du : nus coronaire dans l’oréillette droite. I veine innomi: née avec les branches 0000. L artere coronaire qui vient de l’autre face du cœur. aaaaaaabranchésdes arteres coronaires fur la furface du cœur, 44h veiné qui marche le long de la cloifon. cc c feconde veine qui n’a qu’une artere qui accompagne. dd deux au: tres veines. eee branche ou fe réunit la veine. ff ex: trémités artérielles qui marchent tranfverfalement. gg branches veineufes fur lefquelles paffe une bran- che artérielle z , en forme d’anneau. A4k4h veines qui fe répandent fur les facs. 2212: arteres qui ram= pent fur les facs. 0000 branches de la veine inno- minée 2, On voit dans cette figure files arteres coto- naires par leurs extrémités fe joignent & forment un anneau , comme Ruifch le prétend , & elles font ici fort éloignées, 0 . : Î ; j Figure troifieme.On « repréfenté dans cette figure Les fibres mufculaires du cœur & leurs contours ; pour cela or a durci un cœur par La coëlion , on a auparavant rem- pli fes cavités de charpie. À l’artere pulmonaire qui paroît relevée À la raci- ne, parce que le ventricule droit eft rempli. B l’aor- te. C la pointe du ventricule gauche, avec fes fibres én tourbillon : mais ce tourbillon ne peut pas être bien repréfentéici , à caufe de la petitefle de la poin: te reflerrée par la coftion , c’eft une efpece d’étoile avec des rayons courbes qui fortent du centre, ou qui s’y rendent. D la pointe du ventricule droit ; elle eft en général moins longue que la pointe du ventri- cule gauche. E le ventricule droit vû par fa face convexe , ou fupérieure. F le ventricule gauche, vi de même. gg g le fillon qui termine ou unit les deux ventricules : les fibres externes s’élevent ici en peti: tes bofles près du fillon, parce que les ventricules font remplis, & que la cloifon n’a pas prêté au- tant que les fibres. C’eft pour cela qu’on ne voit pas bien la continuité apparente de celles du ventricule droit avec celles du ventricule gauche : mais cette continuité n’eft pas douteufe , on n’a qu’à enlever de petites lames, on verra qu’elles partent du bord du ventricule droit pour s'étendre fur le gauche. hhh le côté du ventricule gauche ; c’eft fur ce côté que font les fibres droites, ou approchantes des droi- tes , lorfqu'il y en a dans le cœur; ces fibres for- ment une couche fi mince , qu’on les emporte faci- lement en élevant la membrane qui les couvre. Figure quatrieme. Certe figure repréfente la face applatie ; | OL inférieure di cœur, À A les fibres qui font à la racine des oreillettesà B la cloifon des oreillettes. C le ventricule gauche. D le ventricule droit. e [a pointe du ventricule gau- che. f la pointe du ventricule droit. gg g le fillon qui termine les deux ventricules. Figure $. On a repréfènté dans cette figure l’inrérieur du ventricule gauche ; pour cela on a fait une fe&iort par l'aorte, & on l’a pouffée le long de La cloifon ; il n'y a que cette feülion qui puifle montrer la grande valyule , 6: laifler Les piliers dans leur entier. À la grande valvule mitrale qui furpafle de beau coup celle qui eft cachée deffous. B {ciflure qu’on a été obligé de faire pour étendre le ventricule , & l’y montrer. C autre fciflure qui a. été néceflaire pour la même raïon. D troifieme fciflure qu’on a faite à la pointe. E efpace life & poli, qui eft fous laorte. Fg, f G piliers d’où partent les fibres tendineules, dont on a repréfenté l'entrée dans la valvule. a «4 bande ou cordon tendineux , auquel la valvule eft atta- chée. 2bE filamens tendineux qui rampent dans la valvule, & qui vont joindre ceux qui viennent de La racine de cette valvule. dd dd dd racines de piliers, & les colonnes avec leurs aires, On voit au bas des ii 434 À NA piliers les colonnes , les faifceaux , des filamens, les aires, les foffettes dont le ventricule éft couvert ; il n’y a rien fur cette furface qui ne foit repréfenté d’après nature jufqu’aux parties les plus petites. FigureG. On a repréfenté dans les figures précédentes tout ce qui eff fous l'aorte ; les valyules fégmoides 6 leurs ruëlures , le cordon auquel font attachées Les valyules auriculaires ; la façon dont fe terminent les colonnes à ce cordon ; comme ce cœur avoit été dans l’eau alu- mineufe , le tiffu avoit eté refferre. À À efpace life & poli, qui eft fous l'aorte. B pi- lier avec fes filets tendineux qui vont au refte de la valvule f, qui a été déchirée. C autre pilier avec quelques filets tendineux qui va à un refte g de la valvule. D DD , ce qui manque ici a été repréfenté dans la précédente figure. «44 valvules fiomoides avec leurs tubercules ; on a omis les finus. 242 cor- don qui eff fous ces valvules ; il eft un peu plus lar- ge dans l’état naturel , & plus proche du fond des valvules. cccce, colonnes , faïfceaux , filamens & foffettes. dddd cordon des valvules mitrales. eee e infertion des fibres des colonnes fous ce cordon. z, 4, embouchures des arteres coronaires. Figure 7. cette figure repréfente la flruëlure des valyules Jigmoides. a le tubercule. à bofle ou fecond tubercule, qui eft deflous. c d , les angles que forment les cornes. Tou- tes les fibres qu’on voit dans cette figure font mufcu- laires, e f arteres coronaires. Figure &. cette figure repréfènte une valyule figmoide prife d’un autre fujet. a tubercule. £c les cornes. PLANCHE XVIII. Figure 1. d'HALLER , repréfentant quelque partie du bas-ventre. À B le lobe droit du foie incliné à droit. r le lobe gauche. À le lobe de Spigéius. C la véficule du fiel, D le rein droit. E l’eflomac élevé en haut. F l’œfo- phage. © une portion de’ l’épiploon gaftro- colique. G le pylore. H la portion deicendante du duodenum. J une autre portion tranfverfe du duodenum. K fa partie gauche & l’origine du méfentere, L le rein gauche. M la rate dans fa fituation naturelle. N la face antérieure du pancréas. © la face poftérieure du pancréas. P l’artere méfentérique qui pafle der- riere le duodenum & devant le pancréas. Q l’artere colique moyenne. R le tronc de la cœliaque. S Par- tere coronaire fupérieure. + ® les rameaux méfenté- riques de la veine-porte. T la veine-porte pouflée un peu fur la gauche. U rameau droit de l’artere célia- que. X {on tronc hépatique. Y la duodénale. Z l’ar- tere gaftro-épiploique droite, qui côtoye la grande courbure de l’eftomac. #4 les deux arteres pylori- ques inférieures. à la grande artere pancréatico- duodénale qui côtoye la partie cave de la courbure. c les rameaux qu’elle jette au duodenum, Y au pan- créas ; « {es anaftomofes avec les petites pyloriques. d la pancréatique. e l’infertion de l’artere de la fplé- nique dans la pancréatico-duodénale. c f rameau d’une branche de la méfentérique qui s’ouvre dans cette même artere 4. g lieu de l’infertion de la pre- miere duodénale. 2 lartere fplénique. z les rameaux pancréatiques. k les rameaux gaftriques poftérieurs. Z 11 les rameaux fpléniques. 77 l’artere gaftro-épi- ploïque gauche. z fes anaftomofes avec la droite. o © les vaiffeaux courts. Figure 2. d'HALLER repréfente les reins, &cc. + À le rem droit. B le rem gauche. C la capfule droite. D'la capfule gauche. E une de fes parties un peu élevée pour voir les vaifleaux poftérieurs, F grand fillon de la çapfule, G lemême dans la cap- A NA fule droite. H H les appendices du diaphragme. J J le’ centre tendineux du diaphragme. K K les pot- tions du diaphragme qui fortent des côtes. L liga- ment fufpentoire du foie, M trou de la veine:cave, N & de l’œfophage. O le pfoas gauche. P lurétere du même côté. R l’inteftin reétum repréfenté en paf. fant. © l’urétere droit. S S une partie de la graiffe rénale. T Paorte. U la veine-cave à fa fortie du foie. X l’artere phrénique. Y rameau droit. Z rameau cap. fulaire antérieur. 4 les poftérieurs. £ rameau au dia- phragme. c rameaux des mammaires qui paroïffent un peu dans Pétendue du diaphragme. d'rameau droit de l’appendice. e anaflomofe des arteres diaphrag- matiques. frameau gauche de la phrénique. g g les capfulaires antérieures de la diaphragmatique. 4 l’œ- fophagienne. :7 rameaux à l’un &c à l’autre tendon. k k à l’appendice, r rameau qui perce le diaphragme. pour aller au thorax. @ anaftomofe ou arc des vaif- ieaux droit & gauche dans le tendon. /rameau au liga- ment fufpenfoire. A veine phrénique droite. = la gau- che. ” l’artere céliaque. z la méfentérique fupérieu- re. o l’appendicale droite qui vient de l'aorte. pla pre- mere capfulaire gauche poftérieure. 4 lappendicale qui vient de l’aorte, x la capfulaire poftérieure droite. r la feconde capfulaire poitérieure gauche, f'fa cap- fulaire antérieure gauche. s l’artere rénale gauche. 4 rameau adipeux qui vient du tronc. # l’arteré re- nale droite. ® l’artere capfulaire droite antérieure de la rénale. + la veine qui l'accompagne, x x les ar- teres aux glandeslombaires. y l’artere adipeufe droite de la rénale. 7 Partere fpermatique droite. 1 l’adipeufe qui en fort. 2 l’uretérique fupérieure de l’aorte, 3 le grand rameau adipeux inférieur. 4 le rameau qui va aux tefticules. ÿ la fpermatique gauche. 6 les adipeu- fes qui en fortent. 8 rameaux aux tefticules. 9 l’adi- peufe poftérieure qui vient de la capfulaire. 10 l’ar- tere méfentérique inférieure. 11,11,lesiliaques com- munes. 12, 12, les externes. 13, 13, les internes. 14, 14, les épigaftriques. 15 l’artere facrée. 16 l’ureté- rique gauche, 17 l’uretérique droite inférieure. 18 la veine facrée. 19 la veine capfulaire droite. 20 la veinegrénale gauche. 21 la capfulaire gauche de la rénale, 22 l’adipeufe de la même. 23 la fpermatique de la même. 24 la premiere rénale droite. 25 la {e- conde. 26 la fpermatique qui en{ort, 28 8: de la veine- cave. 29 le fommet de [Fvefle, 30 l’ouraque. 3 1 les arteres ombilicales. Figure 3. du même reprèfente les inteffins en fituation, À À la partie inférieure du foie élevé en - devant, B B la véficule du fiel. C la veine ombilicale. D le petit lobe de Spigelius. EE l’eftomac. G le pylore. K K lépiploon gaftro-colique. O O limite dans le colon , de laquelle provient l’épiploon gaftro-colique & le colique. Q © le petit épiploon. SS partie du méfocolon. TT différentes parties du colon. U {e- cond coude du duodenum prefque tranfverie. Xtroi- fieme coude du duodenum qui reçoit le canal cho- lidoque. Ÿ ligament où membrane qui va de la véfi- cule au colon. Z 4 ligament hépatico-rénal. Z Himite gauche de ce ligament. 2 fa limite droite. # le rein droit couvert par le péritoine.-c orifice de Winflow par lequel on fouffle le petit épiploon. d 4 le colon avec les appendices graïffeux. e , e les inteftins gré- les. ffla partie du pancréas qui s’infinue dans les couthures du duodenum. PEANCHE, X IX; Figure de KULM. a bcd2le pancréas. &,a,4, a, les grains glan- duleux du pancréas. 2,8, 6,b, les petits conduits qui deces grains fe rendent dans le conduit commun. d'1fe le commencement du duodenum. e l’orifice commun du conduit pançréatique &c du canal cho. lidoque dans cet inteflin. f f l’inteftin ouvert pour voir cet orifice. g le pylore. 4 l’eflomac. z l'orifice cardiaque. k le foie. / la véficule du fiel. 7 Le con- duit ciftique, z le conduit hépatique. o le canal cho- lidoque. 1 5 les vaifleaux courts. 2 2 3 la rate. 3 l’artere fplénique. 4 l’épiploon. 5 le diaphragme. 6 le rein. Figure 2 de REVFERHOLT, répréfente la partie concave du foie. À À , la face interne du foie. B le petit lobe du foie. C la tiflure du foie. D la veine ombilicale. E l’artere hépatique. F fon rameau se produit la ciftique. G la veine-porte. H les nerfs hépatiques. Ï la veine-cave. K la véficule du fiel. L le conduit ciftique. #7 le conduit hépatique. z le canal choli- doque. o glandule ciftique. p grofle glande placée fur la veine-porte, ou fur le conduit cyftique. g vaifleaux lymphatiques de la véficule. r,r,r, vai feaux lymphatiques qui proviennent de la partie concave du foie. Figure 3 du même , repréfente la face convexe du foie. À À À , une partie du fternum avec fes cartilages, B l’appendice xiphoiïde. C C le foie. D la véficule du fiel. E la veine ombilicale. F ligament fufpen- foir du foie. g g g vaifleaux lymphatiques du côté droit. À k ces vaifleaux coupés, où ils s’u- ruffent en perçant le diaphragme. : à vaifleaux Iymphatiques provenans dela partie gauche du foie, Figure 4 de BIDLOO , repréfente la rate dépouillée de fes membranes. À , l’artere. B la veine, l’une & l’autre remplies de cire. a b ramifications de l’artere & de la veine. C,C, veftiges de la capfule. D prolongemens & plexus de nerfs. E petites fibres qui partent de la membrane propre de la rate. F veftiges des cellules rompues. G capillaires des vaifleaux lymphatiques, Figure 5 de RUY SCH , repréfente une portion de l’inteflin jejunum renverf. À , faufles glandes miliaires fituées dans les rides, ou environnées de brides. B ces glandes fans être environnées de brides. Figure 6. de PEYER, À À l'extrémité de liléon ouverte & dilatée de mañiere qu'on le voye en-dedans. C C la valvule de Baubin. D D portion ducolon coupée. E, E, e,e, e, glandes folitaires. F F l’inteftin coœcum entier. G G le même renverfé pour voir les glandes. Figure 7:D/ HEISTER , repréfente les veines laëlées. À À À ,; une partie de l’inteftin jejunum. B B B un grand nombre de racmes des veines latées. CC CC leur diftribution dans le méfentere. D D D D les glandes les plus confidérables:du méfentere. PLANCHE X x. . Figure 1. d NucK. À , le rein droit. B l’artere émulgente. C diftri- bution des nerfs dans ce rein. D'la veine émulgen- te. E E les vaifleaux lymphatiques. F l’urétere. G le baflinet dilaté. H retréciflement de lurétere, Lune pierre qui s’eft trouvée dans la partie dilatée G K les vaïffeaux fanguins de l’urethre. Figures 2.6 8. de BERTIN, repréfentent Le rein . coupé en deux. ; Figure 2. : B B Îes papilles rénales, C Cles glandes fitnées entre ces papilles. | Figure 3: - À À diftribution des arteres dans le rein, lef- quelles font continuées aux tuyaux qui compofent B B les papilles, Tome I, À N À 43 ) Figure 4, de RUYSCH, repréfente la moitié du rein coupée de manière qu’on y puiffe voir la diffribution des vaiffleaux fanguns. À , la face extérieure du rein, dans laquélle les Vaifleaux {e diftribuent en férpentant. B la face in- terne du rein, dans laquelle on voit les vaifeaux fanguins remplis de cite fe diftribuer de la même marere que c1-deflus+ C les papilles rénales. D le baflinet. E la cavité du baffinet, dans laquelle les pa- pilles féparent urine. Figure 5. de DUVERNEY Chirurgien. À la veffe fur laquelle on obferve les fibres lon: gitudinales &T tranfverfes de fa membrane mufcu- lire. B l’ouraque. C coupe de la veflie. D paroi in- térieure de la veflie. E le verumontanum, où on obferve les orifices des véficules féminaires. R les’ orifices des glandes proftates qui s’obfervént fur les parties latérales du verumontanum. G les parois intérieures de l’urethre. Hles glandes proftates. Iori- gine des corps caveérneux. K le mufcle ifchio-ca- verneux. M coupe du mufcle bulbo-caverneux. N les glandes de Cowper. O le conduit de ces glandes. P l’orifice de ces conduits dans lurethre, Q coupe du tiflu fpongieux de l’urethre. R la fofle navicu- laire. 8 coupe du tiflu fpongieux des corps caver- neux. T le gland: V orifice des finus muqueux de l'urethre. X coupe du tu fpongieux du gland con- tinu au tiflu fpongieux de l’urethre, Y l’orifice du oland. : PLANCHE XXL. Figure 1.deRUYSCH , repréfente la verge dépouillée de la peau, défléchèe après lavoir embaumée , G vie dans [a partie inférieure. À , fuperficie du tiflu cellulaire dépouillée de l’en- veloppe extérieure épaïfle & nerveule, ce tiflu cel- lulaire prend le nom de membrane adipeufe lorfqu’il eft rempli de graïfle, B le corps fpongieux d’un cô- té. C le conduit urinaire. D Îa {urface interne de lenveloppe épaifle & nerveufe , dépouillée du tiffu cellulaire. F le gland, fur la fuperficie duquel on ne voit aucune papille, parce qu’elles ont difparu en féchant. G épaifleur du tiflu cellulaire après lavoir gonflé. H tête du tiflu cellulaire. [ la cloïfon qui s’obferve entre les deux corps caverneux. Figure feconde D'HEISTER , repréfènte la verge vée par Ja même face fupérieure , dont les veines €: La fubf° tance caverneufe ont été rémplies de mercure. À , le tronc de la veine de la verge, par laquelle le mercure a été introduit après avoir détruit la val- vule de cette veine. BB divifion de cette veine en deux branches principales vers la partie moyenne de la verge. CC la diftribution de ces branches en plufieurs rameaux, fur-tout proche la couronne du gland. DD diffribution merveilleufe de petits ra- meaux fur le gland. e e ee certains vaifleaux plus petits , plus grands & très-gros , qui fe diftribuent dans différens endroits. F la fn de l’'urethre:par où {ort l'urine. G le cordon avec lequel la Vérgea-été liée après qu'on y a eu introduit le mercure, Hla partie poftérieure de la verge coupée. Figure 3. D'HEISTER , repréfente la partie inférieure de la même-vergse, À, le petit frein de la verge couvert d’une inf, nité de petits vaifleaux. BB la couronne & le col de la verge rempli d’un grand nombre devaifleaux.… CC toute la partie inférieure du gland couvert, comme la fupérieure, de petits vaifleaux t'ès-fins & tortueux. EE les deux corps caverneux de la ver- ge entre lefquels l’urethre eft fituée & environnée d’un nombre prodigieux de vaifleaux, qui commu niquent & s’entrelacent de diverfes manieres. F la - fin de l’urethre. G cordon avec lequel.on a li la verge, H la partie poflérieure de la verge coupée. li15 430 ANA Figure 4 de MORGAGNI, repréfente la verge vie dans la partie inférieure , & le canal de l’urethre coupé, &c. À À, le corps fpongieux de l’urethre coupée dans fa longueur pour voir {a cavité. D le plus grand des petits canaux de l’urethre ouvert & étendu ; on voit aufli tout le long du canal un grand nombre d’ori- fices de pareils canaux. E ligament fufpenfoire de la verge. FF la membrane qui recouvre la verge & qui eft continue à ce ligament. g-une partie de cette membrane féparée de la furface des corps ca- verneux & tirée en bas. H partie du prépuce tiré en arriere , où l’on voit [ le frein & quelques glan- des fur le frein même. K la couronne du gland & fes glandes fébacées. Figure 5. de GRAAF. À, les vaifleaux fpermatiques coupés tranfverfa- lement. B ces mêmes vaifleaux, repréfentés confu- fément. C diftribution de l’artere fpermatique dans le tefticule. DD. diftribution de la veine fpermati- que fur les parties latérales du tefticule. E la tuni- que albuginée, F une partie. de la tunique vaginale emportée, G. la plus grofle partie de l’épididyme. H partie moyennede l’épididyme.l la plus petite par- tie de l’épididyme. K la. fin.de l’épididyme, ou le commencement du canal déférent. L ce canal coupe. Figure G. du même. À, l’artere fpermatique. B divifion de cette ar- tere en deux rameaux. CC diftribution du: gros rameau au tefticule. DD diftribution du petit ra- meau au tefticule. E la plus grofle partie de l’épi- didyme adhérente au tefticule. F l’épididyme renver- {é-pour y découvrir la diftribution de lartere. G la fin de l’épididyme. H une portion du canal défé- rent. Figure 7. du même. Cette figure & la fuivante repréfentent la communica- tion des véficules féminaires avec le canal déférenr, telle qu'on la découvre dans le corps humain, AA, partie épaifle &c étroite des canaux déférens, BB partie des canaux déférens moins épaifle &c plus large. CC extrémité retrécie des canaux déférens, laquelle s’ouvre par un orifice étroit dans les vé- ficules. DD col membraneux des véficules féparé en deux parties, de forte que la femence de l’une de ces véficulès ne peut pañler dans l’autre, que lorfqw'’elle eft parvenue dans l’urethre. EE les vé- ficules gonflées d’air pour y découvrir tous leurs contours. F F vaifleaux qui fe rendent aux véfi- cules féminaires, G G membranes qui retiènnent les véficules féminaires & les vaifleaux déférens dans leur fituation. H°H vaifleaux fanguins qui fe diftri- buent fur les parties latérales dès canaux déférens & qui les embraflent par leurs ramifications. Figure 8. du méme. ABCDEFGH comme ci-deflus. Ile verumonta- num. K ouverture des conduits:des proftates dans l’urethre. L coupe des: proftates. M: l’urethre ou- verte. Figure 9. d'HE1STER, repréfente le refficule. À la membrañe albuginée féparée pour décou- vrir BB les vaifleaux féminaires du tefticule fins comme des cheveux, défquéls tout le tefticule pa- roît compolé. PLANCHE X XII Figure 1. D'HALILER À, la matrice. B fon épaiffeur. C fon col ouvert dé côté. D'éminence formée par fon orifice. E les val- vules dé fon col , qui fe font trouvées dans ce cada- vre plus confufes qu’elles ne font d'ordinaire, F les œufs. de Naboth. G le ligament-rond. H la trompe du côté droit, [ fes franges. K l'ovaire en fituation. L L différens petits œufs entiers &c difléqués. M les vaifleaux des grandes aîles. N l'ovaire gauche cou- vert de cicatrices. O une portion du péritoine dont . les vaiffeaux font des branches des vaïfleaux fper- matiques. P l’artere fpermatique. Q le tronc de la veine. R les petites veines. S le corps pampimiforme. T les vaifleaux qui fe diftribuent à Povaire. V autres vaifleaux qui {e diftribuent à la matrice. X la trom- pe gauche vafculeufe. Y le ligament large. Z les fran- ges de la trompe vafculeufe. 44 les uréteres. 2 les branches d’arteres des hypogañtriques qui fe diftri- buent à la matrice. c plexus formé par les arteres du vagin , & celles de la matrice. dla veflie renverfée. ele vagin. f la partie poftérieure , dans laquelle les rides légeres quis’y remarquent font prefque tranfver- fes, g taches qui fe remarquent fort fouvent dans le vagin. À : troncs des rides du: vagin. À tronc anté- rieur de ces rides, z autre tronc poftérieur & plus petit. k partie couverte de papilles très-ferrées. l partie formée par les valvules. #7 rides intermédiai- res tranfverfes. 27 contours des parties externes de la génération. o embouchure de l’urethre.ples sran- des lacunes utérines. g les valvules fupérieures. r leurs finus fupérieurs. fleurs finus inférieurs. #2 les grandes lacunes des finus fupérieurs. z 2 les lacunes des finus inférieurs. xx les glandes febacées qui fe trouvent-là. y le clitoris. z fon prépuce. 2 ligne creu- fe qui répond au milieu du corps du clitoris. & les lacunes qui fe remarquent dans cette ligne. y les la- cunes qui font fur les côtes de cette ligne. d'les nym- phes. «e les glandes des nymphes. Figure 2. D'HALLER. A A À , lamatriceouverte poftérieurement. BB les ovaires & les trompes. CC le vagin ouvert par la partie antérieure. r fa membrane interne, nerveufe & ridée. A fa chair extérieure fibreufe. D le petit cercle de l’hymen difféqué..E lorifice de la matrice crénélé & rude. F la cloïfon de la matrice compofée de trois fommets. G la colonne antérieure & la plus grande du vagin. Hla poftérieure. I lespetites valvu- les du col de la matrice. K la partie valvuleufe du vagin, voifine de la matrice. L la colonne antérieure & la plus grande du vagin. M la colonne poftérieure & la plus petite. N la caroncule intermédiaire. O la: partie proche l’hymen ; compoiée de valvules cir- culaires. | Figure 3..de KULM. a le trou oval. &, le conduit artériel. Cla par- tie de la tête, appellée /aifontanelle. f le thymus. : g gles poumons. À les vaifleaux ombilicaux. z le foie. . À le placenta. B les membranes du fœtus. 7 le cho- rion. z l’ammios. C le cordon:ombilical. ooiles arteres ombilicales. p la veine ombilicale. 4 l’ouraque. Figure 4. D'HUBER ; elle repréfènte l’hymen d’une fille , quelques femaines après la naiflance, À À, les grandes levres. Ble clitoris. zl’orifice de: . l’urethre. # #les deux ventricules:du veftibule.c lhy- . men rond , & ‘qui environne tout autour l’orifice du . vagin. ddles petits fmus de l’hymen prolongés juf-. qu'au concours de la lame fupérieure avec l’infe-. rieure. «la cavité du vagin toute couverte de rides. | Figure 5 D'HUBER , elle repréfènte un hymen contre nature , dans lequel s’obferve une colonne charnue qui divife l'entrée du vagin en deux fegments inégaux d’après le cadavre d’une fille dgée de 7ans. | E, l’hymen. cla colonne de lhymen. C le clitoris. : D fon prépuce. A A les grandes levres, BB lesnym- . phes. «# l’orifice de l’urethre. # les deux ventricules du veftibule. dd les deux lacunes qui condufent aux. proftates de Bartholin. FE Figure 6. du même; elle repréfènte les parties externes de la génération d’une fille de 14 ans. AA,BB,C,D,E, comme dans la figure préce- dente. F concouts di bord charnu 44. G la foffe na- viculaire. H entrée du vagin renfermée entre lhy- men & l’orifice de l’urethre; le refte de l’efpace com- pris entre le clitoris , les nymphes & cette entrée , s'appelle Ze veflibule du vagin. \le périnée. K lanus. ab, c les parties placées dansle veftibule. a Porifice de l'urethte. 26 les deux ventricules. cc les deux ori- fices ou lacunes fituées dans la partie fupérieure du veftibule. 44 les bords charnus faillans de la fente la plus étroite. (L) ANATOMIE DES PLANTES ; ( Jardinage. ) c’eft la recherche de leur ftruéture intérieure. On ne peut mieux faire que de rapporter ici ce qu’en a dit l’au- teur de la shéorie & de la pratique du Jardinage, 3. pax- tie ,page 176. édit. 1747. « Tout ce qui a vie a befoin de refpiration; & l’on » ne peut douter que les plantes ne refpirent aufü » bien que les animaux : elles ont comme eux tous » les organes néceflaires à la vie ; des veines, des fi- » bres dont les unes portent la nourriture dans tou- » tes les partiesles plus élevées , tandis que les au- » tres rapportentcette nourriture vers les racines : » d’autrés enfin, comme des trachées & des pou- »mons , refpirent l'air fans ceñle , & reçoivent les » influences du foleil. Cet air eft fi néceflaire à leur . #accroïflement, qu’en mettant une goutte d'huile à » l'extrémité de’leuts racines , elle bouche l'entrée » de l'air dans les fibres éclesicanaux, & fait mou: » rir cetté partie de racines que lon a trémpée dans » l’huilé. Par lé chaleur qui fe trouve dans la terre, s'lemouvement de la feveeft plus ou moins accélé- ré, l'air eft plus ou moins rarefé : ainfi il eft pouf- » { facilement jufqu’en haut, il y fait fa fonétion, » & y montre fa force ». | Ÿ at-il rien de plus admirable que le méchanifine des plantes ? on y trouve des creufets & des moules différens pour former l'écorce , le bois, les épines , les poils, la moelle , le coton, les feuilles ; les fleurs, les fruits & les graines. Ce font les fucs de la terre, qui paflant & fe filtrant à travers la peau de la grar- ne, y récoiventles qualités néceffaires au fuc nout- ricier qui entre dans les plantes, & qui s’y diverfifie parle moyen des fermens en millé manieres diffe- rentes: La chaleur du foleïl &la fermentation de la terre perfé@onhent enfuite l’ouvrage: enfin les plantes font commpotées de ptits canaux féparés & produits dans la terre; ces petits canaux fe ramaffent peu à péu en paquets ; ils fe’ raflemblent fous un même cylindre, &r forment un tronc qui à l’une de fes extrémités produit dés racines, &' à l’autre pouife des branches ; & petit à pétit ayant fubdivifé Les pa- quet des'plus-gränds en plus peñts , acheve fa figure par l’extenfion de fes feuilles. (X ) * Cette anatomie n’eft pas moins digne de l’étude du Philofophe, & ne montré pas moins la fagefle du Créateur ,que l’azaromie des animaux. En effet, combien de! merveilles n’offre-t-elle pas, dans les ouvrages de Malpighi, du doéteur Grew , &c dans la ftatique des végétaux? Il ne paroït pas que les an- ciens ayent fait de ce côté quelques progrès confidé- rables; & il n’en faut pas être étonné : l’organifa- tion d’une plante eft un arrangement de filets fi de- liés, de corpufcules fi minces, de vaïfleaux fi étroits, de pores fi ferrés , que les‘modernes n’auroient pas été fort loin fans-le fecours du mierofcope. Mais voyez ce que cet inftrument & leur réflexion leur. ont appris fur l'anatomie des plantes, aux articles PLANTE, ARBRE, ARBRISSEAU, ARBUSTE, HerBe, GRAINE, RACINE, TIGE, BOURGEON , À N À 437 BRANCHE, FEUILLE, FLEUR , FRUIT, ée, Foyez auffi l'article ANIMAT. ANATOMIQUE ; adje@. de tout genre , ont cr qui appartient à l'Anatonue. C’eft dans ce fens qu’on dit objérvations anatortiques; Préparations anatomiques , &c. Foyer ANATOMIE. 4 Pour conferver les parties préparées , il faut les expofer, à l'air jufqu'à ce que toute leur humidité foit diffipée ; &c alors ellés deviendront feches , du- rés, & ne feront plus expofées à fe corrompre ; où bien il faut les plonger dans quelque liquéur propre à les conferver. … | Eye IF faut principalement , lorfque les parties prépa tées fontsroffes & épaifles, & que le tems eftchaud, empêcher les mouches d’en approcher & d’y dépo- fer leurs œufs, qui transformés en vers les détrui- tient. Il faut auf avoit foin qu'elles ne foïént point attaquées des fouris , dés rats, & des autres infeétes : pour cela il faut , avant què de mettre la piece fe- chét , la tremper dans une diflolution de fublimé corrofif, faite avec de l’efprit-de-vin ; & pendant qu’elle {éche , il faut la mouiller de téms en tems avec la même liqueur. On peut par ce moyen, & fans craindre aucun inconvénient , faire deflécher, même dans l'été, des cadavres difféqués de fujets aflez grands. Lorfque la préparation eft feche , elle eft encore expolée à fe réduire en poudre, à devenir caffante, à fe gerfer, & à avoir une furface inégale ; c’eft pourquoi il eft néceffaire de la couvrir partout d’un vernis épais, dont on mettra autant de couches qu'il faudra pour qu’elle foit luifante ; &c il fant toïjours la préferver de la poufliére & de l’humidité. Les préparations feches font fort utiles en plu- fieurs cas: mais il y en a aufli beaucoup d’autres où il eft néceflaire que les préparations aratomiques {oient flexibles & plus approchantes de l'état natu- rel que ne le font ces premieres, La difficulté a été jufau’à préfent de trouver une liqueur qui puñfle les conierver dans cet état approchant du naturel : les liqueurs aqueufes n’éempêchent pas la pourriture , & elles difloivent les parties les plus dures du corps: les liqueurs fpiritueufes préviennent la corruption , mais elles réduifent les parties en mucilage : les ef- prits ardens les racorniflent, en changent la cou- leur , & détruifent la couleur rouge des vaifleaux injeétés ; l’efprit de térébenthine , outre qu'il a l’in- convénient des liqueurs {piritueufes , aencore celui de devenir épais & vifqueux. Mais {ans s’arrêter plus long-tems fur le défaut des liqueurs qu’on peut employer , celle dont on fe trouve le mheux eft quelqu’efprit ardent redifié , n'importe qu'il foit tiré du vin ou des grains ; qui foit toûjours limpide , qui n’ait aucune couleur jau- ne , & auquel on ajoûte une petite quantité d'acide minéral , tel que celui de vitriol ou de nitre : l’une & l’autre dé ces liquéurs réfiftent à la pourriture ; & les défauts qu’elles ont chacune féparément, fe trouvent corrigés par leur mélange. Lorfque ces deux liquides font mèlés dans la pro- portion réquife, la liqueur qui en réfulte né change rien à la couleur ni à laeonfiftance des païties, ex- cepté celles où il fe trouvé des liqueurs féreufes ou vilqueufes , auxquelles elle donne prefqu'autant de confiftance qu’en donneroit l’eau bouillante-:, le cerveau, celui même des enifans nouveaux-nés, acquiert tant de fermeté dans cette liqueur, qü'on peut le manier avec liberté. | Le cryftallin & l'humeur vitrée de l'œil y acquie- rent auf plus de confiftance , mais ils en fortent blancs & opaques : elle coagule l’humeur que filtrent les glandes febacées , la mucofité & la liqueur fper- matique : elle ne produit aucun changement fur les liqueurs aqueufes &lymphatiques, comme l'humeur 438 ANA aqueufe de loœil , la férofité lymphatique du péricat- de & de l’amnios : elle augmente la couleur rouge des injeétions, de maniere que les vaifleaux qui ne paroiffent pas d’abord deviennent très-{enfibleslor{- que la partie y a été plongée pendant quelque tems. La quantité de liqueur acide qu’il faut ajoûter à l’efprit ardent, doit varier felon la nature de la par- tie qu’on veut conferver, & felon l’intention de l’A- natomite.. Si on veut donner de la confiftance au cerveau, aux humeurs de l'œil, &e, il faut une plus grande quantité de la liqueur acide : par exem- ple, il faudra deux gtos d’efprit de nitre, pour une livre d’efprit-de-vin retifié : lorfqw'on veut feule- ment conferver les parties , il fufhra d’y en mettre 40 Où 30 gouttes, ou même moins, fur-tout s’il ya des.os dans la partie préparée ; fi on en mettoit une trop grande quantité, les os deviendroient d’abord flexibles , & enfuite ils fe difloudroient. Lorfqu'on a plongé quelque partie dans cette li- queur , il faut avoirune attention particuliere qu’elle en foit tobjours couverte : autrement ce qui fe trouve hors du fluide perd fa couleur, & certaines parties fe durciffent, tandis que d’autres fe diflolvent. Pour prévenir donc, autant qu'il eft poffible, l’évapora- tion de la liqueur , & pour empêcher la communica- tion de Pair, qui fait que la liqueur fpiritueufe fe charge d’une teinture, il faut boucher exaétement l'ouverture de la bouteille avec un bouchon de ver- re ou de liège enduit de cire , mettre par-deflus une feuille de plomb, de la veflie, ou une membrane in- jeétée ; par ce moyen la liqueur fe confervera un tems confidérable , fans aucune diminution fenfible. Quand on a nus affez de liqueur pour atteindre à peu près le haut de la préparation , il faut pour la cou- vrir entierement ajoûter de l’efprit-de-vin fans acide, de peur que ce dernier ne s’échappe. Lorfque la liqueur fpiritueufe devient trop colo- rée , il faut la verfer, & mettre fur les préparations une nouvelle liqueur moins chargée d’acides.que la premiere : on confervera cette ancienne liqueur dans une bouteille bien bouchée , & on s’en fervira pour laver les préparations nouvelles, & les dé- pouiller de leurs fucs naturels ; attention totjours néceflaire | avant que de mettre quelque partie que ce {oit dans la liqueur balfamique ; & toutes les fois qu'on renouvelle cette liqueur 3 1l faut laver les pré- parations dans une petite quantité de la liqueur fpi- ntueufe limpide , afin d’en enlever tout ce qui pour- roit y refter de la liqueur ancienne & colorée ; ou bien 1l faut faire une nouvelle préparation. Les li- queurs qui ne font plus propres à fervir dans des vaifleaux. de verre tranfparens , peuvent être en- core d’ufage pour conferver dans des vaifleaux de terre ou de verre commun certaines parties, qu'il faut tirer hors de la liqueur pour les préparer. Il eft bon d’être inftruit qu'il faut éviter, autant que cela fe peut , de tremper les doigts dans cette li- queur acidule, ou de manier les préparations qui en feront imprégnées, parce qu’elle rend la peau fi rude pendant quelque tems, que les doigts en de- viennent incapables d'aucune difle&ion fine : ce qu'il y a de meilleur pour remédier à. cette fecherefe de la peau, eft de fe laver les mains dans de l’eau à la- quelle on aura ajoûté quelques gouttes d'huile de tartre par défaillance. . Ceci eft tiré d’un effai fur la maniere de prépa- rer, &c. par M. Alexandre Monro, de la Société d'Edimbourg. (L) :. -ANATOMISER., v. a. faire l'anatomie , anatomifer un corps. Voyez ANATOMIE. (L) : ANATOMISTE, f, m. c’eft ainf qu’on nomme ce- Jui qui fait difléquer , & donnef de toutes les différen- tes parties des cadavres, une defcription telle que Les fpeétateurs puiflent fe former une idée jufte de la A NA figure , de la pofition , de la communication , de La ftruéture , de lation & de l’ufage, 6, de ces difé- rentes parties. (L) | ANATRAN , f. m. ( Chimie. ) [el de verre. Le {el de verre eft une matiere graveleufe qui s’éleve en écu- me fur le verre fondu. Ce fel de verre eft d’un grand ufage dans les effais des mines. Je crois qu'anatrar vient par corruption de langage d’ammonisrum , dont parle Pline , qui veut dire /e7 nitre mélé de cendres : dit que c’étoit le fel des plantes brûlées avec lequel on faifoit le verre. L’anatran artificiel ou plus compoté , fe fait avec dix parties de nitre , quatre parties de chaux vive, trois parties de fel commun , deux parties d’alun de roche , & deux parties de vitriol. Quelques-uns ont nommé aratran les concrétions pierreufes & cryftallines qui fe forment contre les murs & contre les voûtes dans certains lieux foûter-- rains ; lefquelles concrétions font nommées ffaaiti- tes. Voyez STALACTITE. ( M * ANATORIA , (Géog.) petite ville de Grece ,an- ciennement Tanagra. Voyez TANAGRA. *ANAZARBE fur le Pyrame, (Géog. anc. & mod, ) ville de Cilicie, anciennement Xyezda , puis Ana- garbe ; chez les Géographes modernes, Axar, Acfarai, Acfèrai , Ainzarba. Elle s’appella auffi Diocéfarée , Cæ- Jarée-Angufle, & Juflinianopolis. Ce n’eft plus aujour- d’hui qu'un méchant bourg, qui a eu de grands noms, *ANAZE , {. m. ( Æiff. nat, ) arbre qui croit à Madagafcar. Il diminue en grofleur à mefure qu'il s’éleve, ce qui lui donne la forme d’une pyramide ou d’un cone. Son fruit eft rempli d’une moelle blan- che qui a la faveur du tartre. * ANAZZO ox TORRE - D’ANAZZO, ( Géog. mod. ) ville de la province de Bari au royaume de Naples. On croit que c’eft l’ancienne Ægnatia ou Gnatia, Quelques Modernes la nomment Grazzi ou Nazzi. * ANBAR , ( Géog. mod. ) ville de la province de Chaldée ou Iraque Arabiquel , fur l’Euphrate. Elle s’eft appellée Aafchemiah. ANBLATUM , (if. nat.) genre de plante à fleur monopétale , anomale , tubulée , & faite en forme de mafque. On y voit deux levres , qui pour l’ordinaire ne font point découpées. Il s’éleve du fond du calice un piftil qui eft attaché à la partie poftérieure de la fleur comme un clou, & quidevient dans la fuite un fruit renfermé le plus fouvent dans le calice de la fleur. Ce fruit fe fépare en deux parties , & il eft rempli de femences ordinairement arrondies. Tour- nefort, {nff. rei herb. corol. Voyez PLANTE. (1) * ANCA ou ANCA MEGAREB , nom que les Arabes donnent à un oifeau d’une fi prodigieuie gran- deur ,qu’ils prétendent qu’il pond des œufs gros com- me des montagnes; qu’il enleve des éléphans , com- me l’épervier des moineaux ; que fes ailes, quand il vole, font le fracas d’un torrent impétueux ; qu'il vit mille ans ; qu'il s’accouple à cinq cens ans ; qu’un jour qu’il enlevoit une nouvelle mariée avec fes braf- felets & tous fes atours de noces , le prophete Han- dala le maudit; & que Dieu ayant égard à l’impré- cation du fils de Saphuane , relégua l’épouvantable oifeau ravifleur dans une île inaccefñble , où il fe nourrit d’éléphans , de rhinoceros, de bufles, de t1- tes, & d’autres animaux féroces. Combien d’im- bécilles haufleront les épaules en lifant cette fable, qui, S'ils defcendoient en eux-mêmes , & qu’ils re- vinfent.fur les préjugés dont ils font imbus, s’ap- percevroient facilement qu'ils n’ont pas le droit de bauffer les épaules! | * *ANCAMARES 07 ANTAMARES , (Géog. mod.) peuples de l'Amérique méridionale, qui habitent le long du fleuve Madere , qui fe perd dans la riviere des Amazones, + \ ANCAON( SERA DE }, Géog . moderne, chaine de montagnes dans le Béira , province de Portugal, qui tient À une autre qu’on appelle Sera d’Efirella. Celle- 1à tourne à l'Orient , entre les rivieres Moddego & Zezere. Elles paroïflent détachées d’une autre qui commence près de Lamego, & s'étend depuis Porto jufqu’à Coïmbre , fans qu'il y ait dans tout cet efpace plus de trois lieues ou environ de plames entr’elles. ANCARANO , ( Géog. mod. ) petite ville de l'Etat eccléfiaftique dans la Marche d’Ancone. ANCE. Voyez ANSE. * ANCENIS , ( Géog. mod. ) ville de France dans la Bretagne fur la Loire. Long. 16. 28. lat. 47. 22. . ANCÊTRES, £. m. pl. (if. & Gram. ) fe dit des perfonnes de qui Pon defcend en droite ligne, le pere & la mere non compris. Ce mot dérive du La- tin anteceffor, & par fyncope ancejfor , qui va devant. En Droit on diftingue ancêtres & prédéceffeurs. Le premier de ces deux noms convient à certaines per- {onnes dans l’ordre naturel ; on dit #7 homme 6 fes ancétres : le fecond a direftement rapport à l’ordre politique ou de la focicté ; nous difons wr évéque 6 fes prédéceffeurs. On dit également #7 Prince E: fes pre- déceffeurs , pour fignifer les Rois qui ont régné avant lui: mais on ne dit #7 Roi 6 fes ancétres, que quand ileft defcendu par le fang de fes prédécefleurs. Dans l’ufage on met cette différence entre les pe- res & les ancérres , que ce dernier ne de dit que des peres d’une perfonne qualifiée. Il feroit ridicule qu'un artifan dit, mes ancêtres ont fait le méme métier que moi, | (G & H) ANCETTES DE BOULINES ox COBES DE BOULINES ; (Marine. ) c’eft ainfi que Fon nomme les bouts de corde qui font attachés à la relingue de - la voile, dont le plus long n’excede pas un pié &c demi ; leur ufage eft d’y pañler d’autres cordes qu'on appelle pattes de boulines. Voyez BOULINE & Ra- LINGUE. (Z), | ANCHARIÉ, £. £. (Myrh.) déefle que le penple d’Afculum dans la Pouille adoroïit. ANCHE,, f. m. c’eft le conduit quarré par lequel la farine pafle dans la h. :he du mouhin. #. MOULIN À FARINE. à ANCHE, £. f. en Lutherie | petite machine de can- ne, de léton, de bois, ou de toute autre matiere, d’u- ne ou de plufieurs parties , qu’on adapte à des imftru- mens à vent, & qui les fait réfonner, en portant une ligne d’air contre la {urface du tuyau, que cette ligne d’air rafe en vibrant comme une corde, dont le poids de l’atmofphere feroit le poids tendant, ër qui auroit la longueur du tuyau. Foy. INSTRUMENT pe Musique. Ce qui fera réfonner un inftrument à vent, & ne formera pas avec lui un tout, pourra s’appeller anche. Sans l’anche, la colonne d’air qui remplit l’inftrument feroit pouflée toute entiere à la fois, & il n’y auroit point de fon produit. Les arches d'orgue font des pieces de cuivre de la forme d'un cy- lindre concave qui feroit coupé en deux par un plan qui pafleroit par fon axe. Woyez À 6 C, fig. 53. PL d'Orgue, La partie inférieure de lache eft relevée ; enforte que quand elle eft appliquée fur un plan , le paffage à l’air foit entierement fermé de ce côté. On les forme fur l’étampoir. #. ETAMPOIR. Aux trom- pettes dont les azches font la bouche, la partie fupé- rieure de l’axcheentre dans la noix. 7. Noix. On la recouvreenfuite d’une piece de léton flexible & élaf tique B , qu'on appelle languerte, & on affermit le tout au moyen du coin D, dans le corps de la noix, dont il acheve de remplir l'ouverture. Les azches doivent .fuivre la proportion du diapafon. | Quant aux autres fortes d’anches, voyez les infiru- mens auxquels elles appartiennent. Voyez BASSON, HauTBois , Éc. ANCHÉ, adj, (erme de-Blafon..) courbe : ile dit feulement d'un cimetere courbe, ÀA NC 439 Tournier S. Vidtoret à Marfeille, de gueules à l’&- cuffon d’or, chargé d’un aigle de fable , lécuflon em. braflé de deux fabres badelaires ou braquemars,, az- chés d’or , les poignées vers le chef. (7) * ANCHEDIVE ox ANGADIVE, ( Géog. mod. ) petite île de l'Océan Indien, fur la côte du royaume de Décan, non loin de Goa vers le midi. ANCHIALE Anchialum, ( Théol, ) terme célebre parmi les critiques qui ont écrit fur ce qui concerne les Hébreux ou les Juifs. On le trouve dans cette épigramme de Martial, Lib. XI. Ep. xcv. Ecce negas , jurafque mihi per templa tonantis, Non credo; jura, Verve, per Anchialum. c’eft-à-dire, pour nier ou pour affirmer , tu atreffes les temples de Jupiter, Je ne Fen crois pas j jure, circori= is , par Anchale. On demande qui eft cet Anchiale , fi c’eft le nom du vrai Dieu ou d’un faux Dieu; & pourquoi l’on _demandoit aux Juifs, de la bonne foi defquels on fe défioit, de jurer par Archiale. _ Il eft certain, dit le P. Calmet, que le jurement le plus ordinaire des Juifs eft : Wive le Seigneur : ce ferment {e rrouve en plufeurs endroits des Livres faints, comme dans les Juges vüy. 10. dansle Livre de Ru, c. ii. v. 2,3. Dans le premier Livre des Rois, c, xiv. v. 43. Le Seigneur lui-même, quand il fait un ferment, n’ayant perfonne plus grand que lui par qui il puiffe jurer, il jure par fa propre vie: Wivo ego dicit Dorninus. Or en Hebreu ce ferment, vive le Seigneur, peut fe prononcer ainf, Hucgai-Elion ; par la vie du très-Haut , ou Ana-chi-eloa : ah, que le Seigneur vive, ou fimplement Ha-chi-el, par la vie de Dieu ; la terminaifon Latine 4 , qui eit à fin d’Azchialum , ne faïfant rien à la chofe , non plus que la lettre z, que le Poëte y à mife, parceque dans la prononcia- tion, en difant #achiel ou al, il femble qu'on pronon- ce han-chi-al, Suivant cette explication , l’'anchialurz de Martial fignifieroit qu'il exige de ce Juif, qu'#/ lui juré par le nom ou la vie du Seigneur. Quelques-uns ont cru qu’on faifoit jurer les J uIfs par une ftatue de Sardanapale , érigée dans la ville d’Anchiale en Cilicie : mais cette conjeûure n’eft fondée fur rien. ; D’autres tirent azchialum du Grec éyxiæhoc, qui fignifie qui eff près du rivage, comme fi le J uif ju- roit par le Dieu qu'on adore fur les rivages; par- ce qu'en effet les Juifs hors de Jérufalem &z de leur pays , alloïent pour l'ordinaire faire leurs prieres fur le bord des eaux. Enfin d’autres ont cru que c’eft parce qu'il juroit par le temple du Seigneur heicaliah, & l’on fait que les Juifs juroient quelquefois par le temple : mais toutes ces explications paroïfent peu naturelles. Un ancien exemplaire manufcrit , qui apparte- noità M, deThou, porte: Jura, Verpe, per ancharium ; jure, Juif, par l’âne. Or les Payens, & fur-tout les Poëtes ; fe plaïfoient à reprocher aux Muïs qu'ils adoroïent un âne , ou la tète d’un âne ; voici ce qu’en dit Petrone. | Judeus licet, & porcinum numen adoret, Er Culli fummas advocer auriculas. On peut voir ce qu’en dit Tacite, Hiffor. Lib.W. 8 les raïfons ou le fondement de cette faufle imputa- tion, fous l’article ozonyétites. Ce dernier fens eft beaucoup plus fimple , & eft très-relatif aux idées que s’étoient formé les payens de la religion des Juifs. Diéfionn. de la Bibl, (G ) * ANCHIALE. deux villes anciennes ; l’une de Cilicie, bâtie par Sardanapale ; l’autre de Thrace fur la côte de la mier Noire , que les Turcs nomment Kenkis, & les Grecs Anchilao où Anchio. * ANCHIFLURE,, £. f. c’eft, en Tonnellerie | le trou qu'un ver a fait à une douve de tonneau, à l’en- r 440 ANC droit où cette douve eft couverte par le cérceau. On k découvre par le bruit que le vin fait en s’échap- pant ; & on y remédie en écartant le cerceau, en perçant un plus grand trou avec la vrille , à l'endroit même de l’archifture | & en y pouflant un foflet, qu’on coupe à ras de la douve, afin de pouvoir re- placer le cerceau.. ANCHOIS. f. m.( Æiff. nat.) encraficholus , poif- fon de mer que lon a mis au nombre des aphyes; il eft de la longueur du doigt, & quelquefois un peu plus long : ce poiffon eft fans écailles , fa bouche eft grande , l'extrémité des mâchoires eft pointue ; elles n’ont aucunes dents , mais elles font faites en forme de {cie ; les oùies font petites & doubles , le cœur eft long & pointu , le foie rouge & tache- té, le ventre eft fort mou & fe corrompt prompte- ment ; on y trouve une grande quantité d'œufs rou- ges. Ce poiflon eft charnu , & il n’a point d’arrêtes, excepté l’épine du dos , qui eft fort menue. On fale les anchois , après leur avoir Ôté la tête & les en- trailles, Rondeler. Voyez POISSON. (I) * La pêche la plus abondante des azchois fe fait en hyver fur les côtes de Catalogne & de Provence, depuis le commencement de Décembre jufqu’à la mi-Mars ; on en prend encore en Mai, Juin, Juillet, tems où ils paflent le détroit de Gibraltar pour fe re- tirer dans la Méditerranée. On en trouve auffi à Poueft d'Angleterre & du pays de Galles. Ils ont cela de commun avec les fardines, qu’ils nagent en trou- pe, fort ferres, & que la lumiere eftun attrait pour eux. Auffi les Pêcheurs ne manquent pas de leur pré- fenter cet appât. Ils allument des flambeaux dans leurs nacelles ou chaloupes pendant la nuit; les 47- chois accoutent à l’inftant, & fe jettent en nombre prodigieux dans les filets qui leur fonttendus. Quand une pêche eft finie, on leur coupe la tête, on leur Ôte le fiel &les boyaux, on les fale, & on les met en baril. Les anchois frais peuvent fe manger frits ou rôtis: mais ils font meilleurs & d’un plus grand ufage, fa- lés.Comme ils n’ont point d’autres arrêtes que l’épine du dos, qui eft mince & déliée, elle ne bleffe point, & n'empêche pas qu'on ne les mange entiers. Cette excellente fauce que les Grecs & les Latins nommoient garum, & à laquelle ils donnoient l’épi- thete de rrès-précieufe, n’étoit autre chofe que des an- choïs confits, fondus & liquéfiés dans leur faumure, après en avoir Ôté la queue, les nageoïres, & les arrêtes. Cela fe faifoit ordinairement en expofant au foleil le vaiffeau qui les contenoït; ou bien quand ils en vouloient avoir plus promptement, ils mét- toient dans un plat des azchois fans les laver, avec du vinaigre &t du perfil, & expofoient enfuite le plat fur la braife bien allumée , remuoient le tout jufqu’à ce que les anchois fuffent fondus ; &z ils nommoient cette fauce acetogarum. On fe fervoit du garum & de l’acetogarum pour aflaïfonner d’autres poiffons, & quelquefois même la viande. La chair des archoïs ou cette fauce que l’on en fait, excite l'appétit, aide la digeftion, atténue les hu- meurs crafles, & fortifie l’effomac. Aldrovand pré- tend même qu’elle eft bonne pour la fieyre : maïsun favant Medécin de notre fiecle dit qu'il en faut ufer {obrement, parce qu’elle échauffe , raréfie-les hu- meurs, & les rend acres & picotantes. *' ANCAUE, f. f. terme en ufage dans les Mate fatlures en lainage d'Amiens. C’eft ce qu’on appelle dans les autres manufaëtures la trame. Voyez TRAME. ANCHYLOSE , ff, (zerme de Chirurgie. ) on nomme ainfi l’union de deux os articulés & foudés enfemble par le fuc offeux, on une autre matiere, de façon qu'ils ne faflent plus qu'une piece. Cette {oudure contre nature empêche le mouvement de la {onétion ; la maladie que nous venons de défur fe nôfnme azchylofe vraie , pour la diffinguér d'une at: tre que Pon nomme fauffe. Cette dermiere peut être occafionnée par les tumeurs des jointures, le son flement des os, celui des ligamens, l’épanchement de la fynovie , & autres maladies qui empêchent le mouvement des articulations , & qui fouvent dégé. nerent en vraies azchylofés , lorfque la foudure de. vient exacte, & qu'il n’y a plus aucun mouvement, Les fra@ures dans les articles donnent lieu à cette maladie par l’épanchement des fucs offeux nécef: faires pour la formation du cal. L’erchylofe furvient aux luxations non réduites par l’épaififfement de la fynovie dans les cavités des articles, & aux fra@u- res , lorfque dans les panfemens on n’a pas foin de donner du mouvement aux parties. Les contufons des os, des cartilages & des ligamens font des acci-. dens aflez communs dans les luxations ; ils occafñon- nent facilement larchylofé, lorfqu'on ne remédie pas au gonflement de ces parties par les faignées, le régime convenable , & les fomentations émollien- tes & réfolutives : les entorfes peuvent par les mê- mes raïfons être des caufes de l’azchylofe. Le prognoftic eft différent, fuivant les différen. ces de la maladie : une azchylofe qui vient d’une lu- xation non réduite eft plus facile à guérir lorfqu’on peut replacer l'os , qu'une autre qui furvient après la réduétion ; les azchylofes anciennes préfentent plus de dificultés que les récentes. Pour réuffir dans le traitement de chacune d’elles , il faut bien connoi- - tre les caufes qui y ont donné lieu. Tout ce qui vient d’être dit a rapport aux azchylofés que nous avons nommées fawfles ; car les vraies où il y a im- poffbilité abfolue de mouvoir les os font incurables ; l’on ne peut y employer qu’un traitement palliatif pour appaifer les accidens qui les accompagnent. La cure de l’archylofe confifte à donner du mou- vement aux parties qui ont de la difpofñition à fe fou- der; voici comme on la prévient dans les fraûu- res & luxations ; s’il s’agit de l’épaiffiffement de la fynovie, les douches d’eau chaude données de fort haut, font d’un grand fecours ; on peut faire fondre dans l’eau du fel ammoniac, du fel fixe de tartre, ou du fel marin pour la rendre plus efficace, On a fou- vent délayé par ces fecours l’amas de fynovie qui s’étoit fait dans les articles ; &c l’on a enfuite réduit des luxations qui étoient anciennes. Les eaux de Bourbon, de Bareges, &c. font fort utiles ; elles ra- mollifent les mufcles , & liquéfient l’humeur fyno- viale , dans les inflammations & gonflemens des car- tilages & des ligamens, On prévient l’azchylofe pax de fréquentes faignées , les cataplafmes & fomenta- tions anodynes, un régime humeétant ; quand les douleurs font pañlées, on aflocie les réfolutifs aux anodyns ; on pañle enfuite à l’ufage des réfolutifs feuls. Lorfque la douleur & le gonflement font paf- fés, on commence de mouvoir doucement les par- ties fans rien forcer , pour ne point attirer ne nou- velle fluxion qui pourroit être plus fâcheufe que la premiere. Il faut bien faire attention dans ces tenta- tives de mouvement de ne donner que celui que la conftruétion de l’articulation permet : ainfi on ne remuera en rond que les articulations par genou ; onsétendra & fléchira feulement les articulations par charniere, fe gardant bien de porter ces mouve- mens au-delà des bornes prefcrites dans l’état na- turel. Si les difpofitions à azchylofès dépendoient d’un. virus vénérien , fcorbutique, &c, qui déprave l’hu- meut fynoviale, il faudroit d’abord détruire la caufe en la combattant par les remedes appropriés. L’ex- cellent traité des maladies des os de M. Petit, don- nera des notions plus étendues fur cette matiere. (F) ANCHYLOPS , f. f. (zerme de Chirurgie. ) abicès ou amas de matiere entre le grand angle de l'œil ss e lé nez. Quand l’abcès eft percé, ce n’eft plus un ez- “chylops ; on lenomme alors ægilops. Voyez ÆGILOPs. Cette maladie donne fouvent lieu à la fiftule la- crymale, parce que la matiere qui s’eft formée dans cetté tumeur peut perforer le réfervoir des larmes, en même tems qu'elle ufe & ulcere la peau. On peut prévenir cet accident en faifant à propos l’ouver- ture de la tumeur lorfqu’elle eft en maturité, cette maladie ne différant point des abcès, ordinaires, Foyez ABcÈs. (F) * ANCIEN, VIEUX, ANTIQUE, ( Gramm. ils enchériflent tous les uns fur les autres. Une mode eft ville, quand elle cefle d’être en ufage; elle eft ancienne , quand il y a long-tems déjà que l’ufage en eft pañé ; elle eft érrique, quand il y a long-téms qu'elle eft ancienne. Récènr eit oppoié à vieux; nou- Ve à ancien ; moderne à antique. La vieilleffe con- vient à l’homme ; l'anigienneré à la famille ; Pantiqui- té aux monumens : la vieilleffe eft décrépite ; l’az- cienneté immémoriale , &c l'antiquité reculée. La vieilleffe diminue les forces du corps, & augmente la prélence d’efprit ; l’ancienneré Ôte l'agrément aux étoftes | & donne de l’autorité aux titres ; l’arciquité afloiblit les témoignages, & donne du prix aux mo- numens. Voyez les Syn. François. ANCIENS , dans l’hifloire des Juifs, c’étoit les per- fonnes les plus refpeétables par l’âge , expérience, êt la vertu. On les trouve appellés dans l’Exode tantôt Jériores , & tantôt principes fÿnagoge ; ce fut Moyfe qui les établit par l’ordre de Dieu pour lai- der dans le gouvernement du peuple d’Ifraël; & il eft dit que Moyfe les fit afflembler, & leur expofa ce que le Seigneur lui avoit commandé. Long-tems après, ceux qui tenoient le premier rang dans les fynagogues s’appellerent zekezim, anciens, à limi- tation des 70 anciens que Moyfe établit pour être juges du Sanhédrin. Voyez SANHÉDRIN. Celui qui préfidoit prenoit plus particulierement le nom d’ancien , parce qu'il étoit comme le doyen des anciens, decanus feniorum. Dans les aflemblées des prenuers Chrétiens, ceux qui tenoient le premier rang prenoient aufli le nom de Presbyteri, qui à la lettre fignifie anciens. Ainfi la feconde épitre de S. Jean qui dans le Grec commence par ces mots #pes- Évrepos E AexT}, & la troifieme paf ceux-Ci pes GÜrepos Ta , {ont rendus ainfi pat la vulgate, férior Eleüteæ, Jenior Gaio. Il faut pourtant mettre cette différence entre les anciens des Juifs & ceux des Chrétiens, que les premiers n’avoient qu’une députation exté- tieure & de police feulement , dépendante du choix du légiflateur , au lieu que les autres ont toljours eu en vertu de leur ordination un cara@tere inhérent, & comme parlent les Scholaftiques, indélebile ; ce qu'on prouve par le chap xiv. des Ates des Apô- tres, v. 22. où la Vulgate dit : cm conffiuiffent illis per firgulas eccleias presbyteros. Le Grec rend le ver- be confttuilfent par XEIPOTOYATANTES , c’eft-à-dire » CUIR #nanutm impofitione confecraflenr. Voyez EVÈQUE, & PRÊTRE. Le Préfident ou Evêque prenoit la qualité d’er- cien ; c'eftainfi que S. Pierre dans fa premiere Epirre, chap. v.v. 5. s’adreflant aux anciens leur dit , /ezic- res , mpeoGurépous , qui in vobis fun obfécro, confenior , uumpeoGurepos : ce qui a donné lieu de confondre la qualité d'Evèque avec celle de Prêtre à ceux qui ont contefté la fupériorité des Evêques. Voyez Epis- COPAT. _ Par la même raifonles aflemblées des Mimiftres de fEglife , dans les tems dé fa naïffance , étoient ap- péllées presbyteria où presbyterium , confeil des an- ciens, L’Evêque y prefidoit en qualité de premier ancien , & étoit aflis au milieu des autres aciers : ceux-ci, c’eft-à-dire les Prêtres, avoient à leurs côtés leurs chaires de juges ; c’eft pourquoi ils {ont appel- Tome À, ANC 441 lès par les Peres afféffores epiftoporiim. Il ne s'éxecu toit rien de confidérable qui n’eût été auparavant délibéré dans cette afléemblée , où l’'Evêque étoit lé chef.du corps des Prêtres ou azciens, parce qu’alors la Jurifdi@ion épifcopale ne s’exerçoit pas par l'E: vèque feul, mais par l’Evêque affifté des axciens, dont il étoit le Préfident. Voyez EvÊQUE. ANCIEN , eft encore un titre fort refpeété chez les Protéftans. C’eft ainfi qu'ils appellent les Off- ciets , qui conjointement avec leurs Pafteurs ou Mi: niftres, compofent leurs confiftoires ou affemblées pour veiller à la Religion & à l’obfervation de la difcipline ; on choïfit les anciens d’entre le peuple ; & on pratique quelques cérémonies à leur réception. Lorfque les Calviniftes étoient tolérés en France , le nombre de ces anciens étoit fixe, & il leur étoit dé: fendu par un Edit de Louis XIV. en 1680. de fouf- frir aucun Catholique Romain dans leurs prèches. En Ecoffe , il y a dans chaque Paroïfle un nombre illimité de ces aciens, qui ne pañle pourtant pas or= dinairement celui de douze, le gouvernement pref bytérien déminant principalement dans ce Royau- me. Foyez PRESBYTÉRIEN. | Chamberlayne fait mention d’un arcien réoula- reur choïfi dans chaque Paroôïfle par le confiftoire , & dont le choix eft enfuite confirmé par les habitans , après une information exaéte &c fcrupuleufe de fes vie & mœurs. Il ajoûte que le Minifire Pordonne ; . & que fes fonétions font à vie; qu’elles confiftent à aider le Muuftre dans l’infpeétion qu'il a fur les mœurs , dans fes vifites , catéchifmes ; prieres pour les malades , monitions particulieres , & à ladminit- tration de la cene. Tout cela paroît d'autant moins fondé , que toutes ces fonétions font les mêmes que celles des ffmples anciens dans les Eglifes presbyté- riennes ; quant aux a/zciens régulateurs | On NY CON* noît rien de femblable , fice n’eft dans les affemblées générales, où ces anciens régulateurs font l'office de députés ou de repréfentans des Eglifes. Voyez Sy- NODE , &c. (G) : | ANCIENNE ASTRONOMIE , fe dit quelquefois de laftronomie des anciens qui , fuivant le fyftème de Ptolomée , mettoient la terre au centre du mon: de | & faifoient tourner le foleil autour d'elle; & quelquefois de laftronomie de Copernie même ; qui * en plaçant le foleil au centre de l'orbite terreftre, ou dans quelque autre point au-dedans de cette or- bite, fafoit décrire aux planetes des cercles autour du foleil, &/non'des ellipfes, qu’elles décrivent en effet. Voyez ASTRONOMIE. Voyez aufli PLANETE; CoPERNIC, ORBITE , Gc. ANCIENNE GÉOMÉTRIE peut s'entendre aufi de deux manieres ; ou de la géométrie des arciens ; jufqu’à Defcartes, dans laquelle on ne faïfoit aucun Ufage du calcul analytique , ou de la géométrie de- puis Defcartes jufqu’à l'invention dés calculs diffé: rentiel & intégral. Voyez ALGEBRE , DiFFÉREN- TIEL , INTÉGRAL, &c. Voyez aufi GÉOMÉTRIE, (0) : Étit ANCILE, {. m'exr Antiquités kefpece de boucliers de bronze que les anciens prétendoient avoir été envoyés du ciel à Numa Pompilius ; 1ls ajoûtoient que l’on avoit entendu en même tems une voix que promettoit à Rome l’Empire dumonde, tant qw’elle conferveroit ce prefent. Woyez PALLADIUM: Les Auteurs font partagés fur l’étymologie 82 fur l'orthographe de ce'mot. Camerarius & Muret'lé prétendent Grec , & le font venir de #yzvao,rcour, bé; aufi écrivent-ils arcyle, ancylia ; toüjours avec un y.: nous lfons certainement dans Plutarque aps Ma. Juba dans fon hiftoire , foûtient que ce moteft ofiginairement Grec. Mais on ne peut concilier cet= teorthographe avec les manufcrits & les médailles, où ce mot fe trouve écrit avec un as” ; Varron 3 442 ANC Île fait venir de. ércilia, ab ancifu, & fuppofe que cé nom fut donné à une efpece de boucliers échancrés, ‘ou dentelés à la maniere des pe/ræ de Thrace. Plutarque même dit que telle étoit la figure de | Vancile; mais il differe de Varron, en ce qu'il pré- tend que les petits boucliers des Thraces n’avoient point cette figure, & qu'ils étoient ronds : Ovide paroît en avoir eu la même idée ; fuivant ce Poete, la rondeur de ce bouclier Le fit nommer azcile; c’eft- à-dire, ancifum, de am, & cœdo , également coupé en rond, N Plutarque lui trouve encore d’autres etymolo- gies , par exemple , il dérive ancile de ayxwv , parce que l’on portoit ce bouclier au coude. Quoiqu'il n’en fût tombé qu’un des nues , on en confervoit douze à ce titre ; Numa par lavis, difoit-on, de la nymphe Egerie , ayant ordonné à Veturims Manurius d’en fabriquer onze autres parfaitement femblables au prenuer , afin que fi quelqu'un entreprenoit de le dé- rober , il ne plût jamais favoir lequel des douze étoit le véritable aile, Ces anciles étoient confervés dans le temple de Mars, &c la garde en étoit confiée à 12 Prêtres nom- més Saliens , établis pour vaquer à ce muiniftere. Voyez SALIEN. On les portoit chaque année dans le mois de Mars en proceflion autour de Rome ; & le trorfieme jour de ce mois, on les remettoit en leur place. (G) * ANCLAM , ( Géog. mod. ) ville d'Allemagne, dans le cercle de haute Saxe & le Duché de Pomé- ranie , fur la Pêne. Long. 31, 55. lat, 54. * ANCOBER , ( Geog. mod. ) royaume de la côte d’or de Guinée , en Afrique , proche la riviere de même nom. * ANCOLIE, ff. ( Hifi. nat. ) aquilegia , genre de plante à fleur anomale, compolée ordinairement de plufieurs feuilles inégales , dont quelques-unes font plates ; & les autres font faites en forme de capuchon ; elles font toutes entre-mêlées alternati- vement : 1l s’éleve du milieu de la fleur un piftil en touré d’étamines , qui devient dans la fuite un fruit compoié de plufeurs gaines membraneules, difpo- fées en maniere de tête , & remplies de femences faites en forme d'œuf applati Tournefort, I2f, rei herb. Voyez PLANTE. (1) ANCOLIE , ( Medecine. ) aquilegia filvefiris, C B. La femence en eft apéritive , vulnéraire , déterfi- ve ; elle leve les obftruétions du foie, de la rate ; elle excite les mois &c l'urine, réfifte à la pourritu- re ; on l’employe en potions &en gargarifmes, pour les ulceres de la gorge , pour la corruption des gen- cives , dans le {corbut : rien ne peut diffiper {on odeur , lorfqu’elle s’eft attachée aux mortiers où on la pile. Elle entre dans plufeurs préparations ; on en fait des pillules pour la jaunifle avec le fafran de Mars & le tartre vitriolé mêlés enfemble à parties égales, enveloppés dans laconfeétion hamec. La dofe de fes pillules eft d’un gros. (N) : A N , dyxor, mot comme on voit, purement Grec, ufité en Araromie, pour fignifier la courbure du bras en-dehors, ou la pointe du coude fur laquel- le on s'appuie. Voyez CuBirus. On l’appelle autre- ment o/ecrane. Voyez OLECRANE. ( L ) * ANCONE, (LAMARCHE D’. ) Geog. mod. pro- vince d'Italie. dansl’Etat eccléfaftique , dont la ca- pitale eft Ancone. Long. 50. 26—31. 40. lai. 42. 37-43: 34 | * ANCONE , ( Geog. mod. ) capitale de Za Marche d’'Ancone, fur la mer. long, 31:15. lat. 43.36. ANCONÉ,adj;pris fubft. (Anatomie. ) épithete de quatre mufcles:qui vont s'attacher à l’apophyte an- con , autrement dite l’o/ecrane, Voyez OLECRANE, Voyez pl, 5 d'Anats nt | ED . Trois de ces mufcles s’uniffent & intimement en femble, qu'ils forment un vrai mufcle triceps. Le grand anconé ou long extenfeur eft attaché fupé- tieurement à la partie fupérieure de la côte inférieu- re de l’omoplate, & à {on col. De-là il va fe terminer en s’uniflant intimement ayec l’azconé externe & interne , par un tendon large qui s’attache en forme d’aponevrofe à l’olecrane. L’anconé externe , ou court extenfeur , prend fes attaches au-deflous de la tête de l’humerus, & fe termine en s’attachant tout le long de la partie laté- rale externe de l’humerus, & en s’uniflant intime- ment avec le grand azconé , à la partie latérale externe de l’olecrane, L’anconé interne on brachial externe eft attaché fu- périeurement au-deffous du grand rond le long du ligament de la ligne faillante qui répond au condyle interne , le long de la partie moyenne &s inférieure du grand amconé , & va fe terminer à la partie laté- rale interne de l’olecrane. | Le petit ezconé eft attaché à la partie inférieure du condyle externe de l’humerus,, & fe termine le long de la partie latérale externe poftérieure & fupé- ricure du cubitus, à côté de l’olecrane. (L} ANCHRE , (Marine). Voyez ANCRE. ANCHRE , f. f, ( Commerce ) eft une mefure pour les chofes liquides , fort en ufage dans la ville d’Amf- terdam. L’azchre eft le quart de l’aume , & tient deux fteckuns , chaque fteckun 16 mangles , & la mans gle eft égale à deux pintes de Paris. V, PINTE. (G) ANCRAGE, o4 ANCHRAGE, f. m. ( Marine. ) c’eft un lieu ou efpace en mer propre à jetter l’ancre d'un navire, & dans lequel on trouve la quantité de brafles d’eau fufifante, & où on peut mouiller en füreté. Le meilleur fond pour l’azcrage eft de la forte argile, ou du fable ferme ; & le meilleur mouil- lage eft celui où on eft le plus à l’abri du vent & de la marée. Voyez MOUILLAGE. ANCRAGE , droit d'ancrage. ( Marine. ) C’eft un droit que l’on paye en certains ports, foit au Roi où à l’Amiral, pour avoir la permufion d’y mouiller. EnFrance , le fonds detous les ports &havtes étant au Roi , il n’eft pas permis à qui que ce foit, de jet- ter l'ancre dans aucun port , fans payer ce droit à des Officiers, qui par lettres patentes ontla comnuf- fion de le percevoir. (Z ) | ANCRE, f. f.( Marine, ) eft un inftrument de fer AB CD foyez PLII. fig. 1. ) dont on fe fert pour arrêter les vaifleaux, On attache cet inftrument à urt cable dont l’autre extrémité eft attachée au vaif- eau. On jette l'ancre à la mer , où par {on propre poids & par fes pointes B, D, elle s’attache au fond, & retient ainfi le vaifleau. L’ancre eft compofée de plufieurs parties. La partie Pe eft appelléela verge de l'ancre ; elleeft ronde dans Les petites , & quarrée dans les grandes. La partie B C D foudée au bout de la verge s’ap- pelle la croifée ou croffe : B C , moitié de la croifée,eft le bras ou la branche, | L’arganean où l’organeaueft un anneau E À pañflant par le srou g du haut de la verge. C’eft à cet anneau qu’on attache le cable. | Les pattes de l’ancre font des lames de fer BIK, D GK, de forme triangulaire , qui forment l’extré- mité des bras , & qui fervent à wordre le fond de la mer. , Les angles des pattes I, K,G,H, font appelés les oreilles, à 1 | Le Jas ou jouet de l'ancre eft un axe de bois com- pofé de deux morceaux de bois fort épais , dont l'un ctABEEF(fg.3.) dans lefquels il faut remarquer une rainure C D qui doit embrafler la tête de l'az- cre ; outre cela on remarque à la tête de l'arcre deux petites éminences appellées zons, dont l’une efl | ni = À ANC x mg. 2, ) & l’autre eft au côté oppofe. Ces tenons font exatement renfermés dans l’inté- _ rieur du jas, & empêchent qu'il ne puifle monter ni defcendre. Les deux morceaux de bois dont nous avons parlé, font attachés à l’arcre de maniere qu'ils foient perpendiculaires à un plan paflant par la ver- ge & par les pattes; on les fixe desplus enfemble avec des clous ; & étant ainfi joints , 1ls forment le _jas G H I K. Le jas fert à empêcher que la croifée ne foit parallele au fond de la mer , ce qui empêche- toit l'ancre de mordre. Il y a dans un vaifleau plufeurs arcres : la plus groffe s'appelle la rairreffé ancre : celle qui la fuit en grofleur fe nomme la /écoxde : la troifieme s’appelle ancre d'affourche ; on la jette du côté oppofé à la rraf- æreffé ancre , 8 de maniere que les deux cables faf- fent un angle au-dedans du vaifleau : la quatrieme ou plus petite ancre fe nomme ancre de roue ou boxe Je; on la jette à quelque diftance du vaiffleau ; on attache un cable par une de fes extrémités à cette ancre , & par l’autre au cabeftan , & en tournant le cabeftan on amene le vaifleau vers le côté où il eft arrêté par l’axcre. On fe fert aufli d’une corde appellée l’ozz, dont on attache une extrémité à l’azcre, & l’autre à un bout de liége flottant fur l’eau , afin que fi l’azcre vient à fe détacher du cable, on retrouve, par le moyen de ce liége , l'endroit où elle ef. Il ya encore d’autres ancres dont il fera fait men- tion à la fuite de cet article. s AU Il y a grande apparence que les ancres font fort anciennes : mais leur premier inventeur eft inconnu, -ou du moins incertain. Des paflages d’Appollonius de Rhodes, & d’'Etienne de Byfance, prouvent que les Anciens ont eu des arcres de pierre ; & on voit par Athénée qu'ils en ont eu même de bois. Il y a appa- rence que les premieres ancres de fer dont on fe fer- vit navoient qu'une dent ; & l’on voit par un paf- fage de Nicolas Witen , que dans ces dermierstems on en a fait aufh quelques-unes de cette efpece.. À l'égard des ancres de fer à deux dents, il paroït par les médailles 8 parles pañfages qui nous reftent, qu'elles étoient aflez femblables à celles dont nous nous fervons aujourd’hui. On a quelquefois fait ufage d’ancres à trois dents: mais ces ancres, ainfi que celles à quatre dents, font moins bonnes que celles à deux, parce qu’elles font fujettes à plus d’inconvéniens. M.le Marquis Poleni en détaille les principaux dans fa piece Latine fur Les ancres, imprimée à Paris en 1737, à l’Imprimerie royale, & dont nous ayons tiré tout ce que nous avons dit jufqu’à préfent. Cette piece fut compofée à loccafon du prix que T Académie Royale des Sciences de Paris avoit pro- pofé pour cette année 1737. | : L'Académie avoit demandé 19. quelle étoit la mel. leure figure des ancres. Le prix de cette partie fut ad- qugé à M. Jean Bernoulli le fils ; & voici l'extrait de ÉADICCEe…. tou À OT “si Il cherche d’abord l’angle le plus favorable pour que lazcre enfonce , c’eft-à-dire , celui fous lequel la patte entre le plus profondément & avec le plus de facilité & de force , & il trouve que cet angle eft égal à 45 degrés, c’eft-à-dire, que le bras doit faire avec le fond de la mer un angle de 45 degrés, en fuppofant que Le fond de la mer foit horifontal, & que le cable le foit auffi ; fuppoñitions qui à la vé- rité ne font pas à la rigueur, mais qui peuvent pour- tant être prifes pour aflez exates. Il s'applique enfuite à déterminer la figure de l’ax- cre la plus avantageufe. Il obferve d’abord que la ré- fiftance des différentes parties du fond de la mer de- vant être cenfée la même partout , elle peut être regardée comine femblable à l’aûion d’une infinité de puifflances paralleles qui agiroient fur La çroifée, Tome I, | mn ANC 443 Ainf, en fuppofant Zz-croifée ou fa fürface concave d’une égale largeur partout , il en réfulte que La figu: re la plus avantageufe de cette furface concave fe- roit celle d’une chaînerre , c’eft-à-dire , de la-coutbe que prend un fil chargé de poids égaux ; & attaché horifontalement par les extrémités ; carileft vifible que fi l’arcre étoit flexible , elle prendroit cette fieu- re d'elle-même , & la conferveroit après l'avoir pri- fe. C’eft donc la figure la moins fujetté à changer, lorfque la branche eft fuppotée inflexible, 7, CHax NETTE, TER Mais on ne doit pas faire la croifée d’une égale largeur partout ; car en ce cas , elle ne réfifteroit pas également à être caflée dans toute fa longueur. Elle fe cafferoit plus aifémenti( par la proprieté durle- vier) vers le fommet de la croifée que vers-les-èxz trémites. Ainfi il faut qu’elle foit plus mince vers fes extrémités , que vers fon miliein. 4 + " M. Jean Bernoulli imagine donc deux courbes ; dont l’une termine la furface concave de l'ancre ,; & repréfente par {es ordonnées les différentes largeuts de cette furface , & une autre courbe qu'il appelle courbe des épaifleurs | & dont les ordonnées foient perpendiculaires à la furface concave ; & il trouve par le principe de l'égalité de rupture ; l'équation qui doit être entre les ordonnées de la courbe des épaifleurs ; &: celles de la courbe des larseurs, De plus , pour que la branche foit le moins fujette qu'il eft pofhble à fe plier ou à changer de fieute, il faut une autre équation entre les deux courbes dontnous venons de parler, Le problème fera donc parfaite- ment réfolu fi les deux courbes font telles qu’elles fatisfaflent à la fois aux deux équations ; condition qu’on peut remplir d’une infinité de manieres. (0): “2°, Lafeconde queftion propofée par l’Académie avoit pour objet la meilleure maniere de forger les an cres, Cette queftion | comme on verra .par ce qu£ fuit, pouvoit avoir deux branches ; l’une relative à l'ancre, l’autre relative aux machines qu’on employe pour les forger. | X ts “à Le prix quant à la partie relative à l'ancre, la feule apparemment que l'Académie avoit en vûe dans-fæ queftion , fut adjugé à M. Trifaguet: voici l'extrait de la principale partie de fon Mémoire, qu’on péut con: fulter, fi l’on defire un plus grand détail. On forge des barres plates & pyramidales ; on en arrange plu= fieurs les unes auprès des autres, enforte qu’elles aient enfemble plus que le diametre de la piece qu’on veut forger ; & que leur longueur foit moindre , par- ce qu’elles s’étendent & diminuent d’épaiffleur en les forgeant. On donne plus d’épaifleur aux barres les plus éloignées du centre, parce que le feu agit davan- tage fur elles. On lie toutes ces barres enfemble avec des liens de fer foudés, que l’on fait entrer parle petit bout du paquet, & que l’on chafle enfuite à grands coups, Ÿ. PI, I. premier tableau, figure 1. Un forgeron qui lie, avec des liens foüdés, neuf barres de fer en- femble, pour faire une verge d’azcre; 4, le paquet de barres de fer ; , ringal ou barre de fer, prife au cen- tre du paquet, qui fert à le tourner & manier dans la forge &c fous le gros marteau; cc, liens que le for- geron chaffe à grands coups de marteau. . On porte en cet état le paquet à la forge d; on le place au-deffus de la tuyere; on le couvre de char: bon; on fouflle d’abord modérément ; puis on fait un vent fort & continuel. De cette maniere la chaleur pañle de la furface au ceñtre; & comme les barres {ont inégales , & que les premieres font les plus for= tes, tout s’échauffe également. Pour favoir fi le pa quet eft affez chaud , on perce la croûte de charbon qui l'enveloppe; s’il paroît net & blanc, il eft prêt à être foudé : à l’aide de la potence zg, & dé fa chaï. ne f qui embrafle le paquet, on le fait aller fans ef. fort fous le martinet,qui, en quatre ou pet FOURS fous 1] 444 A NC de toutes les Barres. Le paquet eff placé fur l'enclu- : me ou tas ke. Deux forgerons, fgwre 2 & 3, le foù- tiennent ; & le marteleur, ou (figure 4) le maître an- ! crier dirige la piece par le moyen duningal, & fait ”. WE \ » . | appliquer les coups de marteau où ils doivent por- : ter, Cé marteau agit dans ce tableau par le moyen de l'eau ; 80 comme celui des grofles forges. Voyez ce détail à l'article GROSSES FORGES. Les figures 5 & 6 du même tableau tirentrune corde qui pañle fur une poulie, & qui eft attachée À la patte d'une axcre ; la verge de cette ancre eff fixée à un pieu 7; &c ces for- | gerons'fe difpofent à cintrer les bras. La longueur d’une anere de 6000 livres doit être à | peu près de quinze piés, &c fa groffeur de dix pou- ces. On‘proportionne le poids des zzres à la force de l'équipage & à la grandeur ‘du vaifleau. De la maniere dont unewzcre eft mouillée , le plus grand effort qu’elle.fait eft dans le plan qupañie par la verger& les deux bras. Or il eft évident qu'une barré quineit pas quarrée ;:eft plus difficile à cafler fur le côté, que fur le plat: D'où il s'enfuit, felon M. Trifaguet , que l'ancre, pout avoir la force la plus grande, doit être plate dans ce fens, Cependant il ne fera pas mal d’abattre les angles en rond, pour ren- dre plus doux le frotement contre Le cable & les ro- chers. f Lorfque la verge éft forgée ; le trou par où doit pafler l’organeau percé ; le ringal coupé; le quarré, & les tenons formés ; le trou qui doit recevoir la croi- {ée , percé; on forge la croïfée & les pattes. M. Tri- fagueteft encore d'avis, que pour former les pattes, on forge des barres dont on applatifle les extrémités. . Quand toutes ces pieces font forgées &c affem- blées , ce qui s’exécute à la forge, att maftinét & au matteau , l’acre et finie. Voyez fécond tableau de la mé- me Plañiche’, le détail dé ces opérations: La figure 1, eft un forgeron qui met du charbon à la forge : a, le foyer ; figure 2. eft un marteleur ou maître ancrier , qui tient un levier pañlé dans le trou de l’organeau, & qui dirige l'ancre fous le martinet 2: Les figures 3. 4. 3. foûütiennent la verge de l’ezcre, foulagent le marteleur, & lui obéiffent : g f & cd font deux chaï- nes attachées à deux potences mobiles, dont l’une cd foûtient la verge , & l’autre g f porte le bras. L’o- pération qui fe pañle ici, eft celle de fouder la croi- fée à la verge, ce qui s’appelle ezco/ler l'ancre. Lorfque l’erere eft encollée, on la rechauffe ; on travaille à fouder la balevre ; ce qui ne peut s’exé- cuter fous le martinet, mais ce qui fe fait à bras; & c’eft ce qu’on a repréfenté dans le même fecond ta- bleau, où l’on voit ( figure 7) un forgeron, qui, avec une barre de fer qu'il appuie contre la croifée de Paxz- cre encollée, qui eft dirigée par un maître ancrier, 6, contient cette azcre ; tandis qu’un forgeron, 8, avec un marteau à frapper devant ; répare la balevre. Ces ouvriers font aufli foulagés par leur potence pq. On entend par balevre, lès inégalités qui reftent nécef- fairement autour de l’endroit où s’eft fait l’encollage. Mais tout le travail précédent fuppofe qu’on a des eaux à fa portée, & qu’on peut employer un équi- page & des roues à l'eau pour mouvoir un martinet ; ce qu n'arrive pas toùjours : alors il faut y fuppléer pat quelque machine , &c faire aller le martinet à for- ce de bras. C’eft un attelier de cette derniere efpece gw'on voit dans le tableau de la Planche féconde des ancres. Les Figures, 2,3, 4, 5, 6 , {ont fix forge- rons partagés en deux bandes égales , lefquels tirent des cordes roulées fur des roues larges. Le mouve- ment de ces roues fe communique à un cric, celui du cric au martinet, & le martinet haufle & baïfle de la maniere dont nous allons le démontrer en détail ; après avoir fait obferver autour de l’enclume 2 cinq forgerons qui tiennent une acre fous le marteau, & qu l'ençollent, ou fondent la croifée à la verge, 6, ANC Penclume ; Z, cremailleres qui fervent À {oûteñirta piece , à la haufler owbaiffer ; 85 à en faciliter le mou- vement. Ces cremiailleres font foûtenues fur lés bräs des potences mobiles ef: ff font des tirans qui for- tifient les bras de la potence, & les empêchent de - céder fous la pefañteur des fardeaux. Paflons maintenant à la defcription de la machine qui meut le martinet ; la chofe la plus importante de cet attelier. Pour en donner une notion claire & dif- -tinéte, nous allons parcourir la figure & l’ufagé”de chacune de fes parties en particulier; puis nous ex- poferons le jeu du tout. | La figure 21 du bas de la Planche, eft une coupe verticale de la machine : G eflle martinet ; cé marti- net eft une mañle de 7 à 800 livres, dont la tête Feff acerée ; fon autre bout X pañle dans l’œil d’une baf- cule GANT, qui hui fert de manche : A eft un bou- Jon qui traverle cette bafcule & les deux jumelles O O ; car il faut bien fe reflouvenir que ceci eft une coupe, & qu'on ne voit que la moitié de la machine. Sur la partie N de la bafcule eft pofé un reflort | 3 , = ; ° “qu'on en voit féparé , fig. 14. 9 eft le reflort; k une platine fur laquelle il peut s'appliquer ; £ un étreffil- lon qui empêche le reflort de fléchir & de fe rompre. On verra dans la fuite l’ufage de cette piece. L’extrémité 1 fe. 22. de la bafcule G A NI, eft pefcée d’un trou, & traverlée d’une corde qui pañfe dans un trou fait à la bafcule fupénieure MLK, & qui eft arrêtée fur cette baicule parun nœud Z. Cette corde unit les deux bafcules, & acheve de rendre leur élévation où abaifiement inféparable. M Leftun boulon de la baïcule fupérieute MLK, qui traverfe les deux jumelles O © ; à l'extrémité P de la bafcule fupérieure eft un crochet qu’on voit ; il y en a un {e- cond fur la face oppofée , qu’on ne peut appercevoir dans cette figure; mais qu’on voit fég.'9. La figure 9 repréfente l'extrémité de la bafcule fi- périeure avec toute fon armure; #W{ont fes deux crochets. Dans ces érochets eft placée une efpece de T,, qu’on voit féparèment, fig. zo ; ce T dont Y( f?. zo)eftlatête, a à fa queue Z un œil, une virole, ou une douille. Ce qu’on voit (fig. 9)inféré dans cette douille , en X, eltune dent de cric ; cette dent decric eft arrêtée dans la douille du T, par une clavette qui la traverfe & la douille aufli, comme on voit fg. 22. b eft la dent, c ef la clavette ; d’où il s’enfuit( 9.9.) que la dent ne peut baïffer, fans tirer avec elleleT, qui fera néceflairement {uivi de l'extrémité T de la bafcule fupérieure. On voit ( fig. 11) le cric placé entre les deux jumel- les, qui lui fervent de coulifie ; ce cric eft garni dé dents Q Q. À S eft une coupe du tambour qui por- te la lanterne, qui fait mouvoir le cric Q Q. R par- tie de la lanterne garnie de fufeaux; S partie de la lanterne fans fufeaux. La figure 13. eft une vûe du tambour, de la lan- terne, & ducric, qu’il faut bien examiner fi l’on veut avoir une idée nette du jeu de la machine : 24 eftun eflieu de fer du tambour & de la lanterne: f le tam- bour ; g les fufeaux de la lanterne; e le cric. On voit comment les fufeaux de la lanterne, dans le mouve- ment du tambour qui emporte avec lui, commen cent & ceflent d’engrener dans les dents du cric. On voit( fg. 15.) la machine entiere : 4 qq 4 font les traverfes des côtés qui foûtiennent les paillers fur lefquels les tourillons de l'arbre du tambour fe meu- vent:r7rrr font des pieces qui forment le chaflis de la machine ; leur affemblage n’a rien d’extraordinai re : 7 m {ont de grandes roues larges mobiles, & qui he portent point à terre; des cordes font fur ces roues autant de tours qu’on veut : z7 eft la pareille de mm : k la grande bafcule : /la petite bafcule ou la fupérieure: z le martinet : o courbe afflemblee fur la traverfe 4, de maniere que fon extrémité puille à àù ae vis re ne. À EN “e: .e s'appliquer & s’écarter d’une entaïlle faite au croi- filon de la roue #7, & par conféquent arrêter ou laif- fer cette roue libre aïnfi que fa pareille : p éeft une pince qui fert à amener dedans ou à chaffer la cour- be o de lentaille du croifillon. Cela pofé & bien entendu, il eft évident que fi des cordes font fur lés roues z autant de tours qu’il eft néceflaire pour une chaude , & que ces cordes Toient tirées par des hommes , comme on voit an haut de la Planche, de maniere que le point 1 ( figure 15) d’en haut defcende du côté des hommes ; 1l ef, dis-je, évident que le tambour, & la lanterne qui lui eft adhérente, tourneront dans le même fens , & que les fufeaux de la lanterne rencontrant les dents du crie, feront defcendre le cric. Maïs le cric ne peut defcendre que fa dent fupérieure:, fixéé par une cla- vette dans la douille du T, ne tire ce T en enbas , & avec ce T', la bafcule fupérieure , dont le bout P (fig. 2 ) defcendra : mais le bout P de la bafcule fupé- rieure ne peut defcendre fans appuyer fur le refort M N, qui réfiftant à cet effort en vertu de l’étreflillon T( fig 4 ) fur-tout lorfqu’il fera tout-à-fait couché fur la platine A, fera baïfler le bout Z ( fig. 21) de la baïcule inférieure. Le bout 7 de cette bafcule ne peut baïfler en tournant fur le boulon Æ, que fon extrémité G ne s’éleve ; l'extrémité G ne s’élevera qu’autant que l'extrémité J baiflera : mais l’extrémi- té Z ceffera de baïfler , quand la lanterne aura tour- né de toute fa partie garnie de fufeaux. Lorfqute le dernier fufeau de la lanterne s’échappeta du cric, alors rien ne pouffant ni ne retenant en bas Îles ex- trénutés P I des bafcules fupérieure & inférieu- re, l’extrémité élevée X de l’inférieute , entrai- née par fon propre poids & par celui du mar- teau , tombera d’une vitefle encore accélérée par celle du reflort MN( fig. 11 ), relevera en tombant l’extrémité P de la bafcule fupérieure , &la machine fe retrouvera dans fof premier état. Mais les ou- vriers continuant de tirer, elle n’y demeurera que juiqu'à ce que la lanterne ayant tourné de la quan- tite de fa partie vuide de fufeaux, celle qui en eft garnie fe préfentant de rechef au cric, agira fur fes dents, le fera defcendre, 6c. & recommencer en conféquence autant de fois le même mouvement que nous venons d'expliquer. La courbe o, fig. 5. en s’appliquant au croifillon de la roue #2, l'empêche de tourner, & le marteau peut être tenu élevé. | Mais comme les fardeaux qu'on a à remuer font très-confidérables, on fait ufage des potences mobi- les ; & pour les haufler & baïffer , on applique à ces potences des cremailleres. Voyez fig: 26. une de ces cremailleres , dont le méchanifme eft fi fimple qu'ilne demande aucune explication. L _ La fe. 17. montre des moufles garnies de corda= ges , dont on fe fert qu'and les fardeaux font trop lourds pour les cremailleres. 3°. La troifieme queftion propofée par l’Acadée- mie, étoit {x meilleure maniere d'éprouver les AN- CRES ‘elle ne fut fatisfaite d’aucune des pieces qu’on lui envoya ; & elle partagea la troifieme partie du prix entre M. Daniel Bernoulli, & M. le Marquis Poleni , dont les pieces contenoïent d’ailleurs d’ex- cellentes chofes. Nous ne dirons donc rien non plus fur cette troifieme partie ; & notis renvoyons ceux qui voudront s’inftriure plus à fond fur cette matie- re, au volume qui contient ces différentes pieces, imprimé , comme nous l'avons déjà dit , en 1737, à l’Imprimerie royale. . ANCRE 4 demeure, c’eft une grofle ancre qui de- meure toùjours dansun port, ou dans une rade pour fervir à touer les vaïfleaux. Ancre à la veille, c’eit celle qui eft prête à être mouillée, A NC 44$ Anère du large, c’eft ainfi qu’on appelle une azcre qui eft morullée vers la mer!, lorfqu'l y en a une au tre qui eft mouillée vers la terre. Ancre de terre, c’eft celle qui eft mouillée près de la terre , & oppofée À celle qui eft mouillée au large. | °n' Ancre de flot, & ancre de juflant où jufant , c'eft lotfqu'on parle de deux arcres mouillées de telle for- te , que l’une étant oppofée à l’autre , elles tiennent lé vaifleau contre la force du flux & du reflux de la mer. | SA 54 Brider l'ancre, c’eft envelopper les pattes de l’ez- cre avec deux planches, lorfqu’étant obligé dé mouil- ler dans un mauvais fond , on veut empêcher que le fer de la patte ne creufe trop & n’élargifle Le fables, & que le vaifleau ne chafle. Voyez SouLIER. Lever Pancre , c’eft la retirer & la mettre dans le vaifleau pour faite route. « Le vent étant favorable, # nous Zevdmes l'ancre , & appareillâmes pour conti= »nuer notre route ». | | | . Lever l'ancre bar les cheveux, c’eft la tirer du fond avec l’ofrin qui eft frappé À la tête de l’arcre, . Va lever l'ancre avec la chaloupe , c’eftun comman- dément d'aller prendre l’azcre par la chaloupe, qui la hale’ par fon orin , êg la rapporte À bord. Gouverner fur Pancre, c’eft virer le vaifleau quand on leve l’excre , & porter le cap fur la boïüée , afin que le cable vienne plus droiturier aux écubiers & au cabeftan. Jouer fur fon ancre, filèr fur les ancres. V. FILER. . Courir [ur fon aricre, chafler fur les ancres , c’eft lort qué le vaifleau entraine {es ancres , & s'éloigne du hé où il a mouillé ; ce qui arrive quand le gros vent ou lés.coups de mer ont fait quitter prife à l’a7- cre, à caufe de la force avec laquelle le navire l’a tirée : quelques-uns difent improprement fer fur Jon ancre. On dit auffi fimplement chaffer : Le vaifleau chafle. Voyez ARER ou CHASSER. . Faire ver l'ancre 4 pic, ou 4 pique , virer à pic, c’eft remettre lecable dans un vaifleau qui fe prépare à partit , en forte qu'il n’en refte que ce qu'il faut pour aller pérpendiculäirement du navire jufqu’à l'ancre, & qu’en vitant encore un demi tour de ca- ble , elle foit enlevée tout-à-fait hors du fond. … L'ancre a quité , V’ancre ef? dérapée, c’eft-à-dire que l'ancre qui étoit au fond de l’eau pour arrêter le na- vire, ne tient plus à la terre. … L’ancre paroït-elle ? c’eft une demande qu’on fait lorfqu'on retire une azcre du fond, pour favoir fi elle eft à la fuperficie de l’eau. Caponner l'ancre. Voyez CAPON. Bojfer l'ancre & la mettre en place. Ÿ. Bosser. L’ancre.efl au boffoir ; cela fe dit lorfque fon grand anneau de fer touche le bofoir. Effre à ancre : lorfqu'une flotte mouille. dans un port, ou que l’on mouille dans une rade où il ya déjà beaucoup de vaïfleaux, le pilote , & ceux qui ont le commandement , doivent prendre garde à bien mouiller, & que chaque vaifleau foit à une di- ftänce raïfonnable des autres , ni trop près ou trop loin de terre, | Si le vent commence à forcer, il'eft à propos que tous les vaifleaux filent du cable également , afin que l’un n’aille pas aborder outomber fur l’autre. L'on eft mouillé à une diftance raifonnable des autres vaifleaux, lorfqu'il y a aflez d’efpace entre deux , pour ne pas s’aborder en filant tous les ca- bles, Il eft bon auffi de butter les vergues , afin que le vent.ébranle moins les vaifleaux, & qu'en cas qu'ils vinflent à s’aborder , foit en chaffant où au- trement ; les vergues des uns ne puiflent s’embarraf- {èr dans les vetgues & les manœuvres des autres. La diffance la plus raifonnable qui doit être entre deux vaifleaux mouillés, eft de deux ou trois cables, 446 A NC c’eftà-dire, deux ouwtrois cens toifes. (ZY 1. ANCRE, ez Serrurerie, c’eft une barre de fer qui a la forme d’une $, ou d’un Ÿ, ou d’un T , ou toute autre figure coudée & en bâton rompu, qu’on fait ‘pafler dans l’œil d’un tirant , pour émpêcherles écar- temens des murs, la pouflée des voûtes , ou entre- tenir les tuyaux des cheminées qui s’élevent beau- coup. Voyez PI. 12. de Serrurerie: 4 À eft une ancre dans l'œil du tirant HG, chantourné pour que l’oeil {oit perpendiculaire à l’axcre. Mérne Plan, la fig. ee æft encore une ancre : elle pourroit être ou droite , ou coudée d’une autre façon ; c’eft à l’ufage qu’on én veut faire à décider de fa forme: mais quelle qu’elle foit du refte , l’azcre eft toùjours deftinée à pañler dans œil d’un tirant. Voyez TIRANT. * - * ANCRE , ox ENCRE , ( Géog. mod. ) petite ville de France en Picardie, fur une petite.riviere de m&ê- me nom. Long, 20. 15. lat. 49. 50. ® ANCRÉ , adj. fe dit dans le Blajon des croix & des fautoirs qui fe divifent en deux ; cela vient de ce qu'ils reflemblent à une azcre , par la maniere dont ïls font tournés. ZZ porte d’or au fautoir ancré d'aqur: (V7) * Broglio , originaire de Piémont , d’or au fautoir wncré d'azur. Cette maïlon s’eft établie en France, où ceux de ce nom fervent avec honneur dans nos armées , à l'exemple de leur pere, mort au fervice du Roi , lorfquil avoit un brevet de Maréchal de France. ANCRER , jetter l’ancre, mouiller l'ancre, ou fimplemént mouiller, donner fond,mettre ou avoir le vaifleau fur le fer,laïffer tomber l’ancre ( Marine. ) : tous cestermes fignifient la mêmechofe; c’eft-ä-dire , arrêter le vaifileau par l’effet de l'ancre. (Z) ANCRURE,, f. f. défaut du drap, qui nait de ce que le drap n'étant pas bien également tendu par- tout quand on le tond , il s’y forme quelques plis in- fenfibles, que la force venant à rencontrer, rafe de plus près que les autres endroits de l’étoffe ou du drap ; de forte que dans ces endroits on apperçoit quelquefois le fond” ou la corde. Il eft donc de la derniere importance que l’étoffe foit bien également tendue fur la table ou fur le couffin à tondre; car lV’'ancrure eft irréparable : on a beau. peigner les pla- ces ancrées, on pallie le défaut : mais c’eft encore aux dépens du corps qu'on acheve d’affoiblir, en en détachant des poils qui lui appartiennent, & qui n’étoient pas deflinés à couvrir la corde. Y, Particle DRAPERIE, où toutes les opérations de la fabrique des draps font expliquées. _ * ANCUAH, ( Géog. mod. ) ville de la Province d’Alovahat , au feptentrion de l'Egypte & de la Thé- baïde. * *ANCUD, ( Géog. mod. ) l’Archipel d’Azcud ou de Chiloé, partie de la mer Pacifique , entre la côte d’Ancude , celle du Chili, & l'ile de Cluloé. On lui donne le nom d’Archipel , à caufe du grand nombre d’iles dont elle eft parfemée. ANCUD eft encore une côte de l’Amérique méri- dionale , dans l’Impériale , province de Chili, en- tre l’Archipel d’Azcud, au couchant, les Andes à lorient , le pays d’Oforno au nord, & les terres Ma- gellaniques au fud. | * ANCULI & ANCULÆ, ( Myth. ) dieux & déeffes que les efclaves adoroïient & invoquoient dans les miferes de la fervitude. * ANCY-LE-FRANC , ( Géog. mod. ) petite ville de France dans la Champagne , fur la riviere d’Ar- mançon , proche d’Ancy-le-Savreux. | * ANCYRE , aujourd’hui ANGURI , 04 ANGOU- R1. Voyez ANGOURI. Il y avoit encote dans la Phry- gie Pacatienne une ville de ce nom, que les Grecs nommoient ANGYRA. | ANCYROIDE, ff, ayuupori HSe Quelques Ana: tomiltes fe fervent de ce mot pour défisner une émis nence de l’omoplate en forme.de bec : on l'appelle auffi coracoide. V. CORACOIDE 6 OMOPLAGE, (L) _..* ANCZAKRICH, ( Gcog..mod..) fleuve dela Podolie , qui fejette dans la mer Noire proched’'Oc- ZACOW. 1, PE AS ANDABATÉE, f. m. ( Hif. arc. )forte de gladia- teurs qui combattoient les yeux fermés, {oit quils les euflent couverts d’un bandeau , foit qu'als-por- taflent une armure de tête qui fe rabattoit : fur.leur vifage. Quelques Auteurs dérivent ce mot du Grec avaGarns, en Latin afcenfor, parce que les gladiateurs dont 1l s’agit, combattoient à cheval,.ou montés fur un char. (G) * D’autres aiment mieux faire venir ce mot. dévræ, contra, &T Rairw, gradior,.je marche. . *ANDAGAILAS , f. m. ( Géog. mod. ) peuple de l'Amérique méridionale au Pérou , entre le fleuve d’Abançai & celui de Xauxa. | AND AILLOTS. Voyez D'AILLOTS. * ANDAIN'o4 OND AIN, f£. m. ( Agriculr.i) étendue de préen longueur {ur la largeur de ce qu’un faucheur peut abattre d’herbe d’un coup de fauix. Ainfion dit,i/ y a trente andains fur la largeur de ce pré: Les meûniers prétendent avoir le droit de faucher un andain tout le lono du biez de leurs mouhns, | * ANDALOUSIE, fubft. f. ( Géog. mod. ) grande province d’Efpagne partagée en deux par le Gua- dalquivir; Seville en eft la capitale. Long. 11-16. lar, 36-38. | | _ L’Andaloufie eft la contrée la plus agréable & la plus riche de toute l'Efpagne. * ANDALOUSIE ( LA NOUVELLE), contrée de l'Amérique méridionale en Terre-ferme. , * ANDAMANS ( ISLE DES }» (Géog. mod. ) ile de l’Inde dans le golfe de Bengale. + * ANDANAGAR , ( Géo. mod. ) ville de la pret: qu’ile de l’Inde au-deçà du Gange, dans le royaume de Decan. dede ANDANTE, adj. pris fubft. ( #rme de Mufique ) ce mot écrit à la tête d’un air défigne, dx lencauvites c’eft le fecond des quatre principaux degrés de mou- vemént établis dans la Mufique Italienne. Ardante eft un participe Italien qui fignifie , a/lant, qui va ; il ca- rattérife un mouvement modéré , qui n’eft ni lentns vite, & qui répond à peu près à celui que nous ex- primons en François par ces mots, fans lenteur. Voyez MOUVEMENT. { Le diminutif ardantino indique un peu plus de fase dans la mefure: cé qu’il faut bien remarquer, e diminutif a//egretto fignihant tout le contraire. F. ALLEGRO. (S) * ANDARGE, ( Géog. mod. ) riviere de France qui a fa fource dans les vallées d'Unflan , & fe joint rès de Verneuil à l’Arron. | * ANDATE, f. f. (Myrch.) déefle de la Vittoire que les anciens peuples de la grande Bretagne hono- roient d’un culte particulier. * ANDELLE, ( Géog. mod. ) riviere de France en Normandie qui a fa fource près de la Férté-en-Bray, pafle par le Vexin Normand, & fe jette dans la Seine à quatre lieues au-deflus de Rouen. | ANDELLE , (Bots D’) Commerce. Ce boïs atrive à Paris au port Saint Nicolas ou du Louvre; il eft pref- que tout charme, & commode pour la chambre, parce qu’il s'allume facilement , & fait un feu clair. Il n’a que deux piés & denu. Voyez ANNEAU. | * ANDELY , ( Géog. mod. ) petite ville de France dans la Normandie, coupée en deux par un chemin pavé: l’une des parties de ce lieu s’appelle Ze grand Andely ; & l’autre, Le petit Andely. Celui-ci eft fur la Seine ; l’autre fur le ruiffleau de Gambon. Lorg. 19. lat. 49—20. C’eft la patrie dû fameux Pouflin, fi célebre dans l'Ecole de Peinture françorfe, | ! AND + * ANDEOL { SAINT), Géog. mod. pétité ville de France dans le Vivarès. Long. 22-20. lat. 44-24. * ANDERNACH, { Géog. mod. ) ville d’Allema- | gne dans le cercle du bas Rhin & dans l’archevèché de Cologne, fur le Rhin, Long. 25. at. 50-27. * ANDES, (CORDELIERE DES) (Géog. mod. ) chaine de hautes montagnes dans l’Amérique méridionale, qui s'étend du nord au fud dans le Pé: rou , le Chili, jufqu’au détroit de Magellan. Yoyez : CORDELIERE. * ANDEVALLO ( CAMPO D”), Géog. mod, | petite contrée d’Efpagne daus PAndaloufie, fur les frontieres de Portugal & de l’Eftramadure Efpagnole. * ANDIATOROQUE, ( Géog. mod. ) lac du Ca- ! nada où nouvelle France dans l'Amérique feptentrio- nale , du côté de la nouvelle Angleterre. , . * ANDILLY , LA BLANCHE D'ANDILLY, fubff. f, { Jardinage.) efpece de pêche qui foifonne beaucoup; elle eftgrofle, ronde, un peu plate, point rouge au- ! dedans, & aflez agréable au goût, fi on ne hu laifle | pas le tems de devenir pâteufe, ce qui lui arrive quand elle eft trop müre. * ANDIRA oz ANGELYN , G. Pifon. ( H1/f. nar. bor.) eft un arbre du Brefil dont Le bois eft dur &pro- pre pour les bâtimens ; fon écorce eft cendrée, & fa feuille femblable à celle du laurier, maïs plus peti- te. Il pouffe des boutons noirâtres d’où fortent beau coup de fleurs ramaflées, odorantes, de belle cou- leur purpurine & blanche. Son fruit a la figure &la grofleur d’un œuf; verd d’abord, mais noirciffant peurà-peu, ayant comme une future à un de fes cô- tés, & d’un goût très-amer. Son écorce eft dure, & il renferme une amande jaunäâtre , d’un mauvais coût, tirant fur l’amer avec quelque aftriétion. On pulvéfife le noyau, & l’on fait prendre de la poudre pour les vérs : mais il faut que la dofe foit au- deflous d’un fcrupule , autrement elle tourneroit en poifon. | | L’écorce, le bois, & le fruit, font amers comme de Paloës ; & c’eft en quoi 1l differe d’un autre ardira femblable en tout à celui-c1, excepté par le goût qu’il a infipide. Les bêtes fauvages mangent de fon fruit, & elles s’en engraïflent. Lemery. * ANDIRA-GUACU, ( Hifi. nat.) chauve-fou- ris de la grofleur de nos pigeons; elles ont une ex- croiflance fur le nez, ce qui les fait appeller chauve- Jouris cornues ; des aîles cendrées longues d’un demi- _ pié, les oreiïlles larges, les dents blanches, & cinq doigts au pié armés d'ongles crochus. Elles pourfui- vent les animaux, & les fucent quand elles peuvent les attraper. Il y en a qui fe gliflent dans les lits, & percent les veines des piés; la langue &c le cœur dé l’andira paflent pour un poifon. * ANDIRINE, ( Mych.) furnom de Cybele qui avoit un temple dans la ville d’Andere. * ANDOKAN, ANDEKAN, ANDUGIAN, & FARGANAH , ( Géog. mod. ) ville de la province de Tranfoxane de la dépendance de celle de Fargarah. Farganah eft donc le nom d’une ville ou d’une pro- vince. Quelques-uns veulent que Azdokar ou Far- ganah {oit auffi Akhfehiker. * ANDONVILLE, ( Géog. mod. ) ville de Fran- ce, généralité de Paris, éleétion d'Eftampes. * ANDORIA, (Lac D’), LAGO SALSO, (Géog. mod. ) lac du royaume de Naples dans la Capitanate, entre les rivieres Candaloro & Coropello, proche le golfe de Venife & la ville de Manfredonia. * ANDOVER , ( Géog. mod. ) ville d'Angleterre dans le Southampton. Long. 16-15. lat. 51-10. ANDOUILLE , f. f. c’eft, chez les Chaircuitiers , un hachi de fraifesde veau, de panne, de chair de porc, entonné dans un boyau avec des épices, de fines herbes, & autres aflaifonnemens propres à rendre ces viandes de haut goût, Î AND 44 Andouilles de cochon. Prenez de gros boyaux de cochon, coupez-en le gros bout, faites-les tremper un jour ou deux, lavez-les, faites-les blanchir dans de l’eau où vous aurez mis de l’oisnon & du vin blanc, jettez-les dans d’autre eau fraiche, coupez les boyaux de la longueur dont vous voulez les 472 douilles, prenez du ventre de cochon, ôtez-en lé gras , coupez-en des lifieres de la longueur des boyaux, fourrez de ces lifieres dans les boyatx le plus que vous pourrez, & vos andouilles feront fais tes. Vous les ferez cuire dans un pot bien bouché fu ün feu modéré ; quand elles commenceront à rendre leur fuc, vous yjetterez un peu d’eau, de l’oignon, du clou de girofle , deux verres de vin blanc, du fel, du poivre, & les laiflerez achever de cuire dans cette fauce. ÆAndouilles de veau, Les andouilles de veau font plus délicates. On en fait de deux fortes ; de fraife de veau cuite & fourrée dans le boyau de cochon, ow de la mênie fraife fourrée dans le boyau de mouton, Dans l’un & l’autre cas, on prépare les boyaux com- me ci-deflus; on ajoûte feulement à la fraife de veati tous les ingrédiens capables d’en relever le goût. * ANDOUILLES de tabac : prenez des feuilles de tabac prêtes à torquer ;-choififlez les plus larges & les plus belles ; étendez-les fur une table bien unie ; mettez fur ces feulles celles qui feront moins gran- des ; roulez-les les unes fur les autrés, & vous aurez une andourlle de tabac. Cette andoulle fervira d’ame à d’autres feuilles qu’on étendra deflus , f on veut la rendre plus grofle. Quand l’ardouille aura pris la grof: feur & le poids que vous voudrez qu’elle ait, prenez un linge imbibé d’eau de mer, ou de quelqu'’autre li- queur ; que ce linge foit fort & gros; enveloppez-en fortement l’adourlle ; liez ce linge par les deux bouts ; enfuite en commençant par un des bouts liés, & fini: fant par l’autre , ficellez -le ferme, de maniere que les tours fe touchent tous. Laïflez l’andoille ficellée juiqu’à ce que vous préfumiez que les feuilles s’atta- chant les unes aux autres, le tout ait pris de la con- fiftanée. Alors Ôtez la corde & le linge , & coupez Pandouille par les deux bouts pour connoître la qua- lité du tabac. Les plus fortes azdouilles ne pefent pas dix livres, & les plus foibles n’en pefent pas moins de cinq. ANDOUILLERS, f. m. pl. #rme de Vénerie; ce font les chevilles ou premiers cors qui fortent des perches ou du marrain du cerf, du daim & du che- vreuil, Les /#r-andouillers {ont les fecond cors, J’oyez Cons. * ANDRA ox ARDRA , (Géog. mod.) fleuve d’A: frique fur la côte de Guinée , à 30 lieues de Benin. * ANDRAGIRI ox GUDAVIRI , ( Géog. mod.) royaume & ville dans l'ile de Sumatra en Afie , prefz que fous la ligne équinoétale. * ANDRE , ( Géog. mod. ) petite riviere de France en Bretagne, qui fe jette à Nantes dans la Loire. * ANDRE, ville de Phrygie dans l’Afe mineure: * ANDRÉ ( SAINT ) , Géog. mod. petite ville de France dans le bas Languedoc , diocefe de Lodeve. * ANDRÉ ( SAINT ), Géog. mod. ville d'Ecofle , capitale de la province de Fife fur la côte orientale de la mer Britannique. Long. 15. 15. lat. 56.30. * ANDRÉ DE BEAULIEU ( SAINT ), Géog. med. petite ville de France en Touraine , éledion de Lo- ches. * ANDRÉ ( PORT SAINT }, Géog. mod. Efpagne, frontiere de Bifcaye fur une péninfule. Long. 13. 25. lat. 43.25. ‘ ANDRÉ , ( Hiff. mod. ) Chevaliers de $. Ardré ou du Chardon. Voyez CHARDON. Croix de S. André eft une efpece de coquarde que les Ecoflois portent à leur chapeau le jour de la fête 448 AND de ce faint. Elle eft compofée de rubans bleus & de blancs qui fe traverfent en croix ou en fautoir ; is portent cette coquarde pour honorer la mémoire du crucifiement de $. André, qui eft le patron de l’'E- cofle. Voyez Croix & SAUTOIR. (G) * ANDREAS ( SAINT }), Géog. mod. villé d’Alle- magne dans le cercle d'Autriche , duché de Carin- thie , fur la riviere de Lavant. Long. 32. lat. 46.50. * ANDREJOF , ( Géog. mod. ) ville fituée proche du Borifthene , entre la Mofcovie & la Pologne, * ANDRES, (Géog. anc.) ville ancienne de Gala- te , fituée près d’Ancyre, * ANDRIA, ( Géog. inod. ) ville aflez confidéra- ble d'Itahe au royaume de Naples dans la térre de Bari. Log. 34. 3. lat. 41.15. * ANDRINOPLE, ( Géog. mod. ) ville célebre de la Turquie en Europe dans la Romanie , fur la riviere de Maria. Long. 44. 13. lat. 41. 45. Amurat I. Empereur des Turcs, prit cetté ville fur les Empereurs Grecs en 1362; & elle fut da capitale de l’Empire Ottoman jufqu’à la prife de Conftanti- nôple en 1453. * ANDRO , ( Géog. mod. ) île & ville de la Tur- quie en Europe, l’une des Cyclades dans Archipel, Long. 43. lat. 37. 50. * ANDROGENIES, f. f. pl. (Myth. ) fêtes infti- tuées par les Athéniens en l'honneur d’Azdrogé , fils de Minos, que le Roi d’Athenes allarmé de fes liai- {ons avec les Pallantides fit affafliner. Minos vengea la mort de fon fils, & contraignit les Athéniens à en rappeller la mémoire par les fêtes appellées Azdro- ETILES, *ANDROGYNES, hommes de la fable qui avoient les deux fexes , deux têtes, quatre bras, & deux pies. Le termeandrogyne eft compoté des deux mots Grecs avnp, au génitif «ydpor, mél, & de yuvn, femme. Beau- coup de Rabbins prétendent qu'Adam fut créé hom- me & femme , homme d’ur côté, femme de l’autre, &t qu'il étoit ainfi compofé de deux corps que Dieu ne fit que féparer. Voyez Manaf][. Ben Ifrael. Maimo- zid. op. Heideg. Hiff. Patriarch. com. I. pag.128. Les dieux, dit Platon dans /e Banquet, avoïent d’a- bord formé l’homme d’une figure ronde, avec deux corps & deux {exes. Ce tout bifarre étoit d’une force extraordinaire qui le tendit infolent. L’zrdrogyne té- folut de faire la guerre aux dieux. Jupiter irrité l’al- loit détruire : mais fâché de faire périr en même tems le gente humain, 1l fe contenta d’afoiblir l’androgyne en le féparant en deux moitiés. Il ordonna à Apollon de perfeétionner ces deux demi-corps , & d’étendre la peau , afin que toute leur furface en fût couverte. Apollon obéit & la noua au nombril. Si cette moitié fe révolte, elle fera encore fous-divifée par une fec- tion qui ne hu laiffera qu’une des parties qu’elle a doubles ; & ce quart d'homme fera anéanti, s’il per- fifte dans fa méchanceté. L'idée de ces ardrogynes pourroit bien avoir été empruntée du pañlage de Moyfe, où cet hiftorien de la naïffaänce du monde dit qu'Eve étoit los des os & la chair de la chair d'Adam. Quoi qu'il en foit, la fable de Platon a été très-ingémeufement employée par un de nos Poëtes que 165 malheurs ont rendu prefque auffi célebre que les vers. Il attribue avec le Philofophe ancien, le penchant qui entraine un des fexes vers l’autre à lardeur naturelle qu'ont les moitiés de l’ardrogyne pour fe rejoindre ; & linconftance à la difficulté qu'a chaque moitié de rencontrer fa femblable. Une fem- ‘me nous paroit-elle aimable , nous la prenons fur le champ pour cette moitié, avec laquelle nous n’euf- fions fait qu'un tout , fans l’infolence du premier er- drogyne. | Le cœur nous dir : ah! la vorla , c’ef elle: Mais à l'épreuve ; hélas ce ne l’eff point! #'ANDROGYNES, { Géog. anc,) anciens peuples d'Afrique dont Ariftote & Pline ont fait mention Ils avoient, à ce qu’on dit, les deux fexes, la mamel!é droite de l’homme , & la mamelle gauche de ja femme. ANDROGYNE, fubft. pris adj. Les Æ//rologuies don: nent ce nom à celles des planetes qui font tantôt - chaudes & tantôt froides. Mercure , par exemple , eft cenfé fec & chaud proche du foleil , mais humide & froid proche de la lune. Voyez ASPECT , Voyez auffi INFLUENCE. ANDROIDE, f. im. ( Méchan, ) automate ayant figure humaine & qui, par le moyen de certains ref forts, 6c. bien difpofés , agit & fait d’autres fonc tions extérieurement femblables à celles de l’hom- me. Voyez AUTOMATE. Ce mot eft compofé dit Grec avnp, gémtif avdpos , homme ; & de toc, forme. Albert le Grand avoit, dit-on, fait un axdroide, Nous en avons vû un à Paris en 1738, dans le F/- teur automate de M. Vaucanfon ; aujourd’hui de PA: cadémie Royale des Sciences. L’Auteur publia cette année 1738, un Mémoire approuvé avec éloge par la même Académie : il y fait la defcription de fon Méreur, que tout Paris à été voir en foule. Nous inférerons ici la plus grande partie de ce Mémoire, qui nous a paru digne d’être confervé. La figure eft de cinq piés & demi de hauteur en: vion , affife fur un bout de roche, placée fur un piée d’eftal quarré , de quatre piés & demi de haut fur trois piés & demi de large. - À la face antérieure du pié-d’eftal ( le panneau étant ouvert ) on voit à la droite un monvement , qui à la faveur de plufeurs roues , fait tourner en- deflous un axe d’acier de deux piés fix pouces de long , coudé en fix endroits dans fa longueur par égale diffance ; maïs en fens différens. À chaque coude font attachés des cordons qui aboutiffent à l'extrémité des panneaux fupérieurs de fix foufllets de deux piés & demi de long fur fix pouces de lar- ge , rangés dans le fond du pié-d’eftal, où leur pan- neau inférieur eft attaché à demeure ; de forte que l’axe tournant , les fix foufflets {e hauffent & s’abaif. {ent fucceffivement les uns après les autres. À la face poftérieure , au-deflus de chaque fouf- flet , eft une double poulie , dont les diametres font mégaux ; favoir, l’un'de trois pouces, & l’autre d’un pouce & demi; & cela pour donner plus de levée aux {ouflets , parce que les cordons qui y font atta- ches vont fe rouler fur le plus grand diametre de la poulie , & ceux qui font attachés à l’axe qui les tire, le roulent fur le petit. Sur le grand diametre de trois de ces poulies du côte droit, fe roulent auffi trois cordons, qui par le moyen de plufeurs petites poulies, aboutiffent aux panneaux iupérieurs de trois foufhlets placés fur le haut du bâti, à la face antérieure & fupérieure. La tenfion qui fe fait à chaque cordon, lorfqw'il commence à tirer le panneau du foufflet où il eft at- taché , fait mouvoir un levier placé au-deflus , entre l’axe & les doubles poulies, dans la région moyenne & inférieure du bâti. Ce levier, par différens ren- vois , aboutit à la fotpape qui fe trouve au-deflous du panneau inférieur de chaque foufflet , & la foûtient levée, afin que l'air y entre fans aucune réfiftance, tandis que le panneau fupérieur en s’élevant, en aus= mente la capacite. Par ce moyen , outre la force que l’on gagne, on évite le bruit que fait ordinairement cette foüpape, caufé par le tremblément que lair occafñonne en entrant dans Le foufflet : ainf les neuf foufflets font mûs fans fecoufle , fans bruit , & avec peu de force. | Ces neuf foufflets communiquent leur vent dans trois tuyaux différens & féparés. Chaque tuyau re- çoit celui de trois foufflets; les trois quifont dans le bas js du bâti à droite par la face antérieure, commit- iquent leur vent à un tuyau quiregne en-devant fur “lé montant du bâti du même côté, & ces trois-là font chargés d’un poids de quatre livres : Les trois qui font à gauche dans le même rang, donnent leur vent dans un femblable tuyau , qui regne pareillement fur le montant du bâti du même côté, & ne font chargés chacun que d’un poids de deux livres : les trois qui font fur la partie fupérieure du bâti, donnent auf leur vent à un tuyau qui regne horifontalement fous eux & en-devant ; ceux-ci ne font chargés que du poids de leur fimple panneau. Ces tuyaux par diférens coudes , aboutiflént à trois petits réfervoirs placés dans la poitrine de la figure. LA par leur réunion ils en forment un feul , qui mon- tant par le gofer , vient par fon élargiflément former dans la bouche une cavité, terminée par deux efpe- ces de petites levres qui pofent fur le trou de la flûte ; ces levres donnent plus ou moins d'ouverture, &T ont un mouvement particulier pour s’avancer &c fe recu- ler. En-dedans de cettecavité eft une petite languet- te mobile, qui par fon jeu peut ouvrir & fermer au vent le paflage que lui laiflent les levres de la figure. Voilà par quelmoyen le vent a été conduit juiqu’à la flûte. Voici ceux qui ont fervi à le modifier. A la face antérieure du bâti à gauche , eft un autre mouvement qui, à la faveur de fon roüage , fait tour- ner un cylindre de deux piés & demi de long fur oi- xante-quatre pouces de circonférence. Ce cylindre eft divifé en quinze parties égales d’un pouce & de- mi de diftance. A la face poftérieure & fupérieure du bâti eft un clavier traïnant fur ce cylindre, com., pofé de quinze leviers très-mobiles, dont les extre- mités du côté du dedans font armées d’un petit bec d’acier, qui répond à chaque divifion du cylindre. À l’autre extrémité de ces leviers font attachés des fils &c chaînes d’acier ; qui répondent aux différens réfer- voirs de vent, aux doigts , aux levres & à la langue de la figure. Ceux qui répondent aux différens réfer- voirs de vent font au nombre de trois , &leurs chai- nes montent perpendiculaitement derriere le dos de la figure jufque dans la poitrine où ils font placés , & aboutiflent à une foûpape particuliere à chaque réfervoir: cette foùpape étant ouverte, laïfle pañler le vent dans le tuyau de communication qui monte , comme on l’a déjà dit, par le gofier dans la bouche. -Les leviers qui répondent aux doigts font au nom- bre de fept, &leurs chaînes montent aufli perpendi- culairement jufqu’aux épaules , & là fe coudent pour s’inférer dans l’avant-bras jufqu’au coude , où elles fe _plient encore pour aller Le long du bras jufqu’au poi- -gnet ; elles y font términées chacune par une char- niere qui {e joint à un tenon que forme le bout du le- -vier contenu dans la main, imitant l’os que les Ana- -tomiftes appellent l’os du métacarpe, & qui, comme lui , forme une charniere avec los de la premiere phalange , de façon que la chaîne étant tirée, le doigt puifle {e lever. Quatre de ces chaînes s’inferent dans le bras droit, pour faire mouvoir les quatre doigts de cette main , & trois dans le bras gauche pour trois doigts , n’y ayant que trois trous qui répondent à cette main.Chaque bout de doiot eft garmi de peau, pour imiter la molleffe du doigt naturel, afin de pou- voir boucher le trou exaétement. Les leviers du cla- vier qui répondent au mouvement de la bouche, font au nombre de quatre : les fils d’acier qui y font atta- chés forment des renvois , pour parvenir dans le mi- lieu du rocher en-dedans; & là 1ls tiennent à des chai- nes qui montent perpendiculairement & parallele- ment à l’épine du dos dans le corps de la figure ; & qui paffant par le cou , viennent dans la bouche s’at- tacher aux parties , qui font faire quatre différens mouvemens aux levres intérieures : l’un fait ouvrir ces levres pour donner une plus grande iflue au vent; | Torre I, A N D. 449 l’autre la diminue en lesrapprochant; le troïfieme les fait retirer en-arriere; & le quatrieme les fait avan -cer fur le bord du trou. Il ne refte plus furle claviér qu'un levier, où eft . pareïllément attachée nné chaîne qui monte ainfi que “es autres, & vient aboutir à la languette qua fe trou- ve dans la cavité de la bouche dérriere les levres , pour embouchérle trou, comme on la-dit ci-deflus. Ces quinze leviers répondent aux quiñze divifions -du cylindre par les bouts où font attachés les becs d'acier, & à un pouce & demi de diffance les uns dés autres. Le cylindre vénant à tourner, les lames de cuivre placées fur fes: lignes diviféés , rencontrent "les becs d’acier 8 les foûtiennent levés plus ou-moins long-tems, fuivant que les lames font plus ou moins longues : & comme l’extrémité de tous ces becs for- "me entre eux une ligne droite, parallele à l'axe du cylindre, coupant à angle droit toutes les lignes de divifion, toutes les fois qu’on placera à chaque ligne une lame, & que toutes leurs extrémités formeront entrelles une ligne également droite, & parallele à celle queforment les becs des leviers, chaque extré- mité de lame (le cylindre retournant ) touchera & foûlevera dans le même inftant chaque bout de le- vier; & l’autre extrémité des lames formant égalé- ment une ligne droite, chacunelarflera échapper fon levier dans le même tems. On conçoit aifément par là comment tous les leviers peuvent agir & concou- rir tous à la fois à une même opération s’il eft nécef- faire, Quand il n’eft beloin de faire agir que quels ques leviers ; on ne place des lames qu'aux divifions où répondent ceux qu’on veut faire mouvoir: on en détermine même le tems enles plaçant plus ou moins éloignées de la ligne que forment les becs : on fait cef- fer auf leur a@ion plitôt ou plus tard, en les mettant plus où moins longues. L’extrémuté de l’axe du cylindre du côté droit, eft terminée par une vis fans fin à fimples filets, -diftans entr’eux d’une ligne &c denue , & au nombre de douze, ce qui comprend en tout l’efpace d’un pouce & demi de longueur, égal à celui des divi- fions du. cylindre. Au-deffus de cette vis eft une piece de cuivre im- mobile, folidement attachée au bâti, à laquelle tient un pivot d'acier d’une ligne environ de diametre, qui tombe dans une cannelure de la vis, & lui fert d’écrou, de façon que le cylindre éft obligé en tour- nant de fuivre la même diretion que les filets de la vis, contenus par le pivot d’acier qui eft fixe. Ainfr chaque point du cylindre décrira continuellement en tournant une ligne fpirale , & fera par conféquent un mouvement progrefhf de droit à gauche. C’eft par ce moyen que chaque divifion du cy- lindre , déterminée d’abord fous chaque bout de le- vier, changera dé point à chaque tour qu'il fera , puifqu'l s’en éloignera d’une ligne & demie , qui eft la diftance qu'ont les filets de la vis entr’eux. Les bouts des deviers attachés au clavier reftant donc immobiless, & les points du cylindre auxquels ils répondent d’abord , s’éloignant à chaque inftant dela perpendiculaire , en formant une ligne fpirale, qui par le mouvement progreflif du cylindre eft toi jours dirigée au même point , c’eft-à-dire à chaque bout de levier ; il s'enfuit que chaque bout de levier trouve à chaque inftant des points nouveaux fur les lames du cylindre qui ne fe répetent jamais , puif- qu’elles forment entre elles des lignes fpirales qui for- ment douze tours fur le cylindre avant que le premier point de divifion vienne fous un autre levier, que celui fous lequel il a été déterminé en premier heu. C’eft dans cet efpace d’un pouce & demi qu'on place toutes les lames, qui forment elles-mêmes les lignes fpirales , pour faire agir le levier fous qui elles doivent toñjours pañler pendant les es Tours que 1 450 À ND fait le cylindre, A mefure qu’une ligne change pour fon levier , toutes les. autres changent pour le leur: ainfi chaque levier a douze lignes de lames de 64 : ‘pouces de diametre qui paflent foushu , & qui font entr’elles une ligne de 768 pouces de long. C’eft fur | cette ligne que font placées toutes les lames fuffifan- tes pour lation du levier durant tout Le jeu. _ Il ne refte plus qu’à faire voir comment tous ces différensmouvemens ontfervi à produire l'effet qu'on s’eft propofé dans cet automate, en Les comparant avec ceux d’une perfonne vivante. | … Eftl queftion de lui faire tirer.du fon de fa flûte, -8& de former le premier ton , qui eft le ré d’en-bas? On commence d’abord à difpofer l’embouchüre; pour cet effet on place fur le cylindre une lame deffous le /devier qui répond aux parties de la bouche, fervant à augmenter l’ouverture que font les levres. Secon- dement, on place une lame fous le levier qui fert à faite reculer ces mêmes levres, Troifiemement, on -place une lame fous le levier qui ouvre la:-foïpape ‘du réfervoir du vent qui vient des petits foufflets qui ne font point charges. On place en dernier lieu une lame fous le levier qui fait mouvoir la languette pour donner le coup. de langue ; de façon que ces lames venant à toucher-dans le même tems les quatre le- viers qui fervent à produire les fufdites opérations, Ja flûte fonnera le ré d’en-bas. Par l’aétion du levier qui fert à augmenter lou- vérturé des levres, on imite l’aétion de l’homme vi- vent, quieft obligé de l’augmenter dans les tons bas. Par le levier qui fert à faire reculer les levres, on imite l’aétion de l’homme , qui les éloigne du trou de la flûte en la tournant en-dehors. Par le levier qui donne le vent provenant des foufflets qui ne font chargés que de leur fimple panneau, on imite le vent foible, que l’homme donne alors, vent qui n’eft pa- reillément pouffé hors de fon réfervoir que par une légere compreffion des mufcles de la poitrine. Par le levier qui fert à faire mouvoir la languette, en dé- bouchant le trou que forment les levres pour laïfler -paffer le vent, on imite le mouvement que fait auffi la langue de l’homme, en fe retirant du trou pour donner paflage au vent, & par ce moyen hu faire articuler une telle note. Il réfultera donc de ces qua- tre opérations difféfentes , qu’en donnant un vent foible, & le faifant pafler par une iflue large dans toute la grandeur du trou de la flûte, fon retour pro- duita des vibrations lentes, qui feront obligées de fe continuer dans toutes les particules du corps de la flûte , puifque tous les trous fe trouveront bouchés, & par conféquent la flûte donnera un ton bas; c’eft ce qui fe trouve confirmé par l’expérience. Veut-on lui faire donner le ton au-deflus, favoir Je m1? aux quatre premieres opérations pour le ré on en ajoùte une cinquieme ; on place une lame fous le levier, qui fait lever le troifieme doigt de la main droite pour déboucher le fixieme trou de la flûte, & on fait approcher tant-oit-pewles levres du trou de la flûte en baïffant un peu la lame du cylindre qui tenoit le levier élevé pour la premiere note, fa- voir le ré: ainfi donnant plûtôt aux vibrations une iflue , en débouchant le premier trou du bout , la flûte doit fonner un ton au-deflus; ce qui eft auf confirmé par l'expérience. Toutes ces opérations fe continuent à peu-près Jessmêmes dans les tons de la premiere oétave , où le même vent fufit pour les former tous ; c’eft la différente ouverture des trous ; par la levée des doigts, qui les caracténife : on eft feulement obligé de placer fur le cylindre des lames fous les leviers, qui doivent leverles doigts-pour former tel ou tel ton. Pour avoir les tons de la feconde oftave, 1l faut changer l’embouchûre de fituation, c’eft-à-dire, placer une lame deffous le levier, qui contribue à : 1\ . faire avancer les levres au-delà du diametre du trou de Ja flûte, & imiter par-là l’aétion de Fhomme vi- _vant, qui en pareil cas tourne la flûte un peu en- dedans. Secondement il faut placer une lame fous le levier, qui, en faifant rapprocher les deuxlévres, diminue leur ouverture; opération que fait pareïlle- ment l’homme quand il ferre les levres pour donner une moindre iffue au vent. Troifiemement , il faut placer une lame fous le levier qui fait ouvrir la {où Pape du rélervoir, qui contient le vent provenant ke 7 . Ü È des loufflets chargés du poids de deux livres; vent qui le trouve pouffé avec plus de force, 8 fembla- : ; ble à celui que l’homme vivant pouffe par une plus forte compreffion des mufeles pedoraux, De plus, _on place des James fous les leviers nécefaires pour AE: 3 . 57 : faire lever les doigts qu'il faut. Il s’enfuivra de tou- tes:ces différentes opérations , qu'un vent envoyé avec plus de force, & paffant par une iffue plus pe- üte , redoublera de viteflé & produira par confe- _quent les vibrations doubles; & ce fera l’oéave. ee autant de maftic , de coriandre, &c d'amis vert, demi-once de bois de ce- dre ; concaffez le tout dans un mortier; mettez en- fuite infufer dans une quantité fufifante d’eau-de- vie, pendant vingt-quatre heures ; diftillez au bain- marie ; ayez de l’eau-de-vie nouvelle ; mettez fur : cette eau-de-vie l’eflence obtenue par la difllation ; ajoûtez de l’ambre , dumufc & de lacivette,& vous aurez l’eau d'angélique. | | Otez les feuilles ; pelez les tiges que vous chorfi- rez fraîches & grofles ; coupez-les d’une longueur convenable ; jettez-les dans l’eau fraiche ; pañlez-les de cette eau dans une autre que vous ferez bouillir à gros bouillons : c’eft ainfi que l’angélique fe blan- chit ; on s’apperçoit que les cardons font aflez blancs, quand ils s’écrafent entre les doigts. Tirez-les de cette eau ; paflez-les à Peau fraîche ; laiflez-les égouter : mettez-les bien égoutés dans une poefle de fucre clarifié ; qu'ils y prennent plufieuts bouillons : écu- mez-les pendant qu'ils bouillent ; & quand ils auront affez bouilli, & qu'ils auront été aflez écumés, met- tez le tout dans une terrine. Le lendemain , féparez ce firop ; faites-le cuire, puis le répandez fur les car- dons : quelques jours après , féparez encore le firop que les cardons auront dépoté ; faites-le cuire à la petite perle, & le répandez derechef fur les car- dons. Séparez une troifieme fois le reftant du firop; faites-le cuire à la grofle perle; ajoûtez-y du fucre ; dépofez-y vos cardons , & faites-les bouillir : cela fait, tirez-les; étender-les fur des a M faupou- drez-les de beaucoup de fucre; & faites“les fécher à l'étuve. 4 ANGÉLIQUE , èn Grec A’yyeumn, (ÆHifE anc.) c’étoit une danfe fort en ufage parmi les anciens Grecs dans leurs fêtes. Joyez DANSE. Elle étoit ainfi appellée du Grec éysh0œ, 7zuntus , meflagér , parce que fuivant Pollux , les danfeurs étotent vêtus en meflagers. (G) | ANGÉLIQUE , f. f. (terme de Luh. ) forte de gui: tarre qui a 10 touches , & 17 cordes accordées de fuite felon l’ordre des degrés diatoniques du clave- cin. La 17° corde eft à l’uniflon du huitieme pié ou du C-fol-ur des bafles du clavecin ; & la chante- relle ou premiere eft à l’uniflon du #4 du clavecin qui précéde la clef de G-#é-fol. Voyez la table du rapport & de l'étendue des infirumens de mufique. Cet inftrument eft de la clafle de ceux qu’on appelle zz/- trumens à pincer, comme le luth, la guitagre, 6e. dont il differe peu par fa figure. Foyez GoManne ; & Planche de Lutherte. ANGÉLIQUES , £. m. pl. ( Hif. mod. ) ancien Or- dre de Chevaliers inftitués en 1191 par Ifaac Ange Flavius Comnene , Empereur de Conftantinople. Voyez CHEVALIER 6 ORDRE. On les divifoit en trois clafles, mais toutes fous la direction d’un Grand-Maître. Les premiers étoient appellés sorquati, à caufe d’un collier qu'ils por- toient ; ils étoient au nombre de 50 : les feconds s’appelloient Champions de Juflice, & c’étoient des Eccléfaftiques ; le refte étoit appellé Chevaliers Jer- vans, (G) ANGELITES, L m. pl. (Théolog.)Hérétiques ainfi nommés d’un certain lieu d'Alexandrie, qu’on ap- pelloït Agelius où Angelius, où ils s’affembloient. Ils fuivoient les erreurs de Sabellius : Voyez Nicéphore, L, XVIII. c. 4 9,8& Pratéole, ax mot Angelites : mais ces auteurs ne font pas de fort bons garans. (G) ANGELOT, {. m. (Comme. ) efpece de mon- noie qui étoit en ufage en France vers l'an 1240 , & qui valoit un écu d’or fin; il y en a eu de divers poids & de diverfes valeurs, Ces pieces de monnoie ANG 1 portoient l’image de S. Michel, tenant une épée X P épée à la main droite , à la gauche l’écuflon de France chargé de trois fleurs de Hs, & ayant à fes piés un ferpent ou dragon. On en voyait du tems de Louis XI. Il y en a eu d’autres avec la figure d’un Ange qui portoit les écus de France & d'Angleterre, & qu'on croit avoir été frappés fous le regne d'Henri VI. Roi d'Angleterre, lorlque ce Prince étoit maître de Paris. Ces derniers angelots ne valoïent que quinze fous : on fent aflez que ces pieces de monnoïe ti roient leur nomde l’Æzge, dont elles portoient l'en preinte. (G) | | * L’'ANGELOT, monnoie d’or d'Angleterre, eft fort rare 1c1; fon poids eft de quatre deniers , & fon titre de vingt-trois carats & vingt-cinq trente-deuxie: mes ; 1l vaut quinze livres cinq fous trois deniers. L’angelot, monnoie d'argent, eft au titre de dix deniers vingtun grains ; il vaut quatorze fous cinq deniers de France, _ , | ANGELOT DE BRAY, fm. ( con. rufl. ) petit fromage gras, dreflé dans des éclifles en cœur ou quarré , qui lui donnent cette formes Il s'appelle 47- gelotde Bray , parce qu’il fe fait dans le pays de Bray, Voyez FROMAGE. %, . ANGELUS, {, rm. ( Théol, ) priere que récitent les Catholiques Romains , & furtout en France, où lPufage en fut établi par Louis XI. qui ordonna qu’à cet effet on fonneroit une cloche trois fois par jour , le matin , à midi , & le foir , pour avertir de réciter cette priere en l'honneur de la Sainte Vierge. Elle eft compofée de trois verfets , d’autant d’ave Maria, & d’un oremus. On lappelle Argelus , parce que le premier verfet commence par ces mots : 4n= gelus Domini nuntiavit Marie , &c. ( G ANGEMME , 1. f, ( cerme de Blafon, ) fleur imagi= naire, qui a fix feuilles femblables à celles de la quinte-feuille, fi ce n’eft qu’elles font arrondies, & non pas pointues. Plufieurs croyent que ce font des rofes d'ornement, faites de ‘rubans, de brode- tie, ou de perles. Ce mot vient de lItalien 22g9e7- rare , Orner de pierreries : on dit aufli angene & angerin. ( * ANGERBOURG , ( Géog. mod. ) petite ville de Prufle dans le Bartenland , avec un château, fur la riviere d’Angerap. *ANGERMANIE, & ANGERMANLAND ; ( Géog. mod. ) province de Suede , & l’une de celles u’on appelle Nordelles , au midi de la Laponie. * ANGERMANLAND-LAPMARCK, contrée la qe méridionale des dix parties de la Laponie Sué- oife. * ANGERMANN-FLODT , grande riviere de Suede, qui a fa fource dans la Laponie, traverfe lAngermanie, & fe jette dans le golfe de Bothnie. * ANGERMOND , ( Géog. mod, ) petite ville de Brandebourg, fur la Welfe. Il y en a une autre de même nom au Duché de Curlande, fur la mer Bal tique, *ANGERONALES ( Myth. ) fêtes inflituées en. honneur d’Angerone, la Déefle de la peine &c du fi lence. Elles fe célébroient le 21 Décembre. * ANGERONE , f. f. ( Myth. ) Divinité que les Romains invoquoient dans la peine : ils lavoient pla cée fur l’autél de la déeffe du plaïfir. * ANGERS ( Géog. mod. ) ville de France, ca- pitale du duché d'Anjou , un peu au-deflus de l’en- droit où la Loire & la Sarte entrent dans la Mayenne. Long.174, 6!. 8". lar. 471, 28!. 8". * ANGHIERA ( Geog. mod, ) petite ville d'Italie ; dans le duché de Milan , fur le bord oriental du Lac majeur. Long. 26. 5. lat. 45. 42. * ANGHIVE , {. m. ( Hif4. nar.) arbre de l'ile de Madagafcar , qui produit , dit-on, un fruit rouge , agréable au goût, & bon dans la gravelle &c les ar euts d'urine, Mauvaife defcription ; car il feroit “aflez extraordinaire qu’il n’y eût dans toute l’ile que Tanghive qui portât un fruit rouge, d’une faveur ‘agréable. X * ANGIMI(Geog. mod.) petite ville de la province de Cänem, au pays des Negres, proche la Nubie, ANGINE,. Voyez ESQUINANCIE. ANGIOLOGIE. J’oyez ANGEIOLOGIE. ANGLE, {.m. ( Géom..) c’eft l'ouverture que for- ment deux lignes , ou deux plans , ou trois plans qui {e rencontrent: tel eft l'angle B À C, table de Géom. fig. 97. formé par les lignes 4 B, 4 C, qui fe ren ‘contrent au point 4. Les lignes :4 B, 4 C', font ap- ‘pellées les jambes ou les côtés de l'angle ; & le point d’interfeétion 4 en eft le Jommer. Voyez CÔTES & Sommer. Lorfque l'angle eft formé par trois plans, on le nomme azgle folide. Les angles fe marquent quelquefois par une feule lettre , comme 4 que l’on met au fommet ou point angulaire ; &: quelquefois par trois lettres , dont celle ‘du milieu marque la ponte ou fommet de l’argle, comme B AC. La mefure d’un angle , par laquelle ôn exprime fa quantité, eft un arc tel que D Æ, décrit du fom- met entre les côtés 4 C, 4B, avec un rayonpris à volonté. Voyez Arc & MESURE. D'où il s'enfuit que les angles fe diftinguent par le apport de leurs ‘arcs à la circonférence du cercle entier. Voyez CERCLE & CIRCONFÉRENCE. Ainfi Pon dit qu'un angleeft d'autant de degrés qu’en con- tient l’arc D Æ qui le mefure. Voyez DEGRÉ. Puifque les arcs femblables 4AB,DE, figure8 7. ‘ont le même rapport à leurs circonférences refpec- tives, & que les circonférences contiennent chacu- ne le même nombre de degrés, 1ls’enfuit que les arcs AB, DE, qui font lés mefures des deux angles ACB,DCÉ, contiennentun nombre égal de de- grés : c'eft pourquoi les angles eux-mêmes font auffi ‘égaux ; & comme la quantité d’un zzgle s’éftime par 1e rapport de fon arc à la circonférence, il nimporte avec quel rayon cet arc eft décrit ; car les mefures ‘d'angles égaux font toüjours ou.des arcs égaux , ou des arcs femblables. | Donc la quantité d’un angle demeure toùjours la même, foit que l’on prolonge fes côtés, foit qu'on. les racourcifle. Ainfi dans des figures femblables , Les angles homologues ou correfpondans font égaux. Voyez SEMBLABLE , FIGURE, Ge . L'art de prendre la valeur des angles eft une opé- ration d’un grand ufage & d’une grande étendue dans l’Arpentage , la Navigation, la Géographie, l’Aftro- nomie ; Gc. Voyez HAUTEUR; ARPENTAGE. Les inftrumens qui fervent principalement à cette opération , font les quarts de cercle ; les théodolites ou planchettes rondes , les graphometres , 8&cc. V. CERCLE D'ARPENTEUR, PLANCHETTE ; GRAPHOMETRE, Éc. Les angles dont il faut détérminet la mefuré ou la quantité , font fur le papier ou fur le terrein. 1°. Quand ils font fur le papier , 1l n’y a qu’à appliquer . le centre d’un rapporteur fur le fommet de l'angle O, ( Table d’Arpent. fig. 29.) de mamiere que le rayon OB {oit couché fur l’un des côtés de cet argle ; alors le degré qué coupera l’autre côté O P fur Parc du rapporteur, donnera la quantité de l’argle propoté, F. RAPPORTEUR. On peut auffi déterminer la gran- deur d’un angle par le moyen de la ligne des cordes: Voyez CORDE 6 COMPAS DE PROPORTION: 2°, Quandil s’agit de prendre des angles {ur le ter- rein , il faut placer un graphometre ou un demi-cer- cle , (fig. 16.) de telle forte que le rayon € G de l’inftrument réponde bien exaétement à l’un des cô- tés de l’angle , & que le centre € foit verticalement au-deflus du fommet : on parvient à la premiere de nn | ANG 461 ces opérations, en obfervant parles pinnules Æ, G; quelque objet remarquable , placé à l'extrémité ou fur l’un des points du côté de l'angle; & à la fecon- de, en laiflant tomber un plomb du centre de l’inf- . trument. Enfuite on fait aller & venir l’alidade jnf qu'à ce que l’on apperçoive par fes pinnules quelque marque placée fur l’un des points de l’autre côté de l'angle: & alors le degré que l’alidade coupe fur-le Timbe de l’inftrument , fait connoître la quantité dé l'angle que l’on fe propofoit de mefurer, DEMI- CERCLE, a | L'on peut voir aux articles CERCLE D'ARPEN2 TEUR, PLANCHETTE , BOUSSOLE , &c, comment l’on prend des angles avec ces inftrumens. Dr ie Que lon confulte aufli les articles-LEVER (UN PLAN 6 RAPPORTER , pour favoir la! maniere de tracer un age {ur le papier quand fa grandeur eft donnée, | Pour couper en deux parties égales un 4g/e dons né, telque À 1X ( Table de Géom. fig. 92) du centre Tavec un rayon quelconque, décrivez un arc LMT, Des points L, M, & d’une ouverture plus grande que là diftance Z M, tracez deux arcs'qui s’entrecou- pent au point N ; fi vous tirez alors la hgne droite. IN, vous aurez l'angle HI N égal à l'angle NIK. Pour couper un angle en trois parties égales , voyez le môt TRISECTION. | Les angles font de différentes efpeces,, & ont dif férens noms. Quand on les confidere par rapport à leurs côtés, on les divife en rééiligres | en curvili- pres 8 mixtes, L’angle rétfiligne eft celui dont les côtés font tous deux des lignes droites; tel eft l'angle B A C, Tablè de Géom. fig. 91. Voyez RECTILIGNE. L’angle curviligne eft celui dont les deux côtés font des lignes courbes, Voyez COURBE € CURVILIGNE, . L’angle mixte où mixtiligne eft celui dont un des côtés eft une ligne droite, & l’autre une courbe. … Par rapport à la grandeur des azgles , on les dif: tingue encore en droits , aigus, obtus, & obliques. L'angle droir eft formé par une ligne qui tombe perpendiculairement fur une autre ; ou bien c’eft celui qui eft mefuré par un arc de 90 degrés: tel Eft l'angle K L M ,_fig. 93. V, PERPENDICULAIRE, La mefure d’un angle drois eft donc un quart de cercle, & par conféquent tous les argles droirs {ont égaux entr'eux. Voyez CERCLE. L’angle aigu eft plus petit qu’un æxgle droit, c’eft- a-dire, qu’il eft mefuré par un arc moindre que l’arc de 90 degrés: tel eft l'angle AE C, fig. 86. Voyez AIGU 1%: … L’angle obtus eft plus grand que l’angle droit, c’eft- à-dire que fa méfure excede 90 degrés, comme l’a: "ele À E D, fig. 86. Voyez OBTUs. L'angle oblique eft un nom commun aux angles ob- tus & aigus. 7’oyez OBLIQUE. Par rapport à la fituation des angles l’un à l'égard de l’autre, on les divife en contipus , adjacens | verti- caux , aliernes & oppofes. Les angles contigus {ont ceux qui ont le même fom: met & un côté commun: tels font lés argles FGH, H GI, fig. 94. Voyez CoNTicwu. L’angle adjacent, ou autrement l'angle de fuire, eft celui qui eft formé par le prolongement de l’un des côtés d’un autre angle : tel eft l’angle AE C( fig. 86) formé par le prolongement du côté £ D de l'angle A E D juiqu’au point €. Voyez ADIACENT. Deux angles quelconques adjacens x, y, où un nombre quelconque d’angles faits au mêmetpoint £ fur la même ligne droite € D, font, pris enfemble ; égaux à deux angles droits, &c par conléquent à 1804, Il fuit de là que l’un de deux #7g/es contigus étant donné ; l’autre eft audli néceffairement donné, étant . 402 A N G le complement du premier à 1804. Poyez COMPLE- MENT. | Ainf on mefurera un angle inacceflible fur le ter: rein, en déterminant l’angle acceflible adjacent ; & fouftrayant ce demmier de 1804, le refte eft l'angle, cherché. * Deplus,touslesangles »,y,0,ÆE , Ec. faits a: tour d’un point £ donné font, pris enfemble ,'égaux à quatre argles droits ; ainfiils font 360%, Lés angles verticaux {ont ceux dont les côtés font des prolongemens l’une l’autre : tels font les ergles 0, x, fig. 86. Voyez VERTICAL. Si une ligne droite A B coupe une autre ligne droite C:D au point £ , les angles verticaux x ,0, ainfi que y, Æ , font égaux. Il fuit de-là que fi l’on propofe de déterminer fur le terrein un angle inacceflible x, fi fon vertical eft | acceflble, on pourra prendre ce dernier en la place de l’autre. Les angles verticaux s’appellent plus com- munément oppofés au fommer. Pour les angles alternes , voyez le mot ALTERNE , & da figure 36 ; où les angles x ,.y, font alternes. Les angles alternes y, x, font égaux. Pour favoir aufi ce que c’eft que les angles oppe- fes» voyez OPPOSE & la figure 36.oùlesanglesu,y, font oppojés , ainfi queles angles x, y. Les angles exterieurs font ceux qui font au-dehors d’une figure re@iligne quelconque , & qui font for- més par-le prolongement des côtés de cette figure. Tousles angles exterieurs d’une figure quelconque, pris enfemble, font égaux à quatre agles droits, & l'angle exterieur d’un triangle eft égal aux deux inté- rieurs oppotés, ainfi qu’il eft démontré par Euclide, Liv. I. prop. 32. | 1) Les angles intérieurs {ont les angles formés par les côtés d’une figure rettiligne quelconque. La fomme de tous les azgles intérieurs d’une figure quelconque reëtiligne , eft égale à deux fois autant d’angles droits que la figure a de côtés, moins quatre angles droits ; ce qui fe démontre aifément par la prop. 32 du liv. I. d’'Euclide. On démontre que l’angle externe eft égal à l’argle interne oppoié, & que les deux argles internes op- potés font égaux à deux droits dans des lignes pa- ralleles. A L’angle à la circonférence ef un angle dont le fom- met & les côtés fe terminent à la circonférence d’un cercle ; tel eft l'angle E FG, fig. 95. Voyez CiR«< CONFÉRENCE, L’angle dans Le fegmentr eft le même que l'argle à la tirconference. Voyez SEGMENT. Il eft démontré par Euclide, que tous les ages dans le même fegment font égaux entr’eux, c’eft-à- dire qu’un azgle quelconque £ HG eft égal à un au- tre angle quelconque £ F G dans le même fegment. E FC. L’angle à la circonférence ou dans le fegmenr, eft compris entre deux cordes £ F, FD, & il s'appuie fur Varc E B D. Voyez CORDE , Gc. | La mefure d’un azgle qui a fon fommet au-dehors dela circonférence ( f9. 96 } eft la différence qu'il y a entre la moitié de Parc concave 1 M fur lequel il s’appuie, & la moitié de l’arc convexe NO, in- tercepté entre les côtés de cet angle. L’argle dans un demi-cercle eft un angle dans un fegment de cercle, dont le diametre fait la bafe. Voyez; SEGMENT. Euclide a démontré que l’angle dans un demi-cercle eft droit; qu'il eft plus petit qu'un droit dans un feg- ment plus grand qu’un demi-cercle; & plus grand qu'un droit dans un fegment plus petit qu'un demi- cercle. En effet, puifqu'un #7g/e dans un demi-cercle s’ap- puie fur un demi-cercle, fa mefure eft un quart de gercle, & il eft par conféquent un æzgle droit, L'ange au centre eft un angle dont le fommet eft at éentre d’un cercle , & dont les côtés font terminés à la circonférence : tel eft l'angle © 4 B, figure 94. Voyez CENTRE. | | | L’angle au centre eft compris entre deux rayons; & fa mefure eft l’arc BC, Voyez RAYON, 6. ÆEuclide démontre que l’argle B 4 C au centreeft double de l'angle B D C',appuyé fur le même arc BC; ainfi la moitié de l’arc BR C'eit la mefure de Pargée à La circonference. On voit encore que deux ou plufeurs argles HL I, H MI fig. 9.7) appuyés furle même arc ou fur des arcs égaux font égaux, L’angle hors du centre HK L eft celui, dont le fom= met X n’eft point au centre, mais dont les côtés AK, LK {ont terminés à la circonférence. La mefure de cet angle eftla moitié des arcs ML , 1M, fur lefquels s'appuient cet argle & fon vertical ou oppofé au fommet. L’angle de contaët ou de contingence eft formé pat l'arc d’un cercle & par une tangente ; tel eft l'angle HLM, fig. 43. V. ConNtTAcT & CONTINGENCE: Euclide a prouvé que langle de contatt, dans un cercle, eft plus. petit qu'un 2zg2e re@tiligne quelcon: que : maïs il ne s’enfuit pas pour cela que l’argle de contaét n’ait aucune quantité , ainfi que Peletarius ; Wallis, & quelques autres l’ont pendé. Voyez l’Alg. de Wallis , pag. 71, 105, M. Ifaac Newton démontre que fi la courbe 4 F( fig. 9 7. N° 3 ) eftune parabole cubique, où l’ordonnée D Ff{oit en raifon{ous-triplée de labcifle 4 D , l'angle de conta& B 4 F formé par la tangente 4 B , au fommet de la courbe & par la courbe même, eft infiniment plus petit que l'argle de contaét B 4 C, formé par la tangente & la cir- conférence du cercle ; & que fi l’on décrit d’autres paraboles d’un plus haut degré, qui aient le même fommet & le même axe, & dont les abcifles 4 D font comme lesordonnées D F4, D F5, D F6, Gr: lon aura une fuite d’angles de contingence quidécroi- tront à l’infini, dont chacun efk infiniment plus petit ue celui qui le précede immédiatement. #, INFENI , CONTINGENCE.: L’angle du fegmenr eft formé par une corde & une tangente au point de contaét ; tel eft Pargle MLH, fig. 43. Voyez SEGMENT.: Il eft démontré par Euclide que l’argle ML H eft égal à un angle quelconque Ma L, fitué dans le feg- ment alterne M a L. Quant aux effets, aux propriètés, aux fapports ; Ec. d’angles ; qui réfultent de leur combinaifon dans différentes figures, Voyez TRIANGLE, QUARRÉ, PARALLELOGRAMME , FIGURE, Ge. Il y a des angles égaux, des angles femblables, Voyez ÉGAL, SEMBLABLE, On divife encore les angles en angles plans, fphéri- ques | & folides. Les angles plans font ceux dont nous avons parlé jufqw’àa préfent ; on Les définit ordinairement par lin- clinaifon de deux lignes qui fe rencontrent en un point fur un plan. Voyez PLAN. L’angle fphérique eft formé par la rencontre des plans de deux grands cercles de la fphere, #. CER CLE & SPHERE. La mefure d’un angle fphérique ef Parc d’un grand cercle de la fphere , intercepté entre les deux plans, dont la rencontre forme cet angle, & coupant à a7- gles droits ces deux mêmes plans. Pour les pfoprietés des angles fphériques, voyez SPHÉRIQUE. L’angle folide eft l'inclinaifon mutuelle de plus de deux plans, ou d’ezgles plans , qui fe rencontrent en un point , & qui ne font pas dans un feul & même plan. Quant à la mefure , aux propriétés, Ge, des angles {olides, voyez SOLIDE. . | On trouve encore chez quelques Géometres d'au- treSefpecés d’angles moins ufités, tels que l'angle cor- Hu , angulus cornutus, qui eft fait par une lipne droite tangente ou fécante , & par la circonférence d’un cercle. L’anpgle lunulaire, angulus lunularis, qui eft formé par l’interfe@tion de deux lignes courbes ; l’une con- cave , & l’autre convexé. Foyez LUNULE. L’angle pélécoidal ; angulus pelecoïdes, à la forme: d’une hache. Voyez PÉLÉCOIDE. | Angle, en trigonometrie. Voyez TRIANGLE 6 TRIGONOMÉTRIE. (E) Quant aux fénus , aux tangeñtes & aux fécantes d’angles, voyez SINUS, TANGENTES & SECANTES. ya; en méchanique, l’argle de diréttion , qui eft compris entre les lignes de direétion de deux forces confpirantes. Voyez DIRECTION. L’angle délevation eft compris entre la ligne de direétion d’un projeéile , & une ligne horifontale ; tel eft l'angle RAB, (tab. de méchaniq. fig. 4.7.) compris entre la ligne de direétion du projeétile ZR, & la ligne horifontale 4 B. PV. ÉLEVATION 6 PROJECTILE. Angle d'incidence, Voyez INCIDENCE. Angles de réflexion & de refrattion. Voyez RÉFLE- XION 6 REFRACTION. Dans l’Optique , l'angle vifuel ou optique eft formé par les deux rayons tirés des deux extrémités d’un objet au centre de la prunelle , comme l’argle ABC, (cab. d'eptig. fig. C9.) compris entre les rayons 48, BC. Voyez VISUEL. CE L’angle d'intervalle Gu de diflance de deux lieux , eft l'angle formé par les deux lignes tirées de l’œil à ces deux endroits. En Aftronomie , angle de commutation. V. Com- MUTATION. . . L’angle d'élongation ou l'angle à la terre. Voyez ÉLONGATION. . | Angle parallaïtique , que l’on appelle auf paral- laxe, eft l'angle fait au centre d’une étoileS par deux lignes droites tirées, l’une du centre de laterre TB, (ab. Affron. fig. 27.) & l’autre de fa furface EB. Ou, ce quirevient au même , l'angle parallaëtique eft la différence des angles CÆ À & B TA, qui dé- ternunent les diftances de l’étoile S au zénith de deux Obfervateurs, dont l’un feroit placé en Æ , & l’autre au centre de la terre. Voyez PARALLAXE. | Les finus des azgles parallaëtiques 4 LT & AST, (cab. Affron. fig. 30.) aux mêmes, ou à d’égales dif- tances du zénith, font en raifon réciproque des dif. tances des étoiles au centre de la terre TL & TS ; x les finus des angles paralla@tiques 4 ST, AMT, de deux etoiles S, M, ou de la même étoile à la même diftance du centre T, & à différentes diftances du zénith Z, font entr’eux, comme les finus des agles ZTS, ZTM, qui marquent la diftance de l'étoile au zénith. | Angle de la pofition du foleil , eft Pangle formé par l’interfeétion du méridien avec un arc d’un azimuth, ou de quelqu’autre grand cercle qui pañe par le fo- leil. Cet angle eft donc proprement large formé par le méridien & par le vertical où fe trouve le foleil ; &r l’on voit aïfément que cet angle change À chaque inftant , puifque le foleil fe trouve à chaque inftant dans un nouveau vertical. Voyez AzIMUTH , MÉRI- DIEN 6 VERTICAL. Angle du demi-diametre apparent du foleil dans fe moindre diflance de la terre, C’eft l'angle fous lequel nous voyons le demi-diametre du foleil , lorfque cet aftre eft Le plus près de nous ; & que par conféquent il nous paroît plus grand. M. Bouillaud trouva par deux obfervations , qu'il étoit de 16 min. 45 fec. Il trouva le demi-diametre de la Lune de 16 min. 54 ec. & dans une éclipfe de lune , il trouva le demi diametre de l’ombré de la terre de 44 minutes 9 fecondes, ANG 463 … L'anble au foleil eft l'angle RS P, (tab. Affror, Îig. 26.) fous lequel on verroit du foleil la diflance d'une planete P à l’écliptique PR. Vüyez INcLI- NAISON, FAUNE Angle de left, Voyez NONAGÉSIME. NT Angle d'obliquité de lécliptiqué. Foyez OBLt: QUITÉ G ECLIPTIQUE. pure , L’angle de l’inclinaifon de l’axe de la terre à l’axe de l'échiptique, eft de 23 d, 30 /. & demeure inalté: rablement le même dans tous les points de l'orbite annuël de la terre. Par le moyen de cette inclinaifon, les häbitans de la terre , qui vivent au-delà du 45 de latitude ; reçoivent plus de chaleur du foléil, dans le cours d’une année entiere; & ceux quivivent en deçà des 4$ d. en reçoivent moins , que fi la terré fatloit conftämment fes révolutions dans le plan dé l'équateur. Voyez CHALEUR, Ec. | L'angle de longitude eft l'angle que fait avec le mé- ridien , au pole de l'écliptique, le cercle de longi: tude d’une étoile. Voyez LONGITUDE: L’angle d'afcenfion droite eft celui que fait avec le méridien , au pole du monde, le cercle d’afcenfon droite d’une étoile. Foy. l’art, ASCENSION DROITE. * Les angles, en Affrologie, fignifient certaines maïfons d’une figure célefte : ainfi l’horocofpe de la premiere fnaïfon eft appellé l’argle de l'orient, Voyez MAISON, HOROSCOPE , Gc. On dit , en navigation , l'angle de rhumb , ou l'an gle loxodromique. Voyez RHUMB G& LOXODROMIE. L’angle de muraille ou d'un mur, en Architedure ; eît la pointe, le coin ou l’encoïgnure , où les deux côtés où faces d’un mur viennent fé rencontrer. 7 MURAïLLE , Coin, &c. (0) Les angles d’un bataillon , en terme de Ta@ique ; . font les foldats qui terminent les rangs & les files, Voyez BATAILLON. On dit que les argles d’un bataillon font #rozffes où émouffés quand on en ôté les foldats des Quatre zngles; de maniere qu'après celà le bataillon quarré a {a for me d’un o@togone. Cette difpofition étoit fort com- mune chez les Anciens ; mais elle n’eft plus d’ufage aujourd’htu. En Fortification, on appelle angle du centre du baf2 tion , celui qui eft formé par deux demi-gorges , ou ; ce qui eft la même chofe, par le prolongement de deux courtines dans le baftion, Foyez BASTION. Angle diminué , c’eft l'angle formé par le côté du polygone & la face du baftion : tel eft large DCH, PI. I, de l'Art milir. fig. 2. Dans la fortification ré- guliere, cet angle eft égal au flanquantintériewr CFE. Angle de l'épaule, eft Pangle formé de la face & du flanc. Voyez EPAULE , BASTION , FÂCE 6 FLANC. Angle du flanc, c’eft celui qui eft formé de la cout- tine &c du flanc. Cet angle ne doït jamais être aigu, comme le faifoit Errard , ni droit comme le penfoient la plüpart des anciens Ingénieurs , mais un peu ob: tus. Mallet le fixe à 100 degrés : c’eft à peu près l’ou: verture des aagles du flanc du maréchal de Vauban, Vôye; BASTION. Ahgle flanquant , eft celui qui eft formé vis-à-vis la courtine par le concours des deux lignes de dé: fenfe : tel eft l'angle CRH. PI, I. de L'Art miliè. fig. 7. On nomme quelquefois cet angle, angle flanquant extérieur ; & alors on donne le nom de fazquant ir. cérieur à l'angle CFE , formé de la ligne de défenfe CF, & dela courtine FE. On l'appelle encore l'angle de la tenaille , parce qu'il forme le front que fanoit autrefois la tenaille, Voyez TENAILLE. ("72 Angle flanquant intérieur, e’eft célui qui eff formé par la courtine & la ligne de défenfe. Voyez cr-deffus. Angle flanqué, c’eft l'angle formé par les deux fa- ces du baftion, lefquelles forment par leur concours le pointe du baftion, Cet argle ne doit jamais être 464 ANG au-deffous.de 60 degrés. 7. BASTION , TENAIÏLLLE. Angle mort , c’eft un angle rentrant , qui n’eft point flanqué ou défendu. L’épaiffeur du parapet ne permettant point auol- dat de découvrir le pié du mur, ou du revêtement du rempart, il arrive que lorfque deux côtés de l’en- ceinte forment un arglerentrant,il fe trouve un efpace vers le fommet de cet azgle, qui n’eft abfolument vû d’aucun endroit de l'enceinte, &c qui eft d’autant plus grand que le rempart eft plus élevé & le parapet plus épais. Les tenailles fimples & doubles qu’on conftrui- Loit autrefois au-delà du foffé , avoient des azgles de cette efpece. C’eft ce qu les a fait abandonner. On ne les employe aujourd’huique dans desretranchemens, qui ayant peu d’élévation & un parapet moins épais que celui des places, mettent le foldat à portée par là d’en flanquer ou défendre toutes les parties. … Angle rentrant, eft un angle dont la pointe ou le fommet eit vers la place & les côtés en-dehors ,'ou vers la campagne. Voyez angle mort. ; Angle faillant, c’eft celui dont la pointe ou le fom- met {e préfente à la campagne , les côtés étant tirés du côté de la ville. j Angle de la tenaille , c’eft ainfi qu'on appelle quel- quefois , dans la Fortification , l’angle flanquant. 7. angle flanquant. (Q) NGLE , ez Anatomie, {e dit de différentes parties qui forment un azgle folide ou linéaire. C’eft dans ce fens que l’on diftingue dans les os pariétaux qui ont la figure d’un quarré, quatre angles. Dans Pomo- plate qui a la figure d’un triangle , trois azgles; dans les yeux, les bords de la paupiere , tant fupérieure qu'inférieure, étant confidérés comme deux lignes qui fe rencontrent, d’un côté aux parties latérales du nez, & de l’autre du côté oppolé, on a donné à . ces points de rencontre le nom d'angle. ou canthus, Voyez PARIÉTAL, OMOPLATE, @c. (L) ANGLE, ez terme d'Ecriture, eft le coin intérieur du bec d’une plume. Il y en a de deux fortes : l'angle du côté des doigts eft ordinairement plus petit que celui du côté du pouce, parce qu’il ne produit que des parties délicates, des déliés & des Liaïfons, aulieu que l’argle du pouce produit des pleins de plufeurs figures. * ANGLES CORRESPONDANS DES MONTAGNES, (Ai. natur. ) obfervation fort importante pour la théorie de la terre. M. Bourguet avoit obfervé que les montagnes ont des direétions fuivies & correfpon- dantes entr'elles ; enforte que les azgles faillans d’une montagne fe trouvent toùjours oppofés aux 42g/es rentrans de la montagne voifine qui en eft féparée par un vallon ou par une profondeur. M. de Buf- fon donne une raïfon palpable de ce fait fingulier qui fe trouve par-tout , & que l’on peut obferver dans tous les pays du monde ; voici comment il l’ex- plique dans le premier volume de l’Xif. nat. 6 pare. avec la defcript. du cab. du Roi: On voit, ditl , en jettant Les yeux fur les ruifleaux, fur les rivieres , & toutes les eaux courantes, que les bords qui les con- tiennent forment toïjours des azgles alternativement oppolés; deforte que quand un fleuve fait un coude, l’un des bords du fleuve forme d’un côté une avan- ce, où un sZgle rentrant dans les terres, & l’autre bord forme au contraire une pente ou un azgle fail- lant hors des terres, & que dans toutes les finuof- tés de leur cours, cette corre/pondance des angles al- ternativement oppofés fe trouve toùjours. Elle eft en effet fondée {ur Les lois du mouvement des eaux, & l'égalité de laétion des fluides; & il nous feroit facile de démontrer la caufe de ceteffet : mais il nous fufit ici qu'il foit général 8 umiverfellement recon- nu, & que tout le monde pue s’aflürer par fes eux, que toutes les fois que le bord d’une riviere fait une avance danses terres, qui fe fuppofe à main +: ANG gauche, l’autre bord fait au contrairénne avance hors des terres à main droite : dès lors les courans de la mer qu’on doit regarder comme de grands fleuves ou des eaux courantes, fujettes ax mêmes lois que les fleuves de la terre, formeront de même dans lé. tendue de leur cours plufeurs finuofités , dont les avances ou les angles {eront rentrans d’un côté, & faillans de l’autre côté; & comme les bords de ces courans font les collines & les montagnes qui fe trou: vent au-deflous ou au-deflus de la furface des eaux, ils auront donné à ces éminences cette même forme qu'on remarque aux bords des fleuves; ainfi omne doit pas s’étonner que nos collines & nos monta: gnes , qui ont été autrefois couvertes des eaux de la mer, & qui ont été formées par le fédiment des eaux , aient pris par le mouvement des courans cette figure réguliere, & que tous les azgles en foient al- ternativement oppofés : elles ont êté les bords des courans ou des fleuves de la mer; elles ont donc pris néceflairement une figure & des dire@tions fembla- bles à celles des bords des flenves de la terre; & par conféquent toutes les fois que le bord à main gauche aura formé un azgle rentrant, le bord à main droite aura formé un angle faillant, comme nous l’obfervons dans toutes les collines oppotées. Au refte tous ces courans ont une largeur déter- minée, & qui ne varie point : cette largeur du con rant dépend de celle de l'intervalle qui eft entre les deux éminences qui lui fervent de lit. Les courans coulent dans la mer comme les fleuves coulent {ur la terre, &c ils y produifent des effets femblables : ils forment leur lit, & donnent aux éminences entre lefquelles ils coulent une figure réguliere, & dontles angles {ont correfpondans. Ce {ont en un mot ces cou: rans qui ont creufé nos vallées, figuré nos monta- gnes , & donné à la furface de notre terre, lorfau’elle étoit couverte des eaux de la mer, la forme qu’elle conferve aujourd’hui. ù Si quelqu'un doutoit de cette correfpondance des an- gles des montagnes, j’oferois, dit M. de Buffon, en appeller aux yeux de tous les hommes, fur-tout lorf qu'ils auront lù ce qui vient d’être dit. Je demande feulement qu’on examine en voyageant la pofition des collines oppofées, & les avances qu’elles font dans les vallons, on fe convaincra par fes yeux qué le vallon étoit le lit, & les collines les bords des cou- rans ; car les côtés oppolés des collines fe correfpon- dent exaétement, comme les deux bords d’un fleu- ve. Dès que les collines à droite du vallon font une avance, les collines à gauche du vallon font uné gorge. Ces collines à très-peu près ont auffi la mêmé élévation; & il eft très-rare de voir une grande iné- galité de hauteur dans deux collines oppofées & 1e- parées par un vallon. Æif. nat, p. 451. 6 456. rome I. Voyez VALLON, RIVIERE, COURANT, MER, TERRE, &c, (1) ANGLÉ, adj. rerme de Blafon ; il fe dit de la croix & du fautoir, quand il y a des figures longues à pointes, qui font mouvantes de leurs angles. La croix de Malte des Chevaliers François eft anglée de quatre fleurs-de-lis; celle de la Maïfon de Lambert en Savoie eft anglée de rayons, & celle des Machia- velli de Florence eft anglée de quatre clous. Machiavelli à Florence, d'argent à la croix d’a- zur anglée de quatre clous de même. (77) * ANGLEN, ( Géog. mod.) petite contrée du duché de Slefwick, entre la ville de Slefwick, celle de Flensbourg, &c la mer Baltique. | ANGLER , v. n. ex terme d'Orfèvre en tabatiere ; c’eft former exa@tement les moulures dans les plus petits angles d’un contour, à laide du marteau ê£ d’un cifelet gravé en creux de la même mamiere que là moulure en relief, ou gravé en relief de la même maniere | +. : ANG maniere que là moulure en creux. Voyez CiSELET & MOULURE. | * ANGLESEY, ( Géog. mod. ) île de la grande Bretagne , annexe de la Province de Galles, dans la mer d'Irlande, prefque vis-à-vis Dublin. Long. 12- 23. lat. 53-54. - ANGBET,, f. m.sermed’ Archireüture ; c’eftune petite cavité fouillée én angle droit, comme font celles qui féparent les boffages ou pierres de refend ; on dit refend coupé en anglet. (P) . * ANGLETERRE , royaume d'Europe, borné au nord par l’Ecofle , dont 1l eft féparé par les rivieres de Solvay & de Tuwed , environné de tous Les au- tres côtes par la mer. Ses rivieres principales font la Tamife, Le Humberg , la Trente, l’Oufe , le Med- way, & la Saverne, Elle fe divife en cinquante-deux provinces : Pembrock, Carmarden , Glamorgan ; Breknok, Radnor, Cardigan , Montgomery , Me- rioneth , Carnarvan, Danbigh, Flinte, ile d’Angle- fey , Norfolck, Suffolck, Cambridge , Harfort, Mi- diefex , Effex , Chefter , Darby, Stafford, War- wick, Shrop, Worcefter, Hors Montmouth , Glocefter , Oxford, Buckingham ; Bedford, Hun- tinoton , Northampton, Rutland, Leicefter | Not- tingham, Lincoln , Kent , Suflex, Surrey , Sout- hampton , Barck, Wilt, Dorfet, Sommerfet , De- von, Cornouailles, Northumberland, Cumberland, Weftmorland, Durham, Yorck, Lancaftre, l'ile de Man. Londres eft la capitale. Longit. 12-19. latir. 30-56. Il ne manque à l'Angleterre que l’olive & le raï- fin : elle a des grains , des pâturages, des fruits ; des métaux , des minéraux , des beftiaux, de très-belles laines , des manufactures au-dedans , des colonies au-dehors ; des ports commodes fur fes côtes ; de riches comptoirs au loin. Elle n’a commence à joiur pleinement de tous ces avantages que fous le regne d'Elifabeth, fille de Henri VIII. Ses principales mar- chandifes , y compris celles de l’'Ecoffe & de l’frlan- de , font les laines & l’étain ; les autres font la cou- perofe, Le fer , le plomb, le charbon , l’alun, Le vi- triol , les chairs falées , les cuirs verds , Paquifou, lamydon ; les ardoifes, les bœufs , les vaches , les ouvrages en laine & foie ; les verres, des chapeaux, des dentelles, des-chevaux, de ivoire, de la quin- caillerie ; des ouvrages'en acier, fer & cuivre; dela litharge, dela calamine , 6c. voilà ce qui eft de fon cru : mais que nelui vient-il pas de fes colonies , &z des magafins qu’elle a dans prefque toutes les con- trées du nord ? On verra ailleurs ce qu’elle tire des Indes orientales : elle commerce fur la Méditerra- née, aux Echelles du levant, & prefque partout elle a des compagnies de commerce. Elle abonde en vaifleaux, & prefque tous font fans cefle occupés ; qu'on juge donc de la richefle des retours. * ANGLETERRE ( LA NOUVELLE ) , province de l’Amérique feptentrionale, près du Canada & de la mer Septentrionale. ar, 41-45. Jean Varazan , Florentin, la découvrit, en prit pofleflion pour FrançoisI.en 1524, &les Anglois y porterent des habitans en 1607 & 1608. Cette pre- nuere tentative ne réuflit pas; & ce ne fut qu’en 1621 ‘que cette contrée fut appellée la zouvelle An- gleterre, New-England:1l en vient des fourrures, ca- ftors & omgnaux , des matures, des fromens , des fa- rines du bifcuit , des grains, des lésumes, des viandeSMalées, du poiflon , de la morue verte &fe- che , du maquereau falé, du chanvre, du lin, de la poix, du gaudron, & même de l’ambre. Ce font les Sauvages qui fourniffent les pelleteries ; on leur donne en échange du plomb , de la poudre, & des armes à feu. ANGLICISME, £. m.(Gramm.)idiotifme Anglois, c’eft-à-dire, façon de parler propre à la langue An- Tome I, _ leurs Necres : les Portu A N.G 465$ gloife : par exemple, f l’on difoit en Frânçois fouer- ter dans de bonnes mœurs , whip into good manners; au lieu de dire, fouerter afin de rendre meilleur, ce feroit un anglicifine, c’eft-à-dire , que la phrafe fe- foit exprimée fuvant le tour, le génie & lufage de la langue Angloife. Ce qu'on ditici de l'axglicifine, fe dit aufli de toute autre langue ; cär on dit un g4/- licifime, un latinifmé | un hellenifme , pour dire une phrafe exprimée fuivant Le tour François ; Latin & Grec, On dit aufli un arabifine, c’eft-à-diré, une fa: çon de parler particuliere à l’Arabe. (F) 01 ANGELOIR , f. m. outil dont les faéteurs de claz. vecins êc autres fe fervent pour prendre toutes for- tes d’angles & les rapporter fur les pieces de bois qu'ils travaillent . Il eft compoié d’une regle de bois AB ( fig. 21. Plan. XT. de la Lutherie) ; au milieu D dé laquelle eft articulée à charniere une autre regle D €, au moyen d’unérivure à deux têtes D noyée dans l’épaifleur du bois. Quelquefois la pièce D C'eft double, enforte que la reple 4 B peut entrer dedans comme la lame d’un couteau dans fon manche : tel eft celui que la fgu- re 21 repréfente. * ANGLOIS, (1°) éermie de Fleurife, narcifle à go= det jaune, & éval partout , avec avec la fleur plus grande que celle du narcifle de Narbonne , quoique petite. Voyez NARCISSE. * ANGLONA, ( Géog. anc. ) ville ancienne d’I- talié dans la Lucanie : il n’enrefte plus qu’une églife &c un château fitués dans la Bafilicate , au royaume de Naples. * ANGLO-SAXONS, f. m. plur. ( Hif. anc, & Géog. ) peuples d'Allemagne qui vinrent s'établir dans lilé Britannique : les naturels s’appelloient Bre- tons, Après la conquête. le peuple mélangé prit le nom d’'Ærglois, | * ANGLURE , ( Géog. mod. ) petite ville de Fran- ce en Champagne fur l’Aube. * ANGOBERT , f. m. ( Jardin. ) forte de poirier & de poire qui a la chair douce & ferme , qui eft grofle &z bonne à cuire , & qui dure fort avant dans l’hyver : elle eft longue & colorée d’un côté , aflez femblable au beuré. Leboiïs de l’argobert tire beau- coup auffi fur le bois de l’arbre qui porte le beuré, * ANGOLA , ( Géog. mod. ) royaume d’Afrique dans le Congo , entre les rivieres de Dande & de Coanza. Sa côte fournit aux Européens les meil- g gais font puiffans dans le con- tinent ; & ils en tirent un fi grand nombre d’habi- tans, qu’on eft étonné qu'ils n’ayent pas dépeuplé le pays. Ils donnent en échange pour les negres des draps, des plumes , des étoffes, des toiles des dentelles , des vins, des eaux-dé-vie , des épi- ceries, des quincailleries, du fucre, des hamecçons, des épingles , des aiguilles, &c. Les Portugais ont à Benguela une habitation f mal-faine , qu'ils y rele- ouent leurs criminels. J’oyez BENGUELA. * ANGOLAM , ( Hif. nat. bot. ) arbre qui s'éleve à cent pies de haut, qui en prend douze de grof- feur , qui naît parmi les rochers, les fables , & dans les montagnes de Mangotti, & autres contrées du Malabar , qui eft tojours verd , qui a le fruit fem- blable à la cenife ,| & qui dure long-tems, C’eft chez les peuples de Malabar le fymbole de la royauté ; & cette prérogative lui vient dela dif- pofition de fes fleurs, qui forment des diadèmes fur fes branches. On dit que le fuc de fa racine tiré par expreflion, tue Les vers, purge les humeurs phlegmatiques & bilieufes, & vuide l’eau des hydro- piques. On prétend que fa racine réduite en poudre, eft bonne contre la morfure des ferpens & des au tres animaux venimeux. Æ1ff. plant. Ray. ANGOISSE , {. f. ( Medec. ) fentiment de fufo- cation , de palpitation & de triftefe ; Secsens d’un nn 466 ANG tréssauvais préfage , lorfqu'il arrive au commen cement des flevres aiguës. (N) : * ANGOT , ( Géog. mod.) royaume ou province d'Afrique dans l’'Abyfinie. -* ANGOULEME , ( Géog. mod. ) ville de Fran- ce, capitale de l’Angoumois , fur le fommet d’une montagne, au pié de laquelle coule la Charante, Long. 174 48! 47". lat. 454 39! 3”. --* ANGOUMOIS (1°), province de France, bor- née au nord par le Poitou, à lorient par le Limou- fin & la Marche, au midi par le Périgord & la Sain- tonge , & à l’occident par la Saintonge. . L’Angoumois & le Limoufin ne forment qu’une même généralité : l’Argoumois donne des blés, des vins & des fruits ; le Limoufin au contraire ef froid & ftérile, fans blé ni vin: le feigle, Porge & les châtaignes , {ont la nourriture & le pain. On fait dans l’une & l’autre contrée beaucoup de papier : on fait à Limoges des reveches ; à Angouleme, des ferges & des étamines; à S. Jean d’Angely, des éta- mines & des draps ; des draps & des ferges à Nerac ; des ferges à la Rochefoucault ; des draps à la San- tereune ; à Cognac, des étamines & des eaux-de- vie; de gros draps à S.Léonard; à Brives & à Tulle, des reveches. Le fafran de lAngoumois ne vaut pas celui du Gâtinoïis:ils’en débite cependant beau- coup aux peuples du nord. Les Limoufins, contraints par la ftérilité de leur pays de fe répandre dans les autres ‘provinces, y travaillent pendant les belles faïons , & reportent enfuite pendant l’hyver dans le {ein de leur famille ce qu’ils ont gagne. * ANGOURE DE LIN. Voyez CUSCUTE. *ANGOURY o4 ANGORA,( Géog. anc, & mod.) ville d’Afe dans la Natolie, appellée autrefois 47- cyre. Long. 50. 23. lat. 39. 30. Ses chevres don- nent un poil très-fin , dont on fait de beaux came- lots. Ce poil pafle à Smyrne , où les Anglois , les Hollandois & les François s’en pourvoient. " Ces’chevres font peu différentes des chevres or- dinaires : mais leur poil eft blanc, rouffatre, fin, luftré , & long de plus de dix pouces: le commerce en eft tres-confidérable. * ANGRA, ( Géog. mod. ) ville maritime, capi- tale de l’île de Tercere & des autres Açores , dans l'Amérique feptentrionale. Long, 356. lat. 30. * ANGRIVARIENS , fm. plur. ( Géogr. & Hifi. anc.) anciens peuples de Germanie, de la nation des Iftevons, & voifins des Chamaves,Les'unsles placent dans le pays où font aujourd’hui les évêchés de Mun- fer , de Paderborn & d’Ofnabruck ; d’autres dans la Weftphalie, ou dans un coin de l’Over-yffel , ou dans les comtés de Bentheim & de Tecklembourg ; ou fur les bords de la Sala, aujourd’hui l’'Yfel. On dit qu'ils fe mêlerent avec les Francs. - ANGROIS , f. m. c’eft le nom qu’on donne dans plufieurs boutiques d'ouvriers, & même fabriques où l’onufe de marteaux, comme dans celles d’ardoi- fe, aux petits coins qui fervent à ferrer & à affer- mur le manche d’unmarteau avec le marteau même, & qu'on infere pour cet effet, ou dans le bout du manche même , ou entre le manche &c les parois de l’œil du marteau , tant en deflus qu’en deffous. * ANGSANA, ( Æifl. nat. bor. ) arbre qui croit aux Indes orientales, & qui donne par Pincifion qu'on, y fait une liqueur qui fe condenfe en larmes rouges, enveloppées d’une peau déliée, On prétend que cette gomme eftaftringente, & qu’elle ef très- bonne pour les aphthes. ANGUICHURE., f. £ ( Chaffe. ) c’eft l’écharpe où eft attaché le cor ou la trompe de chaffe. * ANGUILLARA , ( Géog. mod. ) petite ville d’I- talie , dans le patrimoine de S, Pierre. ANGUILLE., anguilla, (Hifi. nat. ) poiflon fort allongé en forme de ferpent, gliflant , fans écailles, AN G tevêtu d’une peau dont on le dépouilleaifèment ; les oùes des azguilles font petites & recouvertes d’une peau ;. c’eft pourquoi elles s’etouffent dans les eaux troubles , & elles peuvent vivre aflez long-tems hors de l’eau ; elles fe meuvent en contournant leur corps ; car elles ont feulement au lieu de nageoires une forte de rebord ou de pli dansla peau, quu com- mence au milieu du dos par-deffus, & par-deflous à l'ouverture par où fortent les excrémens, & qui fe continue de part & d’autre jufqu’à l'extrémité du corps. On a cru que les arguilles naïfloient de la pourriture. Ce qui a donné lieu à cette erreur, c’eft que le conduit de la matrice dans les femelles, & de la {emence dans les mâles, font peu apparens & cou- verts de graifle, de même que les œufs ; on ne les ap: perçoit pas aifément, Rondelet avoue qu’il en a vü frayer , quoiqu'il foit encore prévenu pour l’ancien préjugé par rapport à certaines amguilles. Ces poif- fons vivent dans Peau douce & claire ; l’eau trou- ble leur eft nuifible , & même mortelle ; ain@ il faut que l’eau des étangs où l’on veut avoir des amguilles foit pure. Ce poifion vit dans l’eau douce & dans l’eau falée ; il faut choïfir Le tems où l’eau des rivie- : res eft trouble après les pluies , ou la troubler ex- près, pour pêcher l’engzulle: elle ne s’éleve pas au- deffus de l’eau comme les autres poiflons. il y en a dans le Gange qui ont trente piés de longueur : la chair de l’enguille eft vifqueufe &c fort nourriffante ; celles de la mer font les meilleures. On fale la chair de ce poifion pour la conferver lorfqu'on en prend beaucoup à la fois, ou pour corriger par le {el la mauvaïfe qualité qui lui vient de fa vifcofité. On donne en Languedoc le nom de murgaienon à Pan guille mâle; elle a la tête plus courte, plus grofle, & plus large que la femelle, que l’on appelle arguille Jine. Rondelet. Voyez Poisson. (1) * L’anguille fe pêche ou aux hameçons dormans , ou à l’épinette, ou à la foiine, ou à la nafle, A lAu- meçon dormant , en attachant de deux piés en deux piés de diffance, des ficelles fur une corde fixée par un bout à un pieu au bord d’une riviere : ces ficelles doivent être armées par le bout d’un hamecon long d’un pouce , &z l’hamecon amorcé foit avec des achées, foit avec des chantouilles, ou autrement. PL. de Pefch. fig. 2, AB eft la corde, CD, CD , CD, font les ficelles ; elles ont un pié & demi, ou deux piés de long : attachez un plomb à l’autre bout de la corde, & lancez dans la riviere ce plomb, le plus loin que vous pourrez. Choïfiflez pour cette pêche un endroit où 1l n’y ait point d'herbes ni autre chofe à quoi votre ligne dormante puifle s’embarrafer. À lépinette, en fubftituant des épines à ces hame- çons : ces épines font liées par le milieu avec la f- celle, & amorcées comme les hameçons. À la foiine, en fe pourvoyant d’un inftrument fait comme.on voit fig. 2. il eft emmanché par une douille À dans une perche forte & légere AB, lon- gue de 13 à 18 piés. Le refte de l'infirument eft en trident, dont chaque dent CD,CF,CG, a envi- ron neuf pouces de longueur. Les deux dents de côté CD, & CG, font recourbées ; celle du milieu eft pointue ; toutes trois font dentées & tenues fi ferrées par un lien de fer HI, que larguille la plus petite ne puifle pafler entr’elles. On tient cet inftru- ment, & on le fiche fortement dans les endroits où lon croit qu'il y a des anguilles, S'il s’en rencontre fous lé coup, 1l ne leur eft pas poffible défS’échap- per ; elles reftent dans la fouine. À Ja nafle, en faïfant à une des vannes d’un mou- lin à eau un trou, & y appliquant bien exactement le filet appellé zaffe. Voyez NaAsse. ANGUILLE DE SABLE , anguilla de arena, podion de l'océan feptentrional qui eff fort fréquent fur les côtes d'Angleterre, où il eft connnu fous le nom de ANG . féndils ; on appelle anguille de fable, parce qu'il eft _ort allongé , & qu'il fe cache fous le fable: Il a la «tête mince & ronde, les mâchoires allongées & * pointues , la bouche petite ; il n’eft pas plus gros que le pouce, & n’a qué la longueur d’un palme $ {on dos eft bleu , & le ventre de couleur argentine ; _il a une nageoire fur le milieu du dos , & une au- tre auprès de la queue; deux dé chaque côté fous - le ventre , & une autre au-delà de l'anus. 4/4. de pifcibus, lb. XI, cap. xlix, Voyez Poisson. y ; À 08 , ff animalcule que l’on ne décôu- vre qu'à l’aide du microfcope dans certaines li- ueurs , telles que le vinaigre , Pinfufñon de la pouf- ferenoire du ble gâté par la nielle , 6e. dans la colle de farine , &c. On a donné à ces animalcules , lenom _d'arguille , parce qu’ils reflemblent à cet animal par la forme de leur corps qui paroît fort mince & fort allongé. Les anguilles de la colle de farine font les plus fingulieres ; on a obfervé qu’elles font vivipa- res. M. Sherwood & M. Needham, de la Société royale de Londres, ont fait fortir du corps de ces petites arguilles d’autres anguilles vivantes ; la mul- tiplication d’une feule eft allée jufqu’à cent fix. Nouv. obférv. microf. par M. Needham ; pag. 180. Voyez Microscope, MicROSCOPIQUE. (1) ANGUILLE, {. f, c’eft ainf qu’on appelle les bour- relets ou faux plis qui fe font aux draps fous les piles . des moulins à foulon , lorfque les foulons ne font pas aflez attentifs à les faire frapper comme il faut. Voyez FOULON , FOULER, & furtout l’article DRAPERIE, * ANGUILLE, (7°) Géog. mod. île de l'Amérique, ine des Antilles Angloifes. ANGUILLERES, ANGUILLES , ANGUILLÉES, Lurnieres, Visonnieres, Bitonnieres , {.f, pl, ( Marine.) Ce font des entailles faites dans les varangues , dont le fond du vaiffleau.eft compolé ; elles fervent à faire couler l’eau qui eft dans le vaiffeau depuis la proue juiqu'aux pompes; ce qui forme une efpece d’égoût qu'il faut nettoyer ; & pour le faire, on pafle une corde tout du long , que l’on fait aller & venir pour débarraffer & entrainer les ordures qui s’y amaf- fent. (Z | PORTA je) ANGUINA , (Æif. nat. bor. ) génre de plante qui ne differe de la pomme de merveille, que parce que {es fleurs font garnies de filamens très-fins , & que le fruitne s'ouvre pas de lui-même. Micheli, zova plant. genera. Voyez; POMME DE MERVEILLE. (1) ANGUINÉE, adj. f. serme de Géom, c’eftle nom que M. Newton donne dansfon énumération des lignes du troifieme ordre, aux hyperboles de cet ordre, qui ayant des points d'inflexion, coupent leur afympto- ! te, & s'étendent vers des côtés oppofés, 7, Asymp- TOTE, INFLEXION. Telle eft la courbe DHGAFIC, (Fig. 40. Analyf.n° 2.) qui coupe fon afymptote D AB en À, & qui ayant en H & en I des points d'inflexion , s’étend vers des côtés oppofés; favoir, à la gauche de À D en en-haut, & à la droite de AB en en-bas. | … Cette courbe s’appelle arguinée du mot anguis, ferpent, parce qu’elle paroît {erpenter autour de {on afymptote. Voyez SERPENTEMENT. ANGULAIRE, adj.m. (Géom.) fe dit de tout ce qui a des angles, ou ce qui a rapport aux angles. . Voyez ANGLE. La diftance fait difparoître les angles des polygo- nes; l'œil appercevant le corps de l’objet, loriqw'il n’apperçoit plus les inégalités que les angles faifoient fur fa furface, on croit que cette furface eft unie, & le corps de l’objet paroit rond. Voyez Visiox. Mouvement angulaire, C’eft le mouvement d’un corps qui décrit un angle, ou qui fe meut circulaire- ment autour d’un point. Ainf les planetes ont un mouvement angulaire autout du Soleil. Le rouvement Tom. I, e ANH 467 angulaire d'un corps eft d'autant plus grand, que cé corps décrit dans un tems donné un plus grand an: gle. Deux points mobiles ÀA,F, fig. 8. Méchar. dont l’un décrit l’are AB, & l’autre l'arc F G dans le même tems, ont le même I11OUVEITLErL angulaire , quoi- que le mouvement réel du point À foit beaucoup plus grand que le mouvement réel du point F; car l'efpace A B eft beaucoup plus grand que F G. Le s7ouvement angulaire {e dit aufi d’une efpece de mouvement compofé d’un mouvement reiligne, & d'un mouvement circulaire, &c. Tel eft le mouvement d’une roue dé carofle, ou d'une autre voiture. Voyez ROUE D’ARISTOTE. (0) ANGULAIRE, adj. ez Anatomie, {e dit de quel- ques parties relatives à d’autres qui ont la figure d’un angle. Les quatre apophyfes argulaires du coronal, font _ainf appelées, parce qu’elles répondent aux angles des yeux. Voyez CORONAL & Œix. Le mufcle angulaire de l’omoplate s’appelle ainfi, parce qu'il s’attache à l’angle poftérieur fupérieur de l’'omoplate ; on le nomme aufli le re/eveur. F. Omo- PLATE 6 RELEVEUR, L’artere angulaire ou maxillaire inférieure répond à lPangle de la mâchoire inférieure. Voyez MAxiL.- LAIRE & MACHOIRE. (L). * ANGUS, (Géog. 704.) province de l’Ecoffe fep- tentrionale. Forfar en eft la capitale * ANGUSTICLAVE, f. m. ( ÆfE. anc. ) c’étoit ‘une partie ajoûtée à la tunique des Chevaliers Ro- mains; la plüpart des antiquairés difént qu’elle con- fifloit en une piece de pourpre qu’on inféroit dans la tunique, qu’elle avoit la figure de la tête d’un ciou, ët que quand cette piece étoit petite, on l’appelloit angufhclave: mais Rubennius prétend avec raifon, contre eux tous, que l’angufliclave n’étoït pas rond comme la tête d’un clou, mais qu’il imitoit le clou même; & que c’étoit une bande de pourpre oblon- gue ; tiflue dans la toge & d’autres vêtemens ; &ilne manque pas d’autorités fur lefquelles il appuie fon fentiment. Les Senateurs & les plus qualifiés d’entre les Chevaliers, portoientle /ariclave; ceux qui étoient d’un état inférieur ou de moindre naïflance, pre- noient l'azgufficlave : on les appelloit Angufliclavi ; le pere de Suétone fut angufliclave. Cet hiftorien le dit lui-même à la fin de la vie d’Othon. Voyez Antia. expl. tom. IT. * ANHALT , (Géog, mod.) principauté d’Allema= gne, dans le cercle de haute-Saxe, borné au fud par le comté de Mansfeld, à l'occident par la principau- té d’Halberftad; à l’orient par le duiché de Saxe, & au feptentrion par le duché de Magdebourg. ANHELER,, v. neut. Dans les Verreries, c’eft en- tretenir le feu dans une chaleur convenable : mais quand la journée ef finie, ou que les pots font vui- des, on n’anhele plus. On laiffle mourir le feu, & les marchandifes fe refroidiffent peu-à-peu. ANHERAGE o% ANERAGE,, f. in. serme de riviere ufté dans la Bourgogne, pour fignifier Ze pour boiré ou les arrhes que l’on donne aux ouvriers que l’on employe à la conduite des trains. Cela arrive quel quefois pour les vins. * ANHIMA, (if. nat:) oïfeau aquatique & de proie; on le trouve au Bréfil : il eft plus grand que le cygne ;1la la tète de la groffeur de celle du cog, le bec noir & recourbé vers:le bout; les yeux de cou- leur d’or, avec un cercle noir, la prunelle noïte fur le haut de la tête une corne de la groffeur d’une groffe corde à violon, longue de deux doigts, recourbée par le bout, ronde, blanche comme l'os, & entou- rée de petites plumes courtes, noires & blanches; le cou long de fept doigts; le corps d’un pié & demi ; les aîles grandes & de différentes couleurs ; la queue longue de dix doigts, & large comme celle de Poie; nn ij 468 A NI les piés à quatre doigts armés d'ongles; la voix for. te, & criant ihu, vihu. I n’eft jamais feul, la femel- le Paccompagne tobjours ; & quand l’un des deux meutt , l’autre le fuit de près. C’eft la femelle qu’on vient de décrire; le mâle eft une fois aufh gros : il fait fon nid avec de la boue, en forme de four, dans les troncs des arbres & à terre. On attribue à fa corne plufeurs propriétés medi- cinales : on dit qu'infufée pendant une nuit dans du vin, ce vin fera bon contre les venins, les fuffoca- tions de matrice , & provoquera laccouchement. Lemery, Traité des drogues. * ANHOLT, (Géog. mod.) petite ville des Provin- ces-Unies, dans le comté de Zutphen, près de l’évé- ché de Munfter & du duché de Cleves, fur l’ancien VC r: * ANT, (Géog mod.) ville d’Arméêmie, dans le cin- quieme climat. Long. 70. lat. fépt. 41. * ANIANE, ou SAINT-BENOIST D’ANIANE, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le bas-Lan- guedoc, diocèfe de Montpellier, aux piés des mon- tagnes, près de l’Arre. Long. 27. 22. lat, 43. 45. * ANIEN , o4 ANIAN-FU, ( Géog. mod, ) ville de la Chine, dans la province de Chuquami. * ANIGRIDES , (Myrh.) Nymphes qui habitoient les bords du fleuve Æzigrus au Peloponefe. Quand on avoit des taches à la peau, on entroit dans la grote des Arigrides, on les mvoquoit; on faifoit quelques facrifices; on frotoit la partie malade ; on pafloit l’Anigrus à la nage ; & l’on guérifloit ou l’onne gué- tifloit pas, fans que les Arigridesen fuflent moinsié- vérées, n1 la grote moins fréquentée, * ANIGRUS,ou ANIGRE, (Géog. & Myth.) fleuve d'Elide, dans le Peloponefe , où les Centau- res, bleflés par Hercule, allerent laver leurs bleffu- res, ce qui rendit fes eaux ameres & défagréables, de douces qu’elles étoient auparavant. * ANIMACHA , ox ANIMACA, ( Géog. mod.) ri- viere de l’Inde, au Royaume de Malabar, qui a fa fource dans celui de Calicut, & fe décharge dans POcéan, aux environs de Cranganor..… ANIMADVERSION , 1. f. (Litérature, ) fignifie quelquefois correétion , quelquefois des remarques ou des obfervations faites fur un livre, G:c. & quelquefois une férieufe confidération ou réflexion fur quelque fujet que ce foit, par forme de critique. Ce mot eft formé du latin aximadyertere, remar- quer, compoié d’erimus, l’entendement, & adverto, je tourne à ou vers; parce qu’un obfervateur ou cri- tique eft cenfé avoir appliqué particulierement fes méditations, & pour ainfi-dire, les yeux de fon ef- : prit, fur les matieres qu'il examine. Au refte ce terme eft plus latin que françois, & purement confacré à la Littérature ou Philologie. Nous avons beaucoup d’ou- vrages fous le titre d’aximadverfiones : mais on les ap- pelle en françois, obférvations, remarques, réflexions, Gc. (G) ANIMADVERSION, {. f. en fiyle de Palais, fignifie réprimande ou correéfion, * ANIMAL , f. m, ( Ordre encyclopédique. Enten- dement. Raifon. Philofophie ou fcience. Science de la na- ture. Zoologie. Animal.) Qu’eft-ce que Parimal? Voila une de.ces queflions dont on ef? d'autant plus embarra]ë, qu'on a plus de philofophie 6 plus de connoiffance de l’hifloire naturelle. Si lon parcourt toutes les propriétés connues de l'animal ; o2 n'en; trouvera antune qui ne manque à quelqu'être auquelon eff forcé. de donner Le nom d'animal , ox qui r’appartienne à uniautre auquel on ne peut accorder ce nom. D'ailleurs ,‘s’il ef? vrai , comme on n'en peut guere douter, que l'univers ef} une feule & unique machine, où tourefhlié; Eoù les êtres s’élevent au-deffus ou s’abaiffent au-deffous les uns des autres, par des degrés 1mperceptibles, en forte qu'il n’y ait aucun vuide dans la chaîne , 6 que le ruban coloré du célebre Pere Caftel Jefuite, où de nuance en nuance on pafle du blanc au noir fans s'en appercevoir , foir une image Vé- ritable des progrès de la nature; il nous fera bien difficile de fixer les deux limites entre lefquelles Pamimalité, #:/ ef? permis de s'exprimer ainfi , commence & finit. Une deéfirütion de l’animal féra trop générale, ou ne fèra pas affez étendue , embraffera des êtres qu'il faudroit peut.êrre exclurre, Gen exclurra d’autres qw’elle devroit embralfèr. Plus on examine la nature , plus on fe convainc que pour s’exprimer exactement, il faudroit prefqu’autant de déro- minations différentes qu'il y a d'individus , & que c’efe le befoin feul qui a inventé les noms généraux ; puifque ces noms généraux font plus ou moins étendus , ont du Jens, ou font vuides de fens, felon qion fait plus ou moins de progrès dans l'étude de la nature, Cependant qu'eff-ce que l'animal? Ceft, dit M. de Buffon, Hifi. nat. gen. & part. la matiere vivante & organifée qui fent, agit, Je meut , fe nourrit & fe reproduit. Conféquemment , Le végétal eft la matiere vivante & organifée | qui fè nourrit 6 fe reproduit ; mais qui nefent , r'agit , ni ne fe meur. Et Le minéral , la matiere morte & brute qui ne fent s magit, ni fe ment, ne [e nourrit , ni ne fe reproduit. D'où il s'enfuit encore que le fentiment ef? Le principal degré différentiel de l'animal. Mais eft-il bien conftant qu'il n'y a point d'animaux , fans ce que nous appellons le fentiment ; où plurôt, ft nous en croyons les Carté- Jens, y a-t-il d’autres animaux que nous qui ayent du ‘fentiment. Les bêtes, difent-ils , en donnent les fignes , mais l'homme feul a la chofe. D'ailleurs | Phomme lui. même ne perd-t-il pas quelquefois le fentiment , fans ceffèr de vivre ou d’être un animal? Alors le pouls bat, la circulation du fang s'exécute , toutes les fonitions ani- males fe font ; mais l’homme ne {ent 71 lui-méme, ni les autres êtres : qu’eft-ce alors que l’homme? Si dans cet état, il ef? toñjours un animal; qui nous a dit qu’il y er a pas de cette efpece fur le paflage du végétal le plus par- fait, à l'animal le plus flupide ? Qui nous a dit que ce paflage nétoit pas rempli d'êtres plus on moins léthar- giques , plus où moins profondément affoupis ; en forte que la feule différence qu’il y auroit entre cette claffe 6 la clafé des autres animaux , tels que nous, effqwils dorment & que nous veillons ; que nous fommes des ani. maux qui fentent, @ qu'ils font des animaux qui re Jentent pas. Quefl-ce donc que l'animal ? Ecoutons M. de Bufon s'expliquer plus au long l-deflus. Le mot arimal , ditl, ff: nat. tom. IT. pag. 26 0. dans l’acception où nous le prenons ordi- nairement , repréfente une idée générale , formée desidées particulieres qu’on s’eft faites de quelques animaux particuliers. Toutes les idées générales ren- ferment des idées différentes , qui approchent ou different plus ou moins les unes des autres ; & par conféquent aucune idée générale ne peut être exacte ni précife, L'idée générale que nous nous fommes formée de larimal fera, fi vous voulez, prife princi- palement de l’idée particuliere du chien , du cheval, ê&c d’autres bêtes qui nous paroïffent avoir de l’intel- ligence & de la volonté , qui femblent fe mouvoir & fe déterminer fuivant cette volonté ; qui font com- pofées de chair & de fang , qui cherchent & pren- nent leur nourriture , & qui ont déS fens , des fexes, & la faculté de fe reproduire. Nous joignons donc ‘enfemble une grande quantité d’idées particulieres , Jlorfque nous nous formons l’idée générale que nous exprimons par le mot arimal ; & l’on doit obferver que dans le grand nombre de ces idées particulieres , il n’y en a pas une qui conffitue l’eflence de l’idée ‘générale. Car il y a, de l’aveu de tout le monde, des animaux qui paroïflént n'avoir aucune inelli- gence , aucune volonté , aucun mouvement pro- orefif, il y en a qui n’ont ni chair mi fang, & quine paroiflent être qu'une glaife congelée. Il y en a qui ne peuvent chercher leur nourriture ; & qui ne la reçoivent que de l'élément qu'ils habitent : enfinil y den a qui n’ont point de fens , pas même celui du tou: -chet , au moins à un degré qui nous foit fenfible : il pen a qui n’ont point de fexes , d’autres qui les ont “ous deux ; 8 il ne refte de général à l’arimal que ce qu lui eft commun avec le végétal , c’eft-ä-dire , la faculté de fe reproduire. C’eft donc du tout enfem- ble qu’eft compofée l’idée générale; & ce tout étant -compoféde parties différentes , 1l ÿ a néceffairement entre ces parties des deprés & des nuances. Un in- fete , dans ce fens , eft quelque chofe de moins ani- mal qu’un chien ; une huître eftencore moins ani- mal qu'un infeéte ; une ortie de mer , ou un polypé d’eau douce ; left encore moins qu’une huître ; & comme la nature va par nuances infenfbles, nous devons trouver des animaux qui font encore moins animaux qu'une ortie de mer ou un polype. Nos idées générales ne font que des méthodes artificiel: les, que nous nous fommes formées pour raflembler une grande quantité d'objets dans Le même point de vüe ; & elles ont, comme les méthodes artificielles, le défaut de ne pouvoir jamais tout comprendre : elles font de même oppofées à la marche de la na- ture, qui fe fait uniformément, infenfiblement &toù- jours particulierement ; en forte que c’eft pour vour- fe comprendre un trop grand nombre d'idées par: ticuhieres dans un feul mot, que nous n’avons plus une idée claire de ce que ce mot fignifie ; parce que ce mot étant recù , on s’imagine que ce mot eft une ligne qu'on peut tirer entre les produétions de la na- ture , que tout ce qui eft au-deflus de cette ligne eft en effet animal , & que tout ce qui eftau-deflous ne peut êtré que vépésal ; autre mot aufli général que le premier , qu'on employede même, comme une ligne de féparation entre les corps organiiès & les corps bruts. Mais ces lignes de féparation n’exiftent point dans la nature : 1l y a dés êtres qui ne font ni ant maux, ni vécétaux, ni tinéraux, & qu'on tenteroit vainement de rapporter aux uns & aux autres. Par exemple, lorfque M. Trembley, cet auteur célebre de la découverte des animaux qui fe multiplient par chacune de leurs parties détachées , coupées , on féparées , obferva pour la premiere fois le polype de fa lentille d’eau, combien employa-t-il de tems pour reconnoitre fice polype étoit un azimal ou une plan- te | &r combien n’eut-1l pas fur cela de doutes & d’incertitudes? C'eft qu’en effet Le polype de la len- tille n’eft peut-être n1 l’un ni l’autre ; & que tout ce qu'on en peut dire, c’eft qu’il approche un peu plus de l’aninal que du végétal ; 8 comme on veut abfo: lument que tout être vivant foit un arzimal ou une plante , on croiroit n’avoir pas bien connu un être organiié , fi on ne le rapportoit pas à l’un ou l’autre de ces noms généraux ; tandis qu'il doit y avoir , & qu’il y a en efet, une grande quantité d'êtres organi- Jés qui ne font ni Pun nil’autre. Les corps mouvans que lon trouve dans lés liqueurs feminales , dans la chair infufée des animaux, dans les graines & les autres parties infufées des plantes, font de cette ef- pece: on ne peut pas direque ce foient des animaux; on ne peut pas dire que ce foient des végétaux, & aflürément on dira encore moins que ce font des minéraux, | On peut donc afürer fans crainte de trop avantér,, que la grande divifion des produétions de la nature en a7imaux , végétaux 8 minéraux , ne contient pas tous les êtres matériels : il exifte , comme on vient de le voir, des corps organifés qui ne font pas compris dans cette divifion. Nous avons dit que la marche de la nature fe fait par des degrés nuancés , & fouvent imperceptibles ; aufli pafle-t-elle par des nuancesin- {enfbles de l'animal au végétal : mais du végétal au minéral le pafage eft brufque, & cette loi de n’yaller que par nuances paroit fe démentir. Cela a fait foup+ çonner à M. de Buffon, qu’en examinant de près’ la A NI 409 faturé , on viendroit à découvrir dés êtres intermée diaires , des corps organifés qui fans avoir, par exemple , lapuiflance de fe reproduire comme les ani- maux & les végétaux, auroient cependant une efpe: ce de vie & de mouvement : d’autres êtres qui, fans tré des animaux ou des végétaux , pourroient bien entrer dans la conftitution des uns & des au- tres ; &c enfin d’autres êtres qui ne feroient que le pre- mier aflemblage des molécules organiques. Voyez MoLÉCULES ORGANIQUES. Mais fans nous arrêter davantage à la définirion de Panimal , qui eff, comme on voir , dès-d-préfent fort im parfaite , 6 dont l’imperfeilion S'appercevra dans la fuite des frecles beaucoup davantage , voyons quelles lumieres On peut tirer de la comparaïfon des animaux € des véne- taux. Nous raurions prejque pas befoin d’avertir aa Pexception de quelques réflexions mifes en italique, que ous avons ofé difperfer dans la’ fuite de cette article , il eff tout entier de l’Hifloire naturelle pénér, particulier : le ton 6 Les chofes l'indiqueront affez. Dans la foule d'objets que nous préfente ce vafte globe , ( dit M. de Buffon , pag. 1.) dans le nombré infini des différentes produétions , dont fa furface eft couverte & peuplée les azimaux tiennent le premier rang , tant par la conformité qu'ils ont avec nous ; que par la fupériorité que nous leur connoïffons fur les êtres végétaux ou manimés. Les azimaux ont par leurs fens , par leur forme , par leur mouvement , beaucoup plus de rapports avec les chofes qui les en- vironnent que n'en ont les végétaux. Mais 11 ne faut point perdre de vhe que le normbre de ces rapports varie à l'infini ; qu’il ef} moindre dans le polype que dans l'huf. tre, dans l’huitre moindre que dans le finge; & les végé- taux par leur développement , par leur figure , par leur accroifflement &c par leurs différentes parties,ont auf un plus grand norbre de rapports avec les ob- jets extérieurs, que n’en ont les minéraux ou les pier- res, qui n’ont aucune forte de vie ou de mouvement. Objervez encore que rien n'empêche que ces rapports ne varient auffi , 6 quele nombre n'en foit plus on moins grand ; en forte qu'on peut dire qu'il y à des minéraux moins morts que d'autres. Cependant c’eft par ce plus grand nombre de rapports que l’anitral eft réellement au-deffus du végétal, & le végétal au-deflus du mi- néral. Nous-mêmes , à ne confidérer que la partie matérielle de nôtre être , nous ne fommes au-deflus des animaux que par quelques rapports de plus , tels que ceux que nous donnent la langue &c la main, la langue furtout. Une langue fuppole une fuite de pen- fées, & c’eft par cette raifon que les animaux n’ont aucune langue. Quand même on voudroit leur accor: der quelque choie de femblable à nos premieres ap- préhenfions & à nos fenfations groflieres &c les plus machinales , 1l paroît certain qu’ils font incapables de former cette, aflociation d'idées , qui feule peut produire la réflexion , dans laquelle cependant con- fifte l’effence de la penfée. C’eft, parce qu'ils ne peu- vent joindre enfemble aucune idée, qu'ils ne pen- fent ni ne parlent, c’eft par la même raïfon qu'ils n’inventent & ne perfeionnent rien. S'ils étoient doués de la puiffance de réfléchir, même au plus petit degré, ils feroient capables de quelque efpece de progrès ; ils acquerroient plus d'induftrie; les caftors d'aujourd'hui bâtiroient avec plus d’art & de folidité que ne bâtifloient les premiers caftors ; l’a- beïlle perfeétionneroit encore tous les jours la cel- lule qu'elle habite : car fi on fuppofe que cette cellule eft auf parfaite qu’elle peut l'être , on donne à cet infeéte plus d’efprit que nous n’en avons ; on li ac- corde une intelligence fupérieure à la nôtre , par la- quelle il appercevroit tout d’un coup le dernier point de perfettion auquel il doit porter {on ouvrage , tan: dis que nous-mêmes nous ne voyons jamais claire: ment ce point, & qu’il nous faut beaucoup de réfle- 470 A Ni xions, de tems & d’habitude pour perfe@tionner le moindre de nos arts. Mais d’où peut venir cette uni- formité dans tous les ouvrages des animaux ? Pour- quoi chaque efpèce ne fait-elle jamais que la même chofe , de la même façon ? Pourquoi chaque individu he la fait-il ni mieux ni plus mal qu'un autre indivi- du? Ÿ a-t-il de plus forte preuve que leurs opéra- tiohs ne font que des réfultats méchaniques & pure- ment matériels? Car s'ils avoient la moindre étin- celle de la lumiere quinous éclaire, on trouveroit au moins de la variété , fi l’on ne voyoit pas de la per- fettion , dans leurs ouvrages ; chaque individu de la même efpece feroit quelque chofe d’un peu différent de ce qu'auroit fait un autre individu. Mais non, tous travaillent fur le même modele ; l’ordre de leurs ac- tions eft tracé dans l’efpece entiere ; il n’appartient point à l'individu ; & fi l’on vouloit attribuer une ame aux animaux , on feroit obligé à n’en faire qu’une pour chaque efpece , à laquelle chaque individu par- ticiperoit également. Cette ame feroit donc néceffai- rement divifible , par conféquent elle feroit maté- rielle & fort différente de la nôtre. Car pourquoi mettons-nous au contraire tant de diverfité & de va- rièté dans nos produétions & dans nos ouvrages? Pour- quoi limitation fervile nous coûte-t-elle plus qu'un nouveaudeffein?C’eft parce que notre ame eft à nous, qu’elle eft indépendante de celle d’un autre , & que nous n'avons rien de commun avec notre efpece que la matiere de notre corps : mais quelque différence qu'il yait entre nous &t les animaux , on ne peut nier que nous ne leur tenions de fort près par les dernie- res de nos facultés. On peut donc dire que quoique les ouvrages du Créateur foient en eux-mêmes tous également par- faits , l’azimal eft , felon notre façon d’appercevoir, l’ouvrage Le plus complet ; & que l’homme en eft le chef-d'œuvre. En effet, pour commencer par. l’arimal qu eftici notre objet principal, avant que de pañfer à l’homme, que de reforts , que de forces , que de machines & de mouvemens font renfermés dans cette petite par- tie de matiere qui compofe le corps d’un armal| Que de rapports , que d’harmonie , que de correfpondan- ce entre les parties ! Combien de combinaïfons , d’ar- rangemens , de caufes , d’effets , de principes , qui tous concourent au même but , & que nous ne con- noïflons que par des réfultats fi difficiles à compren- dre , qu'ils n’ont ceflé d’être des merveilles que par lhabitude que nous avons prife de n’y point réflé- chir | Cependant quelqu’admirable que cetouvrage nous paroïfle , ce n'eft pas dans l’individu qu’eft la plus grande merveille ; c’eft dans la fucceflion , dans le renouvellement & dans la durée des efpeces que la nature paroïît tout-à-fait inconcevable, ou plirôt , en remontant plus haut , dans l’ordre inflitue entre les par- ties du tout, par une fagef[e infinie G par une main toute- puiflante ; car cet ordre une fois infutué , les effets quel- que firprenans qwils foient , font des fuites nécef[aires & fémples des lois du mouvement. La machine ef? faite, & les heures fe marquent fous l'œil de lhorloger. Mais entre les fuites du méchanifine , il faut convenir que cette faculté de produire fon femblable qui réfide dans les animaux & dans les végétaux , cette efpece d'unité tojours fubfiflante 6 qui paroîït éternelle ; cette vertu procréatrice qui S’exer- “ce perpétuellement fans fe détruire jamaïs , eff pour nous , quand nous la confidérons en elle-même, & fans aucun | rapport à lordre inflitué par le Tour-puif[ant , un myflere dont il femble qu’il ne nous efl pas permis de fonder la profondeur. _ La matiere inanimée , cette pierre, cette argille qui eft fous nos piés, a bien quelques propriétés : fon exiftence feule en fuppofe un très-grand nom- bre; & la matiere la moins orsanifée ne laifle pas À NI que d’avoir, en vertu de fon exiftence, rine infinité de rapports avec toutes les autres parties de l’uni- vers. Nous ne dirons pas, avec quelquesPhilofophes, que la matiere fous quelque forme qu’elle foit, con- noît fon exiftence & fes facultés relatives: cette opinion tient à une queftion de métaphyfique, qu’on peur voir difcutée 4 l’article AÂME. Il nous fuffra de faire fentir que, n’ayant pas nous-mêmes la connoïf fance de tous les rapports que nous pouvons avoir avec tous les objets extérieurs, nous ne devons pas douter que la matiere inanimée n’aitinfinimentmoins de cette connoiffance ; & que d’ailleurs nos fenfations ne reflemblant en aucune façon aux objets qui les caufent, nous devons conclurre par analogie , que la matiere inanimée n’a ni fentiment, ni fenfation, mi conicience d’exiftence ; & que lui attribuer quel- ques-unes de ces facultés, ce {eroit lui donner celle de penfer, d’agir & de fentir , à peu près dans le mê- me ordre & de la même façon que nous penfons , agiflons & fentons , ce qui répugne autant à la raïfon qu'à la religion. Mais une confidération qui s’accorde avec l’une 6 Pauire, 6 qui nous eff fuggérée par Le fpec- tacle de la nature dans les individus , c’eff que l’érat de cette faculté de penfèr, d'agir, de fentir , réfide dans quel. ques hommes dans un degré éminent, dans un degré moins éminent en d'autres hommes, va en s’affoibliffant à me- Jure gwon fuit la chaïne des êtres en defcendant, & s’é- teint apparemment dans quelque point de la chaîne très= éloigné : placé entre le regne animal € Le regne végétal, point dont nous approcherons de plus en plus par les obfèr- Vations , mais qui nous échappera à jamais ; les expérien- ces refleront totjours en- deça, & les fyffèmes iront to4- Jours au-dela ; l'expérience marchant pié a pié , € l’'ef= Prit de fÿffème allant toûjours par fauts 6 par bonds, Nous dirons donc qu’étant formés de terre, & com. pofés de poufliere, nous avons en effet avec la terre & la poufliere, des rapports communs qui nous lient à la matiere en général ; tels font l'étendue , l’impé- nétrabilité , la pefanteur, 6. Mais comme nous n’ap- percevons pas ces rapports purement matériels; com- me ils ne font aucune impreffion au-dedans de nous- mêmes ; comme ils fubfftent fans notre participation, & qu'après la mort ou avant la vie, ils exiftent & ne nous affeétent point du tout, on ne peut pas dire qu’ils faffent partie de notre être : c’eft donc l’organifation, la vie, lame , qui fait proprement notre exiftence. La matiere confidérée fous ce point de vüe, en eft moins le fujet que l’accefloire ; c’eft une enveloppe étrangere dont l’union nous eft inconnue & la pré- fence nuifible ; & cet ordre de penfées qui conftitue notre être , en eft peut-être tout-à-fait indépendant. Il me femble que ? Hiflorien de la nature accorde ici aux Métaphyficiens bien plus qu’ils r’oferoient lui demander. Quelle quefoit la maniere dont nous penferons quand notre ame fera débarraffée de fon enveloppe , € fortira de l’étas de chryfalide ; il eff conflant que cette coque méprifable dans laquelle elle refte détenue pour un tems, influe pro= digieufement fur l’ordre de penfêes qui conffitue [on être ; 6 malgré les fuites quelquefois très-fächeufes de cette in= fluence, elle n’en montre pas moins évidemment la Jageffe de la providence , qui fe fert de cet aïgwillon pour nous rap peiler fans ceffe à la confervation de nous-mêmes 6 de notre epece. Nous exiftons donc fans favoir comment , & nous penfons fans favoir pourquoi. Cette propofition me pa- roit évidente ; mais on peut obferver , quant a la feconde partie, que l'ame eff fujette a une forte d'inertie, en core Jéquence de laquelle elle refleroit perpétuellement appliquée. a la même penfée, peut-être à la méme idée, ft elle n’en ésoit tirée par quelque chofe d'extérieur à elle qui laver- tit, fans toutefois prévaloir [ur fa liberté. Cafe par cette derniere faculté qu’elle s’arréteiou qu’elle paffe légerement d’une contemplation à une autre. Lorfque l'exercice de certe faculté ceffe, elle refle fixée [ir la méme contempla- sion : € tel ef} peut-être l'état de celui qui s'endort, de celui même qui dort, € de celui quivmédire très-profon- dément, S’il arrive a ce dernier de parcourir fucceffivement différens objets, ce ref? point par un aëe de fa volonté que cette fucceffion s'exécute, c'eff la liaifon des. objets mêmes qui l'entraine 3 1 je ne connois rien d’auffi mas chinal que l’homme abforbé dans une méditation profon- de, f ce n'efl l'homme plongé dans un profond fommeil. … Maïs quoi qu'il en foit de notre maniere d’être ou defentir ; quoi qu'il en foit de la vérité ou de la fauf- feté, del’apparence ou de la réalité de nos fenfations, les réfultats de ces mêmes fenfations n’en font pas moins certains par rapport a nous. Cet ordre d'idées, cette fuite de penfées quiexifte au-dedans de nous- . mêmes, quoique fort différente des objets qui les cau- fent , ne laiffent pas d’être l’affeétion la plusréelle de notre individu , &c de nous donner des relations avec lesobjets extérieurs,que nous pouvons regarder com- me des rapports réels, puifqu'ils font invariables, & toüjours les mêmes relativement à nous. Ainfi nous ne devons pas douter que les différences ou les ref- femblances que nous appercevons entre les objets, ne foient des différences & des reflemblances certai- nes &c réelles dans l’ordre de notre exiftence par rap- port à ces mêmes objets. Nous pouvons donc nous donner le premier rang dans la nature. Nous devons enfuite donner la feconde place aux animaux ; la troi- fieme aux végétaux , & enfin la derniere aux miné- raux. Car quoique nous ne diftingwions pas bien net- tement les qualités que nous avons en vertu de notre animalité feule, de celles que nous avons en vertu de la fpiritualité de notre ame, ou plütôt de la fu- périorité de notre entendement fur celui des bêtes., nous ne pouvons guere douter que les animaux étant doués comme nous des mêmes fens, poflédant les mêmes principes de vie & de mouvement , &c faifant une infinité d'actions femblables aux nôtres , ils wayent avec les objets extérieurs , des rapports du même ordre que les nôtres, & que par conféquent nous ne leur refflemblions à bien des égards. Nous, diférons beaucoup des végétaux , cependant nous leur refflemblons plus qu'ils ne refflemblent aux mi- néraux ; & cela, parce qu'ils ont une efpece de for- me vivante, une organiation animée , femblable en quelque façon à la nôtre ; au lieu que les minéraux n’ont allcun Organe. Pour faire donc l’hiftoire de lParzmal , il faut d’a- bord reconnoitre avec exaétitude l’ordre général des rapports qui hui font propres, & diftinguer enfuite les rapports qui lui font communs avec les végétaux & les minéraux. L’erimal n’a de commun avec le minéral que les qualités de la matiere prife générale- ment ; {a fubflance a les mêmes propriétés virtuel- les ; elle eft étendue, pefante, impénétrable , comme tout le refte de la matiere: mais fon œconomie eft toute différente. Le minéral n’eft qu'une matiere brute, infenfble , n’agiflant que par la contrainte des lois de la méchanique, n’obéiffant qu’à la force généralement répandue dans l'univers , fans organi- fation , fans puiffance, dénuée de toutes facultés , même de celle de fe reproduire; fubftance informe, faite pour être foulée aux piés par Les hommes & les animaux, laquelle malgré le nom de rrétal précieux, n’en eft pas moins méprifée par le fage , &z ne peut avoir qu’une valeur arbitraire, tohjoursfubordonnée à la volonté, & toûjours dépendante de la conven- tion des hommes. L’azimal réunit toutes les puiffan- ces de la nature; les fources qui laniment lui font propres & particuherés ; il veut, il agit, il fe déter- mine, il opere , 1l communique par fes fens avec les objets les plus éloignés; fon individu eft un centre où tout fe rapporte ; un point où l’univers entier fe réfléchit; un monde en racourci. Voilà les rapports qui lui font propres : ceux qui lui font communs avec ANT 4n les végétaux, fontles facultés de croitré , de fe dé- velopper, de fe reproduire, de fe multiplier. On con. got bien que toutes ces vérités s’obfeurciffent fur Les lisnites des regnes, 6 qu'on auroir bien de la peine à les apper= cevoir difinitement für le pallage du minéralau végétal, G du végétal à lanimal. Il faut donc dans ce qui pré- cede 6 ce qui fuit , infhiruer la comparaifon entre un ani mal, un végétal, & un minéral bien décidé, fe l’on ne veut S’expofer a tourner à l'infini dans un labyrinthe dont on ze fortiroit jamais. L'obférvateur ef! forcé de paffer d'un individu à un au- tre: mais l’hifforten de la nature ef? contraint de l’embraf: Jér par grandes majfes ; 6 ces maffes il Les coupe dans les endroits de La chaine où les nuances lui paroiffent tran- cher le plus vivement ; & il fe garde bien d'imaginer que ces divifions foient l'ouvrage de la nature. La différence la plus apparente entre les animaux &c les végétaux, paroït être cette faculté de fe mou- voir & de changer delieudontles animaux font doés, & qui n'eft pas donnée aux végétaux. Il eft vrai que nous ne connoiffons aucun végétal qui ait le mouve- ment progref . mais nous voyons plufieuts efpeces d'animaux, cumme les huîtres, les galle-infedtes, &c. auxquelles ce mouvement paroît avoir été refufé. Cette différence n’eft donc pas générale & nécef- faire. Une différence plus eflentielle pourroit fe tirer de la faculté de féztir, qu’on ne peut guere refufer aux animaux, & dont il femble que les végétaux foïent privés. Mais ce mot fértir renferme un grand nom- bre d'idées , qu’on ne doit pas le prononcer avant que d’en avoir fait l’analyfe: car {i par Jéntir nous entendons feulement faire une aétion de mouvement à l’occafion d’un choc ou d’une réfiftance , nous trou- verons que la plante appellée fexfrive, eft capable de cette efpece de fentiment comme les animaux. Si au contraife on veut que féztr fignifie appercevoir & comparer dés perceptions, nous ne fommes pas fûürs que les animaux ayent cette efpece de fentiment; & fi nous accordons quelque ehofe de femblable aux chiens , aux éléphans, “A dont les aëétions femblent -avoir les mêmes caufes que les nôtres, nous le refu- ferons une infinité d’efpeces d'animaux, & furtout à ceux qui nous paroïiflent être immobiles & fans ac- tion. Si on vouloit que les huîtres, par exemple, euf- {ent du fentiment comme les chiens, mais äqin degré foffinférieur, pourquoi n’accorderoit-on pas aux vé- gétaux ce même fentiment dans un degré encore aus deffous ? Cette différence entre les animaux & les vé: gétaux n’eft pas générale ; elle n’eft pas même bien décidée. Mais n'y a-r-il que ces deux manieres de {en- tir, ou fe mouvoir à l'occafion d'un choc ou d’une ré- Jiffance , ou appercevoir & comparer des perceptions ? il me femble que ce qui s'appelle en moi fentiment de plaifir , de douleur | &tc. fentiment de mon exiflence | &cc. n’efl 711 mouvement, nl perception & comparaifon de percep- tions, Il me femble qu’il en ef? du fentiment pris dans ce troifreme fèns comme de’ la penfée, qw'on ne peut compa- rer a rien, parce qu’elle ne reffemble a rien ; & qu'il pour- roit bien y avoir quelque chofe de ce fentiment dans Les CTILITMAUX, : Une troifieme différence pourroit être dans la ma= niere de fe nourrir. Les animaux par le moyen de quelques organes extérieurs, faififlent les chofes qui leur conviennent, vont chercher leur pâture , choi- fiffent leurs alimens : les plantes au contraire paroïf fent être réduites à recevoir la nourriture que la terre veut bien leur fournir. Il femble que cette nourriture foit tofijours la même ; aucune diverfité dans la ma- niere de fe la procurer ; aucun choix dans l’efpece; lhumidité de la terre eft leur feul aiment. Cepen- dant fi l’on fait attention à l’organifation & à l’ac- tion des racines & des feuilles , on reconnoïtra bien- tôt que ce font-là les organes extérieurs dont les vé- 472 À NI gétatix efervent pour poinper la nourritufe : on vérrà que les racines fe détournent d’un obftacle ou d’une veine de mauvais terrein pour aller chercher la bonne ‘terre ; que mêmes ces racines fe divifent, fe multi- plient, & vont jufqu’à changer de forme pour pro- “curer de la nourriture à la plante. La différence entre les animaux &c les végétaux , ne peut done pas s’é- tablir fur la maniere dont ils {e nourriflent. Cela peut être, d'autant plus que cet air de fpontanéiré-qui nous frappe dans les animaux qui fe meuvent , foit quand ils cherchent leur proie ou dans d’autres occafions , & que flous Re Voyons point dans les végétaux , eff peut-être un préjigé, une illufion de nos fens trompés par la variété des mouvemens animaux ; mouvemens qui feérotent cent fois encore plus variés qu'ils n’en feroient pas pour cela plus libres. Mais pourquoi , me demandera-t-0on , ces mou- vemens font-ils ft variès dans les animaux , & fe urufor- mes dans les végétaux ? c’eft, ce mefemble, parce que les végétaux ne font mis que paf la réféflance ou le choc ; au lien que les animaux ayant des yeux, des oreilles, 6 tous les organes de la fenfation comme nous | G ces organes pouvant être affeites enfemble ou [éparément , toute cette combinaifon de réfiffance ou de choc , quand il n'y auroit que cela, 6 que l'animal feroit purement palfif, doit l’a- giter d’une infinité de diverfes manieres ; enforte que nous ne pouvons plus remarquer d'uniformité dans [on ation. De-la il arrive que nous difons que la pierre tombe nécef- Jairement | & que le chien appellé vient librement ; que noës ne nous plaisnons point d’une tuile qui nous caffe un bras , 6 que nous nous emporéons contre un chien qui nous mord la jambe, quoique toute la différence qu'il y ait peut-être entre la tuile & le chien , c’eft que toutes les tuiles tombent de même |, & qu'un chien ne fe meut pas denx fois dans fa vie précifément de la même maniere. Nous n'avons d'autre idée de la néceflité, que celle qui nous vient de la permanence & de l'uniformite de l’ève- nement. Cet examen nous conduit à reconnoïtre évidem- ment qu’il n’y a aucune différence abfolument eflen- tielle & générale entre les animaux & les végétaux : mais que la nature defcend par degrés & par nuan- ces imperceptibles , d’un animal qui nous paroît le plus parfait, à celui qui l’eft le moins , & de celui- ci au végétal. Le polype d’eau douce fera , fi l’on veut, le dernier des animaux , & la premiere des plantes. Après avoir examiné les différences, fi nous cher- chons les reflemblances des animaux & des vésé- taux , nous en trouverons d’abord une qui eft tres- générale 8 très-effentielle ; c’eft la faculté commu- ne à tous deux de fe reproduire , faculté qui fup- pofe plus d’analosie & de chofes femblables que nous ne pouvons l’imaginer , & qu doit nous faire croire que , pour la nature , les animaux & les vé- gétaux {ont des êtres à peu près de même ordre. Une feconde refflemblance peut fe tirer du déve- loppement de leurs parties, propriété qui leur eft commune ; car les végétaux ont auffi-bien que les animaux , la faculté de croître ; & fi la maniere dont ils {e développent eft différente , elle ne l’eft pas to- talement ni eflentiellement , puifqu’il y a dans les ammaux des parties très-confdérables, comme les os, les cheveux , les ongles , les cornes, &c. dont le développement eft une vraie végétation , & que dans les premers tems de la formation le fœtus vé- gete plütôt qu'il ne vit. Une troifieme reflemblance , c’eft qu'il y a des animaux qui fe reproduifent comme les plantes, & par les mêmes moyens ; la multiplication des puce- rons , qui fe fait fans accouplement , eft femblable à celle des plantes. par les graines ; & celle des po- lIypes, qui fe fait en les coupant , reffemble à la multiplication des arbres par boutures. + On peut donc aflürer ; avec plus de fondement A NTI éncoré , qué les animaux & les végétaux font des êtres du mème ordre , & que la nature fembie avoir pañlé des uns aux autres par des nuances infenf- bles, puifqu'ils ont entre eux des reflemblances ef- fentiélles & générales , & qu'ils n’ont aucune diffé- rence qu’on puiffe regarder comme telle. Si nous comparons maintenant les animaux aux végétaux par d’autres faces , par exemple , par le nombre , par le lieu, par la grandeur, par la for- me ; Gc. nous en tirerons dé nouvelles induétions. Le nombre des efpeces d'animaux eft beaucoup. plus grand que celui des efpeces de plantes ; car dans le feul genre des inife@tes ,ily a peut-être un plus grand nombre d’efpeces , dont la plüpart échappent à nos yeux, qu'il ny a d’efpeces de plantes vifbles fur la furface de la terre, Les animaux même fe ref- femblent en général beaucoup moins que les plantes, & c’eft cette refflemblance entre les plantes qui fait la difiiculté de les reconnoître & de les ranger ; c’eft- là ce qui a donné naiffance aux méthodes de Botaz nique , auxquelles on a par cette raïon beaucoup plus travaillé qu’à celles de la Zoologie , parce que les animaux ayant en effet entre eux des différences bien plus fenfbles que n’en ont les plantes entre elles, ils font plus aïfés À reconnoître &c à diftinguer, plus faciles à nommer & à décrire. D'ailleurs il y a encore un avantage pour recon- _noïtre les efpeces d'animaux , & pour les diftinguer les unes des autres ; c’eft qu'on doit regarder com- me la même efpece celle qui, au moyen de la co- pulation , fe perpétue &c conferve la fimilitude de cette efpece , & comme des efpeces différentes cel- les qui, par les mêmes moyens , ne peuvent rien produire enfemble ; deforte qu'un renard fera, une elpece différente d’un chien, fi en effet , par la co- pulation d’un mâle & d’une femelle de ces deux ef- peces , il ne réfulte rien ; & quand même il réfulte- toit un animal mi-parti, une efpece de mulet, com- me ce mulet ne produiroit rien , cela fufhroit pour établir que le renard & le chien ne feroient pas de la même efpece | puifque nous avons fuppoié que pour conftituer une efpece , il falloït une produétion continue, perpétuelle , invariable , femblableenun mot à celle des autres animaux. Dans les plantes ,: on n’a pas le même avantage ; car quoiqu’on ait pré- tendu y reconnoître des fexes , & qu'on ait établr des divifions de genres par les parties de la féconda- tion , comme cela n’eft m1 aufli certain , ni auf ap- parent que dans les animaux , & que d’ailleurs la produétion des plantes fe fait de plufeurs autres fa- çons où les fexes n’ont aucune part, & où les par- ties de la fécondation ne font pas néceffarres ; on n’a pü employer avec fuccès cette idée , & ce n’eft que fur une analogie mal-entendue, qu’on a prétendu que cette méthode fexuelle devoit nous faire diftin- guer toutes les efpeces différentes de plantes. Le nombre des efpeces d’animaux eft donc plus grand que celui des efpeces de plantes : mais il n’en eft pas de même du nombre d'individus dans chaque efpece : comme dans les plantes le nombre d’indivi- dus eft beaucoup plus grand dans le petit que dans le grand , lefpecc des mouches eft peut-être cent mil- lions de fois plus nombreufe que celle de l’élephants de même, 1l ya en général beaucoup plus d'herbes que d’arbres , plus de chiendent que de chênes. Mais fi lon compare la quantité d'individus des animaux & des plantes , efpece à efpece, on verra que cha- que efpece de plante eft plus abondante que chaque efpece d’animal. Par exemplé , les quadrupedes ne produifent qu’un petit nombre de petits, & dans des intervalles affez confidérables. Les arbres au con- traire produifent tous les ans une grande quantité d’arbres de leur efpece. _ M. de Bufon s’objeéte lui-même que fa Fr raïon xaifon n’eft pas exadte, & que pour la rendre telle, 1l faudroit pouvoir comparer la quantité de graine que produit un arbre , avec la quantité de germes que peut contenir la femence d’un animal ; & que peut-être on trouveroit alors que les animaux font encore plus abondans en germes que les végétaux, Mais il répond que fi l'on fait attention qu'il eft pof- fible en ramaflant avec foin toutes les graines d’un arbre, par exemple d’un orme’, & en les femant, d’avoir une centaine de milliers de petits ormes de la production d’une feule année , on avouéra nécef-- fairement que , quand on prendroit le même foin pour fournir à un cheval toutes les jumens qu'il pourroit faillir en un an , les réfultats feroient fort différens dans la produétion de l’animal , & dans celle du vé- gétal. Je n’examine donc pas ( dit M. de Buffon ) la quantité des germes ; premierement parce que dans les animaux nous ne la connoïffons pas ; & en fe- cond lieu , parce que dans les végétaux 1l y a peut- être de même des germes feminaux , & que la grai- ne n’eft point un germe , mais une produéhon auf parfaite que l’eft le fœtus d’un animal , à laquelle, comme à celui-ci, il ne manque qu’un plus grand de- veloppement. M. de Buffon.s’objeéte encore la prodigieufe mul- tiplication de certaines efpeces d’infeétes , comme celle des abeilles dont chaque femelle produit trente à quarañte mille mouches : mais il répond qu'il par- le du général des animaux comparé au général des plantes , & que d’ailleurs cet exemple des abeilles , qui peut-être eft celui de la plus grande multiplica- fion que nous connoïffions dans les animaux , ne fait pas une preuve ; car de trente ou quarante nulle mouches que la mere abeille produit , il n'y en a qu'un très-petit nombre de femelles , quinze cens ou deux mille mâles, & tout le refte ne font que des mulets ou plitôt des mouches neutres , fans fexe , &t incapables de produire. + Il faut avoter que dans Les infeétes , Les poiffons ; les coquillages , 1l y a des efpeces qui paroïffent être extrèmement abondantes : les huitres , les harengs, les puces, lés hannetons , &c. font peut-êtrè én auf rand nombre que les moufles &r les autres plantes fe plus communes : mais, à tout prendre , on re- marquera aifément que la plus grande partie des ef- peces d'animaux eft moins abondante en individus que les efpeces de plantes ; & de plus on obfervera qu'en comparant la multiplication des efpeces dé plantes entre elles, il n’y a pas des différences auffi grandes dañs le nombre des individus , que dans les efpeces d'animaux ; dont lés uns engendrent un nom- bre prodigieux de petits, & d’autres n’en produu- fent qu'un très-petit nombre ; au heu que dans les plantes le nombre dès produétions eft totjouts fort grand dans toutes les efpeces. L Il paroît par tout ce qui précède, que les éfpecés les plus viles , les plus abjectes , les plus petites à nos yeux , font lés plus abondantes en individus , tant dans les animaux que dans lés plantes. À mefure que les efpeces d'animaux nous paroïflent plus parfaites, nous lés voyons réduites à un moindre nombre d'in- dividus. Pourroit-on croiré que de certaines formes de corps , comme celles des quadrupedes & dès ô12 eaux , de certains organes pour la pérfeétion dû fen- timent , coûteroiént plus à la nature que là produc- tion du vivant & de l’ôrganifé , qui nous paroît fi difficile à concevoir ? Non, cela nee peur crorre. Pour fatisfaire , S'il eff pojfible ; ai phénomene propojé , 1l faut remonter jufqw'a l’ordre primitif des chofes. ; 6: le Juppofer #el.que la produlion des grands animaux ent été auffi abondante que celle des infeites. On voit ai pre- mmier coup d'œil que cetie efpece monfirueufè eût bien-16t englou: les autres, Je für dévorée elle-même , er cou- vert feule La furface de la terre , 6 que bien-tôt il n'y eût Tome dl dis LI A NI 473 eu fur Le connnent que des infeüles,, des oifiaux 6 des élephans ; & dans les eaux, que les baleines 6: les poif= ons qui , par leur petitefle , auroient échappé à la vora- cité des baleines ; ordre de chofes qui certainement next pas été comparable à celui qui exifte. La Providence fem- ble donc ici avoir fair les chofés pour le mieux. . Mais paflons maintenant , avec M. de Buffon, à la comparaifon des animaux & des végétaux pour lé lieu , la grandeur &c la forme. La terre eff le feul heu où les végétaux puiflent fubfifter : le plus grand nombre s’éleve au-deflus de la furface du terrein , & y eft attaché par des racines qui le pénetrent à une petite profondeur. Quelques -uns , comme les truffes , font entierement couverts de térre ; quel- ques-autres, en petit nombre, croiflent fous les eaux: : mais tous ont befoin pour exifter , d’êtré placés à la furface de la terre. Les animaux au contraire font plus généralement répandus ; les uns habitent la fur- face ; les autres l’intérieur de la terre : céux-ci vi- vent au fond des mers ; ceux-là les parcourent à une hauteur médiocre. Il y en a dans l’air, dans l’inté- rieur des plantes ; dans le corps de l’homme & des autres animaux ; dans les liqueurs : on en trouve juf- que dans les pierres , lès dails. Joyez DaïLs. Par l’'ufage du microfcope , on prétend avoir dé- couvert un grand nombre de nouvelles efpeces d’a- nimaux fort différentes entre elles. Il peut paroître fingulier qu'à peine ‘on ait pi reconnoître une ow deux elpéces de plantés nouvelles par le fecours de cet inftrument. La petite moufle produite par la moi- fiflure eft peut-être la feule plante microfcopique dont on ait parlé. On pourroit donc croire que la na- ture s’eft refufée à produire de très-petites plantes ; tandis qu'elle s’eft livrée avec profufon à faire nai- tre des animalculés : mais on pourroit fe tromper em adoptant cette opinion fans examen ; & l'erreur pourroit bien venir en effet de ce que les plantes fe reflemblant beaucoup plus. que les animaux, il eft plus difficile de les reconnoître & d’en diftinguer les efpecés ; enforte que cette moïfflure, que nous ne prenons que pour üne moufle infiniment petite , pourroit être une efpece de bois ou de jardin qui fe- roit peuplé d’un grand nombre de plantes très-diffé- rentès , mais dont les différences échappent à nos Pate etat le tps ff in Host hr2S Il eft vrai qu'en comparant la grandeur dés ani- 474 A NI ces infeétes admirables qui produifent & travaillent le corail, n’auroient pas été méconnus & pris pour des fleurs fi, par un préjugé mal-fondé , on n’eût pas regardé Le corail comme une plante. Ainfi les erreurs où l’on pourroit tombér én comparant la for- me des plantes à celle des animaux, ñe porteront jamais que fur un petit nombre de fujets qui font la nuance entre les deux, & plus on fera d’obferva- tions , plus On fé convaincra qu'entre les animaux &c les végétaux, le créateur n’a pas mis de terme fixe ; que ces deux genres d’êtres organiiés ont beau- coup plus de propriétés communes que de différerr- ces réelles ; que la produétiôn de l’zzrmal ne coûte pas plus, & peut-être moins à la nature, que celle du végétal ; qu’en général la produétion des êtres organiés ne lui coûte rien ; & qu'enfin le vivant & l’animé , au lieu d’être un degré métaphyfique des êtres, eft une proprièté phyfique de là matiere. Après nous être tirés , à l’aide de la profonde mé- taphyfique & des grandes idées de M. de Buffon, de la premiére partie d’un article très-important & très-diffcile , nous allons pañfer à la feconde partie, que nous devons à M. d’Aubenton , fon illuitre col- legue, dans l’ouvrage de l’Hiffoire naturelle générale É particuliere, Les ANIMAUX, dit M. d’Aubenton, tiennent la premiere place dans la divifion générale de l’'Hiftoire naturelle. On a diftribué tous les objets que cette fcience comprend en trois clafles que l’on appelle regnes : le premier eft lé règne animal ; nous avons is les animaux dans ce rang, parce qu’ils ont plus de rapport avec nous que les végétaux, qui font tenfermés dans le fecond regne ; & les minéraux en ayant encore moins, font dans le troïfieme. Dans plufieurs ouvrages d'Hiftoire naturelle, on trouve cependant le regne mineral le premier, & le regne animal le dernier. Les Auteurs ont crû devoir com- mencer par les objets les plus fimples , qui font les minéraux, & s'élever enfuite comme par dégrés en parcourant le regne végétal, pour arriver aux ob- jets les plus compofés, qui font Les animaux. | Les Anciens ont divilé les animaux en deux claf fes ; la première comprend ceux qui ont du fang, & la feconde ceux qui n’ont point de fang. Cétre mé- thode étoit connue du tems d’Ariftote, & peut-être long-tems avant ce grand Philofophe; & elle a été adoptée prefque généralement jufqu’à préfent. Ona objeété contre cette divifion , que tous les animaux ont du fang, puifqu’ils ont tous une liqueur qui en- tretient la vie, en circulant dans tout lé corps; que l’eflence du fang ne confifte pas dans fa couleur rou- ge; éc. ces objeétions ne prouvent rien contre la méthode dont il s’agit. Que tous les animaux ayent du fang , ou qu'il n’y en ait qu’une partie; que le nom de fang convienne, Ou non, à la liqueur qui cir- Cule dans le corps de ceux-ci, il fuffit que cette li- queur ne foit pas rouge, pour qu’elle foit différente du fang dés autres animaux , au moins par la cou- leur; cette différence eft donc un moyen de les dif. tinguer les uns des autres, & fait un cata@ere pour chacune de ces clafles : mais il y a une autre objec- tion à laquelle on ne peut répondre. Parmi les ani- maux que l’on dit n’avoir point de fang, où a moins n'avoir point de fang rouge , il s’en trouve qui ont du fang , & du fang bien rouve ; ce font les vers de terre. Voilà un fait qui met la méthode en défaut : cependant elle peut encore être meilleure que bien d’autres. i NE La premiere clafle , qui eft celle des animaux qui ont du fang, eft foûdivifée en deux autres, dont l’u- ne comprend les animaux qui ont un poumon pour organe dela refpiration, & l’autre, ceux qui n’ont que des ouies. | | Le cœur des animaux qui Ont un poumon à deux ventricules , où n’a qu’un feul véntricule : ceux dont le cœur a deux ventricules font vivipares, voyez V1- VIPARE ; 04 OvVipares, voyez OVIPARE, Les vivi- pares font terreftres ou aquatiques ; les prémiets font les quadrupedes vivipares. Voyez QUADRUPEDE. Les aquatiques font les poïflons cétacées. 7. Pors- SON. Les ovipares dont le cœnr a deux ventricules, font les oïfeaux. | Les animaux dont le cœur n’a qu’un ventricule, font les quadrupedes ovipares & les ferpens. Foyeg QUADRUPEDE, SERPENT. ; A | Les animaux qui ont des oüies, font tous les poif: fons, à l'exception des cétacées. Voyez PorssoN. On diftingue les animaux qui mont point de fang en grands & en petits. Les grands font divifés en trois fortes : 1°, les ant maux mous qui ont une fubftance molle à l’extérieur, &t une autre fubftante dure à l’intérieur, comme le polype, la feiche, le calemar. Voyez PoLyPrE, SEICHE , CALEMAR. 2°. Les cruftacées. 7. CRUS- TACÉE. 3°. Les teftacéés. Foyez TESTACÉES. . Les petits animaux qui n’ont point de fang, font les infeétes, Voyez INSECTE. Raÿ. Sirop. anim, quad, | On à fait d’autres difiributions des animaux qui font moins compliquées ; on les à divifés en quadru: pedes, oïfeaux, poiflons, & infeétes. Les férpens {ont compris avec les quadrupedes , parce qu’on à cr qu'ils n’étoient pas fort différens des léfards, quoiqu’ils w’euffent point de piés. Une des principa= les objeétions que on aït faites contre cette méthode, eft qu'on rapporte au même genre des vyivipares & des ovipares. | | On a aufli divifé les animaux en terreftres, aqua- tiques, & amphibies: mais on s’eft récrié contre cette diftribution, parce qu’on mét des animaux vi- vipares dans des claffes différentes, & qu'il fe trouve des vivipares & des ovipatés dans une même clafle ; les infeétes terreftres étant dans une clafle, & les in- feétes d’eau dans une autre, 6e un On peut s’aflürer par un examen détaillé , qu'il y a quantité d’autres exceptions aux regles établies par ces méthodes: mais après ce que nous avons dit ci= devant , on ne doit pas s'attendre à avoir une mé- thode arbitraire qui {oït parfaitement conforme à la nature; ainfi 1l n’eft queftion que de choïfir celles qui font le moins défeétueufes, parce qu’elles le font toutes plus ou moins. Foyez METHODE. Les animaux prennent de l’accroiflement, ontde la vie, & font doués de fentiment : par cette défini- tion M. Linnæus les diftingue des végétaux qui croi fent & vivent fans avoir de fentiment, & des miné- taux qui croiflent fans vie ni fentimént. Le même Auteur divife lés animaux en fix claffes : la premiere comprend les quadrupedes ; la feconde, les oïfeaux 3 la troifieme , les amphibies ; la quatrième, les poif. fons; la cinquieme, les infeétes; & là fixieme, les vers. Syfi. nat. Voyez QUADRUPEDE, OISEAU, AM- PHIBIE, INSECTE, VER. (1) _ ANIMALCULE, arimalculum , petit animal. On défigne le plus fouvent par ce mot, des animaux f petits, qu’on ne peut les voir qu’à l’aide du microf- cope. Depuis linvention de cet inftrument , on à apperçù de petits animaux dont on n’avoit jamais eu aucune connoïffance ; on a vü des corps mouvans dans plufeurs liqueurs différentes, & principalement dans les femences des animaux, & dans les infufons des graines des plantes. Hartfoeker & Leuwenhoek ont été les premiers auteurs de ces découvertes ; & ils ont aflüré que ces corps mouvans étoient de vrais animaux : quantité d’autres obfervateurs ont fiuvi les mêmes recherches, & ont trouvé de nouveaux corps mouvans. Tous ont crû que c’étoit de vraisanimaux ; de-là font venus différens fyftèmes fur la génération, A NI Îles vers fpermatiques des mâles, les œufs des femel- les, 6:c. Enfin M. de Bufon a détruit ce faux pré- jugé ; il'a prouvé par des experiences inconteftables, dans Ze fécond volume de ? Hifi, nat. génér. 6 part. avec da defcripr. du cabines du Ro: , que les corps mouvans que l’on découvre avec le microfcope dans la femen- ce des mâles, ne font pas de vrais animaux, mais feulement des molécules organiques, vivantes, &c propres à compofer un nouveau corps organife d’u- ne nature femblable à celui dont elles font extraites. M. de Buffon a trouvé ces corps mouvans dans la {e- mence des femelles commé dans celle des mâles ; & il fait voir que les corps mouvans qu'il a obfervés au microfcope dans les infufions des germes des plan: tes, comme dans la femence des animaux, font auffi des molécules organiques des végétaux. Ÿoyez PAR- TIES ORGANIQUES, GÉNÉRATION, SEMENCE. M. de Buffon avoit communiqué à M. Needham de la Socièté royale de Londres, fes découvertes fur la femence des animaux, & fur Les infufons des ger- mes des plantes, avant la publication dé premiers volumes de l’AÆff. génér. & pare, &ec. V'ai été témoin moi-même, comme M. Needham, des premieres ex- périences qui furent ‘faites au jardin du Roi par M. de Buffon, avec un microfcope que M. Needham avoit apporté de Londres. Ce fut après avoir vü les premieres expériences fur lesanfufions des germes des plantes, que M. Needham concçut le defiein de fuivre ces expériences fur les végétaux : il commu- niqua ce projet en ma préfence à M. de Buffon, comme à l’auteur de la découverte dont il alloit fui- vteles détails. M. Necdham fit en conféquence quan- tité d’obfervations, & il s’eft beaucoup occupé de la découverte de M. de Buffon. On a déjà vü paroitre un ouvrage de M. Needham fur cette matiere , Nouv. Of. microfcopiques , 1750. & l’Auteur a promis de donner au public le détail de toutes les obfervations qu'il a faites fur ce fujet ; M. Neéedham m'en a com- muniqué quelques-unes dont j'ai été très-fatisfait. On a vü quantité de ces animalcules ou de ces pe- tits corps mouvans fur différentes matieres: par exemple, on a apperçû fur de petits grains de fable pañlés au tamis, un animalcule qui a un grand nom- bre de piés, & le dos blanc & couvert d’écailles. On a trouvé de petits animaux reflemblans à des tor- tues dans la liqueur des puftules de la galle. Voyez GALLE. On a vü dans l’eau commune expofée pen- dant quelque tems à l’air, quantité de petits corps mouvans de différentes grofleurs & de différentes f- gures, dont la plüpart font ronds ou ovals. Leu- wenhoek eftime que mille millions des corps mou- vans que l’on découvre dans eau commune, ne font pas fi gros qu'un grain de fable ordinaire. Voyez SE- MENCE, MrcrOscOPE , MICROSCOPIQUE. (1) ANIMALISTES, f. m. pl. fete de Phyficiens qui enfeignent que les embryons font non-feulement tout formés, mais déjà très-vivans dans la femence du pere, qui les lance à millions dans la matrice, & que la mere ne fait que donner le logement & la nourriture à celui qui eft deftiné à être viviñe. Cette opinion doit fa naïffance à Hartfoeker Hol- landois , dont les yeux jeunes encofe appercçürent, à l’aide du microfcope, cette prétendue graine d’a- nimaux dans la femence des mâles feulement de toutes les efpeces. La difficulté qu'il y a d'expliquer comment, fi le fœtus n’eft autre chofe que le ver qu’on voit na- ger dans la femence du mâle, il peut fe faire que ce fœtus reflemble quelquefois à la femelle : la multi- tude innombrable de ces vers qui ne paroït pas s’ac- corder avec l’œconomie de la nature ; la façon dont on veut qu’ils {oient de pere en fils contenus les uns dans les autres à l’infimi; leur figure, leur prétendu guvrage; tout eft çontre eux; & s'il {e trouve des Tone I. | A NI 475 - animaux dans la femence , ils y font comme.quans tité d’autres que le microfcope.a fait découvrir dans mulle endroits. M. Joblot a découvert au microfcope un nombrè prodigieux d'animaux finguliers dans les infufons dé foin, de paille, de blé, de fené, de poivre, de fau- ge, de melon, de fenouil, de framboife, de thé ; d’a: némone royale. 4 | M. de Malezieu a vü au microfcope des animaux vingt-fept milions de fois plus petits qu’une mite. M. Leuvenhoek dit qu’il en a trouvé dans un cha bot plus que ia terre ne‘peut porter d'hommes, M. Paulin veut dans une Diflertation qui fatut en 1703 , que tout foit plein de vers imperceptibles, à la fimple vüe , & d'œufs de vers, mais qui n’éclofent point par-tout, (L) * Il peut y avoir fans doute des animaux dans les hqueurs ; mais ce qu’on prénd pour des animaux en eft-1l totjours ? Voyez ANIMALCULE. . “ANIME (gomme ) d'Orient & d’Ethiopie ; ( Hif£. natur. mat, med, ) c’eft une-réfine tranfparente, en gros morceaux de différentes couleurs, tantôt blancs tantôt rouflâtres ou bruns , & femblables en quelque façon à la myrrhe , qui répand une odeur agréable quand on la brûle. Il eft rare d’en trouvet dans les boutiques : on hu fubfiitue celle d'Occident. L’anime occidentale, ou la réfine de Courbaril, eft blanche, tire un peu fur la couleur de Pencens; eft tranfparente, plushuileufe que la réfine copal, moins luifante que l’orientale ; d’une odeur fuave: elle vient de la nouvelle Efpagne, du Bréfil, & des îles de PA- mérique. Elle découle d’un arbre qui s’appelle /esaiba, qu'on met au rang des plus grands de l'Amérique & des plus utiles, parce que fon bois'eft propre à tou- tes fortes d'ouvrages. Il eft dur, folide, rougeâtre; d’une écorce épaïle , raboteufe, ridie, & de cou- leur de châtaigne. Ses branches s'étendent ae tous côtés au loin & au large ; elles font partagées en plu: fieurs rameaux, & garnies d’un très-srand nombre de feuilles , fort femblables à celles du laurier, mais plus folides, plates, au nombre de fix, attachées deux à deux à chaque queue, de forte qu’elle repré- fente fort bien la marque d’un pié de chevre. Elles {ont pointues à leur fommet, arrondiés à leur bafe & un peu coutbées du côté qu’elles fe regardent = elles font un peu acerbes au goût, d’un verd gai & un peu foncé ; luifantes & percées d’une infinité de petits trous comme le mille-pertuis, Ou plütôt tranf- parentes , quand on les regarde à la lumiere. Les fleurs font au fommet des petites branches , en pa- pillon, tirant fur le pourpre, ramaflées en pyramide ; leur piftil fe change en un fruit ou goufle longue d'environ un pié, large de deux pouces, obtufe aux deux bouts, un peu applatie fur les côtés, & mar- quée de deux côtes rondes fur le dos. Cette goufle ne s'ouvre point d’elle-même comme les autres, ellé refte entiere ; elle eft compofée d’une écorce épaiffe , dure comme la châtaigne, & de même couleur, de forte qu’elle paroït verniflée, quoiqu’elle loit un peu raboteufe. Sa cavité interieure eft remplie de petites fibres réunies comme par paquets , & parfémées dé farine jaunâtre, {eche, douce, & agréable au goût. Entre ces fibres font compriles quatre ou cinq grai= nes femblables aux oflelets de pignon, mais quatré fois plus grandes. Elles font compofées d’une petité peau, comme la châtaigne , mince, polie, &c d'un brun clair, tenant fortement à la chair. Cet arbre eft commun aux îles de l'Amérique; les Neores recueillent avec foin fon fruit en Mai & en Juin : ils aiment la farine contenue dans les fruits. I] rend une larme que nous avons décrite fous Le nom d’animé, mais que les Brafiliens appellent /esaicica. La meilleurè gomme animé ( Medecine.) doit être blanche , feche, friable , de bonne odeur , & fe con- | Oooï « 476 A NI | fumer facilement quand on la jette fur les charbons allumés ; elle contient beaucoup d'huile & de {el ef- fentiel. , Elle eft propre pour difcuter, pour amollir , pour réfoudre les tumeurs indolentes, pour la migraine, pour fortifier le cerveau ; on en applique deffus la. tête, & on en parfume les bonnets : on s’en fert auffi dans les plaies pour déterger & cicatrifer. Elle eft bonne dans les affeétions froides, doulou- reufes , rhümatifmales, œdémateules de la tête, des nerfs, & des articulations ; la paralyfe , les contra- @ions, les relâchenmiens, les contufions : elle entre dans les emplâtres & les cérats qui fervent dans ces maladies. (N) ANIMÉ , adj. ez Phyfique & en Méchanique; on dit qu’un corps eft aimé par une force accélératrice, lorfqu’il eft pouflé par cette force, & qu'en vertu de cette impulfon 1l fe meut ou tend à fe mouvoir. Voyez ACCÉLÉRATRICE, ACTION. (0) ANIMER zn cheval, ( Manège. ) c’eft le réveiller quand il ralentit fes mouvemens au manége, au moyen du bruit de la langue ou du fifflement de la gaule. (7) ANIMOVISTES , f. m. pl. branche des Oviftes ; ce font des animaliftes réformés, qui, forcés de re- connoiïtre des œufs , regardent les ovaires comme dés hôtelleries, dont chaque œuf eft un appartement où vient en paflant du néant à l'être , loger un ani- mal fpermatique fans aucune fuite, sil eft femelle, mais traînant après lui de pere en fils, s’il eft mâle, toute fa poftérité. Leuwenhoek eft l’auteur de cette -réforme. Voyez ANIMALCULE, ŒUF. (L) * ANINGA IBA, ( Hif. nar. bor.) arbre du Bréfil qui croit dans l’eau , s’éleve à la hauteur de cinq ou fix piés, ne poufle qu'une feule tige fort caflante, divifée par nœuds & cendrée comme celle du eou- drier, & porte à fon extrémité des feuilles larges, épaïfles, liffes, à peu-près femblables à celles du né- nuphar ou de la fagittale, & traverfées d’une côte faillante d’où partent des fibres tranfverfales ; cha- que feuille eft foûtenue par un pédicule plein de fuc & d’environ un pié de long. D'’entre les aïffelles des feuilles fort une fleur grande, concave , compoñée d’une feule feuille, d’un jaune pâle, avec un piftil jaune dans le milieu, à laquelle fuccede un chaton qui fe change en un fruit de la figure & de la grof- feur d’un œuf d’autruche , verd & plein d’une pulpe blanche & humide, qui acquiert en müriflant une faveur farineufe. On s’en nourrit dans les tems fä- cheux : mais l'excès en eft dangereux, cette pulpe étant prefqu’aufli froide & aufli venteufe que le champignon de la mauvaife efpece ; elle peut fuffo- quer. On employe le bois à plufieurs ufages ; comme il eft léger & compa&, les Negres en font des bat- teaux à trois planches affemblées. L'autre efpece d’arpnga croit dans les mêmes en- droits & prend la même hauteur que la précédente ; mais fa tige a plufieurs branches , épaifles , lifles, rougeâtres, & femblables à celles du platane; il en {ort des feuilles grandes , oblongues, & parfemées de nervures. Elle ne pouffe qu’une feule fleur blan- che, qui fe change en un fruit fingulier , d’abord verd, puis cendré , jaune enfuite, oblong , épais, compact, & grenu. Les naturels du pays le mangent au défaut d’autre nourriture. Les deux efpeces ont la racine bulbeufe ; on en tire une huile par expreflion, qu’on fubffitue à celle de nénuphar & de caprier. On fait cuire la racine dans de lurine; & la décoëtion employée en fomen- tation appaife les douleurs de la goutte, récente ou invétérée. Æif?. plant. Ray. * ANINGA-PERI , plante de la nature des précé- dentes, qui croît dans les bois & porte une fleur blanche , à laquelle fuccedent de petites grappes femblables aux baies de fureau, mais noirâtres, Ses feuilles font cotoneufes , ovales , d’un verd fale 3 agréables à la vüe, douces au toucher, ayant la même odeur que lortie, & parfémées de nervures épaïfles. On dit que broyées ou pulvérifées , on peut les employer avec fuccès contre les ulceres récens ow invétérés. Ray. * ANJOU, (Géog.) province & duché de France, borné au feptentrion par le Maine , à l’occident par la Bretagne, au midi par le Poitou , & à l’orient par la Touraine. Nous parlerons de fes carrieres à l’ar ticle ARDOISE. | : | Le commerce de cette province confifte en vins, Ens, chanvres , ardoïfes, mines de fer & de char- bon, blanchifferies de cire & de toile, affineries de fucre & de falpette, forges, verreries; étamines & droguets. Les vins vont à Nantes par la Loire, ou fe brülent en eaux-de-vie qui pañlent à Paris par le canal de Bhiare. Les ardoiferes font principalement aux environs d'Angers. Voyez ARDOISE. Les mines de fer & de charbon font fur les paroïfles de Cour- fon, de S. Georges, &c. Les forges, fourneaux, fon- deries, c. font à Château-la-Caillere & à Paonnée : les verreries à Chenu : les raffineries de fucre à An- gers & Saumur : le falpetre dans cette derniere ville, de même que les blanchiferies ; il y en a encore ailleurs. Les étamines fe font à Angers ; elles font de laine fur foie. On y fabrique des raz, des camelots , & autres ferges ; des droguets & des étamines à Lu- de ; des croïfés à Château-Gontier ; des ferges tre- mueres &c des droguets à la Fleche, Etauge, Doue, Gc. les toiles particulierement à Château-Gontier , Beaufort, & Cholet : les unes viennent à Saint-Malo & paflent chez l'étranger : les autres à la Rochelle & à Bordeaux, ou reftent dans le Poitou. Les toiles appellées plarlles fe font à Cholet. | * ANJOUAN ox AMIVAN, ( Géog. mod. ) île d'Afrique aflez petite, dans l’océan Ethiopique ; c’eft une de celles de Comorre ou de la Maiotte, entre Pile de Madagafcar & la côte de Zanguebar. * ANIRAN , f. m. c’eft, felon la fuperftition des Mages , l’ange ou le génie qui préfide aux noces & à tous les troifiemes jours des mois , qui portent fon nom & lui font confacrés. La fête de l’ariran fe cé- lébroit autrefois avec pompe: mais le Mahométifme l’a abolie : il n’y a plus que les fideles adorateurs du feu, que l’on appelle aujourd’hui paris , qui fanéi- fient ce jour fecretement & dans quelques endroits feulement. | ANIS, anifum , (Hifi. nat. bot. ) plante qui doit être rapportée au genre du perfil. Voyez PERSIL. (1) * Sa racine eft menue, annuelle, fibrée , blanche fes feuilles inférieures font arrondies, d’un verd gai, longues d’un pouce & plus, partagées en trois, cré- nélées, liffes ; celles qui font plus haut font très-dé- coupées : fa tige eft branchue, cannelée , & creufe : fes fleurs font petites, blanches, en rofe, difpofées en parafol, & compofées de cinq pétales échancrées : le calice fe change en un fruit oblong, ovoide , for mé de deux feñences menues, convexes, & canne- lées, d’an verd grifâtre, d’une odeur & d’une fayeur douce, très-fuave , & mêlée d’une acrimonie agréa- ble. On feme beaucoup d’aris en France, fur-tout dans la Touraine. L'analyfe de la plante entiere & récente , fans la racine, a donné un flegme limpide & odorant , fans aucune marque d’acide ; une liqueur limpide-acide, qui ne fe faioit pas appercevoir d’abord, mais qui s’eft enfuite manifeftée, & qui eft devenue enfin un fort acide ; très-peu d’huile eflentielle : ce quieft refté dans l’alambic defléché & diftillé à la cornue a donné une liqueur foit açide,, foit alkaline , remplie de {el Mitrèux, & une huile foit fubtile & eflentielle, foit épaifle comme de la graifle. La mafle noire calcinée au feu de réverbere pen- dant fix heures, a donné des cendres noires qui ont laiflé par la lixiviation un {el fixe purement alkali. La {emence contient beaucoüp plus d'huile effen- tielle que les autresparties. Cette huile eft verdâtre, odorante, & agréable au goût : on lobtient par ex- preffion & par diftillation. Il faut pour Pufage de la Medecine choifir la femence d’azis la plus groffe , la mieux nourrie, la plus nette, récemment féchée, d’une odeur agréable, & d’un goût doux & un peu piquant : elle contient beaucoup d'huile exaltée & de fel volatil ; elle eft cordiale, ftomacale , peéto- tale, carminative, digeftive ; elle excite le lait aux nourrices, & appaife les coliques. On l’appelle anis-verd , pour la diftinguer de l’azrs- dragée. La femence d’aris entre dans le rofloli de fix grai- nes, l’eau générale, lefprit carminatif de Sylvius, le firop compolé de vélar, d’armoife, de roles pâ- les purgatif, dans les clyfteres carminatifs , l’élec- tuaire de l’herbe aux puces, la confeétion hamec, la thériaque, le mithridate, Péledtuaire lémitif, le ca- tholicon, dans les poudres diatragacanthe, cordiale & hydragogue , & dans les pilules d'agaric. L'huile d’ezis eft un des ingrédiens des tablettes émétiques & du baume de foufre anife. ANISÉ, adj. (Pharm.) vin anifé, eft un vin artifi- ciel, que l’on fait avec dix pintes de miel, trente pin- tes de vin d’Afcalon, ville maritime de Syrie, & cinq onces d’azis. Oribafe. Ce vin eft carmmatif, légerement diurétique , an- _ tielmentique. On en peut faire un pareïl avec le meil- eur vin blanc de notre pays. (N) * ANITIS, (Myth. ) nom fous lequel Plutarque -nous apprend que Diane fut honorée à Ecbatane. ANKER , {. m. (Commerce ) mefure des liquides , dont on fe fert à Amfterdam. L’erker eft la quatrieme partie de l’aem, & contient deux ftekans: chaque ftekan fait feize mingles ou mingelles; chaque min- gle eft de deux pintes de Paris; enforte que l’azker contient foixante & quatre pintes de cette derniere mefure. (G) * ANNA , 1. f (Myth) Déefle qui préfidoit aux an- nées, & à laquelle on facriñoit dans le mois de Mars. C’eft, felon quelques-uns, la Lune; felon d’autres, c’eft ou Themist, ou lo, où une des Atlantides. * ANNA, (Géog. mod.) ville de l’Arabie deferte, fur PEuphrate ; d’autres difent de Méfopotamie, fur l’une & l’autre rive du même fleuve; la partie opulente d'Anna eft du côté de l'Arabie. ANNA-BERG, ville d'Allemagne dans la Mifnie, fur la riviere de Schop. * ANNA-PERENNA, ( Myth.) bonne payfanne qui 4pporta quelques gâteaux au peuple Romain, dans le tems qu'il fe retira fur le mont Aventin. La ” reconnoiflance du peuple en fitune déeffe , que Var- ton met au nombre de celles de la campagne, entre Palès & Cerès. Sa fête fe célébroit fur les bords du Tibre: pendant cette fête, on fe livroit à la joie la . plus vive, on buvoit largement, on danfoit, & les jeunes filles chantoient fans conféquence des vers fort libres. On dit de la nouvelle Déeffle, qu’à fa re- ception dans le ciel, Mars qui étoit amoureuxde Mi- nerve, la pria de le fervir dans fes amours ; qu’ 4#74- Perenna , à qui le Dieu r’étoit pas indifférent , propo- {a fes conditions, & fe chargea de la commiffion ; mais que n'ayant pu réufir, & ne voulant pas per- dre la récompentfe qui lui étoit pronife, elle feignit à Mars, que Minerve confentoit à l’époufer ; qu’elle fe couvrit d’un habit de la déefle, & qu’elle fe trou- va au rendez-vous inutilement ; Mars reconnut 47- ña-Perenna fous les habits de Moxerve, A NN 477 * ANNACIOUS, 04 ANNACIUGI (LES), . m. pl, ( Géog. mod.) peuples de PArnérique méridionale, dans le Brefil, "19 | _ * ANNAGH, ( Géog. mod. ) ville d'Irlande, dans PUltonie & le comté de Cavan, Il y en a uné autre du même nom dans le comté de Downe. ANNAIRE, azzaria lex, ( Hiff. anc.) loi annaire ou annale , que les Romains avoient prife des Athé- niens , & qui régloit l’age requis pour parvenir aux charges de la République ; dix-huit ans, par exem- ple, pour être Chevalier Romain, & vingt-cinq pour obtenir le Confulat. (G) ANNALES, f. f. (Æi/. en génér.) rapport hiftorique des affaires d’un Etat, rédigées par ordre des années: Voyez AN. La différence qui fe trouve entre les 4274: rales & l'hifloire, eft un point différemment traité par divers Auteurs. Quelques-uns difent que l’hiftoire eft proprement un récit des chofes que l’auteur 4 vües, où du moins auxquelles il a lui-même affifté ; ils fe fondent pour cela fur Pétymologie du mot A2 toire, qui fignifie en Grec, /4 connoiffance des chofes préfentes ; & dans Le vrai, iç-optiv fignife voir : au con- trare, difentsls , les azrales rapportent ce que les autres ont fait, & ce que l'écrivain ne vit jamais, Voyez HISTOIRE. Tacite lui-même paroît avoir été de ce fentiment , puifqu’il intitule annales toute la premiere partie de fon hiftoire des fiecles pañlés ; au lieu que defcendant au tems même où1l vivoit , il change ce titre, &don- ne à {on livre le nom d’Aifore. Aulugelle eft d’un autre avis : il foûtient que l’A7f toire & les annales different comme le genre & l’efpe- : ce; que l’hiftoire eft le genre, & fuppofe une narra- tion & récit des chofes pañlées ; que les zz27ales font - Pefpece , & font aufile récit des chofes pañlées , mais avec cette différence, qu’on les réduit à certaines périodes ou années. : | Le même auteur rapporte une autre opinion, qu'il dit être de Sempronius Afello : fuivant cet écrivain, les aznales font une relation toute nué de ce qui fe pafle chaque année ; au lieu que lhiftoire nous apprend non-feulement les faits, mais encore leurs caufes , leurs motifs & leurs fources. L’anna- lifte n’a rien autre chofe à faire que l’expoñition des évenemenstels qu'ils font en eux-mêmes: l’hiftorien au contraire a de plus à raifonner fur ces évene- mens & leurs circonftances, à nous en développer les principes , & réflechir avec étendue fur les con- féquences. Ciceron paroït avoir été de ce dérnier {en- timent, lorfqu’il dit des annaliftes : 2zam dicendi la dem putant efle brevitatem, non exornatores rerum ; [ed tantum narratores. I] ajoûte qu'originatrement l’hiftoi: re n’étoit qu'une colleétion d’arzzales. L'objet en fut, dit-il, de conferver la mémoire des évenemens : le fouverain Pontife écrivoit chaque année ce qui s’étoit paflé l’année précédente, & l’ex- pofoit en un tableau, dans fa mafon, où chacun le pouvoit lire à fon gré. C’étoit ce qu'ils appelloient annales maximi, & l’'ufage en fut confervé jufqu’à . l'an 620 de la fondation de Rome. Voyez FASTES. Plufieurs autres Ecrivains, à limitation du Ponti- fe, s'en tinrent à cette maniere fimple de raconter les chofes fans commentaires, & furent pour cela mê2 me appellés aznaliffes. Tels furent Caton, Pifon, Fabius Piétor, Antipater, &c. Les annales de Grotius font un livre bien écrit, & qui contient de fort bonnes chofes. Ila moins de par: ticülarités, mais plus de profondeur que Strada, & d’ailleurs il approche beaucoup plus de Tacite, Pa- tin, Lert. choïf. 120. er Lucas Holftenius, Chanoine de S. Jean de Latran, difoit du ton le plus poñitif à Naudé, qu'il étoit en état de montrer Sooo faufletés dans les aznales de Ba- ronius , & de les prouver par manufcrits contenus 478 ANN dansdla Bibliotheque du Vatican, dont il avoit foin. Patin, Lerr. choif. 163.(G) *ANNAN, (Géog. mod.) ville, château & rivie- : re de l’Ecofle meridionale, province d’Annandale. Long. 14. lat, 55. 10. ANNATE, ff. (Hifi. mod. Théol.) revenu d’un an, outaxe {ur le revenu de la premiere année d’un bénéfice vacant. Il y a eu dès le xxr° fiecle des évê- ques & des abbés, qui, par un privilège ou par une coûtume particuliere, recevoient les arzrates des bé- néfices vacans dépendans de leur diocefe ou de leur abbaye. Etienne, abbé de Sainte-Genevieve, & depuis évêque de Tournai, fe plaint dans une let- tre adreflée à l’archevèque de Rheims, que l’évêque de Soiflons s’étoit réferve l’ezrate d’un bénéfice, dont le titulaire n’avoit pas de quoi vivre. Par ce fait & par plufieurs autres femblables , il paroît que les Papes avoient accordé le droit d’aznare à diffé- rens collateurs, avant que de fe l’attribuer à eux- mêmes. L'époque de fon origine n’eft pas bien cer- taine, Quelques -uns la rapportent à Boniface IX. d’autres à Jean XXII. & d’autres à Clement V. mais M. de Marca, Lib. V. de concord. c. 10 & 11. obferve que du tems d'Alexandre IV. 1l s’étoit élevé de gran- des difputes au fujet des annates , & par conféquent qu’elles étoient dès-lors en ufage. Clement V. les établit en Angleterre. Jean XXII. fe réferva les annates de tous les bénéfices qui vaque- roient durant trois ans dans toute l’étendue de lEgli- fe Catholique, à la réferve des évèchés & des ab- bayes. Ses fuccefleurs établirent ce droit pour toû- jours, & y obligerent les évêques & les abbés. Pla- tine dit que ce fut Boniface IX. qui pendant le fch1f- me d'Avignon, introduifit cette coùtume, mais qu’il n’impoñfa pour annate que la moitié de la premiere an- née du revenu. Thiery de Niem dit que c’étoit un moyen de cacher la fimonie, dont Boniface IX. ne fe fadoit pas grand fcrupule. Le jurifconfulre Dumoulin & le doéteur de Launoy, ont foütenu en conféquen- ce que les arnates étoient fimoniaques. Cependant Gerfon & le Cardinal d’Aïlly, qu'on n’accufera pas d’être favorables aux Papes, ont prouvé qu’il étoit permis de payer les annates, par l’exemple des réfer- ves, des penfions, des décimes, ou autres impof- tions fur les fruits des bénéfices, qu’on ne regarde point comme des conventions fimoniaques. Ce qu’il y a de plus important à remarquer pour la juftifica- tion des arnates, c’eft qu'on ne les paye point pour les provifions, qui s’expédient toûjours gratis, mais à titre de fubvention, ou, comme parlent les Canonif- tes, de fubfidium charitativum, pour l'entretien du Pa- pe & des Cardinaux. On peut confulter fur cette ma- tiere Fagnan, qui l’a traitée fort au long. Il faut avouer cependant que les François ne fe font foûmis qu'avec peine à cette charge. Le Roi Charles VI. en condamnant le prétendu droit de dépouilles , . par fon édit de 1406, défendit de payer les azrares, & les taxes qu’on appelloïit de #e7us fervices , minuta Jervitia. Dans le même tems, ce Prince fit condam- ner par Arrêt du Parlement, les exaions de l’anti- . pape Benoît de Lune, furtout par rapport auxanrates. .- Dans le Concile de Conftance en 1414, il y eut de vives conteftations au fujet des aznaes ; les Fran- çois demandoient-qu’on les abolît, & s’aflemblerent pour ce fujet en particulier. Jean de Scribani, Procu- reur fifcal de la Chambre Apoñtolique, appella au Pape futur de tout ce qui pourroit être décidé dans cette Congrégation païticuhere ; les Cardinaux fe joignirent à lui, & l’affaire demeura indécife; car Martin V, qui fut élu, ne ftatua rien fur cet article. Cependant en r#17;, Charles VI. renouvella fon édit contre les «znates : mais les Anglois s’étant rendus maîtres de la France, le duc de Bedfort, Régent du Royaume pour eux, les fit rétablir, En 1433 le Con- cile de Bâle décida par le decret de la feffion 12, que le Pape ne devoit rien recevoir pour les bulles, les fceaux, les arnates, & autres droits qu’on avoit coû- tume d’exiger pour la collation &c la confirmation des bénéfices. Il ajoûta que les Evêques affemblés pout- Yoiroïent d’ailleurs à l’entretien du Pape, des Of- ciers, & des Cardinaux, à condition que fi cette pro- pofition n’étoit point exécutée, on continueroit de payer la moitié de la taxe ordinaire pour les bénéfi- . ces qui étoient fujets au droit d’azzares, non point avant la conceffion des bulles, mais après la premie- re année de la joüiflance. Dans le decret de la feffion 21, qui eft relatif à celui de la douzieme, le même Concile femble abolir les azrates : mais il approuve qu'on donne au Pape un fecours raifonnable pour foû- tenir les charges du Gouvernement eccléfiaftique, fans toutefois fixer fur quels fonds il le prendra. L'aflemblée de Bourges en 1438 , à laquelle affifta le Roi Charles VII. reçut le decret du Concile de Bâle contre les annates, & accorda feulement au Pape une taxe modérée fur les bénéfices vacans pendant fa vie, & à caufe des befoins preffans de la Cour de Rome, mais fans tirer à conféquence. Charles VII. avoit confirmé dès 1422 les édits de fon prédéceffeur., Louis XI. avoit rendu de pareils édits en 1463 & 1464. Les Etats aflemblés à Tours en 1493, préfen- terent à Charles VIII. une requête pour l'abolition des annates ; & il eft für qu’on ne les paya point en France, tant que la Pragmatique-Sanétion y fut ob- fervée. Mais elles furent rétablies par le Concordat pour les évêchés & les abbayes, comme le remar- que M. de Marca, LB. VI. de concord. cap. xj. n°. 12. car les autres bénéfices font tous cenfés au-deflous de la valeur de vingt-quatre ducats, & pär conféquent ne font pas fujets à l’aznare, Maleré cette derniere dif pofition , qui a aujourd’hui force de loi dans le Royau- me, FrançoisI. fitremontrer au Pape l’imjuftice de ces exactions, par les Cardimaux de Tournon &c de Granir- mont , fes Ambafladeurs extraordinaires en 1532. Henri IT. dans les inftruétions données à fes Ambaf- fadeurs envoyés au Concile de Trente en 1547, de- mandoit qu'on fupprimât ces impofitions; & enfin Charles IX.en 1561, donna ordre à fon Ambafladeur auprès du Pape, de pourfuivre l’abolition des 4274- es, que la Faculté de Théologie de Paris avoit de- clarées fimoniaques. Ce decret de la Faculté ne con- damnoit comme tel que les annates exigées pour les provifons fans le confentement du Roi & du Clergé, & non pas celles qui fe payent maintenant fous le titre de /xbvention, fuivant la difpoñition du Con- cile de Bâle. En Anpleterre, l’archevèque de Cantorbery jouif- foit autrefois des aznates de tous les bénéfices de fon diocefe, par un privilége du Pape, comme rappor- te Matthieu Paris dans fon Azffozre d’ Angleterre {ur l’an- née 746. Clement V. en 1305, fe fit payer les 4774- res de tous les bénéfices quelconques vacans en An- gleterre pendant deux ans, comme écrit Marthieu de Weliminfier, ou pendant trois ans, felon Wal/ingham. Les annates furent depuis établies dans tout ce Royau- me, jufqu'à Henri VIIT. qui les abolit. Par le Concordat fait entre la Nation Germani- que & le pape Nicolas V en 1448, on régla que tous : les évêchés & les abbayes d'hommes payeroïent l’annare ; que les autres bénéfices n’y feroient fujets, que quand le revenu feroit de vingt-quatre florins d’or. Charles V. fit des efforts inutiles pour abolirles annates en Allemagne ; & l’article de l’Ordonnance d'Orléans, qui les abrogeoït en France, fut révoqué par l’édit de Chartres en 1562. PaulIl. ft une bulle en 1469, pour ordonner qu’on payeroit les aznares de quinze ans en quinze ans pour les bénéfices fujets à ce droit, qui feroient unis à quel- ue Communauté. Ses fuçcefleurs confirmerent çe téplement. Fagnañ remarque que quand ilarrive plu- fieuts vacances du même bénéfice dans la même an- née, On ne paye qu'une feule azrate: ce qui prou- ve, ajoûte-t1l, que ce n’eft point pour la collation des bénéfices , mais pour l’entretien du Pape & du facré Collége. 7. ce Canonifle, Fevret, le P. Alexan- dre, M. de Marca, &c. Thomaflin, difcipline de l'E- glife, Part. IV. Liv. IV. chap. xxxv. Gxxxvy. Fleury, Tnflir. au Droit eccl, com. IT, part. 17: chap. xxiv. pag. 424: (6). \ | | ANNEAU , fm. ( if, anc. & mod. ) petit corps circulaire que lon met au doigt, foit pour fervir d'ornement, foit pour quelque cérémonie. L'arneau des évêques fait un de leurs ornemens pon- tificaux : on le regarde comme le gape du mariage fpirituel que l’évêque a contraé avec fon églife. L’anneau des évêques eft d’un ufage fort ancien, Le quatrième concile de Tolede, tenu en 633 , or- donne qu’un évêque qui aura été condamné par un concile ; & qu'’enfuite un fecond concile aura décla- ré innocent , fera rétabli dans fa dignité, en lui ren: dant l'anneau , le bâton épifcopal ou la crofle ; Ge, L’ufage de l'anneau a pañlé des évêques aux. Car: dinaux , qui doivent payer une certaine fomme pro jure annuli cardinalitir. P'oyez CARDINAL. Origine des anneaux. Pline , Liv. XX XVII. ch. j. obferve que l’on ignore entierement qui eft celui qui a le premier inventé ou porté l’arrean | 8 qu’on doit regarder comme une fable l’hiftoire de. Pro methée &c celle de Midas, Les premiers peuples par: mi lefquels nous trouvons l’ufage de l’arxeau établi {ont les Hébreux, Gez. xxxvi. dans cet endroit il eftdit que Judas, fils de Jacob , donna à T'hamar {on anneau pour gage de fa promefle : mais il y a appa- fence que l'anneau étoit en ufage dans lé même terms chez les Egyptiens, puifque nous lifons , Gex. xly. que le roi Pharaon nuit un azreau au. doigt de Jo: feph , comme une marque de l’autorité qu’il lui don- noït: Dans le premier lhv.-des Rois ; ch. xx7. Jézabel fcelle de Parreaz du Roi l’ordre qw’elle envoye de tuer Nabôth. + Les añciens Chaldéens, Babyloniens , Perfes, & Grecs , fe fervoient auffi de l'anneau; comme il pa> toit par diférens paflages de l’Ecriture & de Quinte: Curce. Ce dernier auteur dit qu'Alexandre fcella de fon propre fceau les-lettres qu'il écrivit en Europe, & qu'il fcella de Panreau de Darius celles qu’il écri- vit en Afie. “aa Les Perfans prétendent que Guiamfchild, qua- trieme roi de leur premiere race , eft le premier qui {e foit fervi de l’azreau, pour en figner fes lettres 8x fes autres actes. Les Grecs ; felon Plme, né connoif. foient point l'anneau du tems de la guerre de Troie; la raïfon qu’il en donne , c’eft qu'Homere n’en fait | point mention : mais que quand on vouloit envoyer des lettres , on les lioit enfemble avec des cordes que Pon nouoit. ue G … Les Sabins fe fervoient de l’anreau dès le tems de Romulus : il y a apparence que ces peuples furent les premiers qui reçürent cette pratique des Grecs. Des Sabins elle paffa aux Romains, chez qui cepens< dant onentrouve quelques tracès un peu-de tems auparavant. Pline ne fauroit nous apprendre lequel des Rois de Rome la adopté le prenner y ce qui eft certain, C'eft que les ftatues de Numa & deServius Tullius étoient les premieres où l’on er tronvoit des marqués. Le même auteur ajoûte que lesranciens Gaulois & Bretons fe fervoient auffi de lanrean, SCEAË: 1. : | À 65 © | . Matiere des anneaux. Quelques-uns étoient d’un feul & unique métal ; d’autres étoient de pluifienrss métaux mêlés , où de deux métaux diflifighés :car . le fer-8c Pargent des anneaux étoient fouvent dorés, ou au moins Por étoitrenfermé dans le fer, comme il paroît par uñ paîlage d’Artemidoré /v, IT. ch. ». les Romains fe conténterent long-tems d’anneaux de fer : & Pline affüre que Marins fut Le premier qui en porta un d’or , dans foñ troifieme confulat, l’an de Rome 650. Quelquefois l'asnean étoit de fer, &c le fceau d’or ; quelquefois il étoit creux , & quelque- fois folide ; quelquefois la pierre en étoit gravée; quelquefois elle étoit unie : dans le premier cas , elle étoit gravée tantôt en relief, tantôt en creux. Les pierres de cette derniere efpece étoient appel Iées gemme edype ; & les premieres , gemme feulp. ÉHI4 PTONTITIETLLE. La maniere de porter l’arreaz étoit fort différente felon les différens peuples : il paroît par le ch. xx. de Jéremie , que les Hébreux le portoient À la main droite, Chez les Romains, avant que l’on eût com- mencé à orncr les anneaux de pierres précieufes, & lorfque la gravure fe failoit éncore fur le métal mê- me, chacun portoit l’asreau à fa fantaifie , au doigt 8 à la main qu'il lui plaifoit. Quand on commença à enchafler des pierres dans les anneaux , on ne les porta plus qu’à la main gauche ; & on fe rendoit ri dicule quand on lés mettoïit à la main droite, _. Pline dit qu'on les porta d’abord au quatrieme doigt de la main , enfuite au fécond , ou index ; puis au petit doigt; & enfin à tous. les doigts , éxcepté cehu du milieu. Les Grecs porterent toûjours l’az- neau au quatrieme doigt de la main gauche , com- me nous l’apprend Aulugelle , 6. X, la raifon que cet auteur en donné eft prife dans l’Anatomie : c’eft, felon lui , que ce doigt a un petit nerf qui va droit au cœur , ce qui fait qu'il étoit regardé comme le plus confidérable des cinq doigts, à caufe de fa com- munication avec une f noble partie. Pline dit que les anciens Gaulois & les anciens Bretons portoient l’'annean au doigt dumilieu, … D'abord: on ne porta qu'un feul zzneau ; puis un a chaque doigt : Martial , Zv. XT. epig. Go. enfin un à chaque jointure de chaque doigt. Ÿ. Ariftophane, #7 Nub. Peu à peu le luxe $’'augmenta au point qu’on eut des anreaux pour chaque femaine, Juvénal, Sar, VII. parle d’'anncaux femeftres, annuli femeftres : on eut auffi des anreaux d'hyver, & des anneaux d’êté, Lampride remarque, ck. xxx1J. que perfonne ne porta là-deflus le luxe auf loin qu'Heliogabale, qui-ne. mut jamais deux fois le même azreax non plus que les mêmès fouliers, On a auf porté les anneaux au nez, commé des pendans d'oreilles. Bartholin 4 fait un traité exprès, dé anñulis narium , des anneaux des.narines. S. Au- guftin nous apprend que c’étoit l’ufage parmi les Maures de les porter ainfi ; & Pietro della Valle fait la même rémarque au fujet des Orientaux mo- dernes, Ée | On peut dire qu'il n’y a point de partie du corps où On nait porté l’arneau. Différens voyageurs nous aflürent que dans les Indes orientales , [es na- turèls du pays portent des arreaux au nez , aux le- vres , aux joues , & au menton. Selon Ramnuño, les dames de Narfingua dans le levant, & felon Dio: dore, y. III. les dames d’Ethiopié avoient coûtu- me d’orner léurs levres d’anreaux de fer. Fe .: À Pégard dés oreilles .. c’eft encore une chofe or: dinaire partout.que de voir.des hommes & des fem: mes, y porter des anneaux, Voyez PENDANT... : . uoies Indiénsy particulierement les Guzarates ; ont porté des arneaux aux piés. Lorfque Pierre Alvarez eit fa prethiere audiéncé.dn roi de Calieut ‘il le tronva tout convert dé pierres enchaflées dans des aniéaus: il rayoit à fes deux mains des bracelets 8 des anneaux à fes doigts ; il en avoit priqu'aux piés &crahix. oftéitst Lônis Bortome nous parle d’un. roi . de Peau, quiportoit à chaque orteil;où gros doigt 480 ANN du pic, unè pierre enchañlée dans un aznèau. Ufage des anneaux, Les anciens avoient trois auife- rentes fortes d’arrzeaux : la premiere {ervoit à di- ftinguer les conditions & les qualités, Pline affüre que d’abord il n’étoit pas permis aux Sénateurs de porter un area d'or, à moins qu'ils n’euflent été ambafladeurs dans quelque Cour étrangere; qu'il ne leur étoit pas même. permis de porter en public lax- neau d’or , excepté dans-les cérémonies publiques. Le refte du tems ils portoient un azzeau de fer. Ceux quiavoienteules honneurs dutriomphe étoient aflujettis à la même loi. rt Peu à peu les Sénateurs & les Chevaliers eurent la permiffion de porter prefque toüjours l’azreau d’or : mais Acron, fur La Sas. vy. iv. IT. d’'Horace, remarque qu’il étoit néceflaire pour cela que larneau d’or leur eùt été donné par le Préteur. Dans la fuite l’azneau d’or devint une marque dif- tinétive des Chevaliers : le peuple portoit des 4z- zeaux d'argent , &c les efclaves. des arneaux de fer: cependant l'anneau d’or étoit quelquefois permis au peuple ; & Severe accorda à {es foldats la liberté de le porter. Augufte donna la même pernuflion aux affranchis. Neron fit à la vérité dans la fuite un réglement contraire : mais on cefla bientôt de l’ob- {erver. | Les anneaux de la feconde efpecé étoient ceux qu’on nommoit aznuli fponfaliit, anneaux d’épou- Jailles ou de noces. Quelques Auteurs font remonter l’origine de cet ufage juiqu'aux Hébreux : 1ls fe fon- dent fur un pañlage de l’Exode, xxxv. 22. Léon dé Modene cependant foûtient que les anciens Hébreux ne fe font jamais fervis d’enneau nuptial. Selden, dans Ton wxor Hebraica , liv. IT. ch. xiv. remarque qu’à la vérité ils doñnoient un a72eau dans la cérémonie de mariage , Mais que cet arneai ne faifoit que tenir lieu d’une piece de monnoïe de niême valeur , qu'ils donnoïent auparavant. Les Grecs & lés Roïnains fai- foient la même chofe ; & c’eft d'eux que les Chré- tiens ont pris cet ufage, qui eff fort ancien parmi eux, commeil paroît par Tertullien 8 par quelques anciennes liturgies , où nots trouvons la maniefe dé bénir l’arneau nuptial. Voyez MARIAGE. Les anneaux de la troifieme efpece étoit deftinés à fervir de fceaux : on les appelloit cérographi, où ci- rographi, fur lefquels voyez l'article SCEAU. Richard , évêque de Salisbury , dans fes Conffitu- tions , an, 1217. défend de mettre au doigt des fem- mes des anneaux de jonc, ou d’autre matiere fem- blable, pour venir plus aifément à bout de lés dé- baucher : & il infinue en même tems la raïfon de cette défenie ; favoir, qu'il y avoit des filles aflez fmples pour croire que l’arneau ainfi donné par jeu étoit un véritable azreau nuptial. De Breville, dans fes Artiquités de Paris, dit que c’étoit autrefois une coùtume.de.fe fervir d’arneau de jonc dans le mariage , lorfqu'on avoit eu com- merce enfemble auparavant. Voyez CONCUBINE. Les anciens Germains portoient un azeau de fer pour marque d’efclavage , jufqu’à ce qu'ils euffent tué un ennemi de la nation. Et dans le tems que lés inveftitures ayoient lieu en Allemagne, l'Empereur || ou le Prince qui confirmoit l’életon des Evèques, leur mettoit au doigt l’anreaz pafloral. Dans l’'Eglhife Romaine il a été défendu par des ‘conciles aux Ec- cléfiaftiques de porter des azreaux, à moins qu'ils ne fuffent confütuésten dignité, 'commeEvêquesiou ANNEAU , {. m. terme) d’Affronomie-:, l’anneau ‘de Saturne eft un cercle mince 8clumineux qui entoure le corps de cette planete , fanscependant y toucher. Voyez SATURNEX "Mid eos “masse #ab La découverte de cet arneauieft düe à M. Huy- ghens ; çetaftronome, après plufieursobfervations; A NN apperçut deux points lumineux owanfes, qui paroï£- foient fortir du corps de Saturne en droite ligne. Enfuite ayant revü plufieurs fois différemment le même phénomene, il en conelut que Saturne étoit entouré d’un anneau permanent: en conféquence il mit au jour /oz nouveau fyftème de Saturne en 1659. Le plan de l'anneau eit incliné au plan de l’éclip- tique, fous un angle de 23 4. 30’. il paroït quelque- fois oval ; &{elon Campani, fon grand diametre eft double du petit. Voyez PLANETE. | Cet anneau lumineux, eft par-tout également éloigné de la furface de Saturne , & fe foûtient à. une aflez grande diftance comme une voûte , chaque partie pefant vers le centre de la planete. Son dia- metre eft un peu plus du double du diametre de Saturne 3. & quoique l’épaifleur de cette bande circulaire oit fort mince , fa largeur on profondeur eft néanmoins fi confidérable, qu’elle égale À très- peu-près la moitié de la difflance de la fuperfñcie extérieure de l’azreau à la furface de Saturne. Au refte cet anneau fe foûtient toïjours de la mé- me marere ,; renfermant un grand vuide-tout au tour, entre fa furface concave & la furface exté- rieure du globe de Saturne. Le plan dé cet azneau ne paroit pas différer bien fenfblement du plan de l'orbite du quatrieme fatellite de Saturne. Quant à l’ufagé dont peut être un arneat fi extraordinaire, c’eft ce que nous ne favonsipas bien précifément ; 8&c même. il eft probable qu'on Fignorera encore long- tems ; car nous ne voyons rien de femblable n1 d’a- nalogue à ce phénomene , en parcourant tout ce que l’on a obfervé de plus merveilleux dans la nature. M. de Maupertuis, dans fon livre de La figure des Affres, a expliqué d’une maniere ingénieufe la formation de l’anneau de Saturne. Il fuppofe que la matiere de l'anneau étoit orignairement fluide, & pefoit à la fois vers deux centres, favoir vers le centre de Sa- turne , & vers un autré placé dans l’intérieur de Par- neau ; 8c il fait voir que Saturne a dû avoir un anneau , en Vertu de cette double tendance. (O0) : ANNEAU SOLAIRE 04 HORAIRE , eft une.efpece de petit cadran portatif, qui confifte en un arreau ou cercle de cuivre , d'environ deux pouces de dia- metre ,\ & d’un tiers de pouce de largeur. Voyez CADRAN& ho TRS Dans un endroit du contour de l’enzeau il y a un trou, par lequel on fait pafler un rayon du Soleil, qui fait une petite marque lumineufe à la cconfé- rence concave du. demir-cercle oppofé; & le point fur lequel tombe cette petite marque , donne l’heute du jour que l’oncherche. | | : Mais cetinftrument n’eft bon que dans le tems de l’équinoxe ;-pour qu'il pufle fervir tout le long.de année ; il fautque le trou puiffe changer de place, & que les lignes du zodiaque ou les jovirs du mois foient marqués:fur la convexité de l’ezzeau : au. moyen de quoi le cadran peut donner l’heure pour tel jour del’année qu’on veut.:, Pour s’émfervir , ilne faut que mettre le trou fur le jour: du mois ou fur le degré, du zodiaque que le Soleil occupe:; enfuite fufpendre le cadran à lordi- naire vis-à-vis-du Soleil; lelrayon qui paflera-par le trou , marquera l’heure fur le point où il tombera. .: ANNEAU ‘ASTRONOMIQUE ; 04 UNIVERSEL, efE un annéaidolaire, qui fert à-trouver l'heure du jour en quelque-endroit que ce foit de la terre; au lieu que l'ufage:de: celui. dont nous venons de parler, eft borné à une certaine latitude. -Sa-forme eft. repré- fentée dans les Planches de Gnomonique , figure 224 Voyez auf CADRAN. 11) | … Cet inftrument. fe fait de différente grandeur ; il y en. a depuis! deux pouces de.diametre juiqu'à: fix. IL confifie.en-deux azneaux.ou .cércles minces. qui font larges & épais à proportion.de la grandeur de 4 Pinftru<" linftument. L’anneo extérieur A repréfente le méridien du lieu où lon eft ; il contient deux divi- fions de 90% chacune , diamétralement oppofées, & qui fervent , lune pour l’hémifphere boréal, l’au: tre pour l’hémifphere auftral. L’arneau intérieur re- préfente l'équateur, & tourne exaétement en-dedans du premier parle moyen de deux pivots qui font dans chaque azzeau à l’heure de 12. À travers les deux cercles eft une petite regle ou lame mince avec un curfeur marqué C, qui peut glifler le long du milieu de la regle. Dans ce curfeur eft un petit trou pour laifer pañer les rayons du Soleil. On regarde l’axe dela regle comme l’axe du mon- de, & fes extrémités comme les deux poles. D’un côté {ont les fignes du zodiaque , de l’autre les jours du mois : fur le méridien eft une piece qui peut glifler, & à laquelle on attache un petit pendant qui ‘porte un arzneau pour tenir l’inftrument. Ufage de cet inffrument, Mettez la ligne 4 , mar- quée fur le milieu du pendant, au degré de latitude du lieu , par exemple, 484 so’ pour Paris; mettez la ligne qui traverfe le trou du curfeur au degré du figne , ou au jour du mois. Ouvrez enfuite l’inftru- ment , de forte que les deux arreaux faflent un angle droit entre eux, & fufpendez-le par le pendant À, de maniere que Paxe de la regle qui repréfente celui de lPinftrument puifle être parallele à l’axe du mon- de ; enfuite tournez le côté plat de la regle vers le Soleil, jufqu’à ce que le rayon qui pañlera par le petit trou tombe exaétement fur la ligne circulaire qui eft tracée au milieu de la circonférence concave de l’arrean intérieur : le rayon folaire marquera Pheure qu'il eft fur cette circonférence concave. Il faut remarquer que l’heure de 12 ou de midi n'eft point donnée par le cadran , par la raïfon que le cercle extérieur étant dans le plan du méridien, il empêche les rayons du Soleil de tomber fur le cer- cle intérieur : le cadran ne donnera point non plus heure quand le Soleil fera dans l'équateur , parce qu’alors {es rayons feront paralleles au plan du cer- cle intérieur. | Il y a encore une autre efpece d’arneau afirono- mique conftruit à peu près fur les mêmes principes que ce dernier, excepté qu’au lieu de deux cercles, il en a trois : il a quelques avantages fur celui-ci, en ce qu'il donne l'heure de midi, & qu’il marque lor£ que le Soleil eft dans l’équateur ; ileft même un peu plus jufte. Au refte on ne fe fert prefque plus de ces infirumens, l’ufage des montres ayant rendu inutiles tous ces cadrans quine donnent pas l’heure avec une certaine juftefle. Anneau aflronomique eftencore le nomd’uninftru- ment dont on fe fert en mer pour prendre la hauteur du Soleil : c’eft une efpece de zone ou de cercle de métal, Voyez La PI. de navig. fix, 1. Dans cette zone il y a un trou C, qui la traverfe parallelement à fon plan ; ce trou eft éloigné de 45 degrés du fufpenfoir B ; & il eftle centre d’un quart de cercle DE, dont un des rayons terminans CE , eft parallele au dia- metre vertical, & l’autre C D eft horifontal & per- pendiculaire à ce même diametre 8 Æ. Pour divifer l'arc FG de cet anneau en oo , on décrit fur un plan un cercle FGC égal à la zone intérieure de l’er- eau : du point ©, pris à 45 d du point B, comme centre , 6c d’un rayon pris à volonté, on décrit un quart de cercle P Q R, dont le rayon terminant P C eft perpendiculaire au diametre BD , & l’au- tre CR lui eftparallele; on divife enfuite ce quart de cercle en degrés, & ontire par le centre C, & par tous les points de divifion du quart de cefcle, des rayons qui coupent la cireonférence F D G , en autant de points qui répondront à des degrés de ce quart de cercle. Ces divifions ou degrés pris & tranf portés refpeétivement dans l’enzeen aftronomique Tome L. ANN 461 depuis À jufqu’en G&, le diviferont parfaitément. Pour obferver la hauteur du Soleil avec cet inf trument , il le faut fufpendre par la boucle B, &c le tourner vers le Soleil 4, de forte que fon rayon pañle par le trou €; il marquera au fond de lan- zeau de F en J, les degrés de la hauteur du Soleil entre le rayon horifontal CF, & le rayon de Paftre C1; & la partie I H G marquera fa diftance au zénith, déterminée par le rayon € 7 de l’aftre, & le rayon vertical CG. Les obfervations faites avec l'anneau afitonomi- que font plus exaétes qu'avec l’aftrolabe, parce qu’à proportion de fa grandeur , les degrés de l’erneau iont plus grands. Voyez ASTROLABLE. ( T') ANNEAU , ex Anatomie , nom que l’on donne à lécartement des fibres de l’oblique externe vers fa partie inférieure, pour le paffage du cordon fperma- tique dans les hommes, & du ligament rond dans les femmes. Voyez CORDON SPERMATIQUE, Éc, L'inteftin & l’épiploon s'engagent quelquefois dans cet arzrzeau, & forment des defcentes ow hernies inguinales. Voyez HERNIE , Ge, (L' * ANNEAU , ( Agriculture. ) c’eit un farment ainfi appellé , de la maniere dont 1l eft contourné ; on le pañle fous un fep lorfqw'on le provigne. 7, Sep. * ANNEAU, ( rmefure de bois. ) c’eft un cercle de fer qui a fix piés & demi de circonférence , que l’on nomme auffi moule, & dont le patron ou prototype eft à l’hôtel-de-ville. C’eft fur ce patron que tous ceux dont on fe fert font étalonnés & marqués aux armes de la ville. Trois moulés on a27eaux remplis, plus douze büches , doivent faire la charge d’une charrette. Le tout fait ordinairement depuis cin- quante-deux jufqu’à foixante-deux buches, qui font nommées par cette raifon bois de compte. Toutes les buches qui font au-deffous de dix-fept à dix-huit poue ces de groffeur , doivent être rejettées du moule & renvoyées au bois de corde: maïs il y a encore tant d'inégalité entre les plus groffes , que fouvent ce nombre ne fe trouve pas complet. Il y en a quelque- fois de fi grofes, fur-tout dans le bois qui vient de Montargis , que les quarante-fept ou quarante-huit büches rempliffent les trois anneaux, & font la voie, Voyez Vors. fe Le bois qui vient par la riviere d’Andelle, & qui en porte le nom, n'ayant que deux piés & demi de longeur ; quand il s’en rencontre d’aflez gros pour être de moule ou de compte, on en donne quatre az- neaux &t feïize büches pour la voie: Foyez ANDELLE. ANNEAU , ( Mar.) c’eft un cercle de fer ou d’autre matiere folide, dont on fe fert pour attacher les vaif- feaux. Il y a dans tous les ports & fur tous les quais des anneaux de fer pour attacher lesnaviresérles ba. teaux. (Z) ANNEAU, ez Serrurerie, c’elt un morceai de fer rond ou quarré , difpofé circulairement à l’aide de la bigorne de l’enclume ; mais dont les deux extrémités font foudées enfemble, On s’en fert pour attacher des bateaux , fufpendre des rideaux, Ge: Anneau. de clé ; on appelle dans une clé larrean , ‘la partie de la clé que l’ontient à la main, 8 qui aide à la mouvoir commodément dans la ferrure ; {a for- me eft communément en cœur ou ovale. On verra à l’article CLÉ la maniere de forger l'anneau. On pratique quelquefois dans la capacité de l’ax- neau différens deffeins ; pour'cét effet on commence par le forger plein & rond : maïs on n’orne ainfi que les clés des ferrures de conféquence. Voyez CLÉ. ANNEAU , chez les Bourreliers, eft un morceau de fer ou de cuivre configuré comme tout ce qui porte le nom d’arneau. Il ch au bout du poitrail de chaque côté, & foûtient un trait M, fig. 8. PI. du Bourrelier, qui va fe boucler fous le brançard , au trait de bran- card qui tient à l’aiflieu, | PpR 482 ANN ANNEAUX, {. m. pl. ce font dans les mañufatturès ên fote, de très - petits cercles de fer, qu’on appelle encore yeux de perdrix ; qu'on pañle dans les cordes du rame, Chaque corde du rame a fon œil de per- drix, & chaque œil de perdrix reçoit une corde du femple. On attache les cordes du femple aux yeux de perdrix qui font paflés dans les cordes du rame , parce qu'on fe procure ainfi deux avantages : le pre- mier, de fatiguer moins les cordes du rame & celles du femple , l'œil de perdrix pouvant glifler fur la corde du rame quand on tire le femple, ce qui n’ar- tiveroit pas fi les cordes du femple étoient noüées à celles du rame : le fecond, de pouvoir féparer plus facilement une corde du femple des autres cordes quand on en a befoin; cette corde pouvant avancer ou reculer par le moyen de l’œil de perdrix qui for- me une attache , mais qui ne forme pas une attache fixe. Voyez SEMPLE , RAME, MÉTIER DE VELOURS CISELÉ: | ANNEAUX de vergues, ( Marine. ) ce font de pe- tits arneaux de fer que l’on met deux enfemble dans de petites crampes , qu'on enfonce de diftance en diftance dans la grande vergue & dans celle de mi- zaine. L’un de ces anneaux fert à tenir les garcettes qui fervent à plier les voiles; & pour arrêter ces mêmes garcettes, on en pañle le bout dans l’autre anneau. Anneaux de chaloupes ; ce font de groffes boucles de fer fur le plus haut du port, auxquelles on amarre les chaloupes. Anneaux de fabords; ce font de certaines boucles de fer médiocrement grofles, dont on fe {ert pour fermer, faifir ou amarrer les mantelets des fabords. Anneaux Ou boucles d’écoutilles, Il ya des anneaux de fer fur les tillacs près Les écoutilles, pour les amar- rer & tenir fèrmes pendant les gros tems:1l y en a aufh pour les canons par-derriere, & ils fervent à les mettre aux fabords, oùà les haler en-dedans. ANNEAUX D'ÉTAT. Voyez DAILLOTS. ANNEAUX de corde; c'eft ce qui fert à faire un nœud coulant. (Z) * ANNECY, ( Géog. mod. ) ville du duché de Sa- voie dans le Génevois iur la riviere de Sier, au bord du lac d'Annecy. Long. 23. 44. lar. 45. 53. À * ANNEDOTS, f. m. pl. ( Mych. ) divinités des Chaldéens , faites à limitation des Anges bons & mauvais. | | ANNÉE, ff. Voyez AN. ANNELET , f. mrerme de Blafon, petit anneau tout rond, (7) | ANNELET , ez Paflementerie, petit anneau d’émail ou.de véèrre d’une ligne outenviron de diametre , qui fert à revêtir les différens trous des navettes & des fabots , pour einpêcher les foies & fils d’or & d’ar- gent de s’écorcher lors de leur paflage. Foyez Na- VETTE.6 SABOT.. | + ANNELETS , serme d’Architeüture , ce {ont de petits lflels: ou filets, comme il y en a trois. au chapiteau dorique du théatre de, Marcellus dans Vignolle.. On lesnomine auf armilles du-Latin a/millæ , un bralfe- -xANNEXE,, f. f. c’eft ; en Droir civil où CATLOTIQUE ; unaecefloiré ; une dépendance ot appartenance , foit d'unhéritage ou d’un bénéfice ; en conféquencé de l'uhion qui en a été faite audit bénéfice où hé- ritage: C’eft en ce fens qu'on dit que le prieuré de SsEloieft une arrexe de l'Archevêché de Paris ; que les anriexes qu'un teftateur.a faites de fon vivant à l'héritage qu'ildégue:, font cenfées comprifes dans le legs. ter Les: ses 2h S:HANNEXE ( DROIT D”)!,.efË le droit exclufif que tétend le Parlement de Provence d’enregiitrer les Bulles » brefs, n.&c autres refcrits {emblables qui vièn- aent de Rome ou de la légaton d'Avignon. (Æ), u o A NN ANNEXÉ , adj. ex Droir, & mêtne dans le far gage ordinaire , fe dit d’une chofe moins confidéra ble , jointe & unie à une plus grande. Aïnfi difons- nous, une telle ferme , un tel patronage eft aznexé à tel fief , tel manoir, &c. Charles VIII. en Pannée 1486, annexa la Provence à fon royaume, Voyez ANNEXE. ( H | * ANNIBI( Lac D’), Géog. mod. lac dela grande Tartarie aux piés des montagnes & dans la contrée du même nom au nord de Kitar. Ce lac , ni rien qui luireflemble , ne fe trouve dans la carte de M. Wit- fen, Mar. géog. ANNIHILATION , f. f. ox ANÉANTISSEMENT, ( Commerce. ) eft ufité dans un fens moral en Angle- terre; & l’on dit : Le capital de la mer du fud eff réduit à la moitié ; f? lon r2y prend bien garde, les malverfa- tions des faëleurs produiront infailliblement bientôt une autre annihilation fur tout le dividend. ( G ) ANNILLE , 1 f. c’eft proprement un fer de mou- lin ; & on l’a nommé ainfi, parce qu’on le met com- me un anneau autour des moyeux pour les fortifier. Ces anmilles étant fouvent faites en forme de croix ancrée , on a nommé ces fortes de croix arulles dans le Blafon, (7) ANNION(BENEFICE D’),ancientermede Droit françois , {e difoit de Lettres royaux qui accor- doient à un débiteur le délai d’une année pour la vente de fes meubles , dans le cas où il étoit à crain- dre qu'ils ne fuflent vendus à vil prix. Voyez REPir, LETTRES D'ÉTAT & QUINQUENELLE. ( 4) ANNIVERSAIRE, {. m. ( Théol. ) mot compolé d’arnus , année, 8 de verto, je tourne. C’eit propre- ment le retour annuel de quelque jour digne de re: marque, anciennement appellé un /our dan ou jour de Jouvenir. Voyez JOUR. ANNIVERSAIRES ( les). Jours anniverfaires chez nos ancêtres étoient les jours ou les martyres des Saints étoient annuellement célébrés dans lEglife , comme aufli les jours où à chaque fin d'année l’ufage étoit de prier pour les ames de fes amis trépañlés. Anniverfaria dies ided repetitur defunilis ,. quoniam nefcimus qualiter habeatur eorum caufa in ulié vitd. C’étoit la raifon qu’en donnoit Alcuin dans {on hivre de officus divinis, Voyez NATALIS. Dans ce dernier fens l’azriverfaire eft le jour où d'année en année on rappelle la mémoire d’un dé- funt en priant pour le repos de fon ame. Quelques Auteurs en rapportent la premiere origme au Pape Anaclet , & depuis à Felix I. qui inftituerent des a- niverfaires pour honorer avec folennité la mémoire des Martyrs. Dans la fuite plufieurs particuliers or- donnerent par Leur teftament à leurs héritiers de leur faire des anniverfaires , & laïiflerent des fonds tant pour l'entretien des églifes que pour le foulagement des pauvres , à qui l’on diftribuoit tous les ans ce jour-là de l'argent & des vivres. Le pain & le vin qu’on porte encore aujourd’hui à l’ofrande dans ces anniverlaires, peuvent être des traces de ces diftribu- tions. On nomme encore les anniverfaires, obiss 6 Jérvices. Voyez OBIT , SERVICE. (Gr). * ANNOBON , ( Géog. mod. ) île d'Afrique fur la côte de Guinée. Long. 24. lat. méridionale. 1, 50. ANNOMINATION , 1. f. figure de Rhétorique ; c’eft une allufñion qui roule fur les noms , un jeu de mots, Elle eft ordinairement froide & puérile : on nelaiffe pas que d’en trouver quelques-unes dans Cicéron; elles n’en font pas meilleures. Voyez ALLUSION. (G) * ANNONAY, ( Géog. mod. ) petite ville de France dans le haut Vivarez fur la Deume. Log. 22. 29. lat. 45. 15, ANNONCIADE, (if. mod.) nom commun à plufieurs ordres ; les uns Religieux, lesantres Mili- taites , inflitués avec une vüe, un rapport à l’Annon: çiation, Foyez ORDRE & ANNONCIATION: ANN : Le premier ordre Religiéux de cette efbece fut ctabli en 1232, par fept marchands Florentins, & c’eft l’ordre des Services ou ferviteurs de la Vierge. Voyez SERVITES, . . Le fecond fut fondé à Bourges par Jeanne Reine de France, fille de Louis XI. & femme de Louis XI. qui la répudia de fon confentement , & avec difpenfe du Pape Alexandre VI. La regle de ces Religieufes eft établie fur 12 articles, qui regardent 12 vertus de la Ste Vierge, & approuvée par Jules IE. & Leon X. Le troifieme, qu'on appelle des Ærronciades célef- £es , fut fondé vers lan 1600, par une pieufe veuve de Genes, nommée Marie-Viüloire Fornare, qui mou- rut en 1617. Cet ordre a été approuvé par le faint Siége , & 1l y en a quelques maïfons en France. Leur regle eft beaucoup plus auftere que celle des Aron ciades fondées par la Reine Jeanne, (G) ANNONCIADE, {, f. ( if. mod. ) Société fon- dée à Rome dans l’Eglife de Notre-Dame de la Mi- nerve, l’an 1460, par le Cardinal Jean de Turrecre- mata , pour marier de pauvres filles. Elle a été de- pus érigée en Archi-Confraternité , & eft devenue fi riche par les grandes aumônes & legs qu’on y a faits , que tous les ans le 25 de Mars , fête de l’An- nonciation de la fainte Vierge , elle donne des dots de 6o écus Romains chacune à plus de 46ofilles , une robe de ferge blanche, & un florin pour des pantou- fles. Les Papes ont fait tant d’eftime de cette œuvre de piété , qu'ils vont en cavalcade, accompagnésdes Cardinaux & de la Nobleffe de Rome, diftribuer les cédules de ces dots à celles qui doivent les recevoir: Celles qui veulent être Religieufes ont le double des autres, & font diftinguées par une couronne defleurs qu’elles portent fur la tête. L’Abbé Piazza, Ritratto di Roma moderna. (G) ANNONCIADE , {. f. ( Æif£, mod. ) Ordre de Che- valerie, inftituëé en 1362 par Amedée VI: Comte dé Savoie, dit Ze Verd, auquel on dit qu’une Dame pré- fenta un braflelet de fes cheveux treflés en lacs d’a- mour ; ce qui lui donna lieu d’inftituer un ordre Mili- taire qu’il appella du lacs d'amour, & dont il fit la premiere cérémonie le jour de la fête deS. Maurice, Patron de Savoie, le 22 Septembre 1355. D’autres donnent une origine plus fainte à cétordre, & difent qu’Amedée l’inftitua en mémoire des 15 Myfteres de Jefus-Chrift & de la faite Vierge, & aufli en mé- moire des attions glorieufes de fon ayeul Amedée V. Il créa quinze Chevaliers , & ordonna que Les Com- tes (aujourd’hui Ducs) de Savoie , feroient les chefs de cet ordre. Le collier étoit compofé de rofes d’or, émaillées de rouge & de blanc, jointes par des lacs d'amour , fur lefquels étoient entrelacées ces quatre lettres FERT , qu fignifient felon quelques-uns : fortitudo ejus Rhotdum tenuit, e’eft-à-dire , fa valeur a maintenu Rhodes , pour marquer la belle ation d’A- medée-le-Grand, qui fit lever aux Sarrafins le fiége de Rhodes en 13 10.Selon Guichenon, ces quatre let- tres fignifient : frappez , entrez , rompez tout. Au bout du collier pendoit une ovale d’or émaillée de rouge & de blanc , au-dedans de laquelle étoit l’image de S. Maurice. Amédée VIIT, premier Due de Savoie, qui fut elù Pape au Concile de Bâle, & prit le nom de Felix V. voulut en 1434 que cet ordre du lacs d’a- mour füt dorénavant appellé Pordre de l'Annoncia- de , & fit mettre au bout du collier une Vierge , au lieu de S. Maurice, changeant auffi les lacs d’amour en cordelieres. A l'égard du manteau des Chevaliers , il éprouva aufli des changemens. Il étoit rouge cra- moïf , frangé &z bordé de lacs d’amour de fin or fous Charles-le-Bon, vers lan 1330. Il fut enfuite bleu, doublé de taffetas blanc fous Emmanuel Philibert , environ l’an 1560. puis de couleur d’amarante, dou- blé d’une toile d'argent à fond bleu fous Charles Emmanuel en 1627. Le grand collier de Pordre que Tome I, ANN 483 les Chevaliers portent aux fêtes folennelles ; eft du poids de 250 écus d’or ; & dans l’ovale clechée én lacs d'amour, font les paroles dela falutation Angé: lique. Le petit collier eft commé un haufle-col de deux er de large, du poids de cent écus d’or. Sui- vant Pinftitution , les chapitres où les aflemblées de cet ordre devoient fe tenir dans le Bugey : mais cette coûtume , aufli-bienque celle d’yenterrerles Chevas lers ; a ceffé par échange de la Brefle 8 du Bugey pour le Marquifat de Saluces. Alors le chapitre fut- transféré dans l’églife de S. Dominique de Montmé- lian ; & en 1627 le Duc Charles-Emmanuel trans> féra la chapelle. de l'ordre dans l’hermitage de Ca: maldoli fur la montagne de Turin : depuis fon infti- tution en 1362 par Amédée VI. jufqu’au Roi de Sar-+ daigne aujourd’hui régnant , cet ordre a eu dix-huit chefs ou Grands-Maîtres , & un très-pgrand nombre de Chevaliers d’une nobleffe très-diftinguée. (G ANNONCIATION , f. f. (Théol.\) eft la nouvelle que l’Ange Gabriel vint donner à la fainté Vierge, qu’elle concevroit le Fils de Dieu par l'opération du S.Efprit. Voyez INCARNATION, SALUTATION, AVE: Ce mot eft compofé de la prépofition Latine 44, & du verbe, zuntiare , annoncer , déclarer une chofe à quelqu'un. Les Grecs lappellent évayyexiquoe, bonne nouvelle, & yaipéliouos, falutation. ANNONCIATION eft auffi le nom d’une fête qu’on célebre dans PEglife Romaine | communément le 25° de Mars ,en mémoire de l’Incarnation du Verbe. Aufi eft-elle appellée la fête de l’Arnonciarion 6: de l'In- carnatiôn du Verbe divin, en mémoire de ces deux myf- teres qui n’en font proprement qu’un. Le peuple ap- pelle cette fête Nôsre-Darme de Mars , à caufe du mois où elle tombe. | Il paroït que cette fête eft de très-ancienne infti- tution dans l’Eglife Latine : parmi les fermons de faint Auoguftin , qui mourut en 430, nous en avons deux fur l’Annonciation ; {avoir , le 17° & le 18° de fanéis. Le facramentaire du pape Gelafe premier, montre que cette fête étoit établie à Rome avant l’an 496 ; mais l’Eglife Greque a des monumens d’un tems en- core plus reculé. Proclusqui mourut en 446 , 5. Jean Chryfoftome en 407, &S. Grégoire Thaumaturge en 295,0ont dans leurs ouvrages des difcours fur le même myftere. Rivet, Perkins & quelques autres écrivains Proteftans, ont à la vérité révoqué en doute l’authen- ticité de deux homélies de ce dernier Pere fur ce fu- jet : mais Voflius les admet , 8 prouve qu’elles font véritablement de ce faint doéteur. | Ajoûtons que quelques Auteurs penfent que cette ête dans fon origine fut d’abord célébrée en mé- moire de l’Incarnation du Verbé , & que lufage d'y joindre le nom de la fainte Vierge eft d’une date bien moins ancienne. Il en eft de même du 25 de Mars , où elle eft fixée. Cet ufage a varié; car plufeurs Eglifes d’orient cé- lebrent cette fête dans un autre tems que celles d’oc- cident ; & parnu celles-ci , quelques-unes l’ont célé- brée dans Le mois de Décembre,avantla fête de Noël: Le X. concile de Tolede tenu en 656 , avoit ordonné de la folennuifer le 18 de Décembre , à caufe que le 25 de Mars tombe affez fouvent dansla femaine-fain- te, qui eft plütôt un tems dé pénitence que de joie. On la remit cependant au 25 de Mars, où les Grecs la célebrent maintenant, comme lesLatins , à la char- ge de la remettre après la quinzaine de Pâques, fi elle tombe dans la femaine-fainte. On dit que léglife du Puy-en-Vélai a Le privilége de la folenmifer cette fe: maine , même le vendredi-faint. L’églife de Milan 8x les églifes d'Efpagne la mettent au Dimanche devant . Noël : mais ces dernieres la célebrent encore en Ca- rême. Enfin les Syriens l’appellent Bu/Caraghk, c’eft- à-dire , information , perquifition, &c la fixent dans leur calendrier au premier jour de Décembre; & les Ar- Pppj 484 A NN méniens , afin qu'elle n'arrive pas au Carême , la folennifent le $ de Janvier. \ Les Juifs donnent aufi le nom d’Æzronciation à une partie de la cérémonie de leur Pâque , célle où ils expofent l’origine & l’occafion de cette folennité ; expofition qu’ils appellent xhaygadu, qui fignifie ar- aonciation. (G) * ANNOT , ( Géog. mod. ) petite ville de France, dans les montagnes de Provence, Long. 24. 30. lar. 4. 4 1 ANNOTATION, f. £. (Lattérat.) en Latin adno- ratio, compofé de ad & de rota, commentaire {uc- cint, remarque fur un livre , un écrit afin d’en éclair- cir quelque paflage ; ou d’en tirer des connoïffances. Voyez; COMMENTAIRE & NOTE. Il arrive quelquefois que les annotations font fort étendues fur les endroits clairs d’un texte, & gliffent fur les obfcurités: de-là'tant d’asrorarions & de com- mentaires inutiles , où qu’on pourroit réduire à très- peu de feuulles intéreffantes. _ Les critiques du dernier fiecle ont fait de favan- tes annotations fur les écritures & les auteurs claff- ques, &c. (G) ANNOTATION de biens , ( terme de Palais, ) eftuné faifie provifoire qui fe fait des biens d’un criminel ab- fent , à l’effet de les confifquer au profit du Roi , en cas qu'il perffte jufqu’au bout dans fa contumace. Voyez l'Ordonnance criminelle, titre xvij. ( H) ANNOTATION , fe dit ez Medecine, du commen- cement d’un paroxyfme fiévreux, lorfque le malade friflonne , bäille, s’étend, & eft afloupi, &c. Galien. Il y en a une autre qui eft propre aux fievres hec- tiques , qui arrive , lorfque le malade , une heure ou deux après avoir mangé , fent augmenter la chaleur, & que fon pouls devient plus agité qu'auparavant , mais fans frilon & fans aucun des fymptomes dont nous avons parlé. On l'appelle epifémafta. (N) * ANNOTINE, adf. f. Pâque arnotine. ( Théol. ) c’eft ainfi qu’on appelloit l’anniverfaire du baptême, ou la fête qu’on célébroit tous les ans, en mémoire de fon baptême ; où felon d’autres , le bout-de-lan dans lequel on avoit été baptifé. Tous ceux qui avoient reçû le baptême dans la même année , s’af- fembloient , dit-on, au bout de cette année, & célébroient lanniverfaire de leur régénération fpiri- tuelle. On eft incertain fur le jour de cette céré- momie. ANNUEL ; adj. ( 4ffron. ) c’eft ce qui revient tous les ans, ou ce qui s’acheve avec l’année. Voyez l’ar- ticle AN. C’eft en ce fens qu’on dit wne fête annuelle ; & cette epithete prife à la riguéut, pourroit convenir à toutes les fêtes | puifqwelles reviennent toutes au bout de chaque année. Cependant on a donné cé nom aux quatre principales fêtes de l’année , pour les dif- , tinguer des autres. Ces quatre fêtes font Pâques , la Pentecôte, Noël, &l’Aflomption. On dit aufli un office arruel, une commiffion 4 nuelle , une rente annuelle | un revenu annuel, &c. Voyez; ANNIVERSAIRE. Le mouvement annuel de la terre fra prouvé à Particle TERRE. L’épithete azruel fe donne auffi quelquefois au re- venu ou à honoraire d’une charge , d’ün pote , d’un bénéfice , Gc. Voyez POSTE , BÉNÉFICE , PRÉ- BENDE. | Argument ANNUEL de la longitude ; voyez ARGU- : MENT. Epaëles ANNUELLES. Voyez EPACTE. Equation ANNUELLE du moyen mouvement du foleil & de la lune ; des nœrids & de l’apogée de la lune , c’eft l'angle qu’il faut ajoüter au moyen mou- vement du foleil , de la lune , des nœtids , & de Papo- gée de la lune , pour avoir Le lié du foleil, des ANN nœuds & de l'apogée. Lorfque le mouvement vrai differe le plus qu'il eft poffible du mouvement moyen y l'équation annuelle eft alors la plus grande qu'il eft poffble , parce que l’angle qu’il faut ajoûter ou re- Etes eftle plus grand. fôyez ÉQUATION , Lune, € L’équarion annuelle du moyen mouvement du foleil dépend de l’excentricité de l'orbite de la tete ; or cette excentricité eftde 16 H parties, dontlamoyen- ne diftance du foleil & de la terre en contient 1000: c’eft pour cela que l'équation annuelle a été appéllée par quelques-uns l’équacion du centre. Lorfqw’elle eft la plus grande poffible, elle eft de 14 $6/ 20", felon Flamfteed , & felon M. le Monnier, de 14 $5/ 25/. La plus grande équation annuelle du moyen mou- vement de la lune , eft de 11’ 40/ ; celle de fon apo- gée eft de 207; & celle de fes nœuds, de 9’ 30/. Voyez NœuD , 6e, à Ces quatre équations annuelles {ont toûjours pro- portionnelles : lorfque lune dés quatre eft la plus grande poffible , il en eft de même destrois autres, & réciproquement. D'où il s'enfuit que l’éguation annuelle du centre ( du foleil ) étant donnée , on a les trois autres équa- tions correfpondantes ; ainf ayant uné table de l’#- quation du centre du foleil, on aura facilement les équations correfpondantés du moyen mouvement, des nœuds & de l’apogée de la lune, f’oyez LUNE.(O) ANNUEL, adj. ( Droit ) terme de finance, eftun droit que payent tous les ans au Roï ceux qui tien- nent de lui des charges vénales ; au moyen dequoi elles font confervées & tranfmifes à leurs héritiers après eux. Îl n’eft point dû de droit aznuel pour les charges de la maifon du Roi ; mais aufli ne paflent- elles point aux héritiers. Le droit annuel eft la même chofe que la paulette. Voyez PAULETTE. ( H) ANNUELLE , adj. ( Bor. ) Parmi les plantes bul- beufes ou ligamenteufes , on appelle zrruelles, celles qui ne durent que l’année , ou que l’on feme tousles ans , où dont on replante les cayeux. (X ANNUELLES ( offrandes ) ( Théol. ) ce font celles que faifoient anciennement les parèns des perfonnes décedées , le jour anniverfaire de leur mort. Voyez OFFRANDE, OBIT, INFERIEÆ, Gt. On appelloit ce jour un Jour d’an , cc, & l’on y célébroit la Mefle avec une grande folennité. ( G) ANNUITÉ , f. f, (Comm. & Math. ) fe dit d’une rente qui n’eft payée que pendant un certain nombre d'années; de forte qu’au bout de ce tems le débiteur fe trouve avoir acquitté fon emprunt avec les inté- rêts , en donnant tous les ans une même fomme, Les annuités {ont extrèmement avantageufes au commerce dans les pays où elles font en ufage ; le débiteur trouve dans cette manière d'emprunter, la facilité de s’acquiter infenfiblement & fans {e gêner ; file créancier ades dettes à payer avant l'échéance des annuités, il s’en fert comme de l’argent en dédui- fant les intérêts à proportion dutems qu’il y a à atten- dre jufqu’à l’échéance. Les annuirés {ont fort en ufage en Angleterre | & l’Etat s’en fert très-avantageufement , lorfqu’il a des emprunts confidérables à faire ; peut-être un jour nous en fervirons-nous en France. Les coupons dela Loterie royale de 1744 étoient des aznuités, dont chaque coupon perdant après le tirage de la Loterie, doit produire 6$ livres par an, pendant dix ans; au bout defquels le billet fera rembourié. M. de Parcieux, des Académies Roôyales des Scien- ces de Paris & de Berlin, a inféré à la fin de fon Effai fur les probabilités de la durée de la vie humaine, imprimé à Paris en 1746 , une table fort utile par laquelle où voit la fomme que Pon doit prêter pour recevox 100 livres , à la fin de chaque année , de ANN saniere qu'on foit rémbourfé entierement au bout de tel ombre d'années qu'on voudra jufqu'à cent : e ; : h HS 4 1 | ans ; c’eftà-diré ; la valeur des anwités qui rappor- ” tetoiént 100 livrés, pendant un certain nombre d’an- nées. Voici une partie de cette table , qui pent être très-commode dans le calcul des zzuites. TABLE des fommes qu’on doit préter pour recevoir 1 00 L. a La fin de chaque année, de maniere qu’on foit rem- bour|ë entierementau bout de tel nombre d'années qu'on voudra jufqu'& 100 ans, LES INTÉRÊTS COMPTÉS fur le pié du demier 20. ANS. Livres. Sous. Den, | ANS. Livres. Sons. Der. Millions on) lsxl 1833 2705 2| 185 18 107 S2|1841 15 6 Sa 20 46 006! 3311849 6 1 4| 354 11 11 s411856 9 7 | 432 19 © 1863 6 3 6| $o7 11 5 5611869 16 4 7| 578 12 9 5711876 O 4 8| 646 6 5 S8|1881 18 4 9| 710 15 8 5911887 10 9 10/7732, à 60|1892 17 10 | 11 830 12 9 | 6111897 19 9 12| 886 6 ÿ 62} 1902 16 10 131 939 7 1! 6311907 9 4 14! 989 17 2 64| 1911 17 S$ 1037 19 3 65 |1916 1 4 1083 13 $ 66|1920 1 3 1127 $. © 6711923 17 4 1168 19 O0, 6811927 9 9 12083 10 6 691930 19 8 1246 43 7011934 4 6 T2OZ 2° I 7111937 7 1 1316 $ 10 7211940 6 9 1348 16 11 7311943 3 6 SPORE PIRE OS SENS no nee 1437 10 1! 76| 1950 18 ï 1464 5 9 7711953 4 10 1489 13 11 TÉASSIOS. 4 1514 1537 1559 $ 3 81|1961 10 5 1580 5 O 8211963 7 O 1600 4 6 831196$ x 11 1619 5 5 8411966 1$ ï 3511637 7 11 8511968 6 ‘9 1654 13 3 861969 16 10 1671 2 1 8711971 ÿ 6 1686 13 4 88 | 1972 12 10 171013 07 89 | 1973 18 10 i7is 47 8 | |90)197$ 3 7 1729 8 2à| | 9t1|1976 7 2 1742 $ 10 | 92/1977 9 8 1754 11 3 93 | 1978 IL 1766 ÿ oO 9411979 11 y 6 ET 951980 10 10 1787 19 6 96|1981 9 4 1798 I 5 9711982 6 11 1807 13 8 0811983 3 1816 16 10 9911983 19 8 182$ 11 2 100|1984 14 10 Si on veut favoir la méthode fur laquelle cefte ANN 48$ à Table eit formée, la voici. Suppofôns qi’on em- prunte une fomme que j'appelle 4, & que, les in- térêts étant comptés fur le pié du denier 20, ou en général du denier —— ; on rende chaque année une fomme 5, & voyons ce qui en atrivera. En premier lieu, puifque les intérêts font comptés fur le pié du denier — , il s’enfuit que celui qui a emprunté la fomme «x, devra à la fin de la pre miere année cette fomme , plus le denièr — # dé cette fomme, c’eft-à-dire, qu'il devra a+ <= ou a X (+). Or par la fuppoñition, il rend à la fin de la premiere année la fomme 4 ; donc au com: mencement de la feconde année il n’emprunte plus réellement que la fomme a (227) — 4. À la fin de la feconde année il devra donc MAIN mAIN …. _ fm4ai? fm HN ETC Eee CE) Re & comme à la fin de cette feconde année il rend encore b, il s’énfuit qu'au commencement de la A" } Q à $ 1 à troifieme année il n’emprunté plus que a (+) 2 BEEN eu D À la fin de la troifieme année il devra donc a (=) — b (+) —b (=) , dont il faut en sde. 77 75 mt T2 core retrancher # pour favoir ce qu’il emprunte réel- lement au commencement de la quatrieme année. Donc ce qu'il doit réellement à la fin de la ne, année fera | mia mi HAN mit 2 HEC) AS) ne rer. D'où il s’enfuit que fi le payement doit fe faire en un nombre 7 d'années , 1l n’y a qu’à faire fa quantité précédente égale à zéro; puifqwau bout de ce tems, par la fuppoñtion, le débiteur fe fera entierement acquité, & qu'ainfi fa dette fera nulle ou zero à la fin de la n°. année. Or dans cette derniere quantité tous les termes qui font multipliés par ? , forment une prosreflion géométrique ; dont CE) 7 eft le premier terme, (y le fecond, & 1 le dérniér. D'où 1l s’en- fuit (Voyez PROGRESSION Ÿ qèla fomme de cette prosreffion eft (HT CE divifé par m EE) 2 ER), éet-à-dre =: divifé par (2 = x. a he Ainfi par cette équation générale 5x. Per me Me + où a (AH) FT (EH) LE) +620; on peut trouver 19. La fomme 2 qu'il faut prêter pour recevoir la fomme 2 chaque année, pendant un nombre d’an- nées z, les intérêts étant comptés fur Le pié du de- nier L ; c’eft-à-dire, qu’on trouvera 4, en fuppo- fant que #, 7, —, foient données. 2°, On trouvera dé même #, en fuppofant que a, — , font données. | 30, Sia,b,n, font données, on peut trouver = ; mais le calcul eft plus difficile, parce que dans les deux cas précédens l'équation n'étoit que du pre- mier degré, au lieu que dans celui-ci l'équation qu’il 456 A NN faut réfoudre eft d’un degré d’autant plus élevé que ft plus grand. Voyez ÉQUATION. 4°. Enfin fi a, b, & — font données, on peut trouver z. Mais le problème eft encore plus difficile; l’inconnue z fe trouvant ici en expofant. On peut néanmoins réfoudre ce problème par tâtonnement : mais je ne connoiïs point de méthode direéte pour y parvenir. Voyez ÉQUATION, INTÉRÊT, 6'c. M. de Parcieux , dans l’ouvrage que nous venons de citer, donne une table beaucoup plus étendue , & l’appli- que au calcul de la Loterie royale de 1744. Nous terminerons cet article par la table fuivante, qui y a rapport, & qui eft encore tirée de M. de Parcieux. DISTRIBUTION d'un emprunt de 6000000 vres, divi[é en 12000 actions ou billets de 500 iv. chacun, pour acquitter intérêts & capital en dix ans, en payant tous les ans la même fomme ou à peu-près, tant pour les sntèrêts que pour le rembourfement d’une partie des actions ou billets, AGTIONS |INTERETS| ACTIONS] Prix Ans.|l exiftantes | dûs àlafin| qu’on | des aétions TOTAL pendant | de chaque | remibourfe| qu’on de chaque chaque année, |tous les ans. rembourfe année. année. tous les ans. | On compte les intérêts fur le pié du denier 20. Livres. Livres, 1 | 12000 | 300000 054 477000 | 777000 2 | 11046|2761ÿ50| 1002 | $o1000| 777150 3 | 10044|2$1100| 1052 | $26000| 777100 4| 8992|224800| 1104 | 552000 | 776800 5 7888 | 197200| 1160 | 580000 | 777200 | 6Ù 6728 168200! 1218 | 609000 | 777200 7| 5510[137750| 1279 |639500| 777250 8| 4231|105775| 1342 | 671000 | 776775 9] 2889| 72225| 1410 |7o5000 | 777225 10| 1479] 36975! 1479 |739500 | 77647; Voici l'explication & l’ufage de cette table. Suppofons qu’une compagnie de négocians , ou fi l’on veut l'Etat, veuille emprunter 6000000 livres en 12000 aétions de $oo livres chacune , dont on paye l'intérêt au denier 20 ; cette compagnie rendra donc 300000 livres chaque année; favoir, 25 livres pour chaque billet. Suppofons outre cela que cette compagnie fe propofe de rembourfer chaque année une partie des billets , il eft évident qu’ellé devra donner chaque année plus de 300000 livres. Suppo- {ons enfin qu’elle veuille donner chaque année à peu près la même fomme, tant pour les intérêts que pour le rembourfement d’une partie des billets, enforte que tout {oit rembourfé au bout de dix ans ; on de- mande combien il faudra rembourfer de billets par an. On trouve d’abord, par la premiere table ci-def- fus, que fi on veut rembourfer 6oo000o livres en dix ans , en dix payemens égaux fur le pié du de- nier 20 , il faut 777000 livres par an ; ainfi comme les intérêts de 6000000 livres au bout d’un an font 300000 livres , il s'enfuit qu’il refte 477000 livres qui fervent à rembourfer 954 billets. Le débiteur ne doit donc plus que 11046 billets dont les intérêts dûs à la fin de la feconde année font 276150 livres, qui étant Ôtées des 777000 hv. que le débiteur paye à la fin de chaque année , refte 500850 livres qui fourniflent prefque dequoi rembourfer 1002 billets, &c. Pour les rembourfer exaétement, il faut 777150 livres ; au lieu de 777000. Par ce moyen on pent faire l'emprunt par claffes: La premiere fera de 954 billets rembourfables à [a fin de la premiere année, le débiteur payant 777000 livres ; 1002 à la fin de la feconde , le débiteur payant 777150 livres; 1052 pour être rembourfés à la fin de la troifieme année , le débiteur payant 777100 livres , &c. ainfi de fuite. Cette forte d'emprunt pourroit être commode & avantageufe en certaines occafons , tant pour le dé- biteur que pour le créancier. Foyez l’ouvrage cité pag. 32 & fuiv. (O) | ANNULAIRE ( Anatomie. ) épithete que l’on don: ne à plufieurs parties du corps qui ont de la reffem- blance avec un azneau, Voyez ANNEAU. … Le cartilage arzulaire eft le fecond cartilage du larynx ; il eft rond & il entoure le larynx de toutes parts, on l’appellé attfi cricoïde. Voyez LARYNx 6 CRICOIDE. Le ligament arrulaire eft un ligament du carpe ou poignet. Voyez LIGAMENT. Son ufage eft de reftreindre les tendons des difé- rens mufcles de la main & des doigts , afin d’empê- cher qu'ils ne fe dérangent quand ils agiflent. Voyez CARPE , MAIN, DoIGr, &c. Le ligament du tarfe eft aufli nommé azrulaire. Voyez TARSE. Ajoûtez que le fphin@ter , mufcle de l'anus , eft auffi nommé arrulaire à caufe de fa figure. Voyez SPHINCTER. (L) éd ANNULAIRE ( protubérance), W, PROTUBÉRANCE. (&) | ANNULAIRE , épithete que l’on donne au quatrie: me doigt, parce que c’eft celui qu’on orne d’une bague ou d’un anneau. Voyez Doict. (L ANNULAIRES (routes) ( coupe des pierres.) Ce font celles dont la figure imite les anneaux en tout ou en partie; telles font les voûtes fur noyau , & dont le plan eft circulaire ou elliptique. La fgure z. de la Coupe des pierres repréfente une voûte azrulaire en perfpettive, & dont le plan eft cireulaire. On doit confidérer ces voütes comme des voûtes cylindriques dont l’axe feroit courbé circulairement : les joints de lits des clâveaux étant. prolongés , doi- vent pafler par l’axe , & les joints font des portions de furfaces coniques. Les joints de tête doivent être perpendiculaires à l’axe , & en liafon entre eux comme doivent l'être ceux de toute bonne efpece de maçonnerie. Voyez LiA180N. (D) ANNULLATION , f. f. rerme de Palais , eft la mé- me chofe que caflation ou refcifion. ANNULLER , v. a@. ( Jurifprudence. ) c’eft cafer, révoquer un ftatut ou réglement, un ae , procédu- re ou autre chofe de cette nature. Voyez Cassa= TION , RESCISION , RÉVOCATION, Gr. C’eft une regle en Angleterre , qu’un aéte du Par- lement ne peut être révoqué dans la même feflion où il a été arrêté. Voyez PARLEMENT. Un teftament ou autre acte ne peut être annullé quant à quelques difpofitions, & avoir fon exécution quant aux autres. Sur l’oppofition à fin d’annuller, voyez OPPOSITION. H 3 ANNULLER , v. att. cafler un aéte , le rendre de nulle valeur : en fait de commerce on arzrulle un bil- let, une lettre de change, une vente , un marché, une obligation, Gc. ANNULLER , terme de Teneur de livres. Annuller en fait de parties doubles , fignifie rendre un article nul, le mettre en état de n’être compté pour rien. Pour arnuller un article qui a été mal porté , foit fur le journal, foit fur le grand livte, il faut mettre à la marge à côté de l’article un ou plufeurs o ; ou bien , comme font quelques-uns , le mot vanas, ter- me corrompu du Latin , qui fignifie vair ou 741. (G) * ANNUS , £. m. ( Æiff, nas. bot, ) racine Péru- Vienne de la longueur & de la grofleur du pouce, æmére 4u goût. Les Indiens la mangént cuite ,| & penfent qu'elle rend impuiffant ou ftérile. ANOBLISSEMENT, { m. (Jwrifprudence.) fa- veur du Prince, qui donne à un roturier le titre de noble. Je dis faveur du Prince, parce qu'il n’y a que le Roi en France qui ait le pouvoir de faire des no- bles ; comme il n’y a que l'Empereur qui le puifle en ‘Allemagne, Or lé Roi donne la noblefle ou en conférant le titre de chevalier , ou par des lettres d’arobliflement , ou par des provifons d’offices qui donnent la noblefle ; gomme de Confeillers au Par- lement , de Secrétaires du Roi & de quelques autres, Voyez NOBLESSE. ( H) ANOD YN. Voyez CALMANT. ANOLIS , f. m. (ff. nar. ) léfard fort commun aux Antilles de l'Amérique ; il a fept ou huit pouces de longueur , y compris la queue qui eft beaucoup plus longue que le corps ; 1l n’eft pas, à beaucoup près , fi gros que le petit doigt ; fa tête eft plus lon- gue que celle de nos léfards ordinaires, Sa peau eft jaunâtre , & il eft marqué de raies bleues , vertes, grifes qui s'étendent depuis le deflus de la tête juf- qu'au bout de la queue. Les arolis fe cachent dans la terre ; ils reftent pendant la nuit dans leurs trous, où ils font un bruit plus aigu & plus incommode que celui des cigales ; pendant le jour on les voit autour des cafes ; ils courent continuellement pour cher- cher leur nourriture. On mange cet animal , & on le trouve fort tendre & fort facile à digérer. Hiffoire naturelle & morale des Antilles, Ec. Nouveaux voya- ges aux Îles de l'Amérique, Gt. Les arnols qui font décrits par le P. du Tertre, dans fon Æiff. nat. des Antilles | paroïflent différens des précédens , puifqu’ils ont jufqu’à un pié & demi de longueur , & que leur groffeur approche quel- quefois de celle du. bras ; ils ont le ventre de cou- leur grfe cendrée , le dos tanné tirant fur le roux ; le tout rayé de bleu , & la tête marquetée comme les autres léfards ; les mâchoires font un peu efilées. Ils ne fortent de la terre que pendant la grande cha- leur du jour , & alors ils rongent les os & les arré- tes des poiflons qu’on a jettés hors des maïfons ; ils fe nourriflent aufli quelquefois d’herbes , fur-tout de celles des potagers; fi on en tue quelqu'un, les autres le mettent en pieces & le mangent. rom. II. page 312.(1) | ANOMAL , adj. serme de Grammaire ; 1] fe dit des verbes qui ne font pas conjugués conformément au paradigme de leur conjugaifon ; par exemple le pa- radigme où modele de la troifieme conjugaifon la- tine , c’eft /ego : on dit Lego , legis, legit ; ainfi on de- vroit dire fero , féris , ferit ; cependant on dit féro, fers , fert ; donc fero eft un verbe arzomal en Latin. Ce mot azomal vient du Grec wvouarcc, inégal , irré- gulier, qui n'efl pas femblable. A'rouano eft formé d'oparcs, qui veut dire égal, femblable, en ajoûtant V4 privatif &r le », pour éviter le bâillement. Au refte , 1l ne faut pas confondre les verbes de- feiifs avec les aromaux ; les défe&ifs font ceux qui manquent de quelque tems , de quelque mode ou de quelque perfonne ; & les azomaux {ont feulement ceux qui ne fuivent pas la conjugaifon commune : ainfi oportet eft un verbe défe@&if plütôt qu’un verbe anomal ; cat 1l fuit la regle dans les tems & dans les modes qu'il a. | _ Il y a dans toutes les langues des verbes azomaux, & des défe&its, auffi-bien que des inflexions de mots qui ne fuivent pas les regles communes. Les langues le font formées par un ufage conduit par le fenti- ment , & non par une méthode éclairée & raifonnée. La Grammaire n’eft venue qu'après que les langues ont été établies. (F . ANOMALIE ;1.ef, serme de Grammaire ; c’eft, le nom abftrait formé d'azomel, Anomalie fignifie irré- ANO 387 gularité dans la comugaifon des verbes , comme féros Jers , fèrt, & en françois aller , &c.( F) ANOMALIE , anomalia , {. f. ( Affronom. ) L’ano+ malie eft en Aftronomie la diftance angulaire du lieu réel où moyen d’une planete à l’aphélie on à l’apoz gée ; c’eft-a-dire , c'eft l'angle que forme avec la li2 gne de l'apogée une autre ligne , à l'extrémité de la» quelle la planete eft réellement, ou eft fuppofée être. Voyez PLANETE , APHÉLIÉ , & APOGÉE. Ce mot anomalie , qui eft purement grec, fignifié proprement srrégulariré, auf fert-il à défigner le mout vement des planetes,qui comme l’on fait n’eft pasuni- forme. L’enomalie eft, pour ainfi dire ; la loi des irré2 gularités de'ce mouvement. Kepler diftingue trois anomalies ; la moyenne, excentrique, & la vraie. L’anomalie fëmple où moyenne, eft, dans l’Aftro- nomie ancienne, la diffance du lieu moyen d’une planete à l’apogée. Voyez Lieu. Dans lAftronomie nouvelle, c’eft le tems ém- ployé par une planete pour pafler de fon aphélie 4, au point ou lieu 7 de fon orbite, Plan. ’Affronom. fig: 2. Or laire elliptique 4 $ Z étant proportion- nelle au tems employé par la planete à parcourir l'arc 4 T, cette aire peut repréfenter l’eromalie moyenne ; de même que l'aire S X À , formée par la ligne SX, & la droite L À qui pañle par Le lieu de la planete , qui eft perpendiculaire à la ligne des ap: fides, & qui eft prolongée jufqu’à ce qu’elle conpe le cercle D 4 ; car cette derniere aire eft toûjours proportionnelle à l’aire S 14 , comme Grégori l’a démontré , ZvaLIl. elem. d’Affron. Phyfig. Marh. 6 Tranfaë. phil. n°. 4,47. p.218. | L’aromalie excentrique ou du centre, eft, dans l’A- ffronomie nouvelle, Parc du cercle excentrique 4X, fig. 2. compris entre l’aphélie 4, & une droite XL qui pafle par lé centre J de la planete, & qui eft per- pendiculaire à la ligne des apfides 4 P. On donne aufli le nom d’aromalie excentrique à angle ASK, Voyez EXCENTRIQUE. L’anomalie vraie, ou, comme difent les auteurs Latins , aromalia œquata , anomalie évalée, eft Van- gle au centre ou au foleil 4 S TJ, fous lequel ôn voit la diftance 47 d’une planete à laphélie; c’eft:à-diré, l’angle du fommet de l’aire proportionnellé au tems employé par la planete à pafler de l’aphélie 4 à fon lieu 2. Cet angle eft différent de l’änomalie moyenne, n'étant pas proportionnel au feéteur 4 SI. L’aromalie moyenne, aufi bien que l’aromalie vraie dé la planete, fe comptent l’une & l’autre de- puis l’aphélie : mais fi on veut compter dépuis le commencement du figne du bélier, alors ce nom d'anomalie fe change en célui de rouvement de la planete en longitude ; lequel eft aufñi de deux for- tes; favoir , 1°, le moyen mouvement tel qu'il paroïîtroit véritablement , fi l’œil étant au centre d’une orbite circulaire, voyoit décrire à la planete cette même orbite d’un mouvement toûjours égal & uniforme : 2°. le mouvement vrai, qui eft celui que lon obferve dans la planete , l’œil étant placé au foyer de fon orbite elliptique : il eft fucceflivement accéléré ou retardé, felon les différentes diftances de la planete au foleil. _L’aromalie vraie étant donnée , il eft facile dé trou- ver lParomalie moyenne; car Vangle au foleil 4S Z étant donné , c’eft un problème affez fmple que de déterminer par le calcul la valeur du feéteur 4 SZ, qui repréfente l’arzomalie moyenne. Mais il y a plus de difficulté à trouver l’arormalie vraie ; l'anomalie moyenne étant donnée ; c’eft-à-dire, à déterminer la valeur de l'angle 4S 1, quand on connoît le fe&teur 4 S 1; ow, ce qui revient au même, à trouver l'angle 4S1 que parcourt la planete dans un tems donné , depuis linftant où elle a paflé: par Paphélie, 438 ANO Les méthodes géométriques de Wallis & de New- ton , qui ont réfolu ce problème par la cycloide al- longée , ne font pas commodes pour les calculs : il en eft de même de celle par les féries ; elle eft trop pénible. L’approximation a donc été dans ce cas l’u- nique reflource des Aftronomes, Ward, dans fon Affronomie géométrique , prend l'angle 4 L1, au foyer où le foleil n’eft point, pour l’anoraliemoyenne; ce qui en effet en approche beaucoup , lorfque l’or- bite de la planete n’eft pas fort excentrique : dans ce cas on réfout fans peine le problème: mais on ne peut fe fervir de cette méthode que pour des orbites très-peu excentriques. Cependant Newton a trouvé un moyen d’appli- quer à des orbites aflez excentriques l’hypothefe de Ward; & 1il aflure que fa correétion faite, & le problème réfolu à fa maniere , l’erreur fera à peine d’une feconde. Voici cette méthode, qui eft expliquée à la fin de la feétion vj. du I. livre des Principes, & qui a été commentée par les Peres le Seur & Jacquier, Soient 40,0 B,0 D, ( fig. GG. PL. Afir.) les demi-axes de l’ellipfe, Z fon parametre, & D la différence entre la moitié du petit axe O D, &la moitié + L du parametre : on cherchera d’abord un angle Y, dont le finus foit au rayon, comme le rec- tangle de D par 4 O + O D, eft au quarré de 4 B; enfuite on cherchera un angle Z, dont le finus {oit au rayon comme deux fois le reétangle de D & de la Dre des foyers $ Æ , eft à trois fois le quarré de 4 O : après cela on prendra un angle T, propor- tionnel au tems que la planete a employé à décrire larc BP; un angle Fqui foit à l'angle F, com- me le finus de deux fois Pangle T'eft au rayon ; & un angle X, qui foit à l'angle Ÿ comme le cube du finus de l’angle T'eft au cube du rayon. On prendra l'angle 8 HP égalà T + X +, l'angle T eft moindre qu'un droit ; ou à T + X— F7, fi l'angle T eft plus grand qu’un droit, & moindre que deux droits ; & ayant mené $ P qui pafle par le foyer S & par le point P où l’ellipfe eft coupée par la ligne JP, on aura l'aire B S P , à très-peu-près pro- portionnelle au tems. … Mais une des plus élégantes méthodes qui aient été données pour réfoudre ce problème, eft celle que M. Herman a expofée dans le premier volume des Mémoires de l’Académie de Petershourg , page 146. Il remarque d’abord avec tous les Géometres & les Aftronomes, que la difficulté fe réduit à trouver dans le cercle 4 N D ( PL. Affron. fig. 6 7. ) l'angle Æ E B., qui répond au fé@teur donné 4 £ B : or fai- fant le feéteur C 4 M égal au fe&eur ZE B , &joi- gnant M Æ , puis tirant C N parallele à E M, & joi- gnant enfiute £ N, il trouve que l’angle ZE N eft à très-peu près l’aromalie vraie, & que dans l'orbite de la terre l’erreurne va pas à quatre quintes. Il don- neenfuite un moyen de corriger l'erreur, en prenant l’angle BE N égal à une certaine quantité qu’il dé- termine ; ce qui donne le lieu B , ou l’angle BE À, qui, repréfente encore plus exaétement l’aromalie vraie, (O) ANOMALISTIQUE , adj. m. ( Affron. ) l'année anomaliflique , où l’année périodique , eft l'intervalle de tems que la terre employe à parcourir fon orbite: on lappelle aufli année fidéréale. V. oyez AN. : L'année anomaliflique où commune eft un peu plus longue que l’année tropique, qui eff le tems qui s’écoule entre deux équinoxes voifins de printems ou d’au- tomne : cette différence naît de la précefion des équinoxes, c’eft-à-dire, de ce que les équinoxes re- viennent un peu plütôt que l’année révolue. Voyez PRÉCESSION 6 AN. (O0) ANOMEENS , ox DISSEMBLABLES, adj. pris fub. ( Théo. ) dans l’Hiftoire eccléfiaftique ; nom qu'on donna dans le 1V* fecle aux purs Ariens, par- ce qu'ils enjeignoient que Dieu le fils étoit diflem- blable , éyusso , à fon pere en eflence & dans tout le refte, Ils eurent encore différens noms, comme d’46: tiens, d'Eunomiens , &c. qu’on leur donna à caufe d’Aëtius & d’Eunomius leurs chefs. Ils étoient Op= polés aux /émi-Ariens, qui moient à la vérité la con- fubitantialité du Verbe , c’eft-à-dire l'unité de natus re du Verbe avec le Pere , mais non pas touts ref: {emblance. Voyez ARIEN, SEMI-ARIEN: Ces variations firent que ces hérétiques ne s’attas querent pas moins vivement entr'eux qu’ils avoient attaqué les Catholiques ; çar les {emi-Ariens con= damnerent les Aroméens dans le concile de Seleu- cie, &c les Anoméens à leurtour condamnerent les {e- mu-Ariens dans les conciles de Conftantinople & d’Antioche, en effaçant le mot quoëosss de la for- mule de Rimini & de celle d’Antioche , & proteftant que le Verbe avoit non-feulement une différente {ub- ltance, mais encore une volonté différente de celle du Pere. F. Homoowcros. Socrate, liv. LL, Sogome- ne, iv, IV, Théodores, Liv. IF. (G) * ANONA, ( Hiff. nar. ) fruit qu'on trouve à Ma- laque aux Indes : l'arbre qui le porte eft petit, & ne paile pas pour l'ordinaire douze à quinze piés. L’é- corce en eft blanchâtre en dehors , rouge en dedans, & aflez raboteufe ; la feuille petite, épaifle, & d’un verd pâle: la fleur compofée de trois feuilles lon- gues , triangulaires & fpongieufes , qui fermées for- ment une pyramide triangulaire. L’odeur en eft agréable ; le fruit eft conique , fort gros par la bafe où eft attaché le pédicule qui eff ligneux, de la grof- {eur du petit doigt, & de la couleur du bois de l’ar- bre , fe divifant en plufeurs flamens blancs qui tra- yerient la fubitance du fruit. Lorfque Le fruit eft mûr, la peau er eft rouge , d’une affez belle couleur, Hffe & munce, contre l'ordinaire des fruits des Indes, qui l'ont fort épaifle , à caufe de la grande chaleur. Le dedans eft rempli d’une fubftance fort molle & fort blanche qu’on tire avec une cuilliere ; elle eftfucrée & d’un afiez bon goût : 1l y a dans le milieu plufieurs petits grains noirs , femblables à ceux qu’on trouve dans les poires, renfermés dans de longues capfules dont Le tiflu eft fort fin, & qui vont aboutir aux f- bres qui font dans le milieu du fruit de haut en bas. Lorfque le fruit eft dans fa derniere maturité , il tombe par morceaux à terre , fe détachant de la queue , &t des longs filamens qui y font joints, lef- quels demeurent à l’arbre. Cet arbre, ainf que le goyavier décrit dans l’Æor- tus Malabaricus | pourroit pafler pour un poirier des Indes. Defcripe. de quelques arbres de Malaque par le P. Beze , de la Compagnie de Jefus. Mém. de l'Acad. tome 1F., * ANONE, ( Géog. mod. )fott d'Italie au duché de Milan , fur le Tanaro. Lon. 26. lat. 44. 40. ANONYME , adj. terme de Lirtérature, formé du Grec avoruss,qui lui-même eft dérivé d’é privatif, & do voua où d'yuua , rom. Ainfi anonyme fignifie qui n’a point de nom, ou dont le nom n’eft pas connu. Voyez Nom. On donne cette épithete à tous les ouvrages qui paroïfient fans nom d’auteur, ou dont les auteurs font inconnus. M Decker , confeiller de la chambre impériale de Spire , & Placcius de Hambourg , ont donné des ca- talogues d'ouvrages aronymes. Bure, Gotth, Stru- vius , ont traité des favans qui fe font occupés à dé- terrer les noms des auteurs dont les ouvrages font anoryInes, « Parmi les auteurs , dit M. Baïllet, les uns fup- » priment leurs noms ; pour éviter la peine où la » confufion #confufion d’avoir mal écrit , ou d’avoir mal chorfi » un fujet ; les autres, pour éviter la récompenfe ou » la fouange qui pourroit leur revenir de leur tra= » vail : ceux-ci par la crainte dé s’expofer au public, » & de faire trop parler d’eux ; ceux-là par un mou- » vemént de pure humilité , pour tacher de fe ren- # dre utiles au public fans en être connus : d’autres » enfin par une indifférence & un mépris de cette + vaine réputation qu'on acquiert en écrivant, parce # qu'ils confiderent comme une baflefle & comme #une efpecé de deshonneur (il faMoit plütôt dire » comme un {ot orgueil ) de paffer pour auteurs, de » même qu’en ont ufé quelquefois des princes, en pu: +» bliant leurs propres ouvrages fous le nom de leurs » domeftiques ». Jugem. des Savans, tome I. Il réfulte ordinairement deux préjugés de la pré- caution que les auteurs prennent de ne pas fe nom- mer : une eftime excefhve , ou un mépris mal fondé pour des ouvrages fans nom d’auteur ; parce qu'un nom pour certaines gens eftun préjugé qui leur fait adopter tout fans examen ; & que pour d’autres, un livre anonyme eft toljours un ouvrage intéreflant , quoique réellement il {oit foible ou dangereux. Ce n’eft que dans ce dernier cas qu’on peut con- damner les auteurs azonymes : tout écrivain qui par timidité, modeftie, ou mépris de la gloire , ne s’af- fiche point à la tête de fon ouvrage , ne peut être que louable. Ce n’étoit pas la vertu favorite de ces Philofophes dont Cicéron a dit : 12% 5pft Philofophi qui de contemnendé glorié [cribunt , etiam libris fuis-no- onen fuum infcribunt. Pro Arch. Poet. (G) ANONYME, adj. M. Boyle a introduit ce terme en Chimie. Trouvant par l'expérience qu'on pouvoit fé- parer du tartre & de plufieurs bois, un efprit qui dif- fere par un grand nombre de qualités des efprits vi- neux, acides & urineux , &gm’ayant pü en décou- “vrir tout-à-fait la nature , 1l l’appella e/prir anonyme, & dans d’autres endroits e/prit neutre ou adiaphore , de tartre , de bois, &c. (M) _* ANONYMOS , ( Hiff. rat. bo. )ily a plufieurs plantes de ce nom: celle qu’on appelle azorymos ri- befii foliis , eft unetæfpece d’arbrifleau quinous vient de Virgime & du Canada ; il a la feuille du grofeil- ler , & des fleurs à cinq petales , blanchäâtres , dif pofées en ombelle à l’extrémuté des tiges , & portées fur de petits pédicules oblongs : le calice a cinq feuit- les ; le calice eft remplacé par deux & quelquefois trois filiques , femblables à celles de la confoude, mais fans femence dans nos climats. … L'aronymos frutex brafilianus , florè keiri , a l’écor- ce cendrée , les feuilles alternativement oppofées, pointues , dentelées par les bords , d’un verd bril- lant, & traverfées de nervures obliques; la fleur en épi a l’extrénuté des branches d’une belle couleur de chair, & jauniffant à mefure qu’elle tend à s’ou- vrit : elle a cinq pétales, & chaque pétale eft fur une feuille pointue, d’un verd pâle. On lui remarque beaucoup d’étamines , & l'odeur de la violette jau- HÉPR AY Vs NEA. L’aronymos flore coluth. Clufi , &c. croit en Alle- magne. Îl y a encore deux fortes d’anonymos brafi- lana. LE LE ANORDIE,, f.f. ( Marine. ) On appelle ainf des tempêtes de vent de nord qui s’élevent dans certains terms dans le golphe du Méxique , & fur Les côtes de la nouvelle Efpagne. (Z ) ANOREXIE , f. f. ( Medecine. ) averfon pour les alimens , occafionnée où parun dérangément d’efto- mac , ou par une furabondance d’hümeurs. | Le relâchement des fibres de l’éflomac dans les pertes , dans la groffeffe commençante, dans la fup- preffion des regles , dans les pâles couleurs , pro- duit l’arorexie & le dégoût ; la tenfion de l’eftomac, fa phlogofe dans la fievre ardente, dans linflam- Tome I, ANS 489 mation dè ce vifcere , dans l’affedion hypochon: driaque, occafionnent le même fymptôme. … La furabondance des humeurs, la falure épaiffe & vifqueufe, alkaline & empyreumatique , qui s’at- tache aux parois de cé vifcere, font caufe de lazo- rexie, L rs Les remedes de l’arorexie dépendent de fa caufe : en la détruifant on parvient à la cure de ce fymp=. tOMEM NON | | EUR, . * ANOTH, ( Géographie moderne, ) île d’An- gleterre, une de celles que les Anglois appellent 4 J'ulli , & que nous appellons Zes Sorlingues, - *ANOUT ox ANHOLT,, îlé de Danemarck dans le Catégat, aux environs de la Zélande. . * ANPADORE oz ANOPADARI, 04 ARPA: DORE, riviere de Candie que les Anciens appel- loient Cataraüus, RER # . * ANSA, ( Géog. mod.) petite riviere d'Italié dans le Frioul , qui pafle à Aquilée, & fe jette dans la mer Adriatique ; les Latins lappelloient 4/2. ANSE, f. f. en Géographie , efpece de golfe où les vaifleaux font à couvert des vents & des tempêtes. Il y a proprement deux fortes d’anfé ; on donne cé nom à une baie ou grande plage de mer qui s’a- vance dans les tèrres, & dont les rivages font cout- bés en arc. Cette forte d’arfe s'appelle {aus latior s l’autre forte d’arfe eft un enfoncement de mer qui eft entre des promontoires , & qui eft plus petite que ce qu'on appelle golfe & baie. Cette feconde efpece d’anfe fe nomme fus auguftior. Quelques Géogra phes écrivent ance, Voyez BAIE 6 Gore. (0) ANSE de panier, en coupe des pierres. Foyez BER« CEAU 6 CINTRE. ve € 1” ANSE, en terme de Vannier, c’eit une efpece de cercle d’ofier,.queles Vanniers attachent aux bords des panniers, afin qu’on puifle les porter plus com- modément, «è | hé . Ÿ ANSE, ( Géog. mod. ) ancienne ville de France dans le Lyonnoiïs. Long. 22. 20. lat. 45. 53, * ANSE de fainte Catherine, ( Géog. mod. ) baie de la nouvelle France au Canada propre, près des monts Notre-Dame, & à l'entrée du fleuve Saint Laurent. Il y a encore dans la nouvelle France, PANSE verte, l’ANSE aux lamproies , V'ANSE noire, PANSE du diamant , & l’ANSE des falines. _ ANSES, f, pl. f ez Affronomie; ce font les parties fenfiblement éminentes de l’afineau de Saturne, qu’on apperçoit lorfque cet anneau commence à s'ouvrir, c’eftà-dire, lorfque fa partie antérieure & fa partie poftérieure commencent à fe diftinguer à la vûe : el- les ont la forme de deux anfes attachées à cette pla- nete. Voyez SATURNE & ANNEAU. (0) ANSESDE PANIER, ( ez Serrurerie. ) cé font des morceaux d’ornemens en rouleaux qui forment l’ajé de panier, & qui en ont pris le nom. Voyez SERRU- RERIE ; PL. 16..fig. G H, un rouleau double, en avant-corps, compofé d’un rouleau Z L, & d’une anfe de panier L L, ce qui forme le bas d’une con- fole ; & même PL. fig. M, le rouleau du haut de la confole, & fig. N, l’anfé de panier qui lui appartient. ANSES, en terme de Fondeur de cloches, ce font les parties par lefquelles on fufpend la cloche au mou- ton: elles font au nombre de fix difpofées comme /es fig. 4 & 5. PL, de la fonderie des cloches , les repréfen- tent. Elles fe réuniflent toutes par en haut au pont qui eft l’enfe du milieu on la feptieme, & ne font avec la cloche qu'une feule & même piece. Voyez l’article FONTE DES CLOCHES. * ANSÉATIQUES. Voyez HANSEs ANSER , v. a@. ex rerme de Boiffelier ; c’eft garnie une piece quelconque d'une verge de fer conrbée en cintre, dont les extrémités s’attachent aux bords dé l'ouvrage. | ANSETTE., f, f, en terme de Metteur en œuvre, eft Q4g . 490 ÀA NS une attache dans laquelle on pañe Îe ruban d’une croix, Ge. Cette attache eft compofee d'une branche d’or où d'argent , plus ou moins large, pliée quarré- ment à chactne de fes extrémités , qu'on foude fur la principale piece, DOS ANSETTES. Voyez ANCETTES. de * ANSIANACTES, £. m. pl. ( Geog. mod.) peu- ples d'Afrique dans Pile de Madagafcar ; vers l'ile de Ste Marie. e. #*ANSICO, (Géog. mod. ) royaume d'Afrique fous la ligne. On lit dans le D'iétionnaire géographi- que de M. Vofgien, que les habitans s’y nourriffent de chair humaine ; qu'ils ont des boucheries publi- ques où l’on: voit pendre des membres d’homme ; qu’ils mangent leurs peres, meres, freres, 8 fœurs auffi-tôt qu'ils font morts; & qu’on tue deux cens hommes par jour , pour être {ervis à [a table du grand Macoco, c’eft le nom de leur Monarque. Plus ces circonftances font extraordinaires , plus 1 faudra de témoins pour les faite croire. Y a-t1l fous la ligne un royaume appellé Æ»fco ? les habitans d’Æ/co font-ils de la barbarie dont on nous les peint, & fert- on deux cens hommes par jour dans le palais du Ma- coco? ce font des faits qui n’ont pas une égale vraif- femblance : le témoignage de quelques voyageurs {uffit pour le premier; les autres exigent davantage: Il faut foupçonner en général tout voyageur & tout hiftorien ordinaire d’enfler un peu les chofes, à moins qu'on ne veuille s’expofer à croire les fables les plus abfurdes. Voici le principe fur lequel je fonde ce foup- çon, c’eft qu’on ne veut pas avoir pris la plume pour raconter des aventures communes, m fait des mil- liers de lieues pour n’avoir vü que ce qu’on voit fans aller fi loin ; & fur ce principe j’oferois prefque affü- rer que le grand Macoco ne mange pas tant d'hommes qu'on dit : à deux cens par jour ce feroit environ foi- xante & treize mille par an; quel mangeur d’hom- mes ! maïs les feipneurs de fa cour apparemment ne s’en paflent pas , non plus que les autres fujets. Si toutefois Le pays pouvoit fufire à une fi horrible an- thropophagie, & que le préjugé de la nation fùt qu'il y a béaucoup d'honneur à être mangé par fon fou- verain, nous rencontrerions dans l’hiftoire des faits appuyés fur Le préjugé, & aflez extraordinaires pour donner quelque vraiflemblance à celui dont il s’agit ici. S'il y a des contrées où des femmes fe brûülent couraseufement fur le bûcher d’un mari qu’elles dé- teftoient ; fi le préjugé donne tant de courage à un {exe naturellement foible & timide ; fi ce préjugé, tout cruel qu’il eft, fubfifte malgré les précautions qu’on a pù prendre pour le détnure , pourquoi dans une autre contrée les hommes entêtés du faux hon- neur d’être fervis fur la table de leur monarque, n’1- roient-ils pas en foule & gaiment préfenter leur gorge à couper dans fes boucheries royales ? * ANSLO ou CHRISTIANIA, (Géog. mod.) ville de Norwege , dans la préfeéture d’Aggerhus, fur la baie d’Anflo: Long. 27. 34. lat. 59. 24. * ANSPACEH o7 OHNSPACH, ( Géog. mod. ) ville & château d'Allemagne dans la Franconie, ca- pitale de la fouveraineté d’Anfpach, fur la riviere de même nom. Long. 28. lat. 49. 14. ANSPECT , {. m. ( Marine. ) Les matelots appel: lent ainfi un levier. ANSPESSADE oz LANSPESSADE, f. m. (4e milie, ) efpece d’oficier fubalterne de l’Infanterie au- deflous des caporaux , & néanmoins au-deflus des fimples fentinelles. Voyez CAPORAL, Gc. | Ce mot eft formé de l'Italien lancia fpeyzata , lance brifée, parce qu'ils étoïent en leur origine des gen- darmes congédiés, qui folliciterent , faute de fubfif tance, un rang de quelque diftinétion dans l’Infante- _ rie :’ils font ordinairement quatre ou cinq dans cha- que compagnie, ANT “Les anfpèffades font ceux que lés-eommiffaires des revles nomment d'ordinaire dans leurs teoiftres 4y- pointés, à caufe qu’ils ont plus de paye:que les fim- ples foldats. Voyez APPOINTÉ. te) : be :*ANSTRUTTER, ( Géog. mod.) deux villes d'Ecofle, féparées par une petité riviere proche les bords de la Forth, dans la contrée de Fife. Long. 25, 10. lat. 12. re Mi 10 fe ANTAGONISME , dens l’œconomie animale, c’eft Paëton d’un mufcle dans un fens oppoié à celle d’un autre mufcle fon antagonifte. Voyez ANTAGONISTE, Les animaux qui marchent la tête baïflée, ont le triangulaire du fternum inféré à quelques côtes: 1 en abbaïffe les cartilages dontil aide le reflort & l’a tagonifme. (L) ANTAGONISTE, fub. chez les Anciens fignifioit un eznemi {ous les armes & en bataille. Ce mot vient du Grec #yrayonçie, compofé d’avr}, contre , & d’ayovièouet , je combats. Aujourd’hui ce terme eft moins en ufage pour fi- gnifier un des tenans dans des combats qu fe vuident par les armes , que pour exprimer l’un ou l’autre contendant dans des difputes littéraires on des jeux d'exercice : il eft quelquefois abfolu &z quelquefois relatif. Ainfi un répondant qui {e tient fur la défen- five & qui tâche de réfoudre les objeétions quon lui propofe , a des arragonifles : maïs on ne peut pas dire qu'il foit larcagonifle des perfonnés qui difputent con- tre lui. Au contraire, deux partis qui foûütiennent des opinions oppofées &c qui fe propofent l’un à l’autre des dificultés,font réciproquement antagonifles. Ainfi les Newtoniens font les antagonifles des Cartéfiens , & ceux-ci font à leur tour les azragonifles des New- toniens. ( G ) ANTAGONISTÉ , ( Anatomie. ) épithete des muf: cles qui ont des fonétigns oppoñées. Voyez MuscLe. Tels font en tous membres le fléchifleur & l’exten- eur, dont l'un racourcit le membre &c Pautre l’étend, Voyez FLÉCHISSEUR & EXTENSEUR. Nousavonsquelques mufcles{olitatres &fansaucun antagorifle, comme le cœur, &c. #. Cœur, 6c.(£) * ANTALIUM , f£. m. (Æff. nar.) coquille marine en forme de tuyau cannelé en-dehors ; on l’appelle dattyle. Voyez D'ACTYLE: * ANTAMBA , f. m. ( Hif. nar.) animal féroce qu'on trouve à Madagafcar : il habite les montagnes, d’où il ne defcend que pour dévorer fes hommes &z les animaux. Il a la forme du léopard &c la groffeur du mâtin. LL ANTANACLASE, f. f. figure de Rhétorique , qui confifte à répeter un mot dans une figmification dif: férente & quelquefois douteufe, comme , /aiflez les morts enterrer leurs morts. Voyez RÉPÉTITION. Ce mot vient du Grec ayri, 8 avarAaoic, repercuffios parce que la même expreflion frappe deux fois lo= reille. (G) ANTANAGOGE ,f.f. figuree Rhétorique, qui confifte ou à rétorquer une raïfon contre celui qui s’en fert, ou à fe débarraffer d’une accufation, en la faïfant retomber fur celui même qui Pa formée, ou en lui imputant quelqu’autre crime ; c’eft ce qu’on appelle autrement récrimination, Voyez RÉCRIMI« NATION. | Ce mot eff formé du Grec art, contre, 8 avæyoyts rejailliffement , c’eft-à-dire preuve ou accufation qu'on fait rejaillir contre celui qui la propofe où qu lin- tente. (G) * ANTANAIRE, adject. fe dit en Fuuconnerie du pennage d’un faucon qui, n’ayant pas mué, a celui de l’année précédente; ce mot vient d’azsar, année récédente. | * ANTARADE, ( Géog. mod. & anc. ) ville de Phénicie , depuis Tortofe, puis Conftancie, aujour= d’hui Tortofe. ANT ANTARCTIQUE , adj. m. (er & Géog. ) pole antarétique, ou pole méridional , eft l’extrémité mé- ridionale de l’axe de la terre, & un des. points fur lefquels la terre tourne. oyez POLE, ARCTIQUE, éc. Ce mot eft compofé de la prépofition 411}, con- tra, vis-à-vis, & de pilos, urfa, outfe. Voyez l’arti- cle OURSE. Les étoiles voifines du pole azrarélique ne paroïf- fent jamais fur notre horifon. Ainfi à Paris, dont la latitude eft de 48 degrés so minutes, on ne voit ja- mais aucune des étoiles qui font éloignées du pole antarélique de moins de 48 degrés so minutes : car ces étoiles demeurent toüjours au-deflous de l’hori- fon de Paris. Voyez ÉTOILE , HORISON, &c. Cercle antarilique, ou cercle polaire artarétique ; c’eft un des petits cercles de la fphere ; il eft paral- lele à l'équateur, & éloigné du pole méridional de 234 30/. Voyez CERCLE. L’épithete d’ansaritique lui vient de fon oppofñition à un autre cercle, qui eft auffi parallele à l’équateur & à Ja diftance de 23% 30’ du pole feptentrional. On l’appelle cercle aréfique polaire. Voyez ARCTIQUE. La partie de la furface du globe terreftre , comprife en- tre le pole arraritique &c le cercle polaire anraréique, eftappellée zone glacée méridionale, Voyez ZONE. (O) ANTARES, ez Afronomie , eft le cœur du Scor- pion, étoile de la premiere grandeur du nombre de celles qui forment la conftellation du Scorpion. Voyez Scorpion. (0) * ANTASTOVAIS, ANTOQUES & ANTATO- QUES, f. m. pl. ( Géog. mod.) peuples de l’Améri- ue feptentrionale dans la nouvelle Yorck. * ANTAVARES, f. m. pl. ( Géog. mod. ) peuples de l’île de Madagafcar dans la partie méridionale, entre le Matatane au midi, & les Vohits-Menes au feptentrion : ils font arrofés par le Mananzari. * ANTE , ( Géog. mod. ) ville & port d'Afrique dans la Guinée, à trois lieues du cap des trois Poin- tes , vers Moure. C’eft auf le nom d’une petite riviere de Norman- die, qui a fa fource au-deflus de Falaïle , & qui {e jette dans la Dive. | ANTÉCEDENT , adj. anrecedens, qui précede, qu marche devant; du Latin ante, devant, & ince- dere, marcher. Ce terme eft ufité ez Théologie, où l’on dit decret antécédent , volonté antécédente. Decret antécédent eft celui qui en précede un au- tre, ou quelqu'aétion de la créature , ou la prévifion même de cette ation. Voyez DECRET. Les Théologiens font fort partagés pourfavoir , fi la prédeftination à la gloire eft un decret azrécédenr , oufubféquent à la prévifion de la foi & des mérites de ceux qui font appellés. C’eft une opinion qu’on agite librement pour & contre dans les écoles catholiques, & toutes deux font fondées fur des autorités & des raons très-fortes. ; … Volonté antécédente dans un fens général, eft celle qui précede quelqu’autre volonté, defir ou prévifon. Dans un fens plus reftraint, la volonté aniécédente en Dieu eftcelle qui fe propofe un objet , par exem- ple, le falut de tous les hommes , mais prévifon faite de leurs mérites ou-démérites. | On difpute beaucoup dans les écoles fur la nature de cette volonté : les uns prétendent que ce n’eft qu’une volonté de figne , une volonté métaphori- que, inefficace , un fimple defir qui n’a jamais d’effet. Les autres.-au contraire foûtiennent que c’eftune vo- lonté de bon plaïfir, volonté fincere & réelle , qui n’eft privée de {on effet que par la faute des hommes quin’ufent pas ou qui utentmal des moyens que Dieu leur prépare , leur offre ou leur accorde pour opérer leur falut. Voyez VOLONTÉ, SALUT. Il eft bon de remarquer que çe terme errécédensn’eft Tome I, à mt à ANT A49T appliqué à Dieu que relativement à l’ordre de la na= ture, & non pas à celui dela fucceffion. En effet Dieu, conféquemment à {es perfedions infinies, voit &pré- voit en même tems & fans diverfité dans la maniere, tant l’objet de fa prévifion , que les circonftances in- féparables de cet objet. De même il veut en même tems tout ce qu'il veut, fans fucceflion &c fans ncon- ftance : ce qui n’empêche pas que Dieu ne puiffe vou- loir ceci à l’occafñon de cela, ou qu'il ne puife avoir un defir à caufe de telle prévifion. C’eft ce que les Théologiens appellent ordre ou priorité de nature, prioritas naturæ , par oppofition à l’ordre ou 4 La prio- rité du tèms, prioritas temporis. ( G ) ANTÉCÉDENT , fe dit ez Grammaire, du mot qui précede le relatif. Par exemple y Deus quem adoramus fl omnipotens ; Deus eft l’antécédent , c’eft le mot qui précede quem. (F) ANTÉCÉDENT , ez Logique : on appelle antécédent la propofition dont on infere une autre, #, ENTHY- MEME. Et l’on appelle con/équent la propoñition qu’on infere de lanrécédenr. ( X ANTÉCÉDENT d’un rapport, ez Mathématique, ef le premier des deux termes qui compofent ce rapport. Ainfi dans le rapport de 4 à 3 , le premier terme 4 eft l’antécédent. Voyez RAPPORT , 6 CONSÉQUENT. En général , dans le rapport de # à b, a eft l’anrécé- dent, (O) | ANTECEDENTIA ; terme d’Afronomie, On dit en Aftronomie qu’une planete fe meut 27 antecedentia , lorfqu’elle paroït aller vers l'occident contre l’ordre des fignes, comme du Taureau dans le Bélier. Voyez PLANETE, SIGNE , &c. Au contraire lorfqu’elle fe meut du côte de l’orient,en furvant l’ordre des fignes,, comme du Bélier dans le Taureau , on dit qu’elle fe meut 272 confequentia. (©) ANTECESSEURS, f. m. plur. ( Æi/£. mod. ) nom dont on honotoït ceux qui précédoient les autres en quelque fcience, du mot Latin aztecedere. Juftinien l’appliqua particulierement aux Jurifconfultes char- de RU ; 1 ; gés d’enfeigner le Droit; & dans les Univerfités de France, les Profeffeurs en Droit prennent le titre ; P d’Anteceffores en Latin dans les thefes & dans les afhches. (G) ANTECHRIST , £. m. (Théol.) ce terme eft formé de la prépofñition Greque avr), contra, & de ypisos , Chriflus. Il figniñie en général un ennemi de Jefus- Chrift , un homme qui nie que Jefus-Chriff foit venu, & qu'il foit le Meflie promis. C’eft la notion qu’en donne PapôtreS, Jean dans fa premiere épitre, ch. 2. En ce fens on peut dire des Juifs & des infideles que ce font des antechrifis. Par Antechrif on entend plus ordinairement un ty- ran impie & cruel à l’excès , qui doit régner fur la terre lorfque le monde touchera à fa fin. Les perfé- cutions qu'il exercera contre les élüs , feront la der- niere & la plus terrible épreuve qu'ils auront à fubir. Jefus-Chrift même a prédit qu'ils y euflent fuccombé fi le tems n’en eût été abregé en leur faveur. C’eft par ce fléau que Dieu annoncera le jugement der= nier & la vengeance qu'il doit prendre des méchans. L’Ecriture & les Beres parlent de l’Azrechriff, com me d’un feul homme auquel à la véritéils donnentun grand nombre de précurfeurs. Suivant S. Irénée S. Ambroife, S. Auguftin, & prefque tous lesautres Peres., lAnrechniff doit être non un homme engendré par un démon , comme l’a prétendu S.Jerôme, ni un démon revêtu d’une chair apparente & phantafti- que ; moins encore un démon incarné , comme l’ont imaginé d’autres, qui ont penfé que pour perdre les hommes le démon devoit imiter tout ce que Jefus- Chrift a fait pour les fauver; mais un homme de la même nature, & conçù par la mème voie que tous les autres, mais qui ne differera d’eux que par une Qgqqi 492 ANT malice & une impiété plus dignes d’un démon que d’un homme, Il en eft qui croyent qu'il doit naïtre d’un Juif & d’une Juive de la tribu de Dan; qu’il dé- ployera tous fes artifices &c fa cruauté contre PEglife & l'Evangile; s’élevera contre Dieu même, fe fera bâtir un palais fur la montagne d’Apadno , rétablira la ville & le temple de Jérufalem, & là fe fera adorer, publiant qu’il eftle vrai Dieu & le Meflie attendu des Juifs ; fecondé par la puiffance du démon , il étonnera & entraînera les peuples dans la féduétion par des prefliges capables d’ébranler même les élüs, Sa naïffance fera précédée de fignes extraordinaïi- res, tant au ciel que fur la terre. Son regne ne durera que trois ans & demi: mais il fera fignalé par des cruautés inoiies. Enoch & Elie viendront le com- battre, & ce tyran les fera mettre à mort dans l’en- droit même où Jefus-Chrift fut crucifié. Leurs corps feront expoés dans les rues de Jérufalem, fans que perfonne ofe en approcher, ni leur donner la fépul- ture: mais trois jours & demi après , l’efprit, de vie envoyé de Dieu entrera dans ces cadavres, Elie & Enoch reflufciteront & feront enlevés au ciel dans une nuée. Enfin le Chrift ne pouvant plus fouffrir la perverfité de fon ennemi, le tuera du foufile de fa bouche, & le perdra par l’éclat de fa puiffance. Tel eft le tableau que l’Ecriture & les Peres nous ont tracé de l’Anechriff. Il fufit d’y jetter les yeux pout fentir combien un grand nombre d'écrivains P roteftans fe font écartés de la vérité & du bon fens, en appliquant au Pape & à l’Eglife Romaine tout ce que l’Ecriture, & fur-tout l’Apocalypfe, dit de l47- rechrift. Labfurdité de cette idée n’a pas empêché que les Proteftans du dernier fiecle ne l’ayent adopté com- me un article de foi. Dans leur xvir fynode natio- nal, tenu à Gap en 1603 , ils affeéterent même de pu- blier que Clément VII. qui deécéda quelque tems après, étoit mort de chagrin de cette décifion : mais ce Pontife aufi-bien que le Roi Henri IV. qu'ils avoient déclaré entplein fynode race de l’Arrechrif?, n’oppoferent à leursexcès que la modération , le mé- pris, & le filence. | Quoique lefavant Grotius & le doéteur Hammond fe fuflent attachés à détruire ces rêveries, on a vü fur la fin du fiecle dernier Tofeph Mede en Angleterre &c le miniftre Jurieu en Hollande ,es préfenter {ous une nouvelle forme , qui ne les a pas accréditées da- vantage. Décriés dans leur propre feéte , ces écri- vains ont trouvé parmi les Catholiques des adver- faires qui ont démontré tout le fanatifme de leurs pro- phéties & de leurs explications de ’Apocalypfe, par lefquelles ils s’efforçoient de montrer que lAzcechrif£ devoit paroitre &c {ortir de l’Eglife Romaine vers l’an 1710. On peut confulter fur cette matiere | Æi/foire des Variations pat M. Bofluet , om, II. iv. XTIT. de- puis l’art, 11. jufqu'à la fin du même livre. Grotius a prétendu que Caligula avoit été l’Arre- chrifl: mais ce fentiment ne s'accorde pas avec ce que l’Ecriture & les Peres nous apprennent de la ve- nue de l’Artechrift à la fin du monde. I] feroit inutile de s’arrêter fur les diférens noms que divers Auteurs , tant anciens que modernes ,ont donnés à l’Arrechrift ; fondés {ur un paffage du xt} cäp. de l’Apocalypfe, où il eft dit que les lettres du nom de la bête , c'eft-à-dire de PAntechrif , expni- ment le nombre de 666 : car les lettres qui expri- ment ce nombre étant fufceptibles d’une multitude de combinaïlons différentes, & ces diverfes combi naïfons formant autant de noms différens, il paroît fort difficile, pour ne pas dire impoffble, qu’onait féuffi à trouver la véritable. Quoi qu'il en foit , on peut voir dans la bibliotheque de Sixte de Sienne, liv. IL, une partie de ces noms, dont le plus probable paroît être celui qu'ont imaginé 8, Irenée & S, Hip- ANT polyte ; favoir réirar, mot Grec qui fionifie géans, & qui eft compofé de fix lettres dont la valeur numé: rale équivaut à 666. On trouve parmi les écrits de Raban-Maur, d'a bord abbé de Fulde, puis archevêque de Mayence, auteur fort célebre du neuvieme fiecle, un traité fur la vie & les mœurs de lAnrechrifl. Nous n’en citerons qu'un endroit fingulier ; c’eft celui où l’Auteur , après avoir prouvé par $, Paul que la ruine totale de l’'Em- pire Romain, qu’il fuppofe être celui d'Allemagne, précédera la venue de l’Aechriff, il conclut de la for- « te: Ce terme fatal pour l’Empire Romain n’eft pas » encore arrivé. Il eft vrai que nous le voyons au= » jourd’huiextrèmement diminué , & pour ainf dire » détruit dans fa plus grande étendue : maïs il eft » certain que fon éclat ne fera jamais entierement » échpfé ; parce que tandis que Les Rois de France » qui en doivent occuper le trône fubfifteront , ilsen » feront toùjours le ferme appui ». Hoc tempus non- dum advenit ; quia licet Romanum imperium videamus ex imaximé parte deftrutfum , tamen quandiu Francorumt Reges duraverint qui Romanum imperium tenere debent. , Rormant imperit dignitas ex toto non peribit, quia in re- gibus fuis flabir. Etrapportant enfuite le fentiment de quelques Doéteurs de bon fens il ajoûte : « Quel- » ques-uns de nos Doëteurs aflürent que ce fera un » Roi de France qui à la fin du monde dominera fur » tout l’Empire Romain. Ce Roi fera le dernier & le »# plus grand qui ait jamais porté le fceptre, Après le » regne le plus brillant & le plus heureux, 1l ira à » Jérufalem dépofer fon fceptre & fa couronne fur » la montagne des Oliviers ; le moment d’après l'Em- » pire Romain finira pour tohjours , & foudain s'ac- » complira l’oracle de l’Apôtre fur la venue de l 47- » techrif} ». Quidam Doëlores noffri dicunt quod urus de Repibus Francorum , imperium Romantwm ex tntegro tenebit , qui in noviffimo tempore erit , 6: ipfe erit maxi- aus @ omnium Regum ulrimus., qui pofiquam regnumt fuum feliciter gubernaverit , ad nltimurn Jerofolymam ve: niet , & in monte Oliveti fceptrum & coronam fuam de- ponet. Hlic erit finis & confummatio Romanorum Chrif= anorumque regnorum ; flatimque fecundum prædiclams Jententiam Apoftoli Paul: Antichriflum dicunt futururn. Si la derniere prédiétion de ces Dofteurs n'eft pas plus exaétement accomplie que la premiere de Ra- ban-Maur , elles feront faufles de tout point. Malvenda , théologien Efpagnol, a donné un long & favant ouvrage {ur l’Anrechniff, Son traité eft divilé. en 13 livres. Il expofe dans le premier les différentes opinions des Peres touchant l’Azsechriff. Il détermine dans le fecond le tems auquel il doit paroître, &c prou- ve que tous ceux qui ont aflüré que la venue de 47: techrift étoit proche, ont fuppolé en même tems que la fin du monde r’étoit pas éloignée. Le troifieme eft une diflértation fur l’origine de lAnéechrift, & fur la nation dont il doit être. L’Auteur prétend qu'il {era Juif & de la tribu de Dan, & il fe fonde fur l’auto- rité des Peres & fur le v, 27. du chap. xlix. de la Ge- nefe, où Jacob mourant dit à fes fils : Dan eff un fer: pent dans le chemin, @ un cérafle dans le feñtier ; & fur le chap. viij. v. 16. de Jérémie, où 1l eft dit que les armées de Dan dévoreront la terre: & encote fur le chap. vij. de lApocalypfe , où S. Jean a omis la tribu de Dan dans l’énumération qu'il fait des autres tri- bus. IL traite dans le quatrieme & le cinquieme des cara@teres de l’Antechrifl. Il parle dans le fixieme de fon regne &c de fes guerres ; dans le feptieme, de fes vices ; dans le huitieme, de fa doûrine & de fes mi- ‘racles ; dans le neuvieme , de fes perfécutions; &c dans le refte de l'ouvrage, de la venue d’Enoch êc d’Elie, de la converfion des Juifs, du regne de’Jefus- Chrift & de la mort de lAzrechrift, qui arrivera après un regne detrois ans & demi. Ÿ. MILLENAIRES. (CG) ANTEGIENS, Auroeci, adj. pl, m, du Grec avri, contre, 8&t d'ounto , j'habite, On appélleen Géographie Antéciens , les peuples placés fous le même méri- dien & à la même diftance de l'équateur ; les uns vers le nord, & les autres vers le midi. 7. TERRE. De-là il s'enfuit que les Arréciens ont la même longitude & la même latitude, & qu’il n’y a que la dénomination de latitude /éptentrionale on méridionale qui les diftingue. Voyez LATITUDE. Ils font fous la même demi-circonférence du mé ridien, mais fur des paralleles placés de différens cô- tés de l'équateur. - Les habitans du Péloponefe font à-peu-près Aré- ciens aux habitans du cap de Bonne-efpérance. On confond aflez fréquemment les Anréciens avec les Arrifctens. Voyez ANTISCIENS. Les Antéciens ont la même longueur de jour & de nuit, mais en des faifons différentes : lorfque les uns ont midi du plus long jour d’été, les autres ont mi- di du plus court jour d’hyver. D'oùils’enfuitque la nuit des uns efttoüjours égale au jour des autres. Voyez Jour, HEURE, SAISON, Éc. Il s'enfuit encore que les étoiles qui ne fe levent jamais pour les uns, ne fe couchent point pour les autres. Voyez ANTIPODES. (O) , ANT ÉDILUVIENNE ( Philofophie ) ou état de la Philofophie avant le déluge. Quelques-uns de ceux qu remontent à l’origine de la Philofophie ne s’ar- rètent pas au premier homme , qui fut formé à li- mage & reflemblance de Dieu: mais, comme fi la terre n'étoit pas un féjour digne de fon origine, ils s’elancent dans les cieux , & la vont chercher jufques chez les Anges, où 1ls nous la montrent toute bril- lante de clarté. Cette opinion paroit fondée fur ce que nous dit l’Ecriture de la nature &.de la fageffe des Anges. Ileft naturel de penfer qu’étant d’une na- ture bien fupérieure à la nôtre, ils ont eu par con-. féquent des connoïffances plus parfaites des chofes, & qu'ils font de bien meilleurs Philofophes que nous autres hommes. Quelques Savans ont pouffé les cho- fes plus loin ; car pour nous prouver que les Anges excelloient dans la Phyfique, ils ont dit que Diew s’étoit fervi de leur miniftere pour créer ce monde, & former les différentes créatures qui le rempliffent. Cette opinion, comme l’on voit, 'eft une fuite des idées qu'ils avoient pruifées dans la doétrine de Pytha- gore & de Platon. Ces deux Philofophes , embarraf- fes.de l’efpace infini qui eft entre Dieu & les hom- mes, jugerent à propos de le remplir de génies & de démons: mais, comme dit judicieufement M. de Fontenelle contre Platon, if. des Oracles, de quoi remplira-t-on l’efpace infini qui fera entre Dieu & ces génies, ou ces démons mêmes? car de Dieu à quelque créature que ce foit, la diftance eft infinie. Comme 1il faut que l’a&tion de Dieu traverfe, pour ainf dire, ce vuide infini pour aller jufqu’aux dé- mons , elle pourra bien aller auf jufqu’aux hommes, puifqu'ils ne font plus éloignés que de quelques de- grès, qui n’ont nulle proportion avec ce premier. éloignement: Lorfque Dieu traite avec les hommes par le moyentdes Anges, ce n’eft pas à dire que les Anges foientnéceffaires pour cette communication, aink que Platon le prétendoit; Dieu Les y employe par des raïfons que la Philofophie ne pénétrera ja- mais , & qui ne peuvent être parfaitement connues: que de lui feul. Platon avoit imaginé les démons pour former une échelle par laquelle, de créature plus parfaite en créature plus parfaite, on montât enfin juiqu'à Dieu, deforte que Dieu n’auroit querquel- _ques degrés de perfeétion par-deflus la premiere des: créatures. Mais: il eft vifible que , comme elles font toutes infiniment imparfaites à fon égard , parce qu’elles font toutes infiniment éloignées de lui, les différences.de-perfeétion qui font entrelles difparoï£ A NT 493 fent dès qu’on les compare avec Dieu: ce qui les éleve les unes au-defflus des autres, ne les approche guere de lui. Ainfi, à ne confulter que la raïfon hu: maine, on n’a befoin de démons, ni pour faire pañler l’'aétion de Dieu jufqu’aux hommes, ni pout mettré entre Dieu & nous quelque chofe qui approché dé lui plus que nous ne pouvons en approcher. Mais fi les bons Anges, qui font les miniftres des volontés de Dieu, & fes meffagers auprès des homs: mes, font ornés de plufieurs connoiffances philofo: phiques ; pourquoi refuferoit-on cette prérogative aux mauvais Anges? leur réprobation n’a rien chan: gé dans l’excellence de leur nature, ni dans la per- fection de leurs connoïffances ; on en voit la preuvé dans l’Aftrologie, les augures, & les arufpices, Ce n'eft qu'aux artifices d’une fine & d’une {ubtile dia= leétique , que le démon qui tenta nos premiers pas rens, doit la viétoire qu'il remporta {ur eux. Il n’y a pas jufqu’à quelques Peres de l’Eglife qui, imbus des réveries platoniciennes , ont écrit que les efprits ré prouvés ont enfeigné aux hommes qu’ils avoient fà charmer & avec lefquels ils avoient eu commerce, plufieurs fecrets de la nature ; comme la métallur: gie, la vertu des fimples, la puiflance des enchan: temens , & l’art de lire dans le ciel la deftinée des hommes. Jene m’amuferai point à prouver ici combien font pitoyables tous ces raïfonnemens par lefquels on prétend démontrer que les Anges & les diables font des Philofophes , & même de grands Philofophes. Laïfons cette philofophie des habitans du ciel & du ténare ; elle eft tropau-deflus de nous: parlonsde celle qui convient proprement aux hommes, & qui eft de notre reflort, Adam le premier de tous les hommes at-il été Philofophe ? c’eft une chofe dont bien des perfonnes ne doutent nullement. En effet, nous dit Hornius, nous croyons qu'Adam avant fa chûte fut orné non-feulement de toutes les qualités & de toutes les connoïflances qui perfeétionnent l’efprit, mais même qu'après fa chûte il conferva quelques reftes de fes premieres connoïflances. Le fouvenir de ce qu'il avoit perdu étant toûjours préfent à ion efprit, alluma dans {on cœur/un defir violent de rétablir en lui les connoïffances que le péché lui avoit enlevées, & de difiper les ténebres qui les lui voiloient. C’eft pour y fatisfaire, qu'il s’attacha toute {a vie à inter- roger la nature, & à s'élever aux connoifiances les plus fublimes : il ya même tout lieu de penfer qu'il n’aura pas laïflé ignorer à fes enfans la plûpart de fes découvertes, puifqu’il a vêcu fi long-tems avec eux. Tels font à peu pres les raïfonnemens du doc: teur Hormius, auquel nous joindrions volontiers les doéteurs Juifs , fi leurs fables méritoient quelque ata tention de notre part. Voici encore quelques raïfona nemens bien dignes du doéteur Hornius, pour prous ver qu'Adam a été Philofophe , & même Philofophe du premier ordre. S'il n’avoit été Phyficien, com2 ment auroit1l ph impoier à tous les animaux qui fus rent amenés devant lui, des noms qui paroïffent à bien des perfonnes exprimer leur nature? Eutebe en a tiré une preuve pour la Logique d'Adam. Pour les Mathématiques , 1l n’eft pas poffible de douter qu'il ne lestait {ües ; car autrement comment auroits il pù fe faire des habits de peaux de bêtes, fe conf: truire une maifon, obferver le mouvement des af tres , & régler l’année fur la courfe du foleil? Enfin ce qui met le comble à toutes ces preuvés fi décifis ves en faveur de la Philofophie d'Adam, c’eft qu’il a écrit des Livres, & que ces Livres contenoient toutes les fublimes connoiffances qu’un travail infas tigable ni avoit acquiles. Il eft vrai que les Livres qu'on lui attribue font apocryphes o1t perdus : mais cela ny1fait rien, On ne les aura fuppoiés à Adam, 494 ANT que parce que la tradition avoit confervé les titres desLivres authentiques dont il étoit le véritable au- teur. Rien de plus aïifé que de refuter toutes ces rai- ons: r°. ce que l’on dit de la fagefle d'Adam avant fa chûte, n’a aucune analogie avec la Philofophie dans le fens que nous la prenons; car elle confiftoit cette fagefle dans la cennoïffance de Dieu, de foi- même, & fur-tout dans la connoïffance pratique de tout ce qui pouvoit le conduire à la félicité pour la- quelle il étoit né. Ileft bien vrai qu'Adam a eu cette {orte de fagefle: mais qu'a-t-elle de commun avec cette Philofophie que produifent la curiofité & l’admi- ration filles de l'ignorance , qui ne s’acquiert que par le pénible travail des réflexions, &c qui ne fe perfec- tionne que par le conflit des opinions ? La fagefle avec laquelle Adam fut créé, eft cette fagefle divi- ne qui eft le fruit de la grace , &t que Dieu verfe dans les ames mêmes les plus fimples. Cette fagefle eft {ans doute la véritable Philofophie: mais elle eft fort différente de celle que lefpritenfante, & à l’accroif- fement de laquelle tous les fiecles ont concouru. Si Adam dans l’état d’innocence n’a point eu de Philo- fophie, que devient celle qu’on lui attribue après fa chûte, & qui n’étoit qu’un foible écoulement de la premiere? Comment veut-on qu'Adam, que fon pé- ché fuivoit par-tout, qui n’étoit occupé que du foin de fléchir fon Dieu, & de repouffer les miferes qui lenvironnoieat , eût l’efprit aflez tranquille pour fe livrer aux ftériles fpéculations d’une vaine Philofo- phie? Il a donné des noms aux animaux ; eft-ce à dire pour cela qu'il en ait bien connu la nature & les pro- priétés ? Il raifonnoit avec Eve notre grand’mere commune, & avec fes enfans; en conclurrez-vous pour cela qu'il fût la Dialeétique ? avec ce beau rai- fonnement on transformeroit tous les hommes en Dialeticiens. Il s’eft bâti une miférable cabane; 1la gouverné prudemment fa famille, il l’a inftruite de fes devoirs, & lui a enfeigné le culte de la religion: font-ce donc là des raïfons à apporter pour prouver qu’Adam a été Architeéte, Politique, Théologien ? Enfin comment peut-on foùtenir qu’Adam a été l’in- venteur des lettrés, tandis que nous voyons les hom- mes long-tems même après le déluge fe fervir encore d’une écriture hiéroglyphique, laquelle eft de toutes les écritures la plus imparfaite, & le premier effort que les hommes ont fait pour fe communiquer réci- proquement leurs conceptions groflieres ? On voit par-là combien eft fujet à contradiétion ce que dit l’ingénieux & favant auteur de l’'Hiftoire critique de la Philofophie touchant fon origine & fes commen- cemens: « Elle eft née, fi on l’en croit, avec le » monde ; & contre l'ordinaire des produétions » humaines, fon berceau n’a ien qui la dépare, ni » qui l’avilifle. Au-travers des foiblefles & des be- » gayemens de l'enfance, on lui trouve des traits » forts & hardis, uné forte de perfettion. En effet » les hommes ont de tout tems penfé, refléchi, mé- » dité: de tout tems aufli ce fpeétacle pompeux & »# magnifique que préfente l’univers, fpectacle d’au- #» tant plus intéreflant, qu'il eft étudié avec plus de » foin, a frappé leur curiofité ». Mais, répondra-t-on, fi l'admiration eft la mere de la Philofophie, comme nous le dit cet Auteur, elle m’eft donc pas née avec le monde, puifqu'il à fallu que les hommes, avant que d’avoir la Philofophie , ayent commencé par admirer. Or pour cela il falloit du tems, il falloit des expériences & des réflexions : d’ailleurs s’imagine-t-on que les premiers hommes cuflent aflez de tems pourexercer leur efprit fur des fyftèmes philofophiques, eux qui trouvoient à peine les moyens de vivre un peu commodément ? On ne penfe à fatisfaire les befoins de l’efprit, qu’a- près qu’on a fatisfait ceux du çorps, Les premiers hommes étoient donc bien éloignés de penfer à a: Philofophie : « Les miracles de la nature {ont expo- » {és à nos yeux long-tems avant que nous ayons » aflez de raïfon pour en être éclairés. Si nous arri- » vions dans ce monde avec cette raifon que nous » portâmes dans la falle de Opéra la premiere fois » que nous y entrâmes , & fi la toile fe levoit bruf- » quement ; frappés de la grandeur, de la magnif- » cence, & du jeu des décorations, nous n’aurions » pas la force de nous refufer à la connoïffance des » grandes vérités qui y font liées: mais qui s’avife » de s'étonner de ce qu'il voit depuis cinquante » ans? Entre les hommes, les uns occupés de leurs » befoins n’ont guere eu le tems de fe livrer à des » fpéculations métaphyfiques ; le lever de l’aftre du » jour les appelloit au travail ; la plus belle nuit, la » nuit la plus touchante étoit muette pour eux,ou ne » leur difoit autre chofe, finon qu'il étoit l’heure du # repos: les autres moins occupés, ou n’ont jamais » eu occafion d'interroger la nature, ou n’ont pas » eu l’efprit d'entendre fa réponfe. Le génie philo- » fophe dont la fagacité fecotiant le joug de l’habi- » tude, s’étonna le premier des prodiges qui l’envi- » ronnoient, defcendit en lui-même, fe demanda & » fe rendit raifon de tout ce qu'il voyoit, a dû fe » faire attendre long-tems, & a pù mourir, fans » avoir accrédité fes opinions ». Effai fur le merire G La vertu, page 92. Si Adam n’a point eu la Philofophie, iln’y a point d’inconvénient à la refufer à fes enfans Abel & Cain: il n’y a que George Hornius qui puiffe voir dans Cain le fondateur d’une fete de Philofophie. Vous ne croiriez jamais que Cain ait jetté les pre- mieres femences de l’épicuréifme, &c qu'il ait été Athée. La raifon qu'Hornius en donne eft tout-à-fait finguliere. Cain étoit, felon lui, Philofophe, mais Philofophe impie & athée, parce qu’il aimoit l’amu- fement & les plaïfirs, 8 que fes enfans n’avoient que trop bien fuivi les leçons de volupté qu’il leur don- noit. Si l’on eft Philofophe Epicurien, parce qu'on écoute la voix de fes plaïfirs , & qu’on cherche dans un athéifme pratique l’impunité de fes crimes , les: jardins d’Epicure ne fufhroient pas à recevoir tant de Philofophes voluptueux. Ce qu'il ajoüte dé [a ville que bâtit Caïn, & des inftrumens qu'il mit en œuvre pour labourer la terre, ne prouve nullement qu’il füt Philofophe ; car ce que la néceflité &c Pex- périence, ces premieresinftitutrices des hommes, leur font trouver , n’a pas befoin des préceptes de la Phi= lofophie. D'ailleurs on peut croire que Dieu apprit au premier homme le moyen de cultiver la terre, comme le premier homme en inftruifit lui-même {es enfans. | Le jaloux Cain ayant porté des mains homicides fur fon frere Abel, Dieu fit revivre Abel dans la perfonne de Seth. Ce fut donc dans cette famille que fe conferva le facré dépôt des premieres traditions qui concernoient la religion. Les partifans de la Phi- lofophie antédiluvienne ne regardent pas Seth feule- ment comme Philofophe, mais ils veulent encore qu’il ait été grand Aftronome. Jofephe faïfant l’éloge des connoïflances qu'avoient acquis les enfans de Seth avant le déluge, dit qu'ils éleverent deux co- lonnes pour y infcrire ces connoïffances, & les tranf- mettre à la poftérité. L’une de ces colonnes étoit de brique, l’autre de pierre ; & on n’avoit rien épargné pour Les bâtir folidement, afin qu’elles puffent réfif= ter auxinondations & aux incendies dont l’umivers étoit menacé. Jofephe ajoûte que celle de brique fub- fiftoit encore de fon tems. Je ne fai fi l’on doit faire beaucoup de fond fur un tel paffage. Les exagéra- tions & les hyperboles ne coûtent gueres à Jofe- phe, quand il s’agit d'illuftrer fa nation, Cet Hifto- rien fe propoloit {ur-tout de montrer la fapériorité: des Juifs fur les Gentils, emmatiere d’Arts &'de Scien- ces: c’eft-là probablement ce qui à donné lieu à la fidion des deux colonnes élevées par les enfans de Seth. Quelle apparence qu'un pareil monument ait pû fubffter après les ravages que fit le déluge? &c, puis on ne conçoit pas pourquoi Moyfe, qui a parlé des Arts qui furent trouvés. par les enfans de Cain. comme la Mufique , la Métallurgie, l’art de travail ler le fer & Pairain, Gt. ne dit rien des grandes con- noïffances que Seth avoit acquifes dans l’Aftrono- mie, de l'écriture dont 1l pafle pour être inventeur. des no il donna aux aftres, du partage qu'il fit de l’année en mois & en femaines. Il ne faut pas s’imaginer que Jubal & Tubalcain ayent été de grands Philofophes : l’un pour avoir in- venté la Mufique ; & l’autre pour-avoir eu le fecret de travailler le fer & l’airain : peut-être ces deux hommes ne firent-ils que perfe&tionnerce qu’on avoit trouvé avant eux. Mais je veux qu’ils ayent été in- venteurs de ces arts, qu'en peut-on conclurre pour la Philofophie? Ne fait-on pas que c’eft au hafard que nous devons la plüpart des arts utiles à la fociété ? Ce que fait la Philofophie, c’eft de raifonner fur Le génie qu’elle y remarque , après qu’ils ont été découverts. Ileftheureux pour nous que le hafard ait prévenu nos befoins, & qu'il n’ait prefque rien laïflé à faire à la Philofophie. On ne rencontre pas plus de Philofophie dans la branche deSeth, que dans celle de Cain; on y voit des hommes à [a vérité qui confervent la con- noiflance du vrai Dieu, & le dépôt des traditions ‘primitives, qui s’occupent de chofes férieufes & fo- lides, comme de l’agriculture & de la garde des trou- ue Gr ; peaux : mais on n’y voit point de Philofophes. C’eft donc inutilement qu’on cherche l’origine & les com- mencemens de la Philofophie dans les tems qui ont précédé le déluge. J’oyez PHILOSOPHIE. . *ANTEDONE, ( Géogr mod. ) petite ville de Grece, dans l’Achaie ou la Livadie, entre Nésre- pont & T'alandi, fur fa côte du golphe. . * ANTENALE, £. £. ( Hiff. nat. ) oïféau de mer, qu'on trouve vers le cap de Bonne-Eperance. Il a fur les plumes un duvet très-fin ; Vicquefort dit qu’on fe fert de ce duvet contre l’indigeftion & les foibleffes d'eftomac. : ANTENNE, entenna, {. f. ( Hifi, nai, ) Plufieurs infeétes ont fur la tête des efpeces de cornes auxquel- les on a donné ce nom. Les antennes font mobiles fur leur bafe , & fe plient en différens fens au moyen de plufieurs articulations. Elles font différentes les unes des autres par la forme, la confiftance , la longueur, la groffeur, 6:c. Il y a de la différence entre les 4w- tennes d’un papillon de nuit, & celles d’un papillon de jour. Les antennes du hanneton ne reflemblent pas . à celles du capricorne, &c. Ces différences ont four- ni des caraéteres pour diftinguer plufñeurs genres d’in- fetes. Voyez INSECTE. (1) fe ANTENNE, {. f. ( Marine. ) mot des Levantins, pour fignifier une vergue. Voyez VERGUE. (Z) ANTÉPÉNULTIEME, (Gramm.) ce mot fe prend fubftantivement ; on foufentend /y//abs. Un mot qui eft compofé de plufeurs fyllabes a une derniere fyl- labe , une pénultieme, pence ulnma, c’eft-à-dire, pref- que la derniere, & une antépénultieme ; enforte que comme la pénultiéme précede la derniere, l’anrépénul tieme précede la pénultieme , azte pene ultimam. Ainfi dans amaveram, ram eft la derniere , ve la pénultieme, & ma l'antépénultieme. i En grec, on met l’accent aigu fur là derniere fylla- be, @ecc, Dieu : fur la pénultieme Acyoc, difcours ;: & fur l’antépénulrieme dySpomos, homme: on ne metja- | mais d’accent avant l’arrépénulrieme, En latin, lorfqu’on marque les accens pour régler la prononciation du leéteur , fi la pénultieme fylla= be d’un mot doit être prononcée breve , on met l’aç- LL ANT 495 cent aioit fur l'antépénultieme, quoique cette azrépé: rltieme {oit breve. Dominus, (F) _ANTEPREDICAMENS , f. m. plur, on appelle . ainfi, e7 Lopique, .cértainés queftions préliminaires qui éclairciflent & facilitent la doëtrine des prédica- mens & des catégories. Ces queftions concernent lu" nivocité, l’équivocité dés termes, Ge. On les ap- . pelle anréprédicamens, parcequ’Ariftote les a placés. avant les prédicamens, pour pouvoir traiter la ma: tiere des prédicamens fans aucune interruption. (. - * ANTEQUERA , (Géog. mod.) ville d’'Efpagne , au royaume de Grenade ; partagée en haute & bafñle. ville. Long, 13:40. lat, 36. 51 * ANTEQUERA , ( Géog. mod. ) villé de la nou- . velle Efpagne’, en Amérique, province de Guaxaca. ANTER ox ENTER un pilot, fur les rivieres ; c’eft le joindre bout à bout avec un autre qui eft trop court. Voyez PILOT, ANTÉRIEUR , adj, en Anatomie, fe dit de toutes les parties qui font tournées vers le plan vertical que Pon conçoit pafler {ur la face, fur la poitrine , le bas-ventre, éc. & perpendiculaire au plan qui divife le corps en deux parties & {ymmétriques. (L) ANTERIEUR , e7 f{yle de Palais, {e dit en quelques occafions pour plus ancien, Ainf l’on dit d’un aûte, qu'il eft anterieur.en date à un autre; d’un créancier, qu'il eft antérieur en hypoteque à un autre créan- cier. (4 ANTÉRIEUREMENT , adv. ANTÉRIORITÉ , {. f. termes de Palais, que l’explication du mot ci-def- fus fait affez comprendre. Voyez ANTÉRIEUR, * ANTEROS, ox LE CONTRE-AMOUR , £ m: (Mych.) fils de Venus & de Mars. On dit que Venus {e plaignant à Themis de ce que l’Amonr reftoit toû: Jours enfant, Themis lui répondit, & 27 reffera rel , Lait que vous n'aurez point d'autre fils. Sur cette répon: {e , la Déceffe galante écouta le Dieu de la guerre ; le Contre-amour naquit, & le premier fils de Venus de- vint grand. [ls ont l’un & l’autre des aîles , un car- quois & des fleches, On les a groupés plufieurs fois : on les voit dans un bas relief ancien, fe difputant une branche de palmier. Paufanias parle d’une ftatue de l’Anreros, où ce Dieu-tenoit deux coqs fur {on fein, par lefquels il tâchoit de fe faire becqueter la tête, Il jouit des honneurs divins ; les Athéniens lui éleverent des autels. Cupidon fut le dieu de amour ; Azseros , le dieu du retour. | ANTERS, f. f. du latin ænte, rerme d’Archireïture. C’eft, felon Vitruve, les pilaftres d’encoignure , que les anciens affe@oient de mettre aux extrémités de leurstemples, & ce que nos Architeétes appellent z72 lafires. Voyez PILASTRE. (P) ANTESSA, o4 ANTISSA , ( Géog. añc. & mod.) ville de l'ile de Lesbos, ou même, felon quelques- uns, ile féparée de Lesbos par un canal. ANTESTATURE, f. f, terme de Gèmie, petit re: tranchement fait de paliffades, ou de facs de terre, établis à la hâte pour difputer le refte du terrain à l'ennemi, Voyez RETRANCHEMENT. Ce terme n’eft plus guere d’ufage a@uellement. (Q) . * ANTEROSTA & POSTROST A, 1. f, (Myrh.) Déefles invoquées par Les Romains, l’une pour les chofes pañlées, l’autre pour les chofes à venir. C’é- toient les confeilleres de la Providence. * ANTHAB , ( Géog. anc. 6 mod. ) ville de Cara: manie, dans l’Afie mineure, qu’on appelle aujour- d'hui Antiochetia. ” *ANTHAKIA, voyez ANTIOCHE. * ANTHELIENS, f, m. pl. (Myth.) Dieux révé- rés par les Athéniens. Leurs ftatues étoient placées aux portes, &t expoiées à l'air ; c'eft delà qu'ils ont été nommés Dieux Antheliens, " ANTHELIX , en sermê d’ Anatomie, eftle circuit in: térieur de l'oreille externe ; ainfi nommé par oppofi- 496 ANT tion au cirenit extérieur appellé heix. #. Heztx,;, OREILLE, 6c. (L) ANTHÉLMINTIQUES , adj. pl. (Medec.) épithe- te que l’on donne aux médicamens qui ont la pro- priété de chaffer les vers. ANTHEMIS , (Hifi. nat.) genre de plante à fleur radiée, dont le difque eft compofé de plufieurs fleu- rons, & la couronne de demi-fleurons qui tiennent à des embryons, & qui font renfermées dans un cali- ce écailleux. Les embryons deviennent dans la fuite des femences attachées au fond du calice, & fépa- rées les unes ‘des autres par de petites feuilles faites en forme de gouttiere. Ajoûtez aux caraéteres de ce genre, que fes feuilles font découpées. Micheli, #0- va plantarum genera. Voyez PLANTE. (1) * ANTHEMISE, (Géog. mod.) grand pays de Per- fe, dent Eutrope fait mention, & qui n’eft pas l’47- themufre. ANTHERE , médicament ainfinomme à caufe de fa couleur vive & rougeâtre ; 1l eft compoieé de myr- the, de fandarac, d’alun, de racine de fouchet, de fafran , & de feuilles de rofes rouges, dont on faifoit des poudres, des onguens ,ggu des collyres, felon. les indications ; mais ni le nom, niles compofitions ne font plus d’ufage. (N) ANTHESPHORIES , {. £ pl. en grec av TETECPIE à cerme d’antiquice, fête que l’on célébroit dans la Si- cile en l'honneur de Proferpine. Foyez FESTE. Ce mot dérive du grec dySos, fleur, & de géro » Je porte, à caufe que Proferpine cueilloit des fleurs dans les champs, lorfque Pluton l’enleva. Cependant Feftus n’attribue point cette fête à Proferpine : mais il dit qu’elle fut ainfi dénommée à caufe du blé que l’on apportoit au temple dans ce jour-là. Anthefphorie femble être la même chofe que le j/o- rifertum des Latins, qui a beaucoup de rapport au harvefl - home des Anglois ; qui figrufie % logis de la noiffon (G | ANTHIAS, (HP. nat.) genre de poiflon de mer, dont Rondelet diftingue quatre efpeces : la prenuere eft appellée barbier, voyez BARBIER. La feconde por- te le nom de capelan, voyez CAPELAN. La troifieme efpece eft celle qu’Oppian appelle az. thias, le noir de fang ; on ne doit pas rapporter cette couleur au fang de ce poiflon, c’eft le corps qui eft d’une couleur violette obfcure ; cet anthias eft allon- gé, fes dents font pointues , & s’engrenent les unes entre les autres ; il a des levres, fes yeux font ronds & de couleur rouge mêlée de pourpre; l’anus eft grand, il en fort un boyau coloré de verd & de rou- ge; la queue eft groffe : ce poiffon vit dans les ro- chers ; fa chair eft tendre, feche & nourriflante. _ La quatrième efpece d’anthias, eft celle qu'Op- pian appelle évwæos, parce qu'il a bonne vüe; ou avrwwos, parce que fes yeux font entourés d’un four- cil rond & noir, qui fait paroitre les yeux enfoncés dans la tête. Rondeler. Voyez Poisson. (1) ANTHIRRINUM, ( Jardinage.) où MUFFLE DE LION, eft une plante de la grande efpece, qui ports plufieurs tiges. Ses feuilles oblongues reflem- lent à celles du giroflier jaune; fes fleurs qui viennent à la fommité de fes tiges , font un épiaflez long, en forme de tuyau, de couleur de chair, repréfentant par un bout le muffle d’un veau, où dun lion; fes graines font noires & très-menues. On feme le muffle de lion en Septembre & Oûto- bre, & on lereplante en Avril ; cependant étant vo- race, il fe multiplie auffi de racines: on jouit de fa fleur pendant l’été. Il vient aïfément par tout, mê- me dans les terres fablonneufes. (Æ) ANTHISTERIES ou ANTHESTERIES, f. f. pl. ( Hift. anc. & Myth.) fêtes que les Athéniens célé- broient vers le printems dumois appellé arthifférion du mot Grec éyfes, parçe qu'alors la terre eit çou- ANT verte de fleurs. Pendant cette fête, que quelques-uns croyent avoir été confacrée à Bacchus , les maîtres faifoient grande chere à leurs efclaves ; comme les Romains dans leurs faturnales. On penfe auf que toutes les fêtes de Bacchus, furnomme azthius ou Jleuriflant , étoient nommées en général anthifleriess quoique diverfifiées par d’autres titres particuliers, tels que pithagiæ, chytra, &c. | Quelques-uns penfent que ce nom vient du mont Antherion où s’en faifoit la folennité ; que ces fêtes duroient trois jours, le 11, 1e 12, & le 13 de chaque. mois ; &c chacune avoit un nom différentBpris des cérémonies ou des occupations qui remplifloient cha- que journée. La premiere s’appelloit æsoryle, c’eft- à-dire l’ouverture des vaiffèaux , parce qu'on y mettoit le vin en perce & qu’on le goûtoit. Le fecond jourfe ñnommoit yon, conpii ; d'une mefure contenant envi- ron le poids de vingt livres ; on büvoit ce jour-là le vin préparé la veille: Quant au troïfieme, on l’ap- pelloit yürpa, chauderons | à caufe que ce jour-là on faifoit bouillir toutes fortes de légumes , auxquels il n’étoit pas permis de toucher, parce qu'ils étoient offerts à Mercure. (G *ANTHIUS où FLEURI, (Myrh.) furnom qu’on donna à Bacchus dans Athenes & à Patras en Achaie, parce que fes flatues étoient couvertes d’une robe chargée de fleurs. ANTHOCEROS , ( Hift. nat.) genre de plante à fleur monopétale, reflemblante à une corne qui s’ou- vre jufqu’au centre en deux parties ; il y a dans le milieu un flament ou une étamine chargée de pouf fiere. Cette fleur eft ftérile ; elle fort d’un calice ou plûtôt d’une gaine tubulée. Les fruits font des capfu- les que l’on trouve tantôt fur des efpeces qui ont des fleurs , tantôt fur d’autres qui n’en ont point; elles fe partagent en plufeurs rayons à leur ouverture ; chacune de ces capfules contientune, deux, ou trois femences, & quelquefois quatre. Nova plantarum genera , &c. par M. Micheli. Voyez PLANTE. (1) ANTHOLOGE, f. m. (Theol.) du Grec aybonoyic, ce que nous rendrions en Latin par florilegium , recueil de fleurs, C’eft un recueil des principaux offices qui font en ufage dans l’Eglife greque. Il renferme les offices pro- pres des fêtes de Jefus-Chrift, de la fainte Vierge, 8 de quelques Saints ; de plus, des offices communs pour les Prophetes, les Apôtres, les Martyrs, les Confefleurs, les Vierges, &c. Léon Allatius dans fa premiere diflertation fur les livres eccléfaftiques des Grecs, en parle, mais avec peu d’éloge. Ce n’étoit d'abord qu'un livret, que l’avidité ou la fantaifie de ceux qui l’ont augmenté a beaucoup groffi; mais qui, à quelques nouveautés près, ne çontient rien qui ne fe trouve dans les ménées & dans les autres livres ec- cléfiaftiques des Grecs. Outre cet arthologe, qui eft à l’ufage des Eglifes greques ; Antoine Arcadius en a publié un nouveau fous le titre de zouvel anthologe ou florilege , imprimé à Rome en 15098. C’eft un abregé du premier, une efpece de breviaire raccourci & commode dans les voyages pour les prêtres & les moines Grecs, quine peuvent porter le premier attendu fon extrème grof- feur : mais il eft encore moins que celui-ci du goût d’Allatius , qui accufe l’abbréviateur de plufieurs al- térations & infidélités confidérables. Allar. de libre eccl. grec. M. Simon, Sup. aux cérem. des Grecs. (G) ANTHOLOGIE, f. f. ( Lix.) {e prend aufhien particulier pour un recueil des épigrammes de divers Auteurs Grecs. (G) Il y a une azrhologie imprimée, mais qui n’eft pas, à beaucoup près, fi complete que l’azthologie manufcrite de Guyet, copiée fur celle de Saumaïfe, & qui après avoir appartenu à Menage, fait aujour- d’hui partie des manuiçrits de la Bibliotheque du Fe M. Boivin dans la notice qu’il en a donnée, som. IT. des Mém. de l’ Acad. des Belles-Lettres , pag. 26 4. dit * qu’elle contient plus de 700 épigrammes, qui for- ment environ trois mille vers. Elle eft divifée en cinq livres ou parties, dont la premiere & la feconde font compofées d’épisgrammes exceflivement licentieufes. d troifieme a pour titre ÉœiyptUUaTe aa DATI 5 c’éft ainfi qu’on nommoit les épigrammes qui fer- voient d’infcription aux ofrandes que l’on faifoit aux dieux. La quatrième contient des infcriptions de tom- beaux, ce que nous appellons épiraphes, La cinquieme comprend des épigrammes fur divers fujets , dont quelques-uns font inventés à plaïfir ; l’auteur du re- cueil les nomme ÉTIYpAUUETE émid'exrita , CPLSTAMIMES d’offentation , où le Poëte ne cherche qu’à faire pa- roître fon efprit. Au refte la plüpart de ces épigram- mes approchent plus de nos madrigaux ou du ftyle des infcriptions antiques, que de la maniere de Martial & de nos épigrammatiftes Latins. Ÿ. ÉPIGRAMME. . Meleagre, natif de Gadare ville de Syrie, qui Vi- voit fous Seleucus VI. dernier roi de Syrie, eft le premier qui ait fait un recueil d’épigrammes Greques qu’il nomma azthologie , à caufe qu'ayant choïfi ce qu'il trouva de plus brillant & de plus fer: parmi les épigrammes de quarante-fix Poëtes anciens, il regarda fon recueil comme un bouquet de fleurs , & attribua une fleur à chacun de ces Poëtes, Ze Lis à Anytes, le rofe à Sapho, &c. Après lui, Philippe de Theffalonique fit du tems de l'Empereur Augufte un fecond recueil tiré feulement de quatorze Poëtes. ÂAgathas en fit encore un troifieme environ 500 ans après, fous Juftinien. Enfin Planude, moine de Conf- tantinople, qui vivoit en 1380, fit le quatrieme qu'il divifa en fept livres, dans chacun defquels les épi- grammes font rangées par ordre alphabétique. C’eft l’anthologie telle que nous l’avons aujourd’hui impri- mée, qui contient plufeurs belles épigrammes fort fenfées & fort fpirituelles : mais elles ne font pas le plus grand nombre. Rolbn, Aff, anc. tom. XII. (G) ANTHRACOSE, f. f. (terme de Chirurgie.) Anthrax Ou charbon des paupieres , eft une tumeur d’un rouge livide, qui cauie une tenfion confidérable aux pau- pieres & aux parties voifines, accompagnée de fle- vre, de douleur , & de pulfation. Cette tumeur eft accompagnée de dureté & d’une fi grande chaleur, qu'il s'y forme une croûte noire, une vraie efcarre, comme fi le feu y eût pañlé. L’éréfipele de la face & la tuméfaétion des glandes parotides font fouvent des accidens de cette maladie. | On attribue la caufe de l’anthrax des paupieres à un fans groflier , brûlé, & dépouillé de fon véhicule. Ii n'arrive guere qu’en été aux pauvres gens de la campagne, mal nourris & continuellement expofés à des travaux fatiguans & aux injures de la faifon. On a obfervé que cette maladie étoit plus commune quand les fecherefles font très-grandes ; & qu’elle affettoit particulierement les perfonnes qui pañlent les jours entiers à fcier les blés. La cure de cette maladie ne demande point de dé- lai: dès qu’on s’apperçoit de la formation de la puf- tule , il faut faigner le malade , lui donner des lave- mens rafraïchifians, & lui faire boire des émulfions, On applique dans le commencement fur la partie malade des comprefles trempées dans de l’eau de fu- reau, dans laquelle on fait fondre un peu de nitre, Si l’inflammation ne s’appaife pas & que l’efcarre fe forme , On l’incife avec une lancette, & on lave avec une lotion faite avec l’onguent égyptiac diflous dans le vin & l’eau-de-vie. Si la tumeur eft confide- table, on fcarifie les parties tuméfiées à La circonfé- rence de l’efcarre, & l’on applique des cataplafmes émolliens & réfolutifs. Ces fecours fecondés de la faignée , qui eft le fpécifique de toutes les maladies inflammatoires, bornent les progrès de l’efcarre dont Tome 1, | ANT 497 on prévient la chûte avec des onguens digeftifs : on travaille enfuite à mondifier & cicatrifer l’ulcere. 7; Uicere. Il faut avoir foin dans les panfemens de cet ulcere de tenir la peau étendue , pour que la ci- catrice ne fronce bas la -paupiere & ne caufe point de difformité. Le Chirurgien doit auffi prendre tou tes les mefures convenables, pour que Poil ne foit point éraillé ; ce qui eft aflez dificile, lorfque l’ef- carre a cté grande & qu'elle s’eft formée près du bord de la paupiere. (YF) | ANTHRAX ox CHARBON. ayez CHARBON, ULCERE. | _ ANTHROPOGRAPHIE, f. f. ez Anatomie, c’eft la defcription de l’homme. Ce mot eft compolé du Grec 'Spococ | homme, 8 ypagw, J'écris. Jean Riolan le fils, doûteur en Medecine de la Faculté de Paris, & très-célebre profefleur en Ana- tome, nous a donné un grand ouvrage i#-fol. {ous le titre de Artropographia, ( 6: opera omnia) imprimé a Paris en 1649. Voici l’éloge qué le grand Boerhaave en fait : On peut s’en repoler, dit-il, fur fes defcriptions; il avoit diffequé 150 cadavres avant de donner fon ouvrage; & comme 1l remarqua que fes difciples avoient beau- coup de peine à retenir Les noms des mufcles fuivant l’ordre deVefale, 1l donna à ces mufcles des noms ti- rés de leur fonétion & de leur attache : quiconque fe propofe de profefler l’Anatomie, ne doit pas avoir honte de le prendre pour modele ; car fon livre ren- ferme toutes les connoiffances qui conftituent un ÂAnatomifte favant , comprenant tout ce qu’on avoit découvert fur ces matieres avant lu. Kerkring nous a donné un ouvrage iz-4°. fous le même titre, &c qui fut imprime à Amfterdam en 1671. Cowper a auf intitulée Azrhropography un ouvrage imprimé à Londres en 1697, z-fol. il a été réimpri- mé à Leyde en 1737. Voyez ANATOMIE. (L) . ANTHROPOLOGIE, f. f. ( Théol. ) maniere de s’exprimet , par laquelle les Écrivains facrés attri- buent à Dieu des parties, des aétions ou des affec- tions qui ne conviennent qu'aux hommes, & cela pour s’accommoder & fe proportionner à la foibleffe de notre intelligence : ainfi il eft dit dans la Genefe, que Dieu appella Adam , qu’il fe repentit d’avoir créé l’homme ; dans les Pfeaumes l’univers eft appellé Poz- vrage des mains de Dieu : il y eft encore dit que /és yeux font ouverts & veillent fur l’indigent. Par toutes ces expreflions & d’autres femblables qui fe rencontrent fréquemment dans l’Ecriture, l’Ef- prit faint a feulement voulu nous faire entendre les chofes ou les effets que Dieu opere comme s'il avoit des mains, des yeux, 6:c. fans que cela préjudicie à la fimplicité de fon être. Voyez SIMPLICITÉ. (G) ANTHROPOLOGIE, dans l’æconomie animale : c’eft un traité de l’homme. Ce mot vient du Grec avôporros , homme , & de Aoyos , traité. Teichmeyer nous a donné un traité de l’œcono- mie animale, qu'il a intitulé Azrhropologia, in-4°, imprimé à Genes en 1739. Drake nous a auffi laiflé une Arérhopolopie en An: glois , 4z-8°. 3 vol. imprimée à Londres en 1707 &€ 1727. Voyez ANTROPOGRAHIE. ( L) ANTHROPOMANTIE, f, f, divination qui fe fai- {oit par l’infpettion des entrailles d'hommes ou de femmes qu'on éventroit. _ Ce mot eft Grec & formé de deux autres ; favoir, &vbporros ; homme ; & perle , diviratiort, - L'Empereur Eliogabale pratiquoit cette abomina- ble divination. Cedrene & Théodoret racontent de Julien l'Apoftat, que dans des facrifices noëturnes, & dans des opérations de magie, il faoit périr grand nombre de jeunes enfans pour confulter leurs entrailles ; & ils ajoïtent que lorfqu’il eut pris la route de Perfe, dans l'expédition même où il périt, Rtr 498 ANT étant à Cartes en Méfopotamie , il s’enferma dans le temple de la Lune , & qu'après y avoir fait ce qu'il voulut avec les complices de {on impiété , il {cella les portes, & y pofa une garde qui ne devoit être levée qu'à fon retour. Ceux qui entrerent dans le temple , fous le regne de Jovien , fon fucceffeur , y virent une femme pendue par les cheveux, les mains étendues & le ventre ouvert ; Julien ayant voulu chercher dans fon foie quel feroit le fuccès de la guerre. Wie de l'Empereur Julien, par M. Abbé de da Bleterie, LE. part. iv. V. pag. 333. 63 34. Les Scythes avoient aufli cette barbare coûtume que les Tartares ont recüe d’eux , fi l’on en croit Cromer , Hifi. de Polog. liv. VIII. & Strabon la rapporte aufli des anciens habitans de la Lufitanie, aujourd’hui le Portugal. Delrio regarde comme une branche de l’arzthropomantie | le fanatifme des Hé- breux qui facrifioient leurs enfans à Moloch, dans la vallée de Tophet. Difquifir. magic. Ub. IV. cap. ÿj. quejt. VII. fect. 7. pag. 554. (G) ANTHROPOMORPHITE , 1. f, ( Théolog. ) des mots Grecs évôromos , homme , &T puopen , forme. An- thropomorphite , en général, eft celui qui attribue à Dieu la figure de l’homme. Voyez Dieu, &c. Les anthropomorphites {ont d’anciens hérétiques qui, prenant à la lettre tout ce que Dieu dit de lui- même dans les Ecritures, prétendoient qu’il avoit réellement des piés, des mains, x. en conféquen- ce ils croyoient que les Patriarches avoient vü Dieu dans fa propre fubftance divine, avec les yeux du corps. Ils {e fondoient fur ce qu'il eff dit dans la Genefe, que Dieu fit l’homme à fon image & à fa reflem- blance. Les orthodoxes difoient au contraire , que Dieu eft un être immatériel , & qui n’a aucune for- me corporelle. Les arthropomorphites leur avoient donné le nom d’origénifles, par la raïfon , ajoütoient- ils , que leurs adverfaires tenoient d’Origene la mé- thode d’allégorier toutes les expreflions de l’Ecritu- re qui ne favorifoient pas leur fentiment. Saint Epiphane appelle les azthropomorphites | Au- diens où Odiens , d’Audius qu'on croit avoir été le chef de la fete. Audius étoit à peu près contempo- rain d'Arius. Il vécut dans la Méfopotamie. Sant Auguftin leur donne le nom de Wadiens , Vadian:. Tertullien femble avoir donné dans l’erreur des anthropomorphites ; on l'en difculpe : mais il n’eft pas tout-à-fait aufli facile de le laver du reproche qu'on lui fait d’avoir crù que l’ame avoit une figure corporelle ; erreur dont on attribue l’origine à quel- ques prophétefles de la fete de Montanus. (G) ANTHROPOPATHIE , f. £. ( Théol. ) d’ésbpwros, homme , & maêoc , paffion ; c’eft une figure , une ex- preffion , un difcours dans lequel on attribue à Dieu quelque pañion qui ne convient proprement qu'à l’homme. Voyez DIEU, PASSION , É:c. On confond fouvent les termes azthropoparhie & anthropologie ; cependant , à parler ftriétement , l’un doit être confidéré comme le genre , & l’autre com- me l’efpece ; c’eft par anthropologie qu’on attribue à Dieu une chofe, quelle qu’elle foit , qui ne con- vient qu'à l’homme ; au lieu qu’azthropopathie ne fe dit que dans le cas où lon prête à Dieu des paffions, des fenfations , des affeétions humaines , &c. Voyez ANTHROPOLOGIE. (G) ANTHROPOPHAGES, f. f. ( Hiff. anc. & mod.) d’avéporres, homme , 8 gay, manger. Les arthropophages {ont des peuples qui vivent de chair humaine. Voyez ANTHROPOPHAGIE. Les cyclopes, les leftrygons êr Scylla font traités par Homere d’azthropophages où mangeurs d'hommes. Ce Poëte dit auffi que les monftres féminins, Circé & les Syrenes , attiroient les hommes par l’image du plaïfir , & les faifoient périr. Ces endroits de fes our- vrages, ainfi qu'un grand nombre d’autres, font fon- dés fur les mœurs des tems antérieurs au fien. Or- phée fait en plufeurs occafions la même peinture des mêmes fiecles. C’e/? dans ces tems, dit-il , que Les hornmes fe dévoroient les uns les autres comme des bêtes féroces, & qu’ils fe gorgeoient de leur propre chair. On apperçoit , long-tems après ces fiecles , chez les nations les plus policées, des vefliges de cette barbarie , à laquelle il eft vraïfflemblable qu'il faut rapporter l’origine des facrifices humains. Foyez SA- CRIFICE. Les payens accufoient les premiers Chrétiens d’ar- thropophagie ; ils permettent , difoient-ils , le crime d'Œdipe , & ils renouvellent la fcene de Thyefte. Il paroiît par les ouvrages de Tatien , par le chapi- tre huitieme de Papologie des Chrétiens de Tertul- lien, & par le IV® livre de la Providence , par Sal- vien , que ce fut la célébration fecrete de nos myf- teres qui donna lieu à ces calomnies. Ils tuent, ajoû- toient les payens , un enfant, & ils en mangent la chair ; accufations qui n’étoient fondées que fur les notions vagues qu'ils avoient prifes de l’euchariftie & de la communion , fur les difcours de gens mal inftruits. Voyez EUCHARISTIE ; COMMUNION , AUTEL , Gc.(G) ANTHROPOPHAGIE , f. f. ( Hif4 anc. E mod. ) c’eft l’aûte ou l’habitude de manger de la chair hu- maine. Voyez ANTHROPOPHAGES. Quelques Auteurs font remonter l’origine de cette coûtume barbare jufqu’au déluge : ils prétendent que les géans ont été les premiers ezthropophages. Pline parle des Scythes & des Sauromates , Solinus des ‘Ethiopiens, & Juvenal des Egyptiens , comme de peuples accoitumés à cet horrible mets. Foy. Pline, Rif, nat, L. IF, ex. L. Fhc xviy. #xx. L, PTT, c. y. Solin. Polih. c. xxxüy. Nous lifons dans Tite-Live qu'Annibal faifoit manger à fes foldats de la chair humaine pour les rendre plus féroces. On dit que l’'ufage de vivre de chair humaine fubffte encore dans quelques parties méridionales de l'Afrique, & dans des contrées fauvages de l'Amérique. Il me femble que l’arthropophagie n’a point ète le vice d’une contrée ou d’une nation, mais celui d’un fiecle. Avant que les hommes euflent été adoucis par la naïffance des arts, & civilifés par l’impofi- tion des lois , il paroït que la plüpart des peuples mangeoient de la chair humaine. On dit qu'Orphée eft le premier qui fit fentir aux hommes l’inhumani- té de cet ufage , & qu'il parvint à l’aboir. C’eft ce qui a fait imaginer aux Poëtes qu’il avoit eu l’art de dépouiller les tigres & les lions de leur férocité na- turelle. S'ylveftres homines [acer , interprefque deorum Cædibus & fœdo viétu deterruit Orpheus , Dius ab hoc lenire tigres rabidofque leones. Horat. Quelques Medecins fe font ridiculement imaginés avoir découvert le principe de l’anchropophagie dans une humeur acre , atrabilieufe qui , logée dans les membranes du ventricule , produit par l’irritation qu’elle caufe , cette horrible voracite qu’ils aflurent avoir remarquée dans plufieurs malades ; ils fe fer- vent de ces obfervations pour appuyer leur fenti- ment. Un Auteur a mis en queftion fi l’artkropophagtie étoit contraire ou conforme à la nature. ( G) ANTHROPOSOMATOLOGIE , 1. f. terme d'A- ratomie , qui fignife defcription du corps humain où de Ja ffruilure. Ce mot eft compofé du Grec COTPS ; & 0706 3 traité 3 c’eft-à-dire » traité du corps de l'homme. Voyez ANATOMIE. | + Boerhaave paroît être le premier qui fe fort fervi de ce terme dans fa Merhodus diféendi artem medi- cam ,que M. Haller doit faire rémprimer au pre- mier jour avec un commentaire. ( L) * ANTHYLLIS. ( Hifi. nat. bor. ) Il y a deux ef peces d’arrhyllis ; l’une croît en Candie & en Sicile fur les bords de la mer , a la feuille douce , fémbla- ble à celle de la lentille & longue d’un palme ; fa facine petite & mince aime les lieux fablonneux & chauds, a le goût falé, & fleurit en été. L'autre fe trouve dans lès pâturages, & ileurit en Mai. Elle a la feuille & les tiges femblables à l’en- cens de terre, excepté qu’elles font plus velues , plus courtes & plus rudes au touchèér ; fà fleur eft pur- purine ; ellé a l'odeur forte , & fa racine reflemble à celle de la chicorée. Diofcoride dit que quatré dragmes dix graiñs de la déco“ion de celle-c1 font un bon remede contre la rétention d'urine & l’inflammation de la matrice; il lui attribue encore d’autres propriétés médicina- les. Voyez ab. LIT, ch. chi. tu © ANTI ( Grammaire. ) prépofñtion inféparable qui entre dans la compoñition de plufieurs mots ; cette prépoñtion vient quelquefois de la prépoñition Latr- ne arte, avant, & alors elle fignifie ce quieft avant, comme azti-chambre , anti-cabinet , anticiper; faire une chofe avant le tems ; afidate , daté antérieure à la vraie date d’un aéte, 6... Souvent auff ati vient de la-prépoñtion Greque avi, Contre , Qui marque ordinairement oppoñtion ou alternative ; elle marque oppofition dans azxi- podes , peuples qui marchant fur la furface du globe terreftre ont les piés oppolés ; & de mème anidore, contre-poifon , ayri, contre , &t did , donner , re- mede donné contre le poifon ; & de même aztipa- thie, antipape, &c. Quelquefois, quand le mot qui fuit yr} commen: ce par une voyelle, il fe fait une élifion de Pr, ainfi on dit le pole antarthique & non anti-aritique. C’eft le pole qui eft oppofé au pole ar@ique, qui eft vis-à-vis : quelquefois auffi lz ne s’élide point , exaples , anti-exaples. Les Livres de controverfe & ceux de difputes lit- téraires portent fouvent le nom d'art. M. Ménage a fait un Livre intitulé l’azti-Bailler. On a fait aufli un anti-Menagiana, Ciceron, à la priere de Brutus, avoit fait un Livre à la loïiange de Caton d’Utique ; Céfar écrivit deux Livres contre Caton , & les inti- tula anti-Catones. Ciceron dit que ces Livres étoient écrits avec impudence, g/4s ef? nimis impudenter Ce- Jar contra Catonem meum. Ad Treb. Topica, c. xxv. Il ne faut pas confondre ce Livre de Ciceron avec celui qui eft intitulé Cato-mayor. Le Livre de Cice- ron à la louange de Caton , & les amti-Carons de Céfar, n’ont point pañlé à la poftérite. Patin fait mention d’un charlatan de fon fiecle, qui avoit l’impudence de vendre à Paris des ax- écliptiques | & des anti-comériques , c’eft-à-dire, des remedes contre les prétendues influences des éclip- fes , & contre celles des cometes. Lerr, ch. cecxliv. F ANTIADES , terme ufité par quelques Anatomif- tes, pour fignifer les glandules ou glandes plus or- dinaïrement appellées amygdales. Voyez AMYGDA- LES. (ZL) ANTI-ADIAPHORISTES , £. m. (Théolog.) cet à-dire , oppofés aux adiaphoriftes ou indifférens. Voyez ADIAPHORISTES. Ce mot eft compofé du Grec ayri, contra , contre, & d'adiapopes , indifiérent. C’eft le titre qu’on donna dans le xv1. fiecle à une feéte de Luthériens rigides qui refufoient de reconnoïtre la jurifdiéhon des Evé- ques , & improuvoient plufeurs cérémonies de PE. Tome I, ANT 499 _glife obfervées par les Luthériens titigés. Voyez LUTHÉRIENS. (G ANTI-APOPLECTIQUE, ( Médec. ) épithete que l’on donne à tout remede capable de prévenir ou de guérir l’apoplexie. Le baume anti-apopletlique eftcompofé des drogues fuivantes , qui font des amers, des aromatiques, & des huiles effentielles. Prenez des huiles diftillées de cloux de girofle, de lavande , de citron , de marjo< laine, de menthe , de romarin , de fauge, de bois de rofe; d’abfinthe , de chacune douze gouttes; d’ambre gris, fix grains ; de bitume de Judée , deux grosz d'huile de mufcade par expreflion une once ; de bau- me du Pérou une quantité fufifante ; pour former du tout un baume d’une confiftance molle. | Ce baume échaufte & irrite, appliqué aux narines Où aux tempes ; 1l opere fur les membres paraly{és , en lés en frottant ; il a été en grande réputation ; ila fait place à des compofitions moins efficaces, que la mode a mufes en vogue. On l’ordonne encore dans les affeétions de tête & des nerfs, dans les ftupeurs , dans l’apoplexie, la léthargie, le carus, & autres maladies foporeufes ; on le prend en bol , en élec- tuaire, dépuis, trois gouttes jufqu’à fix. Pharmacop. de Quincy. Ge remede doit être adminiftré avec fageñle ; il eft meilleur que les amuletes &s les fachets de nos char: latans , qui fervent plütôt à altérer la bourfe, qu’à déranger l’humeur qui produit l’apoplexie. Voyez APOPLEXIE. (N) + ANTI-BACCHIQUE , adj. ( Littérar. ) dans l’an- cienne poëfie , pié de trois fyllabes , dont les deux premieres font longues , & la troifieme breve ; tels font les mots cantaré, virtité, E‘hauve: On l'appelle ainf, parce qu’il eft contraire‘au baëchius , dont la premiere fyllabe eft breve, & les deux autres lon- gués, Voyez BACCHIUS. Parmi les Anciens , ce pié e nommoit auffi palimbacchius 8 faturnius ; quel- ques-uns l’appelloient proponticus & theffuleus. Dion, IT. p. 473. (G) | * ANTIBES , ( Géog. mod. ) ancienne ville mari- timé de France, dans la Provence , à l’oppoñite de Nice, fur la Méditerranée. Long, 244. 487. 331, lat. 34 34". 30". | ANTI-CABINET , f. m. ( Archireëture. ) piece en- tre le falon & le cabinet , appellée communément Jalle d'affemblée. Voyez SALLE D'ASSEMBLÉE. (P) * ANTI-CAUCASE, f. m. ( Géog. mod. ) monta- gne de Séleucie, dont parle Strabon. L’arti-caucafe eft au nord du Pont-Euxin , à lPoppofñte du Cau- caïe. ANTI-CHAMBRE,, £. f, ( Archireët.) appellée par Vitruve arrithalamus , eft le nom que l’on donne à la feconde piece d’un appartement au rez-de-chaufée , quand il y a un veftibule qui la précede ; dans ur hôtel, cette piece donne entrée à une deuxieme anti-chambre, ou falle d’aflemblée où fe tiennent les hommes au-deflus du commun, venus de dehors pour parler au maitre : les premieres azri-chambres étant deftinées pour la livrée, rarement fait-on ufage des cheminées dans ces premieres ati-chambres ; on fe contente d’y mettre des poeles au-devant, qui ga- rantiflent toutes les pieces d’un appartement de l’air froid que donne l’ouverture continuelle des portes deftinées pour arriver aux appartemens du maïtre. Voyez les anti-chambres marquées B dans le plan de la Planche XT, d'architeëlure. Voyez aufli POELE. Ces pieces doivent être décorées avec fimplicité , fans glaces, ni tableaux de prix ; à moins qui par la néceflité elles ne fervent de falle à manger ; auquel cas, à l'heure des repas, Les domeftiques fe retirent dans le veftibule. (P) ANTICHRESE , f. f. (ez Droir. ) convention où emprunteur engage ou çede fes pis » {es pof= tri 500 A NT feffions & fes revenus, pour l'intérêt de l'argent prè- té. Ce genre de convention étoit permis chez les Ro- mains, quoique l’ufure y für prohibée ; on l’appel- loit en France zors-gage , pour la diftinguer d’un fimple engagement , où les fruits de la terre n’étoient point aliénés, & que l’on appelloit fgage. Voyez GAGE, 6 HYPOTHEQUE. (4) ANTICHTONES, adj. pl. m. (ez Géog.) font des peuples qui habitent des contrées de la terre diame- tralement oppoiées. Ce mot eft compofé de 4}, contra, & de er, terra. Les Auteurs Latins appellent quelquefois ces peuples aztigene. En ce fens , le mot azrichtones eft fynonyme à an- zipodes , dont on fe fert plus ordinairement. Voyez AN- TIPODES. Le mot anrichiones défigne encore dans les anciens auteurs, des peuples qui habitent différens hémi- fpheres. En ce fens, les azrichrones different des an- zéciens & des antipodes. Les Anciens confidéroient la terre comme divifée par l'équateur en deux hémifpheres , l’un fepten- trional, & l’autre méridional. Ceux qui habitoient lun de ces hémifpheres étoient dits. aztichtones à ceux qui habitoient l’autre. (0) ANTICIPANT , adj. serme de Medecine, attribué au paroxyfme d’une maladie qui vient avant le tems auquel a commencé le précédent ; ainf, fi une fevre quotidienne commence un jour à quatre heures, le lendemain à mois , & le jour fuivant à deux, on dit que l’accés eff articipant ; cela arrive dans les fievres fubintrantes. Voyez FIEVRE, SUBINTRANT. (NW). ANTICIPATION, £ £ l’a@ion de prevenir ou de prendre les devans, foït avec une perfonne, doit dans une aïfaire ; ou d'agir ayant le tems. Añticiper un payement, eft le faire avant fon échéance : par exemple on dit; we celle dette n'éroit pas encore échue, il anticipoit le terms du payement. ANTICIPATION, au Palais, eft l’affignation que donne un intimé à l’appellant, à Peffet de faire juger Pappel par lui interjetté quand il néelige de le faire. On prend pour cet effet des. lettres à la Chancellerie, qui s'appellent lettres d’azsicipation. Et dans les pro- cédures quu font faites en conféquence, l’intimé s’ap- pelle azsicipant, & l’appellant arricipé. Voyez Ap- PELLANT 6 INTIME. ANTICIPATION , ez Philofophie, Voyez PRÉNo- TION (Æ) | . ANTICIPER un payement, ex rerme de Com- merce | c’eft le prématurer , & le faire avant fon échéance. Voyez ANTICIPATION. ANTI-CŒUR , f. m. Voyez AVANT-CŒUR. ANTI-CONSTITUTIONNAIRE. Voyez Ap- PELLANT. @ JANSÉNISTE. * ANTICOSTI, Foyez ISLE DE L’ASSOMPTION. * ANTICYRE, (Géog. anc. € mod.) ile où croif- foit Phellébore , drogue qui purge le cerveau, & qui a fait dire aux Anciens, de ceux qu'ils accufoient de folie, zaviget Anticyram. + ANTIDACTYLE, { m. (Belles-Lertres) nom donné par quelques-uns à une forte de piés en Poëfe, c’eft-à-dire , à un daëtyle renverfé, ou à un pié con- fiftant en deux fyllabes breves fuivies d’une longue. Voyez DACTYLE. (G) ANTI-DATE, { f, (Jurifprud:) eftune date fanfle antérieure" à la vrue date d'un éerit, d’un ae, d’un itre..ou choie femblable. Woyez Dare. Elle. eft moins impoitante, & par cette raïfon: moins puiflable dans les-aêtes fous fignature privée. qui par eux-mêmes n’ont pastde daté certaine, que dans,dlès,-contrats ou robligations pafñlées pardevant : 8 Notaires, parce que çes ates-ci emportent hypothe- Li, 2 à » que, ce que ne font pas les fimples écrits chirogra- phaires. Voyez CHIROGRAPHE. (4) ANTI-DATÉ, adje&. daté antérieurement & fauflement. Ainfi l’on dit : cette lettre eft anridarée : l'ordre qui eft au dos de cette lettre de change a été antidaté, (G + ANTI-DATER, v. a@. ( Commerce, ) mettre une date antérieure, dater d’un jour qui précede celui qu’on devroit mettre. Autrefois on étoit dans l’ufage de laiffer les ordres en blanc au dos des lettres de change, c’eft-à-dire, qu’on ne mettoit fimplement que fa fignature, &il étoit facile de les azsi-dater, ce qui pouvoit produire de très-grands abus, particulierement de la part de ceux quu faifoient des faillites. En effet, ceux qui tom- boient dans ce malheur, & qui avoient des lettres ti: rées à double ufance, ou payables en payement de Lyon, dont l’ordre étoit en blanc, pouvoient les az ti-dater, & ainf les faire recevoir fous des noms em- pruntés, ou les donner en payement à des créanciers qe vouloient favorifer au préjudice des autres, ans qu'on püt en demander le rapport à la mañfe ; parce que la date de leurs ordres paroïffant fort anté- rieure a leurs faillites, l’on ne pouvoit alléguer qu’ils les eufent négociées dans le tems qui avoifnoit leur faillite. Voyez FAILLITE. Le reglement fait pour le commerce en 1673, a pourvu à ce qu'on ne püt azi-dater fi facilement les ordres, en ordonnant , arr. 23, du tir. V. que les figna- tures de lettres de change ne ferviront que d’endof- fement & non d'ordre, fi l’ordre n’eft daté, & necon- tient le nom de celui qui aura payé la valeur en ar- gent, marchandifes, ou autrement; & par l’arr. 26 du même titre, que l’on ne pourra anir-darer les ordres à peine de faux. (G) - ANTI-DICOMARIANITES, (Théol.) les Arri-di= comarianites {ont d'anciens hérétiques qui ont préten- du que la fainte Vierge n’avoit pas continué de vivre dans l’état de virginité; mais au contraire, qu’elle avoit eu plufieurs enfans de Jofeph fon époux, après la naiffance de Jefus-Chbrift. Voyez VIERGE. On les appelle anti-dicamorites, anti-dicomarites, an- ti-diacomartanites,&t quelquefois anti-marianires & an- imariens. Leur opinion étoit fondée fur des paflages de l’Ecriture , où Jefus-Chrift fait mention de fes fre- res &r de {es fœurs; & fur un pafñage de S. Matthieu, où il eft dit que Jofeph ne connut point Marie, juf- qu'à ce qu'elle eut mis au monde notre Sauveur. Voyez FRERE. | Les anti-dicomarianites étoient des fe&tateurs d'Hel- , vidius & de Jovinien, qui parurent à Rome {ur la fn du quatrieme fiecle. (G) : ANTIDOTAIRE , 1. m. (Medecine) livre dans Îe- quel font décrits les antidotes, ou lieu où lon les compofe; c’eft le même que dfpenfaire. Telles font toutes les pharmacopées, où on trouve un grandnom- bre d’antidotes de tout genre. 7 PHARMACOPÉE. ANTIDOT E, f. m. (Medec.) d’avri, contre, & d'au , donner, Ce nom fe donne à tous les remedes propres à chaffer le venin des maladies, foit qu'il pro- vienne de la piquure d'animaux venimeux , de la contagion de l’air, ou de la putréfaétion des humeurs, Voyez ALEXIPHARMAQUES, THERIAQUE. (N) ANTIENNE, L f. ( Hifk eccl.) en latin aztiphona du grec dyri, contre, & çuin, voix, fon. Les antiennes ont été ainfi nommées, parce que dans l’origine on les chantoit à deux chœurs, quife répondoient alternativement ; &c l’on comprenoit fous ce titre les hymnes & les pleaumes que lon chantoit dans lEglife, S. Isnace difcipie des Apôtres, aété, felon Socrate, l’auteur de cette mamere de chanter parmi les Grecs, & S. Ambroife l’a introdui- te chez les Latins. Théodoret en attribue l’origine à Diodore & à Flavien:… SH TI LA Quoi qu'il en foit, on comprenoït fous ce titre tout ce qui fe chantoit dans l’Eglife par deux chœurs alternativement. Aujourd’hui la fignification de ce terme eft reftrainte à certains paflages courts tirés de l'Ecriture, qui conviennent au myftere, à la vie, ou à la dignité du Saint dont on célebre la fête, & qui, foit dans le chant, foit dans la récitation de lof fice, précedent les pfeaumes & les cantiques. Le nombre des ansiennes varie fuivant la folennité plus ou moins grande des offices. Les matines des grandes fêtes ont neuf aztiennes propres; les laudes & les vé- pres, chacune cinq artiennes propres ; chacune des heures canoniales a une des antiennes des laudes, ex- cepté la quatrieme. Les cantiques Berediétlus & Ma- gruficar ont aufli leurs antiennes propres, aufli bien que le Nunc dimirris ; & les trois pfeaumes de com- plies n’ont qu’une antenne propre. Dans d’autres of- fices moins folennels, comme les femi-doubles, le nombre des antiennes eft trois à matines, une pour chaque noturne, cinq à laudes, & celle du Bere- diétus ; une prife de celles des laudes pour chacune des heures canoniales; fix à vêpres, y compris celle du Magnificat ; une à complies pour les pleaumes, &une pour le cantique Nurc dimurtis, L’intonation de l’antienne doit toijours régler celle du pfeaume. Les premuers mots de l’antienne font adrefés par un cho- rifte à quelque perfonne du clergé, qui la répete; c’eft ce qui s'appelle #mpofèr, & entonner une an- tienne. Dans l’office Romain, après l’impofition de l’anrienne , le chœur pourfuit, & la chante toute en- tiere, avant le pfeaume ; & quand le pfeaume ef fini, le chœur reprend l’entienne. Dans d’autres Eglifes, après limpofition de l’azrienne, le chorifte commen- ce le pfeaume, & ce n’eft qu'après le pfeaume que tout le chœur chante l’anrienne. On donne auffi le nom d’antienne à quelques prieres particulieres , que l’Eglife Romaine chante en l’hon- neur de la fainte Vierge, & qui font fuivies d’un ver- fet & d’une oraifon, telles que Le Save regina | Regina cel, &c. V. VERSET, ORAISON, OREMUS. (G) * ANTIFELLO, ( Géog. ) ville ancienne de Ly- cie fur la Méditerranée, aux environs de Patave. * ANTIGOA, ( Géog. mod.) ile de l'Amérique feptentrionale , & l’une des Antilles. 7. ANTILLES. * ANTIGONIE, ( Géog. arc. & mod. ) ville d’'E- pire, auparavant dans la Chaonie ; c’eft aujourd’hui Guffro argiro. ANTIGONIE , ville de la Propontide appellée au- jourd’hui {fola del principe. ANTIGONIE 04 ANTIGONÉE, ville de la Macé- _doine dans la Mygdonie fur Le golfe de Theffaloni- que; c’eft la Thermaique des anciens, Cojogna du tems de Pline , aujourd’hui Artgoca. ANTIGONIE, île des Portugais dans le golfe Ethiopique , proche celle de Saint-Thomas, Ils lap- pellent {/ha da principe. * ANTIGONIES , ( ff. anc. & Myth.) Plutar- que qui fait mention de ces fêtes, ne nous apprend ni comment elles fe célébroient, ni quel étoit l47- tigonus en l'honneur de qui elles furent inflituées. : * ANTIGORIUM , f. m. nom que les Fayenciers donnent à l'émail dont ils couvrent la terre pour en faire la fayence. Voyez FAYENCE. ANTI-HECTIQUE dela Porerie, eft vulgairement appellé anti-heülique de Poterius où de Potier, ( Chimie med. ) parce qu'on a confondu Michel Potier, Mede- cin Allemand, avec Pierre La Porerie, Medecin Fran- cois, auteur de ce remede, qui eft bon fur-tout con- tre l’éthifie ; c’eft ce qui l’a faitnommer enri-heilique. La Poterie prenoit pour le faire une partie de ré- gule martial & deux d’étain: il prenoit trois parties de nitre p@ur une de régule jovial, & il fe {ervoit | d’eau de pluie pour laver fon anti-hettique. Pour faire le régule jovial, il faut mettre dans un creufet üne partie de régule martial d’antimoine; placer le creufet dans un fourneau , le couvrir, & faire du feu autour. Lorfque le régule fera fondu, on y ajoûtera deux parties d’étain fin ; & l’étain étant “fondu , on remuera avec une verge de fer, enfuite on retirera le creufet du feu, & on verfera dans un mortier chauffé. Lorfque ce régule jovial fera refroïdi, on le met: tra en poudre fine, & on le mêlera avec autant de nitre purifié &c bien fec; enfuite on mettra dans un creufet roug1 entre les charbons ardens une petite cuillerée de ce mélange environ un gros. Il fe fera une détonation qu’on laiflera pañler entierement, at- tendant que la matiere paroïfle fondue dans le creu- ft, pour y mettre une nouvelle cuillerée du mê- lange. | Tout étant employé , on laïflera la matiere eh fu- fon pendant environ un quart-d’heure ; enfuite on la retirera du feu, & on la verfera dans de l’eau bouillante. On laiflera tremper quelques heures, en fuite on agitera le tout, & on verfera par inclinas tion l’eau blanche; ce qu’on réitétera jufqu’à ce que l’eau ne blanchifle plus, & qu'il ne refte que des grumeaux au fond. Enfin on laiflera toutes ces lo= tions fans y toucher; il fe dépofera au fond une pou- dre grife. On verfera l’eau claire qui furnage, & oh reverfera de nouvelle eau fur la poudre pour la def- faler entierement ; enfuite on la fera fecher ?ce fera lPanti-hetique de la Poterie, Il y en a qui ne veulent pas prendre le régule martial pour faire le régule jovial ; cependant on doit le préférer à tout autre pour cela, comme fai- {oit l’auteur. Il faut feulement avoir foin de choifir le régule martial fort beau; & il n’en faut mettre qu'une partie avec deux parties d’étain. On s'attache trop aujourd’hui à une couleur bleue, qu'on veut qu’ait l’anri-heëlique de la Poterie ; deforte que fouvent, pour conferver cette couleur, on ne décompofe pas aflez l’étain. Celui que faifoit l’au- teur avoit d’abord une couleur grife cendrée ; en- fuite 11 le calcinoït à un feu de réverbere , ce qui lui donnoit une couleur bleuâtre : le feu de réverbere peut tirer des couleurs des chaux métalliques. Si on ne commençoit pas cette opération par faire le régule jovial, une partie de l’étain tomberoit au fond du creufet. L’anti-hectique de la Poterie eftune efpece de dia- phorètique minéral ; & il en a aufli les vertus : il eft même à préférer au diaphorétique ordinaire, lorf- qu'il y a complication d’hémorrhagie ou de foibleffe de poitrine. Voyez DIAPHORÉTIQUE, MINÉRAL, ETAIN. La Poterie donnoit fon ani-heülique poux la plüpart des maladies qui viennent d’obftruétion | pour le fcorbut, les écrouelles , &c für-tout pour l’éthifie, La méthode dont il fe fervoit pour le faire pren- dre , étoit d’en donner le premier jour quatre grains; & il faifoit augmenter chacun des jours fuivans d’un ou de deux grains ; deforte qu'il en faifoit prendre jufqu'à quarante, & quelquefois jufqu’à cinquante grains. On peut dire en général que, dans les maladies longues dans lefquelles il eft néceffaire de faire un long ufage des remedes pour guérir, c’eft une très-bonne méthode de les faire prendre d’abord en petitedofe, augmentant de jour en jour jufqu’à une quantité proportionnée à la force de la maladie & du malade; & après avoir fait continuer quelques jours cette même quantité , 1l eft bon de diminuer , comme on a augmenté; &c il ne faut pas juger qu'un remede eft fans effet, parce qu'il ne guérit pas les maladies dans les premiers jours du régime. Le traitement des maladies doit être différent, felon les différentes ma- ladies: on ne doit pas traiter des maladies longues $0z ANT qu'on‘appelle chroniques , comme il faut traiter les maladies vives qu’on appelle aiguës. On eft long- tems à guérir ou à mourir des maladies longues; & au contraire on guérit ou on meuït promptement des maladies vives. On doit mettre, pour guérir une maladie, un tems.proportionné à celui qu'elle a été à fe former; les maladies longues s’étant formées lentement, né peuvent & ne doivent point être gué- ties ou traitées promptement. Tout le monde con- vient que toutes les maladies viennent plus promp- tement qu’elles ne pañlent ; & cependant prefque tout le monde fait l’injuftice aux Medecins de trou- ver mauvais qu'ils ne guériflent pas les maladies plus promptement qu’elles n’ont été à fe former. Les amis des malades, en les plaignant de leur état, né- gligent prefque toûjours de les encourager à faire -conftamment ce qu’il faut pour guérir; & ils n’affer- silent point leur confiance en la Medecine , au con- traire. D'ailleurs, comme les maladies longues fe forment d’abord fans qu’on s’en apperçoive, leur uérifon eft de même infenfble ; deforte que le ma- val fe fatigue de prendre des remedes, ne croyant pas enrecevoir de foulagement; & le Medecin s’en- mue de s'entendre dire que tout ce qu’on fait fui- vant {es confeils, eft inutile : le malade &c le Mede- cin fe dégoûtent l’un de l’autre, & ils fe féparent. C’eft ainh qu’il arrive fouvent qu’on regarde comme incurables , des maladies que les Medecins guéri- roient, fi le malade n’étoit pas impatient , & le pu- blic iqufte. Voyez CHIMIE MEDICINALE. (M) . * ANTILIBAN, f{. m.( Géog. mod. ) chaine de montagnes de Syrie ou de Phénicie, vis-à-vis du Liban. Il eft habité aujourd’hui par des Semi-chre- tiens appeilés /es Drufes, Le Jourdain a fa fource dans ces montagnes. . * ANTILLES ( Géog. mod.) iles de l'Amérique difpofées en forme d’arc , entre l'Amérique mé- ridionale & l’ile de Porto-Rico, proche la ligne. Chriftophe Colomb les découvrit en 1492. elles font au nombre de vingt-huit principales. Les grandes font Saint-Domingue, Cuba, la Jamaique, & Porto-, Rico. Long, 316. 10-319. lat. 11. 40-16. 40. ANTILOGARITHME, ( Mathém. ) fe dit quel- -quefois du complément du logarithme d’un finus, d’une tangente, d’une fécante, c’eft-à-dire, de la différence de ce logarithme à celui du finus total, c'eftà-dire du finus de 90 degrés. foyez LoGaA- RITHME & COMPLEMENT. (0) _ ANTILOGIE, £. £ ( Lirérar. ) en Grec avrincyte, difcours contraire ; contradi@ion qui fe trouve entre deux expreflions ou deux paflages du même Auteur. Voyez CONTRADICTION. Tirinus a publié un long izdex des apparentes ar- alogtes de la Bible, c’eft-à-dire, des textes qui fem- blent fe contredire mutuellement , mais qu'il expli- que & concilie dans fes commentaires fur la Bible. Dom Mageri, Relisieux Maltois de l’Oratoire en Ita- he, a tenté un pareil ouvrage: mais il n’a fait, pour ainf dire, que répeter ce que l’on trouve dans les principaux Commentateurs. Ÿ. ANTINOMHE. (G) ANTILOPE, ( Æifl. nar. ) animal quadrupede mieux connu fous le nom de gazelle. V. GAZELLE.(J ANTI-LUTEERIENS ox SACRAMENT AIRES, dubft, m. pl. (Théo. ) héretiques du xvr. fiecle, qui ayant rompu de communion avec l’Eglife à l’imita- tion de Luther, n’ont cependant pas fuivi fes opi- nions, & ont formé d’autres feétes, tels que les Ca/- vinifles, les Zuingliens , &c. Voyez CALVINISTES ; ZUINGLIENS , SACRAMENTAIRES, (G) * ANTIMACHIE, { £ ( Æifl. ane. € myth.) fête qu’on célébroit dans l’île de Cos, pendant laquelle le prêtre portoit un habit de femme, & avoit la tête liée d’une mitre, ou d’une bande à [a mamiere des femmes, Pour rendre raïon, & de l'inftitution de la fête & de l’habillement du prêtre, on dit qu'Hertule revenant en Grece après la prife de Troie, la tem: pête écarta fix navires qu'il avoit; que celui qui le portoit échoua à l’île de Cos, où:il prit terre fans ar- mes & fans bagage; qu’il pria un berger nommé 47: tagoras de lui donner un bélier; que le berger qui étoit fort & vigoureux, lui propofa de lutter, lui pro- mettant le bélier, s’il demeuroit vainqueurs, qu'Her- cule accepta la condition; que quand ils en furent aux mains, les Méropes fe mirent du côté d’Antago- ras, &c les Grecs qui fe trouverent préfens, du côté d'Hercule ; qu'il s’enfivit un combat très-vif; que Hercule accablé du grand nombre, fut obligé de s’en- fuir chez une Thracienne, où il fe déguifa en femme pour échapper à ceux qui le pourfuivoient ; qu'ayant dans la fuite vaincu les Méropes, il époufa Alciope portant au jour des noces une robe ornée de fleurs; ë que c’etoit en mémoire dece fait, quele prêtre de l’île de Cos , en habit de femme, offroit un facrifice au lieu du combat, où les fiancés aufli en habit de femme embrafloient leurs fiancées. Voyez Ant. expl. Jp. page 10. tome IL. ANTIMENSE, {. £.( Hiff. eccl. ) eft une forte de nappe confacrée, dont on ufe en certaines occafons dans PEglife Grecque, en des lieux où il ne fe trouve point d’autel convenable. Voyez AUTEL. _ Le Pere Goarobiferve, qu’eu égard au peu d’éeli- fes confacrées qu'avoient les Grecs, & à la difficulté du tranfport des autels confacrés, l’'Eglife a fait du- rant des fiecles entiers ufage de certaines étoffes con- facrées, ou de linges appellés artimenfta , pour fup- pléer à ces défauts. (G ANTIMETATHESE, f. f. figure de Rhétorique qui confifte à répéter les mêmes mots ; mais dans un {ens oppofé, comme dans cette penfée: 207 ut edam vivo, féd ut vivam edo ; je ne vis point pour manger, mais je mange pour vivre. On la nomme encore 4r- timétabole & antimétalepfe. (G * ANTIMILO , ( Géog. mod. ) île de PArchipel , au nord de Milo & à l’entrée du havre. ANTIMOINE , £. m. ( if. nar. G chim. ) c’eftun minéral métallique , folide, friable, affez pefant, qu’on trouve enfermé dans une pierre dure, blan- châtre, & brillante, qu’on appelle gazgue, On en {é- pate l’artimoine par la fufion; après cette premiere préparation, on le nomme aztimoine crud. Dans-cet état, il a une couleur de plomb; c’eft pourquoi les Alchimiftes l’ont nommé /e plomb des Philofophes , le plomb des fages, parce qu’ils ont prétendu que les fa- ges devoient chercher le remede univerfel & le fe- cret de faire l’or dans l’arztimoine. Il y a différentes fortes d’anrimoine natif; on.en trouve qui a l'apparence du plomb ou du fer poli: mais il eft friable , &z il eft mêlé avec une pierre blanche ou cryftalline, On en voit qui eft compofé de petits filets brillans, difpofésrégulierement ou mê- lés fans ordre ; c’eft ce que Pline nomme artimoine mâle ; & il donne le nom d’arrimoine femelle à celus qui eft compofé de lames brillantes. Il y a de l'ar- moine natif qui n’eft qu’un amas de petits filets de couleur de plomb, tenans à une pierre blanche & ten- dre : il fe fond au feu auffi facilement que du foufre, aufñ en contient-il beaucoup ; on en trouve dans.le comté de Sainte-Flore proche Mañla, ville de la Campagne de Rome. L’axrimoine eft aufli marqué quelquefois de taches jaunâtres ou rougeûtres ; 1ly en a de cette forte dans les mines d’or de Hongrie. Le plus fouvent larsimoine eft en mine, c’eft-à- dire, qu’il eft mêlé avec des matieres étrangeres ; & on croit que c’eft pour cette raïfon, qu’on lui a don- né le nom d’antimoine | comme n'étant prefque ja- mais feul : en effet il eft toûjours mêlé amec des ma- tieres métalliques ou avec des métaux. On donne une autre étymolovie du mot ertimoine ; On a pré= tendu qu’il avoit été funefte à plufieurs Moines con- freres de Bafile Valentin, qui leur en avoit fait pren- dre comme remede ; & que c’étoit par cette raïfon qu’on lui avoit donné le nom d’ezéimoine , comme qui voudroit dire contraire aux Moines, On trouve prefque par-tout des mines d’arrimoi- ne ; il y en a en plufeurs endroits d'Allemagne, comme en Hongrie : nous en avons plufieurs en France. Il y en a une bonne mine à Pegu ; une autre près de Langeat & de Brioude ; une autre au village de Pradot, paroifle d’Aly, qui donne un artimoine fort fulphureux : elle a été ouverte en 1746 & 1747. Un autre filon d’antimoine au village de Montel dans la même paroifie, en Auvergne. On a trouvé d’au- tres mines de ce même minéral à Manet près Mont- brun en Angoumois. Il y a de l’aztimoine dans les mi- nes de pierre couvife ou pierre couverte d’Auriac, de Cafcatel, dans le vallon nommé /e champ des imi- nes ; & à Malbois, dans le comté d’Alais en Langue- doc; à Giromagny & au Puy dans la haute Alface ; en Poitou &en Bretagne , 6e, On ne voit point chez les Marchands, d’artimoine qui n’ait été féparé de la mine par une premiere fufon. Pour tirer ce minéral de fa mine, on la cafe en morceaux, & on la met enfuite dans un vaifleau dont le fond eft percé de plufieurs trous; on couvre le vaiffeau, & on lute exactement le couvercle: on met le feu fur ce cou- vercle , la chaleur fait fondre larrimoine qui coule par les trous dont on vient de parler, dans un réci- pient qui eft au-deffous, où il fe moule en male py- ramidale.C’eft l’axtimoine fondu, que l’on doit diftin- guer de l’arimoine natif, c’eft-à-dire , de l’artimoine qui n'a pas pañlé au feu. Le meilleur aztimoine eft celui qui eft le plus brillant par une quantité de filets luifans comme le fer poli, & en même tems le plus dur &c le plus pefant. Il ne faut pas croire que l’erxi- moine de Hongrie foit meilleur que celui de France pour lufage de la Medecine. Geoffroy | Mat. medec. tome I. L’antimoine eft compofé d’une fubftance métalli- que qu'on nomme régule , & d’une partie fulphu- reufe qui forme environ le tiers de fa mafñle. Cette partie fulphureufe de l’antimoine eft de la nature du foufre minéral ; elle eft compofée du fuperflu du principe huileux de Partimoine 8 du fuperflu de fon principe falin , qui eft vitriolique : ce foufre eft dif- férent du principe huileux , qui concourt à la com- pofition de la partie réguline. Le mercure a de grands rapports avec cette ma- tiere réguline : la terre de l’aztimoine eft extrème- ment légere, comme eft celle du mercure : le foufre s’unit également au mercure êc au régule d’anrimoi- ne, de forte qu'on peut regarder l’antimoine crud comme une efpece de cinabre , compofé de la par- tie métallique de l’antimoine | unie au foufre com- mun, de même que le cinabre proprement dit eft lé mercure uniau foufre , avec lequel il forme des ai- guilles. L’anrimoine a encore ceci de commun avec le mercure, que Pefprit de fel a autant de rap- port avec le régule d’artimoine , qu’avéc le mer- cure. Plufieürs Chimiftes regardentla partie métallique de l’artimoine comme un mercure fixé par une va- peur arfénicale. Maïs peut-on retirer du mercure du régule d’anfimoine? quelques-uns ont dit que cemer- cure qui farfoit partie de l’anrimoine, étoit la produc- tion de l’opération que l’on fait pour l’en tirer ; d’au- tres ont aflüré que ce mercure étoit contenu. dans l’intérieur de l’artimoine. Quoiqu’on tire du mercure du régule d’ertimoine , ileft difficile de mêler du régule d'ertimoine avec du mercure ; 1l faut obferver à cette occafon que l’ar- timoine crud ne peut que très-diffcilement {e mêler au régule qui {e joint facilement au foufre. ANA 563 Quelques Chinuftes ont penfé que fi of pouvoit tir enfemble le mercure & l’antimoine , ce feroit ur moyen de découvrir de nouvelles propriétés dans ces deux minéraux. Plufieurs fe vantent d’avoir tiré du mercure dé l’antimoine : mais aucun ne dit qu'il les ait joints en- femble ; quoiqu'il y en ait, du nombre defquels eft Becker , qui aient cherché à purifier le mercure par le moyen de l’azcimoine. L’antimoine contient beaucoup de foufre : cepen- dant il eft très-dificile de lunir au mercure quiie hé fi aifément au foufre ; parce que le foufre s’attaché encore plûtôt à Panrimoine , qu'au mercure même. On fait que le régule d'axtimoine eft un des plus forts moyens qu’on puifle employer pour retirer le mer: cure du cinabre ; & c’eft fuivant ce principe , que pour faire le cinabre d’arrimoine | on enlevé premie- rement la partie réguline de l’antimoine | pour que {on foufre ait la liberté de fe joindre au mercure. Cependant dans la vûe d’unir enfemble ces deux matieres qui font d’une fi grande importance en Chi- nue , M, Malouin à fait plufieurs expériences ; & après avoir tenté inutilement différens moyens diffi- ciles & compliqués , il a réuffi par d’autres qui font plus naturels & plus fimples , dont il a rendu compte dans un mémoire qu’il donna à l’Académie Royale des Sciences en l’année 1740. Voyez ETHIoPs AN- TIMONIAL,. Si on verfe de l’eau-forte fur de l'arrimoine en pou dre groffiere, & que pendant la diffolution qui réful- tera de ce mélange, on y ajoüte de l’eau froide ; il furnagera aufli-tôt après la diflolution une matiere grafle qui vient de l’antimoine , & que M. Malouin dit, dans fon mémoire fur l'union du mercure & de l’antimoine , avoir détaché de l’anrimoine pat le moyen du mercure. On peut tirer par la diftillation de l’ansimoine, faite par une cornue, une liqueur acide , comme on en peut tirer du foufre de la même façon ; & c’eft cette liqueur , qu’on peut tirer aufi de l’artimoine ,| que quelques Chimiftes ont nommée v/raigre des Philofo- phes ; il ya d’autres préparations de vinaigre d’anri- moine ; le plus recommandé eft celui de Bafñle Va- lentin. Il y en 4 qui appellent mercure d’entimoine , le mercure tiré du cinabre d’artimoine mêlé avec la chaux ou le fer, quoique le mercure ne puifle être dit que mercure revivifñié du cinabre d’antimoine. Au refte on trouve dans bien des livres de Chimie différens procédés pour faire du mercure avec de l’a: timoine : mais le fuccès ne répond pas aux promefles des auteurs ; de forte que Ro/finckius , & l’auteur in- crédule qui a pris le nom d’Udene Udenis, mettent ce mercure tiré de l’aztimoine au nombre des non-êtres , c’eft-à-dire des chofes qui ne font point. Cependant Becker & Lancelot ont foûtenu ce fait. Le procédé qu’en donne Lancelot dans fon ouvrage qui a pour titre Epiftola ad curiofos , eft fidele ; &z quiconque voudra le fuivre exaftement ; trouvera l’opération embarraflante , mais vraie , fuivant la Pharmacopée de Brandebouro. L'antimoine a caufé de grandes conteftations en Medecine. La nature de ce minéral n'étant point en- core aflez connue ; la Faculté fit en 1566 un decret pour en défendre l’ufage , & le Parlement confirma ce decret. Paumier de Caen grand Chimifte , & céle-. bre Medecin de Paris, ne s’étant pas conformé au decret de la Faculté & à l’Arrêt du Parlement , fut dégradé en 1609 : cependant l’antimoine fut depuis inféré dans le livre des Médicamens , compoôfé par ordre de la Faculté en 1637; & enfin en 1666 , l'ex: périence ayant fait connoïtre les bons effets de l’euri- moine dans plufieurs maladies , la Façulté en permit ÿO4 ANT lufage un fiecle après l'avoir défendu ; le Parlement autorifa de même ce decret. Quoique dans tous les tems plufeurs perfonnes aient cherché à rendre l’ansimoine fufpet de pofon, cependant l’efficacité de fes préparations a prévalu contre leurs efforts. Ces préventions ont furtout fait appréhender long- tems de le donner crüd. Kunkel eft un des premiers qui ait ofé le faire ; l’ufage intérieur de l'axcimoine crud eft cité dans Kunkel, ZLaborator. chimic. page 432. Kunkel dit qu'en 1674, il étroit malade d’un violent rhûmatifme s il étoit alors à Wittemberg , &c il confulta fur fon état Sennert grand Medecin d’AI- lemagne , qui lui dit qu'à l’occañon d’une douleur violente & opiniâtre comme étoit celle dont Kun- kel fe plaignoit un Medecin Italien avoit donné avec fuccès à Vienne, l’antimoine, mais qu'il ne favoit pas la préparation qu'on devoit faire pourcorriger l’ez- timoine de poifon. Kunkel qui étoit plus Chimifte que Sennert, penfoit que l’anrimoine ne tenoit point du poifon ; & il fe fouvint que Bafile Valentin le re- commandoit pour engraïffer les cochons ; il favoit qu’on le donnoït aux chevaux. Il fe détermina à en faire ufage , & il le prit pendant fept jours , com- mençant parcinq grains, & finiffant par trente-cinq; enfuite il { repofa trois jours ; cela le fit tranfpirer & urinér: le dixieme jour , étant dégoûté de la confer- ve de rofe, dans laquelle il prenoit l’antimoine crud porphyrifé ; il en fit faire des tablettes avec l'écorce confite de citron & de la canelle ; il entroit dans cha- que tablette vingt-cinq grains d’antimoine ; 1l en pre- noit chaque jour une tablette , divifée en trois par- ties , dont il prenoit une le matin, une autre à mudi, & la troifieme le foir ; & 1l fe trouva par ce moyen parfaitement guéri au bout d’un mois. Kunkel dit qu’en 1679 , il en prit avec fuccès pour une fievre quarte. Il le recommande pour les mala- dies qui font accompagnées de paralyfie ; pour les fie- vres longues qui viennent de mauvaifes humeurs, foit que ces fievres foient intermittentes, foit qu’elles {oient continues; pour les douleurs de goutte; pour les enfans noùés ; pour les fleurs blanches. Le Me- decin y joint d’autres remedes, felon les vües qu'il peut avoir pour la guérifon du malade. | L’antimoine ctud entre dans la compofition de l’an- tidote de Nicolas Myreptus. Il y a dans la Pharma- copée de Brandebourg des tablettes antimoniales , fous le nom de Morfuli reflaurantes Kunkeli. Dans chaque gros de ces tablettes il y a cinq grains d’anti- moine. Épiphane Férdinand , kif. 27. dit que l’a- zimoine crud eft le véritable remede des véroles in- véterées. Prefquetousles Chimiftes, & Paracelfe lui-même, difent que lesvapeurs de l’antimoine font nuifibles à la fanté. Pour moi, je penfe qu’elles ne font point em- poifonnantes ; jai beaucouptravaillé fur l'azmoine, fans jamais en reflentir d’incommodité. On ne doit craindre les vapeurs de l’anrimoine , que comme on craint les vapeurs du foufre ; & aflürément on ne doit pas fuir les vapeurs du foufre comme des va- peurs arfénicales. M. Lemery qui a beaucoup travail lé fur lartimoine n’en a jamais été incommodé. M. Lefmant de Rouen , dit qu’on accufe mal-à- propos l’antimoine de donner des vapeurs nuifibles , que jamais il n’en a fouffert la moindre incommodi- té, quoiqu'il en aït brülé une prodigieufe quantité ; que les vapeurs de l’aztimoine n’afieétent la poitrine que comme le foufre commun l’affeéte ; & il ajoûte qu’un homme incommodé d’afthme venoit continuel- lement chez lui, pour prendre & manger cette efpe- ce de farine blanche qui fe forme , loriqu’on prépare le verre d’ancimoine, & que cet homme s’en trouvoit bien. La plûpart des Medecins attribuent une vertu ar- fénicale à l’ansimoine ; c’eft à cette qualité qu'ils rap: portent la propriété qu'a l’artimoine de faire vomir ; d’autres avec M. Mender nient cette qualité arféni- cale dans l’anrimoine ; & ils fondent lèur fentiment fur ce que le fel de tartre diflout entierement larfe- nic , & ne peut diffoudre le régule d’eztimoine, Le diaphorétique minéral n’a rien de corrofif, il n’a rien qu’on puifle foupçonner d’être arfénical : cepen- dant en rétabliffant cet antimoine diaphorétique, on lui redonne toutes les qualités de l’arsimoine qu’on attribue à fa propriété arfénicale ; propriété qui n’é= toit pas dans les matieres qu'on employe pour réta- blir l’antimoine. Maïs on peut répondre à cela ,que file fel de tartre ne diffout pas Le régule d’antimoine , ou du moins fa partie arfénicale , c’eft qu’elle eft intimement unie & comme enveloppée dans la partie métallique ou réguline propre de lartimoine , que le fel de tartre ne peut difloudre. | Pour ce qui eft du diaphorétique minéral , il eft vrai que la matiere grafle qu’on employe pour le ré- tablir en régule ne contient point de matiere arféni- cale : maïs il y a lieu de croire que dans le diapho- rétique minéral fe trouvent tous les principes de l'az- timoine ; que l’artimoine calciné eft dans un état à n'être pas vomitif, comme l’aztimoine crud n’eft pas ordinairement vomitif, quoique l’artimoinecrud con- tienne tout ce qui eft extrèmement vomitif dans le régule d’antimoine. , Du tems de Diofcoride on attribuoit à l’aztimoine la vertu de reflerrer les conduits du corps, de con- fumer les excroïiflances des chairs, de nettoyer les ulceres des yeux ; c’eft peut-être pour cette vertu-ci qu’on le nomme platyophthalmon. Enfin on liattri- buoit les mêmes propriétés qu’au plomb brûlé. Diof: coride dit quel’antimoine mis fur les brülures avec dela graïfle fraiche, empêche qu’elles ne s’élevent en vef- fie ; que l’anrimoine mêlé avec de la cire & un peu de cérufe, cicatrife lesulcérations qui ont croûte. L'huile glaciale d’artimoine étoit connue du tems de Ma- thiole qui en parle ; & il paroïît par ce qu'il dit en même tems, qu'il avoit une préparation particuhere d'huile d’artimoine , de laquelle il ufoit , dit-il , heu- reufement pour les ulceres malins &r caverneux. L’émail jaune de la fayence fe fait avec de l'ezx- moine , la luie , leplomb calciné ; le fel , & le fable. M. Malouin a trouvé que l’antimoine crud fondu avec le verre donne au verre une couleur de grenat. La compoñition pour faire les caraéteres de l’Im- primerie , eft de deux onces de régule d’artimoine avec une livre de plomb. Les anciens , pour relever la beauté du vifage &c donner plus de vivacité au teint , formoient les four- cils en arcs parfaits , & les teignoient en noir : ils ajoûtoient aux paupieres la même teinture pour don- ner aux yeux plus de brillant ; cet artifice étoit en ufage chez les Hébreux. Jefabel époufe d’Achab, & mere de Joram roi d’Ifraël , ayant appris l'arrivée de Jehu dans Jezrahel , s’orna les yeux avec l’azri. moine, Res. IX. 30. Cette drogue, dit M. Rollin dans fon Hifloire ancienne , page 144. retrécifloit les pau- pieres & faifoit paroïtre les yeux plus grands, ce qui étoit regardé pour-lors comme une beauté, P/r7. L. XXXIIT. c.vr.De-là vient cette épithete qu'Ho- mere donne fi fouvent aux Déefles mêmes, Bow fn, Junon aux yeux de bœuf, c’eftà-dire, aux grands eux. : L’Alchimifte Philalethe appelle l’antimoine fon aï- mant, l'acier des Philofophes, le ferpent qui dévora les compagnons de Cadmus , le centre caché qui abonde en {el. Voyez Currus triumph. Bafile Valentin ; Traité fur l'antimoine de Sala, de Lemery & de Men- der; Traité de Chimie de Malouin. Il faut choïfir l’antimoine qui a les plus longues aï- | guilles gilles & les plus brillantes ; le meilleur ansimoine a ne couleur bleue tirant fur le rougeâtré , ce qu’on appelle couleur de gorge de pigeort. L'antimoine ft facile à fondre au feu; & lorfqu'il eft en fufion , il eft aflez fluide: Si on.fait un feu moins fort qu'il ne faut pour le fondre , il fe caicine ; d’abord le foufre fuperflu fe diflipe , 8 ce qui refte ên poudre étant fondu, donne le régule d’azrmoine, Voyez RÉGULE D'ANTIMOINE. Si on continue de le laïfler expofé an feu , le principe huiléux de la partie métallique de l’anrimoine, qui eft fon régule , {e difiipe auf, & il refte en une efpece de cendre ui fondue fait le verre d’antimoine. Voyez CHAUX D'ANTIMOINE , VERRE D'ANTIMOINE: On peut féparer la partie réguline de l’astimoine de fa pattie fulphureule, par le moyen de l’eau ré- gale qui en diflout le métallique , & laïfle le foufre qui’y étoit mêlé. Quoique la'partie métallique de Panrimoine ait na- turellement une grande liatfgn avec le foufre miné- ral, cependant celle qu'y ont les autres métaux eft Æncoré plus grande; de forte que fi on fond l’exti- moine avec quelque métal que ce foit , à l'exception de Por & de l'argent, le foufre de l’entimoine quit- tera {a partie réguline pour s’attacher an métal ou aux métaux avec lefquels on laura fondu , & la par- tie réguline reftera féule, On fe fert ordinairement de ce moyen pour faire le régule d'astimoine ; où l’appelle régule martial, fi pour le faire on a employé le fer; répule jovial, fi on a employé Pétain ; réeule de Venus , fi c’eft le cuivre , &c. On peut aufh fe férvir de fels alkalis, où qui s’alkalifent dans Popé- ration , pour abforber le foufre minéral , & en fe- parer le réoule ; c’eft ce qu'on nomme répule ordi- aire. Ine faut pas croire que ces matieres enlevent fim- plement le {oufrè minéral qui eft dans l’arrimoine : . elles s’attachent auf, quoique moins facilement , à la partie métallique ; c’eft pourquoi il y a toùjours dans les fcories qui fe forment dans cette opération, du régule plus où moins , & le régule prend une partie du métal qu'on a employé pour le féparer du ioufre fuperflu. Outre ces régules, la chaux & le verre d’aztimoi- ne, on prépare communément avec ce minéral Paz- zimoine diaphorétique ou le diaphorétique minéral , le foufre doré d’artimoine , le kermès minéral , le foie d’artimoine., le fafran des métaux, le beurre d’antimoine ,| le béfoard minéral , la poudre d’alga- roth , ou le mercure de vie, le cinabre d’antimoine, l’éthiops antimonial, Le vin émétique , le tartre ëmé- tique. | On voit, par tout ce que nous avons dit, que lantimoine crud contient beaucoup de foufre de la nature du foufre commun ; c’eft vraiflemblablement par cette partie {ur-tout qu’il eft bon dans les mala- dies de la peau, & dans certaines maladies de poi- trine , comme eft l’afthme. Lorfqu'on fait ufage de l’antimoine crud , il faut s’abftemir de tout ce qui eft aigre , autrement on au- roit des naufées & des défaillances, M. Malowin a fait l'expérience que le vin blanc diflout l’anrimoine: & quoique lazrimoine, dans fon état naturel, foit plütôt bien-faifant que mal-faïfant ; cependant il eft pernicieux lorfqu’il eft diflous : il a cela de commun avec le plomb, qui eft ami des chairs tant qu'il eft dans fon état naturel, & qui eft fort mauvais lor{- qu'il eft diffous. Ayant mis du vin blanc en diget- tion fur de l’ertimoine crud en poudre, ce vin prit un goût cuivreux & de rouille de fer : M. Malouin en ayant goûté, trouva que le peu qu'il en avala - Pincommoda fort ; ce qui lui ôta l’efpérance qu'il avoit de trouver, pour la guérifon de certaines ma- ladies longues , une teinture d’ertimoine çrud faite Tome I, AN T soÿ par le vin. 11 fewpropofe d’éprouver fi on ne peut point faire un bâume d’asrinoine anifé, ou térében- thiné , ou autre, comme on fait un baume de foufre ame , Ge. Ces obfervations conduifeñt à ne pas donner l’a timoine crud à ceux qui ont des aigres dans leflomac & dans les humeurs , qu’on n’ait Auparavant adouct 8 purgé ces humeurs : fouvent il eft à propos dé joindre à l’artimoine crud des abforbans ,'ou des ale Kalis , comme la nacre de perle, le corail, les yeux d’écrevifles ; la craie de Briançon , les coquilles dé moules nettoyées & porphyrifées. Il fe trouve des occafons où il'eft utile de joindre l’antimoine crud au fafran de Mars, comme pour les perfonnes du fexe quiont le fang gâté, & qui n’ont point leurs regles ; on leur donne, par exemple, huit grains de fafran de Mars préparé à la rofée , mêlés avec quatre grains d’azsimoine crud réduit en pou- dre fine : les Medecins varient les dofes &g les pro: portions de ces deux remedes, felon les circonftan- ces. | On fait un grand ufage de l’anrimoine crud dans les tifanes, comme dans celles de Callac, de Vinache,, Gc. On met ordinairement dans ces tifanes une of- ce d’antimoine pour chaque pinte d’eau ; on le caffe auparavant en morceaux, & on le met dans un lin ge, qu'on lie avec un fil, pour enr faire un noùet; le même noûet fert tohjours pour refaire de la tie fane. | Lorfqw’on met de Partimoine dans les tifanes , il ne faut pas y faire bouillir de vin, comme on fait quelquefois ; pour les employer dans des cas de pa- ralyfe , à la fuite d’apopiexies féreufes. Voyez la Chi. mie medicinale, chez d'Houry, à Paris. ( L) * ANTIMOINE ( vérred’1) Réduifez en poudre lax- timoine ; méttez-le dans un plat de terre non vermiflé fur un feu modéré, mais capable-de faire fumer la timoine {ans le mettre en fufñon. Si votre feu eft fort, & que Vous n'ayez pas foin de remuer fans cefle la poudre d’un & d'autre côté, une partie amollira , s’amafera & fe grumelera : fi vous vous appercevez que la matière {oit ainf grumelée , ôtez-la de deflus le feu ; mettez les grumeaux dans un mortier & les réduifez en poudre ; reméttez enfuite la poudre fur le feu ; achevez la calcination avec plus de précaur- tion. La calcination fera faite quand la poudre ne fu- mera-plus, qu’elle né donnera aucune odeur, &r qu'- elle fera blanchâtre : alors jettez-la dans un creufet éntre des charbons ardens ; couvrez le creufet; fai- tes un feu violent pendant environ une demi-heure, en foufflant , afin que la matiere entre plus prompte- ment dans une parfaite fufñon. Pour vous aflürer de la fufion , plongez-y une verge de fer; f vous ne trouvez aucune réfiffance vers le fond du creufet, & qu'ayant retiré la verge vous voyiez que la matiere file au bout , & qu'y étant refroidie, elle foit tranf- parente , retirez auffi-tôt le creufet du feu ; verlez la matiere fondue fur un marbre chauffé où dans une baffine plate de cuivre ; laïffez-la refroidir , & vous aurez ce qu'on appelle verre d’antimoine. Ce verre eft caffant, fans soût, fans odeur, tranf- parent, d’une couleur jaune tirant fur le rouge, c’efe. à-dire , de couleur hyacinthe. Le fer rétablit en régule Pazrimoine calciné. Sion remue long-tems avec une verge de fer la chaux d’antimoine fondue , on trouvera au bout de la ver- ‘ ge de petites globules de régule. L’antimoine calciné perce les creufets par le fond ; + . * A E un creufèt ne peut donc fervir plufieurs fois à faire mle verre d’antimoine. On fait encore du verre d’antimoine avec le régule en le calcinant de la même maniere. M. Stahl dit mê- me que celui de régule eft plus pur que celui d’'ai. ‘moine crud. | Sss 506 ANT Si l’on véut que le verre d’antimoint {ot trahfpas rent, il faut aufh-tôt que l’azrimoirte eft calciné, le mettre dans un creufet pour le fondre ; 1l faut même choiïfir un tems ferein , ou quand on le fond y jetter un peu de foufre ou de nitre. | . Il yen a qui, quand le verre eft obfcur , le broyent; le calcinent & le refondent. D’autres en tirent la teinture -par l’efprit de verd-de-gris, & après lavoir fait fécher , le refondent, RANLE Plus le verre d’antimoine eft blanc moins 1l eft érmé- tique; On fait de ce verre des tablettes & des pañtil- les vomitives & purgatives, | - _ Le moclique ou le remede contre les coliques de Plombier & de Peintre , eft fait de verre d’antimoirie & de fucre en poudre mêlés , dont on fait une pâte en humeétant le mêlange. Voyez REMEDE DE LA CHARITÉ. | Le verre d’antimoine eft plus ou moins émétique ; felon qu'il eft plus ou moins broyé. On le donne de- puis un grain jufqu'à cinq. Voyez CHIMIE MEDI- CINALE. * ANTIMOINE (Foie d’). Prenez parties égales d’an- timoine crud & de nitre, le tout en poudre & mêlé enfemble. Mettez ce tout dans un mortier chauffé & couvert d’une terrine percée par fon fond ; introdui- fez dans le mortier, par cette ouverture, un charbon ardent , il fe fera dans l’inftant une grande détona- tion ; cette détonation pañlée & les vaifleaux refroi- dis , retirez la matiere , féparez les fcories de la par- tie luifante & rougeÂtre. Cette partie luifante & rou- geñtre fera le foie d’antimoine, Ou mettez parties égales d’antimoine & de nitre en poudre dans un creufet rougi entre des charbons ardens ;'couvrez le creufet ; laiflez au feu la matiere jufqu’à ce qu’elle foit dans une parfaite fufon ; ver- fez-la enfuite dans un mortier chauffé. Obfervez que dans cette opération, il ne faut pas employer un falpetre rafiné , mais de la premiere cuite. _ On obtient encore le foze d’antimoine avec de lal- kali & de l’artimoine crud , qu’on fond enfemble , comme pour le foie de foufre. On donne le foie d’antimoine depuis un grain juf- qu'à fix. Plus on met de nitre , quand on le fait, moins 1l eft émétique. Obfervez en général , quand vous Le ferez , de couvrir le vaifleau & de retenir les fcories , parce que plus il fe formera de fcories, plus le foie {era beau. Il eft appellé foie à caufe de fa couleur. : * ANTIMOINE ( Verre d’antimoine ciré ), Prenez un gros de cire jaune dans une cuilliere de fer ; faites-la fondre ; ajoûtez-y enfuite une once d’eztimoine en poudre fine, le verre fe fondra aïfément avec la cire; remuez continuellement jufqu’à ce que le mêlange ait une couleur de tabac; retirez alors du feu; ce re- mede fera bon pour les dyflenteries, dans lefquelles on peut employer l’émétique. Pour obtenir Le fafran des métaux, mettez en pou- dre le foie d’artimoine , laiflez-le deux ou trois jours expofé à l'air dans un lieu humide, puis verfez de l’eau chaude deflus, remuez; laiflez repofer ; ren- verlez l’eau claire ; lavez ainfi plufieurs fois la pou- dre qui tombe au fond de l’eau : quand elle fera toute deffalée , laiflez-la fécher ; dans cet état ce fera une pouflere jaune fafranée , qu’on a nommée, à caufe de fa couleur, fafran des métaux. | Si vous retirez le fel des eaux dans lefquelles vous avez lavé le fafran des métaux, ce fel fera un nitre antimonial, que quelques-uns appellent azodyn mi- néral, qu'on peut employer dans les fievres ardentes & dans les inflammations. Outre ce {el, la lefive du fafran des métaux con- tient encore le véritable foie d’antimoine ou foie de {oufre d’antimoine, ou la partie fulphureufe de l'an fimoine, qui, jointe à la partie du nitre alkalifée, for- ANT me un foie de foufre qui tient en diffolution une par: tie du régule de l’ezsmoine ; & cette partie réguline de l’artimoine devient diffoluble dans l’eau parle foie de foufre, qui eft capable de difloudre fi parfaitement les métaux, l’or même, que par ce moyen ils fe fon- dent dans l’eau, & peuvent enfuite pafler avec elle par le filtre. DL ‘ , Aïnfi cé que l’eau ne diflout pas lorfqu’on lave le fafran des métaux, eft une partie de l’antimoine qui n’eft difloute que fuperficiellement par la partie du nitre alkalifée, qui n’eft point alliée au foufre pour faire le foie. Voyez Chim. med. On tire une efpece de kermès minéral de la leffive du fafran des minéraux; pour cet effet verfez-y du vinaigre ou de l’efprit de nitre, & il fe précipitera une poudre rouge orangée , femblable à cé qu'on nomme foufre doré d'antimoine. Le fafran des métaux eft émétique , Ruland en fai- foit fon eau-benite, en prenant une once de fafran des métaux qu'il faifoit infufer dans une pinte d’eau de chardon-benit & une demi-oñce d’eau de ca- nelle, Cette liqueur eft émétique, fudorifique, 8g cordiale. ) Régule medicinal ; prenez cinq onces de bon hoine crud ; quatre onces de fel.commun ; une once de tartre, le tout en poudre fine : mêlez; jettez peu à peu ce mêlange par cuillerées dans uñ creufet rou- g1 entre des charbons ardens ; attendez pour jetter une feconde cuillerée que la précédente foit fondue. Quand tout le mêlange fera fondu, augmentez le feu afin que la fufon foit comme l’eau ; laiflez-la un quart d’heure dans cet état; retirez le creufet du feu & laïflez-le refroidir fans y toucher; caflez le creu- fet, vous trouverez au fond le régule & les {cories deflus : féparez le régule des fcories, il fera luifant & noir comme de la poix, & quand il eft pulvérifé il eft rougeûtre. | Sion fait l’opération dans un vaifleau de terre, le régule au lieu d’être noir , reflemblera parfaitement à la mine rouge d’argent la plus parfaite , & fera plus facile à triturer que s’il avoit êté fait au creufet. Le régule {e diftingue du foie, en ce qu'il ne s’hu- mete pas à l’air & que la poudre en eft rouge. *ANTIMOINE( Réoule fémple d): Prenez une livre d’antimoine crud ; douze onces de tartre , & fix onces de nitre, le tout en poudre : mêlez & laïflez fécher : prenez-en une cuillerée, que vous jetterez dans un creufet rougi entre des charbons ; couvrez le creu= {et , il fe fera uné détonation : la détonation pañlée, vous ajoüterez une autre cuillerée, & ainf de fuite : après quoi vous augmenterez le feu ; & quarid la ma- tiere fera bien fondue, vous la verferez dans un mor- tier que vous aurez chauffé & graiflé en -dedans : vous frapperez avec des pincettes les côtés du mor- tier pendant que la matiere y refroidira, pour que la partie réguline fe débarraffe des fcories, & qu’elle tombe au fond. Quand le tout fera refroidi, féparez le régule des fcories : vous pulyériferez le régule : vous le ferez refroidir dans un autre creufet ; vous y jetterez un peu de falpetre : vous renverferez votre matiere fondue dans le mortier; vous l’y laifferez rex froidir, & vous aurez Le régule fimple d'antimoine. On fait des gobelets de ce régule , mais il faut pour cela uñ régule bien pur. On en fait une boule qion appelle boule des breques. 1] fert auffi à compofer des balles qu’on nomme pilules perpétuelles. : On verfe le foir un demi-verre de vin dans les go” belets, & on boit ce vin le lendemain matin. On met la boule dans un petit verre de vin, qu’on prend le matin ; ces vins purgent par haut & par bas. Les pi- lules perpétuelles font pernicieufes. * ANTIMOINE (Réoule martial d’). Mettez quatre onces de petits çlous de fer dans un çreufet que vous placetez aù fnilieu d’un fourneau à fondre ; couvrez Île creufet & l’entourez de charbon. | _ Quand les clous feront rouges & commenceront à blanchir, ajoûtez neuf onces d’antimoine concafié ; recouvrez le creufet ; remettez deflus du charbon; donnez quelques coups de foufflet, afin que l’az- snoine & les clous fondent ; alors jettez, en trois pe- tites cuillerées, une once de nitre pefée, après l’avoir purifié & féché ; recouvrez le creufet après la pro- jeton de chaque cuillerée. Lorfqué la matiere fera en une fonte fluide comme l’eau, verfez-la dans un mortier ou dans un cone chauffé & sraiflé ; frappez contre les côtés du cone afin de faciliter la chûte du régule ; laïflez refroidir ; féparez les fcories du ré- gule’ pulvérifez le régule ; refondez-le ; quand il fera en fufon, ajoûtez un gros de falpetre pur & fec pour chaque once de régule ; réitérez encore deux fois la fufñon, féparant toùjours Le régule des fcories, & le mettant dans une fufon parfaite, fur-tout la derniere fois. Il faut que les fcories ne paroïffent plus jaunes à la derniere fufion; c’eft une marque que le régule ne contient plus fenfblement de fer. Les premieres fcories du régule martial étant mifes en poudre groffiere, expofées à l’air dans un lieu hu- mide & à l'ombre, & réduites ainfi en une pouffiere fine, font lavées dans plufeurs eaux ; fi lon verfe ces 1eflives fur un filtre, le fafran reftera fur ce filtre, & 11 faudra le faire fécher : on Le mêlera enfuite avec trois fois autant de nitre ; on en fera la projettion par cuillerées dans un creufet rougi au feu; on le lavera pour en ôter toute la falure, & l’on aura le fafran de mars antimonial de Stahl. Le régule martial entre dans la compofition du ré- gule des métaux dont on fe fert pour faire Ze Zum, Zanichell: fe fervoit auffi du régule martial pour faire fes fleurs d’aztimoine argentines. Pour cet effet il mettoit du répule martial dans le fond d’un creufet ; il ajuftoit un couvercle qui entroit en partie dans le creulet ; ce couvercle étoit percé au milieu: 1l cou- vroit ce couvercle d’un autre proportionné à l’ouver- ture du creufet ; il en lutoit les jointures ; il mettoit le régule en fufon par le feu qu'il faifoit autour du creutet ; il s’élevoit par ce moyen des fleurs blanches comme des branches d'arbre. Mais il eft plus facile de prendre une demi-livre d’éthiops antimonial, fait avec un quarteron de mer- cure & autant d’ertimoine crud broyés enfemble ; d’ajoûter à l’éthiops deux onces de limaille de fer; de mettre le tout dans une cornue de verre lutée, dont les deux tiers reftent vuides; de donner tout- à-coup un feu du fecond degré fous la cornue, & d'élever & augmenter le feu pendant cinq heures ; au bout de ce tems l’opération fera faite. Si on cafle la cornue par le col, on y trouvera des efpeces de cryftaux d’une grande blancheur, qui font la zeige d'antimoine, Ce procédé eft de M. Maloüin ; en cher- chant autre chofe , il trouva que pour avoir cette neige il ne s’agifloit que de mettre deux parties d’a- timoine crud 8& une partie de limaille de fer dans une cornue à feu nud. Régule de Venus. Prenez trois onces de cuivre de rofette en petits morceaux ; mettez-les dans un creu- fet, que vous placerez dans un fourneau à vent au milieu des charbons ardens ; couvrez ce creufet ; ajoûtez du charbon dans le fourneau jufque par-def- fus le creufet: quand le cuivre fera prêt à fondre, ajoûtez trois onces de régule martial d’entimoine café en petits morceaux ; recouvrez le creufet ; quand la matiere fera dans une fufon parfaite, écartez les charbons, découvrez le creufet, retirez-le du feu, enfuite verfez dans un mortier chauffé & graïflé ; vous aurez par ce moyen un régule de couleur pur- purine, qu'on nomme regule de Venus. Régule jovial, Prenez parties égales d’étain & de Tome I, ANT 307 réeule martial de la premiere fufion, l’étain coupé en limaille & lé régule concaffé : mettez d’abord le ré. gule dans le creufet ; & quandil fera fondu, ajoûtez- y Pétain, 8 remiez avec une verge de fer. Quand tout fera en fufon, verfez dans le mortier, & laïffez refroidir : vous autez le régule jovial , qui eft de cou- leur d’ardoife. | Regule des métaux. Mêlez enfemble parties égales de régule de Venus & de régule jovial en poudre: mettez le mélange dans un creufet entre les charbons ardens ; couvrez le creufet , & ajoûtez y ‘encore du - charbon : quand vous jugerez que la matiere fera fon: due, vous découvrirez le creufet & vous la fonderez avec une verge de fer. Si vous la trouvez fondue, verfez-la dans un mortier, & vous aurez le régule des métaux, S1 vous prenez parties égales de cuivre, de fer, d’antimoine , & d’étain, vous aurez le régule violer. Ceux qui difent que le régule des métaux doit être compofé de cinq métaux, comptent le zinc pour le cinquieme. Voyez a l'article LILIUM , cette préparation d’ar- ÉLTILO1J1E. Voyez auffi a l’article KERMÈS, cette autre prépa- ration d’artimoine. ANTIMOINE DIAPHORÉTIQUE. Voyez DIAPHo: RÉTIQUE MINÉRAL. * ANTIMOINE ( Teinture d’). Prenez une partie d’antimoine crud, deux parties d’alkalh du tartre, le tout en poudre & mêlé enfemble : mettez le mê- lange dans un creufet, que vous placerez dans un fourneau au milieu des charbons ardens : couvrez le creufet ; laifez le tout en fonte pendant une heure ; conduifez le feu doucement d’abord ; vérfez la ma- tiere fondue dans une poefle ou dans un chaudron dé fer, chauffés; quand la matiere commencera à re- froidir, caflez-la en petits morceaux plats, que vous mettrez dans un matras; verfez de l’efprit-de-vin def: fus à la hauteur, d'environ deux doigts : ajuftez au matras un vaifleau de rencontre ; vous laïflerez en digeftion jufqu’à ce que l’efprit-de-vin foit bien teint, ce qui fe fait ordinairement en vingt-quatre heures : verlez enfuite par inclination la teinture. On peut mettre du nouvel efprit-de-vin fur ce qui refte dans le matras, pour en tirer encore de la teinture: on mêlera ces teintures & on les filtrera. Pour s’affürer que la seinture eft d’antimoine , 1] faut lafler tomber quelques gouttes de vinaigre ; il s’en élevera une mauvaife odeur, & il fe précipitera une poudre antimoniale. La reinture antimoniale purifie les humeurs ; auffi réuffit-elle dans les cas de langueur , pour Le fcorbut, & dans les fuites des maladies vénériennes. On la prend depuis trois gouttes jufqu’à douze, dans deux ou trois crullerées de thé, de bouillon ou autre li- queur, & on y revient plufieurs fois par jour. . *ANTIMOINE ( Soufre doré d”): Prenez les fcories du régule ordinaire d’anrtimoine, ou faites fondre une partie d’antimoine crud avec deux parties de lal- kah du tartre : expofez les à un air humide pendant un jour ou deux : faites bouillir à grande eau pen- dant une demi-heure les fcories,ou lazrimoine divifé par les alkalis, ou le reftant de la teinture d’eni- moine ; car ce reftant peut auffi fervir dans cette oc- cafon. Filtrez cette décoétion ; laiffez y tomber quel- ques gouttes de vinaigre en différens endroits : il fe fera un précipité en une efpece de caïllé. Verfez le tout dans un entonnoir garni d’un filtre, &c rejettez ce premier précipité. Prenez la liqueur qui aura cou- lé au travers du filtre, & verfez y comme la pre- miere fois du vinaigre ; vous aurez un fecond préci- pité que vous féparerez par un nouveau filtre : réi- térez cette opération jufqu'à quatre fois : verfez plu- fieurs fois de l'eau fur çe qui AR AR le filtre SSs Le 505 ANT pout le deffaler: enfin faites fécher cette poudre ,! & vous aurez ce qu’on appelle 4 Joufre doré d’anti- 120172. | Le foufre d’antimoine des premieres précipitations eff jaune brun; celui des précipitations fuivantes eft jaune rouge ; il devient enfin dore; & celui des der- nieres eft jaune clair. _ Ilya, comme on voit, plufeurs foufres dorés d'an- timoine : mais ils font tous en grande réputation ; ils paflent pour une panacée , ou un remede univerfel dans prefque toutes les maladies. Mais leur vertu a toùjours paru fufpelte à plufieurs Medecins, à cau- fe des parties régulines que ces remedes contien- nent : car ils font vomir fort fouvent ; d’autres fois ils purgent par bas, tandis que dans d’autres cas ils pouflent feulement par la peau, où ne produifent aucune évacuation fenfible. Le foufredoré s’ordonne le plus fouvent mêlé avec l'huile d'amandes douces,ou dans quelque conferve, telle que celle de violette, de fleurs de bourrache ou d’aunée, en forme de bol. Sans entrer dans le détail empirique de fes vertus, il fuffit de favoir qu’elles dépendent de fes facultés : or celles-ci font les mêmes que celles de l’Aepar fulphuris, chargé de quelque fubftance métallique. Le foufre divifé par les alkalis eft apéritif, atténuant, fondant , expec- torant , defoppilatif, tonique , & fortifiant. Il peut divifer les humeurs vifqueufes , tenaces &c plutineu- fes ; & par conféquent il peut lever les obitruétions des vifceres du bas-ventre, telles que celles du foie, de la rate, de la matrice , & du poumon; ainfil fe- ra un excellent remede dans les päles couleurs & dans la fuppreffion des regles. . Le foufre doré eft donc emménagogue, hépatique, méfenterique , béchique , fébrifuge , céphalique, diaphorétique , & alexipharmaque, Mais comme il peut être chargé de quelques parties régulines, il de- Vient émétique , fur-tout fi l’eftomac fe trouve gor- gé d'acides ; il peut les évacuer , fon ation deve- nant plus énergique : f d’ailleurs il eft donné à gran- de dofe, 1l fe développera davantage ; & les cir- conftances tirées de fa partie réguline , & des aci- des nichés dans les premieres voies, ne feront que contribuer à le rendre de plus en plus émetique, On peut dans cette intention l’ordonner à quatre grains dans une potion huileufe , à deflein de faire vomir dans une fievre violente , dans un engorge- ment du poumon. On le donne par cuillerée ; & 1l fait de grands effets. Donné à moindre dofe, depuis un grain ou demi-srain jufqu'à deux, & de même en potion & par cuillerée , il eft bon pour détacher lés humeurs lentes, les divifer, & provoquer les fueurs & la tranfpiration. C’eft pour cela qu'il eft fi efficace dans lesmaladies du poumon, dans la fup- prefion descrachats & de la morve, & de-là dans tous les rhûmes de cerveau ; de la gorge & de la poi- trine. pu Auffi la plüpart des grands praticiens , accoûtu- més à l’employer dans lescasles plus difficiles & les plus ordinaires, ne fe font pas de peine de Le regar- der comme un remede univerfel, Le kermès minéral , ou foufre doré fait par lébul- lition , fe donneravec fuccès dans les maladies qui {ont foupçonnées de malignité. C’eft ainfi que dans la petite vérole , la rougeole , la fevre miliaire , & autres de cette nature , dans les inflammations des vifceres avec malignité, on l’ordonne comme alexi- pharmaque , en le mêlant avec les autres remedes bé- {oardiques, les terreux & les abforbans ; comme les veux d’écrevifle , les coraux , les perles , les coquil- les d'œufs, les confeétions thériacales & alexitaires. L'illuftre M. Geoffroy s’en eft fervi avec fuccès dans les fieyvres intermittentes des enfans , en laflo- LA ciant avec le fel fébrifuge de Sylvius , le {el dabi : finthe , ou letartre vitriolé. Schroder dit qu’il l’a employé avec fuceès dans lacrimonie de la férofite & de la lymphe lacrymale, pour guérir la chaffe, les ophthalmies, de même que pour adoucir des douleurs fcorbutiques, & ar- rêter des fluxions fur les poumons , qui mettoïent les malades dans un danger éminent. : Hoffman, & de grands praticiens après lui, Pont employé ‘dans toutes les maladies chroniques des. vifceres , en le mêlant avec d’autres remedes : c’eft ainfi que joint au nitre , il devient un excellent fpé- _cifique dans lhydropifie. Veut-on guérir l’épilepfe & les maladies fpaf. modiques ? le Joufre. doré , joint au cinabre, agît comme un remede calmant. | Veut-on attaquer le fcorbut? on peut marier le Joufre doré avec les fels neutres, avec les antifcor- butiques. Veut-on arrêter des pertes ou des dévoiemens à joignez le foufre doré avec les abforbans ; enveloppez le tout dans la confeétion hyacinthe , & vous aurez un remede aflüré dans ces maladies. Ce médicament convient même dans les maladies inflammatoires de la poitrine & du poumon , & dans tous les cas où le fang épais engorge les vaifleaux; mais 1l faut d’abord adminiftrer les remedes géné-. faux. Junker le regarde comme un préfervatif affüré contre le catarrhe fuffoquant, & contre d’autres ma- ladies où la férofité & la mucofité furabondante ten- doient à détruire le reflort des vifceres & de la poi-. trine : aufli fon aétion s’eft-elle terminée dans ces cas par des évacuations fenfbles, telles que le vo- miflement , les {elles , la fueur & la tranfpiration ; quoique fouvent il ait agi fans exciter aucune éva- cuation bien marquée. ’ufage indifcret du /oufre doré d'antimoine , ou du. kermès , caufe de grands defordres : il nuit beau- coup aux pléthoriques , à tous ceux qui ont le fang acre & enflammé , comme aufh aux phtifiques, aux gens délicats, & attaqués de vieilles obftruétions , & à tous ceux qui font menacés de rupture de vaïf- feaux , de crachement de fang, & d’autres maladies: du poumon. On ne doit point l’employer d’abord dans tous ces cas; il faut auparavant fonder le ter-. rein, & recourir aux remedes généraux , qui font la faignée, la purgation réitérée, les lavemens , les. tifanes ou boïflons délayantes & adouciffantes ,,: ou antiphlogiftiques. Enfin comme ce remede n’eft pas toïjours de même main, que tous ne le travaillent pas comme il faut, c’eft au Medecin à bien connoitre celui qu'il. employe , & à favoir fes effets , par ex. s'il excite. le vomiflement ou non, s’il eft fort chargé de régule ou non. Tous les remedes antimomaux demandent à cet égard la même précaution. D'ailleurs, quelle que fût la préparation, elle fe- roit tobjours à craindre dans plufieurs cas, ainfi que l’expérience lapprend tous les jours : de-là vient que de grands praticiens redoutent encore ce remede comme un poifon, & ne veulent point l’em- ployer qu'ils ne fe foïent bien aflürés de l’état du pou- mon, du pouls, des forces & du tempérament du malade; & d’ailleurs 1ls favent recourir aux cor- reétifs de ce remede, lorfqu'il a trop fatigué le ma-- lade : ils ont foin d'employer les huileux , les opia= tiques, les adouciflans, &autres remedes capables: de brider lation trop violente de ce fimulant. (WN}. * ANTIMOINE ( heurreou huile glaciale d’ ): prenez: une partie derégule d’artimoine, & deux parties de; fublimé corrofif, le-tout réduit en poudre &r mêlé enfemble ; chargez-en une cornue jufqu’à la moitié; que cette cornue ait le col large & court ; placez ANT cette cornue dans un bain de fable ; ajuftez-y un ré-. cipient ; luttez les jointures, & donnez un feu mo- déré : il difillera une matiere épaifle, qui eft le beurre d'antimoine, I] prend enfuite une confiftance huileu- fe, & comme glacée; ce qui li a fait donner le nom d'huile glaciale d’antimoine. _ Cette huile eft quelquefois fi épaifle qu’elle ne coule point , & s’amañle dans le col de la cornue ; lors il en faut approcher un charbon. Si on laïfle le mêlange de fublimé & de régule expolé à l’air avant que de diftiller, on aura un beurre plus hquide. * Quand on appercevra des vapeurs rouges ,1l fau- dra déluter les jointures du récipient , & augmen- ter le feu. Il pañlera des vapeurs qui fe congeleront dans l’eau qu'on aura mife dans le fecond récipient: ce {era du mercure coulant revivifé du fublimé cor- rofif. * Si on réitere la diftillation du beurre d’antimoine , 1 vient plus clair , & l’on a ce que l’on appelle 4 beurre d’antimoine rehfié. Plus il eft retifié, plus il eff clair. _ Il eft d’une nature très-ignée & corrofive , au point d’être un poifon lorfqu’on l’avale: on s’enfert à l'extérieur comme d’un cauftique , afin d’arrèter le progrès des sangrenes, des caries, des cancers, &c. Voyez CAUSTIQUE. … Digéré avec trois fois fon poids de très-fine pou- dre , 1l fait la teinture de pourpre aztimoine, fecret infiniment eftimé par M. Boyle, comme un {ouve- rain vomuitif. . Le même éeurre fe précipite au moyen de l’eau chaude en poudre blanche, pefante , ou chaux ap- pellée ercurius vit , & poudre d'algaroth, qui eft cen- fé un violent émétique. Voyez ALGAROTH. Du beurre d’antimoine{e prépare auffi le béfoard mi- héral , en diflolvant le éezrre corrigé avec l’efprit de nitre: enfuite féchant la matiere difloute, appli- quant encore de l’efprit de nitre , & le réitérant une troifieme fois, la poudre blanche qui demeure en- fin entretenue prefque rouge environ demi-heure, eit le bezourdicum minerale. Voyez BESOARD. . * ANTIMOINE ( Cinabre d’ ): prenez trois par- ties de fublimé corrofif, & deux d’antimoine crud, le tout réduit en poudre & mêlé ; mettez le mélange d'ans une cornue dont la moitié refte vuide ; & apres ravoir ajuité un récipient, donnez un feu doux d’a- as , qui fera diftiller le beurre d’antimoine. Quand vous appercevrez les vapeurs rouges, délutez , & changez de récipient : pouflez le feu deflus & defous la cornue , jufqu’à ce qu’elle rougifle , dans l’inter- valle de trois heures : laiflez enfuite éteindre le feu, & refroidir les vaifleaux. Cela fait , vous trouve- rez le cinabre d’antimoine {ublimé à la partie fupé- rieute de la cornue vers fon cou : mettez ce crabre fur un feu de fable en digeftion ; il deviendra plus rouge & plus parfait. . Si vous faites fondre du beurre d’antimoine en l’ap- prochant du feu, & que vous le verfez dans Peau chaude , 1l s’y diffoudra, l’eau fe troublera & blan- chira ; enfuite 1l fe précipitera une efpece de pouf- fiere blanche : décantez la liqueur ; lavez la pouf- fiere quitefte au fond dans pluñeurseaux ; faites la fècher, & vous aurez la poudre d’Alyeroth , & {elon d’autres, d’A/gurosh. C’eft Viétor Alseroth , Medecin de Verone, quieft l’auteur de cette poudre, qu'on appelle auff mercure de vie & poudre angélique. Elle ‘purge violemment ; & l’on peut yrecourir-quand les autres émétiques ontété employés fans effet. Sa dofe eft depuis un grain jufqu’à huit dans Les maladies {o- poreufes , Papoplexie, l’épilepfe , &c. Voyez 4 BE- SOARD MINÉRAL cette préparation d’extimoine. * ANTIMOINE ( Jfeurd’ ) eftun antimoine pulvé- rifé & fublimé dans un aludel ; fes parties volatiles s’attachent au pot à fublimer, Voyez FLEUR @ Su- BLIMATION, . G’eftde plus un puifant vomitif, d’une finguiere efficacité dans les cas de mamie, & le grand remede à quoi plufieurs font redevables de leur grande répu- tation. On fait une autre forte de fleur de réoule d’antis moine avec le fel antimonial fublimé comme devant; ce qui fait un remede tant foit peu plus doux que le précédent. Van-Helmont nous donne auñi une pré- paration de fleurs d’antimoine purgatives, F, Dis PHORÉTIQUE MINÉRAL, ANTIMOINE (Weurs de régulemartial d”),Ces fleurs font fudorifiques & diaphorétiques ; on en fait ufage dans les fievres malignes & éruptoires, & toutes les. fois qu'il eft befoin de poufler par la peau. On les or- donne auf dans les fievres intermittentes peu de tems ayant l’accès. La dofe eft de dix grains. | Mais fouvent ce remede excite le vomifflement , & n’eft pas fi für qu’on le penfe. (N) ANTIMOINE (Fleurs fixes d’) , ou purgatif de Van-Helmont. Prenez dix-huit grains d’anrimoine dia- phorétique , {eize grains de réfine de fcammonée, {ept grains de creme de tartre ; faites du tout une poudre menue. Cette poudre fe prend fans la mêler avec aucum acide ; & fr elle farfoit trop d'effet, on modéreroit fon aétion par le moyen d’un acide, On doit la don- ner avant l’accès des fievres intermittentes , & mé- nager fi bien le tems, que fon opération finifle un initant avant le tems que l'accès a coûtume de ve- nir, Elle guérit toijours la fievre quarte, fi l’on em croit Van-Helmont, avant la quatrieme prife, & tou- tes les fievres intermittentes & continues. Maïs fes effets ne {ont pas fi furprenans que ce Chinufte l’a fait accroire. (N) | * ANTIMOINE ( La cérufe ou chaux d’) eft le ré- oule diftillé avec de l’efprit de nitre dans un four- neau de fable ; ce qui démeure après que toutes les fumées {ont épuilées , eft une poudre blanche, qui étant doucement lavée, eft la cérufe que lon cherche. Elle eft diaphorétique, & plufieurs la met- tent fur Le même pié que le béfoard minéral. * ANTIMOINE REVIVIFIÉ , aztimonium ref[ucita- tum , fe prépare avec des fleurs d’artimoine, & le {el ammomac digéré en vinaigre difüllé, enfuite exhalé, & le demeurant adouci par l’ablution : il eft éméti- que , quelquefois fudorifique , & bon dans les cas de manie. | | Toutes ces préparations d’azéimoine, quelque âpre qu’il foit tout feul, peuvent néanmoins être gouver- nées de forte qu’elles n’operent que peu. où infenfi- blement. L'effet n’en fera apperçü que quand elles auront pañié dans les plus petits vaifleaux; & c’eft alors qu’elles ont la vertu de combattre la goutte, la vérole & les écrouelles, &c. Voyez PURGATIF. ANTIMOINE (Magifiere d° ). Le magiflere ou préci- pité d’antimoine fait par l’efprit de nitre, étant bien, édulcoré par plufieurs effufions d’eaux bouillantes, purge & fait vomir comme le kermès, à la dofe de trois ou quatre grains ; êc le même z2g1fere fait avec l’eau régale ordinaire , étant de même bien lavé, purge par les felles à la même dofe ; & donné à la dofe d’un grain, 1l agit comme diaphorétique. Cere- mede a eté donné avec fuccès dans les hôpitaux à de petits enfans attaqués de maladies d’obflruétion & de fievre ; ils en ont été foulagés & guëris en pre- . nant ce remede à La dofe d’un grain, & le répétant {elon le befoin. Le kermès minéral eft un vrairagiflere d’antimoine, ou une précipitation du foufre doré ; ë&c ce kermès bien reétifié , n’eft pas différent de l’artimoine diflous par un alkali quelconque , dont on aura eu foin de {éparer la partie réguline. Voyez KERM ÈS MINÉRAL, ANTIMOINE ez poudre &T en tablettes, Prenez de Pansimoine de Hongrie, marqué de belles aiguilles, & ANT 310 ‘brillant, divifez-le fur le porphyre, lâvez -le plu fieurs fois & faites-le {écher enfuite dans une étuve, porphyrifez de nouveau cette poudre, & mêlez-la avec autant de fucre, jufqu’à ce qu’on mapperçoive ‘plus de brillant. , Cette poudre eft vantée depuis long-tems comme un fpécifique excellent dans plufieurs maladies du poumon, & fur-tout dans Pafthme : c’eft un fondant excellent. Kunckel s’en eft fervi avec fuccès par le confeil de Sennéert, comme on l’a dit ci-deflus. Cette poudre fe réduit en sablertes avec le fucre rofat, & ces tablettes font connues dans quélques villes d'Allemagne fous le nom de sablettes de Kunckel, fur-tout à Francfort & à Nuremberg. Ces rablettes font bonnes pour le rachitis & la nouûre des enfans , pour l’obftruétion des glandes & dans les fleurs blanches. On fera bien de les join- dre avec des alkalis fixes, & d'interdire aux mala- des les acides pendant leur ufage. Il y a un grand nombre d’autres préparations d’az- ämoure dont il fera fait mention à leurs articles par- : ticuliers. (N ANTIMONARCHIQUE, adj. (if. & politig.) ce qui s’oppofe ou réfifte à la monarchie ou gouver- nement royal. Voyez MONARCHIE. L’antimonarchique eft fréquemment ufité dans le même fens que républicain, Voyez RÉPUBLIQUE.(G) ANTIMONIAUX, er Medecine, préparations d’an- timoine, ou médicamens dont l’antimoine eft la bafe ou le principal ingrédient. Voyez ANTIMOINE. Les antimoniaux {ont principalement d’une nature émétique, quoiqu'ils fe puiflent préparer de forte * qu'ils deviennent foit cathartiques foit diaphoréti- ques, ou même feulement altératifs. Voyez EMÉTI- QUE, CATHARTIQUE , ANTIMOINE, 6. Le dofteur Quincy nous aflüre qu'il n’eft point dans la Pharmacie de remede qui leur foit compa- rable dans les affe@tions maniaques, nul émétique ou cathartique d’aucune autre efpece n'étant aflez fort pour de telles maladies, fi ce n’eft en dofe outrée , qui pourroit être dangereufe. Voyez MANTE. On dit qu'une tafle antimoniale faite, foit de verre d’antimoine ou d’antimoine préparé avec du falpe- tre , quoiqu’elle foit par elle-même une fubftance difiicile à difloudre , donne une forte qualité cathar- tique ou émétique à toute liqueur qu’on y verfe , fans qu’il en réfulte la moindre diminution du poids de la tafle même. (N * ANTINOË, ANTINO , ANTINOPOLIS, ( Géog. anc. ) ville d'Egypte dans la Thébaiïde. Il n’en refte pas même des ruines qu’on rencontreroit fur les bords du Nil. Elle s’eft appellée Adrianopolis , Befanrinois ; & même felon quelques-uns Be/z. ANTINOMIE , f. f. antinomia, du Grec ayri, con- tre, &T voue, Lot; contradiétion entre deux lois ou deux articles de la même loi. Voyez Lor. Antinomie figniñie quelquefois une oppofition à toute Loi. C’eft en ce fens qu'on a appellé Artromiens, & quelquefois Azomiens , une fete d’enthoufiaftes qui prétendoient que la liberté évangélique Les difpen- foit de {e foûmettre aux lois civiles. T'els ont été en Allemagne ces Anabaptiftes qui prirent les armes contre les Princes & la nobleffe. 7. ANABAPTISTES. On auffi donné le même nom à ceux qui ont avan- cé que la vertu morale étant imfuffifante pour le fa- lut, on ne devoit point avoir égard à fes motifs: com- me s'ils étoient incompatibles avec ceux de la reli- gion , & que la loi de l'Evangile ne ft pas le complé- ment & la perfettion de la loi de nature. (G) ANTINOUS , er Affronomie , eft une conftellation de l’hémifphere boréal , qui avance auffi en partie dans l’hémifphere auftral : elle eft contigué à la conf- ANT tellation de l'aigle, & ne fait proprement avec ellè qu'une même conftellation. Voyez AIGLE & Cons: TELLATION. | Antinois eft compofé dé quelques étoiles infor: mes. Voyez ÉTOILE. (O0) | * ANTIOCHE, 04 ANTAKIÏIA, (Géop. añnc, 6 mod, ) ville anciènne & célebre de Syrie ; il n’en refte prefque plus que des ruines. Elle étoit fur lOronte, aujourd'hui l’Afi. Long. 45. 10. lat. 36. 20. ANTIOCHE, Ville d’Afie, dans la Pifidie, jadis con: fidérable , aujourd’hui réduite à quelques habitans: ANTIOCHE, fur le Méandre, ville de Carie , en Afie mineure, aujourd’hui Tachiali. F ANTIOCHE, Ville de la Comagene, dans la Syrie : elle porte encore aujourd’hui Le même nom. ANTIOCHE, fur l'Euphrate dans la Syrie ; Etien- ne de Byzance fait mention de dix villes de ce nom; d’autres auteurs en comptent jufqu’à douze. ANTIOCHE, o4 MYGDONIE. Voyez NISIBE. ANTIOCHE, (Pertuis d”) détroit de la mer de Gaf: cogne , entre la côte feptentrionale de l’ile d'Oleron, fur la côte meridionale de lile de Ré. ANTIOCHIA, Ville de l’Amérique meridionale , au royaume de Pompayan. . | *ANTIOCHETTA , (Geog. mod.) ville de la Tur- quie Afiatique, dans la Caramanie, vis-à-vis l’ile de Chypre. Long. 45. 45. lat. 36. 42. ANTIOCHUS LE GRAND fe fervoit d’une thé- riaque contre toutes fortes de poifons; la compof- tion en étoit écrite fur une pierre à l'entrée du tem- plé d’Efculape. Voici la recette : prenez thym, opos panax, millet, de chacun deux gros & cinq grains ; trefle , un gros deux grains & demi; femence d’a- net, de fenouil, d’anis, de poivrette, d’ache, de chacun feize gros & quinze grains ; farine d’ers, dou- ze gros trente grains : pulvérifez ces drogues, paf fez-les par le tamis, & faites-en des trochifques de demi-gros avec de bon vin; la dofe eft d’un demi- gros dans un quart de pinte de vin. Pline, 46. XX, c. 24. (N) * ANTIOPIA , (Géog. anc. & mod.) ville ancienne de la Paleftine, dans la tribu de Nephtah, vers la frontiere d’Afer , entre Tyr & Bethfaide. C’étoit la ville principale des Chananéens ; ce n’eft aujour- d’hui qu'un nuférable village. * ANTIPARAST ASE, 1. f. figure de Rhétorique, qui confiite en ce que l’accufé apporte des raïfons pour prouver qu’il devroit plütôt être loué que blà- mé, s'il étoit vrai qu'il eût fait ce qu'on lui oppo- EG * ANTIPAROS, ( Géog. anc. & mod. ) île de PAr- chipel, vis-à-vis l’ile de Paros. Voyez CAVERNE. * ANTI-PAPES, f. m. pl. ( Hif£. eccl. ) on donne ce nom à ceux qui ont prétendu fe faire reconnoître pour fouverains Pontifes, au préjudice d’un Pape légitimement élû ; on en compte depuis le troifieme fiecle jufqu’aujourdhui, vingt-huit. * ANTIPACHSU , ( Géog. mod.) petite île de la mer de Grece, fur la côte d’Epire, vis-à-vis le gol- fe de l’Arta, entre Corfou & Céfalonie. ANTISPASTE, f. m. (Litterat. ) dans l’ancienne poëfie, pié compofé d’un iambe & d’un trochée, c’eft- à-dire, de deux longues entre deux breves, comme dans ce mot côronaré, Voyez P1é & VERS. (G) * ANTIPATHES, ox CORAIL NOIR. F7: CORAIL. | ANTIPATHIE, £. £. (Phyf.) des mots grecs avr13 contre , & males, paffion. C’eit l’inimutié naturelle, ou l’averfion d'une perfonne ou d’une chofe pour une autre, & dans ce fens l’oppoté de la /ympathie. Telle eft, dit-on, l’oppofition naturelle & réci- proque de la falamandre &c de la tortue, du crapaud & de la belette, de la brebis & du loup. Telle eft l’averfion naturelle & invincible de certaines per- fonnes pour les chats, les fouris, les araignées, &c, averfion qui va quelquefois jufqu’à les faite évanoiür a la vûe de ces animaux. as Me À Porta, (ag. natur. 20.7.) & Merfenne, (Qzeff. comment. in Genef.) en rapportent d’autres exemples, mais fabuleux & abfurdes: un tambour, difent-ils, de peau de loup, fera cafler un tambour de peau de bre- bis; les poules s’envolent au fon d’une harpe garnie de cordes faites des boyaux d’un renard, &c. Voyez d’autres exemples plus réels d’artiparhie fous les art. MUSIQUE, TARENTULE, 6c. M. Boyle parle d’une dame qui avoit une grande averfion pour le miel; fon Medecin, prévenu qu’il entroit beaucoup de fan- taifie dans cette averfion, mêla un peu de miel dans une emplâtre qu'il fit appliquer au pié de la dame. Il fe repentit bientôt de fa curiofité, quand il vit Le fà- cheux dérangement que l’emplâtre avoit produit, & que l’on ne put faire cefler qu’en Ôtant cette emplâtre. Le doëteur Mather raconte, qu'une demoifelle de la nouvelle Angleterre, s’évanouit en voyant quel- qu'un fe couper les ongles ayec un coutéau, quoi- qu’elle ne fût nullement émüûe en les voyant couper avec une paire de cifeaux. Philof. tranfa&. n°. 339: Nous pourrions accumuler 1c1 beaucoup d’autres exemples d’antipathie, dont les auteurs font remplis, & dont nous ne voudrions pas aflürer généralement la vérité. Il nous fuffit que lexiftence des antiparhies foit un fait certain, & reconnu pour tel. Les Péripatéticiens enfeignent que les ariparhies proviennent de certaines qualités occultes qui font inhérentes dans les corps. Voyez OCcULTE, PÉRI- PATÉTICIEN, &c. Voyez auffi SORTILEGE, Les Philofophes modernes plus fages, avotent qu’ils en ignorent la caufe. Quelques-uns ont préten- du l’expliquer , en regardant notre corps comme une efpece de clavecin, dont les nerfs font les cordes. Le degré de tenfion des nerfs, différent dans chaque homme, occafionne, difent-ils, un ébranlement dif- férent de la part du même objet; & fi cet ébranle- ment eft tel qu'il produife une fenfation defagréable, voilà l’arsipathie. Mais comment un degré de ténfion plus où moins grand, & peut-être quelquefois peu différent, produit-il dans deux hommes des fenfations tout oppoléés ? voilà ce qu'on n’expliquera jamais, Il ne s’agifloit que d’avouer fon ignorance un peu plütôt. (O0) | , . *ANTIPATHIE, haine, averfion, répugnance ; {, f. La haine eft pour les perfonnes ; l’averfon & l’antipa: chie pour tout indiftinétement , & la répugnance pour lesaäions. | | La haine eft plus volontaire que l’averfion, l’anti- pathie & la répugnance, Celles-ci ont plus de rapport au temperament: Les caules de Partiparhie font plus ecretes que celles de l’averfion. La répugnance eft moins durable que l’une & l’autre. Nous haïflons les vicieux; nous avons de l’aver/toz pour leurs ations ; nous fentons de lantipathie pour certaines gens, dès la premiere fois que nous les voyons : il y a des dé: marches que nous faons avec répugnance. La haine noircit ; l’aver/ton éloigne des perfonnes ; l’artpathie fait détefter ; la répugnance empêche qu'on imite, V. les Synon. Franc. ANTIPATHIE, cerme de Peinture, V. ENNEMI: * ANTIPATRIDE, ( Géog. anc. ) il y a eu deux villes de ce nom, l’une en Paleftine, du côté de Jaf- fa, vers la mer, maintenant ruinée ; l’autre en Phé- nicie ; fur la côte de la Méditerranée, à feize milles de Jaffa. | _ ANTIPERISTALTIQUE, adj. de &yrt, contre, & mepioranTimoc, Cormprimant , ( Anatomie.) C’eft.dans les inteflins un mouvement contraire au mouvement périftaltique. Ÿ.VERMICULAIRE. Le mouvement pé- riftaltique eft une contraétion des fibres des inteftins du haut-en-bas, & le mouvement aztperiflaltique en ANT St eft une contraétion du bas-en-haut. Poyez IN Te s2 TINS. (L) | | .ANTIPÉRISTASE,; f. f. dans la Phofophie de l’école , eft lation de deux qualités contraires , dont l’une par fon oppoñtion excite & fortifie l’autres Voyez QUALITÉ. 4 sé Ce mot eft Grec , àyri mipisase, & fe forme de avr), Contra, Contre, & reploraues , être autour ; coms me qui diroit réf/fance à quelque chofe qui entoure Ou aïliége. . li x | | On définit l’aztipériffafe l'oppoñition d’une qualité contraire à une autre , par laquelle eft augmentée & fortifiée celle à qui elle réfifte ; ou Paëtion par la- quelle un corps auquel un autre réfifte, devient plus fort à caufe de l’oppofition qu'il eflie; ou l’effet de l’aétivité d’une qualité augmenté par l’oppoñition d'une autre qualité. SA | C'eft ainfi , difent les Philofophes dé l’école, que le froid en bien des occafions augmente le degré de la chaleur , & l’humide celuide la fechereffe. F4 oyez FrorD 6 CHaLeur. C’eft ainfi que de la chaux vive prend feu par la fimple effufion de l’eau froide. Ainf le feu eft plus vif en hyver qu'en été, par 4»- tipériflafe ; & c’eft la même caufe qui produit le ton- netre & les éclairs dans la moyenne région, où le froid eft perpétuel. Cette antipériflafe eft, comme l’on voit , d’une grande étendue & d’un grand fecours dans la Philo- lophie péripatéticienne : ileft néceflaire , difent les partifans de cette Philofophie , que le froid & le chaud foient l’un & l’autre doïés de la faculté de fe donner de la vigueur, afin que chacun d’eux la puiffe exercer lorfqul eft comme affiégé parfon contraire , & qu'ils puifient prevenir par ce moyen leur mutuelle deftruétion ; ainfi en été le froid chaflé de laterre & de l’eau par lès brülantes ardeurs du Soleil , fe retire dans la moyenne région de l'air, & s’y défend con- tre la chaleur qui eft au-deflus, & contre cellé qui eft au-deflous de lui ; de même enété quand l’aie qui nous environne eft d’une chaleur étouffante, nous trouvons la qualité contraire dans les {oûter- rains & dans les caves : au contraire en hyver quand le froid fait geler les lacs & les rivieres, l'air enfer mé dans les foûterrains & les caves devient Pafyle de la chaleur ; l’eau fraîchement tirée des puits & des fources profondes en hyver, eft non-feulement chaude , mais encore fenfblement fumante. M. Boyle à examiné cette opinion avec beaucoup de foin dans fon hiftoire du froid. Il eft certain qu’à priori, & la confidérant en elle-même indépendamment des ex- périences alléguées pour foûtemir l’'ertipériflafe, elle eft étaphyfquement abfurde ; car,enfin. il eft na- turel de penfer qu'un contraire n’en fortifie point un autre, mais qu'il le détruit. ..:, 2 Il eff vrai que pour foûtenir la prétendue force que la nature a donnée aux corps pour fuir leurs con- traires , on allegue ordinairement que des gouttes d’eau fe rapprochent en globules fur une table , & fe garantiflent elles-mêmes ainfi de leur deftru&tion ; mais On explique aifément ce phénomene par d’au- tres principes plus conformes aux lois de la naturei Voyez ATTRACTION. À l'égard de l’azcipériflafe du froid & de la chaleur, les Péripatéticiens nous les re- préfentent environnés de: leur contraire ; comme fi chacune de ces qualités avoit une intelligence , & prévoyoit qu’en négligeant de rappeller toutes fes forces, & de s’en faife un rempart contre {on enne-: mi, elle périroit mévitablement ; c’eft-là transfor- mer des agens phyfiques en agens moraux. L’expé- tience aufhi-bien que la raifon eft contraire à la fup- pofition d’une azspériffafe. Le grand argument que l'on allegue pour fa défenfe eft la chaleur que con trace la chaux vive lorfqu’on la met dans l’eau froi de, Mais qui pourroit yoir fans en être furptis , À U 512 ANT quel point les hommes ont été pareffeux &t crédules, en fe laiffant fi long-tems & fi généralement aveu- gler d’une opinion, dont il leur étoit fi facile de voir {a faufleté ? Car enfin il n’y a qu’à étemdre la chaux avéc de l’eau chaude, pouf y voir fouvent une ébul- lition bien plus grande que fi l’eau étoit froide. Lorfqu’on fait geler de l’eau dans un bafin avec un mêlange de neige & de fel auprès du feu, Pon prétend que ce feu eft l’occafion du de froid capable de congeler l’eau : mais il n’eft nullement befoin d’une arsipériflafe pour trouver la raifon de cette expérience ; puifque M. Boyle en a fait un effai qui a parfaitement, réuffi dans un endroit qui étoit fans feu , & où même , felon toute apparence, il ne s’en étoit jamais allumé. Autre argument des partifans de l’axtpériffafe : la srêle ne s’engendre qu’en été; la plus bañfle région de l’air eft , fuivant les écoles, Le lieu où elle fe for- me : Le froid qui regne dans cette région congele ces gouttes de pluie qui tombent , ce froid étant fort confidérable à caufe de la chaleur qi regne alors dans l'air voifin de la terre. Voyez à l’article GRÈLE, l'explication de ce phénomene. Quant à la fraicheur que l’on trouve dans les foûterrains en été, le ther- mometre prouve quele froid y eft moindre dans cette faïfon qu’en hyver ; ainf l’on n’en fauroit conclurre une antiperifiale, Voyez CAVES. La fumée des eaux qui fe tirent des lieux profonds en tems de gelée, ne prouve point qw’elles foient plus chaudes alors que dans la faïfon où elles ne fu- ment point ; cet effet provient, non de la plus grande chaleur de l’eau, mais du plus grand froid qui regne dans Pair. C’eft ainfi que l’haleine d’un homme en hyver devient très-vifble; lait froid qui l'entoure condenfe tout d’un coup les vapeurs qui fortent des poumons, & qui dans un tems plus chaud fe ré- pandent incontinent dans lair en particules imper- ceptibles. F’oyez les articles EAU , FROID, EMANA- TIONS , É&c.(O ANTIPHONIE, 1. £. ( Mufig. ) aliquria , étoit le nom que donnoient les Grecs à cette efpece de fym- phonie qui s’exécutoit à l’otave ou à la double oc- fave, par oppoñtion à celle qui s’exécutoit au fimple uniflon , & qu'ils appelloient ouoporie. Voyez SYM- PHONIE. Ce mot vient de avr) & ouyñ, VOIx : comme qui diroit oppo/ition-de voix. (S) ANTI-PHRASE , £. £. (Gramm.) contre-vérité ; ce mot vient de avri, contre , & de opacis, locution, maniere de parler, de gpalo , dico. L’anti-phrafe eft donc une expreflion ou une maniere de parler , par laquelle en difant une chofe , on entend tout le con- traire ; par exemple, la mer Noire fujette à de fré- -quens naufrages , & dont les bords étoient habités par des hommes extrèmement féroces, étoit appel- lée le Pont-Euxin, c’eft-ä-dire, mer favorable à {es hôtes, mer hofpitaliere. C’eft pour cela qu'Ovide a élit que le nom de cette mer étoit un nom menteur : Quern tenet Euxini mendax cognomine littus, Ovid. Trift, Lib. I. v. verf. 13. &au Lib. III. éleg. xiij. au dernier vers il dit, Pon- us Euxint falfo nomine dittus. Cependant Sanétius & plufeurs autres Grammairiens modernes ne veu- lent pas mettre l’ant-phrafe au rang des figures, & rapportent ou à l’irome ou à l’euphémifme, tous Les exemples qu'on en donne. Il y a en effet je ne fai quoi C’oppoié à l’ordre naturel , de nommer une chofe par fon contraire , d’appeller Zmireux un ob- jet parce qu'il eft obfcur. La fuperftition des Anciens leur farfoit éviter juf- qu'à la fimple prononciation des noms qui réveillent des idées trifles, ou des images funeftes ; ils don- noient alors à ces objets des noms flatteurs , comme pour fe les rendre favorables, & pour fe fare un bon augure ; c'eft ce qu’on appelle exphémifine eeft: à-dire , difcours de bon augure ; mais que ce {oit par ironie ou par euphémifme que Pon ait parlé, eiot n’en doit pas moins être pris dans un fens contraire à ce que la lettre préfente à lefprit; & voiläceque les anciens Grammairiens entendoïent par anti-phre. Je. C’eft ainf que l’on dit à Paris de certaines fem- mes qui parlent tohjours d’un air grondeur, c’e/f une muette de halles, c’eit-à-dire , une femme qui chanté pouille à tout le monde , une vraie harangere des halles ; ruerreeft dit alors par anticphrafe, ou fi vous l’aimez mieux par ironie ; le nom ne fait rien à l’af- faire ; le mot n'en eft pas moins une comre-vériré. Quant à ce que dit San£trus , que le téfme d’antr- phrafe fuppofe une phrafe entiere | & ne fauroit êtré appliqué à un mot {eul ; il eft fort ordinaire de don- ner à un mot , ou par extenfion ou par reftri@tion, une fignification plus où moins étendue que celle qu'il femble qu'il devroit avoir felon fon étymolo- gie. On en a un bel exemple dans la dénomination des cas des noms; car l’accufatif ne fert pas feule- ment pour accufer , ni le datif pour donner, ni l’a- blatif pour ôter. (F) | ANTIPODES , adj. pl. m. ( Géogr. ) c’eft un ter- me relatif par lequel on entend , en Géographie, les peuples qui occupent des contrées diametralement oppofées les unes aux autres. Voyez TERRE 6 AN- TICHTONES. - Ce mot vient du Grec. Il eft compoié de a}, contra, & de rèc, mode, pié. Ceux qui font fur des paralleles à l'équateur également éloignés de ce cer- cle, les uns du côté du midi, les autres du côté du nord ; qui ont le même méridien, & qui font fous ce méridien à la diftance les uns des autres de 180 de- grés , ou de la moitié de ce méridien , {ont aztipo- des, c’eft-à-dire, ont les pieds diamétralement op- polés. Les antipodes {ouffrent à peu près le même devré de chaud & de froid ; ils ont les jours & les nuits également longs , mais en des tems oppofés, Il eft midi pour les uns, quand il eft minuit pour les autres ; & lorfque ceux-c1 ont le jour le plus long , les autres ont Le jour le plus court. Voyez CHALEUR , Jour , NUIT, Éc. Nous difons que les aztipodes fouffrent à peu près, &T non exaétement , le même degré de chaud & de froid. Car x°. il y a bien des circonftances particu- lieres qui peuvent modifier laëtion de la chaleur {o- laire , & qui font fouvent que des peuples fitués fous le même climat ne joiifent pourtant pas de la mé- me température. Ces circonftances font en général la pofition des montagnes, le voifinage ou l’éloigne- ment de la mer; les vents, 66. 20, Le foleil n’eft pas durant toute l’année à la même diftance de la terre ; il en eft fenfiblement plus éloigné au moïs de Juin qu'au mois de Janvier ; d’où il s'enfuit que, toutes chofes d’ailleurs égales , notre été en France doit être moins chaud que celui de nos #rtipodes, & no- tre hyver moins froid. Aufli trouve-t-on de la glace dans les mers de l’hémifphere méridional à une dif- tance beaucoup moindre de l’équateur,que dansl’hé- mifphere feptentrional. ‘ L’horifon d’un lieu étant éloigné du zénith de ce lieu de 90 degrés , al s'enfuit que les azipodes ont le même horifon. Voyez HoRISON. Il s'enfuit encore que, quand le foleil fe leve pour les uns, il fe couche pour les autres. Voyez LEVER & COUCHER. | Platon paffe pour avoir imaginé le premier la pof- fibiité des artipodes , & pour être l'inventeur de ce nom. Comme ce Philofophe concevoit la terre fphé- rique, il n’avoit plus qu’un pas à faire pour conclure l’exiftence des artipodes. Voyez TERRE. La plüpart des anciens ont traité cette opinion avec avec un fouvéräin mépris ; n’ayant jamais pû parve- uit à concevoir comment les hommes & les arbres fubfiftoient fufpendus en l’air , les piés en haut ; en un mot, tels qu'ils paroiïflent devoir être dans l’au- tre hemifphere. Hs n’ont pas fait réflexion que ces termés ez-haur, en-bas , font des termes purement relatifs, qui figni- fient feulement p/us loin ou plus près du centre de la terre, centre commun Où tendent tous les corps pe- fans ; & qu'ainfi nos a#ripodes n’ont pas plus que nous la tête en bas & les piés en haut, puifqu’ils ont comme nous les piés plus près du centre de la teffe, &c laïtête plus loin de ce même centre. Avoir la tête en bas & les piés en haut, c’eft avoir le corps placé de maniere que la direétion de la pefanteur fe fafle des piés vers la tête : or c’eft ce qui n’a point lieu dans lés antipodes ; car 1ls font pouflés comme nous vers le centre de la terré , fuivant une direétion qui va de la tête aux piés. Si nous en croyons Aventinus , Bomiface arche- vêque de Mayence & légat du pape Zacharie, dans le huitieme fiecle, déclara hérétique un évêque de ce tems, nommé Virgile , pour avoir ofé foutenir qu'il y avoit des æntipodes, _ Comme quelques perfonnes employoiïent ce fait, quoique mal-à-propos, pour prouver que l’Eglife n’é: toit pas infailhble, un anonyme a crû pouvoir Le ré- voquer en doute dans les Mémoires de Trévoux. Le feul monument, dit l’auteur anonyme, fur lequel ce fait foit appuyé, ainfi que la tradition qui nous l’a tranfmis, eft une lettre du pape Zacha- rie à Boniface : «S'il eft prouvé , lui dit le fouve- » rain Pontife dans cette lettre, que Virgile foûtient # qu'il y a un autre monde & d’autres hommes fous » cette terre, un autre foleil , & une autre lune ; af- 5» femblez un Concile ; condamnez-le ; chaflez-le de » l’Eglife, après l’avoir dépotullé de la Prêtrife, &:c.» L'auteur que nous venons de citer , prétend que cet ordre de Zacharie demeura fans effet, que Bo: niface & Virgile vécurent dans la fuite en bonne in- telligence ; &c que Virgile fut même canonïfé parle Pape. Mern. de Trévoux , Janvier 1708. L’anonyme va plus loin. Il foûtient que ; quand même cette hiftoire feroit vraie, on ne pourroit en- core accufer le Pape d’avoir agi contre la vérité & contre la juftice. Car , dit-il, les notions qu’on avoit alors des aztipodes étoient bien différentes des nôtres. » Les démonftrations des Mathématiciens >» donnerent lieu aux conjeétures des Philofophes : » ceux-@1 aflüroient que la mer formoit autour de la » terre deux grands cercles qui la divifoient en qua- » tre parties ; que la vafte étendue de l’océan & les » chaleurs exceflives de la zone-torride empêchoient » toute communication entre ces parties ; en forte # qu'il n’étoit pas poffible que les hommes qui les ha- » bitoient ; fuffent de la même efpece & provinflent » de la même tige que nous. Voilà , dit cet auteur, » ce que l’on entendoit alors par antipodes. » Ainfi parle l’anonyme , pour juftifier le pape Zacharie: mais toutes ces raïfons ne paroiflent sas fort concluantes. Car la lettre du pape Zacharie porte , felon l’anonyme même, ces mots : S7 e/£ prouvé que Virgile fodtient qu'il y a un autre monde & HE ù HOMMES SOUS certe terre , condammez-le. LePape ne reconnoifloit donc point d’aztipodes , & regardoit comme une héréfie d’en foûtenir l’exiften- ce. Il eft vrai qu'il ajoûte ces mots , 2 autre foleil, une autre lune. Mais 1°. quelqu'un qui foûtient l’e- xiftence des azttpodes , peut très-bien foûtenir qu'ils ont un autre foleil & une autre lune que nous ; com- me nous difons tous les jours , que le foleil d’Ethio- pie n’eft pas le même que celui de France ; c’eft-à- dire , que l’aétion du foleil eft différente , & agit en différens tems fur ces deux pays ; que la lune de Mars Torne I, ANT ÿ13 & celle de Séptémbre font différentes, &c, Aïinfi ces mots #7 autre foleil, une autre lune , pouvoient bien, &c felon Virgile , & dans la lettré du Pape même, avoir un fens très-fimple & très-vrai. Ces mots , #7 autre Joleil fous notre terre, ne fignifient pas plus deux foleils , que ces mots, 2 autre monde Jous notre terre, ne fignifient une AUTRE TERRE SOUS NOTRE TERRE; Enfin il eft plus que vraïflemblable que c’étoit-là en effet le fens de Viroile, puifqu’en admettant la terre fphérique & l’exiftence des azripodes ; v’eft uné conféquence néceflaire qu’ils ayent le même foleil que nous ; lequel les éclaire pendant nos nuits. Auñfit l’anonyme fupprimant dans la fuite de {a differtation ces mots /ous rorre terre, qu'il avoit pourtant rappor= tés d’abord , prétend que le Pape n’a pas nic les ai podes, mais feulement qu’il y eût d’autres hommes , ur autre Joleil , ureæutre lune. 1°. Quand même Virgilé auroit foûtenu l’exiftence réelle d’un autre foleil & d'une autre lune pour les aztipodes ; il n’y auroit eu en cela qu’une erreur phyfique, à la vérité aflez grofi fiere , mais quine mérite pas , ce me femble, lenom d’héréfie; & en cas que le Pape eut voulu la quali- fier telle , il devoit encore diftinguer cette prétendue héréfie de la vérité que foûtenoit Virgile fur l’exif- tence des aztipodes ; & ne pas mêler tout enfemble dans la même phrafe , ces mots, d’autres hommes fous notre terre , ur autre foleil , Ètune autre lune. À l'égard de l’opinion générale où l’apologifte ano: nyme prétend que l’on étoit alors fur les artipodes, que conclurre de-là , finon que le Pape étoit com- me tous les autres dans l’erreur fur ce {ujet , mais qu'il n’en étoit pas plus en droit de prendre pour ar- ticle de foi , une opinion populaire & faufle, & de vouloir faire condamner Virgile comme hérétique , pour avoir foûtenu la vérité contraire, Enfin la bonne intelligence vraie ou prétendue dans laquelle Boniface & Virgile vécurent depuis, ne prouve point que le pape Zacharie ne fe foit pas trompé , en voulant faire condamner Virgile fur les antipodes, Si Virgile fe retra@a , c’eft peut-être tant pis pour lui, Dans toutes ces difcufions , je fuppofe les faits exattement tels que l’anonyme les raconte ; jen’igno- re point que l’opinion la plus généralement reçûe eft que lé Pape condamna en effet Virgile pour avoit foûtenu l’exiftence des antipodes , & peut-être cette opimon eft-elle la plus vraie : mais la queftion dont il s’agit , eft trop peu importante pour être examinée du côté du fait. Je fuis fort étonné que l’anonyme n’ait pas pris un parti beaucoup plus court & plus fage ; c’étoit dé pañler condamnation fur l’article:du-Pape Zacharie ; & d’ajoûter que cette erreur phyfique d-Pape ne prouvé rien contre l’infaillibilité dé l’Eglife. Nous {oûtenons le mouvement-de la terre, quoique les li- vres faints femblent attribuer le mouvement au fo-= leil ; parce que dans ce qui n’eft point de foi, les livres faints fe conformeñt au langage ordinaire. De mé: me, quoique le Papé ait pà fe tromper fur une quef tion de Cofmologie & de Phyfique , on ne fauroit en conclurre que l'Églife & les Conciles généraux qui la repréfentent, ne foient pas infaillibles dans lesma- tieres qui regardent la foi. ( Voyez fur cela les déci- fions du Concile de Conftance, & les articles defaf- femblée du Clergé 1682. ) Cette réponfe eft tran- chante , & je ne comprends pas comment elle n’eft point venue à l’anonyme. Pour en venir aux fentimens des prenuers Chré: tiens fur les antipodes , il paroït qu’ils n’étoient point d'accord entr’eux fur ce fujet. Les uns , plütôt que d'admettre les induétions des Philofophes ; nioient jufqu’aux démonftrations des Mathématiciens fur la fphéricité de la terre, Ce fut le parti de Lattance té S14 ANT Prit , comme on peut s’en affürer par le xxyv. chap. du livre IIT. de fes Infl. D’autres s’en tinrent à révo- quer en doute les conjeëtures des Philofophes ; c’eft te que fitS. Auguftin, comme on voit au chap. jx. du diyre XVI. de la Cité de Dieu. Après avoir examiné , s’il eft vrai qu'il y ait des Cyclopes , des Pygmées & desnations qui ayent la tête en bas & les piés en haut; il pañle à la queftion des anripodes , &c il demande fi la partie inférieure de notre terre eft habitée. Il com- mencé par avouer la fphéricité de la terre ; 1l con- vientenfuite qu'il y a une partie du globe diamétra- lement oppolée à celle que nous habitons : mais il nie que cette partie foit peuplée; &c les raifons qu’il en apporte , ne font pas mauvaifes pour un tems où on n’avoit point encore découvert le nouveau mon- de. Prennerement, ceux qui admettent des azéipodes, dit-il, ne font fondés fur aucune hiftoire, 2°. Cette partie inférieure de la terre peut être totalement fub- mergée. 3°. Admettre des aztipodes , & conféquem- ment des hommes d’une tige différente de la nôtre, ( car les anciens regardant la communication de leur monde avec celui des zztipodes , comme impoflible, la premiere fuppofition entrainoit la feconde } c’eft contredire les faintes écritures qui nous apprennent que toute la race humaine defcend d’un feul homme, Telle eft l'opinion de ce Pere de l’Eglife. On voit par-là que S. Auguftin fe trompoit en croyant que les aztipodes devoient être d’une race différente de la nôtre. Car enfin ces aztipodes exif- tent, & 1l eft de foi que tous les hommes viennent d'Adam. À l'égard de la maniere dont ces peuples ont paflé dans les terres qu'ils habitent , rien n’eft plus facile à expliquer ; on peut employer pour cela un grand nombre de fuppofitions toutes auf vraif- femblables les unes que les autres. Au refte nous re- marquerons ici que $. Auguftin condamne à la véri- té , comme hérétique, l’opinion qui feroit venir les antipodes d’une autre race que de celle d'Adam; mais il ne condamne pas comme telle, celle qui fe bor- neroit purement & fimplement à l’exiftence des az- sipodes, S’il avoit penié à féparer ces deux opinions, il y a grande apparence qu’il fe feroit déclaré pour la feconde. Quoi qu'il en foit, quand même il fe feroït trom- pé {ur ce point peu. important de la Géographie, fes écrits n’en feront pas moins refpetés dans l’Eglife, fur tout ce qui concerne les vérités de la foi &de la tradition ; & il n’en fera pas moins l’Oracle des Ca- tholiques contre les Manichéens,, les Donatiftes, les Pélagiens, Semi-pélagiens, &c. Nous pouvons ajoûter à cela, que les Peres de l’E- glife n’étoient pas les feuls qui rejettaflent la poflibi- lité des aztipodes. Lucrece avoit pris ce parti, long-tems avant eux, comme il paroït par la fin du premier livre, v. 10. Go. &c, Voyez aufü le livre de Plutarque de Facie in orbe Zunæ. Pline réfute la même opinion. Liv. IL. c. Ixv. Ce qu'il y a de plus propre aux aztipodes, & en quoi feulement nous les confidérons ici, c’eft d’être dans des lieux diamétralement oppofés entr’eux fur le globe terreftre ; de maniere qu'ayant mené une perpendiculaire ou une verticale à un lieu quelcon- que, & qui par conféquent pañfe par le zénith de ce lieu , l'endroit oppoté de la furface du globe que cet- te werticale prolongée ira couper , en {oit l’artipode, Tout le refte n’eftqu’accefloire à cette idée dans la Âuppoñition énoncée ou tacite de la fphéricité de la terre ; car fi la terre n’eft point une fphere , fi c’eft une fphéroide elliptique, applati, ou allongé versles poles, il n’y a plus d’antipodes réciproques ; c’eft-à- dire, par exemple, qu'ayant mené une ligne par le zénith de Paris & par le centre de cette ville, qui eft dansl’hémifphère boréal , cette ligne ira eouper l’hé- miphere auftral en un point qui fera l’arcipode de Pa- ANT ris ; ais dont Paris ne fera pas l’antipode : ainfi lé: galité réciproque de pofñition , de latitude , de jour & de nuit dans les hémifpheres oppotés À fix mois de différence , & tout ce qu'on a coûïtume de renfermer dans l’idéedes azspodes, comme inféparable, ne left plus , & doit effeétivement en être féparé dès que l’on dérogeà la fphéricité de la terre. Il ne faut qu'un peu d’attention pour s’en convaincre. Tont ceci eft fondé fur ce que la fphere , où , pour fimplifier cette théorie , le cercle, eft la feule figure réguliere que tous les diametres paffans par fon cen- trel@oupent à angles droits. Donc en toute figure ter- minée par une autre courbe , dans l’ellipie $ par exemple , la perpendiculaire menée à un de fes points ou à fa tangente, excepté les deux axes qui répon- dent 1c1 à la ligne des poles, ou à un diametre quel: conque de l'équateur, ne fauroit pafler par fon cen- tre, ni allerrencontrer la partie oppofée du méridien elliptique à angles droits : dongle nadir de Paris n’eit pas le zénith de fon aztipode , & réciproque: ment. Si l’on élevoit au milieu de Paris une colonne bien perpendiculaire à la furface de la terre, elle ne feroit pas dans la même ligne que celle qu’on éleve- : roit pareillement au point aztipode de Paris : mais elle en déclineroit par un angle plus ou moins grand, felon que l’ellipfe où le méridien elliptique differe- roit plus ou moins du cercle, La latitude de l’un & de l’autre de ces deux points differera donc en même raifon , & conféquemment la longueur des jours & des nuits , des mêmes fafons, &c. Les lieux fitués à l’un & Fautre pole , ou fur l’é- quateur, en font exceptés ; parce que dans le premier cas , c’eft un des axes de l’ellipfe qui joint les deux points ; & que dans le fecond il s’agit toûjours d’un cercle, dont l’autre axe de l’ellipfe eft le diametre ; le fpéroide quelconque applati ou allongé étant toù- jours imagine réfulter de la révolution du méridien elliptique autour de l’axe du monde, Voyez Hif. acad, 2741. (0) ANTIPTOSE , f. f. figure de Grammaire par la- quelle, dit-on, on met un cas pour un autre, com- me lorfque Virgile dit, Æn. V.v.4$1. Jr clamor cælo ; au lieu de 44 cœlum. Ce mot vient de æ&yri , pour , & de ærûeis , cas. On donne encore pour exemple de cette figure, Urbem quam ftatuo vefira eff, Æn. L. I. V. 573 , urbem au lieu de zrbs. Et Térence au prolo- gue de l’Azdrienne dit : Populo ut placerent , quas fecif- Jet fabulas , au lieu de fabulæe. On trouve auf, Vezir in mentem illius diei pour lle dies. Mais Sanétius, Zv. IF, & les Grammairiens philofophes , qui à La vérité ne font pas le grand nombre , & même ia méthode de P.R. regardent cette prétendue figure comme une chimere & une abfurdité qui détruiroit toutes les regles de la Grammaire. En effet les verbes n’au- roient plus de régime certain ; & les écoliers qu’on reprendroit pour avoir mis un nom à un cas, autre que celui que la regle demande , n’auroient qu’à ré- pondre qu'ils ont tait une aztiptofe, Figura hæc , dit Sanétius, li, IV. c. xüj, latinos canones excedere vie detur ; nihil imperitius ; quod fismentum fr effet verum , frufira quereremus quem cafum verba regerent. Nous ne connoïflons d’autres figures de conftruc- tion que celles dont nous parlerons au mot Cons- TRUCTION. Le même fonds de penfée peut fouvent être énôhcé de différentes mamieres : mais chacune de ces manie- res doit être conforme à analogie de la langue. Ainfi l’ontrouve srbsRomapat laraïon del’identité : Urés eft alors confidéré adjettivement,Rorza que et urbs ; & l’on trouve auffi wrbs Rome , in oppido Antiochie. Cic. Burroëi afcendimus urbem. Vire. Alors wrbs eft confidéré comme le nom de l’efpece ; nom qui eft enfuite déterminé par le nom de l’individu. Parmi çes différentes manieres de parler , fi nous “ én rencontrons quelqu’une de celles que les Gram- mairiens expliquent par l’ariptofe, nous devons d’a- bord examiner sl n’y a point quelque faute de co- pifte dans le texte ; enfuite avant que de recourir à une figure aufh dérafonnable , nous devons voir fi lexprefion eft aflez autorilée par l’ufage , & fi nous pouvons en rendre raïfon par l’analogie de la langue. Enfin entre les différentes manieres de parler autori- fées , nous devons donner la préférence à celles qui {ont le plus communément reçües dans l’'ufage ordi- naire des bons Auteurs. . Mais expliquons à notre maniere les exemples ci- deflus, dont communément on rend raifon par l’an- ciptoé. A l'égard de 1 clamor cælo ; cælo eft au datif, qui eft le cas du rapport & de l’attribution , c’eft une fa- çon de parler toute naturelle ; & Virgile ne s’en eft Tervi que parce qu'elle étoit en ufage en ce fens, aufli-bien que ad cælum ou ir cælum. Ne dit-on pas auf, rittere epiflolam alicui | ou ad aliquem ? Urbem quam flatuo veftra eft, eft une conftruétion très-élégante & très-réguliere, qu'il faut réduire à la conftruétion fimple par l’ellipfe ; & pour cela il faut obferver que lerelatif gui , que, quod, n’eft qu’un fimple adje@if métaphyfique ; que par conféquent il faut toûjours le conftruire avec fon fubftantif, dans la propofition incidente où il eft : car c’eft un grand principe de fyntaxe, que les mots ne font conftnnits que felon les rapports qu’ils ont entr’eux dans la mê- me propofition ; c’eft dans cette feule propofition qu'il fant les confidérer, 8 non dans celle qui pré- cede , ou dans celle qui fuit : ainf fi l’on vous de- mande la conftruétion de cet exemple trivial, Deus quem adoramus , demandez à votre tour qu'on en acheve le fens , & qu’on vous dife , par exemple, Deus , quem adoramus , ef omnipotens ; alors vous fe- xez d’abord la conftruétion de la propoñition princi- pale Deus eff omnipotens ; enfuite vous pafferez à la propofition incidente & vous direz , zos aderamus qguem Deum. Ainf le relatif gu2 , que , quod, doit toüjours être “confidéré comme un adje@if métaphyfique, dont le fubftantifeft répété deux fois dans la même période, mais en deux propofitions différentes ; & ainfi il n’eft pas étonnant que ce nom fubftantif foit à un certain cas dans une de ces propofñitions , & À un cas différent dans l’autre propoñtion, puifque les mots ne fe conftruifent & n’ont de rapport entr’eux que dans la même propoftion. Urbem quam flatuo , veffra eft. Je vois là deux pro- poñtions , puïfqu'il y a deux verbes : ainfi conftrui- fons à part chacune de ces propofitions ; l’une eft principale, & l’autre incidente ; ve/fra eff, ou ef£ vef tra, ne peut être qu'un attribut. Le fens fait connot- tre que le fujet ne peut être que wrbs: je dirai donc, hæc urbs ef veftra | quam urbem flatuo. Par la même méthode j’explique le pañlage de Térence , ze fabule, quas fabulas feciflet | placerent populo. C’eft donc par l'ellipfe qu'il faut expliquer ces pañlages, & non par la prétendue azriptofe de Defpautere & de la foule des Grammatiftes. Pour ce qui eft de vezir in'mentem illius dei, il y a auf ellipfe:; la conftru@tion eft mermoria , cogiratio, ou recordatio hujus diei venit in mentem (F) ANTIQUAIRE,, f. m. eft une perfonne qui s’occu- pe dela recherche & de l'étude des monumens de l’an- tiquité, comme les anciennes médailles, les livres, les ftatues , les fculptures, les infcriptions ,'en un mot ce qui peut lui donner des lumieres à ce fujet. Voyez ANTIQUITÉ , voyez auff MONUMENT, MÉDAILLE, INSCRIPTION, SCULPTURE, STATUE, Érc. Autrefois 1l y avoit différentes autres efpeces d’zr- tiquaires : les Libraires ou les copiftes, c’eft-à -dire ceux qui tran{crivoient en caracteres beaux & lif- Tome Ï. ANT su bles ce qui avoit auparavant été feulement écrit en notes , s’appelloient antiquaires. Voyez LIBRAIRE. Ils furent auf dénommés calligraphi. Voyez CALLI- GRAPHE. Dans les principales villes de la Grece & de l’talie, il y avoit d’autres perfonnes diftinguées que lon appelloit aztiquaires | & dont la fondion étoit de montrer les antiquités de la ville aux étran- gers , de leur expliquer les infcriptions anciennes , & de les affifter de tout leur pouvoir dans ce genre d’é- rudition. Un établiflement fi utile au public & f flatteur pour les curieux, mériteroit bien d’avoir lieu parmi nous. Paufanias appelle ces antiquaires s'Eyysrae : les Siciliens leur donnoient le nom de myffagogi. (G) ANTIQUE , adjeét. en général ancien, Voyez AN: CIEN 6 ANTIQUITÉ. ANTIQUE , f. f. eft principalement en ufage parmi les Architedes, les Sculpteurs & les Peintres : ils l’employent pour exprimer les ouvrages d’Architec- ture, de Sculpture, de Peinture, &c, qui font d’un tems où les Arts avoient été portés à leur perfe&tion par les plus beaux génies de la Grece & de Rome : {avoir depuis le fiecle d'Alexandre le Grand jufqu’au regne de l'empereur Phocas, vers l’an de Notre-Sei- gneur 600, que l'Italie fut ravagée par les Goths & les Vandales. Antique dans ce fens eft oppofé à moderne, C’eft ainfi que nous difons un édifice azrique | un bufte, un bas-relief, une maniere, une médaille arrique ; & d’une flatue, qu’elle eft dans le goût amrique. Il nous refte plufeurs antiquités de Sculpture , telles que le Laocoon , la Venus de Medicis, l’Apol- lon , l'Hercule Farnefe, &c. Mais en fait d’antiquités pittorefques , nous n’a- vons que la noce Aldobrandine , les figurines de la pyranude de Ceftius , le nymphée du palais Barbe- tin, la Venus, une figure de Rome qui occupe le Palladium, & qu’on voit dans le même lieu, quelques morceaux de frefque tirés des ruines d’Adriane , des thermes de Tite & d’Héraclée. Il s’eft trouvé des Sculpteurs qui ont contrefait l'antique jufqu’à tromper le jugement du public. On prétend que Michel - Ange fit la ftatue d’un Cupi- don , & qu'après en avoir caflé un bras qu'il re- tint , 1l enterra le refte de la figure dans un endroit où il favoit qu'on devoit fouiller. Le Cupidon en ayant été tiré , tout le monde le prit pour azrique. Maïs Michel-Ange ayant préfenté à fon tronc le bras qu'il avoit réfervé, chacun fut obligé de convenir de fa méprife. Si ce fait eft vrai, il prouve combien des ce tems-là le préjugé étoit favorable à l’antiquité. Notre fiecle n’en a rien rabattu ; & fi l’on pouvoit, ainf que Michel Ange , prouver que les morceaux qu'on admire comme des antiquités , ne font que des produétions modernes, la plüpart de ces antiquités perdroient bientôt de l’eftime où elles font, & {e- roient réduites à leur jufte valeur. Antique eft quelquefois diffingué d’azcier qui figni- fie un moindre degré d’antiquité , un tems où l’art n'étoit pas encore à {a dermere perfettion. Ainf ar- chiteéture anrique n’eft fouvent autre chofe que l’an- cienne architeëture. Voyez ARCHITECTURE. Quelques écrivains ufent du compoté artiguo-mo- derne, en parlant des vieilles églifes gothiques & d’au- tres bâtimens , qu'ils ne veulent pas confondre avec ceux des Grecs & des Romains. (G-P-R) ANTIQUE. On employe ce mot dans le Blajon en parlant des chofes qui ne ont pas de lufage moder- ne , comme des couronnes à pointes de rayons, des coéffures anciennes, greques & romaines , des vête- mens , des bâtimens, des niches gothiques , &c. Les armoiries de Montpellier font une image de Notre- Dame fur {on fige à l’anrique en forme de niche. | L’évêché de Freyfling en Baviere , d’argent au | Ttt 6 ANT “bufte de mote de fable , couronné d’or à l’axsique &c “vêtu de gueules. (77) ANTIQUER , v. aét. c’étoit en terme d'ancienne re- diure, pratiquer avec des fers chauds , fur la tran- che dorée ou non dorée d’un livre, des ornèmens à amage Ou autres. Cet ufage n’a plus lieu : la tranche «de nos livres eft umie. ANTIQUITÉ , antiquitas. ( Hifi. anc, ) On fe fert ‘de ce terme pour défigner les fiecles pañlés. 7, ÂGE, TEMS, ANTIQUE, ANCIEN , 6c. Nous difons en ce fens , les héros de l’ansiquité, des veftiges ou traces de l’azsiquité, les monumens de l’antiquiré, &c. On employe le même mot pour défigner les ou- vrages qui nous reftent des anciens. Voyez MONU- MENS , RESTES , RUINES, Gc. On dit en ce fens , un chef-d'œuvre de l'antiquité, un beau morceau de l’azriquité ; l'Italie , la France & l'Angleterre font pleines d’anriquirés, Antiquité fe prend aufi pour l'ancienneté d’une chofe , ou pour le long tems qu'il y a qu’elle fubfifte. Voyez AGE, TEMS, 66 On diten ce fens , l’anriquité d’un royaume , d’une coûtume , ou d’autres chofes pareilles. La plüpart des nations fe donnent bien plus d'ancienneté qu’el- les ne font en état d’en prouver. On peut dire que le tems préfent eft l’anriquité du monde , qui, dans les tems qu’on appelle anciens , ne faifoit proprement que de naître & qui étoit, pour ainfi dire, enfant. Nouslifons dans Platon, que Solon tenoit d’un Prê- tre Egyptien quelesAthéniens avoient 9000 ans d’an- cienneté, & les Saides 8000. Pomponius remonte béaucoup plus haut dans les tems , en fuivant les traces d’Hérodote. Il compte 330 rois avant Ama- fs, & il trouve que le monde a plus de 13000 ans. Diodore de Sicile met entre le premier roi d'Egypte & l’expédition d’Alexandre, un intervalle de 23000 ans. Diogene Laerce laïfle bien-loin dèrriere lui les autres Auteurs ; il double ce nombre de 23000. Lorfqu’Alexandre entra dans PEgypte, les Prêtres lui prouverent par leurs hiftoires facrées , dans lef- quelles il étoit fait mention de l’origine de l’Empire des Perfes , qu'il venoit de conquérir , & de celui de Macédoine , qu'il poflédoit par droit de naïflance , qu'ils ayoient l’un & l’autre 8000 ans d’anciennete. Cependant il eft démontré par les meilleurs Auteurs, tant Hiftoriens que Chronolopiftes ,que l'Empire des Perfes n’avoit pas alors plus de 300 ans , & celui des Macédoniens plus de 500. Au refte on ne doit pas s’é- tonner que les Egyptiens & les Affyriens foient tom- bés dans des erreurs chronologiques fi ridicules ; ceux-ci faifant de 4000 ans la durée des regnes de leurs premiers Rois, & ceux-là la fuppofant de 1200 ans. | Les Chaldéens affüroient au tems d'Alexandre qu'ils avoient 470000 ans d’obfervations des mou- vemens céleftes, & qu'ils avoient tiré les horofco- pes des enfans nés dans cet énorme intervalle de tems. Mais Callifthene ayant été commis par Arif- tote à la recherche de ces obfervations, on trouva qu’elles ne remontoient point au-delà de 1900 ans avant Alexandre. C’eft un fait avoué par Porphyre, dont le deffein n’étoit pas afürément de donner de l’autorité aux livres de Moyfe. ( G | ANTIQUITÉS, en Archireülure , fe dit autant des anciens bâtimens qui fervent encore à quelque ufa- e, comme les temples des Payens dont on a fait des églifes , que des fragmens de ceux qui ont été ruinés par le tems ou par les Barbares, comme à Rome, les reftes du palais Major fur le mont Palatin. Ces antiquités ruinées s'appellent en Latin rudera , à caufe de leur difformité qui les rend méconnoïffables à ceux qui ont là leurs defcriptions dans les Auteurs, ou Qui en ont và les figures, (P) ANTISCIENS » adj. pl. m. ( Géog. ) du Grec éyri, contre ; our, ombre. On appelle en Géographie, 4y- tifciens , les peuples qui habitent de différens côtés de l'équateur, & dont les ombres ont à midi des di- rethions contraires. Voyez OMBRES. Ainfi les peuples du nord font antifciens à ceux du midi : les uns ont lenrs ombres à midi dirigées vers le pole Arétique ; & les autres les ont dirigées vers le pole Antardique. _ On confond {ouvent les Azsftiens avec les Anté- ciens, où ceux qui habitent d’un & d'autre côté de l'équateur, & qui ont la même hauteur de pole. 7, ANTÉCIENS. : Les Aftrologues donnent quelquefois le nom d’an- tifctens a deux points du ciel ésalement diftans d’un tropique; c’eft dans ce fens qu’ils difent que les fignes du lon & du taureau font azifciens l'un à l’autre. En effet ces deux fignes font également diftans du tropique du cancer. (O ANTI-SCORBUSTIQUES , adj. (Med. ) épithete des médicamens auxquels on attribue la propriété de prevenir ou de guérir le fcorbut. 7. Scorsur. (N) ANTI-SIGMA , f. m. (Gramm. ) ce mot n’eft que de pure curiofité ; aufli eft-il oublié dans le lexicon de Martinius , dans l’ample tréfor de Faber, & dans le Novitius. Prifcien en fait mention dans fon I, liv, au chap. de Litrerarum numero & affinitate, L’empe- reur Claude, dit-il, voulut qu’au lieu du # desGrecs, onfe fervit de l’arti-figma figuré amnfi ) (: maïs cetEm- pereur ne put introduire cette lettre. HuicS præponi- ur P, & loco + Grece fungitur, pro qué Claudius Ce- Jar anti-figma Y( häc figuré feribi voluit : ed nulli auf funt antiquam [cripturam mutare. | Cette figure de l’azi-figma nous apprend lPeétymo- logie de ce mot. On fait que le figma des Grecs, qui eft notre /', eft repréfenté de trois manieres différen- tes, 5, 5, & ; c’eft cette dermére figure adoflée avec une autre tournée du côté oppolé, qui fait l’ez- tifigma, comme qui diroit deux figma adoffés , oppo- {és l’un à l’autre. Ainfi ce mot eft compofé de la prépofition ayri & de ciyue. Ifdore, au div. I. de fes Origines, ch. xx. oùil parle des notes ou fignes dont les auteurs fe font fervis, fait mention de l’anti-figma, qui, felon lui, n’eft qu'un fimple Ç° tourné de l’autre côté D -On fe fert, dit-il, de ce figne pour marquer que l’ordre des vers vis-àä- vis defquels on le met, doit être changé, & qu’on le trouve ainfi dans les anciens auteurs. Æ4zi-/igma ponitur ad eos verfus quorum ordo permutandus eff, ficut G in antiquis auitoribus pofitum invenitur. L’anti-figma , pourfuit Ifidore, fe met aufli à la marge avec un point au milieu © lorfqu’il y a deux vers qui ont chacun le même fens, & qu'on ne fait lequel des deux eft à préférer. Les variantes de la Henriade donneroient fouvent lieu à de pareils az- ti-figma. (F * ANTI-SPODE, £ m. ( Chimie. ) terme fait par : les anciens à l’imitation de /pode. Ils entendoïent par anti-fpode les cendres ou des plantes oudes animaux; de même que le fpode étoit la cendre, ou plûtôt une fleur métallique impure, que l’on ramafloit dans les boutiques où l’on faifoit le cuivre. Voyez Géoff. mar, med. tome J, | ANTI-STROPHE,, £. f. (Gramm.) ce mot eft com- pofé de la prépofition «ri, qui marque oppoñition ou alternative, & de crpogn, converfio qui vient de erpiçw verto. Ainf ffrophe figmifie lance ou vers que le chœur chantoit en fe tournant à droite du côté des fpedateurs; & lantiffrophe étoit la farce fuivante que ce même chœur chantoit en fe tournant à gau- che. Voyez ANTISTROPHE plus bas. | En Grammaire ou élocution, l’aztiffrophe ou épif- crophe fignifie converfion. Par ex. fi après avoir dit Ze valet d’un tel maitre, on ajoûte, 6: le mañtre d'un &el ANT yaler, cette derniere phrafe eft une amffrophe , une phrafe tournée par rapport à la premiere. On rap- _ porte à cette figure ce pañlage de faint Paul : Hæbræi fans 3 CG ego. Ifralite fur, & ego. Sernen Abrahe fun, 6 ego. II. Cor. c. xj. verf. 22. (F) ANTISTROPHE, ( Bell. Lerr. ) terme de l’ancienne poëfie lyrique chez les Grecs. L’ariftrophe étoit une des trois parties de l’ode, dont les deux autres fe nommoient //rophe & épode, La ftrophe & l’anriftrophe contenoient toûjours autant de vers l’une que l’au- tre, tous de même mefure , & pouvoient par confé- quent être chantées fur le même air, à la différence de l’épode qui comprenoit des vers d’une autre ef- pece, foit plus longs, foit plus courts. Voyez EPODE. L’antiffrophe étoit une efpece de réponfe ou d’é- cho relatif tant à la frophe qu’à l’épode. Les Grecs nommoient période ces trois couplets réunis ; c’eft ce que nous appellerions un couplet à trois ffances. Voyez PERIODE. (G) ANTITACTES, { m. pl. ( Théol. ) anciens héré- tiques ou Gnoftiques ainfi nommés , parce qu'en avouant d’une part que Dieu le créateur de l'univers étoit bon & jufte, ils foûtenoient d’un autre côté qu'une de fes créatures avoit femé la zizamie, c’eft- à-dire, créé le mal moral, & nous avoit engagés à le fuivre , pour nous mettre en oppofition avec Dieu le créateur; & de-là eft dérivé leur nom, d’ayrirarle, Je m'oppofe, je combats, Ils ajoûtoient que les com- mandemens de la loi avoient été"donnés par de mau- vais principes ; & loin de fe faire fcrupule de les tranfgrefler , 1ls croyoient venger Dieu, & {e rendre agréables à {es yeux en les violant.S. Clément 47. tb. III. Srromat, Dupin, Biblioth. des Auteurs eccl. des III. premiers frecles, (G) * ANTITAURUS, {. m. ( Gécog. ancien, & mod.) montagne de la petite Arménie féparée du mont Tau- rus vers le nord, entre l’Euphrate &c l’Arfanias. Les habitans de ces contrées l’appellent Rhoam-Taura. * ANTITHÉES, f. m. pl. ( Divinar.) mauvais génies qu'invoquoient les magiciens , dont Arnobe, le feul qui en ait parlé, ne nous en apprend pas da- vantage. ANTI-THENAR, nom que les Anatomiftes don- nent à plufieurs mufcles, autrement appellés adduc- ceurs. Voyez AÂDDUCTEUR. Ce mot eft Grec ; il eft compofé de avr, contre, & de Sévap, à caufe que cesmufcles agiffent en antago- niftes aux thénars & abduéteurs, Voyez THENAR 6 ABDUCTEUR. L’antithénar ou addu@teur du pouce de la main s’attache tout le long de l’os du métacarpe, qui foû- tient le doigt du milieu,à celui du doigt index , & s’in- fere à la partie latérale de la premiere, & à la par- tie fupérieure de la feconde phalange du pouce, en recouvrant l’os féfamoïde interne; c’eft le méfothé- nar. Winflow, Exp. an. L’antithénar ou adduéteur du gros orteil s'attache à la partie antérieure de la face inférieure du calca- neum, au grand os cunéiforme , & va fe terminer à Pos féfamoidé externe. (L) ANTITHESE, f. f. ( Bell. Le. figure de Rhéto- rique qui confifte à oppofer des penfées Les unes aux autres, pour leur donner plus de jour. « Les azri- » thefes bien ménapées , dit le P. Bouhours, plaifent » infiniment dans les ouvrages d’efprit ; elles y font » à peu près le même effet que dans la Peinture les » ombres & les jours qu’un bon Peintre a l’art de » difpenfer à propos, ou dans la Mufique les voix » hautes & les voix bafles , qu'un maître habile fait # mêler enfemble».Onen rencontre quelquefois dans Cicéron; par exemple, dans l’oraïon pour Cluen- tus, vicit pudorem libido , timorem audaci1, rarionem amentia ; & dans celle pour Muréna , odi populus Ro- anus privatarn luxuriarn ; publicam magnificentiam di- 19 % M ANT 517 ligir. Telle eftencore cette penfée d’Augufte parlant à quelques jeunes féditieux: awdite, juvenes, fenem qguem juvenern fenes audiere. Junon dans Virgile réfolue de perdre les Troyens, s’écrie : Fleilere ft nequeo fuperos, Acheronta movebo. Quelque brillante au refte ‘que foit cette figure; les grands Orateurs , les excellens Poëtes de l’anti- quité ne l’ont pas employée fansréferve , ni femée, pour ainfi dire, à pleines mains, comme ont fait Se- neque, Pline lejeune , & parmi les Peres de l’Eglife, faint Aupuftin, Salvien , & quelques autres. Il s’en trouve à la vérité quelquefois de fort belles dans Se- neque , telle que celle-ci, curæ leves loquuntur | in- gentes flupent : mais pour une de cette efpece, com- bien y rencontre-t-on de miférables pointes, & de jeux de mots que lui a arrachés l’affeétation de vou- loir faire régner par-tout des oppoñtions de paroles ou de penfées ?Perfe frondoit déjà de fon tems les dé- clamateurs qui s'amufoient à peigner & à ajufter des antichejes, en traitant les fujets les plus graves. crimina rafis Librat in antithetis doëtus pofiuffe figuras. Parmi nos Orateurs, M. Fléchier a fait de l’anrz- thefe fa figure favorite & fi fréquente, qu’elle lui donne par-tout un air maniere. Il plairoit davantage, s'il en eût été moins prodigue. Certains critiques aufteres opinent à la bannir entierement des difcours, parce qu'ils la regardent comme un vernis éblouif- fant à la faveur duquel on fait pafler des peniées fauffes, ou qui altere celles qui font vraies. Peut-être les fujets extrèmement férieux ne la comportent-ils pas: mais pourquoi l’exclurre du ftyle orné & des difcours d'appareil, tels que les complimens acadé- miques , Les panégyriques, l’oraifon funebre, pour- vü qu'on lyemployefobrement, & d’ailleurs qu’elle ne roule que fur les chofes, & jamais fur lesmots? (G) ANTITHESE, ( Gramm. ) Quelques Grammairiens font auifi de ce mot une figure de di&tion, qui fe fait lorfqu’on fubftitue une lettre à la place d’une autre; comme lorfque Virgile a dit, o/! pour z/X, ce qui fait une forte d’oppofition : mais il eft plus ordinaire de rapporter cette figure au métaplafme , mot fait de ET CTE , transformo. CP ) -ANTITHÉT AIRE, £. m.( Droir.) terme qui fe préfente fouvent dans le titre d’un chapitre des lois de Canus, mais non pas dans le chapitre même, Il fi- gnifie-un homme qui tâche de fe décharger d’un délit, en técriminant, c’eft-à-dire, en chargeant du même fait fon propre accufateut. Voyez RÉ CRIMINA- TION. (H) ANTITHETE., adj. aztitheton ,oppoié, contraire, difpofé en forme d’antithefe. Voyez ANTITHESE. ANTITRAGUS , {, m. dans l’ Anatomie, eft la pattie de loreille externe oppofée au tragus. Voyez TRAGUS 6 OREILLE. (L) ANTITRINIT AIRES, {. m. pl. ( Théo/.\ Les Ar- titrinitaires {ont des hérétiques qui mioient la fainte Trinité, & qui prétendoient qu'il n’y avoit point trois perfonnes en Dieu. Voyez TRINITÉ & DIEU. Les Samofaténiens qui n’admettoient aucune dif: tinétion de perlonnes en Dieu; les Ariens qui moient la divinité du Verbe ; & les Macédoniens qui contef: toient celle du Saint-Efprit, font, à proprement par= ler, tous Anärrimitaires. Voyez SAMOSATÉNIENS , ARIENS, &c. | 1 Par Antitrinitaires | on entend aujourd’hui particu- lierement les Sociniens , qu’on appelle encore Ui- taires, Voyez SOCINIENS &c UNITAIRES. Chriftophe Sandius, fameux Aztitrinitaire, a don- né dans un ouvrage pofthume intitulé, Bib/iotheca Arntitriritatoriorum » Bibliotheque des Antitrinitaires ; une lJifte digérée par ordre des tems de tous les Sas 5x8 ANT ciniens où Antirrinitaires modernes, avec un catalo- gue de leurs ouvrages & un abregé de leur vie. (G) : ANTITYPE, fm. (Théol.) du grec GHYTÉTUTOG formé de la prépoñtion si, pour, au lieu, &t de rue , fipu- re, nom qui dans fa propre fignification veut dire ce que l’on met à la place d'un type, d’une figure. Voyez TYPE. | | On trouve dans Îe nouveau Teftament deux en- ‘droits, où le mot avriruros eft employé, & dont le #ens a donné lieu à bien des controverles : 1°. dans Tépitre aux Hébreux, chap. x. verf. 24. Noz 17 7na- aufaila fanitla Jefus introivit , exemplaria (Græcè ; avrt- ruœa ) vVerorum , Jed in ipfum cœlum , ut appareat nunc vultut Dei pro nobis. Or ruœcs fignifie Le 0dele tur le- quel une autre chofe eft faite, & Dieu avoit or- donné à Moyfe de faire le tabernacle & tout ce qu'il contenoit, conformément au modele qui hu avoit été montré fur la montagne , 6c. fac fecundum exem plarquod tibi in monte monfratum eft, Exod.xxv. Veri. 40. d’où 1l s’enfuit que le tabernacle conftruit par Moyle, étoit antitype par rapport à celui dont Dieu lui avoit tracé le modele, & #ype ou figure du ciel, où Jefus-Chrift devoit entrer pour intercéder en no- tre faveur, comme le grand-Prêtre des Juifs n’en- troit qu'une feule fois chaque année dans le Saint des Saints, afin d’y prier pour le peuple. Une même chofe peut donc être à différens égards, £ype &c anti type; ce qui pourtant ne conclut rien contre le facre- ment de l’Euchariftie, qui eft quelquefois appellé 27- ttype par les PP. Grecs, comme on le verra dans l'article fuivant. | 2°. Dans la premiere épitre deS. Pierre, chap. III. verf. 21. le baptême eft comparé à l’arche de Noé, qui préferva du déluge univerfel ce Patriarche & fa famille ; 1l eft appellé dans le grec ayriruror, ce que la vulgate rend par /fmilis forme. L’arche étoit le ty- pe ou la figure, le baptême eft l’azzirype, ou laccom- pliflement de la figure. (G) ANTITYPE, avriruæcs, ayriruma , MOtS qui fe trou- vent fréquemment dans: les ouvrages des PP. Grecs, &c dans la liturgie de leur églife, pour exprimer l’Eu- chariftie, même après la confécration; d’où les Pro- teftans ont conclu qne ce facrement n’étoit que la figure du corps de Jefus-Chriff. Il eft vrai que ce mot fe prend pour figure ou sype, &c c’eften ce fens que Marc d’Ephefe, le Patriarche Jérémie, & plufeurs autres Grecs, difent que dans la liturgie de S. Bafile, le pain & le vin font appellés antitypes avant la confécration. Le doéteur Smith a remarqué que même après la confécration, les Grecs nomment les efpeces euchariftiques antirypes, & ne croyent point la confécration achevée par les paro- les de Jefus-Chrift, hoc eff corpus meum , mais après la priere qui les fuit, & qu'ils appellent zzvocarion du S. Efprir. M. Simon lui a répondu qu’on voit mani- feftement par la déclaration des Grecs au concile de Florence , qu’ils reconnoifloient que Jefus-Chrift étoit réellement dans l’Euchariftie après la confécration, &t que leur différend avec les Latins confiftoit feu- lemont à favoir, fi après la confécration, les fym- boles devoient être encore appellés azritypes: mais en revenant à la propre fignification du mot azxirype, cette dificulté difparoît; car antirype étant ce qu’on met a la place d’une figure, c’eft-à-dire, la réalité, 1l s'enfuit que les fymboles, même après la confécra- tion, contiennent cette réalité ; ce que S. Chryfofto- me infinue clairement par ces paroles : ffas facerdos , éypum adimplens & illa verba fundens, virtus autem & gratia Dei ef}: dicit, hoc eff corpus meum. Hoc verbo pro- pofita confecrantur. D'ailleurs S, Jean Damafcene, & les Diacres Jean & Epiphane, expliquant dans le VII. Concile général quelle avoit été fur ce fujet la penfée des anciens liturgiftes Grecs, difent que ces auteurs, en nommant l’Euchariftie extitype, avoient égard au tems qui avoit précédé , & on à celur qui fnivoit la confécration, emoïte que ces expreflions æpodeles ayriruæa, que les facramentaires rendent par celles- ci, proponentes antitypa, qui marquent le tems pré- fent, doivent être rendues par ces mots : 20siqui pro- pofuimus antitypa, qui défignent letems pañlé, & par conféquent celui qui a précédé la confécration. Si- mon, Æiff. critiq. de la créance des nat. du Levans. Tour- neli, ait, de l’Eucharift. Wuitafle, trair, de l’Euchar. part. IT. queft. IV, art. 2. (G) * ANTIVARI, (Géog. mod.) ville de la Dalmatie, dans la Turquie Européenne, fur le golfe de Venife, à l’oppofñite de Bari, dans la Pouille. Long. 36. 48. lat 42, ANTIVÉNÉRIENS, adj. (Med.) épithete par la- quelle on défigne les remedes qu’on employe contre les maladies vénériennes. Voyez VÉNÉRIEN. (W) *ANTIUM, ( Géog. anc. & mod. ) ville d’Itahe, autrefois confidérable , aujourdhui réduite à des rui- nes. C’eft ce que l’on appelle Azio Rovinato & An- {o. Antium étoit fituée, à ce qu’on croit, où l’on a bâti depuis le bourg d Nertuno, *ANTOCO(VOLCAN D’), Géog. mod. montagne des Indes, dans l’Amérique méridionale, au royaume de Chili, à lorient d’Angol, qui vomit du feu. ANTOINE , (CHEVALIERS DE S. ) (if. mod. ) Ordre établi en 1382 par Albert de Baviere, comte de Hainaut, de Hollande & de Zélande, 6c. qu avoit formé le deffein de faire la guerre aux Turcs. Voyez ORDRE & CHEVALIER. Les Chevaliers de cet Ordre portoient un collier d’or en forme de ceinture d’hermite , à laquelle pendoit une bequille & une £lochette, comme on.les repréfente dans les portraits de S. Antoine. D’autres écrivains font mention d’un Ordre de S. Antoine, qui fut inftitué dans Ethiopie en 370. S. ANTOINE ( Le feu). Voyez ERESIPELLE 6 FEU. * ANTOINE (Saint), Géog. mod. petite ville de France, dans le Dauphiné, diocefe de Vienne, fur le ruiffeau de Furan. * ANTOINE (Saint), ile d'Afrique, la plus fep- tentrionale & la plus occidentale des iles du Cap- Verd. LL ANTOIT , f. m. (Marine.) c’eft un inftrument de fer courbe, dont on fe fert dans la conftruétion des navires, pour faire approcher les bordages près des membres, & les uns près des autres. Au lieu de cet inftrument, les Hollandoïs fe fer- vent de chevilles à boucles & à goupilles, qu’ils font pafler dans les membres, qu'ils percent exprès; & ils font approcher le bordage, ou la précinte, du membre où eft la cheville , par le moyen des cordes qu'ils y mettent. (Z) * ANTOLFLE DE GiIROFrLE, ( Commerce. ) c’eft le nom qu’on donne aux girofles qui font reftés fur les plantes après la récolte : ces fruits oubliés conti- nuent de groflir; ils prennent à peu près le volume du pouce ; alors ils contiennent une gomme dure & noire, d’une odeur agréable & d’un goût aromatique. Les Hollandois donnent le nom de weres de groÿle à ce que nous appellons azolfles de girofle. * ANTON GIL(BAIE D’), Géog. grande baie de l’île de Madagafcar ; en Afrique. * ANTONIA (Tour D’), Æif. anc. le monu- ment le plus magnifique qu'Herode le Grand ait élevé: c’étoit une tour réguliere & forte, à laquelle 1! donna le nom d’Artoine {on ami : elle fut bâtie fur la mon- tagne de Jérufalem , appellée auparavant Barri. Elle étoit couverte de haut-en-bas de marbre blanc; l’ap- proche en étoit défendue par un mur de trois cou- dées de haut ; l’efpace depuis ce mur jufqu’à la tour, étoit de quarante : on avoit pratiqué en dedans, des falles , des appartemens, & des bains: on la pouvoit regarder comme un beau palais rond, accompagne à égale diftance, dé quatré autres tours, dont trois ayoient cinquante coudées de haut; & la quatrie- me qu'occupoit l'angle du midi &de lorient , en avoit foixante-dix. Il y avoit aux endroits où ces TOUS JOI- gnoient les galeries du temple, des degrés à droit &c à gauche, d’où les foldats Romains obfervoient le peuple dans les jours de fêtes, pour lempêcher de former quelqu’entreprife. Le temple étoit comme la citadelle de L ville; lAzronia étoit comme celle du temple. L’adréfle de vingt foldats , d’un enfeigne, ë& d’un trompette de l’armée deTite, exécuta ce que cent mille hommes euflent tenté vainement: ces vingt- deux braves, à la faveur de la nuit, raflemblerent les ruines des murs de la ville, & les éleverent à la hauteur de la tour , dans laquelle ils entrerent par ce moyen; tuerent la garde, & donnerent le fignal au refte de l’armée, qui s’approcha de la tour : on em- ploya fept jours à la demolir : avant fa ruine & celle de Jérufalem, on y gardoit les ornemens pontificaux : quand le grand facrificateur vouloit s’en fervir, ce qui n’arrivoit qu'une fois lan, le dixieme de la lune de Septembre, les Romains les donnoient à condi- tion qu'ils feroient rapportés après la cérémonie. Jo- fephe, Are. Liv. XX. * ANTONIN (SAINT), Géog. mod. ville de Fran- ce , dans le Rouergue, diocefe de Rhodez, au bord de PAveirou. Long. 18. 25. lat. 44.10. ANTONOMASE, f. f. (Lirtérat.) trope ou figure de Rhétorique, par laquelle on fubffitue le nom ap- pellatif au nom propre, ou celui-ci au nom appella- tif. Voyez FIGURE & NoM. Par exemple, Sardanapale étoit un roi voluptueux, Néron un empereur cruel; on donne à un debauché le nom de S'ardanapale ; à un prince barbare le nom de Néron. Les noms d’orateur, de poëte, de philofophe , d’a- pôtre , font des noms communs, & qui fe donnent à tous ceux d’une même profeflion ; cependant on ap- plique ces mots à des particuliers comme s'ils leur étoient propres. Par l’orareur, on entend Ciceron; par le poëte, Virgile; par le philofophe, on enten- doit autrefois dans les écoles, Ariftote; & en matiere de religion, l’apôrre, fans addition, fignifie S. Paul. La liaïfon que l’habitude a mife entre Le nom de Ci- ceron, & l’idée du prince des orateurs ; entre celui de Virgïle, & d’un excellent poëte ; de S. Paul, & d'un grand apôtre, font qu’on ne s’y méprend point, & qu’on ne balance pas fur l’attribution de ces titrés à ces perfonnages , préférablement à d’autres. (G) * ANTRAIM, ( Géog. mod. ) comté le plus fep- teatrional d'Irlande, dans la province d’Ulfter, Ca- rig-Fergus en eft la capitale. * ANTRAIN, (Géog. mod.) ville de France , dans la haute Bretagne, fur la riviere de Coëfnon. Long. 20 "4" lar. 48, 22. *ANTRAIN ox ENTRAINS, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Nivernois, diocefe d'Auxerre. | * ANTRAVIDA, (Géog. mod.) petite ville du Bel- veder en Morée, fur la côte du golfe de Clarence, au nord de Caftil-Tornefe. ; ANTRE, 04 BOTHYNOE, forte de météore, Voyez AURORE BORÉALE. ANTRE de Highmor (1°) Anar. cavité découverte dans le finus de chaque os de la mâchoire , appellée autrement fus maxillaire. Voyez MAXILLAIRE. Les Chirurgiens fe trompent quelquefois en la pre- nant pour une carie de l’os , parce qu’ils y pénetrent profondément avec une fonde. Ruyfch, som. LI. Pag: 204. L L’artre du pylore eft une grande cavité dans le fond de l’eftomac à droite. Voyez PYLORE. ( L) * ANTRON ( Géog. anc. ) ville de la Phtiotide, fur la côte de Theflalie, | ANTU 5ÿr *ANTRUSTIONS, f. m. pl. (Æf. mod.) volontai. res qui chez les Germains fuivoient les Princes dans leurs entreprifes. Tacite les défigne par le:nom de compagnons , la loi Salique par celui d'hommes qui font Jous la foi du Roi, les formules de Marculfe par ce- lui darrruflions | nos premiers hiftoriens par celui de leudes , & les fuivans par celui de vaffaux &r feigneurs, On trouve dans les lois Saliques & Ripuaires, un nombre infini de difpoftions pour les francs , & quel: ques-unes feulement pour les aréruftions. On y regle partout les biens des francs , & on ne dit rien de ceux des amruflions ; ce qui vient de ce que les biens de ceux-ci fe régloient plütôt par la loi politique que par la loi civile, & qu'ils étoient le fort d’une armée, & non le patrimoine d’une famille. Voyez LEUDES, VAssAUx 6 L’Efprir des Lois, tom, LI. PAg: 178. * ANUBIS ( Myth. ) dieu des Egyptiens ; il étoit repréfenté avec une tête de chien , & tenant un ff tre d’une main & un caducée de l’autre. Voyez dans Moreri les conjeétures différentes qu’on a formées {ur l’origine & la figure bifarre de ce dieu. Cynopo- lis fut bâtie en fon honneur , & l’on y nourriioit des chiens appellés Zes chiens facrés. Les Chrétiens & les Payens mème fe {ont égayés fur le compte d’arubis, Apulée & Jamblique ont parlé fort indécemment de la confrairie d’ifis & d’Anubis. Eufebe nomme Ann: bis, Mercure Anubis, & avec raïon; car il ya bien de l’apparence que le Mercure des Grecs & l’Anubis des Égyptiens ont été le même dieu. Les Romains , qui avoient l’excellente politique d'admettre les dieux des peuples qu'ils avoient vaincus , lui fouf- frirent des prêtres : mais ces prêtres firent une mau= vaie fin, Lis {e prêterent à la paflion qu’un jeune chevalier Romain avoit conçue pour une dame Ro- maine qu'il avoit atraquée inutilement par des foins & par des préiens : Pauline , c’eft Le nom de la Ro- maine, avoit malheureufement de la dévotion à Anubis ; les prêtres corrompus par Mundus, c’eft le nom du chevalier , lui perfuaderent qu’Ærubis avoit des defleins fur elle. Pauline en fut tres-flattée , & fe rendit la nuit dans le temple, où elle trouva mieux qu’un dieu à tête de chien. Mundus ne put fe taire ; il rappella dans la fuite à Pauline quelques particu= larités de la nuit du temple , fur lefquelles il ne lui fut pas difficile de conjeéturer que Mundus avoit joué le rôle d’Azubis. Pauline s’en plaignit à fon mari, & {on mari à l’empereur Tibere , qui prit très-mal cette aventure, Les prêtres furent crucifés , Le temple d’I- fis ruiné , & fa ftatue &c celle d’Azubis jettées dans le Tibre. Les Empereurs & les Grands de Rome fe plûrent long-tems à fe métamorphofer en Arubis ; . & Volufus, fénateur Romain , échappa à la prof- cription des Triumvirs fous ce déeuifement. ANUER des perdrix , terme de Chafle ; c’eft choïfir, quandles perdrix partent, le moment favorable poux les tirer. * ANVERS ( Géog. mod. ) ville des Pays-bas, air duché de Brabant , fur l’Efcaut. Long. 21, 50. ar. 1. 22: ANUS , ez Anatomie , la plus bafle extrémité de linteftin retum , ou l’orifice du fondement. Voyez RECTUM 6 FONDEMENT. Les Philiftins, en rendant l’arche , envoyerent en préfent des anus 8 des rats d’or, pour guérir d’une maladie qui les affligeoit à l’anus. Les mufcles de l’azus font les fphinéters & les re- leveurs. Voyez SPHINCTER 6 RELEVEUR. ANUS eft auffi le nom que l’on a donné à une ou verture du cerveau formée par la rencontre des deux convexités des tubercules antérieurs avec les con- vexités poftérieures des couches des nerfs optiques. Voyez TUBERCULE , &c. (L) P * ANWEILER ( Géog. mod. ) petite Ville de Fran- ce dans la bafle Alface , fur la riviere de Queich, 520 ANZ ANXIÉTÉ , ff. en Medecine, inquiètude , añ- gonfle. Voyez ANGOISSE. (L) * ANZAR (Géog. mod. ) ville du Turqueftan fort “voifine du Catai ou de la Chine feptentrionale ; Ta- merlan y mourut. | | * ANZERMA ( Géog. mod. ) province de PAmé- rique méridionale , dans le Popayan, fur la Coca. ANZERMA ou SAINTE-ANNE D’ANZERMA, ‘petite ville de l'Amérique méridionale ; au royaume de Popayan, fur le fleuve Cauca, près du cap Cor- tente , dans la province d’Azzerma, Long. 30. 5. dat, 4. . ANZUQUI, ville du Japon , dans la grande ile de Nyphon , fur la côte orientale du golfe de Meaco. ANZUQUIAMA , ville du royaume de Mino , ‘bâtie par le roi Nobunanga , qui du royaume de Mi- no pafla au royaume du Japon. Les Japonois appel- loient le territoire d’ÆAzzuquiama le paradis de Nobu- ranga. C’étoit en effet une contrée délicieufe, à en juger fur la defcription du P. de Charleroïx, voyez {on Hif?. du Japon : mais à la mort de Nobunanga fon fuperbe palais fut brûlé , & les immenfes richeñles qu'il contenoit furent pillées. Les Jéfuites perdirent dans cet incendie un magnifique féminaire que No- bunanga leur avoit bâti, & où 1ls élevoient toute la jeune nobleffe Japonoife. . À O AONIDES ( Myrh. ) furnom des Mufes , tiré des montagnes de Béotie , appellées les monts Aoniens, d’où cette province elle-même eft fouvent nommée Aonie, Le culte particulier qu’on rendoit aux Mules, te montagnes , leur fit donner ce titre d’Aoides. * AONIE,, £. f. ( Geéog. arc. ) pays dé la Béotie, qui a fouvent donné fon nom à toute cette provin- ce. Il y avoit en Béotie plufeurs montagnes & ri- vieres qi portoient le nom d’Aorie. * AOR ASIE des dieux. Le fentiment desAnciens fur l'apparition des dieux étoit qu'ils ne fe montroient aux hommes que par derriere , & én fe retirant ; d’où il s’enfuvoit , felon eux , que tout être non déguifé qu'on avoit le tems d’envifager, & qu'on pouvoit regarder en face, n’étoit pas un dieu. Neptune prend la figure de Calchas pour parler aux deux Ajax , qui ne lé reconnoiflent qu’à fa démarche par derriere, quand il s’éloigna d’eux. Venus apparoit à Enée fous les traits d’une chafleufe ; & fon fils ne la reconnoit que quand elle fe retire, fa tête rayonnante, fa robe abbatue, & fa divinité, pour ainf dire, étant trahie par la majefté de fa démarche. ÆAorafie vient de l’a privatif, & d’épaw , Je vois , & fignifie zrvr/rbilite, AORISTE , f. m. terme de Grammaire greque & de Grammaire françoifè | dopisos , indéfini , indéterminée, Ce mot eft compofé de l’2 privatif & de üpos, terme, limite ÿ éprov Jénis ; cpiCa , je définis , je détermine, A'oproros , en Grec , eft un adjeëtif mafculin , parce qu’on fous-entend #povos , ems , qui en Grec eft du enre mafculin ; c’eft pour cela qu’on dit aoriflus au fe qu'on dit prærerirum & futurum , parce qu’on fous-entend rerzpus , qui , en Latin, eft du genre neutre. Aïnfi aorifle fe dit d’un tems, & fur-tout d’un pré- térit indéterminée : J'ai fair et un prétérit déterminé ou plütôt 4bfolu ; au lieu que 7e fes eft un aorifle , c’eft- à-dire , un prétérit indéfini , indéterminé, ou plütôt un prérérit relatif ; car on peut dire abfolument j'ai fait, J'ai écrit, j'ai donné ; au lieu que quand on dit je fis, j'écrivis, je donnai , &c. 1l faut ajoûter quel- qu'autre mot qui détermine le tems où l’aétion dont on parle a été faite ; Je fis hier, j'écrivis il y a quinge jours , je donmai le mois pafé. On ne fe fert de l’aoriffe que quand lation s’eft pañlée dans un tems que l’on confidere comte tout: à-fait féparé du tems où l’on parle ; car fi P'éfprit confidere le tems où l’aétion s’eft pafléé comme né faifant qu’uñ avec le tems où l’on parle , alors on fe fert du prétérit abfolu : ainfi ôn dit J'ai fait ce matin, &t nôn jé fis ce matin ; car ce matin eft regardé com- me partie du refte du jour où l’on parle : mais on dit fort bien je fs hier, &c. on dit fort bien , depuis Le commencement du monde jufqu’aujourd’hui, on 4 FAIT bien des découvertes, & l’on ne diroit pas l’on fir à l’acrifle, parce que dans cette phrafe , Le tems depuis le commencement du monde jufqu’aujourd’hui , eft 0 comime 7 cout, comime wz méme enfembles AORNE , f:m. ( Géog. anc. ) ville de la Ba@ria- ne, qu'Alexandre prit. Rocher des Indes que ce con- quérant emporta d’affaut. Fleuve d’Arcadie qui fe jettoit dans le lac Phinée. Lac d’Epire dont les va- peurs étoient fi contagieufes qu’elles tuoient les o1- {eaux en paflant. Lac en Italie, aux environs duquel on ne voyoit jamais d’oifeaux. Le lac d’Epire & ce- lui d'Italie s’appellerent Averre. AORTE., f. f. cernte d’ Anatomie, Ce mot eft formé du Grec aofln , qui fignifie vaiffeau, fac, coffre , &xc. c’eft une artere qui s’éleve direétement du ventri- cule gauche du cœur, & de-là fe partage danstou- tes les parties du corps. Voyez PI, Anar. L’aorte s’ap pelle autrement la grande artere , parce qu’elle eft le tronc duquel fortent les autres arteres, comme de leur fource, & le grand conduit ou ca- hal par où le fang eft porté dans tout le corps. SANG 6 CIRCULATION. L’aorte à fa fortie du cœur fe fléchit d’abord à droite , puis à gauche & en arriere, en formant un arc très-aigu: On divife ordinairement l’aorte en aorte aftendante, & aorte defcendante : l'aorte afcendante prend ce nom depuis fa fortie du cœur , jufqu’à la fin de fa grande courbure ; le refte de ce tronc, qui depuis l’arcade s'étend jufqu’à l’os facrum , s’appelle aorte defcen» dante, L’aorte deftendante fe fubdivife encore en portion fupérieure ; favoir , celle qui eft fituée au-deflus du diaphragme ; & en portion inférieure , &r c’eft cette portion qui fuit depuis le diaphragme jufqu’à los fa crum. Les branches que l’aorre en général prodiüit immé- diatement , font deux arteres coronaires du cœur , deux arteres foüclavieres , deux arteres carotides ; les arteres bronchiales , les arteres œfophagiennes ; les arteres intercoftales , les diaphragmatiques infe- rieures, une artere céliaque , une artere mefentéri» ue fupérieure , deux arteres rénales ou arteres émulgéntes , les arteres fpermatiques , une artere mefentérique inférieure ; les arteres lombaires , les arteres facrées , & les deux arteres iliaques. oyez chacune à fon article particulier, SOUCLAVIERE ; CAROTIDE, Éc. Les offifications ou pétrifications des enveloppes de l'aorte à fa fortie du cœur font fi fréquentes , que certains Phyficiens penfent que la chofe eft con- ftante. M. Cowper a néänmoins compofé un dif- cours fait exprès , pour montrer qu'unetelle oflifi- cation eft une maladie qui n’arrive jamais fans in- commoder la partie dans fa fon@ion naturelle. Il nous en donne plufeurs exemples ; dans l’un elle a produit un pouls intermittent ; dans un autre un froid aux extrémités, avec la gangrene, &c. Phl. Tranfait. n,299. On trouve dans Pafchioni , édir, de Rome 1741, une obfervation de M. Begsi, fur une offification totale de l’zorte , ornée d’une Planche. (2) * AOSTE oz HOSTE , ( Géog. anc. & mod. ) au trefois ville, maintenant village fitué fur la petite riviere rivieré de Bievre, à une lieue de l’embouchure du Rhone en Dauphiné. | * AOVARA , ( Hiff, nat. bos,) fruit de la grofleur d’un œuf de poule, qui croît avec pluñeurs autres dans une grande goufle , fur une efpece de palmuer fort haut & épineux , aux Indes orientales & en Afrique. Lorfque la goufle eft mûre , elle ereve, & laïfle voir la touffe de fruits charnus, jaunes & do- rés. Les Indiens en mangent: fon noyau eff dur , of° feux, de la groffeur de celui de la pêche , & percé de plufieurs trous aux côtés. Il a deux lignes d'é- paieur, & renferme une amande qui eft d’abord agréable au goût, mais qui pique quand on conti hue de la mâcher, & qui prend l& faveur du fafle- nage. On en tire une etpece d’huile de palme. L’a- mande de l’aovara refferre, & peut arrêter Le cours de ventre. Lernery. AOUST, . m.(ÆHi/£. 6 AfL.) fixieme mois de l’année de Romulus , & le huitieme de celle de Numa , & de notre année moderne. Il étoit appellé Jéxsilis, à cau- fe du rang qu'il occupoit dans l'année de Romulus ; | & ce nom lui avoit été confervé dans l’année de Numa. Augufte lui donna fon nom, Auguflus , qu'il conferve encore, & d’où les François ont fait ÆAoxé par corruption. Ce mois, & celui de Juillet, dontle nom vient de Jules Céfar, font les deux feuls qui aient confervé les noms que des Emperéurs leur ont donné : le mois d'Avril s’étoit appellé pendant quel- que tems Neroneus ; le mois de Mai, Claudius , bte. Le foleïl pendant ce mois parcourt , où paroït par- courir la plus grande partie du figne du zodiaque, appellé le Lion; & vers la fin de ce moisil entre aui figne de la Vierge : mais, à proprement parler , c’eft la terre qui parcourt réellement le figne du Verfeau, oppofé à celui du Lion. Les mois d’4oä & de Juil- let font ordinairement les plus chauds de l’année, quoique le foleil commence à s'éloigner dès le 21 Juin. On en trouvera la raifon à l’article CHALEUR. C0) | ALURE Les Anglois appellent le premier jour d’Août ; qui eft la fête de S. Pierre èsliens, Lammas-day , com- me qui diroit , féte à l'agneau ; aparemment à caufe d’une coûtume qui s’obfervoit autrefois dans la pro- vince d'York : tous ceux qui tenoient quelque terre de l’églife cathédrale, étoient obligés ce jour-là d'amener dans l’églife à la grand’mefle un agneau vi- vant pour offrande. (G) * AOUSTE , ox AOSTE, ( Géog. ) ville ancienné d'Italie au Piémont , capitale du val-d’Aoufte, au pié des Alpes. Lon. 25. 3. lat. 45. 38. * AOUSTE, 04 AOSTE , ( VAL-D’ ) Géog. mod. partie du Piémont, avec titre de duché. Aoufte en eft la capitale. AOÛTER , v.n. serme de Jardinage, employé en parlant des plantes qui ont pañlé le mois d’Août. On dit un fruit aoûcé , quand il a pris la couleur qui con- vient à fa maturité ; c’eft comme qui diroit wér. Il s’employe auffi pour des branches d’arbres venues de l’année, quife font fortifiées, & qui ne pouffent plus. On dit une citrouille, un concombre, un potiron, un melon aoätés, (K ) A P * APACHES , £. m. plur. ( Géog. & Hiff. ) peu- ples de l’Amérique feptentrionale au nouveau Me- xique , où 1ls occupent un pays très-étendu, fous les noms d’Apaches de Perillo, au midi; d’Apaches de Xilla , d’Apaches de Navaio, au nord ; & d’Apaches Vaqueros, au levant. Woyez la Cong. du Mexiq. APAGOGE ( Logiq. ), aæaywyn, compofé d’aæo, ‘de, & d'a yo, mener, ou tirer. Voyez ABDUCTION. APAGOGIE , f. £. ( Logiq. ) forte de démonftra- tion par laquelle on prouve la vérité d’une propofi- Some JL, À PA S21 tion , en faifant voir que la propofition contraire eft abfurde ; ( Voyez DÉMONSTRATION. ) d’où vient qu’on l’appelle auffi reduëtio ad impoffébile, ou ad ab- Jurdum. Foyez RÉDUCTION. (0) * APALACHE, ( Géog. mod, ) royaume de l'A: mérique feptentrionale dans la Floride. ‘ * APAMATUCK , ( Géog. mod. ) riviere de l’A: mérique feptentrionale dans la Virginie ; elle fe dé- charge dans celle de Powathan. Voyez Mar, Dion, Géogr. x . ; *£ . . * APAMÉE,, fur l'Oronte, ( Géog. anc. & mod. ville de Syrie , diflante d’Antioche environ de vingt lieués : les modernes la nomment Amar, ou Hama. Elle n’a de confidérable que fa fituation. * APAMÉE, fur le Marle , ( Géog. anc. & mod. ) ville de Phrygie : elle eft aujourd’hui prefque ruinée. APAMÉE, o4 APAMI, ( Géog. anc. € mod. } ville de la Bythinie fur la Propontide , entre Bourfe &t Cyzique. LesTurcs l’appellent aujourd’huiMyr/ea: *APAMÉE , ( Géôg. anc. } ville de la Médié, vers la contrée des Parthes. On la nomme auffi Miana. * APAMÉE : on placé dans la Méfopotamie deux villes de ce nom ; lune fur l'Euphrate, l’autre fur le: Tigre. | APANAGE ,f. m.( Æiff. mod. ) ou comme on di- {oit autrefois, APPENNAGE, terres que lés Souve- trains donnent à leurs puinés pour leur partage, lef- quelles font reverfbles à la couronne , faute d’en- fans mâles dans la branche à iaquelle ces terres ont été données. Ducange dit que dans la bañle fatinité on difoit aparare, apanamentum , 8& apanagium , pour defigner une penfon ou un revenu annuel qu’on don: ne aux cadets, au lieu de la part qu'ils devroient avoir dans une feigneurie, qui ne doit point, fui- vant les lois & coûtumes,fe partager, mais refter indivife à l’ainé. Hoffman & Monet dérivent ce mot du Celtique ou Allemand, & difent qu'il fignifie ex= clurre &t forclorre de quelque droit; ce quarrive à ceux qui Ont des apanages, puifqu'ils font exclus de la fucceflion paternelle. Antoine Loyfel , cité par Mé:- nage , croit que le mot aparager vouloit dire autre- fois donner des pennes ou plumes, &c des moyens aux jeunes feigneurs qu’on chafloit de la maifon de leurs peres, pour aller chercher fortune ailleurs, foit par la guerre, foit par le mariage, Nicod &z Ménage dérivent ce mot du Latin paris ; pain ; qui fouvent comprend auf tout l’accefloire de la fubfiftance. | Quelques-uns penfent que les apanagés ; dans leué prermeré infttution, ont été feulement des penfions ou des payemens annuels d’une certaine fomme d’ar- gent. s | Les puinés d'Angleterre n’ont point d’aparage dé- terminé comme en France , maïs feulement ce qu'il plait au roi de léur donner. Voyez PRINCE, Gc. En France même , fous les rois de la premiere & ceux de la feconde race, le droit de primoséniture ou d’ainefle , & celui d’aparage , étoient inconnus ; les domaines étoient à peu près également partagés entre tous les enfans. Voyez PRIMOGÉNITURE € At- NESSE, Mais comme il en naïfloit de grands inconvéniens ; on jugea dans la fuite qu’il valoit mieux donner aux cadets ou puinés des comtés , des duchés, ou d’au- tres départemens , à condition de foi & hommage, & de réverfon à la couronne à défaut d’héritiers mâles, comme il eft arrivé à la premiere & à.la/fe- conde branche des ducs de Bourgogne. À préfent: même les princes apanagiftes n’ont plus leurs apanas ges en fouverainété : ils n’en ont que la joiffance utile & le revenu annuel. Le duché d'Orléans ft, l'apanage ordinaire des feconds fils de France, à, moins qu’il ne foit déjà poflédé , comme il L’eft açs tuellement , par un ançien-apanagifte, TER Vvy 6 322 À PA : Onnelaiffe pas d’appeller aufi mmproprèmenñt apa age , le domaine même de l’héritier préfomptif de la couronne ; tel qu’eit en France le Dauphiné ; en Angleterre la principauté de Galles ; en Efpagne celle des Afturies ; en Portugal celle du Brefl, éc. On appelle auñli apañage ; en quelques coûtumes , la portion quieft donnée à un des enfans pour lui tenir lieu de tout ce qu'il pourroit prétendre à la fucceffion.. _ Paul Emile a remarqué que les zpanages {ont une invention que les rois ont rappoïtée des voyages d’outre mer. (G-#) APANAGISTE , {. m. eme de Droir , eft celui qui poflede des fiefs ou autres domaines en apanage. 7. APANAGE. ( H) * APANTA , ou APANTE, ( Géog. mod. ) pro- vince de la terre ferme de l’Amérique méridionale , entre le lac de Parimé & la riviere des Amazones, à l’occident de la province de Caropa. - * APARAQUA , ( Æiff. nat. bor,) efpece de bryo- ne qui croît au Brefl. Ray, ff. plant. * APARIA , ( Géog. mod. ) province de l’Améri- que méridionale au Pérou, près de la riviere des Amazones, & de l’endroit où elle reçoit le Curavaie, au nord des Pacamores. | À PART , ( Lirrérar. ) où comme on dit 4 parte ; terme Latin qui a la même fignification que /éor/m ; & qui eft affeété à la Poëfie dramatique. Un à parte eft ce qu'un aéteur dit en particulier ou plütôt ce qu’il fe dit à lui-même, pour découvrir aux fpettateurs quelque fentiment dont ils ne feroient pas inftruits autrement ; mais qui cependant eft pré- fumé fecret & inconnu pour tous les autres aéteurs qui occupent alors la fcene. On en trouve des exem- ples dans les Poëtes tragiques & comiques. , Les critiques rigides condamnent cette aétion théa- trale; & ce n’eft pas fans fondement, puifq'elle eft manifeftement contraire aux regles de la vraiffem- blance, & qu’elle fuppofe une furdité abfolue dans les perfonnages introduits avéc l’aéteur qui fait cet à parte, fi intelligiblement entendu de tous les fpec- tateurs ; aufi n’en doit-on jamais faire ufage que dans une extrème néceflité, & c’eft une fituation que les bons auteurs ont foin d'éviter. Voyez PROBABI- LITÉ, TRAGÉDIE, COMÉDIE, SOLILOQUE. (G) APATHIE , L. f. compofé d’ privatif, & de œxûoc, paflion, fignifie, dans un fèns moral, infenfibilité ou privation de tout fentiment paflionné ou trouble d’ef- prit. Voyez PASSION. Les Stoïciens affe@toient une entiere aparhie ; leu fage devoit joir d’un calme, d’une tranquillité d’ef- prit que rien ne püt altérer, & n’être acceffble à au- cun fentiment foit de plaïfir ou de peine. . Sror- CIEN , PLAISIR, 6 PEINE. Dans les premiers fiecles de l’Eglife les Chrétiens adoptoient le terme d’apathie, pour exprimer Le mé- pris de tous les intérêts de ce monde , ou cet état de mortification que prefcrit l'Evangile ; d’où vient que nous trouvons ce mot fréquemment employé dans les écrivains les plus pieux. Clément d'Alexandrie, en particulier, le mit fort en vogue, dans la vûe d'attirer au Chriftianifme les Philofophes qui afpiroient à un degré de vertu fi fu- blime. Le Quiétifme n’eft qu'une 2pathie mafquée des ap- parences de la dévotion. Voyez QUIÉTISME. ( X) -APATURIES , 1, £ ( Hiff, anc. & Myth.) fête {o- lemnelle célébrée par les Athéniens en l'honneur de Bacchus. Voyez FÊTE. : Ce-mot vient du Grec érarn, fraude ; & l’on dit que cette fête fut inflituée en mémoire d’une frau- duléufe:vittoire que Mélanthus, roi d’Athenes, avoit remportée fur Xanthus, roi de Béotie, dansun com- bat fingulier, dontils éroient convenus pour termi- NV L APE nér un débat qui régnoit entr'eux, au fujet des fron- tieres de leurs pays; d’où Budée l’appelle fur dècep: omis, la fête de la tromperie. D'autres écrivains lui donnent une différente éty> mologie : 1ls difent que les jeunes Athémiens n’étoient point admis dans les tribus , le troïfieme jour de lapa- turle,; que leurs peres n’euffent juré qu'ils en étoient vraiment les peres ; jufqu’alors tous les enfans étoient réputés en quelque façon fans pere, das ropes , Circonftance qui donnoit le nom à la fête, Xenophon, d’ailleurs, nous dit que les parens & les amis s’affembloient à cette occafon, fe joignoient aux peres des jeunes gens que l’on devoit recevoir dans les tribus, &ätque la fête tiroit fon nom de cette afflemblée ; que dans amaroupia Vx, bien loin d’être privatif eft une conjonétion, & fignifie même chofe que ouod , erfemble, Cette fête duroit quatre jours Île premier, ceux de chaque tribu fe divertifloient en- femble dans la leur, & ce jour s’appelloit dupara : le fecond, qui fe nommoïit avepjuas, on facrifoit à Jupiter & à Minerve : le troifieme, soupeôre , ceux des jeunes gens de l’un & de l’autre {exe qui avoient l’âge requis, étoient admis dans les tribus : ils appel: loient le quatrieme jour 169%. Quelques auteurs ont mal-à-propos confondu les apaturies avec les faturnales, puifque les fêtes appel: lées par les Grecs xposa , qui répondent aux faturna- les des Romains, arrivoient dans le mois de Décem bre, & que les apaturies fe célébroient en Novembre, * APEIBA , arbre du Brefil qw’on décrit ainf : #r- bor pomijera Brafchienfis , fruttu hijpido, pomi magni- tudine, feminibus plurimis minimis ; apeiba Brafilien- Jibus. Mare. Le fruit n’eft d’aucun ufage ; Le bois fert à faire des bateaux de pêcheurs & des radeaux, Ray, Æi/for. plant. APELLITES, £. £. pl. du Latin appelliræ ,(Theol.) hérétiques qui parurent dans le fecand fiecle, & qui tirent ce nom d’Apelles leur chef, difciple de Mar- cion. Ils foûtenoient que Jefus-Chrift n’avoit pas eu feulement lapparence d’un corps, comme difoit Marcion, ni une véritable chair : mais qu’en def- cendant du Ciel, il s’étoit fait un corps célefte & aérien, & que dans fon Afcenfon ce corps s’étoit réfolu en l’air, enforte que l’efprit feul de J. C. étoit retourné au Ciel. Ils nioient encore la Réfurreétion & profefloient la même doétrine que les Marcioni- tes. Poyez ASCENSION 6 MARCIONITES. (G) APÉNÉ, ( Hiff. anc. ) char attelé de deux ou de quatre mules, mis en ufage dans les jeux olympiques par les Eléens, qui s’en dégoûterent enfuite , foit parce qu'il ne produifoit pas un bel effet, foit parce qu’ils avoient en horreur les mules & les mulets, & qu'ils n’en élevoient point chez eux. Paufanias traite cette invention de moderne, par rapport aux jeux olympiques ; car Sophocle dit que Laïus, dans le voyage où 1l fut tué , montoit un char trainé par deux mules , on œonsn. (GG) * APENNIN , adj. pris fubft. (Géog. anc. & mod.) chaîne de montagnes qui partage l'Italie dans toute fa longueur , depuis les Alpes jufqu’à l'extrémité la plus méridionale du royaume de Naples. Toutes les rivieres d'Italie y. prennent leur fource, | * APENRADE oz APENRODE, ( Géog. mod, ) petite ville de Danemarck , dans la préfeéture de même nom & le duché de Slefick, au fond d’un golfe de la mer Baltique. Long. 27. 1. lat. 55. 4. APEPSIE, f. f. formé d’z privatif & de æ:o7, digérer, fignifie ez Medecine ; crudité , indigeftion. Voyez DIGESTION: A. L’apeplie peut fe définir un défaut d’appétit,-qui empêche que Paliment pris ne fourniffle un chyle propre à former le fang &r-nourrir le corps. Poyez L2 APE NourriTURE, EsTomac, CHYLE, SANG, Nus TRITION, Gc. (N APERCHER, v. a@, rerme d’Oifeleur ; c'eft rear- quer l'endroit où un oifeau fe retire pour y pañler la nuit : on dit j'ai aperché un merle. | * APÉRITIFS , adj. pl. m. (Medecine. ) On donné cette épithete à tous les médicamens qui, confidéres relativement aux parties folides du corps humain , rendent le cours des liqueurs plus libre dans les vaif- feaux qui les renferment, en détruifant les obftacles qui s’y oppofent. Cet effet peut être produit par tout ‘ce qui entretient la fouplefle & la flexibilité des fi- bres dont les membranes vafculaires font compofées. On doit mettre dans cette clafle les émolliens & les relâchans, fur-tout fi l’on anime leur aétion par l’ad- dition de quelque fubftance faline , aétive , & péné- trante, & qu'on les employe dans un degré de cha- leur qui ne foit pas capable de difliper leurs parties les plus volatiles. Ces médicamens operent non-feu- lement fur les vaifleaux, mais encore fur les liqueurs auxquelles ils donnent, en s’y mêlant, un degré de fluidité qui les fait circuler, Les apéritifs conviennent dans tous les cas où l’obftruétion eft ou la caufe ou leffet de la maladie ; ainf leur ufage eft très-falutaire dans la fievre de lait qui furvient aux femmes nou- vellement accouchées, dans le période inflamma- toire de la petite vérole, on dans le tems de l’érup- tion: & les évacuans peuvent être compris {ous le nom général d’apérisifs , parce qu'ils produifent l’ef- fet de ces derniers, par la façon dont on les admi- niftre & le lieu où on les applique. Dans ce fens les diurétiques , les fudorifiques, les diaphorétiques , les emmenagogues , les fuppuratifs , les corrotifs , Les cauftiques, &c. appartiendront à la même claffe, On y rangera encore les réfolutifs qui, divifant les hu- meurs épailles &c les forçant de rentrer dans leurs voies naturelles, font à cet égard l'office d'apérinifs. On compte cinq grandes racines apériives. Ces cinq racines font celle d’ache, de fenouil, de perfil, de petit houx, d’afperge; elles entrent dans le firop qui en porte le nom ; elles pouflent par les urines & par les regles ; elles font d’un grand ufage ; on en fait des conferves , des eaux difüllées & le frop, Sirop des cinq racines. Prenez de racines d’ache , de fenotul, de perfil, de houx, d’afperge , de chacune quatre onces. Faites-les cuire dans quatorze livres d'eau commune, réduites à huit livres. Paflez la dé- coftion, & y ajoûtez fucre cinq livres. Clarifiez & faites euirele tout en confiftance de firop. On tire de ces racines par la diftillation une eau avec laquelle on pourroit faire le firop. (N) * APETOUS ox APETUBES , ( Geog. Ë hf. ) peuples de l'Amérique méridionale dans le Brefil , aux environs du gouvernement de Puerto Seguros *APEX, ( Hifi. anc.) bonnet à l’ufage des Flami- nes &c des Saliens. Pour qu'il tint bien fur leurtète, ils lattachoïient fous le menton avec les deux cor- dons qu’on lui voit. Antiquir. PL 7. fig. 14. Sulpitius , dit Valere Maxime, fut deftitué du facerdoce ; parce que l’apex lui tomba de la tête, pendant qu'il facriñoit. Selon Servius, l’apex étoit une verge couverte de laine qu’on mettoit au fom- met du bonnet des Flamines. C’eft delà que le bon- net prit fon nom; &rles prêtres mêmes, qu'on appel- la Flamines | comme qui difoit Filamines, parce que la verge couverte de laine étoit attachée au bonnet avec un fil : il n’eft pas befoin d’avertir le Leéteur de la futilité de ces fortes d'étymolosies, APHACA , ( Fifé, nat, bot, ) genre de plante à fleur papilionacée. Il s’éleve dtfond du calice un putil qui devient dans la fuite une goufle remplie de femences arrondies, Ajoùtez aux caraéteres de cé genre , que fes ferulles naïflent deux à deux à cha- que nœud des tiges , 8 que çes mêmes nœuds pro- Tome Î, APH ÿ23 diufent chacun une main, Tournefort , {nf?, rei herbs Voyez PLANTE, (1) | * APHACE , (Géog.anc. ) lieu dans la Paleftine ; eñtre Biblos & Perfepolis , où Venus avoit un tem ple , & étoit adorée fous le nom de Venus aphacire ; par toutes fortes de lafcivetés auxquelles les peuples s’abandonnoiïent en mémoire des carefles que la déefle avoit prodiguées dans cet endroit au bel Adonis. * APHACITE , (Mych. ) farnom de Venus, 7% OVé£ APHACE. Ceux qui venotent confulter Venus apha- cite jettoient leurs offrandes dans un lac proche Apha: ce ; ñ elles étoient agréables à la déeffe , élles al- loient à fond; elles furnageoient au contraire , fûüt- ce de l’or ou de argent, fi elles étoient rejettées par la déefle, Zozime qui fait mention de cet oracle , dit qu'il fut confulté par les Palmyriens, lorfqu’ils fe ré: volterent contre l’empereur Aurelien, & que leurs préfens allerent à fond l’année qui précéda leur rui= ne , mais qu'ils furnagerent l’année fuivante. Zozis me auroït bien fait de nous apprendre encore pouf l'honneur de l’oracle , de quelle nature étoient les préfens dans l’une & l’autre année : mais peut-être étoient-1ls néceflairement de plume quand ils des voient furnager ; & néceffairement de plomb quand ils devoient defcendre au fond du lac , la déefle infs pirant à ceux qui venoient la confulter , de lui faire des préfens tels qu'il convenoïit à la véracité de fes oracles. * APHÆREMA, ( Géogr. anc. & facr. ) contrée & ville fituée fur les frontieres de la Judée & de la Samarie , dans la partie occidentale de la tribu d’E: phraim. * APHARA , (Æiff, anc. 6 facr. ) ville de la tribu de Benjamin. * APBHARSEKIENS ox ARPHASACHIENS ; (Géog. & hifi. facr. ) peuples de Samarie, venus d’une contrée fituée entre Le Tigre & l’Euphrate ; il y eut auf des peuples de l’Idumée', appellés apharfîens où apharfatéens ; on dit des uns & des autres qu’ils s’op: poferent à la réédification du temple , après la cap- tivité de Babylone. * APHEA , 1. f. ( Myth. ) divinité adorée par les Crétois & par les Eginetes ; elle avoit un temple en Crete. Aphea avant que d’être déefle fut une Crétoi- fe, appellée Britomartis, que fa pafion pour la chaf: fe attacha à Diane. Pour éviter la pourfuite de Mi- nOs qui en étoit éperdüment amoureux , elle {e jetta dans la mer, 8 fut reçûe dans des filets de pêcheurs: Diane récompenfa fa vertu par les honneurs de l’ims mortalité. Britomartis apparut enfuite aux Eginetes ui l’honorerent fous le nom d’Aphez, * APHEC , ( Géog. anc. @ facr. ) U y eft fait men< tion de quatre lieux différens en Judée fous ce noms l’un fut une ville de la tribu d’Afer ; l’autre une tour près d’Antipatride ; le troifieme , une autre ville aufii de la tribu d’Afer ; le quatrieme, une ville de la triz bu de Juda. | APHÉLIE, f. m. C’eften Æ4ffronomie , le point de Porbite de la terre ou d’une planete, où la diftan: ce de cette planete au foleil eff la plus grande qu'il eft poflible. Voyez ORBITE. Aphelie eft compofé de 2&0', longè ; 8 de ñavoc j fol; ainfi lorfqu’une planete eften 4, Planch. d’Af: tro. fig, 1. comme la diftancé au foleil S , eft alors la plus grande qu’il eft poffble , on dit qu'elle eft à fon aphélie. Voyez PLANETE , SOLEIL, Ge. Dans le fyffème de Ptolomée , ou dans Ja fuppo= fition que le Soleil fe meut autour de la terre , l'aphés lie devient l'apogée, Voyez APoc£E. L'aphélie eft le point diamétralement oppofé au périhehe, FoyezPÉ: RIHELIE. Les aphelies des planetes premieres ne font point en repos ; car laétion mutuelle qu'elles exer+ cent les unes fur les autres , fait que ces points de Vvvi 524 A PH leurs orbes font dans un mouvement continuel , le- quel eft plus où moins fenfble. Ce mouvernent fe fait ëh confèquentia , ou felon l’ordre des fignes ; & il eff felon M. Newton en raïfon fefquipliquée des diftan- ces de ces planetes au Soleil; c’eft-ä-dire, comme les racines quarrées des cubes de ces diftances. Si donc l’aphélie de Mars fait 35 minutes, felon l'ordre des fignes , relativement aux étoiles fixes , dans l’efpace de 100 ans ; les aphélies de la terre, de Venus & de Mercure’, feront dans lé même fens & dans le même intervalle de tems, 18 minutes 36 fe- condes, 11 minutes 27 fecondes, & 4 minutes 29 fecondes. Cependant le mouvement de l’aphélie des planetes étant peu confidérable , il n’eft pas encore parfaite- ment bien connu des Aftronomes. Par exemple , fe- lon M, Newton, le mouvement de l’aphélie de Mer- cure eft plus grand qu’on ne l’avoit fuppofé jufqw'à lui. Ce mouvement déduit: de la théorie , eft de 14 27 ! 20 en 100 ans , à raïon de $2 "+ par an- née. | Les Auteurs font encore bien moins daccord fur le mouvement de l’aphélie de Saturne. M. Newton a fait d’abord cel de Mars de 1 4 58/5 en 100 ans, & il l’a enfuite établi de 33/ 20". Voyez Mars, SATURNE, VENUS, &c. Jnfl. Affron. de M. le Monnier. Le dodeur Halley a donné une methode pour trou- ver géométriquement l’aphélie des planetes. Tran. Philof. n°. 128. Kepler place l’aphélie de Saturne pour l’année 1700, aux 28 d 3 / 44! du Sagittaire: de-la-Hire , au 29 d 14/41". Celui de Jupiter, au 8 410 / 40 de la Balance: de-la-Hire , au 10 à 17 / 14 ”. Celui de Mars, au od $1/ 29" de la Vierge : de-la-Hire , auod3s / 25 ”. Celui dela Terre, au 8 d2$/ 30 ” du Cancer, & celui de Venus, au 3 24/27! du verfeau: de-la- Hire place celui-ci au 6 d $6 / 10". Celui de Mercure , au 15 4 44! 29 ” du Sagit- taire ; & de-la-Hire , au 13 43 / 40 !. Le mouvement annuel de l’aphélie de Saturne eff, felon Kepler, de r 10/7; celuide Jupiter, de 47"; celui de Mars, de 1 ‘ 7 l; celui de Venus, der /18/; & celui de Mercure, de 1 / 45". Selon de-la-Hire ; le mouvement annuel de laphélie de Saturne eft de 1” 22! : celui de Jupiter de 1/34": celui de Mars de 1” 7! : celui de Venus de 1/26” ; & celui de Mercure de 1 39". Voyez Particle APOGÉE & l’article Apsipe. (O) APHERESE , f. f. ( Gram. ) figure de dition , palpsous | retranchement , d’agaipiw , aufero. L’aphe- refe eft une figure par laquelle on retranche une let- tre ou une fyllabe du commencement d’un mot , comme en Grec opri , pour éopra , qui eft le mot or- dinaire pour fignifier féte. C’eft ainfi que Virgile a dit : Dijtite juflitiam moniti, & non temnere divos, Æneid. 6. v. 620. où il a dit femnere pour contemnere, Cette figure eft fouvent en ufage dans les étymo- logies. C’eft ainfi, dit Nicot , que de gibhofus nous avons fait boffu, en retranchant gb, qui eft la pre- miere fyllabe du mot Latin. Au refte , fi le retranchement fe fait au milieu du mot , c’eft une /ÿyrcope ; s’il fe fait à la fin, on l’ap- pelle apocope. ( F) * APHÉSIENS , ( Myrk. ) furnom qu’on donnoit quelquefois à Caftor & à Pollux , qui préfidoient aux barrieres d’où lon partoit dans les courfes publi- ues. * APHETES, ( Géorg. ane, G mod, ) ville de Ma- A PH gneñe, dans la Theflalie, fur le golfe de Pagafa ; d’où partit le vaifleau des Argonautes ; c’eft aujour+ d’hui, 2! golfo de volo. à * APHIOM-KARAHISSART , (Géog. mod. \ville de la Natolie dans la Turquie Afatique. Long. 48. 30. lat, 38. 25. *APHONIE,, ff. ( Medecine.) privation dela voix. Ce mot eft compofé de à privatif & de quyn , voix, L’aphonie eft une incapacité de produire des fons, qui eft toûjours accompagnée de la privation de la parole , accident aflez commun dans les fuffocations hyftériques; ou dans un fens moins étendu, c’eftune incapacité de produire des fons articulés qui naït de quelque défaut dans la langue, & dans les autres organes de la parole. . Mais le mouvement d’une partie quelconque n’eft diminué ou anéanti que par la diminution ou la cef- fation du fluide nerveux dans les nerfs de cette par- tie ; d’où il s’enfuit que l’aphonie n’a point d'autre caufe que la diminution ou la ceffation de ce flide dans Les nerfs qui fervent aux mouvemens de la lan- gue. La diffeétion des cadavres confirme ce fentiment. Un mélancolique dont la triftefle avoit dégéneré en folie , fut frappé d’une aphonie, qui dura jufqu'à fa mort ; quand on le difféqua , on lui trouva le cer- veau fec, les nerfs qui vont à la langue plus petits ‘ qu'à l’ordinaire. La paralyfe de Îa langue qui précede ou qui fut lapoplexie ou l’hémiplégie , eft toüjours accompa- gné d’aphonie. Les vieillards & les perfonnes d’un tempérament affoibli font fujets à cet accident. S'il paroît {eul , il annonce l’apoplexie ou l’hémiplépie. S'il fuccede à ces maladies , & qu'il foit accompa- gné de manque de mémoire & d’embarras dans les ‘ fonétions de lefprit , il annonce le retour de ces maladies. La langue eft entierement affeétée dans l’apoplexie ; elle ne Peft qu'à moitié dans lhémi- plégie. L’aphonie pourra fe terminer heureufement , fielle a pour caufe la ffagnation de quelques humeurs {é- reufes qui compriment les nerfs de la cinquième paire qui vont à la langue. Elle peut être occafionnée par les fuites de la petite vérole , l’interception des fueurs, les catarrhes maltraités, des boutons ou des puftules féreufes rentrées, des efforts violens , des chûtes, des coups ; le trop de fang porté à la langue & à la gorge , la fuppreffion des regles, les mala- dies hyftériques , des vers logés dans l’eftomac ou les inteftins , l’ufage immodéré des liqueurs fpiri- tueufes , les indigeftions fréquentes , la frayeur , le refroidiflement , l'influence des faifons pluvieufes & des lieux marécageux , Ge. Quant aux prognoftics de l’aphonie, ils varientfe- lon la caufe. L’aphonie qui a pour caufe la préfence des vers eft facile à guérir ; il en eft de même de cel- le qui accompagne les affeétions hyfiériques : mais l'aphonie qui naît de la paralyfe dela langue, réfifte à tous les efforts du Medecin, ou ne cede que pour un tems. | Il fuit de ce que nous avons dit plus haut, que pour guérir l’aphonie , il faut s'occuper à lever les obftacles , ou diffiper les férofités qui compriment les nerfs & le cerveau dans Pefpece d’aphonie qui naît d’une paralyfe fur la langue. Pour cet effet, 1l faut recourir aux faignées , auxclyfteres émolliens, aux diurétiques , aux fternutatoires , aux balfami- ques propres dans l’affeétion des nerfs ; en un mot, à tous les remedesçcapables de reftituer aux parties affettées leurs fon@tions. Pour cet effet , voyez PARA LYSIE, HEMIPLEGIE. _*APHORISMES , ez Droit 6er Medecine, font de courtes maximes , dont la vérité eft fondée fur l'ex- AP H perience & fur la réflexion, & qui en peu de mots comprennent beaucoup de fens. * APHOSIATIN , ( Géog. mod. ) port de Rome- lie, dans la Turquie en Europe, fur la côte de la mer Noire, proche Conftantinople, vers le nord, * APHRACTES, f. m. pl. navires des Anciens à un feul rang de rames ; on les appelloit aphraëles, parce qu'ils n’étoient point couverts & n’avoient point de pont ; on les diftinguoit ainfi des cataphrac- tes qui en avoient. Les aphraëkes avoient feulement vers la proue & vers la poupe de petits planchers, fur lefquels on fe tenoit pour combattre : mais cette conftrudtion n’étoit pas générale, Il y avoit, à ce qu'il paroït, des aphraëtes qui étoient couverts & ayoient un pont, avec une de ces avances à leur proue , qu’on appelloit ro/fra. Tite-Live dit d'Oëta- ve, qu'étant parti de Sicile avec deux cens vaif- feaux de charge & trente vaifleaux longs, fa navi- gation ne fut pas conftamment heureufe ; que quand il fut arrivé prefqu’à la vûe de l’Afrique , pouflé toù- jours par un bon vent, d’abord il fut furpris d’une bonafle, & que le vent ayant enfuite changé , fa na- vigation fut troublée, & fes navires difperfés d’un & d'autre côté; & qu'avec fes navires armés d’épe- rons , il eut bien de la peine à force de rame, à fe défendre contre les flots & la tempête. Il appelle ici vaiffeaux armés d’éperons , les mêmes vaïileaux qu'il avoit auparavant appellés vaiffeaux longs, Il dit ailleurs qu'il y avoit des vaiffleaux ouverts, c’eft- à-dire fans ponts, & qui avoient des éperons ; d’où il s’enfuit que la différence des aphraîkes & des ca- taphraëtes confiftoit feulement en ce que ces derniers avoient un pont, & que les premiers n’en avoient point; car pour le roftrum & le couvert, il paroït que les aphraîles les avoient quelquefois ainfi que les cataphraëtes. * APHRODISÉE, aujourd’hui APIDISIA, { Géog. anc. & mod. ) ville de Carie, maintenant fous l'empire du Turc, & prefque ruinée. | * APHRODISÉE , 04 CAP DE CREUZ, ( Géog. anc. 6 mod.) cap de la mer Méditerranée, près de Rofe en Catalogne; quelques-uns le confondent avec le port de Vendres , oule portus Weneris des Anciens. Voyez CADAGUER. * APHRODISIENNES, fêtes inftituées en l’hon- neut de Venus Aphrodite. Voyez APHRODITE, Elles fe célebroient dans l’ile de Chypre & ailleurs. Pour y être invité , on donnoit une piece d’argent à Ve- nus, comme à une fille de mauvaife vie, & onen recevoit du fel & un phalle. Ÿ | * APHRODITE , £. £. ( Myth. )furnom de Ve- nus, compofé de œopos , écume ; parce que, felon les Poëtes, Venus naquit de l’écume de la mer. APHROGÉDA , eft du lait battu tout-à-fait en écume ; c’étoit une médecine de l’ordonnance de Galien, Je croisque c’eft plütôt aphrogala , mot Grec, compofé de agpos, écume, 8&tyana, lait, écume de lait, réparation inconnue; peut-être eft-ce la crême,peut- être efl-ce l’oxygala des Romains , qu'ils regardoient comme un remede excellent contre les chaleurs ex- ceffives d’effomac, 8 un très-bon aliment. Ils y mê- loient de la neige à ce que dit Galien : je crois que nous pourrions donner ce nom à nos crêmes ou fro- mages glacés , que les Anciens ne favoient peut-être pas faire aufh parfaitement que nous les faifons à préfent: ils cherchoient avec le fecours de la neï- ge à donner un degré de fraîcheur plus fenfuel à leurs laitages ou à leurs boïflons. (N) APHTHES , f. m. pl. ( Medecine. ) petits ulceres ronds & fuperficiels, qui occupent l’intérieur de la bouche : le fiége principal de cet accident eft l’ex- trémité des vaifleaux excrétoires des glandes falivai- res, & de toutes les glandes qui fourniffent une hu- meur femblable à la falive; çe qui fait que non-feu- A PH 525 lement les levres, les gencives, le palais, la langue, le gofier , la luette, mais même l’eftomac, les intef. tins grêles , & quelquefois les gros, fe trouvent atta qués de cette maladie. , | La caufe de ces accidens eft un fuc vifqueux & acre qui s'attache aux parois de toutes les parties cisdeflus, & y occafionne par fon féjour ces efpeces d’ulceres. Ce fuc vifqueux 8 acre tire ordinairement fon origine des-nourritures falines , & de tout ce qui peut produire dans les humeurs une acrimonie alkas line ; ce qui fait que les gensiqui habitent les pays chauds & les endroits marécageux, font très-fujets aux aphthes. On juge de la malignité des aphthes par leur cous leur & leur profondeur : ceux qui font fuperficiels, tranfparens , blancs, minces, féparés les uns des au: tres, mous, & qui fe détachent facilement fans être remplacés par de nouveaux, font de l’efpecela moins dangereufe ; ceux au contraire qui font blancs 8 opa> ques , jaunes , bruns , ou noirs, qui fe tiennent en: femble , & ont peine à fe détacher, & auxquels il en fuccede d’autres , font d’une efpece maligne. Les enfans êcles vieillards font fujets aux aphches , parce que dans les uns & les autres les forces vitales * {ont languiflantes , & les humeurs fujettes M devenir vifqueules. | Les aphthes qui attaquent les adultes , font ordinai- rement précédés de fievre continue , accompagnés de diarrhée & de dyffenterie , de naufées , de la perte de Pappétit, de foiblefe, de ftupeur, & d’afloupif- fement, Ettmuller prétend que les zphrhes des adultes font fouvent la fuite des fievres violentes. Les remedes appropriés pour la cure de cette ma« ladie , doivent être humeëtans & capables d’amollir &t d’échauffer légerement ,afin d'entretenir les forces du malade, & lui occafionner une moiteur conti- nuelle. Les garsgarifmes déterffs & un pe animés d’ef- prit-de-vin camphré, font d’un grand fecours dans ce cas, | Lorfque l’on eft venu à bout de faire tomber les aphthes , on rend ces gargarifmes un peu plus émol- liens & adouciffans. : Enfin l’on termine lé traitement par uñ purgati fortifiant , dans lequel Boerrhaave recommande la rhubarbe par préférence à tout autre purgatif. (N) APHYE , ff. ( Hif. nat. Zoolog. ) aphya, apua , petits poiflons de mer que les Anciens ont ainfi nom- més , parce qu'on croyoit qu'ils n’étôient pas engen- drés comme les autres poiflons, mais qu'ils étoient produits par une terré limoneufe. Rondelet diftin- oue plufeuts fortes d’aphyes. L'aphye Vraie, agpos, ainfinôinmée, parce qu’on a prétendu qu’elle naïfloit de l’écume de la mer, ow parce qu’elle eft blanche : on la nomme zonnara fur la côte de Gènes. Ces poiflons n’ont pas la longueur du petit doigt ; la plûpart font blancs ; il y en a de rougeâtres ; 1ls ont les yeux noirs ; ils fe trouvent dans l’écume de la mer, & ils fe rafflemblent en très- grande quantité & s’entrelacent fi bien les uns avec les autres, qu'il eft difficile de les féparer. L’aphye de goujon, cobites , aufñ\ appellée loche de mer. Voyez LOCHE DE MER. L’anchois a été mis auf au nombre des aphyes, Voyez ANCHOIS. L'aphye phalérique , aufñ appellée zadelle ou me- leite. Voyez NADELLE. L’aphye des muges , des mendales., des furmulets, font de petits poiflons femblables à ceux dont üls portent le nom ; on a crûù qu'ils natfoient du Jimor de la terre, dans les étangs defléchés qui étoient re 516 À 1 couverts de nouveau par les eaux des pluies. Rozde- der. Voyez Poisson. (1) APHYLLANTHES , ( Æiff. nar. bor. ) genre de plante à fleur liliacée, compote de fix pétales qui fortent d’un calice écailleux & fait en tuyau ; il fort de ce même calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit en forme de pomme de pin , qui a trois an- gles, qui s'ouvre entrois parties, &e qui eft dividé en trois loges , 8 rempli de femences arrondies. Tournefort, Zafl. rei herb. Voyez PLANTE. (1) * APHYTACOR , (Æiff. nat. bor.) arbre dont Pline fait mention. Li. XX XI, cap. y, & qu'il dit produire de ambre, * APHYTE, ox APHYTIS, ( Géog. anc. ) ville de Thrace’, dans le voifinage de Pallene, où Apol- lon avoit un temple célebre par fes oracles, & où Jupiter Ammon étoit particulierement révéré. * APIDISIA. Voyez APHRODISÉE. * APINE , ( Géog. anc. ) ville de la Pouille, qui fut nunée par Diomede : Trica eut le même fort; toutes deux donnerent lieu au proverbe, Apine 6 Tricæ , chofes de peu de valeur. * APINEL , ( Æiff. nat. bor. ) racine qu’on trouve dans quelques îles de l’Amérique ; les fauvages la nomment yabacant ; & les François apinel, du nom d’un Capitaine de cavalerie qui l’apporta le premier en Europe. Sion en préfente au bout d’un bäton à un ferpent , & qu’il la morde , elle le tue ; fi on en mâche , & qu’on s’en frotte les piés & les mains, le ferpent fuira, ou pourra être pris fans péril : jamais ferpent n’approchera d’une chambre où il y a un morceau d’apinel, Cette même racine fi utile à la confervation des hommes , feroit, à ce qu’on dit, très-utile encore à leur propagation , fi la propaga- tion avoit befoin de ces fecours forcés que l’on n’em- ploie guere fuivant les vües de la nature. 41. de l’ Acad, Roy. des Sciences , an. 1714. *APHRON , (Æif£. nat. bor.) efpece-de pavot fau- vage dont Pline fait mention. Lib. XX, c. xyx. APHTHARTODOCETES , aghaprodoneres , (Théol. ) Les Aphthartodocetes font des hérétiques en- nemisjurés du concile de Chalcedoine. Ce nom eft compofé des mots Grecs à glaples , 27- corruptible | & de doxsw, Je crois, j'imagine : on le leur donna parce qu'ils imaginoient que le corps de Je- fus-Chrift étoit incorruptible, impañfble, & immor- tel. Cette fee eft une branche de celle des Euty- chiens : elle parut en 535. Voyez EUTYCHIEN. (G) *API , {. m. petite pomme d’un rouge vif d’un cô- té, & blanche de l’autre, dont la peau eft extrème- ment fine , la chair tendre, & l’eau douce & fucrée; qui n’a point d’odeur &c n’en prend point , foit qu’on la ferre, foit quon la pochette ; qui dure long-tems, &c qui nait fur un arbre qui charge beaucoup, & qui la produit par bouquets : on en garnit le bord des pla- teaux, Le pommier d’api efbmoins vigoureux que les autres ; il lui faut une terre grafle fans être humide. Il ne craint point les grands vents ; 1l donne jufqu’au mois d'Avril. On dit qu'il fut trouvé dans la forêt d’Apie ; d’où il a pañlé dans nos jardins fous le nom d’apr | * APIOLE, ( Géog. anc. ) villed’Italie dont Tar- quin I. fe rendit maitre , & dont les ruines fervirent à jetter les premiers fondemens du capitole. * APIOS , ( Hif£. nat. bor. ) eft une efpece de ti- thymale qui pouffe plufeurs petites tiges bafles , me- nues , rondes, rouseâtres , s'étendant fouvent fur la terre. Ses feuilles font petites , courtes, reflem- blantes à celles de la rue fauvage , mais plus petites: fes fleurs naïflent à fes fommités ; elles {ont petites, en godet, découpées en plufieurs parties , & de cou- leur jaune pâle. Quand cette fleur eft pañlée , il fe forme en fa place un petit fruit relevé detrois coins, lequel fe divife en trois loges, qui renferment cha- API cune une femence oblongue; fa racine eft tubéreufe; & a la figure d’une poire, plus menue en bag qu’en haut , noire en dehors , blanche en dedans, & con- tenant beaucoup de lait. On a remarqué que quand cette racine eft groffe & bien nourrie , la plante qu’elle pouffe eft petite ; & que quand la racine eft moins grofle, la plante eft plus grande. Elle con- tient beaucoup de fel effentiel & d'huile , mêlés dans une grande quantité de phlegme & de terre. La racine de l’apios purge avec violence par le vomiflement & par les felles. Lemery, des Drog. APIQUER , APPIQUER, v. n. &c quelquefois aët. Le cable apique , c’eft-à-dire , que le vaifleau ap proche de l'ancre qui eft mouillée, & que le ca- ble étant halé dans le navire, il commence à être perpendiculairement ou à pic. Voyez HUTTER. Apiquer la vergue de civadiere. (Z * APIS, f. m. (Myth.) divinité célebre des Egyp- tiens. C’étoit un bœuf qui avoit certaines marques extérieures. C’étoit dans cet animal que l’ame du grand Ofiris s’étoit retirée : il lui avoit donné la pré- férence fur les autres animaux , parce que le bœuf eft le fymbole de l’agriculture , dont ce prince avoit eu la perfeétion tant à cœur. Le bœuf 4pis devoit avoir une marque blanche & quarrée fur le front ; la figure d’un aigle fur le dos ; un nœud fous la lan gue en forme d’efcarbot ; les poils de la queue dou- bles, & un croiffant blanc fur le flanc droit. Il falz loit que la genifle qui Pavoit porté l’eût conçù d’un coup de tonnerre. Comme il eût été aflez dificile que la nature eût raflemblé fur un même animal tous ces caracteres , il eft à préfumer que les prêtres pour- voyoient à ce que l'Egypte ne manquât pas d’A4pis, en imprimant fecretement à quelques jeunes veaux les marques requifes ; & s’il leur arrrivoit de différer beaucoup de montrer aux peuples le dieu 4pis, c’étoit apparemment pour leur ôter tout foupçon de fupercherie. Mais cette précaution n’étoit pas fort néceflaire ; les peuples ne font-ils pas dans ces occa- fions tous leurs efforts pour ne rien voir ? Quand on avoit trouvé l’Apis , avant que de le conduire à Memphis on le nourrifloit pendant quarante jours dans la ville du Nil. Des femmes avoient feules l’hon- neur de le vifiter & de lefervir : elles fe préfentoient au divin taureau dans un deshabillé , dont les pré- tres auroient mieux connu les avantages que le dieu. Après la quarantaine on lui faifoit une niche dorée dans une barque ; on ly plaçoit, & 1l defcendoit le Nil jufqu’à Memphis :là les prêtres l’alloient rece- voir en pompe ; ils étoient fuivis d’un peuple nom- breux : les enfans aflez heureux pour fentir fon ha- leine, en recevoient le don des prédiéhions. On le conduifoit dans le temple d’Ofins, où 1l y avoit deux magnifiques étables : l’une étoit l'ouvrage de Pfam- meticus ; elle étoit foûtenue de ftatues coloffales de douze coudées de hauteur ; il y demeuroit prefque toùjours renferme ; 1l ne fe montroit guere que fur un préau où les étrangers avoient la liberté de le voir. Si on le promenoit dans la ville , il étoit envi- ronné d'officiers qui écartoient la foule, & de jeu- nes enfans qui chantoient fes louanges. Selon les livres facrés des Egyptiens , le dieu Apis n’avoit qu'un certain tems déterminé à vivre; quand la fin de ce tems approchoit, les prêtres le condui- foient fur les bords du Nil , &c le noyoient avec beaucoup de vénération & de cérémonies. On lem= baumoit enfuite; on lui faifoit des obfeques fi difpen- dieufes, que ceux qui étoient commis à la garde du bœuf embaumé s’y ruinoient ordinairement. Sous Ptolemée Lagus , on emprunta cinquante talens pour célébrer les funérailles du bœuf 4ps. Quand le bœuf Apis étoit mort & embaumé , Le peuple le pleuroit , comme s’il eût perdu Ofiris ; & lé deuil continuoit jufqu’à ce qu'il plût aux prêtres de montrer fon fuc- éefleur ; alors on fe réjouifloit , comme fi le prince füt reflufcité , & la fête duroit fept jours. Cambife , roi de Perfe , à fon retour d’Ethiopie, trouvant le peuple Egyptien occupé à célébrer l’ap- partition d’Apis, & croyant qu'on fe réjoiifloit du mauvais fuccès de fon expédition , fit amener le pré- tendu dieu, qu'il frappa d’un coup d'épée dont il mourut : les prêtres furent fufhigés ; & lés foldatseu- rent ordre de maflacrer tous ceux qui célébreroïent la fête. Les Egyptiens confultoient Apis comme un ora- cle ; sl prenoit ce qu’on lui préfentoit à manger, c’é- toit un bon augure ; {on refus au contraire étoit un fâcheux préfage. Pline, cet auteur fi plein de fagefle & d’efprit , obferve qu’Apis ne voulut pas manger ce que Germanicus lui offrit , & que ce prince mou: rut bien-tôt après ; comme s’il eût imaginé quelque tapport réel entre ces deux évenemens. Il en étoit de même des deux loges qu’on lui avoit bâties : fon {éjour dans l’une annonçoit le bonheur à l'Egypte ; & fon féjour dans l’autre lui étoit un figne de mal- heur. Ceux qui Le venoient confulter approchoient la bouche de fon oreille , & mettoient les mains fur les leurs, qu’ils tenoient bouchées jufqu’à ce qu’ils fuflent fortis de l'enceinte du temple. Arrivés là, ils prenoient pour la réponfe du dieu la premiere chofe qu’ils entendoient. APLAIGNER , eft, dans les Manufattures de Dra- peries, fynonyme à lainer , ou parer. V. LAINER. APLAIGNEUR!;, f. m. ouvrier occupé, dans Les Manufaitures de draps ou autres étoffès en laine , à en tirer le poil au fortir des mains du Tiflerand. Voyez LAINEUR. | APLANIR. Voyez RÉGALER: _ APLESTER , oz APLESTRER , c’eft déplier & étendre les voiles , appareïller , les mettre en état de recevoir le vent lorfqu’on eft prêt de partir. (Z) APLIQUE, f. f. chez les Metteurs-en-œuvre , c’eft une plaque d'or ou d'argent en plein, dans laquelle on à fait plufieuts trous , autour de chacun defquels on fonde une fertiflure qui fe rabat fur les pierres, pour les retenir dans ces trous. Voyez SERTISSURE. A-PLOMB , forte de terme qui fert à défigner la fi- tuation verticale & perpendiculaire à l’horifon.{ F. Horison 6 VERTICAL. }Un fil à plomb qu’on laïfle pendre librement, fe met toüjours dans une fitua- tion verticale. C’eft de-là qu’eft venu cette dénomi- nation. (O ) | APLOMB , fe dit dans l'Ecriture d’un cara@ere imäle dont les pleins font bien remplis , ayant été for- més par une plume qui les a frappés également fur la ligne perpendiculaire, & leur a donné toute la plénitude & tout le produitque comportoit fa fitua- fon. * APLOME , f. f. (Lirh.) c’eft aïnfi qu’on appelle üne nappe dont on couvre l'autel dans l’Eglife Greque. * APLUSTRE., f. m. ( Æff. anc. ) nom que les anciens donnoient à un ornement qu’on mettoit au plus haut des poupes, Euftathe,interprete d’'Homere, dit qu'ilétoit fait de planches larges & bien travail- lées ; & le Pere Montfaucon donne pour exemple dapluffre, cet inftrument de bois que porte fur fon épaule un Triton qui joue du cor, & qui orne le milieu dela troifieme poupe, qu'on voit rom. IF. page 212. PI. CXXXTIT. On voit un autre aplufire, même tome PL. fuivare ; celui-ci ne reflemble guere au précédent : d’ailleurs le premier ap/uffre, celui de la PZ. CXX XTIT. m'occupe pas la partie la plus élevée de la poupe. Il y a d’habiles gens qui ontcrû que lepluftre étoit la flame du vaïfleau, ce qui fert à connoître la direétion du vent. Je ne fai, dit le P, Montfaucon, fijamais ce mot a été employé dans APO 5» le dernier fens: mais je fuis fr que plufieurs Auteurs anciens l’ont pris dans Le premier fens. APOBATERION , ( Lisrérat. ) aæoBarépror ; mot purement Grec, & qui fignifie wz2 diféours d'adieu. Les Anciens par ce terme entendoient tout poë: me , compliment , ou difcours qu’un perfonnage prêt à quitter fa patrie ou un pays étranger , adrefloit à {es parens , amis ou autres qui lui avoient fait bon. accueil. Tel'eft Padieu qu'Enée fait à Hélenus & à Andromaque dans le troifieme livre de l’Enéide. Au contraire, le premier difcours qu’on tenoit en entrant dans un pays ou au retour d’un voyage, fe nommoit épihatérion. Voyez EPIBATÉRION. (G) * APOBOMIES , ( Myth.) de ro , deffous, & de Bomoc, autel ; fêtes chez les Grecs, où l’on ne facri- foit point fur l'autel, mais à plate-terre & furle pavé. APOCALYPSE, f. m. ( Théol. ) du Grec amoxd= Audie , révélation ; c’eft le nom du dernier livre cano- nique de l’Ecriture. Voyez CANON & BIBLE. Il contient en vingt-deux chapitres une prophétie touchant l’état de l’Eglife , depuis l’Afcenfion de Je- fus-Chrift au ciel jufqu’au dernier jugement : & c’eft comme la conclufion de toutes les faintes Ecritures , afin que les fideles reconnoïflant la conformité des révélations de la nouvelle alliance avec les prédic2 tions de l’ancienne , foient plus confirmés dans l’at- tente du dernier avenement de Jefus-Chrift. Ces ré- vélations furent faites à l’apôtre S. Jean durant fon exil dans l’ile de Pathmos , pendant la perfécution de Domitien. Voyez RÉVÉLATION. | L’enchaïînement d'idées fublimes & prophétiques qui compofent l’Apocalypfe, a toüjours été un laby- rinthe pour les plus grands génies , &r un écueil pour la pipart des Commentateurs, On fait par quelles rèveries ont prétendu l’expliquer Drabienis, Jofeph Mede , le miniftre Jurieu , le grand Newton lui-mé- me. Les fecrets qu’elle renferme , & l'explication fri- vole que tant d’Auteurs ont tenté d’en donner, font bien propres à humilier l’efprit humain. On a long-tems difputé dans les premiers fiecles de l’Eghfe fur authenticité & la canonicité de ce li- vre: mais ces deux points font aujourd’hui pleine- mentéclaircis. Quant à fon authenticité, quelques An- ciens la nicient : Cérinthe , difoiéntils, avoit donné à l’Apocalypfe le nom de S. Jean , pour donner du poids à fes rêveries , & pour établir le regne de Jefus-Chrift pendant mille ans fur la terre après le jugement. Voyez MILLENAIRES. S. Denys d'Alexandrie, cité par Eufebe , l’attribue à un per- fonnage nommé Jen , différent de l’Evangélifte. Il eft vrai que les plus anciennes copies Greques , tant manufcrites qu'imprimées de l’Apocalypfe, portent en tête le nom de Jean le divin. Mais on fait que les Peres Grecs donnent par excellence ce furnom à Paz pôtre S. Jean pour le diftinguer des autres Evangé- lifles , & parce qu’il avoit traité fpécialement de la divinité du Verbe. À cette raifon l’on ajoûte , 1°. que dans lApocalypfe S. Jean eftnommément defigné par ces termes : 4 Jean qui a publié la parole de Dieu, € qui a rendu témoignage de tout ce qu'il n v4 de Jefus= Chrifl ; caraëteres qui ne conviennent qu’à l’Apôtre. 2°. Ce livre eft adreflé aux fept Eglifes d'Afe, dont S. Jean avoit le gouvernement. 3°. Il eft écrit de l'ile de Pathmos, oùS. Irenée ; Eufebe &x tous les Anciens conviennent que l’apôtre S. Jean fut relégué enos, & d’où 1l revint en 08 : époque qui fixe encore le tems où l’ouvrage fut compofé. 4°. Enfin plufieurs Auteurs voifins des tems apoftoliques , telsqueSaint Juftin , S.{renée, Origene, Viétorin, &C après eux une foule de Peres & d’Auteurs eccléfiaftiques , Pat- tribuent à S. Jean l’Evangélifte. . AUTHENTICITÉ & AUTHENTIQUE. Quant à fa canonicité , elle n’a pas été moins con. teftée, S, Jérômerapporte que dans PEglife Greque, 5:85. APO même de foritems, on la révoquoit en doute. Eufebe & S. Epiphane en conviennent. Dans les catalogues des Livrés faints, dreflés par le concile de Laodicée, par S. Grégoire de Nazianze, par S. Cyrille de Jéru- falem, & par quelques autres Auteurs Grecs ,1ln’en eft fait aucune mention. Mais on l’a toïjours regar- dé comme canonique dans l’Eglifé Latine. C’eft le fentiment de S. Juftin , de S. Irenée , de Théophile d’Antioche, de Méliton, d’Apollonius, & de Clé- ment Alexandrin. Le troifieme concile de Carthage, tenu en 397 , l’inféra dans le canon des Ecritures., & depuis ce tems-là l’Eglife d’orient l’a admis comme celle d’occident. _ Les Alogiens, hérétiques du deuxieme fiecle, re- jettoient l’Apocalypfe, dont ils tournoient les révéla- tions en ridicule , {ur-tout celles des fept trompettes, des quatre Anges liés fur l’'Euphrate, 6. S. Epiphane _ répondant à leurs inveétives , obferve que lApoca- lypfè n'étant pas une fimple hiftoire , mais une pro- phétie, il ne doit pas paroître étrange que ce livre foit écrit dans un ftyle figuré, femblable à celui des Prophetes de l’ancien Teftament. Ladificulté la plus fpécieufe qu’ils oppofaffent à Pau- thenticité de l’Apocalypfe, étoit fondée fur ce qu’on litauch. xj.v.18. Ecrivez a l'ange de l’églife de Thyatire. Or, ajoûtoient- ils, dutems de PapôtreS. Jean ilny avoit nulle églife chrétienne à Thyatire. Le même S, Epiphane convient du fait, &crépond que l'Apôtre parlant d’une chofe future , c’eft-à-dire de l'Eglide qui devoit être un jour établie à Thyatire , en parle com- mé d’une chofe préfente & accomplie , fuivant Pu- fage des Prophetes, Quelques modernes ajoûtent , que dutems de S. Epiphane le catalogue des Evèques &c les autres a@es qui prouvoient qu'il y avoit eu une éplife à Thyatire dès le tems des Apôtres, étoient inconnus à ce Pere, & que fon aveu ne favorife point les Alogiens. Enfin Grotius remarque qu’encore qu’il n’y eût aucune églife de Payens convertis à Thya- tire quand S. Jean écrivit fon Apocalypfè, 1l y en avoit néanmoins une de Juifs, femblable à celle qui s'étoit établie à Theflalonique avant que S, Paul ÿ préchàt. Il y a eu plufieurs Apocalypfès fuppofces. S. Clé- ment dans fes hypotypoles parle d’une Apocalypfe de S. Pierre ; & Sozomene ajoûte , qu’on la lifoit tous les ans vers Pâques dans les églifes de la Paleftine, Ce dernier parle encore d’une 4pocalypfe de S. Paul que les Moines eftimoient autrefois, & que les Coph- tes modernes fe vantent de pofléder. Eufebe fait auff mention de l’Apocalypfe d'Adam ; S. Epiphane, de celle d’Abraham,fuppoféeparles hérétiques Séthiens, & des révélations de Seth & deNarie femme de Noë, par lesGnoftiques. Nicéphore parle d’une Apocalypfe d’Efdras ; Gratian & Cédrene d’une Apocalypfe de Moyfe ; d’une autre attribuée à S. Thomas ; d’une troifieme de S. Etienne ; & S. Jérôme d’une quatrie- me, donton faifoit auteur le prophete Elie. Porphyre dans la vie de Plotin, cite les Apocalypfes de Zoroaf- tre ,de Zoftrein, de Nicothée, d’Allogenes, 6:c. li- vres dont on ne connoît plus que les titres, & qui vraïiffemblablement n’étoient que des recueils de fa- bles. Sixt. fezenf. ib. IT, & VII. Dupin, differt. pre- dim. tom. III, 6 biblioth. des Aut. eccléfiaft. (G) APOCHYLINNE, ez Pharmacie, fuc végétal épaiffi , que l’on appelle dans les boutiques f&c épaiffr. Voyez SUC ÉPAISSI. * APOCINOS , nom d’une danfe ancienne dont il ne nous eft refté que le nom. APOCOPE,, f. f. ( Gramm. ) figure de diétion qui fe fait lorfqu’on retranche quelque lettre ou quelque {yllabe à la fin d’un mot, comme dans ces quatre im- pératifs , dic, duc, fac , fer, au lieu de dice, duce ; &c, ingeni pour éngenii , megoti pour 7egoëtt , &c. Ce mot vient de aroromn 3 qui eft compofé de la À P O prépofitiôn co, & qui répond à l'aou abdes Latins, &c de xomvw, je coupe ,je retranche. (F) * APOCRÉAS ; 1. f, ( Lichurg. ) c’eft la femaine qui répond à celle que nous appellons /4 /éptuagéfime. Les Grecs l’appellent apocréas on privation de chair ; parce qu'après le Dimanche qui la fuit on ceffe de manger de la chair, & l’on ue de laitage jufqu'au fecond jour après la quinquagéfime , que commence le grand jeûne de Carême. Pendant l’apocréas , onne chante ni triode ni alleluia. Diëf. de Trév. APOCRISIAIRE ; £. m. dans l’Hiffoire ancienne , c’étoit un officier établi pour porter & faire les mef- fages , intimer les ordres ou déclarer les réponfes d’un Prince ou d’un Empereur. Ce mot eft formé du Grec aroüpiois, refponfum, réponfe , d’où vient qu'il s’appelle fouvent en Latin reJponfalis, porteur de réponfes. Cet officier devint enfuite Chancelier de l’Empe- reur & garda les fceaux. Nous trouvons quelque- fois dans un Latin barbare 4fécreta, Secrétaire, pour Apocrifiarius. Lozime le définit un Secrétaire des af- * faires érrangeres. C’eft ce que Vopifcus , dans la vie d’Aurélien, appelle Norarius fecrerorum. Voyez SE> CRÉTAIRE, CC. Les Patriarches donnerent enfuite ce nom aux Dia- cres qu'ils députoient pour les intérêts de leurs égli= fes, & aux Eccléfiaftiques qui étoient envoyés de Rome pour traiter des affaires du faint Siège : carou- tre les Soûdiacres & les défenfeurs que les Papes en- voyoient de tems en tems dans les provinces pour y exécuter leurs ordres , ils avoient quelquefois un Noncé ordinaire réfident à la Cour Impériale, que les Grecs appelloient Apocrifaire , &c les Latins Ref ponfalis ; parce que fon emploi n’étoit autre que d’ex- poler au Prince les intentions du Pape, & au Pape les volontés de l'Empereur, & les réponfes réci- proques de l’un & de l’autre fur ce qu’il avoit à né- gocier : de forte que ces Apocriftaires Ctoient , à pro- prément parler , ce que font les Ambafladeurs ordi- naires des Souverains & les Nonces du Pape auprès des Princes. Saint Grégoire le grand avoit exercé cet emploi avant que d’être Pape, & plufieuts autres l'ont aufli exercé avant leur pontificat. Les Æpocr:- ftairesn’avoïent aucune jurifdiétion à Conftantinople, (non plus queles Nonces n’en ont point en France ) fi. ce n'étoit qu'ils fnffent aufi délégués du Pape pour le jugement de quelques caufés d'importance, Quoï- qu'ils fuffent Nonces du Pape, ils cédoïent néanmoins aux Evêques, comme il parut au concile de Conftan- tinople en 536, où Pélage, Apocrifiaire du pape Aga- pet, & le premier de fes Nonces apoñtoliques qu’on trouve dans l’hiftoire , foufcrivit après les Evêques. Ces Apocrifiaires étoient tobjours des Diacres, &t ja- mais des Évêques; car ceux-ci n’étoient employés qu'aux Ambaflades extraordinaires, ou aux léga- tions. Nous avons remarqué que les Patriarches en Orient avoient leur Apocrifiaire, Ainfi dans le fynode tenu à Conftantinople l’an 439, Diofcore , Apocri- fiaire de l’églifé d'Alexandrie, foûtmt la primatie de {on Prélat contre celui d’Antioche. On trouve auff desexemples d’Apocrifiairesque les Papesontenvoyés aux Patriarches d'Orient. On a encore donné le nom d’Apocrifiaire aux Chanceliers , que l’on appelloit auf Référendaires. Ainfi Saint Ouen eft appellé 4po- criféaire du Roi; &-Aïmoin dit ,qu'ilétoit Reéférezdaire. Voyez LÉGAT. Ducange, Gloffarium latinir.Thomaï. Difcipl. eccleftaft. | Bingham dans fes Antiquités-eccléfiaftiques , ob= ferve que la fon@tion d’Apocrifiare des Papes peut avoir commencé vers-le temsde Conftantin , où pett après la converfion des Empereurs, qui dut néceflai- rement établir des correfpondances entre eux & les fouverains Pontifes: mais on n’en voit guere le nom que vers le regne .de Juftinien, qui en fait Repion ans APO dans fa Nôvelle VI. c4. 37. par laquelle il paroît que tous les Evêques avoient de femblables officiers. A leur imitation les monafteres eurent aufli dans la fuite des Apocrifraires , qui ne réfidoient pourtant pas per- pétuellement dans la ville Impériale ou à la Cour, comme ceux du Pape; mais qu’on deléguoit dans le befoin pour les affaires que le monaftere, ou quel- qu'un des moines, pouvoit avoir au-dehors où de- vant l’Evêque. Dans ces cas Juftinien , dans fa No- velle-LXXIX, veut que les afcetes & les vierges confacrées à Dieu comparoiflent & répondent par leurs Apocrifraires. [ls étoient quelquefois clercs,com- me il paroït par les actes du V. concile général, où Théonas fe nomme Prérre & Apocrifiaire du monaîtere du mont Sinar. C’étoit à peu près ce que font aujour- d’hui les Procureurs dans les monafteres, ou même les Procureurs généraux des ordres religieux. Suicer ajoûte,que les Empereurs de Conftantinople ont auffi donné quelquefois à leurs Ambafladeurs ou Envoyés le titre d’Apocrifaire ou Apocrifraire, Bingham, Orig. ecclef. lib, LIT. c. xiyy. K. 6. L’héréfie des Monothélites & celle des Iconoclaf- tes qui la fuivit, abrogerent l’ufage où la Cour de Rome étoit d’avoir un Apocriftaire à Conftantino- ple. (G) | *APOCROUSTIQUES ( Médecine. ) épithete que l’on donne aux remedes dont la vertu eft aftringente & répercuflive, Ce mot eft formé de aroxpouo , Je ré PTUITLE, APOCRYPHE ( Théologie. ) du Grec ATORPUGOS terme qui dans fon origine & {elon fon étymologie, fignifie cache, En ce fens on nommoit apocryphe tout écrit gardé fecretement & dérobé à la connoiffance du public. Ainf les Livres des Sibylles à Rome , confiés à la garde des Decemvirs ; les annales d'Egypte & de Tyr, dont les prêtres feuls de ces royaumes étoient dépofitaires , & dont la leêture n’étoit pas permife indifféremment à tout le monde , étoient des Livres apocryphes. Parmiles divines Ecritures un Livre pou- voit être en même tems , dans ce fens général, un Livre facré & divin, & un Livre apocryphe: facré & divin, parce qu'on en connoïfloit l’origine , qu’on fa: voit qu'il avoit été révélé : apocryphe , parce qu'il étoit dépofe dans le temple, & qu'il n’avoit point été communiqué au peuple ; car lorfque les Juifs pu- bhoient leurs Livres facrés ; ils les appelloient caro- niques & divins , &t le nom d’apocryphes reftoit à ceux qu'ils gardoient dans leurs archives. Toute la diffé- rence confifloit en ce qu’on rendoit les uns publics, & qu'on n'en ufoit pas de même à l'égard des au- tres, ce qui n'empêchoit pas qu'ils ne püflent être facrés 8 divins, quoiqu'ils ne fufent pas connus pour tels du public ; ainfi ayant la traduéion des Sep- tante, les livres de l’ancien Teftament pouvoient être appellés apocryphes par rapport aux Gentils ; & par rapport aux Juifs la même qualification convenoit aux livres qui n’étoient pas inférés dans le canon ou le catalogue public des Ecritures. C’eft précifément ainfi qu'il faut entendre ce que dit faint Epiphane, que les Livres apocryphes ne font point dépofés dans l'arche parmi les autres écrits infpirés. Dans Le Chrifianifme , on a attaché au mot apo- cryphe une fignification différente, & on l’employe pour exprimer tout Livre douteux , dont l’auteur eft incertain 6c fur la foi duquel on ne peut faire fonds; comme on peut voir dans faint Jérome & dans quel- ques autres Peres Grecs & Latins plus anciens que lui : ainfi l’on dit 4 livre , un palage , une hifloire apocryphe ,; &cc. lorfqu’il y a de fortes raifons de fuf- peéter leur authenticité, & de penfer que ces écrits font fuppofés. En matiere de doërine , on nomme apocryphes les Livres des hérétiques &c des fchifma- tiques , & même des Livres qui ne contiennent au- Tome 1, ; "1 APO 29 cune erreur, fais qui ne font point reconnus pour divins , c’eft-à-dire , qui n’ont été compris ni par la Synagogue n1 par l'Eglife , dans le canon , pour être lüs en public dans les affemblées des Juifs ou des Chrétiens. Voyez CANON , BIBLE. Dans le doute fi un Livre eft canonique ou 4po- cryphe, s'il doit faire autorité ou non en matiere de religion, on fent la néceflité d’un tribunal fupérieur & infaillible pour fixer l'incertitude des éfprits ; 8: ce tribunal eft l'Eglife , à qui feule il appartient de donner à un Livre le titre de diviz, en déclarant que le nom de fon auteur peut le faire recevoir com- me canonique, ou de le rejetter comme {uppofé. Les Catholiques & les Proteftans ont eu des dif putes très-vives fur l’autorité de quelques Livres que ces derniers traitent d’apocryphes, comme Judith, Efdras , les Machabées : Les premiers fe font fondés fur les anciens canons ou catalogues, & fur le té- moOignage uniforme des Peres ; les autres fur la tra- dition de quelques Eglifes. M. Simon, en particu- lier , foûtient que les Livres rejettés par les Protefz tans ont été certainement lûs en Grec dans les plus anciennes Eplifes , & même parles Apôtres, ce qu'il infere de plufieurs pañlages de leurs écrits. Il ajoûte que PEpglife les reçût des Grecs Helleniftes , avec les autres Livres de l’Ecriture , & que fi l’églife de Pas leftine refufa toüjours de les admettre , c’eft feule- ment parce qu'ils n’étoient pas écrits en Hébrert comme les autres Livres qu'elle lifoit, non qu’elle" les regardât comme apocryphes , c’eft-à-dire , fuppo- féz. À ce raïfonnement les Proteftans oppofent l’au- torité des Ecrivains de tous les fiecles, qui diftinguent précifément les Livres en queftion , de ceux qui étoient compris dans le canon des Juifs. Les Livres reconnus pour apocryphes par l'Eslife catholique, qui font véritablement hors du canon de Pancien Téftament , & que nous avons encore au jourd’hui, font l’oraifon de Manafsès, qui eft à la fin des Bibles ordinaires, Ze IEIC € le IV® livre d'Efdras, le III 6 Le IV® des Machabées. À la fin du Livre de Job, on trouve re addition dans le Gréc , qui con- tient une gééalogie de Job , avec un difcours de la fèm- me de Job ; on voit aufi, dans l'édition Greque, un Pféaume qui n’eft pas du nombre des CL, & à la fin du livre de la Sagefle, #2 difcours de Salomon tiré du vij° chap. du IT livre des Rois. Nous n'avons plus le livre d’Enoch , fi. célebre dans l'antiquité ; & felon faint Auguftin , on en fuppofa un autre plein de fic- tions que tous les Peres , excepté Tertullien, ontre- gardé comme æpocryphe. Il faut aufi ranger dans la clafle des ouvrages apocryphes , le livre de Paflomp- tion de Moyfe, & celui de l’aflomption ou apoca- lypfe d’Elie. Quelques Juifs ont fuppofé des Livres fous le nom des Patriarches, comme celui des géné: rations éternelles | qu'ils attribuoïent à Adam. Les Ebionites avoient pareillement fuppofé un livre in= titulé l’échelle de Jacob, & un autre qui avoit pour titre a généalogie des fils & filles d'Adam | ouvrages imaginés ou par les Juifs, amateurs des fi&ions , où par les hérétiques , qui , par cet artifice , femoient leurs opinions , & en recherchoient l’origine jufque dans une antiquité propre à en impofer à des yeux peu clairvoyans. Voyez ACTES DES APOSTRES.(G)} APOCYN , apocynum , {. mm: (Hifi, nat. ë bor, } genre de plante à fleurs monopétales, & faites en forme de cloche ; ces fleurs ne font pas tout-à-fait femblablés dans toutes les efpeces ; 1l faut décrire féparément les deux principales différences que Pon y remarque. 19, Il y a des efpeces d’apocyr dont les fleurs {ont des cloches découpées. Il s’éleve du fond du calice un piftil qui tient à la partie poflérieure de la fleur comme un clou , & qui devient dans la fuite un fruit à deux gaines , qui s'ouvre dans . longueur de A {e 539 APO da bafe à la pointe, & qui renferme plufieurs femen- ces garnies d’une aigrette, & attachées à un placen- ta raboteux. 2°, On trouve quelques autres efpeces d’apocyr dont les fleurs font des cloches renverfées & décou- pées. Il s’éleve du milieu de ces fleurs un chapiteau fort joli qui eft formé par cinq cornets difpolés en rond. Ce chapiteau reçoit dans fon creux le piftil qui fort du centre du calice, Lorfque la fleur eft paf- fée , ce pifil devient un fruit à deux gaïînes ; elles s'ouvrent d’un bout à l’autre , & laïflent voit un pla- centa feuilleté fur lequel font couchées par écailles plufieurs femences chargées d’une aigrette ; ajoûtez aux caraéteres de ce genre , que ces efpeces rendent du lait. Tournefort , 12f?, rei herb. V. PLANTE. (1) Harris prétend que lapocyn eft femblable à l’ipé- cacuana , qu'il purge violemment par haut &c par bas, & qu'il eft impofñfible de diftinguer l’apocyz en poudre du véritable ipécacuana , quoique ces deux racines entieres different par la couleur des filets qui les traverfent. ( N | APODICTIQUE; ce mot eft formé du Grec 2 É . . L] dœodixvoues , je démontre , je montre clairement ; c’eft en Logique , un argument ou fyllogifme clair , une preuve convaincante , ou démonftration d’une cho- {e. V. DÉMONSTRATION, ARGUMENT , 6c. (X) * APODIOXIS (Belles-Lerrres.) figure de rhétori- que par laquelle on rejette avec indignation un ar- _“gument ou une objeétion comme abfurde. * APODIPNE, f. m. de ao rë drimve , après le re- pas du foir ( Lithurg. ) ; office de l’églife Greque, qui répond à ce qu'on appelle complies dans notre Egliie. Il y a le grand apodipne & le petit; celui-ci eft pour le courant de l’année ; le grand n’eft que pour le ca- rème. APODYTERION (Hif. anc. ) piece des an- ciens Thermes ou de la Paleftre, dans laquelle on quittoit fes habits, foit pour le bain foit pour Les exer- cices de la Gymnaftique : à en juger par les Thermes de Dioclétien avant leur démolition , l’apodyterion étoit un grand falon oétogone de figure oblongue , dont chaque face formoit un demi-cercle, & dont la voûte étoit foûtenue par plufeurs colonnes d’une hauteur extraordinaire. Mém. de l’ Acad. tom. 1. (G) APOGÉE, f. m. c’eft, ez Affronomie , le point de Porbite du foleil ou d’une planete le plus éloigné de la terre. Voyez ORBITE 6 TERRE. Ce mot eft compofé de œ'0, ab, & de y4 où yaia , rra , terre ; apogée fignifie aufh grorre ou voÂte fo4- LeITaLTLE, - L’apogée eft un point dans les cieux, placé à une des extrémités de la ligne des apfides. Lorfque le fo- leil ou une planete eft à ce point , elle fe trouve alors à la plus grande diftance de la terre où elle puiffe être pendant fa révolution entiere. Foyez APSIDE, TERRE, PLANETE, 6c. Le point oppofé à l’apogée s'appelle perigée. Voyez PÉRIGÉE. Les anciens Aftronomes qui plaçoient la terre au centre du monde , confidéroient particulierement l’apogée & le périgée. Quant aux modernes, qui font occuper au foleil le lieu que les anciens avoient ac- cordé à la terre, il n’eft plus queftion pour eux d’a- pogée & de périgée, mais d’aphélie & de périhélie. L’apogée du foleil eft la même chofe que l’aphélie de la terre, & le périgée du foleil eft la même chofe que le périhélie de la terre. Foyez APHÉLIE & PE- RIHÉLIE ; voyez auffi SYSTÈME. On peut déterminer la quantité du mouvement de l'apogée par deux obfervations faites en deux tems fort éloignés l’un de l’autre; on réduura en minutes la différence donnée par les deux obfervations , & on divifera les minutes par le nombre d’années com- prifes entre les deux obfervations : le quotient de cette divifion fera le mouvement annuel de Papogée. Ainfi Hipparque ayant obfervé , 140 ans avant Je- fus-Chrift , que l’apogée du foleil étoit au $4 30! des x; & Riccioli ayant obfervé en l’an de Jefus-Chrift 1646, qu'il étoit au 71 26/ du &, il s’enfuit que le mouvement annuel de l’apogée eft de 1” 2", puifqu’en divifant la différence 314 56/ 15/ réduite en fecon- des, par lintervalle 1785 des années écoulées entre les deux obfervations, il vient pour quotient 1'2/, comme le portent les tables de M. de la Hire. La feule de toutes les planetes qui ait un apogée 8e un périgée véritable, eft la lune , parce que cette planete tourne véritablement autour de la terre; cet apogée , aufli-bien que le périgée , a un mouvement très-fenfible d’occident en orient , felon la fuite des fignes , de forte que l’axe ou la ligne des apfides ne fe retrouve au même point du ciel qu'après un inter valle d'environ neuf ans. De plus, le mouvement de l'apogée de la Lune eft fujet à une inégalité confidérable ; car lorfque cet apogée fe trouve dans la ligne des fyzigies , il paroît fe mouvoir de même que le Soleil , felon la fuite des fignes : mais dans les quadratures, il eft au contrai- re rétrosrade, Or les mouvemens de l'apogée , foit qu'il s’accélere ou qu'il rétrograde , ne font pas toù- Jours égaux : car il doit arriver lorfque la Lune eft dans l’un ou l’autre quartier , que la ligne de fon 4po- gée s’'avancera bien plus lentement qu’à l'ordinaire, ou qu'il deviendra rétrograde ; au lieu que fi la Lune eft en conjonétion, le mouvement de l'apogée fera le plus rapide qu’on pourra obferver. Voyez APsiDe. Inft, Afîr. de M. le Monnier. La caufe du mouvement de Papogée de la lune eft le fujet d'une grande quef- tion qui n’eft pas encore décidée au moment que J'écris ceci. Voyez ATTRACTION & LUNE. ( ©) APOGRAPHE, f. m.( Grammaire, ÿ ce mot vient de ao , prépoñition Greque qui répond à la prépofi- tion Latine 4 ou de, qui marque dérivation , & de ypago , feribo ; ainfi apographe eft un écrit tiré d’un autre ; c’eft la copie d’un original. Æpographe eft op- poié à autographe. (F) | APOINT ER , v. a. ex rerme de Tondeur , c’eft faï- re des points d’aiguille à une piece de drap fur le manteau ou côté du chef qui enveloppe la piece, pour l’empêcher de fe déplier. *APOLITIQUE, f. m. (Lirh. ) c’eft dans l'E- glife Greque une forte de refrein qui termine les par- ties confidérables de Poffice divin. Ce refrein change felon les tems. Le terme apolirique eft compofé de ao, & de »a0w, Je délie, je finis , &c. APOLLINAIRES o4 APOLLINARISTES, f. m. pl. (Théol.) Les Apollinaires font d’anciens héréti- ques qui ont prétendu que Jefus-Chrift n’avoit point pris un corps de chair tel que le nôtre, ni une ame raïfonnable telle que la nôtre. Apollinaire de Laodicée, chef de cette fete, don- noit à Jefus-Chrift une efpece de corps, dont il foû- - tenoit que le Verbe avoit été revêtu de toute éter- nité : il mettoit auf de la différence entre l’ame de Jefus-Chrift & ce que les Grecs appellent voùc, efpris, entendement ; en conféquence de cette diftinétion , ik difoit que le Chriftavoit pris une ame, mais fans Pen tendement; défaut, ajoûtoit-il, fuppléé par la pré- fence du Verbe. IL y en avoit même entre fes feéta- teurs , qui avançoient poftivement que le Chrift n’avoit point pris d’ame humaine. Selon lPévêque Pearfon, écrivain Anglois, « la » différence entre l’héréfie des Apollinaires , & celle » des Ariens, eft, que les Apollinaires foûtenoïent » que Dieu fe revêtit en même tems de la naturede » la chair & de l’ame de l'homme, au lieu que les » Ariens ne lui attribuoient qué la nature dela chair. » Il y a deux chofes à remarquer dans l’héréfie des » Apollinaires, 1°, Un fentiment philofophique qui À PO: #téonfifte à diftinguer trois parties. dans l’hômme ; - w# l'ame, l’entendement, & le corps: 2°. unfentiment x théologique, pat lequel il paroït qu'ils compofoient « la nature humaine de Jefus-Chrift, d’un corps êz » d’une ame, tels que nous lessavons, à l'exception ». que l’ame humaine prife par Jefus-Chrift, étoit fé- » parée de notre entendement »..Nous remarquerons que l’évêque Pearfon femble s’écarter ici de l’opinion commune des auteurs qui ont travaillé dur l’hiftoire: eccléfiaftique , en fuppofant qu'Apollinaire accordoit à Jefus-Chrift un vrai corps tel que le nôtre. Voyez Niceph. hiff. eccle.liv. IL. ch. xi7. Vincent de Lerins. Apollinaire prétendoit encore que les ames étoient engendrées par d’autres ames, comme il en eft des corps. Théodoret Paccufe d’avoir confondu les per- fonnes en Dieu, & d’être tombé dans l’erreur des Sa- belliens.S.Bafile lur reproche d’un autre côté d’aban- donner le fens littéral de/l’Ecriture., & de rendre les Livres faits entierement allégoriques. L’heréfie d’ Apollinaire confiitoit, comme on voit ; dans des diftinétions très-fubtiles;, c’étoit une quef- tion compliquée deMétaphyfique, de Grammaire & de Théologie , à laquelle il n’étoit guere pofhble que le commun des fideles entendîit quelque chofe; cependant l’Hiftoire eccléfiaftique nous apprend qu’elle fit des progrès confidérables en orient. La phüpart. des Eglifes de cette partie du monde en fu- rent infeétées. Elle fut anathématifée dans un con- _cile tenu à Alexandrie fous S. Athanafe, en 362, & dans ceux d’Antioche en 378, & de Rome en 382. Cette héréfie eut plufeurs branches, dont la prin- _@ipale fut celle des Democrites. Voyez DEMO CRiI- En veldienre | APOLLINAÏRES (JEUX) , {di apollinares (Hiff. anc. é Myth.) jeux qui fe célébroient tous les ans à Ro- meen l’honneur d’Apollon, le $° jour de Juillet dans le orand cirque, & fous la direétion du Préteur. Une tradition fabuleufe dit qu’à la premiere célébration de ces jeux, le peuple, étonné d’une invañon fou- daine des ennemis, fut contraint de courir aux ar- mes ; mais qu'une nuée de fleches & de dards tom- bant fur les agoreffeurs, 1ls furent difperfés, & que les Romains reprirent leurs jeux, après avoir remporte, la viétoire. (G) | * APOLLON , 1. m, (Mysh.) dieu des payens,, fin- guherement revéré parles Grecs & parles Romains, qui le regardoient comme le chef des mufes, l’inven- teur des beaux afts , & le proteéteur de ceux qui les cultivent. Ciceron diflingue quatre Apo/lons : le pre- muier & le plus ancien fut. fils de Vulcain : le fecond naquit de Corybas, dans Pile de Crete : le troifieme &c le plus connu, pañle pour fils de Jupiter & de La- tone, & pour frere de Diane ; 1l naquit à Delos , ou vint de Scythie à Delphes : le quatrieme naquit par- mu les Arcadiens, dont 1l fut le légiflateur, & s’ap- pella Nomios. Sur les plaintes des divinités infernales à qui. Efculape fils d'Apollon, ravifloit leur proie, guériffant les malades par fes remedes, & reflufc:- tant même les morts, Jupiter ayant foudroyé l’habi- le medecin ,.on dit qu’ Apollon vengea la mort de fon fils ur les Cyclopes.qui avoient forgé les foudres, &t les détruifit à coupsde fleches, & que Jupiter cour- rouce de cette repréfaille, le chaffa du ciel. Apollon, chaflé du ciel, s'en alla garder les troupeaux d’Ad- mete, paña du. fervice d’Admete à celui de Laome- don ». s’occuipa avec Neptune à faire de la brique, & à bâtir les murs de Troie , travail dont les deux dieux ne furent point payés ; &1lerra quelque tems {ur la terre , cherchant à fe confoler de fa difgrace par des aventures galantes avec des mortelles aimables, dont _ce dieu-du bel efprit n’eut pas toûjours lieu d’être fa- tisfait. Apollon fut dieu de la lumiere au ciel, & dieu de la poëfie fur la terre. Tandis qu'il fervoit Admete, Mercure, qui n'étoit encore qu'un enfant, le fédui- Tome TZ, | AUPIDR 531 fit par, le fon de, fa flûte, 8! détotirna lectroupeau qu'Admete lui avoit confié; Æpollon, au fortir de l’enchantement où l’avoient jetté les fons de Mercu- re, S'appercevant du vol, courüt à où arc pour en punir Mercure: mais ne trouvant plus de fleches dans ion carquois , 11 fe mit àrrire de la finefle du jeune ftipon, qui les lui avoit encore enlevées. * APOLLONIA, ( Géog, mod.) cap d'Afrique fur la côte de Guinée, un peuà loccident ; Maty & Cor- neille le placent à l’orient du cap des trois Poinges, & proche la riviere de Mauca, * APOLLONIE ox APOLLONIENSIS, (Géogs anc. ) Ville de Sicile près de Léontine. Il ya un grand nombre de villes du même nom.On fait mention d'u: ne Apollornie., appellée Apo/loriz Mygdonia, ou dela contrée des Mygdons, dans la Macédoine; c’eft au- jourd’hui Ceres ou Seres, ou 4/éra , dans la Macédoi- ne moderne, fur la riviere de Teratfer: d’une 4po lonie fur la côte occidentale de la Macédoine ancien- ne, ou de notre Albanie, qu’on appelle aujourd’hui Polina : d’une riviere de même nom, à l’embouchu- re de laquelle elle eft fituée: d’une Apo/lonie fituée fur le mont Athos, & nommée dans notre Géogra- phie Eriflo : de deux Apollonies en Crete, dont l’une étoit nommée ÆZeurhera : d’une Apolloniefurnommée la grande, Apollonia magna, ou. Anthium, fituée dans une petite ile du Pont-Euxin, proche de la Thrace, qui a maintenant nom Szfopol: , & qui eft dans la Romanie fur la mer Noire: d'une Æpollonie dans la Myfie , en Afie mineure, fur leRhindans, qu’on foup- çonne avoir été notre Lupadie en Anatole, fur la riviere de Lupadi : d’une Apollonie en Afie mineure, entre Ephefe & Thyatire: d’une Apo/lonie, qui a été aufli nommée Margion & Theodofiana, & qu’on place en Phrygie.: d’une Apol/onie de la Galatie, dans l’A- fie mineure : d’une autre de la Paleftine, près Joppé : d’une Apollonie de Syrie, près d’Apamée, au pié du mont Caflus : de celles de la, Cœléfyrie ou Syrie creufe ;: de. l'Affyrie, de la ,Cyrenaïique,, de la Ei- bye, qu’on appelleaujourd’hui Borandrea, & qui eft dans la contrée de Barca: du gouvernement ap- pellé Apollopolytes nomus ,'êtc. cat 1l y a beäucoup , d’autres Apollonies , outre. .çelles que nous venons de NAME Sables ele 2 APOLLONIEN ,adj.m. on défigne quelquefois l’hyperbole &c la parabole ordinaire, par les. noms d’hyperbole & de parabole apolloniennes, ou d’Apok lonius, pour les diftinguer de quelques autres courbes d’un genre plus.élevé, & auxquelles.on.a aufi don- né le nom d’Ayperhole.&\der parabole, Ainfiax=.yy défigne la parabole apollonienne; aa = x y défigne lhyperbole, apollonienne: mais aa x = y 3 défigne . une parabole du 3° degré;,43 = x y y défigne une hyperbole du même degré. }’\PARABOLE 6 HYPER- BOLE, ,On. appelle la parabole & l’hyperbole.ordi- naires parabole 6 hyperbôle d’Apollonius, parce .que nous avons de cet ancien Géometre un traité des {ec- tions coniques fort étendu. Ce Mathématicien qu'on appelle Æpo/onius Peroæus', parce qu'il.étoit de Per- ge enPamphilie;, .vivoit environ 2$0.ans avant Je- fus-Chrit : 1l ramafñla, fur les, feétions coniques tout ce qu’avoient fait ayant lui Ariftée, Eudoxe de Cni- de, Menœchme. Euclide,, Conon , Trafdée, Nico- tele ; ce fut lui qui donna aux trois feétions comiques le,nom de parabole, d’ellipfe & d'hyperbol,.qui non- feulement les diftinguent, mais encore les caraétéri: fent. Voyez leurs articles, I avoit fait huit lhyres, qui parvinrent entiers jufqu’au tems de Pappus d’Ale- xandrie, quiwivoit fous Théodofe ; on ne.putretrous ver que les quatre premiers livres, juiqu’en 1658, que le fameux Borelli trouva dans la bibliotheque de Florence , un manufcrit arabe qui contehoit outre ces quatre premiers, les trois fuivans : aidé d'un pro feffeur d’arabe, qui ne favoit point de Géométrie, il | XxXXY 532 APO traduifit ces livres, & les donna au public. Poyez l'é- loge de M. Viviani, par M, de Fontenelle , if, acad, 1703: 4 AE: Il faut que le huitieme livre d’Apollonius ait été retrouvé depuis; car je trouve dans l’éloge de M, Hal- ley, par M. de Mairan, (Hiff, acad. 1742.) que M. Halley donna en 1717 une tradu@tion latine des huit livres d’Apollonius. (0) * APOLLONIES, (Mych.) fêtes inftituées en l’honneur d’Apollon à Egialée, où l’on dit qu'il fe re- tira avec Diane fa fœur, après la défaite de Python, & d’où l’on ajoûte qu'ils furent chafles par les ha- bitans. Mais peu de tems après la retraite des deux divinités en Crete, où elles fe réfugierent , la pefte s’engendra dans Egialée, & y fit de grands ravages. L’oracle, confulté fur les moyens d’écarter ce fléau ; répondit qu’il falloit députer en Crete fept jeunes fil- les & fept jeunes garçons, afin d'engager Apollon & Diane à revenir dans la ville; ce qui fut exécuté : les deux divinités revinrent, & la pete cefla. Ce fut en mémoire de cet évenement , que dans les fêtes ap- pellées apollonies, on faïfoit fortir de la ville tous les ans le même nombre de filles 8 de garçons, com- me s'ils alloiént encore chercher Apollon & Diane. APOLOGÉTIQUE, adj. (Théol.) écrit ou dif- cours fait pour exculer ou juftifier une perfonne , ou une ation. Voyez APOLOGIE. L’apologétique de T'ertullien eft un ouvrage plein de force & d’élévation, digne en un mot du caraéte- re véhement de fon auteur. [l y adreffe la parole, fe- lon quelques-uns, aux Mapifirats de Rome, parce que l'Empereur Severe, dont la perfécution commen- çoit, étoit alors abfent de cette ville, & felon d’au- tres, à ceux qui ténoient les premieres places dans l’empire, c’eft-à-dire, aux gouverneurs des provinces. Tertullien s’y attache à montrer l’injuftice de la per- fécution, contre une religion qu’on vouloit condam- ner fans la connoïître & fans l’entendre, à réfuter & lidolatrie & les reproches odieux que les idolatres faifoient aux Chrétiens, d’égorger des enfans dans leurs myfteres , d’y manger de la chair humaine, d’y commettre des inceftes, &c. Pour répondre au crime qu’on leur imputoit de manquer d’amour &de fidélité pour la patrie, fous prétexte qu'ils refufoient de faire les fermens accoûtumés, & de jurer par les dieux tu- télaires de l’Empire, il prouve la foùmiffion des Chré- tiens aux Empereurs. Il en expofe aufli la doûtrine autant qu'il étoit néceflaire pour la difculper ; mais fans en dévoiler trop clairement les myfteres, pour ne pas violer la religion du fecret fi expreflément re- commandée dans ces premiers tems. Cet écrit, tout {olide qu'il étoit, n’eut point d’effet, &z la perfécution de Severe n’en fut pas moins violente. (G) APOLOGIE, f. f. (Lirtérat.) apologia, mot origi- nairement grec, amoxcyiæ, difcours ou écrit pour la dé- fenfe ou la juftification d’un accufé: toute apologie fuppofe une accufation bien ou mal fondée ; & le but de l’apologie eft de montrer que l’accufation eft fauf- fe ou mal-à-propos intentée Les perfécutions que l’Eglife eut à efluyer depuis fa naïflance , & pendant les troïs premiers fiecles , obligerent fouvent les Chrétiens de préfenter aux Empereurs, au Sénat & aux Magiftrats payens, des , apologies pour la religion chrétienne , pour répondre aux faufles imputations par lefquelles on $’efforçoit de les noïrcir , comme ennemis des dieux, des puif- fances , & perturbateurs du repos public. _ Les principales de ces apologies font celles de Qua= drat & d’Ariftide; les deux apologies deS. Juftin mat- tyr; celle d’Athenagore ; l’apologétique de Tertullien; & le dialogue de Minutius Felix, intitulé Oéfavius. Quadrat, qui étoit évêque d’Athenes | compofa fon apologie pour les Chrétiens vers l’an de Jefus- Chrift 124, & la préfenta dans le même tems à Fem- APO pereur Adrien, qui parcouroit alors Les provinces de l'Empire, & entr’autres la Grece, Eufebe nous en a confervé quelques fragmens : mais il ne nous refte rien de celle qu'Ariftide Athénien & philofophe chré- tien, écrivit peu après celle de Quadrat. | Des deux apologies qu'écrivit S. Juftin martyr, {a premiere eft de lan de Jefus-Chbrift r50, & porte ce titre : « À l’empereur Titus-Eluns-Adrien-Antonin , » pieux, augufte, Céfar; & à fon fils vérifime phi- » lofophe ; & à Lucius philofophe, fils de Céfar, fe: # lon la nature, & de l'Empereur par adoption , ama- » teur de la fcience ; & au facré Sénat, & à tout le » peuple Romain. Pour les perfonnes de toutes con- » ditions, qui font haies & maltraitées injuftement, » Juftin fils de Prifcus Bacchius, natif de Flavia, ou » de Naples en Paleftine, l’un de ces perfécutés, pré- » fente cette requête ». Après un préambule conve- nable , ce faint doéteur montre l’injuftice qu’il y a de condamner les Chrétiens fur Le feul nom, & détruit le reproche d’athéifme qu’on leur fanfoit, par l’éxpo- fition de quelques points de leur doétrine , de leur mo- rale, & de leur culte extérieur. Il répond enfuite aux accufations contre leurs mœurs, & les retorque avec force contre celles des payens. Enfin il la termine par la copie d’une lettre d’Adrien, où cet empereur défendoit qu’on perfécutät les Chrétiens. Ce Pere compola fa feconde apologie 16 ans après, & elle n’a pour but que de détruire les calomnies in- famantes dont on chargeoïit les Chrétiens, Elle eft adreflée au Sénat de Rome, & n’eut pas plus d’effet que la premiere, pins On croit que lapologie d'Athenagore eft auffi de. l'an 166, & qu'il l’adreila aux deux empereurs Marc Aurele & Lucius Verus, Il y fuit à peu près la même méthode que S. Juftin, & repoufle fortement trois accufations , l’athéifme, les repas de chair humaine, & les inceftes. Quant à l’apologie de Tertullien , nous en avons parlé au mot APOLOGÉTIQUE. L'Oavius de Minutius Felix, orateur Romain, qui vivoit dans le troïfieme fiecle, eft un dialogue fur la vérité de la religion chrétienne, ou par occafonPau- teur répond aux calomnies des Juifs & des payens, Le caraétere de tous ces ouvrages eft une noble & folide fimplicité, jointe à beaucoup de véhémence , furtout dans Athenagore & dans Tertullien. (G) APOLOGUE,, f. m. (Belles-Letrr.) fable morale ; ou efpece de fition, dont le but eft de corriger Les mœurs des hommes. | Jules Scaliger fait venir ce mot d’ércxoyes, oti dif= cours qui contient quelque chofe de plus que ce qu'il préfente d’abord. Telles font les fables d'Efope ; aufli donne-t-on communément l’épithete d’æ/opice aux fa- bles morales. Le P. de Colonia prétend qu'il eft effentiel à la fa- ble morale ou à l’apologue ; d’être fondé fur ce qui fe pale entre les animaux; & voici la diftinétion qu'il fnet entre l’apologue & la parabole. Ce font deux fic= tions, dont l’une peut être vraie, & l’autre eft né- ceflairement faufle, car les bêtes ne parlent point. #. PARABOLE. Cependant prefque tous les auteurs ne mettent aucune diftinétion entre l’apolopue & la fa: ble, & plufieurs fables ne font que des paraboles. Feu M. de la Barre, de l’Académie des Belles-Let= tres, a été encore plus loin que le P. de Colomia, en foûtenant que non-feulement il n’y avoit nulle véri- té, mais encore nulle vraiflemblance dans la plüpart des apologues. « J'entends, dit-il, par apologue cette » forte de fables, où l’on fait parler & agir des am- » maux, des plantes, 6c. Or 1l eft vrai de dire que ÿ cet apologue n’a ni poflibilité, ni ce qu'on nomme » proprement vraiffemblance. Je-n'ignore pas, ajoute- » til, qu'on y demande communément une forte de » vraflemblance: on n’y doit pas fuppofer que le y chêne foit plus petit que l’hyflope, ni le gland plus » gros que la citrouille, & l’on ie moqueroit avec raifon d’un fabulifte qui donneroït au lion la timi- » dité en partage, la douceur au loup, la ftupidité au renard, la valeur ou la férocité à l'agneau. Mais » ce n’eft point aflez que les fables ne choquent point » la/vraiflemblance en certaines chofes, pour aflü- # fer qu'elles font vraiflemblables ; elles ne le font » pas, puifqu'on donne aux animaux &c aux plantes » des vertus & des vices, dont ils n’ont pas même # toüjours les: dehors. Quand on n’y feroit que pré- » ter la parole à des êtres qui né l'ont pas , c'en fe- » roit aflez; or on ne fe contente pas de les faire par- » ler fur ce qu’on fuppofe qui s’eft pañlé entr'eux ; on » Les fait agir quelquefois en conféquence des dif » cours qu'ils fe font tenus les uns aux autres. Et ce » qu'il y a de remarquable, on eft fi peu attaché à » la premiere forte de vraiffemblance, on l'exige » avec fi peu de rigueur, que l’on y voit manquer à » certain point fans en être touché, comme dans la » fable où l’on repréfente le lion faifant une fociété » de chañle avec trois animaux, qui ne {e trouvent # jamais volontiers dans fa compagnie, & qui ne font # ni carnaciers ni chafleurs, LS ww 2 Va Vacca & capella, & patiens ovis imuriæ ; &c: » De forte qu’on pourroit dire qu’on n’y demande proprement qu’une autre efpece de vraiflemblan- ce, qui, par exemple, dans la fable du loup &c de l’a- gneau, confifte en ce qu’on leur fait dire ce que di- roient ceux dont ils ne font que les images. Car il eft vrai que celle-ci-n’y fauroit jamais manquer , mais 1l eft également vrai qu’elle n’appartient pas à l’apologue confidéré feul & dans fa nature: c’eft $ ? > ? 3 ? PI ww %. Ph de ne 9 >» fible qui lui donne cette vraifflemblance, ou bien, + elle eit vraiflemblabie comme image fans l’être en » elle-même ». Mém. de l’Acad. rom. IX, Ces raïfons paroiflent démonftratives: mais la der- mere judtifie le plaifir qu’on prend à la leéture des 4po- logues : quoiqu'on les fache dénués de poflibilité, & {ouvent de vraflemblance,ils platent au moms com- me images & comme imitations. (G) APOLTRONIE , v. aét. serme de Fauconnerie , fe dit d’un oïfeau auquel on a coupé les ongles des pou- ces ou doigts dé derriere, qui font comme les clés de fa main , & fes armes , de forte qu'il n’eft plus propre pour le gibier. APOMECOMETRIE, f, f. ( Géom, ) eft l’art ou la maniere de mefurer la diftance des objets éloi- gnés. Voyez Distance. Ce mot vient des mots Grecs ao, pures, longueur ; & prpéw, mefurer. (O) _* APOMYUS,, furnom que les Eléens donnerent à Jupiter ; pour avoir chaflé les mouches qui incom- modoient Hercule pendant unfacrifice ; à peine Jupi- ter fut:il invoqué , que‘les mouches s’envolerent au de-là de l’Alphée. Ce fut en mémoire de ce prodige ; que les Eléens firent tous les ans un facrifice à Jupi- ter apomyus ; pour être débarrafés de ces infectes: ::* APON, fontaine de Padoue, dont Claudien nous æflüre que les eaux rendoient la parole aux muets , 8t guérifloient bien d’autres maladies. APONEVROLOGIE , 1. f. c’eft la partie de l’A: hatomie dans laquelle on donne la defcription des aporevrofes. Voyez APONEVROSE. v Ce mot eft compofe du Grec , #0 , de vedpor ; er, & de noyoc , traité ; c’eft-à-dire fraité des nerfs, pat ce que les anciens fe fervoient di même mot zerf, pour exprimer les srdons , les ligarmens & les nerfs ; On y ajoûtoit des caraéteres particuliers. Foyez ANA- TOMIE GNERE. (EE) | - APONEVROSE , f. f. acœowponis | des mots Grecs, mo & sedpo, nerf ; C’eft parmi les Anatomiles ; lextenfion ou l’expanfon d’un tendon à la maniere MO + le rapport de la fable avec une chofe vraie & pof- À PO 133 d'une membrane. Voyez TENDON 6 MEMBRANE 5 parce que les anciens attachoïent au mot #4f, l’idée des nerfs , des tendons & des ligamens, en y ajoù- tant des caracteres particuliers, Voyez NERF &Lica- MENT, (L) APONEVROTIQUE. , adj. es Anatomie ; fe dit des membranes , qui ont quelque reflemblance avec l’aponevrofe. Voyez APONEVROSE; C’eft dans ce {ens que l’on dit membrane apoñievrô= tique. (L) APOPHLEGMATILAMES , où felon quelques Auteurs ; APOPHLEGMATISMES ; des mots Grecs ; ao & qgAsyuna, phlegme( terme de Pharmacie, ) me- decine propre à purger le phlezme , ou les humeurs féreufes de la tête 8 du cerveau. Joyez PHLEGME. *APOPHORETA , (Hifi, anc.) inftrumens ronds & plats , qui ont un manche, avec la forme d’aflet: tes. On mettoit deflus des fruits ou d’autres viandes ; &t 1ls étoient appellés apophorera , à ferendo poma. Cet: te conjeëture eft du Pere Montfaucon , quine la don: ne que pour ce qu'elle vaut ; car il ajoûte tout de fini: te, que plütôt que de former des conjedures, ilvaut mieux attendre que quelque monument nous inftruifé du nom & de l’ufage des inftrumens qu’il a repréfen: tés, pag. 146. tom, IT. & auxquels il a attribué ce: lui d’'apophoreta. * APOPHORETES , ( Æ£. anc. ) préfens qui fe fafoient à Rome, tous les ans , pendant les Saturna- les, Ce mot vient de “æopopare , reporter | par ce que ces préfens étoient remportés des feftins par les con: viés. Voyez ÉTRENNES, APOPETHEGME , eft ne fentence courte, éner- gique à inftructive, prononcée par quelque homme de poids & de confidération , ou faite à fon imita- tion. Tels font les apophthegmes de Plutarque , ou ceux des anciens raflemblés par. Ly/cofthenes. Ce mot eft dérivé du Grec, gltyrouar, parler, l’a- pophthegme étant une parole remarquable.Cependant parmi les apophthepmes qu’on a recueillis des anciens, tous , pour avoir la brieveté des féntences ; n’en ont pas toûjours le poids. (G) APOPHYGES, £ f. ( ez Archiseüture. ) partie d’une colonne , où elle commence à fortir de fa bafe, com- me d’unefource ; & à tirer vers le haut. Voyez Co- LONNE 6 BASE. Ce mot dans fon origine Greque , fignifie effor ; d’où vient que les François Pappellent e/chape ; con gé , Gc. & quelques architeëtes , force de la colonne. L’apophyge n’étoit originairement que l'anneau ou [a féraille attachée ci-devant-aux extrémités des piliers de bois, pour les empêcher de fe fendre, ce que dans la fuite on voulut imiter en ouvrage de pierre, Voyez Concé.(P) | APOPHYSE ; ff. (rermed’ Anatomie. ) chnnse des mots Grecs, àmo, de, 8 que ; croitre,. On appelle ain l’énirence d'un os, où la partie éminente qui s’a- vance au-de-là des autres. Voyez Os , EÉMINENCE. Les apophyfes prennent différens noms , par rap- port à leur fituation, leur ufage &leur figure. Ainft les unes s'appellent coracoïdes ; flyloides , mafloides ; obliques ; tranfverfes ; d’autres rochanter ; 6:c. Foyez CORACOÏIDE, STYLOIDE, 6c. L’ufage des apophyfès en sénéraleft de rendre lar- ticulation des os plus folide:,-{oit qu’elle foit avec mouvement où fans mouyerhent; de donner atta- che aux mufcles ; & d'augmenter leur ation en les éloignant du centre du mouvement: (Loges APOPLECTIQUE, adj. relatif à l’apoplexie : ainfs nous difons accès apopleihique, eau apoplettique ;1ymp- tômé apopleétique , un malade-epopleëtique , foibleffe & paralyfie apopleitique , difpoñtion apoplethique; at: lete & épitheme apopleëhique ÿ "baume apopletiques Voyez AMuLETE & BAUME. (N) 2 APOPLEXIE ; f, f ( Medec: } maladie dans las 534 À PO quelle il fe fait fubitement une fufpenfion de tous les mouyemens qui dépendent de la volonté & de lac- tion des fens intérieurs & extérieurs J fans que celle des poumons ni la circulation du fang foient inter- rompues , la refpiration & le battement des afteres étant comme dans l’état naturel , & fouvent même plus forts ; d’où l’on peut conclurre que les nerfs qui prennent leur origine dans le cerveau font les feuls affectés , fans que les fon@tions de ceux qui partent du cervelet foient altérées dans le commencement ; ce qui donne à cette maladie la refflemblance d'un profond fommeil , qui eft cependant accompagné d’un bruit provenant de la poitrine auquel les Mede- cins ont donné le nom de ffereur. Les fignes avant-coureurs de cette maladie font , {elon Duret, des-douleurs de tête vagues, un vertige ténébreux, une lenteur dans la parole, & le froid des extrémités. | Ces fignes ne fe manifeftent pas tohjours; car le malade eft ordinairement frappé avec tant d’impé- tuofité, qu’il n’a pas occafon de prévoir nile tems de préVénir une attaque d’apoplexie. | On doit regarder comme caufes de cette maladie ; tout ce qui peut arrêter où diminuer le cours des ef- prits animaux dans les organes des fens & des mou- vemens dépendans de la volonté , tels qu'un épaiflif- fement du fang & de la lymphe aflez confidérable pour qu'ils ne puiffent circuler dans les vaifleaux du cerveau ; un épanchement de quelque matiere qui comprimant les vaifleaux artériels, nerveux &c Iym- phatiques , arrêtent la circulation du fluide qu'ils contiennent ; enfin tout ce qui peut s’oppofer au retour du fang des vaifleaux du cerveau vers le cœur. Ces caufes ne concourent pas toutes enfemble à l'apoplexie , ce qui a donné lieu à la difüinéion que l'on a faite de cette maladie en/éreufé & en Jarguine, Boerhaave ajoûte la polypeule, On tire le pronoftic de l’apoplexie de 1la refpira- tion du malade : lorfquw’elle eft laborienfe, la mala- die eft mortelle ; quand elle eft aifée, ou que les re- medes la rendent telle , il refte encore quelque efpe- rance de fauver le malade. La cure de l’apoplexie eft'différente:, felon les cau- fes qui la produifent. Les anciens Medecins d'accord avec les modernes fut la néceflité de la faignée dans cette maladie , lorf quelle eft produite par une cauferchaude , ordon- nent de la réitérer fouvent dans ce cas, avec la pré- caution de mettre quelques intervalles entrelles , fe- lon Hippocrate & Celfe ; lorfqu’elles ne font pas Avantageufes, elles deviennent très-nuifibles aux ma- lades. 4 | * Hollier eft d’avis de faire tourmenter beaucoup le malade attaqué d'apoplexie féreufe ; dele faire fe- ‘coûer | & de lui faire frotter toutes les parties du corps ; il prétend que l’on empêche parce moyen le fans de fe congeler, furtout fi l’on a le foin de frot- ter le cou du malade à l'endroit où font les veines ju- vülaires, & les arteres carotides , ce qu'il regarde comme abfolument néceffaire pour pañler avec fuc- cès à la faignée. | + Durét n’admet la méthode de fecouer le malade, que lorfque l’apoplexie eft venue peu-à-peu ; êc que l’on eft für qu'il n’yra qu’une légere obftruétion, prétendant que dans une apoplexie fubite, les fecouf- _ {es augmentent l’oppreflion &-accélerent. la mort ‘du'malade. AIO -HLetrèfte du traitement-conffte: à procurer par tous Lesimoÿyens poflibles des évacuations :'ainfi les-émé- tiques font les remedes appropriés, dans ce cas, tant pour évacuer les matieres amaflées dans le ventri- cule , que pour donner au genre nerveuxüne fecouf- fe capable de rendre aux efpnits animaux la facilité de parcourir les filets nerveux qui leur font deffinés: On joindra à l’ufage des émétiques celui des clyfs teres acres & purgatifs , afin de rappeller le fenti- ment dans les intefüins , par lirritation qu'ils yoc- cafionnent. * Malgré tous ces fecours , l’apoplexie qui ne s’eft pas terminée au feptieme jour par la mort du malade, dégénere fouvent en hémiplégie ; c’eft-à-dire , en pa- ralytie de quelqu'un desmembres , ouenparaplégie, qui eftune paralyfe de tous, maladie ordinairement incurable. Voyez HÉMIPLÉGIE 6 PARAPLÉG1E.(L) APOPOMPÉE , f. £. ( Hif£. anc. ) nom que Pon donnoit à la viétime que les Juifs chargeoïent de ma- lédiétions , & qu'ils chafloient dans le défert, à la fête de l’expration. Voyez EXPIATION. + 4 Ce mot vient du Grec aœoréurew, qui fisnifie renvoyer. Macer, in Hierolexic. ( G) . APORON ;,o4 APORISME, fignifie chez quelques anciens Géometres un problème difficile à réfoudre, mais dont il n’eft pas certain que la folution foit im- poffible. Voyez PROBLÈME. | Ce mot vient du Grec éæopos, qui fignifié quel- que chofe de tres-difficile , & mème d’impraticable;, 1] eft formé d’x privatif, & de œopoc , paffage. Tel eft le problème de la quadrature du cercle. Voyez QuA- DRATURE , 6€. Lorfque lonpropofoit une queftion à quelque phi- lofophe Grec , fur-tout de la feéte des Académiciens, s’1l n’en pouvoit donner la folution, fa réponfe étoit amopio , Je ne la conçois pas , je ne fuis pas capable de léclaireir, (O APORRHAXIS, d'éropfryuu, abrumpo, fran- go ; forte de jeu en ufage chez les anciens , & qui confiftoit à jetter obliquement une balle contre ter- re, de mamiere que cette balle rebondiffant allâtren- contrer d’autres joueurs qui l’attendoïent, & qu la repouflant encore obliquement contre terre , lui don- noient occafon de rebondir une feconde fois vers l'autre côté , d’où elle étoit renvoyée de même, & _ainf de fuite, jufqu’à ce que quelqu'un des joueurs manquât fon coup; & l’onavoit foin de compter les divers bondsde la balle. C’étoit une efpece de pau- me qu’on jouoit à la main. (G) APORRHOEA , du mot Grec æropÿesw , couler , fe dit quelquefois ez Phyfique de émanations où ex- halaïfons fulphureufes qui s’'élevent delaterre & des corps foûterrains. 7. VAPEUR, EXHALAISON, ME- PHITIS. (O0) | * APOS , 1. m. c’eft , felon Jonfton , une hiron- delle de mer, très-garnie de plumes , qui a la tête large, & le bec court; qui fe nourrit de mouches, & dont le cou eft court, les ailes longues ,. & la queue fourchue. On le nomme apos , parce qu'il a les jambes f. courtes qu’on croiroit qu'il n’a point de piés : fi l’on ajoûtoit à cette defcription qu'il a le gofer large, qu'il ne peut fe relever quandil eft à terre , & qu'il eft noir de plumage , on prendroit fa- cilement l’apos pour le martinet, . ù APOSCEPARNISMOS., terme de Chirurgie , eft une efpece de fraûure du crane faite par uninftru- ment tranchant , qui emporte la piece comme fiune hache l’avoit coupée. - : Ce mot vient du Grec oéaapror, ne coignée | une hache. Voyez Bibl. Anat. med, tom... p.559 & 587. J'ai où bre à Académie Royale de Chirurgie une obfervation envoyée par un Chirurgien de ré- giment, qui affüroit avoir guéri par la fimple réu- nion une plaie à la tête faite par un coup de fabre, qui en dédolant avoit enleyé une piece du.crane, de façon que la dure-mere étoit découverte de l’é- tendue d’une lentille. Cette preced’os étoit rêtenue par les tégumens. Le Chirurgien, après avoir lavé la plaie avec. du vin tiede, appliqua les parties dans leur fituation naturelle, &les y maintint par,un ap- APO pareil & un bandage convenable. Il prévint les ac- cidens par les faignées & le régime, & la conduite qu'il tint eut tout lé fuccès poflble. Cette pratique ne feroit point à imiter fi la dure- : mere étoit contufe : il faudroit dans ce cas achever d'ôter la piece, & panfer ce trépan accidentel, comme celui qu’on fait dans un lieu de nécefñité ou d’éleétion pour les accidens qui requierent cette opé- tation, afin de faire fuppurer la contufon de cette membrane. Voyez TRÉPAN. (Y°) APOSIOPESE, f. f.( Belles-Lert. \ figure de Rhé- torique , autrement appellée réricence ou Juppreffion : elle fe fait lorfque venant tout d’un coup à changer de pañfon ; ou à la quitter entierement , on rompt _brufquement le fl du difcours qu'on devroit pour- fuivre, pour en entamer un différent, Elle a lieu dans les mouvemens de colere , d’indignation, dans les menaces, comme dans celle-ci, que Neptune fait aux vents déchaînés contre les vaifleaux d’Enée. Quos ego . . . féd motos præflat componere fluttus. Ce mot vient du Grec dœosiwædo , je me tais, V, RÉTICENCE. (G) APOSTASIE , éroçaciæ, révolte , abandon du parti qu’on fuivoit pour en prendre un autre, Ce mot eft formé du Grec éæ0, ab, contra, & de ‘onu , étre debout, fe tenir ferme, c’eft-à-dire ; TÉ- fifter au parti qu’on avoit fuivi, embrafler une opi- mon contraire à celle qu’on avoit tenue ; d’où les Latins ont formé apoffatare | méprifer ou violer quel- que chofe que ce foit. C’eft en ce fens qu’on lit dans les Lois d'Edouard le Confefleur : Qui leges apoftatabir terr@ Juœ , reus fit apud regem ; Que quiconque viole les lois du royaume eft criminel de lefe-majefté. Apoffaf£e fe dit plus particulierement de l'abandon qu'une perfonne fait de la vraie religion pour en em- brafler une faufle. Telle fut Paétion de l’empereur Julien, quand il quitta le Chriftianifme pour pro- feffer l’'idolatrie. Parmi les Catholiques; apo/fafte s’entend encore de la défertion d’un ordre religieux dans lequel on avoit fait profeflion , & qu’on quitte fans une dif. penfe légitime. 7. ORDRE & DISPENSE. | Les anciens diflinguoient trois fortes d’apoftafe : la premiere , 4 fupererogarione , qui fe commet par un Prêtre ou un Religeux qui quitte fon état de fa propre autorité pour retourner à celui des laïcs ; & elle eft nommée de furérogation , parce qu’elle ajoûte un nouveau degré de crime à l’une ou l’autre des deux efpeces dont nous allons parler, & fans l’une ou l’autre defquelles elle n’arrive jamais : la fecon- de, à mandatis Dei, c’eft celle que commet quicon- que viole la loi de Dieu, quoiqu'il perfifte en fa croyance : la troifieme , 4 fide ; c’eft la défe&ion to- tale de celui qui abandonne la foi. 7. RENÉGAT. Cette dermiere eft fujette à la vindi@e des lois ci- viles. En France un Catholique qui abandonne fa re- ligion pour embrafler la religion prétendue réfor- mée , peut être puni par l'amende honorable , le ban- muflement perpétuel hors du royaume , & la confif- cation de fes biens , en vertu de pluñeurs édits & déclarations publiées {ous le regne de Louis-le-Grand. CV APOSTAT , apoflara , homme qui abandonne ou renie la vraie foi, la vraie religion. (G) APOSTÈME, f. m. erme de Chururgie, tumeur, contre nature, faite de matiere humorale. Nous remarquerons dans les apofièmes leurs diffé- rences, leurs caufes, leurs fignes, leurs tems, & leurs terminaifons. Les différences des apoflèmes font effentielles ou accidentelles : celles-là viennent de l’efpece de flui- de qui produit la tumeur ; çelles-çi viennent du de- APO 535 fordre ou dérangement que cès mêmes humeurs peus vent produire. Les apoièmes étant formés par les liqueurs ren- fermées dans le corps humain , il y a autant de dif- férentes efpeces d’apo/ffèmes qu'il y a de ces diffé- rentes liqueurs : ces liqueurs font le chyle , le fang , & celles qui émanent du fang. 1°. Le chyle forme des apoffèmes, {oit en s’en: gorgeant dans les glandes du méfentere , dans les vaifleaux laétés, où dans le canal thorachique ; {oit en s’épanchant dans le ventre ou dans la poi= trine. | 2°. Le fang produit des apoffèmes , par fa partie rouge ou par fa partie blanche.Il y a plufieurs efpeces d'apofièmes formés par la partie rouge du fang : Les uns fe font par infiltration , comme le thrumbus : l’échymofe , les taches fcorbutiques. 7. Inrirrra- TION. D’autres par épanchement proprement dit, comme l’empyème de fang. #. EMPYÈME. Quelque- fois le fang eft épanché , & en outre infiltré dans le tiflu graifleux ; tel eft le cas de l’anevryfne faux. F. ANEVRYSME. Toutes ces différentes efpeces d’a- pofièmes fanguins font produites par extravafation : il y en a de plus qui font caufés par le fang conte- nu dans fes vaiffleaux , foit par leur dilatation con- tre nature , comme les anevryfmes vrais, les va- rices, les hémotrhoïdes ; d’autres font produits en conféquence de la conftriéion des vaifleaux , ce qui produit l’inflammation , laquelle eft phlogofe , éré- fipele , ou phlegmon. Voyez ces mots à leur ordre. La partie blanche du fang caufe des apoffèmes, en s’arrétant dans fes vaifleaux , ou en s’extravafant. On range fous la premiere clafle les skirrhes , les glandes gonflées & dures ; les rhñmatifmes, la gout- te ; l’œdème & l’hydropifie font de la feconde : ce- lui- là fe fait par infiltration ; celui-ci par épanche- ment. 3°. Les liqueurs émanées du fang peuvent être des caufes d’apofième : le fuc nourricier, lorfqu'il eft vi- cié où en trop grande abondance, produit , en s’ar- rêtant on en s’épanchant dans quelques parties , les callofités , les calus difformes, les excroiffances de chair appellées farcomes, les poireaux, les ver- rues , les condylomes , les farcoceles. Voyez tous ces mots, _ La graïfle dépofée en trop grande quantité dans quelque partie, forme la loupe graiffeufe. Foyez Lx- POME. La femence retenue par quelque caufe que ce foit dans les canaux qu’elle parcourt, forme des tu- meurs qu’on appelle /perrmatocele , fi la liqueur eft arrêtée dans l’épidydime ; & sumeur féminale, fi la liqueur s’amafle en trop grande quantité dans les vé- ficules féminales. La fynovie, lorfqw'elle n’eft point repompée par les pores reforbans des ligamens articulaires , pro duit l’ankylofe , le gonflement des jointures , & lhydropife des articles. La bile caufe une tumeur en s’arrétant dans les pores bihaires , ou dans la véficule du fel, ou dans le canal cholidoque ; ce qui peut être occafionné par une pierre bilaire, ou par l’épaififfement de la bile. | L'humeur des amyodales retenue dans ces glan- des , caufe leur gonflement. La falive retenue dans les glandes , produit les tumeurs nommées paroi. des ; & retenue dans les canaux excréteurs des glan- des maxillaires , ou fublinguales , elle produit la gre- nouullette. Le mucus du nez produit le polype par l’engorge- ment des glandes de la membrane pituitaire. Les larmes, par leur mauvaife qualité, ou par leur féjour dans le fac lacrymal ; ou dans le conduit 536 APO nafal , produifent les tumeurs du fac lactymal , où lobftruétion du canal nafal. La chaffie retenue dans les canaux excréteurs , forme de petites tumeurs qui furviennent aux pau- pictes, & qu’on appelle orgelers. L'’humeur febacée retenue dans fes petits canaux excréteurs, forme les tanes outaches de rouffeur. L’utine retenue dans les reins , dans les uréteres, dans la veffie ou dans l’urethre , produit des tumeurs urinaires. Voyez RÉTENTION D'URINE. | L'humeur des proftates caufe la rétention d’uri- ne, lorfqw’elle s’arrête dans ces glandes , & qu’elle les gonfle au point d’oblitérer le canal de Purethre. Le lait peut obftruer les glandes des mammelles , ourentrer dans la mafle du fang , fe dépofer enfuite ur quelque partie , & former ce qu'onappelle com- munément lait répandu. | Le fang menftruel retenu dans le vagin des filles imperforées , caufe un apofième. Voyez IMPERFORA- TION. | Les tumeurs formées par l’air contenu dans nos humeurs, peuvent être regardées comme des apof- èmes. V. EMPHYSÈME 6 TYMPANITE. Quelques- uns regardent les tumeurs venteufes , fur-tout lorf- que cet air vient du dehors, comine formées par un corps étranger. Voyez TUMEUR. Les différences accidentelles des apofièmes fe ti- rent de leur volume, des accidens qui les accom- agnent , des parties qu'ils attaquent , de la maniere AU ils fe forment, & des caufes qui les produifent. Par rapport aux parties où les apo/fèmes {e rencon- trent , ils reçoivent différens noms : à la conjon- tive, l’inflammation s’appelle ophthalmie ; à la gor- ge, efquinancie ; aux aines, bubons ; à l’extrémité des doigts, panaris. | Les apoflèmes {e forment par fluxion , c’eft-à-dire, promptement ; les autres par congeftion , c’eft-à- dire, lentement. Ceux qui {ont formés par fluxion , font ordinairement des apoffèmes chauds , comme l’éréfipele & le phlegmon: on appelle apo/lèmes froids , ceux qui fe forment par congeftion ; par exemple , l'œdeme & le skirrhe, Quant à leurs caufes , les uns font benins , les au- tres malins ; les uns critiques , les autres fymptoma- tiques : les uns viennent de caufes externes , com- me coups , fortes ligatures , contaét, piqüure d’in- feûtes, morfure d'animaux venimeux, & mauvais ufage des fix chofes non-naturelles ; lefquellés font l'air , les alimens, le travail , les veilles & les paf- fions , le fommeil & le repos , les humeurs rete- nues ou évacuées ; toutes ces caufes produifent em- barras , engorgement & obftruétion , & conféquem- ment des apo/fèmes où tumeurs humorales. Les caufes internes viennent du vice des folides , & de celui des fluides. Le vice des folides confifte dans leur trop grande tenfon , ou dans leur contra- étion , dans la perte ou dans l’affoibliffement de leur reflort | & dans leur divifon. Le vice des fluides confifte dans l’excès ou dansle défaut de leur quantité , & dans leur mauvaife qua- lité. Voyez le Mémoire de M. Quefnay fur Le vice des humeurs, dans le premier volume de ceux de l’Académie Royale de Chirurgie. | Les fignes des apoflèmes font particuliers à chaque efpece ; on peut les voir à l’article de chaque tu- meur. On remarque aux apoflèmes , comme à toutes les maladies, quatre tems ; le commencement , le pro- grès, l’état , &c la fin. Le commencement eft le premier point de lobf- truéion qui arrive à une partie : on le reconnoit à une tumeur contre nature, &c à quelques légers {ymptomes. Le progrès eft l'augmentation de cette même obf- À PO truéhon; on le reconnoît aux progrès des fymp: tomes. is à L'état eft celui où l’obftruétion eft à {on plus haut point ; on le reconnoît à la violence des fymp- tomes. "| La fin des apoffèmes fe nomme leur rerminaifon. La terminaifon des apoflèmes e fait par réfolu- tion, par fuppuration, par délitefcence, parindu- ration ; & par pourriture ou mortification. Toutes ces terminaifons peuvent être avantageufes ou de- favantageufes , relativement à la nature &c aux cir- conftances de la maladie, Voyez les mots qui expri- ment les cinq terminaïfons dés apofièmes chacun à fon article. Quelques Auteurs prennent le mot apo/fème, com- me figniñant la même chofe qu’abcès. V. ABcès. $ APOSTILLE , f. f. (Droit, Commerce. Litrérar.) an- ñotation ou renvoi qu'on fait à la marge d’un écrit pour y ajoûter quélque chofe qui manque dans le texte , ou pour l’éclaircir & l’interpréter. APOSTILLE , ex matiere d'arbitrage , fignifieunécrit fuccinêt que des arbitres mettent à la marge d’un mé- moire ou d’un compte, à côté des articles qui font en difpute. Les apofllles doivent être écrites de la main des arbitres, & on doit les regarder comme au- tant de fentences arbitrales , puifqu’elles jugent les conteftations qui font entre les parties. Celles qu font faites en marge d’un aéte pañlé par- devant notaire , doivent être paraphées par le no- taire & par les parties. APOSTILLÉ. Quand on dit qu’un mémoire, qu’un compte eft apoffillé par des arbitres , c’eft-à-dire qu'il a été reglé & jugé par eux. Voyez APOSTILLE. APOSTILLER , mettre des apoftilles én marge d’un mémoire , d’un aéte, d’un compte, d’un con- trat. Voyez APOSTILLE. (G APOSTIS , f. m. ( Marine. ) On appelle ainfi deux longues pieces de bois de huit pouces en quarré & tant foit peu abaïflées, dont l’une eft le long de la bande droite d’une galere, &c l’autre le long de la bande gauche , depuis l’épaule jufqu’à la conille, & qui portent chacune toutes les rames de la chiourme par le moyen d’une orofle corde. ayez GALERE , EPAULE , CONILLE , CHIOURME. (Z) APOSTOLICITÉ, f. £. fe peut prendre en diffé- rens fens ; ou pour la conformité de la doëtrine avec celle de lEglife apoftolique ; ou pour celle des mœurs avec celles des Apôtres ; ou pour l’autorité d’un ca- raétere accordé par le faint Siège. Aïnfi on dit l’apof- toliciré d’un fentiment , de la vie, d’une mifion. * APOSTOLINS , f. m. plur. ( Hyf£. eccl, ) Rekli- gieux dont l’ordre commença au x1v. fiecle à Milan en Italie, Ils prirent ce nom parce qu’ils faifoient pro- feflion d’imiter la vie des Apôtres, ou celle des pre- nuers fideles. | APOSTOLIQUE , adj. fignifie en général ce qui vient des Apôtres, ou qui peut convenir à un Apô- tre. Mais ce terme fe dit plus particulierement de ce qui appartient au faint Siége , ou qui en émane. C’eft en ce fens qu’on dit, un Nonce apoftolique, un bref apoftolique. A Apoftolique ( Chambre ), eft un tribunal où l’on difcute les affaires qui regardent le tréfor ou le do maine du faint Siége & du Pape. Notaire apoftolique. Voyez NOTAIRE. (H) G APOSTOLIQUE. ( Théol, ) Le titre d’apoftolique eft un des caraéteres diftinétifs de la véritable Eglife. Ce titre qu’on donne aujourd’hui par excellence à FE- life Romaine, ne lui a pas toüjours été uniquement affecté. Dans les premiers fiecles du Chriftianifme il étoit commun à toutes les églifes qui avoient été fon- dées parles Apôtres, & particulierement aux fièges de Rome, de Jérufalem , d'Antioche & aude 208 16 : die: comme il paroït par divers écrits des Peres & autres monuimens de l’Hiftoire eccléfiaftique. Les Eglifes-mème qui ne ponvoient pas fe dire apoÿfoli- ques. | eu égard à leur fondation faite par d’autres que par des Apôtres , ne laifloient pas de prendre ce nom, {oit. à caufe dela conformité de leur doétrine avec celle des Eglifes apo/toliques par leur fondation; {oit encore parce que tous les Evêques le regardoient comme fuccefleurs des Apôtres , ou qu'ils agifloient dans leurs diocefes avec l’autorité des Apôtres. 7. EVÊQUE. Il paroït encore par les formules de Marculphe , dreflées vers l’an 660, qu’on donnoiït aux Evêques le nom d’apotoliques, La premiere trace qu’on trou- ve de cet ulage,, eft une lettre de Ciovis aux Prélats afflemblés en concile à Orléans ; elle commence par ces mots: Le roi Clovis aux SS. Fvêques & très-dignes du Siége apoftolique. Le roi Gontran nomme les Evé- ques aflemblés au concile de Mâcon, des Ponrifes apoftoliques , apoftolici Ponrifices. Dans les fiecles fuivans , les trois Patriarchats d’o- tient étant tombés entre les mains des Sarrafins, le titre d’apoftolique fut réfervé au feul Siège de Rome , comme celui de Pape au fouverain Pontife qui en eft évêque. Voyez PAPE. S. Grégoire le grand qui vi- voit dans le vi. fiecle dit, Zy. . épir. 3.7. que quoi- qu'il y ait eu plufñeurs Apôtres, néanmoins le Siège du Prince des Apôtres a feul la fuprème autorité, &t par conféquent le nom d’apoflolique , par un titre particulier. L’Abbé Rupert remarque, L. I. de Divin. offic. c. xxvi. que les fucceffeurs des autres Apôtres ont été appellès Pasriarches ; mais que le fuccefleur de S. Pierre a été nommé par excellence apoftolique, à caufe de la dignité du Prince des Apôtres. Enfin le concile de Rherms tenu en 1049, déclara que le fou- verain Pontife de Rome étoit le feul Primat apo/toli- gue de l’Eglife univerfelle. De là ces expreflions au- jourd’huu fi ufitées , Siège 4po/folique , Nonce apoftoli- que , Notaire apoffolique ,| Bref apoftolique , Chambre apoftolique, Vicaire apoftolique , &c. Voyez NONCE , BREr , &c. (G) APOSTOLIQUES , f. m. plur. (Théologie. ) nom qu'Hofpinien , & Bâle ou Balcé évêque d'Offery , donnent à d’anciens moines autrefois répandus dans les îles Britanniques. Ces deux Auteurs prétendent que Pélage fi fameux par fon héréfie | & qui étoit Anglois de naïffance, ayant été témoin dans fes voyages en orient de la vie monaflique , l’introduifit dans fa patrie , & qu'il fut abbé du monaftere de Bangor, ayant fous fa con- duite jufqu’à deux mille moines. Mais M. Cave dans fon hiftoire littéraire , som. I. pag. 2097. quoiqu'il avoue que Pélage ait été moine, traite tout le refte de rêveries &c de fables avancées fur l’autorité de quelques modernes, tels que Jean de T'inmouth, Nico- las Chanteloup, &c. écrivains fort peu refpeétables. Bede dans {on hiftoire d'Angleterre, Liv. IT, c. 17. fait mention de ce monaftere de Bancor ou de Ban- gor, dans lequel on comptoit plus de 2000 moines : mais 1lne dit rien du nom d’apo/folique, qui paroït être entierement de l'invention de Bâle & d’Hofpinien. . Bingham, de qui nous empruntons cet article, re- marque qu'il y avoit en Irlande un monaftere de Ben- chor , fondé vers l’an 520 par Congell, dont Saint Gal & S. Colomban furent difciples. Mais ou lui ou fon traduéteur fe font trompés , en prétendant que S. Colomban avoit fondé le monaftere de Lizieux en Normandie: 12 Normaniä Lexovienfe monafterium. Il falloit dire: Luxovienfè monafkerium , le monaftere de Luxeu ou de Luxeuil ; & tout le monde fait que cette abbaye eff fituée en Franche-Comté. Bingham , orig. ecclefaf. lib. VIL. ec. ÿ. $.13. ‘ ÂPOSTOLIQUES, ( Théologie. ) nom que deux feêtes différentes ont pris, fous prétexte qu’elles imi- Tone I, À P O $37 | toiént les mœurs & la pratique des Apôtres. . Les premiers apofloliques | autrement nommés aporailites & apotathiques, s'éleverent d’entre les En- cratites & les Cathares dans le troifieme fiecle ; ils profefloient l’abftinence du mariage, du vin, de la chair, 6. . APOTACTITES, ENCRATITES, 6rc. L'autre branche des apoffoliques fut du xifiecle: ils condamnoient aufli le mariage ; mais ils permet- toient le concubinage ; ne vouloient poiñt admettre l'ufage du baptême, &c imitoient en plufieurs cho- fes les Manichéens. S, Bernard écrivit contre la fete des apoftoliques, & parle contre eux au fermon 66. fur les cantiques. Il paroït par Sanderus & Barônïus qu'ils nioient le purgatoire, l’invocation des Saints, la priere pour les morts, & fe difoient être le feul & le vrai corps de l’Eglife ; erreurs qui ont beaucoup de rapport à celles des Albigeoïis qui parurent vers le même tems. Voyez ALBIGEOIS. ( G APOSTROPHE, f. f. (Belles-Lerr.) figure de Rhé- torique dans laquelle l’orateur interrompt le difcours qu'il tenoit à l’auditoire, pour s’adrefler dirteétement & nommément à quelque perfonne , foit aux dieux, foit aux hommes , aux vivans ou aux morts , où à quelqu’être, même aux chofes inanimées, ou à des êtres métaphyfiques , & qu’on eft en ufage de per- fonnifier. De ce dernier genre eft ce trait de M. Bofluet dans fon Oraiïfon funebre de la duchefle d'Orléans : « Hé- » las , nous ne pouvons arrêter un moment les yeux » fur la gloire de la Princefle , fans que la mort s’y » mêle auflitôt pour tout offufquer de fon ombre i G » mort, éloigne-toi de notre penfée, & laifle-nous » tromper pour un moment la violence de notre dou- # leur par le fouvenir de notre joie ». Cicéron dans l’Oraïfon pour Milon, s’adreffe aux citoyens 1lluftres qui avoient répandu leur fang pour la patrie, & les intérefle à la défenfe d’un homme qui en avoit tué l’ennemi dans la perfonne de Clo- dius. Dans la même piece il apoftropheles tombeaux, les autels, les bois facrés du mont Albain, #os 4/bani tumuli atque luct ; &c. Enée dans un récit remarque , que fi on avoit été attentif à un certain évenement, Troie n’auroit pas été prife. : Trojaque nunc flares , Priamique arx alta maneres. Æneid, If. L’apoftrophe fait fentir toute la tendreffe d’un bon citoyen pour fa patrie. | Celle que Démofhene adrefle aux Grecs tués à la bataille de Marathon , eft célebre ; le cardinal du Perron a dit qu’elle fit autant d'honneur à cet Ora- teur, que s’il eût reflufcité ces guerriers. On regarde auffi comme un des plus beaux endroits de Cicéron , celle qu’il adrefle à Tubéron dans l’Oraifon pour Li- garius: Quid enim, Tubero, tuus 1lle difiritlus 17 acte Pharfalicä gladius agebat ? &cc. Cette apoftrophe eft remarquable, & par la vivacité du difcours, & par l'émotion qu’elle produifit dans lame de Céfar. Au refte il en eft de l’apoffrophe comme des autres figures. Pour plaire elle doit n'être pas prodiguée à tout propos. L’auditeur foufriroit impatiemment qu’on Le perdit inceflamment de vûe, pour ne s’a- dreffer qu'à des êtres qu'il fuppofe toñjours moins intéreflés que lui au difcours de l’orateur. Le mot apoftrophe eft Grec, 2æospcgii , averfio for- mé d’#co , ab, & de spigo, verto, je tourne ; quia orator ab auditore convertit férmonem ad aliam perfo- ram. (G) à APOSTROPHE , {. m. eft aufli un éerme de Gram- maire, & vient d’amospeges, fubftantif mafculin ; d’où les Latins ont fait apo/frophus pour le même ufage. R. érocrpi@, averto, je détourne , j'ôte. L'ufage de Papoftrophe en Grec, en Latin & en François, eft de Yyy 5358 APO marquer le retranchement d’une voyelle à la fin d’uñ mot pour la facilité de la prononciation, Le figne de ce retranchement eft une petite virgule que Pon met au haut de la confonne , & à la place de la voyelle qui feroït après cette confonne , s’il n’y avoit point d’apoftrophe; ainfi on écriten Latin #7e7° pour mene? tanton POUT tartô-r1e ? «... Lanton ne crimine digrum ? Vire, Æneid. V. 668. ... lanton placuir concurrere motu ? Vire. Æneid. XII. v. 503. vider pour vides-ne ? ain pour aifcne ? dixtin’ pour dixifli-ne ? &en François grand'-mefle, grand'-mere , pas grand’chofe ; grand'peur, cc: Ce retranchémenteft plus ordinaire quand le mot fuivant commence par'une voyelle. En François Pemuetouféminineft la feule voyelle qui s’élide totjours devant une autre voyellé, au moins dans la prononciationi/car dans l'écriture on ne marque l’élfon par lapoffrophe que dans lés mo- nofyilabes 7e, me , te, fe le, ce, que, de, ne, & dans Jufque 8&T quoique | quoiqw’il arrive, Ailleurs on écrit l’e muet quoiqu'onne le prononce pastaïinfion écrits; 2e armée en bataille ; & Von prononce #7 armé en baraïlle. L’a ne doit être fupprimé que dans Particle &-dans le pronom /4 , lame , l’éolife, je l'entends , pour je la entends. On dit la ongieme , ce qui eft peut-être venu de ce que ce nom de nombre s’écrit fouvent en chif- fre, le XI. roi, la XI. lettre. Les énfans difent m°a- mie, & le peuple dit auf w’amour. L’z ne fe nerd que dans la conjonétion ff devant le pronom malculin , tant au fingulier qu’au pluriel; s°/ vient, S'ils viennent , mais on dit f£ elles viennent. L’z ne s’élide point , il m°a paru étonné, Yayvoue que je fs toujours furpris quand je trouve dans de nouveaux livrés viendra fil, dira-til: ce n’eft pas là. le cas de Papoffrophe , il n’y a point là de lettre éli- dée ; le : en ces occafons n’eft qu’une lettre eupho- mique , pour empêcher le bâillement ou rencontre des deux voyelles ; c’eft le cas du tiret ou divifon : on doit écrire vézdra-ril, dira-r-il, Les Protes ne li- fent-ils donc point les srammaires qu’ils impriment à Tous nos diétionnaires François font ce mot du genre féminin ; il devroit pourtant être mafculin quand il fignifié ce figne qui marque la fuppreffion d’une voyellé finale. Après tout on n’a pas Occa- fion dans la pratique de donner un genre à ce mot en François : mais c’eft une faute à ces didionnaires quand ils font venir ce mot d'émespops , qui eff Le nom d’une figure de Rhétorique. Les diéionnaires Eatins {ont plus éxaëts; Martinius dit : Æpoffrophe. R. arocpo@n , figura Rheroricæe ;& 1l ajoûte immédiate- ment : apoftrophus \R. droerpogos , [Lonum rejette voca- lis. Iidore , ax Hyde fes origines, chapitre xviij. où il parle des figures où fignes dont on fe fert en écri- vañt, dit: apo/frophos ; pars cireuli dextra, Gad fum- ram itieram appofita, fit ita”, qué noté deejfe ofkenditur in fermone ultinias vocales. (F * APOSTROPHIE , de amor péqesv , détourner , (Myth: )nom que Cadmuüs donna à Venus Uranie, que les Grecs révéroient , pour en obtenir la pureté de corps & d’efprit. Elle eut un temple à Rome, fous le nom de Ferficorda: les femmes débauchées & les jeunes filles lui facrifoient ; les unes pour fe conver- tir, & les autres pour perfifter. | APOTACTITES 072 APOTACTIQUES, fm. pl. (Théol. ) en Grec, dœvraurires, compofé d’aro & rare , je renonce. C’eft le nom d’une fe@e d’anciens hérétiques ; qui affetant defuivre les confeils évan- géliques fur la pauvreté & les éxembples des Apôtres & des prermmers Chrétiens , renonçoient à tous leurs biens ,| meubles &'mmeublés. F. APOSTOLIQUES. Ilne paroît pas qu’ils ayent donné dans aucune er- teur, pendant que fubfifta leur premier état : quél= ques écrivains Eccléfiaftiques nous affürent , qu'ils eurent des martyrs & des vierges dans le quatrieme fiecle , durant la perfécution de Dioclétien > mais qu’enfuite ils tomberent dans l’héréfie des Encrati- tes, & qu'ils enféignerent que le renoncement tous tes les richeffes étoit non-feulement de confeil & d’avis ; mais de précepte & de néceflité., D'e-là vient que la fixieme loi du Code Théodofien joint les apo= taëliques aux Eunomiens & aux Ariens. Voyez EUNo- MIENS 6 ARIENS. Selon faint Epiphane , les aporaëlires fe fervoïent fouvent de certains aétes apocryphes de S. Thomas & de S. André , dans lefquels il ft probable qu'ils avoient puifé leurs opinions: Ÿ: APOCRYPHE, (G) APOTHEME , {. m.dans la Géométrie élémentaire, eft la pérpendiculaire menée du centre d’un polygo- ne réguler fur un de fes côtés. Ce mot vient du Grec éd, ab, de, & mu, flo, . Pono, je pole ; apparemment comme qui diroit /igne tirée depuis le centre jufque fur le côté, (0 ) APOTHÉOSE , 1. £. (Æjf ans.) ou confécration ; du Gréc arodew , divinifer ; elle eft plus ancienne chez les Romains qu'Auieufte, à qui on en attribue commuünément l’origine, M. Abbé Mongault a dé- montré que du tems de la République, on avoit inf- titué en Grece & dans l’Afie mineure des fêtes & des jeux en l’honneur des Proconfuls Romains ; qu’on avoit même établi des facrificateurs & des facrifices, érigé des autels & bâti des temples, ohonleshonoroit comme des divinités. Ainf les habitans de Catane en Sicile avoient confacré leur Gymnafe à Marcel- lus ; & ceux de Chalcide aflocierent Titus Flami- nus avec Hercule & Apollon dans la dédicace des deux principaux édifices de leur ville. Cet ufage qui avoit commencé par la reconnoïflance , dégénéra bien-tôt en flatterie, & les. Romains l’adopterent. pour leurs Empereurs, On éleva des temples à Au- gufte de fon vivant , non dans Rome ni dans l’Ita- he , mais dans les provinces. Les honneurs de Papo- théofe lui furent déferés après fa mort , & cela pañla en coûtume pour fes fucceffeurs. Voici les principa- les cérémonies qu’on y obfervoit. Si-tôt que l'Empereur étoit mort , toute la ville prenoit le deuil. On enfevelifloit le corps du Prince à la maniere ordinaire , cependant avec beaucoup de pompe ; & l’on mettoit dans le veftibule du palais fur un lit d'ivoire couvert d’étoffes d’or, une fisure de cire , qui repréfentoit parfaitement le défunt, avec un air pâle , comme s’il étoit encore malade. Le Sénat en robe de deuil reftoit rangé au côté gau- che du lit , pendant une grande partie du jour ; & ‘au côté droit étoient les femmes & les filles de qua= lité avec de grandes robes blanches , fans colliers ni bracelets. On gardoit le même ordre fept jours de fuite , pendant lefquels les Medecins s’approchoient du lit de tems en tems, & trouvoient toüjours que le malade baïfloit , jufqu’à ce qu’enfin ils pronon- çoient qu'il étoit mort. Alorstles Chevaliers Romains les plus diftingués avec les plus jeunes Sénateurs le portoient fur leurs épaules par la tue qu’on nom- moit facrée jufqu’à l’ancien marché, où fe trouvoit une eftrade de bois peint. Sur cette eftrade étoit conf truit un périftyle enrichi d'ivoire & d’or , fous le- quel on avoit préparé-un lit d’étoffes fort riches , où lon plaçoit la figure de cire. Le nouvel Empereur, les Magiftrats s’afleyoient dans la place , & les Da- mes fous des portiques , tandis que deux chœurs de mufique chantoient les louanges du mort ; & après que {on fuccefleur en avoit prononcé l'éloge , on tranfportoit le corps hors de la ville dans le champ de Mars , où fe trouvoit un bucher tout dreflé. C’é- toit une Charpente quarrée en forme de pavillon, de quatre Où cinq étages , qui alloient toùjours en dtmt- muant comme une pyramide. Le dedans étoit rempli ‘de matieres combuftibles , & le dehors revêtu de draps d’or, de compartimens d'ivoire, & de riches peintures. Chaque étage formoit un portique {oûte- nu par des colonnes ; & fur le faîte de l'édifice on pla- çoit affez-ordinairement une repréfentation du char doré , dont fe fervoit l'Empereur défunt. Ceux qui portoient le lit de parade le remettoient entre les mains des Pontifes , & ceux-ci le plaçoient fur le fe- cond étage du bucher. On farloit enfuite des courfes de chevaux & de chars. Le nouvel Empereur une torche à la main, alloit mettre le feu au bucher , & les principaux Magiftrats ly mettant aufli de tous cô- tés, laflamme pénétroit promptement jufqu’au fom- met, & en-chafloit un aigle oùun paon , qui s’envo- lant dans les airs , alloit felon le peuple porter au ciel l’ame du feu Empereur ou de la feue Impératri- ce, qui dès-lors avoient leur culte &c leurs autels comme les autres dieux. On accorda auffi l’aporhéofe aux favoris des Prin- ces, à leurs maîtrefles , 6'c. mais en général on ne déféroit cet honneur en Grece , que iur la réponie d’un oracle ; & à Rome, que par un decret du Sénat. Les anciens Grecs déifierent ainfñ les Princes , les Héros, les inventeurs des arts ; & nous lifons dans Eufebe, Tertullien & S. Chryfoftome , que fur le bruit des miracles de Jefus-Chrift, Tibere propofa au Sénat de Rome de le mettre au nombre des dieux ; mais que cette propofition fut rejettée , parce qu'il étoit contraire aux lois d'introduire dans Rome le culte des dieux étrangers : c’eft ainfi qu’ils nommoient les divinités de tous les peuples, à lexception de cel- les des Grecs, qu’ils ne traitoient point de barbares. Le grand nombre de perfonnes auxquelles on ac- cordoit les honneurs de l’apothéofe avihit cette céré- monie, & même d’aflez bonne-heure. Dans Juvenal, Atlas fatigué de tant de nouveaux dieux , dont on groffifloit le nombre des anciens , gémit & déclare qu'il eft prêt d’être écrafé fous le poids des cieux : &z . l’empereur Vefpañen naturellement railleur, quoi- qu'à l’extrémité , dit en plaifantant à ceux qui l’en- vironnoient , je fens que je commence a devenir dieu, faifant allufon à l’aporhéofe qu’on alloit bien-tôt lui décerner. (G) *APOTHICAIRE , £. m. celui qui prépare & vend les remedes ordonnés par le Medecin. Les Aporhicai. res de Paris ne font avec les marchands Epiciers, qu'un feul & même corps de communauté, le fecond des fix corps des Marchands. | On conçoit aifément qu’une bonne police a dù veiller à ce que cette branche de la Medecine , qui confifte à compoñex les remedes , ne fût confiée qu’à des gens de la capacité &c de la probité defquels on s’aflürât par des examens , des expériences , des chef-d’'œuvres , des vifites , & les autres moyens que la prudence humaine peut fuggérer. Les ftatuts de ceux qui exercent cette profeffion à Paris, contiennent neuf difpofitions. La premiere , que l’afpirant apothicaire , avant que de pouvoir être obligé chez aucun maître de cet art, en qualité d’apprentif, fera amené & préfenté par le maître, au Bureau , par-devant les Gardes, pour connoi- tre s’il a étudié en grammaire, & s’il eft capable d'apprendre la Pharmacie. Qu’après qu'il aura ache- vé {es quatre ans d’apprentiflage , & fervi les maï- tres pendant fixans , il en rapportera le brevet & les certificats ; qu'il fera préfenté au Bureau par un con- duéteur , & demandera un jour pour fubir l'examen ; qu'à cet examen aflfteront tous les maïîtres , deux Doteurs en Medecine de la Faculté de Paris , Lec- teurs en Pharmacie ; qu’en préfence de la compa- gnie , l’afpirant fera interrogé durant lefpace de trois heures par les Gardes, & par neuf autres maï- _ tres que les Gardes auront choïfis & nommés. Tome I, A PO 539 La feconde, qu'après ce premierexamen , fi Pafpi. rant eft trouvé capable à la pluralité des voix, il. lui fera donné jour par les Gardes pour fubir le fécond examen, appellé l’aéfe des herbes, quifera encore fait en prélence des Maîtres & des Doéteurs qui auront afliité au précédent. La troifieme, que, f aprèsces examens, l’afpirant eft trouvé capable , les Gardes lui donneront un chœf-d’œuvre de cinq compofitions : que l’afpirant, après avoir difpofé ce chef-d'œuvre, fera la démonf- tration de toures les drogues qui doivent entrer dans ces compofitions ; que s'il y en a de défettueufes ou de mal choifies , elles feront changées , & qu’il en fera enfuite les préparations &c les mêlanges en la préfençe des maîtres , pour connoître par eux , f toutes chofes y {feront bien obfervées. La quatrieme , que les veuves des maîtres pour ront tenir boutique pendant leur viduité , à la char- ge toutefois qu'elles feront tenues, pour la conduite de leur boutique, confefion, vente & débit de leurs matchandiies , de prendre un bon ferviteur expert. & connoïflant , qui fera examiné & approuvé par les Gardes ; & que les veuves & leurs {erviteurs feront tenus de faire ferment par-devant le Magiftrat de po- lice , de bien &c fidelement s’employer à la confec- tion, vente & débit de leurs marchandies. La cinquieme , qu’attendu que de l’art & des mar- chandifes des Epiciers incorporés avec les aposhicai- res dépendent les confe&ions , compofitions , vente & débit des baumes , emplâtres, onguens, parfums, firops, huiles, conferves , miels, fucres , cires , &z autres drogues & épiceries ; ce qui fuppofe la con- noiflance des fimples , des métaux , des minéraux , & autres fortes de remedes qui entrent dans le corps humain , ou s’y appliquent & fervent à l’entre- tien & confervation des citoyens ; connoïflance qui requiert une longue expérience; attendu que l'onne peutétretrop circonfpeét dans cette profeflion , par- ce que fouvent la premiere faute qui s’y commet n’eft pas réparable : il eft ordonné qu'il ne fera reçi aucun maître par lettres, quelque favorables ou pri- vilégiées qu’elles foient , fans avoir fait apprentifla- ge , & fubi les examens précédens ; &c que toutes marchandifes d’épicerie & droguerie , entrant dans le corps humain, qui feront amenées à Paris, feront defcendues au Bureau de la communauté, pour être vües & vifitées par les Gardes de lapothicairerie & épicerie, avant que d’être tranfportées ailleurs, quand même elles appartiendroient à d’autres marchandsou bourgeois qui les auroient fait venir pour eux. La fixieme, que, comme il ef très-néceflaire que ceux qui traitent de la vie des hommes , & qui parti- cipent à cet objet important , foient expérimentés , &t qu'il feroit périlleux que d’autres s’en mêélaffent ; il eft défendu à toutes fortes de perfonnes, de quel- que qualité &c état qu’elles foient , d'entreprendre , compofer, vendre & diftribuer aucunes médecines, drogues , épiceries , ni aucune autre chofe entrant dans le corps humain , fimple ou compofée , ou def- tinée à quelque compofition que ce foit, de Part d’Apothicairerie & de Pharmacie, ou marchandife d’épicerie , s’il n’a été recû maître, &c s’il n’a fait le ferment par-devant le Magiftrat de police, à peme de confifcation , & de cinquante livres parifis d’a- mende. La feptieme, que les aporhicaires & épiciers ne pour- ront employer en la confeétion de leurs médecines , drogues, confitures , conferves , huiles , firops , au- cunes drogues fophiftiquées , éventées ) OU COrromM- pues , à peine de confifcation , de cinquante livres d'amende, d’être les drogues & marchandifes ainfi défedtueuies brûlées devant le logis de celur quis’en trouvera faif, & de punition exemplaire , fi le cas y écheoit, Yyy3 540 À PO La huuitieme , que les Gardes feront au nombre de fix, choifis , gens de probité & d'expérience ; qu'il en fera élù deux , chacun an, pour être trois ans en exercice ; &c qu'après leur élection , 1ls feront fer- ment par-devant le Magiftrat.de police, de bien & fidelement exercer leur charge ; & de procéder exac: tement & en leur confcience , aux vifites , tant gé- nérales que particuheres. | La neuvieme , que les Gardes feront tenus de pro- céder aux vifites générales , trois fois du moins par chacun an chez tous les marchands Apothicaires & Epiciers, pour examiner s’il ne s’y pañle rien contre les Statuts, Ordonnances & Reglemens. Il eftencore défendu aux Apothicaires d’adminiftrer aux malades aucuns médicamens , fans l’ordonnance d’un Mede- cin de la Faculté, ou de quelqu'un qui en foit ap- prouvé. APOTHICAIRERIE, £. £. du Grec, œcburn, bou- tique ou magafin ; c’eit, par rapport à l’architeéture, une falle dans une maïfon de Communauté , dans un Hôpital , ou dans un Palais, où l’on tient en ordre & avec décoration les médicamens. Celle de Lorette en Italie , ornée de vafes du deflein de Raphaël, eft une des plus belles : celle de Drefde eft auffi très- fameufe ; on dit qu'il ya 14000 boëtes d’argent tou- tes pleines de drogues & de remedes fort renom- més. (2) APOTOME , f. m. mot employé par quelques Auteurs , pour défigner la différence de deux quan- tités incommenfurables. Tel eft l’excès de la racine quarrée de 2. fur 1. Voyez INCOMMENSURABLE. Ce mot eft dérivé du verbe Grec , #roreuve | abf: cindo, je retranche : un aporome en Géométrie , eft l’ex- cès d’une ligne donnée fur une autre ligne qui lui eft incommenfurable. Tel eft l'excès de la, diagonale d’un quarré fur le côte, (0) APOTOME , ez Mufique , eft aufli ce qui refte d’un ton majeur après qu'on en a Ôté un limma, qui eft un intervalle moindre d’un comma que le femi-ton majeur ; par conféquent l’apotome eft d’un comma plus grand que le femi-ton moyen. Les Grecs qui favoient bien que le ton majeur ne pouvoit par des divifions harmoniques être partagé en deux parties égales , le divifoient inégalement de plufieurs manieres. ( Voyez INTERVALLE, ) De l’une de ces divifions inventées par Pythagore, ou plûtôt par Philolaüs fon difciple , réfultoit Le diefe ou limma d’un côté , & de l’autre l’aporome, dont la raifon eft de 2048 à 2187. ( FoyezLimma.) La génération de l’aporome Îe trouve à la feptieme quinte , st diefe | en commençant par.zr ; car alors la quantité dont cet 2 diefe {urpafle ls naturel, eft précifément le rapport que nous venons d’éta- blir. (S) Les anciens appelloient aporome majeur un petit intervalle formé de deux fons , en raïfon de 1224 à 128. c'eft ce que M. Rameau appelle gwart de ton en- harmonique dans fa Démonftr, du princ. de l'harmonie , Paris 1750. Ils appelloient aporome mineur l'intervalle de deux fons , en raifon de 2025 à 2048 ; intervalle encore moiïns {enfible à l'oreille que le précédent. (O APOTRE , f m. (Théol.) apoftolus, du Grec amégonos , COMPOIC d’are , & de céxaw, j'envoie: ce mot a été employé par Hérodote & d’autres anteuts prophanes , pour exprimer diverfes fortes de délé- gués : mais dans le nouveau Teftament il eft le nom donné par excellence aux douze difciples de Jéfus- Chrift, choïfis par lui-même pour prêcher fon Evan- gile , & le répandre danstoutesles parties du monde. Quelques faux Prédicateurs contefterent à S. Paul fa qualité d’apdrre', parce qu'à lés entendre , on ne pouvoit fe dire envoyé de J efus-Chrift fans lavoir V , & fans avoirété témoin de fes aétions. Pour ré- pondre à ces fophiftes qui avoient féduit les égliles de Galatie , 1l commence par ces mots Pépitre aux Galates : Paul apôtre non des hommes ni par les hom- mes, mais par Jefus-Chrift & Dieu le pere ; leur £aï. fant ainfi connoître qu’il avoit fa miffion immédia- tement de Dieu. Son éleétion eft clairement expri- mée, dans ces paroles que Dieu dità Añanie en par- lant de Saul-converti. 4%, ch. ix. verf. 26. vas elec tions et, tnihi ifle ut portes nomen meum coram LEA EI bus E regibus ; ce qui fait qu'il. eft appellé par excel- lence lapôrre des Gentils, À la converfion defquels 1l étoit fpécialement defliné: mais il eft à remarquer que malgré ce témoignage & la vocation exprefle du S, Efprit, Jégregate mihi Saulum & Barnabamtin opus ad quod affjumpfi eos ; il ajoûta encore la miffion ordinaire & légitime qui vient de lPEglife , par la priere & l'impofition, des mains des prophetes & des doéteurs qui compofoient celle d’Antioche. 44, chap. x. verf.2. 6 31 On repréfente ordinairement les 12 apérres avec leurs fymboles ou leurs attributs fpécifiques; 8c.c’eft pour chacun d’eux, à l’exception de S, Jean, & de S. Jacques le majeur, la marque de-leur dignité, ou \ linfirument de leur. martyre. Ainf,S. Pierre a les clefs pour marque de fa primauté; S. Paulun glai- ve; S. André une croix en fautoir ; S. Jacques le mi- neur une perche de foulon ; S. Jean une coupe d’où s’envole'un ferpent ailé ; $. Barthélemi un coûtean ; S. Philippe un long bâton, dont le bout d’enhaut fe termine en croix; S. Thomas une lance ; S. Matthieu une hache d'armes ; S. Jacques le majeur un bour- don de pélerin 8 une gourde ; S. Simon unefcie, & S, Jude une maflue. | | On fait par les aétes des apôtres, par leurs épîtres , par les monumens de l’hiftoire eccléfiaftique , & en- fin par des traditions fondées , en quels lieux les ap6- tres ont prèché l'Evangile. Quelques auteurs ont douté s’ils n’avoient pas pénétré en Amérique; mais le témoignage conftant de ceux qui ont.écrit Phif toire de la découverte du nouveau monde , prouve qu'il n’y avoit dans ces vaftes contrées nulle trace du Chriftianifme, Voyez ACTES DES APÔTRES.. On donne communément le nom d’apôtre à celui qui le premier a porté la: foi dans un.pays: c’eft ainfique $. Denys premier évêque de Paris; qu’on. a long-tems, confondu avec.S, Denys l’aréopagite , eft appellé l’apérre de la France ; le. moine .S..Au- guftin lapôrre de l'Angleterre; S. Boniface l’apérrede l’Allemagne;S.François Xavier l’apôrre desindes: on donne auffi le même nom aux Mifhionnaires Jéfuites, Dominicams, 6. répandus en Amérique.&z dans les Indes orientales, Voyez MISSIONNAIRE, 448" 1 Il y a eu des tems où l’on appelloit {pécialement apôtre, le Pape, à caufe de fa fur-éminence en qualité de fucceffeur du Prince des apôtres. Woyez, Sidoine Apollin. Liv, VL. epit.. 4: Voyez auf PAPE, APos- TOLIQUE. er lag nt APÔTRE : étoit encore un nom pour, défigner. des miniitres ordinaires de V’Eghife, : qui:voyagéoient pour fesintérêts. C’eft ainh que S:Paukdit-cansfon épiître aux Romains ,. chap. x. ver. 7. Saluez An: dronicus &Junia, mes parens 6 compagnons de nia cape. tiyité, qui font diflingués, parmi les apôtres, C’étoit auf le titre qu'on donnoit à ceux quiétoient,en-) voyés par quelques-églifes , poun en-apporter.des, collectes & les aumônes des fideles deftinées: à: {ub- venir aux befoins des pauvres êc. du .clergé. de.quels ques autres églifes. C’eft pourquoi. S.Paul.écrivant. aux Philippiens leur dit,.qu'Epaphrodite-leuriepdrres: avoit fournià es befoins. chi x7. werf..2$: Les\Chré=- tiensavoient emprunté cet ufage des fynagoguesiqui donnoient le même nom à ceux qu'elles. chargeoïent d’un pareil foin , 8 celui d’epoftolar à l'oficeschatt- table qu’ils exerçoient, CA: phyutrs * r Es 24 À 1 1 4f di 1, Qi mu. » Ty avoït chez les anciens Juifs nne autre efpece d’apôtres : c’étoient des officiers qui avoient en dé- partement une certaine étendue de pays , dans le- quel on les envoyoit én qualité d’infpeéteurs ou de v commiflairesi;- afin d'y veiller à lobfervation des lois, & percevoir les deniers levés pour la répara- tion du temple ou autres’ édifices publics, & pour payer le tribut aux Romains. Le code Théodôfien, Lib XIV, de Judæis ; nomme apôtres ceux qui ad'exi- gendun aurum atque argeñtum à patriarchà certo tér- pore diriguntur, Les Juits appellent ces prépotés /che- dhhin , envoyés ou meflagers: Julien l’apoñflat qui vouloit favorifer les Juifs pour s’en fervir à la def truéhondu Chriftianifme, leur remit l’apo/folat ; awe- sean, C’eft-à-dire’, comme 1k s'explique lui-même, le tribut qu'ils avoient coûtume de lui envoyer. | Ces apôtres étoient fubordonnés aux officiers des fynagogues:, qu'on nommoït parriarches | de qui ils recevoient leurs comnuflions. Quelques auteurs ob- fervent queS.-Paulavant fa converfon, avoit exercé cet emploi; &ctqu'il y fait allufion dans lendroit de Pépitreraux Galates, que! nous avons cité au com- mencèment de cet article comme sileût dit : Paul qui n'eftiplus un apôtre de la’ fynagogue , ni fon en- voyépourle maintien de la loi de Movie, maïs à pré- ent unapôtre , un envoyé de Jefus-Chrift. S. Jerôme admet cette allufion à la fonétion d’apôtre dela {y- nagogue, fans infinuer en aucune mahiere que S. Paul en eût jamais été chargé. APÔTRE, dans la liturgie Greque , énoccace, eft un terme particulierement ufté pour défigner un livre qui contient principalement les épîtres de S. Paul, felon l’ordre où les Grecs les lifent dans leurs églifes pendant le cours de l’année; car comme ils ontun livre nommé év»77e10, qui contient les évan- gilles, ils ont auf un érogoncs ; &t il y a apparence qu'il ne contenoit d’abord que les épitres de S. Paul; mais depuis un très long tems il renferme aufi les aëtes des apôtres , les épitres canoniques, & l’Apo- calypfe ; c’eft pourquoi on l'appelle aufi zp2£2woge- Ace , à caufe des ates qu'il contient , & que les Grecs nomment rpa£ers. Le nom d’apoflolus a été en ufage dans l’Eglife Latine dans le même fens, com- me nous l’apprennent S: Grégoire le Grand , Hinc- mar, & [fidore de Séville: c’eft ce qu'on nomme aujourd’hui epiffolier, Voyez EristToLier. (G) APÔTRES , terme de Droit : on appelloit ainf au- trefois des lettres dimifloires, par lefquelles les pre- mers Juges,, de la fentence delquels avoit été inter- jetté appel , renvoyoient la connoiffance de l'affaire au Juge fupérieur & s’en deffaififloient ; faute de quoi lappel ne pouvoit pas être pourfuivi. Ces fortes de lettres étoient auffñi enufage dans les Cours eccléfiaftiques. Mais ces apôtres là ont été abrogés tant en Cour laïque , qu’en Cour eccléfiaftique. On appelloit encore æpôtres les lettres dimifloires qu'un Evêque donnoït à un laïque ou à un clerc, pour être ordonné dans un autre Diocèfe. Voyez Dimissoire. ( A). APÔTRES Dune DES) Pharmacie. L’on- guent dès apôtres , en Pharmacie , eft une efpece d’on- guent qui déterge , ou nettoie ; il eft compofé de r2 drogues ; c’eft la raïifon pourquoi il eft nommé lo- guent des apôrres. Vi 0ÿez ONGUENT. “Avicenne en fut linventeur; 6h l'appelle autre- ment wrguentim Veneris : les principaux ingrédiens font la cire ; la térébenthine , Ja réfine, la gomme ammomaque, leiban, lelbdellium, la myrrhe , le galbanum ; l’opopanax, les racines d’ariftoloche’, le verd-de-gris, la bitharge ; l'huile d'olive. Foyez Dé£- TERGEN'T HE © Hp 0 5 mi RATER _…Cetonguent éft un excellent digefif, déterfif , & un grand vulnéraire, (N) ÉE TES APO 41 * APOTROPÉENS , ( Myck. ) dieux qu’on invoz quoit, quand on étoit menace de quelque malheur ; on leur immoloiturnejeunebrebis. Lemot aporropéens vient de arorpimew, détourner ; les Grecs appelloient encore ces dieux aAtË/xaxos, quichajfent le mal ; & ils étoient révérés des Latins {ous le nom d’averruncr, qui vient d'averruncare , écarter. * APOYOMATLI , f. mi. ( Aff. nat: bor. ) herbe qu'on trouve dans la Floride : elle a la feuille. du poireau, feulement un peu plus longue & plus dé- liée ; le tuyau comme le Jonc, & la racine aromati- que. Les Efpagnols en font une poudre qu’ils pren- nent dans du vin pour la gravelle ; elle poufle par les urines, appaife les douleurs de poitrine, & foû- lage dans les affeions hyftériques. APOZEME, {. m, (Pharmac,) forte déco@ion des racines , des feuilles ,.& des tiges, d’une plante ou de plufieurs plantes enfemble. Ce mot eft formé du Grec dot , & Co, ferveo. Les Anciens confondoient la dé- coËtion avec l’apogeme ; Cependant l’infufon fimple peut feule faire un apozexe, qui n’eft autre chofe qu’un médicament liquide chargé des vertus & prin- cipes d’un ou de plufieurs remedes fimples ; & com- me l'extrait ou l’aétion de les tirer d’un mixte ne de- mande dans certains cas que la fimple macération de plufieurs corps qui font volatiis, & dans d’autres cas l’ébullition, il eft clair que la décoétion n’eft pas eflen- tielle à lapozeme. On divife l’apoyeme en aliérant & en purgatif. Le premier eft celui qui n’eft compofé que de fimples ou remédes altérans. Le fecond eft celui auquel on ajoûte des purgatifs. L'altérant eft une infufion qui change les humeurs. Le purpatif les évacue. Fr L'apoyeme 1e compofe de fimples cuits ou infufés * enfemble. L'on met d’abord le bois , les racines , en- fuite les écorces , & après les herbes ou feuilles, puis les fruits , & en dernier lieu les femences & les fleurs. L’infufion de ces fimples fe fait dans l’eau de fontaine ou de riviere ; on ne régle pas la quantité de l’eau, mais on la laïffe à la prudence de l’Apofhicaire. . . Les apozemes s'ordonnent ordinairement pour trois ou quatre dofes, & à chacune on ajoûte deux gros de fucre ou de firop, felon que la maladie l'exige. Chaque dofe doit être de quatre ou fx onces. On la diminue de moitié pour les enfans. L’ufage des apozemes eft de préparer les humeurs à la purgation, de les délayer, détremper & divifer pour les rendre plus fluides , & emporter les obftruc- tions que leur épaififiement auroit engendrées dans les petits vaifleaux. : Les apoyernes doivent donc varier felon lés indi- cations que le Medecin a à remplir : ainfi il en eft de tempérans &z rafraïchiffans | de calmrans & adou- ciflans , d'mcraflans & empâtans , d’apéritifs , de diurétiques , d’emménagpogues, d’antipléurétiques. C’eft ainfi que les Anciens ordonnoiént des apozemes rafraichiflans pour la bile échauffée | acte, fubtile êz brülée, qui caufoit un délordre dans les maladies aiguës & dans les flevres putrides. Apozeme tempérant. Prenez racines de chicorée , d’ofeille & de buglofe, de chacune une once ; feuil- les de chicorée, de laitue , de pourpier & de bugloie, de chacune une poignée ; raïfins mondés, une once; orge mondé, une pincée ; fleurs de violette & de nimphéa, de chacune une pincée : vous ferez d’abord bouillir les racines dans trois chopines d’eau rédui- tes à pinte ;-&c fur la fin vous ferez infufef les feuilles avec femences & les fleurs. Cet apozere eft des plus compofes ; il eft cependant fort tempérant, Pour le rendre plus agréable, on ajoûtera fi chaque dofe du firop de nimphéa & de grenade, de chacune deux gros ; du fel dé prunelle, un gros Apozeme délayant & humeitanr. Prenez racines de chien-dent', de caprier, de fraifer & de petit-houx, 542 A P O de chacuneune once ; feuilles & racines de chicofée, feuilles d’endive , de capillaire , de pimprenelle & d’aigremoine , une poignée de chacune ; fleurs de chicorée, de‘boutrache, de buglofe & de violette, une pincée de chacune : faites du tout un apogeme felon l’art, comme il eftmarqué ci-deflus, en ajoûtant fur chaque dofe deux gros de firop de guimauve , de limon ou de capillaire, avec fix gouttes d’efprit de doufre. Cet apozeme eft délayant & tempérant ; il convient dans l’épaififfement & l’ardeur du fang & des humeurs. | Apozeme attéruant 6 dérerfif. Prénez racines d’a- che , de perfil & de fenouil, fix gros dé chacune ; de racine-d’aunée & de patience,de chacune demi-once; fetulles de chamépithys , d’aigremoine , de chamé- drys & de capillaire, de chacune deux gros ; fleurs de ftœæchas & de fouci , une pincée de chacune : faites bouillir le tout felon l’art dans de l’eau de fontaine pour quatre dofes, & pañlez la liqueur ; ajoûtez à chaque dofe , du firop des cing racines, deux gros. Apoxeme apérinif, hépatique 6: emmenagogue. Prenez des cinq racines apéritivés, de chacune une once; écorce moyenne de frêne & de tamaris , de chacune demi-once ; feuilles de chicorée , de fcolopendre , de capillaire,de cerfeuil, une demi-poignée de chacune : faites du tout un apozeme felon l’art ; ajoutez à cha- que dofe, de fel de duobus, un fcrupule ; de firop d’armoife , une once. Apozeme contre la pleurèfie, la péripneumonie & la toux. Prenez feuilles de bourrache, de buglofe & de capillaire, de chacune une poignée ; de chicorée fauvage, une demi-poignée : lavez ces herbes & cou- pez-les un peu ; enfuite faites-en un apozeme réduit à une pinte : pañlez la liqueur , &c’ajoûtez firop de guimauve, une once : celui-ci eft plus fimple & plus agréable. Nous en avons donné de compofés pour nous accommoder au goût des Medecins & de leurs malades. Apozeme antifcorbutique. Prenez racines de raifort & d’aunée , de chacune une once ; de pyrethre con- caflée , un demi-gros : prenez enfuite feuilles de cochlearia , de becabunga , de treïle d’eau , & de creflon de fontaine , de chacune une demi-poignée : pilez-le tout enfemble dans un mortier de marbre, & jettez deflus une pinte d’eau bouillante , laiflez infufer pendant une heure: On aura foin de bien couvrir le vaifleau , & de ne le découvrir qu'après que la liqueur fera refroidie. Paffez le tout , & ajoù- tez à la colature , du firop d’abfynthe ou antifcorbuti- que, une once. Cet apozeme eft bon dans le fcorbut. Voyez SCORBUT. Apozeme peütoral & adouciffant. Prenez orge mon- dé, une demi-once ; feuilles de bourrache , de tufli- lage & de pulmonaire,de chacune une demi-poignée: faites bouillir Le tout felon l’art dans trois chopines, à réduétion d’une pinte ; ajoûtez enfuite racines de guimauve , deux gros ; fleurs detuflilage, de mauve, de chacune une pincée. Laïffez infufer Le tout ; paflez enfuite fans expreffion; édulcorez la colature avec firop de violette ou de capillaire , une once. La dofe eft d’un bon verre de deux heures en deux heures. Apozeme laxatif. Prenez racines de chicorée fau- vage & de patience fauvage, de polypode de chêne, ratiflées & coupées,de chacune une demi-oncc ; feuil- les d’aigremoine, de chicorée fauvage, de chacune une demi-poignée: faites bouillir le tout dans trois chopines d’eau que vous réduirez à une pinte; reti- rez la cruche du feu, & faites-y infufer pendant quatre heures féne mondé , une once ; creme de tar- tre , demi-once ; femence d’amis, un gros : pañflez la liqueur par un linge avec légere expreffon , & ajoù- tez à lacolature du firop de fleursde pêcher, une once & demie ; partagez le tout en fix verres à prendre fiedes en deux jours, trois dans chaque matinée, un À PP bouillon entre chaque prife. Cet apozeme s’ordon- nera pour purger légerement & à la longue, ceux qu’on ne.veut point faire évacuer copieufement, ni fatiguer par un purgatif difgracieux & dégoûtant, Apozeme apéritif & purgañf contre lhydropili Pre- nez racines de patience lauvage , de chardon Ro- land , d’afperge , de chacune demi-once; d’aunée, deux gros: coupez le tout par morceaux après la- voir ratiflé , & faites-le bouillir dans trois chopines d’eau que vous réduirez à une pinte ; ajoûtez {ur la fin fewiles d’'aigremoine, de creflon , de chacuneune poignée; paflez la liqueur par un linge avec expref- fon; difiolvez-y arcanum duplicatum , deux gros; firop de Nerprun , une once & demie. La dote eft d’un verre tiede de quatre en quatre heures,"en fuf- pendant les derniers , fi l'évacuation eft fufifante: on l’ordonne fur-tout dans lPoœdeme & la leuco- phleg matie. Apozeme fébrifuge 6 laxatif. Prenez feuilles de bour- tache, buglofe , chicorée fauvage , de chacune une poignée ; quinquina pulvérifé , une once ; follicules de 1éné , trois gros ; {el deGlaubert , deux gros : fai- tes bouillir les plantes dans trois chopines d’eau com- mune , que vous réduirez à une pinte : pañlez la li- queur avec expreflion , & ajoûtez-y firop de fleurs de pêcher , une once & demie, Cet apozeme convient dans les fievres intermittentes ; on le donne de qua- tre en quatre heures hors les accès, lorfqueles urines font rouges, & qu’elles dépofent un fédiment bri- quete , lorfque léréthifme & la chaleur font fort abattus. Nota. 1°, que les apozemes ci-deflus énoncés peu- vent être changés en juleps , en potions, on autres formules plus faciles à exécuter. Voyez Juzer , Po- TION. 2°. Tous les apozemes peuvent être rendus purga= tifs. en y diflolvant un fel. 3°. L’ufage de ces apozemes demande une grande attention pour le régime ; la diete doit être réglée felon l’état & la force du malade , refpeétivement à la qualité de l’apoyeme. (N) APPAISER r cheval, ( Manépe.) c’eft adoucir fon humeur lorfqu’il a des mouvemens déréglés & trop vifs par colere ; on l’appaife , ou en le careflant , ou en lui donnant un peu d’herbe à manger , ou au moyen d’un fifflement doux que le cavalier fait. (7°) APPARAT , f. m. eftufité ez Littérature, pour de- figner untitre de plufeurs livres difpofés en forme de catalogue, de bibliotheque, de diionnaire , &c. pour la commodité des études. #. DICTIONNAIRE. L’apparat fur Cicéron , eft une efpece de concor- dance ou de récueil de phrafes Cicéroniennes. L’apparat facré de Poffevin eft un recueil de tou- tes fortes d’Auteurseccléfiaftiques, imprimé en 1617 en trois volumes. Les glofes , les commentaires, 6. ont été auffi fort fouvent appellés apparats. V.GLOSE, Gc. L’apparar poëtique du P. Vaniere eft un recueil des plus beaux morceaux des Poëtes Latins fur tou- tes fortes de fujets. (G) APPARAT, s'employoit autrefois comme fynony- me à commentaire, & on s’en eft fervi fingulierement pour defigner la glofe d’Accurfe fur le Digefte & le Code. Foyez DIiGEstTE & Cope. (Æ) APPARAT o4 ORNEMENT ( Lettres d'), fe dit, ex Ecriture , de celles qui fe mettent au commencement. des pages ; elles font ordinairement plus groffes que les majufcules | & fe font plus délicatement avec la plume à traits. On peut les faire plus fürement avec la plume ordinaire. *APPARATORIUM, lieu des préparatifs. (Æ1/£. anc.) M. Fabreti croit que ce lieu des préparatifs étoit celui où l’on tenoit difpofé le feftin des funé- railles, & où l’on gardoit l’eau luftrale. APPARAUX ox APARAUX , f. m, pl, (Marine, } Ce mot fignifie les voiles , les manœuvres ; les vertus, les poulies , les ancres, Les cables, le gouvernail , & Par- zillérie du vaiffeau ; de forte qu’il défigne plus de cho- fes que le mot d’agreils ; & moins que celui d’équ- pement , qui fignifie outre cela Les gens de l'équipage G des vitualles. ( Z ) APPAREIL, {. m. fienifie proprement une prépa- ration formelle à quelque aéte public & folennel. Voyez PRÉPARATION. Nous difons l'appareil d’une fête où d’un couron: nement ; qu'un Prince a fait fon entrée avec beau- coup d'appareil & de magnificence. (G) APPAREIL, en terme de Chirurgie, eft la préparation & la difpofition de tout ce qui eft néceflaire pour faire une opération, un panfement, &c. L'appareil eft différent fuivant le befoin ; les inftrumens , les ma- chines, les bandes, lacs, comprefles, plumafleaux, bourdonnéts, charpie, tentes, font des pieces d’ap- pareil, de même que les médicamens dont on doit faire ufage. Voyez la fisnificatior de ces mors. C’eft une regle générale en Chirurgie, qu'il faut avoir préparé l'appareil avant que de commencer l’o- pération: cette regle fouffre une-excéption dans les luxations ; car il faut avant toutes chofes replacer les os dans leur fituation naturelle ; on fait enfuite l’ap- pareil. Le: mot d'appareil eft aufi d’ufage en Chirurgie, pour défigner les opérations de la taille: on dit le haut appareil, le grand & le petit appareil, Vappareil la- séral, Voyez LITHOTOMIE. (F) ; APPAREIL, er Architeëture: on dit qu’un bâtiment eft d’un bel appareil, quand il eft conduit avec foin, que les affifes font de hauteur égale, & que les joints {ont proprement faits & de peu d’écartement; tel eft celui de lObfervatoire, & la fontaine de Grenelle, fauxboure faint-Germain, qui peuvent pañer pour des chef-d’œuvres dans ce genre. | On dit auffi qu'une pierre ou affife eft de bas ap- * pareil, quand elle ne porte que douze ou quinze pou- ces de hauteur, & de haut ppareil quand elle en por- te vingt-quatre ou trente. (P) , | APPAREIL, appareil de pompe, c’eft le pifton de la pompe. APPAREIL de mâts & de voiles. #. Mar 6 Voire. APPAREIL, er cuiféne, c’eft un compofé de plu- fieurs ingrédiens qui entrent dans un mets: la pan- ne, les épices, la chair, Les fines herbes, font l’appa- reil d’une andouille. APPAREILLÉE , adj. fem. (Marine) voile appa- reillée. Ceft une voile mife dehors, ou au vent ; c’eft- à-dire, déployée pour prendre le vent; ce qui eff le contraire de voile férlée où carguée. (Z) APPAREILLER , v. neut. (Marine.) c’eft difpo- fer toutes chofes dans un vaifleau pour mettre à la voile : on dit qu’une voile eft appareïllée, pour dire qu’elle eft déployée, &.en état de recevoir le vent. Pour appareiller, il faut ordinairement virer l’ancre, & la bofler, deferler ce, qu’on veut porter de voi- les, & mettre toutes les manœuvresenétat, en lar- guant quelques-unes, &c halant fur quelques autres. Voyez Bosser , DEFERLER , LARGUER, HALER , Ec. (210 | | APPAREIRLER le corps, les arcades, les fem- ples, G:c. danslés manufaëtures de foie ; c’eft égalifer toutes-les-patties dont font compofés les corps, les arcades, les femples, 6:c..de-maniere qu’elles foient toutes-de-nivean, &cique l’unerne foit pas plus haute que l’autre; voyez 4 l'article VELOURS CIZELÉ, la né- ceffité de cette attention. © APPAREILLER, ‘érme de \Chapelier, c’eft: former le mélange des poils ou des laines qui doivent entrer dans la-compofition d’un:chapeau, felon la qualité qu'on veut lui-donner. bte & L° | APPAREILLER, ervermede Layetier, c’eft joindre 543 14 égale gran- enfemble une ou plufieurs planches à deur. | APPAREILLER , v. aét. (Marege.) fe dit de deux, de quatre, on de fix chevaux de même poil, qu’on veut mettre à un cattofle: on dit aufli apparier. Ap- pareiller, en terme de haras, fignifie faire faillir à un étalon la jument la plus propre pour faire avec lui un beau & bon poulain. () APPAREILLEUR , {. m. (-Architeét.) eft le principal ouvrier chargé de l’appareil des pierres pour la conf: truétion d’un bâtiment; c’eft lui qui trace les épures par paneaux ou pat écariflement, qui préfide à la po- fe, au racordement, 6c. Il feroit néceflaire que ces fortes d'ouvriers füflent deffiner l’Architeëture ; cette fcience leur apprendroit l’art de profiler, & de for: mer des courbes élégantes, gracieufes, &c fans jar- rets; 1l feroit auf très-important qu'ils fuflent ma- thématiciens , afin de pouvoir fe rendre compte de la pouflée des voûtes, du poids, de la charge, & du fruit qu'il convient de donner au mur, felon la diver- fité des occafons qu'ils ont d’être émployés dans les bâtimens ; mais la plüpart de ceux qui fe donnent pour tels, n’ont que le métier de leur art, malgré les cours publics qui leur font offerts à Paris pour s’inf- truire. (P) * APPARENCE, exterieur, dehors. ( Gram. ) L’ex: térieur fait partie de la chofe; le dehors l’environne à quelque diftance. L’apparence eft l'effet que produit fa préfence. Les murs {ont l'extérieur d’une maïfon ; les avenues en font les dehors; l'apparence réfulte du tout. Dans le fens figuré , extérieur fe dit de l’air & de la phyfionomie : le dehors, des manieres & de la dépen- fe ; apparence, des attions & de la conduite. L’exré- rieur prévenant n’eft pas toïjours accompagné du mérite, dit M. l’abbé Girard, Syz. Franç.Les dehors brillans ne font pas des preuves certaines de l’opu= lence. Les pratiques de dévotion ne décident rien fur la vertu. APPARENCE, {. f. l’apparence eft proprement la furface extérieure d’une chofe, ou, en général, ce qui affeéte d’abord les fens, l’efprit & l'imagination. Les Académiciens prétendent que les qualités fen- fibles des corps ne font que des apparences. Quelques b) _ Philofophes modernes ont embraflé ce fentiment. Voyez ACADÉMICIEN & QUALITÉ. V. aufh Corps. Nos erreurs viennent prefque toutes de ce que nous nous hâtons de juger des chofes, & de ce que cette précipitation ne nous permet pas de difcerner le vrai, de ce qui n’en a que l’apparence. Voyez VOLONTÉ , LIBERTÉ, ERREUR , VRAISSEMBLANCE. Apparence en perfpetlive, C’eft la repréfentation ou projection d’une figure, d’un corps, on d’un autre ob- jet, fur le plan du tableau. Voyez PROSECTION. L’apparence d’une ligne droite projettée, eft toù- jours une ligne droite. Car la commune feétion de deux plans eft toùjours. une ligne droite; donc la commune feétion du plan du tableau , & du plan qui pañle par l’œil & par la ligne droite qu’on veutrepré- fenter, eft une ligne droite : or cette commune fec- tion eft l’apparence de la ligne qu'on veut projetter. Voyez PERSPECTIVE. L’apparence d’un corps opaque ou lumineux , étant donnée, on peut trouver l'appar rence de fon ombre. Woyez OMBRE. APPARENCE d’une étoile, d’une planete, 6'c. Voyez APPARITION. On entend quelquefois par apparences - en Aftronomie, ce qu’on appelle autrement phénorne- nes ou phafès. Voyez PHÉNOMENE 6 PHASE. On fe fert en Oprique du terme d'apparence direüte, pour marquer la vüe d’un objet pat des rayons di- reds, c’eft-à-dire, par dés rayons qui viennent de l'objet, fans avoir été ni réfléchis n1 rompus. Voyez Direct & Rayon. Voyez auffi OPTIQUE 6 Vi- SION. (0) | APPARENCE , belle apparence, (Manege.) fe dit or- $ 44 ADF dinairement d’un cheval, qui quoiqu'il paroïffe très- beau, na cependant pas beaucoup de vigueur, & quelquefois même point du tout: on dit; voilà un che- val de belle apparence, (F) APPARENT, apparens, adj. m. Cétteépithete con- vient à tout ce qui eft vifble, à tout ce qui eft fen- ble à l'œil , ou intellisible à Pefprit. Voyez Appa- RENCE. | Hauteur APPARENTE. Voyez HAUTEUR. Conjonélion apparente, Il y a conjonétion apparente de deux planètes , lorfque la ligne droite qu'on fup- pofe tirée par lés centres des deux planetes ne pañle point par le centre de la terre , mais pär l'œil du {peétateur. La conjontfion apparente eft diflinguée de la conjonélion vraie , ou le centre de la terre eft dans une même ligne droite avec les centres des deux pla- netes. Foyez CONJONCTION. Horifon apparent ou fenfible , c’eft le grand cercle 0 L À . L qui termine notre vüe ; ou celui qui eft formé par la rencontre apparente du ciel & de la terre. Cet horifon {épare la partie vifible ou fupérieure du ciel , d'avec la partie inférieure qui nous eft invi- fible , à caufe de la rondeur de la terre. L’Aorifon ap- parent differe de l’horifon rationel qui lui eft parallele, mais qui pañle par le centre de la terre. Voyez Hori- SON. On peut concevoir un cone dont le fommet fe- roit dansnotre-œil, & dont la bafe feroit le plan cir- culaire qui termine notre vüe; ce plan eft l’horifon apparent. Voyez ABAISSEMENT, L’Aorifon apparent détermine le lever & le coucher apparent du foleil , de la lune, des étoiles, Gc. Foyez LEVER, COUCHER, &c. Grandeur apparente. La grandeur apparente d’un ob- jet eft celle fous laquelle 1l paroït à nos yeux. Voyez GRANDEUR. L’angle optique eft la mefure de la grandeur æppa- rente , du moins c’eft ce que les auteurs d’optique ont foûtenu long-tems. Cependant d’autres opticiens prétendent avec beaucoup de fondement , que la grandeur apparente d’un objet ne dépend pas feule- ment de l’angle fous lequel ileft vü; & pourleprou- ver, ils difent qu’un géant de fix piés vû à fix pies de diftance , & un nain d’un pié vü à un pié de diftance , font vüûs l’un & l’autre fous le même an- gle , & que cependant le géant paroït beaucoup plus grand : d’où 1ls concluent , que tout le refte étant d’ailleurs égal , la grandeur apparente d’un objet dé- pend beaucoup de fa diftance apparente, c’eft-à-dire de l'éloignement auquel il nous paroït être. Voyez ANGLE. Aïnfi quand on dit que l’angle optique eft la me- fure de la grandeur apparente, on doit reftraindre cet- te propolition aux cas où la diflance apparente eft fuppofée la même; ou bien l’on doit entendre par le mot de grandeur apparente de l’objet , non pas la gran- deur fous laquelle il paroït véritablement , mais la grandeur de l’image qu'il forme au fond de l'œil. Cette image eft en effet proportionnelle à l’angle fous lequel on voit l’objet, & en ce fens on peut dire que la grandeur apparente d’un objet eft d’autant de degrés que langle optique , fous lequel on voit cet objet, en contient. Voyez VIsiON. | On dit aufi que les grandeurs apparentes des objets éloignés font réciproquement comme les diftances. Voyez Vision & VISIBLE. Cependant on peut démontrer en rigueur qu’un même objet 4 C(Planch. d'optique, fis. 69.) étant vû à des diftances différentes, par exemple en D &eñ B, fes grandeurs apparentes c’eft-à-dire , les angles ADC & ABC, font en moindre rafon que la técipro- que des diftances D G & B Griln’y a que le casoù les angles optiques 4 D C & ABC feroient fort petits, comme d'in ou de deux degrés, dans lequel ces an- eles, on les grandeurs apparentes; feroïent à peu-près en raïon réciproque des diftances. | La grandeur apparente , ou le diametre apparent du foleil , de la lune ou d’une planete, eft la quantité de l'angle fous lequel un obfervateur placé fur la fur- face de la terre apperçoit ce diametre, Les diametres apparens des corps céleftes ne ont pas toùjours les mêmes. Le diametre apparent du fo- leil neft jamais plus petit, que quand le foleil eft dans le cancer, & jamais plus grand , que quandil eft dans le capricorne. Voyez SOLEIL. #5 Le diametre apparent de la lune augmente 8 dimi: nue alternativement , parce que la diftance de cette planete à la terre varie continuellement. 7. LUNE. Le plus grand diametre apparent du {oleil eft, fe- lon Caflim, de 32/ 10" ; le plus petit de 31 38/. Selon de-la-Hire , le plus grand eft de 32/ 43", & le plus petit de 31/ 38". | Le plus grand diametre apparen: de la lune eff, felon Kepler , de 32/ 44; &le plus petit de 30° Go”. Selon de-la-Hire , Le plus grand eft de 33! 30" ; & le plus petit de 29/ 30". Foyez Sozerz & Lune. Le diametre apparent de l'anneau de Saturne eit, felon Huygens, de 1.8", lorfqu'il eft le plus petit. Voyez SATURNE. Quand aux diametres apparens des autres plane- tes, voyez l'article DIAMETRE, Si les diftances de deux objets fort éloignés, par exemple , de deux planetes , font épales , leurs dia= metres réels feront proportionnels aux diametres 4p- parens ; & fi les diamètres apparens {ont égaux, les diametres réels feront entr’eux comme les diftances à l’œil du fpeétateur ; d’obil s’enfuit que , quandil y a inégalité entre les diftances & entre les diametres apparens ; les diametres réels font en raïfon compo- {ée de la directe des diftances & de la direéte des dia- metres apparents, Au refte , quand les objets font fort éloignés de l'œil , leurs grandeurs apparentes , c’elt-à-dire , Les grandeurs dont on les voit , font proportionnelles aux angles fous lefquels ils font vüs. Ainfi quoique le {o- leil & la lune fo1ent fort différens l’un de l’autre pour la grandeur réelle | cependant leur grandeur appa- rente eft à peu-près la même , parce qu'on lés voit à peu-près fous le même angle ; la raïfon de cela eft que quand deux corps font fort éloignés , quelque différence qu'il y ait entre leur diffance réelle , cet- te différence n’eft point apperçüe par nos yeux, & nous les jugeons l’un & l’autre à la même diftance apparente ; d'où il s’enfuit que la grandeur dont on les voit eft alors proportionnelle à l’angle optique où vifuel.Par conféquent fideux objets font fort éloignés, & que leurs grandeurs réelles foient comme leurs dif- tances réelles , ces objets paroîtront de la même gran- deur, parce qu'ils feront vûs fous des angles égaux. Il ya une différence très-fenfble entre les grandeurs apparentes ou diametres apparens du foleil & de la lune à l’horifon, & leurs diametres apparens au méridien. Ce phénomene a beaucoup exercé les Philofophes. Le Pere Malebranche eft celui qui paroït l'avoir ex- pliqué de la maniere la plus vraiflemblable , T nous donnerons plus bas fon explication. Cependant l'o- pinion de cet auteur n’eit pas encore recüe par tous les Phyficiens. Foyez LUKE. Diflance apparente où diftance apperçüe, eft la dif- tance à laquelle paroït un objet. Cette diftance eft fouvent fort différente de la diftance réelle ; & lori- que l’objet eft fort éloigné , elle eft prefque toùjours plus petite. Il n’y a perfonne qui n’en ait fait expé- rience , & qui n'ait remarqué que dans une wañte campagne des maïfons ou autres objets qu'on croyoit affez près de foi , en font fouvent fort éloignés. De même le foleil & la lune, quoiqu’à une diftance 1m- menfe de laterre, nous en paroïflent cependant affez proches APP proches, fi nous nous contentons d’enjuger à la vûe fimple. La raifon de cela eft que nous jugeons de la diffance d’un objet principalement par le nom- bre d’objets que nous voyons interpolés entre nous & cet objet ; or quand ces objets intermédiaires font invifibles, ou qu'ils font trop petits pour être apper- çûs , nous jugeons alors l’objet beaucoup plus proche qu'il n’eft en effet, C’eft par cette raïon , felon le Pere Malebranche , que le foleil à midi nous paroît beaucoup plus près qu'iln’eft réellement, parce qu'il n’y a que très-peu d'objets remarquables & fenfbles entre cet aftre & nos yeux ; au contraire, ce même foleil à l’horifon nous paroït beaucoup plus éloigné qu’au méridien ; parce que nous voyons alors entre lui & nous un bien plus grand nombre d’objets terref- tres , & une plus grande partie de la voûte célefte. C’eft encore par cette raïfon que la lune, vûe der- riere quelque grand objet comme une muraille, nous paroît immédiatement contigué à cet objet. Une au- tre raifon pour laquelle nous jugeons fouvent la dif- tance d’un objet beaucoup plus petite neue n’eft réellement , c’eft que pour juger de la diftance réelle d’un objet , 1l faut que les différentes parties de cette diftance foient apperçües ; 8& comme notre œil’ ne peut voir à la fois qu’un affez petit nombre d’ob- jets, 1l eft néceflaire pour qu'il puifle difcerner ces différentes parties, qu’elles ne foient pas trop multiphées. Or lorfque la diftance eft confidérable , ces parties {ont en trop grand nombre pour être dif- tinguées toutes à la fois , joint à ce que les parties éloignées agiflent trop foiblement fur nos yeux pour pouvoir être apperçües. La diftance apparente d’un objet eft donc renfermée dans des limites aflez étroi- tes ; & c’eft pour cela que deux objets fort éloignés {ont jugés fouvent à la même diftance apparente, ou du moins que l’on n’apperçoit point l'inégalité de leurs diftances réelles , quoique cette inégalité foit quelquefois immenfe , comme dans le foleil & dans la lune , dont l’un eft éloigné de nous de 1 1000 dia- metres de la terre, l’autre de 6o feulement. Mouvement apparent | tems apparent, &c. Voyez MOUVEMENT , TEMS, &c, Lieu zpparenr. Le lieu apparent d’un objet, en Opti- que , eftceluioï on le voit. Comme la diftance appa- rente d’un objet eft fouvent fort différente de fa dif tance réelle , le lieu apparent eft fouvent fort diffé- rent du lieu ra. Le lieu apparent {e dit principale- ment du lieu où l’on voit un objet , en l’obfervant à traversun ou plufieurs verres , ou par le moyen d’un ou plufieurs miroirs. Voyez DIOPTRIQUE , MrROïR, Êc. Nous difons que le lieu apparent eft différent du lieu vrai ; car lorfque la réfraétion que fouffrent à tra- vers un verre les pinceaux optiques que chaque point d’un objet fort proche envoye à nos yeux, a rendu les rayons moins divergens; ou lorfque par un effet contraire, les rayons qui viennent d’un objet fort éloigné font rendus par la réfra@ion aufli diver- gens que s'ils venoient d’un objet plus proche ; alors il'eft néceffaire que l’objet paroïfle à l’œil avoir chan- ge de lieu: or Le lien que l’objet paroït occuper, après ce changement produit par la divergence ou la con- vergence des rayons, eft ce qu’on appelle /oz lieu “apparent. Il en eft de même dans les miroirs. Voyez VISION. Les Opticiens font fort partagés fur le lieu appa- | rent dun objet vi par un miroir , oupar un verre. La plüpart avoient crû jufqu’à ces derniers tems que l’objet paroïfloit dans le point où le rayon réfléchi ou rompu pañlant par le centre de l’œ1l rencontroit la perpendiculaire menée de l’objet fur la furface du miroir ou du verre. C’eft le principe que le pere Taquet a employé dans fa Catoptrique, pour expli- quer LS PHÉRSTRUÉS des mirous çonvexes & con- or, À, A P P ÿ45 cavès : c’eft auM.celuidont M.de Mairan s’eft fervi pour trouverla courberapparente du fond d’un bafin plein d’eau, dans'un: Mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie de 1740. Mais leipere T'aquet convient lui-même à la fin de fa Catoptrique, que le principe dont il s’eft fervi n’eft pas général , & qu'il eft con: tredit par expérience. A l’ésard de M. de Maïran il paroît donner ce principe comme un principe de Géométrie phtôt que d’Optique ; & il convient que Newton, Barrow , & les plus célebres auteurs ne l’ont pas entierement admis, Ceux-ci pour détermi- ner le lieu apparent de l’objet, imaginent d’abordque l’objet envoye fur la furface du verre ou du miroi ; deux rayons fort proches l’un de l’autre , lefquels après avoir fouffert une ou plufeurs réfraétions où réflexions , entrent dans l'œil. Ces rayons rompusou refléchis, étant prolongés, concourent enun point, & il entrent par conféquent dans l'œil comme s'ils ve- noïent de ce point ; d’où il s’enfuit felon Newton & Barrow , que le lieu apparens de l’objet eft au point de concours dés rayons rompus ou réfléchis qui en trent dans l'œil, & ce point eft aifé à déterminer par la Géométrie. Voyez l'optique de Newton, & les /e- çons optiques de Barrow. Ce dernier auteur rapporte même une expérience qui paroît fans replique , & par laquelle 1l eft démontré que l’image apparente d'un flà plomb enfoncé dans l’eau , eft courbe; d’où il réfulte que le lieu apparert d’un objet vù par ré: fraétion n’eft point dans l’endroit où le rayon rompu coupe la perpendiculaire menée de l’objet fur la fur- face rompante. Mais il faut avouer aufli que Barrow à la fin de fes Zeçons d'optique, fait mention d’une ex- périence qui paroït contraire, à fon principe fur le lieu apparent de l’image : il ajoûte que cette expé- rence eft aufli contraire à l’opinion du Pere T'a- quet qu’à la fienne: malgré cela Barrow n’en eft pas moins attaché à fon principe fur le lieu apparent de l’objet, qui lui paroït évident & très-fimple ; &cil croit que dans le cas particulier où ce principe fem- ble ne pas avoir lieu , on n’en doit attribuer la cau- fe qu'au.peu de Lumieres que nous avons fur la vi- fion direéte. À l'égard de M. Newton , quoiqu'il fuive le principe de Barrow fur le lieu apparent de l’image, il paroît regarder la folution de ce problème comme une des plus dificiles de Optique: Punch illius , dit- il, accurata determinatio problema folutu difficillimum præbebit ; nifi hyporheft alicui faltem verifimili , fe non accuratè veræ ; nitatur affertio. Lec. opt. [chol. Prop. VIII. p. 80. Voyez Miroir & DioPTRiQUuE. Quoi qu'il en foit , voici des principes dont tous les Opticiens conviennent. é Si un objet eft placé à une diftance d’un verre convexe , moindre que celle de fon foyer ; on:pour- ra déterminer fon lieu apparent : s'il eft placé au foyer , fon lieu apparent ne pourra être déterminé ; on le verra feulement dans ce dernier cas extrème- ment éloigné , ou plütôt on le verra très:confufé- ment. Le lieu apparent ne pourra point encore fe déter- muiner , fi l’objet eft placé au-de-là du foyér: d’un ver- re convexe : cependant fi l’objet eft plus éloïgné du verre convexe que le foyer, & que lœil foit placé au-de-là de la bafe diftinéte , fon lieu apparent fera dans la bafe diftinéte. On appelle bafe diflinéte un plan qui paffe par le point de concours des rayons! rome pus. Voyez LENTILLE. ; De même fiun objet eft placé à une diftance d’un miroir cConcave moindre que celle de fon foyers on: peut détérminer fon lieu apparent : s'il eft placé au foyer , 1l paroîtra infiniment éloigné , où plütôt il paroitra confufément , fon lieu appareñt ne pouvant être déterminé. | Si l’objet eft plus éloigné du miroir que le foyer, &c que l'œil foit placé au-de-là de la is diftinéte, ZZ 546 A PP le lieu apparent fera dans la bafe diftinéte. Foyez Miroir, CONCAVE & CATOPTRIQUE. On peut toûjours déterminer lé lieu apparent de : Pobjet dans un miroir convexe. Le lieu æpparent d’une étoile ; &c. eftun point de la furface de la fphère , déterminé par une ligne tirée de l'œil au centre de l'étoile , rc. Foyez LIEU. Le lien vrai ou réel fe détermine par une ligne tirée du centre de la terre , au centre de la planete, ou à l'étoile, &c. (0) APPARITEUR , f. m. ( Æiff. anc. & mod. ) c’eft le nom du bedeau d’une Univerfité , dont la fon- étion eft de porter la mafle devant les doéteurs des Facultés. 7. BEDEAU, UNIVERSITÉ ;» MASSE. On appelle auffi appariteurs | ceux qui ont Pem- ploi de citer quelqu'un devant un tribunal ecclé- fiaftique. Voyez SOMMER , CITATION. Les appariteurs , chez les Romaïns , étoient la mé- me chofe que les fergens ou les exempts parmi nous ;.ou plütôt c’étoit un nom générique , expri- mant tous les miniftres qui exécutoient les ordres des juges ou des magiftrats ; & de-là leur eft venu le nom d’appariteurs, formé d’apparere , être préfent. Sous le nom d’apparireurs , étoient compris ; féri- bæ , accenfi, interpretes | præcones , vlatores , litores , ffatores , & même carnifices , les exécuteurs, Foyez ScR1BE , LICTEUR , Gc. On les choififloit ordinai- rement parmi les affranchis des magiftrats : leur état étoit méprifé & odieux , tellement que le fénat im- pofoit comme une marque d’infamie à une ville qui s’étoit révoltée , le foin de lui fournir des appariteurs. Il y avoit auf une forte d’appariteurs des conor- tes, appellés cohortales & conditionales, comme étant attachés à une cohorte , & condamnés à cette con- dition. Les appariteurs des prétoires , apparifores pre- toriani , étoient ceux qui fervoient les préteurs &c les gouverneurs de provinces ; ordinairement le jour de la naïffance de leurs maîtres on les chan-. geoit, & on les élevoit à de Meilleures places. Les pontifes avoient aufli leurs apparireurs, comme il paroît par une ancienne infcription en marbre, qui eft dans la voie Appia: APPARITORI PONTIFICUM . PARMWLARIO. (G) #APPARITION , vifon, (Gram.) la vifion fe pale au-dedans , & n’eft qu'un effet de l'imagination : l’ap- parition fuppofe un objet au-dehors. $. Jofeph, dit M. l'abbé Girard , fut averti par une vifion de pañfer en Egypte : ce fut une apparition qui inftruufit la Ma- deleine de la réfurrreétion de Jefus-Chrift. Les cer- veaux échauffés & vuides de nourriture font fujets à des vifions.Les efprits timides 8 crédules prennent tout ce qui fe préfente pour des apparitions. Synon. Franç. APPARITION , fe dit e2 Affronomie d’un aftre ou d’une planete qui devient vifble, de caché qu'il étoit auparavant. | “Apparition eft oppofé dans ce fens à occulsation, Voyez OCCULTATION. Le lever du foleil eft plütôt une apparition qu'un vrai lever. Voyez SOLEIL & LEvVER. - Cercle d'apparition perpétuelle. Voyez CERCLE. (0 ‘ A DPAROIR , en fiyle de Palais , eft fynonyme à paroître + faire apparoir, c'eft montrer, prouver , conftater. (4H) ::* APPARONNÉ , adj. ( Comm. ) on dit à Bor- deaux qu’une barique , ou qu'un vaiffeau a éte appa- ronné, quand il a été jaugé par les officiers commis à cet eflet. A | APPARTEMENT , 11. m. ( Archireil.) Ce mot wient du Latin partimentum , fait du verbe partiri ; di- viler ; aufh entend-t-on par appartement la partie ef- fentielle d’une maïfon royale, publique ou particu- liere , compofée, lorfque lappartement eft complet, d’une ou plufieurs antichambres, de falles d’affem- blée , chambres à coucher, cabinet, arriere-cabinet, toilette, garde-robe, &c. En général on difingue deux fortes d’apparremens ; l’un que Pon appelle de. parade, l’autre de commodité ; ce dernier eft à l’ufage perfonnel des maîtres , & eft ordinairement expoié au midi ou au nord , felon qu'il doit être habité l’été ou l’hyver : les pieces qu'il compofe doivent être d’une médiocre grandeur , & d'une moyenne hau- teur ; c’eft pourquoi le plus fouvent , lorfque l’ef- pace du terrein eft reflerré, l’on pratique des entre- folles au-deflus pour les garde-robes , {ur-tout lorf- que ces appartemens de commodité font contigus à de grands appartemens , dont le diametre des pieces exige d'élever les planchers depuis 18 jufqu'à 20 ou 22 piés: ces petits appartemens doivent avoir des communications avec les grands , afin que les maîtres puiflent pañler de ceux-ci dans les autres pour recevoir leurs vifites , fans rifquer l’hyver de prendre l’air froid de dehors , ou des veftibules, an- tichambres, & autres lieux habités par la livrée ; & pour éviter la préfence des domeltiques ou per- fonnes étrangeres auxquels ces fortes de pieces {ont deftinées. Il eft fur-tout important d’éloigner ces ap- partemens des bafles-cours , & de la vüe des domef- tiques fubalternes , & autant qu'il fe peut même de la cour principale, à caufe du bruit des voitures qui vont & viennent dans une maïfon de quelqu'impor- tance. Le nombre dés pieces de ces appartemens de commodité n’exige pas l’appareïl d’un grand appar- tement ; le commode & le falubre font les chofes effentielles ; il fuffit qu’ils foient compofés d’une an- tichambre , d’une deuxieme antichambre ou cabinet, d’une chambre à coucher , d’un arriere-cabinet, d'une garde-robe , d’un cabinet d’atfance, 6'c. mais il fant effentiellement que ces garde-robes & an- tichambres foient dégagées, de maniere que les do- meftiques puiflent faire leur devoir fans troubler la tranquillité du maitre. Il faut favoir que lorfque ces appartemens font def- tinés à l’ufage des dames, ils exigent quelques pieces de plus, à caufe du nombre de domeftiques qui com- munément font attachés à leur fervice; qu'il faut augmenter le nombre des garde-robes, &c y pratiquer quelques cabinets particuliers de toilette, Etc. A l’égard des appartemens de parade, il faut qu'ils {oient fpacieux & expofés au levant, autant qu'il eft poffible , auffi bien que placés du côté des jar- dins , quand il peut y en avoir : il faut furtout que les enfilades regnent d’une extrémité du bâtiment à l’autre, de maniere que l’appartement de la droite & celui de la gauche s’alignent par l'axe de leurs portes &croifées, & s’uniflent avec fymmetrie avec la piece du milieu,pour ne compofer qu’un tout fans interruption, qui annonce d’un feul coup d'œil la grandeur intérieure de tout Pédifice. Sous le nom d'appartement de parade , on en difngue ordinaire- ment de deux efpeces ; l’un qui porte ce nom, l’au- tré celui de fociéré. Les pieces marquées F dans le plan de la onzieme Planche , peuvent être confidé- rées comme appartement de focièté ; c’eft-à-dire , def” tiné à recevoir les perfonnes de dehors , qui l’après- midi viennent faire compagnie au maître & à la mat- trefle du logis ; &c celles marquées Z compofent ce- lui de parade , où le maître pendant la matinée fe- coit les perfonnes qui ont affaire à lui, felon fa di- gnité : mais en cas de fête ou d’affemblée extraor- dinaire , ces deux appartemens fe réuniflent avec le grand fallon du milieu pour recevoir avec plus d’e- clat 8: de magnificence un plus grand nombre d’é- trangers invités par cérémonie ou autrement. Ces nds appartemens doivent auf être munis de gar- de-robes & de dégagemens néceffaires à l’ufage des maîtres, des étrangers & des domeftiques. Voyez la deftination de chacune de ces pieces, & la maniere dontilles faut décorer, dans les définitions des mots SALLE A MANGER , CHAMBRE À COUCHER, CA- BINET, Ge, (P) | APPARTEMENS d’un vaifleau, Il eft défendu aux gardiens de prendre leur logement dans les cham- bres &c principaux appartemens des vaifleaux , mais feulement à la famte-barbe ou entre les ponts. (Z ) . APPARTENANCE, f. f. (Manége.) {edit de toutes les chofes néceflaires pour compofer entierement le harnois d’un cheval de felle, de carroffe, de char- rette, c. quand on ne les détaille pas. Par exemple on dit une felle avec toutes fes appartenances , qui {ontles fangles , la croupiere , Gc. Voyez SELLE. (7) APPARTENANCE, {. f. (ex Droir. ) eft fynonyme à dépendance , annexe, &c. Voyez l’un & laure. Ce mot eft formé du Latin «4, à , 8 perrinere, ap- partenir. Les appartenanres peuvent être corporelles, com- me les hameaux qui appartiennent à un chef-lieu ; ou incorporelles , telles que les fervices des vaflaux ou cenfitaires. (Æ7 *APPAS, f m. pl. aëtrairs, charmes (Gram.); outre l’idée générale qui rend ces mots fynonymes , il leur eft encore commun de ñ’avoir point de fingulier dans le fens où on les prend ici, c’eft-à-dire , lorfqu'ils ont employés pour marquer le pouvoir qu’ont fur le cœur la beauté , l’agrément ou les graces : quant à leurs différences, les arrraits ont quelque chofe de plus naturel ; les appas tiennent plus de l'art, & il y a quelque chofe de plus fort & de plus extraordinaire dans les charmes. Les attraits {e font fuivre, les appas engagent, & les charmes entrainent. On ne tient gue- re contre les arrraits d’une jolie femme ; on a bien de la peine à fe défendre des appas d’une coquette; il eft prefqu'impoñlible de réfifter aux charmes dela beauté. On doit les arrraits & les charmes à la nature : on prend des appas à fa toilette. Les défauts qu'on re- marque diminuent l’effet des artraits ; les appas s’é- vanotiflent quand l’artifice fe montre : on fe fait aux charmes avec l’habitude & le tems. Ces mots ne s’appliquent pas feulement aux avan- tages extérieurs des femmes ; ils fe difent encore en ‘général de tout ce qui affelte agréablement. On dit que la vertu a des aftrairs qui fe font fentir aux vi- Cieux mêmes ; que la richefle a des appas qui font quelquefois fuccomber la vertu, & que le plaïfir a des charmes qui triomphent fouvent de la philofophie. Avec des épithetes, on met de grands artrairs , de puiflans appas, & d’invincibles charmes. Voyez Les Syron. Fran. APPAS, ou APPAST, f. m. fins. c’eft le nom géné: , rique fous lequel on comprend tous les moyens dont” on fe fert, foit à la pêche foit à la chaffe, pour fur- prendre les animaux. APPATER, v. a@. serme d'Oifeleur, mettre du grain ou quelqu’autre amorce dans un lieu pour y attirer les oïfeaux qu'on vent prendre. On doit «p- péter les perdrix pour les prendre au filet. On dit aufli en terme de pêche, appéter le poiflon. * APPAUMÉ, adj. ( serme de Blafon. ) il fe dit de la main ouverte dont on voit le dedans, que l’on ap- pelle la paume. : Baudry Piencourt en Normandie, de fable à trois mains droites , levées &c appaumées d'argent. (77) APPEAU , vieux terme de Palais , qui s’eft dit au- trefois pour appel : on dit même encore dans quel- ques jurifditions , le greffe des appeaux. (H APPEAU, f.m. c’eft un fifflet d'Oifé/eur avec lequel il attrappe les oifeaux en contrefaifant le fon de leur VOix : l’appeau des perdrix rouges eft différent de ce- Tome I, APP . 92 lu des perdrix grifes ; il y en a auffi pour appelles les cerfs, les renards, Ge. ce font des hanches fem. .blablés à celles de l’orgue, qui ont différens effets, felon les petites boîtes qui les renferment. On donne aufh le nom d’appeas aux oïfeaux qu'on éleve dans une cage, pour appeller les autres oifeaux qui paf- lent, &c que l’on nomme plus éommunement appe/- larrs. APPEL, ex terme de Droit, ef un ade judiciaire par lequel une caufe jugée par un tribunal inférieur eft portée à un fupérieur ; ou Le recours à un jugé fupérieur pour réparer lés griefs qui réfultent d’une fentence qu’un juge inférieur a prononcée, 7. JUGE | & Cour. Les appels fe portent du tfibunal qui à rendu le jugement dont eft appel, à celui d’où 1l reflortit nù- ment & fans moyen : par éxemple, d’un bailliage à un préfidial, d’un préfidial a parlement, lequel jugé fouverainement &c fans appel : mais il n’eft pas per- nus d’appeller, omiffo medio, c’eft-à-dire d’un pre> mer juge à un juge fupérieur d’un tiers tribunal in- termediaire. Il faut parcourir en montant tous les degrés de jurifdi@ions fupérieurs les uns aux autres: Il faut excepter de cette regle générale les appels en matiere crimunelle, lefquels fe portent reéla au parlement , omiffo medio. Il faut dire la même chofe, même en matiere civile, des appels de déni de ren- voi & d’incompétence. Voyez DÉNI. On à quelquefois appellé d’un tribunal eccléfiafti- que à un féculier ou à une cour laïque. Le pre- mier exemple que l’on en a , eft celui de Paul de Sa- mofate , lequel étant condamné & dépofé par le fe- cond concile d’Antioche, refufa de livrer la maiïfon épifcopale à Domnus, qui avoit été élù fon fuccef- {eur , & appella à Pempereur. La même chofe fe pratique journellement dans les cas où 1l ya lieu à l’appe/ comme d'abus. Foyez au mot ABUS: | L'appel a la force de fufpendre, toutes les/fois qu'il a pour objet de prévenir un mal qu’on ne pourroit réparer sl étoit une fois fait, Mais quand lappel n’a pour objet qu’un jugement préparatoire , de reglement ou d’inftruétion , il ne fufpend pas l’exécution du jugement , lequel eft exé- cufoire provifoirement & nonobftant l'appel. L'appel périt par le laps de trois ans, c’eft-à-dire lorfqu’on a été trois ans depuis le jour qu'il avoit été interjetté & fignifié, fans le pourfuivre ; l’appel- lant n’eft pas même recû à interjetter un fecond appel de la même fentence, laquelle acquiert par la pé- remption force de chofe jugée, & vaut arrêt. Voyez PÉREMPTION. D L’appellant qui fuccombe en fon appel, eit con- damné, outre les dépens , en l’amende de 6 livres dans les préfidiaux; & de 12 dans Les cours fupérieutes. APPEL comme d'abus, Voyez ABUS. APPEL fémple par oppofñtion à l'appel comme d'abus, eft celui qui eft porté d’une cour eccléfiafti- que inférieure à une fupérieure ; au lieu que l’appel comme d’abus eft porté d’une cout eccléfiaftique dans un parlement. Les appels dans les tribunaux eccléfaftiques font _portés comme dans Les cours laïques, du moins en France , par gradation & fans omifion de moyen, d’un tribunal à celui qui lui éft immédiatement fu- périeur , comme du tribunal épifcopal à celuide Par- chevêque , de celui de l'archevêque à celui du pa- triarche ou du primat , & de celui-ci au pape. Mais en France lorfque l’appel eft porté à Rome, le pape eft obligé, en vertu du concordat, #6. de caufis, de nommer des commuflaires en France pour juger de l'appel. De même fi l'appel d’un official François eft dévolu à un archevêché fitué hors de France ; les parties conviendront de juges ne dans le royau- Zi) ÿ 48 A PP me, finon illeur en fera nommé d'office par le par- lement, ainfi qu'il a été reglé par le concordat, 1h. Le fiége vacant, le chapitre connoit des appels dévolus à l’évêque. On peut appeller du chapitre où a affifté l’évêque comme chanoine , à l’évêque même : /eczs s’il y a aflifté comme préfident & en fa qualité de prélat. On ne fauroit appeller de l’ofcial à l’évêque. Lorfqu’une fois il y a eu trois fentences confor- mes dans.la même caufe, il n’y a plus lieu à lappez, & la décifion pañle-en force de chofe jugée. L'appel eft ordinairement dévolutit & fufpenff : mais 1l n’eft que dévolutif lorfqu'il s’agit d’une fen- tence de corretion , conforme aux flatuts fynodaux & aux canons des conciles , laquelle s'exécute pro- vifoirement nonobftantl’appel , me detur occafio licen- tiùs delinquendi. V. DÉVOLUTIF 6 SUSPENSIF. (H) On diftingue en général. deux fortes d'appel , l'ap- pel fimple & l'appel qualifié ; avoir, appel comme de juge incompétent , appel comme de déni de renvoi, appel comme de déni de juftice , & appel comme d'abus. Il n’y a en France que l'appel fimple qui foit entierement de La jurifdiétion eccléfiaftique ; & on prétend qu’elle ne peut prononcer que par bien ou mal jugé. Les appels qualifiés fe relevent contre cenx qui jugent, & au nom du Roi comme protecteur des canons & de la juftice. L'appel comme d'abus eft une plainte contre le juge eccléfiaftique, lorfqu'on pre- tend qu’ila excédé fon pouvoir & entrepris en quel- que maniere que ce foit contre la jurifciétion 1écu- liere , ou en général contre les libertés de l'Eglite gal- licane. Cette procédure eft particuliere à la France, On appelle quelquefois des jugemens des papes au futur concile, & nous avons dans notre hiftoire différens exemples de ces appels. Le dernier exemple qu’on en ait, eft l'appel interjetié au futur concile de la bulle Urigenims ; par les évèques de Mirepoix , de Senez, de Montpellier, & de Boulogne, auquel ac- céderent le cardinal de Noailles , 8 l'Univerfité de Paris, qui l’a retraété en 1739 fous le rettorat de M. Fabbé de Ventadour , aujourd’hui cardinal de Soubiie & évêque de Strasbourg. (G) APPEL, {. f. ( Eftrime.) eft une attaque qui fe fait d’un fimple battement du pié droit dans la même place. Voyez ATTAQUE. APPEL, {. f, en terme de Chaffe , eft une maniere de fonner du cor pour animer les chiens. APPELLANT , ex termes de Palais, eft une des arties collitigantes , qui fe prétendant léfée par un jugement , en interjette appel devant des juges fu- périeurs. (Æ) APPELLANT ; nom qu'on a donné au commence- ment de ce fiecle aux évêques & autres eccléfiafti- es, Éc. qui avoient interjetté appel au futur con- cile de la bulle Trigenitus, donnée par le pape CIé- ment XI. & portant condamnation du livre du pere Quefnel , intitulé RéZexions morales fur le norveau Teflament. (G) | APPELLANT , f. m. Chaffe, eft un oïfeau dont on {e fert quand on va à la chaffe des oïfeaux, pour en appeller d’autres & les faire venir dans les filets. APPELLATIF, ad}. (Grammaire.) du Latin appel- lativus , qui vient d’appellare, appeller, nommer. Le nom appellatif eft oppofé au nom propre. Il n’y a en ce monde que des êtres particuliers , Le foleil, la lune, certe pierre, Ce diamant, Ce cheval , ce chien. On a ob- fervé-que ces êtres particuliers fe reflembloient en- treux par rapport à certaines qualités ; on leur a | donné un nom commun à caufe de ces qualités com- munes entreux. Ces êtres qui végetent, c’eft-à-dire qui prennent nourriture &c accroiflement par leurs racines, qui ont un tronc, qui pouflent des branches & des feuilles, & qui portent des fruits; chacun de ces êtres, dis-je, eft appellé d’un nom commun ar- bre, ainfi arbre eft un nom appellauf. | Mais un tel arbre, cet arbre qui eft devant mes fenêtres , eft un individu d'arbre, c’efl-à-dire un ar- bre particuher. | Ainf le nom d'arbre eft un nom appellatif, parce qu’il convient à chaque individu particulier d'arbre; je puis dire de chacun qu'il eft arbre, © Par conféquent le nom appellatif eft une forte de nom adjectif, puifqu'il {ert à qualifier un être parti culier. | Obfervez qu'il ya deux fortes de noms appellatifss ‘les uns qui conviennent à tous les individus cu êtres particuliers de différentes efpeces ; par exemple, ar- bre convient à tous les zoyers, à tous les orangers, à tous les oliviers , G:c. alors on dit que ces fortes de - noms appellatifs {ont des noms de genre. La feconde forte de noms appellatifs ne convient qu'aux individus d’une efpece; tels font zoyer, oli- Vier ; Orarger. | Ainf animal eft un nom de genre, parce qu'il con- vient à tous les individus de différentes efpeces ; car je puis dire , ce chien eft un animal bien careflant , cet éléphant eft un gros animal, &c. chien , éléphant, lion, cheval , &c. font des noms d’efpeces. Les noms de genre peuvent devenir noms d’ef peces , fi on les renferme fous des noms plus éten- dus, par exemple fi je dis que l’arbre eft un étre ou une Jublance , que l'animal eft une fubflance: de même le nom d’eipece peut devenir nom de genre, s'il peut être dit de diverfes fortes d'individus fubordonnés à cenom; parexemple, chier fera un nom d’efpece par rapport à animal ; mais chien deviendra un nom de gez- re par rapport aux différentes efpeces de chiens ; car il y a des chiens qu'on appelle dogues , d’autres Zmiers , d’autres épagneuls , d’autres braques , d’autres métns, d’autres barbets , &c. ce font là autant d’efpeces dif- férentes de chiens. Aïnf chier , qui comprend toutes ces efpeces eft alors un nom de genre, par rapport à ces efpeces particuheres, quoiqu'il puiffe être en même tems nom d’efpece, s'il éft confdéré relati= vement à un nom plus étendu, tel qu’erimal ou Jub- france; ce qui fait voir que ces mots gezre, efpece {ont des termes métaphyfiques qui ne fe tirent que de la maniere dont on les confidere. (F) APPELLATION, f. f. cerme de Palais, qui au fond eft tout-à-fait fynonyme à appel; cependant il y a des phrafes auxquelles le premier eft fpécialement con- facré : par exemple, au parlement, pour éviter de prononcer expreflément fur le bien ou le mal jugé d’une fentence qu’on infirme , on dit la cour a mis l'appellation au néant; on ne dit jamais & rs l'appel au néant, On dit appellation verbale d’un appelinter- jetté fur une fentence rendue à Paudience ; on ne dit pas appel verbal. D'ailleurs le mot appellation a en- core ceci de particulier , qu’il fe peut dire au plurier & non pas appel, (H) | APPELLE , f. f. ( Marine. ) c’eft une forte de ma- nœuvre, voyez MANŒUVRE. Une manœuvre qui ap- pelle de loin ou de près , eft celle qui eft attachée loin ou près du lieu où elle doit fervir. (Z) * APPELLER , rommer (Grammaire) On romme pour diftinguer dans le difcours ; on appelle pour fais re venir. Le Seigneur appella tous les animaux & les zomma devant Adam. Il ne faut pas toüjours zo7- mer les chofes par leurs noms , ni appeller toutes for- tes de gens à fon fecours. Syzoz. Françous, APPELLER an cheval de la langue ( Manése. ) c'eft frapper la langue contre le palais, ce qui fait un fon qui muite le #4c. On accoütume les chevaux à cet avertiflement en l’accompagnant d’abord de quel- qu'autre aide, voyez AIDES, afin que par la fuite il réveille fon attention pour fon exercice, en enten- dant ce fon tout feul: (F7) APP APPENDICE , ff. ( Littérature.) du Latin apper- | dix ; chapitre accefloire ou dépendant d’un traité. Voyez ACCESSOIRE. Onemploye ce terme principalement en matiere de littérature pour exprimer-une addition placée à ‘la fin d’un ouvrage ou d’un'écrit , & nécellairepour | d’éclairciflement de ce qui n’a pas été fuflifamment expliqué, ou pour en tirer des conclufions ; en ce fens ce mot revient à ce qu'on appelle fspplément. Voyez SUPPLÉMENT. Le P. Jouvenci, à la fuite de fes notes & com- mentaires fur quelques Poëtes Latins, a donné un petit traité de Mythologie intitulé Appendix de dis & heroibus. (G) APPENDICE , 1 f. en terme d’ Anatomie , c’eft une partie détachée en quelque forte d’une autre partie à laquelle cependant elle eft adhérente ou continue. Il y a des apperdices membraneufes de différentes fi- gures dans la plüpart des parties intérieures du corps. Sur lappendice vermiculaire de l’inteftin cæcum. Voyez CÆCUM: Appendice xyphoïde , voyez XYPHO1DE. (L) APPENS. ( Guer- ) {. m. pl. eft un aflaflinat con- certé & preméedité. Appens ne fe dit plus que dans cette feule exprefion. ( H) * APPENSEL ( Géog. mod.) petite ville où gros bourg de Suifle , dans le canton d’Appenfel, le trei- zeme & dermier des cantons. Logitude 27. 6. lati- tude 47. 31. APPENTIS . { m. serme d’Archiretture, du Latin appendix , dépendance , qui n’a qu’un égoût , voyez ANGARD. _APPERT ( 11 ) terme ufîté au Palais, dans le Côom- rmerce € dans le ffyle de Chancellerie, pour fignifier :/ eft manifefle , avéré ou conftant ; c'eft un imperfonnel qui rend le mot Latin apparer , il apparoïît. (A) _ Les Négocians fe fervent fouvent de ce terme dans la tenue de leurs livres. Par exemple : M. Roger, Secrétaire du Roï, doit donner premier Juin, pour marchandiles , fuivant fa promefle payable dans trois mois, appert au journal de vente, fol. 2. Î. 40—10. APPESANTIR , v. att. rendre plus pefant , moins propre pour le mouvement , pour l’aétion : l’âge, la vielllefle, l’oifiveté , É:c. appefanniffent le corps. (L) APPESANTISSEMENT , {. m. l’état d’une per- fonne appefantie , foit de corps ; foit d’efprit , par l’âge, parla maladie ; par le fommeil , 6c, I] ef? dans un grand appefantiffément. (L) APPÉTER , v. a@. defirer par inftin@, par incl nation naturelle , indépendamment de la raifon. Lef° romac appete les viandes, la femelle appete le mâle. Pour- quoi appete-t-on des alimens folides & des liqueurs rafraë- chifantes , lorfqu'on eft fort échauffe , 6: excédé de faim 6 de fatigue ? APPÉTIT , f. m. ( Morake. ) ce mot, pris dans le fens le plus général , défigne la pente de lame vers un objet qu'elle fe repréfente comme un bien ; car cette repréfentation du bien eft la raifon fufifante qui détermine notre appérir , & l'expérience le prou- ve continuellement. Quel que foit l’objet que nous appetons ; eüt-il tous Les défauts imaginables, dès-là que notre ame fe porte vers lui , 1l faut qu’elle s’y repréfente quelque forte de bien , fans quoi elle ne fortiroit pas de létat d’indifférence. Les fcholafftiques ont diftingué un doublé appétir, concupifcible & irafciblé ; le premier ; c'eft l'appétit proprement dit, la détermination vers un objet en tant qu’elle procede des fens ; Pappétir irafcible, e’eft l’averfion ou l'éloignement. _ À cette diftin@ion des écoles, nous en fubflitue- rons une autre plus utile entre Pappésirfenfinf & lap- péit raifonrable. L’appéur fenfitif eft la partie infé- APP 340 rieure de la faculté appétitive de Famé cet appéris naît de l’idée confufe que l'ame acquiert par la voie des fens. Je bois du vin que mon goût trouve bon; & le-retour de cette idée que-mon.goût m'a dünné , me fait naître l'envie d’en boire de nouveau, C’eft à ce genre d’appérir que fe boïnent la plüpart des hommes , parce qu'il y én a peu quis’élevent au deflus de la région des idées confufes. De cette four: ce féconde naïflent toutes les paflons. 22 M L’appérit raifonnable eft la partie fupérieure dé là faculté appétitive de lame, & elle conftitue la vo: lonté proprement dite. Cet appéur eft l’inclination de lame vers un objet à cäufe du bien qu’elle récon< noït diftinétement y être. Je feuillete un ivre, & j'y appercois plufieurs chofes excellentes , 8 dont je uis me démontrer à moi-même l'utilité ; là-deffus je forme le deffein d'acheter ce livre ; cét aéte eft un atte de volonté, c’eft-à-dire , d’appéti raifonnable: Le motif ou la raifon fuffifante de cet appérir eft donc la repréfentation diffinéte du bien attaché à un ob- jet. Lelivre en queftion enrichira mon ame de telles connoïflances , 1l la délivréra de telles erreurs ; l’ë- numération diftinéte de ces idées eft ce qui mé dé: termine à vouloir l'acheter ; ainfi la loi générale de l'appétit , tant fenfitif que raifonnable , eft là même. Quidquid nobis reprefenramus canquam bonum quoad nos, id appetimus, Lifez la P{ychol, de M. Wolf, part. IT, feët. I, ch. ÿ.(X) * APPIADES , f. f. cinq divinités ainfi nommées , parce que leurs temples ctoient à Rome aux envi- rons des fontaines d’Appius, dans la grande place de Céfar; c’étoient Venus, Pallas, Veïta ; la Con- corde & la Paix. * APPIENNE( LA VOIE ) grand chemin de Rome, pavé, qu'Appius Claudius , cenfeur du peuple Ro- main , fit conftruire l’an 444 de Rome; ilcommen- çoit au fortir de la porte Capenne , aujourd’hui porté de faint Sebaftien, paflant fur la montagne qu’on appelle de /anéfi Angeli, traverfoït la plaine Valdra- ne, agri Valdrani , les Palus Pontines, &c finifloit à Capoue. Il avoit vingt-cinq piés de largeur avec des rebords en pierres qi fervoient à contenir celles dont le chemin étoit fait, de douze en douze piés: On y avoit ménagé, d’efpace en efpace, des efpeces de bornes pour aider les cavaliers à monter à cheval, ou pour fervir comme de fiéges fur lefquels ceux qui étoient à pié puflent fe repoler. Caius Gracchus y fit placer de'petites colonnes qui marquoient les milles. *APPIUS( MARCHE D’) ( Hifi, anc. ) Ine faut pas entendre feulement par le marché d’ Appius une place de Rome, mais plütôt un petit bourg diftant de cette ville d'environ trois milles. Nos Géographes prétendent que le petit bourg de Saint-Donate eft le forum Æppii des anciens. | APPLANIR , v. a@. c’eft, dans un grand nombre d’arts, enlever les inégalités d’une furface ; ainfi on applanit un terrein, en agriculture", en uniffant & mettant de niveau toute fa furface. APPLATI , adj. m. /phéroïde applati eft celui dont lPaxe eft plus petit que le diametre de l'équateur: Voyez ALLONGÉ , SPHÉROIDE , & Terre. (0) APPLATIR, v. a@. c’eftaltérer la forine d’un corps , felon quelqu’une de fes dimenfions , de ma- niere que la dimenfion du corps felon laquelle fe fera faite l’altération de fa forme en foit rendue moindre : exemple ; fi l’on applatit un globe par un de fes poles ; la ligne qui pañléra par ce pole ; & qui fe terminera à l’autre pole ; fera plus courte après l’applatiffement qu’elle ne létoit auparavant. Ce qui rend le mot applauir difficile à définir exac= tement, c’eft qu'il faut que la définition convienne à tous les corps , de quelque nature & de quelque figure qu'ils foient , avant &c après l’applatiflement, 550 APuP réguliers owirréguliers , terminés par des furfaces planes ou par des furfaces convexes capables de con- denfation ou non. Pour cet effet, concevez une puiffance appliquée au corps qu’on applatit; imaginez une ligne tirée à travers ce corps dans la direétion de cette puiffan- ce; fi de cette ligne indéfinie qui marque la direftion de la puiffance, la partie interceptée dans la folidité du corps, fe trouvé moindre après l’aétion de la puif fance qu'elle ne l’étoit auparavant, le corps eft ap- plati dans cette dire&ion. I éft évident que cette notion de l’applatiffement convient à chaque point de la furface d’un corps ap- plati pris féparément, & qu’elle eft par conféquent générale, quoiqu’elle femble d’abord fouffrir une ex- Cception. pages APPLATIR. Voyez PRESSER , ex terme de Corne- fier. APPLATISSOIRES ,.f. f. pl. c’eft dans Les ufines oZ l’on travaille le fer | le nom que l’on donne À des parties de moulins qui fervent à applatir & éten- dre les barres de fer , pour être fondues de la même chaude dans les grandes fonderies, ou d’une autre chaude dans les, petites fonderies. Voyez Les articles FORGES, FONDRE , FONDERIES petites & grandes. Ces parties qu'on appelle applariffoires,, ne {ont au- tre chofe que des cylindres de fer qu’on tient appro- chés ou éloignés à difcretion, & entre lefquels la barre de fer entrainée par le mouvement qüe font ces cylindres fur eux-mêmes & dans le même fens , eft allongée & étendue. Voyez la Planche 12.des forges : les parties C, D , des figures 1. 2. 3. {ont des applatif- Jotres : lufage des applatiffoires s’entendra beaucoup mieux à l’article FORGES , où nous expliquerons le méchanifme entier des machines dont les applarifloi- res ne font que des parties. | APPLAUDISSEMENT , f. m. ( Hif£. anc.) les ap- plau.üffemens chez les Romains accompagnoient les acclamations , & il y en avoit de trois fortes : la pre- miere qu'on appelloit hombi, parce qu'ils imitoient - le bourdonnement des abeilles : la feconde étoit ap- pellée mbrices | parce qu’elle rendoit un fon fembla- ble au bruit que fait la pluie en tombant.fur des tui- les ; & la troifieme fe nommoit #/fe , parce qu’elle imitoit le fon des coquilles ou caftagnettes : tous ces applaudiffemens | comme les acclamations , fe don- noient en cadence ; maïs cette harmonie étoit quel- quefois troublée par les gens de la campagne qui ve- noient aux fpeétacles, & qui étoient mal initruits. Il y avoit encore d’autres manieres d’applaudir ; comme de fe lever, de porter les deux mains à la bouche , & de les dvancer vers ceux à qui on vou- loit faire honneur ; ce qu’on appelloit «dorare, ou bafta jaëtare ; de lever les deux mains jointes en croi- fant les pouces ; & enfin de faire voltiger un pan de fa roge. Mais comme cela étoit embarraflant , l’em- pereur Aurélien s’avifa de faire diftribuer au peuple des bandes d’étoffe pour fervir à cet ufage. Mém. de l’Acad. des Belles-Lettres. (G@) - FAPPLEBY , (Géog. mod, ) ville d’Angleterre, cap. de Weftmorland , fur PÉden. Long. 14. 50. lat, 54. 40. * APPLEDORE , ( Géog. mod.) petite ville du comté de Kent, en Angleterre, fur la riviere de Photen , à deux lieues au nord du château de Rye. APPLICATION , £. £. ation par laquelle on ap- plique une chofe fur une autre ; l'application d’un re- zrede fur une partie malade. Il fe dit aufli de l’adaptation des particules nour- ricieres en place de celles qui fe font perdues. Foyez NuTRiTIiON. (L ). | APPLICATION , c’eft l’aétion d’appliquer une chofe à une autre, en les approchant, ou en les met- tant lune auprès de l’autre, À P P On définit le mouvement , l'application fucceffive d’un corps aux différentes parties de lefpace Voyez MOUVEMENT. Pr On entend quelquefois en Géométrie par applica- ton , ce que nous appellons en Arithmétique diyifion. Ce mot eft plus d’ufage en Latin qu’en François : applicare 6 ad 3 , eft la même chofe que divifer G par 3. Voyez Division. ; Application , le dit encore de l’aion de pofer où d'appliquer lune fur l’autre deux figures planes éga- les ou inégales. | C’eft par l'application où fuperpoñition qu’on dé- montre plufieurs propoñtions fondamentales de la Géométrie élémentaire ; par exemple , que deux triangles qui ont une même bafe & les mêmes angles à la bafe , font égaux en tout ; que lé diametre d’un cercle le divife en deux parties parfaitement égales; qu'un quarré eft partagé par fa diagonale en deux triangles égaux & femblables, Ge. Voyez SuPER- POSITION. | APPLICATION d'une fcience à une autre, en général, fe dit de l’ufage qu’on fait des principes & des vérités qui appartiennent à l’une pour perfec- tionner & augmenter l’autre. | En général, il n’eft point de fcience ou d’art qui ne tiennent en partie à quelqu’autre.Le Difcours pré- liminaire qui eft à la tête de cet Ouvrage, & les grands articles de ce Diétionnaire, en fourniffent par-tout la preuve. APPLICATION de l’Algebre ou de l’Analyfe à la Géo- mérrie, L’Algebre étant, comme nousl’avons dit à fon article, le calcul des grandeurs en général, & lA- nalyfe l’ufage de PAlgebre pour découvrir les quans tités inconnues ; il étoit naturel qu'après avoir dé- couvert l’Algebre & PAnalyfe, on fongeât à appli- quer ces deux fciences à la Géométrie , puifque les lignes , les furfaces, & les folides dont la Géométrie s’occupe , font des grandeurs mefurables & compa- rables entr'elles , & dont on peut par conféquent affi- gner les rapports. Voyez ARITHMÉTIQUE UNIVER- SELLE. Cependant juiqu’à M. Defcartes , perfonne n’y avoit pen{é, quoique l’Âlsebre eût déjà fait d’af- fez grands progrès, fur-tout entre les mains de Viete. Voyez ALGEBRE. C’eft dans la Géométrie de M. Defcartes que l’on trouve pour la premiere fois l’ap- plication de l’Algebre à la Géométrie , ainfi que des methodes excellentes pour perfettionner l’Algebre même : ce grand géme a rendu par là un fervice immortel aux Mathématiques, & a donné la clé des plus grandes découvertes qu'on pût efpérer de faire dans cette fcience. Il a le premier appris à exprimer par des équa- tions la nature des courbes , à réfoudre par le fe- cours de ces mêmes courbes , les problèmes de Géo- métrie ; enfin à démontrer fouvent les théorèmes de Géométrie par.le fecours du calcul algébrique, lorf- qu'il feroit trop pénible de les démontrer autrement en fe fervant des méthodes ordinaires. On verra aux articles CONSTRUCTION, ÉQUATION, COURBE, , (72 & 3 A en quoi confifte cette application de l’Algebre à la Géométrie. Nous ignorons files anciens avoient quel- que fecours femblable dans leurs recherches : s'ils n’en ont pas eu, on ne peut que les admirer d’avoir été fi loin fans ce fecours. Nous ayons Le traité d’Ar- chimede fur les fpirales , & fes propres démonftra- tions ; il eft difficile de favoir fices démonftrations expofent précément la méthode par laquelle 1l eff parvenu à découvrir les propriétés des fpirales ; ou fi après avoir trouvé ces propriétés par quelque mé- thode particuliere, il a eu deffein de cacher cette méthode par des démonftrations embarraflées. Maïs s’il n’a point en effet fuivi d’autre méthode que celle qui eft contenue dans ces démonflrations mêmes, il et étonnant qu'il ne fe foit pas égaré; & on ne peut donner une plus grande preuve de la profondeur & de l'étendue de fon génie: car Bouillaud avoue qu'il n’a pas entendu les démonftrations d’Archimede, & Viete les a imuftement accufées de paralogifme. Quoïqu’il en foit , ces mêmes démonftrations qui ont coûté tant de peine à Bouillaud & à Viete, & peut-être tant à Archimede , peuvent aujourd’hui être extrèmement facilitées par l’applicationde l’Alge- bre à la Géométrie. On en peut dire autant de tous les ouvrages géométriques des Anciens , que pref- que perfonne ne lit par la facilité que donne l’Alge- bre de réduire leurs démonftrations à quelques li- gnes de calcul. Cependant M. Newton qui connoïfloit mieux qu'un autre tous les avantages de PAnalyfe dans la Géométrie , {e plaint en pluñeurs endroits de fes ou- vrages de ce qué la lecture des anciens Géometres ef abandonnée. En effet, on regarde communément la méthode dont les anciens {e font fervis dans leurs livres de Géométrie, comme plus rigoureufe que celle de l'A- nalyfe; & c’eft principalement fur cela que font fon- dées les plaintes de M. Newton, qui craignoit que par l’ufage trop fréquent de Analyfe , la Géométrie ne perdit cette rigueut qui caraétérife fes démonftra- tions. On ne peut nier que ce grand homme ne fût fondé, au moins en partie, àrecommanderjufqu'à un certain point, la lefture des anciens Géometres. Leurs démonftrations étant plus difficiles, exercent davantage lefprit, l’accoütument à une application plus grande, lui donnent plus d’étendue, & le for- ment à la patience & à l’opimätreté fi néceffaires pour les découvertes. Mais il ne faut rien outrer ; & fon s’en tenoit à la feule méthode des anciens, il n’y a pas d'apparence que, même avec le plus grand gé- me, on püt faire dans la Géométrie de grandes dé- couvertes, où du moins en aufh grand nombre qu’a- vec le fecours de l’Analyfe. À l’égard de l’avantage qu’on veut donner aux démonftrations faites à la ma- niere des anciens, d’être plus rigoureufes que les dé- monftrations analytiques; je doute que cette préten- fion foit bien fondée.J’ouvre les Principes de Newton: je vois que tout y eft démontré à la maniere des an- ciens,mais en même tems je vois clairement que New- ton a trouvé fes théorèmes par une autre méthode que celle par laquelle il les démontre , & que fes démonf- trations ne font proprement que des calculs analyti- ques qu'il a traduits & déguifés , en fubftituant le nom des lignes à leur valeur algébrique. Si on prétend que les démonftrations de Newton font rigoureufes, ce qui eft vrai, pourquoi les traduétions de ces démontf- trations en langage algébrique ne feroïent-elles pas rigoureufes aufh? Que j'appelle une ligne 4 B, ou que je la défigne par l’expreffion algébrique 2 , quelle différence en peut-il réfulter pour la certitude de la démonftration ? À la vérité la derniere dénomination a cela de particulier, que quand j'aurai défigné tou- tes les lignes par des caraéteres algébriques, je pour- rai faite fur ces caraéteres beaucoup d’opérations, fans fonger aux lignes n1 à la figure : mais cela même eft un avantage; l’efprit eft foulagé : il n’a pas trop de toutes fes forces pour réfoudre certains proble- mes, & l’Analyfe les épargne autant qu’il eft pof- fible ; il fufñit de favoir que les principes du cal- cul font certains, la main calcule en toute füreté, & arrive prefque machinalement à ün réfultat qui don- ne le théorème ou le problème que l’on cherchoit, &c auquel fans cela l’on ne feroit point parvenu, ou l’on ne feroit arrivé qu'avec beaticoup de peine. Il ne tiendra qu’à l’Analyfte de donner à fa démonftra- tion ou à fa folution la rigueur prétendue qu’on croit Jui manquer; il lui fuffira pour cela de traduire la dé- monftration dans le langage des anciens, comme A PP 551 Newton a faitles fiennes. Qu'on fe contente donc de dire, que l’'ufage trop fréquent &trop facile de PA naly{e peut rendre l’efprit pareffleux, & on aura rai- {on, pourvû que l’on convienne en même tems de la néceflité abfolue de l’Analyfe pour un grand nombre de recherches: mais je doute fort que cet ufage ren- de les démonftrations mathématiques moins rigou: reufes. On peut regarder la méthode des anciens, comme une route difficile , tortueufe, embarraffée ; dans laquelle le Géometresguide fes leéteurs : l’Ana- lyfte, placé à un point de vûe plus élevé, voit, pour ainf-dire, cette route d’un coup d'œil; il ne tient qu'à lui d’en parcourir tous les fentiers, d'y conduire les autres, & de les y arrêter auffi long- tems qu'il le veut. | Au refte, il y a des cas où l’ufagedel’Analyfe, loin d’abréger les démonftrations, les rendroit au contrai- re plus embarraflées. De ce nombre font entr'autres plufieurs problèmes où théorèmes, où il s’agit de comparer des angles entr’eux. Ces angles ne font ex- primables analytiquement que par leurs finus, & l’ex- preflion des finus des angles ef fouvent compliquée; ce qui rend les conftruétions & les démonitrations dificiles en ie fervant de l’Analyfe. Au refte, c’eft aux grands Géometres à favoir quandils doivent fai re ufage de la méthode des anciens, ou lui préférer l’Analyfe. Ilferoit difficile de donner fur cela des re: gles exaËtes &r générales. APPLICATION de la Géométrie à l'Algebre. Quoi qu'il {oit beaucoup plus ordinaire & plus commode d'appliquer lAlgebre à la Géométrie, que la Géomé- trie à Algebre; cependant cétte derniere application a lieu en, certains cas. Comme on repréfente leslignes géométriques par des lettres, on peut quelquefois repréfenter par des lignes les grandeurs numériques que.des lettres expriment, & il peut même dans quel- ques occafons en réfulter plus de facilité pour la dé- monftration de certains théorèmes, ou la réfolution de certains problèmes. Pour en donner un exemple fimple, je fuppofe que je veuille prendre le quarré de a+ b ; je puis par le calcul algébrique démontrer que ce quarré contient le quarré dez, plus celui de &, plus deux fois le produit de + par &. Mais je puis auf dé- montrer cette propoftion en me fervant de la Géo- métrie. Pour cela, je n’ai qu’à faire un quarré , dont je partagerai la bafe & la hauteur chacune en deux parties, d’ont j'appelleraï l’une 4, & l’autre ; enfui- te tirant pat les points de divifion des lignes paralle- les aux côtés du quarré, je diviferai ce quarré en qua- tre furfaces, dont on verra au premier coup d’œil , que l’une fera le quarrré de 4, une autre celuide &, & les deux autres feront chacune un re@tangle formé de a & de b; d’où il s'enfuit que le quarré du bi- nome 4 + b contient le quarré de chacune des deux parties, plus deux fois le produit de la premiere par la feconde. Cet exemple très-fimple & à la portée de tout le monde , peut fervir à faire voir comment on applique la Géométrie à l’Algebre, c’eft-à-dire , com- ment on peut fe fervir quelquefois de la Géométrie pour démontrer les théorèmes d’Alsebre, Au refte, l'application de la Géométrie à l’Alge- bre, n’eft pas fi néceffaite dans l’exemple que nous venons de rapporter, que dans plufieurs autres , trop compliqués pour que nous en faffions ici une énumé- ration fortétendue. Nous nos contenterons de dire, qué la confidération, par exemple, des courbes de gsenré parabolique, & du cours de ces cotirbes par rapport à leur axe, eft fouvent utile pour démon- . LA . trer aifément plufieurs théorèmes fur les équations 8g fur leurs racines. Voyez entr’autres, l’ufagé que M. l'abbé de Gua a fait de ces fortes de courbes, Mer, Acad, 1741, pour démontrer la fameufe regle de Def: cartes fur le nombre des racines des équations. F4 oyeg PARABOEIQUE, CONSTRUCTION, &c, D : 397 À P P Onrpeut même quelquefois appliquer la Géométrie à l’Arithmétique , c’eft-à-dire, fe fervir de la Géomé- trie, pour démontrer plus .aifément fans Analyfe & d’une maniere générale, certains théorèmes d’Arith- métique ;par-exemple , que la fuite des nombres im- pairs 1, 35 5 75 9 ce. ajoûtés fucceflivement, donne la fuite des quarrés 1, 4,0, 16, 25, Gre. Pour cela, faites un triangle reétangle 4 B E (fre. 65. Méchan.) dont un côté foit horifontal, & l’au- tre vertical (je les défigne par horifontal & verti- cal pour fixer l'imagination ): divifez le côté ver- tical 4 B-en tant de parties égales que vous voudrez, & par les-points dedivifon 1, 2, 3, 4, &c. menez les paralleles 1 f. 2 g, 6c. à BE ; vous aurez d’abord le petit triangle 4 1 f, enfuite le trapeze 1 fg 2, qui vaudra trois fois ce triangle, puis un troifieme tra- peze 28 h3, qui vaudra cinq fois le triangle. De for- te-que les efpaces terminés par ces paralleles 1 f, 2 g. Gc. feront repréfentés par les nombres fuivans, 1,33 5» 7, Gc. en commençant par le triangle A1 f, & défignant ce triangle par 1, s. Or les fommes de ces efpaces feront les triangles Aif,A2g,AÀ 3h, 6c.quifont comme les quarrés les côtés 41,42, 4 3, c’eft-à-dire, comme, 4, 9, &c. donc la fomme des nombres impairs donne la fomme des nombres quarrés. On peut fans doute dé- montrer cette propofition alogébriquement: mais la démonftration précédente peut fatisfaire ceux qui ignorent l’Alsebre. Voyez ACCÉLÉRATION. APPLICATION de la Géométrie & de l'Algebre à la Méchanique. Elle eft fondée fur les mêmes principes que l'application de l’Algebre à la Géométrie. Elle confifte principalement à repréfenter par des équa- tions les courbes que décrivent les corps dans leur mouvement, à déterminer l'équation entre les efpa- ces que les corps décrivent (lorfqu'iis font animés par des forces quelconques ), & le tems qu’ils em- ployent à parcourir ces efpaces, 6c. On ne peut, à la vérité, comparer enfemble deux chofes d’une na- ture différente, telles que l’efpace & Le tems: mais on peut comparer le rapport des parties du tems avec celui des parties de l’efpace parcouru. Le tems, par fa nature, coule uniformément, & la méchani- que fuppofe cette umformité. Du refte, fans connot- tre le tems en lui-même, & fans en avoir de mefure précile, nous ne pouvons repréfenter plus clairement le rapport de fes parties, que par celui des parties d’une ligne droite indéfinie. Or l’analogie qu'il y a entre le rapport des parties d’une telle ligne, & celui des parties de l’efpace parcouru par un corps qui fe meut d’une mamiere quelconque, peut toiyours être exprimé par une équation. On peut donc imaginer une courbe, dont les abfcifles repréfentent les por- tions du tems écoulé depuis le commencement du mouvement; les ordonnées correfpondantes défignant les efpaces parcourus durant ces portions de tems, L’équation de cette courbe exprimera, non le rapport des tems aux efpaces, mais, fi on peut parler ainf, Je rapport du rapport que les parties de tems ont à leur unité, à celui que les parties de l’efpace parcou- ru ont à la leur; car l'équation d’une courbe peut être confidérée, ou comme exprimant le rapport des ordonnées aux abfcifles , ou comme l'équation entre le rapport que les ordonnées ont à leur unité, & ce- Jui que les abfciffes correfpondantes ont à la leur. Il eft donc évident que par l'application {eule de Ja Géométrie & du calcul, on peut, fans le fecours d'aucun autre principe, trouver les propriétés géné- rales du mouvement, varié fuivant une loi quelcon- que. On peut voir à l’article ACCÉLÉRATION un exemple de l’application de la Géométrie à la Mécha- nique; les tems de la defcente d’un corps pefant y Æont repréfentés par l’abfcifle d’un triangle , les vitef- {es par les ordonnées, ( Voyez ABSCISSE 6 ORDON- A PP NÉE.) &c les efpaces parcourus par l'aire dés parties du triangie. Voyez TRAJECTOIRE, MOUVEMENT, TEMS, &c. | | | APPLICATION de la Méchanique à la Géométrie. Elle confifte principalement dans l’ufage qu'on fait quelquefois du centre de gravité des figures, pour dé- terminer les fohides qu'elles forment. F: CENTRE DE GRAVITÉ APPLICATION de {a Géométrie & de Affronomie à la Géographie. Elle confifte en trois chofes. 1°. À dé- terminer par les opérations géométriques & aftrono- miques la figure du globe que nous habitons. Voyez FIGURE DE LA TERRE, & DEGRÉ, Ec. 2°. A trou- ver par l’obfervation des longitudes & des latitudes la pofition des lieux. , Loncirupe 6 LATITUDE. 3°. À déterminer par des opérations géométriques, la pofñtion des lieux peu éloignés l’un de l’autre. Voyez CARTE. L’Aftronomie & la Géométrie font auffi d’un grand ufage dans la navigation. Ÿ. NaviGATIoN, Etc. APPLICATION de La Géométrie & de LAnnlyfe a la Phyfique. C’eft à M. Newton qu'on la doit, comme on doit à M. Défcartes l'application de lAlgebre à la Géométrie. Elle eft fondée fur les mêmes principes que l'application de l’Algebre à la Géométrie. La pit- part des proprietés des corps ont entr’elles des rap- ports plus ou moins marqués que nous pouvons com- parer, & c’eft à quoi nous parvenons par la Géomé- trie, & par Analyfe ou Algebre, C’eit fur cette 4p- plication que font fondées toutes les fciences phyfico- mathématiques. Une feule obfervation ou expérience donne fouvent toute une fcience. Suppofez, comme on le fait par l’expérience, que les rayons de lumie- re {e réfléchiffent en faifant l’angle d'incidence égal à l’angle de réflexion, vous aurez toute la Catoptri- que. Ÿ. CATOPTRIQUE. Cette expérience une fois admufe, la Catoptrique devientune fcience purement géométrique , puifqu’elle fe réduit à comparer des an- gles & des lignes données de pofition. [l en eft de mé- me d’une infinité d’autres. En général, c’eft parle {e- cours de la Géométrie & de l’Analyfe, que l’on par- vient à déterminer la quantité d’un effet qui dépend d’un autre effet mieux connu. Donc cette fcience nous eft prefque toûjours néceflaire dans la compa- raïon & l'examen des faits que l'expérience nous de- couvre. Il faut avouer cependant que les différens . fujets de Phyfique ne font pas également fufceptibles de l’application de la Géométrie, Plufieurs expérien- ces, telles que celles de l’aimant, de l’éleétricité, & une infinité d’autres , ne donnent aucune prife au calcul ; en. ce cas il faut s’abftenir de l’y appliquer. Les Géometres tombent quelquefois dans ce défaut, en fubftituant des hypothefes aux expériences, & calculant en conféquence : maïs ces calculs ne.doi- vent avoir de force qu’autant que les hypothefes fur lefquelles ils font appuyés , font conformes à la na- ture ; & il faut pour cela que les obfervations les con- firment, ce qui par malheur n’arrive pas toüjours. D'ailleurs quand les hypothefes feroient vraies, elles ne font pas toijours fufifantes. S'il y a dans un effet un grand nombre de circonftances dûües à plufieurs caufes quiagiflent à la fois, & qu’on fe contente de confidé- rer quelques-unes de ces caufes, parce qu’étant plus fimples , leur effet peut être calculé plus aïfément ; on pourra bien par cette méthode avoir l'effet partiel de ces caufes: mais cet effet fera fort différent de l'effet total, qui réfulte de la réunion de toutes les caufes, APPLICATION de la Méthode géométrique à la Méra- phyfique. On a quelquefois abufé de la Géométrie dans la Phyfique , en appliquant le calcul des pro- priétés des corps à des hypothefes arbitraires. Dans les Sciences qui ne peuvent par leur mature être foù.- miles à aucun çalçul, on a abufé de la méthode des Géometres, A PP Géôrietres , parce qu’on ne pouvoit abufer que de la méthode. Plufieurs ouvrages métaphyfiques , qui ne contiennent fouvent rien moins que des vérités certaines , ont été exécutés à la maniere des Géo- metres ; & on y voit à toutes les pages les grands mots d’axiome , de théorème, de corollaire, &c. Lés auteurs de ces ouvrages fe font apparemment imaginés que de tels mots fafoient par quelque vertu fecrete l’eflence d’une démonftration , êt qu’en écri- vant à la fin d’une propoñtion, ce qu'il falloit démon trer , ils rendroient démontré ce qui ne l’étoit pas. Mais ce n’eft point à cette méthode que la Géomé- trie doit fa certitude , c’eft à l'évidence & à la fim- plicité de fon objet; & comme un livre de Géomé- trie pourroit être très-bon en s’écartant de la forme ordinaire , un livre de Métaphyfique ou de Morale peut fouvent être mauvais en fuivant la méthode des Géometres. Il faut même fe défier de ces fortes d’ou- vrages ; car la plüpart des prétendues démonftrations n’y {ont fondées que fur l’abus des mots. Ceux qui ont réfléchi fur cette matiere , favent combien l’abus des mots eft facile 8 ordinaire, fur-tout dans les ma- tierés métaphyfiques. C’eft en quoi on peut dire que les Scholaftiques ont excellé ; & on ne fauroit trop regretter qu'il n’ayent pas fait de leur fagacité un meilleur ufage. APPLICATION de la Méraphyfique à la Géométrie. On abufe quelquefois de la Métaphyfique en Géome- trie , comme on abufe de la méthode des Géometres en Métaphyfique. Ce n’eft pas que la Géométrie n'ait, comme toutes les autres Sciences, une méta- phyfque qui lui eft propre ; cette métaphyfique eft même certaine & inconteftable, puifque les propo- fitions géométriques qui en réfultent , font d’une évi- dence à laquelle on ne fauroit fe refufer. Mais com- me la certitude des Mathématiques vient de la fim- plicité dé fon objet, la Métaphyfique n’en fauroit être trop fimple & trop lumineufe : elle doit toüjours fe réduire à des notions claires, précifes & fans aucune obfcurité. En effet, comment les conféquences pour- roient-elles être certaines & évidentes, fi les princi- pes ne l’étoient pas ? Cependant quelques Auteurs ont crû pouvoir introduire dans la Géométrie une métaphyfique fouvent affez obfcure , & qui pis eft, démontrer par cette métaphyfique des vérités dont on étoit déjà certain par d’autres principes. C’étoit le moyen de rendre ces vérités douteuies , fi elles avoient pù le devenir. La Géométrie nouvelle a prin- cipalement donné occafon à cette mauvaife métho- -de. On a cru que les infiniment petits qu’elle confi- dere , étoient des quantités réelles ; on a voulu ad- mettre des infinis plus grands les uns que les autres ; ona reconnu des infiniment petits de différens ordres, en regardant tout cela comme des réalités ; au lieu de chercher à réduire ces fuppoñtions & ces calculs à des notions fimples. Voyez DIFFÉRENTIEL , INFINI 6 INFINIMENT PETIT. Un autré abus de la Métaphyfique en Géométrie, confifteà vouloir fe borner dans certains cas à la Méta- phyfique pour des démonftrations géométriques. En fuppofantmême queles principes métaphyfiques dont on part, foient certains & évidens , il n’y a guere de propofitions géométriques qu’on puifle démontrer ri- goureufement avec ce feul fecours,; prefque toutes demandent ,pour aimnfdire, latoife &le calcul. Cette nou de démontrer eft bien matérielle fi l’on veut: . mais Enfin c’eft prefque toûjours la feule qui foit füre. ” - C’eft la plume à la main, & non pas avec desraïfon- … nemens métaphyfiques, qu’on peut faire des combi- naifons & des calculs exa&s. Au refte, cette dermere métaphyfique dont nous parlons , eft bonne jufqu’à un certain point, poutvü qu'onne s’y borne pas : elle fait entrevoir les prin- cipes des découvertes ; elle nous fournit des vûes ; Tome LI, ADP 5% elle nous met dans le chemin: mais nous ne fommes bien fürs d’y être , fi on pent s’exprimer de la forte , qu'après nous être aidés du bâton du calcul, pour connoître les objets que nous n’entrevoyions aupara- vant que confufément, | Il femble que les grands Géometres devroïent être toûjours excellens Métaphyficiens , au moins fur les objets de leur fcience : cela n’eft pourtant pas toù- jours. Quelques Géometres reflemblent à des per: fonnes qui auroient le fens de la vûe contraire à celui du toucher: mais cela ne prouve que mieux combien le calcul eft néceffaire pour les vérités géo- métriques. Au refte je crois qu’on peut du moins affû- rer qu'un Géometre qni eft mauvais Métaphyficten fur les objets dont il s'occupe , fera à coup für Méta- phyfcien déteftable fur le refte. Ainfi la Géométrie qui mefuré les corps, peut fervir en certains cas à mefurer les efprits même. APPLICATION d’une chofe & une autre, en gêt fe dit, cz matiere de Science ou d'Art , poux défigner l’ufage dont la premiere eft , pour connoïtre où per- feionner la feconde. Ainfi l'application de la eycloi- de aux pendules, fignifie l’ufage qu’on a fait de la cy- cloide pour perfeétionner les pendules, Foyez PEN- DULE , CycLoipE, 6, & ainf d'une infinité d'au tres exemples. (0 ) APPLICATION, fe dit particulierement, ez Théolo- gie , de l’a@tion par laquellenotreSauveur nous trans- fere ce qu'il a mérité par fa vie & par fa mort. Voyez IMPUTATION. C’eft par cette application des mérites de Jefus- Chrift que nos devons être juftifies , & que nous pouvons prétendre à la grace & à la gloire éternelle. Les Sacremens font les voies ou les inftrumens ordi- naires par lefquels fe fait cette application, pourvü qu’on les recoive avec les difpofitions qu’exige le faint concile de Trente dans la vj. feffion. (G ) APPLIQUÉE,, {. f. ez Géométrie, c’eft en général une ligne droite terminée par une courbe dont elle coupe lé diametre ; ou en géneral c’eft une ligne droite qui fe termine par une de fes extrémités à une courbe, & par qui l’autre extrémité fe termine en- cote à la courbe même , ou à une ligne droite tra- céce fur le plan de cette courbe. Ainfi (fig. 26. Se. con.) E M, M M, font des appliquées à la courbe M A M. Voyez COURBE , DIAMÈTRE, 6c. | Le terme appliquée eft fynonyme à ordonnée. Va ORDONNÉE. (0) APPLIQUER, fignifie, ez Mathématique , tranf- potter une ligne donnée, foit dans un cercle, foit dans une autre figure curviligne ou rettiligne, en- forte que les deux extrémités de cette ligne foient dans le périmetre de la figure. Appliquer fienifie auffi dvifer, fur-tout dans les Auteurs Latins. Ils ont accoûtumé de dire duc AB in CD, menez AB [ur CD, pour, mulapliez À B. par C D ; ou faites un parallélogramme rettangle de ces deux lignes ; & applica À B ad CD, appliquez ABaCD, pour, divifi; 4 B par C D, ce qu'on exprime ainfi = On entend encore par appliquer, tracer l’une fur l’autre des figures différentes, mais! dont les aires font égales. ( £ APPIÉTRIR , v. paf. cerme de Commerce, On dit qu'une marchandife s’appiérrit lorfque fa bonté , fa qualité, fa valeur diminue , foit à caufe qu’elle fé corrompt ou fe gâte , foit parce que le débit ou la mode en eft pañlée , & qu'il s’en fait de mauvais reftes. Savary, diét. du Comm. tom. I. pag. 681. Ce terme paroît un compofé du mot pierre , qui fignifie mauvais, vil, méprifable, Voilà de pierre mar- chandife , pour dire une #auvaife marchandife. (G) APPOINT ox APOINT , terme de Banque ; c’eft une fomme qui fait la folde d’un compte ou le mon- Aaaa 5ÿ4 . A "PI P tant de quelques articles que lon tire jufte. On dit À J'ai un appoint de telle fomme à tirer fur un tel lieu, Voyez fur ce mot Samuel Ricard dans fon rraire général du Commerce , imprimé à Amfterdam en 1700, pag. 509; & le did, du Commerce de Savary , tom. I. pag. C81. Appoint fignifie aufli la même chofe que paffe dans les payemens qui fe font comptant en efpeces, c’eft- à-dire ce qui fe paye en argent fi le payement fe fait en or, ou en petite monnoie s’il fe fait en argent, pour parfaire la fomme qu’on paye & la rendre com- plete. Savary, did. du Comm. tom. I, p. 682. (G) APPOINTÉ , adj. m. ( Arc mil. ) Un fantaflin ap- pointé , c’eft celui qui reçoit une paye plus forte que les autres foldats , en confidération de fon courage, ou du tems qu'il a fervi. 7. ANSPESSADE. (Q) APPOINTÉ où MORTE PAYE , ( Marine.) c’eft un homme qui étant à bord ne fait rien sl veut, quoi- ue fa dépenfe & fes mois de gages foient employés pe l’état d'armement ; en quoi 1l differe du volon- taire, qui ne reçoit aucune paye. ( Z ) APPOINTÉ, en terme de Blafon, {e dit des chofes qui fe touchent par leurs pointes: ainfi deux che- vrons peuvent Être appointés : trois épées mifes en pairle, peuvent être appointées en cœur; trois fle- ches de même, &c, Armes en Nivernois, de gueules à deux épées d’ar- gent, apporntées en pile vers la pointe de l’écu , les gardes en bande & en barre, à une rofe d’or en chef entre les gardes , & une engrêlure de même autour de l’écu. (7) APPOINTÉ G joint, Voyez ci-deffous APPOINTE- MENT. | APPOINTEMENT , £. m. er termes de Palais, eft un reglement ou jugement préparatoire qui fixe & dé- termine les points de la conteftation , les qualités des parties, & la maniere dont le procès fera inftruit , lorfqu’il n’eft pas de nature à être jugé à l’audience, {oit parce que fa décifion dépend de quelque queftion qui mérite un examen férieux, ou parce qu’il contient des détails trop longs , ou parce que les parties de concert demandent qu'il foit appointé, c’eft-à-dire inftruit par écritures &c jugé fur rapport. #. Ecri- TURES 6 RAPPORT. Les appointemens des inftances appointées de droit, ne font point prononcés à l’audience , on les leve au greffe : telles font les inftances fur des comptes, fur des taxes de dépens où il y a plus de trois croix; les appels de jugemens intervenus dans des procès déjà ‘appointés en premiere inftance ; les caufes mifes fur le rôle pour être plaidées, qui n’ont pü être appel- lées dans l’année , &c. Voyez RÔLE, DÉPENS. Il y a plufieurs fortes d’appointemens : l’appointe- ment en droit, qui eft celui qui fe prononce en premie- re inftance : l’appointement à mettre, lequel a lieu ès matieres fommaires , & ne s’inftruit pas autrement qu'en remettant les pieces du procès à un rapporteur que le même jugement a dû nommer : l’appointement à écrire & produire | 6 donner caufes d ‘appel, comme quand on appointe une caufe fur le rôle de la Grand- Chambre : l’appointement en faits contraires , qui eft un délai pour vérifier des faits fur lefquels les parties ne font pas d’accord : l’appointement à oïir droit ) qui a lieu en matiere criminelle , lorfqw’après le recolle- ment & la confrontation Le procès ne fe trouve pas _ fuffifamment inftruit : l’apporntement en droit & joint, eft celui par lequel on a joint une demande incidente avec la demande principale, pour être jugées l’une & l’autre par un feul & même jugement. Appointement de conclufion, eft un arrêt de regle- ment fur l’appel d’une fentence rendue en procès par écrit. Voyez CONCLUSION: (A) APPOINTEMENS, penfon ou falaire accordé par les grands aux perfonnes de mérite ou aux gens à ta. A PP lens , à deffein de les attacher ou de les retenir à leur fervice, Voyez HONORAIRE. ,: On fefert communément en France du mot d'appoir:- temens ; par exemple , on dit le Roi donne de ctands appointemens aux Officiers attachés à {on fervice. Les appointemens font différens des gages, en ce que les gages font fixes & payés par les thréforiers ordi- naires , au lieu que les apporrztemens font des gratifi- cations annuelles accordées par brevet , pour un tems indeétermimé , &c aflignées fur des fonds parti- cuhers. (G) APPOINTER , serme de Corroyeur , c’eft donner la derniere foule aux cuirs pour les préparer à recevoir le fuif ; il eft tems d’appointer ce cuir de vache. APPOINTEUR , {. m. fe dit dans un fens odieux de juges peu afidus aux audiences, & qui n’y vien- nent guere que quand il eft befoin de leur voix pour faire appointer le procès d’une partie qu’ils veulent favoriler, Ce terme fe dit aufi de toutes perfonnes qui s’in- gerent à concilier des différends & accommoder des procès. (7) APPONDURE, f. f. terme de riviere ; mot dont on fe fert dans la compofition d’un train ; c’eft une por: tion de perche employée pour fortifier le chantier lorfqu’il eft trop menu. APPORT du fac ou des pieces ; c’eft la remife faite au greffe d’une Cour fupérieure, en conféquence de {on ordonnance , des titres & pieces d’un procès inf truit par des Juges inférieurs dont la jurifdiétion ref. fortit à cette cour ; & l’aéte qu’en délivre le greffier s'appelle ae d’apport. On appelle de même celui que donne un notaire à un particulier qui vient dépofer une piece , ow un écrit fous feing-privé dans fon étude , à l’effet de lui donner une date certaine. Apport {e dit auf, dans la coûtume de Reims, de tout ce qu’une femme a apporté en mariage, & de ce qui lui eft échü depuis , même des dons de nôces que fon mari lui a faits. Apport , dans quelques autres coûtumes , fe prend aufñ pour rentes & redevances , mais confidérées du côté de celui qui les doit. (Æ) APPORTAGE , f. m. serme de riviere, qui défigne & la peine & le falaire de celui qui apporte quelque fardeau. APPOSITION , f. f. cerme de Grammaire , figure de conftruttion, qu’on appelle en Latin epexegefrs, du Grec éneËnynos , compoié d’émi , prépofition qui a di- vers ufages, & vient d’irs, fequor ; & d’ééyyncic, enar- Tatro, On dit communément que l’appoftion confifte à mettre deux ou plufeurs fubftantifs de fuite au mêè- me cas fans les joindre par aucun terme copulatif, c’eft-à-dire, ni par une conjonéion ni par une pré- pofition : mais, felon cette définition , quand on dit la foi , Pefpérance , la charité font trois vertus théo- logales ; faint Pierre , faint Matthieu , faint Jean, &cc. étoient apôtres : ces façons de parler qui ne font que des dénombremens , feroient donc des appofiions. Jaime donc mieux dire que lappofiion confifte à mettre entemble fans conjotion deux noms dont l’un eft un nom propre, & l’autre un nom appellatif, en- forte que ce dernier eft pris adjeétivement , & eft le qualificatif de l’autre , comme on le voit par les exemples : ardebat Alexim , delicias Domini ; urbs Ro- ma, C'eft-à-dire , Roma que eff urbs : Flandre, théatre Janglant, &e. c’eft-à-dire qui eft le théatre fanglant, Gc. ainfi le rapport d'identité eft la raïfon de l’app0- Jition. (F) APPOSITION , f. f. c’eft l’a@tion de joindre ou d’ap- pliquer une chofe à une autre. Appofition {e dit er Phyfique, en parlant des corps qu prennent leur accroiffement par leur jonétion #véc les corps environnans. Selon plufeuts Phyfi- ciens, là plüpart des corps du regne foffile ou miné- ral fe forment par juxta-pofition ou par l’appoftion de parties qui viénnent fe joindre ou s’attacher les unes aux autres. Voyez JUXTA-POSITION. (0) APPRÉCIATEUR , serme de Commerce , celui qui met le prix légitime aux chofes, aux marchandi{es. On a ordonné que telles marchandifes feroient efti- mées &c 'imifes à prix par des appréciareurs & des ex: perts. | APPRÉCIATEURS ; l’on nomme aïnfi à Bordeaux ceux des commis du bureau du convoi & de la comp- tablié , qui font les appréciations & eftimations des marchandifes qui y entrent ou qui en fortent, pour régler le pié fur lequel les droits d'entrée & de fortie en doivent être payés. On peut voir Le détail de leurs fon@ions dans le Diéionn. du Comm. tom. I. p.G8 4. APPRÉCIATION, f. f. eftimation faite par experts de quelque chofe, lorfqu’ils en déclarent le véritable prix. On ne le dit ordinairement que des grains, den- rées ou chofes mobiliaires. On condamne les deébi- teurs à payer les chofes dûes en efpece ; finon la juf- te valeur , felon leppréciation qui en fera faite par expert. APPRÉCIER, v. aë&t. eflimer & mettre un prix à une chofe qu’on ne peut payer ou repréfenter en efpece. (G) | APPRÉHENSION ( Ordre encyclopédique. Enten- dement, Raifon. Philofophie ow fcience. Science de l’hom- me, Art de penfèr. Appréhenfion. ) eft une opération de l’efprit qui lui fait appercevoir une chofe ; ellé eft la même chofe que la perception. L’ame , felon le P. Malebranche, peut appercevoir les chofes en trois manieres ; par l’entendement pur , par l’imagi- nation , par les {ens. Elle apperçoit par lentende- ment pur, les chofes fpirituelles , les tnivertelles, les notions communes, l’idée de la perfeétion, & ge- néralement toutes fes penfées , lorfqw’elle les con- noît par la réflexion qu’elle fait fur elle-même. Elle apperçoit même par l’entendement pur , les chofes matérielles, Pétendue avec fes propriétés ; car iln'y a que l’entendement pur qui puifle appercevoir un cercle & un quarré parfait, une figure de mille cô- tés & chofes femblables ; ces fortes de perceptions s'appellent pures intelleions ou pures perceptions , par- ce qu'il n’eft point néceflaire que l’efprit forme des images corporelles dans le cerveau pour fe repré- fenter toutes ces chofes. Par l'imagination l’ame n’ap- perçoit que les êtres matériels. loriqu’étant abfens elle fe les rend préfens en s’en formant , pour ainfi dire, des images dans le cerveau; c’eft de cette mamiere qu’on imagine toutes fortes de figures. Ces fortes de perceptions {e peuvent appeller :maginarions, parce que l’ame fe reprefente ces objets en s’en formant des images dans le cerveau ; & parce qu’on ne peut pas fe former des images des chofes fpirituelles , 1l s'enfuit que l’ame ne peut pas les imaginer. Enfin lame n’apperçoit par Les fens que les objets fenfibles & groffers : lorfqw’étant préfens ils font impreffion fur les organes extérieurs de fon corps, & que cette impreffion fe communique au cerveau ; ces fortes de perceptions s'appellent feztimens ou fénfations. Quand le P, Malebranche prononce que les cho- es corporelles nous font repréfentées par notre ima- gination, &t les fpirituelles par notre pure intelligen- ce , s’entend-il bien lui-même ? De côté & d’autre n’eft-ce pas également une penfée de notre efprit, &t agit-il moins en penfant à une montagne, qui eft corporelle, qu’en penfant à une intelligence qui eft fpirituelle ? L'opération de l’efprit, dira-ton , qui agit en vertu des traces de notre cerveau par les ob- jets corporels, eft l’imagination ; & l'opération de lefprit indépendante de ces traces eft la pure intel- ligence. Quand les Cartéfiens nous parlent de ces Tome I, À , A PP 559 tracés du cérveau, difent-ils une chôfe férieufe à Avec quelle efpece de microfcope ont-ils apperçü ces traces qui forment l'imagination ? & quand ils lesauroientapperçües, peuvent-ils jamais favoir que Pefprit n’en a pas befoin pour toutes {es opérations; même les plus fpirituelles ? Pour parler plus jufte , difons que la faculté de penfer eft toûjours la même , tobjours également {pi rituelle, fur quelque objet qu’elle s'occupe. On ne prouve nullement fa fpiritualité, pitôt par un ob- jet que par un autre ; ni plütôt par ce qu'on appellé pure inéellechon ; que par ce qui s’appelle émagrna- zon., Les anges ne penfent-ls pas à des objets corpo- rels &c à des objets fpirituels ? Nous avifons-nous pour cela de diftinguer en eux l’imagination d'avec la pure intelligence ? Ont:ils beloin des traces du cer- veau d’un côté plûtôt que de l’autre ? Il en ef ainf de nous : dès que notre efprit penie , il penfe abfo- lument par une fpiritualité auf véritable que les purs etprits ; {oit qu'il s’appelle imagination, ou pure intel- ligence, Mais quand un corps fe préfente à notre efprit, ne dit-on pas qu'il s’y forme un fantôme ? Le mot /22%- éme, admis par d’anciens Philofophes , ne figniñe rien dans le fujet préfent ;, ou fignihe feulement lob: jt intérieur de notre efprit, en tant qu’il pente à un corps. Or cet objet intérieur et également fpirituel foit en penfant aux corps , loit en penfant aux ef- prits; bien que dans l’un & l’autre cas , 1l ait befoim du fecours des fens. Je concius que la différence eflentielle qu'ont voulu établir quelques-uns entre l'imagination & la pure intelligence , n’eft qu’une pure imagination. (_X APPRÉHENSION, f. f. ex cerme de Droir, fignifie la prie de corps d’un criminel, ou d’un débiteur. (A } * APPRENDRE , étudier , s’infiruire, ( Grammaire.) Etudier , c’eft travailler à devenir favant. Apprendre, c’eft réuflir. On étudie pour apprendre , & l’on ap- prend à force d'étudier. On ne peut éfudier qu'une chofe à-la-fois : mais on peut , dit M. l’Abbé Girard, en apprendre plufieurs; ce qui métaphyfquement pris n’eft pas vrai : plus On apprend, plus on fait ; plus on étudie, plus on fe fatigue. C’eft avoir bien éxxdié que d’avoir appris à douter. Il y a des chofes qu'on apprend fans les étudier, 8 d’autres qu’on érudie{ans les apprendre, Les plus favans’ne font pas ceux qui ont le plus éudié, mais ceux qui ont le plus appris. Synon. Franc. On apprend d'un maître ; on s’2/fruit par foi-mê- me. On apprend quelquefois ce qu’on ne voudroït pas favoir : mais on veut toùjours {avoir les chofes dont on s’irferuit. On apprend les nouvelles publiques; on s’infiruis de ce qui fe pañle dans le cabinet. On æp- prend en écoutant ; on s’2nffruir en interrogeant. APPRENTIF o4 APPRENTT , fm. ( Commerce. jeune garçon qu’on met & qu’on oblige chez un mar- chand ou chez un maïtre artifan dans quelque art ou métier , pour un certain tems, pour apprendre le commerce , la marchandife 8& ce qui en dépend, ow tel ou tel art, tel ou tel métier, afin de le mettre em état de devenir un jour marchand lui-même , ou mal tre dans tel ou tel art. Les apprentifs marchands font tenus d'accomplir le tems porté par les ftatuts ; néanmoins les enfans des marchands font réputés avoir fait leur appren- tiffage lorfqu'ils ont demeuré a@uellement en la maï- fon de leur pere ou de leur mere, faifant profefion de la même marchandife, jufqu’à dix-fept ans accom- plis , felon la difpoñition de l'Orconnance de 1673. Par les ftatuts des fix corps des marchands de Pa- ris, le tems du fervice des apprentifs, chez les maï- tres, eft différemment réglé. Chez les Drapiers-chauf£ fetiers, il doit être de trois ans ; chez les Epiciers-ci- tiers , droguiftes & confifeurs , de trois ans, & chez Aaaaï Les Apothicaires, qui ne font qu'un corps avec Eux, de quatre ans; chez les Merciers-jouailliers , de trois ns; chez les Pelletiers-haubanniets-foureurs , de quatre ans; chez, les Bonnetiers-aulmulciers-miton- miers, de cinq ans; & chez les Orfévres-jouailliers de huit ans. Les apprentifs doïvént être obligés pardevant no- taires , & un marchand n’en peut prendre qu'un feul à la fois. Outre les appremtifs de ces fix corps , il y a encote des apprentifs dans toutes les communautés des arts ‘& métiers de la ville & faubourgs de Paris ; ils doi- vent tous, aufli-bien que les premiers, être obligés pardevant notaires , & font tenus après leur appren- tifage , de fervir encore chez les maïtres pendant quelque tems en qualité de compagnons. Les années de leur apprentiffage, aufli-bien que de ce fecond fervice, font différentes , fuivant les différens ftatuts des communautés. Le nombre des appreniifs que les maîtres peuvent avoir à-la-fois , n’eft pas non plus uniforme. Aucun apprentif ne peut être reçüù à la maitrife sil n’a demandé & fait fon chef-d'œuvre. | La veuve d’un maître peut bien continuer Pap- prentifcommencé par fon mari, mais non pas en faire un nouveau. La veuve qui époufe un apprentif V’af- franchit dans plufieurs communautés. Les apprentifs des villes où il y a jurandes peuvent être recûs à la maîtrife de Paris , en faifant chef- d'œuvre, après avoir été quelque tems compagnons chez les maîtres , plus où moins, fuivant les com- muñautés. ( G ) APPRENTISSAGE, f. m. (Commerce) fe dit du tems que les apprentifs doivent être chez les mar- Chands ou maîtres des arts & métiers. Les brevets d’apprentiffage doivent être enrepiftrés dans les regif- tres des corps & communautés , & leur tems ne commence à courir que du jour de Îeur enregiitre- ment. Aucun ne peut être reçù marchand qu'il ne rapporte fon brevet &c fes certificats d’apprenuiflage. art, 3. du tit. 1. de l'Ordonn. de1673. (G) APPRENTISSE, £. £. ( Commerce. ) fille ou femme qui s'engage chez une maïtrefle pour un certain tems par un brevet pardevant notaires, afin d'apprendre {on art & fon commerce de la même maniere à peu près que les garçons apprentifs. Ÿ. APPRENTIF. (G) APPRÈÊT des étoffes de foie. Toutes les étoffes lé- geres de foie font apprêtées, principalement les fa- tins, qui prennent, par cette façon qu’on leur don- ne, du luftre & de la confiftance. Pour apprêter un fatin, on fait diffoudre de la gomme arabique dans une certaine quantité d’eau ; après quoi on pañle l’étoffe enroulée fur une enfuple, au-deffus d’un grand brafier, & à mefure qu’elle pañle , on l’enroule {ur une autre enfuple éloignée de la premiere de 12 piés environ. L’étoffe eft placée fur ces enfuples de maniere que l’ezdroit eft tourné du côté du brafier : c’eft entre ces deux enfuples que le brafer eft pofé ; & à mefure que l’ouvrier roule d’un côté la piece d’étoffe bien tendue, un autre ou- vrier pafle fur la partie de l’envers de l’étoffe , qui eft entre les deux enfuples, Peau gommée avec des éponges humeétées pour cette opération, La chaleur du brafñer doit être fi violente, que l’eau gommée ne puifle tranfpirer au travers de l'étoffe, qui en feroit tachée; de facon qu'il faut que cette eau feche à me- fure que la piece en eft humeëtée. Voilà la façon d’apprêter les petits fatins, Les Hollandois apprêtent les petits velours de la même façon, avec cette différence, que l’étoffe eft accrochée par la lifiere fur deux traverfes de bois, de diftance en diftance d’un pouce, pour lui confer- ver fa largeur au moyen de vis & écroues qui lem- pêchent de fe rétrécir. On ne décroche l’étoffe ap= prêtée que quand la gomme eff feche ,. ce qui rend l'apprét plus long à faire que pour une étoffe mince, On fuit une pareille méthode pour les étoffes fortes qui n’ont pas la qualité quelles exigeroient ; ce qui eft une efpece de fraude, On appelle dorneurs d'eau ces apprèteurs. … “Fa d APPRÊT, f.m. ez Draperie ; on comprend fous ce mot toutes Les opérations qui fuivent la foule , telles que le garniflage ou le tirage au chardon,, la tonte, laprefle, &c. Voyez l’article DRAPERIE, APPRÊT , terme de Chapelier ; ce font les sommes &c les colles fondues dans de l’eau, dont les chape- liers fe fervent pour gommer les chapeaux & leur donner du corps, afin que les bords {e foûtiennent d'eux-mêmes, & que leurs formes confervent toù- jours leurs figures. L’apprér eft une des dernieres fa- çons que les ouvriers donnent aux chapeaux, & une des plus difficiles; car pour que Papprér foit bon, il ne doit point du tout paroïtre en-dehors. 7, CHA« PEAU 6 CHAPELIER. APPRÊT , chez les Pelletiers. Les peaux qu’on def: tine à faire des fourrures, & qui font garnies de leur poil, doivent, avant que d’être employées par le Pelletier, recevoir quelques façons pour les adoucir. Cette préparation confie à les pañler en huile, fice {ont des peaux dont le poil tienne beaucoup : maïs fi le poil s’enleve aïifément, on les prépare à l’alun comme nous l’allons expliquer. Les principales peaux dont on fe fert pour les fourrures, font les martres de toute efpece, les her- mines , le caftor , le loutre, le tigre, le petit-gris , la fouine, l'ours, le loup de plufeurs fortes, le pu- tois, le chien, le chat, le renard, le hevre, le la- pin, l'agneau, & autres femblables. Maniere de palfer en huile les peaux deffinées à faire les fourrures. Si-tôt que les peaux font arrivées chez louvrier, on les coud enfemble de maniere que le poilne puifle pas fe gâter; enfuite on les enduit d'huile de navette qui eft la feule qui foit propre à cet ufage, après quoi on les foule aux piés pour y faire pénétrer l'huile & les rendre plus mania- bles, Si elles ne font pas fuffifamment adoucies , on réitere la même opération, & on y remet de nouvelle huile, jufqu'à ce qu’elles foient arrivées au point de pouvoir être maniées comme une étoffe. Cela fait, onles met fur le chevalet pour y être écharnées; & lorfqu’elles font bien nettoyées du côté de la chair, & qu’il n’y refte plus rien, on les découd & on les dégraifle de la maniere fui- vante. On étale les peaux fur la terre , le côté de la chair en-deflous ; & on les poudre du côté durpoil avec du plâtre bien fin & pañlé au tamus ; enfuite on bat les peaux avec des baguettes pour en faire tom- ber le plâtre. Il faut recommencer cette opération, jufqu’à ce qu’elles foie nt totalement dégraiflées & en état d’être employées. Mais comme il fe trouve fouvent des peaux dont le poil ne tient pas beaucoup, ces peaux perdroient leur poil fi on les pañloit en huile; ainfi au lieu d’hui- le, on les apprête de la maniere fuivante. On prend de l’alun, du fel marin, & de la farine de feigle : on délaye le tout enfemble dans de l’eau, & on en forme.une pâte liquide comme de la bouil- lie, enfuite on en enduit les peaux du côté de la chair; cette opération reflerre la peau & empêche le poil de tomber. Cette façon fe réitere jufqu’à ce que les peaux foient tout-à-fait devenues fouples & mania- bles ; après quoi on les porte chez le Pelletier pour y être employées en fourrures. AppRÊT (Peinture d’); c’eft ainfi qu'on appelle la peinture qui {e fait fur le verre avec des couleurs particulieres. On fe fert du verre blanc, Les couleurs appliquées fur ce verre, fe fondent & s’incorporent, Cette peinture étoit fort d’ufage autrefois, princie palement pour les grands vitraux d’églife, où l’on employoit, dit M. de la Hire. Mér. de l'Académie, tom. IX, pour des couleurs vives & fortes des verres colorés dans le fourneau, fur lefquels on mettoit des ombres pour leur donner le relief ; ce qui ne s’entend guere. Mais voyez 4 l'article PEINTURE le détail de fa maniere de peindre d’epprés ou fur le verre. APPRÊTER , v. a. chez les Fordeurs de, caratteres d'Imprimerie, c’eft donner aux cara@teres la derniere façon , qui confifte àpolir avec un couteau fait ex-. près les deux côtés des lettres, qui forment le corps, pour fixer & arrêter ce corps fuuvant les modeles. qu'on aura donné à fuivre, ou fuivant la proportion qui. lui eft propre; ce qui fe fait à deux, trois, ou quatre cens lettres à la fois,qui font arrangées les unes à côté des autres fur un morceau de bois long qu'on. appelle compofleur. Etant ainfi arrangées, on les ratifle avec le couteau, plus ou moins, jufqu’à ce qu’elles foient polies & arrivées au degré précis d’épaiffeur qu'elles doivent avoir. Voyez COMPOSTEUR , FON- DERIE & CARACTERES. . APPRÊTER /'érain. Toutes les gouttes étant rever- chées , voyez REVERCHER , on les apprète, ainfi que les endroits des jets qu’on a épilés, voyez ÉPILER. Appréter, c’eft écouaner, ou raper, ou limer la piece, pour la rendre unie & facile à tourner : on dit écoua- ner, parce qu'on fe fert d’une écouane ou écoine, ou d’une rape, outil de fer, dont les dents font plus grofles que celles des limes. Pour appréter aïément, 1l faut avoir devant foisune felle de bois à quatre piés , de trois piés de long fur environ un pié de lar- ge, de la hauteur du genou, au milieu de laquelle 1l y ait une planche en travers d'environ 18 pouces de long & de 10 ou 12 de large; on arrête cette felle, que l’on appelle ésabli ou apprétoir ; avec une perche où morceau de bois pofé fur le milieu, & portant roide contre le plancher, pour tenir l’apprêtoir en arrêt. En tenant fa piece du genou gauche, fi c’eft de la poterie, & appuyant contre l’apprétoir , on a les deux mains libres ; & avec l’écouane on rape les gouttes en faifant aller cet outil à deux mains, Si c’eft de la vaifelle | on tient plufeurs pieces enfemble lune fur l’autre, fur fes genoux, en les appuyant à l’apprêtoir, foit pour raper les jets, foit pour raper les gouttes. L'écouane ou la rape doit être courbe lor{qu'il faut aller fur les endroits plats, comme les fonds ; puis on rape les bavures d’autour du bord avec-une rape plus petite que lécouane, ou un gra- toir fous bras, & fi les gouttes font un peu grofles par-dedans, on les unit avec le gratoir ou un cifeau. - On dit encore appréter pour tourner, de ce qui fe tourne avant de fouder, comme les bouches des pots- à-vin, les bas des pots-à-l’eau, &c. On peut encore dire appréter pour tourner de ce qui fe répare à la main avant de tourner la piece, _comme les oreilles d’écuelle , les cocardes ou becs d’aiguiere, &c. Voyez REPARER. APPRÊTER,, 7 terme de Vergettier, c’eft mettre en- femble les plumes & les foies de même groffeur, de même grandeur, & de même qualité. APPRÊTER au fourneau ( en terme de Wergettier ; ) c’eft pañler le bois d’une raquette au feu pour le ren- dre plus pliant, & lui faire prendre la forme qu’il doit avoir, & qu'il ne pourroit acquérir fans cette précaution. APPRÉTEUR , f. m. c’eft le nom qu’on dorine aux peintres fur verre, Voyez APPRÊT 6 PEINTURE SUR VERRE. APPROBAMUS., terme de Droit canonique: ce mot eft purement Latin; mais les canoniftes l’ont in- troduit en François, pour fignifer le vi/2 que donne lordinaire à un mandat ou refcrit 2 formé dignum. L’ordinaire à qui la çommuflion eft adreflée pour Le A PP S57 vif; ne. doit pas-prendré connoïflance de la validité du titre, ni différer à raifon de ce de donner fon ap: Probamus. ( H) APPROBATEUR , ex Librairie, Voyez CENSEUR: APPROBATION, f. f. ex Libraïrie, ef un a@e paï lequel un cenfeur nommé pour l’examen d’un livre, déclare l'avoir Iù & n’avoir rien trouvé qui puiflé ou doive en empêcher l’imprefion. C’eft fur cet aûte figné du cenfeur , qu’eft accordée la permiffion d’im- primer; & il doit être placé à la tête ou à la fn-du livre pour lequel il eft donné. Il eft vraiflemblable que lors de la naiffance des Lettres , les livres n’étoient pas fijets, commeilsile font à prefent , à la formalité d’une approbation &c ce qui nous autorife àle croire, c’eft que le bien- heureux Autpert, écrivain du virr* fiecle, pour fe mettre à couvert des critiques jaloux quu le perlécuz toient, pria le pape Etienne III. d'accorder à fon commentaire fur l’apocalypfe une approbation aus thentique; ce que, dit-il, aucun interprète n’a fait avant lui, & qui ne doit préjudicier en rien à la di berté où l’on eft de faire ufage de fon talent pour écrire. , Mais l’Art admirable de l’Imprimerie ayant con- fidérablement multiplie les livres , 1l a été de la fa gefle des diflérens gouvernemens d'arrêter, par la formalité des 2pprobations , la licence dangereufe des écrivains, & le cours des livres contraires à la reli« glon, aux bonnes mœurs , à la tranquillité publi- que , 6c. À cet effet il a été établi des cenfeurs char- gés du foin d'examiner les livres. Voyez CENSEUR. APPROCHE, f. £ (en Géométrie. ) La courbe aux approches égales ; acceflus æquabilis, demandée aux Géometres par M. Leïbnitz , eft fameufe par la diff- culté qu'ils eufent à en trouver Péquation, Voici la queftion. Trouver une courbe le long de laquelle un corps defcendant par l’a@ion feule de la pefanteur:, appro: che également de l’horifon en des tems égaux, c’eft- à-dire , trouver la courbe 4 MP, (fig. 40. Anal. ) qui foit telle que fi un cofps pefant fe meut le long de la concavité 4 M P de cette courbe, & qu'on tire à volonté les lignes horifontales Q M, RN, SO, TP, &c. également diftantes l’une de Pautre, il par- coure en tems égaux les arcs MN, NO, OP, &c. terminés par ces lignes. MM. Bernoulli, Varignon, & d’autres ont trouvé que c’étoit la feconde parabole cubique , placée de maniere que fon fommet À füt fa partie fupérieure: On doit de plus remarquer que le corps qui la doit décrire, pour s’approcher également de l’horifon er tems égaux, ne peut pas la décrire dès le commen- cement de fa chûte. Il faut qu’il tombe d’abord en ligne droite d’une certaine hauteur 4 , que la nature w de cette parabole détermine; & ce n’eft qu'avec la vitefle acquife par cette chüte qu'il peut commencer à s'approcher également de l’horifon en tems égaux. M. Varignon a généralifé la queftion à fon ordi- naire , en cherchant la courbe qu’un corps doit décri- re dans le vuide pour s'approcher également du point donné en tems égaux, la loi de la pefanteur étant fuppofée quelconque. M. de Maupertuis a auff réfolu le même problèe- me, pour le cas où le corps fe mouvroit dansun mi- lieu réfiffant comme le quarré de la vitefle, ce qui rend la queflion beaucoup plus difficile que dans le cas où l’on fuppofe que le corps fe meuve dans le vuide. Voyez Hifi. Acad, Royale des Scienc. an. 16 99. pag. 82.6 an.1730. pag. 129. Mëm. p. 333. Voyez auffi DESCENTE, ACCÉLÉRATION. (0) APPROCHE, greffer en approche. Voyez GREFFE. APPROCHE , terme de Fondeur de caracteres d'Impri- merie , par lequel on entend la diftance que doivent avoir les lettres d’Imprimerie , à côté les unes des .{ 558 [] autrés: un 4, un à, G:c. qui dans tin mot feroiént trop diftans des autres lettres , feroient trop gros & mal wpprochés. On appelle un caraétere approche, quandtoutes les lettres font fort preflées les unes contre les autres ; les Imprimeurs font quelquefois faire des cara@teres de cette façon ;, pour qu'il tienne plus de mots dans une ligne & dans une page, qu'il n’en auroit tenu fans cela. Les lettres ainfi approchées ménagent le papier , mais ne font jamais des impreflions élésan- tes. F’oyez IMPRIMERIE. APPROCHE , {. f. terme d’Imprimerie : on entend par approche, ou l’union de deux mots qui font joints, quoiqu'ils doivent être efpacés ; où la défunion d’un mot dont les fyllabes font efpacées, quand elles doivent être jointes. Ces deux défauts viennent de la négligence ou de l’inadvertance du compofiteur. APPROCHES, {. f, terme de Fortification, qui figni- fe les différens travaux que font les afliéseans pour s’avancer , & aborder une forterefle ou une place affiégée. Voyez Les PI, de l Art milir, Voyez aufñi TRA- VAUX & FORTIFICATIONS. Les principaux travaux des approches font les tranchées, les mines, la ferpe, les logemens , les batteries, les galeries, les épau- lemens , &c. Voyez ces articles. Les approches ou lignes d’approches {e font ordinai- rement par tranchées ou chemins creufés dans la ter- re. Voyez TRANCHÉES. Les approches doivent être liées enfemble par des paralleles ou lignes de communication. Voyez CoMm- MUNICATION. Les affiégés font ordinairement des cozrre-appro- ches , pour interrompre & détruire les approches des ennemis. Voyez CONTRE-APPROCHES. (Q) APPROCHER, ( Marine. ) s'approcher du vent. Voyez ALLER AU PLUS PRÈS. (Z) APPROCHER , ( ez Monnoyage, ) c’eft ôter du flanc fon poids fort en le limant , pour le rendre du poids preicrit par les Ordonnances, Voyez REBAIS- SER. | APPROCHER carreaux , (terme d’ancien Monnoya- ge. ) c’étoit achever d’arrondir les carreaux, & ap- procher du poids que le flanc devoit avoir. APPROCHER , d la pointe, à la double pointe , au ci- Jeau : ce {ont ez Sculpture diverfes manieres de tra- vailler le marbre, lorfqu'on fait quelques figures. Voyez POINTE. APPROCHER le gras des jambes, les talons ou les éperons , (Manepe) c’eft avertir un cheval qui ralen- tit fon mouvement, ou qui n’obéit pas , en ferrant les jambes plus ou moins fort vers le flanc. (F7) APPROCHER conferve fa fignification dans la chaffe aux oïfeaux marécageux. Voici une machine plus facile & de moindre dé- penfe que les peaux de vaches préparées pour tirer aux canards. C’eft un habit de toile couleur de vache ou de cheval , depuis la tête jufqu’aux piés, avec un bon- net qui doit être fait comme la tête d’une vache ou d’un cheval , ayant des cornes ou des oreilles , des yeux, deux pieces de la même toile pour attacher autour du col, & tenir le bonnet ; 1l faut laïfler pen- dre deux morceaux de la même toile au bout des manches pour imiter les deux jambes de devant du cheval ou de la vache ; il faut marcher en fe cour- bant , & ‘préfentant toüjours le bout du fufil : vous approcherez ainfi peu-à-peu pour tirer les oïfeaux à bas ; & s'ils fe levent , rien ne vous empêchera de les’tirer en volant : la meilleure heure pour cette chafle eft le matin. APPROPRIANCE, erme de droit Couturier , ufité dans quelques Coûtumes, pour figmifier prifé de pof feffion. Dans la coûtume de Bretagne , ce terme eft ynonyme à decrer, Voyez DECRET. ( A) APPROPRIATION , Î. f, £erme de Jurifprudence évà norique | eft l’application d’un bénéfice eccléfiafti- que, qui de fa propre nature eff de droit divin, & non point un patrimoine perfonnel, à l’ufage propre & perpétuel de quelque prélat ou commiinanté re- ligieufe , afin qu'elle en joiifle pour toüjours, Foyer APPROPRIÉ. | [y à appropriation , quand le titre & les revenus d’une cure font donnés à un évêché , à une maïfon Religieufe , à un collége , &c, & à leurs fuccefleurs ; êt que quelqu'un des membres de ce corps fait l’offi- ce divin, en qualité de vicaire, Voyez CURE & Vica= RIAT. Pour faire une éppropriation ; après en avoir ob- tenu la permiffion du Roi en chancellerie ; il eft né= ceflaire d’avoir le confentement de l’évêque du dio- cèfe, du patron & du bénéficier , fi l’églife ou le bénéfice eft rempli ; s’il ne left pas, l’évêque du diocèfe & le patron peuvent le faire avec la permif fion du Roi. Pour diffoudre une appropriation , 1l fufit de pré- fenter un clerc à l’évêque , & qu'il l'inftitue & le mette en poffeffion ; car cela une fois fait , le béné- fice revient à fa premiere nature, Cet ae s’appelle une defappropriation. L’appropriation eft la même chofe que ce qu’on ap- pelle autrement e2 droit canonique, UNION. Voyez UNION. (A4) APPROPRIÉ , adj. ez terme de droit canonique , {e dit , d’une églife ou d’un bénéfice , dont le revenu eft annexé à quelque dignité eccléfiaftique ou com- munauté religieufe ; qui nomme un vicairé pour def- fervir la cure. En Angleterre, le mot approprié eft fy- nonyme à ézféode. Voyez INFÉODÉ. On y compte 3845 Cglifes appropriées. V. APPROPRIATION. (A) APPROVISIONNEMENT des places, f. m. c’eft dans l'art militaire | tout ce qui concerne la fourniture des chofes néceflaires à la fubfftance des troûpes ren fermées dans une place. Cet objet demande la plus grande attention. M.1e maréchal de Vauban a donné des tables à ce fujet ; qu'on trouve dans plufeurs livres , & notamment dans la défenfè des places, par M. le Blond ; maïs elles ont le défaut de n’être point raifonnées. Elles font proportionnées au nombre des baftions de chaque place , depuis quatre baftions jafqu’à dix-huit. Il fau- droit des regles plus générales & plus particulieres à ce fujet, quu puflent fervir de principes dans cette matiere, Îl y a un grand état de M. de S. Ferrier dreflé en 1732, pour l’approvifionnement des places de Flandre. On le dit fait avec bien de l’intelligen- ce , & c’eft une piece manufcrite à laquelle il feroit à propos de donner plus de publicité. (Q) APPROUVER , #n livre c’eft déclarer par écrit qu'après lavoir lù avec attention , on n’y a rien trouvé qui purffe ou doive en empêcher l’impreflion. Foyez APPROBATION , CENSEUR. APPROXIMATION, approximatio , 1. f, (er Ma thématique. ) eft une opération par laquelle on ap- proche toüjours de plus en plus de la valeur d’une quantité cherchée , fans cependant en trouver ja- mais la valeur exaëte. Voyez RACINE. Wallis , Raphfon, Halley , & d’autres, nous ont donné différentes méthodes d’approximation : toutes ces méthodes confiftent à trouver des féries conver- gentes , à l’aide defquelles on approche fi près qu'on veut de la valeur exafte d’une quantité cherchée ; ” 8 cela plus ou moins rapidement , felon la nature de la férie. Voyez CONVERGENT € SÉRIE. Si un nombre n’eft point un quarré parfait, ilne faut pas s’attendre d’en pouvoir tirer la racine exac- te en nombres rationels, entiers ou rompus; dans ces cas il faut avoir recours aux méthodes d’appro- ximation , & {e contenter d’une valeur qui ne differe A PP que d'une très-petite quantité de la valeur exaété de la racine cherchée. Il en eft de même de la racine cubique d’un nombre qui n’eft pas un cube parfait, êc ainfi des autres puiflances , comme on peut voir dans les Tranfaët, phil. n°. 215. | La méthode la plus fimple & la plus facile d’ap- procher de la racine d'un nombre , eft celle-ci : je fappofe , par exemple qu'on veuille tirer la racine quarrée de 2; au lieu de 2, j'écris la fraétion rl qui lui eft égale , ayant foin que le dénominateur 10000 foit un nombre quarré , c’eft-à-dire, ren- ferme un nombre pair de zeros ; enfuite je tire la racine quartée du numérateur 20000 ; cette ra- cine, que je peux avoir à une unité près, étant di- vifée par 100 , qui eff Îa racine du dénominateur , j'aurai à 2 près la racine de 42222, c’eft-à-dire , de 2. | Si on vouloit avoir la racine plus approchée, 1l faudroit écrire 2222, & on auroit la racine à ï ross près, 6c. de même pour avoir la racine cubi- que de 2, il faudroit écrire 4922222, 1000000 étant un nombre cubique, & on auroit la racine à 2 près, & ainfi à l’infini. Soit 44 + b un nombre quelconque qui ne foit pas un quarré parfait, & 45 +6 un nombre quel- conque qui ne foit pas un cube parfait. Soit # a le plus grand quarré parfait contenu dans le premier de ces nombres. Soit 43, le plus grand cube parfait contenu dans le fecond de cés nombres, on aura Vuati}=at sit 6e, &y/(a+8)= à +i - 24 a az a) ST facilement des expreflions fort approchées des racines quarrées & cubiques que l’on cherchera, Soit propofe d'avoir la racine d’une équation par APPROXIMA TION, 1°. d’une équation du fecond degré. Soit l'équation donnée du fecond degré dônt il faut avoir la racine par approximation, RDS X—3 7 —o; on fuppofe que l’on fache déja que la racine eft à peu-près 8 ; ce que l’on peut trouver aifément par différentes méthodes dont plufieurs font expo- fées dans le VI® livre de l’Analyfe démonrrée du P, Reyneau. "Soit 8 +y la racine de l'équation propofée , Eñ- forte que y foit une fra@tion égale à la quantité dont 8 eft plus grand ou plus petit que la racine cher- chée, on aura donc x?= 644167 +7? — 7 FI1Y +y1=0. Or comme une fraétion devient d'autant plus pe- tite que la puiffance à laquelle elle fe trouve élevée eft grande, & que nous ne nous propofons que d’a- voir une valeur approchée de la racine de l’équa- tion, nous négligerons le terme y2; & la derniere équation fe réduira à —7+117=0. = 5 = 4 à peu-près — o. 6. Donc x=8+0.6—=8.6. Soit encore x =8.6+7y, on aura 100 ro Jr y? 4 . 37 _ eo — jo 31 0 Jrÿ = 0: Réduifant les frations au même dénominateur, on aura l'équation fivante : 73:96 —4300— 3100 +(1720 — 500) =0 BB &rc. Voyez BINOME. À l’aide de ces équations . é VER q 9 À PP = 0, 04 + 1220Y = 0: nn 519 T2. 20 VON Ode | EL Erese es Y = 004: 12, 20 = O; 0032. Donc + = 8. 6000 + 0. 0032 = 8. 6032, Soit encore *= 8. 6032 + y: on aura X?= 7401505024 + 17, 206400007 + y4 — $X= + 43. 01600000 = $00000000 — 31 — 31.00000000, — 0. 000094976 — 12, 20640000 y = 0; Y=0.600094976 : 12. 20640000ÿ—0,000077808. Donc x = 8, 6032000000 +o, 0000076808 = 8. 603277808. Soit maintenant cette équation du troïifieme de- gré, dont il faut chercher la racine par approxima- tion , x3 + 242—23x— 700, & dont on fuppofe que l’on fache à peu-près la valeur de la racine, pat exemple 5. Soit donc la racine de cette équation ;y, Comme on peut négliger les termes où y fe trouve au fecond & au troifieme degré, il n’eft pas néceffaire de les exprimer dans la transformation, On aura donc feus lement X3Z 125 +759 + 242 = 50 +4 20 y T23X—IIS T23Y — 70=— 70, ET TOITS: MEET je e40; 1, Donc x = $ +0. 1= Sels Soit derechef x = +. 147, on aura X3 — 132.651 4+73.030y + 247— 52.020 + 20. 4007 7 23X = —117. 300—23,000 F — 70 = — 70. 000, — 2:6294-75.4307 =0 75. 4307 = 2.629. Y = 2 629: 75.430 = 0. 0348. Donc #= 5.1+0.0348—5. 1348, & ainf de fuite à l'infini, Il eft évident que plus on réitérera l’opé- ration , plus la valeur de x approchera de la valeur exaéte de la racine de l’équation propofée. Cette méthode pour approcher des racines des équations numériques, eft dûe à M. Newton. Dans les Mém. de l’ Acad. de 17.44, on trouve un mémoire de M. le marquis de Courtivron , où il perfeétionne & fimplifie cette méthode. Dans les mêmes Mémoi. res, M. Nicole donne aufli une méthode pour appro- cher des racines des équations du troifieme degré dans le cas irréduétible ; 8: M:Clairaut, dans fes Elémens d’Algebre, enfeigne auffi une maniere d’ap- procher de la racine d’une équation du troifieme degré dans ce même cas. #. CAS IRRÉDUCTIBLE dx croifieme degré, (0) * APPUI , orien, fupport : l'appui fortifie , le fo4- tien porte , le fipport aide ; l'appui ef à côté, le Jotien deffous ; laide à Fun des bouts: une mu- raille eft zppuyée ; une voûte eft forenne ; un toi . ft Japporté : ce qui eft violemment pouffé a befoin d'appui ; ce qui eft trop chargé a befoin de Joétien à ce qui eft très-long a befoin de /#ppore. Au figuré , l'appui a plus de rapport à la force & à l'autorité ; le Joérien, au crédit & à l’habileté ; & le fapport, à l'affe@ion & à l'amitié. Il faut appuyer nos amis dans leurs prétenfons, les foétenir dans l’adverfité, & les fupporter dans leurs momens d'humeur. | | AppU1,ou point d'appui d’un levier , eft le point fixe autour duquel le poids & la puifflance font en équilibre dans un levier : ainfi dans une balance or- 560 A PP dinaire,le point de milieu par lequel on fufpend Ja ba: lance, eft le point d'appui. Le point d'appui d'unlevier, lorfque la puiffance &cles poids ont des direétions päa- ralleles, eft toùjours chargé d’une quantité égale à la fomme de le puiffance & du poids. Ainfi dans une balance ordinaire à bras égaux, la charge du porn d'appui eft égale à la fomme des poids qui font dans les plats de la balance , c’eft-à-dire, au double d’un de ces poids. On voitauffi par cette raifon , que l’ep- pui eft moins chargé dans la balance appellée ro- maine , Où pe/on , que dans la balance ordinaire : car pour pefer, par exemple, un poids de fix livres avec la balance ordinaire , 1l faut de l’autre côté un poids de fix livres, & la charge de l’appui eft de douze li- vres ; au lieu qu’en fe tervant du pefon , on peut pefer le poids de fix livres avec un poids d’une livre, & la charge de l'appui n’eft alors que fept livres. 7. PESON, ROMAINE ,-6c. ( O') APPUI , {.im. serme de Tourneurs; c’eft ainfi qu'ils appellent une longue piece de bois qui porte des deux bouts fur les bras de deux poupées , &r que l’ouvrier a devant lui, pour foûtenir &c affermir fon outil. On lui donne aufi le nom de barre ou de /#p- port du tour. Voyez SUPPORT & Tour. APpu1, ez Archireëture, du Latin podium , {elon Vitruve ; c’eft une baluftrade entre deux colonnes, ou entre les deux tableaux ou piés droits d’une croi- fée , dont la hauteur intérieure doit être proportion- née à la grandeur humaine , pour s’y appuyer, c’eft-à-dire, de deux piès un quart au moins , & de trois piés un quart au plus. Ÿoyez BALUSTRADE. On appelle auf appui, un petit mur qui fépare deux cours ou un jardin, fur lequel on peut s’appuyer: on appelle appui continu, la retraite qui tient lieu de pié d’eftal à un ordre d’Archite@ture, & qui dans lin- tervalle des entre-colonnememens ou entre - pilaf- tres , fert d’appui aux croïfées d’une façade de bä- mens. On dit appui allegé , lorfque l’zppui d’une croifée eft diminué de l’épaiffeur de lébrafement , autant pour regarder par-dehors plus facilement , que pour {oulager le lintot de celle de deflous. On appelle appui éyuidé, non-feulement les baluf- trades, mais aufli ceux ornés d’entrelacs percés à jour , tels qu'il s’en voit un modele au periftyle du Louvre , du côté de S. Germain l’Auxerrois. On appelle appui rampant , celui qui fuit la rampe d’un efcalier, foit qu'il foit de pierre , de bois, ou de fer. Voyez RAMPE. (P) APPUI, c’eft ez Charpenterie le nom qu'on donne aux pieces de bois que l’on met le long des galeries des efcaliers & aux croifées. F7. la fig. 17. n°. 34. &t La fig. 13. n°. 3. L’ufage des appuis eft d’empê- cher les paffans de tomber. APPUI, en termes de Manège , eft le fentiment réci- proque entre la main du cavalier & la bouche du cheval , par le moyen de la bride ; ou bien c’eft le fentiment de la@ion de la bride dans la main du ca- valier. Voyez MAIN , FREIN , MoRs , BRIDE , 6. Un appui fn fe dit d’un cheval qui a là bouche dé- licate à la bride, de maniere qu’intimidé par la {en- fibilité & la délicateffe de fa bouche , il n’ofe trop appuyer fur fon mors, ni battre à la main pour réfifter. rs ++ On dit qu'un cheval, a un appui fourd, obrus , quand il a une bonne bouche, mais la langue fi épaif- fe que le mors ne peut agir n1 porter fur les barres, cette partie n'étant pas aflez fenfible pour les bar- res; quoique cet effet provienne quelquefois de Pé- paifleur des levres. Un cheval n’a point d'appui, quand il craint l’em- bouchure , qu'il appréhende trop la main, & qu'il ne peut porter la bride ; &c il en a trop quand il s’a- bandonne fur le mors, Larêne de dedans du cave- çon attachée courte au pommeau, eft un excellent moyen pour donner un appui au cheval, le rendre ferme à la main & laflürer: cela eft encore utile : pour lui affouplir les épaules ; ce qui donne de l’ap- pui où il en manque, & en Ôte où il y en atrop. Si lon veut donner de l'appui à un cheval, & le mettre dans fa main , il faut le galopper , & le faire - fouvent reculer, Le galop He eft aufli très-pro- pre à donner de l'appui à un cheval, parce qu’en galoppant il donne lieu au cavalier de Le tenir dans : la main. Appui a pleine main, c’eflà-dire , appui ferme fans toutefois pefer à la main, & fans battre à la - main. Les chevaux pour l’armée doivent avoir l’ap- pui à pleine main. Appui au-dela de la pleine main, où plus qu'a pleine main , C’eft-à-dire ;, qui ne force pas la main, mais . qui pefe pourtant un peu à la main : cet appui eft bon pour ceux qui faute de cuiffes fe tiennent à la bride, ( 7) . APPUI - MAIN , f. m. baguette que les Peintres tiennent par le bout avec le petit doigt de la main gauche , & fur laquelle ils pofent celle dont ils tra- vaillent. Il y a ordinairement une petite boule de bois ou de linge revêtue de peau au bout , qui pofe fur le tableau pour ne le pas écorcher. (R ) APPULSE , f. en terme d'Aflronomie | {e dit du mouvement d’une planete qui approche de fa con- jonétion avec le foleil ou une étoile. Foyey Con- JONCTION. Auinfi on dit l’appulfe de la lune à une étoi- le fixe ; lorfque la lune approche de cette étoile, & eft prête de nous la cacher, F, OccuLTATIoN.(O) APPUREMENT d’un compte , serme de Finances G' de Droit , eft la tranfaëtion ou le jugement qui en termine les débats, & le payement du reliquat ; au moyen de quoi le comptable demeure quite & dé- chargé, Voyez COMPTE. APPUREMENT d’un compte , eft l'approbation des articles qui y font portés , contenant décharge pour le comptable. Les Anglois appellent cette décharge un gzierus ef, parce qu'elle fe termine chez eux par la formule latine abinde receffit quietus. Voyez Compre. (H) APPURER l'or moulu , terme de Doreur fur métal... c’elt, après que l’or en chaux a été amalgamé au feu avec le vif-argent, le laver dans plufeurs eaux pour en ôter la crafle & les fcories. APPUYÉ, adj. m. on dit, ex terme de Géométrie, que les angles dont le fommet eft dans la circonfé- rence de quelque fegment de cercle , s’appuient ow font polés fur l’arc de l’autre fegment de deflous. Aïnfi (fig. 78. Géom. ) l'angle 4 B C, dont le fom- met eît dans la circonférence du fegment 4 BC, eft dit appuyé {ur l’autre fegment 4 D C. Voyez SEG- MENT. (E ) APPUYER des deux , ( Manège. ) c’eft frapper & enfoncer les deux éperons dans le flanc du cheval. Appuyer ouvertement des deux , c’eft donner le coup des deux éperons de toute fa force. Appuyer le poinçon, c’eit faire fentir La pointe du poinçon fur la croupe du cheval de manége pour le faire fau- ter. Voyez POINÇON. ( F°) APPUYER es chiens , en Wénerie , c’eft fuivre tou- tes leurs opérations , & les diriger, les animer de la trompe & de la voix. APPUYOIR, f. m. pour preffer les feuilles de fer- blanc que le Ferblantier veut fouder enfemble : il fe fert d’un morceau de bois plat de forme trian- gulaire, qu’on appelle appuyoir. Voyez la figure 24. PI, du Ferblantier. * APRACKBANIA, où ABRUCKBANIA;, ( Géog. ) ville de Tranfylvanie fur la riviere d'Om- pas , au-deflus d’Albe-Julie. APRE , rerme de Grammaire Greque: Il y a en an eux deux fignes qu’on appelle prirs ; l’un appellé epric doux , & fe marque fur la lettre comme une petite vie )£70 , OL, Je. | _ L'autre eft celui qu’on appellé e/prir dpre, ou ru- de;il fe marque comme un petit c fur la lettre, ua, enfemble ; {on ufage eft d'indiquer qu'il faut pro- noncer la lettre avec une forte afpiration. u prend toüjours lefprit rude ds , agua ; les au- tres voyelles & les diphtongues ont le plus fouvent l’efprit doux. Îly a des mots qui ont un efprit & un accent, comme le relatif oc, 4,0, qui, que , quod. Il y a quatre confonnes qui prennent un efpnit rude, æ, #, 7, p: mais on ne marque plus lefprit rude fur les trois premieres, parce qu’on a inven- té des caraétéres exprès, pour marquer que ces lettres font afpirées ; ainfi au lieu d'écrire 7 , #, r, on écrit 9, %, 6 : Mais on écrit j au commencement des mots : D'yropiun « Rhétorique cé Pnropiroc : Rherori- cien ; fon , force : quand le h eft redoublé , on met un efprit doux fur le premier, & un épre fur le {e- cond, rojjo, longe, loin. (F) * APREMONT , ( Géog. mod. ) petite ville de France dans le Poitou , généralité de Poitiers. Lo. 25. 52. lat. 46. 45. | _ APRÈS, prépoñition qui marque poftériorité de tems , ou de lieu, ou d’ordre. Après les fureurs de la guerre, Goätons les douceurs de la paix. Après , {e dit auf adverbialement ; partez, nous irons après , c'eft-à-dire , enfuite. Après, eft aufli une prépoñition inféparable qui entre dans la compofition de certains mots , tels que après-demain, après-diné | l’après-dinée ; après-midi , après foupé , l'après-foupée. | _ C’eft fous cette vüe de prépofñition inféparable qui forme un fens avec un autre mot, que l’on doit regarder ce mot dans ces façons de parler; ce por- trait eft fait d’après nature ; comme on dit ez peinture GT en fculpture,, defliner d’après l'antique ; modeler d'après l'antique ; ce portrait eft fait d’après nature ; ce tableau eft fait d’après Raphaël, &c. c’eft-à-dire, que Raphaël avoit fait l’original auparavant. (F) APRETÉ , f. f. fe dit de l'inégalité & de la rudeffe de la furface d’un corps, par laquelle quelques-unes de fes parties s’élevent tellement au-deflus du refte, qu'elles empêchent de pañler la main deflus avec ai- lance & liberté. Voyez PARTICULE, L’épreté ou la rudeffe eft oppofée à la douceur, à l'égalité, à ce qui eft uni ou poli, &:c. le frotte- ment des furfaces contigués vient de leur éprere. Voyez SURFACE 6 FROTTEMENT. L’épreré plus ou'moins grande des furfaces des corps eft une chofé purement relative : les corps qui nous paroïient avoir la furface la plus unie, étant vüs au microfcope , ne font plus qu’un tiflu de rugofites & d’inégalités. 7 Suivant ce que M. Boyle rapporte de Vermau- fen , aveugle très-fameux par la délicatefle & la f- nefle de fon toucher , avec lequel il diftingnoit les couleurs, il paroîtroit que chaque couleur a fon de- gré ou fon efpece particuliere d’épresé. Le noir paroît être la plus rude, de même qu'il eft la plus obfcure des couleurs: mais les autres ne font pas plus dou- ces à proportion qu’elles font plus éclatantes ; c’eft- à-dire, que la plus rude n’eft pas toûjours celle qui réfléchit le moins de lumiere : car le jaune eft plus rudeque le bleu, &z le verd, qui eft la couleur moyen- ne, eft plus rude que Pune & l’autre. 7. Coureur, LUMIERE. (O0) * APRIO , QGGéog. anc. 6 mod, ) ville de la Ro- manie , que les Ançiens nommoient apros & apri, Tome L, À PS SG Ellé porta auf le nom de Thcodofiapolis , parce que Theodofe le Grand-.en aïmoit Le {éjour. APRISE , vieux terme de Palus, fynonyme à efn: mation, prifée. I] eft fait d’aprifia , qu'on trouve en ce fens dans d'anciens arrêts, &c qui vient du verbe appretiare, prier. (4) : | APRON , a/per, ( Hifi. nat. Zoolog. ) poiflon de riviere aflez reflemblant au goujon ; cependant fa tête eft plus large ; ellé eft terminée en pointe ; fa bouche eft de moyenne grandeur ; les mâchoirés a lieu d’être garnies de dents , font raboteufes ; il a des trous devant les yeux. Ce poiflon eft de cou: leur roufle & marqué de larges taches noires qui traverfent le ventre &le dos obliquement : il a deux nageoires auprès des olies & fous le ventre, deux autres fur le dos aflez éloignées l’une de l’autre. On le trouve dans le Rhône, fur-tout entre Lyon & Vienne : on a crû qu'il vivoit d’or, parce qu'il avale avec le gravier les paillettes d’or qui s’y rencontrent: fa chair eft plus dure que celle du goujon. Rondes Voyez Poisson. (7) * APROSITE , ou /’f/e inacceffible. Pline la place dans l'Océan atlantique : quelques Géographes mo: dernes prétendent que c’eft l'ile que nous appellons Porto-Santo ; d’autres , que c’eft Ornbris ou Saint Blandan ; où par corruption, {a 1fla de San-Boron- don ; ou l’encubierta , la couverte , ou La non trovada , la difficile à trouver. C’eft une des Canaries du côté d’occident. APSIDE , f. f. fe dit en Æffronomie de deux points de l’orhite des planetes , où ces corps fe trouvent foit à la plus grande , foit à la plus petite diftanee pofii- bie oude la terrétou du foleil. Voyez ORBITE , PLAs NETE , DiSTANCE 6 LIGNE. À la plus grande diftance , lPapfide s'appelle Z grande apfide , fumma apfis ; à la plus petite diftance, l'apfide s'appelle /a petite apfide , infima ou ima apfis. Les deux ap/ides enfemble s'appellent auges. Voyez AUGES. La grande apfide {e nomme plus communément l’aphélie ou l’apogée ; & la petite apfide , le perthélie, ou le peripée. Voyez APOGÉE 6 PÉRIGÉE. La droite qui pafle par le centre de l’orbite de a planete, & quijoint ces deux points , s'appelle /a 2: gne des apfides de la planete. Dans lAftronomie nou- velle , la ligne des æpfides eft le grand axe d’un orbite elliptique ; telle eff la ligne 4 P , Planche d’Aftrono- mie, fig. 1. tirée de Paphélie Z, au périhehie P. Foyez _ORBITE & PLANETE. On eftime l'excentricité fur la ligne des apfdes ; car c’eft la diftance du centre C de l'orbite de la planete ,au foyer S de l’orbite. Voyez FOYER &'Er- LipsE. Cette excentricité eft différente dans chacune des orbites des planetes. f’oyez EXCENTRICITÉ. Quelques Philofophes méchaniciens confiderent le mouvement d’une planete , d’une ap/fde à l’autre, par exemple, le mouvement de la Lune , du perigée à l'apogée, & de l’apogée au périgée, comme des ofcillations d’un pendule; & ils appliquent à ce mouvement les lois de lofcillation d’un pendule ; d’où ils inferent que l’équlibre venant un jour à fe rétablir , ces ofcillations des corps céleftes cefleront. Voyez Horreb. Clar. Affron, c. xx. Voyez OSCILLA* TION 6 PENDULE. | ; D’autres croyent appercevoir dans ce mouve= ment, quelque chofe qui n’eft point méchanique ; & ils demandent : pourquoi l’équilibre s’eft-1l rompu & les ofcillations de ces corps ont-elles commencé à pourquoi l'équilibre ne renaît-il pas ? quelle eft la caufe qui continue de le rompre? Voyez Mém. de Trév. Avril 1730. p. 709: 6 fuivantes. Us regar- dent toutes ces queftions comme infolubles ; ce qui prouve que la Philofophie Neutonienne leur eft in connue, Poyez News, princip. Math, nd 9» s62 À PS Herman, Phoron. Lib. I, cc. iv. Voyer-encore GRANT : TATION , PLANETE, ORBITE, DiSTANCE , PÉ- RIODE., LUNE, &c. 00 Parmi les Auteurs qui ont comparé ces ofcillations à celle d’un pendule, un des plus célebres eft M. Jean Bernoulli, Profefleur de Mathématique à Bâle, dans une piece intitulée, Nouvelles penfees fur Le fyf ième de Deftartes , avec la maniere d'en déduire Les orbi- tes G les aphélies des planetes ; piece qui remporta en 1730 le prix propofé par l’Académie royale des Sciences de Paris. Il tâche d’y expliquer comment 1l peut arriver que dans le fyflème des tourbillons une planete ne {oit pas toùjours à la même diftance du foleil, mais qu’elle s’en approche & s’en éloigne alternativement. Mais en Phyfique il ne fuffit pas de donner une explication plaufble d’un phénomene particulier , 1l faut encore que l’hypothéfe d’où l’on part pour expliquer ce phénomene, puifle s’accor- der avec tous les autres quil’accompagnent, ou qui en dépendent. Or fi on examine l’explication donnée par M. Bernoulli , nous croyons qu'il feroit difficile de faire voir comment dans cette explication la pla- nete pourroit décrire une ellipfe autour du foleil, de maniere que cet aftre en occupât le foyer, & que les aires décrites autour de cet aftre fuflent propor- tionnelles aux tems, ainfi que les obfervations l’ap- prennent. Voyez fur ce fujet un Mém. de M. Bouguer , Mém. Acad. 1731. fur le mouvemént curviligne des corps dans des milieux qui fe meuvent. Si la ligne de la plus grande diftance d’une pla- nete , & celle de la plus petite diftance , ne font pas fituées précifément en ligne droite , mais qu’elles faflent un angle plus srand ou plusipetit que 180 de- grés, la différence de cet angle à 180 degrés eff ap- pellée le mouvement de la ligne des apfides, ou le mouvement des apfides ; & {i l’angle eft plus petit que 180 degrés , on dit que le mouvement des 4p/- des eft contre l’ordre des fignes : au contraire , fi lan- ple eft plus grand , on dit que le mouvement des ap/ides eft fuivant l’ordre des fignes. À légard de la méthode pour déterminer la pofi- tion des apfides mêmes , on s’eft fervi pour y parve- nir de diffèrens moyens. Les Anciens qui croyoient que les planetes décrivoient des cercles parfaits dont le foleil n’occupoit pas le centre, ont employé pour déterminer les apffdes | une méthode expliquée pat Keïll dans fes Inftitutions aftronomiques. Depuis, comme on s’eft apperçü que les planetes décrivoient des ellipfes dont Le foleil occupoit le foyer , on a été obligé de chercher d’autres moyens pour détermi- ner le lieu des apfides dans les orbites. M. Halley a donné pour cela une méthode qui ne fuppofe de con- nu que le tems de la révolution de la planete : Sethus Waïfdus en a aufli donné une , qui fuppofe qu’on ait trois obfervations différentes d’une planete, en trois endroits quelconques de fon orbite : mais la méthode qu'il donne pour cela, eft fondée fur une hypothefe qui n'eft pas exattement vraie ; & le célebre M. Euler en a donné une beaucoup plus exatte dans Æ Tome VII. des Mémoires de L'Académie de Petersboure. On peut voir ces différentes méthodes, excepté la der- mere, dans l’Aftronomie de Keïll; ou plütôt dans les Znflitutions affronomiques de M. le Monnier. M. Newton a donné dans fon livre des Principes une très-belle méthode pour déterminer le mouve- ment des apfides , en fuppofant que l’orbite décrite par la planete foit peu différente d’un cercle, comme le font prefque toutes les orbites planétaires. Ce grand Philofophe a fait voir que fi le foleil étoit im- mobile, &c que toutes les planetes pefaflent vers lui en traifon inverfe du quarré de leurs diftances , le mouvement des apfides feroit nul, c’eft-à-dire, que la ligne de la plus grande diftance é£ la ligne de la plus petite diffançe feroient éloignées de 180 degrés APS l’une de l’autre; & ne formeroient qu’une feule li gne droite. Ce qui fait donc que les deux points des apfides ne font pas toüjours exaétement en ligne Mo: te avec le foleil, c’eft que par la tendance mutuelle des planetés les unes vers les antres , leur gravita- tion vers le Soleil n’eft pas précifément en raïfon inverfe du quarré de la diftance, M. Newton donne une méthode très-élésante , pour déterminer le mou- vement des apfdes, en fuppofant qu’on connoiïffe la force qui eft ajoûtée à la gravitation de la planete versle foleil, &que cette force ajoûtée ait toñjours fa direétion vers le foleil. \ .… Cependant quelque belle que foït cette méthode ; ihfaut avouer qu’elle à befoin d’être perfeétionnée ; parce que dans toutes les planetes tant premieres que fecondaires, la force ajoütée à la gravitation vers le foyer de l'orbite, n’a prefque jamais fa direétion vers ce foyer. Auf M. Newton ne s’en eft-il point fervi, du moins d’une maniere bien nette, pour déterminer le mouvement des apfdès de l’orbite lunaire ; la théo- rie exatle de ce mouvement eft très-difficile. Foyez APOGÉE 6 LUNE. (0) *APSILES ,f.m.(Géog. anc.) peuplesquihabitoient les environs du Pont Euxin, &c le pays de Lazes. APSIS, ou ABSIS , mot ufité dans les auteurs, eccléfiaftiques, pour fignifier la partie intérieure des anciénnes églifes où le clérgé étoit affis, & où autel étoit placé. Voyez EGLISE. Oncroit que cette partie de l’Eglife s’appelloit ain- fi, parce qu’elle étoit bâtie en arcade ou en voûte, appellée par les Grecs die, & par les Latins «bfis. M. Fleury tire ce nom de l’arcade qui en faïfoit l’ous verture. [fidore dit avec béaucoup moins de vraif- fémblance, qu’on avoit ainfi nommé cette partie de l'églife, parce qu’elle étoit la plus éclairée, du mot grec aœlew, éclairer. Dans ce fens, le mot 4b/fs fe prend aufli pour co: cha ; camera, presbyterium ; par oppoñtion à ef, ou à la partie de l’églife où fe tenoit le peuple; ce qui re- \ vient à ce que nous appellons chœur & fanituaire. V.NEr, CHŒUR, Gc. L’apfis étoit bâti en figure hémifphérique, & con: fiftoit en deux parties, l’autel & le presbytere où fanttuaire. Dans cette derniere partie étoient conte- nues les ftalles ou places du clergé , & entr’autres ; le throne de l'évêque, qui étoit placé au milieu ; ou dans la partie la plus éloignée de l’autel. Peut-être , dit M, Fleury , les Chrétiens avoient:ls voulu d’abord imiter la féance du fanhedrin des Juifs, où les juges étoient aflis en demi-cercle, le préfident au milieu : l’évêque tenoit la même place dans le presbytere. L’autel étoit à l’autre extrémité versla nef, dont il étoit {éparé par une grille ou baluftrade à jour. Ilétoit élevé fur une eftrade, & fur l’autel étoit le ciboire ou la coupe, fous une efpece de pavillon ou de dais. Voyez Cordemoy , Mém. de Trev. Juillet 1710, page 1208. 6 fuiv. Fleury, mœurs des Chrés. tit. XXXr. On fanoit plufeurs cérémonies à l’entrée ou fous l’arcade de l’abfis, comme d’impofer les mains, de révêtir de facs & de cilicesles pénitens publics. Il eft auf fouvent fait mention dans les anciens monu- mens des corps des Saints qui étoient dans Pabfis. C’étoient les corps des faints évêques , ou d’autres Saints qu’on y trañlportoit avec grande folennité. Synod. 32. carth. can, 52. Spelman. Le throne de l’évêque s’appelloit anciennement ap/is, d’où quelques-uns ont crû qu’il avoit donné ce nom à la partie de la bafilique dans laquelle il éroit fitué : mais, felon d’autres, il avoit emprunté de ce même lieu. On l’appelloit encore ap/is gradata , parce qu'il étoit élevé de quelques degrés au-deflus des fiéges des prêtres ; enfuite on le nomma exhedra , puis éhrone & tribune. Voyez TRIBUNE. Apfis étoit auf le nom d’un reliquaire ou d’une châfle, où l’on renfermoit anciennement les reliques des Saints, & qu’on nommoit ainf, parce que les re- liquaires étoient faits èn arcade où en voûte; peut- être auffi à caufe de laps où ils étoient placés, d’où les Latins ont formé capfa, pour exprimer la même chofe. Ces reliquaires étoient de bois, quelquefois d’or, d'argent, ou d'autre matiere précieufe, avec des reliefs & d’autres ornemens ; on les plaçoit fur l'autel, qui, comme nous l'avons dit, faifoit partie de lapfis , qu’on a aufli nommé quelquefois le cheves de l’églife, & dont le fond, pour lordinaire, étoit tourné à lorient. Voyez du Cange, Defcripr, S. Sophie, Spelman, Fleury loc. cit, (G) * APT, (Géog. anc. & mod.) autrefois Apra Julie, ville de France, en Provence, {ur la riviere de Cala- ran. Long. 23. 6. lat. 43.50. * APTERE , de éwrepoc, fans aile, ( Myth.) épithe- te que les Athéniens donnoient à la viéoire, qu’ils avoient repréfentée fans aîles, afin qu’elle reftât toû- jours parmi eux. * APTERE, (Géog. anc. € mod.) ville de l’ile de Crete, c’eftaujourd’hui Arreriæ ou Paleocaftro. On dit qu’Aptere fut ainfi nommée, de àærepoc, fans aïle, parce que ce fut là que les Sirenes tomberent, lorf- welles perdirent leurs ailes, après qu’elles eurent été vaincues par les Mufes , qu’elles avoient défiées à chanter. AP-THANES, c’eft un ancien mot Ecoflois qui défigne la plus haute nobleffe d’Ecoffe, Voyez THANE 04 ANCIEN NOBLE. (G APTITUDE, ex erme de Jurifprudence, eft fyno- nyme à capacité & habileté. Voyez l’un & l’autre. (Æ) APTOTE, ce mot eft grec, & fignifie szdéclina- ble, Sunt quædam, quæ declinationem non admittunt , É in quibufdam cafibus tantièm inveniuntur, & dicuntur aptota. Sofipater , Zy. I. pag. 23. comme as, nefas, Êc. amlwTos 5 c’eft-a-dire , Jans CAS 5 formé de loc » cas, & d’z privatif. (Æ) * APUA, ville de Ligurie. 7, PONTREMOLLE: * APUIES , £. m. pl. ( Géog. & Hiff. ) peuples de f’Amérique méridionale, dans le Brefil. Ils habitent à la fource du Ganabara, ou du Rio-Janeiro, & près du #ouvernement de ce dernier nom. * APURIMA oz APORIMAC, riviere de l’Amé- rique, dans le Pérou, la plus rapide de ce royaume, à 12 lieues de la riviered’Abançac. * APURWACA ox PIRAGUE,, ( Géog. mod. ) ri- viere de l'Amérique méridionale, dans la Guiane; c’eft une des plus confidérables du pays APUS, ex Affronomie, l’oifeau du paradis; c’eft lune des conftellations de l’hémifphere méridional , qui ne font pas vifibles dans notre latitude, parce qu'étant trop proches du pole méridional , elles font tohjours fous notre horifon. Voyez CONSTELL A- TION. (0 APYREXIE, f. f. de privatif, & de œupeëie ,fievre , abfence de fievre ; c’eft( ez Medecine ) cet intervalle de tems qui fe trouve entre deux accès de fievre in- termittente , ou c’eft la ceffation entiere de la fievre, Voyez FIiEVRE, (N) * AQUA, province d'Afrique, fur la côte d’or de Guinée. * AQUA-DOLCE oz GLECINIRO, (Géog. anc. € mod.) riviere de Thrace, qui fe jette dans la Pro- pontide, vers Selivrée. ; AQUA-NEGRA, petite place d'Italie, dans le Mantotian, fur la Chiefe, un peu au-delà de la jon&tion de cette riviere avec POglio. L.2:7. 45. lat. 45. 10. AQUA-PENDENTE. Voyez ACQUA-PENDENTE; * AQUA-SPART A, petite ville d'Italie, dans la province d'Ombrie , fur un mont, entre Amelia & Spolette. RENE =" Tome LI, A QU 563 *AQUÆ-CALIDÆ, (Géog. anc.) ville ainf nommée de fes bains chauds, C’eft la même qu’on ap pelle aujourd’hui Bark , dans le comté de Sommerfet en Angleterre ; Antonin l'appelle aufli Aque folis. AQUARIENS, ( Théol. ) elpece d’hérétiques qui pa: rurent dans le 3° fiecle ; ils fubftituoient l’eau au vin dans le facrement de l’Euchariftie 7: EUCHARISTIE. On dit que la perfécution qu’on exerçoit alors avec fureur contre le Chriftianifine, donna lieu à cette hé: réfie, Les Chrétiens, obligés de célébrer pendant la nuit la cene euchariftique, jugerent à propos de n’y employer que de l’eau, dans la craînte que l’odeur dur vin ne les décelât aux payens, Dans la fuite, ïls pouf: ferent les chofes plus loin ; ils bannirent le vin de ce facrement, lors même qu'ils pouvoïient en faire ufage en füreté. S. Epiphane dit que ces hérétiques étoient fcétateurs de Tatien , & qu’on leur donna le nom d'Aquariens, parce qu’ils s’abftenoient abfolument de vin, jufques-là même qu'ils n’en ufoient pas dans le facrement de l’'Euchariftie, Ÿ, ABSTEME, ABSTI- NENCE. ( G AQUARIUS , eft le nom latin du verfeau. Foyez VERSEAU, (O * AQUATACCIO ox AQUA D’ACIO , ox RIO D’APPIO, (Géog, anc. 6 mod.) petite riviere dans la campagne de Rome en Italie, qui fe jette dans le Tibre à un mille de Rome. On ne connoît cette ri- vicre, que parce qu’autrefois on y lavoit les chofes facriñiées à Cybele. | AQUATIQUE, adj. fe dit des animaux G des vé- gétaux qui fe plaïfent dans l’eau , tels que l’aulne, l’o- fier, les faules , le peuplier , le marfaut & autres. (ÆK} AQUATULCO, voyez AGUATULCO. AQUE ox ACQUE, ff, (Marine.) c’eft une efpe= ce de bâtiment qui amene des vins du Rhin en Hol- lande : il eft plat par le fond, large par le bas, haut de bords, & fe rétréciffant par le haut; fon étrave eft large de même que fon étambord, (Z) AQUEDUC, f. m. bâtiment de pierre, fait dans un terrein inégal, pour conferver le niveau de l’eau . & la conduire d’un lieu dans un autre, Ce mot eft formé d’aqua | eau, & de duilus, conduit. On en diftingue de deux fortes ; d’apparens , & de Joñterrains : les apparens {ont conftruits À travers les vallées & les fondrieres, & compotés de tremeaux & d’arcades; tels font ceux d’Arcueil, de Marly & de Bucq près Verfailles. Les foûterrains font percés à travers les montagnes, conduits au-deflous de la fu- perficie de la terre, bâtis de pierre de taille & de moilons, & couverts en-deflus de voûtes ou de pier- res plattes, qu’on appelle dalles ; ces dalles mettent l’eau à l’abri du foleil; tels font ceux de Roquencourt:;; de Belleville, & du Pré S. Gervais. On diftribue encore les aqueducs en doubles ou t#ri= ples , C’eft-à-dire, portés fur deux ou trois rangs d’ar- cades ; tel eft celui du Pont-du-Gard en Languedoc & celui qui fournit de l’eau à Conftantinople ; aux- quels on peut ajoûter l’aqueduc que Procope dit avoir. été conftruit par Cofroës roi de Perfe, pour la ville de Petra en Mingrelie ; 1l avoit trois conduits {ur une > même ligne, les uns élevés au-deflus des autres. Souvent les agueducs font pavés ; quelquefois l’eaw roule fur un lit de ciment fait avec art, ou fur un lit naturel de glaife. Ordinairement elle pañle dans des cuvettes de plomb, ou des augés de pierre de taille, auxquelles on donne une pente imperceptible pour faciliter fon mouvement; aux côtés de ces cuvettes font ménagés deux petits fentiers où l’on peut mar- cher au befoin, Les aqueducs, les pierriers, les tran- chées, &c, amenent les eaux dans un réfervoir ; mais ne les élevent point. Pour devenir jailliffantes, 1l faut qu’elles foient reflerrées dans des tuyaux, (Æ) :* Les agueducs de toute efpece étorent jadis une des merveilles de Rome: la grande quantité qu'il y en _# | Bbbbi 504 À Q U “avoit ; les frais immenfes employés à faire venir des eaux d’endroits éloignes de trente, quarante, foi- xante, & même cent milles fur des arcades, ou con- tinuées ou fuppléées par d’autres travaux, comme des montagnes coupées & des roches percées ; tout cela doit furprèndre : on n’éntreprend rien de fem- blable aujourd’hui : on n’oferoit même penfer à ache- ter fi cherement la commodité publique. On voit encore en divers endroits de la campagne de Rome de grands reftes de ces aqueducs, des ares continués dans un long efpace , au-deflus defquels étoient les canaux qui portoient l’eau à la ville: ces arcs font quelque- fois bas, quelquefois d’une grande hauteur, felon les inégalités du terrein, Il y en a à deux arcades l’une fur l’autre ; &c cela de crainte que la trop grande hau- teur d’une feule arcade ne rendit la ftruéture moins {olide : ils font communément de briques fi bien ci- mentées, qu’on a peine à en détacher des morceaux. Quand l’élevation du terrein étoit énorme , on recou- roit aux agueducs foûterrains ; ces agueducs portoient les eaux à ceux qu’on avoit élevés fur terre, dans les fonds &c les pentes des montagnes. Si l’eau ne pou- voit avoir de la pente qu'en paffant au-travers d’une roche, on la percoït à la hauteur de Pagzeduc fupé- rieur : on en voit un femblable au-deflus de Tivoli, & au lieu nommé Vrcovaro. Le canal qui formoit la fuite de lagueduc, eft coupé dans la roche vive l’ef- pace de plus d’un mille, {ur environ cinq piés de haut & quatre de large. Une chofe digne de remarque , c’eft que ces aque- ducs qu’on pouvoit conduire en droite ligne à la vil- le, n’y parvenoient que par des finuofités fréquentes. Les uns on dit qu’on avoit fuivi ces obliquités pour éviter les frais d’arcades d’une hauteur extraordinai- re : d’autres, qu’on s’étoit propoié de rompre la trop grande impétuofité de l’eau qui ; coulant en ligne droite par un efpace immenfe , auroit tobjours aug- menté de vitefle , endommagé les canaux, & donne une boiïflon peu nette & mal-faine. Mais on deman- de pourquoi y ayant une fi grande pente de la caf- cade de Tivoh à Rome, on'eft allé prendre l’eau de la même riviere à vingt milles & davantage plus haut ; que dis-je vingt nulles, à plus de trente , en y comptant les détours d’un pays plein de montagnes, On répond que la raifon d’avoir des eaux meilleures & plus pures fufhfoit aux Romains pour croire leurs travaux néceflaires & leurs dépenfes juftifiées ; &c fi l’on confidere d’ailleurs que l’eau du Teveron eft chargée de parties minérales, & n’eft pas faine , on fera content de cette réponfe. Si l’on jette les yeux fur la planche 228 du IF, volume des Antiquités du P. Montfaucon , on verra avec quels foins ces immenfes ouvrages étoient conf tnuits. On y laïfloit d’efpace en efpace des foûpi- taux , afin que fi l’eau venoit à être arrêtée par quel- que accident ; elle pût fe dégorger jufqu’à ce qu’on eût dégagé fon pañlage. Il y avoit encore dansle canal même de l’agueduc des puits où l’eau fe jettoit, fe re- pofoit & déchargeoïit fon limon, & des pifcines où elle s’étendoit & fe purifoit. L’aqueduc de V'Aqua-Marcia à l'arc de feize piés d'ouverture : le tout eft compotfé de trois différentes fortes de pierres; lune rougeâtre, l’autre brune, & l’autre de couleur de terre. On voit en haut deux canaux dont le plus élevé étoit de l’eau nouvelle du Teveron, & celui de deflous étoit de l’eau appellée Claudienne ; édifice entier a foixante & dix piés ro- mains de hauteur. : À côté de cet aqueduc, on a dans le P. Montfau- con la coupe d’un autre à trois canaux ; le fupérieur eft d’eau Julia, cehu du milieu d’eau Zepula, & l’in- férieur d’eau Marcia. L’arc de l’agteduc d’eau Clandienne eft de très-belle Pierre de taille ; celui de Paguedue d’eau Néronnienne * A QU ‘eft de brique ; ils ont l’un & l'autre foixante-douze piés romains de hauteur. Le canal de l’agueduc qu’on appelloit Aqua- Appia mérite bien que nous en faflions mention par une fingularité qu’on y remarque ; c’eft de n’être pas uni comme les autres , d'aller comme par degrés , en- forte qu’il eft beaucoup plus étroit en-bas qu’en-haut, Le conful Frontin, qui avoit la direétion des aque- ducs fous l’empereur Nerva ; parle de neuf agueducs qui avoient 13594 tuyaux d’un pouce de diametre, Vigerus obferve que dans l’efpace de 24 heures, Ro: me recevoit $00000 muids d’eau. | Nous pourrions encore faire meñtion de l’aguedui de Drufus & de celui de Rimini : mais nous nous contenterons d’obferver ici qu'Augufte fit réparer tous les agueducs ; 8 nous pafferons enfuite à d’au= tres monumens dans le même genre, & plus impor: tans encore , de la magnificence romaine. Un de ces monumens eft l’agueduc de Metz, dont il refte encore aujourd’hui un grand nombre d’arca- des ; ces arcades traverfoient la Mofelle , rivieré grande & large en cet endroit. Les {ourcés abondan: tes de Gorze fournifloient l’eatt à la Naumachie ; ces eaux s’aflembloient dans un réfervoir ; de - là elles étoiént conduites par des canaux foûterrains faits dé pierre de taille, & fi fpacieux qu’un homme y pou= voit marcher droit : elles pafloient la Mofelle fur ces hautes & fuperbes arcades qu’on voit encore à deux lieues de Metz , fi bien maçonnées & fi bien cimen- tées , qu'excepté la partie du milieu , que les glaces ont emportées , elles ont réfifté & réfiftent aux inju: res les plus violentes des faifons. De ces arcades, d’autres aqueducs conduifoient les eaux aux bains & au lieu de la Naumachie. LR Si l’on en croit Colmenaïès , l’agueduc de Ségovie peut être comparé aux plus beaux ouvrages de l’an= tiquité. Il en refte cent-cinquante-neuf arcades tou- tes de grandes pierres fans ciment. Ces arcades avee le refte de l’édifice ont cent deux piés de haut; il y a deux rangs d’arcades l’un fur Pautre ; lagueduc tra- verfe la ville & pañle par-deflus la plus grande par= tie des maïfons qui font dans le fond. tr. Après ces énormes édifices, on peut parler de la: queduc que Louis XIV à fait bâtir proche Maintenon, pour porter les eaux de la riviere de Bucq à Verfail- les ; c’eft peut-être le plus grand zgweduc qui foit à préfent dans lPunivers ; 1l eft de 7000 brafles de long {ur 2560 de haut , & a 242 arcades: 14 Les cloaques de Rome , ou fes ayueducs foûter: rains , étoient aufli comptés parmi fes merveilles ; ils s’étendoient fous toute la ville , & fe fubdiviloient en plufeuts branches qui fe déchargeoient dans la riviere : c'étoient de grandes & hautes voûtes bâties folidement , fous lefquelles on alloit en bateai; ce qui fafoit dire à Pline que la ville étoit fufpendue eñ l’air , & qu’on navigeoit fous les maïfons ; c’eft ce qu’il appelle Ze plus grand ouvrage qu'on ait jamais entrepris. Il y avoit fous ces voûtes des endroits où des charrettes chargées de foin pouvoient pañer ; ces votes foûtenoient le pavé des rues, Il y avoit d’ef: pace en efpace des trous où les immondices de la vil: le étoient précipitées dans les cloaques. La quantité incroyable d’eau que les agueducs apportoient à Ro- me y étoit aufli déchargée. On y avoit encore dé: tourné des nüfleaux , d’où il arrivoit que la ville étoit toùjours nette, & que les ordures ne féjour- noient point dans les cloaques , & étoient prompte: ment rejettées dans la riviere. Ces édifices font capables de frapper de Padmira- tion la plus forte: mais ce feroit avoir la ve bien courte que de ne pas la porter au-delà , & que de n'être pas tenté de remonter aux caufes de la gran- deur & de la décadence du peuple quiles a conftruits. Cela n’eft point de notre objet, Mais Le leéteur peut eonfulter là-deflus les Conffdérations de M. le préfident de Montefquieu , & celles de M. Pabbé de Mably”; 1l venta dans ces ouvrages, que les édifices ont toù- Jours été & feront toûjours comme les hommes , ex- cepté peut-être à Sparte, où l’on trouvoit de grands hommes dans des maifons petites & chetives : mais cet exemple eft trop finguhier pour tirer à confé- ‘quence. | | AQUEDUC , . m.les Anatomiftes s’en fervent pour ‘défigner certains conduits qu'ils Ont trouvé avoir du rapport avec les agueducs. | L’agueduc de Fallope eft un trou fitué entre lés apo- phytes ftyloide & maftoide ; on aaufli nommé cetrou fylo-maftoidien. Voyez STYLOIDE 6 MASTOIDE, L’aqueduc deSylvius eft un petit canal du cerveau ‘dont l’anus eft l'orifice poftérieur , & la fente qui va à lPinfundibulum, eft l’intérieur, Voyez CERVEAU, ANUS , 6 INFUNDIBULUM. AQUERECY , aguerecy , haut , il au pallé ici, ter- me dont on fe fert à la chafle du lievre , lorfqu'il eft à quelque belle pañlée. LD AQUEUX , aguofus , adj. qui participe ou qui eft ‘de la nature de l’eau, ou bien ce en quoi l’eau abon- de ou domine. Voyez Eau. Ainfi l’on dit que le lait confifte en parties agueu- fes ou féreufes, & en parties butyreufes. Voyez LAIT. C’eft par la diftillation que les Chimiftes féparent la partie aqueufe ou le phlegme de tous les corps. 7. PHLEGME. Conduits ou canaux AQUEUX. Voyez l'article LyM- PHATIQUE. Humeur AQUEUSE ; c’eft la premiere ou l’anté- æeure des trois humeurs de l'œil. Voyez Humeur & ŒrL. | Elle occupe la chambre añtérieure & la poftérieu- re ; elle laïfle par l’évaporation un fel Bxiviel , & au goût elle eft un peu falée ; elle s’évapore prompte- ment & toujours après la mort. Il eft très-conftant qu’elle fe régénere , & qu’il y a par conféquent quel- que fource d’où elle coule fans cefle. Efl-ce dans les vaifleaux fecréteurs qu'Hovius croit avoir vüs à l’ex- trémuté de l’uvée , ainfi que la Charriere ? Albinus a vü fes ingetions tranfluder par les extrémités des vaif: feaux de liris : mais on n’eft pas décidé à lé croire, ‘& l’analogie des liqueurs exhalantes qui viennent toutes des arteres perfuade autre chofe, . L’humeur aqzeufe eft repompée par des veines ab- {orbantes ; autrement, comme elle abonde fans cefle par les artéres , elle s’accumuleroit , & l'œil devien- droit hydropique : d’ailleurs on fait par expérience que le fang épanché dans l’humeur zqueufe a été re- pompe ; elle circule donc : mais encore une fois quels en font les conduits? Nuck croit avoir découvert ces conduits, Ruyfch en parle dans deux endroits. San- torini ; dans un aveugle ; a quelquefois vi des ca- naux pleins d’une liqueur rougeâtre, Hovius a erû découvrir de nouvelles fources ; mais il les regarde comme artérielles , & il a nié qu’elles fuflent des con: duits particuliers : mais comment d’une artère vif ble, dans un canal également fenfible à l'œil; ‘une autre liqueur que le fang poutroit-elle pañfer ? II n’y a aucun exemple dé ce fait dans lé corps humain ; qui empêche le fang même d’entrer dans un vaifleau d’un aufli grand diametre. En voilà aflez pour dé: truire ces fources particulieres de l’humeur vqueufe, Haller , Comment. Boerk. ( L) AQUEUX. Les remedés agzeux font tous éeux où l’eau domune ; telles font les plantes fraîches & nou- velles , & entr’elles toutes celles qui fe réfolvent ai- fément en eau, foit par la diftillation , foit par la coëtion , foit par la macération. Les laitues, les lai- trons , les patiences , les ofeilles , les poirées , les chicorées & autres font fur-tout dans cette claffe ; le pourpier , le cotyledon , le fedum en font auf, À. À QU 565 Entre les légumes, font les pois verds, les hari- cots nouveaux , les afperges , toutes les herbes po- tageres. | E … Entre les fruits , font les raifins ; les poires , les pommes douces , Les cerifes douces , les prunes , les abricots , les pêches & autres. … Les alimens agueux tirés du regne végétal & ani- mal conviennent à ceux qui ont les humeurs acres , les fibres trop roïdes , & les fluides ou le fang adufte; ainfi dans l'été, on doit ordonner aux malades beau: coup d’agueux & de délayans pour calmer les dou: leurs que produifent l’ébullition &c l’efervefcence des humeurs. (N) . _ * AQUI & AQUITA, ville & province du Ja> pôn , dans la contrée nommée Miphon. La province d’Aquita eft aux environs de Chançuque , vers le dé- troit de Sangaar. . *AQUIGIRES, f. m. pl. CHif. E Géog.) peu ples de l'Amérique méridionale; dans le Bréfil, vers la préfeture du Saint-Efprit. | AQUILA ( Géog. mod. ) ville d’italie, au royau- me de Naples, dans l’Abruzze ultérieure, fur la Pe£ cara. Long. 3I. 10. lat, 42. 20. * AQUILEGES ; {, m. pl. ( Hif. anc. ) c’eft lé nom que les Romains donnerent , fous Aupgufte , à ceux qui étoient chargés du foin d’entretenir les tuyaux & les conduits des eaux, .“AQUILIE (Géog. anc. & mod.) ville d'Italie, dans le Frioul, jadis confidérable. Long. 31,5. lat. 45.45. ._ * AQUILIES o4 AQUITICINTA , facrifices qué les Romaïns faïloient à Jupiter dans le tems de la fe- chereffe , pour en obtenir de la pluie. . . Les prêtres qui les offroient s’appelloiént Æquili ciens , parce qu'ils attiroient l’eau, aguam elicicbanr. Il faut voir comment Tertullien charge de ridiculé toutes ces fuperfhitions , dans fon Apo/ogérique. . AQUILON, f. m. eft pris, par Vitruve , pour le vent de nord-eft, ou pour ce vent qui fouffle à 45 degrés du nord , entre le nord & l’eft. Voyez VENT, NoRpD 6 PornT: Ve LAC Les Poëtes donnent le nom d’Æquilon à tous les vents orageux que les nautonmiers redoutent. (0) . * AQUILONDA ( Géog. mod. ) brand lac d’Afri- que, en Ethiopie, aux pies des montagnes du Soleil, fur les confins du Congo & d’Angola. À “AQUIMINARIUM où AMULA ( Hifi. anc. Ÿ vaiffeat rempli d’eau luftrale ; 1l étoit placé à l'en: trée des temples , & le peuple s’arrofoit de cette eau benite. s- * AQUINO ( Géog. anc, 6 mod. ) ville d'Italie ; au royaume de Naples | dans la terre de Labour. Long. \37. 23, lat. 41. 32: _ * AQUITAINE,, £. £. ( Géog. & Hiff. anc. & mod.) une des trois parties de l’ancienne Gaule. Céfar dit qu’elle étoit féparée au nord de la Gaule celtique, par la Garonne. Il y à fur fes autres bornes des con- teftations entre les favans ; on°en peut voir le détail dans le Difion. dé Moreris 0 Selon le païti qu'on prendrà l’Aquitaine fera plus où moins reflerrée. Lorfque Céfar divifa les Gaules en quatre grands gouvernemens , il fit entrer dans l'Aquitaine les Bourdelois’, les Angoumois , les Au- vergnats ; ceux du Vélai, du Gévaudan, du Rouer- gue , du Quercy, les Agénoïs , les Berruyets , les Li- mofins ; les Périgordins , les Poitevins , les Sainton- geois ; les Elviens où ceux du Vivarais , à la place defquels un empereur , qu’on foupçonne être Galba, mit ceux d’Albr. Sous Julien l'Aquitaine étoit Lier gée en deux provincés ; ces deux provinces s’äppel- lerent fous Valentinien, prerriere & féconde Aquitai- ne, dont Bordeaux fut la métropole. Dans la fuite on voit Bourges métropole de la première Aquitaine compofée de fept autres cités ; favoir, celles d’Au- vergne , de Rhodes ; d’Albr, de Cahors ; de Limo= 566 À R A ges , de la cité de Gévaudan & de cellé de Vélai, & Bordeaux métropole de la feconde Aquitaine , & fous elle Agen , Angoulème , Saintes , Poïtiers & Péri- gueux; cette contrée fut appellée Aquitaine, de l’a- bondance de fes eaux ; on l’appelloit anciennement Armorique, de armor, qui, en langue Gauloife, figni- foit pays maritime. Il faut ajoûter à la premiere & feconde Aquitaine la Novempopulante compolée des douze cités fuivantes , Eaufe métropole , Acqs, Leï- toure , Cominges , Conferans ; la cité des Boiates ou de Bufch, celle de Bearn , Aire , Bazas , Tarbes, Oléron & Aufch; & ces trois provinces formerent l Aquitaine entiere, L’ Aquitaine , après avoir éprouvé plufieurs révolutions, fut érigée en royaume en 778 par Charlemagne, & fupprimé par Charles-le-Chaw- ve, qui y nuit des ducs. L’ Aquitaine , qu'on peut appeller moderne , eft ren- fermée entre la Loire , l'Océan & les Pyrenées. Il y en a qui ne comprennent fous ce nom que la Guien- ne & la Gafcogne : d’autres divifent l’Aquitaine en trois parties; la premiere comprend le Berry & le Bourbonnois , la haute & bafle Auvergne , le Vélai & le Gévaudan , le Rouergue & lAlbigeois ; le Querci , le haut & bas Limofin, la haute & baffle Marche ; la feconde , le Bourdelois , le Médoc, la Saintonge, l'Aunis, l'Angoumois , le Périgord , l'A- génois & le Condomois ; la troifieme , lArmagnac & le Bigorre, Cominges, Conferans, le Béarn , la bafle Navarre, les Bafques, les Landes, le Bazadois & la petite Gafcogne. # * AQUITECTEURS , f. m. pl. ( Æff. anc. ) nom que les Romains donnerent à ceux qui étoient char- ges de l'entretien des aqueducs & de tous les bâti- mens deftinés ou à diftribuer les eaux dans la ville, ou à en expulfer les immondices. À R * AR ( Géog. ane, 6 facr. ) ville des Moabites, Voyez AROER. ARA eft le nom Latin de la conftellation appel- lée autel, Voyez AUTEL. (0 ) * AR A ox HARA( Géog. anc. & fainte. ) ville d’Affyrie où les tribus qui étoient au-delà du Jour- dain , favoir , de Ruben , de Gad &x la moitié de cel- le de Manaflés , furent menées en captivité par les rois Phul & Theglathphalafar. Saint Jérome croit que cette ville eft la même que Ragès, dont il ef par- lé dans Tobie, chap. J. *ARA (Cap d’) ( Géog. anc. 6 mod. ) autrefois Neptunium promontotium, eft le cap le plus méridio- nal de l'Arabie heureufe ; il forme avec la côte d’A- jan en Afrique ; le détroit de Babelmandel. * ARAB ( Géog. anc, € Jainte. ) ville de la tribu de Juda. * ARABA ( Géog. anc. & mod. ) ville de Perte, dans le Sigiftan , entre la ville de ce nom &cle Cen- dahar. On penfe communément que c’eft l’ancienne ville d’Ariafpe, capitale de la Drangiane, à moins que ce ne foit Gobinam, ville de la même province, au midi de celle de Sisiftan. ARABE , adj. on appelle arabe & arabique tout ce qui a rapport à l’Arabie, ou aux Arabes; arabique lan. gue, ou langue arabe, c’eft une dialeéte de l’'Hébreu. Le Pere Ange de S. Jofeph exalte beaucoup la ri- chefle & l’abondante de lArabe. Il aflüre qu'il y a dans cette langue plus de mille mots qui fignifient une épée : cinq cens qui fignifient un oz , deux cens pour dire un Jérpent., & haut qui fignifient du rrie/. Caraîleres arabes , ou figures arabiques , ce font les chiffres dont on fe fert ordinairement dans les cal- culs d’arithmétique. Voyez FIGURE ; NOMBRE, Les caradteres arabes font différens de ceux des Ro- mains, Voyez CARAÇTERE, AR A On croît communément que les Sarrafins nous ont donné les caraëteres arabes , qu'ils avoient appris eux-mêmes des Indiens. Scaliger étoit f perfuagé de leur nouveauté, qu'il affüra qu’un médaillon d’at- gent fur lequel il fut confulté étoit moderne , parce que les caraéteres 2,34 & 235 étoient gravés deflus.. On croit que Planude qui vivoit fur la fin du tre:- zieme fiecle , a été le premier d’entre les Chrétiens qui ait fait ufage de ces chiffres. Le Pere Mabillon affüre dans fon traité de Re diplomaticä, que l’on net s’en eft pas fervi avant le quatorzieme fiecle. Le doc- teur Wallis foûtient qu’ils étoient enufage long-tems auparavant , du moins en Angleterre, & fixe cette époque au tems d’Hermannus-Contraétus qui vivoit environ l’an zo50. Ces chiffres, felon lui , étoient d'ufage , finon dans les comptesordinäires , du moins dans les Mathématiques , & furtout pour les tables: aftronomiques. Voyez Wallis, algeb. ch, iv. Pour prouver l'antiquité des chiffres arabes , le même auteur {e fonde fur une infcription en bas re- lief qui étoit fur un manteau de cheminée de la maï- fon presbytérale de Helindon dans la province de Northampton , où on lifoit ces carateres #19, 133 avec la date de l’année 2133. Tranfac. Philofoph. 710, 174. M. Tuffkin fournit une preuve plus füre de l’an- tiquité de l’ufage de ces chiffres. C’eft une croiïfée d’une maïfon faite à la romaine , &c fituée dans la place du marché de Colchefter , fur laquelle entre: deux lions cifelés eft un écuflon contenant ces mar- vques 2090. Tranfait. Philofoph. no. 255. : M. Huet penfe que ces carateres n’ont point té empruntés des Arabes, mais des Grecs; & que les: chiffres arabes ne font autre ‘chofe que les lettres greques, que l’on fait que ces peuples employoient pour nombrer & chiffrer. Voyez NOMBRE. | On dit que l’on nourrit les chevaux arabes avec du lait de chameau, & on rapporte des chofes étonnan- tes de ces animaux. Le duc de Neucafîle affüre que: le prix ordinaire d’un cheval arabe eft de 1000 , 2000 & jufqu’à 3000 livres, & que les Arabes font aufli foigneux de conferver la généalogie de leurs che- vaux , que les Princes font curieux de celle de leurs familles ; les écuyers ont foin d'écrire lesnom des peres & meres de cesanimaux , & on en trouve dont la nobleffe en ce genre remonte fort haut. On aflüre qu'il y a eu tels chevaux pour lefquels on a frappé des médailles. Le bien que les Arabes donnent à leurs enfans ; quand ils font arrivés à l’âge d’homme , confifte en deux habits, deux cimeteres, &un cheval qui les ac- compagne toûjours. Les chevaux ærabes que l’on a amenés en Angleterre n’ont jamais rien montré qui füt extraordinaire. Voyez CHEVAL. ANNÉE des ARABES. Voyez AN. ARABES, Erat de la Philofophie chez les anciens Arabes: après les Chaldéens, les Perfes & les Indiens , vient la nation des Arabes , que les anciens Hifloriens nous repréfentent comme fort attachée à la Philofo- phie, & comme s’étant diftinguée dans tous les tems par la fubtilité de fon efprit : mais tout ce qu’ils nous en difent paroît fort incertain. Je ne mie pas que de- puis Iflamime l’érudition & étude de la Philofophie nayent été extrèmement en honneur chez ces peu- ples : mais cela n’a lieu &c n’entre que dans Phiftoire de la Philofophie du moyen age, Aufli nous propo- fons-nous d’en traiter au long , quand nous y ferons parvenus. Maintenant nous n’avons à parler que de la Philofophie des anciens habitans de l'Arabie heu- reufe. Il y a des favans qui veulent que ces peuples fe {oient livrés aux fpéculations philofophiques ; 8& pour prouver leur opinion, ils imaginent des fyftèmesqu'ils leur attribuent, & font venir à leur fecours la reli- pion des Zabiens, qu’ils prétendent être le fruit de la Philofophie. Tout ce qu'ils difent n’a pour appuique des raïfonnemens & des conjeétures : mais que prou- ve-t-on par des raifonnemens & des conjeëtures , quand il faut des témoignages ? Ceux qui font dans cette perfuafñon que la Philolophie a été cultivée pat les anciens Arabes , font obligés de convenir cux-mê- mes, que les Grecs n'avoient aucune connoïflance de ce fait. Que dis-je ? Ils les regardoient comme des peuples barbares & ignorans , & quin’avoient ancu- ne teinture des lettres. Les écrivains Arabes , fi l’on en croit Abulfarage, difent eux-mêmes qu'avant Ifla- mime , ils étoient plongés dans la plus profonde igno- rance. Mais ces raifons ne {ont pas aflez fortes pour leur faire changer de fentiment fur cette Philofophie qu'ils attribuent aux anciens Arabes. Le mépris des Grecs pour cette nation, difent-ils , ne prouve que leur orgueil & non la barbarie des Arabes. Maïs enfin quels mémoires peuvent-ils nous produire, & quels auteurs peuvent-ils nous citer en faveur de l’érudi- tion & de la pilofophie des premiers Arabes? Ils con- viennent avec Abulfarage qu’ils n’en ont point. C’eft donc bien gratuitement qu’ils en font des gens lettrés &c adonnés à la Philofophie. Celui qui s’eftle plus fignalé dans cette difpute , & qui a eu plus à cœur la > À gloire des anciens Arabes, c’elt Jofeph Pierre Lude- wig. D’abord il commence par nous oppofer Pytha- gore , qui , au rapport de Porphyre , dans le voyage littéraire qu'il avoit entrepris , fit l’honneur aux Æ4ra- bes de pañer chez eux , de s’y arrêter quelque tems , & d'apprendre de leurs Philofophes la divination par le vol & par le chant des oïfeaux, efpece de divina- tion où les Arabes excelloient. Moyfe lui-même, cet homme inftruit dans fôlte la fagefle des Egyptiens, quand il fut obligé de quitter ce royaume , ne choïfit- il pas pour le lieu de fon exil l'Arabie, préférable- ment aux autres pays ? Or qi pourra s’imaginer que. ce lésiflateur des Hébreux 1e fût retiré chez les 4ra- bes , fi ce peuple avoit été grofher , flupide , igno- rant? Leur origine d’ailleurs ne laïffe aucun doute fur la culture de leur efprit. Ils fe glorifient de defcendre "d'Abraham, à qui l’on ne peut refufer la gloire d’a- voir été un grand Philofophe. Par quelle étrange fa- talité auroient-ils laifé éteindre dans la fuite des terns ces premieres étincelles de lefprit philofophique , qu'ils avoient hérité d'Abraham leur pere commun ? Mais ce qui paroït plus fort que tout cela , c’eft que les livres faints pour relever la fagefle de Salomon, mettent en oppoñtion, avec elle la fageffe des Orien- taux : ot ces Orientatix n’étoient autres que les Ara- bes. C’eft de tte même Arabie que la reine de Saba vint pour admirer la fagefle de ce Philofophe cou- ronné ; c’eft l’opimion conftante de tous les favans. On pourroit prouver aufli par d'excellentes raifons, que les Mages venus d’orient pour adorer le Meffie, étoient Arabes. Enfin Abulfarage eft obligé de conve- nir qu'avant [flamime même , à qui l’on doit dans ce pays la renaiflance des lettres , ils entendoient parfaitement leur langue , qu'ils en connoïfloient la valeur & toutes les propriétés, qu'ils étoient bons Poëtes, excellens Orateurs, habiles Aftronomes. N’en eft-ce pas aflez pour mériter le nom de Philofophes ? Non, vous dira quelqu'un. Il fe peut que les Arabes ayent poli leur langue , qu'ils ayent été habiles à de- viner & à interprèter les fonges, qu'ils ayent réufi dans la compofition &r dans la folution des énigmes, qu'ils ayent même eu quelque connoïffance du cours des aftres, fans que pour cela on puifle les regarder comme des Philofophes ; car tous ces arts, fi cepen: dant ils en méritent le nom, tendent plus à nourrir & à fomenter la fuperftition , qu’à faire connoître la vérité, & qu’à purger lame des paflions qui font fes tyrans. Pour ce qui regarde Pythagore, rien n’eft moins certain que fon voyage dans l’orient ; & quand À R À $67 même nous en conviendrions , qu'en réfültéroit-l 5 finon que cet impofteur apprit des #rabes toutes ces niaiferies , ouvrage de la fuperitition, & dont ilétoit fort amoureux ? [l eft inutile de citer ici Moyie. Si ce faint homme pafla dans l'Arabie , & s’il s’y établit en époufant une des filles de Jétro, ce n’étoit pas affirément dans le deffein de méditer chez les 4re- bes , & de nourrir leur folle curiofité de fyftèmes philofophiques. La Providence n’avoit permis cette retraite de Moyfe chez les Arabes, que pour y porter la connoïiffance du vrai Dieu & de fa rehgion. La Philofophie d'Abraham, dont ils fe glorifient de def: cendre , ne prouve pas mieux qu'ils ayent cultivé cette fcience. Abraham pourroit avoir été un grand Philofophe & avoir été leur pere, fans que cela tirât à conféquence pour leur philofophie. S'ils ont laiflé perdre le fil des vérités les plus précienfes , qu'ils avoient apprifes d'Abraham; fi leur religion a dégé: néré en une groffere idolatrie ; pourquoi leurs con: noïffances philofophiques , fuppoté qu’Abraham leur en eût communiqué quelques-unes , ne { feroient: elles pas aufi perdues dans la fuite des tems ? Au refte ; 1l n’eft pas trop für que ces peuples defcendent d'Abraham, C’eft une hiftoire qui paroît avoir pris naïflance avec le Mahométifme. Les Arabes ainfi que les Mahométans , pour donner plus d'autorité à leurs erreurs , en font remonter l’origine jufqu’au pere des croyans. Une chofe encore qui renverfe la fuppofi- tion de Eudewig , c’eft que la philofophie d’Abra: ham n’eft qu'une pure imagination des Juifs, qui veulent à toute force trouver chez eux l’origine & les commencemens des arts & des fciences. Ce que l’on nous oppofe de cette reine du midi, qui vint trouver Salomon fur la grande réputation de fa fa- gefle , & des Mages qui partirent de lorient pour fe rendre à Jérufalem , ne tiendra pas davantage. Nous voulons que cette reine foit née en Arabie : mais eftl bien décidé qu'elle fût de la feéte des Zabiens ? On ne peut nier fans doute , qu’elle n’ait été parmi les fem- mes d’orient une des plus inftruites , des plus ingé= nieufes , qu’elle n’ait fouvent exercé l’efprit des rois de lorient par les énigmes qu’elle leur envoyoit ; c’eft-là Lidée que nous en donne l’Hiftorien facré. Mais quel rapport cela a-t-il avec la philofophie des Arabes ? Nous accordons aufi volontiers que les Ma- ges venus d’orient étoiént des Arabes, quls avoient quelque connoïflance du cours des aftres ; nous ne refu{ons point abfolument cette fcience aux Arabes à nous voulons même qu'ils ayent aflez bien parlé leur langue, qu'ils ayent réufli dans les chofes d’imagi- nation , comme l’éloquence & la poëfie : mais on n'en conclurra jamais , qu'ils ayent été pour cela des Philofophes , & qu'ils ayent fort cultivé cette partie de la littérature. h La feconde raifon , qu’on fait valoir en faveur de la Philofophie des anciens Arabes, c’eft l'hifloire du Zabianifme, qui pafle pour avoir pris naïflance chez eux , &c qui fuppofe néceffairement des connoiffan- ces philofophiques. Mais quand même tout ce que lon en raconte feroit vrai, on n’en pourroit rien conclurre pour la philofophie des Arabes ; puifque le Zabiantfme, étant de lui-même une idolatrie hon- teufe & une fuperflition ridicule , eft plütôt l’extinc- tion de toute raifon qu’une vraie philofophie. D’ail- leurs , 1l n’eft pas bien décidé dans quel tems cette feéte a pris naïffance ; car les hommes les plus habi- les , qui ont travaillé pour éclaircir ce point d’hif- toire , comme Hottinger , Pocock, Hyde , & fur- - tout le doéte Spencer, avouent que niles Grecs , nt les Latins ne font aucune mention de cette feéte. 1 ne faut pas confondre cette fee de Zabiens Arabes avec ces autres Zabiens dont il eft parlé dans les an- nales de l’ancienne Eglife orientale , lefquels étoient moitié luifs & moitié Chrétiens , qui fe vantoient d’é- 568 À R A tre les difciples de Jean-Baptifte , & qui fe trouvent encofe aujourd’hui en grand nombre dans la ville de Baflore , près des bords du Tigre, & dans le voifinage de la mer de Perfe. Le fameux Moyfe Maimonides a tiré des auteurs Arabes tout ce qu'il a dit de cette fec- te ; & c’eft en examinant d’un œil curieux & atten- tif toutes les cérémonies extravagantes &c fuperfti- tieufes , qu'il juftifie très-ingémeufement la plüpart des lois de Moyie, qui blefleroient au premier coup d’œil notre délicatefle , fi la fageffe de ces lois n’é- toit marquée par leur oppofition avec les lois des Labiens , pour lefauelles Dieu vouloit infpirer aux Juifs une grande averfion. On ne pouvoit mettre entre les Jüifs & les Zabiens qui étoient leurs voifins uné plus forte barriére. On peut lire fur cela lou- vrage de Spencer fur l’œconomie Mofayque. On n’eft pas moins partagé fur le nom de cette feëte que fur fon âge. Pocock prétend que les Zabiens ont été ainfi nommés de N2Y, qui en Hébreu fignifie les aftres ou l'armée célefte; parce que la religion des Za- biens confiftoit principalement dans l’adoration des aftres. Mais Scaliger penfe que c’eft originairement le nom des Chaldéens ainfi appellés , parce qu'ils étoient orientaux. Il a été fuivi en cela par plufieurs favans, & entr’autres par Spencer. Cette fignifica- tion du nom de Zabiens eft d’autant plus plaufible , que les Zabiens rapportent leur origine aux Chal- déens , & qu'ils font auteur de leur feëte Sabius fils de Seth. Pour nous , nous ne croyons pas devoir pren- dre parti fur une chofe , qui déjà par elle-même ef aflez peu intéreflante. Si par les Zabiens on entend tous ceux , qui parti les peuples de lorient adoroient les aftres , fentiment qui paroît être celui de quel- ques Arabes & de quelques auteurs Chrétiens, cenom ne feroit plus alors le nom d’une feête particuhere , mais celui de l’idolatrie univerfelle. Mais il paroît qu’on a toüjours regardé ce nom comme étant pro- pre à une feéte particuliere. Nous ne voyons point qu'on le donnât à tous les peuples , qui à Padoration des aîtres joignoient le culte du feu. Si pourtant au milieu des ténebres, où eft enveloppée toute l’hif- toire des Zabiens , on peut à force de conjeétures en tirer quelques rayons de lumiere , il nous paroït pro- bable que la feéte des Zabiens n’eft qu’un mêlange du Judaïfme & du Paganifme ; qu’elle a été chez les ara- bes une religion particuliere & diftingnée de toutes les autres ; que pour s'élever au-deflus de toutes @el- les qui fleurifloient de fon tems, elle avoit non-feu- lement affeété de fe dire très-ancienne, mais même qu’elle rapportoit fon origine jufqu’à Sabius ; fils de Seth ; en quoi elle croyoit l'emporter pour l'antiquité fur les Juifs mêmes, quine peuvent remonter au-de- là d'Abraham. On ne fe perfuadera jamais que le nom de Zabiens leur ait été donné , parce qu'ils étoient orientaux, puiiqu'on n’a jamais appellé de ce nom les Mages &c les Mahométans, qui habitent les provinces de l’Afie, fituées à l’orient. Quoi qu'il en {oit de l’origine des Zabiens, 1l eft certain qu’elle neft pas auf ancienne que le prétendent les 4ra- bes. Ils font même fur cela partagés de fentimens; car fi les uns veulent la faire remonter jufqu’à Seth, d’autres fe contentent de la fixer à Noë, & même à Abraham. Eutychius, auteur Arabe, s'appuyant fur les traditions de fon pays , trouve l’auteur de cette fee dans Zoroaftre , lequel étoit né en Perfe, fi vous n'aimez mieux en Chaldée. Cependant Euty- chius obferve qu’il y en avoit quelques-uns de fon tems qui en faïfoient honneur à Juvan, il a voulu fans doute dire Javan ; que les Grecs avoient em- braflé avidement ce fentiment , parce qu'il flattoit leur orgueil , Javan ayant été un de leursrois ; 8 que pour donner cours à cette opinion, ils avoient compofé plufeurs livres fur la fcience des aftres & furle mouvement des corps céleftes. Il'y en a même qui croyent que celui qui fonda la feête des Zabiens étoit un de ceux qui travaillerent à la conffru@ion dé la tour de Babel. Mais furquoi tout cela effil ap- puyé ? Si la feéte des ZLabiens étoit aufi ancienne qu’elle s’en vante, pourquoi les anciens auteuts Grecs n’en ont-ils point parlé ? Pourquoi ne lifons-nous rien dans l’'Ecriture qui nous en donne la moindre idée à Pour répondre à cette difficulté , Spencer croit qu'il fufñit que le Zabaïfme, pris matériellement , c’eft-à- dire , pour une religion dans laquelle on rend un cul: te au foleïl & aux aftres , ait tiré fon origine des an- ciens Chaldéens & des Babyloniens, & qu'il ait pré= cédé de plufeurs années le tems où a vécu Abraham. C’eft ce qu'il prouve par les témoignages des Arabes, qui s'accordent tous à dire que la religion des Za: biens eft très-ancienne , & par la reffemblance de doûtrine qui fé trouve entre les Zabiens & les Chal- déens. Mais il n’eft pas queftion de favoir fi le culte des étoiles & des planetes eft très-ancien. C’eft ce qu’on ne peut contefter; & c’eft ce que nous montre- - tons nous-mêmes à l’article des CHALDÉENS. Toute la difficulté confifte donc à favoir fi les Zabiens ont tellement recû ce culte des Chaldéens & des Baby- loniens , qu’on puifle affüser à jufte titre que c’eft chez ces peuples que le Zabaïfme a pris naïflance. Si l’on fait attention que le Zabaïfine ne fe bornoït pas feu- lement à adorer le foleil, les étoiles & les planetes, mais qu'il s’étoit fait à lui-même un plan de cérémo- nies qui lui étoient particulieres,8c qui le diflinguoient de toute autre formede religion, on n’avouera qu'un tel fentiment ne peut fe foûtenir. Spencer lui-même, tout fubtil qu'il eft, a été forcé de convenir que le Zabaïfme confidéré formellement, c’eft-à-dire, au tant qu'il fait une religion re & diftinguée par la forme de fon culte, eft beaucoup plus récent que les anciens Chaldéens & les anciens Babyloniens. C’eft pourtant cela même qu’il auroit dû prouver dans fes principes ;' car fi le Zabaïfme pris formellement n’a pas cette grande antiquité , qui pourroit le faire re- il monter au-delà d'Abraham : comment prouvera:t-1l que plufeurs lois de Moyfe n’ont été divinementetas : blies, que pour faire un contrafte parfait avec les cérémonies fuperftitieufes du Zabaïfme ? Tout nous porte à croire que le Zabaïfme eft aflez réçent, qu'il n’eft pas même antérieur au Mahométifme. En efñet, nous ne voyons dans aucun auteur foit Grec , foit Latin, la moindre trace de cette feête ; elle ne com- mence à lever la tête que depuis la naïfflance du Ma- hométifme, &c. Nous croyong cependant qu’elle eft un peu plus ancienne, puifque l’alcoran parle des ZLabiens comme étant déja connus 1% ce nom. Il n’y a point de feête fans livres ; elle en a befoin pour appuyet les dogmes qui lui font particuliers, Auffi voyons nous que les Zabiens en avoient, que quelques-uns attribuoïent à Hermès & à Anftote, & d’autres à Seth & à Abraham. Ces livres, au rap- port de Maimonides, contenoient fur les anciens pa- triatches, Adam, Seth, Noé, Abraham, des hiftoi- res ridicules, & pour tout dire, comparables aux fables de l’alcoran. On y traitoit au long des démons, des idoles, des étoiles & des planetes ; de la maniere de cultiver la vigne & d’enfemencer les champs ; en un mot On n’y omettoit rien de tout ce qui concernoit le culte qu’on rendoit au foleil, au feu, aux étoiles, & aux planetes. Si l’on eft curieux d'apprendre tou- tes ces belles chofes, on peut confulter Maimonides. Ce feroit abufer de la patience du leéteur , que de lui préfenter ici les fables dont fourmillent ces livres. Je ne veux que cette feuleaifon pour les décrier com- me des livres apocryphes & indignes de toute créan- ce. Je crois que ces livres ont été compofés vers la naiflance de Mahomet, & encore par des autents qui n’étoient point suéris, n1 de l’idolatrie, ni des folies du Platomifme moderne. Il nous fufira, pour faire connoitre À R A connoître le génie des Zabiens, de rapporter ici quel- ques-uns de leurs dogmes. Ils croyoient que les étoiles étoient autant de dieux; & que le foleil tenoit parmi elles le premier rang. Ils les honoroïent d’un double culte , favoirtd’un culte qui étoit de tous les jours , & d’un autre qui ne ferenouvelloit que tous les mois. Ils adoroient lés démons fous la forme de boucs ; 1ls fe nourrifloient du fang des viétimes , qu'ils avoient cependant en abomination ; ils croyoienr par-là s'u- nir plus intimement avec les démons. Ils rendoient leurs hommages au foleil levant, & ils obfervoient fcrupuleufement toutes les cérémonies , dont nous voyons le contrafte frappant dans la plüpart des lois de Moyfe, car Dieu, felon plufeurs favans, n'a af- feûté de donner aux Juifs des lois qui fe trouvoient ‘en oppofition avec celles des Zabiens , que pour dé- tourner les premiers de la fuperftition extravagante des autres. $i nous lifons Pocock, Hyde, Prideaux, & les auteurs arabes, nous trouverons que tout leur fyftème de religion fe réduit à ces différens articles que nous allons détailler. 1°. Il y avoit deux feétes sde Zahiens ; le fondement de la croyance de l’une & de l’autre étoit, que les hommes ont befoin de me- diateurs qui foient placés entr’eux & la Divinité; que ces médiateurs font des fubftances pures, fpirituel- les & invifbles ; que ces fubftances , par cela même qu’elles ne peuvent être vûes, ne peuvent fe com- muniquer aux hommes , fi l’on ne fuppofe entr’elles & les hommes d’autres médiateurs qui foient vifbles; que ces médiateurs vifñbles étoient pour Les uns des chapelles, & pour les autres des fimulachres ; que les chapelles étoient pour ceux qui adoroïent Les fept planetes, lefquelles étoient animées par autant d'in- telligences, qui gouvernoïent tous leurs mouvemens, à peu près comme notre corps eft animé par une ame quiren conduit & gouverne tous les reflorts ; que ces aftres étoient des dieux, & qu'ils préfidoient au def- tin des hommes , mais qu'ils étoient foûmis eux-mê- mes à l’Être fuprème ; qu'il falloit obferver le lever &z le coucher des planetes, leurs différentes conjonc- tions , ce qui formoit autant de poñtions plus ou moins régulieres; qu’il falloit afligner à ces planetes leurs jours, leurs nuits, leurs heures pour divifer le tems de leur révolution, leurs formes, leurs perfon- nes, & les régions où elles roulent ; que moyennant toutes ces obfervations on pouvoit faire des talif- - mans, des enchantemens , des évocations qui réuf- fifoient tobjours ; qu’à l'égard de ceux qui fe por- toient pour adorateurs des fimulachres, ces fimu- lachres leur étoient néceflaires, d'autant plus qu'ils avoient befoin d’un médiateur toùjours vifble , ce qu'ils ne pouvoient trouver dans les aftres, dont Le lever & le coucher qui fe fuccedent régulierement, les dérobent aux regards des mortels ; qu'il falloit donc leur fubftituer des fimulachres , moyennant lef- quels ils puflent s'élever jufqu’aux corps des plane- tes, des planetes aux intelligences qui les animent, &c de ces intelligences juiqu'au Dieu fuprème ; que ces fimulachres devoient être faits du métal qui eft confacré à chaque planete, & avoir chacun la f- oure de laftre qu'ils répréfentent ; mais qu'il falloit fur-tout obferver avec attention les jours, les heu- res , les degrés, les minutes, & les autres circonf-. tances pfopres à attirer de bénignes influences, &z fe fervir des évocations, des enchantemens , & des talifmans qui étoient agréables à la planete ; que ces fimulachres tenoient la place de ces dieux céleftes, & qu'ils étoient entr'eux & nous autant de média- teurs. Leurs pratiques n’étoient pas moins ridicules que leur croyance. Abulfeda rapporte qu'ils avotent coûtume de prier la face tournée vers le pole arét- que, trois fois par jour ; avant le lever du foleil, à midi, &au for; qu'ils avoient trois jeûnes, l’un de trente ps L ÿ ci de neuf, & l’autre de fept; qu’ils ome T, AR À 569 s’abftenoient de manger des féves 8e de Vail; qu'ils faïifoient bruler entierement les viétimes, êc qu'ils ne s’en réfervoient rien pout manger. Voilà tout ce que les Ærabes nous ont appris du {yftème de religion des Zabiens, Plufeurs traces de l’afttologie Chaldaïque, teile que nous la donnerons à l’article CHALDÉENS, s’y laiflent appercevoir. C’eftelle fans doute qui aura été la premiere pierre de Pédifice de religion que les Zabiens ont bâti: On y voit encore quelquesautres traits de reflemblance, comme cette ame du monde qui fe diftribue dans toutes fes différentes parties, & qui anime les corps céleftes, fur-tout les planetes, dont l'influence fur. les chofes d’ici bas eft fi magquée & fi inconteftable dans tous les vieux fyftèmestdes religions orientales. Mais ce qui y domine fur-tout, c’eff la dodtrine d’un médiateur ; doftrine qu'ils auront dérobée, foit aux Hufs, foit aux Chrétiens ; la doûtrine des génies mé- diateurs , laquelle a eu un fi grand cours dans tout Orient , d’où elle a pañlé chez les cabaliftes & les philofophes d'Alexandrie , pour revivre chez quel- ques Chrétiens hérétiques, qui en prirent occafon d'imaginer divers ordres d’&ones. Il eft aifé de voir par-là que le Zabaïfme n’eft qu'un compoié monf- trueux & un mêlange embarraïflant de tout ceque lidolatrie , la fuperftition & l’hérèfe ont pù imagi- ner dans tous les tems de plus ridicule & de plus ex- travagant. Voilà pourquoi, comme le remaïque fort bien Spencer, il n’y a rien de fuivi ni de lié dans les différentes parties qui compofent le Zabaïfme. On y retrouve quelque chofe de toutes les religions, mal- oré la diverfité qui les fépare les unes des autres. Cette feule remarque fufit pour faire voir que le Za- baifme n’eft pas auffi ancien qu’on le croit ordinai- rement ; &c combien:s’abufent ceux qui en donnent le nom à cette idolatrie univerfellement répandue des premiers fiecles, laquelle adoroit le foleil & les aftres. Le culte religieux que les Zabiens rendoient aux aftres, les jetta, par cet enchaînement fatal que les erreurs ont entr’elles, dans l’Aftrologie, fcience vaine & ridicule, mais qui flatte les deux paflions favorites de l’homme; fa crédulité, en lui promet- tant qu'il percera dans l’avenir ; & fon orgueil, en liiMinfinuant que fa deftinée eft écrite dans le ciel. Ceux qui d’entr’eux s’y font le plus diftingués, font Thebet Ibn Korra, Albateognius, 6c. ARABESQUE ox MORESQUE , 1. m. ouvrage de peinture ou de fculpture, qu'on nomme ainfi des Arabes & des Mores, qui employoient ces fortes d’ornemens au défaut de répréfentations humaines & d'animaux que leur religion défendoït d'employer. On fait encore ufage de ces ornemens, que l’on exé- cute en peinture feulement & non en fculpture, tels qu'on en voit au château de Meudon, à celui de Sceaux, de Chantilly , à la Ménagerie, à Trianon, Éc. peints par Audran avec beaucoup d’art, de feu, & d'invention. Berin , Gillot & Vateau ont aufli ex+ cellé dans ce genre d'ornement , dont on s’eft fervi pour fabriquer aux Gobelins & à la Savonerie quel- ques tapiferies des appartemens du Roï , des portie- res, des paravens, & autres meubles de cette efpece, auxquels ces fortes d’ornemens font propres, &c non ailleurs ; aufli nos meilleurs architectes n’en font-ils ufage que là, ou tout au plus dans de petits appar+ temens, comme chambre & falle.des bains , cabinets de toilette ,garde-robes, &c. & méprifent le mauvais goût de ces {culpteurs qui prodiguent ces ornemens chimériques & imaginaires dans les appartemens qui demandent de la gravité ; au lieu de leur préférer ce que la nature nous offre de plus beau dans fes produétions. (P ) “2e * ARABI, Z golfe de Gli- Arabr, (Géog. anc. € mod.) autrefois Gyfis ou Zygis, petit golfe de lamer de Barbarie, entreles côtes de Barça a de l'Egypte, cc 570 À R A *ARAB1, la torre de Gli-Arabi, tour & village d'Egypte, fitués dans le petit golfe qu'on nomme /e golfe des Arabes, Voyez l'article précédent. * ARABIE, ( Géog. anc. & mod.) pays confidéra- ble de PAfe; prefqu'’ile bornée à l'occident par la mer Rouge, l’ifthme du Suez, la Terre-fainte, & la Syrie ; au nord par l’Euphrate & le golfe Perfique ; à lorient par l’Océan ; au midi par le détroit de Babel- Mandel. On divife l’ Arabie en pétrée, deferte , & heu- reufe. La pétrée, la plus petite des trois, eft monta- gneufe & peu habitée dans fa partie feptentrionale: mais elle eft peuplée & aflez fertile dans {a partie méridionale, Elle a été appellée pérrée de Perra {on ancienne capitale ; Herae l’eft aujourd’hui. L’Arabie deferte ainfi nommée en terrein, eft entrecoupée de montagnes & de fables ftériles ; 474 en eft la ca- pitale. L’heureufe , en arabe Femer, doit cette épi- thete à fa fertilité ; Sarza en eft la capitale. Les Ara- bes font Mahométans ; ils font gouvernés par des émirs ou cheics, indépendansdles uns des autres, mais tributaires du Grand-Seigneur. Les Arabes font vo- leurs & belliqueux. Long. 52. 77. lat.12. 34. Quant au commerce, l’ Arabie heureufe eft prefque la feule où il y en ait. Les villes de cette contrée où il s’en fait le plus, font Mocha , Hidedan , Chichiri, Zibet , Ziden fur la mer Rouge ; Aden, Fartack fur l'Océan arabique ; Bahr, Barrhem, & El-catif dans le golfe de Baflora ; enfin Baflora. On peut ajoûter la Meque & Médine, où la dévotion amene tant de pé- Jerins , & l'intérêt tant de marchands. Le commerce s’entretient dans ces deux villes par Ziden, qui ef proprement le port de la Meque , & par Mocha, qui en eft comme l’entrepôt. Mocha eft à l'entrée de la mer Rouge; on y voit arriver des vaifleaux de l’Europe , de lAfie, & de l'Afrique ; outre le commerce maritime, il s’en fait encore un par terre par le moyen des caravanes d’A- lep & de Suez, qui y apportent des velours, des fa- tins, des armoïfins, toutes fortes d’étoffes riches, du fafran , du mercure, du vermillon , des merce- nes, Gc. : On en remporte partie des produétions naturelles du pays; partie des ouvrages des manufadtures ; par- tie des marchandifes étrangeres qui ont été appor- tées des Indes, de l’Afrique & de l’Europe. Les ma- . nufa@ures donnent quelques toiles de coton ; le pays produit des parfums, de l’encens, de la myrrhe, de l’ambre-gris, des pierreries , de l’aloès , du baume, de la canelle , de la cafe, du fang de dragon, de la gomme arabique , du corail, & fur-tout du café. ÂAden joimfloit autrefois de tout le commerce qui fe fait à Mocha. Les vaifleaux des Indes, de Pere, d'Ethiopie , des iles de Comorre, de Madagafcar & de Mélinde font ceux dont on voit Le plus à Chichiri. *ARABIQUE ( gomme) ; Mar. medic. eft un fuc en grumeaux, de la groffeur d’une aveline ou d’une noix , & même plus gros , en petites boules; quel- quefois longs , cylindriques ou vermiculaires ; d’au- tres fois tortillés, & comme des chenilles repliées fur elles-mêmes ; tranfparens , d’un jaune pâle ou tout- à-fait jaunes , ou brillans ; ridés à la furface ; fragiles; luifans en-dedans comme du verre ; s’amolliffant dans la bouche ; s’attachant aux dents; fans goût , & don- nant à l’eau dans laquelle on les diflout une vifcofité gluante. La gomme arabique vient d'Egypte, d'Arabie, & des côtes d'Afrique. Celle qui eft blanche ou d’un jaune pâle, tranfparente, brillante , feche, & fans ordure , eft la plus eftimée., On en apporte auf en grands morceaux roufiâtres êcfalés , qu’on vend aux artifans qui en employent. | Il eft conftant, dit M. Geoffroy, que la gomme thébaique ou égyptiaque des Grecs & l'arabique de Serapion, eft un fuc gommeux qui découle de la- cacia : mais on doute fi.celle de nôs boutiques eft la même que celle des Grecs. M. Geoffroi prouve que ce doute eft mal fondé. Voyez la Mat. medic. L’acacia qui donne la gomme arabique eft, {elon lui ke un grand arbre fort branchu , dont.les racines fe dif tribuent &c s'étendent en rameaux , & dont le tronc a fouvent un pié d’épaifleur; qui égale, où même furpaffe en hauteur Les autres acacia ; qui eft ferme & armé de fortes épines; qui a la feuille menue, conju- guée & rangée par paires fur une côte de deux pouces de long, d’un verd obfcur, longue de trois lignes & large à peine d’une ligne, & dont les fleurs viennent | aux aiflelles des côtes qui portent les feuilles, font ramafiées en un bouton fphérique porté fur un pé- dicule d’un pouce de long, & {ont de couleur d’or & fans odeur, d’une feule piece, en tuyau renflé à {on extrémité fupérieure, &c divifé en cinq fegmens; garmes d’un grand nombre d’étamines & d’un pif- til qui dégenere en une gouffe, femblable en quel- que chofe à celle du lupin, longue de cinq pouces ou environ , brune ou rouflâtre, applatie, épaifle d’une ligne dans fon milieu, plus mince fur les bords, a large inégalement, f fort étranglée par intervalles, qu'elle repréfente quatre, cinq, fix, huit, dix, & même un plus grand nombre de paftilles applaties , umes enfemble par un fil, d’un demi-pouce dans leur plus grande largeur, d’une ligne à peine à l'endroit étranglé ; pleines chacune d’une femence ovalaire , aplatie, dure, mais moins que celle du caroubier ; de la couleur de la châtaigne ; marquée tout autour d’une ligne telle qu’on la voit aux graines de tamae rins , &enveloppée d’une efpece de mucilage gom- meux , aftringent , acide, & rouflâtre ; cet acacia, fi l'on en croit Auguftin Lippi, eft commun en Egyp- te , auprès du grand Caire, | On pile les goufles quand elles font encore ver- tes, & l’on en exprime un fuc que l’on fait épaifür , & que l’on appelle /uc d’acacia : mais il découle des fentes de l’écorce, du tronc, &c des rameaux une hu- meur vifqueufe qui fe durcit avec le tems, & qu’on appelle gomme vermiculaire. La gomme arabique donne dans l’analy{e du flegme hmpide, fans goût & fans odeur ; un acide rouflà- tre, une liqueur alkaline , & de l’huile. ‘La mañle noire reftée dans la cornue, calcinée au feu de reverbere pendant trente heures, laifle des cendres grifes, dont on retire par lixivation du fel. fixe alkali. La gomme arabique n’a ni goût ni odeur. Elle fe diffout dans l’eau , mais non dans l’efprit-de-vin ou l'huile ; elle fe met en charbon dans le feu; elle ne s’y enflamme pas; d’où il s’enfuit qu’elle eft compo- fée d’un fel falé , uni avec une huile groffiere & une portion aflez confidérable de terre; elle entre dans un grand nombre de médicamens ; on la donne mê- me comme ingrédient principal. | Elle peut, par fes parties mucilagineufes, adoucir la lymphe acre, épaifir celle qui eft ténue, & ap- paiier les mouvemens trop violens des humeurs. On s’en fert dans la toux, l’enrouement, les catarrhes falés, le crachement de fang, la ftrangurie , &c les ardeurs d'urine, Voyez Mar. med. de M. Geoffroy. ARABIQUES , adj. pris fubft. ( Théol.) feête d’hé- rétiques qui s’éleverent en Arabie vers l’an de J. C. 207. Ils enfeignoient que l’ame naïfloit & mouroit avec le corps,mais aufli qu’elle reflufciteroit en même tems que Le corps. Eufebe, Zv, FT. c, xxxviij, rap- porte qu’on tint en Arabie même, dans le 111. fiecle, un concile auquel affifta Origene, qui convainquit clairement ces hérétiques de leurs erreurs, qu'ils les abjurerent & fe réunirent à l’Eglife. Voyez THNE- LOPSYCHITES. (G) * ARABOUTEN , f. m.(Hiff. nat. bor. ) grand arbre du Bréfil qui donne le bois de Bréfil & connu | AUR À par fa bone odeur ; & dont il feroit à fouhaiter qu’on eût une -meilleure defcription.Cette obfervation eft même.commune pour tous les arbres étrangers dont on nous -apporte.des: bois ; il n°y en a prefqu'aucun quloit bien connu... sut Dchits , *ARACA,;( Géogs ane. & mod.) ville de Chal: dée dans laterre de Sennaar ; une des plus anciennes dû -monde,.puifqu’elle.fut.( dit-on ) bâtie par Nem- rod; Oncroit que c’eft l’ancienne Edefle & l’Orpha d'aujourd'hui. «* ARACA-MIRI : (Hip. nat, bot.) arbrifleau coms, mun au Bréfil. Son-fruit mürit, en Mars &c en Sep- tembre ;iltient.de la faveur du mufc & de l’arbot fer. Il {e garde confit. ILeft aftringent & rafraichif, fant. moe 2e T = | _ On fait des feuilles. & des boutons de l'araca-mirz s, un.bain falutaire pour toutes les affections du corps. où. l’on peut employer l’aftringence. Sa racine eft bonne pour la dyflenterie ; elle eft fur-tout diuréti= que. Ray, Æiff. Plant, ss CS *ARAC AN, (.Géog. mod...) royaume maritime des! Indes proche lembouchure.du Gange, borné au midipar le solfe de Bengale, à lorient &c au fep- tentrion par le royaume d’Ava , à l’occident par le royaume de Bengale. La ville d’Aracan , fituée fur la riviere de même nom , eft la capitale de tout le royaume. Long, 2110-30. lat. 20:30. n Le commerce d’Aracan n’eft pas fort confidérable. Pour celui de Pégu il vaut mieux: on y porte des toi- les, des mouchoirs, du poivre, de la canelle , de la mufcade , des bois odoriférans, & on.en tire du gin- gembré, de l'or, de l’argent, des pierreries & des perles. La maniere dont on y commerçoit dans les commencemens étoit aflez finguliere. Les marchés £e faïfoient fans mot dire : l'acheteur & le vendeur fe donnoient la main couverte d’un mouchoir, & ils convenoient de prix par le mouvement des doigts, Voilà un excellentmoyen pour prevenir lesencheres. *ARACEN A, (Géog. ) bourg d'Efpagne dans l’Andaloufe , à la fource de la riviere de Tino, ARAC-GELARAN, ( Géog..) petit pays du Chu- fiflan, province duroyaume de Perle. Baudrand. ARACHIDNA , f. m. ( Æiff, nat. bot.) genre de plante à fleur papilionnacée. Le piftl devient dans la fuite un fruit membraneux oblong, quimuürit dans la terre, & que l’on nomme par cette raïfon pr/fache de serre. Ce fruit eft compoifé d’une feule capfule qui ren- ferme une ou deux femences tendres & oblongués. Plumier, Nova plantarumgenera. Voyez PLANTE. (1) ARACHNOIDE, f. f. ex terme d’ Anatomie, c'eit une membrane fine, mince, tranfparente, qui regne entre la dure-mere & la pie-mere, & que l’on croit _ envelopper toute la fubftance du cerveau , la moelle allongée, la moelle de l’épine. Voyez MEÉNINGE 6 CERVEAU. Ce mot eft dérivé du Grec apaxyn, une araignée, une toile d’araignée, &c de td, forme; eu égard à la finefle de la partie que l’on croit reflembler à une toile d’araignée, Elle fut décrite pour la premiere fois par Varole, s Plufieurs Anatomiftes nient l’exiflence de cette troïifieme méninge où membrane ; & ils prétendent que l’on doit plütôt la.regarder comme la lame ex- terne de la pie-mere, dont la lame interne s’infinue entre la circonvolution du cerveau. Ÿ. PIE-MERE. Arachnoïde {e prend pareïllement pour une tuni- que fine &c déliée, qui enveloppe humeur cryftal- line. f’oyez CRYSTALLIN. ;: Cette tunique eft appelleeipar d’autres eryffallor- de ou capfule du cryflallin. Pluñeurs ont même douté de fon exiftence; ce qui eft d’autant plus extraordi- naire que Galien en parle, &r la compare à une pel- licule d’oignon. Véfalela compare à de la corne fine & tranfparente, Il eft aifé de la trouver dans les qua- Tome I. À: R# À ÿ7i drupedes particulierement dans le mouton, le bœuf, le cheval; & quoiqu'il foit un peu plus difficile de la découvrir dans l’homme, néanmoins une perfonne qui l’a vüe une feule fois, pourrala trouver affez vite. .… Ce qu'il y a de furprenant, c'eft que Briggs n’en dit pas un mot; & qu'un aufi habile Anatonuite que Ruy{ch en a douté fort long-tems.: ce ne fût qu'au moyen d'injeéions qu'il la découvrit, quoiqu’elle {oit très-aifée à difcerner dans un mouton, comme | je lai déjà dit. L’arachnoide eft adhérente par fa partie poitérieure à la tunique vitrée. Dans l’homme elle eft deux fois aufh épaifle qu'une toile d’araignée , au moins par f& partie antérieure. Dans un, bœuf elle eft encore auf épailte que dans l’homme ; & dans un cheval elle ef plus épadfe que dans un bœuf, si LA Cette tunique a trois ufages: 1°, de retenir le cryf= tallin dans le chaton dé l'humeur vitrée, & d’empé- cher qu'il ne changé de fituation; 2°. de féparer le ctyftallin de l’humeur aqueufe, 8&c d'empêcher qu'il ‘n’en foit continuellement humeëté ; 3°, les vaif= feaux fymphatiques fourniffent une liqueur qu’ils dé- pofent dans fa cavité, par le moyen de laquelle le cryftallin eft continuellement rafraichi , & tenu en bon état ;. de forte que quand cette liqueur manque , le cryftallin fe feche bientôt, devient dur & opaque, & peut même être réduit en poudre. Foyez Petit, Mém. de l Acad. Roy. des Scienc. an. 1730.p. 6222 & Juiv. Voyez CiriAIRE & TUNIQUE. (L) ARACK ,f.m.( Comm. ) efpece d’eau-de-vie que font les Tartares-T'ungutes , fujets du Czar ou grand duc de Mofcovie, | Cette eau-de-vie fe fait ayec du lait de cavale qu’on laifle aigrir , & qu’enfuite on diftille à deux ow trois reprifes entre deux pots de terre bien bouchés, d’où la liqueur fort par un petit tuyau de bois. Cette eau-de-vie eft très-forte & enivre plus que celle.de vin, (G) * ARACLEA. ( Géog.) Voyez HÉRACLÉE. * ARACOUA oz ARACHOVA , bourg de Grece dans la Livadié, proche le golfe de Lépante. On croit que c’eft l’ancienne Ambrifle. * ARACUIES o4 ARACUITES, f. m.pl. (Géog.} peuples de l'Amérique méridionale dans le Bréfil , dans le voifinage de la préfetture des Pernambuco. *ARACYNAPPIL, (Æf. nat. bor,) malo aurantia parvis fruëfibus fèmilis, eft la feule plante dont Ray, ait fait mention, fans lui affisner ni propriété niufage. * ARAD , ( Géog. anc. 6 fainte. ) ville des Amor- théens au midi, de la tribu de Juda, vers le defert de Cadès. | * ArAD, ( Géog. ) ville de la haute Hongrie {u£ la rive droite de la Marifch. | , * ARADUS, ( Géog. anc. 6 mod..) ile & ville de a Phénicie fur la côte de la mer de Syrie , proche de Tortofe, qui fe nommoit Arraradus & Orthofiasa Les Anciens ont cru que ce fut près d’Aradus qu'An dromede fut expofée au monftre marin. ARAFAT, ( Géog. & Hiff mod. ) montagne peu éloignée de la Meque, remarquable par la cérémo- nie qu'y. pratiquent les pélerins Turcs. Après avoir fait fept fois Le tour du temple de la Meque, & avoir été arrofés de l’eau du puits nommé Zerrgem ,ils s’en vont fur le foir au mont Arafar, oWils pañlent la nuit & le jour fuivant en dévotion & en priere. Le len= demain ils égorgent quantité de moutons dans la val- lée de Mina au pié de cette montagne; &T après en avoir envoyé quelque partie par préfent à leurs amis, ils diftribuent le refté aux pauvres ; ce qu'ils appel- lent faire Le corban , c’eft-à-dire l’oblatton : ce qu'ils exécutent en mémoire du facrifice qu Abraham vou- lut fairé de fon fils Ifaac fur cétte mème montagne, {elon eux, Au haut de cette montagne il n’y a qu'une | Cccci fr A RIA mofquée & une chaire pour le prédicateut ; mais point d’autel. On n’y brûlé aucun des moutons égor- gés ; c’eft pourquoi ce corban n’eft point un facrifice proprement dit, & encore moins un holocaufte, com- me l’ont avancé quelques hiftoriens.Ricant, de Pemp. Orrom. (G) * ARAGON , ( Géog. ) royaume & province con- fidérable d’Efpagne ; bornée au feptentrion par les Pyrénées qui la féparent dela France;à loccident par la Navarre &c les deux Caftilles; au midi par le royau- me de Valence ; & à lorient parune partie duroyau- me de Valence & par la Catalogne. Saragofle en eft la capitale , & lEbre la riviere la plus confidérable. Ce royaume prend fon nom de lÆragon, petite ri- viere qui y coule. *ARAGON-SUBORDANT, petite riviere d’Efpagne dans le royaume d'Aragon , qui a fa fource dans les Pyrénées, pañle à Jaccafa , Senguefla, 6:c. fe joint à l’Agra, & fe jette dans l’Ebre. ÂRAIGNE 04 ARAIGNÉE,, f. f. poiflon de mer mieux appellé du nom de vive. Voyez Vive. (1) ARAIGNÉE, f. f. ( Hifi. nat. Zoolog.) genre d’in- fe&e dont il y a plufieurs efpeces fort différentes les unes des autres : On reconnoit aifément dans le corps d’une araignée la tête , la poitrine , le ventre & les pattes ; la tête & la poitrine compofent la partie antérieure du corps; les pattes font attachées à la poitrine ; & le ventre, qui eft la partie poftérieu- re, y tient par un étranglement où par un anneau fort petit : la tête &c la poitrine font couvertes d’une croûte dure & écailleufe dans la plüpart des arai- gnées , & le ventre eft toüjoursenveloppé d’une peau fouple ; les pattes font dures comme la partie antérieure du corps ; le corps eft couvert de poils. Toutes les efpeces d’araignées ont plufieurs yeux bien marqués, qui font tous fans paupiere., & couverts d’une croûte dure ; polie & tranfparente. Voyez IN- SECTE. Dans les différentes efpeces d'araignées, ces yeux varient pour la groffeur , le nombre & la fi- tuation ; elles ont fur le front une efpece de ferre ou de tenaille, compofée de deux branches un peu plattes , couvertes d’une croûte dure, garnies de pointes fur les bords intérieurs ; les branches font mobiles fur le front , mais elles ne peuvent pas s’ap- procher au point de faire toucher les deux extrémi- tés l’une contre l’autre ; le petit intervalle qui refte peut être ferme par deux ongles crochus & fort durs, qui font articulés aux extrémités des branches de la ferre : c’eft au moyen de cette ferre que les araignées faifflent leur proie,qui fe trouve alors fort près de la bouche qui eft derriere cette ferre. Elles ont toutes huitjambes, articulées comme celles des écrévifles. 7. ECREVISSE. Il y a au bout de chaque jambe deux on- gles crochus, mobiles, & garnis de dents comme une {cie : il y a un troifieme ongle crochu , plus petit que les deux premiers , & pofé à leur origine ; ce- lui-ci n’eft pas garni de dents. On trouve entre les deux grands ongles un paquet que l’on peut compa- ter à une éponge, qui contient une liqueur vifqueu- fe ; cette forte de glu retient les araignées contre les corps polis fur lefquels les crochets des pattes n’ont point de prife : cette liqueur tarit avec l’âge. On a obfervé que les vieilles araignées ne peuvent pas monter contre les corps polis. Outre les huit jambes dont on vient de parler , il y a de plus auprès de la tête deux autres jambes , ou plütôt deux bras ; car elles ne s’en fervent pas pour marcher, mais feule- ment pour manier la proie qu'elles tiennent dans leurs ferres. On voit autour de l’anus de foutes les araignées quatre petits mammelons mufculeux , pointus à leur extrémité , & mobiles dans tous les fens : 1l fort de l'endroit qui eft entre ces mammelons, comme d’une efpece de filiere , une liqueur gluante dont eft for- mé le fil de lent toile & de leurs nids:la fliere-a ui fphinéter qui l’ouvre & quilarefferre plus où moins} ainfi le fil peut être plus gros où plus fin, Lorfque araignée et fufpendue à fon ff, elle peut Pallon: ger , & defcendre par fon propre poids en ouvrant la filiere, & en la fermant elle s'arrête à l’inftant. Les araignées mâles {ont plus petites que les ar gnées femelles ; il faut quelquefois cinq où fix m4- | les des wraignées de jardin , pour faire le poids d’u- _ne feule femelle de la même efpece. Toutes les efa peces d'araignées font ovipares :- mais elles ne font pas toutes une épale quantité d'œufs ; elles les pon: dent fur une portion de leur toile ; enfuiteelles tien- nent les œtfs en un peloton; & elles lés portént dans leurs nids pour les couver. Si on lesforce alors de fortir du nid , elles les emportent avec elles entre leurs ferres. Dès que les petits font éclos , ils com mencent à filer, & ils groffiflent prefqu'à vûe d’oœil. Si ces petites araignées peuvent attraper un mouche- ton, elles le mañgent : mais quelquefois elles paf fent un jour ou deux, & même plus, fans qu'on les voye prendre de nourriture : cependant elles grofffient toüjours également , & leur accroïfflement eft fi prompt, qu'il va chaque jour à plus du double de leur grandeur. ” M. Homberg a diftingué fix principales efpeces d'araignées, ou plütôt fix genres ; car 1l prétend que: toutes les autres efpeces qu'il connoïfloit pouvoient s’y rapporter. Ces fix genres font l’araignée domefhi- que, Paraignee des jardins , V’araignée noire des caves Ou des vieux murs, l’araignée yagabonde | l’araignée. des champs qu’on appelle communément /e faucheur parce qu’elle a les jambes fort longues, & l’araignée enragée que l’on connoït fous le nom de sarentule. Voyez TARENTULE. Le cara@tere diftin@if que don- ne M. Homberp , n’eft pas facile à reconnoitre, puif- qu’il s’agit de la différente pofition de leurs yeux, qui font fort petits: à ce caractere il en ajoûte d’au- tres qui font plus fenfbles , & par conféquent plus commodes : mais ils ne font pas fi conftans. Les araignées domeftiques ont huit petits yeux , à peu près de la même grandeur,placés en ovale fur le: front : leurs bras font plus courts que les jambes, mais au refte ils leur reflemblent parfaitement ; elles ne les pofent jamais à terre. Ces araignées font les feules de toutes les autres araignées qui quittent leur peau, même celle desjambes, chaque année, com- me les écrevifles. Il leur vient une maladie dans les pays chauds, qui les couvre d’infeétes & de poux L’araignée domeftique vit aflez long-tems. M: Hom- berg en a vü une qui a vécu quatre ans: fon corps ne groffifloit pas, mais fes jambes s’allongeoïent. Cette efpece d’araignée fait de grandes & larges toiles dans les coinsdes chambres & contre les murs: lorfqu’elle veut commencer une toile , elle écarte fes mams melons , & elle applique à l’endroit où elle fetrouve une très-petite goutte de liqueur gluante qui fort de fa filiere : cette liqueur fe colle ; voilà le fil attache : en s’éloignant elle Pallonge , parce que la filiere eft ouverte, & fournit fans interruption au prolonge= ment de ce fil. Lorfque l’arcignée eft arrivée à l’en- droit où elle veut que fa toile aboutiffe , elle y collé fon fil , & enfuite elle s'éloigne de l’efpace d’envi- ron une demi-ligne du fil quefttendu, & elle ap- plique à cette diftance le fecond fil qu'elle prolon- ge parallelement au premier , en revenant, pour ainf dire , fur fes pas ; & lorfquelle eft arrivée aw premier point , elle l’attache , & elle continue ainfi de fuite fur toute la largeur qu’elle veut donner à fa toile. Tous ces fils paralleles font, pour ainfi dire ; la chaîne de la toile : refte à faire la trame. Pour cela , l’araignée tire des fils qui traverfent les pre- miers , & elle les attache par un bout à quelque chofe d’étranger , & par l’autre au premier fil qui à A R A êté tendus de forte qu'il y a trois côtés de la toile qui font attachés : le quatrieme eft libre ; il eft ter- miné par le premier fil qui a été tiré, & ce fil, qui eft le premier du premier rang , c'eftà-dire, de la chaîne , fert d’attache à tous ceux qui travertent en croix les fils du premier rang, & qu forment la tra- me. Tous ces fils étant nouvellement filés, font en- core glutineux, & fe collent les uns aux autres dans tous les endroits où ils fe croifent, ce qui rend la toile aflez ferme : d’ailleurs, à mefure que l’araignée pañle un fil fur un autre , elle les ferretous deux avec {es mammelons pour les coller enfemble; de plus, elle triple & quadruple les fils qui bordent la toile ; pour la rendre plus forte dans cet endroit, qui eft le plus expofé à fe déchirer. Une araignée ne peut faire que deux ou trois toi- les dans fa vie, fuppofé même que la premiere n’ait pas été trop grande ; après cela elle ne peut plus fournir de matiere glutineufe ; alors fi elle manque de toile pour arrêter fa proie , elle meurt de faim : dansce cas, il faut qu’elle s'empare par force de la . toile d’une autre araignée, ou qu’elle en trouve une qui foit vacante : ce qui arrive ; car les jeunes arar- _ gnées abandonnent leurs premieres toiles pour en faire de nouvelles. Les araignées de la feconde efpece font celles des jardins : elles ont quatre grands yeux placés en quar- té au milieu du front , & deux plus petits fur cha- que côté de la tête. La plûpart de ces araignées font de couleur de feuille morte ; il y en a de tachetées de blanc & de gris ; d’autres qui font toutes blan- ches ; d’autres enfin de différentes teintes de verd : celles-ci font plus petites que les blanches ; les grifes font les plus grofles de toutes : en général les femel- les de cette efpece ont le ventre plus gros que cel- les des autres efpeces , & les mâles {ont fort me- nus, Ces araignées font à l’épreuve de l’efprit-de- vin, de l’eau-forte, & de l'huile de vitriol: mais lhuile de térébenthine les tue dans un inftant : on peut s’en fervir pour détruire leur nichée , où il s’en trouve quelquefois une centaine. - Ileft plus difficile aux araignées des jardins de fai- re leur toile , qu'aux araignées domeftiques : celles- ci vont aifément dans tous les endroits où elles veu- lent l’attacher; les autres travaillant, pour ainfi di- re, en l'air, trouvent plus difficilement des points d'appui, & elles font obligées de prendre bien des précautions, &c d'employer beaucoup d’induftrie pour y arriver. Elles choififlent un tems calme, & elles fe pofent dans un lieu avancé ; là elles fe tien- nent fur fix pattes feulement , & avec les deux pat- tes de derriere elles tirent peu-à-peu de leur filiere un fil de la longueur de deux ou trois aunes ou plus, qu’elles laiffent conduire au hafard : dès que ce fil touche à quelque chofe, il s’y colle ; Parzignée le tire de tems en tems pour favoir s’il eft attaché quel- que part ; & lorfqu’elle fent qu'il réfifte , elle appli- quelur l'endroit où elle eft l'extrémité du fil qui tient à fon corps ; enfuite elle va le long de ce premier filjufqw’à l’autre bout qui s’eft attaché par hafard, & elle le double dans toute fa longueur par un fecond fil ; elle le triple, & même elle le quadruple s’il eft fort long , afin de le rendre plus fort; enfuite elle s'arrête à peu près au milieu de ce premier fil , & de-là elle tire de fon corps comme la premiere fois un nouveau fil qu’elle laiffe flotter au hafard ; 1l s’at- tache par le bout quelque part comme le premier ; l’araignée colle l’autre bout au milieu du premier fil ; elle triple ou quadruple ce fecond fil; après quoi elle revient fe placer à l'endroit où il eft attaché au premier : c’eft à peu près un centre, auquel abou- tiflent déjà trois rayons : elle continue de jetter d’au- tres fils , jufqu’à ce qu'il y en ait unaffez grand nom- bre pour que leurs extrémités ne fe trouvent pas A R A 573 fott loin les unés des autres ; alors éllé tend des fils de travers qui forment la circonférence , & auxquels elle attache encore de nouveaux rayons qu’elle tire du centre : enfin tous les rayons étant tendus , elle revient au centre, & y attacheun nouveau fil qu’elle conduit en fpirale fur tous les rayons, depuis le centre jufqu'à la circonférence. L'ouvrage étant fi- mi , elle fe miche au centre de la toile, dans une pe- tite cellule où elle tient fa tête en bas & le ventre en haut, peut-être parce que cette partie, qui eft fort grofle , incommoderoit l’araignée dans une au- tre fituation ; peut-être aufli cache-t-elle fes yeux qui font fans paupiere , pout éviter la trop grande lumiere qui pourroit les blefler. Pendant la nuit, & lorfqu’il arrive des pluies & de grands vents, elle fe retire dans une petite loge qu’elle a eu foin de faire au-deflus de fa toile fous un petit abri: on pourroit croire que ce petit afyle eft ordinairement à l'endroit le plus haut, parce que la plüpart des araignées montent plus aifément qu’elles ne defcen- dent. Les araignées attendent patiemment que des mou= ches viennent s’embarrafler dans leurs toiles ; dès qu'il en arrive, elles faififfent la proie, & l’empor- tent dans leur nid pour la manger : lorfque les mou- ches font aflez grofles pour réfifter à l’araignée , elle les enveloppe d’une grande quantité de fils qu’elle tire de fa fliere, pour lier les ailes & les pattes de la mouche : quelquefois 1l s’en trouve de fi fortes, qu’au lieu de s’en faifir l’araignée Ja délivre elle-mê- me , en détachant les fils qui l’arrêtent, ou en dé- chirant fa toile : dès que la mouche eft dehors, l’a- raignée raccommode promptement lendroit qui eft déchiré , ou bien elle fait une nouvelle toile. La troifieme efpece d’araignée comprend celles des caves, & celles qui fontleurs nids dans les vieux murs : elles ne paroïflent avoir que fix yeux à peu près dela même grandeur ; deux au milieu du front, & deux de chaque côté de la tête ; elles font noires & fort velues ; leurs jambes font courtes : ces arai- gnées font plus fortes & vivent plus long-tems que la plüpart des autres ; elles font les feules qui mor- dent lorfqu’on les attaque ; aufli ne prennent-elles pas tant de précautions que les autres pour s’affürer de leur proie ; au lieu de toile , elles tendent feule- ment des fils de fept à huit pouces de longueur , de- puis leur nid jufqu’au mur le plus prochain; dès qu'un infeéte heurte contre un de ces fils en mar- chant fur le mur, l’araignée eft avertie par l’ébran lement du fl, & fort aufi-tôt de fon trou pour s’em- parer de l’infeéte : elles emportent les guèpes mè- mes , que les autres araignées évitent à caufe de leur aiguillon ; celles-ci ne les craignent pas, peut-être parce que la partie antérieure de leur corps & leurs jambes font couvertes d’une écaille extrèmement. dure , & que leur ventre eft revêtu d’un cuir fort épais : d’ailleurs leurs ferres font aflez fortes pour bri- {er le corcelet des guêpes. Les araignées de la quatrieme efpece , qui font les vagabondes, ont huit yeux ; deux grands au milieu du front, un plus petit fur la même ligne que les grands de chaque côté, deux autres pareils fur le derriere de la tête, & enfin deux très-petits entre le front & le derriere de la tête. Ces araignées font de différentes grandeurs & de couleurs différentes: il y en a de blanches, de noires , de rouges, de grifes, & de tachetées ; leurs bras ne font pas terminés par des crochets comme ceux des autres araignées, mais par un bouquet de plume qui eft quelquefois auffi gros que leur tête ; elles s’en fervent pour envelop- per les mouches qu’elles faififfent, n’ayant point de toile ni de fils pour les lier. Ces araignées Ont cher- cher leur proie au loin, & la furprennent avec beau coup de rufe & de finefle, 574 À R À Les araignées de campagne, appellées les ja “cheurs , qui font celles dela cinquième efpece, ont huit yeux , difpofés bien différemment de ceux des autres efpeces ; 1 yena deux noirs au milieu du ‘front, fi petits, & placés fi près l’un de Pautre, qu’on pourroit les confondre : fur chaque côté du frontil fe trouve trois autres yeux plus gros, & arrangés “en forme de trefle fur üne bofie’; leur cornée eft fort convexe & tranfparente , & le fond de l'œil eft noir: la tête & la poitrine de ces araignées {ont applaties ; &c ont quelque tranfparence ; l’écaille qui les recou- vre eft fort fine, life & tranfparente ; il y a une grande tache fur la tête; les jambes font fort me- nues, velues, & beaucoup plus grandes à pro- pottion que celles des autres araignées ; les bras font extrèmement courts, & fort charaus ; ils font fort différens des jambes. #7. /es Mémoires de M. Hombersg , , dans les Mérnoires de l'Académie Royale des Sciences , année 1707: Il ya en Amérique une très-profle efpece d’arai- gnées, qui occupent un efpace d'environ fept pouces de diametre, lorfque les pates font fort étendues. (PL. XII. Hiff. nat. fig. 1. À). Ces araignées font cou- vertes d’un poil roux, & quelquefois noir, aflez long; es jambes font terminées par une petite pince de fubftance de corne noïre fort dure. Cet infeéte a fur le devant de la tête deux crochets de la même fubf- tance que les pinces, fort pointus , & d’un noir lui- fant : On croit que ces crochets guérifient du mal de dents’, fi on s’en fert comme de curedents; on croit auffi , mais peut-être avec plus de fondement, que cette araignée eft autant venimeule que la vi- pere : on dit qu’elle darde fon venin fort loin ; que fi on la touche , on reffent une démangeaïlon com- me celle qui eft caufée par des orties; & que fi on comprime cet infecte, on éprouve la piquüre d’un petit aiguillon très-venimeux. Les œufs font dansune coque foit grofle , formée par une pellicule aflez femblable au cannepin ; il y a au-dedans de la-foie qui enveloppe les œufs. Ces araignées portent cette coque attachée fous le ventre : on dit que leurs toiles font fi fortes qu’elles arrêtent les petits oïfeaux. 11 y a des efpeces de colibris (F5g. z. B)) qui font beaucoup plus petits que ces araignées, & qui n’ont pas aflez de force ou de courage pour les empêcher de manger leurs œufs, ( Fig. 2. C ) dont elles font fort avides. Voyez COLIBRI. On a donné à certaines araignées le nom de pha- lange , phalangium : 1 y a différentes opimion fur la vraie fignification de ce nom ; les uns ont crû qu'il n’appartenoit qu'aux araignées quin’ont que trois phalanges , c’eft-à-dire , trois articulations dans les pattes, comme nous n’en avons que trois dans les doigts ; d’autres ont prétendu que le nom de pha- lange ne convenoit qu'aux araignées venimeules , aranei noxit , telles que la tarentule, la groffearar- gnée d'Amérique , Éc. Voyez PHALANGE, En général, les araëgnées vivent d’infeétes, & elles font f voraces qu’elles fe mangent les unes les au- TES DS : On détruit les araignées autant qu’on peut, parce qw'elles rendentles maïfons mal-propres en y faïfant des toiles. Outre.ce motif, la plüpart des gens ont une averfon naturelle de cet infeéte, & luitrouvent un afpeét hideux : enfinonlévite & on le craint, par- ce qu'on le croit venimeux. On a foupçonné que fa morfure ou fa piquûre étoient venimeules ; & on a prétendu qe. fi quelqu'un avaloit une araignée , il éprouvoit des fymptomes qui dénotoient le venin de cet infe@te. Je ne fai fi latchaleur du climat peut tendre les raignées yenimeufes!,,ou fi cette mauvaife propriété eft particuliere à quelques efpeces,, comme à la tarentule. Ce qui me paroït certain, c'eft qu'on ne reffent aucun mal réel-pour avoir avalé des arai- b) À R A grées de ce pays< € : combien de gens en avalenñà fans le favoir , & même de ces araignées de cave; noires & velues, pour lefquelles on a tant d'horreur: Je crois que le feul rifque qu'ils courent , eft de ptena dre du dégoût & de l'inquiétude s'ils s’en apperce- voient , mais qu'ils n’en reflentiroient pas plus de mauvais effet qu'en reflentent tous les oifeaux qui mangent ces infedtes avec beaucoup d’avidite, Onna pas encore fait voir bien clatrement en quelle partié de l’araignée réfide fon prétendu venin. Les uns ont crü que c’étoit dans les ferres ; on a pris cesiferres pour des dents ; d’autres les ont comparées à Paigwile lon de la queue du fcorpion : mais la plüpart ont erû que l’araignée tépandoit du venin par ces organes. Enfin on a obfervé que l'araignée a une petite trom- pe blanche quifort de fa bouche , & on croit que c’eft par lé moyen de cette trompe qu’elle répand du ve- nin. On a rapporté quantité de faits qui, s’ils étoient bien avérés, ne laifleroient aucun doute furle venin des araignées , & fur fes funeftes effets ; mais je ne crois pas qu'il foit bien prouvé que celles de ce pays: ayent un venin qui puifle être mortel: 1l eft feule- ment très-probable qu’elles répandent, comme bien d’autres animaux, une liqueur aflez acre & aflez cor- rofive pour caufer des inflammations à la peau, &c peut-être pour irriter l’eftomac. Je crois qu'il y a du rifque à voir de près une araignée qui ereve au few dure chandelle , & dont il peut jaillir jufque dans les. yeux une liqueur mal faine ou au moins très-mal- propre, qui eft capable de caufer une inflammation, Ces effets, quelque legers qu’ils foient , peuvent de= verir plus dangereux , fi on travaille à les agpgraver: en {e livrant à fon imagination. ; M. Bon, prernier préfident de la chambre des. Comptes de Montpellier, & aflocié honoraire de a Société royale des Sciences de la même ville, a cher- ché le moyen de rendre utiles les araignées, qu’on n’avoit regardées que comme très-mufbles. Il en a tiré une foie , & il eft parvenu à faire avec cette foie d'araignées différens ouvrages, comme des bas & des mitaines auf forts & prefqu'auffi beaux que les ou- vrages faits avec la foie ordinaire, Voyez SO1E D’A= RAIGNÉE, INSECTE. (1) ; * Il paroît par ce qui fut, que le Medecin traite le poifon & la piquûre de l’araignée un peu plus fe- rieufement que le Naturalifte. Voici ce qu'il dit de. fes effets & de fa cure. Les fymptômes que caufe la piquûre de l’araignée font un engourdiflement dans la partie affeûlée , un fentiment de froid par tout le corps, qui eft bientôt fuivi de l’enflure du bas-ventre, de la pâleur du vi= fage , du larmoyement, d’une envie continuelle d’u- riner, de convulfions , de fueurs froides. On parvient à la cure par les’alexipharmaques or dinaires. On doit laver la partie auflitôt après la pi= quûre avec de l’eau falée , ou avecune éponge trem- pée dans du vinaigre chaud, ou dans une décoétion de mauve, d'origan, & de thym. | Celle veut qu’on applique un cataplafme derkue, d'ail, pilés, & d’huile , fur une piquüre d’araignée où de fcorpion. Lorfque l’on a avallé une araignée , s’il furvient des convulfons & contrations de l’eftomac,, elles font plûtôt occafionnées par les petits poils de Paraienée quis’attachent à la membrane interne, que par le poifon de cet infeéte. | On prétend que lattoile de araignée eft fpécifique contre les fievres intermittentes : on l’applique aux poignets , ou bien on la fufpend au con dans une co- quille de noix ou de noïfette. L'expérience dément fouvent cette prétendue vertu: On fe fert de latoile d’araignée pour arrêter lefang dans les coupures légeres. (NW) ARAIGNÉE , ex cerme de Fortification, fignifie une A R A branche , un retour, ou une gallerie d’une mine , &c. | Foyez RAMEAU DE MINE. (Q) ARAIGNÉE , ARAIGNÉES , MARTINET , MOQUES | DÉ TRÉLINGAGE , ( Marine.) ce font des poulies par- ticuhieres où viennent pañler les cordages appellés martinets où marticles. Ce nom d’araignée leur a été donné à caufe que les martinets forment plufeurs branches qui fe viennent terminer à ces poulies , à peu près de la même façon que les filets d’une toile d’araignée viennent aboutir par de petits rayons à une efpece de centre. Le mot d’araignée fe prend quelquefois pour le mar- tinet ou les marticles ; comme le martinet fe prend auffi pour les araignées. Voyez MARTINET , MOQUES DE TRÉLINGAGE, TRÉLINGAGE. ( Z ARAIGNÉE , terme de Chaffe , {orte de filet qu’on tend le long des bois ou des buiflons pour prendre les oifeaux de proie avec le duc : on s’en fert auffi pour prendre les merles & les grives , pourvû que ce filet {oit bien fait, & d’une couleur qui ne foit pas | trop vifible. | ARALIA , ( Æif, nat. bot. ) genre de plante dont les fleurs font compofées de plufieurs feuilles difpo- fées en rofe, & foûtenues par le calice qui devient, lorfque cette fleur eft paflée , un fruit mou ou une baie prefque ronde qui eft pleine de fuc, & qui ren- ferme des femences ordinairement oblongues. Tour- nefort , {nf£. rel herb. Voyez PLANTE. (1) * On compte quatre efpeces d’aralia. Voyez les Tranfait, philof. abreg. vol, F, La prenuere appellée aralia , caule aphyllo ; radice repente, a dans le Cana- da où elle eft commune, quelque propriété médici- nale. M. Sarrazin écrit de ce pays avoir guéri un ma- lade d’une anafarque par une feule boiflon faite des racines de cette plante. Il ajoûte que les racines de la feconde efpece, ou de Paralia, caule foliofo , Levi, bien bouillies & appliquées en cataplafme , font ex- . cellentes pour les ulceres invétérés , & que la dé- coétion ne s’en employe pas avec moins de fuccès fur les plaies qu’il en faut baigner & étuver. Le mé- me auteurne doute prefque pas que la troifieme ef pece appellée aralia , caule foliofo & hifpido , nait toutes les vertus de la feconde. La quatrieme efpece eft appellée aralia arborefcens fpino/a. * ARALIASTRUM , ( Hiff. nat. bot. ) efpece de plante hermaphrodite, dont la fleur eft réguliere &c _ pofée fur un ovaire furmonté d’un calice découpé en plufeurs endroits, Ce calice fe change en un fruit qui contient deux ou trois femences plates & faites en cœur. Sa tige fe termine en une ombelle , dont cha- que pointe ne porte qu'une fleur. On y remarque plu- fieurs pédicules, comme fur l’anémone. De leurs ex- . trémités partent comme en rayons plufeurs feuilles. On diftingué trois efpeces d’araliaffrum dont nous ne ferons point mention, parce qu’on ne leur attribue aucune propriété. | * ARAM , (Géog. fainte.) ville de la Méfopotamie de Syrie , patrie de Balaam. * ARAMA, (Géogr. fainte.) ville de Paleftine de la tribu de Nephtali. * ARAMA , ( Géog. fainte: ) ville de Paleftine de la tribu de Siméon, mais fur les confins de celle de Ju- da. On croit que cette ville & Jérimoth font la même ville. ARAMBER , v. n. ( Marine. ) c’eft accrocher un bâtiment pour vémir à labordage , foit qu’on em- ploye le grapin , foit d’une autre forte. (Z) * AR AMONT, ( Géog. ) petite ville de France dans le Languedoc, diocefe d’Uzès fur le Rhone, Long. 22. 22. lat. 43.54. | * ARAN, (Géog.) vallée des Pyrénées à la fource de la Garonne , ayant que d'entrer dans le pays de Comminges, ARA 575 * ARAN( fes d’), deux îles d’frlande dansle golfe de Gallwai, province de Connaught. . * ARANATA , f. m. ( Hif. nat, Zoolog. ) animal indien de la grandeur du chien, dont le cri eft horri- ble, & qui grimpe aux arbres avec légéreté. Ilman- que à cette defcription beaucoup de chofes pour être bonne ; 8x l’aranara eft encore un de ces animaux dont nous pourrions ne faire aucune mention, fans que les leéteurs fenfès trouvaflent notre Didtionnaire plus pauvre. “ARANDA DE DUERO), f. £.(Geog.) ville d'E£ pagne dans la vieille Caftille fur le Duero. Long: 24. 33: lat. 41, 40. Il ya auf une Aranda au royaume d'Aragon. * ARANDORE 07 ARRANDARI, fort de l’île de Ceylan, à cinq lieues du pic d’Adam. | * ARANIES (ILES D’). Voyez ARAN. * ARANIOS , riviere de Traniylvanie , qui a fa fource près de Claufembourg, & fe joint à la Ma» tifch ou Merifch. 3 * ARANJUEZ , ( Géog. ) maifon de plaïfance du roi d'Efpagne fur le Tage dans la nouvelle Caftille. Long. 14. 30. lat. 40. * ARANTELLES , f. f. pl. ce terme fe dit en F4- rerie , des filandres qui font au pié du cerf, & qui ont quelque reflemblance avec les fils de la toile de Parai- née. ARAPABACA , ( Hi/ff. nat. bot. ) genre de plante . dont la fleur eft en forme d’entonnoir & découpée. E fort du calice un piftil qui eft attaché à la partie in- férieure de la fleur comme un clou , & qui devient dans la fuite un fruit compofé de deux capfules, & rempli de femences pour l'ordinaire très-petites. Plu- nuer, Zova plantarum genera. Voyez PLANTE. (1 * ARAQUIL ox HUERTA-ARAQUIL , ( Géog. arc. G mod. ) petite ville de Navarre à fept lieues de Pampelune , vers les confins de lAlava & du Gui- pufcoa. On croit que c’eft l’ancienne Æracillum ou Arocellis. | *ARARA DE CLUSIUS, (if, nat. bor.) c’eftun fruit de l'Amérique, long , couvert d’une écorce dure & noire , attaché à une longue queue , & contenant une noix notre & de la grofieur d’une olive fauvage. Il ne s’agit plus que de favoir quelle ef la plante qui porte ce fruit. On dit que fa décoëtion nettoye & guérit les ulceres invétérés, Il faudroit auf s’affürer fi le fruit a cette propriété. * ARARATH, ( Géog. 6 Hifi. ) haute montagne d’Afie en Arménie, fur laquelle larche de Noeë fe repofa , fuivant la vulgate. Voyez ARCHE DE Noé. * ARARI , riviere de l’Amérique méridionale dans le Bréfil : elle fe jette dans la mer du nord dans la pré- feûure de Tamaraca. | * ARAS ox ARAXE , ( Géog. } riviere d’Afie qui prend fa fource aux frontieres de la Turquie Afiati- que , du côté d’Affancalé , traverfe l'Arménie , une artie de la Perfe , 8 fe jette dans le Kur. ARASE , f. £. cerme d’Architetfure ; c’eft ainfi qu’on nomme un rang de pierres plus bafles ou plus hautes que celles de deffous,, fur lefquelles elles font affifes fucceflivement, pour parvenir à hauteur néceffaire. ARASEMENT , f. m. dans l’art de bérir , eft la dete niere affife d’un mur arrivé à fa hauteur. ARASER , v.n. terme d’Architeëture, c’eft conduire de même hauteur & de niveau une aflife de maçon- nerie , foit de pierre , foit de moïlon, pour arriver à une hauteur déterminée. (2) ARASER, v. neut. erme de Menuiferie ; qui figni- fie couper à une certaine épaifleur avec une fcie faite pour cet ufage , le bas des planches où l’on veut mettre des emboitures , & conferver du bois fufñ- famment pour faire les tenons. * ARASH, ( Géog. ) ville de la province d’Af- gar , ou royaume de Fez, en Afrique , fur la côte 576 À R À occidentale , dans l'endroit où la riviere dé Euque, entre dans l'Océan. a, : * ARASSI, ( Géog. ) ville maritime d'Italie , dans l’état de Genes. Long. 25. 50. lat. 44.3. ARATE , f.m. ( Commerce. ) poids de Portugal, qui eft auffi en ufage à Goa &c dans le Brefil; on le nomme aflez fouvent arobe, quieft le nom qu'il a en Efpagne. | L’arate où arobe Portugaife eft de beaucoup plus forte que l’arobe Efpagnole , celle-ci ne pefant que vingt-cinq livres , & celle-là trente-deux ; ce qui revient poids de Paris, à près de vingt-neuf livres de Lisbonne, & celle de Madrid feulement, à vingt- trois un quart. Voyez AROBE. (G) *ARATÉES, ( Myrh. ) fêtes qu’on célébroit dans la Grece, en honneur d’Aratus , capitaine celebre , qui mérita des monumens, par la conftance avec la- quelle il combattit pour la liberté de fa patrie. * ARATICU, £. m. (Auf. nat, bor.) Ray fait men- tion de trois aftres différens fous ce nom. Le premier a le tronc , les branches & l'écorce de l’oranger ; mais fon fruit , fa fleur & fes feuilles font très-diffé- rens. Sa feuille grillée fur le feu , trempée dans de l'huile, & appliquée fur un abcès , le fait mürir, percer & cicatrifer. On n’attribue aucune vertu aux deux autres efpe- ces , ce qui feroit prefque croire que le premier a cel- les qu’on lui donne. * ARATICUPANA, £. m. ( Æiff. nat. bor. ) arbre du Brefil , de la grandeur de lPoranger , & portant un fruit odorant , agréable au goût, mais dont il ne faut pas manger fouvent : defcription infuffifante & mauvaife ; il y a cent arbres au Brefl à qui ces carac- teres peuvent convenir. *ARAVA , ( Géog. ) forterefle de la haute Hon- grie , dans le comté & fur la riviere de même nom. Long, 37.30. lat. 49. 20. * ARAUCO , ( Géog. ) forterefle de l'Amérique méridionale , dans le Chilt, à la fource de la riviere de Tucapel. Long. 309. lat. 42. 30. * ARAW , ( Géog. ) ville de Suiffe dans PArgow, fur lAar, Long. 25. 30. lat. 47. 23. .. *ARAXE , autrefois ARAXES,, aujourd’hui 4ruis, Arafs, Achlar & Cafacz. Voyez ARAS. * ARAXE, fleuve de Perfide, qui couloit près des murs de l’ancienne Perfepolis. On donnoit le même nom au Pénée, fleuve de Theffalie. * ARAYA , cap célebre de l’Amérique méridiona- le , à 22 deg. 22 min. de latitude Jéptentrionale. * ARBA ox ARBÉ. ( Géog. anc. 6 mod. ) ville de Paleftine, appellée autrefois , Hébron , Mamré , Ca- riath, aujourd'hui Ca/il. ARBALÉTE.,, f. f. ( Art militaire. ) efpece d’arme qui n’eft point à feu. Elle confifte en un arc d’acier, qui traverfe un morceau de bois , garni d'une corde & d’un enreyoir : on bande cette arme par Le fecours d’un. fer propre à cet ufage ; elle peut fervir à jetter des-grandes fleches, des dards, &c. Les anciens avoient de grandes machines, avec lefquelles ils jettoient des fleches , qu'ils appelloient arbalères ou balifles. Voyez BALISTE. Le mot arbalére vient d’arbalifla ou arcu-ballifla, (Q) Les marins ont auffi un inftrument appellé arba- lête ou arbalefirille , qui leur fert à prendre hauteur. Voyez RAYON ASTRONOMIQUE , FLECHE » ARBA- LESTRILLE, 6’c. (T) ARBALÊTE , {. f. ( Chaffe. ) efpece de piége dont on fe fert pour prendre les loirs. Pour faire une arba- léte ; ayez une piece de bois À B CD (voyez les Plan- ches de chaffe) longue de deux piés & demi, large de fix pouces, & épaifle d’un bon demi-pouce ; prati- quez dans fon épaifleur une coulifle £FGAÆ , dans laquelle puifle fe mouvoir très-librement la piece de bois ZX, plus longue que l’entaille, de trois ou quatre pouces. Fixez en À une forte verge de houx, LMN, qui fafle l'arc ; paflez la corde Z MN de cet arc, par un trou pratiqué à l'extrémité J de la piece 1K, Ban- dez cet arc en repouflant la piece IX, versl, &en plaçant en À O un petit bâton, quiempêche la piece TK de revenir. Voilà l’arbalére tendue. Fixez en Pun fil de fer PQ , perpendiculaire au plan 4B8CD, Attachez à l'extrémité Q de ce fil de fer , une noix, une pomme, Gc. & l’arbalére {era amorcée. Examinez l'endroit ou le trou par lequel paffent le loir, le rat, en un mot tous les animaux de cette efpece qui ra- vagent vos fruits. Placez vis-à-vis de ce trou louver- ture À O. L'animal fe préfentant pour entrer & attein- dre Pamorce placée en Q , ne le pourra, fans dépla- cer le bâton X O, dont l'extrémité O fera tout fur le bord inférieur de lentaille £FGH : mais le bâton KO étant déplacé, la piece / À que rien n’arrêtera plus, fera repouflée fubitement vers O, par la force de l’arc LMN, & l'animal fera pris par le milieu du corps dans l'ouverture À O. On peut , en donnant à toutes les parties de ce piège une plus grande force, le rendre propre aux animaux les plus vigoureux. ARBALÊTE , ( Manége, ) ou cheval en arbaléte ; c’eft un cheval attaché feul à une voiture devant les deux chevaux du timon. (#) | ARBALÊTE , {.f, dans les manufaëtures en foie, on diftingue trois fortes d’arbalétes.. L’arbaléte du bat- tant, qui n’eft autre chofe qu’une corde doublée au haut des deux lances du battant , & tordue avec une cheville à laquelle on donne le nom de var. Cette corde fert à tenir la poignée du battant folide , & à l’empêcher de remonter ou de badiner fur le peigne. Voyez VALET & BATTANT. Arbalète des étrivieres ; c’eft une corde pañlée à chaque bout des lifferons de rabat , à laquelle on attache les ésrivieres pour faire baiffer les lifles. Voyez Lisses, LISSERONS & ÉTRIVIERES. : ! Arbaléte de la gavaffiniere ; c’eft une grofle corde à laquelle la gavaffiniere eft attachée, Foyez GAvaAssI- NIERE. : ARBALÊTE, {. f. inftrument à Pufage des Serru- riers , des Taïllandiets ; d’autres ouvriers en métaux, & même de ceux qui travaillent aux glaces dont on fait des miroirs. L’arbalére des Taillandiers eft com-# pofée de deux lames d’acier élaftiques , courbées en arc , allant toutes deux en diminuant , appliquées le gros bout de l’inférieure contre l’extrémité mince de la fupérieure , & retenues l’une fur l’autre dans cet état , par deux efpeces de viroles quarrées , & de la même figure que les lames : l’une de ces lames eft {cellée fixement à un endroit du plancher qui corref- pond perpendiculairement un peu en-deçà des mä- choires de l’érau ; l’autre lame s'applique fur une en- coche ou inégalité d’une lime à deux manches qu’elle prefle plus où moins fortement à la difcrétion de l’ou- vrier contre la furface de l’ouvrage à polir. L’ouvrier prend la lime à deux manches, & n’a prefque que la peine de la faire aller; car pour la faire venir, c’eft l’arbaléte qui produit ce mouvement par fon élafticité. L’arbalére le foulage encore de la preflion qu’il feroit obligé de faire lui-même , avec la lime contre l’ou- vrage , pour le polir. Voyez TAIELAND. vigrerre , fe. 7. PL. IV.un ouvrier quipolit a P ARBALESTE. 7,2, -eftl’arbalése ; Voyez Planch. V. l’arbalefle féparée. 1 eft lPouvrage à polir ; 2, 3, les manches de la lime; 4,5, les deux lames ou parties de l’arbaléte ; 6, 7,les deux viroles qui retiennent les lames appliquées , & qui empêchent la lame inférieure de remonter , en gli fänt contre la fupérieure. j ARBALÊTRIERE., £. f. (Marine. ) c’eft le pofte où combattent les foldats le long des apoñtis & des courtois , ordinairement derriere une pañlevande. Voyez Arostis, COURTOIS & PASSEVANDE. (Z) ARBAL. ARBALESTRIERS , f. m. (Charpente. ) ce font deux pieces de bois dans un cintre de pont , qui por- tent en décharge fur l’entrait. | ARBALESTRILLE , f f. eff un inftrument qui fert À prendre en mer les hauteurs du foleil & des aftres. Cet inftrument forme une eéfpece de croix ; il eff. compofé de deux parties, la fleche & le marteau, voyez Planch. Navig. fig. 12; la fleche 4 B eftun bâton quarré, uni , de même grofleur dans toute {a longueur, d’un bois dur, comme d’ébene où au- tre, ayant environ trois piés de long & fix à fept lignes de groffeur. Le marteau CD eft un morceau de bois bien uni , applani d’un côté, & percé par- faitement au centre d’un trou quarré de la grof- {eur de la fleche ; au moyen de cetrou , il s’aqufte fur la fleche où il peut glifler en avant ou en arriere; il eft beaucoup plus épais vers le trou , afin qu’il foit ferme fur la fleche , & qu’il lui foit toijours perpen- diculaire. On pourroiten cas de néceflité , fe conten- _tér d'un feul marteau : mais, comme on verra plus bas, il eft bon d’en avoir plufeurs ; ils font au nom- bre de quatre. Voici la maniere d'obierver. On fait entrer le marteau fur la fleche , de façon que le côté uni regarde fa partie À, où l’on pote l’œil ; l'œil étant au point À ; on regarde enfuite laftre par l’ex- trémite fupérieure du marteau ; & par l'extrémité in- frieure D, l'horifon :fi l’on ne peut les voir tous les deux à la fois , on fait avancer ou reculer le mar- teau jufqu’à ce qu’on en vienne à bout. Ceci une fois fait , l’obfervation féra achevée, & les deuxrayons viluels qui vont de l’œil à l’aftre & à l’horifon , for- meront un angle égal à la hauteur de laftre. On ob- ferve de la même maniere l’angle que font deux af- tres entre eux , en pointant à l’un par l'extrémité du marteau C , & à l’autre par lPextréemite D ; en conféquence de cette façon d’obferver , on diviie la fleche de la maniere fuivante. On la place fur un plan , fig. 13 ; & par l'extrémité À , qui eft celle où on applique l'œil , onéleve une perpendiculaire 4 P égale à la moitié du marteau: du point P , comme centre, & du rayon 4 P , on décrit un quart de cer- cle, que l’on divife en demi-degrés , & on tire de- puis le 454 jufqu’au 904, par tous les points de divi- fon , des rayons , du centre P à la fleche 4F; les points où ces rayons la couperont , feront autant de degrés. On marquera les 90% à une diftance du point 4 égale à la moitié CE du marteau, les au- tres angles fe trouveront fucceffivement , en mar- quant fur la fleche le nombre de degrés d’un angle double. du complément de l'angle £ PA ; alors le marteau fe trouvant fur un de ces degrés indiquera la hauteur de laftre : car fi on le fuppofe en £, & que du point 4, & par les points C&D , on tire des rayons vifuels qu’on fuppofe dirigés vers l’aftre & à l’horifon, il eft clair que l'angle C4 D fera dou- ble de l'angle CAE : mais cet angle CAE eft égal à l'angle PÆ 4; puifque les triangles P4AE , ACE {ontiégaux &c femblables, les angles P4AE, AEC étant droits , lecôté 4 E commun, & les côtés 4P, C E égaux ; anf Pangle CAD fera double de l'angle PE 4 : maïs cet angle PE À eft le complé- ment de Pangle APE ; par conféquent l'angle mar- qué fur la flèche fera toüjours égal à Pangle formé par les rayons vifuels. De-plus , 6n voit qu'il falloit divifer le demi-cercle en demi-degrés, puifque cha- que angle formé par les rayons vifuels eft double du complément de l’angle £ P 4 ; il eft clair par cette façon de divifer la fleche , qu’en approchant des 901 , les degrés deviennent plus petits ; & qu’au con- traire , en s'enéloignant ils deviennent plus grands , conféquemment qu'il faut donner au marteau une certaine longueur , pour que les desrés vers £foient diftinéts : mais fi le marteau efterand , cela donnera Torne I, A RB 577 uné trop grahde lôngueur à la fleche ; c’eft pourqüoi au lieu d'un feul marteau, on enta quatre ,\comme on à dit plus haut ; autant que de faces : & ces mar- teaux étant plus grands lesunsqueles autres, fervent à obferverles différens angles. Par exemple!, le plus grand fert pour les angles auxdeflus de 40d!; celui d'enfuite pour ceux au-deffus de: 20 : le: troifieme pour ceux au-deffus de 10:; :& enfin le quatrieme ,; pour les: plus petits angles. Ileflinutile de dire que chaque marteau à fa face particuliere, & qu’elle eft: divilée comme nous venons. de Pexpliquer: Il y a encore unerautre façon d’obferver avec cet'initru- ment, qui eft plus füre & plusexaéte ; parce quel’on. n'eft obligé que de regarder un feul objet à la fois; cela fe-fait de la maniere fuivante: On ajufte le plat du grand marteau dans le-hont de la fleche 4, (figs 24.) deforte que le tout foit à l’uni; enfuite on pañte: dans la fleche le plus petit des marteaux qui à une petite traverfe M d'ivoire, fon côté plat étant tourné auf versle bout 4; &l’on ajoûte une vifiere au bout: d'en-bas.D du marteau C!, c’eft-à-dire une pétite pie- cede cuivre ,ou autre métal, quiaitune petite fente. L'arbaleftrille ainfi préparée comme le montre [a figure ; on tourne le dos à l’aftre:, & on regarde l’ho- rion fenfible par la vifiere D; & par-defious la tra- verfe J1 du petit marteau: en regardant ainfi par le rayon viluel D M , on approchera ou on reculera le pétit marteau jufqu’à ce que l'ombre du bout C'du grand fe ternune fur la traverfe M , à l'endroit qui répond au milieu de la groffeur de la fleche, Alors le petit marteau marquéra fur la fleche les dégrés de hauteur du foleil, ce qui eftfenfble; puifque Pangle formé par l’ombre qui tombe fur lé petit marteau , &t par le rayon vifuel DM, eft égal à l'angle que Pon auroit fi obfervant par devant ; l’oœil étant en A , le grand matteau fe trouvoit au point M. Tel eft l’inftrüment dont on s’eft fervi long-téms en mer malgré tous {es défauts. Car, 1°. fansies dé- taller tous , il eft für que quelque attention que l’on apporte dans la divifion de lPinftrument , elle eft toû- jours fort imparfaite. 2°. Etant de bois & d’une cer- taine longueur , il eft toñjours à craindre qu’il ne tra- vaille & ne fe déjette ; & enfin il eft fort difficile de s’en fervir avec précifion : 6m compte même géné- ralement qu'ilne vaut rien pour les angles au-deflus de 6of. Ainfi on doit abfolument l’abandonner, fur- tout depius linftrument de M. Hadley , fl fupérieur à tous ceux qu l’ont précédé. Voyez INSTRUMENT de M. Hadley. L’arbaleffrille a eu différens noms, comme radiome. tre, rayon affronomrique ,bâron de Jacob , & verge d’or : mais arbaleftrille eft aujourd’hui le plus en uiage. Comme les obfervations qui fe font fur un vaif- feau donnent la hauteur du Soleil tantôt trop grande, tantôt trop petite, felon qu’elles fe font par-devant ou par-derriere , & cela à caufe de l'élévation de lobfervateur au-deflus de l’horifon , on eft obligé de retrancher plufeurs minutes de l’angle trouvé par Pobfervation , Où au contraire d’en ajoûter à cet angle. Voyez la-deffus l’article QUARTIER ANGLoIïS a da fin. (T) * ARBAT A , (Géog. fainte. ) ville de la tribu d’If- fachar , qui fut détruite par Simon Macchabée. * ARBE , ( Géog. mod. ) ville de la république de Venife, dans l'ile de même nom, près des côtes de Dalmatie. Long. 32. 84. lar. 44.53. *ARBELLE, (Geog. anc. } ville de Sicile , dont les habitans étoient fi fots & f flupides, qu'on difoit de ceux qui en faifoient le voyage, quid non fies Arbelas profeütus ? Ce qui peut s'entendre de deux façons : que vous ferez fot, où que vousferez riche à votre retour ! {ot, pour avoirvécu fi long-tems avec desfots; riche, parce qu’il eft facile de faire fortune avec des gens aufñ peu fins, D ddd ? 575 A R B * ARBELLE , ( Géogsfainte.) ville de la haute Ga- hlée, dans la triburde Nephtali, à l'occident du lac Semachon , où l’on rencontroit des: cavernes affreu- fes, la retraite des voleurs ou des Juifs: perfécutés. Hérode le grand en fit boucher quelques-unes , &. mettre lé feu aux autres: on lit:dansJofephe, 47. Lib, XIE, c. xwi: que Paccès en étoit rendu f# diffi- cile pardes rochers & des précipicesi, qu'on men, pouvoit prefque.aborder quand on‘étoit au pié, ni defcendre , quandon avoit atteint le fommet. Il ajoûte qu'Hérode y fit defcendre dans des coffres at- tachés àides chaînes-de fer, des foldats armés de hal- lebardes qui accrochoïient 8 tuoient ceux qui fai- {oïent réfiftance. :.F ARBELLES , bourg d’Affyrie , fur le fleuve Ly- aus, c£lehre parlafeconde viétoire qu’Alexandre le Grand remporta fur Darius, roi de Perte. : * ARBENGIAN , petite ville de la campagne ou dela vallée qu'on appellé Sogde de Samarcand ; c’eft proprement leterntoire de’cette ville: ARBENNE,, ( Hifé, nas. Ornithol.) Lagopus avis. Aid, Get oifeau eft de la' grandeur & de la figure du pigeon domeftique , ou peut-être un peu plus grand. Il pefe quatorze onces ; 1l a environ un pié trois pou- ces de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’ex- trémité de la queue ou des pattes ; Penvergure eft d’un pié dix pouces ; le hec eft court , noir, &c fem- blable à celui d’une poule, mais un peu plus petit; la partie fupérieure eft plus longue , & déborde un peu la partie inférieure ; les narines font couvertes par de petites plumes ; 1l y a au-deffus des yeux en place defourcils , une petite caroncule dégarnie de plumes , faite en forme de croiffant, & de couleur de vermillon. On diftingue le mâle de la femelle par un trait noir qui commence à la partie fupérieure du bec des mâles, qui pafle au-delà des yeux , & qui finit vers les oreilles : tout le refte du corps ef d’une couleur très-blanche , à l'exception de la queue ; il ya vingt-quatre grandes plumes dans chaque aîle, dont la premiere ou l’extérieure , eft plus courte que la feconde ; la feconde eft auffi plus courte que la troifieme ; les fix plumes extérieurés ont le tuyau noir : la queue a plus d’un palme de longueur ; elle eft compofée de feize plumes ; les deux du milieu {ont blanches, de même que les barbes extérieures de la derniere plume de chaque côté ; toutes les au- tres plumes font de couleur cendrée noirâtre, à l’ex- ception de la pointe qui eft blanche ; les plumes qui font fur la queue , font aufi grandes que la queue même. Les pattes font couvertes en entier jnfqu’au bout des doigts de petites plumes molles pofées fort près les unes des autres ; ce qui a fait donner à cet Oifeau le nom de Lagopus. Les ongles font très longs, &z reffemblans à ceux de quelques quadrupedes , tels que le lievre ; ces ongles font de couleur de corne obfcure., ou de couleur de plomb; le doigt de der- ñereeft petit, mais fon ongle efterand &c recourbé ; le doigt extérieur & le doigt intérieur de devant tiennent au doigt du milieu par une membrane; ongle du doigt du milieu eft très-long & un peu creux; fes bords font tranchans ; il ya des poils longs & touffus fous les doigts. On trouve ces oïfeaux fur les Alpes qui font cou- vertes de neige pendant la plus grande partie del’an- née, & fur d’autres montagnes très-élevées. On a donné à cet oïfeau le nom de perdrix blanche, fans doute parce que fa chair a quelque rapport à celle de la perdrix pour legoût ; car l’arbenne eft un oïfeau dif- férent de la perdrix , quoiqu'il lui reffemble pour la figure &c pour la grandeur. Cependant le nom de perdrix blanche a fait croire que l’oifeau dont il s’a- git, étoit vraiment une perdrix : c’eft pour éviter cette équivoque , que je le rapporte fous le nom d'arbenne, qu'on lui a donné en Savoie, comme celui À R B. décperdrix blanche. Il feroit à fouhaïtet que l’on pût ainfi prévenir les erreurs qui viennent des noms. Willugby ; Aldrovande; Orxir. Liv. XITT, pag. 445} Voyez OISEAU. (7 : * ARBERG, ( Géog. } ville de Suiffe , dansle can: ton de Berne, dans une efpece d'ile fur lAar. Long. 24. 45. lat, 47. * ARBT, petit pays de l'Amérique méridionale } près des Andes , entre le Popayan & la nonvelle Grenade. | - © ARBIA, petite riviere d'Italie, qui a fa fource dans le territoire de Florence , pañfe fur celui de Sien: ne, & fe jette dans lOmbrone. ARBITRAGE , f. m. (ez Droir.) eft le jugement d'un tiers , qui n’eft établi ni par la loi ni par le ma- giitrat , pour terminer un différend ; mais que les par- ües ont choifi elles-mêmes, Voyez ARBITRE. (A) ARBITRAGE , e7 matiere de Change, veut dire une combinaïfon ou affemblage que l’on fait de plufieurs changes pour connoître quelle place eft plus avanta- geute pour tirer & remettre. De la Porte, féience des régocians, Voyez; CHANGE 6 PLACE. Samuel Ricard dans fon rraité général de commerce, dit que les arbitrages ne font autres qu’un preffenti- ment d’un avantage confidérable qu'un commettant doit recevoir d’une remife ou d’une traite faite pour un lieu préférablement à un autre. | M. de Montodepni définit l’arbirrage de change un troc que deux banquiers fe font mutuellement de leurs lettres de change fur différentes villes au prix & cours du change conditionné. | Suivant M. J. P. Ricard, qui a donné une nou- velle édition dusraisé des arbitrages , arbitrage eftune négociation d’une fomme en échange, à laquelle ur banquier ne fe détermine qu'après avoir examiné par plufieurs regles de quelle maniere elle lui tours nera mieux à compte. M, Savari penfe que ces deux dernieres définitions font les mêmes pour le fond; & quant aux regles ou opérations qu’on fuit pou l'arbitrage , il en rapporte un exemple qu’on peut voit dans fon ouvrage. Tom. I. pag. 693.(G) ARBITRAIRE, adj. pris dans un fens général, ce qui n’eft pas défini ni limité par aucune loi ou confi- tution exprefle , maïs qu’on laïffe uniquement au ju- gement & à la difcrétion des particuliers. La punition d’un tel crime eft arbirraire.Ce mot vient du Latin arbi- trium, Volonté.Les lois ou les mefures par lefquelles le Créateur agit, font arbitraires ; au moins toutes les lois phyfiques. Foye PHYSIQUE, Pouvoir ARBI- TRAIRE , DESPOTISME , MONARCHIE , Éc. (H) ARBITRAL , serme de Droir , fe dit des décifons ;, fentences, ou jugemens émanés des arbitres. Voyez ARBITRE , & ComMPrRoMis. Les fentences arhirrales doivent être homologuées en juflice , pour acquérir Pautorité d’un jugement judiciaire , 8c pour pouvoir emporter hypotheque fur les biens du condamné; & lorfqu’elles Le font, elles font exécutoires ; non- obftant oppoñtions ou appellations quelconques. S’il y a quelques difficultés pour Pinterprétation d’une fentence arkirrale , c’eft aux arbitres qu’il faut s’adrefler pour l’interprétation, s'ils font encore vi- vans ; finon il faudra s’en rapporter au juge ordi- naire. ( F7, | ARBITRATEUR , f. m. rerme de Droit, eft une efpece d’arbitre. Foyez ARBITRE. En Angleterre , les parties en litige choïfiffent or: dinairement deux arbitrateurs ; & en cas qu’ils ne puif fent pas s’accorder , on y en ajoûte un troifieme, que l’on appelle arbirre à la décifion duquel les deux par- ties font obligées d’acquiefcer. | Les jurifconfultes mettent une différence entre #r- bitre 8&c arbitrateur ; en ce que quoique Le pouvoir de Pun & l’autre foit fondé fur le compromis des par- ties , néanmoins leur liberté eft différente ; car un ARB arbitre eft tenu de procéder & de juger fuivant les formes de la loi ; au lieu que l’on s’en remet totale- ment à la propre difcrétion d’un arbitrateur : fans être obligé à aucune procédure folennelle, ou à fiuvre le cours des jugemens ordinaires , 1l peut accommoder à fon gré l’affaire qui a été remife à fon jugement, pourvû que ce foit Juxta arbitriwm bons viri. ( H) ARBITRATEUR , fubft. pris adjeét. (Myrk.) nom que les payens donnoient à Jupiter : il y avoit à Rome un portique à cinq colonnes confacré à Jupi- ter arbitrateur. ARBITRATION , f. f. terme de Palais, eft une eftimation ou évaluation faite en gros, & fans en- trer en détail : ainfñ l’on dit en ce fens qu’on a arbi- tré les dépens ou les dommages & intérêts à telle omme. (A) ARBIÎTRE , f. mer ferme de Droir, eft un juge nommé par le magiftrat , ou convenu par deux par- ties , auquel elles donnent pouvoir, par un compro- nus, de juger leur différend fuivant la loi. 7, JUGE € CoMPrROoMIs. d Les Romains fe foüimettoient quelquefois à un feul arbitre : mais ordinairement ils en choïfifloient plu- fieurs qu’ils prenoient en nombre impair. Voyez AR- BITRAGE. | Dans les matieres qui regardoient le public , tel- les que les crimes , les mariages , les affaires d’état, éc. 1l n’étoit pas permis d’avoir recours aux arbitres. On ne pouvoit pas non plus appeller d’une fentence ou d’un jugement par arbirre ; l'effet d’un appel étoit de fufpendre l’autorité d’une jurifdiétion , & non pas d’un paéte, d’une convention ou d’un contrat. Voyez APPEL. Chez les modernes , il y a ordinairement différentes fortes d’arbitres ; quelques-uns font obligés de procéder fivant la rigueur de la loi, & d’autres font autorifés par les parties mêmes à s’en relâcher &c fuivre l’équité naturelle ; ils font appellés propre- ment arbitrateurs. Voyez ARBITRATEUR. Les uns & les autres font choïfis par les parties : mais 1l y en a une troifieme forte qui font des arbitres nommés par les juges , lefquels font toûjours tenus de juger fuivant la rigueur du droit. - _ Juflinien (L. tr, C. de recepr. ) défend abfolument de prendre une femme pour arbisre | comme jugeant qu'une pareille fonétion n’eft pas bienféante au fexe : néanmoins le pape Alexandre IIT. confirma une {en- tence arbitrale donnée par une reine de France. Le cardinal Wolfey fut envoyé par Henri VIII. à Fran: çois premier , avec un plein pouvoir de négocier, de faire & de conclurre tout ce qu’il jugeroit convena- ble à {es intérêts ; & François premier lui donna le même pouvoir de fon côté , de forte qu’il fut confti- tué le feul arbitre de leurs affaires réciproques. Les arbitres compromifhonnaires doivent juger à la rigueur aufli-bien que les juges , & font obligés de rendre leur jugement dans le tems qui leur eft limité, fans pouvoir excéder les bôrnes du pouvoir qui leur eft prefcrit par le compromis : cependant fi les par: ties les ont autorifés a prononcer felon la bonne foi & fuivant l’équité naturelle , fans les aftreindre à la rigueur de la loi , alors 1ls ont la liberté de retran- cher quelque chofe du bon droit de l’une des parties pour l’accorder à l’autre , & de prendre un milieu entre la bonne foi & l’extrème rigueur de la loi. De Launay , éraité des Defcentes. Les aétes de fociété doivent contenir la claufe de fe foïmettre aux arbirres pour les conteftations qui peuvent furvenir entre aflociés ; & fi cette claufe étoit omife , un des-aflociés en peut nommer , ce que les autres font tenus pareillement de faire; autre- ment il en doit être nommé par le juge , pour ceux qui en font refus. | En cas de decès ou d’une longue abfence d’un des arbitres , les aflociés en peuvent nommer d’autres, T' OITIC TZ 9 | ARB ÿ79 finon il doit y être pourvû par le juge, pour les re- fufans. | Quand les arbitres font partagés en opinions , ils peuvent convenir de /4r-arbitres fans le confentement des parties ; & s’ils n’en conviennent, il en eft nom- mé par le juge. Pour parvenir à faire nommer d’of- fice un fér-arbitre , il faut préfenter requête au juge en lui expofant la néceflité d’un ur-arbirre , attendu le partage d'opinions des arbitres ; & l’ordonnance du juge fur ce poift doit être fignifiée à la diligence d’une des parties'aux arbirres , eh les priant de vou- loir procéder au jugement de leur différend. Les 47 bitres peuvent juger für les pieces & mémoires qui eut font remis, fans aucune formalité de juftice, & nonObftant l’abfence de quelqu’une des parties. Tout ce qui vient d’être dit a lieu à l’égard des veuves, héritiers & ayans caufe des affociés, & eff conforme aux articles 9.10. 11. 12. 13. G 14. du tit, IV. de Ordonnance de 16 73. Dans les contrats ou polices d’affürance , il doit y avoir une claufe par laquelle les parties {e foûmet: tent aux arbitres en cas de conteffation. Arr. 3. du tt, VI. du Liv. III, de Ordonnance de la Marine , dx mois d Août 1681. On peut appeller de la fentencé des arbitres, quand même il auroit été convenu, lors du compromis , qu'on n’appelleroiït pas. ( Æ) ARBITRER , v. a&. c’eft liquidet , eftimer une chofe en gros, fans entrer dans le détail ; ainf l’on dit : des amis communs ont arbirré À une telle fommé le dépériflement de ces marchandifes. ( G) ARBOGEN ox ARBO( Géog. ) ville de Suede ÿ dans la province de Weftmanie, fur la riviere de même nom. se Enr D * ARBOÏS ( Géog. ) petite ville de Franche-Com- té, entre Salins & Poligni. Longitude 23. 30. latitude AO RS à ARBOLADE, f. f. c’eft er rerme de cuine, le nom. d'ün flanc fait avec le beurre, la crême, les jaunes d'œufs , le jus de poiré , le fucre & le fel. Foyez le Cuifinier François. © ARBON ( Géog. anc. & mod. ) ville de Suiflé » fur le bord méridional du lac de Conftance, dans le Tutgow. Long, 27. 30. lat. 47. 38. ARBORER vx mât (Marine. ) c’eft mâter, ou dref: fer un mât fur le vaifleau. Le m&t de hune eff arboré Jur le grand mät. On fe fert dans la manœuvre des galeres du mot d’erborer & defarborer , pour dire qu’ une galere leve fon meftre & le brinquet pour appa- reiller, ou qu’elle démâte & qu’elle abbat fes mâts. Voyez MAsT , MESTRE, BRINQUET , GALERE. _Ærborer le pavillon , c’eftle hifler & le déployer: Voyez HissER.(Z) Rare * ARBORIBONZES, f. m. pl. ( Æf, mod. ) près tres du Japon , errans , vagabonds & ne vivant que d’aumones. Ils habitent des cavernes ; ils fe couvrent la tête de bonnets faits d’écorce d’arbres, terminés eñ pointes & garnis par le bout d’une touffe de crins de cheval ou de poil de chevre ; ils font ceints d’une lifiere d’étoffe grofliere qui fait deux tours fur leurs reins ; ils portent deux robbes l’une fur l’autre ; celle de deflus eft de cotôn, fort courte , avec des demi- manches ; celle de deffous eft de peaux de bouc, & de quatre à cinq doigts plus longue ; ils tiennent en marchant, d’une main, un gobelet qui pend d’une corde attachée à leur ceinture, & de lPautre une branche d’un arbre fauvage qu’on nomme Joutan, & dont le fruit eft femblable à notre nefle ; ils ont poux chauflures des fandales attachées aux piés avec des courroies & garnies de quatre fers qui ne font guere moins bruyans que ceux des chevaux ; ils ont la bar- be & les cheveux fi mal peignés qu’ils font horribles à voir ; ils {e mêlent de conjurer les UE = mais ils 1] 580 À R B ne commencent ce métier qu’à trente ans. Ambaffad. Part, I. pag. 89. 6 90. | * ARBORICHES, f. m. pl. (Hifi. ). peuples que quelques-uns croyent être les habitans de la Zélande ; d’autres , d'anciens habitans du territoire voifin de celui de Maftricht : felon Bécan, les Ærhoriches occu- poient le pays qui eff entre Anvers & la Meufe. * ARBORIQUE, {. m. ( Æi/4. mod. ) nom de peu- ples que quelques Auteurs prétendent être les mêmes que les Armoriques ou Armoricains. Les Arboriques dont le P. Damiel fait mention , habitoient entre Tournai & le Vahal,, étoient Chrétiens fous Clovis comme la plüpart des autres Gaulois, & fort attachés à leur religion. Voyez ARMORIQUES. * ARBOURG ( Géog. ) ville de Suiffe , dans le canton de Berne, dans l’Argow , au bord de l’Aar, Long. 25.-25. lat, 47. 10. ARBOUSES , 1. f. fruir de larboufier. Les arboufes réflemblent aux fraifes , font rouges étant mûres, d’un goût apré, & difficiles à digérer. L’arbriffeau qui les porte croit dans: les lieux montagneux & entre dans plufieurs remedes, Voyez larsicle Juivant. (K) ARBOUSIER , arbutus , arbre dont la fleur eft d’une feule piece en forme de cloche ou de grelot : le piftil fort du calice ; il eft attaché à la partie pof- térieure de la fleur comme un clou, & il devient _ dans la fuite un fruit arrondi, charnu , reflemblant à celui du fraïfier, partagé en cinq loges, & rempli de femences qui tiennent à un placenta. T'ournefort, Tnft. re herb. Voyez PLANTE. (1) Arbutus folio ferrato, C. B: Pit. Tournefort. La feuille, l'écorce & le fruit de cet arbre font aftrin- gens, propres pour arrêter les cours de ventre étant pris en décoétion ; on peut auffi s’en fervir pour les gargarifmes. La fleur réfifte à la malignité dés hu- meurs. ( N ARBRE , f. m.( Æiff. nat. bor. ) Les arbres font les plus élevés, les plus gros & par conféquent les plus apparens de tons les végétaux. Ce font dés plantes ligneufes & durables ; ellés n’ont qu’un feul & prin- cipaltronc quis’éleve , {e divife & s'étend par quan- tité de branches & de rameaux, dont le volume & l'apparence varient en raifon de l’âge, du climat, du terrein, de la culture, & principalement de la nature de chaque arbre, En comparant la hauteur &e la con- fiftance de toutes les plantes , on va par des nuances infenfbles depuis l'hyffope jufqu'au cedre du Liban ; je veux dire depuis la plante la plus bafle , jufenr'à l’ar- bre le plus élevé, depuis l'herbe la plus tendre juf- qu'au bois lerplus dur’: ainf quoique les herbes foient les plus petites des plantes / on auroit pû confondre certaines efpeces d'herbes avec les arbres, fi on n'étoit convenu de donner lés noms d’arbriffeaux & de Jous-arbrifféaux (Voyez ARBRISSEAU, Sous-Ar- BRISSEAU ) aux plantes de grandeur & de confif- fançe moyenne entre les herbes & les wrbres : cepen- dantilelt encore affez difficile de diftinguer les ar- bres des arbrifleaux. Quelle différence y a-t-il entre le plus petit des arbres & le plus grand des arbrif- feaux ? IP n’eft pas poffible de la déterminer précifé- ment : mais ion peut dire, en général, qu'un arbre doit s'élever à plus de dix ou douze piés. Cette hau- teur eft bien éloignée de celle des chênes ou des fa- pins; dont le fommet s'éleve à plus de cent piés ; c’eft pourquoi on peut diviler les arbres en grands, en moyens & en petits arbres ; le chêne , le fapin, le maronnier d'Inde, 6:c. font du prenuer rang ; l’aune, le chêne verd , lé prunier, &cpeuvent être du fe- cond ; le pêcher, le laurier, le nefhier, 6:c. font du nombre des petits arëres. * fr 2 Les Botaniftes ont rapporté lés différentes efpeces d'arbres à différens genres qu'ils ont caratérifés com- me toutes les autres plantes, par lenombre, la figure & la pofition de certaines parties , principalément des fleurs & des fruits ; & dans cet arrangement là plûpart ontconfondu les herbes avecles arbres. Of à mis fous le même ordre , ou dans la même fe&ion , la capucine avec l’érable la flipendule avec 1e bo rier , le pourpier avec le tilleul, &c. Ces méthodes pourroient donner une faufle idée de certains arbres lorfqu’on les voit fous le même genre , c’eft-à-dire fous un nom commun avec des plantes qui ne font que des fous-arbriffeaux : par exemple, le chêne & le faule font deux grands arbres; cependant, felon les méthodes de Botanique ; il y a des chênes & des faules nains. Les méthodiftés, qui fe font f peu de fcrupule de changer les noms des plantes les plus ufités , & qui leur en fubftituent dé nouveaux à leur gré, devroient bien plütôt donner à certains arbrif= feaux des noms différens de ceux que portent de grands arbres; par ce moyen on Ôteroit toute équi- voque dans la fisnification du mot arbre , autrement onne s'entend pas! caf oh à nécéflairement l’idée d’un arbre lorfqu'il s’agit d’un chêne ou d’un faule ; ependant pour fe prêter aux conventions des mé- thodiftes , & pour fe faire à leur langage , 1l faut prendre de petits arbrifleaux pour des chènes & pour des faules , & donner le nom d’arbre a des'plantes que l’on ne doit regarder que comme des fous-arbrif {eaux. Toute méthode arbitraire nous mduit nécef fairement en erreur ; celle que M. de Tournefort à donnée pour la diftribution des plantes eft une des meilleures’ que nous ayons fur cette matière ; ila fenti le ridicule des méthodiftes qui mêlent indifré- remment les herbes & les arbres, &c il a tâché de l’éviter en rangeant les arbres & les arbriffleaux dans des claffes particulieres ; cependant comme fa mé- thode eft arbitraire , il a été obligé, pour la fuivre, de s'éloigner quelquefois de l’ordre naturel: pat exemple , en réuniflant fous le même genre l’yeble avec le fureau , Pa/thæa frutex avec la guimauve, &c. La nature fe refufera tobjours à nos conventions ; elle ne s’y foûimettra jamais , pas même à là meil leure des méthodes arbitraires. Voyez MÉTHODE. Les Jardiniers & tous ceux qui ont cultivé des ar- bres ,n’ont donné aucune attention'aux calices & aux pétales, m1 aux piftils & aux étamines desfleurs: mais ils ont obfervé {oigneufément la nature des différens arbres, pour favoir la façon de les cultiver ; 1ls fe font efforcés de multiplier ceux qui méritoient de l'être par la qualité du bois’, la bonté des fruits , la beauté des fleurs & du feuillage. Auffi ont-ils diftin- gue les arbres en arbres robuftes & en arbres délicars ; arbres qui quittent leurs feuilles ; arbres toüjours verds ; arbres cultivés ; arbres de forêt ; arbres frui- tiers ; arbres d’avenues, de bofquets, de paliffades, arbres fleuriflans, &c. | Tous les arbres ne peuvent pas vivre dans lé mê- me climat. Nous voyons que pour les arbres étran- vers , le climat eft en France le plus grand obftacle à leur multiplication ; il y a peu de ces arbres qui fe re- fufent au terrein, mais la plüpart ne peuvent pas ré- fifter au froid. La ferre & l’étuve font une foible ref- fource pour fuppléer à la température duclimat; les arbres délicats n’y végetent que languiffamment. Les arbres qui quittent leurs feuilles font bien plus nombreux que ceux qui font toljours vérds ; les pre- miers croiflent plus promptement, & fe multiplient! plus aifément que les autres, parmi lefquels d’ailleurs. il ne s’en trouve qu’un très-petit nombre; dontle fruit foit bon à manger. se On ne feme pas tobjours les arbres pouf les mul= tiplier, il y a plufieurs autres façons qui font préfé- rables dans certains cas. La'ereffe perfeétionne la fleur &c le fruit : maïs c’eft aux dépens de la hauteur & de l’état natutel de l’arbre! La bouture éft une voie fact le, qui réuffit plus communément pour les arbrifieaux . ARB que pour les arbres. Le rejetton eft un moyen fimple & prompt : mais il n’y a que de petits arbres, &c les plus communs qui en produifent. Enfin a branche couchée, la marcotte, ou le provin, efkun autre ex- pédient que l’on employe pour la multiplication ; c’eft celui qui convient le moins pour les grands arbres. Ceux qu’on multiplie de cette façon pechent ordi- nairement par les racines qui {ont trop foibles, en petite quantité, & placées le plus fouvent d'un feul côté. On ne parle pas ici de la multiplication par les racines & par les feuilles, qui eft plus curieufe qu'utile. Tous les arbres cependant ne {e prêtent pas à toutes ces façons de les multiplier ; il y en a qui ne réufliflent que par un feul de ces moyens, & ce n’eft pas toùjours celui de la graine ; beaucoup d’ar- res n’en produifent point dans les climats qui leur font étrangers. Les arbres des forêts ne font pas les mêmes par- tout, le chêne domine plus généralement dans les chmats tempérés & dans les terreins plats; onle trou- ve aufhi dans les côteaux avec le hêtre file terrein eft cretacée ; avec le châtaignier, sl eft fablonneux &t humide ; avec le charme, partout où la terre eft ferme & le terrein pierreux ;.partout où il y a des fources, le frêne vient bien. Les arbres aquatiques tels que le peuplier, l’aune, le faule, 6: fe trouvent dans les terreins marécageux; au contraire les arbres réfineux, comme font les pins, le fapin ; le melefe, &c. {ont fur les plus hautes montagnes, 6c. * On diftingue en général les arbres fruitiers qui por- tent des fruits à noyau, de ceux dont les fruitsn’ont que des pepins. On s'efforce continuellement de les multipher les uns & les autres: mais c’eft moins par _ Ja femence, qui donne cependant de nouvelles e{pe- ces, que par la greffe qui perfeétionne le fruit. C’eft par le moyen de la taille, opération la plus difficile du jardinage, que l’on donne aux arbres fruitiers de ‘ la durée , de l'abondance, & dela propreté. Les ar- bres d'ornement fervent à former des avenues & des allées auxquelles on emploie plus ordinairement l’or- me, le tilleul, le châtaignier, le peuplier, l’épicéas, le platane qui eft le plus beau & le plus convenable de tous les arbres pour cet objet. On employe d’autres arbres à faire des plantations, à garnir des bofquets, à former des portiques, des berceaux, des paliffades, &c à orner des plates-bandes ;\des amphithéatres, des terrafles, 6c. Dans tous ces cas la variété du feuilla- ge, des fleurs & des formes que l’on donne aux ar- Bres, plaît aux yeux, & produit un beau fpe&tacle, fi tout y eft difpofé avec goût. Voyez PLANTE. (1) * Le Jardinier s’occupe de l'arbre de cinq manieres principales : 1°, du choix des arbres: 2°, de la prépa- - ration qu'il eft à propos de leur donner, avant que de les planter : 3°. de leur plantation : 4. de leur mul- tiplication : 5°, de leur entretien. Nous allons parcou- rir les regles générales que l’on doit obferver dans la plüpart de ces occafions; & nous finirons cet article par quelques obfervations plus curieufes qu’impor- tantes, qu’on a faites fur les arbres. 19. Du choix des arbres. Prenez plus de poiriers . d’automneque d’été, & plus d’hyverque d'automne: appliquez la même regle aux pommiers & aux autres arbres, mutatis mutandis ; ceux qui donnent leur fruit tard, relativement aux autres de la même efpece, font préférables. Gardez-vous de prendre les poiriers qui auront été greffés fur de vieux amandiers, de quatre à cinq pouces: rejettez ceux.qui auront plus d’un an de greffe. Les premiers, pour être bons, doivent avoir trois ou quatre pouces. Les arbres greffés fur coignafñer, font les meilleurs pour des arbres nains : prenez les jeunes arbres avant trois ans; trop jennes, ils: feroient trop long-tems à fe mettre en buiffon ; trop vieux, on n’en obtiendroit que des produétions chétives : rejettez les arbres mouus, noüeux, gom- À RB Sr més, rabougris & chancreux, Que ceux que vous préfererez ayent les racines faines & belles ; que la greffe en ait bien recouvert le jet; qu'ils foient bien fournis de branches par Le bas; qu'ils foient de belle venue, Les pêchers &les abricotiers doiventavoirété greffés d’un an feulement. Ikfutfra que les pommiers gréftés fur paradis, ayent nn pouce d’épaifleur. Pour les arbres de tige ils n’en feront que meilleurs, s'ils ont quatre à cinq pouces d’épaifléur, fur {ept à huit piés de haut. Prenez, fi vous êtes dans le ças ide les choifir fur pié, ceux qui auront pouflé vigoureufer mentdans l'année, qui vous paroîtront fains,, tant à lafeuille qu’à extrémité dujet , &qui auront lécor- ce unie & luifante. Les pêchers qui ônt plus d'unan de greffe, 8 qui n’ont point été recépés en.bas, font mauvais, [Len eft de même de ceux ‘qui par bas ont plus de trois. pouces , ou.moins.de deux de groffeuns, & de ceux qui font greffés fur des arbres de quatre à cingpouces. Que les nains ou arbres d’efpaliers{oient droits, d’un feul brin & d’une feule greffe;: qu'ils foient fans aucune branche par bas ; qu'on y.apper- çoive feulement de bons yeux. Quefi l’on ne:choïfit pas les arbres fur pié, mais arrachés ; outre toutes les obfervations précédentes, il faut encore veiller àce qu'ils waient point été arrachés depuis trop long- tems, ce qui fe reconnoitra à la fecherefle du bois, &t aux rides de l'écorce: s’ils.ont l'écorce bien écor- chée ; l'endroit de la greffe étranglé de filaffe ; la gref- fe trop baffle, laiflez-les, fi furtout ce font des pêchers. Examunez particulierement les racines ; que le nom- bre &c la groffeur en foient proportionnés à l’âge & à la force, de l'arbre; qu'il y en ait:une au.moins, à peu près de la grofieur de la tige; les racines foibles & chevelues marquent un arbre foible; qu’elles ne foient m1 feches, m dures , ni pourries, ni écorchées, ni éclatées, m1 rongées: diftinguez bien les jeunesra- cines des vieilles ; & exigez fcrupuleufement que les jeunes aient les conditions requifes pour être bonnes ; les jeunes racines font les plus voifines de [a furface de la terre, & rougeâtres &c unies aux poiriers, pru= niers, fauvageons, Gc. blanchâtres aux amandiers, jaunâtres aux müriers, & rougeâtres aux cerifiers. 2°. De la préparation des arbres à planter, Il y a deux chofes à préparer, la tête & le pic. Pour la tête, que l'arbre oit de tige, qu'il foit nain ; comme on la fort afoibl en lParrachant, il faut 1° lui ôter de fa tête à proportion des forces qu'il a perdues. El y en a qi different jufqu'au mois de Mars à décharger un arbre de fa tête; d’autres font cette opération-dès Pautom- ne, & tout en plantant l’arbre, obfervant de mafti- quer le bout des branches coupées , afin qu’elles ne fouffrent pas des rigueurs dufroid. 2° Il faut lui ôter de fa tête, felon l’ufage auquel,on le deftine. Si l’on veut que l'arbre fafle {on effet par-bas, commeton le requiert des buiflons & des efpaliers , il faut les cou per courts; au contraire , fi l’on veut qu'ils gagnent en hauteur. Voyez à l’article TAILLE, toutes les mo- difications que doit comporter cette opération. Mais on ne travaille guere à la tête des arbres, qu’on n'ait opéré fur les racines & au pié. Quant aux racines, fépatez-en tout le chevelu le plus près que vous pourrez, à moins que vous ne plantiez votre arbre immédiatement après qu’il a êté arraché. L’aétion de Pair flétrit très-promptement ces filets blancs qu’il importe de conferver fains, mais qu'il nimporte pas moins d'enlever & de détacher pour peu qu'ils foient malades. La fouftraétion de ce chevelu met les racines à découvert & expofe les bonnes & les mauvaifes. Voyez fur le caractere des racines ce que nous avons dit à la fin de Particle pré cédent ; féparez les mauvaïlés , &c donnez aux bonnes leur jufte longueur. La plus longue racine d'un arbre nain n'aura pas plus de huit à neuf pouces; celle d’un, arbre de tige n'aura pas plus d’un pie. Laïflez , fi vous 502 A RB voulez, uñ peu plus de longueur à celles du‘mürier & de l’'amandier ;.en général aux racines de tout ar- bre qui Les aura ou fort molles ou fort feches. Deux, trois, ou quatre pouces de longueur fufiront aux-fa- ciñes moins importantes que les racines maîtrefles. C’eft aflez d’un feul étage de racines, fur-tout fi elles font bien placées. Des racines font bien placées, quand elles fe diftribuent du pié circulairement., :8c laïflant entr’elles à peu près des intervalles égaux, enforte que les arbres {e tiendroient droits fans être plantés, fur-tout pour ceux qui font deftinés au plein vent; cette condition n’eft pas néceflaire pour les autres. Ce que nous venons de dire du choix & de la préparation fe réduit à un petit nombre de regles {1 fimples , que celui qui les aura mufes en pratique quelquefois {era aufli avancé que le jardinier le plus expérimenté. | 3°. De la maniere de planter les arbres. Commencez par préparer la terre : faites-y des trous plus ou moins grands, felon qu’elle eft plus où moins feche. Ils ont ordinairement fix piés en quarré dans les meilleurs fonds ; deux piés de profondeur fuffifent pour les poiriers. Séparez la mauvaife terre de la bonne , & ne laiffez que celle-ci. IL eft très-avantageux de laif- {er le trou ouvert pendant plufeurs mois. Labourez le fond du trou : remettez-y d’excellente terre à la hauteur d’un pié, & par-deflus cette terre, une couche d’un demi-pié de fumier bien pourri: mêlez la terre & le fumier par deux autres labours : remet- tez enfuite un fecond lit de bonne terre, un fecond lit de fumier, & continuez ainfi, obfervant à chaque fois de mêler la terre & le fumier par des labours. Si la terre eft humide & n’a pas grand fond, on n’y fera point de trou; c’eft aflez de l’engraïffer & de la labourer. Après cette façon on y placera les ar- bres fans les enfoncer, & l’on recouvrira les racines à la hauteur d’un pié & demi & à la diftance de qua- tre à cinq en tous fens avec de la terre de gafon bien hachée ; enfoncez votre arbre plus avant, fi votre fol eft {ec & fablonneux ; fi vous appliquez un efpa- lier à un mur , que votre trou foit de huit piés de large fur trois de profondeur & à un demi-pié du mur ; retenez bien encore les regles fuivantes. Le tems de planter eft , comme l’on fait, depuis la fin d'O&tobre jufqu'à la mi-Mars ; dans cet intervalle choïfiflez un jour fec & doux; plantez volontiers dès la faint Martin dans les terres feches & lége- res ; attendez Février & ne plantez que fur la fin de ce mois, fi. vos terres font froides & humides; laifez entre vos arbres, foit efpaliers, foit buifons, foit arbres de tige , la diftance convenable ; réglez à chaque efpece fon canton , & dans ce canton la pla- ce à chacun en particulier ; difpofez vos trous au cordeau ; faites porter chaque arbre près de fon trou; plantez d’abord ceux des angles afin qu'ils vous fer- vent d’alignement ; pañlez enfuite à ceux d’une mê- me rangée ; qu’un ouvrier s'occupe à couvrir les ra- cines à mefure que vous planterez ; plantez haut & droit ; n'oubliez pas de tourner les racines vers la bonne terre; fi vous plantez au bord d’une allée, que vos principales racines regardent le côté oppo- fé ; quand vos arbres feront plantés , faites mettre deux ou trois pouces de fumier fur chaque pié ; re- couvrez ce lit d’un peu de terre. Au défaut de fu- mier, fervez-vous de méchantes herbes arrachées. Si la fafon eft feche pendant les premiers mois d’A- vril, de Mai & Juin , on donnera tous les quinze jours une cruchée d’eau à chaque pié , & afin que le pié profite de cette eau, on pratiquera à l’entour un fillon qui la retienne. Vous aurez l'attention de faire trépigner la terre de vos petits arbres ; vos efpaliers auront la tête penchée vers la muraille; quant à la diflance , c’eft à la qualité de la térre à la détermi- ner ; on laifle depuis cinq à fix piés jufqu’à dix , onze, A RB douze entre les efpaliers ; depuis huit à neuf jufqu'à douze entre les buiflons , & depuis quatre toifes jufqu’à fept à huit entre les grands arbres. Il faut dans les bonnes terres, laïfler plus d’efpace entre les arbres que dans les mauvaifes , parce que les têtes prennent plus d’étendue. Les arbres qui jettent plus de bois , comme les pêchers, les poiriers &c les abris cotiers , demandent auffi plus d’efpace. Si on cultive la terre qui eft entre les arbres , on éloignera les ar= bres les uns des autres de huit à dix toifes, fut-tout fi ce font des poiriers ou des pommiers ; fi on ne la cultive pas, quatre à cinq toïfes en tous fens fuffront à chaque arbre. Laïflez trois toifes ou environ entre les fruitiers à noyau, foit en tige , foit en buifon, {ur-tout fi ce font des cerifiers &c des bigarotiers plan- tés fur merifiers ; s'ils ont été greffés fur d’autres ce- rifiers de racine , ne les efpacez qu’à douze ou quin- ze piés ; les poiriers fur coignafhers plantés en buif- fon , fe difpofent de douze en douze piés, à moins que les terres ne foient très-humides , dans ce cas on les éloigne de quinze en quinze piés ; 1l faut donner dix-huit piés aux poiriers & pommiers entés fur le franc & plantés dans des terres légeres & fablonneu- fes ; vous leur en donnerez vingt-quatre dans les ter- . , by Ê res grafles & humides ; c’eft aflez de neuf piés pour les pommiers entés fur paradis, fi l’on en fait un plan de plufieurs allées ; c’eft trop fi on n’en a qu’une feu- lerangée , il ne leur faut alors que fix piés ; donnez aux pêchers , abricotiers & pruniers en efpalier quin- ze piés dans les terres légeres , dix-huit piés dans les terres fortes ; aux poiriers en efpalier huit ou dix piés, felon la terre. Ne mettez jamais en contre-ef- paliers ni bergamotes , ni bons-chrétiens , m petit mufcat ; on peut mêler des pêchers de quatre piés de tige ou environ de quinze en quinze piés , aux muf- cats mis en efpalier : mais que les pêchers que vous ‘ entremêlerez ainffoient plantés fur d’autres pêchers; on peut fe fervir en même cas de poiriers greffés fur coignafliers, pourvü qu'ils ayent quatre piés de tige. Les châtaigniers , Les noyers, les pommuers & les poiriers, nus en avenues , en allées & en routes, de- mandent une diftance de quatre ,.cinq ou fixtoifes, felon la terre ; les ormes &x les tilleuls deux ou trois toïfes ; les chênes & les hêtres neuf à dix piés ; les pins & les fapins quatre à cinq toifes. Quant aux ex- pofitions, nous obferverons , en général , que la plus favorable dans notre climat eft le midi, & la plus mauvaife le nord ; que dans les terres chaudes le le- vant n’eft guere moins bon que le midi ; enfin que le couchant n’eft pas mauvais pour les pêches, les prunes, les poires , 6. mais qu’il ne vaut rien pout les mufcats , les chaffelats & la vigne. 4°. De la multiplication des arbres , & de leur taille. Nous renvoyons le détail de ces deux articles, Pun à l’article TAILLE ; l’autre aux articles PLANTE, VE= GÉTATION , VÉGÉTAL, & même à l’article ANI- MAL , où l’on trouvera quelques obfervations relati- ves à ce fujet. Voyez auffi les articles GREFFE , MAR- COTTE , BOURGEON , PINCER, PINCEMENT, &c. ®, De entretien des arbres. Otez aux vieux arbres les vieilles écorces jufqu’au vif, avec la ferpe ou une bêche bien tranchante ; déchargez-les du trop de bois vers le milieu de Février ; coupez leur la tête à un pié au-deflus des fourches pour les rajeunir ; fai- tes-en autant à vos efpaliers, contre-efpaliers &z buifons fur coignaflier 8 fur franc. Quand ils font vieux ou malades, ce que vous reconnoîtrez à la couleur jaune de la feuille ; faites-leur un cataplafme de forte terre, de crotin de cheval ou de boufe de vache bien liés enfemble. Quand on coupe des bran- ches , il faut toïjours les couper près du corps de l'arbre, Pour cet effet ayez un fermoir, voyez FER- MOIR. Il y en a qui fur les greffes en fentes &c fur les plaies des arbres, aiment mieux appliquer un mélan- ge d’un tiers de cire, d’un tiers de poix réfine , d’un € ‘ re . ! = tiers de fuif, le tout fondu enfemble. S'il eftnéceffaire de fumer les grands arbres greffés fur franc, faites-les ‘ | | , 5 Nes déchauffer au mois de Novembre, d’un demi-pié de profondeur fur quatre à cinq piés de tour, felon leur grofleur ; répandez fur cet efpace un demi-pié de haut de fumier bien gras & bien pourri : mais à la diftance d’un pié de la tige, & un mois après rejet- tez la terre {ur le fumier en mettant le gafon en def- {ous, Il y en a qui fe contentent de Les déchanffer en Décembre ou Novembre , & de les rechaufler en Mars ; ne leur procurant d’autre engrais que celui de la faifon, N'oubliez pas de nettoyer la moufle des arbres quand il aura pli : cette moufle eft une galle qui les dévore. Si le Naturalifte a fes diftributions d’arbres , le Jar- dinier a auf les fiennes. Il partage les arbres en fau- vages qui ne font point cultivés, & en domefliques qui le font; cette difiribution eft relative à l’avan- tage que nous en tirons pour la nourriture. En voici arbres de haute futaie ; ceux qui le font moins, arbres de moyenne futaie ; ceux qui font au-deflous de ceux- ci, arbres taillis. Joint-il dans fon examen lutilité À la grandeur , il aura des arbres fruitiers de haute tige, & de bafle-rige ou nains, & des arbres fruitiers en buif: Jons ; des arbriffleaux , on frutex; & des arbufles ou Jous-arbrifleaux, fuffrutex. S’attache-t-il feulement à certaines propriétes-particulieres , il dit que les pè- chers fe mettent en paliers ; que les poiriers for- ment des vergers ; que Les pommiers donnent des pom- meraïes ; que les abricotiers font en pleir-vent; que les chätaigners font les chéraigneraies ; les cerifiers, les cerifaies ; les faules., les fzuffaies ; les ofiers , les oféraies ; les ormes , les charmes, les tilleuls, les maronmers, les hêtres , les a/ées ; les charmilles & les érables, Les paliffades ; les chênes & tous les au- tres arbres , les bois. Quelle foule de dénominations ne verra-t-on pas naître, fi on vient à confidérer les arbres coupés & employés dans la vie civile ! Mais l'arbre coupé change de nom ; il s’appelle alors bois. Voyez Bors. Des arbres en paliflades. Les efpaliers fe: paliffent à la mi-Mai. On les palifle encore en Juillet , pour expofer davantage les fruits au foleil, 7. PALISSER & PALISSADES. Des arbres à haute-tige. Il faut les placer à l’abri des vents du midi; parce qu’au mois de Septembre, ces vents les dépouillent de leurs fruits. Pour faire un plant de ces arbres, il faut choïfir un terrein qui ne foit point battu des vents, ni mouillé d'eaux crou- piflantes , & chercher la quantité d’arbres néceflai- res pour Pétendue du terrein, ce qu’on obtiendra par les premieres regles de l’Arpentage & de la Géo- métrie; vous diviferez enfuite votre terrein ; vous marquerez l’endroit & l’étendue des trous, & vous acheverez votre plant, comme nous l’avons dit ci- deflus : mais comme les arbres pañlent ordinairement de la pépimere dans le plant, 11 y a quelques obfer- vations à faire fur la maniere de déplanter les arbres. - Marquez dans votre pepinière avec une coutile ronde les arbres que vous voulez faire dépianter ; marquez-les tous du côté du midi, afin de les orien- ter de la même façon , car on prétend que cette pré. caution eff utile ; marquez fur du parchemin la qua- Ahté de l'arbre & du fruit ; attachez-y cette étiquette, AR B 583 &c faites arracher. Pour procéder à cette opération, levez prudemment & fans offenfer les racines, la premiere terre ; prenez enfuite une fourche’; émou- vez avec cette fourche la terre plus profonde ; vui- déz cette terre émne avec la pelle ferrée ; ménagez tojours les racines. Cernez autant que vous le pour- rez; plus votre cerne fera ample, moins vous ri£. querez. Quand vous aurez bien découvert les raci nes, vous les féparerez de celles qui appartiennent aux arbres voifins ; vous vous aflocierez enfuite deux autres ouvriers ; vous agiterez tous enfemble l’arbre & l’artacherez. S'il y a quelques racines qui réfiftent, vous les couperez avec un fermoir bien tranchant. C’eft dans cette opération que l’on fent combien il eftimportant d’avoir laïflé entre ces arbres une jufte diftance, Arbre de haut ou de plein vent, arbre de tige ou ere plein air, Toutes ces expreffions font fynonymes , & défignent un arbre qui s’éleye naturellement fort haut &c qu’on ne rabaïfle point, Il y a des fruits qui font meilleurs en plein vent qu’en buiflon-ou en efpalier. Arbre nain où en buiffon : c’eft celui qu'on tient bas & auquel on ne laïffe que demi-pié de tige. On l'étage en dedans, afin que la féve fe jettant en de- hors, fes branches s'étendent de côté, & forment une boule ou buiffon arrondi. Arbre en efpalier : c’eft celui dont les branches font étendues & attachées contre desmurailles, 87 qu’on a taillé à main ouverte, ou à plat ; ‘il y'a aufh des efpaliers en plein air : ds font cependant taillés à plat, & prennent l'air fur deux faces ; mais leurs branches font foûtenues par des échalas difpofés en raquette. AE | Arbres für franc ; ce font ceux qui ont été greffés fur des fauvageons veñus de pepins, où venus de boutures dans le voifinage d’antres lauvageons ; ainfi on dit, un porrier greffé Jur franc ; &cc: ; Arbres en contre-efpalier où haies d'appui , ce font des arbres plantés fur une ligne parallele à des ef- paliers. dt ; | Oëférvations particulieres fur les arbres. 1°. La taz cine des arbres , même de toute plante en général, en eft comme l’eflomac ; c’eft-là que fe fait la: premiere & principale préparation du fuc. De-Ià il paffe du moins pour la plus grande partie, dans les vaifleaux de l'écorce , & y reçoit une nouvelle diz geftion. Les arbres creufés 87 cariés à qui ii ne refte de bois dans leurs troncs que ce qu'il en faut préci- fément pour foûtenir l'écorce, & qui cependant vi- vent & produifent , prouvent aflez combien l’écorce eft plus importante que la partie ligneufe, 2°. Les arbres dont les chenilles ont rongé les feuil- les , n’ont point de fruit cette année , quoiqu'ils ayent porté des fleurs, ou du moins n’ont que des avortons : donc les feuilles contribuent à la perfec- tion du fuc nourricier, Æ5f. de l’Acad. pag, 51. an. 1707. Les deux propofitions précédentes font de M. de Réaumur : mais la prenuere paroît contredite par deux obfervations rapportées Ai/. de P Acad. 1709. pag. 51. En Languedoc, dit M. Magnol, on ente les oliviers en écuffon , au mois de Mai, quand ils com- mencent d’être en 1éve, au tronc ou aux grofles bran- ches. Alors on coupe l'écorce d'environ trois ou qua tre doigts tout autour du tronc ou des branches, un peu au-deffus de l’ente ; de forte que le bois ou corps ligneux eft découvert, & que l'arbre ne peut recevoir de nourriture par l'écorce. Îl ne perd pour- tant pas encore fes feuilles ; elles font nourries par le fuc qui eft déjà monté. Ce qu'il y a de remarqua- ble , c’eft que Parbre porte dans cette année des fleurs &c des fruits au double de ce qu'il avoit coûtume d’en porter, Enfuite les branches au-deflus de len- 584 A RB te, étant privées du fuc qui doit monter par l’écot- ce ; meurent, & les rejettons qui fortent de l’ente, font un nouvel arbre: 11 paroît de-là que le fuc qui monte par l’écorce n’eft pas celui qui fait les fleurs & les fruits ; que c’eft donc cehn qui a pañlé par la moelle & qui y a été préparé ; que la quantité du fuc qui devoit naturellement pafler par la moelle a été augmentée de celui qui ne pouvoit plus pañler par Pécorce, & que c’eft-là ce qui a caufé la mul- tiplication des fleurs & des fruits. En effet, ajoûte M. Magnol, la moelle des plantes eft, comme celle des animaux, un amas de vefcules qui paroïffent deftineés à filtrer & à travailler un fuc plus fine- ment qu'il ne feroit néceflaire pour la feule nour- riture du bois ; & les plantes qui ont beaucoup de moelle, comme le rofier, le troefne, le lilas, ont aufli beaucoup de fleurs & de graines: dans les plan- tes férulacées , la moelle monte de la tige jufqu’à la femence ; & les longues femences du myrrhis odo- rata, n'étant pas encore mûres, ne font vifiblement que de la moelle. Un orme des Tuileries , qui à lentrée du prin- tems de 1708 , étoit entierement dépouillé de fon écorce depuis le pié jufqu’aux branches, ne laïffa pas de poufler la féve dans toutes fes parties, &c d'entretenir fes feuilles pendant tout l’êté fuivant, cependant avec moins de vigueur que les autres or- mes. Le premier Jardinier le fit arracher en autom- ne , perfuadé qu'il ne pouvoit plus fubffter à lave- nir. C’eft dommage, dit M. de Fontenelle , qu’on ne lait pas laiffé vivre autant qu'il auroit pû : mais les intérêts de la Phyfique & ceux de la beauté du Jar- din fe font trouvés diférens. M. Parent a montré à l'Académie une atteftation de M. Dupuis ( c’étoit le premier Jardinier ) qui méritoit en effet d’être bien certifiée ; car on a cru jufqu'à préfent l'écorce beau- coup plus néceffaire à la vie des plantes. L’Acadé- mie avoit donc'alors changé d'avis, & ne penfoit pas fur ce point en 1709, comme en 1707. 39. Un arbre abandonné à lui-même , poufle à une certaine hauteur un certainnombre de branches plus ou moins: grand: par exemple 2 ,13,°4, 5, felon l’efpece , le fol, lexpoftion & les autres circonftan- " ces. Si ce même arbre eft cultivé par l'amendement de la terre, par le labour au pié de larbre, & par lar- rofement durant les fechereffes, il pouffera peut-être un plus grand nombre de branches & de rameaux; mais la culture par le retranchement d’une partie de fes branches , contribue plus qu'aucune autre induf- trie à la multiplication : de forte qu’on peut dire que plus on retranche de cette forte de corps vivans juf- qu'à un certain point, plus on les multiplie. Cela montre déja combien font abondantes les reflources de cette forte d'êtres vivans ; car on peut dire que depuis l'extrémité des branches jufqu’au pié de l'arbre, 1l n’y a prefque point d’endroit, fi petit qu’on le puiffe defigner ; où 1l n’y ait une efpe- ce d’embryon de multiplication prêt à paroitre , dès que loccafion mettra l’arbre dans la néceflité de mettre au jour ce qu'il tenoit en réferve. Si on n’avoit jamais vû d’erbre ébranché jufqu’à fa racine, on croiroit qu'un arbre en eft eftropié fans reflource & n’eft plus bon qu’à être abattu, pour être débité en charpente ou mis au feu. Cependant fi un orme, ou un chêne , ou un peuplier, en un mot, un arbre dont la tige s'étend aflez droite du pié à là cime, eft ébranché de bas en haut, il pouffera depuis le colet des branches retranchées jufqu’à la cime de la tige , de toutes parts, un nombre infini de bour- geons , qui pouflant des jets de tous côtés, feront d’un tronc haut de trente à quarante piés, comme un gros bouquet de feuilles fi touffu, qu'à peine ver- ra-t-on le corps de l’arbre. Si on n'avoit jamais vû d'arbre étèté par un tour- | billon de vent, où par le retranchemént exprès de fon tronc au colet des branches , il ny à perfonne qui ne regardât durant fix mois , un arbre mis en cet état, comme un tronc mort & inhabile à tonte gc- nération ; cependant cet arbre étêté repouflera du tronc au-deflous de l'endroit où 1l avoit pouflé fes branches , un grand nombre de jets, ou aucouronne- merit , où vers le couronnement. ds On en peut dire autant des arbres coupés à rale! terre ; car ils repouflent autant & plus qu'à tou= te hauteur : C’eft ce qui fait les arbres nains , en buiffon ou en efpalier, entre les fruitiers ; @r le tail- hs , entre les fauvageons. Voyez Mérm. de l'Acud. an. 1700. pag. 140. Je rappelle ces faits, afin qu’on fe détermine à réfléchir un peu plus fur cette reproduc- tion, & à entirer plus d'avantages encore qu’on n’a fait jufqu'à préfent, foit pour l’ornement des jardins, foit pour l'utilité du jardinier. 4°. Comme il eft néceffaire que les bois ayent une certaine courbure pour la bonne & facile conf- truéhon des vaiffleaux ; 1l y a long-tems que Pon a propofé de les plier jeunes dans les forêts : mais il ne paroît pas que juiqu’à préfent on ait fuivi cette idée , feroit-ce qu’elle eft d'exécution difcile? ÿ°. Dans les environs de Paris, M. Vaillant comp- toit en 1700, jufqu'à 137 efpeces de moufles où plantes parafites, qui font dans le regne végétal, ce que les infeétes font dans le regne animal. Toutes ces plantes fucent la féve des arbres par une infinité de petites racines ; & c’eft une forte de maladie pé- diculaire dont il feroit très-important de les ouétir. Pour cet effet , lexpédient le plus fimple qui {e pré- fente feroit de la râcler, fur-tout dans un tems de pluie, comme nous l’avons prefcrit plus haut: mais outre que cette opération feroit longue dans bien des cas , elle feroit dans tous très-imparfaite ; c’eft- là ce qui détermina M. de Reffons à propofer à l’Aca- démie en 1716 , un moyen qu’on dit être plus court & plus für : c’eft de faire avec la pointe d’une fer- pette une incifion en ligne droite , qui pénetre au bois , depuis les premieres branches jufqu’à fleur de terre ; cette longue plaie fe referme au bout d’un certain tems, après quoi l'écorce eft toüjours nette & il n’y vient plus de moufle. Le tems de cette opé- ration eft depuis Mars jufqu’à la fn d'Avril. En Mai, l'écorce auroit trop de féve & s’entrouvriroit trop. Ce remede a été fuggéré à M. de Reffons d’une ma- niere finguliere ; 1l s’apperçut que les noyers aux- quels c’eft la coûtume en Bourgogne, de faire des ir cifions , n’avoient point de lepre; & 1l conjettura qu'ils en étoient garantis par cette opération. Voyez dans les Mémoires de l’Académie année 1716. pag. 31 de l'IE, le rapport qu'il y a entre le remede & le mal. 6. Pour peu qu’on ait fait attention à Pétat des ar- bres qui forment les forêts, on aura remarqué que ceux qui font plus près des bords font confidérable- ment plus gros que ceux qui font plus proches du milieu , quoiqu'ils foient de même âge ; d’où il s’en- fuit, dit M. de Réaumur, dans un Mémoire {ur l'amélioration de nos forêts , que quand on n’a pas une grande quantité de terrein où lon puiflé élever des arbres en futaie, 1l eft plus avantageux de les laiffer élever fur des lifieres longues &c étroi- tes , que de laifler élever la même quantité d’arbres fur un terrein plus large & moins long. Foyez Mer, de l’Acad. an. 1721. p. 291. 7. Le rigoureux hyver de 1709, dont la mémoire durera long-tems, fit mourir par toute la France un nombre prodigieux d'arbres : mais on remarqua , dit M. de Fontenelle, H:/. de l’Acad. 1710.p. 59: que cette mortalité ne s’étendoit pas fur tous indifférem- ment : ceux qu'on auroit jugé en devoir être les plus exempts par leur force, y furent les plus pire 4ÈS Les arbresles plus durs , & qui confervent leurs feuil- les pendant l’hyver, comme les lauriers , les cyprès, les chênes-verds, &c. & entre ceux quifont plus ten- des, comme les oliviers, les châtaigniers,, les noyers, Éc. ceux qui étoient plus vieux & plus forts mouru- rent prefque tous. On chercha dans l’Académie la caufe de cette bifarrerie apparente ( cela fuppofe qu'on s’étoit bien afluré de fa réalité); &c M. Caffini le fils en donna une fort fimple à légard des vieux arbres. I] dit avoir remarqué que le grand froid avoit détaché leur écorce d’avec le bois, de quelque ma: niere que cela füt arrivé. En effet, 1l eft bien natu- sel que l'écorce foit plus adhérente au bois dans les jeunes arbres que dans les vieux, beaucoup plus remplis de fucs, & de fucs huileux. M. Chomel en imagina une autre raifon, M. Homberg tenta aufli d'expliquer le même phénomene. Voyez leurs con- jeures dans les Mémoires de l’Académie. Quoi qu'ilen foit, il eft conftant que plufieurs arbres qui fembloient avoir échappé à ce cruel hy- ver, parce qu'ils repouflerent des branches & des feuilles à la 1éve du printems , ne purent profiter de celle de l’automne , & périrent tout-à-fait. Quand on les coupoit, on les trouvoit plus noirs & plus brûlés dans le cœur, que vers l’aubier & vers Pé- corce ; le cœur, qui eft plus dur, avoit été plus en- dormagé que l’aubier; & il étoit déjà mort , que l’aubier confervoit encore un petit refte de vie. . 8. Dansplufieurs arbres fruitiers , comme les pom- miers , les poiriers , les châtaigniers, & générale- ment dans ceux qui en imitent le port , tels que {ont les noyers, les chênes, les hêtres, la baïe de la touffe affedte toïjours d’être parallele au plan d’où {ortent les tiges , foit que ce plan foit horifontal ou qu'il né le foit pas ; foit que les tiges elles- mêmes {oient perpendiculaires ou inclinées fur ce plan ; & cette affectation eft fi conftante , que fi un arbre fort d’un endroit où le plan foit d’un côté horifontal , & de l’autre incliné à l’horifon , la bafe de la touffe fe tient d’un côté horifontale , & de l’autre s’incline à l'horifon autant que le plan. C’eft M. Dodart qui s’eft le premier apperçü de ce phénomene extraor- dinaire , & qui en a recherché la caufe. . Nous ne rapporterons point ici les conjettures de M. Dodart, parce que nous ne defefpérons pas qu'on n’en forme quelque jour de plus vraiflembla- bles,8&c de plus heureutes ; & que ce feroit détourner les efprits de cette recherche , que donner quelque {atisfaétion à la curiofité. Quand la folution d’une difculté eft éloignée , notre parefle nous difpofe à prendre pour bonne la premiere qui nous eft pré- {entée : il fuffit donc d’avoir appris le phénomene à ceux qui l’ignoroient. 9. Tout le monde connoiït ces cercles peu régu- liers d’aubier & de bois parfait, qui fe voient toù- jouts dans le tronc d’un arbre coupé horifontale- ment, & qui marquent les accroiffemens en groffeur qu'il a pris fuccceflivement ; par-là on compte fon âge aflez fûrement. Le dermier cercle d’aubier qui eft immédiatement enveloppé par l’écorce , & la derniere produétion du trone en groffeur , eft d’une fubftance plus rare & moins compate , eft bois moins parfait que le cercle qu’il enveloppe lui-mé- me immédiatement , & qui a été la produétion de Pannée précédente ; & ainfi de fuite juiqu’au cœur de l’arbre: mais on s’apperçoit qu’à mefure que les cercles concentriques font plus petits , la différence des couleurs qui eft entr’eux difparoît. On croit aflez communément que ces cercles font plus ferrés entr’eux du côté du nord que du côté du midi ; & on en conclut qu'il feroit poflible de s’o- rienter dans une forêt en coupant un arbre. En effet, il paroît aflez naturel que les arbres croiflent plus en groffeur du côté qu'ils font plus expofés aux rayons Tome I, ; A R B 585 du foleil : cependant ce fentiment n’eft pas général; on foûtient que c’eft du côté du midi que les cercles font plus ferrés; & on en donne la raïfon phyfique, bonne ou mauvaife : quelques-uns mème font pour le levant, & d’autres pour Le couchant. On a trouvé par un grand nombre d'expériences que ces faits oppolés font vrais. L’arbre a de groffes racines qui fe jettent les unes d’un côté les autres de l’autre : s'il en avoit quatre à peu près égales, qui tendiflent vers les quatre points cardinaux de l’hori- fon , elles fourniroient à tout Le tronc une nourri- ture égale , & les différens cercles auroient chaque année un même accroiflement, une même augmen- tation de largeur ou d’épaifleur , fauf les inégalités qui peuvent furvenir d’ailleurs : mais fi une des qua- tre racines manque , celle du nord, par exemple, ce côté-là du tronc fera moins nourri, & les cercles par conféquent feront moins larges ou plus errés du cô- té du nord : mais une grofle branche qui part du tronc d’un certain côté , fait le même effet qu’une groffe racine ; la nourriture qui a dû {e porter à cette branche en plus grande abondance , a rendu les cercles plus larges de ce côté-là ; & de-là le refte s'enfuit, Mais on voit que tout cela fuppoïe une di- teion réguliere dans le mouvement des iucs de l’arbre : or une fi parfaite régularité n’eft pas dans la nature; 1l faut y calculer des à peu pres , réitérer des expériences,, & reconnoître une cauie générale à travers les petites altérations qu’on remarque dans fes effets. D'où il s'enfuit que plus les grofles racines font également diftribuées autour du pié de l'arbre, & les erofles branches autour du tronc, plus la nourritu- re {era également diftribuée dans toute la fubftance de l'arbre ; de forte qu’on aura un figne extérieur d’u- ne de fes principales qualités, relativement à l’ufa- e des bois. L’aubier fe convertit peu-à-peu en bois parfait , qu'on appelle cœur : il lui arrive, par le mouvement {oit direét foit latéral de la féve, des particules qui s'arrêtent dans les interftices de ta fubftance lâche, &x la rendent plus ferme & plus dure. Avec le tems lPaubier n’eft plus aubier ; c’eft une couche ligneu- fe : le dernier aubier eft à la circonférence extérieu- re du tronc; &il n’y en a plus quand l'arbre cefle de croitre. Un arbre eft d’autant plus propre au fervice , qu'il a moins d’aubier & plus de cœur ; & MM. Duha- mel & de Buffon, dont nous tirons ces remarques, ont trouvé , par des expériences réitérées, que les bonsterreins ont todjours fourmi les arbres qui avoient le moins d’aubier ; & que plus les couches d’aubier ont détendue , plus le nombre en eft petit. En effet, c’eft l’abondance de nourriture qui leur donne une plus grande étendue ; &c cette même abondance fait qu’elles fe convertiflent plus promptement en bois , & ne font plus au nombre des couches d’aubier. L’aubier n’étant pas compté pour bois de fervice, deux arbres de même âge & de même efpece peu- vent être tels par la {eule différence des terreins ; que celui qui aura erù dans le bon aura deux fois plus de bois de fervice que l’autre, parce qu'il aura deux fois moins d’aubier, Il faut pour cela que les arbres foient d’un cértain âge, On croït communément qu’en plantant les jeunes arbres qu’on tire de la pépiniere , 1l faut les orienter comme ils l’étoient dans la pépiniere ; c’eft une er- reur : 25 jeunes arbres de même efpece , plantés dans un même champ , alternativement orientés & non orientés comme dans la pépiniere , ont tous égale- ment réufli. Le froid par lui-même diminue le mouvement de la féve, & par conféquent il peut Etre au point de l'arrêter tout-à-fait , & l'arbre périra : me le cas eft eee 556 À RB rare ; & communément le froid a befoin d’être aide pournuire beaucoup. L'eau, & toute liqueur aqueu- le, {e raréfie en fe gelant ; s’il yen a qui foët conte- nue dans les pores intérieurs de l’arbre , elle s’éten- dra donc par un certain degré de froid, & mettra néceffairement les petites parties les plus délicates dans une diftenfon forcée & très-confidérable ; car on fait que la force de l’extenfion de l’eau qui fe gele eft prefque prodigieufe ; que lefoleil furvienne, 1l fondra brufquement tous ces petits glaçons, qui reprendront leur volume naturel:mais les parties de l'arbre qu'ils avoient diftendues violemment pour- ront ne pas reprendre de même leur premiere ex- tenfon ; & fi elle leur étoit néceflaire pour les fon- étions qu’elles doivent exercer , tout l’intérieur de l'arbre étant altéré, la végétation fera troublée , on même détruite , du moins en quelque partie, Il au- roit fallu que l'arbre eût été dégelé doucement & par degrés, comme on dégele des parties gelées d’ani- maux vivans, Ce fyftème eft très-applicable à l'effet du grand froid de 1709, dont nous avons parlé plus haut. Les plantes réfineufes feront moins fujettes à la gelée , ou en feront moins endommagées que les au- tres. L'huile ne s'étend pas par le froid comme Peau; au contraire, elle {e reflerre. * Un grand froid agit par lui-même fur les arbres qui contiendront le moins de ces petits glaçons in- térieurs, où qui n’en contiendront point du tout, fi lon veut ; fur les arbres les plus expofés au foleil, & dur les parties les plus fortes, comme le tronc. On voit par-là quelles font Les circonftances dont un froid médiocre a beloin pour être nuifible : il y ena fur-tout deux fort à craindre ; l’une, que les arbres ayent été imbibés d’eau ou d'humidité quand le froid eft venu, & qu’enfuite le dégel {oit brufque ; l’au- tre, que cela arrive dans un tems où les parties les plus tendres & les plus précieufes de Parère , les re- jettons, les bourgeons, les fruits, commencent à fe former. L’hyver de 1709 raflembla les circonftances les plus fâcheufes ; auffi efton bien für qu’un pareil hy- ver ne peut être que rare. Le froid fut par lui-mé- me fort, vif: mais la combinaïfon des gelées & des dégels fut fingulierement funefte ; après de grandes pluies , & immédiatement après, vint une gelée très- forte dès fon premier commencement ; enfuite un dégel d’un jour ou deux, très-fubit & très-court ; & auflhi-tôt une feconde gelée longue & forte. MM. de Buffon & Duhamel ontvè beaucoup d’ar- Pres qui fe fentoient de Phyver de 1709, & qui en avoient contraété des maladies ou des défauts {ans remede. Un des plus remarquables eft ce qu’ils ont appellé Z faux aubier : on voit fous l'écorce de l’ar- bre le véritable aubier , enfuite une couche de bois parfait qui ne s’étend pas comme elle/devroit juf- qu'au centre du tronc, en devenant toñjours plus parfaite, mais qui ef fuivie parune nouvelle couche de bois imparfait , ou de faux aubier ; après quoi re- vient le bois parfait qui va jufqu’au centre, On eft für par les indices de l’âge de l'arbre & de leurs diffé- rentes couches, que le faux aubier eftde 17009. Ce qui cette année-là étoit le véritable aubier ne put {e con- vertir en bon bois, parce qu’il fut trop altéré par l’ex- cès du froid, la végétation ordinaire fut comme arré- tée-là : maïs elle reprit fon cours dans les années fuivantes , & pañla par-deffus ce mauvais pas ; de {orte que le nouvel aubier qui environna ce faux au- bier , fe convertit en bois de fon tems, & qu'il refta à la circonférence du tronc celui qui devoit toû- jours y être naturellement. : Le faux aubier eft donc un bois plus mal con- ditionné & plus imparfait que l’aubier ; c’eftce que la différence de pefanteur &a facilité à rompre ont en effet prouvé. Un arbre qui auroit-un faux anbier feroit fort défeétueux pour les grands Ouvrages , &c d'autant plus que ce vice eft plus caché, & qu’on s’avife moins de le foupçonner, Les gelées comme celle de 1709, 8 qu font pro- prement des gelées d’hyver, ont rarement les con- ditions néceflaires pour faire tant de ravages ou des ravages fi marqués en grand : mais les gelées du printems , moins fortes en elles-mêmes , font affez fréquentes , & aflez fouventen état , par les circonf- fances , de faire beaucoup de mal. La théorie qui précede en rend raifon : maïs elle fournit en même tems dans la pratique de l’agriculture des regles pour y obvier, dont nous nous contenterons d’apporter quelques exemples. Puilqu’il eft dangereux que les plantes foientat- taquées par une gelée de printems , lorfqu’elles font fort remplies d'humidité , il faut avoir attention, fur-tout pour les plantes délicates & précieufes , tel les que la vigne, à ne les pas mettre dans un terrein naturellement humide ,| comme un fond, ni à l'abri d'un vent de nord qui auroit diffipé leur humidité, ni dans le voifinage d’autres plantes qui leur en au- roient fourni de nouvelles par leur tranfpiration, où de terres labourées nouvellement, qui feroient le même effet. Les grands arbres mêmes , dès qu'ils font tendres à la gelée, comme les chênes , doivent être com- pris dans cette regle : mais voyez dans le Mémoire même de MM. Duhamel & Buffon, année 1737, le détail des avantages qu’on peut retirer de leurs obfervations, 8 concluez avec l’Hiftorien de lPA- cadémie, 19°, que fi la néceffité des expériences pouvoit être douteufe , rien ne la prouveroit mieux que les grands effets que de petites attentions peu- vent avoir dans l’agriculture &c dans le fardinage. On apperçoit à chaque moment des différences três- lenfbles , dans des cas où il ne paroît pas qu’il dût s’en trouver aucune ; d’où naïflent-elles? de quel- ques principes qui échappent par leur peu d’impor- tance apparente : 2°. que fi l’agriculture qui occupe la plus grande partie des hommes pendant toute leur vie, & pour leurs befoins les plus effentiels, n'a pourtant fait que des progrès fort lents, c’eft que ceux qui exercent par état cet art important, n’ont prefque jamais un certain efprit de recherche & de curiofité; ou que quandils l’ont, le loifir leur man- que ; où que fi le loïfir ne leur manque pas, ils ne {ont pas en état de rien hafarder pour des épreuves. Ces gens ne voyent donc que ce qu'ils font forcés de voir, & n’apprennent que ce qu’ils ne peuvent, pour ainf dire , éviter d'apprendre. Les Académies modernes ont enfin fenti combien il étoit utile de tourner fes vües d’un côté fi intérefflant, quoique peut-être dépourvû d’un certain éclat: mais tout prend de l'étendue, de lélévation & de la dignité dans certaines mains;le caraétere de l’efprit de l’hom- me pañle néceffairement dans la maniere dont il exé- cute fa tâche , & dans la maniere dont il l’expofe. Il eft des gens qui ne favent dire que de petites cho= {es fur de grands fujets ; il en eft d’autres à qui les plus petits fujets en fuggerent de grandes, 10. Des arbres dépoullés de leur écorce danstoute leur tige, & laïflés fur pié en cet état jufqu’à ce qu'ils meurent, ce qui ne Va qu'à trois ou quatre ans au plus, fourniffent un bois plus pefant , plus ferré, & plus uniformément ferré que ne feroient d’autres ar- bres de même efpece , de même âge , de même srofe {eur , femblables en tout , maïs qui n’auroient pas été dépouillés de leur écorce , & qui n’auroientpas été traités de même : outre céla ils fourniffent plus de bois bon à employer ; car des autres arbres il'en faut retrancher l’aubier , qui eft trop tendre & trop différent du cœur ; au lieu que dans ceux-ci tout eit ne AR B cœur; Où leur aubier, ou ce qui en tient la place, ft auf dur , ou même plus dur que le cœur des au- tres. Ontrouvera dans les remarques précédentes de- quoi expliquer ce phénomence ; on n’a qu'à voir com- ment l’aubier devient bois parfait à la longue, & Ton verra comment il doit fe durcir tout en fe for- mant, quand l'arbre eft fans écorce. La différence de poids entre deux morceaux de chêne, qui ne different que de ce que l’un vient d’un arbre écorcé & que l’autre vient d’un arbre non écor- cé, & par conféquent la différence de folidité eft d’un cinquieme, ce qui n’eft pas peu confidérable. Malgré cet avantage de l’écorcement des arbres, des ordonnances le défendent féverement dans le \ o royaume; & les deuxAcadémiciens,à qui nous avons obligation de ces expériences utiles , ont eu befoin de permiflion pour ofer les faire. Cette maniere de : confolider les bois n’étoit entierement imconnue ni aux anciens m1 aux modernes: Vitruve avoit dit que les arbres entaillés par le pié en acquéroient plus de qualité pout. les bâtimens ; & un auteur moderne Anglois, cité par M. de Buffon,avoit rapporté cette pratique comme ufitée dans une province d’Angle- terre. Le tan néceffairé pour les curs fe fait avec l’é- cotce de chêne ; & on l’enlevoit dans le tems de la {eve , parce qu’alors elle étoit plus aifée à enlever, & que l’opération coùtoit moins: mais ces arbres écor- cés ayant été abbatus , leurs fouches répoufloient moins, parce que les racines s’étoient trop épuifées de fucs; on croyoit d’ailleurs que ces fouches ne re- poufloient plus du collet, comme il Le faut pour faire de nouveau bois; ce qui n’eft vrai que des vieux arbres, ainfi que M. de Buffon s’en eft aflüré, Un arbre écorce produit encore au moins pendant une année des feuilles , des bourgeons , des fleurs, &c des fruits ; par conféquent il eft monté des raci- nes dans tout fon bois , & dans celui-même qui étoit de mieux formé , une quantité de féve fuffifante pour ces nouvelles produétions. La feule féve propre à nourrir le bois, a formé auffi tout le refte : donc il n’eft pas vrai, comme quelques-uns le croyent, que la fève de l'écorce ; celle de laubier , & celle du : bois, nourriflent & forment chacune une certaine partie à l’exclufion des autres. Pour comparer la tranfpiration dés arbres écorcés & non écorcés , M. Duhamel fit pafler dans de gros tuyaux de verre des tiges de jeunes arbres, toutes femblables ; illes maftiqua bien haut & bas, & 1l obferva que pendant le cours d’une journée d’été tous les tuyaux fe remplifloient d’une efpece de va- peur , de brouillard , qui fe condenfoient le {oir en liqueur, & couloient en en-bas ; e’étoit-là fans doute la matiere de la tranfpiration ; elle étoit fenfi- blement plus abondante dans les arbres écorcés: de plus on voyoit fortir des pores de leur bois une féve épaifle & comme sgommeufe. De-là M. Duhamel conclut que l'écorce empêche l'excès de la tranfpiration, & la réduit à n’être que telle qu'il le faut pour la végétation de la plante; que püifqu'il s'échappe beaucoup plus de fucs des arbres écorcés , leurs couches extérieures doivent fe deffécher plus aifément & plus promptement ; que ce defféchement doit gagner les couches intérieu- ces , c. Ce raïfonnement de M. Duhamel explique peut-être le durciffement prompt des couches exté- rieures : mais ilne s'accorde pas , ce me femble, aufli facilement avec l’accroiflement de poids qui furvient dans le bois des arbres écorcés. Si l’'écorcement d’un arbre contribue à le faire mou- tir, M. Duhamel conjedure que quelque enduit pour- soit lui prolonger la vie, fans qu'il prit un nouvel accroïflement : mais il ne pourroit vivre fans s’ac- croître, qu'il ne devint plus dur & plus-compa& ; & Tome I, ARB 587 par conféquent plus propre encore aux üfages qu’on en pourroit tirer : la conjeéture de M, Duhamel mé- rite donc beaucoup d'attention. Mais nous ne finirons point cet article fans faire mention de quelques autres vûes de l’habile Acadé- mnicien que nous venons de citer, & qui font entie- rement de notre fuet. La maniere de multiplier les arbres par bouture & par marcotte, eft extrèmemént ancienne & connue de tous ceux qui fe font mêlés d'agriculture. Une branche piquée en terre devient un arbre de la même efpece que Parbre dont elle a été féparée. Cette max merede multiplier les arbres eftbeaucoup plus promp: te que la voie de femence ; & d’ailleurs elle eft unis que pour les‘arbres étrangers tranfportés dans ce pays c1, & qui n'y produfent point de graine. C’eft auffi ce qui a engagé M. Duhamel à examiner cette mé: thode avec plus de foin. Faire des marcottes ou des boutures , c’eft faire en: forte qu’une branche qui n’a point de racines s’en garà nifle ; avec cette différence que fi la branche eft fépa- rée de l’erbre qui l’a produite , c’eft une bouture ; GE quefielle ytient pendant le cours del’opération, c’eft une marcotte. Voyez BOUTURE € MArcOTTE, IE étoit donc néceffaire d’examiner avec attention com- ment fe fafoit Le développement des racines, fi ox vouloit parvenir à le faciliter, Sans vouloir établir dans les arbres une circulation de féve analogue à la circulation de fang qui fe fait dans le corps animal, M. Duhamel admet une féve montante qui fert à nourrir les branches, les feuilles & les bourgeons ; & une defcendante qui fe porte vers les racines. L’exiftence de ces deux efpeces de {éves eft démontrée par plufienrs expériences. Celle- cifur-tout la prouve avec la derniere évidence. Si on interrompt par un anneau circulaire enlevé à l’é- corce, ou par une forte ligature le cours de la féve; il fe forme aux extrémités de l’écorce coupée deux bourrelets : mais le plus haut , celui qui eft au bas de écorce fupérieure , eft beaucoup plus fort que linférieur, que celui qui couronne la partie la plus baffe de l’écorce. La même chofe arrive à l’infertion des greffes ; 1l s’y forme de même une grofleur ; &c fi cette grofleur eft à portée de la terre , elle ne man- que pas de poufler des racines : alors fi le fujet eft plus foible que l’arbre qu’on a greffé deflus, il périt, & la greffe devient une véritable bouture: NN # L’analogie de ces bourrelets & de ces sroffeurs dont nous venons de parler, a conduit M. Duhamel à penfer que ceux-ci pourroient de même donner des racines; il les a enveloppés de terre ou de moufle humeétée d’eau, & 1l a vü qu’en effet ils en produi: {oient en abondance. Voilà donc déjà un moyen d’affürer le faccès des boutures. Ordinairement elles ne périflent que parce quäl faut qu’elles vivent dé la féve qu’elles contien- nent , & de ce qu’elles peuvent tirer de Pair par leurs bourgeons ; jufqu'à ce qu’elles aient formé des raci- nes par le moyen que nous venons d'indiquer. En faifant fur la branche encore attachée à l’erbre la plus grande partie de ce qui fe pafleroït en terre , on les préfervera de la pourriture & du deflechement ; qui font ce qu’elles ont le plus à craindre. M. Duhamel ne s’eft pas contenté de cette expé- rience , il a voulu connoître la caufe qui faifoit def: cendre la fève en fi grande abondance. On pouvoit foupçonner que c’étoit la pefanteur. Pour s’en éclair: cir ; après avoir fait des entailles & des ligatures à des branches, il les a pliées de façon qu’elles euffent la tête en bas; cette fituation n’a point troublé l’o+ pération de la nature , & les bourrelets fe font for- més ,‘comme fi la branche eût été dans {à fituation naturelle. Mais voici quelque chofe de plus furpre nant, M, Duhamel a planté des arbres dans une fitua; Eeceï | Ve + 588. À À tion abfoluiment renverfée, les branchés dans la terre &x les racines en l'air ; ils ont repris dans cette étrange boñition , les branches ont produit des racines êc les acines des feuilles. Il eft vrai qu'ils ont d’abord pouffé plus foiblement que ceux qui étoient plantés à l’ordi- naire : mais enfin ils ont pouflé ; & dans quelques- uns de ces fujets , la différence au bout de quelques années ne s’appercevoit plus. | Ïl en a fait arracher plufeurs, & 1la vü que les ra- £ines portoient toutes des grofeurs qui fe trouvoient à Prafertion des bourgeons ; il a jugé en conféquence que ces grofleurs analogues aux loupes des grefes &t aux bourrelets caufés par les Higatures , étoient indifiérentes à produire des bourgeons on des raci- nes. Pour s’en aflürer 1l a fait élever à trois piés de haut une futaille qu'il a remplie de terre ; après en avoir percé le fond de plufeurs trous ; 1l a pañlé par ces trous des boutures, dont le bout entroit dans le terrein au-deflous de la futaille, Les unes étoient pla- cées le gros bout en haut, & les autres au contraire. Torites ont pouffé des racines dans la partie qui en- troit dans le terrein , des bourgeons & des feuilles entre le terrein & la futaille , des racines dans la fu- taille & des feuilles au-deflus. | Les germes qui exiftent dans les arbres font donc également propres à produire des bourgeons oudes racines : le feul concours des circonftances les déter- mine à l’un ou à l’autre ; 1l n’en faut cependant rien conclurre contre les caufes finales : ce n’eft pas un feul phénomene qui peut ébranler un dogme con- forme à la raifon , à la faine Théologie, & confirmé par une multitude d'effets enchaïnés Les uns aux au- tres avec tant de fageile. M. Duhamel appuie l'expérience précédente par un grand nombre d’autres, 8: donne le manuel de l’opération néceffaire pour élever des boutures avec autant de sûreté & de facilité qu'il eft poffible.. Voici lextrait de ce manuel. Le vrai tems pour couper les boutures eft vers le commencement du mois de Mars. Miller veut qu’on attende l'automne pour les boutures d'arbres verds : & peut-être a-t-1l raifon. Il faut choïfir une branche dont le bois foit bien formé, & dont les boutons pa- roifent bien conditionnés. On fera former un bour- relet f on en a le tems & la commodité : dans ce cas f la branche eftmenue, onn’entaillera pas l’écorce ; il fufira d’une ligature ferme de léton ou de ficelle cirée : fielle a plus d’un poucede diametre, on pourra enlever un petit anneau d’écorce de la largeur d’une ligne , & recouvrir le bois de plufieurs tours de fil cire: fi la branche ne périt pas, le bourrelet en fera plus gros & plus difpofé à produire des racines ; on recouvrira auffitôt l’endroit où fe doit former le bour- relet avec de la terre & de la moufle qu'on retien- dra avec un réfeau de ficelle : on fera bien de garan- tir cet endroit du foleil, & dele tenitun peu humide. Le mois de Mars fuivant, fi en défaifant l’appareil on trouve au-deflus de la ligature un gros bourrelet, on aura tout lieu d’efpérer du fuccès ; file bourrelet eft chargé de mammelons ou de racines , le fuccès eff certain ; on pourra en aflürance couper les bou- tures au-deflous du bourrelet & les mettre en terre, comme on va dire. - Sion n’a pas le tems ou la commodité de laïfer : former des bourrelets, on enlevera du moins avec les boutures la groffeur qui fe trouve à l’infertion des branches. Si dans la portion des boutures qui doit être enterre il y a quelques branches à retrancher, onne les abattra pas au ras de la branche : mais pour ména- ger la groffeur dont on vient de parler, on confer- vera fur les boutures une petite éminence qui aît feu- lement deux lignes d’épaiffeur. | - Si à la portion des boutures qui doit être en terre ily avoit des boutons, on les arraçheroit, en ména- gearit feulement les petites éminences qui les fuppor- tent , puiqu'on a reconnu qu’elles font difpofées à fournir des racines. Malpighi recommande de fire de petites entailles à l'écorce; & je crois que cette précaution peut être avantageufe, £ Voilà les boutures choifies & taillées : 1l faut faire enforte qu'elles ne fe deffechent pas, qu’elles ne pourriflent pas , &c qu’elles pouflent promptement des racines, Voyez dans le Mémoire de M. Duhamel ce qu'onipeut pratiquer pour remplir ces intentions. Quant aux marcottes, quand on veut en avoir beaucoup d’un même arbre, on fait ce que les jardi- niers appellent des eres, c’eft-à-dire a’on abat un gros arbre prefqu’à ras de terre ; le tronc coupé poufle au printems quantité de bourgeons ; l'automne {ui- vante on bute la fouche , c’eft-A-dire qu’on la couvre d’un bon demi-pié d’épaifleur deterre, ayant foin que les bourgeons fortent en-dehors : deux ans après on trouve tous ces bourgeons garnis de bonnesracines, & en état d’être mis en pépiniere; & comme la fou- . che à mefure qu’on la décharge. de bourgeons qui ont pris râcine , en fournit. de nouveaux , une mere bien ménagée fournit tous les deux ans du plant enraciné en abondance, & cela pendant des 12.à.15 années. La tige pouffe d'autant plus de bourgeons qu’elle eft plus erofle , &c qu'on n’auroit qu'un très -petit nombre de boutures d’une tige qui n’auroit que deux à trois pouces de diametre. En ce cas, on coupe la tige à un pié ou deux piés de terre : elle produit quan: tité de bourgeons dans toute cette longueur ; l’au- tomne on fait une décomble tout autour & une tran- chée, dansle milieu de laquelle on couche cette tige, &t on étend de côté & d’autre tous les bourgeons. On couvre de terre la tige couchée, & l’infertion des bourgeons ; 8 on peut être aflré que la fecon- de année, toutes ces marcçottes feront bien garnies de racines. E Col Maisil y a des branches qui feront dix à douze ans en terre, fans y produire la moindre racine ;. tel eft le catalpa : alors il faut arrêter la féve defcendante, êc occafonner la formation d’un bourrelet par incr- fion ou par ligature. | On fera l’incifion ou la ligature à la partie baffle: Si on laïffe les bourgeons. dans la fituation qu'ils ont prife naturellement ; on fera la Hpature le plus près qu'on pourra de la fouche ou de la branche dont on {ort la marcotte, Si on eft obligé de courber.la mar- cotte , on placera la ligature à la partie la plus bafle au-deflous d’un bouton de léruption d’une bran= che , &c. Enfin comme les racines pouffent aux endroitsoù les tumeurs font environnées d’une terre convena- blement humeltée, on entretiendra la terre fraiche & humide ; ce fera pour les marcottes qu’on.fait en pleine terre, en couvrant la terre de litiere & en larrofant. Quant aux marcottes qu’on pafle dans des mannequins, pots ou caifles, voyez dans le Mémoire de M, Duhamel les précautions qu'il faut prendre. Il fuut de tout ce qui précede, que plus on étudie la nature , plus on eft étonné de trouver dans les fujets les-plus vils en apparence des phénomenes di- gnes de toute l’attention, & de toute la curiofité du Philofophe. Ce n’eft pas affez de la fuivre dans fon cours ordinaire &c regle , 1l faut quelquefois effayer de la dérouter, pour connoître toute {a fécondité & toutes fes reflources: Le peuple rira du Philofophe quandil lé verra occupé dans fes jardins à déraciner des arbres pour leur mettre la cime en terre &c les ra- cines en l'air : maïs ce peuple s’émerveillera quand il verra les branches prendre racine, & les racines fe couvrir de feuilles. Tous les jours le fage joue le rôle de Démocrite , & ceux.qui l’environnent celui des Abdéritains. Cette aventure eft des premiers âges de la Philofophie & d'aujourd'hui, ARBRE DE JUDÉE o7 ARBRE DE JUDAS. Voyez GaINtER. (1) | | ; ARBRE , ( Hiff. rar. bor. ) qui porte des fayvonnet- tes ; arbor fapinda ; gente de plante obfervé par le P. Plumier. Ses fleurs font compofées ordinairement . de quatre pétales difpofés en rofe. Le piftil fort d’un calice compote de quatre feuilles ; & devient dans la fuite un fruit fphérique qui renferme une petite noix auf fphérique ; dans laquelle il y à une amande de même figure. Tournefort , 7/8, rei herb, F, PLANTE. I ù ?c et arbre eft défigné dans les Botaniftes par arbor faponaria Americana. Il croît à la Jamaïque &c dans d’autres contrées des Indes occidentales. Son fruit eft mûr en Oftobre : lorfqu'il eft {ec , il eft fphérique , d’une couleut rougeûtre, plus pétit qu'une noix de galle, amer au goût, mais fans odeur. On le recommande dans les pâles couleurs. Le fruit pafle pour un fpécifique contre cette maladie ; il la guérit infailliblement, {ur-tout quand on a fait ufage des eaux férrugineufes. On en croit la tein- ture, Pextrait & l’efprit plus énergiques encore. ARBRE DE VIE, thuya, (Hifi. nat, bot.) arbrifleau dont les embryons écailleux deviennent des fruits oblongs. On trouve entre les écailles des femences | bordées d’un feuillet délié. Ajoûtez aux cara@teres de ce genre la ftruéture finguliere de fes feuilles, qui font formées par de petites écailles pofées les unes fur les autres. Tournefort, 2/2. rei herb. V. PLANTE: (7) On apporta cet arbre de Canada en France au roi François L. Ses feuillés font réfolutives, defficatives, carminatives , fudorifiques ; fon bois eft déterfif, fu- dorifique, propre pour réfifter aux venins, aux maux des yeux ou des oreilles , étant pris en poudre ou en infufon. ai Il eft ainfi nommé , parce qu'il eft toïjours verd, & qu'il rend une odeur douce & agréable. On Pap- pelle encote cedre américain où arbre tokjours verd. I] eft chaud '& apéritif ; 1l provoque les regles, guérit les päles couleurs ; difout les tumeurs ; {on huile ap- pliquée fur la goutte la foulage. Son aétion eft ana- logue à celle du feu ; elle irrite &c elle diflout ; elle purge les lits de puces & de poux. Boerh. 22/2. (N) _ ARBRE DE VIE, ( Théol. ) c’étoit un arbre planté au milieu du paradis, dont le fruit auroit eu la vertu de conferver la vie à Adam , s’il avoit obéi aux or- dres de Dieu : mais cet arbre de vie fut pour lui un ar- bre de mort, à caufe de fon infidélité & de fa defo- béiffance. ARBRE de la [cience du bien € du mal, C’étoit un ar- bre que Dieu avoit planté au milieu du paradis. Il avoit défendu à Adam d’y toucher fous peine de la vie : gu0 entin die cormederis ex eo, morte morieris. On di- pute f l’arbre de vie & l'arbre de la fcience du bien & du 7al étoient un même arbre. Les fentimens font par- tagés fur cela. Voici les räifons qu’on apporté pour ôt contre le fentiment qui tient que c’étoit deux arbres différens. Moyfe dit que Dieu ayant planté le jardin d’Eden , y mit toutes fortés de bons arbres, & en particulier l’arbre de vie au milieu du paradis ; com- ze aufi l'arbre de la ftience du bien € du mal, Et lor{qu'’il eut mis l’homme dans le paradis , il lui dit: mangez de tous les fruits du jardin, mais ne mangez pas du fruit de la fiience du bien & du mal: car an moment que vous en aurez mangé, vous mourrez. Et lotfque le ferpent tenta Eve, il lui dit : pourquoi Dieu vous a-t-il défindu de manger de tous les fruits du jardin? Eye répondit : Dieu nous a perrmis de manger des fruits du paradis , maïs il nous a défendu d’ufèr du fruit qui eft au milieu du jardin, de peur que nous ne mourions. Le ferpent répliqua : vous re mourrez point ; mais Dieu fait qu’auffi-tôt que Vous en aurez mangé, vos yeux féront ouverts , 6 yous Jérez comme des dieux , fachant le bien & le mal, Et'après À RB 589 qu'Adam & Eve eurent violé le commandeïnent dir Seigneur ; Dieules chaffa du paradis , &c leur dit : voila Adam qui eff devenu comme Pun de nous, fachant le bien 6 Le mal ; mais à préfent de peur qw’il ne prennt ecore du fruit de vie, qu'il n'en mange, ne vive écer- rellement , il le mit hors du paradis. Geñef. ij, 9: tbid, PTT AURA}, L' 41,3: G Vi 22 VU, De tous ces paflages on peut inférer én faveur du fentiment qui n’admet qu’un arbre dont Dieu ait dé- fendu l’ufage à Adam. 1°. Qu'il n’eft pas néceflairé d’en reconnoitre deux ; le même fruit qui devoit con- férer la vie à Adam , pouvant aufi donner la fciencé, 2°, Le texte de Moyie peut fort bien s'entendre d’un feul arbre: Dieu planta Parbre de La vie ; ou l'arbre de la feience. Souvent dans l’'Hébreu la comjonétion 6: eft équivalente à la disjonétive ou; 8 de la même ma- mere, de peur qu'il ne prenne auffi du fruir de vie, & ne vive éternellement, {e peut expliquer en ce fens : de peur que , comme il'en a pris, croyant y trouver la {cience , 1l n’y retourne aufli pour y trouver la vie. 3°. Enfin le démon attribue véritablement au même arbre le fruit de la vie &r le fruit dé la fcience : vous fe mourrez point ; mais Dieu fair qu’auffi-16t que vous aurez mangé de ce fruit ; vous faurez le bien & le mal. Il les raflüre contre la peur de la mort, & leur pro met la fcience en leur offrant le fruit défendu. Mais l’opinion contraire paroît nueux fondée dans la lettre du texte. Moyfe diftingue manifeftement ces deux arbres, Parbre de la vie, & l'arbre de la fcience : pourquoi les vouloir confondre fans nécefité ? la vié & la fcience font deux effets tous différens : pourquoi vouloir qu'ils foient produits par le même fruit ? Eft- ce trop que de défendre à Adam lPufage de deux ar- bres ? Le difcours que Dieu tient à Adam après fon péché , paroït bien exprès pour diftinguer 1ci deux arbres : de peur qu’il ne prenne aufff du fruit de vie, & ne Vive éternellement, comme s'il difoit ,il a déjà goûté du fruit de la fcience , il faut l’éloigner du fruit dé vie , de peur qu’il n’en prenne aufli. Le démon à la vérité raflüre Eve & Adam contre la crainte de la mort: mais il ne leur offre que le fruit de la fcience, en leur difant que dès qu'ils en auront goûté , ils fe- ront aufli éclairés que les dieux ; d’où vient qu’après leur péché , il eff dit que leurs yeux furent ouverts. Ces rafons nous font préférer ce dernier fentiment au premier. Voyez S. Auguftin , Z5. WI. de l’ouvragé imparfait contre Julien , cap. xxx. p. 1330. & fui. On demande quelle étoit la nature du fruit défen- du. Quelques - uns ont cru que c’étoit le froment ; d’autres que c’étoitla vigne; d’autres le figuier ; d’au- tres le cerifier ; d’autres le pommier : ce dernier fen- timent a prévalu, quoiqu'il ne foit gnere mieux fon- dé que les autres. On cite pour le prouverle paflage du Cantique des cantiques : Je vous ai éveillée fous ur pommier, c'eft La que votre mere a perdu fon innocence : comme f: Salomon avoit voulu parler en cet endroit de la chûte de la premiere femme. Rabb. in Sanhedrin, fol. 70. Theodof. apud Theodorer,quefl. xxviiy. in Gens. Indor. Peluf. Liv. I. épitr. 1j. canticor. viiy. 5. Plufieurs Anciens ont pris tout le récit de Moyfe dans un féns figuré , & ont cru qu’on ne pouvoit ex= pliquer ce récit que comme une allésorie. | S. Auguftina cru quela vertu de l’arbre de vie, 8 de l'arbre de la fcience du bien 6: du mal, étoit furnaturelle ê&c miraculeufe : d’autres croyent que cette vertu lur étoit naturelle. Selon Philon l’arbre de vie marquoit la piété, & l’arbre de la fcience la prudence. Dieu eft auteur de ces vertus. Les Rabbins racontent des cho- fes incroyables & ridicules de Parbre de vie. Il étoit d’une grandeur prodigieufe ; toutes les eaux de la terre fortoient de fon pié ; quand on auroit marché cinq cens ans , on en auroit à peine fait le tour, Peut- être que tout cela n’eft qu’une allégorie: maïsla chofé ne mérite pas qu'on fe fatigue à ea Chercher le fens LA $90 À R B caché. Auguft. de Genef. ad Litter. lib. VII, € BIT. ‘de peccat. Merir. c. xxy. Jofeph, Artiq. lib. I. Bona- vent. Hugo Viétor. &c. Philo de Opifcio mundi , pag. 35. Bafnage, hf. des Juifs, liv. VI. cap. xij.art, 18. ‘Calmet, déc. de la bibl. tom. Ï. lettre À. p, 205. A ARBRE de Diane où ARBRE phiofophique, (Chim. végétation métallique artificielle, dans laquelle on voit un arbre fe former & croître peu à peu du fond d’une bouteille pleine d’eau. | .… Cette opération fe fait parle mêlange de l'argent, du mercure & de l’efprit de nitre qui {e cryftallifent enfemble en forme d’un petit arbre, Furetiere dit qu’on a vù à Paris végéter les métaux, lor, l’argent , le fer &le cuivre, préparés avec l’eau- forte, & qu'il s’éleve dans cette eau une efpece d’ar- bre qui croit à vüe d'œil , & fe divife en plufieurs branches dans toute la hauteur de l’eau, tant qu'il y a de la matiere : on appelle cette eau, ezx de cail- lou ; & le fecret en a été donné par Rhodès Carañfes, Chimifte Grec dont parle le journal des Savans de 1077: | Il y a deux manieres différentes de faire cette ex- périence amufante. La premiere eft d’une longueur à faire languir un curieux : voici comment la décrit Lemery. Prenez une once d’argent, faites la diffolu- tion dans trois onces d’efprit de nitre ; jettez votre diflolution dans un matras où vous aurez mis dix- huit ou vingt onces d’eau & deux onces de vif-ar- gent ; il faut que le matras foit rempli jufqu’au cou ; laïiflez-le en repos fur un petit rondeau de paille en quelque lieu für, durant quarante jours; vous verrez pendant ce tems-là {e former un arbreavec des bran- ches, & des petites boules au bout qui repréfentent des fruits. «= w La feconde maniere de faire l'arbre de Dianeelt plus prompte : mais elle eft moins parfaite. Elle eft düe à M. Homberg, & elle fe fait en un quart-d’heure. Pour Îa faire, prenez quatre gros d’argent fin en limaille , Faites-en un amalgame à froid avec deux gros de mer- cure ; diflolvez cet amalgame en quatre onces d’eau- forte ; verfez cette diflolution dans trois demi-feptiers d’eau commune ; battez-les un peu enfemble pour les mêler, & gardez le tout dans une bouteille bien bouchée. | Quand vous voudrez vous én fervir pour faire un arbre métallique, prenez-en une once ou environ, & mettez dans la même bouteille la groffeur d’un petit pois d’amalgame ordinaire d’or ou d’argent, qui doit maniable comme du beurre ; enfuite laiflez la bou- teille en repos deux ou trois minutes de tems. Aufli-tôt après vous verrez fortir de petits filamens perpendiculaires de la boule d’amalgame qui s’aug- menteront à vie d'œil , en jettant des branches en Forme d’arbrifleau. La petite boule d’amalgame fe durcira & devien- dra d’un blanc terne : mais le petit arbrifleau aura une véritable couleur d'argent poli. M. Hombergex- plique parfaitement la formation de cet arbre artift- ciel, Le P. Kirker avoit à Rome dans fon cabinet un pareilarbre métallique, dont on peut trouver une belle defcription dans fon Mufum collez. Rom. f. 4. p. 46. Cet article eft en partie de M. Formey. ARBRE de Mars, ( Chimie. ) c’eft une invention moderne. On eneft redevable À M. Lemery Le jenne. Il la découvrit de la maniere fuivante : fur une diflolution de limaille de fer dans lefprit de nitre renfermé dans un verre, il verfa de la liqueur alka- line de tartre ; la liqueur s’échauffa bientôt très-con- fidérablement , quoiqu'avecune fort petite fermen- tation : elle nefut pas plûtôt en repos, qu'il s’y éleva une forte de branches adhérentes à la furface du verre, lefquelles continuant à croître , le couvrirent enfin tout entier. | La forme des brançhes étoit fi parfaite, que l’on ARB porvoit même y découvrir des efpeces de feuilles & de fleurs; de maniere que cette végétation peut être appellée l’arbre de Mars à auffi jufte titre, que l’on ap- pelle la précédente Parbre de Diane. Voyez l'Hifloire de l’Avad, Royale des Sciences dd1706. (M) ARBRE de porphyre, en Logique , s'appelle autre- ment échelle des prédicamens, /Cala prædicamentals. Voyez PRÉDICAMENT. | * ARBRE , ( Myrhol.) il y avoit chez les payens des arbres confacrés à certaines divinités : exemple, le pin à Cybele; le hêtre à Jupiter ; le chêne à Rhea; lolivier à Minerve; le laurier à Apollon; le lotus & le mytte à Apollon & à Venus ; le cyprès à Pluton ; le narcifle , l’adiante ou capillaire à Pro: ferpine ; le frêne & le chien-dent à Mars ; le pourpier à Mercure ; le pavot à Cerès & à Lucine ; la vigne &tle pampre à Bacchus ; lé peuplier à Hercule ; l’ail aux dieux Penates ; l’aune, le cedre, le narcifle, & le genevrier aux Eumenides ; le palmier aux Mufes; le platane aux Génies. Voyez aux articles de ces divini- tés , les raifons de la plüpart de ces confécrations ; mais obfervez combien elles devoient embellir la poëfie des Anciens : un poëte ne pouvoit prefque parler d’un brin d’herbe , qu'il ne-püt en même tems en relever la dignité, en lui affociant le nom d’un dieu ou d’une déefle. ARBRE , {. m. (ex Marine. \ c’eft le nom que les Levantins donnent à un mât : arbre de meftre, c’eft le grand mât. Voyez MAST.(Z) ARBRE , fe dit figurément en Mécanique , pour la païtie principale d’une machine, qui fert à foûtenur tout le refte : on s’en fert aufli pour défigner le fu= feau ou l’axe fur lequel une machine tourne. (0) Dans Part de bätir, & dans la Charpenterie | l'arbre eit la partie la plus-forte des machines qui fervent à élever les pierres; celle du milieu; qu'on voit poiée à plomb, & fur laquelle tournent les autres pieces qu’elle porte, comme l'arbre d’une grue , d’un gruau , où engin. Voyez; GRUE, GRUAU , ENGIN. Chez les Cardeurs , c’eft une partie du rouet à la- quelle eft fufpendue la roue par le moyen d’une che- ville de fer qui y entre dans untrou aflez large, pour qu'elle puifle tourner aifément. Voyez ROUET. Chez les Cartonniers , c’eft une des principales pie- ces du moulin dont ils fe fervent pour broyer &c dé- layer leur pâte. Il confifte en un cylindre tournant fur un pivot par en-bas, & fur une crapaudine pla- cée dans le fond de la cuve où pierres & par en-haut dans une folive; la partie d’en-bas de ce cylindre qui entre dans la cuve ou pierre eft armée de cou- teaux : à la hauteur d'environ fx piés , eftune piece de bois de quatre ou cinq piés de longueur, qui tra- verfe par un bout l’axe de l’arbre, & qui de l’autre a deux mortoïfes À environ deux ou trois piés de dif tance , dans lefquelles font aflujetties deux barres de bois de trois piés de longueur qui defcendent &r for- ment une efpece de brancart ; on conduit ce bran- cart à bras, ou par le moyen d’un cheval, qui en tournant autour de la cuve , donne le mouvement à l'arbre, & par conféquent facilite l’aétion des cou- teaux. Voyez Les figures premiere & 4. Planche du Car ÉO71711ET, Chez les frifeurs d’éroffes ; c’eft une piece 4B , qui eft couchée le long de la machine à frifer, fur laquelle eft montée la plus grande partie de la machine. Voyez AB fig. prem. de la machine à frifèr, Plariche 10. de lx Draperie, L’enfuple eft aufhi montée fur un arbre de couche. Foyez ENSUPLE. 4 Chez les Fileurs d’or ; c’eft un bouton de fer, qui traverfant le fabot & la grande roue, donne en les faifant tourner , Le mouvement à toutes les autres par le moyen de la manivelle qu’on emmanche à une de fes extrémités, Foyx MOULIN A FILER L OR, À R B Chez Les Horlogers: c'eft une piece ronde ou quar- rée , qui a des pivots, & fur laquelle eft ordinaire- ment adaptée une roue. Les arbres font en général d'acier ; quelquefois la roue tourne für l'arbre, com- me le barillet fur le fien ; maïs le plus communément . Ms ne font l’un & Pautre qu’un feul corps. Lorfqu'il devient fort petit , il prend le nom de #ge. Voyez EsstEu , AXE, TIGE , BARILLET, FUSÉE, Ge. (T) Chez les mêmes ouvriers, c’eit un eflieu qui eft au milieu du barillet d'une montre où d’une pendule. Voyez la figure 49. Planche 10. d Horlogerie, Cet ar- bre a fur fa circonférence un petit crochet auquel l'œil du reflort s’arrêtant, il fe trouve comme atta- ché à cet a/Pre par une de fes extrémités : c’eft au- tour de cet eflieu, que le refloit s’enveloppe lorf- qu’on le bande en montant la montre. Voyez BARIL- LET , RESSORT, CROCHET , Gc. C’eft encore chez les Horlogers , un outil qui fert à monter des roues & autres pieces, pour pouvoir les tourner entre deux pointes. Il eft ordinairement compofé d’une efpece de poulie 4, qu’on appelle cuivror. Voyez la figure 26. Planche 13. de l’Horlogerie, & d’un morceau d’acier trempé & revenu bleu, quarré dans fa partie B, & rond ‘dans l’autre C, ayant deux pointes à fes deux extrémités 2 & C. La pérfeétion de cet outil dépend de la juftefle avec laquelle on a tourné rond toute la partie €, pour que les pieces que l’on tourne def- - fus le foient aufli; &c de fa dureté, qui doit être telle qu'il ne cede & ne fe faufle point par les différens cilorts que l’on fait en tournant les pieces qui {ont montées deflus. Les Horlogers fe fervent de différentes fortes d’ar- bres ; comme d'arbres à cire, à vis, Gc. Ces arbres repréfertes figure 18. G 20. de la même Planche , {er- vent à tourner différentes chofes | comme des plati- nes , des faufles plaques,, & d’autres pieces dont le trou à peu d’épaiffeur , &c qui ne pourroient que dif- ficilement être fixées fur un arbre, & y refter droi- tes. Pour fe fervir de l’arbre à vis ( fgure20.) on fait entrer la piece à tourner fur le pivot À fort jufte ; êc par le moyen de leécroue 21 ,.0n la ferre forte- ment contre l’aflictte CC ; par ce moyen on remé- die aux inconvéniens dont nous avons parlé. Les Horlogers fe fervest encore d’un arbre qu’ils appellent un excenrrique. Voyez la figure C4. Plan- che 16. de l Horlogerie, I] éft compofé de deux pie- ces , l’une 4Q , & l’autre C2. La premiere s’ajufte . dans la fesonde ; & au, moyen des vis # FF, qui preflent laplaque Q , elles font corps enfemble, mais, de maniere cependant qu’en frappant fur la partie Q, on la fait mouvoir ; enforte que le même point de cette piece ne répond plus au centre du cui- vrot A. On fe fert de cet outil pour tourner les pie- ces qui n'ayant qu'une feule pointe, ne peuvent pas fe mettre fur le tour : par exemple, une fufée qui n’a point de pointe à l'extrémité de fon quarré, & qu’on veut tourner,on en faitentrer le quarré dans l’efpece de pmce P , & au moyen de la vis S, on l'y afüre; enfuite ayant mis Le tout dans le tour, fuppofé que la fufée ne tourne pas rond, on frappe fur l’une des extrémités Q de la piece Q 4, qui par-là changeant de fituation par rapport à la pointe Æ , fait tourner la futée plus où moins rond, felon que fon axe pro- longé païñle plus ou moins près de l'extrémité de la pointe Æ, On réitere cette opération jufqu’à ce que la piece tourne parfaitement tond. On appelle encore arbre, un outil ( figure 93.)qui a un crochet €, &c qui fert à mettre les reflorts dans les barillets , & à les en ôter; il {e met dans une te- naille à vis par fa partie 4, qui eft quarrée. ( T') Chez les Imprimeurs , on nomme arbre de prefle, la piece d’entre la vis & le pivot : ces trois parties dif- tindès par leuf dénomination feulement , ne font .__ ARB ot eflentiellement qu'une même piece de ferrurerie travaillée de trois formes différentes, La partie fupé- rieure eft une vis ; le milieu ou l'arbre, de figure quar: rée, quelquefois fphérique , eft celle où pañle la tète du barreau ; fon extrémité ft un pivot, qui eu épard à la conftruétion générale, & aux proportions de la prefle, a toute la force qui eft convenable à fa deftination, & aux piéces dont il fait la troifieme &t derniere partie ; laquelle trois ou quatre doigts au-deffus déon extrémité, eft percée & reçoit uné double clavette qui foûtient la boîte dans laquelle pañle la plus grande partie de l'arbre, dimenfion pri- le depuis entrée du barreau jfqu’à la clavette qui {oûtient la boîte, Voyez Vis, Prvor, BARREAU, BOISTE,, Planche y. figure 2. BE , F, eft le pivot qui après avoir traverié la boîte, va s'appuyer fur le crapaudine de la platine. ARBRE du rouleau chez les mêmes, Voyez BROCHE DU ROULEAU. | Dans les Papeteries , arbre eft un long cylindre de bois qui fert d’axe à la roue du moulin ; il éft armé des deux côtés de tourillons de fer qui portent fur deux piliers où montans fur lefquels il tourne par Paétion de l’eau. Cet arbre eft garm d’efpace en ef: pace de morceaux de bois plats, qui reflortent d’en- viron quatre pouces , 8 qui en tournant rencontrent l'extrémité des pilons où maillets qu'ils elevent, & laiflent enfuite retomber. Les arbres des moulins à papier font plus ou moins longs felon la difpofition du terrain & la quantité de maillets qu'ils doivent faire jouer. J’ai vû un moulin à papier dont l’arbre donnoit le mouvement à vinst-quatre maillets dif: tribués en fix piles. Voyez MOULIN À PAPIER: Chez les Potters-d’étain , c’eft la principale des pie- ces qui compoñent leur tour ; elle confifte en un mor: ceau de fer ordinairement rond ou à huit pans , dont la longueur & la groffeur n’ont point de regle que celle de idée du forgeron. Cependant on peut fixer Pune à peu près à fix pouces de circonférence , & l’autre à environ dix-huit pouces de long. On intro- duit dans le milieu une poulie de bois fur laquelle pañle la corde que la roue fait tourner : aux deux côtés de la poulie , à environ deux pouces d’éloi- gnement, il y a deux moulures à l'arbre qu’on nomme les oïgnons ; ils font enfermés chacun dans un collet d’étain poié vers le haut des poupées du tour : ces oignons doivent être bien tournés par l’ou- vrier qui a fait l'arbre, & c'eft fur es oignons que larbre {e meut. L'arbre eft ordinairement creux par le bout en dedans du tour , pour y introduire le man- drin. Voyez, MANDRIN. L'autre bout qu'on appelle celui de derriere, doit être préparé à recevoir quelques fois une manivelle qu’on appelle grrguerte. Voyez TOURNER À LA GINGUETTE. Il y a des arbres de tour quine font point creux, & dont le mandrin &c l'arbre font tout d’une piece : mais 1ls font anciens & moins commodes que les creux. Voyez TOUR DE POTIER-D’ÉTAIN. Chez les Rubaniers ; c’éft une piece de bois de figu- re oétogone , longue de quatre piés &c demi avec fes mortoïles percées d’outre en outre pour recevoir les 12 traverfes qu portent les aïîles du moulin de lourdifloir ; cet arbre porte au centre de fon extré- mité d’en haut une broche ou bouton de fer, long de 8 à 9 pouces , qui lui fert d’axe ; l’extrémité d’en bas porte une grande poulie fur laquelle pafe la corde de la felle à ourdir. Voyez SELLE À OURDIR. Il y a encore au centre de l’extrémité d’en bas un pivot de fer qui entre dans une petite crapaudine placée au centre des traverfes d’en bas. C'eft fur ce pivot que l’arbre tourne pendant le travail. Foyez OURDISsSoOIR. | Chez les Tourneurs, c’eft un mandrin fait de plu- fieurs pieces de cuivre , de fer, & de bois dont on fe 592 ARC fert pour tourner en l'air, pour faire des vis aux Ou vrages de tour , & pour tourner en ovale & en d’au- tres fieures irrégulieres. #oyez Tour. On voit par les exemples qui précedent, qu'il y a autant d'arbres différens de nom, qu'il y a de ma- chines différentes où cette piece fe rencontre; mais welle a prefque par-tout la même fonétion : aufhi les différentes fortes d’arbres dont nous avons fait mention fufiront pour faite connoître cette fonéton. ARBRISSEAU, frutex ,{.m. (Hiff. naÿ, bot.) plante ligneufe, du tronc de laquelle s’élevent pluheurs ti- ges branchues qui forment naturellement un buiflon. Ïl n’eft pas poñlible de déterminer précifément ce qui diftingue un arériffeau d’un arbre ; il eft für qu’un ar- brifféau eft moins élevé qu’un arbre, mais quelle dif- férence y aura-t-il entre la mefure d’un grand ar- Briffeau & d’un petit arbre ? L’arbriffeau fera quelque- fois plus grand que l'arbre. Cependant on peut efti- mer en général la hauteur d’un arériffeau deprus en- viron fix jufqu’à dix ou douze piés ; tels font l’au- bépin, le grenadier, le filaria, &cc. 7. ARBRE. (1) SOUS-ARBRISSEAU, {. m. /uffrutex , plante ligneu- fe qui produit d’un feul tronc plufieurs menues bran- ches qui forment un petit buiflon. Les fous-arbriffeaux font plus petits que les arbriffeaux, comme leur nom le defigne. On peut regarder comme fous-arbriffeaux , toutes les plantes ligneufes que Pon voit tous {a main , lorfqu’on eft de bout, comme les grofeliers , les bruyeres, &c. Voyez ARBRISSEAU. (J) ARBROT , f. m. terme d’oifeleur, cet un petit ar- bre garni de gluaux; on dit prendre les oïfeaux à larbror. ARBUSTE,f. m. ( Æiff. nat, bor, ) très-petite plante ligneufe , telle qu’un fous-arbrifleau. foyez SOUS-ARBRISSEAU, (7) ARC, arme offenfive propre à combattre de loïn, faite de bois, de corne ou d’une autre matiere élaf- tique , &c que l’on bande fortement par le moyen d’une corde attachée aux deux extrénutés, enforte que la machine retournant à fon état naturel, ou du moins fe redreflant avec violence, décoche une fle- che. Voyez FLECHE, TIRER DE L’ARC. L’arc eft l’arme la plus ancienne & la plus uni- verfelle. Les Grecs, les Romains, mais fur-tout les Parthes, s’en fervoient fort avantageufement. Elle eft encore en ufage en Afie , en Afrique, & dans le nou- veau monde. Les anciens en attribuoient l’invention à Apollon. Avant que lufage des armes-à-feu füt introduit en Europe, une pattie de Finfanterie étoit armée d’arcs, &t l’on nommoit ærchers les foldats qui s’en fervoient. Les habitans des villes étoient même obligés de s’exer- cer à tirer de l’rc; c’eft l’origine des compagnies bourgeoïles , des compagnies de l'arc, qui fubfiftent encore dans plufieurs villes de France. Louis XI. abolit en 1481, l’ufage de l’arc &c de la fleche , & leur fubffitua les armes des Suifles , la halebarde , la pique & le fabre. En Angleterre on fait grand ufage de l’arc, & il y a eu même des loix & des réglemens pour en- courager les peuples à fe perfe@ionner dans Part d’en tirer. Sous le regne de Henri VIII. le Parlement fe plaignit que les peuples négligeoient un exércice qui avoit rendu les troupes Angloifes redoutables à leurs ennemis ; & en effet, elles dürent en partie à leurs archers le gain des batailles de Créci, de Poitiers, & d’Azincour. Par un reglement d'Henri VIII. cha- que tireur d’arc de Londres eft obligé d’en faire un dif & deux d’orme, de coudrier , d frêne, ou d’au- tre bois. Ordre aux tireurs de la campagne d’en fai- re trois. Par le huitieme reglement d’Elifabeth , chap. +, les uns & les autres furent obligés d’avoir toù- jours chez eux cinquante arcs d’orme , de coudrier, ou de frêne, bien çonditionnés. Par le douzieme re- A RC glement d'Edouard , chap. 1j , il eft ordonné de mul- tiplier les arcs, & défendu de les vendre trop cher. Lés meilleurs ne pouvoient pas valoir plus de fix fous huit deniers. Chaque commerçant qui trafique à Venile ou aux autres endroits, d’où l'on tire les bâtons propres à faire des arcs, doit en apporter quatre pour chaque tonneau de marchandife , fous peine de fix fous huit deniers d’amende pour chaque bâton manquant ; & par le prenuer reglement de Richard Il. chap. xj , 1l leur eft ordonné d’appor- ter dix bâtons à faire des arcs, pour chaque botte ou tonneau de malvoife, à peine de treize fous qua- tre deniers d'amende. L’arc n’eft plus guere en ufa- ge dans la grande Bretagne, que parmi les monta gnards d'Ecofle , & les iauvages des îles Orcades : quelques corps de troupes Turques ou Ruffiennes en font aufh ufage. (G ARC ,{.m. ( ez Géom. ) c’eft une portion de coùr- be, par exemple, d’un cercle , d’une ellipfe, ou d’u- ne autre courbe. Voyez; COURSE. Arc de cercle, eft une portion de circonférence, moindre que la circonférence entiere du cercle. Tel eit AE B, Planche de Géom. fig. G. Voyez CERCLE G CIRCONFÉRENCE. La droite 4 B qui joint les extrémutés d’un arc, s’appelle corde ; &c la perpendi- culaire DE tirée fur le milieu de la corde, s’appelle fleche. Voyez CORDE, FLECHE. Tous les angles font mefurés par des arcs. Pour avoir la valeur d’un an- gle, on décrit un arc de cercle, dont le centre foit au fommet de l’angle. Voyez ANGLE. Tout cercie eft fuppofé divifé en 36od. Un arc eft plus ou moins grand, felon qu'il contient un plus grand ou un plus petit nombre de ces degrés. Ainf l’on dit un arc de 30, de 80, de 10op1, Voyeg DEGRÉ. La mefure des angles par les arcs de cercle eft fondée fur ce que la courbure du cercle eft uniforme. Les arcs d’une au- tre courbe ne pourroient y fervir. Arcs concentriques , font ceux qui ont le même cen- tre : ainf dans la fg. 80, les arcs b A, e X font des arcs concentriques. Voyez CONCENTRIQUE. | Arcs égaux, ce font ceux qui contiennent le mê- me nombre de degrés d’un même cercle , ou de cer- cles égaux; d’où il s'enfuit que dans le même cercle, ou que dans des cercles égaux, les cordes égales foû- tiennent des arcs égaux. Un rayon CE (js. 6 ) qui coupe en deux pañties égales en D , une corde 4B, coupe aufli en £ l'arc AE B en deux parties égales, & eft perpendiculaire à la corde, & vice versä. Le problème de couper un arc en deux parties égales fera donc réfolu , en tirant une ligne CE perpendiculat- 0 ‘re fur le milieu D de la corde. Arcs femblables , ce font ceux qui contiennent le même nombre de degrés de cercles inégaux. Tels font les arcs 4B & DE, fig. 87. Si deux rayons partent du centre de deux cercles concentriques , les arcs compris entre les deux rayons, ont le même rapport à leurs circonférences entieres ; &z les deux feteurs , le même rapport à la furface entiere de leurs cercles. La diftance du centre de gravité d’un arc de cer- cle au centre du cercle , eft une troifieme propor- tionnelle à cet arc, à fa corde , & au rayon. Foyez CENTRE de gravité. Quant aux finus , tangentes, fécantes, Éc. des arcs, voyez SINUS , TANGENTE, 6 Arc ex Affronomie. L’arc diurne du foleïl eff la por- tion d’un cercle parallele à l'équateur, décrite par le foleil dans fon mouvement apparent d’orient en occident depuis fon lever jufqu’à fon coucher. Voyez Diurne, Jour, &c. L’arc noëurne eft la même chofe , excepté qu'il eft décrit depuis le coucher jufqu’au lever. Foye; Nu1T, Lever, Gc. Voyez auff NOCTURNE. . La latitude & l'élévation du pole font mefurés par un arc du méridien, La longitude eft mefurée par un are are de l'équateur. Voyez ÉLEVATION, LATITUDÉ, LONGITUDE, Etc, Let L’arc de progreffion ou de diredtion , eft un arc de Técliptique qu'une planete femble parcourir , en fui- vant l’ordre des fignes. Foy DIRECTION. L’arc de rétrogradation eft un arc de l’écliptique qu'une planete femble décrire ; en fe mouvant contre l’ordre des fignes, Voyez RÉTROGRADATION. Arc de flation. Voyez STATION 6 STATIONAIRE. L’arc entre Les centres dans les éclipfes, eft un arc tel que 4 I, Planch. d’Afiron. fig. 35 , qui va du cen- tre de la terre 4 perpendiculairement à l'orbite lu- naire O B. Voyez ÉCLIPSE. | e - Si la fomme de l'arc entre les centres À 1 & du demi-diametre apparent de la lune, eft égale au de- mi-diametre de l'ombre, l’éclipfe fera totale fans au- cune durée; fi cette fomme eft moindre , elle fera totale avec quelque durée ; & fi elle eft plus grande, &c toutefois moindre que la fomme des demi-diame- tres de la lune & de l'ombre , elle fera partiale; L’arc de vifion eft celui qui melure la diftance à, laquelle le foleil eft au-deffus de l’horifon,, lorfqu’une étoile que fes rayons déroboïent, commence à re- paroître. Voyez Lever. (O ) _ ARC fe dit, ez Archireülure , d’une ftruéture con: cave qui a la forme de l’arc d’une courbe, & qui fert comme de fupport intérieur à tont ce qui pofe deflus. M. Henri Wotton dit qu'un arc n’eft rien au: tre chofe qu’une voûte étroite ou reflerrée , & qu’u- ne voûte n’eft qu'un arc dilaté, Voyez VOÔTE. On fe fert d’ercs dans les grandes intercolumna: tions des vaftes bâtimens , dans les portiques , au- dedans comme au-dehors destemples, dans les falles publiques, dans les cours despalais, dans les cloîtres, aux théatres & amphithéatres. F.PORTIQUE , THé- ÂTRE, LAMBRIS, Gc. Ons’en {ert aufli comme d’é- perons & de contreforts pour foûtenir de fortes mu- tailles qui s’enfoncent profondément en terre, de mê- me que pour les fondations des ponts, des aquéducs ; des arcs de triomphe, des portes, des fenêtres. #, EPERON, ARC-BOUTANT , Gc. Les arcs font aufli foûtenus par des piliers ou piés droits , des impoñtes, &c. #7. PILIER ox PIÉ DROIT, IMPOSTE , c: Il y a des arcs circulaires, elliptiques , droits. Les ares circulaires font de trois efpeces ; à fa- voir, les arcs demi-circulaires | qui font exaétement - un. demi-cercle, & qui ont leur centre au milieu de la corde de Parc ; les Architees François les ap- pellent auf des arcs parfaits, ou des arcs en plein cintre. Le . Les arcs diminués ou bombes {ont plus petits qu’un demi-cercle, & par conféquent ces arcs font plus plats : quelques-uns contiennent 00 degrés, d’au- tres 70, & d’autres feulement 60: on les appelle aufli arcs imparfairs: | | Les arcs en tiers & quart-poinr, comme s'expriment quelques ouvriers d'Angleterre, quoique les Italiens les appellent d serzo G quarto acuto, parce qu’àleur {ommet ils font toïjours un angle. aigu , font deux arcs.de cercle qui fe rencontrent en formant un an- gle par lehaut, & qui fe tirent de la divifion de la corde en trois ou quatres parties à volonté. Il y a un grand nombre d’arcs de cette efpece dans les anciens bâtimens gothiques : mais M. Henri Wot- ton veut qu'on ne s’en ferve jamais-dans la conftruc- tion des édifices ; tant à caufe de leur foibleffe ; que du mauvais effet qu'ils produifent aux yeux. Les arcs elliptiques confiftent en une demi-ellip{e;, ils étoient autrefois fort ufités au lieu des manteaux de cheminée ; ils: ont communément une clé de voÿ- te & des impoñes. | Les arcs droits {ont ceux dont les côtés fupérieurs & inférieurs font droits , comme ils font courbes Tome I, Le À: RC 593 dans les autres; 8 ces deux côtés font aufli parala leles , les extrémités & les jointures toutes dirigées ou tendantes à un centre Onen fait principalement ujlage au-deffus des feêtres, des portes , rc. La doëtrine & l'ufage des arcs font très-bien expo: {és par M. Henri Wotton, dans les théorèmes fuis vans. 1°. Suppofons différentes matierés folides, telles que les briques, les pierres , quiayent uné forme rec- tangulaire : fi on en difpofe plufieurs les unes à côté des autres , dans un même rang & de niveau, & que celles qui font aux extrémités foient foûtenues entre deux fupports ; 1l arrivera néceflairement que celles du milieu s’affaifleront , même par leur pro: pre pefanteur , mais beaucoup plus fi quelque poids pôle. deffus ; c’eft pourquoi, afin de leur donnet plus de folidité , il faut changer leur figure ou leu pofition. 2°. Si l’on donne une forme de coin aux pierres Où autres matériaux, qu'ils foient plus larges en: deffus qu'en-deflous , & difpofés dans un même rang de niveau avec leurs extrémités, foûtenues comme dans le précédent théorème ; il n’y en a aucun qui puifle s’affaifler ; à moins que les fupports ne s’écar- tent ou s'inchinent ; parce que dans cette fituation il n'y a pas lieu à une defcente perpendiculaire : mais ce n'eft qu’une conftruétion foible , attendu que les fupports {ont fujets à une trop grande impulfon; particulierement quand la ligne eft longue : ainfi l’on fait rarement ufage des arcs droits, excepté au-deflus des portes & des fenêtres où la ligne eftcourte : c’eff pourquoi, afin de rendre l'ouvrage plus folide , il faut non-feulement changer la figure des matériaux, mais encore leur poftion. 3°. Siles matériaux font taillés en forme de coin, difpofés en arc circulaire, & dirigés au même cen- tré, en ce cas: aucune des pieces de: l’arcne pourra s’affaifler , puifqu’elles n’ont aucun moyen de def cendré perpendiculairement, & que les fupports n'ont pas à foütenir un auf grand effort que dans le cas de la forme précédente; car la. convexité fera toùjours que le poids qui pefe deflus, portera plütôt fur les fupports qu'iknesles pouflera en-déhors ; ainfi l’onpeut tirer de-là ce corollaire ,que le plus avantageux de tous les arcs, dont on vient de parler, eft l’arc dermi-circulaite ,,êc que de toutes les voûtes lhémifphérique eft préférable, : à 4°, Comme les voûtes faites d’un demi-cerele en- tier font les plus fortes & les plus folides;.de même celles-là font les plus agréables, qui s’élevant à la mème hauteur, font néanmoinsallongées d’une qua- torzieme partie du diametre : cette augmentation de largeur contribuerd beaucoup à leur beauté , fans aucune diminution confidérable de leur force. On doit neanmoins obferver que fuivant la rigueur géo: métrique, les arcs qui:font des portions de cercle ne font pas abfolument les, plus forts; les arcs qui ont cette propriété appartiennent àlune autre cour- be , appellée chanerte, dont lanature eft telle , qu'un nombre de fpheres dont les-centres {font difpofés fui- vaïrit cette courbe, fe foûtiendrontlesunesles autres, & formeront un arc. 7 oyEg GHAINETTE. 40 0. M. Grégory fait voir-même queles arcs qui ont une autre formelque cette.courbhe , ne {e foütiennent qu’en vertu de la chaïnette qui eft dans leur épaifleur; de forte que s'ils étoient infiniment minces; 1ls tom- beroient d'eux-mêmes, ou-naturellement ; au hew que la chaînètte, quoiqu'iifiniment mince; perit fe {oûtenir,, parce qu'aucun delfes poirits ne-tend énbas, plus quel'autre: Tranfaët. philof n°.232. Foyer une plus ample théorie des ares à l'article Vobre. (2) ARC,-ou Zone courbe de Léperon (: Marine..)sceft en longueur la diftance qu'il y.a du bout.-de l’éperort à Pavant du vaiffeau par-deflus l’éperon ; cette cotxr- FÉff 594 ARC be eft formée principalement par les aiguilles, ou plütôt par l'aiguille inférieure & la gorgere. On don- ne aujourd’hui beaucoup d’arc à l'éperon. Woyez la figure de l'éperon, tom. I. Marin. PI, IF. (Z) ARC , f. m. partie de la ferrure d’un carroffe. Ce font les Maréchaux grofliers qui forgent les ares ; voi- ci la maniere de forger l'arc, & fon emploi dans le carrofle. On a une barre de fer que l’on étire toù- jours un peuen diminuant , dont on arrondit le mi- lieu, qu’on équarrit par les deux bouts, & qu’on cou- de par le plus gros bout équarri : après cette pre- miere façon de forge, la barre a la figure qu'on lui voit, PL, du Maréch. groff. fig. 2. on prépare enfuite trois viroles , telles qu'on les voit fig. 3. € 4. les deux viroles, telles que celles de la £g. 3. & dont on en voit une appliquée fur l’arc ébauche , fig. 2. fer- vent à faire les poires de l'arc; & la virole de la f- gure 4. {ert à faire la pomme. On applique la viro- le deftinéé à faire la pomme fur l’arc ébauche , entre les viroles deftinées à faire les poires ; on foude ces parties avec le corps de l'arc ; on les modele ; on per- ce enfuite les parties B & 4 de plufeurs trous ; &z l’on a par cette feconde façon l'arc tel qu’on le voit figure 5. la partie A s'appelle Le patin; la partie B la queue ; C la pomme ; D D les poires : cambrez l'arc de maniere que fa courbure {oït dans le plan des trous pratiqués aux extrémités, & perpendiculaire au patin, & qu'il ait la forme de la fig. 7. alors il fe- ra forgé, & prêt à recevoir Les façons de lime ; elles confiftent à enlever les gros traits de forge. Quant à l’ufage de Parc, le voic1:le patin À s’encaftre dans le Loire de devant & dans les fourchettes de deflus; la queue 2 s’encaftre dans la fleche qui pañle fous le corps du carrofle; cette piece eft retenue par des chevilles qui paffent dans les trous du patin & de la queue de lerc, & du boïs où ces parties font encaf- trées ; le patin eft tourné extérieurement. Au refte on ne fe fert plus guere d’arcs aujourd'hui. * ARC, riviere de Savoie qui a fa fource à la par- tie feptentrionale du grand mont-Cenis , au confins du duché d’Aofte, traverfe le comté de Maurienne, & va fejetter dans l'Ifere. * ARCENBARROIS, (Géog.) petite ville de Fran- ce en Bourgoone , fur la riviere d'Anjou. Long. 22. 37: lat. 47. 55. R ARC-BOUTANT, GC mieux ARC-BUTANT , ez Ar- chiretture , eft un arc, ou portion d’un arc fampant qui bute contre un mur ou contre les reims d’une voù- te, pour en empêcher l’écartement & la pouflée, comme on le voit aux églifes gothiques. Ce mot ef François, &c eft formé d’arc & de burer. On appelle auf affez mal à propos aærc-butant, tout pilier ou mafle de maçonnerie qui fervent à con- tretenir un mur, oudeterrafle, ou autre. F’oyez Pr- LIÉR-BATANT , CONTREFORT, & EPERON. Ce mot d’arc-butant ne conviént qu'à un corps qui s’é- leve & s'incline en portion de cercle contre le corps qu'ilfoûtient, (D) ARCS-BOUTANS , en Marine ; ce font des pieces de bois entaillées fur les baux ou barots,, &t fervant à foûterur les barotins. Voyez Les fie. Marin. PL, IF. fig. 1. le n°, 73. marque les‘ercs-boutansièc leur fi- tuation. On peut les voir encore dans la Planche F. fig. 2.fous le n°,7,3. Voyez BAUX, BAROTS , & BA- ROTINS. 1 4a ; Arcs-boutans fe dit encore d’une efpece de petit mât de 25 430 piésde long, ferré par ün boutavec un fer à trois pointes de 6 ähuit pouces de longueur, _ dont l’ufage eft de tenir les écoutes des bonnéttes en étai , & de repoufler un autre vaifleau s'il venoit à l’abordage. Voyez ECOUTES ; BONNETTES. (Z) _ ARCS-BOUTANS , ou érais des jumelles, ce font, dans un gtand nombre de machines , des pieces de bois EE ( fig, 2, 6 G. PI. de l'Imprimerte en taille A R€ douce. ) qui affemblent & foûtiennent les jumelles C D fur les piés des patins 4 2. Voyez Presse d’1m- primerie en taille douce. | ARC-BUTER , v.a@. ez Architetture , c’eft contre- tenir la pouffée d’une voûte ou d’une plate-bande avec un arc-butant : mais contre-buter , c'eit contre- tenir avec un pilier bufant ou un ééai. Voyez Con- TREBUTER. (P) | ARC-EN-CIEL, ris, 1. m. ( Phyfig.) météore en forme d'arc de diveries couleurs , qui paroît lorfque le tems eft pluvieux, dans une partie du ciel oppo- fée au foleil, & qui eft formé par la réfraétion des rayons de cet aître, au-travers des gouttes fpheri- ques d’eau dont l'air eft alors rempli. #. MÉTÉORE, PLutE 6 RÉFRACTION. On voit pour l'ordinaire un fecond arc-en-ciel qui entoure le premier à une certaine diftance. Ce fecond arc-en-ciel s'appelle arc-en-ciel extérieur , pour le dif- tinguer de celui qu'il renferme, &t qu’on nomme arc- en-ciel intérieur. L'arc intérieur a les plus vives cou- leurs, & s'appelle pour cela l'arc principal, Les cou- leurs de Parc extérieur {ont plusfoibles, & de là vient qu’il porte le nom de fécond arc. S'il paroït un troifie- me arc, ce qui arrive fort rarement , les couleurs font encore moins vives que les précédentes. Les couleurs font renverfées dans les deux arcs ; celles de l'arc prin- cipal font dans l’ordre fuivant à compter du dedans en dehors , violet, indigo , bleu , verd , jaune, oran- gé , rouge: elles font arrangées au contraire dans le fecond arc en cet ordre , rouge, orangé , jaune, verd, bleu , indigo, violet : ce font les mêmes couleurs que l’on voit dans les rayons du foleil qui traverfent un prifme de verre. Voyez PRISME. Les Phyfciens font auffi mention d’un arc-en-ciel lunaire & d’unarc-en- ciel marin, dont nous parlerons plus bas. L’arc-en-tiel, comme l’obferve M. Newton ,ne pa- roît jamais que dans les éndroits où il pleut & où le foleil luit en même tems; & l’on peut le former par art en tournant le dos au foleil & en faifant jaillir de l’eau, qui pouflée en l'air & difperfée en gouttes, vienne tomber en forme de pluie ; car le foleil don- * nant fur ces gouttes, fait voir un arc-en-ciel à tout {pedateur qui fe trouve dans une jufte pofition à l’é- gard de cette pluie & du foleil, fur-tout ñ l’on met un corps noir derriere les gouttes d’eau. Antoine de Dominis montre dans fon livre de ra- diis vifus 6 lucis, imprimé à Venife en 1611, que l'arc-en - ciel eft produit dans des gouttes rondes de pluie par deux réfraétions de la lumiere folaire , &c une réflexion entre deux ; & il confirme cette expli- cation par des expériences qu'il a faites avec une phiole & des boules de verre pleines d’eau, expofeés au foleïl. Hfaut cependant reconnoître que quelques Anciens avoient avancé antérieurement à Antoine de Dominis,que arc en-ciel étoit formé par la réfraétion des rayons du foleil dans des gouttes d’eau. Kepler voit eu la même penfée , comme on le voit par les lettres qu'il écrivit à Brenger en 160$ ; & à Harriot én 1606. Defcartes qui a fuivi dans fes météores l'ex plication d'Antoine de Dominis , a corrigé celle de l'arc extérieur. Mais comme ces deux favans hommes n’entendoient point la véritable origine des couleurs, Pexplication qu'ils ont donnée de ce météore eft dé- fedtueufe à quelques égards. Car Antoine de Domi- nis a crû que l’arc-en-ciel extérieur étoit formé par les rayons qui rafoient les extrémités des gouttes de pluie, & qui venoient à l’œil après deux réfraétions &c une réflexion, Or on trouve par le calcul, que ces rayons dans leur feconde réfraétion doiventfaire un angle beaucoup plus petit avec le rayon du foleik qui pale par l'œil, que l’angle fous lequel on voit larc-en-ciel intérieur ; & cependant l’anple fous lequel 6n voit l’arc-en-ciel extérieut,eft beaucoup plus grand que celui fous lequel on voit l’arc-er-ciel intérieur : de plus , lès rayons qui tombent fort obliquement fur ‘une goutte d’eau, ne font point de couleurs fenfbles dans leur feconde réfraétion ; comme on le verra ai- ément par ce que nous dirons dans la fuite, À l’égard de M. Defcartes, qui a le premier expliqué l’arc-en- ciel extérieur par deux réflexions & deux réfraétions ; il n'a pas remarqué que les rayons extrèmes qui font le rouge, ont leur réfraétion beaucoup moindre que felon la proportion de 3 à 4, & que ceux qui font le violet, l’ont beaucoup plus grande : de plus, il s’eft contenté dé dire qu'il venoit plus de lumiere à Pœil fous lés angles de 41 & de 424, que fous les autres angles , fans prouver que cette lumiere doit être co: lorée ; & ainfi il n’a pas fufifamment démontré d’où vient qu’il patoït des couleurs fous un angle d’envi- ron 424, & qu'il n’en paroît point fous ceux qui font au-deflüus de 404, & au-deflus de 44 dans l’arc-en- ciel intérieur. Ce célebre auteur n’a donc pas fufh- famment expliqué l’arc-en-ciel , quoiqu'il ait fort avan: cé cette explication. Newtonl’a achevée par le moyen de fa doûtrine des couleurs. Théorie de larc-en-ciel. Pour concevoir l’origine de l’arc-en-ciel, examinons d’abord ce qui arrive lor{- qu'un rayon de lumiere qui vient d’un corps éloigné, teltque ie foleil, tombe fur une goutte d’eau fphéri- que, comme font celles de la pluie. Soit donc une goutte d’eau 4 D K N,( Tab. Opi. fig. 45. n°. 2.) & les lignes EF, B «4, &c. des rayons Inmineux qui partent du centre du foleil, & que nous pouvons concevoir comme paralleles entre-eux à caufe de l’é- loignement immenfe de cet aftre, le rayon B 4 étant le feul qui tombe perpendiculairement fur la furface. de l’eau, & tous les autres étant obliques, il eft aifé dé concevoir que tous ceux-ci fouffriront une réfrac- tion & s’approcheront de la perpendiculaire ; c’eft- à-dire que le rayon Æ F, par exemple, au lieu de continuer fon chemin fuivant F G, fe rompra au point F,8cs’approchera de la ligne Æ FT perpendiculaire à la goutte en F, pour prendre le chemin FX. Ilen eft de même de tous les autres rayons proches du rayon E F, lefquels fe détourneront d’F vers À, où il y en aura vraiflemblablement quelques-uns qui s’échapperont dans l'air, tandis que les autres fe re- fléchiront fur la ligne X N pour faire des angles d’in- cidence & de réflexion égaux entre-eux, Voyez RÉ- FLEXION. De plus , comme le rayon X N & ceux qui le fui- vent, tombent obliquement fur la furface de ce glo- bule, ils ne peuvent repañfer dans l’air fans fe rom- pre de nouveau , & s'éloigner de la perpendiculaire M NL ; de forte qu'ils ne peuvent aller direétemnent vers Ÿ, & font obligés de fe détourner vers P. Il faut encore obferver ici que quelques-uns des rayons après qu’ils font arrivés en N, ne paflent point dans l'air, mais fe réfléchiflent de nouveau vers Q , où {ouffrant une réfra@tion comme tous les autrés , ils ne vont point en droite ligne vers Z , mais vers À, en s’éloignänt de la perpendiculaire T F: mais comme on ne doit avoir égard ici qu'aux rayons qui peuvent affeéter l'œil que nous fuppofons placé un peu au-def- {ous de la goutte, au point P par exemple , nous laïf- {ons ceux qui fe réfléchiflent de N vers Q comme inu- tiles ; à caufe qu'ils ne parviennent jamais à l'œil du fpeétateur. Cependant 1l faut obferver qu'il y a d’au- tres rayons , comme 2 , 3, qui {e rompant de 3 vers À, de là fe réfléchiffant vérs $, & de $ vers 6, puis {e rompant fuivant 6 ,7, peuvent enfin arriver à l’œil qui eft placé au-deflous de la goutte. Ce que lon a dit jufqu'ici eft très-évident : mais pour déterminer précifément les degrés de réfraétion de chaque rayon de lumiere , il faut recourir à un cal- cul par lequel il paroït que les rayons quitombent fur le quart cercle 4 D , continuent leur chemin fuivant des lignes que l’on voit tirées dans la goutte ADXN, _ To, , ARC 59 OÙ il y à trois chôfes extrèmement importantes à ob: ferver. En premier lieu , les deux réfra@tions des rayons à leur entrée &c à leur {ortie font telles que la plüpart des rayons qui étoient entrés paralleles fur la furface 4 F, fortent divergens , c’eft-à-dire , s’é- cartent les uns des ‘autres , & n’arrivent point jiuiqu’à l’œil ; en fecond lieu, du faifceau de rayons paralle- les qui tombent fur la partie À D de la goutte, il y en a.une petite partie qui ayant été rompus par la goutte, Viennent fe réurur au fond de la goutte dans le même point, & qui étant refléchis de ce point, {ortent de la goutte paralleles entre-eux commeils y étoient entrés. Comme ces rayons font proches les uns des autrés , ils peuvent agir avec force fur l’œil en cas qu'ils puiffent y entrer,&c c’eft pour cela qu'on les a nommés rayons efficaces ; au lieu que les autres s'écartent trop pour produire un effet fenfible , ow du moins pour produire des couleurs aufi vives que celles de larc-er-ciel. En troïfieme lieu, lerayon NP a une ombre ou obfcurité fous lui ; car puifqu'il ne fort aucun rayon de la furface N4, c’eft la même chofe que fi cette partie étoit couverte d’un corps opaque. On peut ajoûter à ce que l’on vient de dire, que le même rayon W P a de l’ômbre au -deflus de l'œil, pufque les rayons qui font dans cet endroit n'ont pas plus d’effet que s'ils n’exiftoient point du, tout. : De là il s’enfuit que pour trouver les rayons eff: caces , 1l faut trouver les rayons qui ont le même point de réflexion, c’eft-à-dire, qu'il faut trouver quels font les rayons paralleles &contigus , qui après la réfraétion fe rencontrent dans le même point de la circonférence de la goutte, & fe réfléchiffent de là vers l'œil, | ke | Or fuppofons que N P foit le rdyon efficace, & que Æ Ffoit le rayon incident qui correfpond à NP, c’eft-ä-dire que F'{oit le point où il tombe un petit faifceau de rayons paralleles , qui après s’être rom- pus viennent 1e réunir en À pour fe refléchir de là en N,& fortir fuivant NP, & nous trouverons par le calcul que l'angle O NP, compris entre le rayon N P & la ligne O N'tirée du centre du foleil , eft de 414 30/. On enfeignera ci-après la méthode de le déterminer, RQ. Mais comme outre les rayons qui viennent du cen- tre du foleil à la goutte d’eau, il en part une infinité d’autres des différens points de fa furface, il nous refte à examiner plufeurs autres rayons efficaces, fur-tout ceux qui partent de la partie fupérieure & de la partie inférieure de fon difque. Le diametre apparent du foleil étant d’environ 32/ , 1l s'enfuit que fi le rayon £ F pañle par le cen- tre du foleil , un rayon efficace qui partira de la par- tie fupérieure du foleil , tombera plus haut que le rayon Æ F de 16/, c’eft-à-dire fera avec ce rayon £ Fun angle d'environ 16". C’eft ce que fait le rayon GH( fig. 46.) qui fouffrant la même réfration que E F, fe détourne vers J & de là vers L, jufqu’à ce que fortant avec la même réfraétion que NP , il par- vienne en M pour former un angle de 414 14’ avec la ligne ON. SE | . De même le rayon Q R qui part de la partie infé- rieuré du féleil, tombe fur le point À 16” plus bas, c’eft-à-dire fait un angle de 16/ en deflous avec le rayon £ F; & fouffrant une réfraétion, il fe détourne vers S, & de là vers T, où pañlant dans l’air il par- vient jufqu'à 7’; de forte que la ligne TV & le rayon OT forment un angle de 414 46’. | | À l'égard des rayons qui viennent à l’œil après deux réflexions & deux réfraétions , on doit resar- der comme efficaces ceux qui, après ces deux réfle- xions & ces deux réfraétions , fortent de la goutte paralleles entre-eux. ; Supputant donc les réflexions des rayons qui vien L | Ffff 1 5% ARC nent, comme 23, (fg. 43. n°. 2.) du centre du doleil, 8 qui pénétrant dans la partie inférieure de la goutte, fouffrent, ainfi que nous l’avons fuppofé, deux re- flexions & deux réfraétions, & entrent dans loeil pat des lignes pareilles à celle qui eft marquée par 67, (fig. 47.) nous trouvons que les rayons que l’on peut regarder comme eficaces, par exemple 67, forment aveé la ligne 86 tirée du centre du foleil , un angle 867 d'environ $ 24: d’où 1l s'enfuit que lé rayon efficace qui part de la partie la plus élevée du {oleil , fait avec la même ligne 86 un angle moindre de 16” ; & celui qui vient de la partie inférieure , un angle plus grand de 16”. fmaginons donc que À B C D E FAoit la route du rayon efficace depuis la partie la plus élevée du fo- leil jufqu’à l’œil F, l'angle 86 F {era d'environ s1 & 441. De même fi G AI KL M eft la route d’un rayon efficace qui part de la partie inférieure du fo- leil & aboutit à l'œil , l’angle 86 M approche de 524 & 16/. | | Comme il ya plufeurs rayons efficaces outre ceux qui partent du centre du foleïil, cé qe nous avons dit de l’ombre fouffre quelque exception ; car des trois rayons qui font tracés (fg..45.n°. 2. 6 46.)iln'ya que les deux extrèmes qui ayent de l'ombre à leur côté extérieur. À l’égard de la quantité de fumiere , c’eft-à-dirè du faifceau de rayons qui fe réumiflent dans un cer- tain point , par exemple , dans le point de réflexion des rayons efficaces, on peut le regarder comme un corps lumineux terminé par Pombre. Au refte il faut remarquer que jufqu'ici nous avons fuppofé que tous les rayons de lummere fe rompoient également ; ce qui nous a fait trouver les angles de 414 30’ &c de 52/. Mais les différens rayons qui parviennent ainfi quiqu’à l’œil , font de diverfes couleurs , c’eft-à-dire propres à exciter en nous l’idée de différentes cou- leurs, & par conféquent ces rayons font différem- ment rompus de l’eau dans l’air } quoiqu’ils tombent de la même maniere {ur une furface refrangible : car on fait que les rayons rouges, par exemple, fouffrent moins de réfraétion que les rayons jaunes , ceux - c1 moins que les bleus, les bleus moins que les violets, ê& ainfi des autres. Voyez COULEUR. Il fuit de ce qu'on vient de dire, que les rayons différens ou hétérogenes fe féparent les uns des au- tres & prennent différentes routes, & que ceux qui font homogenes fe réuniflent & aboutiflent au même endroit. Les angles de 414 30/ & de 524, ne font que pour les rayons d’une moyenne refrangibilité , c’eft: -dire qui en fe rompant s’approchent de la perpen- diculaire plus que les rayons rouges, mais moins que les rayons violets : & de là vient que le point himi- neux de la goutte où fe fait la réfraétion, paroît bor- dé de différentes couleurs, c’eft-à-dire , que le rou- ge, le verd & le bleu, naïflent des différens rayons rouges, verds & bleus du foleil , que les différentes gouttes tranfmettent à l'œil; comme il arrive lorf- qu'on regarde des objets éclairés à-travers un prif- me. Voyef PRISME. Telles font les couleurs qu’un feul #lobule de pluie doit repréfenter à l'œil : d’où il s’enfuit qu’un grand nombre de ces petits globules venant à fe répandre dans l’air, y fera appercevoir différentes couleurs, pourvû qu'ils foient tellement difpofés que lesrayons efficaces puiflent affecter l'œil ; car ces rayons ainfi difpofés , formeront un arc-en-ciel, … Pour déterminer maintenant quelle doit être cette difpofition, fuppofons une ligne droite tirée du cen- tre du foleil à l’œil du fpettateur, telle que FX ( fig. 46.) que nous appellerons ligze d’afpeit : comme elle part d’un point extrèmement éloigné , on peut la fuppofer parallele aux autres lignes tirées du même point ; or on fait qu’une ligne droite qui coupe deux paralleles , forme des angles alternes égaux: Voyez ALTERNE. pou Imaginons donc un nombré indéfini de lignes ti- rées de l’œil du fpeétateur à l'endroit oppofé au fo- leil où font des gouttes de pluie , lefquelles forment différens angles avec la ligne d’afpeét, égaux aux an- gles de réfraétion des différens rayons refrangibles, par exemple ,-des angles de 41 46”, & de 414 30!, & de 41% 40/, ces lignes tombant fur des gouttes de pluie éclairées du foleïl , formeront des angles de même grandeur avec les rayons tirés du centre du foleil aux mêmessgouttes ; de forte que les lignes ainf tirées de l’œil , repréfenteront les rayons qui occa- fionnent la fenfation de différentes couleurs. | Celle, par exemple, qui forme un angle de 414 46! , repréfentera les rayons les moins refrangibles ou rouges des différentes gouttes ; & celle de 414 40/, les rayons violets qui font les moins refrangi- bles. On trouvera les couleurs intermédiaires &g leurs refrangibilités dans Pefpace intermédiaire. Foy, ROUGE. | On fait que l'œil étant placé au fommet d’uñ cone, voit Les objets fur fa furface comme s'ils étoient dans un cercle, au moins lorfque ces objets font aflezéloi- gnés de lui: car quand différens 6bjets font à une diftance aflez confidérable de l’œil , ils paroïfent être à la même diftance. Nous en avons donné la raïfon dans Particle APPARENT; d’où 1l s'enfuit qu’un grand nombre d’objets ainfi difpofés ; paroï- tront rangés dans un cercle {ur la furface du cone, Or l’œil de notre fpettateur eft ici au fommet com- .mun de plufeurs cones formés par les différentes efpeces de rayons efficaces & la ligne d’afpeët. Sur la furface de celui dont l’angle au fommet eft le plus grand, & qui contient tous les autres, font ces gouttes ou parties de gouttes qui paroïfflent rouges ; les gouttes de couleur de pourpre, {ont fur la fuper- ficie du cone qui fôrme le plus petit angle à fon fom- met ; & le bleu , le verd, Gc. {ont dans les cones in- termédiaires. Il s'enfuit donc que les différentes ef peces de gouttes doivent paroître comme ft elles étoient difpofées dans autant de bandes ou arcs co- lorés ,; comme on le voit dans l’arc-e-ciel, M. Newton explique cela d’une maniere plusfcien- tifique , & donne aux angles des valeurs un peu difté: rentes. Suppofons , dit-il, que O (fig. 48. ) foit Pœil du fpeétateur , & © Pune ligne parallele auxrayons du foleil ; & foient PO E, POF des angles de 404 17/, de 424 2/ , que l’on fuppofe tourner autour de leur côté commun © P : ils décriront par les extré- mités E , F, de leurs autres côtés O E & OF, les bords de l’arc-en-ciel. CarfiE, F, font des gouttes placées en quelque endroit que ce foit des furfaces coniques décrites par OE,OF, & qu’elles foient éclairées par les rayons du foleil $ E, SF ; comme l’angle S £ © eft égal à l'angle P O E quieft de 40% 17/, ce fera le plus grand angle qui puifle être fait par la ligne S Æ & par les rayons Les plusrefrangibles qui font rompus vers l'œil après une feule réflexion ; &c par conféquent toutes les gouttes qui fe trouvent fur la ligne O E, enver- ront à l’œil dans la plus grande abondance poffible, les rayons les plus refrangibles , & par ce moyenfe- ront fentir le violet le plus foncé vers la région où elles font placées. De même l'angle $ FO étant égal à l'angle POF qui eft de 42% 2/, fera le plus grand angle felon le- quel les rayons les moins refrangibles puiflent fortir des gouttes après une feule réflexion ; & par confé- quent ces rayons feront A à l’œil dans la plus grande quantité poffible par les gouttes qui fe trou- vent fur la ligne © F, & qui produiront la fenfation du rouge le plus foncé en cet endroit. Par la même raifon les rayons qui ont des degrés intermédiaires de refrangibilité , viendront dans là plus grande abondance poñfble des gouttes placées entre £ & FF, & feront fentir les couleurs intermé- diaires dans l’ordre qu'’exigent leurs degrés de re- frangibilité , c’eft-à-dire, en avançant de E en F,; ‘ou de la partie intérieure de l’arc à l’extérieure dans cet ordre ; le violet , l’indigo , le bleu, le verd, le jaune, l'orangé & le rouge : mais le violet étant mêlé avec la lumiere blanche des nuées , ce mêlan: ge Le fera paroître foible , & tirant fur le pourpre, . Comme les lignes O Æ,0 F, peuvent être fituces indifféremment dans tout autre endroit des furfaces coniquesdontnousavons parlé ci-deflus;ce que lon a dit des gouttes &descouleurs placées dans ces lignes, doit s’entendre des gouttes & des couleurs diftri- buées en tout autre endroit de ces furfaces ; par con féquent le violet fera répandu dans tout le cercle décrit par l'extrémité E du rayon O Æ autour de © P ; le rouge dans tout le cercle décrit par F, & les autres couleurs dans les cercles décrits par les points qui font entre Æ & F. Voilà quelle eft la ma- miere dont fe forme l’arc-en-ciel intérieur. Arc-en-ciel extérieur, Quant au fecond arc-en-ciel ‘qui entoure ordinairement le premier ; en aflgnant les gouttes qui doivent paroître colorées, nous ex- cluons celles qui partant de l'œil font des angles un peu au-deflous de 424 2/, mais non pas celles qui en font de plus grands. Car f l’on tire de l'œil du fpedateur une infinité de pareilles lignes, dont quelques-unes faflent dès angles de 50457/ avec la ligne d’afpeét, par exem- ple, 0 G; d’autres des angles de 5417, par exem- ple, O Æ'; il faut de toute néceflité que les gouttes ur lefquelles tomberont ces lignes faflent voir des couleurs, furtout celles qui forment l'angle de 50457". Par exemple, la goutte G paroîtra rouge, la ligne GOQ étant la même qu'un rayon eflicace, qui après. deux réflexions & deux réfraéions , don- ne le rouge ; de même les gouttes fur lefquelles tom- bent les lignes qui font avec O P dés angles de 54% 7, par exemple, la goutte À, paroïtra couleur de pourpre ; la ligne O A étant la même qu'un rayon efficace , qui après deux réflexions & deux réfrac- tions donne la couleur pourpre. . : Ors'ily a un nombre fufifant de cés gouttes, & que la lumiere du foleil foit aflez forte pour n'être pointtrop affoiblie par deux réflexions & réfraétions confécutives , il eft évident que ces gouttes doivent former un fecond arc femblable au premier. Dans les rayons les moins refrangibles , le moindre angle fous lequel uné goutte peut envoyer desrayons efi- caces après deux réflexions , a été trouvé par Le cal- culde 50 d57/,8 dans les plus réfrangibles,de 5 4477. Suppofons l'œil placé au point O, comme ci-de- vant , & que PO G, P O A, foient des angles de sod 57/, & de 5447: fi ces angles tournent au- tour de leur côté commun © P , avec leurs autres côtés 0G, O H, ilsdécriront les bords de larc-en- cielC H D G, qu'ilfaut imaginer, non pas dans le même plan que la ligne O P , ainfi que la figure le repréfente , mais dans un plan perpendiculaire à cette ligne. | #2, | Car f GO font des gouttes placées en quelques endroits que ce foit des furfaçces coniques décrites par O G, OH, & qu’elles foient éclairées par les tayons du foleil; comme l’angle SG O eft égal à Pangle P O G de soû ÿ7', ce fera le plus petit angle qui puifle être fait par les rayons les moins refran- gibles après deux réflexions ; & par conféquent tou- tes les gouttes quife trouvent furla ligne O G énver- ront à l'œil dans la plus grande abondance poñfible les rayons les moins refrangibles, & feront fentir par ce moyen le rouge le plus foncé vers la région où elles font placées; | À RC 597 De même Pangle S AO étant égal à l'angle P O H qui eft de 542 7", fera le plus petit angle fous lez quel les rayons les plus refrangibles pufient fortir des gouttes après deux réflexions ; & par conféquent ces rayons feront envoyés à l'œil dans la plus gran- de quantité qu'il foit poflible par les gouttes qui font placées dans la ligne O H, & produiront la {en- fation du violet le plus foncé dans cet endroit. .… Par la même raifon les rayons qui ont des degrés intermédiaires de refrangibilité , viendront dans la plus grande abondance poffble des gouttes entre & & H, & feront fentir les couleurs intermédiaires dans l’ordre qu’exigent leurs degrés de refrangibi- lité , c’eft-à-dire, en avançant de G en #, ou dela partie intérieure de l'arc à l’extérieure dans cet or- dre » le rouge , l’orangé , le jaune, le verd , le bleu, Pindiso , & le violet. Et comme les lignes O G, O A, peuvent être fe tuées indifféremment en quelqu’endroit que ce {oit des furfaces coniques , ce qui vient d’être dit des gouttes &c des couleurs qui font fur ces lignes , doit être appliqué aux gouttes & aux couleurs qui font en tout autre endroit de ces furfaces. C’eft ainfi que feront formés deux ares colorés 3 l’un intérieur, & compoié de couleurs plus vives, par une feule réflexion ; & l’autre extéricur , & com- polé de couleurs plus foibles par deux réflexions. Les couleurs de ces deux arcs feront dans un or- dre oppolé lune à l’égard de l’autre; le premier ayant le rouge en dedans, & le pourpre au-dehors ; & le fecond le pourpre en dehors, & le rouge en dedans ; & ainf du réfte. Arc-en-ciel artificiel. Cette explication de l’arc-en- ciel eft confirmée par une expérience facile : elle confifte à fufpendre une boule de verre pleine d’eau en quelqu’endroit où elle foit expofée au foleil, & d’y-jetter les yeux en fe plaçant de telle maniere ! que les rayons qui viennent de la boule à Poœil puif- {ent faire avec les rayons du foleil un angle de 42 ou de 504 ; car fi l’angle eft d'environ 42 ou 434; le fpettateur ( fappofé en © ) verra un rouge fort vif fur le côté de la boule oppofé au foleil, comme en F; & ficet angle devient plus petit ; comme il arrivera en faifant defcendre la boule jufqu’en Æ, d’autres couleurs paroïtrontfuccefivementfur lémèé- me côté de la boule, favoir,le jaune,le verd,&clebleu. Maïs fi l’on fait l’angle d'environ jo, en hauf- fant la boule jufqu’en G , il paroïtra du rouge fur lé côté de la boule qui eftversledoleil, quoiqu’un peu foible ; & fi l’on fait l’angle encore plus grand , en hauffant la boule jufqu'en Æ, le rouge fe changera fucceffivementen d’autres couleurs , enjaune, verd, & bleu. On obferve la même chofe lorfque , fans faire changer de place à la boule , on haufe ou on baifle Pœil , pour donner à l’angle une grandeur convenable. On produit encore , comme nous l’avons dit, un arc-en-ciel artificiel , en {e toutnant de dos au {oleil, & en.jettant en haut de l’eau dont on aura rempli fa bouche ; car on verra danscette eau les couleurs dé arc-en-ciel, pourvû que les souttes foient pouflées aflez ‘haut pour que les rayons tirés de ces gouttes à l'œil du fpettateur faflent: des anoles de plus dé 4axd avec le rayon O P, Dimenfion de l'arc-en-ciel. Defcartes a le-premier déterminé fon diametre par une méthode indirecte, avancant que fa grandeur dépend du depré de ré- fradion du fluide , & que le finus d'incidence eft à celui dé réfraétion dans l’eau, comme 250 à 187: Voyez REFRACTION. Ta M. Halley a depuis dofné dans les Tranfaétions philofophiques, uñe méthode fimple & dirétte de déterminer le diametre dé l’arcentiel, en fuppofant donné le degré de réfraftion dufluide, ou récipro- 598  RC ‘quemeht de déterminer la réfraétion du fluide pat la ann Finiflons cet article. par une réflexion philofophi- AR C: que. On ne fait pas pourquoi une pierre tombe, & on fait la caufe des couleurs de l’arc-erz-ciel, quoique ce dernier phénomene foit beaucoup plus farprenant que le premier pour la multitude. Il femble que lé. tude de la nature {oit propre à nous enorgueillit d’une part, & à nous humuilier de l’autre. (0) ARC DE CLOISTRE, Architeüture & Coupedes pierres. On appelle ainfi une vote compoiée de deux, trois, quatre, ou plufeurs portions de berceaux qui fe rencontrent en angle rentrant dans leur concavité, comme les portions 4 BC, figure 3, Coupe des pierres, enforte que leurs côtés forment le contour de la voûte en polygone. Si les berceaux cylindriques fe rencon- troient au contraire en angle faillant fur la concavi- té, la voûte changeroït de nom ; elle s’appelleroïit voÂte d'aréte. Voyez ARÊTE. (D) ARC-DOUBLAU, c’eft une arcade en faillie fur la douille d’une voûte. ARC-DROIT , ( Coupe des pierres. ) c’eft la fe&ion d’une voûte cylindrique perpendiculairement à fon axe. ARC-RAMPANT, (Coupe des pierres) c’eft celui dont les impoftes ne font pas de niveau. Voyez la figure 2. Coupe des pierres. * ARCS BE TRIOMPHE (Hif. anc. € mod.); grands portiques ou édifices élevés à l’entrée des villés ou fur des paffages publics, à l'honneur d’un vainqueur à qui l’on avoit accordé le triomphe, ou en mémoire de quelque évenement important. On élevoit auffi des arcs de triomphe aux dieux. Une inf- cription confervée dans les regiftres de l’hôtel-de- ville de Langres, montre que dans ces monumens on aflocioit même quelquefois les hommes aux dieux : voici cette infcription. Q. SEDULIUS FIL. * * filius. SEDULI MAJOR Dis MaARIS AC AUG.* ARCUM * Auguflo. STATUAS IDEM M.* 0. D. * Murs OÙ UNICePS dedicavit. Quintus Sedulius fils aïné d'un autre Sedulius ; a dédié aux dieux de la mer & à Augufte l'arc de triomphe 6 les LES, Ces édifices étoient ordinairement décorés de fta- tues & de bas-relefs , relatifs à la gloire des dieux & des héros, & à la nature de l’évenement qui en avoit occafñonné la conftruétion. Plufeurs arcs de triomphes des Anciens font encore fur pié : celui d’O- range, qui fait une des portes de cette ville, fut érigé, à ce qu'on croit, à l’occafon de la viétoire de Caius Marius & de Catulus fur les Teutons, les Cim- bres & les Ambrons. On en peut voir dans les anti- quités du favant Pere Montfaucon , un deflein fort exatt : cet are a environ onze toifes de long, fur dix toifes en fa plus grande hauteur. Il:eft compofé de trois arcades embellies en-dedans de compartimens, defeuillages, de fleurons & de fruits, & filetées avec foin. Sur l’arcade du milieu eftune longue table d’at- tente, & la repréfentation d'une bataïile de gens de pié & de cheval, les uns armes & cofiverts, les autres nuds. Sur les petites poites des côtés des quatre ave- nues font des amas de boucliers, de dagues, coute- las, pieux, thrombes , heaumes &c habits, avec quel- ques fignesmilitaires retevés en boffe. On y voit auf. d’autres tables d'attente, avec des trophées d’aétions navales, desroftres, des acroîtyles , des ancres, des proues, des apluftes, des rames, & des tridens. Sur les trophées du côté du levant eft un foleil rayonnant dans un petit arc femé d'étoiles; au haut de l'arc, fur la petite porte gauche du {eptentrion, font des inf- trumens de facrnifices ; à la même hauteur, du côté du midi, eft une demi-figure de vieille femme, en- tourée tourée d’un grand voile comme l'éternité. Les frifes principales font parfemées de foldats combattans à pié. Il réfulte de cette defcription, que cet arc tr1om- phal a été conftruit à Poccafñon de deux viétoires, lune fur mer & l’autre fur terre, & qu'il y a tout lieu de douter que ce foit celui de Caïus Marius & de Ca- tulus. Il y a à Cavaillon les ruines d’un arc de triomphe; à Carpentras les veftiges d’un autre ; à Rome celui de Tite eft le plus ancien & le moins grand de ceux qui fubfiftent dans cette ville. Celui qu’on appelloit de Portugal, arco di Portogallo , a excité de grandes conteflations entre les Antiquaires, les uns préten- dant que c’étoit l’arc de Domitien, d’autres celui de Marc - Aurele : mais Alexandre VII. fe propofant d’embellir la rue qu’on appelle z/ corfo , fit examiner cet arc qui la coupoit en deux, On reconnut que la ftru@ure en étoit irréguliere dans toutes fes parties; que les ornemens n’en avoient entr’eux aucun rap- pôrt , & que le plan & le terrein fur lequel il étoit conftruit ne s’accordoient point avec les anciens ; d’où l’on conclut que cet édifice étoit moderne, qu’on l’avoit formé de bas-reliefs , de marbres anti- ques, & d’autres morceaux raflemblés au hafard ; & il fut détruit. Il y a deux arcs de Severe, le grand & le petit : le grand eft au bas du capitole, Le Serlio a prétendu que c’étoit auffi un amas de ruines différentes rap- portées: mais la conjetture de cet architeéte eft ha- fardée. Voyez cet arc & fes ruines fig. 3. & 4. PL. TI. de nos Antiquir, I eft à trois arcades. Dans les bas- reliefs qui font au-deffus des petites arcades de côté, on voit Rome aflife, tenant en fa main un globe, & relevant un Parthe fuppliant. Viennent des foldats, dont les uns menent un captif & les autres une cap- tive, les mains liées. Sur le milieu eft une femme afife, qu’on prendroit aifément pour une province, Suivent des chariots chargés de dépouilles , les uns tirés par des chevaux , les autres par des bœufs. Ce bas-relief fert pour ainfi dire de bafe à un autre, où l’on voit Septime Severe triomphant & accueilli du peuple avec les acclamations & les cérémonies or- dinaires. Le petit arc de Severe qui eft auprès de S. Geor- ge 1n velabro, à Rome, a quelques morceaüx d’ar- chitelture remarquables. On voit fur un des petits côtés Severe qui facrifie en verfant fa patere fur'le foyer d’un trépié : ce prince eft voilé. On croit que la femme voilée qui eft à fes côtés, eft ou fa femme Julia,ou la Paix avec fon caducée. Il y avoit derriere, une troifieme figure qui a êté enlevée au cifeau ; c’é- toit Geta, fpeétateur du facrifice. Après que Cara- calla fon frere l’eut tué , 1l fit ôter {a figure & fon nom des monumens publics. Au-deflous de ce facri- fice font des inftrumens facrés, comme le bâton au- gural , le préféricule, l’albogalerus, &c. Plus bas en- core eft l’immolation du taureau; deux viétimaires le tiennent, un autre le frappe. Le tibicen joue des deux flûtes. Camille tient un petit coffre. Vient en- fuite le facrificateur voilé avec une patere; ce fa- crificateur fans barbe pourroit bien être Caracalla. Le grand morceau qui fuit eft entre deux pilaftres d'ordre compofite, Sur la corniche entre les chapi- teaux 1l y a deux hommes, dont l’un verfe de fon vafe dans le vafe de l’autre. Deux autres plus près des chapiteaux tiennent, l’un un préféricule , & l’au- tre une acerre, Plus bas font deux captifs , les mains liées derriere le dos, & conduits par deux foldats. Au-deflous font des trophées d'armes; & plus basun homme qui chafle des bœufs. C’eft tout ce qu’on apperçoit dans la planche du Pere de Montfaucon. L’arc de Galien fe reffent un peu des malheurs du tems de cet empereur. L’empire étoit en combuftion. Les finances étoient épuifées, Les particuliers ayoient Tome I, ARC 6ox: entérré leurs richefles. Marc-Aurele Viétor fit élever ce monument en l’honneur de Galien & de Salonine fa femme. L’infcription eft, cuyus inviéfa virtus fola pietate fuperata eff, ce qui ne convient guere à Ga- lien, qui vit avec joie Valerien fon pere tomber en- tre les mains des Parthes. Les chapiteaux font d’or dre corinthien d’un goût fort médiocre. On s’apper- çoit là que les arts tomboient & fuivoient le fort de Pempire. L’erc de Conftantin eft un des plus confidérables on y voit les batailles de Conftantin , & il eft orné dé monumens tranfportés du forum Trajani ; c’eft ce- lui de notre Planche LIT. d’Antiq. fig, 2. 6 2. les têtes & les mains qui manquent aux ftatues pofées fur le haut de l’arc , ont été enlevées furtivement, L’arc de Saint-Renu en Provence n’a qu’une porte large, au-deflus de laquelle , 8 fur chaque côté, on a placé une viétoire. Il y a à côté de la porte entre deux colonnes cannelées , deux figures d'hommes maltraitées par le tems. Outre ces ares de triomphe anciens, les médaillons en offrent un grand nombre d’autres, Ceux qui feront curieux d'en favoir davantage, n’auront qu’à par- courir le quatrieme volume de l’Arriq. expliquée, Mais les modernes ont aufli leurs arcs de triomphe s car On ne peut donner un autre nom à la porte de Peyro à Montpellier , aux portes de faint Denys, de faint Martin, & de faint Antoine à Paris, Outre les arcs de triomphe en pierre, il y a des arcs de triomphe d’eau ; tel eft celui de Verfailles, du deffein de M. le Nautre. Ce morceau d’architeéture eft un portique de fer ou de bronze à jour , où les nuds des pilaftres, des faces & des autres parties renfermées entre des or- nemens , {ont garnis par des nappes d’eau. * ARCACHON ( goffe d’) ou d'ARCASSON , pe- tit golfe de la mer de Gafcogne , entre l’embouchüre de la Garonne & celle de PAdour, Il y a dans le voi- finage un cap de même nom. ARCADE , ff. en Architeëlure , {e dit de toute ouverture dans un mur formée par le haut en plein cintre ou demi-cercle parfait. 7. Arc é& VOTE, en Latin forrx. ARCADE fente , eft une faufle porte où fenêtre cintrée, pratiquée dans un mur d’une certaine pro fondeur, pour répondre à une arcade percée , qui lui eft oppofée ou parallele , ou feulement pour la dé- coration d’un mur. (P) ARCADE , er Jardinage, fe dit d’une paliffade formant une grande ouverture cintrée par le haut, qui peut être percée juiqu’en bas, ou être arrêtée {ur une Banquette de charmille. Les arcades {e plantent de charmilles, d'ifs, d’or- milles, de tilleuls, & même de grands arbres rappro- chés. Le terrein frais & marécageux leur eft abiolu=- ment néceflaire, ou du-moins une terre extrèmement forte. - On donne à ces arcades pour jufté proportion de leur hauteur, deux fois ou deux fois & demie leur largeur. Les tremeaux auront trois ou quatre piés de large; au-deflus on éleve une corniche ou bande plate de deux. ou trois piés de haut, taillée en chan- frain , & échappée de la même charmille , avec des boules ou aigrettes fendues en forme de vafes fur chaque tremeau; s’il y a quelque corps faillant , tel qu'un focle , un claveau, ce ne doit être au plus que de deux ou trois pouces. Il eft néceflaire de tondre quatre fois l’année ces fortes de paliffades pour leur conferver plus exac- tement la forme contrainte où on les tient. (X) ARCADE ; c’eft , durs les manufaïtures de Soxerie,, une ficelle de la longueur de cinq piés, pliée en deux, bouclée par le haut, où du moins arrêtée par un nœud en boucle ; c’eft dans cette boucle qu’on paffe la corde de rame; quant aux deux bouts, ils fe ren Gegg + 602 A RC dent dans des planches percées qu'ils traverfent &c {ervent à tenir les mailles de corps qui leur font at- tachées ; c’eft par le moyen de l’arcade que le deffein eft répété dans létoffe ; elle fe pafle de deux façons, à pointe & à aile ou à chemin. L’arcade {e pale à poin- te pour les defleins à fymmetrie &r à deux parties éga- lement femblables, placées l’uneà droite & l’autre à gauche ; elle eft à aîle ou à chemin lorfque le def {ein ne peut fe partager en deux parties égales & fym- métriques fur fa longueur. Il faut obferyer que dans les defleins qui demandent des arcades à pointe, l’ex- trémité d’une fleur fe pouvant trouver compofée d’une feule corde qui tireroit les deux mailles jointes enfemble , elle formeroit un quarré ou une décou- pure trop large, proportionellement aux autres mail- les qui font féparées , & qui contiennent neuf à dix fils chacune ; pour éviter ce petit inconvénient, on a la précaution de ne mettre dans chacune des deux mailles qui fe joignent à la pointe , que la moitié des fils dont les autres font compofées , afin que le vo- lume des deux ne fafle que celui d’une ; ce qui s’ap- pelle en terme de l’art , corrompre le courfe. Voyez VE- LOURS CISELE. ARCADE, ez Pallementerie, eft un morceau de fer plat , haut de trois à quatre lignes, allant en aug- mentant depuis. les extrémités jufqu’au centre , où 1l a à peu près le tiers de largeur de plus , & où :1l eft percé de trois trous ronds qui donnent paflage aux guipures qui fervent à la livrée du Roï & autres qui portent comme celle-ci de pareilles guipures ; les deux extrémités font terminées en rond pour fervir à l’ufage que l’on expliquera en fon lieu ; ce mor- ceau de fer eft encore arrondi en demi-cercle fur le dedans, & au centre de cet arrondiflement eft atta- chée une autre petite piece de fer d’égale hauteur que le centre : cette piece eft percée en fon mulieu d’un feul trou dont on dira l’ufage ; les extrémités terminées en rond portent elles-mêmes deux petites éminences de fer rivées fur leurs faces ; ces émunen- ces rondes fervent à entrer dans les deux trous du canon à grands bords , en élargiflant un peu ladite arcade qui obéit aflez pour cet effet. Ce canon eft percé dans toute {a longueur d’un trou rond, tant pour être propre à être mis dans la broche du rouet, que pour être chargé des trois brins de guipures dont on le remplit; ce trou fertencore à recevoir dans fes deux extrémités les petites éminences dont on a auffi parlé. Ces trois brins paflent tous d’abord dans le feul trou de la petite piece, enfuite chacun d'eux pañle dans chacun des trois trous du devant. Voici à prélent la maniere de charger le canon appellé 4 grands bords : ce canon étant à la broche du rouet à faire de la trame , il faut tenir les trois brins de eui- pures les uns à côté des autres entre le pouce & le doigt index de la main gauche , pendant que la droi- te fait tourner le rouet ; on conduit af également cette guipure le long de ce cañon le plus uniment qu'il eft poffible pour éviter les läches qui nuiroient à l'emploi: voici à préfent {on ufage ; cette arcade fert comme la navette à introduire ce qu’elle con- tient à travers la levée de la chaine, & y arrêter par ce moyen les guipures qui forment différens en- trelacemens, qui, comme il a été dit en commençant, ornent la livrée du Roi & autres: il faut tohjours deux arcades dont l’une fait la répétition de l’autre , mais chacune de fon côté. ARCADE,, er Paflementerie, eft encore une efpece d’anneau de gros fil d’archal , qu'on a attaché au mi- lieu &c fur l’épaifleur du retour , en faifant entrer {es deux bouts dans le bâton du retour. Voyez RETOUR. ARCADE , en Serrurerie , eft dans les balcons , ou rampes. d’efcalier, la partie qui forme un fer à che- val, & qui fait donner à ces rampes & balcons le nom de rampes en arcade, ou balcons en arcade. ARC ARCADES ( Academie des){.m.pl.F. ARGADIENS; * ARCADIA (1°) o4 ARCADIE (Géog. ) ville de la Morée, proche le golfe de mêmenom, dans la province de Belvedere. Long. 39. 30. lat. 37. 27. * ARCADIE ( Géog. anc. & mod. ) province du Péloponefe , qui avoit l’Argolide on pays d’Arsos au levant, l’Elide au couchant , l’Achaie propre au feptentrion , & la Meflinie au midi. Elle étoit divi- fée en haute & baffe Arcadie : tout ce pays eft connu aujourd’hui fous le nom de Tyaconie, * ARCADIE ox ARCHADIE, ville autrefois af fez renommée dans l’ile de Crete on de Candie. Le golfe d’Arcadie eft le Cypariffus finus des anciens. * ARCADIENS, f. m. pl. ( Æ1f£. Lirér. ) nom d'une fociété de favans qui s’eft formée à Rome en 1690 , & dont le but eft la confervation des Lettres, & la perfetion de la poëfie [talienne. Le nom d’4r- cadiens leur vient de la forme de leur gouvernement, & de ce qu’en entrant dans cette Acadèmie , chacun prend le nom d’un berger de l’ancienne Arcadie. Ils s’éhfent tous les quatre ans un préfident , qu'ils ap- pellent le gardien , & ils lui donnent tous les ans dou-- ze nouveaux aflefleurs : c’eft ce tribunal qui décide de toutes les affaires de la fociété. Elle eut pour fon. dateurs quatorze favans. , que la conformité de fen- timens , de goût & d’étude raffembloit chez la reine Chriftine de Suede, qu'ils fe nommerent pour pro teétrice. Après fa mort leurs lois, au nombre de dix, furent rédigées en 1696 , dans la langue & le ftyle des douze tables , par M. Gravina ; on les voit ex- pofées fur deux beaux morceaux de marbre dans le Serbatojo , falle qui fert d'archives à PAcadèmie ; el- les font accompagnées des portraits des Acadèmi- _ciens les plus célebres , à la tête defquels on a mus le pape Clément XI. avec fon nom pañtoral , 4/rano Melleo. La fociété a pour armes une flûte couronnée de pin & de laurier ; elle eft confacrée à Jefus-Chrift naïflant ; & fes branches fe font répandues , fous dif- férens noms, dans les principales villes d'Italie : celles d’Aretio & de Macerata s'appellent Ze Forgata; celles de Bologne , de Venife & de Ferrare l’Arimo- Ja ; celle de Sienne la Phyfica-critica ; celle de Pie lAlphaja ; celle de Ravenne, dont tous les membres {ont éccléfiaftiques , la Camaldulenfis, &c. Elles ont chacune leur vice-gardien ; elles s’afflemblent fept fois par an, ou dans un bois, ou dans un jardin , ou dans une prairie , comme il convient ; les premieres féan- ces fe tinrent fur le mont Palatin, elles fe tiennent aujourd’hui dans, le jardin du prince Salviati. Dans les fix premieres on fait la leêture des Arcadiens de Rome. Les Arcadiennes de cette ville font lire leurs ouvrages par des Arcadiens. La feptieme eft accor- dée à la leêture des Arcadiens aflociés étrangers. Tout poftulant doit être connu par fes talens , & avoir, comme difent les 4rcadiens , la noblefle de mérite ou celle d’extrattion, & vingt-quatre ans accomplis. Le talent de la poëfie ef le {eul qui puiffe ouvrir la por- te de l’Académie à une dame. On eft reçù ou par l’acclamation , ou par l’errélement, où par La repréfèn- tation , ou par la furrogation , ou par la defhination : l’acclamationeft la réunion des fuffrages fans aucune délibération; elle eft réfervée aux Cardinaux, aux Princes & aux Ambafladeurs : l’enrôlement eft des dames & des étrangers : la repréfentation , des éle- ves de ces colléges où l’on inftruit la nobleffe : la fur- rogation , de tout homme de Lettres qui remplaceun Académicien après fa mort : la deftination , de qui- conque a mérité d'obtenir un nom Arcadien,avec l'en: gagement folemnel de l’Académie , de fuccéder à la premiere place vacante. Les 4rcadiens comptent par olympiades ; ils les célebrent tous les quatre ans par des jeux d’efprit. On écrit la vie*des Arcadiens. No- tre des Yvetaux auroit bien été digne de cette focié- té; Ü faifoit paflablement des vers ; il s’étoit réduit dans les dernieres années de fa vie à la conditiof de berger, & il mourut au fon de la mufette de fa ber- pere : l’Académie auroit de la peine à citer quelque exemple d’une vie plus Arcadienne, & d’une fin plus paftorale. Voyez ACADÉMIE. R * ARCALU ( PRINCIPAUTÉ D’ }) petit état des Tartares-Monguls, fur la riviere d'Hoamko, où com- ‘ mence la grande muraille de la Chine , fous le 122° degré de longitude & le 42° de latitude feptentrio- ne | | ARCANE ,, f. m.( Chimie. ) On fe fert ordinaire- ment de ce mot pour défigner un remede fecret, un remede dont la compofition n’eft pas connue ; ce qui rend ce remede myftérieux & plus eftimable pour le vulgaire, ou pour ceux qui pechent par l’éduca- tion ou par l’efprit. On diroit que ces perfonnes veu- lent être trompeées , & fe plailent à être les dupes de ces fanfarons en Medecine, qu’on nomme charlatans. Les hommes agités par leurs pafhions détruifent la fanté dent ils jouiflent ; &c aveugles par de dange- reux préjugés, 1ls s’en impofent encore fur les moyens de recouvrer cette fanté précieufe lorfqu’ils l’ont per- due. Ils blâment injuftement la Medecine comme une Science extraordinairement obfcure ; cependant en ont-ils befoin , ils m'ont pas recours à ceux qui par leur étude & leur application continuelle pourroient en avoir diflipé les prétendues ténebres ; & dans leurs maladies ; ils s’en rapportent à des ignorans. Tout le monde eft Medecin, c’eft-à-dire tous les hommes jugent fur la Medecine décifivement , com- me s'ils étoient certains de ce qu’ils difent ; & en mê- ne tems ils prétendent que les Medecins ne peuvent qu'y conjetturer. L | On ne doit avancer que la Medecine eft conjéttu- rale, que parce qu’on peut dire que toutes les con- noïflances humaines le font: mais fi on veut exami- ner fincerement la chofe, & juger fans prèjugé ; on trouvera la Medecine plus certaine que la plüpart des autres Sciences. . Eneffet, fi une Science doit pafler pour certaine lorfqu’on en voit les regles plus conftamment fui- vies , les Medecins font plus en droit de réclamer cé témoignage en leur faveur que les autres Savans. Quel contrafte de maximes dans l’éloquence , la po- ltique & la Philofophie ! Socrate a fait oublier Py- thagore ; la do&rine de Socrate a de même été chan- géé par Platon fon eleve ; Ariftote formé dans l’école de Platon, femble n’avoir écrit que pour le contre- dire. - Et pour fe rapprocher de nos jours , nos peres ont vüDefcartes fonder fon émpire fur Les ruines de l’an- cienne Philofophie : les fuccès ont été fi éclatans, qu’il fembloit avoir fait difparoiïtre devant lui tous les Philofophes ; 8 cependant moins d’un fiecle a fufñi pour changer prefque toute fa doëtrine : celle de Newton y a fuccédé , & plufeurs Philofophes cenfu- rent aujourd'hui celle-c1. - Au milieu des ruines des écoles de Pythagore , de Socrate, de Platon , d’Ariftote , de Defcartes & de Newton , Hippocrate qui vivoit avant Platon , fe foûtient & jouit à préfent de la même eftime que fes contemporains lui ont accordée ; fa doëtrine fubfifte, au lieu que celles des autres Savans fes contempo- rains font oubliées ou décriées. Cependant Hippocrate n’étoit pas un plus grand homme que Socrate ou que Platon : fi la doétrine de ce Medecin a été plus durable que celle de ces Sa- vans, c’eft que la Medecine dont Hippocrate a traité, a quelque chofe de plus conftant que n’ont les Scien- ces que ces grands Philofophes cultivoient. Cette foule d'opinions littéraires ou philofophi- ques, qui tour-à-tour ont amufé le monde, eft enfeve- lie depuis long-tems ; & l'Art qui a pour objet la fanté des hommes , elt ençore aujourd’hui à peu près le Tome Z, | ARC 603 même qu'il étoit du tems d’Hippoérats, malgré lim menfe intervalle des tems , malgré les changemens néceflaires qu'ont introduits en Médecine la variété des climats, la différence des mœurs , les maladies inotiies aux fiecles pañlés ; toutes les découvertes fai. tes par Galien, par Avicenne;, par Rafis, par Fernel &c par Boerhaave , n’ont fervi qu’à confirmer les an- ciennes. + A PE ; f Pour juger la Philofophie, on ouvre les ouvrages des premiers Philofophes. S'agit-il de la Medecine; on laifle là Hippocrate & Boerhaave , & l’on va chercher des armes contre elle dans les livres & la conduite des gens qui n’ont que le nom de Medecin. On lui objeëte toutes les rêveries des Alchimiftes ; entre lefquelles les arcanes ne font pas oubliés. : Il eft du devoir d’un citoyen de faire tous fes ef- forts pour arracher les hommes à une prévention qui expole fouvent leur vie , tant en les écartant des vrais fecours que la fcience & le travail pourroient leur donner, qu’en les jettant entre les mains de pré- tendus poflefleurs de fecrets, qui achevent de leur ôter ce qui leur refte de fanté. Combien d'hommes ont êté dans tous les tems , & font encore tous les jours, les viétimes de cette conduite ! C’eft pourquot les Magiftrats attentifs à la confervation de la vie des citoyens , fe font toûjours fait le plus eflentiel devoit: de leurs charges de protéger la Medecine ; & ont donné une attention particuliere à cette partie du gouvernement ; fur-tout en réprimant l’impudence de ces impofteurs , qui pour tenter & exciter la con- fiance du peuple qw’ils trompent, ont des fecrets pour tout , & promettent toùjours de guérir: ARCANE-CORALLIN , ( Chim. med. ) c’eft le pré- cipité rouge adouci par l’efprit de vin. Ærcane veut dire fecrer ; & corallin veut dire ici, de couleur de co- rail. En difant arcane-corallin, on dit une compoñtiom ou un remede fecret qui eft rouge comme du corail. Paracelfe a quelquefois nommé larcane-corallin , dia- celta teflon. Pour fairé l’arcane-corallin , 1l faut commencer par faire le précipité rouge ; & pour faire le précipité rouge , on met dans un matras ou dans une pole de verre parties égales de mercure &'d’efprit de nitre. Eorfque la diflolution eft faite ; on la met dans une petite cornue que l’on place dans du fable fur le feu ; On ajuite un récipient à cette cornue , & on en lute les jointures. î Enfuite on diftille jufqu’à fec, & on reverfe dans la cornue ce qui a difillé dans le récipient. On fait rediftiller , 8 on remet dans la cornue ce qui eft pañlé dans Îe récipient. On réitere ainfi cette opération jufqu’à cinq fois : On a par ce moyen un beau préci- pité rouge quu eft en feuillets comme du talc. Il faut à la derniere diftillation augmenter le feu jufqu’à faire roupir la cornue. Il y en a qui au lieu de faire le précipité rouge par la diftillation , comme on vient de le dire, le font par l’'évaporation : 1ls mettent. dans une phiolé ou dans un matras à cou court , parties égales de mercure & d’efprit de nitre ; enfuite ils mettent le vaifleau fur le fable à une chaleur douce. Lorfque la diffolution du mercure eft achevée , 1ls augmentent doucement le feu pour diffiper ce qui refte d’efprit de nitre & toute l'humidité; ce qui donne un précipité blanc . qui devient jaune en augmentant le feu deflous. En- fuite on met ce précipité dans un creufet qu'on place au mulieu des charbons ardens ; le précipité devient rouge par la force du feu ; cependant il n'eft jamais aufh rouge que celui dont on a donné auparavant la préparation. Et lorfque pour tâcher de Le rendre auf rouge on employe plus de feu, il devient moins fort ; parce que le feu difipe de l’acide ; & même on réta- blit par là en mércure coulant, une partie du préci- - : CeSET 604 ARC pité: on trouve des globules de mercure au couver- cle du creufet. ES Le précipité rouge fait par la diflillation eft d’au- tant plus fort, qu'il devient plus rouge ; parce qu'il ne devient plus rouge que par la cohobation qui y concentre plus d'acide. Ily a des fripoñs qui vendent du minim pour du précipité rouge. Un des moyens de diftinguer l’un de l’autre , c'eft de verfer deffus de l’efprit de nitre: inais le plus sûr moyen d’éprouver le précipité, c’eft d’en mêler trois parties avec deux de tartre crud , & une de falpetre, qu’on fond enfemble dans un creu- {et.. Si c’eft du minium , ou s’il y en a avec le préci- pité, ontrouve après cette opération du plomb dans le fond du creufet. Voyez PRÉCIPITÉ. Onne doit point employer intérieurement le pré- cipité rouge qu’on n’en ait fait l’arcane-corallin, Cette opération fe fait en verfant fur le précipité rouge fait par cohobation de Pefprit-de-vin, jufqu’à ce qu'il en foit couvert. Il faut employer un elpnit de vin bien rettifié, & y mettre le feu ; enfuite on fait {écher, & on réitere quatre fois; & même felon quel- ques Chimiftes, on y brüle auf de l’efprit- de -vin jufqu’à fept fois. | L’arcane-corallin eft par ce moyen fort différent du précipité rouge : l’efprit-de-vin y apporte un grand changement. Il y a autant de différence entre l'arca- ne-corallin & le précipité rouge, qu'il y en a entre l’efprit de nitre, qui eft une eau-forte, &e lefprit de nitre dulcifié , qui eft une liqueur agréable. On fait peu d’ufage de l’arcane-corallin : cepen- dant il eft fort efficace en Medecine , & 1l feroit bon de s’en fervir dans des cas de maladies opimiâtres qui réfiftent aux remedes ordinaires. Il eft très-bon de fimplifier la pratique de la Mede- cine, c’eft-à-dire, il eft. à propos de ne pas donner plus de remedes qu’il n’en eft néceflaire, & 1l faut les donner les plus faciles & les plus fimples qu'il eft poffble : mais il eft des maladies qui exigent plus de remedes, & desremedes plus forts, fans lefquels ces maladies reftent incurables ; & ce que fait un Medecin qui a traité par les remedes fimples & or- dinaiïres,, ne fert fouvent que de préparation pour un. remede plus efficace ; le malade ennuyé de ne pas guérir, reçoit quelquefois ce remede d’un charlatan qui le donne fans connoïflance, au lieu que le Me- decin pourroit Le donner méthodiquement. S1le Me- decin fe conduifoit ainfi ,.1l ne feroit que fuivre le confeil d’Hippocrate qui dit : welius ej? anceps adhi- bere remedium quam nullum. On peut regarder l’arcane-corallin comme un des plus grands fondans des humeurs froides ou véroli- ques, qui font des tumeurs ou des ulceres cancéreux. 11 produit anfi de bons effets dans certaines hydropi- fes & dans de vieilles maladies de la peau , comme {ont certaines dartres. L’arcane-corallin eft un bon remede pour les vieil- {es véroles dont le dépôt eft dans les parties folides du corps , comme dans les os, Il ne réuflit pas fi bien our les véroles qui ne font fenfbles que dans les Mibier , tur-tout fi elles font nouvelles; pour cel- Jes-là, le mercure crud pris en friétion où autrement, “vaut mieux. ‘On fait prendre l’arcane- corallin ou comme éva- éuant ; où comme purifiant. Lorfqu’on le donne com- me évacuant , on le fait prendre à la dofe de trois grains ; aux perfonnes délicates , on n’én donne qu'un grain; & aux perfonnes robufles , on en fait prendre jufqu’à cinq, &c même dans des cas extraordinaires , jufqu'à fix grains tout d'un coup: 1l purge par bas & quelquefois par le vomiffement. Lorfqu’on veut fondre les humeurs & les purifier , on en fait prendre matin & loir une prife d'un demi- grain où d'un sraim, Pour purifier & vuider en même tes les hurheuré, M. Malouin en fait prendre trois prifesle matin À une heure de diftance l’une de l’autre d’un demi-grain ou d’un grain chaque prife. On prend une tafle d’eau tiede ou de tifanne une demi-heure après chaque prife, & un bouillon une heure après la derniere prife. On peut aufli fe fervir extérieurement de l’arcane. corallin ; on lallie avec de la pommade on avec du cérat de Galien, pour en frotter de vieilles dartres après avoir purgé fufifamment. ARCANE DE TARTRE , ( Chimie med.) c’eft une matiere falme compofée de lacide du vinaigre & de l’alkah du tartre; elle fe fait lorfqu’on précipite le {oufre doré d’antimoine avec le vinaigre ; on fait évaporer la liqueur où s’eft fait cette précipitation, & on en tire l’arcane de tartre , qui eft une efpece de terre où de tartre folié. (M) * ARCANE, ( Géog. anc. & mod.) petite ville de la Turquie Afatique dans la Natolie propre , fur la côte de la mer Noire, entre la ville de Seriape ou Si- nape & le cap Pifello. Quelques Géographes pré- tendent que c’eft lAbozisrichos des Anciens. Voyez CRAIE. * ARCANI, ( Géog. anc. €& mod.) ville de Min- grelie à l'embouchure de la riviere du même nom : on croit que c’eff l’ancienne Ap/farum , Apfarus , Ap: Jarrus, &c. de la Colchide. * ARCANNÉE, f. f. nom qu’on donne à une craie rouge minérale , qui {ert dans plufieurs profeffions à tracer des lignes fur le bois ; la pierre, Ge. ARCANUM DUPLICATUM , ( Chimie med. ) comme qui diroit double-arcane, c’eft-à-dire ‘un re- mede fecret compofé de deux, favoir de l’acide vi- triolique & de la bafe alkaline du nitre, ce qui fait un fel moyen qu’on nomme Jé/ de duobus, Voyez SE DE DUOBUS. (M) ARCANUM JOVIS , ( Chimie med. ) eft un amal: game fait de parties égales d’étain & de mercure puls vérifé & digéré avec du bon efprit de nitre ; après en avoir tiré de l’efprit dans une retorte, on laiffe fécher la mafle, 87 l'ayant pulvérifée de nouveau, on la digere avec de l’efprit-de-vin jufqu’à ce que la poudre devienne infipide. (M) * Cet arcane eft fort vanté dans la Pharmacopée de Bath; on le donne-là comme un puiffant fudo- rifique , & l’on fixe fa dofe entre trois grains & huit grains, Mais l’ufage intérieur de toutes les prépara= tions d’étain eft dangereux, * ARCAS ,( Géog. anc. 6 mod.) petit bourg d'Ef- pagne dans la Caftille. C’eft l’Arcabrica des Anciens. ARCASSE, f. f. terme de Marine, par lequel onen- tend toute la partie extérieute de la poupe d’un na: vire , qui dans les vaifleaux de guerre eft aflez ornée. Il faut que toutes les pieces qui compofent l’arcaffe foient bien liées les unes avec les autres pour s’oppo- fer aux coups de mer qui quelquefois enfoncent cette ärcafe. Sa hauteur eft déterminée par l’étambord & le tré- pot, & fa largeur par la life de hourdi ou grande barre d’arcafle. Voyez ETAMBORD, TRÉPOT,, Lisse DE HOURDI. Voyez aux figures de la Marine. PI, Fe figure 1. qui repréfente l’arcaffe ou la poupe d’un vaif- feau avec les noms des principales pieces qui la com: pofent. | ARCASSE,, f. f.ez Marine, eft auf le corps de [a poulie qui renferme Le rouet. (Z *ARCÉ , ( Géog. anc.) ville de, Phénicie ; c’eff la même que Céfarée de Philippe. *ARCÉE, ( Géog. ) Voyez PETRA. ARCEAU , {. m.ez Architecture , eft la courbure du cintre parfait d’une voûte , d’une croifée ou d’une porte ; laquelle courbure nè comprend qu’une par- tie du déemi-çercçle , un quart de cercle au plus, & au- ARC deffous. Voyez CROISÉE BOMBÉE & VOÜTE BOMBÉE. On appelle auffñ de ce nom des ornemens de fculp- ture en maniere de trefle. (P) ÂRCEAU , fur Les rivieres , c’eft la voûte ou la pe- tite arche d’un ponceau. ARCEAU , ez Chirurgie, demi-caïfle de tambour dont on fait un logement à la jambe ou au pié dans les fraîtures ou autres maladies , afin que le membre {oit à l’abri de la pefanteur du drap & des couvertu- res du lit. Voyez PI, X, de Chirurgie, fig. 2. ARCHANGE , {. m. ( Théol. ) fubftance intellec- tuelle ou ange du fecond ordre de la hiérarchie cé- lefte, Voyez ÂANGE & HIÉRARCHIE. On appelle ces efprits archanges, parce qu'ils font au-deflus des an- ges du dernier ordre ; du Grec px1, principauté , & d’éyyeroc, ange. S. Michel eft confidéré comme le prince des anges , & on l’appelle ordinairement l’er- change S. Michel. (G) : *ARCHANGEL, ( Géog. ) ville de la Ruflie fep- tentrionale , capitale de la province de Dowina fur la Dowina. Long, 57. 20. la. 54. 26. Le commerce d’Ærchangel comprend celui d’une partie de la Mofcovie. Les Anglois & les Hollandois s’en font prefqu’entierement emparés. Cependant les François , les Suédois, les Danoïs & ceux de Ham- bourg & de Breme , ont des correfpondans à 7- changel. 2 le à | La foire s'ouvre le 20 Août & duré dix jours : maïs le commerce peut commencer une quinzaine plütôt. Il fe fait ou en échange, & c’eft le plus ordinaire , ou partie en échange & partie au comptant, ou tout au comptant. Il faut y envoyer de France les vins de Bordeaux & d'Anjou; des toiles, des futaines, des draps, deslainages, des rubans , des chapeaux , quel- ques riches étoffes , des bagues , des bijoux , des uf- tenciles de ménage , des outils d’artifans , du papier, des épices , &c. on entire des pelleteries , des cuirs, des cires, des martes, &c. ARCHE,, ez Architetture , eft l’efpace qui eft en tre les deux piles d’un pont , & fermé par le haut d’une partie de cercle. On appelle mafrreffe arche cel- le qui eft au milieu d’un pont , parce qu’elle eft plus large & plus haute que les autres pour la facilité de la navigation; & auffi pour élever le milieu du pont, &c former une pente à chaque bout, pour l’écoule- ment des eaux de pluie fur le pavé. Les arches re- çoïvent différentes expreflions , par rapport à la for- | me du cercle ou de l’arc qui les ferme par le haut. Voyez ARC. Arche d'affemblage, et un cintre de charpentebom- bé &tracé d’une portion de cercle pour faire un pont d’une feule arche, comme il s’en yoit dans Palladio, & comme 1l avoit été propofé d’en faire un à Seve près Paris, par M. Perault. Voyez M. Blondel , cours Architeülure , part, V. liv. I. &cc. (P) ARCHE EXTRADOSSÉE , eft celle dont les vouf- foirs font égaux enlongueur, paralleles à leurs douel- les, & qui ne font aucune liaifon entr'eux , n1 avec les afifes des reins. Voyez celle de Notre-Dame. ARCHE , {. f. ( ez Marine. ) c’eft la boîte de me- nuiferie qui couvre la pompe , pour qu’elle ne foit point endommagée. On fe fert aufli pour le même éffet des cordes dont la pompe éft furliée. (Z ) ÂARCHE , {. f. en Verrerie, c’eft une partie du four. Il'y en a fix, quatre grandes & deux petites ; elles {ont faites de brique , & forment l'extérieur du fout, à l’intérieur duquel elles communiquent chacune par une lunette, d'environ un pied de diametre. C’eft dans ces arches que l’on met recuire les matieres pro- pres à faire Le verre , avant que de les mettre dans les pots ; elles fervent aufli à attremper les pots, avant que de pañler pour la premiere fois dans lin- térieur du four, Les arches font échauffées par la cha- ARC co; leur du four qui s’y porte par les lunettes. Foyë FOUR, LUNETTES G ATTREMPER, ARCHE D'ALLIANCE, ( Thco/.) dans l’Ecriture- fainte fignifie une forte de coffre, dans lequel étoient renfermées les deux tables de pierre fur lefquelles étoient gravés les dix commandemens de la loi don- née à Moyfe fur le mont Sinaï ; ainf que l’avoit or- donné Dieu lui-même. Exod, c.xxv. v. 16: Cette arche étoit en finguliere vénération parmi lés Hébreux , qui l’avoient placée dans la partie la plus fainte du tabernacle. On la portoit ddhs les ex- péditions militaires, comme un gage fenfible de la proteétion divine : maïs Dieu irrité contre fon peu: ple , permit qu’elle fût prife par les Philiftins , au pour voir defquels elle demeura vingt ans , felon quelques- uns, & felon d’autres quarante. Les fléaux dont à leur tour les Philiftins furent frappés , les obligerent de reflituer l’arche aux Ifraélites, qui la dépoferent à Cariathiarim dans la maïfon d’un Lévite nommé 485: nadab , chez lequel elle demeura encore vingt ans, David fit tranfporter l’arche avec beaucoup de {o- lennité à Jérufalem , & la plaça fous un tabernacle qu’il avoit fait confiruire ; & enfin Salomon la fit mettre dans le temple. Quoique l’Ecriture femble dire en plufieuts endroits, qu'il n’y avoit dans l'arche que les deux tables de pierre; elle marque expref- fément ailleurs , qu’elle renfermoit une urne pleine de la manne qu'avoient mangé les Ifraélites dans le defert , & la verge on baguette d’Aaron qui avoit fleuri. Hébr. jx. v. 4. On peut voir dans l’Ecriture la defctiption de Par che. Voici celle qu’en donne Jofephe. L’arche, dit:l, avoit cinq palmes de longueur, trois de largeur, &c autant de hauteur. Le bois de l’un & de l’autre côté étoit revêtu de lames d’or, & attaché avec des clous dorés ; à quoi il faut ajoûter qu’elle avoit à fes deux plus longs côtés de gros anneaux d’or , qui traver- foient le bois , dans lefquels on mettoit de gros bà- tons dorés pour la porter felon le beicin , ce que fai- foient les facrificateurs ( & les Lévites. ) La couver- ture de l’arche s’appelloit le propifiatoire , fur lequel étoient placées deux figures appelléesChérubins , {e- lon la forme qu’en avoit prefcrit Moyfe , qui les avoit vüs devant le throne de Dieu. Foyez CHÉRUBIN. Quelques critiques prennent ce mot chérubémS"s pour une tranfpofition de celui-ci SN réchub , qui fignifie charior | & prétendent que par Les chérubins qui étoient placés fur l'arche d'alliance, on doit en- tendre que l’arche étoit comme une forte de char fur lequel on fuppoloit que Dieu étoit aflis. Foyez PRo- PITIATOIRE 6 CHÉRUBIN, Les Juifs modernes ont une efpece d’arche dans leurs fynagogues, c’eft un coffre où une armoire dans laquelle ils mettent leurs livres facrés, & qu'ils re- gardent comme une figure de l'arche d'alliance conf. truite fur les deffeins de Moyfe. Ils la nomment «ro. Les Juifs, dit Léon de Modene, dans le détail qu’il a donné des coûtumes & des cérémonies de ceux de fa nation , ont au côté oriental de leurs fynagogues une armoire qui repréfente l’arche d’alliance, dans laquel- le ils confervent le Pentateuque écrit fur du vélin, avec une encre particuhiere. Cet ufage n’eft pas nou- veau, puifque Tertullien appelle cette arche arma- rium Judaicum ; d’où eft venue cette façon de par- ler, étre dans l'armoire de La fynagogue , pout dire étre au nornbre des écrits canoniques. Voyez CANONIQUE. 6 APOCRYPHE. Quant à l'arche d'alliance qui éroit dans le temple, on lit dans le fecond livre des Machabees, chap. ÿ. que peu de tems avant la prife de Jérufalem, Jérémie ayant fait cacher le feu facré, l’autel des parfums , & l'arche, dans un foûterrain par les Prêtres & les Lévi- tes , l'en retira après le départ des Chaldéens, & les fit porter à fa fuite jufqu’au-de là du Jourdain , à la 606 ARC ‘montagne de ‘Nebo , fameufe par la mort & par fa “iépulture de Moyfe ; & qu'ayant fait retirer tous ceux qui l’accompagnoïent , Dieu lui découvrit une caverne profonde , où il plaça Farche & l'autel des parfums, & en ferma fi bien l’entrée , que fans une révélation particuliere, il n’étoit pas poñlible de la connoître : que fes compagnons s’en étant appro- chés dans ce deffein., le prophete leur déclara que l'autel & l'arche demeureroient en dépôt dans cette caverne inconnue , jufqu'à ce qu'il plüt au Seigneur de raflembler fon peuple de tous les pays où ils étoient difperfés : qu’alorsil leur rendroit l’un & l’au- tre avec une grande magnificence , & qu’on verroit alors fe renouveller les merveilles opérées du tems de Moyfe & de Salomon, Cet oracle n'étant point encore accompli, les interpretes penfent qu'il ne le era qu’à lentiere réunion des Juifs qui doit précé- der le jugement dernier. (G) | . ARCHE DE NOË fignifie , felon le langage de l’E- criture., une forte de batteau, ou de vafte bâtiment flotant qui fut conftruit par Noé , afin de préferver du déluge les diverfes efpeces d’animaux que Dieu avoit ordonné à ce Patriarche d’y faire entrer, Voyez DÉLUGE. | Les naturaliftes & les critiques dnt fait diverfés recherches, & imaginé différens fyftèmes fur l'arche de Noé , fur fa forme , fa grandeur , fa capacité, fur les matériaux employés à fa conftruétion , fur le tems qu'il a fallupour la bâtir, & fur le heuoùelle s'arrêta quand les eaux du déluge fe retirerent. Nous par- courrons tous ces points avec l'étendue que compor- tent les bornes de cet Ouvrage. 19, On croit que Noé employa cent ans à bâtir arche ; favoir , depuis l’an du monde 155$ jufqu'en 1656, qu'arriva ledéluge. C’eft opinion d’Origene, lib. IV. contra Celf. deS. Auguftin, de civir, Dei, Lib. XV. cap. xxvij. & contr. Fauff. Lib. XII, cap. xvuy. &t dans fes queff, 5. & 23. [ur la Genefe ; & de Rupert, lib. IV. fur la Genefe , chap. 22. en quoi ils ont été fuivis par Salien , Sponde , le Pelletier, &ce. D’autres interpretes prolongent ce terme jufqu’à fx vingts ans. Berofe affüre que Noé ne commença à bâtir Parce que 78 ans avant le déluge : Tanchuma n’en compte que cinquante-deux , & les Mahométans ne donnent à ce Patriarche que deux ans pour la conftruire, Ileft certain d’un côté par le texte de la Genefe, que le déluge arriva l'an fix cens de Noë ; & d’un autre , que _ Noé étoit dgé de cinq cens ans, lorfqw'ileur Sem, Cham, & Japhet ; d’où il s’enfuit que l’opinion de Berofe pa- roît la plus probable ; car felon le P. Fournier dans {on Hydrographie, qui fuit en cela le fentiment des Peres , Noé fut aidé dans fon ouvrage par fes trois fils ; & le même auteur ajoûte que ces quatre perfon- nes fuffrent pour le finir ; ce qu'il prouve par lexem- ple d’Archias le Corinthien , qui avec le fecours de trois cens ouvriers, conftruifit en un an, le grand vaifleau d'Hieronroi de Syracufe. Quand on fuppofe- roït arche beaucoup plusgrande, & bâtie en 78 ans il faudroit faire attention aux forces des hommes des premiers tems , qu'on a tojours regardées comme de beaucoup fupérieures à celles des hommes qui vi- “voient long-tems après. Par ces confidérations, on peut répondre aux objeétions de ceux qui prétendent que l'aîné des enfans de Noé ne naquit qu'environ dans le tems où l’arche fut commencée, & que le plus jeunene vint au monde qu'après que l’ouvrage eut été mis en train ; enforte qu'il fe pafla un tems confidé- rable avant qu'ils fuflent en état derendre fervice à eur pere. On détruit également ce que d’autres ob- jectent, qu'il eft impofhble que trois ou quatre hom- mes ayent.pù fufire à confiruire un bâtiment où il falloit employer une prodigieufe quantité d’arbres qui demandoient un nombre infini d'ouvriers pour les exploiter, | 29. Le bois qui fervit à bâtir Perche, eft appellé dans l’ÆEcriture *XY "20, G fe gopher, Bois de gopher, A que les feptante traduilent par Édacr rerpayovor, bois equarri. Onkelos & Jonathan & quelques autres ont eftimé que’ ce bois étoit le cedre. S. Jerôme dans la vulgate employe le mot /gna levigarz ; bois taillé ou po; & ailleurs Zgra hituminata | bois enduit de bitume ou gaudronné, Kimki dit que c’étoit du bois propre à aller fur l’eau : Vatable l’entend d’un bois léger , qui demeure dans l’eau fans fe corrompre, ce qui n'explique pas de quelle efpece étoit ce bois. Junius Tremellius & Buxtorf prétendent que c’étoit une efpece de cedre, appellé par les Grecs xedenarns M. Pelletier de Rouen, panche pour cette opinion, & en donne pour raïfon l’incorruptibilité de ce bois, & la grande quantité de fon efpece en Afie ; puifque felon Herodote & Ariftophane , les rois d'Egypte & de Syrie employoient le cedre , au lieu de fapin, à la conftruétion de leurs flottes ; 8 que c’eft une tra- dition reçüe dans tout lorient, que arche s’eft con- féryée toute entiere jufqu’à préfent fur le mont Ara- rath. Bochart au contraire, foûtient que gopher figni- fie le cyprès , parce que dans l'Arménie & dans l’Affyrie où l’on fuppofe avec raifon que Parche fut confinuite , 1ln’y a que le cyprès propre à faire un long vaifleau tel qu'étoit Perche; ce qu’on prouve par l'autorité d’Arrien , Zv, VIT, & de Strabon, Liv. XV]. qiu racontent qu'Alexandre étant dans la Ba- bylonie , & voulant faire conftruire une flotte ; fut obligé de faire verif des cyprès d’Affyrie. Ce der- nier fentiment paroît d’aütant plus fonde , qu’il n’eft pas vraiflemblable que Noé avec l’aide de fes feuls enfans , &z le peu de tems qu’il eut pour bâtir un vaif- feau auf vafte , dût encore tirer de loin les bois de conftruétion. Enfin quelques auteurs croyent que l’hébreu gopher fignifie en général des bois gras &c réfineux, comme le pin, lefapin , le terebinthe. Les Mahométans difent que c’étoit le fag ou le platane des Indes , que Dieu indiqua à Noé, quille planta de fa main, &le vit croître fi prodigieufement en vingt ans, qu'il en tira toute la charpente & les autres bois néceffaires à la conftruétion de l’zrche. : 3°. Ce bâtiment , felon Moyfe, avoit trois cens coudées de longueur, cinquante de largeur, &c tren- te de hauteur, ce qui paroït d’abord infuffifant pour contenir toutes les chofes dont l’arche à dû néceffai- rement être remplie; & c’eft cette proportion inéga- le qui a fait révoquer en doute à quelques-uns l’auto- rité de cette relation de Moyfe. Celfe, entrautres, s’en eft moqué, & l’a nommée xr@ofloy anAouôler , l’ar- che d'abfurdité. Pour réfoudre cette difficulté, les SS. Peres & les critiques modernes fe font efforces de déterminer l’efpece de coudée dont Moyfe a voulu parler. Origene , S. Auguftin, & d’autres, ont pen- {é que par ces coudées 1l falloit entendre les coudées géométriques des Egyptiens, qui contenoïent, felon eux, fix coudées vulgaires ou neufpies. Mais où trou ve-t-on que ces condées séometlies des Egyptiens fuflent en ufage parmi les Hébreux ? D'ailleurs dans cette fuppoñtion ; l'arche auroiït eu 2700 piés de lon- gueur ; ce qui, joint aux autres dimenfions, lui eût donné une capacité énorme & tout-à-fait fuperflue, tant pour les efpeces d’animaux qui devoient y être renfermées, que pour les provifons deftinées à leur nourriture. D’autres difent que les hommes étant plus grands dans le premier âge qu'ils ne font maintenant, la coudée qui eft une mefure humaine, devoit être proportionément plus grande: mais cette raïfon eft foible ; car les animaux devoient être aufh plus grands & occuper plus de place. D’autres enfin fuppofent que Moyfe parle de la coudée facrée,, qui étoit de la largeur de la main plus grande que la coudée ordi- naire, opinion qui n’eft pas encore folidement ap- puyée ; caril ne paroît pas qu’on ait jamais employé 7 ARC cette melure, fi ce n’eft dansles édificesfacrés, com- me le temple & le tabernacle. Cétte difficulté a été mieux réfolue par Buteo & par Kircher, qui en fup- pofant la coudée de la longueur d’un pié & demi, prouvent géométriquement que l'arche étoit très-fuf- fifante pour contenir tous les animaux. On eft enco- re moins gêné à cet égard dans le fyflème de ceux qui, comme Meffeurs le Pelletier, Graves, Cum- berland & Newton, donnent à l’ancienne coudée Hé- braïque la même longueur qu’a l’ancienne coudée de Memphis, c’eft-à-dire, vingt pouces & demi environ mefure de Paris. Les dimenfions de l’arche , prifes fuivant cette mefure, donnent une capacité fuffifante pour loger commodément non-feulement les hommes & les animaux, mais aufhi les provifions néceflaires, & l’eau douce pour les entretenir pen- dant un an & plis, comme on le verra ci-deflous par l’expofition des fyftèmes de M. le Pelletier, & du P. Buteo. | Snellius a prétendu que arche avoit plus d’un ar- pent & demi: Cuneus, Budée & d’antres ont auff cal- culé la capacité de l’arche. Le doëeur Arbuthnot com- pte qu’elle avoit quarante fois 81062 piés cubiques. Le P. Lami dit qu’elle étoit de cent dix piés plus lon- gue que l’éghife de S. Merry à Paris, & de foixante- quatre piés plus étroite; à quoi fon traduéteur An- glois ajoûte qu’elle étoit plus longue que Péglife de S. Paul à Londres ne l’eft de l’eft à l’oueft, & qu’elle avoit foixante-quatre piés de haut felon la mefure An- gloife. * | 4, L’arche contenoit, outre les huit perfonnes qui compofoient la famille de Noé, une paire de chaque efpece d'animaux impurs, & fept d'animaux purs avec leur provifion d’alimens pour un an. Ce qui du premier coup d'œil paroït impoñible: mais fi l’on det- cend au calcul, on trouve que le nombre des ani- maux n’eft pas fi grand qu’on fe l’étoit d’abord ima- giné, Nous ne connoïflons gueres qu'environ cent, ou tout au plus cent trente efpeces de quadrupedes, environ autant des ofeaux, & quarante efpeces de ceux qui vivent dans l’eau. Les Zoologiftes comptent ordinairement cent foixante & dix ef- peces d’oifeaux en tout. Wilkins évêque de Chef- ter, prétend qu'il n’y avoit que foixante & douze efpeces de quadrupedes qui fuffent néceffairement dans l’arche. 5°. Selon la defcription que Moyfe fait de l'arche, il femble qu’elle étoit divifée en trois étages qui avoient chacun dix coudées où quinze piés de hau- teur. On ajoûte que l'étage le plus bas étoit occupé par les quadrupedes &c les reptiles ; que celui du mi- lieu renfermoit les provifions , & que celui d’en-haut contenoit les oïfeaux avec Noé & fa famille; enfin que chaque étage étoit fubdivifé en plufeurs loges. Mais Jofeph, Philon, 8 d’autres commentateurs ima- ginent encore une efpece de quatrieme étage qui étoit Mous les autres, & qu'ils regardent comme le fond-de-cale du vaiffeau, lequel contenoit le left & les exerémens des animaux. Drexelius croit que l’ar- che contenoït trois cens loges ou appartemens; le P. Fournier en compte trois cens trente-trois ; l’auteur anonyme des queftions fur la Genefe, en met jufqu'à quatre cens. Budée, Temporarims, Arias Montanus, Wilkins , le P. Lami, & quelques autres, fuppofent autant de loges qu'il y avoit d’efpeces d’animaux. M. le Pelletier & le P. Buteo en mettent beaucoup moins, comme on le verra: la raïfon qu'ils en appor- tent eft que fi l’on fuppofe un grand nombre de lo- ges comme trois cens trente-trois ou quatre cens, chacune des huit perfonnes qui étoient dans l'arche, auroient eu 37 Où 41 ou $0 loges à pourvoir & à nettoyer par jour, ce qui eft impoñlible. Peut-être y at-il autant de difficulté à diminuer le nombre des loges, à moins qu’on ne dimunue le nombre des anj- ARC 607 Maux; car il feroit peut-être plus difficile de prendre foin de 300 animaux en 72 loges, que s'ils occu-: poient chacun la leur. Budée a calculé que tous les animaux qui Ctoient contenus dans l'arche, ne de- voient pas tenir plus de place que cinq cens chevaux, ce qu'il réduit à la dimenfion de cinquante-fix paires de bœufs. LeP. Lami augmente ce nombre jufqu'à foi- xante-quatre paires ou cent vingt-huit bœufs, de for: te qu’en fuppofant que deux chevaux tiennent autant de place qu’un bœuf, fi l'arche a eu de l’efpace pour 256 chevaux, elle a pu contenir tous les animaux 5 & le même auteur démontre qu’un feul étage pouvoit contenir 500 chevaux, en comptant neuf piés quar- rés pour un cheval, Pour ce qui regarde les alimens contenus dans le fecond étage, Budée a obfervé que 30 ou 40 livres de foin fufhifent ordinairement à un bœuf pour fa nourriture journaliere ; 8 qu’une coudée folide de fon preflée comme elle left dans les greniers où ma- gañns, pefe environ 40 livres. De forte qu’une cou: déé quarrée de foin eft plus que fufifante pour la nourriture journahere d’un bœuf : or il paroït que le fecond étage avoit 10000 coudées folides. Si on les divife entre 206 bœufs , 1l y aura deux tiers de foin plus qu’ils n’en pourront manger dans un an. L'évèque Wilkins calculetous les animaux carna= ciers équivalens tant par rapport à leur volume, que pat rapport à leur nourriture, à 27 loups, & tous les autres à 208 bœufs. Pour équivalant de la nourritus re des premiers, il met celle 1825 brebis, & pour celle des feconds 109500 coudées de foin: or les deux premiers étages étoient plus que fufhifans pour con tenir ces chofes, Quant au troifieme étage, il n’y 4 point de difficulté; tout le monde convient qu'il y avoit plus de place qu'il n’en falloit pour les oïfeaux, pour Noé & pour fa famille. | Enfuite le favant évêque obferve qu'il eft infini- ment plus difficile d'évaluer en nombre la capacité de larche, que de trouver une place fuffifante pour les différentes efpeces d’animaux connus. Il attribue cette différence à l’imperfettion de nos liftes d’ani- maux, furtout des animaux des parties du monde que nous n'avons pas encore fréquentées : il ajoûte du refte que le plus habile Mathématicien de nos jouts ne détermineroit pas mieux les dimenfions d’un vaifleau , tel que celui dont il s’agit ici, qu’elles ne le font dans l’Écriture , relativement à l’ufage auquel il étoit deftiné. D'où il conclut que l’arche dont on a prétendu faire une objeétion contre la vérité des Écris tures divines, en devient une preuve; puifqu'il eff à préfumer que dans ces premiers âges du monde, les hommes moins verlés dans les fciences & dans les arts, devoient être infiniment plus fujets à des er- ‘ reurs, que nous ne le ferions aujourd’hmi: que ce- pendant fi l’on avoit aujourd’hui à proportionner la capacité d’un yaifleau à la mafle des animaux & de leur nourriture, on ne s’en acquiteroit pas mieux ; & que par conféquent l'arche ne peut être une invention humaine; car l’efprit humain étant expofé en pareil cas à fe sroflir prodigieufement les objets, il feroit arrivé indubitablement dans les dimenfions de larché de Noé, ce qui arrive dans l’eftimation du nombre des étoiles par la feule vüe; c’eft que de même qu'on en juge le nombre infini, on eût pouffé les dimen= fions de l’arche à des srandeurs demefurées, & qu'on eût ainfi engendré un bâtiment infiniment plus grand qu'il ne le falloit; & péchant plus par fon excès de capacité dans l’hiflorien , que ceux qui attaquent Phifs toire ne prétendent qu'il peche par défaut. Mais pour donner au leéteur une idée plus jufte des dimenfons de l’arche, de fa capacité, de fa dif- tribution intérieure, & autres proportions, nous al lons lui faire part de l'extrait des fyffèmes de M. le Pelletier de Rouen & du P. Buteo, fur cette matiere, Co ARC tel qu'il fe trouve dans la differtation du P. Calmet fut l'arche de Noë. M. le Pelletier fuppofe que l'arche toit un bâti- ment de la figure d’un parallelépipede reétangle, dont on peut divifer la hauteur par dédans en quatre éta- ges, donnant trois coudées & demie au premier, fept au fecond, huit au troifieme , & fix & demie au qua- trieme , & laïffer les cinq coudées reftantes des tren- te de la hauteur, pour les épaifleurs du fond, du com- ble &c des trois ponts ou planchers des trois dermers étages. Le premier de ces étages auroit été le fond, ou ce que l’on appelle carene dans les navires : le fecond pouvoit fervir de grenier ou de magafin : Le troifieme pouvoit contenir les étables ; & le quatrieme les vo- lieres , mais la carene ne fe comptant point pour un étage, & ne fervant que de réfervoir d’eau douce, l'arche n’en avoit proprement que trois, & l’Écriture n’en met pas un plus grand nombre, bien que les in- terpretes y en ayent mis quatre, en y ajoûütant la carene. Il ne fuppofe que 36 étables pour les animaux de terre, & autant pour les oïfeaux ; chaque étable pouvoit être de quinze coudées+ de long, de dix- {ept de large, & de huit de haut ; par conféquent ellé avoit environ ving-fix piés & demi de long, plus de vingt-neuf de large , & plus de treize & de- mi de haut de notre mefure : car 1l faut fe fouvenir que M. le Pelletier donne à fa coudée vingt pouces & demi, ouenviron, mefure de Paris. Les trente-fix volieres étoient de même étendue que les étables. Pour charger l’arche également , Noé pouvoit rem- plir ces étables & ces volieres , en commençant par celles du milieu, des plus gros animaux &c des plus gros oïfeaux. Cet auteur fait voir par un calcul exact que l’eau qui étoit dans la carene pouvoit être de plus de 31174muids, ce quieft plus que fuffifant pour abreuver pendant un an quatre fois autant d'hommes & d'animaux qu’il y en avoit dans l’ar- che ; il montre enfuite que le grenier pouvoit conte- nir plus de nourriture qu'il n’en falloit à tous les animaux en un an. Dans le troïfieme étage Noë a pu conftruire 36 loges pour ferrer les uftenciles de ménage , les inf- trumens du labourage, les étoffes, les grains, les fe- mences ; il sy pouvoit ménager une cuifine, une falle , quatre chambres , & un efpace de 48 cou- dées pour fe promener. = M. le Pelletier place la porte, non au côté de la longueur, mais à l’un des bouts de larche, perfuadé qu’à l’un des côtés de la longueur elle auroit gâté la fymmétrie de l'arche , & en auroit Ôté l’équilibre. Quelques-uns ont crû qu'il n’étoit pas néceflaire de faire provifon d’eau douce dans l’arche, parce que l’eau de la mer ayant été mêlée avec les eaux du déluge, pouvoit être aflez deflalée pour être ren- due potable , & qu’on en pouvoit tirer par la fenê- tre de l’arche pour abreuver les animaux : mais cette prétenfon eft infoûtenable ; Peau de la mer eft en bien plus grande quantité que l’eau qui tomba du ciel pour inonder la terre : or l'expérience fait voir qu’un tiers d’eau falée mêlée avec deux tiers d’eau douce , fait une potion qui n’eft point bonne à boi- re ; & l’arche ayant ceflé de flotter fur les eaux dès le vingt-feptieme jour du feptieme mois, elle de- meura à fec fur les montagnes d'Arménie pendant prefque fept mois, pendant lefquels on m’auroit pû puifer de l’eau de dehors. Tel eft le fyftème de M. le Pelletier de Rouen. Le Pere Jean Buteo , natif de Dauphiné , & reli- gieux de l’ordre de S.. Antoine de Viennois , dans {on traité de l’arche de Noë, de fa forme & de [a capa- cié, fuppofe que la coudée de Moyfe n’étoit que de 18 pouces comme la nôtre ; & cependant il ne laifle ARC pas de trouver dans les dimenfions marquées par Moyfe tout l’efpace convenable pour loger dans l'arche les hommes,les ammaux,& les provifions né- ceflaires. Il croit que l’arche étoit compofée de plu- fieurs fortes de bois gras & réfineux , qu'elle étoit enduite de bitume, qu’elle avoit la forme d’un pa- rallelépipede , avec les dimenfions qu’en marque PEcriture , mefurées à notre coudee. Il divife le dedans en quatre étages, donnant au premier quatre coudées de hauteur, huit au fecond, dix au troifieme , & huit au dernier. Il place la fen- tine dans le premier , les étables dans Le fecond, les provifions dans le troïfieme , lés hommes, les oi feaux, & les uftenciles de ménage dans le dernier. Il met la porte à 20 coudées près du bout d’un des côtés du fecond étage , & la fait ouvrir & fermer en pont-levis. Il difpofe la fenêtre au haut de lPap- partement des hommes , prétendant que les ant- maux n’avoient pas befoin de lumiere. Il ferme cette fenêtre d’un double chaflis à carreaux de cryftal, de verre, ou de pierre tranfparente, parce qu'il la croyoit très-sgrande. Il éleve le milieu du comblé d’une coudée de hauteur fur toute la longueur , prenant pour cette hauteur la coudée que les inter- pretes expliquent de la hauteur de la fenêtre. Ayant dans Le fecond étage tiré du côté de laporte une allée de fix coudées de large & de 300 coudées delong, & conftruit deux efcaliers aux deux bouts pour monter aux troïfieme & quatrieme étages , il prend fur lé milieu du refte de la largeur une autre allée de douze coudées de large, tombant perpen- diculairement ou à angles droits fur le nulieu de la premiere , & de côté & d’autre de cette derniere; il divife un efpace de 15 coudées de large & de 44 de long , en trois parties égales fur la largeur, & en douze parties fur la longueur , pour trouver par cette divifion 36 cellules ou étables de chaque côte, dont fix étant prifes pour deux allées traverfantes ; ilen refte 30 de chaque côté qui forment trois rec- tangles, deux qui en contiennent chacun neuf, &c celui du milieu douze ; & ces étables ou cellules ont 15 coudées de long, & 3 +de large. Il prend en- core fur le refte de cet étage de côté & d’autreunef- pace de 1$ coudées de largeur , & de 44 coudées de longueur, dont il retranche quatre coudées de cô- té & d'autre fur la largeur pour faire deux allées ; & il lui refte un reétangle de fept coudées de largeur &t de 44 coudées de longueur , dont il divife ta lar- geur en deux, enforte qu'une moitié ait trois coudées de large & l’autre quatre ; &la longueur en vingt parties égales : & ces divifions lui donnentquarante petites étables ou cellules en deux rangs , dont vingt ont chacune trois coudées , & les vingt autres qua- tre de long , & les unes & les autres deux coudées &z demiede large ; & parce moyen il fe tronve 60 gran- des étables, 40 moyennes & 40 petites, &c outre ce- fa encore deux efpaces de côté & d’autre de 114 coudées de long , & de 44 coudées de large. Oren réduifant tous lesanimauxquientrerent dans l'arche à la grandeur du bœuf, du loup & du mouton, il trouve qu’ils étoient égaux à 120 bœutfs, 80 loups, & 80 moutons; de forte qu'ayant difpofé 6o grandes étables, 40 moyennes & 40 petites, 1l prétend qw’el- les pouvoient contenir 60 paires de bœnfs , 40 pai- res de loups, & 40 paires de moutons. Mais com me il penfe qu’on devoit nourrir de chair les bêtes carnacieres, il en conclut qu’on devoit avoir mis dans l'arche 3650 moutons pour la fubfiftance de-40 paires de ces animaux, qu'il eftimoit de la grandeur du loup, pour leur en donner dix par jour , oxun& quatre. Il perce toutes les étables-par le bas , afin que les excrémens des animaux tombent dans le premier étage ou fentine , qu'il difpofe aufli pour Le.leit : mas ARC imais dé peur que l’infeétion des futmiets n'incothimos de , il cônftruit en plufieurs endroits de cet étage des foûpiraux , qu'il fait monter juiqu'au dernier, pour y donner de l'air. | | Il divite le troifieme étagé en plufeurs féparas tions , pour mettre à part le foin, les feuilles, les fruits, 8 les grains : il prétend même qu'on pou- voit y conftruire un réfervoir pour nourrir du poif- {on pour Lés animaux 8e les oïfeaux amphibiés qui en vivent, & un réfervoir pour l’eau douce. De plus1l veut que toutes les cellules ou étables qui étoient immédiatement fous cet étage, ayent été percées par en-haut , pour diftribuer par ces ouvertures la nourriture dont les animaux auroient befoin ; & au moyen de certains canaux qui alloient dans chaque établé, on auroit pù leur donner de l’eau pour plu- fieurs jours. Il croit qu’au milieu du quatrieme étage il devoit fetrouver pour l’appartement des hommes une gran- de chambre éclairée par la fenêtre de l’arche, une dé- peñfe , une cuifine dans laquelle il y auroit eu un moulin à bras &un four , des chambres particulieres pour leshommes & pour les femmes , enfin des lieux pour le bois, pour le charbon, pour les meubles & üftenciles du ménage & du labourage, & pour les autres chofes qu'on vouloit garantir des eaux, & que fur le refte de cet étage on avoit conftruit de côté & d’autre des cages ou volieres pour renfermer les oïfeaux , & des loges pour en ferrer les provi= fions. Ayant accordé pour nourriture dix moutons cha- uejouraux animaux carnaciers, éftimés à 80 loups, il en auroit fallu 3650 pour un an : mais ce nombre diminuant de dix par jour fe devoit être compté que éomme un nombre fixe de 1820 : or ayant eftimé les animaux qui vivent d’herbes , de graines ou de fruits, égaux à 120 bœufs & à 80 moutons , ajoit- tant 80 à 1820, on reconnoit qu'il auroit eu 1960 moutons à nourrir , & 120 bœufs.Il trouve que fept _ moutons mangent autant de fourrage qu'un bœuf ; d’où il conclut qu'il failoit autant de nourriture à tous ces animaux qu'à 400 bœufs ; & parce qu'il ef timeque 40 livres , ou une condée cube parifienne de foin, pourroient nourrir un bœuf en.un jour, il en _réfulte qu'il en auroit fallu 146000 coudées pour un an. Le troifieme étage étoit de la capacité de 150000 coudées cubes. Le foin ef la nourriture qui occupe le plus de place : mais 146000 coudées cu- bes de foin fufhfoient pour nourrir les animaux pen- dant un an; ainf, fuivant cet auteur, 1l y auroit eu fufifamment de place dans cet étage pour ferrer au- tant de nourriture qu'il en falloit pour nourrir les animaux pendant un an. Toute la capacité de Par- che , en prenant la coudée à 18 pouces, étoit de 450000 coudées , ou 675000 piés : elle avoit 450 piés de long , 75 piés de large, & 45 de haut. Tel éft ie fyftème du P. Buteo, qui vivoit dans le xvr* fecle. | Quelqu’ingénieufes que paroïffent fes idées, & quelqu’exaét que foit fon calcul, fon opimon fouffre pourtant de grandes difficultés. Les principales qu'y remarque M. le Pelletier , font 1°. que la coudee dont parle Moyfe étoit celle de Memphis , différente de celle de Paris, & plus courte d’une feptieme par- tie: 2°. qu'un bâtiment plat & quarré, plus long êz plus large que haut , n’a nul befoin de left pour l’em- pêcher de tourner , de quelque maniere qu'on le charge : 3°. qu'il eft ridicule de placer des animaux entre des fumuers &des provifons pour les étouffer, & de les mettre fous l'eau pour les priver de la lu- miere ; an Heu-qu'’on prévienttous ces inconvéniens en les mettant au troïfieme étage : 49. que la pefan- teur du corps des animaux qui entrerent dans l'arche ne pouvant aller à foixante-dix nulliers, & les pro- Tome LI, ARC 609 viñons qu’on ÿ enferma & qui étoient au-deflus des animaux, pouvant aller à plusde dix millions , il n’y auroit pas de bon fens de mettre dix millions de char: ge dans un étage placé au-deflus d’un autre qui n’ert auroit contenu que foixañte-dix milliers : $°. qu'en plaçant la porte de l’arche à un des côtés pour laïffet une allée vuide de trois cens coudées de long fur fix de large , on auroit rendu cette aiche plus pefante d’un côté que d’un autre, & incommode en gâtant la fymmétrie des étables & des autres appartemens, Mais ; ajoûte D. Calmet ; il ÿ a peu d’auteurs qui ayent traité cette matiere, qui ne foient tombés dans quelques inconvéniens. Les uns ont fait l'arche trop grande , les autres trop petite ; d’autres trop peu {o= lide : la plüpart n’ont apperçü d’autre difficulté dané l’hiftoire du déluge , que celle qui regarde la capa: cité de l’arche, fans faire atteñtion à une infinité d’au- tres inconvéniens qui réfultent de fa forme, de la diftribution des appartemens, des étages ; des loge: mens des animaux, de leur diftribution , de la ma: mere dont on pouvoit leur donner à boire & à man- ger, leur procurer du jour & de l’air ; les nettoyer &t faire couler le fumier & les immondices hors dé arche où dans la fentine. On peut voir toutes ces diff- cultés éclaircies par M. le Pelletier de Rouen; dans le chap, xxv. de [a Differtation fur larche de Noé. Nous terminerons cet article par quelques obfer: vations fur le lieu où s’arrêta l'arche après le déluge: Quelques-uns ont cri que c’étoit près d’Apameée ; ville de Phrygie , fur le fleuve Marfyas, parce qué cette ville prenoit le furnom d’arche, & portoit la figure d’une arche dans fes médailles , comme 1l pa- roit par une piece frappée en lPhonneur d’Adrien, où l’on voit la figure d’un homme qui repréfente le fleu- ve Marfyas, avec ces mots : AHAMEON KIBOTOZ MAPEYAS, c’eft-à-dire, médaille d Aparmée ; l'arche, le fleuve Marfjas. Et dans les vers Sibyllins, on lit que le mont Ararat, où s'arrêta l’arche , eft fur les confins de la Phrygie, aux fources du fleuve Mar- {yas : mais ce fentiment n’eft pas foûtenable ; le plus fuivi , appuyé fur une tradition conftante des Orien- taux , & fur la narration de Moyie , eft que Parché s'arrêta fur le mont Ararat, ce que faint Jérôme tra- duit par les montagnes d’ Arménie. Jofephe l’hiftorien, parlant d’Izates , fils du roi de l’Adiabene , dit que {on pere lui donna un canton dans l'Arménie , nom- ré Kaeron, où l’on voyoit des reftes de larche de Noé , &r il cite encore Berofe le Chaidéen ; qui dit que de fon tems on voyoit des reftes de Parche fur les montagnes d’Armème. Azriquir, Liv. Li chi v: Lib, XX, cap. 1j. | er | Nicolas de Damas, Théophile d’Antioche, Ifidorg de Séville, racontent la même chofe ; Jean Struys, dans fes voyages, dit qu'en 1670 il monta fur la montagne d’Ararat, & y trouva un hermite Itahen qui l’aflüra que l’arche étoit encore tout entiere fur cette montagne ; qu'il étoit entré dans ce bâtiment, & lui montra une croix faite du bois qu’il en avoit lui-même arraché : maïs M. de Tournefort , qui a été fur les‘hieux , afiüre que la montagne d’Ararat eft inacceffible , êc que depuis le milieu jufqu’au fom- met elle eft perpétuellement couverte de neiges qui ne fondent jamais , & au-travers defquelles on ne peut s'ouvrir aucun paflage. Les Arméniens eux-mê- mes tiennent par tradition , qu'à caufe de cet obfta- cle, perfonne , depuis Noé , n’a pû monter fur cette montagne , ru par conféquent donner des nouvelles bien certaines de l’état de l'arche : c’eft donc fans aucune preuve folide , que quelques voyagetrs ont avancé qu'on en voyoit encore des débris. Ca/mer , Differt. fur l'arche de Noë, & Diët, de la Bible, tom. L. lettre À, aux mots APAMÉE, ARARAT 6 ARCHE.(G) ÂRCHE ( La cour des arches ÿ en Angleterte eft une cour épifcopale à laquelle FÉES es Li ef 610 ARC fait de matieres éccléfiaftiques, de toutes les parties de la province de Cantorbéri. 7. Cour, APPEL 6 ArcHEvÊQUE.Cette cour eftainf appellée de l’églife &t de la tour voûtéé de S' Marie, où elle fe tenoir or- dinairement. Les officiersde cette Cour font le juge, le fecrétaire de fynode, les greffiers ,lesavocats ,les . procureurs ou députés de laflemblée du clergé, &c. Le juge de la cour des arches eft appellé Z doyen des arches ou l’official de la cour des arches , &c. on joint ordinairement à cette officialité une jurifdiéhon particuliere fur treize paroifles de Londres ; cette ju- ridiétion s'appelle #7 doyenne ; elle n’eft point fub- ordonnée à l'autorité de l’évêque de Londres, & elle appartient à l’archevèque de Cantorbéri. D'autres penfent que le nom & les fon@ions du doyen de la cour des arches viennent de ce que lof- ficial de l'archevêque , ou le doyen , étant fouvent employé dans les ambaflades étrangeres , le doyen des arches étoit fon fubftitut dans cette cour. Ce ju- ge fur quelque appel que l’on fafle à fa cour , fur le champ & fans aucun examen ultérieur de la caufe, envoye fon ajournement à l’accuié, & fa défenfe au juge dont eft appel. Les avocats qui plaident ou qui peuvent plaider à la cour des arches , doivent être doëteurs en droit civil dans quelqu’une desuniverfi- tés d'Angleterre. (#) ARCHE ox ARCHI ( Grammaire. ) terme quipar lui-même & pris feul n’a aucune fignification déter- minée , mais qui en acquiert une tres-forte lorfqu’il en précede quelqu’autre fimple qu'il éleve au degré fuperlatif, dont 1l a pour lors l'énergie ; ainfi l’on dit archi-fou , archi-coquin | &c. pour exprimer le plus haut desré de folie & de fourberie ; on dit auffi pour marquer une fur-éminence d'ordre ou de dignité, archange, archevêque, archi-diacre, archi-thréforier, archi- maréchal, Gcc. Ce mot eft formé du Grec apyn ; primauté, com- mandement , dutorité ; d’où eft dérivé apzos, princeps , Jummus ; prince ou chef. En Angleterre on fupprime ordinairement l’; final du mot archi , ce qui rend durs à l'oreille les termes dans la compofition defquels il entre ; défaut qu’on a évité dans prefque toutes les autres langues, foit mortes , foit vivantes. Voyez ANOMAL oz IRRÉGU- LIER.(G) | ARCHÉE, f. m. ( Phyfiologie. ) ce mot fignifie an- cien dans fa propre étymologie. Bafile Valentin & autres Chimiftes abuferent de ce mot qu'ils conver- tirent en den natur-knaben | appellant ainfi le princi- pe qu détermine chaque végétation en fon efpece. Paracelfe admit l’archée, & Van-Helmont voulut ex- primer par-là un être qui ne fût ni l’efprit penfant, ni un corps groffier & vuloaire ; mais quelque être moyen qui dirigeat toutes les fonétions du corps fain, guérit les maladies, dans lefquellesil erre, où même entre quelquefois en délire, 6, Ce qui a engagé ces Pinlofophes à fe forger ces hypothefes , c’eit qu'ils ont vü que le corps humain étoit conftruit avec un art fi merveilleux , 8 fuivant les lois d’une mécha- que fidéliée, qu'ils ont crû en conféquence qu’un auf grand nombre de fon@ions., fi fabtilement en- chaïînées entr'elles, ne pouvoient jamais fe faire fans le fecoursde quelque intelligence qui préfidât à tout : mais ils ne voulurent point accorder ce mimiftere à Pame, parce qu'illeur fembloit qu'il s’enfuivoit delà que nous euifions dû favoir ce qui fe pafle au-dedans de nous-mêmes:, & pouvoir commander à toutes nos fonétions, fans excepter celles qu'on nomme vitales. Cette opimion ne mérite pas d’être réfutée ; je ne crois pas que Van-Helmont ait ète affez infenfé pour croire vrai tout ce qu'il a écrit fur fon archée ; & lorfqu’il dit que larchée à faim oufoif , digere, choi- fit, expulfe , &c. il n’a fans doute voulu dire autre chofe ; finon que c’eft une puiflançe inconnue qui DT fait tout cela dans l’homme ; car qu'importe qu’on avoue ignorer la caufe de quelqu'aion , ou qu’on la mette dans un être imaginé dont on ne connoïît ni l’exiftence , ni la nature, ni les affe@ions, nila fa- çon d'agir ? Mais pour nous, nous connoiffons plu- lieurs cautes méchaniques des fonétions. dueorps : nous favons qu’elles dépendent toutes d’une infirité de caufes phyfiques connues , tellement raffemblées en un tout, qu'elles forment la vie & la fanté, la confervent & la rétabliflent. Comment. Boerh. Voyez VIE 6 SANTÉ. (L ARCHEGETES ( Myth.) nom fous lequel Apol- lon avoit un autel & un culte dans l’île de Naxos. Sur des monnoies de la mêine île on voyoit la tête d’Apollon avec ce furnom. On donnoit à Hercule le même titre dans l’île de Malte, où fon culte avoit été apporté de Tyr ; ce mot fienifie chef, prince, conduc= teur ; du Grec dpyuv. (G) ARCHELET, {.m. c’eft, er terme de pécheur, une branche de faule pliée en rond , qui s'attache avec de la lignette autour du verveux pour le tenir ouvert. 7. VERVEUX. C’eft encore le nom de deux bätons d’orme courhés & fe traverfant en forme de croix , à l’extrémité defquels font atrachés les quatre coms du filet à prendre le goujon , qu'on appelle échiquier. Voyez ÉCHIQUIER. ARCHELOGIE , f. f. nom d’un traité des pre- miers élémens de la Medecine, fondés fur la raifon èc l'expérience, & confidérés par abftraftion. (L) ARCHERS , fm. ( Art militaire. ) forte de mili- ce ou de foldats armés d’arcs & de fleches, Voyez ARMES , FLECHE. Ce mot vient du Latin arcus , arc; d'où.on a formé arcuarius &r arquis , &tarquites , termes de la bafle latinité, On fe fervoit beaucoup d'archers anciennement : mais préfentement ils ne {ont plus d’ufage qu’en Turquie, & chez les Afati- ques , qui ont encore des compagnies d’archers dans leurs armées , defquels on fit une terrible boucherie à la bataille de Lépante. Le nom d’archers eft cepen- dant refté chez les peuples même qui ne s’en fervent plus : par exemple , les officiers exécuteurs des or- dres des lieutenans de police , & des prevôts, Gc. dont l'emploi eft de faïfir , faire des captures, arrê- ter , &c. font appellés archers , quoiqu'ils ayent pour armes des hallebardes & des fufls ; c’eft dans ce fens que lon dit les archers du grand prevôr de l'hôtel, du prevôt des marchands , les archers de ville, les archers du guet ou de nuit, Il y a aufh des archers que l’on ap- pelle la maréchauffée., qui font continuellement fur les grands chemins pour les rendre fürs contre les vo- leurs, La diligence de Lyon eft toüjours efcortée par la maréchaufiée. Ces archers ou cette maréchaufée eft caufe que l’on peut voyager dans toutes les par- ties de la France fans courir de rifque ; de forte qu'il arrive moins de vols dans le royaume de France pen- dant un an, qu’auprès de Londres pendant une fe- maine. | Il y a auf les archers des pauvres, dont l'office eft de faifir les mendians qui errent dans les rues , & de les mettre à l’hôpital, Il y a eu autrefois en France un corps d'infanterie créé par Charles VII. fous le nom.de francs-archers > ce corps étoit formé par les différentes paroïffes du royaume ; chacune fournifloit un homme armé: le pri- vilége que ce prince accorda à ceux qui étoienttchoi- fis, fut caufe qu’il y eut de l’empreflement pour l'être; car 1lles affranchit prefque de tous fubfides; & c’eft de cet affranchiffement , dit le P. Daniel , qu’on les appella francs-archers où francs-taupins, nor qui leur fut donné fans doute , parce qu’on le donnoit alors aux payfans à caufe‘des taupinieres dont les clos dés gens de campagne font ordinairement remplis. Cette milice n’a fubffté que jufques versilafin du regne de Louis XI, Il cafa les francs-archers pour dé- / CE | “charger les bourgs & villages qui étoient tenus de leur entretien : mais pour fuppléer à cette infante- tie ;1l leva fix mille fuifles &c dix mille Hommes d’in- fanterie Françoife à fa folde. Hifoire de la milice Fran- goife, par le P, Daniel. (Q) … ARCHET,, f. m.(ex Lutherie) petite machine qui fert à faire raifonner la plüpart des inftrumens de Mufique à corde. Il eft compofé d’uñe baguette de bois dur 4C, fo. 8. PI. II, un peu courbée en 4, pour éloigner les crins de la baguette , & d’un faif- ceau de crins de cheval , compofé de 8o ou cent brins , tous également tendus. Le faifceau de crins qui -eft lié avec de la foie , eft retenu dans la mor- toife du bec 4 , par le moyen d’un petit coin de bois qui ne laïfle point fortir la ligature. Il eft de même attaché au bas de la baguette € : après avoir pañlé ur la piece de bois B , qu’on appelle la hauffe. Cette haufle communique par le moyen d’un tenon taraudé qui pañle dans une mortoife à la vis, dont la piece d'ivoire D eft la tête, Cette vis entre de 3 Où 4 ou ÿ pouces dans la tige ou fût de l’arches. On s'en fert pour tendre ou détendre les crins de Varches , en faifant marcher la haufle vers 4 ou vers D. Voyez VioLon oz VIOLE , pour les regles du coup d’erchet. Afin que l’archer touche plus vivement les cordes, on en frotte lés crins de colophane, forte de poix. Voyez; COLOPHANE. ARCHET , outil d’Arquebufier, eft un morceau de lame d'épée ou de fleuret, emmanché dans une poi- gnée faite comme celle d’une lime , mais percée tout proche du manche d’un trou , dans lequel on pafle une groffe corde à boyau qui y eff retenue à demeu- re par un nœud. Le haut de cette lame eft dentelé comame une crémaillée , & l’autre bout de la corde à boyau eft noué en boucle, & peut s’arrêterpar cet- te boucle dans chaque dent ; les arquebufiers fe fer- vent de l’arches pour faire tourner la boîte À foret. Pour cet effet , ils font faire un tour à la corde À boyau' autour de la boîte, & l’accrochent par la bou cle ou-rofette à une des dents de la crémaillée de la lame ; de maniere que le tour de corde fait fur la boîte foit bien ferré , en vertu de l’élafticité de la lame. On conçoit que fi la corde n’étoit pas ferrée fur la boîte, l’archer en allant & venant ne feroit pas tourner la boite , ni par conféquent percer le foret ; fi furtout la matiere à percer oppofoit quelque réfif. tance au mouvement du foret & de la boîte. Cet archer eft auffi à l’ufage du doreur. Voyez Plan- ch. du doreur , fig. 43.Celw des horlogers n’eft pref- que pas différent ; ils fubftituent quelquefois à la la- me d'épée, un morceau de baleine ou de canne. Si ‘vous comparez cette defcription avec celle qui fuit, vous verrez que l’archet du ferrurier eft aufli très- femblable à celui de l’arquebufer, ARCHET, chez les Serruriers , eft un outil quifert à faire marcher le foret. Cet outil eft fait d’une lame d'épée ou de fleuret, ou d’un morceau d'acier étiré fous cette forme, À fon extrémité faite en crochet eft attachée la laniere de cuir ou la corde à'boyau qu’on roule fur la boîte du foret. Cette laniere le rend au manche de l’archer & y eft attachée , en paflant dans un œil ou.un piton ; l'œil eft percé dans la lame ou le piton,eft rive deflus. Oncloue la laniere , après avoir traverfé le piton:ou l’œil fur le manche : on a des archers, de toute grandeur, {elon la force des ou- vragesà foret. ÂRCHET,, chez les Fondeurs de caraîteres d’Imprime- rie, ft un. inftrument faifant partie du. moule qui fert à fondre les caraéteres, d’Imprimerie. C’eft un bout de fil.de fer long de douze à quatorze pouces géométriques, plié en cercle oblong. Des deux bouts qui. fe rejoignent, l’un. eft arrêté dans le bois infé- eur du moule, & l’autre refte mobile fajfant un Tome I. A RC Gii reflort que l’on met fur le talon de la matrice, pour l’artèter au moule à chaque lettre que l’on fond. Voyez PI IT. ‘du Fondeur descaratleres, figure premiere DCE, ARCHET , chez les Tourneurs, efl un nom que ces Ouvriers donnent à une perche attachée au plan- chèr, fufpendue au-deffus de leur tête, & À laquelle ils attachent la corde qui fait tourner leur ouvrage, Voyez TOURNEUR. ARCHETYPE , f. mm. (4 /a Monnoie ) eft l’éta: Ton primitif &c général, fur lequel on étalonne Les éta: lons particuliers. Voyez ÉTALON, | ARCHEVECHÉ, {. m. ( Gram. 6 Jurifprud. écclef. ) terme qui fe prend en différens fens : 10, pour le diocefe d’un archevêque , c’eft-à-diré , toute l’é- tendue de pays foûimife à fa jurifdition , maïs qui ne compofe qu'un feul diocefe ; on dit én ce fens que tel évêché a été érigé en archevêché ; que tel arche- Vêche contient tel nombre de paroifes : 2°. pour une province eccléfiaftique , compolée d’un fiège métro: politain & de plufieurs évêques fuffragans ; ainfi l’ar- chevêché de Sens , ou l’églite métropolitaine & pri matiale de Sens , a pour fuffragans Les évéchés d’Au- xétre , de Troties , de Nevers, & l'évêché titulaire de Bethléem : 3°. pour le palais archiépifcopal, ou pour la cour éccléfiaftique d’un archevêque ; ainf lon dit qu’un tel eccléfaftique a été mandé à La chevéché , qu’on à agité telle ou telle matiere À l’ar- chevéché : 40, pour les revenus temporels de l’archeyé: ché , ainfi l'archevéché de Tolede pale pour le plus riche du monde. (G) Il y a en France maintenant dix-huit archeyéchés. Celui de Paris eft le plus diftingué par lé lieu de fon fiége qui eft la capitale du royaume : mais quelques autres le font encore plus par une préémi- nence affettée à leur fiégé. Il n’y a que deux archevéchés en Angletèrre, ce- lui de Cantorbéri & celui d'York, dont les prélats font appellés primars & mérropolitains : avec cette unique différence, que le premier eft appellé prima de toute l’Angleterre, & l’autre fimplement pré/es d'Angleterre. Voyez PRIMAT 6 MÉTROPOLITAIN. L’archeyêque de Cantorbéri avoit autrefois juri£ diéuon fur l’Irlande, auffi-bien que fur l'Angleterre il toit qualifié de patriarche, & quelquefois a/rerius orbis papa & orbis Britannici Dontf. Lés aétes qui avoient rapport à fon autorité {e fai- foient & s’enregiftroient en fon nom , dé cétte ma- niere , 470 pontificatus noffri primo, &cc. Il étoit auffi légat né, c. Voyez LÉGAT. Il joüifloit même de quelques marques particulieres de royauté, commé d’être patron d’un évèché, ainfi qu'il le fut de ce Jui de Rochefter ; de créer des chevaliers, & de fai- re battre monnoie, &c. Il eft encore le premier pair d'Angleterre , & immédiatement après la famillé royale , ayant la préféance fur tous les ducs & tous les grands officiers de la couronne , &c. Suivant le droit de la nation, la vérification des téfftamens ref fortit à {on autorité ; il a le pouvoir d’accorder des lettres d’admimiftration , &e, Il à auf um pouvoir d'accorder des licences ou privilégés , & des difpen- fes dans tous les cas où elles étoient autrefois pour: fuivies en Cour deRome, & qui ne font point con- traires à la loi de Dieu. Foyez DisPensE. Il tient auf plufieurs cours de judicature, telles que la cout des arches , la cour d’audience , la cour de la préro: gative , la cour des paroïfles privilégiées. Poyez Ar: CHE , AUDIENCE , Éc. L’archevêque d’York a les mêmes droits dans fa province que l’archevêque de Cantorbéri ; il a la préféance fur tous les ducs ne ne font pas du fang royal, & fur tous les miniftres d'état ; excepté le grand chancelier du royaume. Il a lès droits d’un comte Palatin fur Hexamshire, one: Hhhh;j Ci? ARC Le nom d’archevéché n’a guere été connu en occi- dent avant le regne de Charlemagne: & fi l’on s’en eft fervi auparavant, ce n’étoit alors qu’un terme de diftinion qu’on donnoit aux grands fiéges , mais qui ne leur attribuoit aucune forte de jurifdiétion ; au lieu qu’à préfent ce titre emporte le droit de préfi- der au concile de la province, C’eft aufñ à fon off- cialité que font portés les appels fimples des caufes jugées par les officiaux de fes fuffragans. Voyez AP- PEL, SUFFRAGANT , @ ARCHEVÊQUE. ( 4 ARCHEVEQUE , {. m. ( Theol. ) en latin archi- gpijcopus, compofé du grec æpxoc, princeps, & d’érris- zomos , vigil ; c’eft-à-dire , chef ou premier des évê- ques dans une certaine étendue de pays. C’eft ce qu'on nomme aujourd'hui æeétropolitain | qui a plu- fieurs évêques fuffragans ; mais cette notion recûe maintenant ne feroit pas exacte pour tous les fiecles de l’Eglife, puifqu'il y a eu autrefois des métropo- litains fans fudragans & des archevëques qui n’étoient pas métropolitains. Voyez MÉTROPOLITAIN. Voyez auffi le pere Thomaffin , difciplin. de l'Eglife, part. I. Liv. T, Le nom d’archevéque fut abfolument inconnu dans les premiers fiecles de l’Eglife : 1l l’étoit encore du tems du premier concile général de Nicée , & même de ceux d’Antioche & de Sardique , où il n’en eft fait nulle mention dans les canons qui concernentles pri- viléges des premiers fiéges , & les appels eccléfafti- ques ; ce titre d'honneur & de jurifdiétion n’eût pas été oublié , s’il eùt alors exifte. Il paroït feulement par le trente-troifieme canon attribué aux Apôtres, que lorfqu'on vouloit marquer le prélat qu’on a de- puis nommé archeyéque | on difoit feulement le pre- muer évêque d’une nation. C’eft ainfi qu'Eufebe, Hiÿr. ecclef. liv. V. dit qu'Irenée évêque de Lyon étoit évêque des églifes des Gaules, fur lefquelles il avoit l’intendance. On croit que S. Athanafe introduifit le premier ce terme dans l’Eglife vers le milieu du quatrieme fie- cle, en donnant par occafon ce titre à l’évêque d'Alexandrie. Mais ce nom dans fon origine n’étoit qu'un terme de vénération & de refpe&, & ne fut d’abord employé en orient qu’à l'égard des évêques les plus illuftres par leur doétrine & par leur fain- tete. C’eft en ce fens que S. Grégoire de Nazianze qualifie d’archevéque S. Athanafe lui-même. Enfuite ce titre fut donné par déférence aux évêques des villes les plus diftinguées , mais fans y attacher aucun rap- port aux priviléges qui pouvoient être attachés à leurs fièges. Tout lorient affemblé dans le troifieme concile général d’Ephefe , le donna au Pape S. Cé- leftin & à S. Cyrille , fans prétendre égaler les pré- rogatives du fiège d’Aléxandrie à celles du fiége de Rome. Dans le concile général de Chalcédoine les Peres le donnerent aufli au pape S. Léon; & S. Epi- phane en ufa ainf non-feulement à l’égard de S. Ale- xandre & de S. Pierre martyr, mais même de Mele- ce auteur du fchifme qui defola lorient. Ce ne fut qu'après que l’évêque d’Alexandrie fe fut attribué le nom d’archevéque , qu'il l’eut fait valoir contre les évêques de fa province , qui lui fufcitoient des con- teftations injuftes , qu’on le regarda comme un titre de prééminence & de jurifdi@ion. Alors on le reftrai- gnit particulierement aux métropolitains qui avoient des furagans , au heu qu'on l’avoit donné jufques-là à de fimples évêques qui n’en avoient aucun. C’eft donc à l’évêque d'Alexandrie qu’on doit proprement rapporter l’origine du nom d’archevéque dans le fens où l’on le prend aujourd’hui. | Mais quelqu'autorifée que füt l’églife Greque à diftinguer ainf fes métropolitains, l’éghife Latine fut long-tems fans fuivre fon exemple. Celle d'Afrique furtout s’en éloïigna jufqu'à proferire dans le troïfie- me çonçile de Carthage , auquelafifta S, Augut tin , le titre d’archevéque, comme plein de fafte & d’orgueil. eruit fynodus ut prima fedis epifcopus nor appelletur princeps facerdotum aut furmmus facerdos, [ed tantum prime fèdis epifcopus. Cependant elle admet- toit les titres d’archi-prêtre , d’archi-diacre ;-de pri- mat ; 1l eft vrai qu'en Afrique la primatie n’étoit at- tachée à aucun fiége épifcopal en particulier , mais à la perfonne du plus ancien évêque , à dater du tems de fa promotion à l’épifcopat. Voyez PRIMAT 6 PRIMATIE. | Si les autres églifes d’occident firent moins d'éclat que celle d'Afrique, 1l eft certain queles principales, telles que celles de France & d’Efpagne , n’avoient pas encore adopté ce titre dans le {eptieme fiecle:, comme il paroït par S. Ifidore de Seville, qui vivoit en 625, & qui eft le premier auteur Latin qui fafle mention des archevéques, & d’un grand nombred’évé- ques qui foufcrivirent au concile d’Orleans, tenu en 621, nul ne prend ce titre, quoique plufieurs pren- nent celui de métropolitain. Ce que ce terme {embloit avoir d’odieux ayant dif paruavec letems , toute l’églife d’occident l’a adopté aufli-bien que celle d’orient , comme un terme éner- gique & propre à exprimer le degré d'honneur & de jurifdiétion dans l’épifcopat, qu'ont les métropolitains fur les évêques leurs fuffragans. Onne diftingue plus aujourd’hui. la dignité de métropolitain d'avec celle d’archevéque. L’archevéque a droit de convoquer le concile de fa province & d’y préfider, de juger par appel des caules des fujets de 1es fuffragans , de vifi- ter même fa province , felon le concile de Trente, mais pour. des raifons approuvées dans le concile provincial. Il jouit encore de plufieurs autres pré- rogatives dont on peut voir les fondemens & les preuves dans le P, Thomaflin. Difciplin, de l'Eglife, div. L, part. 1.(G) ARCHIACOLYTE, f. m. (Æiff. eccl.) nom d’une dignité qui étoit au-deflus de l’acolyte dans les églifes cathédrales, lefquelles étoient divifées en quatre or- dres de chanoines ; favoir, les prêtres, les diacres , les foùdiacres , & les acolytes : ils avoient chacun leur chef, & celui de ces derniers s’appelloit archi- acolyte : ils n’afiftoient point au chœur, ils n’avoient point de voix au chapitre, non plus que les acolytes. Cette dignité eft préfentement éteinte. Du Cange, Gloffarium latinitaris, (G) | ARCHICAMERTER oz ARCHICHAMBELLAN, {. m. (Hifi. mod. ) officier de l'empire d'Allemagne, i n’a pas les mêmes fonétions que le grand-cham- bellan en France , & dont la dignité n’eit, à propre- ment parler, qu’un titre d'honneur. , L’éleéteur de Brandebourg eft archi-charmbellan de l'Empire, comme il eft porté par la bulle d’or, & en cette qualité 1l porte le fceptre devant l’empereur & marche à la gauche de l’éleéteur de Saxe. Dans le feftin qui fuit l’éleétion de l’empereur, il eft à cheval comme les autres életteurs, & porte un baflin & une aiguiere d'argent avec une ferviette fur le bras, pour donner à laver à ce prince : ce n’eft guere qu’en cet- te occafion qu'il exerce les fonétions de fa charge, & même il peut être fuppléé par un vice-gérent , qui eft le prince d’'Hoenzollern , auffi de la maïfon de Brandebours. Heïff. 4? de l’Ernp. ARCHICHANCELIER, f. m, (Æ%f. mod.) grand chancelier ; c’étoit anciennement le chef des notaires, c’eit-à-dire , des fecrétaires d'Etat. Ÿ. CHANCELIER. On trouve cet office établi en France fous Les rois de la premiere & de la feconde race, & enfuite fous les empereurs. Comme ils avoient trois différens À s 9 Ù : gouvernemens ; favoir, l'Allemagne, l’Italie, & le royaume d'Arles, ils avoient trois archichanceliers ÿ . r A ce qui fubfite encore en Allemagne; larchevêque de Mayence eft archichancelier d'Allemagne, celur de Cologne l’eft d'Italie, & celui de Treves a le titre d'archichancelier d'Arles. Bern. de Mallincrot, dans fon traité de Archicar- cellariis imp. rom. montre que ces trois archevêques furent erchichanceliers avant que d’être éleéteurs. On trouve aufli dans l’hiftoire des archichanceliers de Bourgogne , que ce titre fut donné par l’empereur Fréderic premier à l’archevêque de Vienne. Des trois éleéteurs archichanceliers de l’Empire, celui de Treves & celui de Cologne n’ont aucune fonétion ; l’életeur de Mayence feul en fait les fonc- tions, ce qui rend fa dignité très-confidérable ; car en cette qualité ileftle doyen perpétuel des éleéteurs & le garde de la matricule de l’Empire. Il a infpec- tion fur le confeil aulique , fur la chambre impériale de Spire, & en cas de vacance du fiège impérial, le droit de convoquer les dietes d’éleétion. Non-feule- ment il a en fa pofleflion les archives de l'Empire, pour ce qui concerne l’Allemagne, mais encore tous les diplomes , titres & papiers des affaires d'Italie. I a à la cour impériale un vice-chancelier qui garde ces archives & en délivre des expéditions. L'abbé de Fui- de a auff le titre d’archichancelier de l’impératrice, qui lui fut confirmé par l’empereur Charles IV. en 1368. Heïf. kif. de l’Empire. (G) ARCHICHANTRE, f. m. (ff. eccl.) principal chantre ou le premier des chantres d’une églife. Cette dignité eft encore en ufage dans quelques chapitres. Voyez CHANTRE. (4) ARCHICHAPELAIN , {. m. ( Hiff. mod. ecclef. Sous la feconde race des rois de France, le titre d’ar- chichapelain étoit confacré à fignifier celui qui avoit la conduite de la chapelle du palais. Son autorité étoit fort grande fur tout ce qui pouvoit concerner les affaires eccléfiaftiques. Il étoit dans le confeil comme le médiateur entre le roi & les évêques. Souvent il décidoit les conteftations, & ne rapportoit au roi que les plus confidérables. Il paroît auf par les monu- mens de ce tems-là, qu’on le nommoit grazd chape- lain, fouverain chapelain, quelquefois fimplement cha- pelain & garde ou primicier du palais. Les papes lui donnoient aufli quelquefois le titre & les fonétions d’apocrifiaire auprès de nos rois. Ÿ, APOCRISIAIRE. Cette fonétion fut d’abord exercée par des abbés, particulierement par Fulrad , abbé de faint Denys, fous le regne de Pepin , & enfuite par des évêques. L’archichapelain étoit alors en même tems aflez fou- vent chancelier , ou comme on difoit alors, zotaire du roi. Sous la troifieme race il n’eft plus fait mention d’archichapelain , maïs de chapelain, de confefleur, d’aumônier , & enfin de grand aumômier. #. GRAND AUMONIER. Thomaflin, Difciplin. ecclef. part. LIT, div. I. ch. jy. & part. IV. Liv. I. ch. Ixxvuy. ARCHIDAPIFER , {. m. (ÆHifloire mod. ) grand maître d'hôtel ; c’eft le nom d’un des grands officiers de l'Empire. L’éleéteur de Baviere eft revêtu de cette charge, qui lui a été conteftée par les éleéteurs Pa- latins, ceux-ci prétendant qu’elle étoit annexée au Palatinat: mais 1ls fe font defiftés de cette prétenfion, Voyez PALATIN. Il faut diftinguer cette charge de celle de grand maître d'hôtel de la maïfon de l’em- pereur , qui eft la premiere de fa cour. Sous celui-ci font les contrôleurs , les thréforiers , les argentiers, les officiers de la bouche, les maîtres & autres offi- ciers de cuifine , d’échanfonnerie , de fommellerie, de panneterie, de fruiterie, les pourvoyeurs , & les marchands qui en dépendent. Heïff. 1/4. de l’Empire. G | c ARCHIDIAGONAT f. m. ( Hif.. eccléf.) digmité d’archidiacre. Voyez ci-deffous ARCHIDIACRE. ARCHIDIACONE , eft la portion d’un diocefe fujette à la vifite d’un archidiacre. ARCHIDIACRE , f. m. ( Hif. ecclef. ) nom que l’on donnoit anciennement au premier des diacres ARC 613 ou à celui qui étoit leur chef. Saint Auguftin attri- bue ce titre à faint Etienne, parce que faint Luc le nomme le premier des fept diacres. Il n’y avoit d’a- bord que les diacres qui puflent être élevés à cette dignité ; & fi celui qui en étoit revêtu recevoit Por- dre de prêtrife , il ne pouvoit plus exercer la fonétion d’archidiacre : mais dans la fuite on donna aufli ce ti- tre à des prêtres, comme on le voit dans Hincmar, Pan 877. L’urchidiacre, dit M. Fleury, dans fon Infhitution au Droit eccléfraflique , tom. I. part. I. ch. xjx. pag. 168. & Juiv. étoit dès les premiers tems le principal mi- niftre de l’évêque pour toutes les fonétions extérieu- res, patticulierement pour l’adminiftration du temr- porel ; au-dedans même il avoit foin de l’ordre & de la décence des offices divins. C’étoit lui qui préfen- * toit les clercs à l’ordination, comme 1l fait encore, qui marquoit à chacun fon rang & fes fonéhions, qui annonçoit au peuple les jours de jeùne ou de fête, qui pourvoyoit à l’ornement de l’églife &c aux répa- rations. Il avoit l’intendance des oblations & des revenus de l’éghfe, fi ce n’étoit dans celles où il y avoit des économes particuliers. Il faifoit diftribuer aux clercs ce qui étoit réglé pour leur fubfftance , & avoit toute la direétion des pauvres avant qu'il y eût des hôpitaux. Il étoit le cenfeur de tout le bas clergé & de tout le peuple, veillant à la correttion des mœurs. Il devoit prévemir ou appaifer les que- relles ; avertir l’évêque des defordres, & être com- me le promoteur pour en pourfuivre la réparation: auf l’appelloit-on a main & l'œil de l’évêque. Ces pouvoirs, continue M. Fleury, attachés aux chofes fenfbles &à ce qui peut intérefler les hommes, mi- rent bientôt l’archidiacre au-deflus des prêtres, qui n’avoient que des fonétions purement fpirituelles , juiques-là qu'ils en vinrent à méprifer les prêtres ; vanité contre laquelle S, Jérome s’éleva vivement. L’archidiacre n’avoit toutefois aucune jurifdiétion {ur eux jufqu’au vi‘fiecle : mais enfin il leur fut fupé- rieur, & même aux archiprêtres. Ainf il devint la premiere perfonne après l’évêque , exerçant fa jurif- diétion. &c faifant fes vifites, foit comme délegué , foit à caufe de fon abfence, ou pendant la vacance du fiége. Ces commiflions devinrent enfin fi fréquentes, qu'elles tournerent en droit commun, enforte qu’a- près l’an 1000 les archidiacres furent regardés com- me juges ordinaires, ayant jurifdiétion de leur chef, avec pouvoir de déléguer eux-mêmes d’autres juges. Il eft vrai que leur jurifdiéon étoit plus ou moins étendue , felon les différentes coûtumes des églifes , & felon que les uns avoient plus empiété que les au- tres ; elle étoit auffi bornée par leur territoire, qui n’étoit qu'une partie du diocefe ; car depuis qu'ils devinrent fi puiffans, on les multipha , fur-tout en Allemagne &c dans les autres pays où les diocefes {ont d’une étendue exceflive; celui qui demeura dans la ville prit le titre de grand archidiacre. Dès le 1x° fiecle il fe trouve des archidiacres prêtres , & toute- fois il y en a eu 200 ans après qui n’étoient pas mê- me diacres ; tant l’ordre étoit dès-lors peu confidéré en comparaifon de l’office. On les a obligés à être au moins diacres, & ceux qui ont charge d’ames à être prêtres. C’eft la difpofition du concile de Trente, Se. XXI. de Reform. c. xÿ. Les évêques fe trouvant ainfi prefque dépouillés de leur jurifdiéon , travaillerent après lan 1200 à diminuer celle des archidiacres , leur défendant de connoître des caufes des mariages & des autres les plus importantes, & d’avoir des OfiCIAUX qui ju- geaffent en leur place. L’aflemblée du Clergé tenue à Melun en 1579, reftraint à cet égard les droits auxquels prétendoient les archidiacres ; & divers ar- rêts, foit du confeil, doit du parlement, ont limité leur jurifdiétion contentieufe. Thomaflin , Diftiplin. de 614 ARC Lépliles part. I. Liv. I. c.xxv. Gxxxy. part. IT. div. T. ainfi qu'à François Blondel, d'avoir appli- que à l’archiretture les démonftrations mathématiques. Depuis les auteurs dont nous venons de parler, plufieurs de nos Architeétes François ont aufñ traité de l’archireture , tels que M. Perrault qui nous a don- né les cinq ordres avec des additions fur Vitruve & des obfervations fort intéreffantes ; le P. Dairan, qui nous a donné un excellent sraité de la coupe des pierres , que la Rue, Architeéte du Roi, a commenté , éclairci & rendu utile à la pratique ; M. Fraizier, qui a donné Le Théorie de cet art, prefque inconnue avant lui; M. Boffrand , qui nous a donné fes Œuvres, dans lefquels cet habile homme a montré fon érudition & {on expérience dans l’art d’archireëlure ; M. Brizeux nous a auffi donné un sraité de la difiriburion € de la décoration des maifons de campagne ; & Daviler , qui non-feulement a commenté Vignole , mais nousa donné un sraité d'architeülure fort eftimé , augmenté ARC par le Blond ( dont nous avons un excelleñt air dé Jardinage ) & depuis par Jacques-François, Blondel ; profefleur d’architeülure ; dont nous avons auf un Traité de la diftribution 6’ de la décoration des édifices ; fans oublier Bullet, le Muet, Bofle, Gc. qui nous ont aufli donné quelques ouvrages fur larchirelure, Le terme d’archireëlure reçoit encore plufieurs figni: fications , felon la maniere dont on le met en ufage, c’eft-à-dire qu’on appelle archireëlure en perfpeétive cel. le dont les parties font de différentes proportions, & diminuées à raifon de leurs diftances pour en faire paroître l’ordonnance en général plus grande ou plus éloignée qu'elle ne left réellement , tel qu’on voit exécuté le fameux efcalier du Vatican , bâti fous le pontificat d'Alexandre VIT. fur les deffeins du cava: lier Bernin. On appelle architeëfure feinre celle qui a pour objet de repréfenter tous les plans , faillies & reliefs d’une archireilure réelle par le feul fecours du coloris, tels qu’omen voit dans quelques frontifpices de Vtalie , & aux douze pavillons du château de Marly ; ou bien celle qui concerne les décorations des théatres ou des arcs de triomphe peintes fur toi- le ou fur bois , géométralement où en perfpeäive, à l’occafon des entrées ou fêtes publiques , ou bien pour les pompes funebres, feux d'artifice, 6. (P) ARCHITHRÉSORIER , £. m. ( Æif. mod. ) ou grand thréforier de l’Empire , dignité dont eft revêtu l'éleéteur Palatin. Cette dignité fut créée avec le hui- tieme éleétorat en faveur du prince Palatin du Rhin : mais Frédéric V. ayant été dépofledé de fon éleéto- rat par l’empereur Ferdinand IT. après la bataille de Prague, fa charge fut donnée à l’éleéteur de Baviere : mais elle a été rendue à la maïfon Palatine lorf qu’elle eff rentrée en pofleffion d’une partie de fes états par le traité de Weftphalie. Au commencement de ce fiecle , l'empereur Jofeph ayant mis l’éleéteur de Baviere au ban de l'Empire, le priva de fon élec- torat &c de fa charge de grand-maïître d’hôtel , qu'il donna à l’éleéteur Palatin, & revêtit de celle de grand thréforier l’életeur d’'Hanovre , qui fonde d’ailleurs fon droit à cette charge fur ce qu'il defcend de Fre- déric V. Mais la maïfon de Baviere ayant été rétablie dans fes états & dans fes droits, le Palatin contefte à l’éleéteur d’Hanovre le titre de grand thréforier , d'autant plus que celui-ci ne le tient qu’en vertu d’une difpofition particuliere de l’empereur Jofeph, qui m’eft point confirmée par la décifion du corps Germanique. Quoi qu'il en foit de ces droits, une des principales fonétions de l’archithréforier de l’Empire, le jour du couronnement de l’empereur, eft de mon- ter à cheval & de répandre des pieces d’or & d’ar- gent au peuple dans la place publique. Heïff, 21. de l’Empire. (G) *ARCHITIS ( Mych. ) on adotoit Venus au mont Liban, fous ce nom : elle y étoit repréfentée dans laffi&ion que lui caufe la nouvelle de la bleffure d’Adonis ; la tête appuyée fur la main gauche, & couverte d’un voile, de deffous lequel on croyoit voir couler fes larmes. ARCHITRAVE , £ f. ( Architeïture, ) du Grec apyos, principal , & du Latin srabs , une poutre ; on _le nomme auff épifiyle du Latin epiffylium, fait du. Grec ext, fur, &t qunos, colonne. Sous ce nom on en- tend la principale poutre ou poitrail qui porte hori- fontalement fur des colonnes ,'8c qui fait une des trois parties d’un entablement. Voyez ENTABLEMENT. Comme les anciens donnoiïent peu d’efpace à leuren- tre-colonne ; leur architraye étoit d’une feule piece qu'ils nommoient fommier. Nos Architectes moder- nes , qui ont mis en ufage les colonnes accouplées , ont donné plus d’efpace à leurs grands entre-colo- nemens , & ont fait leur architrave de plufieurs cla- veaux , tels qu'onle remarque aux grand & petit en- EL ARC ire-colonemént du périftyle du Louvre, au Val-de- Grace, aux Invalides, &c .# | Les architraves {ont ornées de moulures nommées plates-bandes |parce-qu’elles ont peu de faillie Les unes fur les autres. Ces plates-bandes doivent être en plus ou moins grande quantité, felon que ces architraves appartiennent à des ordres ruftique , folide , moyen ou délicat. Voyez ORDRE. Ileft des architravesmutlées, c’eft-à-dire , dont les moulures {ont arafées ou retranchées pour recevoir une infcription , tel qu’on le remarque au périftyle de la Sorbonne du côté de la cour; cette licence eft vicienfe, ces inferiptions pouvant être mifes dans la fre , qui doit toùjours être lice. Voyez FRISE. Il eft aufi des architraves qu’on nomme coupées , parce qu’elles font interrompues dans l’efpace de quelque entre-pilaftre ( Voyez PILASTRE }) , afin de laiffer monter les croïées juique dans la frife , tel qu’on peut le remarquer à la façade des Tuileries, dans les ailes qui font décorées de pilaftres d'ordre compofite: mais cette pratique efttout-à-fait contraire au principe de la bonne Architeëture, & ne doit être fuivie par aucun Architeéte, malgré le nombre pro- digieux d'exemples qu’on remarque de cette licence dans la plüpart de nos édifices. (2) ARCHITRAVE, {. f. épiflyle; c’eft , ez Murine, une piece de bois mife fur des colonnes, au lieu d’ar- cades , qui eft la premiere & la principale , &.qui foûtient les autres ; au.deffous de la plus bañle frife de larcañfle, quifert de bafe aux termes , il y a une architrave qui, dans un vaitieau de 134 piés de [on- gueur de l’étrave à l’étambord, doit avoir deux piés de largeur & quatre pouces & demi d’épaiileur. Voyez aux figures, Marine, Planche V. figure 1. l’ar- chitrave marquée G. G. (Z ARCHIVES , 1. f. ( fé, mod. ) {e dit d'anciens ti: tres ou chartres qui contiennent les droits, prèéten- fions , privilèges & prérogatives d’une maifon, d’une Ville , d’un royaume. Il ie dit aufhi du lieu où l’on garde ces titres ou chartres. Ce mot vient du Latin, arca, coffre , ou du Grec apyaior, dont Suidas fe fert pour fignifier la même choie : on trouve dans quel- ques auteurs Latins ercharium. Qn dit les archives d’un collège , d’un monaïtere. Les archives des Romains étoient coniervées dans le temple de Saturne, & cel- les de France le {ont dans la chambre des comptes. Dans le Code ontrouve qu’erchivum publicum vel ar- marium étoit le lieu wbi aûta G dibri exponebantur. Cod. de fd, inftrum. auth. ad hac XX X. queft. j.(H) *ARCHIVIOLE , £. f. (Luch. & Mufig. ) efpece de clavecin qui n’eft prefque d’aucun ufage , auquel on a adapté un jeu de vielle qu’on accorde avec le cla- vecin, & qu'on fait aller par le moyen d’une roue & d’une manivelle. ss ARCHIVISTE, {. m. garde des archives. Voyez ARCHIVES. - ARCHIVOLEUR , f. m. ( Æi/f, anc. ) chef ou ca- pitane des flous. Si l’on en croit Diodore de Sicile, les voleurs égyptiens obfervoient cette coûtume : ils fe faifoient inicrire par le chef de leur bande, en pro- mettant de [ui apporter {ur le champ & avec la plus exaéte fidélité , ce qu'ils auroient dérobé ; afin que quiconque auroit perdu quelque chofe, pût en écrire à ce capitaine, én lui marquant Le lieu , l'heure & le jour auquel 1l avoit perdu ce quil cherchoit ; qui lui étoit reftitue à condition d'abandonner au voleur pour fa peine la quatrieme partie de la chofe qu’on redemandoit. ( G) ARCHIVOLTE, {. m. du Latin arcus volutus , arc contourné. Sous ce nom l’on entend le bandeau ou chambranle (v0ye; CHAMBRANLE)quiregne autour d’une arcade plein cintre , & qui vient fe terminer {ur les impofñtes. Voyez IMPOSTE. Les moulures de ces ærchivoltes iuitent celles des architraves , & doivent Tome I, À RC 619 : être ornées à raïfon de la richeffe ou de la fimplicité des ordres. On appelle archivolte retourné, celui qui retourne horifontalement fur l'impofte , comme au château de Clagny & à celui de Val, proche Saint- Germain-en-Laye : mais cette maniereeft pefante & ne doit convenir que dans une ordonnance d’archi- teéture ruftique. On appelle archivolte ruffique, celui dont les moulures font fort fimples, &c {ont inter- rompues par des boffages unis ou vermiculés. Voyez BOSSAGE. . Re LL * ARCHO (Les), Géog. trois petites îles de PArchipel au fud fud-eit de Patmos, & au fud fud- oueft de Samos. ue ARCHONTES, f. m. pl, (Æ2/f. anc.) magiftrats, préteurs ou gouverneurs de l’ancienne Athénes. Ce nom vient du Grec dprwv, atuplurier éprorres , com mmañdans Ou princes, [ls étoient:au nombre de neuf, dont le premier étoit l’archozte qui donnoit fon nom à Pannée de fon adminiftration ; le fecond ie nom- moit Ze roz ; le troifieme, le polemarque ou générali£ fime , avec fix rhc/morheres, Ces magitrats élüs par . le fcrutin des feves , étoient obligés de faire preuve devant leur tribu comme ils étoient 1flus du côté pa- ternel & maternel de trois afcendans citoyens d’A- thenes : 1ls devoient prouver de même leur attache- ment au culte d’Apollon, protetteur de la patrie, & qu'ils avoient dans leur maïfon un autel confacré à Jupiter, &: par leur refpeét pour leurs parens , faire efpérer qu'ils en auroient pour leur patrie: il falloit aufli qu'ils euflent rempli le tems du lervice que cha- que citoyen devoit à la république ; ce qui donnoit des officiers bien préparés , puifqu’on n’étoit licentié qu'à 40 ans : leur fortune même dontils devoient in£ truire ceux qui étoient prépolés à cette enquête , {er- voit de garant deleur fidélité. Après que les commif faires nommés pour cetexamen en avoient fait leur rapport , les archontes prétoient{erment de maintenir les lois, & s’engageoient en cas de contravention de leur part, à envoyer à Delphes une ftatue du poids de leur corps. Suivant une loi de Solon , fi l’archonte fetrouvoit pris de vin , ilétoit condamné à une forte amende , 8 même puni de mort. De tels officiers mé- ritoient d’être refpeltés ; auffi étoit-ce un crime d'é- tat que de les infulter. L'information pour le fecond officier de ce tribunal qui étoit nomme Ze roi, devoit porter qu'il avoit époufé une vierge & fille d’un ci= : toyen ; parce que dit Démofthenes,ces deux qualités étoient néceflaires pour rendre agréables aux dieux les facrifices que ce magiftrat & fon époufe étoient obligés d'offrir au nom de toute la république. L’e- xamen de la vie privée des archontes étoit très-levere, & d'autant plusnéceflaire, qu’au {ortir de leur exer- cice & après avoir rendu compte de leur adminiftra- tion , ils entroient de droit dans PAréopage. Ceci regarde principalement les archontes décen: naux; car cette forte de magiftratüre eut fes révolu- tions. D’abord dans Athenes les archontes fuccéde- rent aux rois & furent perpétuels. Medon fut le pre- mier, l’an du monde 2936, & eut douze fuccefleurs. de fa race , auxquels on fubflitua les archonres décen- * naux , qui ne durerent qne 70 ans , & qui furent rem- placés pardes archontes annuels.Lie premier de ces ma- giftrats fe nommoit proprement archonte ; on y ajoû- toit l’épithete d’époryme,parce que dans l’année delon adminiftration , toutes les affaites importantes fe paf {oient en fon nom. Ilavoitfoindes chofes facrées, pre- fidoit à une efpece de chambre eccléfaftique , où l’on décidoit de tous les démêlés des époux, des perés & des enfans, & les conteftations formées fur les tefta- PR mens, les less , les dots , les fucceflions. IL étôit char- gé particulierement des mineurs , tuteurs, Curateufs ; en général, toutes les affaires civiles étoient portées en premiere inftance à {on tribunal. Le deuxieme ar- chonte avoit le furnom de roi ; le refte du cuite pu Titi 1 620 ARC blic & des cérémonies lui étoit confié. Sa fonétion principale étoit de préfider à la célébration des fêtes ; de terminer les querelles des prêtres & des familles fa- crées; de punir les impiétés & les profanations des myfteres. On inftruifoit encore devant lui quelques affaires criminelles & civiles, qu'il décrdoit ou ren- voyoit à d’autres cours. Le polemarque veilloit auf à quelques pratiques de religion: mais fon vrai dépar- tement étoit le militaire, comme le porte fon nom dé- rivé demaeues, guerre, &t de éprèw, commander. Il étoit tout-puiffant en tems de guerre, & jotifloit pendant la paix de la même A EHON fur l’étranger que le premier archonte fur le citoyen d’Athenes. Les fix au- tres qui portoient le nom commun de she/rrothetes , qui vient de Seuode, Loi, & de r/0mur , établir, formoient un tribunal qui jugeoit des féduétions , des calomnies, de toute faufle accufation;les différends entre l’étran- ger &c le citoyen, les faits de marchandifes & de com- merce , étoient encore de fon reffort. Les thefmothe- tes avoient fur-tout l’œil à l’obfervation des lois, & le pouvoir de s’oppofer à tout établiflement qui leur paroifloit contraire aux intérêts de la fociété , en far- fant une barriere élevée entre les autres magiftrats & le peuple. Tel étoit le diftri& de chaque archonte en particulier. Le corps feul avoit droit de vie & de mort. En récompenfe de leurs fervices , ces juges étoient exempts des impôts qu’on levoit pour lPentre- tien des armées, & cette immunité leur étoit parti- culiere. La fucceflion des archontes fut réguliere ; & quelles que furent les révolutions quel’état fouffrit par les fa@tions ou par les ufurpateurs , on en revint toù- jouts à cette forme de gouvernement, qui dura dans Athenes tant qu'il y eut un refte de liberté êc de vie. Sous les empereurs Romains plufieurs autres villes Greques eurent pour premiers magiftrats deux ar- chontes | qui avoient les mêmes fonétions que les duumvirs dans les colonies & les villes municipales, Quelques auteurs du bas Empire donnent le nom d’archontes à divers officiers foit laïques , foit ecclé- fiaftiques, quelquefois aux évêques , & plus fouvent aux {eigneurs de la cour des empereurs de Conftan- tinople. Ainfi archonte des archontes , on grand ar- chonte, fignifie la premiere perfonne de l’état après empereur ; archonte des églifes , archonte de l’évan- gile , un archevêque, un évêque ; archonte des mu- railles, le furintendant des fortifications , & ainfi des autres. Voyez ARÉOPAGE. … ARCHONTIQUES, adj. ( Théo!. ) mot formé du Grec doxu , au plurièr éprovrsc , principautés ou hié- rarchies d’anges. On donna ce nom à une feéte d’hé: tétiques qiu parurent fur la fin du 11. fiecle, parce qu'ils aftribuoient la création du monde’non pas à Dieu , mais à diverfes puiflances ou principautés , c’eft-à-dife à des fubftances intelleétuelles fubordon- nées à Dieu , & qu'ils appelloient archozres. Is re- jettoient le baptême & les faints myfteres dont ils faïloient auteur Sabahot, qui étoit, felon eux , une des principautés inférieures : à les entendre, la femme -étoit l'ouvrage de fatan , & l’ame deveit reflufciter avec le corps. On les regarde comme une branche de la fete des Valentiniens. Voyez VALENTINIENS & GNOSTIQUES. {G) ARCHURE, £ f. ( Charp. ) nom de plufeurs pie- ces de charpente ou de memuferie , placées devant les meules d’un moulin. ARCILLIERES , f. f. serme de riviere | pieces de bois cintrées & tournantes, fervant à la conftruétion d’un bateau foncet. * ARCIS-SUR-AUBE, ( Géog.) ville de France en Champagne fur l'Aube. Long. 21.45. lat. 48. 30. ARCITÉNENS, nom Latin de la conftellation du Sagittaire. Voyez SAGITTAIRE. ( O ) *ARCK , lac d’Ecoffe dans la province de Loque- bar , près de celle de Murraï. ARC * ARCKEL ( TERRE D’), contrée du Brabant-Ef- pagnol, dont la ville de Liere on Lire eft le lieu principal. * ARCLO 04 ARECLO , villé d'Irlande dans La Lagénie, à l'embouchure de la riviere de Doro. ARCO ( 1’ })f.m. terme de Fonderie, ce font despat- ties de ewuvre répandues dans les cendres d’une fon- derie , & qu’on retire en criblant ces cendres, & en les faifant pañler fucceffivement par différens tamis. Voyez Particle CALAMINE. * ARCO , ( Géog. ) ville d'Italie dans le Frentin, proche la riviere Sarca,un peu au nord de Pextrémité féptentrionale du lac de Garde. Long. 28. 25. lan,” 45. 3%: Les. ARÇCON , f. m. ( Manège.) ef une efpece d’arc compoié de deux pieces de bois qui foûtiennent une felle de cheval, & lui donnent {a forme. [l y aunarçor de devant, & unarçon de derriere. Les parties de l’arçor font le pommeau , qui eftune petite poignée de cuivre élevée au-devant de la fel- le ; le garrot, petite arcade un peu élevée au-deflus du garrot du cheval ; les mammelles , qui font l’en- droit où aboutit le garrot; & les pointes qui forment le bas de l’arçon. On y ajoûtoit autrefois des mor- ceaux de liège, fur lefquels on chaufloit les battes. PV, GARROT , MAMMELLE, POINTE, BATTE, 6. Il y a des arçons mobiles pour les felles à tous che- vaux , qui changent l’ouverture de la felle. L’arçon de derriere porte iur le trouflequin. Voyez TROUSSE- QUEN. Les arçons fontnervés, c’eft-à-dire , couverts de nerfs de bœuf battus & réduits en filaffe , puis col- lés tout autour des arçons pour Les rendre plus forts, On les bande enfuite avec des bandes de fer qui les tiennent en état. Au-deflous des arçons on cloue les contre -fanglots pour tenir les fangles en état. Voyez CONTRE-SANGLOT , SANGLE , Ge, Les piftolets d’arçon font ceux qu’on porte ordi- haïirement à l’arçon de la felle. Perdre les arçozs, vui- der les arçons, ferme fur les arçons. Arçons à corps , fervoient autrefois aux Gendar- mes. Le trouflequin leur alloit jufqu'au milieu du corps. (7) ARÇON, f. m. outil de Chapelier , avec lequelils di- vifent & féparent le poil ou la laine dont les chapeaux doivent être fabriqués : cet outil refflemble aflez à un archet de violon ; mais la maniere de s’en iervir eft fort différente. Voyez ARÇONNER. L’arçon repréfenté (figure 6. PI. du Chapelier ) eft compoifé de plufeurs parties ; la piece 4 B eft un bâton cylindrique de 7 à 8 piés de longueur , qu'on appelle perche. Près de l’extrémité 2, eft fixée à te- non & mortoife une petite planche de bois chantour- née, comme on voit dans la figure, qu’on appelle bec de corbin : cette piece a fur {on épaïieur en €’, une petite rainure , dans laquelle 1e loge la corde de boyau c €, qui après avoir pañlé dans une fente pra- tiquée à l'extrémité 8 de la perche, va s’entortiller & fe fixer à des chevilles de bois qui font placées au côté de la perche diamétralement oppofé au bec de cotbin. À l’autre extrémité À de la perche eft de même fixée à tenon & mortoife une planche tle bois D, qu’on appelle panneau. Cette planche eft évidée afin qu’elle foit plus légere , & elle doit être dans le même plan que le bec de corbin ©; elle eft auf plus épaiffe par es extrémités que dans {on mi- lieu ; lépaiffeur du côté de la perche fait qu’elle s’y applique plus fermement ; l’épaifleur pratiquée de l'autre côté, eft pour recevoir le cuiret CC’, quieft nn morceau de peau de caftor que l’on tend fur lex trémité Æ du panneau , au moyen des cordes de boyau c 2 c2 attachées à ces extrémités. Ces cordes font le tour de la perche, & font tendues par les pe- tits tarauts ea, qui les tordent enfemble deux à deux de la même maniere que les Menuifiers bandent la ARC lame d’une fcie. Voyez Scre. Toutes les chofés ainfi _difpofées, on attache la corde à boyau au moyen d’un nœud coulant à l'extrémité 4 de la perche. Après qu'elle y eft fixée, on la fait ET deflus le ciüret, & on la conduit dans la raïture du bec de corbin, d’où elle pañle par la fente pratiquée à l’ex- trémite B de la perche aux chevilles 214 où elle doit être fixée & fufhfamment tendue. On met enfuite une petite piece debois 3 d’une Li: gne ou environ d’épaifieur , qu'on appelle chazrerelle. L’ufage de cette piece eft d’eloigner le cuiret du pan- neau ; ce qui laifle un vuide entre deux, & fait ren- dre à la corde un fon qui eft d'autant plus fort que la corde eft plus tendue : l’arçoz a dur le milieu de la perche une poignée o, qui eft une courroie de cuir ou de toile, qui entoure en-deflus la main gauche de Parçonneur. Cette courroie empêche que le poids du panneau & du bec de corbin ne faflent tomber la corde de boyau fur la claie, &c aide l’arçonneur à foûtenir l’arçoz dans fa fituation horifontale. ARÇONNER , v. neut. serre de Chapelier. C’eft {e fervir de l’arçon décrit à l’article précédent : cette opération eft repréfentée ( figure prem. Planche de Chapelerie ). LL EL L font deux treteaux fur lefquels eft poiée une claie d’ofier #7 qui en a deux autres HK, HK, à fes extrémités quitont courbees en-de- dans , & qu'on appelle dofféers. Elles fervent à rete- mir les matieres que l’on arçonne {ur la premiere, dont le côté antérieur doit être appliqué contre le mur qui a été fupprimé dans la figure, parce qu'il l’auroit caché entierement. Ces mêmes matieres {ont auffi retenues du côté de l’ouvrier par deux pie- ces de peau M M, qui ferment les angles que la claie & les doffiers laïffent entre eux. L’arçonneur À tient de la main gauche, & le bras étendu, la perche de l’arçon qui eit fufpendu ho- riontalement par la corde D £ qui tient au plan- chef ; eniorte que la corde de boyau de Parçon foit preique dans le même plan horifontal que la perche: De la man droite il tient la coche F repréientée 1é- parément ( fgure1o, PI. du Chapelier. ) avec le bou- ton de laquelle il tire à lui la corde de boyau qui échappe en gliffant fur la rondeur du bouton, & va frapper avec la force élaftique que la tenfion lui donne , fur le poil ou la laine précédemment cardée, placée en G ; ce qui la divife &r la fait paffer par peti- tes parties de la gauche de l’ouvrier à fa droite; ce qu'on appelle faire voguer. On répete cette opéra- tion juiqu'à ce que Le poil ou la laine foient fuftifam- ment arçonnés ; pour cela on la raflemble fur la claie avec le clayon, Voyez CLAYON , & la figure 7 qui le repréfènte. On conçoit bien comment la corde de boyau venant à échapper du bouton de la coche, doit poui- {er l’étofte que l’on veut arçonner de droite à gauche: mais On n’entendpas de même pourquoi au contraire elle paffe de la gauche à la droite de l’ouvrier : c’eft ce qu’on va expliquer. Soit la ligne droite 4 B ( PL. prem. de Chapel. ) la corde dans fon état naturel , c’eft-à-dire en repos, D la coche, C'ie poil ou laine qu'il faut arçonner ; fi on conçoit que la corde tirée par la coche au point £ parvient en D , où elle ceffe d’être retenue par le bouton de la coche, elle retour- nera contrainte par la force élaftique au point de repos à , où elle'ne s'arrêtera pas ; la vitefle acquife la fera aller au-delà comme en C, où elle frappera contre l’étoffe €, qui eften quantité confidérable de ce côté ; elle s’y enfoncera jufqu'à ce que fa vitefle foit anéantie ; elle reviendra enfuite de Cenhavec la même viteife que celle qui la fait aller de #en C'; elle entraînera à fon retour la petite quantité depoil ou de laine #2, que le mouvement communiqué à la mañfle totale de poils par le premuer choc, a fait éle- ver fur fon pañlage. Ainfi ces poils pafleront de la sue à la droite de louvrier ; ainfi qu’on l’ob- ÊTVEe | ARC Gai ARÇON NEUR , £. m. eftunouvriér qui fe fert de l'arçon, où qui par fon moyen, fait voler {ur une claie la laine ou le poil qui auparavant ont été bien cardés, pour être employés à la Chapellerie, Voyez ARÇON & ARÇONNER. - ARCOS » ( Géog. ) ville d'Efpagne, dans l'Anda- loufie, {ur un roc au pié duquel coule la riviere de Guadalette. Long. 22. 20. lat. 36. 40. Il y a encore une ville de même nom , dans là Caftlle vieille , fur la riviere de Xalon. * ARCTIQUE » adj. c’eftez Aftronomie , une épi: thete qu On a donnée au pole féptentrional, où au pole qui s’éleve fur notre horifon. Foyez NORD ; SEPTENTRION , POLE. 5 ’ Le pole {eptentrional a été appellé po/e aräique, du mot Grec dpéles , qui fignifie cz/fe ; d’où lon a fait le terme ardque, épithete qu'on a donnée au pole leptentrional , Parce que la derniere étoile fituée dans la queue de ja petite Ourfe, en efttrès-voifines Voyez OURSE. Le cercle polaire arélique | eft un petit cercle de la fphere parallele À l'équateur , & éloigné du pole arc: tique de 23° 30°, C’eit de ce pole qu'il prend le nom d'artlique. Voyez CERCLE, Spuere. Cercercle & le cercle polaire antaritique {on oppo- fé ; {ont ce qu'on nomme es cercles polaires. On peut les CONCEVOIr décrits ‘par le mouvement des poles de l’écliptique autour des poles de l'équateur ou du monde. Depuis le cercle juiqu’au pole aréfique eft compile la partie de la terre appellée zone froïde Jéptentrionale, Les obfervations faites en 1726 &e 1737 pat l’Académie des Sciences pour déterminer la ngure de la terre , ont été faites fous le cercle po- laire arülique. Voyez Poe & Porarrx. (©) ARCTOPHYLAX > rime d’Aftronomie | nom d'une conftellation qu’on appelle autrement Boores , Où Bouvier, Aritophylax fignifie gardien de l'ours :il ef dérivé des deux mots Grecs dpélos, ourfe, & qunarla, 7e garde. La conftellation du Bouvier eft ainfi appel- lée , parce qu’elle fe trouve proche de la grande & de la petite Ourfe. (0) ARCTURUS 5 en Grec apwrèpos dérivé d’apuros 5 ourfè, & de tpa, queue; c’eit, en Affronomie, une étoile fixe de la premiere grandeur , fituée dans la conftellation du Bouvier, très-voifine de la queue de l’'Ourfe. Voyez Bouvier. Foyez auf OURSE & CONSTELLATION. Cette étoile a été fort connue des anciens, com- me on le voit par ce vers de Virgile : Arëturum, pluviafque Hijadas , geminofque Triones. Il en eft auffi parlé dans l’Ecriture en plufeurs en- droits, comme on le voit par ces pañlages : Qui fecir aréturum & oriona 6: hyadas , 6 interiora auffri, Job, C.ix. V. 9. & C. xXXVI]. V. 31. Nunquid conjungere valebis micantes flellas pleiadas , aut gyrum arcluri po= teris diffipare ? (O) ARCTUS, äpilos , f. im. (Afronomie.) c’eft le nom que les Grecs ont donné à deux conftellations de l’hémifphere feptentrional , que les Latins ont ap- pellées zrfa major 6 minor, & que nous appellons petire Ourfe & la grande Ourfe. Voyez OURSE grande & petite. (O) | ARCUATION, f. f. terme dont quelques Chirur- giens fe fervent pour exprimer la courbure des os, comme il arrive aux enfans qui {e nouent, &'c. Foyez RacHiTis. (F) *ARCUDIA , {Géog. anc. & mod.) ville d'Afrique dans la Barbarie , au royaume de Tripoli, vers la frontiere de celui de Barca , fur le golfe de Sidra. Quelques-uns croient que c’eft l’ancien vicus Philæ- norum où Philenorum are ; d’autres que c’eft l’an- cienne Automala. ARCULÆ AVES; (Myth) nom que les Romains 622 A REC donnoient à certains oifeaux qui étoient de marvais préfage , foit par leur vol, foit par leur maniere de prendre la mangeaille. Ils empêchoient, difoit-on, qu'on ne format aucune entreprife; arculæ aves ; quia arcebant ne quid fieret. (G ) ARCULUS, {.m. (Myth) nom du dieutqui préfi- doit aux coffres & aux caflettes, du nom Latin arca, un coffre, & du diminutif arcu/z, caflette. Quelques- uns dérivent ce nom d’arx , citadelle, forterefle, & font d’artulus le dieustutélaire des citadelles. (G) *ARCY , gros village de France, en Bourgogne, dans l’Auxerrois. Quoique nous ayons borné notre Géographie aux villes, on nous permettra bien de fortir ici de ces limites, en faveur des grottes fa- meufes voifines du village d’A4rcy. Voici la defcrip- tion qui en a été faite fur-les lieux, par les ordres de M. Colbert: Non loin d’A4rcy, on apperçoit des rochers efcarpés d’une grande hauteur, au pié defquels paroïflent comme des caverfes;ye dis pa- roiffent , parce que les cavités ne pénetrent pas aflez avant pour mériter le nom de cavernes. On voit en un endroit, au pie de l’un de ces rochers , une partie des eaux d’une riviere qui {e perdent, & qui, après avoir coulé {ous terre plus de deux lieues, trouvent une iffue par laquelle elles fortent avec impétuolité, & font moudreun moulin. Un peu plus avant, en defcendant le long du cours defla riviere, on trouve quelques bois fur les bords ; ils y forment un ombra- ge aflez agréable; & les rochers forment de tous cô- tés des échos, dont quelques-uns repetent un vers en entier. Affez proche du village eft un gué appellé Z gué des entonnoirs , au {ortir duquel, du côté du cou- chant, on entre dans un petit fentier fort étroit, qui montant le long d’un côteau tout couvert de bois, conduit à l’entrée des grottes. En fuivant ce {entier on voit en plufieurs endroits dans les rochers de gran- des cavités, où l’on fe méttroit commodément à cou- vert des injures du tems. Ce fentier conduit à une grande voûte, large de trente pas & haute de vingt pies à fon entrée, qui femble former le portail du lieu. À huit ou dix pas de-là , elle s’étrécit & fe ter- mine en une petite porte haute de quatre piés. La figure de cette porte étoit autrefois ovale: mais de- puis quelques années on l’a fermée en partie d’une porte de pierre de taille, dont le feigneur garde la clé. L'entrée de cette porte artificielle eft fi bañe, qu'on ne peut y pafler que courbé , & le deflus de la _premuere falle eft une voüte d’une figure plate & toute unie. La defcente eft fort efcarpée, & l'on y rencontre d’abord des quartiers de pierre d’une grof- feur prodipieufe. De cette falle on paffe dans une autre beaucoup plus fpacieufe, dont la voûte eft élevée de neuf à dix piés. Dans un endroit de la voûte on voit une ouverture large d’un pié & demi , longue de neuf piés , & qui paroît avoir deux piés de profondeur, dans laquelle on voit quantité de figures pyramida- les. Cette falle eft admirable par fa grandeur , ayant quatre-vingts piés de long : elle eft remplie de gros quartiers de pierre, entaflés confufément en quel- ques endroits, & épars dans d’autres, ce qui la rend incommode au marcher. À main droite il y à une efpece de lac qui peut avoir cent ou cent vingt piés de diametre , dont les eaux font claires & bonnes à boire. R À main gauche de cette falle, on entre dans une troifieme, large de quinze pas &c longue de deux cens cinquante. La voûte eft d’une figure un peu plus ronde que les précédentes, & peut avoir dix-huit piés d'élévation. Ce qui paroit le plus extraordinai- re. c’eft qu'il y a trois voütes l’une fur l’autre, la plus haute étant fupportée par les deux plus bafles. Environ le milieu de cette falle on voit quantité de petites pyramides renver{ées, de lagrofleur du doiot, ARC qui foûtiennent la voûte la plus baffle, & qui paroïfs {ent avoir été rapportées de deflein ‘pour orner cet endroit. Cette falle fe termine en s’étréciflant, & fur les extrémités d’un & d’autre côté on voit encore un nombre inf de petites pyramides, qu’on croi- roit être de marbre blanc. Le deflus de cette vote efttout rempli de mammelles de différentes groffeurs, maïs qui toutes diftillent quelques gouttes d’eau par le bout. À main droite il y a une efpece de petite grotte, quipeut avoir deux piés en quarré, & qui eft enfoncée de trois on quatre piés, remplie d’un fi grand nombre de petites pyramides, qu’il eft impof- fible de les compter. Au bout de cette falle à main droite, on trouve une petite voûte de deux piés & demi de haut & de douze piés de longueur, dont l’un des côtés eft foûtenu par un rocher: elle eftaufli gar- nie d’un fi grand nombre de pyramides, de mammel- les, & d’autres figures, qu'il eft impoñikle d’en faire une defcription: on y appercoit même des coquilles de différentes figures & grandeurs. Cette petite voûte conduit à une autre un peu plus élevée, remplie d’un nombre infini de figures , de toutes mameres. À main gauche on voit des termes de perfpettive , {üûtenus par des piliers.de différentes grofieurs & de différentes figures, parmi leiquels 1l y a-une infinité de petites perfpettives, des piliers, des pyramides , &c autres figures qu'il eft impofhble de décrire. Un peu plus avant, du mé- me côté, on découvre une petite grotte dans laquelle on ne peut entrer ; elle eft fort enfoncée & admuira- ble par la quantité de petits piliers, de pyramides droites & renverfées dont elle.eft pleine. C’eft dans cet endroit que ceux qui vifitent ces lieux ont ac- coûtumé de rompre quelques-unes de ces petites f- gures pour les emporter & fatisfaire leur curiofité: mais 1l {emble que la nature prenne foin de réparer les dommages que lon y fait. À main droite, 1l y a une entrée qui conduit dans une autre grande. falle qui eft féparée de la précé- dente par quelques piliers, qui ne montent pas juf= qu’au-deflus de la voûte. L'entrée de cette {alle eft fort bafle, parce que du haut de la voûte naïflent quantité de pyramides, dont la bafe eft attachée au {ommet de la voûte. Cette falle eft remplie de quan tité de rochers de même qualité que les pyramides. On y voit des enfonçures & des rehauflemens ; &c. lon a autant de perfpeétives différentes, qu'il y a d’endroits où l’on peut jetter la vie. Un grand rocher termine cette falle , & laïfle à droite & à gauche deux entrées , qui toutes deux condufent dans une autre falle fort {patieute. À gau- che en entrant, on voit d’abord une figure grande comme nature, qui de loin paroit être une Vierge tenant entre fes bras l'enfant Jefus. Du même côté on voit une petite forterefle quarrée, compolée de quatre tours, & une autre tour plus avancée pour défendre la porte. Quantité de petites figures paroif- fent dedans & autour , qui femblent être des foldats qui défendent cette place. Cette falle eft partagée par le milieu par quantité de petits rochers , dont quelques-uns s’élevent jufqu'au-deflus de la voîte, d’autres ne vont qu’à moitié. Le côté gauche de cette {alle eft borné par un grand rocher, & il y a un écho admirable & beaucoup plus fidele que dans toutes les autres. | | On trouve deux entrées au fortir de cette falle, qui conduifent en defcendant dans une autre fort lon- gue & fort fpacieufe , où le nombre des pyramides eft moindre , où la nature a fait beaucoup moins d'ouvrages, mais où ce qu’on rencontre eft beau- coup plus grand. En entrant à main gauche, on y rencontre un grand dome qui n’eft foûtenu que d’un feul côté. La concavité de ce dome paroït être à fond d’or avec de grandes fleurs noires : mais lorf- ARC qu'on y touche, on efface la beauté de l'ouvrage; qui n’eft pas folide comme les autres; ce n’eft que de l’humidité. La voûte de cette falle eft toute umie : elle à vingt piés de hauteur, trente pas de largeur, &c plus de trois cens pas de longueur. Au milieu de la voûte on voit un nombre infini de chauve-fouris, dont quelques-unes fe détachent pour venir voltiger autour des flambeaux. Sous l’endroit où elles font eft une petite hauteur; fi l’on y frappe du pié, on entend réfonner comme s’il ÿ avoit une voté en-deflous : on croit que c’eft- là que pañle une partie de la riviere de Cure qui fe ‘perd au pié du rocher, & dont on a parlé d’abord. . Cette falle , fur fes extrémitésé a deux piliers joints enfemble , de deux piés de diametre , &c plu- fieurs pyramides qui s’élevent prefque jufqu’au-def- fus; & elle fe termine enfin par trois rochers pointus, du milieu defquels fôrt un pilaftre qui s’éleve jufqu’à la voûte. - Des deux côtés il y a deux petits chemins qui con- duifent derriere ces rochers, où l’on apperçoit d’a- bord un dome garni de pyramides & de quelques gros rochers qui montent jufqu’au-deflus de la voûte, elle fe termine en s’étréciffant, & laifle un pañlage fi étroit & fi bas, qu'on n’y peut pafler qu’à genoux. Ce paflage conduit à une autre falle, dont la voûte toute unie peut avoir quinze piés d’elevation. Cette falle a quarante piés de large 8 près de quatre cens pas de long ; & au bout elle a quatre rochers & une pyramide haute de huit piés, dont la bafe a cinq piés de diametre. On pañle de celle-là dans une autre ad- murable par les rochers & les pyramides qu'on y voit: mais fur-tout 1l y en a une de vingt piés de haut & d’un pié & demi de diametre. La voüte de cette falle a d’élevation vingt-deux piés dans les en- droits les plus élevés : elle a quarante pas de large & plus de fix cens pas de long : elle eft ornée des deux côtés de quantité de figures, de rochers, & de perf- peétives ; &c fi dans fon commencement on trouve le chemin incommode à caufe des gros quartiers de pierres qu’on y rencontre, la fin en eft très-agréable, #&x il femble que les figures qu'on-y voit, foient les compartimens d’un parterre. Cette derniere falle fe termine en s'étréciflant | & finit la beauté de ces lieux. Tout ce qu’on admire dans ces grotes, difent les Mérm. de Litterat. du P. Defmolets ; ces figures, ces pyramides, ne font que des congellations , qui néan- moins ont la beauté du marbre & la dureté de la pier- re, & quiexpofées à l’a, ne perdent rien de ces qualités. On remarque que dans toutes ces figures, il y a dans le milieu un petit tuyau de la groffeur d’une aiguille, par oùäl degoûte continuellement de l'eau, qui venant à fe congeler, produit dans ces lieux tout ce qu’on y admire ; 8 ceux qui vont {ou- vent les vifiter reconnoïflent que la nature répare tous les defordres qu’on y commet, & remplace tou- tes les pieces qu’on détache, On remarque encore tne chofe aflez particuliere; c’eft que lair y eft ex- trèmement tempéré ; & contrel’ordinaire detous les Lieux foûterrains, celui qu’on y refpire dans les plus grandes chaleurs, eft aufli doux que l’air d’une cham- bre, quoiqu'ilny ait aucune autre ouverture que la porte par läquelle on entre, & qu’on ne puifle vifi- ter ces cavernes qu'à la lueur des flambeaux. J’ajouterai qu'il faudroit avoir vifité ces lieux par foi-même ; en avoir và de près les merveilles ; y avoir fuivi les opérations de la nature, & peut-être même y avoir tenté un grand nombre d'expériences, pour expliquer les phénomenes précédens. Mais on peut, fans avoir pris ces précautions, aflürer: 1° que ce nombre de pyramides droites & renverfées ont toutes été produites par les molécules que les eaux qu fe filirent à-travers les rochers qui forment les ARD 623 voûtes, en detachent continuellement. S1le roche# eft d’un tiflu fpongieux, & que l’eau coule facile- ment, les molécules pierreufes tombent à terre, & forment les pyramides droites ; au contraire leur écoulement eft laborieux ; fi elles paflent dificile- ment à travers les rochers, elles ont le tems de laifer agolutiner les parties pierreufes; il s’en forme des cou ches lés unes fur les autres, & les pyramides ont la bafe renverfée, 2°. Que la nature réparant tout dans les cavernes d’Ærcy, il eft à préfumer qu’elles fe con: folideront un jour, & que les eaux qui fe filtrent per: pétuellement , augmenteront le nombre des petites colonnes au point que le tout ne formera plus qu'un grand rocher, 3°, Que par-tout où il y aura des ca- vernes êc des rochers fpongieux , on pourra produis re les mêmes phénomenes, en faifant féjourner des eaux à leur fommet. 49. Que peut-être on pourroit modifier ces pétrifications, ces excroiflances pier- reufes ; leur donner une forme déterminée ; employet la nature à faire des colonnes d’une hauteur prodi- gieufe, & peut-être un grand nombre d’autres ou vrages; effets qu’on regarde comme impoffbles à prélent qu'on ne les a pas tentés; mais qui ne fur- prendroient plus s'ils avoient lieu, comme je conjec- ture qu'il arriveroit. Je ne connois qu’un obftacle au fuccès; mais 1l eft grand: c’eft la dépenfe qu’on ne fera pas, & le tems qu’on ne veut jamais fe donner, On voudroïit enfanter des prodiges à peu de frais, & dans un moment; ce qui ne fe pent guere. D *ARDACEH, ( Géog.) ville épifcopale d'Irlande, au comté de Longfort. Long. 9. 48. lat. 53. 37. * ARDALIDES , furnom des Mufes, pris d’Arda: lus, fils de Vulcain, qui honoroït fort ces déeffes. *ARDASTAN ou ARDISTAN, ville de la pro- vince appellée Gebal ou Traque Perfique. * ARDEBIL, (Géog.) ville d’Afie, dans la Perfe, dans PAdirbeizan. Long. GS. lat. 3 7. 54, *ARDÉE, (Géog. anc. & Myth.) ville capitale des Rutules. Les foldats d’Énée y ayant misle feu, on publia, dit Ovide, qu’elle avoit été changée en héron, oifeau que les Latins nommoient ardea ; c’eft tout le fondement de cette métamorphofe. Peut-être Ardée avoit-elle été ainfi nommée du grand nombre de hérons qu'on trouve dans cette contrée. *ARDEMEANACH, contrée d’Ecofle, dans la province deRofs ; elle eft pleine de hautes montagnes toüjours couvertes de neige. * ARDENBOURG, ville des Pays-Bas, dans la Flandre Hollandoïfe. Long. 27. lat. 51,76. *ARDENNE, £ f. (Géog.) grande forêt fur la Meufe , qui s'étend fort loin de l'occident à Porient, &c qui paife entre Charlemont au nord , & Rocroi au fud. | ARDENS", adj. pl. (Æf4. mod.) eft 1e nom qu’on a donne à une efpece de maladie peftlentielle, qui fit autrefois beaucoup de ravage à Paris, 87 dans le royaume de France ; & c’eft delà qu’eft venu le nom de fainte Génevieve des ardens ; parce que cette mala- die fut, dit-on, guérie par linterceflion de cette fainte. Il y avoit à Paris proche léglife métropolitaine, une petite paroïfle fous le titre de fuinte Génevieve des ardens, érigée en mémoire de ce miracle, & qu’on vient de détruire pour aggrandir hôpital des Enfans- trouvés. (G) | ARD ENT (miroir ); c’eftun miroir concave, dont la furface eft fort polie, & par lequel les rayons du foleil font réfléchis & ramaflés en un feul point, ou plütôt en un efpace fort petit: par ce moyen leur force eft extrèmement augmentée, de forte qu'ils brülent les corps-fur lefquels ils tombent après cette réunion. | Verre ardent , eft un verré convexe, appellé en la- tin Jens cauflica, Ce verre a la propriété de tranfmet- tre les rayons de lumiere, & dans leur pañfage illes C24 ARD réfraête où les incline vers fon axe; & ces rayons ainfi rompus & rapprochés de l’axe , e réuriflent en an point ou à peu près en un point, êc ont aflez de force en cet état pour bruler les corps qui leur font préfentés, Ainf il y a cette différence entre Les mi- soirs &les vertes ardens, queles premiers réuniflent les rayons en les réfléchiant, & les autres en les brifant ou en les réfraétant. Les rayons tombent {ur la furface des miroirs ardens, & en {ont renvoyés ; au lieu qu'ils pénetrent la fübftance des verres ardens, Le point de réunion des rayons dans les miroirs & les verres ardens, s'appelle le foyer. On appelle ce- -pendant quelquefois du nom général de #zroir ardent les miroirs & les verres ardens, Voyez LENTILLE 6 RÉFRACTION. s # _ Les miroirs ardens dont.on fe fert {ont concaves ; als font ordinairement de métal: ils refléchiflent les rayons de lumiere, & par cette réflexion, 1l les in- clinent vers un point de leur axe. Foyez MIROIR ,. RÉFLEXION. Quelques auteurs croyent que les ver- res convexés -étoient INCONNUS AUX anciens: MAIS ON a crû qu'ils connoïfloient les miroirs concaves. Les hifioriens nous difent que ce fut parle moyen d’un miroir concave qu'Archimede brûla toute une flote ; & quoique le fait aitété fort contefté, on en peut tot- jours tirer cette conclufon, que les anciens avoient connoïffance de cette forte de miroirs. On ne donte nullement que ces miroirs ne fuflent concaves &r mé- talliques, &c on eft perfuadé qu'ils avotent leur foyer par réflexion. A l’égard des verres brülans, M. de la Hire fait mention d’une comédie d’Ariftophane ap- pellé Zes Nuées, dans laquelle Strepfiade fait part à Socrate d’un expédient qu’il atrouvé pour ne point payer fes dettes, qui eft de fe fervir d’une pierre tranfparente & ronde, & d’expofer cette pierre au foleil, afin de fondre laflignation, qui dans ces tems s’écrivoit fur de la cire. M. de la Hire prétend que la pierre ou le verre dont il eft parlé dans cet en- droit, qui fervoit à allumer du feu & à fondre la cire, ne peut avoir été concave, parce qu’un foyer de réflexion venant de bas en haut, n’auroit pas été propre ; felon lui, pour l’effet dont on parle 1c1, car l’ufage en auroit été tropincommode ; au lieu qu'a- vec un foyer de réfraétion venant de haut enbas, on pouvoit aifément brûler l’affignation. Voyez X1f, Acad, 1708.Ce fentiment eit confirmé ‘par le {cho- liafte d’Ariftophane. Pline fait mention de certains globes de verre & de cryftal, qui, expofes au foleil, brüloient les habits, & même le dos de ceux fur.qui tomboient les rayons. Et Laëtance ajoûte qu’un verre fphérique plein d’eau & expolé au foleil, allume du feu, même dans le plus grand hyver, ce qui paroït prouver que les effets des-vérres convexes étoïent connus des anciens. 4: r Cependant il eft difficile de concevoir comment les anciens, quiavoient connotflance de ces fortes de verres ardens, ne fe font pas apperçüs en même tems que ces verres grofifloient Les objets. Car tout le monde convient que ce ne fut que vers la fin du trei- zieme fiecle que les lunettes furent inventées. M. de la Hire remarque que les paffages de Plaute qui fem- blent infinuer que les anciens avoient connoïffance des lunettes , ne prouvent rien de femblable : & il donne la folution de ces paflages , en prouvant que les verres ardèns des anciens étant des fpheres , ou folides , ou pleines d’eau , le foyer n’étoit pas plus loin qu'à un quart de leur diametre. Si donc on fup- pofe que leur diametre étoit d’un demi-pied, qui eft, felon M. de la Hire , la plus grande étendue qu’on puifle donner ; il auroit fallu que l'objet fût à un pouce & demi d’éloignement, pour qu'il parût groffi: car les objets qui feront plus éloignés ne paroi- tront pas plus grands , mais on les verra plus confu- Tément à travers le verre , qu'avec les yeux. C’eft pourquoi il n’eft pas furprenant que {a propriété wont les verres convexes de groflir les objets ait échappé aux anciens , quoiqu'ils connuflent peut- être la propriété que ces mêmes verres avoïent de brûler : il eft bien plus extraordinaire qu'il y ait eu 300 ans d'intervalle entre l'invention des lunettes à lire & celle des télefcopes. Voyez TELESCOPE, Tout verre ou miroir concave rafflemble lesrayons qui font tombés fur fa furface ; & après les avoir rap- prochés , foit par réfraéion,, foit par réflexion, il les réunit dans un point ou foyër; & par ce moyen, il devient verre ou miroir ardent ; ainfile foyer étant l’endroit où les rayons font le plus raffemblés , il s’en: fuit que fi le verte ou le miroir eft un fégment d’une grande fphere , fa largeur ne doit pas contenir un arc de plus de dix-huit degrés ; & fi le verre owle mi. roir eft un {egment d’une plus petite fphere, fa lar- geur ne doit pas être de plus de trente ; parce que le foyer contiendroit un efpace trop grand, fi le mi- roir étoit plus étendu : ce qui eft vérifié pat lexpé- rience. La furface d’un miroir, qui eft un fegment d’une plus grande fphere , recoit plus de rayons que la fur- face d’un plus petit : donc fi la largeur de chacun contient ün arc de dix-huit decrés , ou même plus ou moins ; pourvû que le nombre de desrés foit égal, les eftets du plus grand miroir feront plus grands que ceux du plus petit; & comme le foyer eft vers la quatrième partie du diametre, les miroirs qui {ont des fegmens de plus grandes fphéres , brülent à une plus grande diftance que éeux qui font des fesgmens d’une plus petite fphere : ainfi puifque Pa@ion de brüler dépend de l'union des rayons , & que les rayons font réunis, étant réfléchis par une furface concave fphérique quelle qu’elle puifle être , il n’eft pas étonnant que même les miroirs de bois doré , ou ceux qui font faits d’autres matieres, puiflent brûler. Zahn rapporte dans fon livre intitulé Ocwlus arnf- cialis , que lan 1699 un certain Neumann fit à Vien- ne un miroir ardent de carton, & que ce miroir avoit tant de force qu'il liquéfioit tous les métaux. Les miroirs ardens d'Archimede & de Proclus fon célebres parmi les anciens, Par leur moyen, Archi- mede, dit-on, brüla la flotte des Romains qui affié- geoient Syracufe, fous la conduite de Marcellus , fe- lon le rapport de Zonare , de Galien , d'Euftathe, Ge. & Proclus fit la même chofe à la flotte de Vita- lien qui afñégeoit Byfance , felon le rapport du mê- me Zonare. Cependant quelque atteftés que foient ces faits , ils ne laiflent pas d’être fujets à de fort grandes difficultés. Car la diffance du foyer d’un mi- roir concave eft au quart de fon diametre : or le pere Kircher paflant à Syracufe , & ayant examiné la dif- tance à laquelle pouvoient être les vaifleaux des Ro- mains , trouva que le foyer du miroir d’Archimede étoit au moins à 30 pas ; d’où 1l s’enfuit que le rayon du nuroir devoit être fort grand. De plus, le foyer de ce miroir devoit avoir peu de largeur. Ainfi il pa- roit difficile, felon plufeurs auteurs, que les miroirs d’Archimede & ceuxsde Proclus puflent avoir l’effet qu’on leur attribue. L’hiftoire d’Archimede deviendra encore plus dif- ficile à croire , fi on s’en rapporte au récit pur & fimple que nous en ont donné les anciens. Car, fe- lon Diodore ; ce grand Géometre brûüloit les vaif- feaux des Romains à la diftance de trois ftades ; & felon d’autres , à La diftance de 3000 pas. Le pere Cavalieri, pour foûtenir la vérité de cette hiftoire, dit, que fi des rayons réunis par la furface d’un mi- roir concave fphérique , tombent fur la concavité d’un conoïde parabolique tronqué , dont le foyer{oit le même que celui du miroir fphérique , ces rayons réfléchis parallélement.à l’axe de la parabole, for- meront une efpece de foyer linéaire ou cylindri- que. ARD. que. M. Dufay ayant voulu tenter cetté expérience , | y trouva de grandes difficultés ; le-petit miroir para: holique s’échauffe en un moment, & il eft prefque _impofhble de le placer où il doit être. D'ailleurs l’é- clat de ces rayons réüinis qui tombent fur le miroir parabolique , incommode extrèmement la vüe. . M. Defcartes a attaqué dans fa Dioptrique l’hif toire d’Archimede : 1l y dit pofitivement, que fi l'éloignement du foyer eft à la largeur du verre ou du miroir, comme la diflance de la terre au 1o- leil eft au diametre du foleil ( c’efl-à-dire environ comme 100 eft à 1), quand ce nuroir feroit travaille par la main des anges, la chaleur n’en feroit pas plus {enfble que celle des rayons du foleil qui traverte- roient un verre plan. Le pere Niceron foûtient la même opinion. Voici fa preuve. Il convient que les tayons qui partent d’une portion du difque du foleil égale au verre ou au miroir qu’on y expoie , feront exatement réums à fon foyer, sl eft elliptique ou parabolique : mais les rayons qui partent de tous les autres points du difque du foleil ne peuvent être réunis dans le même point, & forment autour de ce point une image du difque du foleil , propor- tionnée à la longueur du foyer du verre. Lorfque ce foyer eft très-court , c’eft à-dire fort près du verre, l’image du foleil eft fort petite , prefque tous les rayons pañlent fi proche du foyer qu'ils femblent ne faire qu'un point lumineux : mais à mefure que le foyer s’éloignera , l’image s’aggrandira par la difper- fonde tous ces rayons quine partent pas du centre du foleil , que je fuppofe répondre direétement au foyer du muroir ; & par conféquent cet amas de rayons , qui étant réums dans un très-petit efpace faifoient un effet confidérable, n’en fera pas plus que les rayons direéts du foleil, lorfque l’éloignement du foyer fera tel qu'ils feront aufli écartés les uns des autres, qu'ils l’étoient avant que de rencontrer le verre, Ainfi parle le P.-Niceron. Cela peñt être vrai, dit M. Dufay ; mais eft-1l für que les rayons qui viennent d’une portion du difque du foleil égale à la furface du verre , étant réunis au foyer, ne fufifent pas pour brûler indépendamment des autres ? M. Dufay reçut fur un miroir plan d’un pié en quarré l’image du foleil, & la dirigea de fa- çon qu’elle allât tomber fur un miroir fphérique con- cave affez éloigné , qui réunifloit à fon foyer rousles rayons qu'il recevoit paralleles ou prefque paralle- les ; & ces rayons devoient allumer quelque matiere combuftible ; le miroir fphérique a été porté à la dif- tance de 600 pieds , & {on foyer a encore été brü- lant. Cependant le miroir plan qui recevoit le pre- mier les rayons du foleil , étoit aflez petit pour ne recevoir de rayons paralleles que d’une petite partie de fa furface ou de fon difque ; les inégalités inévi- tables de la furface du miroir faifoient perdre beau- coup de rayons ; ceux qui portoient l’image du fo- leil du miroir plan fur le miroir concave étoient fi divergens , que cette image étoit peut-être dix fois plus grande, & plus foible fur le concave que fur le plan ; & par conféquent ces rayons étoient fort éloï- - gnés du parallélifme ; enfin ils étoient affoiblis par deux réflexions confécutives. Il paroît par-là que les rayons du foleil tels qu'ils font répandus dans Pair, confervent une grande force, malgré un grand nom- bre de circonftances defavantageufes ; & peut-être, ajoute M. Dufay, feroit-il permis d’appeller du ju- gement que Defcartes a porté contre l’hiftoire d’Ar- chimede. Il eft vrai qu'afin qu’un miroir fût capable de brûler à une grande diftance, il faudroit, s’il étoit parabolique , que la parabole fût d’une grandeur énorme & impraticable ; puifque le parametre de cette parabole devroit être quadruple de cette dif- tance ; & file miroir étoit fphérique , fon rayon de- vroit être double de cette diffance ; & de plus, fon Tome | foyèr auroit beaucoup d’étendue. Mais l’expériéncé de M. Dufay prouve qu’on peut porter avec un mix roir plan à une affez grande diftancé l’image du fo: leil , dont lesrayons feront peu afoiblis ; & fi plu fieurs miroirs plans étoient pofés ou tournés de façon qu'ils portaflent cette image vers un même point , il {e pourroit faire en ce point une efpece de foyer ar: tificiel qui auroit de la force. Ce fut ainfi, au rap- port de Tzetzes, poëte Grec , mais fort poftérieur à Archimede, que ce célebre Mathématicien brûla leg vaifleaux des Romains. Ce Poëte fait une defcrip- tion fort détaillée de la maniere dont Archimede s’y prit pour cela. Il dit que ce grand Géometre difpofa les uns auprès des autres plufieurs miroirs plans, dont 1l forma une efpece dé miroir polygone à plu- fieurs faces ; &c que par le moyen des charnieres qu . umfloient ces miroirs , il pouvoit leur faire faire tels angles qu'il vouloit ; qu’il les difpofa donc de ma- niere qu'ils renvoyaflent tous vers un même‘ lieu l’image du foleil | & que ce fut ainfi qu'il brûla les vaifleaux des Romains. Tzetzes vivoit dans le dou- zieme fiecle ; & il pourroit fe faire que Proclus qu vivoit dans le cinquieme, eût employé une méthode femblable pour détruire la flotte de Vitalien, M. de Buffon, de PAcadèmie Royale des Sciences de Paris, vient d'exécuter ce que Tzetzes n’avoit fait que raconter; ou plütôt, comme il n’en avoit aucune connoïffance , 1l l’a exécuté d’une maniere différen- te. Il a formé un grand miroir compofé de plufeurs miroirs plans d'environ un demi pied en quarré ; cha- cun de ces miroirs eft garni par derriere de trois vis, par le moyen defquelles on peut en moins d’un quart- d'heure les difpofer tous de maniere qu'ils renvoyent- vers un feul endroit l’image du foleil. M. de Buffon par le moyen de ce miroir compofé , a déjà brûlé à 200 pieds de diftance ; & par cette belle expérien= ce, a donné un nouveau degré de vraiflemblance à Vhiftoire d’Archimede ; dont la plüpart des Mathé- maticiens doutoient depuis le jugement de Defcar- tes. M. de Buffon pourra; felon toutes les apparen- ces , brüler encore plus loin avec des glaces plus po- lies ; & nous favons qu'il travaille à perfeétionner de plus en plus une inveñtion fi curieufe, fiutile même, & à laquelle les Phyficiens'ne fauroient trop s’inté- refler. Voyez les Mem. del Acad. 1747: Les plus célebres miroirs arders parmi les moder- nes, font ceux de Septala , de Villette, de Tichirn- haufen, Le miroir ardent de Manfredus Septala cha- noine de Milan , étoit un miroir parabolique, qui {e- lon Schot , mettoit le fen à des morceaux de bois, à diftance de 15 ou 16 pas. Le miroirardenr de T{chirn- haufen égale au moins le miroir de Septala pourla grandeur , & pour l'effet. Voici ce qu’on trouve fu ce fujet dans les 4üa erudirorum de Leipfic. Ce miroir allume du bois verd en un moment ; enforte qu'on ne peut éteindre le feu en foufflant vio- lemment deflus. 20. Il fait bouillir l’eau , enforte qu’on peut très- promptement y faire cuire des œufs ; & fi on laifle cette eau un peu de tems au foyer , elle s’évapore. 3°. Il fait fondre en un moment un mélange d’é- tain & de plomb de trois pouces d’épais: ces métaux commencent à fondre goutte à goutte, enfuite ils coulent continuement , & en deux ou trois minutes la mañle eft entierement percée. Il fait aufli rougir promptement des morceaux de fer ou d’acier, & peu après il s’y forme des trous par la force du feu. Une lame de ces métaux fut percée de trois trous en fix minutes. Le cuivre , l'argent , &c. fe liquéfient auffi quand.on les approche du foyer. 4°. Il fait aufli rougir comme le fer lés matieres qui ne peuvent fondre, comme la pierre , la brique, c. | s°. Il blanchit l’ardoïfe en un moment, & enfuite KEKK 626 ARD il la rend comme un verre noir aflez beau ; 8 on tire avec une tenaille une partie de l’ardoife lorf- qu’elle eft blanchie, elle fe change en filets de verre. 6°. Il change les tuiles en verre jaune , &r les écail- les en verre d’un jaune noirâtre. 7°. Il fond en verre blanc une pierre ponce , ti- rée d’un volcan. 8°. Ilvitrifie en huit minutes un morceau de creufet. 9°. Il change promptement des os en un verre opaque , & de la terre en verre noir. Ce miroir avoit près de 3 aunes de Leipfic de lar- ge; fon foyer étoit à deux aunes de diftance de lui : il étoit de cuivre ; & fa fubftance n’avoit pas plus d’épaifleur que deux fois le dos d’un canif, Un ouvrier de Drefde , appellé Gærsner, a fait, à limitation du miroir de Tichirnaufen, de grands miroirs ardens de bois , qui, au grand étonnement de tout le monde , produifoient les mêmes effets. Villette, ouvrier François, de Lyon, a fait un grand miroir que Tavermer emporta & préfenta au roi de Perfe ; 1l en fit un fecond pour le roi de Dane- marc ; un troifieme , que le roi de France donna à l’Académie royale des Sciences; & un quatrieme, qui à été expoié publiquement en Angleterre. Les _ effets de ce dernier, felon le rapport des doéteurs Harris & Defaguliers, font de fondre une piece de fx fous d'argent en fept minutes ; de fondre l’étain en trois minutes, le fer en feize, l'ardoife en 3 ; de çcalciner une écaille foflile en fept. Ce miroir a vitri- fié un morceau de la colonne alexandrine de Pom- pée en parties noires , dans l’efpace de so minutes, &t en parties blanches dans l’efpace de 54 : il fond le cuivre en 8 minutes ; 1l calcine les os en 4, & les vitrifie en 33 ; 1l fond & change une émeraude en une fubftänce femblable à celle d’une turquorfe : 1l vitrifie des corps extrèmement durs, fi on les tient aflez long-tems au foyer ; entr’autres l’asbefte , forte de pierre qui réfifte à l’aétion du feu terreftre : mais quand ces corps font une fois vitrifiés, le miroir n’a plus d'effet fur eux. Ce imiroïtia 47 pouces de lar- ge , &t il fait portion d’une fphere de 76 pouces de rayon ; de forte que fon foyer eft à environ 38 pou- ces du fommet. Sa fubftance eft une compofition d’étam, de cuivre, & de vifargent. Wolf. Catopt. Voici les effets du miroir ardent de l'Académie, rapportés dans le Journal des Savans de 1679 , au mois de Décem, p. 322. Le bois verd y prend feu dans l’inftant ; une piece de rs fous eft trouée en 24 fecondes, & un petit morceau de léton en £ de fe- conde ; un morceau de carreau d’une chambre s° vitrifie en 45 fecondes ; l’acier eft troûé en 2 de fe- conde ; la pierre à fufil s’y vitrifie en une minute ; & un morceau de ciment en 52 fecondes. Ce miroir a environ 36 pouces de largeur ; fon foyer occupe un efpace rond , dont le diametre eft à peu près égal à celui d’un demi-louis, & il ef éloi- gné du centre d'environ un pié & demi. 1454. Toute lentille convexe | ou plane-convexe , raf- femble par réfration en un point les rayons du fo- leil difperfés fur fa convexité , & par conféquent ces fortes de lentilles font des verres ardens, Le verre le plus confidérable de cette forte, étoit celui de M. Tfchirnhaufen : la largeur de la lentille étoit de 3 à 4 piés ; le foyer étoit éloigné de 12 piés, & ilavoit un.pouce.& demi de diametre : de plus, afin de ren- dre le foyer plus vif, on raflembloit les rayons une feconde fois par une feconde lentille paraïlele à Ja premiere, qui étoit placée dans l’endroit où le dia- metre du cone des rayons formés par la premiere lentille étoit égal à la largeur de la feconde ; de for- te qu'elle .les recevoit tous! le foyer qui étoit d’un pouce 8 demi , étoit s@fferré par ce moyen dans l’ef- pace de 8 lignes; & par conféquent fa force étoit augmentée dans la mème proportion. Paru plufeurs de fes effets qui fontrapportés dans les Aëfa eruditorum de Leïpfc , 1 trouvent ceux-ci. 1°. [l allume dans un inftant du bois dur, même trempé dans l’eau. 2°. Il fait bouillir promptement de l’eau mife dans un petit vaileau ; il fond toutes fortes de métaux ; 1 vitrifie la brique , la pierre-ponce, la fayence; il fait fondre dans l’eau le foufre , la poix , Gc, il vi- trifie les cendres des végétaux , les bois, & les au- tres matieres ; en un mot il fait fondre ou change en fumée , ou calcine tout ce qu’on préfente à fon foyer ; & 1l change les couleurs de tous les corps , à l'exception des métaux.On remarque que fon effet eft plus vif fi on met la matiere fur laquelle on veut l’eflayer fur un gros charbonsbien brûlé. /4:2. Quoique la force des rayons du foleil fafle de fi grands effets dans le verre ardent, cependant les rayons de [a pleine lune ramaflés par le même ver- re, OÙ par un miroir concaye, ne donnent pas le moindre degré de chaleur. Comme les effets du verre ardent dépendent en- tierement de fa convexité, il n’eft pas étonnant que même des lentilles faites avec de l’eau glacée pro- duufent du feu , Gc. On peut aïfément préparer une lentille de cette forte, en mettant un morceau de glace dans une pe- tite écuelle , ou dans le fepgment creux d’une fphere, & en le faifant fondre fur le feu jufqu’à ce qu'il pren- ne de lui-même la forme d’un fegment. M. Mariote fit bouilir pendant une demi-hèure environ de l’eau nette, pour en faire fortir l’air, puis l’ayant fait glacer’, & lui ayant fait prendre la forme convexe, il en fit un verre ardent qui alluma de la poudrefine. Ceux qui ignorent la dioptrique, ne doivent pas être moins furpris de voir le feu , & les autres eftets _ qui font produits par le moyen de la réfraétion dela lumiere dans une bouteille de verre remplie d’eau Voyez LENTILLE. Un phénomene affez fingulier du miroir ardenr de M. Tichirnaufen, & probablement de tous les miroirs ardens , c’eit que ce miroir ardent a moins d’efficace dans les grandes chaleurs que dans les chaleurs ordi- naires, Il n’avoit prefque aucune force dans le chaud extrème de 1705 , & quelquefois à peine a-t-il huit jours pleinement favorables dans tout un été. Peut- être les exhalaïifons qui s’élevent abondammment de la terre dans les grandes chaleurs , & qui caufent dans l’air & dans la lumiere ce tremblement & ces efpeces d’ondulations qu’on y remarque de tems en tems , interceptent une grande partie des rayons , & les empêchent de tomber fur ie miroir, envelop- pent les rayons qui traverfent le miroir, vont fetré- unir dans le foyer, & leur ôtent leur extrème fubti- lité néceflaire pour pénétrer un corps dur. Cet excès d’affoibliffement furpañle lexcès de force qui peut venir des grandes chaleurs. Cette conjedure eft con- firmée par deux obfervations de M. Homberg. Dans des chaleurs même ordinaires, lorfque le tems a été ferain plufeurs jours de fuite , l’effet du miroir n’eft pas fi grand que quand le foleil fe découvre immé- diatement après une grande pluie. Pourquoi? c’eff que la pluie précipite les exhalaïfons. Ainfi mettez entre le miroir & le foyer un réchaut plein de char- bon allumé , fous les rayons qui vont du miroir au foyer, & vous verrez que l’efficace des rayons fera confidérablement affoiblie. Où s’affoiblit-elle , finon en traverfant les exhalaïfons qui s’élevent du char- bon? Nous avons tiré cette derniere remarque de M. Formey. Trabeïus a enfeigné comment on faïfoit un mi- roir ardent avec des feuilles d’or; favoir, en faifant tourner un miroir de bois concave, & endufant également fes côtés intérieurs avec deffa poix ; on AR D couvre enfuite la furface concave du miroir avec des feuilles d’or taillées en quarré de deux ou trois doigts de large ; il ajoûte qu’on peut faire de très-grands miroirs avec 30, 40, ou un plus grand nombre de morceaux quarrés de verre , qui feront joints & ar- rangés les uns auprès des autres dans une écuelle de bois : les effets de ces miroirs, felon cet auteur, feront auffi grands que fi la furface étoit parfaite- ment fphérique. Jérd. Foyez MTROIR.4 On fait la propriète qu'a la parabole réfléchir à fon foyer tous les rayons qui tombent fur fa con- cavité , parallélement à fon axe; d’où 1l s'enfuit que fi d’un folide parabolique creux on retranche la portion qui contient le foyer , les rayons du foleil tombant fur ce folide parabolique, parallélement à l’axe , fe réuniront à {on foyer ; ce qui donne un moyen facile d’avoir un miroir brülant dont le foyer foit derriere lui à une diftance donnée. Voyez PA- RABOLE. De plus, comme tous les rayons qui partent du. foyer d’une parabole , {e réfléchiffent parallélement à l'axe , & que ce parallélifme s’étend à l'infini , il s’enfuit que 1 on plaçoit une feconde parabole à une diftance infinie de la premiere , de maniere feule- ment que leur axe füt le même , les rayons réfléchis par la premiere parallélement à l’axe, iroient, après avoir frappé lafeconde, s’aflembler tous à {on foyer; de forte qu’étant partis d’un point, 1ls fe réuniroient dans un autre point infiniment éloigné. _ Donc fi le foyer de:la premiere parabole étoit occupé par un corps bien chaud, comme par un charbon enflammé , toute fa chaleur {e feroit fentir au foyer de la feconde parabole , quoïqu’infiniment diflant. Voilà le pur géométrique : mais il eft certain que le phyfique doit en rabattre beaucoup , & mê- me infiniment , & que des rayons ne s’étendroient pas à l'infini dans l'air, ni même dans aucun milieu, {ans perdre ab{olument leur force & leur chaleur. On n'aura donc un effet fenfible qu’en plaçant les pa- raboles à quelque diftance ; & M. Dufay a trouvé que Pexpérience réuflifloit en plaçant ainfi deux mi- rois paraboliques à 18 piés de diftance. Il fubftitua aux miroirs paraboliques deux miroirs fphériques , l’un de 20 pouces de diametre , l’autre de 17; & trouva qu'ils brüloient éloignés l’un de l’autre de so piés, ceft-à-dire , trois fois plus que les paraboliques. | . On peut conjeéturer que cette grande fupériorité des nuroirs fphériques fur les paraboliques , vient d’un endroit qui paroït defavantageux pour les fphé- riques. Ces derniers n’ont pas, comme les parabo- liques , un foyer exaët qui ne foit qu’un point ; mais aufi le charbon qu’on met au foyer n’eft pas un point. Si ce foyer eft celui du miroir parabolique, tous les rayons qui ne font pas partis du feul point du charbon placé au foyer, ne fe réfléchiffent point parallèlement à l’axe , ne tombent point fous cette direction fur l’autre miroir , & par conféquent n’é- tant pas bien réunis à fon foyer, ils brülent peu ; ou, ce qui revient au même , les deux miroirs ont beloin pour brûler d’être peu éloignés. Mais fi le foyer où eft le charbon eft celui d’un miroir fphéri- que , l’efpace qu’occupe le charbon peut être en grande partie le même que le foyer du miroir: or tout ce qui part de ce foyer fe réfléchit exa@tement parallele. Les nuiroirs paraboliques ayant fait un certain ef- fet à une diftance de 18 piés, M. Dufay a trouvé que fioninterpofoit enfuite une glace plane des deux côtés , il falloit les rapprocherde dix piés; ce qui marque une grande perte ou un grand affoibliffe- ment de rayons caufé par la glace: fon épaifleur aug- mente trè Heu cet effet ; & par conféquent il vient beaucoup Plus des rayons réfléchis à la rencontre de Tome I, AR D 627 la glace , que dedeur affoibliflement par le pañlage à travers {on épañfleur. | De la paille allumée entre les deux miroirs en di- minue confidérablement l’aétion ; ce qui revient à lobfervation de M. Homberg fur le grand miroi ardent du Palais Royal , qui agifloit beaucoup moins pendant de grandes chaleurs , que quand l'air ve- noit d’être rafraichi par la pluie; une partie des rayons réumis par le miroir ardent étoient peut-être abforbés ou détournés de leur direétion par les fou- fres répandus dans lair pendant les grandes cha- leurs ; & les foufres allumés qui font la flamme de la paille produifoient apparemment, dans le cas dont il s’agit, un effet femblable. À Le vent même violent ne diminue point fenfible- ment l’aétion des miroirs , foit que fa direétion foit préciément contraire à celle des rayons qui vont d’un miroir à l’autre , foit qu'il la coupe à angles droits. | Un charbon ayant été placé au foyer d'un verre convexe des deux côtés, d’où les rayons qui l'ont traverfé en s’y rompant {ortoient paralleles , M. Du- fay a reçù ces rayons fur la furface d’un miroir concave qui les réumifloit à fon foyer : mais ces rayons n'ont ph brûler que quand le verre & le mi- C 3 if / ] . ! v 1 toit n'ont été éloignés que de quatre piés , tant les rayons fe font affoiblis en paflant au travers du ver- re ; & 1l faut bien remarquer que ces rayons font ceux d’un charbon ; car ceux du foleil, ou ne s’af- foibliflent pas ainfi, ou s’affoibliflent beaucoup moins ; d'où M. Dufay conclut qu'il doit y avoir une grande différence entre le feu du foleil & nos feux ordinaires , dont les parties doivent être beau- coup plus maflives , & plus fujettes à s’embarrafler dans des paflages étroits. Le P. Taquet à obfervé que fi on place une chan- delle au foyer d’un miroir parabolique, l’image de cette chandelle reçûe loin du miroir ne paroit pas ronde, comme elle Le feroit en effet fi tous les rayons refléchis étoient paralleles à l’axe : mais cette image a une figure femblable à celle de la chandelle ; parce que la chandelle n'étant pas un point, les rayons qu’elle envoye ne fe refléchifent pas parallélement à l’axe du nuroir parabolique. On fait que la courbe nommée e//ipfe a cette pro- priété, que des rayons qui partiroient d’un de fes foyers & qui tomberoient fur la concavité de cette courbe , fe réuniroient tous à l’autre foyer. Cepen- dant M. Dufay ayant mis un charbon au foyer d’un miroir elliptique travaillé avec tout le foin poflible , &t n'ayant pas eu égard à la groffeur de ce charbon, les rayons ne fe font jamais réunis en affez grand nombre à l’autre foyer pouf pouvoir brüler. Mais lorfqu’au lieu d’un charbon il y mettoit une bougie allumée , les rayons fe réumifloient exaétement à l'autre foyer & y caufoient une chaleur fenfible , mais n’avoient pas la force de brüler ; ce qui arrive de même avec les miroirs paraboliques, fans dote parce que les parties de la flamme font trop délices pour conferver long-tems leur mouvement dans l'air. Si on met au foyer d’un miroir parabolique ou fphérique un charbon ardent , les rayons qui après avoir rencontré le miroir , font refléchis paralléle- ment à l’axe ou à peu près, forment une efpece de cylindre, dans l’efpace duquel on fent une chaleur à peu près égale à celle d’un poële , & qui eft fenfi- ble jufqu’à 20 ou 30 piés ; de façon qu'avec quelques charbons on pourroit échauffer une ferre pour des plantes, ou quelque autre endroit d’une largeur mé- diocre: on pourroit auffi donner aux contre - cœurs dés cheminées une forme fphérique ou parabolique, ce qui les rendroit beaucoup plus propres à renvoyer la chaleur que les plaques ordinaires. Woyez l’Elfe, & des Mem. de L Acad, 1726, (0) Kkkki &8 ARD ARDENT , fe dit quelquefois d'u météore 1gnce, qui reffemble à une lampe allumée. #. MÉTÉORE ; voyez auf FEU-FOLET. (O) , à ARDENT , fe dit aufli ez Medecine, & de l'habitude du corps dans certaines maladies, & de la maladie imême. Fievre ärderite , c’eft une fievre violénte & brülan- te, que l’on appelleautrement caufus. F.Fievre.(N) ARDENT , {e dit ez Marine, d’un vaifleau qui fe comporte à la mer de façon qu'il approche aïfèément au plus près de vent. (Z) | ARDENT , (Manépe.) poil ardent, eft celui qui tire fur la couleur de feu. On dit, ce cheval eft poil ar- dent, (F7) ARDENT , verme de Blafon.; il {e dit d’un charbon allumé. Carbonnieres en Auvergne , d’azur à quatre ban- des d’argent, chargées de charbons de fable, ardens de gueules. (F) * ARDER ox ARDRA , petit royaume d'Afrique dans la Guinée proprement dite , au fond du golfe de Saint-Thomas. Ardre ou Affem en eft la capitale. On lit dans le Didfionnaire géographique de M. de Vofsien, que le peuple y eft fort débauché ; qu’une femme y . pañle pour adultere fi elle accouche de deux jumeaux; qu'il n’y a ni temple, ni aflemblées publiques de reli- gion, & qu'on n’y croit ni réfurreétion , ni autre vie après celle-ci. | * ARDES , efpecé de peninfule fur le lac Coin en Irlande, dans l’Ultonie & le comté de Downe. * ARDES, ( Géog. ) ville de France dans la bañle- Auvergne, chef-lieu du duché de Mercœur. Longir, 20. 40. lat. 45. 22. * ARDESCHE , riviere de France dans le Viva- rès : elle vient de Mirebel, pafle à Aubenas , reçoit d’autres rivieres, &{e jette dans le Rhone, à une lieue au-deflus du Pont-Saint-Efprit. ARDEUR d'urine. Voyez D'YSURIE. | ARDEUR , {.f.( Manége. ) cheval d’ardeur , où qui a de l’ardeur ; c’eft un cheval toüjours inquiet fous le cavalier, & dont l'envie d’avancer augmente à me- fure qu'il eft retenu: c’eft un défaut bien fatiguant. 4 ( D ou ARTFEART, ville d'Irlande “au comté de Kerry, près de la mer à l'occident. Long. 7. 53. lat. 52.14. *ARDILA , riviere d'Efpagne qui a fa fource dans l’Andaloufie , & fe joint à l’Anas ou Guadiana au-def- fus d'Olivança. | * ARDOINNA oz ARDUINNA , (Myth. ) nom que les Gaulois & les Sabins donnoient à Diane , protetrice des chafleurs. Ils la repréfentoient armée d’une efpece de cuirafle,, un arc débandé à la main, avec un chien à fon côté, - ARDOISE , f. f. ( Æif£. nat. Minéralog. ) lapisfifft- dis , ardefia , ardofia ; efpece de fchift, matiere de la nature de l'argile ; de couleur bleue ou grife , ou mê- me roufle , qui fe divife en lames minces, plates & umes qu’on employe pour couvrir les mäifons. Cette efpece de couverturen’étoit pas conne des Anciens: le nom d’ardoife eft nouveau ; mais cette matiere a fervi dans les tems paflés de moïlon pour la conf- truétion des murs. On:en fait encore aujourd’hui le même ufage dans les pays où il s’en trouve des car- rieres. On dit que la plüpart des murs d'Angers font bâtis de blocs d’ardoife , dont la couleur rend cette ville d’un trifte afpe&. L’ardoife eft tendre au fortir de la terre : mais expofée à l’air , elle acquiert aflez de dureté pour foûtemirle poids d’un bâtiment : c’eft par cette raïfon apparemment. qu'on lui a donné le nom de pierre. Cependant ce n’eft qu'une terre plus dure qu’une autre; c’eft un fchiff, une argile, comme nous l’avons dit, mais qui fe trouve à une grande pro- fondeur dans la terre. À mefure qu’on creufe davan- ARD: fage , On trouve cette terre plus dure & plus feche: Elle eft difpofée par bancs , dans lefquels il y a des fentes qui fe trouvent fi près les unes des autres , que les lames qu’elles forment ont très-peu d’épaïfleur. C’eft par Ces fentes qu’on les divife , lorfqw’on les prépare à fervir de couverture aux bâtimens. Nos plus fameufes carrieres d’ardoife {ont aux en« virons d'Angers: auffi eft-ce dans la province d’An- jou que fe en plus grand commerce d’ardoife pour ce royaume éc pour les pays étrangers. La plus belle vient de Trélaze & des Ayraux, paroïfles diftantes d’une lieue de la ville d'Angers : mais on trouve de Vardoife de différentes qualités en d’autres lieux de l’Anjou. Il y en a dans les paroïfles del’Hôtellerie , de Flée, de la Jaïlle, de Magné près d’Aon , & dans l’éleétion de Château-Gontier. Celle de Mezieres eft plus tendre que les autres. On a trouvé à quelques lieues de Charleville de Pardoife auffi bonne & auf . belle que celle d'Anjou, quoiqu’elle ne foit pas d’une couleur aufi bleue où auffi noire. Il y en a plufieurs carrieres à Murat & à Prunet en Auvergne. On en : voit auprès de la petite ville de Fumai en Flandre fur la Meufe , au-deflus de Givet. On en tire de la côte de Gènes qui eft très-dure. Il y a en Angleterre de l’ardoife bleue &c de l’ardoife grife: celle-ci eft con- nue fous le nom de pierre de Horsham , du nom d’uné ville de la contrée de Suffex ,'où elle eft très-com- mune. Pour faire des tables & des carreaux, on donné la préférence aux ardoifesles plus dures. On a remar: qué fur des morceaux de pierre d’ardoÿfe , mais plus fréquemment {ur le fchift , des repréfentations de poif fons & de plantes. Voyez ScHIsT. | Après cet hiftorique de l’ardoife | nous allons pañler à une confidération plus voifine de fes carrieres & de fa fabrication. C’eft avec de grands rifques qu’on entreprend d'ouvrir & de travailler une carriere d’af- doife, On n’a point de sûreté que la roche découverte dédommagera dans la fuite des frais confidérables, Il ne faut pas trop compter fur le jugement que les ouvriers ne manquent jamais.d’en porter , à la pre- miere infpeétion de la coffe. On entend par coffe la premiere furface que préfente le rocher, immédiate- ment au-deflous de la terre. La coffe peut promettre une bonne ardoife | & le fond de la carriere n’ofir que des feuilleris &t des chats: deux défauts qui ren- dent l’ardoifé mauvaife , & dont nous parlerons dans la fuite. On travaille donc long-tems en aveugles : fi la carriere fe trouve bonne, on fait fa fortune ; finon on eft ruiné. On commence par enlever les terres de l’endroit où l’on veut ouvrir la carriere. Il n’y a rien de fixe fur la profondeur de ces terres ; elle efttantôt grande, tantôt petite. Quelquefois le fommet de la roche eft à la furface de la terre ; d’autres fois il en eft à quel- que diftance. Auflitôt qu’on a découvert la coffe , on . fait fur Le plan de cette cofle, dans fon milieu, une ouverture d'environ neuf piés de profondeur ; c’eft à l’étendue du rocher à déterminer fes autres dimen- fions. Cette ouverture s’appelle premiere foncée. Aïnfi Planche I. d'ardoife , en fuppofant que g foit la fuper- ficie de la terre, &que 4, 1, repréfente le commen cement de la coffe; 1, 2 fera la premiere foncée. La foncée n’a pas par-tout exaËtement la même profon- deur ; on lui donne un peu de pente de l’un à l’autre bout du banc qu’elle forme. Cette pente fur toute la longueur du banc peut aller à un pié; enforte qu’à l’extrémité du banc , la foncée peut avoir dix piés de profondeur. On pratique cette pente pour détermi- ner les eaux des fources qu’on peut rencontrer, à la fuivre & à defcendre. Le moins de largeur qu’on puifle donner à la fon- cée, eft celle qui eft néceffaire pour qu’un ouvrier qui y eft defcendu, puifle travailler fans être gêné. Lorfque la premiere foncée eft faite , on a, comme " AR on le voit en 1 , par le moyen de cette Opération, & de celle qui a précédé , favoir la coupe ou le perce- ment de lacofle, un banc 1 tout formé. | Lorfque le banc x'eft forme, il arrive où que Îa pierre ou ardoift eft tendre & parfemée de veines, ce qu'on apbelle étre en feuilletis ; & alors elle n’eft pas aflez faite ; elle n’a pas affez de confiftance pour fe divifer exaétement par lames, & pour que ces la- mes ayent la dureté requife : ou elle eft exceflivement dure & caffante ; défaut oppolé au précédent', mais qui ne permet pas de tirer de l’erdoife un meilleur parti ; on donne à lardoi/e de cette derniere qualité le nom de char : ou elle a la fermeté convenable, & les ouvriers font, comme ils difent, ez bonne cham- brée. Dans les deux premuers cas, on ne retire aucun fruit de fon travail ; avec cette différence, que l’ar- doife devenant plus dure & plus confiftante à mefure que la carriere prend plus de profondeur , il peut atriver qu'on trouve de la bonne ardoifé après les feuilletis ; mais qu’ileft à préfumer par la même rai- {on ; que la carriere qui commence par donner feu- lement des chats , ira toüjours en devenant plus du- re, & n’en fera que plus mauvaife: D'une premiere foncée on pañle au travail d’une _ feconde; du travail d’une feconde à celui d’une troi- fieme , & ainf defuite , formant toùjours un banc à chaque foncée. Ces bancs formés par les foncées , reflemblent par leur figure &c leur difpoftion à de grands & longs degrés d’un efcalier ; par lequel on defcendroit du haut de la cartiere au fond ;, s'ils avoient moins de hauteur. On continue les foncées & les bancs, jufqu’à ce qu’on foit parvenu à une bonne qualité d’ardoife ; alors les ouvriers prennent un inftrument, tel qu’on le voit en B, b ; chacun le choïfit gros ou petit, felon fa force; il eft de fer, aigu par un bout & quarré par l’autre : on l’appelle pointe. À laide de cet inftrument , on pratique un petit en- foncément fur la nife d’un des bancs, à 4,5 ,6 pou- ces , plus ou moins, de fon bord ; ce petit enfonce- ment pratiqué tout Le long du banc s’appelle chemin, & l'opération faire le chemin. On entend par la zife, la furface fupérieure d’un banc ; ainf La méme Plan- che 6 la méme figure marque en XX le chemin, & en 2,2, 3: 4,5, Gc. les rifes des bancs. Quand le chemin eft fait, on plante dans cette ef- pece de rainure une efpece de coin fourchu , comme on en voit un #zême Planche, fig. K 2; 6e coin s’ap- pelle fér: 1l ya deux fortes de fers, qui ne different que par la grofleur ; on appelle l’un fer moyen, & l’autre grand fer. Après qu’on a planté des fers moyens dans la rainute , felon toute fa longueur, à un pié où environ de diftance les uns des autres, les ouvriers tous rangés fur une même ligne , & tous armés de imafles, frappent tous en même tems fur les fers : quoiqu'ils foient en. grand nombre on n’entend qu'un feul coup; par ce moyen les fers enfoncent tous éga- lement & en même tems ; le morceau du banc s’é- branle également dans toute fa longueur, & fe fépare de la roche en des parties plus grandes ; c’eft précife- ment comme s’il n’y avoit qu'un feul ouvrier, & que fon coup tombât fur un grand tranchant qui occupe- roit toute la longueur d4 chemin : on voit en X,K, des fers plantés dans le cherzin. Selon que la roche eft plus ou moins dure & les foncées plus ou moins pro- fondes , on fe fert, pour faire Z chemin , de pointes plus ou moins fortes ; & pourenfoncer es fers moyens, de maffes plus ou moins pefantes. Quand les fers moyens {ont enfoncés , on leur en fait fuccéder de plus gros, qu’on appelle grands fers: on enfonce ceux-ci comme on a enfoncé les précé- dens. Après les grands fers, on employe /es quilles , qui re font à proprement parler que de plus grands fers encore, puiiqu'ils n’en different que par le vo- lume & l'extrémité qui n’eft pas fourchue. Les ou- , AR D 629 vrièrs font entrer les gzilles comme les autres fers ; ce font elles qui féparent du banc la piece d’ardoife, Voyez, fig. K 3, une quille. Quoique la chambrée foit bonne, ilne faut pas s’i- maginer que la piece d’ardoife fe fepare entiere & fans fration ; il fe rencontre des veines dans la car- riere; ces veines font blanches : onles appelle chauves quand leur direétion verticale fuit celle du chemin , & fines quand au contraire cette direétion eft obli- que & fait angie avec celle du chemin. Il eft évident que dans ce dernier cas la pièce ne peut manquer de le fracaffer. Les finnes gâtent l’ardoife ; les chauves, dont les ouvriers ne manquent pas de profiter, hâ+ tent & facilitent la féparation ; les feuilletis ne leur coûtent guere à féparer, puifqu’ils font d’erdoife trop tendre , mais ils ne fervent à rien. Quand les ouvriers font tombés dans les feulletis , ils ont perdu leur tems. Ils difent qu'ils ont fait we enférrure ; où qu’ils ont enférré une piece, quand ils ont achevé l’opéra: tion que nous venons de décrire. Quand les quilles ont été conduités dans le rocher jufqu'à leur tête à coups de mafñles, fi lon en eft aux premieres foncées ; & à coups de pics, fi l’on en eft aux dermeres ; quand la piece eft bien féparée de fon banc, on la jette dans la derniere foncée faite, foit avec des cables, foit d’une autre maniere ; là on tra- vaille à la divifer : pour cet effet on pratique dans {on épaifleur une trace ou chemin avec la pointe ; on place dans ce chemin un inftrument de fer ou une ef- pece de coin, tel que celui qu'on voit, éme Planc, © fig. K 1, & qu’on appelle un algnouer, On frappe fur Palignouet avec un pic moyen; & après quelques coups, la féparation fe fait continue & dans un même plan de toute l’épaiffeur de la piece, s’il ne s’y ren- contre ni finne, m feuilletis, ni chats, ni même de chauves, dont on n’a point profité faute de les avoir apperçüs. Avant que la féparation fefafle, les ouvriers font quelquefois obligés de fe fervir.du gros pic. Les mor- ceaux qui viennent de cette premiere divifion , font foûdivilés à l’aide du pic moyen où du gros pic, en d’autres morceaux d’une grofleur à pouvoir être por- tés par une feule perfonne : on les appelle crezons. Tandis que lès ouvriers font occupés à mettre en morceaux les pieces d’ardoife, & les morceaux en crenons , d’autres font occupés à fortir les crenons dé la foncée, & à enlever les petits reftes qui font demeurés attachés au banc, & qui ne font pas ve- nus avec la piece; ce qu’ils exécutent avec les fers moyens, furlefquels on frappe , foit avec les mains, foitavec des pics, felon qu’ils font plus ou moins adhé- rens, Ils mettent ces petits morceaux, qu’on appelle efcots, dedans un feau qui eftenlevé du fond de la fon: cée avec beaucoup de promptitude:, par une machine appellée Ze crait. W, même PL fig. 10, le trait, La partie du trait S T, à l'extrémité de laquelle S eft attachée la corde qui enleve le feau, s'appelle verre ; la par- tie Rq s'appelle le gland ; le gland tourne fur le fup- port Pg le feau eit enlevé enwyertu de la pefanteur de la partie T de la verne ; 8&ileft conduit oiLle de: fire l’ouvrier de la fg. 9 5 qui en pouffant l’extrémité T de la verne, fait mouvoir en:fens contraire l’ex- trémité S,; c’eft aufli à l’aide de cette machine qu’on peut tirer de la foncée les crenons; elle ferviroit mê- me, fil’onvouloit, à en enlever de très-profles pie- ces d’ardoife x & Von eft bien forcé d’y avoir re- cours , lorfque la foncée eft trop étroite, & qu’on ne peut y mamer une groffe piece d’ardoife commode ment : alors on la perce d’un trou, comme on voit Planc. IL. fig. 20 ; on pañle dans ce trou un crochet qu’on nomme hawer; ce crochét tient à une corde, à l’aide de laquelle la piece eft enlevée. Lorfque l’ardoife eft en crenons!, f ces crenons {ont éloignés du bout dela foncée auquel corref- 630 ARD pond l’enpiñ où machine , on les y porte avec des hottes ; là, d’autres ouvriers en chargent un baffcoz attaché au cable de l’engin: on voit Planche II. ce baficot fg. 22, il eft lié de bandes de fer, v, 43 ces bandes s’élevent au-deflus du baficot d'environ 6 à 7 pouces , & font terminées par une boucle à la- quelle font attachées des cordes qu’on appelle berros. Les bertos font pañlés dans un crochet de fer qui tient le baflicot fufpendu ; ce crochet eft traverlé d’une goupille qui empêche les bertos de s’en échapper ; 2 eft une planche de bois qui eft placée au bout du baficot, où elle eft fixée par les deux tenons qu’on voit : cette planche s’appelle le /ucer, Auffi-tôt que le baficot eft au haut de la carriere , on ôte le lucet, &z on nettoye le bafficot de toutes les ordures qui y font. | Le bafficot eft enlevé hors de la carriere par la machine ou l'engin: on voit Planche II, premiere vi- grette, cette machine. La partie 4 X qu’on nomme faillie, avance fur la carriere environ de douze piés; elle y eft foûtenue par le chef de la carriere. Elle a fa parallele à l’autre bout, dont elle eft éloignée de quinze piés & davantage. La piece B , qui s'appelle un furbadier , eft fixée d’un bout dans le chef, 8c em- mortoifée de l’autre dans la faillie. La piece parallele à la faillie eft une efpece de gardefou ; elle eft élevée fur la faillie d'environ trois piés : elle a auffi fa pa- rallele de l’autre côté. Les pieces AE font des po- teaux fixés perpendiculairement fur les faillies. Les pieces XX {ont des traverfes ; elles portent celles fur lefquelles fe meuvent les tourillons des poulies P P. Les traverfes 1 1 font foûtenues par des aiffeliers. Les pieces AL fe nomment fZieres, La piece ÆL fur la- quelle l’extrémité des filieres eft foûtenue, s’appelle chapeau du bâtis M M L L , qui n’eft autre chofe qu'un chevalet à deux pieces de bois perpendiculai- tes. La figure 20 eft une fufée dont l’extrémité À fe meut dans le chapeau ZZ, & {on extrémité O porte fur une crapaudine ou couette de fer, emboîïtée dans une piece de bois enterrée. La piece à laquelle le cheval eft attaché fe nomme queue ; elle eft emmor- toifée dans la piece qui fert d’axe à la fufée. Tandis que le cheval marche vers O, le cable À s’enveloppe fur le cylindre, & le cable S fe développe; c’eft-à- dire que le baficot attaché au premier de ces cables monte, & que celui qui eft attaché au fecond def- cend. L’homme qui conduit le cheval s’appelle le zoucheur. Ceux qui font au fond de la carriere l’a- vertiffent ; & ils ont un crochet ayec lequel ils at- teignent le baficot vuide, qu'ils conduifent ainf dans l’endroit de la foncée où ils en ont befoin. Mais avant que de fortir de la carriere, il eft à propos de remarquer, 1° que quand on eft parvenu à une certaine quantité de foncées, l’eau abonde de tous côtés ; elle defcend du rocher par des veines : nous avons déjà indiqué le moyen que l’on prend pour la déterminer à couler vers un bout de la fon- -cée. Elle y eft conduite par un petit chemin, & elle y eftreçue dans un endroit qu’on y a creufé, & qu’on nomme cuvette; cette eau eft renvoyée de la cuvette dans une cuve profonde , qui eft au pié du chef de la carriere , oppofé à celui où l’engin eft placé. Ce renvoi fe fait avec un {eau & la machine appellée trait : mais on n'ufe guere du sais pour cela, que dans les carrieres où l’eau eft en fi grande quantité, qu'à peine la foncée eft-elle faite qu’elle eft pleine d’eau. Dans les autres carrieres la corde de la ma- chine deftinée à vider leseaux, fe rend direétement au réfervoir qu’on leur a pratiqué à l’autre bout de: la foncée, & les enleve , comme nous allons lexpli- quer. Onfe fert pour vuider l’eau , de la machine repré- fentée dans la vignette de la Planche II. cette ma- chine fe nomme ezgir, Sa pofñtion fur le chef de la carriere et à peu près la même que celle de fa na chine à enlever l’ardoife ou le bafficot : maïs {a conf. truétion eft fort différente. Au lieu d’une faillie à cha= que côté, l’engin en a trois & trois fxrbadiers , dont les extrémités inférieures b, 4, & font ou dansle chef de la carriere, ou dans un mur dont ce thef eft re vêtu ; les extrémités fupérieures font emmortoifées dans les faillies; ces faillies avancent fur l'ouverture de la carriere environ de quinze piés : on a été forcé d’en employer ici trois de chaque côté, parce qu’on a fait fur elles un bâtis ou pont, fur lequel on eft continuellement placé pour recevoir tout ce qui vient de la carriere ; au lieu que dans la machine on eft toi jours fur le folide, c’eft-à-dire fur le chef de la car- riere. S1 l’on examine de près la machine ou bafñ- cot, l’on verra que quand le cable R ef arrivé entre les deux faillies, ou à la /wmiere, on peut facilement. Vattirer à foi & expofer le baficot {ur le chef de la: carriere , mais que dans l'engin que nous décrivons on n’a pas cette commodité. Aux deux extrémités h,f, de la fufée, font des tourillons de fer qui rou- lent fur des couettes de fonte. On appelle la piece comprife entré f &c g & montée fur l'arbre g, un #2 bouret ; l’arbre f k s'appelle le furfus de la fufce. Les pieces qui contiennent entr’elles les fufeaux du #7 bourer s'appellent tourrelles, La piece CC s’appellele rotiet, On voit à fa circonférence des a/luchons pofés verticalement ; ils font en talus; ils s’engrenent dans les fufeaux du tabouret, qui tourne & entraîne avec lui la fufée, dônt la corde : monte, tandis que la corde /defcend. Le cheval qui met en mouvement le roûet fe fait fi bien à cet exercice, qu'après s’être mü de droite à gauche, il revient de Iui-même de gauche à droite aufli-tôt qu'il eft à propos, c’eft-à- dire, lorfqu’un des feaux étant monté & l’autre def: cendu, 1l faut faire defcendre celui-là & monter ce- lui-c1. LA Mais on n’entendroit que très-imparfaitement l’ef- fet de l’engin , fi l’on ne connoïfloit un peu la conf- truétion des feaux , voyez-en un par pieces aflem- blées & détaillées , Planche IL. le cerceau de fer 7 en eft le chapeau ; il eft tout femblable à celui qu’on voit en 6, 6, 6 fur le feau; 10 eft une oreille ; 11 un aileron; 12 l’ance, Voy. toutes ces pieces affemblées fur Le Jèau, & dans la figure 9, 9; 8, 8, qu'il eft facile d’i- maginer en place ; 4,4, eft un cercle de fer qui en- toure le feau un peu au-deflus de fon bouge. L’anfe tient à ce cercle par deux gros boulons qui font par- tie du cercle même , & fur lefquels l’anfe peut fe mouvoir ; ÿ, ; {ont des pieces qu'on appelle ride, elles foûtiennent le fond qui eft ordinairement dou- ble. Il n’eft pas difficile de concevoir que fi deux cro- chets s'engagent fur le cercle de fer qui eft en 6,6,6, fur le feau , à fon approche du baflin, ils arrêteront' fa partie fupérieure qui baiflera néceflairement , tan- dis que la fufée marchant toñjours , la partie inférieu- re du feau montera, ou le fond fera renverfé & l’eau tombera dans le baflin. Ce méchanifme eft fort fim- ple , & produit bien l'effet qu’on en attend. Remarquez 1°, qu'il y a toùjours dans la carriere une perfonne qui conduit la coupe du rocher le plus perpendiculairement qu’il lui eft pofble ; c’eft ce qu’on appelle couper en chef. On voit combien il im- porte au fervice des machines qui font établies fur le chef de la carriere, que cette conduite fe faffe bien ; auffi dit-on , au lieu de couper en chef, meer Le foit- tien des machines : de ces machines l’une correfpond à l'extrémité de la foncée, & l’autre correfpond à l’autre extrémité. | Remarquez 2°. que le bafficot ne remonte pas tout. ‘Il y a des enfans qui montent & defcendent par des échelles placées de banc en banc , & qui fortent les vuidanges les plus légeres. Remarquez 3°. que chaque foncée donne toûjours deux bancs, l’un à droite & l’autre à gauche : pour cela , il ne faut que jetter l'œil fur la premiere vi- gnette de la Planche premiere ; quand on a épuifé l’un, ce qui fe fait tobjours par les ezférrures | on pañle à Pautre banc. Du côté de la figure 21. tous les bancs font épuifés : mais pour faire une nouvelle foncée , on n'attend pas que tous les bancs foient épuifes ; parce que les ouvriers qui fabriquent l’ardoife man- queroient de matiere ; les travaux du fond de la car- riere , & ceux du deflus , doivent marcher de con- cert. Nous voilà fortis de la carriere. Voyons mainte- nant ce que deviendront les morceaux d’ardoifé que le bafficot a enlevés fous le nom de crezons , après avoir été détachés de la piece enferrée, avec un inf. trument qu’on voit Planche premiere en WF, &c qu'on appelle ci/£au d’en-bas, parce qu'on ne s’en fert qu’au fond de la carriere. Quand on a déchargé les crenons , en Ôtant le Zucer du bafcot , il y a des ouvriers tout prêts avec des hottes qu'on appelle hoztes a quartier, pour les diftinguer de celles dont on fe fert dans la carriere, & qu'on appelle hortes 4 vuidangès | voyez Planche I. vig. I. La fig. À eft une hotte à vuidange, & PZ. IT, figure 1. vig, 1. hotte à quartier ; d’autres ouvriers prennent le crenon chacun par un bout , &cle pofent iur la hotte ; les hottiers chargés vont dépofer leurs fardeaux autour des ouvriers qui fabriquent l’ardoife : c’eit ce que fait la fig. z. de la [1° vig. de la Planche I. la fig. FE, fe, repréfente aflez bien les crenons quarid: dépoiés autour des ouvriers, ils travaillent à les re- partir. Voyez Planche I. Pour repartir, les ouvriers fe fervent du cifeau CZ, qu’on voit Planche I, & qu'ils appellent cr/eau à cre- ner ; 1ls l’inferent dans le crenon, comme on le voit dans la fig. FE , fe, même Planche, ou comme on le voit faire à la Jp. 2. vig. IT. Planc. 1, Les morceaux g qui font autour de cette fig. 2. font des divifions du crenon , x ces divifons s’appellent repartons. Le mor- ceau qu'on voit entre fes jambes eft un portion de crenon qu'il faut achever de débiter en repartons. Les repartons paflent à un ouvrier, qu'on voit fig. 4. qui avec le cifeau C 2 appellé cifeau moyen, éme Plan- che, poufle la divifon des repartons en contrefendis. Quand l’erdorfe eft en contrefendis , les mêmes ou- vtiers prennent le pañle-partout ou cifeau € 3 , où ceux de la même efpece C4, C 4, & mettent le con- trefendis en fendis ou ardoife brute. Toutes les divi- fions du reparton en crenons , en contrefendis & en fendis ou ardoife brute , fe font d’épaifleur feulement ; les fendis paflent entre les mains des ouvriers 3-8 5 ; ces ouvriers font aflis à terre derriere des paillaflons foûtenus par des fourches, qui les sarantiflent de la chaleur & du mauvais tems; on les appelle #te-vents ; ils ont les jambes couvertes des guêtres aw’on voit PlancheI. fig. AB, &c. & entr'elles une forte de bil- lot cylindrique O PQ, dont on a enlevé une portion; ce billot ou efpece d’établi s’appelle le chaput : c’eft fur le chaput que l’ouvrier pofe le fendis , & c’eft la furface verticale de la fe&tion qui dirige le mouve- ment du do/eau ou de l’inftrument tranchant dontil fe fert pout terminer l’erdofe , & lui donner la forme qu’il defire. Selon la forme que l’on donne au cha- put, on a la commodité de façonner diverfement lar- doifé : quant au doleau, vous en avez la repréfenta- tion en T &c en V7, méme Planche I. il a une furface platte comme celle d’un cifeau à deux branches, & fon autre furface eft arrondie. Le fendis, au fortir des mains de ceux qui fe fer- vent du doleau, eft ardoije , mais d’une qualité telle que le permet le morceau de fendis , tant par la na- ture de la pierre dont il eft venu , que par la figure qu'on Jui a donnée fur le chapur : comme toutes les couches de l’ardoife ne font pas exaétement paralle- » | ARD 631 les , les petits angles qu’elles forment entr’elles font perdrebeaucoup de matiere ; une portion d’ardeife où un contrefendis dont onefpere deux fendis, fe divile: ra fouvent obliquement , &au lieu de deux ardoifès on n’en aura qu’une avec un morceau ou fragment dont on ne fera qu’une qualité d'ouvrage fubalterne : mais ce n’eft pas feulement en paflant de l’état de contrefendis à celui de fendis que l’ouvrage fe dété: riore ; toutes les divifions de la pierre ont leurs in» convéniens. Exemple : foit, Planche I, fig. FE, fE , un mor ceau de pierre que l’ouvrier d’en-bas a mis en crenon avec l’alignouet & le pic moyen , que le cifeau € ÿ ait été inféré pour en tirer les repartons E F,fÆ', il peut arriver que fon épaifleur totale foit traverfée de chauve ou de fre, ou qu'il s’y rencontre de pe= tits chats qui empêcheront une exaéte divifion ; ces chats &c la finne s’apperçoïvent à merveille dans le fendis , fg. M, même Planche: fi, méme PlancheL, il y a une finne dans la dire&tion Z Z, il n’en viendra qu'une ardoife, & &. Ces finnes ne s’apperçoivent que par l'effet, quand on travaille la pierre au haut. Oninfere fon cifeau dans un crenon FE fE ; on en cfpere quatre contrefendis, & il arrive qu’on n’en tire qu’un entier, la finne arrêtant toüjours la divis fion. Les ouvriers d’en-bas ne font pas fi furpris des finnes ; aufli-tôt qu’ils ont entamé un banc, elles {e montrent diftinétement , s’il y en a ; alors ils fongent à en tirer parti pour avoir des morceaux de pierre plus petits, ce qu'ils font en appliquant deux ou trois coups de pic moyen fur la finne ; ces coups donnent lieu à une divifion qui fe continue dans une même direction que la finne , fur la furface de la pierre où la finne fe rencontre , au lieu que fans elle ils au- roient été obligés de recourir à l’ezférrure, qui eft un moyen qui demande plus de peine & de précifion. À mefure que les ouvriers fabriquent leur ardoife, il y a un ouvrier, qu'on appelle le conteur, qui prend l’'ardoife dans une efpece de broüette , la tranfporte en un endroit où 1l la range, & fépare chaque qua- lité ; c’eft ce que fait la fe. 6. Planche I. vig. IT. les ardoifes élevées marquent les cents. L'endroit où l’ar- doife eft féparée par qualité & rangée par cent, s’ap- pelle maga/in. Le conteur met l’ouvrage de chaque ouvrier à part, avec le nom &c la quantité fur la derniere ardoife, On voit, au bas de la Planche, des piles féparées par cent. De toutes les qualités de l’ardoife , la plus belle 8 la plus eftimée eft la quarrée ; elle eft faite du cœur de la pierre ; elle a la figure reétangulaire qu’on lui voit Planche I, fig. 2. elle porte environ huit pouces de large fur onze pouces de long , & doit être fans roufleur. La feconde qualité eft celle du gros nor : le gros noir n’a ni tache ni roufleur , non plus que l’ar- doife quarrée ; la feule différence qu'il y ait entre ces deux fortes d’ardoife, c’eft que le gros noir n’a pas été tiré d’un morceau de pierre qui pût fournir les di- menfions requifes dans l’erdoife quarrée. La troifieme eft le poil noir, qui a la même qualité & la même f- gure que le gros noir, mais quu €ft plus mince &c plus légere. La quatrieme eft le poil taché , qui a les mé- mes dimenfions que le gros noïrgmais qui n’a pas la même netteté ; on lui remarque des endroits roux. La cinquieme eff le poi/ roux ; cette ardoife elt en ef- fet toute rouffe ; ce font les premieres foncées qui la donnent, & ce n’eft proprement que de la coffe. I n’en eft pas de même du poi/ sache , il e trouve par- tout ; il n’y a gueres de foncées où il ne s’en rencon- tre. La fixieme eft la carre, qui a la même figure & la même qualité que la quarrée , maïs qui eff plus pe- tite d’aire 8 plus mince. La feptieme eff l’Aéridelle, ardoife étroite & longue, dont les côtés feulement ont été taillés , mais dont on a laïfé les deux autres 632 ARE | extrémités brutes. Il y a des ardoifes de quelques at tres qualités , mais dont on ne fabrique guere : en- tre ces ardoifes , on peut compter la fine , qui eft af- {ez propre à couvrir des domes , parce qu’elle a une convexité qui lui vient, non de l’ouvrier , mais de la pierre dont les couches font convexes. Comme la grandeur de la quarrée eft déterminée, on feroit tenté de croire que les ouvriers prennent quelque précaution pour la couper: cependant 1l n’en eft rien ; ils ont une fi grande habitude à donner à l'ardoife, de chaque efpece ou forte , les dimenfions qui lui conviennent , qu'ils s’en acquittent très-exac- tement fans la moindre attention. Les monceaux 6, 6, 6 font les déchets des ou vtiers qui fabriquent l’ardoife, Les ouvriers 8, 8, 8,6c. tranf{portent ces déchets dans des hottes. La maifon £ , autour de laquelle on travaille, »2- gnette II. Planche 1. eft celle du clerc de la carriere. Ce clerc gouverne l'ouvrage, tient les livres , rend compte aux intérefles , &c, Celle qui lui eft voifine eft une forge où des forgerons font continuellement occupés à la réparation des outils qui fe gâtent dans la carriere. On voit , fig. 8. une ardoife taillée en écaille, & fig. 20. 6 719. les outils dont le Couvreur fe fert pour la tailler, avec la maniere dont il la difpofe, en 22, 22,213 21, ” Les ardoifes peuvent encore être confidérées felon leurs échantillons. La grande quarrée forte fait le pre- mier échantillon ; on dit que le millier couvre envi- ron cinq toifes d'ouvrage : la grande quarrée fine fournit par millier cinq toiles & demie , & fait Le {e- cond échantillon : la petite fine environ trois toifes par millier, & eft du troifieme échantillon : la qua- irieme , qu'on appelle quartelerte, fait le quatrieme échantillon , & donne deux toifes &c demie de cou- verture. Nous finiflonsicicet article des ardoifes, où nous avons fuivi l’ardoife du fond de la carriere juf- que fur les toits. | ARDOISESs. Elles fervent aux Paflementiers pour les liantes lifles , au lieu de platines. Voyez PLA- TINE. | * ARDONA , ( Géog. ) ville autrefois, mainte- nant village de la Capitanate , province du royau- me de Naples. ” Pi *ARDRA , ANDRA , ox ORDA , ( Géog. ) ville d'Afrique dans la Guinée. Il y a aufli un royaume de ce nom en Guinée , entre la riviere de Volta & le lac de Duranto. Ardra en eft la capitale. * ARDRES , ( Géog. ) ville de France dans la baffe Picardie, au milieu des marais. Loz. 19. 30. , dat. 50. 353. * ARDSTIN oz STINCHARD, ( Géog. ) petite riviere d'Ecoffe qui fe décharge dans le golfe de Cluyd, vis-à-vis de la pointe de la prefqu'ile de Can- Éyr. * AREB , ( Comm.) monnoie de compte dont on fe fert dans les états du grand-Mosol , & fur-tout à Amadabath. L'areb vaut 25 lacs , oule quart d’un crou, ou 2500000 rouptes. 7. Crov, Lacs , ROUPTE. * AREKCA , ( Géog. ) port de la mer Rouge, à 22 lieues de Suaquem. - * AREMBERG, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans le cercle de Weftphalie, fur la riviere d’Akr, capitale du comté de même nom, incorporé au cer- cle du bas Rhin, & érigé en principauté par lem- pereur Maximilien Il. Loz, 24.33. lat, 50. 2 7. ARENE , arena, ( Hifi. nat. fof]. ) amas de parti- cules de pierres , formé du débris des matieres lapi- difiques calcinables. L’arene, le gravier , & le fable calcinable , font de la même fubftance , & ne dif- ferent que par la groffeur des grains. Le cours des aux, l'aétion dela gelée, l’impreflion de l’axr ; 6, féduifent peu-à-peu les pierrés en petites parties plus ou moins fines : les, plus petites forment le {a- ble calcinable ; les plus groffes font du gravier: & on a donné le nom d’arene à celles qui font plus grof- fes que le fable, & plus petites que le gravier, On a auf divifé l’arene en fofféle, fluviatile, & marine: mais quelle différence y a-t-1l éntre l’areze qui fe trou- ve dans les terres , ou celle qui eft fur les côtes de la met ou dans les lits des rivieres ? Leur origine & eur nature ne font-elles pas les mêmes ? & à quoi fervent en Hiftoire naturelle toutes ces divifions ar: bitraires ? id, Terre Mufei reg. Drefdenfis aur, Gort- lieb, Sudwig. pag. 75. Voyez PIERRE. (1) ARENE , ( if? añc. ) partie de l’amphithéatre des Romains. C’étoit une vafte place fablée où combat- toient les gladiateurs ; d’où eft venue l’expreffion iz arenamn déjcendere, pour fignifier Je préfenter au com- bat. Le fable dont Pareze étoit couverte , outre qu'il amortifloit Les chûtes ; fervoit encore aux athletes à fe frotter, pour donner moins de prife à leurs adver- faires. D’autres prétendent qu’on avoit pris la pré- caution de fabler l’amphitheatre , pour dérober aux fpeétateurs la vüe du fang qui couloit des bleflures des combattans. On dit que Néron porta l’extrava- gance jufqu’à faire couvrir l’arene de {able d’or : cette partie du cirque étoit pour des gladiateurs ce que le champ de bataille étoit pour les foldats ; & de-là leur vint le nom d’arezarii, V. GLADIATEUR.(G ARENER, v. pafl serme d’Archireë. {e dit d’un bâ- timent qui s’eft affaiflé, qui a baïflé, n'étant pas bâti fur un fonds folide. On dit: ce bétiment eff aréné. (P) * ARENSBERG , (Géog.) ville d'Allemagne dans le cercle de Weftphalie , fur la Roer. Lon, 23. So. lat, 51. 25. : * ARENSBOURG , ( Géog.) ville maritime de Suede dans la Livonie, dans l’île d’Ofel , fur la mer Baltique. Lon. 40. 20. lat. 58.15. * ARENSWALDE , ( Géog. ) ville d'Allemagne dans la nouvelle Marche de Brandebourg , fur le lac Slavin, frontiere de la Poméranie. Long. 32, 22. lat. 53.13. AREOLE , f. f. eft un diminutif d’aire , & figni- fie petite furface. Voyez AIRE 6 SURFACE. (E) ARÉOLE , er Anatomie , eft ce cercle coloré qui entoure le mammelon. #’oyez MAMMELLE, Mam- MELON, 6c. # | Ce cercle eft d’un rouge agréable dans les filles ; un peu plus obfcur ou d’un rouge pâle dans les jeu- nes femmes , & tout-à-fait ivide dans les vieilles. On remarque fur les aréoles , tant des hommes que des femmes, des tubercules dont la fituation n'’eft pas conftante. Bidloo a obfervé qu'il s’écouloit de ces tubercules, lorfqu’on les comprime , une hu- meur limpide. Morgaoni, ady. Anat. I. p. 11. ajoûte qu'il s’en écoule quelquefois une humeur fort fem- blable au petit lait, & qu’il a même fait fortir de ces tubercules quelques gouttes de lait, dans les hommes comme dans les femmes : il dit même avoir vû des conduits laiteux dans trois femmes , tels que font ceux de la papille qui y aboutiffent, defquiels 1l a fait for- tir à plufieurs reprifes des gouttes de lait. (L) ARÉOMETRE , {. m. mot dérivé d’apasos, remuis, & de pérpor, rmenfura. On appelle aréometre un inf- trument qui fert à mefurer la denfité ou la pefan- teur des fluides. Voyez, FLUIDE, GRAVITÉ , PE- SANTEUR, & DENSITÉ. . L’aréometre ordinairement eff de verre ; il confifte en un globe rond & creux, qui fe termine en un tube long, cylindrique , & petit ;50n ferme ce tube hermétiquement , après avoir fait entrer dans le glo- be autant de mercure qu'il en faut pour fixerle tube dans une pofition verticale , lorfque l’inftrument eft plongé dans l’eau. On divife ce tube en degrès, com- me on voit P/, de Preumar, frs, 18. & l’on'eftime la s pefanteur ARE befanteur d’un ‘fluide , par le plus ou le moins de profondeur à laquelle le globe defcend ; en forte que le fluide dans lequel il defcend le moins bas eft Le plus pefant ; & celui dans lequel il defcend le plus bas, le plus léger. LE En effet c’eftune loi générale , qu’un corps pefant s'enfonce dans un fluide, jufqu’à ce qu'il occupe dans ce fluide la place d’un volume qui lui foit égal en pefanteur : de-là il s'enfuit que plus un fluide eff denfe , c’eft-à-dire, plus il eft pefant , plus la partie du fluide , qui fera égale en poids à l’eréomerre, {era d'un petit volume, & par conféquent le volume dé fluide que l’aréomerre doit déplacer fera auffi d’au- tant plus petit, que le. fluide eft plus pefant : ainfi plus le fluide eft pefant , moins l’aréomerre doit s’y enfoncer. Il doit donc s’enfoncer moins dans l’eau que dans le vin, moins dans le vin que dans l’eau de-vie, &c. comme il arrive en effet. , Il y a un autre aréomerre de l’invention de M. Hom- berg : onen trouve la defcription fuivante dans les Tranfaë&. ph. n°.262. À, fig. 19. eft une bouteille de verre ouun matras dont le col C B eft fiétroit, qu’u- ne goutte d’eau y occupe cinq ou fix lignes ; à côté de ce col eft un petit tube capillaire D , de la lon- gueur de fix pouces , & parallele au col CB. Pour remplir ce vaileau , on verfe la liqueur par l’orifice B , dans lequel on peut mettre un petit entonnoir : on verfera jufqu'à ce qu’on voye fortir la liqueur par l’onifice D, c’eft-à-dire, jufqu’à ce qu’elle foit dans le col CB, à la hauteur C'; par ce moyen on aura toiours Le même volume ou la même quantité de liqueur; & conféquemment on pourra trouver par le moyen d’une balance, quelle eft, parmi les différentes liqueuts dont on aura rempli cet aréome- tre, celle dont la pefanteur abiolue eft la plus gran- de , ou qui pefe le plus. Il faut avoit quelqu’égard à la faïfon dé l’année, & au degré de chaleur ou de froid qui regne dans Pair; car il y a des liqueurs que la chaleur raréfie, & que le froid condenfe beaucoup plus que d’au- tres , & qui occupent plus ou moins d’efpace, felon qu'il fait plus ou moins chaud ou froid. Voyez PE- SANTEUR SPÉCIFIQUE , RARÉFACTION, Ge, A l’aide de cet inftrument ; {on favant auteur a conftruit la table fuivante, qui montre, tant pour Pete que pour l’hyver, les différentes pefanteurs fpé- cifiques des fluides, dont l’ufage eft le plus ordinaire en Chimie. AREOMETRE PESÉ EN ÉTÉ, EN HYVER. plein de Onc. Drag. Gr. Onc. Drag. Gr. Vifarsent, 11 00 06 M FI GO 32 Huile detartre.,.. ot 63 08 or o3 3: Efprit d'urine..... o1 oo 32 o1 oo 43 Huile de vitriol... o1 03 58 o1 04 03 Efprit de nitre..... o1 O1 40 ©1 or 7o Sole a tree OUIOOS 39. OL 0 47 Eausforte : ...:,./01 o1 38 OI oï 5; Efprit de vin...:. 00 06 47 00 06 61 Eau de riviere. ... oo 07 5ÿ3 ©0o 07 57 Eau difillée ..... 8o o7 50 oo 07 54 L’inftrument vuide pefoit une dragme vingt-hüit grains. Une autre méthode pour connoître le degré de pefanteur d’un fluide , eft de fufpendre une maffe de verre maflif & de figure ronde à un crin de cheval, que l’on attache au-deffous d’un petit plat : cette mafle ainf fufpendue dans lair à une balance bien jufte , demeure en équilibre avec un poids fait en forme de baflin, & fufpendu à l’autre bras de la balance ; on plonge enfuite le corps de verre dans Ton. J, ARE 633 la liqueur dont on veut examiner la pefanteur , & fur le champ l’autre bras de la balance s’éleve & de- vient plus léger , parce que le corps de verre a per- du dans la liqueur une partie de fon poids : on met enfuite fur le petit plat auquel le crin de cheval eft attaché, autant de poids qu’il en faut pour que lé- quilibre foit rétabli ; & ces poids ajoûtés indiquent ce que la mafle de verre a perdu de fon poids dans la liqueur : or lé poids que ce corps a perdu eft égal au poids d’un pareil volume de la liqueur ; donc on connoit par-là ce que pefe un volume de la liqueur égal à celui du petit corps de verre, | M. Muflchenbroek paroïît préférer cette derniere méthode à toutes les autres qu'on a imaginées pour pefer les liqueurs: Il préténd que la méthode de M. Hombèerg en particulier a fes inconvéniens, par- ce que la vertu attraétive du tuyau étroit fait que la liqueur y monte plus haut que dans le col large ; & comme les liqueurs ont une vertti attraétive diffé- rente , il devra y avoir aufli une grande diférencé entre leurs hauteurs dans le col large , lorfqu’elles fe féront élevées jufqu’à l’orifice du tuyau étroit. S1 au haut de la tige de l’aréormerre on met quelque petite lame de métal, &c. 1! s’enfonce plus avant, quoi- que dans la même liqueur. En effet, la partie plongée de l’aréomerre{otleve autant de liqueur qu’il en faut, pour faire équilibre à linftrument entier. S'il pefe une once, par exemple , il foûlevé moins d’eau que de vin, quant au Volume, parce qu'il faut plus de vin que d’eau pour le poids d'une once ; & comme il ne fait monter la liqueur qu’en s’enfonçant , 1 doit donc plonger plus avant dans celle qui eft la plus légere. Si l’on augmente le poids de laréomerre par l'addition de quelque lame de métal , ou autrement, il s'enfonce plus avant , quoique dans la même li- queur ; parce qu’alors il en faut une plus grande quantité pour lui faire équilibre. M. Formey. Cela fert à expliquer divers faits. Sitous les corps qui flottent , s’enfoncent plus ou moins , fuivant la denfité du fluide, une barque chargée en mer aura donc moins de parties hors de l’eau , fi elle vient à remonter une riviere ; car l’eau falée pefe plus que l’eau douce , & les nageurs afürent qu'ils en fentent bien la différence. On doit donc avoir égard à cet effét , & ne pas rendre la charge auffi grande qu’elle pourroit l’être, fi l’on prévoit qu'on doive pafler par une eau moins chargée de fel, que celle où l’on s’em: barque. On a vü quelquefois desîles flottantes, c’eft- a-dire , des portions de terre aflez confidérables qui {6 détachent du coûtinent, & fe trouvant moins pe- fantes que l’éau ; fe foûtiénnent à la furface , & flot- tent au gré des vents. L’eau mine peu-à-peu certains terrains , qui font plus propres que d’autres à fe did- foudre : ces fortes d’excavations s’augmentent avec le tems, & s'étendent au loin ; le deflus demeure lié par les racines des plantes & des arbres , & le {ol n’eft ordinairement qu’une tèrre bitumineufe , fort légere ; de forte que cette efpece de croûte eftmoins pefante que lé volunie d’eau fur lequel elle eft re- çüé » quand un accident quelconque vient à la déta- cher de la terre ferme, & à la mettre à flot. L'exem- ple de l’aréometre fait voir encore qu'il n’eft pas be- foin pour furnager que le corps flottant foit d’une matiere plus légére que l’eau. Car cet inftrument ne fe foûtient point en vertu du verre ou du mercure ; dont 1l eft fait , mais feulement, parce qu’il a, avec peu de folidité , un volume confidérable ; qui répond à une quantité d’eau plus pefante. Ainfi l’on pourroit faire des barques de plomb, ou de tout autre métal, qui ne $’enfonceroient pas. Et en effet, les chariots d’artillefie portent fouvent à la fuite des armées des gondoles de cuivre , qui fervent à établir des ponts pour le paflage des troupes. M. Formey. Il faut apporter divertes HSE né la conf: 634 ARE truétion & l’ufage de cet inftrument. r°. II faut que les liqueurs dans lefquelles on plonge laréomerre, 1oïent exattement au même degré de chaleur, ou de froid , afin qu’on puifle être für que leur différence de den- fité ne vient point de l’une de ces deux caues, & que le volume de l’aréometre même n’en a reçù aucun changement. 2°, Que le colde linftrument , fur lequel font mar- quées lespradations , foit par tout d’une groffeur éga- le ; car s'il eft d’une forme iréguliere , les degrés marqués à égales diflances ne mefureront pas des volumes de liqueurs femblables en fe plongeant ; il lera plus für & plus facile de graduer cette échelle rela- tivement à la forme du col, en chargeant fucceflive- ment l'inftrument de plufeurs petits poids bienégaux, dont chacun produira l’enfoncement d’un degré. 3°. Ondoit avoir fomnque l’immerfon fe fafle bien perpendiculairement à la furface de lahiqueur, fans quoi l’obliquité empêcheroit de compter avec juftef- fe le degré d’enfoncement. 4°. Comme l’ufage de cet inftrument eft borné à des liqueurs qui different peu de pefanteur entre el- les , on doit bien prendre garde que la partie qui fur- nage ne fe charge de quelque vapeur.ou faleté ; qui occafonneroit un mécompte , dans uneeftimation , où il s’agit de différences peu confidérables. Etlor{- que l’arcometre pafle d’une liqueur à l’autre, on doit avoir foin que {a furface ne porte aucun enduit , qui empêche que’la liqueur où 1l entre ne s'applique exattement contre cette furface. 5°. Enfin malgré toutes ces précautions , il refte encore la difficulté de bien juger le degré d’enfonce- ment, parce que certaines hqueurs s’appliquent mieux que d’autres au verre ; & qu'il y en a beaucoup qui, lorfqu’elles le touchent , s’élevent plus ou moins au- deffus de leur niveau. Quand on fe fert de l’aréome- -tre que nous avons décrit, il faut le plonger d’abord dans la liqueur [a moins pefante , 8 remarquer à quelle graduation fe rencontre fa furface : enluite il faut le rapporter dans la plus denfe , & charger le haut de la tige , ou du col , de poids connus, jufqu’à ce que le degré d’enfoncement {oit égal au premier. La fomme des poids qu’on aura ajoütes, pour rendre cette feconde immerfion égale à la premiere, fera la différence des pefanteurs fpécifiques entre les deux liqueurs, Nous devons ces remarques à M. Formey , qui les a tirées de M. abbé Nollet , Leë. Phyf. (0) * ARÉOPAGE , f. m. ( Hifi. anc. ) fénat d’Athé- nes ainfi nommé d’une colline voifine de la citadelle de cette ville confacrée à Mars; des deux mots Grecs zayos, bourg, place, &t A'pnc, le dieu Mars ; parceque, {elon la fable, Mars accufé du meurtre d’un fils de Neptune, enfut abfous dans ce lieu par les juges d’A- thènes. La Grece n’a point eu de tribunal plus renom- mé. Ses membres étoient pris entre les citoyens diftin- ; M HP gués par le mérite & l’intégrité, la naïffance & la for- tune ; & leur équité étoit fi généralement reconnue , que tous les états de la Grece en appelloïent à l’aréopa- ge dans leurs démêlés, & s’en tenoient à fes décifions. Cette cour eft la premiere qui ait eu droit de vie & de mort, Il paroïtquedans fa premiereinftitution , elle ne connoïfloit que des affaffinats : fa jurifdi@tion s’étendit dans la fuite aux incendiaires , aux confpirateurs , aux transfuges ; enfin à tous les crimes capitaux. Ce corps acquit une autorité fans bornes , fur la bonne opinion qu'on avoit dans l'Etat, de la gravité & de l'intégrité de fes membres. Solon leur confia le manie- ment des deniers publics , & l’infpeétion fur l’éduca- tion de la jeunefle ; foin qui entraïna celui de punir la débauche & la fainéantife , & de récompenier l’in- duftrie & la fobricté. Les aréopagires conneïfloient encore des matieres de religion : c'étoit à eux à arrê- ter le cours de l’impiété , & à venger les dieux du blafphème, & la religion du mépris, [ls déhibéroïent {ur la confécration des nouvellesdivinités fut l’érec- tion des temples & des autels, & fur toute innova- tion dans le culte divin ; c’étoit même leur fon@ion principale. Ils n’entroïent dans l’admimiftration des autres affaires , que quand l’état allarmé de la gran- deur des dangers qui le menaçoient, appelloit à fon fecours la fageffe de l’aréopage, comme fon dernier re- fuge. Ils conferverent cette autorité jufqu’à Periclès, qui ne pouvant être eréopagite , parce qu'il n’avoit point été archonte , employa toute fa puiflance & toute fon adrefle à l’aviliflement de ce corps.Les vices & les excès qui corrompoient alors Athènes, s'étant gliflés dans cette cour ; elle perdit par degrés l’efti- me dont elle avoit join, & le.pouvoir dont elle avoit été revêtue. Les auteurs ne s'accordent pas furile nombre des juges qui compofoient l’aréopage, Quel- ques-uns le fixent à trente-un ; d’autres à cinquante- un , &c quelques autres le font monter jufqu’à cinq cens. Cette derniere opinion ne peut avoir leu que pour les tems où ce tribunal tombé.en difcrédit , ad- mettoit indifféremment les Grecs & les étrangers; car , au rapport de Ciceron , les Romains s’y fai- {oient recevoir : ou bien elle confond les aréopagires avec les prytanes. | , Ileftprouvé par les marbres d’Arondel, que laréo- page fubfftoit 941 ans avant Solon: mais comme ce tribunal avoit été humilié par Dracon, & que Solon lui rendit fa premiere fplendeur ; cela a donné lieu à la méprife de quelques auteurs , qui ont regardé So lon comme linftituteur de l’arcopage. Les aréopagites tenoient leur audience en pleinair, & ne jugeoient que la nuit; dans la vüe , dit Lucien, de n'être occupés que des raifons , & point du tout de la figure de ceux qui parloient. L’éloquence des avocats pañloit auprès d’eüx pour un talent dangereux. Cependant leur févérité fur ce point fe relâcha dans la fuite : mais ils furent conf- tans à bannir des plaidoyers , tout ce qui tendoit à émouvoir les paflions, ou ce qui s’écartoit du fond de la queftion. Dans ces deux cas, un héraut impo- {oit filence aux avocats. Ils donnoient leur {uffrage en filence, en jettant un efpece de petit caillou noir ou blanc dans des urnes, dont l’une étoit d’airain, & fe nommoit lurne de la mort, Savarov; l’autre étoit de bois, & s’appelloit l’urne de La miféricorde , Exeov. On comptoit enfuite les fuffrages ; & felon que le nombre des jettons noirs prévaloit ou étoit inférieur à celui des blancs , les juges traçoient avec l’ongle une ligne plus ou moins courte fur une efpece de ta- blette enduite de cire. La plus courte figmifoit que l’accufé étoit renvoyé ablous ; la plus longue expri- moit fa condamnation. ARÉOPAGITE, juge de l’aréopage. Voici le portrait qu'Ifocrate nous a tracé de ces hommes mer veilleux, & du bon ordre qu’ils établirent dans Athe- nes. « Les juges de l’aréopage, dit cet auteur, n'é- »toient point occupés de la maniere dont ils puni- » roient-les crimes, mais uniquement d’en inipirer » une telle horreur, que perfonne ne püt fe réfoudre # à en commettre aucun : les ennemus ; felon leur » façon de penfer, étoient faits pour punir les cri- » mes ; mais eux pour corriger les mœurs. Ils don- » noient à tous les citoyens des foins généreux , mais » ils avoient une attention fpéciale aux jeunes gens. » Ils n’ignoroient pas que la fougue des pafions naïf- » fantes donne à cet âge tendre les plus violentes fe- » coufles , qu'il faut à ces jeunes cœurs une éduca= » tion dont l’âpreté foit adoucie par certaine mefure _»de plaïfir; & qu’au fonds il n’y a queles exercices » où fe trouve cet heureux mélange de travail & » d'agrément , dont la pratique conftante puifle plai- »re à ceux qui ont été bien élevés. Les fortunes # étoient trop imégales pour qu'ils puffent prelcrire à » tous indifféremment les mêmes chofes &r au même ER » dégfé ; ils èn proportionnoient la qualité & l’ufape #aux facultés de chaque famille. Les moins riches » étoient appliqués à l’agriculture & au négoce, fur # ce principe que la parefle produit lindigence , & » lindigence les plus grands crimes : ayant ainfi arra: » che les racines des plus grands maux, ils croyoient #nen avoir plus rien à cramdre. Les exercices du » corps , le cheval, la chaîle , l'étude de la philofo- + phie, étoient le partage de ceux à quiune meilleure » fortune donnoit de plus grands fecours : dans une »# diftribution fi fage , leur but étoit de fauver les » grands crimes aux pauvres , & de faciliter aux ri- # ches l’acquifition des vertus. Peu contens d’avoir # établi des lois fi utiles ; ils étoient d’une extrème » attention à les faire obferver : dans cet efprit , ils # ayoient diftribué la ville en quartiers, & la cam- # pagne en cantons différens. Tout fe pañloit aïnf »# comme fous leurs yeux. Rien ne leur échappoit des »conduites particuheres. Ceux qui s’écartoient de la »règle-étoient cités devant les magiftrats, qui aflor- » tifloient les avis ou les peines à la qualité des fautes » dont les coupables étoient convaincus. Les mêmes » aréopagites engageoient lesriches à foulager les pau- » vres ; 1ls réprimoient l’intempérance de la jeuneffe » par une difcipline auftere. L’avariee des magiftrats » effrayée par des {upplices toûjours prêts à la punir, » n'ofoit paroïtre ; &c les vieillards à la vüe des em- » plois & des refpeéts des jeunes gens, fe tiroient de » la léthargie, dans laquelle ce grand âge a coûtume » de les plonger y. Aufi ces juges fi refpeétables n’a- voient-ils en vüe que de rendre leurs citoyens meil- leurs,& la républiqué plus floriffanté. Ils étoient fi de- fintéreflés, qu'ils ne recévoient rien, ouprefque rien, pour leur droit de préfence aux jugeniens qu'ils pro- 1onçoient ; & fi intègres , qu'ils rendoient compte de l'exercice de leut pouvoir à des cenfeurs publics; qui placés entre eux & lé peuple , empêchoient que la- riftocratie ne devint trop puiflante. Quelque courbés qu'ils fuflent fous le poids dés années , ils fe ren- doient fur la colline où fe ténoient leurs affemblées, expofés à linjure de l’air. Leurs décifions étoient marquées au coin de la plus exaéte juffice : les plus intéreflantes par leur objet , font celles qu’ils ren- dirent en faveur de Mars , d'Orefte qui y fut abfous du meurtre de fa mere par la proteétion de Minerve ui le fauva , ajoûtant fon fuffrage à ceux qi lui étoient favorables, & qui fe trouvoient en parfaite égalité avec les fuffrages qui le condamnoient. Ce- phale pour le meurtre de fa femme Procris, & Dedale pouravoir aflafliné le fils de fa fœur , furent condam- nés par ce tribunal. Quelques anciens auteurs pré: tendent queS.Denys premier évêque d’Athènes avoit été aréopagire, & qu'il fut converti par la prédication que fit S. Paul devant ces juges. Un plus grand nom- bre ont confondu ce Denyslaréopagire avec S.Denys premier évêque de Paris. Voyez dans le Recueil de l’Acad. des Belles-Lerrres, tom. VIL. deux excellens mémoires fur l’aréopage, par M. l’abbé de Canaye, qui fait allier à un degré fort rare l’efprit & la Philofophie à Pérudition. (G) ARÉOSTYLE , f. m. dans l’evicienne Architeëture , c’eft une des cinq fortes d’intercolonnations , dans laquelle les colonnes étoient placées à la diftance de huit, ou comme difent quelques-uns, de dix modules l’un de l’autre. V. INTERcOLONNATION. Ce mot vient d’épasos , rare, & sÜnve, colonne ; parce qu'il n’y avoit point d'ordre d’architeure où les colonnes fuflent aufli éloignées les unes des autres que dans l’aréoflyle. On fait principalement ufage de l’aréoftyle dans l’ordre Tofcan , aux portes des grandes villes & des forterefles. Voyez ToscAN', &c. Visruve, (P) AREOTECTONIQUE, adj. eft cette partie de fortification & d’architedure militaire ; Qui con- Tome I 2 ARE 633 cèrne l’art d'attaquer & dé combattre, (Q) ARÉOTIQUES , (ez Medecine. ) {é dit de ces ré medes qui tendent à ouvrir les pores de la peau, à les rendre aflez dilatés , pour que les matiérés mor- bifiques purfient être pouflées dehors bar le moyen de la fneur ou de l'infénfiblé tranfprration. Voyez PORE , SUEUR, TRANSPIRATION , Gc. Les diapho- rétiques ; les fudorifiques , &c. appartiennent à lz clafle des aréoriques. Voyez DIAPHORÉTIQUES , SUA DORTFIQUES , Éc.(N) * ARÉTOPOTES , ( if. añc. ) ou le grand bü- veur dé vin; nom fous lequel on honoroit à Muni- chia , comme un homme doûé de vertus héroïques , celui qui favoit bien boire. * ARÉQUE , arèca, five faufel. ( Hifl. hat. bot. ) c'eft le fruit d’une éfpece de palmiér qui croît aux Indes orientales. 11 eft ovalaire, & refflemblé aflez à la datte; 1l eff feulément plus ferré par les déuxbouts. Son écorce eft épaifle , liffé & membranéufe ; & fa pulpe d’un brun rougeâtre. Elle devient en fechant fibreufé &c jaunâtre. La moelle , ou plûtôt le noyair qu'elle environne,eftblanchâtre , én forme de poire, &r de la groffeur d’une mufcade. Les {ndiens le mâ- chent continuellement ; qu'il foit dur où qu'il foit mou ; il n'importe : 1ls le mêlent avec le lycyon ow le kaath, la feinlle de betel, & un peu de chaux. Ils avalent leur falive teinte par ces ingrédiens , & re jettent le refte. Geoff, & diff, de med, * ARÉQUIPE , 04 ARIQUIPA , ( Géog. ) villé de l'Amérique méridion. dans le Pérou, für une riviere, dans un terrein fertile. Long. 308. lar. mérid. 16.40. ARER,, ou chaffer fur fes ancres. ( Marine. ) fe dit, lorfque Pancre étant mouillée dans un mauvais fond , elle lâche prife , & fe traine en labourant le fable. Voyez Cuasser. (Z) FARES , (Myïh.) nom que les Grecs donnoierit à Mars. Il fignifie dommage ; d’autres le dérivent du Phénicien ariss, qui veut dire, fort, terrible, WARESGOL, ancienne ville du royaume d’Al- ger , dont il ne refte que les ruines ; elle étoit aupa- ravant la capitale de la province & de tout le royau- mé de Tremecen , qui fait aujourd’hui une partie de Cehnrd'Alger, - * ARESIBO , ( Géog. ) pétite ville d'Amérique ;; -fur une riviere de même nom; à trois lieues de fairit Juan de Porto-Ricco , dans l’ile de ce nom ; qui eft une des grandes antilles. ARESTE, fpina, ( Hifi. na.) partie du corps de la plüpart des poiflons ; on entend communément pa ce mot toutes les parties dures & piquantes, au fe trouvent dans les poiffüns : mais dans ce {ens on doit diftinguer plufieurs fortes d’arétes ; car il y a des par- ties dures dans les poiffons , qui font analogues aux os des ferpens, des oïfeaux, & des quadrupedes ; tels font les os de la tête des poiflons , leurs verte bres, & leurs côtes. La plüpart ont de plus des pi- quans dans les nageoires, dans la queue, & fur d’au- tres parties de leur corps. Il y a aufñ dans la chair de plufieurs poiflons, des filets folides, pointus, plus ou moins longs, & de différentes groffeurs, dont les uns font fimples, & les autres fourchus., Onne peut donner à ces parties que le nom d’arée, Voyez Pois SON. (7) ARESTE, (coupe des pierres. ) c’eft l’angle ou le tranchänt que font deux furfaces droites ou courbes d’une pierre quelconque : lorfque les furfaces conca- ves d’une voûte compofée de plufieurs portions de berceaux, fe rencontrent en angle faillant, on l'ap- pelle voÂre d'arére. La figure 4. Planche de la coupe des pierres, tepréfente une portion de berceaux qui fe croifent à angle droit. (D) | A * Lorfque l’angle d’une pierre eft bien taillé, &z fans aucune caflure, on dit qu’elle eft 2 vive-aréte. Sur la mefure des voûtes d'aréte, voyez VOÜTE, _. Lilti 636 ARE ARESTE,, {. £. fe dir chez les Chapeliers , de l’éxtrémi- te par Où on arrondit un chapeau, & où l’on cond ce qu'on appelle #7 bord de chapeau. Pour arrondir T'arére, on met une ficelle autour du liemou:bas de Ja formé, on tourne cette ficelle toutrautour furla ‘circonférence dubord extérieur, & avecunmorceau de craie qui eftau bout, on marque ce qu'il a àen- lever du bord du chapeau ; qui par ce moyen fetrou- ve parfaitément rond: Voyez CHAPEAU. | ARESTE,, chez les Diarrantaires, fe dit proprement des angles de toutes les faces queipeut recevoirun diamant, C'eft pourquot il ne faut pas confondre l’z- réte avec Île pan, Foyez PAN. ÂRESTE, ez terme de Planeur, c’efkrune carne:ou angle, quidépare dans tout le contour dela boîte le: bouge d'avec la matlie: On dit péncer l'aréte.s Voyez PINCER. ( ü | ÂRESTES, df pl: (Manege & Maréchalerie.) mala- die du cheval ;galles qui viennent aux jambes, Les arétes ou queues de rat ne font autre chofe qu'une inñrmité qu vient le long du nerf dela jam- be, au-deflous du jarret, qui s'étend jufqu’au boulet, fait tomber le poil ,.& découvre des: cailus: &cdes srofieurstrès-rudes. Le remede eft de couper ces grofleursoucalsavec le feu, & d'appliquer deflus l’emmiellure blanche, que nous décrirons à fa place; iltombera une efcarre, qu’on deflechera avec les poudres poutles plaies: Siles arétes {ont humides, & qu'il n’y ait nitcaleni enflire, 1l faut appliquer deflus l’onguent vert pour la galle. ; Le mal eft vilain, en ce qu’il fait tomber le poil de la partie : mais il ne porte aucun préjudice nota- ble au cheval. (7) ARESTIER , fm. ez Charpenterie, eft une princi- pale piece de bois d’un comble, quien forme l’arére ou angle faillant. (P) ARESTIERES , #. f. en Architeëture, font les cueïl- les de plâtre, que lescouvreurs mettent aux angles faillans d’un comble couvert entuile. (P) * ARESTINGA,, île fur la mer des Indes!, vérs le Kerman & la ville de Dulcinde. On croit que c'eft-la Liba de Ptolomee. | * ARETHUSE , ff. (Myrh.) fontaine de la pref- qu'ile d'Ortygie. On dit qu’Arerhufé, avant que d’ê- tre fontaine, étoit une des compagnes de Diane; qu’un jour qu’elle fe baignoiït dans un ruifleau ,selle ? fut apperçûe par Alphée ; que fe fentant vivément pourluivie par le fleuve amoureux , elle-implora le fecours de Diane, qui la métamorphofa en fontaine; mais qu'Alphée ayant reconnu fon amanñte fous ce dépuifement, ne s’en unit que plus intimement:avéc elle, en mêlant fes ondes aux fiennes.: On lit dans Ciceron que l’Arerhufe eût été de fon temsrentiere- ment couverte des flots de la mer, fans une digue & une levée de pierre qui l’en féparoit. Pline &-plu- fieurs des anciens paroïffent avoir-cri que l’Alphée continuant fon cours fous la mer, venoit reparoître en Sicile; & que:ce qu’on jettoit dans ce fleuve en Arcadie, fe retrouvoit dans la riviere d’Ortygtei: mais Strabonne donne pas dans cette tradition ridi- cule ; il traité demenfongela coupe perdue dans lAl- phée, & retrouvée dans la Sicile, & ne balance-pas à dire que l’Alphée fe perd dans la mericomme les autres fleuves. Pline débitoit encore une autre fable fur les eaux de l’A4reshufe, c’eft qu’elles avoient'une odeur de fumier dans le tems des jeux olympiques qui fe célébroient en Grece, fous les murs d'Olyme- pe où pañloit l’Alphée, dans lequel-on jettoit le fu- mier des vidimes, & celui des chevaux qui fervoient dans les courfes. | | | * ARETHUSE., ville de Syrie jentre Emefle &z Epi- phanie. On dit que c’eft auourd’hur Forracufa. ARETHUSE; ville de Macédoine, que quelques-uns ARG appellertt Tadino , &t d’autres Rendina Elle el fur le bord du golfe que nous appellons 4 Comteffa, & qué les anciens nommoiïent S#ymonium. EL ARETHUSE, lac dans l'Arménie majeure, près de la fource du Tigre , non -lointdes monts Gordiens que quelques auteurs appellent Gibel:Noës ss à ARETOLOGIE, ££. (Morales) c’eft le nom de la partie dela Philofophie morale, qui traite de la vertu, de fa nature, 8c des moyens d'y parvenir. Voyez VERTU, MorALE. (X) | *AREVALO, petite ville d'Efpagne, dans la vieille Caftille, près du royaume de Léon: | *AREUS,, (Myth) fils ou enfant de Mars; épi- thete que les-poëtes donnoïient à ceux qui s’étoient illuftrés dans les combats. Voyez Arès. * AREZZO , (Géog.) ancienne ville d'Italie, dans la Tofcane, & le territoire de Florence. Long. 29. 324laû 430257 | * ARG;, (Géog. anc. 6: mod.) riviere d'Allemagne, dans la Souabe. C’eit lArgus des Latinss elle pafle à Wangen, êc fe jette dans le lac de Conftance. *ARGA ,rriviere d'Efpagne , qui a fa fource dans les Pyrénées, aux frontieres de la baffle Navarre, tra- verie la haute, baigne Pampelune , & fe joint à l’A- ragon, vis-à-vis de #7/la-Franca. FARGAN , ville d'Efpagne , dans la nouvelle Caf: tille 187 de diocefe de Tolede.… | ARGANEAU 07 ORGANEAU d’un ancre, eft un anneau placé à l'extrémité de l'ancre |auquel on attache lé cable, Voyez ANCRE (O7) | *ARGAT A (CHÉVALIERS DE L’), Æif£ mod. où Chevaliers du Devidoir; compagnie de quelques gentilshümmes du quartier de la porte neuve Naples, qui S’unirent en 1388 pour défendre le port de cette Ville en faveur de Louis d'Anjou, contre les vaiffeaux & les galeres de la reine Marguerite. Ils portotent fur le bras , ou fur le côté gauche , un devidoir d’or en champ de gueules. Cette efpece d'ordre finitavec le regne de Louis d'Anjou. On n’a que des conjeQures futiles fur le choix qu'ils avoient fait du devidoir pour la marque de leur union ; & peut-être ce choix n'en mérite-t-il pas d’autres. | ARGÉENS o4 ARGIENS, adj. plur. pris fubff. ( Hifi. anc.) c’étoit anciennement des repréfenta- tions d'hommes faites avec du jonc , que les vefta- les jettoient tous les ans dans le Tibrele jour des Ides de Mai. Voyez VESTALES. Cette cérémonie eft rapportée par Feftus & Var- ron. Feftus cependant dit, qu’elle étoit faite par les prêtres; à facerdonibus : nous fuppofons que c’étoient les prêtrefles. Il ajoûte que le nombre de ces figures étoit de trente. Plutarque dans {es queftions fur les Romains. recherche pourquoi on appelloit.ces figu- res argea, & il en donne deuxraïfons : la premiere eft que les nations barbares qui habiterent lespremieres ces cantons, jettoient tous Les Gregs qu’ils ponvoient attraper dans.le Tibre: car argéens owvargiensietoit le nom que l’on donnoit à tous lesGrecss mais qu'Her- cule leur perfuada de quitter une coûtume fi inhu- maine , &de fe purger d’un erime pareil en inflituant cette folennité. La feconde qu'Evandre lArcadien, cruel ennemi des Grecs ; pour tranfmettre fa haine à {a poftérité, ordonna que l’on fit des repréfentations d’argiens, que l’on jetteroit dans la riviere. Les fêtes dans lefquelles ces Grecs d’ofier étoicnt précipités dans le Tibre, s’appellerent argées. ( G). 14 1 * ARGÉES, adj. (if. anc:) nomiqui fut auffi donné, felon quelques-uns; aux fept collines fun lef quelles Rome fut afife , ‘en mémoire d’Argeus;-un des compagnons d'Hercule qu'Evandre-reçut.chez lui ; felon d’autres, aux feuls endroits dela wille.de Rome:, où étoient les tombeaux des: Argiens ::60m- pagnons d'Hercule, oyez ARGÉENS. gun et 3 * ARGEIPHONTES , (Mychol. ) furnom qu’on donna à Mercure après qu'ileut tué Argus, _ ARGEMA 04 ARGEMON ;f me (Chirurgie. ) eft ‘un ulcere du globe de-l’œil'; dont le fiége eft en par- tie fur la conjonétive ou blanc de l'œil, & en partie fur la cornée tranfparente: Il paroit rougeûtre fur la premiere mémbrane, &blanc fur la cornée: L'in- flammation , les puftules , les abcès, ou les plaies des yeux, peuvent donner lieu à ces ulceres. | En général , les ulceres des membranes de lœil font des maladies fâcheufes ; parce qu'ils donnent fouvent beaucoup de difficulté à guérir , & qu'ils peuventêtre accompagnés d’excroïffances de chairs, de fiftules ,d’inflammations, de la fortie & de la rup- ture de l’uvée qui fait flétrir l’oeil ; enfin parce que leur guérifon laifle des cicatrices qui empêchent la vüe , lorfqu’elles occupent la cornée tranfparenite. Les ulceres fuperficiels font moins fâcheux & plus faciles à guérir que les profonds. Pour la cure, il faut autant qu’on le peut détruire la caufe par l’ufage des remedes convenables. Siellé vient de caufeinterne par le vice & la furabondance des humeurs , les faipgnées,, les lavemens ; lespurga- tifs , le régime, les véficatoires, les cauteres!, fervi- ront à diminuer &c à détourner les fucs vitiés ou fu- perflus. S'il y a inflammation , 1l faudra employer les topiques émolliens & anodyns. Enfuite on ta- chera de cicatrifer les ulceres. Le collyre fuivant eft fort recommandé : dix grains de camfre, autant de vitriol blanc , & un fcrupule de fucre candi; faites difloudre dans trois onces des eaux diffillées de rofe, de plantain ou d’euphraïfe, dans lefquelles on ait fait fondre auparavant dix grains de somme arabique en poudre, pour les rendre mucilagineufes, On en fait couler quelques gouttes tiedes dans l’œil malade dix à douze fois par jour ; & pardeflus l’œ1l on applique une comprefle trempée dansun collyre rafraichiflant fait avec un blanc d'œuf & les eaux de rofe & de plantain, battus enfemble. (Y) | ARGEMONE ou pavos épineux ; {. €. ( Hiff. nat. bo. ) genre de plante dont Les fleurs font compofées de plufieurs feuilles difpofées en rofe. Il s’éleve du milieu de la fleur un piftl qui devient dans la fuite un fruit où une coque ordinairement ovale, qui n’a qu’u- ne feule caplule & qui eft ouverte. Il y a des efpeces de côtes qui s'étendent depuis la bafe jufqu’au fom- met; & les intervalles qui reftent entre elles , font templis par des panneaux qui s’écartent dans le haut pus P P q & laiffent un vuide entreles côtes ; chacune foûtient un placenta chargé de femences arrondies pour l’or- dinaire. Tournefort, E/em. Botan. V. PLANTE. (1 On la femme en Septembre & en O&tobre fur une couche bien ameublie , couverte d’un peu de ter- feau , & on la tranfporte en Avril dans les plates- bandes. (X) | * ARGENCES, ( Géog.) bourg de France en bafle Normandie fur la Méance. Lon. 27. 20. lat. 49.14. * ARGENDAL,, petite ville d'Allemagne dans le Palatinat du Rhin, entre Simmeren & Bacharach. “ARGENDAL , riviere de France en Provence , qui a trois fources ; Pune à Seillons, l’autre vers Saint- Martin-de-Varages, l’autre du côté de Barjols, & fe jette dans la mer près de Fréjus, après avoir reçù plufieurs rivieres. * ARGENS (1°), riviere de France en Provence, ” qui prend fa fource au marais d’Olieres ; & fe jette dans la Méditerrance près Fréjus. * ARGENT, f.m.( Ordreencycl. Entend. Raifon. Philofophie ou Science ; Science dela nature | Chimie , Métallurgie, Argent.) c’elt un des métaux que les Chimiftes appellent parfaits, précieux & nobles. IL eft blanc quandil eft travaillé ; fin, pur, duétile ; fe fixe au feu comme l'or, & n’en differe que par le poids & la couleur. : | A RG 637 On trouve quelquefois de l’argezs pur formé natu- rellement dans les mines: mais ce métal, ainfi que touslesautres métaux, eft pour l’ordinaire mêlé avec des matieres étrangeres. L’argezs pur des mines eft le plus fouvent dans les fentes des rochers ; il eft ad- hérent à la pierre, & on eft obligé de l’en détacher : mais quelquefois le courant des rivieres , lachüte des | pierres, l’impétuofité des vents, entrainent des mor- 22 ceaux d'argent au pié. des rochers ,'oùil eft mêlé avec'les fables 8 les terres. Ces morceaux d'argent n'ont pas toijours lamême forme; les uns font en grains de différentes groffeurs ; il'y en a de petits qui font pofés les uns fur les autres ; il y'en a de très= gros ; par exemple , celui que Worm difoit avoir été tiré des mines de Norvege, & pefer 130 marcs, L’argenren cheveux eft par filamens fi déliés & fi fins , qu'on ne peut mieux le comparer qu’à dés che- veux, à des fils de foie, où àun flocon de laine qui feroit parfemé de points brillans. L’argenr en filets eft enreffet compofé de fils fi bien formés , qu’on croiroit qu'ils auroient été pañlés à la filiere. L’argere en véoé- tation teflemble en quelque forte à un arbrifleau: on y remarque une tige qui jette de part & d'autre des branches; & ces branches ont des rameaux: mais il ne faut pas imaginer que les proportions foient bien obfervées dans cesfortes de végétations.Lesrameaux font auffi gros que les branches , & la tige n’eft pas marquée comme devroit l'être un tronc principal, L’argens en feuilles eft aflez reflemblant à des feuilles de fougere ; on y voit une côte qui jette de part & d'autre des branches , dont chacune a auffi de petites branches latérales. L’argenren lames eft aifé à recon- noitre ; 1left étendu en petites plaques fimples, unies êtfans aucune forme de feuillage. Les mimes d’argers les plus ordinairés font celles où l’argent eftrenfermé dans la pierre : les particules métalliques font difperfées dans le bloc, & laricheffe de la mine dépend de la quantité relative & de la grofleur de ces particules au volume du bloc. Dans ces fortes de mines, l’ergens eft de fa couleur natu- relle : mais dans d’autres il paroït de différentes cou: leurs, qui dépendent des matieres avec lefquelles il eft mélangé. Il eft ici noir, roux; ailleurs d’un beau ronge, d’une fubftancetranfparente , & d’une forme approchante de celle des cryftallifations des pierres précieufes ; de forte.qu’à la premiere vüeonle pren droit plitôt pour du rubis que pour de la mine d’aer- gent. On l'appelle mine d'argent rouge. ILy a des mines d'argent dans les quatre parties du monde: l’Europe n’en manque pas, & la France n’en eft pasttout-à-fait privée , quoiqu'il y ait des contrées . plus riches en cela qu'elle ne left. Au refte on peut juger de ce qu’elle poflede en mines d’argenr par l’é- tatfuivant. Dans la généralité de Paris & île de France, en plu- fieurs endroits & au nulieu des maffes de fable jaune & rougeûtre , il y a des veines horifontales de mine de fer imparfaite , quitiennent or & argent : on en trouve à Géroncourt, Marine ; Grizy , Berval, & autres villages au-delà de Pontoife, route de Beau- vais, quidonnent aux effais depuis 450 jufqu'à 1000 grains de fin, dont moitié & davantage eft en or, &le refte en argent : mais il eft difficile d’en féparer ces deux métaux dans la fonte en grand. À Genin- ville, demi-heue ou environ par-delà Magny ,route de Rouen ; à deux lieues de Notre-Dame-la-Defñirée, près Saint-Martin-la-Garenne, & à quatre lieues de Meulan, il ya plufieurs indices de mine d’argerr. On y fit faireen 1729 un puits de 13 piés de profondeur & d’autant de large, à 20 piés de la roue du moulin de ce lieu. Suivantlatradition du pays, la mine n’eft pas à plus de 15 piés de profondeur. Cepuits eftac- tuellement rempli d’eau. En Hainault, on dit qu’il aune mine d’ergert à Chimai.. En Lorraimeil.y a plu 638 AR G fieurs mines d’ergenr : celle de Lubine dans la Lor: raine-Allemande, donne de l’argenrt & du cuivre. Le flon a plus de 2 piés d’épaïffeur, La mine délla Croix a des filons qui donnent du plomb, du cuivre & de l'argent. Les mines de St Marie au village de Sainte- Croix, & à celui de Lufle dans la preyôté de Saint Diez, font de cuivre tenant argezr. Nous donnerons à l’article CUIVRE les procédés par lefquels on tra- vaïlle ces mines , & on obtient ces métaux féparés. Il y a au Val-de-Lievre plufeurs mines d'argent, de cuivre & d’autres métaux. À Chipaul ; des mines d’argemt , de fer & d’autres métaux. Au Val-de-Sainte- Mare: 1°. une mine d'argent naturel qui fe trouve immédiatementau-deflus de la pyrite,.ce qui eft très- rare : 2°. une mine d’argzrgouge, mêlée avec la mine de cuivre, ce qu eft aufli fort rare. À Sainte- Marie-aux-Mines , plufieurs mines de cuivre tenant argent; d’autres mines de plomb tenant ages ; quel- ques filons de mine d'argent rouge, de mine d'argent vitrée , éparpiliée dans un beau quartz. En Alface, à Giromagny, & au Puy, dans la haute Alface, il y a une mine d'argent & une mine de cui- vre dont on a tiré 1600 marcs pefant en argent, 8c 24 milliers en cuivre: mais la dépenfe égalant pref- que le profit, elles ont été abandonnées. Voyez à l’ar- ticle ACIER ce qu'il faut penfer des mines d’Alface & de leur exploitation. Il y a actuellement dans un canton appellé vulgairement Phenigtorne, ê& dans un autre appellé Ze canton de Saint-Pierre, deux mines d'argent qui s’exploitent. Celle de Theitz-gran, conf: dérabie en 1733 , & fort riche, s’eft enfoncée &c rem. plie d’eau. Il ÿ a mine d'argent à Haunette-le-haut, appellée Guefchaff: elle contenoit auffi du cuivre; les guerres l’ont fait abandonner. Au village de Stem- bach proche Sernay , dans le Val-de-Saint-Amand- de-Thurn, & à Saint-Nicolas près Rougemont., il y a deux mines de cuivre tenant argezt, & de plomb tenant argezt, aufi abandonnées à caufe des guerres. Onarepris depuis quelques années le travail de cel- les de Stembach qui font de plomb. ste En Franche-Comté , felon Dunod, Hifloire du comté de Bourgogne, tom. II. pag. 434. 1 y a trois mines d'argent ouvertes dans ce comté; favoir, deux de Charquemont dans le Mont-Jura: mais elles font abandonnées depuis quelques années ; une mine d’ar- gent près la ville de Lons-le-Saunier, qu’on dit abon- dante. En Dauphiné , haut & bas Briançonois ; de- puis Valence à deux lieues de Tournon , on voit le long des rivages du Rhone un bon nombre de pay- fans occupés à féparer les paillettes d’or &c d'argent ; ils y gagnent 30 à 40 fols par jour. On n’en trouve ordinairement que depuis Valence jufqu’à Lyon. À l’'Hermitage , au-deflus de T'ain & vis-à-vis Tournon, il y a une mine d’or &c argent; Chambon dit, p. 77 de fa Phyfique, qu'il en a tiré par {es eflais; que la mine eft heureufement fituée, & qu'elle mérite at- tention. À la Gardette, lieu dépendant de la commu nauté deVillar-Edmont, une nune dont les effais ont gonné or & argent. En Provence, au territoire d’Yeres, une mine de cuivre tenant argent & un peu d’or. À Barjoux, une mine d'or & une mine d’argezt. Au territoire de Luc, diocefe de Fréjus, une mine d'argezs, À Verda- ches, près de la ville de Digne, une mine de cuivre tenant or & argent. Dans le Vélai, le Vivarais, le Gévaudan, & les Cevenes, à la montagne d'Efquie- res près le village d'Oen Vélai, une mine d’argerr, Près de Tournon, fix mines de plomb tenant argenr. A Lodeve près des Cevenes &au pié des montagnes, une mine de cuivre qui tient ergezf. À une lieue de Mende, paroïffe de Bahours, mine de plomb tenant argent, Le filon du puits de Saint-Louis rend à l’effai trente-deux livres & demie de plomb &t fept onces & un denier d’ergens, Le filon du puits Saint-Pierre pris ARG au hafard, ne donne que cinq livres douze onces dé plomb, & trois gros deux deniers huit grains d’ar- gent. Le filon qui eft au côté de la fontaine du villa ge, donne en plomb treize livres & demie, & en ar- gent une once fept gros un denier. Le filon du puits Saint-François donne en plomb trente-neuf livres, & en argent neuf onces cinq gros un denier. À Efpa- gnac, une mine qui donne trente-trois en plomb, & huit onces d'argent par quintal de plomb. À Mont muirat, à trois lieues de Florac, nune de plomb qui donne quatre-vingts pour cent, & tient un peu d’ar- gent. À l’Efcombet, à quatre lieues de Mende, mine de plomb qui donne trente-trois par cent; ce plomb tient deux onces d’argezt par quintal. | En Languedoc & en Rouergue; la mine d’argenr de la Canette, fur la montagne noire, près de cette vallée. À Lanet dans le même canton, en 1660, le filon qui étoit à fleur de terre avoit plus d’un pié ; {ept quintaux de fon minéral donnoïent un quintal de cuiz vre & quatre marcs d’argenr. On a trouvé à Avéjan des roignons de mine de plomb qu’on a nommés ex trafilons , couverts de terre fort humide. Dans une ancienne ouverture , il y avoit deux filons qui fe réunifloient dans le roc jufqu’à quatre toifes de pro- fondeur ; cette mine donne par quintal dix onces d'argent : on en fit tirer deux cens quintaux , qui rendirent deux cens- cinquante marcs d’argenr. À Meux-des-Barres, petite ville de la vallée de Cam- bellon, une mine d’argenr, On trouve dans le mas de Cabardes, fous la montagne noire, des marcaflites qu’on a dit autrefois tenir beaucoup argezr. Dans le diocefe de Beziers, anciens travaux des Romains découverts en 1746 & 1747, aux lieux de Ceilhes, Avenès, Die, Lunas & Bouflagues, 11 y a des mines de plomb &c de cuivre riches en argezr. Près de la Vaoufte, comté d’Alais, une mine de plomb tenant argent. Dans le Rouffllon, au territoire de Pratz-de-Mouil: hou , une mine de cuivre nommée les billors, ou de Sainte-Marie , tenant argent. À deux cens pas de la précédente, un autre filon dit Ze minier de Saint-Lozus, tenant argent. Au même territoire , Le lieu appellé Saint-Salvador , à une lieue & demie de diftance, au- tres filons femblables aux précédens. Près de la Vaill, mine de cuivre tenant argert, en deux filons voifins. Dans la viguerie de Conflent, au territoire de Bal- leiftin, col de la Galline, mine d'argent & de cuivre, filon de quatre piés. Au Puich-des-Mores , même ter- roir , filon de cuivre tenant argent, Au terroir deS. . Colgat, mine d’ergent , filon d’un travers de doipt dans une roche bleuâtre. Dans la même paroifle d'Efcarro, mine d'argert & cuivre, au lieu nommé Lopla-de-Gaute, Un filon de cuivre & argent à la gau- che des étangs. À la Cama, mine de cuivre &c argenr, filon de trois piés. Au territoire d’Eftouere, derriere le col de la Galline , mine de cuivre & argen:. Dans la Cerdagne françoïfe, vallée de Carol, au lieu nommé Pedreforte , une mine d'argent. Au village de Mezours , à quelques lieues de Perpignan, filons ri- ches en argent, cuivre & plomb. Dans le ventre de la montagne , entre l’eft & le fud, il y a des mor- ceaux de ce minéral cuivreux, qui donnent à l’eflai depuis quatre jufqu’à neuf onces d’argezr. Dans le comté de Foix, de Couferans ; les mines de S. Pau, où les Efpagnols venoient en 1600 fouiller furtivement , & emportoient de la mine d’arger: tres- riche : on s’en plaignit à Henri IV. qui y mit ordre. A Alfen, mine d'argent. À Cabanes, trois mines d'argent. À Cardazet, une mine d’argems. Les minie- res de l’Afpic font des mines de plomb tenant argerr. À Couflon, mine d'argent qui tient or. À Defaftie, mine d'argent. Dans la montagne de Montrouftand ; une mine d'argent. À Lourdat ou Londat, une mine d'argent, Plufeurs mines dans la vallée d’'Ufton, en- 0 vironnées de montagnes , dont les principales font “elles de Byros, de Peyrenere, de Carbonere, d’Ar- gentere , de Balougne, de l’Arpaiat, de la Fonta, de Martera , de Peyrepetufe, toutes riches en argenr, La montagne de Riviere-nord eft riche en mine de cuivre tenant or & argenr. Dans la montagne d’Ar- sentere , mines d'argent en abondance. Dans la mon- tagne de Montarifle, refte des anciens travaux des Romains, on trouve une mine d’argerzt abondante. Dans la montagne de Gerus, une mine de plomb tenant argenr & or, dont le filon eft gros comme la cuifle. Près la baftide de Seron, les mines d’ergens & Cuivre de Meras & de Montegale découvertes en 1749: + a Comminges , à cinq lieues d’Afpech & hors de Portet, dans la montagne de Chichois, mine d’ar- gent tenant or. Dans l’Afperges, montagne de la val- lée d’Arbouft, mine de plomb tenant argens, Dans la vallée de Luchon, voifine de celle d’Ayron , entre les montagnes de Lys, de Gouveilh, & de Baroufle, tie mine de plomb tenant argezr. Dans la petite ville de Lege, une mine de plomb tenant ærgezr. Dans la montagne de Souquétte , mine de plomb &c d'argent tenant or. Goveitan , montagne voifine du comté de Comminges, remplie de mines d’argers. À Goveilh, entre les vallées de Loron, de l’Arbouft &r de Barou- ges, auprès d’un château royal de Henri [V. deux riches mines de plomb tenant argezr. La vallée de l’Efquiere eft abondante en mines de plomb tenant argent ; un feul homme peut en tirer deux quintaux par jour. Dans la montagne du Lys, plufieursmines de plomb tenant argent. | _ Dansle Béarn; la mine de cuivre de Bielle, à cinq lieues de Laruns, vallée d'Offeau, tient un peu d’ar- gent, Dans la baffe-Navarre, dans la montagne d’A- gella, plufieurs mines de plomb tenant argezr. Dans la montagne d'Avadet, une nune de plomb tenant argent. Dans les Pyrénées; dans la montagne de Machi- tot, mine de cuivre tenant un peu d'argent ; le filon paroït couper la montagne. Dans la montagne de Malpeñtre, plufeurs flons de mines de cuivre tenant argent. Dans la montagne de Ludens, une mine de plomb tenant argenr. Dans les montagnes de Portu- fon, mines de plomb & d'argent. Dans celles de Ba- raava, du côté de l’Efpagne, nune de plomb, d’ar- gent, & d'azur de roche. Dans celle de Varan ou Va- ren, au pié de laquelle eft la petite contrée nommée Zazan, mine de plomb tenant un trentieme d’argerr. Dans la montagne de la Coumade, mine de plomb tenant argent. Dans la montagne de Bouris, plufieurs mines de cuivre, de plomb, d’argerr & d'azur. Dans la montagne Saint-Bertrand , deux mines de cuivre tenant argent. À Pladeres, montagne du côté de PEf-: pagne ; mines de plomb abondantes 8 tenant argenr. A une lieue de Lordes , aux Pyrénées, une mine d’ar- gent. En Auvergne, à Rouripe, près de la montagne du Pui, une mine d’argenr. Dans l’Angoumois , à Manet près Montbrun , une mine d’antinoine où 1l fe trouve de largent. Dans le Nivernois, une mine d'argent fort riche, au village de Chitri fur Yonne ; en un an elle a rendu onze cens marcs d’argenr, &c environ cent milliers de plomb : elle fut trouvée en fouillant les fondemens d’une grange. En Touraine, : auprès de l’abbaye de Noyers, une mine de cuivre tenant argent. Dans le Berry 1l y a quelques mines d'argent, mais elles font négligées. En Bretagne dans la petite forêt nommée Ze burffon de la Roche-Mareff , une mine d'argent. Près de la petite ville de Lavion, line autre mine d’ergenr. Ce détail eft tiré de M. Hé- lot, s. I. de la fonte des mines & des fonderies ; traduit de l’Allemand de Schluter, La mine d'argent de Saleberyt en Suede, eft ou- verte par trois larges bouches, {emblables à des puits AR G 639 dont on ré voit point le fond. La moitié d’un ton neau foûtenu d’un cable, fert d’efcahier pour defcen: dre dans ces abyfmes, au moyen d’une machine que l’eau fait mouvoir. La grandeur du péril fe conçoit aifément : on eft à moitié dans un tonneau, où l’on ne porte que fur une jambe. On a pour compagnon un fatellite noir comme nos forgerons , qui entonné triftement une chanfon lugubre, & qui tient un flam- beau à la main. Quand on eft au milieu de la defcen- te, on commence à fentir un grand froid. On entend les torrens qui tombent de toutes parts; enfin après une demi-heure, on arrive au fond du gouffre ; alors la cramte fe diffipe ; on n’apperçoit plus rien d’af- freux, au contaire tout brille dans ces régions foù: terraines, On entre dans un falon foûtenu par des co: lonnes d’argent ; quatre galleries fpatieufes y vien- nent aboutir. Les feux qui fervent à éclairer les tra: vailleurs, fe répetent fur l’argens des voûtes & furun clair ruiffleau qui coule au milieu de la mine. On voit à des gens de toutes les nations ; les uns tirent des chariots ; les autres roulent des pierres, arrachent des blocs; tout le monde a {on emploi : c’eft une ville foûterraine. Il y a des cabarets , des maifons , des écuries, des chevaux; mais ce qu’il y a de plus fin: gulier, c’eft un mouhn-à-vent qui va continuelle- ment dans cette caverne , & qui fert à élever les eaux. Les mines d’ergenr les plus riches & les plus abon- dantes font en Amérique, fur-tout dans le Potof qui eft une des Provinces du Pérou. Les filons de la nu- ne étoient d’abord à une très-petite profondeur dans la montagne du Potof. Peu à peu on’a été obligé dé defcendre dans les entrailles de la montagne, pour fuivre les filons; à préfent les profondeurs font fi grandes , qu'il faut plus de quatre cens marches pour atteindre le fond de la mine. Les filons fe trouvent à cette profondeur de la même qualité qu'ils étoient autrefois à la furface ; la mine eft auf riche ; elle paroït être inépuifable ; mais le travail en devient de jour en jour plus difficile ; 1l eft mème funefte à la plûpart des ouvriers par les exhalaïfons qui fortent du fond de la mine , & qui fe répandent même au- dehors ; il n’y en a aucun qui puiffe fupporter un air fi pernicieux plus d’un jour de fuite ; 1] fait impref= fion fur les animaux qui païflent aux environs. Sou- vent on rencontre des veines métalliques quirendent des vapeurs fi pernicieufes, qu’elles tuent fur le champ ; on eft obligé de les refermer aufli-tôt, & de les abandonner: prefque tous les onvtiers font per- clus, quandils ont travaillé pendant un certain tems de leur vie. On feroit étonné fi l’on favoit à com- bien d’Indiens il en a coûté la vie, depuis que l’on travaille dans ces mines, & combien il en périt en core tous les jours. La mine d'argent, quoique dans le même filon , n’eft pas toüjours de la même cou- leur & de la même qualité : on lui donne au Pérou le nom de rzinerai ; s’il eft blanc ou gris, mêlé de ta- ches rouges ou blanchâtres, on l’appelle p/ara-blan- cha ; c’eft le plus riche & le plus facile à exploiter. On trouve du minerai noir comme du mâchefer que l’on nomme plomo-ronco. Il y à une autre forte de minerai noir, auquel on a donné le nom de oÿficler, parce qu'il devient rouge lorfqu’on le frotte contre du fer, après l'avoir mouillé. Le minerai appellé zoroche , brille comme du taic, quoiqu'il femble ar- gente, on en retire peu d'argent : Le paco eft d’un rou- ge jaunâtre, en petits morceaux fog,mous; 1l eft peu riche; le minerai verd appellé Cobriffe, eft prefque friable ; On y découvre à l'œil des particules d’ar- gent : maïs il eft très-diffcile de les en retirer. Enfin il y a dans la mine de casamito au Potofi, un minerai appellé ararnea , compofé de fils d'argent pur ; c’eft ce que nous avons appellé mine d'argent en filers. Les filons font toùjours plus riches dans leur milieu que 649 AR G fur leurs bords: mais l'endroit le plus abondant eft celui où deux filons fe croifent & fe traverfent. Les deux premieres mines du Potofi furent ouvertes en 1545 ; on appella l’une Rica, & l’autre Diego centeno. La premiere étoit élevée au-deflus de la terre, en forme de crête de coq de la hauteur d’une lance, ayant trois cents piés-de longueur &c 13 de largeur. Cette mine étoit fi riche, qu'il y avoit prefque la moitié d'argent pur jufqu'à $o ou 60 braffes de pro- fondeur, où elle commença un peu à changer, Au refte on regarde comme un grand accroiflement à la richeffe des mines , d’être placées proche des rivie- res, à caufe de l’avantage des moulins propres à broyer la mine. À Lipes & au Potofi même, il faut bien abandonner dix marcs par chaque quintal , pour acquiter la dépenfe ; au lieu qu'à Tanara, il n’en coûte pas plus de cinq. On ne trouve les mines d’ar- gent les plus riches, que dans les endroits froids de l'Amérique. La température du Potof eff fi froide , qu’autrefois les femmes Efpagnoles ne ponvoient y accoucher ; elles étoient obligées d’aller à 20 ou 30 lieues au-delà , pour avoir un climat plus doux : mais aujourd’hui elles accouchent auf aifément au Po- tof, que les Indiennes naturelles du pays. Au pié de la montagne du Potolfi ef la ville du même nom, qui eft devenue fameufe par les grandes richefles que l’on a tirées de la montagne ; 1l y a dans cette ville plus de foixante mille Indiens , & dix mille Ef- pagnols. On oblige les paroifles des environs de fournir tous les ans un certain nombre d’{ndiens pour travailler aux mines ; c’eft ce qu’on appelle Za Mita : la plüpart menent avec eux leurs femmes & leurs enfans , & tous partent avec la plus grande ré- pugnance. Cette fervitude ne dure qu’une année, après laquelle 1ls font libres de retourner à leurs ha- bitations ; 1l y en a plufeurs qui les oublient , &c qui s’habituent au Potof, qui devient ainfñ tous les jours plus peuplé. Les mines du Potofi font les moins dan- gereuies; cependant fans l’herbe du Paraguai que les mineurs prennent en infufion comme nous pre- nons le thé , ou qu’ils mâchent comme du tabac, 1l faudroit bientôt les abandonner. Les mines du Po- tofi & de Lipes confervent toüjours leur réputation; cependant on en a découvert d’autres depuis quel- ques années qui paflent pour plus riches : telles iont celles d’Oruvo à huit lieues d'Arica, & celles d’OI- lacha , près de Cufco , qu’on a découvertes en 1712. _ Pour rentrer encore un moment dans notre con- tinent ,ily a, à ce qu'on dit , en Saxe & dans le pays d'Hanovre, beaucoup de mines d'argent: on trouva à Hartz un morceau d'argent fi confidérable, qu’étant battu , on en fitune table où pouvoient s’af feoir vingt-quatre perfonnes. ; … Les mines les plus riches, après la mine naturelle, font les mines d'argent corné ; elles cedent fous le marteau comme fait le plomb, & elles {e laiflent couper comme de la corne; elles contiennent de larfenic. La couleur de ces mines eft noirâtre; & plus elles font noirâtres , plus elles font riches : il y ena de fi riches, qu’elles donnent cent quatre-vingts marcs d'argent par quintal; c’eft-à-dire par cent li- vres de mine; de forte qu’il n’y a que dix livres de déchet, fur chaque quintal de mine. Il y en a quin’eft ni fi facile à couper m fi noire, & elle donne cent foixante marcs d'argent par quintal : ces mines font fort aifées à fondre, pourvü qu’on les ait féparées des pierres qui y font fouvent jointes, & pourvû qu’elles ne foient pas mêlées de cobalth, qui eft or- dinairement ferrugineux. Les mines d’argezs noires font rarement feules ; elles fe trouvent prefque toû- jours avec la blende & avec le mifprekel , qui eft une efpece de cobalth ou mine arfénicale. On a beau- coup de peine à les en féparer ; ce qui rend la mine dificile à fondre : ces mines noires d'argent fe trou- vent quelquefois mêlées avec les mines de plomb à gros grains : mais les unes & les autres font fort trai- tables. : La mine d'argent rouge eft la plus riche, après la mine cornée. 11 y a de plufieurs fortes de mines d’arz gent rouge ; 1l y en a qui font en grappes de raïfin ; il y en a de tranfparentes , d’autres qui ne le font pas ; il y en a de noires avec des taches rouges ; il ÿ en a de dures, compaétes, & rouges comme du ci- nabre ; ce font de toutes les mines rouges d’argezt les plus riches ; elles donnent depuis 90 jufqu’à r00 matcs d'argent par quintal, Celles qui font comme de la fie , tacherées de rouge , donnent vingt marcs par quintal. Cette mine fe trouve ordinairement dans les montagnes arides, Les mines rouges fe trou- vent quelquefois dans des pierres durés , qui paroïf= fent à la vüe peintes de couleur de fang. Ces pier- res font ou du quartz, ou de la pierre à fufil, que les mineurs appellent pierre cornée, à caufe de {a ref femblance avec la corne de cheval coupée. Les mines blanches & orifes donnent jufqu'à 20 marcs d'argent par quintal. On trouve dans des foù- terrains de ces mines blanches qui ne donnent qu’un marc par quintal ; c’eft ce qu’on nomme faufe ap Parerice, Pour retirer l’argent du minerai qui le contient, on commence par le cafler en morceaux aflez pe- tits, pour être moulus & broyés fous des pilons de fer qui pefent jufqu’à deux cens livres , & qui pour l'ordinaire {ont mis en mouvement par le moyen de l’eau. On pafle le minerai réduit en poudre par um crible de fer ou de cuivre , & on le pétrit avec de l’eau pour en faire une pâte qu’on laiffe un peu def- {écher; puis on la pétrit derechef avec du fel marin; enfinon y jette du mercure, & on la pétrit une troifieme fois pour incorporer le mercure avec l’ar- gent; c’eft-là ce qu’on appelle amalgame. Huit ou dix jours fuflifent pour la faire dans les lieux tempérés : mais dans les pays froids 1l faut quelquefois un mois ou fix femaines. On jette la pâte dans des lavoirs pour en féparer la terre: ces lavoirs confiftent en trois baflins quu font fur le courant d’un ruiffeau qui entraine la terre, lorfqu’elle a été délayée dans cha- que baffin. Pour faciliter l’opération, on agite con- tinuellement la pâte avec les piés, afin que quand l’eau fort claire des baffins , il ne refte au fond que de largent & du mercure amalgamés enfemble ; c’eft ce qu’on appelle pigre, On tâche de tirer le mercure qui n’eft pas um a l'argent, en préffant la pigne , en la battant fortement , ou en la foulant dans une preffe 6u moule. Il y a des pignes de différentes grof- feurs & de différentes pefanteurs ; ordinairement el- les contiennent de largent pour le tiers de leur poids; le mercure fait les deux autres tiers. On pole la pigne fur un trepié, au-deflous duquel eft un vafe rempli d’eau ; on couvre le tout avec de la terre en forme de chapiteau, que l’on environne de charbons ardens. L’attion du feu fait fortir le mercure de la pigne; il fe fublime , & enfuite il retombe dans l’eau où il fe condenfe. Les intervalles que le mercure oc- cupoit dans la pigne reftent vuides ; ce n’eft plus qu'une mafle d'argent poreufe & légere , en compa- raifon de fon volume. | On peut encore tirer l’argent de la mine de la max mere fuivante : on commence par la cafler, & quel- quefois on la lave pour en féparer la partie pier- reufe qui s’eft réduite en poufhere ; on la calcine enfuita pour en chaffer le foufre & l’arfenic ; c’eft ce qu'on appelle rôrir la mine; puis on la relave pour en Ôter la poudre calcinée. La mine étant ain- fi préparée, on la fait fondre avec du plomb ou avec de la litharge , ou avec des têtes de coupelles qui ont fervi : on employe à cet effet le plomb gra- nulé , quand le travail eft petit, Plus la mine A cile fale à fondre, plus ‘on y met de plomb; on met jifqu'ar feize ou vingt parties de plomb pour une partie de miné. Cefté opération fe nomme fcortfer : ‘les fcories font compoiées du plomb qui ie vitrifie avec la pierre, & àvée ce qui n’elt point or ou ar- gent dans la mine, & ce qui eft métal tombe deffous “én régule. Sice répule paroït bien métallique , on le pafle à la conpelle ; s’il eff encore mêlé de fco- ries, s'il eft norr,, on le fait refondre avec un peu dé verre de plomb. Pour féparer l’argenc du mercure avec lequel il eft amalgamé , on a un fourneau qui a une ouver- ture au lommet ; on couvre cette ouverture d'une éfpece de chapiteau de terre de forme cylindrique , qu'on peut laïffer ou enlever à difcrétion. Quand On a mis dans le fourneau la mañle d’argenr & le mer: cure , & qu'on a appliqué le couvercle &c allumé le feu, le vit-argent s'éleve en forme de vapeurs, & ‘s'attache au chapiteau , d’où on le retire pour le fai- re fervir une feconde fois. Lorfque l'argent eft bien purifié, qu'on en a Ôté, autant qu'il eft poflible, toute la matiere étran- gere , foit métallique ou autre, qui pourroit y être mêlée , on dit quil eft de douze deniers ; c’eft-là Pexpreffion dont on fe fert pour défigner le titre de argent le plus pur, & fans aucun mêlange ni alliage : mais s’il s’y en trouve, on déduit le poids du mêlan- ge du poids principal , & le refte marque le titre de largenr, Le denier eft de 24 grains; ainfi lorfque fur le poids de douze deniers il y a douze grains de mê- lange, le titre de l’argezs eft onze deniers douze grains ; &c ainfi des autres exemples. Pour monter le titre de l’argezt en le rafinant, of s’y prend de la maniére fuvante : on met une cou- pelle où une tête à roupir au feu, enfuite on y met le plomb ; quand le plomb eft fondu , &c bien clair, on y ajoûte une quantitité d'argent proportionnée ; favoir , une livre de plomb pour quatre à cinq on- ces d'argent; on met quelquefois davantage de plomb, lorfque l'argent a beaucoup d’alliage. À me- fure que ces deux métaux fe fondent enfemble , le cuivre, qui auparavant étoit mêlé avec l’argexe, s’en va en fumée, ou fort avec Pécume &s la lithar- ge ; le plomb s’évapore de même, & il ne refte dans la coupelle que l’argent, qui eft au degré de finefle qui hu convient. #7, LITHARGE , AFFINAGE , Cou- PELLE , COUPELET. Indépendamment de la maniere de raffiner l’ar- gent avec le plomb , il y ena une autre qui fe fait avec le falpetre, #. RAFFINER 6 AFFINAGE,. Mais toutes ces méthodes font incommodes & ennuyeu- fes ; ce qui a donné lieu à M. Homberg de chercher à abreger cette opération ; & il y a réufli. Sa métho- de confifte à calciner l’argezi avec moitié de fa pe- fanteur ordinaire ; & après avoir fondu le tout en- femble , d'y jetter à différentes fois une certaine quantité de limaille d’acier ; par cette opération le {oufre abandonne l’argent pour fe joindre au fer, & lun & l’autre fe convertiflent en écume qui nage fur l'argent; & on trouve au fond du creufet le mé- tal purifié. ù L'argent ,en Chimie, s'appelle {ra , lune : on en fait différentes préparations, principalement une teinture. Pour avoir la teinture d’argent , diflolvez des plaques d'argent minces dans l’efprit de nitre, & jettez cette diflolution dans un autre vafe plein d’eau de fel ; par ce moyen l’argent fe précipite auf- f-tôt en une poudre blanche qu’on lave plufeurs fois dans l’eau de fontaine : on met cette poudre dans un matras, & onjette par-deflus de l’efprit-de- vin reétifié , & du fel volatil d'urine : on laifle digé- rer le tout fur un feu modéré pendant quinze jours ; durant ce tems l’efprit-de-vin contraéte une belle couleur bieu- célefte, Cette couleur lui vient du cui- Tome I. ne PE à # : À KG Gai re ; Cari] y a environ deux gro$ de cinivre pour Pal liage fur chaque mate d’argérr; & larger: monnoyé en à plus que cel de vaiñellé. Ceux qui ignorent fa Chimie jettent le reftè ; & ceux qui font ufagé de cette téinture de lune, lemployent-contre l’épilep- fie, Papoplexie , la paralyñe, &aplüpart des ma- ladies de la tête, comme l'hydropifie de cerveau: mais toutes les préparations d'argérs ën général {ont fufpeétes , fans en ‘excepter les pilules de Boyle; compofees de fels de l'argent &-dunitre : quoidu’on les adoucifle avec trois fois Aüitant de fucre , elles né laiflent pas d’être corrofives', & d'afloiblir Fefto- mac ; elles ne conviennent qu’à l'extérieur, pour ronger & guérir les parties atraquées d'ilceres "int vétérés. | QELE 148 On peut convertir l’argenr eh cryftal paf le moyen de Pelprit de nitre ; & c'eft ce qu'on appelle impro= prement visriol d'argent. Voyez CRISTAL. 4 14 La pierre infernale d'argent n’eft rien autre chofe que le cryftal d'argent fondu dans un créuiet à une chaleur modérée ; & enfuite jéttée dans des moules de fer. - Lorfqu'on Verfe dans une diflolution d’argenr fai- té par l’eau-forte de l’efprit de fel, ou du {el com: mun fondu dans de l’eau, l’ergens fe précipite en tine poudre qu'on nomme chaux d’arsent; cette chaux d'argent {e fond aïfément au feu ; elle s’y difipe filé feu eft fort ; & fi au contraire le feu eft médiocre, ét qu'on ne l’y laifie pas long-tems , la chaux -d’ar- gent {e change en une male qui efl un peu tran{pa- rente, & qu’on peut couper comme de la corne: dans cet état on la nomme ne cornée. Voyez LUNE CORNÉE; On peut conjetlurer fur ce qui précede,que la ma- ere de féparer l’argenr d'avec la terre de mine , eff la même que celle dont on fépare l'or de'la mine ; c’eft-à-dire , par le moyen du vif-argent ; avec cette différence que pour l'argent, On ajoute fur $o000 livres pefant de mine , mille livres de fel de roche, ou de quelqu'autre {el naturel. Yoyez la defcription au long de cette curieufe opération à l'article On. L'argent eft après l’or le métal le plus fixe. Kunc- kel ayantlaïflé pendant un mois de largezr bien pur en fonte dans ün feu de verrerie, trouva après ce tems qu'il n’avoit diminué que d’une foixante-qua- thieme partie. Hafton de Claves expofa de même de l’arbent dans un fourneau de verrerie, & l'ayant lait {é deux mois dans cet état , il le trouva dirrunué d'un douzieme , & couvert d’un verre couleur de citron. On ne peut douter que cette diminution ne provint de la matiere qui s’étoit féparée & vitrifiée à la fur- face de l'argent ; &c on peut aflürer que ce verre n’eft point un argezt dont les principes ayent été détruits par le feu; c’eft plütôt un compolé de cuivre, de plomb , & d’autres matieres étrangeres qui fe trou- vent prefque toûjours dans Pergenr. L'argent eft moins duétile que Por; il left plus . qu'aucun des autres métaux. Voyez DucTiLiTÉ.Le pouce cube d’argezs pele fix onces cinq gros & vingt- fix grains. Nous venons de confidérer larger comme métal où comme produétion de la nature ; nous al= lons maintenant le confidérer comme monnoie. ARGENT eft dans notre langue un terme généri- que fous lequel font compriles toutes les efpeces de fignes de la richefle courans dans le commerce ; or, argent monnoyé ;, monnoies , billets de toute nature ; Éc. pourvû que ces fignes foient autorifés par les lois de l’état. L'argent, comme métal, a une va- leur comme toutes les autres marchandifes : mais il en a encore une autre; comme figne de ces mar: chandifes. Confidéré comme figne, le prince peut fixer fa valeur dans quelques rapports , & non dans d’autres ; il peut établir une proportion entre une quantité de çe métal, comme métal , & là même M m mm | 642 AR G quantité comme figne ; fixer celle qui eft entre di- vers. métaux employés à la monnoie ; établir le poids & le titre de chaque piece , & donner à la piece de monnoie la valeur idéale , qu'il faut bien diftinguer de la valeur réelle , parce que l’une.eft intrinfeque, l’autre d’inftitution ; l’une de la nature, l’autre de la loi. Une grande quantité d’or & d’argenr.eft toù- jours favorable , lorfqu’on regarde ces métaux com- me marchandife : mais il n’en eft pas de même lorf- qu'on les, regarde comme figne, parce que leur abondance nuit à leur qualité de figne , qui eft fon- dée fur la rareté. L’argens eft une richefle de fi&ion; plus cette opulence fi&ice fe multiplie, plus elle perd de fon prix, parce qu’elle repréfente moins: c’eft ce que les Efpagnols ne comprirent pas lors de la conquête du Mexique & du Pérou. L'or & l'argent étoient alors très-rares en Europe. L’Efpagne, maitrefle tout d’un coup d’une très-gran- de quantité de ces métaux , conçüt des efpérances qu’elle n’avoit jamais eues : Les richeffes repréfenta- tives doublerent bientôt en Europe , ce qui parut en ce que Le prix de tout ce qui s’acheta fut environ du double : mais l’argezt ne püt doubler en Europe, que le profit de l’exploitation des mines, confidéré en lui-même & fans égard aux pertes que cette exploi- tation entraîne , ne diminuât du double pour les Ef pagnols , qui n’avoient chaque année que la même quantité d'un métal qui étoit devenu la moitié moins précieux. Dans le double de tems l’argezt doubla en- core , & le profit diminua encore de la moitie ; 1l di- minua même dans une progrefion plus forte : en voi- ci la preuve que donne l’auteur de ?’Æfprit des Lois, tom. II. pag. 48. Pour tirer l’or des nunes , pour lui donner les préparations requifes , & le tranfporteren Europe , il falloit une dépenfe quelconque ; foit cette dépenfe comme 1 eft à 64: quand l’argear fut une fois doublé , & par conféquent la moitié moins pré- cieux, la dépenfe fut comme 2 à 64, cela eft évi- dent ; ainf les flotes qui apporterent en Efpagne la même quantité d’or, apporterent une chofe qui réel- lement valoit la moitié moins , & coûtoit la moitié plus. Si on fuit la même progreflion , on aura celle de la caufe de Pimpuiffance des richeffes de PEfpa- gne. Il y a environ deux cens ans que l’on travaille les mines des Indes : foit la quantité d’argens qui eft à préfent dans le monde qui commerce , à la quanti- té qui y étoit avant la découverte comme 32 à 1, ie qu’elle ait doublé cinq fois, dans deux cens ans encore la même quantité fera à celle qui étoit avant la découverte , comme 64 à 1, c’eft-à- dire , qu'elle doublera encore. Or à préfent cin- quante quintaux de minerai pour l'or, donnent qua- tre, cinq & fix onces d’or ; & quand il n’y en a que deux, le mineur ne retire que fes frais : dans deux cens ans, lorfqu'il n’y en aura que quatre , le mineur ne tirera aufh que fes frais ; 1l y aura donc peu de profit à tirer {ur l’or : même raifonnement fur ler- gent, excepté que le travail des mines d'argent eft un peu plus avantageux que celui des mines d’or. Si Pon découvre des mines fi abondantes qu’elles donnent plus de profit , plus elles feront abondantes, plètôt le profit finira. Si les Portugais ont en effet trouvé dans le Bréfil des mines d’or & d'argent très-riches , _äl faudra néceflairement que Le profit des Efpagnols diminue confidérablement, & le leur auf, J'ai oùi déplorer plufeurs fois, dit l’anteur que nous venons de citer, l’aveuglement du confeil de François pre- mier , qui rebuta Chriftophe Colomb qui li propo- foit les Indes :.en vérité, continue le même auteur, on fit peut-être par imprudence une chofe bien fage. En fuivant Le calcul qui précede fur la multiplication de l’argent en Europe , il eft facile de trouver le tems où cette richefle repréfentative fera fi commune qu’- elle ne fervira plus de rien : mais quandcette valeur À RG {era réduite à rien »qu'atriverast:il ? Précifément ce qui étoit arrivé chez les Lacédémoniens lorique Par- gent ayant été précipité dans la mer, & le fer {ubfti- tué à fa place , il en falloit une .charretée pour con- clurre un très-petit marché : ce malheur fera-til donc figrand, & croit-on que quand. ce figne métallique {era devenu, par fon volume, très-incommode pour le commerce, les hommes n’ayent pas l’induftrie d'en imaginer un autre? Cet inconvénient ef de tous ceux qui peuvent arriver le plus facile à répa: rer. Si larger eft également commun partout, dans tous les royaumes ; fi tous les peuples fe trouvent à la fois obligés de renoncer à ce figne, il n’y a point de mal; il y a même un bien, en ce que les particu- Lers les moins opulens pourront fe procurer des vaif. {elles propres, faines & folides. C’eft apparemment d’après ces principes, bons ou mauvais , que les Ef- pagnols ont rafonné lorfqu'ils ont défendu d’em- ployer For & largent en dorure & autres fuperflui- tés ; on diroit qu'ils ont craint que ces fignes de la richefle ne tardaflent top long-tems à s’anéantir à force de devenir communs, Il s'enfuit, de tout ce qui précede , que l’or & Par- gent fe détruifant peu par eux-mêmes, étant des fi- gnes trés-durables , 1l n’eft prefque d’aucune impor- tance que leur quantité abfolue n’augmente pas, & que cette angmentation peut à la longue les réduire à l’état des chofes communes qui n’ont du prix qu’au- tant qu'elles font utiles aux ufages de la vie, & par conféquent les dépouiller de leur qualité repréfenta- tive, ce qui ne feroit peut-être pas un grand malheur pour les petites républiques : mais pour les grands états, c'eft autre chofe ; car on conçoit bien que ce que j'ai dit plus haut eft moins mon fentiment, qu'une maniere frappante de faire fentir l’abfurdité de l’ordonnance des Efpagnols fur l’emploi de lor & de l'argent en meubles, & étoffes de luxe. Mais fi Pordonnance des Efpagnols eft mal raifonnée, c’eft qu’étant pofeffeurs des mines, on conçoit combien il étoit de leur intérêt que la matiere qu’ilsentiroient s’a- néantit & devint peu commune, afin qu’elle en fût d'autant plus précieufe ; & non précifément parle dan- ger qu'il y avoit qe ce figne de la richeffe füt jamais réduit à rien, à force de fe multiplier: c’eft ce dont on fe convaincra facilement par le calcul qui fuit. Si l’état de l’Europe reftoit durant encore deux mille ans exaétement tel qu’il eft aujourd’hui, fans aucune vicifitude fenfible ; que les mines du Pérou ne s’é- puifaffent point, & puflent toijours fe travailler ; & que par leur produit augmentation de Pargenten Eu- rope {uivit la proportion des deux cens premieres an- nées, celle de 32 à 1 , il eft évident que dans dix-{ept à dix-huit cens ans d'ici, l’argent ne feroit pas encore aflez commun, pour ne pouvoir être employé à re- préfenter la richefle. Car fi l’argent étoit deux cens quatre-vingts-huit fois plus commun, un figne équi- valent à notre piece de vingt-quatre fous devroit être deux cens quatre-vingt-huïit fois plus grand, ou no- tre piece de vingt-quatre fous n’équivaudroit alors qu’un figne deux cens quatre-vingts-huit fois plus pe- tit, Mais il y a deux cens quatre-vingts-huit demiers dans notre piece de vingt-quatre fous; donc notre piece de vingt-quatre {ons ne repréfenteroit alors que le denier ; repréfentation qui {eroit à la vérité fort incommode, mais qui n’anéantiroit pas encore tout- à-fait dans ce métal la qualité repréfentative. Or dans combien de tems penie-t-on que l'argent devienne deux cens quatre-vingt-huit fois plus commun, en fui- vant le rapport d’accroiffement de 32 à 1 par deux cens ans? dans 1800 ans, à compter depuis le mo- ment où l’on a commencé à travailler les mines, ow. dans 1600 ans à compter d'aujourd'hui. Car 32 eft neuf fois dans 288, c’eft-à-dire, que dansneuf fois deux cens ans, la quantité d’argent en Europe fera à celle qui y étoit quand on a commencé à travailler les mines, comme 288 à 1: Maïs nous avons fuppofé que dans ce long intervalle de terms , les mines donne- roient tobjours également ; qu'on pourroit tolijours les travailler ; que l’argent ne fouffroit aucun déchet par l’ufage , & que l’état de l’Europe duteroit tel qu'il €ft fans aucune vicifitude ; fuppoñtions dont quel- ques-unes font faufles, & dont les autres ne font pas vraïflemblables. Les mines s’épuifent ou deviennent impofñlibles à exploiter par leur profondeur. L'argent décheoït par l’ufage, & ce déchet eft beaucoup plus confidérable qu’on ne penie ; & il furviendra nécef- fairement dans un intervalle de 2000 ans, à compter d'aujourd'hui, quelques-unes de ces grandes révolu- tions dans lefquelles toutes les richefles d’une nation difparoïflent prefqu’entierement, fans qu’on fache bien ce qu’elles deviennent: elles font, ou fondues dans les embrafemens , ou enfoncées dans Le fein de la terre, En un mot, qu’avons-nous aujourd’hui des thréfors des peuples anciens? prefque rien. Il ne faut pas remonter bien haut dans notre hiftoire, pour y trouver l’argent entierement rare, & les plus grands édifices bätis pour des fommes fi modiques, que nous en fommes aujourd’hui tout étonnés. Tout ce qui fub- fifte d'anciennes monnoies difperfées dans les cabi- nets des antiquaires , rempliroit à peine quelques urnes: qu’eft devenu le refte ? il eft anéanti ou ré- pandu dans les entrailles de la terre, d’où Les focs de nos charrues font fortir de tems en tems un Antonin, un Othon, ou l'effigie précieufe de quelqu’autre em- pereur, On trouvera ce que l’on peut defirer de plusfur cette matiere à Particle MONNOTE. Nous ajoûterons feulement ici que nos Rois ont défendu, fous des puni- tions corporelles & confifcations, à quelques perfon- nes que ce füt, d'acheter de l’argert monnoyé, foit au coin de France ou autre, pour le déformer, altérer, refondre ou recharger, & que l'argent monnoyé ne paye point de droit d’entrée, mais qu’on ne peut le faire fortir fans pafleport. Argent blanc, fe dit de toute monnoie fabriquée de ce métal. Tout notre argent blanc eft aujourd’hui écus de fix francs , écus de trois livres , pieces de vingt-quatre fous, pieces de douze , &c pieces de fix. Argent fin , {e dit de l’argent à douze deniers, ou au titre le plus haut auquel il puifle être porté. * Argent bas ou bas argent, fe dit de celui qui eft plus de fix deniers au-deflous du titre de l’argezt mon- noyé. Argent faux , fe dit de tout ce qui eft fait de cui- vre rouge, qu’on a couvert à plufieurs fois par Le feu, de feuilles d’argenr. Argent tenant or , fe dit de l’or qui a perdu fon nom & fa qualité pour être allié fur le blanc, & au-def- fous de dix-fept karats. Argent de cendrée ; c’eft ainfi qu’on appelle une poudre de ce métal, qui eft attachée aux plaques de cuivre mifes dans de l’eau-forte , qui a fervi à l’aff- nage de l’or , après avoir été mêlée d’une portion d’eau de fontaine ; cet argent eft eftimé à douze de- niers. Argentle-roi ; c’eft celui qui eft au titre auquel les ordonnances l’ont fixé pour les ouvrages d’Orfévres & de Monnoyeurs. Par l’article 3 de l’édit de Hen- ri IL. roi de France, il fut défendu de travailler de Vargens qui ne ft à onze deniers douze grains de fin au remede de deux grains ; aujourd’hui on appelle argent-le-rot celui qui paffe ä la monnoie & dans le commerce, à cinquante livres un fou onze deniers , &c qui eft au titre de onze deniers dix-huit grains de fin. Argent en pâte , {e dit de l'argent prêt à être mis en fonte dans le creufet, 7. le commencement de cet article. Argent en bain, {e dit de celui qui eft en fufion ac- tuelle, | Tome I, | A R G G43 Argent de coupelle ; c’eft celui qui eft À onze deniers vingt-trois grains. | Argent en lame ; C’eft l'argent trait ; applati entre deux rouleaux, &c difpofé à être appliqué fur la foie parle moyen du moulin, ou à être employé tout plat dans les ornemens qu’on fait à plufeurs ouvrages brodés , brochés, &c. Foyez FiLEuR D'Or. Argent trait; c’eft celui qu'on a réduit à n’avoir que l’épaifleur d’un cheveu, en le faifant pafler fuc- ceflivement par les trous d’une flicre. Argent file ou fil d'argent; c’eft l'argens en lame em- pire » &t applique fur La foie par Le moyen du mou- lin. Argent en feuille ou battu ; c’eft celui que les Bat- teurs d’or ont réduit en feuilles très-minces, à l’ufa- ge des Argenteurs & Doreurs. 7. BATTEUR D'OR, BATTRE , Or. Argent en coquille , fe dit des rognures même de l'argent en feuilles on battu ; il eft employé par les Peintres & les Arsenteurs. Argent fin fumé , fe dit de larges fin, foit trait ; foit en lame , foit filé, foit battu , auquel on a tâché de donner la couleur de l’or en l’expofant à la fumée; cette fraude eft défendue fous peine de confifcation entiere & deux mille livres d’amende, 7. pour l’intel- ligence de tous ces articles, TIRER , BATTRE , FILER L'Or. Argent à la groffé ; c’eft la même chofe qu'argenr mis à la groffe aventure. Argent de permiffion ; c’eft ainfi qu’on nomme l’ar- gent de change dans la plüpart des Pays-Bas François où Autrichiens : cet argenr eft différent de l’argens courant. Les cent florins de permifion valent huit cent florins & un tiers courant ; c’eft À cette mefure que fe réduifent toutes les remifes qu’on fait en pays étrangers. Argent , en Droit , s'entend toûjours de l’argenr monnoyé. Argent , {e dit ; ez Blafon , de la couleur blanche dans toute armoirie. Les barons & nobles l’appel- lent en Angleterre #/anche perle ; les princes, une ; & les héraults difent que fans or & fans argent , il n'ya point de bonnes armoiries. L’argers s'exprime, en Gravure d’armoiries , en laiffant le fond tel qu'il eft, tout uni & fans hachüre. * ARGENTAC ( Géog. ) ville dé France, dans le Limoufin, fur la Dordogne, Long. 19. 33. larir. ASASE * ARGENT AN ( Géog. ) ville de France , dans la baffe Normandie , au diocefe de Séez., fur les bords de l’Orne. Long, 17. 35. lat. 48. 54. ARGENTÉ , adj. ( Manépe. ) gris argenté, nom d’un poil de cheval. Voyez Gris. (#7) ARGENTER , v. at. c’eft appliquer & fixer des feuilles d'argent fur des ouvrages en fer, en cuivre, ou d’autres métaux, en bois, en pierre, en écaille, fur la toile, fur le papier, Éc. pour faire paroître ces ouvrages en tout Où en partie, comme s'ils étoient d'argent. | L’argenture fur les métaux differe totalement de l’argenture fur les autres matieres. Pour la premiere on fait ufage du feu; au lièu qu'aux autres manieres d’argenter, on fe {ert feulement de quelques matieres glutineufes qui prennent fur les feuilles d'argent & fur les pieces qu’on veut arsenrer. Pour argenter fur fer ou fur cuivre, 1l v a plufieurs opérations que nous allons décrire dans l’ordre qw’el- les doivent fe faire. La premiere, c’eft d’émorfiler ; émorfiler un ouvra- ge, c'eft, quand il a été fait au tour, en enlever le morfil ou les vives arêtes; ce qui s’exécute avec des pierres à polir, &-par les apprentifs. La feconde, c’eft de recuire, Quand les pieces font bien émorfilées , les reçuire , c’eft les faire tougit Mmmmi 644 À RG dans le feu, pour les plonger , après qu’elles foñt un peu refroidies , dans de l’eau feconde, où on les laïffe “ejourner un peu de tems. La troifieme , c’eft de les poncer ; les poncer, c’eft après qu’elles ont été recuites, les éclaircir en les frotant à l’eau avec une pierre ponce. La quatrieme conffte à faire rechauffer médio- crement la piece éclaircie, & à la replonger dans l’eau feconde, Elle fera chaude au degré fuffifant pour être plongée, fi l’ébullition qu’elle caufera dans l’eau, en y entrant, eft accompagnée d’un peu de bruit. Le but de cette quatrieme opération eft de difpofer la piece, en lui donnant de petites inégalités infenfbles, à prendre plus fermement les feuilles d'argent qui doi- vent la couvrir, Lorfqu'on veut que largenture foit folide & dura- ble, on fait fuccéder l'opération dontje vais parler, à cellé qui précede. Cette opération qui fera la cin- quieme confiftera à kacher les pieces ; c’eft-à-dire, à y pratiquer un nombre prodigieux de traits en tout {ens. Ces traits s’appellent des kachures ; & ils fe font avec le tranchant d’un couteau d’acier, dont la for- me & la grandeur font proportionnées aux différen- tes parties de l’ouvrage à hacher. Les Fig. 11,12, 14, de la Planche de l’Argenteur , repréfentent trois for- tes de couteaux à hacher, &c la Figure premiere de la même Planche eft celle d’une femme qui tient une pie- ce d'ouvrage de la main gauche, & qui la hache de la main droite. La fixieme opération confifte à #Zeurr les pieces ha- chées. Pour cet effet on les fait rechauffer , pour ne plus les laiffer refroidir qu’elles ne foient achevées. Cette opération s’appelle #/euir, parce que le degré de chaleur qu’il convient de donner , eft celui qui change en bleu la furface de la piece, qui étoit aupara- vant d’une belle couleur jaune, fi c’étoit du cuivre. Mais comme les pieces doivent être chaudes dans tout le refte du travail, on eft obligé de les monter fur des tiges ou fur des chafis de fer, qu’on appelle mandrins, Il y a des mandrins d’une infinité de formés & de grandeurs différentes , felon le befoin & les dif- férentes fortes d'ouvrages qu'il faut argenter. S’il s’a- git, par exemple, d’argenter une piece platte, telle qu'une aflette, on la montera fur le mandrin à chaf- {is ou à coulifle, qu'on voit fg. 25. Si c’eft au con- trare un pié de chandelier, ou autre piece femblable percée d’un trou ; on y fait pañler une broche de fer, terminée par une vis, fur laquelle broche on fixe l’ou- vrage par le moyen d’un écrou. Cette broche qui fe peut mettre dans un étau, quand il en eft befoin, s’ap- pelle auffi un wardrin, Il n’y a guere de reflemblance entre la forme de ce mandrin & celle du mandrin pré- cédent: mais l’ufage étant abfolument le même, on n’a pas fait deux noms, &c l’on a eu raifon. On diftin- gue feulement ces outils par ceux des pieces auxquel- les ils doivent fervir; ainfi on dit andrin à aiguierre, mandrin & affiette, mandrin à plat, mandrin à chande- lier, &c. Les feuilles d'argent dont on fe fert ici pour argen- £er ; Ont Cinq pouces en quarré. Quarante-cinq de ces feuilles pefent un gros: on commence par en appli- quer deux à la fois fur les pieces chaudes que l’on veut argenter, Cette opération eft la feptieme; elle confifte proprement à argenter, mais elle s’appelle charger : on prend les feuilles d’argent de la main gau- che, avec les pinces que l’on voit fig. z3. & qu’on ap- pelle éruxelles : on tient de l’autre main un brunifloir d’acier repréfenté féparément fig. 8. & 9. Ce brunif- {oir s'appelle brunifloir à ravaler: l’aëtion de ravaler confifte à prefler avec cet inftrument les feuilles ap- pliquées, contre la piece, en les frotant. Cette opé- ration eft repréfentée fig. 2. On a des bruniffoirs à ravaler de différentes formes ët grandeurs, pour fervir aux différentes parties des Mie ouvrages. [ls font les uns droits, les autres courbes; mais tous d'un bon acier bien trempé, très-polis ; & parfaitement arrondis par leurs angles, de manie- re qu'ils puiflent aller & venir fur l’ouvrage fans y faire des raies : ils font auffi emmanchés de bois; ce manche de boiseft un bâton cylindrique ; de longueur & groffeur convenable , garni d’une frette de cuivre par le bout, & percé dans toute fa longueur d’un trow dans lequel eft cimentée la tige du brunifloir : la frette empêche le manche de fendre, ou en contient les par- ties quand 1l eft fendu. S'il arrivoit que la piece eût été trop frappée de. feu dans quelques endroits, on la grartebofferois : grat- tebofler une piece, c’eft en emporter avec un inftru- ment de léton appellé grarreboffe | une pouffiere noire qui s’eft formée à fa furface : cela fait, on continue d'appliquer des feuilles , on de charger comme aupa ravant, Il eft à propos de favoir qu’on travaille deux pie ces à la fois, & que tandis que l’une chauffe, on ope- te fur l’autre, foit quand on charge, foit quand on Brunit. On entend, comme on voit, par charoer, la même chofe que par appliquer. Après que la piece eft chargée de deux feuilles d’ar- gent, On la fait rechauffer à peu près au même degré de chaleur qu’elle avoit auparavant ; puis on la re- prend, & on lui applique quatre feuilles d'argent à- la-fois ; ces quatre feuilles deviennent adhérentes en- tre elles & aux deux premieres; & pour égalifer par- tout cette adhérence, on pañle fur cette {econde ap- plication ou charge un brunifloir à brumir. Les bru- niffoirs a brunir {ont d’acier; il y en a de différentes grandeurs & figures; ils ne different de ceux 4 ra- valer, que par la longueur de leur manche. Voyez en deux de différentes formes, fe. 6. & 7. Cette premiete bruniflure ne fe donne point à forid, comme celle qui doit terminer l'ouvrage, & que nous expliquerons plus bas. On continue de charger qua- tre à quatre feuilles , ou fix à fix, jufqu’à ce qu’on en ait mis les unes furles autres, jufqu’à trente, quaran- te, cinquante, ,foixante , felon que lon veut donner: à la piece une argenture plus durable & plus belle. Lorfque les pieces font autant chargées qu’on le veut, on les brurit a fond ; c’eft la derniere opération. Le travail de l’argenture fe finit avec les brunifloirs repréfentés fg. 6. 6 7. & par l'opération à laquelle on voit la fig. 3. occupée: c’eft un ouvrier qui tient le brunifloir de la main droite par le manche; & de la main gauche, près du fer, la droite tend à élever le manche, la gauche à baïffer le fer; d’où il arrive que celle-ci fait point d'appui, & que Pautre extré- mité du brunifoir eft fortement appuyée contre la piece. L’ouvrier fait aller & venir cette extrémité fur toute l’argenture , & l’ouvrage eft achevé. Nous renvoyons à l’article DORURE, l’argeniture des métaux, fur bois , fur toile, Éc. parce qu’elle fe fait de la même maniere que leur dorure. On defargente en faïfant chauffer la piéce argens tée, & la trempant dans l’eau feconde; la faifant chauffer, & la trempant derechef, jufqu'à ce que l’eau ait pris toute l’argenture; on pratique cette opération quand il s’agit de fondre des pieces , ou de les réargenter ; dans le cas où il s’agit de les réargen- ter, il ne faut pas laïfler fejourner pendant long-tems la piece dans l’eau feconde, fur la fin fur-tout de lo- pération ; car l’eau feconde prendroit infailliblement fur le corps de la piece, & y formeroit des inégali- tés quand on la réargenteroit; ce qui donneroit à fa furface un air raboteux & défagréable. ARGENTEUR, f. m. ouvrier dont l’art eft d’ap- pliquer de l’argent en feuilles fur quelques ouvrages ou en bois ouenfer, ou en d’autres métaux, ou fur le papier. Les Argenteurs font un corps affez confidé- rable à Paris, Leurs ftatuts font de Charles IX. ils ont Pôur fête la fainte-Eloy, & leur chapelle eft aux grands-Auguftins. ‘ ARGENTIER , f. m. (Commerce) dans lés ancien- nes Ordonnances, eft le nom qu’on donnoit à ceux qui fe méloient du éommerce de l’argent, comme les Banquiers, les Changeurs. ere me: 9 ARGENTIER , (Æifi. mou. fignifoit aufli autrefois en France le Surintendant dés finances du Roi. Le fa- meux Jacques Cœur étoit argensier du Roi Charles VII. (G) Ps . *ARGENTIERE, (L’) petite ville de France, en Languedoc, dans le Vivarais. Long. 21. 55. lat, 44, 30. * ARGENTIERE (L’) Géog. petite île de l’Archi- pel, proche celle de Milo. Elle a été ainfi nommée de fes mines d'argent auxquelles on ne travaille point. Long. 42. 40. lat, 36, 50. ARGENTINE, plante qui doit être rapportée au genre des pentaphylloides. #. PENTAPHYLLOIDES. I ; * Sa racine eft noirâtre, aftringente , tantôt fim- ple , tantôt fibreufe. Ses feuilles font conjuguées, femblables à celles de l’aigremoine , compoñées de plufieurs grands lobes, obtus & dentelés profondé- ment vers les bords, éntremèlés d’autres lobes plus petits. Ses feuillés font vertes par-deflus,, & garnies par-deflous de petits poils blancs argentins. Ses fleurs naiflent feule à feule de l’aiffelle des feuilles qui em: braffent les petites tiges par leurs appendices. Elles font portées fur de longs pédicules velus, &c compo- fées de cinq pétales jaunes. Leur calice eft d’une feu- le piece divifée en cinq parties pointues, entre lef- quelles il y en a cinq autres plus petites ; elles ren- ferment plufieurs étamines garnies de leurs fommets de même couleur. Le piftil fe change en une tête fphérique de trois lignes de diametre, Couverte de plufieurs petites graines arrondies , jaunâtres, & femblables à celles du pavot. Elle eft commune dans les lieux humides, le long des chemins , fur le bord des rivieres; elle trace par des jets comme le fraifier, Sa racine, fes feuilles, & fa graine , font d’ufage en Medecine. | re Diftillée fraîche au bain-marie , elle donne un fleg- me limpide, infipide & fans odeur ; une liqueur lim- pide, obfturémernt acide , puis manifeftement acide, enfin fort acide. Ce qui eft refté dans l’alembic, dif- tillé à la cornue, a donné une liqueur roufftre, foit acide, {oit auftere , foit alkaline urineufe; une li- queur roufle empyreumatique, urmeufe , remplie de beaucoup de fel volatil urineux ; du fel volatil urineux concret, & de l'huile de la confiftance du beurre. La mafle noire reftée dans la cornue, a don- né, après une calcination de treize heures au feu de reverbere, des cendres noirâtres, dont on a tiré par la lixiviation du fel fixe alkali. eu Touté la plante a un goût d'herbe un peu falé & ftyptique. Son fuc rougit le papier bleu ; d’où il eft clair qu’elle eft compotée d’un fel ammoniacal & un peu alumineux & vitriolhique, uni avec une huile épaifle. Elle pafle pour rafraichiflante , aftringente, deflicative, repercuflive, & fortifiante. On la met au rang des plantes vulnéraires, aftringentes ; & en effet elle arrête toute forte d’hémorrhagies: On la prefcrit utilement dans le crachement de fang, dans Les pertes de fang, & dans les hémorrhoïdes. On lui attribue encore la vértu'de foulager dans la diarrhée & les flux de fang. Geoff. rar. méd, *ARGENTINUS, {. m. ( Mychol. ) dieu de l’ar- ent, fils de la déefle Pecunza. * ARGENTO , ( Géog. ) riviere de la Turquie en Europe ; elle coule dans l’Albanie & fe jette dans le golfe de Venife. * ARGENTON, ( Géog.) ville & contrée de France, dans Le duché de Berri, divifée en deux par ARG 645 la Creufe ; l’une de ces parties eftappellée /4 haute: ville, & l’autre a ville-baffe. Lon. 19.10.lat. 40.30: * ARGENTON-LE-CHATEAU , petite ville de France en Poitou, généralité de Poitiers. . * ARGENTOR, riviere de France dans l’Angou- mois, formée de deux ruiffeaux, l’un nommé argent, l’autre or ; elle fe jette dans la Charente, au village de Porfac. | | ARGENTURE,, f. f. fe prend en deux fens diffé- rens ; où pour l’art d'appliquer des fetulles d'argent fur quelque corps, ou pour les feuilles mêmes ap- pliquées. Voyez l’art de l’argenture à l’article ARGEN- TER. Quant à l’'argenture prie dans le fecond fens, il faut qu’elle foit forte, fortement appliquée , égale par-tout, bién unie. Le but de certe façon eft de donner l'apparence de l’argent à ce qui n’en eff pas; fi donc on apperçoit à l'œil, dans la piece argentée, quelque différence d'avec une pareille piece qui feroit d'argent, l’argenrure eft mal faite. Elle eft mauvaife fi elle eft inégale, mal adherente, légere, & rabo- teufe, & fi l’argent eft mauvais: * ARGIAN ox ARREGIAN, ville du Chuliftan; province de Perfe ; elle eft fur la riviere de Sirt, proche du golfe de Balfora. * ARGIENNE o4 ARGOLIQUE, ( Myth.) fur- nom de Junon. Voyez CANATHO: *ARGILE. Voyez ARGYLE. . ARGILLE., aroilla, f. f. ( Hiff. nat, fo]. ) terre pefante, compate, grafle, & gliffante. L’argille a de la ténacité & de la duétilité lorfqu’elle eft humi- de , mais elle devient dure en féchant, & ce chan- gement de confiftance n’en defunit point les parties; c’eft pourquoi cette terre eft propre à différens ufa- ges. On en fait des vafes de toute efpece, des tui- les , des briques, des carreaux, des modeles de fculp- ture, 6c. car on peut lui donner toutes fortes de for- mes lorfqu’elle eft molle, & elle les conferve après avoir été durcie au feu. Dans cet état elle réfifte à l'humidité ; & fi on pouffe le feu à un certain point , on la vitrifie. Il y auroit pour ainfi dire une infinité d’efpeces d’argille fi on vouloit les diftinguer par les couleurs ; il y a des argr/les blanches, jaunes, grifes, roufles, bleues, noires, &c. on en voit qui {ont ver- nées comme les marbres. L’argille fe trouve par-tout, mais à différentes profondeurs ; elle fert de bafe à la plûpart des rochers. C’eft une matiere des plus abon: dantes & dés plus utiles que nous connoïffions. M. de Buffon a prouvé que l’argille forme une des principales couches du globe terreftre , & 1l a traité cette matiere dans toute fon étendue. C’eft en réfle- chiflant fur la nature de cette terre, qu’il en décou- vré l’origine, & qu'il fait voir que fa fituation dans le globe eft une preuve de l'explication qu’il donne de la formation du globe. Comme cette explication fait partie de la Théorie de la terre ; que M: de Buffon nos a donnée dans le premier volume de 2 Âif?, nat. géner. 6 part, avec La deferip. du cabinet du Ro , il faudroit pour la bien entendre avoir une idée fuivie de l’en- femble de cet ouvrage. Nous ne pouvons rapporter ici que ce qui a un rapport immédiat avec l’argilles . Les fables, dit M. de Buffon, dont les parties conf: tituantes s’umifent par le moyen du feu, s’aflinulent & deviennent un corps dur, très-denfe, & d'autant plus tranfparent que le fable eft plus homogene ; ex- pofés au contraire long-tems à l’air, ils fe décompo- {ent par la defunion & l’exfoliation des petites lames dont ils font formés, ils commencent à devenir terre, & c’eft ainfi qu'ils ont pü former les terres &c les argi. Les. Cette pouffiere , tantôt d’un jaune brillant , tantôt femblable à des paillettes d’argent , dont on fe fert pour fécher l'écriture, n’eft autre chofe qu’un fable très-pur, en quelque façon pourf1, prefque réduit en {es principes, & qui tend à uñe décompofition par- faite ; avec le tems les paillettes fe feroient atténuées 646 ARG & divifées au point qu’elles n’auroient plus eu affez d’épaifleur & de furface pour réfléchir la lumiere , &c elles auroïent acquis toutes les propriétés des glaifes, Qu'on regarde au grand jour un morceau d'argile, on y appercevra une grande quantité de ces paillet- tes talqueufes qui n’ont pas encore entierement per- du leur forme. Le fable peut donc avec le tems pro- duire l’argille ; & celle-c1 en fe divifant, acquiert de même les propriétés d’un véritable limon , matiere vitrifiable comme l’argille, & qui eftdu même genre. Cette théorie eft conforme à ce qui fe pañle tous les jours fous nos yeux. Qu'on lave du fable fortant de fa minière ; l’eau fe chargera d’une aflez grande quantité de terre noire, dudtile, grafle, de veritable argile. Dans les villes où les rues font payées de grès, les boues font toüjours noires & très-grafles ; & def- féchées, elles forment une terre de la même nature que Pergile. Qu’on détrempe & qu’on lave de même l'argile pride dans un terrein où1l n’y a ni grès n1 cail- lous , il fe précipitera totjours au fond de l’eau une affez grande quantité de fable vitrifiable. ‘ Mais ce qui prouve parfaitement que le fable, & même le caillou & le verre exiftent dans largille, & n’y font que déeuifés , c’eft que le feu en réumiflant les parties de celui-ci, que l’aétion de l’air & des au- tres élemens avoit peut-être divifées, lui rend fa pre- miere forme. Qu’on mette de l’argi/le dans un four- neau de reverbere échaufé au degré de la calcina- tion , elle fe couvrira au-dehors d’un émail très-dur ; f à l’intérieur elle n’eft pas encore vitrifiée, elle aura cependant acquis une très-grande dureté , elle réfif- tera à la lime & au butin; elie étincellera fous le mar- teau ; elle aura toutes les propriétés du caillou. Un degré de chaleur de plus la fera couler , & la conver- tira en un véritable verre. L’argille & le fable font donc des matieres parfai- tement analogues & du même genre. Si l’argille en fe condenfant peut devenir du caillou , du verre, pourquoi le fable en fe divifant ne pourroit-il pas de- venir de l’argille, Le verre paroïît être la véritable terre élémentaire , & tous les mixtes un verre dé- guifé. Les métaux, les minéraux , les fels , &c. ne {ont qu’une terre vitrefcible. La pierre ordinaire les autres matieres qui lui font analogues , & les coquil- les des teftacées, des cruftacées, &c. font les feules fubftances qu'aucun agent connu n’a pü jufqu’à pré- {ent vitrifier, & les feules qui femblent faire une claf fe à part. Le feu en réuniflant les parties divifées des premieres , en fait une matiere homogene , dure & A tranfparente à un certain degré, fans aucune dimi- nution de pefanteur , & à laquelle il n’eft plus capa- ble de caufer aucune altération. Celles-ci au contrai- re, dans lefquelles il entre une plus grande quantité de principes a@ifs & volatils , & qui fe calcinent, perdent au feu plus du tiers de leur poids, & repren- nent fimplement la forme de terre, fans aucune alté- ration que la defunion de leurs principes. Ces matie- res exceptées , qui ne font pas en bien grand nom- bre, & dont les combinaïfons ne produifent pas de grandes variétés dans la nature ; toutes les autres fubftances , & particulierement l’argille, peuvent être converties en verre, & ne font etientiellement par conféquent qu'un verre décompofé. Si le feu fait changer promptement de forme à ces fubftances en les vitrifant , le verre lu-même , foit qu'il ait fa na- ture de verre , ou bien celle de fable &de caillou, fe change naturellement en argille , mais par un pro- grès lent & infenfible. : Dans les terreins où le caillou ordinaire eff la piet- re dominante, les campagnes en font ordinairement jonchées ; & fi le lieu eftincuite , &r que ces caillous ayent été long-tems expofés à l’air, fans avoir été re- mués , leur fuperficie fupérieure eft toüjours très- Blanche , tandis que le côté oppolé qui touche im- ARG médiatement la terre , eft très-brun , & conferve fa couleur naturelle, Si on cafe plufeurs de ces cail- lous , on reconnoitra que la blancheur n’eft pas feu- lement en-dehors ; mais qu’elle pénetre dans l'inté. rieur plus ou moins profondément, & y forme une efpece de bande qui n’a dans de certains caïllous que très-peu d’épaifleur , mais qui dans d’autres occupe prefque toute celle du caillou ; cette partie blanche eft unpeu grenue , entierement opaque, aufli tendre que la pierre ; & elle s’attache à la langue comme les bols, tandis que le refte du caillou eft liffe 8x po- Li, qu'il n’a mi fil ni grain , & qu'il a confervé fa cou- leur naturelle , fa tranfparence & fa même dureté. Si on met dans un fourneau ce même caillou à moi- tié décompofé , fa partie blanche deviendra d’un rou- ge couleur de tuile, & fa partie brune d’un très-beau blanc. Qu'on ne dife pas avec un de nos plus célé- bres naturaliftes , que ces pierres font des caillous imparfaits de différens âges, qui n’ont pas encore ac- quis leur perfeétion. Car pourquoi feroient-ils tous imparfaits ? pourquoi le feroient-ils tous du même côté ? pourquoi tous du côté expofé à l'air ? Il me femble qu’il eft aifé de fe convaincre que ce font au contraire des cailloux altérés, décompoés , qui ten- dent à reprendre la forme & les propriétés de large & du bol , dont ils ont été formés. Si c’eft conjeétu- rer que de raïfonner ainfi , qu'on expofe en plein air le caillou le plus caillou ( comme parle ce fameux Naturalifte ) le plus dur & le plus noir, en moins d’une année 1l changera de couleur à la furface ; & fi on a la patience de fuivre cette expérience, on lui verra perdre infenfiblement & par degré fa dureté , fa tranfparence , & fes autres caraéteres fpécifiques, &z approcher de plus en plus chaque jour de la na- ture de l’argille. Ce qui arrive au caillou, arrive au fable. Chaque grain de fable peut être confidéré comme un petit caillou , & chaque caillou , comme un amas de grains de fable extrèmement fins & exaétement engrenés. L'exemple du premier degré de décompoftion du fable fe trouve dans cette poudre brillante , mais opaque , #1ca, dont nous venons de parler , & dont largille 8& l’ardoïfe font totjours parfemées : les cail- lous entierement tranfparens, les quartz, produifent en fe décompofant des fables gras & doux au tou- cher ; auf pétriffables & duéhiles que la glaïfe, &r vitrifiables comme elle, tels que ceux de Venife & de Mofcovie ; & il me paroît que le talc eft un terme moyen entre le verre ou le caillou tranfparent & l'argile ; au lieu que le caillou groffier & impuren fe décompofant pale à l'argile fans intermede. Notre verre faétice éprouve auf la même altéra- tion ; il fe décompofe à l'air, & fe pourrit en quel- que façon en féjournant dans les terres. D’abord la fuperficie s’irife , s’écaille , s’exfolie , & en le ma- mant on s’apperçoit qu'il s’en détache des paillettes * brillantes : mais lorfque fa décompofition eft plus avancée , 1l s’écrafe entre les doigts, & fe réduit en poudre talqueufe très-blanche & très-fine. L’art a mê- me imité la nature par la décompofition du verre & du caillou. Æf? eriam certa methodus folius aquæ com-" munis ope, felices & arenam in liguorem vifcofum , eum- demque in fal viride conversendi ; @ hoc in oleum rubi- cundum , Sc. folius ionis G aquæ ope fpeciali experi= mento duriffimos quojque lapides in mucorem refolvo, qui difhllatus fubtilem fpiritum exhiber | 6 oleum nullis laudibus prædicabile, Bech. Phyfic. fubrerr. Les différentes couches qui couvrentle globe ter- reftre , étant encore aétuellement ou de matieres que nous pourrons confidérer comme vitrifiables , ou de matieres analogues au verte , qui en ont les propriétés les plus effentielles , & qui toutes font vitrefcibles ; & comme il eft évident d’ailleurs que de la décompofition du caillou & du verre, quite fait AR G chaque jour fous nos yeux , il réfulte une véritable terre argilleufe ; ce n’eft donc pas une fuppoñition précaire ou gratuite, que d'avancer , que les glaifes, les argilles &les-fables ont été formes par des fco- ties & des écumes vitrifiées du globe terreftre, fur- tout quand on y joint les-preuves 4 priori, qu'il a été dans un état de liquéfaétion caufée par le feu. Voyez Hiff. nat. 1om. 1. pag. 259. (1) * ARGINUSES, ( Géog.) petite ville de Grece, à la vûe de laquelle les Athèniens conduits par Co- non, vainqurent les Lacédémoniens , commandes par Callicratidas , qui périt dans cette ation. * ARGIPPÉENS , £. m. pl, ( Æiff. ) anciens peu- ples de la Sarmatie,, qui, fi l’on en croit Herodote, naifloient chauves , avoientle menton large, peu de mez , & le fon de la voix différent de celui des autres hommes , ne vivoient que de fruits , & ne faifoient jamais la guerre à leurs voifins, qui, touchés de ref- peét pour eux , les prenoient fouvent pour arbitres de leurs différends. * ARGO , £. m. (Myth. ) nom du vaiffleau célebre dans les Poëtes, qui tranfporta en Colchide l'élite de la jeunefle Greque, pour la conquête de la toifon d’or. Voyez ARGONAUTES. Les critiques {ont partagés fur l’origine decenom, que les uns tirent d’un certain Argus, qui donna le deflein de ce navire, & le conftruifit ; d’autres de fa vitefle & de fa légereté par antiphrafe du Grec app, pui fignifie ext & parefleux ; ou de fa figure longue , &c du mot arco, dont les Phéniciens fe fervoient pour nommer leurs varfleaux longs. Quelques-uns l'ont fait venir de la ville d’Argos , oùil füt bâti; & d’au- tres enfin, des Argiens qui le monterent , {elon ce diftique rapporté par Ciceron, I. Tufcul. Argo, quia Argivi 12 ed deleüli viri Vecti, petebant pellem inauratam arietis, Ovide appelle ce navire, /acram Argum ; parce que , felon hu, ce fut Minerve qui en donna le plan, & qui préfida à fa conftruétion ; peut-être “encore , parce que fa proue étoit formée d’un mor- œeau de bois coupé dans la forêt de Dodone , & qui rendoit des oracles, ce qui lui fit auffi donnér le nom de ZLoquax. Voyez ORACLE & DoDONE,; Jafon ayant heureufement achevé fon entreprife ; confacra à fon retour le navire 4rgo à Neptune, ou {elon d’autres à Minerve dans lifthme de Corinthe ; où 1l ne fut pas long-tems fans être placé au ciel , & changé en conftellätion. Tous les: auteurs s’accor- dent à dire que ce vaifleau étoit de forme longue, comme nos galeres; & qu'il avoit vingt-cinq à tren- te rames de chaque côté. Le fcholiafte d’Appollo- ‘nius remarque.que ce futle premier bâtiment de cet- te forme. Ce qu'attefte aufli Pline après Philoftépha- -ne. Longä nave Jafonem primum navigalfe Philoflepha: fus auttor ft, Hifi. nat. lib. VIT. chap. xxxv. Une cir- conftance prouve qu'il ne pouvoit pas être d’un vo- lume bien vañte, c’eft que les argonautes le porterent fur leurs épaules ; depuis le Danube jufqu’à la mer Adriatique. Mais pour diminuer le merveilleux de cette aventure, il eft bon de fe reflouvenir de la for- ce prodigieufe que les Poëtes attribuent aux hommes des tems héroïques. | | Quant aux oraclés qu’on prétend que rendoit lé navire #rgo, M.Pluche dans fon hiffoire du ciel ex- plique ain la chofe. Quandles Colques ou habitans de la Colchide avoient ramaflé de l’or dans le Phafe, » il falloit rappeller le peuple à un travail plus né- » ceflaire , tel qu’étoit celui de filet Le lin & de fabri- » quer les toiles. On changeoït d'affiche : l’Efis qui # annonçoit l’ouverture du travail des toiles, prenoit # dans fa main une navette, & prenoit le nom d’argo- »nioth , le travail de navettes: Quand les Grecs qui al- » loient faire emplette de cordes ou de toiles dans la # Colchide, vouloient prononcer ce nom, ils difoient À RG 641 » argonans qui dans leur langue figmifioit le-navire » Argo. S'ils demandoient aux Colques ce que c’étoit * que cette barque dans la main d’Ifis( car en effet, » la navette des Tiflerands a la figure aufli-bien que » lenom d'une barque) lesColques répondoient appa- * remment que cette barque fervoit à régler le peu- » ple; que chacun la confultoit, 8x qu’elle apprenoit » ce qu'il falloit faire. Voilà, ajoûte-t-il , le premier » fondement de la fable du vaiflean Æ#rgo, qui ren- » doit des réponfes à tous ceux qui venoient le con: »{ulter ». A4. du ciel, tom, Pag. 327. (G) ARGO, de navire Argo, ou le vaiffeau des Argonau- tes , Î. m. C’eft ainfi que les Aftronomes appellent une corfellarion, ou un affemblage d'étoiles fixes dans l'hénrifphere méridional, Ces étoiles font dans le - catalogue de Ptolomée au nombre de 8 ; dans celui de Tycho au nombre dé 11 ; dans le catalogue Bri- fanmique au nombre de 25 ; avec leurs longitudes ; latitudes , grandeurs , 6:c. CODEN, * ARGONAUTES , f. m. pl. (Mych.) c'eft ain qu'on appella les princes Grecs, qui entreprirent dé concert d’aller en Colchide conquérir la toifon d’or, & qui s’embarquerent pour cet effet fur le navire 4r- go , d’oùils tirerent leur nom. On croit qu'ils étoient au nombre de cinquante-deux ou de cinquante-qua- tre ; non compris les gens qui les accompagnoient. Jafon étoit leur chef ; & l’on compte parmi les prin- cipaux, Hercule , Caftor & Pollux , Laerte pere d'Uliffe, Oilée pere d’Ajax , Pelée pere d'Achille ; Thefée & fon ami Pirithoüs, Ils s’embarquerent au Cap de Magneñeen Thefalie ; ils allerent d’abord à Lemnos , delà en Samothrace ; ils entrerent en- fuite dans lHellefpont , &c côtoyant l’Afie mineure ; ils parvinrent par le Pont-Euxin jufqu’à Æa capitale de la Colchide ; d’où après avoir enlevé la toifon d’or , ils revinrent dans leur patrie après avoir fur- monté mille dangers. Cette expédition précéda de trente-cinq ans la guerre de Troie , felon quelques- uns, & felon d’autres de quatre-vingts-dix ans. À l’é- gard de l’objet qui attira les argonautes dans la Col: chide, les fentimens font partagés, Diodore de Si- cile croit que cette toifon d’or tant prônée , n’é- toit que la peau d’un mouton que Phrixus avoit im- molé , 8& qu'on gardoit très-loigneufement, à caufe qu'un oracle avoit prédit que le Roi feroit tué par celui qui l’enleveroit. Strabon & Juftin penfoient que la fable de cette toifon étoit fondée fur ce qu’il y avoit dans la Colchide des torrens quirouloientun fable d’or, qu’on ramafloit avec des peaux de mou- ton, ce qui fe pratique encore aujourd'hui vers le Fort-Louis ; où la poudre d’or fe recueille avec de femblables toifons ; lefquellés quand elles en {ont bien remplies peuvent être regardées comme destoi- fons d’or. Varron & Pline prétendent que .cette fable tire fon origine des belles laines de ce pays, & que le voyage qu’avoient fait quelques marchandsGrecs pour en acheter avoit donné lieu à la fon. On pourroit ajoûter que comme les Colques faifoient un grand commerce de peaux de marte & d’autres pel- leteries précieufes ; ce fut peut-être là le motif du voyage des argonautes. Palephate a imaginé, on ne fait fur quel fondement ; que fous l’emblème de la toïfon d’or on ävoit voulu parler d’une belle ftatue d’or , que la mere de Pelops avoit fait faire , & que Phrixus avoit emportée avec lui dans la Colchide. Enfin Suidas croit que cette toon étoit un livre en parchemin, quicontenoit le fecret de faire de l’or ; digne objet de l'ambition, où plütôt de la cupidité non-feulement des Grecs , mais de toûte la terre ; & cette opinion que Tollius a voulu faire revivre , eft embraflée par tous les Alchimiftes. if. des arpon. par M. l'abbé Bannier. Mém. de l'Académie des Belles: lettres, tom. XII. (G) * ARGONNE, L’, (Géog.) contrée deFrance ent GAS AR G tre la Meufe, la Marne } & l’Aine. Sainte Menehould en eft la capitale. dat ; * ARGOREUS, ox DIEU DUMARCHÉ, (My1h:) furnom de Mercure, fous lequelilavoit une atue à Pharès en Achaie. Cette ftatue,, dit Pauta- nias, rendoit des oracles ; elle étoit de marbre, de médiocre grandeur, de figure quarrée, debout à ter- re, fans pié d’eftal. | * ARGOSTOLT, (Géog.) port de l’ile de Cépha- lonie, vis-à-vis de l’Albanie , le meïlleur de l'ile. AR GOT, £. f. (Jardinage) {e dit de l'extrémité d’une branche morte, qui étant défagréable à la vüe, demande à être coupée près de la tige. On en voit beaucoup dans les pépinieres fur les arbres greftés en écufon. (ÆX) | * ARGOUD AN, f: m. forte de coton qui fe re- *cueille en différens endroits de la Chine, & dont les habitans de Canton font trañc avec ceux de l'ile de Haynan. : ARGOUSIN, f. m. (Marine. ) c’eft un bas officier de galere, qui a foin d’ôter ou de remettre les chaï- nes aux forçats, &qui veille fur eux pour empêcher qu'ils ne s’échapent. (Z *ARGOW,, (1°) pays de Suifle fur l’Aar, dont il tire fon nom. ARGUE , ff. machine à l’ufage des Tireurs d’or; lorfque le lHingot qu’on deftine aux Fileurs d’or, a été fondu, examiné pour le titre, & divifé par le forgeur en trois parties égales, aufñi rondes qu'il eft poffible de le faire fur l’enclume ; chacune de ces parties va au laboratoire pour être pañlée à l’argue. L'effet de l’argue eft de les étirer en un fil plus rond & plus me- nu, par le moyen d’une filiere, jufqu'à ce qu'elles foient réduites en une groffeur convenable, & telle que deux hommes puiflent après cela les deproffir. Voyez a l'article TiRER L'OR, ce que c’eft que degrof° fir; & Planc. premiere, vignette premiere du tireur d’or, l’argue repréfentée, avec des ouvriers qui y travail- lent. 1,2, eftune folive, qui foutient la partie fu- périeure du moulinet ou de l’arbre de l’argue, par le moyen d’un cercle de fer à pattes & à clavettes, 3, 4, qui eft fixé fur cette folive, d’où partent deux ‘tenons qui traverfent les pattes du cercle, & qui font traverfés par les clavettes. 5 partie inférieure du mou- linet, dont le tourillon fe meut dans la piece de bois 6,7.8,9;:8,9;8, 9;8, 9 bras du moulmet auxquels font appliqués des ouvriers. Ces ouvriers, en faifant tourner l'arbre du moulinet, forcent la corde à s’enrouler fur cet arbre ; mais la corde fixée par un de fes bouts en z, & pañfant fur la poulie ou moufle 2, ne peut s’enrouler fur l’arbre, fans entraî- ner fur la piece de boisc, d, du côté de l’arbre, la poulie ou moufle , qui ne peut s’approcher de lPar- bre ou du moulinet, fans être fuivie de la tenaille e, f à laquelle elle eft accrochée par l’anneau de fer f k, qui pafle dans un des croifillons de la poulie en, & dans lequel pañlent les branches crochues de la te- naille en f. La tenaille fuit l'anneau : mais la tenaille tient par fa partie dentée g le fil d'argent Z, qui y eft d'autant plus ferré, que les branches de la tenaille font plus tirées : mais les branches de la tenaille font d'autant plus tirées, que le fil a plus de peine à paf- fer dans les trous de la filiere Z X placée dans une des échancrures de la piece de bois 7 0p, qu'on appelle la tête de l’argue. Telle eft la machine & le jeu par lequel on fait pafler fucceffivement le fil d’ar- gent par des trous plus petits & plus petits de la filie- re qu'on voit wéme planche, fig. 13. juiqu’à ce qu'il foit en état d’être déproffr. ARGUE ROYALE, (1°) c’eft un lieu ou bureau public; où les Orfevres & les Tireurs d’or, vont fai- re tirer & dégroffir leurs lingots d’or & d'argent. Ce bureau a été établi pour conferver les droits de mar- que; & c’eft à même fin qu'il a été défendu aux Or- fevres & Tireurs d’or, d’avoir dans leursmaifons où boutiques, n1 ergue, ni autre machine capäble de pro- dure le mème ettet. | | -* ARGUENON , (Géog.) petite riviere deFrance, en Bretagne, qui a ta iource près du bourg deJugon , & fe décharge dans la mer de Bretagne, à trois heues de Saint-Malo. | 7" ARGUER, v. a@, c’eft, ex terme de Tireur d'or, pañler l'ér & l'argent à l'argue pour le désroiur. Foyez ÂRGUE 6 TIREUR D'OR. LE à k * ARGUIN , (Géog.) île d'Afrique, fur la côte oc- cidentale de la Négritie. Long. z. lat ao: 20. ARGUMENT ,i. m. ez Khérorique. Ciceron le dé- finit une rauon probable qu'on propoie pour 1e faire croire. Étario probabilis G idonea ad jaciindum fier. Voyez PROBABILITÉ, SENTIMENT. Les Lopiciens le définifient plus {cientinquement : un milieu, qui, par {a connexion avec les deux extremes, étabut la liaifon que ces deux extremes ont entreux. #. Mi- LIEU 6 EXTREME. Un dutingue les argwmens par rapport à la fource d’où ils font tirés, en argumens tires dé la raïon, à argumens tirés de l'autorice, Et par rapport à leur forme, les Rhcteurs autt-bien que les Logiciens, les diviient en iyllogiimes, entime- mes, induétions ou loïites, & diiemmes. #7, ces mots & leur place. Un argument en forme eft un fyllogifme formé fe- lon les reples de la Logique, à laqueiie cette eipece d’argumentation eft principalement afiectée. ious les Khéteurs, après Arltote , duent que l’enthyme- me eft l’argument de la Rhétorique, parce que ce cft la forme de ratfonnement la plus fanuhere aux Ora- teurs. La Rhétorique n'étant, ieion leur déhmition, que l’art de trouver en chaque iujet des argumenspro- pres à perluader, ils diftinguent deux eipeces princi- paies d’argumens par rappoit aux 1oui ces qui peuvent les fournir : les uns intrinieques ou artificieis, Les aut- tres extrinieques ou naturels. Les argumens intrinie- ques ou artuiciels appellés par les Giecs éyrsxre, à par les Latins 22/24, iont ceux qui dépendent de i'1n- duftrie de l'orateur, & qu'il te ou de fa propre perlonne, ou de celle de ies auditeurs, ou uu 1ond même du tujet qu'il traite. L'orateur periuade à l'oc- cafion de fa perionne &t de ies mœurs, lorique ion diicours donne à {es auditeurs une grande idée de fa vertu & de fa probité, parce qu'on ajoùte volon- tiers foi aux paroles d'un homme prudent, éclairé &x vertueux, iur-tout en matiere douteuie à proble- matique ; c’eit pourquoi Caton regardoit la probité comme la premiere bafe de léloquence : orasor vir bonus dicendi peritus, Les argumens qui ie tirent de la part de l’auditeur, ont pour but de le porter à quel- que pañlion qui incline {on jugement pour où con- tre. C’eft par-là que Porateur exerce un empire ab- {olu fur ceux qui l’écoutent, & qu'il peut détermu- ner le jugement qu'il en follicite. Certe partie deman- de une connoïfiance approfondie des mœurs & des pañlions. Voyez MŒURS 6 PASSION. Enfin les argumens qui naïflént du iujet, confiftent à le faire enviiager par {on propre fond, fa nature, fes circonftances , {es fuites, la conformité , ou ion oppofition avec d’autres, & delà ces retiources qu'on nomme eux communs. Les argumens naturels'ou extrinfeques, drcyre, que Ciceron appelle affumpta, c’eft-à-dire, moyens exté- rieurs, {ont ceux qui ne dépendent point de l’orateur, &c qu'il trouve, pour ainfi dire, tous faits, comme - les arrêts & jugemens, les lois, les preuves par écrit, les reciftres publics, la dépofition des témoins, les procès-verbaux, 6c. qui lui fourniffent des autorités d’où il tire des conféquences. Un auteur moderne diftingue encore les lieux com- muns ou chefs d’argumens, par rapport aux trois gen- res deRhétorique: 1°, en çeux qui ferventà perfuader où Lo ou à difluader, & qui font ordinairement fondés fur - des motifs de profit, d'honneur & d'équité : 2°. ceux qui ont pour but la loüange ou le blâme (Foyez PA- NEGYRIQUE); & 3°. ceux qu'on employe pour ac- cufer ou pour défendre. Woyez RÉFUTATION, AC- CUSATION, CONFIRMATION, 6c. ÂRGUMENT, terme ufité pour fignifier l’abrégé , le fommaire d’un livre, d’une hiftoire, d’une piece de théatre. Voyez SOMMAIRE. On a prefque perdu l’ufage des prologues, qui contenoïent pour l’ordi- naire l'argument d’une tragédie ou d’une comédie. Les prologues d’un grand nombre de nos opéras font mé- me totalement étrangers à la piece. (G) ARGUMENT DIALECTIQUE , ez Logique, c’eft le nom qu’on donne à des raifonnemens qui font uni- quement probables; c’eft-à-dire, qui ne convainquent pas l’efprit, ou qui ne le déterminent pas abfolu- ment à l’afhrmative ou à la négative d’une queftion. Voyez DIALECTIQUE 6 PROBABILITÉ. (X) ARGUMENT, argumentum , Î. m. terme d’Affrono- mie ; l'argument de la latitude d’une planete quelcon- queeft l’angle qui mefure la diftance de fon lieu vrai à fon nœud, c’eft-à-dire, la diftance du point qu’elle occupe dans fon orbite, au point où cette orbite coupe l'orbite terreftre. Les degrés de cet angle fe comptent fuivant l’ordre des fignes ; & le nœud dont on prend la diftance au lieu vrai, eft le nœud afcendant, L’er- gument de la latitude s’appelle encore argument de li. clinaifon. Voyez INCLINAISON. Argument menftruel de la latitude de la lune, eft la diftance du vrai lieu de la lune, au vrai lieu du foleil. Voyez Lieu. C’eft par l’argument menftruel de la la- titude, qu’on trouve la grandeur d’une échpfe, c’eft- à-dire, combien il y aura de doigts d’éclipfés de la June ou du foleil. Voyez ECLIPSE. Argument de la longitude menftruelle de la lune, ou argument menftruel de La longitude, dans lAftronomie ancienne, eft un arc de {on excentrique L P, (Plan- che Affr. fig. 32.) intercepté entre fon vrai lieu Z, dé- terminé par une premiere équation, & une ligne droi- te PQ , tirée par le centre de l’excentrique B parallé- lement à la ligne menftruelle des apfdes. L’argument annuel de la longitude eft repréfenté par l'angle D 47. L'un & l’autre ne font plus d’ufage. Argument annuel de l'apogée de la lune, ou fimple- ment argument annuel, dans la nouvelle Affronomie, eft la diftance du lieu du foleil au lieu de apogée de la lune; c’eft-à-dire, l’arc de l’écliptique compris entre ces deux lieux. (0) * ARGUN, (Géog.) ville de Ruflie, fur la riviere de même nom, dans la Tartarie orientale, frontiere de l’empire Rufien & de l'empire Chinois. Long. 230720; 141.) 49501000 * ARGYLE , (Géog.) province de l’Ecofle occi- dentale, avec titre de duché; la capitale eft Innérata. * ARGYNNIS, (Myth) furnom de Vénus, fous lequel Agamemnon lui fit bâtir un temple. ARGYRASPIDES , f. m. pl. ( Hif£. anc. ) foldats Macédoniens fignalés par leurs viétoires , & qu’Ale- xandre diftingua en leur donnant des boucliers d’ar- gent ; ainfi nommés du Grec dpyupos, argent, &C domie, bouclier. Selon Quinte-Curce , 4v. IV, n°13.6 27. les Argyrafpides fafoient le fecond corps de l’armée .d’Alexandre , la phalange Macédonienne étant le pre- mier. Autant qu'on peut conjeéturer des paroles de cet huftorien, les Arpyrafpides n’auroient été que des troupes légeres. Mais il eft difficile de concilier ce fentiment avec ce que rapporte Juftin , Zv. XII. ch. vi. qu'Alexandre ayant pénétré-dans les Indes ; & poufié fes conquêtes jufqu'à Océan , voulut pour monument de fa gloire ,que les armuresde fes foldats _&les houfles de leurs chevaux, fufflent garmies dela- mes ou de plaques d'argent, & que delà elles fuffent di a me. C’eft une objeétion infoluble , un écueil dont il ne peut fe tirer. Tousles athées qui font venus après Straton ébloiis par des difcours dont le détail eft fé: duifant , quoique frivole, ont embraflé {on fyftème, C’eft ce fyftème furtout que Spinofa a renouvellé dé nosjours,& auquelil a donné l’apparence d’une forme géométrique, pour en impofer plus facilementà ceux qui ont l'imprudence de fe laifler prendre dans les pièges qu’il leur prépare. Entre ces deux fyffèmes , je ne vois d'autre différence , finon que Spinofa ne faifoit de tout l’univers qu’une feule fubftance , dog- me qu'il avoit emprunté de Zenophaus , de Meliflus, & de Parmenides ; au heu que Straton reconnoïfloit autant de fubftances qu'il y avoit de molécules dans la matiere. À cela près, ils penfoient précifément la même chofe. Voyez l’article SPINOSISME , & celui d'HYLOZOISME , où le fyftème de Straton eft plus développé. Des reftaurateurs de la philofophie d’Ariflote. Jamais on n’a tant cultivé la philofophie que fous les empe- teurs Romains : on la voyoit fur le throne comme dans les chaires des fophiftes. Ce goût femble d’a- bord annoncer des progrès rapides : mais en lifant lhiftoire de ces tems-là, on eft bientôt détrompé. Sa décadence fuivit celle de l’empire Romain, & les barbares ne porterent pas moins le dernier coup à celle-à qu’à celui-ci. Les peuples croupirent long tems dans l’ignorance la plus craffe ; une dialeétique dont la finefle confiftoit dans l’équivoque des mots & dans des diftinétions qui ne figmifioient rien, étoit alors feule en honneur. Le vrai génie perce ; & les bons efprits, dès qu'ils fe replient fur eux-mêmes , apperçoivent bien-tôt fi on les a mis dansle vrai che- min qui conduit à la vérité. À la renaïflance des lettres quelques favans inftruits de la langue Greque, & connoiffant la force du Latin , entreprirent de don- ner une verfion exacte & correéte des ouvrages d’Ariftote , dont fes difciples même difoient, beau- coup de mal , n'ayant entre les mains que des traduc- tions barbares , & qui repréfentoient plûtôt lefprit tudefque des traduéteurs , que le beau génie de ce philofophe. Cela ne fufifoit point pourtant pour re- médier entierement au mal. Il falloit rendre com- muns les ouvrages d’Ariftote ; c’étoit le devoir des princes, puifqu'il ne s’agifloit plus que de faire cer- taines dépenfes. Leur empreflement répondit à Puti- lité : ils firent venir à grands frais de l’orient plu- fieurs manufcrits, & les mirent entre les mains de ceux qui étoient verfés dans la langue Greque pour les traduire. Paul V, s’acquit par-là beaucoug de gloi- re, Perfonne n’ignore combien les lettres doivent à ce pontife : il amoit les favans , & la philofophie d’Ariftote furtout avoit beaucoup d’attraits pour lui. Les favans fe multiplierent , & avec eux les ver- fions : on recouroit aux interpretes fur les endroits dificiles à entendre. Jufques-là on avoit confulté qu'Averroës £ c’étoit-là qu'alloient fe brifer toutes les difputes des favans, Onle trouva dans la fuite 662 ART barbare; & lesoût étant devenu plus pur, kes-gens d’efprit chercherent un interprete plus poli & plus. élégant. Ils choifirent donc Alexandre , qui pañoit dans Le Lycée pour l'interprete le plus pur & le plus exa. Averroës & lui étoient fans difficulté les deux chefs du Péripatéticifme , & ils avoient contribué à jetter un grand éclat fur cette féête : mais leurs dog- mes fur la nature de l'ame n’étoient pas orthodoxes; car Alexandre la croyoit mortelle; Âverroës l’a- vouoit à la vérité immortelle , mais il n ’entendoit parler que d’une ame univerfelle , & à laquelle tous les hommes participent. Ces opinions étoient fort répandues du tems de S. Thomas, qui les réfuta avec force. La feûte d’Averroës prit le deflus en Italie. Léon X. fouveran pontife crut devoir arrêter le cours de ces deux opinions fi-contraires aux dogmes du chriftianifme. Il fit condamner comme impie la doûtrine d’Averroès dans le concile de Latran, quil avoit aflemblé, « Comme de nos jours, dit ce fouve- rain pontife, »ceux qui fement l’ivraie dans le champ » du Seigneur, ont répandu beaucoup d'erreurs, &en # particulier fur la nature de l’ame raïfonnable, difant » qu'elle eft mortelle ,ou qu’une feule & même ame » anime les corps de tous les hommes; ou que d’au- » tres, retenus un peu par l'Evangile, ont ofé avan- » cer qu'on pouvoit défendre ces fentimens dans la » philofophie feulemerit, croyant pouvoir faire un _ # partageentre la foi &r la raifon : Nous avons cru qu’il » étoit de notre vigilance paftorale d’arrêter le pro- » grès de ces erreurs, Nous les condamnons, le faint » concile approuvant notre cenfure , & nous définif- 5 {ons que l’ame raifonnable eft immortelle ; & que # chaque homme eft animé par une amé qui lui eft # propre, diftinguée individuellement des autres ; & # comme la vérité ne fauroit être oppofée à elle-mê- » me, nous défendons d’enfeisner quelque chofe de » contraire aux vérités de l'Evangile. » Les doteurs crurent que les foudres de léglife ne fufifoient pas pour faire abandonner aux favans ces opinions dan- gereufes. [ls leur oppoferent donc la philofophie de Platon, comme très-propre à remédier au mal; d’au- tres pour qui la philofophie d’Ariftote avoit beau- coup d’attraits,, & qui pourtant refpe@toient l’Evan- gile, voulurent la concilier avec celle de Platon. D’autres enfin adouciffoient les paroles d’Ariftote , & les phoient aux dogmes de la religion. Je crois qu'on ne fera pas fâché de trouver ici ceux qui fe üiftinguerent le plus dans ces fortes de difputes. Parmi les Grecs qui abandonnerent leur patrie, êt qui vinrent, pour ainfi-dire, tranfplanter les lettres en tale, Theodore Gaza fut un des plus célebres ; il étoit inftruit de tous les fentimens des différentes fec- tes de philofophie ; 11 étoit grand Medecin, profond Théologien , & furtout très-verfé dans les Belles-let- tres. Il étoit de Theffalonique : les armes viétorieu- Tes d'Amurat qui ravageoit tout lorient , le firent refugier en Italie. Le cardinal Beffarion le recüt avec amitié , & l’ordonna prêtre. Il traduifit Phiftoire des animaux d’Ariftote , & les problèmes de Theophraf- te fur les plantes. Ses tradu@tions lui plaïifoient tant, qu'il prétendoit avoir rendu en auffñ beau Latin Arif. tote , que ce philofophe avoit écrit lui- même en Grec. Quoiqu'il pafle pour un des meilleurs traduc- teurs, 1l faut avouer avec Erafme , qu’on remarque dans {on latin un tour grec, & qu'il fe montre un peu trop imbu des opinions de fon fiecle. Cofme de Médicis fe joignit au cardinal Beflarion, pour lui fai- re du bien.Comblé de leurs bienfaits, il auroit pù me- ner une vie agréable 8 commode : mais l’œconomie ne fut jamais fon défaut ; l’avidité de certains petits Grecs & des Brutiens ne lui laiffa jamais dequoï parer aux coups de la fortune. Il fut réduit à une extrè- me pauvreté ; &c ce fut alors que pour foulager fa miere , 1l traduit l’hiftoire des animaux , dont j'ai déja parlé. I la dédia à Sixte IV. Toutes [es cfpérañ= ces de fa fortune étoient fondées fur cette dédicace . mais 1l fut bien trompé ; car 1l n’en eut qu’un préfent d'environ cent piftoles. Il en conçût une fi grande indignation , &c fut fi outré que de f pémbles & f utiles travaux fuflent aufli mal payés, qu’il en jetta l'argent dans le Tibre. Il fe retira chez les Brutiens, où 1l feroit mort de faim , fi le duc de Ferrare ne lui avoit pas donné quelques fecours. Il mourut peu de tems après dévoré par le chagrin, laiffant un exem- ple mémorable des revers de la fortune. George de Trebizonde s’adonna , ainfi que Gaza, à la Philofophie des Péripatéticiens. Il étoit Crétois de naïflance , &z ne fe difoit de Trebizonde que par= ce qué c’étoit la patrie de fes ancêtres paternels, IE pafla en Italie pendant la tenue du concile de Flo- rence , & lorfqw’on traitoit de la réunion des Grecs. avec les Latins. Il fut d’abord à Venife, d’oùil paffa à Rome, & y enfeigna la Rhétorique & la Philofo- phie. Ce fut un des plus zélés défenfeurs de la Philo- {ophie péripatéticienne ; il ne pouvoit fouffrir tout ce qui y donnoit la moindre atteinte, Il écrivit avec beaucoup d’aigreur & de fiel contre ceux de fon tems qui fuivoient la Philofophie de Platon. Il s’at- tira par-là beaucoup d’ennemis, Nicolas V. fon pro- teéteur , défapprouva fa conduite, malgré la pente qu'il avoit pour la Philofophie d’Ariftote. Son plus redoutable adverfaire fut le cardinal Beflarion , qui prit la plume contre lui, & le réfuta fous le nom de calomniateur de Platon. I] eut pourtant une ennemi encore plus à craindre quele cardinal Beffarion ; ce. fut la mifere & la pauvreté : cette difpute , malheu- reufement pour lui, coupa tous les canaux par où lui venoient les vivres, La plume d’un favant , fielle. ne doit point être dirigée par les gens riches , doit au moins ne pas leur être defagréable : il faut d’a- bord affürer fa vie avant de philofopher ; fembla- bles en cela aux Affronomes, qui quand ils doivent éxtrèmement lever la tête pour obferver les aftres, affürent auparavant leurs piés, Il mourut ainf mar- tyr du Péripatéticifme. La poftérité lui pardonne plus aifément fes injures contre les Platoniciens de fon tems, que fon peu d’exaétitude dans fes traduc- tions. En effet, l'attention , l’érudition , & qui plus. éft, la bonne foi, manquent dans fes traduétions des lois de Platon, & de l’hiftoire des animaux d’Ariftote. Il prenoit même fouvent la liberté d’ajoûter au tex- , te , de le changer, ou d’omettre quelque chofe d’in- téreflant , comme on peut s’en convaincre par la traduétion qu'il nous a donnée d’Eufebe. On a pù voir jufqu'ici que les favans étoient par- tagés à la renaiflance des lettres entre Platon & Arif= tote. Les deux partis fe firent une cruelle guerre. Les feétateurs de Platon ne pürent fouffrir que leur mai- tre, le divin Platon, trouvât un rival dans Ariftote: ils penfoient que la feule barbarie avoit pù donner l'empire à fa Philofophie , & que depuis qu’un nou- veau jour luifoit fur le monde favänt , le Péripatéti- cifme devoit difparoïtre, Les Péripatéticiens de leur côté ne défendoient pas leur maître avec moins de zele : on fit des volumes de part & d’autre , où vous trouverez plus aifément des injures que de bonnes raifons ; enforte que fi dans certains vous changiez le nom des perfonnes, au lieu d’être contre Ariftote, vous le trouveriez contre Platon ; & cela parce que les injures font communes à toutes les fetes, & que les défenfeurs & les aggrefleurs ne peuvent différer entr’eux, que lorfqu’ils donnent des raïfons. Des Philofophes récens Ariflotélico-f[cholaftiques. Les difputes de ces favans atrabilaires, dont nous ve- nons de parler , n’apprenoient rien au monde : elles paroïfloient au contraire devoir le replonger dans la barbarie d’où il étoit forti depuis quelque tems. Plu- fieurs favans firent tous leurs efforts pour détourner ARI éeux qui -s’adonnoient à ces miférables fubtilités fcholaftiques , qui confiftent plus dans les mots que dans les chofes. Ils: développerent avec beaucoup d’art la vanité de cette méthode. Leurs leçons en corrigerent quelques-uns: mais il réftoit un certain levain qui fe fit {entir pendant long-tems. Quelques théologiens même gâterentleurs livres, en y mêlant de ces fortes de fubtilités à des bons raifonnemens ; qui font d’ailleurs connoître la folidité de leur ef- prit. Il arriva ce qui arrive tobjours ; on pale d’une extrémité à une autre : on voulut fe corriger de ne dire que des mots, & on voulut ne dire que des cho- fes,comme files chofes pouvoientfe dire clairement, fans fuivre une certaine méthode. C’eft l'extrémité où donna Luther ; il voulut bannir toute fcholafti- que de la Théologie. Jérome Angefte, dofteur de Paris, s’éleva contre lui, & lui démontra que ce n'étoit pas les fyllogifmes qui par eux-mêmes étoient mauvais, mais l’ufage qu’on en faifoit. Quelqu'un dira-t-il en effet que la méthode géométrique eft vi cieufe, & qu’il faut la bannir du monde, parce que Spinofa s’en eft fervi pour attaquer lexiftence du Dieu que la raifon avoue ? FautAl, parce que quel- ques théologiens ont abufé de la fcholaftique , la bannir? L'expérience, depuis Luther, nous a appris qu’on pouvoit s’en fervir utilement ; il pouvoït lur- même s’en convaincre en lifant S. Thomas. La dé- finition de l’Eglife a mis d’ailleurs cette queftion hors de difpute. Selon Bruker, cette définition de l’Egli- fe pour maintenir la Théologie fcholaftique , fit du tort à la bonne Philofophie ; 1l fe trouva par-là que tandis que dans toutes lesuniverfités qui n’obéiffoient plus à la cour de Rome, on diétoit une Philofophie raïfonnable , dans celles au contraire qui navoient ofé fecoüer le joug, la barbaïie y régnoit toüjours. Mais il faut être bien aveuglé par les préjugés pour penfer pareille chofe. Je croi que l’univerfité de Pa- ris a été la premiere à diéter la bonne Philofophie ; & pour remonter à la fource , n'eft-ce pas notre Defcartes qui le premier a marqué la route qui con- duit à la bonne Philofophie ? Quel changement fit donc Luther dans la Philofoplne ? il n’écrivit que fur des points de Théologie: Suffit-il d’être hérétique pour être bon philofophe ? Ne trouvons-nous pas tine bonne Philofophie dans les Mémoires de PAca- démie ? il n’y a pourtantrien que l’Eglife Romaine ne puifle avoüer. En un mot, les grands philofophes peuvent être très-bons catholiques. Defcartes, Gaf fendi, Varignon, Malbranche, Arnaud , & le cé- lebre Pafcal, prouvent cette vérité mieux que tou tes nosraifons. Si Luther & les Proteftans n’en veu lent précifément qu’à la Théologie fcholaftique, on va voir par ceux dont nous allons parler fi leur opr nion a le moindre fondement. À la tête des fcholaftiques, nous devrions mettre fans doute 5. Thomas & Pierre Lombard ; mais nous patlons d’un tems beaucoup plus récent : nous par- lons ici des fcholaftiques qui vivoient vers le tems de la célébration du concile de Trente. Dominique Soto fut un des plus célebres ; 1l na- quit en Efpagne de parens pauvres ; fa pauvreté re- tarda le progrès de fes études ; il fut étudier à Al- cala de Naris ; il eut pour maïtre le célebre Thomas de Villa-Nova; de-là il vint à Paris, où1l prit le bon- net de Doëteur ; il repañla en Efpagne & prit l’habit de S. Dominique à Burgos ; peu de tems après , il fuccéda à Thomas de $. Vi&or dans une chaire de profefieur à Salamanque : il s’acquit une f grande réputation, que Charles V, le députa au concile de Trente pour y aflifter en qualité de Théologien. La cour & la vüe des grands le fatiguerent ; la chaire de profeffeur avoit beaucoup plus d’attraits pour lui ; aufli revint-il en faire les fonétions, & il mourut peu de tems après. Outre les livres de Théologie qui le ARI 663 réndirent fi fameux, il donnä des cofmentaires fur Ariftote & fur Porphyre : il donna auffi en 7 livres un traité du Droit & dela Juftice , oùon trouve d’ex: cellentes chofes & des raifonnemens qui marquent un efprit très-fin ; il eut pour difciple François Folet; dont nous parlerons dans la fuite. .… François deS. Viétor vivoit à peu près vers le tems de Dominique Soto ; il naquit au pays des Canta- bres ; 1l fit fes études à Paris, où il prit aufli l’habit de S. Dominique ; on l’envoya profeffer la Théolo- gie à Salamanque, où 1l fe rendit très-célebre ; 1l ÿ compofa entre autres ouvrages, fes livres fur la puif fance civile & eccléfiaftique : plufieurs affürent qu'ils ont beaucoup fervi à Grotius pour faire fon droit de la guerre & de la paix; le vengeur de Grotius paroït lui-même en convenir, On trouve en effet beaucoup dervües dans cetraité, & beaucoup d'idées qui font fanalogues à certaines de Grotius , qu’il feroit diffi= cile qu'elles ne les euflent point occafionnées. _Bannés fut encore un des plus célebres Théolo: giens de l’univerfité de Salamanque ; il étoit fubtil ; & ne trouvoit pour l’ordinaire dans les peres de l'E- ghie, que ce qu'il avoit penfé auparavant ; deforte que tout paroïtloit fe plier à fes fentimens. Il foûte- noit de nouvelles opinions, croyant n’avoir d’autré mérite que de les avoir découvertes dans les Peres : prefque tout le monde le regarde comme le premier inventeur de la prémotion phyfique , excepté l’école de S. Thomas qui l’attribue à $. Thomas même : mais en vérité , je voudrois bien favoir pourquoi les Do- miniquains s’obftinent à refuier à Bannés le mérite de les exercer depuis long-tems. Si S. Thomas eft le premier inventeur de ia prémotion phyfique ,'elle n'en acquerra pas plus de certitude que fi c’étoit Ban- nés : ce ne font pas les hommes qui rendent les opi- mons bonnes , mais les rations dont ils les défendent; © quoi qu'en difent toutes les différentes écoles, les oprruons qu'elles défendent ne doivent leur origine ni à la tradition écrite ni à la tradition orale; il n’y en a pas une qui ne porte le nom de fon auteur , & par conféquent le cara@tere de nouveauté ; tous pour: tant vont chercher despreuves dansl’Ecriture &c dans les Peres,quin’ont jamais eu la premiere idée de leurs fentimens. Ce n’eft pas que je trouve mauvais qu'on parle de l’Ecriture dans ces queftions théologiques ; mais je voudrois feulement qu'on s’attachat à faire voir que ce qui eft dans l’Ecriture & dans les Peres ne s’oppofe nullement à la nouvelle opinion qu’on veut défendre. Il eft quite que ce qu’on défend ne eontredife point l’Ecriture &c les Peres ; & quand je dis les Peres ; je parle d'eux entant qu’ils conftatent la tradition, & non quant à leurs opinions particu- lieres ; parce qu’enfin je ne fuis pas obligé d’être pla- tonicien avec les premiers peres de l’Eglife. Toutes les écoles devroient dire: voici une nouvelle opinion qui peut être défendue, parce qu’elle ne contre- dit point l’Ecriture & les Peres ; & non perdre le tems à faire dire aux paflages ce qu'ils ne peuvent pas dire. Il feroit trop long de nommer ici tous les théologiens que l’ordre de S. Dominique a produits : tout le monde fait que de tout tems cet ordre a fait de la Théologie fa principale étude; &c en cela ils fuivent l’efprit de leur inflitution : car il eft certain que S. Dominique leur fondateur, étoit plus prédi- cateur controverfifte, que prédicateur de morale ; & ilne s’aflocia des compagnons que dans cette vüe. L'ordre de S. François a eu des fcholaîtiques fort célebres ; le premier de tous eft le fameux Scot, fur: nommé Le doiteur fubril. I faifoit confifter fon mérite À contredire en tout S. Thomas : on ne trouve chez lui que de vaines fubtilités, & une métaphyfique que tout homme de bon fens rejette ; 1l eft pourtant à la tête de l’école de S. François : Scot chez les Cor: deliers eft une autorité refpeétable; I y a plus : 4} CC4 ARI n’eft pas permis de penfer autrement que lui ; &j'ofe dire qu'un homme qui fauroit parfaitement tout ce qu'il a fait , ne fauroit rien. Qu'il me foit permis de faire quelque réflexion 1c1 fur cette manie qu'ont les différens ordres de défendre les fyflèmes que quel- qu’un de leur ordre a trouvés. Il faut être Thomuite chez les Jacobins, Scotifte dans l’ordre de S. Fran- çois ; Molinifte chez les Jéfuites. Il eft d’abord évi- dent que non-feulement cela retarde les progrès de la Théologie , mais même les arrête ; 1l n’eft pas poffi- ble de penfer mieux que Molina chez les Jéfuites , puifqu'il faut penfer comme lui. Quoi ! des gens qui fe moquent aujourd’hui de ce refpeét qu’on avoit autrefois pour les raifonnemens d’Aniftote, n’ofent pas parler autrement que Scot chez les uns, & que Molina chez les autres ? Mais homme pour hom- me, philofophe pour philofophe, Ariftote les valoit bien. Des gens qui fe piquent un peu de raifonner, ne devroient refpeéter que la foi, & ce que l’Eglife ordonne de refpetter, & du refte fe livrer à leur gé- nie. Croit-on que fi chez les Jéfuites on n’avoit point été gêné, quelqu'un n’eût pas trouvé un fentiment plus aifé à défendre que les fentimens de Molina ? Si les chefs des vieilles feétes de Philofophie dont on rit aujourd’hui, avoient été de quelque ordre, nous ver- rions encore leurs fentimens défendus.Graces à Dieu, ce qui regarde l’hydroftatique , hydraulique , & les autres fciences, n’a point été livré à l’efprit de corps & de fociété; car on attribueroit encore les effets de l’air à l'horreur du vuide. Il eft bien fingulier que depuis plus de cent-cinquante ans, ilfoit défendu dans des corps très-nombreux de penfer, & qu'il ne foit permis que de favoirles penfées d’un feul homme. Eft- 1l poffible que Scot ait aflez penfé pour meubler la tête de tous les Francifcains qui exifteront à jamais ? Je fuis bien éloigné de ce fentiment, moi qui crois que Scot n’a point penié du tout : Scot sâta donc l’ef- prit de tous ceux de fon ordre. Jean Ponfus profeffa la Théologie à Paris felon les fentimens de fon maï- tre Scot. Il eft inutile de peindre ceux qui fe font diflingués parmi les Francifcains, parce qu'ils font tous jettés au même moule ; ce font tous des Sco- tiftes. L'ordre de Citeaux a eu auffi fes Théologiens : Manriqués eft le plus illuftresque je leur connoiffe ; - ce qui le diftingue de la plüpart des Théologiens pu- rement {cholaftiques, c’eft qu’il avoit beaucoup d’ef prit, une éloquence qui charmoit tous ceux qui l’en- tendoïent. Philippe IV. l’appella auprès de lui; il fit beaucoup d'honneur à l’univerfité de Salamanque dont il étoit membre ; auffi l’en nommoit-on l’ Atlas : c’eft de lui que font les annales de Citeaux, & plu- fieurs ouvrages de Philofophie & de fcholaftique. L'ordre de Citeaux a produit aufli Jean Caramuel Lobkowitz ,un des efprits les plus finguliers qui ayent jamais paru. [ naquit à Madrid en 1607 ; dans fa plus tendre jeunefle fon efprit fe trahit; on découvrit ce qu’il étoit , & on put juger dès-lors ce que Caramuel feroit un jour. Dans un âge où rien ne peut nous fi- xer, il s’adonna entierement aux Mathématiques ; les problèmesles plus difficiles nele rebutoient point; & lorfque fes camarades étoient occupés à jouer, il méditoit , il étudioit une planete pour calculer fes révolutions. Ce qu’on dit de lui eft prefque in- croyable. Après fa Théologie il quitta l’Efpagne, &c pafla dans les Pays-Bas ; 1l y étonna tout le monde par fon favoir. Son efprit aif s’occupoit toüjours, &t toijouré de chofes nouvelles ; car la nouveauté avoit beaucoup de charmes pour lui. Sonrare mérite le fit entrer dans le confeil aulique ; mais Péclat dela cour ne l’éblouit pas. Il aimpit l’étude non précifé- ment pour s’avancer, mais pour le plaifir de favoir : auffi abandonna-til la cour ; ilfe retira à Bruges, & fitbientôt après fes vœux dans l’ordre de Citeaux. Te ARI. | Il alla enfuite à Louvain, oùil pafla Maître-ës-arts 4 &t en 1630 il y prit le bonnet de doëteur. Les études Otdinaires ne fufhioient pas à un homme comme Ca- ramuel; il apprit les langues orientales , 8 {ur-tout celle des Chinoïs; fon defir de favoir s’étendoit beau- coup plus que tout ce qu’on peut apprendre ; en um mot ; 1l avoit réfolu de devenir une encyclopédie vi vante. Il donna un ouvrage qui avoit pour titre a Théologie douteufe ; il y mit toutes les objeétions des athées & des impies ; ce livre rendit fa foi fufpeéte ; il alla à Rome pour fe juftifier ; il parla fi éloquem- ment, & fit paroître une fi vafte érudition devant le pape & tout le facré collége , que tout le monde en. fut comme interdit. Il auroit peut-être été honoré du chapeau de cardinal, siln’avoit pas parlé un peu trop Hbrement des vices qui régnoient à la cour de Rome : on le fit pourtant évêque, Son defir immo- déré de favoir fit tort à fon jugement ; & comme fur toutes les fciences 1l vouloit fe frayer de nouvelles routes , il donna dans beaucoup de travers ; fon ima- gination forte l’égaroit fouvent: il a écrit fur toutes lottes de matieres ; & ce qui arrive ordinairement, nous n'avons pas un feul bon ouvrage de lui : que ne faoit-1l deux petits volumes, & fa réputation auroit été plus aflürée ? La focièté des Jéfuites s’eft extrèmement diftin- guée fur la Théologie fcholaftique ; elle peut fe van- ter d’avoir eu les plus grands théologiens. Nous ne nous arrèterons pas long-tems {ureux, parce que s'ils ont eu de grands hommes, il y en a parmi eux qui ont été occupés à les louer. Cette fociété étend fes vües fur tout, & jamais Jéfuite de mérite n’a de- meuré inconnu. Vaïfqués eft un des plus fubtils qu'ils ayent jamais eu : à l’âge de vingt-cinq ans il enfeigna la Philofo- phie & la Théologie. Il fe fit admirer à Rome & par- tout où 1l ft connoitre la facilité de fon efprit; les grands talens dont la nature l’avoit doué paroifloient malgré lui : fa modeftie naturelle & celle de fon état n’empêcherent point qu’on ne le reconnût pour un grand homme : fa réputation étoit telle, qu’il n’ofoit point fe nommer de peur qu’on ne lui rendit trop d’honneurs; & on ne connoïfloit jamais fon nom 6 fon mérite que par le frere qui l’accompagnoit par- tout. | Suarez a mérité à jufte titre la réputation du plus grand fcholaftique qui ait jamais écrit. On trouve dans fes ouvrages une grande pénétration , beaucoup de juftefle , un profond favoir : quel dommage que ce géme ait été captivé par le fyftème adopté par la Société ! il a voulu en faire un, parce que fon efprit ne demandoit qu’à créer: mais ne pouvant s’éloigner du Molinifme , il n’a fait, pour ainfi dire, que don- ner un tour ingénieux à l’ancien fyftème. Arriaga , plus eftimé de fon tems qu’il ne méritoit de l’être , fut fucceflivement profefleur & chancelier de Puniverfité de Prague. Il fut député trois fois vers Urbain VIII. & Innocent X. il avoit plütôt l’ef- prit de chicane que de métaphyfique :'on ne trouve chez lui que des vétilles, prefque toljours difficiles parce qu’on ne les entend point ; peu de difficultés réelles : il a gâté beaucoup de jeunes gens auxquels il a donné cet efprit minutieux : plufieurs perdent leur tems à le lire. On ne peut pas dire de lui ce qu’on ditde beaucoup d'ouvrages , qu’on n’a rien appris en les lifant ; vous apprenez quelque chofe dans Ar- riaga, qui feroit capable de rendre gauche l’efprit le mieux fait & qui paroït avoir le plus de jufteffe. La Théologie fcholaftique eft fi liée avec la Phi- lofophie , qu'on croit d'ordinaire qu'elle a beau- coup contribué aux progrès de la Métaphyfique : fur- tout la bonne Morale a paru dans un nouveau jour; nos livres les plus communs fur la Morale, valent nueux que ceux du divin Platon; & Bayle a eu a on ‘fon dé reprocher aux Proteftans, de ce qu'ils blä- moient tant la Théologie {cholaftique. L’apologie de Bäyle en faveur de la Théologie icholaftique , eft Le méilleur trait qu'on puifle lancer contre les héréti- ques qui l’attaquent. Bayle, dira-t-on, a parlé ail- leurs contre cette méthode, & il a ri de la barbarie qui regne dans les écoles des Catholiques. On {e trompe : il eft permis de fe moquer de la barbarie de certains fcholaftiques , fans blâmer pour eela la Scholaftique en général. Je n’eftime point Arriaga, je ne le lirai pas; & je lirai Suarez avec plaifir dans certains endroits, & avec fruit prefque partout. On ne doit point faire retomber fur la méthode , ce qui ne doit être dit que de quelques particuliers qui s'en font {ervis. L. Des Philofophes qui ont fuivi la véritable philofophie d’Ariftote, On a déjà vù le Péripatétifme avoir un ri- val dans le Platonifme ; il étoit même vraiflemblablé que l’école de Platon grofliroit tous les jours des défer- teurs de celle d’Ariftote, parce que les fentimens du premier s'accordent beaucoup mieux avec le Chrif- tianifme. Il y avoit encore quelque chofe de plus en fa faveur, c’eft que prefque tous les Peres font Pla- toniciens, Cette raïfon n'eft pas bonne aujourd’hui , & je fai qu’en Philofophie les Peres ne doivent avoir aucune autorité : mais dans un tems où l’on traitoit la Philotophie comme la Théologie, c’eft-à-dire dans un tems où toutes les diiputes {e vuidoient par une autorités il eft certain que les Peres auroient dû beau- coup influer fur le choix qu'il y avoit à faire entre Platon & Arifiote. Ce dernier prévalut pourtant; &e dans le fiecle où Defcartes parut, on avoit une fi gran- de vénération pour les fentimens d’Ariftote, que l’é- vidence de toutes les raifons de Defcartes eurent beaucoup de peine à lui faire des partifans. Par la méthode qu’ofuivoit alors, il étoit impofhble qu'on {ortit de la barbarie ; on ne raïfonnoït pas pour dé- couvrir de nouvelles vérités ; on fe contentoit de {a- voir ce qu'Ariftote avoit penfé. On recherchoit le fens de fes livres auffi ferupuleufement que Les Chré- tiens cherchent à connoître le fens des Ecritures. Les Catholiques ne furent pas les feuls qi fuivirent Ari- tote ; il eut beaucoup de partifans parmi les Protef- tans, malgré les déclamations de Luther; c’eft qu’on aimoit mieux fuivre les fentimens d’Ariftote, que de n’en avoir aucun. Si Luther au lieu de déclamer con- tre Ariftote avoit donné une bonne philofophie , & qu'il eût ouvert une nouvelle route comme Deicar- tes, il auroit réufñ à faire abandonner Ariftote, parce qu’on ne fauroit détruire une opinion, fans lui en jubftituer une autre ; l’efprit ne veut rien perdre. Pierre Pomponace fut un des plus célebres Péripa- téticiens du feizieme fiecle; Mantoue étoit {a patrie. 11 étoit fi petit, qu'il tenoit plus du nain que d’un homme ordinaire : il fit {es études à Padoue : fes pro- grès dans la Philofophie furent f grands, qu’en peu de tems il fe trouva en état de l’enieigner aux autres. Il ouvrit donc une école à Padoue ; il expliquoit aux jeunes gens la véritable philofophie d’Ariftote , & la comparoit avec celle d’Averroës. Il s’acquit une . grande réputation, qui lui devint à charge par les ennemis qu’elle lui attira. Achillinus, profeffeur alors à Padoue, ne pût tenir contre tant d’éloges : fa bile favante & orgueilleufe s’alluma : il attaqua Pompo- nace, mais en pédant, & celui-ci lui répondit en homme poli : la douceutide fon caraëtere rangea tout lé monde de fon parti; car on ne marche pas volon- tiers fous les drapeaux d’un pédant. La viétoire lui refta donc, & Achillinus n’en remporta que la honte d’avoir voulu étouffer de gtands talens dans leur naiflance. Il faut avotier pouftant, que quoique les écrits de Pomponace fuflent élégans , eu égard aux écrits d’Achillinus, ils fe reflentent pourtant de la barbarie où l’on étoit ençore.. La guerre le força de Tome I, ARD Gé quitter Padoue, & de fe retirer à Bologne. Comme il profefloit précifément la même do@rine qu'Ariftote , & que ce philofophe paroît s'éloigner en quelques endroits de ce que la foi nous apprend , il s’attira la haine des zélés de fomtems. Tous Les frélons froqués chercherent à le piquoter, dit un auteur contempo- rain : mais il fe mit à l’abri de leur aiguillon, en prô- teftant qu’il fe foûmettoit au jugement de l’Eglife, & qu'il n’entendoit parler de la philofophie d’Ariftote que comme d’une chofe problématique, Il dévint fort riche, les uns difent par un triple mariage qu'il fit, & les autres, par {on feul favoir. Il mourut d’une réten- tion d'urine , âgé dé foixante & trois ans. Pomponace fut un vrai Pyrrhonien, & on peut dire qu'il deut d'autre dieu qu’Ariftote : il rioit de tout cé quil voyoit dans l'Évangile & dans les Ecrivains facrés : il tâchoit de répandre une certaine obfcurité fur tous les dogmes de laReligion chrétienne. Selon lui l’hom< me n’eft pas libre, ou Dieu ne connoît point les cho fes futures ; & n'entre en rien dans le cours des éve= nemens ; c'eft-à-dire que, felon lui, la Providence dés truit la liberté, ou que fi lon veut conferver la liberté, il faut nier la Providence, Je ne comprens pas com ment fes apologiftes ont prétendu qu'il ne foûtenoit cela qu’en philoiophe, &c qu’en qualité de Chrétien il croyoit tous les dogmes de notre religion.Qui ne voit la frivolité d’une pareille diftin&ion? On fent dans tous fes écrits le libertinage de fon efprit; il n'ya pref que point de vérité dans notre religion qu’il n'ait attas quée, L'opinion des Stoïciens fur un deftin aveugle lui paroît plus philofophique que la Providence des Chrétiens; en un mot {on impiëté fe montre partout, Il oppofe les Stoiciens aux Chrétiens, & 1l s’en faut bien qu’il fafle raifonner ces derniers aufli fortement que les premiers. Il n’admettoit pas comme les Stoi- ciens une néceflité intrinfeque ; ce n'eft pas, felon lui, par notre nature que nous {ommes néceflités , mais par un certain arrangement des chofes qui nous eft totalement étranger : il eft difficile pourtant dé {avoir précifément {on opinion là-deflus. Il trouve dans le fentiment des Péripatéticiens, des.Stoictens, & des Chrétiens, fur la prédeftination , des difficultés infurmontables : il conciut pourtant à nier la Provi= dence. On trouve toutes ces impiétes dans {on livre fur le deftin : il n’eft ni plus fage ni plus rafonnable dans fon livre fur les enchantemens. L’amour extra- . vagant qu'il avoit poux la philéfophie d’Ariftote le failoit donner dans des travers extraordinaires. Dans ce livre on trouve des -rêveries qui ne marquent pas une tête bien affürée ; nous allons en faire un extrait aflez détaillé. Cet ouvrage eft très-rare , & peut-être ne fera-t-on pas fâché de trouver ici fous {es yeux ce qu’on ne pourroit fe procurer que très= difficilement. Voici donc les propofitions de ce phi= lofophe. | 1°, Les démoris né connoïffent les chofes , mi par leur effence , ni par celle des chofes connues , ni par rien qui {oit diflingué des démons. 2°, Il n’y a que les fots qui attribuent à Dieu ou aux démons , les effets dont ils ne connoiffent pas les çaufes. | 3°, L'homme tient le milieu entre les chofes éter nelles & les chofes créées & corruptibles, d’où vient que les vertus & les vices ne fatrouvent point dans notre nature ; il s’y trouve feulement la femence des vertus & des vices. 4°. L’ame humaine eff soutes chofés, püifqw’elle reriferme & la fenfation & la perception. 5°. Quoique le fentiment & ce qui eft fenfble foient par l’aéte même dans l’ame feulement , {elori leur être fpirituel , & non felon leur être réel : rien n'empêche pourtant que les efpeces fpirituelles ne produifent elles-mêmes réellement les chofes dont ellés font les efpeces, fi agent en eft capable & fi le PppP ra 666 ART “patient eft bien difpofe. Pompüñace traite cet arti- cle fort au long, parce qu'il prétend démontrer par- à que la force de l'imagination eft telle qu'on peut lui attribuer les-effets extraordinaires qu’on raconte; tous les mouvemiens des cofps qui produtient des “phénomenes extraordinaires , il les attribue à l’ima- gination ; il en donne pour exemple les illufons , &c ce qui arrive aux femrnes enceintes. 6°, Quoique par les efpeces qui font recües dans lame & par les pañfions , il arrive des effets furpre- hans ; rien n'empêche qu'il n'arrive des effets {em- blables dans des corps étrangers ; car il eff certain qu'un patient étant difpofé au-dehors comme inté- fieurement, l’agent a aflez d’empire fur lui, pour produire les mêmes eflets. 79. Les démonsmeuvent immédiatement les corps d’un mouvement local : mais ils ne peuvent cauler immédiatement une altération dans les corps ; car l’altération {e fait par les corps naturels qiu {ont ap- pliqués par les démons aux corps qu'ils veulent alté- rer ; & cela en fecret ou ouvertement. Avec ces feuls principes, Pomponace fait fa démonftration. 8°. II fuit de-là qu'il eft arrivé beaucoup de chofes felon le cours ordinaire , par des caufesinconnues , & qu’on a regardées comme miracles, où comme les œuvtes des démons , tañdis qu’il n’en étoit rien. 9°. Il fuit de-là encore , ‘que s’il eft vrai ; comme difent des gens dignes de foi, qu'il y a des herbes, des pierres ou d’autres chofes propres à éloïgner la grê- le , la pluie & les vents , & qu'on puifle s’en fervir ; comme les hommes peuvent trouver cela naturelle- ment, puifque cela eff dans la nature , 1ls pourront donc faire cefler la grêle, arrèter là pluie lans mi- racle. ro°. De-là 11 conclut que plufieurs perfonnes ont Paflé pour magiciennes, & pour avoir un commerce avéc lé diable , tandis qu’elles croyotent peut-être avec Ariftote , qu'il n’y avoit pas de démons ; & que par la même raïfon, plufieurs ont pañlé pour faints, à caufe des chofes qu'ils opéroient , & n’étoient pourtant que des fcélérats. Que fi l’on objeéte qu'il ÿ en 4 qui font des fignes faints par eux-mêmes, com- fe le figne de‘la croix , &c que d’autres font le con- traire ; 1l répond que c’eft pour amufer le peuple, ñe pouvant croire que des perfonnes favantes ayent tant étudié pour augmenter le mal qui fe trouve dans le monde, Avec de tels principes, ce philofophe in- crédule renverfe aïfément tous les miracles, même ceux de Jefus-Chrift : mais pour ne pas paroître fans religion , & éviter par-là les pourfuites dangereufes ( car ilétoit en Italie ) il dit que s’il fe trouve dans l'ancien & dans le RP D des miracles de Jefus-Chrift ou de Moyfe, qu’on puifle attribuer à des caufes naturelles, mais qu'il y{oit dit que ce font des miracles , il faut le croire , à caufe de l'autorité de l’Eglife. Il s’objedte qu'il y a plufeurs effets qu'on nie fauroit attribuer à des caufes naturelles , comme la réfurreétion des morts , la vùe rendue aux aveu- gles : mais il répond que les hiftoires des payens nous apprennent que les démons ont fait des chofes fem- blables , & qu'ils ont fait fortir des morts de l’enfer, & les ont reproduits fur la terre , & qu’on a guéri des aveugles par la vertu de certaines herbes. Il vent dé- truire en chrétien ceSlréponfes : mais il Le fait d’une ianiere À faire connoître davantage fon incrédulité ; car il dit que ces réponfes font mauvaifes, parce que les Théolosiens l’afürent, & dans la fuite il marque un grand mépris pour Les Fhéologiens. Il ef furprénant,dit Pomponace, qu'un auffi grand philofophe qu’Ariftote n’eñt pas reconnu l’opération de Dieu ou des démons dans les faits qu’on cite, f cela avoit été réel. Cela jette un doute fur cette quef- tion ; on fent que Pomponace groflit la difficulté le Plus qu'il peut, Il en fait un monftre, & fa réponfe ne . ARI fert qu’à confirmer de plus en plus Pimpiété de cé’ philoiophe : il apporte la raïon pourquoi Ariftote a nié l’exiftence des démons; parce que , dit-il, on ne trouve aucune preuve de ces folies dans les chofes fenfibles ; & que d’ailleurs, elles font cppolées aux chofes naturelles. Et comme on allegue une infinité d'exemples de chofes opérées parles démons ; après avoir protefté que ce n’eft que felon le fentiment d’A- riftote , qu’il va parler, & non felon le fien, 1l dit premierement, que Dieu eft la caufe univerfelle des chofes matérielles & immatérielles, non-feule- ment efhciente , mais encore finale , exemplaire & formelle ; en un mot , l’archetype du monde, 20, De toutes les choles corporelles créées & corruptibles, l'homme eft la plus noble. 3°, Dans la nature il ya des hommes qui dépendent les uns des autres, afin de s’aider. 4°. Cela {e pratique différemment , felon le degré de dépendance, $°, Quoique Dieu foit la caufe de tout, felon Ariftote , il ne peut pourtant rien opérer fur la terre & fur ce qui l’environne ; que par la médiation des corps céleftes; ils font fes inftrumens néceffaires :d’où Pomponace conclut qu’on pent trou- ver dans le ciel explication de tout ce qui arrive fur la terre. Il y a des hommes qui connoïflent mieux ces chofes que d’autres, foit par l’étude, foit par l’expé- rience ; & ces hommes-là font regardés par le vul- gaire, ou comme des faints, ou comme des. magt- ciens. Avec cela Pomponace entreprend de répondre à tout ce qu’on lui oppofe de furnaturel ; cette fuite de propofitions fait aflez connoître que ce n’eft pas fans fondement que Pomponace eft äccuié de lim- piété des Peripatéticiens : voici encore comme äl s'explique dans les propofitions fuivantes. Dieu connoît toutes chofes , {oïi-même dans {on eflence , & les créatures dans fa toute-puiflance: Dieu & les efprits ne peuvent agillur les corps ; parce qu’un nouveau mouvement ne fauroit provenir d’une caufe immobile que par la médiation de l'an cien mouvement. Dieu & les efprits meuvent done lentendement & la volonté comme premiers moteurs, mais non fans l'intervention des corps céleftes. | La volonté eften partie matérielle , parce qu’elle ne peut agir fans les corps ; & en partie immatériel- le, parce qu’elle produit quelque chofe qui eft au deflus des corps ; car elle peut choïfir ; elle eft libre, Les ptophetes font difpolés par leur nature & les principes de leur génération , quoique d’une façon éloignée, à recevoir les impreflions de l’efprit divin: mais la caufe formelle de la connoïffance des chofes futures leur vient des corps céleftes. T'els furent El fée, Daniel, Jofeph, & tous les devins des Gentils. Dieu eft la caufe de tout : voilà pourquoi ileft la fource des prophéties. Mais il s’accommode à la dif- pofition de celui qu’il infpire , & à l’arrangement des corps céleftes : or l’ordre des cieux varie perpétuel lement. , La fanté rendue à un malade miraculeufement ; vient de l’imagination du malade ; c’eft pourquoi fi des os réputés être d’un faint, étoient ceux d’un chien , le malade n’en feroit pas moins guéri : 1l arrive même fouvent que Les reliques qui operent le plus de prodiges , ne font que les triftes débris d’un homme dont l’ame brûle en enfer. La guérifon vient aufli quelquefois d’une difpofition particuliere du malade. ” Les prieres faites avec ardeur pour demander [a pluie ont eu fouvent leur effet, par la force de l’ima- gination de ceux qui la demandoient ; car les vents &c les élémens ont ue certaine analogie, une cer= taine fympathie avec un tel degré d'imagination , & ils lui obéiffent, Voilà pourquoi les prieres n’operent point , qu’elles ne partent du fond du cœur, & qu el. les ne foient ferventes, | Suivañt ce fentiment , il n’eft pas incroyable qu'un homme né fous une telle conftellation, puif- fe commander aux vents & à la mer, chaffer les de- mons , & opérer en un mot toutes fortes de prodi- ges: Nier que Dieu 8r les efprits foient caufe de tous les maux phyfques qui arrivent , c’eft renverfer lor- dre qui confifte dans la diverfite. Comme Dieu ni les corps céleftes ne peuvent for- cer la volonté à fe porter vers un objet ; auffi ne peui- vent-ils pas être la caufe du mal moral. Certaines difpoñitions des corps influent pourtant fur le mal moral :-mais alors 1l cefle d’être mal mo- ral , & devient vice de nature. Les Aftrologues difent toûjours des chofés confor-. mes à la raifon & au bon fens : l’homme par la force de ce qu’il renferme , peut être changé en loup ; en pourceau, prendre en un mot toutes fortes de for- mes: +. Tout ce qui commence doit avoir une fin ; il n’eft donc pas furprenant que les oracles ayent celle. L'ancienne loi, felon ordre , demandoit des ora- cles: la nouvelle n’en veut point, parce que c’eft un autre arrangement ; il falloit faire contraéter d’au- tres habitudes, | Comme il eft fort difficile de quitfer une ancienne habitude pour en prendre une nouvelle , il s'enfuit que les miracles étoient néceffaires pour faire adop- ter la nouvelle loi, & abandonner l’ancienne. Lorfque l'ordre des cieux commencera à changer, tout changera ici bas : nous voyons que les muira- cles furent d’abord foibles , & la religion auffi ; les miracles devinrent plus furprenans , la religion s’ac- crut ; les miracles ont ceflé, la religion diminue : tel eft l’ordre des cieux; il varie &cil variera fi fort , que -cette religion ceffera de convenir aux hommes, Moyfe a fait des miracles , les payens auf, avec eux Mahomet & Jefus-Chrift. Cela eft néceffaire, parce qu'il ne fauroit y avoir de changement confi- dérable dans le monde, fans le fecours des miracles. La nature du miracle ne conffte pas en ce qu'il eft hors de la fphere des chofes ordinaires, mais en ce que c’eft un effet rare, dont on ne connoit pas la caufe , quoiqu’elle fe trouve réellement dans la na- ture. bag 4° Voilà l’impiété de Pomponace dans fon éntier ; il croit l’adoucir, en difant que Jefus-Chrift doit être préferé à Ariftote & à Platon. «Et quoique , dit-il, » tous les miracles qui font arrivés puiflent s’expli- # quer naturellement, ilfaut pourtant croire qu'ils ont s été faits furnaturellement en faveur de la religion, _» parce que l’Eplife veutqu'onle croye».Ilavoitpour maxime de parler comme le vulgaire , & de penfer comme un philofophe ; c’eft-à-dire , qu'il étoit chre- tien de bouche, & impie dans le cœur. « Je parle, dit-il, » en un endroit pour des philofophes qui font les » {euls hommes qui foient fur la terre ; car pour les #autres, je Les regarde comme de fimples figures pro- » pres à remplir les vuides qui fe trouvent dans l’uni- » vers». Qu’eft-il befoin de réfuter ce qu’on vient de lire ? ne fuffit-il point de l’avoir mis fous les yeux ? Pomponace eut plufieurs difciples, parmi lefquels fe rouve Hercule de Gonzague , qui fut cardinal dans la fuite , & qui eut tant d’eftime pour fon maitre, qu'il le fit inhumer dans le tombeau de fes ancêtres. Il paroït par une lettre de Jules Scaliger, qu'il a été difciple de Pomponace. Auguftin Niphus fut l’adverfaire le plus redouta- ble de Pomponace : ce fut un des plus célebres Pe- ripatéticiens de fon fiecle. Il naquit dans la Calabre, quoique plufeurs layent cru Suïfle. Il eft vrai que Niphus lui-même donne occafion à cette erreur ; car il fe difoit Swufle , parce qu'il avoit vécu long-tems dans ce pays-là , & qu'il s’y étoit marié, Son pere Tome L s ‘ ART 66 fe remaria après avoir pérdu la mere de Niphus : fa marâtre étoit cruelle & injuite ; elle poufa fa hainé fi loin, que Niphus, quoique fort jeune, fut obligé d’abandonner la maïfon de fon pere. Il s'enfuit à Naples, où il eut le bonheur de rencontrer un Suifle à qui il plut : il le regarda comme un de fes enfans & lui donna la même éducation. On l’envoya fairé fes études à Padoue ; 1l y étudia la Philofophie des Péripatéticiens , & s’adonna à [a Medecine. Selon la coûtume de ce tems-là dans l'Italie, ceux quin’em- brafloient pas l’état ecclefiaftique , joisnoient étude de la Medecine à l'étude de la Philofophie : c’eft pourquoi Niphus fut dans fon fiecle aufi bon Mede- cin que célebre Philofophe. Il avoit eu pour maître un Péripatéticien fort attaché aux opintons d’Aver: roës, fur-tout à celle de l’exiftence d’une feule ame: il avoit apporté tant d’argumens pour proriver cé fentiment , que le peuple & les petits philofophes Padopterent avec lui ; de forte que cette opinion fe répandit dans toute l’Italie.Il ayoitencore enchéri fu Averroës ; 1l foütenoit entr’autres chofes, qu'il n’y avoit d’autres fubftances immatérielles que celles qui faifoient mouvoir les fpheres céleftes. Niphus n’exa: mina point dans la fuite fi. ce que fon maître lui avoit appris étoit bien fondé ; il ne chercha que les moyens les plus propres à bien défendre les opimons de ce maître, Îl écrivit dans ce deflein fon livre de l’enten- dement & des démons. Cet ouvrage fit beaucoup de bruit : les moines fe récrierent hautement fur les erreurs qu'il contenoit : ils exciterent contre lui une fi violente tempête , qu'il eut toute les peines du monde à ne pas faire naufrage. Cela lé rendit plus fage & plus prudent dans la fuite. Il enfeigna la Phi: lofophie dans les plus célebres Académies de l’Italie, & où Achillinus & Pomponace étoient en grande réputation; comme à Pile , Bologne, Salerne , Pa- doue , & enfin à Rome, dans le collége dela Sapien: ce. Niphus nous affüre que la ville de Bologne &c celle de Venife lui avoient offert mille écus d’or par an pour profefler la Philofophie dans leur ville. La maifon de Medicis le protégea beaucoup , & en par- ticulier Léon X. qui le combla de biens & d’hon- neurs. Il lui ordonna de réfuter le livre de Pompo- nace fur l’immortalité de lame, & de lui prouver que l’immortalité de l’ame n’étoit pas contraire aux fentimens d’Ariftote ; ce que Pomponace prétendoit, C’eft ainfi que la barbarie du fiecle rendoit mauvai- fes les meilleures caufes. Par la façon ridicule de ré- futer Pomponace, ce philofophe fe trouvoit avoir raifon : car il eft certain qu'Ariftote ne croyoiït pas l’immortalité de l’ame. Si Niphus s’étoit attaché à prouver que l’ame étoit immortelle, il auroit fait voir que Pomponace avoit tort, avec Aniftote, fon maître &c{on guide. Niphus eut beaucoup d’adverfaires,par- ce quePomponace avoit beaucoup de difciples. Tous ces écrits contre lui n’empêcherent pas qu'il ne fût fort agréable à Charles V. & même aux femmes de fa cour ; car ce philofophe , quoiqw’affez laid , avoit pourtant fi bien dépouiller la rudeffe philofophique, & prendre les airs de la cour , qu'il étoit regardé comme un des hommes les plus aimables, Il contoit agréablement, & avoit une imagination qui le fer- voit bien dans la converfation. Sa voix étoit fonore; il aimoit les femmes, & beaucoup plus qu’ilne con- venoit à un philofophe: il pouffa quelquefois les aventures.fi loin, qu'il s’en ft méprifer, & rifqua. quelque chofe de plus. Bayle, comme on fent bien, s'étend beaucoup fur cet article ; il le fuit dans tou- tes fes aventures, où nous croyons devoir le laif- {er. Nous ne faurions trop nous élever contre fes mœurs, & contre {a fureur de railler indiftinétement tout le monde , fur quelque matiere que ce fût. Il y a beaucoup de traits obfcenes dans fes ouvrages. Le public fe vange ordinairement ; il y a fort peu de Ppppi 668 ARI perfonnes fur qui on fafle des contés auffi plaifans que fur Niphus. Dans certains écrits on dit qu'il de- vint fou: mais nous ne devons pas faire plus de cas de ces hiftoriettes que des fiennes. On peut afltrer feule- ment que c’étoit un homme de beaucoup d’efprit ; ‘on le voit aïément dans {es ouvrages. Il a fait des commentaires {ur preique tous les livres d’Ariftote qui regardent la Piloiophie : c’eft même ce qu'ila fait de mieux; car ce qu'il a écrit {ur la Morale n’eft pas, à beaucoup près, bon. Son grand defaut étoit la diffufion ; loriqu'il a une idée , il ne la quitte pas qu'il ne vous l’ait préfentée de toutes les façons. Parmi les dermers phiiolophes qui ont fuivi le pur Péripatétime, Jacques Zaborella a été un des plus fameux. Il naquit à Padoue en 1533, d’une famille illuftre. L’efprit de ceux qui doivent faire un jour du bruit {e développe de bonne heure, Au milieu des fautes & des mauvaïles choles que fait un jeune homme, on découvre quelques traits de géme, s’il eft deitiné un jour à éclairer le monde. T'el fut Za- boreila : il joignoit à une grande facilité un defir infa- tiable de iavoir. Il auroit voulu pofléder toutes les £ciences , &c les épuiter toutes. Il s’efcrima de bonne heure dans le Péripatétifme ; car c’étoit alors le zec plus ultra des phulotophes. Il s’appliqua fur-tout aux Mathématiques & à l’Aftrologie, dans laquelle il fit de grands progrès. Le fenat de Venife l’eftima fi fort, qu'il le fit fuccéder à Bernard Tomitanus. Sa réputa- tion ne fut point concentrée dans l'Italie feulement. Sigimond , alors roi de Pologne, lui offrit des avan- tages fi confidérables pour aller profeffer en Polo- gne, qu'il fe détermina à quitter fa patrie, & à fa. tisfaire aux defirs de Sisimond. Il a écrit plufieurs ouvrages qui lui donneroient une grande réputation, f. nous étions encore dans la barbarie de ce tems-là : mais le nouveau jour qui luitfur le monde littéraire , obfcurcit l'éclat que jettoient alors ces fortes de li- vres. Les Piccolominis ne doivent point être oubliés ici. Cette maïlon eft aufü illuftre par les favans qu’elle a produits, que par fonancienneté. Les parens d’Ale- xandre Piccolomini ayanthérité de leurs ancêtres l’a- mour des fciences,voulurentle tranfmettre à leur fils: pour cela ils Îui donnerent toute forte de maitres , &c les plus habiles, Ils ne penfoient pas comme on penfe aujourd’hui : la vanité fait donner des précepteurs & desgouverneurs aux enfans; il fufñt qu'on en aitun , onnes’embarrafle guere s’il eft propre à donner l’édu- cation convenable ; on ne demande point s'il fait ce qu'il doit apprendre à fon éleve; on veut feulement qu'il ne foit pas cher. Je fuis perfuadé que cette fa- çon de penfer a caufé la chûüte de plufieurs grandes maïfons, Un jeune homme mal élevé donne dans toute forte de travers, & fe ruine ; &c s’il ne donne pas dans des travers , ilne fait pas pour s’avancer ce qu'il auroit pà faire s'il avoit eu une meilleure édu- cation, On dit que les inclinations du Duc de Bour- gogne n’étoient pas tournées naturellement au bien : que ne fit donc pas éducation que lui donna le grand Fenelon, pufqu’il en fit un prince que la France pleu- rera toùjours? Pourreyenir à AlexandrePiccolomini, il fit avec de tels maîtres des progrès extraordinaires. Je croi que ce qu'on dit de lui tient un peu de l’exa- gération , & que la flatterie y a eu un peu de part: il eft pourtant vrai qu'il fut un des plus habiles hom- mes de fon tems : la douceur de fes mœurs, & fon urbanité, digne du tems d’Augufte, lui firent autant d'amis , que fon favoir lui avoit attiré d’admirateurs. Il n’eut pas feulement le mérite philofophique, on lui trouva le mérite épifcopal ; 1l fut élevé à cette di- gnité , & fut enfuite fait co-adjuteur de PArchevêque de Sienne. Il vieillit eftimé &c refpeété de tout le mon- de. Il mourut en 1578 , regretté de tous les favans & de tous fes diocefains, dont il avoit êté le pere. ART Où ne fauroit comprendre l'amour qu’il avoit pouf les ouvrages d’Aritote ; il les lioit mnt & jour, & y _trouvoit toüjours un nouveau plait. On a raïfon de dire qu’il faut que la pañion & le préjugés’en mêlent; car 1! eft certain que dans quelques ouvrages d’A- ritote, les plaïfirs qu’un homme d’efprit peut goù- ter {ont bientôt épuiiés, Alexandre Piccolomini a été le premier qui ait écrit la Philofophie en langue vul- gare : cela lui attira les reproches de plufeurs fa- vans, qui crurent la Philofophie d’Ariftote propha: née. À peine ces fuperfütieux ofoient-il l'écrire en Latin ; à les entendre , le Grec feul étoit digne de renfermer de fi. grandes beautés. Que diroient-ils aujourd’hui s'ils revenoient ? Notre Philofophie les urprendroit bien; 1ls verroient que les plus petits écoliers fe moquent des opinions qu’ils ont tant ref- peëtées. Comment fe peut-il faire que les hommes , qui aiment naturellement l'indépendance , aient flé- chi le genou fi long-tems devant Ariftote ? C’eft un problème qui mériteroit la plume d’un homme d’ef- prit pour le réfoudre : cela me furprend d’autant plus, qu'on écrivoit déjà contre la religion, La révé- lation génoit ; on ne vouloit pas captiver fon efprit {ous les Prophetes, ious les Evangelftes , fous faint Paul : {es Epitres pourtant contiennent une meilleure Philofophie que celle d’Ariftote. Je ne fuis pas fur- pris de voir aujourd’hui des incrédules : Defcartes à appris à n’admettre rien qui ne foit prouvé très-clai- rement. Ce philofophe , qui connoutloit Le prix de la foümiffion , la refuia à tous les philofophes anciens. L'intérêt ne le gwidoit pas; car , par ies principes, on a cru ne devoir le fuivre que lorfque ies raitons étoient bonnes. Je conçois comment on a étendu cet examen à toutes chofes, même jufqu’à la religion: mais que dans un tems où tout en Pnilofophie te ju- geoit par autorité, on examinât la religion, voilà ce qui eft extraordinaire, François Piccolomini fut encote un de ceux qui #- rent honneur à la Philofophie péripatéticienne.Il {em- ble quefonefpritvouloit {ortir des entravesotil étoit, L'autorité d’Ariftote ne hui fufhfoit pas: il ofa auf penfer comme Platon ; ce qui lui attira fur les bras le fougueux Zaborella. Leur difpute fut finguliere ; ce n’étoit point fur les principes de la Morale qu'ils dif. putoient , mais fur la façon de latraiter. Pic colomint vouloit qu’on la traitèt fynthétiquement ; c’eftä-dire, qu’on partit des principes pour arriver aux conclu: fions. Zaborella difoit qu’à la vérité dans l’ordre de la nature on procédoit ainfi, mais qu'il n’en étoit pas de même de nos connoïfflances ; qu'il falloit com: mencer par les effets pour arriver aux caufes ; & tou- te fon attention étoit à démontrer qu’Ariftote avoit penfé ainfi; croyant bien avoir terminé la difpute s’il venoit à bout de le démontrer: mais il fe trom- poit. Lorfque Piccolomini étoit battu par Ariftote, il 1e réfugioit chez Platon. Zaborella ne daignoit pas même l’y attaquer ; il auroit crû manquer au refpeét dû à fon maitre, en lui donnant un rival, Piccolomi- ni voulut accorder ces deux philofophes enfemble ; il croyoit que leurs principes étoient les mêmes, & que par conféquent 1ls devoient s’accorder dans les con- clufions. Les zélateurs d’Ariftote improuverent cette conduite ; ils vouloient que leur maître füt le feul de Pantiquité qui eût bien pente. Il mourut âgé de qua- tre-vingts-quatre ans. Les larmes qui furent verfées à fa fépulture,, font l’orailon funebre la plus éloquente qu'on puifle faire de lui; car les hommesn’en aiment pas un autre précifément pour festalens ; fi le cœur lui manque, ils fe bornent à eftimer l’efprit, Fran- çois Piccolomim mérita leflime & l’amitié de tous fes citoyens. Nous avons de lui un commentaire fur les livres d’Ariftote qui traitent du ciel , & fur ceux qui traitent de l’origine & de la mort de Pame ; um {yftème de Philofophie naturelle & morale , qui pa= ART tut fous ce titre : a Science parfaire 6 philofophique de toute La nature, difribuée en cinq parties. Les grands étudioient alors la Philofophie, quoi- _gw’elle ne fût pas, à beaucoup près , agréable qu’au jourd’hui. Cyriaque Strozzi fut du nombre: 1l étoit de l’illuftre maïifon de ce nom chez les Florentins: Après une éducation digne de fa haute naïffance , il crut néceflaire pour fa perfetion, de voyager dans les différentes parties de l’Europe. Il ne le fit point en homme qui voyage précifément pour s’amufer: Toute l’Europe devint un cabinet pour lui ; où1l tra: vailloit autant & avec plus de fruit que certains fa: vans qui croiroient perdre leur tems s'ils voyoient quelquefois le jour. De retour dans fa patrie, onle nomma profefleur ; cat les grands ne fe croyoient pas alors deshonorés en prouvant qu'ils en fa- voient plus que les autres. Il fut enfuite profeffeur à Bologne , d’où il fut transfère à Pife ; par-tout il foù- tint fa réputation qui étoit fort grande. Il entreprit de donner au public le neuvieme & le dixieme livre de la politique d’Ariftote qui font perdus. Ils ne font peut-être pas de la force de ceux qui font fortis de la plume d’Ariftote : mais on peut dire qu'il y a de la finefle dans fes réflexions , de la profondeur dans fes vües, & de l’efprit femé dans tout fon livre. Or dans ce tems-là l’efprit étoit beaucoup.plus fare que le fa- voir; & je fuis perfuadé que tels qui brilloient alors, ne pourroient pas écrire deux lignes aujourd’hui ; 1l faut allier la fcience avec lefprit. André Cæfalpin 8 Céfar Cremonin fe rendirent fort illuftres dans leur fiecle.Il eft aifé de fixer les yeux de tout le monde fur foi-même , en écrivant contre la religion, & fur-tout lorfqu’on écrit avec efprit ; on voit que tout le monde s’emprefle à acheter ces li- vres ; on diroït que les hommes veulent fe vanger de la gêne où les tient la religion, & qu’on eft bien-äife de voir attaquer des préceptes qui font les ennemis de toutes les pañffions de l'homme, Cæfalpin paña pour impie, & non fans raïfon : jamais perfonne n’a fait moins de cas des vérités révélées. Après les étu- des ordinaires , il prit la réfolution de devenir habile dans la Medecine & dans la philofophie d’Ariftote. Son génie perçant & facile lui fit faire des progrès rapides dans ces deux fciences. Sa vafte érudition couvrit un peu la tache d’impiété dont 1l étoit accu- {é ; car le pape Clément VIÏL. Le fit fon premier Me- decin , & lui donna une chaire dè Médecine au col- lége de Sapience : ce fut là qu'il fit connoître toute fa fagacité. Îl fe fit un grand nom par les différens ou- vrages qu'il donna, & fur-tout par la découverte de la circulation du fang; car il paroït en cela avoir pré- venu Harvei. La juftice demande que nous rappor- tions fur quoi l’on fe fonde pour difputer à Harvet la gloire de cette découverte. Voicicomme parle Cæ- alpin : Zdcirco pulmo pervenam arteriis fimilemex dextro cordis ventriculo fervidum hauriens fanguinem,eumqueper anaffomofim arteriæ venali reddens que in firifirum cor- dis ventriculum rendit , tranfmiffo interim aere frigido per afperæ arteriæ canales , qui juxta arteriarn venalem protenduntur, non tamen ofculis communicantes , ut pu- cavit Galenus, folo tattu temperat. Huic fanguinis circu- lationi ex dextro cordis ventriculo per pulmones in finif- sum ejufdem ventriculum | optime refpondent ea que in diffettione apparent : nam duo funt vafa in dextrum ven- zriculum definentia , duo etiam in feniftrum ; duorum au- em uni intromittit tant , alterum educit , membra= ais eo ingenio confhruris. Je laïfle aux Medecins à ju- ger fi ces paroles ne prouvent pas que Cæfalpin a connu la circulation du fang. La philofophie eft ce qui nous intérefle le plus dans la perfonne de Cæfal- pin ; puifque c’eft ici de la philofophie feulement qu'il s’apit. [l s’étoit propofé de fuivre Arifiote à la rigueur; aucun commentateur n’étoit une autorité fufifante pour lui, Heureux sl avoit pù fecotier celle d’Arif ARI 669 toté même! mais il étoit donné À la France de pro: duire ce génie, qui devoit tirer d’efclavage tous les efprits du monde. Lorfqu'il trouvoit quelque chofé dans Ariftote qui lui paroïfloit contraire aux dogmes de la Religion chrétienne , cela ne larrêtoit point : il pourfuivoit toûjours fon chemin, & laïfloit aux Théo: logiens à fe tirer de ce mauvais pas. Il paroît même qu'il a prévenu Spinofa dans plufieurs de fes principes impies : c’eft ce qu’on peut voir dans fes queftions pé- tipatéticiennes fur les premiers principes de la Philo+ {ophie naturelle, Non-feulement il a fuivi les impié: tés d’Ariftote ; mais on peut dire de plus qu'il a beau coup enchéri fur ce philofophe. Voilà pourquoi plu: fieurs perfonnes diftinguées dans leur fiecle par leur mérite, l’ont accufé d’athéifime. Nous allons dire en peu de mots ce qui doit être repris dans Cæfalpin. Il faut auparavant fe rappeller ce que nous avons dit fur le fyflème de la phyfologie d’Ariftote; cat fans cela il feroit difficile de nous fuivre. Pour mieux . faire avaler le poifon , il prenoit fn paflage d’Arif tote, &c l’interprétoit à fa facon, lui faifant dire ce qu'il vouloit; de forte qu'il prêtoit fouvent à ce phi- lofophe ce qu’il avoit jamais penfé. On ne peut liré fans horreur ce qu’il ditde Dieu & de l’ame humai- ne; car il a furpañlé en cela les impictés & les folies d’Averroës. Selon Cæfalpin il n’y a qu’une ame dans le monde, qui anime tous les corps & Dieu même; il paroït même qu'il n’admettoit qu’une feule fub{> tance : cette ame, felon lui , eft le Dieu que nous adorons ; & fi on lui demande ce que font les hom- mes, 1l vous dira qu'ils entrent dans la compofition ‘de cette ame. Comme Dieu eftun & fimple ( car tout cela fe trouve réuni dans cette doétrine } il ne fe com: prend que lui-même ; il n’a aucune relation avec les chofes extérieures , & par conféquent point de Pro: vidence. Voila les fruits de la philofophie d’Ariftote , en partie, ileft vrai, mal entendue , & en partie non corrigée. Car Ariftote ayant enfeigné que toutes chofes partoient de la matiere, Cæfalpin en con- clut qu'il n’y avoit qu’une fubftance fpirituelle, Et comme 1l voyoit qu'il y avoit plufeuts corps animés , il prétendit que c’étoit une partie de cet- te ame qui amimoit chaque corps en particulier. Il fe fervoit de cet axiome d’Ariflote, quod in fe opti- um, Ld fe ipfum intelligere, pour nier la providence. Dans la Phyfique 1l eft encore rempli d’erreurs. Selon lui, il n’y a aucune différence entre la modification & la fubftance : & ce qu'il y a de fingulier, il veut qu'on définifle la matiere & les différens corps, par les différens accidens &c les qualités qui les affe@tent, Il eft fans doute dans tout cela plein de contradiétions : mais on ne fauroit lui refufer d’avoir défendu quel- ques-unes de fes propofitions avec beaucoup de {ub: tilité & fort ingénieufement. On ne fauroit trop dé- plorer qu’un tel génie fe foit occupé toute fa vie à des chofes fi inutiles. S'il avoit entrevû le vrai , quels pro: grès n’auroit-il point fait? Prefque tous lés favans, comme J'ai déja remarqué, reprochent le Spinofifme à Cæfalpin : 1l faut pourtant avotüer qu’il y a quelque différence effentielle entre lui & ce célebre impie. La fubftance unique dans les principes de Cæfalpin , ne regardoit que l’ame ; & dans les principes de Spino- fa , elle comprend auf la matiere : mais qu'importe à l'opinion de Cæfalpin ne détruit pas moins la nature de Dieu, que cellede Spinofa. Selon Cæfalpin, Dieu eft la fubftance du monde , c’eft lui quile conititue , &c 1l n’eft pas dans le monde. Quelle abfurdité ! il confidéroit Dieu par rapport au monde, comme une poule qui couve des œufs. Il n’y a pas plus d’adion du côté de Dieu pour faire aller le monde , qu'ily en a du côté de cette poule pour faire éclorre ces œufs : comme il eftimpofhble , dit-il ailleurs , qu'une puif- fance foit fans fujet , auffi eft-il impoñfible de trouver un efprit fans corps. Il eft rempli de pareilles abfur- dités qu'il ferçit fuperilu de rapporter, Es 070 ARI … Crérnonin fut un impie dans le goût de Cæfalpin ; eur impicté étoit formée fur le même modele , c’eft-à-dire fur Ariftote.Ces efpeces de philofophesine pouvoient pas s’imaginer qu'il füt poffible qu’Arif tote fe fût trompé en quelque chofe ; tout ce que ce philofophe leur m aître avoit prononcé , leur paroifloit trréfragable : voilà pourquoi tous ceux qui faïfoient profeflion de de fuivre à larigueur , nioient l’immorta- lité de l’ame & la Providence ; ilsne croyoient pas de- voir profiter des lumieres que la Religion chrétienne “avoit répandues fur ces deux points, Ariftote ne l’avoit point penfé ; pouvoit-on mieux penfer après lui? S’ils avoient un peu refléchi fur leur conduite, ils fe fe- soient apperçûs qu'Ariftote n’étoit point leur maître ; mais leur dieu ; car il n’eft pas d’un homme de décou: Vrir tout ce qu’on peut favoir , & de ne fe tromper jamais. Avec une telle vénération pour Aritote , on doit s’imaginer aïfément avec quelle fureur 1ls dévo- roient fes ouvrages. Crémonin a été un de ceux quiles ont lé nueux entendus. Il fe fit une grande réputa- tion qui lui attira l'amitié & l’eftime des princes ; & voilà ce que je ne comprens pas: car cette efpece de philofophie n’avoit rien d’attrayant, Je ne ferois pas furpris fi les philofophes de ce tems-là avoient été tous renvoyés dans leur école ; car je fens qu'ils de: voient être fort ennuyeux : mais qu'aujourd'hui ce qu’on appelle wrz grand Philofophe ne foit pas bien accueilh chez les rois, qu'ils n’en faflent pas leurs amis , voilà ce qui me furprend ; car qui dit un grand philofophe aujourd’hui , dit un homme rempli d’une infinité de connoiflances utiles & agréables, un hom- me qui eft rempli de grandes vües. On nous dira que ces philofophes n’entendent rien à la politique : ne fait- On,point que le train des affaires eft une efpece de rou- tine, & qu'il faut néceflairement y être entré pour les entendre ? Mais croit-on qu’un homme qui par fes ou- vrages eft reconna pour avoir un génie vaîte & éten- du , pour avoir une pénétration furprenante ; croit on, dis-je, qu'un tel homme ne feroit pas un grand miniftre fi on l’'employoit ? Un grand efprit eff toù- jours actif & fe porte tohjours vers quelque objet ; il feroit donc quelque chofe ; nous verrions certains fyftèmes redreflés, certaines coûtumes abolies, par- ce qu'elles font mauvailes ; on verroit de nouvelles idées éclorre & rendre meilleure la condition des ci- toyens ; la focièté en un mot fe perfeétionneroit, com: me la Philofophie fe perfeétionne tous les jours. Dans certains états on eft aujourd’hui , eu égardau fyftème du bien général de la focièté , comme étoient ces phi- lofophes dont je parle , par rapport aux idées d’Arif tote ;al faut efpérer que la nature donnera à la fociété ce qu'elle a déjà donné à la Philofophie ; la fociété aura fon Defcartes qui renverfera une infinité de pré- jugés , & fera rire nos derniers neveux de toutes les fotifes que nous avons adoptées. Pour revenir à Cré- monin, le fond de fon fyftème eftle même que ce- hu de Cæfalpin. Tous ces philofophes fentoient leur impiété, parce qu'il ne faut avoir que des yeux pour voir que ce qu'ils foûtenoient eft contraire aux dog- mes du Chriftianifme : mais ils croyoient rendre un hommage fuffifant à la religion, en lui donnant la foi, &réfervant la raifon pour Ariftote, partage très-défa- vantageux : comment ne fentoient-ils point que ce qui eft contraire à la raïfon, ce que la raifon prouve faux, ne fauroit être vrai dans la religion ? La vérité eft la même dans Dieu que dans Les hommes; c’eft la même fource. Je nefuisplus furpris qu’ils ne rencon- traflent pas la vérité; ils ne favoient ce que c’étoit : manquant par les premiers principes , il étoit bien dificile qu’ils fortiflent de l’erreur qui les fubjuguoit. Les Philofophes dont j'ai parlé jufqu'ici font fortis du fein de l’églife Romaine : il y en a eu beaucoup d’autres , fans doute : mais nous avons crû devoir nous arrêter feulement à ceux qui fe font le plus dif- ART tingués. Les Proteftans ont eu les leurs ainf que fes Catholiques. Il fembloit que Luther eût porté dans ce parti le dernier coup à la philofophie péripatéti- cienne en l’enveloppant dans les malédiétons qu'il donnoit à la Théolosie {cholaftique : mais Luther Jui. même fentit qu'il avoit été trop loin. La fete des A- nabaptittes lui fit connoître qu'il avoit ouvert la porte aux enthoufiaftes & aux illuminés. Les armes pour les réfuter manquoient aux Luthériens, & il fallut qu'ils empruntaflent celles qu’ils maudifloient dans la main des Catholiques. Mélan@thon fut un de ceux qui con- tribua le plus au rétabliffement de la Philofophie par- m1 les Proteftans. On ne favoit être dans ce tems-là que Péripatéticien. Mélan@thon étoit trop éclairé pour donner dans les erreurs groffieres de cette feûte: il crut donc devoir réformer la Philéfophie dans quel. ques-unes de fes parties, & en conferver le fond qu'il Jugea néceflaire pour repoufler les traits que lan- çoient les Catholiques, & en même tems pour arrê- ter les progrès de certaines feétes qui alloient beau- . coup plus loin que les Proteftans. Cet homme céle: bre naquit à Schwarzerd , d’une famille honnête ; il reçut une fort bonne éducation. Dès fes pre- nucres années on découvrit en lui un defir infatia- ble d'apprendre ; les plaifirs ordinaires ne l’amu- foient point ; fon application continuelle le rendoit grave & {érieux : mais cela n’altéra jamais la dou- ceur de fon caractere. A l’âge de douze ans , il alla continuer es études à Heidelberg ; il S’attira bientôt l’eftime & l’amitié de tout le monde ; le comte Louis de Lowenftein le choifit pour être précepteur de fes enfans, C’eft avec raïon que Baillet l’a mis au nom- bre des enfans qui fe font difingués dans un âge peu avancé, où l’on poflede rarement ce qui eft né- ceflaire pour être favant, Mélanéthon étoit naturel- lement éloquent , comme on le voit par {es écrits ; il cultiva avec grand foin les talens naturels qu'il avoit en ce genre. Il étudia la Philofophie comme les autres ; car on n’étoit rien fi on ne {avoit Ariftote. Il fe diftingua beaucoup dans les olutions qu'il don- na aux difcultés fur les propoñitions modales. Il pa- rut un aigle fur les univerfaux, On fera fans doute furpris de voir que je loue Mélan&hon par ces en- droits ; on s’en moque aujourd’hui, & avec raifon : mais on doit louer un homme d’avoir été plus loin que tout {on fiecle. C’étoient alors les queftions à la mode, on ne pouvoit donc fe difpenfer de les étu- dier ; & loriqu’on excelloit par-deflus les autres , On ne pouvoit manquer d’avoir beaucoup d’efprit ; car les premiers hommes de tous les fiecles font toûjours de grands hommes, quelques abfurdités qu'ils ayent dites. [lfaut voir, dit M. de Fontenelle, d’où ils font partis : un homme qui grimpe fur une montagne ef carpée pourra bien être aufh léger qu’un homme qui dans la plaine fera fix fois plus de chemin que lui. Mélanéthon avoit pourtant trop d’efprit pour-ne pas {entir que la philofophie d’Ariftote étendoit trop loin fes droits ; il defaprouva ces queftions épineufes, dif- ficiles & inutiles , dont tout le monde fe tourmentoit Pefprit ; 1l s’apperçut qu’une infinité de folies étoient cachées fous de grands mots, & qu'il n’y avoit que leur habit philofophique qui püt les faire refpeéter. Il eft très-évident qu’à force de mettre des mots dans: la tête, on en chañfe toutes les idées ; on fe trouve fort favant , & on ne fait rien ; on croit avoir la tête pleine, & on n’y a rien. Ce fut un moine qui ache- va de le convaincre du mauvais goût qui tyranni- foit tous les hommes : ce moine un jour ne fachant pas un fermon qu'il devoit prêcher, ou ne l’ayant pas fait, pour y fuppléer imagina d’expliquer quelques queftions de la morale d’Ariftote ; il fe fervoit de tous les termes de l’art : on {ent aifément combien cette exhortation fut utile , & quelle onétion il y mit. Mé- lanéthon fut indigné de voir que la barbarie alloït juf= trie -1à : heureux fi dans la fuite, il n’avoit pas fait un crime à l’Eglife entiere de la folie d’un particu: lier, qu’elle a defavoüée dans tous les tèms , comme elle defavoue tous les jours les extravagances que font des zélés ! Il finit fes études à l’âge de dix-fept ans , & fe mit à expliquer, en particulier aux enfañs, * Térence & Viroile : quelque tems après on le char- gea d’une harangué , ce qui lui fit lire attentivement Cicéron & Tite-Live ; il s’en acquitta en homme de beaucoup d’éfprit, & qui s’étoit nourri des meilleurs auteurs. Mais ce qui furprit le plus Mélan@hon, qui étoit , comme je l’ai déjà dit ,; d’un caraétere fort doux, c’eft lorfqu'il vit pour la premiere fois les dif- putes des différentes feétes ; alors celles des Nomi- haux & des Réels fermentoient beaucoup : après plu- fieurs mauvailes raifons de part & d'autre, & cela parce qu’on n’en fauroit avoir de bonnes là-defflus, les meilleurs poignets reftoient viétorieux ; tous d’un ‘ommun accord dépouilloient la gravité philofophi- qué ; & fe battoient indécemment : heureux fi dans 1e tumulte quelque coup bien appliqué avoit pù fai- re un changement dans leur tête ; car fi ; cofnme le témarqué un homme d’efprit ; un coup de doigt d’une nourrice pouvoit faire de Pafcal un fot , pourquoi un fot trépané ne pourroit-il pas devenir un hom- me d’éfprit ? Les Accoucheurs de ce tems-là n’étoient pas fans doute fi habiles qu’à préfent , &r je crois que lé long triomphe d’Ariftote leur eft dû, Mélanéthon fut appellé par l’éleéteur de Saxe , pour être profef- eur en Grec. L'erreur de Luther faifoit alors beau- coup de progrès ; Mélanéthon connut ce dangereux héréfiarque ; & comme il cherchoiït quelque chofe de nouveau, parce qu'il fentoit bien que ce qu’on lui avoit appris n'étoit pas ce qu'il falloit favoir ; il avala le poifon que lui préfenta Luther ; il s’égara. C’eft avec raifon qu'il cherchoïit quelque chofe de nouveau : mais ce ne devoit être qu’en Philofophie ; ce n’étoit pas la religion qui demandoiït un change- ment ; On ne fait point une nouvelle religion comme on fait un nouveau fyftème. Il ne peut même y avoir une réforme fur la religion ; elle préfente des chofes fi extraordinaires à croire , que fi Luther avoit eu droit de la réformer , je la réformerois encore, pat- ce que je me perfuaderois aïfément qu'il a oublié bien. des chofes : ce n’eft que parce que je fai qu’on he peut y toucher, que je m'en tiens à ce qu'on me propole. Mélan@hon , depuis fa connoïffance avec Luther, devint fe@aire & un fetaire ardent , &c par conféquent fon efprit fut enveloppé du voile de l’er- reut ; fes vûes ne pârent plus s'étendre comme elles auroient fait s’il ne s’étoit pas livré à un parti : 1l prè- choit, il catéchifüit, 1 s’'intripuoit, &c enfin 1l n’aban- donna Ariftote en quelque chofe, que pour fuivre Luther, qui lui étoit d'autant moins préférable qu'il attaquoit plus formellement la religion. Luther répan- dit quelques nuages fur l’efprit de Mélanéthon, à loc- cafion d’Ariftote ; caf il ne rougit pas après les le- cons de Luther, d’appeller Anftote #7 vain fophifre : mais il fe réconcilia bientôt; & malgré les apologies qu'il fit du fentiment de Luther, il contribua beau- coup à rétablir la Philofophie parmi les Proteftans. Il s’appercüt que Luther condamnoit plûtôt la Scholaf tique que la Philofophie ; ce n’étoit pas en effet aux Philofophes que cet héréfarque avoit à faire, mais aux Fhéologiens ; & 1l faut avouer qu’il s’y étoit bien pris en commençant par rendre leurs armes odieufes & méprifables. Mélanéthon déteftoit toutes les au- tres {eëtes des philolophes , le feul Péripatétifme lui paroïfloit foûütenable ; 1l rejettoit également le Stoicifme, le Sceptictfme & l’Epicuréifme. Il recom- Mandoit à tout le monde la leture de Platon, à caufe de l'abondance qui s’y trouve, à caufe de ce qu'il dit fur la nature de Dieu, & de fa belle difion : maisil préféroit Ariftote pour l'ordre & pour la méthode. À R I 671 Il écrivit la vie de Platon & celle d’Arifiote ; on pourra voit aïfément fon féntiment en les lifant : je crois qu'on ne fera pas fâché que je tränfcrive ici quelques traits tirés de fes harangnes, elles font ra res ; &t d'ailleurs on verra de quelle façon s’expri- moit cet homme fi fameux , & dont les difcours ont fait tant d’impreflion : Cum eam ; dit-il, guam toties Plato Pr&dicat methodum , non fepè adhibent, & evage= tur âliquando liberius in difputando ; quædam ebiiin figu- ris invoivar > ac volens occulter » denique cum rarû pro= runtiet quid fit Jentienduin } afflentior adoleftentibus po- ttus proponendum effe Ariflotelem | qui artés ; quas tra- dié, explicaf intepras , © methodum fimpliciorem , few flum ad regerdum lefforem adhiber, & quid fit fertien: dur plerumque pronuntiat : hœc in docentibus ut requis raniur meulre Caufæ graves fünt ; ut enim faris dentibus draconis à Cadimo fèges exorta ef? armatorum , qui intet Je 1pfi dimicarunt ; ia ; ft quis ferat ambiguas opirrios TS ; eXONHREUT Inde variæ ac perniciofæ diffenfiones, Et un peu après , il dit qu’en fe fervant de la métho: ded Aïiftote > 1l eft facile de rédtire ce qui dans Pla: ton feroit extrèmement long. Ariflote , nous dit-il ailleurs > à d'autres avantages fur Platon ; il nous à donné un cours entier ; ce qu'il commence , il la: cheve, Il reprend les chofes d’aufñ haut qu'on puiffe aller , & vous mene fort loin, Aimons , conclut-il ; Platon & Ariftote ; le premier à caufe de ce qu'il dit fur la politique , & à caufe de {on élégance ; le fe= cond, à cauie de fa méthode : il faut pourtant les liré tous Les deux avec précaution, & bien diftinouer ce qui eft contraire à la doétrine que nous lifons dans l'Evangile. Nous ne faurions nous pafler d’Ariftote dans l'Églife , dit encore Mélan@thon, parce que c’eft le feul qui nous apprenne à définir , à divifer & à juger ; lui feul nous apprend même à raifonner : ot dans l’Eglife tout cela n’eft-il pas néceffaire ? Pour les choies de la vie , n’avons-nous pas befoin de bien des chofes que la Phyfique feule nous apptend ? PIa- ton en parle , à la vérité : maïs on diroit que c’eft un prophete qui annonce l’avenir, & non un maître qui veut imftruire ; au lieu que dans Ariftote , vous trouvez les principes , & il entire lui-même les con- léquences. Je demande feulement , dit Mélan&hon qu'on s'attache auBéholes que dit Ariftote, & non aux mots, qu'on abandonne ces vaines fubtilités, & qu'on ne fe ferve de diftinéions que lorfqu’elles e- ront néceflaires pour faire fentir que la difficulté ne regarde point ce que vous défendez ; au lieu que communément on diftingue afin de vous faire per- dre de vüe ce qu’on foûtient : eft-ce le moyen d’é- claircir les matieres ? Nous en avons, je crois , aflez dit pour démontrer que ce n’eft pas fans raïfon que nous avons compris Melanéthon au nombre de ceux qui ont rétabli la phiofophie d’Ariftote. Nous n’a vons pas prétendu donner fa vies elle renferme beau< * coup plus de citconftances intéreflantes que celles que nous avons rapportées : c’eft un grand homme, & qui a joué un très-grand rôle dans le monde : mais fa vie eft très-connue ; & ce n’étoit pas ici le lieu de Pécrire. Nicolas T'aureill a été ün des plus célebres philo=: fophes parmi les Proteftans, il naquit de parens dont la fortune ne farfoit pas efpérer à Taureill une édus cation telle que fon efprit la demandoit : mais la faz cilité & la pénétration qu’on apperçût en lui, fit qu’on engagea le duc de Virtemberg à fourmrpaux frais. Il fit des progrès extraordinaires , & jamais per= fonne n’a moins trompé {es bienfaiteurs que lui. Les différends des Catholiques avec les Proteftans l’'ema pêcherent d’embrafler l’état eccléfaftique. Il fe fit Medecin, & c’eft ce qui arrêta fa fortune à la cour de Virtemberg. Le duc de Virtemberg defiroït l’a voir auprès de lui, pour lui faire défendre le parti de la réforme qu’il avoit embraffé , & c’eft en partie 672 ART pour cela qu'il avoit fourni aux frais de fon éduca- tion : mais on le foupçonna de pencher pour la con- feffion d’Aushourg ; peut-être n’étoit-1l pour aucun parti: de quelque religion qu'il ft, cela ne fait rien à la Philofophie. Voilà pourquoi nous ne difcutons pas cet article exaétement. Après avoir profeflé long- tems la Medecine à Bâle , 1l pafla à Strasbourg; & de cette ville , il revint à Bäle pour y être profeffeur de Morale, De-là il repafla en Allemagne où1l s’acquit une grande réputation : fon école étoit remplie de Ba- rons & de Comtes, qui venoient l’entendre. Il étoit fi defintéreflé , qu'avec toute cette réputation & ce concours pour l'écouter, il ne devint pas riche. II mourut de la pefte , âgé de cinquante-neuf ans. Ce fut un des premiers hommes de fon tems; car il ofà penfer feul , & il ne fe laiffa jamais gouverner par l'autorité : on découvre par tous fes écrits une certaine hardiefle dans fes penfées & dans fes opi- nions. Jamais perfonne n’a mieux faïfi une dificulte , &t ne s’en eft mieux fervi contre fes adverfaires, qui communément ne pouvoient pas tenir contre lui. Il fut grand ennemi de la philofophie de Cæfalpin : on découvre dans tous fes écrits qu’il étoit fort content de ce qu'il faioit ; l’amour propre s’y montre un peu trop à découvert, & on y apperçoit quelquefois une préfomption infupportable. Il regardoit du haut de fon efprit tous les philofophes qui l’avoient précé- dé ,'fi on en excepte Ariftote & quelques anciens. Il examina la philofophie d’Ariftote, & 1l y apperçut plufieurs erreurs ; il eut le courage deles rejetter, & aflez d’efprit pour le faire avec fuccès. Il eft beau de lui entendre dire dans la préface de la méthode de la Medecine de prédi@ion, car tel eft'le titre du livre : « Je m'attache à venger la doûtrine de Jefus- » Chrift, & je n’accorde à Aniftote rien de ce que s Jefus-Chrift paroït lui refufer : je n’examine pas mé- > me ce qui eft contraire à l'Evangile, parce qu'avant » tout examen, je fuis aflüré que cela’eft faux ». Tous les philofophes devroïent avoir dans l’efprit que leur philofophie ne doit point être oppolée à la religion ; toute leur raifon doit s’y brifer, parce que c’eftun édifice appuyé fur l’immuable vérité. Il faut avouer qu'il eft dificile de faïfir fon fyftème philofophique. Je fai feulement qu'il méprifoitbeaucoup tous les commentateurs d’Arifote , & qu'il avoue que la philofophie péripatéticienne lui plaifoit beaucoup, mais corrigée & rendue conforme à l'Evangile ; c’eit pourquoi je ne crois pas qu’on doive leffacer du ca- talogue des Péripatéticiens, quoiqu'il lait réformée en plufieurs endroits. Un efprit aufh hardique le fien ne pouvoit manquer de laïffer échapper quelques pa- radoxes : fes adverfaires s’en font fervis pour prou- ver qu'il étoit athée : mais en vérité, le refpect quil témoigne par-tout à la religion, & qui certainement . n'étoit point fimule , doit le mettre à l’abri d’une pa- reille accufation. Il'ne prévoyoit pas qu’on püt tirer de pareilles conféquences des principes qu'il avan- çoit ; car je fuis perfuadé qu'il les auroit retratés, ou les autoit expliqués de façon à fatisfaire tout le monde. Je crois qu'on doit être fort refervé fur l’ac- cufation d’athéifme ; & on ne doit jamais conclurre fur quelques propofitions hafardées, qu’un homme eft athée : il faut confulter tous fes ouvrages ; & l’on peut affürer que s’il left réellement, fon impiété fe fera fentir par tout. Michel Piccart brilloit vers le tems deNicolas Tau- reills il profeffa de bonne heure la Logique, & s’y diftingua beaucoup ; 1l fuivit le torrent , & fut péri- patéticien. On lui confia après {es premiers effais, la chaire de Méthaphyfique & de Poëfe , cela paroit affez difparat , & je n’augure guere bien d’un tems où on donne une chaire pour la poëfie à un Péripate- ticien : mais enfin il étoit peut-être le meilleur dans ce tems-là,& il n’y a rien à dire, lorfqu’on vaut mieux ARI que tous ceux de fon tems. Je ne comprends pas coms ment dans un fiecle où on payoit fi bien des favans , Piccart fût fi pauvre; caril luta toute fa vie contre la pauvreté; &1l fit bien connoître par fa conduite que la philofophie de fon cœur & de fon efprit va loit mieux que celle qu’il diétoit dans les écoles, Il fit un grand nombre d'ouvrages, & tous fort eftimés de fon vivant. Nous avons de lui cinquante & une diflertations , où il fait connoître qu'il poflédoit Arif£ tote fupérieurement. Il ft aufli le manuel de la phi- lofophie d’Ariftote , qui eut beaucoup de cours : la réputation de Piccart fubfifte encore ; & , ce qui ne peut guere fe dire des ouvrages de ce tems-là, on trouve à profiter dans les fiens. Corneille Martini naquit à Anvers; 1l y fit fes étu- des, & avec tant de diftinétion , qu’on l’attira immé- diatement après à Amfterdam , pour y profefler la Philofophie. Il étoit fubtil, capable d’embarrafer un homme d’efprit |, & fe tiroit-aifément de tout en. bon Péripatéticien. Le duc de Brunfwicjetta les yeux fur lui, pour l’envoyer au colloque de Ratisbone. Gretzer qui étoit auf député à ce colloque pour le parti des Proteftans, trouva mauvais qu’on lui aflo- ciât un profefeur de Philofophie , dans une difpute où on ne devoit agiter que des queftions de Fhéolo- gie Ac’eft ce qui lu fit dire lorfqu'il vit Martini dans l’aflemblée , quid Saül inter prophetas quærit? À quoi Martini répondit, a/£rai patris fui. Dans la fuite Mar- tini fit bien connoître que Gretzer avoit eu tort de fe plaindre d’un tel fecond® Il fut très-zélé pour la phi- lofophie d’Ariftote ; il travailla toute fa vie à la dé- fendre contre les affauts qu’on commençoit déjà à lur livrer. C’eft ce qui hui fit prendre les armes contre les partifans de Ramus ; & on peut dire que ce n’eft que par des efforts redoublés que le Péripatétifme fe foûtint. Il étoit prêt à difputer contre tout le monde : jamais de {a vie il n’a refufé un cartel philofophique, Il mourut âgé de cinquante-quatre ans , un peu martyr du Péripatétifme; car il avoit altéré fa fan- té, foit par le travail opimâtre pour défendre fon cher maître, foit par fes difputes de vive voix, qui infailliblement uferent fa poitrine. Nous avons de lut T’Analyfe logique , & le commentaire logique contre les Ramiftes , un fyftème de Philofophie morale êz de Méthaphyfique. Je ne fais point ici mention de fes différens écrits fur la Théologie, parceque je ne par- le que de ce qui regarde la Philofophie. Hermannus Corringius eftun des plus favans hom- mes que l’Allemagne ait produits.On pourroit lelouer par plufieurs endroits : maïs je m'en tiendrai à ce qui regarde la Philofophie ; il s’y diftingua fi fort, qu'on ne peut fe difpenfer d’en faire mention avec éloge dans cette hiftoire.Le duc Ulric de Brunfwic le fit pro- fefleur dans fon univerfité ; 1l vint dans un mauvais tems , Les guerres défoloient toute l’Europe : ce fléau affligeoit toutes les différentes nations ; il eft diffi- cile avec de tels troubles de donner à l’étude le tems qui eftnéceffaire pour devenir favant. Il trouva pour- tant le moyen de devenir un des plus favans hom- mes qui ayent jamais paru. Le plus grand éloge que j'en puifle faire , c’eft de dire qu'il fut écrit par M. Colbert fur le catalogue des favans que Louis le Grand récompenfa. Ce grand Roi lui témoigna par fes largeffes au fond de PAllemagne le cas qu'il fai {oit de fon mérite. Il fut Péripatéticien , & fe plaint lui-même que le refpe& qu'il avoit pour ce que fes maîtres lui avoient appris, alloit un peu trop loin. Ce n’eft pas qu'il n’ofàt examiner les opinions d’A- riftote : mais le préjugé fe mettant toûjours de la par- tie, ces fortes d'examens ne le conduifoient pas à de nouvelles découvertes. Il penfoit fur Ariftote, & fur la façon dont il falloit l’étudier, comme Mélanc- thon. Voici comme il parle des ouvrages d’Arifiote : “ Il manque beaucoup de chofes dans la Philofophie | » morale ARI # morale d’Ariftote que j'y defirerois; pâr exemple, » tout ce qui regarde le droit naturel, & que Je crois »devoirêtre traité dans la Morale, puifque c'eft fur le » droit naturel que toute la Morale eft appuyée. Sa # methode me paroït mauvaile, & fes argumens foi- bles. » Il étoit difficile en effet qu'il pût donner une bonne morale , puifqu'il nioit la Providence , Pim- mortalité de l'ame, & par conféquent un état à ve- nir où on punit le vice & où on récompenfe la vertu. Quelles vertus veut-on admettre en miant les premieres vérités ? Pourquoi donc ne cher- cheroïs - je pas à être heureux dans ce monde- ci, puifqu'il n’y a rien à efpérer pour moi dans l’autre} Dans les principes d’Ariftote, un homme qui fe facrifie pour la patrie, eft fou. L’amour de {oi-même eft avant l’amour de la patrie ; &c on ne place ordinairement l’amour de la patrie avant l'amour de foi-même , que parce qu’on eft perfuadé que la préférence qu’on donne à l'intérêt de la pa- trie fur le fien eff récompeniée. Si je meurs pour la patrie , & que tout meure avec moi, n'elt-ce pas la plus grande de toutes les folies ? Quiconque pen- {era autrement , fera plus attention aux grands mots de patrie, qu’à la réalité des chofes. Corringius s’é- leva pouttant un peur frop contre Defcartes :'1l ne voyoit rien dans fa Phyfique de raïfonnable , &c celle d’Ariftote le fatisfaifoit. Que ne peut pas le préjugé fur lefprit ? Il n’approuvoit Defcartes qu’en ce qu'il rejettoit les formes fubftantielles. Les Allemands ne pouvoient pas encore s’accoûtumer aux nouvelles idées de Defcartes ; ils reflembloient à des gens qui ont.eu les yeux bandés pendant long-tems, & aux- quels on Ôte le bandeau: leurs premieres démarches ont timides ; ils refufent de‘s’appuyer fur la terre qu'ils découvrent ; & tel aveugle qui dans une heure traverfe tout Paris, feroit peut-être plus d’un jour à faire le même chemin fi on lui rendoit la vüe tout-d’un- coup. Corringius mourut , & le Péripate- tifme expira prefque avec lui. Depuis 1l ne fit que languir, parce que ceux qui vinrent après, & qui le défendirent , ne pouvoient être de grands hommes : il y avoit alors trop de lumiere pour qu'tin homme d’efprit pût s’écarer. Voilà à peu-près le commen- cement , les progrès & la fin du Péripatétifme. Je ne penfe pas qu'on s’imagine que j'aye prétendu nom- mér tous ceux qui fe font diftingués dans cette feéte : il faudfoit des volumes immenies pour cela ; parce qu'autrefois ; pour être un homme diftingué dans {on fiecle , il falloit fe fignaler dans quelque feéte de Philofophie ; & tout le monde fait que le Péripaté- tifme a long-tems dominé. Siun homme pafloit pour avoir du mérite, on commencçoit par lui propofer quelqu’argument, in barocho très-fouvent , afin de juger f fa réputation étoit bien fondée. SiRacine & Corneille étoient venus dans ce tems-là , comme on n’auroit trouvé aucun ego dans leurs tragédies , ils auroient pañlé pour des ignorans, & par conféquent pour des hommes de peu d’efprit. Heureux notre fie- cle de penfer autrement! ARITHMANCIE ox ARITHMOMANCIE , ff. divination ou maniere de connoître & de prédire l’a- venir par le moyen des nombres. Ce mot eft formé du Grec «puce , nombre , &r de payrésa , divination. Delrio en diffingue de deux fortes ; Pune en ufage chez les Grecs, qui confidéroient le nombre & la valeur des lettres dans les noms de deux combat- tans, par exemple, & en auguroient que celui dont le nom renfermoit un plus grand nombre de lettres , & d’une plus grande valeur que celles qui compo- foient le nom de fon adverfaire, remporteroit la vic- toire ; c’eft pour cela difoient-ils , qu'Heétor devoit être vaincu par Achille. L’autre efpece étoit connue des Chaldéens , qui partageoient leur alphabet en trois décades, en répétant quelques lettres, chan- Tome L, | À R'I 673 geôient en. lettres numérales les lettres des noms dé ceux qui les confultoient, & rapportoient chaque nombre à quelque planete, de laquelle ils tiroient des préfages, . | ; La cabale des Juifs modernes eft une efpece d’u- rithmancie, au moins la divifent-1ls en deux parties, qu'ils appellent héomancie & arithmancie. L’évangélifte S. Jean , dans Le chap. xiij. de lApo- calypfe, marque le nom de PAntechrift par le nom- bre 6GG. paflage dont l'intelligence a beaucoup exercé les commentateurs. C’eft une prophétie en- veloppée fous des nombres myftérieux , qui n’auto- rife nullement l’efpece de divination dont il s’agit dans cet article. Les Platoniciens & les Pythagori- ciens étoient fort adonnés à l’arzthmancie, Delrio, Difquifit. Magicar. lib. IV, cap. 1j, quafl, 7. fe, 4. Ps SOS ESC den ve ARITHMETICIEN , f m. fe dit en général d’une perfonne qui fait l’Arithmétique , & plus communé- ment d’une perfonne qui l’enfeigne. Voyez ARITH: MÉTIQUE. Il y a des experts jurés écrivains Arih- méticiens, Voyez EXPERT, JURE , Gc. (E | ARITHMÉTIQUE, {. £. (Ordre encycl. Entend. Raïfon, Philof. ou Science, Science de la nat, ou des êtres, de lèurs qualités abffraites, de la quantité , ou Ma- thémat, Math. pures, Arithmétique. ) Ce mot vient du Grec apôuos, rombre, C’eft l’art de nombrer, ou cette partie desMathématiques qui confidere les propriétés des nombres. On y apprend à calculér exaëtement, facilement , promptement, Voyez; NOMBRE , Ma- THÉMATIQUES, CALCUL. Quelques auteurs définiffent lArishmérique la fcien- ce de la quantité diferéte. Voyez DIscRET & QuAN- TITÉ, Les quatre grandes regles ou opérations , appel- lées l'addition, la fouffraition, la multiplication, &c la divifion, compolent proprement toute l’Arichmetique. Voyez ADDITION , Gc. IL eft vrai que pour faciliter & expédier rapide- ment des calculs de commerce, des calculs aftrono- tiques , Gc. on a inventé d’autres regles fort utiles ; telles que les regles de proportion , d’alliage , de fauffe poñition , de compagnie, d’extraétion de raci- nes, deprosreflion, de change, de troc, d’excompte, de réduétion ou de rabais, &c. mais en faifant ufa- ge de ces régles, on s’apperçoit que ce font feule- ment différentes applications des quatres regles prin- cipales. Voyez REGLE. Voyez auffi PROPORTION , ALLIAGE, GC . Nous n'avons rien de bien certain fur lorigine & l’invention de l’Arithmétique : mais ce n’eft pas trop rifquer que de lattribuer à la premiere focièté qui a eu lieu parmi les hommes , quoique l’hiftoire n’en fixe n1 l’auteur ni le tems. On conçoit clärement u’il a fallu s'appliquer à l’art de compter, dès que l’on a été néceflité à faire des païtages, & à les combiner de mille différentes manieres. Ainfi com- me les Tyriens pañlent pour être les premiers com- merçans de tous les peuples anciens, plufieurs Au- teurs croyent qu’on doit lArishmétique à cette na- tion. Voyez COMMERCE. À Joféphe affüre que parlé moyen d'Abraham l4- rithmérique pafla d’Afie en Egypte , où elle fut extrè- mement cultivée & perfeétionnée ; d'autant plus que la Philofophie & la Théologie des Egyptiens rou- loient entierement fur les nombres. C’eft de-là que nous viennent toutes ces merveilles qu'ils nous rap- portent de l’unité, du nombre trois ; des nombres quatre, fept, dix. Poy. UNITÉ, 6c. En effet , Kircher fait voir, dans {or Œdip, Æpypt. tom. IT. p. 2. que les Egyptiens expliquoient tout par des nombres. Pythagore lui-même affüre que la nature des nombres eft répandue dans tout l’uni vers, & que la connoiffance dés nombres conduit à Qgqqq 674 À RI celle de la divinité, & n’en eft prefque pas diffe- rente, La fcience des nombres pafla de l'Egypte dans la Grece , d’où après avoir reçù de nouveaux deprès de perfeétion par les Aflronomes de ce pays, elle fut connue des Romains , & de-là eft enfin venue juf- qu'à nous. Cependant l’ancienne Arithmétique wétoit pas, à beaucoup près, auf parfaite que la moderne : Il pa- roit qu’alors elle ne fervoit guere qu’à confiderer les différentes divifions des nombres : on peut s’en con- vaincre en lifant les traités de Nicomaque, écrits ou compotés dans le troïfieme fiecle depuis la fondation de Rome, & celui de Boëce , qui exiftent encore aujourd’hui. En 1556, Xylander publia en Eatin un abregé de l’ancienne Arithmétique , écrite en Grec par Pfellus, Jordanus compofa ou publia, dans le dou- zieme fiecle, un ouvrage beaucoup plus ample de la même efpece, que Faber Stapulenfis donna en 1480 , avec un commentaire, L’Arithmétique , telle qu’elle eft aujourd’hui , fe di vife en différentes efpeces , comme ‘héorique, prati- que , inffrumentale , logarithmique , numérale , fpécteu- Je, décimale , térraitique | duodécimale , fexagéfimale , &c. L’Arithmétique théorique eft la fcience des proprié- tés & des rapports des nombres abftraits, avec les raifons & les démonftrations des différentes regles. Voyez; NOMBRE. On trouve une Arirhmérique théorique dans les fep- tieme , huitieme &c neuvieme livres d’Euclide. Le moine Barlaam a auffi donné une théorie des opéra- tions ordinaires, tant en entiers qu’en fraëtions, dans un livre de fa compofition intitulé Logiffica, & publié en Latin par Jean Chambers , Anplois , lan 1600. On peut y ajoûter ouvrage Italien de Lucas de Burgo, mis au jour en 1523 : cet auteur y a don- né les différentes divifions de nombres de Nicoma- que & leurs propriétés, conformément à la doctrine d’'Euclide, avec le calcul des entiers & des fra@ions, des extra@tions de racines, &c. L’Arithmérique pratique eft Part de nombrer ou de calculer , c’eft-à-dire, l’art de trouver des nombres par le moyen de certains nombres donnés, dont la relation aux premiers eft connue ; comme fi l’on de- mandoit, par exemple, de déterminer le nombre égal aux deux nombres donnés, 6, 8. Le premier corps complet d’Arithmetique pratique nous a été donné en 1556, par T'artaglia, Vénitien: il confifte en deux livres ; le premier contient l’ap- plication de l’Arirhmérique aux ufages de la vie civi- le ; 8 le fecond, les fondemens ou les principes de lAlgebre. Avant Tartaghia, Stifélius avoit donné quelque chofe fur cette matiere én 1544 : on y trou- ve différentes méthodes & remarques fur les irra- tionels, &c. Nous fupprimons une infinité d’autres auteurs de pure pratique , qui font venus depuis , tels que Gem- ma Frifius, Metius , Elavius, Ramus, &ec. Maurolicus , dans fes Opufcula mathematica de l'annee 1575, a Joint la théorie à la pratique de 4- rithmétique ; 1 Pa même perfedionnée à plufeurs égards : Henefchius a fait la même chofe dans fon Arithmetica perfeita de l’année 1609, où il a réduit toutes les démonftrations en forme de fyllogifme ; ainfi que Taquet, dans fa #eoria & praxis Arirh- metices de l’année 1704. (£ ) Les ouvrages fur l’Arithmétique font fi communs parmi nous , qu'il feroit inutile d’en faire le dénom- brement, Les regles principales de cette fcience font expofées fort clairement dans le premier volume du cours de Mathématique de M. Camus, dans les infti- tutions de Géométrie de M. de la Chapelle , dans l’A- rithmétique de l'officier par M. le Blond. (0) ART L’Arithmétique inftrumentale eft celle.oles reglei communes s’exécutent par le moyen d'inftrumens imaginés pour calculer avec facilité & promptitude : comme les bâtons de Neper ( Voyez NEPER. ); linf. trument de M. Sam. Moreland, qui en a publié hn- rême la defcription en 1666 ; celui de M. Leïbnitz, décrit dans les Azy/cellan. Berolin. la machine anith- métique de M. Paical, dont on donnera la deferip- tion pius bas, &c. L’Arithmétique logarithmique , qui s'exécute par les tables des logarithmes. Voyez LOGARITHME. Ce qu'il y a de meïlleur là-deflus eit l’Arithmetica loga- rithmica de Hen. Brige , publiée en 1624. On ne doit pas oublier les sables arithmétiques uni- Verfelles de Proftaphareie, publiées en 1610 par Her- waït, moyennant lefquelles la multiplication fefait aifément & exaétement par l'addition , & la divifion par la fouftraétion. Les Chinois ne fe fervent guere de regles dans leurs calculs ; au lieu de cela, ils font uiage d’un inftrument qui confiite en une petite lame longue d’un pié & denu, traveriée de dix ou douze fils de fer, où {ont enñiées de petites boules rondes : en les tirant enfemble , &c les plaçant enfuite l’une après l’autre , fuivant certaines conditiôns & conventions, ils calculent à peu près comme nous faifons avec des jettons , mais avec tant de facilité & de promptitu- de, qu'ils peuvent fuivre une perfonne qui lit un li- vre de compte , avec quelque rapidité qu'elle aille; & à la fin l'opération {e trouve faite : 1ls ont auffi leurs méthodes de la prouver. Voyez le P. le Comte. Les Indiens calculent à peu près de même avec des cordes chargées de nœuds. L’Arithmérique numérale eft celle qui enfeigne le calcul des nombres ou des quantités abftraites defi- gnées par des chiffres : on en fait les opérations avec des chiffres ordinaires ou arabes. Voy. CARACTERE 6 ARABE. L’Arithmérique fpécieufe eft celle qui enfeigne le calcul des quantités défignées par les lettres de Val- phabet. Voyez SPÉCIEUSE. Cette Arithmerique eft ce que l’on appelle ordinairement l’4/gebre, où Arih- métique littérale. Voyez ALGEBRE, Wallis a joint le calcul numérique à l’algébrique , & démontré par ce moyen les regles des fraéhons , des proportions , des extractions de racines , 6e. Wels en a donné un abregé fous le titre de ÆZe- menta arithmeticæ , en 1698. L’Arithmérique décimale s'exécute par une fuite de dix caracteres, de maniere que la prosreflion va de dix en dix. Telle eft notre Arithmétique , où nous far- fons ufage des dix caraëteres Arabes,o, 1,2,3,4, > 6:75 85 9 : après QUOI nous recommençons 10, PRET: Cette méthode de calculer n’eft pas fort ancienne, ‘elle étoit totalement inconnue aux Grecs & aux Ro- mains : Gerbert , qui devint pape dans la fuite , fous le noi de Silveftre II. lintroduifit en Europe, après l'avoir recûe des Mäures d’Efpagne. Il eft fort vraif- femblable que cette progreffion a pris fon origine des dix doigts des mains , dont on faroit ufage dans les calculs avant que l’on eût réduit lArirhmétique en art. Les Mifionaires de lorient nous affürent qu’au- jourd’hui même les Indiens font très-experts à caleu- ler par leurs doigts , fans fe fervir de plume ni d’en- cre. Voyez les Let. édif. & curieufes. Aju'tez à cela que les naturels du Pérou, qui font tous leurs calculs par le different arrangement des grains de maïz, l’em- portent beaucoup, tant par la juftefe que par la cé- lérité de leurs comptes , fur quelque Européen que ce foit avec toutes fes regles. ga Lu L’Arithmétique binaire eft celle où l’on n’employe uniquement que deux figures, l’unité ou 1 & le o. Voyez BINAIRE. ART - M. Dangicoutt nous a donné, dans les Ai/cell. Berol, t. I. un long mémoire fur cette Arirhmétique binaire : il y fait voir qu’il eft plus aifé de découvrir parce moyen les lois des progreflions , qu'en fe fer- Vant de toute autre méthode où l’on feroit ufage d’un plus grand nombre de caraéteres. VUS L'Arithménique tétraétique eft celle où l’on n’em- ploie que les figures 1, 2, 3; &o. Erhard Weigel nous a donné un #airé de cette Arithmérique : mais la binaire &c la tétraétique ne font guere que de cu- riofité, relativement à la pratique , puifque l’on peut exprimer les nombres d’une maniere beaucoup plus abregée par l’Arishmérique décimale. | L'Arichmétique vulgaire roule fur les entiers &c les fra@ions. Voyez ENTIER 6 FRACTION. L’Arithmétique fexagéfimale eft celle qui ptocede par foixantaines , ou bien c’eft La doëtrine des frac- tions fexagéfimales. Voyez SEXAGÉSIMAL. Sam. Reyhera inventé une efpece de baguettes fexageéna- les, à l’imitation des bâtons de Neper , par le moyen defquelles on fait avec facilité toutes les opérations de 1’ Arithmétique fexagéfimale. L’Arithmétique des infinis eft la méthode de trou- ver la fomme d’une fuite de nombres dont les termes font infinis, ou d’en déterminer les rapports. Woyez INFINT , SUITE 04 SERIE, Gc. | M. Wallis eft le premier qui ait traité à fond de cette méthode, ainfi qu’il paroît par {es Opera 7ma- thematica , Où il en fait voir l’ufage en Géométrie, pour déterminer l'aire des furfaces & la folidité des corps, ainfi que leurs rapports : mais la méthode des fluxions, qu eft Arithmétique umiverielle des inñ- nis, exécute tout cela d’une mamiére beaucoup plus prompte & plus commode, indépendamment d’une infinité d’autres chofes auxquelles la premiere ne tau- toit atteindre. Voyez FLUXIONS, CALCUL, &c. Sur lArithmétique des mcommenfurables ou itra- tionels, /. INCOMMENSURABLE , IRRATIONEL, Ôrc, Jean de Sacrobofco ou Halifax compoïa en 1232, felon Woflius, un traité d’Arithmétique : mais ce trarté a toûjours refté manufcrit; 8c felon M. l'abbé de Gua, Paciolo qui a donné le premier livre d’Algebre , ef aufli le premier auteur d’Arithmétique qui ait été 1m- primé. Voyez ALGEBRE. (£) De ! Jufqu'ici nous nous fommes contentés d expoer én abregé ce que l'on trouve à peu-près dans la plü- part des onvrages mathématiques fur la fcience des nombres, & nous n'avons guere fait que traduire Particle Arirhmérique tel qu’il fe trouve dans l’'Ency- clopédie Angloïfe ; tâchons prefentement d'entrer davantage dans les principes de cette Science, & d’en donner une idée plus préciie. Nous remarquerons d’abord que tout nombre, fui- ant la définition de M. Newton, n’eft proprement qu'un rapport. Pour entendre.cec1, 1l faut remarquer que toute grandeur qu'on compare à une autre, eft ou plus petite, ou plus grande, ou égale; qu’ainf tou- te grandeur a un certain rapport avec une autre à la: quelle on la compare, c’eft-à-dire qu’elle y eft con- tenue ou la contient d’une certaine maniere ; ce rap- port ou cette maniere de contenir ou d’être contenu, eft ce qu’on appelle zombre. Ainfi le nombre 3 expri- me le rapport d’une srandeur à une autre plus petite, que l’on prend pour l'unité, & que la plus grande contient trois fois. Au contraire la fraétion + exprime le rapport d’une certaine grandeur à une plus gran- de que l’on prend pour l'unité, & qui eft contenue trois fois dans cette plus grande. Tout cela fera ex- pofé plus en détail aux articles NomBre, FRAC- TION, Gc. | \ Les nombres étant des rapports apperçüs par l’ef prit, & diftingués par des fignes particuliers, lA4rzk- mérique , qui eft la {cience des nombres, eft donc Part de combiner entr’eux ces rapports, enfe fervant pour. Torre L, AR I 67 faire cette cCombinaifon des fignes mêmes qui les dif: tinguent. De-là les quatre principales regles de P_4« rithinétique ; car les différentes combinaïfons qu’on peut faire des rapports, fe réduifent ou à examiner l'excès des uns fur les autres, ou la maniere dont ils fe contiennent : l'addition & la fouftradtion ont le premier objet, puifqu'il ne s’agit que d’y ajoûter ou d'y fouftraire des rapports; le fecond objet eft celui de la multiplication & de la divifion, puifqu'on y. détermine de quelle maniere un rapport en contient un autre. Tout cela fera expliqué plus en détail aux articles MULTIPLICATION & DivisioN. | Il y a, comme l’on fait, deux fortes de rapports, larithmetique & le géométrique. #. RaprorT. Les nombres ne font proprement que des rapports géo= métriques : mais 1l femble que dans les deux premie- res régles de PArithmérique on confidere arithméti- quement ces rapports, & que dans les deux autres on les confidere géométriquement. Dans l'addition de deux nombres ( car toute addition fe réduit pro- prement à celle de deux nombres ) , lan des deux nombres repréfente l'excès de la fomme fur l’autre nombre. Dans la multiplication l’un des deux nom- bres eft le rapport géométrique du produit à Pautre nombre. foyez SOMME, PRODUIT. À l'égard du détail des opérations particulieres de lArithmétique , il dépend de la forme &c de l'inftitu- tion des fignes par lefquels on défigne les nombres. Notre Arithmétique, qui n’a que dix clufires, {eroit fort ditérente fi elle en avoit plus ou moins; & les Romans qui avoient des chifires difiérens de ceux dont.nous nous fervons , devoient aufh avoir des re- gles d’Arithmerique toutes différentes des nôtres. Mais toute Arithmerique {e réduira toûjours aux quatre re- gles dont nous parlons, parce que de quelque ma- mere qu'on déngne ou qu'on écnive les rapports, on ne peut jamais Les combiner que de quatre façons, & même, à proprement parler, de deux manieres feulement, dont chacune peut être envifagée fous deux faces différentes. On pourroit dire encore que toutes les regles de l’Arichménique (e réduiient , ou à former un tout par la réunion de différentes parties , comme dans l’ad- dition &c la multiplication, ou à réloudre un tout en différentes parties, ce qui s'exécute par la fouftrac- tion & la divifion. En effet, la multiplication n’eft qu’une addition repétée, & la divifion n’eft aufii qu’une fouftraétion repétée. D’où il s’enfuit encore. que les regles primitives de lArithmétique peuvent, à la rigueur, fe réduire à l'addition & à la fouftrac- tion : la multiplication & la divifion ne {ont propre- ment que des manieres abregées de faire l'addition d’un même nombre plufeurs fois à lui-même, ou de: fouftraire plufñeurs fois un même nombre d’un autre. Auf. M. Newton appelle-t-il les regles de lArishmé- que , compojifio & refolutio arithmetica ; c’eft-à-dire compojtrion Er réjolution des nombres. ÂRITHMÉTIQUE UNIVERSELLE; c’eft ainfi que M. Newton appelle lAlgebre , ou calcul dés gran- deurs en général ; & ce n’eft pas fans raïfon que cette dénomination lux a été donnée par ce grand. homme ; dont le génie également lumineux & pro- fond paroit avoir remonté dans toutes les fciences à leurs vrais principes métaphyfiques. En efiet, dans l’Arithmérique ordinaire , on peut remarquer deux ef. peces de principes ; les premiers font des regles gé- nérales indépendantes desfignies particuliers par lef- quelles on exprime les nombres ; les autres font des regles dépendantes de ces mêmes fignes , & ce font celles qu’on appelle plus particulierement regles de: lArithmérique. Mais les premuers principes ne font: autre chofe que des propriétés générales des rap ports, qui ont lieu de quelque maniere que ces rap-: ports foient défignés : telles font par exemple ces Qgqqqÿ 676 ARI regles; fi on Ôte un nombre d’un autre, cet autre nombre joint avec le refte, doit rendre le premier nombre ; fi on divife une grandeur par une autre, le quotient multiplié par le divifeur doit rendre le divi- dende ; fon multiplie la fomme de plufieurs nombres par la fomme de plufieurs autres, le produit eft égal à da fomme des produits de chaque partie par toutes les autres, &c. De-là ils’enfuit d’abord qu’en défignant les nom- bres.par des expreflions générales, c’eft-à-dire, qui ne défignent pas plus un nombre qu'un autre, on pourra former certaines regles relatives aux opéra- tions qu'on peut faire fur les nombres ainfi défignés. Ces regles fe réduifent à repréfenter de la maniere la plus fimple qu’il eft pofible, le réfultat d’une ou de plufeurs opérations qu’on peut faire fur les nom- bres exprimés d’une maniere générale ; & ce réful- tat ainf exprimé, ne fera proprement qu’une opéra- tion arithmétique indiquée, opération qui variera fe- Ion qu’on donnera différentes valeurs arithmétiques aux quantités, qui dans le réfultat dont il s’agit, re- préfentent des nombres. Pour mieux faire entendre cette notion que nous donnons de l’Algebre , parcourons-en les quatre re- gles ordinaires, & commençons par l’addition. Elle confifte, comme nous l’avons vù dans l’article AbD1- TION , à ajoûter enfemble avec leurs fignes , fans au- cune autre opération, les quantités diffemblables, & à ajoûter les coëfliciens des quantités femblables : par exemple, fi j'ai à ajoüter enlemble les deux gran- deurs diflemblables 4, 4, j’écrirai fimplement a+; ce réfultat n’eft autre chofe qu’une maniere d’indi- quer que fion défigne 4 par quelque nombre, & par un autre, il faudra ajoûter enfemble ces deux nombres ; ainfi «+ à n’eft que l’indication d’une ad- dition arithmétique, dont le réfultat {era différent felon les valeurs numériques qu’on aflignera à à & à 4. Je fuppofe préfentement qu’on me propofe d’a- joûter $ 4 avec 34, Je pourrois écrire ÿ 4 + 34, &c l’opération arithmétique feroit indiquée comme ci- deflus : mais en examinant $ a & 3 4, je vois que cette opération peut être indiquée d’une maniere plus fimple : car quelque nombre que 4 repréfente ; il eft évident que ce nombre pris ÿ fois, plus ce même nombre pris 3 fois, eft égal au même nombre pris 8 fois : anfi, je vois qu’au lieu de $a+ 34, je puis écrire 8 4, qui eft l’expreflion abregée, & qui m'in- dique une opération arithmétique plus fimple que ne me l'indique l’expreffion $ a+ 3 a, | C’eft là-deflus qu’eft fondée la regle générale de l'addition algébrique , d’ajoûter les grandeurs fem- blables en ajoutant leurs coëfficiens numériques , & écrivant entuite la partie littérale une fois. On voit donc que laddition algébrique fe réduit à exprimer de la mamiere la plus fimple la fomme ou le réfultat de plufieurs nombres exprimés générale- ment, & à ne laiffer, pour ainfi dire, à l’Arithméticien que le moins de travail à faire qu’il eft poffible. Il en eft de même de la fouftraétion algébrique ; fi je veux retrancher b de a, j'écris fimplementa—#, parce que je ne peux pas repréfenter cela d’une maniere plus fimple: mais fi j'ai à retrancher 34de ÿa, jen’é- crirai point $4—34, parce que cela me donneroit plufieurs opérations arithmétiques à faire , en cas que je vouluffe donner à 4 une valeur numérique ; j’écri- rai fimplement 24, expreflion plus fimple & plus commode pour le calcul arithmétique. Voyez Sous- TRACTION. J’en dis autant de la multiplication & de la divi- fon : fi je veux multiplier a+ 8 par c+d , je puis écrire indifféremment (a+8)xX(c+d),ouac+bc + ad+bd, & fouvent même je préfererai la pre- mere expreflion à la feconde , parce qu’elle femble demander moins d'opérations arithmétiques ; çax 1l nè faut que deux additions & une multiplication pour la premiere , & pour la fecondeil faut trois additions & quatre multiplications : mais fi j'ai à multiplier ÿæpar 34, j'écrirai 15 aa au heu de ÿ zX 34, parce que dans le premier cas, j’aurois trois opérations arithmétiques à faire, & que dans le fecond je n’en ai que deux , une pour trouver aa , & l’autre pour multiplier 44 par 15. De même fi j'ai a +6 à multi plier para—b, j'écriraiaa—bb, parce que ceréful- tat fera fouvent plus commode que l’autre pour les calculs arithmétiques , & que d’ailleurs jen tire un théorème , favoir que le produit de la fomme de deux nombres par la différence de ces deux nombres, eft égal à la différence des quarrés de ces deux nombres. C’eft ainfi qu'on a trouvé que le produit de # + para+b,c'eft-à-dire le quarré de «+0, étoit aa + 24b +Bbb,& qu'il contenoit par conféquent le quarré des deux parties , plus deux fois le produit de l’une par l’autre ; ce qui fert à extraire la racine quarrée des nombres. Voyez QUARRÉ 6: RACINE QUARRÉE. Dans la divifion , au lieu d'écrire Te » J'écrirai fimplement 44 ; au lieu d'écrire FE , Jécritai a—x, Mais fi j'ai à divifer Pc par hd, j'écrirai : ne pouvant trouver une expreflion plus fimple. On voit donc par là que M. Newton a eu raïfon d’appeller PAlgebre Arithmétique univer[elle ; puïfque les regles de cette Science ne confiftent qu’à extraire pour ainfi dire ce qu'il y auroit de général & de com- mun dans toutes les Arithmétiques particulieres qui fe feroient avec plus où moins ou autant de chiffres que la nôtre , & à préfenter fous la forme la plus fim- ple & la plus abregée, ces opérations arithmétiques indiquées. Mais, dira-t-on, à quoi bon tout cet échaffauda- ge? Dans toutes les queftions que l’on peut fe pro- pofer fur Les nombres, chaque nombre eft défigné &z énoncé. Quelleutilité y a-t-1l de donner à ce nombre une valeur littérale , dont il femble qu’on peut fe paf fer ? Voici l'avantage de cette dénomination. Toutes les queftions qu'on peut propofer fur les nombres , ne font pas aufli fimples que celles d’ajoû- ter un nombre donné à un autre, ou de l’en fouftraire, de les multiplier ou de les divifer l’un par l’autre. Il eft des queftions beaucoup plus compliquées, & pour la folution defquelles on eft obligé de faire des com- binaïfons , dans lefquelles le nombre ou les nombres que l’on cherche doivent entrer. Il faut donc avoir un art de faire ces combinaïfons fans connoître les nombres que l’on cherche ; & pour cela il faut expri- mer ces nombres par des caraéteres différens des ca- radteres numériques , parce qu'il y auroit un très- grand inconvénient à exprimer un nombre inconnu par un caraétere numérique qui ne pourroit lui con- venir que par un très-grand hafard. Pour rendre cela plus fenfible par un exemple , je fuppofe qu’on cher- che deux nombres dont la fomme foit 100 , &c la dif- férence 40 : je vois d’abord qu’en défignant les deux nombres inconnus par des caraéteres numériques à volonté, par exemple l’un par 25, &c l’autre par jo, je leur donnerois une expreflion très-faufle , puifque 25 & 60 ne fatisfont point aux conditions de la quef- tion. Il en feroit de même d’une infinité d’autres dé- nominations numériques. Pour éviter cet inconvé- nient, j'appelle le plus grand de mes nombres x, &c le plus petit y; & J'ai par cette dénomination algé- brique , les deux conditions ainfi exprimées : x plus y eft égal à 100, & x moins eft égal à 60 ; ou en cara@teres algébriques : X +y—= 100. x— = Go. Voyez CARACTERE. Puifque + + eft égal à 100, & x — y égal à 60 , je Yois que 109 , jointavec 60, doit être égal ax +y;, joint àx— y. Or pour ajoûter ++ y à x —Y, il faut duivantles regles de l'addition algébrique , écrire 2 x ; ÿe vois donc que 2 x eft égal à 160, c’eft-à-dire que :x60 eft le double du plus grand nombre cherché ; donc ce nombre eft la moitié de 160, c’eft-à-dire 80: d’où il eft facile de trouverl’autre qui eft y : car puif- que x + y eft égal à 100, & que x ef égal à 80, donc 80 -plusy eft égal à r00 ; donc y eft égal à 100 dont on a retranché 80, c’eft-à-dire 20; donc les deux nombres cherchés font 80 & 20 : en effet leur fomme eft 100, & leur différence eft 40. Le Au refte je ne prétends pas faire voir par cet arti- cle la néceffité de l’Algebre ; car elle ne feroit encore guere néceflaire , fi on ne propofoit pas des queftions plus compliquées que celles-là : j'ai voulu feulement faire voir par cet exemple très-fimple , & à la portée de tout lemonde , comment par le fecours de l’Alge- bre on parvient à trouver les nombres inconnus. L’expreffion algébrique d’une queftion, n’eft autre chofe, comme l’a fort bien remarqué M. Newton, que la traduion de cette même queftion en caraéteres algébriques ; tradu@tion qui a cela de commode & d’effentiel, qu'elle fe réduit à ce qu'il y a d’abfolu- ment néceflaire dans la queftion, & que les conditions fuperflues en font bannies. Nous allons en donner d’a- prés M. Newton l'exemple furvant. LS l'y # À ve. à ns Queffion énoncée par le| La même queflion traduire langage ordinaire, aloébriquerment. On demande trois S'IL ETC nombres avec ces Con | ditions. Qu'ils foient en pro- portion géométrique continue. KXIY::Y:7 OUXL—=YY. Voyez PROPORTION. X + Y +z7—= 20: XX+YY += 140. Que leur fomme foit 20. Et que la fomme de leurs quarrés foit 140. Aiïnf la queftion fe réduit à trouver les trois incon- nues 4, y 4, par les trois équations x?= y, x+7y +z=20,%x+ 77 + = 140. line refte plus qu'à tirer de ces trois équations la valeur de chacune des inconnues. On voit donc qu’il y a dans l’Arichmérique univer- felle deux parties à diftinguer. La premiere eft celle qui apprend à faire les com- binaïfons & le calcul des quantités repréfentées par des fignes plus univerfels queles nombres; de mariere que les quantités inconnues, c’eft-à-dire dont onigno- re la valeur numérique, puiffent être combinées avec la même facilité que les quantités connues , c’eft-à- dire auxquelles on peut afligner des valeurs numéri- ques. Ces opérations ne {uppofent que les propriétés générales de la quantité, c’ett-à-dire qu’on y envifa- ge la quantité fimplement comme quantité , & non comme repréfentee & fixée par telle ou telle expref- fion particuliere. La feconde partie de l’Arithmétique univerfelle con- fifte à favoir faire uiage de la méthode générale de calculer les quantités, pour découvrir les quantités qu’on cherche par le moyen des quantités qu’on con- noït. Pour cela il faut 1°. repréienter de la maniere la plus fimple & la plus commode, la loi du rapport qu’il doit y avoir entre les quantités connues &c Les incon- nues. Cette loi de rapport eft ce qu’on nomme égua- zion ; ainf le premuer pas à faire, lorfqu’on a un pro- blème à réfoudre , eft de réduire d’abord le problème à l'équation la plus fimple. Enfuite il faut tirer de cette équation la valeur ou les différentes valeurs que doit avoir l’inconnue qu’on cherche : c’eft ce qu’on appelle réfoudre l'équation, ART 677 Voyez l'article ÉQUATION , où vous trouveréz là deflus un plus long détail, auquel nous renvoyons, ayant dû nous borner dans cet article à donner une idée générale de l’Arithmerique univerflle, pour en détailler les regles dans les articles particuliers. Voyez aufh PROBLEME ; RACINE, Gc. La premiere partie de l”Arithmérique univerfélle s’ap- pelle proprement Æ/gebre ou {cience du calcul des grandeurs en général ; la feconde s’appelle propre- ment Analyfe : mais ces deux noms s’employent aflez {ouvent l’un pour l’autre. . ALGEBRE 6 ANALYSE. Nous ignorons fi les anciens ont connu cette Scien+ ce : 1l y a pourtant bien de l'apparence qu’ils avoient quelque moyen femblable pour réfoudre au moins les queftions numériques ; par exemple , les queftions qui ont été appellées gueflions de Diophante. Vi oyez DIOPHANTE; voyez aufhi APPLICATION de l’Analyfè a la Géométrie. Selon M. l'abbé de Gua, dans fon excellente hiftoi- re de l’Algebre, dont on trouve la plus grande partie à lartic, ALGEBRE de ce Diétionnaire , T'héon paroît avoir cru que Platon eft l'inventeur de lAnalyie , & Pappus nous apprend que Diophante & d’autres au= teurs anciens sy étoient principalement appliqués , comme Euclide , Apollonius , Ariftée, Eratofthene , & Pappus lui-même, Mais nous ignorons en quoi con fiftoit précitément leur Analyfe ; & en quoi elle pou- voit difiérer de la nôtre ou lui reflembler. M. de Ma- lezieu, dans fes Elémens de Géométrie, prétend qu'il eft moralement impofible qu’Archimede foit arrivé à la piüpart de {es bellés découvertes géométriques , fans le iecours de quelque chofe d’équivalent à notre Ana- lyle : mais tout cela n’eft qu’une conjeQure ; & il {e- 1oit bien finguher qu’il n’en reftât pas au moins quel- que veitige dans quelqu'un des ouvrages des anciens Géometres. M, de l’Hopital , ou plütôt M. de Fonte- nelle, qui eff l’auteur de la préface des infiniment pe- tits ,obierve qu'il y a apparence que M. Paical eft ar- rivé à force de tête & fans Analyle , aux belles décou- vertes qui compofent {on traité de la roulette, imprimé {ous le nom d’£ronville. Pourquoi n’en {eroit-il pas de même d’Archimede & des anciens? Nous n'avons encore parlé que de l’ufage de l’AI- gebre pour la réiolution des queftions numériques : mais ce que nous venons de dire de l’Analyfe des an ciens , nous conduit naturellement à parler de l'ufage de l’Algebre dans la Géométrie : cet wfage confifte principalement à réfoudre les problèmes géométri- ques par l’Algebre, comme on réfout les problèmes numériques , c'eft-à-dire, à donner des noms al gébri- ques aux lignes connues & inconnues ; & apres avoir énoncé la queftion algébriquement , à calculer de la même marmere que fon réfolvoit un problème nu- mérique. Ce qu’on appelle en Algebre équation d’une courbe, n'eft qu’un problème géométrique indétermi- né, dont tous les points de la courbe donnent la folu- tion : & ainf du refte. Dans l'application de l’Alge- bre à la Géométrie , les lignes connues ou ‘données {ont repréfentées par des lettres de l’alphabet, comme les nombres connus où donnés dans les queftions nu- mériques : mais 1l faut obferver que les lettres quite: préientent des lignes dans la folution d’un problème géométrique , ne pourroient pas toûjours être expri- mées par des nombres, Je fuppofe, par exemple , que dans la {olution d’un problème de Géométrie, on ait deux lignes connues, dont l’une que j’appellerai a foit le côté d’un quarré, & l’autre que je nommerai 4 Loit la diagonale de ce même quarré ; je dis que fionaffigne une valeur numérique à 4, il fera impoññble d’affigner une valeur numérique à & , parce que la diagonale d’un quarré & fon côté font incommenfurables. 72 INCOMMENSURABLE, DIAGONALE, HYPOTENU- SE, 6c. Ainf les calculs algébriques appliqués à la Géométrie ont un avantage, en ce que les carafteres 678 ART qui expriment Îles lignes données peuvent marquer des quantités commenfurables on incommenfurables ; au leu que dans les problèmes numériques , les carac- teres qui repréfentent les nombres donnés ne peuvent repréfenter que des nombres commenfurables. Il eft vrai que le nombre inconnu qu’on cherche , peut être repréfenté par une exprefñon algébrique qui défigne un incommenfurable : mais alorsc’eft une marque que ce nombre inconnu & cherché n’exifte point, que la queftion ne peut être rélolue qu’à peu près , & non exattement ; au lieu que dans lapplication de PAL gebre à la Géométrie, on peut tolñjours afligner par une conftruétion géométrique , la grandeur exaéte de la ligne inconnue , quand même l’expreffion qui défi- gne cette ligne feroit incommenfurable. On peut me- me fouvent afligner la valeur de cette ligne, quoi- nes ne puifle pas en donner l’expreffion algébrique; oit commenfurable , foit incommenfurable : c’éft ce qui arrive dans le cas irréduétible du troifieme dé- gre. Voyez CAS 1IRRÉDUCTIBLE. Un des plus grands avantages qu’on a tirés de l’ap- plication de PAlgebre à la Géométrie , eft le calcul différentiel ; on en trouvera l’idée au mot DIFFÉREN- TIEL , avec une notion exaéte de la nature de ce calcul. Le calcul diférentiel a produit lintégral. Voyez; CALCUL &INTÉGRAL. Il n’y a point de Géometre tant foit peu habile, qui ne connoïfle aujourd’hui plus ou moins l’ufage infini de ces deux calculs dans la Géométrie tranf cendante. ) M. Newton nous a donné fur l’Algebre un excel- lent Ouvrage , qu'il a intitulé Arithmetica univerfalis. Il y traite des regles de cette fcience, & de fon ap- plication à la Géométrie. Il y donne plufeurs mé- thodes nouvelles, qui ont été commentées pour la plüpart par M. s'Gravefande dans un petit ouvra- ge très-utile aux commençans , intitulé Æ/ementa al- gebræ, & par M. Clairaut dans fes élémens d’Algebre. Voyez a l'article ALGEBRE. les noms de plufeurs au- tres auteurs, qui ont traité de cette fcience : nous croyons que l’ouvrage de M. s’Gravefande, celui du P. Lamy, la /éience du calcul du P. Reyneau , Pa- nalyfe démontrée du même auteur , & l’Æ/gebre de Saunderfon publiée en Anglois ; font en ce genre les ouvrages dont les jeunes gens peuvent le plus profiter ; quoique dans plufieurs de ces traités, & peut-être dans tous , 1l refte bien des chofes à defi- rer.Sur la maniere d'appliquer l’Algebre à la Géomé- trie, c’eft-à-dire de réduire en équation les queftions géométriques : nous ne connoïflons rien de meilleur ni de plus lumineux que les regles données par M. Newton, p. 82. & fuiv. de fon arithm. univ. édition de Leyde 1732. 7ufqu'a la pag. 96. elles font trop précieufes pour être abregées, & trop longues pour être inferées ici dans leur entier ; ainfi nous y ren- voyons nos leéteurs. Nous dirons feulement qu’elles peuvent fe réduire à ces deux regles. | Premiere regle. Un problème géométrique étant propofé (&con pourroit en dire autant d’un problème numérique ) comparez enfemble Les quantités con- nues & inconnues que renferme ce problème ; & fans diftinguer les connues d’avec les inconnues, exa- minez comment toutes ces quantités dépendent les unes des autres ; & quelles font celles qui étant con- nues feroient connoître les autres, en procédant par une méthode fynthétique. Seconde regle. Parmi ces quantités qui feroient connoître les autres , & que je nomme pour cette rai- {on fynthétiques , cherchez celles qui feroient connoi- tre les autres le plus facilement , & qui pourroient être trouvées le plus dificilément , fi on ne Les fup- pofoit point connues ; & regardez ces quantités com- me celles que vous devez traiter de connues. C’eft Q-deflus qu’eft fondée la regle des Géome- tres, qui difent que pour réfoidreun problème sos métrique algébriquement, il faut le füppofer ré{olu : en effet pour réfoudre ce problème ; il fautfe repré: fenter toutes les lignes , tant connues qu’inconnues | comme des quantités qu'on a devant les yéix, & qui dépendent toutes les unes des autres ; “énforte que les connues & les inconnues puiflent réciproque: ment & à leur tour être traitées, fi l’on veut, d’incon: nues & de connues. Mais en voilà aflez fur cette mat tiere dans un Ouvrage où l’on ne doiten expofer que les principes généraux. Voyez APPLICATION. (O)° * ARITHMÉTIQUE POLITIQUE , c’eft celle dont les opérations ont pour but des recherches utiles à l'art de gouverner lés peuples, telles que celles du nombre des hommes qui habitent un pays ; de là quantité de nourriture qu’ils doivent confommer ; du travail qu'ils peuvent faire ; du téms qu'ils ont à vie vre , de la fertilité des terres, de la fréquence des naufrages , 6c. On conçoit aifément que ces décous vertes & beaucoup d’autres dela même nature, étant acquifes par des calculs fondés fur quelques expé2 riences bien conftatées , un miniftre habile ‘en tirez roit une foule de conféquences pour la perfeétion de l’agriculture, pour le commerce, tant intérieurqu’ex: térieur, pour les colonies, pour le cours & l'emploi de l’argent , &c. Mais fouvent les miniftres (je n'ai garde de parler fans exception ) croyent n’avoir pas befoin de pafler par des ns & des fuites d'opérations arithmétiques : plufieurs s’imaginentêtre doués d’un grand génie naturel, quiles difpenfe d’une marche filente & fi pénible, fans compter qué la na- ture des affaires ne permet ni ne demande prefqué jamais la précifion géométrique. Cependant fi la na? ture des affaires la demandoïit &c la permettoit , ie ne doute point qu’on ne parvint à fe convaincre que le monde politique , aufli-bien que le monde phyfique , peut fe regler à beaucoup d’égards par poids, nom- bre & mefure. Le chevalier Petty, Anglois, eft le premier quiait publié des effais fous ce titre. Le premier eft {ur la multiplication du genre humain ; {ur l’accroiffement de la ville de Londres, {es degrés, fes périodes , fes caufes & fes fuites. Le fecond , fur les maïfons , les habitans , les morts & les naïflances de la ville de Dublin. Le troifieme eft une comparaiïfon de la vil: le de Londres & de la ville de Paris ; le chevalier Petty s'efforce de prouver que la capitale de l’An- gleterre l’emporte fur celle de la France par tous. ces côtés : M. Auzout a attaqué cet effai par plufieurs objettions , auxquelles M. le chevalier Petty à fait des réponfes, Le quatrieme tend à faire voir qu'il meurt à l’'Hôtel-Dieu de Paris environ trois mille malades par an, par mauvaife adminiftration. Le cin- quieme eft divifé en cinq parties : la premiere eft en réponfe à M. Auzout ; la feconde contient la com- pataïfon de Londres & de Paris fur plufieurs points ; la troïfieme évalue le nombre des paroïfliens des 134 paroïfles de Londres à 696 mille. La quatrieme eft une recherche fur les habitans de Londres, de Paris, d'Amfterdam, de Venife, de Rome, de Dublin, de Briftol, & de Rouen. La cinquieme a le même objet, mais relativement à la Hollande & au refte des Pro- vinces-unies. Le fixieme embrafle l’étendue & le’ prix des terres, les peuples , les maïfons , Pinduf= trie ; l’œconomie , les manufaétures , le commerce, la pêche, les artifans , les marins ou gens de mer, les troupes de terre ; les revenus publics, les inté- rêts , les taxes , le lucre, les banques , Les compa- gnies , le prix des hommes, Paccroiflement de la ma- rine & des troupes ; les habitations , les lieux , les conftruttions de vaifleaux, les forces de mer, &c.re- lativément à tout pays en général , mais particulie- rement à l'Angleterre , la Hollande , la Zéelande & | la France: Cet effai eft adreflé au roi ; c’eft prefque’ ARI dire que les réfultats en {ont favorables: à la nation Angloife. C’eft le plus important de tous les eflais du chevalier Petty ; cependant il eft très-court , fon le compare à la multitude & à la complication des ob: jets. Le chevalier Petty prétend avoir démontré dans environ une centaine de petites pages in-douze, gros caraétere : 1°, Qu'une petite contrée avec un petit nombre d’habitans peut équivaloir par fa fituation , {on commerce & fa police, à un grand pays & à un peuple nombreux, {oit qu'on les compare par la for- ce , ou par la richeñle ; & qu'il n'y a rien qui tende plus efficacement à établir cette égalité que la mari- ne & le commerce maritime. 2°. Que toutes fortes d'impôts & de taxes publiques tendent plütôtà aug- menter qu'à affoiblir la fociété & le bien public, 3°, Qu'il y a des empêchemens naturels & durables à jamais, à ce que la France devienne plus puiflante fur mer que l’Angleterre ou la Hollande : nos Fran- çois ne porteront pas un jugement favorable des cal- culs du chevalier Petty fur cette propoñition , &c je crois qu'ils auront raifon. 4°. Que par{on fonds & fon produit naturels , le peuple & le territoire de l'An- gleterre {ont à peu près égaux en richefle & en tor- ce au peuple & au territoire de France. 5°. Que les obftacies qui s’oppofent à la grandeur de l’Angleter- rene font que contingens & amovibles. 6°. Que de- puis quarante ans, la puiflance & larichefle de l’An- gleterrefe font fortaccrues. 7°. Que la diieme partie de toute la dépenie des fujets du Roy fufiroit pour entretenir cent mille hommes d'infanterie , trente mille hommes de cavalerie, quarante mille hommes de mer ; & pour acquitter toutes les autres charges de l'état, ordinaires & extraordinaires ; dans la feule fuppoñtion que cette drxieme partie feroit bien im- pofée, bien perçüe, & bien employée: 89. Qu'il y a plus de fujets fans emploi, qu'il n’en faudroit pour procurer à la nation deux millions par an., s'ils étoient convenablement occupés ; & que ces occu- pations {ont toutes prêtes , & n’attendent que des ouvriers. 9°. Que la nation a afilez d'argent pour fai- re aller fon commerce, 10°. Enfin que la nation a tout autant de reflources qu'il lui en faut pour em- brafler tout le commerce de l'univers , de quelque nature qu'il foit. Voilà comme on voit des prétenfions bien exceffi- ves: mais quelles qu’elles foient, le leéteur fera bien d'examiner dans l'ouvrage du chevalier Petty , les raifonnemens & les expériences fur lefquels ii s’ap- puie : dans cet examen , il ne faudra pas oublier qu'il arrive des révolutions ; {oit en bien , foit en mal , qui changent en un moment la face des états, & qui modifient & même anéantifient les fuppoñ- tions ; & que les calcuis & leurs rélultats ne font pas moins variables que les évenemens. L'ouvrage du chevalier Petty fut compoifé avant 1699. Selon cet auteur ; quoique la Hollande & la Zéelande ne con- tiennent pas plus de 1000000 d’arpens de terre, & que la France en contienne au moins 8000000 , cependant ce premier pays a prefque un tiers de la richefle & de la force de ce dernier. Les rentes des terres en Hollande font à proportion de celles de France ; comme de 7 ou 8 à 1. ( Obfervez qu'il eft queftion ici de l’état de l’Europe en 1699; êc c’eft à cette année que fe rapportent tous les calculs du che- valier Petty , bonsou mauvais ). Les habitans d’Amf- terdam font + de ceux de Paris ou de Londres; & la différence entre ces deux dernieres villes n’eft, fe- lon le même auteur, que d'environ une vingtieme partie. Le port de tous les vaiffeaux appartenans à l’Europe, fe monte à environ deux millions de ton- neaux , dont les Anglois ont $oocoo, les Hollans dois 900000 ; les François 100000 ; les Hambour- gois, Danois , Suédois ; & les habitans de Dantzic 250000 ; l’Efpagne , le Portugal, l'talie , &c; à À RI 679 peu. près autant. La valeur des marchandifes qui {ortent annuellement de la France, pour l’uface de différens pays, fe monte en tout à environ $oc000o livres flerlin ; c’eft-à-dire , quatre fois autant qu'il en entroit dans l’Angleterre feule. Les marchan- dies qu'on fait fortir de la Hollande pour l’Angle- terre valent 300000 livres flerlin; & ce qui tort de-là pour être répandu par tout le refte du mon- de, vaut 18000000 livres flerlin. L'argent que le Roi de France leve annuellement en tems de paix fait environ 6 2 millions fterlin. Les fommes levées en Hollande & Zéelande font autour de 2100006 livres fterlin ; & celles provenantes de toutes les Pro- vinces-umes font enfemble environ 3000000 livres fterlin. Les habitans d’Anglererre font à peu près au nombre de 6000000; & leurs dépenfes à raifon de 7 li vies fterlin par an, pour chacun d'eux, font 42000000 livres fterlin ou 80000 livres fterlin par femaine. La rente des terres en Angleterre eft d'environ 8 millions fterlin ; 8x les intérêts &z profits des biens propres à peu près autant. Larente des maïlons en An- gleterre 4000000 livres fferlin, Le profit du travail de tous les habitans fe monte à 26000000 livres fterlin par an. Les habitans d'Irlande font au nom- bre dé 1200000. Le blé confommé annuellement en Angleterre, comptant le froment à 5 fchelins le boif- eau, &c l'orge à 2 + fchelins, fe monte à dix millions fterlin. La marine d'Angleterre avoit beioïn en 1699, c’eft-à-dire du tems du chevalier Petty, ou à la fin du dernier fiecle ; de 36000 hommes pour les vaif- feaux de guerre ; & 48000 pour les vaifleaux mar- chands & autres : & il né falloit pour toute la mari- ne de la France que 15000 hommes. Il y a en Fran- ce environ treize millions & denu d’ames; & en An: gieterre, Ecofle & Irlande , environ neufmillions & lemi. Dans les trois royaumes d'Angleterre , d'E- cofle & d’Irlande, il y a environ 20000 ecciéfiafti- ques ; & en France, 1ly en a plus de 270000. Le royaume d'Angleterre à plus de 40000 matelets , &r la France n’en a pas plus de 10000. Il y avoit pour lors en Angleterre ; en Ecofle ; en Irlande , & dans les pays qui en dépenderit, des vaiffeaux dont le port {e montoit environ à 6oooo tonneaux, ce qui vaut à peu près quatre millions & demi de livres flerlin. La ligne marine autour de l’Angleterre, de l’Ecoffe , de l'Irlande, &c des îles adjacentes, eftd’environ 3800 milles. Il y a dans le monde entier environ 300 mil- lions d’ames, dont il n’y a qu'environ 80 mullions, avec lefquelles les Anglois & les Hollandoïs fotent en commerce. La valeur de tous les effets. de com- merce ne pafle pas 45 millions fterlin. Les manufac- tures d'Angleterre qu’on fait fortir du royaume, fe montent annuellement à environ $ mullions fterlin. Le plomb, le fer-blanc & le charbon, à 500000 li- vres fterlin par an. La valeur des marehandifes de France qui entrent en Angleterre , ne pafle pas 1200000 livres fterlin par an. Enfin il y a en An- gleterre environ fix millions fterlin d’efpeces mon- noyées. Tous ces calouls, comme nous lavons dit , font relatifs à l’année 1609; & ont di fans doute bien changer depuis. M. Davenant autre auteur d’arichimérique politique ; prouve qu’ilne faut pas compter abiolument jur plu- fieurs des calculs du ch Petty : ilen donne d’autres qu’il a faits luimême, &c qui fe trouvent fondés {ur les obfervations de M. King. En voici quelques-uns. L’Angleterre contient, dit-il, 39 millions d’arpens de terre. Les habitans, felon fon calcul ; font à peu près au nombre de $ 545000 ames, & ce nombre aug mente tous les ans d'environ 9000, déduéhion faite de ceux qui peuvent périr parles peftes, les maladies, les guerres, lamarine, &c. & de ceux qui vont dans les colonies. Il compte 530000 habitans dans la ville de Londres; dans les autres villes & bourgs d’An- Go ARI gleterre S7oooo, & dans les villages & hameaux 4100000. il eftime la rente annuelle des terres à 10 millions fterlin ; celle des maïfons & des bâtimens à deux millions par an ; le produit de toutes fortes de grains, dans une année paflablement abondante , à 9075000 liv. ft. la rente annuelle des terres en blé, à 2 millions, & leur produit net au-deflus de o millions fterlin ; la rente des pâturages , des prairies, des bois, des forêts, des dunes, &c. à 7 millions fterlin ; le pro- duit annuel des beftiaux en beurre , fromage & lait, peutmonter, félon lui, à environ 2 + millions fterlin. Il eftime la valeur de la laine tondue annuellement à environ 2 millions fterlin: ceile des chevaux qu’on éleve tous les ans à environ 250000 Liv. fterlin; la confommation annuelle de viande pour nourriture, à environ 3350000 liv. fterlin : celle du fuif & des cuirs environ 600000 livres fterlin: celle du foin pour la nourriture annuelle des chevaux, environ 1300000 livres fterlin, & pour celle des autres bef- tiaux, un million fterlin : le bois de bâtiment coupé annuellement, $o0000 liv fterl. Le bois à brüler, rc. environ 500000 liv. fterl. Si toutes les terres d’Angle- terre étoient également diftribuées parmi tous les ha- bitans, chacun auroit pour fa part environ 7: arpens. La valeur du froment, du feigle, & de l'orge neceffai- re pour la fubfftance de l’Angleterre, fe monte au moins à 6 millions fterl. par an. La valeur des manu- fa@ures de laine travaillées en Angleterre, eft d’envi- ron 8 millions par an; & toutes les marchandilés de laine qui fortent annuellement de l'Angleterre, paf- {ent la valeur de 2 millions fterl. Le revenu annuel de l’Angleterre, fur quoi tous les habitans fe nour- riflent & s’entretiennent, & payent tous les impôts & taxes, fe monte, {elon lui, à environ 43 mil- lions : celui de la France à 81 millions, & celui de la Hollande à 18250000 livres fterlin. Le major Grant, dans fes obfervations fur les Z/° tes mortuaires , compte qu'il y a en Angleterre 39000 milles quarrés dé terre : qu'il y a en Angleterre & dans la principauté de Galles, 4600000 ames : que les habitans de la ville de Londres font à peu près au nombre de 640000; c’eft-à-dire, la quatorzieme partie de tous les habitans de l’Angleterre: qu'il y a 6; 5 43 3 2, LE 104 1 SSL ASUS TO, 7 LOS 8c que les zéros des deux rangées inférieures des ba: rillets correfpondent exaftement aux intervalles 4, B ,ileft clair qu'au bout d’une révolution du barillet XIV, XV, le zéro correfpondra encore à l'intervalle B : mais que ce fera le chiffre 7 du barillet 14, 15, qui correfpondra dans le même tems à l’intervalle À. Donc , fi l’on écrit fur le barillet XIY, XF les deux rangées fuivantes, comme on les voit, Os 190048 217510153345 13-0273 19» Op 1» 2» 3» 45. 3» Cs To 85 99 DS, 7 GG AS PSN LS 10% 113123 13 M4 34108 Lyme & fur lé barillet 14, 15 , les deux rangées fuivantes, comme on les voit , 0,9%184 7,6, 54 AITYLS Ts Jr O0 LS 2535 45 907 & que les zéros des deux-rangées inférieures des ba- rillets correfpondent en même tems aux intervalles A , B ,1leit clair que dans ce cas, de même que dans le premuer , lorique le zéro du barillet XI, XV correfpondra , après avoir fait un tour, à l’in- tervalle B, le barillet 14, 15 préfentera à l’ouver- ture ou efpace À , le chiffre 7. Il en fera toùjours ainfi, quelles que foient les ran- gces de chiffres que l’on trace fur le barillet XH, XV, & fur le barillet 14, 15 : dans le premier cas le barillet XIV, XF tournera fur lui-même , & pré- fentera fes douze caraéteres à l'intervalle 3, quand le barillet 14, 15, n'ayant tourné que d’un vingtie- me , préfentera à l’intervalle 4, le chiffre 1. Dans le fecond cs, le barillet X7Y, XF tournera fur lui- même, & préfentera fes vingt caraéteres à l’ouver- ture ou intervalle B , pendant que le barillet 14, 15, n'ayant tourné que d’un dixieme , préfentera à l’ou- verture ou intervalle À , le chiffre 1. Dans le troi- fieme cas, le barillet XI, XF tournera fur lui-me- me, & aura préfenté {es dix caraéteres à Pouvertu- re B, quand le barillet 14, 15, n'ayant tourné que d’un dixieme , préfentera à l'ouverture ou interval- le À, le chiffe 1. | Mais au lieu de faire toutes ces fuppoñtions fur. deux barillets , je peux les faire fur un grand nombre de barillets , tous aflemblés les üns avec les autres, comme on voit ceux de la fg, 4. Rien n’empèche de fuppofer à côté du barillet 14, 15 un autre baril- let placé par rapport à lui, comme il eft placé par rapport au barillet XI, XF, avec les mêmes roues, un fautoir, & tout le refte de l’affemblage. Rien n’em- pêche que je ne puiffe fuppofer douze chevilles à la roue LIT, LX & les deux rangées ©, 11, 10,9, &c. Ti, O3 res tracées fur le barillet XF, XF, vingt chevilles à la roue 8,0, & les deux rangées 0,19,18,17, y 0) 1300 16,15, &c. tracées fur le banillet 14, 15 ; dix che- 3 45 Gt villes à la premiere , pareïlle à la roue 8,9, &c les deux rangéeso,9,8,7,6; Ge. fur le troifieme ba- | D»0»1) 2935 ÊR. De rilet ; dix chevilles à la feconde pareille de 8,9; & les-deux rangées 0,9,8,7:6, 6c. fur le qua- 50519253 Ge, trieme barillet ; dix chevilles à la troifieme pareille de 8,9, & les deuxrangéeso,9, 8,7, 6, Gc.fur ORDER RE TT AS le cinquieme barillet, & ainfi de fuite. Rien n'empêche non plus de fuppofer que tandis que le premier barillet préfentera fes douze chiffres à fon ouverture, le fecond ne préfentera plus que le chiffre x à la fienne ; que tandis que le fecond baril- let préfentera {es vingt chiffres à fon ouverture ou intervalle, le troifieme ne préfentera que le chiffre 1; que tandis que le troifieme barillet préfentera fes dix caratteres à fon ouverture , le quatrieme n’y pré- fentera que le chiffre 1 ; que tandis que le quatrieme barillet préfentera {es dix caraéteres à fon ouverture, le cinquieme barillet ne préfentera à la fienne que le chiffre 1 , & ainfi de fuite. D'où il s’enfuivra 1°. qu'il n’y aura aucun nom- bre qu'on ne puifle écrire avec ces barillets ; car après les deux échappemens, chaque équipage de ba- rillet demeure ifolé , eft indépendant de celui qui Le précede du côté de la droite, peut tourner fur lui- même tant qu'on voudra dans la direétion 7111, VIII, IX, IX, & par conféquent offrir à fon ou- verture celui des chiffres de fa rangée inférieure qu'on jugera à propos : mais les intervalles 4, B, font aux cylindres nuds AP, XV, 14, 15, ce que leur font les ouvertures de la ligne F, X, fig. 2. quand ils font couverts de la plaque N O R P. 2°. Que le premier barillet marquera des deniers, le fecond des fous, le troifieme des unités de li- vres , le quatrieme des dixaines , le cinquieme des centaines, Éc. 3°. Qu'il faut un tour du premier barillet , pour un vingtieme du fecond ; un tour du fecond, pour un dixieme du troifieme ; un tour du troifieme, pour un dixieme du quatrieme ; & que par conféquent les ba- rillets fuivent entre leurs mouvemens la proportion qui regne entre les chiffres de l’arithmetique quand ils expriment des nombres ; que la proportion des chiffres eft toüjours gardée dans les mouvemens des barillets , quelle que foit la quantité de tours qu’on fafle faire au premier , ou au fecond , ou au troiïfie- me, & que par conféquent de même qu'on fait les opérations de l’Arithmétique avec des chiffres, on peut la faire avec les barillets & les rangées de chif- fres qu'ils ont. 4°. Que pour cet effet , il faut commencer par mettre tous les barillets de maniere que les zéros de leur rangée inférieure correfpondent en même tems aux ouvertures de la bande F Z , & de la plaque NO R P ; car fi tandis que le premier barillet, par exemple, préfente O à fon ouverture, le fecond pré- fente 4 à la fienne, il eft à préfumer que le premier barillet a fait déjà quatre tours, ce qui n’eft pas vrai. 5°. Qu'il eft affez indifférent de faire tourner les barillets dans la dire&tion VIII, VIII, IX; que ce mouvement ne dérange rien à l’effet de la machine; mais qu'il ne faut pas qu'ils ayent la liberté de ré- trograder ; & c’eft auffi la fonétion du cliquet fupé- rieur C de la leur ôter. Il permet , comme on voit, aux roues de tourner dans le fens VIII , VIII, IX : mais il les empêche de tourner dans le fens contraire. 6°. Que les roues ne pouvant tourner que dansla dire@ion VIIT, VIII, IX, c’eft de la ligne ou ran- gée de chiffres inférieure des barillets qu'il faut fe fervir pour écrire un nombre; par conféquent pour faire l’addition ; par conféquent encore pour faire la multiplication ; & que comme les chiffres des ran- gées font dans un ordre renverfe, la fouftraétion fe Tome L, ART 633 doit faire fur la rangée fupérieure , & par confequent aufli la divifon. Mais tous ces corollaires s’éclairciront davantage par l’ufage de la machine , & la maniere de faire les : opérations. Mais avant que de pañler aux opérations, nous ferons obferver encore une fois que chaque roue 6 , 7 » fig. 4. a fa correfpondante 4, $ , fig. 2. & chaque roue 4, 5 ; fon cercle mobile Q ; que chaque roue 8, 9, a fon cliquet fupérieur , & {on cliquet inférieur ; que ces deux cliquets ont une de leurs fonétions com- mune ; c’eft d'empêcher les roues FIII1,1X,8,9, Éc. de rétrograder ; enfin , que le talon 1 , pratiqué au cliquet inférieur , lui eft eflentiel. Ufages de la machine arithmétique pour l'addition. Commencez par couvrir dela bande P R, la rangée fupérieure d'ouvertures , en forte que cette bande {oit dans l’état où vous la voyez fig. z. mettez enfuite toutes les roues de la bande inférieure ou rangée à zero ; &t foient les fommes à ajoûter GCOMETNCS 584 15 6 342 .12 9 Prenez le conduéteur; portez “a pointe dans la huitieme denture du cercle Q le plus à la droite ; fai- tes tourner ce cercle jufqu’à ce que l’arrêt ou la po- tence $ vous empêche d'avancer. Pañlez à la roue des fous , ou au cercle Q qui fuit immédiatement celui fur lequel vous avez opéré, en allant de la droite à la gauche ; portez la pointe du conduéteur dans la feptieme denture, à compter de- puis la potence ; faites tourner ce cercle juiqu’à ce que la potence $ vous arrête; paflez aux livres, aux dixaines , & faites la même opération fur leurs cer- cles Q. En vous y prenant ainfi, votre premiere fomme fera évidemment écrite : opérez fur la feconde, pré- cifément comme vous avez fait fur la premiere , fans vous embarrafler des chiffres qui fe préfentent aux ouvertures ; puis fur la troifieme. Après votre troi- fieme opération, remarquez les chiffres qui paroï- tront aux ouvertures de la ligne Y°Z, ils marque- ront la fomme totale de vos trois fommes partielles. Démonftration. 11 eft évident que fi vous faites tourner le cercle Q des deniers de huit parties , vous aurez 8 à l’ouverture correfpondante à ce cercle : il eft encore évident que fi vous faites tourner le mê- me cercle de fix autres parties, comme il eft divifé en douze , c’eft la même chofe que fi vous laviez fait tourner de douze parties, plus 2 : mais en le fai- fant tourner de douze, vous auriez remis à zéro le barillet des deniers correfpondant à ce cercle des de- niers , puifqu'il eût fait un tour exaét fur lui-même : mais il n’a pù faire un tour fur lui-même, que le fe- cond barillet , ou celui des fous, n’ait tourné d’un vinotieme ; & par conféquent mis le chiffre r à l’ou- verture des fous. Mais le chiffre des deniers n’a pù refter à o; car ce n’eft pas feulement de douze par- ties que vous l’avez fait tourner, mais de douze par- ties plus deux. Vous avez donc faiten fus comme fi le barillet des deniers étant à zéro , & celui des fous à 1, vous euflez fait tourner le cercle Q des deniers de deux dentures : mais en faifant tourner le cercle Q des deniers de deux dentures, on met le ba- rillet des deniers à 2, où ce barillet préfente 2 à fon ouverture. Donc le barillet des deniers offrira 2 à fon ouverture, & celui des fous 1 : mais 8 demiers & 6 deniers font 14 deniers, ou un {ou , plus 2 de- niers ; ce qu'il falloit en effet ajoûter , & ce que la machine a donné. La démonitration iera la même pour tout le refte de l'opération. | Exemple de foufirattion. Commencez par baïffer la bande P R fur ia ligne X F d'ouvertures inférieu- Rrrry 654 AR res; écrivez la plus grande fomme fur Les ouvertures de la ligne fupérieure , comme nous Pavons prefcrit pour l'addition, par Îe moyen du conduéteur; fartes l’addition de la fomme à fouftraire, ou de la plus pe- tite avec la plus grande , comme nous l’avons pref- crit à l'exemple de l'addition : cette addition faite, la fouftraétion le fera auf. Les chiffres qui paroïtront aux ouvertures, marqueront la différence des deux fommes, ou l'excès de la grande fur la petite ; ce que l’on cherchoit. Soit DÉS EMO NUE dont il faut fouftrare 8989 19 1 Si vous exécutez ce que nous vous ayons pref- crit, VOUS trouverez aux ouvertures 131 9 3. Démonffration. Quand j'écris le nombre 9121 liv. 9 f. 2 d. pour faire paroiïtre 2 à l’ouverture des de- niers , je fuis obligé de faire pafer avec le direc- teur, onze dentures du cercle Q des deniers ; car il y a à la rangée fupèrieure du barillet des deniers onze termes depuis o jufqu’à 2:f1 à ce 2 j’ajoûte encore 11, je tomberai fur 3 ; car il faut encore que je fafle fai- re onze dentures aux cercles Q : or comptant 11 de- puis 2, on tombe fur 3. La démonftration ef la mê- me pour le refte. Mais remarquez que le barillet des deniers n’a pu tourner de 22, fans que le barillet des fous n’ait tourné d’un vingtieme , ou de douze deniers. Mais comme à la rangée d’enhaut les chiffres vont en rétrogradant dans le fens que les barillets tournent ; à chaque tour du barillet des deniers , les chiffres du barillet des fous diminuent d’une unité ; c’eftà-dire , que l’emprunt que l’on fait pour un ba- sillet eft acquitté fur l’autre, ou que la fouftra@ion s'exécute comme à l'ordinaire. Exemple de multiplication. Revenez aux ouver- tures inférieures ; faites remonter la bande PR fur les ouvertures fupérieures ; mettez toutes les roues à zéro, par le moyen du conduéteur, comme nous avons dit plus haut. Ou le multiplicateur n’a qu’un caraëtere , ou il en a plufieurs ; s’il n’a qu'un caraëtere , on écrit, comme pour l’addition , autant de fois le multiplicande , qu’il y a d’unités dans ce chiffre du multiplicateur : ainfi la fomme 1245 étant à multiplier par 3 , j'écris ou pole trois fois cette {omme à l’aide de mes roues & des cercles Q ; après la derniere fois , 1l paroît aux ouvertures 3735, qui eft en effet le produit de 1245 par 3. Si le multiplicateur a plufñeurs caraéteres , 1l faut multiplier tous les chiffres du multiplicande par cha- cun de ceux du multiphcateur , les écrire de la mé- me maniere que pour l’addition : mais 1l faut obfer- ver au fecond multiplicateur de prendre pour pre- miere roue celle des dixaines. La multiplication n'étant qu’une efpece d’addi- tion, & cette regle fe faifant évidemment ici par voie d’addition, l’opération n’a pas befoin de dé- monftration. Exemple de divifion. Pour faire la divifion 1l faut fe fervir des ouvertures fupérieures; faites donc def. cendre la bande PR fur les inférieures ; mettez à zéro toutes les roues fixées fur-cette bande, & qu’on appelle roues de quotient ; faites paroïtre aux ouver- tures votre nombre à divifer, & opérez comme nous allons dire. Soit la fomme 65 à divifer par cinq; vous dites, en 6, cinq y eft, & vous ferez tourner votre roue comme fi vous vouliez additionner $ & 6 ; cela fait ; les chiffres des roues fupérieures allant toüjours en rétrogradant, il eft évident qu'ilne paroîtra plus quel à l’ouverture où 1l paroïfloit 6; car danso, D» 85 7 6, 5:45 39 21; 1 eft le cinquieme terme après 6. Mais le divifeur ÿ n’eft plus dans 1 , marquez donc 1 fur la roue des quotiens , qui répond à l’ouverture des dixaines; paflez enfute à l’ouverture des unités, ART Ôtez-en ÿ autant de fois qu’il fera poflible , en ajod- tant 5 au carattere qui paroït à-travers cette ouver- ture, jufqu’à ce qu'il vienne à cette ouverture ou zéro, où un nombre plus petit que cinq, & qu'il n’y ait que des zéros aux ouvertures qui précédent : à chaque addition faites pafler l'aiguille de la roue des quotiens qui eft au-defflous de l'ouverture des uni- tés, du chiffre 1 fur le chiffre 2, fur le chiffre 3, en un mot fur un chiffre qui aît autant d’unités que vous ferez de fouftraétions : ici après avoir ôté trois fois ; du chiffre qui paroïfloit à l'ouverture des unités, 1 eft venu zéro ; donc 5 eft 13 fois en 65. Il faut obferver qu’en ôtant ici une fois $ du chiffre qui paroït aux unités, il vient tout de fuite o à cette ouverture; mais que pour cela l'opération n’eft pas achevée, parce qu’il refte une unité à l’ouverture des dixaines, qui fait avec le zéro qui fuit 10, quil faut épuifer ; or il eft évident que ÿ Ôté deux fois de 10, il ne reftera plus rien ; c’eft-à-dire que pour exhauftion totale, ou que pour avoir zéro à toutes les ouvertures, il faut encore fouftraire $ deux fois. Il ne faut pas oublier que la fouftraétion fe fait exaétement comme l’addition, &c que la feule diffé- rence qu'il y ait, c’eft que l’une fe fait fur les nom bres d’en-bas, & l’autre fur les nombres d’en-haut. Mais fi le divifeur a plufeurs carateres , voici comment on operera : {oit 9989 à divifer par 124, on Ôtera 1 de 9, chiffre qui paroït à l'ouverture des mille ; 2 du chiffre qui paroît à l'ouverture des cen- taines ; 4 du chiffre qui paroïtra à l’ouverture des dixaines, & l’on mettra l’aiguille des cercles de quo- tient , qui répond à l’ouverture des dixaines, fur le chiffre 1. Si le divifeur 124 peut s’ôter encore une fois de ce qui paroitra, après la premiere fouftrac- tion, aux ouvertures des mille, des centaines , & des dixaines, on l’ôtera & on tournera l'aiguille du même cercle de quotient fur 2, & on continuera jufqu’à l’exhauftion la plus complete qu’il fera pof- fible ; pour cet effet il faudra réitérer ici la fouftrac- tion huit fois fur les trois mêmes ouvertures ; l’ai- gulle du cercle du quotient qui répond aux dixaines, fera donc fur 8, & il ne fe trouvera plus aux ouver- tures que 69, qui ne peut plus fe divifer par 124; on mettra donc l'aiguille du cercle de quotient, qui ré- pond à l’ouverture des unités, fur o, ce qui marquera que 124 Ôté 80 fois de 9980, il refte enfuite Go. Maniere de réduire les livres en fous, 6 Les fous en de- niers. Réduire les livres en fous , c’eft multiplier par 20 les livres données ; & réduire les fous en deniers, c’eft multiplier par douze. #7, MULTIPLICATION, Convertir les fous en livres 6 les deniers en fous , c’eft divifer dans le premier cas par 20, & dans le fecond par douze. Voyez Division. Convertir les deniers en livres , c’eft divifer par 240. Voyez Division. Il parut en 1725 une autre machine arihmérique , d’une compofition plus fimple que celle de M. Paf- cal, & que celles qu’on avoit déjà faites à l'imita- tion ; elle eft de M. de l’Épine ; & l’Académie a jugé qu’elle contenoit plufeurs chofes nouvelles & ingé- nieufement penfées. On la trouvera dans le recueil des machines : on y en verra encore une autre de M. de Boitiflendeau , dont l’Acadèmie fait aufi l'éloge. Le principe de ces machines une fois connu , il y a peu de mérite à les varier: mais il falloit trouver ce principe ; 1l falloit s’appercevoir que fi l’on fait tour- ner verticalement de droite à gauche un barillet char- gé de deux fuites de nombres placées l’une au-deflus de l’autre, en cette forte, 0, 9,8,7,6; &c. DO 1925 35 Ge. l'addition fe faoit fur la rangée fupérieure, & la fouftra@tion fur l’inférieure, préçi{ément de la même maniere, ARL * ARIZA , ( Géog. anc. & mod.) bourg d'Efpagne dans l’Arragon, fur les frontieres de la vieille Caftille, &c fur la riviere de Xalon; les Géographes préten- dent que cette A4riza eft la ville qu’on nommoit an- ciennement 47/2 ou Arcr. * ARKI, ( Géog. ) ville de la Turquie en Europe, fituée dans la Bofnie, à Pembouchüre de la Bofna dans la Save. *ARLANZA , petite riviere d'Efpagne, qui a fa fource à Lara, baigne Lerma, &c fe rend dans l’Ar- lanzon. * ARLANZON, riviere d'Efpagne dans la vieille Caftille, qui baigne Burgos, reçoit l’Arlanza, & fe jette dans le Pizuerga , fur les frontieres du royaume de Léon. ARLEQUIN, f. m. ( Lisrérar.) perfonnage qui, dans la Comédie italienne , fait le rôle de bouffon pour divertir le peuplé par fes plaïifanteries. Nous l'avons introduit fur nos théatres, & il y joue un des principaux rôles dans les pieces que l’on répréfente fur le Théatre italien. | Quelques-uns prétendent que ce nom doit fon ori- gine à un fameux comédien italien , qui vint à Paris {ous le regne d'Henri LIT. 87 que comme il fréquentoit familierement dans la maïfon du préfident de Harlai, qui lui avoit accordé fes bonnes graces , fes cama- rades l’appelloient par dérifñion ou par envie harle- quino , le petit de Harlai: mais cette hiftoire a tout l’air d’une fable, quand on fait attention au carac- tere d’Achilles de Harlai, qui, auffi-bien quelles au- tres magiftrats de ce tems-là , ne s’avilifloit point à recevoir chez lui des baladins. Foyez ComMÉDIE. (G) * ARLES, ( Géog: anc. & mod.) ville de France dans le gouvernement de Provence; elle eft fur le Rhone. Long. 22. 18. lar. 43. 40.33. * ARLES, ( Géog. ) petite ville de France dans le Rouflillon , à 6 lieues de Perpignan. * ARLESHEM, ville de Suifle dans l’évêché de Bâle. \ * ARLEUX , petite & ancienne ville des Pays- Bas dans le Cambrefis, fur les confins de la Flandre & du Hainaut, Long, 20. 46. lat. 50.17. * ARLON , ancienne ville des Pays-Bas, autre- fois confidérable 8 peuplée, dans le comté de Chi- mi, annexe du duché de Luxembourg, Long. 23. 20. lat. 49. 453. h * ARMADE f. f. ( Hift. mod. ) ou le régiment de l’armade ; c’eft celui qui a droit de garder la princi- pale porte du palais du roi de Portugal, & de loger dans la ville. ARMADILLE, animal quadrupede, mieux connu fous le nom de Tatou. Voyez TATou. (7) ARMADILLE, f. f. ( Marine.) on appelle ainf un certain nombre de vaifleaux de guerre, comme fix ouhuit, depuis 24 jufqu’à so pieces de canon, qui forment une petite flotte, que le roi d’Efpagne en- tretient dans la nouvelle Efpagne pour garder la côte &t empêcher que les étrangers n’aillent négotier avec les Efpagnols & les Indiens. Cette flotte a Le pouvoir de prendre même tous les vaifléaux Efpagnols qu’elle rencontre à la côte fans permiffion du roi. La mer du Sud a fon armadille de même que celle du Nord; celle-ci réfide ordinairement à Carthage- ne, & l’autre à Callao qui eft le port de Lima. ARMADILLES; c’eft aufli une efpece de petits vaifleaux de guerre, dont les Efpagnols fe fervent dans l'Amérique. (Z) *ARMAGH, ville d'Irlande dans la province d’Ultonie & dans le comté d’Armagh ; elle eft fur la riviere de Kalin. Long. 10. 46. lat, 54. * ARMAGNAC, province de France, avec titre de comté, d'environ 22 lieues de long fur 16 de lar- ge , dans le gouvernement de Guienne, bornée à AR M 685 lorient par la Garonne, au fud par le Bigorre & le Béarn, à l'occident par la Gafcogne particuliére , au feptentrion par le Condomois & l’Agénois; Auch en eft la capitale. Il y a le haut & le bas Armagnac. ARMAND , cerme ufité parmi les Maréchaux , ef une efpece de bouillie qu’on fait prendre à un cheval dégoûté & malade , pour lui donner de l'appétit & des forces : en voici la compofition. Prenez plein un plat de mie de pain blanc émiée bien menu; mouillez-la avec du verjus, y mettant trois ou quatre pincées de fel, au défaut de yerjusle vinaigre pourra fervir, & fufifante quantité dé miel rofat ou violat, ou à leur défaut, du miel commun. Faites cuire cette pâte à petit-feu pendant un quart d'heure pour en ôter l'humidité fuperflue, & ajoûtez- y de la canelle en poudre le poids dé deux écus, une douzaine & demie dé clous de girofle battus, une muf- cade rapée, & demi-livre de caflonnade : remettez le tout fur un petit feu, & laïflez cuire à feu lent un demi-quart-d’heure, remuant de tèéms en tems avec une fpatule de bois, pour bien mêler le tout & faire incorporer les aromates avec Le pain & le miel : mais il faut peu de feu, parce que la vertu des drogues s’exhale promptement par le moindre excès de cha- leur. ; Il faut avoir un nerf de bœuf, & mettre tremper le gros bout dans l’eau pendant quatre ou cinq heu- res ; & après qu'il fera ramolli de la forte, le faire ronger au cheval, qui lapplatira peu-à-peu: ou bien vous l’applatirez avec un marteau, 8 y mettrez en- fuite gros comme une noix de l’armand ; vous ouvri- rez d’une main la bouche du cheval, li faifant tenir la langue par quelqu'un avec la main, & la tête auf, de peur qu'il ne la remue ; & vous introduirez votre nerf , ainfichargé, le plus avant qu’il fera poffble. Dès qu’il aura pénétré aflez avant dans la bouche, il faut lui lâcher la langue & lui laifler mâcher le nerf de bœuf & l’arrzandtout enfemble l’efpace d’un parer; vous lui en remettrez enfuite jufqu’à cinq à fix fois, & le laifferez manger au bout de trois heures, pour lui redonner l’armand , & continuerez de la forte de trois en trois heures. L’armand eft utile à tous les chevaux dégoñûtés 8 malades, pourvü qu'ils n’ayent point de fievre. Il nourrit & fait reverurl’appétit, & ne manque jamais, lorfqu’on fourre tout doucement Le nerfjuiqu’au fond du gofier , de faire jetter au-dehors quantité de fles- mes ameres & bilieufes qui caufent le dégoût. Il faut à chaque fois qu’on retire le nerf du gofer, le net- toyer & l’efluyer avec du foin. Solleyfel , Parfait Ma- réchal, L’armand eft bon pour déboucher le gofier d’un che- val qui auroit avalé une plume ou telle autre ordure femblable , enfonçant par plufieurs fois le nerf char- gé d’armand jufqu’au fond. On éprouvera que l’ufage de ce remede ne fait aucune violence au cheval, & qu'il le nourrit & le remet en appétit : mais fi le Maréchal a la main rude, & que le nerf ne foit pas amolli, il peut crever le gofier du cheval & le faire mourir par la fuite : mais cela arrive fort rarement. Ibid. Autre armand pour un cheval dégoñté. Prenez une livre de miel & le faites un peu chauffer ; un deri- verre de vinaigre, & un peu de farine de froment cuite au four ; faites cuire doucement le tout dans un pot devant le feu; ajoûtez-y une canelle rapée ; & pour deux liards de girofle battu ; quand le tout fera cuit, vous le ferez prendre au cheval le mieux que vous pourrez. | Comme un cheval peut êrre dégoûté parce qu’il eft malade, & que fi on laïfloit agir la nature 1l fe- roit en danger de fe laïfer atténuer faute de nourri- ture, on prend du gruau ou de orge mondé, qu’on fait bouillir dans un pot fans beurre, puis on le don- 680 ARM ne tiéde au cheval, ce qui fufit pour le foütenir dans fon mal, & empêcher qu'il ne meure de faim. (77) * ARMANOTH , ( Géog.) province de l’Ecofle {eptentrionale, qui fait partie de la provincedeRofs, entre celles de Locquabir & Murrai. * ARMANSON ox ARMENSON, riviere de France en Bourgogne, qui a fa fource au-deflus de Semur où elle pañle, reçoit la Brenne, arrofe Ton- nerre , & fe jette dans Yonne à la gorge d’Arman- fon, près d'Auxerre. ARMARINTE, ff, cachrys ( Hiff. nac. bot. ) genre de plante à fleurs en rofe , foütenues par des rayons en forme de parafol , compolées de plufeurs pétales difpofés en rond fur un calice qui devient dans la fuite un fruit compofé de deux pieces faites en demi-ovale, d’une matiere fpongieufe , liffe dans quelques efpe- ces, cannelées & raboteufes dans quelques autres ; ces deux pieces renferment chacune une femence femblable à un grain d'orge, Tournefort,n/ff, rei herb. Voyez PLANTE. (1) ARMATA , ( Myth.) furnom fous lequel les La- cédémoniens honoroïent Vénus, qu'ilsrepréfentoient armée. | ARMATEUR oz CAPRE, (Marine. ) on appelle ainf le commandant d’un vaifleau qui eft armé pour croifer fur les bâtimens du parti contraire ; & c’eft aufli le nom fpécieux que prennent les pirates pour adoucir celui de cor/atre. On appelle auf armateur , les marchands qui afre- tent ou équippent un vaifleau , foit pour la courfe , {oit pour le commerce. (Z) ARMATURE , £. f. (Fonderie.) Les Fondeurs en ftatues équeftres & en grands ouvrages de bronze, appellent ainf un aflemblage de différens morceaux de fer pour porter le noyau & le moule de potée d’un ouvrage de bronze. Ceux d’une forme pyrami- dale n’ont pas befoin d’une forte armature , parce que la bafe foûtient les parties d’au-deflus qui dimi- nuent de grofleur; &c 1l fuffit dy mettre quelques barres de fer, dans lefquelles on pale d’autres fers plus menus, qu’on appelle Zardons, pour lier le noyau avec le moule de potée. Voyez FONDERIE , Noyau, LARDON, éc. Quelques fers de l’armature font faits pour refter tobjours enfermés dans le bronze, parce qu’ils fer- vent à donner plus de folidité aux parties qui portent le fardeau ; les autres font faits de maniere qu’on peut les retirer lorfque l’ouvrage eft fondu ; & de-là vient qu’on les fait de plufeurs pieces attachées les unes aux autres avec des vis, des boulons, &c des clavet- tes, afin de pouvoir les tourner dans le vuide du bronze lorfqu'on en ôte le noyau. Il faut obferver en forgeant les fers de l’'armature, de leur donner un contour fort coulant, pour ne pas corrompre les cor- pufcules du fer, ce qui lui Ôteroit toute fa force. Pour mettre en leur place tous les fers de l’arma- are , on commence par démolir la grille & le mafif qui portoit deflus, de façon qu'on puifle aflembler & river les principaux fers fous la bafe de l’armarure, Voyez les Planches des figures en bronze. ARMATURE, (ex Architeülure.) nom générique , fous lequel on comprend toutes les barres , boulons, clés , étriers, &c autres liens de fer qui fervent à con- tenir un afflemblage de charpente, . * ARME, ARMURE (Gram.) Arme fe dit de tout ce qui fert au foldat dans le combat, foit pour atta- quer, foit pour fe défendre ; armure ne s'entend que de ce qui fert à le défendre. On dit une armure de tête, de cuifle , 6. Dom Quichotte prend un baffin à batbe pour une armure de téte, & fait tomber fur des moulins à vent l'effort de fes armes. La mode des armures s’eft paflée , mais celle des ares ne pañlera point. Voyez les Synon. Fran. ARME o4 SCIE A MAIN, (Luck. Menuif, Marg.) AR M outil dont fe fervent les Faéteurs de clavecin, les | Ebéniftres, les Menuifers , &c. eft un feuillet de {cie 4 Ctrès-mince & fort large, denté dans toute fa longueur. Cette lame entre par la plus large de fes extrémités dans la fente d’une poignée 4 8, platte & percée d’un trou « ; où elle eft retenue par deux chevilles de fer. Le trou + fert à pañler les doigts pen- dant que la palme de la main appuye fur la partie B; enforte que pour tenir cet inftrument , 1l faut empoi- gner la partie 4 B. Voyez la figure de cette {cie qui fert à féparer les touches , & à plufeurs autres ufa- ges , Planche XVII. de Lutherie , fig. 22. ÂRME, les avirons , ( Marine.) c’eft un commande- ment de mettre les avirons fur le bord de la chaloupe tout prêts à fervir. (Z ARMES , {. m. (Art militaire.) fe dit en général de tout ce qui peut fervir à {e garentir ou couvrir des attaques de Pennemi &r à le combattre. Nicad fait ve- nir ce mot d’une phrafe Latine, qudd operiant armos, parce qu’elles couvrent les épaules ou les flancs : mais il paroït qu'il vient plütôt du Latin arm, que Varron dérive 4b arcendo ed qudd arceant hofles. On croit que les premieres armes étoient de bois, & qu’el- les fervoient uniquement contre les bêtes ; que Nem- broth, le premiertyran, les employa contre les hom.- mes, & que fon fils Belus fut le premier qui fit la guerre ; d’où felon quelques-uns il a été appellé Bez. lum. Diodore de Sicile croit que Belus eftle même que Mars, qui drefla le premier des foldats : felon Jofephe, ce fut Moyfe qui commença à armer les troupes avec du fer ; on fe fervoit auparavant d’ar- mes d’airtain, Les armes font offenfives ou défenfives ; les premieres fervent à attaquer l’ennemi, les autres a fe couvrir de fes coups. Les ares chez les Romains étoient défenfives & offenfives ; les offenfives étoient principalement le trait ; 1l y en eut de bien des efpe- ces, felon les diférens ordres des foldats, Les foldats armés à la légere, s’appelloient en général férentari. Les Vélites qui furent créés en 542, ceflerent quand on donna le droit de bourgeoïfie à toute l'Italie : on leur fubftitua les frondeurs , fzrditores, & les archers, Jaculatores, Les armes des Vélites étoient premiere- ment le fabre d’Efpagne commun à tous les foldats ; ce fabre avoit une excellente pointe, 8 coupoit des deux côtés ; enforte que les foldats pouvoient fe fer- vir du bout & des deux tranchans ; du tems de Po- lybe ils le portoient à la cuifle droite. Ils avoient en {econd lieu fept javelots ou denu-piques quiavoient environ trois piés de longueur avec une pointe de neuf doigts. Cette pointe étoit fi fine, qu’on ne pou- voit renvoyer le javelot quand il avoit été lancé , parce que cette pointe s’émoufloit en tombant. Ils portoient un petit bouclier de bois d’un demi-pié de large , couvert de cuir. Leur cafque étoit une ef- pece de chaperon de peau, appellé ga/ez ou galerus, qu’il faut bien diftinguer des cafques ordinaires , qui étoient de métal, & qu’on appelloit caffis : cette forte de cafque étoit aflez connue chez les anciens. Les armes des piquiers & des autres foldats , étoient pre- mierement un bouclier, qu'ils appelloient /cuum , différent de celui qu’ils nommoient c/ypeus ; celui-c1 étoit rond, & l’autre.oval. La largeur du bouclier étoit de deux piés & demi, & fa longueur étoit de près de quatre piés ; de façon qu'un homme en fe courbant un peu , pouvoit facilement s’en couvrir, parce qu'il étoit fait en forme de tuile creule, 2- bricata : on faifoit ces boucliers de boislèger &c pliant, qu’on couvroit de peau ou de toile peinte. C’eft de cette coûtume de peindre les armes que font venues dans la fuite les armoiries. Le bout de ce bouclier étoit garni de fer, afin qu'l püt réfifter plus facile- ment , & que le bois ne fe pourrît point quand on le pofoit à terre, comme on le faifoit quelquefois: au milieu du bouclier, il y avoit une boffe de fer pour fe porte ; on y attachoit une courroie. Outre le bouclier, 1ls ayoient des javelots qu'ils nommoïent pila ; c’étoit l'arme propre des Romains : les uns étoient ronds &. d’une erofleur à emplir la main ; les autres étoient quarrés, ayant quatre doigts de tour, & le bois quatre coudées de longueur. Au bout de ce bois étoit un fer à crochet qui faifoit qu’on ne retiroit ce bois que très-dificilement : ce fer avoit à peu près la même longueur que le bois. Il étoit atta- ché de maniere que la moitié tenoit au bois, & que l’autre fervoit de pointe ; énforte que ce javelot avoit en tout cinq coudées & dermi de longueur ; Pépaifleur du fer qui étoit attaché au bois, étoit d’un doigt & demi : ce qui prouve qu’il devoit être fort pefant , & devoit percer tout ce qu'il atteignoit. On fe fer- voit encore d’autres traits plus légers qui reffem- bloient à peu près à des pieux. Ils portoient auffi un cafque d’airain ou d’un autre métal, qui laifloit le vifage découvert ; d’où vient le mot de Céfar à la bataille de Pharfale : So/dats, frap- pez au vifage. On voyoit flotter {ur ce cafque une a1- grette de plumes rouges & blanches, ou de crin de cheval. Les citoyens de la premiere clafle étoient couverts d’une curafle qui étoit faite de petites mail- les ou chaïnons , & qu’on appelloit famara : on en faifoit auf d’écailles ou de lames de fer : celles-ci étoient pour les citoyens les plus diftingués ; elles pouvoient couvrir tout le corps. Héliodore , Ærhiop. liv. LX, en fait , vers le milieu de fon ouvrage , une defcription fort exaéte. Cependant la plüpart por- toient des cuirafles de lames d’airain de 12 doigts de largeur, qui couvroient feulement la poitrine. Le boucher, le cafque & la cuirafle étoient enri- chis d’or & d'argent , avec différentes figures qu’on gravoit deflus ; c’eft pourquoi on les portoit toû- jours couvertes, excepté dans le combat & dans dif- férentes cérémonies. Les Romains portoient aufli des bottines , mais quelquefois une feule à une des deux jambes. Les foldats furtout portoient de petites bottines garnies de clous tout autour , qu’on appel- loit caligæ , d’où eft venu le mot de Cahigula, que l’on donna à l’empereur Caius , parce qu’il avoit été élevé parmi les fimples foldats dans le camp de Ger- ianicus fon pere. Dans les premiers tems les cavaliers, chez les Romains , n'avoient qu’une efpece de vefte , afin de monter plus facilement à cheval. Ils n’avoient ni étriers ni felle , mais feulement une couverture qui ‘leur en fervoit. Ils avoient auffi des piques très-lése- tes , & un bouclier de cuit : mais dans la fuite ils em- prunterent leurs armes des Grecs , qui confiftoient en une grande épée , une pique longue, une cuirafle, un cafque , & un bouclier. Ils portoient aufñ quel- quefois des javelots. Nieupoort, cofsumes des Ro- FILALTIS, Les armes des François, lorfque Clovis fitla con- quête des Gaules, étoient la hache, le javelot, le bouclier , & l’épée. Procope , fecrétaire du fameux Belifaire , parlant de l’expédition que les François fi- rent enltahe fous Théodoric I. roi de la France Auf- trafenne , dit que ce roi, parmi les cent mille hom- mes qu'il conduifoit en Italie, avoit fort peu de ca- valiers , qui étoient tous autour de fa perfonne. Ces cavaliers feuls portoïent des javelots , qui foli haftas ferebanr; tout le refte étoit infanterie,Ces piétons n’a- voient mi arc ni javelot; zon arcu , non hafté armati ; toutes leurs armes étoient une épée,une hache,&c un bouclier. Le fer de la hache étoit à deux tranchans; le manche étoit debois , & fort court. Au moment qu’ils entendoient le fignal, ils s’'avançoient, & au premier affaut, dès qu'ils étoient à portée, ils lançoïent leur hache contre le bouclier de Pennemi, le cafloient, & puis fautant l'épée à la main fur leur ennemi , le fuotent, ARM 657 Lés cafques & les cuirafles n’étoient guere en ufa- ge parmu les François du tems de nos premiers rois : mais cet ufage fut introduit peu à peu. Ces cuiraf- fes, dans les premiers tems, étoient de cottes de mailles , qui couvroient le corps depuis la gorge juf qu'aux cuifles ; on y ajoûta depuis des manches & des chauflures de même. Comme nne partie de l’az drefle des combattans, foit dans les batailles , foit dans les combats particuliers , étoit de trouver le dé- faut de la cuirafle, c’eft-à-dire , les endroits où ellé fe joignoit aux autres pieces de l’armure, afin de per: cer par-là l’ennemi; nos anciens chevaliers s’appli- quoient à remédier à cet inconvénient, Guillaume le Breton , & Rigord, tous deux hifto- riens de Philippe Augufte, remarquent que ce fut de leur tems , où un peu auparavant , que les cheva- lers réuflirent à fe rendre prefqu’invulnérables, par l’expédient qu’ils imaginerent de joindre tellement toutes Les pieces de leur armure, que ni la lance , ni Pépée , ni le poignard, ne puflent guere pénétrer juf: qu'à leurs corps; & de les rendre fi fortes, qu’elles né puflent être percées. Voici ce que dit Rigord R-deflus. « Le chevalier Pierre de Mauvoifin , à la » bataille de Bovines , faifit par la bride le cheval » de l’empereur Othon, & ne pouvant le tirer du » milieu de fes gens qui l’entrainoient , un autre che: » valier porta à ce prince un coup de poignard dans » la poitrine : mais 1l ne put le blefler, tant les che- » valiers de notre tems, dit-il, font impénétrable- » ment couverts #. Et en parlant de la prife de Re- naud de Dammartin, comte de Bologne, qui étoit dans la même bataille du parti d’Othon: « Ce comté, » dit1l, étant abattu & pris fous fon cheval . . . , » un fort garçon , appellé Commote, lui Ôta fon caf » que, & le bleffa au vifage . . . . Il voulut lui » enfoncer le poignard dans le ventre : mais les bot: » tes du comte étoient tellement attachées & unies » aux pans de la cuirafle , qu’il lui fut impoffble de » trouver un endroit pour le percer ». Guillaume le Breton décrivant la même bataille, dit la même chofe encore plus expreflément ; & qui marque dif tinétement que cette maniere de s’armer avec tant de précaution étoit nouvelle; que c’étoit pour cela que dans les batailles on fongeoit à tuerleschevaux, pour renverfer les cavaliers, & enfuite les aflommer ou les prendre , parce qu'on ne pouvoit venir à bout de percer leurs armures. ve Le . . . + . Equorum vifcera rumpunt, Derniffis gladiuis dominorum corpora quando Non patitur ferro contingt ferrea vefhis ; Labuntur vel, lapfis re&loribus ; & fic, Wincibiles magis exiflunt ir pulyere flrati + Sed nec tunc actes valet illos tangere ferro ; NEprius armorum careat murümine corpus. Tor ferri. fua membra plicis , tot quifque patents Peclora , tor coris, tot gambufonibus armant. Sic magis attenti Junt Je munire moderni, Quam fuerint olim veteres. . , . . .. Et il fait la réflexion que c’étoit pour cela que dans le tems pañlé , où l’on ne prenoiït pas tant de pré- caution , il périfloit tant de gens dans les batailles. . . . . + . ubi millia mille Una Jepe die legimus cecidifje virorum : Nam male dum crefeunt, crefeit cautela maloruni » Murimenque novum contra nova tela repertum eff. De forte que dans le tems dont il parle , pourvû que le cheval ne fût point renverfe , que le cavalier {e tint bièn ferme fur les étriers, lorfque l’ennemi venoit fondre fur lui avec fa lance, il étoit invulné- rable, excepté par la vifiere du cafque, Il falloit être bien adroit pour y donner ; &r c’étoit à acquérir cette ädrefle que fervoient divers exercices en ufage, comme les tournois, & autres divertiflemens nuli- 688 À RM taires de ces tems-là. On y acquéroit cette jufteflé de bien dirigér la lance dans la courfe de la bague, “8c dans quelques autres exercices. Les bleflures que es chevaliets remportoient alors des combats, n’é- toient d'ordinaire que dés contufions, caufées, ou ‘par les coups de maflue qu’on leur déchargeoït, ou par de violens coups dé fabre qui faufloient quel- quefois l’armure ; & rarement étoient-ils bleflés jut- ‘qu'au fang : aiñfi ceux qui étoient les plus robuftes & les plus forts pour porter leurs armes très-pefan- ‘tes, ou pouit aflener, ou pour foütenir mieux un coup, avoieñt l’avantage ; de forte qu’alors la force du Torps entroit beaucoup plus dans les qualités du hé- ros , qu'aujourd'hui. | « Quant aux hommes de cheval , dit Fauchet, w ils chaufloient des chäufles de mailles , des éperons # à molettes , aufhi larges que la paume de la main; » car c’eft un vieux mot que Le chevalier commence » à s’armer par les chaufles ; puis on donnoit un go- » biflon .. . . c’étoit un vêtement long jufque fur les » cuifles, & contrepointé : deflus ce gobiflon ils » avoient une chemife de mailles, longue jufqu’au- » deflous des genoux, appellée auber, ou hauber, du » mot abus, pour ce que les mailles de fer bien po- » lies , forbies , & reluifantes, en fembloient plus » blanches. A ces chemifes étoient coufuesles chauf- » fes , ce difent les annales de France , èn parlant » de Renaud, comte de Dammartin, combattant » à la bataille de Bovines. Un capuchon ou coeffe, » aufli de mailles, y tenoit, pour mettre auffi la tête >» dedans ; lequel capuchon fe rejettoit derriére, après » que le chevalier s’étoit Ôté le heaulme, & quand # 1ls vouloient fe rafraichir fans ôter tout leur har- » nois ; ainfi que l’on voit dans plufieurs fépultures, » le hauber ou brugne , ceint d’une ceinture en lar- » ge courroie . . . . . & pour derniere arme dé- » fenfive un elme ouhaulme, fait de plufeurs pieces » de fer élevées en pointe, & lequel couvroit la té- »te, le vifage, & le chinon du cou, avec la vifiere » & ventaille, qui ont pris leur nom de 4e, & de » vent, lefquels pouvoient s'élever & s’abaifer pour » prendre vent & haleine ; ce néanmoins fort poi- » fant , & fi malaifé, que quelquefois un coup bien » aflené au nafal, ventaille, ou vifiere, tournoit le » devant derriere, comme il avint en laditte bataille » de Bovines à un chevalier François . . . . . De- » puis, quand les heaulmes ont mieux repréfenté la » tête d’un homme, ils furent nommés hourgurgnotes, # poflible à caufe des Bourguignons inventeurs ; par » les Italiens férlades, ou celates armets . . . . Leur » cheval étoit volontiers houflé, c’eft-à-dire, cou- # vert, & caparaçonné de foie, aux armes & bla- # fon du chevalier , & pour la guerre, de cuir bouil- # l1, ou de bandes de fer ». Cette maniere de s’armer tout de fer a duré long- tems en France, & elle étoit encore en ufage fous Louis XIIT. parce qu'il y avoit peu de tems qu’on avoit ceflé de fe fervir de la lance dans les armées. Or c’étoit une néceflité de’s’armer de la forte contre cette efpece d'arme, dont on ñe pouvoit {e parer que par la réfiftance d’une forte armure. Sur la fin du regne de Louis XII. notre cavalerie étoit en- core armée de même pour la plüpart ; car voici com- me en parle un officier de ce tems-là, qui imprima un livre des principes de l'art militaire en 1647. « Ils font fi bien armés, dit-il, ( nos gens de che- # val) qu'il n’eft pas befoin de parler d’autres armes ; » cat ils ont la cuirafle à l’épreuve de l’arquebufe , » & les taflettes, genouillieres ,hauflecols’, braflatts, » gantelets, avec la falade, dont la vifiere s’éleve en- » haut, &cfait unebelle montre... qu'illes faut ar- » mer à cru & fans cafaques ; car cela a bien plus » belle montre, & pourvû que la cuirafle foit bonne, » il n'importe du refte, Il feroit bon que feulement la ARM » premiere brigade qui feroitaupremiertans, eût des » lames avec des piftolets : car cela feroit un grand » effort, {oit aux hommes, foit aux chevaux des en- » nemis : mais il faudroit que ces lanciers là fuffent » bien adroits ; autrement ils nuifent plus qu'ilsnefer- » vent». Oril ny en avoit plus guere qui fuffent alors fort adroits dans l’exercice de la lance. Les chevaux avoient aufli dans les anciens téms leurs armes défenfives. On les couvroit d’abord de cuir ; on fe contenta enfuite de les couvrir de lames de fer fur la tête ; & le poitrail feulément, & les flancs, de cuir bouilli. Ces armes défenfives du che- val s’appelloient des hardes , & un cheval ainfi armé s’appelloit #r cheval bardé, On voit des figures de ces chevaux ainfi armés & bardés , dans les anciennes tapifleries , & en plufeurs autres monumens: Cette couverture , dit le préfident Fauchet, étoit de cuir ou de fer. Mais la chronique de Cefinar , fous l’an 1298 , parlant des chevaux de bataille , dit que ces couvertures étoient comme les haubers , faites de mailles de fer. Hi equi cooperti fuerunt cooperturis fèr- reis , id ef?, veffe 6 ferreis circulis contexté ; maïs cela n’étoit pas général. Par une lettre de Philippe-le-Bel datée du 20 Janvier 1303, au baïlli d’Orleans, il eft ordonné que ceux qui avoient cinq cens livres de re- venu dans ce royaume , en terres , aideroient d'un gentilhomme biez armé, & bien monté d’un cheval de cinquante livres tournois , & couvert de couverture de fer , ou couverture de pourpointe. Etle roi Jean dans {es léttres du mois d’Août 1353 , écrit aux bourgeois & aux habitans de Nevers, de Chaumont-en-Bafi- gm, & autres villes, qu'ils euflent à envoyer à Com- piegne , à la quinzaine de Pâque, le plus grand nom- bre d’hommes & de chevaux couverts de mailles qu'ils pourroient , pour marcher contre le roi d’Angle- terre. Depuis on fe contenta de leurs couvrir la tête & le poitrail de lames de fer , & les flancs de cuir bouiili, Il eft fait encore mention de cette armure dans une ordonnance de Henri IL, « Ledit homme d’armes » fera tenwde porter arme petit & grand , garde- » bras, cuirafle, cuiflots , devant de greves , avec » une grofle & forte lance ; &c entretiendra quatre » chevaux , & les deux de fervice pour la guerre, » dont l’un aura le devant garni de bardes , avec le # chamfrain & jes flancois ; & fi bon lui femble aura » un piitolet à l’arçon de la felle, » C’étoient ces flan- cois, c’eft-à-dire , ce qui couvroit les flancs du che- val , qui étoient de cuir bouilh. Les feigneurs ar- moient fouvent ces flancois de leurs écuflons ; nos Rois les femoient fouvent de fleurs-de-lis , & quel- quefois de quelques pieces des armoiries d’un pays conquis. Le chamfrain qui étoit de métal, ou de cuir bouil- li , fervoit encore d’arme défenfive au cheval ; 1l lui couvroit la tête par-devant , &c c’étoit comme une efpece de mafque qu’on y ajuftoit. Il y en a un de cuir bouilli au magafn d’armes de l’Arfenal de Paris. Il y a dans le milieu un fer rond & large , & qui fe termine en pointe affez longue ; c’étoit pour percer tout ce qui fe préfenteroit, & tont ce que la tête du cheval choqueroit, L’ufage de cette armure du che- val étoit contre la lance, & depuis contre le piftolet. Les feigneurs François fe piquoient fort de magnifi- cence fur cet article. Il eft rapporté dans l’hiftoire de Charles VIT. que le comte de S. Pol au fiége de Harfleur, l’an 1449, avoit un chamfrain à fon che- val d'armes ; c’eft-à-dire , à {on cheval de bataille, prifé trente mille écus, Il falloit qu'il fût non-feule- ment d’or, mais encore merveilleufement travaillé. Il eft encore marqué dans l’hiftoire du même roi, qu'après la prife de Bayonne par l’armée de ce prin- ce , le comte de Foix en entrant dans la place, avoit la tête de fon çheval couverte d’un chamfrain d’a- çcier s À È M tèr,, garni d’or & de pierreries, que l'on prifoit quin- ze mille écus d’or: mais commupément ces cham- frains n’étoient que de cuivre dore pour la pipart, “ou de cuir bowiili, ainfi qu’on le voit par ri compte de l’an 1316, àla chambre des Comptes de Paris , où il eft dit entre autres chofes : zem , deux chaïnfrains dorés € nn de cmr. On trouve dans le traité de la cavalerie Francoife de M. de Mongommeri, qu'on donnoit encore de fon tems des chamirains aux che- vaux, c’eft-à-dire, du tems de Henri IV. Ea princi- “pale raïfon de cette armure des chevaux n’étoit pas leulement de les conferver, & d’épargner la dépen- fe d’en acheter d’autres , mais c’eft qu'il y alloit fou- vent de la vie êcde la liberté du gendarme même. Car comme les pendarmes étoient très-pefamment armés, s'ils tomboient Tous leur cheval tue ou blefé, ils étoient eux-mêmes tués ou pris, parce qu'il leur étoit prefque impofhble de fe tirer de defflous le che- val. Ces armes défenfives, comme on l’a vû plushaut, étoient neceflawes pour les hommes, comme pour les chevaux, pour les garantir dés coups de lance. Ainf depuis qu'on ne s’eft plus fervi de cette arme ofenfi- ve; & peu de tems après, on a abandonné non-feu- lement les chamfrains, mais encore tous ces harnoïs dont on a parlé, à caufe de leur pefanteur, de l’em- barras, & de la dépenie qu'ils caufoient. Pour les armes defenfives de l'infanterie, on en trouve la defcription dans une ordonnance de Jean V. duc de Bretagne, publiée en lan 1525. « Jean par la grace de Dieu...... voulons... » & ordonnons que des gens de commun de notre » pays & duché, en outre les nobles , fe mettent en #appareil promptément, & fans delai; favoir, eft » de chaque paroïfle trois ou quatre, cinq ou fix, ou # plus , felonle grand , ou qualité de la paroïfie, lef- # quels ainfi choifis & elüs , foient garnis d'armes, # & habillemens qui enfuivent...... favoir, eftceux, » qui fauront tirer de l'arc, qu'ils ayent arc, troufle, # capeline , couftille , hache , ou mail de plomb , & » foient armés de forts jacques garnis de laïfches, # chaînes, où mailles pour couvrir le bras ; qu'ils » foient armés de jacques , capelines , haches , ou » bouges, avec ce, ayant paniers de tremble, ou au- » tre bois plus convenable, qu'ils pourront trouver, » &c {oient les paniers aflez longs pour couvrir haut # 6c bas. » Les.armes défenfives qu’on donne ici aux piétons , font la capeline , le jacques, & ie panier. La capeline étoit une efpecede caique defer; lejac- que étoit une efpece de jufte-au-corps ; les piétons portoient cet habillement garni de laifches , c’eft-à- dire de minces lames ou piques de fer , entre la dou- blure & l’étoffe, ou bien de mailles: Ces paniers de tremble dont il eft parlé dans l’ordonnance , étoient les boucliers des piétons ; on les appelle pariers , par- ce qu'en-dedans 1ls étoient creux & faits d’ofier, L’o- fier étoit couvert de bois de tremble , ouù de peu- plier noir , qui eft un bois blanc & fort léger. Ils étoient affez longs pour couvrir tout Le corps du pié- ton; c'étoit des efpeces de targes. Du temsrde François I. Les piétons avoient les uns des corcelets de lames de fer, qu'on appelloit kal/ez crets ; les autres une veflé de maille, comme ñous Papprenons du livre attribué à Guillaume du Belay, feigneur de Lernger. « La facon du tems préfent, dit- il, » eft d’armer l’homme de pié , d’un hallecret com- » plet, ou d’une chemife, ou gollette de mailles & ca- » baïlet ; ce qui me femble:, ajoûte-til, fufifant pour » la défenfe de la perfonne , & le trouve meilleur que » la cuirafie des anciens n’étoit». L’armure des francs- archers doit avoir été à peu près la même que celle du refte de l'infanterie Françoife. Nous-avons vü de notre tems, donner encore aux piquiers des cuirafles de fer contre les coups de piftolet des cavaliers qui les attaquoient en caraçolant, pour faire breche au . Torne L, ARM 689 bataillon, & enfuite l’enfoncer, M. de Puyfegur dan fes mémoires dit, qu'en 1387, les piquiers des régi: mens des Gardes , & de tous les vieux corps , avoient des corcelets, & qu'ils en porterent jufqu'à la batail- le de Sedan , qui fut donnée en 1641. Les piquiers du régiment des Gardes-Suiffes en ont porté jufqu’au re- tranchemenñt des piques , fous lé précédent regne, Hifloire de la milice Françoife, par le P, Daniel. Les armes défenfives de la-cavalerie font aujour- d’hui des plaftrons à l’épreuve au moins du piftolet : les officiers doivent avoir des cuirafles de même. A l'égard des armes offenfives , ellés confiftént dans un moufqueton , deux piftolets & un fabre. Les dragons ont un moufqueton & un fabre commeles cavaliers; mais ils n'ontqu’un piftolet à l’arcon de la {elle : à la place du fecond piftolet , ils portent une bêche, {er- pe, hache, ou autre inftrument propre à ouvrir des paflages. Ils ne font paint plaftronnés , attendu qu'ils combattent quelquefois. à pié comme l'infanterie. Voyez DRAGON. Ils 6nt dé plus une bayonnette. Les armes de l'infanterie , fonit le fufil, la bayonnette & l’épée. Cette derniere arine efl entierement inutile aujourd’hui , attendu que l'infanterie ne combat qué la bayonnette au bout du fufil. Ce qui fait que plu- fieurs habiles officiers penfent qu’on devroit la fup- primer , de mêrne que le fabre. Car, dit M. le maré- chal de Puyfegur, comme on les porte en travers, dès que les foldats touchent a ceux qui font à leur droite & à leur gauche, en Je remuant & en fe tournant, ils s’accro- chent totjours., Un homme Jèul même ne peur aller uni peu vite, qu’il ne porte la main à la poignée de [on épée, de peur quelle ne paffe dans fes jafhbes | G ne Le faffe tomber ; a plus forte raifèn dans les combats , furtoui dans des bois , hayes , ou retrañnchemens, les foldats pour tirer étant obligés de tenir leurs fufils des deux mains. . Cet‘illuftre Maréchal prétend que les coûteaux de chafle devroient être fubflitués aux épées ; & qu'ils feroient beaucoup plus utiles dans les combats. « J'ai obfervé , dit-il, que quand on fe joint dans » l'aéhon , le foldat allonge avec le fufil fon coup de » bayonnette ; & qu’en Le pouffant , il releve fes ar- » mes : en forte que {ouvent la bayonnette fe rompt » ou tombe. De plus, quand on eft joint , il arrive » ordinairement que là longueur des ares fait que » lon ne peut plus s’en fervir ; auffi le foldat en pa- » reil cas Ôte-t-1l fa bayonnette du fufl, quand elle » y'elblémicore , &z s’en fert de la main, ce qu'il ne » peut plus faire quand elle eft rompué ou tombée. » S'il avoit un coûteau de chafle, cela remédieroit à »fout , & il ne feroit pas obligé"d’ôter fa bayon- » nette du bout de fon fufil ; de forte qu’il auroit en » même temsune are longue & une courte, reffour- » ce qu'iln’a pas avec l'épée, vû fa longueur.» Are de la Guerre, par M. le Maréchal de Puyfegur. À l'égard des armes des officiers de linfanterie , il eft enjoint par une ordonnance du premier Décem- bre 1710, aux colonels , lieutenans-colorels & ca- pitaines de ce corps , d’avoir des efpontons de fept à huit piés de longueur, & aux officiers fübalternes d’avoir des fufls garnis de bayonnettes, Pour les {er- gens, ils font armés de hallebardes de fix piés & demi ‘environ de longueur , y compris le fer. | Selon M. de Puyfegur , les fergens & les officiers devroient être armés de la même maniere que les foldats. Il prétend qu'il n’y a aucune bonne raïfon pour les armer différemment, dès qu'il eft prouvé que l’armement du fufil avec la bayonnette à douille eft l’arme la meilleure & la plus utile pour toutes for- tes d’aétions. Aufli voit-on plufieurs officiers, qui dans les combats fe fervent de fufils au lieu d’efpon- tons; 8& parmi ceux qui font détachés pour aller en parti à la guerre, aucun ne fe charge de cette lon- guearmeé, mais d’un bon fufil avec fa bayonnette. Par les ançiennes lois d'Angleterre , chaque per S$5s 696 ARM donne étoit obligée de porter les armes , excepté les juges & les eccléfiaftiques. Sous Henri VIIL. il fut expreflément ordonné à toutes perfonnes d’être in{- truits dès leur jeunefle aux armes, dont on fe fervoit alors, qui étoient l’arc & la fleche, XXII. k, vüy. Voyez ARC. ARMES , {elon leur fignification ex droir, s’enten- dent de tout ce qu’un homme prend dans fa main, étant en colere, pour jetter à quelqu'un, ou pour le frapper. Car armorum appellatio non ubique feuta & gladios , & galeas fignificat , fèd & fufles & lapides. ARMES DE PARADE, c’étoient celles dont on fe fervoit dans les joûtes & dans les tournois. Voyez JOÜTE & Tournoi. C’étoit ordinairement des lances qui n’étoient pas ferrées ; des épées fans poin- te , & 1ouvent des épées de bois, ou des cannes de rofeau. | Paffe d'armes, c’étoit une forte de combat en ufa- ge parmi les anciens chevaliers, Voye FLEURET. ARMES, fignifie aufli les armes naturelles, ou les défenfes des bêtes ; comme les griffes , les dents & les défenfes d’éléphans, & leshbecs des oifeaux. foyez DENT, ONGLE, BEC, Gc. Il y a des animaux qui font fuffifamment en garde contre tous les dangers ordinaires , par leur couverture naturelle, ou leur armure d’écaille, comme les tortues. Voyez ÉcAIL- LE, TORTUE. D’autres qui n’ont pas ces avanta- ges , font armés de cornes ; d’autres de pointes aï- guës , comme le porc-épic & le hériflon ; d’autres font armés d’aiguillon. Foyez AIGUILLON, Cor- NE, Gc. ARMES , fe difent aufli au figuré pour la profef- fion de foldat. C’eft dans ce fens que l’on dit érre élevé aux armes. Voyez SOLDAT. FRATERNITÉ D’ARMES. Voyez FRATERNITÉ. Lors p’ARMES. Voyez Lot. SUSPENSION D’ARMES. Voye SUSPENSION. Nous ayons crû qu’il ne feroit pas hors de propos, après avoir parlé de Pufage des ares dans la guerre, d’ajoûter quelques articles des ordonnances de nos Rois, fur le port des armes pendant la paix. Article III. de l’ordonnance du Roi, du mois d’ Aoû 266 9. Interdifons à toutes perfonnes, fans diftinc- tion de qualité, de tems, n1 de lieu, l’ufage des ar- mes à feu brifées par la crofle ou par le canon, & de cannes ou bâtons creufés, même d’en porter fous quelque prétexte que ce foit, ou que ce puifléêtre, & à tous ouvriers d’en fabriquer & façonner, à pei- ne contre les particuliers de 100 livres d’amende, outre la confifcation pour la premiere fois, & de pu- sition corporelle pour la feconde, & contre les ou- vriers , de punition corporelle pour la premiere fois. Article IV. même ordonnance. Faïfons auffi défenfes à toutes perfonnes de chafler à feu; & d’entrer ou demeurer de nuit dans nos forêts, bois & buiflons en dépendans, ni même dans les bois des particuliers , avec armes à feu, à pee de 100 livres, & de puni- tion corporelle, s’il y échet. Article V. méme ordonnance. Pourront néanmoins nos fujets de la qualité requife par les édits & ordon- nances , paflant par les grands chemins des forêts & bois, porter des piftolets & autres armes non prohi- bées, pour la défende & confervation de leur per- {onne. Article V. de l'ordonnance du Roi, du mois d’_4yril 166 9. Défenfes à tous payfans, laboureurs, & au- tres habitans domiciliés en l'étendue de nos Capi- taineries, d’avoir dans leurs maïfons ni ailleurs, au- cuns fufils ni arquebufes fimples ni brifées, moufque- tons , n1 piftolets, porter , ni tirer d’iceux, fous pré- texte de s'exercer au blanc, ni aller tirer au prix, s'ils ne font établis par permiffion du Roi, dûement enregiftrée en ladite Capitainerie, ou fous autre pré- texte que ce puifle être, à peine de confifcation & | amende; à eux enjoint de porter lefdites armes à foi ès châteaux & maifons feigneuriales des lieux où ils réfident, ès mains defdits feigneurs ou leurs concier- ges, qui en donneront le rôle au greffe de ladite Ca- pitainerie, & demeureront refponfables defdites er mes à eux dépofées. | Article WI, même ordonnance. Permis néanmoins auxdits habitans domiciliés qui auront befoin d’armes pour la füreté de leurs maïtons, d’avoir des mouf- quets à meche pour la garde d’icelle. - Aracle XV. de ladéclaration du Roi, du 18 Décembre 2660. Et ne pourront les gentilshommes fe fervir d’arquebufes &c fufls pour la chafle, finon à l'égard de ceux qui ont juftice'& droit de chafle, pour s’en fervir & en tirer fur leurs terres, & autres fur lef- quelles ils ont droit de chafler; & à l'égard de ceux qui n’ont ledit droit, pourront s’en exercer feule= ment dans l’enclos de leurs maifons. Extrait de la déclaration du Roi, du 4 Décembre 26 79. Enjoignons-pareillement à tous nos autres {u- jets , tant pour lefdits coûteaux & bayonnettes, que piftolets de poche que nous voulons être rompus, à peine de confifcation & de 80 livres parifis d’amen- de contre chacun contrevenant. £Extrait de l'ordonnance du Roi, du 9 Septembre 1700. Sa Majefté permet néanmoins par les mêmes déclarations, à tous fes fujets, lorfqu'ls feront quel- que voyage, de porter une fimple épée, à la charge de la quitter loriqu'ils feront arrivés dans les lieux où 1ls iront. | ÂRMES À L'ÉPREUVE, eft une cuirafle de fer po- Li, confiftant en un devant à l’épreuve du moufquet, le derriere à l'épreuve du piftolet, & un pot-en-tête auf à l’épreuve du moufquet ou du fufil. I y a auf des calotes & de chapeaux de fer de la même qualité, ARMES DES PIECES DE CANON, ce font tous les inftrumens néceffaires à fon fervice, comme la lanter- ne, qui fert à porter la poudre dans l’ame de la piece: le refouloir, qui eft la boîte, ou mafle de bois montée fur une hampe, avec laquelle on foule le fourage mis fur la poudre, & enfuite fur le boulet ; l'écouvillon, qui eit une autre boîte montée fur une hampe, & couverte d’une peau de mouton, qui fert à nettoyer & rafraichir la piece ; le dégorgeoir, qui fert à net- toyer la lumiere, 6c. Voyez ces différens inftrumens dans la fxieme figure de la PL, G. de l'art milit, Voyez encore CHARGE 6 CANON. Le mortier a auf fes ar- mes. Voyez MORTIER. | ARMES À OUTRANCE ; c’étoit une efpece de duel de fix contre fix, quelquefois de plus ou de moins, prefque jamais de {eul à feul. Ce duel étoit fait fans permifhon , avec des armes offenfives & défenfives. entre gens de parti contraire ou de différente nation, fans querelle qui eût précédé, mais feulement pour faire parade de fes forces & de fon adreffé: Un hé- raut d'armes en alloit porter le cartel, dans lequel étoit marqué le jour & le lieu du rendez-vous, com« bien de coups on devoit donner, & de quelles armes on devoit {e fervir. Le défi accepté , les parties con- venoient des juges: on ne pouvoit remporter la vic- toire qu’en frappant fon ennemi dans le ventre ow dans la poitrine ; qui frappoit aux bras ou aux cuif- fes, perdoit fes armes & fon cheval, & étoit blâmé par {es juges ; le prix de la viétoire étoit la lance, la cotte d'arme, & l’épée du vaincu. Ce duel fe faïfoit en paix & en guerre. À la guerre , avant une a@ion, c'en étoit comme le prélude; on en voit quantité d'exemples, tant dans l’hiftoire de S. Louis , que dans celle de fes fucceffeurs, jufqu’au regne d'Henri I. ARMES BOUCANIERES ; on appelle ainfi les fufls dont fe fervent les chafleurs des îles ; & principale- ment ceux de Saint-Domingue. Le canon eft long de quatre piés & demi, & toute la longueur du fufil eft d'environ cinq piés huit pouces, La batterie eft for- ARM te, comme elle doit être à des armes de fatigue, &c lé calibre eft d’un once de balle, c’eft-à-dire, de 16 à la livre. La longueur de cette armedonne tant de for- ce au coup, que les boucaniers prétendent que leurs fufils portent auffi loin que les canons ; quoique cette expreflion ne foit pas exaéte, il eft néanmoins cer- tain que ces fufils portent beaucoup plus loin que les fufls ordinaires. En effet, les boucamiers fe tiennent affurés de tuer à trois cens pas, & de percer un bœuf à deux cens. Voyez BOUCANIER. L'auteur anonyme de la maniere de fortifier ; tirée des méthodes du Chevalier de Ville, du Comte de Pagan, & de M. de Vauban, voudroit que les arfenaux fuffent fournis de fept à huit cens fufils boucaniers, & mê- me davantage, felon la grandeur de la place, afin d’en armer les foldats placés dans les ouvrages les moins avancés. Les moufquets bifcayens y {eroient aufli également utiles. 7. MOUSQUET BISCAYEN. ARMES COURTOISES, fe difoit autrefois des armes qu’on employoit dans les tournois : c’étoient ordinai- rement des lances fans fer , & des épées fans taillans & fans pointe. | ÂRMES À FEU, font celles que l’on charge avec de la poudre & des balles: comme les canons, les mortiers, & les autres pieces d’artillerie; les mouf- quets, les carabines, les piftolets, &: même les bom- bes , les grenades, les carcafles, 6c. Voyez CANON, MORTIER , ARTILLERIE, Gc. Pour le rebond ou reflaut des armes à feu, voyez REBOND : voyez auffi POUDRE À CANON, BOULET, CANON, &c. On trouve dansles Mémoires de l’Académie roya- le de l’année 1707, le détail de quelques expérien- ces faites par M. Caffiniavec des armes a feu différem- ment chargées. Il obferve entr’autres chofes, qu’en chargeant la piece avec une balle plus petite que fon calibre, avec de la poudre deflus & deffous, 1l fe fait un bruit violent, fans que la balle reçoive la moindre impulfion de la part de la poudre. Il prétend que c’eft en cela que confifte le fecret de ceux qui fe difent invulnérables, ou à l'épreuve des armes a feu. (Q) *ARMES, (exercice des ) Hiff. anc. partie de la Gymnaftique; les Romains l’inventerent pour perfec- tionner l’art militaire. Le foldat fe couvroit de fes ar- nes , & {e battoit contre un autre foldat, ou contre un poteau : les membres devenoient ainfi fouples & vigoureux ; le foldat en acquéroit de la légereté 8e. l'habitude au travail. Nos exercices ont le même but êt les mêmes avantages. ARMES , (Hiff. mod.) arma dare, donner les armes, figrifie dans quelques anciennes chartres, armer quel- qu'un chevalier. Arma deponere, mettre bas les armes ; c’étoit une peine que l’on impofoit autrefois à un militaire qui avoit commis quelque crime ou faute confidérable. Les lois d'Henri I. le condamnoient à cette peine, qui eft encore en ufage parmi nous dans la dégra- dation de noblefle , où l’on brife les armes du cou- pable. * Arma mutare, échanger les armes, étoit une céré- monie en ufage pour confirmer une alliance où ami- tié ; on en voit des traces dans l’antiquité, dans l’Ilia- de, lorfque Diômede & Glaucus, après avoir com- battu l’un contre l’autre, fe jurent amitié, & chan- gent de cuirafle; Diomede donne la fienne, qui n’é- toit que d’airain, à Glaucus ; qui lui rend en échange une cuirafle d’or; d’où eft venu le proverbe, échange de Diomede, pour fignifier un marché dans lequel une des parties a infiniment plus d'avantage que l’autre. Arma moluta, étoient des armes blanches fort poin- tues ; Fleta les appelle arma emolita. … Arma reverfata , armes renver{ées , étoït une céré- monie en ufage, lorfqu'un homme étoit convaincu de trahifon ou de félonie, #, DEGRADATION, (G) Tome Î, ARM 691 ARMES affomptives, en terme de blafon , {ont celles qu’un homme a droit de prendre en vertu de quelque belle ation. En Angleterre un homme qui n’eft pas gentilhomme de naifance, & qui n’a point d’armoi- ries, fi dans une guerre légitime, il peut faire pri fonnier un gentilhomme, un pair, ou un prince, ac= quiert le droit de porter les armes de {fon prifonnier, & de les tranfmettre à fa poftérité : ce qui eft fondé fur ce principe des lois militaires, que le domaine des chofes prifes en guerre légitime pañle au vainqueur, (F7 ARMES, Ce terme s’employe ez efcrime de la ma= riere fuivante: on dit, rer dans les armes, c’eft allon- ger un coup d'épée entre les bras de l’ennemi, ou, ce qui eft la même chofe, du côté gauche de fon épée. Tirer hors les armes, c’eft allonger un coup d’épée hors des bras de l’ennemi, ou, ce qui eft le même, du cô- té droit de fon épée, Tirer fur les armes , c’eft porter un coup d’eftocade à l’ennemi, dehots ou dans les ars mes , en faifant pañler la lame de l’épée par-deflus fon bras. Tirer fous les armes , c’eft porter une eftocade à l'ennemi, dehors ou dans les armes, en faifant pafler la lame de l’épée par-deflous fon bras. ARMES qu’on applique en or fur les livres ; ces ar mes doivent être gravées fur un morceau de cuivre fondu, taillé en ovale ou enrond; il doit y avoir par derriere deux queues courtes, d’une force propor« tionnée à la grandeur du morceau, lefquelles queues fervent à tenir le carton avec lequel on les monte, Voyez PI, II. de la relire, fig. S. On applique ces ar- mes des deux côtés du volume fur le milieu, par le moyen d’une prefle. Planche IT. fig. z. . AÂRMÉ , adj. £erme de Blafon ; il fe dit des ongles des lions, des griffons, des aigles, é&c. comme auf des fleches , dont les pointes font d’autre couleur que le fût. Il fe dit encore d’un foldat & d’un cavalier, comme celui des armes de Lithuanie. Bertrand de la Peroufe & Chamoflet, dont il y a eu plufieurs préfidens au fénat de Chambery, d’or au lion de fable, armé, lampañlé & couronné de gueules. ARMÉ en guerre, ( Marine. ) c’eft-à-dire équipé & armé pour attaquer les vaifleaux ennemis. Un vaifleau armé moitié en guerre & moitié en marchandife , eft celui qui outre l'équipage néceflaire pour le conduire, a encore des officiers, des foldats, des armes & des munitions propres pour l'attaque & la défenfe, La plüpart des vaifleaux marchands qui font des voyages de long cours, font ainfi armés; ce qui diminue beaucoup le profit. On ne peut armer un vaifleau en guerre fans com- muiffion de l'amiral: celui qui l’a obtenue , eft obligé de la faire enregiftrer au greffe de l’amirauté du lieu où il fait {on armement , &: de donner caution de la fomme de 15000 livres , laquelle eftrecüe par le lieu- tenant de l’amirauté , en préfence du procureur du Roi. Articles 1. 6 II. du tit, 9. du liv. III. de l’ordon- nance de la Marine, du mois d’ Août 1681. ARMÉ en cours ou ez courfe. Voyez COURSE. (Z) ARMÉE , f. f. ( Ars milir..) eff un nombre confidé- rable de troupes d'infanterie & de cavalerie jointes enfemble pour agir contre l’ennenu. Cette définition regarde les armées de terre, On peut définir celles de mer, qu'on appelle wrmées navales, la réunion ou laf- femblage d’un grand nombre de vaifleaux de guerre qui portent des troupes deftinées à agir contre les vaifleaux ennemis. Voyez FLOTTE , VAISSEAU , 6c. On comprend dans ce qui compofe l'armée , l’ar- tillerie , c’eft-à-dire le canon & les autres machines de guerre, en ufage dans l’attaque & la défente. « Toutes les troupes d’une armée étant divifées en » efcadrons & en bataillons, ces différens corps de » cavalerie & d'infanterie peuvent être confidérés »# comme les élémens de l’armée , de même que les Ssss 1 Ga ARM # homiiés le font de tous les corps dont elle eft com- s-pofée. Ainfi la formation de l’armée ne dépend que # de l’arrangement des bataillons & des efcadrons: # comme l’a@tion la plus confidérable quelle puiffe » faire, eft celle de livrer bataille, on appelle ordre » de bataille celui qui-s’obferve dans la pofition des »-bataïllons & des efcadrons de lParree. » On place les bataillons & les efcadrons à côté s les uns des autres, par les mêmes motifs qui font » placer Les hommes de cette maniere dans les diffe- » rentes troupes : mais ces troupes ainfi placées dans » l’ordre de bataille, ne font point appellées sroupes » en rang, mais #roupes en ligne ou ex bataille ; & Von » ne dit point non plus #7 rang de troupes | mais ne +» ligne de troupes. - # On met les troupes les unes derriere les autres, »# par Les mêmes raifons qui font placer ainfi les hom- » mes dont elles font compofées : mais on ne fe fert » pas du terme de Jf/e par rapport à cet arrangement. » Si celles qui font poftées les unes derriere les au- » tres font deftinées à fe fuivre, & qu’elles foient en » grand nombre , on les appelle sropes en colonne, » & l’on dit colonne de troupes , 8 non pas f/e de trou- » pes, Si les troupes placées les unes derriere les au- » tres ne font pas deftinées à fe fuivre , on ne les # confidere point par rapport à l’arrangement prècé- » dent, maïs feulement par rapport aux autres trou- » pes avec lefquelles elles font en ligne. Ce dernier »# cas eft beaucoup plus commun dans l’ordre de ba- » taille que le premier. : | » Le nombre des lignes qu’on doit donner à lar- 5 mée n'eft pas fixé , non plus que le refte de l’ordre » de bataille : la différence des pays & des terreins » où l’on doit combattre , & la difpofition des enne- # mis, peuvent y occafionner des changemens confi- 5 dérables. Ainf il paroït qu’on doit définir l’ordre de » bataille : l'ordre & l'arrangement des bataillons & des 5 efcadrons d’une armée par rapport au terrein 6 aux » deffeins du général, & par rapport à Parrangement que » Les ennemis ont pris, ou qu’ils peuvent prendre. » On r’entreprend point ici de donner tous les dif- # férens ordres de bataille ou exécutés ou poflibles : # on fe contentera pour en donner une idée, d’en fup- » pofer un qui foit le plus conforme aux maximes en » ufage, & qu’on regardoit encore dans la guerre »# de 170o71,comme des regles dont on ne devoit point » s’écarter. On eft fondé à en ufer ainfi fur ce qui fe » pratique réellement lorfqu’on afflemble une armée. » On fuppofe d’abord un ordre à peu près tel qu'on » va le décrire , pour affligner & pour apprendre à » chaque troupe le pofte où elle doit être : on en fait »# un état dont on diftribue des copies aux officiers » principaux. Cet ordre n’eft pas pour cela regardé # comme quelque chofe de fixe , & Le général y fait » dans la fuite les changemens qu’il juge à-propos. # Voici les maximes qui dans les dernieres guer- # res fervoient de bafe à l’ordre de bataille. Principes ou maximes qui fervent de fondement à lordre de bataille, Premiere maxime, « Former l’armée » fur deux lignes de troupes. » La ligne la plus proche des ennemis eft appellée » La premiere ligne; celle qui fuit immédiatement, /a 5 féconde ; celle qui fuit la feconde, La sroifieme ; &c » ainf de fuite fi l’on a un plus grand nombre de li- » ones : ce qui arrive lorfque le terrein ne permet pas » que l’armée foit feulement fur deux lignes. IT. maxime. « Garder quelques troupes outre cel- » Les qui compofent les deux lignes , pour s’en fervir # au befoin , à porter du fecours dans les endroits » où ileft néceffaire. Le corps compofé de ces trou- où Y + ON + » pes, ou de bataïllons & d’efcadrons , eft appellé. » réfèrve dans l’ordre de bataille. On en a vù jufqu’à ss trois dans les grandes armées. Le pofte le plus natu- #rel des réferves eft derriere la feconde ligne, ARM LIT, maxime. & Mettre toute l'infanterie au milieit » de l’armée. L’efpace qu’elle occupe ainf placée, » fe nomme 4e centre. IV. maxime. « Placer la cavalerie également fur » les deux flancs de l’infanterie. Cette cavalerie de » chaque ligne fe nomme alors ailes de cavalerie. V, maxime, « Laïfler entre les bataillons un inter- » Valle égal à leur front , 8 obferver la même chofe » entre les efcadrons ; enforte que par cette difpoñ= » tion les lignes ayent autant de vuide que de plein: » ce qui fait que les bataillons & les efcadrons peu- » vent fe mouvoir facilement , & exécuter les diffé » rens mouvemens qui leur font ordonnés par le gé- » néral, fans que pour cela ils s’'embarraflent les uns » les autres. VI. maxime, « Placer les bataillons &c les etca- » drons de la feconde ligne vis-à-vis les intervalles » de ceux de la premiere , afin qu’en cas de befoinles » troupes de la feconde ligne puiflent fecourir aifé- » ment celles de la premiere ; & que files troupes de » cette premiere ligne font battues & mifes en defor- » dre, elles trouvent les intervalles de la feconde , » par où elles peuvent fe retirer fans caufer de dé- » {ordre à cette ligne , & qu’enfin elles puiflent {e » rallier ou reformer derriere. VII, maxime, « Placer la feconde ligne environ à » trois cens pas, ou cent cent cinquante toifes dela » premiere , afin que le feu des ennemis ne parvienne » pas jufqu’à l'endroit qw’elle occupe. Dans le mo- » ment du combat , la fecônde ligne s’approche da- » vantage de la premiere ; mais à cent toifes elle » perd du monde, & elle en perd beaucoup plus à » cinquante toifes & à vingt-cinq. Objervations fur les maximes précédentes, « Suivant ces maximes , une armée doit avoir une très-grande étendue de la droite à la gauche ; & très-peu de profondeur de la tête à la queue, » Pour connoître cette étendue , 1l faut favoir le » nombre des bataillons & des efcadrons dont la pre- » mire ligne doit être compofée , & quel doit être » l'intervalle qui les fépare. Comme on connoït lef- » pace qu'occupe un bataillon & un efcadron, il ne » s’agit plus que d’une fimplé multiplication pour fa- » voir l'étendue du terrein de cette premiere hgne , » & par conféquent celui du front de l’armée. » Si l’on objeéte à cela que les bataillons & les ef- » cadrons peuvent être fort différens les uns des au- » tres, & qu'ainfi le calcul qu’on vient d'indiquer ne. » peut êtreexaét, on répondra à cette objeétion, que. » fi ces troupes different confidérablemont entre el- » les, c’eft aux officiers à qui il importe particuliere- » ment de connoître le terrein que l’armée doit occu- » per , de s’inftruire de ces différences pour y avoir » égard dans le calcul. Si ces différences ne font pas » confidérables,ou fi ellesne viennent que du nombre » complet des troupes, on peut fans erreur fenfible , » ajoûter la moitié de la différence des plus fortes » troupes aux plus petites , & regarder enfuute com- » me égales celles de la même efpece: autrementil. » faut calculer l’étendue de chaque troupe en parti- » culier , & les additionner enfemble avec les inter- » valles convenables. Ce calcul eft un peu plus long » que le précédent : mais il faut convenir aufli qu'il » n'a rien de difficile. | » M. le maréchal de Puyfegur propofe dans fon excellent livre de l’urr de la guerre, pour déterminer exattement le terrein néceffaire à une armée, deré- gler au commencement de la campagne le nombre de rangs que les bataillons & les efcadrons doivent avoir. Pour cela il faut examiner la force ou le nom- bre des hommes de chacune de fes troupes’, & fixer » ce qu'il peut y en avoir à chaque rang par le plus » grand nombre des bataillons & des efcadrons. $ il » s'en trouve quelques-uns qui ayent un front beau Le > > > + + + Se en ET + LA + LS LA D 4 + + LA > > » ? > > FENTE + ARM » Coup plus srand que les autres, cet illuftre géné- » ral prétend qu'äl faut leur donnér un rang de plus, >» & en donner un de moins à ceux qui auront trop # peu de front. De cette façon on pourroit régarder » les bataillons & les efcadrons , comme occupant >» toûjours le même front , & faire le calcul du terrein s que toute l’armée doit occuper avec une très- »# grande facilité. » Pour donner une idée du calcul qu’on vient d’in- # diquer , c’eft-à-dire de celui qui eft utile pour trou- » ver l’efpace néceflaire pour le front d’une armee, » oit une armée de 48 bataillons & 80 efcadrons , & # foit fuppofé aufli que fuivant l’'ufage ordinaire les » intervalles font égaux au front de chaqué troupe, s & qu’on veut difpofer ou placér Parme fur deux H- » gnes. On aura 24 bataillons & 40 efcadrons pour # chaque ligne. On fuppofe que les bataillons font de » 6;o hommes à 4 de hauteur, & les efcadrons de >» 150 à 3 de hauteur ; ce qui donne, en comptant # 2 piés pour chaque foldat dans le rang, & 3 piés » pour le cavalier, ÿ4 toifes pour le front du batail- # lon , & 23 pour celui de l’efcadron. Multipliant # donc 24 par 54, on aura 1296 toifes pour le front » de 24 batallons, cy, . + . : 1296 » On aura la même étendue pour les intervalles , # Cl, , 1296 » Pour le front des efcadrons , on multipliera 40 » par 25 : ce qui donnera 1000 torles pour le front, » Ci, ï : : > : : 1000 » Il faut obferver les mêmes efpaces pour les inter- » valles, c1, : ! : y : 1000 Total du front de chaque ligne, 492. &« À l’égard de la profondeur du terrein occupé par » l’armée , elle ne contient que celle de deux batail- » {ons ou de deux efcadrons, avec la diftance de deux » lignes , qu’on peut régler de 1 50 toifes; ainfi cetté # profondeur n’auroit guere que 160 toifes. On n’a # point parlé des réferves dans ce calcul, parce qu’el- # les n’ont point de pofte fixe & déterminé. » Il eft difficile de ne pas convenir qu’une étendue » de 4592 toifés, ou de deux lieues communes de » France, telle qu’eft celle du front de l’armée qu’on » vient de fuppofer, eft exorbitante par rapport à la # profondeur de cette même armée. Auili d’habiles » généraux penfent-ils qu'il feroit à propos de dimi- >» nuer ce front en retranchant quelque chofe de la » grandeur des intervalles. | » M. le maréchal de Puyfegur eft non-feulement # de avis de ceux qui croyent que les grands inter- » valles font préjudiciables & qu'il faut les diminuer : # mais il penfe encore qu'il feroit à-propos de faire >» combattre les troupes à Zigzes pleines, c’eft-à-diré # fans intervalle: » Il fuppofe, pour en démontrer l’avantage , 26 # bataillons de 120 hommes de front fur fix de hau- » teur, rangés à côté les uns des autres fans aucun » intervalle , & que chaque bataillon occupe un ef- #-pace de 40 toifes de front : 1l fuppofe aufli 10 ba- » taillons de pareille force, quu leur foient oppoñés » 6t rangés à l'ordinaire avec des intervalles égaux 5 à leur front : cela pofé , il paroït évident que les » 20 bataillons battront fans difficulté les ro oppo- » Es, & même : ; qui occuperoient un pareil front ; » car lorfque deux troupes combattent l’une contre # l’autre, l'avantage doit être du côté de celle qui a » le plus de combattans qui agiflent enfemble dans # le même lieu. Il eft arrivé cependant quelquefois » que des lignes pleines ont été battues par des lignes + tant pleines que vuides: mais l’évenement en doit » être attribué aux troupes de la ligne pleine, qui » n'ont pas fu entrer dans les intervalles de l’autre # ligne, & attaquer le flanc des bataillons-de cette » ligne. » M. de Puyfegur examine ençore, fi une armée ARM 693 rañoce fur une feule ligne pleine fera placée plus avantageufement qu'une autre armée de pareil nom: bre de bataillons & d’efcadrons rangée für deux lignes tant pleines que vuides. Il eft clair qu'a: lors les deux armées occuperont le même front : mais il ne l’eft pas moins que fi des deux troupes qui ont à combattre, l’une joint tout fon monde & l’autre le fépare, celle qui attaque avec tout » le fien a inconteftablement un avantage confidéra- » ble fur la partie qu’elle attaque , & qu'elle doit » battre en detail toutes celles de la troupe dont le » monde eft. féparé. » S'il eft difficile de né pas penfer 1à-deflus com- me l’illuftre Maréchal qui fait cette obfervation , » on peut lui objeéter , & il ne fe le diffimule pas, » que fi la premiere ligne eft rompue , la féconde » vient à fon fecours pour en rétablir le defordre , » & que la prenuere peut alors fe ralliér derriere la » feconde ; au lieu qu’en combattant à ligne pleine, » fi l'effort de cette ligne ne réuflit pas, l’armée fe » trouve obligée de plier fans pouvoir fe reformer » derriere aucun autre corps qui la couvre & qui la » protege. À cela M. le maréchal de Puyfegur, d’ac- » cord avec le favant marquis de Sanéta-Crux, pré- » tend que tout le fuccès d’une bataille dépend de » l'attaque de la premuere ligne, & que fi elle eft » rompue , la feconde ne peut guere rétablir le com: » bat avec avantage. Ajoûtez à cela, que cette fe- » conde ligne s’avançant avec la même foibleffe dans » fon ordre de bataille que la premiere , elle {era » battue avec la même facilité par la ligne pleine, » qui a prefque le même avantage fur cette ligne que » fur la premiere ; on dit prefque , parce qu'il n’eft » pas poffible à là ligne pleine, de battre celle qu » lui eft oppofée, fans déranger un peu fon ordre, & » que la feconde ligne arrivant dans ce moment , eft » en état d'attaquer la ligne pleine avec plus d’avan- » tage que la premiere ne le pourroit faire. IL faut » voir plus en détail dans l’ouvrage de M. le maré- » chal dé Puyfegur, tous les raifonnemens par lef- » quels il démontre en quelque façon ce qu'il dit à # l'avantage des lignes pleines. Ce détail n’eft point » de la nature de ce traité, & nous n’en avons dit * un mot, que pour exciter les militaires à ne pas » négliger l'étude d’un livre auf utile pour l’intel- » ligence de leur métier, & dont ils peuvent tirer » Les plus grands avantages, pour en pofléder par- » faitement les principes. Des divifions de l’armée , appelées brigades, S'il n’y # avoit point de divifion dans l’armée que celle des » bataillons & des efcadrons, c’eft-à-dire fi elle étoit » feulement partagée en plufieurs parties par ces dif. » férerités troupes, ou bien en partie du centre & en » aîles, on pourroit dire que la premiere de ces di- » vifions donneroit de trop petites parties, & la fe- » conde de trop grandes. Mais comme on à vû par » la formation des troupes en particulier, qu’il ne » convient pas de les compofer, ni d’un trop petit » nombre d'hommes, ni d’un trop grand ; il s’enfuit » que les divifions de l’armée doivent être propor- » tionnées de même d’un nombre de bataillons ow » d’efcadrons aflez confidérable pour produire de » grands effets dans le combat, mais trop petit pour » donner de l’embarras dans le mouvement de l’ar- » mmée. Ge qu'on appelle divifion dans l’armée n’étant » autre chofe que l’union ou la liaifon de plufieurs » corps de troupes deftinés à agir enfemble ; l'union + de plufieurs bataillons ou efcadrons peut donc être » confidérée comme une divifion de l’armée. » Chaque régiment peut auffi être confidéré com- » me une divifion: mais comme les régimens font » très-différens en France les uns des autres par le » nombre d'hommes dont 1ls font compofés, la di- » vifion de l’ordre de bataille par régimens ne con- 3 ; > ; ; » ; ; Æ LA A7 2 LA LA + Le LA Le DA > DR - EE. - es + EDIT PSE PRES NP), ETC TER CE Es be dt le mn NP D 0 ET CET LA v%: à 4 LA Le + + ne CS. JR CR + DA 22 694 ARM » viendroit pas ; c’eft pour cela qu'on en joint plu » fieurs enfemble, qu’on met fous les ordres d’un » même chef appellé brigadier ; & cette union de ré- » gimens, ou plütôt des bataillons ou des efcadrons » qu'ils compofent, fe nomme brigade d'armée ou fim- » plement brigade. Voyez BRIGADIER. Il fuit de-là »# qu'on doit définir la brigade #2 certain nombre de » bataillons ou d’efcadrons defhinés à combattre 6 à faire 5 Le fervice militaire enfemble fous les ordres d’un chef ap- » pelle brigadier. » Les troupes d’une mème brigade font fur la mé- # me ligne dans l’ordre de bataille, & placées im- » médiatement à côté les unes des autres : elles ne » font point de différente efpece , mais feulement # ou d'infanterie ou de cavalerie. » Toute l’armée eft divifée par brigades : mais le # nombre des bataillons ou des efcadrons de chaque » brigade n’eft pas fixé. On regarde cependant Île »# nombre de fix bataillons ou celui de huit efca- » drons comme le plus convenable pour former les # brigades: mais 1l y en a de plus fortes & de plus # foibles. » Il y a encore quelques autres regles ufitées dans # la formation de l’ordre de bataille, par rapport au » rang que les répimens ont entr'eux : mais on ren- » voye pour ce détail aux Ordonnances militaires, > qui fixent le rang de chaque régiment , & l’on fe reftraint à ce qu'il y a de plus effentiel & de plus # général dans l’ordre de bataille. » Les brigades fuivent entr’elles le rang du pre- mier régiment qu’elles contiennent : les autres ré- gimens {ont regardés comme joints avec ce pre- » nier, & ne failant en quelque façon que le même » corps. Conformément au rang de ce régiment, on # donne aux brigades /es poffes d'honneur qui lui con- # viennent ». Voyez POSTE D'HONNEUR. Effai fur da Cafiramétation par M. Le Blond, On a expérimenté en Europe, qu'un prince qui a un million de fujets, ne peut pas lever une armés de plus de dix mille hommes fans fe ruiner. Dans les anciennes républiques cela étoit différent , on le- voit les foldats à proportion du refte du peuple , ce qui étoit environ le huitieme , & préfentement on ne leve que le centieme. La raifon pourquoi on en levoit anciennement davantage, femble venir de l’égal partage des terres que les fondateurs des ré- publiques avoient fait à leurs fujets, ce qui faifoit que chaque homme avoit une proprièté confidérable à défendre, & avoit les moyens de le faire. Mais préfentement les térres êc les biens d’une nation étant entre les mains d’un petit nombre de perlonnes, & les autres ne pouvant fubfifter que par le commerce ou les arts, Gc. n’ont pas de propriétés à défendre, ni les moyens d'aller à la guerre fans écrafer leurs familles; car la plus grande partie du peuple eft com- pofée d’artifans ou de domeftiques, qui ne font que les miniftres de la molleffe & du luxe. Tant que Pé- galté des terres fübffta, Rome, quoique bornée à un petit état, & dénuée du fecours que les Latins devoient Ini fournir après la prife de leur ville, fous le confulat de Camille, levérent cependant dix lé- gions dans la fenle enceinte de leur ville : ce qui, % + + 2; LA ? + dit Tite-Live, étoit plus qu'ils ne peuvent faire à préfent, quoiquils foient les maîtres d’une, gran- de partie du monde; & la raifon de cela, ajoûte cet hiftorien, c’eft qu'à proportion que nous fommes devenus plus puiffans, le luxe & la mollefle fe font augmentés. Voyez Tite-Live, Dec. I. Liv. VII, confid. fur les caf, de la grand. des Rom. ch. üiy. p. 24. Anciennement nos armées étoient une forte de.mi- lice compoféedes vaflaux & des tenans des feipgneurs. Voyez; VASSAL, TENANT, SEIGNEUR, SERVICE, MILiCE. Quand une compagnie avoitferyi lenom-. bre de tems qui Ini étoit emjoint par fon tenement ou ARM pat la coûtuime du fief qu’elle tenait, elle étoit licens tiée. Voyez TENEMENT , FIEF, 6, Les armées de l'Empire confiftent en diférens corps de troupes fournies par les différens cercles d’Alle- magne. Voyez EMPIRE, CERCLE, La principale partie de l’armée françoile , fous la premiere tace, confiftoit en infanterie. Sous Pepin &c Charlemagne elles étoient compofées également d'infanterie & de cavalerie : mais depuis le défaut de la ligne Carlo- vingienne , les fiefs étant devenus héréditaires, les armées nationales, dit le Gendre, {ont ordinairement compofées de cavalerie. Les zrmées du Grand-Seigneur font compofées de janiffaires , de fpahis , & de timariots. ARMÉE D'OBSERVATION, eft une armée qui en protege une autre qui fait un fige , & qui eft defti- née à obferver les mouvemens de l’ennemi pour s’y oppofer. ; Suivant M. le maréchal de Vauban, lorfqu’on fait un fiége 1l faut tobjours avoir un armée d’obferva- tion : mais elle doit être placée de maniere qu’en cas d'attaque elle puiffe tirer du fecours de l’armée afé- geante, avec laquelle elle doit toüjours conferver des communications. ARMÉE ROYALE, eft une armée qui marche avec du gros canon , & qui eft en état d’affiéger une placé forte & bien défendue. On pend ordinairement le gouverneur d’une petite place, quandil a ofé tenir devant une armée royale. ARMÉE À DEUX FRONTS, c’eft une armée ran- gée en bataille fur plufeurs lignes , dont les troupes font face à la tête & à la queue , en forte que les foldats des premieres & des dernieres fe trouvent dos à dos. Cette pofition fe prend lorfq’on eft atta- qué par la tête & par la queue. (Q) ARMÉE NAVALE : on appelle ainfi un nombre un peu confidérable de vaifleaux de guerre réunis & joints enfemble : lorfque ce nombre ne pafle pas dou- ze ou quinze vaifleaux, On dit une e/cadre, Quelques-uns fe fervent du mot de force, pour ex: primer une efcadre ou une armée navale peu confi- dérable : mais cette expréflion n’eft pas exaéte ; on la réferve pour parler de vaifleaux marchands qui font réunis pour naviger enfemble. Voyez FLOTTE. . Une armée navale eft plus ou moins forte, fuivant le nombre & la force des vaifleaux dont elle éft com- pofée. La France en a eu de confidérables à la fin du fiecle dernier , & au commencement de celui-ci. En 1690, l’armée navale commandée par M. le comte de Tourville, vice-Amiral de France, étoit de 116 voiles ; favoir 70 vaifleaux de ligne, depuis 100.ca- nons juiqu'à 40 canons ; 20 brülots, 6 frégates, & 20 bâtimens de charge. En 1704, l’armée navale commandée. par M. le comte de Touloufe étoit de so vaiffleaux de ligne, depuis 104 canons jufqu'à $4 canons ; de quelques frégates , brülots, & bâtimens de charge , avec 24 galères. Nous divifons nos armées navales en trois corps principaux, ou trois efcadres, qu'on diffingue par un pavillon qu'ils portent au mât d'avant ; l’une s’appelle l’efcadre bleue, l’autre l’efcadre blanche, & la troifieme l’eféadre bleue € blanche. L’efcadre blanche eft toùjours celle du commandant de l’armée, Ces trois efcadres forment une avant-varde, un corps.de bataille, & une arriere-garde ; chaque vaïffeau por- te des flammes de la couleur de fon efcadre. L’avant-sarde eft l’efcadre la plus au vent, & l’arriere-garde , celle qui eft fous le vent. Lors du combat ces trois efcadres fe rangent fur une même ligne , autant qu'il eft pofhible ; de forte que le com= mandant fe trouve au milieu de la bgne. (Z ). ARMEMENT , {.m, ( Are milir,) grand corps de troupes abondamment fourni de toutes fortes de pro" vifions , foït pour le fervice de terre , foit pour le fer- vice de mer. Voyez ARMÉE, On dit qu’un prince fait un armement, lorfqu'il augmente le nombre de fes troupes, & qu'il fait de grands amas de munitions de guerre & de bouche, (Q) | ARMEMENT , . m. ( Marine. ) c’eit l'équipement, foit d’un vaifleau de guerre , foit de plufeurs, &c la diftribution ou embarquement des troupes qui doi- vent monter chaque vaifleau. Il le prend auffi quel- quefois pour les gens de l'équipage. On appelle état d'armement , la lifte que la cour envoye, dans laquelle font marqués les vaiffeaux , les officiers , & le nombre des matelots qu’on deftitte pour armer. On dit encore état d’armernent | pour fi- _ gnifier le nombre, la qualité, & les proportions des agreils , apparaux, & munitions qui doivent être employés aux vaifleaux qu’on doit armer. Armement ; tems d'un armement. On dit : l’érmement ne durera que quatre mois. ( Z * ARMÉNIE, £ f. ( Géog. & Hifl. anc. & mod.) grand pays d’Afe , borné à l’occident par l'Euphra- té , au midi par le Diarbeck, le Curdiitan & lAder- bijan ; à lorient par le Chirvan ; & au feptentrion par la Géorgie. Il eft arrofé par plufeurs grands fleu- ves. Le paradis terreftre y étoit fitué. | * ARMÉNIE , ( PIERRE D° ) Hif£. nat. fof[. elle eft opaque ; elle a des taches vertes, bleues , &c brunes ; elle eft polie, parfemée de petits points dorés, com- me la pierre d’azur , dont elle differe en ce qu’elle fe met aifément en poudre. On les trouve dans la même terre ; c’eft pourquoi on les employeindiftinc- tement. Elles ont les mêmes propriétés. La pierre d’ Arménie purge feulement plus fortement que celle d’azur ; on les recommande dans les mê- mes maladies : la dofe en eft depuis fix grains jufqu’à un fcrupule. Elle déterge à l'extérieur , avec un peu d’acrimonie & d’aftriélion : mais on s’en f{ert rare- ment en Medecine. Les Peintres en tirent un beau bleu tirant fur le verd. Geoff. Alexandre de Trulles préfere la pierre d Arménie à Vhellébore blanc, en qualité de purga- tif, dans les affeétions mélancholiques. ARMÉNIENS , £. m. pl: ( Théol. Hiff. eccl. ) con- fidérés par rappoñt à leur religion, c'eft une fete des Chrétiens d’orient , ainfi appellés parce qu’ils habitoient autrefois l'Arménie. Voyez SECTE: On croit que la foi fut portée dans leur pays par lapôtre S. Barthelemy: ce qu'il y a de certain, c’eft qu'an commencement du 1v° fiecle PEglife d’Armce- me étoit très-floriffante , & que l’arianifme y fit peu de ravages. Ils étoient du reflort du patriarche de Conftantinople : mais ils s’en féparerent avant le tems de Photius , aufli-bien que de l’églife Greque, &t compoferent ainfi une églife nationale ; en partie ume avec l’Eglife Romaine, & en partie féparée d'elle. Car on en diftingue de deux fortes ; les francs Arméniens, & les fchifmatiques. Les francs 4rmé. zens {ont catholiques , & {omis à l’Eelife Romaine, Ils ont un patriarche à Nakfivan, ville d'Arménie , fous la domination du roi de Perfe, & un autre à Kaminiek, en Pologne. Les 4rmeniens {chifmatiques . ont auffi deux patriarches ; l’un réfidant au couvent d’Elchemiazin ; c’eft-à-dire , les trois églifes proche d'Erivan ; & l’autre à Eti en Cilicie. Depuis la conquête de leur pays par Scha-Abbas ; roi de Perle ; ils n’ont prefque point eu de pays où . habitation fixe : mais ils fe font difperfés dans quel- ques parties de la Perfe, de la Turquie , de la Tar- tarie, & même en plufieurs parties de l'Europe, par: ticulierement en Pologne. Leur principale occupa- tion eft le commerce ; qu’ils entendent très-bien, Le cardinal de Richelieu , qui vouloit le rétablir en France, projetta d'y attirer grand nombre d’Arméz ; En da Le AR M 09 #iens ; & le chancelier Segwier leur accorda une In: primerié à Marfaile , pour multiplier À moins de frais leuts livres de religion, qui avant cela étoient fott rares &r fort chers. Le chriftianifme s’eft confervé parmi eux, mais avec beaucoup d’altération, fur-tout parmi les 4r: meniens ichifmatiques. Le Pere Galanus rapporte que Jean Hernac, Arménien catholique ,affüre qu'ils fui- vent l’héréfie d'Eutychès , touchant l'unité de nature en Jefus-Chrift, qu'ils croyent que le Saint-Efprit ne procéde que du Pere ; que les ames des juftes n’en- trent point dans le paradis , ni celles des damnés en enfer , avant le jugement dernier ; qu’ils nient le pur: gatoire, rétranchent du nombre des facremens la confirmation & l’extrème-onûtion ; accordent au peu: ple la communion fous les deux efpeces ; la donnent aux enfans avant qu'ils ayent atteint l’âge de raifon ; & penient enfin que tout prêtre peut abioudreindiffé- remment de toutes fortes de péchés;en forte qu’il n’eft point de cas réfervés, foit aux Evêques; foit au Pape. Michel Fevre, dans fon théatre de la Turquie, ditque les Arméniens {ont Monophyfites ; c’eft-à-dire, qu'ils : n'admettent en Jefus-Chrift qu’une nature compofée de la nature divine & de la nature humaine, fans néanmoins auêun mélange, Foy, MONOPHYSITES. . Le même auteur ajoûte que les Arméniens en re- jettant le purgatoire, ne laïffent pas que de prier & de célébrer des meffes pourles morts, dontils croyent que les ames attendent le jour du jugement dans un lieu où les juftes éprouvent des fentimens de joie dans l’efpérance de la béatitude, & les méchans des impreflions de douleur, dans l'attente des iupplices qu'ils favent avoir mérités. quoique d’autres s’ima- ginent qu'il n’y a plus d’enfer depuis que Jefus-Chrift l'a détruit en defcendant aux limbes, & que la pri- vation de Dieu fera le fupplice des réprouvés ; qu'ils ne donnent plus Pextrème-on@tion depuis environ deux cens ans, parce que le peuple croyant que ce facrement avoit la vertu de remettre par lui-même tous les péchés, en avoit pris occafñon de négliger tellement la confeffion , qu’infenfblement elle auroit été tout-à-fait abolie : que quoïqu'ils ne reconnoiïffent pas la primauté du Pape , ils l’appellent néanmoins dans leurs livres le paffeur univerfel, & vicaire de J.C, Is s'accordent avec les Grecs fur l’article de l’eucha riftie, excepté qu'ils ne mêlent point d’eau avec le vin dans le facrifice de la mefle, & qu'ils s'y fer- vent de pain fans levain pour la confécration, comme les Catholiques. Voyez AZYME: , C’eft fans fondement que Brerewood les a accufés de favorifer les opinions des facramentaires .. & de ne point manger des animaux qui {ont eftimés im- mondes dans la loi de Moyfe , n'ayant pas pris gar- de que c’eft la coûtume de toutes les fociétés chré- tiennes d'Orient de ne manger ni fang ni viandes étouffées ; en quoi , felon l’efprit de la primitive Egli- fe ; 1l n’y a point de fuperftition. Ils font grands ;eû- neurs ; & à les entendre, eflentiel de la religion con- fifte à jeüner. On compte parmi eux plufeurs monafteres de l'or: dre de S. Bafile , dont les fchifmatiques obfervent la regle : mais ceux qui fe font réunis à l’Eglife Romai= ne ont embraffé celle de S. Dominique , depuis que lés Dominicains enveyés en Arménie par Jean XXII. eurent beaucoup contribué à les réunir au faint fié- ge. Cette union a été renouvellée & rompue plu: fieurs fois, furtout au concile de Florence , fous Eu- gene IV. Les Arméniens font l'office eccléfaftique en l’an- cienne langue Arménienne , différente de celle d’au- jourd’hui, & que le peuple n'entend pas, Ils ont auffi . dansla même langue toute la bible , traduite d’après la verfion des Septante. Ceux qui font foümis au Pa: pe font aufli l'office en cette langue , & tiennent ka 696 ARM même créance que l’Eglife catholique, fans aucun mêlange des erreurs que profefent les fchifmatiques. Nous remarquerons encore que le titre de versa- bied, ou doéteur , eft plus refpeété que celui d’évé- que ; qu'ils le conferent avec les mêmes cérémonies qu’on donne les ordres facrés ; parce que, felon eux, cette dignité repréfente celle de Jefus-Chrift, qui s’appelloit rabbi | ou doiteur. Ces vertabieds ont droit de prêcher affis , & de porter une croffe femblable à celle du patriarche, tandis que les évêques n’en ont qu'une moins diftinpuée , & prèchent debout, l'ignorance de leurs évêques ayant acquis ces hon- neurs & cette préférence aux dotteurs. Galanus, co#- - ciliat, de l'Egl. Armén. avec lEgl. Rom. Simon, Aif?. des Relig, du Levant, ( G) * ARMENNA , ( Géog. anc.) ruines d'une ville appellée autrefois Medobriga: on lés voit dans l’A- lentéjo , près de l’Eftramadure d’Efpagne, & du bourg de Marvaon. * ARMENTIERES, ( Geéog. ) ville des Pays-bas dans le comté de Flandre , au territoire d’Ypres, capitale du quartier de la Wepe fur la Lys. Loz. 20. 27 UE SO ZON | ARMER (s° ) ex terme ds Manege, fe dit d’un che- val qui baïffe fa tête , &c courbe fon encolure jufqu’à appuyer les branches de la bride contre fon poi- trail, pour réfifter au mors , & défendre fes barres &c fa bouche. . On dit encore qu’un cheval s’arme des levres, quand il couvre fes barres avec fes levres, afin de rendre l'appui du mors plus fourd. Les chevaux qui ont de erofles levres font fujets à s’armer ainf. Le remede à cela eft de lui donner un mors plus large, &c qui foit mieux arrêté fur les barres. Pour le premier cas, le remede eft de lui attacher fous la bouche une boule de bois entourée d’étoife entre les os de la mâchoire inférieure, qui Pempêche de porter fa bouche fi près de fon poitrail. (F) ARMER un vaifleau, c’eft l’équper de vivres, mu- nitions , foldats , matelots , 8 autres chofes nécef- faires pour faire voyage & pour combattre. (Z ) ARMER , terme de Fauconnerie, On dit armer Les cu- res de l’oifeau. Voyez CuüRE. On dit aufi armer l'oë- fezu ; c’eft lui attacher des fonnettes au pié. ARMER #7 Métier , terme de fabrique des étoffes de foie ; c’eft par rapport à la chaine, quand elle eft pañlée au-travers du remifle, qu'elle efttirante, & qu'il s’agit de la faire mouvoir, pour former le corps de l’étofte ; attacher des ficelles de moyenne groffeur aux lifferons par de longues boucles , enfler les marches & les ajufter, pour faire lever ou baïfer les lifles & partager la chaîne, de façon que l’ouvrier puifle mouvoir fa navette. L’armuré eft très-peu de chofe , pour ce qui con- cerne la chaîne : mais elle eft de conféquence pour les liffes de poil : quant à cette opération, voyez Par- zicle ARMURE. + *ARMIERES , ( Géog. ) petite ville du Hainaut, fur la Sambre. Long. 24. 3. lat. 52. 4. * ARMIER , ( Géog. ) ville de France , dans le Dauphiné , au Valentinois. ARMIGER ; {. m.(Hiff. mod.) mot Latin com- pofé d’arma gerere , porter les armes. C’étoit chez nos anciens , Ceux qui accompagnoient les héros au combat, & étoient leurs porteurs d'armes. Dansles écrivains modernes armiger eft un titre de dignité : un degré de nobleffe , que nous exprimons en Fran- çois par écuyer. Voyez ÉCUYER. (G) ARMILLAIRE , adj. ( ex Affronomie. ) c’eft aïnfi que l’on appelle une /phere artificrelle , compofée de plufieurs cercles de métal ou de bois , qui repréfen- tent les différens cercles de la fphere du monde , mis enfemble dans leur ordre naturel. Woye; SPHERE 6: CERCLE, Ce mot arrmillaire eft forme d'ermille , qui veut dire un bracelet. La fphere armillaire fert à ai der limagination pour concevoir l’arrangement des cieux , & le mouvement des corps céleftes. 7oyeæz CIEL, SOLEIL, PLANETE. ” On en voit la repréfentation dans la Plaxch. Af- tron. fig. 21. P & Q repréfentent les poles du mon- de ; 4 D, l'équateur; E L, lécliptique , ou le zodia- que ; PA Q D, le méridien, oule colure des folffices; T, la terre ; £ G, le tropique du cancer ; L, le tro- pique du capricorne ; MN, le cercle arique ; O7, le cercle antarétique ; N & O , les poles de l’éclipti- que, & RS, l’horifon. Il y a cette différence entre le globe & la fphere arrillaire, que la fphete eft à jour , & ne contient précifément que les principaux cercles ; au lieu que le globe eft entierement folide, & que les cercles y font fimplement tracés. Outre la fphere armillaire , qui reprèfente les diférens cer- cles qu’on imagine fur le globe terreftre , ou célefte, il y a d’autres fpheres armillaires | qui repréfentent les orbites ou les cercles que décrivent les planetes dans les différens fyftèmes. Ainf 1l y a la fphere ar- millaire de Pitolomée , célle de Copernic, celle de Tycho : ces différentes fpheres repréfentent les difié- rens arrangemens des planetes , fuivant ces Aftrono- : tes: (O0) ARMILLE , ez Architeîlure. Voyez ANNELETS. ARMILUSTRIE, 1 £. ( if. anc. ) fête des Romains , dans laquelle on faifoit une revüe géné- rale des troupes dans le champ de Mars , au mois d’O&tobre, Les chevaliers , les centurions & tous les foldats étoient couronnés , & l’on y faïfoit un facri- fice au fon des trompettes. Ce nom vient du Latin arma luflrare, faire la revie des armes. Varron donne à cette fête une autre origine : 1l prétend que cette fète étoit regardée comme un o 7Aoxabaprior , EXPiatiOn OÙ bénédiétion des armes , dérivant armiluffrium de ar- ma luere , ou lufirare; qui en termes confacrés à la re- ligion pzyenne , fignifioient une expiation | pour la profpérité des armes des Romains. (G) * ARMINACHA , ( Géog. anc. & mod. ) petite vil- le de la Natolie, dans l’Aladulie, au pié du mont Taurus ; on prétend que c’eft l’ancienne Cybiftra. ARMINIANISME, f. m. ( Theol. Hiff, ecclef. } do@rine d’Arminius, célebre miruftre d’Amfterdam ;, & depuis profeffeur en Théologie dans l’Académie de Leyde & des Arminiens fes feétateurs. Foyez Ar- MINIENS. Ce qui diftingue principalement les Ar- miniens des autres réformés ; c’eft que perfuadés , que Calvin , Beze , Zanchius , 6. qu’on regardoit comme les colonnes du calvinifme , avoient établr des dogmes trop féveres fur le libre arbitre, la pré- deftination, la juftification , la perfévérance &t la gra- ce ; ils ont pris fur tous ces points des fentimens plus modérés, & approchans à quelques égards de ceux de PEglife Romaine. Gomar profefeur en Théologie dans l’Académie de Groningue, & Calvinifte rigide, s’éleva contre la doûtrine d’Arminius. Après bien des difputes commencées dès 1609, & qui menaçoient les Provinces-unies d’une guerre civile ; la matieré fut difcutée & décidée en faveur des Gomariftes par le fynode de Dordrett , tenu en 1618 &c 1619 ; & compofé outre les Théologiens d’'Hollande, de dépu- tés de toutes Les églifes rétormées, exceptédes Fran- cois, qui en furent empèchés par des raifons d'état. C’eft par l’expoñition de larminiani[me faite dans ce fynode , qu’on en‘pourra juger fainement. La difpute entre les deux partis , étoit réduite à cinq chefs: le premier resardoit la predeftination ; le fécond, li niverfalité de la rédemption; le troifieme &c le qua- trieme , qu’on traitoit toüyours enfemble, regardoient la corruption de l’homme & la converfion ; le cin- quieme concernoit la perfévérance. 7. Sur la prédeftination, les Arminiens difoient »qu'il » ne falloit reconnoitre en Dieu aucun décret is »lu, wdu , par lequel il eût réfolu de donner Jefus-Chrift » aux feuls élûs, ni de leur donner non plus à eux * feuls par une vocation efficace, la foi , la juftifica- # tion, la perfévérance & la gloire; maïs qu'il avoit # donne Jefus-Chrift pour rédempteur commun à tout # le monde , & réfolu par ce decret, de juftifier & de » fauver tous ceux qui croiroient en lui, & en même +» tems de leur donner à tous les moyens fufifans pour # être fauvés ; que perfonne ne périfloit pour n’avoir # point ces moyens, mais pour en avoir abufé ; que # l’éleétion abfolue & précife des particuliers {e fai- » foit en vie de leur foi & de leur perfévérance fu- #ture , & qu'il n’y avoit d’éleétion que condition- » nelle; & que la réprobation fe faifoit de même, en » vüe de l’infidélité & de la perfévérance dans un fi » grand mal. » Ce qui étoit direétement oppofé au fyftème de Calvin, qui admet un decret abfolu & po- fitif de prédeftination pour quelques-uns , & de répro- bation pour tous les autres , avant toute prévifion de leurs mérites ou démérites futurs. Voyez PRÉDESTINA- TION, DECRET, MÉRITE, DÉMÉRITE , RÉPRO- BATION , PRÉVISION, 6:c. Sur l’umiverfalité de la rédemption , les Arminiens enfeignoient , « que le # prix payé par Le Fils de Dieu, n’étoit pas feulement » fufifant à tous , mais aétuellement offert pour tous » & un chacundes hommes ; qu'aucun n’étoit exclus » du fruit de la rédemption par un decret abfolu , ni » autrement, que par {a faute »; doétrine toute dif- férente de celle de Calvin & des Gomariftes, qui po: {oient pour dogme indubitable , que Jefus-Chrift n°é- toit mort en aucune forte que pour les prédeftinés , ë&t nullement pour les réprouvés. Sur le troifieme & _Quatrieme chef, après avoir dit que la grace eft né- ceffaire à tout bien , non-feulement pour lachever , mais encore pour le commencer ; ils ajoûtoient que la grace n’étoit pas irréfifible; c’eft-à-dire, qu’on peut y réfifter , & foûtenoient « qu’encore que la grace # fût donnée inégalement , Dieu en donnoit ou en »ofroit une fufhlante à tous ceux à qui l'Evangile » étoit annoncé , même à ceux qui ne fe convertif- » foient pas ; & l’offroit avec un defir fincere & {é- » rieux de les fauver tous, fans qu’il fit deux perfonna- » ges, faifant femblant de vouloir fauver , & au fond # ne le voulant pas, & pouffant fecretement les hom- # mes aux péchés qu'il défendoit publiquement » ; deux opinions monftrueufes qu’avoient introduites les premiers réformateurs. Sur le cinquieme, c’eft-à- dire , la perfévérance , ils décidoient « que Dieu » donnoïit aux vrais fideles , régénerés par fa grace, » des moyens pour fe conferver dans cet état; qu’ils # pouvoient perdre la vraie foi juflifiante , & tom- # ber dans des péchés incompatibles avec la juftif- # cation , même dans des crimes atroces ; y perfévé- #rer, y mourir même, s’en relever par la péniten- » ce, fans néanmoins que la grace les contraignit à » la faire » ; &c par ce fentiment , ils détruifoient ce- lui des Calviniftes rigides ; favoir , que l’homme une fois juftifié , ne pouvoit plus perdre la grace, ni sora- lement, ni finalement ; c’eft-à-dire, ni tout-à-fait pour un certain tems, ni à jamais, &fans retour. Syrod. Dorduc. ff. 31.6 34. Bof. Hift.des variat, liv. XIV. 2°.23. 24. 25.26. 6 27. Voyez GOMARISTES. ARMINIENS, fe@ateurs d’Arminius, parti ou feéte qui s’éleva en Hollande, au commencement du dix-feptieme fiecle , & qui fe fépara des Calviniftes. Voya ARMINTANISME. Les Arminiens {ont auf ap- pellés Remontrans, par rapport À une requête ou re- montrance qu'ils adrefferent aux États Généraux des Provinces-unies en 1611 , & dans laquelle ils expo- ferent les principaux articles de leur croyance. 7 oyez REMONTRANS.Les derniers Arminiens ont poufié les chofes beaucoup plus loin que n’avoit fait Arminius lui-même, & fe font fort approchés duSocinianifme, furtout lorfqu'ils avoient pour chef Simon Epifco- Tome L, A RM 697 pius, Quand les Calviniftes les accufoient de réhour- veller une ancienne héréfie déjà condamnée dans les Pélagiens & les femi-Pélagiens ; ilsrépliquoient que la fimple autorité des hommes ne pouvoit pafler pour une preuve légitime que dans l’Eelife Romaine : que les Calviniftes eux-mêmes avoient introduit dans la religion une toute autre maniere d’en décider les dif- férends ; & enfin qu'il ne fufifoit pas de faire voir qu'une opinion avoit été condamnée, mais qu’il fal- loit montrer en même tems qu’elle avoit été condam- née à jufte titre. Nec faris ef? damnatam olim fententiam effe , if? damnandam cam, ant jure, aut rit damnatam effe confler. Sur cé principe que les Calvinifles ne font pas trop en état de réfuter, les Armziniens rétranchent un aflez grand nombre d'articles de religion que les, premiers appellent fozdementaux , parce qu’on ne les trouve point aflez clairement expliqués dans l’Ecri- ture. Ils rejettent avec mépris les catéchifmes &les confeffions de foi , auxquels les Calviniftes veulent qu'ils ayent à s’en tenir. C’eft pourquoi ceux-ci dans le fynode de Dordre, s’attacherent beaucoup à éta- blir la néceflité de décider les différends de religion par voie d'autorité, & y condamnerent les Armiriens, qui furent d’abord profcrits en Hollande , où-on les tolere cependañt aujourd’hui. Ils ont abandonné la do@rine de leur premier maî- tre fur la prédeftination & l’éledtion faites de toute éternité , en conféquence de la prévifion des méri- tes ; Epifcopius ayant imaginé que Dieu n’élit les fide- les que dans le tems , & lorfqu’ils croyent attuelle- ment. Ils penfent que la doétrine de la Trinité n’eft point néceflaire au falut , & qu'il n’y a dans l’Ecri- ture aucun précepte quinous commande d’adorer le S. Efprit. Enfin leur grand principe eft qu’on doit to- lérer toutes les fetes chrétiennes ; parce que , difent- ils , il n’a point été décidé jufqw’ici, qui font ceux d’entre les chrétiens qui ont embrafé la religion la plus véritable & la plus conforme à la parole de Dieu. On a diftingué les Arminiens en deux branches ; par rapport au gouvernement, & par rapport à la reli- gion, Les premiers ont été nommés 4rminiens poliri- ques ; & Von a compris fous ce titre tous les Hollan- dois qui fe font oppofés en quelque chofe aux def {eins des Princes d'Orange, tels que Meffieurs Bar- neveld & de Witt, & plufeurs autres réformés qui ont été viétimes de leur zele pour leur patrie. Les 4r= miniens eccléfiaftiques, c’eft-à-dire ceux qui profef- fant les fentimens des Remontrans touchant la relis gion, n’ont cependant point de part dans l’adminiftra- tion de l’état, ont été d’abord vivement perfécutés ) P par le prince Maurice : maïs on les a enfuite laïflés em paix, fans toutefois les admettre au miniftere ni aux chaires de Théologie, à moins qu’ils n’ayent accepté les aétes du fynode de Dordre@. Outre Simon Epif- copius , les plus célebres entre ces derniers , ont été Etienne de Courcelles & Philippe de Limborch, qui ont beaucoup écrit pour expofer & foûtenir les {en- timens de leur parti. (G * ARMISTICE , fm. (Ar milir.) treve fort cour- te , ou fufpenfion d'armes pour un petit efpace de tems. Voyez TREVE , &c. * ARMIRO, ( Géog. ) ville de la Turquie Euro- péenne, dans la Macédoine ; fur le golfe de Voile, & les côtés de Archipel , vis-à-vis l’île de Négrepont. Long. 41.10. lar:38.34. Il y a encore en Candie , une riviere de c* nom; elle coule près le Caftel-Malveñ ; & fe décharge dans la Méditerranée, près de Paleo-Caftro. On dit que c’eft l'Ouxès des Anciens. On croit que lAriro, montagne de Portusal, aux confins de lAlentéjo , près Portalegre , eft ? Hermi. nius, où Eminius mons des anciens. *’ARMOA , petite riviere d’Arcadie , qui fe jette Tttt 698 A RM dans Ÿ’Alphée ; on croit que c’eft l’Amarynchus des añciens, ARMOGAN,, f. m. ( Marine. ) on a laïflé pañler l’armogan. Les pilotes fe fervent de ce mot pour dire de beau tems, qui eft propre pour naviger. Il n’eft en ufage que dans la mer Méditerranée. (Z) ARMOIRIES , {.m. pl. (Blaf/on. ) marques de no- blefle & de dignité, compofées régulierement de cer- taines figures & d’émaux, données ou autorifées par les Souverains, pour la diftin@ion des perfonnes & des maïfons. On les nomme armoiries , parce qu'on les portoit principalement fur le bouclier, fur la cui- rafle, & fur les bannieres; & qu’elles ont pris leur origine des armes. Les plus belles armoiries, {elon Part, &c les plus belles à voir, font les moins chargées, & celles dont les figures font faites de fimples traits, comme les partitions , & les pieces honorables, Il n’y a que quatre couleurs & deux émaux qui entrent dans les armoiries. Ce mot vient d’ermure, à caufe qu’on peignoitautrefois {ur les écus, les cafques, & les cot- tes d'armes des Chevaliers , les marques qu'ils ayoient prifes pour fe diftinguer les uns des autres, tant à la guerre, que dans les tournois. Voyez TourNoïS. Les favans ne font point d'accord ft l’origine des armoiries. Favyn prétend qu’elles ont été dèsle com- mencement du monde; Segoin, du tems des enfans de Noé ; d’autres, du tems d'Ofris, ce qui eft appuyé par quelques paflages de Diodore de Sicile ; d’autres, du tems des Hébreux, parce qu’on a donné des armes à Moyfe, à Jofué, aux douze tribus, à Efther, à Da- vid, à Judith, 6e. & d’autres, dès les tems héroïques, &c fous l'empire des Affyriens, des Medes , &t des Per- fes, s'appuyant fur Philoftrate, Xenophon & Quin- te-Curfe. Quelques-uns prétendent qu’Alexandre ré- gla les armoiries & lufage du Blafon. Le P. Monet veut qu’elles ayent commencé fous l'empire d’Au- gufte ; d’autres, pendant les inondations des Gotbhs ; &t d’autres, fous l’empire de Charlemagne. Chorier, dans fon Hiff. du Dauphiné, tome I. pag. 9 7. remar- que que les tires étoient les boucliers des Gaulois ; qui les couvroient entierement ; que chaque foldat y faifoit peindre quelque marque qui lui étoit propre, & par la vûe de laquelle il pouvoit être reconnu en- tre fes compagnons : il cite fur cela Paufanias, qui le dit en effet; & c’eft-là, felon Chorier, l’origine des armes des familles nobles. Il dit ailleurs qu'il y au- roit de lignorance à croire que les Romains ayent entierement manqué d’armoiries ; mais qu'iln’y en au- roit guere moins à foûtenir qu'ils en ayent eu de pro- pres à chaque famille. Spelman dit que ce font les Saxons , les Danois & les Normands , qui les ont ap- portées du Nord en Angleterre, & de-là en France. Il eff certain que de tems immémorial , il y a eu par- mi les hommes des marques fymboliques pour fe dif . tinguer dans les armées, & qu’on en a fait des orne- mens de boucliers & d’enfeignes : mais ces marques LL ° - (o) . \ ont été prifes indifféremment pour devifes, emblè- mes, hyéroglyphes, 6:c. & ce n’étoient point desar- moiries comme les nôtres, qui font des marques héré- ditares de la nobleffle d’une maifon, réglées felon l’art du Blafon, & accordées ou approuvées par les Souverains. Ainfi, avant Marius, l'aigle n’étoit point l’enfeigne perpétuelle du général des Romains; ils portoient indifféremment dans leurs étendarts, où un loup, ou un léopard, ou un aigle , felon le choix de celui qui commandoit. On remarque la même diver- fité à l’égard des François; ce qui fait que les au- teurs font partagés loriqu'ils parlent des armoiries de France. Il n’y avoit originairement que les feules nobles qui euffent le droit d’avoir des armoiries : mais Char- les V, par fa charte de l’an 1371, ayant annobli les Parifiens , il leur permit de porter des armories ; &c AR M : fur cet exemple, les bourgeois les plus notables dès autres villes en prirent auf. (F) ARMOISE , f. f.artemifia , (Hiff. nat, bot.) genre de plante, dont les fleurs {ont de petits bouquets x fleurons découpés, portés fur un embryon, 8 {oûte- nus par un calice écailleux : on trouve parmi cesfleus rons quelques embryons découverts, & furmontés d’un filet fourchu. Tous ces embryons deviennent des * femences femblables À celles de l’abfinthe. L’armoi- {e ne differe de l’abfinthe que par fon port extérieur, car la différence des fleurs n’eft prefque pas fenfible, Tournefort, {nf£. rei herb. Voyez PLANTE. (1) L’Artemifia vulgaris major, C. B. 6 Pir, Tournef. donne du 1el eflentiel, de l'huile à demi exaltée, per de flegme, & aflez de terre; fon odeur eft forte & pé- nétrarite, Elle eft déterfive, vulnéraire, apéritive, hyftéri- que , fortifiante; elle excite les mois aux femmes ; provoque la fortie du fœtus & de l’arrierefaix ; elle nettoye & fortifie la matrice; elle abbat les vapeurs : enfin employée à l’intérieur , glle met les humeurs en mouvement, les divife extérieurement ; elle eftréfo- lutive, tonique & fortifiante ; elle entre dans les com- pofitions hyttériques où emménagogues. Pour faire du /rop d’armoife, prenez feuilles d’ar- moifé nouvellement cueïllies quatre poignées: cou- pez-les &r les pilez, puis laiflez-les infuter pendant douze heures dans deux pintes d’eau diftillée d’ar- moife : après cela faites-les bouillir jufqu’à confomp- tion du quart : pailez le tout avec une forte expref- fion, ajoûtez fucre deux livres : clarifiez enfuite la co- lature , & la faites cuire à confiftance de firop : met- tez fur la fin de la cuite un noüet dans lequel on en- fermera, de {el d’armorfe | demi-once ; canelle con- caflée, trois gros ; fpicnard haché , caftoreum, de chaque un gros. La nouvelle Pharmacopée le fait plus fimplement ; ce firop a toutes Les vertus de l’ar= moife. (N) ARMOISIN, f. m.(manufailure de foie) c’eftle nom d’un taftetas extrèmement mince, qui {e fabrique en Italie ; mais furtout à Florence. Yoyez pour la fabri- cation des tafietas , l’article T'AFFETAS. * ARMON , 1. m. (terme de Charron & de Carroffeer-- Sellier ) c’eit le nom que ces ouvriers donnent aux deux pieces de bois qui aboutiflent au timon d’un carrolie, &t qui ioütiennent la cheville. | ARMONIAC , {el plus ordinairement nommé /e2 ammoniac, Voyez; AMMONIAC. ( 4 : * ARMOKIQUE,, adj. (Hifi. & Géog.) c’eft ainfi que les anciens défignoient la petite Bretagne. Ce mot fignihe maritime : 11 faut comprendre fous ce nom, outre la petite Bretagne, quelque portion de la Nor- .mandie ; felon Sanion, il convenoit à tous les peu- ples qui formoient la province Lyonoife feconde, qui fut eniuite divifée en feconde & troïfieme, où font maintenant les archevêchés de Roüen & de Tours. * ARMOT, (ISLE D’) (Géog.) petite île de la mer de Gaicogne, fur la côte de Saintonge. ARMURE., f. f. (Hifi. anc. & mod.) habit de dé- fenfe, qui {ert à mettre le corps à couvert des coups des ennemis. Voyez ARMES, Dans les anciens écrits, l’'armure eft {ouvent nommée harnois. F. HARNOIS. Tels font le bouclier, la cuirafle, le heaume, la cot- te de maille, le gantelet, 6c. Voye BoucLier, Cui- RASSE, Gc. L'ancienne armure complette étoit compofée d’un cafque ou heaume, d’une gorgerette ou hauffecol, de la cuirafle, des gantelets, des taflettes, des braf- farts, des cuiffarts, & de l’armure des jambes aux- quelles étoient attachés les éperons: c’eft ce qu’on nommoit l’armure de pied-en-cap ; & c’étoit l’habille- ment des cavaliers & des hommes d’armes : l’infante- rie ne portoit qu’une partie de l’arxure, favoir, le pot-en-tête, la cuirafle & les taflettes, mais plus lé- À R M mers que ceux des cavaliers. Enfin les chevaux ; avoient aufl leur armure, qui leur couvroit la tête & de poitrail. De toute cette armure on ne fe fert à pré- fent que de la cuiraffe ; car le hauffecol que portent ls officiers, eft plètôt un habillement d’honneur , que de défenfe ; cependantileft pour l’infanterie com- meune marque de gorgerm ou gorgerette, qui faifoit partie de l’ancienne armure. Lies François poufletent f loin la coûtume d’aller au combat à decouvert & fans aucune armure défenfive, que Louis XIV. fut obligé de faire publier fouvent des ordonnances pour obliger les officiers à fe fervir d’armure ; en confé- quence de quoi les officiers généraux & les officiers de cavalerie furent obligés de reprendre la cuirafe : la cavalerie de la maïfon du Roi porte auffi la cuiraf {e, & fur lechapeauune calotte de fer pour parer les coups de tranchant, ou une calote de meche en-dé- dans du chapeau. Le refte de la cavalerie porte des plaftrons de fer , qui s’attachént derriere le dos avec deux fortes courroies paflées en fautoir: les dragons ne portent point de cuirafle, Voyez ARMES. (G) ARMURE d'un aimant, (Phyfiq.) n’eft autre chofe -que plufieurs plaques de fer qu'on attache à une pier- re d'aimant, & par le moyen defquelles on augmente prodigieufement fa force. Voyez AIMANT. (0) ARMURE, {. f. dans les manufaëlures de foie; c’eft après que le métier eft monté, l’ordre dans lequel on fait mouvoir les liffes tant de chaîne que de poil, pour la fabrication de Pétoffe. Cet ordre fuppofe une cer- taine correfpondance déterminée par le genre de l’é- toffe, entre les liffes & les marches ; d’où il s’enfuit qu'il doit y avoir un grand nombre d’ermures diffé- rentes : nous donnerons ces armures aux articles des ouvrages auxquels elles appartiennent. Ainfià l’article SATIN, on trouvera l’errnure d’un fatin à cinq lifles ; l'arrure d’un fatin à huit lifles, dont une prife &7 deux laiflées; celle d’un fatin façonné cou- tant, pour Le fatin &r le liage de $ le 6 ; celle d’un fatin façonne broche, pour le fatin & le liage de 9 le ro. … À Particle LUSTRINE, l’armure d’une luftrine couû- rante, à une feule navette; l’armure d’une luftrine courante, à deux navettes feulement, c’eft-à-dire, rebordée & liferée ; l’armure d’une luftrine rebordée ou liferée & brochée ; celle d’une luftrine à poil. À l’article LUQUOISE ou VALOISE, l’armure d’un double fond courant, à une navette pour le poil {eu- lement. | À l’article DAMAS, l’armure du damas courant, ordinaire ; l’arrnure du damas ordinaire broché feule- ment ; celle du damas liféré & broché. À l’article SERGE , l’armure d’une ferge à fix liffes. À l’article RAS, les armures des ras de S. Maur, de S. Cyr, & de Sicile. À Particle TAFFETAS, les armures des tafletas. À l’article GROS-DE-TOURS, larmure d'un gros-de-, tours broché ordinaire. À Particle CANNELÉ , l’armure d’un cannelé. À Particle CARRELÉ , l’armure d’un carrelé. À l’article BROCARD, l’armure d’un fond d’or à huit lifles de fatin & à quatre de poil; l’armure d’un fond d’or à cinq lifles de fond & cinq liffes de poil ; l’armure d'un fond d’or à cinq lifles de fatin &c quatre de poil; celle d’un brocard dont la dorure eft rele- vée, fans liage ou liée par la corde; celle d’un bro- card dont la dorure eft rélevée, & tous les lacs liés, excepté celui de la dorure relevée qui ne l’eft jamais. À Particle VELOURS, l’'armure d’un tifu de cou- leur, l’endroit deflus, celle du velours à fix liffes. À Particle TOILE, l’armure de la toile d’or. Voilà vingt-huit armures ; ces vingt-huit armures fufifent pour fixer la nature de toutes les étoffes de foie ; de quelque nature qu’elles puiflent être; il n’y en a aucune dont l’ermure ne puiffe être rapportée à quel- qu’une des précédentes, : 4 Tome IL, AUREM Go Pour expliquer plus clairement cette matiere, qui éft par elle-même très-importante & très-dificile , nous avons pris le parti. de repréfenter les lifles par des lignes horifontalés, & les marches par des lignes verticales où perpendiculairés à ces horifontales ; & nous avons enfute placé des zéros ou des étoiles aux, interfeions. | | ARMURE, ff. (ezS errurerie.) on donne générale- ment ce nom à toute la ferrure d’une poutre, d’une machine, 6’c. néceflaire {oit à fa confervation, foit à fes ufages. Ainfi on dit une poutre armée, un aimant arme ; 8CC. , ARMURE; Ce {ont chez les Paffementiers, & autrès ouvriers en foie, de petites pieces de fer que l’on met aux deux bouts de la navette, en faifant de pétites échancrures dans le bois de ladite navette, de façon que ces petites pieces ne la défafleurent pas ; l’ufage de l'arrure eft de préferver les bouts anguleux dela navette, lors de fes chûtes, J’oyez NAVETTE. ARMURIER 1 m. celui qui fafoit autrefois les armes défenfives dont les gens de guerre fe cou- vroient , telles que le heaume ou le cafque , le gorge- ron, la cuirafle, les broffards , les cuflarts, le mo- tion, Le haufle-col, 6e. On confond aujourd’hui l’ar- murter avec l’arquebuñer; il eft cependant évident que l’armurerie & l’arquebuferie font deux profeffions fort différentes ; & que l’une fubfftoit dans toute {a vigueur , que l’autre n’étoit pas encore établie. Les armuriers S'appelloient auffi kezumiers du heaume ou calque ; leur communauté étoit nombreufe ; leurs premiers flatuts font de 1409 , fous le regne de Char- les VI. ils furent renouvellés en 1562 fous Charles IX. en voici les principaux articles. 1. Ils auront quatre jurés, dont deux feront élûs chaque année ; ces jurés veilleront à l’exécution des reglemens & à la confervation des priviléges. 2. Cha- que maître ne fera qu’un apprenti à la fois, qui fera obligé par-devant Notaire & rec parles jurés. 3. L’ap prentiffage fera de cinq ans; les fils de maître n’en feront pas exempts ; ils auront feulement le droit de faire apprentiffage chez leur pere ; &les peres , celui d’avoir un autre apprenti avec leur fils. 4. Le chef d'œuvre fera donné par les jurés ; les fils de maître en feront exempts, 5. Les veuves, reftant en viduité, joiiront des privilèges de leur mari, excepté de celux de faire des apprentis, 6. Les ouvrages & marchan- difes des forains feront vifitées par les jurés. 7. Les matières deftinées à la fabrication des armures, fer, acier, fer blanc, cuivre, @c. feront auffi vifitées. 8. Chaque maître n’aura qu'une boutique. 9. Toute piece de harnoïs fera marquée d’un poincon donné par les jurés , & dont l'empreinte en plomb fera dans la chambre du Procureur du Roï. 10. Les apprentis de Paris, en concurrence de boutique avec les com- pagnons étrangers , leur feront préférés. 11. Les ar ruriers feront tous harnoïs pour hommes, comme corcelets, cuirafles , haufles-cols , &xc. Les armuriers avoient S. George pour patron, & leur confrairie étoità S. Jacques de la Boucherie : mais les armures ayant pafñlé de mode , la commu- nauté des armuriers eft tombée, La fabrique des corps de cuiraffe dont on fe fert encore dans quelques ré- gimens de cavalerie Françoïfe eft à Befançon. * ARMYDEN , (Géog.) ville des Provinces-Unies “des Pays-Bas, dans l’île de Valcheren. Long. 21. 10. lat, 51. 30. et ARNALDISTES , o4 ARNAUDISTES, f. m. pl. (Théol Hiff. ecclef.) hérétiques , ainfi nommés d’Ar- naud de Breffe leur chef. [ls parurenñt dans le xrr°. fiecle ; & à l'exemple de leur maître, ils inve&tive- rent hautement contre les pofleffions légitimes des biens appartenans aux.églifes & aux eccléfiaftiques qu'ils traitoient d’ufurpation. Ils enfeignerent enfin des erreurs contre le Baptème & Fe l’Euchariftie, - | Lttt-i 700 A R N. | & furent condamnés au concile de Latran fous In- nocent IT. en 1130. Arnaud après avoir excité de dangereux troubles à Brefle & à Rome, fut pendu & brule dans cette derniere ville en 1155, &cfes cen- dres furent jettées dans le Tibre. Quelques-uns de {es difciples qu'on nommoit auffi Publicainsou Popl- cains, étant pafles de France.en Angleterre vers l’an 1160, y furent arrêtés & diffipés ; cette feéte devint enfuite une branche de l’héréfe des Albigeois. Foyez ALBIGEO!S.(G) : * ARNALT , f. m. (Æif. nat. bor.)c’eft un arbre qui croit, à ce qu'on, dit , aux Indes orientales, & qui a l'odeur du citron & la feuille du faule. On ajoûte qu'il ne porte point de fruit : mais cela ne fufht pas our le Caraétérifer. * ARNAUTES, f. m. pl. peuples d’Albanie, fur la côte orientale du golfe de Venife ; 1ls font errans &cvagabonds. On donne aufh le nom d’Arnautes aux Albanoïs qui fe font fixés dans l’ile de Nio, une de celles de PArchipel. * ARNAY-LE-DUC , (Gcog.) ville de France, au Duché de Bourgogne, dans l’Auxois, proche la ri- viere d’Aroux. Long. 21. 56. lat. 47. 7. ARNEAF, {. m.oifeau mieux connu fous le nom de pie-priéche. Voyez PIE-GRIÈCHE. (/ | : * ARNEBERG., (Géog.) ville d'Allemagne, dans la vieille marche de Brandebourg, fur lElbe, entre Angermonde & Weïben. Elle appartient au roi de Pruffe. * ARNEDO , (Géog.) ville du Pérou, à une de- mi-lieue de la mer du Sud, où elle a un port, à 10 lieues au nord de Lima. * ARNHEIM, ville des Pays-Bas, dans la pro- vince de Gueldre, capitale du Véluwe ; fur la droite’ duRhin. Long. 23. 25. lar. 52. Les Hollandois ont donné le même nom à la par- tie de la terre auftrale qu’ils ont découverte au midi de la nouvelle Guinée. * ARNHUSEN , petite ville d'Allemagne, près de la riviere de Rega , fur les confins de la marche de Brandebourg. | * ARNO , (Géog.) fleuve d'Italie , dans la Tof- cane ; il a fa fource dans l’Apennin , paffe à Florence & à Pife, & fe jette dans la mer ur peu au-deflous, ARNODES,f. m. pl. (Liérar.) nom que l’on donnoit à ceux qui parmi les Grecs dans.les feftins ou d’autres aflemblées récitoient des vers d'Homere, une branche de laurier à la main. On les nommoit ainfi, parce qu’on leur donnoiït pour récompenfe un agneau qu’on appelle en Grec pros ; on les appelloit auf rhapfodes. Voyez RHAPSODES. (G) * ARNON, (Géog. fuinte.) fleuve qui avoit fa fou- ce dans les montagnes d'Arabie , traverfoit Le defert, entroit dans le lac Alphaltite, & divifoit les Moabi- tes des Amorrhéens. | * ARNOULD , petite ville de France, dans la Beauce, dans la forêt d’Yveline. * ARNSBOURG , Voyez ARENSBOURG. * ARNSHEIM , petite ville d'Allemagne, dans le Palatinat du Rhin, bailliage d’Altzey. | * ARNSTAD , petite ville d’Allemagne, dans la Thuringe , fur la riviere de Gera. Long. 28. 33. lar. 50. 54. Ds AROBE, ou ARROBE , f. m. (Commerce,)enEf- | pagnol , arobas, en Péruvien, aroue , poids dont on fe ferten Efpagne ,en Portugal , à Goa, & danstoute l'Amérique Efpagnole, Les Portugais s’en fervent | aufl au Brefil, où aufli-bien qu’à Goa on l’appelle arate : tous ces arobes n’ont gueres que le nom de commun; & ils font d’ailleurs aflez différens pour leur pefanteur & pour leur évaluation au poids de France. L’arobe de Madrid & du refte de prefque toute l’Efpagne , à la réferve de Séville & de Cadix, | eft de vingt-cinq livres Efpagnoles , qui n’en font pas tout-à-fait vingt-trois & un quart de Paris ; enforte que le quintal commun. qui eft de quatre arobes , ne fait que quatre-vingt-treize de nos livres. L’arobe de Séville & de Cadix.eft auf. de, vingt-cinq livres, mais. qui en font vingt-fix & demie poids de Paris, d’Amiterdam , de Strasbourg, & de Befançon, où la livre eft égale. Quatre arobes font le quintal ordi- naire, c’eft-à-dire cent livres : mais, pour le quintal .machoil faut fix arobes , qu’on peut réduire en livres de Paris, fur le pié de la réduéhon qu’on a faite ci- deflus de l’arobe deces deux villes. F’oyez QUINTAS. L’arobe de Portugal eft de 32.livres.de Lisbonne, qui reviennent à vingt-neuf livres de Paris. Voyez ARATE. (G) | Dit AS 1 * AROË , (Géog. anc. 6 mod.) ville d'Achaie ; c’eft aujourd'hui Patras.. . . MT AROER , (Géog. fainre.) ville de la Judée , en Afe, au-delà du Jourdain , de la tribu de Gad, proche la riviere d’Arpon, fur.les confins de la tribu de Ru- ben, & du pays des Ammonites. . : * AROMATES, f. m. pl. (Æif£, rar, 6 mat. med.) on comprend fous ce nom générique tous les végé- taux pourvûüs d’une huile & d’un {el acre, qui par leur uniôn forment une fubftance fayoneule, qui eft le principe de l’odeur & du goût acre, ftimulant & échauffant, qu’on y découvre. Tels font le carda- mome, le clou de girofle , la canelle, le poivre, le gingembre, le macis, 6c, Si dans les cas où la bile a perdu fa force & fon énergie, & où les fibres de l’eftomac font relâchées, les aromates {ont d’un grand fecours ; 1ls font auffi très-nuifibles dans les difpo- fitions contraires, par l’impétuofté de mouvement qu'ils occafionnenti dans les humeurs qui font déjà trop agitées. L’abfnthe qui facilite l'écoulement des eaux , en relevant le ton & le reflort des vaiffeaux affoiblis, & divifant & incitant les humeurs muqueu- {es , eft un excellent remede dans l’hydropifie : mais dans les fievres inflammatoires, elle feroit certaine- ment beaucoup de mal, en produifant les .mêmes effets que dans l’hydropifie. | AROMATIQUE, adj. Voyez ODORANT. t * AROMATITE , 1. f, (if. nat. foff.) pierre pré- cieufe , d’une fubftance bitumineufe , & fort reflem- blante par fa couleur & fon odeur à la myrrhe, qui lui donne fon nom; on la trouve en Egypte & en Arabie. I * ARONCHES , petite ville de Portugal, dans l'Alentéjo, fur les confins de l’Eftramadure Efpagno- le ; elle ef fur la riviere de Care, qui coule proche l’Aleorette , & joint la Guadiana , un peu au-deflus de Badajoz. Long, 11. 14. lat. 30. ARONDE, rerme de Fortification, Voyez QUEUX D'ARONDE. C’eft ainfi qu’on appelle les ailes ou les branches d’un ouvrage à corne ou à couronne, lorf- qu’elles vont en fe rapprochant vers la place, enfotte que la gorge fe trouve moins étendue que lesfront. * ARONDEL. Voyez ARUNDEL ARONDELIERE, £. f. nom de plante, fynonyme avec celui de chelidoine, Voyez CHELIDOINE, (1) ARONDELLES, f. f. (Marine ) arondelles de mer, c’eft ainfi qu'on appelle, en terme de Marine , les brigantins , les pinafles , & autres vaiffleaux médio- cres & légers. (Z') . * ARONE 04 ARONA, (Géog.) ville d'Italie dans le territoire d’Anghiéra, au duché de Milan. Longir, 26. 5. lat. 45. 41. 1 * AROOL,, (Géog.) ville de l'empire Ruffien dans l’Uckraine , fur la riviere d’Occa , à 80 lieues nord de Mofcow. Long, 55. 50. lar, 51. 48. * AROSBAY , ville des Indes dans la contrée fep- tentrionale de la côte occidentale de l'ile de Madura proche celle de Java, Long, 132. las, mérid, 9.30% A © * AROSEN OU WESTERAS , petite ville de ue | de ; capitale de Ja Weftimanie, fur le lacMeler. . ARÔT & MAROT,, fm. ( Théo, & Æifl..) font les, noms de deux anges ,.que l’impofteur Mahomet -difoit avoir été envoyés de Dieu pour enfeigner les | hommes, & pour leur ordonner de s’abftenir du meur- | ‘tre, dés faux jugemens, & de toutes fortes d’excès. Ce faux-prophete ajoûte, (qu’une très-belle femme ayantinvité ces deux anges à manger chez elle, elle leur fit boire du vin, dont étant échauftés,, ils la fol- diciterent à l'amour ; qu'elle feignit de confentir à leur paññon, à condition qu'ils lui apprendroient aupara- vant les paroles par le moyen defquelles ils ditoient que l’on pouvoit aïfément monter au ciel; qu'après ayoir {u d'eux ce qu’elle leur avoit demandé, elle ne voulut plus tenir fa promefle, & qu’alors elle fut enlevée au ciel, où ayant fait à Dieu le récit de ce qui s’étoit pañlé, elle fut changée en l'étoile du ma- “in, qu'on appelle /ucrfer ou aurore , & que les deux anges furent féverement punis, C’eft de-là, felon Mahomet, que Dieu prit occafion de défendre l’u- fage du vin aux hommes. foyez ALCORAN. (G ) … AROTES, f: m. pl. (Hiff arc.) nom que les Syra- cufains donnoiïent aux hommes de condition libre, qui par le malheur de leur fortune étoient obligés de ervir pour fubfifter. (G) vw. À * AROU 07 AAROVW , (Géog, ).ville du canton de Berne au pays d’Argow, fur l’Aar, qui lui a donné fon nom. Elle eft bâtie fur les ruines de l’ancienne. forterefle de Rora. | .. *AROVAQUES, fm. pl. peuples de la Caribane dans l’Amérique feptentrionale , proche les bords de l’Eflekebe & les frontieres du Paria. | *AROUCA, (Géog: anc. & mod,) village de Por- tugal dans la province de Beira, entre Vifeu & Por- to, fur la riviere de Paira. On croit que c’eft Pan- cienne Araduita. … AROUE, f. f. (Commerce.) poids dont on fe fert dans le Pérou, le Chily, &autres provinces & royau- mes de l'Amérique, qui font de la domination Efpa- gnole. L’aroue qui n’eftrien autre chofe que l’arobe d’Efpagne, pefe vingt-cinq livres poids de France. Voyez AROBE. Didionnaire du Commerce , tom. I. pag. 726. * AROUENS, (1sLE DES) l’une des îles qui font proche de l’embouchüre de la riviere des Amazones dans l’Amérique méridionale. * AROUGHEUN, ( Fif. nat. Zoolog. ) animal qu'on.trouve en Virginie, & qui eft tout femblable au caftor, à l’exception qu'il vit fur les arbres comme les écureuils. La peau de cet animal forme une partie du com- merce que les Anglois font avec les fauvages voifins de la Virginie ; elle compofe une forte de fourrure fort eftimée en Angleterre. AROURE,, ff. CHfE. anc.) nom d’une mefure en - ufage chez les Grecs ; elle contenoit cinquante piés, fi l’on en croit Suidas. Ce mot fignifoit plus fréquem- ‘ment une zzefure quarrée qui faoit la moitié du ple- thron. Voyez PLETHRON. … L'aroure Egyptien étoit Le quarré de cent coudées, felon le calcul du doéteur Arbuthnot, #6. 9.(G) .…. * AROY, (Géog.) riviere de l'Amérique méridio- male ; elle fort du lac Cafipe dans la province de Paria, & fe jette dans la riviere decenom. AR PA EMINI, fm. ( Hif, mod, ) officier du Grand-Seigneur ; c’eft le pourvoyeur des écuries; il eft du corps des mutaferacas ou gentils-hommes ordinaires de fa hautefle. À Ia ville 1l reçoit l’orge, le foin, la paille, & les autres fourrages d’impofi- tion, à l’armée ils lui font fournis par le deflerdard ou grand thréforier qui a foin des magañfins. L’arpa . -emini en fait la diffribution aux écuries du Sultan & à ceux qui en Ont d'étape ; fes commis les délivrent * A R P 701 &lui rendent compte du bénéfice; qui eft quelque: fois fi confidérable , qu’en trois ans d'exercice de cette charge il fe voit en état de devenir bacha par les voies qui conduifent ordinairement à ce grade, c'eft-à-dire, parles riches préfens faits aux Sultanes & aux miniftres. Guer. Mœurs des Turcs, tom: II, (G) ARPAGE, {. m. (Hiff. anc.) ou plirôt HARPAGE “comme on le trouve écrit dans.les anciennes infcrip- tions, fignifie wr.enfant qui meurt au berceau, où du- moims.dans fa plus tendre jeunefle! Ce mot eft formé du Grec apœatw, rapio, je ravis. On le trouve rate- ment dans les Auteurs latins ; Grutter l’employe, p. G82. 1nfcript. 1x. dans l’épitaphe de Marc-Aurele, qui mourut à l’âge de o'ans 2 mois & 13 jours: mais cette infcription fut trouvée dans les Gaules où lon parloit le Grec corrompu. : Les Romains, ne fañoient ni funérailles ni épita- phes aux harpages; on ne brüloit point leur corpsf, on ne leur érigeoit ni tombeaux ni monumens; ce qui fait qu’on trouve dans Juvenal: terra clauditur infans , £t minor igne rogt. Dans la fuite on introduifit la coûtume de brûler les corps des enfans qui ayoient vêceu 40 jours, & à qui il avoit pouflé des dents : on appelloit aufli ceux-là aprenres, rapti. Cet ufage fembleavoir été emprunté des Grecs, qui felon Euftathius ne brûloient les en- fans ni la nuit, ni en plein jour, mais dès le matins .& ils n’appelloient pas leur décès mort, mais d’un nom plus doux suépas apmayn , difant que ces enfans étoient ravis par l’aurore , qui jouifloit où qui {e.:: privoit de leurs embraflemens. (G) *ARPAIA, (Géog, anc. & mod.) village de la principauté ultérieure au royaume de Naples, fur les.confins de la terre de Labour , entre Capoue & Bénévent. On croit que c’eft l’ancien Caudium , & que notre ftretto d’arpaja font les fourches Candines, furcæ Caudine des anciens. *ARPAILLEUR, f. m. nomque l’on donne à ceux qui s’occupent: à remuer les fables des rivieres qui roulent destpaillettes d’or, afin de les en féparer ; ces ouvriers n’ont aucun emploi dans les mines. * ARPAION, ville de France dans le Rouergue, avec titre de duché. ARPAJON. Voyez CHATRES. ARPEGGIG , ARPÉGE:0 ARPÉGEMENT,, {. m.erz Mufique, eft la maniere de faire entendre fucceflivement & rapidement les divers fons d’un accord, au lieu de les frapper tous à la fois. Il y a des anftrumens fur lefquels on ne peut for- mer un accord plein qu’en arpégeant ; tels font le violon, le violoncelle, la viole, & tous ceux dont on joue avec larchet ; car l’archet ne peut appuyer fur toutes les cordes à la fois. Pour former donc des accords fur ces inftrumens , on eft contraint d’arpé. ser; & comme on ne peut tirer qu'autant de fons qu'il ya de cordes, l’arpege du violon & du violon- celle ne fauroit être compoié de plus de quatre fons. Il faut pour arpéger, que les doigts foient arrangés en même tems chacun fur fa corde, & que l’arpepe fe tire d’un feul & grand coup d’archet, qui commen- ce fur la plus groffe corde & vienne finir en tournant fur la chanterelle. Siles doigts ne s’artangeoient fur les cordes que fucceffivement, ou qu’on donnât plu- feurs coups d’archets, ce ne feroit plus un arpepe,, ce feroit pañler très-vîte plufeurs notes de fuite. Ce qu'on fait fur le violon par néceffité , on le pratique par goût fur le clavecin. Comme on ne peut tirer de.cet inftrument que des fons fecs qui ne tien- nent pas, on eft obligé de les refrapper fur des notes de longue durée. Pour faire donc durer un accord plus long tems., on le frappe-en arpéseants, en com- mençant par les fons bas, & en obiervant que ies 702 A R P doigts qui ont frappé les premiers ne doivent point quitter leur touche que tout l’erpege né foit fini, afin qu’on puifle entendre à la fois tous les fons de Pac- cord. J’oyez ACCOMPAGNEMENT. Arpeggio eft un mot Italien que nous avons fran- ‘cié par celui d’urpege; il vient du mot 4rpa, à caufe que c’eft du jeu de la-harpe qu’on a tiré l’idée de Par- pégement. (S) ui tRr ARPENT , { m. (Apriculr. ) t’eft une certaine étendue de terre qui contient cent perches quarrées, c’eft-à-dire, dix perches de long fur dix perches de large, la perche étant évaluée fur Le pié de trois toi- fes ou dix-huit piés. Les métairies,, les fermes, les bois, Éc..s’eftiment ordinairement en arpens, On dit qu’une prairie, qu'un jardin, qu'un champ contient tant d’arpens. En Angleterre, ainf qu'en Normandie, on compte les terreins par acres. Voyez ACRE. (E) ARPENTAGE 04 GÉODESIE , 1. m. c’eft pro- prement l’art ou laétion de mefurer les terreins, c’eft- à-dire , de prendre les dimenfions de quelques portions de terre, de les décrire, ou de les tracer {ur une carte & d’en trouver l’aire. Ÿ. MESURE 6 CARTE, 6c. L’Arpentage eft un art très-ancien : on croit mé- me que c’eft lui qui a donné naïffance à la Géomé- trie. #. GÉOMÉTRIE, L’Arpentage a trois parties; la premiere confifte à prendre les mefures & à faire les obfervations nécef- faires fur le terrein même ; la feconde, à mettre {ur le papier ces mefures & ces obfervations ; la troifie- me , à trouver l’aire du terrein. La premiere partie eft proprement ce que l’on ap- pelle l’Arpentage : la feconde eft Part de lever ou de faire un plan ; & la troifieme eft Le calcul du toifé. De plus, la premiere fe divife en deux parties, qui confiftent à faire les obfervations des angles & à prendre les mefures des diftances : on fait les ob- fervations des angles avec quelqu'un des inftrumens fuivans, le oraphometre, le demi-tercle, la plan- chette, la bouflole. 6c. On peut voir la defcription & la maniere de faire ufage de ces inftrumens , aux articles, GRAPHOMETRE, PLANCHETTE, BoussoLE, CERCLE d’Arpenteur, Ec. On mefure les diftances avec la chaine ou l’odo- metre. Voyez la defcription & la maniere d'appliquer ces inftrumens , aux articles CHAINE & ODOMETRE ot COMPTE-PAS. La feconde partie de lArpentage s'exécute par le moyen du rapporteur & de l’échelle d’arpenteur. Voyez-en les ufages aux articles RAPPORTEUR, ECHELLE, c. Voyez auffi CARTE. La troïfieme partie de lArpentage fe fait en rédui- fant les différentes divifions, les différens enclos, &c. en triangles, en quarrés, en‘parallélogrammes, en trapefes, 6:c. mais principalement en triangles, après quoi l’on détermine l’aire ou la furface de ces diffé- rentes figures, fuivant les regles expofées aux arti- cles AIRE, TRIANGLE , QUARRÉ , Gc. La croix d”Arpentage ou le bâton d’Arpenteur eft un inftrument peu connu , & encore moins ufité en Angleterre, quoiqu’en France , @c. l’on s’en ferve au lieu de graphometre ou de quelqu’autre inftru- ment femblable. Il eft compofé d’un cercle de cui- vre, ou plütôt d’un limbe circulaire gradué, & de plus divilé en quatre parties égales par deux lignes droites qui fe coupent au centre à angles droits ; à chacune des quatre extrémités de ces lignes & au centre font attachées des pinules ou des vifieres ; & le tout eft monté fur un bâton. Voyez BATON. (E) ARPENTER , v. a@. &neut. ( Géom.) c’eft l’ac- tion de mefurer un terrein, c’eft-à-dire, de l’évaluer Ç Marine. ) l'arriere-sarde d'une armée navale ; c’eft la divifion qui fait la queue de l’armée, & c’eft aufli celle qui eit fous le vent. (Z) ARRIERE-BAN , {. om. ( Æif. mod. ) terme de Mr. lice ; c’eft la convocation que le prince ou le fouve- rain fait detoute la noblefe de fes états pour marcher | en guerre contre l’ennenn. Cette coûtume étoit au- trefois fort commune en France, 6ù tous ceux qui _ténoient des fiefs & arriere-fefs, étoient obligés fur la fommation du prince de fe trouver à l’armée, & d'y mener felon leur qualité , un certain nombre d'hommes d'armes ou d’archers. Mais depuis qu’on a introduit l’ufage des compagnies d'ordonnance &les troupes réglées , l’arriere- ban n’a été convoqué que dans les plus preflantes extrémités. On trouve pour- tant que fous le feu Roi l'arriere - ban a été convoqué pendant la guerre qui commença en 1688 , & fut terminée par la paix de Ryfvik. Dans ces occafions la noblefie de chaque province forme un corps fé- paré , commandé par un des plus anciens nobles de cette province, Il y a des familles qui font en poflef. P ARR 709 fion de cet honneur. En Pologne , fur les univerfux du Roi ou de la diete, les gentilshommes font obliz gés de monter à cheval pour la défenfe de l’état, & l’on nomme ce corps de cavalerie Pofpolire. Vovez POSsPOLITE. Quelques -uns difent que le #zz eft la premiere convocation , &l’arrirre-ban la feconde; comme une convocation réitérée pour ceux qui {ont demeurés arriere, ou qui ne fe font pas rendus à tems à l’armée: D'autres font venir ce nom d’heri bannum , proclama- ti0n du maître ou du fouverain pour appeller fes fu= jets au fervice militaire, fous les peines portées par les lois. Foyez BAN. (G) ARRIERE-BEC d’une pile , en terme de riviere ; c’eft la partie de la pile qui eff fous le pont du côté d’aval: ARRIERE -BOUTIQUE , ez Architeiture ; voyez MAGASIN de Marchand. (P) ARRIERE-CHANGE,, eft la même chofe que l'in: térêt des intérêts. Voyez INTÉRÊT. -ARRIERE-CHŒUR. Voyez CHœur: ARRIERE-CORPS , ez Serrurerie ; ce font tous les : morceaux ajoûtés au nud d’un ouvrage, de maniere qu'ils en foient excédés ; enforte qu’on pourtoit dire que fi lavant-corps fait relief fur le nud , ie nud au contraire fait relief fur l’arriere-corps. Les rinceaux & autres ornemens de cette nature ne font jamais at= riere-corps. Des moulures formées fur les arrêtes de barres de fer ou d'ornement, formeroïent {ur le nud des barres dont elles porteroient le quarré, arriere: corps. Les avant &c arriere-corps devroient être pris dans le corps de la piece: & fi on les rapporte, & s'ils font des pieces détachées, c’eft feulement pour la facilité du travail & éviter la dépente, 7. Avanr: CORPS. ARRIERE-COUR , ex Archite&ure , eft une petite cour qui dans un corps de bâtiment fert à éclairer les moindres appartemens, #arde-robes , efcaliers de dé- gagement, Gc. Vitruve les appelle rejaulæ. (P) ARRIERE-FAIX eft, em Anatom.,ia membrane où tunique , dans laquelle étoit enveloppé l'enfant dans Putérus. Voyez F&TUS. x On lappelle ainf, parce que qu’il ne fort qu'après lenfant, comme par un fécond accouchement ; c’eft aufi ce qui lui a fait donner le nom de délivre. Voyez DéLIvRE Les Medecins l’appellent aufli /écozdire ,encorepar la mème raifon. Il contient lepläcenta &z les vaifleaux ombilicaux, (L) | Il a quelques ufages ez Medecine. On doit le choïfx nouvellement fort: d’une femme faine & vigoureute ; entier, beau : 1l contient beaucoup de fel volatil & d'huile. On l’applique tout chaud , fortant de la ma- trice , fur le vifage, pour en effacer les lentilles : on en fait difüller de l’eau au bain marie pour lestaches du vifage ; on s’en fert auffi à l’intérieur ; mis en pou- dre , pour l’épilepfie, pour hâter l’acéouchement, pour appaifer les tranchées: la dofe en eft depuis un demi-{crupule jufqu'à deux ferupules. (N) ARRIERE-FERMIER , terme fynonyme à /ous- fermier. (H) ARRIERE-FIEF , (Jurifp.) c’eft un fief qui dépend d'un autre fief. Voyez FIEF. Les arriere-fiefs commen- cerent au tems où les comtes & les ducs rendirent leurs gouvernemens héréditaires. [ls difitibuerent alors. à leurs officiers certaines parties du domaine royal , qui étoient dans leurs provinces, & ils leur permirent d’en gratifier de quelque portion Les {ol- dats qui avoïent fervi fous.eux. Voyez COMTE, Duc.(Æ) | ARRIERE-FLEUR, ferme de Chamoifeur ; c’eft un refte de fleur que l’on a oublié d'enlever de deflus les peaux en les effleurant. Voyez EFFLEURER , FLEUR. ARRIERE-FONCIERE ( RENTE }, serme de co&- tumes , fynonyme à fur-fonciere: Voyez ce dernier. (7) 710 AR KR ARRIERE-GARDE, serme de Droit ride eft une forte de garde qui a lieu quelquefois dans les coùtumes où la garde appartient au ro1 OÙ au fei- gneur , comme en Normandie ; dans le cas où il échet une garde feigneuriale à un mineur, qui lui - même À caufe de fon bas âge , eft en la garde de fon fe:- gneur ; Car alors la garde de l’arriere-vaflal tourne au profit du feigneur fuzerain, & c’eft ce qu’on appelle arriere-garde ; & cela en conféquence d’une maxime de droit , que celui qui eft fous la puiffance d’autrui ne peut pas exercer la même puiflance fur un autre. C’eft par la même raifon qu’un fils de famille en pays de droït écrit, n’a pas fes enfans fous fa puiflance ; qu'un efclaye ne peut pas pofféder des efclaves , ni un mineur exercer une tutele. Voyez GARDE , FILs DE FAMILLE, TUTELE, &c. (H) ARRIERE-MAIN , (Maréchal, & Manége. ) c’eft tout le train de derriere du cheval. (77) ARRIERE-MAIN, éerme de Paumier ; prendre une balle d’arriere-main, c’eft la prendre à fa gauche. Pour cela il faut avoir le bras plié & l’étendre en la chaf- fant. ARRIERE-NEVEU ox ARRIERE - PETIT-NE- VEU , serme de Généalogie & de Droit, eft le petit-fils du neveu, ou fils du petit-neveu. Il eft diftant de la fouche commune ou de fon bifayeul au cinquieme degré. Voyez DEGRÉ. (H) ARRIERE-PANAGE , rermme de Droit , ufité en ma- tiere d'eaux & forêts , qui figniñe le tems auquel on laifle les beftiaux paître dans la forêt après que le pa- nage eft fini. Voyez PANAGE. (7) ARRIERE-PETIT-FILS o4 ARRIERE-PETITE- FILLE, c’eft le fils ou la fille du petit-fils ou de la pe- tite-fille , defcendans en droite ligne du bifayeul ou de la bifayeule dont ils font diflans de trois degrés. Voyez DEGRÉ. (4) ARRIERE-POINT , {. m. maniere de coudre que les Couturieres employent aux poignets des chemi- {es , aux furplis, & fur tous les ouvrages en linge où il s’agit de tracer des façons ou des defleins. Pour for- mer l’arriere-point on commence par féparer avec la pointe de l'aiguille un des fils de la toile qu’on arra- che fur toute la longueur où l’on veut former des ar- riere-points ; quand ce fil eft arraché, on apperçoit les fils de la chaîne feuls, fi c’eft un fil de trame qu’on a arraché ; & les fils de la trame feuls, fi c’eift un fil de chaîne : on pañle l’aigrlle en-deflus ; on embraffe en-deflous trois fils de chaîne ou de trame ; on revient repañler enfuite fon aiguille en-deflus dans le même endroit, & l’on embrafle en-deffous les trois premiers fils & les trois fivans ; on repañle fon aiguille en- deflus , entre le troifieme &c le quatrieme de ces fix fils ; l’on continue d’embraffer en-deflous les trois derniers fils avec les trois fuivans , & de repañler fon aiguille en-deflus , entre le troifieme & le quatrieme des fix derniers fils embraflés ; & à chaque fois on forme ce qu'on appelle un arriere- poins, Si l’on n’eût embraflé d’abord que deux fils, on eût fait des arriere- points de deux en deux fils, mais l'opération eût été la même. Si l’on veut que les arriere-points aillent en zig-zag, on warrache point de fil : mais on compte ceux de la trame ou.de la chaîne , car cela dépend du fens dans lequel on travaille la toile ; & l’on opere comme dans le cas où le fil eftarraché, laïffant à droite ou à gauche autant de fils que le demande le deflein qu'on exécute, & embraflant avec fon aiguille autant de fils perpendiculaires aux fils laïffés, qu’on veut donner d’étendue à fes arriere-points.Mais 1l faut obfer- ver dans le cas où les arriere-points font en ligne droite, & où l’on arrache un fil, d’arracher un fil de chaîne où un fil parallele à la lifiere, préférablement à un fil de trame, les points en feront plus étroits &c plus fer- rés : ce qui n’eft pas difficile à concevoir ; car la tra- me paroïfant todjours moins que là chaine, lamatiere ARR Fou y employe eft moins belle & plus gtofle ; d'où il arrive que l’eipace que laïffe un fl de cette matie- re, arraché, eft plus grand &c plus large. ARRIERE-VASSAL, serme de Jurifprudence féodale, eft le vaffal d’un autre vañlal. Voyez VASSAL 6aR- RIERE-FIEF. (4) | ARRIERE - VOUSSURE , coupe des pierres | c’eft une forte de petite voûte dont le nom exprime la po- fition , parce qu’elle ne fe met que derriere l’ouver- ture d’une baie de porte ou de fenêtre, dans l’épaif- feur du mur, au-dedans de la feuillure du tableau des pié-droits. Son ufage eft de former une fermeture en plate-bande,ou feulement bombée ou en plein cintre. Celles qui font en plate -bande à la feuillure du lin- teau , & en demi-cercle par derriere, s’appellent ar- riere-vouffure-faint- Antoine, parce qu’elle eft exécutée à la porte faint-Antoine à Paris. La fg. 4. PL. de La coupe des pierres , la repréfente en perfpeive. Celles au contraire qui font en plein cintre à la feuillure & en plate-bande par derriere , s’appellent arriere-vouf- Jure de Montpellier, La fig. 6. la repréfente en perfpec- VE CD) NE ARRIERE, adj. dans le Commerce , fe dit d’un marchand lorfqu'il ne paye pas réguhierement fes lettres de change, billets, promefles, obligations , & autres dettes, & que pour ainfi dire, il les life en arriere. (G) ARRIMAGE., f. m. ( Marine.) c’eft la difpofition , l’ordre , & l’arrangement de la cargaifon du vaif- feau : c’eft aufü l’aétion de ranger les marchandifes dans le fond de cale, dont les plus pefantes fe met- tent auprès du left. (Z) ARRIMER , v. a. (Marine) c’eft placer & ar- ranger d’une maniere convenable la cargaïfon d’un vaifleau. Un vaifleau mal arrimé, eft cehui dont la charge eft mal arrangée , de façon qu’il eft trop fur l’avant ou fur le cul, ce qui lémpèche de gouver- ner : cela s'appelle fur les mers du Levant , étre mal mis en eflive, C’eft auf un mauvais arrimage , lorf= ” que les futailles fe déplacent & roulent hors de leur place ; deforte qu’elles fe heurtent, fe défoncent, & caufent de grands coulages. Par l’ordonnance dé 1672, il eft défendu de défoncer les futailles vuides, & de les mettre en fagot, & ordonné qu’elles feront remplies d’eau falée pour fervir à l’arrimage des vaifleaux. ARRIMEUR , f. m. Voyez ARRUMEUR. ARRISER , amener, abaifler, mettre bas, v. aét. (Marine) on dit qu’un vaifleau a arrifé fes humiers, {es perroquets, pour dire qu’il a Paiffé ces fortes de voiles, | ARRISER es vergues , ( Marine.) c’eft les baïffer pour les attacher fur les deux bords du vibord. (Z) ARRIVAGE,, f. m. rerme de Police, qui fignifie la- Bord des marchandifes au port, (H) ARRIVER , ou obéïrauvent , terme de Marine. Pour arriver , on poufle la barre du gouvernail fous le vent, & on manœuvre comme fi on vouloit pren- dre le vent en poupe, lorfqu’on ne vent plus tenir le vent : ainfi on fait arriver le vaifleau pour aller à bord d’un autre qui eft fous le vent , ou pour évi- ter quelque banc. Arrive ; cela {e dit par commandement au timo- nier, pour lui faire pouffer le gouvernail, afin que le vaifleau obéiffe au vent , & qu'il mette vent en poupe. Arrive fous le vent a lui, r’arrive pas ; c’eft un come mandement au timonier , pour qu'il gouverne le vaifleau plus vers le vent , ou qu'il tienne plus le vent. Arrive tout terme de commandement que l'officier prononce , pour obliger le timonier à poufler la barre {ous le vent, comme s’il vouloit faire vent arriere. ARRIVER /ür un vaifféau , c’eft aller à lui en obéif- fant au vent , ou en mettant vent en poupe. | ARRIVER 4 bon port, c’eft-à-dire keureufemenr, (2) ARROCHE, arriplex, genre de plante à fleur com- pofée de pluñeuts étamines fans pétales ; les étainines fortent d’un calice à cinq feuuilles:le piftil devient dans la fuite ane femence platte & ronde ; enveloppée par le calice ou par une capfule. On trouve fur le même pie d’erroche une autre forte de fruit, qi n’eft précédé par aucunes fleurs ; il commence par un embryon, qui devient enfuite un fruit beaucoup plus étendu, compofé de deux feuilles échancrées en for- me de cœur, & plattes ; elles renferment une fe- mence arrondie & applatie. Tournefort, 4/4, rez herb. Voyez PLANTE. . * On en diftingue trois efpeces ; la blanche ; la rouge, & la puante ; la blanche & la rouge ne diffe- rent que par la couleur ; on les cultive dans les po- tagers ; elles font annuelles : maïs quand une fois on les a femées, elles fe renouvellent d’elles-mêmes par la chûte de leurs graines. On les fait cuire , & on les mange comme les autres herbes potageres : mais elles font plus d’ufage dans la Medecine que dans les cuifines ; on en employe les feuilles &les graines. La blanche donne dans l’analyfe, une liqueur d’abord limpide , puis trouble , énfin jaunâtre , d’une odeur & d’une faveur un peu falée , lixivieufe, qui indique un fel falé & alkali ; une liqueur jaunêtre foit falée, {oit alkaline urineufe ; une liqueur brune, imprégnée de fel volatil urineux , & de l’huile. La mafle notre reftée dans la cornue , calcinée au feu de reverbere, a laiffé des cendres dont la leffive a donné du fel fixe purement alkali. Ainf l’arroche blanche contient un {el effentiel falé, ammoniacal , & nitreux , tel que celui qui réfulteroit du mélange de l’efprit de nitre & de {el volatil urineux, mêlés avec une grande por- tion d'huile, & délayés dans un peu de terre & dans beaucoup de flegme. | L’arroche ; {oit blanche , foit rouge, nourrit peu, nuit à l'eflomac, à moins qu'on ne la corrige par des aromates , du fel & du vinaigre; elles font uti- les dans les bouillons par lefquels on fe propofe de là. cher le ventre ; elles font rafraichiflantes & humec- tantes , on les met au nombre des émollientes ; elles conviennent fort aux hypochondriaques ; elles tern- perent les humeurs acres & bilieufes qui bouillon- nent dans les premieres voies : on les fait entrer dans lès lavemens émolliens & anodyns, & dans les cata- plafimes, pour arrêter les inflammations, appaifer les douleurs , amollir les tumeurs , relâcher les parties tendues , Éc. - Les graines fraîches d’arroche blanche lâchent dou- cement le ventre &c font vomir. Serapion raconte que Rhafès avoit vüun homme qui ayant pris de la graine d’arroche | fut violemment tourmente de diarrhée & de vomifflement. Quelques -uns les recommandent dans la jaunifle & le rachitis. _L’arroche puante analyfée donne üne liqueur lim- pide d’abord, puis jaunâtre, d’une odeur & d’une fa- veur falée lixivieufe , & qui marque la préfence d’un fél'alkal urineux ; une liqueur d’abord jaunâtre, en- fuite rouflâtre, falée, foit alkaline-urimeufe, foit un peu acide; une liqueur brune empyreumatique , im- prégnée de {el volatil urineux ; du {el volatil urineux concret, & de huile en confiftance de graiffe : la maf fe reftée dans la cornue, calcinée au feu de reverbere, a laiffé des cendres dont on a tiré par lixiviation du fel fixe purement alkali. Toute la plante a une odeur puante , ammomacale & urineufe : elle eft compofée d’un fel eéffentiel ammoniacal , prefque développé & mêlé de beaucoup d'huile grofiere. Elle pañle pour ant-hyftérique : elle chafle les accès hyftériques par fon odeur ; c’eft-là {ur-tout la propriété de l’infufion chaude de fés feuilles, On peut recommander fes feuil: ARR Jai les fraiches ; pilées & mifes en confiture avec le fu: cre , aux femmes tourmentées dé ces affeétions. On peut , felon M. Tournefort, employer au même ufa- ge la teinture des feuilles dans de l’efprit-de-vin, & lès lavemens de leur décottion. + * ARROË , (Géog.) petite île de Danemarck dans la mer Baltique, au nord de l’île de Dulfen, entre l'ile de Fionie & le Sud-jutland. Long. 27. 20. L. 55. 20. * ARROJO DE SAINT -SERRAN, petite ville: d'Efpagne dans PEftramadure, Longir, 122, 10. lan. 38:40. , | ARRONDIH, adj. serme de Blafon ; il fé dit dés bou lès & autres chofes qui font rondes naturellement, 8: qui paroïflent de relief par le moyen de certains traits’ en armoiries, qui en font voir l’arrondiflement. (7°) * Médicis, grands ducs de Florence, d’or à cinq boules de gueules en orle, en chef un tourteau d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or. | Je nomme boules les pieces de gueules de cès ar= moiries, parce que dans tous les anciens monuméns de Florence & de Rome, on les voit arrondies en boules. ARRONDIR 7 cheval ,( Manépe.) c’eftle drefler à manier en rond , foit au trot ou au galop, foit dans un grand ou petit rond, lui faire porter les épaules & les hanches uniment & rondement , fans qu'il fe tra- verfe &r fe jette de côté. Pour mieux arrondir un che- val, on fe fert d’une longe que l’on tient dans le cen: tre jufqu’à ce qu'il ait formé l’habitude de s’arrondir & de ne pas faire des pointes. On ne doit jamais chan: ger de main en travaillant fur les voltes, que ce ne: 10ït en portant le chevalen avant & en l’errondiffane. 4 bte , V. a@. ferme de Peinture ; on arrondit les objets en fondant leurs extrémités avec le fond , où en diftribuant des lumieres & des ombres vives fur les parties faillantés qui leur donnent du relief & qui font fuir les autres. (R) ARRONDIR, parmi les Horlogèrs, en général c’eft ‘mettre en rond les extrémités des dents d’une roue où d’un pignon: mais il fignifie plus particulierement leur donner la courbure qu’elles doivent avoir.On dit. qu’une roue eft bien arrondie, lorfque les dents ayant. la courbure convenable , elles fe reflemblent toutes parfaitement, & que leurs pointes font précifément dans leurs axes : quelquefois cependant oneft obligé. de s’écarter de cette derniere condition qui n’eft point effentielle , & qui n’eft que d’agrément ; parce que, en général, dans les horloges , les roues tournant toû- jours dans le même 1ens , les dents n’ont befoin d’être arrondies que du feul côté où elles menent le pignon, On les arrondit des deux côtés, pour pouvoir feule ment dans diférens cas , faire tourner les roues dans un fens contraire à celui où elles vont lorfque l’hor- loge marche. Voyez DENT , AILE ; ROUE , PIGNON ENGRENAGE , Ge. Da? Il y a en Angleterre des machines qui fervent à ar» rondir les roues, au moyen dequoi leurs dents font plus régulieres , & cela diminue la peine de Horlo- ger. Il eft étonnant qu’on n’ait pas éncore tâché de les imiter dans ce pays-ci. Il eft vrai que cette ma- chine peut être difficile pour la conftruétion & l’exé: cution ; mais le fuccès de celle des Anglois doit en- courager. (T) | ARRONDIR, chez les Chapeliers ; c’eft couper avec _ des cifeaux l’arrête du bord d’un chapeau , après y avoir tracé avec de la craie un cercle, au moyen d’une ficelle qu’on tourne autour du nœud du cha= peau. Voyez CHAPEAU. R ARRONDISSEUR , f. m,. ex rerme de Tableriers Cornetier | eft'uné efpece de couteau dont la lame fe termine quarrément, ayant un petit bifeau au bout, & au tranchant qui eft immédiatement au-deffous, Il fert. x arrondir les dents, Voyez fig. 2. PL I, dé Tabl | 712 ARR ARROSAGE , f. m, fabrique de La poudre & canon, c’eft ainfi qu'on nomme dans les moulins à poudre, lation de verfer de l’eau dans les mortiers , pour y faire le liage du falpetre, du foufre & du charbon fous Les pilons. On fait un arro/age de cinq en cinq heu: res: pour cet effet , on arrête les batteries ou le mou- vement des pilons. Voyez POUDRE À CANON. . ARROSEMENT , f, m. (Jardinage. ) eft lation d’arrofer. Voyez ARROSER. ARROSER, v.a&. (Jardinage. rien n’eft plus uti- le que d’errojér les végétaux; c’eftle feul remede con- tre les grandes chaleurs de l’été & les grands hâles du printems.L’heure la plus convenable aux arrofemens, eft le matin ou le foir, afin de conferver la fraîcheur pendant la nuit. Si le Jardinier folitaire avance, con- tre lé fentiment & l’ufage de tout le monde, que le danger eft très-grand d’arrofér le foir; on foûtiendra au contraire, qu'il ne faut point arrofer durant lejour; les plantes rifqueroient d’en être endommagées, par- ce que l’eau trop échauffée par le foleil pourroit oc- cafonner dans la terre un feu, qui pénétrant juf- qu'aux racines , deffecheroit enfuite la plante: il faut encore que l’arrofement ne foit pas trop abondant, parce qu'il défuniroit trop les principes aëétifs de la végétation, & cauferoit de la pourriture; une eau modérée, telle que deux feaux à chaque arbre, & fouvent reiterée, eft plus utile. Les arrofemens, quand ils font équivalens aux pluies, fervent à difloudre les fels de la terre, qui, fans cela, refteroient en mafle; ils mêlent l’eau avec l'air, & procurent une nourriture convenable aux tendres parties des jeunes plantes. Si l’on a eu foin de mettre du fumier fur la fuperficie d’un arbre nou- vellement planté, l’eau paflant à travers ce fumier, comme par un crible, ne fera point de mortier, & tombera goutte à goutte fur la racine de l’arbre. Les arrofemens que l’on donne à des plantes délicates, telles que les fleurs, ne doivent pas tomber en pluie & fur la cime des fleurs, ce qui les détruroit ; il fufit de jetter l’eau au pié avec un arrofoir à goulot. Le buis nouvellement planté demande un peu d’eau la premiere & la feconde année. On arrofe les orangers, grenadiers , &c autres arbres de fleurs avec beaucoup de ménagement, quand ils entrent dans la ferre & qu'ils en fortent ; lorfqu'ils font expofés à air, ils de- mandent plus d’eau, furtout dans la fleuraifon ; ordi- nairement 1l fuffit de les mouiller une fois la femaine, lorfqu’on voit leurs feuilles mollaffes & recoquillées, ou que les terres fe fendent. Il y a des plantes qu'il faut arrofer plus fouvent que les autres, telles que les fleurs, les légumes ; d’autres qu’on n’arrofe point du tout ; plufieurs prétendent qu'il vaut mieux n’y point jetter d’eau, que d’en jetter par intervalles; la char- mille, par exemple, eft un des plans qui aiment le plus Peau ; ou il la faut arrofer continuellement, c’ef- à-dire , de deux jours l’un, ou n’y pas jetter une gout- te d'eau. Il y a encore des arrofemens en forme de pluie, pour mouiller les branches & les feuilles des arbres en buiflons, tant orangers que fruitiers, quand on les voit fe fanner ; ceux qui feront trop haut, fe- ront arrofés avec des feringues ou des pompes à bras. (X) ARROSER les capades , le feutre € le chapeau, termes de chapellerie, c’eft jetter de l’eau avec un goupillon fur ouvrage, à mefure qu'il avance, & qu'il acquiert ces différens noms. Les Chapeliers arrofenr leurs baf fins quands ils marchent l’étoffe à chaud ; & le lam- beau ou la feutriere, quand ils la marchent à froid. Voyez CHAPEAU. ARROSOIR, f. m. c’eft un vaifleau à l’ufage du Jardinier, ou de fer blanc ou de cuivre rouge, en forme de cruche , tenant environ un feau d’eau , avec un manche, une anfe, & un goulot, ou une tête ou Pomme de la même matiere ; ainfi on voit qu'il y a des arrofoirs de deux fortes; l’un appellé arrofoir à pomme ou tête, eft percé de plufeuïs trous; Peau en fort comme une gerbe, & fe répand affez loin : l’au- tre appellé arrofoir a goulot, ne forme qu’un feul jet, & répand plus d’eau à la fois dans un même endroit :. on s’en fert pour arrofer les fleurs, parce qu'il ne mouille que le pié, & épargne leurs feuilles, qui, par leur délicatefle, feroient expofées à fe fanner dans les chaleurs fi elles étoient mouillées. Cependant l’a: rofoir a pomme eft le plus d’ufage. Voyez Planche IL. du jardinage , fig. 23. ces deux fortes d’arrofoirs. (K) ARRUMEUR, f. m. (Commerce. ) nom d’une for- te de bas officiers établis fur quelques ports de mer, &t fingulierement dans ceux de la Guyenne, dont la fonétion eft de ranger les marchandifes dans le vai feau , & auxquels les marchands à qui elles appar- tiennent, payent un droit pour cet effet. (H) ARS, Î. m.(Maréchall, & Manépe.) on appelle ainf les veines fituées au bas de chaque épaule du che- val, aux membres de derriere, au plat des cuifles : faigner un cheval des quatre ars, c’eft le faigner des quatre membres. Quelques-uns les appellent es ou aire ; mais ars eft le feul terme ufité chez les bons au- teurs, (#7) * ARSA , (Géog.) riviere d’Iftrie, qui fépare l’Ita- le de l’Illyrie ; elle fe jette dans la mer Adriatique, au-deffous de Pola. * ARSAMAS, ville de Ruffie, au pays des Mor- duates , fur la riviere de Mokfcha Reca. LU ARSCHIN, f. m. (Commerce.) mefure étendue dont on fe fert à la Chine pour mefurer les étoffes : elle eft de même longueur que l’aune de Hollande, qui contient deux piés onze lignes de roi, ce qui re- vient à + d’aune de France; enforte que {ept ar/chins de la Chine, font quatre aunes de France. Savary ». Diétion. du Commerce, tom, I. pag. 756. (G) ARSEN , f. m. (Commerce.) nom que l’on donne à Caffa, principale échelle de la mer Noire, au pié ou à la mefure d’étendue qui fert à mefurer les drape- ries & les foieries. Voyez ECHELLE 6 PIE. Savary, Diéfion. du commerce , tom. I. pag. 737. (G) ARSENAL, f. m. (Arr. milir.) magañn royal & public , ou lieu deftiné à la fabrique & à la garde des armes néceflaires pour attaquer ou pour fe défendre. Voyez ARMES & MAGASIN d'armes. Ce mot, felon quelques-uns, vient d’arx , fortereffe ; felon d’autres, d’ers , qu'ils expliquent par machine; parce que l’ar- Jénal eft le lieu où les machines de guerre font con- fervées. Il y a des auteurs qui difent qu’il eft com- pofé d’arx &c de fénatus, comme étant la défenfe du fenat ; d’autres, qu'il vient de l’Italien ar/érale, Mais l’opinion la plus probable eft qu'il vient de l’Arabe darfenaa , qui fignifie arfenal. L’arfenal deVenife eft le lieu où on bätit & où l’on garde les galeres. L’arfenal de Paris eft la place où on fond le canon, & où on fait les armes à feu: cette infcription eft fur la porte d’entrée : Ætna hec Henrico vulcania tela minifirat , Tela grganteos debellatura furores. | Il y a d’autres arfénaux ou magafins pour les four< nitures navales & Les équipages de mer. Marfeille a. un arfenal pour les galeres ; & Toulon, Rochefort, & Breft, pour les gens de guerre. Voyez VAISSEAU, VERGUE, ANTENNE, Gc. Voyez dans les Memnoires de S, Remy , la maniere d’arranger ou placer toutes les différentes chofes qui fe trouvent dans un arfe- ral. (Q) ARSENAL, (Marine.) eft un grand bâtiment près d’un port, où le Roi entretient fes officiers'de mari- ne, fes vaifleaux, & les chofes néceffaires pour les armer. , C’eft auffi l’efpace ou l’enclos particulier qui fert à la conftruétion des vaifleaux & à la fabrique desar- Mes, mes. Îl renferme une très-grande quantité dè bâti mens civils deftinés tant pour les atteliers des diffé rentes fortes d'ouvriers employés dans [a fabrique des vaifleaux, que pour les magafins des armemens &c défarmemens. Pour s'en faire une idée jufte, 1l faut voir le plan d'un ar/ézal de marine aux figures de Marine, Planche VII. (Z) ARSENIC, f. m. ( Hif. nar, & chim. ) ce mot eft dérivé d’éfinr ou dpcur, homme où plütôt méle, & de wuio, je vaincs, je tue, faifant allufion à fa qualité vénéneufe. Dans l’hiffoire naturelle c’eft une fubftan- ce minérale, pefante , volatile, & qui ne s’enflam- me pas, qui donne une blancheur aux métaux qui {ont en fufñon ; elle eft extrèmement cauftique & cor- rofive aux animaux, de forte qu’elle eft pour eux un poïfon violent. Voyez FOssiLE, CORROSIF, Éc. On met l’arfenic dans la claffe des foufres. Foyez Sourre. Il y a différentes efpeces d’arferic , favoir le Jaune, le rouge , & le cryflallin, ou le blanc. Il y a de l’arfénic rouge naturel ; il y a aufñ de l’ar- fenic jaune naturel, qu’on appelle orpiment ; l’erfenic jaune peut avoir différentes teintes, comme un jau- ne d’or, un jaune rougeñtre , un jaune verd, &c. Le foufre & l’arfenic ont entr'eux beaucoup de fympathie, & le foufre donne de la couleur à l’ar- Jenic, en quelque petite quantité qu’il y foit joint. Quelques-uns croyent que l’orpiment contient quelque portion d’or, mais en fi petite quantité que ce n’eft pas la peine de l’en féparer. Ÿ, ORPIMENT & SANDARAQUE. On peut tirer du cobalt l’arfenic blanc & jaune. M. Krieg, dans les Tranfattions philofoph. n° 293. nous en a donné la méthode ainf qu’on la pratique en Hongrie. Le cobalt étant mis en poudre, la partie fablonneufe & légere étant ôtée par le moyen d’un courant d’eau, on met ce qui refte dans le fourneau, dont la flamme paflant par-deffus la poudre emporte avec elle la partie arfenicale en forme de fumée, la- quelle étant reçüe par une cheminée, 8 de-là portée dans un canal de brique étroit, s’attache dans fa rou- te aux côtés, & on l’en ratifle fous la forme d’une poudre blanchâtre ou jaunâtre ; de ce qui refte du cobalt, on en fait le bleu d’émail. Voyez BLEU D’É- -MAIL. | La plus petite quantité d’arfenic cryflallin mêlée avec quelque métal, le rend friable & détruit abfo- Tument fa malléabilité. C’eft pourquoi les raffineurs ne craignent rien tant que l’arfezic dans leurs mé- taux ; & il n’y auroit rien de fi avantageux pour eux, en cas que l’on pût l’obtenir, qu'un menftrue qui abforberoit l’arfenic, ou qui agiroïit uniquement fur ui; car alors leurs métaux feroient aifément purifiés fans perdre aucune de leurs parties, fans s’évaporer. On a trouvé ce moyen-là en France : il confifte à ajoüter un peu de fer auquel s’attache l’arfenic , qui quitte alors les métaux parfaits. C’eft à M. Grofle qu'on doit cette découverte. L’arfénic même en petite quantité, change le cui- vte en un argent beau en apparence. Piufieurs per- fonnes ont tâché de perfeétionner cette invention, où de renchérir fur cette idée dans le deffein de faire de l'argent, mais inutilement, parce que l’on ne pouvoit jamais l’amener au point de foûtenir le marteau où d’être malléable : il ne refte pas fur la coupelle, & il verdit. IL y a eu des perfonnes pen- dues pour avoir monnoyé des pieces de ce faux ar- gent, &c elles l’ont bien mérité. Le cuivre eft plus dificile à blanchir que le fer par l’arfénic. Les Chimiftes nous donnent plufieurs préparations d’arfenic ; elles tendent toutes à émoufler ou détruire à force d’ablutions & de fublimations les fels corro- fifs dont il abonde, & à transformer l’arfemic en une medecine fûre, ainfi qu’on le fait à l’ésard du fubli- mé; tels {ont le rubis d'erfenic, Ge, mais cela n’en Tome L, | ART 713 vaut pas la peine ; & quelque chofe que l’on puiffe faire, on ne pourroit jamais en faire ufage intérieu- rement fous aucune forme ; 1l conferve toûjours fa propriété de poifon mortel. Quand la fumée de l’ar- Jenic entre dans les poumons , elle tue fubitement ; & plus il eft fublimé , dit Boerhaave , plus il devient aigre. Le beurre & le lait de vache pris en grande quan: tité {ont de bons antidotes contre l’arféezic. Le régule d’arféic eft la partie la plus fixe & la plus compacte de ce minéral : on le prépare en le mêlant avec des cendres à favon & du favon, laïf fant fondre le tout que l’on jette dans un mortier 3 alors la partie la plus pefante tombe au fond, & c’eft le régule d'arfenic , c’eft-à-dire l’arféric, auquel on a donné le principe huileux qui lui manquoït pour être en forme métallique. Foyez RÉGULE, L'huile cauftique d’arfézic eft une liqueur buty= reufe, femblable au beurre d’antimoine ; c’eft une préparation d’arfemic & de fublimé corrofif, Elle fert à ronger les chairs fpongieufes, à nettoyer ou exfo- lier lesos cariés, Ge. (M * ARSENOTHELES ) m. pl. on herrraphrodires; Ariftote donne ce nom aux animaux qu’il conje@ure avoir les deux fexes. Voyez HERMAPHRODITE. *ARSINOË, (Géog. anc. & Myth.) ville d'Egypte fituée près du lac Moœris , où l’on avoit un grand ref- peét pour les crocodiles; on les nourrifloitavec foin; on les embaumoit après leur mort, & on les enter- toit dans les lieux foûterrains du labyrinthe. ARSIS, 1. f. serme de Grammaire on plérôt de Pro= Jodie ; c’eft l’élevation de la voix quand on commen- ce à lire un vers. Ce mot vient du Grec &/s0 , collo, j'éleve. Cette élevation eft fuivie de l’abaïflement de la voix, & c’eft ce qui s’appelle shefés , Béoie, de- pofitio, remiffio. Par exemple, en déclamant cet hé- miftiche du premier vers de l’Enéide de Viroile, 4r= ma virimque cano ; on {ent qu'on éleve d’abord la voix, & qu'on l’abaïffe enfuite. Par arjis & thefis, on entend communément la di vifion proportionnelle d’un pié métrique, faite par la main ou le pié de celui qui bat la mefure. En mefurant la quantité dans la déclamation des mots, d'abord on haufle la main, enfuite on l’ab- baïfle. Le tems que l’on employe à hauffer la main eft appellé ar/s, & la partie du tems qui eft mefuré en baïffant la main, eft appellée shefs ; ces mefures étoient fort connues & fort en ufage chez les An- ciens. Voyez Terentianus Maurus ; Diomede, Lb. III, Mer. Vidorinus, Lib, L. art.gramm. & Mart. Capella, lib. IX. pag. 328. (F) On dit ez Mufique, qu’un chant, un contre-point, une fugue , font per the/in quand les notes defcendent de laigu au grave, & per arfin quand les notesmon- tent du grave à Paigu. Fugue per arfin & chefin, eft celle que nous appellons aujourd’hui fugue renverfée ou contre-fugue, lorfque la réponfe fe fait en fens con- traire, c’eft-à-dire, en defcendant fi la guide a mon- té, ou en montant fi elle a defcendu. Foyez CONTRE- FUGUE, GUIDE. (S) ART, f. m. (Ordre encyclop. Enrtendement. Mé- moire. Hiftoire de la Nature, Hifloire de La nature em- ployée. Art.) terme abftrait & métaphyfique. On a commencé par faire des obfervations fur la nature, le fervice, l'emploi, les qualités des êtres & de leurs fymboles ; puis on a donné le nom de /cience où d'art ou de difcipline en général, au centre ou point de réunion auquel on a rapporté les obfervations qu’on avoit faites, pour en former un fyflème ou de regles ou d’inftrumens, & de regles tendant à un même but; car voilà ce que c’eft que difcipline en général. Exem- ple. On a réflechi fur lufage & l'emploi des mots, & l’on a inventé enfuite le mot Grammaire, Grammaire eft le nom d’un fyftème SRE êr de regles ré» XXX 714 ART latifs A'un objet déterminé ; &r cet objet-eft le fon ars ticulé, les fignes de la parole, l’expreflion de la pen- fée , & tout ce qui y a rapport; 1l en eft de même des autres Sciences ou Arts, Voyez ABSTRACTION, Origine des Sciences & des Arrs. C’eft l’induftrie de V’homme appliquée aux produétions de la Nature ou par fes beloins, ou par fon luxe, ou par fon amufe- ment, ou par fa curiofité, &c. qui a donné naïflance aux Sciences & aux Ares ; & ces points de réumion de nos différentes réflexions ont reçû les dénominations de Science & d’Art, felon la nature de leurs objets formels, comme difent les Logiciens. Foyez OBYET. Si l’objet s'exécute , la colleétion & la difpofition technique des regles felon lefquelles il s’exécute , s'appellent .4rs. Si l’objet eft contemplé feulement fous différentes faces, la colleétion &c la difpofition technique des obfervations relatives à cet objet s’ap- pellent Science : ainfi la Méraphyfique eltune Science, & la Morale eft un Art, Il en eft de même de la Théo: logie & de la Pyrotechnie. Spéculation & pratique d'un Art, Il eft évident par ce qui précede , que tout #rr a fa fpéculation &c fa pratique : fa {péculation , qui n’eft autre choie que la connoïffance inopérative des regles de Ars: fa pratique , qui n’eft que l’ufage habituel & non réfle- chi des mêmes regles. Il eit difficile, pour nepas dire impofñible , de poufler loin la pratique fans la fpécu- lation, & réciproquement de bien pofiéder la {pécu- lation fans la pratique. fl y a dans tout Ars un grand nombre de circonftances relatives à la matiere, aux inftrumens , & à la manœuvre que l’ufage feul ap- prend. C’eft à la pratique à préfenter les difficultés & à donner les phénomenes ; ‘& c’eft à la fpécula- tion à expliquer les phénomenes & à lever les dif- ficultés : d’où il s’eniuit qu'il n’y a guere qu'un ÂAr- tifte fachant raïfonner , qui puifle bien parler de fon Art. Diffribution des Arts en libéraux € en méchaniques. En examinant les produétions des #rrs, on s’eft ap- perç que les unes étoient plus l'ouvrage de lefprit que de la main, & qu’au contraire d’autres étoient plus l'ouvrage de la main que de lefprit. Telle eft en partie l’origine de la prééminence que l’on a accor- dée à certains Arts fur d’autres, & de la difiribution qu'on a faite des Arts en Arts libéraux & en Arts mé- chaniques. Cette diftinétion, quoique bien fondée , a produit un mauvais effet, en aviiflant des gens très- eftimables & très-utiles, & en fortifiant en nous je ne fai quelle parefle naturelle, qui ne nous portoit déjà que trop à croire, que donner une application conftante & fuivie à des expériences &à des objets particuliers, fenfibles & materiels, c’étoit déroger à la dignité de letprit humain ; & que de pratiquer, ou même d'étudier les Arts méchaniques, c’étoit s’ab- baïfler à des choles dont la recherche eft laborieute, la méditation 1gnoble, l’expofñition difficile, le com- merce déshonorant, le nombre inépufable, &c la va- leur minutielle, Minui majeflatem mentis humane, ft in experimentis 6 rebus particularibus , &tc. Bac. nov. org. Préjugé qui tendoit à remplir les villes d’orgueil- leux raïfonneurs:, & de contemplateurs inutiles, & les campagnes de petits tyrans isnorans, oïfifs & dé: daigneux, Ce n’eft pas ainfi qu'ont penfé Bacon , un des premiers gèmes de l'Angleterre ; Colbert un des plus grands muuitres de la France ; enfin les bons ef- prits &c les hommes fages de tous les terms: Baconre- gardoit l’hiftoire des Arrs méchaniques comme la bran- che la plus importante de la vraie Philofophie ; n°a- voit donc garde d'en méprifer la pratique. Colbert regardoit linduftrie des peuples & l’établiffement des manufaétures, comme la richefle la plus füre d’un royaume. Âu jugement de ceux qui ont aujourd’hui des idées faines de la valeur des chofes, celui qui peupla la France de graveurs, de peintres, de fculp- teurs & d’artiftes en tout genre; qui furprit aux An- glois la machine à faire des bas, les velours aux Gé. nois, les glaces aux Vénitiens, ne fit guere moins pour l’état, que ceux qui battirent fes ennemis, & leur enleverent leurs places fortes ; & aux yeux du philofophe , il y a peut-être plus de mérite réel à avoir fait naître les le Bruns, ies le Sueurs & les Au- drans ; peindre & graver les batailles d'Alexandre, & exécuter en tapifierie les viétoires de nos généraux, qu'il n’y en a à les avoir remportées. Mettez dansun des côtés de la balance les avantages réels des Scien- ces les plus fublimes , & des-A4rss les plus honorés, & dans l’autre côté ceux des Arts méchaniques ,. & vous trouverez que l’eftime qu’on a faite desuns , & celle qu’on a faite des autres, n’ont pas été diftribuées dans le jufte rapport de ces avantages, & qu’on a bien plus loüé les hommes occupés à faire croire que nous étions heureux , que les hommes occupés à faire qué nous le fuflions en effet. Quelle bifarrerie dans nos jugemens ! nous exigeons qu’on s'occupe utilement, & nous méprifons les hommes utiles, | But des Arts en général. L'homme n’eft que le mi- niftre ou l’interprete de la nature : il n'entend & ne fait qu’autant awil a de connoïffance , ou expérimen- tale ou réfléchie, des êtres qui l'environnent, Sa main nue , quelque robufte , infatigable & fouple qwelle foit, ne peut fuffire qu'à un petit nombre d'effets : elle n’acheve de grandes chofes qu’à l’aide des int trumens & des regles ; il en faut dire autant de l’en- tendement. Les inftrumens & les regles font comme des mufcles furajottés aux bras, & des reflorts ac- cefloires à ceux de Pefprit. Le but de tout 4rs en gé- néral , ou de tout fyftème d’inftrumens & de reoles confpirant à une mème fin, eft d'imprimer certaines formes déterminées fur une bafe donnée par la na- ture ; & cette bafe eft, ou la matiere, ou lefprit, ou quelque fonétion de l’ame , ou quelque produc- tion de la nature. Dans les Arés méchaniques | aux- quels je n’attacherai d'autant plus ici, que les Au- teurs en ont moins parlé , le pouvoir de l’homme fe réduit à rapprocher ou à éloigner les corps naturels. L'homme peut tout ou ne peut rien, felon que ce rappro- chement ou cet éloignement ef? own’eft pas poffible, ( F. 710v, Org. ) A | Projet d'un traité général des Arts méchaniques. Sou- vent l’on ignore l’origine d’un 4rf méchanique , où lon n’a que des connoïffances vagues fur {es pro- grès : voilà les fuites naturelles du mépris quon à eu dans tous les tems & chez toutes les nations fa- vantes & belliqueufes, pour’ ceux qui s’y font le vrés. Dans ces occafons , il faut recourir àdes fup- pofitions philofophiques, partir de quelqu'hypothefe vraiflemblable, de quelqu'événement prenner & for- tuit , & s’avancer de-là jufqu'où l4rr a été poufié. Je n’explique par un exemple que j’emprunterar plus volontiers des Arts méchaniques ; qui font moins con- nus, que des Arts libéraux, qu’on a préfentés {ous mille formes différentes. Si l’on ipneroit l’origine & les progrès de la Verrerie ou de la Papererie, que fe- roit un philofophe qui fe propoferoit d'écrire Phif= toire de ces Ares ? Ïl fuppoferoit qu'un morceau de linge eft tombé par hafard dans un vaïfleau plein d’eau ; qu'il y a féjourné aflez long-tems pour s’y difloudre ; & qu’au lieu de trouver au fond du vaïf- feau, quand 1l a été vuide , un morceau de linge, on n’a plus apperçü qu’une efpece de fédiment, dont on auroit eu bien de la peine à reconnoître la natu- re ,. fans quelques filaniens qui reftoient , & qui in- diquoient que la matiere premiere de ce fédiment avoit été auparavant fous la forme de linge. Quant à la Verrerie, 1l fuppoferoit que les premieres habita- tions folides’ que les hommes fe foient conftruites , étoient de terre cuite on de brique : or il ét im- pofble de faire cuire de la brique à grand feu, qu'il ART ne s’en vitrifie quelque partie ; c’eft fous cette for- meique le verre s’eft préfenté la premiere fois. Mais quelle diftancé immenfe de cette écaille fale & verdâtre, jufqu'à la matiere tranfparente & pure des glaces? &c. Voilà cependant l’éxpérience fortui- te, où quelqu’autrefémblable , de laquelle Le philo- fophe partira pour arriver jufqu’où l4rr de la Vet- rerie et maintenant parvenu. Avantages de cette méthode. En s’y prenant ainfi, les progrès d’un #rt feroient expolés d’une maniere plus imftruétive & plus claire, que par fon hiftoire vérita- ble ; quand ôn la fauroit. Les obftacles qu’on auroit eu à furmonter pour le perfeétionner fe préfenteroient dans un ordre entierement naturel, & l’explication fynthétique des démarches fucceflives de l'Art en fa- ciliteroit l'intelligence aux efprits les plus ordinaires, &t mettroit les Artiftes fur la voie qu'ils auroient à fuivre pour approcher davantage de la perfe“tion. Ordre qu’il faudroit fuivre dans un pareil traite, Quant à l'ordre qu’il faudroit fuivre dans un pareil traité , je crois que le plus avantageux feroit de rappeller les 4fss aux produétions de la na- ture. Une énumération exaéte de ces produétions donneroit naïflance à bien des #ris inconnus. Un grand nombre d’autres naïîtroient d’un examen cir- conftancié des différentes faces fous lefquelles la mê- me produéion peut être confidérée. La premiere de ce$ conditions demande une connoïfflance très-éten- due de lhiftoire de la nature ; & la feconde, une très-orande dialeétique. Un traité des Arss, tel que je le conçois , n’eft donc pas louvrage d’un homme ordinaire. Qu'on n’aille pas s’imaginer que ce font ici des idées vaines que:je propoie , & que je pro- mets aux hommes des découvertes chimériques. Après avoir remarqué avec un philofophe que je ne me lafle point de loüer, parce que je ne me fins jamais laflé de le lire , que l’mifloire de la nature eft incomplete fans celle des Æ#rés : 8 après avoir invité les naturaliftes à couronner leur travail fur les regnes des végétaux, des minéraux , des animaux, Éc. par les expériences des Arrs méchamiques, dont la connoïffance importe beaucoup plus à la vraie Philofophie ; j’oferai ajoûter à fon exemple : Ergo rem qua ayo, non opinionem ; féd opus effe ; eamque non feéle alicujus , aut placiti , fed utilitatis effe 6: am- plitudinis immenf furndamenta. Ce n’eft pont ici un fyftème : ce ne font point les fantaifies d’un homme ; ce font les décifions de l'expérience & de la raifon, & les fondemens d’un édifice immenfe ; & quicon- que penfera différemment , cherchera à rétrécir la fphere de nos connoiffances, & à décourager les ef- prits. Nous devons au hafard un grand nombre de connoïffances ; il nous en a préfenté de fort impor- tantes que nous ne cherchions pas : eft:l à préfumer que nous ne trouverons rien , quand nous ajoüterons nos efforts à fon caprice , & que nous mettrons de l’ordre & de la méthode dans nos recherches ? Si nous poffédons à préfent des fecrets qu’on n’efpéroit point auparavant ; & s’il nous eft permis de tirer des conjeëtures du pañlé , pourquoi l'avenir ne nous ré- ferveroit-il pas des richefles fur lefquelles nous ne comptons guere aujourd’hui? S1 l’on eût dit, 1l y a quelques fiecles, à ces gens qui mefurent la pofhbi- lité des chofes fur la portée de leur génie, & quuni- maginent rien au-delà de ce qu’ils connoïffent , qu'il eft une poufliere qui brife les rochers, qui renverfe les murailles les plus épaifles à des diftances éton- nantes , qui renfermée au poids de quelques livres dans les entrailles profondes de la terre, les fecoue, fe fait jour à travers les mafles énormes qui la cou- vrent, & peut ouvrir un gouffre dans lequel une vil- le entiere difparoïtroit ; ils n’auroient pas manqué de comparer ces effets à l’aétion des roues, des poulies, des leviers ; des contrepoids, &c des autres machines Tome L, | terminer à res ART 715 connubs , & de prononcer qu'une pareille pouffiere eft chimérique ; & qu'il n’y à que la foudre ou la caufe qui produit les tremblemens de terre , 8 dont le méchanifme eft inimitable , qui foit capable de ces prodiges effrayans. C’eft ainfi que le grand phi- lofophe parloit à fon fiecle , 87 à tous les fiecles à ve- nir. Combien(ajoûterons-nous à fon exemple) le pro- jet de la machine à élever l’eau parle feu, telle qu’on l'exécuta la préfniere fois à Londres, n’auroitil pas occafionné de mauvais raifonnemens , fur-tout fi l’au- teur de la machine avoit eu la modeftie de fe donner pour un homme peu verfé dans les méchaniques ? S'il n’y avoit au monde que de pareils eftimateurs des inventions , 1l ne fe feroit m grandes ni petites chofes. Que ceux donc qui fe hâtent de prononcer fut des ouvrages qui impliquent aucune contradic: tion, qui ne font quelquefois que des additions très- légeres à des machines connues, & qui ne deman- dent tout au plus qu’un habile ouvrier; que ceux, dis-je , qui font aflez bornés pour juger que-ces-ou- vrages {ont impoñhbles, fachent qu'eux-mêmes ne font pas aflez inftruits pour faire des fouhaits conve- nables. C’eft Le chancelier Bacon qui le leur dit: qué Jumpté, ou ce qui eft encore moins pardonnable , qui negleité ex his quæ preflo Junt conjelluré , ea aus impoffibilia, aut minus verifimilia, putet ; eum [ètre debere [e non fatis dotlum , ne ad optandum quidenr com- mode 6 appofite efle. Autre motif. de recherche. Mais ce qui doït encore nous encouragér dans nos recherches, & nous dé- satder avec attention autout de nous , ce font les fiecles quife fontécoulés fans que les hom- mes fe foient appercûs des chofes importantes qu'ils avoient, pour ainfi dire , fous les yeux. Tel eft l’#re d'imprimer, celui de graver. Que la condition de l'efprit humain efthifarre ! S’agir-1l de découvrir, il fe défie de fa force , il s’enbarraffe dans les difficulrés qu'il fe fais ; les chofes lui paroïffent impoffibles a trouver : [err- elles trouvées ? il ne conçoit plus comment il a fallu les chercher ft long-tems , € il a pitié de lui-même, Différence finguliere entre les machines. Après avoir propofé mes idées fur un traité philofophique des Arts en général , je vais pafler à quelques obferva- tionsutiles fur la maniere de traiter certains rés mé- chaniques en particulier. On employe quelquefois une machine très-compolée pour produire un effet affez fimple en apparence; & d’autres fois une machi- netrès-fimple en effet fuffit pour produire une attion fort compofée : dans le premier cas , l'effet à pro- duire étant conçu facilement, & la connoiflance qu’on en aura n’embarraflant point l’efprit, & ne chargeant point la mémoire, on commencera par l’'annoncer , & l’on pañlera enfuite à la defcription de la machine : dans le fecond cas au contraire, il eft plus à propos de defcendre de la defcription de la machine à la connoiffance de l'effet. L'effet d’une horloge eft de divifer le tems en parties égales, à l’aide d’une aiguille qui fe meut uniformément & très-lentement fur un plan ponétué. Si donc je mou- tre une horloge à quelqu'un à qui cette machine étoit inconnue, je l'inftruirai d’abord de fon effet, & j'en viendrai enfuite au méchanifme. Je me garde- rai bien de fuivre la même voie avec celui qui me demandera ce que c’eft qu’une maille de bas, ce que c’eft que du drap, du droguet, du velours, du fa- tin. Je commencerai ici par le détail de métiers qui fervent à ces ouvrages. Le développement de la ma- chine , quand il eft clair, en fait entir l'effet tout- d’un-coup ; ce qui feroit peut-être impofhble fans ce préliminaire. Pour fe convaincre de la vérité de ces obfervations , qu’on tâche de définir exaétement ce que c’eft que de la guxe, fans fuppofer aucune no- tion de la machine du Gazier. De la Géométrie des Arts, Onm'accordera fans pei- ) Xxxxi mé ART ne qu'il y a peu d’Artiftes , à qui les élémens des Ma- thématiques ne foient néceflaires: mais un paradoxe dont la vérité ne fe préfentera pas d’abord, c’eft que ces élémens leur feroient nuifibles en plufñeurs occa- fions , f une multitude de connoïflances phyfiques n’en corrigeoient les préceptes dans la pratique ; connoïflances des lieux, des pofitions, des figures irrégulieres, des matieres , de leurs qualités, de Pé- lafticité , de la roïideur , des frottentilens, de la con- fiftance, de la durée , des effets de l’air , de l’eau, du froid , de la chaleur , de la fecherefle, &c. il ef évident que les élémens de la Géométrie de l’Aca- démie, ne font que les plus fimples & les moins com- polés d’entre ceux de la Géométrie des boutiques. Il n'ya, pas un levier dans la nature, tel que celui que Varignon fuppofe dans fes propofitions ; il n'ya pasun levier dans la nature dont toutes les conditions puiflent entrer en calcul, Entre ces conditions il y en a, & en grand nombre, & de très-eflentielles dans lufage, qu’on ne peut même foùmettre à cette par- tie du calcul qui s'étend jufqu’aux différences les plus infenfibles des quantités, quand elles font apprètia- bles ; d’où il arrive que celui qui n’a que la Géomé- trie intellectuelle , eft ordinairement un homme aflez mal adroït ; 8 qu'un Artifte qui n’a que la Géome- trie expérimentale, eft un ouvrier très-borné. Mais ileft , ce me femble, d'expérience qu’un Amtifte fe pañfe plus facilement de la Géométrie intelleétuelle, qu'un homme, quel qu’il foit , d'une certaine Géo- métrie expérimentale. Toute la matiere des frotte- mens eft reftée malgré les calculs , une affaire de Ma- thématique expérimentale & manouvriere, Cepen- dant jufqu’où cette connoiffance feule ne s’étend-elle pas? Combien de mauvaifes machines , ne nous font- elles pas propofées tous les jours par des gens qui fe font imaginés que les leviers, les roues, les poulies, les cables, agiflent dans une machine comme fur un papier ; & qui, faute d’avoir mis la main à l'œuvre, n’ont jamais {à la différence des effets d’une machine même , ou de fon profil? Une feconde obfervation . . .hn 72 que nous ajoüterons 11, puiqu'elle eft amenée par le fujet, c’eft qu'il y a des machines qui réufiflent, en petit, & qui ne réuffiflent point en grand ; & ré- ciproquement d’autres qui réufliflent en grand > & qui ne réufliroient pas en petit. Il faut, je crois, mettre du nombre de ces dermieres toutes celles dont l'effet dépend principalement d’une pefanteur confi- dérable des parties mêmes qui les compofent , ou de la violence de la réaétion d’un fluide , ou de quel- que volume confidérable de matiere élaftique à la- quelle ces machines doivent être appliquées : exé- cutez-les en petit , le poids des parties fe réduit à rien ; la réattion du fluide n’a prefque plus de lieu ; les puiffances fur lefquelles on avoit compté difpa- roïflent; & la machine manque fon effet. Mais s’il va, relativement aux dimenfons des machines, un point, s’1l eft permis de parler ainf, un terme où elle ne produit plus d'effet , il y en a un autre en-delà ou en-deçà duquel elle ne produit pas le plus grand ef- fet dont fon méchanifme étoit capable. Toute ma- chine a , felon la maniere de dire des Géometres, un maximum de dimenfons ; de même que dans fa conftruttion , chaque partie confidérée par rapport au plus parfait méchanifme de cette partie , eft d’u- ne dimenfion déterminée par les autres parties ; la matiere entiere eft d’une dimenfion déterminée, re- lativement à fon méchanifme le plus parfait, par la matiere dont elle eft compofée , Pufage qu’on en veut tirer, & une infinité d’autres caules. Mais quel eft, demandera-t-on, ce terme dans les dimenfions d’une machine, au-delà ou en-deçà duquel elle eft ou trop grande ou trop petite ? Quelle eff la dimen- fion véritable &c abfolue d’une montre excellente, d’un moulin parfait, du vaifleau confituit le mieux ART qu'il eft poffible ? C’eft à la Géométrieexpérimen: tale & manouvriere de plufeurs fiecles , aidée de la Géométrie intelleétuelle la plus déliée, à donner une folution approchée de ces problèmes ; & je is con- vaincu quil.eft impofñhble d'obtenir quelque chofe. de fatisfaifant là-deflus de ces Géométries {éparées , & très-dificile , de ces Géométries réunies. De la langue des Arts. J'ai trouvé la langue des A4rts très-imparfaite par deux caufes; la difette des mots propres, & l'abondance des fynonymes. Il y a des ou- tils qui ont plufieursnoms différens ; d’autres n’ont au contraire que lenom générique , ergi#, machine, {ans aucune addition qui les fpécifie : quelquefois la moin- dre petite difference fuffit aux Artiftes pour abandon- ner le nom générique & inventer des noms partieu-. liers ; d’autres fois, un outil fingulier par fa forme & {on ufage , ou n’a point de nom, ou porte Le nom d’un autre outil avec lequel 1l n’a rien de commun. Il fe- roit à fouhaiter qu’on eût plus d’égard à l’analogie des formes & des ufages. Les Géometres n’ont pas autant de noms qu’ils ont de figures: mais dans la langue des Arts ,un marteau , une tenaille, une auge , unepelle, Gc. ont prefque autant de dénominations qu'il y a. d'Arts. La langue change en grande partie d’unema- nufature à une autre. Cependant je {uis convaincw que les manœuvres les plus fingulieres, & les machi- nes les plus compofées, s’expliqueroient avec un aflez. petit nombre de termes familiers & connus, fi on pre- noit le parti de n’employer des termes d’#rr , que: quand ils offriroient des idées particuliéres. Ne doit- on pas être convaincu de ce que j’avance , quand on confidere que les machines compofées ne font que des combinaifons des machines fimples ; que les ma- chines fimples font en petit nombre ; & que dans l’ex-. pofition d’une manœuvre quelconque, tous les mou- vemens font réduétiblés , fans aucune erreur confidé- rable,au mouvement reétiligne & au mouvement cir- culaire ? Il feroit donc à fouhaiter qu’un bon Logicien à qui les Arts feroient familiers , entreprit des élé- mens de la grammaire des Arts. Le premier pas qu'il auroit à faire, ce feroit de fixer la valeur des corre- latifs, grand, gros, moyen , mince, épais, foible , petit, lêger , pefant, &c. Pour cet effet il faudroit chercher une mefure conftante dans la nature , on évaluer la grandeur , la grofleur & la force moyenne de l’hom-. me, & y rapporter toutes les expreffions indétermi- nées de quantité, où du moins former des, tables aux- quelles on inviteroit les Artiftes à conformer leurs langues. Le fecond pas, ce feroit de déterminer fur la différence & fur la reflemblance des formes & des ufages d’un inftrument & d’un autre inftrument, d’u- ne manœuvre & d’une autre manœuvre , quand 1l faudroit leur laifler un même nom &c leur donner des noms différens, Je ne doute point que celui qui entre- prendra cetouvrage, ne trouve moins de termes nou- veaux à introdture , que de fynonymes à bannir; & plus de difficulté à bien définir des chofes communes, telles que grace en Peinture, zæeud en Paflementerie , creux en plufeurs Arts, qu’à expliquer les machines les plus compliquées. C’eft le défaut de définitions exactes, &c la multitude , & non la diverfité des mou- vemens dans les manœuvres, qui rendent les chofes des Arts difficiles à dire clairement. Iln’y a de reme- de au fecond inconvénient, que defe familiariferavec les objets : 1ls en valent bien la peine , foit qu’on les confidere par les avantages qu’on en tire,ou parl’hon- neur qu'ils font à l’efprit humain. Dans quel fyftème de Phyfique ou de Métaphyfique remarque-t-on plus d'intelligence, de fagacité , de conféquence,quedans les machines à filer l’or , faire des bas, & dans les mé- tiers de Pafflementiers, de Gaziers, de Drapiers où d'ouvriers en foie? Quelle démonftration de Mathéma- tique eft plus compliquée que le méchanifme de cer- taines horloges, ou que les différentes opérations par ART efquelles on fait pafler ou l'écorce du chanvre;.ou là coque du ver,avant que d’en obtenir un fl qu’on puifle employer à l'ouvrage ? Quelle projeétion plus belle, plus délicate & plus finguliere que celle d’un deffein fur les cordes d’un fample,& des cordes du fample fur 5; | A F . x : les fils d’une chaîne ? qu’a-t-on imaginé en quelque genre que ce foit , qui montre plus de fubtilité que le chiner des velours ? Je n’aurois jamais fait fi Je m'impofois la tâche de parcourir toutes les merveil- les qui frapperont dans les mänufadures ceux qui n’y porteront pas des yeux prevenus., ou des yeux ftu- pides. er Ets Jem’arrêterai avec le philofophe Anglois à trois in- ventions , dont les anciens n’ont point eu connoïflan- ce, & dont à la honte de l’hiftoire & de la poëfe mo- dernes, les noms des inventeurs font preique igno- rés : je veux parler de l’Art d'imprimer, de la décou- verte de la poudre à canon, &c de la propriété de l’ai- guille aimantée. Quelle révolution ces découvertes n’ont-elles pas occafonnée dans la république des Lettres, dans l’4r: militaire , & dans la Marine? L ai- guille aimantée a conduit nos vaifleaux jufqu aux ré- gions les plus ignorées ; les caraëteres typographiques ont établi une correfpondance de lumueres entre les favans de tous les lieux & de tous les tems à venir 5 & la poudre à canon a fait naître tous ces chefs-d’œu- vres d’architeéture qui défendent nos frontieres (Se celles de nos ennemis : ces trois Arés ont prefque changé la face de la terre. à 4, Rendons enfin aux Artiftes la juftice qui leur eft dûe. Les Arrs libéraux fe font aflez chantés eux-mê- mes ; ils pourroient employer maintenant ce qu'ils ont de voix à célébrer les Arts mechaniques, C’eft aux Arts libéraux à tirer les Arts méchaniques de l’aviliffe- ment où le préjugé les a tenus fi long-tems ; c’eft à la protection des rois à les garantir d'une indigence où ils languiffent encore. Les Artifans fe font crus mé- prifables , parce qu’on les a méprilés ; apprenons-leur à mieux penfer d'eux-mêmes: c’eft le feul moyen d’en obtenir des produétions plus parfaites, Qu'il forte du fein des Académies quelqu'homme qui defcende dans les atteliers, qui y recueille les phénomenes des Aris, & qui nous les expofe dans un ouvrage qui détermine les Artiftes à lire, les Philofophes à penfer utilement, & les Grands à faire enfin un ufage utile de leur autorité & de leurs récompenfes. Un avis que nous oferons donner aux favans ; c’eft de pratiquer ce qu’ils nous enfeignent eux-mêmes , qu'on ne doit pas juger des chofes avec trop de pré- cipifation, ni profcrire Îne invention commeinutile , parce qu’elle n'aura pas dans fon origine tous les avan- tages qu'on pourroit en exiger. Montagne, cet hom- me d’ailleursfi philofophe, ne rougiroit:l pas s’ilreve- noit parmi nous, d’avoir écrit, ge des armes à feu font de fi peu d'effet , fauf étonnement des oreilles , à quoi cha- curz ef? déformais apprivoifé ,qw’il efpere qu'on en quittera Pufage, N'auroit-1l pas montré plus de fagefle à en- courager les arquebufers de fon tems à fubflituer à la meche & au rouet quelque machine qui répondit à Paétivité de la poudre, & plus de fagacité à pré- dire que cette machine s’inventetoit un jour ? Mettez Bacon à la place de Montagne , & vous verrez ce pre- mier confidérer en philofophe la nature de l'agent, & prophétifer , sl m’eft permis de le dire , les grena- des , les mines, les canons, les bombes, & tout l’ap- pareil de la Pyrothecnie militaire. Mais Montagne n'eft pas Le feul philofophe qui ait porté fur la pofli- bilité ou l’impofibilité des machines , un jugement précipité. Defcartes , ce génie extraordinaire né pour égarer &r pour conduire , & d’autres qui valoient bien l’auteur des Æffais, n’ont-ils pas prononcé que le mi- roir d’Archimede étoit une fable ? cependant ce mi- æoir eft expofé à la vûe de tous les favans au Jardin du Roi, & les effets qu'il y opere entre les mains de ART. 717 M, de Buffon qui l’a retrouvé, ne nousipermettent plus de douter de ceux qu’il opéroit fur les murs de Syracufe entre les mains d’Archimede. De fi grands exemples fufifent pour nous rendre circonfpeéts. Nous invitons les Artiftes à prendre de leur côté confeil des favans, & à ne pas laifler périr avec eux les découvertes qu'ils feront. Qu'ils fachent que c’eft {e rendre coupable d’un larcin envers lafociété ) que de renfermer un fecretutile ; & qu’il n’eft pas moins vil de préférer en ces occafions l'intérêt d’un {eul à l'intérêt de tous, qu’en cent autres où ils ne balance: roient pas eux-mêmes à prononcer. S'ils fe rendent communicatifs , on les débarraffera de plufeurs pré- jugés, & fur-tout de celui où ils font prefque tous, que leur #rs a acquis le dernier degré de perfedion. Leur peu de lumieres les expofe {ouvent à rejetter fur la nature des chofes, un défaut qui n'eft qu’en euxz mêmes. Les obftacles leur paroifent invincibles dès qu'ils ignorent les moyens de les vaincre. Qu'ils faf- fent des expériences ; que dans ces expériences cha= Cun y mette du fien ; que l’Artifte y loit pour la main- d'œuvre; l'Académicien pour les lumieres & les con- feils, & l’homme opulent pour le prix des matieres , dés peines & du tems ; & bientôt nos Arcs & nos ma- nufaétures auront fur celles des étrangers toute la fu- périorité que nous defirons, De lafupériorité d'une manufaëture [ur une autre, Mais ce qui donnera la fupériorité à une manufa@ture fur: une autre, ceferafur-tout la bonté des matieres qu’on y employera , jointe à la célérité du travail & à la per- feéhon de l’ouvrage. Quant à la bonté des maticres , c’eft une affaire d’infpettion. Pour la célérité du tra- vail & la perfeétion de l’ouvrage, elles dépendent en- tierement de la multitude des ouvriers raflemblés, Lorfqu'une manufa@ure eft nombreute , chaque opé- ration occupe un homme différent. Tel ouvrier ne fait & ne fera de fa vie qu'une feule & unique chofe; tel autre , une autre chofe : d’où il arrive que chacu- ne s'exécute bien & promptement , & que l'ouvrage le mieux fait eft encore celui qu’on a À meilleur mar- ché. D'ailleurs le goût & la façon fe perfeétionnent néceflairement entre un grand nombre d'ouvriers, parce qu'il eff difficile qu’il ne s’en rencontre quel- ques-uns capables de réfléchir, de combiner , & de trouver enfin le feul moyen qui puifle les mettre au- deflus de leurs femblables ; le moyen ou d’épargner la matiere, ou d’allonger le tems , ou de furfaire lin- duftrie, {oit par une machine nouvelle , foit paï une manœuvre plus commode. Si les manufaQures étran- geres ne l’emportent pas fur nos manufa@ures de Lyon, ce n’eft pas qu’on ignore ailleurs comment on travaille-là ; on a par-tout les mêmes métiers , les mé- mes foies , & à peu près les mêmes pratiques : mais ce n’eft qu'à Lyon qu'il y a 30000 ouvriersraffemblés & s’occupant tous de l'emploi de la même matiere. Nous pourrions encore allonger cet article: mais ce que nous venons de dire, joint à ce qu’on trouvera dans notre Difcours préliminaire, fuffira pour ceux qui favent penfer , & nous n’en aurions jamais aflez dit pour les autres. On y rencontrera peut-être des endroits d’une métaphyfique un peu forte: mais il étoit impoffible que cela fût autrement, Nous avions à parler de ce qui concerne P Arr en général ; nos pro- poftions devorent donc être générales : mais le bon fens dit, qu’une propofition eit d'autant plus abftrai. te, qu'elle efbplus générale ; Pabftra@ion confiftant à étendre une vérité en écartant de fon énonciation les termes qui la particularifent. Si nous avions püù épargner ces épines au leéteur, nous nous ferions épargné bien du travail à nous-mêmes, ART DES ESPRITS , o4 ART ANGÉLIQUE, moyen fuperftitieux pour acquérir la connoïffance de tout ce qu'on veut favoir avec le fecours de fon ange gar- dien , ou de quelqu’autre bon ange, On diltingue. 718 ART deux fortes d'art angélique ; Pun obfcur, qui s’exer- ce par la voie d’élévation ou d’extafe; l'autre clair & diftin® , lequel fe pratique par le miniftere des anges qui apparoïflent aux hommes fous des formes corporelles , & qui s’entretiennent avec eux. Ce fut peut-être cet arz dont fe fervit le pere du célebre Car- dan, lorfqu’il difputa contre les trois efprits qui toû- tenoient la doëtrine d’Averroës , recevant des lumie- res d’un génie qu'il eut avec lui pendant trente-trois ans: Quoi qu'ilen foit , il eft certain que cet art eft fuperiftitieux , puifqu’il n’eft autorifé ni de Dieu ni de l’Eglhie ; & que les anges, par le miniftere def- quels on fuppofe qu'il s'exerce, ne font autres que des efprits de ténebres., & des anges de fatan. D’ail- leurs , les cérémonies dort on {e iert ne {ont que des conjurations par lefquelles on oblige les démons, en vertu de quelque patte, de dire ce qu'ils favent, &c rendre les fervices qu’on éfpere d'eux. Foyez ART NOTOIRE. Cardan , 4h. XVI, de rer. variet, Thiers, Traité des fuperfitions. (G ) ART NOTOIRE, moyen fuperftitieux par lequel on promet l’acquifition des fciences , par infufion &c fans peine, en pratiquant quelques jeûnes , & en fai- fant certaines cérémonies inventées à ce deffein. Ceux qui font profeflion de cet art, affürent que Sa- lomon en eft l’auteur, & que ce fut par ce moyen qu’il acquit en une nuit cette grande fagefe qui l’a rendu fi célebre dans le monde. Ils ajoütent qu'ila renfermé les préceptes & la méthode dans un petit livre qu’ils prennent pour modele. Voici la maniere par laquelle ils prétendent acquérir les fciences , fe- lon le témoignage du pere Delrio : ils ordonnent à leurs afpirans de fréquenter les facremens , de jeû- ner tous les Vendredis au pain & à l’eau , & de faire plufieurs prieres pendant fept femaines ; enfuite ils leur prefcrivent d’autres prieres , & leur font ado- rer certaines images, les fept premiers jours de la nouvelle lune, au lever du foleil , durant trois mois: ils leur font encore choïfir un jour où ils fe fentent plus pieux qu’à l'ordinaire , & plus difpofés à rece- voir les infpirations divines ; ces jours-là ils les font mettre à genoux , dans une églife ou oratoire, ou en pleine campagne , & leur font dire trois fois le premier verfet de l’hymne Fermi creator Spiritus, &cc, les affürant qu’ils feront après cela remplis de fcience comme Salomon , les Prophetes &c les Apôtres. Saint Thomas d'Aquin montre la vanité de cet ar. S. An- tonin, archevêque de Florence , Denys le chartreux, Gerfon , & le cardinal Cajetan, prouvent que c’eft une curiofité criminelle par laquelle on tente Diéu, & un palte tacite avec le démon : aufficet are fut-il condamné comme fuperftitieux par la faculté de Théologie de Paris, Pan 1320. Delrio, di/g. Magic. part. II. Thiers , Traité des fuperfhrions. (G ) ART DES. ANSELME, moyen de guérir les plaies les plus dangereufes , en touchant feulement aux linges qui ont été appliqués fur les bleflures. Quel- ques foldats ftaliens , qui font encore ce métier , en attribuent l’invention à S. Anfelme : mais Delrio af fûre que c’eft une fuperftition inventée par Anfelme de Parme, fameux magicien; & remarque que ceux qui font amf guéris, fi toutefois ils en guériffent , re- tombent enfuite dans de plus grands maux, & finif fent malheureufement leur vie. Delrio, Dijquif. ma- gic. lib. 1. (G) ART DE S. PAUL , forte d’art notoire que quelques fuperftitieux difent avoir été enfeigné par S. Paul, après qu'il eut été ravi jufqu'au troifieme ciel : on ne fait pas bien les cérémonies que pratiquent ceux qui prétendent acquérir les fciences par ce moyen, fans aucune étude, & par infpiration: mais on ne peut douter que cet art ne foit illicite; & 1l eft conftant que S. Paul n’a jamais révélé ce qu'il oùit dans fon raviflement , puifqu'l dit lui-même qu'il entendit dès paroles ineffables , qu’il n’eft pas permis à un homme de raconter. Voyez ART NOTOIRE. Thiers Traité des fuperflitions. (G ) | ART MNEMONIQUE. On appelle ar mnemonique la fcience des moyens qui peuvent fervir pour per- fectionner la mémoire. On admet ordinairement quas tre de cesfortes de moyens : car on peut y employer où des rernedes phyfiques , que Pon croit propres à fortifier la mafle du cerveau ; ou de certaines figus res & fchématifmes , qui font qu’une chofe fe grave mieux dans la mémoire ; ou des mots techniques , qui rappellent facilement ce qu’on a appris; ou enfin un certain arrangement logique des idées, en les pla- çant chacune de façon qu'elles fe fuivent dans ux ordre naturel. Pour ce qui regarde les remedes phy= fiques , il eft indubitable qu’un régime de vie bien obfervé peut.contribuer beaucoup à la confervation de la mémoire ; de même que les excès dans le vin, dans la nourriture, dans les plaifirs, lPaffoibliflent. Mais il n’en eft pas de même des autres remedes que certains auteurs ont recommandés , des poudres , du tabac, des cataplafmes qu’il faut appliquer aux tem- pés, des boïffons, des purgations , des huiles , des bains , des odeurs fortes qu’on peut voir dans l’are mnemonique de Marius d’Affigni,auteur Anglois. Tous ces remedes font très-fujets à caution. On a trouvé par l'expérience que leur ufage étoit plus fouvent funefte que falutaire , comme cela eft arrivé à Da- niel Heinfius & à d’autres, qui loin de tirer quel- qu’avantage de ces remedes , trouvoient à la fin leur mémoire fi affoiblie, qu'il ne pouvoient plus fe rap- peller ni leurs noms, ni ceux de leurs domeftiques. D'autres ont eu recours aux fchémanfmes. On fait que nous retenons une chofe plus facilement quand elle fait fur notre efprit , par le moyen des fens ex= térieurs , une impreflion vive. C’eft par cette raïon qu’on a tâché de foulager la mémoire dans fes fonc- tions , en repréfentant les idées fous de certaines f- gures qui les expriment en quelque façon. C’eft de cette maniere qu'on apprend aux enfans ; non-eu- lement à connoître les lettres, mais encore à fe ren- dre familiers les principaux évenemens de l’hiftoire fainte & profane. Il y a même des auteurs , qui par une prédile&ion finguliere pour les figures, ont ap- pliqué ces /Chématifimes à des {ciences philofophiques. C’eft ainfi qu'un certain Allemand, nommé Wrrckel- mann , a donné toute la logique d’Ariftote en figures. Voici le titre de fon livre : Logica memorativa , cujus beneficio compendium logicæ peripateticæ breviffimi rempo= ris fpatio memorie mandari poteft. Voiciaufh comme il définit la Logique. Ariftote eft repréfenté aflis, dans une profonde méditation ; ce qui doit fignifier que la Logique eft un talent de leiprit, & non pas du corps: dans la main droite il tient une clé; c’eft-à- dire , que la Logique n’eft pas une fcience , mais une clé pour les'fciences : dans la main gauche il tient un marteau; cela veut dire que la Logique eft une habitude inffrumentale ; & enfin devant lui eft un étau fur lequel fe trouve un morceau d’or fin , &c un mor- ceau d'or faux, pour indiquer que la fin de la Logi- re eft de diftinguer le vrai d'avec le faux. - Puifqu'il eft certain que notre imagination eft d’un grand fecours pour la mémoire , on ne peut pas ab- folument rejetter la méthode des /chémarifmes, pour- vû que les images n’ayent rien d’extravagant n1 de puérile, & qu’on ne les applique pas à des chofes qui n’en font point du tout futceptibles. Mais c’eft en cela qu’on a manqué en plufeurs façons : car les uns ont voulu défigner par des figures toutes fortes de chofes morales & métaphyfiques ; ce qui eft ab- furde , parce que ces chofes ont befoin de tant d’ex- plications , que le travail de la mémoire en eff doublé. Les autres ont donné des images fi abfurdes & firidicules, que loin de rendre la fcience agréa- 3 ble , elles l’ont rendu dégoûtante. Les perfonnes qui commencent à fe fervir de leur raifon, doivent s’abf- tenir de cette méthode, & tâcher d’aider.la mémoï- re par le moyen du jugement. Il faut dire la même chofe de la mémoire qu'on appelle sechnique. Quel- ques-uns ont propoié de s'imaginer une maïfon ou bien une ville, & de s’y reprefenter différens en- droits dans lefquels on placeroit les chofes où Les idées qu’on voudroit fe rappeller. D’autres , au lieu d’une maifon ou d’une ville, ont choïfi certains ant maux dont les lettresinitiales font un alphabet Latin. Ils partagent chaque membre de chacune de ces bé- tes en cinq parties, fur lefquelles ils afñchent des idées ; ce qui leur fournit 150 places bien marquées, pour autant d'idées qu'ils s'y imaginent afhichées. Il y en a d’autres qui ont eu recours à certains mots , vers, & autres chofes femblables : par exemple, pour retenir les mots d'Alexandre , Romulus, Mer- cure, Orphée, ils prennent les lettres initiales qui forment le mot armo , mot qui doit leur fervir à 1e rappeller les quatre autres. Tout ce que nous pou- vons dire là-deflus, c’eft que tous ces mots & ces vers techniques paroïffent plus difhciles à retenir , que les choies mêmes dont ils doivent faciliter l’é- tude. Les moyens les plus sûrs pour perfe&ionner la mé- moiïre , font ceux que nous fournit la Logique. Plus l’idée que nous avons d’une chofe eft claire & dif- tinéte , plus nous aurons de facilité à la retenir & à la rappeller quand nous en aurons befoïin, S'il y a plufeurs idées, on les arrange dans leur ordre: na- turel , de forte que l’idée principale foit fiivie des idées accefloires, comme d'autant de conféquences ; avec cela on peut pratiquer certains artifices qui ne font pas fans utilité : par exemple, fi l’on compote quelque chofe, pour l’apprendre enfuite par cœur, on doit avoir foin d'écrire diftinétement , de mar- quer les différentes parties par de certaines fépara- tions, de fe fervir des lettres initiales au commen- cement d’un fens ; c’eft ce qu’on appelle la mémoire locale. Pour apprendre par cœur , on recommande enfuite de fe retirer dans un endroit tranquille ; il y a des gens qui choififfent la nuit, & même fe met- tent au lit. Voyez là-deflus la Pratique de la mémoire artificielle | par le pere Bufer. Les anciens Grecs & Romains parlent en plufieurs endroits de l’art mnemonique. Cicéron dit, dans le Liv. TT, de Orar, c. Ixxxvy. que Simonide l’a inventé. Ce philofophe étant en Theflalie, fut invité par un nommée Scopas : lor{qu'il fut à table, deux jeunes gens le firent appeller pour lui parler dans la cour. À pei- ne Simonide fut-1l forti, que la chambre où les au- tres étoient reftés tomba, & les écrafa tous. Lorf- qu’on voulut les enterrer, on ne put lesreconnoître, tant ils étoient défigurés. Alors Simonide {e rappel. lant la place où chacun avoit été affis, les nomma . lun après Pautre ; ce qui fit connoître, dit Cicéron, que l’ordre étoit la principale chofe pour aider la mé- moire. (X) | ART POETIQUE. Voyez PORS1E 6 POETIQUE. ARTMILITAIRE. Voyez MILITAIRE, ART-ET-PART , ( Æf, mod. ) auteur & complice; c’eft une expreffon ufitée dans l'extrémité fepten- trionale de l’Angleterre & en Ecoffe. Quand quel- qu’un eft accufé d’un crime, on dit : il eft arr-6- part dans cette aéhon ; c’efl-à-dire, que non-feule- ment il l’a confeillée ou approuvée, mais encore qu'il a contribué perfonnellement à fon exécution. Voyez AUTEUR 6 COMPLICE. ( G) * ARTA, ( 1’) Géog. ville de la Turquie Euro- péenne , dans la baffe Albanie , proche la mer, fur la riviere d’Afdhas. Lon. 39. lar. 39. 28. ARTABE, f.m.( Æf. anc. ) forte de mefure dont fe fervoient les Babyloniens, & dont il eft fait men- ART %:9 tion dans Daniel, €. æiv. # 2. oùil eff dit que les prêtres de Bel , dont cé prophete découvrit l'impof. tue , offroient tous les jours à ce dieu douze artabes de vin, L’arsabe contenoit foixante-douze feptiers, félon S. Epiphane , de ponderib, & menf. & lfidore de Séville, 46. XWT. orig. Dition. de la bib, tom, I. PAUL 0 CCE NN | ‘* * ARTAMENE, f. m. terme de Fleurifle ; c’eft un œillet brun, fur un fin blanc, gagné de lorfeline. Il'vient petit : maïs fa plante eft robufte, & fa mar- cotte visoureufe. Trair, des fleurs. ; “ARTAXATE, 04 ARDACHAT, (Géog. anc. € Hif, ) capitale ancienne de l'Arménie fur l’Araxe, appellée dans la fuite Neronée, Il n’y en a plus au- jourd’hui que quelques ruines, qui confiftent en une façade de bâtiment, à quatre rangs de colonnes de marbre noir, & quelques autres morceaux du même édifice. Les habitans du pays appellent cet amas de matériaux éaéferdat, ou Le throne de Tiridat. * ARTE MIS , ( Myth. ) furnom fous lequel Dia- ne étoit adorée en plufeurs endroits de l’Afe mineu- re & de la Grece. | * ARTEMISIES, (Mych.) fêtes inftituées en l’hon- neur de Diane , furnommée Arremis. ARTERE, f. f. aprnpie, dérivé des mots Grecs, ap ; air, À rapew ,Je conferve ; en Anatomie, c’eft un canal membraneux, élaftique, qui a la figure d’un cone allongé , intérieurement lifle & poli, fans val- vules , fi ce n’eft dans le cœut, qui décroît à mefure qu'il fe divife en un plus grand nombre de rameaux, & qu eft deftiné à recevoir le fang du cœur pour le diftribuer dans le poumon & dans toutes les parties du corps. Voyez CŒUR, POUMON, &c. On donna d'abord ce nom à ce que nous appellons la trachée arteré , a/pera , &cc. Les arteres dont il eft queftion, s’appelloient veines Jaillantes ou internes , veines qui battent , par oppoñition aux veines externes n0n faillantes. Elles eurent princi- palement cette dénomination , parce qué fuivant la théorie d’Erafftrate, on penioit que les tuyaux qui païtent du cœur , n'étoient pleins que d'air, qui en entrant dans leurs cavités, les dilatoit, & les faifoit {e contraéter lorfqu’il en {ortoit, Voilà la caufe de la diaftole & de la fyftole , fuivant les anciens. | L’artere par excellence ; aprapla apranedue | eft laorte. Voyez AORTE. Toutes les arteres du corps font des branches de deux gros troncs, dont l’un vient du ventricule droit du cœur , & porte. tout le fang du poumon, d’où on lenomme artere pulmonaire ; l’autre part du ventricule gauche du cœur, &c diftribue le fang dans toutes. les parties du corps : on l’appelle aorte. F, PULMONAIRE. Les Auteurs font fort partagés {ur la ftruéture des arteres : les uns ont multiplié les membranes, d’au- tres en ont diminué le nombre; il y en a.qui en ad- mettent jufqu'à fix, favoir la zerveufe., la cellulaire, la vafculeufe, la glanduleufe, la mufculeufe , &c la ter dineufe. Voyez NERVEUX » CELLULAIRE, Éc. Le doûteurHaller dont nous embraflons la do&rine, n’en admet que deux, l’irerne & la charnue ; la cellu. laire n’eft que leur accefloire, & il ne regarde pas l’exrérieure comme conftante, Les arteres ont la figure de cones allongés , & vont en décroïffant à mefure qu'elles fe divifent en un plus orand nombre de rameaux ; êc loriqu’elles parcou- rent quelque efpace fans en jetter , elles paroiffent cylindriques. Tous ces vaiffeaux étant remplis , dans quelqu’endroit qu’on les conçoive coupés parun plan perpendiculaire à Paxe de leur direétion , 1 ouverture qu'ils préfenteront fera toùjours circulaire ; ces vai {eaux coniques ont leur bale commune dans les deux ventricules du cœur, puifqu'ils font tous produits pat l'aorte & par l’arsere pulmonaire, & leur fommet aboutit à d’origine des veines ou à la partie de l'arsere “qui eft ou paroït cylindrique. | La membrane externe des arteres n’elt pas une “membrane propre à toutes, & qui s’obferve dans tous leurs trajets: par exemple, quelques-unes font recouvertes par la plevre dans la poitrine , par le pé- itoine dans le bas-ventre ; d’autres, comme les arte- res du cou, font environnées extérieurement d’untiflu ‘cellulaire plus épais ; le péricarde embrafle de tous côtés l’aorte, mais il fe termine bientôt en changeant de texture dans la membrane cellulaire; la dure-mere fournit une gaine à la carotide au paflage de cette artere dans le crane. La premiere membrane de toutes les arteres eft donc la membrane cellulaire , qui eft plus lâche dans fa fuperficie externe , colerée d’une infinité de petites artérioles & de veines, & traverfée de nerfs aflez fenfibles. La macération fait voir que ce qu'on appelle /4 snembrane tèndinenfe de lartere, ne differe en aucune facon de la cellulaire , puifque les couchés intérieu- res imèmes de cette tunique deviennent cellulaires. La partie de l’arrere la plus intérieure & la plus pro- che de fa cavité, paroït compofée en général de f- bres circulaires. Ces fibres dans les grands vaifleaux, font compofées de plufeurs couches affez fenfbles par leur couleur rougeâtre & leur folidité; plus les vaïfleaux deviennent petits, & plus elles font difi- ciles à découvrir. Sous cette membrane on en remar- que une autre cellulaire fort difficile à démontrer , dans laquelle fe répandent les concrétions pltreufes lorfque lartere s’offifie. La membrane la plus interne de l’artere eft unie & polie par le courant du fang ; elle forme une couche continue dans toute l’étendue de fes cavités ; elle re- vêt par-tout Les fibres charnues , qui d’elles- mêmes ne font pas affez continues pour former un plan uni, & empêche que le fang ne s’infinue dans les efpaces qu'elles laïffent entr’elles ; elle eft même par-tout {ans valvules. Il ef facile de concevoir par ce que nous venons de dire, pourquoi certains Auteurs ont attribué cinq membranes aux arteres , pendant que d’autres n’en ont reconnu que trois. Toutes les arteres battent. En effet, quoiqu’on fente avec le doigt le mouvement de fyftole & de diaftole dans les grandes arteres | & qu'il n’en foit pas de mé- me dans les plus pétités , on fent néanmoïns de fortes pulfations dans les plus petites, lorfque le mouve- ment du fang eft un peu augmenté, comme cela ar- rive dans l’inflammation. Les arterés ont aflez de for- ce : mais le tiffu épais & dur de la membrane cellu- laire externe, refufant de fe prêter à la force qui les diftend, elles fe rompent facilement & prefque plus facilement que les membranes de la veine ; c’eft-1à une des caufes de Panevryfme. D'ailleurs Les mem- branes des grofles arteres font , proportion gardée, plus foibles que celles des petites, & par cetté raïfon le fang produit un plus grand effet fur les grandes que fur les petites ; c’eft-là pourquoi les anevryfmes font plus ordinaires aux environs du cœur. Lanature a mis par-tout les arteres À couvert, parce que leur bleflure ne pouvoit être fans danger dans les plus petites, &z fans la perte de la vie dans les plus grandes. Les plus petites artérioles fe diftribuent en grand nombre à la peau, & les plus grands troncs font recouverts par la peau & par les mufcles, & rampent fur les os. Il part de chaque tronc artériel des rameaux qui fe divifent & fe fübdivifent en d’au- tres plus petits, dont on a peine à découvrir la fin; les orifices des deux rameaux produits par un tronc pris enfemble , font totjours plus grands que celui du tronc, dans la raïfon de 2 à 1, à peu-près ou un peu moins, Tous les troncs s’élargifient au-deflus de leur divifion, Les angles fous lefquels les rameaux Yortent de leurs troncs, font prefque tobjours aigus ÿ demu-droits ou approchant ; angle fous lequel il eff démontré dans les méchaniques, que les fluides doi- vent être pouflés le plus loin, Nous ayons cependant des exemples dans lefquels les rameaux partent de leurs troncs fous des angles droits ou approchant, comme on le remarque dans les arteres lombaires & dans les intercoftales. Nous avons auffi des rameaux rétrogrades dans les arteres coronaires du cœur, & dansles arteres fpinales, produites parles vertébrales, Les arteres communiquent toutes fréquemment les unes avec les autres, de forte qu’il n’y a aucune par- tie du corps dans laquelle les troncs artériels vorfins ne communiquent par des rameaux intermédiaires. Les extrémités des arteres font cylindriques ou très- approchantes de cette figure , & fe terminent de dif- férentes façons, foit en fe continuant jufque dans la plus petite veine, foït dans les vifceres où elles for-- ment des pinceaux, des arbrifleaux, des zis-zags, des franges, & differentes figures, fuivant la difté- rente fonétion de ces parties ; foit dans des conduits excréteurs , femblables aux veines ; foit dans des vaifleaux d’un genre. plus petit, qui font quelque- fois continus aux arteres, 8 qui font de véritables troncs par rapport aux rameaux qu'ils produifent (telles font les arteres Iymphatiques) ; foit dans un ca- nal exhalant : c’eft ainfi qu’elles finiffent très-fréquem- ment par tout Le corps. Les veines refflemblent aux arteres en plufeurs points : mais elles different en bien des chofés. Voyez VEINE. La nature élaftique des arteres fait voir qu’elles fe contraétent effe@ivement, & que cette contraction fert à faire avancer le fang. Voyez SAnG & Crrcu- LATION. Voyez dans nos Planches d Anatomie , la diftribution des arteres ; & à l’article ANATOMIE , Hi à des figures relatives à cette diftribution. * ARTÉRIAQUES , adj. pl. On donne, ez Mede- cine, ce nom aux remedes qu'on employe contre l’a- tonie , ou les maladies qui proviennent de la trop grande aridité de la trachée-artere & du larynx, On peut mettre de ce nombre , 1°. les huiles tirées par expreflion, ou les émulfons préparées avec les aman- des douces ; les femences de pavot blanc , les quatre femences froides , 6. ou les loochs & les firops faits de ces fubitances : 2°, les vapeurs qui s’élevent des décoétions de plantes émollientes ou farineufes, qu’on dirige vers la partie affeétée : 3°. les opiates. ARTEÉRIEL , adj. ez Anatomie, ce qui a rapport ou ce qui appartient aux arteres. Voyez ARTERE. On penfe que le fang artériel eft plus chaud, plus vermeil, plus fpiritueux, que le fang véneux. Voyez SANG. Le conduit artériel dans le fœtus, eft un canal de communication entre l’aorte &c l’artere pulmonaire , par lequel le fang pañle de l’artere pulmonaire dans l’aorte, tant que l’enfant n’a pas refpiré : lorfque le fang trouve une iffue par les poumons au moyen de la refpiration, ce conduit fe ferme, les parois fe rapprochent & forment le ligament artériel. Voyez RESPIRATION, F@TUS ,«6c. (L) ARTÈRIEUX , EUSE, adj. qui tient de la nature de Partere. Veine arrérieufe ; c’eft un nom que l’on donne à l’artere pulmonaire , ou à un vaifleau par lequel le fang eft porté du ventricule droit du cœur aux pou- mons. Voyez PULMONAIRE. ( L ARTER[IO-PITUITEUX, ady.ez Anatomies Ruyfch a fait connoitre dans les narines , des vaif feaux finguliers, qu'il nomme arterio-pituiteux , qui rampent {uivant la longueur des narines, & font de longues aréoles réticulaires. (L) ARTÉRIOTOMIE , épraporouie , d'aprnpiæ, 8€ de répvo, je coupe ; en terme de Chirurgie, l'opération d'ouvrir une artere, ou de tirer du fang en ouvrant une vné'arteré avec la lancette , ce que l’on pratique en quelques cas extraordinaires. Voyez ARTERE, PHLÉ- BOTOMIE , Éc. Voyez aufft ANEVRYSME. L'artériotomie eft une opération qui ne fe pratique qu’au front , aux tempes & derriere les-oreilles, à caufe du crane qui fert de point d’apput aux arteres; partout ailleurs l'ouverture de Partere eft ordinaire- ment mortelle : on a un très-prand nombre d’exem- ples de perfonnes qui font mortes de la faignée, par- ce qu’une artere a été prife pour une véine. Fernel (2. 28.) Severinus (Æfic. med. part. II. ) Tulpius (of: 2. 48.) & Catherwood, ont fait tous leurs efforts pour introduire l’artérioromie dans les cas d’apoplexie , comme étant préférable à la faignée qui fe fait par les veines ; mais ils n’ont pas été fort Juivis. Voyez APOPLEXIE. Pour ouvrir l’artere temporale, quieft celle qu'on préfere pour l’artérioromie, on n’applique point de li- gature; on tâte avec le doigt index une de fes bran- ches, qu’on fixe avec le pouce de la main gauche; on l’ouvre de la même façon que la veine dans la phlébotomie ; quelques-uns préferent l’ufage du bif: touri. Le fang qui vient de l’artere eft vermeil &z fort par fecoufles, qui répondent à l’action des tuniques des arteres. Lorfqu’on a tiré la quantité de fang fuf- fifante , on rapproche les levres de la plaie, & on la couvre de trois où quatre comprefles graduées , dont la premiere aura un pouce en quarré, & les autres plus grandes à proportion, afin que la com- prefion foit ferme. On contiendra ces compreffes avec le bandage appellé fo/aire ; voici comme il fe fait : 1l faut prendre une bande de quatre aunes de long & trois doigts de large ; on la roule à deux glo- bes, dont on tient un de chaque main. On applique le milieu de la bande fur les comprefles pour aller autour de la tête fur l’autre temple, y engager les deux chefs en changeant les globes de main ; on Les tamene fur les comprefles, où on les croife en chan- geant de main, de forte que fi c’eft du côté droit, on fafle pafler le globe poftérieur deffous antérieur, c’eft-à-dire, celui qui a pañlé fur le front, & qui dans l'exemple propofé eft tenu de la main droite. Dès qu'on les a changés de main, onen dirige un fur le fommet de la tête & l’autre par-deflous le menton; on continue-pour aller les croifer à la temple oppo- fée au mal, pour de-là revenir en changeant de main autour de la tête former un deuxieme nœud d’em- baleur au-deflus des comprefles ; on continue en fai- fant des circulaires affez {errés autour de la tête pour émployer ce qui refte de la bande. Voyez fig. 3. clur. PI. XXVII. Un bandage circulaire bien fait produit le même effet fans tant d’embarras. (Y) * C’eft de la bleflure des arteres que procedent les hémorrhagies dangereufes. Nous parlerons à l’article HÉMORRHAGIE, des différens moyens inventés par PArt pour l'arrêter. On ne peut dfconvenir que la lisature ne foit le plus für de tous: mais il y a des cas où elle a de grands mconvéniens , comme dans celui de l’anevrylme au bras, où le Chirurgien n’e- tant jamais certain de ne pas lier le tronc de l’artere, le malade eft en rifque de perdre le bras par l'effet de la ligature, s’il n’y a pas d'autre reffource pour la circulation du fans que celle de l’artere liée. C’eft donc un grand remede que celui qui étant appliqué fur la plaie de l’artere découverte par une incifion, arrête le fang & difpenfe de la ligature. Le Roi vient de l'acheter (Ma. 2,751.) du fieur Broffart, Chirur- gien de la Châtre en Berry, après plufieurs expé- tiences fur des amputations faites à l'Hôtel royal des Invalides & à l'hôpital de la Charité, mais notam- ment après un anevryfme guéri par ce moyen, & opéré par l'illuftre M. Morand , de l’Académie roya- le des Sciences. Ce célébre Chirurgien, dont l'amour pour le bien public égale les talens &c le favoir fi gé- Tome I, ART 72t néralement reconnus, a bien voulu nous communis- quer le remede dont il s’agit. Il confifte dans la fubftance fongueufe de la plante nommée agaricus pedis equini facie. Inflit, rei herb. 562, Fungus in caudicibus nafcens unguis equini figuré. C.B. Pin. 3,72. Fungi igniaru. Trag. 943. parce qu'on en fait l’amadou. On coupe l'écorce ligneufe de cet agaric; on fe pare la partie fongueufe du refte de la plante ; elle eft déjà fouple comme une peau de chamois ; on l’a- mollit encore en la battant avec un marteau. Un morceau de cette efpece d’amadou appliqué fur la plaie de lartere , & plus large que ladite plaie, foù- tenu d’un fecond morceau un peu plus large, & de appareil convenable, arrête le fang. * ARTHRITIQUES (aféüions) ; on donne, ez Medecine , ce nom à toutes les maladies qui attaquent les jointures, & qui tiennent de la nature de la gout- te, &t à tous les médicamens qu’on employe pour les ouérir. Voyez GOUTTE. | ARTHRODIE, f. f. mot formé du Grec éplpos articulation , & de diyoner , je reçois. C’eft, er Ana= tomie , une efpece d’articulation, dans laquelle la tête plate d’une os eft reçûe dans une concavité peu pro- fonde d’un autre os. Voyez OS & ARTICULATION: Telle eft Particulation des os du métacarpe avec les premieres phalanges des doigts, des apophyfes obliques des vertebres entr’elles, &c. (L) ARTICHAUT., £ m. cnara , ( Hiff. nat. bot, } senre de plante qui porte des fleurs à fleurons décou- pés, portés chacun fur un embryon , & renfermés dans un calice écaillenx & ordinairement épineux : l'embryon devient dans la fuite une femence garnie d’aigrettes : ajoûtez aux caraéteres de ce genre le port de l’artichaut, qui le fait diftinguer fi aifément des chardons. Tourn. 12f{. rei herb. V. PLANTE. (1) On diflingue trois fortes d’artichaux, les rouges , les #lancs, & les violers. Les rouges font les plus petits, & ne font bons qu’à manger à la poivrade : les blancs font les plus ordinaires; & les violets qui viennent les derniers, font les meilleurs, les plus gros, & ceux que l’on. fait {écher pour l’hyver. On en fait des œilletons, qu’on détache du pié & : qu’on replante tous les trois ans à neuf ou dix pouces de diftance. Ils demandent à êtie fouvent fumées, ar- rofés , & couverts pendant la gelée : on les butte feu- lement dans les terres légeres. Pour les faire avan- ” cer, plufieurs Jardiniers y répandent des cendres de, bois brülé. (X) | * Dans l’analyfe chimique de culs d’arrichaux ten- dres &c frais, dépouilles des écailles & des femences,,, diftillés à la cornue, il eft {orti une liqueur limpide, d’une odeur & d’une faveur d’herbe , mfipide & obf- curément acide; une liqueur d’abord limpide , mani- feftement acide, fort acide fur la fin, auftere, rouf- fâtre, empyreumatique ; une liqueur empyreumati- que roufle, dabord fort acide, enfuite un peu falée, & imprégnée de beaucoup de fel alkali urineux ; une huile épaifle comme du firop. La mafle noire calcinée pendant dix heures, a laiflé des cendres, dont on a tiré par lixiviation un fel fixe purement alkali. Cette fubftance charnue a une fa- veur douceâtre, auftere, & noircit la diflolution du vitriol : elle contient donc un fel eflentiel tartareux, uniayéc beaucoup deterre aftringente &c d'huile dou- ceûtre. | On mange les arrichaux à la poivrade; on les frit; on les fricafle, & on les confit. Pour les mettre à la poivrade, prenez-les tendres ; coupez-les par quartiers; Ôtez-en le foin & les petites feuilles ; pelez le deffus; jettez-les dans Peau fraîche; êr les y laifez de peur qu'ils ne fe noirciffent & ne de- viennent amers, jufqu'a çe que vous les vouliez fer: Yyyy px. ART vir. Alors inettez-les dans un plat ou fur une afiette arrofés d’eau ; & fervez en même tems du poivre & du fel mêles. . Pour les frire, prenez-en les culs; coupez-lés par quartiers; Ôtez le foin ; rognez la pointe des feuilles ; faupoudrez-les enfuite de farine détrempée avec du beurre , des jaunes d'œufs, du fel, Ge. &c jettez-les dans la friture chaude. On met encore les artichaux à la fauce blanche & à plufieurs autres. Voyez là-deflus les sraités de cuifine. Pour les confire, pelez les culs ; n’y laïffez ni feuil- les ni foin ; jettez-les dans l’eau fraîche ; faites-les pafler dans une autre eau; faites-leur jetter un bouil- lon. Prenez un pot; mettez-y de l’eau bien falée qui furnage de trois doigts ; ajoütez une partie d’eau &z une autre de vinaigre; l’épaiffeur de deux doigts de bonne huile ou de beurre qui ne foit pas trop chaud; & laifez les artichaux dans cet état. L'artichaur à la poivrade eft ami de l’eflomac & fait trouver le vin bon. On en conferve les culs pour l’hyver, en les faifant fécher au foleil ou à la fumée, & en les tenant dans un lieu fec : mais de quelque maniere qu’on les prépare, 1ls nourriflent peu & four- niflent un fuc groffier & venteux; les côtes des feuil- les & les tiges tendres & blanches fe digerent faci- lement. Les racines excitent fortement les urines ; on les peut employer dans les décoétions &c les bouillons diurétiques. Quelques-uns prefcrivent la décoétion en lavement pour provoquer les urines. ARTICLE , f. m. (Gram.) en Latin articulus, di- minutif de artus, membre; parce que’ dans le fens propre, on entend par article les jointures des os du corps des animaux , unies de différentes manieres , & felon les divers mouvemens qui leur font propres : de-là par métaphore & par extenfon , on a donné divers fens à ce mot. Les Grammairiens ont appellé articles certains pe- tits mots qui ne fignifient rien de phyfique, qui font identifiés avec ceux devant lefquels on les place, & les font prendre dans une acception particuliere ; par exemple , e roi aime le peuple ; le premier /e ne pré- fente qu’une même idée avec roi ; mais il m'indique un roi particulier que les circonftances du pays où je fuis, ou du pays dont on parle , me font entendre : l’autre Ze qui précede peuple, fait aufli le même effet à l'égard de peuple; & de plus. peuple étant placé après aime , cette pofition fait connoître que Ze peu- ple eft le terme ou l’objet du fentiment que l’on at- tribue au roi. Les articles ne fignifient point des chofes ni des qualités feulement ; ils indiquent à l’efprit le mot qu'ils précedent, & le font confidérer comme un objet tel, que fans Particle , cet objet feroit regardé fous un autre point de vüe ; ce quis’entendra mieux dans la fuite, furtout par les exemples, Les mots que les Grammairiens appellent arvicles, n'ont pas toljours dans les autres langues des équi- valens qui yayent le même ufage;les Grecs mettent fouvent leurs articles devant les noms propres, tels que Philippe, Alexandre, Céfar, &c. Nous ne met- tons point l’article devant ces mots-là ; enfin il y'a des langues qui ont des arricles , &c d’autres qui n’en ont point. ‘ En Hébreu, en Chaldéen, & en Syriaque, les noms font indéclinables, c’eft-à-dire, qu'ils ne va- tient point leur définence ou dernieres fyllabes, f ce n’eft comme en François du fingulier au pluriel ; mais les vües de l’efprit ou relations que les Grecs & les Latins font connoître par les terminaifons des noms , font indiquées en Hébreu par des prépoñtifs qu’on appelle préfives , &c qui font liés aux noms, à la maniere des prépofñtions inféparables , enforte qu'ils forment le même mot. Comme ces prépoñtifs ne fe mettent point au no- iinatif y & que l’ufage qu’on en fait nef pâs trop uniforme , les Hébraïfans les regardent plütôt com: me des prépoñtions que comme des articles. Nomina Hebraïca proprie loquendo funt indechnabiha. Quo ergo in cafu accipienda int 6 efferenda | non terminatione dignoftitur, fed præcipuè conftrutione, & præpofitionibus quibufdam | feu litteris prœpofitionum vices gerentibus,, quæ ipfis à fronte adjiciuntur. Mafclef. gramm. Hebr. GT: oi | A légard des Grecs, quoique leurs noms fe décli- nent, c'eft-à-dire , qu’ils changent de terminaifon fe- lon les divers rapports ou vües de lefprit qu’on a à marquer , ils ont encore un articleo, #, ro, voûs The, ro0, Ge, dont ils font un grand ufage; ce mot eft en Grec une partie fpéciale d’oraifon. Les Grecs * l’appellerent apps , du verbe djw , apto, adapto, difpofer , apprêter ; parce qu’en effet l’arricle difpofe l’efprit à confidérer le mot qui le {uit fous un point de vüe particulier ; ce que nous développerons plus en détail dans la fuite. | Pour ce qui eft des Latins , Quintilien dit exprefle- ment qu'ils n’ont point d'articles, & qu'ils r’en ont pas befoin , zoffer férmo articulos nondefiderat. (Quint. Lib, I, c, iv.) Ces adjeëtifs, is, hic, ille, ifle, qua font fouvent des pronoms de la troifieme perfonne , font auf des adje@ifs démonftratifs & métaphyfques, c’eft-à-dire ,quine marquent point dans les objets des qualités réelles indépendantes de notre maniere de penier. Ces adje@ifs répondent plütôt à notre ce qu'à notre le; les Latins s’en fervent pour plus d'énergie & d’emphale : Catonem illum fapientem (Cic.) ce fage Caton ; i//e alter, (Ter.) cet autre; 4/4 fèges , (Virg. georg. I. y. 47.) cette moiflon ; i{la rerum domina fortuna , (Cic. pro Marc. n. 2.) la fortune elle-même, cette maitrefle des évenemens. Uxorem ille tuus pulcher amator haber. Propert. Lib, II, Eleg, XXI. y. 4. Ce bel amant que vous avez, a une femme, Ces adje&ifs Latins qui ne fervent qu'a détermi- ner l’objet avec plus de force, font fi différens de l’article Grec & de l’article François, que Vofluspré- tend ( de Anal, Liv. I. c. j. p. 3.734) que lesmai- tres qui en faifant apprendre les déclinaiions Lati- nes font dire hec mufa , mduifent leurs difciples en erreur ; & que pour rendre littéralementla valeur de ces deux mots Latins, felon le génie de la langue Greque, il faudroit traduire hec mufa , durn 1 poure , c’eft-à-dire certe la mufe. Les Latins faifoient un ufage fi fréquent de leur adje@if démonftratif , 44/e, illa., ilud, qu'il y a lieu de croire que c’eft de ces mots que viennent notre le & notre la, le ego, mulier illa ; Ve homint illi per quem tradetur. (Luc, c. xxij.v. 22.) bonum erat ei natus non fuiflet homo ille. ( Matt. c, xxvj. v. 24.) Hic illa parva Petilia Philoëtete. (Niwrg. Æn. Lib. y. y. 401.) C’eft-là que la petite ville de Petilie fut bà- tie par Philoëtete. Aufoniæ parsilla procul quam par- dit Apollo. Ïb. v. 479. hæcilla Charybdis. Ib. v. 558. Pétrone faifant parler un guerrier qui fe plaignoit de ce que fon bras étoit devenu paralytique , lui fait dire : funerata ef} pars illa corporis mei , qué quondam Achilles eram ; 11 eft mort ce bras , par lequel j’étois autrefois un Achille. {le Deém parer, Ovide. Quuif- quis fuir lle Deorum. Ovide , Metam. Lib. I, v. 32. Il y a un grand nombre d'exemples de cet ufage, que les Latins faifoient de leur 1//e, illa , illud, fur- tout dans les comiques , dans Phedre , & dans les au- teurs de la baffe latinité. C’eftde la derniere fyllabe de ce mot ie, quand il n’eft pas employé comme pronom, & qu'il n’eft qu'un fimple adjeétif indica- tif, que vient notre arricle Le ; à l’égard de notre /z, il vient du féminin i//4. La premiere fyllabe du maf culin 4e, a donné liéu à notre pronom 77 dont nous "1 ART faifons ufage avec les verbes, i//e afférmat , (Phæd. Lib. III. fab. üj.v. 4.) il affüre. 1/le fecie, (Id. Lis. IIT. fab. 5. v. 8.) il a fait, ou il fit. Zrgerio vires ille dat, ille rapir. (Ovid. Her. Ep. xv.v. 206.) À l'égard de elle , il vient de {la , illa veretur. (Virg. Ecl, rrt. v, 4.) elle craint. Dans prefque toutes les langues vulgaires , les peuples foit à l'exemple des Grecs, foit plütôt par une pareille difpofition d’efprit ; fe font fait dé ces prépoñtifs qu’on appelle articles ; nous nous arrête- tons principalement à l’article François. Tout prépofñitif n’eft pas appellé article. Ce, cer, cette, certain, quelque, tout , chaque, nul, aucun, mon, ma , mes, Grc. ne font que des adjeétifs métaphyfi- ques ; ils précedent totjours leurs fubftantifs ; À puifqu'ils ne fervent qu’à leur donner une qualifica- tion métaphyfique , je ne fai pourquoi on les met dans la clafle des pronoms. Quoi qu’il en foit, on ne donné pas le nom d'article à ces adje&tifs ; ce font fpé- cialement ces trois mots, le, la, les , que nosGram- mairiens nomment articles, peut-être parce que ces mots {ont d’un ufage plus fréquent : avant que d’en parler plus en détail, obfervons que 1°, Nous nous fervons de 4 devant les noms maf- culins au fingulier , Z roi , Le jour. 2°. Nous em- ployons /2 devant les noms féminins au fingulier , /4 reine , la nuit. 3°. La lettre s ; qui, felon l’analogie de la langue , marque le pluriel quand elle eft ajoû- tée au fingulier, a formé Zes du fingulier Ze ; es fert également pour les deux genres , les rois, les reines, les jours , les nuits. 4°. Le , la , Les font les trois ar- ticles fimples : mais ils entrent aufli en compoñition avec la prépofition 4 , & avec la prépofition de, & alors ils forment les quatres articles compotés , ax, aux , du, des. | Au eft compofé de la prépoñition «#, & de larti- cle Z , enforte que 4x eft autant que 4 Ze. Nos peres difoient a/, al tems Innocent III, c’eft-à-dire , au tems d’Innocent IL. L’apoftoile manda al prodome , &ce. le Pape envoya au prud’homme : Ville-Hardouin , 4. I. pag. 1. mainte lerme à fu plorée de pitié al départir , 1b. 1d. peg. 26. Vigenere traduit raies larmes fu- rent plorées à leur partement , 6: au prendre congé. C’eft le fon obfcur de le muet de l’arsicle fimple 4e, & le œchangement aflez commun en notre langue de / en 4, comme al, maux ; cheval, chevaux ; aleus, haut; alnus , aulne (arbre ) a/na , aune ( mefure ) a/rer, autre , qui ont fait dire az au lieu de 4 Ze, ou de al. Ce n’eft que quand les noms mafculins commencent par une confonne ou une voyelle afpirée , que l’on 1e fert de a au lieu de à Le ; car fi le nom mafculin commence par une voyelle , alots on ne fait point de contraétion, la prépoñition 4 & l’article Ze demeu- rent chacun dans leur entier : ainfi quoiqu’on dife Ze cœur , au cœur, On dit l’efprit, a l’efprit , le pere , au pere, & on dit l'enfant ,:a l'enfant; on dit Ze plomb , au plomb ; & on dit l'or, a l'or , l'argent , a l'argent; car quand le fubftantif commence par une voyelle, Ve muet de Z s’élide avec cette voyelle, ainfi la rai- fon quia donné lieu à la contra@ion 4 , ne fubfifte plus ; & d’ailleurs , il fe feroit un bâillement defa- gréable fi l’on difoit ax efprit , au argent ,'au enfant ; &tc. Si le nom eft féminin , n’y ayant point d’e muet dans l’article la ; on ne peut plus en faire 4 , ainfi lon conferve alorsla prépofñition & l’article , /a rai- fon , à la raifon ; la vertu, a la vertu. 2°. Aux fertau pluriel pour les deux genres ; e’eft une contraction pour a les, aux hommes , aux femmes , aux rois , aux reines , pour à les hommes , à les femmes, &e. 3°: Du eft encore une contraétion pour de Le ; c’eft le fon obfcur des deux'e muets de fuite de le, qui a amené la contradtion d4 : autrefois on difoit del : La fins del confeil ft fu tels | &c. l'arrêté du confeil füt ; &c. Ville-Hardouin, 6, VII, p. 10,7. Gervaife del Chaf= Tome I, : ART 725 #1, id, 1b. Gervais du Caftel, Vigenere. On dit doné du bien &t du mal, pout de Le bien, de le mal, & ainf de tous les noms mafculins qui commencent par une confonne ; car fi le nom commerce parune voyelle; ou qu'il foit du genre féminin , alors. on revient à la fimplicité de la prépoñition, & à celle de lartc/e qui convient au genre du nom ; ainfi On dit de lefprit ; de le vertu , de la peine ; par-là on évite le bäillement : c’eft la même raifon que l’on a marquée fur 4: 4°. Enfin des fert pour les deux genres au pluriel, & fe dit pour de Les, des rois , des reines, Nos enfans, qui commencent à parler ; $’énôncent d’abord fans contraétion ; ils difent de Le pain , de le vin ; tel eft encore l’ufage dans prefque toutes nos provinces limitrophes , fur-tout parmi le peuple + c’eft peut-être ce qui a donné lieu aux premieres ob- fervations que nos Grammiairiens ont faités de ces contractions. Les Italiens ont un plus grand nombre de prépofi> tions qui fe contraétent avec leurs arricles. Mais les Anglois, qui ont comme nous des prépos fitions & des articles , ne font pas ces conira&tions ; ainfi ils difent of she, de le , où nous difons 4x ; rhe king , le roi; of rhe king, de le roi, & en François du TO ; of the queen , de la reine ; 10 éhe king , à le rot ; au roi ; to the queen, à la reine. Cette remarque n’eft pas de fimple curiofité ; 1l eft important , pour ren- dre raïfon de la conftruétion , de féparer la prépoñ- tion de l’article, quand ils {ont Pun &c Pautre en com- poñtion ; par exemple, fi je veux rendre raïon de cette façon de parler, du pain fuffit : je commence par dire de Le pain , alors la prépoñition de , qui eft ici une prépoñtion extraétive , ê qui comme toutes les autres prépoñtions doit être entre deux termes, cet- te prépofition , dis-je, me fait connoître qu'il y a icx une ellipfe, Phédre, dans la fable de la vipere € de la lime, pour diré que cette vipere cherchoit dequoi manger dit: h@c quum tentaret ft qua reseffet cibi , 1, IV. fab. viy. vers 4. où vous voyezque aliqua res cibi fait connoître par analogie que du pain, c’eft aliqua rés panis, paulu- lui panis ; quelque choie , une partie, une portion. du pain ; c’eft ainfi que les Anglois , pour dire don- ney-mno1 du pain, dent give me fome bread, donnez- moi quelque*pain ; & pour dire j'ai v4 des hommes , ils difent Z have feen fome men; mot à mot, J'ai v4 quelques hommes ; à des Médecins, co fome phyficians, à quelques Médecins. L’ufage de fous-entendre ainf quelque nom gé- nérique devant d,du, des, qui commencent üne phrale , n’étoit pas iiconnu aux Latins : Lentulus écrit à Cicéron de s’intérefler à fa gloire ; de faire valoir dans le fénat , & ailleurs ; tout ce qui pourroit lui faire honneur : de nof/ra dignitate velim nbi ut [em- per cure fir, Cicéron, épir. Livre XIL. épi. xjv, 1l eft évident que de noffra dignitate ne peut être le no- minatif de cure fit; cependant ce verbe {#, étant à un mode fini, doit avoir un nominatif; ainfi Lentu- lus avoit dans l’efprit ratio ou férmo de noftra digni- tate ÿ l'intérêt de ma gloire ; & quand même on ne: trouveroit pas en ces occafons de mot convenable à fuppléer , l’efprit n’en feroit pas moins occupé d’une idée que les mots énoncés dans la phrafe réveillent ; mas qu’ils n’expriment point : telle eft l’analogie ,tel eft l’ordre de l’analyfe de l’énonciation. Ainfi nos Grammairiens manquent d’exaétitude , quand ils di fent que la prépoñition dont nous parlons , fers & mar. quer le nominatif lorfqu'ont me veut que défigner ane par- tie de la chofè , Grammaire de Regnier, pag. 170 ; Ref faut, pag. 75 & 418. 1ls ne prennent pas garde que les prépoñtions ne fauroient entrer dans Le difcours fans marquer un rapport où relation entre deux ter= mes , entre un mot & un mot: par exemple , la pré- poñtion pour marque un mofif, une fin , une raïlon ; Yyyyi 54 ART mais enfuite 1l faut énoncer l’objet qui eft le terme de ce motif , & c’eft ce qu’on appelle X comple- ment de la prépofition : par exemple , i/ éravaille pour la patrie , la patrie eft le complément de pour, c’eit le mot qui détermine pour ; ces deux mots pour la pa- trie font un {ens particulier qui a rapport à #ravaille, & ce dernier au fujet de la prépoñition , Z roi vra- yaille pour la patrie, I] en eft de même des prépof- tions de & à : le livre de Pierre ef? beau ; Pierre ef le complément de de, & ces deux mots de Pierre fe rap- portent à Ævre, qu'ils déterminent , c’eft-à-dire qu'ils donnent à ce mot le fens particulier qu’il a dans lef- prit, & qui dans l’énonciation le rend fujet de Pattri- but qui le fuit : c’eft de ce livre que je dis qu'il eft beau. A eft auffi une prépoñtion qui , entre autres ufa- ges, marque un rapport d'attribution , donner for cœur a Dieu, parler a quelqu'un , dire fa penfée à [on ét771L, Cependant communément nos Grammairiens ne regardent ces deux mots que comme des particules qui fervent , difent-ils , à décliner nos noms; lune eft, dit-on , la marque du génitif ; & l’autre, celle du datif, Mais n’eft-il pas plus fimple & plus ana- logue au procédé des langues , dont les noms ne changent point leur derniere fyllabe , de n’y admet- tre 11 cas mi déclinaïfon , & d’obferver feulement comment ces langues énoncent les mêmes vües de l'efprit , que les Latins font connoître par la différen- ce des terminai{ons ? tout cela fe fait ou par la place du mot , ou par le fecours des prépoñitions. Les Latins n’ont que fix cas, cependant 1l y a bien plus de rapports à marquer ; ce plus , ils l’énoncent par le fecours de leurs prépofitions. Hé bien, quand la place du mot ne peut pas nous fervir à faire con- noître le rapport que nous avons à marquer, nous faifons alors ce que les Latins faïfoient au défaut d’une définence ou terminaifon particuliere : comme nous n'avons point de terminaifon deftinée à mar- quer le génitif, nous avons recours à une prépof- tion ; 1l en eft de même du rapport d'attribution , nous le marquons par la prépofñtion 4, ou par la pré- pofition pour , & même par quelques autres, & les Latins marquoient ce rapport par une terminaifon particuliere qui faifoit dire que le mot étoit alors au datif. Nos Grammairiens ne nous donnent que fix cas, fans doute parce que les Latins n’en ont que fix, No- tre accufatif , dit-on , eft toñjours femblable au no- minatif : hé , y a-t-1l autre chofe qui les diftingue, finon la place ? L’un fe met devant, & l’autre après le verbe : dans l’une & dans l’autre occafñon le nom n'eft qu'une fimple dénomination, Le génitif, felon nos Grammaires , eft auf toûjours femblable à l’a- blatif ; le datif a le privilege d’être feul avec le pré- tendu article 4 : mais de & 4 ont tohjours un com- joe comme les autres prépoftions | & ont éga- ement des rapports particuliers à marquer; par con- féquent fi de & à font des cas, fur, par, pour , fous, dans ; avec , &t les autres prépoñtions devroient en faire auf ; 1l n’y a que le nombre déterminé des fix cas Latins qui s’y oppofe : ce que je veux dire eft encore plus fenfble en Italien, Les grammaires italiennes ne comptent que fix cas aufli, par la feule raïfon que les Latins n’en ont que fix. Il ne fera pas inutile de décliner ici au moins le fingulier des noms Italiens, tels qu’ils font déclinés dans la grammaire de Buommatei, celle qui avec raïon a le plus de réputation. 3 1. Î re; c’eft-à-dire le rois; 2. del re, 3. alre, 4. il re, $.ore, 6. dal re. 1. Lo abbate, l'abbé ; 2. dello ab- bate, 3. allo abbate, 4. lo abbate, $-0 abbate ; 6. dallo abbate, 1. La donna, la dame; 2. della donna, 3. alla donna, 4. la denna, $. o donna, G. dalla donna. On ART voit aifément , & les Grammairiens en conviennent ; que del , dello, & dallz, font compofés de l'article, & de di, qui en compofition fe change en de ; que «1, al- lo & alla font aufli compoiés de lParricle & de a, & qu'enfin dal, dallo, & dalla {ont formés de l’article & de da, qui fignifie par , che, de. | Buommatei appelle ces trois mots Z, 4, da, des Jégnacafi, c’eft-à-dire, des J£gnes des cus. Maïs ce ne font pas ces feules prépoñitions qui s’uniffent avec l’article, en voiciencore d’autresqui ont le même pri- vilége. Con, co, avec; col tempo, avec le tems; colla Li- berta , avec la hberté. Ir, en, dans , qui en compofition fe change en ne, nello fpecchio, dans le miroir, el giardino, dans le jardin, zelle flrade, dans les rues. Per, pour, par rapport à, perd l’r, p’el giardino, pour le jardin. j Sopra, fur, fe change en f4, fu’l prato, fur le pré, Julla tavola, fur la table. nfra ou intra 1e change en tra : on dit al pour re, il entre là. La conjonétion 6 s’unit aufli avec l’article, la terra e’l cielo, la terre & le ciel. Fautl pour cela l’ôter du nombre des conjonétions ? Puifqu’on ne dit pas que toutes ces prépofñtions qui entrent en compofition avec Particle , forment autant de nouveaux cas, qu’el- les marquent de rapports diférens ; pourquoi dit-on que di, a, da, ont ce privilége? C’eft qu'il fufifoit d’égaler dans la langue vulgaire le nombre des fix cas de la grammaire latine, à quoi on étoit accoü- tumé dès l'enfance. Cette correfpondance étant une fois trouvée, le furabondant n’a pas mérité d’atten- tion particuliere. Buommatei a fenti cette difficulté: fa bonne foi efl remarquable : je ne faurois condamner, dit-il, ceux qui veulent que 22, per, con, foient auffi-bien fignes de cas, que Le font di, a, da: maïsil ne me plaît pas à préfent de les mettre au nombre des fi- gnes de cas; 1 me paroit plus utile de les laïfler au traité des prépofitions : io 2072 danno le loro ragioni , che cer: non ft poffon dannare ; ma non mi piace per ora mettere gli ultimi nel numero de fesnacaft ; parendo a me piu utile lafciar gli al trattato delle propofitioni, Buom- matei, della Ling. Tofcana: Del Sepn, c. tr. 42. Ce- pendant une raifon égale doit faire tirer une confé- quence pareille : par ratio, paria jura defiderat: co, ne, pe, Ge. n’en font pas moins prépofitions , quoïqu’el- les entrent en compoñition avec larzicle ; ainfi d: ; a, da, n’en doivent pas moins être prépofitions pour être unes à larsicle, Les unes & les autres de ces prepoit- tions n’entrent dans le difcours que pour marquer le rapport particulier qu’elles doivent indiquer chacu- ne felon la deftination que l’ufage leur a donnée faut aux Latins à marquer un certain nombre de ces rap- ports par des terminaifons particulieres. Encore un mot, pour faire voir que notre de & no- tre « ne font que des prépoñtions ; c’eft qu’elles vien- nent, l’une de la prépofition latine de, & l’autre de ad ou de a. Les Latins ont fait de leur prépoñtion de le même ufage que nous faifons de notre 4 ; or fi en latin de eft toijours prépoñition, le de françois doit l'être auffi toùjours. | 1°. Le premier ufage de cette prépoñition eft de marquer l’extraéion, c’eft-à-dire , d’où une chofeeft tirée, d’où elle vient , d’où elle a pris fon nom; ainf nous difons zr temple de marbre, un pont de pierre, ur homme du peuple , les femmes de notre frecle. . 2°, Et par extenfon, cette prépoñtion, fert à mar- quer la propriété : Ze livre de Pierre, c’eft-à-dire, le li vre tiré d’entre les chofes qui appartiennent à Pierre. C’eft, felon ces acceptions, que les Latins ontdïit, templum de marmore poram, Vire. Géorg. Liv. HI. Vers 13. je ferai bâtir un temple de marbre: fairen selfis ART de marmore templum, Vire. Æn. IV. v. 45.7.My avoit dans fon palais un temple de marbre, 1064 de imarmo- re, Viro. Ecl, VII, y. 31. toute de marbre: sc. + «+ + « . + folido de marsiore termplà TInflicuam : fefrofque dies de nomire Phœbi. Virg. Æn. VI, v. 70. Je ferai bâtir des temples de marbre, & j'établirai des fêtes du nom de Phœbus, en l’honneur de Phœbus. Les Latins, au lieu de ladjeétif, fe font fouvent fervis de la prépoñition de fuivie du nom, ainfi de mar- more eft équivalent à wermoreum. C’eft ainfi qu'Ovi- de ; Z. mét, v. 127. au lieu de dire ætas ferrea, a dit: de duro ef? uliima ferro, le dernier âge eft l’âge de fer. Remarquez qu'il venoit de dire, aurea prima [ata ef ætas ; enfuite fubiit argentea proles. Tertia pof? illas Jucceffit Ahnea prôles : & enfin il dit dans le même fens, de duro ef? ultima férro. Il eft évident que dans la phrafe d’Ovide , œras de ferro, de férro n’eîft point au genitif; pourquoi donc dans la phrafe françoife, Zége de fer, de fer feroit:il au genitif? Dans cet exemple la prépoñition de n’étant point accompagnée de l’article, ne fertavec fer, qu’à donner à âge une qualification adje&ive : Ne partis expers effet de noftris bonis, Ter. Heaur. IV, 1. 39. afin qu'il ne fût pas privé d’une partie de nos biens: 707 hoc de nihilo eft ; Ter. Hec. PV. T7, 1. ce n’eft pas là une affaire derien. Reliquum de ratiuncula, Ver. Phorm. I. 1. 2, ùn refte de compte. Portenta de genere hoc: Lucret. Liv. V. v. 38. les monftres de cette efpece. Catera de genere hoc adfingere, imaginér des phantôs mes de cette forte "Ad. 1bid. v. 165. & Horacer. far, z. . 13. s'eft exprimé de la mème maniere, cærera de genere hoc adeo funt multa. De plebe deo , Ovid. un dieu du commun. Nec de plebe deo, fed qui vaga fulnina mirto. Ovid. . Mét. I. v. 595. Je ne fuis pas un dieu du commun, dit Jupiter à To, je fuis le dieu puiffant qui lance ia foudre, Homo de fchola, Cic. de orat. ij, 7. un hom- me de l’école. Declamator de ludo, Cic. orat. c. xv. déclamateur du lieu d'exercice. Rabula de foro, un criailleur , un braillard du Palais, Cic. 2hid. Primus de plebe, Tit, Liv. Liv, VIT, c, xvij, le premier du peuple. Nous avons des élégies d'Ovide, qui font intitulées de Porto, c’eft-à-dire, envoyées du Pont. Mulieres de noftro feculo que fpontè peccañt, les femmes de notre fiecle, Aufone, dans l’épirre qui eff à la téte de l'idylle VII. Cette couronne, que les foldats de Pilate mirent fur la tête de Jefus-Chrift, S. Marc ( ck. xv. v. 27.) l'appelle /pineam coronam , & S. Matth. (ch. xv. v. 29. ) aufh-bien que S. Jean (c4.xjx. v. 2.) la nom- ment corozam de fpinis, une couronne d’épines, Unus de circumftantibus, Marc, ch. xiv. ver. 47. un de ceux qui étoient là ; l’un des afliftans. Nous di {ons que les Romains ont été ainft appellés de Romulus ; & n’eft-ce pas dans le même fens que Virgile a dit : Romulus excipier gentem ; KRomanofque fuo de nomine dicet. |. Æneïd. v. 181. & au vers 371 du même li- vre, il dit que Didon acheta un terrein qui fut ap- pellé &yrfa , du nom d’un certain fait; faëéh de nomi- ne byrlam ; & encore au vers 18. du LIL. liv. Enée dit : Æneadajque meo nomen de nomine fingo. ducis de normine , ibid. ver. 166. 6c. de nihilo irafci ; Plaut. fe fâcher d’une bagatelle, de rien, pour rien. quer- cus de cælo taëtas. Virg, des chênes frappés de la fou- dre. de more ; Virg. felon l’ufage. de medio potare.die, Horace, dès midi; de tenero ungui, Horace, dès lenfance ; de induftriä, Teren. de deflein prémédi- té ; flrus de fjummo loco, Plaut, un enfant de bonne ART 725 iMaifon ; de meo , de tuo , Plaut. dé mon bien , À mes dépens ; j'ai acheté une maïfon de Craflus , domum ex de Craffo ; Cic. fam. Liv. V. Ep. vj. & pro Flac: CO, C. xx, fundum mmercatus & de pupillo. 1 eft de la troupe , de grege 1llo eff; Ter. Adelp. LT. 17: 38. je lé tiens de lui, de Davo andivi; diminuer de l’amitié, aliquid de noftra conjunéfione imminutum ; Cie. V, liv, epiit.v. | 3. De fe prend auffi en Latin & én François pout peñdant ; de die, de noûle ; de jour , de nuit. 4. De pour couchant, at regard de ; ff res de amore meo fecunde effent ; fi les affaires de mon amour al: loient bien, Ter. Legati de pace, Céfar , de Bello Gall, 2, 3. des en: voyés touchant la paix, pour parler de paix ; de ar- gento fomnium ; Ter. adelp, IL. j. jo. à l'égard de lar: gent, néant ; de captivis commutandis ; pour l’échan- ge des prifonmers. 5- De, à caufe de, pour, 205 amas de fidiciné iffhac ; Ter, Eun. IL. ii. 4, vous m’aimez à caufe de cette mufcienne ; /œrus eff de amicé ; il eft gai à caufe de fa maîtrefle ; rapto de fratre dolentis ; Horace, I. ep: xjv. 7. inconfolable de la mort de fon frere ; accufa- re, arguere de ; acculer , reprendre de, 6. Enfin cette prépoñtion fert à former des façons de parler adverbiales ; de ntegro , denouveau. Cic. Virg. de induftria ; Teren.de propos délibéré , à def {ein. Si nous pañlions aux auteurs de la bañle latinité, nous trouverions encore un plus grand nombre d’e- xemples : de cœtis Deus, Dieu des ciéux; parus de lan& , un drap , une étoffe de laine. Aïnfi l’ufage que les Latins ont fait de cette pré: pofition à donné lieu à celui que nous en faïfons. Les autorités que je viens de rapporter doivent fuf- fire, ce me femble , pour détruire le préjugé répan- du dans toutes nos grammaires ; que notre de eft la marque du génitif : mais encore un coup, puifqu’en Latin semplum de marmore, jannus de lana , de w’eft qu'une prépoñtion avec fon complément à l’ablatif, pourquoi ce même de pañlant dans la langue Fran- çoïfe avec un pareil complément , fe trouveroit-1l transformé en particule , & pourquoi ce complé- ment, qui eft à l’ablatif en Latin, fe trouveroit-il au génitif en François ? Il n’y eft ni au génitif ni à lablatif; nous n’avons point de cas proprement dit en François ; nous né fafons que nommer: & à l'égard des rapports ou vües différentes fous lefquels nous confidérons les mots, nous marquons ces vües,ou par la place du mot, ou par le fecours de quelque prépofñition. * La prépofition de eit employée le plus fouvent à la qualification & à la détermination ; c’eft-à-dire , qu’elle fert à mettre en rapport le mot qui qualifie, avec celui qui eft qualifié : #r palais de roi, un cou- rage de heros. | Loriqu'il n’y a que la fimple prépoñition &e, fans Particle , la prépofition & fon complément font pris adjettivement ; wn palais de roi, et équivalent à #7 palais royal ; une valeur de héros , équivaut à wre va- leur héroïque ; c’eft un fens fpécifique , ou de foræ : mais quand 1l y a un fens individuel ou perfonnel, foit univerfel, foit fingulier, c’eft-à-dire, quand on veut parler de tous les rois perfonnellement , com- me fi l’on difoit lenrérés des rois | ou de quelque roi particulier, Z4 gloire du roi, la valeur du héros que J'aime , alors on ajoûte l’article à la prépofition ; car des rois , C’eft de Les rois; & du héros, c’eft de Le hé. ro. | À l'égard de notre 4, il vient le plus fouvent de la prépoñition Latine 44, dont les Italiens fe fervent encore aujourd’hui devantune voyelle : ad #omo d'in telleëo , à un homme d’efprit ; ad uno ad uno , un à un; (S, Luc, ch, 7x, v, 13. ) pour dire que Jefus- 726 ART Chrift dit À fes difciples, &-c. fe fert de la prépoñ: tion ad , ait ad illos, Les Latins difoient également loqui alicui, & loqui ad aliquem , parler à quelqu'un; affèrre aliquid alicui, où ad aliquem , apporter quel- que chofe à quelqu'un ; &c. Si de cès deux manieres de s'exprimer nous avons choifi celle qui s’énonce par la prépofition , c’eft que nous n’avons point de datif. 1°, Les Latins difoient aufli pertinere ad ; nous di- fons de même avec la prépoñtion appartenir a. 2°. Notre prépofition 4 vient aufli quelquefois de la prépofition Latine 4 ou ab ; auferre aliquid alicui ou ab aliquo., ôter quelque chofe à quelqu'un : on dit aufñ, eripere alignid alicui ou ab aliquo ; petere veniam a Deo , demander pardon à Dieu. Tout ce que dit M. l'abbé Regnier pour faire voir que nous avons des datifs:, me paroït bien mal aflor- ti avec tant d’obfervations judicieufes qui font ré- pandues dans fa Grammaire. Selon ce célebre aca- démicien ( p. 238.) quand on dit voila un chien qui s’eff donné a mot, a mot eft au datif : maïs f l’on dit un chien qui s’eff «donné a moi, cet 4 moi ne fera plus alors un datif ; c’eft, dit-1l, la prépofñition Latine 44. J’avoue que je ne faurois reconnoitre la prépofñition Latine dans donné a, fans la voir aufi dans donné a, & que dans l’une & dans l’autre de ces phrafes les deux 4 me paroïflent de même efpece, & avoir la même origine. En un mot, puifque ad aliquem, ou ab aliquo ne font point des datifs en Latin, je ne vois pas pourquoi 4 quelqu'un poutrroit être un datif en François. Je regarde donc de & 4 comme de fimples prépo: fitions, aufli bien que par, pour , avec, &c. les unes & les autres fervent à faire connoître en François les rapports particuliers que Pufage les a chargés de mar- quer , fauf à la langue Latine à exprimer autrement ces mêmes rapports. À l'égard de /e, la, les, je n’en fais pas une clafle particuhere de mots fous le nom d’arzicle ; je les pla- ‘ ce avec les adje&ifs prépoñitifs, qui ne fe mettent jamais que devant leurs fubftantifs | & qui ont cha- cun un fervice qui leur eft propre. On pourroit les appeller préroms. Comme la fociété civile ne fauroit employer trop . de moyens pour faire naître dans le cœur des hom- mes des fentimens, qui d’une part les portent à évi- ter le mal qui eft contraire à cette fociété, & de l’au- tre les engagent à pratiquer le bien, qui fert à la maintenir & à larendre florifflante ; de même l’art de la parole ne fauroit nous donner trop de fecours pour nous faire éviter l'obfcurité & l’amphibologie , ni inventer un aflez grand nombre de mots, pour énon- cer non feulement les diverfes idées que nous avons dans l’efprit, mais encore pour exprimer les différen- tes faces fous lefquelles nous confidérons les objets de ces idées. - Pelle eft la deftination des prénoms ou adje@ifs métaphyfiques, qui marquent, non des qualités phy- fiques des objets , mais feulement des points de vies de lefprit , ou des faces différentes fous lefquelles l’efprit confidere le même mot ; tels font our, cha- que, nul, aucun, quelque, certain, dans le fens de qui- dam, un, ce; cet, cette , ces, Le , la, les, auxquels on peut joindre encore les adjeétifs poffeffifs tirés des pronoms perfonnels ; tels font 707, m4, mes, &cles noms de nombre cardinal , z , deux; srois, &re. Ainf je mets /e, la, les au rang de cesipronoms ou adjectifs métaphyfiques. Pourquoi les ôter de la clafle de ces autres adje6uifs? Ils font adje@ifs, puifqu'ilsmodifient leur fubftan- tif, & qu'ils le font prendre dansune acception par: ticuliere, individuelle; & perfonnelle. Ce font des adjeétifs métaphyfiques, puifqu'ils marquent, non des qualités phyfiques, mais une fimple vüe parti- culiere de l’efprit, ART Prefque tous nos Grammairiens ( Regnier , p.247, Reftaut , p. 6 4. ) nous difent que Ze, la, les, fervent à faire connoitre le genre des noms , comme fi c’étoit là une propriété qui füt particuliere à ces petits mots. Quand on a un adjeétif à joindre à un nom , on donne à cet adje@if, ou la terminaïfon mafculine ,ou la féminine. Selon ce que l’ufage nous en a appnis, fi nous difons Ze foleil plütôt que /4 foleil , comme - les Allemands, c’eft que nous favons qu’en François foleil eft du genre mafculin, c’eft-à-dire, qu'il eft dans la clafle des noms de chofes inanimées auxquels l'ufage à confacré la terminaifon des adje&tifs déjà deftinée aux noms des mâles, quand il s’agit des ani- maux. Ainfi lorfque nous parlons du foleil, nous di- fons Le foleil , plütôt que 4 , par la même raïfon que nous dirions beau foleil, brillant foleil, plûtôt que belle ou brillante. Âu refte, quelques Grammairiens mettent Æ, la, les au rang des pronoms : mais fi le pronom eft un mot qui fe mette à la place du nom dont il rappelle l’idée , 2, la, les,ne feront pronoms que lorfqu’ils fe- ront cette fonétion : alors ces mots vont tous feuls & ne fe trouvent point avec le nom qu'ils repréfentent. La vertu ef aimable ; aimez-la. Le premier /a eft ad- jeétif métaphyfique ; ou comme on dit article, il pré- cede fon fubitantif vertu; il perfonifie la versu; 11 la fait regarder comme un individu métaphyfique : mais le fecond la qui eft après aimez , rappelle la vertu, & c’eft pour cela qu'il eft pronom, & qu'il va tout feul; alors /a vient de 2//am, elle. C’eft la différence du fervice on emploi des mots , &t non la différence matérielle du fon , qui les fait placer en différentes clafles : c’eft ainfi que Pinfinitif des verbes eft fouvent nom , 4e boire, le manger. Mais fans quitter nos mots, ce même fon /4 n’eft-1l pas aufli quelquefois un adverbe qui répond aux ad- . verbes latins 2h: , he, ifléc, illäc il demeure là , il va là ? 6e, N’eft-il pas encore un nom fubftantif quand il fignifie une note de mufique ? Enfin n’eft-l pas auf une particule explétive qui fert à l’énergie ? ce jeune homme-la, cette femme-la, 8cc. À Pégard de ur , une, dans le fens de quelque ow certain , en Latin gzidam , c’eft encore un adjectif pré- pofitif qui défigne un individu particulier , tiré d’une efpece, mais fans déterminer fingulierement queleft cet individu , fi c’eft Pierre ou Paul. Ce mot nous vient aufli du Latin , quis ef? is homo , unus ne amator ? ( Plaut. Truc. I, y. 32.) quel eft cet homme, eft-ce Là un amoureux ? hic ef? unus fervus violentiffimus ,(Plaut. ibid. IT, 1. 39.) c’eft un efclave emporté ; ficuf unus paterfamilias ; ( Cic. de orat, I. 29. ) comme un pere de famille. Qui variare cupit-rem prodigialiter unam , ( Hor. art, poet, y. 29. ) celui qui croit embellir un lujet, ram rem, en y faifant entrer du merveilleux. Forte unam adfpicio adolefcentulam ; (Ver. And. ait. I. JG. I: v. 91.) j'apperçois par hafard une jeune fille. Donat qui a commenté Térence dans le’tems que la langue latine étoit encore une langue vivante, dit fur ce paflage queT'érence a parlé felon l’ufage; & que s’il a dit #nam , une , au lieu de qguamdam, certaine , c’eft quéttelle étoit,dit-1l, & que telle eftencore la maniere de parler. Ex confuetudine dicitunam ,ut dicimus ,unus eff adoleftens : unam ergo r& iMiwricu® dixit, vel unar pro quamdam. Ainfi ce mot n’eft en François que ce qu'il étoit en Latin. E4 Grammaire générale de P. R. pag. 33. dit que un eft article indéfini. Ce mot ne me paroït pas plus article indéfini que tour , article univerfel, ou ce, certe, ces ; articles définis. L'auteur ajoûte, qu’o7 crois d’or. dinaire que un n'a point de pluriel ; qu’il eff vrai qu'il n’en a point qui foir formé de lui-même : ( on dit pour- tant, les wns, .quelques-wrs ; & les Latins ont dit au pluriel, #zi, une , &c. Ex unis geminas mihi confieret ruptias, (Ter, And, aë, IV, Je, I, v, 51.) Aderit una ART in unis ædibus. (Ter. Eu. aët, IL. fe. üy.v. 33.) êc fe- lon Me Dacier , af, IL. fe. iv. v. 74.) Mais revenons à la Grammaire générale. Je dis, pourfuit l’auteur, queûn a un pluriel pris d'un autremot, qui ef} des ; avant les fubflantifs , des animaux ; 6 dé , quand l'adjectif précede, de beaux lits. De un pluriel ! cela eft nouveau. Nous avons déjà obfervé que des eft pour de les, &c que de eft une prépofition , qui par conféquent fup- pofe un mot exprimé ou foufentendu,avec lequel elle puifle mettre fon complément en rapport : qu'ainfi 1l y a ellipfe dans ces façons de parler ; & l’analogie s’oppofe à ce que des ou de foient Le nominatif plu- riel d’4r ou d’une, L'auteur de cette Grammaire générale me paroït bien au-deffous de fa réputation quand il parle de ce mot des à la page 55: il dit que cette particule eft quelquefois nominatif ; quelquefois accufatif, ou gé- nitif, ou datif, ou enfin ablatif de l’article #r. Il ne lui manque donc que de marquer le vocatif pour être la particule de tous les cas. N’eft-ce pas 1à indiquer bien nettement l’ufage que l’on doit faire de cette prépoñtion à Ce qu'il y a de plus furprenant encore , c’eft que cet auteur foûtient, page ÿ$ , gue comme on dit au da- af fengulier à un, & au datif pluriel à des, on devroit dire au géninif pluriel de des ; puifque des eff, dit-il , Le pluriel d’un : que ft on ne la pas fair, c’eff, pourfuit-l, par une raifon qui fait la plépart des irrégularités des lan- gues, qui eff la cacophonie ; ainft, dit-il, {elon la parole d’un ancien , ëmpetratum ef? a ratione nt peccare Juavita- tis caufa licerer ; &t cette remarque a été adoptée par M. Reftaut, p. 73.6 75. Au refte , Cicéron dit, (Orator, n. XLVIT.) que impetratum eff a confuctudine , & non d ration, ut pec- care fuaviratis carfé liceret : mais foit qu'on life 4 con- fetudine, ayec Cicéron, ou 4 ratione, felon la Gram- maire générale , il ne faut pas croire que les pieux fo- itaires de P. R. ayent voulu étendre cette permiffion, au-delà de la Grammaire. | Mais revenons à notre fujet. Si l’on veut bien faire attention que des eft pour de les ; que quand on dit 4 des hommes , c’eft 4 de les hommes ; que de ne fauroit alors déterminer 4, qu’ainfi il y a ellipfe 4 des hom- mes,c’eft-à-dire à quelques-uns de les hommes ,quibufdam ex horminibus: qu’au contraire, quand on dit /e Sau- veur des hommes, la conftru@ion eit toute fimple ; on dit au fingulier, Ze Sauveur de l’homme, & au pluriel, le Sauveur de les hommes ; il n’y a de différence que deve à les, 8 non à la prépofñtion. Il feroit inutile &r, ridicule de la répéter ; ileneft de des comme de aux, l’un eft de Les, & l’autre 4 es : or comme lorfque le {ens n’eft pas partitif, on dit aux hommes {ans el- lipfe , on dit aufli des hommes ; dans le même fens gé- néral , l'ignorance des hommes, la vanité des hommes. . Ainfi regardons 19. Ze, /a, les, comme de fimples adjectifs indicatifs & métaphyfiques , aufli-bien que ce, cet, cette, ur, quelque, certain, &C. 2°, Confidérons de comme une prépofñtion, qui -ainfi que par, pour ,en , avec, fans , &tc. fert à tour- ner l’efprit vers deux objets, & à faire appercevoir 1e rapport que l’on veutindiquer entre l’un & l’autre. 3°. Enfin décompofons ax , aux, du , des, faifant attention à la deftination & à la nature de chacun des mots décompofés , & tout fe trouvera applani. Mais avant que de pafler à un plus grand détail touchant l'emploi & l'ufage de ces adjeifs, je crois qu’il ne fera pas inutile de nous arrêter un moment aux réflexions fuivantes : elles patoîtront d’abord étrangeres à notre fujet ; mais j’ofe me flatter, qu’on reconnoiîtra dans la fuite qu’elles étoient néceflaires. Il n’y a en ce monde que des êtres réels , que nous ne connoïflons que par les impreflions qu'ils font fur les organes de nos fens, ou par des réflexions qui fuppofent toüjours des impreflions fenfibles, ART ÿ27 Ceux de ces êtres qui font féparés des autres, font chacun un enfemble, un tout particulier par la lai fon, la.continuité , le rapport & la dépendance de leurs parties. | Quand une fois les impreflions que ces divers ob- jets ont faites fur nos fens , ont été portées jufqu’au cerveau , & qu’elles y ont laïflé des traces, nous pou- vons alors nous rappeller l’image ou l’idée de ces ob- jets particuliers, même de ceux qui font éloignés dé nous, & nous pouvons par le moyen de leurs noms, s'ils en ont un, faire connoître aux autres hommes, que c’eft à tel objet que nous penfons plûtôt qu’à tel autre. Il paroïit donc que chaque être fingulier devroit avoir fon nom propre, comme dans chaque famille chaque perfonne a le fien : mais cela n’a pas été pof- fible à caufe de la multitude innombrable de ces êtres particuliers, de leurs propriétés &c de leurs rapports. D'ailleurs comment apprendre & retenir tant de noms ? | Qu'a-t-on donc fait pour y fuppléer ? Je l’ai ap- puis en me rappelant ce qui s’eft pañlé à ce fujet par rapport à mor. Dans les premieres années de ma vie, avant que les organes de mon cerveau euffent acquis un certain degré de confiftance , &c que j'eufle fait une certaine provifon de connoïffances particulieres , les noms que J’entendois donner aux objets qui fe préfentoient à moi, je les prenois comme j'ai pris dans la fuite les noms propres. Cet animal à quatre pattes qui venoit badiner avec moi, je l’entendois appeller chier. Je croyois par fen- timent & fans autre examen , car alors je n’en étois pas capable, que chien étoit le nom qui fervoit à le diftinguer des autres objets que j’entendois nommer autrement. Bientôt un animal fait comme ce chien, vint dans la maïfon , &je l’entendis auffi appeller chiez ; c’eff, me dit-on , Ze chien de notre voifin. Après cela j'en vis encore bien d’autres pareils , auxquels on donnoit aufli le même nom, à caufe qu'ils étoient faits à peu près de la même maniere ; & j'obfervai qu'outre Le nom de chez qu’on leur donnoit à tous, on les appelloit encore chacun d’un nom particulier : celui de notre maïfon s’appelloit Meédor ; celui de no- tre voifin, Marquis ; un autre, Diamant, 8e. Ce que j'avois remarqué à l’egard des chiens, je l’obfervai aufhi peu à peu à l'égard d’un grand nom- bre d’autres êtres. Je vis un moineau , enfuite d’au- tres moineaux ; un cheval, puis d’autres chevaux ; une table, puis d’autres tables ; un livre, enfuite des livres, 6c. Les idées que ces différens noms excitoient dans moncerveau, étant une fois déterminées , je vis bien que je pouvois donner à Médor & à Marquis le nom de chier ; mais que je ne pouvois pas leur donner le nom de cheval, ni celui de moëireau, m celui de sable, ou quelqu’autre : en effet, le nom de chez réveilloit dans mon efprit l’image de chien, qui eft différente de celle de cheval, de celle de moineau, 6c. . Médor avoit donc déjà deux noms, celui de Médor qui le diftingue de tous les autres chiens, & celui de chien qui le mettoit dans une clafle particuliere , dif- férente de celle de cheval , de moineau, de table, 6c. Mais un jour on dit devant moi que Médor étoit un joli animal ; que le cheval d’un de nos amis étoit un bel animal ; que mon moineau étoit un petit animal bien privé & bien aimable : 8 ce mot d’azmal je ne Jai jamais où1 dire d’une table , ni d’un arbre, ni d’une pierre , ni enfin de tout ce qui ne marche pas, ne fent pas , & qui n’a point les qualités communes & particulieres à tout ce qu’on appelle azirmal. Médor eut donc alors trois noms, Médor, chien , animal, 728 XRT On m'apprit dans la füite la différence qu'il ÿ à œntre ces trois fortes de noms ; ce qu'il eft important d’obferver & de bien comprendre, par rapport au fujet principal dont nous avons à parler. \ 19. Le nom propre, c'eft le nomqui n’eft dit que dun être particulier, du moins dans la fphere où cet être {e trouve; ainf Louis, Marie, {ont des noms pro- pres, qui, dans les lieux où l’on en:connoït la defti- nation, ne défignent que telle ou telle perfonne , & non une forte ou efpece de perfonnes. | Les objets particuliers auxquels on donne ces for- tes-de noms font appellés des zzdividus, c’eft-à-dire, que chacun d’eux ne fauroit être divifé en un autre lui-même fans ceffer d’être ce qu'il eft; ce diamant, fivous le divifez , ne fera plus ce diamant ; l’idée qui le repréfente ne vous offre que lui & n’en renferme pas d’autres qui lui foient fubordonnés, de la même maniere que Médor eft fubordonné à chien, &t chien à animal, 2°. Les noms d’efpecés, cé font des noms qi con- viennent à tous les individus qui ont entr’eux cer- taines qualités communes; ainf chier eft un nom d’ef- pece, parce qu'il convient à tous les chiens particu- liers, dont chacun eft un individu, femblable en cer- tains points eflentiels à tous les autres individus, qui, à caufe de cette reNemblance, font dits être de mê- me efpece & ont entr’eux un nom commun, chez. 3°. Il y a une troifieme forte de noms qu'il a plû aux maîtres de l’art d’appeller zo/1s de genre , c’et- à-dire, noms plus généraux, plus étendus encore que les fimples noms d’efpece ; ce font ceux qui font communs à chaque individu de toutes les éfpeces fubordonnées à ce genre ; par exemple, azimal fe dit du chien , du cheval, du lion, du cerf, & de tous les individus particuliers qui vivent, qui peuvent fe tranfporter par eux-mêmes d’un lieu en un autre, qui ont des organes, dont la liaifon & les rapports forment un enfemble. Ainfi l’on dit ce chien eft un animal bien attaché à fon maître, ce lion eft un #z:- ral féroce , 6c. Animal eft donc un nom de genre, puifqu’il eft commun à chaque individu de toutes Les différentes efpeces d'animaux, Mais ne pourrai-je pas dire que l’arimal eft un érre, une /ubflance , c’eft-à-dire une chofe qui exifte ? Oui fans doute, tout animal eft un être. Et que deviendra alors le nom d’arimal, fera-t-1l encore un nom de genre? Il fera toûjours un nom de genre par rapport aux différentes efpeces d'animaux, puifque chaque individu de chacune de ces efpeces n’en fera pas moins appellé arimal, Mais en même tems azimal{era un nom d’efpece fubordonnée à érre, qui eft le genre fuprème; car dans l’ordre métaphyfique, (& 1l ne s’agit ici que de cet ordre-là) ére fe dit de tout ce qui exifte & de tout ce que l’on peut confidérer comme exiftant, & n’eft fubordonné à aucune clafle fupe- rieure. Ainfi on dira fort bien qu'il y a différentes ef- peces d’érres corporels : premierement les animaux, & voilà arimal devenu nom d’efpece : en fecond lieu il y a les corps infenfibles & inamimés, & voilà une autre efpece de Pérre. Remarquez que les efpeces fubordonnées à leur genre, font diftinguées les unes des autres par quel- que propriété eflentielle ; ainfi l’efpece humaine eft diftinguée de l’efpece des brutes par la raïfon & par la conformation ; les plumes & les aîles diftinguent les oïfeaux des autres animaux , 6e, Chaque efpece a donc un caraëtere propre qui la diftingue d’une autre efpece, comme chaque indivi- du a fon fuppôt particulier incommunicable à tout autre. Ce carattere diftin@if, ce motif, cette rafon qui nous a donné lieu de nous former ces divers noms d’efpece, eft ce qu'on appelle la difference. On peut remonter de l'individu jufqu’au genre fu- ART pième, Medor, chien, animal , étre ; c'efklà méthode _ par laquelle la nature nous inftruit; car elle ne nous montre d’abord que des êtres particuliers. Mais lorfque par l’ufage de la vie on a acquistüune fufifante provifion d'idées particulieres, & que ces idées nous ont donné lieu d’en former d’abftraites & de générales , alors comme l’on s’entend foi-même, on peut fe faire un ordre felon lequel on defcend du plus général au moins général, fuivant les différen- ces que l’on obferve dans les divers individus com- pris dans les idées générales. Ainf en commençant par lPidée générale de l’être ou de la fubftance, j’ob- ferve que je puis dire de chaque être particulier qu’il exifte : énfuite les différentes manieres d’exifter de ces êtres, leurs différentes propriétés , me donnent lieu de placer au-deffous de l’être autant de claffes ow efpeces différentes que j’obferve de propriétés com: munes feulement entre certains objets, & quine fe trouvent point dans les autres : par exemple, entre les êtres jen vois qui vivent , qui ont des fenfations, Gc. j'en fais une clafle particuliere que je place d’un côté fous être & que j'appelle arimaux ; & de l’autre côté je place les êtres 2zanimés ; en forte que ce mot étre ou fubftance-eft comme le chef d’un arbre généa- logique dont animaux & êtres inanimés {ont comme les defcendans placés au-deflous, les uns à droite & les autres à gauche. Enfuite fous azimaux je fais autant de claffes par- ticulieres, que j’ai obfervé de différences entre les animaux ; les uns marchent , les autres volent, d’au- tres rampent ; les uns vivent fur la terre & mour- roient dans l’eau ; les autres au contraire vivent dans l’eau & mourroient fur la terre. J'en fais autant à l'égard des êtres inanimés ; je fais une clafle des végétaux ; une autre des minéraux ;' chacune de ces clafles en a d’autres fous elle , on les RE à appelle les efpeces inférieures, dont enfin les dernieres ne comprennent plus que leurs individus, & n’ont . point d’autres efpeces fous elles, Mais rèmarquez bien que tous ces zoms, genre ; efpece , différence , ne font que des termes métaphyr- : ques , tels que les noms abftraits humanité, bonté, & une infinité d’autres qui ne marquent que des confi- dérations particulieres de notre efprit, fans qu'il y ait hors de nous d’objet réel qui foit ou efpece ou genre ou humanité, &Tc. 1 | L’ufage où nous fommes tous les jours de donner des noms aux objets des idées qui nous repréfentent des êtres réels, nous a porté à en donner aufli par imitation aux objets métaphyfiques des idées abftrai- tes dont nous avons connoïflance : ainfi nous en par- lons comme nous faifons des objets réels ; en forte "que l’ordre métaphyfique a auf fes noms d’efpeces & fes noms d'individus : cerse vérité, cette vertu, ce vice, voilà des mots pris par imitation dans un fens individuel. L’imagination, l’idée, le vice, la vertu, la vie, la mort, la maladie, la fanté, la fievre, la peur, le courage, la force, l'être, le néant , la privation , &tc. ce font-là en- core des noms d'individus métaphyfiques , c’eft-à- dire, qu'il n’y a point hors de notre efprit un objet réel qui foit Le vice, La mort, la maladie, la Janté, le peur, &c. cependant nous en parlons par imitation & par analogie, comme nous parlons des individus phyfiques. À C’eft le befoin de faire connoître aux autres Îles objets finguliers de nos idées , & certaines yües ou manieres particulieres de confidérer ces objets , foit réels , foit abitraits ou méthaphyfiques ; e’eft ce be- foin , dis-je , qui , au défaut des noms propres pour chaque idée particuliere, nous a donné lieu d’in- 2? . venter , d’un côté les noms d’efpece , & de l’autre les adjetifs prépoñitifs, qui en font des applications individuelles. Les objets particuliers dont nous ne ons ions parler, & qui n’ont pas de noms propres, fe trouvent confondus avec tous les autres individus de leur efpece. Le nom de cette efpece leur convient également à tous : chacun de ces êtres innombrables qui nagent dans la vafte mer , eft également appellé poiffon: ainf le nom d’epece tout feul, & par lui- même , n’a qu'une valeur indéfinie, c’eft-à-dire , une valeur applicable qui n’eft adaptée à aucun objet particulier ; comme quand on dit vrai, bon , beau, fans joindre ces adjeétifs à quelque être réel où à quelque être métaphyfique. Ce font les prénoms qui, de concert avec les autres mots de la phrafe , tirent l’objet particulier dont on parle , de l’indétermina- tion du nom d’efpece, & en font ainfi une forte de nom propre. Par exemple , fi l’aftre qui nous éclaire w’avoit pas fon nom propre fo/eil , & que nous euf- fions à en parler, nous prendrions d’abord le nom d’efpece affre; enfuite nous nous fervirions du pré- poftif qui conviendroit pour faire connoitre que nous ne voulons parler que d’un individu de l’efpece d’affre ; ainfi nous dirions ces aflre | ou l’affre, apres quoi nous aurions recours aux mots qui nous paroi- troient les plus propres à déterminer fingulierement cet individu d’affre ; nous dirions donc ces affre qui nous éclaire ; l’affre pere du jour ; l’ame de la nature, &tc. Autre exemple : livre eft un nom d’efpece dont la valeur n’eft point appliquée : mais fi je dis , #07 L- re, ce divre , le livre que je viens d’acheter , liber ille, on conçoit d’abord par les prénoms ou prépofitifs , mon, ce, le, & enfuite par les adjoints ou mots ajoû- tés , que je parle d’un tel livre , d’un tel individu de Tefpece de livre. Obfervez que lorfque nous avons à appliquer quelque qualification à des individus d’une efpece ; où nous voulons faire cette applica- tion 1° à tous les individus de cette efpece ; 2° ou feulement à quelques-uns que nous ne voulons , ou ue nous ne pouvons pas déterminer ; 3°. ou enfin à un feul que nous voulons faire connoître finguliere- ment. Ce font ces trois fortes de vües de lefprit que les Logiciens appellent l’éendue de la prépofition. Tout difcours eff compofé de divers fens particu- liers énoncés par des aflemblages de mots qui for- ment des propofitions, & les propofitions font des pé- riodes: or toute propofition a 1°. ou une étendue uni- verfelle ; c’eft le premier cas dont nous avons parlé : 20, ou une étendue particuliere ; c’eft le fecond cas: ‘3°. ou enfin une étendue finguliere , c’eft le dernier cas. 1°, Si celui qui parle donne un fens univerfel au {ujet de fa propoñition, c’eft-à-dire , s’il applique quelque qualificatif à tous les individus d’une efpece, alors l’étendue de la propoñition eft univerfekte , ou, ce qui eft la même chofe , la propofition eft univet- {elle : 2°. fi l'individu dont on parle, n’eft pas déter- _mminé expreflément , alors on dit que la propoñtion eft particuliere ; elle n’a qu’une étendue particulie- re, c’eft-à-dire , que ce qu’on dit, n’eft dit que d’un fujet qui n’eft pas défigné expreflément : 3°. enfin les propofitions font finguhieres lorfque le fujet, c’eft- à-dire , [a perfonne ou la chofe dont on parle , dont on juge, eft un individu fingulier déterminé ; alors l'attribut de la propoñtion , c’eft-à-dire , ce qu’on juge du fujet n’a qu'une étendue finguliere , ou, ce qui eft la même chofe ; ne doit s’entendre que de ce ujet : Louis XV. a triomphé de fes ennemis ; le foleil eff levé. l | Dans chacun de ces trois cas , notre langue nous ‘fournit un prénom deftiné à chacune de ces vüûes par- ticulieres de notre efprit : voyons donc l’effet propre ou le fervice particulier de ces prénoms. | ‘Lo. Tout homme'eff animal ; chaque homme eff animal: ‘voilà chaque individu de Pefpece humaine qualifié “par animal, qui alors fe prend adjeétivement ; car out homme ef animal , c’eft à-dire, out homme vé- gere, efl ir : Je meut, a des fenfations , en un mot ome E, ART 729 tout homrüe à les qualités qui diftinguent l'animal dé l'être irfenfible; ainfi cour étant le prépoñitif d’un nom appellatif, donne à ce nom une extenfion univerfel: le, c'eft-à-dire , que ce que l’on dit alors du nom ; par exemple d'homme, eft cenfé dit de chaque indi- vidu de l’efpece , ainf la propoñtion eft univerfelle, Nous comptons parmi Les individus d’une efpece tous les objets qui nous paroiflent conformes à l’idée exemplaire que nous avons acquife de l’efpece par l’ufage de la vie : cette idée exemplaire n’eft qu’une affection intérieure que notre cerveau a reçûe par # s ; a J'impreffion qu’un objet extérieur a faite en nous la prenuere fois qu’il a été apperçû , & dont il eft refté des traces dans le cerveau. Lorfque dans la fuite de la vie , nous venons à appercevoir d’autres objets , fi nous fentons que l’un de ces nouveaux objets nous atteéte de la mème maniere dont nous nous reflou- venons qu'un autre nous a affeétés , nous difons que cet objet nouveau eft de même efpece que tel an- cien : s'il nous affeéte différemment , nous le rappor: tons à l’efpece à laquelle il nous paroît convenir ; c'eft-à-dire ; que notre imagination le place dans la clafle de tes femblables ; ce n’eft done que le fouve: nir d’un fentiment pareil qui nous fait rapporter tel objet à telle efpece : le nom d’une eéfpece eft lé nom du point de réunion auquel nous rapportons les di vers objets particuliers qui ont excité en nous une affefhion ou fenfation pareille. L'animal que je viens de voir à la foire a rappellé en moi les impreffions qu'un on y fit l’année pañlée ; ainfi je dis que ces artmal ef} un lion ; fi c’étoit pour la premiere fois que je vifle un Zo7 , mon cerveau s’enrichiroit d’une nouvelle idée exemplaire : en un mot , quand je dis tout homme eft mortel, c’eft autant que fi je ditois Æ/es xandre étoit mortel ; Céfar étoit mortel ; Philippe eft mor. tel, & ainfi de chaque individu pañlé , préfent & à venir, & même poffible de l’efpece humaine ; & voilà le véritable fondement du fyllogifme : mais ne nous écartons point de notre fujet. Remarquez ces trois façons dé parler, our homme ef? ignorant, tous les hommes font ignorans , tout hom= me nef que foibleffe ; rout homme , c’eft-à-dire , cha- que individu de l’efpece humaine, quelque individu que ce puifle être de l’efpece humaine ; alors sour eft un pur adjeëtif. Tous les hommes font ignorans , c’eft , encore le même fens ; ces deux propofitions ne font différentes que par la forme : dans la premiere , sous veut dire chaque ; elle préfente la totalité diftributi- vement, c’eft-à-dire qu’elle prend en quelque forte les individus lun après l’autre , au lieu que sous Les hommes les préfente colle&tivement tous enfemble alors sous eft un prépoñtif deftiné à marquer l’uni- verfalité de les hommes ; sous a ici une forte de figni- fication adverbiale avec la forme adjeétive , c’eft ainfi que le participe tient du verbe & du nom ; sous, c’eft-à-dire wriverfellement , fans exception , ce qui eft fi vrai, qu’on peut féparer sous de {on fubftantif, & le joindre au verbe. Quinault, parlant des oifeaux » dit : En amour ils font tous Moins bêtes que nous. Et voilà pourquoi, en ces phrafes , l’article /es ne quitte point {on fubftantif, & ne fe met pas avant tous : tout l’homme , c’eft-à-dire l’homme ex enier, l’homme ertieremenr | l’homme confidéré comme un individu fpécifique. Nu/, aucun , donnent aufli une extenfion univerfelle à leur fubftantif , mais dans un fens négatif: #41 homme, aucun homme reft immortel, je nie l’immortalité de chaque individu de Pefpece humaine ; la propofition eft univerfelle ; Mais négas tive ; au lieu qu'avec tous, fans négation , la propos fition eft univerfelle affirmative. Dans les propofi= tions dont nous parlons , #44 & aucun étant adjecs L'L EX 730 ART tifs du fujet , doivent être accompagnés d’une néga- tion : xl homme reft exemt de la néceffité de mourir. Aucun philofophe de lantiquité n’a eu autant de con- noïffances de Phyfique qu'on en a aujourd’hui. Ile. Tout , chaque, nul, aucun, {ont donc la mar- que de la généralité on univerfalité des propoñitions : mais fouvent ces mots ne font pas exprimés, comme quand on dit : /es François font polis , les Italiens font politiques ; alors ces propofitions ne font que mora- lement univerfelles , de more, ut funt mores , c’eft-à- dire , felon ce qu’on voit communément parmi les hommes ; ces propoñtions {ont aufli appellées zzde- Jinies | parce que d’un côté, on ne peut pas aflürer qu’elles comprennent généralement , & fans excep- tion , tous les individus dont on parle ; 8 d’un autre côté , on ne peut pas dire non plus qu’elles excluent tel ou tel individu ; ainfi comme les individus com- pris & les individus exclus ne font pas précifément déterminés, & que ces propofitions ne doivent être entendues que du plus grand nombre, on dit qu’elles {ont indéfinies. TII°. Quelque , un, marquent aufi un individu de l’efpece dont on parle: mais ces prénoms ne défi- gnent pas fingulierement cet individu ; quelque hom- me eff riche, un favant m'efl venu voir : je parle d’un individu de l’efpece humaine ; mais je ne détermine pas fi cet individu eft Pierre ou Paul; c’eft ainfi qu’on dit rie certaine perfonne , un particulier ; &c alors par- siculier eft oppoié à général & à fingulier : il marque à la vérité un individu, mais un individu qui n’eft pas déterminé fingulierement ; ces propoñtions font appellées particulieres. Aucun fans négation, a aufi un fens particulier dans les vieux livres, & fignifie quelqu'un, quifpiam, zon nullus, non nemo. Ce mot eft encore en ufage en ce fens parmi Le peuple & dans le ftyle du Palais : aucuns foñtiennent , &c. quidam affirmant, &cc. ainfi aucune fois dans le vieux ftyle, veut dire quelquefois, de tes en tems, plerumque , interdum, non nunquam, On fert aufli aux propoñitions particulieres : oz #4 dit , c’eft-à-dire, quelqu'un m'a dit, un homme m'a dit ; car on vient de homme ; & c’eft par cette rafon que pour éviter le bäillement ou rencontre de deux voyelles, on dit fouvent lo, comme on dit l’homme, JE l'on. Dans plufieurs autres langues , le mot qui fi- gnifie homme , {e prend aufli en un fens indéfini com- me notre 02. De, des , qui font des prépofitions ex- traives , fervent aufhi à faire des prépoñtions par- ticulieres ; des Philofophes, ou d'anciens Philofophes ont cré qu'il y avoit des antipodes, c’eft-à-dire , quel- ques-uns des Philofophes , où un certain nombre d’an- ciens Philofophes , ou en vieux ftyle , aucuns Philo{o- phes. IV°. Ce marque un individu déterminé , qu’il pré- fente à l’imagination, ce Livre, cet homme , cette femme, cer enfant | &c. Vo. Le, la, les, indiquent que l’on parle 1°. ou d’un tel individu réel que l’on tire de fon efpece, comme quand on dit /e roi, la reine, le foleil, la lune ; 2°, où d’un individu métaphyfique 8 par imitation ou analogie ; la vérité, le menfonge ; l’'efprit, c’eft-à- dire le gèmie ; Le cœur, c’eft-à-dire la fenfibihité ; ?e- tendement, la volonté, la vie, la mort, la nature, le MOUVEMENT , le repos, l'étre en général , la fubffance, le néant | &cc. C’eft ainfi que l’on parle de l’efpece tirée du genre auquel elle eft fubordonnée, lorfqu'on la confidere par abftra@ion, & pour ainf dire en elle-même fous la forme d’un tout individuel & métaphyfique; par exemple ; quand on dit que parmi les animaux, l’hom- re feul ef? raifonnable , l’homme eft aun individu fpé- cifique. C’eft encore ainfñ, que fans parler d’aucun objet réel en particulier, on dit par abftra@tion, l’er efé Le plus précieux des métaux; le fer fe fond & fe forge; Le marbre fert d'ornement aux édifices ; le verre n'eff point malléable ; la pierre eft utile ; l'animal ef! mortel ; l'hom- me eft ignorant ; le cercle ef? rond ; le quarré eff une figure qui a quatre angles droits & quatre côtés égaux, êcc. Tous ces mots, Por, Le fer, le marbre , &cc. {ont pris dans un fens individuel, mais métaphyfique & fpé- cifique, c’eft-à-dire , que fous un nom fingulier ils comprennent tous les individus d’une efpece ; enforte que ces mots ne font proprement que les noms de l’idée exemplaire du point de réunion ou concept que nous avons dans l’efprit, de chacune de ces ef- peces d'êtres. Ce font ces individus métaphyfiques qui font l’objet des Mathématiques, Ze point , La li- gre, le cercle, le triangle, &tc. C’eft par une pareïlle opération de l’efpritque l’on perfonifie fi fouvent /a nature & l'art, Ces noms d'individus fpécifiques font fort en ufage dans Papologue, /eZoup 6 l'agneau , Phomme 6 le che- val, &c. on ne fait parler ni aucun loup ni aucun agneau particulier ; c’eft un individu fpécifique & métaphyfque qui parle avec un autre individu. Quelques Fabuliftes ont même perfonifié des êtres : abftraits ; nous avons une fable connue où l’auteur fait parler Ze jugement avec l'imagination, Il y a au- tant de fiétion à introduire de pareils interlocuteurs , que dans le refte de la fable. Ajoütons ici quelques obfervations à l’occafion de ces noms fpécifiques. 1°, Quand un nom d’efpece eft pris adjeétivement, iln’a pas befoin d’article ; sout homme eft animal ; hom- me eft pris fubftantivement ; c’eft un individu fpéci- fique qui a fon prépofitif sous; mais animal eft pris adjeétivement, comme nous l’avons déjà obfervé, Ainf il n’a pas plus de prépofitif que tout autre ad- je@tif n’en auroit ; & l’on dit ici arzmal, comme l’on diroit #ortel, ignorant , &c. C’eft ainfi que l’Ecriture dit que route chair ef? foin, omris caro fænum , Ifaie, ch. xl, y. G. c’eft-à-dire peu durable, périffable , corruptible , éc. & e’eft ainfi que nous difons d’un homme fans efprit , qu’il 4/2 béte, 2°. Le nom d’e/pece n’admet pas l’article lorfqu’il eft pris felon fa valeur indéfinie fans aucune exten- fion ni reftriion , ou application individuelle, c’eft- à-dire, qu’alors le nom eft confidéré indéfiniment comme Jorte ; comme e/pece, & non comme un indi- vidu fpécifique ; c’eft ce qui arrive fur-tont lorfque le nom d’efpece précédé d’une prépofition , forme un fens adverbial avec cette prépoñtion , comme quand on dit par jaloufie , avec prudence, en préfèn- ce | Gcc. Les oifeaux vivent fans contrainte, S’aimentfans feinte. C’eft.dans ce même fens indéfini que l’on dit aævoir peur, avoir honte, faire pitié, &c. Aïnfi on dira fans article : cheval, efl un nom d’efpece, homme, eflun nom d’efpece ; & l’on ne dira pas Ze cheval ef? un nom d’ef- pece, l’homme eff un nom d’efpece, parce que le pré- nom le marqueroit que l’on voudroit parler d’un in2 dividu , ou d’un nom confidéré individuellement. 3°. C’eft par la même raïfon que le nomd’ef- pece n’a point de prépofitif , lorfqu'avec le fecours de la prépofition & il ne fait que l'office de fimple qualificatif, d’efpece, c’eft-à-dire, lorfqu’il ne {ert qu'à défigner qu’un tel individu eft de telle éfpece: un montre d'or; une épée d'argent ; une table de marbre ÿ un homme de robe ; un marchand de vin ; un joueur de violon , de luth , de harpe, &c. une aïlion de clérnences une femme de vertu , &cc. | 4°. Maïs quand on perfonifie l’efpece, qu’on en parle comme d’un individu fpécifique , ou qu’il ne s’agit que d’un individu particulier tiré de la généralité de cètte même efpece , alors Le nom S 0 . - LA d’efpece étant confidéré individuellement, eft pré- tèdé d’un prénom : Ze peur trouble la raifon ; la per que j'ai de mal faire ; la crainte de vous importuner ; l'en- vie de bien faire ; l'arimal ef? plus parfait que l'être in- Jenfible : joïier du violon , du luth, de la harpe ; on re- garde alors Ze violon, le luth, la harpe, &c. comme tel inftrument particulier, & on n’a point d’individu à qualifier adjetivement, 4 a Aïnf on dira dans le fens qualificatif adjeétif, #n rayon d’efpérance , un rayon de gloire , un Jentiment d'a- mour ; au lieu que fi l’on perfonifie /4 gloire, d'a- #nour , &tc. on dira avec un prépoñitif, Un héros que la gloire éleve N'eft qu’à demi récompenfe ; Æfr c’ef peu, JE l'amour r'acheve Ce que la gloire a commencé. Quinault. Ët de même on dira j'ai acheté une tabariere d’or, & j'ai fait faireune tabatiere d’un or ou de l'or qui eff venu d'Efpagne : dans le premier exemple , d’or ef quahfcatif indéfini, ou plütôt c’eft un qualificatif pris adjeétivement ; au lieu que dans le fecond , de L'or ou d’un or , 1l s’agit d’un tel or, c’eft un qualifi- catif individuel , c’eft un individu de l’efpece de Vor. On dit d’un prince ou d’un miniftre qu’il a l'efprit de gouvernement ; de gouvernement eft un quahifcatif pris adjeétivement ; on veut dire ; que ce miniftre gouverneroit bien , dans quelque pays que ce puifle être où 1l feroit employé : au lieu que fi l’on difoit de ce miniftre qu'il a l’efprit du gouvernement | du gou- vernement feroit un qualificatif individuel de l’efprit de ce miniftre ; on le regarderoit comme propre fin- gulerement à la conduite des affaires du pays par- ticuher où on le met en œuvre. Il faut donc bien diftinguer le qualificatif fpécif- que adjeûif, du qualificatif individuel : ne fabatiere d’or, voilà un qualificatif adje@tif ; #76 rabatiere de Por que, &c. ou d’un or que, c’eft un qualificatif in- dividuel ; c’eft un individu de Pefpéce de lor. Mon efprit eft occupé de deux fubftantifs ; 1. de la taba- tiere , 2. de l’or particulier dont elle a été faite. Obfervez qu'il y a aufli des individus colle@ifs, ou plütôt des noms colleétifs, dont on parle comme fi c'étoit autant d'individus particuliers : c’eft ainfi que l’on dit, /e peuple, l’armée ; la nation, le parle- nent , BC. On confidere ces mots-là comme noms d’un tout, d’un enfemble, l’efprit les regarde par imitation com- me autant de noms d'individus réels qui ont plufieurs parties ; & c’eft par cette raifon que lorfque quel- qu’un de ces mots eft le fujet d’une propofition, les Logiciens difent que la propofñtion eft finguliere. On voit donc que Z annonce toüjours un objet confidéré individuellement par celui qui parle, foit au fingulier , la maifon de mon voifin ; foit au pluriel , Les maifons d'une telle ville font bäties de brique. Ce ajoute à lidee de Ze, en ce qu'il montre, pour ainf dire , l’objet à l’imagination , & fuppofe que cet objet eft déjà connu, ou qu’on en a parlé au- paravant. C’eft ainfi que Cicéron a dit : quid ef? enim hoc ipfum diu ? ( Orat. pro Marcello, ) qu'eft-ce en , effet que ce long-tems ? Dans le ftyle didaétique , ceux qui écrivent en Latin, lorfqu'ils veulent faire remarquer un mot, entant qu'il eft un tel mot, fe fervent , les uns de l’ar- _æicle Grec ro, les autres de /y : ro adhuc eff adverbium compofitum ( Peronius , ir fanët. Min. p. 576. ); ce mot adhuc eft un adverbe compote. Et l’auteur d’une logique, après avoir dit que Phormme feul eft raifonnable , homo tantim rationalis, ajoûte que /y tantäm reliqua entia excludit ; ce mot anim exclut tous les autres êtres. ( PAïlof. ration. auë, P. Franc. Caro è fom. ) Venet. 1665. Ce fut Pierre Lombard dans le onzieme fiecle, & Tor 1 À RT 731 S.. Thomas dans le douzieme , qui introduifirent lu: fage de ce y : leurs difciples les ont imités. Ce /y n'eft autre chofe que l’arsicle François 4 , qui étoit en ufage dans cès tems-là. inf fur li chatiaus de Gala- thas pris ; Li baron, & li dux de Venife ; li Wéniviens par mer, & li François par terre. Ville-Hardouin, Z. LIT. P: 53. On fait que Piérré Lombärd & S. Thomas ont fait leurs études , & fe font acquis une grande ré- püutation dans l’univerfité de Paris. | .… Ville-Hardouin & fes contemporains écrivoient Z, & quelquefois / , d'où on a fait /y , foit pour rem- phr la lettre, foit pour donner à ce mot un air fcien- tifique , & l’élever au-deflus du langage vulgaire de ces tems-là. Les Italiens ont confervé cet article au pluriel, & en ont fait aufli un adverbe qu fignifie /4 ; en forte que {y tantim , c’eft comme fi l'on difoit ce mor la LATZLILTIL, Notre ce & notre Z ont le même office indicatif que ro & que /y , mais ce avec plus d'énergie que 4. $°. Mon, ma, mes ; ton, ta tes ; fon fa, fès, &c. ne font que de fimples adje&tifs tirés des pronoms perfonnels ; ils marquent que leur fubftantif a un rapport de propriété avec la premiere, la feconde, ou la troifieme perfonne : mais de plus comme ils font eux-mêmes adjeétifs prépofitifs , & qu'ils indi- quent leurs fubftantifs , ils n’ont pas befoin d’être ac- compagnés de l’article Le ; que fi l’on dit Ze mien, Le tien, c'eit que ces mots font alors des pronoms fubf£ tantifs, On dit prôverbialement que 4 rien & Le tien font peres de la difcorde. . 6°. Les noms de nombre cardinal 4, deux , &c. font aufü l'office de prénoms ou adjeétifs prépoñitifs : dix foldats | cent écus. Mais fi l’adjeétif numérique & fon fubftantif font enfemble un tout , une forte d’individu colle@if, & que l’on veuille marquer que l’on confidere ce tout fous quelque vüe de l’efprit , autre encore que celle de nombre , alors le nom de nombre eft précédé de l’article ou prénom qui indiquent ce nouveau rap port. Le jour de la multiplication des pains , les Apô- tres dirent à J. C. Nous n'avons que cinq pains & deux poiffons (Luc, ch. ix. y. 23.) ; voilà cirq pains & deux poiffons dans un fens numérique abfolu : mais: en- fuite l'évangéhifte ajoûte que Jefus-Chrift prenant les cinq pains 6 les deux poiffons, les bénit , &c. voi- là Zes cinq pains & les deux poiffons dans un fens re- latif à ce qui précede ; ce font les cinq pains & les deux poiflons dont on avoit parlé d’abord. Cet exemple doit bien faire fentir que Ze, la, les ; ce, cet, cette, ces , ne font que des adjeétifs qui marquent le mouvement de l’efprit, qui fe tourne vers l’objet particulier de fon idée. Les prépofitifs défignent donc des individus déter- minés dans l’efprit de celui qui parle : mais lorfque cette premiere détermination n’eft pas aïifée à ap- percevoir par celui qui lit ou qui écoute , ce font les circonftances ou les mots qui fuivent, qui ajoûtent ce que l’arsicle ne fauroit faire entendre : par exem- ple, fije dis 7e viens de Verfailles , jy ai vé le Roi, les circonftances font connoître que je parle deno- . tre augufte monarque : mais fi je voulois faire en- tendre que j'y ai vü le roi de Pologne, je ferois obli- gé d’ajoûter de Pologne à Le roi: & de même fr en lifant l’hiftoire de quelque monarchie ancienne ow étrangere , Je voyois qu'en un tel tems Ze roi fir telle chofe, je comprendrois bien que ce feroit le roi du royaume dont il s’agiroit. Des noms propres. Les noms propres, rn’étant pas des noms d’efpecés , nos peres n’ont pas crù. avoir befoin de recourir à l’article pour en faire des noms d'individus, puifque par eux-mêmes ils ne font que cela. Ii en eft de même des êtres inanimés auxquels on Zz22 ji 732 ART adréfle la parole : on les voit ces êtres > puifqu’on léur parle; ils font préfens, au moins à Pimagina- tion : on n’a donc pas befoin d'article pour les tirer de la généralité de leur efpece, & en faire des indi- vidus. Coulez , ruiffean , coulez , f'uyex AOUS Hélas petits moutons, que vous êtes heureux ! Fille des pluifirs , trifle goutte... Deshoulkeres, Cependant quand on veut appéller un homme ou une femme du peuple qui pañle , on dit communé- ment, l’homme, la femme ; écoätez , la belle fille, la belle enfant | &e. je crois qu'alors il y a ellipfe ; écoé- Lez , vous qui êtes la belle fille, &tc. vous qui éres l'homme à qui je veux parler, &tc.C’eft ainfiqu'en La- tin, un adjeéhif qui paroît devoir fe rapporter à un vocatif, eft pourtant quelquefois au nominatif : nous difons fort bien en Latin , dit Sanétius , deffende me, amice mi , & deffende me, amicus meus , en {oufenten- dant sx qui es amicus meus ( San@. Min. L, II. €. v. ) Terence, ( Phorm. aët. 11, fc. 1. ) dit, 6 vir fortis ; atque amicus ; c'eft-à-dire , Ô quam tu es vir fortis, atque amicus ! ce que Donat trouve plus énergique que fi Térence avoit dit amice. M. Dacier traduit 0 le brave homme, & le bon ami! on foufentend que tu es. Mais revenons aux vrais noms propres. Les Grecs mettent fouvent l’article devant les noms propres , fur-tout dans les cas obliques , êc quand le nom ne commence pas la phrafe ; ce qu'on peut re- marquer dans l’énumération des ancètres de J. C. au premier chapitre de S. Matthieu. Cerufage des Grecs fait bien voir que l’article leur fervoit à marquer l’ac- tion de l’efprit qui fe tourne vers un objet. N importe que cet objet foit un nom propre ou un nom appel- latif ; pour nous, nous ne mettons pas l’arsicle , fur- tout devant les noms propres perfonnels : Pierre, Ma- rie , Alexandre, Céfar, &c. Voiciquelques remarques à ce fujet. | [. Si par figure on donne à un nom propre une fi- gnification de nom d’efpece, & qu’on applique en- fuite cette fignification, alors on aura befoin de l’ar- ticle. Par exemple, fi vous donnez au nom d’Æ/exan- dre la fignification de conquérant ou de héros , Vous di- rez que Charles XII. a été l’A/exandre de notre frecle ; c’eft ainfi qu'on dit , les Cicérons , les Demoffhenes, c’eft-à-dire les grands orateurs , tels que Cicéron & Démofthene ; les Vrrgiles, c’eft-à-dire les grands poëtes. M. l'abbé Gedoyn obferve ( differtarion des anciens 6 des modernes ,p. 9 4.) que cé fut environ vers le. fep- tieme frecle de Rome, que les Romains virent fleurir leurs premiers poètes, Névius , Accius, Pacuve & Lucilius , qui peuvent, dit-il, étre comparés, les uns a nos Defpor- tes , à nos Ronjards, & a nos Regriers ; les autres a nos Triflans | & à nos Rotrous; où vous voyez que fous ces noms propres prennent en ces occafions une s à la fin, parce qu'ils deviennent alors comme autant de noms appellatifs. Au refte, ces Defportes, ces Triflans, & ces Ro- trous, qui ont précédé nos Cornailles, nos Racines, &c. font bien voir que les Arts & les Sciencés ont, comme les plantes & les animaux, un premier âge, un tems d’accroïffement, un tems de confiftance, qui n’eft fuivi que trop fouvent de la vieillefle & de la décrépitude, avant-coureuts de la mort. Voyez l’é- tat où font aujourd’hui les Arts chez les Egyptiens & chez les Grecs : les pyramides d'Egypte & tant d’au- tres monumens admirables que lon tfouve dans, les pays les plus barbares , font une preuve bien fenf- ble de ces révolutions & de cette viciflitude. Dieu eft le nom du fouverain être : mais fi par rap- port à fes divers attributs on en fait une forte de nom d’efpece, on dira Le Dieu de miféricorde, &te. le Dieu #es chrériens, &xc, IL. Il y a un très-grand nombre de noms proprés; qui dans leur origine n’étoient que des noms appel- latifs. Par exemple , Ferré qui Vient par fyncope de fermeré, figmfoit autrefois citadelle : ainfi quand on vouloit parler d’une citadelle particuliere , on difoit la Ferté d'un tel endroit ; & c'eft de là que nous vien: nent /a Ferté-Imbault, la Ferté-Milon, &c. Mefril eft aufli un vieux mot , qui fignifioit #aifor de campagne!, village, du Latin marie, & mafnile dans la bafle latinité. C’eft de là que nous viennent les noms de tant de petits bourgs appellés Z Me/ril. 1} en eft de même de le Mans, le Perche , &c, Le Cate- let, c’eftà-dire , Le petir Château ; le Quefhoi, c’étoit un lieu planté de chênes ; £ Ché, prononcé par Kéà la maniere de Picardie , & des pays circonvoïfns. Il y a auf plufieurs qualificatifs qui font devenus noms propres d'hommes , tels que 4 blanc, le noir, le brun, le beau, le bel, le blond , &c. & ces noms con- fervent leurs prénoms quand on parle de la femmes madame le Blanc , c’eft-à-dire, femme de M. le Blanc. III. Quand on parle de certaines femmes , on fe fert du prénom /2, parce qu'il y a un nom d’efpece foufentendu ; /« le Maire, c’eft-à-dire lairice Le Maire, | [V. C’eft peut-être par la même raïfon qu'on dit, le Taffe , l Ariofte, le Dante ,en foufentendantle poëte ; & qu'on dit le Tirien, le Carrache, en foufentendant le peintre: ce qui nous vient des Italiens. Qu'il me foit permis d’obferver ici que les noms propres de famille ne doivent être précédés de la pré- poñtion de, que lorfqu’ils font tirés de noms deterre. Nous avons en France de grandes maifons qui ne font connues que par le nom de la principale terre que le chef de la maifon poflédoit avant que les noms pro- pres de famille fuflent en ufage. Alors le nom eft pre- cécé de la prépofñition de, parce qu’on foufentend fre, Jeigneur, duc , marquis , &c. ou fieur d’un tel ff. Velle eft la inaïfon de France, dont la branche d’aïîné en ainé n’a d'autre nom que France. Nous avons aufli des maïfons très-illuftres & très- anciennes, dont le nom n’eft point précédé de la pré- pofition de, parce que ce nom n’a pas été tiré d’un . nom de terre : c’eft un nom de famille ou maïfon. Il y a de la petiteffe à certains gentilshommes d’a- joûter Le de à leur nom de famille ; rien ne décele tant l’homme nouveau & peu inftruit. Quelquefois les noms propres font accompagnés d’adjettifs, fur quoi il y a quelques obfervations à faire. de I. Si l’adjeétif eft un nom de nombre ordinal , tel que premier, fécond, &c. & qu'il fuive immédiate- ment fon fubftantif, comme ne faifant enfemble qu’un même tout, alors on ne fait aucun ufage de l’aricle : ainfi on dit François premier | Charles Jecond , Henri quatre ; pour guairierne. Û + IT. Quand on fe fert de l’adjeétif pour marquer une fimple qualité du fubftantif qu’il précede, alors Par- ticle eft mis avant l’adje@if, Le favant Scaliger, le ga- lant Ovide, &c. LIT. De même fi l’adje@if n’eft ajoûté que pour dif- tinguer le fubftantif des autres qui portent le même nom , alors l’adjeétif fuit le fubftantif, & cet adje&if eft précédé de l’article: Henri le grand, Louis le jufle, &zc. où vous voyez que Ze tire Æenr: & Lours du nom- bre des autres Henris & des autres Louis , & en fait des individus particuliers , diftingués par une qua- lite’ fpéciale. IV. On dit auffi avec le comparatif & avec le fu- perlatif relatif, Hormnere le meilleur poète de l'antiquité, Varron le plus favant des Romains. Pr >? Il paroït par les obfervations ci-deflus, que lorf- qu’à la fimple idée du nom propre on joint quelqu’au- tre idée, où que le nom dans fa premiere origine a été tiré d’un nom d’efpece , ou d’un qualificatif qui . ART été adapté à un objet particulier par le changement de quelques lettres , alors on a recours au prépoñtif par une fuite de la premiere origine : c’eft ainfi que nous difons /e paradis, mot qui à la lettre fignife un jardin planté d’arbres qui portent toute forte d’ex- cellens fruits, & par extenfon un lieu de délices. L'enfer, c’eftun lieu bas, d’infèrus; viainfera , la rue d'enfer, rue inférieure par rapport à une autre qui eft au-deflus. L'univers, univerfus orbis ; l’étre univer- Je, l’affemblage detous les êtres. Le monde , du Latin mundus , adje@if, qui fignifie propre, élégant , ajufié, paré, & qui eft pris ici fubftan- tivement : & encore lorfqu’on dit wrdus muliebris , la toilette des dames où font tous les petits meubles dont elles fe fervent pour fe rendre plus propres , plus ajuftées & plus féduifantes : Le mot Grec zooms , _qui fignifie ordre, ornement , beauté, répond au r4ndus des Latins. | Selon Platon , le monde fut fait d’après l’idée la plus parfaite que Dieu en conçut.Les Payens frappés de l'éclat des aftres & de l’ordre qui leur paroïfloit régner dans l'univers , lui donnerent un nom tiré de cette beauté & de cet ordre. Les Grecs, dit Pline, l'ont appellé d’un nom qui fignifie ornement, 6 rous d’un nom quiveut dire, élégance parfaite. (Quem zoo Græ- ci, nomine ornamenti appellaverunt | eum. 6 n0S à per- feélé abfolutäque elegantié mundum. Pline 11. 4. ) Et Cicéron dit, qu’il n’y a rien de plus beau que le mon- de, ni rien qui foit au-deflus de l’architeéte qui en eft Pauteur. ( Neque mundo quidquam pulchrius | neque ejus ædificätore preflantius. Cic. de univ. cap. ij. ) Cum con- zinuiffet Deus bonis omnibus explere murdum.……. fic ratus ef? opus ilud efféétum effe pulcherrimum. ( ib. ti.) Hanc 2oitur habuit rationem ejfettor mundi molitorque Deus, ut Liu Opus totum atque perfeclum ex omnibus #otis , at- que perfeitis abfolveretur. (1h. v. ) Formam autem 6 ma- im fébi cognatam & decoram dedir. (1b.vj.) Animum igitur cum ille procreator mundi Deus, ex [ui mente & divinitate geruiflet, &cc. (ib. vi.) Ut hunc héc varie- zate diftintium benè Gract 1oopov, non lucentem mundum nominaremus, (ib.x.) Aïnf quand les Payens de la Zone tempérée fep- tentrionale ,, regardoient l’univerfalité des êtres du beau côté, ils lui donnoïent un nom qui répond à cette idée brillante, &c l’appelloient e monde, c’eft- à-dire l’étre bien ordonné, bien ajufté, {ortant des mains de fon créateur, comme une belle dame fort de fa toi- lette. Et nous quoiqu’inftruits des maux que le péché originel a introduits dans le monde , comme nous avons trouvé ce nom tout établi, nous l’avons con- fervé , quoiqu'il ne réveille pas aujourd’hui parmi nous la même idée de perfettion , d'ordre & d’élé- gance. Le foleil, de fous , felon Cicéron, parce que c’eft le feul aftre qui nous paroïfle auf grand ; & que lorf- qu'il eft levé, tous les autres difparoïffent à nos yeux, La lune, 2 Zucendo , c’eft-à-dire la planete qui nous éclaire, fur-tout en certains tems pendant la nuit. (Solvel quia folusex omnibus fidertbus eff tantus,vel quia cum eff exortus, obfeuratis omribus folus apparet; luna a lucendo nominata , eadem eft enim luctna, (Cic. de nar. deor. lib. IT, cxxvi;.) La mer, c’eft-à-dire l’eau amere, proprie attem mare appellatur,eo quod aque ejus amare finr.(Uidor. Z. XTIT, c. xiv. ) | | _ La terre, c’eft-à-dire l’élément fec, du Grec rüipo, Jécher, & au futur fecond , r:p6. Auffi voyons nous qu’elle eft appellée arida dans la Genefe, ch. 7. v. 9. & en S. Matthieu, ch. xx. v. 15. circuitis mare & aridam. Cette étymologie me paroït plus naturelle que celle que Varron en donne : serra difla eo quod éeritur. Vart. de ling. lat. iv. 4. . ÆElémens cit donc le nom générique de quatre ef- ART 733 pecés ; qui font Ze fu, l'air, l’eau, la terre : la terrefe prend auf pour le globe terreftre. , | Des noms de pays. Les noms de pays, dé royau- mes , de provinces, de montagnes, de rivières , en- trent fouvent dans le difcours fans article comme noms qualificatifs , /e royaume de France , d'Efpagne , &cc. En d’autres occafñons ils prennent l’article, {oit qu’on foufentende alors serre, qui eft exprimé dans Ærgle- ferre OU région ; pays, nOntagne , fleuve ; riviere , vaifr Jean, &c. Ils prennent fur-tout l’ersicle quand ils font perfonifés ; l'intérêt de. la France ; la politeffe de La France, &c. Quoi qu’il en foit, j'ai cri qu’on feroit bien aife de trouver dans les exemples fuivant, quel eft aujour- d’hui l’ufage à l’égard de ces mots ; fauf au leéteur à s’en tenir fimplement à cet ufage, ou à chercher à faire l'application des principes que nous avons éta- blis , s’il trouve qu'il y ait lieu. Noms propres employés avec l’article, Noms propres employés feu- lernent avec une prépolt- on fans l’article. Royaume de Valence. La France. Ifle de Candie. L'Efpagne. Royaume de France, &rc. L’ Angleterre, Il vient de Pologne, &c. La Chine. Il eft allé ex Perfe, en Suede, Le Japon, &c. Il eft revenu d'Efpagne , de Perfe, d'Afrique; d’Afe , &c. Il demeure er Lralie,en France, G& à Malte, à Rouen, à Avignon. Les Languedociens & les Frovençaux difent ez Avi- gnor pour éviter le bâille- ment ; c'eft une faute. Les modes , les Vins & Il vient de La Chine, du Japon; de l'Amérique, du Pérou. Il demeure au Pérou, au Ja- pon, a la Chine, aux Indes, a l'Isle St, Domingue. La politefle de /2 France. L'intérêt de lEfpagne. On attribue 4 /” Allemagne V'in- vention de l’Imprimerie. Le Mexique, Le Pérou. Les Indes. Le Maine, la Marche , le Per- che, le Milanès, le Mantouan, le Parmefan, vin du Rhin. Il vient de la Flandre françoife. La gloire de l'Allemagne. France, les vins de Bourgo- gne , de Chamjagne, de Bourdeaux , de Tocayes Il vient de Flandre. À mon départ d’ Allemagne, L'Empire d'Allemagne. Chevaux d’ Angleterre, de Bar- barie, &c. On dit par oppoñition Ze monr-Parnaffe, le mont-Va- lérien, &c. & on dit la montagne de Tarare : on dit Ze fleuve Don, & la riviere de Seine ; ainfi de quelques au- tres, furquoi nous renvoyons à lufage. Remarques fur ces phrafes 1°. 1 a de Pargent, il a bien de l'argent, &cc. 2°. Il a beaucoup d'argent, il wa point, d'argent , &tc. I. L'or, l'argent, l’efpnit, &c. peuvent être confi- dérés, ainfi que nous l’avons obfervé , comme desin- dividus fpéciñiques ; alors chacun de ces individus eft regardé comme un tout, dont on peut tirer une portion : ainfi 2/4 de l'argent, c’eit il a une portion de ce tout, qu’on appelle argent , efprir, &tc. La prépo- fition de eft alors extrattive d’un individu , comme la prépofition Latine ex ou de. I] a bien de l'argent, de l'efprit , &c. c’eft la même analogie que Z a de Par. gent , ÊTC. C’eft ainfi que Plaute a dit credo ego 1lic ineffe auri G. argent: largiter ( Rud, a, IF, fe. iv. v. 144.) en fous-entendant pue, rem auri , je crois qu'il y a là de l’or &c de l'argent en abondance. Bien eft autant adverbe que Zargirer , la valeur de l’adverbe tombe fur le verbe 2zeffe largirer, 1 a bien. Les adyerbes modifient le verbe & n’ont jamais de complément, ou comme on dit de régime : ainfi nous difons 1/ a bien , comme nous dirions z/ a véritablement ; nos peres di- foient / 4 merveilleufement de l'efprit. | Il, À l'égard de il a beaucoup d’argent , d "efpric , &c. il r'a point d'argent , d'efprit &cc. il faut obferver que 734 ART Ces mOts beaucoup , peu, pas, points rien, forte» ef> cpece , tahit , moins , plus , que , lorfqu'il Vient de g4an- < “In; Comme dans ces vérs : Que de mépris vous avez l'un pour d'autre, Er que vous avez de raifon ! “es mots, dis-je, he font point des adverbes ,'ils font “de véritables noms, du-moins dans leur-origine, & “c’eft pour cela qu'ils font modifiés par un fimple qua- dificatif indéfini, qui n'étant point pris individuelle- “ment, n'a pas befoin d'article , il ne lui faut que la fimple prépofñition pour lé mèttre en rapport avec beaucoup , peu, rien, pas, point, forte , &cc. Beancoup wient, felon Nicot , de ZeZla , id éft, bona & magna copia ; une belle abondance | comme on dit wre belle “récolte , &c.'ainfi d'argent, d’efprit, ont les qualifi- -catifs de cop en tant qu’il vient-de copia ; ila abon- dance d'argent , d’efprit, &c. M. Ménage dit que ce mot eft formé de l’adjeétif Beau 8 du fubftantif coup , ainfi quelque étymologie qi'on dui donne , on voit que ce n’eft que par abus qu'il eft confidéré comme un adverbe : on dit, z/ ef meilleur de beaucoup , c’eft-à-dire felon un beaucoup , où vous voyez que la prépoñition décele Le fubftantif. Peu fignifie petite quantité ; on dit le peu , ur peu, de peu, à peu , quelque peu : tous les analogiftes foû- tiennent qu’en Latin avec parum on fous-entend 44 ou per, & qu'on dit parum-per comme on dit ze-cum , en mettant la prépoftion après le nom; ainfi nous difons un peu de vin, comme les Latins difoient parum yiai , en forte que comme vi qualifie parum fubf- tantif, nôtre de vir qualifie peu par le moyen de la prépoftion de. Rien vient de rem accufatif de res : les langues qui fe font formées du Latin, ont fouvent pris des cas obliques pour en faire des dénominations direêtes ; ce qui eft fort ordinaire en fralien, Nos peres difoient Jur toutes riens, Mehun ; & dans Nicot, elle le hat fur tout rien , c’eft-à-dire, fur coutes chofes. Aujourd’hui rien Veut dire aucune chofe ; on fous-entend la néga- tion, & on l’exprime mème ordinairement ; ze dites vien, ne faites rien : on dit le rien vaur mieux que le mauvais ; ainf rien de bon ni de beau , c’eft aucune chofe de bon , &c. aliquid boni. De 407 ou de beau font donc des qualificatifs de rien , & alors de bon ou de beau étant pris dans un /ezs qualificatif de forte ou d’efpece, ils n’ont point l’arr- cle; au lieu que fi l’on prenoit oz ou beau individuel- lement , ils feroient précédés d’un prénom, 4 beau vous touche, j'aime le vrai, &c. Nos peres pour ex- primer le fens négatif, fe fervirent d’abord comme en Latin de la fimple négative ze, fachiez nos ne ve- zafmes por vos mal faire ; Ville-Hardouin, p. 48. Vige- nere traduit, fachez que nous ne Jommes pas venus pour vous mal faire. Dans la fuite nos peres, pour donner plus de force & plus d'énergie à la négation, y ajot- terent quelqu'un des mots qui ne marquent que de petits objets, tels que grair, goutte, mie, brin, pas, point: quia res eft minuta , fermoni vernaculoadditur ad majorem negationem ; Nicot , au mot goutte. Il ya toûjours quelque mot de fous-entendu en ces occa- fons : Je n'en ai grain ne goure ; Nicot, au mot gourte. Je n’en ai pour la valeur ou la groffeur d’un grain. Ainfi quoique ces mots fervent à la négation, ils n’en font pas moins de vrais fubitantifs. Je ne veux pas ou point, c’eft-à-dire, je ne veux cela même de la longueur d’un pas ni de {a groffeur d’un porrr. Je rirai poinr, 707 ibo ; c’eft comme fi l’on duloït, 7e ne ferai un pas pour y aller, je ne m'avancerai d'un point ; quafi dicas, dit Nicot, 7e punüum quidem progrediar , ut eam illd. C’eft ainf que yze , dans le fens de mierte de pain, s’employoit autrefois avec la particule nésative ; :/ 4 l'aura mie.; il n'eft mie un homme de bien ; ne probi- ART tatis quidem maca in eo eft, Nicot ; & cette facon de parler eft encore en ufage ez Flandre. Le fubftantif briz , qui fe dit au propre des menus jets des herbes , fert fouvent par figure à faire une négation comme pas &c point ; & fi l’ufage de ce mot étoit auf fréquent parmi les honnêtes-sens qu’il l’eft pari le péuple, il feroit regardé auffi bien que pas & point comme une particule négative: a-r-1l de l’ef> prit? il n'en a brin ; je ne l'ai vé qu'un petit brin , &c. On doit regarder 7e pas, ne point, comme le kil des Latins. Nzhïl eft compoié de deux mots, 1°. de la négation ne, &c de hilum qui fignifie la petite mar- que noire que l’on voit au bout d’une féve : les La- tins difoient , hoc nos neque pertinet hilum , Lucret. lv, IT, y, 843. & dans Cicéron Tujc, I. n°. 3. un ancien poëte parlant des vains efforts que fait Sify- phe dans les enfers pour élever une groffe pierre fur le haut d’une montagne , dit : Sifyphus verfat Saxum fudans nitendo, neque proficit hilum. Ïl y a une prépoñition fous-entendue devant H/um, ne quidem ,xare, hilum ; cela ne nous intéreffe en rien , Pas même de la valeur de la petite marque noire d’une fève. Sifÿphe après bien des efforts , ne fe trouve pas, avancé de la groffeur de la petite marque noire d'une fève. Les Latins difoient auf: ne faire pas plus de cas de quelqu'un ou de quelque chofe, qu’on en fait de ces petits flocons de laine ou de foie que le vent em- porte , flocci facere, c’eft-à-dire , facere rem flocci; nous difons un fétu. Il en eft de même de notre pas & de notre point; Je ne le yeux pas on point ,.c’eft-à-dire , je ne veux cela même de la longueur d’un pas ou de la groffeur d’un porrr. Or comme dans la fuite le Ai/um des Latins s’unit fi fort avec la négation #e, que ces deux mots n’en firent plus qu'un feul zihilum, nihil , nil, &c que zikil fe prend fouvent pour le fimple 207, rihil circuirione ufuses, (Ter. And. I. ij.v. 31.) vous ne vous êtes pas fervi de circonlocution. De même notre pas & notre point ne font plus regardés dans l’ufage que comme des particules négatives qui accompagnent la néga- tion ze, mais quine laïflent pas de conferver toù- jours des marques de leur origine. Or comme en Latin 72h17 eft fouvent fuivi d’un qualificatif, zzhil falft dixi, mi fenex ; Terent. And. ait, IF, fc. 1v. ou v. felon M. Dacier, v. 49. je n’ai rien dit de faux; z7hil incommodi, nihil gratie, nihil lucri , nihil fantti, &c. de même le pas & le point étant pris pour une très-petite quantité, pour 72 rien, font fuivis en François d’un qualificatif, 7 n'a pas de pain, d'argent, d’efprit, &c. ces noms pain, ar- gent, efprir, étant alors des qualificatifs indefinis, ils ne doivent point avoir de prépoñitif, La Grammaire générale dit pag. 82. que dans le fens afirmatif on dit avec l’arsicle, 11 a de l'argent, du cœur , de la charité, de l'ambition ; au lieu qu’on dit négativement fans article , il n’a point d'argent, de cœur, de charité, d'ambition ; parce que, dit-on, /e propre de la négation eff de tout ôter, (ibid.) Je conviens que felon le fens, la négationtôte le tout de la chofe : maïs je ne vois pas pourquoi dans l’expreflion elle nous ôteroit l’article {ans nous ôter la prépofition ; d’ailleurs ne dit-on pas dans le fens affirmatif fans article, il a encore un peu d'argent , & dans le fens névatif avec l’article, il n'a pas le Jou, il ra plus un fou de l’argent quil avoit ; les langues ne font point des fciences , on ne coupe point des mots infépara= bles, dit fort bien un de nos plus habiles critiques (M. l'abbé d'Oliver) ; ainf je crois que la véritable raifon de la différence de ces façons de parler doit fe tirer du fens individuel & défini, qui feul admet l'ar= ART tièle , 8 du fens fpécifique indéfini & qualificatif, qui n’eft jamais précédé de l’article. Les éclairciffemens que l’on vient de donner pour- tont fervir à réfoudre les principales difficultés que l’on pourroit avoir au fujet des articles : cependant on croit devoir encore ajoûter ici des exemples qui ne feront point inutiles dans les cas pareils. | Noms conftruits fans prénom ni prépofition à la fuite d'un verbe, dont ils font le complement. Souvent un nom eft mis fans prénôm ni prépofition après un ver- be qu’il détermine , ce qui arrive en deux occafions. 19. Parce que le nom eft pris alors dans un fens indé- fini, comme quand on dit, i/ aime a faire plaifir, à rendre férvice ; car il ne s’agit pas alots d’un te! plaïfir ni d'un tel férvice particulier ; en ce cas on diroit faites- moi ce ou Le plaifir, rendez-moi ce fervice, ou Le fervice, ou #7 férvice, qui, Gc. 2°. Cela fe fait aufü fouvent pour abréger , par ellipfe, ou dans des façons de par- ler familieres & proverbiales ; ou enfin parce que les deux mots ne font qu’une forte de mot compote , ce qui fera facile à démêler dans les exemples fui- Vans. : Avoir faire, foif, deffein, honte, coütume, pitié, com- paffion , froid , chaud , mal, befoin, part au gdteau , €ET2VLE, - Chercher fortune , malheur, Courir fortune , rifque. Demander raifon, vengeance , L'amour en courroux Dernande vengeance. grace, pardon, juflce. Dire vrai, faux, matines , vépres, &c. Donner prife a [es ennemis, part d’une nouvelle, jour, parole, avis, caution, quittance, leçon , atteinte à un aûle , à un privilège , valeur, cours , courage, ren- dez-vous aux Tuileries, &c. congé, fecours , beau Jeu, prife, audience. Echapper, &/ l’a échappé belle, c’eft-à-dire peu s’en eff fallu qu'il ne lui [oit arrivé quelque malheur. Entendre raifon, raillerie, malice, vépres, &c. Faire vie qui dure, bonne chere, envie , il vaut mieux. faire envie que pitié, corps neuf par le rétabliffement de la fanté , réflexion, honte , honneur , peur , plaiftr, choix, bonne mine 6 mauvais jeu , cas de quelqu'un, alliance, marché, argent de tout, provifion, femblant, route , banqueroute, front , face, difficulté, je ne fais pas difficulté. Gedoyn. Gagner pays, gros. Mettre ordre, fin. Parler vrai, raifon ; bon fens , latin , françois, &c. Porter envie, témoignage, coup , bonheur ; malheur , compaffion. Prendre garde, patience, féance, medecine, congé, part a ce qui arrive a quelqu'un , confil, terre, langue , Jour , leçon. Rendre férvice, amour pour amour, vifire, bord, ter- me dé Marine, arriver, gorge. Savoir lire, vivre , chanter. Tenir parole, prifon faute de payement, bon , ferme, adjeëifs pris adverbialement. - Norns conftruits avec une prépofition fans article. Les noms d’efpeces qui font pris felon leur fimple fignification fpécifique, {e conftruifent avec une pré- pofition fans article. | Changez ces pierres en pains ; l'éducation que le pere d’Horace donna a fon fils ef? digne d’étre prife pour mo- dele ; a Rome , à Athenes, à bras ouverts ; il eff arrivé a bon port, à minuit ; il ef? à jeun ; à Dimanche, à vépres ;.G tout ce que l'Efpagne a nourri de vail. lans ; vivre fans pain , une livre de pain ; il n’a pas de pain ; un peu de pain ; beaucoup de pain ; une grande quantité de pain. J’aruncoquin de frere, C’eft-à-dire ; quieft de l’efpece Quinault, defreré,comitie on dit, quelle efpece d'homme êtes-vous à Térence a dit: quid hominis ? Eun. III. iv. vi. Gix, & encore , aë. V, [e.r. v. 17. Quid monfiri ? Ter, Eun, IV, fc, üj, x. @ xiv. Remarquez que dans ces exemples le q#i ne {e rap: porte point au nom fpécifique, mais au nom indivi: duel qui précede : c’eft un bon homme de pere qui ; le qui {e rapporte au £07-homme. Se conduire par féntiment ; parler avec efprit | avec , Brace ; avec facilité ; agir par dépit ; par colere , par amour , par foibleffe. En fait de Phyfique, on donne fouvent des mots pour des chofès : Phyfique eft pris dans un fens {fpécifiqué qualificatif de are. À l'égard de oz donne des mors , c’eftle fens indivis duel partitif , il y a ellipfe ; le régime où complé+ mentimmédiat du verbe donner eft ici fous-entendu, ce que lon entendra mieux par les exemples fui- vans, Noms conflruits avec Particle ou prénom fans prépo= Jition. Ce que j'aime Lemieux c'efi le pain, (individu fpé- cifique ) apportez le pain ; voilà Le pain, qui eft le com: plément immédiat ou réoime naturel du verbe : ce qui fait Voir que quand on dit apportez ou donnez-moi du pain, alors il y a ellipfe ; donnez-moi une portion, quelque chofe du pain , c’eft le {ens individuel partitif. Tous les pains du marché | ou colle&tivement , rour le pain du marché ne fuffiroit pas pour, 6e. Donnez-moi un pain ; emportons quelques pains pour le voyage. Noms conftruiss avec la prépolition € Partick. Donnez-moi du pain, c’eft-à-dire de le pain : encore un coup 1l y a ellipfe dans les phrafes pareilles ; car la chofe donnée fe joint au verbe donner fans le fes cours d’une prépoñtion ; ainfi donnez-moi du pain , c'eft donnez-moi quelque chofe de le pain , de ce tout fpécifique individuel qu’on appelle pain ; Le nombre des pains que vous avez apportés n'eff pas fuffifanr. Voila bien des pains , deles pains, individuellement; c'eft-à-dire, confidérés comme faïfant chacun un être à part. Remarques [ur l'ufage de l’article, quand ladjeihif précede le fubffantif, ou quand il eff après le fubfanrif. S1 un nom fubftantif eft employé dans le difcours avec un adjeëtif, il arrive ou que Padjedif précede le fubftantif , on qu'il le fuit. L’adje&tif n’eft féparé de fon fubftantif que lorf- que le fubftantif eft le fujet de la propofñition, & que l’adjeétif en eft affirmé dans l’attribut. Dieu ef out. puiffant ; Dieu eft le fujet : sout-puiffanr , qui eft dans l’attribut , en eft féparé par le verbe ef, qui felon notre maniere d'expliquer la propofition , fait partie de l’attribut ; car ce n’eft pas feulement sour-puiffans ie je juge de Dieu, j'en juge qu'il 7 , qu'il exifte tel, Lorfqu'une phrafe commence par un adjetif feul, pat exemple , favanr en l'art de régner, ce Prince fe Jet aimer de fes fugets & craindre de fes voifins ; il eft évi- dent qu'alors on fous-entend , ce Prince qui éroit fa= vant ; Gc. ainfi favant en l’art de régner , eft une pro- pofitionincidente, implicite , je veux dire, dont tous les mots ne {ont pas exprimés ; en réduifant ces pro- pofitions à la conftruétion fimple , on voit qu'il n’y a rien contre les regles ; & que fi dans la conftruétion ufuelle on préfere la façon de parler elliptique, c’eft que l’expreffion en eft plus ferrée & plus vive. Quand le fubftantif &c l’adjeétif font enfémble le fujet de la propoñition , ils forment un tout infépara- ble, alors les prépoñtifs fe mettent avant celui des deux qui commence la phrafe : ainf on dit, 1°, Dans les propoñitions univerfelles , zour kom me, chaque homme , tous les hommes , nul homme ; He cun homme. 2°, Dans ks propofitions indéfinies, Zes Turcs, 736 ART Les Perfars , les hommes favans , les favans philofophes. 3°. Dans les propofñtions particulieres , quelques hornmes | certaines perfonnes Joûtiennent, Ge. un favant ma dit, Gc.onna dit , des favans m'ont di en fous- entendant guelques 175 , aucuns , OU des. Javans philo- Jophes, enfous-entendant un certain nombre , ou guelgwautre mot. : 4 , 4°. Dans les propofitions finguheres , Ze Joleil ef levé , la lune ef} dans Jon plein, cet homme , cette femme , ce livre. Ce que nous venons de dire des noms qui font fu- jets d’une propofition fe doit aufli entendre de ceux qui font le complément immédiat de quelque verbe ou de quelque prépoñition , Déteflons tous les vices , pratiquons toutes les vertus , &c. dans le ciel , Jur la terre, Gc. J'ai dit /e complément immédiat, ÿ entens par-là tout fubftantif qui fait un fens avec un verbe ou une pré- poñition , fans qu'il y ait aucun mot fous-entendu entre l’un & l’autre ; car quand on dit , vous aimez des ingrats , des ingrats n’eit pas le complément im- médiat de aie ; la conftruétion entiere eft, vous ar- mmez certaines perfonnes qui font du nombre des LIQTAIS , ou quelques uns des ingrats, de les ingrats ; quofdamex, ou de ingratis : ainfi des ingrats énonce une partition c’eft un fens partitif, nous en avons fouvent parlé. Mais dans l’une ou dans l’autre de ces deux occa- ons , c’eft-à-dire , 1°. quand l’'adje@if & le fubftan- tif font le fujet de la propofition ; 2°. où qu'ils font le complément d’un verbe ou de quelque prépoñition: en quelles occafons faut-il employer que cette fim- ple prépoñtion , & en quelles occañons faut-il y joindre l’article & dire dx ou de le &t des , c’eft-à-dire, de les? La Grammaire générale dit ( pag. 54. ) qu'avant Les fubflantifs on dit des, des animaux , 6 qu’on dit de quand l'adjeëlif précede , de beaux lirs : maïs cette regle n’eft pas générale, car dans le fens qualificatif indé- fini on fe fert de la fimple prépofition de, même de- vant le fubftantif , fur-tout quand le nom qualifié eft précédé du prépoñitif #7, & on fe fert de des ou deles, quand le mot qui qualifie eft pris dans un fens indivi- duel , es /wrieres des Philofophes anciens , ou des an- ciens Philofophes. Voici une lifte d'exemples dont le Le@teur judi- ‘cieux pourra faire ufage , & juger des principes que nous avons établis. Noms avec l’article com- ofé, c’eff-a-dire avec la Ro & l’article. Noms avec la feule pré- pofition. ART Ces raifons font des conjeétures bien foibles. Faire des mots nouveaux. Choïfir des fruits excellens. Chercher des détours. Se férvir des termes établis par lufage. Evitez l'air de l'aféétation ( lens individuel méthaphy- fique. ) Charger fa mémoire des phra- fes de Cicéron. Dilcours foûtenus par des ex- preffions fortes. Plein des fentimens les plus beaux. Il a recueilli des préceptes pour . langue & pour la mora- e. Servez vous des fignes dont nous fommes convenus, Le choix des études. Les connoiffances ont toù- jours été l’objet æe l’eflime , des lotianges & de l'admira- tion des hommes. Les richefles de l’efprit ne peu- vent être acquiles que par l'étude, Les biens de la fortune font fragiles. L'enchainement des preuves fait qu'elles plaifent & qu'elles perfuadent. C’eft par la méditation fur ce qu’on lit qu’on acquiert des connoiflances nouvelles. Les avantages de La mémoire. La mémoire des faits eft la plus brillante. La mémoire eft le thréfor de l'efprit , le fruit de l’atten- tion & de la réflexion. Le but des bons maîtres doit être de cultiver l’efprit de leurs difciples. | On ne doit propofer des diff- cultés que pour faire triom- pher la vérité. Le goût des hommes et fujet à des vicifitudes. I] na pas befoin de /4 lecon que vous vous voulez lui donner. Ces raïlons font & fes cons Jefures. Faire de nouveaux mots. Choifir d’excellens fruits. Chercher de longs détours pour exprimer les chofes les plus aifées. Ces exemples peuvent fervit de modeles. Evitez tout ce qui a un air d’affetation, Charger fà mémoire de phra- fes. À Dilcours foûtenus par de vives expreffions. Plein de fentimens. Plein de grands fentimens. Recueil de précepres pour la . langue & pour la morale. Nous fommes obligés d’ufer de fignes extérieurs pour nous faire entendre, Il a fait un choix de livres qui font, 6e. C'eft un fujet d’effime , de loï= anges 6 d'admiration. Il ya au Pérou une abondan- ce prodigieufe de richefes inutiles. (Des biens de fortune , la Bru- yere caratlères , page 176: } Il y a dans ce livre un admi- rable enchainement æe preu ves folides. ( fens de forte.) C’eft par la méditation qu'on acquiert de nouvelles connoif= faces. Il y a différentes fortes de mé- moire. L Il n’a qu'une mémoire de faits, & ne retient aucun raifon- nement. Préfence d’efprit ; la mémoire d’efprit & de raifon eft plus utile que les autres fortes de mémoire. Il à un air de maître qui cho- que. Il a fait un recueil dffcul- tés dont il cherche la folu- tion. Une fociété d'hommes choïfis ( d'hommes choifis qualifie la fociété adjectivement }, Céfar n'eut pas befoin d'exem- ple. Il-n’a pas beloin de - CONS Les ouvrages de Cicéron font pleins des idées les plus fai- FES { De Les idées. Voila idées dans le fens indi- viduel. Faites-vous des principes (c'eft le fens individuel ). Défaites-vous des préjugés de l'enfance. | Cet arbre porte des fruits ex- cellens. Les efpeces différentes des ant- maux qui font fur la terre. (Sensindividuel univerfel). Entrez dans le détail des regles une faine dialectique, Les ouvrages de Cicéron font pleins d’idees faines. Idées faines eft dans le fens fpécifique indéfini, général de forte. Nos connoiffances doivent être tirées de principes évi- dens. { Sens fpécifique } où vous voyez que le fubftantif pré- cede. N'avez-vous point de préuge fur cette queftion? Cet arbre porte d’excellens fruits ( fens de forte }. Ïl ya différentes efpeces d’4- nimaux fur la terre, Différentes fortes de poiffons. 8tc. Il entre dans un grand détail de regles frivoles ( voïlà le fubitantif qui précede , -ceftle fens {pécifique indé- fini ; on ne parle d’aucunes régles particulieres ; c’eft le fens de forte, ) Remarque. Lorfque le fubftantif précede, comme il fignifie par lui-même, ou un être réel ou un être métaphyfique confidéré par imitation, à la maniere des êtres réels , il préfente d’abord à lefpritune idée d’individualité d’être féparé exiftant par lui-mème ; au lieu que lorfque l’adjeëtif précede, il offre à l’ef- prit une idée de qualification, une idée de /orte, un fens adje@if. Ainñ l’aricle doit précéder le fubftan- tif, au lieu qu'il fufit que la prépoñition précede l’adjeétif, à moins que l’adjeétif ne ferve lui-même avec le fubftantif à donner l’idée individuelle, com- me quand on dit: es favans hommes de l'antiquité + Le fentiment des grands philofophes de l'antiquité, des plus favans philofophes : on a fait la defeription des beaux lits qu'on envoie en Portugal. Réflexions fur cette regle de M. Vaugelas, g4'o ne doit point mettre de relatif après un nom [ans article. L'auteur de la grammaire générale a examiné cette regle (II. partie, chap. x.) Cet auteur paroît la ref- tramndre à l’ufage préfent de notre langue ; cepen- dant de la mamiere que je la conçois, je la crois de toutes les langues & de tous les tems, de Lu ni + En toute larigue & en toute conftruétion , il y a tne jufteffe à obferver dans l'emploi que l’on fait des fignes deftinés par l’ufage pour marquer non-feule- ment les objets de nos idées ; mais encore les diffé- rentes vües fous lefquelles lefprit confidere ces ob- jets. L’arrsicle, les prépoñtions , les conjonétions , les verbes avec leurs différentes inflexions ; enfin tous les mots qui ne marquent point des chofes , n’ont d'autre deftination que de faire connoître ces diffé- rentes vües de l’efprit. D'ailleurs , c’eft une regle des plus communes du _raifonnement , que , lorfqu’au commencement du difcours on a donné à un mot une certaine fignifica- tion, on ne doit pas lui en donner une antre dans la fuite du même difcours. Il en eft de même par rap- port au fens grammatical ; je veux dire que dans la même période, un mot qui eft au fingulier dans le premier membre de cette période , ne doit pas avoir dans l’autre membre un corrélatif ou adje&if qui le fuppofe au pluriel : en voici un exemple tiré de la Princefle de Cleves , tom. Il, pag. 119. M. de Ne- mours ne laiffoit échapper aucune occafion de voir mada- me dé Cleves , fans laiffer paroître néanmoins qu'il les cherchät. Ce les du fecond membre étant au pluriel , ne devoit pas être deftiné à rappeller occa/fion, qui eft au fingulier dans le premier membre de la pério- de. Par la même raifon , fi dans le premier membre de la phrafe , vous m’avez d’abord préfenté le mot dans un fens fpécifique , c’eft-à-dire , comme nous avons dit, dans un fens qualificatif adjeëtif, vous ne devez pas, dans le membre qui fuit, donner à ce mot un relatif, parce que le relatif rappelle toüjours idée d’une perfonne ou d’une chofe , d’un individu réel ou métaphyfque , & jamais celle d’un fimple qualificatif qui n’a aucune exiftence., & qui n'eft que mode ; c’eft uniquement à un fubftantif confidéré {ubftantivement, & non comme mode,que le 92 peut fe rapporter : l’antécédent de gx doit être pris dans le même fens aufhi-bien dans toute l’étendue de la période , que dans toute la fuite du fyllogifme. Ajnf , quand on dit , 1/ a été reçi avec politeffe, ces deux mots , avec politeffe ; {ont une expreffion adver- brale , modificative , adjeétive , qui ne préfente au- cun être réel n1 métaphyfique. Ces mots , avec poli- teffe , ne marquent point une telle politefle indivi- duelle : fi vous voulez marquer une telle politeffe , vous avez befoin d'un prépoñtif qui donne à polireffe un {ens individuel , réel, foit umiverfel , foit parti- eulier, foit fingulier , alors le qi fera fon office. … Encore un coup avec politeffe eft une expreffion ad- verbiale , c’eft l’adverbe poliment décompoié. Or ces fortes d’adverbes font abfolus , c’eft-à-dire, qu'ils n’ont ni fuite ni complément ; & quand on veut les rendre relatifs, 1l faut ajoûter quelque mot qui marque la correlation ;,i/ a été reçñ f poliment que, &cc. il a été reçh avec sant de politeffe que , &c. ou bien avec une politeffe qui, &c. En Latin même ces termes correlatifs font fouvent marqués , s qui , ea quæ., id quod, &c. Non enim is es, Catilina , dit Cicéron , zr ou qui , ou quem , felon ce qui fut; voilà deux correlatifs is, Ut, OU is , quem , & chacun de ces relatifs eft conf- truit dans fa propoñition particuliere : il a d’abord un fens individuel particulier dans la premiere propo- fition, enfuite ce fens eft déterminé fingulhierement dans la feconde : maïs dans agere cum aliquo, inimicè,ou irdulgenter , Où atrociter | où violenter , chacun de ces adverbes préfente un fens abfolu fpécifique qu’on ne peut plus rendre fens relatif fingulier , à moins qu’on ne répete & qu'on n’ajoûte les mots deftinés à mar- quer cette relation & cette fingularité ; on dira alors ita atrociter ut , &cc. ou en décompofant l’adverbe, cum e& atrocitate ut où quæ , &tc. Comme la langue Latine eft RARE toute elliptique , il arrive 1” Gi | Tome ART 737 que ces correlatifs ne font pas exprimés en Latin : mais le fens &z les adjoints les font aifément fup- pléer. On dit fort bien én Latin , far qu putent, Cac, le correlatif de qui eft philofophi ou guidam funt ; mais te cui dem litreras | Cic. envoyez-moi quelqu'un à qu je puifle donner mes lettres ; où vous voyez que le correlatif eft rairre férvum , où puerum , où aliquem. I] n'en eft pas de même dans la langue Françoife ; ainfi je crois que le fens de la regle de Vaugelas eft que lorfqu’en un premier membre de période un mot eft pris dans un fens abfolu, adjeétivement ou adver- bialement , ce qui eft ordinairement marqué en Fran- çois par la fuppreflion de l’article | & par les circonf- tances, on ne doit pas dans le membre fuivant ajoû= ter un relatif, n1 même quelqu’autre mot qui fuppo- feroit que la premiere expreflion auroit été prife dans un fens fini & individuel , foit univerfel, {oit parti- culier ou fingulier; ce feroit tomber dans le fophif me que les Logiciens appellent paffer de l’efpece a l'in: dividu , pallèr du général au particulier. Ainfi je ne puis pas dire l’homme ef? animal qui rai: Jonne ,; parce que animal, dans le premier membre étant fans article , eft un nom d’efpece pris adjeive- ment & dans un fens qualificatif ; or qui raifonre ne peut fe dire que d’un individu réel qui eft.ou déter- miné ou indéterminé , c’eft-à-dire , pris dans le fens particulier dont nous avons parlé ; ainf je dois dire l’homme ef! le feul animal, où un animal qui raifonne. Par la même raifon, on dira fort bien , 2/ »’a point de livre qu’il r’ait li ; cette propoñition eft équivalen- te à celle-ci : il wa pas un feul livre qu'il n'ait là ; chaque livre qu'il a, il l’a Iù. Z/ n°7 a point d'injuf- tice qu'il ne commette ; c’eft-à-dire , chaque forte d’in- juftice particuliere , il la commet. Æ/f-1l ville dans le royaume qui foit plus obéffante ? c’eft-à-dire , eft-1l dans le royaume quelqu'autre ville , une ville qui foit plus obéiffante que , &c. Il n’y a homme qui [a- che cela ; aucun homme ne fait cela. Ainf, c’eft le fens individuel qui. autorife le re- latif , & c’eft le fens qualificatif adjeétif ou adver- bial qui fait fupprimer l’article ; la négation n’y fait rien , quoiqu’en dife l’auteur de la Grammaire gé- nérale, Si Pon dit de quelqu'un qu’il agit ex roi, en pere ,en ami, & qu’on prenne roc , pere , ami, dans le fens fpécifique , & felon toute la valeur que ces mots peuvent avoir , on ne doit point ajoûüter de qui : mais fi les circonftances font connoître qu’en difant roi , pere, ami, on a dans l’efprit l’idée par- ticuliere de tel ro: , detel pere, de tel at, & que l’expreflion ne foit pas confacrée par lufage au feul fens fpécifique ou adverbial , alors on peut ajouter le qui ; il fe conduit en pere tendre qui ; car c’eit autant que fi l’on difoit comme un pere tendre ; c’eft le fens particulier qui peut recevoir enfuite une détermina- tion finguliere. IL efl accablé de maux , c’eft-à-dire , de maux parti- culiers , ou de dettes particulieres qui, &c. Une forte de fruits qui, 8tc. une forte-tire ce mot fruits de la gé- néralité du nom fx ; une forte eft un individu fpé- cifique , ou un individu colleétif. Ainf, je crois que la vivacité , le feu , l’enthou- fiafme , que le ftyle poétique demande, ont pü au- torifer Racine à dire ( Efther , a@. IT. fc. vi]. ) zxlle paix pour l’impie ; il la cherche , elle fuit : mais cètte expreflion ne feroit pas réguliere en profe, parce que la premiere propofition étant univerfelle négative, & où rulle emporte toute paix pour l’impie, les pro- noms /4 &z elle des propofitions qui fuivent ne doi- vent pas rappeller dans un fens affirmatif & indivi- duel un mot qui a d’abord été pris dans un fens né- gatifuniverfel. Peut-être pourroit-on dire zwle paix qui foit durable eff donnée aux hommes : mais On fe- roit encore mieux de dire we paix durable Left point donnée aux hommes, | | AAaaa 738 ART Telle eft {a juftefle d’efprit, &c fa précifion que nous demandons dans ceux qui veulent écrire en no- tre langue, 8 même dans ceux qui la parlent, Ainfi on dit abfolument dans un fens indéfin1, fe donner en Jpettacte, avoir peur, avoir pitié, un efprit de parti, un ejprit d'erreur. On ne doit donc point ajoûter enfuite à ces fubftantifs, pris dans un fens général, des ad- jedifs qui les fuppoferoiént dans un fens fini, &c en feroient desindividus métaphyfiques. On ne doit donc point dire Je donner en fpettacle funefle | ni un efprit d'er- teur fatale, de fécurité téméraire, 11 avoir peur terrible : on dit pourtant avoir grand'peur , parce qu’alors cet adje@tif grand, qui précede fon fubftantif, & qui perd même ici {a terminaifon féminine, ne fait qu'un mê- me mot avec peur, comme dans grand'melle, grand” mere. Par le même principe, je crois qu’un de nos au- teurs n’a pas parlé exa@tement quand 1l a dit (le P. Sa- nadon, vie d’Horace, pag. 47.) Oéfavien déclare en plein Senat, qu’il veut lui remettre le gouvernement de la République ; en plein fenat eftune circonftance de lieu, c’eft une forte d’expreffion adverbiale , où /ézat ne fe préfente pas fous l’idée d’un être perfonnifié ; c’eft ce- pendant cette idée que fuppofe /42 remettre ; il falloit dire Oavien déclare au fenat affemblé qu’il veut lui re- mettre, 6:c. ou prendre quelqu'autre tour. Si les langues qui ont des articles, ox ur avantage fur celles qui n’en ont point. La perfettion des langues confifte principalement en deux points. 1°. À avoir une aflez grande abondance de mots pour fuffire à énoncer les différens objets des idées que nous avons dans l’efprit : par exemple, en latin regrum fignifie royaume, c’eft le pays dans le- quel un fouverain exerce fon autorité : mais les La- tins n’ont point de nom particulier pour exprimer la durée de l’autorité du fouverain, alors ils ontrecours à la périphrafe ; ainfi pour dire ous Le regne d’Auguf- te, is difent émperante Cœfare Augufto, dans le tems qu'Augufte régnoit ; au lieu qu’en françois nous avons royaume, & de plus regre. La langue françoite n’a pas toüjours de pareils avantages fur la latine. 2°. Une langue eft plus parfaite lorfqu’elle a plus de moyens pour exprimer les divers points de vüe fous lefquels notre efprit peut confidérer le même objet: le 7roz aime le peuple, & le peuple aime le roi: dans chacu- ne de ces phrafes, le roi & le peuple font confidé- rés fous un rapport différent. Dans la premiere , c’eft le roi qui aime ; dans la feconde, c’eft le ro qui eft ai- mé : la place ou pofition dans laquelle on met roz & peuple, fait connoître l’un êc l’autre de ces points de vie. Les prépofñtifs & les prépofitions fervent auf à de pareils ufages en françois. Selon ces principes il paroïît qu'une langue qui a une forte de mots de plus qu'une autre, doit avoir un moyen de plus pour exprimer quelque vüe fine de l'efprit; qu’ainfi les langues qui ont des articles ou prépoñtifs, doivent s’énoncer avec plus de juftefle &c de précifion que celles qui n’en ont point. L'article Ze tire un nom de la généralité du nom d’efpece, & en fait un nom d’individu, Le roi ; ou d'individus, /es rois : le nom fans article ou prépofitif, eft un nom d’efpe- ce; c’eft un adje@if. Les Latins qui n’avoient point d'articles, avoient fouvent recours aux adjeëifs dé- monftratifs. Dic ut lapides if panes fiant (Matt. jv. 3.) dites que ces pierres deviennent pains. Quand ces adjeétifs manquent, les adjoints ne fufffent pas toû- jours pour mettre la phrafe dans toute la clarté qu’el- le doit avoir. Si flius Dei es, (Matt. jv. 6.) on peut traduire /£ vous êtes fils de Dieu, &t voilà fs nom d’ef- pece, au lieu qu’en traduifant f£ vous étes le fils de Diex, Le fils eft un individu. | Nous mettons de la différence enfre ces quatre ex- preffions, 1. fils de roi, 2. fils d’un roï, 3. fils du roi, A. le fils du roi, En fils de roi, roi èft un nom d’efpe- ce, qui avec la prépofñtion, n’eft qu'un qualificatif; 2. fils d'un roi, d'un rot eft pris dans le fens partieuz lier dont nous avons parlé, c’eft /e fils de quelque roi ; 3. fils du roi, fils eft un nom d’efpece ou appellatif, &c roi eft un nom d’individu, fé/s de Le roi; 4. lefils du roi, Le fils marque un individu : flius regis ne fait pas fentir ces différences. Etes-vous roi ? êtes-vous Le roi ? dans la premiere phra- fe, roi eftun nom appellatif; dans la feconde ; roi eft pris individuellement : rex es su ? ne diftingue pas ces diverfes acceptions : zero fatis gratiam rept refert, Ter. Photm. IL. ïj. 24. où regi peut fignifier 44 roi ou à uñ TOL. Un palais de prince, eft un beau palais qu'un prin- ce habite, ou qu’un prince pourroit habiter décems ment ; mais /e palais du prince ( de le prince ) eft le pa- lais déterminé qu’un tel prince habite. Ces différen- tes vües ne font pas diflinguées-en latin d’une manie- te auffi fimple. Si, en fe mettant à table, on deman- de Ze pain, c’eft une totalité qu’on demande; le latin dira da ou affer panem. Si, étant à table, on deman- de du pain, c’eft une portion de /e pain ; cependant le latin dira également parem. ; Il eft dit au fecond chapitre de S, Matthieu, que les mages s'étant mis en chemin au fortir du palais d'Herode , videntes flellam , gavifi Junt ; 6: intrantes domum , invenerunt puerum : VOilà étoile, maifon , en: fant , fans aucun adje@if déterminatif; je conviens que ce qui précede fait entendre que cette étoile efl celle qui avoit guidé les mages depuis lorient 3 que cette maïfon eft la maïlon que l’étoile leur in- diquoit ; & que cet enfant eff celui qu'ils venoient adorer : mais le Latin n’a rien qui préfente ces-mots avec leur détermination particuliere ; ilfaut que l’ef= prit fupplée à tout : ces mots ne feroient pas énon+ cés autrement , quand üs feroient noms d’efpeces. N’eft - ce pas un avantage de la langue Françoi- fe , de ne pouvoir employer ces trois mots qu'avec un prépofñitif qui fafle connoître qu'ils font pris dans un {ens individuel déterminé par les circonftances à ils virent l'étoile , ils entrerent dans la maiïfon ; & trou= verent l'enfant, Je pourrois rapporter plufeutrs exemples, qui fe roient voir que lorfqu’on veut s'exprimer en Latin d’une maniere qui diftingue le fens individuel du fens adjeétif ou indéfini, ou bien le fens partitif du fens total, on eft obligé d’avoir recours à quelqu’adjeif démonftratif , ou à quelqu’autre adjoint. On ne doit donc pas nous reprocher que nos articles rendent nos expreflions moins fortes & moins ferrées que celles de la langue Latine ; le défaut de force & de préci- fion eft le défaut de l'écrivain , & non celui de la langue. | Je conviens que quand l’arricle ne fert point à ren< dre l’expreflion plus claire & plus précife, on de- vroit être autorifé à le fupprimer : j'aimerois mieux dire, comme nos peres, pauvreté n’ef} pas vice, que de dire, 2 pauvreté n'ef? pas un vice: il y a plus de vivacité & d'énergie dans la phrafe ancienne : mais cette vivacité & cette énergie ne font louables , que lorfque la fuppreffion de l'article ne fait rien perdre de la précifion de l’idée, & ne donne aucun lieu à l’indétermination du fens. L’habitude de parler avec précifion, de diftin- guer le fens individuel du fens fpécifique adjeéhf & indéfini, nous fait quelquefois mettre larsicle où nous pouvions le fupprimer : mais nous aimons mieux que notre ftyle foit alors moins ferré, que de nous expofer à être obfcurs ; car en général il eft certam que Particle mis ou fupprimé devant un nom , ( Gram- de Regpnier, p. 152. ) fait quelquefois une J: grande différence de fens, qu'on ne peut douter que les langues qui admettent l’article, #’'ayent un grand avantage fur la langus Latine ; pour exprimer nettement € clairement ART Ceftains rapports ou vües de l’efprit , que l'article feu! peut défigner , fans quoi le leéteur eft expofé à fe méprendre. 4 l'A Je me‘contenterai de ce feul exemple. Ovide faifant la defcription des enchantemers qu'il imagine que Médée fit pour rajeünir Efon, dit que Médée ( Mer. Liv, FIL v: 184.) | Teilis, nuda pedem , egreditur. " Et quelques vers plus bas ( ». 289. }il ajoûte Crinern ifroravit aqus, | Les traduéteurs inftruits que les poëtes employer fouvent un fingulier pour un pluriel, figure dont ils avoient un exemple devant les yeux en crinem trro- ravit , elle arrofa fes cheveux; ces traduéteurs , disi je, ont crû qu'en zwda pedem , pedem étoit aufli un fingulier pour un pluriel ; & tous , hors M. l'abbé Banier , ont tradtit #wda pedem, par ayant les piés nuds : ils devoient mettre, comme M. l'abbé Banier; ayant un pié nud ; car c’étoit une pratique fuperfh- tieufe de ces magiciennes , dans leurs vains & ridi> cules preftiges, d’avoir un pié chauflé & l'autre nud. Nuda pedem peut donc fignifier ayänt un pié nud, où ayant les piés nuds ; & alors la langue, fau- te d'articles, manque de précifion, & donne lieu aux méprifes. [left vrai que par le fecours des adjec- tifs déterminatifs , le Latin peut fuppléer au défaut des articles; & c’eft ce que Virgile a fait én une oc- cafion pareille à celle dont parle Ovide : mais alors le Latin perd le prétendu avantage d’être plus ferré &c plus concis que le François. Lorfque Didon eut eu recours aux enchantemens, elle avoit un pié nud , dit Virgile, . . . Unum exura pedem vinclis : . . (IV. Æneid. v. 518.) & ce pié étoit le gauche , felon les commentateurs. Je conviens qu'Ovide s’eft énôncé d’une marere plus ferrée, zuda pedem : maïs il a donné lieu à une méprife. Virgile a parlé comme il auroit fait s’il avoit écrit en François ; 27um exuta pedem , ayant un pié nud ; il a évité l’équivoque par le fecours de Pad- jetif indicatif wrum ; 8 ainf il s’eft exprimé avec plus de jufteffe qu'Ovide: Enun mot, la netteté & la précifion font les pré- mieres qualités que le difcours doit avoir : on ne par- le que pour exciter dans l’efprit des autres une pen: fée précifément telle qu’on la conçoit ; or les langues qui ont des articles | ont un inftrument de plus pou arriver à cette fin; & j'ofe aflürer qu'il y a dans les livres Latins bien des paflages obfcurs , qui ne font tels que par le défaut d'articles ; défaut qui a fouvent induit les auteurs à négliger les autres adjettifs dé- monftratifs , à caufe de l’habitude où étoient ces au: teurs d’énoncer les mots fans articles, & de laifler au lefteur à fuppléer. Je finis par une réflexion judicieufe du pere Büf fier. ( Gramm., n.340:) Nous avons tiré nos éclair= ciflemens d’une Métaphyfique , peut-être nn peu fubtile, mais très-réelle . : à . C'eft ainff que les füiences fe prêtent mutuellement leurs fecours : fe la Méraphy/fique contribue a déméler nettement des pôints effentiels à la Grammaire, celle-ci bien apprife, ne contribueroit peut- étre pas moins &'éclaircir les difcours les plus métaphy- Jiques. Voyez Anjecrtir, ADverse, 6e. (F) ARTICLE ; Î. m. ex vermes de Commerce, figniñe une petite partie ou divifion d’un compte, d’un mé: moire , d’une faéture , d’un inventaire , d’un livre journal , Gc. Di Un bon teneur de livres doit êtré exaë à porter fur le grand livre au compte de chacun , foit en dé: bit, foit en crédit, tous les arricles qui font écrits fur le livre journal , & ainf du refte. Article {e ditaufi des claufes, conditions & von: ventions portées dans les fociétés , dans les marchés, Tome 1, ART 739 dans les traités, & des chofes jugées par des arbitres. Article fe prend auf pour les différens chefs por- tés par les ordonnances! lés reglèmens, les ftatuts des communautés, 6. particulierement quand on les cite. Ainfi Pon dit: ce/a eff conforme a &el article - de l'ordonnance de 1673 ; à tel article du reglement des Teinturiers , &cc. Savary, Dit. du Comim. rom. I. P:738. (G) La : ARTICLE , e# Peinture , eftun très - petit contour qu'on nomme aufli ses. On dit: ces articles ne font pas affez prononcés. Outre ces contours , il y a un- article où untems, &c. Article fignifie auf, er Peinture comme en Anato-! mie, les jointures ou articulations des 6s du corps; comme les jointures des doigts, &e. ( R) ARTICLES , en rerimes de Palais , font les circonf- tances & particularités fur lefquelles une partie fe propolfe d'en faire interroger une autre en juftice : dans ce fens , on ne dit guere arricles qu'avec faits ; comme intérroger ES fur faits 6 articles ; don- : ner copie des faits G articles | &ce. On appelle les- articles tout fimplement , les clau- fes & conventions qu’on eft convenu de ftipuler dans un contrat de mariage par les deux futurs con2 : joints , ou leurs parèns ou tuteurs ffipulans pour eux. (H) ARTICULAIRE , adj. er Anatomie , fe dit des par: : ties relatives aux articulations, Voyez ARTICULA- TION. L’apophyfé articulaire eft une éminence qui fert de bafe à l’apohyfe zygomatique de los des tempes. Voyez TEMPORAZ. La cavité articulaire eftune cavité fituée entre les apophyfes ftyloide 8 articulaire de l'os des tempes, quireçoit le condyle de la mâthoire inférieure. Foy. MACHOIRE. | | Facettes articüläires, font des païtiés des os qui fervent à leur atticulation avec d’autres. Voyez FA: CETTES 6 Os. Nerf articulaire. Voyez AXILLAIRE. (LL) ARTICULAIRE ; térme de Medecine, €eft une épi thete qu’on donne à une maladie qui afflige plus im- médiatemeñt les articulations où les jointures. La maladie articulaire, morbus articularis , eft ce que les Grecs appellent æprprri, & nous goutte, Voy. GOUTTE. (N) : | ARTICULATION, f. f. ez Anatomie, c’eft une _j6inture ou une connexion de déux os. Foy. Os. Il y a différentes formes & différentes efpeces - d’articulation, qui correfpondent aux différentes {or- - tes de mouvemeris & d’aons. L'arricilarion qui a un mouvement notable & manifefte eft appellée diarthrofe. Voyez DiARTHROSE. Celle-ci fe fubdivife en énarthrofe , arthrodie | & ginglyme. Voyez ENAR- THROSE , ARTHRODIE ; & GINGLYME. L’articulation qui ne permet point de mouvement; eft appellée fyrarthrofe. Voyez SYNARTHROSE. Elle fe fubdivife en fisure, harmonie, & poriphofe. Voyez - SUTURE , HARMONIE , Grc. (E) culer. Article | en termes d’Anatomie!, fignifie la jointu- re des os des animaux ; articulation | en béné- ARTICULÉ , adje@if & participé du verbe #rti= ral, fignifie la jon@tion de deux corps , qui étant liés * l’un à l’autre, peuvent être pliés fans fe détacher: Ainfi les fons de la voix humaine font des {ons dif: férens , variés , mais liés entr’eux de telle forte qu'ils - forment des mots. On dit d’un homme qu'il articule bien, c’eftà-dire, qu'il marque diftinétementles fl” labes &crles mots. Les animaux n’arriculens as com: me nous le fonde leur voix: Ily a quelques oifeaux auxquels on apprend à articuler certains mots : let autres, Voyez ARTICLE, (#') hÂaaai font le perroquet , la pie , ‘le moineaui, &'quélques 740 ART ARTICULER , v. a@. ex ffyle de Palais, fignie avancer formellement , mettre en fait. (4) ARTICULER , v. at. On dit , er Peinture 6 en Sculp- ture, que les parties d’une figure, d'un animal, éc. {ont bien articulées lorfqw’elles font bien prononcées, c’eft-à-dire que tout y.eft certain, & non exprimé d’une maniere équivoque, Il faut articuler ces parties ; cettesfioure articule bien. (R) . ARTIFICE,, f. m. Ce mot fe dit des feux qui fe font avec art, foit pour le divertiflement , foit pour la guerre. Voyez PYROTECHNIE. Pour travailler aux artifices , il faut avoir certaines commodités ; qu'on ne trouve pas indifféremment dans toutes les maifons. Premierement, le grand bruit qu’on eft obligé de faire pour, charger les fufées vo- lantes à grands coups de maïllet , réitérés pendant long-tems, demande une petite chambre fur terre ferme qui en amortifle le retentiflement : par la mê- me raïon, à peu près , qu'on place ainfi les enclu- mes des forgerons, auxquels on peut comparer les billots de bois , fur lefquels on pofe les moules ou culots des fufées pour les charger. Le même billot doit auffi fervir de bafe aux mortiers de fonte defti- nés à piler les matieres dures, Il faut de plus avoir en lieu fec une chambre fe- parée de celle qu’on habite, pour y faire les ouvra- ges moins bruyans ; comme broyer , tamifer & mêler les matieres, ie les cartouches , les étrangler, faire les étoupilles & les petits ersifices, Il convient d’avoir dans celle-ci un poële à l’allemande , auquel on met le feu par une chambre voiïfine, fur-tout fi l’on eft obligé de travailler l’hyver, ou de coller & faire fé- cher les cartouches pendant les tems humides. On doit ménager dans cet attelier un petit coin bien fermé, pour y metfre la poudre &c les matieres combuftibles , qu’il faut conferver dans des barils & des coffres bien fermés , ou fi l’on veut dans des pots de terre verniflés, couverts d’un linge, & par-deflus d’un couvercle de bois, qui en le preflant, bouche le paffage de l’air extérieur qui ne doit pas y entrer, fi lon veut les conferver long-tems fans altération. Malgré ces précautions ; on doit éviter d’y tra- vailler de nuit à la chandelle, crainte d'incendie. Le principal meuble de cet attelier eftune table de bois dur de deux ou trois piésen-quarré, garnie d’une tringle arrondie débordant d’un pouce au -deflus, pour y broyer la poudre & le charbon, fans que la pouflere fe répande par les bords. Pour cet effet on : {e fert d’une mollette ou paumette de bois dur , faite à peu près comme unemollette à broyer les couleurs. Pour ramafler cés matieres plus aifément, 1l con- vient que.les angles de cette table foient émouflés par des pans coupés, 8 qu’on y fafle une ouverture au nubeu avec une petite trappe qui s’y loge dans une feuillure , de forte qu’on puiffe la lever lorfqu’on veut pour y faire pafler la matiere broyée: d’autres fe con- tentent .de laifler un des côtés fans bordure ; mais il femble que pour éviter les incommodités de cha- cune de ces manieres, il faut mettre la piece mobile fur le milieu d’un des côtés, en la faifant d’un grand fegment de cercle qui ne puifle être chaffé en-dehors , & conique par fon profil ; pour ne s’enfoncer dans la table qu'à la profondeur néceffaire pour la fleurer par deflus ; au moyen dequoi ayantlevé cette piece, on tient la febile en-devant ,8 on y fait tomber le pouf fier avec une aîle d’oifeau;'ou une broffe de poil de fanglier.…. | Cette table n’eft propre que pour broyer la poudre &c:le charbon ; les autres matieres dures ,. comme le falpetre en roche , le foufre, les téfines & autres ;! doivent être pilées dans un mortier derfonté avec un pilon de même métal-ou de: bois, fuppofé. que l’on: craigne que les-métaux ne s’échauffenttrop par le broyement, &' Av JS # ART On doit enduite être pourvû de quatre ou cinq ta- ms ; les uns de toile de cri, pour y pafler les ma- tieres qui ne doivent pas être finement broyées ; les autres de toile plus ferrée , pour celles qui doivent l'être davantage ; & enfin les autres de gafe de foie / pour les plus fines poufferes : telle doit être ordinai- rement celle de Ia poudre. Afin d'empêcher l’évaporation de celles-ci en les agitant pour les faire pañler, il faut que le tamis foit logé dans un tambour pareil à celui dont {e fervent les Parfumeurs pour paffer la poudre à poudrer. Cette précaution eft encore plus néceflaire pour le char- bon, qui s’exhale facilement, noircit tout ce qui eft dans une chambre, & s’infinue dans les narines, de maniere qu'on en eft incommodé , & qu’on mouche noir pendant plus d’un jour. | On fait aufhi que la pouffiere mêlée de fonfre & de falpetre , gâte & noircit toutes les dorures. Ce qui refte de la poudre dans le tamis après que le fin eft pañlé , s'appelle chez les Artificiers le relier, peut-être du mot Latin re/iquiæ ; au lieu de le repiler , on s’en fert pour les chafles des artifices. On éprouve en‘tamifant le falpetre , qu'il ne pañle facilement Gu’autant qu’il eft bien {ec ; ainfi on doit s’y préparer en le faifant fécher au four s'il eft né- ceffaire. Quant à la limaille de fer & d’acier, on fait qu'il en faut de différentes grofleurs , fuivant les ufages : la plus-fine eft celle qui foifonne le plus, mais qui fait des étincelles moins apparentes. Pour que l’une & l’autre produifent tout l'effet dont elles font ca- pables, il faut qu’elles foient nouvellement limées, ou du moins fans aucune rouille ; c’eft pourquoi fon la garde quelque tems, 1l faut la tamider à plufeurs reprifes pour en ôter toute la rouille. Un moyen de la conferver , c’eft de la pendre dans une veflie à une cheminée où l’on fait journellement du feu. Le refte des inftrumens dont on fe fert , comme maillet, battoir & autres, feront décrits aux mots qui leur conviennent , avec les proportions qui convien- nent aux ufages auxquels on les deftine. | On fe fert auffi de différens poinçons , dont Le plus néceffaire eft celui qu’on appelle 4-arrét, c’eft-à-dire, dont la pointe ne peut percer que fuivant une profon- deur déterminée, comme eft celle d’un cartouche, fans entamer la matiere qu’il renferme. Pour n’être. pas obligé d’en faire faire exprès pour chaque épaif- feur , il faut que le côté du poinçon près du manche, foit à vis avec un écrou qu’on fait avancer ou reculer d’un pas de vis ou deux furvant le befoim qu’on en a, pour ne le point enfoncer plus ayant qu’on ne veut. Des artifices pour bräler für l’eau 6: dans l'eau. La rareté des chofes, ou limpofñfbilité apparente de les faire , en fait ordinairement le mérite. L’oppofition de deux élèmens auf contraires que le feu & l’eau, femble les rendre incompatibles, & l’on ne peut s’em- pêcher d’être furpris de voir le feu fubfifter quelque tems fur l’eau & dans l’eau. Cette furprife caufe un plaifir qui donne un grand relief aux artifices aquati- ques , quoique dans le fond ils n’ayent rien de plus, merveilleux que les autres , comme on le-verra ci. après. Premierement, l’expérience fait voir qu’une gran- de partie des autres artifices étant bien allumés. &c jet- tés dans l’eau, ne s’y éteignent pas lorfque la dofe de . falpetre & defoufre ou de quelque bitume, domine: fur les autres matieres. J’entends fous le nom de #z= me, plufieurs huiles & matieres réfineufes, parmi lef., quelles le camphre tient le premier rang. Il y a deux | manieres d’unir ces matieres pour donner de la&ivis té’à leur feu : lune eft de les réduire en pâte en.les! | pêtriffant avec de l'huile, qui empêche l’eaw des’in- finuer dans les matieres fur lefquelles elle peut'agir pour empêcher l’a@ion du feu: l'autre eft de renfer- ART mer ces matieres réduites en poudre feche-dans des cartouches soudronnés par dehors, ou enduits de c1- re , de fuif, d'huile ou de matieres réfineufes, de ma- miere que l’eau ne puifle s’yinfinuer. . Voici un recueil de différentes compofitions des, anciens Artificiers Sennonowitz & Hanzelet , lef- quelles quoique différentes, font bonnes & éprouvées pour-brüler fur l’eau. ; , « Différentes dofes de compofition pour les artifices qui doivent brûler fur l'eau & dans l’eau. 1. Sur trois par- ties de poudre , deux de falpetre & une de foufre. 2. Deux parties de falpetre, une de poudre &r une de foufre. | | | 3. Sur une livre de poudre, cinq livres de férure de bois , trois livres de foufre , & fix livres de falpetre. 4. Sur huit livres de falpetre, deux de foufre, deux de fciure de bois bouillie dans de l’eau de falpetre & puis féchée , un quart de livre de poudre, deux on- ces de râpure d'ivoire. ÿ- Unelivre de foufre, trois de falpetre , une once & demie de camphre,uneoncede vif-argent pilé avec le camphre & le foufre. | 6. Sur trois livres de falpetre, deux livres 8 demie de foufre , demi-livre de poulverin , une livre de li- maille de fer , un quart de livre de poix greque. De Hanzeler. 7. Sur deux livres & demie de poudre, trois livres & demie de falpetre , une livre de poix blanche , une livre de foufre, un quarteron d’ambre jaune râpé, demi-livre de verre groffierement pilé, & demi-livre de camphre. 8. Une livre de fciure de bois, quatre livres de falpetre & une de foufre. | Compofition qui s'allument avec de l’eau, de Hanzelet. Prenez trois livres d’huile de lin , une livre d’huile de brique , autant d’huile de jaune d'œuf, huit livres de chaux vive récente ; mêlez ces matieres, jettez def- fus un peu d’eau, &c elles s’enflammeront. Du méme. Pierre qui s'allume avec de l'eau. Prenez de la chaux vive récente , de la tuthie non préparée, du falpetre en roche, de chacun une partie; réduifez le tout en poudre pour le mettre dans un fachet rond de toile neuve ; placez-le entre deux creufets parmi de la chaux vive en poudre ; les creufets étant bien liés avec du fil de fer recuit, il faut encore les luter &c les mettre au four à chaux ; cette mixtion s’y con- vertit en une pierre qui s'allume lorfqu’on l’humeéte avec de l’eau ou de la falive. | Maniere de tenir Les artifices plongés a fleur d’eau. La plüpart des artifices pour l’eau doivent y être enfon- cés jufqu'à leur orifice fans être fubmergés, afin que leur gorge foit hors de l’eau, & que le refte y {oit ca- ché fans couler à fond. Comme les matieres combuftibles dont on rernplit un cartouche, font plus lègeres qu’un égal volume d’eau , les artifices qu'on y jette flottent ordinairement trop au-deflus ; c’eft pourquoi il faut leur ajoûter un poids qui augmente leur pefanteur au point de la ren- dre prefque égale à celle de l’eau. La pefanteur de ce poids peut être trouvée en tâtonnant, c’eft-à-dire en eflayant dans un feau ou dans un tonneau plein d’eau, à quelle profondeur un poids, pris au hafard, peut le faire enfoncer, pour y en ajoûter un nouveau, fi le premier ne pefe pas aflez, Rien n’eft plus commode pour cet eflar, qu'un petit fac à mettre du fable , où l’on en ajoûte & l’on en rétranche autant & fi peu que l'on veut. Ce moyen eft le plus propre pour Les artifices dont le contrepoidseft ajoûté extérieurement : mais fi l’on vouloit le mettre intérieurement au fond du cartouche, avant que de le remplir des matieres combuftibles, il faudroiït s’y prendre autrement. - Après avoir enduit le cartouche, il faut le remplir d'un poids égal à celui des matieres qui doivent y en- trer, & le plonger dans un pot ou feau d’eau plein au tas de fes bords, pofé dans un grand baflin propre ÀART “ai à récevoir l’eau qui en tombera lorfqu’on y plongera l'artifice juiqu'à la gorge ou à l’orifice de l’amorces Cette immerfion fera Lo du pot une certaine quan- tité d’eau qui retombera dans le baflin préparé pour la recevoir , laquelle fera égale au volume de l’arrifice, On pefera cette éau , la différence defon poids avec celle du cartouche & des matieres qu’il doit contenir; donnera le poids qu’il faut y ajoñter pour le tenir en- foncé à fleur d’eau , de maniere qu'il refte à flot fans s’enfoncer davantage, On pefera autant de fable qu’on mettra au fond du cartouche avant de commencer à le remplir de matieres combuftibles, qui doivent ache: ver la pefanteur requife. Artifices fixes qui fervent de fanaux ou d’illumina- tions Jur l'eau, Toutes les matieres des artifices defti: nés pour brûler dans l’air à fec , peuvent être em ployées de même fur l’eau par le moyen des enduits dont on couvre les cartouches aquatiques pour les rendre impénétrables à l’eau. On peut donc y faire une 1llumination de lances à feu , & de tous les au- tres artifices q\'on employe fur les théatres , en les aflujettflant à quelque arrangement par des tringles ou fils de fer cachés dans l’eau ; on fait cependant des artifices exprès pour l’eau , qui different entr’eux, fuivant l’effet qu’on veut qu’ils produifent. Les pre- miers font ces efpeces de fanaux que Sémionowitz appelle globes aquatiques , parce qu’il les faifoit en forme de globes , quoique cette figure foit aflez ar- bitraire, & qu’elle n’ait d’attre avantage fur la cy- lindrique , qui eft la plus ordinaire , que celui de flo- ter plus facilement & de ne pouvoir fe renverfer ; mais aufli la figure de leurs cartouches eft plus diff- cile à conftruire , & leur feu n’eft pas fi égal du com- mencement à là fin : d’ailleurs les cylindriques étant bien leftés , peuvent aufli balancer fans fe renverf{er: Voici la conftruétion de ces globes aquatiques à l’ans cienne mode. On fait faire par un Tourneur une boule creufe , dont l’épaifleur extérieure eft la neuvieme partie de fon diametre extérieur ; pour couvrir le trou qui a fervi pour vuider le globe , on fait une piece en for- me d’écuelle , propre à s’adapter au refte, laquelle eft percée au milieu d’un trou, auquelon donne auffi un néuvieme du grand diametre pour l’ouverture de la gorge. On remplit le cartouche par la grande ou- vertute, d’une de ces compofitions faites pour brûler dans l’eau ; & après l’avoir bien foulée, on le cou: vre de la piece où eft le trou de la gorge par où on acheve de remplir le globe, après l'avoir bien collée && clouée fur la premiere ; & enfin on l’amorce avec ün peu de poudre comme tous les artifices. Il ne refte plus qu’à couvrir le tout de l’enduit néceffaire, pour empêcher que l’eau n’y pénetre , & à lui ajoûter le contrépoids de flotage, pour le faire enfoncer juf- qu’à l’amorce. er @ Un globe fait ainf, ne produit qi’un feu fixe : mais filon veut lui faire jetter des ferpenteaux où des fau- cifions à mefure qu'il brüle, il faut qu'il foit d’un bois plus épais qu'on ne l’a dit, pour pratiquer dans fon épaiffeur des trous dela grandeur néceffaire pour y faire entrer les gorges de ces artifices poftiches qu’on y veut ajoüter, comme on voit en $s fég. 81. planche 4. artific. dont un côté ef le profil du pot. Ces trous ne doivent être pouflés que juiqu'à envi- ron un demi-pouce près de la furface intérieure , où l’on en fait un fort petit , qui pénetre jufqu’au-dedans du globe pour fervir de porte-feu de communication du dedans au dehors, comme on voit en Ff. Si l’on veut faire tirer des coups, on y met des#fau- eiflons bien couverts de toile enduite de cire ou de goudron , comme on voit au côté droit qui repréfen: te le dehors d’une moitié. Il eft vifible que la varia= tion de pofition de ces trous peut prodiure des effets différens , & varier l’ercifice, 742 ART Artifice hydraulique quirend un fon de gafouillement. On fait creufer un cylindre de bois, dont la hauteur éft d’un tiers plus grande que fon diametre , laïflant ün fond d’une épaifleur convenable. ‘On remplit ce cartouche d’une ‘dé ces compofi- &ons faites pour brûler dans l’eau ; on lé couvre d’un couvercle qu’on y attache avec des clous, & dont on goudronne la jonétion pour empêcher l'eau d'y entrer. Le milieu de ce couvercle eft percé d’un trou conique , dont lalargeut inférieure eft d’une neuvie- me partie dela hauteur du cartouche , & la fupérieu- re moitié plus que celle-ci, pour reflerrer la flamme à {on dégorgement. On ajoûte à cet arrifice Le poids néceffaire pout le faire enfoncer jufqu’à fleur d’eau, fans qu'il coule à fond , après l’avoir enveloppé d’une toile goudron- née ou trempée dans de la poix pour la garantir de l’eau. L’artifice étant dans cet état, on lui ajoûte par dehors une poire à feu ou un éo/pile, ou boule de cuir vre mince Æ, faite de deux hémifpheres bien fou- dés, à laquelle font auffi foudés deux tuyaux Cr, Co prefque capillaires, c’eft-à-dire, percés d’un trou prefque auffi petit qu’on le peut , & repliés en forme de cornes , comme on le voit à la figure 82, pour qu'ils viennent s’emboiter dans deux autres canaux de plomb N, ou ajuftés & attachés aux côtés du car- touche de l’artifice. L'éolipile étant préparé comme il faut, on le met au feu fous des charbons ardens dont on le couvre pour le chauffer au point qu'il commence à rougir ; alors on plonge dans l’eau fes branches ou cornes par où l’eau s'efforce d’entrer par la compreffion de la colonne d’air dont elle eft chargée ; parce que l’air enfermé dans l’éolipile étant extrèmement raréfié par le feu, & venant à fe condenfer par le froid , laïfle- roit un vuide , fi l’eau ne venoit occuper l’efpace que l'air remplifloit pendant fa dilatation. Sans cette pré- caution, ilferoit impofñble d'introduire de Peau dans l’éolipile par fes embouchures. On connoît qu'il ne peut plus y entrer d’eau, lorfque le métal eft entie- rement refroidi. ’oyez EOLIPILE. Pour faire ufage de cet éolipile , il faut l’attacher fortement à côté de l’ernbouchure du pot avec des clous pañlés au travers d’une anfe qui a dû être fou- dée au-deffous de léolipile, & faire entrer les bouts de fes deux cornes ou tuyaux dans les canaux de plomb rN, ou qui doivent auffi être cloués fur le cartouche du pot par le moyen des petites bandes de plomb qui les embraflent en haut 8 en bas. Tout l’artifice étant ainf difpofé, lorfqu’on veut en faire ufage pour en voir l'effet, on met le feu à amorce de la gorge ; & lorfqu’il a pénétré jufqu’à la matiere intérieure , ce que l’on connoît par un brut de fifile- ment, on jette le tout dans l’eau, où l’éclipile fur- nage étant pofé fur le pot qui doit flotter; là le feu de la gorge qui frappe contre l'éolipile échauffe auffi- tôt le métal qui eft mince, & par conféquent l’eau qu'il renferme , laquelle venant à s’échauffer, &c ne pouvantie dilater, eft forcée de fortir avec tant d’im- étuofité, qu’elle fe réfout en vapeur humide fem- blable à un vent impétueux, lequel s’engorge dans les tuyaux de plomb trempés dans l’eau extérieure, qu'il agite avec tant de force, qu’il en réfulte un ga- {fouillement femblable à celui des oifeaux. De la frruülure des théatres d'artifices. Ayant que de former le deflein d’un feu d’errifice | on doit en fixer la dépenfe, & fe régler fur la fomme qu’on y deftine, tant pour la grandeur du théatre, &c de fes décora- tions , que pour la quantité d'artifices néceffaires pour le garnir convenablement , fans mefquinerie & fans confufon ; obfervant que ces deux parties {ont réla- tives , favoir que le théatre doit être fait pour les ar- tifices , & réciproquement les artifices pour le théatre ; & qu'ayant un objet de dépenfe déterminée, ce que lon prend pour les décorations eft autant de diminué fur le nombre &r la quantité des arsifices. Suppofant un deflein de théatre arrêté , tant pour l'invention du fujet que pour la décoration , il faut faire des plans, des profils, & des élévations de la carcafle de charpente qui doit porter le genre d’édi- fice qu’on veut imiter par des décorations poftiches ; comme peuvent être un arc de triomphe, un temple, un palais , un obélifque , une fontaine , & même un rocher où une montagne ; car toutes ces chofes font miles en œuvre pour nos théatres. Il convient encore de faire en relief des modeles de ces édifices, lorfqu'ils font un peu compolfés , pour mieux prévoir l’arrangement des arrifices dans la fi-: tuation convenable, les moyens de les placer & d'y communiquer pour les faire jouer à propos, & pre- venir les inconvéniens qui pourroient arriver , fi l’on manquoit de ces commodités dé communication pour aller & venir où il eft néceffaire. Les plans, Les profils, & les élévations des théa- tres étant arrêtés, on choïfit des ouvriers capables, a@ifs, & en grand nombre , pour qu’ils faflent l’ou- vrage en peu de tems, file fuet de la réjouiffance n’a pù être prévû de loin; car la diligence dans l’exé- cution eft néceflaire pour contenter le public’, ordi- nairement impatient de voir la fête promufe , fur-tout lorfqu’il s’agit d’un fujet de vi@oire , de prife de ville, ou de levéé de fiége, parce que la joie femble fe ral: lentir & s’ufer en vieiliffant. Quoique la charpente qui compofe la carcafle des théatres {oit un ouvrage deftiné à durer peu de jours, on ne doit pas négliger la folidité de fon aflemblage, parce qu’étant recouverte de toile ou de planches qui en forment les décorations & donnent prife au ‘vent, elle pourrôiït être culbutée par une bouffée im- prévûüe. On fait ces ouvrages dans des lieux particu- liers enfermés , pour y diriger l’aflemblage ; & lorf- que toutes les pieces font bien faites , préfentées, &c numérotées , on les démonte pour les apporter fur la place où le fpe&tacle doit fe donner, où on les raf- femble en très-peu de tems. Les revêtemens de la carcafle de charpente fe font ordinairement detoi- le peinte à la détrempe. On en termine les bords par des chaffis de planches contournées comme le def- fein l'exige , en arcades, en feftons , en confoles, en trophées , en vafes, Gr. Les colonnes de relief ifolées fe font de plufieurs manieres à leur fuperficie ; car le noyau eftroüjours néceflairement une piece de bois debout. Lorfqu’el- les font d’un pétit diametre ; comme de 12 à 15 pou- ces, on peut revêtir ce noyau avec quatre Où cinq doffes, c’eft-à-dire , de ces croûtes de planches con- vexes que laïfle le premier trait de la feie, lefquelles on donne à bon marché. Si au contraire la colonne eft d’un grand diametre, comme de 4 piés, on peut les revêtir de différentes matieres ; premierement de planches arrondies en portion convexe , en dimi- nuant un peu de leur épaiffeur vers les bords, fur- vant l’exigence de l’arc de cercle que leut largeur occupe , dont la fleche n’eft alors que de quelques lignes , parce que cetarc n’eft que de 20 ou 30 degrés, Secondement de planches minces refciées, appellées voliches, lefquelles fe peuvent plier, en les clouant fur des cintres circulaires pofés d’efpace en efpace horifontalement le long de la hauteur de la colonne, & prendre ainf la convexité qui leur convient. Troi- fimement, on peut les revêtir de toile clouce, en rapprochant un peu les cintres qui embraffent le noyau de la colonne. | Quatriemement ; on peut les revêtir de plâtre, ou de torchis, fi l’on eft en un lieu où le plâtre foit rare ; lorfque les revêtements font de planches ou de voliches , il convient, pour en cacher les joints, d’y peindre des çannelures à çone ou à vives arêtes >. * ul fuivant la natute de l’ordre de la colonne , & même des rudentures. On peut auf y peindre des bandes de boflage, s’il s’agit de couvrir des joints horifon- taux. Il eft vifible que les colonnes de relief coûtent beaucoup plus que celles én platte peinture, qu’on employe ordinairement aux décorations des théatres: mais aufli l'effet en eft incomparablèment plus beau, &t imite plus parfaitement un fomptueux édifice. De La difiribution des artifices fur les théatres | € de l'ordonnance des feux. La premiere attention que doit avoir un Artificier , avant que d’arranger fes pieces d’arcifice fur un théatre, eft de prévenir les accidens d'incendie , je ne parle pas feulement pour la ville où fe donne le fpeétacle, c’eft l'affaire de la police, mais de ces incendies prématurés qui mettent de la confufion dans le jeu des artifices | & troublent l’or- dre & la beauté du fpeftacle. Pour prévenir ces accidens , on doit couvrir les planchers qui forment les plattes-formes ; galeriés , corridors, & autres parties dont la fituation eft de n1- veau , d’une couche de terre grafle recouverte d’un peu de fable répandu pour pouvoir marcher deflus fans glifler, comme il arriveroit f. elle étoit humide, &z bien remplir les gerçures, fi elle eft feche ; au moyen de quoi les artifices qui peuvent tomber avant que d’être confumés & s'arrêter fur ces lieux plats, ne peuvent y mettre le feu. Outre ces précautions , on doit toijours avoir fur le théatre des baquets pleins d’eau, & des gens aëtifs pour les cas où il faudroit s’en fervir ; & pour qu'ils ne craignent pas de brûler leurs habits , il faut qu'ils foient vêtus de peau , & toûjours prêts à éteindre le feu , au cas qu'il vint à s’attacher à quelques endroits du théatre. Pour les mettre en füreté , on doit leur ménager une retraite à couvert dans quelque partie de larchi- teure , comme dans une attique , ou fous une py- ramide, s’il y en a une, pouf l’amortiflement du mu- lieu, ou enfin dans les foïbaflemens ou pié-d’eftaux des ftatues & groupes , pour qu'ils puiffent s’y reti- rer pendant le jeu de certains artifices dont les feux fortent en grand nombre , & y être enfermés de ma- niere que les artifices qui fe détachent ne puiflent y entrer. Il faut de plus que ces retraites communmi- quent aux efcaliers ou échelles par où on y monte, Ce n’eft pas aflez de fe murur de toutes ces pré- cautions , il eft encore de la prudence d’éloigner du théatre les caifles des gerbes qui contiennent beau- coup de moyennes fufées qu’on fait partir enfemble, ou des fufées volantes de gros calibre , qui jettent des groffes colonnes de feu ; c’eft pour cette raifon qu'on ne tire point de deflus les théatres celles qu’on appelle fufées d'honneur , par lefquelles on commence ordinairement le fpeétacle : mais on les appoñte à l’entrée de la nuit à quelques cinq ou fix toifes de-là à platte terre, où on les fufpend fur de petits che- valets faits exprès pour en contenir un certain nom- bre , comme de deux jufqu’à douze ; qu’on fait par- tir enfemble ; on les place ordinairement derriere le milieu du théatre , eu égard à la face qui eft expofée à la vüe de la perfonne la plus diftinguée parmi les fpeétateurs , afin qu’elles lui paroïffent fortir du mi- lieu du théatre, où à quelque diftance de ce milieu, lorfqu'on les fait partir en fymmétrie par paires de chevalets placés de part & d’autre. La figure des chevalets peut varier fuivant lufage qu’on fe propofe ; fi l’on en veut faire partir une dou- gaine en mème tems, il faut qu'il porte un cercle pofé de niveau par le haut, & un autre par le bas, lun pour les fufpendre , l’autre pour tenir leurs ba- guettes en fituation d’aplomb , par des anneaux ou des têtes de clous. Si l’on veut qu’elles partent à quelque diftance les unes des ‘autres, on doit faire la tête du chevalet en triangle à plomb par le haut, ART 74 & mettre une tringle avéc des anneaux on dés clous par le bas pour ÿ faire pañler les queues des baguet- tés, comme on le voit à la figure 75. PI. IIT, Lorfqu’on veut les tirer fucceflivement fans beau- coup d'intervalle , il faut que les chevaléts foient plus étendus : alots un poteau montant ne fufht pas; il en faut au moins deux , trois ou quatre plantés en terre pour y attacher des traverfes , l’une à la hau- teur de fix ou neuf piés , & l’autre à un pié de terré, auxquelles on plante des clous efpacés à un pié de diftance les uns des autres, plus où moins, fuivant la groffeur des fufées. Ces clous, pour plus de commodité, doivent être plantés par paires , faillans d’un pouce ; ceux d'en: baut fervent à foûtenir la gorge de la fufée , &ceux de la traverfe d’embas , pour faire pafler entre-deux le bout de la baguette ; c’eft pourquoi ceux-ci doi vent être polés à-plomb fous lés autrès , & n’êtré éloignés que de l’épaiffeur de la baguette pour y fai- re la fonétion d’un anneau dans lequel on l’engage pour la tenir à-plomb fous la fufée , au moyen de: quoi on tire les fufées fucceffivement, & pendant auffi long tems qu’on en a pour remplacer celles qui ont parti ; furquoi il y a une précaution à prendrè pour prévenir la confufion &c le defordre , c’eft d’é- carter un peu du chevalet & de couvrir foigneufe- ment les caifles où l’on va prendre les fuféés pouf les y fufpendre & les faire partir. On doit ufer de pareilles précautions pour ces groupes de fufées en caifles qu’on fait partir énfemble pour former de grandes gerbes ; lorfque les fufées font petites, du nombre de celles qu’on appelle de caifle, qui n’ont que neuf lignes de diametre , & que la caïffe n’eñ contient que trois ou quatre douzaines ; on peut les placer fur les angles faillans des théatres , &r les faire partir feulement à la fin, après que les autres arrifices ont joué : mais lorfqu’elles font plus grofles & en plus grand nombre , 1l faut écarter les caifles du théatre, parce qu'il en fort une fi prodigieufe colonne de flam- me , qu’elle eft capable d’émbrafer tout ce qu eft aux eñvirons, | La feconde attention que doit avoir un Artificier,, dans l’exécution d’un feu , eft de bien arranger les pieces d'artifice dont 1l a fait provifion, pour qu’elz les offrent aux yeux une’belle fyrmmétrie de feux ac= tuels & de feux fucceflifs. On a coùûtume de border de lances à feu les parties faillantes des entablemens, particulierement les corniches , en les pofant près à près de huit à dix potices pour en tracer le contour par des filets de lumieres qui éclairent les faces d’un feu brillant ; on en borde auffi les baluftrades & les angles faillans des parties d’architetture, Pour empêcher que le feu qui fort des lancés ne s'attache au théatre , on les met quelquefois fur des bras de bois faillans & dans des bobeches de fer blanc, comme fi c’étoient des chandelles où des bougies; auxquelles elle reflemblent beaucoup par la figure & la couleur de leur cartouche ; fi l’on veut épargner cette dépenfe , on fe contente de les attacher par le moyen d’un pié de bois, qui n’eft autre chofe qu’une efpece de cheville qu’on introduit un peu à force dans le bout du cartouche , de la longueur d’un pou: ce, qu’on laïfle vuide pour le recevoir, & l’on plan te cette cheville dans des trous pratiqués dans les pie: ces de boïs qui doivent les porter ; où bien on ap platit l’autre bout de cette cheville, & l’on y fait un trou pour la clouer fur la piece de bois où elle doit être attachée. Comme toutes ces lances à feu doivent faire une illumination fubite , quand on veut les allumer , il faut faire pafler une étoupille bien afürée fur leurs gorges , qu’on arrête avec deux épingles enfoncées dans le cartouche, & on leur donne le feu par le mi- lieu de chaque face, Les appuis des baluftrades des 744 ART aleries qui doivent régner autour du théatre , pour A commodité de la communication , font ordinaire- ment deftinés à être garnis de pots à feu à fauciffons & à aigrettes : ceux-ci conviennent particulierement aux angles , tant pour la beauté de leur figure , que pour éloigner le feu ; on peut aufh y mettre des pots d’efcopeterie. Nous avons dit qu'il convenoit de mettre dans les angles & les places ifolées des caifles de fufées vo- lantes qui doivent partir enfemble pour former des serbes de feu; ces caifles peuvent être déguifées fous Les fi gures des gaînes de termes portant des vafes d’ef- copeterie , ou des bafes de termes pleins d'artifices , qui communiquent le feu aux caïfles en finiffant. Les places les plus convenables aux girandoles fai- tes pour tourner verticalement, font les milieux des faces , lorfqu’on n’en veut faire paroïtre qu'une à chacune. A l’ésard du foleil brillant , qui doit imiter le vrai foleil qui nous éclaire, & qui eft unique dans fon efpece, il doit aufh, pour la jufteffe de l’imita- tion , paroître feul dans l’endroit le plus apparent & le plus éminent du théatre. Les courantins qu’on def- tine ordinairement à porter le feu depuis la maiïfon où eft placée la perfonne la plus diftinguée , doivent, pour la commodité être placés à une fenêtre fur leur corde , & aboutir à l’endroit du théatre où répon- dent Les étoupilles deftinées à former la premiere 1l- lumination des lances à feu. Les trompes peuvent être placées au-devant des baluftrades fur les failles de la corniche , en les inclinant un peu en dehors d'environ douze ou quinze degrés, pour qu’elles jet- tent leurs garnitures un peu loin du théatre. Cette poñition eft aufli convenable pour la commodité de l’Artificier , qui a par ce moyen la liberté de les aller décoeffer pour y mettre le feu quand il juge à pro- pos , parce que leur fommet eft à la portée de fa main , & un peu écarté des ærtifices dont l’appui de la baluftrade a été bordé ; & c’eft par la raifon de cette proximite qu’on a dû les couvrir d’un chaperon ou étui de carton, qui empêche que les feux dont la trompe eft environnée , n’y puflent pénétrer avant qu’on Ôte ce couvercle, ce qu’on appelle décoeffer. Lorfqu'on a plufeurs trompes fur une face , on peut les faire jouer par couple à diftances égales du milieu ; & afin de les faire partir en même terms, on les allume par le moyen des bouts de lances à feu ajoûtées au-deflus du chapiteau , dont la longueur égale ou inégale , comme on le juge à propos , fait w’elles partent en même tems ou fucceffivement , Re la durée de ces bouts de lances , qui ont dû être mefurés pour cet effet. C’eft un moyen für & commode pour allumer toutes fortes d'artifices à point nommé , y ajohtant la communication du fewpar des étoupilles qui le portent fubitement à la gorge des lances à feu. On conçoit bien que les étoupilles de communication ne peuvent être miles à découvert que pour les premiers feux, & qu'il fant les enfer- mer foigneufement dans des cartouches ou des com- munications , S'il s’agit d’une feconde fcene de diffé- rens feux. La fymmétrie des jeux des artifices qui doivent pa- roître en même tems , eft principalement néceflaire pour ceux quifont fixes & s’élevent beaucoup, com- me les aigrettes & les fontaines , parce qu’on a le tems de les comparer : c’eft pourquoi il faut qu’el- les commencent & finiflent en même tems. La troifieme attention que doit avoir un bon Arti- ficier, & celle qui lui fait le plus d’honneur, parce qu'elle fait connoître fon génie, eft de difpofer fes ar- afices fur le théatre , de maniere que leurs effets pro- duifent une grande variété de fpeétacle , & tout au moins trois{cenes différentes ; car quelque beaux que foient les objets, on s’ennuie de les woir toûjours fe répéter, ou trop long-tems dans le même état. ART De l'exécution ou de l’ordre qu’on doit garder potr faire joïter un feu d'artifice. Suppofé qu’on fafle précé- der le feu d’un bûcher avant celui des artifices, on commence le fpeétacie dès avant la fin du jour par allumer le bûcher à une diftance convenable du théatre : pendant que les voiles de la nuit tombent, & que les fpeétateurs s’aflemblent , on lés divertit par une fymphonie de_ces inftrumens qui fe font en- tendre de loin , comme trompettes, timbales , cor- nets , fifres , hautbois , cromornes , baflons, &c. auxquels on peut cependant mêler par intervalle &z dans le calme , ceux dont l'harmonie eft plus douce , comme les flutes à bec & traverferes , violons , bafles , mufettes, &c. par ces accords des fons on difpofe l’efprit à une autre forte de plaïfir qui eft celui de la vüe , du brillant & des merveilleufes modifications du feu. Lorfque la nuit eft aflez ob- {cure pour qu’on ait befoin de lumiere , on allume des fanaux & des lampions arrangés où on les juge néceflaires pour éclairer, ce qui doit fe faire fubite- ment par le moyen des étoupilles ; & lorfque lanuit eft aflez noire pour que les feux paroiffent dans toute leur beauté, on donne le fignal du fpeétacle par une falve de boîtes ou de canons, après quoi lon com- mence le fpeétacle par des fufées volantes qu'on tire à quelque diftance du théatre des artifices, où fuc- ceflivement ou par couple, & même quelquefois par douzaine , mêlant alternativement celles dont les garnitures font différentes, comme en étoiles, fer- penteaux, pluies de feu, 6:c. allant par gradation des moyennes aux plus groffes qu'on appelle fufées d'honneur, Voyez FUSÉE , GERBE, 6'c. Après ces préludes, on fait ordinairement porter le feu au théatre par un courantin au vol de corde mafqué de la figure de quelque animal , lequel par- tant de la fenêtre où eft la perfonne la plus diftin- guée , qui y met le feu quand il en eft tems, va tout d’un coupallumer toutes les lances à feu qui bordent le théatre, pour l’éclairer & commencer le fpeétacle. ARTIFICIEL , on appelle ez Géométrie lignes artit- cielles des lignes tracées fur un compas de proportion ou une échelle quelconque, lefquelles repréfentent les logarithmiques des finus & des tangentes , & peu- ventfervir, avec la ligne desnombres,àréfoudre aflez exaétement tous les problèmes de trigonométrie, de navigation, Gc. Les nombres artificiels font les fécan- tes, les finus, & les tangentes. Ÿ. SÉCANTE ; SINUS, &TANGENTE. Voyez auffi LOGARITHME. (Æ) ARTIFICIER ; f. m. on appelle ainf celui qui fait des feux d'artifice, & qui charge les bombes, les gre- nades, & leurs fufées. Les artificiers font fubordon- nés aux capitaines des bombardiers; ils reçoivent les ordres de ces derniers, & veillent à leur.exécu- tion de la part des bombardiers. ARTILLERIE,, f. f. gros équipage de guerre, qui comprend toutes fortes de grandes armes-à-feu, comme canons , mortiers , bombes , petards, mouf- quets, carabines , &c. Woyez CANON, MORTIER, FusiL, PÉTARD, 6c. On-n’a pù attaquer cette pla- ce , parce qué l’on manquoit de grofle artillerie. Fi- guerra nous apprend dans fon Ambajfade, qu'en1518 les Perfans ne vouloient jamais {e {ervir ni d’artillerie ni d'infanterie; par la rafon que cela pouvoït empê- cher de charger l'ennemi , ou de faire retraite avec autant d’agilité, en quoi ils faifoient confifter prin- cipalement leur adrefle dans lescombats, & leur gloi- re militaire. Le mot artillerie s'applique aufi quelquefois aux anciennes machines de guerre , comme aux catapuls tes, aux béliers, &c. Voyez BÉLIER, MACHINE; CATAPULTE , Éc, L’ARTILLERIE fe prend aufli pour ce que l’on ap- pelle autrement pyrosechnie, ou l’art des feux d'arti fice, avec tous les inftrumens & l'appareil Er ont ART font propres. V,-PyroTECHNIE. Ceux quiont écrit | fur l'artillerie font Cafimir, Semionowitz, Polonois, Buchnerus., Braunius, Mieth ; & Saint-Remi, dans fes mémoires d'artillerie, qui contiennent une exaëte defcription de toutes les machines & inftrumens de guerre ; dont on fait ufage préfentement, avec tout ce qui y a rapport; ke Chevalier de Saint-Julien, qui a donné en 1710, la forge de Vulcain ou l'appareil des Machines de guerre; M. Belidor, auteur du Borbar- dier François ; M. Dulacq, officier d’artillerie du roi de Sardaigne , qui a donné un livre intitulé, Théorie nouvelle fur de Méchanifine de l'artillerie, imprimé à Paris, chez Jombert, en 1741; M. le Blond, Profef- feur de Mathématique des Pages de la grande écurie du Roi , qui a donné en 1743 un traité de l’Artillerte ou des Armes 6 Machines en ufage à la guerre depuis Dinvennion de la poudre. C’eft un précis des connoif- fances les plus utiles aux officiers fur tout ce qui concerne l'artillerie &c fes ufages. (Q) . ARTILLEUR, f. m. c’eft un officier quelconque attaché au corps de l'artillerie; ce terme n’eft pas abfolument établi, quoiqu’on letrouve employé dans plufeurs auteurs. On le donne auffi aux auteurs qui ont écrit fur l'artillerie. (Q) ARTIMON,, f: m. ( Marine) mét d’artimon, de Jougue ou de foule, mat d’arriere. C’eft le mât du na- vire placé le plus près de la poupe. Voyez MAsT. * Voile d’artimon, c’eft une voile latine, ou en tiers point; à la différence des autres qui font quarrées, elle a la figure d’un triangle fcalene. La vergue d’artimon eft totjours couchée de biais fur le mât, fans le traverfer, quarrément ou à angles droits; ce qui eft la fituation des vergues qui font aux autres mâts. Voyez la figure marine, Planche pre- sriere, au mât d'artimon, où la vergue d’artimon eft cotée 1 & 1. Voyez VERGUE. _ La voile d’artimon eft d’un grand fervice pendant la tempète , parce qu'elle contribue le plus à faire porter à route, & qu'on la peut aifément manœu- vrer. Il éft conftant que ce font toutes les manœu- vtes de l’arriere qui fervent à gouverner le vaiffeau. Mais lorfqu'on a le vent en poupe, on la met le plus fouvent de travers par la longueur du navire, pour qu’elle ne dérobe pas le vent aux autres, qui tont filler le vaifleau plus vite. Cette voile fert à faire approcher le vaifleau du vent , & la civadie- re , à faire abattre. Change l’artimon , {e dit dans Le tems qu’on viré de bord. (Z) * ARTIMPASA , nom fous lequel Hérodote dit que les Scythes adoroient la Venus célefle. . ARTISAN , f, m. nom par lequel on défigne les ouvriers qui profeflent ceux d’entre les arts mécha- niques , qui fuppofent le moins d'intelligence. On dit d’un bon Cordonnier , que c’eft un bon artifan ; & d’un habile Horloger , que c’eft un grand artifte, = ARTISON , ARTUSON , ARTOISON , OU ARTE, noms que l’on donne à différentes fortes d’infeétes qui rongent les étoffes & les pelleteries, Comme la fgnification de ces noms n’eft pas bien déterminée, on l’a étendue aux infeétes qui percent le papier &c: à ceux qu pénetrent dans le bois, comme les coffons & les poux de bois. Mais je crois que les noms dont il s’agit doivent fe rapporter principalement aux tei- gnes qui fe trouvent dans les étoffés. Voyez TEIGNE, êt peut-être auffi aux vers dés fcarabées difféqueurs qui font dans les pelleteries & les peaux d’oifeaux defféchées , & en général dans toutes les chairs gar- dées & corrompues. Voyez VER, SCARABÉ. (1) ARTISTE, {. m. nom que l’on donne aux ouvriers qui excellent dans ceux d’entre les arts méchaniques qui fuppofent l’intelligence ; & même à ceux, qui, dans certaines Sciences , moitié pratiques , moitié fpeculatives , en entendent très-bien la partie prati- | LOL, 00e | AR V 745 que; ainf on dit d’un Chinifte:, qui fait exécuter adroïtement les-procédés que d’autres ont inventés, que c’eft un bon arrifle; avec cette différence que le mot arrifle eft totjours un éloge dans le ‘premier cas, & que dans le fecond, c’eft prefque un repro- che de ne pofféder que la partie fubalterne de {a pro- LS Ofsag hu ai : * ARTOCRE AS, (Hif. anc.) mets des Romains, dont Perfe le fatyrique a fait mention, On ne fait pas exaétement ce que c’étoit : les uns prétendent que c’étoit une forte de pâté aflez femblable aux nôtres ; d’autres, au contraire, difent que ce n’étoit que de la chair hachée avec du pain ou de la pâte, ce qui reviendroit mieux à ce que nous appellons des ana douillettes. | | . *ARTOIS, (Géog.) province de Frañce, dansles Pays-bas, avec titre de comté, bornée par la Flan: dre au feptentrion, & en partie à lorient; & par lé. Hainaut, le Cambrefs & la Picardie, au fud & à loc: cident. #rras en eft la capitale. . | * ARTOMAGAN ox AROMAGA , une île des Lar: rons, dans la mer Pacifique. C’eft celle qui occupe le. milieu. be *ARTONNE, ville de France, dans la bafle Au vergne, fur la riviere de Morges. . ARTOTYRITES, (Théol. Hiff. eccl.) {e&te d’'hé- rétiques, quiformoient une branche des anciens Mon: taniftes qui parurent dans le fecond fiecle, & infec- terent toute la Galatie. Voyez MONTANISTES. Ils corrompoient le fens des Ecritures, communi- quoient la prêtrife aux femmes, auxquellesils per- mettoient de parler, & de faire les prophétefles dans leurs aflemblées. Dans le facrement de l’Euchariftie, ils fe fervoient de pain & de fromage, ou peut-être de pain dans lequel on avoit fait cuire du fromage x alléguant pour raifon, que les premiers hommes of- froient à Dieu non-feulement les fruits de la terre à mais encore les prémices du produit de leurs trou- peaux. C’eft pourquoi S. Auguftin dit qu’on leur don na le nom d’Artotyrires ; formé du grec dfles, pain & rupoc, fromage. (G) | ARTRE,, oïffeau mieux connu fous le nom de war: arpefcheur. Voyez MARTIN-PESCHEUR. (1) * ARU, (TERRE D’) Géograph, ville &c royaume dans l’île de Sumatra. La ville eft fur le détroit de Malaca. "HR ARU, ile d’Afie, entre les Moluques &r la nouvelle Guinée, à 25 lieues de la terre des Papous ou Noirs. * ARVA ox AROUVA, ville de Hongrie, capita- le du comté de même nom, dans la haute Hongrie ; aux frontieres de Pologne, fur la riviere de Vag. ARVALES, (FRERES ) (ff. anc.) c’étoient des . prêtres dans l’ancienne Rôme, qui affiftoient ou qui fervoiént aux facrifices des ambarvales, que l’on of froît tous les ans à Cérès & à Bacchus, pour la prof- périté dés fruits dé la terre, c’eft-à-dire, du blé & dé la vigne. Voyez AMBARVALES, Gé. | Ce mot eft originairement latin, & il eft formé d’arvum , champ; à caufe que dans leurs cérémonies, ils alloïent en proceffion autour des champs ; ou {e- lon Aulu-Gelle, à caufe qu'ils offroient des facrifices pour la fertilité dés champs. D’autres difent que c’é- toit parce qu'ils étoient nommés arbitres de tous les différends qui avoientrapport aux limites des champs & aux boïnes des terreins. | Is furent inftitués par Romulus au nombre de dou- ze ; ils étoient tous des perfonnes de la premiere dif tinttion , le fondateur lui-même ayantété de ce corps; ils compofoient un collége appellé co//egium fratrum arvalum, Voyez COLLÉGE. La marque de leur dignité étoit uné guirlande eom- pofée d’épis de blé; attachée avec un ruban blanc, que Pline dit avoir été la premiere couronne qui fut en ufage à Rome, Voyez COURONNE, BBbbR 746 ARY Selon Fulgentius, Acca Lautentia, nourrice de Romulus, fut la premiere fondatrice de cet ordre de prêtres: il paroît qu'elle eut douze fils, qui avoient coûtume de marcher devant elle en proceflion au fa- crifice , l’un defquels étant mort, Romulus, en fa- veur de fa nourrice, promit d’en prendre la place: & c’eft de-là, dit-il, que vient ce facrifice, le nombre de douze & le nom de freres, Pline (lv. XWIT. €, 2.) femble faire entendre la même chofe, quand il dit que Romulus inflitua les prêtres dès champs, fuivant l'exemple d’Acca Laurentia fa nourrice. * ARVE, (Géog.) riviere de Foffignÿ en Savoie. Elle fort de la montagne maudite, & fe perd un peu au-deflus de Geneve , au lieu appellé /4 queue d’Arve. *ARVERT 6 ARDVERD , île de France, en Sain- tonge, au midi de l’embouchure de la Seudre, & à l’orient de Marenne. *ARVISIUZM, promontoire de l’ile de Chio. *ARUM, Poye PIÉ-DE-VEAU. *ARUN, petite riviere du comté de Suflex, en Angleterre ; elle baigne la ville d’Arundel, & fe jette entuite dans la mer de Bretagne, * ARUNDEL ox ARONDEL, ville d'Angleterre, dans le Suflex, fur l’Arun. Long. 17: 3. lat. 50.50. * ARUSPICES, f. m. (Myrh.) c’étoit chez les Ro- mains des miniftres de la religion, chargés fpéciale- ment d'examiner les entrailles des vi@times, pouren tirer des préfages. Les Etruriens étoient de tous les peuples d'Italie, ceux qui poflédoient le mieux la fcience des arafpices. C’étoit de leur pays que les Ro- mains faifoient venir ceux dont ils fe fervoient. Ils envoyoient même tous les ans en Etrurie un certain nombre de jeunes gens pour être inftruits dans les connoiflances des arufpites. Dé peur que cette fcien- ce ne vint à s’avilir par la qualité des perfonnes qui Fexerçoient, on choififloit ces jeunes gens parmi les meilleures familles de Rôme. Lés arufpices exami- noient principalement lé foie, le cœur,.la rate, les reins & la langue de la vide. Ils obfervoient foi- gneufement s'il n’y paroïfloit point quelques flétrif- fures, & fi chacune de ces parties étoit en bon état. On affüre que le jour que Céfar fut aflafliné, on ne trouva point de cœur dans deux viétinies qu’on avoit immolées. Voyez AUGURES. ARUSPICINE, f. f. c’eft l’art de connoître l’ave- nir par l’infpeétion des entrailles des bêtes. 7. ARUS- PICES. * ARW A ou ARVA, F’oyez; ARAVA. * ARWANGEN , petite ville de Suifle, dans le canton de Berne, fur l’Aar, entre Araw &c Soleure. ARY-ARYTÉNOIDIEN, adj. nom d’un mufcle qui quelquefois eft fitué tranfverfalement entre les deux cartilages aryténoïdes auxquels il s’attache; ‘on y obferve des fibres qui fe croifent en X, ce qui a donné lieu à la diflinétion que lon en a faite en grand & en petit arytézoïdien , ou en aryténoidien croifé & en tran{verfal. (L) *ARYES, f. m. pl. peuple de l'Amérique méridio- nale, au Brefil, aux environs de la Capitanie, ou du gouvernement de Porto Seguro, ARYTENO-EPIGLOTTIQUE, adj. ez Anatom. nom d’une paire de mufcles de l’épiglotte qui vien- nent de la tête des cartilages aryténoïdes, & s’infe- tent antérieurement aux bords de l’épiglotte. (L ) ARYTÉNOIDE, adj. er Anatomis , nom de deux carrilages du larynx, fitués à la partre pofté- rieure & fupérieure du cartilage cricoïde, Yoyez LaA- RyNx. Ce mot eft compoié d'épürave , aiguiere , &t d’érdvs, figure. (L) ARYTÉNOIÏDIEN, adj. nom detrois mufcles du larynx , dont deux font appellés aryténoïdiens vroilés, & letroifieme aryrénoidien tranfverfal, Voyez ÂRY-ARYTÉNOIDIEN. (L:) ARYTHME , rerme de Medecine ; quelquéstuns font ufage de ce mot, pour marquer une défaillance du pouls telle qu'il n’eft plus fenfble ; mais ce mot figmi- fie plus proprement une irrégularité où un défaut de regle & de mouvement convenable dans le pouls. Voyez Pouis. Ce mot eft formé d’ privatif, & de fubude , modulus, module ou mefure. (NW) ARZEL, adj. (Manége & Maréchall.) fe dit d'un cheval qui a une balzane ou marque blanche au pié de derriere hors du montoir. Les chevaux arze/s paf- fent, chez les perfonnes fuperfüitieufes, pour être infortunés dans les combats. Voyez BALZANE , MON: TOIR , &c. (F) * ARZENZA ox CHERVESTA, (Géog.) riviere de la Turquie en Europe, qui coule dans Albanie, & fe décharge dans le golfe de Venife, entre Durazzo & Pirgo. * ARZILE, (Geog.) ville d'Afrique dans le royau- me de Fez. Long. 12.10. lat, 35. 30. * ARZINGHAN ox ARZENGHAN , ville d’Afie dans la Natolie, fur l’'Euphrate. AS AS ,f, m. chez les Anriquaires , fignifie quelquefois un poids particulier, auquel fens las romain eft la mê- mé chofe que la livre romaine, Xbra. Voyez Porps, - LIVRE, Éc. Quelques-uns dérivent ce mot du Grec æ%, qui eft ufité dans la dialeéte dorique pour é%, #7, c’eft- à-dire, une chofe totale ou entiere : quoique d’au- tres prétendent qu'il eft ainfi nommé as, comme qui diroit æs, airain, à caufe qu'il eft fait d’airain. Bu- dé a écrit neuf livres de affe & ejus partibus , de Vas & de fes parties. L’as avoit différentes divifons : les principales étoient l’once, arcia , qui étoit la douzième päftie de l’as ; Le fextant, féxrens, la fixieme pattie de las ou deux onces ; le quadrant, guadrans , la quatrieme partie de las ou trois onces; le trient, zriens, la troi- fieme partie de l’as où quatre onces; le quinconce, guincunx , où cinq onces ; le émis Ou dermni-4$, moi- tié de l'as, qui eff fix onces ; le Jéprunx, fept onces ; le bes, les deux tiers de l’as ou huit onces; le dod/ars, les trois quarts de l’#s ou neuf onces ; le dexrans où dix onces ; & le dunx , c’eft-à-dire, onze onces, Voyez ONCE, QUINCUNX , Etc. | L’as étoit aufli le nom d’une monñoie romaine, compofée de différentes matieres, & qui fut de dif férent poids dans les différens tems de la république. Voyez MONNOIE, & La fuite de cet article. Sous Numa Pompilius, felon Eufebe, la monnoiïe romaine étoit de bois, de cuir ou de coquilles. Du tems de Tullus Hoftilius elle étoit de cuivre ou d’ai- rain, & on l’appelloit as, libra , libella, ou pordo, à caufe qu’elle peloit a@tuellément une livre ou douze onces. Quatre cents vingt ans après, lethréforpublic ayant été épuifé par la premiere guerre Punique, Pas fut réduit à deux onces. Dans la feconde guerre Puni- ‘que Annibal opprimant les Romains, les as furent encore réduits à une once la piece ; enfin par la loi Pa- pyfienne on Ôta-encore à l’as la moitié d’une once, ce qui le rédiüfit à la valeur d’une feule demi-once ; ‘& l’on croit généralement que las conferva cette va- leur durant tout le tems de la république, & même jufqu'’au regne de Véfpañen. Ce dernier fut appellé T'as Papyrien, à caufe de la loi dont nous venons de parler , qui fut pañée l’an de Rome ÿ63 par Caius Papyrius Carbo, alors tribun du peuple ; ainfi il y eut quatre as différens durant le tems de la république. La figure marquée fur l’as étoit d’abord vx mouton, un bœuf où une true Plutarg. Poplic. Plin. XVIII. ij, Dutems des rois cette marque étoit #7 Janusrà > deux faces, & d’un côté & de l’autre ou fur le revers étoit un roffrum ou la proue d'ur vaiffeau. Le trient , siens, & le quadrant, guadrans, de cui- vre,avoient fur le revers la figure d’un petit vaiffeau appellé rates ; ainfi Pline dit, rota æris, c’eft-à-dire affes, fuit ex alrera parte Janus geminus , ex altera rof° trunvnavis ; ir ériente vérd G quadrante rates. Hift. nat. liv. XXXIIL. c. i. d’où ces pieces furent appellées quelquefois rarri. On fe fert aufi dit mot as, pour défigner une chofe entiere ou un tout, d'où eft venu le mot Anglois ace, & fans doute le mot François as , au jeu de cartes. Ainfi as figmifie un héritage entier, d’où eff venue cette phrale, kæres ex affe ou legararius ex affe , ’hé- ritier de tout le bien. Aïnfi le ywgerum ou l’acre de terre romaine, quand on la prenoit en entier, étoit appellée as , & divifée pareillement en douze onces. Voyez; JUGERUM où ACRE. ; Voici l'as, fes parties ou fes divifions. Onces. Onces. LASER NE HT JÉRISEAEN CURE? PREUR + + ons LT guncunx , «+ OS. dextans , . . « 10 LES toc. v. Vs quadrans , , « 3. +| [= de pf= dodrans. « 9. Besse hnpie APS, tn de er OR ML 2 ANR (G) m As, f. m. (Commerce.) c’eft à Amfterdam une des el fextarSve te à cha divifions de la livre poids de marc: 32 as font un-an- gel, 10 angels font un loot, & 32 loots font la livre, Voyez LIVRE. (G ) ÀS, au jeu de Triéfrac, {e dit du feul point qui eft marqué fur une des faces du dez que l’on joue; &c aux jeux de cartes, de celles qui n’ont qu'une feule figure placée dans le milieu. L’as vaut aux cartes un, ou dix, où même onze, felon Le jeu qu’on joue, * ASA ox ARA, (Géog. ancienne.) ville de la tribu d'Ephraim. * ASAD -ABAD ox ASED-ABAD , ville d’Afie en Perfe, dans l’Irac-Agemi. Long. 66,5. lar. 36. 20. * ASAMINTHE, £. m. (Myth) c’étoit une efpece de fiége ou de chaïfe à l’ufage du prêtre du temple de Minerve Cranea. Ce temple étoit bâti fur une montagne efcarpée ; il y avoit des portiques où l’on voyoit des cellules pour loger ceux qui étoient def- tinés au fervice de la déefle, & fur-tout le prêtre qui exerçoit les fonétions facrées : c’étoit un jeune gar- con fans barbe ; il fervoit cinq ans en cette qualité : ceux qui l’'élifoient avoient foin de le prendre fi jeu- ne, qu'au bout de cinq ans qu’il devoit abdiquer , il n’eût point encore de poil follet. Pendant fon quin- quenmum il ne quittoit point le fervice de la déefle, & il étoit obligé de fe baigner dans des g/aminthes à la maniere des plus anciens tems. L’afaminthe {e prend auf quelquefois pour un go- belet. … À ASAN, (Géog. anc.) ville de la tribu de Juda, qui appartient auf à celle de Simeon , & qui fut en- fin donnée aux Lévites. * ASAPH, (SAINT) ville d'Angleterre au pays de Galles, un peu-au-deffous du confluent de l'Elwy & de la Cluyd. * ASAPPES, f. m. plur. (Hiff. mod.) ce font des troupes auxiliaires que les Turcs levent fur les Chré- tiens de leur obéiflance, & qu'ils expofent au pre- mier choc de l'ennemi. vin * ASARAMEL,, ( if. & Géog. anc.) lieu de la Paleftine, où les Hebreux afflemblés accorderent à Simon & à fes fils le privilége de l’indépendance en reconnoiffance de fes. fervices. pe .. ASARINE, £f. (Æif. nar.bot.) afarina , genre de plante à fleur d’une feule pieçe wréeuliere, en forme Tome L ASC 741 de tuyau & de Mafque,reffemblante À la fleur du mufle de veau. I s’éleve du calice un piftil qui eft attaché à la partie poftérieure de lafleur commeun clou, & qui devient dans la fuite un fruit ou une coque ar- rondie , divifée en deux loges par une cloïfon mi- toyenne, & remplie de femences attachées à un pla- centa, Ces loges s'ouvrent de différentes manieres , comme le fruit de la linaïre : ainfi on peut caraétéri- fer Pafarine , en difant que c’eft un genre de plante qui reflemble au mufle de veau par la fleur, & à la Bnaite par le fruit, Tournefort, /nf? rei herb, Voyez PLANTE (1) * ASASON-THAMAR ( Géog. anc. ), autrement ENGADDI , ville de Paleftiné de la tribu de Juda, fur le bord de la mer Morte , vers l’occident. * ASBAMÉE , fontaine de Cappadoce au voifina- ge de Tyane, dont Philoftrate dit dans la vie d’A- pollonius , que les eaux font froides au fortir de la lource , mais enfuite bouillantes , & qu’elles paroïf= fent belles , tranquilles & agréables aux gens de bien & efclaves de leurs fermens : mais qu’elles font un poifon pour les méchans & les parjures. * ASBANIKET , ( Géog. ) ville d’Afie dans le Ma- varalnaher, Trans-Oxiane, ou Zagatai. ASBESTE, asbeflos, ( Hiff. nat. ) matiere miné: rale, que l’on éonnoïf mieux fous le nom d’ariurre. Voyez AMIANTE. (1) * ASBESTES ox ASBYSTES , {. m. pl. peuples de Libye au-deflus de Cyrene, où Jupiter Ammon avoit un temple fameux. * ASBIST , petit royaume d’Afrique en Guinée ; fur la côte d’Or. * ASCALON, ( Géop. anc. ) une des cinq villes des Philiftins , fur la côte de la Méditerranée, pri- {e par la tribu de Juda, & reprife par les Philifins qui y trafporterent d’Azot l’arche dont ils s’étoient emparés. Elle fubffte encore , mais dans un état de ruine ; elle en eft réduite à un petit nombre de famil- les Maures. ASCARIDES , f. m. pl. afcarides, ( Hiff. nat. zool.) petits vers qui fe trouvent dans l’homme &z dans quel- ques animaux ; /wmbrici minuti. Ils font ronds & courts ; ce qui les fait diftinguer des ftrongles , Zum- brici teretes , qui font ronds & longs , & du ver foli- taire, qui eft très-long & plat, &c que l’on nomme cenia , lumbricus latus vel faftiatus, Ces petits vers fe meuvent continuellement : c’eft pourquoi on leur a donné le nom d’afcarides : ils font blancs , &c poin- tus par les deux bouts ; ils reffemblent à des aiguil- les, pour la groffeur & pour la longueur; ils font or- dinairement dans l’extrémité du reêtum ,.près de l’a- nus, en très-prand nombre, & collés les uns aux au- tres par une matiere vifqueufe. Les enfans font plus fujets à en avoir que les adultes. [l's’en trouve quel- quefois dans les parties naturelles des femmes en certaines maladies , comme les pâles couleurs, Il en a auffi dans ‘les animaux, tels que les bêtes de fomme. . On prétend que ces vers font produits comme tous les autres vers qui fe trouvent dans le corps hu- main & dans celui des animaux , par des œufs qui y entrent avec les alimens ou avec l’air. On croit mê- me que ces œufs étant entrés dans le corps d’un ant- mal , s’il fert de pâture à un autre animal, les me- mes œufs. pañlent dans le corps de celurci avec la chair du premier, & y éclofent. Ces opinions ne font pas fondées fur des preuves fuffantes ; car on na jamais prouvé d’une maniere inconteftable quil fallñt tojours une femence prolifique , un germe ou un œuf , pour produire un ver ou tout autre ant- mal. Voyez GÉNÉRATION, VER. (7) | * Pour les chafler , il faut les attaquer plütôt par bas que par haut. Un fuppoñitoire de coton trempé dans du fiel de bœuf, ou de laloës diflous, eft un BBbbbi des meïlleurs remedes. Si on fe met dans.le fonde- imeñt un petit morceau de lard lié avec un bout de #l,& qu’on l’ylaïfle quelque tems, on le retirera plein de vers. Les clyfteres de décoëtion de genñtiane pro- duiront auffi un très-bon «effet. On peut Joindre à la #entiane l’ariftoloche , la chicorée, la tanaife ,.la RS , ; b ; 4 # perficaire, l’arroche , & en faire une décoétion avec de l’eau ou du vin blanc , à laquelle on ajoütera un peu de confeétion d’hiera, | On donnera aux enfans lé clyftere fuivant: feuil- les de mauve & de violette, de chaque une poignée; de chou , une ou deux poignées ; de graine de corian- dre & de fenouil, de chaque deux dragmes ; de fleurs de Camomille & de petite centaurée , de chaque une petite poignée : faites une décoétion du tout avec le lait: mettez fondre dans la colature une once de miel ou deux dragmes de confeétion d’hiera. Hippocrate confeille de broyer la graine de l’agnus- caftus avec un peu de fiel de bœuf, d’ajoûter un peu d'huile de cédre, & d’en faire ün fuppoñtoire avec de la laine graff. | ASCENDANT, adj. m. eft fur-tout en ufage dans l’4ftronomie & dans l’Af/rologie, C’eft de l’afcendant qu'en Aftrologie l’on tire l’horofcope , €’eft-à-dire, du degré de l’écliptique qui fe leve fur l’horifon au moment de la naïflance de quelqu'un. Voyez HoORoOs- cope. Les Aftrologues prétendent que ce degré aune influence confidérable {ur la vie & fur la fortune du nouveau né, en lui donnant du penchant pour une chofe plütôt que pour une autre ; mais on ne croit plus à ces chimeres. L’afcérdant s'appelle encore , dans le theme célef. te-de quelqu'un , la premiere maifon , l'angle de lo- rient , Ou l'angle oriental, ou le fignificator vite. Voy. MAISON, THEME, Gc. On dit : celle planete domi- noir a Jon afcendant ; Jupiter étoit a [on afcendant, &c. On prend ce terme dans un fens moral, pour mar- quer une certaine fupériorité qu’un homme a quel- quefois fur un autre , & par laquelle il le domine &z le gouverne, fans qu'on puifle quelquefois en appor- ter de raïfon. Ainf on dit #2 tel homme a un grand af cendant fur l’efprit d’un autre, pour dire, qu'il tourne cetefprit à fon gré , & le détermine à ce qu'il veut. Afcendant fe dit, ez Afronomie , des.étoiles ou des degrés des cieux, &c. qui s’élevent fur horifon dans quelque parallele à l’équateur. Voyez Lever 6 Ho- RISON. Latitude afcendante , c’eft la latitude d’une planete, lorfqwelle eft du côté du pole feptentrional. Voyez LATITUDE. Naud afcendant, c’eft le point de l'orbite d’une planete, où cette planete fe trouve lorfqw’elle tra- verfe l’écliptique pour s’avancer vers le nord. Foy. ORBITE , PLANETE, &c. On l'appelle auffi zœud féptentrional, & on le dif- tingue par ce caractere JR . Voyez NŒUD, &c. Signes afcendans , en Affronomie, ce font ceux qui s’avancent vers le pole feptentrional , & qui font compris.entre le point du ciel le plus bas, qui eft le nadir, & le point du ciel le plus haut, qui eff le ze- nith. Ces fignes font le Capricorne , le Verfeau, les Poiftons , le Bélier , le Taureau , les Gemeaux, 6. qui font les fignes que le foleil décrit en s’approchant de nous. Ils ne font aféerdans que pour notre hémif- phere , & defcendans pour l’autre. Si on entend par les fignes afcendans ceux qui font les plus proches du pole leptentrional , alors ces fignes feront le Bélier, le Taureau, les Gemeaux, le Cancer, le Lion, & Ja Vicree. Voy. SIGNE, ZENITH » NaDrR, &c.(O) ASCENDANT , adj. n. e7 Anatomie , fe dit des par- ties qui font fuppofées prendre naïflance dans une partie, & fe terminer dans une autre, en s’appro- chant du plan horifontal du corps. Voyez Corps, . L'aorte afcerdante, c’eft le tronç fupérieur de l'ar- “ ASC tere qui fournit le fang à la tête. Voyez Aonre à ARTERE. | . La veine cavé afcendante eft une grofle veine for mée par la rencontre & la réunion des deux ilaques, Voyez VEINE-CAVE, | Plufieurs des anciens Anatomïüftes l’ont appellée vêine cave deféendante, parce qu'ils s’'imaginoient que le fang defcendoit du foie par cette veine, pour fout- nir du fang aux parties qui font au-deflous du dia- phragme : mais les modernes ont démontré qu’elle avoit un ufage tout-à-fait contraire , & qu’elle fer- voit à porter le fang des partiès inférieures au cœur; d’où lui eft venu fon nom d’afcendante, (L ÀSCENDANS , adj. pl. pris fub. £erme de Droir , font les parens que nous comptons en remontant vers la fouche commune , comme pere & mere, ayeuls, bi- fayeuls, éc. | Les premiers font feuls héritiers naturels de leurs enfans ou petits enfans qui n’ont point d’enfans. _Ils ont même, dans les pays de droit écrit, une légitime : mais ils n’en ont pas en pays coûtumier. Voyez LÉGITIME, Ils partagent par têtes , & non par fouches, ER Les coûtumes font fort différentes par rapport à la fucceflion des aftendans. La plus grande partie néan- moins leur donnent les meubles & acquêts , & les freres & les fœurs n’y font point appellés avec les afcendans : elles leur adjugent même les propres. 19, Quand ils font de l’eftoc & ligne dont {ont échus les héritages. | 2°. Même fans êtré de l’eftoc & ligne , mais fim- plement en qualité de plus proches parens, lorfque les parens de la ligne manquent. 3°: Dans le cas où un afcendant eft donateur par contrat dé mariage de l’héritage que le donataire à tranfmis à des enfans qui font tous morts : car fi le dônataire étoit mort fans enfans , l’autre conjoint , quoique donateur, ne joiuroit pas du retour. oyez AYEUL & RETOUR. Dans quelques coûtumes, comme en particulier celle de Paris, les petés & meres fuccedent auff à leurs enfans en üfufruit feulement, aux immeubles acquis pendant la communauté du pere & de la me- re , & avenu par le décès de l’un d’eux aux enfans,: pourvû que l'enfant décédé n'ait laiffé aucuns def- cendans , ni frere où fœur du côté dont lefdits im= meubles lui font échüs. Cette fucceffion s’étend aufi dans la coûtume de Paris aux ayeuls & ayeules. Il n’y a aucune prérogative d’aînefle en faveur des mâles dans la fucceflion des a/cendans. En pays de droit écrit, ils excluent les freres utéz rins & confanguins , & même les neveux qui font conjoints des deux côtés : mais ils n’excluent pas les freres germains du défunt, lefquels fuccedent avec eux ; & en ce cas la fucceffion eft divifée en autant de portions qu'il y a de têtes ; chaque frere prend une part, & les afcendans prennent le furplus & le divifent entr'eux en deux parts, l’une pour les pa- ternels, & l’autre pour les maternels, qui chacun en- tr’eux partagent la portion qui eff échüe à leur ligne. Par exemple , s’il y a trois freres , un ayeul & uné ayeule du côté paternel, chaque frere aura unfi- xieme , l’ayeul & l’ayeule paternel un fixieme & de- mi à eux deux ; & l’ayeul maternel autant à-lui feu que les deux autres. Voyez AYEuL. Lorfqu'l y a des freres germains, les neveux con: joints des deux côtés dont le pere eft décédé vien- nent à la fucceffion du défunt, avec les freres & les aféendans : mais ils n’y viennent que par la repréfen- tation de leur pere, & par conféquent ils partagent par fouches & non par têtes. A Par rapport à la part que prend une mere dans la fucceflion de fes enfans , voyez à Particle MERE la teneur de Pédit des meres, ASC Paris les pays de droit écrit, les perès & les me tes qui ont donné quelque. chofe entre-vifs à leurs enfans, fuccedent aux chofes par eux données , lorf- que les enfans donataires décedent fans enfans, non pas par droit de fucceflion, mais par un autre droit qu’on appelle droit de retour. Voyez RETOUR. ( ) ASCENSION , f. f. eft proprement wne élévation , Ou 272 mouvement em-haut, Voyez ELÉVATION. C’eft dans ce fens qu’on dit l’a/cenfion des liqueurs dans les pompes, dans les tuyaux capillaires. Voyez POMPE , TUYAUX CAPILLAIRES. (O0) | ASCENSION de la fève , ( Jardinage.) Dans le nou- veau fyftème de l'opération de la {ve , on ne parle plus de fa circulation ; la fève, fuivant M. Hales, defcend dans les foirées fraiches & dans les tems de xofée , par les tuyaux longitudinaux du tronc de l’ar- bre, après qu’elle a monté jufqu’au faîte. Des expé- riences ont en partie établi ce fyftème : on peut les confulter dans fon livre de la Statique des végétaux; traduit de l’Anglois par M. de Buffon. Le trop de fève tranfpire & s’évapore par les vaif- feaux capillaires des feuilles. Voyez SEVE. (K) .. ASCENSION , ez .Affronoïmie, eft droite ou oblique. L'afcenfion droite du 1oleil ou d’une étoile , ef le de- gré de l’équateur qui fe leve avec le foleil ou avec l'étoile dans la fphere droite , à compter depuis le commencement d’Aries. Voyez SPHERE. Ou c’eft le degré & la minute de l'équateur , à compter depuis le commencement d’Aries, qui pafle par le méridien avec le foleil , une étoile, ou quelqu’autre point du ciel. Voyez SOLEIL, ETOILE. On rapporte l'afcenfion droite au méridien , parce qu'il fait toùjours angle droit avec l’équinoétial, au lieu qu'il n’en eft ain de l’horifon que dans la fphere droite. L’afcenfion droite eft le contraire de la deftenfion droite. Voyez DEScENSION. Deux étoiles fixes qui ont la même afcenfion droite , c’eft-à-dire, qui font à la même diftance du premier degré d’Aries ; ou, ce qui revient au même, qui font dans le même méridien, {e levent en même tems dans là fphere droite, c’eft-à- dire pour les peuples qui habitent l'équateur. Si elles ne font pas dans le même méridien , l'intervalle de tems qui s'écoule entre leur lever, eft la différence précile de leur afcenfion droite. Dans la fphere obli- que où l’horifon coë@pe tous les méridiens oblique- ment, différens points du méridien ne fe levent n1 ne fe couchent jamais en même tems: ainfi deux étoiles qui font fous le même méridien , ne {e levent ni ne fe couchent jamais en même tems pour ceux qui ont la fphere oblique, c’eft-à-dire qui habitent entre l’équa- teur & le pole; & plus la fphere eft oblique , c’eft- à-dire plus on eft près du pole , plus l'intervalle de tems qui eft entre leur lever & leur coucher eft grand. Voyez LEVER , COUCHER, Ec. L’arc de l’afcenfton droite d'une étoile eft la por- tion de l'équateur, comprife entre le commencement d’Aries & le point de l'équateur qui pafle au méridien. Les Aftronomes appellent aujourd’hui l’arc de l’af cenfion droite , afcenfson droite tout court ; & c’eftainfi que nous l’appellerons dans la fuite de cet article. Pour avoir l’afcenfton droite du foleil , d’une étoile, &c. faites la proportion fuivante : commele rayon eft au co-fnus de la déclinaifon de l’aftre, ainfi la tan- gente de la diftance de Aries ou de Libra eft à la tangente de l’afcenfton droite. Pour trouver la même chofe méchaniquement par Le globe , voyez GLOBF, .… L’afcenfion oblique eft un arc de l'équateur, com- pus entre le premier point d’Aries & le point de l’é- quateur , qui fe leve en même tems que l’aftre, dans la fphere oblique. Voyez SPHERE. L’afcenfon eblique fe prend d’occident en orient, & elle eft plus ou moins grande, felon la différente obliquité de la fphere, | ASC 749 , La différence entre l’ycezfon droite & l’aftenfior oblique, s’appelle différence aftenfionelle. Pour trouver par la trigonométrie ou par le globe l'afcenfion oblique du foleil , voyez ASCENSIONEL & GLOBE. L’arc d’afténfion oblique eft une portion de l’hori- fon comprife entre le commencement d’Aries & le point de l’équateur , qui fe leve en même tems qu'une planete ou une étoile, &c, dans la fphere oblique. L’aféenfion oblique varie felon la latitude des lieux. _Réfraëtion d’afcenfion & defcenfion. Voyez RÈ- FRACTION. M. le Monnier, dans fa théorie des cometes & fes infütutions aftronomiques , a donné la table fuivante. de l’afcenfion droite des principales étoiles, (0) .NOMS ASCENSION | ASCENSION DES ÉTOILES, Eee Lio en 1742. en 1750. | D. M. $, Det .Si La Polaire . . : : | 10 19 $22| 10 39 11 Acharnar. .. .. | 21 ÿ$ 30 22 OO O0. à du Bélier. . . : | 28 10 30 28 17 10 Aldébaran , . . .: | 65 16 55 65 23 41+ à de läChevre. . | 74 25 oo | 74 33 472 Rigel 4 4,4: | 75 32 05 750 374527 æ d'Orion . . . . | 8$ 18 10 85 24 45 Canopus. : : . . | 94 32 20 94 35 60 Sirius . : : , . . | 98 26 40 08 31 ÿ7+ Procyon,. . ;: , . | 111 26 3$ |f11 32 55 « de l’'Hydre.... [138 43 40 |138 49 367 Régulus . , . , . | 148 38 35 |148 44 56 L'épi de la Vierge 197 54 35 | 198 00 54 Aréturus ; . ;: . . | 210 58 32 | 211 04 00 Antares : : : : . | 243 24 20 À|243 31 40 a de laLyre . . . | 277 03 10 |277 07 10 a de lAigle : . . | 294 32 so |2194 38 42! « du Cygne . . , | 308 o9 40 |308 13 52+ « de Pegafe . , . | 34258 35 1343 04 30 Fomalhaut, . . . | 340 49 40 |340 56 00 ASCENSION fe dit proprement de l'élévation mi- raculeufe de J. C. quand 1l monta au ciel en corps & en ame, en préfence & à la vüe de fes Apôtres. Tertullien fait une énumération fuccinéte des dif férentes erreurs & héréfes que l’on a avancées fur l’Ajcenjion du Sauveur. Ur 6 ill: erubeftant qui adfr- mant catnem in cœlis yacuarn fenfu ut vagiram , exempto Chriflo, fédere ; aut qui carnem 6 animam tantumdem., aut tarturmm0Od0 anima, Carrie Véro 1101 Jar, Les Apellites penfoient que J. C. laïfla fon corps dans les airs: ( S. Auguftin dit, qu’ils prétendoient que ce fut fur la terre. ) & qu’il monta fans corps au ciel : comme J. C. n’avoit point apporté de corps du ciel, mais qu'il l’avoit reçù des élémens du monde, ils foûtenoient qu’en retournant au ciel , 1l Pavoitref- titué à ces élémens. 4 Les Seleuciens & les Hermiens croyoient que le corps de J. C. ne monta pas plus haut que le foleil, & qu'il y refta en dépôt : ils fe fondoient fur ce paf- fage des pfeaumes ; 2 a placé fon tabernacle dans le fo. lil. S. Grégoire de Näzianze attribue la même opi- nion aux Manichéens. Le jour de l’Afcenfion eft une fête célébrée par l'E- glife dix jours avant la Pentécôte , én mémoire de l’Aftenfion de Notre-Seigneur, (G) | * ASCENSION (ISLE DE L’), dans l'Océan, entre l'Afrique & le Brefil, découverte en. 1508. par Trif- tan d’Acugnale jour de PAfcenfon.Le manque de‘bon- ne eau a empèçhé qu'on ne s’y établit. On l’appelle le 759 À S C Bureau de la Pofte. Lorfque les vaifeaux qui viennent des Indes orientales s’y rafraïchiflent , 1lS y laiflent üné lettre dans une bouteïlle bouchée , s’ils ont quel- due chofe à faire favoir à ceux qui viendront après eux : ceux-ci caflent la bouteille , &c laïffent leur ré- ponfe dans une autre bouteille. Long. 5. las. mr. 8. Il y a une autre Île de même nom dans l'Amérique méridionale , vis-à-vis les côtes du Brefil. ASCENSIONEL , adj. différence afcenfionelle , sernie d'Afèr. La différence afcenfionelle eftla différence entre l’afcenfion oblique & Pafcenfion droite d'un méê- me point de la furface de la fphere. Voy. ASCENSION: Ainf de 274 54! qui eft l’afcenfion droite du pre- mier deoré de Y, Otant 144 24/ qui eft l’afcenfion oblique du même degré fur l’horifon de Paris , le refte 134 30/ en ef la différence afcenftonelle. Sion réduit en heures & minutes d'heure les degrés & minutes de la différence afcenfronelle , on connoït de combien les jours de l’année auxquels elle répond , different du jour de léquinoxe: car ajoûtant le double du tems de cette différence afcenfionelle aux 1 2 heures du jour de lé- quinoxe, on a la durée des longs jours , le {oleil par- courant la moitié de l’écliptique , qui eft du côté du pole apparent ; & fi l’on ôte ce mème tems de 1 2 heu: res, on aura la longueur des petits jours, qui arrivent quand le foleil parcourt la moitié de l’échptique , qui eft du côté du polé invifible. Ainfi le double de 1 3 30/ eft 271 ; lefquels réduits en tems ; à raion de 4! d'heure pour chaque degré , on: aura-une heure & 48 :ce qui fait connoître que le {oleil étant le 20 Avril au premier degré de Y , le jour eft de 13 heu- reS 48/ fur l’horifon de Paris, & ainf des autres; en- fuite dequoi l’on connoît facilement Pheure du lever & du. coucher du foleil. Dans les fignes feptentrio- naux , les afcenfions droites des degrés de l’échptique font plus grandes que leurs afcenfons obliques : mais au contraire aux fignes méridionaux, les afcenfions droites des degrés de la même écliptique font plus pe- tites que leurs afcenfions obliques. M. Formey. Pour avoir la différence afcenfionelle, la latitude du lieu & la déclinaifon du foleil étant données, faites la proportion trigonométrique : comme le rayon à la tangente de la latitude , ainfla tangente de la décli- naïfon du foleil au finus de la différence aftenfionelle. Si le foleil eft dans un des fignes feptentrionaux , & qu'on Ôte la différence afcenfonelle de l’afcenfon droite, le refte fera l’afcenfon oblique. Sile foleil eft dans un des fignes méridionaux , il faudra ajoûter la différence aféenfronelle à l’afcenfion droite, & la fomme fera laf cenfon oblique. On pourroit en s’y prenant ainfi, conftnuire des tables d’afcenfions obliques pour les différens degrés de l’écliptique , fous différentes ele- vations du pole. (0) ; ASCETES , {. m. pl. ( Théol.) du Grec aouuris ; mot qui fionifie à la lettre 2e perfonne qui s'exerce, quitravaille, & qu'on a appliqué en général à tous ceux qi embrafloient un genre de vie plus auftere, 8 par-là s’exercoient plus à la vertu, ontravailloient plus fortément à Pacquérir que le commun des hom- mes. En ce fens, les Efféniens chez les Juifs, les Py- thagoriciens entre les philofophes , pouvoïent êrre appellés Aèeres. Parmi les Chrétiens dansles prentiers tems , on donnit le même titre à tous ceux qui fe dif tinouotent des autres par l’auftérité de leurs mœurs, qui s’abftenoient paï exemple de vin & de viande. Depuis , la vie monaftique ayant été mile én honneur dans l'Orient, &c regardée comme plus parfaite que la Vie commune, le nom d’'Afceres eft demeu- ré aux moines , & particulierement à ceux qui fe retirant dans les deferts, n’avoient d’antre occupa- tion que de s'exercer à la méditation, à la ietture, auxjebünes, & aux autres mortifications. On Pa auffi donné à des religieufes. En conféquence on a appellé Afteteria ,1és monaftétes, mais furtout certaines mat ons dans lefquelles 1l y avoit des moniales & des aco. lythes, dont l'office étoit d’enfevelir les morts, Les Grecs donnent généralement le nom d”A/ceres à tous les moines, foit Anachoretes & Solitaires, foit Cé: nobites. Voyez ANACHORETE, CÉNOBITE. M. de Valois dans fes notes fur Eufebe, & le pere Pagi , remarquent que dans les premiers tems lé nom d’Afceres & celui de moines n’étoient pas fynonymes, Îl y a toùjours eu des Afcetes dans l’Egliie , & la vie monaftique n’a commencé à y être en honneur qué dans le 1v. fiecle. Bingham obferve plufeurs ditféz rences entre les moines anciens & les Afceres; par exemple, que ceux-ci vivoient dans les villes, qu'il y en avoit de toute condition, même des clercs, & qu'ils ne fuivoient point d’autres regles particulieres que les lois de PEglile ; au lieu que les moines vivoient dans la folitude , étoient tous laiques , du moins dans les commencemens, & aflujettis aux regles ou confi- tutions de leurs Inffituteurs. Bingham , org. ecc/, lib: VIT. cap... 5. ASCÉTIQUE , adj. qui concerne les Aftetes. On a donné ce titre à pluficurs livres de pièté qui renfer- ment des exercices fpirituels , tels que les aféériques ou fraité de dévotion de S. Bafle , évêque de Céfarce en Cappadoce. Dans les bibliotheques on range fous letitre d’afcériques tous les écrits de Théologie myftr- que : on dit aufi 4 vie afcérique, pour exprimer les exercices d’oraïfon & de mortification que doit pra tiquer un religieux. Voyez MYSTIQUE. La vie afcétique des anciens fideles confiftoit, fe- lon M. Fleury, à pratiquer volontairement tous les exercices de la pénitence. Les Afcetes s’enfermotent d'ordinaire dans des maïfons, où ils vivoient en gran- de retraite, gardant la continence, & ajoûtant à la frugalité chrétienne des abftinences & des jeûünes ex- traordinaires. Ils pratiquoient la xérophagie ou nour- riture feche , & les jetines renforcés de deux ou trois jours de fuite , où plus longs encore. Ils s’exerçoient à porter le cilice , à marcher nuds piés, à dornur fur la terre, à veiller une grande partie de la nuit, lire affiduement PEcriture-fainte, & prier le plus conti. nuellement qu'il étoit poffible, Telle étoit la vie 4/£é- rique : de grands évêques & de fameux doéteurs , entre autres Origene, l’avoient menée. On nommoït par excellence ceux qui la pratiquoient , Les lus entre les élus, enhenlor émane GTépor. Cléffient Alexandrin, Eu- febe , Aiff. Gb. VE, c. üiy. Fleury, mœurs des Chrétiens , IT. part, n°. 26. Bingham , org. ecclef, lib. WII, €, 7. $.6. (G) * ASCHAFFENBOURG, ville d'Allemagne dans la Franconie, aux frontieres du bas Rhin, fur la rive droite du Mein, & le penchant d’une colonie. Lorg. 26.33. lat. 50. *ASCHBARAT., ville du Turqueftan, la plus avancée dans le pays de Gotha on des Getes, au- delà du fleuve Sihon. : | * ASCHARIOUNS ox ASCHARIENS, (Æiffoire mod.) difciple d’Afchari, un des plus célebres doc- teurs d’entre les Mufulmans. On lit dans lAlcoran : «Dieu vous fera rendre comptede tont ce que vous » manifefterez én dehors, & de tout ce que vous re- » tiendrez ei vous-même ; car Dieu pardonne à qu » il lui plaît, & il châtie ceux qu'il lui plaît; car il eft » le tout-puiffant, &c il difpofe de tont félon fon plai- k fit ». À la publication de ce verfet, les Mufulmans éffrayés, s’adreflerent à Aboubekre & Omar, pour tuils en allaffent demander l’explication au S.Pro= phète. « Si Dieu nous démande compte des penfees » mêmes dont nous ne fommes pas maîtres, lui di- » téntles députés, comment nous fauverons-nous»® Mahomet efquiva la difficulté par une de ces répon“ fes, dont. tous les chefs de feéte font bien POUF VES » qui n’éclairent poitt l'efprit, mais qui ferment la bou che, Cependant pour çalmer les confciences, bieni tôt après il publia le verfet fuivant : « Dieu he char- » ge l’homme que de ce qu'il peut, & ne lui impute » que ce qu'il mérite par obéiffance ou par rebel- » lion ». Quelques Mufulmans prétendirent dans la fuite que cette derniere fentence abrogeoit la premie- re. Les Afchariens , au contraire , fe fervirent de l’une & de l’autre pour établir leur fyftème fur la liberté & le mérite des œuvres, fyftème direétement oppo- fé à celui des Montazales. Voyez MONTAZALES. Les Afchariens regardent Dieu comme un agent univerfel, auteur & créateur de toutes les aëétions des hommes , libres toutefois d’élire celles qu'il leur plait. Ainf les hommes répondent à Dieu d’une cho- {e qui ne dépend aucunement d’eux, quant à la pro- duétion, mais qui en dépend entierement quant au choix, Il y a dans ce fyffème deux chofes affez bien diftinguées : la voix de la confcience, ou'la voix de Dieu; la voix de la concupifcence , ou la voïx du de- mon, ou de Dieu parlant fous un autre nom. Dieu nous appelle également par ces deux voix, & nous fuivons celle qu’il nous plaît. Maisles ÆfChariensfont, je penfe, fort embarraflés, quand on leur fait voir que cette a@ion par laquelle nous fuivons l’une ou Vautre voix, ou plûtôt cette détermination à l’une ou à l’autre voix, étant une a@ion, c’eft Dieu qui la produit, felon eux; d’où il s’enfuit qu'il n’y a rien qui nous appartienne ni en bien ni en mal dans les attions. Au refte, j’obferverai que le concours de Dieu, fa providence , fa prefcience, la prédef- tination , la liberté, occafonnent des difputes &c des héréfies par-tout où il en eft queftion; & que les Chrétiens feroient bien, dit M. d’Herbelot dans fa. bibliotheque orientale, dans ces queftions difficiles , de chercher paifiblement à s’inftruire, s’ileft poffble, & de fe fupporter charitablement dans les occañons où ils font de fentimens différens. En effet, que fa- vons-nous là-deflus ? Quis confiliarius ejus fuit ? *ASCHAVW, ( Géog. anc. 6 mod.) ville d’Alle- magne dans la haute Autriche, fur le Danube, à l’em- bouchure de l’Afcha ; quelques-uns prétendent que c’eft l’ancienne Joviacum de la Norique, que d’autres lacent à Starnberg, & d’autres à Frankennemarck. * ASCHBOURK AN 04 ASCHFOURKAN , ville de la province de Chorafan. Long. 100. € las, 36. + 7 ASCHERLEBEN , ville d'Allemagne fur l’'Eme, dans la principauté d’Anhalt. * ASCHERN 54 ASCHENTEN , ville d'Irlande, dans la province de Moun ou de Mounfter, & le com- té de Limerik, fur la riviere d’Afchern. * ASCHMOUN, ville d'Egypte, près Damiette. Il y a entre cette derniere & Manflurah, un canal de même nom. * ASCHMOUNIN , (Gtog. anc.) ville de la Thé- baide, où il y a encore des ruines qui font admirer Ja magnificence des anciens rois d'Egypte. * ASCHOUR , nom d’une des rivieres qui paflent par la ville de Kafch en Turqueftan, vers le nord. * ASCHOURA, île de la mer des Indes, des plus reculées & des defertes, proche Melai, & loin de Shamel. * ASCHTIRHAN , ville de la province de Tranf- oxane, dans la Sogde. Long. 88. lar. fèpt. 30.53. * ASCT; (Hiff.nar.) plante qui croit en Amérique; elle s’éleve à la hauteur de cinq ou fix palmes, & mê- me davantage. Elle eft fort branchue; fa fleur eft blanche, petite & fans odeur; fon fruit a le goût du poivre. Les Américains en affaifonnent leurs mets; les Européens «en font aufli ufage, Il poufle des’ ef- peces de goufles rouges, creufes, longues comme le | doigt ; ces goufles contiennent les femences. ASCIENS, f. m. mot compoié d’x & de ox1«, om- bre , il fignifie en Géographie ces habitans du globe ter- rcftre, qui, en certains tems de l’année ;, n'ont point ASC 751 d'ombre. T'els font les habitans de la Zone-Torride ; parce que le foleïl leur efl quelquefois vertical ou di- rectement au-deffus de leur tête. Voyez ZONE Tor- RIDE, Tous ces habitans , excepté ceux qui font pré: cifement fous les deux tropiques, font afciens deux fois l’année , parce que le foleil pafle deux fois Pan- née fur leur tête. Pour trouver en quels jours les peu- ples d’un parallele font fans ombre, 7. Gzogs. (0) ASCITES, f. m. pl. (Théol.) mot dérivé du grec roc, outre ou fac, C’eft le nom d’anciens hérétiques de la feête des Montaniftes, qui parurent dans le fe- cond fiecle. Foyez MONTANISTES. On les appelloit Afcites, patce que dans leurs afflemblées ils introdui- firent une efpece de bacchanales, où ils danfoient autour d’une peau enflée en forme d’outre, en difant qu'ils étoient ces vafes remplis de vinnouveau, dont Jefus-Chrift fait mention, March. IX, 17. On les ap- pelle quelquefois Æfcodrogites. (G) ASCITE,, oxirne 3 d'asuos, bouteille, (en terme de Me- desine.) 1. f. c’eft une éfpece d’hydropifie qui affedte principalement l’abdomen ou le bas-ventre. #. AB- DOMEN. L'afüite eft l’hydropifie d’eau ordinaire. P, Hypropisie. L’hydropifie aire exige quelquefois une opération de Chirurgie, qui procure l’écoule- ment des eaux qui font épanchées dans la cavité du bas ventre. Voyez PARACENTHESE. (N) ASCLEPIADE, adj. ( Belles-Lerr, ) dans la poéfie greque & latine, vers compoié de quatre piés, fa- voir, d’un fpondée, de deux choriambes, & d’un pyr- rhique, tel que celui-ci: Mècaæ| nas étavis | édité re | grbus, On le fcande plus ordinairement ainf, Méca | nas dé | vis| édité| regibus, & alors on le regarde comme compofé d’un fpondée dun daétyle, une céfure longue, & deux daétyles. Il tire fon nom d’A4/clepiade poete grec, qui en fut Pinventeur. (G) * ASCLEPIES , (Æf£. anc. & Mythol.) fêtes qu’on célébroit en l’honneur de Bacchus, dans toute la Grece, mais furtout à Epidaure, où fe faifoient les grandes afclépies, Megalaftlepia. ASCODRUTES oz ASCODRUPITES, f. m. pl, (Théolog.) hérétiques du IT fiecle, qui rejettoïent l’u- fage des facremens, fe fondant fur ce principe, que des chofes incorporelles ne pouvoient être commu niquées par des chofes corporelles, niles myfteres divins par des élemens vifbles, qui étant, dfoient- ils, Peffet de lignorance & de la pañfion, étoient détruits par /a connoiffance. Ils faifoient confifter la rédemption parfaite dans ce qu'ils appelloient la coz- noiflance, c’eftà-dire, l'intelligence des myfteres in- terpretés à leur fantaifie, &c rejettoient le baptême. Les Afcodrutes avoient adopté une partie des rêve- ries des Valentiniens & des Marcofiens. Foyez MaR- COSTENS & VALENTINIENS. (G) * ASCOLIT, ville d’Itahe , dans l’état de PEghfe, & la Marche d’Ancone, fur une montagne, au bas de laquelle coule le Fronto: Long. 32,23. lar. 42 4]: | ASCOLI DE SATRIANO, ville d'Italie, au royau- me de Naples. Long. 33. 15. lat. 41.8. ASCOLIES, £. f. pl. (Æif£ranc.) fêtes que les pay- fans de. l’Attique célébroient en lhonneur de Bac- chus, à qui ils facnifioient-un bouc, parce que cet animal, en broutant, endommage les vignes. Après avoir .écorché cet animal, ils faïfoient de fa peau un oZsre ou ballon, fur lequel ils fautoient, tenant un pié’en l'air. Cérémonie que Virgile a ainf décrite livre IL. des Géorgiques. Non aliam ob culpam Baccho caper omnibus aris Caditur, & veteres ineunt profcenia ludi, Prœmiaque ingentes pagos É compita circum Thereide pofuere : atque inter pocula lœtr Mollibus in pratis cuntéos faliere per utres. ASE “Ce mot vient dû grec aouos qui figrifie un ontres 5 une peau de bouc enflée. Potter prétend que de la peau -du bouc immolé, les Athéniens faifoient un outre -aw’ils remplifloient d'huile ou de vin, & qu'als enr- -dnifoient encore en dehors de matieres-onétueufes,, -ce qui le rendant également mobile & gliffant , -ex- -pofoit à de fréquentes-chütes les jeunes gens qui ve- noient fauter deflus, & divertifloit les {peétateurs. {G * ÀscyruM (Hifi. na. bot.) genre de plante doût les fleurs font compofées de plufeurs pétales difpo- {és en rofe. H fort du calice quieft aufli compofé de -plufieurs feuilles, un piftil'qui devient dans la fuite “an fruit pyramidal, divifé en cingloges remplies de “emences, le plus fouventaffez menues &-oblongues. Tournefort, 1nff. rei herb. Voyez PLANTE. (1) ASEKI , où comme l’écrivent quelques hiftoriens ae ( Hifi. mod. ) nom que les Turcs donnent aux {uitanes favorites, qui ont mis au monde un fils. Lorfqu’une des fultantes du grand Seigneur eft par- venue par-là au rang d’aféke , elle jouit de plufeurs diftimtions , comme d’avoir un appartement féparé ‘de l'appartement des autres fultanes, orné de vergers, de jardins:, de fontaines, d’offices, de bains & même d’une mofquée : elle y eft fervie par des eunuques & d’autres domeftiques. Le {ultan lui met une cou- æonne fur la tête, comme une marque de là liberté qu'il lui accorde , d’entrer fans être mandée dans Pappartement impérial aufli fouvent qu'il lu plaira ; il lui afligne un homme de confiance pour chef de fa maifon,. & uné nombreufe troupe de baltagis def- tinés à exécuter fes ordres: enfin elle accompagne l’empereur lorfqu'il fort de Conftantinople en par- tie de promenade ou de chafle , & qu'il veut bien hui accorder ce divertifflement, Le fultan regle à fa vo- lonté la penfion des afékis: mais elle ne peut être moindre de cinq cents bourfes par an. On la nomme pafchmaklik où pafinalk , qui figniñie /ardale, comme fi elle étoit deftinée à fournir aux fandales de la ful- tane; à peu près comme nous difons pour les épin- gles , pour les gants , 6c. Les Turcs ne prennent point de villès qu'ils ne réfervent une rue pour le pa/chmak- dik. Les afèkis peuvent être regardées comme autant d’impératrices , & leurs dépentes ne font guere moin- dres que celles d’une époufe légitime. La premiere ‘de toutes qui donne un enfant mâle à l’empereur ef reputée telle, quoiqu’elle n’en porte point le,nom, ‘& qu’on ne lui donne que celui de premiere ou gran- de favorite ,#zyuk afeki. Son crédit dépend de fon ef- prit, de fon enjouement, & de fesintrigues pour cap- tiver les bonnes graces du grand-feigneur ; car de- puis Bajazet [. par une loi publique , les fultans n’é- poufent jamais de femmes, Soliman I. la viola pour- tant en faveur de Roxelane. Le fultan peut honorer de la couronne &z entretenir jufqu’à cinq afékis à la fois: mais cette dépenfe énorme n’eft pas toujours de fon goût, & d’ailleurs les.befoins de l’état exigent quelquefois qu’on la retranche. Les 4/ékis ont eu fou- vent part au gouvernement & aux révolutions de l'empire Turc. Guer, Mœurs & ufages des Turcs, tom. II. (G) * ASÉMK( Géog. fainte.) ville frontiere de la tribu -de Juda & de Siméon, dans la Terre-promife. * AsemM , royaume delInde,, au-delà du Gange, vers le lac de Chiamaï.ll y a dans ce pays des mines d’or, d'argent, de fer, de plomb , des foies, de la laque excellente, &c. Il s’y fait auffi un commerce confidérable de-bracelets, & de carquans d’écaille de tortue ou de coquillage. * ASEMONA ox HASSEMON, ville de la Terre- promife, fur les confins de la tribu de Juda, du côté de l’Idumée. * ASENA ( Géog. fainte. ) ville dela Terre-promi- fe , dans.la tribu de Juda , entre Sarea êt Zanoe, AST * ASERGADDA, ville de Palefine , dans la ttà “bu de Juda, entre Molada & Haffemon. * ASGAR , province du royaume de Fez en Afri- que, vers la côte occidentale, entre la province de Fez & de Habat, * ASIARQUES , £. m. pl. (if. anc. ) e’elt ainf qu'on appelloit dans certaines villes d’Afie , des hom- mes revêtus pour cinq ans de la fouveraine prêtrife; dignité qui donnoit beaucoup d'autorité , & qui fe trouve fouvent mentionnée dans les médailles & dans les infcriptions. Les Afiarques étorent fouverains prêtres de plufeurs villes à la fois. Ils faifoient célé- brer à leurs dépens des jeux folemnels & publics. Ceux de la ville d’Ephefe empêcherent S.Paul, qu'ils eftimoient , de {e préfenter au théatre pendant la fé- dition de l’erfévre Démétrius. ASIATIQUES. Philofophie des 4fatiques en-géné- ral. Tous les habitans de l’Afie font ou Mahométans, ou Payens , ou Chrétiens. La feéte de Mahomet eft fans contredit la plus nombreufe : une partie des peu- ples qui compofent cette partie du monde a confer- vé le culte des idoles ; & le peu de Chrétiens qu’on y trouve font fchifmatiques , & ne font que les reftes des anciennes feétes, &c fur-tout de celle de Nefto- rius. Ce qui paroîtra d’abord furprenant , c’eft que ces derniers font les plus ignorans de tous les peu- ples de l’Afe , & peut-être les plus dominés par la fuperftition. Pour les Mahométans, on fait qu’ils font partagés en deux feétes. La premiere eft celle d’440z: becre., & la feconde eft celle d’ 4%. Elles fe haïffent mutuellement, quoique la différence qu’il y a entre elles, confifte plütôt dans des cérémonies & dans des dogmes accefloires, que dans le fond de la doc- trine. Parmi les Mahométans, on en trouve qui ont confervé quelques dogmes dés anciennes fectes phi- lofophiques , & fur-tout de l’ancienne Philofophie orientale, Le célebre Bernier qui a vécu long-tems parmi ces peuples, & qui étoit lui-même très verfé dans la Palo(ophie ,ne nous permet pas d’en douter. 11 dit que les Soufis Perfans, qu'il appelle cabzlifles , » prétendent que Dieu , ou cet être fouverain, qu'ils # appellent achar immobile, immuable, a non-feule- » ment produit, ou tiré les ames de fa propre fub- # flance; mais généralement encore tout ce qu'il.y » a de matériel & de corporél"dans l'univers , & » que cette produétion ne s’eft pas faite fimplement » à la façon des caufes efficientes, mais à la façon » d’une araignée!, qui produit une toile qu’elle tire » de fonnembril, & qu'elle répand quand elle veut. » La création n’eft donc autre chofe, fiivant ces » dofeurs, qu’une extrattion & extenfon que Dieu » fait de fa propre fubftance, de ces rets qn'il tire » comme de fes entrailles, de même que la deftruc- » tion n’eft autre chofe qu’une fimple reprife qu'il »# fait de cette divine fubftance , de ces divins rets » dans lui-même ; enforte que le dernier jour du » monde qu'ils appellent #aperlé.ou pralea, dans le- » quelils croyent que tout doit être détruit, ne {e- » ta autre chofe qu’une reprife générale de tous ces » ets, que Dieu avoit ainfi tirés de lui-même. II » n'y a donc rien, difent-ils, de réel & d’effectif » dans tont ce que nous'croyons voir, entendre ; » flairer , goûter, & toucher : l'univers n’eft qu’une » efpece de fonge & une pure illufion, en tant que »# toute cette multiplicité & diverfité de chofes qui # nous frappent, ne font qu’une feule , unique & » même chofe, qui eft Dieu même ; comme tous » les. nombres divers que nous connoïffons , dix, » vingt, cent , & ainfi des autres, ne font enfin » qu'une même unité repétée plufieurs fois ». Mais fi vous leur-demandez quelque raifon de ce fenti ment; ou qu’ils vous expliquent comment fe fait cette {ortie, & cette reprife de fubftance , cette extenfon, cette diverfité apparente, ou comment il fe peut faire ; r que que Dieu n'étant pas corporel, mais fimple, com- me ils Pavouent, & incorruptible , 1l foit néanmoins divifé en tant de portions de corps &t d’ames , ils ne vous payeront jamais que de belles comparaifons ; que Dieu eftcomme un océan immenfe , dans lequel fe mouvroient plufeurs foles pleiñes d’eau ; que les fioles , quelque part qu’elles puflent aller, fé trouve- roient toùjours dans le même océan , dans la même eau , & que venant à fe rompre, l’eau qu’elles conte- noient, Le trouveroit en même tems unie à {on tout, à cet océan dont elles étoient des portions : ôu bien ils vous diront, qu’il en eft dé Dieu comme de la lu- miere , qui eft la même par tout l'univers, & qui ne laifle pas de paroître de cent façons différentes, {elon la diverfité des objets où elle tombe, ou felon les diverfes couleurs & figures des verres par où elle pañle. Ilne vous payeront, dis-je, que de ces fortes de comparaïfons , qui n’ont aucun rapport avec. Dieu, & qui ne font bonnes que pour jettér de la poudre aux yeux d’un peuple ignorant; & il ne faut pas efpérer qu'ils répliquent folidement, fi on leur dit que ces fioles fe trouveroient véritablement dans une eau femblable, mais non pas dans la même, & qu'il y a bien dans le monde une lumiere femblable, & non pas la même, & ainfi de tant d’autres objec- tiôns qu’on leur fait. Ils reviennent toüjours aux mé- mes comparaifons , aux belles paroles, ou comme les Soufis aux belles poëfies de leur Gowr-hen-raz. Voïlà la doétrine des Pendets, gentils des Indes ; &c c’eft cette même doëtrine qui fait encore à pré- fent la cabale des Soufis & de la plüpart des gens de lettres Perfans , & qui fe trouve expliquée en vers perfiens, fi relevés &'f emphatiques dans leur Goz/r. ken-rax, ou parterre des myfleres. C’étoit la doûtrine de Fludd , que le célehre Gaffendi a fi doétement ré- futée : or, pour peu qu'on connoïfie la doûtriñe de Zoroaître &c la Philofophie orientale, on verra clai- rement qu’elles ont donné naïflance à célle dont nous venons de parler. Après les Perfes, viénnentles Tartares, dont l’em- pire eff le plus étendu dans l’Afie ; car ils occupent toute l'étendue du pays qui eft entre le mont Cau- cafe & la Chine: Les relations des voyageurs fur ces peuples font fi incertaines, qu'il eft extremement dif ficile de favoir s'ils ont jamais eu quelque teinture de philofophie. On fait feulement qu'ils croupiffent dans‘la plus groflière fuperftirion, & qu’ils {ont ou mahométans ou idolatres. Mais comme on trouve parmi eux de nombreufes communautés de prêtres, qu'on appelle Lamas, on peut demander avec raifon, s'ils font auffiignorans dans les fciences, que les peu- ples groffiers qu'ilsfont chargés d’inftruire ; on ne trouve pas de grands éclairctflemens fur ce fujet dans les auteurs qui en ont parlé. Le culte que ces lamas rendent aux idoles eft fondé fur ce qu'ils croyént qu’elles font les images des émanations divines , & que les ames qui font aufli émanées de Dieu habi- tent dans elles. Tous ces lamas ont au-deffus d’eux . un grand prêtre appellé Z grand lama, qui fait fa demeure ordinaire fur le fommet d’une montagne. On ne fçauroit imaginer le profond refpett que les Tartares idolatres ont pour lui ; ils le regardent comme immortel, & les prêtres fubalternes entre- tiennent cètte erreur par leurs fupercheries. Enfin tous les voyageurs conviennent que les T'artares font de tous les peuples de PAfie les plus grofiers ; les plus ignorans , 8 les plus fuperfhtieux. La loi natu- relle y eft prefque éteinte ; 1l ne faut donc pas s’éton- ner s'ils ont fait fi peu de progrès dans la Philofophie. - Si de la Tartarie on pale dans les Indes, on n’y trouvera guere moins d’ignorance & de fuperftition: jufques-là que quelques auteurs ont crû que les In- diens n’avoient aucune connoïflance de Dieu : ce fentiment ne nous paroït pas fondé, En effet, Abraham ÀASI. 34 Rogers raconte que les Bramins reconnoïflent un feu & fuprème Dieu , qu'ils nomment Vi/fzou ; que la premiere & la plus ancienne produétion de ce Dieu, étoit Une divinité inférieure appellée Brama, qu'il f6rma d’une fleur qui flottoit fur le grand abyfme avant la création du monde; que la vertu, la fidéli té, & la reconnoiffance de Brama avoient été f gran des, que Vifinou l’avoit doïé du pouvoir de créer l'univers. Le détail de leur doûrine eft rapporté par différens auteurs avec une variété fort embarraflan- te pour ceux qui cherchent à démêler la vérité ; va-. riété qui vient en partie de ce que les Bramins font fort rélervés avec les étrangers, mais principalement de cé qué les voyageurs font peu verfés dans la lan- gue de ceux dont ils fe mêlent de rapporter les opi- mons. Mais du moins il eft conftant par les relations de tous les modernés , que les Indiens reconnoiffent une Ou plufieurs divinités. Nous ne devons point oublier de parler ici de Bud- da où Xekia , fi célebre parmi les Indiens, auxquels il enfeigna le culte qu'on doit rendre à la Divinité x ë& que ces peuples regardent comme le plus grand philofophe qui ait jamais exifté : fon hiftoire fe trouve fi remplie de fables & de contradi@ions , qu'il feroit impoñlible de les concilier. Tout ce que l’on peut conclurre de la diverfité des fentimens que les auteurs ont eus à fon fujet, c’eft que Xekia parut dans la par- tie méridionale des Indes, & qu'il {e montra d’abord aux peuples qui habitoient fur les rivages de l'Océan; que de-là ilenvoya fes difciples dans toutes les Indes, où ils répandirent fa doûrine, ” Les Indiens & les Chinois atteftent unanimement que cet impoftèut avoit deux fortes de do@rines : une faite pour le peuple ; l’autre fecrete , qu’il ne révéla qu'à quelques-uns de fes difciples, Le Comte , la Lou- bere, Bernier, & fur-tout Kempfer, nous ont fuffifam- ment inftruits de la premiere qu’on nomme exoréri- que. En voici les principaux dogmes. | 1°. [l'y a une différence réelle entre le bien & le mal. : 2% Les amés des hommes &c des animaux font im- mortelles , & ne different entr’elles qu’à raïfon des fujets où elles fe trouvent. 3°. Les ames des hommes , féparées de leurs corps, reçoivent ou la récompenfe de leurs bonnes aétions dans un féjour de délices , ou la punition de leurs crimes dans un féjour de douleurs. 4°. Le féjour des bienheureux eft un lieu où is goû- teront un bonheur qui ne finira point, & cedieu s’ap- pelle pour cela gokzrakf 5°. Les dieux different entr’eux ‘par leur nature ; & les ames des hommes parleurs mérites ; par con- féquent le degré de bonheur dont elles joiiront dans ces champs élyfées, répondra au depré de leurs mé- rites : cependant la mefure de bonheur que chacune d’entr’elles aura en partage fera fi grande, qu’elles ne fouhaiteront point d’en avoir une plus grande: : 6°. Amida eft le gouverneur de ces lieux heureux, 8&c le proteéteur des ameshumaines, fur-tout de celles qui font deftinées à jouir d’une vieéternellement heu- reufe. C’eft Le feul médiateur qui puifle faire obtenir aux hommes la rémiflion de leurs péchés &ê lavie éternelle. ( P/uff@urs Indiens & quelques EhinOIS rap= portent cela a Xekia lui-même. ) Ar 7°. Amida n’accordera ce bonheur qu'à ceux qui auront fuivi la loi de Xekia , & qui aurontmené une vie vertueufe. RCE 8°. Or la loi de Xekia renferme cinq préceptes généraux , de la pratique defquels dépend. le fatut éternel : le premier, qu'il ne faut rien tuer. de ce qui eftanimé ; 2°. qu'il ne faut rien voler ; 3°. qu'il faut éviter l’incefte ; 4°. qu'il faut s’abftenir du menionge, s°. & für-tout des liqueurs fortes, Ces cinq préceptes {ont fort célebres dans toute PAfie méridionale &ç ECccce 754 ASI orientale, Plufeurs lettrés les ont commentés, & par conféquent obfcurcis ; car on les a divifés en dix confeils pour pouvoir acquérir la perfeétion de la vertu ; chaque confeil a été fubdivifé en cinq go fak- kai , ou inftruétions particulières , qui ont rendu la doë@rine de Xékia extrèmement fubtile. 9°. Tous les hommes , tant féculiers qu'eccléfiaf tiques , qui fe feront rendus indignes du bonheur éter- nel, par l’iniquité de leur vie , feront envoyés après feur mott dans un lieu horrible appellé d/gokf , où ils fouffriront des tourmens qui ne feront pas éter- nels , mais qui dureront un certain tems indéterminé : ces tourmens répondront à la grandeur des crimes , & feront plus grands à mefuré qu'on aura trouvé plus d’occafñons de pratiquer la vertu , & qu’on les aura négligées. 4 10°. Jefnma O eft le gouverneur êg le juge de ces prifons affreufes ; il examinera toutes les aétions des hommes , & les punira par des tourmens différens, 11°. Les ames des damnés peuvent recevoir quel- que foulagement de la vertu de leurs parens & de leurs amis : & il n’y a rien qui puifle leur être plus utile que les prieres & les facrifices pour les morts , faits par les prêtres & adreflés au grand pere des mi- fericordes , Amida. | 12°, L'interceflion d’Amida fait que l’inexorable juge des enfers teimpere la rigueur de fes arrêts , & rend les fupplices des damnés plus fupportables , en fauvant pourtant fa juftice, & qu’il les renvoye dans le mondele plûtôt qu'il eft pofble, 139. Lorfque les’ ames auront ainfi été puriñées , elles feront renvoyées dans le monde pour animer encore des corps, non pas des corps humains , mais les corps des animaux immondes, dont la nature ré- pondra aux vices qui ayoient infeété les damnés pen- dant leur vie. | 14°. Les ames pafleront fucceflivement des corps vils dans des corps plus nobles , jufqu’à ce qu’elles méritent d'animer encore un corps humain, dans lequel elles puiffent mériter le bonheur éternel par une vie irréprochable. Si au contraire elles commet- tent encore des crimes, elles fubiront les mêmes pei- nes , la même tranfmigration qu'auparavant. Voilà la doëtrine que Xekia donna aux Indiens, & qu'il écrivit de fa main fur des feuilles d’arbre. Maus fa doétrine exotérique ou intérieure eft bien différente. Les auteurs Indiens aflurent que Xekia fe voyant à fon heure derniere , appella fes difciples , & leur découvrit les dogmes qu’il avoit tenu fecrets pendant fa vie. Les voici tels qu’on les a tirés des livres de fes fuccefleurs. | 1°. Le vuide eft le principe & la fin de toutes chofes.… ” 2°. C’eft de là que tous les hommes ont tiré leur ongine , & c’eft là qu'ils retourneront après leur mort. - 3°. Tout ce qui exifte vient de ce principe, & y retourne.après la mort: c’eft ce principe qui confti- tuenotre ame & tous les élémens ; par conféquent toutes les .chofes qui vivent , penfent & fentent, quelques différentes qu’elles foient par l'ufage ou par la figure, ne different pas en elles-mêmes & ne font point diftinguées de leur principe. # 4°. Ce principe eft univerfel , admirable , pur , limpide , fubtil, infini; il ne peut ni naître , nimou- tir, niêtre diflous. 15 $°. Ce principe n’a ni vertu , ni entendement , ni puiffance, ni autre attributfemblable, 6°. Son'eflence eft de ne ren faire, de ne rien penfer ;'de’ne rien défireéri 7 MN 7% 7 7°. Celui qui fouhaite de mener une vie innocente &'heureufe, doit faire tous fes efforts pour {e rendre fembläble à fon principe, c’eft-à-dire, qu'il doit domp- A SI ter , ou plütôt éteindre toutes fes paffions, afin qu'il ne {oit troublé ou inquiété par aucune chofe, 8°. Celui qui aura atteint ce point de perfeétion fera abforbé dans des contemplations fublimes , fans aucun ufage de {on entendement , &z 1l joiura de ce repos divin qui fait le comble du bonheur. 9°. Quand on eft parvenu à la connoïffance de cette doëtrine fublime , 1l faut laifler au peuple la doétrine efotérique , ou du moins ne s’y prêter qu'à l'extérieur. | Il eft fort vraifflemblable que ce fyftème a donné naiffance à une feété fameufe parmi les Japonois, laquelle enfeigne qu'il n’y a qu'un principe de tou- tes chofes ; que ce principe eft clair , lumineux , in- capable d’augmentation nide diminution, fans figure, fouverainement parfait , fage , mais deftitué de rai- fon ou d'intelligence , étant dans une parfaite inac- tion, & fouverainement tranquille, comme ur hom- me dont l'attention eft fortement fixée fur une chofe fans penfer à aucune autre : ils difent encore que ce principe eft dans tous les êtres particuliers , & leur communique fon effence en telle maniere, qu’elles font la même chofe avec lui, & qu’elles fe rélolvent en lui quand elles font détruites. Cette opinion eft différente du Spinofifme , en ce welle fuppofe que le monde a été autrefois dans un etat fort différent de celui où il eft à préfent. Un fec- tateur de Confucius a réfuté les abfurdités de cette feéte , par la maxime ordinaire , que rien ne peut venir de rien ; en quoi il paroïît avoir fuppofé qu'ils enfei- gnoient que rez eft le premier principe de toutes chofes , & par conféquent que le monde a eu un commencement , fans matiere ni caufe efficiente : mais 1l eft plus vraiflemblable que parle niot de vuide ils entendoient feulement ce qui n’a pas les proprie- tés fenfbles de la matiere , & qu'ils prétendoient dé- figner par-là ce que les modernes expriment par le terme d’e/pace , quieft un être très-diftinét du corps , &c dont l’étendue indivifble , impalpable , pénétra- ble ; immobile & infinie, eft quelque chofe de réel. Il eft de la dermiere évidence qu’un pareil être ne fauroit être le premuer principe ; s'il étoit incapable d'agir , comme le prétendoit Xekia. Spinofa n'a pas porté l’abfurdité fi loin ; l’idée abftraite qu’il donne du premier principe , n’eft , à proprement parler , que l’idée de l’efpace, qu'il a revêtu de mouvement, afin d'y joindre enfuite les autres propriétés de la matiere. + La doëtrine de Xekïa n’a pas té inconnue aux Juifs modernes ; leurs cabaliftes expliquent l’origine des chofes , par des émanations d’une caufe premiere, & par conféquent préexiftente , quoique peut-être fous une autre forme. Ils parlent aufh du retour des chofes dans le premier être , par leur reftitution dans leur premier état , comme s'ils croyoient que leur En-foph ou premier être infini contenoit toutes cho- fes , & qu'il ya toùjours eu la mêmequantité d'êtres, {oit dans l’état incréé , foit dans celui de création. Quand l'être eft dans fon état incréé , Dieu eft fim- plement toutes chofes : mais quand l’être devient monde , il n’augmente pas pour cela en quantité ; mais Dieu fe développe & fe répand par des éma- nations, C’eft pour cela qu'ils parlent fouvent de grands & de petits vaifleaux, comme deftinés à recevow ces émanations de rayons qui fortent de Dieu , & de canaux par lefquels ces rayons font. tranfmis : en un mot, quand Dieu retire ces rayons , le monde exterieur périt, & toutes chofes redevien- nent Dieu. ” L’expoié que nous venons de donner de la doétri- ne de Xekia pourra nous fervir à découvrir fa véri- table origine. D'abord il nous paroît très-probable que les Indes ne furent point fa patrie, non-feu- lerment parce que fa doétrine parut nouvelle dans ce AS À pays-là lorfqu’il y apporta, mais encofe-parce qu'il n’y a point de nation Indienne qui fe vante.de lui ävoir donné. la naïffance ; & il ne, faut point nous oppoler ici l’autorité dela Croze, qui. aflüre que tous les Indiens s'accordent à dire que Xekia naquit d’un roi Indien ; car Kempfer, a très-bien remarqué, que tous les peuples fitués à lorient de l’Afie , don- nent le nom d’/zdes à toutes les terres auftrales. Ce concert unanime des, Indiens ne prouve donc autre chofe , finon que Xekia tiroit fon origine de quel- que terre méridionale, Kempfer conjeéture que ce . Chef de fete étoit Africain , qu'il avoit été élevé dans la Plulofophie, & dans les myfteres des Esyp- tiens; que la guerre qui defoloit l'Egypte l’ayant obligé d’en fortir , il fe retira avec fes compagnons chez les Indiens ;qu'il fe donna pour un autre Her- inès & pour un nouveau légiflateur, & qi’il enfei- gna à ces peuples non-feulement la doëtrine hiero- glyphique des Egyptiens, mais encore leur dorine myftérieufe, À : Voici les raïfons fur lefquelles il appuie fon fen- timent. n | 1°. La relisiôn que les Indiens recürent de ce lé- grflateur, a de très-grands rapports avec celle des an- ciens Égyptiens; car tous ces peuples repréfentoient leurs dieux fous des figures d'animaux & d'hommes monftrueux. | 2°, Les deux principaux dogmes de la religion des Egyptiens, étoient latranfmigration des ames, & le culte de Sérapis, qu'ils repréfentoient fous la figure d’un bœuf où d’une vache. Or il eft certain que ces deux dogmes font aufi Le fondement de la religion des nations Afiatiques. Perfonne n’ignore le refpet aveugle que ces peuples ont pour les animaux, même les plus nuifibles, dans la perfuafon où ils font que les ames humaines font logées dans leurs corps. Tout le monde fait auffi qu’ils rendent aux vaches des hon- neuts fuperftitieux, & qu'ils en placent les figures dans leurs temples. Ce qu'il y a de remarquable, c’eft que plus les nations barbares approchent de l'E- gypte, plus on leur trouve d’attachement à ces deux dogmes. 3°. Ontrouve chez tous les peuples del’Afe orien- tale la plüpart des divinités Egyptiennes , quoique fous d’autres noms. 4°. Ce qui confirme {ur-tout la conjeüure de Kempfer, c’eft que 536 ans avant J. C. Cambyfe roi des Perfes , fit une irruption dans l'Egypte, tua Apis, qui étoit le pa/ladium de ceroyaume, & chafla * tous les prêtres du pays. Or f on examine l’époque eccléfiaftique des Siamois , qu’ils font commencer à la mort de Xekia, on verra qu’elle tombe précifé- ment au tems de l’expédition de Cambyfe ; de-là il s'enfuit qu'il eft très-probable que Xekia fe retira chez les Indiens, auxquels il enfeigna la doëtrine de VEgypte. . 5°. Enfin l’idole de Xekia le repréfente avec un vifage Éthiopien, & les cheveux crêpus : or il eft certain qu'il n’y a que les Africains qui foient ainfi faits. Toutes ces raifons bien pefées, femblent ne laïiffer aucun lieu de douter, que Xekia ne fût Afri- cain, & qu'il nait enfeigné aux Indiens les dogmes qu’il avoit lui-même puilés en Egypte, * ASIBE , ville de Méfopotamie, appelée parles habitans Azriochia. | Il y a encore une ville del’Afie mineure , du même nom ,. dans la Cappadoce , vers l’'Euphrate & les monts Mofchiques. ASIE , l’une des quatré grandes parties de la terre, & la feconde en ordre , quoique la premiere habitée, Elle eft féparée de l’Europe par la mer Méditerra- née, l’Archipel, la mer Noire, les Palus Méotides , le Don & la Dwina ; de l’Afrique par la mer Rouge & l’iffhme de Suez, Elle eft des autres côtés entou- Tome I, - | _daller même : ASI 755 rée de l'Océan selle ne communique point avec A: mérique ;fes parties principales font l’Arabie, la Tux quie Afiatique ; la Pérfe, l’Inde:, la Tartarie, la Mol covie Afiatique, la Chine , le Japon , le royaume d'Ava , celui de Siam, l'ile de Ceylan , 8e les îles de la Sonde, dont les principales font Sumatra, Borñeo, Java ; l’île des Célébes les Moluques ; les Philippi- nes, les Maldives : elle peut avoir d'occident en orient environ 1750 lieues, & du midi au fepten- tion 15 5e. | bg Les peuples de cé vafte continent , ceux fur-tout qui en occupent le milieu, &-qui habitent lescôtes dé l'Océan feptentrional, nous font peu connus : excep: té les Mofcovites qui en poffedent quelque portion & dont les caravanes en traverfent tous les ans quel: ques endroits , pour fe rendre à la Chine, on peut dire que les Européens n’y font pas grand népoce. S'il y a quelque chofe d’important à obferver fur le commerce d'Afe , cela ne concerne que les côtes méridionales & orientales ; le leéteur trouvera aux diférens articles des noms des lieux, les détails Dés néraux auxquels nous nous fommes bornés fur cet objet. ASILLE , afilus , infe@e que quelques autéurs ont confondu avec le taon; cependant on a obfervé des différences marquées entre l’un & l’autre , quoiqu'ils fe reflemblent à quelques égards, L’afle tourmente beaucoup les bœufs, &cles pique vivement ; on dit que fon bourdonnement les fait fuir dans les forêts, &T que s'ils ne peuvent pas l’éviter , ils {e mettent dans l’eau jufqu’au ventre, & qu'ils fejettent de l’eau par-deflus le corps avec leur queue, pour faire fuir les aflles. C’eft pour cette raïfon qu'on a appellé ces infeétes #ufcæ boariæ vel buculariæ. Mouffet leur don: ne le nom Grec Grp : maïs il convient que ce même nom appartient aufh à d’autres infeétes. M. Linnæus diftingue laflle, l'æffrus, & le taon, en trois genres dépendans d’une même clafle ; & il rapporte treize efpecesau genre de l’x/lle, Fauna Sulcica, pag. 308: Voyez INSECTE. (1) ASINAIRES , adj. pris fubff, (Æiff. anc.) fêtes que les Syracufains célebroient en mémoire de l’avantas ge qu'ils remporterent fur Nicias & Demofthenes, généraux des Athéniens , auprès du fleuve 4£rarius aujourd’hui Falconara , riviere de Sicile. (G) * ASINARA , petite île d'Italie, près de la côte occidentale de la Sardaigne. Long. 261. lar. 4x. ASINE , (bé) fynonyme dont on fe {ert aw palais pour éviter le mot êze, qui a quelque chofe de triz vial. (4) | | * ASION-GABER, ville d’Idumée , fur le bord de la mer Rouge. * ASIOUTH , o4 SOIOUTH , ville de la haute Egypte. * ASISIA , ville d’'Illyrie, dans un lieu qu’on ap: pelle aujourd’hui Béribir, ou Bergame, & où l’ontrou- ve encore des ruines. | * ASKEM-KALEST, ville ruinée d’Afie, avec un port, non loin de Milet. On prétend que c'étoit l’an- cienne Halicarnaffe ; on ytrouve encore aujourd’hui des marbres & des monumens anciens, & Jacques Spon a conjgeéturé que ce font les ruines de Jaf ou Jafñi ; on y voit le refte d’un théatre de marbre. * ASKER-MORKEM , ville de la contrée d’A. bouaz dans la Chaldée , qu’on nomme aufli l’{raque Arabique. Cette ville s'appelle aufi Sermenrai, fur la rive orientale du Tigre. Long. 72.20. lar. fèpt, 34, On dit qu’elle s’appelloit autrefois Serrirah. * ASKRIG , petite ville d'Angleterre, dansla pro: vince. d'Yorck. _ ASLANI, (Commerce. ) monnoie d'argent de Hol= lande, & que l’on fabrique aufh à Infpruck ; c’eft le cette efpece a tant pour effigie que pour écuflon un lion; & çet animal en Turc s’appels CCccci 756 A SO lant aflani, c'eft en conféquence que les Turcs ont nommé le daller aflani. Les Arabes qui prirent le hon de l'empreinte pour un chien (& ils n’eurent pas ab- {olument tort ;:car jamais il n’y a eu.d’empreinte plus équivoque )appellerent lamême piece abzkesb. Voyez ABUKESB 6 DALLER- (ai * ASMIRÉES , montagnes d’Afie , dans le pays des Seres, qi’habitent les Afmiréens , peuples répan- dus auffi dans le canton de Cataja , qui eft fort éten- du , & qui fait partie de la Tartarie prife.en général. ASMODAI , où ASMODÉE , (Théolog.) eft le nom que les Juifs donnent au prince des démons, comme on peut voir dans la paraphrafe Chaldaique fur lPEccléfiafte , cap. 7. Rabbr Elias dans fon diétion- naire intitulé Thisbi, dit qu’Afrmodai eft le même que Sammaël, qui tire fon nom du verbe Hébreu /z144, _c’eft-à-dite dérruire ; & ainfi 4/modai fignifie un démon defirutteur, Voyez SAMAEL. (G) * ASNA , (Géog. anc. & mod.) ville de l'Egypte, fur le Nil ; on prétend que c’eft l’ancienne Syenne. Long. 49.10. lat. 38. 15. * ASOLA , ville d'Italie , dans la Lombardie , au Breffen , dans l’état de la république de Venife. Long. 27.48. lat. 48. 15. * ASOLO , ville d'Italie, dans le Trévifan , à la fource de la riviere de Moufon. Long. 29. 30. lat. 45.49: * ASOPA. Voyez ANAPLYSTE. * ASOPE,, fleuve d’Afie dans la Béotie, aujour- d’hui la Morée ; c’étoit un bras du Céphyfe, qui def- cendoit du mont Cythéron, arrofoit le pays des The- bains , pafoit par Thebes, Platée, & Tanagra, & fe déchargeoit dans la mer entre Orope & Cynofure. C’eft aujourd’hui l4/opo , qui fe rend dans le détroit de Négrepont , vis-à-vis d’Orops. Il y avoit dans la Theffalie un autre fleuve du même nom, aux environs des Thermopyles ; on lap- pelle 4/opo aujourd’hui : il eft en Livadie ; il fort du mont Bunina , & fe rend dans le golfe de Zeiton. L’A/ope, fleuve de Macédoine, arrofoit Héraclée: * ASOPH oz AZACH, (Géog. anc. 6 mod.) ville de la petite Tartarie à l’'embouchüre du Don qui la traverfe, y forme un port, & fe jette dans la mer des Zabaques , qu’on appelloit autrefois les Palus Méorides, Les anciens lappelloient Tanaïs, de l’an- cien nom de la riviere, &c la mettoient dans la Sar- matie Européenne. Les Italiens l’appellent encore /2 Tana : on y a joint depuis une nouvelle ville appel- lée S. Pierre, C’eft d’4/oph que vient une partie du caviar qui fe débite à Conftantinople, & cet objet eft confidé- rable. Il en vient auf des efturgeons & des mouron- nes. Les Turcs & les Grecs y font un grand trafic en efclaves Rufliotes , Mingreliens , Mofcovites , & autres. FASOR , (Géog.) Il y a eu plufeurs villes de ce nom ; une qui fut capitale du royaume de Jabin , que Jofué réduifit en cendre; elle appartint à la tribu de Nephtali : une autre qui appartint à la tribu de Juda : une troifieme de la tribu de Benjamin. for fut en- core Le nom d’un pays étendu de l’Arabie deferte. * ASPALATEH , c/palathus, (Hip. nat, bor.) cette plante, que quelques-uns appellent ery/fceprum, eft un gros buiffon ligneux & épineux, qui croit le long du Danube , à Nifaro &c à Rhodes. Les Parfumeurs s’en fervent pour épaiflr leurs parfums. Le bon eft pefant, rougeâtre ou pourpre fous l'écorce, rend une odeur agréable, & eft amer au goût. I] y en a une efpece blanche, ligneufe & fans odeur : il eft échauf fant & aftringent : on en ordonne la décoëtion en gar- sarifme pour les aphthes, pour les ulceres, &c, M. Herman & d’autres penfent que l’afpalath n’eft autre chofe que le bord du cytife : il nous vient de la Mo- sée : il eft réfineux & fleurit à-peu-près comme la A S P tofe. Onenfait cas à la Chine. On en tire une huile eflentielle, d’une odeur fi femblable à celle de rofe , qu'on peut donner l’une pour l’autré; on ne les re- connoîtra qu’au plus où moins de force dans Podeur : Phuile eflentielle de rofe eff la plus forte. Les An- ciens l’appelloient Rhodium lignum : maïs on ne fait s'ils ont voulu dire qu'il -venoit de Rhodes, ou qu'il avoit l'odeur de la rofe. : à * ASPE , vallée du Béarn , entre le haut des Pyré- nées & la ville d'Oléron. La riviere d'Oléron pale dans cet endroit & s’appelle le pave d’Afpe. r, ASPECT , {. m. apettus , (en Affronomie) fe dit de la fituation des étoiles ou des planetes, les unes par rappott aux autres ; ou bien c’eft une certaine configuration ou relation mutuelle entre les plane- tes, qui vient dé leurs fituations dans le zodiaque, en vertu defquelles Les Affrologues croyent que leurs puiflances ou leurs forces croiffent ou diminuent ; felon que leurs qualités a@ives ou pañlives fe con- viennent ou fe contrarient. Voyez PLANETE, 6e. Quoique ces configurations puiflent être variées &c combinées de mille manieres , néanmoins on n’en confidere qu’un petit nombre; c’eit pourquoi on dé- finit plus exaétement l’a/peif la rencontre ou l’angle des rayons lumineux qui viennent de deux planetes à la terre, Voyez RAYON & ANGLE. La doétrine des afpeëts a été introduite par les Af- trologues , comme le fondement de leurs prédiétions. Ainfi Kepler définit l’a/peif, un angle formée par des rayons, qui partant de deux planctes, viennent à fe rencontrer fur la terre, & qui ont la propriété de produire quelque influence naturelle. Quoique tou- tes ces opinions foient des chimeres, nous allons les rapporter ici en peu de mots. | Les Anciens comptoient cinq a/peé?s, à favoir, la conjonétion, marquée par le caraétere & , l’oppoñi- tion par &°° , l’afped trine par A , Pa/peét quadrat par D, & l’afpeët fextile par x. La conjonétion & l’op- pofñition font les deux a/peëts extrèmes , le premier étant le moindre de tous, & le fecond le plus grand ou le dernier. Ÿ. CONJONCTION & OPPOSITION. L’afpeë trigone ou trine eft la troifieme partie d’un cercle , ou l’angle mefuré par l’arc 4 B. Tab. affron. À3- 3. | L’afpeët tétragone ou quadrat eft la quatrieme par- tie d’un cercle, ou l’angle mefuré par le quart de cercle 4 D : l’afpeët fextile, qui eft la fixieme partie d’un cercle ou d’un angle, eft mefuré par le fextant , AG. Voyez TRIGOKE, TETRAGONE, QUADRAT, G SEXTILE. « Par rapport aux influences qu’on fuppofe aux 4/° peéts, on les divife en bezins , malins, & indifférens. L’afpe&t quadrat & l’oppofition font réputés malins ou »al-faifans ; le trine & le fextile hezins ou propices; & la conjonétion un afpeif indifferent. Aux cinq a/peits des anciens les modernes en ont ajoûté beaucoup d’autres, comme le décile qui con- tient la dixieme partie d’un cercle; le sridecile, qui en contient trois dixiemes ; & le Hiquintile, qui en contient quatre dixiemes ou deux cinquiemes. Ke- pler en ajoûte d’autres , qu’il dit avoir reconnu effi- caces par des obfervations météorologiques, tel que le demi-fextile , qui contient la douzième partie d’un cercle, & le guincunce, qui en contient cinq dou- ziemes. Enfin nous fommes redevables aux Mede- cins aftroloeues d’un a/peéf oëfile, contenant un hui- tieme de cercle, & d’un a/peë triothile, qui en con- tient les trois huitiemes. Quelques Medecins y ont encore mis l’afpeëf quinrile, contenant un cinquieme du cercle, & l’afpeif biquintile, qui, comme on l'a dejà dit, en contient les deux cinquièemes. L’angle intercepté entre deux planetes dans la/- peët de la conjon@ion eft=o; dans l’afpeëf femi-fex- tile, il contient 30° ; dans le decile 369; dans l’oûtile À S P 450: dans le fextilé 6o° ; dans le quintile 72° ; dans le 1e quartile 00° ; dans le tridecile 108° ; dans le trine 20° ; dans le trioëtile 35° ; dans le biquintile 144°; dans le quineunce 1$0°; dans l’oppoñition r80°. Ces angles ou intervalles fe comptent par les de- grès dé longitude des planetes, tellement que les af° peëts font cenfés les mêmes, foit qu’une planete fe. trouve dans l’écliptique , on qu’elle foit hors de ce cércle. . | On divife ordinairement les a/peds en partiles &x plariques. Les afpeüts partiles ont lieu quand les pla-: netes font diftantes les unes des autres d’autant de degrés précifément qu’en contient quelqu'une des divifions précédentes. Il n’y a que ceux-là qui foient proprement des a/petts. Les a/pects platiques arrivent quand les planetes ne font pas les unes par rapport aux autres précifément dans quelqu'une des divifions dont nous venons de parler. Voyez INFLUENCE. (0) ASPECT ; 1. m: on dit ce hätiment préfente un bel afpeit, c’eft-à-dire qu'il paroït d’une belle ordonnan- ce à ceux qui le regardent, & qu'il jette dans une admuration telle que celle qu’on éprouveroit à la vüe du périftyle & des façades intérieures du Louvre, fi le pié du périftyle étoit dégagé de tous les bâtimens fubalternes qui Fenvironnent , & fi ceux qu’on vient d’ériger dans la grande cour de ce palais n’offuf- quoient & ne mafquoient point l’a/peté de la décora- tion intérieure des façades , dont l’ordonnance fait autant d'honneur au dernier fiecle, que les bâtimens dont nous parlons deshonnorent celui où nous vi- vons. On dit auffi que tel ou tel palais , maïfon ou chàâ- teau, eft fitué dans un bel a/peéf, lorfque du pié du bâtiment on découvre une vûe riante & fertile, tel- le que celles du château neuf de faint Germain en Laye, de Meudon, de Marly, &c. (P) * ASPECT o4 SOLAGE, c’eft la même chofe qu'ex- pofition : il y en a quatre différentes; celle du cou- chant, du levant, du nord, & du midi: Pexpoñtion du levant voit le foleil depuis le matin jufqu’à midi, celle du couchant a le foleil depuis midi jufqu’au foir. L’expofition du midi eff la plus riche de toutes, elle commence à neuf heures du matin jufqu'à quatre heures du foir ; & celle du nord ou du feptentrion ef la plus mauvaïfe, fur-tout dans les terres froides êt humides, n’ayant de foleil qu'environ deux heu- res le matin & autant le foir ; mais aufli elle n’eft pas f fujette à la gelée. Quand on veut jouir de deux expofñtions en mê- me tems, on conftruit des murs obliques où le foleil life &c y demeure fuffifamment pour que les arbres < trouvent expofés au midi & au levant. Rien ne contribue tant à la bonne fanté qu’une bonne expoñition, & les végétaux par la vigueur de leur poufle nous moritrent aflez combien elle leur eft néceflaire. Ceux de tous les végétaux qui ont Le plus befoin d’une bonne expofition, font les orangers, les myites, & autres arbres à fleurs ; s’ils étoient trop expofés aux vents, fur-tout à ceux du nord, ils {e- roient bien-tôt ruinés. Les arbres fruitiers demandent auf différentes ex- pofitions : les pêchers veulent le midi & le levant ; les poiriers le levant & le couchant ; les pommiers & les abricotiers peuvent venir à toutes fortes d’ex- poñtions & en plein vent ; les prumiers viennent fort bien au nord & au couchant ; les figuiers réufliflent mieux au levant &'au midi que par-tout ailleurs. (Æ) * ASPENDUS ou ASPENDUM, (Géog. anc.) ville ruinée dans la premiere Pamphilie, & dans l’é- xarchat d’Afie ; elle étoit fituée fur l’Eurymedon. _ *ASPER, (Hif. na.) petit poiffon de riviere qu'on trouve ordinairement dans le Rhone. Il eft nommé a/per, de la rudéfle de {es mâchoires & de fes écailles, Il a la tête aflez large & pointue , & la À SP 757 pueule Médiocre : il n’a point de dents, Maïs fes m4 choires font âpres au toucher : il eft rougeâtre & par: fémé de taches noires. On le mange, & fa chair pafle pour apéritive. Il pañlé pour avoir la vértu d'attirer lé poiffon. On donne à ceux qui demandent de fon huile celle d’orfraye ow de bouis, ou quelqu’autre huile fétide, 4 in “ ASPEREN, ville où bourg des Provincés-unies dans la Hollande , aux confins de la Gueldre , fur la riviere de Linge, entre Gorcum & Culembourp. ASPERGE., a/paragus , genre de plante, dont les fleurs font compofées ordinairement de fix feuilles difpofées en rofe. Il fort du milieu de fa fleur un puül, qui devient dans la fuite un fruit mou ou une! baie prefque ronde & remplie de femences dures pour l'ordinaire. On peut ajoûtér aux caraétetes de” ce genre que les feuilles font fort menues. Tournef, Infe. réi herbe Voyez PLANTE. (1) Les afperges communes font connues de tout le monde ; celles de Pologne font très-oroffes. Elles de-’ mandent peu d’eau , mais elles veulent être fouvent labourées & farclées. Avec un plant enraciné, il faut trois ans au moins pour avoir de groffes afperges : il en faut bien davan- tape avec la graine qui fe feme à la fin de Mars, & eft deux ans à être en état d’être levée & plantée en échiquier dans des planches creufées d’un pié, larges de troïs à quatre piés,& également éloignées les unes des autres. Obfervez que dans les terres humides on tient les planches hautes de tèrre , bien loin de les creufer, afin de corriger l'humidité du fond , qui pourtiroit le plant. Il y a entre chaque planche des ados de la terre qui eft fortie de la fouille des planches , & dont on rechaufle tous les ans les gfperges. On les fume tous les deux ans, & on coupe les montans à la S. Martin. Pour les regarnir on les {eme , ou l’on prend du plant enraciné. Les a/perges bien entretenues peuvent durer quinze années fans être renouvellées. Pour hâter les z/perges,, fi l’on a aifément du grand fumier, on les réchauffe en creufant de deux piés les efpaces entre deux planches , & les rempliffant de fumier de cheval : on peut même couvrir entiere- (eo les planches, ce qui les ayancera éncore plus. K ) * On prépare les afperges de différentes facons : on les met en ragoût, en petits pois, au jus , & on les confit, ‘ Pour les confire, coupez-les par tranches , ôtez le dur , faupoudrez le refte avec du fel & du clou de girofle ; couchez-les dans un pot de térre plombé, entre deux lits de fel, l’un au fond du pot, & l’autre au-deffus ; rempliffez de bon vinaigre , & tenez vo- tre pot fermé : {ervez vous pour les tirer, d’une cuil- liere de bois ou d’argent. Si vous mettez vos afperges en morceaux, que vous les pañliez à la cafferole, avec lard fondu, per- fil, & cerfeuil hachésmenus, que vous aflaifonniez de fel & de mufcade , 8 que vous laïfiez cuire à pe- tit feu , qu'enfuite vous dégraïfliez & fubftituyez du jus de mouton , & fufifamment de citron ; vous au- rez des a/perges au jus. Coupez les pointes de vos a/perses en petits mor- ceaux ; faites les blanchir dans l’eau bouillante ; paf. fez à la cafferole avec du beurre ; ajoûtez du lait & de la crême ; affaifonnez de fel, poivre & fines her bes: quand le tout fera cuit, délayez des jaunes d'œufs avec de la crême de lait; jettez-y vos afper- ges; faites lier la fauce , & fervez: vous aurez des afperges en petits pois. Les afperges en ragoût fe mettent cuire dans l’eau, après quoi on les fait égoutter : on les faupoudre de {el menu ; on ieur prépare une fauce aubeurre, vi- 758- À SP: naigre, el 8: mufcade, & on les arrange dans cette fauce. … | ; ‘Lés afperges à l'huile demandent encore moins de façon : on les fait cuire à l’eau ; on les. égoutte , & on les met dur un plat : on a dans une fauciere du vi- naïgre, de l'huile & du fel, dont chacun fe fert. L'afperge ordinaire, a/paragus fativa, C.B. contient beaucoup d'huile & de fel eflentiel ; on 1e fert en Medecine de fa femence & de fa racine. | La racine eft apéritive, propre à chaffer la pierre & le gravier des reins , pour lever les obftruétions du melentere , de la rate, de la matrice, & des reins. C’eft un apéritif des plus chauds : on la met au nom- bre des cinq racines apéritives majeures. Les baies rouges, feches & en poudre, font uti- les dans la dyffenterie & le crachement de fang. … L’ajperge fauvage eft odorante , & contient un fuc glutineux qui donneune couleur rouge au papier bleu : fon-fuc approche du tartre vitriolé , diflous dans beaucoup de phlegme, La racine eft tempéran- te & apéritive. ( N ASPERGILLUS , genre de plante qui ne differe du borrytis & du Lyffus,; que par l’arrangement de fes femences ; car nous les avons toljours vües ar- rondies ou ovales. Elles font attachées à de longs f- lamens , qui font droits & noueux, & qui tiennent dans de certaines plantes à un placenta rond ou ar- tondi ; fur d’autres efpeces 1ls font attachés au fom- met de la tige, ou aux rameaux, fans aucun placen- ta, & ils reflemblent aux épis de l’efpece de gramen, qu'on nomme vulgairement pié-de-poule, Ces fila- mens tombent d'eux-mêmes quand ils font murs ; & alors les femences fe féparent les unes des autres. Nova plantarum genera, par M. Micheli, 7, PLANTE. I _* ASPERIEJO, ( Géog. anc. & mod. ) ville ruinée d'Efpagne au royaume de Valence. Il y a au même royaume un bourg appellé 4/pe, bâti des ruines de l’ancienne Afpe. La riviere d'Elerda coule entre Af- pe & Afperiejo. ASPERITÉ, f. f. en terme de Phyfique , eft la mè- chofe qu’épreté. Voyez APRETÉ, (O0) * ASPEROSA, ville de la Turquie en Europe, dans la Romanie, fur la côte de l’Archipel, Loz. 42. 60. lat. 40.58. ASPERSION , f. f, ( Théol. ) du Latin a/pergere , formé de ad, & de fpargo, je répands. | C’eft l’aétion d’afperger , d’arrofer , ou de jetter cà & là avec un goupillon , ou une branche de quel- qu'arbriffleau , de l’eau ou quelqu’autre fluide. Foy. GOUPILLON. Ce terme eft principalement confacré aux céré- monies de la religion,pour exprimer lation du prètre lorfque dans l’églife il répand de l’eau benite fur les afliftans ou fur les fépultures des fideles. La plüpart des bénédi@ions fe terminent par une ou plufieurs afperfions. Dans les paroiïfles , l’afperfion de l’eau bé- rite précede tous les dimanches la grand’meñle. Quelques-uns ont foûtenu qu’on devoit donner le baptême par a/perfion ; d’autres prétendoient que ce devoit être parzrmerfion ; & cette derniere coûtume a été aflez long-tems en ufage dans l’Eglife. On ne voit pas que la premiere y ait été pratiquée. Voyez BAPTÈME ,IMMERSION, & Aspersoir. (G * ASPERSOIR , f. m.( if. anc. & mod.) inftru- ment compoié d’un manche, garni de crins de che- val chez les anciens, &c de foie de porc parmi nous, dont ils fe fervoient pour s’arrofer d’eau luftrale, & dont nous nous fervons pour nous arrofer d’eau be- nite. Voyez Antig. Plan. WII. fig. 13. un afperfoir. Les payens avoient leurs afperfions , auxquelles ils attri- buoient la vertu d’expier &c de purifier. Les prêtres ê les facrificateurs fe préparoïent aux facrifices ; l’a- blution étoit une des préparations requifes; c’eft pourquoi il y avoit à l’entrée des témples; & quel, quefois dans les lieux foûterrains,des réfervoits d’eair: où 1ls fe lavoient. Cette ablution étoit pour les dieux: du ciel ; car pour ceux des enfers , ils fe contentoient de l’afperfion., Foyez SACRIFICES. ASPERUGO , rapette y genre de ‘plante à fleur: monopétale , faite en forme d’entonnoir, & décou. pée. Le calice eft en forme de godet ; il s’applatit de: lui-même quand la fleur eft tombée : il en fort un pifs til qui eft attaché à la partie poftérieure de la fleur comme un clou, & qui eft entouré dequatre em=, bryons. Ces embryons deviennent dans la fuite des: femences oblongues pour l'ordinaire ; elles mûriffent: dans le calice, qui devient beaucoup plus grand) qu'il n'étoit lorfqu’ilfoûtenoit la fleur , & qui eftalors fi fort applati , que fes parois fe touchent & font ad= Fra Tournefort, {nft, rei herb. Voyez PLANTES *ASPHALION , ( Myth. ) nom fous lequel les Rhodiens bâtirent un temple à Neptune dans-une île: qui parut fur la mer, & dont ils fe mirent en pof- feffion. Il fignifie, ferme, flable , & répond au f/abili- cor des Romains ; & Neptune fut révéré dans plu- fieurs endroits de la Grece fous le nom d’ 4fphalion. Comme on lui attribuoit le pouvoir d’ébranlerla ter- re, on li accordoit auffi celui de l’affermir, _ ASPHALITE , terme d’ Anatomie, qui fe dit de la cinquieme vertebre des lombes. Foyez VERTEBRE On l'appelle ainf à caufe qu’on la conçoit comme le fupport de toute l’épine. Ce mot'eft formé de le particule privative « , 8 o@arre , Je fupplante. (L}. * ASPHALTE, afphaltus , tum. On a donné ce nom au bitume de Judée, parce qu’on le tire du lac Afphaltide ; & en général tout bitume folide porte le nom d'a/phalre. Par exemple, le bitume que l’on a trouvé en Suifle au commencement de ce fiecle Gc. | i L’afphalte des Grecs eft Le bitume des Latins. Le bitume de Judée eft folide & pefant, mais fa- cile à rompre. Sa couleureft brune , & même noire; il eft luifant, & d’une odeur réfineufe tres-forte, fur= tout lorfqu’on l’a échauffé : 1l s’enflamme aifément; & ile liquéfie au feu. On trouve ce bitume en plu= fieurs endroits , mais le plus eftimé ef celui qui vient de la mer Morte, autrement appellé Zac Afphaltique, dans la Judée. | | TS C’eft dans ce lieu qu’étoient autrefois Sodome & Gomorre , & les autres villes fur lefquelles Dieu fit tomber une pluie de foufre & de feu pour punir leurs habitans.Il n’eft pas dit dans l’Ecriture-fainte que cet endroit ait été alors couvert d’un lac bitumineux; on ht feulement , 44 27. 6 28. verfets du xix. chap. de la Genefe, que le lendemain de cet incendie, Abraham regardant Sodome & Gomorre , &c tout le pays d’alentour , vit des cendres enflammées qui s’é- levoient de la terre comme la fumée d’une fournaile. On voit au xiv. chap. de la Gen. que les rois de Sodo- me , de Gomorre , & des trois villes voifines , for- tirent de chez eux pour aller à la rencontre du roi Chodorlahomor , & des trois autres rois fes alliés pour les combattre, & qu'ils fe rencontrerent tous dans la vallée des Bois, o4 il y avoit beaucoup de puits de bitume. Voyez auffi Tac. Hiff. L. V. c. vj. Il eft à croire qu'il fort une grande quantité de bi- tume du fond du lac Afphaltique ;ils’éleve au-deflus, & y furnage. Ileft d’abord liquide, ëc fi vifqueux,qu’à peine peut-on l’en tirer : mais il s’épaiflit peu-à-peu, & il devient aufi dur que la poix feche. On dit que l'odeur puante & pénétrante que rend ce bitume eff fort contraire aux habitans du pays , & qu’elle abre- ge leurs jours ; que tous les oïfeaux qui paflent par- deflus ce lac y tombent morts; & qu'il n’y a aucun poiflon dans ces eaux, Les Arabes ramaflent ce bitu- me, lorfqu'il eft encore liquide, pour goudronnér leurs vaifleaux. Ils lui ont donné le nom de karabé de Sodome ; fou- vent le mot Karabé fignifie la même chofe que zsume dans leur langue. On a aufi donné au bitume du lac Afphaltique le nom de gomme de funérailles & de mu- mie; parce que chez les Egyptiens , le peuple em- ployoit ce bitume, & le piilaïiphalte , pour embau- mer les corps morts. Diofcoride dit que le vrai bitu- me de Judée doit être d’une couleur de pourpre bril- lante, & qu’on doit rejetter celui qui eft noir & mê- lé de matieres étrangeres : cependant tout ce que nous en avons aujourd'hui eft noir : mais fi on le cafle en petits morceaux , & fi on regarde à travers les parcelles , on apperçoit une petite teinte d’un jau- ne couleur de fafran : c’eft peut-être là ce que Diof- coride a voulu dire. Souvent on nous donne du pif- fafphalte durci au feu dans des chaudieres de cuivre ou de fer , pour le vrai bitume de Judée. On pour- toit aufhi confondre ce bitume avec la poix noire de Stokholm , parce qu’elle eft d’un noir fort luifant : mais elle n’eft pas fi dure que le bitume de Judée, & elle a , ainfi que le piflafphalte , une odeur puante quiles fait aifément reconnoître. Après avoir fait connoître le bitume de Judée , il ne nous réfte plus qu’à parler de cette forte de bitu- meen général , & des 4/phaltes de nos contrées : c’eft ce qu’on trouvera expoié fort au long dans un mé- moire fait en 1750 , fur les mines d’afphalte en gé- néral , & notamment fur celle dite de {4 Sablonniere , fife dans lé ban de Lamperfloch, bailliage de Warth, en baffe Alface , entre Haguenau & Weïflenbourg, pour rendre compte à M. de Buffon, intendant du jaïrdin du Roi , de cette nouvelle découvérte, & de la qualité des marchandifes qui fe fabriquent à ladite mine, pour fervir à lhffoire naturelle, générale & par- riculiere , &tc. La premiere mine d’afphalre qui ait été connue en Europe fous ce nom-là , eft celle de Neufchâtel , en Suifle , dans le val Travers : c’éfta M. de [a Sablon- niere, ancien thréforier des Ligues Suifles, que l’on a l’obligation de cette découvérte. Monfeigneur le Duc d'Orléans , régent du royaume , après l’analyfe faite des bituimes fortant de cette mine, fit délivrer audit fieur de la Sablonniere , un arrêt du confeil d'état du Roi , par lequel 1l lui étoit permis de fairé entrer dans le royaume toutes les marchandifes pro- venantes de cette mine , fans payer aucuns droits ; cet arrêt eff tout au lons dansle diétionnaire du Com- merce, au mot a/phalte. Les bitumes qui fortent de cette mine font de même nature que ceux qui fe trou- vent à celle de la Sablonniere, avec cette différence que ceux de la mine de Neufchâtel ont filtré dans des rochers dé pierre propres à faire de la chaux, & que ceux d’Alface coulent dans un banc de fable fort pro- fond'en terre, où il fe trouve entre deux lits de ter- relplaife : le lit fupérieur de ces rnines eft recouvert »chapeau ou banc de pierre noire , d’un à deux Piés d’épaifleur , qui fe fépare par feuilles de l’épaif- feur de Pardoife. La-premiere glaife qui touche à ce banc de pierre eft auffi par feuilles : mais elle durcit promptement à l’air, & reflemble affez à la ferpen- tine, La mine de Neufchâtel ,en Suifle, n’a point été approfondie ; on s’eft contenté de caffer le rocher apparent & hors de terre, Ce rocher fe fond au feu; & en y joignant une dixieme partie de poix, on for- me un ciment ou maftic qui dure éternellement dans l’eau , & qui y eft impénétrable : maïs il ne faut pas qu'il foit expofé à fec à l’ardeur du foleil, parce qu'il mollit au chaud & durcit au froid. Ces deux mouve- mens alternes le détachent à la fin de la pierre , & Îa foudure du joint ne tient plus l’eau. C’eft de ce ci- ment que le principal baflin du Jardin du Roi a été réparé en 1743. ( depuis ce tems jufqu’aujourd’hui, ASP 759 il ne $eft point dégradé. ) C’éft aufi la bafe de la: compofition avec laquelle font réunis les marbres & les bronzes d’un beau vafe que M. de la Sablonniere a eu lhonneur de préfenter au Roi en 1740: c’eft pareillement de ce ciment ou maftic que l’on.a répa= ré les baffins de Verfailles, Latone , l’arc de Triom- phe & les autres, même lebeau vafe de marbre blané qui eft dans le parterre du nord à Verfailles, fur le= quel eff én relief le facrifice d’Iphigénie. | En féparant ces huiles ou bitumes de la pierre à chaux, elles fe trouvent pareilles à celles que l’on fabrique aétuellement en Alface : mais la féparation en eft beaucoup plus difficile , parce que les petites: parties de la pierre à chaux font f fines , qu’on né peut tirer l’huile pure que par l’alembic ; au lieu qué celles d’Alface , qui ont filtré dans un banc de fable, quittent facilement le fable dont les parties font lourz des ; ce fable détaché par l’eau bouillante ; fe pré: cipite au fond de la chaudiere où il refte blanc, & l’huile qu’il contenoit furnage & fe fépare fans peine de Peau , avec le féparatoire. Pour dire tout ce que l’on fait de la mine d’afphalte de Néufchâtel , c’eft de celle-là que M. de la Sablonniere a fait le piffaf- phalte avec lequel il a caréné , en 1740, le Mars & la Renommee , vaifleaux dé la compagnie des Indes ; qui font partis de l'Orient , le premuér pour Pondi- chery , & le fecond pour Bengale. Il eft vrai que ces deux vaifleaux ont perdu une partie de leur carenne dans le voyage , maïs ils font révenus à l'Orient bien moins piqués de vers que les autres vaifleaux qui avoient eu la carenne ordinaire. Il n’eft pas néceflai- re d’en dire davantage fur la mine de Neufchätel ; res venons à celle d’Alface. Elle a été découverte par fa fontaine minérale nommée en Allemand #ackWbroun,ou fontaine de poix. Il y a plufeurs auteurs anciens qui ont écrit fur les qualités & propriétés des eaux de cette fontaine, dont le fameux doëteur Jacques Fhéodore de Saver- ne , Medecin de la ville de Worms, fait un éloge in- fini ; fon livre eft en Allemand , imprimé à Francfort en 1588 ; il traite des bains 6 eaux minérales , & dit des chofes admirables de la fontaine nommée hackel- broun. Il eft vrai que les eaux de cette fontaine ont de grandes propriètés , & que tous les jours elles font des guérifons furprenantes , les gens du pays la bü- vant avec confiance , quand ils font malades. Si çet- te fontaine s’étoit trouvée à portée de la ville de Londres , quand les eaux de goudron y ont eu une fi grande vogue , fes eaux feules auroient fait un reve- nu confidérable. Il eft conftant que c’eft une eau de goudron naturel, qui ne porte avec elle que des par- ties balfamiques ; elle fent peu le goudron ; elle eft claire comme l’eau de roche , & n’a prefque pas de fédiment : cependant elle réchauffe l’eflomac, tient le ventre libre & donne de lappétit en en büvant trois ou quatre verres le matin à jeun ; il y a des gens qui n’en boivent jamais d’autres, &c fe portent à mer- veille. Les bains de cetté eau font très-bons pour la galle & les maladies de la peau. C’eft donc cette fontaine qui a indiqué la mine d’afphalre où M. de la Sablonniere travaille aétuelle: ment : elle charrie , dans fes canaux foûterrains , un bitume noir, & une huile rouge qu’elle poufle de tems en tems fur la fuperficie des eaux de fon baf- fin; on les voit monter à tous momens &c former un bouillon ; ces huiles & bitumes s'étendent fur l’eau, & on en peut ramaffer tous les jours dix à douze livres, plus cependant en été qu'en hyver, Quand il y en a peu, & que le foleil donne fur la fontaine, ces huiles ont toutes les couleurs de l’arc- en-ciel ou du prifme; elles fe nuancent & ont des veines & des contours dans le goût de celles de lal- bâtre ; ce qui fait croire que fi elles fe répandoient fur des tufs durs & propres à fe pétrifier , elles les - 760 À S P à : "3 : 0 . veineroient cofnfne des marbres. Le baflin de cette fontaine a douze piés de diametre d’un fens fur quin- ze de l’autre ; c’eft une efpece de puifard qui eft re- vêtu entierement de bois de charpente ; 1l a quaran- te-cinq piés de profondeur : la tradition du pays dit qu'il a été creufé dans l’efpérance dy trouver une mine de cuivre & d'argent; on en trouve cffeétive- ment des indices par les marcaflites qui font au fond de cette fontaine : M. de ia Sablonniere l’a fait vui- der ; l’ouvrage en bois étoit fi ancien &c fi pourri, qu’une partie a croulé avant que la fontaine aigieté remplie de nouveau ; elle coule cependant à lordi- naire , & jette fon bitume comme atiparavant. À cent foixante toifes de cette fontaine , au nord, M. de la Sablonniere a fait creufer un puifard dé qua- rante-cinq piés de profondeur, qu’il a fait revêtir en bois de chêne ; il s’y eft rencontré plufeurs veines d’afphalte où bitume , mais peu riches ; celle qui s’eft trouvée à quarante-cinq piés eft fort grafle ; elle eft en plature , mais cependant ondée dans fa partie fu- périeure , c’eft-à-dire, qu’elle a quelquefois fix piés d’épaifleur, & quelquefois elle fe réduit à moins d'un pié, puis elle augmente de nouveau ; fa bafe eft toü- jours fur fine ligne droite horifontale de l’eft à l'oueft, & qui plonge du midi au nord ; à fa partie fupérieu- re eft une efpece de roc plat d’un pié d’épaifleur, qui eft par feuilles comme lardoife ; il tient par-deflus à une terre glaife qui reflemble aflez à la ferpentine. À fa partie inférieure fe trouve un fable rougeûtre qui ne contient qu'une huile moins noire que celle de la mine, plus pure & plus fluide , qui a cepen- dant toutes les mêmes qualités ; ce fable rouge fert à faire l'huile de Pétrole , de même que:le rocher qui fe trouve hors de terre , & qui a la même couleur. Pour donner une idée de cette mine , il eft nécef- faire de dire qu’elle eft d’une étendue immenfe , puf- qu’elle fe découvre à près de fix lieues à la ronde : depuis l’année 1740 , que M. de la Sablonniere y fait travailler ; on n’en a pas vuidé la huitieme partie d’un arpent à un feul lit, qui eft atuellement foixan- te piés environ plus bas que la fuperficie de la terre, & l’on n’a pas touché aux trois lits ott bancs qui font fupérieurs à celui où lon travaille aétuellement ; ce lit eft de plus de foïxante piés plus élevé que celui que l’on a découvert au fond de la fontaine dite #ackel- broun, & ils’en trouve deux lits entre l’un & l’autre: mais il y a grande apparence qu’à plus de cent piés au-deflous de ce dernier lit, il y a encore plufeurs bancs infiniment plus riches & plus gras; on en juge par ce qu’on a découvert avec la fonde, &c par l’hui- le que cette fontaine charrie au fond de fa fource ; les marcaflites y font les mêmes ; elles font chargées de foufre, de bitume, & de petites paillettes de cui- vre. On y trouve auffi quelques morceaux de char- bon de terre, qui font foupçonner qu’on en décou- vrira de grandes veines à mefure que l’on s’enfoncera. Si on continue ce travail , comme on le projette, & qu’on parvienne au rocher qui eft beaucoup plus bas , on efpere d’y trouver une mine de cuivre & argent fort riche ; car les marcafites font les mêmes que celles de Sainte-Marie-aux-mines. On obferve dans ces mines , que le bitume fe re- nouvelle & continue-de couler dans les anciennes galeries que l’on a vuidées de mine & remplies de fa- ble &z autres décombres ; ce bitume poufle en mon- tant & non en defcendant , ce qui fait juger que c’eft une vapeur de foufre que la chaleur centrale poufle en en-haut ; il pénetre plus facilement dans le fable que dans la glaife , & coule avec l’eau par-tout où elle peut pafier, ce qui fait que plus la mine eftriche, & plus on eft incommodé par les fources. Pour re- médier à cet inconvénient, qui eft coûteux , M. de la Sablonniere vient de prendre le parti de fuivre une route oppolée dans {on travail ; fes galeries ont été conduites jufqu’à préfent du midi a nord, il fait faire des paraileles du nord au midi ; il aura par ce moyen beaucoup moins de frais ; fa mine plongeant au nord, en fuivant la ligne méridionale les eaux couleront naturellement dans les puifards, Toutes les galeries que l’on a faites jufqu'à pre- {ent , ont quatre piés de large, fix piés d’élévation, & un canal fous les piés d’environ trois piés de pro- fondeur pour l'écoulement des eaux. Ces galeries font toutes revêtues de jeune bois de chêne de huit à dix pouces de diametre, & planchéyées fur le ca- nal pour que les ouvriers y conduifént facilement les brouettes. On y travaille jour & nuit. Le baro- metre y eft partout au même degré que dans les ca- ves de l’Obfervatoire. L’air y a manqué quelquefois : on y a fuppléé par le moyen d’ungrand foufflet & d’un - tuyau de fer blanc de deux cents piés, avec lequel on conduïfoit de l’air extérieur jufqu’au fond des ga- leries. Depuis trois mois on acheve un. puifard au nord , qui fait circuler Pair dans toutes les galeries, Pour tirer de cette miné une forte d’oing noir dont on fe fert pour graiffer tous les rouages , 1l n’y a d’au- tre manœuvre que de faire bouillir le fable de la mine pendant une heure dans l’eau; cette graifle monte, & le fable refte blanc au fond de la chaudiere. On met cette graifle fans eau dans une grande chaudiere de cuivré , pour s’y affiner & évaporer l’eau qui peut y être reftée dans la preiiere opération. On tire du rocher & de fa terre rouge une huile noire, liquide & coulante, qui eft de l’hle de pé- trole : cette opération fe fait par le moyen d’un feu de dix à douze heures. La mine ou le rocher fe met- tent dans un grand fourneau de fer bien luté , & coule per defcenfum ; on peut faire de ces huiles en grande quantité. C’eft cette huile préparée que M. de la Sa- blonniere prétend employer pour les conferves des vaifleaux. | | | L'huile rouge & l'huile blanche font tirées per af cenfum , & {ont très-utiles en Medecine, & fur-tout en Chirurgie , pour guérir les ulceres & toutes les maladies de la peau. 7 BITUME 6 PISSASPHALTE. * ASPHALTIDE , lac de Judée, ainfi nommé du bitume qui en fortoit à gros bouillons. Les villes de Sodome , de Gomorre, Adama , Seboim &c Segor , étoient fituées dans ces environs. Le lac 4/phalride poite aufli le nom de Mer-Morte , tant à caufe de l’im- mobilité de fes eaux, que parce que les poiflons n’y peuvent vivre , & qu’on n’apperçoit fur {es bords au- cun oïfeau aquatique. Les habitans du pays l’appelle Sorbanet : d’autres le nomment /4 mer de Lo: , & croyent que c’eft le lieu où ce patriarche fut délivré des flammes de Sodome. On dit que rien ne tomboit au fond de fes eaux. Cette propriété pafle pour fabus leufe , quoiqu’elle:foit aflürée par Le témoignage de plufieurs voyageurs , par celui de Jofeph, &,dit-on, par l'expérience de Vefpañen qui y fit jetter des hom- mes quine favoient point nager, qui avoient les m liées, & qui furent toüjours repoufiés à la furface. Il reçoit les torrens d’Arnon, de Debbon & de Zored, & les eaux du Jourdain. Il eff long de cent nulle pas, & large de vingt ou vingt-cinq mille, Ÿ. MEr-Mor- TE, ASPHALTE, ASPHODELE,, a/phodelus, ( Hifi, nat. bor. ) genre de plante à fleur en lis, compoiée d’une feule piece , découpée en fix parties. Il {ort du milieu de la fleur un piftil qui devient dans la fuite un fnut prefque rond , charnu & triangulaire. Ce fruit s’onvre parla pointe ; il eft divifé intérieurement en trois loges rem- plies de femences triangulaires. Tournefort , /2/£. rez herb. Voyez PLANTE. (1) | | Afphodelis major flore albo ramofus , J. B. Sa racine eft nourriflante ; on en fait du pain dans les tems de famine : elle ef déterfive, incifive, apéritive , din rétique , A SP rétique, emménagogne : ellé réfifle aux vemns, dé- ! terge les vieux ulceres, & réfout lestumeurs. (N) * ASPHUXIE , £ f (Med. ) diminution du pouls, ! :telle que les forces paroiflent réfolues ; la chaleur na- -turelle prefqu’éteinte, le cœur fi peu mû qu'un hom- me eft comme mort. La mort ne difiere de l’afphuxtie quant aux {ymptomes, que par la durée. L'idée d’une -chofe horrible, la groffefle , les paffions violentes, le fpafme , une évacuation forte, l’avortement & au- «tres caufes femblables, peuvent produire l’afphuxie. .…. ASPIC, fon afpis, (Hiff. nai, Zoolog. ) ferpent très - connu des anciens , & dont ils ont beaucoup parlé : maïs il eft difficile à préfent de reconnoïître l’efpece de ferpent à laquélle ils donnoient cé nom. On prétend qu'il appartenoit à plufieurs efpeces, & que les Egyptiens en diftinguoïent juiqu’à ferze : auffi dit-on que les a/pics étoient fort communs fur les bords -du Nil. On rapporte qu'il y'en avoit auffi beaucoup en Afrique. On a crû qu'il y avoit des afpics de sérre & des afpics d’eau: On a dit que ces ferpens étoient de plufeurs couleurs ; les ‘uns noirs, les autres cen- drés, jaunâtres , verdâtres, 6. Ceux qui n’ont re- connu qu’une efpece d’afpic , ont réuni toutes ces .couleurs fur le même individu. Les a/pics étoient plus ou moins grands; les uns n’avoient qu’un pié, d’au- tres avoient une brafle ; & fi on en croit plufeurs au- teurs , il s’en trouvoit qui avoient jufqu’à cinq cou- dées. Les defcriptions de cet animal qui font dans les ‘anciens Auteurs, different beaucoup les unes des au- tres. Selon ces defcriptions , l’afpic eft un petit fer- pent plus allongé que la vipere ; fes dents font lon- ues & fortent de fa bouche comme les dents d’un Carte Pline dit qu'il a des dents creufes qui diftil- lentdu venin comme la queue d’un fcorpion. Agricola rapporte que l’a/picaune odeurtrès-mauvaile, & qu'il a la même longueur & la mème groffeur qu'une anguil- le médiocre. Elien prétend que ce ferpent marche lentement ; que fes écailles font rouges ; qu'il a fur le front deux caroncules qui refflemblent à deux callo- fités ; que fon cou eft gonflé , & qu'il répand fon ve- nin par la bouche. D'autres aflürent que fes écailles font fort brillantes, {ur-tout lorfqu’il eft expoté au foleil ; que fes yeux étincellent comme du feu; qu'il a quatre dents revêtues de membranes qui renferment du venin; que les dents percent ces membranes-lorf- ue l’animal mord , & qu’alors le venin en découle, LE Sice fait eft vrai, c’eft une conformation de l’a/= pic qui lui eft commune avec la vipere & d’autres{er- pens venimeux. Voyez VIPERE. Ê Onaïndiqué plufeurs étymologies du mot a/pici Nous les rapporterons ici, parce qu’elles font fondées fur des faits qui ont rapport à l’hiftoire de ces ferpens. Les uns difent qu’ils ont été ainfiappellés , parce qu’ils répandent du venin en mordant , :afpis ab afpergendo. D'autres prétendent que c’eft:parce que leur peau.eft rude , afpis abrafperitate cutis ; ou parce que la grande lurhiere les fait mourir, afpis ab afpictendo ; ou parce que dès que l’z/picentend du bruit, il fe contourne &c forme plufeurs fpirales, du milieu defquelles il éleve fa tête ; 8&c que dans cette fituation , il reflemble à un bouclier , pis ab afpide clypeo ; enfin parce que le ff flement de cé ferpent eft fort aigu, ou parce qu'l ne fiffle jamais. Ona trouvé le moyen de dériver le mot Grec aaic de l’un & l’autre de ces faits, quoique contraires. Il nous feroit intéreflant de favoir lequel eff le vrai, plütôt pour l’hiftoire de ce ferpent ; que pour l’étymologie dé fon nom : mais ce que lonfait de ce reptile paroît fort mcertain, & en partie fabu- lux. Aldrovande , Serpenrum hifi. lib. 1, Ray de Ser- pente. anim. quad, Jyr0p. .. der On a donné le nom d’afpic à un ferpent de ce pays- ci, aflez. commun aux environs de Paris. Il paroïtplus effilé & un peu plus court que la vipere. Il a. la tête moins applatie ; il:n’a point de: dents mobiles çonime Tome I. | | 1 AS P 70T la vipere: Voyez Virere. Son cou eftaflez mince, Ce ferpent eft marqué de taches noirâtres fur un fonds dé couleur rouffâtre , & dans certain temsles taches dif paroïflent. Notre a/pié mord & déchire la peau par fa morfure: mais on'a éprouvé qu’elle n’eft point veni- meufe , au moins on n’a reflenti aucun fymptome de venin après s’être fait mordre par un de ces ferpens , au point de rendre du fang par la plaie. Cette expé- rence a été faite & répétée plufieurs fois fur d’autres ferpens de ce pays ; tels que la couleuvre otdinaire , la couleuvre à collier, & l’orvet,qui n’ont donné au- cune marque de venin. Il feroit à fouhaiter que ces expériences fuflent bien connues de tout le monde; onne craindroit plus ces ferpens , & leur morfure ne donneroit pas plus d'inquiétude qu’elle ne caufe de mal. Voyez SERPENT. (1) Cependant, felon plufieurs auteurs, le meilleur remede contre cette piquüre, eft l’amputation dela parte affectée, finon:on fcarifie les chairs qui font aux environs de la piquûre jufqu’à los, afin que le venin ne fe communique point aux partiés: voifines & l’on doit appliquer des cauteres fur les autres 3 car le venin de la/pic ;, difent-ils, aufi-bien que le. fang du taureau, fige les humeurs dans les arteresc P. Æginete, /v, V, ch. xvii. On peut ; felon d’au- tres, guérinla piquüre de l’afpic, aufi-bien que celle de là vipere,, en oignant la partie affe@tée avec de l'huile d'olive chaude : maïs le meilleur remede e de m'avoir point de peur. (N) | ASPIC., (Art milir. ) On'a.-donné autrefois cériom à une piece de canon de douze livres de balle , qui pe- {oit 4250 livres. | ASPIRANT, adj. m. e7 Hydraulique : on appelle un tuyau a/pirant , celui dont on fe fert dansune pompe pour.élever l’eau à uné cértaine hauteur, Il doit être d’un plomb moulé bien épais & reforgé, de érainte des fouflures qui empêcheroient l’eawdemonter.(X} ASPIRANT ; adjl pris fubft. eft celui qui afpire & quelque chofe, quitveut y parvenir. Ilfe dit particu: lierement des apprentis qui veulent devenit maîtres, {oit dans les fix corps de Marchands de Paris, foit dans les communautés des Arts & Métiers: ASPIRANIT à la matrife dans les fix corps dés Mar- chands de Paris ; efbcelui: qui ayant l’âge requis , fait {on tems d’apprentiflage ; &fervi cheziles maîtres afpite à fe faire recevoir miaîtte lui-même: Perfonne ne peut afpirer à être reçû Marchand: qu'il n'ait vingt ans äccomplis , & ne rapporte le brevet &.les certifieats de fon apprentiflage ; & du fervice qu'il alfait dépuisichez:lesimaîtres." Si leicon- tenu aux certificats ne fe trouvait pas véritable, Paf= Pirant{eroit-déchü de la maïtrife ; le maître d’appren- tiflage quiauroit donné fon certificat , condamné en $00 livres d'amende, &.les autres certificateurs cha- cun en 300 livres. :2- 1 tu Has) : L’afpirant a la maitrife doit être-interrogé fur les li: vres ®iftres à pattiés doubles & àpartiesfimplesz fur les lettres & billets de Change;; furdes regles de l’aritamétique ; fur lés-partieside Pauneë fur la hvre & poids de marc; fur les:méfures & les poids: }& fur. les qualités. des marchandifes Autant qu'il doit conve- nt pourle:commerce dont il entend e mêler: à 2 Il.eft défendu aux:particuliets & aux) commurnanz tés de prendre mitecevoirides 4/piransaucunñspréfens pour leurrécéption,:m-antres droits que teux qui font-portés:pat les ftatuts, fous quelqhe-prétexte que cepuifle.être ,-à péine d'amende , quimerpett être moindre derxoo-livres..Ileftaufh défendu à lafpirané de faureaucunfeftin,à peine de nullité de fa récéption 3 . | Outre ces reglemens généräux ; porfésipar les artis cles 3741& 5: du titi [dé l’ord. der6%3::chacun des fx corpside Marchändsenia de particuliers’, {oit-pour le tems d’apprentiflage, foit pour celuidu fenvice chez les maîtres, foit poux-le-chéfd'œuvre:les voici. 1 DDddd 76% ASP Dans le:côtps des Drapiers-Chauffetiers ; qui eft le premier des fix corps , les 4pirans à la mattrife ne font point tenus de faire chef-d'œuvre, il fufit qu'ils ayent fervi les Marchands Drapiers trois ans en qua- lité d’apprentis , & deux ans depuis la fin de leur apprentiflage. 1 Qi ja | … Quoique les Apothicaires, Epiciers, Droguiftes, Confifeurs & Ciriers , ne faflent qu’un même corps, qui eft le deuxieme des fix corps de Marchands ;néan- moins les afpirans {ont tenus de différentes chofes, fe- lon l’état qu'ils veulent embrafler dans le corps. Ceux qui afpirent à la Pharmacie ou Apothicaire- rie, doivent avoir fait quatre ans d’apprentiflage 8 fix années de fervice chez les maitres: outre cela ils doivènt être examinés & faire chef-d'œuvre. Dans le corps des Marchands Merciers-Groffiers- Jouaïlliers ; qui eft le troifieme des fix corps , les a/- pirans ne font aflujettis à aucun chef-d'œuvre ; il fuffit pour être admis à la maïîtrife , qu'ils ayent été au fer- vice des Marchands Merciers trois ans en qualité d’ap- prentis ; & trois autres après leur apprentiflage en quahté de garçons. Dans le corps des Marchands Pelletiers-Hauban- niers-Foureurs , qui eff le quatrieme des fix corps, les afpirans à là maïîtrife doivent juftifier de leur appren- tiflage & du fervice chez les maîtres ; favoir, quatre ans d’apprentiflage & quatre ans de fervice,, & ils {ont obligés à chef-d'œuvre. Ceux qui afpirent à être reçüs dans Îe corps des Marchands Bonnetiers- Almulciers-Mitonniers, qui eft le cinquieme des fix corps , font aufli tenus de faire chef-d'œuvre , & doivent avoir fait leur ap- prentiffage de cinq ans, & le fervice des maîtres pen- dant cinq autres années. Enfin ceux qui afpirent à fe faire recevoir dans le fixieme & dernier corps des Marchands, qui eft celui de l’Orfévrerie doivent juftifier de huit ans d’appren- tiffage & de deux ans de fervice chez les maîtres : ou- tre cela ils font encore obligés defaire chef d'œuvre , & de donner caution de la fomme de 1000 livres, . Les afpirans à la maîtrife dans les communautés des Arts & Métiers , ont aufli leurs reglemens , leur tems d’apprentiflage, celui du fervice chez les maï- tres , & leur chef-d'œuvre; mais prefqué tous diffé- rent , fuivant la diverfité des profeflions & des ou- vrages qu’on y fait. On trouvera dans ce Diétion- naïre Les détails les plus importans à cet égard fous les noms des diffétens Arts & Métiers. (G) ASPIRATION , £. f. ( Gramm. } Ce mot fignifie proprement l’aétion de celui qui tire l’air extérieur en-dedans; & lexpiration, eft l’aétion par laquelle on repoufle ce même air en-dehors. En Grammaire , : par dafpiration , on entend une certaine prononcia- tion forte que l’on donne à une lettre , & qui fe fait par afpiration & refpiration. Les Grecs la marquoïent par leur efprit rude‘, les Latins par Æ, en quoi nous les avons fuivis. Mais notre h eft très-fouvent muet- te , & ne marque pas toijouts l’afpiration : elle eft muette dans Lomme , honnête , héroïne, &c. elle eft af- piréeen haut; hauteur, héros) &c. Voyez H. ( F) - ASPIRATION , {. f. eft la même chofe , ez Hy- draulique , qw'afcenfion. L'eau dans les pompes ne peut guere être afpirée qu’à 25 ou 26 piés de haut , quoique l’on puifle la poufler , fuivant les regles , quiqu'à: 32 piés , pourvi que l'air extérieur compri- me la furface de l’eau du puits ou de la riviere dans laquelle trempe le tuyau de l’afpiration ; alors la co- lonne d’eau fait équilibre ävec la colonne d’air. Si on n’afpire l’eau qu'à 20 où 26-piés de haut, c’eft afin que le pifton ait plus de vivacité & plus defor- ce pour tirer l’eau. Voyez AIR, POMPE. (X) ASPIRAUX , f. m. pl. fe dit dans la plüpart des laboratoires où l’on employe des fourneaux, d'un trou pratiqué devant un fourneau, & recouvert d'u ne grille, Ce trou fert à defcendre ou à pénétrer dang le fourneau pour en tirer la cendre, r8& à pomper l'air, pour animer le feu, & chafler les fumées dans la cheminée : c’eft pour cela qu'ils n’eft couvert que d’une grille , quoique cela foit moins commode aux ouvriers qui travaillent autour des chaudieres. Voyez FOURNEAU. Ordinairement, dans les laboratoires où l’on rafine le fucre, deux gfpiraux fufffent pour un fourneau detrois chaudieres. | ASPIRÉE , adj. f, serme de Grammaire; lettre afpi= rée, La méthode Greque de P.R. dit aufi afpirante, IF, Karœa » Tav, font les tenues , Et pour moyennes font reçes : Ces ÉTOIS , Bura, lapques AëXTe , Ajpirantes @ÿ, X?, Onra. . Autrefois ce figne L étoït la marque de l’afpiras ton, comme il l’eft encore en Latin, & dans plu- fieurs mots de notre langue. On partagea ce figne en deux parties qu’on arrondit ; l’une fervit pour l’ef prit doux , & l’autre pour lefprit rude ou äâpre. No- tre À afpirée n’eft qu’un efprit âpre , qui marque que la voyelle qui la fuit, ou la confonne qui la précede,, doit être accompagnée d’une afpiration. Rheroricæ, cc. | En chaque nation, les organes de la parole fuivent un mouvement particulier dans la prononciation des mots ; je veux dire, que le même mot eft prononcé en chaque pays par une combinaïfon particuliere des organes de la parole : les uns prononcent du go- fier,, les autres du haut du palais, d’autres du bout des levres, &c. De plus, il faut obferver que quand nous voulons prononcer un mot d’une autre langue que la nôtre, nous forçons les organes de la parole , pour tâcher d’imiter la prononciation originale de ce mot ; & cet effort ne fert fouvent qu’à nous écarter de la vérita- ble prononciation. L4 De-là il eft arrivé que les étrangers voulant faire fentir la force de l’efprit Grec, le méchanifme de leurs organes leur a fait prononcer cet efprit, ow avec trop de force , ou avec trop peu: ainfi au lieu de #€, fix, prononcé ayec l’efprit âpre & l’accent grave , les Latins ont fait Jêx ; de é'ære ils ont fait Jféptem x d’e Éouos ; feptimus. Ainfi d’écie eft venu vefla ; d’ésiadis, veflales ; d’Eoæepos, ils ont fait vef- perus ; d'üvip, fuper; d'Arc, fal; ainfi de plufieurs autres ; où l’on fent que le méchanifme de la parole a amené au lieu de lefprit un /', ou un , ou unf= c’eft ainfi que de ôwos on a fait vzzum, donnant à ly confonne un peu du fon de l’x voyelle, qu'ils pro= nonçoient oz. (F) ! ASPIRER , v. a@. Les Doreurs difent que lof couleur afpire l'or ; ils entendent qu’il le retient. ASPLE , {. m. On.donne ce nom dans les manu: faêtures en foie , & chez les ouvriers qui conduifent les moulins à tordre le fil ou la foie, à un tambour, femblable à celui d’un devidoir , fur lequel le fil ou la foie forment des échevaux, en fe devidant de def: fus les bobines fur ce tambour. Ce tambour a quinze pouces où environ de circonférence ; &1l eft conf. fruit de maniere que les tringles longitudinales qui forment fa circonférence peuvent s’écarter ou s’ap= procher de l’axe du mouvement, où de l’arbre de lafple; par ce moyen, les échevaux font plus ou moins grands à difcrétion. Ce méchanifme eft fur tout eflentiel dans les moulins à tordre la foie. Il eft certain que l’a/ple dans ces machines, dont il eft par: tie, faifant tous fes tours en tems égaux ; moins il aura de diametre, moins la quantité de fil‘ou de foie devidée dans un tour de Pape de deflus les bobines {ur la circonférence del’a/ple , fera grande ; & plus par conféquent elle fera torfe : & au contraire, plus le diametre de l’afpée fera grand ; plus la quantité de À S P foie qui paflera dans un tour de la/ple des bobines fut - la circonférence de l’afpledera grande , & moins elle fera torfe. Mais il y a un inconvénient fingulier à tous les afples, & qui rend le tors du fil & de la foie variable ; c’eft qu'à mefure que l’échevau fe forme {ur l’afple, l’épaiffeur de cet échevau s’ajoûte au dia- metre de l’afple ; & à mefure que cette épaifleur aug: mente , en même proportion 1l y a dans un tour de l’afple plus de foie devidée de deflus les bobines fur la circonférence de l’a/ple fur la fin, qu’au commen cement de la formation de l’échevau : d’où il s’en- fuit que la foie eft moins torfe à la fin qu’au com- mencement , & dans tout le tems de la formation de l’échevau. Les Piémontois, & en général tous les mouliniers en foie, ont bien fenti cet inconvénient ; & ils n’ont jufqu'à préfent rien imaginé de mieux, que.de faire des écheveaux extrèmement légers. En effet, ce qu'ils appellent #7 matreau de foie pe- fe environ deux onces ; & le matteau contient huit échevaux. Il eft conftant que moins l’échevau pe- fera , moins il aura d’épaifleur fur l’afple , & plus le tors approchera de l'égalité : mais le tors nefera pour- tant jamais parfaitement égal; car l’échevau aura toùjours quelqu’épaifleur. C’eft ce que M. de Vaucanfon a bien fenti, & ce que j’avois remarqué comme lui. Je ne fai point en- core comment ce favant méchanicien a remédié à cet inconvénient : quant à moi, j'avois penfé plus d’un an avant qu'il Iût fon mémoire à l’Académie, qu'outre la précaution des Piémontois de faire des échevaux très-légers , il falloit encore donner un mouvement de va-&-vient horifontal à la tringle à travers laquelle paflent les fils au fortir de deflus Les bobines, & qui les conduit fur l’afple ; par ce moyen les fils fe trouvant répandus fur une plus grande li- fiere ou zone de lafple , l’'épaifleur des échevaux eroit encore moindre, & le tors plus égal. Quant à l'autre défaut du moulin , qui naït de lirrésularité du mouvement des fufeaux, j’avois penfé , il y a plus de quinze mois , à y remédier avec des pignons à dents, & une chaine; & M. Goufñer en avoit deffiné la figure felon mes idées. Jai montré cette figure depuis à quelques perfonnes qui ont entendu la le&ture du mémoire de M. de Vaucanfon, & à d’autres qui ont vû fa machine; & les unes & les autres m'ont affüré . que nous nous étions rencontrés exattement dans le même méchanifme ; avec cette différence que mes fufeaux font ajuftés de maniere qu’on peut les placer & les déplacer fur le champ fans aucun inconvé- nient, & avec toute la promptitude qu’on peut defi- rer: mais en revanche, je n’avois pas imaginé, ain- f.que la fait M. de Vaucanfon, de faire avertir par. une fonnerie appliquée à chaque bobine celui qui eft au moulin, que la bobine eft finie , & qu'il en faut mettre une autre. * ASPOREUS , montagne d’Afe proche de Per- game. Il y avoit un temple bâti à l’honneur de la me- re des dieux, appellé du nom de la montagne 4/po- renum ; &c la déefle en fut aufli nommée 4/porena. * ASPRA , ( Géog. anc. & mod. ) ville d'Italie dans l'état de l’Eglife , fur la riviere d’Aja, entre Tivoli &t Terni. Elle étoit autrefois du territoire des Sabins, & s’appelloit Cafperia , & Cafperula. ASPRE , 1. f. ( Comer. ) petite monnoie de Tur- quie qui. valoit autrefois huit deniers de notre mon- noie. Lorfqu'elle étoit de bon argent, felon la taxe, il en falloit quatre-vingts pour un écu : mais dans les provinces éloignées les Bachas en font fabriquer une fi grande quantité de faufles & de bas aloi, qu’à pré- ent on en donne jufqu’à cent vingt pour une rixda- le, ou un écu. L’afpre vaut aujourd’hui environ fix deniers, ou deux liards monnoïe de France. Guer. mœurs & ufag. des Turcs , tome II. ( G * ASPRES ; petite ville de France au haut Dau- Tome I, A S P 763 phiné, dans le Gapençois, à fept lieues de Sifte- ron. * ASPRÈSLE , f. f. ( if. mar. bor. } plante aqua- . tique , d’un verd foncé , à feuille longue &c mince, & à tiges rondes , divifées par nœuds, & fi rudes, qu'on s’en fert pour polir le bois , & même le fer. Pour cet effet, on emmanche des fils de fer de 3 ou 4 pouces de long dans un morceau de bois ; on cafle l’afprefle au-deflus des nœuds, & lon infere un des fils de fer dans la cavité de la tige; & ainfi des autres fils de fer. Ces fils de fer foûtiennent l’é- corce dont ils font revêtus, & l’appliquent forte- ment contre les pieces d'ouvrages à polir, fans qu’elle fe brife. * ASPROPITT , o4 CHALEOS, petite ville de fa Turquie en Europe. Elle eft dans la Livadie, partie de la Grece , fur le golfe de Lepante. l * ASPROPOT AMO , riviere de la Grece dans la partie méridionale , & au Defpotat. Elle a fa fource au mont Mezzovo, coule vers le midi, & fe jette dans la mer Tonienne vis-à-vis les îles Courfolaires. * ASSA, ff. ( Mar. Med. ) Il y a fous le nom d’affa deux efpeces de fuc concret. L'affla dulcis, & c’eftle benjoin. Foyez BENTOIN. l’affa fœrida , ainfi appellée à caufe de fa grande puanteur. Celle-ci eft une efpe- ce de gommé compaête , molle comme la cire, com: pofée de grumeaux brillans, en partie blanchâtres on: jaunâtres., en partie rouflâtres , de couleur de chair ou de violette ; en gros morceaux , d’une odeur puante , & qui tient de celle de l’ail, mais qui eft plus forte, amere, acre, & mordicante au goût. On en a dans les boutiques de limpure , qui eft brune & fale; & de la pure, qui. eft rougeâtre, tranfpa- rente, & parfemée de belles larmes blanches. Il faut la prendre récente, pénétrante , fœtide , pas trop grafle , & chargée de grumeaux brillans & nets. La vieille , grafle, noire , opaque, & mêlée de fable , d’écorce , & d’autres matieres étrangeres, eft à laif- fer. Les anciens ont connu ce fuc ; ils en faifoient ufage dans leurs cuifines. Ilsavoient le Cyrénaïque , &t le Perfan où Mede. Le premier étoit de la Cyré- naique , & le meilleur ; l’autre venoit de Médie où de Perfe. | Le Cyrénaïque répandoit une odeur forte de myr- the , d'ail & de porreau , & on l’appelloit par cette raifon fcordolafarim. Il n’y en avoit déjà plus au tems de Pline. On ne trouva fous Néron, dans toute la province Cyrénaique , qu’une feule plante de Zafer- pitiun ; qu'on envoya à ce prince. On a long-tems difputé pour favoir fi l’affa ferida étoit ou non le f/phium, le lafer , & le fuc Cyrénaique des anciens. Mais puifqu’on eft d'accord que la Perfe. eft le lieu natal du Zafer & de l’affa fœrida ; que l'ufa- ge que les anciens en font aujourd’hui eft le même que celui que les anciens faifoient du Zafer ; qu'on eftime également l’un & l’autre ; que l’affa fœrida fe prépare exaétement comme on préparoit jadis le fuc du J£/phium Cyrénaique, & qu'ils avoient à peu près la même puanteur ; 1l faut convenir de plus que le Jelphium, le lafèr, & Vaffa fœtida des boutiques ne iont pas des fucs différens. Le /tlphium des Grecs &le laférpitium des Latins avoit, felon Théophrafte & Diofcoride, la racine groffe, la tige femblable à celle de la férule, la feuille comme l’ache , & la graine large & fewillée. Ceux qui ont écrit dans la fuite fur cette plante n’ont rien éclarci, fi lonen excepte Kempfer. | Kempfer s’aflüra dans fon voyage de Perfe que la plante s’appelle dans ce pays Ærngifeh , & la larme king, Cet auteur dit que la racine de la plante dure plufeurs années; qu’elle eft grande , pefante, nue, noire en-dehors, life , quand elle eft dans une terre limoneufe, raboteufe & comme ridée, quand elle: eft dans le fable ; fimple le plus fouvent comme celle DD dddij . 704 ASS «du panaïs ; ordinairement partagée En dénix , Où en un plus grand nombre de branches, un peu au-def: Sous de fon collet qui fort dé terre, &r eft garni de : Sbrilles droites {emblables à des crins, roides,, & d’un roux brun, d'une écorce charnué, pleine de fuc, life 8 humide én-dedans , &c fe féparant facilement de la racine quand on la tire de terre ; folide, blan- che, & pleine d’un {uc puant comme le poireau ; pouflant des feuilles de fon fommet fur la fa de Pau: tomne, au nombre de fix, fept , plus où moins, qui fe fechent vers le milieu du printems; font bran- chues, plates, longues d’une coudée; de la même fubftance &c couleur, 8 aufli liffes que celles de la livèche ; de la même odeur que lé fuc, mais plus foible ; ameresaugont ; acres, aromatiques, & puan- tes ; compofées d’une queue & d’une côte, d’une queue longue d’un empan & plus, menue comme le doigt, cannelée, garnie de nervures , verte, creu- fée en pouttiere pres de la bafe, du refte cylindrique ; d’une côte portant cinq lobes inégalement oppolés, * rarement fept, longs d’un palme & davantage, obli- ques , les inférieurs plus longs que les fupérieurs ; di- viés chacun de chaque côté en lobules dont le nom- bre n’eft pas conflant ; inégaux, oblongs, ovalaires, plus longs & plus étroits dans quelques plantes ; fé- _parés juiqu'à la côte, fort écartés ; & par cette rafon patoïMant en petit nombre ;folitaires , & com- me autant de feuilles : dans d’autres plantes’ larges, plus courts, moins divifés , &c plus raflemblés ; à fi- nuoftés ou découpures ovalaires ; s'élevant obliquez ment ; partant en-deflous des bords de la côte pari un principe court; verds de mer, lifles, fans fuc, roides;,;:caffans:, un peu concaves en-deflous, gar- nis d’une feule nervure qui naït de la côte , s'étend dans toute leur longueur, 8 a rarement des nervu- ves latérales; de grandeur variable : ils ont trois pou- ces de long, fur un pouce plus ou moins de largeur. Avant que la racinemeure , ce qui arrive fouvent quand elle-eft vieille , il en fort un faifceau de feuil- les d’une tige, fimple , droite,cylindrique , cannelée, lifle , verte , de la longueur d’une brafle & demie & plus, de la groffeur de fept à huit pouces par le bas , diminuant infenfiblement , & fe terminant en un petit nombre de rameaux qui fortent des fleursen parafol , comme les plantes férulacées. Cette tige eft revêtue des bafes des feuilles , placées alternative- ment à des intervalles d’un palme. Ces bafes font larges , membraneufes & renflées , & elles embraf- fent la tige imégalement & comme en fautoir : lorf- ‘qu’elles font tombées , elles laïflent des veftiges que l’on prendroit pour des nœuds. Cette tige eft rem- plie de moelle qui n’eft pas entre-coupée par des nœuds; elle eft très -abondante , blanche, fongueu- fe ,entre-mêlée d’un petit nombre de fibres courtes, vagues & étendues dans toute leur longueur. + Les parafols font portés fur des pédicules grêles, 1ongs d’un pié, d’un empan, & même plus courts, £e partageant en 10, 1$ , 20 brins écartés circulai- rement., dont chacun foûtient à fon extrémité un petit parafol formé par cinq ou fix filets de deux pou- ces de longueur, chargés de fementes nues & droi- tes ; ces femencesidont applaties, feuillues, d’un roux brun , ovalaires, femblables à celles du panais de jardin ; mais plus grandes, plus nourries,comme gar- es de poils ou rudes,marquées de trois cannelures, dont l’une eft entre les deux autres, & fuit toute la longueur de la femence , les deux autres s'étendent en fe courbant vers les bords ÿelles ont une odeur légere de poireau ; la faveur amere &c defagréable ; la fubitance intérieure, qui eft vraiment la femence, eft noire , applatie, pointue, ovalaire. Kempfer wa pas vû les fleurs : mais on lui a dit qu’elles {ont pe- tites , pâles & blanchâtres , &c il leur foupçonne cinq pétales. | On‘ne trouve cette planté que dansilésentirons dé Hetaat, & les provinces de Corafan'& de Car, fur de fornnrét des montagnes, depuis lé flétyvetde ‘Caär, jufqu’à la villé de Congo, le long durolfRPers que , loin du rivage de deux ou trois parafanges. Dai. leurs , elle‘ne donné pas dur fic partout; elle aïe les terrés arides , fabloneufes & pierreufes. Toute -l’afz fœtida vient des'incifions que l’on fait fa racine. Sila: racine a moins de quatre ans,elle en donne peu; plus elle eft vieille , plus elle abonde en lait ; elle Eff com- pofée de deux parties, l’une ferme &r fibreufe, l’autre fpongieufe & molle. Celle-ci fe diffipe à mefure que la plante feche, l’autre fe changé en une moelle-qui eft comme de l’étoupe. L’écorce ridée perd'un peu de fa grandeur : le fuc qui coule de fes véficüiles eft blanc , liquide , gras, comme de la crême de lait, non gluant, quand il eft récent ; expoié à Pair;it dé- vient brun & vifqueux. LOC 18.3 A NE». Voïci comment on fait la récolte de l’affz”, felon Kempfer. 1°. On fe rend en troupe fur lé$ monta- gnes à la mi-Avril, tems auquel les feuilles-des plan- tes deviennent pâles, perdent de leur vigueur, &font prêtes à fécher ; on s’écarte les uns des autres , & l’on s'empare d’un terrain. Une fociété de quatre où cinq hommes peut fe charger d'environ deux mille piés de cette plante : cela fait ; on creufe la terre qui environne la racine , la découvrant un peu avecun hoyau. 2°, On arrache de la racine les queues dés feuilles, 8&c on nettoye le collet des fibres qui reflem- blent à une coeffure hériffée ; après cette opération, la racine paroït comme un crane ridé. 3°. On lare- couvre de terre, avec la main ou le hôyau ; on fait des feuilles & d’autres herbes arrachées de petits fa- gots qu'on fixe fur la racine, en les chargeant d’une pierre. Cette précaution garantit la racime de Par- deur du foleil , parce qu’elle poufrit en un jour, quand elle en eft frappée. Voilà lé premier travail, il s’acheve ordinairement en trois jours: Trente ou quarante jours après, on revient cha- cun dans fon canton , avec une ferpe ouun bon coù- teau , une fpatule de fer & un petit vafé, où uné coupe à la ceinture , &c deux corbeïlles. On partage {on canton en deux quartiers , & l’on travaille auxra- cines d’un quartier de deux jours l’un , alternative- ment; parce qu'après avoir tiré lé fuc d’unetacine, il lui faut un jour, foit pour en fournir de nouveau , foit au fuc fourni pour s’épaiflir. On commence par découvrir les racines’; on en coupe tranfverfalement le fommet ; la liqueur finte & couvre le difque de cette feétion , fans fe répandre ; on la recueille deux jours après , puis on remet la racine à couvert des ardeurs du foleil, obfervant que le fagot ne pofe pas fur le difque ; c’eft pourquoi ils en font un dôme en en écartant les parties. Tandis que le fue fe difpole à la récolte fur le difque , on coupe dans un autre quartier , & l’on acheve l'opération comme ci-def- fus. Le troifieme jour , on revient aux premieres ra- cines coupées & couvertes en dôme par les fagots : on enleve avec la fpatule le fuc formé ;' on le met dans la coupe attachée à la ceinture, &de cette cou- pe dans une des corbeïlles où fur des feuilles expo- 1ées au foleil ; puis on écarte la terre des environs de la racine, un peu plus profondément que la pre- miere fois, & on enleve une nouvelle tranche hori- fontale à la racine ; cette tranche fe coupe la plus mince qu’on peut ; elle eft à peine de lépaifleur * d’uné paille d'avoine, car il ne s’agit que de débou- cher les pores & faciliter Piflue-au fuc. Le fuc en durciffant fur les feuilles prend de [a cou- leur. On recouvre la racine; & le quatrieme jour, on revient au quartier qu'on avoit quitté , & de ce- lui-là au premier , coupant les racines trois fois , & recueillant deux fois du fuc. Après la feconde récols te , on laïfle Les racines couvertes huit ou dix Jours. fans y toucher, Dans.les deux .prèmieres récoltés, chaque fociété de quatre à cinqhommes remporte à la maïfon-environ cinquante livres de fue. Ce pre- mier fucin’eft pas le bon. C’eft ainfi qui finit le fe- cond travail... Ste éh a . Le troifieme. commence au bout dé huit à dix jours, on. fait une nouvelle récolte. On commence, par les racines du premier quartiér , car il faut fe fou- venir que chaque canton a été divifé en deux quat- tiers. On les découvre : on écarte la terre : on re- cueille le fuc : on coupe la furface , & on recouvre. On pañle le lendemain aux racines du fecond quar- tier , & ainfi alternativement trois fois de fuite; puis on les couvre de nouveau , on les lafle , & le troi- fieme travail eft fini. … Trois jours après, on reprend les racines, & on les coupe trois fois alternativement , paflant du pre- mier quartier au fecond , puis on ne les coupe plus: on les laifle expofées à l'air & au foleil , ce qui les fait bien-tôt mourir. Si les racines font grandes , on ne les'quitte pas fi-tôt ; on continue de les couper, juiqu'à ce qu'elles foient épuifées. L’affa fatida donne dans l’analyfe chimique un phlegme laiteux,acide,& de l’odeurde l'ail ;un phleg- me rouflâtre., foit acide, foit urineux ; de l'huile fé- tide , jaunâtre , fluide, limpide, & une huile roufle & d’uné confiftance épaifle. La mafle noire reftée dans la cornue, calcinée: au creufet pendant trente heurès, a laiflé des cendres grifes dont on a retiré du fel fixe falé.Ainf l’affa ferida eft conpofée de beau- coup de foufre fétide , foit fubtil, foit groffier ; d’une affez grande portion de fel acide, d’une petite quan- tité de {el volatil urineux , 18 d’un peu de terre; d’où il réfulte un tout falin fulphureux, dont une grande portion fe diflout dans de l’efprit-de-vin , & la plus grande partie dans de l’eau chaude. Les anciens ont fort vante l’affa fætida ; nous ne Pemployons que dans les coliques venteufes, foit extérieurement, foit intérieurement. Nous lui at- tribuons quelque vertu, pour expulfer l’arriere-faix & les regles exciter la tranfpiration &c les fueurs ; pouffer les humeurs malignes à la circonférence ; dans les fievres , la petite vérole & la rougeole ; &c pour remédier aux maladies des nerfs & à la paraly- fe : nous la recommandons dans l’afthme & pour la réfolution des tumeurs : nous en préparons une tein- ture antihyftérique ; elle entre dans la poudre hyf- térique de Charas, les trochifques de myrrhe,, le bau- me utérin , & l’emplâtre pour la matrice. *ASSAF , idole des Arabes Coraifchites. Chaque autre tribu avoit fon idole, mais on ne nous apprend rien de plus là-deffus. Il y a dans la contrée de Naharuan qui fait partie de la Chaldée, une petite ville appellée 4faf. ASSAILLANT, f. m. eft une perfonne qui attaque, ou qui donne brufquement fur une autre. Foyez ASSAUT , ATTAQUE, Gc. C'eft aufli quelquefois dans un fiége l’affiégeant, auquel on donne le nom d’affaillant. (Q) ASSAISONNEMENT, f{. m.( er rerme de Curfine. ) eft un mélange de plufieurs ingrédiens , qui rendent un mets exquis. L’ärt du Cuifiniet n’eft prefque que celui d’afaifonner les mets ; il eft commun à toutes les nations policées : les Hébreux le nommoient Ma- thamim , les Grecs aprouare nduomare, les Latins con- dimenta. Le mot MR one ns vient felon toute ap- parence de affario : La plüpart des affzifonnemens font nuïfibles à la fanté , & méritent ce qu’en a dit un fa- vant Medecin : cordimenta, gule irritamenta ; c’eff art de procurer des indigeffions. Il faut pourtant convenit qu'il n’y a guere que les fauvages qui puiflent fe trouver bien des produétions de la nature, prifes fans Pts , & telles que la nature même les of- re. Mais il y a un milieu entre cette groffiereté & ASS 765 les rafinemens de nos cuifinés. Hippocrate confeil- loit les affaifonnemens fimples. IL vouloit fu’on cher- chât à rendre Les mets fains ; en les difpofant à la digeftion par la mamiere de les préparer, Nous fom- mes bien loin de-là , & l’on peut bien aflürer qué rien n’eft plusrare , {ur tout fur nos tables lés mieux férvies, qu’un aliment falubre. La diete & l’exércice étoient les principaux affaifonnemens des anciens. Ils difoient que lexercice du matin étoit un affaifon: nement admirable pour le diner , & que la {6briété dans ce répas étoit de toutes les préparations la meïl- leure pour fouper avec appétit. Pendant long=téms le fel, le miel & la crême furent les feuls ingré- diens ;, dont on affaifonnât les mets ; mais les Afiati- ques ne s’en tinrent pas à cela. Bien-tôt ils employe- rent dans la préparation de leurs alimens toutes les produéhons de leur climat. Cette branche de la lu- xure fe füt étendué dans la Grece, fi les plus fages de cette nation ne s’y étoient oppofés. Les Romains devenus riches &c puiflans fecouerent le joug de leurs anciennes lois ; & je ne fai fi nous avons en: core atteint le point de corruption où ils avoient pouflé les chofes. Apicius réduifit en art, la maniere de rendre les mets délicieux. Cet att fe répandit dans les Gaules : nos premiers rois én connurent les conféquences , les arrêterent ; & ce ne fut que fous le règne de Henri fecond , que les habiles ciifiniérs commencerent à devenir des hommes importans. C'eft une des obligations que nous avons à cette fou- le d'Italiens voluptueux qui fuivirént à la cour Ca-. fherine de Medicis. Les chofes depuis ce tems n’ont fait qu’empirer ; & l’on pourroit prefqu’aflürer qu'il fubfite dans la fociété deux fortes d'hommes , dont les uns, qui font nos chimiftes domeftiqués, travail lent fans cefle à nous empoifonner ; & les autres, qui font nos Medecins, à nous guérir ; avec cette diffé- rence , que les premiers font bien plus fürs de leur fait que les feconds. ASSANCALE, ville d’Armenie, fur l’Aras & fur le chemin d’'Erzeron. Long. 50. lat. 39. 46. * ASSANCHIF, ville d’Afe dans le Diarbeck, fur le Tigre. Long. 58. 20. lat. 36. 40. | * ASSAPANIC , ( Æiff. nar. ) efpece d’écureuil dé la Virginie qui n’a point d'ailes; & qui peut cepen- dant voler , à ce qu’on dit, l’efpace d’un demi-mille, en élareiflant fes jambes , & diftendant fa peau. Cet animal mériteroit bien une meilleure defcription , ne füt-ce qu’en confidération du méchanifme fingulier qu'il employe pour voler. DAT *ASSARON , o2 GOMoOR, étoit chez les Hébreux une mefure de continence. C’étoit la dixieme partie de l’épha , comme le dénote le nom même d’affaron, qui fionifie dxieme, L’affaron contenoit À très-peu de chofe près , trois pintes mefure de Paris. (G7) ASSASSIN , {.m. (Jurifprudence.) homme qui en tue un autre avec avantage, foit par l'inégalité des armes , foit par la fituation du heu, ou en trahifon. Voyez MEURTRIER, DÜUEL, 6tc. L Quelques-uns difent que le mot 4ff4//7r vient du Levant , où 1l prit fon Origine d’un certain prince .de la famille des Arfacides , appellés vulgairement affaffins, habitant entre Antioche & Damas, dans un château où1l élevoitun grand nombre de jeunes gens à obéir aveuglément à tous fes ordres : il les em- ployoit à afflafiner les princes fes ennemis. Le Juif Benjamin, dans fon J#inéraire | place ces affaffins vets le mont Liban, & les appelle en Hébreu imité de l’Arabe, el afifin; ce qui fait voir que ce nom ne vient LS , 4 date point d’Arfacide , mais de l'Arabe ‘afis , infdiator , une perfonne qui fe met en embufcade. Les affaffers dont nous venons de parler , poflédoient huit ou douze villes autour de Tyr : ils fe choïfifloient eux- mêmes un roi, qu'ils RÉ Le vieux de la mon- tagne, En 1213 ils aflafhnerent Louis de Baviere ; ils 166 : ASS étoient Mahométans , mais ils payoient quelque tri- but aux chevaliers du temple. Les proteéteurs des affaffirs furent condamnés par le concile de Lyon, fous Innocent IV, en 1231. Ils furent vaincus par les Tartares, qui leur tuerent le vieux de la monta- gne en 1257; après quoi la faétion des aflaffens s’é- teigmit. NS Îl y avoit un certain droit des gens, une opinion établie dans toutes les républiques de Grece & d’Ita- lie, qui faifoit regarder comme un homme vertueux l'affaffin de celui qui avoit ufurpé la fouveraine puif- fance. À Rome, fur-tout depuis lexpulfon des rois, la loi étoit précife & folennelle , & les exemples re- çûs ; la république armoit le bras de chaque citoyen, le faifoit magiftrat pour ce moment. Cox/fderar, fur les cauf. de la grand. des Rom, c. xj. p.121, (H) ASSASSINAT , £. m. eft le meurtre commis par un affaflin. Voyez AssAssiN & MEURTRE. (Æ) ASSATION , du mot Latin affare, rôtir, fe dite Pharmacie & en Chimie, de la préparation des médi- camens ou alimens dans leur propre fuc, par une chaleur extérieure, fans addition d’aucune humidité étrangere. Le mot aflation, par rapport aux opérations de cuifine, fe rend plus fréquemment par rétir ; & en Pharmacie par wfhion & torréfaëkion. Voyez Ac- COMMODER, TORRÉFACTION, &c. (N) ASSAUT , f. m. dans L’ Ars de la guerre, c’eft l’at- faque d’un camp, d’une place forte, d’un pofte, dans le deffein de lemporter ou d’en devenir le maître. V, ATTAQUE , FORTERESSE, &c. Un affaut eft proprement une attaque générale & furieufe, dans laquelle les affaillans ne {e couvrent d'aucun ouyrage. On dit donner, ordonner, foñtenir, repouffer un affaut, emporter d’affaur , &c. Le feu des batteries ceffe pendant laffaut ; & lorf. que les deux partis font dans la mêlée,on ne fait point ufage du canon de part ni d'autre ; on s’expoleroit par-là à détruire fes propres troupes. Un gouverneur eft obligé de foûtenir trois affaurs avant que de rendre une place. Il eft difficile d’em- pêcher le pillage des villes que l’on emporte d’affaur. Les enfans perdus montent les premiers à l’affaur. Voyez ENFANS PERDUS. Il y a peu de places à préfent qui foûtiennent un affaut ; M. de Feuquieres n’en compte que trois de {on tems. Le prenuer a été celui de Neuhaufel en 1683, foûtenu par un bacha Turc: cette ville fut em- portée, ainfi que la plüpart des autres doivent l’être, parce que la colonne d'infanterie qui attaquoit, mar- choit à la breche fur plus de rangs que celle de l'in- fanterie qui défendoit la place. La feconde place em- portée d’affaut eft Bude, & le bacha qui comman- doit fut tué dans l’attaque : il y avoit encore quel- ques ouvrages flanquans, dont les feux n’avoient pas été enticrement détruits par l'artillerie des afiégeans. Le troifieme affaur a été au château de Namur, dé- fendu par M. de Boufllers, qui ne fut pas emporté , par la raïon que la colonne d'infanterie qui attaqua la breche partoit de trop loin & à découvert. Ajot- tez qu'il eft prefqu'impoffible d’emporter une place d’affaut , quand la breche peut être défendue par le feu des ouvrages qui ne font pas encore détruits. En efet, pour être forcée, elle ne devroit être défendue par d’autres feux que ceux qu’elle peut oppofer de front, ou par la breche même. Feuq. Mér. Cette grande opiniâtreté dans la défenfe des pla- ces, jufqu’à la derniere extrémité, ne {e trouve plus que chez les Turcs, auxquels un article effentiel de leur religion défend de rendre par capitulation aux Chrétiens une place oùils ont euune mofquée , quoi- que dans ces derniers tems ils ayent en quelques occa- lions manqué à çe point de leur loi, Foyez le même ASS endroit cite. En 1747 les François ont pris d'affaur la célebre place de Berg-op-70om.(Q) ASSAUT, {. m. (E/crime. ) eft un exercice qui s'exécute avec des fleurets , & qui repréfente un vé- titable combat. Il y a deux façons de faire afaur , qu’on appelle Jeun ; & ces jeuns ont des noms différens, fuivant la pofition des épées de ceux qui s’efcriment. 77 JEUN. Avant de commencer un affaur, on fait le falut. Voyez SALUT ; & aufli-tôt que les efcrimeurs ont mis le chapeau fur la tête, le fignal du combat eft donné, & 1ls peuvent s'attaquer réciproquement. L’adreffe d'un efcrimeur confifte à {avoir prendre le défaut des mouvemens de fon ennemi. Voyez Dé- FAUT. Ces mouvemens fe terminent toûjours à parer & à poufler. Il n’y à abfolument que cinq façons de les terminer tous ; car toutes les eftocades qi fe peu- vent porter font néceflairement, ou dans les armes, ou hors les armes , fur les armes , fons les armes, où en flanconnade ; d’où il fuit qu’il ne peut y avoir que cinq façons de parer, qui font /4 quarte ; la tierce, La quarte-baffe , la fèconde | € la flanconnade, On n’eft pas toûjours prêt à prendre le défaut du premier mouvement que fait l'ennemi, parce qu’on ne fait pas ce qu'il va faire : mais ce premier mou- vement vous avertit de la nature du fecond, gi fera néceflairement le contraire du premier. Exemple. Lorfqu’un efcrimeur a levé le bras pour frapper l'épée de fon ennemi ou pour tout autre def fein , le mouvement qui fuit eft de le baïfer , non. feulement parce que ce mouvement de baïffer eft na- turel, mais parce qu’il eft à préfumer qu’il fe preflera de venir au fecours de la partie du corps qui fe trou- ve alors découverte. De cet exemple, on peuttirer cette maxime générale, que toutes les fois qu’unefcri- meur fait un mouvement, il lui en fera fur le champ fuccéder un contraire ; d’où il fuit que le premier mouvement vous avertit pour prendre le défaut du fecond. Voyez DÉFAUT. *ASSAZOË, f. f. (Hif£. na. Bor. ) plante de l'Abyfinie , qui pafle pour un préfervatif admirable contre les ferpens ; fon ombre feule les engourdit : ils tombent morts s'ils en font touchés. On conjedu- re que les Piylles, ancienne nation qui ne craignoit point la morfure des ferpens, avoient la connoïffan- ce de cette herbe. Une obfervation que nous ferons {ur l’affazoë 8 fur beaucoup d’autres fubftances na- turelles , auxquelles on attribue des propriétés mer- veilleufes, c’eft que plus ces propriétés font merveil- leufes & en grand nombre, plus les defcriptions qu’on fait des fubftances font mauvaifes ; ce qui doit don- ner de grands foupçons contre l’exiftence réelle des fubftances | ou celle des propriétés qu’on leur at- tribue. ASSECHER , v. neut. (Marine. ) terre qui affeche. On dit qu'une terre ou une roche affêche , loriqu’on peut la voir après que la mer s’eft retirée. On fe fert du terme découvrir, pour fignifier la même chofe. On dit une roche qui découvre de baffle mer. (Z) ASSÉCUTION, f. f. rerme de Jurifprudence canoni- que , fynonyme à obrention ; c’eft en ce fens qu’on dit qu'un prenuer bénéfice vaque par l’affécurion du {e- cond. Voyez INCOMPATIBILITÉ. (H) * ASSEDIM, ville de la Paleftine dans la tribu de Nephtali. | ASSÉEUR , f. m..serme ufité à la cour des Aydes, pour fisnifier un habitant d’un bourg ou d’un village, commis par fa communauté pour afleoir les tailles &r autres impofitions fur chacun des habitans, c’eft-à- dire pour régler & déterminer ce que chacun d’eux en fupportera, & en faire enfuite le recouvrement. * ASSEFS, f. m. pl. (Hiff. mod.) font en Perfe des gouverneurs que le prince a nus dans quelques pro- vinces-à la place des chams , dont le grand nombre d'officiers épuifoient les peuples: ASSEMBLAGE., dans d’Architeüture , s'entend de Vart de réunir les parties avec le tout, tant par rap- port à la décoration intérieure qu’extérieure : on dit éufli par rapport à la main d'œuvre , affembler à angle droit, en fauffe coupe, à clé, a queue d’aronde , &c: Voyez MENUISERIE, CHARPENTERIE, Érc. ASSEMBLAGE,, c’eft, ez Menuiferie ; Charpenterie, Marquerrerie &c. la réunion de plufieurs pieces aux- quelles on a donné des formes, telles que jointes, attachées, rapprochées, &c. elles puiffent former un tout , dont les parties ne fe féparent point d’elles:mé- mes. Voyez fig. 17. G& PI. du Charpentier , des affembla- ges. Il y en a un grand nombre de différens : mais comme ils ont chacun leurs noms , nous en ferons différens articles. _ ASSEMBLAGE, Î. m. nom que l’on donne, er Li- Prairie, à un nombre plus où moins grand de formes imprimées, que l’on range fur une table longue, fui- vant l’ordre des lettres de l’alphabet, de gauche à droite, L’affemblage eft ordinairement de huit ou dix formes. Voyez FORME. Ces formes font une quan- tité déterminée comme ÿoo, 1000, 6'c. d’une mê- me feuille imprimée , au bas de laquelle eft une des lettres de l'alphabet appellée fgrzature. Voyez SIGN A- TURE: … L’affemblage fe fait en levant une feuille fur cha- cune de ces formes ainf rangées, au moyen de quoi la feuille marquée À fe trouve fur la feuille mar- quée B, ces deux-ci fur la feuille marquée C, & ainf de fuite. On recommence la même opération jufqu’à ce que toutes les feuilles foient levées. À me- fure qu’il y a une poignée à peu près de feuilles ainfi - levées, on la dreffe, on la bat par les bords, afin de faire rentrer les feuilles qui fortent de leur rang, en- fuite on met ces diverfes poignées les tines fur les autres. Cet amas de feuilles aflemblées porte le nom de pile. V. PILE. Pour réunir fous un même point de vüe tout le travail des livres en feuilles, nous don- nerons dans cet article les différentes opérations fui- vant leur ordre. : Quand l’affemblage eft fait de la maniere dont nous Pavons décrit, on prend une partie de la pile, & à l’aide d’une aiguille ou de la pointe d’un canif, on leve par le coin où eft la fignature chaque feuille Vune après l’autre, pour voir s’il n’y en a pas de double ou s’il n’en manque pas, ce à quoi l’on ré- medie fur le champ , {oit en Ôtant la feuille qui fe trouve double , foit en reftituant celle qui manque ; cela s’appelle collationner. Voyez; COLLATIONNER. Si l’affemblage a été de huit formes, on voit qu'il doit y avoir huit feuilles différentes de fuite ; que s’il aété de neuf ou de dix formes, il doit y avoir de fui- te neuf ou dix feuilles différentes. En collationnant, on fépare chacune de ces huitaines ou de ces dixat- nes, & quand il y en a une certaine quantité de fé- parées de la forte, on les prend les unes après les au- tres & on les plie ; alors elles portent le nom de par- ties. Voyez PARTIES. Onremet ces parties ainfi pliées les unes fur les autres, & on en forme encore une pile. | Quand toutes les feuilles que contient un volume ont été aflemblées ,collationnées , pliées , & qu’en- fin elles ont pris le nom de parties , on aflemble ces parties comme on a affemblé les feuilles de gauche à droite, en commençant par les premieres, & cela s'appelle zrertre les parties en corps ; alors le volume eft entier. Si le livre à plufieurs volumes, on aflem- ble ces volumes ainfi formés, en mettant le premier fur le fecond ; le fecond fur le troïfieme, &c. & l’e- xemplaire eft complet; il ne lui manque plus que d’être vendu. ASSEMBLÉE , 1, f, (Fifl, 6 Jurifprud.) jonétion ASS: 67 qui fe fait de perfonnes en un même fieu-& pour le même deflein, Ce mot eft formé du Latin ad/mulare, quieft compolé dead, &fmul, enfemble. Les affem- blées du-clergé font appelées fyrodes , conciles ; &c en Angleterre convocations ; quoique l’affemblée de l’égli- fe d'Ecofle , qui fe fait tous les ans, retienne lé nom d’affemblée générale, V. CONVOCATION ; SYNODE,, ConcILE, &c. Les afflemblées des juges, &c: font ap- pellées cours, Ge: Voyez Cour. On appelloitcomiria, comices , les afflemblées du peuple Romain: Foy. Co- MITIA, COMICE, &c. L’affemblée d’un prédicateur eft fon auditoire ; les Académies ont leurs affemblées ou leurs jours d’affemblée. Voyez ACADÉMIE , 6. Les affemblées des presbytériens en Angleterre , s’ap- pellent affez fouvent, par maniere de reproche , des conventicules. Voyez; CONVENTICULE. Sous les gouvernemens Gothiques , le pouvoir fu- prème de faire des lois réfidoit dans une affemblée des états du royaume , que l’on tenoit tous lessans pour la même fin que fe tient le parlement d'Angleterre, Il fubfifte encore aujourd’hui quelques foibles reftes de cet ufage dans les affemblées annuelles des états de Languedoc , de Bretagne , & d’un petit nombre d'au tres provinces de France: mais ce ne font plus que les ombres: des anciennes affemblées. Il n’y a qu’en Anpleterre , en Suede, & en Pologne, que ces 4f- Jèmblées ont confervé leurs anciens pouvoirs &c pri- vileges. Affemblées du champ de Mars. Voyez CHAMP DE MARS, &c. ASSEMBLÉE ; eftun mot ufité particulierement dans le monde: pour exprimer une réunion ou com: pagrie de plutieurs pertonnes de l’un & de l’autre exe, pour jouir du plaifir de la converfation , des nouvelles , du jeu, &c. Quartier ou place d'afflemblée dans un camp, &c F. QUARTIER D'ASSEMBLÉE. On fe fert aufli du mot affemblée dans l’art militaire) pour défigner l’aétion de battre une feconde fois la caifle ou le tamboury avant que l’on fe mette enmarche. Voyez TAMBOUR. Quand les foldats entendent cet appel , ils abbat- tent leurs tentes, 1ls les roulent, & vont fe mettre fous les armes. Le troifieme appel du tambour eft appellé Z+ marche , de mêmeique le premier s'appelle la générale, Voyez GÉNÉRALE. (AH) Ondit aufliune affemblée de créanciers, unetaf[em= blée de négocians. Les aflembléesigénérales des fix corps de Marchands de la ville-de Paris, fe tiennent dans le bureau du corps de la Draperie;, qui en eft le pre: muier. (G) ASSEMBLÉES adj. f. pl. ez Anatomie, épitheteides glandes qui font voifiñnes les unes des autres. Fôyez ATTROUPÉES 6 GLANDE. (L) -ASSEMBEÉÉE , er terme de chalfe:,)c’eft le lieu ou le rendez-vous où tous les chafleurs fe trouvent. | ASSEMBLER , dans plafieurs Arts, c'eft mettre toutes: les ‘pieces à leur place, après qu’elles font taillées. L es ® ASSEMBLER un cheval; (Manége.) c’eft-lui tenir la main en ferrant les cuifles.,, defäçon qu’ilfe racour: cifle pour ainfi dire, en rapptochant le train de der: riere de celui de devant ,. cé qui lui releve les‘ épaua les & la tête. (77) ymius + 42 ASSEMBLER 62 Librairie jc’eft réunir enfémble où plufieurs feuilles, ouplufieurs parties ,:owplufieurs volumes d'inimême livre, ainf qu'il a été dit & dé« taillé plus au long au mot ASSEMBLAGE. * ASSEN, petite ville de Hollande, dans: la fers gneurie d'Ower-Yffel. * ASSENSE, ville maritime de Danemarck dans l’île de Fionie. Long, 28. lat, 55. 15. ASSÉOIR ze cuve, c’eft chez les Teinturiers,, la préparer, y mettre les drogues &t ingrédiens nécefs faires, pour qu’on puifle y laïfler les étoffes; lainess 768 ASS oies, Ge, en baïn; le chef-d'œuvre des alpirañs en maitrife, eft d’affeoir une cuve d’inde effleurée, & de a bien ufer & tirer, jufqu’à ce que le chef-d'œuvre “Soit accompli. Voyez l'article 92. des Teinturiers, 6 L'art, TEINTURE de notre Dithionnaire, Lereglement de 1669 défend de réchauffer plus de deux fois , une cuve affife de guefde, d’indigo , & de pañftel , pour Les draps qu'on veut teindre en noir. ! : ASSEOIR , v. act. e2 Architettlure & Maçonnerie ; c’eft pofer de niveau & à demeure , les premieres pierres des fondations , le carreau , le pavé ,.&c. (P) Asseotr un cheval fur les hanches, (Manege.) c’eft le drefler à exécuter fes airs de manege, ou à galoper avec la croupe plus bafle que les épaules. Afleoir le fer, c’eft le faire porter. Voyez PORTER. (F7) * ASSER , £. m. (if, anc.) efpece de bélier des anciens que Vegece décrit-de la maniere fuivante. L’affér eft une poutre longue, de moyenne grofleur, pendue au mât, de même que la vergue:, & ferrée par les deux bouts. Lorfque les vaifleaux ennemis venoient à l’abordage, foit à droite {oit à gauche, on fe fervoit de cette-poutre: pouflée avec violence; elle renverfoit , & écrafoit les foldats & les mate- lots, & faifoit aufi des trous au navire. * ASSERA , ville de la Turquie , en Europe, dans la Macédoine, fur la riviere de Vera, proche Salo- nichi. * ASSES , f. m. pl. peuples de la Guinée , en Afri- que, fur la côte d’or, fort avant dans les terres, au couchant de Rio de Volta. ASSESSEUR , f. m. (Hiff. mod. € Jurifprud.) eft un adjoint, dont un maire de ville ou autre magif- trat en chef d’une ville ou cité, fe fait aflifter dans le jugement des procès, pour lui fervir de confeil. [l'y enaentitre d'office dans plufieurs jurifdiétions. Voyez Maire. Il faut que l’affeffeur {oit homme gradué. Quandul n’y à qu'un juge dans une ville, où il n’y a.point de maire ; on l’appelle aufli en quelques endroits affeffeur.. | - On appelle auf feffeurs, les confeillers de la cham- bre impériale. I ya deux efpeces d’afeffeurs dansicette chambré impériale, l'ordinaire & l'extraordinaire. Les affeffeurs ordinaires font à préfent au nombre de quarante-un; dont cinq font élûs par l’empereur , favoir, trois comtes ou barons, & deux jurifconfultes, ou deux avocats en droit civil. Les éleéteurs en nomment dix, les fix cercles dix-huit, éc. Ils agiflent en qualité de confeillers de la chambre, &c ils ont.les appointe- mens qui y font attachés. Voyez IMPÉRIAL 6 CHAMBRE. (A4 : : AS-SETE-IRMANS, îles d'Afrique, dans l'Océan Ethiopique, découvertes par les Portugais, au nom- bre de fept, & appellées par les François es Sepr- Freres. | | ASSETTE , J'oyez ESSETTE. "ASSEZ, SUFFISAMMENT , ( Gram. ) ces deux mots font tous deux relatifs à la quantité : mais affez a plus de rapport à la quantité qu'on veut avoir, & fufffarmment en a plus à celle qu'on:veut employer. L’avare n’en a jamais affez; le prodigue jamais /ff- famment. Ondit, c’ejhaflez, quand on n’en veut pas davantage; & cela Juffit, quand on a ce qu'il faut. A l'égard des dofes, quandil y a aff? , ce:qu’on ajoû- teroit feroit de trop; & pourroit nuire ; 8 quand'il y a fuffifamment, ce qui s’ajoûteroit de-plus, mettroit l'abondance & non l'excès. On dit d’un petit bénéfi- ce, qu'ilrend fuffifamment : mais on ne dit pas qu'on ait affez de fon revenu. 4ffez paroït plus général que Jafffamment. Voyez Syn. Franc, » ( ASSIDARIUS, pour ESSEDARIUS, fub. mL (Hifi:'anc. ) gladiateur qui combattoit aflis fur un char. Effedum , char ou chariot, dit M. Ducange, ef quafi afledém ab affidendo, Le changement de quelques lettres, affez ordinaire dans les infcriptions , a formè le mot afidarius de effedarius. Onvoit dans Suétone qu'un gladiateur nommé Poféus , combattoit ainf fur un char, & excita la jaloufie de l’empereur Caligu- la, qui fortit du fpeétacle , en fe plaignant que le peu: ple donnoit plus d’applaudiffemens Ace Pofus, qua lui-même, Po/o effedario. Cette maniere de combattre à Rome fur des chars dans les fpeétacles ; s’étoit in- troduite à limitation des Gaulois, & des habitans de la grande Bretagne, dont une partie de la cavalerie étoit montée {urdes chars. Barbari, dit Céfar dans les commentaires, præmiffo equitatu ex effedario , quo plerumque genere in prælüs uti confueverunt. &c.(G) : ASSIDÉENS ,f. m. pl. (Théor.) fe&e des Juifs; ainf nommés du mot hébreu #4a/fdim , juftes. Les 4/2 Jidéens croyoient les œuvtes de furérogation nécef- faires au falut; 1ls furent les prédecefleurs des Pha- rifiens , de qui fortirent les Effeniens, qui enfeignoient conjointement que leurs traditions étoient plus par= faites que la loi de Moyfe. Serrarius & Drufus Jéfuites, ont écrit l’un contre l’autre touchant les 4ffdéens, à l’occafion d’un paf fage de Jofeph fils de Gorion. Le prémier a foûtenu que par le nom d”’A4ffdéens, Jofeph entend les Æffe- riens , & le fecond a prétendu qu'il entend les Phari- Jiens. Il feroit facile de concilier ces deux fentimens, en obfervant avec quelques critiques, que le nom d'Affidéens a été unnomgénérique donné à toutes les feétes des Juifs, qui afpiroient à une perfe&ion plus haute que celle qui étoit prefcrite par la lot: tels que les Cinéens, les Rechabites, les Effeniens, les Phari- fiens, Gc. À peu-près comme nous comprenons au= jourd’hui fous le nom de religieux & de cénobires, tous les ordres & les inflituts religieux. On croit ce- pendant que les Pharifiens étoient très-différens des Affidéens, Voyez PHARISIENS, CINÉENS , RECHA- BITES. (G) *ASSIENNE,, (PIERRE), oz PIERRE D’ASSO ; affius lapis, ( Hifi. nat. ) il eft fait mention de cette pierre dans Dioicoride, dans Pline & dans Galien: Celui-ci dit qu’elle a été ainfi nommée d’4fos, ville de la Troade, dans l’Afie mineure ; qu’elle eft d’une fubftance fpongieufe, légere & friable; qu’elle eft couverte d’une poudre farineufe, qu’on appelle f/eur de pierre d’affo ; que les molécules de cette fleur font très-pénétrantes; qu’elles confument les chars ;quelæ pierre a la même vertu, mais dans un moindre degré > que la fleur ou farine eft encore digeftive & prefer vative comme le fel; qu’elle en a même le goût, & qu’elle pourroit bien être formée des vapeurs qui s’é- | levent dela mer, & qui dépofées dans les rochers s’y condenfent & deflechent. Voyez Gal. 4e fympr. med. fac, lib.yx.. Diofcoride ajoûte qu’elle eft de æ couleur de la pierre ponce; qu’elle eft parfemée de. | veimesjaunes; que fa farine eft jaunâtre ou blanche; | que mêlée de la réfine de térébenthine oude gou- dron, elle réfout les tubercules. oyez Zb. W. cap. cxliy, les autres propriétés que cet auteur huiattri- bue. Pline répete à peu-près les mêmes chofes; om l'appelle, felon lui ; farcophage, de «ep£, chair, & de | paye, je mange; parce qu'elle confume, dit-l, Les fubf= tances animales en quarante jours, excepté les dents. - ASSIENTE oz ASSIENTO, (Cormerce.) ceterme eft Efpagnol, & fignifie ure ferme. be 116 En France, ce mot s’eft introduit depuis le com mencement de la guerre pour la fucceffion d'Efpagne en 1701. On l'entend d’une compagnie de commer- . ceétablie pour la fourniture des-Nesres dans les états . du roi d’Efpagne en Amérique, patticulierement à _ Buenos-ayres. Ce fut l’ancienne compagnie Françoife de Guinée, qui après avoir. fait {on traité:pour cette fourniture avec les mimiftres Efpagnols, prit le nom de corpas, . gnie de l’affience, à caufe du droit qu’elle s’enpagea de Payer ‘ payer aux fermes du roi d'Efpagne , pour chaque Negre, piece d'inde, qu’elle pañleroit dans l'Amért- que Efpagnole. "al ° | Ce traité de la compagnie Françoife,, qui confif- toit en trente-quatre articles, fut figné le premier Septembre 1702, pour durer pendant dix années, & finir à pareiljour de année 1712, accordant néan- moins aux a/féentifles deux autres années pour l’exé- cution entiere de la fourniture, felle n’étoit pas finie à l'expiration du traité. Les deux principaux de ces trente-quatre articles regardoïent, Pun la quantité des Negres que la com- pagnie devoit fournir aux Efpagnols; l’autre, le droit qu’elle devoit payer au roi d'Efpagne pendant le tems de la ferme ou affrento. 2 ÿ À l'égard des Negres, il fut fixé à trente-huit mille; tant qüe la guerre, qui avoit commencé l’année d’au- paravant, dureroit; & à quarante-huit mille, en cas de paix. Pour ce qui eft du droit du roi d’Efpagne, il fut réglé à trente-trois praftres un tiers pour chaque Negre, piece d'inde, dont la compagnie paya par avance la plus grande partie. À la paix d’Utrecht, un des articles du traité en- tre la France & l’Angleterre , ayant été la ceffion de Paffiente ou ferme des Nesres , en faveur de cette der: niere, les Efpagnols traiterent avec les Anglois pour la fourniture des Negres. . Ce traité femblable en plufeurs articles à celui de la cempagnie Françoife, mais de beaucoup plus avan- tageux par plufieurs autres, aux afientiftes Anglois, _devoit commencer au premier Mai 1713, pour durer trente ans, c’eft-à-dire, jufqu'à pareil jour de Pan- née 1743. La compagnie du Sud établie en Angleterre depuis le commencement de cette même guerre, mais qui ne fubfftoit qu'à peine, fut celle qui fe chargea de Taffiento des Negres pour l'Amérique Efpagnole. La fourniture qu’elle devoit faire étoit de quatre mille huit cens Negres par an, pour lefquels elle devoit payer par tête le droit fur le pié réglé par les Fran: ‘çois, n'étant néanmoins obligée qu'à la moitié du droit pendant les vingt-cinq premieres années, pour tous les Negres qu’elle pourroit fournir au-de-là du nombre de quatre mille huit cents ftipulés par le trai- té. Le quarante-deuxieme article de ce traité, qui eft aufh le dernier, & peut-être le plus confidérable de tous, n’étoit point dans le traité fait avec les Fran- çois. Cet article accorde aux afhentiftes Anglois la permiflion d'envoyer dans les ports de PAmériqué Efpagnole, chaque année des trente que doit durer le traité, un vaiffeau de cinq cens tonneaux, chargé des mêmes marchandifes que les Efpagnols ont coù-- tume d’y porter, avec liberté de les vendre & débi- ter concurremment avec eux aux foires de Porto: Belo & de la Vera-Cruz. On peut dire que la fourniture même des Negrés, qui fait le fonds du traité, non plus que quantité d’au: tres articles, qui accordent quantité de priviléges à la nouvelle compagnie Angloife, ne lui apportent peut-être point tous enfemble autant de profit, que cette feule-faculté d'envoyer un vaifleau, donnée aux Anglois, contre l’ancienne politique des Efpagnñols , & leur jaloufe ordinaire à l'égard de leur commer- ce en Amérique. L’on a depuis ajoûté cinq nouveaux articles à ce traite de l’affente Angloïfe, pour expliquer quelques- uns des anciens. Le premier porte que l’exécution du traité ne feroit cenfée commencer qu’en 1714: le fe: cond, qu'il feroit permis aux Anglois d'envoyer leur vaïfleau marchand chaque année, bien que la flotte ou les galions Efpagnols ne vinfflent point à l’Améri- que: le troifieme, que Les dix premieres années, ce vaifieau pourroit être du port de fix cents cinquante tonneaux : enfin les deux dermers, que les marchan- Tome I, ASS 769 difes qu réfteroient de la traite des Nestes, {eroient tenvoyées en Europe, après que les Negres auroient été débarqués à Buenos-ayres, & que ft leur deftina- tion étoit pour Porto-Belo, Vera-Cruz, Carthagene , & autres ports de l’Amérique Efpagnole; les mar- chandifes feroient portées dans les îles Antilles An- gloifes , fans qu'il fût permis d’en envoyer à la mer du Sud. La maniere d'évaluer & de payer le droit d’affer- te pour chaque Negre, piece d'inde, lorfqu’il arrive fur les terres du roi d'Éfpagne en Amérique, eft la même avec les afientiftes Anglois, qui fe pratiquoit avec les aflientiftes François, c’eft-à-dire , que lorf- que ces Negres font debarqués, les officiers Efpa- gnols, de concert avec les commis de l'affente, en font quatre clafes. | Premiérement, ils mettent enfemble tous les Ne- gres de l’un & de l’autre fexe qui font en bonne fanté, &T qui ont depuis quinze ans jufqu'à trente. Enfuite ils féparent les vieillards, les vieilles femmes & les malades , dont ils font un fecond lot; après fuivent les enfans des deux fexes de dix ans & au-deffus, ju qu'à quinze ; & enfin ceux dépuis cinq, jufqu’à dix: Cé partage étänt fait, on vient à l'évaluation, c'eftä-dire, qu'on compte les Negres de la premiere clafle, qui font fains, chacun fur le pié d’une piece d'inde ; les vieux & les maladés, qui font la feconde clafle, chacun fur le pié de trois quarts de piece d'in- de; les grands enfans dé la troïfieme claffé; trois pour deux pieces; & les petits de la quatrieme , deux pour une piece; & fur cette réduétion on paye le droit du roi. Ainfi, d’une cargaïfon de cinq cens foi- xante & cinq tètes de Nesres, dontil ÿ ena deuxcens cinquante de fains, foixante malades ou vieux, cent cinquante enfans de dix ans & au-deflus, & cent cinquante depuis cinq jufqu’à dix, le roi ne reçoit {on droit que de quatre cent quarante. (G * La guerre commencée entre l’Efpagne &z l’Ans gleterre en 1739, avoit rompu le traité de l’Affiente. Les quatre ans qui reftoient, ont été rendus par la paix de 1748: | ASSIENTISTE, celui qui a part, qui a des a@ions dans la compagnie de l’affiente. 7. AsstENTE. (G). ASSIETTE, rerme de Colleëke , eft la fonttion de lafléeur. Foyez ASSÉEUR: ASSIETTE ; c’eft, en fair de bois , l'étendue des bois défignée pour être vendue. L’afferte fe fait en pré- fence des officiers dés eaux & forêts par l’arpenteur = elle s'exécute par le mefurage , & le mefurage s’affûre par dés tranchées , des layes, & la marque des mar- teaux du roi, du grand-maitre , & de l’arpenteur, aux piés cormiers, & aux arbres des lifieres & parois. Voyez; MARTELAGE. On dit que le Roi donne uné terre en affierte, lorf- qu'il afigne des rentes fur cette terre. ASSIETTE ( Lesrres d’), font des lettres qui s’ob- tiennent en Chancellerie pour faire la répartition. d’une condamnation de dépens fur toute une com- munauté d’habitans. Par ces lettres 1l éft enjoint aux thréforiers de France d’impofer la fomme portée par la condamnation, fur tous ceux de la communauté qui font cottifés à la taille, fans que cette impoñtion puifle nuire , ni préjudicier aux tailles , &c autres droits royaux. | Ces léttres s’expédient au petit fceau jufqu’à la fomme de cent cinquante livres , & même juiqu'& celle de trois cens livres , quand la condamnation eft portée par un arrêt: mais quand la fomme excede celle de cent cinquante livres, ou qu'il y a condam- nation par arrêt , portée au-delà dé trois cens livres ; il faut obtenir des lettres de la grande Chancellerie. (4) à | ASSIETTE du vaiffeau , où vaiffeau en affrette. ( Mar.) Voyez Estive, Un vaifleau en ttes eft celui qui LLECE 77m ASS | eft dans la fitiation convenable pour mieux filer, Mertre un vaileau dans for affiette. ( Z ) ASSIETTE , ( Manéoë. ) L’affierre du cavaliet eft la façon dont 1l eft poié fur la felle : al y a donc une bonne & une mauvaile affiette. On dit qu'un cavalier ne perd point l'affierre | pour dire qu'il eft ferme fur les étriers. L’affierse eft fi importante , que c’eft la feule chofe qui fafe bien aller un cheval. (7) ASSIETTE , nom que donnent es Horlogers à une petite piece de laiton qui eft adaptée fur la tige d’un pignon : c’eft fur cette piece qu'on rive la roue. F7, PiGNoON , ROUE, RIVURE, RIVER, &c. (T) ASSIETTE, ex cermes de Doreur , eftune compoñi- tion qu’on couche fur le bois pour le dorer. Elle fe fait de bol d’Arménie,de fanguine, de mine de plomb, broyés enfemble avec d’autres drogues , fur lefquel- les on verfe de la colle de parchemin , qu’on pañle au- travers d’un linge en le remuant bien avec les dro- gues, jufqu'à ce qu’elles foient bien détrempées. ASSIETTE, terme de Paveurs ; c’eft le nom par le- quel ces ouvriers défignent la furface qui doit être placée dans le fable. L’afferte eft toùjours oppofée à la furface fur laquelle on marche! * ASSIETTE , éerme de Teinture ; c’eft l’état d’une cuve préparée d’ingrédiens, & difpofée à recevoir en bain les étoffes, fils, foie , laine, &c. F. ASSEOTR, ASSIGNAT , f. m. serme de Jurifprudence., ufité fin- gulièrement en pays de Droit écrit, eft l’affeétation {péciale d'un héritage à une rente, qu'on hypothe- que & affied deflus. Quelquefois même le créancier pour donner plus de füreté à l’afégnar, ftipule qu'il percevra lui-même les arrérages de la rente par les mains du fermier de l'héritage fur lequel elle eft afi- gnée. Voyez AFFECTATION 6 HYPOTHEQUE. L’affignar eft un limitatif ou démonfiratif, Dans le premier cas il ne donne qu’une ation réelle : dans l’autre il la donne perfonnelle. Voyez DEMONSTRA- TLF 6 LIMITATIF. … ASSIGNATION , £. £, cerme de Pratique, quifignifie un exploit par lequel une partie eft appellée enjuftice à certain jour, heure & lieu, pour répondre aux fins de lexploit. Voyez ADIOURNEMENT, qui eft à-peu- près la même chofe. Tout ajournement porte affgnation , [ed non vice verfé ; car l’affignation en conféquence d’une faïfie, pour venir affirmer fur icelle, &c lafigration à venir dépofer en qualité de témoin, n’emportent pas ajour- nement. L’af/gnation n’eft cenfée ajournement , que uand celui qu’on affigne eft obligé à fatisfaire aux hs de l'exploit par une convention exprefle ou ta- cite: en tout autre cas, l’affionation n’eft point ajour- nement ; ce n’eft qu’une fommation ou commande- ment fait par autorité de juftice. (A7) ASSIGNATION, darzs le Commerce, c’eft une ordon- nance , mandement ou refcription, pour faire‘payer une dette fur un certain fonds, dans un certain tems, par certaines perfonnes. Lorfque des gens de qualité, ou autres , donnent des affignations à prendre fur leurs fermiers ouautres, à des marchands, 1l eft à propos que ces marchands les faffent accepter par ceux fur qui elles font don- nées pour éviter les conteftations, Quand unefois on a accepté une affignation , on fe rend le débiteur de celui à qui elle a été donnée. Comme ces fortes d’affignations peuvent être né- gociées par ceux à qui elles appartiennent, il eft bon de remarquer qu'il ne faut point s’en charger fans faire mettre deflus, laval de celui qui Pa négociée ; parce qu’on le rend par-là garant du payement, & que d’ailleurs on a trois débiteurs pour un ; favoir, celui qui a donné l’affignarion en premier lieu , celui qui l’a acceptée, & celui qui y a mis fon aval. On ne peut revenir fur ce dernier, mon plus que fur celui quia donné l’affgnation , fansrapporter des diligences en bonne forme qui juftifient Pimpoffbilité qu'on a eue de s’en faire payer par, cel fur lequel elle a été donnée. ASSIGNER , fignifie donner une ordonnance, un mandement, ou une refcription à quelqu'un, pour charger quelqw'autre du payement d’une fomme. (G) ASSIMILATION, f. f. compofé des mots Latins ad, &z femilis | femblable ; fe dit de l’a@tion par laquelle des chofes font rendues femblables, ou ce qui fait qu’une chofe devient femblable à une autre, Voyez Simizr- TUDE. ASSIMILATION , en Phyfique ; {e dit proprement d’un mouvement par lequel des corps transforment d’autres corps, qui ont une difpoñition convenable, en une nature femblable ou homogene à leur propre nature. Voyez MOUVEMENT, Corps, &c. | Quelques philofophes lui donnent le nom de #204- vement de multiplication ; dans l'opinion où ils font que les corps y font multipliés , non pas en nombre, mais en mafle : ce qui s'exprime plus proprement par le mouvement d'augmentation ou d’accroiffement. Voyez ACCROISSEMENT. Nous avons des exemples de cette a/fmilarion dans la flamme qui convertit l’huile & les particules des corps qui fervent à nourrir le feu, en matiere ar- dente & lumineufe. La même chofe fe fait auffi re- marquer dans l’air , la fumée, & les efprits de toute efpece. Voyez FLAMME, FEU, G@c. On voit la même chofe dans les végétaux, où la terre imbibée de fucs aqueux, étant préparée & di- gérée dans les vaifleaux dé la plante, devient d’une nature végétale, & en fait accroître le bois , les feuil- les, le fruit, &c. Voyez VÉGÉTAL, VÉGETATION, SÈVE, Bots, FRUIT, 6c. . Ainfi dans les corps animaux, nous voyons que les alimens deviennent femblables ou fe transforment en fubftance animale par la digeftion, la chylifica- tion , & les autres opérations néceffaires à la nutri- tion. Voyez ALIMENT , DIGESTION , CHYLIFICA- TION , NUTRITION, ANIMAL, &c. (L | * ASSIMSHIRE oz SKIRASSIN , province de l’E- coffé feptentrionale; ou plus proprement païtie de la province de Rofs, le long de la mer, où font les Hébrides. :* ASSINIBOULS ( LAC D’), lac du Canada dans l'Amérique feptentrionale : on dit qu'il fe décharge dans la baie d’Hudfon. | | * ASSINIE , royaume de la Zone-torride, fur la côte d'Or. ASSINOYS ox CONIS , f. m. pl. fauvages qui ha- bitent entre le Mexique & la Louifiane, vers le 32 degré de latitude feptentrionale. ASSIS , adj. fe dit, ez Manége , du cheval & du ca- valier. Celui-ci eft bien ou mal affs dans la felle ; & le cheval eft bien affés fur les hanches , lorfque dans {es airs au manége, & même au galop ordinaire, fa croupe eft plus bafle que les épaules. ASSIS , en termes de Blafon, le dit de tous les ani- maux domeftiques qui font fur leur cul, comme les chiens, les chats, écureuils, & autres. Brachet à Orléans , de gueules au chien braqué ; affis d'argent. (77) ASSISE , terme de Droit , formé du Latin a/f£deo, s’afleoir auprès ; c’eft une féance de juges aflemblés pouf entendre &c juger des caufes. Voyez JUGE 0% JUSTICE, Éc. Afffe fe prenoit anciennement pour une féance extraordinaire que des juges fupérieurs tenoient-dans des fiéges inférieurs & dépendans de leurjurifdiétion, pour voir fi les officiers fubalternes s’acquitoient de leur devoir, pour recevoir les plaintes qu’on faïfoit contre eux, & pour prendre connoïffance des appels que l’on faifoit de ces jurifdi@tions fubalternes. oyex APPEL; 6. En ce fens affife ne fe dit qu’au plurier : ASS il fe tient encore dans quelques jurifdi&ions par ls: juges, fupérieurs dés féances qui font un refte de cet ancien ufäge. AfFfe étoit auffi une cour ou aflemblée de fcigneurs qui tenoïent un rang confidérable dans l’é- tat: elle fe tenoit pour l’ordinaire dans le palais du prince , pour juger en dernier reffort des affaires de conféquence. L'autorité de ces affifès a été tranfpor- tée à nos parlemens. Voyez COUR , PARLEMENT. Les écrivains appellent ordinairement ces affifès, placita, malla publica, ou curiæ generales ; cependant il y a quelque’ différence entre affife & placita, Les vi- comtes qui n’étoient originairement que lieutenans des comtes , & qui rendoient juftice en leur place, . tenoient deux efpeces de cour ; l’une ordinaire qui fe tenoït tous les jours, & qu’on appélloit placitum ; Pau- tre éxtraordinaire appellée affife, ou placitum generale, à laquelle le comte affftoit en perfonne pour l’expe- dition des affaires les plus importantes, #. COMTE; VIicoMTE. De-l , le mot d’affife s’étendit à tous les grands jours de judicature , olil devoit y avoir des jugemens & dés caufes folennelles & extraordinaires. La conftitution des a/fifes d'Angleterre eft aflez dif- férente de celles dont on vient de parler. On peut les définir une cour, un endroit, un tems où des ju- ges & des jurés examinent, décident, expédient des ordres. | Il y a en Angleterre deux efpeces d’affifes ; des gé- nérales & des particulieres. Les affifes générales {ont celles que les juges tiennent deux fois par an dans les différentes tournées de leur département. . Milord Bacon a expliqué ou développé la nature de ces affifes. Il obferve que toutes les comtés du foyaume font divifées en fix départemens ou cir- cuits ; deux jurifconfultes nommés par le roi, dont ils ont une commifion, font obligés d’aller deux fois ‘ l’année par toute l’étendue de chacun de ces dépar- temens : on appelle ces jurifconfultes yuges d’affife ; 1ls ont différentes commiflions, fuivant lefquelles 1ls . tiennent leurs féances. 1°, Une commiflion d'entendre & de juger, qui leur eft adreflée, & à plufieurs autres dont on fait le plus de cas dans leurs départemens refpettifs. Cette commiflion leur donne le, pouvoir de traiter ou de connoître de trahifons , de meurtres , de félonies , & d’autres crimes ou malverfations, Voyez , TRAHI- SON, FÉLONIE, Gc. “à Leur feconde commiffion confifte dans le pouvoir de vuider les prifons , en exécutant les coupables & élargiflant les innocens : par cette commiflon ils peuvent difpofer de tout prifonnier pour quelqu’of- fenfe que ce foit. La troifieme commüffion leur eft adreflée , pour prendre ou recevoir des titres de poffeffion , appel- lés aufli affifés ; & pour faire là-deflus droit &c juf- tice. | Ils ont droit d’obliger Les jugesde paix qüi font fur les lieux , à afifter aux affifès , à peine d’amende. Cet établiflement de juges ambulans dans les dé- partemens , commença au tems d'Henri Il. quoi- qu'un peu different de ce qu'il eft à préfent. L’affife particuliere eft une commifion fpéciale ac- cordée à certaines perfonnes , pour connoître de quelques caufes | une ou deux ; comme des ças où il s’agit de l’ufurpation des biens , ou de quelqu’au- tre chofe femblable : cela étoit pratiqué fréquem- ment par les anciens Anglois. Bra@ton, Ziv. IIT, c. xij. ASSIsE, f. f. c’eften Archireüure un rang de pierre de même hauteur ; foit de niveau , foit rampant , {oit continu ,{oit interrompu par les ouvertures des portes & des croifées. Affife de pierre dure eft celle qui fe met fur les fon- dations d’un mur de maçonnerie , où il n’en faut Tom, Z, ASS qu’une ; deux ou trois , jufqu’à hauteur de retraites Affije de parpain eft celle dont les pierres traver: {ent l’épaifleur d’un mur , comme les affjes qu’on met fur les murs d’échifre, les cloifons , éc.(P) . ASSISE; c’eit chez les marchands Bonnetiers 6: les fabriquans de bas au métier , la foie qu’on étend {ur les aiguilles ,| & qui forme dans le travail , les mail- les du bas. L'art. 2 du reglement du mois de Février 1672, permit aux maitres bonnetiers defaire des bas à quatre brins de trame pour l’a/f/é : mais les abus qui s’en enfuivirent, donnerent lieu à la réforma- tion de cet article ; & l’article 4 de l’arrêt du confeil du 30 Mars 1700 , ordonna que.les foies préparées pour les ouvrages de bonneterie , ne pourront avoir moins de huit brins. Voyez l’article SO1E , & mou- LINAGE DE SOIES. | | ASSISE , ville d'Italie, dans l’état de l’Eglife , au duché de Spolette : on y remarque l'églife de faint François, qui eft à trois étages. Long, 30 , 12. lar, 43 > 4: ASSISTANT, adj. pris fubft. ( H1/£. mod. ) per- fonne nommée pour aider un officier principal dans l'exercice de fes fonétions. Ainfi en Angleterre , un évêque ou prêtre a fept ou huit 4/fffans. Affifflant {e dit principalement d’une efpece de confeillers qui font immédiatement au-deflous des généraux ou {upérieurs des monafteres ; & qui pren- nent foin des affaires de la communauté. Dans la congrégation de faint Lazare , chaque maïfon parti- culiere a un fupérieur & un affiffant. Le général des Jéfuites a cinq affiffans , qui doivent être des gens d’une expérience confommée , choifis dans toutes les provinces de l’ordre ; ils prennent leur nom des , royaumes ou pays qu font de leur reflort, favoir , l'Italie , l’'Efpagne, l'Allemagne , la France, & le Por- tugal. Voyez , GÉNÉRAL, JÉSUITES. Plufieurs compagnies de négocians en Angleterre ont auf leurs 4/£ffans. On appelle encore affiftans ceux qui font condam- nés à afliiter à l’exécution d'un criminel. Voyez AB- SOLUTION. (G) ASSISTANS , adj. pris fubff. s’eft dit ax Palais des deux anciens avocats qui étoient obligés de fe trou- ver à l’audience , pour affifter leur confrere , demari- deur en requête civile , au nom de fa partie. Cet ufage a été abrogé par l’Ordonnance de 1667 , qui veut feulement qu'aux lettres de requête civile {oit attachée la confultation de deux anciens avocats & de celui qui aura fait lerapport ; qu’elle contienne fommairement les ouvertures de requête civile , & que les noms des avocats & les ouvertures foient inferés dans les lettres. (7) ASSISTER , aider , fecourir. ( Gramm. on fécourt dans le danger ; on aide dans la peine ; on affiffe dans le befoin. Le /écours eft de la générofité ; l’aide , de l'humanité ; l’a/fffance , de la commifération. On /£- court dans un combat ; on aide à porter un fardeau ; on affifle les pauvres. Syr. Franc. AS$O, petite ville de la Mingrelie , que quelques- uns prennent. pour Pancienne ville de Colchide , qu'on appelloit Surium , Surum & Archeapolis. ASSOCIATION , £. f. eft l’ation d’aflocier , ou de former une fociété ou compagnie. f’oyez ; ASsO- CIE » SOCIÉTÉ , COMPAGNIE , 6c. ASSOCIATION , eft proprement uïñ contrat où traité , par lequel deux ou plufeurs pérfonnes s’u- niflent enfemble , foit pour s’aflifter mütuellement , . foit pour fuivre mieux une affaire , foit énfin pour vivre plus commodément. La plus ftable de toutes les affociations eft celle qui fe fait par le mariage. AssocrATron d'idées , c’eft quand deux ou plu- fieurs idées fe fuivent & s’accompagnent conftam- ment 8 immédiatement dans l’efprit , de maniere que lune fafle naître infailliblement l’autre , foit | ÉÉeéeïp L] 772 ASS qu'il y ait entr’elles une relation naturelle , ou non. Voyez, IDÉE , DIFFORMITÉ. vb Quandil y a entre les idées une connexion & une relation naturelle , c’eft la marque d’un efprit excel- lent que de favoir les recueillir , les comparer & les ranger dans l’ordre qui leur convient pour s’éclai- rer dans fes recherches : mais quand 1l n’y a point de liaifon entr’elles , ni de motif pour les joindre , & qu'on ne les unit que par accident ou par habitude ; cette affociation non naturelle eftun grand défaut , & ellé eft , généralement parlant , une fource d’er- reurs & de mauvais rafonnemens. Voyez ERREUR. Ainf l’idée des revenans & des efprits n’a pas réel- lement plus de rapport à l’idée des sémebres que celle | de la lumiere : cependant il eff fi ordinaire de joindre les idées de revenans & de rénebres dans l’efprit des enfans , qu'il leur eft quelquefois impoñlible de fépa- rer ces idées tout le refte de leur vie , & que la nuit & l’obfcurité leur infpirent prefque toujours des idées effrayantes. De même, on accoïtume les en- fans à joindre à l’idée de Dieu une idée de forme &t de figure, & parà on donne naïffance à toutes les abfurdités qu'ils mêlent à l’idée de la divinité. Ces faufles combinaifons d’idées font la caufe, felon M. Locke , de l’oppofition irréconciliable qui eft entre les différentes feétes de philofophie & de religion ; car on ne peut raffonnablement fuppoñer , que tant de gens qui foûtiennent des opimions diffé- rentes, & quelquefois contradiétoires les unes aux au- tres , S’en impofent à eux mêmes volontairement & de gaieté de cœur , & fe refufent à la vérité: mais l'éducation , la coûtume , & l’efprit de parti, ont tellement joint énfemble dans leur efprit des idées difparates , que ces idées leur paroïflent étroite- ment unies ; & que n'étant pas maitres de les féparer, ils n’en font pour ainf dire qu’une feule idée ; cette prévention eft caufe qu’ils attachent du fens à un jar- gon ; qu'ils prennent des abfurdités pour des démonf- trations ; enfin elle eft la fource des plus grandes & prefque de toutes les erreurs dont le monde eft infeûté. (X) ASSOCIATION , éerme de Droit Anglois , eft une patente que le Roï envoie , foit de fon propre mou- vement , foit à la requête d’un complaignant , aux juges d’une aflife , pour leur affocier d’autres perfon- nes dans le jugement d’un procès. Voyez Assisg. À la patente d’affociation , le Roi joint un écrit qu'il adrefle aux juges de laffñife , par lequel il leur ordonne d’admettre ceux qu’il leur indique. ASSOCIATION , ez Droit commun , eff l’agrégation de plufeurs petfonnes en une même fociété , fous la condition exprefle d'en partager les charges & les avantages. Chacun des membres de la focièté s’ap- pelle affocié, Voyez ASSOCIÉ 6 SOCIÉTÉ. (AH) ASSOCIATION ox PORTUGA , ile de PAmér: que feptentrionale , à quatorze milles de la Margue- rite, vers l’occident. ASSOCIÉ , adjoint, qui fait membre ou partie de quelque chofe. Voyez ADJOINT , ASSOCIATION. Ce mot eft compofé des mots Latins ad & focius, membre, compagnon: ainfi on dit les affociés du doc- teur Bray, pour la converfion des Négres, éc. ASSOCIÉ , en terme de commerce , eft celui qui fait une partie des fonds avec les autres commerçans , & qui partage avec eux le gam , ou fouffre ia perte au ro-rata de ce qu'il a mis dans la fociété. (G ) ASSOLER ( Agriculture. )fignifie partager les ter- res labourables d’une métairie pour les femer diver- fement , ou les laïfler repofer, quand on en veut fai- re une rafonnable exploitation : en la plüpart des lieux on partage les terres en trois fols ; l’un fe feme en froment , l’autre en menus srains , & le troïfieme refte en jachere.( 4) ASSOMPTION,, f. f. (Théologie. ) du Latin afamp- A SS ño , dérivé d'affumere, prendre, enlever: Ce mot {- M Loir autrefois en général le jour de la mort d’un faint , quia ejus anima in cælum aflumitur. Voyez AN- NIVERSAIRE, Affompiionfe dit aujourd’hui particulierement dans l'Eglife Romaine , d’une fête folennelle qu’on y.céle- bre tous les ans le 1$ d’Août, pour honorer la mort, la réfurreétion & l'entrée triomphante de la fainte Vierge dans le ciel. Elle eft encore particulierement remarquable en France depuis l’année 1638 , que le roi Louis XIII. choifit ce jour pour mettre {a per{on- ne & {on royaume fous la prote@tion de la-fainte Vierge ; vœu qui a été renouvellé en 1738, par le roi Louis XV. attuellement régnant. Cette fête fe célebre avec beaucoup de folennité dans les églifes d'Orient , auffi-bien que dans celles d'Occident : cependant l’affomipiion corporelle de la Vierge n’eft point un article de foi, puifque Péglife ne l’a pas décidé , & que plufieurs anciens & moder- nes en ont douté. Il eft sûr que les Peres des quatre premiers fiecles n’ont rien écrit de précis fur cette matiere, Ufuard, qui vivoit dans le neuvieme fiecle, dit dans fon martyrologe , que le corps de la fainte Vierge ne fe trouvant point fur la terre, l’Eglife, qui eft fage en fes jugemens , a mieux aimé ignorer avec piété ce que la divine Providence en a fait, que d'avancer rien d’apocryphe ou de mal fondé fur ce fujet: plus clepit fobrietas ecclefiæ cum pietate nef, cire, quam aliquid frivolum 6 apocryphum inde tenendo docere ; paroles qui fe trouvent encore dans le marty- rologe d’Adon , & dans plufeurs autres qui n’appel- lent point cette fête l’affomption de la fainte Vierge , mais feulement fon fommeil , dormirio, c’eft-à-dire , la fête de fa mort ; nom que lui ont aufi donné les Grecs , qui l'ont défignée tantôt par peraoaois, trèpas ou paffage , & tantôt par xofunos , fommeil ou repos, Néanmoins , la créance commune de l’Eglife eft que la fainte Vierge eftreflufcitée , & qu’elle eft dans le ciel en corps & en ame. La plüpart des Peres Grecs & Latins qui ont écrit depuis le IV®, fiecle font de ce fentiment ; & le cardinal Baronius dit w’on ne pourroit fans témérité aflürer le contraire. C’eft auffi le fentiment de la Faculté de Théologie de Paris , qui en condamnant le livre de Marie d’Agreda en 1697 ; déclara entre autres chofes , qu’elle croyoïit que la fainte Vierge avoit été enlevée dans le ciel en corps & en ame. Ce qu’on peut recueillir de plus certain de la tradition depuis le IX°. fiecle , c’eft que parmi les ornemens des églifes de Rome fous le pape Pafchal, qui mourut en 824,1l eft fait mention de deux , où étoit repréfentée l”4ffomption de la fainte Vierge en fon corps ; ce qui montre qu’on la croyoit dès-lors à Rome. Il eft parlé de cette fête dans les capitulaires de Charlemagne & dans les decrets du concile de Mayence tenu en 813. Le pape Leon IV. qui mourut en 855, inftitua l’oétave de l4ffomprion de la fainte Vierge, qui ne fe célebroit point encore à Rome. En Grece cette fête a commencé beaucoup plètôt, fous l'empire de Juftinien, felon quelques-uns ; & felon d’autres , fous celui de Maurice , contempo- rain du pape S. Grégoire le Grand. André de Crete fur la fin du VIF. fiecle, témoigne pourtant qu’elle n’étoit établie qu’en peu d’endroits: mais au XII. elle le fut dans tout l’empire par une loi de Pempereux Manuel Comnene. Elle l’étoit alors également en occident, comme il paroît par l’épitre 174 de S. Ber- nard aux chanoïnes de Lyon ; & par la créance com- mune des églifes qui fuivoient l’opinion de l4ffomp- tion corporelle, comme un fentiment pieux, quoi- qu'il n'eût pas été décidé par l’Églife umivertelle. Martyrolog. ancien. Tillemont, if. ecclefraft. Fleu- try, hiff eccléfiaft. tom. VIT. Baillet, vies des Saints. G * ASSOMPTION (Isve DE L’)ile del’Amérique feptentrionale dans le golfe de S. Laurent, & l’ern- bouchüre du grand fleuve dé même nom. Long. 316. lat. 49. 30. | ASSOMPTION , ville de l'Amérique méridionale ; dans.le Paraguai propre; fur la riviere de Paraguai. Long. 323. 40: lat. mérid: 25. 30. ASSON ( Géog. anc. ) ville de l’Éolide, province de PAfie mineure, e’eft maintenant 4/0. On lappel- loit auf jadis apollonie. ASSON AH 04 AssONA, f. m. ( Hiff. mod. ) c’eft le livre des Turcs qui contient leurs traditions. Ce, mot eft arabe ; il fignifie parmi les mahométans , ce que fignifie rifna parmi les Juifs. Sora veut dire une feconde loi , & as eft l’article de ce mot. L’alco- tan çft l'écriture des mahometans , & la /o22a ou l’'affonna contient leurs traditions. Nos auteurs appel- lent ordinairement ce livre-là, Zzufe ou Sonne. Ri- cault, de l'empire Ottoman. Voyez SONNA. (G) ASSONANCE, f. f. terme ufité ez Rhérorique & dans da Poërtique , pour fignifier la propriété qu'ont certains mots de {e terminer par le même fon, fans néan- moins faire ce que nous appellons proprement rire, Voyez RIME. L’affonance qui eft ordinairement un défaut dans la langue angloife, & que les bons écrivains Fran- çois ont foin d’éviter en profe , formoit une efpece d'agrément & d'élégance dans la langue Latine , _ comme dans ces, membres de phrafe , milirem compa- ravit , exercitum ordinavit | aciem luffravit. Les Latins appelloient ces fortes de chûtes /r:4- ter definentia , & leurs théteurs en ont fait une figure de mots. Les Grecs ont aufhi connu & employé les affonances fous le titre d’oucrorexeura. Voyez HOMO10- TELEUTON. (QG ASSORTIMENT , f. m. serme de peinture, qui de- figne proportion & convenance entre les parties. Un bel affortiment, Ces chofes font bien afforties. - On dit encore affortiment de couleur , pour pein- dre, & l’on ne s’en fert même guere que dans ce ? o cas, L’affortiment eft compolé de toutes les couleurs qu'on employe en peinture. (R) - ASSORTIR , ex terme de Plumaffier, e’eft choïfir les plumes de même grandeur , & les aflembler avec des couleurs convenables. : ASSORTIR , ez terme de haras , c’eft donner à un étalon la jument qui lui convient lé mieux , tant par rapport à la figure, que paf rapport aux qualités, On affortir la jument à l’étalon bien ou mal. (7) ASSORUS ( Géog. anc. & mod.) ville de Sicile, entre Enna & Argyrium. Ce n’eft aujourd’hui qu’un petit bourg appellé afaro; ileft baigné parle chryfas. 11 y avoit encore en Macédoine, proche la rivie- re d’Echédore , une ville de même nom. ASSOS ( Géog. anc. ) ville maritime de Lycie, fur un promontoire fort élevé, autre ville de même nom dans l’Eolide. Il y en avoit une troifieme en Mifnie. C’eft de la premiere dont on a dit affon eas , ut citius ad exitit terminos eas. * ASSOUPISSEMENT , f. m. ( Med. ) état de l’a- nimal dans lequel les a&tions volontaires de fon corps êt de fon ame paroïffent éteintes & ne font que fuf- pendues. IL faut en diftinguer particulierement de deux efpeces ; l’un, qui éft naturel & qui ne pro- vient d'aucune indifpofition ; & qu’on peut regarder comme le commencement du fommeil : il eft occa- fionrié par la fatigue, le grand chaud, la pefan- teur de l’atmofphere, &c autres caufes femblables. L'autre, qui naît de quelque dérangement ou vice de la machine, & qu'il faut attribuer à toutes les cau- fes qui empêchent les efprits de fluer & refluer libre- ment , & en aflez grande quantité, de la moelle du cerveau par les nerfs aux organes des fens & des mufcles qui obéifent à la volonté, & de ces organes à Porigine de ces nerfs dans la moelle du cerveau, ASS LE Ces caufes font en grañd nombre: mais on peut les rapporter 1°. à fa plethore. Le fang des plethoriques fe raréfie en été, Il étend les vaifleaux déja fort ten- dus par eux-mêmes ; tout le corps réfifte à cet effort ; excepté le cerveau & le eervelet, où toute l’a&tion cit employée à le comprimer ; d’où il s’enfuit «fou piflement & apoplexie ; 2°. à l'obftruétion ; 3°. à l’ef- fufion des humeurs ; 4°. à la compreffion ; $°. à l’in- flammation ; 6°, à la fuppuration ; 7°. à la gangrene; 8°. à l’inaétion des vaifleaux ; 9°. à leur affaifiement produit par linanition; 10°. à l’ufage de l’opium & des narcotiques, L'opium produit {on effet , lorfqw’il eft encore dans l’eftomac : un chien à quion en avoit fait avaler fut difléqué, & on le lui trouva dans Pef tomac ;1ln’a donc pas befoin pour agir, d’avoir paflé parles veines la@ées ; 11°. à l’ufage des aromates, Les droguiftes difent qu’ils tombent dans l’afozpiffe- ment , quandils ouvrent les caïfles qu’on leur envoye des Indes, pleines d’aromates; 12°. aux matieres {pi- ritueufes , fermentées , & trop appliquées aux nari- nes : celui qui flairera long-tems du vin violent s’en- ivrera & s’affoupira ; 13°. aux mêmes matieres inté= tieurement prifes ; 140, à des alimens durs, gras, pris avèc excès,& qui s'arrêtent long-tems dans l’eftomac. On trouvera aux différens articles des maladies où laffoupiffèment a lieu , les remedes qui conviennent: On lit dans les mémoires de l’Académie des Scien- ces, l’hiftoire d’un afoupiffement extraordinaire. Un hômme de 45 ans, d’un tempérament fec & robufte, à la nouvelle de la mort inopinée d’un homme avec lequel il s’étoit querellé ; fe profterna le vifage con- tre terre, & perdit le fentiment peu à peu. Le 26 Avril 171$, on le porta à la Charité, où il demeura l’efpace de quatre mois entiers ; les deux premiers mois, ilne donna aucune marque de mouvement , ni de fentiment volontaire. Ses yeux furent fermés nuit & jour ; il remuoit feulement les paupieres. Il avoit la refpiration libre & aifée ; le pouls petit & lent, mais égal. Ses bras reftoient dans la fituation où on les mettait. Il n’en étoit pas de même du refte du corps ;1l falloit le foûtenir, pour faire avaler à cet hom- me quelques cueillerées de vin pur: ce fut pendant ces quatre mois fa feule nourriture ; auf devint-il maigre, fec & décharné. On fit tous les remedes ima- ginables pour diffiper cette léthargie ; faignées , émé- tiques, purgatifs , véficatoires, fangfues, &c. & l’on n’en obtint d'autre effet que celuide le réveiller pour un jour, au bout duquel 1l retomba dans fon état. Pendant les deux premiers mois, il donna quelques fignes de vie ; quand on avoit différé à le purger, il fe plaignoit , & ferroit les mains de fa femme. Dès ce tems , il commença à ne fe plus gâter. Il avoit l’at- tention machinale de s’avancer au bord du litoù l’on avoit placé une toile cirée. Il buvoit, mangeoit ; - prenoit des bouillons, du potage, de la viande, & fur-tout du vin, qu'il ne cefla pas d’aimer pendant fa maladie, comme 1l faifoit en fanté. Jamais il ne découvrit fes befoins par aucun figne. Aux heures de fes repas, on lui pañloit le doigt fur les levres , il ouvroit la bouche fans ouvrir les yeux, avaloit ce qu’on lui préfentoit, fe remettoit & attendoit patiem- ment un nouveau figñe. On le rafoit régulierement;; pendant cette opération, il reftoit immobile comme un mort. Le levoit-on après dîner, .on le trouvoit dans fa chaïfe les yeux fermés, comme on ly avoit mis. Huit jours avant {a {ortie de la Charité , on s’a- vifa de le jetter brufquement dans un bain d’eau froi- de: ce reméde le furprit en effet ; il ouvrit les yeux, regarda fixement , ne parla point dans cet état, fa. femme le fit tranfporter chez elle , où il eft préfen- tement , dit l’auteur du mémoire : on ne lui fait point de remede ; il parle d’affez bon fens , 8z il revient de jour en jour. Ce fait eft extraordinaire: le fuivant ne left pas moins: 714 ASS M. Homberg lut en 1707 à l'Académie, l'extrait d’une lettre hollandoiïfe, imprimée à Geneve, quicon- tenoit l’hiftoire d’un affoupiflement ,.caufé par le cha- grin & précédé d’une affeétion mélancolique de trois mois. Le dormeur hollandois l'emporte fur celui de Paris. Il dormit fix mois de fuite fans donner aucu- ne marque de fentiment ni de mouvement volontai- te ; au bout de fix mois, il fe réveilla , s’entretint avec tout le monde pendant vingt-quatre heures,& fe ren- dormit ; peut-être dort-il encore. ASSOUPLIR 7 cheval (en Manege ) c’eft lui faire plier le cou, les épaules , les côtés & autres parties du corps à force de le manier , de le faire troter & galoper. Cheval affoupli, ou rendu fouple. La rêne de dedans du cavecon attachée courte au pommeau, eft très-utile pour affouplir les épaules au cheval. Il faut aider de la rêne du dehors pour affouplir les épaules. On dit, ce pli affouplit extraordinairement le cou à ce cheval. Affouplir & rendre léger eft le fondement du manége. Quand un cheval a Le cou & les épau- les roides , & n’a point de mouvement à la jambe, il faut effayer de l’affouplir avec un caveçon à la Neu- caftle, le troter &c le galoper de telle forte, qu'on le mette fouvent du trot au galop. (7) ASSUJETTIR zx mét ou quelqu’autre piece de bois, c’eft l'arrêter de façon qu’elle n’ait plus aucun mou- vement. (Z) ASSUSETTIR La croupe d'un cheval, & lui élargir le devant. Avec la rêne de dedans & la jambe de de- hors ,on aflujeteit la croupe ; & mettre la jambe in- térieure de derriere à l’extérieure de derriere , étre- cit le cheval, & l’élargit par- devant. Afujestir le derriere du cheval. ASSUR , ( Géog. anc, & mod. ) ville d’Afie , fur la côte de la mer de Syrie ; elle eft prefqu’entierement ruinée. Voyez ANTIPATRIDE. ASSURANCE collatérale | dans la jurifprudence Angloiïfe, eft un aéte accefloire , & relatif à unautre dans lequel on ftipule expreffément une claufe, qui étoit cenfée contenue au premier, pour en affürer d’autant plus l'exécution. C’eft une efpece de fupple- ment d'acte. ASSÛRANCE en droit commun , eît la füreté que donne un emprunteur à celui qui lui a prêté une fom- me d'argent , pour lui répondre du recouvrement d’icelle ; comme gage , hypotheque ou caution. ASSURANCE , o4 police d’afférance , terme de com- merce de mer. C’eft un contrat de convention par le- quel un particulier, que l’on appelle aféreur , {e char- ge des rifques d’une négociation maritime, en s’obli- Seant aux pertes & dommages qui peuvent arriver lur mer aun vaifleau ou aux marchandifesde fon char- gement, pendant fon voyage, foit par tempêtes, nau- frages, échouemens, abordage, changement de route, de voyage ou de vaifleau, jet en mer, feu, prife, pil- lage , arrêt de prince , déclaration de guerre , répré- failles , & généralement toutes fortes de fortunes de mer, moyennant une certaine fomme de fept , huit, dix pour cent , plus ou moins, felon le rifque qu'il y a à courir ; laquelle fomme doit être payée comptant à l’affireur par les affürés en fignant la police d'affu- rance, Cette fomme s'appelle ordinairement prime ou coût d’affurance, Voyez Prime. Les polices d’afférance font ordinairement dreffées par le commis du greffe de la chambre des aff#rances dans les lieux où 1l y ena d’établies ; & dans ceux où il n’y en a point, on peutles faire pardevant no- taires ou fous fignature privée. Dans les échelles du Levant les polices d’affirances peuvent être pañlées en la chancellerie du confulat , en préfence de deux témoins. Ces polices doivent contenir le nom & le domi- cile de celui qui fe faitafürer , fa qualité , foit de pro- priétäire , foit de commiffionnaire , & les efèts fr lefquels l’afférance doit être faite. De plus les noms du navire & du maître, ceux du heu où les matchan- difes auront été ou devront être chargées, du havre ou port d'où le vaifleau devra partir ou fera parti, des ports où 1l devra charger & décharger , & de tous ceux Où 1l devra entrer. Enfin il faut y marquer le tems auquel les rifques commenceront & finiront , les fommes que l’on én- tend afférer , la prime ou coût d’afférance , la foûmit fion des parties aux arbitres en cas de conteftation , & généralement toutes les autres claufes dont elles feront convenues, fuivant les us & coûtumes de la mer. Ordonnance de la Marine du mois d’ Août 1687. Il y a des affürances qu’on appelle fécreres owano- rymes , quife font par correfpondance chez les étran- gers , même entems de guerre. On met dans les po- lices de ces fortes d’affirances , qu’elles font pour compte d’ami , tel qu'il puifle être , fans nommer per- {onne. Il y a encore une autre efpece d’afférance qui eft celle pour les marchandifes qui fe voiturent & fe tranfportent par terre. Cette forte d’afférance {e fait entre Paflüreur & l’aflüré par convention verbale, & quelquefois , mais très-rarement , fous fignature privée. i | L'origine des afftrances vient des Juifs. Ts en furent les inventeurs lorfqu’ils furent chaflés de France en l’année 1182, fous le regne de Philippe-Augufte ; ils s’en fervirent alors pour faciliter le tranfport de leurs “effets, Ils en renouvellerent lufage en 1321, fous Philippe le Long , qu'ils furent encore chaflés du royaume. Voyez le détail dans lequel entre fur ce mot M. Savary , Didfionn, du Commerce, tom. I. p. 753, c. L’Aférance ne s’étend pas jufqu’au profit des mar: chandies ; l’affüreur n’en garantit que la valeur in= trinfèque , & n’eft pas garant des dommages qui ar- riveroierit par la faute du maître ou des matelots ni dés pertes occafonnées par le vice propre de la chofe. L’Affirance n’a point de tems limité ; elle com- prend tout celui de la courfe : une afférance par mois feroit un pate ufuraire. Voyez Usure. (G H) ASSURANCE , 1. f. ( Marine. ) coup d’afftrance, c’eftun coup de canonque l’ontire lorfqu’on a arboré fon pavillon, pour aflürer le vaifleau ou le port de- vant lequel on fe préfente , que l’on eft véritable ment de la nation dont on porte Le pavillon. Un vaif- feau peut arborer fucceflivement les pavillons de nations différentes , pour ne fe pas faire connoitre ; mais il ne peut pas.les aflürer. Un vaifleau ne doit jamais tirer {ous un autre pavillon que lefien. (Z) ASSURANCE fe dit ez Fauconnerie, d’un oifeau qui eft hors de filiere, c’eft-à-dire , qui n’eft plus attaché par le pié ; il y a deux fortes d’afférances , favoir 4 la chambre & au jardin ; on aflùre l’oifeau au jardin afin de le porter aux champs. ASSURANCE , fermeté: on dit ex serme de chaffe, aller d’afférance , le cerf va d'afférance ; il ne court point ,1l va le pié ferré & fans crainte. ASSURE, f. f. rerme de fabrique de tapiferie de haute- life. C’eft le fil d’or , d'argent, de foie ou de laine, dont on couvre la chaine de la tapifferie ; ce qu’on appelle sréme on trame , dans les manufaétures d’étof.. fes & de toiles. Voyez HAUTE-LISSE. ASSURÉ , sér , certain ( Gramm. ) Certain a rap- port à la fpéculation ; les premuers principes font certains : fur, à la pratique ; les regles de notre mo- rale font féres : afféré, aux évenemens ; dans un bon gouvernement lesfortunes font afférées. On eft certain d’un point de fcience , /#r d’une maxime de morale, affuré d'un fait. L’efprit jufte ne pofe que des princi- pes certains, L’honnête homme ne fe conduit que pax dès regles färes. L'homme prudent ne regarde pas la faveur des grands comme un bien affäré. Il faut dou- ter de tout ce qui n’eft pas certain ; {e méfier de tout ce qui n’eft pas für; rejetter tout fait qui n’eft pas bien affäré. Syn. Franc. | ASSÛRÉ , adj. serme de Comimerce de mer, I figni- fie le propriétaire d’un vaifleau ou des marchandifes qui font chargées deflus, du rifque defquelles les af {üreurs fe font chargés envers lui, moyennant le prix de la prime d’affärance convenue entre eux. On dit en ce fens , #7 tel vaiffeau eff affuré, pour faire enten- dre que celui qui en eft le propriétaire la fait afft- rer : ou x tel marchand eff aéré, pour dire qu'il a fait affürer {es marchandiles. L’affüré court toûjours rifque du dixieme des mar- chandifes qu'il a chargées, à moins que dans la po- lice il n’y ait déclaration exprefle qu’il entend faire aflürer le total. Mais malgré cette derniere précau- tion , 1l ne laïfle pas que de courir le rifque du dixie- me , lorfqu'il eft lui-même dans le vaifleau, ou qu'il en eftle propriétaire. Ordonnance dela Marine du mors d'Août 1681. (G) ASSÛRÉ DES PIÉS, ( Manége. ) les mulets font fi affärés des piés, que c’eft la meilleure monture qu’on puifle avoir dans les chemins pierreux & raboteux. (7) ASSURER , affirmer , confirmer , ( Grammaire.) on affüre par le ton dont on dit les chofes. On les afrr- #ne par le ferment : on les confirme par des preuves. Affurer tout , donne l’air dogmatique. Tout affirmer, infpire de la méfiance. Tout corfirmer, rend ennuyeux. Le peuple qui ne fait pas douter, affäre toijours. Les menteurs penfent fe faire plus aifément croire, en affirmant. Les gens qui aiment à parler , embraflent toutes les occafons de confirmer. Un honnête-homme qui affére mérite d’être crû ; 1l perdroit fon caratte- ‘re, s’il afférmoit à l'aventure ; il n’avance rien d’ex- traordinaire , fans Le confirmer par de bonnes raïfons. ASSÛRER,, cerme de Commerce" de mer. Il fe dit du trafic qui fe fait entre marchands & négotians, dont les uns moyennant une certaine fomme d'argent, qu’on nomme prime d'affirance, répondent en leur nom des vaifleaux, marchandifes &c effets que les au- tres expofent fur la mer. On peut faire afférer la liber- té des perfonnes , mais non pas leur vie. Il eft néan- moins permis à ceux qui rachetent des captifs, de faire afférer fur les perfonnes qu'ils tirent de l’efcla- vage, le prix du rachat, que les affüreurs font tenus de payer, fi le racheté faifant fon retour eft pris, ou s'il périt par autre voie que par fa mort naturelle. Les propriétaires des navires , ni lés maîtres ne peu- vent faire affurer le fret à faire de leurs bâtimens, m les marchands le profit efperé de leurs marchandi- fes, non plus que les gens de mer leur loyer. Ordon- nance de la Marine du mois d’ Août 1681. (G) ASSÛRER fon pavillon, ( Marine, ) c’eft tirer un coup de canon en arborant le pavillon de fa nation. Voyez ASSÜRANCE , coup d’afférance, ( Z) | ASSÛRER LA BOUCHE d'un cheval ( Manèége. ) c’eft accoûtumer celui que la bride incommode à en ouffrir l'effet, fans aucun mouvement d’impatience. Affürer les épaules d’un cheval, c’eft l'empêcher de les porter de côté. (7 ASSÛRER #7 0ifeau de proie, c’eft l’apprivoifer, & empêcher qu'il ne s’effraye, ASSÛRER wne couleur , ( Teinture.) c’eft la rendre plus ténace & plus durable. On affäre l'indigo par le paftel. Pour cet effet , on n’en met pas au-delà de fix livres fur chaque groffe balle de pañtel : maïs ce n’eft pas feulement en rendant les couleurs plus fines, & en prenant des précautions dans le mêlange des in- grédiens colorans,qu’on affire les couleurs; il faut en- ‘core les employer avec intelligence. Par exemple, la couleur eft moins afférée dans les étoffes teintes ASS 775 après {a fabrication, que dans les étoffes fabriquées avec des matieres déjà teintes. Il n’eft pas néceflaire de rendre raifon de cette différence ;'elle eft claire, ASSÛRER Le grain | ( terme de Courroyeur.) c’eft donner au cuir la derniere préparation qui forme en tierement ce grain , qu’on rémarque du côté de la fleur dans tous les cuirs courroyés, foit qu'ils foient en couleur ou non. Quand le grain eft afféré , ilne refte plus d’autre façon à donner au cuir que le der- nier luftre. Voyez COURROYER. ASSURETTE , {. f. (terme de Commerce de mer ufité dans le Levant.) Il fignifie la même chofe qu’4/= Jürance. Voyez ci-deffus ASSURANCE. (G) ASSÜREUR ; {. m. ( serme de Commerce de mer, ) il fignifie celui qui affire un vaifleau ou les marchan- difes de fon chargement , & qui s’oblige moyennant la prime qui lui eft payée comptant par lafftré, en fignant la police d’affürance , de réparer les pertes & dommages qui peuvent arriver au bâtiment &c aux marchandifes , fuivant qu’il eft porté par la police. On dit en ce fens , un tel marchand eff l’afféreur d’un tel vaifleau 8 de telles marchandifes, Les affäreurs ñe font point tenus de porter les pertes & dommages arrives aux matchandifes par la faute des maîtres & marimiers , fi par la police, ils ne font pas chargés de la baraterie de patron; ni les déchets, diminutions êc pertes qui arrivent par le vice propre de la chofe; non plus que les pilotage, roüage, lamanage, droits de congé, vifites, rapports, ancrages, &tous autres impofés fur les navires & marchandifes, Ordonn. de la Marine du mois d'Aott1681.(G) . * ASTA,( Géog. anc. & mod. ) ville du royaume d’Aftracan , entre Vifapour & Dabul. Riviere des Afturies , formée de celles de Ove & de Dova ; elle fe décharge dans la mer de Bifcaye à Villa-Viciofa. Quelques Geographes prétendent que c’eft 4 Sura des anciens ; d’autres difent que la Sura eft la Tuer- ta du royaume de Léon. Ruines de l’ancienne ville des Turdeftans, dans l’Andaloufie , fur la riviére de Guadalette ; ces ruines font confidérables. * ASTABAT , ville d’Afie, dans l’Arméme., Long. C4. lat, 39. * ASTACES , fleuve ancien du royaume dé Pont, dans l’Afie mineure. Pline dit que les vaches qui paif- foient fur fes bords , avoient le lait noir , & que ce lait n’en étoit pas moins bon. | * ASTACHAR, ville de Perfe , que les anciens ap- pelloient affacara, près du Bendimir & des ruines de Perfepolis. | * ASTAFFORD, ox ESTERAC, contrée de France, ‘ dans le bas Armagnac. * ASTAGOA , ville du Monoémuei, eñ Afrique, fur les confins du Zanguebar, &les rivieres des bons Signes. % ASTAMAR , ACTAMAR, o7 ABAUNAS, grand lac du pays des Indes, dans la Furcomanie. Il re- coit plufieurs rivieres , & ne fe décharge par aucune. On l’appelle auffi Zac de Vaflan, 6 lac de Van, lieux fitués {ur fes bords. * ASTARAC oz ESTARAC , petit pays de Fran ce, en Gafcogne , entre Armagnac, le Bigorre & la Gafcogne. | | ASTAROTH, (Alf. anc. & Théol. ) idole des Philiftins que les Juifs abattirent par le commande- ment de Samuel. C’étoit aufli le nom d’un faux dieu des Sidoniens , que Salomon adora pendant fon ido- latrie. Ce mot fignifie srowpeau de brebis &t richeffes. Quelqués-uns difent que, comme on adoroit Jupiter Ammon, ou le Soleil , fous la figure d’un bélier , on adoroit aufli Junon-Ammonienne , où la Lune, fous la figure d’une brebis, & qu'il y a apparence qu’ 4, tatoth étoit l’idole de la Lune, parce queles auteurs Hébreux le repréfentent fous la forme d’une brebis, & que fon nom fignifie re sroupeau de brebis. D’autres 776 ASS \ croyent que v'étoit un roi d’Affyrie, à qui l’on rer? dit des honneurs divins après fa mort, & qui fut ainfi nommé , < caufe de fes richeffes : mais cette idée #’a aucun fondement ; il y a beaucoup plus d’appa- rence qu’Affarorh eft la Lune que les peuples d’O- tient adoroient fous différens noms. Elle étoit con= nue chez les Hébreux, fous Le nom de /a-reine du ciel ; chez les Egyptiens, fous le nom d’1fs ; chez les Ara- bes., fous celui d’A/irra ; les Affyriens la nommoient Mylitta , les Perfes Merra, & les Grecs Diane. Baal & Aflaroth font prefque toûjours joints dans l'Ecri- ture, comme étant les divinités des Sidoniens. Thom. Godwin, de ritibus Hebræor. Ælien, Tertull. 27 apolo- getic. Cicer. de Narur. deor. L. III. Stxab. Hefyc. (G) * ASTAROTHITES, {. m. pl. Ç Hift. anc. ) feête de Juifs, qui adoroient 4/azroch & le vrai Dieu, joi- gnant ces deux cultes enfemble, On dit qu'il y eut de ces idolatres depuis Moyfe, jufqu’à la captivité de Babylone. ASTATHIENS , f. m. pl. ( Théol.) hérétiques du neuvieme fiecle, & feétateurs d’un certain Sergius, qui avoit renouvellé les erreurs des Manichéens. Ce mot eft dérivé du Grec, & formé d'à privatif fans , & d’isnpu, flo, je me tiens ferme ; comme qui diroit va- riable, inconftant ; {oit parce qu'ils ne s’en tenoient pas à la foide l’Eglife, foit parce qu'ils varioient dans leur propre créance. Ces hérétiques s’étoient forti- fiés fous l’empereur Nicephore qui les favorifoit : mais {on fuccefleur Michel Curopalate les réprima par des édits extrèmement féveres, On conjeéture qu'ils étoient les mêmes que ceux que Theophane & Cedrene appellent arthiganiens, parce que Nice- phore & Curopalate tinrent chacun à l'égard de ceux- ci la conduite dont nous venons de parler. LeP. Goar dans fes notes fur Theophane à lan 803, prétend que ces troupes de vagabonds connus en France, fous le nom de Bohemiens ou d’Egyptiens, étoient des reftes des «ffathiens. Son opinion ne s'accorde pas avec le portrait que Conftantin Porphyrogenete & Cedrene nous ont fait de cette feéte, qui née en Phrygie, y domina, & s’étendit peu dans le refte de l'empire, & qui joignant l’ufage du baptême à la pratique de toutes les cérémonies de la loi de Moyfe , étoit un mélange abfurde du Judaifme & du Chriftianifnte, G c 1e. ATTICUS ; où OCULUS CHRISTI, ( Jardinage. ) plante vivace de la grande efpece , à plufieurs tiges rougeûtres garmies de feuilles oblon- gues d’un verd clair, La fleur eff radiée , agréable à la vüe, de couleur bleue, ou violette, quelquefois blanche , & jaune dans le milieu ; fes fommets font oblongs , garmis chacun d’une aigrette. Il y en a deux différentes , par rapport aux feuilles ; elles croiffent dans des lieux incultes , & fe multiplient de racines éclatées. On les voit en fleur dans l’automne : on les place dans les parterres, dans les boulingrins, & en- tre les arbres ifolés &c Le long des murs de terraffes & des allées rampantes. ( X * ASTERABAT oz ASTRABAT, ville d’Afe dans la Perfe, au pays ; fur la riviere, & proche le golfe de mêmenom, vers la mer Cafpienne. Long. 72. 5. lat. 36. 50. ASTERIPHOLE, en latin afferipholis, eftun genre de plante qui.produit de petites têtes écailleutes où {ont des fleurs , dont les fleurons font au milieu du difque , &c les demi-fleurons rangés fur la couronne ; cette plante porte des femences en aisrettes qui font féparées les unes des autres fur le fond du calice par des écailles. Pontedere Differt. 10. Voyez HERBE, PLANTE, BOTANIQUE. (1) * ASTERION , ( Mysh. ) fleuve du pays d’Argos dans les eaux duquel croifloit une plante , dont on faioit des couronnes à Junon l’Argienne. Le fleuve Aficrion fut pere de deux filles nommées Ewbora Por- cymna,&t Acrona, Qui fervirent , à ce qu’on dit , dé nourrices à Junon. ASTÉRIQUE, f. m. ferme de Grammaire & dm primerie ; c’eit un figne qui eft ordinairement en for me d'étoile que l’on met au-deflus où auprès d'un mot , pour indiquer au leéteur qu’on le renvoye à un figne pareil, après lequel il trouvera quelque remar- que ou explication, Une fuite de petites étoiles indi- que qu'il y a quelques mots qui manquent. Ce mot étoit en ufage dans le même fens , chez les anciens; c’eft un diminutif de açnp, étoile. Ifidore en fait mention au premier livre de fes origines. Sze/la enim doip, græco fermone dicitur , à quo afferifeus, ftellula, ef derivatus ; & quelques lignes plus bas, il ajoûte, | qu'Ariftarque fe fervoit d’afférique allongé par une petite ligne «— pour marquer les vers d'Homere que les copiites avoient déplacés. Æfferifeus cum obelo ; häc propriè Ariflarchus utebatur in iis verfibus qui non Juo loco pofiti erant. id. ibid, Quelquefois on fe fert de l’aférique pour faire re- marquer un mot ou une penfée : mais il eft plus ordi- naire que pour cet ufage , on employe cette mar- que NB , qui figmfe zota benè , remarquez bien. * L’afférique eft un corps de lettre qui entre dans l’'aflortiment général d’une fonte. Son œil a la figu- re qu'on a dit ci-deflus. ASTERISME , afterifnus , {. m. fignifie ez Affro- 7omie, la même chofe que corflellation. Voyez CONS- TELLATION. Ce mot vient du Grec dcp, flella, étoi- le. Voyez ÉTOILE. (O ) ASTERISQUE , afferifcus , genre de plante à fleur radiée, dont le difque eft compofé de plufieurs fleu- rons , && dont la couronne eft formée par des demi- fleurons qui font pofés fur des embryons, & qui font foûtenus par un calice étoilé qui s’éleve au-deffus de la fleur. Les embryons deviennent dans la fuite des femences plattes & bordées pour l'ordinaire, Tour nefort, Inf£. rei herb. Voyez PLANTE. (1) ASTEROIDES , genre de plante à fleur radiée ; c’eft-à-dire , dont le difque eft compofé de plufieurs fleurons, & la couronne de demi-fleurons qui tien- nent à des embryons , & qui font placés fur un calice écailleux. Les embryons deviennent dans la fuite des femences ordinairement oblongues. Tournefort , Co- rol. inff. rei herb. Voyez PLANTE. (1 *ASTECAN, o4 ASCHIK AN, ville d’Afie, dans la contrée de Mawralnaher , & la province de Al-Sogde. *ASTETLAN, province du nouveau royaume de Mexique , dans l'Amérique feptentrionale , proche de la province de Cinaloa, vers cette mer Rouge que les Efpagnols ont nommée war Wermego. * ASTÉZAN , ox COMTE D’AST, pays d'Italie, au Piémont , qui le borne au couchant ; il eft durefte enclavé dans le Montferrat. ASTHME, {. m, (Med.) difficulté de refpirer , mala- die de poitrine, accompagnée d’une efpece de fifle- ment. On lui a aufli donné les noms de dyfpnée & d’orthopnée, mots tirés du Grec, & que l’or doit ren- dre en François, par ceux de re/piration difficile, ow refpiration debout ; fituation favorable au malade , lorfqu'il eft dans un accès d’affhme. Les caufes générales de l’affhme, {ont toutes les maladies qui ont affeété ou affectent quelques .par- ties contenues dans la poitrine, & ont occafonné quelque délabrement dans les: organes de la refpira- tion ; telles font l’éréfipele du poûmon, ou linflam- mation de cette partie ou de quelqu’autre, dont la fonétion eft néceffaire à la refpiration , fur-tout lorf- que cette inflammation a dégénéré en fuppuration, & qu'il fe rencontre quelque adhérence à la pleure où au diaphragme. On peut encore mettre au nom- bre de çes çaules, le vice de conformation de la poi- | trine, trine , tañt dans les parties intériéures que dans les extérieures. 1°, Les caufes prochaines ou particulieres de l’a/f#- me , font la trop grande abondance de fang provenant des caufes de la pléthore uniwerfelle , comme la fup- preflion de pertes de fang ordinaires , le changement fubit d’ug air chaud en un froid , l’nfage immodéré d’alimens fucculens; & alors cette efpece d’affhme s'appelle féc, & felon Willis cozvulfif. 2°. La fura- bondance d’humeurs féreufes, qui refluant du côté des poùmons , abreuvent le tiflu de leurs fibres , & le rendent trop lâche & peu propre à recevoir & chaffer l’air qui y eft apporté, & par le moyen duquel s'exécute la refpiration ; c’eft particulierement à cette efpece d’affhme que font fujets les vieillards ; on lap- pelle a/ffhme humide où humoral. Il fuit pour expliquer lé retour périodique de cette maladie, de faire attention à ce que je viens de dire fur fa caufe ; dès qu’il fe rencontrera quelque révolution qui la déterminera , elle occafionnera un accès d’affhme; les changemens de tems, de faifon; le moindre excès dans l’ufage des chofes non-natu- relles , font autant de caufes déterminantes d’un ac- cès d’affhme. Cette maladie eft ordinairement de longue durée, & aufli dangereufe qu’elle eft fâcheufe ; en effet, un malade fujet à l’affhme , croit à chaque accès dont il eft attaqué, que ce fera le dernier de fa vie; rien n’é- tant plus néceflaire pour la confervation que la ref- piration , la crainte qu’il a de ne pouvoir plus refpi: rer eft certainement bien légitime. La fuite ordinaire de l’'afhme, fur-tout de celui que nous avons nommé hwride , eft l’hydropifie de poi- trine ; 1l eft donc queftion de faire tous fes efforts pour prévenir cette funefte fin dans ceux qui en font me- nacés ; pour cet effet, on ufera de remedes qui pour- +ont diminuer la trop grande quantité de férofités , &t en même tems donner du reflort aux fibres des poümons , & les mettre eu état de réfifter à cette af fluence de liqueurs nuifibles. La faignée eft un reme-. de très-indiqué dans l’affhme fec ou convulfif, qui eft ordinairement accompagné d’ardeur & de fievre ; les délayans , la diete, &c tout ce qui peut diminuer la quantité & l’effervefcence du fang , font aufi d’un très-prand fecours. (N) ASTHMÉ , adj. erme de Fauconnerie , fe dit d’uñ oïfeau qui a le poñmon enflé & qui refpire difficile- ment ; On dit : ce tiercelet eft 4//hmé, il faut s’en dé: faire. - * ASTT, ville d'Italie, dansle Montferrat , fur Le Tanaro. Long. 24. 50. lat. 44.50. ASTIC , 1. m. eft un os de jambe de mulet ou de cheval qui fert à lier les femelles ; on met de la graifle dans le trou du milieu pour-graifler les alê- nes. Voyez la figure 9. Planche du Cordonnier Bottier. - L’afhc de bois eft à peu près femblable à celui d’os. Voyez la figure 8. | * ASTINGES , f. m. pl. (Æifl. anc.) peuples in- connus qui vinrent dans la Dace offrir du fecours aux Romains , à condition qu’on leur accorderoïit dés ter: res : ils furent alors refufés : mais Marc-Aurele ac- cepta leurs offres l’an 170 de J..C. &ilsfe battirent contre les ennemis de Pempire: * ASTOMES, f. m. pl. peuples fabuleux qui n’a: voient point de bouches ; Pline les place dans l’Inde ; d’autres les tranfportent bien avant dans l’Afrique : ce nom vient de l’? privatif, & de sue, bouche: On prétend que cette fable a été occafonnée par l’a: verfion que certains Africains, qui habitent fur les bords du Sénéga, branche du Niger, ont de montrer leur vifage. * ASTORGA , ville d'Efpagne, au royaume de Léon, fur lariviere de Tuerta. Long. 12. lat. 42. 10. . * ASTRACAN, ville de la Mofcovie Afiatique , Tome I, - Fu AST 177 dans a Tartarie; capitale du royaume de mêine om. Comme il n’y pleut point, on n’y feme aucun grain ; le Volga s’y débérde : depuis 4fracan jufqu’à T'erxi , il y a de lonoues bruyerés le long de la mer Cafpien- fe, qui donnent du fel en grande quantité ; elle eft fituée dans une île que forme Le Volga. Long. 6 7. lat, 46. 27. ASTRAGALE, açpayanoc ,» en Anatomie , eftun o$ du tarfe, qui a une éminence convexe, articulée par ginglyme avec le tibia. L’affragale eft le plus fupé- rieur de tous les os du tarfe, Voyez TARSE. Quelques-uns appliquent lenom d’affragale aux ver- tebres du cou. Homere dans fon Odyflée, employé ce terme dans ce fens. Voyez VERTEBRE. On peut diftinguer dans l’affragale cinq faces, qui font prefque toutes articulaires & revêtues d’un cartilage. La face fupérieure eft convexe, & un peu con- cave dans fa longueur, & eft articulée avec le tibia; inférieure eft concave , comme divifée en deux fa- cettes articulaires, féparées parune gouttiere, & s’ar- ticule avec [e calcañneum ; l’antérieure eft arrondie & articulée avec le fcaphoïde ou naviculaire. Des deux latérales qui font les moins confidérables, la latérale externe qui eft la plus grande, eft articulée avec la malléole externe, & la latérale interne avec la malléole interne. Voyez MALLÉOLE, Gc. ASTRAGALE, f. m. eft un membre d’Architeture compofé de deux moulures ; l’une ronde, faite d’un demi-cercle, l’autre d’un filet. Prefque tous les au- teurs, les architeétes, & les ouvriers, donnent ce nom à la moulure demi-ronde ; & par-tout ailleurs ils fe fervent du mot baguerte, Mais le nom d’affragale doit s’entendre de ces deux moulures prifes enfem- ble & non féparément : tous les fûts fupérieurs des colonnes font terminés par un a/fragale qui leur appättient, & non au chapiteau , à l’exception dé l’ordre tofcan & dorique ; quelquefois à l’ordre ioni- que , la baguette appartient au chapiteau, dans la crainte qué cette moulure appartenant à la colonne, ne rendit fon chapiteau trop bas & trop écrafé, Il faut remarquer que cette derniere obfervation n’a heu que dans le cas où Les fûts d’une colonne font d’une matiere, & les chapiteaux de l’autre ; favoir les premiers de marbre , les derniérs de bronze, où bien les füts de marbre noir, & les chapiteaux de mar- bre blanc. Car lorfque ces deux parties de l’ordre {ont de pierre, alors l’identité de la matiere empê- che cette remarque ; mais il n’en efl pas moins vrai qu'il faut obferver par rapport à la conftruétion que l’affragale | ou au moins le filét de ce membre d’ar- chiteture appartient au fût de la colonne ou pilaf= tre ; en voici la raifon. L: L’ufage veut que l’on umiffe le fût des colonnes à l’affragale par un congé. Orce congé n’eft autre chofe qu'un quart de cercle concave ; qui ne peut terminer feul le fût fupérieur ou inférieur d’une colonne ; il faut qu'il foit accompagné d’un membre quarré , qui par fes angles droits aflüre la folidité, le tranfport , & la pofe du chapiteau & de li colonne ; ce qui ne fe pourroit , de quelque matiere que l’on voulüt faire, choix, fans que ce congé fût fujet à fe cafler ou s’en- grainer. (P) h | Ce petit membre d’architetture fe voit aufl fur les pieces d’artillerie ; 1l leur fert d'ornement comme il feroit a une colonne. Il y en a ordinairement trois fur uné piece, favoir l’a/fragale de lumiere, cehu de cein- ture, & celui de volée. Voyez CANON. (Q ) ASTRAGALE, fm: affragalus ;( Hifl. nac. bor.) genre de plante à fleurs papilionacées; 1l fort du cälice un: piftil enveloppé d’une sn ; ce piftil devient dans: la fuite une goufle divifée en deux loges remplies de femences qui ont la figure d’un rein : ajoûtez aux caracteres de ce genre, que les feuilles DE par. | | FFF 775 AST Paires le long d’une côte terminée par une feule feuille. Tournefort , nf, rei herb. Voyez PLANTE. ASTRAGALOIDE, genre de plante à fleurs pa- pilionacées ; il s’éleve du calice un pifhl qui devient dans la fuite une filique à peu près de la figure d’un bateau , & remplie de femences femblables à de petits reins. Tournefort, Z4f2. rei herb. Voyez PLANTE. (1) | ASTRAGALOMANCIE , f. f. divination ou ef- pece de fort, qui fe pratiquoit avec des offelets ou des efpeces de dés marqués des lettres de l’alphabet w’on jettoit au hafard; & des lettres qui réfultoient a coup , on formoit la réponfe à ce qu’on cherchoit. C’eft ainf qu'on confultoit Hercule dans un temple qu’il avoit en Achaïe , & que fe rendoient les oracles de Gerion à la fontaine d’Apone, proche de Padoue. Hijt. de l’Acad. des Infeript. tom. £, pag. 122. Ce mot eft formé d’aspayance , offeler, ou petit os qui eft frequent dans les animaux, & de pœvrela , divina- tion. Quand on y employoït de véritables dés , «l£u, on la nommoïit xuCouavrés , cubomantie. Delrio re- marque qu'Augufte & Tibere étoient fort adonnés à cette efpece de divination , & 1l cite en preuve Suétone ; mais cette hiftorien ne dit rien autre chofe, finon que ces princes aimoient fort le jeu des dés, &c cela par pur divertiflement ; ce qui n’a nul rap- port à la divination. (G) ÿ ASTRAL. Ce mot vient du Latin a/frum , qui lui- même vient du mot Grec asp, écoile. Il eft peu en ufage: mais on s’en fert quelquefois pour figrufier ce qui a rapport aux étoiles, ou qui dépend des étoiles & des aftres. Voyez ÉTOILE. Année aftrale , ou fidéréale , c’eft le tems que la ter- re employe à faire fa révolution autour du foleil ; c’eft à-dire , à revenir d’un point de fon orbite au même point. Elle eft oppofée à l’année tropique, qui eft le tems qui s'écoule entre deux équinoxes de prin- tems ou d’automne ; & cette année eft plus courte que l’année fidéréale, qu’on appelle autrement arrée anomaliflique Où périodique. Voyez SIDERÉAL 6 AN- NÉE. (0) ASTRANTIA , fanicle de montagnes , ( Hifi. nat. bot, ) genre de plante à fleurs en rofe, difpoiées en forme de parafol ; la pointe des pétales eft ordinai- rement repliée : ces pétales font pofés fur un calice qui devient un fruit compofé de deux femences, dont chacune eft enveloppée dans une coeffe cannelée & frée. Les fleurs font raflemblées en un bouquet foû- tenu par une couronne de feuilles. Il y a aufli des fleurs ftériles qui font fur leur calice. Tournefort Tnf£. rei herb. Voyez PLANTE. (1) : ASTRE , affrum, 1. m. eft un mot général qui s’ap- plique aux étoiles, tant fixes qu’errantes ; c’eft-à-di- re , aux étoiles proprement dites , aux planetes , & aux cometes. Voyez ÉTOILE , PLANETE, Gc. Affre fe dit pourtant le plus ordinairement des corps céleftes lumineux par eux-mêmes , comme les étoiles fixes & le foleil. Foyez SOLETE. (0) *ASTRES, ( Myth.) les payens ont adoré les affres ; ils les croyoient immortels & animés , parce qu'ils les voyoïent fe mouvoir d’un mouvement con- tinuel , & briller fans aucune altération. Les influen- ces que le foleil a évidemment fur toutes.les produc- tions de notre globe’, les condunfirent à en attribuer de pareilles à la lune , & en généralifant cette idée, à tous les autres corps céleftes. Il eft fingulier que la fuperftition fe fort rencontrée ici avec l’Affrologie phyfique. | ASTRE, {. m. afler, ( Hit, nat, bor. ) genre de plante à fleur radiée, dont le difque eft compofé de fleurons ; & dont la couronne eft formée par des de- mi-fleurons qui font pofés fur des embryons , & foù- tenus par un calice écailleux ; les embryons devien- ent dans la fuite des femences garnies d’aigrettes , AST & attachées au fond du calice. Tournefort, Inf?. rei herb. Voyez PLANTE. (1) | * ASTRÉE ,( Mych. ) fille d’Aftréus & de Thémis, & mere de l’équité naturelle, de cette équité avec la- quelle nous naïflons, & dont la notion n’eft point dûé à la crainte des lois humaines. Elle habita {ur la terre tant que dura l’âge d’or : mais quand les hom- mes cefferent entierement d’entendre fa voix, & fe furent fouillés de crimes , elle s’envola au ciel, où elle fe plaça, difent les poëtes, dans le figne de la Vierge. Il paroït que ce ne fut pas fans regret qw’elle quitta la terre, & qu’elle y feroit encore , fi la mé- chanceté nel’eût pourfuivie partout. Exilée des villes, elle fe retira dans les campagnes, & parmi les la- boureurs ; & elle n’abandonna cet afyle que quand le vice s’en fut encore emparé. On la peint , dit Aulu- gelle , fous la figure d’une vierge quia le regard for- midable. Elle a l’air trifte : maïs {a triftefle n’ôte rien à fa dignité : elle tient une balance d’une main , & une épée de l’autre. Il paroît qu’on la confond {ou- vent avec Thémis , à qui l’on a donné les mêmes at- trinuis. | ASTRINGENT , adj. ( Med. ) nom que l’on don- ne à certains remedes. Ce mot vient du Latin affrir- gere, reMlerrer , parce que la propriété de ces reme- des eft de refferrer ; c’eft-à-dire, lorfque les déjec- tions d’un malade font trop liquides, d’en corriger la trop grande fluidité , & de leur donner la confiftan- ce qui leur eft néceflaire, & qui prouve la bonne dif pofñition des organes de la digeftion. On doit compter de deux fortes d’affringens ; fa< voir, ceux qui mêlés avec les liqueurs de Peftomac & des inteflins , en abforbent ; moyennant leur par tie terreftre, une certaine quantité ; d’autres qu pi- cotent & irritent les fibres circulaires des glandes in- teftinales , & les obligent par cette contraétion à ne pas fournir avec tant d’abondance la lÿmphe qu’elles contiennent L’adminiftration de ces remedes eft très-dangereu- fe, & demande toute la prudence poñible. Les acci- dens qui arrivent journellement de l’ufage de ces re- medes pris à contre-tems , c’eft-à-dire , fans avoir évacué auparavant les humeurs nuifibles , prouvent avec quelle circonfpeétion on doit les employer. L’ufage extérieur des affringens a rapport au mot Jlyptique. Voyez STYPTIQUE. ( N) ASTROCHYNOLOGIE, affrocynologia ; mot compoié du Grec æ'opor ; affre | nvuv , chien, 8 Aoyec, diféours , traité, C’eit le nom d’un traité fur les jours caniculaires, dont 1left fait mention dans les aétes de Léipfc , ann. 1702. mois de Décem, page 514. Voye CANICULAIRE. À ASTROITE, ff. aftroires ( Hifi. nat.) On a confon- du fous ce nom deux chofes de nature très-différen- te; favoir , une prétendue plante marine que M. de Tournefort a rapportée au genre des madrepores , voyez; MADREPORE ; & une pétrification. Il ne fera queftion ici que de la premiere ; &c on fera mention de l’autre au mot elite. Voyez STELLITE. L’af/roire dont 1l s’agit eftun corps pierreux, plus où moins gtos , orgarufé régulierement, de couleur blanche, qui brunit par différens accidens. L’a/froite fe trouve dans la mer ; il y a fur fa partie fupérieure des figu- res exprimées, partie en creux, partie en relief, qui {ont plus où moins grandes. On a prétendu , que ces figures repréfentent de petits aftres ; d’où vient le nom d’affroite, On a crû y voir des figures d'étoiles ; c’eft pourquoi on a aufli donné le nom de pierre étoz- lée à l’aféroire , lorfqu’on croyoit que c’étoit une pier- re ; alors on la mettoit au nombre des pierres fieu- rées : enfuite on l’a tirée de la claffe des pierres pour la riettre au rang des plantes marines pierreules ; &c enfin laffroitea paflé dans le regne animal, avec d’au- tres prétendues plantes marines, lorfque M. Peyflop- ñel a eu découvert des infectes au lieu de fleurs dans ces corps marins, comme il fera expliqué au mot plante marine. V,PLANTE MARINE. II y a plufieurs ef- peces d’affroïte, qui different par la grandeur des fi- gures dont elles {ont parfemées : les plus petites ont environ une ligne de diametre, & les plus grandes ont quatre à cinq lignes. PI. AXTIT. fe. 3. Ces fi- gures font rondes, & terminées par un bord cireu- laire plus ou moins faillant, Il y a dans l’aire de cha- cun de ces cercles des feuillets perpendiculaires qui s'étendent en forme de rayons depuis le centre juf- qu'à la circonférence. Ces feuillets font {éparés les uns des autres pat un efpace vuide, & ils traverfent l'affroite du deflus au deflous ; ce qui forme autant*de cylindres qu'il y à de cercles fur la furface fupérieu- re. Ces cylindres ont un axe qui eft compofé dans les plus gros de plufieurs tuyaux concentriques. Il y a une forte d’affroite qui eft figurée bien différemment ; PI, XXIIT. fig. 2. Sa furface fupérieure eft creufée par des fillons ondoyans , qui forment des contours irréguhers que l’on a comparés aux anfra@uofités du cerveau : c'eft à caufe de cette reflemblance que l’on a donné à l’efpece d’affroite dont il s’agit le nom de cerveau de mer. Cette aftraire eft compofée de feuillets perpendiculaires, poiés à une petite diflance l’un de l'autre , quis’étendent depuis la crête jufqu’au fond du fillon, & qui pénetrent jufqu’à la furface inférieure de l’affroite | comme dans les autres efpeces. On trouve aflez communément des a/froires foffi- les, & des affroites pétrifiées. M. le comte de Treflan vient d'envoyer au Cabinet d'Hifloire naturelle plu- fieurs efpeces de ces affroïtes pétrifiées, avec une grande quantité d’autres belles pétrifications, qu'il a trouvées dans le Toulois , le Barroïis, & d’autres provinces voifines qui font fous fon commande- ment. Tous ceux qui comme M. de Treflan {auront recueillir des pétrifications , avec le choix d’un hom- me de goût & les lumieres d’un naturalifte, trouve- ront prefque par-tout des corps marins , tels que Paf troite , foffiles ou pétrifiés. Il eft plus rare de les trou- ver pétrifiés en marbre & en pierre fine, furtout en fubftance d’agate. Les a/froites qui font pétrifiées en agate, reçoivent un trés-beau poli, & les figures qu'on y voit font un afflez joli effet : on les employe pour faire des boïtes & d’autres bijoux : il y en a beaucoup en Angleterre ; c’eft pourquoi nos lapidai- res les ont nommées cailloux d’ Angleterre | maïs im- proprement, Ÿyez CAILLOU D'ANGLETERRE. Il {e trouve aufli à Touque, en Normandie , de ces affroi- tes pétrifiées en agate. Voyez PÉTRIFICATION, Fos- SILE. ASTROLABE , f. m. ( 4ffron. ) fignifioit ancien- nement un fyftème ou aflemblage de différens cercles de la fphere, difpofés entr’eux dans l’ordre & dans la fituation convenable, Voyez CERCLE € Spxere. Il y apparence que les anciens a//rolabes avoient beaucoup de rapport à nos fpheres armillaires d’au- jourd’hui. Voyez ARMILLAIRE. Le premier & le plus célebre de ce génre étoit celui d’'Hipparque , que cet aftronome avoit fait à _ Alexandrie, & placé dans un lieu für & commode pour s’en fervir dans différentes obfervations aftro- nomiques. Ptolomée en fit le même ufage: mais comme cet infirument avoit différens inconvéniens , il prit le parti d’en changer la figure, quoiqu’elle fût parfai- tement conforme à la théorie de la fphere ; & il ré- duifit l’affrolabe à une furface plane , À laquelle il don: na le nom de planifphere, Voyez PrAnispneres. Cette réduction n’eft poffible qu’en fuppofant qu'un œil, qui n’eft pris que pour un point , voit tous les cercles de la fphere, & les rapporte à un plan; alors al fe fait une repréfentation ou projeétion de la fphe- Tome I, AST 779 re, applatie & pour ainfi dire écrafée fur ce plan, qu'on appelle plan de projettion. Un tableau n’eft qu’un plan de projetion, placé entre l’œil & l’objet, de maniere qu’il contient tou- tes les traces que laifferoïent imprimées fur la fuper: ficie tous les rayons tirés de l’objet à l'œil: mais en fait de planifpheres où d’affrolabes , le plan de pro- jeétion eft placé au-delà de l’objet, qui eft toïjouts la fphere. Il en eft de même des cadrans, qui font aufli des projeétions de la fphere, faites pat rapport au foleil. Il eft naturel & prefqu'indifpenfable , de prendre pour plan de projeétion de la/frolabe quel- qu'un des cercles de la fphere, ou au moins un plan qui hui foit parallele ; après quoi refte à fixer la po- fition de l’œil par rapport à ce plan. Entre le nombre infini de planifpheres que pouvoient donner les dif= férens plans de projetion & les différentes pofitions de l'œil, Ptolomée s'arrêta à celui dont le plan de projeétion feroit parallele à l'équateur, & où l'œil fe+ Toit placé à Pun des poles de l'équateur ow du monde. Cette projetion de la fphere eft poffible, & on l’ap4 pelle laffrolabe polaire ou de Prolomée, Tous les méri- diens qui paflent par le point où eft l'œil & font per- pendiculaires au plan de projeétion , deviennent des lignes droites, ce qui eft commode pour la defcrip- tion des planifpheres : mais il faut remarquer que leurs degrés qui font égaux dans la figure circulaire, deviennent fort inégaux quand le cercle s’eft changé en ligne droite ; ce que l’on peut voir facilement em tirant de l'extrémité d’un diametre par tous les arcs égaux d’un demi-cercle, des lignes droites qui aillent fe terminer à une autre droite qui touchera ce demi= cercle à l’autre extrémité du même diametre ; car le demi-cercle fe change par la projeétion en cette tangente , & elle fera diviée de maniere que fes par- ties feront plus grandes, à mefure qu’elles s'éloigne ront davantage du point touchant. Ainfi dans l’af#ro- labe de Ptolomée les degrés des méridiens font fort grands vers les bords de l’inftrument , & fort petits vers le centre; ce qui caufe deux inconvéniens:; l’un, qu'on ne peut faire aucune opération exaéte {ur les degrés proches du centre, parce qu'ils font trop pe= tits pour être aifément divifés en minutes , 8; moins encore en fecondes ; l’autre, que lesfigures céleftes , telles que les conftellations, deviennent difformes & prefque méconnoïflables, en tant qu’elles ferappor- tent aux méridiens,& que leur defcription dépend de ces cercles. Quant aux autres cercles de la fphere,, grands ou petits, paralleles ou inclinés à l'équateur, ils demeurent cercles dans l’affrolabe de Ptolomée. Comme l’horifon &z tous les cercles qui en dépen- dent, c’eft-à-dire , les paralleles &les cercles verti: caux, {ont différens pour chaque heu, on décrit à part fur une planche qu’on place au-dedans de lin£ trument, l’horifon &c tous les autres cercles qui y ont rapport, tels qu'ils doivent être pourle lieu où pour le parallele où lon veut fe fervir del’4/frolabe de Ptoi lomée ; & par cette raifonil ne pañle que pour être particulier, c’eft-à-dire d’un ufage borné à des lieux d’une certaine latitude ; & ft lon veut s’en fervir eri d’autres lieux, 1l faut changer la planche & y décrire un autre horifon. M. Formey. Voyez PLANISPHEREI C’eft de-là que les modernes ont donné le nom d’affrolabe à un plamifphere:ou à la projettion {téréo: graphique des cercles de la fphere fur le plan d’un de fes grands cercles. Foyez PROJECTION STÉRÉO GRAPHIQUE. J'y F | Les plans ordinaires de projeétion font r0:celui de l’équino@tial ou équateur , l'œiliétant fappofé à Pun des poles du: monde :20:celui du méridien; Poil étant fuppofé au pont d’interfeétion de l'équateur & de l’horifon : 3° enfin celui de l’horifon. Stofiler, Gemma-Frifius & Clavius‘ont traité fort aulong de Fgfrolibes es sofa Hp toner dS Li stone: FFSFF 780 AST Voici la conftruétion de laf/rolabe de Gemma-Fni- fus ou Frifon : le plan de projection eff le colure ou méridien des folftices, & l’œil eft placé à l'endroit où fe coupent l'équateur & le zodiaque, & qui eft le . pole de ce méridien; ainfi dans cet atrolabe , l’équa- teur, qui devient une ligne droite, eft divifé fort inégalement, & a fes parties beaucoup plus ferrées vers le centre de l’inftrument que vers les bords, par la même raïfon que dans l’a/frolabe de Ptolomée, ce font les méridiens qui font défigurés de cette forte ; en un mot c’eft l’affrolabe de Ptolomée renverfe : feu= lement pour ce qui regarde l’horifon, 1l fufit de faire une certaine opération,au lieu de mettre une planche féparée, & cela a fait donner à cet affrolabe le nom d'ariverfel, Jean de Royas a imaginé aufli un a/fro- dabe, dont le plan de projetion eft un méridien, &s il place l’œil fur l’axe de ce méridien à une diftance infinie, L'avantage qu’il tire de cette pofition de l’œil, eft que toutes les lignes qui en partent font paralleles entr'elles & perpendiculaires au plan de projeétion ; par conféquent non-feulement l'équateur eftune ligne droite, comme dans l’affrolabe de Gemma-Frifon, ‘mais tous les paralleles à l’équateur en font aufi, puifqu’en vertu de la diftance infinie de l’œil , ils {ont tous dans le même cas que fi leur plan pafloit par l’œil : par la même raifon l’horifon & {es paral- leles font des lignes droites ; mais au lieu que dans les deux a/frolabes les degrés des cercles devenus li- gnes droites font fort petits vers le centre, & fort grands vers les bords, ici ils font fort petits vers Les bords & fort grands vers le centre , ce qui fé voit facilement en tirant fur la tangente d’un quart de cer- cle des paralleles au diametre par toutes fes divi- fions égales. Les figures ne font donc pas moins al- térées que dans les deux autres ;-de plus, la plûpart des cercles dégénerent ici en ellipfes qui font difici- les à décrire. Cet affrolabe eft appellé zriverfel comme celui de Gemma-Frifon, & pour la même raifon. _ Nous venons de décrire les trois feules efpeces d’affrolabes qui euffent encore paru avant. M. de la Hire ; leurs défauts communs étoient d’altérer telle- ment les figures des conftellations, qu’elles n’étoient pas faciles à comparer avec le ciel, & d’avoir en uelques endroits des degrés fi ferrés, qu’ils ne laïf- ee pas d’efpace aux opérations. Comme ces deux défauts ont le même principe, M. de la Hire y re- média en même tems , en trouvant une poftion de l’éœil , d’où les divifions des cercles projettés fuflent très-fenfiblement égales dans toute l'étendue de Pin£ trument. Les deux premiers a/frolabes plaçoient l’œil au pole du cercle ou du plan de projettion , le troi- fieme à diftance infinie, &ils rendoient les divifions inégales dans un ordre contraire. M. de la Hire a dé- couvert un pointmoyen, d’où elles font fuffifamment égales. Il prend pour fon plan de proje&tion celui d’un méridien; 8 par conféquent fait un 4/fro/abe uriver» Jet; & il place l'œil fut l'axe.de ce méridien prolon: gé de la valeur de fon finus de 45 degrés; c’eft-à- dire que file diametre ou axe du méridien eft fup- pofé de 200 parties, il le faut prolonger de 70 à peu près. De ce point où l'œil eft placé, une ligne tirée au-milieu du quart de cercle pañle précifément par le milieu du.rayon qiu lui répond; cela eft démontré géométriquement : &c puifque de cette maniere les deux moitiés égales du quart de cercle répondent fi quite aux deux moitiés égales du rayon, il n’eft pas poflible que les autres parties égales du quart de cer: €le répondent à des parties fort inègales du rayon. L'expérience & la pratique ontconfirmé cette pen: fée, & M. de la Hiré a: fait: exécuter par cette mé thode ; des plamifpheres où des a/frolabes très-com- modes & très-exats. Mais comme il n’étoit pas ab- folument démontré queile point de vüe d’où les di- vifions de la moitié du quart de cercle & de la moi k AST tié du rayon font égales, fut celui d’où lés autres d£ vifons font les plus égales qu’il fe puifle, M. Parent chercha en général quel étoit ce point, & s’il my en. a pas quelqu'un d’où les divifions des autres parties foient moins inégales , quoique celles des moïtiés ne foient pas égales. En fe fervant donc du fecours de la Géométrie des infiniment petits, M. Parent déter- mine le point d’où un diametre étant divifé, les iné: galités ou différences de toutes fes parties prifes en- {emble font la moindre quantité qu'il fe puifle : mais il feroit encore à defirer que la démonfiration s’éten- dit à prouver que cette fomme d’inégalités , la moin: dre de toutes, eft diftribuée entre toutes les parties dont elle réfulte, le plus également qu'il fe puifle ; car ce n’eft précifément que cette condition qui rend les parties les plus égales entr’elles qu’elles puiffent ‘être; & il feroit poflible que des grandeurs, dont la fomme des différences feroit moindre, feroïent plus inégales , parce que cette fomme totale feroit ré- pandue plus inégalement: M. Parent trouva auf le point où doit être placé l'œil pour voir les zones égales d’un hémifphere les plus éales qu'il fe puifle ; par exemple, les zones d’un hémifphere de la terre partagé de 10 en 10 degrés. Ce point eft à l’extré- nuté d’un diametre de 200 parties, qui eft l’axe des zones prolongé de 1102. Voye lhiff. de l’Ac, des Sc. 2701, p.122. 6 1702: p.92. M. Formey. (O0) ASTROLABE 04 ASTROLABE DE MER, fignifie plus particulierement un inffrument dont on fe.fert en mer pour prendre la hauteur du pole ou celle du foleil , d’une étoile, &c. Voyez HAUTEUR. Ce mot eft formé des'mots Grecs asp, étoile, 8 AauBavo, capio , je prens. Les Arabes donnent à cet inftrument le nom d’affarlab, qui eft formé par corruption du Grec ; cependant quelques auteurs prétendent que le mot a//rolabe eft Arabe d’origine : mais les favans conviennent aflez généralement que les Arabes ont emprunté des Grecs le nom & l’ufage de cet inftrument. Naffireddin Thouf a fait un traité en langue Perfane , qui eft intitulé Bait Babhfil aftar- lab , dans lequel il explique la ffruéture & l’ufage de l’aftrolabe. L’affrolabe ordinaire fe voit à la fgure 2. PL, Navig. Il confifte en un large anneau de cuivre, d'environ 15 pouces de diametre, dont le limbe entier, ou au moins une partie convenable, eft divifé en degrés & en minutes; fur ce limbe eft un index mobile , qui peut tourner autour.du centre & qui porte deux pin- nules ; au zénith de linfttument eft un anneau par lequel on tient l’affrolabe quand on veut faire quel- que obfervation. Pour faire ufage de cet inftrument, on le tourne vers le foleïl, de maniere que les rayons pañlent par les deux pinnules Fê&c G,& alors le tran- chant de l’index marque fur le limbe divifé la hau- teur qu’on cherche. ; _ Quoique laffrolabe ne foit prefque plus d’ufage atjourd’hui, cependant cet inftrument eft au-moins aufli bon qu’aucun de ceux dont on fe fert pour pren- dre hauteur en mer, fur-tout entre les tropiques, où le foleil à midi eft plus près du zénith. On employe laffrolabe à beaucoup d’autres ufages , fur lefquels Clavius, Henrion, 6:c. ont fait des volumes, (T) ASTROLOGIE, f. f. Affrologia.Ce mot eft compoié de agp, étoile, & de A6yoc, difcours. Ainfi lAffrolopie feroiît , en fuivant le fens littéral de ce terme , la con- noïffance du ciel & des aftres: & c’eft aufli ce qu'il fignifioit dans fon origine. C’eft la connoïflance du ciel & des aftres, qui faifoit lAfrologie ancienne : mais la fignification de ce terme a changé; & nous appellons maintenant A/froromie ce que les anciens nommoient Afrologie. Voyez ASTRONOMIE. L’Affrologie. eft l’art de prédire les évenemens fu turs par les afpe@s, les pofitions, & les influences des corps céleftes. Voyez ASPECT , INFLUENCE , 6% On divife l’AÆffrologie en deux branches ; l’Æ/frolo- ge naturelle, 8 V’'Affrologie judiciaire. | … L'affrologie naturelle eft l’art de prédire les effets naturels ; tels que les changemens de tems, les vents ; les tempêtes , les orages, les tonnerres , les inonda- tions, les tremblemens de terre, &c. Foyez NATU- REL ; voyez aufli TEMS, VENT, PLUIE, OURAGAN, TONNERRE , TREMBLEMENT DE TERRE, GC, C’eft à cette branche que s’en eft tenu Goad, Au: teur anglois, dans l’ouvrage en deux volumes, qu’il a intitulé l”4/ro/ogte, Il prétend que la contemplation des aftres peut conduire à la connoïffances des inon- dations , & d’une infinité d’autres phénomenes, En conféquence de cetté idée, 1l tâche d’expliquer la diverfité des faifons par les différentes fituations & les mouvemens des planetés, par leurs rétrogradationc; par le nombre des étoiles qui compofent une confte.: lation, Gc. L’Aftrologie naturelle eft elle-même , à proprement parler, une branche de la Phyfique ou Philofophie naturelle ; & l’art de prédire les effets naturels, n’eft qu'une fuite & pofleriori ; des obfervations & des phénomenes. . Si l’on eft curieux de favoir quels font les vrais fondemens de l’4/frologie naturelle, & quel cas l’on peut faire de fes prédiétions, on n’a qu'à parcourir les articles AIR, ÂTMOSPHERE, TEMS, BAROMETRE, ECLIPSE, COMETE , PLANETE, HYGROMETRE, ECOULEMENT ;, EMISSION, 6. M. Boyle à eu raïfôn quand 1l a fait l’apologie dé cette 4//rologie dans fon hiffoire de l'air. La génération &c la corruption étant, felon lui, les termes extrèmes du mouvement ; & la raréfa@tion & la condenfation, les termes moyens , il démontre eonféquemment à ce principe, que les émanations des corps céleftés con- tribuant immédiatement à la produétion dés deux der- miers effets ; elles ne peuvent manquer de contribuer à la produétion des deux premiers, & d’affeéter tous les corps phyfiques. Voyez GÉNÉRATION ; CORRUP: TION, RARÉFACTION, CONDENSATION , Ge, Il eft conftant que l'humidité ; la chaleur ; le froid, &c. ( qualités que la nature employe à la produétion de deux effets confidérables, la condenfation & la ra= réfation ) dépendent prefque. entierement dé la ré- volution des mouvemens , de la fituation, Éc. des corps céleftes. Il n’eft pas moins certain que chaque planete doit avoir une lumiere qui lui eft propre ; lu: mere difnéte de celle de tout autre corps; lumieré qui n’eft pas feulement une qualité vifible en elle , mais en vertu de laquelle elle eft douée d’un pouvoir fpécifique. Le foleil ; comme nous Le {avons , éclaire non-feulement toutes les planetes, maïsil les échauffe encore par fa chaleur primordiale, les ranime, les met en mouvement, & leur communique des pro: priétés qui leur font particulieres à chacune, Maïs ce ’eft pas tout: fes rayons prennent für cés corps une efpéce de teinture, ils s’y modifient; & ainfi modi- fiés, 115 font refléchis fur les autres parties du mori- de, & fur-tout {ur les parties circonvoifines du mon: de planétaire. Ainf felon l’afpe& plus où moins grand que lés planetes ont avec cet aftre, felon le degré dont elles en font éclairées, le plus où moins d’o: bliquité fous laquelle élles reçoivent fes rayons, le plus ou moins de diftance à laquelle élles en font pla: cées, les fituations différentes qu’elles ont à fon égard; fes rayons en reflentent plus ou moins la vertu ; ils en partagent plus ou moins lés effets; ils en prennent, f on peut parler ainf, une teinture plus où moins forte : & cette vertu, ces effets, cette téinture, font enfuite plus où moins énergiques fur les êtres fublu- naires. Voyez Méad , de imperio folis 6 lune , &c. L’Affrologie judiciaire à laquelle on donne propre- ment le nom d’Æ4ffrologie, eftl’art prétendu d’annon- cer les évenemens moraux ayant qu'ils arrivent: J’en- AST 781 ténds par éveremens moranx , ceux qui dépendent de la volonté & des aétions libres de l’homme; comime fi les aftres avoicrit quelque autorité fur lui, & qu’il en füt dirigé. Voyez VOLONTÉ , ACTION, 6. Ceux qui profeflent cet Art prétendent que «le » ciel eft un grand livré où Dieu a écrit de fa main » l’hiftoire du monde ; & où tout homme peut lire fa » deftinée. Notre Art, difent-ils, a eu le même ber: » ceau que lÆffronomie. Les anciens Affyriens qui » jotufloient d’un ciel dont la beauté & la férénité » favorifoient les obfervations aftronomiques, s’oc- « cuperent des mouvemens & des révolutions pério- » diques des corps céleftes : 1ls remarquerent une ana: » logie konftante entre ces corps & les corps terref- » tres ; & ils en cônclurrent que les aftres étoient réel: » lement ces parques & ce deftin dont il étoit tant » parlé, qu'ils préfidoient à notre naïffancé , & qu'ils » difpofoient de notre état futur », Ÿ. HoRoscoPE; NAISSANCE, MAISON , PARQUE, DESTINÉE , &c: Voilà comment les Aftrologues défendoient jadis leur Art. Quant à préfent, l'occupation principale de ceux à qui nous donnons ce titre, eft de faire des alma- nachs & des calendriers. Ÿ'oyez CALENDRIER & AL: MANACH. vale. L’Affrologie judiciaire paîle pour avoir ptis naïf fance dans la Chaldée , d’où elle pénétra en Egypte ; en Grece, & en Italie. Il y a des auteurs qui la font Egyptienne d’origine , & qui enattribuent l’invention à Cham : quant à nous , c’eft des Arabés que nous la tenons. Lie peuple Romain en fut tellement infatué ; que les Aftrolôgues ou Mathématiciens , car c’eftainf qu’on fes appelloit , fe foûtinrent dans Rome malgré les édits des Empereurs qui les en bannifloient. Voyez GÉNÉTHLIAQUES. Quant aux autres contrées ; les Brames ou Brami- nes qui avoient introduit cet art prétendu dans l’In de , & qui l'y pratiquoient , s’étant donnés pour les difpenfatéurs des biens & des maux à venir, exerce- rent fur les peuples une autorité prodigieufe. On les confultoit comme des oracles , & on n’en obtenoit des réponies qu’à grands frais : ce n’étoit qu’à très- haut prix qu'ils vendoiént leurs menfonges. Voyez BRACHMANE: . Les anciens ont donné lé nom d’Æ/frologie apote: lefmatique ou /phere barbarique, à cette fciencé pleine de fuperftition, qui concerne les effets & les influen- ces des aftres. Les anciens Juifs , malgré leurreligion, font tombés dans cette fuperflition, dont les Chré: tiens eux-mêmes n’ont pas été exempts. Les Grecs modernes lont portée jufqu’à l’excès, & à peine fe trouve-t-il un de leurs auteurs, qui, en toute occafon, ne parle de prédiétions pat les aftres, d’horofcopes, de talifmans ; enforte qu’à peine, fi on veut les en croire, il y avoit une feule colonne, ftatue ou édi- fice dans Conftantinople &c dans toute la Grece, qui ne füt élevée fmvant les regles de l”’Æffrologie apore- lefmatique ; car c’eft de ce mot axélexequa , qu'a été formé celui de sa/ifiman. | Nousavons été infeétes de la même fuperftition dans ces derniers fiecles. Les hiftoriens Francois obfervent que l’A/frologre judiciaire étoit tellemént en vogue fous Ja reine Catherine de Médicis , qu’on n’ofoit rién en- treprendre d’important fans avoir auparavant con: fulté les aftres : & fous les regnes de Henri IL, & de Henri IV, il n’eft queftion dans les éntretiens de la cour de France, que dés prédiétions des Aftrologues: Barclay a fait dans le fecond livre de fon Argeris ; une fatyre ingémieufe du préjugé fingulier qu’on avoit piis dans cette cour. Un Aftrologue qui s’étoit char- gé de prédire au roi Henri l’évenement d’une guerre dont il étoit menacé par la faétion des Guifés , donna occafion à la fatyre de Barclay. 4 Vous dites,devin prétendu , dit Barclay, que c’eft » de l'influence des aftres qui ont préfidé à notre naïfz 782 AST ” fance, que dépendent les différentes circonftances ” heureufes ou malheureufes de notre vie & de notre ” mott; vous avoüez d'un autre côté que les cieux ? ont un cours fi rapide, qu’un feul inftant fuffit pour * changer la difpofition des aftres : comment conci- * Jier ces deux chofes ? & puifque ce mouvement fi + prompt qu’on ne peut le concevoir, entraine avec +» lui tous les corps céleftes ; les promefles ou les me- # naces qui y font attachées, ne doivent -elles pas # aufh changer felon leurs différentes fituations : pour # lors comment fixer les deftinées ? Vous ne pouvez # favoir ( connoïffance pourtant, felon vous, nécef- » faire.) {ous quel aftre une perfonne fera née; vous » croyez peut-être que le premier foin des fages-fem- # més eft de confulter à la naïffance d’un enfant tou- » tes les horloges , de marquer exaétement les miñu- » tes, & de conferver à celui qui vient de naître fes » étoiles comme fon patrimoine : mais fouvent le » péril des meres ne laïffe pas lieu à cette attention. 5 Quand on le pourroit ; combien y en a tail quinégli- » gent de la faire, étant au-deflus de pareilles fuper{- » titions? En fuppofant même qu'on ait étudié ce mo- # ment, l'enfant peut ne pas paroïtre dans linftant ; » certaines circonftances peuvent laiffer un long in- » tervalle : d’ailleurs les cadrans font-ils toüjours juf- » tes & exaëts? les horloges, quelque bonnes qu’elles » foient, ne fe démentent-elles pas fouvent par un » tems ou trop fec ou trop humide? qui peut donc # affürer que l’inftant auquel des perfonnes attenti- » ves auront placé la naïffance d’un enfant, foit le »# véritable moment quiréponde à fon étoile ? » Je fuppofe encore avec vous qu’on ait trouvé ce # point juite, létoile qui a préfidé , fa fituation , fa >» force; pourquoi confidérer entre les étoiles celles # qui dominoient pendant que le fruit s’animoit dans » le ventre de la mere, plütôt que celles qui paroïf- # foient pendant que le corps encore tendre & l'ame # ignorante d'elle-même apprenoit dans fa prifon à # fupporter patiemment la vie. » Mais laiflant toutes ces difficultés, je vous ac- # corde que l’état du ciel étoit bien connu au moment # dela naïffance : pourquoi faire émaner des aftres » un pouvoir abfolu, je ne dis pas feulement fur les # corps, mais aufli fur les volontés ? 1l faut donc que » ce {oit d'eux que j'attende mon bonheur ; que ma » vie & ma mort en dépendent, Ceux qui s’engagent » dans le parti des armes, & qui périfient dans une » même bataille, font-ils nés fous la même conftella- # tion? & peut-on dire qu’un vaifleau qui doit échoter, » ne recevra que ceux que leurs mauvaïfes étoiles au- # ront condamnés en naïffant à faire naufrage ? L’ex- » périencenous fait voir tous les jours que des perfon- #-nes nées dans des tems bien différens, fe livrent au »# combat , ou montent un vaifleau où ils périflent, # n'ayant de commun que l’inftant de la mort. Tous # ceux.qui viennent au monde fous la même difpofi- » tion du ciel, ont-ils pour cela une même deftinée » pour la vie & pour la mort? Vous voyez 1cile Roï ; # croyez-Vous que ceux qui font nés fous la même » étoile , pofledent des royaumes, ou pour le moins » des richefles, qui prouvent l’heureufe & favorable » influence desaftres dans leur naïffance?croyez-vous #5 même qu'ilsayent vécu jufqu’à préfent? Voilà M.de » Villeroy; ceux qui font nés fous la même planete, » ont-ils fa fagefle en partage ? {ont-ils comme lui ho- # norés de la faveur du prince ? Et ceux qui font nés # dans lemême inftant que vous, font-ils tous Aftrolo- # gues,pour ne rien dire de pis ? Que f quelqu'un périt »# par la main d’unvoleur,fonfort,dites-vous,exigeoit » qu'il fût tué par la main de ce miférable. Quoi donc # ces mêmes aftres qui avoient deftiné le voyageur » dans le moment de fa naïffance , à être un jour ex- ‘# pofé au fer d’un affaffin, ont auffi donné à l’affafin , » peut-être long-tems avant la naïffance du voyageur, » l’inténtion & la force pour vouloir & pouvoir ex » cuter fon mauvais deflein ? car les aftres , à ce qué » vous prétendez , concourent également à la cruau- » té de celui qui tue, & au malheur de celui qui efttué. » Quelqu'un eft accablé fous les ruines d’un bâtiment: » eft-ce donc parce qu’il eft condamné par fà deftinée » à être enfeveli dans fa propre maïfon , que les murs » en font tombés ? On doit raïfonner de même à l’oc- » cafon des dignités où l’on n’eft élevé que par fuffra- » ges. La planete ou les aftres qui ont préfidé à la » naïflance d’une perfonne , & qui dans vos princi- » pes lui ont deftiné des grandeurs, ont-ils pù auffi » étendre leur pouvoir jufque fur d’autres hommes » qui n’étoient pas encore nés, de qui dépendoient » toutefois tous les effets de ces heureufes influences à » Ce qu'il pourroit y avoir de vrai , en fuppofant » la réalité des influences des corps céleftes , c’eftque » comme le foleil produit des effets différens fur les » chofes différentes de la terre , quoique ce foit ton- » jours les mêmes rayons & la même lumiere, qu'il » échauffe & entretient quelques femences, qu'il en » fait mourir d’autres, qu’il deffeche de petites her- » bes, tandis que d’autres qui ont plus de fuc ré- » fiftent davantage ; de même aufhi plufeurs en- » fans qui naïflent en même tems reffemblent à un # champ préparé de différentes manmieres, felon la » différence du naturel, du tempérament & des habi- » tudes de ceux à qui 1ls doivent le jour. Cette puif » fance des aftres qui eft une pour tous ces enfans, » ne doit point dans tous produire les mêmes effets. » Si le naturel de l’enfant a quelque rapport avec » cette puiffance, elle y dominera : s’il eft oppofé, je » doute même qu’elle le corrige. De façon que pour » juger fainement quel doit être le caraétere d’un en- » fant, il ne faut pas s'arrêter {eulement à confidérer » les aftres , 1l faut encore remonter aux parens , faire » attention à la condition de la mere pendant qu’elle » étoit enceinte, & à beaucoup d’autres chofes qui » font inconnues. > » Enfin, je vous demande, Chaldéen, fi cette in- » fluence que vous regardez comme la caufe du bon- » heur ou du malheur, demeurera toûjours au ciel » juiqu'au tems marqué, pour defcendre enfuite fur » terre, & y faire agir des inftrumens propres à ce » que les aftres avoient arrêté; ou fi renfermée dans » l'enfant, entretenue & croiflant avec lui, elle doit » en certaines occafons fe faire jour pour accomplir » les decrets irrévocables des aftres ? Si vous préten- » dez qu’elle demeure au ciel, il y a dans vos princi- » pesune contradiétion manifefte ; car puifque le bon- » heur ou lé malheur de celui qui vient au monde, » dépend de la maniere dont les aftres étoient joints. » dans le moment de fa naïffance, le cours de ces mê- » mes aftres femble avoir détruit cette premiere for- » me, & en avoir donné une autre peut-être entie- » rement oppofée. Dans quelle partie du ciel fe fera » confervée cette premiere puiflance, quine doit pa- » roître &c jouer, pour ainf dire, fon rôle, que plu » fieurs années après, comme lorfque l’enfant aura » quarante ans ? De croire d’un autre côté que le def » tin, qui ne doit avoir fon effet, que quand cet en- » fant fera parvenu à un age plus avancé, lui foit at- » taché dès fon enfance, c’eft une impertinente rê- » verie. Quoi-donc, ce fera lui, qui, dans un nau- » frage où il doit périr, fera caufe que les vents s’é- » leveront, ou que le pilote, s’oubliant lui-même, # ira échoûer contre des bancs ? Le laboureur, dans » la campagne , aura été l’auteur de la guerre qui » l’appauvrit, ou d’un tems favorable qui doit lui # donner une moiflon abondante ? » Ileft vrai, que quelques-uns parmi vous, pu= # blient hautement des oracles, que l’évenement a » juftifiés : mais ces évenemens juitifiés par l’expé- » rience, font'en fi petit nombre , relativement à la A ST » multitude des faux oracles que votis aÿez pronôn- _» cés vous & vos femblables, qu'ils démontrent eux- » mêmes le pen de cas qu’on en doit fare. Vous » faites pafler un million de menfonges malheureux, » à la faveur de fept ou huit autres qui vous ont » réufi. En fuppofant que vôus agiflez au hafard , » vous avez conjéduré tant de fois , que s’il y avoit » à s'étonner de quelque chofe, ce feroit peut-être » de ce que vous n’avez pas rencontré plus fouvenf. » En un mot, vous qui prévoyez tout ce qui doit af- » river à la Sicile, comment n’avez-vous pas prévi » ce qui vousarrive à vous-même aujourd'hui? Igno- # riez-vous que je devois vous traverfer dans votre » déffein? Ne deviez-vous pas, pour faire valoir vo- » tre art, prévenir le roi, que telle perfonne, qui » feroit préfente, chercheroit à vous troubler? Puif- # qu'enfin votre fcience vous découvre fi le roi doit » triompher de fes ennermis ; dites-nous auparavant » s’il ajoütera foi à vos oracles ». Quoique lAffrologie judiciaire ait té folidement combattue tant par Barclay, que par d’autres auteurs célebres, qui en ont démontré la vanité; on ne peut pas dire qu'ils ayent entierement déraciné cette ridi- cule prévention; elle regne encore, & particuliere- ment en Italie, On a vû fur la fin du fiecle dernier; un Italien envoyer au pape Innocent XI. une prédic- tion, en maniere d’horofcope, fur Vienne alors af- fiegée par les Turcs, & qui fut très-bien reçüe. De nos jours le comte de Boulainvilliers ; homme d’ailleurs de beaucoup d’efprit, étoit infatué de l’4/frologie judi- ciaire, {ur laquelle il a écrit très-férieufement. (G) Tacite au VIS. livre de fes Annales, ch. xxJ. rap- porte que Tibere , dans letems qu’il étoit exilé à Rho- des, fous le regne d’Augufte, fe plaifoit à confulter les dévins fur le haut d’un rocher fort élevé au bord de la mer; & que fi les réponfes du devin donnoient lieu à ce prince de le foupçonner d’ignorance ou de fourberie, il le faifoit à l’inftant précipiter dans la mer par un efclave. Un jour'ayant confulté dans ce même lieu un certain Thrafyllus fort habile dans cet art, & ce devin lui ayant promis l’empire, & toutes fortes de profpérités : Puifque tu es fe habile, lui dit Tibere, pourrois-tu me dire combien il te refle de tems à vivre? Thrafyllus, qui fe douta apparemment du motif de cette queftion, examina, ou fit femblant d'examiner, fans s’'émouvoir, Pafpeét & da potion des aftres aumoment de fa naïffance : bientôt apres, il laiffa voir au prince une furprife qui ne tarda pas à être fuivie de frayeur ; & il s’écria, qu'autant qu'il er pouvoir juger , il étoit à cefte heure méme menacé d’un grand peril. Tibere, charme de cette réponfe, l’em- brafla , le raflüra , le regarda dans la fuite comme un oracle, & lé mit au nombre de fes amis. | On trouve dans ce même hiftorien, l’un des plus grands génies qui furent jamais, deux pañlages qui font voir que quand un préjugé eft général, Les meïl- leurs efprits ne peuvent s’empêcher de lui facrifer, mais ne le font pourtant qu'avec plus ou moins de reftniétion, &, pour ani dire, avec une forte de ré: pugnance. Le premier de ces paflages fe lit dans le livre VI. ch. xxij. où après avoir fait des réflexions fur les différens fentimens des philofophes au fujet de VAffrologte , 1l ajoûte ces paroles : Cœrerum plerijque mortallum O7 eXimILUr, gUir primo cHjufque ortL ven- tura defhinentur : Jed quedam fecus quam dicla [nt ca- dere, fallaciis 1gnara dicentium ; ita corrumpi fidem ar- tis, cujus pr@clara documenta, © antiqua ætas & nofîra sulerit. Ce qu'on peut traduire anfi: « il ne paroît » pas douteux, que tout ce qui doit nous arriver ne s# foit marqué des Le premier moment de notre naïf: # fance : mais l'ignorance des devins les induit quel- # quefois en erreur dans les prédiéhons qu’ils nous » font ; & par-là elle decrédite en quelque maniere » un art, dont la réalité eft clairement prouvée par AST 753 D; » l’éxpérience de notre fiecle, & par celle des fiecles » précédens ». | L'autre paflage fe trouve dans le IF. y. des anna- les, ch. lyuy. « Tibere étant forti de Rome, dit Taci- » te, les Aftrologues prédirent qu’il n’y reviendroit » jamais. Cette prédiétion occafñonna la perte de plu: » fleurs citoyens, qui en conclurrent que ce prince » n'avoit plus que peu de tems à vivre, & qui furent » aflez imprudens. pour le publier. Car ils ne pou: » voient fe douter qu’en effet Tibere vivroit encore » onze ans fans rentrer dans Rome, & dans une ef: » pece d’exil volontaire. Mais au bout de ce tems; » ajoûte l’hiftorien , on. apperçut les limites étroites, » qui, dans la fcience des devins, féparoient l’art dela » chimere ; & combien de nuages y obfcurcifoient » la vérité : car la prédiétion qu'ils firent que Tibere » ne reviendroit point à Rome, n’étoit pas faite au » hafard & fans fondement, puifque l’évenement la » vérifia : mais tout Le refte leur fut caché, & ils né » pûrent prévoir que ce prince parviendroit à une »# extrème vieilleffe fans rentrer dans la ville, quoi: » qu'il düt fouvent s’en approcher de fort près». Mox patuit breve confinium artis & fall; veraque quam obf curis tegerertur, Nam in urbem non venturum, haud for- te diclum : cœæterorum nefcit egere, cäm propinquo rure aut littore, & Jæpe mœnia urbis adfidens , extremam fenec- tam compleyerit. I] me femble voir dans ce pañlage un grand génie qui lutte contre le préjugé de fon tems; e pourtant ne fauroit totalement s’en défaire: ASTROLOGIQUE, adj. fe dit de toutce qui a rapport à l’Aftrologie. Voyez ASTROLOGIE. ASTROLOGUE, adj. pris fubff; fe dit d’une per- fonne adonnée à l’Aftrolosie , ou à la divination par le moyen des aftres. Les Aftrologues étoient autre- fois fort communs ; les plus grands hommes même paroïffent avoir cru à l’Aftrologie, tels que M. de Thou & plufeurs autres. Aujourd’hui le nom d’4f trologue eit devenu fi ridicule, qu’à peine le plus bas peuple ajoûte-t-il quelque foi aux prédi@ions de nos almanachs. Voyez ASTROLOGIE. (0) ASTRONOME., adj. pris fubft. te dit d’une per- fonne vetiée dans l’Aftronomie, Le peuple confond quelquefois A/ftrologue avec A/ffronome: mais le pre- mier s’occupe d’une {cience chimérique, & le fecond d’une fcience très-belle & très-utile. Dansle tems que l’Aftrologie judiciaire étoit à la mode, il n’y avoit prefque point d’Æ/fronome qui ne füt Aftrologue, Au- jourd’hui il n’y a plus que des 4fronomes, & point d’Aftrologues , ou plütôt les Aftrologues {ont très- méprifés. Voyez les plus célebres Aftronomes à arti- cle ASTRONOMIE. (O0) ASTRONOMIE, 4ffronomia, f. f. compofé de açup, étoile, & de vouos, regle; loi. L’ Affronomie eft la connoïflance du ciel & des phénomenes céleftes. F. CreL. L’Affronomie eft, à proprement parler, une partie des Mathématiques mixtes, qui nous apprend à connoître les corps céleftes, leurs grandeurs, mouves mens, diftances, périodes, écliptes, &c, Voyez MA- THÉMATIQUES. Il y en a qui prennent le terme 4//roromie dans un fens beaucoup plus étendu: ils entendent par-là la connoiflance de l’univers & des lois primitives de {a nature. Selon cette acception, l4ffronomieieroit plü- tôt une branche dela Phyfique, que des Mathémati: ques. Voyez PHYSIQUE, SYSTÈME, NATURE. Les auteurs varient fur l'invention de l’4/ronomie : on l’attribue à différentes perionnes; différentes na- tions s’en font honneur, & on la place dans différens fiecles. À s’en rapporter aux anciens hiftoriens, il pa: roît que des rois inventerent & cultiverent Les pre- miers cette fcience : Belus, roi d’Affyrie, Atlas, roi de Mauritanie, & Uranus, qui régnoit fur les peuples qui habitoient les bords dé l’océan atlantique, paf- ns CE Sr, - bn CP Ne” : fent pont avoir donné anx hommes les premieresino- tions de PAffronomie. | Si on croit Diodore de Sicile , Uranus, pere » d’Atlas , forma l’année fur le cours du foleil & fur celui de la lune. Atlas inventa la fphere ; ce qui don: ña lieu à la fable qu'il portoit Le ciel fur fes épaules. Le même auteur ajoûte qu'il enfeigna cette fciencé à Hercule , qui la porta en Grece : ce ne fauroit être Hercule fils d'Alcmene, puifqu’Atlas, felon letémoi- gnage dé Suidas , vivoit onze âges avant la guerre de Troie; ce qui remonte jufqu’au tems deNoé & de fes fils. En defcendant plus bas on trouve des traces plus marquées de l'étude que l’on faifoit de l’4ffronomie dans les tems fabuleux. Newton a remarqué que les noms des conftellations font tous tirés des chofes qué les poëtes difent s’étrepañlées dans le tems de la guer- te de Troie , & lors de l’expédition des Argonautes : aufli les fables parlent-elles de perfonnes favantes dans l’Æffronomie ; elles font mention de Chiron , d’Ancée , de Nauficaëe, &c. qui tous paroïffent avoir contribué au progrès de cette fcience. | Ce dont on ne peut douter , c’eft que plufieurs na- tions ne fe foient appliquées à étude du ciel long- tems avant les Grecs : Platon convient même que ce fut un Barbare qui.obferva le premier les mou- vemens céleftes ; occupation à laquelle 1l fut deter- miné par la beauté du ciel pendant l'été, foit en Egypte, foit en Syrie, où l’on voit toüjours les étoi- les ; les nuées & Îles pluies ne les dérobant jamais à la vûe. Ce philofophe prétend que fi les Grecs fe {ont appliqués fort tard à l4ffronomie , c’eft au dé- faut feul d’une atmofphere , telle que celle des Egyptiens & des Syriens , qu'il faut s’en prendre: Auffi quelque audace qu'ayent eu les Grecs pour s’attribuer les premiers commencemens des fciences & des beaux arts , elle n’a cependant jamais été aflez grande pour qu'ils fe foient donné l’honneur d’avoirjetté les fondemens de l”4//ronomie. Il eft vrai qu’on apprend par un paflage de Diodore de Sicile, que les Rhodiens prétendoient avoir porté cette {cience en Egypte : mais ce récit eft mêlé de tant de fables , qu’il fe détruit de lui-même ; & tout ce qu'on en peut tirer de vraiflemblable , c’eft que comme les Rhodiens étoient de grands navigateurs, ils pou- voient avoir furpafñlé les autres Grecs par rapport aux obfervations a//ronomiques qui regardent la Ma- rine ; tout le refte doit être regardé comme fabuleux. Quelques auteurs, ileft vrai, ont donné les premieres obfervations céleftes à Orphée, ( comme Diogene Laerce fur lautorité d’'Eudemus, dans fon Æi/fforre Affrologique , qui a été fuivie par Théon & par Eu- cien ) à Palamede , à Atrée, & à quelques-autres , . cequ'Achilles Statius tâche de prouver par des paf- fages d’Efchyle & de Sophocle , dans fon commen: taire fur Les phénomenes d’Aratus ; mais il eft certain quele plus grand nombre des auteurs Grecs & Latins eft d’un avis contraire : prefque tous les attribuant aux Chaldéens ou Babyloniens. L’Aftronomie & l’Aftrologie prirent donc naïffance dans la Chaldée , au jugement du grand nombre des auteurs : auffi le nom de Chaldéen eft-1l fouvent fyno- nyme à celui d’A/ffrorome , dans les anciens écrivains. Il y en a qui fur l'autorité de Jofeph aiment mieux attribuer l’invention de ces fciences aux anciens Hé- breux , 8 même aux premiers hommes. Quelques Juifs & quelques Chrétiens s’accordent avec les Mufulmans , pour en faire honneur à Enoch : quant aux autres Orientaux , ils regardent Cain comme le premier aftronome : mais toutes ces opi- mions paroïflent deftituces de vraifflemblance à ceux qui font verfés dans la langue de ces premiers peu- ples de la terre ; ils ne rencontrent dans l’'Hébreu pas un terme d’Affronomie : le Chaldéen au contraire en eft plein, Cependant il faut convenir qu’on trou- AST ve dans Job & dans les livres de Salomon, quelque trace légere de ces fciences. Quelques-uns ont donné une parfaite connoïffan- ce de l’Af/ronomie à Adam ; & l’on a fait, comme nous venons de le dire, le même honneur aux def- cendans de Seth , maïs tout cela gratuitement. Il ne faut pas cependant douter que l’on n’eût quelque connoïflance de lA/ffronomie avant le déluge : nous apprenons par le journal de ce terrible évenement , que l’année étoit de 360 jours, & qu’elle étoit formée de 12 mois ; arrangement qui fuppofe quelque notion du cours des aftres. Voyez ANTE-DILUVIENNE. M, l'abbé Renaudot paroït incliner pour l'opinion qui attribue l’invention de l’Æffronomie aux anciens Patriarches ; & il fe fonde pour cela fur plufeurs raifons. 1°, Sur ce que les Grecs & les Latins ont compris les Juifs fous le nom de Chaldéens; 2°. furce que la diftinétion des mois & des années, quine fe pou- voit connoitre fans l’obfervation du cours de la lune & celui du foleil , eft plus ancienne que le déluge, comme on le voit par différens paflages de la Gene- fe ; 3°. fur ce qu’Abraham étoit forti de Chaldée , de Ur Chaldæorum ; & que des témoignages de Berofe aù d’Eupolemus, cités par Eufebe, Zy. IX. de la Pré- paration évangélique | prouvent qu'il étoit ouparia eu repos, favant dans les chofes célefles, & qu'il avoit invente l’4/fronomie & l’Aftrologie judiciaire ; #4) ray Agporoyiar, 2aj Tny Yandaïyar évpeir ; 4°. fur ce qu'on trouve dans la fainte Ecriture plufieurs noms de pla- netes & de conftellations. | D'un autre côté, M. Bafnage prétend que tout ce qu’on débite fur ce fujet a fort l’air d’un conte. Phi- lon nous apprend que l’on inftruifit Moyfe dans la fcience des afîres ; il ne faut pas douter que ce légif- lateur n’en eût quelque connoïffance : mais l’on ne fauroit croire que l’on eût fait venir des Grecs pour l’inftruire ; comme le dit cet auteur Juif. Du tems de Moyfe il n’y avoit'point de philofophes dans la Grece ; & c’eft de l’Egypte ou de la Phenicie que les Grecs ont tiré leurs premieres connoiflances phi- lofophiques. A l’égard de Job , ceux qui le qualifient aftronome , fe fondent fur quelques paflages où l’on croit qu'il nomme les endroits les plus remarquables du ciel , & des principales conftellations. Mais ou- tre que les interpretes ne font point d’accord fur le fens des termes employés dans ces textes , la con- noïflance des noms de certaines conftellations ne fe- roit point une preuve que Job füt aftronome. Quoi qu'il en foit ; il ne paroït pas qu'on purfle douter que’ l’Æ/fronomie n’ait commencé dans la Chaldée ; au moins c’eft le jugement qu’on doit en. porter d’après toutes les preuves hiftoriques qui nous reftent ; & M. l’abbé Renaudot en rapporte un fort grand nombre dans fon mémoire fur l’origine de la fphere , imprimé dans le premier volume du Recuerl de Académie Royale des Sciences & des Belles-Lettres. Nous trouvons dans l’Ecriture fainte divers pafla- ges, qui marquent l’attachement des Chaldéens à l'étude des aftres. Nous apprenons de Pline, que lin- venteur de cette fcience chez les Chaldéens fut Ju- piter Belus, lequel fut mis enfuite au rang des dieux: mais on eft fort embarraflé à déterminer qui eft ce Belus,& quand ila vécu.Parmi les plus anciens aftro- nomes Chaldéens, on compte Zoroaftre : maisles mê- mes difcultés ont lieu fur le tems de fon exiftence, auf bien que fur celle de Belefs , & de Berofe. Ne feroit-ce point s’expofer à partager avec Rud- beck le ridicule de fon opinion, que de la rapporter? Il prétend que les Suédois ont été les premiers inven- teurs de l’4ffronomie ; & il fe fonde fur ce que la grande diverfité dans la longueur des jours en Suede, a dû conduire naturellement fes habitans à conclurre que la terre étoit ronde , &c qu'ils étoient en une AST Pune de fes extrémités ; deux propoñtions dont là vé- rité étoit, dit-il, moins fenfible pour Les Chaldéens , & pour ceux qui habitoient les régions moyennes du globe. Delà, continue notre auteur, les Suédois engagés dans l’examen& dans la recherche des cau- fes de la grande différence des faïfons , n’auront pas manqué de découvrir que le progrès du foleil dans les cieux eft renfermé dans un certain efpace, &c. mais tous ces rafonnemens ne font point appuyés fr le témoignage de l’hiftoire , ni foûtenus d’aucun fait connu. Si l’on en croit Porphyre , la connoïffance de !”4f tronomie eft fort ancienne dans lorient. Si lon en croit cet auteur, après la prile de Babylone par Ale- xandre, on apporta de cette ville des obfervations cé- leftes depuis 1903 ans, & dont les premieres étoient par conféquent de l’an 115 du déluge; c’eft-à-dire, qu’elles avoient été commencées 15 ans après l’érec- tion de [a tour de Babel. Pline nous apprend qu'Epi- gene aflüroit que les Babyloniens avoient des obfer- vations de 720 ans gravées fur des briques. Achilles Tatius attribue l’invention de l’4/frozomie aux Egyp- tiens ; & 1lajoûte que lesconnoïflances qu'ils avoient de Pétat du ciel fe tranfmettoient à leur poftérité fur des colonnes fur lefquelles elles étoient gravées. Les payens eux-mêmes fe font moqués, comme a fait entr’autres Cicéron, de ces prétendues obferva- tions céleftes que les Babyloniens difoient avoir été faites parmieux depuis 470000 ans, ainf que de cel- les des Egyptiens : On peut en dire autant de la tra- dition confufe & embroullée de la plüpart des Orien- taux que les premiers Européens qui entrerent dans . Ja Chine y trouverent établie , & de celle des Per- fans touchant leur roi Cayumarath, qui régna 1000 ans, & qui fut fuivi de quelques autres Rois dont le regne duroit des fiecles. Ces opimions , toutes ridi- . cules qu’elles font, ont été confervées par un aflez grand nombre d’auteurs, qui les avoient prifes de quelques livres Grecs, où cette prodigieufe antiquité des Affyriens & des Babyloniens étoit établie com- me la bafe de l’hiftoire. Diodore dit que lors de la prife dé Babylone par Alexandre , 1ls avoient des obfervations depuis 43000 ans. Quelques-uns prennent ces années pour des mois , & les rédufent à 3476 ans folaires ; ce qui remonteroit encore jufque bien près de la création du monde , puifque la ruine de l'empire des Pertes tombe à l’an du monde 3620. Mais laïffant les fa- bles, tenons-nous en à ce que dit Simplicius : il rap- porte d’après Porphyre, que Callifthene, difciple & parent d’Ariftote , trouva à Babylone , lorfqu’Ale- xandre s’en rendit maïtre , des obfervations depuis 1903 ans ;.les premieres avoient donc été faites l’an du monde 1717, peu après le déluge. Les auteurs qui n’ont pas confondu la fable avec lhiftoire, ont donc réduit les obfervations des Baby- loniens à 1900 années ; nombre moins confidérable de beaucoup, & qui cependant peut paroïtre excef- ff, Ce qu'il y a pourtant de fingulier, c’eft qu’en comptant ces 1900 ans depuis Alexandre, on remon- te jufqu'au tems de la difperfion des nations & de la tour de Babylone , au-delà duquel on ne trouve que des fables. Peut-être la prétendue hiftoire des obfervationsde r900 ans fignfe-t-elle feulement que les Babyloniens s’étoient appliqués à l4/ffrozomie de- puis Le commencement de leur empire. On croit avec fondement que la tour de Babel, élevée dans la plaine de Seznaar, fut conftruite dans le même lieu où Baby- lone fut enfuite bâtie. Cette plaine étoit fort éten- due , & la vie n’y étoit bornée par aucunes monta- gnes ; ce qui a pù donner promptement naiffance aux obfervations aftronomiques. Les Chaldéens n’étoient pas verfés dans la Géo- métrie, & 1l manquoient des inftrumens néceflaires TomeL, | 1e A ST 755 pour faire des obfervations juftes : leur grande étude étoit l’Aftrolosie judiciaire ; fcience dont on recon- noît bien aujourd’hui le ridicule. Leur obfervaroire étoit le fameux temple de Jupiter Belus, à Baby- lone. Les longues navigations des Phéniciens n’ont pù fe faire fans quelque connoïiffance des aftres : auffi voyons-nous que Pline, Strabon , &quelques-autres, rendent témoignage à leur habileté dans cette {cien- ce: mais nous ne {avons rien de certain fur les dé: couvertes qu'ils peuvent avoir faites. Plufieuts hifto: riens rendent aux Egyptiens le témoignage d’avoir cultivé, l’Affronomie avant les Chaldéens. Diodore de Sicile avance que les colonies Egyptiennes por: terent la connoïflance des aftres dans les environs de PEuphrate. Lucien prétend que comme les autres peuples ont tiré leurs connoiffances des Egyptiens, ceux-ci les tiennent des Ethiopiens , dont ils font uñe colonie. Les moins favorables aux Esyptiens, les joignent pour l'invention de l4/ronomie aux Chal- déens. Il n’eft pas aifé de découvrir qui fut l’inven- teur de l4/ronomie chez les Egyptiens. Diodore en fait honneur à Mercure ; Socrate, à Thaul ; Diogene Laerce l’attribue à Ninus, fils de Vulcain; & Ifo- crate , à Bufiris. Les connoïffances aftronomiques des Egyptiens les avoient conduits à pouvoir déter- miner le cours du foleil & de la lune, & à former l’année : ils obfervoient le mouvement des planetes ; êt çe fut à l’aide de certaines hypothefes , & par le fecours de PArithmétique & de la Géométrie, qu'ils entreprirent de déterminer quel en étoit le cours. Ils inventerent aufh diverfes périodes des mouvemens des cieux; enfin ils s’adonnerent à l’Aftrologie. Tout cela eft appuyé fur le témoignage d’Hérodote & de Diodore , &c. Nous apprenons de Strabon, que les prêtres Égyptiens, qui étoient les aftronomes du pays, avoient renoncé de fon tems à cette étude , & qu'elle n’étoit plus cultivée parmi eux. Les Egyp- tiens , qui prétendoient être le plus ancien peuple de l'univers, regardoient leur pays comme le ber- ceau des fciences,, & par conféquent de l’Affronomie. L'opinion commune eft que l4ffronomie pafla de l'Egypte dans la Grece : mais la connoiffance qu’on eneut , fut d’abord extrèmement grofliere, & on peut en juger par ce que l’on en trouve dans Home- re & dans Héfiode ; elle fe bornoiït à connoître cer- tains aftres qui fervoient de guides, foit pour le tra- vail de la terre, foit pour les voyages {ur mer ; c’eft ce que Platon a fort bien remarqué ; ils ne faïifoient aucunes obfervations exaétes , & ils ignoroient A; rithmétique &c la Géométrie néceflaires pour les diriger. Laerce dit que Thalès fit le premier le voyage d'Egypte dans le deffein d’étudier cette fcience, & qu'Eudoxe & Pythagore l’imiterent en cela. Thalès vivoit vers la quatre-vingt-dixieme olympiade ; il a le premier obfervé les aîftres , les éclipfes de foleil, les folftices, & les avoit prédits ; c’eft ce qiw’aflt- rent Diogène Laerce, d’après l’Aifloire Affrologique d’'Eudemus; Pline , 29.11. chap. xiy. & Eufebe dans fa Chronique. I] naquit environ 640 ans avant Jefus- Chrift. On peut voir dans Stanley ( Æif£. Philof. un détail circonftancié de fes connoïffances philofo- phiques. Anaximandre fon difciple cultiva les con- noïffances qu'il avoit recûes de fon maitre ; il plaça la terre au centre de l’umvers ; 1l jugea que la lune empruntoit fa lumiere du foleil, & que ce dernier étoit plus grand que la terre , & une mafle d’un feu pur. Îl traça un cadran folaire, & conftruifit une fphere. Anaximene de Milet né 530 ans avant Jefus- Chrift,regardoit les étoiles fixes comme autant de {o- leils autour defquelles des planetes faifoient leurs ré- volutions , fans que nous puñlions découvrir ces pla- netes, à caufe de leur grand éloignement. Trente GGpeg 786 AST ans après naquit Anaxagoras de Clazomene. Il én- feignoit que le foleil étoit une male de fer enflam- ince, plus grande que le Peloponefe ; que la lune étoit un corps opaque éclairé par le foleil ; & quelle étoit habitée comme la terre. Il eut pour difciples le fa- meux Periclès & Archelaus , qui fut le dernier de la feûte Tonique. Pythagore ayant paflé fept ans dans le {eminaire, 8 dans une étroite fréquentation des prê- tres Egyptiens , fut profondément initié dans les myf- teres de leur religion, 8 éclairé fur le vrai fyftème du monde ; il répandit les connoïffances qu'il avoit acqufes, dansla Grece & dans l'Italie. Il avança que la terre & les planetes tournoient autour du foleil immobile au centre du monde ; que le mouvement diurne du foleil 8c des étoiles fixes n’étoit qu'ap- parent, & que le mouvement de la terre autour de {on axe étoit la vraie caufe de cette apparence. Plu- tarque donne à Pythagore honneur d'avoir obfervé le premier l’obliquité de l’écliptique , de Placiris Phi lofoph, liv.IT. chap. xij. On lui attribue auffi Les pre- mieres obfervations pour régler l’année à 365 jours, plus la 50° partie de 22 jours. Ce qu'il y avoit de plus fingulier dans {on fyftème d’Affronomie , c’eft l’ima- gination qu'il eut que les planetes formoient dans leurs mouvemens un concert harmonieux ; mais que la nature des fons, qui n’étoient pas proportionnés à notre oreille, empêchoit que nous ne puffions l’en- tendre. Empedocle, difciple de Pythagore, ne débita que des rêveries. Il imaginoït , par exemple, que chaque hémifphere a fon foleil ; que les aftres étoient de cryftal, & qu’ils ne paroïfloient lumineux que par la réflexion des rayons de lumiere venans du feu qui environne la terre. Philolaus de Crotone florifoit vers l’an 450 avant Jefus-Chrift. Il crut aufli que le foleil étoit de cryftal, &1l ajoûta que la terre fe mou- voit autour de cet aftre. Eudoxe de Cnide qui vi- voit 370 ans avant Jefus-Chrift, fut au jugement de Ciceron & de Sextus Empiricus , un des plus habiles Aftronomes de lantiquité. Il voyagea en Afe, en Afrique , en Sicile & en Italie, pour faire des cbfer- vations aftronomiques. Nous apprenons de Pline, qu’iltrouva que la révolution annuelle du foleil étoit de 365 jours fix heures ; il détermina aufli le tes de la révolution des planetes, & fit d’autres découver- tes importantes. Ælien fait mention d'Œnopide de Chio, lequel étoit auffi de l’école de Pythagore. Sto- bée lui attribue l'invention de l’obliquité de l’éclipti- que ; il exhortoit fes difciples à étudier l”4/fronomie, non par fimple curiofité, mais pour faciliter aux hom- mes les voyages , la navigation, 6rc. Meton vers la quatre-vingt-{eptieme olympiade, publia le cycle de 19 ans , appellé Ærreadécatéride. Dans la cent-vingt-feptieme olympiade , Aratus compofa fes Phenomenes par ordre d'Antigonus Gona- thas, fils de Démetrius Poliorcetes , & fivant les ob- fervations aftronomiques d’Eudoxe , difciple d’Ar- chytas de Tarente & de Platon , qui avoit été quel- que tems en Egypte pour s'inftrure à fond de l4/ £ronOmIE. Cependant Vitruve expofe l’établiffement de l4£ zronomie en Grece d’une maniere un peu différente. I prétend que Berofe Babylonien l’apporta dans cet- te contrée immédiatement de Babylone , & qu'il ouvrit une école d’Afronomie dans l’île de Cos. Pli- ne ajoûte, Ly. VIT. chap. xxxvij. qu’en confidération de fes prédi@tions furprenantes, les Atheniens lui éle- verent une flatue dans le Gyrrrnafium, avec une lan- gue dorée. Si ce Berofe eff le même que l’auteur de l’hiftoire Chaldéenne , 1l doit avoir exifté avant Ale- xandre. Après la mort de Pythagore, l'étude de l 4/rozo- mie fut négligée; la plüûpart des obfervations céleftes qu'on avoit apportées de Babylone fe perdirent , & Ptolomée qui en fit la recherche, n’en put recouvrer AST de fon tems qu’une très-petite partie. Cependant quelques difciples de Pythagore continuerent de cul- tiver l’Affronomie : entre ces difciples on peut COMpP- ter Ariftarque de Samos | Ce dernier eut une haute réputation vers la cent= quarantième olympiade , & 1l fuivit lhypothèfe de Pythagore & de Philolaus , touchant limmobilité du foleil. Il refte quelques fragmens de lui, fur les grandeurs &c les diftances du foleil & de la lune. Archimede vivoit dans le même tems , & il ne fe rendit pas moins célebre par fes obfervations , tou- chant les folftices &z les mouvemens des planetes , que par l'ouvrage merveilleux qu'il fit, dans lequel ces mouvemens étoient repréfentés. Démocrite & les Eleatiquesne firent pas de grands progrès. Metrodore croyoit la pluralité des mondes; & s’imaginoit que la voie laétée avoit été autrefois la route du foleil : Xenophanes difoit que le foleil étoit une nuée enflammée, & qu'il y en avoit plu: fieurs, pour éclairer les différentes parties de notre terre. Leucippe enfin prétendoit que la violence du mouvement des étoiles fixes Les faifoit enflammer , qu’elles allumoient le foleil | &z que la lune partici- poit peu-à-peu à cette inflammation. Chryfippe chef de la fecte des Stoiciens qui fe for- ma 409 ans avant Jefus-Chrift, croyoit que Les étoi- les, tant fixes qu’errantes, étoient animées par quel- que divinité. Platon recommande l'étude de lA4f/ronomie en di- vers endroits de fes ouvrages : mais 1l ne paroït pas qu’il aït fait aucunes découvertes dans cette fcien- ce ; 1l croyoit que le monde entier étoit un animal intelligent. Ariftote compoñfa un livré für l4/fronomie, qui net pas parvenu juiqu'à nous. Il croyoit comme Platon que l'univers & chacune de fes parties étoient ani- mées par des intelligences. Il a obfervé Mars éclipfé par la lune, & une comete. Les écoles de Platon & d’Ariftote ont produit divers Aftronomes diflingués. Tel étoit entr’autres Helicon de Cyzique ; qui pouflà l'étude de lAffronomie , jufqu’à prédire une éclipfe de foleil à Denys de Siracufe. | Numa fecond roi de Rome, qui vivoit 736 ans avant Jefus-Chrift , réforma l’année de fon prédécef- feur fur le cours du foleil & de la lune en même tems. Tous les deux ans il plaçoit un mois de vingt- deux jours, après celui de Fevrier, afin de regagner les onze jours que la révolution annuelle du foleil avoit de plus que douze révolutions lunaires. Les favans font fort partagés fur le tems auquel Pytheas de Marfeille a vécu : fans entrer dans cette difpute , remarquons feulement, que c’eft lui, qui le premier prit la hauteur du foleil à midi dans le tems du folftice, & qui par ce moyen trouva l’obliquité de l’écliptique ; ce qui eft une des plus importantes obfervations de lA4/fronomie. Enfin les Ptolemées , ces rois d'Egypte & ces proteéteurs des fciences , fonderent dans Alexandrie une école d’4//ronomie. Les premiers Aftronomes de cette école furent Timochares & Ariftyllus , qui faifoient leurs obfer- vations de concert. Ptolomée nous en a confervéune partie. € Vers l’an 270 avant Jefus-Chrift , florifloit Ara- tus , dont nous avons déja parlé, lequel compofa fon poëme fur lAffrozomie. Les anciens en ont fait tant de cas, qu'il a eu un grand nombre de commenta- teurs. Il s’écarte de l’opinion , qui étoit généralement recüe alors , que le lever & le coucher des afîres étoient la caufe des changemens de l'air. Dans le même tems qu'Ariftarque , vivoit le fä- meux Euclide. Outre fes ouvrages de Géométrie, on a encore de lui, un livre des principes de l’4/rono- mie, où il traite de la fphere &c du premier mobile, Sous le réghe de Ptolemée Philadelphe, parut Phane- thon, dont il nous refte un ouvrage, que Jacques Gronovius fit imprimer à Leyde en 1698. Eratofthe- ñe fut appellé d'Athènes à Alexandrie par Ptolemée Evergéte. Il s’appliqua beaucoup à l4frozomue rela- tivement à la Géographie : il fixa la diffance de la terre au foleil & à là lune, détermina la longitude d'Alexandrie 8 de Syene , qu'il jugeoit être fous le même méridien ; & ayant calculé la diftance d’une de ces deux villes à l’autre, il ofa mefurer la circon- férence de la terre, qu'il fixa entre 250000 & 252000 ftades. | Conon qui vivoit fous les Ptolemées Philadelphe & Evergete, fit plufieurs obfervations fur les éclip- fes de foleil & de lune ; & il découvrit une conftella- tion qu'il nomma chevelure de Berenice : Callimaque en fit un poëme , duquel nous avons la traduétion par Catulle. Mais à la tête de tous ces Aftronomes , on doit placer Hipparque qui entreprit, pour me fer- vir des expreflions de Pline, un ouvrage fi grand, qu'il eùt été glorieux pour un Dieu de lavoir ache- VÉ ; rem etiam deo improbam : c’étoit de nombrer les étoiles , & de laïffer, pour ainfidire , le ciel à la pofte- rité comme un héritage. Il calcula des écliptes de fune & de foleil , pour fix cents ans ; & ce fut fur fes obfervations que Ptolomée établit fon fameux traité, intitulé peyann ouraëi. Hypparque commença à pa- roître dans la cent-cinquante-quatrieme olympiade ; il commenta les phénomenes d’Aratus, & il a mon- tré en quoi cet auteur s’étoit trompé. _ Les plus illuftres Affronomes qui font venus en- fuite, ont été Géminus de Rhode, dans l’olympiade 178 ; Théodore Tripolitain ; Sofigenes, dont Céfar {e fervit pour la réformation du calendrier ; Andro- maque de Crete ; Agrippa Bithynien dont parle Pto- lomée, Liv. VIT, chap. ii. Ménelaus fous Trajan ; Théon de Smyrne ; & enfin Claude Ptolomée , qui vi- voit fous Marc Aurele, & dont les ouvrages ont été jufqu'aux derniers fiecles le fondement de toute l4/- éronommie , non-feulement parmi les Grecs, mais en- core parmi les Latins, les Syriens, les Arabes & les Perfans. Il naquit à Pelufe en Égypte , & fit la plus grande partie de fes obfervations à Alexandrie. Pro- fitant de celles d'Hipparque, & des autres anciens Aftronomes , il forma un fyftème d’4/rozomie , qui a été fuivi pendant plufeurs fiecles. Sextus Empiri- cus , originaire de Cheronée & neveu du fanieux Plu- tarque , qui vivoit dans le même fiecle, &c qui dans les ouvrages qui nous reftent de lui fe moque de tou- tes les Sciences , n’a cependant ofé s’attaquer à l”4/ tronomie. Bien plus, le cas qu'il en fait le porte à réfuter folidement les Chaldéens , qui abufant de V Affronomie , la rendoïent méprifable. Nous trou- vons encore au deuxieme fiecle Hypfcles d’Alexan- drie , auteur d’un livre d’Affronomie qui nous tefte, _ On ne trouve pas que dans un affez long efpace _detems, il y aït eu parmi les anciéns Romains de grands Aftronomes. Les défauts de l’année de Nu- ma, & le peu d'ordre qu'il y eut dans le calendrier , juiqu’à la réformation de Jules Céfar, doivent être regardes plütôt comme un effet de l'incapacité des Pontifes , que comme une marque de leur négligen- ce. L’an 580 de Rome, Sulpicius Gallus, dans la guerre contre les Perfes , voyant les {oldats troublés par une éclipfe de lune , les raflüra en leur en expli- quant les caufes. Jules Céfar cultiva l4/ronome; Macrobe & Pline affürent même qu'il compofa quel- que chofe fur cette fcience. Elle fut auffi du goût de Cicéron, puifqu'il fit la verfion du poëme d’Aratus fur lAffronome. Terentius Varron , cet homme uni- verf{el, fut auffi Aftronome. Il y en eut même qui f- rent leur unique étude de cette fcience. Tel fut P. Rigodius , qui donna dans l’Aftrologie judiciaire, & qui, à ce qu’on prétend, prédit l'empire à Au- | Tome I, | AST 787 gufte, le jour même de fa naïffance. Manilius qui florifloit fous cet empereur , fit un poème fur cette {cience. Nous avons auf l'ouvrage de Caïus Julius Hyginus, affranchi d’Angufte. Cependañtle nombre des Aftronomes fut fort petit chez les Romains, dans des tems où les arts & les fciences paroïfloient faite les délices de ce peuple. La véritable caufe de cette négligence à cultiver l’4ffronomie, eft le mépris qu'ils en faoient. Les Chaldéens, qui l’enfeignoient à Ro- me, donnoient dans l’Aftrologie ; en falloit-11 d’a- vantage pour dégoûter des gens de bon fens ? aufli les Magiftrats chafferent-ils diverfes fois ces fourbes. Senequé avoit du goût pour l’Aftrologie, comme il paroït par quelques endroits de fes ouvrages, Pline le Naturalifte , dans fon important ouvrage, paroît n'avoir pas ignoré l’A/fronomie. Il a même beaucoup contribué aux progrès de cette fcience , en ce qu'il nous a confervé un grand nombre de fragmens des an: ciens Aftronomes. Sous le regne de Domitien, Agrip- pa fit diverfes obfervations altronomiques en Bithy= me. L'on trouve dans les écrits de Plutarque divers pañlages, qui marquent qu'il n’étoit pas ignorant dans cette fcience. Ménélaus étoit Aftronome de pro- fefion. Il fit fes vbfervations à Rome. Ptolomée en fafoit grand cas. Il compofa trois livres des figures fphériques, que le P. Merienne a publiés. Enfin il faut encore placer dans ce fiecle Théon de Smyrre déja nommé. Il écrivit fur les divertes parties des Mathé- matiques du nombre deiquelles eft l’4//roromie. Les Aftrologues, nommés d’abord Chaldéens , & enfuite Mathématiciens , étoient fort en vogue dans ce fie- clé à Rome. Les empereurs & les grands en failoient beaucoup de cas. Cenforin, qui vivoit fous les Gordiens , vers l’an 238 de J.C, a renfermé dans fon petit traité de Die natali, un grand nombre d’obfervations qui ne fe trouvent point ailleurs. Anatolius qui fut évêque de Laodicée , compofa ün traité de la Pâque , où il fait voir fon habileté dans ce genre. Septime Severe favorifa au commencement du troifieme fiecle les Mathématiciens ou Aftrolo- gues: mais fur la fin de ce fiecle Dioclétien & Maxi- mien leur défendirent la pratique de leur art. Macrobe, Marcianus Capella, & quelques au- tres , n’ont parlé qu’en paffant de l’4/fronomie, Nous avons de Firmicus huit livres fur l”4/fron0- mie : mais comme il donnoit beaucoup dans les ré- veries des Chaidéens , fon ouvrage n’eft pas fort inf- trudtif. Théon le jeune d'Alexandrie fit diverfes ob- fervations , & compofa un commentaire fur un ou vrage de Ptolomée , dont les favans font cas encore aujourd’hui. Hypatia fe diftingua dans la même fcien- ce : mais il ne nous refte rien d’elle. Paul d’Aléxan- drie s’appliqua à la fcience des horofcopes, & nous avons fon introduétion à cette fcience prétendrte. Pappus eft connu par divérs fragmens , qui font regretter la perte de fes écrits. On place auffi dans le quatrieme fiecle , Théodore Manlius , conful Romain, qui, au rapport de Claudien, fit un ouvrage, qui s’eft perdu, fur la nature dés chofes & des aftres ; & Achilles Tatius , dont nous avons un commentai- re fur les phénomenes d’Aratus. | Synéfius, évêque de Ptolémaide , fut difeiple de la célebre Hypatia. Il nous refte de lui un difcouts à Pœonius, où1lfait la defcription de {on aftrolabe ; c’é- toit une efpece de globe célefte. Rufus Feftas Avie- nus fit une paraphrafe en vers hexametres des phé- nomenes d’Aratus, qui eft parvenue juiqu'à nous. Le commentaire de Macrobe fur le fonge de Scipion, fait voir qu'il n’étoit pas ignorant dans P4/fronomie. Capella, qui fut proconful, écrivit fur cette fciencé l'ouvrage que nous connoïfons , fous le nom de Satyricon, Proclus Lycius, cet ennemi du Chriftia- GGgsggn 738 AST inifme,étoit favant dans l”4/fronomie, comme plufieuts “ouvrages, qui nous reftent de lui, en font foi. Parmi les Affronomes du fixieme fiecle, 1l faut ‘placer Boëce; car fes écrits prouvent qu'il s’étoit ‘appliqué à cette fcience. Thius fit dés obfervations ‘à Athènes, au commencement du même fiecle. Elles ‘ont été imprimées pour la premiere fois à Paris, en 1645, fur un manufcrit de la bibliotheque du Roi. ‘Les progrès de Denys le Petit à cet égard {on connus. Laurentius de Philadelphie, compofa quelques ou- vrages d’Affronomie, qui ne fubfftent plus. Ce que ‘Cafliodore a écrit eft trop peu de chofe pour li don- ner rang parau les Aftronomes. Il en faut dire au- tant de Simplicius ; fon commentaire fur le livre d’Ariftote de Cælo, montre pourtant une teiñture de cette {cience. Dans les fiecles VIT. & VIII. nous trouvons Ifidore de Séville , à qui ? 4/ffronomie ne doit au- cune découverte. Léontius, habile dans la mécha- nique, conftruifit une fphere en faveur d’un de fes amis, & compofa un petit traité pour lui en facili- ter l’ufage. L’on trouve dans les ouvrages du véné- table Bede diverfes chofes relatives à l4ffroromie. Alcuin, fon difciple, cultiva auffi cette fciénce, &c porta Charlemagne, dont il avoit été précepteur, à favorifer les favans. Les auteurs qui ont écrit depuis Conftantin juf- qu’au tems de Charlémagne , & depuis, rédui- Hient toute leur étude à ce qui avoit rappôrt au ca- lendrier & au comput eccléfiaftique. Charlemagne, fivant le témoignage d’Eginhard & de la plûüpart des hiftoriens, étoit favant dans l4/#rozomie : il don- ha aux mois & aux vents, les noms allemands qui leur reftent encore avec peu de changement. L’am- baffade que lui envoya Aaron Rechild eft fameufe dans l’hiftoire à caufe dés préfens rates dont elle étoit accompagnée , parmi lefquels on marque une horloge , ou felon d’autres un planifphere. L’auteur anonyme de la chronique des rois Francs, Pepin, Charlemagne, & Louis, cultiva l4ffronomie. Il a inféré plufeurs de fes obfervations dans fa chro- nique. Une preuve de fon habileté & de fes progrès, £’eft qu'il prédit une éclipfe de Jupiter par la lune, & qu’il Pobferva. Sur la fin du dixieme fiecle, on trouve le moine Gerbert, qui fut évêque & enfuite pape fous le nom de Sylveftre II. Il étoit favant dans l4ffronomie & dans la méchanique ; ce qui hu attira le foupçon de magie. Il fit une horloge d’une conftruétion merveilleufe , & un globe célefte. Il faut placer dans le onzieme fiecle Jean Campanus de Novarre ; Michel Pfellus , fénateur de Conftanti- nople ; Hermannus Contra@tus, moine de Reichenau, & Guillaume, abbé de S. Jacques de Wurtzhourg. Ils ont tous écrit fur l’4/fronomie. Dans le douzieme fiecle , Sigebert de Gemblours s’attacha à marquer les tems , felon le cours du foleil & de la lune. Athé- lard , moine Anglois , fit un traité de l’aftrolabe ; & Robert, évêque de Lincoln, un autre de la fphere. Jean de Seville traduifit l’Æ/fragan de l'Arabe en Latin, Une des principales caufes du peu de progrès que l’Affronomie a fait pendant plufieurs fiecles, fut l’or- “dre que donna Omar IT. calife des Sarrafins, de brû- ler tous les livres qui fe trouvoient en orient, vers le milieu du feptieme fiecle : le nombre de ceux qui fe trouvoient à Alexandrie étoit immenfe ; cepen- dant comme il fallut employer plus de fix mois pour exécuter l’ordre du calife, qui achevoit pour lors la conquête de la Perfe, les ordres qu'il avoit envoyés ne furent pas fi rigoureufement exécutés en Esypte, qu'il n’échappât quelques manufcrits. Enfin la per- pe que les différentes feétes qui s’étoient élevées parmi les Mahométans, avoient fait naître tant en Afrique qu’en Afie , ayant çeffé prefque entierement, À ST lés mêmes Arabes ou Sarrafins recueillirent biens tÔt après un grand nombre d’écrits que les premiers califes Abbafñides firent traduire d’après les verfions Syriaques, & enfuite du Grec en leur langue, laquelle eit deveñue depuis ce tems., la langue favante de tout l’orient. On fait qu'en général les Arabes ont fort cultivé les Sciences : c’eit par leur moyen qu’elles ont pañlé aux Européens. Lorfqu'’ils fe rendirent maîtres de lE£ pagne, 1ls avoient traduit en leur langue les meilleurs ouvragés des Grecs. C’eft fur ces traduétions que les Occidentaux fe formerent d’abord quelque idée des fciences des Grecs. Ils s’en tinrent à ces traductions jufqu'à ce qu’ils euflent les originaux. L’A4/ronomie n'étoit pas la fcience la moins cultivée parmi ces peu- ples. Ils ont écrit un grand nombre de livres fur ce {u- jet. La feule bibliotheque d'Oxford en contient plus de 400 , dont la plüpatt font inconnus aux favans mo- dernes. L’on n’en fera pas furpris, fi l’on fait atten- tion que les califes eux-mêmes s’appliquoient à P 4£ tronomie , &t récompénfoient en princes magnifiques ceux qui fe diftinguoient dans cette fcience. Le plus illüftre parmi Les princes Mahométans qui ont contri- bué à perfeétionner l4/fronomie | non-{eulement par la traduétion des livres Grecs , mais encore par des obfervations aftronomiques, faites avec autant d’e- xaétitude que de dépenfe, a été le calife Almamoun, feptieme de la famille des Abbaffides, qui commença fon empire en 813. Il étoit fils de cet Aaron Re: child dont nous avons parlé à l’occafion de Charle- magne. On dreffa fur les obfervations qu'il fit faire, les tables aftronomiques qui portent fon nom. Il en fit faire d’autres pour la mefure de la terre dans les plaines de Sinjar ou Sennaar, par trois freres très- habiles Affronomes, appellés es enfans de Muffa : le détail de ces obfervations eft rapporté par diférens auteurs , cités par Golius dans fes favantes notes fur l’A/fragan. Il ramafla de tous côtés les meilleurs ou- vrages des Grecs , qu’il fit traduire en Arabe. Il les étudioit avec foin ; il les communiquoit aux favans de fon empire : il eut fur-tout un grand foin de faire traduire les ouvrages de Ptolomée. Sous fon regne fleuritent plufieurs favans Aftronomes ; & cèux qui {ont curieux de connoître leurs ouvrages, & ce que l’Affronomie leur doit , trouveront dequoi fe fatisfaire dans Abulfarage , d'Herbelot , Hottinger , &c. qui {ont entrés fur ce fujet dans un aflez grand détail. Quelques favans fe font appliqués à traduire quel- ques-uns de leurs ouvrages, ce qui a répandu beau coup de jour fur l”4ffronomie. Il feroit à fouhaiter que l’on prit le même foin de ceux qui n’ont pas encore été traduits. Depuis ce tems les Arabes ont cultivé l’Affronomie avec grand foin. Alfragan, Abumaflar, Albategni, Geber, &c. ont été connus par nos au- teurs, qui les ont traduits & commentés fur des tra- duétions hébraiques faites par des Juifs : car jufqu’aux derniers fiecles, prefque aucune tradu@ion n’avoit été faite fur l’Arabe. Il y en a encore un grand nom- bre d’autres qui ne le cedent point à ceux que nous connoïffons. De plus à l’exemple d’Almamoun, divers princes ont fait renouveller les obfervations aftrono- miques pour fixer les tems , ainfi que fit Melikfchah le plus puiffant des fultans Seljukides , lorfqu'il éta- blit l’époque gélaléenne , ainfi appellée à caufe que Gelaleddin étoit fon furnom. Les califes Almanzor & Almamoun, étant fouverains de la Perfe, infpire- rent aux Perfans du goût pour cette fcience. Depuis eux, 1l y a eu dans cette nation de tems en tems des Aftronomes célebres. Quelques-uns des monarques Perfans ont pris des foins très-lotiables pour la réfor- mation du calendrier. Aujourd’hui même ces princes font de grandes dépenfes pour le progrès de cette Îcience, mais avec fort peu de fuccès : la raïfon eft qu’au lieu de s’appliquer à l’4/frozomie, ils n’étudient AST les aftres que pour prédire l'avenir. On trouve dans les voyages de Chardin, un long paflage tout-à-fait curieux, qui donne une jufte idée de l'état de cette Îcience chez les Perfans modernes. Lu ce Les Tartares defcendans de Ginghifchan & de Taz merlan , eurent la mêmépañion pour l’4/ronormte. Naflireddin, natifde Tus dans le Corafan , auteur d’un commentaire fur Euclide, qui a été imprimé à Rome, a dreflé des tables aftronomiques fort eftr- mées: il vivoit en 1261. Lé prince Olugbesg qui étoit de la même maïfon, fit bâtir à Samarcande un collège & un obfervatoire, pour lequel il fit faire de très- grands inftrumens ; 1l {e joignit à fes Afronomes pour faire des obfervations. Les Turcs difent qu'il fit taire un quart de cercle, dont le rayon avoit plus de 180 piés : ce qui eft plus für , c’eft qu’à l’aide de fes Aftro- nomesil fit des tables-pour le méridien de Samarcan- de, drefla un catalogue des étoiles fixes vifibles dans cette ville , & compofa divers ouvrages, dont quel- ques-uns {ont traduits en Latin, & les autres {ont en- core dans la langue dans laquelle 1ls ont été compo- {és. Il y a tout lieu de croire que les obfervations af- tronomiques, trouvées dans le fiecle dernier entre les mains des Chinois, y avoient pañlé dé Tartarie: car il y a des preuves certaines que Ginghiskan entra dans la Chine, & que fes defcendans furent maitres d’une grande partie de ce vafte empire, où ils poiterent vraiflemblablement les obférvations & Les tables qui avoient été faites par les Aftronomes de Coralan. Aurefte , l’4ffronomie a été cultivée prefque de tems immémorial à la Chine. Les miflionnaires Jéhutes fe font fort appliqués à déchiffrer les anciennes obfer- vations. L'on en peut voir l’hiftoire dans les obier- vations du pere Souciet, Environ 400 ans avant J. C. les fciences furent négligées chez les Chinois. Cette négligence alla en croiflant juiqu’à l’empereur Tiin- Chi-Hoang. Celui-ci fit brûler , 246 avant J. C. tous les livres qui traitoient des fciences , à l’exception de ceux de Medecine, d’Aftrologie , & d’Agriculture : c'eft par-là que périrent toutes les obfervations an- térieures à ce tems: 400 ans après, Licou-Pang ré- tablit les fciences dans fon empire, & érigea un nou- veau tribunal de Mathématiques. L’on fit quelques inftrumens pour obferver les aftres, & l’on régla le calendrier. Depuis ce tems-là l’Affronomie n’a point été néoligée chez ce peuple. Il femble que les ob- fervations faites depuis tant de fiecles , fous les auf- pices & par les ordres de puiflans monarques , au- roient dù fort enrichir l4/ronomie. | Cependant les miffionnaires qui pénétrerent dans cet empire {ur la fin du xvi. fiecle , trouverent que l’état où étoit cette fcience parmi les Chinois, ne ré- pondoit point à la longue durée de leurs obferva- tions. Ceux d’entre les miffionnaires Jéfuites qui en- tendoient les Mathématiques , s’infinuerent par ce moyen dans l’efprit du monarque. Les plus habiles devinrent préfidens du tribunal de Mathématiques, & travaillerent à mettre l’4ffronomie fur un meilleur pié qu’elle n’avoit été auparavant. Ils firent des inf- trumens plus exaëts que ceux dont on s’étoit iervi juiqu’alors , rendirent les obfervations plus juftes , & profiterent des connoïffances des Occidentaux. Voyez les relations du P. Verbieft, & des autres mifionnai- res, ou bien /a deferiprion de la Chine, par le P. Du- halde. | A l'égard des Juifs, quoiqu'ils ayent compoie un aflez grand nombre d'ouvrages fur la fphere, dont quelques-uns ont été imprimés par Munfter en Hé- breu & en Latin, 1l y a peu de chofes néanmoins où ils puiflent être confidérés comme originaux. Cepen- ‘dant comme la plüpart d’entr’eux favoient l’Arabe, & que ceux qui ne le favoient pas trouvoient des tra- duétions hébraïques de tous les anciens Aftronomes Grecs , 1ls pouvoient aifément avec ce fecours faire ÀAST 589 valoir lent capacité parmi les Chrétiens. Depuis la naiflance de J. C. quelques-uns de leurs dofteurs ont étudié l’4ffronomie, pour régler feulement le calen- drier, & pour s’en fervir à l’Aftrologie, à laquelle ils font fort adonnés. Celui qui paroït avoir fait le plus de progrès dans cette fcience, c’eft R. Abraham Zachut. Il vivoit {ur la fin du xv. fiecle , & fut pro- fefleur en Affronomie à Carthage en Afrique , & en- fuite à Salamanque : on a de lui divers ouvrages fur cette fcience Ê Les Sarrafins avoient pris en conquérant l'Egypte ; une teinture d’4/rozomte , qu'ils porterent avec eux d'Afrique en Efpagne ; & ce fut-là lé circuit par le- quel cette fcience rentra dans l’Europe après un long exil. Voici les plus faméux Aftronomes qui fe foient diftingués en Europe depuis lé xir. fiecle. Clément de Langhton, prêtre & chanoiné Anglois , écrivit vers la fin du,x11. fiecle fur l4//rozormnie. Le x111. fie- cle offre d’abord Jordanus Vemoracius , & enfuité l'empereur Fréderic IT. qui fit traduire dé Arabe en Latin les meilleurs ouvrages de Philofophie, de Me- decine & d’Affronomie, Il avoit beaucoup de goût pour cette derniere fcience , jufque-là qu'il doit un jour à l’abbé de Saint-Gal, qu'il n’avoit rien de plus cher au monde que fon fils Conrad , & une fphère qui marquoit le mouvement des planètes. Jean de Sacro- Bofco vivoit dans le même tems ; il étoit Anglois de natffance , & profefleur en Philofophié à Paris , où il compofa {on livre de la /phere, qui fut fi eftimé , que les profeffeurs en Æ//ronomie l’expliquoient dans leurs leçons, Albert le grand , évêque de Ratisbonne, s’ac- quit aufli une grande réputation : il compofa un traité d’Aftronomie , & fe diftingua dans la Méchanique par l’invention de plufñeurs machines furprenantes pour ce tems-là. Depuis ce fiecle l’Afronomie à fait des progrès confidérables : elle a été cultivée par les pre: miers gérmes , & protégée par les plus grands prin- ces. Alphonfe , ro1 de Caïfülle, l’enrichit même des tables,qui portent tojours fon nom. Ces tables fu- rent dreflées en 1270; & ce furent des Jinfs qui y eu- rent la plus grande part. ayez TABLE. Roger Bacon, moine Anglois, vivoit dans le même tems. Guido Bo: natus , Italien , de Frioul, en 1284. En 1320, Pretus Aponenlis , qui fut fuivi de quelques autres moins confidérables en compararon de Pierre d’Ailly, car- dinal & évêque de Cambrai, & du cardinal Nicolas de Cufa, Allemand , en 1440; Dominique Maria , Bolonois, précepteur de Coperme; George Purba- éfüus , ainf appellé du bourg de Burbach fur les fron- tierés d'Autriche & de Baviere, qui enfeigna publi- quement la Philofophie à Vienne , eft un de ceux qui Ont le plus contribué au rétabliflement de l’4//ro10- rie. Îl fit connoiffance avec le cardinal Beffarion pen dant fa légation vérs l’émpereur. Par le confeil de Bef- farion, Purbachius alla en Italie pour appréndre la lan- gue Greque, & aufüi-tôt il s’apphiqua à la le@ture de l’A/rmagefte de Ptolomée , qu’on n’avoit I depuis plu- fieurs fiecles que dans ces traduétions imparfaites., dont il a été parlé ci-deflus , faites fur les hébraïques , qui avoient été faites fur les Arabes , & celles - c1 fur les Syriaques. Il avoit commencé un abregé de Paz: magefte fur l'original Grec : mais 1] ne put aller qu'au fixiome livre , étant mort en 1461, âgé feulement de 39 ans. Son principal difciple fut George Muller, appellé communément Res’omonñtanus, parce qu'il étoit natif de Konisbers en Prufie. Il fut lé premier, qui compoià des éphémerides pour plufeurs années, & divers autres ouvrages très-eftimés , entr'autres les Théoriquès des planeres. Après la mort de Purbachius 1l paffa en Îtalie avec le cardinal Beflarion ; après avoir vifité les principales académies d’Itähe , il revint à Vienne , d’où le roi de Hongrie Pappella à Bude : mais la guerre allumée dans ce pays inquiétant Ré- siomontanus , il fe retira à Nuremberg en 1471, & 798 AST s’y lia d'amitié avec un riche bourgeois nomme Ber- nard Walther, qui avoit beaucoup de goût pour l’4/- éronbthie, Cet homme fit la dépenfe d’une Imprimerie & de plufieurs inftrumens aftronontiques, avec lef- duels ils frent diverfes obfervations. Sixte IV, ap- pella Régiomontanus à Rome pour la réformé du ca- léndriet : il partit au mois de Juillet 1475, après avoir été créé évêque de Ratisbonne : il ne fit pas long fé- jour à Rome , y étant mort au bout d’un an. Régio= montanus avoit donné du goût pour l’Æffronomie à plufieurs perfonnes , tant à Vienne qu'à Nuremberg : ce qui fit que cette fcience fut cultivée avec foïn dans ces deux villés après fa mort. Divers Aftronomes y parurent avec éclat dans le xvix. fiecle. - Jean Bianchini, Ferraroïs , travailla prefque en me- me tems avec réputation à des tables des mouvemens céleftes. Les Florentins cultiverent aufli en ce tems-là l’Affronomie , mais ils ne firent aucun ouvrage com- parable à ces premiers ; & Marfile Ficin, Jovianus Pontanus, Joannes Abiofus, & plufeurs autres , s’a- donnerent un peu trop à l’Aftrologie. Le Juif Abraham Zachut, Aftrologue du roi de Portugal D. Emmanuel, & dont nous avons déjà parlé , compofa un calendrier perpétuel , qui fut 1m- primé en 1500, & qui lui acquit une grande réputa- tion : mais 1l n’y mit rien de lui-même que l’ordre &c la difpofition , le réfte étant tiré des anciennes tables que plufieurs autres Juifs avoient faites quelque tems auparavant , & qui fe trouvent encore dans les bi- bliotheques. | Enfin Nicolas Copernic parut. Il naquit à Thorn au commencement de l’an 1472. Soninchination pour les Mathématiques fe manifefta dès l'enfance. Il fit d’abord quelques progrès à Cracovie; & à 23 ans il entreprit le voyage d'Italie, Il alla d’abord à Bolo- gne, où 1l fit diverfes obfervations avec Dominicus Maria. De-là il paffa à Rome, où fa réputation égala bien-tôt celle de Regiomontanus. De retour dans fa patrie, Luc Wazelrodins, fon oncle maternel, évé- que de Warmie , lui donna un canonicat dans fa ca- thédrale, Ce fut alors qu’il fe propofa de réformer le fyftème reçu fur le mouvement des planètes. Il exa- mina avec foin les opinions des anciens, prit ce qu'il y avoit de bon dans chaque fyftème , & en forma un nouveau, qui porte encore aujourd’hui fon nom. Il ‘fut enterré à Warmie en Mai 1543. Son fyftème éta- blit l’immobilité du foleil & le mouvement de la terre autour de cet aftre, à quoi il ajoûta Le mouvement de la terre fur fon axe, qui étoit l’hypothefe d'Hera- chde de Pont & d’Ecphantus Pythagoricien. Il ne faut pas oublier Jérome Cardan, né à Pavie en 1508. Il s’appliqua à la Medecine & aux Mathé- matiques, Comme il étoit fort entêté de l’Aftrologie, il voulut remettre cette prétendue Science en hon- néur , en faifant voir la liaifon qu’elle avoit avec la véritable 4ffronomie, Il compofa divers ouvrages fur cette idée, & mourut à Milan en 1575. Guillaume TV. Landgrave de Heffe mérite auffi de tenir {a place parmi les Affronomes célebres du même fiecle. Il fit de grandes dépenfes à Cafel , pour faciliter les ob- {ervations. Il avoit à fes gages Jufte Byrgius, Sue très-habile dans la Méchanique , qui lui fit quantité d’inftrumens aftronomiques ; & Chriftophe Rothman favant aftronome, de la principauté d’Anhalt, aïdoït le Landgrave dans fes obfervations. Vers le même tems, Tycho-Brahé contribua auff beaucoup à perfeétionner l'A4ffronomie , non-feule- ment par fes écrits, mais par l'invention de plufieurs inftrumens qu'il mit dans fon château d’Uranibourg, auquel il donna ce nom à caufe de l’obfervatoire qu'il y fit conftruire. Il publia, d’après fes propres obfer- vations, un catalogue de 770 étoiles fixes. Tycho- Brahé étoit d’une famille illuftre de Danemarck. Une ‘éclipfe de foleil qu'il vit à Copenhague en 1560, lor£ qu'il n’étoit encore âgé que de 14 añs, li donna un tel goût pour l’Æffronomie, que dès ce moment il four: na es études de ce côté-là. Ses parens Vourloïent le faire étudier en Droit: maïs il s’appliquoïit à fa Scien- ce favorite, & confacroit à l’achat des livres qi y étoient relatifs l'argent deftiné à {es plaifirs, Il fit ainf de grands progrès à l’aide de fon propre génie ; & des qu'il ne fut plus gêné, il vifita Les principales nniver- fités d'Allemagne, & les lieux où il favoit qu'ily avoit de favans Aftronomes. Après ce voyage il revinten Danemarck en 1571, où il fe procura toutes les commodités qu’un particulier peut avoir pour faire de bonnes obfervations. Quatre ans aprèsil ftunnou- veau voyage en Allemagne & en Italie. Il'vit les int- trumens dont fe fervoit le Landgrave de Heñfe , & il en admuira la jufteffe & l'utilité. Il penfoit à fe fixer à Bâle : mais le roi Fréderic Il. l’arrêta en lu donnant l'île d’Ween, où il lui bâtit un obfervatoire & lux fournit tous les fecours néceflaires à fes vûes. Il y refta jufqu’en 1597, que le roi étant mort, la cour ne voulut plus fubvenir à cette dépenfe. L’empereur Rodolphe lappella à Prague l’année fuivante , & il y mourut en 1607, âgé de 55 ans. On fait qu'il in- venta un nouveau fyftème d’4/froromie , qui eft une efpece de conciliation de ceux de Ptolomée & de Copernic. Il n’a pas été adopté par les Affronomes: mais 1l fera toüjours une preuve dés profondes con- noïffances de fon auteur. Le travail de Tycho con- duifit, pour ainf dire, Kepler à la découverte de la vraie théorie de l’Univers & des veritables lois que les corps céleftes fuivent dans leurs mouvemens. fl naquit en 1571. Après avoir fait de grands progrès dans l4/fronomie, 11 fe rendit en 1600 auprès de Ty- cho-Brahé, qui lattira en lui faifant des avantages. Il eut la douleur de perdre ce maître dès l’année fui- vante : mais l’empereur Rodolphe le retint à {on fer- vice, &1l fut continué fur le même-pié par Matthias & Ferdinand. Sa vie ne laiffa pas d’être aflez tra- verfée : 1l mourut en 1636. Il avoit une habileté peu commune dans l4/fronomie & dans lOptique. Def- cartes le reconnoït pour fon maître dans cette der- mere Science, & l’on prétend qu’il a été auff le pré- curfeur de Defcartes dans l’hypothefe des tourbil- lons. On fait que fes deux lois ou analogies fur les révolutions des planetes ont guidé Newton dans fon fyftème. 7. PLANETE , PERIODE, GRAVITATION. Galilée introduifit le premier l’ufage des telefco- pes dans l’4ffronomie, À l’aide de cet inftrument, les fatellites de Jupiter furent découverts par lui-même, de mème que les montagnes dans la lune, les taches du foleil, &e fa révolution autour de fon axe. Voyez TELESCOPE , SATELLITE, LUNE, TACHES, &c. Les opinions de Galilée lui attirerent les cenfures de linquifition de Rome : mais ces cenfures n’ont pas empêché qu’on ne l'ait regardé comme un des plus grands génies qui ait paru depuis long-tems. Ce grand homme étoit fils naturel d’un patricien de Florence, & 1l naquit dans cette ville:en 1564. Ayant oùi par- ler de l'invention du telefcope en Hollande ( voyez TELESCOPE ) fans favoir encore comment l’on s’y prenoit, 1l s’appliqua à en faire un lui-même; il y réuflit & s’en fervit le premier &c très-ayantagenfe- ment pour obferver les aftres. À l’aide de ce fecours, il découvrit dans les cieux des chofes qui avoient été inconnues à tous les anciens Aftronomes. Il pré- tendoit trouver les longitudes par l’obfervation des éclipfes des fatellites de Jupiter: mais il mourut en 1642 avant que de parvenir à {on but. On peut voir une expoñtion de fes vües & de fes découvertes, que M. l’abbé Pluche met dans la bouche de Galilée mé- me, come IV, de [on fpeitacle de la nature. Hevelius parut enfuite ; 1l donna d’après fes pro- pres obfervations un catalogue des étoiles fixes beau- coup plus complet que celui de Tycho, Gafendi, Horrox, Bowillaud, Ward contribuerent auffi de leur côté à l'avancement de l’Æffronomie. Foy. SATURKNE, ANNEAU, ECLIPTIQUE, MICROMETRE. L’Îtalie poffédoit alors J. B. Riccioli & Fr. Ma. Grimaldi, tous deuxtde la Compagnie de Jefus, &c affociés dans leurs obfervations. Le premier, à li mitation de Ptolomée, compofa un rouvel Almagelle, dans lequel il raflembla toutes les découvertes aftro: nomiques,, tant anciennes que modernes. Les Hol- landoïs qui ont tant d'intérêt à cultiver cette Science à caufe de la navigation, eurent auffi dans ce XVIT° fiecle d’habiles Aftronomes. Le plus illuftre eft Huy- ghens ; c’eft à lui qu’on doit la découverte de l’an- neau de Saturne , d’un de fes fatellites, & l'invention des horloges à pendule. I fit un livre fur la Pluraïité des mondes, accompagné de conjettures fur leurs ha- bitans. Il mourut en 1695, âgé de 76 ans. Newton, d'immortelle mémoire, démontra le pre- imier, par des principes phyfiques , la loi felon la- quelle fe font tous les mouvemens céleftes ; il déter- ina les orbites des planetes, & les caufes de leurs plus grands ainfi que de leurs plus petits éloignemens du foleil. ILapprit le premierauxfavans d’où naït cette proportion conftante & réguliere obfervée, tant par les planetes du premier ordre, que par les fecondaï- res, dans leur revolution autour de leurs corps cen- traux, & dans leuts diftances comparées avec leurs évolutions périodiques. Il donna une nouvelle théo- rie de la lune, qui répond à fes inégalités, & qui en rend raïfon par les lois de la gravité &c par des prin- cipes de méchanique. Foy. ÂTTRACTION, LUNE, Fiux G REFLUX, Gt. Nous avons l'obligation à M. Halley de l4/7ron0- nomie des cométes, & nous lui devons auffi un cata- logue dés étoiles de l’hémifphere méridional. L’A4f tronomie s’eft fort enrichie par fes travaux. Voy. Co- METE, TABLE, Gr. M. Flamiteed a obfervé pendant quarante ans les mouvemens des étoiles, & il nous a donné des ob- {ervations très-importantes fur Le foleil, la [une , & les planetes , outre un catalogue de 3000 étoiles f- xes, nombre double de celui du catalogue d’'Heve- lius. Il paroît qu'il ne manquoit plus à la perfeétion de lAffronomie, qu'une théorie générale 8 complete des phénomenes céleftes expliqués par les vrais mou- vemens des corps & par les caufes phyfiques , tant de ces mouvemens que des phénomenes ; Gregori a rempli cet objet. Voyez CENTRIPETE, CENTRI- FUGE, Grc. | Charles IL. roi d’Angleterré, ayant formé en 1660 la Société royale des Sciences de Londres, fit conf- truire fix ans après un obfervatoire à Greenwich. Flamfteed , qui commença à y faire des obfervations en 1676, eft mort en 1719. Îl a eu pour fucceffeur l’'illuftre Edmond Halley, mort en 1742, & remplacé par M. Bradley, célébre par fa découverte fur laber- ration des étoiles fixes. L'Académie royale des Sciénces de Parié ; prote- gce par Louis XIV, & par Louis XV. a produit auffi d’excellens Aftronomes , qui ont fort enrichi cette Science par leurs obfervations & par leurs écrits. M. Caflini, que Louis XIV. fit venir de Bologne, s’eft diftingué par plufieurs découvertes afronomiques. M. Picard mefura la terre plus exaétement que l’on ne l’avoit fait jufqu’alors ; & M. de la Hire publia en 1702 des tables aftronomiques. Depuis ce tems les membres de cette compagnie n’ont point ceffé de cul- tiver l_Afronomie en même tems que les autres Scien: ces qui font fon objet. Aïdés des infrumens dont l'ob- fervatoire de Paris eft abondamment fourni, ils ont fait prendre une nouvelle face à P4/ronomie. Ils ont fait des tables exactes des fatellites de Jupiter; 1ls ont déterminé la parallaxe de Mars, d’où l’on peut tirer celle du foleil ; ils ont corrigé la doétrine des réfrac- AS I 91 tions des aftrés ; enfin ils ont fait 8c font tous les jours un erand hombre d'obfervations {ur les planetes, les étoiles fixes, les cometes, Gr. L'Italie n’eft pas demeurée en arriere, & pour le prouver 1lfufiit de nommer M'Gulielmini, Bianchini, Marfigh, Man: fredi, Ghifleri, Capelli, 6. Le Nord a auffi eu de favans Aftronomes. M. Picard ayant amené Olaus Roemer , de Copenhague à Paris, ilne tarda pas à fe faire connoître avantageufement aux Académi- ciens. Il conftruifit diverfes machines qui imitoient exa@tement le mouvement des planetes, Son mérite le fit rappeller dans fa patrie, où il continua à four- nir glorienfement la même carriere. Le roi de Suede Charles XI. obferva lui-même le foleil à Torneo, dans la Bothnie, fous le cercle polaire arétique. L'on fait avec quels foins & quelles dépenfes on cultive depuis quelque-tems lAffronomie à Petersbourg , &c le grand nombre de favans que la liberalité du fou- veram y a attirés. Enfin les voyages faits au Nord & au-Sud pour déterminer la figure de la terre avec la plus grande précifion , immortaliferont à jamais le segne de Louis XV. par les ordres & les bienfaits de qui ils ont été entrepris & terminés avec fuccès. Outre les. obfervatoires dont nous avons déjà par- lé , plufieurs princes & plufeurs villes en ont fait bâtir de très-beaux, & fort bien pourvüs de tous les inftrumens néceflaires. La ville de Nuremberg fit bà- tir un obfervatoiréen 1678, qui a fervi fuccefive- ment à MM. Eimmart, Muller, & Doppelmayer. Les curateurs de l’Académie de Leyde en firent un en 1690 : l’on y remarque la fphere arnullaire de Co- pernic. Frederic I. roi dé Prufle, ayant fondé au commen- cement de ce fiecle une Société royale à Berlin, fit conftruire en même-tems un obfervatoire; M. Kirch s’y eft diftingué jufquw’à fa mort, arrivée en 1740. Le comte de Marfgli engagea en 1712 le fenatde Bolo- gne à fonderune académie & à bâtir un obfervatoire, Voyez INSTITUT. L'année fuivante l'académie d’AL torf fit auffi la dépenfe d’un pareil édifice. Le Land- grave de Hefle fuivit cet exemple en 1714; le soi de Portugal en 1722, & larwville d’'Utrecht en 1726 ; en- finen 1739 &c l’année fuivante le P.d'Evora en a fait conftruire un à Rome ; Le roi de Suede un à Upfal; l’on en a fait un troïfieme dans l’académie de Giefle, Nous trouverons quelques dames qui.ont marché fur les traces de la célebre Hypatia ; telle a été Marie Cunitz, fille d’un Medecin de Siléfie, laquelle ft im: primer én 1650 des tables aftronomiques fuivant les hypothefes de Kepler. Maria Clara, fille du favant Fimmart & femme de Mullér , tous deux habiles Af tronomes , fut d’un grand fecours à fon pere &c à fon mari, tant dans les obfervations que dans les calculs, Jeanne du Mée fit imprimer à Paris, en 1680, des entretiens fur l’opinion de Copernic touchant la mo- bilité de la terre, où elle fe propoie d’en démontrer la vérité. Mademoïfelle Winkelman, époufe de M: Godefroi Kirch, partageant le goût de l’Affrozomie avec fon mari, fe mit à létudier & y fit d’aflez grands progrès pour aider M. Kirch dans fes travaux, Elle donna au public en 1712 un ouvrage d’#/frozomie, Il paroît par les lettres des miffionnaires Danois, que les Brachmanes qui habitent la côte de Malabar ont quelque connoïflance de l’4fronomie : il ÿ en a qui favent prédire les éclipfes. Leur calendrier approche du calendrier Julien : mais ces connoïffan- ces font obfcurcies par quantité d'erreurs grofheres, & en particulier par un attachement fuperftitieux à PAftrologie: judiciaire : ils abufent étrangement le peuple par ces artifices. Il en faut dire autant des ha- bitans de l’île de Madagafcar, où les prêtres font tous Aftrologues. Les Siamois donnent aufli dans ces fu- perflitions. M. de Laloubere, à fon retour de Siam en France, apporta leurs tables aftronomiques fur 792 AST les mouvemens du foleil & de la lune. M. Caffini trouva la méthode fuivant laquelle ils les avoient dreffées, afflezingénieufe, & après quelques change- mens , aflez utile. Il conjeétura que ces peuples les avoient recües des Chinois. Les peuples de l'Amérique ne font pas deftitués de toutes connoifflances aftronomiques. Ceux du Pérou régloient leur année fur le cours du foleil ;1lsavoient bâti des obfervatoires, & ils connoïffoient plufieurs conftellations. Quoique cet article foit un peu long, on a erù qu'il feroit plaïfir aux leéteurs ; il eft tiré des deux extraits qu’un habile journalifte a donnés de l’hiftoire de l,4f tronomie, publiée en latin par M. Weidler, Wiisemb, 4°. 1740. Ces extraits fe trouvent dans la Nouvelle Bibliotheque, mois de Mars & d'Avril 1742; & il nous ont été communiqués par M.Formey, hiftorio- graphe & fecrétaire de l’Académie royale des Scien- ces & Belles-Lettres de Prufle; à qui par confèquent nous avons obligation de prefque tout cet article. Ceux qui voudront une hiftoire plus détaillée de l’origine & des progrès de l4//ronomie, peuvent con- fulter différens ouvrages, entr'autres ceux d’'Hmael Bouillaud, & de Flamfteed; Jean Gerard Voflius , dans fon volume de Quatuor artibus popularibus ; Horrius, dans fon Æiffotre philofophique , imprimée à Leyde en 1655, 47-4°. Jonfius, deScriptoribus hifloriæ philofophice , unprimé à Francfort, 27-4®, 1659. On peut encore confulter les yies de Regiomontanus , de Copernic, & de Tycho, publiées par Gaflendi, Feu M. Caffini a compoié auf un sraité de l’origine & du progrès de l’Affronomie, qu'il a fait imprimer à la tête du recueil des voyages de l'Académie, qui parut en 1693. M. l'Abbé Renaudot nous a laïflé fur l’origine de la fphere, un Memoire que nous avons déjà cité, & dont nous avons fait beaucoup d’ufage dans cet article ; on peut encore confulter, fi l’on veut, les préfaces des nouvelles éditions faites en Angleterre, de Manilius & d’Hefiode. Parmi les anciens écrivains, Diogene Laerce & Plutarque, font ceux qu'il eft le plus à propos de lire fur ce même fujet. On diftribue quelquefois l’4//ronomie relativement à fes différens états, en 4/fronomie nouvelle, & Affro- 7207711e ATiCLENTIE L’Affronomte ancienne, c’eft l’état de cette fcience fous Prolomée & fes fuccefleurs ; c’eft l’4/ffronomie avec tout l’appareiïl des orbesfolides , des épicycles, des excentriques, des déférents, des trépidations, Gc. Voyez CIEL, EPYCICLE, &c. Claud. Ptolemée a expofé l’ancienne #/fronomie dans un ouvrage que nous avons de lui, & quil a intitulé peya nn ouflaërs. Cet ouvrage, dont nous avons déja parlé, a été traduit en arabe en 827; & Trape- zuñtius Pa donné en latin. Purbachius 8 fon difciple Regiomontanus, pu- blierent en 1550 un abrégé du wsyaan cuilaËie, à Pu- fage des commençans. Cet abrégé contient toute la doëtrine des mouvemens céleftes, les grandeurs des corps, les éclipfes, ét. L’arabe Albategni compila aufliun autre ouvrage fur la connoïffance des étoiles; cet ouvrage parut en latin en 1575. L’ASTRONOMIE zouvelle, c’eft l’état de cettefcien- ce depuis Copernic , qui anéantit tous ces orbes, épi- cycles & fi&ices, &c réduit la conftitution des cieux à des principes plus fimples, plus naturels & plus certains. Voyez COPERNIC, Voyez auffi SYSTÈME, SOLEIL, TERRE, PLANETE, ORBITE, &c. Voyez de plus SPHERE, GLOBE , Ëc. L’A/fronomie nouvelle eft contenue: 1°. dans les Gx livres des révolutions céleftes publiées par Co- pernic l’an de J. C. 1566. C’eft dans cet ouvrage que, corrigeant le fyflème de Pythagore &c de Phi- lolaus fur le mouvement de la terre, il pofe les for. demens d’un fyftème plus exaét. 2°, Dans les commentaires de Kepler, fur les mou- vemens de Mars, publiés en 1609 : ceft dans cet ou- vrage qu'il fubftitue aux orbites circulaires qu’on avoit adnus jufqu'’alors, des orbites elliptiques qui dônnerent lieu à une théorie nouvelle, qu’il étendit à toutes les planetes dans fon abrégé de l4/fronomie de Copernic, qu'il publia en 1635. 3°. Dans l”Affronomie Philolaïque de Bouillaud, qui parut en 1645 ; il s’y propofe de corriger la théorie de Kepler, & de rendre le calcul plus exa& & plus géometrique. Seth Ward fit remarquer dans fon exa- men des fondemens de l”’4/fronomie Philolaïque, quel- ques erreurs commifes par l’auteur, qu’il fe donna la peme de corriger lui-même dans un ouvrage qu'il pu- blia en 1657, fous le titre d’expofition plus claire des fondemens de l’Affronomie Phulolaique. 4%. Dans l’Affronomie géomerrique de Ward, pu- bliée en 1656 , où cet auteur propofe une méthode de calculer les mouvemens des planetes avec aflez d’exaditude, fans s’aflujettir toutefois aux vraies lois de leurs mouvemens, établies par Kepler. Le comte de Pagan donna la même chofe l’année fuivante. I paroït que Kepler même avoit entrevü cette métho- de, mais qu'il avoit abandonnée, parce qu'il ne la trouvoit pas aflez conforme à la nature. 5°. Dans l Affronomie Britannique publiée en 1657, & dans l’Affronomie Caroline de Stret, publiée en 1667 ; ces deux ouvrages font fondés fur l’hypothefe de Ward. 69. Dans l’Affronomie Britannique de Wings, pu- bliée.en 1669, l’anteur donne d’après les principes de Bouillaud , des exemples fort bien choifis de tou- tes les opérations de l’4ffronomie pratique, &c ces exemples font mis à la portée des commençans. Riccioh nous a donné dans fon Æ/magefie nouveau, publié en 1651, les différentes hypothefes de tous les Afftronomes tant anciens que modernes ; & nous avons dans les élémens de l’Æfronomie phyfique &c géometrique de Gregori, publiés en 1702, tout le {yftème moderne d’A4ffronomie., fondé fur les décou- vertes de Copernic, de Kepler & de Newton. Taquet a écrit un ouvrage intitulé : Z4 Moelle de L’Affronomie ancienne. Whifton a donné fes Préleütions affronomiques , publiées en 1707. Au refte les ouvra- ges les plus proportionnés à la capacité des commen- . çans, font les Z2ffitutions afironomiques de Mercator, publiées en 1606 : elles contiennent toute la doëtri- ne du ciel, tant ancienne que moderne ; & l’Irsroduc- tion à la vraie Affronomie de Keïll, publiée en 1716, où il n’eft queftion que de l’A4ffronomie moderne. Ces deux ouvrages font également bien faits lun & lau- tre , & également propres au but de leurs auteurs. Le dernier de ces traités a été donné en françois par M. le Monnier en 1746, avec plufieurs augmentations très-confidérables, relatives. aux nouvelles décou- vertes qui ont été faites dans l4fronomie, il a enri- chi cet ouvrage de nouvelles tables du foleil & dela . lune, & des fatellites , qui feront d’une grande utihité pour les Aftronomes. Enfin, il a mis à la tête un effas en forme de préface, fur l’hiftoire de | Æ/fronomie mo- derne, où il traite du mouvement de la terre, de la préceflion des équinoxes , de l’obliquité de Péclipti- que , & du moyen mouvement de Saturne. M. Caf- fini, aujourd’hui penfionnaire vétéran de l'Académie royale des Sciences, a aufli publié des Ælémens d’Af- tronomie , en deux volumes 27-4°. qui répondent à ’étendue de fes connoïffances & à la réputation qu'il a parmi les Savans. Le ciel pouvant être confidéré de deux manieres , ou tel qu'il paroît à la vûe fimple, ou tel qu'il eft conçù par l’efprit, l”4/froromie peut fe diviferen deux parties, lafphérique, &c la théorique ; V Aftronomie fphé- rique AST rique eft celle qui confidere le cieltel qu'il fémontre à nos yeux; on y traite des obfervations communes d’A/fronomie, des cercles dela fphere, des mouvemens des planetes , des lieux des fixes, des parallaxes, 6’c. L’Affronomie théorique eft cette partie de l4/fro- nomie qui confidere la véritable flru@ure & difpofi- tion des cieux & des corps céleftes, & quu rend rai- fon de leurs différens phénomenes. On peut diftinguer l4/fronomie théorique en deux parties : l’un eft, pour ainfi dire purement a//rozomt- que, & rend raifon des différentes apparences ou phe- nomenes qu’on obferve dans le mouvement des corps céleftes ; c’eft elle qui enfeigne à calculer les éclip- Les, à expliquer les ftations, diretions , rétrograda- tions des planetes, les mouvemens apparens des pla- netes tant premieres que fecondaires, la théorie des cometes, &c. | L'autre fe propofe un objet plus élevé & plus éten- du ; elle rend la raifon phyfique des mouvemens des corps céleftes, détermine les caufes qui les font mou- voir dans leurs orbites, & l’attion qu’elles exercent mutuellement les unes fur les autres. Defcartes eff le premier qui ait tenté d'expliquer ces différentes cho- Les avec quelque vraiflemblance, Newton qui eft ve- nu depuis, a fait voir que le fyftème de Defcartés ne pouvoit s’accorder avec la plüpart des phénomenes, & y en a fubflitué un autre, dont on peut voir l’idée au mot PHILOSOPHIE NBW TONIENNE. On peut ap- peller cetre feconde partie de l’Æ4/frozomie théorique, Afironomie phyfique, pour la diftinguer de l’autre par- tie qui eft purement géométrique. David Gregori a publié un ouvrage en deux volumes 7-49. qui a pour titre : E/emens d’Aftronomie phyfique 6 géomérri- que, Aftronomie phyficæ 6 geomerricæ elementa, Voyez les différentes parties de l’4ffronomie théorique fous les mots SYSTÈME, SOLEIL , ÉTOILES , PLANE- TE, TERRE, LUNE, SATELLITE, COMETE, 6. On peut encore divifer l’Affronomie en terreftre & en zautique : la premiere a pour objet le ciel, en tant qu'il eft confidéré dans un obfervatoire fixe & im- mobile fur la terre ferme : la feconde à pour objet le ciel vü d’un obfervatoire mobile ; parexemple, dans un vaifleau quife meut en pleine mer. M. de Mau- pertuis, aujourd’hui Préfident perpétuel de lAcadé- mie des Sciences de Berlin, à publié à Paris en 1743 “un excellent ouvrage, qui a pour titre, ÆAffronomie nautique , Où Elemens d’Aftronomie , tant pour un ob-M ervatoire fixe, que pour un obfervatoire mobile. L’Affronomie tire beaucoup de fecours de la Géo- métrie pour mefurer les diftances & les mouvemens tant vrais qu'apparens des corps céleftes ; de l’Alge- bre pour réfoudre ces mêmes problèmes , lorfqu'ils font trop compliqués ; de la Méchanique &c de l’Alge- bre, pour déterminer les caufes des mouvemens des corps céleftes ;*enfin des arts méchaniques pour la conftruéhon des inftrumens avec lefquels on obferve. ‘PV. TRIGONOMETRIE , GRAVITATION , SECTEUR, QUART DE CERCLE, &c, & plufeurs autres articles, qui feront la preuve de ce que l’on avance ici. (O) : ASTRONOMIQUE, adj. Affronomicas ; on entend par ce mot tout ce qui a rapport à l’Affronomie, Voyez ASTRONOMIE. Calendrier affronomique. Voyez CALENDRIER. Heures affronomiques. Voyez HEURE. Obfervations afronomiques. F. oyez OBSERVATIONS CELESTES.. Ptolomée nous a confervé dans fon 4/magefle , les obfervations affronomiques des anciens , entre lef- quelles celles d'Hipparque tiennent le premier rang. -Voÿez ALMAGESTE. La plüpart des onvrages ou traités d4ffronomie., qui ont été publiés fous les regnes de François I. & de fes fucceffeurs, n’étoient que des extraits de l4Z magefle de Ptolomée , traduit de P'Arabe ou fur les Tome I, AST 793 manufcrits Grecs ; ceux-ci furent recueillis , & les pañlages reftitués dans la belle édition de Bâle de 1538, Cet ouvrage renferme non feulement les hy- pothefes , les méthodes pratiques, & les théories des anciens , mais encore plufieurs obfervations aftro- nomiques faites en Orient & à Alexandrie, depuis la 27° année de Nabonaffar, qui eft le tems de la plus ancienne éclipfe qu’on fache avoir été obfervée à Babylone , jufques vers l’année 887, qui répond, felon nos chronolosiftes , à l’année 140 de l’ere chrétienne. Cet ouvrage avoit été publié fous l’em- pire d’Antonin , & il ne reftoit gucre que ce livre d'Aftronomie qui eût échapé à la fureur des barbares: les autres livres qui s’étoient fans doute bien moins multipliés , avoient été détruits pendant les ravages prefque continuels qui fe firent durant cinq cents ans dans toutes les provinces Romaïnes. . L'empire Romain ayant fini, comme l’on fait ; en Occident l’an 476 de l’ere chrétienne, &les nations Gothiques qui en avoient conquis les provinces , s’y étant pouf lors établies , une longue barbarie fuccé- da tout d’un coup aux fiecles éclairés de Rome ; & cette grande ville , de même que celles de la Gaule, des Efpagnes &c de l’Afrique , ayant été plufieurs fois prife & fâccagée , les manufcrits furent détruits & diffipés , & l’umivers refta long-tems dans la plus pro- fonde ignorance. Zff. Afîr. de M. le Monnier. En 88ole Sarrafin Albategni fe mit à obferver. En 1457, Regiomontanus fe livra à la même occupation à Nuremberg. J. Wernerus & Ber. Waltherus fes éleves continuerent depuis 147$ jufqu’en 1504: leurs obfervations réunies parurent en 1544. Coper- nic leur fuccéda , & à Copernic le Landgrave de Hefle, fecondé de Rothman & de Byrgius : Tycho vint enfuite , & fit à Uramibourg des obfervations depuis 1582 jufqu’en 1601: toutes celles qu’on avoit jufqu’alors , avec la defcription des inftrumens de Tycho, font contenues dans lAHiffoire du ciel, publiée en 1672 , par les ordres de l’empereur Ferdinand, Peu de tems après, Hevelius commença une fuite d'obférvations | avec des inftrumens mieux imaginés &t mieux faits que ceux qu’on avoit eus jufqu’alors + on peut voir la defcription de ces inftrumens dans l'ouvrage qu'il a donné fous le titre de Machina cœ- leffrs, On objeéte à Hevelius d’avoirghfervé à la vûe fimple, & de n’avoir point fù ou vo avantages du télefcope. Le doéteur H fujet en 1674, des obfervations fur les ifftrumens d'Hevelius, & 1l paroït en faire très-peu de cas , pré- tendant qu’on n’en peut attendre que peu d’exati- tude. À la follicitation de la Société royale, M. Hal- ley fit en 1679 le voyage de Dantzik , examina les inftrumens d’'Hevelius, les approuva,& convint que les obfervations auxquelles 1ls avoient fervi, pou voient être exactes. Jer. Horrox & Guill. Crabtrée , deux Affronomes Anpolois, fe font fait connoître par leurs obfervations qu'ils ont pouflées depuis 163; jufqu’en 1645. Flamf- teed, Cafini, Halley, de la Hire, Roememéc Kirch leur fuccéderent. | | | M. le Monnier fils, de l’Académie royale des Scien- ces, & des Sociétés royales de Londres & de Berlin, a publié en 1741 un excellent recueil des meilleurs obfervations affronomiques, faites par Acad. royale des Sciences de Paris, depuis fon établifiement, On n’en a encore qu'un volume qui doit être furvz de plufieurs autres : l'ouvrage a pour titre, Æiffoire célefte ; il eft dédié au Roi, & orne d’une préface très- favante. Lieu affronomique d’une étoileou d'une planete ; c’eft fa longitude ou Le point de l’ecliptique auquel elle répond ,en comptant depuis la feétion du Bélier #7 conféquentia ; c’eft-à-dire, en fuivant l’ordre naturel des fignes. Voyez LIEU , LONGITUDE. HHhhh 794 ASY ASTRONOMIQUES , noms que quelques auterirs ‘ont donné aux fraétions fexagéfimales , à caufe de Vufage qu'ils en ont fait dans les calculs 4/fronomi- ques. Voyez SEXAGÉSIMAL. Tables affronomiques. Foyez TABLES. Théologie affronomique, c’eftle titre d’un ouvrage de M. Derham, chanoine de Windfor, & de la Société royale de Londres, dans lequel l’auteur fe propofe de démontrer l’exiftence de Dieu par les phénomenes admirables des corps céleftes. Voyez THEOLOGIE, {0 | ( À \STRUN O, montagne d'Italie, au royaume de Naples, près de Puzzol ; il y a dans cette montagne des bains appellés #agri di Affruno,que quelques Géo- graphes prennent pour la fontaine minérale que les anciens nommoient Oraxus ; ces bains font fournis par les eaux d’un petit lac. ASTURIE,, province d’Efpagne, qui a environ 48 tieues de long , fur 18 de large, bornée à lorient par la Bifcaye , au midi par la vieille Caftille & le royaume de Léon, à loccident par la Galice , au nord par l’Océan ; ellefe divife en deux parties , l4f turie d'Orviedo , & V Aflurie de Santillanne ; c’eft la- panage des fils aînés d'Efpagne. ASTYNOMES. f. m. pl. ( Aiff. anc. ) nom que les Athéniens donnoient à dix hommes prépofés pour avoir l’œil fur les chanteufes & fur les joueurs de flu- te : quelques-uns ajoûtent qu'ils avoient auff l’inten- dance des grands chemins. Ce nom eft grec, & dérivé de «cv, ville, &t de soucc, loi, Où veu, divifer. (G) * ASTYPALÆUS , furnom d’Apollon , à qui cette épithete eft venue d’Aftipalie, une des Cicla- des, où il avoit un temple. * ASTYRENA, ( Myth. ) Diane fut ainf furnom- mée d’un lieu nommé #/yra dans la Méfie , où cette déefle avoit un bois facré. * ASUAN , ( Géog. anc. 6 mod. ) ville d'Egypte ; dans la partie méridionale, fur la rive droite du Nil. Les Turcs l’appellent Sahid, & les Arabes Ufuar ; quelques Géographes croyent que c’eft l’ancienne Metacompfo ; Tacompfon , où Tachempfo ; d’autres la prennent pour Syere même. *ASUGA , ville d'Afrique, au royaume d’Ambiam en Abyflnie , fur la riviere de Zaïlan. * ASUNGHg petit lac de Suede , dans la Veftro- gothie, ver@lie provinces de Smallande & de Hal- lande. ASYME . m. ( Æif£. anc. & mod.) fan@uaire , ou lieu de réfuge , qui met à l’abri un criminel qui sy retire, & empêche qu'il ne puifle être arrêté par aucun officier de jufüce. Voyez RÉFUGE , PRIvI- LÈGE, Ce mot vient du grec &ruacs , qui eft compofé de a privatif , & de avaco , je prends ou je heurte ; parce qu'on ne pouvoit autrefois , fans facrilége , arréter une perfonne réfugiée dans un 4/y. Voyez SACRI- LÉGE. Le premier afÿle fut établi À Athenes par Les def- cendans"d'Hercule , pour fe mettre à couvert de la fureur de leurs ennemis. Voyez HERACLIDES. Les temples, les autels , les ftatues , &c les tom- beaux des héros, étoient autrefois la retraite ordi- naire de ceux qui étoient accablés par la rigueur des lois, ou opprimés par la violence des tyrans : mais de tous ces afyles , les temples étoient les plus frs & les plus inviolables. On fuppoloit que les dieux fe chargeoïent eux-mêmes de la punition d’un criminel qui venoit fe mettre ainfi fous leur dépen- dance immédiate : & on regardoit comme une gran- de impiété d’ôter la vengeance aux immortels. Voyez AUTEL, TEMPLE , TOMBEAU , STATUE , 6c. _ Les Ifraélites avoient des villes de réfuge , que Dieu lui même leur avoit indiquées : elles éroient lafyle de ceux qui avoient commis quelques crimes, pourvû que ce ne fût point de propos délibéré. À l’égard des payens, ils accordoient le réfuge & l'impunité , même aux criminels les plus coupables & les plus dignes de châtiment, les uns par fuper£- tition , Les autres pour peupler leurs villes ; 8 cefut en effet par ce moyen que Thebes, Athenesë&r Rome fe remplirent d’abord d’habitans. Nous lifons auffi que les villes de Vienne & Lyon étoient autrefois un afyle chez les anciens Gaulois : & il y a encore quelques villes d'Allemagne , qui ont confervé leur droit d’afyle. «et C’eft pour cette raïfon que fur les médailles de différentes villes; principalement deSyrie, on trouve linfcription AzYAO! , à laquelle on ajoûte IEPAI, par exemple, TYPOY IEPAË KAI AXYAOE, YIAONOE (EPAZ KAI AEYAOT. La qualité d’afyle étoit donnée à ces villes , felon Spanheim , à caufe de leurs temples , & des dieux qui y étoient révérés. La même qualité étoit aufli quelquefois donnée aux dieux mêmes. Ainfi la Diane d’Ephefe étoit ap- pellée A'ounce. On peut ajoûter que le camp formé par Remus & Romulus, qui fut appellé afy/e, & qui devint enfuite une ville , étoit un temple élevé au dieu Afylæus , @soc daunaïos. | Les empereurs Honorius & Theodofe ayant ac- cordé de {emblables priviléges aux églifes , les évé- ques & les moines eurent@tfoin de marquer une cer- taine étendue de terrain , qui fixoit les bornes de la jurifdi@ion féculiére ; & ils furent fi bien conferver leurs priviléges , qu’en peu de tems les couvens fu- rent des efpeces de fortereffes où les criminels les plus averés fe mettoient à l'abri du châtiment , & bravoient les magiftrats. Voyez SANCTUAIRE. Ces priviléges furent enfuite étendus , non-feule- ment aux égliles & aux cimetieres , mais aufli aux maifons des évêques ; un criminel qui s’y étoit retiré ne pouvoit en fortir que fous promefle de la vie, & de l’entiere rémifion de fon crime. La raïfon pour la- quelle on étendit ce privilége aux maïfons des évé- ques , fut qu'il n’étoit pas poflible qu'un criminel pañlât fa vie dans une églife, où il ne pouvoit faire décemment plufieurs des fonétions animales. Maïs enfin ces 4/ÿles ou fanétuaires furent dépouil- lés de plufieurs de leurs immunités , parce qu'ils ne fervoient qu’à augmenter le brigandage, & à enhar- ® dirle crime. En Angleterre,dans la charte oupatente des privilé- ges ou immunités, qui ont été confirmées à l’églife de $. Pierre d'York, lan $. H. VII ; on entend par a/yle cathedra quietudinis & pacis. Quod ft aliquis wvejano fpiritu agitatus diabolico aufu quemquam capere præfump- férie in cathedré lapide juxta altare, quod Anglict vo- cant Freedftool, id eft, cathedra quierudinis vel pa- cis ; hujus tam flagitiofr facrilegii emtndatio fub .nullo judicio erat , fub nullo pecuniæ numero claudebatur, ed apud Anglos Botales , hoc eff, Jine emendé vocabatur. Monaff. t. 3.p. 135. Il y avoit plufieurs de ces a/ÿles ou Janéluaires en Angleterre ; mais le plus fameux étoit à Beverly, avec cette infcription : Aæc fedes lapidea Freed/ffool di. citur , id eff, pacis cathedra , ad quam reus fugiendo per- veniens , omnimodam habet fecuritatem. Cambden. Les afyles reflemblent beaucoup aux franchifes ac- cordées en Italie aux églifes. Voyez FRANCHISE ; mais ils ont tous été abolis. (G) | * En France, l’églife de $. Martin de Toursaété long-tems un 4/y/e inviolable. 1. Charlemagne avoit donné aux a/yles une prenuere atteinte en 779, par la défenfe qu'il fit, qu'on por- tât À manger aux criminels qui le retireroient dans les églifes. Nos rois ont achevé ce que Charlemagne avoit commencé. ASYMMÉTRIE , f, compofé de 4 privatif, de ASY &iy, avec, & de merpor, mefure ; c’eft-à-dire , fans mez Jüre. On entend par ce mot, un défaut de propor- tion ou de correfpondancé entre les parties d’une chofe. Voyez SYMMÉTRIE. ‘ \r Ce mot défigne en Mathématique, ce qu'on entend plus ordinairement par i2commenfurabilité, I y a in- commenfurabilité entre deux quantités ; lorfqu’elles n’ont aucune commune mefute ; tels font le côté du quarré & {a diagonale ; en nombres les racines four- des, comme y/2, &c. font aufñi incommenfurables aux nombres rationels. Foy. INCOMMENSURABLE, SouRD , QUARRE , Gc: (E) ASYMPTOTE, Æfymptoris, {. f. terme de Géo- métrie. Quelques auteurs définiflent l'afÿmptote une ligne indéfiniment prolongée , qui va en s’appro= chant de plus en plus d’une autre ligne qi'elle ne rencontrera jamais. Voÿez LIGNE. | Mais cette définition générale de l’af/ymptore n’eft pas exacte, car elle peut être appliquée à des lignes qui ne {ont pas des afÿmptotes. Soit ( fig. 20. n°; 2: Jeé. con. ) lhyperbole ÆS L; fon axe CM; fon axe comugué 482. On fait que fi du centre ©, on mene les droites indéfinies CD , CF, paralleles aux lignes BS, AS, tirées du fommet S de l'hyperbole, aux extrémités de fon axe conjugué : ces lignes CD, CE, feront les a/ymptotes de l’hyperbole XSL. Soient tirées les paralleles fo, 42, &c. à l’afymp- cote CD ; il eft évident que ces paralleles indéfint- ment prolongées , vont en s’approchant continuelle- ment de l’hyperbole qu’elles ne rencontrerônt jamais. La définition précédente de l’a/ymptote convient donc à ces lignes ; elle n’eft donc pas exaëte. .… Qu'’eff-ce donc qu'une 4/ymptore en général ? C’eft une ligne, qui étant indéfinihenñt prolongée s’appro- che continuellement d’une autre ligne auf indéfni- ment prolongée , de maniere que fa diftance à cette ligne ne dévient jamais zéro abfolu , mais peut toù- jours être trouvée plus petite qu'aucune grandeur . donnée, FTP 4 Soit tirée la ligne Nopgq berpendiculairement à lafÿymptote CD , & à fes paralleles fg, kz, rc. il eft évident que lafymptore C D peut approcher de Phy- perbole, plus près que d'aucune grandeur donnée; car la propriété de l’a/ymptote CD confifte en ce ue le produit de Cp par pq eft toüjours conftant ; d'où 11 s'enfuit que € p augmentant à l’infini, pq dimi- nue aufli à Pinfini : mais [a diftance des paralleles fg, hi à cette courbe fera toüjours au moins de zp, de op, Gc. 8 par conféquent ne fera pas plus petite qu'aucune grandeur donnée. Voyez HYPEÉBOLE. Le mot afymptote elt compolé de « privatif, de eur, avec , & de mire, je tombe ; c’eft-à-dire , qui n’eft pas co-incident , ou quine rencontre point. Quelques auteurs Latins ont nommé les a/ymptotes, lineæ in- tale. Le | | Certains Géometres diftinguent plufeurs efpeces d’afymptotes ;11 y en a, felon ces auteurs, de droites, . de courbes , 8cc. Ils diftribuent les courbes en conca- ves , convexes , &tc. &c 1ls propofent un inftrumeat pour les tracer toutes : le mot d’a/ÿymptote tout court ne défigne qu'une afymptote droite. . L’afymptote Le définit encore plus exaétement.une ligne droite, qui étant indéfiniment prolongée, s’ap- proche continuellement d’une courbe, ou d’une por- tion de courbe auf prolongée indéfiniment , de ma- mere que fa diftance à cette courbe ou portion de courbe ne devient jamais. zéro abfolu , mais peut toïjours être trouvée plus petite qu'aucune grandeur donnée. Je dis 1°: d’une courbe ou d’une portion de cour- be, afin que la définition convienne, tant aux cour: bes ferpentantes qu’aux autres. Car la ligne fr, (fig. 20. n°, 3.) ne peut être confidérée comme l’4/ymptote de la courbe ferpen- Tome L | | À SY 795 tänte mroprs, que quand cette courbe à pris un cours réglé relativement à elle; c’eft-à-dire un cours; par lequel elle a été toñjours en s’én approchant. Je dis 2°. que la diffance de l’afymprote à la courbe peut toïjours êtretrouvée moindre qu’ancune gran deur donnée ; car fans cette condition, la définition conviendroit à l’a/ÿmptore, & à fes paralleles. Or une définition ne doit convenir qu'à la chofe défi- nie. Line | … On dit quelquefois que deux courbes font 4/ymp= cores l’une à l’autre , lorfqu’indéfiniment prolongées elles vont en s’approchant continuellement , {ans pouvoir jamais fe rencontrer. Ainfi deux paraboles de même parametre , qui ont pour axe une même ligne droite, font a/ymptotes l’une à l’autre. Entre les courbes du fecond degré , c’eft-à-dire entre les feétions coniques , 1l n’y a que l’hyperbole qui ait des a/ymptotes. | r Toutes les courbes du troifieme ordre ont totjours quelques branches infinies, mais ces branches in- finies n’ont pas tobjours des a/ymptotes ; témoins les paraboles cubiques , &c cellesque M. Newton a nom- mées paraboles divergentes du troifteme ordre. Quant aux courbes du quatrieme , 1l y en a une infinité, qui non-feulement n’ont pas quatre afÿmpéores , mais qui n’en ont point du tout, & qui n’ont pas même de branches infimes,comme l’ellipfe de M. Caffini. Voyez COURBE, BRANCHE, ÉLLIPSE , Gc. LES La Conchoide, la Cifloide, & la Logarithmique qu’on ne met point au nombre des ne géomé- triques ont chacune une a/ymptote, Voyez COURBE. L’afymptote de la conchoiïde eft très-propre pour donner des notions claires de la nature des a/ympto- res en général. Soit(Plezck. de P Analyf. fig. premere) M M 4 M une portion de conchoide , € le pole de cette courbe, & BR une ligne droite au-delà de la- quelle les parties OM, E 4,QM, &c. des droites tirées du pole €, font toutes évales entr’elles. Cela pofé, la droite BR f{éra l'afymptote de la courbe. Car la perpendiculaire M1 étant plus courte que MO & M R plus courte que MQ , &c. il s’enfuit que la droite BD va en s’approchant continuellement de li courbe M M A4 M; deforte que la diftance M R va toûjours en diminuant , & peut être aufli petite qu’on voudra ; fans cependant être jamais abfolument nul- le. Voyez DivisiBiLiTÉ , INFINI ; ec. Voyez auffe- CONCHOIDE. On trace de la maniere fuivante les a/ÿmptotes de l’hyperbole. Soit (Planch. des feët. conig. fig. 20) une droite D E tirée par le fommét 4 de l'hyperbole, parallele aux ordonnées M, & égale à l'axe conju- oué de; en forte que la partie 4£ foit égale à la moitié de cetaxe, & l’autre partie D 4 égale à lau- tre moitié. Les deux lignes tirées du centre © de lhy- perbole par les points D & Æ , {avoir CF & CG; feront Les a/ÿmptotes de cette courbe. | Il réfulte de tout ce que nousavons dit jüfqw’ici , qu'une courbe peut avoir dans cértains cas pour afÿmptote une droite, & dans d’autres cas une courbe: Toutes les courbes qui ont des branches infinies, ont toüjours lune ou l’autre de ces d/fympiotes ; &c quel- quefois toutes Les deux; lafmprote et droite, quand la branche infinie eft hyperbolique ; Pa/ympéote et courbe, lorfque la branche infinie eft parabolique , & alors l’a/ymptote courbe eftune parabole d’un de- gré plus où moins élevé, Ainf la théorie des a/ÿmp- rotes des courbes dépend de celle de leurs branches infinies. Voyez BRANCHE. RE le. Une courbe géométrique ne peut avoir plus d'a- fymptotes droites qu’il n'y a d'unités dans Péxpofant de fon ordre. Voyez Surline, Exum, lin, 3% ord, prop. VI, cor. 7.8 l’introduifion à l’'analy{e des Lignes cour- Les, par M. Cramer ; p. 344. art. 147. Ce dernier ouvrage contient une exçellente théorie des 4/ÿmy- HHhhh 796 AS Y totes des coutbes géométriques &z de leurs branches, | chap. VIII. Si lhyperbole GMR, fig. 2. eft une des cour- bes dont lanature exprimée par l'équation aux a/ymp- tores oit renfermée dans l'équation générale x° y” — 4"T" ; tirez la droite P M, partout où vous vou- drez, parallele à l’afymprore CS ; achevez le parallé- logramme P CO M. Ce parallélogramme fera à l’ef- pace hyperbolique PMGB, terminé par la ligne PM, par l’hyperbole indéfiniment continuée vers G , & par la partie P B de l’a/ÿmptore indéfiniment prolon- pée du même côté, comme "—» eft à z. Ainfi lorf je m fera plus grand que 7 , l’efpace hyperbolique era quarrable. Si #—2, comme dans l’hyperbole or- dinaire , le parallélogramme P COM fera à l’efpace hyperbolique comme zéro eft à z. c’eft-à-dire, que cet efpace {era infini relativement au parallélogram- me , & par conféquent non quarrable. Enfin fi 77 eft moindre que z, le parallélogramme fera à l’efpace hyperbolique comme un nombre négatif à un nom- bre pofitif , l’efpace PM G B fera mfini, & l’efpace .MPCE ieraquarrable. Voyez la fin du cinquieme li- vre des feitions coniques de M. le marquis de PHôpi- tal. Voyez auffi un mémoire de M. Varignon imprimé en 1705. parmi ceux de l’Académie Royale des Scien- ces , &t qui a pour titre Réflexions fur les efpaces plus guinfinis de M, Wallis. Ce dernier Géometre préten- doit que l’efpace MPGB, étant au parallélogramme comme un nombre pofitif à un nombre négatif, l’ef- pace M P GB étoit plus qu'infini. M. Varignon cen- fure cette expreflion , qui n’eft pas fans doute trop exacte. Ce qu'on peut aflürer avec certitude, c’eft que l’efpace PMGB eft un efpace plus grand qu’au- cun efpace fini, & par conféquent qu'il eft infini. Pour Le prouver, & pour rendrela démonftration plus fimple, faïfons «1, & nous aurons l'équation 12 xy"=r1ouy=x #. (Voyez EXPOSANT.) m Donc ydx, élément de l'aire PMGB =x nr dx, + dont l'intégrale (Poyez INTÉGRAL) eft =; | FEnan pour compléter cette intégrale, il faut qu’elle foit =o lorfque x=o ; d’où il s'enfuit que l'intégrale complete ft © +#%——. Donc Et ECTS 22 (2 1°. Sim < nr, on a 1 — égal à une quantité I—— x ; GET >" qui Ti — repréfente l’efpace E CPM, d’où l’on voit que cet efpace eft fini tant que x eft fini , & que quand x devient infini , l’efpace devient infini aufi. Donc lefpace total renfermé par la courbe & fes deux afymptotes , eft infini ; & comme l’efpace ECPM ef fint, il s’enfuit que l’efpace reftant PMGB eft infini. Il n’y a que l’hyperbole ordinaire où les efpaces PMGB,ECPM, foient tous deux infinis; dans toutes les autres hyperboles l’un des efpaces eft infini, &c l’autre fini ; l’efpace infini eft PM G B dans le cas de m < n, & dans le cas de m > » c’eft PMCE. Mais il faut obferver de plus que dans le cas de m < n, l’efpace infini PMGB eft plus grand en quelque maniere que celui de lhyperbole ordinaire, quoique l’un & l’autre efpace foient tous deux inf- nis ; c’eft-là fans doute ce qui a donné lieu au terme plus qu'infini de M. Wallis. Pour éclaircir cette quef- tion, fuppofons CP=r & PM=r+, & imaginons par le point M une hyperbole équilateré entre les deux poñtive. Ainfi l'intégrale fe réduit à alymptotes CB, CE, que je fuppofe faire ici un anole droit ; enfuite par le même point M décrivons une hyperbole, dont l'équation foit x° "= 1, #7 étant < #, il eft vifible que dans Phyperbole ordinaire J=xT", & que dans celle-ci y=x 7% ; d’où lon voit que x étant plus grand que :, c’eft-à-dire que CP, ordonnée correfpondante de l’hyperbole ordinaire , fera plus petite que celle de l’autre hy- perbole. En effet, fi x eft Bts grand que 1, & que 7 foit < 1, il s’enfuit que x | orfea xt, puif- que m étant < r,onax” > x”, lorfque x eft plus LE CHA 3 , 772 I grand que 1. D’où il s'enfuit que x > x + & ou 7e —1 LS MUR 3 oux #%, Donc l’efpace PMGB XX — rm de l’hyperbole repréfentée par x” y”—1, renfermera l’efpace de l’hyperbole ordinaire repréfentée par l'équation xy=1, & ayant la même ordonnée PM. Ainfi, quoique ce dernier efpace foit infini, on peut dire que l’autre, qui eft infini à plus forte raïon, eft en quelque maniere un infini plus grand. Voyez a l'article INFINT , la notion claire & nette que l’on doit fe former de ces prétendus infinis plus grands que d’autrés, | | À Soit MS , fig. 33. une logarithmique , PR fon afymptote, PT fa foûtangente , & P M une de fes ordonnées. L’efpace indéterminé À P MS fera égal à PMXPT,; & le folide engendré par la révolution de la courbe autour de fon a/ymptote V P , fera égal à la moitié du cylindre, qui auroit pour hauteurune ligne égale à la foûtangente , 8 pour demi-diametre de fa bafe , une ligne égale à l’ordonnée Q 7. Voyez LOGARITHMIQUE. | ASYMPTOTIQUE , afymptoticus, adj. m. efpace afÿymptotique, eft l’efpace renfermé entre une hyper- bole & fon afymptcte , ou en général entre une cour- be & fon afymptote ; cet efpace eft quelquefois fini, & quelquefois infini. Voyez ASYMPTOTE. (O0) ASYNDETON, mot compolé d’« privatif & de cuwdèw, colligo, j'unis ; c’eft une figure de Grammai- re, quiconfite à fupprimer les liatfons ou particules qui devroient être entre les mots d’une phrafe , & donne au difcours plus d'énergie. Foyez CONTONC- TION ou La1/on, On la trouve dans cette phrafe attribuée à Cefar, veni , vidi , vici, où la particule copulative 6 eft omi- fe ; & dans cette autre de Ciceron contre Catilina, abiir, exceffis, evafit, erupit ; & dans ce vers deVirgile : Ferte citi flammas , date tela , fcandite muros. L'afyndeton eft oppoñée à la figure appellée po- Jyrntheton , qui confifteà multiplier la particule copu- lative. Voyez POLISYNTHETON. (G) A T * ATABALE , f. m.( Æiff. mod, & mufig. ) efpece de tambour , dont il eft fait mention dans les voya- geurs , qu'on dit être en ufage parmi les Maures, mais dont on ne nous donne aucune defcription. * ATABEK , f. m. (Æiff. mod.) nom de dignité qui fignifie en Turc pere du prince ; & qu'ont porté plufeurs fergneurs , inftituteurs des princes de la maï- fon des Selsiucides ; les Perfans les appellent azabe- kian, La faveur ou la foiblefle de leurs maîtres les rendit fi puiffans , qu'ils établirent en Afie quatre branches, qu'on nomme dyraflies : 1l y eut Les ara- beks de l’Iraque qui firent la premiere dynaftie ; ils commencerent en 1127 deJ.C. &finirent en 631 de | lhépire, après avoir régné fur la Chaldée , la Méfo- potamie, toute la Syrie, jufqu’en Egypte: les eru- Beks de là Médie , ou dé l’Adherbigian, qui firent la feconde dynaftie ; ils commencerent en $$$ de l’hé- gire, & finirent en 622 : les atabeks de Perfe, ou Sal- gariens ; ils ont duré depuis 543 jufqu’en 663 de lhégire: les atabeks Lariflans , ainfi appellés de [a province de Lar, dont ils fe rendirent maîtres , fini- rent en Modhafferedin Afrafñab , quelque tems après l’an de lhégire 740. * ATABULE , £. m. vent fâcheux qui regne dans la Pouille, & quiincommode, dit-on, les arbres &c les vignes ; il faudroit encore favoir de quel point du ciel il foufile. es À 4 * ATABYRIUS , (Myrh.) furnom que Jupiter avoit chez les Rhodiens;dont 1l étoit la plus ancienne divinité : Rhodes s’appelloit anciennement Arabyria, * ATACAMA , (Géog. mod.) port de mer, dans l'Amérique méridionale, au Pérou , proche le tropi- que du Capricorne ; il y aun defert & des montagnes du même nom. Les montagnes féparent le Pérou du Chili; il y fait f froid, que quelquefois on y meurt gelé. Le port eft à 3094. 10’. de long. & 20. 30. de lat. mérid. * ATAD , (Géog. fainte.) contrée au-delà du Jour- dain , appellée /x plaine d'Egypte, où les Ifraëlites célebrerent les obfeques de Jacob. * ATALAVA , petite ville de Portugal, dans l'Ef- tramadure , proche le Tage. Long. 10.5.lat. 39. 25. ATANAIRE ., cerme de Fauconnerie, {e difoit d’un oifeau qui avoit encore le pennage d’antan , ou de l'année pañlée. : ATARAXIE , f. f (Morale.) terme qui étoit fort en ufage parmi les Sceptiques & les Stoiciens, pour fignifier le calme & la tranquillité de l’efprit, &c cette fermeté de jugement qui le garantit de toutes les agi- tations & les mouvemens qui viennent de l’opinion qu'on a de {oi-même, & de la fcience qu’on croit pofléder. Foyez STOÏCIENS. | Ce mot eft purement Grec ; il eft compofé de à privatif & de rapaosw , jetrouble, j'émeus , je fais peur. C’eft dans l’araraxie que confiftoit , fuivant ces phi- lofophes , le fouveraini bien, & le plus grand bon- heur de la vie. Voyez SOUVERAIN BIEN. (X) _** ATAROTH, (Géog. fainte.) il y eut une ville de ce nom en Päleftine ; dans la tribu de Gad , au- delà du Jourdain ; une autre fur les confins de la tribu d'Ephraim , du côté du Jourdain; & une troifieme appellée Ætharothaddar | dans la tribu d’Ephraim même, du côté de la tribu de Manañé. * ATAVILLES , {. m. pl. (Géog.) peuples. du Pé- tou, dans l'Amérique méridionale, à la fource du Xanxa, à quelque diftance de la mer Pacifique & de Lima. ATAXIE , f. f. ierme de Medecine ; compofé de # privatif, & de raëie, ordre , c'eft-à-dire , défaut d’or- dre , irrégularité | trouble , confufion. Il fignifie dans un fens particulier un dérangement êc une irrégularité dans les crifes & les paroxyfmes des fievres. Hippoc. Liv. I, 6 3. ! p. On dit que /a fievre eff dans l’ataxie ou eff irréguliere, lorfqu’elle ne garde aucun ordre ; aucune écalité, aucune regle dans fon caraétere ; & dans le retour de fes accès. Aïnf ce mot fignifie le renverfement d'ordre qui ar- rive dans les accidens ordinaires des maladies, fur- tout lorfque la malignité sy mêle ; il fe dit auffi du pouls, lorfqu'il ne garde aucun ordre dans le tems, ou le ton de fes battemens. (N) ATCHÉ, monnoiïe d'argent billon, la plus petite & celle de moindre valeur entre toutes les efpeces qui ayent cours dans les états du grand-eigneur , où n’y a aucune monnoie de cuivre , excepté dansla province de Babylone. Elle a pour empreinte des ca- raëteres Arabes ; l’afché vaut quatre deniers un neu- vieme de France. | | - * ATÉ, £ f, (Mych.) déeffe malfaifante , dont.on ATE 797 n’arrétoit ou dont on né prevenoit la colere , que par le fecours des Lires, filles de Jupiter : 4x vient de dy; mal; 1njuflice , & lires vient de Arai, prieres. Jupiter la prit un jour par les cheveux, &c la précipita du ciel en terre: ne pouvant plus brouiller les dieux, entre lefquels Jupiter avoit fait ferment qu’elle ne teparoitroit plus , ellé fe mêla malheureufement des affaires des hommes ; elle parcourut la Terre avec une vitefle incroyable, & les Prieres boiteufes la fui- virent de loin , tâchant de réparer les maux qu'elle laïfloit après elle. Cette fable allégorique eft d'Ho- mere, & elle eft bien digne de ce grand poëte; ce feroit s’expofer à la gâter que de l'expliquer. *ATELLA , (Géog. anc. & mod.) ancienne ville de Ja Campanie, en Italie; c’eft aujourd’hui Senr- Arpiao, dans la terre de Labour , entre Naples & Ca- poue. Il y avoit autrefois un amphithéatre où l’on jouoit des comédies fatyriques & bouffonnes qu’on appelloit arellanes ; il ne refte rien de lamphithéa- tre ; ni des atellanes, Voyez ATELLANES. ATELLANES, adj. pris fub. ( Listérar. ) pieces de théatre en ufage chez les Romains , & qui réflem- bloient fort aux pieces fatyriques des Grecs, ron-teu- lement pour le choix des fujets, mais encore parles caracteres. des aéteurs, des danfes &c de la mufique, On les appelloit ainfi d’Ae/la, ville du pays des Ofques , ancien peuple du Latium , où elles avotént pris naïflance , & d’où elles pafferent bientôt à Ro- me ; c’eft pourquoi on les trouve nommées dans Ci- céron Offs ludi ; 8 dans Tacite ; Oféum ludicrum. Ces pieces étoient ordinairement comiques , mais non pas abfolument ni exclufivement à tout fujet no- ble ou férieux qu’on püt y faire entrer : c’étoit quel- quefois des paftorales héroiques, telle que celles dont parle Suétone daris la vie de Domitien ; elle rouloit fur les amours de Paris & d’ŒÆnone : quelquefois c'é- toit un mélange bifarre de tragique & de comique ; elles étoient jouées par des pantomimes , qu’on ap- pelloit acellans , atellani , où exodiaires, exodiaru ; parce que ; dit un ancien fcholiafte de Juvénal, cet aéteur n’entroit qu’à la fin des jeux, afin que toutes les larmes &c la triftefle que caufoient les paffons dans la tragédie fuffent effacées par les ris & la joie qu'infpiroient les atellanes. On Pourroit donc, dit Voflus , les appeller des comédies fatyriques ; car elles étoient pleines de plaifanteries & de bons mots, com- me les comédies Greques : mais elles n’étoient pas ; comme celles-ci , repréfentées par des aéteurs habil- lés en fatyres. Le même auteur diffingme les arellanes des mimes , en ce que les mimes étoient des farces obfcenes, & que les arellanes refpiroient une certai- ne décence ; de mamiere que ceux qui les repréfen- toient n’étoient pas traités avec le méme mépris que les autres ateurs. Voyez ACTEUR. On ne pouvoit pas même les obliger de fe démafquer quand ils rem- plifloient mal leurs rôles. Cependant ces atellanes ne fe continrent pas toûjours dans:les bornes de la bien- féance qui y avoit d’abord régné; elles devinrent fi licentieufes &c fi impudentes , que le fénat fut obligé de les fupprimer. Voff, Infhr. poet. Lib. II, (G) * ATÉLLARI , o4 ATELLARA, ( Géog. anc. & mod, )riviere de Sicile qui coule dans la vallée ap- pellée di-Noto ; pafle à Noto, & fe jette dans la mer: près des ruines de Pancienne Elore.: On prétend que l’Arellara eft V'Elore d'autrefois. . * ATENA , ( Géog. ) petite ville d'Italie au royau- _me de Naplesyproche le Negro. Lon. 33. 8.lar. 40. 26: | Er | * ATERGATIS , déeffe des Syriens : on croit que c’eft la mere.de Sémiramis : elle étoit repréfentée avec le vifage &c la tête d’une femme , & le refte du corÿs-d’un poiffon. Arergatis , dit Voflius, fignifie fans poiffon ; &1l conjeéture que ceux qui honoroient cette déefle s’abftenoient de poiffon. 798. A TH ATERMOYEMENT , serme de Palais , qui fignifie un contrat éntre des créanciers, &c un débiteur qui a fait faillite, ou qui eft dans le cas de ne pouvoir s’empêcher de la faire, portant terme ou délai pour le payement des fommes qu'il leur.doit, & quelque- fois même remite abfolue d’une partie d’icelles. Le débiteur qui a une fois obtenu un arermoyemens de fes créanciers , n’eft plus reçû par la fuite à faire ceflion. | L'arermoyement peut être volontaire ou forcé : dans le premier cas 1l s’opere par un fimple contratentre les créanciers & le débiteur; dans le fecond, il faut que le débiteur obtienne en petite chancellerie des lettres d'atermoyement , & qu'il Les fafle enthériner en. quftice , après y avoir appellé tous fes créanciers : mais il ne peut pas forcer fes créanciers hypothécai- res à accéder à l’arermoyement. On à fait d’atermoye- nent, atermoyer, atermoyé. ( H) | * ATH, (Géog.) ville des Pays-bas dans le comté d’Hainaut, {ur la Denre. Long. 21.30. latit. 50.35: * ATHACH, (Géog. fainte.) ville de Paleftine dans la tribu de Juda. Voyez I. Reg. xxx. 30. * ATHAMANIE , ( Géog. anc.) pays de l’Epire, entre l’Acarnanie, l’Etolie, & la Theffalie. * ATHAMAS, ( Geog. anc. ) riviere d’Etolie dont les eaux, dit Ovide, allumoiïent uñe torche , fi on l’y trempoit au dernier quartier de la lune. La mor- tagne d’où cette riviere couloit, avoit le même nom. ATHANATES , adj. pris fub. ( Æf. anc, ) nom d’un corps de foldats chez les anciens Perfes, Ce mot eft originairement Grec , & fignifie mortel : il ef compolé d’# privatif, & de Savaros, mort. Les arhanates compofoient un corps de cavalerie de dix mille hommes ; & ce corps étoit toùjours com- plet , parce qu’un foldat qui mouroit étoit auffi-tôt remplacé par un autre* c’étoit pour cette raifon que les Grecs les appelloient athanates , 8 les Latins #- mortales. On conjeture que ce corps commença par les dix mille foldats que Cyrus fit venit de Perfe pour fa garde : ils étoient diftingués de tous les autres par leur armure fuperbe, & plus encore par leur cou- rage, (G) ATHANOR , f. m, serme de Chimie, grand four- neau immobile fait de terre ou de brique, fur lequel s’éleve une tour dans laquelle on met le charbon, qui defcend dans le foyer du fourneau à mefure qu'il s’en confume , felon que la tour peut contenir plus ou moins de charbon. Le feu s’y conferve plus ou moins long-tems allumé , fans qu’on foit obligé d'y mettre de tems en temsdu charbon, comme on fait dans les autres fourneaux. L’athazor communique fa chaleur par des ouvertures quifont aux côtés du foyer où lon peut placer plufieurs vaifleaux, pour faire plu- fieurs opérations en même tems. Voyez FOURNEAU, CHALEUR, Gc. | Ce mot eft emprunté des Arabes qui donnent le nom de #anneron à un four, à l’imitation des Hé- breux qui Pappellent szzrour ; d’autres le dérivent du Grec a Saværos, immortel, par rapport à la lon- gue durée du feu que l’on y a mis. La chaleur de l’ashanor s’augmente ou fe diminue à mefure que l’on ouvre ou que Fon ferme le regif- tre. Foy. REGISTRE. L’athanor s’appelle auff piger Henricus , parce qu’on s’en fert ordinairement dans les opérations les plus lentes , & qu’étant une fois rempli de charbon, il ne cefle de brüler , fans qu’on foit obligé de renouvel- ler le feu ; c’eft pourquoi les Grecs lappellent 4x4- dns, c'eft-à-dire, qui ne donne aucun foin. On le nomme auffi Z fourneau philofophique, le fourneau des arcanes ; utérus chimicus, ou /pagyricus ; & furnus turritus , fourneau à tour. On voit, Chim, PI, IV, fig. 32, un fourneau atha- nor, Où de Henri le pareffeux: a, le cendrier; 3 , le foyer; c, c, les ouvertures pour la communication de la chaleur au bain de fable ou au bain-marie; 4, d, vuide de la tour dans lequel on met le charbon; e,e, folides, ou murs de la tour; f, dome , ou couvercle du fourneau ; g, 2, deux trous par où s’échappe la fumée. Le fourneau athanoreft compofé, comme nous l'avons dit , d’un bain de fable: 1 le cendrier ; 2 le foyer; 3 le bainde fable; 4un matras dans le fable ; $ une écuelle qui eft auf dans le fable ; 6 trou au regiftre ; 7 l'entrée de la chaleur dans le bain de fa- ble ; 8,8 , la platine fur laquelle eft le fable. Le four neau athanor a encore un bain-marie : 1 le cendrier : 2 le foyer; 3 , 3 , le chaudron où l’eau du bain-marie eft contenue ; 4 un rond de paille fur lequel la cu- curbite eft pofée ; 5 la cucurbite coeffée de fon cha- piteau ; 6, 6 , les regiftres ; 7 efcabelle qui porte le récipient ; 8 le récipient. ( M * ATHDORA , ( Géog. ) ville d’Irlande à neuf milles de Limmerick , dans la Mommonie. ATHÉES , f. m. pl.( Mérapk. ) On appelle athées ceux qui nient l’exiftence d’un Dieu auteur du mon- de. On peut les divifer en trois claffes. Les uns nient qu'il y ait un Dieu; les autres affeétent de pañler pour incrédules ou {ceptiques fur cet article ; les au: trés enfin , peu diflérens des premiers , nient les prin- cipaux attributs de la nature divine, & fuppofent que Dieu eft un être fans intelligence , qui agit pu- rement par néceflité; c’ef-à-dire , un être qui, à par= ler proprement , n’agit point du tout, mais qui eft toüjours pañlif, L'erreur des athées vient néceffäire- ment de.quelqu’une de ces trois fources. Elle vient 1°. de Pignorance & de la ftupidité. Il y a plufieurs perfonnes qui n’ont jamais rien examiné avec attention, qui n'ont jamais fait un bon ufage de leurs lumieres naturelles, non pas même pour ac- quérir la connoïffance des vérités les plus claires & les plüs faciles à trouver : elles paffent leur vie dans une orfiveté d’efprit qui les abaïfle & les avilit à la condition des bêtes. Quelques perfonnes croyent qu'il y a eu des peuples aflez groflers & aflez fauvages, pour n'avoir aucune teinture de religion. Strabom: rapporte qu'il y avoit des nations en Éfpagne & en Afrique qui vivoient fans dieux, & chez lefquels on ne découvroit aucune trace de religion. Si cela étoit , ilen faudroit conclurre qu'ilsavoienttotjours été athées ; car il ne paroît nullement poflible qu’un peuple entier pañle de la religion à l'athéifme. La re- ligion eft une chofe qui étant une fois établie dans un pays , y doit durer éternellement : on s’y attache par des motifs d'intérêt, par l’efpérance d’une féli- cité temporelle , ou d’une félicité éternelle. On-at- tend des dieux la fertilité de la terre , Le bon fuccès des entreprifes : on craint qu'ils n’envoyent la ftéri- lité, la pefte, les tempêtes , & plufieurs autres cala- mités ; & par conféquent on obferve les cultes pu- blics de religion , tant par crainte que par efpéran- ce. L’on eft fort foigneux de commencer par cet en- droit-là l'éducation des enfans; on leur recomman- de la religion comme une chofe de la derniere im- portance, & comme la fource du. bonheur & du mal- heur , felon qu’on fera diligent ou négligent à ren- dre aux dieux les honneurs qui leur appartiennent : de tels fentimens qu’on fuce avec le lait, ne, s’effa- cent point de l’efprit d’une nation ; ils peuvent fe mo- difier en plufieurs manieres ; je veux dire , que l’on peut changer de cérémonies où de dogmes, {oit par vénération pour un nouveau doéteur, foit par les menaces d’un conquérant : mais ils ne fauroient difparoître tout-à-fait ; d’ailleurs les perfonnes qui veulent contraindre les peuples en matiere de reli- gion , ne le font jamais pour les porter à l’athéifme : tout fe réduit à fubfituer aux formulaires de culte & de créance qui leur déplaifent, d’autres formulai- A. T H res. L’obfervation que nous venons de faire a paru fi vraie à quelques auteurs, qu'ils n'ont pas héfité de regarder l’idée d’un Dieu comme une idée innée &£ natutelle à l’homme : & delà ils concluent qu'iln”y a eu jamais aucune nation, quelque féroce & quel- que fauvage qu'on la fappofe, qui n’ait reconnu un Dieu. Ainf , felon eux , Strabon ne mérite aucune créance ; & les relations de quelques voyageurs mo- dernes, qui rapportent qu'il y a dans le nouveau monde des nations qui n'ont aucune teinture de re- hgion , doivent être tenues pour fufpeétes ; & même pour faufles. En effet, les voyageurs touchent en paflant une côte , ils y trouvent des peuples incon- nus ; s'ils leur voyent faire quelques cérémonies , ils leur donnent une interprétation arbitraire ; & fi au contraire ils ne voyent aucune cérémonie , ils con- cluent qu'ils n’ont point de religion. Mais comment peut-onfavoir les fentimens de gens dont on ne voit pas la pratique, & dont on n'entend point la langue ? Si l’on en croit les voyageurs , les peuples de la Flo- ride ne reconnoïfloient point de Dieu, & vivoient fans religion : cependant un auteur Anglois , qui a vécu dix ans parmi eux, aflüre qu'il n’y a que la religion révélée qui ait effacé la beauté de leurs prin- cipes ; que les Socrates & les Platons rougiroient de fe voir furpafler par des peuples d’ailleurs fi igno- rans. Il eft vrai quls n’ont ni idoles , n1 temples, n1 aucun culte extérieur : maisils font vivement per- fuadés d’une vie à venir , d’un bonheur futur pour récompenfer la vertu, & de fouffrances éternelles pour punir le crime. Que favons-nous , ajoûüte-t-l , iles Hottentots , &c tels autres peuples qu’on nous re- préfente comme arhées,fonttels qu’ilsnous paroïfent? S'iln’eft pas certain que ces dermiers reconnoiffent un Dieu, du moins eft -1l für par leur conduite qu'ils reconnoiflent une équité, &c qu'ils en font pénetrés. La Deftription du Cap de bonne Efpérance, par M. Koiïbe, prouve bien que les Hottentots les plus barba- res n’agiflent pas fans raïfon,, & qu'ils favent le droit des gens & de la nature. Ainfi, pouf juger s’il y a eu des nations fauvages, fans aucune teinture de divini- té & de religion, attendons à en être mieuxinformés que par les relations de quelques voyageurs. La feconde fource d’athéifme, c’eft la débauche & la corruption des mœurs. On trouve des gens qui, à force de vices & de déreglemens, ont preiqu’éteint leurs lumieres naturelles,8& corrompu leur raifon.Au lieu de s'appliquer à la recherche de la vérité d’une maniere impartiale , & de s'informer avec {oin des regles ou des devoirs que la At ,ilss’ac- coûtument à enfanter des objettions“contre la reli- gion, à leur prêter plus deforce qu’elles n’en ont, & à les foûtenir opiniatrément. Ils ne font pas perfuadés qu'il n’y a point de Dieu : mais ils vivent comme s'ils l'étoient, & tâchent d'effacer de leur efprit toutes les notions qui tendent à leur prouver une divinité. L’e- _ xiftence d’un Dieu les incommode dans la jouiffance deleursplaïfirs criminels:c’eftpourquoiils voudroient croire qu'il n’y a point de Dieu, & ils s'efforcent d'y parvenir. En efñetil peut arriver quelquefois qu’ils réufliflent à s’étourdir & à endormirleur confcience : mais elle fe réveille de tems en tems ; & ils ne peu- vent arracher entierement le trait qui les déchire. Il y a divers desrés d’athéifme pratique ; & îl faut être extrèmement circonfpeét fur ce fujet. Tout homme qui commet des crimes contraires à l’idée d’un Dieu, & qui perfévere même quelquetems , ne fauroit être déclaré auffi-tôt athée de pratique. Da- vid, par exemple, en joignant le meurtre à l’adulte- re , fembla oublier Dieu: mais on ne fauroit pour cela le ranger au nombre des athées de pratique ; cé caractere ne convient qu’à ceux qu vivent dans l’ha- bitude du crime, & dont toute la conduite ne paroît tendre qu’à nier l'exutençe de Dieu, A T H 799 L’athéifme du cœur a conduit le plus fouvent À ces lui de Pefprit. À force de defirer qu'une chofe f{oit vraie, On vient enfin à fe perfuader qu’elle eft telle : l'efprit devient la dupé du cœur ; les vérités les plus évidentes ont toûjours un côté obfcur &r téné- breux ; par où l’on peut les attaquer. Il fufit qu’une vérité nous incommode & qu’elle contrarie nos paf: fions : l’efprit agiffant alors de concert avec le cœur, découvrira bientôt des endroits foibles auxquels il s'attache ; on s’accoûtume infenfiblement à regarder comme faux ce qui avant la dépravation du cœur brilloit à lefprit dela plus vive lumiere : il ne faut pas moins que la violence des paffions pour étouffer une notion aufli évidente que celle de la divinité. Le mon - de, la cour & les armées fourmillent de ces fortes d’4= chées. Quand ils auroient renverfé Dieu de deflus fon throne , ils ne fe donneroient pas plus de licence & de hardiefle. Les uns ne cherchant qu’à fe diffinguer par les excès de leurs débauches, y mettent le com ble en fe moquant de la religion ; ils veulent faire parler d'eux , & leur vanité ne feroit pas fatisfaite s'ils ne jouifloient hautement & fans bornes de la ré- putationgd'impies : cette réputation dangereufe eft lé but de leurs fouhaits, & ils feroient mécontens de leurs exprefhons fi elles n’étoient extraordinairement odieufes. Les railleries , les profanations , & les blaf- phèmes de cette forte d’impies, ne font pointune mar- que qu’en effet ils croyent qu'il n’y a point de divi- nite : ils ne parlent de la forte, que pour faire dire qu'ils enchériffent fut Les débauchés ordinaires ; leur athéifme n’eft rien moins que raïfonné , il n’eft pas même la caufe de leurs débauches ; il eneft plûtôt le fruit &c l'effet , & pour ainf dire , Le plus haut degré. Les autres, tels que les grands qui font le plus foup- çonnés d’athéifme, trop parefleux pour décider en leur efprit que Dieu n’eft pas, fe repofent mollement dans le fein des délices. « Leur indolence , dit la » Bruyere, va jufqu’à les rendre froids & indifté- » rens fur cet article fi capital, comme fur la nature » deleurame, & fur les conféquences d’une vraie re- » Jigion : ils ne nient ces chofes , ni ne les accordent ; »# ils n’y penfent point ». Cette efpece d’athéifme eft la plus commune , & elle eft auffi connue parmi les Turcs que parmi les Chrétiens. M. Ricaut, fecrétaire de M. le comte de Winchelfey, ambaffadeur d’An- gleterre à Conftantinople , rapporte que les arhées ont formé une feéte nombreufe en Turquie, qui eft compolée pour la plüpart de Cadis , & de perfonnes favantes dans les hvres Arabes ; & de Chrétiens re- négats, qui pour éviter les remords qu'ils fentent de leur apoftañe , s'efforcent de fe perfuader qu’il n’y à rien à craindre ni à efpérer après la mort. Il ajoûte que cette doftrine contagieufe s’eft infinuée jufque dans Le férail, & qu'elle a infeété l’appartement des femmes &c des eunuques ; qu'elle s’eft aufli introduite chez les bachas; & qu'après les avoir empoifonnés , elle a répandu fon venin fur toute leur cour ; que le fultan Amurat favorifoit fort cette opinion dans fa cour & dans fon armée. Il y a enfin des arhées de fpéculation & de raïfon- nement , qui fe fondant fur des principes de Philofo. phie , foûtiennent que les argumens contre l’exiftens ce & les attributs de Dieu, leur paroïffent plus forts & plus concluans que ceux qu'on employe pour éta- blir ces grandes vérités. Ces fortes d’arhées s’appel= lent des athées théoriques. Parmi les anciens on comp- te Protagoras, Démocrite , Diagoras, Théodore, Nicanor, Hippon, Evhemere, Epicure & {es feéta= teurs, Lucrece, Pline le jeune, 6e. & parmi les mo- dernes, Averroès, Calderinus, Politien , Pompona- ce, Pierre Bembus, Cardan, Cæfalpin, Taurellus, Crémonin, Bérigord, Viviani, Thomas Hobbe , Be- noit Spinofa, le marquis de Boulainvillers , Gc. Je ne penfe pas qu'on doive leur affocier ces hommes 800 À T H' qui bot mi principes, mi fyftème ; Qui n'ont point examiné Ja queftion , & quine favent qu'imparfai- tement le peu de difficultés qu'ils débitent. [se font une fotte gloire de pafler pour efprits forts ; ils en af- fe@ent le ftyle pour fe diflinguer de la foule , tout prêts à prendre le parti de la religion, f tout le monde {e déclaroit impie & libertin; la fingularité leur plait, Ici fe préfente naturellement la célebre queftion ; {avoir fi les lettrés de la Chine font véritablement athées. Les fentimens fur cela font fort partagés. Le P. le Comte, Jéfüite, a avancé que le peuple de la Chine a confervé près:de deux mille ans la connoïffance du véritableDieu ; qu’ils n’ont été accufés publiquement d’athéifine parles autres peuples, que parce qu’ils n’a- voient nitemple, ni facrifices, qu'ils étoient les moins crédules & les moins fuperftitieux de tous les habitans de l’Afe. Le P.le Gobien , aufli Jéfuite ; avoue que la Chine n’eft devenue idolatre que cinq ou fix ans avant la naïffance de J. C. D’autres prétendent que Pathéifme a régné dans la Chine jufqu'à Confucius , & que ce grand philofophe même en fut infeéte. Quoi qu'il en foitde ces rems fi reculés , fuplefquels nous n'ofons rien décider ; le zele de l’apoftolat d’un côté, & de l’autre l’avidité infatiable des négocians Européens , nous ont procuré la connoïffance de la religion de ce peuple fubtil,favant &c ingénieux, ya trois principales feétes dans l'empire de la Chine. La premiere fondée par Li-laokium, adore un Dieu fou- verain , mais corporel, & ayant fous fa dépendance beaucoup de divinités fubalternes: fur lefquelles 1l exerce un empire abfolu. La feconde, infeëtée de pratiques folles & abfurdes ; met toute {a confiance en une idole nommée Fo ou Foë. Ce Fo.ouFoë mou- rut à l’âge de 79 ans; &.pour mettre le comble à fon impiété , après avoir établi lidolatnié durant fa vie, il tâcha d’infpirer l’athéifme à fa mort: pour lors 1l déclara à fes difciples qu'il davoit parlé dans tous fes difcours que par énigme, & qu’on s’abufoit fil'on cherchoit hors dunéant le premuer principe des cho- fes: c’eft de ce néant, dit-il, que tout eft forti; & c'eft dans le néant que tout doit retomber; voilà l’abyfme où aboutiffent nos efpérances, Cela donna naïffance parmi les Bonzes à une feéteparticuliere.d’a- chées , fondée fur.ces dernieres paroles-de leur maître. Les autres, quieurent de la peine à fe défaire de leurs préjugés , s’en tinrent aux premieres erreurs. D'au- tres enfintâcherent de les accorderenfemble , en fai- fant un corps de doétrine où ils enfeisnerent une dou- ble loï,qu’ils nommerent la Zoiextérieure & la loi invé- rieure. La troïfieme enfin plus répandue que les deux autres, & même la feule autorifée par Les lois de l’e- tat, tient lieu de politique, de region , & fur-tout de philofophie. Cette derniere feéte que profeffent tous les nobles & tous les favans, ne reconnoït d'autre di- vinité que la matiere, owplütôt lanature ; & fous ce nom, fource de beaucoup d'erreurs & d’équivoques , elle*enterid je ne fai quelle ame invifible du monde, je nefai quelle force ou vertu furnaturelle , qui pro- duit, qui arrange, qui conferve les parties de Puni- vers. C’eft, difent-ils , un principetrès-pur, très-par- fait, qui n’a ni commencement , rm fin; c’eft la fource de toutes chofes!, l’eflence de chaque être , & ce qui en fait la véritable différence. Ils fe fervent de ces ma- emfiques expreflions pour ne pas abandonner en ap- parence l’ancienne doétrine : mais au fond ils s’en font une nouvelle. Quand on l’examine de près, ce n’eft plus ce fouverain maître du ciel, jufte, tout- puiflant , le premier des efprits & l'arbitre de toutes les créatures : on ne voit chez eux qu’un athéifme rafiné, & un éloignement de tout culte religieux. Ce qui le prouve , c’eft que cette nature à laquelle ils donnent des attributs fi magnifiques, qu'il femble qu'ils l’affranchiffent des imperfeétions de la matiere, en la féparant dé tout ce qui eft fenfible & corporel ; eft néanmoins aveugle dans fes a@tions les plus rés glées, qui n’ont d’autre fin que celle que is leut donnons , & qui par conféquent ne font utiles qu'au tant que nous favons en faire uñh bon ufage. Quand on leur objeéte que le bel ordre qui regne dans luni: vers n'a pü être l'effet du-hafard , que tout ce qui exifte doit avoir été créé par une premiere caufe, qui eft Dieu : donc, répliquent-ils d’abord, Dieu eft l’auteur du mal moral & du mal phyfique. On a beau leur dire que Dieu étant infiniment bon ne peut être l’auteur du mal : donc, ajoûtent-ils, Dieu n’eft pas. l'auteur de tout ce qui exifte. Et puis, continuent ils d’un air triomphant, doit-on croire qu'un être plein de bonté ait créé le monde, & que le pouvant remplir de toutes fortes de perfe&ions, il ait précife- ment fait le contraire ? Quoïqu’ils regardent toutes chofes comme l’effet de la néceflité , ils enfeignent cependant que le monde a eu un commencement & qu'il aura une fin. Pour ce qui eft de l’homme, ils conviennent tous qu'il a été formé par le concours de la matiere terreftre 87 dela matiere {ubtile , à-peu-près comme les plantes naïffent dans les îles nouvellement formées , où Le laboureur n’a point femé , & où lx terrefeule eft devenue féconde par fa nature. Au refte notre ame, difent-ils , quien eft la portion la plus épu- tée, finit avec Le corps quand fes parties font déran= gées, & renaît aufh avec lui quand le hafard remet ces mêmes parties dans leur premierétat. : Ceux qui voudroient abfolument purger d’athéif- me les Chinois, difént qu’il ne faut pas faire un trop grand fond fur le témoignage des miffionnaires , & que la feule difficulté d'apprendre leur langue &c de lire leurs livres, eft une grande saifon de fufpendre fon jugement. D'ailleurs en accufantles Jéfuites, fans doute à tort, de fouffrir les fuperftions des Chinois, on a fans y penfer détruit l’accufation de leur athéifme, puifque l’on ne rend pas un culte à un être qu’on ne regarde pas comme Dieu. On dit qu’ils ne reconnoïf fent que le ist pour l£tre fuprème : mais ils pourroient reconnoître le ciel matériel, (fi tant eft qu'ils ayent un mot dans leur langue qui réponde au mot de matériel) & croire néanmoins qu'il y a quel- que intelhgence qui l’habite, puifqu’ils lui deman- dent de la pluie & du beau tems, la fertilité de- la terre , 6:c. Il fe peut faire aifément qu’ils confondent l'intelligence avec la matiere , & qu'ils nayent que des idées confufes de ces deux êtres, fans nier qu'il y ait une intelligence qui préfide dans le ciel. Epicure ë& les difciplesont cru que tout étoit corporel, puif- qu'ils ont dit quMln’y avoit rien qui ne fût compofé d’atomes ; & néanmoins ils ne nioient pas que les ames des hommes ne fuflent des êtres intelligens. On fait aufli qu'avant Defcartes on ne difinguoit pas trop bien dans les écoles l’efprit & le corps ; & lon. ne peut pas dire néanmoins que dans les écoles on niât que l’ame humaïne fütune nature intelligente, Qui fait files Chinois n’ont pas quelque opinion fem blable du ciel ? Ainfi leur athétfme n’eft rien moins que décidé, j Vous demanderez peut-être, comment plufeurs Philofophes anciens & modernes ont pü tomber dans Vathéifme ; le voici. Pour commencer par Les Philo fôphes payens ; ce qui les jetta danscette énorme er- reur, ce furent apparemment les faufles idées de la divinité qui régnoient alors ; idées qu'ils furent dé- truire , fans favoir édifier fur leurs ruines celle du vrai Dieu. Et quant aux modernes , ils ont été trom- pés par des fophifmes captieux , qu'ils avoient lefprit d'imaginer fans avoir affez de fagacité ou de jufteffe pour en découvrir le foible, Il ne fauroit aflürement y avoir d’athée convaincu de fon fiftème ; car il fau- droit qu’il eût pour cela une démonftration de la non- exiftence de Dieu, ce qui eftimpoffble : maisla su viétion - ATH viéion & la perfuafion font deux chofes différentes. Il n’y a que la derniere qui convienne à l’athée. II {e perfuade ce qui n’eft point : mais rien n'empêche qu'il ne le croye auffi fermement en vertu de fes fo- phifmes , que le théifte croit l’exiftence de Dieu en vertu des démonfirations qu'il en a. Il ne faut pour cela que convertir en objeétions les preuves de l’exif- tence de Dieu, & les objeétions en preuves. Il n’eft pas indifférent de commencer par un bout plütôt que pat l’autre , la difcuflion de ce qu’on regarde comme un problème: car fi vous commencez par l’affirmati- ve, vous la rendrez plus facilement viétorieufe; au heu que fi vous commencez par la négative, vousren- drez toùjours douteux le fuccès de l’afirmative. Les mêmes raïfonnemens font plus ou moins d’impreflion felon qu’ils font propofés ou comme des preuves, on comme des obje@ions. Sidonc un Philofophe débutoit d’abord par la thefe, / n'y a point de Dieu, & qu'il rangeât en forme de preuves ce que les orthodoxes ne font venir fur les rangs que comme de fimples dif- fieultés , 1l s’expoferoit à l’égarement ; il fe trouve- roit fatisfait de fes preuves, & n’en voudroit point démordre , quoiqu'il ne ft comment fe débarrafier des objeétions ; car , diroit-il, fi j’afirmois le contrai- re ,je me verrois obligé de me fauver dans l’afyle de Pincompréhenfbilité. Il choifit donc malheureufe- ment les incompréhenfibilités, qui ne devoient venir qu'après. Jettez les yeux fur les principales controverfes des Catholiques & des Proteftans, vous verrez que ce qui pañle dans l’efprit des uns pour une preuve démonftrative de faufleté , ne pafle dans l’efprit des autres que pour un fophifme , ou tout au plus pourune objeétion fpécieule , qui fait voir qu'il y a quelques nuages même autour des vérités révelées. Les uns & _lesautres portentle même jugement des objeétions des Sociniens : mais ceux-ci les ayant tobjours confidérées comme leurs preuves , les prennent pour des raïfons convaincantes : d’où 1ls concluent que les objeétions de leurs adverfaires peuvent bien être difficiles à ré- foudre, mais qu’elles ne font pas folides. En géne- ral, dès qu'on ne regarde une chofe que comme Pendroit difficile d’une thefe qu'on a adoptée , on en fait très-peu de cas : on étouffe tous les dou- tes qui pourroient s'élever, & on ne fe permet pas d’y faire attention; ou fi on les examine, c’eft en ne les confidérant que comme de fimples dificultés ; & c’eft par-là qu’on leur Ôte la force de faire im- preflion {ur l’efprit. Il n’eft donc point furprenant qu'il y ait eu , & qu’il y ait encore des athées de théo- rie, C’eft-à-dire , des arhées qui par la voie du raïfon- nement foient parvenus à fe perfuader qu'il n’y a point de Dieu. Ce qui le prouve encore , c’eft qu'il s’efttrouvé des arhées que le cœur n’avoit pas féduits, & qui n’avoient aucun intérêt à s’affranchir d’un joug qui les incommodoit. Qu'un profeffleur d’athéifme, par exemple, étale faftueufement toutes les preuves par lefquelles il prétend appuyer fon fyftème impie, elles faifiront ceux qui auront l’imprudence de l’é- couter, & les difpoieront à ne point fe rebuter des objeétions qui fuivent. Les premieres impreffions e- ront Comme une digue qu'ils oppoferont aux objec- tions ; & pour peu qu'ils ayent de penchant au liber- tinage, ne craignez pas qu'ils fe laifent entraîner à la force de ces chjetions. : Quoique l'expérience nous force à croire , que plufeurs Philofoghes anciens & modernes ont vêcu & font morts dans la profefion d’athéifme ; il ne faut pourtant pas s’imaginer qu'ils foient en fi grand nom- bre, que le füppofent certaines perfonnes ou trop zelées pour la Religion, ou mal intentionnées contre elle.Le pere Merfenne vouloit qu’il n’yeût pas moins que 50 mille athées dans Paris ; il eft vifible qué cela cit outré à l'excès, On attache fouvent cette note Tome 1, À T'H soi injutiéufe à des perfonnes qui ne la méritent point: On n'ignore pas qu'il y a certains efprits qui fe piquent de raïfonnement, & qui ont beaucoup de force dans la difpute. Ils abufent de leur talent, & fe plaifent à s’en fervir pour etibarrafler un homme, qui leur paroit convaincu de l’exiftence de Dieu. Is lui font des objedtions fur la religion ; 1ls atta- quent fes réponfes & ne veulent pas avoir le der- mer : ils crient & s’échauffent, c’eft leur coùtumes Leur adverfaire fort mal fatisfait, & les prend pour des athées ; quelques-uns des affiftans prennent Le mê- me fcandale, & portent le même jugement ; ce font fouvent des jugemens téméraires. Ceux qui aiment la difpute & qui s’y fentent très-forts , foûtiennent en nulle rencontres le contraire de ce qu’ils croyent bien fermement. Il fufira quelquefois, pour rendre quel- qu'un fufpeét d’athéifme, qu'il ait difputé avec cha- leur fur linfufhfance d’une preuve de l’exiftence de Dieu; 1l court rifque , quelque orthodoxe qu'il {oit , de fe voir bien-tôt décrié comme un athée ; car, dira- t-on , 1l ne s’échaufferoit pas tant s’il ne l’étoit : quel intérêt fans cela pourroit-:il prendre dans cette dif pute ? La belle demande! n’yeftil pas intérefté pour l'honneur de fon difcernement ? Voudroit-on qu'il laïffât croire qu'il prend une mauvaife preuve pour un argument démonftratif ? Le parallele de Pathéifme & du paganifme fe pré- fente 1c1 fort naturellement. On fe partage beaucoup {ur ce problème, fi Pirreligion eft pire que ia {u- perftition ; on convient que ce font les deux extré- mités vicieuies au milieu defquelles la vérité ef fituce : mais 1l y a des perfonnes qui penfent avec Plutarque ; que la fuperftition eft un plus grand mal que l’athéifme : 1l y en a d’autres qui n’ofent décider, ëc pluñeurs enfin qui déclarent que l’athéifme ef pire que la fuperfütion. Jufte Liple prend ce dernier par- ti: mais en même tems il avoue que la fuperftition eft plus ordinaire que l’irreligion , qu’elle s’infinue {ous Le maique de la piété , & que n’étant qu'une ima- ge de la rehgion , elle féduit de telle forte l’efprit de l’homme qu'elle le rend fon jouet: Perfonne n'ignore combien ce fujet a occupé Bayle , & comment il s’eft tourne de tous côtés & a employé toutes les fubti- ltés du rafonnement , pour ioûtenir ce qu’il avoit une fois avancé. Il s’eft appliqué à pénétrer jufques dans les replis les plus cachés de la nature humaine : aufli remarquable par la force & la clarté du raïfon- nement, que par l’enjouement, la vivacité &'la dé- licatefle de l’efprit, il ne s’eft égaré que par l'envie demefurée des paradoxes. Quoique familiarifé avec la plus fame Philofophié , fon eiprit toüjours a@if & extrèmement vigoureux n’a pù {e renfermer dans la carriere ordinaire ; il en a franchi les bornes. Il s’eft plu à jetter des doutes fur les chofes qui {ont les plus généralement rectûes, & à trouver des raifons de probabilité pour celles qui font les plus généralement rejettées. Les paradoxes, entre les mains d’un auteur de ce caraétere , produifent toüjours quelque chofe. d'utile & de curieux; & on en a la preuve dans la queftion préfente : car l’on trouve dans les penfées diverfes de M. Bayle , un grand nombre d’excellen- tes obfervations fur la nature & le génie de l’ancien polythéifme. Comme il ne s’eft propoté d'autre mé- thode, que d’écrire felon que les chofes fe préfen- teroient à fa penfée , fes argumens fe trouvent con- fufément épars dans fon ouvrage. [Il eft néceflaire de les analyfer & de les rapprocher. On les expoñfera dans un ordre où ils viendront à l’appui les uns des autres ; & loin de les affoiblir, on tâchera de leur prêter toute la force dont ils peuvent être fufcep- :tibles. Dans fes penfées diverfes , M. Bayle pofa fa thefe de cette maniere générale , que l'achéifme n'eff pas ur plus grand mal que l’idolatrie, C’eit l'argument d'in lEiit 902 A T H de fes articles. Dans l’article même il dit que Pido/a- . \ . . > LE £rie d pour le moins auffi abominable que 1 athèifmne. C’eft ainf qu'il s’explique d’abord : mais les con- traditions qu'il efluya, lui firent propofer fa thefe avec les redridions fuivantes. « L’idolatrie des an- » ciens payens n'eft pas un mal plus affreux que » l'ignorance de Dieu dans laquelle on tomberoit , » ou par ftupidité , ou par défaut d’aftention , fans » uné malice préméditée , fondée fur le deffein de # ne fentir nuls remords, en s’adonnant à toutes for- » tes de crimes ». Enfin dans fa continuation des penfées diverfes , il changea encore la queftion. Il fuppofa deux anciens philofophes, qui s'étant mis en tête d'examiner l’ancienne religion de leur pays, euffent obfervé dans cet examen les lois les plus ri- goureufes de la rechérche de la vérité. « Ni l’un ni # l’autre de ces deux examinateursne fe propofent de » fe procurer un fyftème favorable à leursintérèts; ils » mettent à part leurs pafñons ; les commodités de la » vie,toute la morale; enun motilsne cherchent qu’à » éclairer leurefprit. L'un d’eux ayant comparé au- » tant qu'il a pù & fans aucun préjugé les preuves &c » les objeétions, les réponfes, les répliques, conclut » que la nature divine n’eft autre chofe que la vertu » qui meut tous les corps par des lois néceflaires » & immuables ; qu’elle n’a pas plus d’égard à l'hom- » me qu'aux autres parties de l’univers; qu’elle n’en- » tend point nos prieres ; que nous ne pouvons lui » faire ni plaifir ni chagrin », c’eft-à-dire en un mot , que ce premier philofophe deviendroit ashée. Le fecond philofophe, après le même examen, tombe dans les erreurs les plus groffieres du Paga- nifme. M. Bayle foûtient que le péché du premier ne feroit pas plus énorme que le péché du'dernier , êc que même ce dernier auroït l’efprit plus faux que le premier. On voit par ces échantillons , combien M. Bayle s’eft plu à embarrafler cette quefhion ; divers favans l'ont réfuté, & fur-tout M. Bernard dans dif- férens endroits de‘fes nouvelles de la république des lettres , & M. Warburton dans fes diflertations fur lPunion dela religion , de la morale & de la politique. C’eft une chofetout-à-fait indifférente à la vraie Re- ligion, de favoir lequel de l’athéifme ou de l’idola- trie eft un plus grand mal. Les intérêts du Chriftianif- me font tellement féparés de ceux de l’idolatrie payenne , qu'il n’a rien à perdre ni à gagner, foit _qw’elle paffe pour moins mauvaife ou pour plus mau- vaife que l’irreligion. Mais quand on examine le pa- rallele de l’athéifme &c du polythéifme par rapport à la fociété , cen’eft plus un problème indifférent. Il paroît que le but de M. Bayle étoit de prouver que l’athéifme ne tend pas à la deftru@ion de la fociété ; & c’eft-là le point qu’il importe de bien développer: mais avant de toucher à cette partie de fon fyftème, examinons la premiere ; & pour le faire avec ordre, n'oublions pas la diftinétion qu’on fait des athées de théorie & des athées de pratique. Cette diftinétion une fois établie , on peut dire que l’athéifme prati- que renferme un degré de malice , qui ne fe trouve pas dans le polithéifme : on en peut donner plufieurs raifons. La premiere eft qu’un payen qui ôtoit à Dieu. la fainteté & la juftice , lui laifloit non-feulement l’e- xiftence , maïs auffi la connoïffance &c la puiffance ; au lieu qu’un arhée pratique lui Ôte tout. Les Payens pouvoient être regardes comme des calomniateurs qui flétrifloient la gloire de Dieu ; les arhées prati- ques l’outragent & l’affaffinent à la fois. Ils reffem- blent à ces peuples qui maudifloient Le {oleil , dont la chaleur les incommodoit , & qui l’euflent détruit , fi cela eût été poñfible. Ils étouffent , autant qu'il eft en eux, la perfuafñon de l’exiftence de Dieu ; & ils ne fe portent à cet excès de malice , qu’afin de fe dé- livrer des remords de leur confcience. A T H s La feconde eft que la malice eft le caraëtere de l’athéifme pratique , mais que l’idolatrie payenne étoit un péché d’ignorance ; d’où l’on conclut que Dieu eft plus offenié par les arhées pratiques que par ‘les Payens , & que leurs crimes de lefe-majefté divine font plus injurieux au vrai Dieu que ceux des Payens. En effet ils attaquent malicieufement la notion de Dieu qu'ils trouvent & dans leur cœur, & dans leur efprit ; 1ls s’efforcent de l’étouffer ; ils agiflent en cela contre leur confcience , & feulement par le motif de fe délivrer d’un joug quiles empêche de s’abandon- ner à toutes fortes de crimes. Ils font donc direéte- ment la guerre à Dieu ; &c ainfñ l’injure qu’ils font au fouveran Etre eft plus offenfante que l’injure qu'il recevroit des adorateurs desidoles. Du moins ceux-ci étoient bien intentionnés pour la divinité en général, ils la cherchoient dans le deffein de la fervir & de Padorer ; & croyant lavoir trouvée dans des objets qui n’étoient pas Dieu , ils l’honoroiïent felon leurs faux préjugés , autant qu’il leur étoit poffible. Il faut déplorer leur ignorance : mais en même tems il faut reconnoitre que la plüpatt n’ont point fu qu'ils er- roient. Il eft vrai que leur confcience étoit erronée: mais du moins ils s’y conformoient, parce qu'ils la croyoient bonne. Pour l’athéifme fpéculatif , 1l eft moins injurieux à Dieu , & par conféquent un moindre mal que le polythéifme. Je pourrois alléguer grand nombre de paflages d'auteurs , tant anciens que modernes, qui reconnoiflent tous unanimement , qu’il y a plus d’ex- travagance , plus de brutalité, plus de fureur, plus d’aveuglement dans l’opinion d’un homme qui admet tous les dieux des Grecs & des Romains, que dans lopinion de celui qui n’en admet point du tout. « Quoi, dit Plutarque ( sraité de la Superfl. ) celui » qui ne croit point qu'il y ait des dieux, eft impie ; » & celui qui croit qu'ils font tels que les fuperfh- » tieux fe les figurent , ne le fera pas ? Pour moi , » jaimeroïs mieux que tous les hommes du monde » diflent , que jamais Plutarque ma été, que s'ils » difoient, Plutarque eft un homme inconftant , lé- » ger, colere , qui fe venge des moindres offenies ». M. Bofluet ayant donné le précis de la théologie que Wiclef a débitée dans fon trialogue , ajoûte ceci: « Voilà un extrait fidele de fes blafphèmes : ils fe # réduifent à deux chefs ; à faire un dieu domine par » la néceffité ; & ce qui en eft une fuite, un dieu » auteur & approbateur de tous les crimes , c’eft-à- » direun dieu que les achées auroïent raïfon de mier : » de forte que la religion d’un fi grand réformateur » eft pire que l’athéifme ». Un des beaux endroits de M. de la Bruyere eft celui-ci : « Si ma religion » étoit faufle, je l'avoue, voilà le piège le mieux » dreffé qu'il foit poffible d'imaginer ; il étoit inévi- » table de ne pas donner tout au travers , & de n’y » être pas pris. Quelle majefté ! quel éclat des myt- » teres ! quelle fuite & quel enchaînement de toute » la doétrine ! quelle raïfon éminente ! quelle can- » deur ! quelle innocence de mœurs ! quelle force » invincible & accablante de témoignages rendus » fucceffivementi& pendant trois fiecles entiers par » des millions de perfonnes les plus fages , les plus » modérées qui fuffent alors fur la terre. Dieu même » pouvoit il jamais mieux rencontrer pour me fédui- » re? paroù échapper , où aller, où mejetter ,je ne » dis pas pour trouver rien de meilleur , mais quel- » que chofe qui en approche ? S'il faut périr, c’eft » par-là que je veux périr ; 7 weff plus doux de nier » Dieu, que de l’accorder avec une tromperie fi {pé- » cieufe & fi entiere ». Voye la continuation des penfées diverfes de M. Bayle. La comparaifon de Richeome nous fera mieuxfen- tir que tous les raifonnemens du monde, que c’eft un fentiment moins outrageant pour la divinité, de ne la point croire du tout , que de croire ce qu’elle n’eit pas, & ce qu’elle ne doit pasètre. Voilà deux portiers à l’entrée d’une maïfon: on leur demande , peut-on parler à votre maître? Il n’y eft pas, répond lun : il yeft, répond l’autre, mais fort occupé à faire de la faufle monnoie , de faux contrats , des poignards & des poifons , pour perdre ceux qui ont exécuté {es deffeins : l’arhée reflemble au premier de cesportiers, le payen à l’autre. IL eft donc vifible que le payen offenfe plus grievement la divinité que ne fait l’erhée. On ne peut comprendre que des gens qui auroient été attentifs à cette comparaïfon, euflent balancé à dire que la fuperftition payenne valoit moins que Pirreligion. | S'il eft vrai, 1°. que l’on offenfe beaucoup plus celui que l’on nomme fripon, ftélérat | infame , que celui auquel on ne fonge pas , ou de qui on ne dit ni bien ni mal: 2°, qu'il ny a point d’honnête femme, qui n’aimêt mieux qu’on la fit pafler pour morte , que pour proftituée : 3°. qu’il n’y a point de mari jaloux . Qui n’aime mieux que fa femme fafle vœu de conti- nence, ou en général qu’elle ne veuille plus enten- dre parler de commerce avec un homme, que fi elle fe proftituoit à tout venant : 4°. qu’un roi chafé de fon throne s’eftime plus offenfé, lorfque fes fujets rébelles font enfuite très-fideles à un autre roi, que s'ils n’en mettoient aucun à fa place : 5°. qu’un roi qui a une forte guerre fur les bras , eft plus irrité con- tre ceux qui embraflent avec chaleur le parti de fes ennemis , que contre ceux qui fe tiennent neutres. Si, dis-je, ces cinq propoñitions font vraies, il faut de toute néceffité , que l’offenfe que les Payens faïfoient à Dieu foit plus atroce que celle que lui font les athées {péculatifs , sily en a : ils ne fongent point à Dieu ; ils n’en difent ni bien ni mal; & s'ils nient fon exiftence , c’eft qu'ils la regardent non pas com- me une chofe réelle, mais comme une fiétion de l’en- tendement humain. C’eft un grand crime, je l'avoue : mais. s'ils attribuoient à Dieu tous les crimes les plus infames , comme les Payens les attribuoïent à leur Jupiter & à leur Vénus ; f après l'avoir chaflé de fon throne, ils lui fubftituoient une infinité de faux dieux, leur offenfe ne feroit-elle pas beaucoup plus grande? Ou toutes les idées que nous avons des divers de- grès de péchés font faufles, ou ce fentiment eft véri- table. La perfeétion qui eft la plus chere à Dieu eft la fainteté ; par conféquent le crime qui l’offenfe le plus eft de le faire méchant : ne point croire fon exiftence , ne lui point rendre de culte , c’eft le dé- grader ; mais de rendre le culte qui lui eft dû à une infinité d’autres êtres , c’eft tout-à-la-fois le dégrader & fe déclarer pour le démon dans la guerre qu’il fait à Dieu. L'Ecriture nous apprend que c’eft au diable que fe terminoit l’honneur rendu aux idoles , dit gentium demonia. Si au jugement des perfonnes les plus raifonnables & les plus juftes, un attentat à l’honneur eft une injure plus atroce qu’un attentat à la vie ; fi tout ce qu'il y a d’honnêtes gens convien- nent qu'un meurtrier fait moins de tort qu’un calom- niateur qui flétrit la réputation, ou qu’un juge cor- rompu qui déclare infame un innocent: en un mot, fi tous les hommes qui ont du fentiment , regardent comme une aétion très-criminelle de préférer la vie à l'honneur , l’infamie à la mort ; que deyons-nous penfer de Dieu, qui verfe lui-même dans les ames ces fentimens nobles & généreux ? Ne devons-nous pas croire que la fainteté, la probité, la juftice , font fes attributs les plus effentiels, & dont 1l eft le plus jaloux : donc la calomnie des Payens, qui le char- geant de toutes fortes de crimes, détruit fes perfec- tions les plus précieufes, lui eft une offenfe plus in- jurieufe que l’impiété des athées, qui lui ôte La con- noiffance & la direétion des évenemens. C’eft un grand défaut d’efprit de n’ayoir pas re- Tome L, ; ATH 503 connu dans les ouvrages de la nature un Dieu fouves rainement parfait: mais c’eft un plus grand défaut d’efprit encore , de croire qu’une natrire fujette aux pañionsles plusinjuftes & les plus fales, foit un Dieu, &t mérite nos adorations : le premier défaut eft celui des athées , & le fecond celui des Payens. C’eft une injure fans doute bien grande d’effacer de nos cœurs l’image de la Divinité qui s’y trouve naturellement empreinte: mais cette injure devient beaucoup plus atroce, lorfqu’on défigure cette ima- ge ; & qu'on l’expofe au mépris de tout le monde. Les athées ont effacé l’image de Dieu , & les Payens l’ont rendue méconnoiffable ; jugez de quel côté l’of: fenfe a été plus grande. Le grand crime des ashées parmi les Payens , eft de n'avoir pas mis le véritable Dieu furlethrone, après en avoir fi juftement & fi raifonnablement précipité tous les faux dieux : mais ce crime, quelque criant qu'ilpuifle être, eft-il une injure auf fanglante pour, le vrai Dieu que celle qu'il arecûe des Idolatres, qui, après l'avoir déthroné , ont mis fur fon throne les plus infâmes divinités qu’il fût poffible d'imaginer ? Sila reine Elifabeth, chaflée de fes états, avoit appris que fes fujets révoltés lui euflent fait fuccéder la plus infame proftituée qu’ils euflent pû déterrer dans Lons dres , elle eût été plus indignée de leur conduite, que s'ils euffent pris une autre forme de gouvernement , Ou que pour le moins ils euflent donné la couronne à une illuftre princefle. Non-feulement la perfonne de la reine Elifabeth eût été tout de nouveau infultée par le choix qu’on auroit fait d’une infame courti- fane , mais aufli le cara@tere royal eût été desho- noré , profané ; voilà l’image de la conduite des Payens à l'égard de Dieu. Is fe font révoltés contre lui; & après lavoir chaffé du ciel, ils ont fubititué à fa place une infinité de dieux chargés de crimes ; & ils leur ont donné pour chef un Jupiter , fils d’un ufurpateur & ufurpateur lui-même. N’étoit-ce pas flétrir & deshonorer le caraétere divin , expofer au dernier mépris la nature & la majefté divine ? À toutes ces raifons, M. Bayle en ajoûte une an< tre, qui eft que rien n’éloigne davantage les hom: mes de fe convertir à la vraie religion, que l’idola- trie : en effet, parlez à un Cartéfien ou à un Péripa- téticien, d’une propofition quine s'accorde pas avec les principes dont il eft préoccupé, vous trouvez qu'il fonge bien moins à pénétrer ce que vous lui dites , qu’à imaginer des raifons pout le combattre : parlez-en à un homme qui ne foit d’aucune fe&te , vous le trouvez docile, & prêt à fe rendre fans chi- caner. La raifon en eft, qu'il eft bien plus mal-aifé d'introduire quelque habitude dans une ame qui a déjà contraëté l’habitude contraire , que dans une ame qui eft encore toute nue. Quinefait, par exem- ple, qu'il eft plus difficile de rendre libéral un hom- me qui a été avare toute fa vie, qu’un enfant qui n’eft encore mi avare ni libéral ? De même il eft beau- coup plus aïfé de plier d’un certain fens un corps qui n'a jamais été plié, qu’un autre qui a été plié d’un fens contraire. Il eft donc très-raifonnable de penfer que les apôtres euffent convertis plus de gens à J.C. s'ils l’euffent prêché à des peuples fans religion, qu’ils n’en ont converti, annonçant l'Evangile à des nations engagées par un zele aveugle & entêté aux cultes fu perftitieux du Paganifme, On n’avouera, que fi Ju- lien l’apoñtat eût été athée, du caraëtere dont il étoit d’ailleurs , il eût laiffé.en paix les Chrétiens ; au lieu qu'il leur faifoit des injures continuelles , infatué qu'il étoit des fuperftitions du paganifme, & telle ment infatué, qu'un hiftorien de fa religion n’a pù s'empêcher d’en faire une efpece de raillerie ; difant que s’il fût retourné viétorieux de fon expédition contre les Perfes , il et dépeuplé la terre de bœufs à force de facrifices, Tant 1l eft vrai, qu’un homme Il 804 ATH entêté d’une fauffe religion, réfifte plus aux lumieres de la véritable, qu’un homme qui ne tient à-rien de femblable. Toutes cesraifons , dira-t-on à M.Bayle, ne font tout au plus concluantes qtie pour un afhée négatif, c’eftà-dire, pour un homme qui n’a jamais penfé à Dieu, qui n’a pris aucun parti fur cela. L'ame. de cet homme eft comme untableau nud:, tout prêt À. recevoir telles couleurs qu’on voudra lui appli- quer : mais peut-on dire la même chofe d’un hé poñitif, c’eft-à-dire , d’un! homme qui, après avoir examiné les preuves fur lefquelles on établit Pexif- tence de Dieu , finit par conclurre qu'il n'yena au- cune qui foit folide, & capable de faire impreffion fur un efprit vraiment philofophique? Un'télhomme eft affürément plus éloigné de la vraie religion, qu’un homme qui admet une divinité , quoiqu'il n’en ait pas les idées les plus faines. Celui-ci fe conferve le tronc fur lequel on pourra enter la foi véntable: mais celui-là a mis la hache à la racine de Parbre, & s’eft Ôté toute efpérance. de fe relever. Mais en ac- cordant que le payen peut être guéri plus facilement que larhée, je n’ai garde de conclurre qu’il foit moins coupable que ce dernier. Ne fait-on pas que les ma- ladies les plus honteufes, les plus fales, les plus in- fames, {ont celles dont la guérifon eft la plus fa- cile? Nous voici enfin parvenus à la feconde partie du parallele de lathéifme & du polithéifme. M. Bayle va plus loin : il tâche encore de prouver que lathéif me ne tend pas à la deftruion de la fociété. Pour nous , quoique nous foyons perfuadés que les cri- mes de lefe-majefté divine font plus énormes dans le: fyftème de la fuperftition', que dans celui de lirreli- gion, nous croyons cependant que cedermereft plus pernicieux au genre humain que le premier : voici fur quoi nous nous fondons. ; On a généralement penfé qu'une des preuves que l'athéifme eft pernicieux à la fociété, confiftoit en ce qu’il exclut la connoïffance" du bien & du mal mo- ral, cette connoïffance étant poftérieure à celle de Dieu. C’eft pourquoi le prenuer argument dont M. Bayle fait ufage pour juftifier l’athéfme , c’eft que les athées peuvent conferver les idées, par lefquelles on découvre la différence du bien & du mal moral ; parce qu'ils comprennent,auffli-bien que les déiftes ou théiftes., les premiers principes de la Morale & de la Métaphyfique; & que les Epicuriens qui nioient la Providence, & les Stratoniciens qui nioient l’exiften- ce de Dieu , ont eu ces idées. Pour connoître ce qu'il peut y avoir de-vrai ow de faux dans ces argumens , il faut remonter juf- qu'aux preniers principes de la Morale ; matiere en- elle-même claire & facile À comprendre, mais que les difputes & les fubtilités ont jettée dans une extrè- me confufion. Tout l’édifice de la Morale-pratique eft fonde fur ces trois principes réunis, favoir le fen- timent moral, la diférencefpécifique des aétions hu- maines , & la volonté de Dieu. F’appelle /érsiment moral cette approbation du bien, cette horreur pour le mal, dont l’inftinét ou la nature nous-prévient an- térieurement à toutes réflexions fur leur cara@tere &c fur leurs conféquences. C’eft-là [a premiere ou- verture, le premier principe qui nous conduit à la connoiffance parfaite de la Morale, & il eft commun aux athées aufli-bien qu'aux théiftes, L'inftiné ayant conduit l’homme jufques-Rà , la faculté de raifonner qui lui eft naturelle, le fait réfléchir fur les fonde- mens de cette approbation & de cette horreur. Il dé- couvre que ri l’une ni l’autre ne font arbitraires , mais qu’elles font fondées fur la différence qu'il y a effentiellement dans les a@ions des hommes. Tout cela n’impofant point encore une obhgation aflez forte pour pratiquer le bien & pour éviter le mal, al faut néceffairement ajoûter la volonté fupérieure d'un légiflateur , qui non-feulement nous ordonne ce que nous fentons & reconnoiflons pour bon, mais : qui propole en même tems des récompenfes pour ceux qui s’y conforment ,: & des châtimens pour ceux qui lui defobéiffent. C’eft le dernier principe des préceptes de Morale’; c’eft ce qui leur donnele vrai caraétere de devoir ;- c’eft donc fur ces: trois principes que porte tout Pédifice de la Morale: Cha: cun d'eux eft foûtemr par un motif propre &c partie culier. Lorfqu’on fe conforme au fentiment moral, on éprouve une fenfation agréable : lorfqu'on agit conformément à la différence effentielle dés chofes, on concourt à l’ordre & à l’harmdnie de l'univers ; & lorfqu’on fe foûmet à la volonté de Dieu, ons’af: füre des récompenfes, & lon évite des peines. De tout cela’, il réfulte évidemment ces deux-cor: féquences : 1°, qu'un arhée ne fauroit avoirune con: noiflanceexaéte & complete de la moralité des ac- tions humaines, proprement nommée : 2°, que le fentiment moral &c la connoïffance des différences effentiélles qui fpécifient les aions humaines, deux principes dont on connoït qu’un arhée et capable , ne concluent néanmoins rien en faveur de largu- ment de M. Bayle ; parce que ces deux chofes mê- meunies ne fufhfent pas pour porter l’ashée à la pra- tique de la vertu , comme il eft néceffaire pour le bien de la fociété , ce quieft lé point dontibs’apit, Voyons d’abord. comment M. Bayle a prétendu prouver la moralité des aétions humaines , fuivant les principes d’un Stratonicien.-Il le fait raifonner de la maniere fuivante : » La beauté , lafymmétrie, la » régularité , l’ordre que l’on voit dans l'univers, » font l'ouvrage d’une nature qui n’a point de con- » noiflance ; & encore que cette nature n’ait point » fuivi desidées, elle a néanmoins produit une inf- »#mité d’efpeces , dont chacune a fes attributs eflen- » tiels. Ce n’eft point en conféquence de nos opi- » nions que le feu & l’eau different d’efpece, & qu’il » ÿ a une pareille différence entre l’amour &c la haï- »ne, & entre l'affirmation & la négation. Cette dif- » férence fpécifique eft fondée dans la nature même » des chofes : mais comment la connoïflons-nous ? » N’eft-ce pas en comparant les propriétés effentiel- » les de l’un de ces êtres avec les propriétés eflen- » tielles de l’autre ? Or nous connoiflons par la mê- » me voie qu'il y a une différence fpécifique entre le » menfonge & la vérité , entre l’ingratitude & la gra- » titüde , &c, Nous devons donc être aflürés que le » vice & la: vertu different fpécifiquement par leur »#nature ; & indépendamment de nos opimons ». M. Bayle en conclut, que les Stratoniciens ont pü connoiître que le vice & la vertu étoient deux efpe- ces de qualités , qui étoient naturellement féparées l'une de l’autre. Onle lui accorde, « Voyons , conti- » nue-t-il, comment ils ont püfavoir qu'elles étoient # outre cela féparées moralement. Ils attribuoient à » la même néceflité de la nature, lPétabliffement des » rapports que l’on voit entre les chofes, & celui des » regles par lefquelles nous diftinguons ces rapports. » Il y a des regles de raifonnement , indépendantes » de la volorité de l'homme ; ce n’eft point à caufe » qu'il à plu aux hommes d'établir les regles du fyl- » logifme , qu’elles font juftes & véritables ; elles le »# font en elles-mêmes, & toute entreprife delefprit » humaïn contre leur eflence & leurs attributs feroit » vaine & ridicule »#. On accorde tout cela à M. Bay- le. Il ajoûte : «s’il y a des regles certaines 8 immua- » bles pour les opérations de l’entendement, il y en » a aufh pour les aîtes dela volonté ». Voilà ce qw’on lui nie, & ce qu’il tâche de prouver de cette manie- re. « Les regles de ces aétes-là ne font pas toutes ar- » bitraires. Il y en a qui émanent de la néceñlité de » la nature, & qui impofent une obligation indif- » penfable ,;,... La plus générale de ces reglesc1, » c’eft qu’il faut que l'homme veuille ce qui eft con- » forme à la droite raïfon. Il n’y a pas de vérité plus évidente, que dédire, qu'il eft digne de la créa- »ture raïfonnable de fe conformer à la raïfon , & s qu'ileft indigne de la créature raifonnable de ne fe » pasiconformer àlaraifon ss. due Jef Le paflage de M. Bayÿle fournit une diflnétion à laquelle on doit faire beaucoup d'attention , pour fe former des idées nettes de morale. Cet auteur a dif- tingué avec foin la différence par laquelle les quali- tés des chofes ou des aétions font zaturellement fépa- rées les unes des autres, & celle par laquelle ces qua- lités font moralèment {éparées ; d’où il naît deux for- tes de différences : l’une naturelle , l’autre morale, De la différence naturelle & fpécifique des chofes, 1l fuit qu'il eff raifonnable de s’y conformer ; ou de s’en abftenir ; & de la différence morale , il fuit qu’on éftobligé de s’y conformer ou de s’en abftemir. De ces deux différences ; l’une eft fpéculative; elle fait voir le apport ou défaut de rapport qui fe trouve éntre les chofes : l’autre eft pratique ; outre le rap- poît des chofes , elle établit une obligation dans l’a gent ; enforté que différence morale & obligation de s’y conformer font deux idées inféparables. Car c’eft-là uniquement ce que peuvent fignifier les ter- mes de différence naturelle & de différence morale ; autrement is ne fignifieroient que la même chofe, oùne fignifieroient rien du tout. Of fi l’on prouve que de ces deux différences, l’u- ne n’eft pas néceflairement une fuite de Pautre , l’ar- gument de M. Bayle tombe de lui-même. C’eft ce qu'il eftaifé de faire voir. L'idée d'obligation fuppo- {e néceffairement un être qui oblige , & qui doit être différent de celui qui eftobligé. Suppofer que celui qui oblige & celui qui eft obligé font une feule & même perfonne , c’eft fuppoler qu'un homme peut faire un contrat avec Ini-même ; ce qui eft la chofe du monde la plus abfurde -en matiere d'obligation, Car c’eft une maxime inconteftable , que celui qu acquiert un droit fur quelque chofe par l'obhigation dans laquelle un autre entre avec lui, peut céder ce droit. Si donc celui qui-oblige & celui qui eft obligé font la même perfonne , toute obligation devient nulle par cela même , ow pour parler plus exaéte- ment , il n’y a jamais eu d'obligation. C’eft-là néan- moins l’abfurdité ‘où tombe lathée Stratonicien , lor qu’il parle de différence morale , où autrement d’o- bligations : car quel être peut lui impofer des obli- gations? dira-t-1l que c’eft la droite raïfon ? Mais c'eft-là précifément labfurdité dont nous venons de parler; car la raifon n’eft qu’un attribut de la per- fonne obligée , & ne fauroit par conféquent être le principe de l'obligation : fon office eft d'examiner & de juger des obligations qui lui font impofées par quelqu’autre principe. Dira-t-on que par la raïfon, on n'entend pas la raïfon de chaque homme en par- ticulier , mais la raïifon en général ? Mais cette raï- fon générale n’eft qu'une notion arbitraire , qui n’a point d’exiftence réelle. Et comment ce qui n'exifte pas , peut-il obliger ce qui exifte ? C’eft ce qu'on ne comprend pas. Tel eft le cara@tere de toute obligation en géné ral ; elle fuppofe une loi qui commande & qui dé- fende : maïs une loi ne peut être impofée que par un être intelligent & fupérieur, qui ait le pouvoir d’exi: ger qu'on s’y conforme. Un être aveugle & fans in- _telligence n’eft mi ne fauroit être légiflateur ; & ce qui procéde néceffairement d’un pareil être, ne fau- roit être confidéré fous l’idée de loi proprement nom: mée. [Il eft vrai que dans le langage ordinaire , on parle dé loi de raifon , & de loi de néceffité : mais ce ne font que des expreflons figurées. Par la premie- te, on entend la regle que le légiflateur de la nature nous à donnée pour juger de fa volonté ; & la fe- AT H 80; corde figniñe feulement que la néceflité a en quel- que maniere une des: propriétés de la loi, celle de forcer ou de contraindre, Mais on ne conçoit pas que quelque chofe puifle obliger un être dépendant & doué de volonté, fi ce n’eft une loi prife dans le fens philofophique.: Ce qui a trompé M. Bayle , c’eft EE ni apperçu que la différence eflentielle des chofes eft un objet propre pour l’entendement , ilen a conclu avec précipitation que cette différence de- voit également être le motif de la détermination de la volonté : mais il ya cette difparité,, que l’entende- ment eft néceffité dans fes perceptions , & que la vos lonté n’eft point néceffitée dans fes déterminations, Les différences eflentielles des chofes n’étant done pas l’objet de la volonté, il faut que la loi d’'unfupé rieur intervienne pour former l’obligation du choix Ou la moralité des a@ions, Pidr Hobbes ; quoiqu’accufé d’arhéifme , femble avoir pénétré plus avant dans cette matiere que le Strato- mcien de Bayle, Il paroît qu'il a fenti que l’idée de morale renfermoit néceflairement celle d'obligation, : l’idée d’obligation celle de loi, & l’idée de loi celle de légiflateur. C’eft pourquoi , ‘après avoir en quel- que forte banni le légiflateur de l'univers, il a jugé propos, afin.que la moralité des a@ions ne reftât pas fans fondement, de faire intervenir fon grand mon£ tre, qu'il appelle le /éviathan , & d’en faire Le créa- teur & le foûtien du bien & du mal moral. C’eft donc en vain qu’on prétendroit qu'il y auroit un bien mo- ral à agir conformément-à la relation des chofes, parce que par-là on contribueroit au bonheur de ceux de fon efpece: Cette raïon ne peut établir qu'un bien ou un mal naturel , & non pas un bien ou un mal moral. Dans ce fyftème, la vertu feroit an même tmveau que les produétions de la terre, & que la benignité des faifons ; le vice feroit au même rang que la pefte &les tempêtes , puifque ces diffé- rentes chofes ontle caraétere commun de contribuer au bonheur ou au malheur des hommes. La morta- lité ne fauroit réfulter fimplement de la nature d’une aéhon mi de celle de fon effet ; car qu’une chofe foit raifonnable ou ne le foit pas, il s'enfuit feulement qu'il eft convenable ow abfurde de la faire ou de ne la point faire : & file bien oule mal qui réfulte d’une aétion, rendoit cetté ation morale , les brutes dont les aëtions produifent ces deux effets , auroient le caraétere d’agens moraux. Ce qui vient d’être lexpofé fait voir que l’arhée ne fauroit parvenir à la connoïflance de la moralité des aétions proprement nommées. Mais quand on accor- deroit à un arhée le {entiment moral & la connoïflan- ce de la différence effentielle qu’il y a dans les qua- lités des aGtions humaines , cependant ce fentiment & cette connoiflance ne feroient rien en faveur de l'argument de M. Bayle ; parce que ces deux cho- fes unies ne fufifent point pour porter la multitude à pratiquer la vertu , ainf qu'il eft néceflaire pour le maintien de la fociété. Pour difcuter cette queftion à fond , 1l faut examiner jufqu’à quel point le {enti- ment moral feul peut influer fur la conduite des hommes pour les porter à la vertu : en fecond lieu, quelle nouvelle force 1l acquiert, lorfqw'il agit con jointement avec la connoïffance de la différence ef- fentielle des chofes ; diftin@ion d’autant plus nécef- faire à obferver, qu’encore que nous ayons reconnu qu’un athée peut parvenir à cette connoïffance , 11 eft néanmoins un genre d’arhées qui en font entiere- ment incapables, &c fur lefquels il n’y a par confé- quent que Le fentiment moral feul qui puifle agir. Ce font les athées Epicuriens , qui prétendent que tout en ce monde n’eft que l'effet du hafard. En pofant que le fentiment moral eft dans l’hom- me un inftiné, le nom de la chofe ne doit pas nous tromper , & nous faire imaginer que les impreflions 806 A T H de l’'inflinét motal ont aufli fortes que celles delinf tinétanimal dans les brutes. Le caseft différent. Dans la brute, l’inftin@ étant le feul principe d’aétion , a une force invincible : mais dans l’homme , ce n’eft à proprement :parler,, qu’un preffentiment ‘officieux , dont l'utilité eft de concilier la raïfon avec les paf- fions , qui toutes à leur tour déterminent la volonté. 11 doit donc être d’autant plus foible , qu’il partage avec plufieurs autres principes, le pouvoir de nous faire agir. La chofe même ne pouvoit être autre- ment , fans détruire la liberté du choix, Le fentiment moral :eft fi délicat , & tellement entre-lacé dans la conftitution de la nature humaine ; il eft d’ailleurs f aifément & fi fréquemment effacé, que quelques per- fonnes n’en pouvant point découvrir les traces dans quelques-unes des aétions les plus communes , en ont nié l’exiftence. Il demeure prefque fans force & fans vertu , à moins que toutes les pañlions ne foient bien tempérées , & en quelque maniere en équili- bre. De-là on doit conclurre , que ce principe feul eft trop foible , pour avoir une grande influence fur la pratique. Lorfque le {entiment moral ef joint à la connoif- fance de la différence eflentielle des chofes , il eft certain qu'il acquiert beaucoup de force ; car d’un côté, cette connoïffance fert à diftinguer le fenti- ment moral d'avec les pañlions déréglées & vicieu- es ; & d’un autre côté , le fentiment moral empêche Wen raïfonnant fur la différence eflentielle des cho- És , l’entendement ne s’égare & ne fubftitue des chi- meres à des réalités. Mais la queftion ef de favoir fi ces deux principes , indépendamment de la volon- té & du commandement d’un fupérieur , & par con- féquent de l'attente des récompenfes & des peines, autont aflez d'influence fur le plus grand nombre des hommes pour les déterminer à la pratique de la ver- tu. Tous ceux qu ont étudié avec quelque atten- tion, & qui ont tant foit peu approfondi la nature de l’homme ; ont tous trouvé qu'il ne fuffit pas de re- connoître que la vertu eft le fouverain bien, pour être porté à la pratiquer. Il faut qu’on s’en fafle une application perfonnelle, & qu’on la confidere com- me un bien, faifant partie de notre propre bonheur. Le plaifir de fatisfaire une paflion qui nous tyrannife avec force & avec vivacité , & qui a l'amour pro- pre dans fes intérêts, eft communément ce que nous regardons comme le plus capable de contribuer à notre fatisfaétion & à notre bonheur. Les pañlons étant très-fouvent oppofées à la vertu & incompati- *# Wbles avec elle ; il faut pour contre-balancer leur ef- fet , mettre un nouveau poids dans la balance de la vertu ; & ce poids ne peut être que les récompenfes Ou les peines que la religion propofe. L'intérêt perfonnel , qui eft le principal reflort de toutes les aétions des hommes , en excitant en eux des motifs de crainte & d’efpérance , a produit tous les defordres qui ont obligé d’avoir recours à la fo- ciêté ; le même intérêt perfonnel a fuggéré les mé- mes motifs pour remédier à ces defordres , autant que la nature de la fociété pouvoit le permettre. Une pañion aufli univerfelle que celle de lintérêt perfonnel, ne pouvant être combattue que par l’op- pofition de quelque autre paflion auffi forte & auf aétive , le feul expédient dont on ait pû fe fervir, a été de la tourner contre-elle-même, en l’employant pour une fin contraire. La fociété incapable de re- médier par fa propre force aux defordres qu’elle de- voit corriger , a été obligée d’appeller la religion à fon fecours , & n’a pù déployer fa force qu’en con- féquence des mêmes principes de crainte & d’efpé- rance. Mais comme des trois principes qui fervent de bafe à la morale, ce dernier qui eft fondé fur la volonté de Dieu, & qui manque à un athée , eft Le feul qui préfente ces puiflans motifs : il s'enfuit évi- demment que la religion , à qui feule onen eft tedea. vable, eft abfolument néceflaire pour le maintien de la focièté ; ou, ce qui revient au même, qe le fentiment moral & la connoïffance de la différence eflentielle des chofes , réunis enfemble, ne fauroïent avoir aflez d'influence fur la plüpart des hommes, pour les déterminer à la pratique de la vertu. | M. Bayle à très-bien compris que l’efpérance 8£ la crainte font les plus puiflans refforts de la con- duite des hommes. Quoiqu’après avoir diffingué læ différence naturelle des chofes & leur différence mo- tale , il les avoit enfuite confondues pour en tirerun motif qui püt obliger les hommes à la pratique de la vertu ; 1l a apparemment fenti l’ineficacité de ce motif, puifqu'il en a appellé un autre à fon fecours, en fuppofant que le defir de la gloire & la crainte de limfamie fuffroient pour régler la conduite des athées ; & c’eft-là le fecond argument dont il fe {ert pour défendre fon paradoxe. « Un homme, dit-il, » deftitué de foi peut être fort fenfible à l’horineur » du monde, fort avide de loïange & d’encens. S'il » fe trouve dans un pays où l’ingratitude & la four- » berie expofent les hommes au mépris , & où la gé- » nérofité 87 la vertu feront admirées , ne doutez » point qu’il ne faffle profefion d’être homme d’hon- » neur , & qu'il ne foit capable de reftituer un dé- » pôt, quand même on ne pourroit ly contraindre » par les voies de la juftice. La crainte de pañlerdans » le monde pour un traître & pourun coquin, l’em- » portera fur l’amour de l’argent ; & comme ii y a » des perfonnes qui s’expofent à mille peines & à » mille périls , pour fe venger d’une ofenfe qui leur wa été faite devant très:peu de témoins, & qu'ils » pardonneroïent de bon cœur, s'ils ne craignoient » d’encourir quelque infamie dans leur voifinage : » je crois de même , que malgré les oppoñitions de » fon avarice , un homme qui n’a point de religion » eft capable de reftituer un dépôt qu’on ne pourroit » le convaincre de retenir imjuftement, lorfqu’il voit » que fa bonne foi lui attirera les éloges de toute une » ville, & qu'on pourroit un jour lui faire dés re- » proches de fon infidélité, ou le foupçonner à tout » le moins d’une chofe qui Pempêcheroit de pafler » pour un honnête-homme dans l’efprit des autres. » Car c’eft à l’eftime intérieure des autres que nous » afpirons furtout. Les geftes &c les paroles qui mar- » quent cette eftime ne nous plaifent qu’autant que # nous nous imaginons que ce font des fignes de ce » qui fe pafle dans l’efprit. Une machine qui vien- » droit nous faire la révérence , & qui formeroit des » paroles flatteufes , ne feroit guere propre à nous » donner bonne opinion de nous-mêmes ; parce que » nous faurions que ce ne feroient pas des fignes de » la bonne opinion qu’un autre auroit de notre méri- »te. C’eft pourquoi celui dont je parle, pourroit » facrifier fon avarice à fa vanité, s’il croyoit feule- » ment qu’on le foupçonneroit d’avoir violé les lois » facrées du dépôt. Ets’ilfe croyoit à l’abri de tout » foupçon , encore pourroit-il bien fe réfoudre à 1à- » cher fa prife , par la crainte de tomber dans l’in- » convémient qui eft arrivé à quelques-uns , de pu= » blier eux-mêmes leurs crimes pendant qu’ils dor- » moient, ou pendant les tranfports d’une fieyre chau- » de. Lucrece fe fert de ce motif pour porter à la » vertu des hommes fans religion ». On conviendra avec M. Bayle que le defir de l’honneur & la crainte de l’infamie font deux puffans motifs pour engager les hommes à fe conformer aux maximes adoptées par ceux avec qui ils converfent,, & que les maximes reçües parmi les nations civilifées, ie toutes les maximes , mais la plüpart ) s’accor- ent avec les regles invariables dujufte , nonobftant tout ce que Sextus Empiricus & Montagne ont pü dire de contraire ; appuyés de quelques exemples ATH dont ils ont voulu tirer une conféquence trop géné- rale. La vertu contribuant évidemment au bien du genre humain , & le vice y mettant obflacle , il n’eft point furprenant qu’on ait cherché à encouragér par l’eftime de la réputation, ce que chacun en particu- lier trouvoit tendre à fon avantage : & que l’on ait tâché de décourager par le mépris & l’infamie , cé qui pouvoit produire un effet oppofé. Mais comme il eft certain qu’on peut acquérir la réputation d’hon- nète homme , prefqu’aufli fürement & beaucoup plus aifément & plus promptement , par une hypocrifie bien concertée & bien foütenue , que par une prati- que fincere de la vertu ; un ahée qu n’eft retenu par aucun principe de confcience , choiïfira fans doute la premiere voie, qui ne l’empêchera pas de fatisfaire en fecret toutes fes paflions. Content de paroïître ver- tueux , il agira en fcélérat lorfqu'il ne craindra pas d’être découvert, & ne confultera que fes inclina- tions vicieufes , fon avarice , fa cupidité , la pañlion criminelle dont 1l fe trouvera le plus violemment do- miné. Il eft évident que ce fera là en général le plan de toute perfonne qui n’aura d’autre motif pour fe conduire en honnête homme , que le defir d’uné ré- putation populaire, En effet , dès-là que j'ai banni de mon cœur tout fentiment de religion, je n’ai point de motif qui m’engage à facrifier à la vertu mes pen- chans favoris , mes pañlions les plus impérieufes , toute ma fortune , ma réputation même. Une vertu détachée de la religion n’eft guere propre à me dé- dommager des plaïfirs véritables & des avantages réels auxquels je renonce pour elle. Les athées diront- ils qu'ils aiment la vertu pour elle-même , parce qu’elle a une beauté effentielle, qui la rend digne de lPamour de tous ceux qui ont aflez de lunueres pour la reconnoitre ? Il eft affez étonnant , pour le dire en paflant , que les perfonnes qui outrent le plus la piété ou l’irreligion, s’accordent néanmoins dans leurs prétentions touchant l’amour pur de la vertu : mais que veut dire dans la bouche d’un arhée , que la vertu a une beauté eflentielle ? n’eft-ce pas là une expreflion vuide de fens ? Comment prouveront-ils que la vertu eft belle , & que fuppofé qu’elle ait une beauté eflentielle, il faut l’aimer , lors même qu’elle nous eft inutile , & qu’elle n’influe pas fur notre fé- licité ? Si la vertu eft belle eflentiellement , elle ne left que parce qu’elle entretient l’ordre & le bonheur dans la fociété humaine ; la vertu ne doit paroitre belle , par confèquent, qu’à ceux qui par un prin- cipe de religion fe croyent indifpenfablement obligés d’aimer les autres hommes , & non pas à des gens qui ne fauroient rafonnablement admettre aucune loi naturelle , finon l’amour le plus groffier. Le feul égard auquel la vertu pent avoir une beauté eflen- tielle pour un incrédule , c’eft lor{qu’elle eft poflé- dée &z exercée par les autres hommes , & que par- là elle fert pour ainf dire d’afyle aux vices du liber- tin : ainfi, pour s'exprimer intelligiblement , les in- crédules devroient foûtenir qu’à tout prendre , la vertu eft pour chaque individu humain , plus util que le vice, & plus propre à nous conduire vers le néant d’une maniere commode & agréable. Mais c’eft ce qu'ils ne prouveront jamais. De la maniere dont les hommes font faits , il leur en coûte beaucoup plus pour fuivre fcrupuleufement la vertu , que pour fe laiffer aller au cours impétueux de leurs penchans. La vertu dans ce monde eft obligée de lutter fans cefle contre nulle obftacles qui à chaque pas l’arrêtent ; elle eft traverfée > un tempérament indocile , & par des pailions fôugueufes ; mille objets féduéteurs détournent fon attentioh ; tantôt vidtorieufe & tan- tôt vaincue , elle ne trouve & dans fes défaites & dans fes viétoires , que des fources de nouvelles guet- res , dont elle ne prévoit pas la fin. Une telle fitua- tion n’eft pas feulement trifte & mortifiante ; il me ATH 807 femble mêmequ’elle doit être infupportable, à moins qu’elle ne foit foûtenue par des motifs de la derniere force ; en un mot, par des motifs auffi puiflans qué ceux qu’on tire de la religion. Par conféquent , quand même un ashée ne doute roit pas qu'une vertu qui jouit tranquillement du fruit de fes combats , ne foit plus aimable & plus utilé que le vice , il feroit prefque impoñlible qu’il y pût jamais parvenir. Plaçons un tel homme dans l’âge où d'ordinaire le cœur prend fon parti, & comménce à former fon caraétere ; donnons-lui, comme à un autre’ homme, un tempérament, des pafions, un certain dé- gré de lumiere, Il délibere avec lui-même s’il s’aban- donnera au vice , ou s'il s’attachera à la vertu. Dans cette fituation il me femble qu’il doit raïfonner à peu près de cette maniere. « Je n’ai qu’une idée confufe » que la vertu tranquillement poflédée , pourroit bien » Ôtre préférable aux agrémens du vice : mais je » fens que le vice eft aimable, utile, fécond en fen- » fations délicieufes ; je vois pourtant que dans plu- » fieurs occafions il expofe à de fâcheux inconvé- » mens : mais la vertu me paroît fujette en mille ren- » contres à des inconvéniens du moins auf terri- » bles, D’un autre côté je comprends parfaitement » bien que la route de la vertu eftefcarpée, & qu’on » n’y avance qu'enfe gênant, qu’en fe contraignant ; » 1]me faudra des années entieres, avant que de voir » lé chemin s’applanir fous mes pas , & avant que » je puifle jouir des effets d’un fi rude travail. Ma » premiere Jeuneñle, cet âge où l’on goûte toutes » fortes de plaïfirs avec le plus de vivacité & de » raviflement, ne fera employée qu'à desefforts auffi » rudes que continuels. Quel eft donc le grand mo- # tif qui doit me porter à tant de peine & à de f » cruels embarras ? Seront-ce les délices qui fortent » du fond de la vertu ? Mais je n’ai de ces délices » qu'une très-foible idée : d’ailleurs je n’ai qu’une » -efpece d’exiftence d'emprunt. Si je pouvois me » promettre de joiur pendant un grand nombre » de fiecles de la félicité attachée à la vertu, j’au- » rois raifon de ramafler toutes les forces de mon » ame , pour m'aflürer un bonheur fi digne de mes » recherches : mais je. ne fuis für de mon être que » durant un feul inftant ; peut-être que le premier » pas que je ferai dans le chemin de la vertu , me » précipitera dans le tombeau. Quoi qu’il en {oit , » le néant m'attend dans un petit nombte d’années ; » la mort me faifira peut-être , lorfque je commen- » cerai à goûter les charmes de la vertu. Cependant » toute ma vie fe fera écoulée dans le travail & dans » le defagrément : ne fetoit-il pas ridicule que pour » une félicité peut-être chimérique , & qui, felle eft » réelle , n’exiftera peut-etre jamais pour moi , jere- » nonçafle à des plaïfirs préfens,vers lefquels mes paf: » fions m'entraînent , & qui {ont de fi facile accès, » queje dois employer toutes les forces de ma raïion » pour m'en éloigner ? Non : le moment où j'exifte + LA -# cft le feul dont la pofleflion me foit affürée ; il eft » raïfonnable que jy faififfe tous les agrémens que » je puis y raflembler ». Il me femble qu'il feroit difficile de trouver dans ce raïfonnement d’un jeune efprit fort , un défaut de prudence , ou un manque de jufteffe d’efprit. Le vice conduit avec un peu de prudence , l'emporte infini- ment fur une vertu exaéte qui n’elt point foûtenue de la confolante idée d’un être fuprème. Un arhée fage éconôme du vice , peut jotur de tous les avantages qu'il eft poffble de puifer dans la vertu confidérée en elle-même ; & en même tems :l peut éviter tous les inconvéniens attachés au vice imprudent & à la rigide vertu. Epicurien circonfpeét , il ne refufera rien à fes defirs. Aime-t-1l la bonne chere : il conten- tera cette pañlion autant que fa fortune & fa fanté le lui permettront ; & il fe fera une étude de fe confer- 803 À T H ver toûjouts en état de goûter les mêmes plaïfrs , avec le même ménagement. La gaieté que le vin ré- pand dans l’ame , at-elle de grands charmes pour lui : il eflayera les forces de fon tempérament, & 1l obfervera jufqu’à quel degré il peut foûtenir les dé- licieufes vapeurs d'un commencement d'ivrefle. En un mot il fe formera un fyftème de tempérance vo- luptueufe , quipuifle étendre fur tous les jours de fa vie , des plaïfirs non interrompus. Son penchant fa- vori le porte-t1l aux délices de amour : il employe- ra toutes fortes de voies pour furprendre la fimplicité & pour féduire l’innocence. Quelle raifon aura-t-l fur-tout de refpeéter le facré lien du mariage? Se fera-t-1l un fcrupule de dérober à un mari le cœur de fon époufe , dont un contrat autorifé par les lois l’a nus feul en pofleffion ? Nullement : fon intérêt veut qu'il fe regle plütôt fur les lois de fes defirs , & que profitant des agrémens du mariage , il en laïffe le far. deau au malheureux époux. Il eft aifé de voir par ce que je viens de dire, qu'une conduite prudente, mais facile, fufit pour le procurer fans rifque mille plaïfirs, en manquant à propos de candeur, de juftice , d'équité , de géné- rofité , d'humanité , de reconnoiflance , & de tout ce qu'on refpeéte fous l’idée de vertu. Qu’avec tout cet enchainement de commodités & de plaïfrs, dont le vice artificieufement conduit eft une fource inta- riffable , on mette en parallele tous les avantages qu’on peut fe promettre d’une vertu qui fe trouve bornée aux efpérances de la vie préfente ; 1l eft évi- dent que le vice aura fur elle de grands avantages , & qu'il influera beaucoup plus qu’elle fur le bonheur de chaque homme en particulier.En effet, quoique la prudente jouiflance des plaïfirs des fens puifle s’allier juiqu’à un certain degré avec la vertu même, com- bien de fources de ces plaïfirs n’eft-elle pas obligée de fermer ? Combien d’occafons de les goûter ne fe contraint-elle pas de négliger & d’écarter de fon chemin ? Si elle fe trouve dans la profpérité & dans labondance , j'avoue qu’elle y eft afez à fon aïfe. Il eft certain pourtant que dans les mêmes circonftan- ces , le vice habilement mis en œuvre a encore des libertés infiniment plus grandes : mais l’appui des biens de la fortune manque-t-1l à la vertu ? rien n’eft plus deftitué de reflources que cette trifte fagefle. Il eftvraique fila maffe générale des hommes étoit beau- coup plus éclairée & dévouée à la fagefle , ure con- duiteréguliere & vertueufe feroitun moyen de parve- nir à une vie douce & commode : mais il n’en eft pas ainf des hommes ; le vice & l'ignorance l’emportent, dans la focieté humaine , fur les Iumieres & fur la fagefle. C’eft-là ce qui ferme le chemin de la fortune aux gens de bien , & qui l’élargit pour une efpece de fages vicieux. Un arhée fe {ent un amour bifarre pour la vertu, il s’aime pourtant : la baflefle, la pauvreté, le mépris , lui paroïfflent des maux véritables ; le crédit , l'autorité , les richefles , s’ofrent à fes defirs comme des biens dignes de fes recherches. Suppofons qu’en achetant pour une fomme modique la protec- tion d’un grand feigneur , un homme puifle obtenir malgré les lois une charge propre à lui donner un rang dans le monde » à le faire vivre dans l’opulen- ce, à établir & à foûtenir fa familie. Mais peut-il fe réfoudre à employer un fi coupable moyen de s’affürer un deftin brillant & commode ? Non : il eft forcé de négliger un avantage fi confidéra- blé, qui fera faifi avec avidité par un homme qui détache la religion de la vertu; ou par un autre qui agiflant par principes, fecoue en même tems le joug de la religion. Je ne donnerai point ici un détail étendu de fem- blables fituations, dans lefquelles la vertu eft obli- gée de rejetter des biens très-réels, que le vice adroi- tement ménagé s’approprieroit fans peine &c fans A TH danger : mais qu'il me foit permis de demander À un athée vertueux, par quel motif il fe réfoud à des faeri- fices fi triftes. Qu'’eft-ce que la nature de fa vertu lui peut fournir, qui fuffife pour le dédommager de tant de pertes confidérables ? Eff-ce la certitude qu’il fait fon devoir ? Mais je crois avoir démontré, que fon devoir ne confifte qu'à bien ménager fes véritables intérêts pendant une vie de peu de durée. Ilfert donc une maïîtrefle bien pauvre & bien ingrate , qui ne paye fes fervices les plus pénibles , d’aucuntvérita- ble avantage , & qui pour prix du dévouement le plus parfait, lui arrache les plus flatteufes occafions d'étendre fur toute fa vie les plus doux plaifirs & les plus vifs agrémens. S1 larhee vertueux ne trouve pas dans la nature de la vertu l’équivalent de tout ce qu'il facrifie à ce qu’il confidere comme fon devoir , du moins il le trouvera, direz-vous, dans l’ombre de la vertu, dans la réputation qui lui eft fi légitimement dûe, Quoi- qu’à plufieurs égards la réputation foit un bien réel, & que l'amour qu’on a pour elle , foit raifonnable: j'avouerai cependant que c’eft un bien foible avan- tage , quand c’eft l’unique récompenfe qu’on attend d’une ftérile vertu. Otez les plaifirs que la vanité tire de la réputation , tout l'avantage qu'un arhée en peut efpérer , n’aboutit qu’à l’amitié, qu'aux caref les & qu'aux fervices de ceux qui ont formé de fon mérite des idées avantageufes. Mais qu'il ne sy trompe point : ces douceurs dela vie ne trouvent pas une fource abondante dans la réputation qu’on s’at- tire par la pratique d’une exaéte vertu. Dans le mon- de fait comme il eft , la réputation la plusbrillante , la plus étendue & la plus utile , s'accorde moins à la vraie fagefle , qu'aux richefles , qu’aux dignités , qu'aux grands talens, qu’à la fupériorité d'efprit , qu’à la profonde érudition. Que dis-je ? un hom- me de bien fe procure-t-il une eftime auf vafte & aufliavantageule , qu’un homme poli, complaifant, badin , qu’un fin railleur ,:qu’un aimable étourdi, à à : NT | qu’un agréable débauche ? Quelle utile réputation, par exemple , la plus parfaite Vertu s’attire-t-elle, lorfqu’elle a pour compagne la pauvreté & la baf- feffe ? Quand par une efpece de miracle , elle perce les ténebres épaiffes qui l’accablent , fa lumiere frap- pe-t-elle les yeux de la multitude ? Echaufe-t-elle les cœurs des hommes, & les attire-t-elle vers un mérite fi digne d’admiration ? Nullement. Ce pauvre eft un homme de bien ; on fe contente de lui rendre cette juftice en très-peu de mots , & on le laïfle joiuir tranquillement des avantages foibles & peu enviés qu'il peut tirer de fon foible & ftérile mérite. Il eft vrai que ceux qui ont quelque vertu, préferveront un tel homme de laffreufe indigence ; ils le foûtien- dront par de modiques bienfaits : mais lui donneront- ils des marques éclatantes de leur eftime ? Se lie- ront-ils avec lui par les nœuds d’une amitié que la vertu peut rendre féconde en plaïfirs purs & folides? Ce font-là des phénomenes qui ne frappent guere nos Qux. Vrreus laudatur & alget. On accorde à la vertu quelques lotianges vagues ; & prefque toñjours on la laifle croupir dans la mifere. Si dans les triftes cir-. conftances où elle fe trouve, elle cherche du fecours dans fon propre fein ; 1l faut que par des nœuds in- diflolubles elle fe lie à la religion, qui feule peut lui ouvrir une fource inépuifable de. fatisfaétions vives & pures. Je vais plus loin. Je veux bien fuppofer les hom- mes aflez fages pour accorder la plus utile à ce qui s’ofire à leur efprit fous Fidée de la vertu. Mais cette idée eft-elle jufte & claire chez la plüpart des hommes ? Le contraire n’eft que trop certain. Le grand nombre dont les fuffrages décident d'une re- préfentation, ne voit les objets qu’à travers es paf- fions & fes préjugés. Mille fois le vice ufurpe chez AU hu les droits de la vertu ; mille fois la vertu la plus pure s’ofrant à fon efprit fous le faux jour de la prévention, prend une forme defagréable & trifte, | La véritable vertu eft reflerrée dans des bornes extrèmement étroites. Rien de plus déterminé &c de plus fixé qu’elle par les regles que la raifon lui pref- crit, À droite & à gauche de fa route ainfi limitée, fe découvre le vice. Par-là elle eft forcée de néoli- ger mille moyens de briller & de plaire , & de s’ex- pofer à paroître fouvent odieufe & méprifable. Elle met au nombre de fes devoirs la douceur , la poli- telle, la complaifance : mais ces moyens aflurés de gagner les cœurs des hommes, font fubordonnés à la juftice ; ils deviennent vicieux dès qu'ils s’écha- ‘pent de l'empire de cette vertu fouveraine , qui feule eft en droit de mettre à nos aétions & à nos fenti- mens le fceau de l’honnête. Il n’en eff pas ainfi d’une faufle vertu: faite ex- près pour la parade & pour fervir le vice ingénieux qui trouve fon intérêt à fe cacher fous ce voile impof- teur, elle peut s’arroger une liberté infiniment plus étendue ; aucune regle inaltérable ne fa gêne. Elle eft 1a maîtrefle de varier fes maximes & fa conduite felon fesintérêts, & de tendretoüjouts fans la moindre con- trainte vers les récompenfes que la gloire lui montre. Il ne s’agit pas pour elle de mériter la réputation , mais de la gagner de quelque maniere que ce foit. Rien ne l’empêche de fe prêter aux foibleffes de l’ef prit humain. Tout lui eft bon , pourvü qu’elle aille à fes-fins. Eft-il néceffaire pour y parvenir , de ref- petter lés erreurs populaires , de plier fa raïfon aux opinions favorites de la mode , de changer avec elle dé parti, de fe prêter aux circonftances & aux préventions publiques : ces efforts ne lui coù- tent rien ; elle veut être admuirée ; & pourvü qu’elle réuflifle, tous les moyens lui font égaux. Mais combien ces vérités deviennent-elles plus fenfibles , lorfqu’on fait attention que les richeflés & les digmités procurent plus umiverfellement l’efti- me populaire , que la vertu même ! Il n’y a point d'infamie qu’elles n’effacent & qu’elles ne couvrent. Leur éclat tentera tojours fortement un homme que lon fuppofe fans autre principe que celui de la vani- té , en lui préfentant l’appât flatteur de pouvoir s’en- richir aifément par fes imuftices fecretes ; appät fat- trayant qu’en lui donnant les moyens dé gagner lPef time extérieure du public , il lui procure en même tems la facilité de fatisfaire fes autres paflions, & lé- gitime pour aindi dire les manœuvres fecretes, dont la découverte incertaine ne peut jamais produré qu’un effet paflager , promptement oublié , & toû- jours réparé par l'éclat des richeffes. Car quine fait que le commun des hommes ( & c’eft ce dont il eft uniquement queftion dans cette controverfe ) fe laïf fe tyrannifer par l’opinion ou l’eftime populaire ? &z qui ignore que l’eftime populaire eft inféparable- ment attachée aux richefles & au pouvoir ? Il eft vrai qu’une claffe peu nombreufe de perfonnes, que leurs vertus & leurs lumieres tirent de la foule, ofe- ront lui marquer tout le mépris dont 1l eft digne: mais s’il fuit noblement fes principes, l’idée qu'elles auront de fon caraéteré ne troublera nifon repos , ni fes plaifirs. Ce font de petits génies , indignes de fon attention. D'ailleurs les mépris de ce petit nombre de fages & de vertueux peuvent-ils balancer les ref- peéts & les foïmuiffions dont il fera environné , les marques extérieures d’une eftimé véritable que la multitude lui prodiguera ? Il arrivera même qu’un ufage un peu généreux qu'il fera de {es thréfors mal acquis , les lui fera adjuger par le vulgaire , & fur- tout par ceux avec qui il partagera le revêhu de fes fourberies. Après bien des détours, M, Bayle eft comme for: Tome I, ATH 809 cé dé convenir que l’arhéifme tend par fa nature à là deftru&tion de la fociété : mais à chaque pas qu'il ce- de , il fe fait un nouveau retranchement ; il prétend donc qu’encore que les principes de l’afhéifme puif- {ent tendre au bouleverfement de la fociété, ils ne la ruineroient cependant pas, parce que les hommes n'agiflent pas conféquemment à leurs principes, & ne reglent pas leur vie {ur leurs opimions. Il avoue que la chofe eft étrange : mais il foûtient qu’elle n’en eft pas moins vraie; &c il en appelle pour le fait aux obfervations du genré humain. « Si cela m’étoit pas, » dit-il, comment feroit-l poffible que les Chrétiens » qui connoïflent fi clairement par une révélation » foûtenue de tant de nuracles ,\ qu'il faut renoncer » au vice pour être éternellement heureux & pour » n'être pas éternellement malheureux ; qui ont tan » d’excellens prédicateurs , tant de direéteurs de con: # fcience , tant de livres de dévotion ; comment fe- » toït-il pofhible parmi tout cela, que les Chrétiens » vécuflent , comme ils font, dans les plus énormes » déreplemens du vice »? Dans un autre endroit en parlant de ce contrafte , voici ce qu'il dit : « Cice- » ron la remarqué à l'égard de plufeurs Epicuriens, » qui étoient bons amus , honnêtes-pens , & d’une » conduite accommodée , non pas aux defirs de la » volupté , mais aux regles de la raïfon. {/s vivers mieux , dit-il, qu’ils ne parlent ; au lieu que les autres parlent mieux qu'ils ne vivent, On a fait une fembla- ble remarque fur la conduite des Stoiciens. Leurs principes étoient que toutes chofes arrivent par une fatalité fi inévitable, que Dieu lui-même ne peut ni n’a jamais pù l’éviter. « Naturellement cela devoit » les conduire à ne s’exciter à rien , à n’ufer jamais » n1 d’exhortations, n1 de menaces , ni de ceniures , » m1 de promeffes. Cependant il n’y a jamais eu de » Philofophes qui fe {oient fervis de tout cela plus » qu'eux ; & toute leur conduite faifoit voir qu'ils fe » croyoient entierement les maitres de leur defti- » née». De ces différéns éxemples , M. Bayle con- clut que la religion n’eft point auff utile pour répri- mer le vice, qu'on le prétend , & que l’arhéifme ne caufe point le mal que l’on s’imagine , par l'en- couragement qu'il donne à la pratique du vice ; puif- que de part & d'autre , on agit d’une maniere con- traire aux principes que l’on fait profeffion de croi- re. Il feroit infini | ajoüte-t-il , de parcourir toutes les bifarreries de l'homme ; c’eff un montre plus monftrueux que les centaures & la chimere de la fable, À entendre M. Bayle , l’on feroit tenté de fuppo- {er avec lui quelque obfcurité myftérieufe dans une conduite fi extraordinaire , & de croire qu'il y au- toit dans l’homme quelque principe bifarre qui le difpoferoit , fans favoir comment , à agir contre fes opinions quelles qu’elles fuffent. C’eff ce qu'il doit néceflairément fuppoler , ou ce qu’il dit ne prouve, rien de ce qu'il veut prouver. Mais fi ce principe , quel qu'il {oit, loin de porter l’homme à agir conf- tamment d’une maniere contraire à fa créance, le poufle quelquefois avec violence à agir conforme- ment à {es opinions; ce principe ne favorife en rien l'argument de M. Bayle. Si même après y avoir pen- {é , l’on trouve que ce principe fi myftérieux &x fi bi: farre n’eft autre chofe que les pafions irrégulieres & les defirs dépravés de l’homme, alors bien loin de favorifer l'argument de M. Bayle , 1l eft directement oppofé à ce qu'il foûtient : or c’eft-là le cas , & heu- reufement M. Bayle ne fauroit s'empêcher d’en faire l’aveu. Car quoiqu'il affecte communément de don- ner à la perverfité de la conduite des hommes en ce point , un air d’incompréhenfibilité , pour cacher le {ophifme de fon argument; cependant, lorfqu’il net plus fur fes gardes , il avoue & déclare naturelle- ment les raifons d’une conduite fi éxtraordinaire, « L'idée générale , ditl, veut qu'un homme qui KRKRKKk 810 À T H » croit un Dieu, un paradis, & un enfer, fafle tout » ce qu’il connoit être agréable à Dieu , & ne fafle »# rien de ce qu'il fait lui être defagréable. Mais La » vie de cet homme nous montre qu’il fait tout le » contraire. Voulez-vous favoir la caufe de cette in- TA? pet 2 3 é » congruité? la voici, C’eft que l’homme ne fe dé- » termine pas à une certaine action plütôt qu'à une » autre, par les connoïffances générales qu'ila de ce s qu'il doit faire ; mais par le jugement particulier # qu'il porte de chaque chofe , lorfqu'il eft fur le » point d'agir. Or ce jugement particulier peut bien » être conforme aux idées générales que l’on a: de » ce qu’on doit faire, mais le plus fouvent il ne l’eft ».pas. I s’accommode prefque toûjours à la pañlion » dominante du cœur ,à la pente du tempérament, » à la force des habitudes contraétées, & au goût ou » à la fenfibilité qu'on a pour de certains objets ». Si c'eft-là le cas , comme ce left en effet , on doit né- ceffairement tirer de ce principe une conféquence direétement contraire à celle qu’en tire M. Bayle ; que fi les hommes n’agiflent pas conformément à leurs opinions, & que l’irrégularité des paffions & des defirs foit la caufe de cette perverfité, il s’enfui- Vra à la vérité qu'un shéffe religieux agira fouvent contre {es principes, mais qu’un athée agira confor- mément aux fens ; parce qu'un athée & un shéiffe {a- tisfont leurs pafions vicieufes, le premier en fiivant fes principes, & le fecond en agiffant d’une maniere qui y eft oppofée. Ce n’eft donc que par accident que les hommes agiflent contre leurs principes, feu- lement lorfque leurs principes fe trouvent en oppo- fition avec leurs pañlions, On voit par-là toute la foi- bleffe de l’argument de M. Bayle, lorfqu'il eft dé- poullé de la pompe de l’éloquence & de l’obfcurité qu'y jettent l'abondance de fes difcours , le faux éclat de fes raifonnemens captieux, & la malignité de fes réflexions. | [Il eft encore d’autres cas, que céux dés principes combattus par les paflions , où l’homme agit contre fes opinions ; & c’eft lorfque fes opinions choquent les fentimens communs du genre humain , comme le fatalifme des Stoiciens, & la prédeftination de quel- ques fectes chrétiennes : mais l’on ne peut tirer de ces exemples aucun argument pour foûtenir & jufli- fier la doétrine de M. Bayle, Ce fubtil controver- fifte en fait néanmoins ufage, en infinuant qu'un athée qui nie l'exiftence de Dieu, agira auffi peu con- formêment à fon principe , que le fatalifte qui nie la liberté ,. & qui agit toùjours comme s'il la croyoit. Le cas eft différent. Que l’on applique aux fataliftes la taïfon que M. Bayle afligne lui-même pour la contra- rièté qu'on obferve entre Les opinions & les a@ions des hommes, on reconnoïtra qu’un fatalifte qui croit en Dieu, ne fauroit fe fervir de fes principes pour autorifer fes paflions, Car, quoiqu’en niant la liberté, il en doive naturellement réfulter que les a@tions mont aucun mérite, néanmoins le fatalifté recon- noïflant un Dieu , qui récompenfe & qui punit les hommes , comme s’il y avoit du mérite dans les ac- tions , 1l agit aufli comme s’il y en avoit réellement. Otez au fatalifte la créance d’un Dieu , rien alors ne l’empêchera d'agir conformément à {fon opinion ; en- forte que bien loin de conclurre de fon exemple que la conduite d’un athée démentira fes opinions , il eft au contraire évident que l’arhéifine joint au fatalifme, réalifera dans la pratique les fpéculations que l’idée feule du fatalifme n'a jamais pù faire pafler juf- ques dans la conduite de. ceux qui en ont foûtenu le dogme. Si l’argument de M. Bayle eft vrai en quelque 4 point, ce n’eft qu'autant que fon athée s'écarteroit. des notions fuperficielles & légeres que cet auteur * lui donne fur la nature de la vertu & des devoirs mo- EU , = 6. à dual Ÿ ÉMsT A ITeR 4 ET taux: en ce point, l’on convient que l’ashée eft en- A TH core plus porté que le théifte à air contre fes opir nions, Le théifte ne s’écarte de la vertu, qui, fuivant {es principes, eff le plus grand de tous lesbiens, que parce que fes pafhñons l’empêchent, dans le moment de l’aétion , de confidérer ce bien comme partie né- ceffaire de fon bonheur. Le conflit perpétuel qu'il y a entre fa raïfon & {es paflions, produit celui qui fe trouve entre fa conduite & fes principes. Ce con: flit n’a point lieu chez l’ashée : fes principes le condui- fent à conclurre que les plaifirs fenfuels font le plus grand de tous les biens ; & fes paffions, de concert avec des principes qu’elles chérifient , ne peuvent manquer de lui faire regarder ce bien comme partie néceflaire de fon bonheur ; motif dont la vérité ou l'illufion détermine nos a@ions. Si quelque chofe eft capable de s’oppofer à ce defordre, & de nous faire regarder la vertu comme partie néceflaire de notre bonheur , fera-ce l’idée innée de fa beauté ? fera-ce la contemplation encore plus abftraite de {a différen- ce eflentielle d’avec le vice ? réflexions qui font les {eules dont un athée puifle faire ufage : ou ne fera-ce pas phitôt l'opinion que la pratique de la vertu , telle que la religion l’enfeigne , eft accompagnée d’une ré- compenfe infinie, & que celle du vice eft accompa- gnée d’un châtiment également infini? On peut ob- ferver ici que M. Bayle tombe en contradiétion avec lui-même : là 11 voudroiït faire accroire que le fenti- ment moral êc la différence effentielle des chofes ff fifent pour rendre les hommes vertueux; & ici il pré- tend que ces deux motifs réunis , & foûtenus de ce- lui d’une providence qui récompenfe & qui punit , ne font prefque d'aucune efficacité, Mais, dira M. Bayle, l’on ne doit pas s’imaginer qu'unarhée, précifément parce qu'ileft athée , & qu'il nie la providence , tournera en ridicule ce que les autres, appellent vers & honnéteré ; qu'il fera de faux fermens pour la moindre chofe ; qu'il fe plonge- ra dans toutes fortes de defordres ; que s’il fe trouve dans un pofte qui le mette au-deflus des lois humaiï- nes , auffi-bien qu'il s’eft déjà mis au-deffs des re- mords de fa confcience , il n’y a point de crime qu’on ne doive attendre de lui; qu’étant inacceffible à tou- tes les confidérations qui retiennent un théifte, il de- viendra néceffairement le plus grand & le plus incor- rigible fcélérat de l'univers, Si cela étoit vrai, il ne le feroit que quand on regarde les chofes dans leur idée, & qu’on fait des abftraétions métaphyfiques. Mais un tel rafonnement ne fe trouvé jamais con- forme à l’expérience. L’ashée n’agit pas autrement que le théïfte, malgré la diverfité de fes principes. Oubliant donc dans l’ufage de la vie & dans le train de leur conduite , les conféquences de leur hypothe- fe ; ils vont tous deux aux objets de leur inclination ; ils fuivent leur goût, & ils fe conforment aux idées qui peuvent flatter l'amour propre : ils étudient, s'ils aiment la fcience ; ils préferent la fincérité à la four- berie, s'ils fentent plus de plaïfir après avoir fait un aéte de bonne foi, qu'après avoir dit un menfonge ; ils pratiquent la vertu, s'ils font fenfbles à la réputa- tion d’honnête homme : mais fi leur tempérament les 1 ,: : poufle tous deux vers la débauche, & s'ils aiment mieux la volupté que l’approbation du public, ils s’a- bandonneront tous deux à leur penchant, le théifte comine l’athée. Si vous en doutez, jettez les yeux fur les nations qui ont différentes religions, &z fur celles qui n’en ont pas ; vous trouverez partout les mêmes pafions. L’ambition, l’avarice, l’envie, le défirde fe notion générale du mot, font fifemblables à l'égard de leurs pañlions, que l’on diroit qu'ils fe copient Tes uns les autres. D’où vient tout cela , finon que le principe pratique des aftions de l’homme n’eft autre chofe que le tempérament, l’inclination naturelle pour le pläifir , le goût que l’on contraéte pour cer- tains objets, le-defir desplaire à quelqu'un , une ha- bitude qu’on s’eft formée dans Te commerce de fes amis , ou quelqu'autre difpoftion qui réfulte du fond de la nature , en quelque pays que l’on naïfle, & de quelques connoïflances que l’on: nous rempliffe l’ef prit ? Les maximes que l’on'a dans l’efprit laïffent les fentimens du cœur dans une parfaite indépendance : la feule caufe qui donne la forme à la différente con- duite des hommes ; font les différens degrés d’un tem- pérament heureux ou malheureux , qui naît avec nous , & qui eft l'effet phyfique de la confäitution de nos corps. Conformément à cette vérité d’expétien- ce, il peut fe faire qu'un arhée vienne au monde avec une inclination natirelle pour da juftice & pour l'équité, tandis qu'un théifte-entrera dans la {o- ciété humaine accompagné de la dureté, de la ma- lice & de la fourberie. D'ailleurs, prefque tous les hommes naiffent avec plus ou moins de refpe pour les vertus qui lient la fociété : n'importe d’où puifle venir cette utile difpofition du cœur humain ; elle lui efteflentielle : uncertain degréd’amour pourlesautres hommes nous eft naturel, tout comme l’amour {ou- verain que nous ayons chacun pour nous-même : de- là vient que quand même un athée, pour fe confor- mer à {es principes, tenteroit de poufler la fcéléra- tefle juiqu'aux derniers excès, il trouveroit dans le fond de fa nature quelques femences de vertu , &les cris d’une confcience , qui l’effrayeroiït , qui l’arrête- roit, & qui feroïit échouer fes pernicieux defleins. Pour répondre à cette obje@ion qui tire un air ébloüiffant de la maniere dont M. Bayle l’a propofée en divers endroits de fes ouvrages, j’ayoterai d’a- bord que le tempérament de l’homme eft pour lui une feconde fource de motifs, & qu'il a une influence très- étendue fur toute fa conduite, Maïs ce tempérament forme-t-il feul notre cara@tere? détermine-t-il tous les aëtes de notre volonté ? fommes-nous abfolument inflexibles à tous les motifs qui nous viennent de de- hors ? nos opimions, vraies ou faufles , font-élles inca- pables de rien gagner fur nos penchans naturels? Rien au monde n’eft plus évidemment faux ; & pour le foù.- tenir il faut n'avoir jamais démêlé les reflorts de fa pro- pre conduite. Nous fentons tous les jours que la réfle- xion fur unintérèt confidérable nous fait agir direéte- ment contre les motifs qui fortent du fond de notre na- ture.Une fage éducationne fait pastoûjours tout l'effet u’on pourroit s’en promettre : mais il eft rare qu’elle 4 abfolument infruêtueufé. Suppofons dans deux hommes le même degré d’un certain tempérament & de génie: eftl für que le même caraétere éclatera tians toute leur conduite ? L'un n'aura eu d’autre guide que fon naturel ; fon efprit afloupi dans l’inac- tion, n'aura jamais oppofé la moindre réflexion À la violence de fes penchans ; toutes les habitudes vie cieufes dérivées de fon tempérament , auront le loir de fe former ; elles auront aflervi fa raïfon pour ja- mais. L'autre, au contraire , aura appris dès l’âge le pus tendre à cultiver fon bon fens naturel ; on lui aura rendu familiers des principes de vertu & d’hon- neur ; on aura fortifié dans fon ame la fenfibilité pour le prochain , de laquelle les femences y ont êté pla- cées par la nature; on l’aura formé À habitude de refléchir fur lui-même, & de réfifter à fes penchans impérieux : ces deux perfonnes feront-elles néceflai- rement les mêmes ? cette idée peut-elle entrer dans l'efprit d’un homme judicieux à Il eft vrai qu'un trop grand nombre d'hommes ne démentent que trop {ouvent dans leur conduite le fentiment légitime Tome I, | À TH Srt de Îenrs Priñcipes, pour s’aflervir à la tytannic de leurs pañlions : mais ces mêmés hommes n’ont pas dans toutes les occafions une conduite également inconféquente ; leur tempérament n’eft pas toüjours excité avec la même violence. Si un tel desté de paf: fion détourne leur attention de la-lumiere de leurs phncipes, cette paflion moins animée , moins fou- gueufe , peut céder à:la force de la réflexion, quand elle offre un intérêt plus grand que celui quii nous eft promis par nos penchans. Notre tempérament a fa | force,& nos principes ont la leurs;felon que ces forces font plus-ou moins grandes de côté & d'autre, notre conduite varie. Un homme qui n’a point de principes oppofés à fes penchans , ou qui n’en a que,de très- foibles, tel que l’athée, fuivra toijours indubitable- ment ce que lui diéte fon naturel ; &: un homme dont le tempérament eft combattu par les lumieres faufles ou Véritables de fon efprit , doit être fouvent en état de prendre le parti de fes idées contre les intérêts de fes penchans. Les récompenfes & les peines d’une aus tre vie font un contrepoids falutaire, fans lequel bien des gens auroient été entraïnés dans l’habitude du vice par un tempérament qui fe. feroit fortifié tous les jours. Souvent la religiôn fait plier fous’elle le na- turel le plus impérieux , & conduit peu à peu fon heu teux profélyte à l'habitude de la vertu. | Les légiflateurs étoient f perfuadés de l’influence de lareligion fur lesbonnes mœurs, qu'ils ont tous mis à la tête des lois qu'ils ont faites, les dogmes de la pro- vidence & d’un état futur. M. Bayle,le coryphée des incrédules, en convient en. termes exprès. « Toutes » les religions du monde, dit-il, tant la vraie que les » faufles , roulent fur ce, grand. pivot; qu'il y a un » juge invifible qui punit & qui récompenfe après » cètte vie les aétions de l’homme, tant intérieures » qu'extérieures: c’eft de là qu’on fuppofe que dé: » coule la principale utilité de la religion ». M. Bayle croit que Putilité de ce dogme ef fi grande, que dans l’hypothefe où la religion eût été une invention poli- tique, c’eût été, felon lui, le principal motif qui eût animé ceux;qui l’auroient inventée. | Lespoëtés Grecs les plus anciens, Mufée, Orphée, Homere , Héfiode, &c. qui ont donné des fyftèmes de théologie & de religion conformes aux idées & aux opinions populaires de leur tems, ont tous éta- blile dogme des peines & des récompenfes futures comme un article fondamental. Tous leursfuccefleurs ont fuivi le même plan ; tous ont rendu témoignage à ce dogme important: on en peut voir la preuve dans les ouvrages d’Efchyle, de Sophocle, d'Euripi- de & d’Ariftophane , dont la profeflion étoit de pein- dre les mœurs de toutes les nations policées, greques ou barbares : & cette preuve fe trouve, perpétuée. dans les écrits de tous les hiftoriens & de tous les phi- lofophes. Plutarque, f remarquable par l'étendue de fes con- noïffances , a fur ce fujet un paffage digne d’être rap- porte. « Jettez les yeux, dit1l dans fon traité contre: » l’épicurien Colotès , {ur toute la face de la terre ; » vous y pourrez trouver des villes fans fortification. » fans lettres, fans magiftrats révuliers, fans habita- » tions diftinétes , fans profeffions fixes , fans pro= » prièté , fans l’ufage des monnoies , & dans Pigno- » rance univerfelle des beaux arts : mais vous ne » trouverez nulle part une ville fans la connoiffance » d’un Dieu ou d’une religion, fans l’ufage des vœux, » des fermens , des oracles, fans facrifices pour fe » procurer des biens, ou fans rits déprécatoires pour » détourner les maux ». Dans fa confolation à A- pollonius , 1l déclare que l’opinion queiles‘hommes vertueux feront recompenfés après leur.mort , eft fi ancienne qu'il n’a jamais pù en découvrir ni l’auteur ; ni l’origine. Cicéron & Seneque avoient déclaré la même chofe ayant lui. Sextus Empinicus voulant dé« k 1 AT Hi. 812 sure fx démonitration de l'exiftence de Dieu, Fons dée fur le confentement univerfel de tous les hom- mes, obferve que ce genre d’argument prouveroit irop, parce qu'il prouveroit également la vérité de l'enfer fabuleux des poëtes. | Quelques diverfités qu'il y eût dans des opinions des philofophes , quels que fuflent les principes’ de politique que fuivit un hiftorien , quelque: fyftème. qu’un philofophe eût adopté; la néceflité de ce dog- me général , je veux dire des beines êtides récom= penfes d’une autre vie, étoit un principe fixe & conf- tant, qu’on ne s’avifoit point de révoquer en doute. Le partifan du pouvoir arbitraire régardoit cette opinion comme le lien le plus fort d’une obéiflance aveugle; le défenfeur de la liberté civile: l’envifa- geoit comme une fource féconde de vertus'êz unien= courasement à l'amour de la patrie: & quoique fon utilité eût dû être une preuve invincible de la divi- nité de fon origine, le philofophe afhée en concluoit au contraire qu'elle étoit une invention de la politi- ue ; comme fi le vrai & l’utile n’avoient pas nécef- tete un point de réunion , & que le vraine pro- duisit pasl’utile, comme Putile produit le-vrar, Quand je dis l’zrile , j'entends Putilité générale, & j'exclus Putilité particuliere toutes les fois qu’elle fe trouve en oppoñition avec l'utilité générale. C’eft pour n’a- voir pas fait cette diftinéion jufte & néceflaire , que les fages de Pantiquité payenne, philofophes ou lé- giflateurs, font tombés dans l'erreur de mettre en oppoñition l’utile & le vrai : &1l en réfulte que le phi- lofophe négligeant l’utile pour ne rechercher que le vrai, a fouvent manqué le vrai; & que le légiflateur au contraire négligeant le vrai pour n’aller qu'à l’u- tile , a fouvent-manqué Putile. | Mais pour revenir à l'utilité du dogme des peines & des récompenfes d’une autre vie , & pour faire voir combien l'antiquité a été unanime’fur ce point, je vais tranfcrire quelques paflages qui confirment ce que j’avance. Le prenuer eft de Timée le Locrien, un des plus anciens difciples de Pythagore, homme d’é- tat , & qui fuivant l'opinion de Platon, étoit confom- mé dans les connoïffances dé la Philofophie. Timée après avoir fait voir de quel ufage eft la fcience de la Morale pour conduire au bonheur un efprit natu- rellement bien difpoié , en lui faifant connoïtre quelle eft la mefure du jufte & de l’injufte, ajoûte que la fo- ciété fut inventée pour retenir dans l’ordre des ef- ptits moins raifonnables , par la crainte des lois êc de la religion. « C’eft à l'égard de ceux-ci, dit-il, qu'il » faut faire ufage de la crainte des châtimens, foit » ceux qu'infligent les lois civiles, où ceux que ful- » minent les terreurs de la religion du haut du ciel & » du fond des enfers ; châtimens fans fin , réfervés 5 aux ombres des malheureux ; tourmens dont la tra- # dition a perpétué l’idée , añn de purifier l’efprit de #» tout Vice ». Polybe nous fournira le fecond pañlage. Ce fage hiftorien extrèmement verfé dans la connoïffance du genre humain, & dans celle de la nature des fociérés civiles ; qui fut chargé de l’augufte emploi de compo- fer des lois pour la Grece , après qu’elle eut été ré- duite fous la puiffance des Romains , s'exprime ainf én parlant de Rome. « L’excellence fupérieure de » cette république éclate particulierement dans les » idées qui y regnent fur la providence des dieux. » La fuperfütion , qui en d’autres endroits ne pro- » duit que des abus & des defordres, y foûtient au # contraire & y anime toutes les branches du gouver- # nement, & rien ne peut furmonter la force avec » laquelle elle agit fur les particuliers êt fur le pu- » blic: Il me femble que ce puiffant motif a été ex- » préflément imaginé pour le bien des états. S'il fal- loit à la vérité former le plan d’une focieté civile »* qui fût entierement compofée d'hommes fagés , ce g: ATH # genre d'inflitution ne feroit peut-être pas méx ÿ'céffaire : mais puifqu’en tous lieux la multitude 5 eft volage, capricieufe, fujette à.des paffons irré. » gulieres ; &c à des reflentimens violens & déraiz # donnabies ; il n’yta pas d’autre moyen de la rete. » nir dans l’ordre, que la terreur des châtimens fus »_turs, & l'appareil: pompeux qui accompagne cette » forte de-fiétion. C’eft pourquoi les anciens ne pa= » roïflent avoir agravec beaucoup'de jugement & # ‘de pénétration dans le choix desidées qu'ils ont inf- » -pirées au peuple: concernant les dieux & un état # futur ; & le fiecle préfent montre beaucoup d’in- » difcrétion & ‘un grand manque de fens , lorfaul »: tâche d'effacer ces idées, qu'il encourage le peuple » à les méprifer, & qu'il lui Ôte le frein de la'crainte. » Qu'en réfulte-t-1l? En Grece, par exemple, pour » ne parler que d’une feule nation, rien n’eftcapable » d’engager ceux qui ont le maniement des deniers » publics , à être fideles à leurs engagemens. Parmi . » les Romains au contraire, la feule'religion rend la » foi du ferment un garant für de honneur & de la » probité de ceux à qui l’on confie les fommes les » plus confidérables, foit dans l’adminuftration pu- # blique des affaires’, foit dans les ambaflades étran- » geres; & tandis qu'il eftrare en d’autres pays de » trouver un hommeintegre & defintéreflé qui purfe » S’abftenirde piller le public, chez les Romaïns rien » n'eft plus rare que de trouver quelqu'un coupable » de ce crime »#. Cepaffage mérite Pattention da plus férieufe. Polybe étoit Grec; & comme homme de bien, il aimoit tendrement fa patrie , dont l’ancienne gloire &c la vertu étoient alors fur leur déclin, dans le tems que la profpérité de la république Romaine étoit à fon comble, Pénétré du trifte état de fon pays , 8e obfervant les effets de l’influence de la religion fur l'efprit des Romains, il profite de cette occafon pour donner une leçon à fes compatriotes , & les infinure de ce qu'il regardoït comme la caufe principale de la ruine dont ils étoient menacés. Un certain hbertina: ge d’efprit avoit infeété Les premiers hommes de l’é- tat, & leur faifoit penfer & débiter , que les craintes quinfpire la religion ne font que des vifions & des fuperfütions ; ils cfoyoient fans doute faire paroïtre par là plus de pénétration que leurs ancêtres , & fe tirer du niveau du commun du peuple. Polybe les avertit qu'ils ne doivent pas chercher la caufe de la décadence de la Grece dans la mutabilité inévitable des chofes humaines, mais qu'ils doivent l’attribuer à la corruption des mœurs introduite par le liberti- nage de l’efprit. Cefut cette corruption qui affoiblit & qui énerva la Grece , & qui l’avoit pour ainfi dire conquife ; enforte que les Romains n’eurent qu’à en prendre poffefion. . | Mais fi Polybe eût vécu dans le fiecle fuivant, il auroit pû adrefler la même leçon aux Romains. L’ef- prit de libertinage , funefte avant-coureur de la chûte des états, fit parmi eux de grands progrès en peu de tems. La religion y dégénéra au point que Céfar ofa déclarer en plein fénat , avec une licence dont toute Pantiquité ne fournit point d'exemple, que l'opinion des peines & des récompenfes d’une autre vie étoit une notion fans fondement. C’étoit-là un terrible pro: noftic de la ruine prochaine de la république. L’'efprit d’irrelision fait tous les jours des progrès ; il avance à pas degéant & gagne infenfiblement tous les états & toutes les conditions. Les philofophes mo- dernes , les efprits forts me permettront-1ls de leur demander quel eft le fruit qu’ils prétendent retirer de leur conduite ? Un d’eux, le célebre comte de Shafts- bury, auffi fameux par fon irreligion que par fa ré- putation de citoyen zélé, & dont l’idée étoit de fubfti- tuer dans le gouvernement du monde la bienveillance À la créance d’un état futur, exprime ainfr dans {on ftyle extraordinaire, « La confcience mème; j'entens;: » dital, celle qui eft l’effet d’une difcipline religiéufe, » me fera fans la bienveillance qu'une miférable fi= » gure : elle pourra peut-être faire des prodiges a » mile vulgaire. Le diable & l'enfer peuvent faire ». effet fur des efprits de cet ordre, lorfque la prit » fon & la potence nepeuvent rien : mais le carac- »tere de ceux qui font polis & bienveillans , eft ». fort différent ; ils font fi éloignées de cette fimpli- “cité puérile , qu’au lieu de régler leur conduite »# dans la fociété par l’idée des peines &r des récom- » penfes futures, 1ls font voir évidemment par tout » letcours deleut vie, qu'ils ne regardent ces notions $ pieufes que comme des contes propres à amufer » les enfans & le vulgaire ».Je ne demanderai point où étoit la religion de ce citoyen zélé lorfqu'il par- loit de la forte, mais ol étoient fa prudence & fa po- tique ; car s'il eft vrai, comme il ledit, que le dia- ble &l’enfer ont tant-d’effet, lors même que la pri- fon & la potence font mefficaces, pourquoi donc cet homme qui aimoit fa patrie, vouloit-1l ôter un frein fi néceffaire pour retenir la multitude 6 en reftrain- dre les excès? fi ce n’étoit pas fon deflein , pourquoi donc tourner la religion en ridicule? Si fon intention étoit de rendre tous les Anoloïs polis & bienveillans, il pouvoit aufli-bien fe propoier de les faire tous mylords. Strabon dit qu'il eft impoñfible de gouverner le commun du peuple par les principes de la Philofo- phie; qu'on ne peut faire d’imprefhon fur lui que par le moyen de la fuperflition , dont les fiions & les prodiges font la bafe & le foûtien ; que c’eft pour cela que les légiflateurs ont fait ufage de ce qu’enfei- one la fable fur le tonnerre de Jupiter, l’égide de Mr nerve, le trident de Neptune , le thyrfe de Bacchus, les-ferpens & les torches des Furies; & de tout le refte des fi&tions de l’ancienne théologie,comme d’un épouvantail propre à frapper de terreur les imagi- nations puériles de la multitude. Pline le naturalifte reconnoit qu'il eft néceffaire pour le foûtien de la fociété, que les hommes croyent que Les dieux interviennent dans les affaires du gen- re humain; & que les châtimens dont ils puniffent les coupables , quoique lents à caufe de la diverfité des foins qu'exige le gouvernement d’un fi vafte uni- vers, font néanmoins certains & qu’on ne peut s’y fouftraire. Pour ne point trop multiplier les citations, je fi- nirai par rapporter le préambule des lois du philo- fophe Romain ; comme il fait profeffion d’imiter Pla- ton ,; qu'il en adopte les fentimens & fouvent les ex- preflions , nous connoîtrons par-là ce que penfoit ce Philofophe fur linfluence de la religion par rap- port à la fociété : « Les peuples avant tout doivent » être fermiement perfuadés de la puiffance &c du gou- » vernement des dieux, qu’ils font les fouverains & # les maîtres de Punivers, que tout eft dirigé par » leur pouvoir, leur volonté & leur providence, # & que le gente humain leur a des obligations in- » finies. Ils doivent être perfuadés que les Dieux »# connoiflent l’intérieur de chacun, ce qu'il fait, » ce qu'il penfe, avec quels fentimens, avec quelle # piété il remplit les aétes de religion; & qu'ils dif. » tinguent l’homme de bien d'avec le méchant. Si » l’efprit eft bien imbu de ces idées, il ne s’écartera # jamais du vrai ni de l’utile. L’on ne fauroit nier # le bien qui réfulte de ces opinions, fi Pon fait ré- # flexion à la ftabilité que les fermens mettent dans »' les affaires de la vie, &c aux effets falutaires qui » téfultent de la nature facrée des traités &c des al- » lances. Combien de perfonnes ontété détournées #du:crime-par la crainte des châtimens divins ! & #-combien-pure & {ane doit-être.la vertu qui regne »dans-une:fociété, où les dieux immortels: inter: »>Niennéntehx-mêmes, comme jugés: 8e témoins ! À T H 513 Voilà le préambule de la’ loi ; cat c’eft ainfi que Platon l'appelle. Enfuite viennent les lois, dont la premiére eff conçue en ces fermes :« Que ceux qui » s’approchent- des dieux foient purs & chaftes ; » ‘qu'ils foient remplis de piété & exempts de Poften- » tation des richefles. Quiconque fait autrement , » dieu lui-même s’en fera Vengeance. Qu'un faint » culte {oit rendu aux dieux, à ceux qui ont été » regardés comme habitans du ciel, &raux héros que » leur mérite y a placés, comme Hercule, Bacchus, » Efculape , Caïftor, Pollux & Romulus. Que des » temples foient édifiés en l'honneur dés qualités » qui ont élevé des mortels à ce desré de gloire, » en l'honneur de la raïfon , de la vertu, de la piété » & de la bonne fois. À tous ces différens traits on reconnoit le génie de l’antiquité , &c particulierement celui des légiflateurs, dont le foin étoit d’infpirer aux peuples les fentimens de religion pour le bien de létat même. L’établiflement des myfteres en eft un autre exemple remarquable. Ce fujet important & curieux eft amplement développe dans les differta- tions fur l’urion de la religion, de la morale, & de la ‘politique, tirés par M. Silhouette d’un ouvrage de M. Warburton. Enfin M.Bayle abandonne le raifonnement, qui eff {on fort : fa derniere reflource eft d’avoir recours à l'expérience ; & c’eft par-là qu'il prétend foûtenir fa thefe , en faifant voir qu'il y a eu des afhées qui ‘ont vécu moralement bien, & que même il y a eu des peuples entiers qui fe font maintenus fans croire l’exiftence de Dieu. Suivant lui, la vie de plufeurs athées de l’antiquité prouve pleinement que leur prin- cipe n’entraine pas néceflairement la corruption des mœurs ; il en alleoue pour exemple Diagoras, Théo- dore, Evhemere, Nicanor & Hippon, philofophes, dont la vertu a paru fi admurable à S. Clément d’A- lexandrie , qu'il a voulu en décorer la religion & en faire autant de théiftes, quoique l'antiquité les re- connoifle pour des achées décidés. Il defcend enfuite à Épicure & à fes feétateurs , dont la conduite, de l’a: veu de leurs ennemis, étoit irréprochable. Il cite At- ticus, Cafius, & Pline le naturalifte. Enfin il finit cet illuftre catalogue par l'éloge de la vertu de Vanini & de Spinofa. Ce n’eft pas tout ; 1l cite des nations entieres d’arhées, que des voyageurs modernes ont découvertes dans le continent &c dans Les iles d’A- frique & de l'Amérique ; &r qui pour les mœurs l’ém- portent fur la plüpart des idolatres qui les environ- nent. Il eft vrai que ces athées font des fauvages ; fans lois , fans magiftrats, fans police civile : mais de ces circonftances il en tire des raifons d’autant plus for- tes en faveur de fon fentiment ; car s’ils vivent par- fiblement hors de la fociété civile, à plus forte raïon le feroient-1ls dans une fociété , où des loïx genéra- les empêcheroient les particuliers de commettre des injuftices. L'exemple des Philofophes qui, quoique arhées, ont vécu moralement bien , ne prouve rien par rapport à l'influence que l’athéifme peut avoir fur les mœurs des hommes en général , & c’eft-là néan- moins le point dont il eft queftion. En examinant les motifs différens qui engageoient ces Philofo- phes à être vertueux, l’on verra que ces motifs qui étoient particuliers à leur caraëtere , à leurs circonftances , à leur deffein, ne peuvent agir fur la totalité d’un peuple qui feroit infe@té de leurs principes. Les uns étoient portés à la vertu par le fentiment moral & la différence eflentielle des cho- fes, capables de faire un certain effet fur un petit nombre d'hommes ftudieux, contemplatifs, & qui joignent à un heureux naturel, un efprit délicat êc fubtil : mais ces motifs font trop foibles pour déter- miner le commun des hommes. Les'autres agifloient ee. par pañlion pour la gloire &c la réputation : mais quoi: 814 À TH que tous les hommes reflentent cette paflion dans-un même degré de force , ils ne l’ont pas tous dans.un même dégré de délicatefe : la plüpart s’embarraflent peu de la puifer dans des fources pures : plus fenfbles aux. marques extérieures de refpeét & de déférence qui l’accompagnent, qu'au plaifr intérieur de la mé- riter , ils marcheront par la voie la plus aïfée & qui gênera le moins leurs autres pañlions , & cette voie n’eft point celle de la vertu. Le nombre de ceux fur qui ces motifs font capables d’agir eft donc très-petit, comme Pomponace lui-même, qui étoit ashée, en fait laveu. « Il y a, dit-il, quelques perfonnes d’un na- » turel fi heureux , que la feule dignité de la vertu 5 {ufit pour les engager à la pratiquer, & la feule » difformité du vice fufit pour le leur faire éviter. # Que ces difpofitions font heureufes, mais qu’elles » font rares ! Il y à d’autres perfonnes dont Pefprit » eft moins héroïque, qui ne font point infenfibles à » la dignité de la vertu ni à la baflefle du vice; mais # que ce motif feul, fans le fecours des louanges & » des honneurs, du mépris & de l’infamue , ne pour- » roit point entreterur dans la pratique de la vertu » &t dans l'éloignement du vice. Ceux-ci forment »* une feconde claffe ; d’autres ne font retenus dans # l’ordre, que par l’efpérance de quelque bien réel » ou par la crainte de quelque punition corporelle, » Le légiflateur pour les engager à la pratique de la » vertu, leur a préfenté l’appât des richefles , des di- » gnités, ou de quelque autre chofe femblable; & d’un » autre côté il leur a montré des punitions, foit en » leur perfonne , en leur bien , ou en leur honneur, » pour les détourner du vice. Quelques autres d’un » caractere plus féroce, plus vicieux, plus intraita- » ble, ne peuvent être retenus par aucuns de ces » motifs, À l'égard de ces derniers, le légiflateur a » invente le dogme d’une autre vie, où la vertu doit » recevoir des récompenfes éternelles, & oùle vice » doit fubir des châtimens qui n’auront point de fin; » deux motifs dont le dermer a beaucoup plus de » force fur l’efprit des hommes que Le premier. Plus # inftruit par l'expérience de la nature des maux que # de celle des biens , on eft plütôt déterminé par la » crainte que par l’efpérance. Le légiflateur prudent # & attentif au bien public, ayant obfervé d’une # part le penchant de l’homme vers le mal, & de » l’autre côté, combien l’idée d’une autre vie peut # être utile à tous les hommes de quelque condi- » tion qu'ils foient, a établi le dogme de l'immorta- » lité de l’ame, moins occupé du vrai que de l’utile, » & de ce qui pouvoit conduire les hommes à la pra- # tique de la vertu: & l’on ne doit pas le blâmer de # cette politique ; car de même qu’un medecin trom- » pe un malade afin de luirendre la fanté, de même » l’homme d’état inventa des apologues ou des fic- # tions utiles pour fervir à la correéhion des mœurs. # S1tous les hommes à la vérité étoient de la pre- miere clafe, quoiqu'ils cruffent leur ame mortelle, » 1ls rempliroient tous leurs devoirs : mais comme # il n'y en a prefque pas de ce caractere, il a été né- » ceflaire d’avoir recours à quelque autre expédient». Les autres motifs étoient bornés à leur fe@te ; c’é- toit l’envie d’en foûtenir l'honneur & le crédit, & de tâcher de lanoblir par ce faux luftre. Il eft étonnant juiqu’à quel point ils étoient préoccupés & poffédés de ce defir. L’hifoire de la converfation de Pompée & de Poflidonius le fhoique, qui eft rapportée dans les Tufculanes de Ciceron, en eft une exemple bien remarquable : d douleur, difoit ce Philofophe mala- de & {ouffrant ! ces efforts font vains ; tu peux être in- commode, jamais Je n'avouerat que tu fois un mal. Si la crainte de fe rendreridicule en défavouant fes prin- cipes, peut engager des hommes à fe faire une fi grande violence , la crainte de fe rendre générale- inent odieux n’a pas été un motif moins puiflant pour [e bo A TH les engager à la pratique de la vertu. Cardan fuis même reconnoït que d'athéifme tend malheureufe- ment à rendre ceux qui en font les partifans, lobjet de lexécration publique. De. plus, le foin de leur propre confervation les y engagéoit ; le magiïftrat avoit beaucoup. d’indulgence pour les fpéculations philofophiques mais l’athéifme étant en général re- gardé comme tendant à renvetfer la fociété, fouvent il déployoit toute fa vigueur contre ceux, qui vou- loient l’établir; enforte qu’ils n’avoientd’autre moyen de défarmer fa vengeance , que de perfuader par une vie exemplaire, que ce principe n’avoit point eh lui. même une influence fi funefte. Mais ces motifs étant particuliers aux feétes des philofophes, qu’ont-ils de commun avec le refte des hommes? | À Pégard des nations de fauvages afhées | qui wi- vent dans l’état de nature fans fociété civile , avec plus de vertu que les idolatres qui les environnent ; fans vouloir révoquer ce fait en doute, il fufira d’ob: ferver la nature d’unetelle fociété , pour démafquer le fophifme de cet argument. …. | Il eft certainque dans l’état de la fociété , les hom- mes font conftamment portés à enfraindre les lois. Pour y remédier, la focièté eft conftamment occu- pée à foûtenir & à augmenter la force & la vigueur de fes ordonnances. Si l’on cherche la caufe de cette perverfité ; on trouvera qu'il n'y en a point d’autre que le nombre & la violence des defirs qui naïflent de nos befoins réels & imaginaires. Nos befoins réels font néceflairement & invariablement les mêmes, extrèmement bornés en nombre, extrèmement aifés à fatisfaire. Nos befoins imaginaires font infinis, fans mefure , fans regle , augmentant exatement dans la même proportion qu’augmentent les différens arts. Or ces différens arts doivent leur origine à la fociété civile : plus la police y eft parfaite, plus ces arts{ont cultivés 8 perfeétionnés , plus on a de nouveaux befoins & d’ardens defirs ; & la violence de ces de- firs qui ont pour objet de fatisfaire des befoins imagï- naires , eft beaucoup plus forte que celle des defirs fondés fur les befoins réels , non-feulement parce que les premiers font en plus grand nombre, ce qui fournit aux pañlions un exercice continuel ; non-{eu- lement , parce qu'ils font plus déraifonnables , ce qui en rend la fatisfaétion plus difficile , & que n’étant point naturels, ils font fans mefure : mais principa- lement parce qu’une coûtume. vicieufe a attaché à la fatisfaétion de ces befoins, une efpece d’honneur & de réputation, qui n’eft point attachée à la fatis- faétion des befoins réels. C’eft en conféquence de ces p'incipes,que nous difons que toutes les précautions, dont la prévoyance humaine eft capable , ne font point fufhfantes par elles-mêmes pour maintenir l'é-' tat de la fociété , & qu'il a été néceflaire d’avoir re- cours à quelqu’autre moyen. Mais dans l’état de na- ture où l’on ignore les arts ordinaires, les befoins des hommes réels font en petit nombre, & 1l eft aïé de les fatisfaire : La nourriture & l’habillement font tout ce qui eft néceflaire au foûtien de lawie ; & la Providence a abondamment pourvû à.ces befoins ; enforte qu'il ne doit y avoir guere de difpute, puif qu'il fe trouve prefque tojours une abondance plus que fuffante pour fatisfaire tout Le monde. | Par-là , on peut voir clairement comment il eft poflible que cette canaille d’ashées , s’il eft permis de fe fervir de cette expreflion , vive paifiblement dans l’état de nature ; & pourquoi la force des lois. humaï- nes ne pourroit pas retenir dans l’ordre & le devoir une fociété civile d’athées. Le fophifme de M. Bayle fe découvre de lui-même. Il n’a pas foûtenu n1 n’au- roit voulu foûtenir que ces athées, qui vivent païfi+ blement dans leur état préfent, fans le frein des lois humaines, vivroient de même fans le fecours des lois , après qu'ils auroïent appris les différens arts, qui font en ufage parmi les nations civilifées'; il ne mieroit pas fans doute que dans la fociété civile, qui eft cultivée par-les arts, le frein des lois eft-abiolu- ment néceflaire. Or voici les queftions qu'il eft na- turel de lui faire, Si un peuple peut vivre paifible- ment hors de la fociété civile fans le frein des lois, mais ne fauroit fans ce frein vivre paifiblement dans l’état de fociété : quelle raïfon avez-vous de préten- dre que , quoiqu'l puifle vivre paifibiement hors de la fociété fans le frein de la religion , ce frein ne de- vienne pas néceffaire dans l’état de fociété ? La ré- ponfe à cette queftion entraîne néceffairement l’exa- men de la force du frein qu’il faut impofer à l’hom- me qui vit en fociété : Or nous avons prouvé qu'ou- tre le frein des lois humaines , 1l falloït encore celui de la religion. On peut obferver qu’il teone un artifice uniforme dans tous les fophifmes , dont M. Bayle fait ufage pour foûtenir {on paradoxe. Sa thefe étoit de prou- ver que l’ashéifme n’eft pas pernicieux à la fociète ; &z pour le prouver, il cite des exemples. Mais quels exemples ? De fophiftes, ou de fauvages , d’un petit nombre d'hommes fpéculatifs fort au-deffous de ceux qui dans un état forment le corps des citoyens , ou d'une troupe de barbares &c de fauvages infiniment au-deflous d’eux, dont les befoins bornesneréveïllent point les pañlions ; des exemples , enunmot, dont on ne peut rien conclurre ; par rapport au commun des hommes ;, & à ceux d’entr'eux qui vivent en fociété. Voyez les difertations de l’union de la religion , de la morale & de la politique de M. Warbuton, d’où font extraits la plüpart des raonnemens qu’on fait contre ce paradoxe de M. Bayle. Liféz l’article du POLYTHÉISME , où l’on examine quelques dificultes de cet auteur. (X | EF ATHÉISME , £. m. (Méraphyfiq. ) c’eft l'opinion de ceux qui nient l’exiftence d’un Dieu auteur du monde. Ainf la fimple ignorance de Dieu ne feroit pas l’athéifme. Pour être chargé du titre odieux d’x- théifme , 1l faut avoir la notion de Dieu , & la rejet- ter. L'état de doute n’eft pas non plus Parhéifme for- mel: mais il s’en approche ou s’en éloigne , à propor- tion du nembre des doutes, ou de la mamiere de les envifager. On n’eft donc fondé à traiter d’ashées que ceux qui déclarent ouvertement qu'ils ont pris parti {ur le dogme de l’exiftence de Dieu, & qu'ils foù- tiennent la négative. Cette remarque eft très-impor- fante , parce que quantité de grands hommes, tant anciens que modernes, ont fort légerement été taxés d’athéifine | foit pour avoir attaquée les faux dieux, foit pour avoir rejetté certains argumens foibles, qui ne concluent point pour l’exiftence du vrai Dieu. D'ailleurs 1l y a peu de gens, qui penfent toüjours conféquemment , furtout quand il s’agit d’un fujet aufli abftrait & aufi compofé que left l’idée de la caufe de toutes chofes, ou le gouvernement du mon- de. On ne peut regarder comme véritable arhée que celui qui rejette l’idée d’une intelligence qui gouverne avec un certain deflein. Quelque idée qu'il le fafle de cette intelligence ; la fuppofât-1l matériel- le , limitée à certains égards, 6. tout cela n’eft point encore l’ashéifime. L’athérfmene {e borne pas à défigu- rer l’idée de Dieu, mais il la détruit entierement. J'ai ajoûté ces mots, aureur du monde , parce qu'il ne fufñit pas d’adopter dans fon fyftème le mot de Dieu , pour n’être pas athée. Les Epicuriens par- loient des dieux ; ils en reconnoïfloient un grand nombre ; & cependant 1ls étoient vraiement athées, parce qu'ils ne donnoient à ces dieux aucune part à l’origine &c à la confervation du monde, & qu'ils Les reléguoïent dans une mollefle de vie oifive & indo- lente. Il en eft de même du Spinofifme , dans lequel lufage du mot de Dieu n'empêche point que ce fy£ tème n’en exçlue la notion, A T H 815 L’achéifine eft fort ancien ; felon les apparences, il ÿ a eu des arhées avant Démocrite & Leucippe, puif- que Platon ( de Legib.. pag. 888. edir. Serr.) dit en par lant aux avhées de fon tems. «Ce n’eft pas vous feul, » mon fils, ni vos amis ( Démocrite, Leucippe & » Protagore ) qui avez eu les premiers ces fentimens »touchant les dieux : maisil y a toûjours eu plus où » moins de gens attaqués de cette maladie ». Ariftote dans fa Métaphyfique aflüre-que plufeurs de ceux qui ont les premiers philofophé, n’ont reconnu que la matiere pour la premiere caufe de l’univers , fans aucune caufe efficiente & intelligente. Laraifon qu’ils en avoient, comme ce philofophe le rémarque, (Z8. Î. c. 17. ) c’eft qu'ils affüroient qu'il n’y a aucune fubftance que la matiere, & que tout le refte n’en eft que des accidens, quifont engendrés & corruptibles ; au lieu que la matiere qui efttoûüjours la même, n’eft n1 engendrée, ni fujette à être détruite , mais éter- nelle: Les matérialiftes étoient de véritables ærhées non pas tant parce qu'ils n’établifloient que des Corps , que parce qu'ils ne reconnoïfloient aucune intelligence qui les mût & les sgouvernât. Car d’au- tres Philofophes , comme Héraclite, Zenon , 6c. en croyant que tout eft matériel , n’ont pas laiffé d’ad- mettre une intelligence naturellement attachce à la matiere , & qui ammoit tout l’umivers., ce qui leur faifoit dire que c’eft un animal : ceux-ci ne peuvent être regardés comme athées. | L’on trouve diverfes efpeces d’arhéifines chez les anciens. Les principales font l’écerniré du monde , Va- romifme ou le concours fortuir , l’hylopathianifme , & l’Aylozoifme, qu'ilfaut chercher fous leurs titres par- ticuhers dans ce Diionnaire. Il faut remarquer que l'éternité du monde n’eft une efpece d’arhéifine que dans le fens auquel Ariftote & fes feétateurs l’établif- foient ; car ce n’eft pas être athée que de croire le monde co-éternel à Dieu, & de le regarder comme un effet inféparable de fa caufe. Pour l'éternité de la matière, je n’ai garde de la ranger parmi les fyftè- mes des athées. Îls l’ont tous foùtenue à la vérité ; mais des Philofophes théiftes l’ont pareillement ad- mile , &c l’époque du dogme de la création n’eft pas bien aflürée. Voyez CRÉATION. Parmiles modernes, n’y a d'arhésfme {yflématique que celui de Spinofa , dont nous faifons aufli un article féparé. Nous nous bornons ici aux remarques générales fuivantes. 1°. C’eft à l’athée à prouver que la notion de Dieu eft contradiétoire , & qu'il eft impothble qu’un tel être exifte ; quand même nous ne pourrions pas dé- montrer la pofbilité de Pêtre fouverainement par- fait , nous ferions en droit de demander à l’athée les preuves du contraire ; car étant perfuadés avec rai fon que cette idée ne renferme point de contradic- tion, c’eft à lui à nous montrer le contraire ; e’eft le devoir de celui qui nie d’alléguer fes raifons. Ainfi tout le poids du travail retombe fur l’athée; &c celux qui admet un Dieu, peut tranquillement y acquief- cer , laiffant à {on antagonifte le foin d’en démontrer la contradi@ion. Or, ajoûtons-nous , c’eft ce dont il ne viendra jamais à bout. En effet, l’aflemblage de toutes les réalités , de toutes les perfe&ions dans un feul être , ne renferme point de contradiétion , il'eft donc poffible ; & dès-là qu’il eft poflble , cet êtré doit néceflairement exifter , l’exiftence étant com- prife parmi ces réalités : mais il faut renvoyer à l’ar- ticle Dieu le détail dés preuves de fon exiftence. 2°. Bien loin d'éviter les difficultés, en rejettant la notion d’un Dieu , l’athée s'engage dans des hypo- thefes mulle fois plus dificiles à recevoir. Voici en peu de mots ce que l’athée eft obligé d’admettre. Suï- vant fon hypothefe , le monde exïite par lui-même, il eft indépendant de tout autre être ; & il n'y arien dans cé monde vifble qui ait fa raïfon hors du mon- de, Les parties de ce tout & le tout lui-même ren- 816 À TH ferment la taifon de letir exiftence dans leur éflen- ce, ce font des êtres abfolument néceffaires ,& il impliqueroit contradiétion qu'ils n'extftaffent pas. Le imonde n’a point eu de commencement , il n'aura point de fin; il eft étérnel , & fufifant à lui-même _ pour fa confervation. Les miracles font impoñibles, ‘ &zr l’ordre de la nature eft inaltérable. Les lois du mouvement ; les évenemens naturels , l’enchaîne- ment des chofes, font autant d’effets d’une néceflité ab{olue ; l'ame n’a point de liberté. L'univers eft fans bornes ; une fatalité abfolue tient lieu de Providence. ( Poyez Wolf, Théolog. nat. tom. IL. fett. II, chap. j. ) C’eft-R, & non dans le fyftème des théiftes, qu’il faut chercher les contradiétions ; tout en fourmille. Peut-on dire que le monde, confidéré en lui-même , ait des caraéteres d’éternité qui ne fe puiflent pas trouver dans un être intelligent ? Peut-on foûtenir qu'il eft plus facile de comprendre que la matiere fe meut d’élle-même , & qu’elle a formé par hafard êc fans deffein le monde tel qu'il eft, que de concevoir qu'une intelligence a imprime le mouvement à la matiere, &en a tout fait dans certaines vües ? Pour- roit-on dire que l’on comprend comment tout ce qui exifte a été formé par un mouvement purement méchanique &c néceflaire de la matiere , fans projet êc fans deflein d’aucune intelligence qui lait condui- te; & qu'on ñe comprend pas comment une intelli- gence l’auroit pù faire ? Il n’y a aflürément perfon- ne qui, s'il veut au moins parler avec fincérite, n’avoue que le fecond eft infiniment plus facile à comprendre que le premier. Il s'enfuit de:là que les athées ont des hypothefes beaucoup plus difciles à concevoir que celles qu’ils rejettent ; & qu'ils s’éloi- gnent des fentimens communs plütôt pour fe difin- guer, que parce que les dificultés leur font de la pei- ne ; autrement ils n’embraffleroient pas des fyftèmes tout-à-fait incompréhenfbles , fous prétexte qu'ils n’entendent pas les opinions généralement reçües. 39, L’arhéene fauroit éviter les abfurditès du pro- grès à l'infini, Il y a un progrès qu'on appelle reëfi- digne, & un progrès qu’on appelle cércularre. Suivant le premier , en remontant de l'effet à la caufe ; & de cette caufe à une autre , comme de l’œuf à la poule, & dela poule à l’œuf , on ne trouve jamais le bout ; & cette chaîne d’êtres vifiblement contingens , forme un tout néceflaire , éternel , infini. L’impoflhbilité d’une telle fuppofñition eft fi manifefte , que les phi- lofophes payens l’avoient abandonnée , pour fe re- trancher dans le progrès circulaire. Celui-ci confifte dans certaines révolutions périodiques extrèmement longues , au bout defquelles les mêmes chofes fe re- trouvent à la même place ; & l’état de l'univers eft précifément tel qu’il étoit au même moment de la pé- riode précédente. J’ai déja écrit une infinite de fois ce que j'écris à préfent, & je l’écrirai encore une in- finite de fois dans la fuite des révolutions éternelles de l'univers. Mais la même abfurdité qui détruit le progrès reétiligne , revient ici contre le progrès cir- culaire. Comme dans le premier cas on cherche inutilement , tantôt dans l’œuf, tantôt dans la pou- le, fans jamais s'arrêter , La railon fuffifante de cette chaîne d'êtres ; de même dans celui-ci une révolu- tion eft liée à l’autre : mais on ne voit point comment une révolution produit l’autre, & quel eft le principe de cètté fucceflion infinie. Que l’on mette des mil- lions d’années pour les révolutions univerfelles , ou desjours , desheures , des minutes , pour l’exiftencede petits infeétes éphémeres, dont l’un produit l’autre fans fin, c’eft lamême chofe; ce font toüjours dés effets enchaînés les unsauxautres, fans qu'on puife affigner une caufe , un principe , une raïfon fufifante qui Les explique. | 4°. On peut auf attaquer l’arhéifine par fes confé- quençes , qui , en fappant la religion , renverfent À T A ‘du même coup les fondemens de la morale & de ia _ politique. En effet Parhéifme avilit & dégrade la na= ture humaine , en niant qu'il y ait en elle les moin- dres principes de morale, de politique , d'équité & d'humanité : toute la charité des hommes , fuivant cet abfurde fyflème , toute leur bienveillance , ne viennent que de leur crainte , de leur foibleffe, & du befoin qu’ils ont les uns des autres. L’utilité & le defit de parvenir ; l'envie des plaifirs , des honneurs, des richeffes , font les uniques regles de ce qui eft bom La juftice & le gouvernement civil ne font des cho: fes ni bonnes, ni defirables par elles-mêmes ; car elles ne fervent qu’à tenir dans les fers la liberté de ’hom= me : mais on les a établies comme un moindre mal ; &t pour obvier à l’état de guerre , dans lequel nous naïifions. Aïnfi les hommes ne font juftes que malgré eux; car 1ls voudroient bien qu'il füt poflible de n’o- béir à aucunes lois. Enfin ( car ce n’eft ici qu'un échantillon des principes moraux &c politiques de l’«- théifime } enfin les fouverains ont une autorité pro- portionnée à leurs forces, & fi elles font illimitées , ils Ont un droit illimité de commander; en forte que la volonté de celui qui commande tienne lieu dejuf- tice aux fujets , & les oblige d’obéir , de quelque nature que foient les ordres. Je conviens que les idées de l’honnête & du des: honnête fubfiftent avec l’arhéifme. Ces idées étant dans le fonds & dans l’effence de la nature humaine , l’arhée ne fauroit les rejetter. Il ne peut méconnoitre la différence morale des aétions ; parce que quand même 1l n'y auroit point de divinité , les aétions qui tendent à détériorernotre corps & notre ame feroient toljours également contraires aux obligations natu- relles. La vertu purement philofophique, qu’on ne fauroit lui refufer , en tant qu’il peut fe conformer aux obligations naturelles, dont il trouve l’emprein- te dans fa nature ; cette vertu, dis-je , a très-peu de force, & ne fauroit guere tenir contre les motifs de la crainte , de l'intérêt & des pañfons, Pour réfif ter, fur-tout lorfqu'il en coûte d’être vertueux, il faut être rempli de l’idée d’un Dieu , qui voit tout , & qui conduit tout, L’arhéifine ne fournit rien , & fe trouve fans reflource ; dès que la vertu eft malheu- reufe , il eft réduit à l’exclamation de Brutus: Weru, flérile vertu , de quoi m'as:tu fervi? Au contraire, celui qui croit fortement qu’il y a un Dieu, que ce Dieu eft bon, & que tout ce qu'il a fait & qu'il permet, abou- tira enfin au bien de fes créatures ; un tel homme peut conferver fa vertu & fon intégrité même dans la condition la plus dure. Il eft vrai qu'il faut pour cet effet admettre l’idée des récompenfes & des peï- nes à venir. Il réfulte de-là que l’arhésfme publiquement profefé eft puniflable fuivant le droit naturel. On ne peut que defapprouver hautement quantité de procé- dures barbares & d’exécutions inhumaines, que le fimple foupçon ou le prétexte d’arhéïfine ont occa- fionnées. Mais d’un autre côté l’homme le plus tolé- rant ne difconviendra pas, que le magiftrat n’ait droit de réprimer ceux qui ofent profefler laskeif= me, & de les faire périr même, s'il ne peut autre ment en délivrer la fociété. Perfonne ne révoque en doute , que le magiftrat ne foit pleinement autorifé à punir ce qui eft mauvais & vicieux, & à récom- penfer ce qui eft bon & vertueux. S'il peut punir ceux qui font du tort à une feule perfonne, il a fans doute autant de droit de punir ceux qui en font à touteune fociété , en niant qu'il y ait un Dieu, ou qu’il fe mêle de la conduite du genre humain , pour récompen- fer ceux qui travaillent au bien commun , & pour châtier ceux qui l’attaquent. On peut regarder un homme de cette forte comme l'ennemi de tous les autres, puifqu’il renverfe tous les fondemens fur lefquels leur çonfervation & leur félicité font prin- cipalement “cipalement établies. Un tel homme pourroit être puni par chacun'dans le dtoit de nature. Par conféquent le magiftrat doit avoir droit de punir , non-feulement ceux qui nient l'exiftence d’une divinité , mais encore ceux'qui rendent cette exiftence inutile, en niant fa providence, ou én prêchant contre {on culte ; où qui font coupables de blafphèmes formels , de pro- fanations , de parjurès', où de juremens prononcés légerement. La religion eft fi néceflaire pour le foù- tien de la fociétéhumaine , qu'ileftimpoñhble , com- me les Payens l'ont reconnu auf bien que les Chré- tiens, que la fociété fubfifte fi lon n’admet une purf- fance invifible , qui gouverne les affaires du genre humain. Voyez-en la preuve à Particle des'ahées. La crainte & le refpett que l’on a pour cet être , pro- dit plus d'effet dans les hommes , pour leur faire obferver les devoirs dans lefquels leur félicité confifte {ur la térre, que tous lés fupplices dont les magiftrats les puiffent menacer. Les afhées mêmes n’oient le mier ; & c’eft pourquoi ils fuppofent que la religion eft une invention des politiques , pour tenir plus fa- cilement la fociété enregle. Mais quand cela feroit , les politiques ont le droit de maintenir leurs établif- femens., & de traiter en ennemis ceux qui voudroient les détruire. Il n’y a point de politiques moins fenfés . que ceux qui prêtent l'oreille aux infinuations de l’athéifine | & qui ont l’imprudence de faire profeflion ouverte d'irreligion. Les arhées , en flattant les fou- -verains , & en les prevenant contre toute religion, leur font autant de tort qu’à la religion même, puif- qu’ils leur ôtent tout droit, excepté la force , &r qu'ils dégagent leurs fujets de toute obligation & du fer- ment de fidélité qu’ils leur ont fait. Un droit qui n’eft établi d’une part que fur la force , & de l’autre que fur la crainte-, tôt ou tard fe détruit & fe renverfe. Siles fouverains pouvoient détruire toute confcience & toute religion dans les efprits de tous les hommes, dans la peniée d’agir enfuite avec une entiere liber- té , ils fe verroient bien-tôt enfevelis eux-mêmes fous Les ruines de la religion. La confcience & la religion engagent tous les fujets : 1°. à exécuter les ordres lé- gitimes de leurs fouverains , ou de la purffance lépif- lative à laquelle ils font foûmis , lors même qu'ils font oppolés à leurs intérêts particuliers ; 2°. à ne pas réfifter à cette mème puiflance par la force, comme faint Paul l’ordonne. Rom. ch. xij. v. 12. La religion eft plus encore le foûtien des Rois , que Le glaive qui leur a été remis, Ces article eff viré des papiers de M. Formey, fécréraire de l’Académie royale de Pruffe. (X°) ATHELING , f. m.(Æif? mod.) étoit chez les an- ciens Saxons , ancêtres des Anglois , un titre d’hon- neur qui appartenoit en propre à l’héritier préfomp- tif de la couronne. Ce mot vient du mot Saxon Ædeling , qui eft dé- rivé de ædel , noble. On l'écrit auf quelquefois adeling, edling, ethling & etheling. . + Le roi Edouard le confefleur , étant fans enfans, &t voulant faire {on héritier Edgar, dont il étoit le grand-oncle maternel ; lui donna le premier le nom d’atheling ; les antiquaires remarquent qu'il étoit or- dinaire aux Saxons de joindre le mot de Zng ou zng, à un nom chrétien, pour marquer le fils ou le plus jeune , comme Edmonding , pour le fils d’'Edmond. Edgaring, pour le fils d’Edgar ; c’eft pour cela que quelques uns ont crü que le mot arheling devoit figni- fier originairement le fs d’un noble ou d’un prince. Cependant il y a apparence que le mot aheling, quand 1l eft appliqué à héritier de la couronne , f- gruifie plutôt v7 homme doi£ de plufieurs belles qualités, que le fils d’un noble ; & ce terme paroît répondre au 20bilif]. Cæfar qui étoit en ufage chez les Romains. Voyez CESAR & NoOBILISSIME. ( G) ATHEMADOULET, £ m. (Æif. mod. } c’eftle premier onle principal minitre de l'empire des Perfes. Tome I, À T H 817 Ce mot , felon Kempfer, s’écrit en Perfan arhemaad daulet ; felon Tavernier , athematdouler ; felon San- on, ermadouler, Onleregarde comme originairement Arabe , & compofé deirimade & dauler, C’efkà-dire , La confiance en lx majefté ; ou felon Tavernier , Z/xp- port des riches ; & {elon Kempfer!, l'appui G de réfuge de la cour. L'autorité de l’arhemadoulet reflemble beaucoup à celle du grand vifir de Turquie, excepté qu'il n’a point le commandement de l’armée, comme le grand vifir, Voyez Vistr. L’athemadouler eft grand chancelier du royaume , préfident du confeil , furintendant des finances ; & il eft chargé de toutes les affaires étrangeres : c’eft un véritable viceroi ou gouverneur du royaume ; 1} intitule ainfi les ordonnances & édits du roi : Bende derga ali il alia etmadaulet ; c’eft-à-dire , m01 qui fuis le foñtien de la puiffance, la créature de cette cour , l& plus puiffante de toutes les cours, &c.(G) ATHENÉE , fm. ( if. anc. ) c’étoit un lieu pu- blic à Rome, bâti l’an 135 de Jefus-Chrift, par l’em- pereur Adrien , pour fervir d’auditoire aux favans, & à ceux qui, felon la coûtume , voudroient lire ow déclamer leurs ouvrages en préfenced’une nombreufe aflemblée. Il fervoit aufi de collége , & lon y fai- foit des leçons publiques. On conjeûture qu'Adrien nomma ainfi cet édifice du Grec A’Suvn, Minerve, déefle des fciences , ou de la ville d’Athenes , qu avoit été le féjour & comme la mere des beaux arts. Un femblable arhenée conftruit à Lyon par l’ém- pereur Caligula, fut célebre par les grands hommes qui y enféignerent , & par les prix qu'y fonda ce prince. On a étendu ce titre d’athenée aux collèges , aux académies , aux bibliotheques , aux cabinets des favans. (G) ATHENÉES , adj. pris fubft. (Hif.. anc.) fête que les Athéniens célébroïient en l’honneur de Minerve. Erichtonius troifieme roi d’Athenes l’avoitinftituée ; lorfque Théiée eut raffemblé les douze bourgades de l’Attique pour en former une ville , la fête célébrée partous les peuplesréunis prit lenom de Parathénees, Voyez PANATHÉNÉES.(G) * ATHENES, (Géog. anc. & mod.) ville de Grece, célebre par fon ancienneté, par les favans hommes & les srands capitaines qu’elle a produits. C’eft au- jourd’hui peu de chofe en comparaïfon de ce qu’elle étoit : il y a quinze à feize nulle habitans , dontle langage eft un Grec corrompu; elle appartient aux Turcs ; elle eft fur le golfe d'Engia; c’eft la capitale de la Livadie. Long. 41. 55: lat. 38. 5. On lappelle vulgairement Sesines ;il y a une cita- delle ; c’étoit l’acropole des anciens : cette citadelle eft entre deux éminences ; l’une étoit le Mifœum , & l’autre le mont Archefmus ; il y a quelques anti- -quités.; celles du château font les mieux confervées. Ce château eft fur une colline ; 1l renferme un tem- ple en marbre blanc & à colonnes de porphyre & marbre noir, qu’on dit magnifique & fpacieux. On voit au frontifpice des figures de cavaliers armés ; dans le pourtour, d’autres figures moins orandes ; desbasreliefs, &c. Au bas du château, 1l refte dix fept colonnes de marbre blanc, de trois cents qui for moient anciennement le palais de Théfée : ces. colon- nes ont dix-huit piés de tour au moins, & {ont hautes à proportion ; on lit fur une porte qui eftentiere, au dehors : Cerre ville d’ Athenes ef? afférément la ville de Théfée ; & en dedans : Certe ville d’ Athenes ef? la ville d’'Adrien, & non pas de Théfée. On voit encore le fz- nari , ou la lanterne de Démofthene ; on dit que c’eft- là que ce grand orateur s’enfermoit pour étudier {on : art. C’eft une petite tour de marbre, environnée de fix colonnes cannelées, & couverte d’un dome, au- deffus duquel il y a une lampe à trois becs en orne: P OL LTE 318 À: T° H inent d’Architetture ; la frife eft charsée d’un bas re. lief où l’on difingue quatorze groupes de deux fieu- res chacun ; ce font des Grecs qui combattent ou qui facrifient. Il ÿ a encore quelques ruines de l’a- réopage , d’un temple de la Viétoire , l’arfenal de Li- curgue, un temple de Minerve, la tour des Vents dont Vitruve a parlé , & quelques autres monumens. * ATHENREY , ville d'Irlande , dans Le comté de Gallowai. Long. 8. 40. lar. 53, 13. - * ATHÉREME, £. m. (Méd.) maladie qui a fon fiége dans les ampoules des poils, ou huileufes ou fébacées ; ces ampoules ne déchargeant point leurs fucs, lorfqu'il arrive, par quelque cäufe que ce foit, que leurs orifices font bouchés , il en vient toüjours de nouveaux par les arteres , & elles fe gonflent d’une façon énorme. Voyez Inf?. de Boerhaave, tom, IV. tra- duites par M. de la Métrie, ATHÉROME , éOtpoux , en Chirurgie, eft une tu- meur dont la matiere eft d’une confiftance de bouil- le, fans qu'il y aït de douleur ni changement de couleur à la peau. Voyez TUMEUR ENKISTÉE. L’arherome eft enfermé dans un kift ou fac mem- braneux ; 1l ne cede point quand on le touche avec le doigt, & il n’y refte aucune impreffon, Voyez KisT, & ENKISTÉ. ; L'arhérome eft ainfi nommé du Grec 2944, forte de bouillie où de pulpe, à quoi reffemble la matiere de cette tumeur. Il n’eft pas fort différent du méliceris & du fiéatome, & il fe guérit de même par l’ampu- tation. Voyez MÉLICERIS , 8 STÉATOME. (Ÿ * ATHERSATA , f. m. (Hiff.anc.) nom d'office ou de charge chez les Chaldéens: Il eft attribué à Né- hémie dans Efdras , &1l fignifie Zeutenant de roi, ou gouverneur de province. * ATHIES , ville de France , dans le Vermandois, en Picardie, fur l’Armignon. ATHLETES , f. m. pl. (if. anc. gymnaffique.) c'eft-à-dire combattans , du Grec dBaaris , qui vient d'abrdv , combattre ; nom qu’on donnoit proprement à ceux qui dans les jeux publics combattoient à la lutte ou à coups de poings , & qui a été enfuite com- mun à tous ceux qu difputoient le prix de la courfe, du faut, & du difque ou palet. Les Latins les diftin- guoient par ces cinq noms particuliers ; /uéfavores, lutteurs ; pugiles, combattans à coups de poings ; cur- Jores ; coureurs ; falratores, fauteurs ; & diftoboli , jet- teurs de difque , ou joïeuts de palet ; auxquels répon- dent ces cinq noms Grecs raaiça}, HULTes , d'poueïc , aArio) ; SC d'irecRoNcs Voyez GYMNASTIQUE. Les exercices des arhleres furent d’abord inftitués pour exercer & former les jeunes gens aux travaux & aux fatigues dela guerre: mais ilsdégénererent bien- tôten fpeétacles ; & ceux qui s’y adonnoïent,en hom- mes publics. Ils menoient une vie dure : & quoique quelques-uns d’eux ayent.été fameux par leur vora- cité, & ayent fait dire à Plaute comme un proverbe pagilicè & athleticè vivere , pour marquer un homme qui mange beaucoup; il eft certain qu’en général ils pratiquoient un régune très-auftere , bêchant la terre un mois avant le combat pour fe rendreles mem- bres fouples, & s’abftenant des boiflons fortes & du commerce des femmes : ce qu'Horace nous apprend par'ces.vers : "Qui ffuder optatam curfi contingere metam , Mulra tulie feciique Pur ; Judavie, & alft, Abffiruit venere 6 vino. Art. poët. Epi&tete & S. Paul leur rendent le même témoigna- ge: gui.1n agone contendit, abomnibus fe abfliner. Ils inyvoquoient les dieux avant que de combattre, & leur facrifioient {ur fx autels. Quandils ayoientrem- porté la vioire, ils étoient honorés d’une couronne aux acclamations du peuple , chantés par les poëtes, & reçûs dans leur patrie comme des vainqueurs, = ATH puifqu'ils-y entroient par une breche faite aux MUES de la ville ; leurs noms étoient. écrits dans les archi- ves, les infcriptions, & autres monumens publics ; enfin les cérémonies de leur tromphe fe terminoïent pas des feftins publics & particuliers. Els étoient toute eur vie révérés de leurs concitoyens., prenoient la pienuere place aux jeux publics ; &des Grecs, {elon Horace, les regardoient comme des.efpeces de dieux. Palmaque nobilis , Terrarum dominos evehir ad deos. Od. lib. I. Un autre privilège des arhleres moins brillant , maïs plusutile, c’étoit celui d’être nourris le refte deleuts jours aux dépens du public ; privilége que leur con£ firmerent les empereurs ; & l’on. ajoûtoit à cetayan- tage l'exemption de,toute charge & de toute fonc- tion civile; mais il falloit pour l'obtenir avoir été couronne au moins trois fois aux jeux facrés ; les Ro- mains y ajoûterent même dans la fuite cette condi- tion , qu'une des couronnes eût été remportée à Rome ou en Grece. On leur érigea des ftatuess; on alla même jufqu’à leur rendre les honneurs divins. Tous les exercices des arhleres étoient compris fous le nom générique de xévraxoy , pentathle : & ceux qui réumifloient tous ces cinq talens, étoient appel- ls par les Grecs évrabna, & par les Latins quin- guertiones. (G) ATHLÉTIQUE , adj. (Hifi, anc.) branche de la Gymnaftique, comprenant tout ce qui concernoit les athletes & leurs exercices. 7, GYMNASTIQUE. (G) * ATHLONE, (Géog.) ville d'Irlande, au comté de Rofcommon, & fur le Shannon. Long. 9. 30. lat, 53.20. bi: ATHLOTEETE, f. m,(Hif. anc.) nom de celui : qui préfidoit aux combats des athletes. Voyez AGO . NOTHETE. (G) _ * ATHMATA, (Géog. fainte.) ville de la Palefti- ne , dans la tribu de Juda, fituée entre Aphera & Cariath-Arbe. * ATHOL , (Géog.) province de l’Ecoffe fepten- trionale , pleine de lacs ; Blar en.eft la capitale. . * ATHOS, (Géog. arc. 6 mod.)ou AG10s OROS, où MONTE-SANTO, haute montagne de Grece , en Macédoine, dans la prefqu'ile du Sud , au golfe de Contefle. On dit qu'un peu avant le coucher du fo- leil, l'ombre de l’Ashos s'étend jufqw'à Stalimene ou Lemnos. “ATHYR, (Hif anc.) c’étoit le nom que les Egyptiens donnoient au mois que nous appellons Novembre. ATHYTES, adj. pl. pris fubft. (Hiff. anc.) facri- fices qui fe faifoient anciennement fans viétimes, & qui étoient proprement les facrifices des pauvres qu n'avoient pas le moyen d’acheter des animaux pour être immolés aux dieux. Cenom eft Grec, dura , d'a privatif, & êvo , 7'immole. (G) * ATIBAR , £ m. (Commerce.) nom que les habi- tans de Gogo en Afrique , donnent #la poudre d’or, & dont les Européens ont fait celui de Tifir, qui a la même fignification. | A T.H écrivains ont parlé, & dont 1ls ont dit des chofes exr- _traordinaires. Cette/île eft fameufe aujourd’hui par la difpute qu'il y a entre les modernes fur {on exif- tence & fur le lieu où elle étoit fituee. L'fe Atlantique prit fon nom d’Atlas, fils aîné de Neptune , qui fuccéda à fon pere dans le gouverne- ment de cette ile: | Platon eft de tous les anciens Auteurs qui nous ref tent , celui qui a parlé le plus clairement de cette île. Voici en fubftance ce qu’on lit dans fon Tymée & dans fon Gritias, ) L’Arlantique étoit une grande ile dns l'Océan oc- cidental, fituée vis-à-vis du détroit de Gades. De cette île on pouvoit aifément en gagner d’autres ; qui étoient proche un grand continent plus vafte que l’Europe & l’Afe. Neptune régnoit dans l’Awantique, qu'il diftribua à fes dix enfans. Le plus jeune eut en partage l'extrémité de cette île appellée Gades, qui enlangue du pays fignifie fertile où abondant èn mou- cons. Les defcendans de Neptune y régnerent de pere en fils durant l’efpace de 9000 ans. Ils poflédoient auf différentes autres îles ; & ayant paflé en Europe & en Afrique, ils fubjuguerent toute la Libye & l'E- ypte, & toute l’Europe jufqu'à l’Afie mineure. En- # l’Éle Atlantique fut engloutie fous leseaux ; &c long- tems après la mer étoit encore pleine de bas-fonds & de bancs de fable à l'endroit où cette île avoit été, Le favant Rudbeck, profefleur en l’univerfité d’Up- al, dans un traité qu'il a intitulé Aé/ancica five Man- heim,foûtient que l’ Atlantique de Platon étoit la Suede & la Norvege, & attribue à ce pays tout ce que les anciens ont dit de leur 4e Atlantique. Mais après le pañlage que nous venons de citer de Platon, on eft {urpris fans doute qu’on ait pù prendre la Suede pour d’{e Atlantique ; & quoique le livre de Rudbeck foit plein d’une érudition peu commune, on ne fauroit s’empêcher de le regarder comme un vifonnaire en £e point, AE MIN D'autres prétendent que l'Amérique étoït l’{/e.4tlan- æique , & concluent de là que le nouveau monde étoit connu des anciens. Mais le difcours de Platon ne pa- roît point s’accorder avec cette idée : 1l fembleroit plütôt que l'Amérique feroit ce vafte continent qui étoit par-delà l’Âe Atlantique, & les autres iles dont Platon fait mention. s … Kircher dans fon Mundus fubrerraneus, & Bectnan dans fon Æifforre des fles , ch. $. avancent une opinion beaucoup plus probable que celle de Rudbeck: L’4- élantique ; felon ces auteurs , étoit une grande ile qui s’étendoit depuis les Canaries jufqu’aux Açores ; & ces iles en font les reftes qui n’ont point été englou- ts fous les eaux. (G) ATLAS , f. m. ez Anatomie, eft le nom de la pre- muere vertebre du cou qui foûtient la tête. Elle eft ainf appellée par allufion au fameux mont Atlas en Afrique, qui eft fi haut qu’il femble foûtenir le ciel ; ë&t à la fable où il eft dit qu’un roi de ce pays-là nom- mé Arles , portoit le ciel fur fes épaules. - L’arlas n’a point d’apophyfe épineufe , parce que le mouvement de la tête ne fe fait pas fur cette ver- tebre, mais fur la feconde. Comme elle eft obligée de tourner toutes les fois que la tête fe meut circulai- rement ; fi elle avoit eu une apophyfe épineufe, elle auroit gêne lé mouvement des mufcles dans l’exten- fion de la tête. Elle eft d’ailleurs d’un tiffu plus fin &c plus ferme que les autres vertebres’, & elle en dif- fere encore en ce que Les autres reçoivent d’un côté & font rèçües de l’autre , au lieu que la premiere ver- iebre reçoit des deux côtés ; car les deux condyles de l'occipital font reçus dans fes deux cavités fupérieu- es, ce qui forme fonarticulation avec la tête ; & en même tems deux éminences de la feconde vertebre , ont reçües dans fes deux cavités inférieures, ce qui ait fon articulation avec la feconde vertebre. (L) " Tome, i A TM 819 ATLAS ; (Gédg.) On a donné ce nom à des recueils de cartes géographiques dé toutes les parties connues du monde ; foit parcé qu’on: voit fur une carte les par- ties de la terre ; comme fi on lés confidéroit du fom- met du mont Arlas quelles anciens qui en ont tant dit de chofes, regardotent comme le plus élevé qu'il y eût fur le globe ; foit plütôt par la räifon que les car- tes portent, pour ainfi dire, le monde ; comime la fa le a fuppofé qu'il étoit porté par Arles: . Il y a apparence que cette fable du cielporté par Atlas , vient de la hauteur du mont 4#/4s ; qui {emblé {e perdre dans les nues. C’eft une chaîne de hautes montagnes d'Afrique qui féparent la Barbarie du Bi ledulgérid , & qui s’étend de l’eft à l’oueft. La rigueur du froid , qui.eft très-grande furles hautes montagnes; rend celle-ci inhabitable en quelques endroits : il yen a d’autres plus tempérées, où l’on conduit les trou- peaux. La neige couvre le haut de cette montagne pendant toute l’année, ce qui n’eft pas extraordinai- re; Revenons à nos a/as géographiques. Outre les atlas généraux de toutes les parties con< nues de la terte , 1l y a des atlas des parties prifes 1é- parément, Tel eft l’ar/as de la mer, 6e. Le grand at/as de Blaew eft le premier ouvrage qui ait paru fous ce titre. Depuis ce tems nous en avons plufieurs de MM: Sanfon, Delifle, &c. 7, CARTE (0) . “ATLE, fm. ( Æiff. rar. bot, ) nom que les Egyp- tiens donnent au tamaris, ATMOSPHERE., f. f. ( Phyf. ) eft le noïn qu’on donne à l’air qui environne la terre , c’ef-à-dire à ce fluide rare & élaftique dont la terre eft couverte par- tout à une hauteur confidérable , qui gravité vers le centre de la terre & pefe fur fa furface , qui eft em: porté avec la terre autour du foleil ; & qui en partage le mouvement tant annuel que diurne. 7 TERRE. -. On entend proprement par atmofphere , l’air conf: _ déré avec les vapeurs dont il eft rempli. Foyez Arr: Ce mot eft formé des mots Grecs drude, vapeur | & cpuipe ,fphere ; ainfi on ne doit point écriré achmofphere par une #, mais asmofphere fans h , le mot grec érudc ; d’où 11 vient , étant écrit par un r & non par un 6, Par asmofphere on entend ordinairement la mafle entiere de lair qui environne la terre : cependant quelques écrivains ne donnent le nom d’armofphere qu’à la partie de l’air proche de la terre qui reçoit les vapeurs & les exhalarfons , & qui rompt fenfiblement les rayons de lumiere. Voyez RÉFRACTION. L’efpace qui eft au-deflus de cet air groffier, quoi: qu'il ne foit peut-être pas entierement vuided’air , eft fuppofé rempli par une matiere plus fubtile qu'on ap: pelle éther; & eft appellé pour cette raifon région éthérée ou efpace éthérée. Voyey ETHER, CIEL, Gc.. Un auteur moderne regarde l’armofphere commeun grand vaifleau chimique , dans lequel la matiere de toutes les efpeces de corps fublunaires flotte en grande quantité. Ce vaifleau eft, dit-il, comme tm grand-fourneau , continuellement expolé à l’a@ion du foleil ; d’où 1l réfulte une quantité innombrable d'opérations ; de fublimations ; de féparations , de compofitions , de digeftions, de fermentations , dé putréfaétions, Gc. Sur la nature , la confitution, les propriétés , les ufages, les différens états de l’armofà phere , voyez l’article Arr: | On a inventé un grandnombre d’inftrumens poux faire connoître & pour mefurer les différens change: mens & altérations de l’asmofphere; comme barome: tres , thermometres , hygrometres;manometres ,ane: mometres ; Ge. Voyez les articles BAROMETRE,; THERMOMETRE ; &c. L’armofphere s’infinue dans tous les vuides des corps ; & devient par ce moyen une des principales caufes des changemens qui leur arrivent ; comme génerations, corruptions ; diffolu tions , &c. Voyez GÉNÉRATION ; Gc, | Une des grandes découvertes de la Philofophia LLI11I ÿ | 820 ATM moderne, eft que tous les efféts que les anciens attri: buoient à l’horreur du vuide, font uniquement dûs à la preffion de l’armofphere, C’eft aufi cetre preflion qui'eft caufe en partie de l’adhérence des corps. F7. HORREUR DU VUIDE , POMPE, PRESSION, 6c. Poids de l’atmofphere. Les corps organifés font par: ticuliérement affetés par la preffion de l’armofphere : c’eft à elle que les plantes doivent leur végétation ; que les animaux doivent la refpiratiôn, la cireula- tion , la nutrition, 6c. Voyez PLANTE, ANIMAL, VÉGÉTATION ; CIRCULATION, &c. Elle eft auffi la caufe de plufeurs altérations con- fidérables dans économie animale , & qui ont rap- port à la fanté , à la vie, aux maladies, 6:c, F. AR, &c. Par conféquent c’eft une chofe digne d’attention que de calculer la quantité précife de la preffion de l’atmofphere. Pour en venir à bout , il faut obferver que notre corps eft également preflé par l’asrmofphere dans tous les points de fa furface , & que le poids qu'il contient eft égal à celui d’un cylindre d’air, dont la bafe feroit égale à la furface de notre corps, &dont la hauteur feroit la même que celle de latrrofphere, Or le poids d’un cylindre d’air de la même hauteur que lasmo/phere, eltégal au poids d’un cylindre d’eau de même bafe & de 32 piés de hauteur environ , ou au poids d’un cylindre de mercure de même bafe & de 29 pouces de hauteur ; ce qui fe prouve tant par l'expérience de Torricelli, que par la hauteur à laz quelle eau s’éleve dans les pompes, dans les fi- phons, &c. Voyez TUBE DE TORICELLI ; voyez auf POMPE, SIPHON , 6c. . De-là il s’enfuit que chaque pié quarré de la fur- face de notre corps eft preffé par le poids de 32 piés cubes d’eau: or on trouve par l'expérience , qu’un pié cube d’eau pefe environ 70 livres. Ainfi chaque pié quarré de la furface de notre corps foûtient un poids de 2240 livres ; car 32X70= 2240: par con- féquent la furface entiere de notre corps porte un poids égal à autant de fois 2240 livres | que çette furface a de piés quarrés. Donc fi on fuppofe que la furface du corps de l’homme contienne 15 piés quarrés, ce qui n’eft pas fort éloigné de la vérité, on trouvera que cette furface foûtient un poids de 33600 livres ; car 2240 X 13 — 33600. La différence entre Le poids de Fair que notre corps foûtient dans différens tems , eft auffi fort grande, En effet, la différence dans le poids de l’air en dif. férens tems, eft mefurée par la hauteur du mercure dans le barometre ; & comme la plus grande varia- tion dans la hauteur du mercure eft-de trois pouces, il s’enfuit que la plus grande différence entre la pref fon de lair fur notre corps, fera égale au poids d’un cylindre de mercure de trois pouces de hauteur, qui auroit une bafe égale à la furface de notre corps. Or un pié cube de mercure étant fuppofé de 1064 livres, c’eft-à-dire dé 102144dragmes, on dira : com- me 102144 dragmes font à un pié cube, ou à 1728 pouces cubes ; ainfi 59 + dragmes font à un pou- ce cube. Un pouce cube de mercure pefe donc en- viron 59 dragmes ; & comme il y a 144 pouces quat- rés dans un pié quarré , un cylindre de mercure d’un pié quatré de bafe & de trois pouces de haw teur , doit contenir 432 pouces cubes de mercure , & par conféquent pele 432 X 59 ou 25488 dragmes, Répétant donc 15 fois ce même poids , on aura 15 X 25488 dragmes=382230 = 47790 onces = 3890 & livres, pour le poids que la furface de notre corps foûtient en certain tems plus qu’en d’autres. Il w’eft donc pas furprenant que le changement de température dans l’air , affe@te fi fenfiblement nos corps, & pufle déranger notre fanté : mais on doit plûtôt s’étonner qu’il ne fafle pas fur nous plus d’ef fet. Car quand on confidere que nous foûtenons dans gertains tems près de 4000 livres de plus que dans d’autres , & qué cette variation.eft quélquéfois trés: foudaine ; il y a lieu d’être furpris qu'un tel change- ment ne brife pas entierement le tiffu des parties de notre corps; | Nos vaifleaux doïvent être f reflerrés par cètte augmentation de poids,que le fang devroit refter fta gnant, & la circulation cefler entierement, f.la nas türe n’avoit fagement pourvû à cet inconvénient, en rendant la force contraétive du cœur d’antañt plus grande que la réfiftance qu’il à à furmonter de 14 part des vaifleaux eft plus forte, En effet; dès que le poids de l'air augmente , les lobes du poumon {e dilatent avec plus de force ; & par conféquent le fang y eft plus parfaitement divifé : de forte qu’il devient plus propre pour les fecrétions les plus fubtiles ; par exemple , pour celles du fluide nerveux , dont l’ac: tiôn doit par conféquent contrater le cœur avéc plus de force. De plus , le mouvement du fang étant retardé vers la furface de notre corps, il doit pafler ” en plus grande abondance au cerveau , fur lequel la preffion de l'air eft moindre qu'ailleurs, étant foûte. nue par le crane : par conféquent la fecrétion & la génération des efprits {e fera dans le cerveau avec plus d’abondance , & conféquemiment lé cœur en au: ra plus de force pour porter le fang dans tous les vaifleaux où 1l pourra pañler, tandis que cetix qui font proche de la furface feront bouchés, #. Cœur; CIRCULATION , &c. 3 Le changement le plus confidérable que {a preffion de l'air plus où moins grande produife dans le fang eft de le rendre plus ou moins épais , & de faire qu'il fe refferre dans un plus petit efpace , ou qu'il en oc: cupé un plus grand dans les vaifleaux où il entre. Car l'air qui h renfermé dans notre fang , conferve toûours l’équilibre avec l’air extérieur qui pañle la furface de notre corps ; 8&c fon effort pour fe dilater eft tojours égal à l'effort que l’air extérieur fait pou le comprimer , de maniere que fi la preffion de l'ai extérieur diminue tant foit peu , l’air intérieur fe dilate à proportion, & fait par conféquent occuper au fang un plus grand efpace qu'auparavant, Voyez SANG, CHALEUR, FROID, &c. | Borelli explique de la maniere fuivante, la raïfon pour laquelle nous ne fentons point cette preffion. De mot. nat, a grav. fac. prop. 29.&c. Après avoir dit que du fable bien foulé dans un Vaifleau dur ; ne peut être pénétré ni divifé par au- cun moyen , pas même par l’effort d’un coin; & que de même l’eau contenue dans une veflie qu’on com- prime également en tout fens , ne peut ni s'échapper ni être pénétrée par aucun endroit : il ajoûte : « De » même, il y a dans le corps d’un animal, un grand » nombre de parties différentes, dont les unes, com- # me les os, font dures ; d’autres font molles comme »# les mufcles , les nerfs , les membranes ; d’autres » font fluides , comme le fang , la Iymphe , &c. Oril » n’eft pas poffible que les os foient rompus ou dé- » placés dans le corps , à moins que la preffion ne » devienne plus grande fur un os que fut l’autre, »# comme nous voyons qu'il arrive quelquefois aux » porte-faix. Si la preflion fe partage de maniere » qu’elle agifle également en bas, en haut & en tout » fens, & qu’enfin toutes les parties de la peau en »# foient également affeétées ; ileft évidemment im- » poffible qu’elle puiffe occafonner aucune fradture -» ou luxation.On peut dire la même chofe des mufcles # & desnerfs , quifont à la vérité des parties molles, » mais compofées de parties folides , par le moyen » defquelles ils fe foûtiennent mutuellement, & ré- » fiftent à la prefion. Enfin la même chofe a lieu » pour le fang , & les autres liqueurs : tar comme » Peau n’eft fufceptible d’aucune condenfation {en » fible, de même les liqueurs animales contenues »# dans les vaifleaux petivent bien recevoir une attri .: CR D ATM #tion par la force qui agit fur tel ou tel endroit des # vaifleaux , mais elles ne peuvent être forcces à en » fortir parune preffion générale ; d’oùils’enfut, que # puifqu'aucune des parties ne doit {6uffrir n1 fépa- » ration, m luxation, m1 contufon , nienfin aucune » forte de changement par la preffion de l'air ; il eft » impofñlible que cette preflion pufle produire en # nous de la douleur, qui eft toijours l'effet de quel- # que folution de continuité ». Cela fe confirme par ce que nous voyons arriver aux plongeurs. Voyez PLONGER. La même vérité eft appuyée par une expérience de Boyle. Ce Phyficien mit un tétard dans un vale à moitié plein d’eau ; & introduifit dans le vale une quantité d’air telle, que l’eau foùtenoitun poids d’air huit fois plus grand qu'auparavant ; le petit animal, uoïqu'il eût la peau fort tendre, ne parut rien rel- os d’un fi grand changement. Sur les effets qui réfultent de la diminution confi- dérable, ou de la fuppreflion prefque totale du poids de l’asmofphere, Voyez MACHINE PNEUMATIQUE. Sur les caufes des variations du poids & de la pref- fion de l’armofphere, Voyez BAROMETRE. Hauteur de latmofphere. Les Philofophes moder- nes fe font donné beaucoup de peine pour détermi- ner la haureur de larmofphere. Si Pair n’avoit point de force élaftique, mais qu'il fût partout de la même denfité , depuis la furface de la terre jufqu’au bout de l’atmofphere | comme l’eau , qui eft également denfe à quelque profondeur que ce foit , il fufiroit pour - déterminer la hauteur de l’armofphere, de trou- ver par une expérience facile , lerapport de la dén- fité du mercure , par exemple , à celle de l’air que nous refpirons ici-bas ; 8 la hauteur de Pair feroit à celle du mercure dans le barometre, comme-la den- fité du mercure eft à celle de Pair. En effet une co- lonne d'a d’un pouce de haut, étant à une colon- ne de mercure de même hauteur , comme x à r0800; il eft évident que 10800 fois une colonne d’air d’un pouce de haut, c’eft-à-dire une colonne d’air de 900 piés , feroit égale en poids à une colonne de mercure d’un pouce : donc une colonne de 30 pou- ces de mercure dans le barometre feroit foûtenue par une colonne d’ait de 27000 piés de haut, fi Pair. étoit dans toute l’arofphere de la même denfité qu’i- ci-bas : fur ce pié la hauteur de l’armofphere{eroït d’en- Viron 27000 piés , ou de 7 de lieue; c’eft-à-dire, de deux lieues +, en prenant 2000 toifes à la lieue. Mais V’air par fon élafticité a la vertu de fe comprimer &z de fe dilater : on a trouvé par différentes expérien- ces fréquemment répétées en France , en Angleterre &z en Italie , que les différens efpaces qu’il occupe, lorfqu'il eft comprimé par différens poids , font réci- proquement proportionnels à ces poids : c’eft-à-dire, que l’air occupe moins d’efpace en même raïfon qu’il eft plus preilé ; d’où 1l s’enfuit, que dans la partie fupérieure de l’asrofphere , où l'air eft beaucoup moins comprimé , il doit être beaucoup plus raréfié qu'il ne left proche la furface de la terre; & que par conféquent là hauteur de l’atmofphere doit être beau- coup plus grande que celle que nous venons de trou- ver, Voici une idée de la méthode que quelques au- teurs ont fuivie pour la déterminer. Si nous fuppofons que la hauteur de l’armofphere foit divifée en une infinité de parties égales , la den- fité de l’air dans chacune de ces parties , eft comme fa mafle; & le poids de lasmofphere, À un endroit quelconque, eft aufhi comme la mafle totale de l'air au-deflus de cet endroit ; d’où il s’enfuit que la den: fité ou la mafle de l’air dans chacune dés parties de la hauteur , eft proportionnelle à la mafle ou au poids de l’air fupérieur ; & que par conféquent cette mafle ou ce poids de l’air fupérieur eft proportionnelle à la différence entre les males de deux parties d’air conti- ATIM. 8x gués prifés depuis la furface dé lasmofphere ; érnous laÿons par un théoreme de Géométrie , que lorfque des grandeurs font proportionnelles!à leurs ditféz rences, ces grandeurs font en proportion géométri- que continue; donc dans la fuppoñtion que les par- ties de la hauteur dé l'air forment ‘une progreflion arithmétique , la denfité, où ce qui revient au mé me, le poids de ces parties, doit former proportion géométrique continué, Par le moyen de cette férie , 11 eff facile de trow- ver la raréfaétion de l’air à une hauteuti! quélcon: que, ou la hauteur de l'air correfpondante à un de: gré donné de raréfattion , en obiervant , par'deux Ou trois hauteurs de barometre , la raréfafion de l’air à deux ou trois hauteurs différentes ; d’où l’on conclurta la hauteur de l’armofphere, en fuppofant que l’on fache le dernier degré de raréfaétion , au delà duquel l’air peut aller. Voyez Les articles BARO- METRE, SÉRIE , PROGRESSION , &c. Voyez aujft Gregory. Aftron. Phyf. & Géom. li, 5. prop. 3. & Hale ley dans les tranfait, Phil. n° 187. , ;” Il faut avouer cependant que fi on s’en rapporté à quelques obfervations faites par M. Caffimi , on fera tenté de croire que cette méthode de trouver la hauteur de l’atimofphere eft fort incértaine. Cét Afro: nome ; dans les opérations qu’il fit pour prolonger la méridienne de l’Obfervatoire de Paris, mefura avec béaucoup d’exa@titude les hauteurs des différentes montagnes , qui fe rencontrerént dans fa route : & ayant obiervé la hauteur du barometre {ur le fom- met de chacune de ces montagnes, il trouva que cet: te hauteur comparée à la hauteur des montagnes, ne fuivoit point du tout la proportion indiquée ci-def- fus ; mais que la raréfa@ion de l’ait à des hauteurs confidérables au-deflus de la furface de la terre, étoit beaucoup plus grande qu’elle ne devroit être, fui- vant la régle précédente. L'Académie royale des Sciences ayant donc quel: que lièu de révoquer en doute l’exaétitude dés ex- périences ; elle en fit un grand nombre d’autres fur des dilatations de l’air tres-confidérables , & beau- coup plus grandes que celles de l’air fur le fommet des montagnes ;:êc elle trouva toüjours que ces dilas tations fuivoientla raifon inverfe des poids dont lair étoit chargé: d’où quelques Phyficiens ont conclu, que Pair qui eft fur le fommet des montagnes eft d’une nature différente de l’air que nous refpirons ici-bas , & fuit apparemment d’autres lois dans fa dilatation & fa compreilion. La raifon de cette différence doit être attribuée à la quantité de vapeurs & d’exhalaïfons grofferes, dont l'air eft charge , & qui eft bien plus confidérable dans la partié inférieure de l’asrzofphere qu’au-def- fus. Ces vapeurs étant moins élaftiques & moins capables par conféquent de raréfaction que l’aïr pur ; il faut néceffairement que les raréfaétions de l’air pur augmentent en plus grande raïfon que le poids né diminue. ; Cependant M. de Fontenelle explique autrement ce phénomene , d’après quelques expériences de M. de la Hire; il prétend que la force élaftique dé Pair s’augmente par l'humidité ; & qu'ainfi l’air qui eft proche le fommet des montagnes, étant plus hu mide que l'air inférieur / eft par-là plus élaftique , & capable d'occuper un plus grand efpace qu'il ne de: vroit occuper naturellement, s’il étoit plus fec. Mais M. Jurinoûtient que lesexpériences dont on fe fert pour appuyer certe explication , ne font point du tout concluantes. Append. ad Varen. géograph. M. Daniel Bernoulli donne dans {on Æydrodyrm mique une autre méthode pour déterminer la haureur de l’asmofphere : dans cette méthode ; qi eft trop géo- tétrique pour pouvoir être expolée 1ci, & mife àla portée du commun des lééteurs ; il fait entrer la cha: 822 ATM leur de l'air parmi les caufés de la dilatation La regle des compreflions en raifon des poids ne peut donner la hauteur de l’atmofphere.; car 1l faudroit que cette hauteur fût infinie, & que la denfité de l'air fût nulle à fa {urface fupérieure. Il feroit plus naturel de fuppofer la denfité de l’air proportionnelle ,nonau poids comprimant, mais à ce même poids augmenté d’un poids conftant ; alors la Aaureur de l’'armofphere feroit finie , & ne feroit pas plus difficile à trouver que dans la premiere hypothefe , comme il eft de- montré dans le Traité des fluides , imprimé chez Da- vid 1744. | | - Quoi qu’il en foit, il eft conftant que les raréfac- tions de l’air à différentes hauteurs, ne fuivent point la proportion des poids dont l'air eft chargé ; par con- féquent les expériences du barometre , faites au pié & fur le fommet des montagnes , ne peuvent nous donner la hauteur.de l'aémofphere ; puifque ces ex- périences ne {ont faites que dans la partie la plusin- férieure de l’air. L’asmofphere s'étend. bien au-delà ; & fes réfraétions s’éloignent d’autant plus de la loi précédente , qu'il! eft plus éloigné de la terre. C'eft ce qui a engagé M. de la Hire, après Kepler, à fe fer- vir d’une méthodetplus ancienne, plus fimple &z plus fûre pour trouver la hauteur de l’atmofphere : cette méthode eft fondée fur l’obfervation des crépuf- cules. | Tous les aftronomes conviennent que quand le fo- leil eft à dix-huit degrés au-deflous de l’horifon , il en- voye un rayon qui touche la furface de la terre, & qui ayant fa direétion de bas en haut, va frapper la furface fupérieure de l’armofphere ; d’où il eft ren- voyé jufqu’à la terre , qu'il touche de nouveau dans une direétion horifontale. Si donc il n’y avoit point d’atmofphere , il n’y auroit pas de crépufcule: par conféquent fi l’arofphere m'étoit pas aufi haute quelle eft, le crépufcule commenceroit &c finiroit quand le {oleil feroit à moins de 18 degrés au-deflous de l’horifon , & au contraire : d’où on peut conclurre que la grandeur de l’arc dont le foleil eft abaïflé au- deflous de l’horifon , au commencement & à la fin . du crépufcule ; détermine la hauteur de l’asro/phe- re, Il faut cependant remarquer qu’on doit fouftraire 32/ de l’arc de 184, à caufe de la réfra@tion qui éleve alors le foleil plus haut de 32’ qu'il ne devroit être ; & qu'il faut encore ôter 16’ pout la diftance du limbe fupérieur du foleil ( qui eft fuppofé envoyer le rayon ) au centre de ce même aftre , qui eft le point qu’on fuppofe à 184 moins 32/: l'arc reftant fera pat conféquent de 174 12°; & c’eft de cet arc que l’on doit fe fervir pour déterminer la hauteur de l’arrof- phere, . Les deux rayons, l’un direct l’autre réfléchi , qui font tous deux tangens de la furface de la terre, doivent néceffairement fe couper dans lasmofphere, de maniere qu'ils faflent entr’eux un angle de 174 12”, & que l’arc de la terre compris entre les points touchans foit auffi de 174 12/: donc par la nature du cercle , une ligne qui partiroit du centre , & qui couperoit cet arc en deux parties égales, rencon- treroit les deux rayons à leur point de concours. Or il eft facile de trouver l'excès de cette ligne fur le rayon de la terre ; & cet excès fera la hauteur de l’armofphere. M. de la Hire a trouvé par cette métho- de la hauteur de l’armofphere de 37223 toiles, ou d'environ 17 lieues de France. La même méthode avoit été employée par Kepler : mais cet aftrono- me l’avoit rejettée par cette feule raifon qu’elle don- noit la hauteur de laémofphere 20 fois plus grande qu'il ne la croyoit. Au refte , il faut obferver que dans tout ce calcul l’on regarde les rayons direët & réflechi comme des _ lignes droites; au lieu que ces rayons font en effet des lignes courbes, formées par la réfraétion conti- ATO nuelle des rayons dans leur paffage p4r fes couches différemment denfes de l’armofphere. Si donc,on re- garde.ces rayons comme deux,courbes femblables, ou plütôt comme une feule.&,unique courbe., dont une des extrémités eft tangente dela terre, le fom- met de cette courbe, également diftant des deux ex- trémités, donnera la hauteur de, l’'aofphere : par conféquent on doit trouver, cette hauteur un. peu moindre que dans. le cas où on fuppofoit que les deux rayons étoient des lignes droites ;.car le. point de concours dé ces deux rayons qui touchent la courbe à fes extrémités, doit être plus haut que le fommet de la courbe , qui tourne fa concavité vers la terres M. de la Hire diminue donc la hauteur. de lasmof- phere d’après ce principe, & ne lui donne que 36362 toiles, ou 16 lieues. H/F. de l’Acad, Roy. des Scien. an, 1723. p. 61. Voyez les articles RÉFRACTION 6 CRÉPUSCULE , &c. où … Sur l’ermofphere de la lune & des planetes , voyez lès articles LUNE & PLANETE. nil Det Suit l’atmofphere des cometes & du foleil, voyez COMETE SOLEIL; voyez auf TACHES, AURORE BORÉALE ,@ LUMIERE ZODIACALE. , …. 1 Atmofphere des corps fokides ou durs, eft unie. ef- pece de fphere formée par les petits corpuicules qui s’échappent de ces corps. Voyez SPHERE 6 EMA: NATION. né "à | M. Boyle prétend, que tous les corps, mème les, plus folides & les plus durs. ,.comme les diamans, ont leur armofphere. Voyez DIAMANT , PIERRE PRÉ- AR Voyez auffi AIMANT, MAGNÉTISME , rc. O | * ATOCK,, 01. ATTOCK.; capitale de la provin: ce de même nom; au Mogol.en Afie , au, confluent du Nilao & de l'Inde. Loz, 90.40. /at. 32. 20 | * ATOLLON ,-o4 ATTOLLON,,-£m, ( Géog: ) amas de petites iles qui fe touchent prefque. Les Mal- dives font diftribuées entreize.attollons. *ATOME, ( if. nat, ) animal microfcopique;.le plus petit, à ce qu'on prétend, de tous ceux qu'on a découverts avec les meilleurs microfcopes. On dit qu’il paroït au microfcope , tel qu’un grain de fable fort fin paroît à la vûe, & qu’on lui remarque plu- fieurs piés , le dos blanc ; & desécailles. ATOMES,f. m. petits corpufcules indivifibles qui, felon quelques anciens philofophes , étoient les élé- mens ou parties primitives des corps naturels. Ce mot vient dx privatif, & de réuvo, Je coupe. Voyez ATOMISME. Atomes fe dit aufli de cës petits grains de pouf- fiere qu'on voit voltiger dans une chambre fermée, dans laquelle entre un rayon de foleil. ATOMISME , Phyfique corpufculaire très-ancienne. Strabon, en parlant de l’érudition des Phéniciens, dit (2. AVI, p. $22. édir. Genev. Voyez auffi Sextus Ermp. ady. Math. pag. 36 7. édit. Gen. ) «S'il en faut » croire Pofidonius , Le dogme des atomes eft aricien, » & vient d’un Sidonien nommé Mo/chus., -qui a » vécu avant la guerre de Troie »; Pythagore paroît avoir appiis cette doétrine en Orient ; êc Ecphan- tus, célebre Pythagoricien , a témoigné ( apd Sro bæum ) que les unités dont Pythagore difoit que tout eft compofé , n’étoient que des atomes; ce qu’Arif- tote aflüre aufli en divers endroits. Empedocle, Py- thagoricien, difoit de même que la nature de tous les corps ne venoit que du mélange.& de la féparation des particules ; & quoiqu'il admit les quatre élémens, il prétendoit que .ces élémens étoient, eux-mêmes compofés d’atomées ou.de corpufcules, Cen’eft donc pas fans raifon que Lucrece loue fi fort Empedocle , puifque fa phyfiqueeft, à plufieurs égards ,.la même que celle d’Epicure. Pour Anaxagore, quoiqu'il fût aufli atomiite , il avoit un fentiment particulier...qui eft que chaque.chofe étoit compofée des atomes de + ATR fon efpece ; les os; d’atomes d’os ; les corps rouges, d’atomes rouges, &c. | La doétrine des atomes n’a été proprement réduite en fyftème que par Leucippe:8&c Démocrite : avant ces deux philofophes, elle n’avoit paflé que pour une partie du fyfème phulofophique qui fervoit à ex- pliquer les phénomenes des corps. Is allerent plus loin, & firent de ce dogme le fondement d’un fyftè- me entier de philofophie. C’eft ce qui a fait que Dio- gene Laerce , & plufeurs autres auteurs , les en ont regardés comme les inventeurs. On aflocie ordinai- rement enfemble les noms de ces deux philofophes. . &Leucippe, dit Ariftote dans fa métaphyfique, Leu- # cippe , & {on compagnon Démocrite, difent que » les principes de toutes chofes font le plain & le # vuide ( le corps & l’efpace ), dont Pun eft quelque » chofe ,.& l’autre n’eft rien ; & que les caufes de » la variété des autres êtres font ces trois chofes,, la » figure, la difpofition , & la fituation ». Il n’y a point de meilleur moyen pour fe faire une idée com- plette de l’eromifme, que de lire le fameux poëme de Lucrece:voici en peu de motsle fond de cerfyftème, telque nous le trouvons dans ce poëte Latin , &c dans divers endroits de Cicéron où 1l en eft parlé. Le monde eff nouveau , &tout eft plein des preu- ves de fa nouveauté : mais la matiere dont il eft com- poié eft éternelle. Il y a tobjours eu une quantité im- menfe, & réellement infinie , d’atomes ou corpufcu- les durs, crochus, quarrés , oblongs, & de toutes figures ; tous indivifñbles , tous en mouvement , & faifant effort pour avancer ; tous defcendant, &c tra- vetfant le vuide : s'ils avoient toùjours continué leur route de la forte, il n’y auroit jamais eû d’affembla- ges , & le monde ne feroit pas : mais quelques-uns allant un peu de côté, cette légere déclinaïfon en ferra & accrocha plufieurs enfemble ; delà’ fe font formées diverfes mafles ; un ciel, un foleil, uneter- re, un homme , une intelligence, & une forte de li- berté. Rien n’a été fait avec deflein : il faut bien fe garder de croire que les jambes de l’homme ayent été faites dans l'intention de porter le corps d’une place à une autre ; que les doigts ayent été pourvüs d’articulations , pour nueux faifir ce qui nous feroit néceffaire ; que la bouche ait été garme de dents pour broyer les’alimens ; ni que les yeux ayent été. adroïitement {ufpendus fur des mufcles fouples & mo- biles , pour pouvoir fe tourner avec agilité, &c pour voir de toutes parts en un inftant. Non, ce n’eft point une intelligence qui a difpofé ces parties afin qu’elles puflent nous fervir : mais nous faifons ufage de ce que nous trouvons capable de nous rendre fervice, Neve putes oculorum clara , creata Ut videant : [ed quod natum eff , id procreat ufum. Le tout s’eft fait par hafard , le tout fe continue, & les efpeces fe perpétuent les mêmes par hafard : le tout fe difloudra un jour par hafard : tout le {yf- tème fe réduit là. CE du ciel, tom. II. page 211. 212. ) Il feroit fuperflu de s'arrêter à la réfutation de cet amas d’abfurdités ; ou s’il étoit néceflaire de les combattre , on peut confulter l’anti-Lucrece du cardinal de Polignac. L'ancien atomifme étoit un pur athéifme : mais on auroit tort de faire rejaillir cette accufation fur la philofophie corpufculaire en général. L'exemple de Démocrite , de Leucippe, & d’Epicure , tous trois aufi grands athées qu'atomiftes , a fait croire à bien des gens que dès que l’on admettoit les corpufcules, on rejettoit la doétrine qui établit des êtres immaté- riels, comme la divinité êc les ames humaines. Néan- moins , non-feulement la Pneumatologie n’eft pas in- compatible avec la doëtrine des atomes, mais même elles ont beaucoup de liaifon enfemble : auffi les mê- mes principes de Philofophie qui avoient conduit Les A TR 823 anciens à reconinoître les atomes , les condüifirent aufli à croire qu'il y a des chofes immaätérielles ; & les mêmes maximes qui leur perftraderent que les for- mes corporelles ne font pas des entités dfinétes de la fubftance des corps, leur perfuaderent auffi que les’ ames ne font ni engendrées avec le/corps ni anéanties avec fa mort. Ceux qui fouhaitent ‘des preuves plus détaillées là-deflus, les trouveront dans le Jyflème intelleëluel de Cudworth, & dans l’exsraie de M. le Clerc. Bibl. choif. tom. I. are. 3. Voyez auffe (A Cet article eff tiré de M. Formey. ‘ATONIE, {. f. ( Med.) d'a privatif, & de rv0 , étendre; foibleffe, relächement, défaut de ton on de ten Jion dans les {olides du corps humain, Ce motétoit fort en ufage parmi les Medecins de la feête méthodique, qui attribuoient les caufes des maladies au relâchement , à la tenfion , ou à un mê- lange de ces deux. L'aronie eft caufe de maladie dans la débilité des fibres, dans les tempéramens humides, & dans ce qu’on appelle l’irtempérie froide & pituireufe : elle eft {ymptomatique dans les pertes abondantes , à la fui- te dés grandes évacuations dans les maladies longues, lors de la convalefcence , & enfin après de grands travaux, comme auffi après de grandes douleurs. L’atonie, comme caufe de maladie , & comme ma- ladie , fe traite par les aftringens , les apéritifs, les amers,les hydragogues,& les alimens de bon fuc pris en petite quantité : les friions , la promenade, l’e- xercice, y font fur-toututiles. Lorfqu’elle eft de naiïf- fance , & qu’elle fait le tempérament, comme il ar- rive dans les gens humides & fujets aux bouffiflures, il faut la corriger , autant qu’il eft poffible , par un régime exact, par les boiflons altérantes, léserement fudorifiques : les cordiaux employés une fois par {e- maine , tels que l’élixir de Garus , la confe&ion al- kermes, &c. peuvent empêcher fes mauvaïfes fuites. L’aronie , comme fymptome & fuite des évacua- tions immodérées , des longues maladies , de la fa- tigue, de la convalefcence, fe traite par le repos, &c la diete reftaurante. Voyez CONVALESCENCE & FOIBLessE. (N * ATRA, ( Géog. anc. ) ville de Méfopotamie fi- tuée fur la pointe d’une montagne , & fameufe par les fièges qu'elle a foùtenus. ATRABILAIRE , adj. fe dit de celui qu'une bile noire & adufte rend trifte & chagrin. Vrfage atrabi- laire , humeur atrabilaire. WU eft aufi fubftantif : c’eft un atrabilaire. Voyez BILE. ( L) ATRABILAIRES , cap/ules atrabilaires | ou reins fuc- centuriaux. Voyez REINS SUCCENTURIAUX. ÂTRE., f. m. ( Archirett. ) eft la partie d’une che- minée où l’on fait le feu entre les jambages, le con- tre-cœur & le foyer. Elle fe carrele de grand ou petit carreau de terre cuite , ou quelquefois de plaque de fonte ou fer fondu , aufli bien que toute la hauteur de la cheminée jufques vers la tablette du chambran- le.Les angles en doivent être arrondis pour renvoyer la chaleur dans l’imtérieur de la piece. Il faut faire les atres de dix-huit pouces au moins de profondeur, & de deux pieds un quart au plus; trop profonds, la chaleur fe diffipe dans le tuyau de la cheminée ; & à moins de dix-huit pouces, les cheminées font fu- jettes à la fumée. Voyez CHEMINÉE. (P) ATRE (ex Verrerie. ) eft une pierre de grès de douze à quinze pouces d’épaifleur , qui couvre la furface du fond du four, pour recevoir & conferver les matieres vitrifiées qui tombent des pots, lorfqu’ils fe caffent , ou qu’on les a trop remplis. * ATRI, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure. Long. 31. 38. lar. 42. 33. * ATRIBUNIE (Géog. mod.) riviere de S. Do- 824 ATT :mingue.ÿ elle coule dans la païtie occidentale de Piles & fe jette dans la mer. PER a ATRIUM (Hif. anc.) c’étoit ‘un lieu partieu- lier des maifons , des temples, & palais des anciens. I n’eft pas facile de déterminer la poñition &1’ufage de ce lieu non plus que des autres. Martial femble confondre le veftibule avec l’arrium , lorfqu’il dit que l'endroit où l’on voyoit de fon tems lé srand'co- dofle, & les pegmara ou machines dé théatre & d’am- phithéatre,étoit l’asrim délamaifon dorée deNéron. 11 s’eft fervi-pour défigner cet endroit de l’expreflion atria regis. Or Suétone place les mêmes chofes dans le vefübule du palais de Néron : Vefhibulumeius fuic in quo coloffus ; c. Le poëte eft moins à croire ici que lhiftorien ; car il eft conftant que le-veftibule étoit devant la maifon, & l'asriwm au dedans, Plu- leurs ont pris avec Martial l’asrium pour le vefi- bule: mais Aulugelle les réfute. Il ÿ en a qui ont crû que l’aérium & l'impluvium étoit un feul 8 même en- droit: mais il paroït qu'ils fe font auffi trompés. L’a. trlum étoit diffingué du veftibule en ce qu'il faifoit partie de la maïfon ; & de l’impluvium ou cour de dedans, en ce qu'il étoit couvert, On mangeoit dans l'atrinm, On y gardoit les images de cire des ancé- tres. Verrius Flaccus enfeignoit la Grammaire aux petits enfans dans l’asrizm de Catilina. On prend com- munément l’atrium pour la falle d'entrée. Les habits étoient. gardés dans l’asrium, L’arrium libertatis étoit une cour ménagée dans un des temples que les Ro- mains éleverent à la liberté ; ce fut-là, dit Tite-Live, qu’on dépofa les ôtages des Tarentins, Il y avoit des archives ; on y gardoit les tables & les aétes des cen- leurs, & les lois contre les veftales inceftueutes : ce fut là qu'on tira au fort dans laquelle des quatre tri- bus les affranchis entreroient. Le temple de Vefta avoit aufli une cour appellée arrium. ...* ATROPATENE( Géog. anc. 6 mod.) contrée de la Médie la plus feptentrionale, où elle étoit bor- née par l’Albamie, à l’orient par la mer Cafpie , à l’oc- .cident par la grande Arménie, & au midi par la Par- thie. C’eit aujourd’hui Ze Kilan. ATROPHIE. Voyez CONSOMPTION. * ATROPOS, une des parques. C’étoit la plus âgée, & fa fonction , celle de couper le fil de la vie. Voyez PARQUES. ATTACHE , f. £. fe dit en général & de la chofe qui fert à empêcher qu’une autre ne s’en fépare ou ne s’en éloigne , & de l’endroit où l’on retient quel- que chofe. Dans le premier cas on dit , attacher une tapifférie a un mur; & dans le fecond , mettre un cheval a l'attache. ATTACHE , Zesrres d'ÂTTACHE, font une per- miffion par écrit des officiers ou juges des lieux, à Peffet d’autorifer dans l'étendue de leur reflort , l’exé- cution d’aêtes, lettres, ou jugemens émanés d’ail- leurs. (47) ATTACHE ( Manege) mettre un cheval à l'attacke, c’eft l’attacher à la mangeoire pour le nourrir avec du foin, de la païlle & de l'avoine ; prendre tant pour latrache d'un cheval , c’eft fe faire payer une fomme, pour mettre feulement un chevalà couvert pendant quelque tems. (7) ATTACHE ( ex Jardinage) fe dit d’un ornement de parterre, qui fe lie à un autre & qui y eft pour _ainfi dire attaché. Cet ornement {ert d’arrache À ce- lui-ci. (A) … ATTACHE n {e dit chez Les Bijoutiers $ d’un aflem- blage de diamans mis en œuvre , compofé de deux pieces faites en agraffe ou autrement ; & s’accro- chant l’une à l’autre. ATTACHE (67 Bonneterie ) fe dit de grands bas qui vont jufqu'au haut des cuiffes , 6c.qu'on nomme - auf bas a bottes, | ATTACHE , 62 Charpenterie, fe dit d'une seroffe piece de bois qüi porte à plomb: fur les les, qui fotient le moulin, qui traverfe verticalement toute {a charpente, qui fért d’axe à cette machine, &/{ur laquelle elle tourne’, quand on lui veut faire pren dre le vênt. Voyez MOULIN À VENT. ; | ÂTTACHE-BOSSETTE, ezverme d'Eperonnier, ©’eft unemorceau de'fer de forme conique à fes deux ex= trémités , qui font creufées pour conferver la tête du clou, L’arrache-bofferte forme à fon milieu une efpece de collet qui entre dans un étau. Voyez fig: 3. PL, de l’'Eperonmier. | ! HUErS ATTACHE: Les Fondeurs appellent ainf. des bouts de tuyaux menus , foudés par un bout contre les ci: res de l'ouvrage, & par l’autre contre les égoûts , & difpofés de maniere qu'ils puiflent conduire la cire dans les égoûts qui aboutiflent à une iffue générale à chaque partie de la figure qui peut le permettre. Voyez FONDERIE , 6 Les PI. des fig. en bronye. ATTACHE , eft un petit morceau de peau de mou- ton de douze ou quinze lignes de long, dont {e fer- vent les fondeurs de caraéteres d'imprimerie, pour attacher la matrice au bois. de la piece de deflus du moule, On met cette attache d’un bout à la matrice qu'on he avec du fil ; 8: de l'autre on l’applique avec la falive fur le bois du moule : cette attache n’empé- che pas la matrice d’être un peu mobile : mais com- me elle eft arrêtée par le jobet & le jimblet, elle reprend fa place fi-tôt que l’ouvrier referme fon mou- le. Foyez PL. II. fig. 2. F. €: la fig, 4. de la même PL, qui la repréfente en particulier. ATTACHE ; On donne ce nom dansles groffès For- ges à deux pieces de bois, qui fervent à contenir le drome. Celle ZA qui foutient l'extrémité 9 du dro- me , v1g. I. PL. FI. fore. s’appelle La petite attache ; celle KS qui porte l’autre partie du drome qui la traver- fe, s’appelle /a grande attache. Le drome eft feule- ment emmortoifé avec la petite attache: mais il pafe a-travers la grande. Voy. DROME. f'oyez Force. ATTACHE, en terme de Vannerie, eft une efpece de lien qu’on fait de plufeurs brins d’ofier, pour te- mir plus folidement le bord & le refte de ouvrage enfemble. : ÂTTACHE er Wicrerie , fe dit des petits morceaux de plomb de deux ou trois pouces de long , d'une demi-ligne d’épaifleur , fur une ligne & demi de lar- geur , que les vitriers foudent fur les panneaux des vitres , pour fixer les verges de fer qui les tiennent en place. ë * ATTACHEMENT , arrache , dévouemenr. (Gramm.) Tous marquent une difpofition habituelle de lame pour un objet qui nous eft cher , & que nous craignons de perdre. On a de l’arachement pour fes anus & pour {es devoirs ; on a de l’artache à la vie, & pour fa maitrefle ; & l’on eft dévozé à fon prince , & pour fa patrie; d’où l’on voit qu'arrathe fe prend ordinairement en mauvaife part , & qu'ar- rachement & dévouement {e prennent ordinairement en bonne, On dit de l’artachement , qu’il eft fincere ; de Parrache ; qu’elle eft forte ; & du dévouement, qu'il eft fans réferve. ATTACHER , Ger, (Art mechan.) On lie pour em- pêcher deux objets de fe féparer ; on arrache quand on'en-veut arrêter un ; on Ze les piés & les mains 3 on'aftache à un poteau ; on Ze avec une corde ; on attache avec un clou ; au figuré , un homme eft Zé, quand il wa pasla liberté d’agir ; 1l eft arraché quand il ne peut changer. L'autorité Ze »l’inclination arta- che ; on eft Zié à fa femme , & arraché À fa maitrefle. ATTACHER, vV. a. fe dit dans les manufaitures de foie , des femples , du corps , des arcades & des aigrulles; c’eft les mettre en état de travailler. Voyez VELOURS CISELÉ. | ATTACHER /es rames en Ribannerie | c’eft la@ion de fixer les rames à larçade du bâton de = Voici : Voici comme cela s'exécute : on prend-.deux lon- gueurs féparées de ficelles à rames, de quatre aunes environ chacune , lefquelles longueurs fe plient en deux fans les couper ; à l’endroit de ce pli, il fe forme une bouclette pareille à celle que l’on fait pour attacher les anneaux à des rideaux ; enfuite les quatre bouts de ces longueurs fe pafent dans l’arcade du bâton de retour ; après quoi 1l fe forme une dou- ble bouclette au moyen de la premiere , en paffant les longueurs à travers cette même premiere , d’où il arrive que le tout fe trouve doublement arrêté à ladite arcade : on voit afément que voilà quatre rames attachées enfemble d’une feule opération ; ce qui doit fe faire quarante fois fur chaque retour, puifque l'ordinaire eft d’y en mettre 160 , ainfi qu'il era dit à l’article rame. Voyez RAME. ATTACHER le mineur à un ouvrage , C’eÎt dans lat: taque des places ou la puerre des fièges, faire entrer le mineur dans le folide de l’ouvrage pour y faire une breche par le moyen de la mine. Foyez MINE. L’attachement du mineur {e fait au milieu des faces, ou bien au tiers , à Le prendre du côté des angles flanqués desbaftions, demi-lunes, ou autres ouvrages équivalens.[lvaudroitmieux que ce fûten approchant des épaules ; parce que l’effet de la mine couperoitune partie des retranchemens, s’il y en avoit : mais on s'attache, pour l'ordinaire, à la partie la plus en état &c la plus commode. Cet atrachement doit toùjours être précédé de l’occupation du chemin couvert, & de l’établiffement des parties néceflaires fur le même chemin couvert , de la rupture des flancs , qui peuvent avoir vüe fur le logement du mineur , & de la defcente & pañlage du foilé , auquel il faut ajoûter un logement capable de contenir 20 ou 30 hommes devant le foflé , pour la garde du mineur. Après cela on fait entrer fous les mandriers le mi- neur, qui commence aufli-tôtà percer dans l’épau- lement , & à s’enfoncer dans le corps du mur du mieux qu’il peut. Il faut avotier que cette méthode eft dure , longue & très-dangereule , & qu’elle a fait périr une infinité de mineurs : car ils font long-tems expolés 1°. au ca- . non des flancs, dont l’ennemi dérobe totjours quel- ques coups de tems en tems, même quoiqu'il foit dé- monté &c en grand defordre , parce qu'il y remet de nouvelles pieces , avec lefquelles il tre, quand il peut, & ne manque guere Le logement du mineur ; 2°, au moufquet des tenailles & des flancs haut &r bas, s’il y en a qui foient un peu en état; 3°. aux pierres, bombes , grenades & feux d'artifice , que l'ennemi tâche de pouffer du haut en bas des parapets ; 4°. aux furprifes des forties dérobées qu'on ne manque pas de faire fort fréquemment ; & par-deflus cela, à toutes les rufes & contradiétions des contre-mines : de forte que la condition d’un mineur , en cet état, eft extrèmement dangereufe , & recherchée de peu de gens ; & ce n’eft pas fans raïfon qu’on dit que ce mé- tier eft le plus périlleux de la guerre. Quand cet attachement eft favorifé du canon en batteries fur les chemins couverts , c’eft tout autre chofe ; Le péril n’en eft pas à beaucoup près fi grand. On enfonce un trou de 4 ou 5 piés de profondeur au pié du mur, où1l fe loge , & {e met à couvert en fort peu de tems , du canon & du moufquet des flancs, des bombes & grenades , & feux d'artifice quine peu- vent plus lui rien faire. Peu de tems après fon arta- chement, il n’a plus que les forties & les contre-mines à craindre. Ajoûtons à cela, que, fi après avoir décombré & vuidé fon trou de ce qu'il aura trouvé d’ébranlé par le canon , il en reffort pour un pen detems, & qu’on recommence à y faire tirer jo on 60 coups de canon bien enfemble, cela contribuera beaucoup à l’aggran- dir & à l’enfoncer. Tome LI. A TT 825 Ce mème canon lui rend encore un bon office » quand il y a des galeries ou contre-mines dans. l’é- : paifleur du mur, parce qu’il les peutenfoncer à droite êt à gauche , à quelque diflance du mineur, & par ce moyen en interdire Pufage à l’énnemi ; 1l fert mê- me à difpofer la prochaine chûüte du revêtement , & à la faciliter. Aerag. des places, par M, de Vauban, (Q) ÂTTACHER haut , ( Manège) c’eft attacher la lons ge du licou aux barreaux du ratelier, pour empêcher que le cheval ne mange fa litiere, (77) S'ATTACHER a l’éperon , (Manège ) c’eft la même chofe que fe jetter fur l’éperon. 7, SE YETTER. (7) ATTACHEUSE, f. f, nom que l’on donne dans les manufaûures de foie, à des filles dont la fontion eft d’arratherles cordages quifervent dans les inètiers, Voyez; MÉTIER À VELOURS. | * ATTALIE, (Géog. anc. 6 mod.) ville maritimé de l’Afie mineure , dans la Pamphylie ; on la nomme aujourd’htu Safalie. | Il y a eu une autre ville de même nom dans FEdlhe. * ATTANITES , ( Æiff. anc. ) forte de gâteaux que faioient les anciens, & dont1l ne nous refte que le nom. _* ATTAQUE, ex Médecine, fe dit d’un accès ou d’un paroxyfme, Ainfi on dit ordinairement , arraque de goute, attaque d'apoplexie. Cette arraque a été violente, Voyez ACCÈS, PAROXYSME, 6e. ATTAQUE , {.f. (Arr Milir.) effort ou tentative qu’on fait contre une perfonne ou contre un ouvrage pour parvenir à s’en rendre maitre. Voyez l’article SIEGE. (Q) ATTAQUE brufquée où d'emblée , eft une afraque que l’on fait fans obferver toutes les précautions & les formalités qui s’obfervent ordinairement dans un fiége réglé. | Pour prendre le parti de brufquer le fiége d’une place , il faut être aflüré de la foiblefle de la garni fon , ou que la place ne foit défendue que par les habitans , & que les défenfes foient en mauvais état. L'objet des ces fortes d’arraques eft de s'emparer d’abord des dehors de la place , de s’y bien établir , & de faire enfuite des tranchéesou des couverts pour mettre les troupes à l’abri du feu des remparts , & continuer enfute le progrès des atsaques ,| pour s’em- parer du corps de la place. Lorfque cette attaque réuflit, elle donne lé moyen d’abréger beaucoup le fiège : mais pour y parvenir, il faut néceffairement furprendre la place , attaquer vigoureufement l’ennemi dans fon chemin couvert & fes autres dehors , & ne pas lui donner le tems de fe reconnoître. En un motil faut brwfquer les attaques, c’eft-à-dire, s’y porter avec la plus grande vivacité. Il y a plufieurs circonftances où cette forte d’arsa- que peut fe tenter, comme lorfque la faifon ne per- met pas de faire un fiége dans les formes ; qu’on et informé'que l’ennemi eft à portée de venir en peu de tems au fecours de la place, 8 qu’on n’eft pas en état de lui réfifter ; enfin , lorfqu'il eft effentiel de s’en rendre maître très-promptement , & que la na- ture des fortifications &z des troupes qui les défen- dent ne permettent pas de penfer qu’elles foient en état de réfifter à une artaqnue vive & foûtenue. ATTAQUE D'EMBLÉE. Voyez ci-deflus ATTAQUÉ BRUSQUÉE. ATTAQUES DE BASTIONS , c’eft dans la guerre des fièges , toutes les difpofitions qu'on fait pour en chaf- fer immédiatement l'ennemi & pénétrer dansla ville. Cette attaque eft la principale du fiége, & elle en eff aufñ ordinairement la derniere. On s’y prépare dans le même tems qu’on travaille à fe rendre maître de la demi-lune. | 4 Lorfqu’on eft maitre du chemin couvert, onéta- M M m mm 826 VON 285 ORNE » blit des batteries für fes branches pour battre-en » breche les faces des Pafliôns du front de l’attaque, F& celles de la demidlüre. Les’ breches’fe pratiquent vers le milieu des faces , pour pénétrer plus'aifé- #inent dans le baftion: On fait une defcéniterdé fofté # vis-à-vis chaque face dés haffions attaqués; Gwbien; se c’eft l'nfage lé plus Commun, on'én"fat fute- 5 ment vis-à-vis les faces du front de l’affagues On ÿ #procede comme dans H-defcente du foflé de fa de- # milune , & l’on fe conduit auffi de la même ma- # mére pour le paflage du foflé , foit qu'il foit fec ou # plein d’eau; c’eft-à-dire que s’il eft {ec ; on conduit une fappe dans le foflé depuis l'ouverture de la def: ÿ cente juiqu'au pié dé la breche , & qu'on l'épaule » fortement du côté du flanc auquel elle eft oppoñée. 5 Si le foffé eft plein d’eau , on le pañle fur un pont #-dé fafcines, qué l’on conftruit aufli comme pour lé # paflage du foffé de Ja demi-luné: # Les batteries établies fur le haut du glacis pour #battre en breche les faces des Paffions , tirent: fur la » partie des faces où doit être la breche, & elles ti- » rent toutés enfemble & en fappe , comme on le #pratiqué dans l’aftaque de la demi-lune : & lorf- » qu'elles ont faitrune breche fufifante pour qu'on » puifle monter à laffaut fur un grand front, on con- » ferve une partie dés pieces pour battre le haut de 5 la breche, & on en recule quelques-unes furle der- » riere de la platte-forme, qu’on difpofe de manieré » qu'elles puifient battre l’ennemilorfqu'il fe préfente #-vers le haut de la breche. Tout cela fe fait pendant # le travail des defcentes du foffé & de fon paflage. # Onfe fert auf des mines pour augmenter la bre- » che, même quelquefois pour la faire, &c pour cet # cffét On y attache lé mneur. # Pour attacher le mineur lorfque le foffé eft fec, ÿ il faut qu'il y ait un logement d’établi proche l’ou- » verture de la defcente, pour le foûtenir en cas que » l'affiégé fafle quelque fortie fur le mineur. On lui » faitune entrée dans fe revêtement avec le canon, » le plus près qué Pon peut du fond du f6ffé , afin d’a- 5 voir le deffous dûterrein que ennemi occupe , & » des galeries qu'il peut avoir pratiquées dans lin- » térieur des terres du #afon. On peut avec le canon » faire un enfoncement de $ où 6 piés, pour que le » mineur y {oit bientôt à couvert. ISs6ccupe d'abord # à tirer les décombres du trou > pouf pouvoir y pla: # cer un ou deux de fes camarades”, "qui dorvent lui # aidér à déblayer les terres de la galerie." =" 7" * » Lorfque le foffé'eft fec, & qre‘le terrein le per- » met , le mineur le pañle quelquefois par une pale- » rie foûterraine quile Conduit at pré dwrevétement ; » lorfque le foffé eft plein d’eau ; onn'’attend'pas tot # jours que le pafage du foffé Toit entierement ache- »VÉ pour attacher le mineur-à la face du Saffion: On # lui fait un enfoncement avec le canon ,ainfi qu’on » vient dé le diré mais un peu atui-deffts de la fuper- » ficie'de l’eau di foffé,, afin qu'il n’en foit pas incom- »# modé dans fa galerie , & on le fait pañler avec un # petit bateau dans cet enfoncement. L’ennemi ne » néglige rien-pour l’étoufler dans fa galerie. Lorf- # que le foffé eftfec , il jette une quantité de différen- » tés Compoñtions d'artifice vis-à-vis Poil de la mi- » ne ; cet artifice eftordinairement accompagné d’u- » ne grêle de pierrés, de bombes , de gtenades, 6: »# qui empêche qu’on n’aillé au fecours du mineur: » M. deVauban dans fon rraité de la conduire des fréses, # propofe de fe fervir de pompes pour étéindre lce » feu. On en a aujourd’hur de plus parfaites & dé » plus aifées à fervir , que de fon téms, pour jetter » dé Peau dans l’endroit que l’on‘vêut: mais ilne pas » roît pas que l’on puifle toûijours aVOir aflez d’eau » dans les foffés fëcs pour faire jouer dès pompes , & » que d’ailleirs'il fort fé-de S'erfervir fans trop fe # découvrir à l’effhèmi. Quoi qu'il en foit, lorfque ï j ] F À den ir + Û A | Ft TAEE ER USD SET AUS: 9b PABVAb-ÉE à »' le canbna fait du mineur-tout l’enfonéément dérst 53l efféapablé Al n’a guere à redouterles Feux qu'on ÿ peut jetter à l’entrée de fon ouverture, ‘8E4lpeut » S'avaricer dans les terres du rempart, &r-raailler » diligémiment à fa galerie. Outre le bon office due » lui rénd'le canon pout lui donner d'abord'uneref. # pece de Couvert dans les terres dir rempart. Ml peut #éncore, fi l’enhemt ÿ à confinuit des galeries pro- # che’le revêtement, les ébranler & mêmeiles crez #ver; ce qui produit encore plus de’fürèté aw/mi- # neur pout avancer fon travail. Les mineurs fére- » layent de deux heures en deux heñres,7@ls#trac 5 vaillent avec la plus grande diligenté pourpatve ÿ nif à mettre la mine dans l’état de perfe@ion ivelle » doit avoir, c’eft-k-dire , pour la charger &Alaifer. » mer. Pendant ce travail ils éprouvent {ouvéfit bien » des chicanes de la part de ennemi 577" vue » Le mineur ayant percé le’ revétéments, 41 fait » dérriere de part & d’autre deux petitésipäleries dé » 12 à 14 piés, au bout defquelles1l'pratiqué de part » ê&c d'autre deux foutnéaux ; favoir ; Pin dans l’é- »'patffeut du revêtement , 8 Pautre enfoncé de rs # piés dans les terres du rempart: Ondonné un foyer » Commun à Ces quatré fourneaux; léfquels prennent » fetrenfemble, & font unélbreche très-lafge &très ÿfpaciéufe, : ” AUOQUERSIANS 9 ALTER #3» Lorfqu'il y'a des contremines pratiquées dans h'lestérres du rempart, & le long de‘fonrévêtement, ÿ On fait enforte de s’én eémparer 8 d’én chaffer les #mineurs: M. Goulon proÿole pout céla de faire fau- h térdenx Fougaces dans les environs pour tâcher » dé la-crevef; après quoi fr l’on y eft parvenu , il » Veut qu'on y entre avec dix-ou douze grenadiers , #-8c autant de foldats commandés par deux fergens ; # qu'une partie de ces’grenadiers ayent chacun 4 gre- ÿ nades, & que les autres foient thargés de 4 ou 5 » bombes, dont il n’ÿ'en ait qué 3“de chargées , les » deux autres ayant néanmoins la fiféeichärgée com- » me les trois premieres. Les deux"fergens’fe doivent » jetter les premiers l'épéeoulepiftolètà l'aaïn dans » la contre-mine , & être fuivis desgrenätdiéfs. Siles ÿ affiégés n’y paroïflent pas pour défendre leur con- » tre-mine , on y fait promptementünlégemiéent avec » des facs à terre. Ce logement'ñe €énifte qu’en #une bonne traverfe qui bouche entierement la ga- #lèrie de la-contre-mine du côté que l’éñineri ÿ peut ÿ-vénir. Si l'ennemi vient pout s'oppôfér à ce tra- #vau,1lés grenadiers doivent leur jéttetletirs trois 5'Bombes chargées & fe retirer promptèmiént, de mê- # me que leurs camarades ; pou w’ébie Point incom- »/modés de effet de ces bombes-Lätfumée qu’elles #'fontén crevant, & leur éclat, nePpeñvent manquer Nan à obliger l'ennemi d’abandonner"”la galerie: pour # Quelque tems : mais dès.qu'elles:ont fait tout: leur #-effet, les déux fergens & les grenadiers avec les # foldats dont ils font accompagnés!, rentrent promp- » tement dans la galerie , & ils travaillent avec di- » ligence à leur traverfe pour bouchérla gälerie. Si s l’ennemi veut encore interrompréleuf ouvräge, ils » lui jettént les deux bombes non chargées, qui l'o- » bligent de fe retirer bien promptement 5 & ‘Cornme » effet n’en eft point à-craindre:, ce’qué l’ermémii » ignore, “on continue de travailler à peffééionner » la traverfe ? on ÿpratique même des ouvertiffés’ou » creneaux pour tirer fur Pennemi ile » roifle dans la païtie de la galerie oppofée® tré 5 verfe: us 2h ELUEG RUES 2 AT TANOR # ‘1% Lorfqu'il n’y à point de galerie onde’ contré- ÿ'Mmine derriere le tévêtement. du rempart, "O'Torf- »'qu'il y'en aune, & qu'on ne peut Re nir'aife- ep pour HAéhéT » ment, lé-mineur ne’ doit rien néglig dé Ta découvrir & il doit En-méme téms Véiflér LB ue À à 1" > pe anvesin rt Le 2n0k Ie + > p'avéc beaucoùp d'attention, pourre fe! Ô ft êr » furprendre par les mineurs ennemis, iennent #au-devant de Iui pourl’étouffér dans fa valerie , #la boucher,:& détruire entierement fon-travail. Il » fautbeaucoup d'intelligence; d’adreffe & de fubtr- » litéidans les mineurs pour fe parer des pièges qu’ils » {e-tendent réciproquement. Le mixeur ; dit M, de » Vauban dans fes, mémoires , doit écouter fouvens sil » renterd point travailler fous lui. Îl doit Jonder du cô: sncé qu'ilentend dubruit, fouverit on entend d’un .côté » perdant qu'onvtravaille de l'autre. Si le nanEur ennes » mi s'approche de trop près , on.le prévient par une » fougace qui l’étouffe dans fa galerie ; pour cet ef- » fet on. pratique un trou dans les terres de la gale- # rie du côté que l’on entend l’éennemi , de cinq à fix # pouces de diametre , & de fix à fept pouces de pro- » fondeur ; on y introduit une gargouche de même » diametre.qui contient environ dix à douze livrés » de poudre son bouche exaéteiment le trou ou fon » ouverture vers la galerie, par un fort tampon que » l’on applique immédiatement à la gargouche , &c » que l’on foûtient par des écerfillons , ou des pieces » de bois pofées: horifontalement , en travers de la » galerie, que l’on ferre contre les deux côtés de la » galerie, en faifant entrer des coins à force entre » l'extrémité de ces pieces, & les côtés de la gale= » rie : on.met le: feu à cette fougace par une fufée, . » quipañle par un trou fait dans le tampon , &c qui » communique avec la poudre de la sargouche, Si » la galerie du mineur ennemi n’eft qu’à quatre ou » cinq piés de la tête de cette fougace,, elle en fera # indubitablement enfoncée, & le mineur qui fe trout- # vera dedans, écrafé ou étouffé par la fumée. On » peut auffi chafler le mineur ennemi, & rompre fa » galerié, en faifant, comme nous l'avons déja dits » fauter fuccéflivement:plufñeurs petits fourneaux , » qui ne peuvent manquer d’ébranler les terres , de 5 les meurtrir, c’eft-à-dire , de les crevañler , & de » les remplir d’une odeur fi puante, que perfonne » ne puifle la fupporter : ce qui met les mineurs en # nemis abfolument hors d’état detravailler dans ces » terres. On en eft moins incommodé du côté de » l’affiégeant , parce que les galeries étant beaucoup » plus petites, & moins enfoncées que celle des af> » fiégés, l’air ÿ circule plus aifément ; & il diflipe # plus promptement la mauvaife odeur. » On peut auffi crever la galerie de l’ennemi, » lorfque l’on n’en eft pas fort éloigné, avec plufeurs » bombes que lon introduit dans les terres du mi- » neur ennemi, & que l’on arrange de maniere qu’el- » les faffent leur effet vers fon côté. Les mineurs ei # travaillant de part & d’autre pour aller à la décou- » verte, &-fe prévenir réciproquement, ont de oran- # des fondes avec lefquelles ils fondent l’épaiffeur » dés terres , pour juger de la diftance à laquelle ils # peuvent fe trouver les uns des autres, Il faut être » alerte là-deflus, & lorfque le bout de la fonde pa- # roît ; fe difpofer à remplir le trou qu’elle -aura » fait , aufüi-tôt qu’elle fera retirée, par le bout d’un # piftolet, quiétant introduit bien diretement dans » ce trou, & tiré par un homme aflüré , dit M. de # Vauban , né peut guere manquer de tuer le mi- » ner ennemi. On doit faire fuivre le premier coup » de piftolet de trois ou quatre autres ; &enfuite net- » toÿer le trou avéc la fonde , pour empêcher que » le mineur ennemi ne le bouche de fon côté. Il eft + important de l’en empêcher , pour qu’il ne puiffe # pas continuer {on travail dans cet endroit, & qu'il » foit totalement obligé de l’abandonner. | » Toutes ces chicanes & plufeurs antres qu’on # peut voir dans les wémoires de M: de Vauban; font # connoître.que. l'emploi de mineur. demande non- » feulement de J’adrefle & de l'intelligence , mais # aufh beaucoup de courage pour parer & remédier » à tousles obftaclesqu'il rencontre dans la conduite #» des travaux dont il eft chargé : il s’en pare affez ai. Tome L. AT T 827 » fément quand 1left maître du deffous : mais quand »ilne left pont, fa condition éft des plus fâcheufes: » Pour: s’aflürer fi l’on travaille dans la galerie, » le mineur fé {ert ordinairement d’un tambour fur » lequel on met quelque chofe ; l’'ébranlement de la “terre y caufe un certain trémouflement qui avertit ». du travail qu'on fait deflous. Il prête auf l'oreille » attentivement fur la terre : mais le trémouflemént » du tambour eftplus für, C’eft un dés avantages des » plus confidérables des afliégés de pouvoir être mas ».tres du deffous de leur terrein:ils peuvent arrêter » par-là les minèurs dés afliéceans à chaque. pas. &c # leur faire payer chérement le terrein, qu’ils {e trou » vent à la fin obligés de leur abañdonnier : je dis de » leur abandonner ; parce que les aflicgeans qui 6nf » beauconp plus de monde: que les affiégés, beaus » coup plus de poudre , & qui font.en état de pous » voir réparer les pertes qu'ils font, {oïten hommes » foit en munitions, doivent à la fin forcer les afiés ». ges , qui n'ont pas les mêmes avantages, de fe réns »dre, faute de pouvoir, pour ainfdire:, 1e renous » véller de la même maniere, He » Pendant que le mineur travaille. à. la conftric- »tion de fa galerie , on agit pour ruiner entieremcat » toutes les défenfes de l’ennemi, -& pour le mettre » hors d’état de défendre fa breche & de la-réparer : » pour cela on fait, un feu: continuel fur les breches , » qui empêche l’ennemi de s’y montrer , & de pou« » VOIr s'avancer pour regarder les travaux qui peut # vent fe faire dans le foflé du au pié, des breches, » S'il ya unetenaille , on place des batteries dans les » places d'armes rentrantes du chemin couvert de # la demi-lune, qui couvrent la courtine du front atta: » qué, qui puiflent plonger dans la tenaille, & eripê- » cher qué l’ennerni ne s’en ferve pour incommoïer » le pañlage du foflé. On peut auf , pour lui impo- » fer, établir une batterie de pierriers dans le loge » ment le plus avancé de [a gorge de la demi-lune : # cette batterie étant bien fervie, rend le féjour ‘de » la tenaille trop dangereux &tropincommode, pour » que l’ennemi y refte tranquillement , & qu'il y don- » ne toute l’attention néceflaire pour incommoderle » paflage du foffé. | » Quelquefois l'ennemi pratique des. embrafurés » biaïlées dans la courtine; d’où 1l peut auf tirer du # canon fur les logemens du chemin couvert, ce qui » incommode & ces logemens , & le commence- » ment de: la defcente du foffé, Les affiégés , au der » mer fiége de Philisbourg , en avoient pratiqué de » femblables dans Les deux courtines de l’astaque , ce » qui auroit fait perdre bien du monde, s'il avoit » fallu établir des batteries fur leur contrefcarpe ; &c » faire le paflage du foflé de la place. pr » Le moyen d’empècher l'effet deces batteries... eft » de tâcher de les ruiner avecles bombes. & de faire » en forte, lorfque le terrein le permet , d’enfler la » courtine par le ricochet. On peut auf placer une » batterie de quatre ou cinq pieces.de canon fur le »# haut de l’angle flanqué de la demi-lune : dans.céts »#.te pofition elle peut tirer direétement. {ur la cours » tine , & ploriger vers la tesaille , & la poterne dé ». communication, par Où l'ennemi communiquedans » le foffé lorfqu'il eft fec. Enfin on fe fert de tous les » expédiens , 87 de tous les moyens que l’intelligen- » ce, l'expérience & le génie peuvent donner, pour s fe rendre fupérieur à tout le feu de l'ennemi, pour » le faire taire , ou du moins pour que l’ennemi ne ».puifle fe montrer à aucunes de fes défenfes , fañs » y-être expofé au feu des batteries & des logemens, #Nousn’avons point parlé jufqu'ici des flancs con- » caves &. à orillons : on fait que avantage dé.ces » flancs eft principalement de conferver un canon » proche le revers de l’orillon, qui nerponvant être » và du chemin çouyert oppolé; ne peut. être dé- | M&mmm ÿ » monté par les batteries qui y font placées. Si on » pouvoit garantir ce canon des bombes , il eft cer- » tain qu'il produiroit un très-gtand avantage aux » affiégés : mais il n’eft pas pofhble de le prélumer ; 5} ainfi fon avantage devient aujourd’hui moins con- , fidérable qu'il ne l’étoit lorfque M. de Vauban s’en » et fervi : alors on ne faifoit pas dans lésfièges une »'aufli grande confommation de bombes qu'on en » fait à préfent. Le flanc concave à ofillon ne chan » geroit rien aujourd’hui dans la difpoñtion de Parra- » que; on auroitfeulement attention de faire tomber » plufieurs bombes fur l’orillon , &c fur la partie du » flanc qui y joint immédiatement ; & ces bombes » tuineroient indubitablement l’embrafure cachée &r » protégée de l’orillon. Un avantage dont 1l faut ce- » pendant convenir , qu'ont encore aujourd’hui les » flancs concaves, c’eft de ne pouvoir pas être enf- » 1és par le ricochet. Les flancs droits le peuvent être » des batteries placées dans les places d’armes ren- » trantés du chemin couvert, vis-à-vis Les faces des » baftions : mais les flancs concaves par leur difpoñ- » tion en font à l’abri. a Suppofons préfentement que les paffages des fof- » {és foient dans l’état de perfe@ion néceflaire pour » aw’on puifle paller deffus ; que le canon ou les mu » nes ayent donné aux breches toute la largeur qu el- » les doivent avoir, pour qu'on puifle y déboucher » fur un grand front + que les rampes foient adou- »'cies, & qu'on puile y monter facilement pour par- Sénir au haut de la breche.. On peut s’y établir en ÿ fuivant l’un des deux moyens dont on parlera dans ÿ Particle dé la demi lune ; favoir, en y faifant mon- » ter quelques fappeurs, qui à la faveur du feu des » batteries &c des losemens du chemin couvert, com- » mencent l’établiflement du logement; ou en y mon- ‘tant en corps de troupes , pour s’y établir de vive » force ; ou ce qui.eft la même chofe , en donnant ÿ l’affaut au bafhon. * “y Si l’ennenn n’a point pratiqué de retranchement 5 dans l’intérieur du 44/40, 1l ne prendra guere le » parti de foûtenir un affaut qui l’expoferoit à être » emporté de vive force, à être pris prifonnier de » guérre , & qui éxpoferoit aufli la ville au pillage » du foldat. : in PH | » Tout étant prêt pour lu donner l'affaut , 1l bat- % tra La chamade, c’elt.à-dire , qu’il demandera à fe » tendre à de certaines conditions : maïs fi les afñié- » geans préfument qu'ils fe rendront maîtres de, la » place par un affaut fans une grande perte, als ne » voudront accorder que-des- conditions aflez dures. » Plusles affiégés font en état de fe défendre, & plus » ils obtiennent des conditions avantageufes, mais » moins honofables pourteux. Le devoir des officiers » renfermés dans une place ; eft de,la défendre au- » tant qu'ileft poffible, & de ne fonger à fe rendre » que lorfqu’il eftabfolument démontré qu'il y a im- 5 pofibilité de réfifter plus long-tems-fans expofer » lavplace & la garnifon à la difcrétion de l’aflié- » geant. Une défènfe vigoureufe fe fait refpecter » d'un'ennemi généreux , & elle l’engage fouvent à » accorder aupouverneur les honneurs de la suerre, » dûs à fa bravoure & à fonintelligence. » Nous fuppofons ici que de bons retranchemens » pratiqués long-tems avant le fiése, ou du moins » dès fon commencement, dans le centre ou à la » gorge des baftions mettent l’afliégé en état de foù- » tenir un aflaut au corps de fa. place , 87 qu'il feré- » ferve de capituler derriere fes rétranchemens. Il » faut dans ce cas fe réfoudre d’empotter la breche »_ de vive force, & d’y faire un logement fur le haut, » après en avoir chaflé l’ennemi. ! x » Lorfqu’on fe propofe de donner l'affaut aux 2af » tions, On fait pendent le tems qu'on conftruit &e » qu'on chargé les miñés, un amas .confiderable, de 11 AT T 5 matériaux dans les logemens les plus prochains des >» breches, pour qu'on puifle de main.en/main les » faire pañler promptement pour la confituétion du » logement , aufli-tôt qu’on aura chaflé l'ennemi. … » Lorfqu'on. eft préparé pour mettre:le feu aux », mines , on commande tous les -srenadiers de-l’ar- » mée,pour monter l’aflaut : ones fait foûtenir de » détachemens & de bataillons en aflez: grand nom- » bre, pour que l’ennemi ne puifle pas réfifter À leur » attaque. Ces troupes étant en état de donner, on » fait jouer les mines ; & lorfque la poufliere eftun ! ÿ . » peu tombée, les grenadiers commandés pour mar- » cher, & pour monter les premiers, s’ébranlent » pour gagner le pié de la breche où étant pare » nus, ils y montent la bayonnette au bout du fuñl, » fuivis de toutes les troupes qui doivent les foûtes » mir. L'ennemi qui peut avoir confervé. des four- » néaux, ne manquera pas de les faire fauter: [lfera » auf tomber furles affaillans tous les feux d’artif. » ce qu'il pourra imaginer, & il leur.fera payer le. » plus cher qu'il,pourra, le terrein: qu'il, leur aban- » donnera fur le haut dela breche : mais enfin il u- # dra qu'il le leur abandonne; la füpériorité des af. » fiéseans doit vaincre à la fin tous les obftacles des ' fi . CN * ) m. r À # afhéges. S'ils font aflez heureux pour réfiftér à un » prenuer affaut, 1lsne le feront pas pour réfifter à » un fécond,, ou à un trotfieme : ainf ilfaudra qu'ils » prennent le partide fe retirer dans leurstretranche- » mens. Aufli-tôt qu'ilsauront étérepouflés, & qu'ils # auront abandonné le haut de la:breche , on fera # travailler en diligence au logement. Il confiftera » d’abord enune efpece d'arc de cercle, dont la con- + vexité fera tournée vers l'ennemi, s’il y aune bre- » che aux deux faces des deux baftions ; autrement » on, s’établira fimplement au haut de la breche. On » donne l’affaut, à toutes les breches.enfemble ; par- » là on partage la réfiftance de l’ennemi | & on la » rend moins confidérable. Pendant toute la durée »'de cette ation, les batteries & les logemens font » le plus grand feu fur toutesles défenfes de l’enne- » nn, &. dans,tous les Heuxioù ibeft, placé, -8c fur » lefquels on ne peut tirer fans incommoder les » troupes.qui donnent fur les breches. | :» Le logement fur la breche étant bien établi, on # pouflera des fappes:à droite & à gauche vers le » centre du baftion.. On fera monter:du canon fur la »# breche ; pour battre le retranchement intérieur ; » on.paflera fon foflé, & on s’établira fur fa breche , » en pratiquant tout ce qu’on vient de dire pour les » bafhons. Si.ce premier retranchement étoit furvi » d’un fecond, l’ennemi après avoir été! forcé de l’a- » bandonner, fe retireroït dans celui-ci pour capi- » tuler. On l’attaqueroit encore comme dans lerpre- »mier, & enfin on le forceroit dede rendre. Ilkeñt #aflez rare de voir des défenfes pouflées aufli loin » que nousiavons fuppofé celle-ci :-mais ce long dé- » tail étoit néceflaire , pour donner uneudée de ce » qu'il y auroit à faire:, fil’ennemi vouloit poufler » la réfiftance jufqu'à la derniere extrémité. » Dans l’arraque des retranchemens intérieurs, ou- » tre le canon , il faut y employer. les bombes êz les » piertiers. Lesbombes y caufentde grands ravages, » parce que les affiégés font obligés de: fe tenirien # gros corps dans ces retranchemens; quidont toi » jours aflez petits ;.& par cette raïfon.les-pierriers » y {ont d’un ufage excellent par la grêle-de-pierres » qu'ils font tomber dans cessouvrages:, qui tuent &r »-eftropient beaucoup de monde.s» Arraguedes plar ces, par M. le Blond.… : Du dé CEdes ALES ES ATTAQUE. d'une citadelle; les attaques, deswoita- delles n’ont rien de différent de celles des villesison s’y. conduit abfolument de lasmême, maniere.{Lorf- qu'on et obligé de commencer léhège, d’une:place où.il,y avune éradelle, par. la place, mêmes an-eft - + me r<È , sg ALTU Fe dans lé'cas dé faire deux fiéges au lieü d’un -'fais 1l ätrivé fotvent que cetinconvénient eff moins grand dhe'de s'éxpofer À l'arraque d'une citadelle qui peut tuiréf de la ville de quoi prolonger fa défente. fl eft alé d'endifputer 16 térrain pié à pié , & de faire encore ün grand & fort retranchemtent fur lefpla- nadé} qui arrête l'ennemi. Si l'on avoit d’abord attaqué la ville de Turin au lien de la éctzdelle, ce liège n’auroit pas eu le trifte évenement que tout le onde fait ; c’eftile fentiment de M. de Feuquieres. Voyez le IV volume de fes Mémoires , page 133. 1 ATTAQUE DE FLANC ; C’eft dans l'Art militaire l'attaque d’une armée ou d’une troupe fur le flanc ou le côté : cette arraque eft fort dangereufe ; c’eft pour- quoi on a foin de couvrir autant qu'on le peut, les Jiaries d’une armée ou d’une troupe , par des villages, des rivieres", ou fortifications naturelles, qui empé- chent l'ennemi de pouvoir former ou diriger {on ar- tagué ut les flancs de la troipe qu’il veut combattre. Voyez FLANC 6 AÎLE. ATTAQUE DE FRONT ; c'eft dans l'Art militaire, l'attaque qui fe fait fur le dévant ou la tête d’une troupe. LS Fo ATTAQUE DES LIGNES DE CIRCONVALLATION, c’eft l’eflort qie l’ennenn fait pour y pénétrer & en chäfler ceux qui les défendent. * Le plus difficile &c le plus dangereux de cette arra- que, c’eft le comblement du foflé, Onfe fert pour cetéflet défäfcines ; chaque foldat en porte une de- Vant li; ce quifauve bien des coups de fufl avant qu'onarrivé, fur-tout quand elles font bien faites &c compofées de menu bois. Lorfqu’on éft arrivé fur le Bord du foffé , les'foldats 1e les donnent de main en -Mmain pendant qu'on les pafle ie les armes. Il faut avolier que cette méthode fl fort imcommode & fort meuftrière. M. 1e chevalier de Folard , qui fait cette obfervation, propofe | pour conferver les trou- pes dans cette a@ont, de faire plufieurs chafis de 7 à 8 piésde large fur ro à 12delongueur, fuivant la lar- geur du foflé. Ces chaflis doivent être compofés de 3 Ou 4foliveaux de brin de fapin de 4 pouces de largeur für s'd’épäifleur, pour avoir plus dé force pour foû- tenir le poids dés foldats qui pafñleront deflus , avec des travers bien emmortoifés. On cloue deflus des planches de fapiñ. Pour mieux aflürer ces ponts, on peut pratiquer aux extrémités dés grapins, qui s’en- foncent fur la berme ou fur le fafcinage des lignes. Lorfqu'on veut fefervir de ces ponts, il faut les faire monter dans le camp & les voiturer fur des cha- riots dérriere lEs colonnes , à uné certaine diftance des retranchemens ‘après quoi où les fait potter par des foldats commandés à cet effet, qui lés jettent fur le fofté lorfque les troupes y font arrivées , obfer- vant de les pofer & placer à côté les uns des autres, - de maniere qwis puifient fe toucher. Vingt ponts conftruits dé Ta forte , fufifent pour lé paflase d’une colônne’, & laifleront encore des efpaces fufifans pour celui dès srenadiérs. - On peut encore fe fervir pour lé comblement du foffé des lignes, d'un’autreexpédient qui exige moins dé préparatifs. Il faut faire faire'de grands facs de: groile “oileide 8 piés de long y qu'on remplira des _ deux côtés, de paille, de feuilles d’arbres, où de fu- roulera fur trois ranp$ paralleles ; un nombre de ces! balots"à la tête: & fur toutle front des colonnes’, qu’on jettéra dans Le foflé*, d’abord lé premier rang, enfuite le fécond,"8êc inf des autres ÿ Sil'en faut plu- pour'cônbler le foffé , fon lent donñe cinq piés de diimetre:coninéipeutreftér fi elques vuides entré ces balots,æeaufé delleur rondeur ‘on jettera quel ques faftines déflus ; que 105 foldats-des premiers” rangsrdes Colônnés dotetiporter. Cette méthode À TT 029 _de combléruh foffé, a cèt ävantagé, que les foldats qui roulent ces ballots devant eux, arrivent À cou: vert juiqu’au bord du foflé, On peut {e fervir égale- ment de ballots de fafcines. Folard, Comment. fur Po- lybe. Les LS … ATTAQUES d’une place ; ce font en général toutes les aétions &c tous les différens travaux qu’on fait pour s'en emparer. Voyez TRANCHÉE, SAPPE, PARALLELE Ou PLACE D’ARMES, LOGEMENT ; Regler les attaques d’une place , c’eft déterminef le nombre qu'on en veut faire ; & les côtés ou les frohts par lefquels on veut l'arraquer : c’eft auf fixer la fors me & la figure des tranchées. Avoir les artaques d’une place , c’eft avoir un plan fur lequel les trähchéés à les logemens , les batteries ; Gc. font tracées. U, Maximes où principes qu’on doit obfèrver dans l'attaa que des places. T. I] faut s'approcher de la” place fans en être découvert , direétement , où obliquement, Où par le flanc, su “. Si l’on faifoit les tranchées en allant direétement à la place, par le plus court chemin, l’on y léroit en butte aux Coups des ennemis poftés fur 155 pieres.de la fortification où la-tranchée aboutiroit : &°4 lon y allôit obliquement , pour fortir de [a direction du feu de l’endroit où l’on veut aller, & que la tranchée füt vüe dans toute fa longueur par Pate piece de là fortification de la place , les foldats placés {ur cette piece de fortification vérroient le flanc de ceux de la tranchée , laquelle fe trouvant ainf enfilée par l’ennemi, ne garantiroit nullement du feu. de la place , les foldats qui feroient dédans. ours #; Or, comme lobjet des tranchées eft de les en ga- rantir,ilfaut donc qu’elles foient dirigées dé maniere qu'elles ne foient ni én vüe , n1 enfilées par l'ennemi d'aucun endroit. PO Ta | k 1. Il faut éviter dé faire plus d'ouvrage qu'il ren éft befoin pour s’approcher de la place fans être vt, c’eft-à-dire, qu'il faut s’en approcher par le chémin le plus court qu’il eft poffible de ténir ,enfe couvrant ou détournant des coups dé l’ennemi, hi Hi-Que toutes les parties des tranchées fe foûtien- nent réciproquement , 8 qué celles qui font les plus avarcées ne {oient éloignées de celles qui doivent les défendre , que de 120 ou 130 toifes , e’eftà-dire , de la portée du fufil. |: : EV. Que les paralleles ou places d'armes les plus éloignées de la place ayent plus d’étendue que: cel- les quien font plus proches , afin de prendre l’afliécé par le flanc , sil vouloit attaquer ces dernieres paral- leles. si Rs: ; V. Que la franchée foit ouverte ou commencéé le plus près de la place qu'il eft poflible , fans trop s’expoler, afin d'accélérer & diminuer les travaux du fiège. sait TELUS VI. Obferver de bien lier les assaques,, c’eft-à-dite, d’avoir foin qu'elles ayent des commumications pour pouvoir fe donner du fecours réciproquement. "VII Ne jamais avancer un oûvrage en avant fans qu’il foit bien foûtenu ; &€ pour cette raïfon , dans. | l'intervalle de la feconde &cde la troifiéme place d’ar- mes ; fre de part & d’autre de la tranchée des re- | tours de 40 ou ÿo toiles parallelés aux places d’ar- miér , Qui ft: encore meilleur à caufe du feu. On’ || mes, & conftruitside la même mamiere, qui fervent |! à placer des foldats pour protéger les travaux que |! l’on fait pour parvenir à la troifieme place d'armes. Ces fortes de retours , dont l’ufage eft le même que | cehii des places d'armes ; fe nomment demi-places fieurs. Deux ou trois de ces balots fufiront de refte! || armes * VIIL. Obferver de placer les batteriés de canon | far le prolongement des pieces arsaquées , afin qu’elles |! en arrêtent le feu ; & que les travaux en étant protés gés ; avancent plus aifément & plus promptement, | |} IX.-Embrafilér par cette raïon totijours le front 830 A TT des attaques , afin d’avoir toute l'étendue néceflaire pour placer les batteries fur le-prolongement des fa- :ces des-pieces attaguées: nt ou eS D} 1 X. Eviter avec foin d’arraquer par des lieux ferrés, comme aufli par des angles rentrans , quidonneroient Heu à l’ennemide ae fes feux fur les acraques. | On attaque ordinairement les places du-côté.le plus foible : maïs iln’eft pas toïjours aifé de le remarquer. On a beau reconnoître une place de jour & de nuit, on.ne voit pas ce qu’elle renferme : il faut donc tâcher d’en être inftruit par quelqu'un à qui elle foit parfai- tement connue. Il ne faut rien négliger pour prendre à cet.égard tous. les éclaircifflemens pofhbles. : In’ya point de place qui n’ait fon fort & fon foi- ble ; à moins qu’elle ne foit réguliere & fituée au milieu d’une plaine , qui n’avantage en rien une par- tie plus que l’autre ; telle qu’eft le Neuf-Brifach. En ce casäl n’eft plus queftion d’en réfoudre les asraques que par rapport aux commodités ; c'eft-à-dire, par le côté le plus à portée du quartier du roi , du parc d'artillerie , & des lieux les plus propres à tirer des fafcines , des gabions, &c. Comme il fe trouve peu de places fortifiées régulierement, la diverfité deleur fortification & du terrein fur lequel elles font fituées demande. autant de différentes obfervations particu- lieres pour leur attaque. Si la fortification d’une place a quelque côté fur un rocher.de 25, 30, 40, jo, ou 60 piés de haut , que ce rocher foit fain & bien efcarpé, nous la dirons inacceffiblepar ce côté ; fi ce rocher bat auprès d’une riviere d’eau courante ou dormante, cefera encore pis : fi quelque côté en plein terrein eft bordé par une riviere qui ne foit pas guéable , & qui ne puifle être détournée ; que cette riviere foit bordée du côté de la place d’une bonne fortification capable d’en défen- dre le paflage ; on pourra la dire inattaquable par ce côté : f fon cours eft accompagné de prairies baffes & marécageufes en tout tems, elle le fera encore davantage. Si la place eft environnée en partie d’eau & de ma- rais, qui ne fe puiflent déflecher, & en partie accefh- ble par des terreins fecs qui bordent ces marais ; que ces avenues foient bien fortifiées , & qu'il y ait des pieces dans le marais qui ne foient pas abordables , &c qui puiffent voir de revers les araques du terrein ferme qui les joint ; ce ne doit pas être un Heu avan- tageux aux attaques , à caufe de ces pieces inaccefli- bles, parce qu'il faut pouvoir embrafler ce que l’on attaque. Si la place eft toute environnée de terres baf- fes & de marais ,comme il s’entrouve aux Pays-bas, & qu’elle ne foit abordable que par des chauflées ; 1l faut, 1°. confidérer fi on ne peut point deflécher les marais, s’il n’y a point de tems dans l’année où 1ls fe deffechent d'eux-mêmes , & en quelle faifon ; en un .mot,, fi onne peut pas les faire écouler & les mettre REITAUR | | r 29. Si les chauffées font droites ou tortues, enfi- les en tout .ou.en partie de la place , & de quelle _étendue eft:la.partie qui ne l’eft pas , &c à quelle dif- tance de la place; quelle en eft la largeur , & fi l’on peut y tournoyer, une tranchée.en la défilant, ..3°..S10n peut afleoir des batteries au-deflus ou à côté fur quelque terrem moins bas que les autres, qui puflent croifer fur les parties acsaquées de la place. | RENTE 4°. Voir fi les chauffées font fi fort enfilées qu'il n’y.ait point de tranfverfales un peu confidérables, qui faflent front à la place d’aflez près ; & s’il n’y a point quelqw’endroit qui puifle faire un couvert con- ! fidérable contre elle , en relevant une partie de leur ! épaiffeur fur l’autre , & à quelle diftance de la pla- | ce elles fe trouvent... TA CRE 5°. Si des chauflées voifines l’une de l’autre abou- tiffent à la place , fe joignent, & en quel endroit; & ATT fi. étant occupées par les attaues , elles fe peuvent entre-fecourir paridesivies de canon,croilées ,‘ou de revers. fur les piecesrattaquées. . .:6°, De quelle nature eft,le rempartide la plate & de fes dehors : fi elle a des chemins couverts, fi les chauffées qui.les abordent y font jointes ; &c;sil ny a point quelqw’avant-foffé plein d’eau courante ou dormante qui les fépare. Où cela fe rencontre, nous concluons qu'il ne faut jamais aftaquer pat-là, pour peu qu'il y ait d'apparence d’approcher de, la place par ailleurs, parce qu’on eft prefque toujours enfilé & continuellement écharpé du canon , fans moyen de s’en pouvoir défendre, ni de s’en rendre maitre, ni embrafler les parties artaquées de la place. À l'égard de la plaine, il faut 1°. examiner par où on peut embrafier les fronts de larraque ; parce que ceux-là font toüjours à préférer aux autres. 2°, La quantité de pieces à prendre avant de pou- voir attirer au corps de la place, leur qualité , & cel- le du terrein fur lequel elles font fituées. 3°. Sila place eft baftionnée &c reyvètues 4°. Si la fortification eft réeuliere où à peu près équivalente. s°. Si elle eft couverte par quantité de dehors, quels & combien ; parce qu'il faut s'attendre à au- tant d’affaires qu'il y aura de pieces à prendre. .-69, Si les chemins couverts font bien faits, con- treminés & palliffadés ; fi les glacis en font roïdes , & non commandés des pieces fupérieures de la place. 7°, S'il y a des avant-foflés, & de quelle nature. 89. Si les foflés font revêtus & profonds, fecs ou pleins d’eau , & de quelle profondeur : fielle eftdor- mante ou courante, & s’il y a des éclufes, & la pen- te qu’il y peut avoir de l’entrée de l’eau à leur fortie. 9°. S'ils font fecs & quelle en eft la profondeur, & fi les bords en font bas & non revêtus ; au refte on doit compter que les plus mauvais de tous font les foflés pleins d’eau quand elle eft dormante. * Les foflés qui font fecs, profonds & revêtus {ont bons : mais les meilleurs font ceux qui étant fecs ; peuvent être inondés, quand on le veut d’une groffe eau courante ou dormante : par ce qu’on peut les défendre fecs, & enfuite les inonder, & y exciter des torrens qui en rendent le trajet impofñble. Tels font les foffés de Valenciennes du côté du Quefnoy, qui font fecs, mais dans lefquels on peut mettre telle quantité d’eau dormante ou courante qu’on voudra, fans qu’on le puifle empêcher. Tels font encore les foflés de Landau, place moderne, dont le mérite n’eft pas encore bien connu. 7. Les places qui ont de tels foflés avec des réfer- voirs d’eau qu’on ne peut ôter, font très-difciles à forcer , quand ceux qui les défendent, favent en fai- re ufage. RATER | Les foflés revêtus, dès qu'ils ont 10, 12, 15,20 & 25 piés de profondeur, font auffi fort bons ; par ce que les bombes ni le canon ne peuyent rien COn- tre ces reyêtemens, & que l’on n’y peut entrer que par les defcentes, c’eft-à-dire, en défilant un ä un, ou deux à deux au plus : ce qui eft fujet à bien des inconvéniens ; car on vous chicane par différentes forties fur votre paflage & vos logemens de mineurs : ce qui caufe beaucoup de retardement &c de perte, outre que quand il s’agit d'une affaque , On ne la peut foûtenir que foiblement ; parce qu'il faut.que. tout pañle par un trou ou deux, & toüjours en défilant avec beaucoup d’incommodité. + 4. Il faut encore examiner fi Les foflés font taillés dans le roc , fi ce roc eft continué & dur ; car s'il eft dur & mal aifé à miner, vous ferez obligé de combler ces foflés jufqu’au rez du chemin couvert pour faire votre paflage ; ce qui. eft-un long travail & difficile, fur-tout fi le foflé eft profond : car ces manœuvres demandent beaucoup d'orde Be de tems, pendant Le : L” DREIX A) LAS 11e = cui : | LE quel l'ennemi qui fonge à fe défendre: vous’fait beart- coup fouffrir par fes chicanes."Il détoutrie'lés maté- tiaux , arrache les fafcines, y met 1e feu ÿ vous’in- quiete par fes forties , & par le feu de fon'canon, de 1es Dombes 8 dé fa moufqueterié, contrelequel Vous êtes obligé dé'prendre de grandes’ précautions ; par | ce qu’un grand feu de près eft fort daripereux : C’eft pourquoi il faut de néceflité Péterndre par un” plus grand, & bien po. 1") Ps À "Après s'être inftruit de la qualité des fortifications de la place que l’on doit arvaguer , il en faut examiner les accès, & voir fi quelque rideau, chemin creux ou inégalité du terrein, peut favorifer vos approches & vous épargner quelque bout de tranchée ; s’il n’y à point dé commandement qui puifle vous fervir; fi le terrein par où fe doivent conduire les atraques eft doux & aifé à renverfer ; s’il eft dur & mêlé de pierres, cailloux & roquaillés , ou de roches pelées,, dans lequel on ne puifle que peu ou point s’enfoncer. Toutes ces différences font confidérables ; çar fi c’eft un terrein aifé à mamer, il fera facile d’y faire de bonnes tranchées en peu de tems, & on y court bien moins dé rifque. S'il eft mêle de pierres & de cailloux , il fera beaucoup plus difficile’, & lès éclats de canon y feront dangereux. Si c’eft un roc dur & pelé, dans lequel on'ne püifle ! s'enfoncer , il faut compter d’y apporter toutes les terres & matériaux dont on aura befoin; de faire les trois quarts de la tranchée de fafcines & de gabions, même de ballots de bourre & de laine, ce qui produit un long & mauvais travail, qui n’eft jamais à l’épreu- ve du canon, & rarement du moufquet, & dont on ne vient à bout qu'avec du tèms; du péril 8 beau- coup de dépenfe ; c’eft poirquor il faut éviter tant e l’on peut , d'arraquèr par de telles avenues. Choix d'un front de'place en terrein égal le plus fa- vorable pour l'attaque. Î| faut exammer & compter le nombre des pieces à prendre ; car celui qui én aura le moins ou de plus mauvaïfés, doit être confidéré comme le plus foible, fi la qualité des foflés ne s’y oppofe point. hr HG - Il y a beaucoup de places fituées fur des rivieres qui n’en occupent que l’un des côtés, ou fi elles oc- cupent l’autre, ce n’eft que pat des petits forts, où des dehors peu confidérables , avec lefquels on com- munique par un pont, ou par des bateaux au défaut de pont. Tel étoit autrefois Stenay, & tels font en- core Sedan, Mézieres , Charlemont, & Namur, fur la Meufe ; Mets & Thionville , fur la Mofelle ; Hu- ningue ; Strasbourg & Philisboure , {ur le Rhin , & D'HICHES ARTE DORE EE LE ET DNS Où cela fe rencontre , il eft plus avantageux d’xr- cer des batteries de revers, fur le côté oppofé aux grandes attaques. A "Éd a re Comme les batteries de cette pétite asrague peu- vent aufli voir Le pont fervant de communication de la placé à ce dehors , les grandes arragues dé leur côté en pourtoient faire autant ; moyenaant quoi il feroit difficile que la place y püt communiquer long- tems ; d’où s’enfiivroit que pour peu que ce dehors füt preflé, l’ennemi l’abandonneroit, où n’y féroit pas grande réhftance, principalement s’il eft petit, | & peu contenant : mais ce ne feroit pas la même | à 30 POLMIT TOUL SC vert À tre lon we | chofe , fi C’étoit une partie de’ 4 ville, oùt qielqte grand, dehors , à peu prés de la capacité de Wick qui fait partie de la ville de Maftrick : tout cela me rite bien d'être démélé, & qu'on y faflé de bonhes | +12) &c férieufes réflexions; car il eft cértain giron en peut tirer de grands avantages, À T.T B3r Après cela il faut encore avoit égard aux rivieres &c ruifleaux qui traverfent la ville’, & auxmarais & prairies qui accompagnent leur cours ; car quand les tetréins propres aux arraques, aboutiflent contre, ou les avoïfinent dé près, {oi par-l4 droite ou par la Satiche , cela donné moyen, entprolongeant les /pla- cès d'armes jufque fur les bords, debarrer lesot- tiés' dé ce côté-là ; & dé mettre toute! lascavalérie énfèmble fur le côté des asragues qui n’éft point favo- rifé de cet avantage; cé quieftiun'avantage coh- fidérable, parce que la cavalerie fe trouvantenétit de fe pouvoir porter tout :enfemble x ladion,elte doit produire un plus grand éffet que quarid( éllé eft 1éparée en deux parties l’une delPautrerom €, sie Outre ce que l’on! vient de diféy left bon'éncôte de commander journellémént un piquet délcavalérie & de dragons, dans les quaftiérs plus-voifins dés attaques, pour lès poufler de cecôté- lt silarrivoit quelque {ortie extraordinaire quibouleverfätla tra. Cheese € esrdorg anld aël riieil 25h 084, snsllirsh - Pour conclufion,- on doit to6tf6urs"hereher le foible des places , 8 les attaquer par cette branche & le Rhin, & accéléra La capitula- » tion de ce fort. » Au fiège de Philisbourg , en 1734, on s’empara # d’abord de l'ouvrage qui étoit vis-à-vis dela ville, » de l’autre côte du Rhin , & l’on y établit des bat- Tome JL ATT 833 » teries xricochet , qui enfilant les défenfes du front » vers lequel on dinigeoit les arfaqgies, ne permet- » toient pas à l’ennenn de faire fur les tranchées tout » le feu qu'il auroit pù faire fans ces batteriés, qui » plongeoïient le long de fes défenfes. » Lorfqu'il y aun pont fur la riviere vis-à-Vi de la » ville, il eft ordinairement couvert,ou par un ouvra: » ge à corne, ou par une demi-lune, &c. & comme il » et important de s'emparer de cet ouvrage, on peut » pour y parvenir aément , placer des batteries vers » le bord de la riviere, qui puiflent ruiner le pont ou » le couper , au moyen dequoi la communication dé » l’ouvrage dont il s’agit , ne pouvant plus fe fairé » que difficilement avec la ville, l’ennemi fe trouvé » dans la néceflité de labandonner. » Une obfervation ttès-importanté dans le fiégé » des villes placées le long des rivieres, c’eft de fa » voir à peu-près le tems où elles font fujettes à fe dé- » border, & quelle eft l’étendue de l’inondation la » plus grande , afin de mettre non-feulement les tran- » chées à l'abri de tout accident à cet égard, mais » encore de placer le parc d'artillerie en lieu für, 8c » où l’inondation ne puifle pas s'étendre , & gâter les » mumitions de guerre deftinées pour le fiége. De l'attaque des places fituées fur des hauteurs. « Uné » place-fituée fur une hauteur dont le front fe trouvé » fort élevé 8 oppofé à un terrein ferré, qui ne four- » mit aucun endroit propre à l’établiflément des bat= » teries à ricochet, eft affez difficile à prendre. » Dans des fituations pareilles , on voit s’il n’y 4 » pas quelque hauteur dansles environs dont on puiffe » {e fervir pour y établir des batteries à ricochet. S'il » n’eft pas poffible d’en trouver , il faut battre les dé- » fenfes par des batteries direétes , & faire enforté » d’en chaffer l’ennemi par les bombes qu’il faut jet- » ter continuellement dans les ouvrages. A l'égard dé » la difpofition des tranchées & des paralleles , ellé » doit fuivre la figure du terrein , & l’on doit les àr- » ranger du mieux quil eft peflible, pour qu'elles » produifent les effets auxquels elles {ont deffinées # dans les terreins unis. » Il fautobferver ici queles lieux fort élevés,quiné : » peuvent être battus que par des batteries conftruites # dans des lieux bas, font, pour ainfi dire, à l’abri du » ricochet ; parce que le ricochet ne peut porter le » boulet que jufqu’à une certaine hauteur , comme. » der2ou1r5s toiles. Dansde plus grandes élévations, » il faut pointer le canon fi haut que l’affut ne le peut « foûtenir. Et f. pour le moins fatiguer on diminué » la charge, 1l en arrive que le boulet n’a pas affez » de force pour aller jufqu’au lieu où 1l eft deftiné. » Il faut encore obferver que lorfque l’on a des » tranchées à faire dans des terreins élevés, il faut » autarit qu'il eft poffible , gagner d’abord le haut du » terrein pour y conduire la tranchée; parce qu’au- » trement la fupériorité du lieu donneroït non -feu- » lement beaucoup d'avantage à l’ennemi pour fairé » des forties fur les tranchées conftruites dans le bas » du terrein, mais encore pour plonger dans ces tran- » chées ; ce qui en rendroit le féjour très-dangereux. » Les places fituées fur des hauteurs font quelque- » fois entourées d’un terrein , fur la fuperficie duiquel » il n’y a prefque point de terre. Les tranchées y font » extraordinairement difficiles, & il faut néceflaire- .» ment les conftruire de facs à laine, de facs à térre, » & autres chofes qu’on apporte pour fuppléer à là » terre que le terrein ne fournit point. Il fe trouvé » auffi que la plüpaït de ces places font conftruites » furle roc, & alors l’établiffement du mineur y eft » bien long & bien dificile. On examine dans cé cas » S'iln°y a pas de veines dans le roc par lefquellés il » puifle être percé plus facilement. » Il faut dans ces fituations s’arrnef de patience ; » & vaincre par la continuité du travail tout ce qué NNnun { 834 ATT » le terrein oppofe de difficultés &c d’obfracles. M. » Goulon dans fes Mémoires , propofe pour la def- » cente du foffé pratiqué dans le roc, de s’enfoncer 5 au bord le plus profondément qu’on peut. Il fup- # pofe un foifé creufé de 30 piés , &c que les mineurs » étant relevés fouvent , puiflent parvenir à s’en- » foncer de 6 où 7 piés en 7 ou 8 jours; après quoi 5 il fait faire un fourneau à droite & un à gauche de » cette efpece de puits, difpofés de maniere que » l'effet s’en faffe dans le foflé. Avant que d'y mettre » le feu, on doit jetter dans le foflé un amas de facs » à terre ; de fafcines, 6c. pour commencer à le » combler. Les fourneaux fautant après cela , les de- » combres qu'ils enlevent couvrent ces fafcines & » facs à terre, & ils comblent une partie du fofé ; ÿ en continuant ainfi d’en faire fauter, on parvient à » faire une defcente aïfée dans le foffé. » Pour faire breche dans un rempart taillé dans le » roc, le même M. Goulon propofe de mettre fur le » bord du foflé 7 ou 8 pieces de canon en batterie , » pour battre en breche depuis Le haut du rocher, » jufqu’au haut du revêtement qui peut être conftruit » deflus, afin que les débris de ce revêtement , &c de » la terre qui eft derriere , faflent une pente aflez » douce , pour que lon puiffe monter à laffaut, Si » l’on veut rendre la breche plus large & plus prati- » cable , on peut faire entrer le mineur dans les dé- » bris faits par le canon, & le faire travailler à la » conftruétion de-plufieurs fourneaux quien fautant , » augmenteront l’ouverture de la breche. » De l'attaque des villes maritimes. Les villes mari- » times qui ont un port, tombent aflez dans le cas des » autres villes , lorfque l’on peut bloquer leur port, » & qu'on eft maître de la mer, & en état d’empé- # cher que la place n’en foit fecourue. Si la mer eft » libre, ou fi l’on peut furtivement & à la dérobée » faire entrer quelques vaifleaux dans le port, la # place étant continuellement ravitaillée , fera en » état de fupporter un très-long fiége. Oftende aflié- » gée par les Efpagnols, foûtint un fiége de plus de » trois ans ; les fecours qu’elle recevoit continuelle- # ment du côté de la mer, lui procurerent les moyens # de faire cette longue réfiftance. » Ainfi on ne doit faire le fiège de ces fortes de pZz- » ces, que lorfqw’on eft en état d'empêcher que la » mer n'apporte aucun fecours à la ville. » Ce n’eft pas aflez pour y réuflir d’avoir une nom- # breufe flotte devant le port, parce que pendant la » nuit l'ennemi peut trouver le moyen de faire pafler » entre les vaïfleaux de la flotte , de petites barques » pleines de munitions. Le moyen le plus efficace » d'empêcher ces fortes de petits fecours, feroit de » faire , la fituation le permettoit, une digue ou » effocade , comme le cardinal de Richelieu en fit faire » une, pour boucher entierement le port de la Ro- » chelle, Mais outre qu'il y a peu de fituations qui # permettent de faire un pareil ouvrage , l’exécution » en eft fi longue & fi difficile, qu’on ne peut pas » propolér ce moyen, comme pouvant être prati- » qué dans Parrague de toutes les villes maritimes. » Ce qu’on peut faire au lieu de ce grand & périble » ouvrage, c'eft deweiller avec foin furles vaifleaux, » pour empêcher autant qu'il eft poffible, qu’il n’en- » tre aucune barque oùvaifleau dans le port de la » ville : ce qui étant bien obfervé ; toutes les arraques » fe font fur terre comme à l'ordinaire ; le voifinage » de la mer n’y faitaucun changement ; au conrai- »re, on peut de deflus les vaifleaux , canoner diffé- » rens ouvrages de la ville, & favorifer l’avance- # ment & le progrès des arraques. » On bombarde quelquefois les villes maritimes, » fans avoir le deffein d’en faire le fiège , qui pourroit » fouffrir trop de difficultés. On en ufe amfi pour pu- b ni des villes dont on a lieu de fe plaindre; c’eft » ainfi que le feu Roi en ufa à l’égard d'Alger, ris # poly , Genes, rc. k » Ces bombardemens fe font avec dés galiortés » conftruites exprès pour placer les mortiers, & que » pour cet effet on appelle gadiottes à bombes. M: I& » chevalier Renan les imagina en 1680 pour bomt » barder Alger. Jufqu’a lui, dit M. de Fontenelle dans » fon éloge , i/ z’étoit tombé dans L’efprit de perfonne que » des mortiers puflent n'être pas placés a terre, & Je paffèr » d'une affierte folide. Cependant M. Renau propofa » les galiottes , & elles eurent tout le fuccès qu'il s’é- » toit propofé. Les bombes qu’on tira de deflus ces » gahottes, firent de fi grands ravages dans la ville, » qu'elles obligerent les Algériens de demander la » paix. Attaque des places par M. le Blond », ATTAQUES des petites villes E chateaux, Ces fortes d'attaques fe rencontrent aflez fouvent dans le cours de la guerre ; elles ne méritent pas ordinairement toutes les attentions du fiége royal ; ce font des poftes dont on veut s'emparer , foit pour la sûreté des com: munications, ou pour éloigner les partis de l'ennemi. « La plüpart de ces petites villes & châteaux ne » font enfermées que de fimples murailles non terraf- » {ées ; il y a au plus quelques méchans foffés , aflez » faciles à pafler, ou bien quelques petits ouvrages » de terre fraifée & palifladée vis-ä-vis les portes » pour les couvrir, & les mettre à l’abri d’une pre- » miere infulte. » Quelque foibles que foient les muraïlles de ces » endroits, ce feroit s’expofer à une perte évidente » que d'aller en plein jour fe préfenter devant, & » chercher à les franchir , pour pénétrer dans la ville » ou dans le château. | » Si ceux qui font dedans font gens de réfolution » & de courage, ils fentiront bien toute la difficulté » qu'il ya d'ouvrir leurs murailles, & de pañler def- » fus, ou de rompre leurs portes, pour fe procurer » une entrée dans la place. » I faut donc pour arraquer ces petits endroits, être » en état de faire breche aux murailles ; & pour cet » effet ; il faut faire mener avec foi quelques petites » pieces de canon d’un tranfport facile, de même » que deux mortiers de 7 ou 8 pouces de diametre, » & s'arranger pour arriver à la fin du jour auprès des » lieux qu’on veut atraquer , & y faire pendant la nuit » une efpece d’épaulement , pour couvrir les trou- » pes, & faire fervir le canon à couvert, & les mor- » tiers ; en faire ufage dès la pointe du jour fur len- » nemi, c’eft le moyen de les reduire promptement , » &fans grande perte. » Mais fi l’on n’eft pas à portée d’avoir du canon, » le parti qui paroït le plus sûr & le plus facile, fup- » pofant qu’on connoïfle bien le lieu qu’on vent af » taquer, c’eft de s’en emparer par l’efcalade. On peut » faire femblant d’arraquer d’un côté pour y attirer » l’attention des troupes, & appliquer des échelles » de l’autre, pour franchir la muraille, & pénétrer » dans la ville. Suppofant que l’efcalade ait réufir, » ceux qui fontentrés dans la ville, doivent d’abord s aller aux portes pour les ouvrir & faire entrer le » refte des troupes ; après quoi, il faut aller charger » par derriere les foldats de la ville qui fe défendent » contre la fauffe attaque ; 1e rendre maître de tout ce » qui peut affürer la prife du lieu, &c forcer ainfi ceux “qui le défendent à fe rendre. » On peut dans ces fortes d’arraques fe fervir utile- » ment de pétard : il eft encore d’un ufage excellent » pour rompre les portes , & donner le moyen de pe- » nétrer dans les lieux dont on veut s'emparer. Il » faut autant qu'il eft poffible, ufer de furprife dans » ces attaques, pour les faire heureufement & avec » peu de perte. On trouve dans les mémoires de M. » de Feugquieres différens exemples de poñtes fembla- » bles à ceux dontil s’agit ici, qu'il a forcés; on peut ATT »fe fervir de la méthode qu’il a obfervée, pour en #ufer de même dans les cas femblables, Nous ne les » rapportons pas ici, parce qu'il.eft bon que les jeu- : À : # nes officiers lifent ces mémoires, qui-partent d’un » homme confommé dans toutes les parties de la » guerre, & qui avoit bien mis à profit les leçons » des excellens généraux fous lefquels 1l avoit fervi. » Il y a un moyen fùr de chaffer l’ennemi des pe- s# tits poftes qu'il ne veut pas abandonner, & où il » eft difficile de le forcer ; c’eft d’y mettre le feu. Ce » moyen eftun peu violent: mais la guerre le per- » met ; & on le doit employer lorfqu’on y trouve la » confervation des troupes que l’on a fous fes ordres. » Quelle que foit la nature des petits lieux que l’on +# attaque, fi l’on ne peut pas s’en emparer par furpri- » fe, & que l’on foit obligé de les attaquer de vive »# force, 1l faut difpofer des fufiliers pour tirer conti- » nuellement fur les lieux où l’ennemi eft placé, & _# aux créneaux qu'il peut avoir pratiqués dansfes mu- » railles ; faire rompre les portes par le petard, ou à » coups de haches; & pour la füreté de ceux qui font » cette dangereufe opération , faire Le plus grand feu + par tout où l'ennemi peut {fe montrer. La porte étant » rompue , S'il y a des barricades derriere, il faut Les » forcer, en les attaquant brufquement, & fans don- > ner le tems à l’ennemi de fe reconnoître, &le pren- » dre prifonnier de guerre , lorfqu'’il s’eft défendu juf- » qu'à la derniere extrémité, & qu’il ne lui eft plus » pofñlble de prolonger fa défenfe. Asraque des places, # par M. le Blond. | 7 ATTAQUE de la demi-lune ; c’eft, dans l'Art muli- taire, l’aétion par laquelle on tâche de s’emparer de cet ouvrage. = »# Pour cela, le paffage du foflé étant fait de part » &t d’autre des faces de la demi-lune, &t la breche » ayant une étendue de 15 ou 16 toifes vers le mi- » lieu des faces, on fe prépare à monter à lPaflaut, » On fait à cet effet un grand amas de matériaux dans » tous les logemens des environs : on travaille à ren- >» dre la breche pratiquable, en adouciffant fon talud; » on y tire du canon pour faire tomber les parties » du revêtement qui fe foûtiennent encore. On peut » auf {e fervir utilement de bombes tirées de but-en- : »# blanc; elles s’enterrent aifément dans les terres de » la breche, déjà labourées & ébranlées par le ca- » non; & en crevant dans ces terres, elles y font , » pour ainfi-dire, l'effet de petits fourneaux ou fou- » gaces: par cemoyen le {oldat monte plus facile- » ment à la breche. » Pour donner encore plus de facilité à monter fur # la breche & la rendre plus praticable, on y fait al- » ler quelques mineurs, ou un fergent & quelques .# grenadiers, qui, avec des crocs, applaniflent la » breche. Le feu des logemens & des batteries, em- » pêche l’ennemi de fe montrer fur fes défenfes pour » tirer fur les travailleurs; ou du moins fi l'ennemi » tire , 1l ne peut le faire qu'ayec beaucoup de cir- » confpeétion, ce qui rend fon feu bien moins dan- > ereux: | » S1 l'ennemi a pratiqué des galeries le long de la » face de la derni-lune, & vis-à-vis les breches, les # mineurs peuvent aller à leur découverte pour Les » boucher, ou couper ; ou en chaffer l’ennémi; s'ils » ne les trouvent point, ils peuvent faire fauter dif- » férens petits fourneaux , qui étant répétés plu- » fieurs fois, ne manqueront pas de caufer du defor- » dre dans les galeries de l'ennemi &z dans fes four- » neaux. Tout étant prêt pour travailler au logement » de la demi-lune, c’eft-à-dire, pour s’établir {ur la » breche, les matériaux à portée d’y être tranfpor- » tés aifement & promptement, les batteries & les » logemens du chemin couvert en état de faire grand # feu; on convient d’un fignal avec les commandans # des batteries & ceux des logemens, pour les aver- Tome Le » vert du feu de la place; on y A DT 835 » tir de faire feu, & pour les avertir de le faire cel: » fer quand il en eft befoin. C’eft ordinairement un » drapeau qu’on éleve dans le premier cas, & qu’on » abbaïffe dans le fecond. Tout cela arrangé, & la » breche rendue praticable ; comme nous lPavons » dit, On fait avancer deux ou trois fappeurs vers le # commencement de la rupture d’une des faces du » CÔtÉ de la gorge de la demi-lune, & vers le haut de » la breche, Îl {e trouve ordinairement des efpeces » de petits couverts ou ‘enfoncemens dans ces en » droits, où les fappeurs commencent à travailler, à » 1e loger, & à préparer un logement pour quelques » autres fappeurs. Lorfqu’il y a de la place pour les » recevoir, onles y fait monter, & ils étendent in- » fenfiblement le logement fur tont le haut de la bre- » Che, où ils font vers la pointe un logement qu’on » appelle affez ordinairement #7 id de pie. Pendant » qu'ils travaillent, le feu de la batterie & des loge- » mens demeure tranquille : mais quand l’ennemi » Vient fur ces fappeurs pour détruire leurs loge- » mens, 1ls fe retirent avec promptitude ; & alors le » drapeau étant élevé , On fait feu fur l’ennemi avec » la plus grande vivacité, pour lui faire abandonner » le haut de la breche. Lorfqw’il en eft chaffé, on » baïffe le drapeau, le feu cefle, & les fappeurs vont » rétablir tout Le defordre qui a été fait dans leur lo- » gement, & travaillent à le rendre plus folide & » plus étendu. Si l’ennemi revient pour les chaffer, » ils fe retirent, & l’on fait jouer les batteries & le » feu des logémens, qui obligent à quitter la bre- » che; après quoi on le fait cefler, & Les fappeurs re- » tournent à leur travail. » On continue la même manœuvre jufqu’à ce que » le logement foit en état de défenfe, c’eft-à-dire, de » contenir des troupes en état d’en impofer à l’enne- » mi, & de réfifler aux arraques qu'il peut faire au » logement. L’ennemi, avant que de quitter totale- » ment la deri-lune, fait fauter les fourneaux qu'il y » a préparés. Après qu'ils ont fait leur effet, on fe lo- # ge dans leur excavation, ou du moins on y prati- » que de petits couverts pour y tenir quelques fap- » peurs, & l’on fe fert de ces couverts pour avancer » Les logemens de l’intérieur de l’ouvrage. » Le logement de la pointe fe fait en efpece de pe- » tit arc, dont la concavité eft tournée du côté dela » place. De chacune de fes extrémités part un loge: » ment qui regne le long des faces de la dermi-lune fur » le terre-plein de {on rempart, au pié de fon para- » pet. Ce logement eft très-enfoncé dans les terres dut » rempart, afin que les foldats " foient plus à cou- ait aufh pour le ga- » rantir de l’enfilade, des traverfes , comme dans le » logement du haut du glacis. On fait encore dans » l’intérieur de la demi-lune, des logemens qui en tra- » verfent toute la largeur. Ils fervent à découvrir la » communication de la tenaille à la place, & par con- » féquent à la rendre plus difficile, & à contenir des » troupes en nombre fufffant pour réfifter à l’enne- » mi, sil avoit deflein de revenir dans la dmi-lune, » & de la reprendre. » S1 la dermi-lune n’étoit point révêtue, & qu’elle l fût fimplement fraifée &c paliffladée, on en feroit » l’atraque de la même maniere que fi elle Pétoit; » c’eft-à-dire, qu'on difpoferoit des batteries com- » me on vient de l’enfeigner; & pour ce qui concer- » ne la breche, il ne s’agiroit que de ruiner la fraïfe, » les paliffades & la haie vive de la berme, s’il y en » a une vis-à-vis l'endroit par lequel on veut entrer » dans la demi-lune; S°y introduire enfuite, &z faire » les logemens tout comme dans les demi-lunes re- » vêtues. » Tout ce que lon vient de marquer pour la prife » de la derni-lune, ne fe fait que lorfqu’on veut s’en » emparer par la fappe , & avec la pelle & la pioche: Nnandi 86 ATTI mais oh s'y prend quelquefois d’une maniere plus » vive & plus prompte; êc pour cela, dès que la bré- » che eft préparée, & qu'on l’a mife en état de pou- » voit la franchir pour entrer dans la deri-lune, on y » monte à l’aflaut brufquement, à peu-près comme » dans les artagues de vive force du chemin couvert, » & l’on tâche de joindre l'ennemi, & de le chafler entierement de l'ouvrage. Cette attaque eft affez pé- rilleufe, & elle péut coûter bien du monde, lorf- qu’on a affaire à une garnifon courageufe, & qui ne cede pas aifément fon terrein. Mais il y a fou- » vent des cas où l’on croit devoir prendre ce parti, » pour accélérer de quelques jours la prife de la de- » rn1-lurie. » Si-tôt que l’on eft maître du haut de la breche, » on y fait un logement fort à la hâte, avec des ga- » bions &c des fafcines; & pendant qu’on le fait, & »# même pendant qu'on charge l’ennemi, & qu’on » l’oblige d'abandonner le haut de la breche , on de- » tache quelques foldats pour tâcher de découvrir » les mines que l’ennemi doit avoir faites dans l’inté- » rieur du rempart de la demi-lune, & en arracher ou » couper le fauciflon. Si l’on ne peut pas réuflir à # les trouver, 1l ne faut s’avancer qu'avec circonf- » peltion, & ne pas fe tenir tous enfemble, pour que # la mine fafle un effet moins confidérable. Souvent » l’ennemi laifle travailler au logement fans trop s’y » oppofer, parce qu'il ne fe fait qu'avec une très- » grande perte de monde, les travailleurs & les tron- » pes étant pendant le tems de fa conftruétion abfo- » lument en butte à tout le feu de la place, qui eft » bien fervi, & que la proximité rend très-dange- » reux: mais lorfque le logement commence à pren- » dre forme, l’ennemi fait fauter fes mines, & il re- “» vient enfuite dans la demi-lune, pour effayer de la » reprendre à la faveur du defordre que les mines ne » peuvent manquer d’avoir caufé parmi les troupes » qui y étoient établies. Alors il faut revenir fur lui » avec des troupes qui doivent être à portée de don- » ner du fecours à celles de la demi-lune , & s'établir » dans les excavations des mines ; & enfin rendre le » logement {olide, le garnir d’un aflez grand nombre » de foldats, pour être en état de réfifter à tous les » nouveaux efforts de l’ennemi. » Cet ouvrage ne peut guere être ainfñ difputé que » lorfque la demi-lune a un réduit , parce que le réduit » donne une retraite aux foldats de la place qui dé- » fendent la deri-lune, & qu’il met à portée de tom- » ber aifément dans la demi-lune: car s’iln’y en a point » & que l’ennemi foit chaflé de la demi-lune , ilne » peut plus guere tenter d’y revenir , fur-tout fi la » commumcation de la place avec la demi- lune eft » vüe des batteries & des logemens du chemin cou- » vert: car fi le fofé eft plein d’eau, cette communi- » cation ne pourra fe faire qu'avec des bateaux , » qu'on peut voir aïfément du chemin couvert , & » qu'on peut renverfer avec le canon des batteries ; » &t file foffé eft fec, & qu'il y ait une caponiere, » la communication , quoique plus fûre , n’eft pour- » tant pas fans danger, à caufe du feu qu'on y peut » plonger des logemens du chemin couvert , enforte » qu'il eft aflez difficile que l’ennerm ÿ puiffe faire » pañler aflez brufquement un corps de troupes fufi- . + fant pour rentrer dans la demi-/une & s’en emparer ; » il lui manque d’ailleurs de la place pour s’aflembler » & tomber tout d’un coup avec un gros corps fur les »# logemens de la dermi-lune. » Il y auroit feulement un cas où il pourroit le » faire ; favoir, lorfqu’on a pratiqué dans l'angle de » la gorge de la demi - lune un efpace à peu-près de # la grandeur des places d’armes du chemin couvert ; » cet efpace ne peut être vù du chemmcouvert, ni » de fes logemens , & 1l y a ordinairement des de- » grès pour monter du fond du foffé dans la demi l Ÿ it À LA » > » ? DU CRE A) SE Par on Lg. we vw + Le A 1 + “+ » luñe, l'ennemi pourroit en profiter pour eflayer d’ » venir: mais fi l’on fe tient bien fur fes gardes, & » qu’on ne fe laïffe point furprendre, 1l fera totjours » aifé de le repoufler même avec perte de fa part; » parce qu’alors on a contre lui l'avantage de la fitua- » tion , & qu'il eft obligé d’attaquer à découvert, pen: » dant que l’on fe défend favorifé du logement. » Le tems le plus favorable pour lattaque de la » demi-lune , de vive force, eft la nuit ; le feu de l’en- » nemi eneft bien moins für qu’il ne le feroit le jour ». Attaque des places par M. le Blond. ATTAQUE du chemin couvert ; c’eft, dans l° Art mi- litaire , les moyens qu’on employe pour en chafer Pennemi, & pour s’y établir enfuite. Cette arraque fe fait de deux manieres , ou par la fappe, ou de vive force. On va donner une idée de chacune de ces ar- raques. Lorfque la troïfieme parallele , ou place d’armes, eft folidement établie au pié du glacis, 8 qu’on veut s'emparer du chemin couvert pat la fappe , on s’avance en zig-zag par une fappe fur les arrêtes des angles fail- fans du chemin couvert attaqué ; & comme il eft alors fort difficile de fe parer de l’enfilade , on s’enfonce le plus profondément qu’on peut, ou bien l’on fait de fréquentes traverfes. On arrive aufli quelquefois à l'angle faillant du glacis par une tranchée direéte qui fe conftruit ainfi. Deux fappeurs pouflent devant eux, le long de l’ar- rête du glacis ,un gabion farci ou un mantelet. Ils font une fappe de chaque côté de cette arrête. [ls en font le foffé beaucoup plus profond qu’à l'ordinaire, pour s’y couvrir plus fürement du feu de la place. Cette fappe qui chemine ainfi des deux côtés enmêmetems, fe nomme double fappe. Elle a un parapet de chaque côté, & des traverfes dans le milieu , de diftance en diftance. Voyez TRANCHÉE DIRECTE. Lorfqu’elle eft parvenue à la moitié , ou aux deux tiers du glacis , on conftruit des cavaliers de tranchée pour comman- der & enfiler les branches du chemin couvert, Voyez CAVALIER DE TRANCHÉE. Ces cavaliers bien établis , 1l eft aifé de poufler la tranchée direéte jufqu’à angle faillant du chemin cou- vert, & d'établir à la pointede cet angle & fur le haut du glacis, un petit logement en arc de cercle, dont le feu peut obliger l’ennemi d'abandonner la place d'armes quu eft en cet endroit, On étend enfuite ce logement de part & d’autre des branches du chemin couvert , en s’enfonçant dans la partie fupérieure ou la crête du glacis , à la diftance de trois toifes du côté intérieur du cherin couvert , afin que cette épai- {eur lui ferve de parapet à l'épreuve du canon. L'opération que l’on vient de décrire pour parve- ir de la troifieme parallele à l’angle faillant du che- min couvert , fe fait en même tems fur tous les angles faillans du front attaqué. Ainfi ennemi fe trouve obligé de les abandonner à peu-près dans le même tems. Le logement fe continue enfuite de part & d’autre de ces angles vers les places d’armes ren- trantes du chemin couvert. On oblige l'ennemi d’abandonner ces places d’ar- mes par des batteries de pierriers qu’on conftruit vis- à-vis , & qui joignent les logemens des deux bran- ches du chemin couvert | qui forment les angles ren- trans. Ces batteries étant conftruites , elles font pleu- voir une grêle de cailloux dans les places d'armes , qui ne permettent pas à l’ennemi de s’y foûtenir. On avance toüjours pendant ce tems-là le logement des branches vers la place d’armes ; & lorfque l'ennemi la abandonné , on continue le losement du glacis tout autour des faces de la place d’armes.On faitur autre logement dans la place d'armes qui communi- que avec celui de fes faces. Il s’étend à peu-près cir- culairement le long des demi-gorges des places d'armes. ATT Ce logement bien établi & dans fon état de per- feétion , empêche l’ennemi de revenir dans le chemin couvert pour effayer de le reprendre. - Tous ces logemens fe font avec des gabions & des fafcines. On remplit les gabions de terre ; on met des fafcines deflus, & l’on recouvre le tout de terre. « Dans tout ce détail nous n’avons point fait ufage » de mines, afin de fimplifier autant qu’il eft poflible » la defcription des travaux que l’on fait depuis la » troifieme parallele, pour fe rendre maître du che- » min couvert : nous allons fuppléer a@uellement à # cette omiflion ; en parlant des principales dificul- » tés que donnent les mines , pour parvenir à chafer » l'ennemi du chermir couverr. » Sans les mines il feroit bien difficile à l’ennemi » de retarder les travaux dont nous venons de don- » ner le détail ; parce que les ricochets le défolent » entierement, & qu'ils labourent toutes fes défen- » fes, enforte qu'il n’a aucun lieu où il puifle s’en » mettre à l’abri : mais il peut s’en dédommager dans » les travaux foûterreins , où fes mineurs peuvent » aller, pour ainfi dire, en füreté, tandis que ceux » de l’affiégeant , qui n’ont pas la même connoiffance » du terrein , ne peuvent aller qu'à tâtons, & que » c’eft une efpece de hafard, s'ils peuvent parvenir » à trouver les galeries de l’ennemi , & les ruiner. # Si l’on eft inftruit que le glacis de la place foit con- » treminé , on ne doit pas douter que l’ennemi ne » profite de ces contremines, pour poufler des ra- * meaux en avant dans la campagne ; & alors pour + éviter autant que faire fe peut, le mal qu’il peut » faire avec fes fourneaux, on creufe des puits dans > la troifieme parallele , auxquels on donne, file ter- » rein le permet, 18 ou 20 piés de profondeur , afin » de gagner le deffous des galeries de laffiégé ; & du »fond de ces puits on mene des galeries , que l’on » dirige vers le chemin couvert pour chercher celles de » l'ennemi. On fonde les terres avec une longue ai- » guille de fer, pour tâcher de trouver ces galeries. # Si lon fe trouve deflus , on y fera une ouverture, # par laquelle on jettera quelques bombes dedans qui » en feront deferter l’ennemi , & qui ruineront fa + galerie. Si au contraire on fe trouve deflous, on la »# fera fauter avec un petit fourneau : mais fi on ne # peut parvenir à découvrir aucunes galeries de # l'ennemi, en ce cas il faut prendre le parti de faire » de petits rameaux à droite & à gauche, au bout # defquels on fera de petits fourneaux qui ébranle- +» ront les terres des environs , & qui ne pourront » guere manquer de ruiner les galeries & les four- # neaux de l’afliégé. _ » Quelque attention que l’on puifle avoir en pa- » reil cas, on ne peut préfumer d'empêcher totale- » ment l'ennemi de fe fervir des fourneaux qu'il a » placés fous le glacis: mais à mefure qu'il les fait » fauter , on fait pañler des travailleurs , qui font » promptement un logement dans l’entonnoir de la »* mine, & qui s’y établiffent folidement. On peut » dans de certaines fituations de terrein , gâter les » mines des afiègés, en faifant couler quelque ruif- » feau dans fes galeries ; il ne s’agit pour cela que » de creufer des puits dans les environs , & y faire » couler le ruifleau. On fe fervit de cet expédient au » fiége de Turin, en 1706, & on rendit inutile par » là un grand nombre de mines des afliégés. » L’ennemi doit avoir difpofé des fourneaux pour » empêcher le logement du haut du glacis ; ils doi- » vent être placés à quatre ou cinq toifes de la palif » fade du chemin couvert, afin qu’en fautant , ils ne * caufent point de dommage à cette paliffade, & » qu'ils fe trouvent à peu-près fous le logement que » l’afiégeant fait fur le haut du glacis. Lorfqu'il y a # mis le feu , on s'établit dans leur entonnoir ; l’affié- ATT 837 » geant fait aufli fauter des fourneaux de fon côté À » pour enlever & détruire la paliffade. Enfin on ne » néglige rien de part & d’autre pour fe détruire ré » ciproquement. L’afliégé fait enforte de n’abandon. » ner aucune partie de fon terrein , fans l’avoir bien # difputé ; & l’affiégeant employe de fon côté toute » {on induftrie , pour obliger l’ennemi de le lui céder » au meilleur compte, c’eft-à-dire avec peu de perte » de tems & de monde, Onne peut donner que dés principes généraux fur » ces fortes de chicanes. Elles dépendent du terrein » plus ou moins favorable , & enfuite de la capacité » &c de l'intelligence de ceux qui attaquent, & de » ceux qui défendent la place. » Nous avons fuppofé avant que de parler des mi- » nes, en traitant du logement fur le haut du glacis, » que le feu des cavaliers de tranchée , celui des bat- » teries de canon & de bombes à ricochet, avoit » obligé l'ennemi de quitter le chemin couvert : mais » fi malgré tous ces feux il s’obftine À demeurer dans » Les places d’armes, & derriere les traverfes ; VOICI * comment On pourra parverur à l’en chafler tota- » lement, & à faire fur le haut du glacis le logement » dont nous avons déjà parlé. » Soit que l’ennemi ait fait fauter un fourneau » vers langle faillant de fon chemin couvert , ou que » l'afiépé ait fait fauter vers ces endroits une partie » des paliffades ; fi-tôt que le fourneau aura joüé, on » fera pañler des travailleurs dans fon entonnoir, qui » S'y couvriront promptement, & qui enfuite éten- » dront le logement dans le chemin couvert de part & » d'autre des côtés de fon angle faillant. » On communiqueta la tranchée double , ou la » double fappe de larrête du glacis avec ce loge- » ment, pour être plus en état de le foûtenir, s’il en » eft befoin , & pour pouvoir communiquer plus fù- » rement avec lui. Une des grandes attentions qu’il » faut avoir dans ce logement , c’eft d’en bien cou- » vrir les extrémités , c’eft-à-dire , de s’y bien tra- » vVerfer pour fe couvrir des feux des autres parties » du chemin couvert , où l’ennemi fe tient encore. » Lorfque ce logement fera parvenu auprès des » premieres traverfes du chemin couvert, fi l'ennemi » eft encore derriere, comme il ne peut y être qu’en » très-petit nombre , eu égard à l’efpace qu'il y a, » on l'en fera chafler par une compagnie de grena- » diers, qui tomberont brufquement fur lui ; après » quoi on fera chercher dans la partie qu’ils auront » abandonnée, l'ouverture ou le fauciflon de la mi- » ne; & fi on la trouve , comme il y a apparence , on » l’arrachera , & on rendra par là la mine inutile. On » pourra aufli faire pafler quelques travailleurs dans » le paffage de la traverfe : ils y feront un logement » qui fera un des plus fürs de ceux que l’on peut faire » dans cette proximité de l’ennemi. On percera en- » fute une entrée dans le chemin couvert vis-à-vis ces » traverfes ; on la prolongera jufque vers le bord du » foffé , en fe couvrant de la traverfe ; après quoi on » fera partir une fappe de chacune des extrémités » de ce pañlage, c’eft-à-dire, environ du bord de la » contrefcarpe, lefquels fivront à peu-près l’arron- » diffement de cette contrefcarpe, vers le milieu de » laquelle elles fe rencontreront. On enfoncera beau- » coup celogement , afin qu’il ne caufe point d’obfta: » cle à celui du haut du glacis ; & lon fera enforte » de laïfer devant lui jufqu'au bord du fofé, une » épaifleur de terre fufhfante pour réfifter au canon » des flancs & de la courtine. On blinde ce losement » pour y être à couvert des grenades. Il eft d’une » grande utilité pour donner des découvertes dans le » fofé. » On continuera pendant le tems qu’on travaille- » ra à ce logement dans l’intérieur du cherrin couvert, » le logement du haut du glacis, jufqu’aux places 738 A TT » d'armes réntrantes, d’où l’on pourra chafer l'en- »nemi de vive force , par une arfaque de quelque #' compagnie de grenadiers , fuppofé qu'il fe toit obf- ytiné à y demeurer malgré le feu des ricochets, des » bombes, & des pierriers. L'ennemi les ayant to- » talement abandonnées, on y fera un logement en ».portion de cercle dans l’intérieur, aindi qu'on l’a » déjà dit précédemment ». De l'attaque de vive force du chemin couvert. « I] y # a une autre maniere de chafler l’ennemi du cheri » couvert plus prompte , mais aufhi beauconp plus # meurtriere, plus incertaine, & infiniment moins fa- » vante. Elle confifte à faire une attaque fubite de » tout le chemin couvert du front de l'attaque, à en » chafler l'ennemi à force ouverte, & à s’y établir » immédiatement après par un bon logement. » Il fe trouve des circonftances qui obligent de » prendre quelquefois le parti d’atraguer aufh le che- » min couvert : comme lorfque l’on ne peut pas éta- » blir des batteries à ricochets pour battre fes bran- # ches , de même que les faces des pieces de forti-" »fication du front de l’arraque; où qu’on préfume » que l'ennemi n’eft pas en état de réfifter à une as- >» taque de la forte ; ou enfin qu’on croit ne devoir » rien négliger pour‘ s'emparer quelques jours plütôt » du chemin couvert: en ce cas on prend le parti de » faire cette arraque, Voici en peu de mots comment » on s’y conduit, » Lorfqu’on a pris lé parti d'attaquer le chemin cou- # vert de vive force, on fait enforte que la troifieme » parallele avance ou empiete fur le glacis: plus » elle fera avancée, & plus larraque fe fera avanta- » geufement. On fait des banquettes tout le long de » cette parallele en forme de degrés jufqu'au haut » de fon parapet, afin que le foldat puifle pafler aï- » fément par-deflus, pour aller à l’arsaque du chemin # couvert. » On fait un amas confidérable de matériaux fur » le revers de cette ligne, & dans la ligne même, » comme d'outils, de gabions, de fafcines, de facs à #terre, Gc. afin que rien ne manque pout faire # promptement le logement , après avoir chafé l’en- »# nemi du chemin couvert. On commande un plus » grand nombre de compagnies de grenadiers qu'à » l'ordinaire , on les place le long de la troifieme pa- » rallele, fur quatre ou fix de hauteur ; & les travail- » leurs font derriere eux , fur les revers de cette pa- » rallele , munis de leurs outils, de gabions, fafcines, » &c, On a foin que tous les autres poftes de la tran- # chée foient plus garnis de troupes qu’à l'ordinaire, » afin de fournir du fecours à la tête, s’il en eft be- # foin, & qu'ils faflent feu fur les défenfes de l’en- » nemi, qu'ils peuvent découvrir : les grenadiers font # auffi armés de haches pour rompre les paliflades »# du chemin couvert. » On donne ordre aux batteries de canon, de mor- » tiers, & de pierriers , de fe tenir.en état de fecon- » der l'attaque de tout leur feu ; on convient d’un # fignal pour que toutes les troupes qui doivent com- » mencer l'attaque , s'ébranlent en même tems, & # tombent toutes enfemble fur l’ennemi. » Ce fignal conffte en une certaine quantité de » coups de canon, Ou un certain nombre de bombes » qu’on doit tirer de fuite ; & l’on doit fe mettre en » mouvement au dernier coup , où à la derniere » bombe. » Le fignal étant donné, toutes les troupes de la » troifieme parallele s’ébranlent en même tems, & # elles paflent brufquemenr par-deflus {on parapet: »elles vont à grands pas au chemin couvert, & elles » entrent dedans, foit par fes barrieres, foit par Les » ouvertures que les grenadiers y font en rompant » les palifades à coups de hache. Lorfquelles y ont # pénétré , elles chargent l’ennemi avec beauiçoup À TT. » de vivacité ; dès qu'elles font parvénues à luien fai »re abandonner quelques-uns des angles, les ingé- » nieurs y Conduifent promptement les travailleurs, » & yträcent ün logement fur la partie fupérieure du » glacis, vis-à-vis de la partie du chemin couvert » abandonné, & à trois toifes de fon côté interieur. » Ce logement, comme on l’a déjà dit, fe fait avec » dés gabions que les travailleurs pofent fur le gla- » cis, à côté les uns des autres. Les joints en font » couverts par des facs à terre, ou par des fagots » de fappe. On remplit auffi ces gabions de terre, » on les couvre de fafcines ;, & on jette fur le tout, » la terre que l’on tire du glacis, en creufant & en » élargifant le logement ; on s’en fait un parapet » pour fe mettre à couvert du feu direët de la pla= » ce, le plus promptement qu'il eft poffible , & on fe » garantit de l’enfilade par des traverfes, » Pendant cette opération, toutes les-batteries de »# Ja tranchée ne ceflent de tirér aux défenfes de la » place , pour y tenir l'ennemi en inquiétude, & di- » minuer autant que l’on peut l’aétivité de fon feu » fur les travailleurs & fur le logement: » Lorfque les troupes qui ont fait l’artuque , font parvenues à chaffer l’ennemi de fon chemin couvert, ou de quelqu’une de fes places d’armes ( car fou vent on ne peut dans une premiere attaque y étas » blir qu’un ou deux logemens aux angles faillans ) » elles fe retirent derriere le logement , où elles ref- » tent le genou enterre, jufqu’à ce qu'il foit en état » de les couvrir. Onde l’ennemi que lon croyoit avoir chaflé du chemin couvert, revient à la charge, & il oblige de recommencer l’arraque 8t le logement qu'il culbute, en tombant inopinément deflus. Cette attaque fe peut recommencer plufeurs fois , & être fort difputée, lorfque l’on a affaire à » une forte garnifon ; en ce cas 1l faut payer de bra- » voure, & fe roidir contre les difficultés de l’en- » nemi. » Lorfqu’il eft prêt d’abandonner la partie, il faut » mettre le feu à fes mines ; on s’établit auffi-tôt qu’el: » les ont joué, dans lés entonnoirs, comme nous l’a- » vons déjà dit,en parlant de cette attaque par la fap- » pé:enfinon s’oppole à toutes fes chicanes, autañt » que l’on peut, &c fi. l’on eft repouflé dans une pre- » miere attaque, On s'arrange pour la recommencer le » lendemain ou le fur-lendemain , & l’on tâche de » prendre encore plus de précautions que la premie- » re fois pour réuflir dans l’entreprife. » Avant de commencer cette affague, On canonne » péndant plufeurs heures avec vivacité le chemin » couvert , pour tâcher d’en rompre les paliflades, & » labourer la partie fupérieure de fon glacis, afin d’a- » voir plus de facilité à y pénétrer & à faire le loge- » ment. On laifle après cela , le tems néceffaire aux » pieces pour qu’elles refroidiffent, c’eft-à-dire en- » viron une heure, & l’on commence l’artaque com- » me nous l’avons dit , pendant laquelle lartillerie » agit continuellément, » Il faut convenir que cette forte d’arraque eft ex- » trèmement meurtriere. Les affiégeans font obligés » d’aller pendant prefque toute la largeur du glacis à » découvert, expofés à tout le fen de la place. Ils font » obligés d’acraquer des gens cachés derriere des » paliffades , qu'il faut rompre à coups de hâches pour » parvenir juiqu'à eux. Il faut combattre long-tems » avec un defavantage évident; & lorfqu’à force de » valeur on a chaflé l’ennemi , on fe trouve expofé » à tout le feu des remparts, qui eft fervi alors avec » la plus grande vivacité. On eft aufli expolé aux » mines que l'ennemi fait fauter pour déranger le Lo- » sement, mettre du defordre & de la confufion par- » mi les troupes ; ce qui leur donne la facilité de re- » venir fur elles , & de les harceler encore de nou- » veau, Il s’en faut beaucoup que la premierè mé- + vw + LA S + LS Le > > # VON > > ? > » EN OO + ÿ thode dont nous avons parlé, foit auf incertamé » & auffi meurtriere que celle-ci. Suivant M. le ma: ÿ réchal de Vauban; on doit toùjours la préférer » lorfqu’on en eftle maître, & ne fe fervir feulement » de cette derniere , que lorfqu'on y eft obligé par » quelques raifons effentielles. * » Le tems le plus favorable pour cette attaque, eff » la nuit ; on eft moins vû de la place, & par confé- » quent {on feu eft moins dangereux : cependant il » y a des généraux qui la font faire de jour. Iln'y a » tien de réglé lè-deflus ; ils font les maîtres de pren- » dre le parti qu'ils croyent le meilleur , fuivant les » circonftances des tems & des lieux. Arraque des pla # ces par M. le Blond. (Q) ® ATTAQUE, #7 Efcrime, eft un ou plufieurs mou vemens que l’on fait pour ébranler l'ennemi, afin de le frapper pendant fon defordre. , - ATTAQUER zx cheval, ( Manége. ) c’eftle pr- _quer vigoureufement avec les éperons. (77) ATTEINDRE , serme de Marine, pour dire Joindre un vaifleau. Attindre un vaifleau en chaffant fur lui. (2) ATTEINT , adj. serme de Palais en matiere criminel- le , {e dit d’une perfonne qui a été trouvée coupable de quelque crime ou délit. On ne le dit guere fans y ajoûter le terme de comvaincu , qui y ajoûte plus de force ; car un accufé arreint, eft{eulement celui con- tre lequel il y a de forts indices : mais il n’eft cor- vaincu que quand fon crime eft parfaitement confta- té : aufli une fentence ou arrêt de mort porte toù- jours que l’accuié a été arreims 6 convaincu. Voyez ConvicTiON. (H) *ATTEINTE,, ex Medecine ,{e prend pour une at- taque légére de maladie. On dit : il fentit dès fa jeu- refle les premieres arreintes de la goutte. ATTEINTE , {. £. ( Manége.) c’eft dans les cour- és de bague le coup dans lequel la lanee touche la bague fans l'emporter. On dit : il a eu trois dedans & deux urteintes ; ou dans une courfe il a touché deux fois la bague , & il l’a emportée trois. - ATTEINTE, ( Manège. ) mal qi arrive au derrie- re du pie d'un cheval quand il s’y blefle , ou qu'il y eft bleffé par le pié d’un autre cheval. Arsinte encor: nee , eft celle qui pénetre jufque déffous la corne. 4 reinte fourde , eft celle qui ne forme qu’une contufion fans bleflure apparente. 7 - Un cheval fe donne une arrante, lorfqu’avec la Pince du fer de derriere il fe donne un coup fur le talon du pié de devant: mais plus communément lés atteintes proviennent de ce qu'un cheval qui en fuit un âutre, lui donné un coup, foit au pié de devant, {oit au pié de derriere, en marchant trop près de lui. L’arreinte ou le coup qui fera donné fur le talon äuprès du quartier,de l’une ou de l’autre de ces deux façons, fera meurtriflure ; ce quis’appelle une 4 teinte fourde , ou bien une plaie, ou un trou en em- portant la piece; & fi ce trou pénetre jufqu'’au car- tilage du pié, & que ce cartilage fe corrompe:, alors lé mal eft confidérable , & s'appelle une arreinte en- cornée , qui devient aufli dangereufe qu'un javart en- corné. Une srreinte encornée peut provenir aufli de ce qu'un cheval fe fera bleflé fur la couronne avec le crampon de l’autre pié : elle dévient de même en- cornée , lorfqu'on la néglige dans les commence- mens , quoiqu'elle ne foit pas confidérable d’abord ; & que le cheval n’en boite gere : car fi l’on conti hue à le travailler, fans fonger à fon arrinte , la par- tie fatiguée fera plus fujette à fé corrompre, & à venir en matiere. : SEE CLR Les chevaux, dans le tems des gelées, quand on leur met des crampons fort longs , & des clous à gla- ce , fe donnent des ##eintes plus dangereufes: * * On connoït l’arrante par la plaie: on voit dans l'endroit oùle cheval a été attrapé’, foit au-deffous E ATT 839 dé la couronné, ou même dans leipatüron , le fan qui fort, 8c un trou, où bien-la piece emportée, À l’égard de larreinte fourde , je veux dire , celle où il ne paroît rien , On la reconnoit en ce que lechevai boite, & qu’on fent la partie frappée plus chaude * que le refte du pié; Quand la partie qui eft au-deflus de l’ariernte ens île , que la corne fe refferre , & que le pié s’étrécit au-deflous , il eft bien à craindre que le cartilage du. pié ne fe corrompe, & que l’arteinte ne deviënne en- cornée. | Un cheval aura fouvent eu une ärreinre qui aura pénétré Jufqu’au cartilage : on pourra la guérir en apparence ; le trou fe bouche, & la plaie , s’il yen a, le confolidera facilement ; lecheval ne boitera plus, &t on lecroira guéri : mais commé le cartilage ef tou- ché , & qu'il eft infenfible , quoiqu’il ne fafle plus boiter ; la matiere s’aflemble dans cette partie, êc'en fait peu-à-peu une forte asteinte encornée, qui eft quel- quefois fix mois à paroître, fur-tout lorfque la ma tiere qui corrompt ce cartilage n’a point de malignia té par elle-même, | Quand on négligé une arreinte fimple, elle peut devenir encornée, 8 par conféquent très - dange= reufe. Dès le moment qu'on s’appércçoit dé l’asreinre ; c’eft-à-dire , aufh-tôt qu’elle a été donnée , on met du poivre deffus , ce qui la guérit pour l'ordinaire : mais f. on ne la traite pas dans le moment qu’elle vient d’être donnée , après avoir coupé la chair dé- tachée , on commencera par laver la plaié avec du vin chaud & du {el ; on pilera enfuite un jaune d'œuf dur , & on l’appliquera deflus en forme d’onguent ; s'il y a un trou, on employera la terébenthine & lé poivre, ou bien de la poudre à canon délayée avee de la falive ; on en remplit le trou de Larteënte , & on y met le feu : fi le trou eft für la couronne ; 6e pro- fond , il faut pafler deflus le fer ardent ; & pour em pêcher que l’air n’y entre, on fera fondre l’emplâtre divin avec l’huile rofat ; & après l’avoir mis fur du coton, onl’appliquera fur la plaie. Si larreinte eft confidérable , on commencerä par faigner le cheval. Lorfque l’afreirte devient éncornée , c’eft qu'ellé ‘à été négligée , ou que la bleflure fe trouvant auprès du cartilage , la chair meurtrie fe convertit en une matiere qui corrompt le cartilage ; ou bien l’arteinte même parvient juiqu’au cartilage, & lenoircit: cette circonftance eft très-dangereufe. « Il faut fuivre, pour guérir une a#einte encornée., la même méthode que pour le /avart encorné ; car elle eft fujette au même accident, & la cure en eft pré cifément la même. | Au refte , il faut émpêcher que l'aire he fe mouille , & que le cheval ne la lêche ; car il ne fau- roit guérir tant qu'il fe lêchera. (77) ATTELAGE., fe dit d’unnombre de chévaux def- tinés à tirer une voiture. 2 ATTELER , c’eft joindre des chevaux à une vois ture pout la tirer. (F) à ATTELIER , boutique , magafin , chantier : l'atelier, le chantier, & la boutique, {ont l’un & l’autre des lieux où l’on travaille enfemble & féparément : mais l’artelier {e dit dés peintres , des fculpteurs , des fon- deurs, & de quelques autres ; le chantier ; des char: pentiers , marchands de bois , conftruéteurs de vaïf feaux ; & là bourique, de prefque tous les autres arts méchaniques. Le chzrrier eft ordinairement plusigrand que larrelier , 8 l'atelier plus grand que la boutique : l’arceliér & la boutique font couverts ; le chantier ne left pas totjours , ni prefque jamais en entier: l’er- selier &cle chantier {ont des bâtimens féparés ; la ho tique & le riagafin font des lieux particuliers d’un bâ> timent ; le premier a Communément une ouvérture 840 AT T fur la rue. Les ouvrages {e font dans l’asserier &c dans la boutique , fe renferment dans le maga/in , &c reftent au contraire fur le chantier jufqu'à ce qu'ils foient employés où vendus. L’arrelier des terrafliers eft un endroit d’un jardin où ces ouvriers dépofent leurs outils, & fe difpofent au travail : la berge fur laquelle on forme les bran- ches & les coupons d’un train, s’appelle larselier des faifèurs de trains. Voyez TRAIN. Le cirier a propre- ment quatre ateliers ; la fonderie, l’attelier des me- ches , celui de l’'apprét, & celui de l’achevement, Foy. Cire. Dans la manufaéture des glaces, 1l ya deux fortes d’arteliers ; ceux de l’adouci , & ceux du poli : on dégroffit les glaces dans les premiers ; on les ache- ve dans les autres. Voyez GLACE. Les arteliers de vers à foie font une efpece d’édifi- ce léger , conftruit de perches, & féparé en cabanes par des branches ou rameaux de divers bois, & dont le plancher eft fait de claies d’ofiers fecs & pelés : c’eft là qu’on nourrit & qu’on entretient les vers à foie ; c’eft là qu'ils font leurs œufs & leurs cocons. ATTELIER , {. m.( Æiff. mod. ) fe dit encore d’un lieu où l’on enfermé les pauvres , les vagabonds &c les fainéans , pour les y faire travailler, moyennant la nourriture & l'habillement , rc. Tels font à Londres Bridwell, & plufeurs autres lieux dans les faubourgs , fur-tout dans la rue de Bis- hopfgate , où l’on retire les pauvres enfans de la ville qui n’ont aucun établiffement ; & celui qui eft dans la paroïfle de fainte Marguerite à Weftminfter , appellé the-Grey-Coat-hofpital. Voyez HÔPITAL. Il y a à Amfterdam un fameux arrelier où maïfon de correétion , appellée Rafphuyfe, qui, par un privi- lége obtenu en 1702, a feule le droit de fcier &r de couper les bois qui fervent pour la teinture , comme le brefil, le fantal, le campeche , le faffafras, 6'c. Chaque perfonne eftobligée de donner 2solivres de bois rapé par jour ; & ceux qui font moins ro- buftes, une certaine quantité de coupeaux. (G ) ATTELLE, f. f. il ya chez les Poriers de terre deux inftrumens de ce nom : l’un eft un petit mor- ceau de bois qu'ils mettent entre leurs doigts, &c qu’ils appliquent aux bords de l'ouvrage pour len- léver dé deflus la roue ; Pautre eft de fer, a la forme d’une plaque mince, & detrois ou quatre pouces en quarré , eft percé d’un trou dans le milieu pour pou- voir être tenu ferme, eft tranchant par une de fes fa- ces, & fert au potier à diminuer d’épaifleur fon ou- vrage. ÂTTELLES 04 ATTELLOIRES., ferme de Bourrelierÿ ce font deux efpeces de planches chantournées , beaucoup plus larges par en-haut que par en-bas, que les bourreliers attachent au-devant des colliers qui doivent fervir aux chevaux de charrettes & de char- rues. Les atrelles font ordinairement faites de bois de chêne , & on les peint quelquefois. Les bourreliers font dans l’ufage d’attacher au-de- vant de leurs boutiques , ou d’y faire peindre des attelles, pour leur fervir de montre & d’enfeigne. Voyez Les fig: A À , PL du Bourrelier, fig. 6. qui re- préfentent les deux attelles montées autour d’un collier de limon. ATTELLES , £erme de Plombier ; ce font des bois creux, qui étant réunis & joints l’un contre l’autre, forment une poignée dont ces ouvriers fe fervent pour tenir leur fer à fouder: on appelle aufli ces poignées des moufflettes, Voy. MOUFFLETTES 6 FER A SOUDER , 6: Les fig. 4. 4. PL, IL. du Plombier. ATTELLES font aufli au nombredes outils du fon- tainier. Voyez ce que c’ef} au mot FONTAINIER. (K) * ATTENDORN, un ) ville. d'Allemagne dans le duché de Weftphalie , aux confins du comté de la Marck , proche d’Arensberg , vers le midi. ATTENDRE wr cheval , ( Manége. ) c’elt ne s’en point fervit, où le ménager jufqu’à ce qué l’âge-où la force lui foit venue. ( 77) LE ATTENTAT , f. m. en terme de Palais , fe dit de toute procédure qui donne atteinte aux droits ou privilèges d’une jurifdiéion fupérieure ; ou à l’au- torité du prince ou à celle des lois. | ATTENTATOIRE, eft un adjeétif formé du ter- mé précédent ; & qui a le même ufage & la même fignification. (A7) | "rt ATTENTE, (Architeüure. ) Voyez PIERRE D’AT+ TENTE G@ TABLE D’ATTENTE. * ATTENTION , exailitude , vigilance( Gramm.) ; tous marquent différentes manieres dont l’ame s’oc- cupe d’un objet : rien n’échappe à l’artention ; V’exac- titude n’omet rien ; la vigilance fait la füreté. Sil’ame s'occupe d’un objet, pour le connoïtre elle donne de Partention ; pour l’exécuter elle apporte de Pexaüti- tude ; pour le conferver elle employe la vigilance. L’attention fuppofe la préfence d’efprit; l'exactitude, la mémoire; la vigilance, la crainte & la méfiance. Le magiftrat doit être attentif, l’ambafladeur exaif, le capitaine vigilant. Les difcours des autres deman- dent de l’artention ; le maniment des affaires de l’exac- titude ; Vapproche du danger de la vigilance. Il faut écouter avec artention ; fatisfaire à fa promefle avec exaühitude , 8 veiller à ce qui nous eft confié. ATTENTION, {. f. (Logig.) c’eft une opération da notre ame, qui s’attachant à une partie d’un objet compofé, la confidere de maniere à en acquérir une idée plus diftinéte que des autres parties. Ainf dans un fpeétacle nous donnons une ærsention toute parti- culiere aux fcenes vives &c intéreffantes. La connoif- fance que fait naître en nous l’artention eft fi vive, qu’elle abforbe , pour ainfi dire , toutes les autres, & qu’elle femble feule occuper lame & la remplir toute entiere. Il eft certain que plus nous apporterons de conten- tion d’efprit à l'examen d’une chofe qui eft hors de nous, plus nous pourrons acquérir un grand nombre des idées particulieres, qui font contenues dans Pi= dée complexe de ce que nous examinons. La même chofe a lieu par rapport à ce dont nous avons une perception immédiate, foit qu'il s’agifle de ce qui fe paffe dans notre ame, foit que nous comparions des, idées déjà acquifes. A l'égard de ces dernieres, il eft clair que fi nous confidérons pendant long-tems &c avec attention deux idées compofées, nous découvri- rons un plus grand nombre de relations entre les idées, particulieres qui les compofent. L’arrention eft, poux. ainfi dire , une efpece de microfcope qui grofft les objets, & qui nous y fait appercevoir mille proprié- tés qui échappent à une vüe diftraite. Pour augmenter l’arrention , 1l faut avant tout écar- ter ce qui pourroit la troubler; enfuite il faut cher- cher des fecours pour l’aider. 10, Les fenfations font un obftacle à l’afsention que nous voulons donner aux objets qui occupent notre imagination; & le meilleur moyen de conferver cette attention , c’eft d’écarter tous les objets qui pourroient agir fur nos fens , & de bannir de notre imagination tout ce qui la remue trop vivement. Les fenfations obfcurciffent, effacent, & font éclipfer les aétes de l'imagination, comme le prouve l'expérience. Vous avez vû hier un tableau dont vous vous rappellez ac- tuellement l’idée : mais au même moment un autre tableau frappe votre vüe, & chafle par fon impreflion l’image qui vous occupoit intérieurement. Un prédi- cateur fuit de mémoire le fil de fon difcours , un objet fingulier s'offre à fes regards, fon artention S'y livre, il s’égare, & chercheinutilement la fuite de fes idées. Il eft donc effentiel de préferver fes fens des imprefr fions extérieures , lorfqu’on veut foûtenir fon aez- tion. De-là ces orateurs qui récitent les yeux fermés ou dirigés vers quelque point fixe & immobile. D 65 B Les foins d’un homine de lettres, pour placer fon cabinet dans quelque endroit retiré &c tranquille. De- là le fuccès des études de la nuit, puifqu'il regne alors un grand calme partout. Le tumulte de l’imagination n’eft pas moins nuifi- ble à l’arrention que celui des fens. À liffue d’un fpec- tacle il vous eft difficile de reprendre vos études ; vous êtes dans le même cas le lendemain d’une grande partie de divertiflement, dont les idées fe re- nouvellent avec vivacité ; & en général toutes lés fois que nous fomines fortement 6ccupés de plufieurs objets brillans, fonores, ou propres à faire quelque autre impreffion fur nos fens, Les modifications de l’ame ont trois caufes, les fens , l'imagination, & les pañlions. Tous ceux qui veulent s'appliquer foigneufement à la recherche de la vérité, doivent avoir un grand foin d'éviter, au- tant que cela fe peut, toutes les fenfations trop for- tes, comme le grand bruit, la lumiere trop vive, le laifir , la douleur, 6:c. ils doivent veiller fans ceffe à la purété de leur imagination , & empêcher qu'il ne fe trace dans leur cerveau de ces veftiges profonds qui inquietent & qui difipent continuellement l’ef- prit. Enfin ils doivent fur-tout arrêter Les mouvemens des paffions, qui font dans le corps & dans l’ame des imprefliôns fi puiffantes, qu'il eft d'ordinaire comme impoñhible que l’efprit penfe à d’autres chofes qu'aux objets qui les excitent. Néanmoins on peut fairé ufa- ge des paññons & des fens pour conferver l’arteztion de l’efprit. es pafions dont 1l eft utile de fe fervir, dit le pere Malebtanché, pour s’exciter à la recherche de la vérité , font celles qui donnent la force & le cou- rage de furmonter la peine que l’on trouve à fe ren- dre arrentif. I] y en a de bonnes & de mauvaifes : de bonnes, comme le defir de trouver la vérité , d’ac- quérir aflez de lumiere pour fe conduire , de fe ren- dre utile au prochain, & quelques autres fembla- bles : de mauvaifes ou de dangereufes, comme lé defir d'acquérir de [a réputation , de fe faire quel- que établiflement, de s’éléver au-deflus de fes fem blables, & quelques autres encore plus dérégléés. Dans le malheureux état où nous fommes, il ar- rive fouvent que les paffions les moins raifonnables nous portent plus vivement à la recherche de la vé- tité , & nous confolent plus agréablement dans les peines que nous y trouvons, que les paflions Les plus quftes & les plus raifonnables. La vanité, par exem- ple, nous agite beaucoup plus que amour de la ve- rite. La vüe confufe de quelque gloire qui nous en- vironne, lorfque nous débitons nos opinions , nous {oûtient le courage dans les études même les plus fté- riles & les plus ennuyeufes. Mais fi par hafard nous nous trouvons éloignés de ce petit troupeau qui nous applaudifloit, notre ardeur fe refroidit aufli-tôt : Les études, même les plus folides , n’ont plus d’attrait pour nous : le dégoût, l’ennui, le chagrin nous prend. La vanité triomphoit de notre pareffe naturelle, mais la pareffe triomphe à fon tour de l’amour de la véri- té ; car la vanité réfifte quelquefois à la parefle, mais la pareffe eft prefque toüjours viétorieufe de amour de la vérité. Cependant la paffion pour la gloire » quand elle eft réglée , peut fervir beaucoup à fortifier l’asren- sion. Cette paflion, fi elle fe trouve jointe avec un amour fincere de la vérité & de la vertu, eft digne delotanges, & ne manque jamais de produire d’uti- les effets. Rien ne fortifie plus l’efprit & n’encourage davantage les talens à fe développer, que l’efpéran- ce de vivre dans le fouvenir des hommes : mais il eft difficile que cette paflion fe contienne dans les bor- nes que lui prefcrit la raïfon, & quand une fois elle vient à les pañler, au lieu d’aider l’efprit dans la re- cherche de la vérité, elle aveugle étrangement & Tom. 1, À° TER 841 lin fait même croire que les chofes fônt cornmé il fouhaite qu’elles foient, [left certain qu’il n’y auroit pas eu tant de faufles inventions &c tant de dés couvertes imaginairés , fi les hommes ne fe laifloient point étourdir par des défifs ardens de paroîtré in« venteurs. La pañfion ne doiït férvir qu’à réveiller l'arrention: mais elle produit toùjours fes propres idées, & elle poufle vivement la volonté à juger des chofes par ces idées qui la touchent, plitôt que par lés idées pures & abftraites de la vérité, qui ne la touchent pas. La féconde fource d’où l’on peut tirer quelque fe- cours pour rendre l’efprit attentif, {ont les fens. Les fenfations font les modifications propres de l’ame ; les idées pures dé l’efprit font quéique chofe de dif- férent : les fenfations révéillent doric notre atrention d’une maniere beaucoup plus vive que lés idées pus res. Dans toutes les queftions , où imagination & les féns n’ont rien à faifir, l’efprit s’évapore dans fes propres penfées. Tant d'idées abftraites, dont 1l faut réunir & combiner les tapports, accablent la raifon ; leur fubtilité lébloüit, leur étendue la difipe, leur mélange la confond. L’ame , épuifée par {es réfle= xions , retombe fur elle-même, & laifle fes penfées flotter & fe fuivre fans regle , fans force & fans direétion : un homme profondément concentré en lui-même n'eft pas toûjours le blus attentif. Com me nos fens font une fource féconde où nous puifons nos idées , 1l eft évident que les objets qui font les plus propres à exercer nos fens , font auf Les plus propres à foûtenit notre arrentior ; c’eft pour cela que les Géometres expriment , par des lignes fenfi- bles , les proportions qui font entre les grandeurs qu'ils veulent confidérer. En traçant ces lignes fur le papier , ils tracent, pour ainfi dire , dans leur efprit les idées qui y répondent ; ils fe les rendent plus fa- miheres , parce qu’ils les fentent en même tems qu'ils les conçoivent. La vérité, pour entrer dans notre éiprit , a béfoin d’uné efpece d’éclat. L’efprit ne peut, s'il eft permis de parler ainfi, fixer fa vûe vers elle , fi elle n’eft revêtue de couleurs fenfbles. Il faut tellement tempérer l'éclat dont elle brille , qu'il ne nous arrêté pas trop au fenfble : mais qu'il puiffe feulement foûtenir nôtre efprit dans la contem- plation des vérités purerneht intelligibles. Si quelqu'un doutoit encore que les fens foient propres à {oùtenir & à fixer notre artention vers un. objet ; j'appellerois à mon fecours l’expérience: En effet , qu'on fe recueille dans le filënce & dans l’obfcurité, le plus petit bruit où la moindre lueur fufira pour diftraire , fi l’on eft frappé de l’un ou de l’autre , au moment qu'on ne s’y attendoit point : c’eft que lès idées, dont on s’occupe , fe lient natu- rellement avéc la fituation où l’on fe trouve; & qu’en conféquence les perceptions , qui font contraires à cette fituation , ne peuvent furvenir qu'’aufli-tôt l’ordre des idées ne foit troublé. On peut remarquer la même chofe dans une fuppofition toute différente :- fi, pendant le jour & au milieu du bruit, je réflé- chis fur un objet, c’en fera affez pour me donner uné diftraétion : que la lumiere ou le bruit cefle tout-à- coup , dans ce cas , comme dans le premier , les nouvelles perceptions que j'éprouve font tout-à-fait contraires à l’état où j’étois auparavant, Fimpreffion fubite qui fe fait en moi doit donc encore interrom= pre la fuite de mes idées. | : Cette feconde expérience fait voir que la lumie- re & le bruit ne font pas un cbftacle à l’assention. Je crois même qu'il ne faudroïit que de l’habitude pout en tirer de grands fecours. Il n’y a proprement que les révolutions inopinées, qui puiflent noûs dif. traire. Je dis ézopinées ; car quels que foient les char gemens qui fe font autour de nous, s'ils n’offrent rien à quoi nous ne devions naturellement nous attendre, 00000 842 AT TE ils ne font que nous appliquer plus fortement à l'ob: jet dont nous voulions nous occuper. Jamais nous ne {ommes plus fortement occupés aux fpeétacles ; que lorfqu'us font bien remplis notre erfention fe renforce par l’artention vive, & foûtenue .que nous voyons dans le grand nombre des fpeétateurs. Com- bien de chofes différentes ne rencontre-t-on pas quel- quefois dans une même campagne ? Des côteaux abondans., des plaines arides, des rochers qu fe per- dent dans les nues., des bois où le bruit & le filence, ‘Ja lumiere & les ténebres, fe fuccedent alternative- ment , 6. Cependant les Poëtes éprouvent tous les jours que cette variété les infpire ; c’eft qu'étant liée avec les plus belles idées dont la Poëñe fe pare , elle ne peut manquer de les réveiller. La yvüe, par exem- ple , d’un côteau abondant retrace le chant des oi- feaux , le murmure des ruiffeaux , le bonheur des bergers , leur vie douce & païfble , leurs amours, leur conftance , leur fidélité , la pureté de leurs mœurs , Ge. Beaucoup d’autres exemples pourroient prouver que l’homme ne penfe qu'autant qu'il em- prunte des fecours, foit des objets qui lui frappent les fens , foit de ceux dont limagination lui retrace les images. #4 Il ny a rien qui ne puiffe nous aider à réfléchir , parce qu'il n’y a point d'objets auxquels nous n’ayons le pouvoir de lier nos idées, & qui, par conféquent, ne foient propres à faciliter l’exercice de la mémor re & de l'imagination : mais tout confifte à favoir former ces liaiions , conformément au but qu'on ie propole , & aux circonftances, où l’on fe trouve. Avec cette adrefle, il ne fera pas néceffaire d’avoir, comme quelques Philofophes , la précaution de fe retirer dans des folitudes , où de s’enfermer dans un caveau , pour y méditer à la fombre lueur d’une Jampe. Ni le jour, ni les ténebres , ni le bruit , ni le filence, rien ne peut mettre obitacle à Pefprit d’un homme qui fait penfer. Que prétendoit Démocrite en fe crevant les yeux pour avoir le plaifir d'étudier fans aucune diftraétion la Phyfique? Croyoit-il par-là perfeétionner fes con- noiflances ? Tous ces Philofophes méditatifs font-1ls plus fages, qui fe flatent de pouvoir d'autant mieux connoître l’arrangement de l'univers , & de fes par- ties , qu'ils prennent plus de foin de tenir leurs yeux exaétement fermés, pour méditer librement ? Tous ces aveugles Philofophes fe font des fyftèmes pleins de chimeres & d'illufons ;. parce qu'il leur eft im- poffble , fans le fecours de la vûe , d’avoir une jufte idée ni du foleil , ni de la lumiere, ni des couleurs, c’eft-à-dire , des parties de la nature, qui en font la beauté & le principal mérite. Je ne doute pas que tous ces fombres Philofophes ne fe foient fouvent furpris ne penfant rien , tandis qu’ils étoient abyfmés dans les plus profondes méditations. On n’auroit ja- mais reproché au fameux Defcartes d’avoir fabri- qué un monde tout différent de celui qui exifte , fi plus curieux obfervateur des phénomenes de la na- ture , 1leût ouvert les yeux pour les contempler avi- dement ; au lieu de fe plonger, comme il a fait, dans de pures rêveries , & de former , dans une fom- bre & lente méditation 3 le plan d’un univers. L’attention et fulceptible de divers degrés. Il y a des gens qui la confervent au milieu du bruit le plus fort. Citons l’exemple de M. Montmort, & rappor- tons les propres termes de M. de Fontenelle. « Il ne + craignoit pas les diftraétions en détail. Dans la mé- » me chambre où:1l travailloit aux problèmes les plus _» intéreflans , on jouoit du clavefhn, fon fils cou- # roit & le lutinoit , & les problèmes ne laifloient » pas de fe réfoudre. Le Pere Malebranche en a été » plufeurs fois témoin avec étonnement. Il y a bien » de la force dans un efprit qui n’eft pas maïtrifé pas # les impreffions du dehors , même les plus legeres ». AT Il y en a d’autres que le vol d’une mouche interz rompt. Rien n’eft plus mobile que leur aeztion , un tien la diftrait : mais il y en a qui la tiennent fort long-tems attachée à un même. objet ; c’eft le cas or- dinaire des Métaphyfciens confommés,, 8 des erands Mathématiciens. La fuite la plus longue des démon£ trations les plus wmpliquéesnerles épuile point. Quel- quesiGéometres ont pouflé ce-talent à.un point in- croyable; tels font entre autres Clavius & Wallis : _le premier a fait un traité de ”4//rolabe , dont très- peu de gens feroient capables de foûtenir la fimple leéture. Quelle n’a donc, pas été la force de l’arren- tio dans un auteur , pour compofer ce qu’un leéteur intelligent a peine à fuivre jufqu’au bout | JL fe trouve aufli des perfonnes qui peuvent em- braffer plufieurs chofes à-la-fois , tandis que le plus grand nombre eft obligé de fe borner à un objet uni- que. Entre les, exemples les plus diftingués dans ce genre, nous pouvons citer celui de Jules Céfar, quien écrivant une lettre, en pouvoit diéter quatre autres à fes fecrétaires ,ou s’iln’écrivoit pas lui-même, diétoit fept lettres à-la-fois. Cette forte de capacité , en fait d'attention, et principalement fondée fur la mémo: re, qui rappelle fidelement les différens objets que l'imagination fe propofe de confdérer attentivement à-la-fois. Peu de gens font capables de cette compli- cation d’arrention ; 8t à moins que d’être dotié de dif- pofitions naturelles extrèmement heureufes, il ne convient pas de faire des eflais dans ce gente ; car la maxime vulgaire eft vraie en général : Pluribus intentus, minor ef£ ad fingula Jfenfus. . Il y en a qui peuvent donner leur arrention à des objets de tout genre, & d’autres n’en font maîtres qu’en certains cas. L’arrention eft ordinairement un effet du goût , une fuite du plaifir que nous prenons à certaines chofes. Certains génies univerfels , pour qui toutes fortes d’études ont des charmes, &c qui s’y appliquent avec fuccès , {ont donc dans le cas d’ac- corder leur attention à des objets de tout genre. M, Leïbnitz nous fournit , au rapport de M. de Fonte- nelle , un de ces génies univetlels. Jamais auteur n’a tant écrit, n1 fur des fujets fi divers ; & néanmoins ce mêlange perpétuel, fi propre à faire naître la con- fufon, n’en metroit aucune dans fesidées. Au milieu de ces pañlages brufques, fa précifion ne le quittoit point , & l’on eût dit que la queftion qu’il difcutoit étoit toûjours celle qu'il avoit le plus approfondie. Le plus grand nombre des hommes , & même des fa- vans , n'a d'aptitude que pour un certain ordre de chofes. Le Poëte , le Géometre , le Peintre, chacun refferté dans fon art & dans fa profeflion, donne à fes objets favoris une aftention qu’il lui feroit impof- fible de prêter à toute autre chofe. Il y en a enfin qui font également capables d’az- rention pour les objets abfens , comme pour ceux qui font préfens ; d’autres au contraire ne peuvent la f- xer que fur les chofes préfentes. Tous ces degrés s’ac- quiérent , fe confervent & fe perfeétionnent par l’e- xercice. Un Monrtmort, un Clavius , un Wallis, un Jules Céfar , dont nous avons donné des exemples, nétoient parvenus à ce degré , à cette capacité d’atrention qu'ils poflédoient , que par un exercice long & continuellement réitéré. Tout le monde fait dé quelle force étoit l’artention d’Archimede,, qui ne s’appercut ni du fac de fa patrie, ni de l’entrée, du foldat furieux dans fon cabinet, qu'il prit fans doute pour quelqu'un de fes domeftiques , puifqu'al lui re- commanda de ne pas déranger fes cercles. Un autre trait de fa vie prouve qu'il étoit tout-à-fait capas ble de cette profondeur d’aftention requife pour fai- fir dans un objet préfent tout ce qu'il y a d'impor- tant à premarquer. Je veux parler du fait rapporté par Vitruve , & de la maniere dont Archimede s’y prit pour découvrir le mélange qu'un Orfévre avoit #ait d’une certaine quantité d'argent dans une mafle d’or que le roi Hieron lui avoit donnée pour en faire ne couronne. Voyez ALLIAGE: |. | Concluons ici comme ailleurs habitude fait touts Lame eftlexible comme le corps; & fes facultés font tellement liées'au corps, qu’elles fe développent & fe perfetionnentauffi-bien que celles du corps ; par des exercices continuels, & des aétes toûjours réitérési Les grands hommes qui, le fil d’ Ariane en main , ont pénétré, fans s'égarer, jufqu'au fond des labyxinthes les plus tortueux , ont commencé par s’eflayer ; au- jourd’hui une demi-heure d’artention, dans un mois une heure., dans un an quatre heures foûtenues fans interruption , & par de tels progrès, ils ont tiré de leur artention un parti qui paroit incroyable à ceux qui n’ont jamais mis leur efprit à aucune épreuve , & qui ne recueillent que les produétions volontairés d’un champ que la culture fertilife fi abondamment. On peut dire en général , que ce qui fait le plus de tort aux hommes , c’eft l'ignorance de leurs forces. Ils s’imaginent que jamais ils ne viendront à bout de telle chofe; & dans cette prévention , ils ne mettent pas la main à l'œuvre , parce qu'ils négligent la mé- thode de s’y rendre propres infenfiblement & par degrés. S'ils ne réufiflent pas du premier coup, Le dé- pit les prend, &ils renoncent pour tohjouts à leur deflein. Cer article effriré des papiers de M. Formey.(X) ATTÉNUANS , adj. ( Med. ) On donne ce nom à différens remedes qui font fort utiles en Medecine ; on en fait différentes clafles : les incififs fimples qui délayent & détrempent les molécules des fluides : les autres divifent & fondent l’épaiffiflement des humeurs en rompant la cohéfion trop forte de leurs parties intégrantes ; il en eft qui agïflent fur les vif cofités des fluides, contenues dans le ventricule & dans les inteftins : d’autres font plus propres à agir fur le fang ; enfin, il en eft qui agiffent fur les foli- des en irritant 8 en augmentant leurs vibrations , tandis que d’autres n’exercent leur énergie que fur les fluides feuls. Tr Ces différens atténuans {ont appellés fordans & apéritifs ; lorfque par leur a&ion ils divifent les ma- tieres ténaces qui embarraflent les petits vaifleaux , & qu'ils enlévent les obftruétions des vifceres glan- duleux , tels que le foie , les reins & la ratte. Voyez APÉRITIFS. On lesnomme expeëorans, lorfqu’ils agiflent fur le tiflu des bronches, qu'ils en détachent l'humeur qui les enduir , & qu'après l'avoir divifée, ils la font fortir par les crachats ; tels font les racines d’aunée, d’iris de Florence, le lierre terrefîre, l’hyfope, 6c. Voyez EXPECTORANS. : Les arténuans, outre les clafles que nous en avons décrites ci-deflus , font encore diviés à raïfon de leur origine, en ceux tirés du regne végétal, & en ceux que le regne animal & minéral nous fourniffent ; ceux du regne végétal font toutes les plantes acres, &t qui donnent un fel volatil fixe , tels que toutes les plantes purgatives ; le cabaret, le pié-de-veau : d’au- tres agiflent par un {el volatil , tels que le creffon , Le zayfott, le cochlearia , & enfin toutes les efpeces de plantes cruciferes : d’autres enfin atténuent les/hu- meurs par un fel acre marié avec des parties fulphu- reufes ; telles font les réfines de jalap, le tuxbit gommeux ; telles font toutes les sommes réfines , comme le fagapenum , Popopanax, le bdellium. Les favons peuvent être rapportés au regne miné- ral ou au végétal ; ils agiflent à peu près comme les gommes réfines. Voyez SAVON. | Le regne animal fournit des fels volatils , tels que le fel ammoniac , le falpetre, 6c. Le regne minéral fournit les fels acides minéraux, le vitriol, lefel marin & les {els neutres formés de ces Tom | SL ATT 843 Premiers pär leur acide décompofé & débarfallé de {a bafé, pour enfuite l’incorporer dans labafë alka- line du tartre, du nitré & autres; tels font les {els neutres 8 androgyns, comme le tartrewvitriolé ; lé {el de Glauber , & tous les fels combinés, à-l’imita- tion de cés prénners ; ces fels font les fels neutres de. tous genres; les fels androgyns, ameïs, purgatifs & fondans ; ils peuvent remplir bien des indications. Le regne minéral fournit encore les remèdes arre- #uans combinés d’un {el acide, & d’unfoufré métal- lique , qui eft la terre inflammable , & là mercuriel- le de Beker; tels font le fer , la pierre hémaîïite ; l’an- timoine ; le mercure, le cuivre ; l’étain:;; le-plomb , &c leurs préparations différentes. CE : | Comme la vertu des atrénuans éft des plus éten< dues, on leur a donné mille noms différens ; ces noms font tirés des effets particuliers de ces fels fur les Ku- meurs , & fur les folides ; ainfi onen fait différentes efpeces , tels que les arers,, les affringens ; es 1oni- ques , les alrérans aftringens,, les aliérans laxatifs, diu- rériques | apéritifs , diaphorétiques. (N): ATTENUATION , f. f. ( Phyfique. ) aition d’atréz auer un fluide ; c’eft-à-dire, de le réndre plus liquide & moins épais qu'il n’étoit. Voyez ATTÉNUANS. Chauvin définit plus-généralement larrémuarion | l’aétion de divifer on de féparer les plus petites par: ties d’un corps , qui auparavant formoit une mafle continue par leur union intime ; c’eft pour cette rai- fon que les alchimiftes fe fervent quelquefois de ce mot, pour exprimer la pulvérifation , c’eft-à-dire l’aétion de réduire un corps en une poudre impalpa= ble, foit en le broyant, foit en lé pilant ; 6e: Voyez POUDRE & PULVÉRISATION, (2) ATTÉNUATION , fe dit ez Medecine, de l'effet des remedes arrénuans ;ou de certains efforts que la na- ture fait d'elle-même pour détruire la force-des mala- dies : c’eftainf que la fievre emporteunlevain qu'elle détruit en le brifant ; & cette arrénrarion dulevain qu obftruoitles petits vaifleaux,.eft dûüe à la-divifion des humeurs, àl’irritation & la vibration des folides aug- mentée, Cette artéruation eft la premiere indication dans les maladies;qui proviennent de la condenfation & de l’épaififlement , mais elle eft fort douteufe &z même nuifible dans lacrimonie. (N) ATTÉNUATION , { f. terme. de Palais yufité dans les matieres criminelles : on appelloit défer/e par atié- nuation, les défenfes de l’accufé , données par ap- pointement à oiur droit , qui portoit que la-partie civile donneroit fes conclufions , & l’accuté {es dé- fenfes par atténuation. Mais l’Ordonnance criminelle de 1670, tit. xxj. art, 1, a abrogé cétte forme de procédure , & permet feulement à la partie civile de préfenter fa requête ; dont copie doit être donnée à laccufé , qui en conféquencebaille auf: lafienne ; fans que néanmoinslejugement du procès puifle être retardé , faute par la partie civile ou pat l’accufé de bailler fa requête. Celle de l’accufé tenant lieu de cé qu'on appelloit défenfes par atténuation ; s'appelle re- quête d'atténuation , c’eft-à-dire requête, par laquelle l'accufé tâche d’excufer ou detdiminuer fon crime, Voyez ACCUSE. (H) . ATTÉNUER, éroyerpulyérifer ( Gramm.) : un fe dit des fluides condenfés, coagulés ; & les deux autres des folides : dans l’un & l’autre cas ; ori divife en molécules plus petites , & l’on augmente les fur- faces : broyer, marque l’aétion, pulvériféren marque l'effet. Il faut #royer pour pudvérifer ; 1] faut fondre & difloudre , pour arrruer: FA | Atténuer | {e dit encoré de la diminution des fot- ces ; ce malade s’aftérue, cet homme eft arténué, ATTERER, v.a:brifer, rompre, dans l’économie animale , {e dit de l’aétion que les partiès. gtoflierés des humeurs & dés alimens agitées d’un mouvement inteftin , exercent les unes fur les autrés. Les: partis ; OOo0o0ï | 544 ATT kules falines ë terreufes s'aftereñt les res les anrrés, Ï eft prefque ez Phyfiolog. fynonyme à brifer. (£) Eu 4 ATTERRAGE , { m.( Marine. ) c’eft l’endroit où l’on vient reconnoître la terre en revenant de quel- que voyage. (4; | + ATTERRER , v. neut. ( Marine, ) c’eft prendre tonnoiffance d’une terre en venant de la mer, ou y aborder. (Z) | ATTERRISSEMENT , {. m. rerme [ynonyme à allu- vion ; c’eftl’apport de terre, fable , ou limon ;, que la mer où un fleuve apporte fur fon rivage ou fur fa rive. Le Roi prétend que le nouveau fol'que forme l’'asterriffement , li appartient , lorfque l’arcerriffement eft produit par une riviere navigable. Woyez ALLU- viON , quieft d’un ufage plus particulierement con- facré au droit Romain. ( A) * ATTESTATION, f.f. c’eft lation de donner un témoignage, ou une preuve de la vérité d’une chofe, principalement par écrit. #. TÉMOIGNAGE, Les miracles doivent être bien asreffés pour qu’on ÿ RC ajoûter foi. Voyez MIRACLE , CREDIBILI- TÉ , &c. * ATTERZÉE , ASTERZÉE , SCHWARTZÉE , lac d'Allemagne , dans la haute Autriche & lequartier de Traun , le long de l’Eger qui le traverfe ; il ef aufi traverfé du Manzée. ATTIA , adj. ( Hiff. ane. ) loi , ainfi nommée de la famille de Labienus , qui étant tribun du peuple , fit pañler cette loi pour rendre au peuple le droit de nommer aux facerdoces vacans ; droit que Sylla lui avoit enlevé en caffant la loi Domiria qui lui affüroit cette prérogative. (G) ATTICISME , f. m.(Listérat.) finefle , poli- tefle de langage. L’articifine étoit ainfi nommé d’A- thenes ; qui étoit la ville de la Grece où l’on parloit le plus purement , & où l’on prononçoit le mieux ; quiques-là qu'une vendeufe d’herbe reconnut à la prononciation de Théophrafte qu’il n’étoit pas Athé- nien, L’urbanité , dit Quintilien à la fin de fon chap. de vifu, confifte en ce que les chofes que nous difons, foient telles qu’on n’y remarque rien de choquant ; rien de grofñer ou de bas, rien qui fente la provin- ce, ni dans lestèrmes , ni dans la prononciation, ni dans le gefte ; de maniere qu’il la faut moins chercher dansun bon mot , que dans tout Pair du difcours , s’il eft permis de parler ainfi : comme chez les Grecs, l’atticifine ef} une certaine délicateffe qui fentoit l'efprit 6 le goût particulier de la ville d Athenes. Ce terme eft d’ufage pour exprimer les graces d’un ftyle leger & corrett. (G) * ATTICURGES, {. f. en Architeëture, colonnes quarrées. Voyez COLONNE, * ATTIGNY , petite ville ou gros bourg de Fran- ce, dans la Champagne , fur l’Atfne. log. 22, 17; dat. 49 , 30. _ * ATTIGOUVANTANS, ( Géog. ) peuples de l'Amérique , dans la nouvelle France , à l’occident du lac des Hurons. * ATTINGANTS, ou PAULITIENS , Où PAULI- SOANNITES: Voyez PAULITIENS. * ATTIQUE , ( Géog. anc. ) province de l’A- thaie , en Grece ; entre la mer Égée , la Béotie , & le pays de Megare. Le peuple de lArrique étoit divi- {é en dix tribus ; ces tribus occupoient une partie de la ville d'Athenes , & quelques bourgs , villages & villes, On y en ajoûta ul la fuite ; & l’on dé- imembra quelques portions des anciennes , pour for- mer les nouvelles ; ce qui fait que certains bourgs , dans les anciens auteurs, font attribués à différentes tribus. Le confeil des Prytanes étoit compofé de cin- quante pérfonnes prifes de chaque tñbu. La tribu ÆErechthéide étoit ainf nommée d’Érettheus; l’Egeide, d’Egée ; la Pandionique , de Pandion ; la Leontide, ge Leon, qui dévoua fes filles pour le falut de la pa- trie ; la Prolomaide, de Ptolomée ;1fils de Lagiüss l’Acamañtide , d'Acamas, fils de Théfée ; l'Adriaris que, d'Adrien ; POeréide, d'Oénée, fils de Pandion,; la Cécropide, du roi Cecrops ; l’Hyppothoontiques, d’'Hyppothoon, fils de Neptune ;:lArantide ,) où VÆantide, d Ajax de Telamon; lAriochide, d’Antiô- chus, fils d'Hercule ; l’Arralide, d’Attale, roi de Per- game. Ces treize tribus comprenoient 174 peuples ou communautés de noms difflérenss 5 Eiréfides , Herme , Hepheftia, Thorique , Îe Céramique de dehors, Cephale, Cicynna , Curtia= des , Poros , Profpalta , Sphettos , Cholargos , ap -partenoient à l’Acamantide. | Marathon, Oëné d’Arantide , Ramne , Titacide, Tricorynthe , le Phalere, Pfaphides , appartenoient à l’Aiañtide ou Æañtide, al “Mg Ægilie , Alopeque , Amphitropé , Anaphlyfte, Atené , Befa , Thores , Itea, Crioa, Leccum, Leu- copyra, Melenes , Pallené , Pentelé,, Perrhides , Peléques , Semachides , Phryrn , appattenoient à l’Anriochide, ft Agnus , Apollonia, Sunium, à PAéralide, ‘Athmonon, Æxoné , Ales , Æxonines, Dædali- des , Epieiquides , Melite , Xipeté, Pithos, Sypas lette | Trinémeis , à la Cécropide. 7 Ales, Araphenides, Araphen, Baté ; Gargette ; Diomæa, Erechthia , Ericera, [caria, lonides, Col: lyte, Cydantides, Plothras , Philædes , Chollides; à l’Egéide. Agraulé, Anagyre, Euonymos , Thémachos, Ke: des , Cephyfie , Lampra fupérieure & inférieure, Pambotades , Pergafé, Sybrides, Phægus, à l’Ærech= téide. | Aphidne , Eloufa, Oa, Adrianide, Phegæa, à P4- drianide. | Azenia, Amaxanthea, Anac&a, Acherde, Decelæa, Elæus , Eleufis , Troïades, Thimoitades, Keïriades; Coilé , Corydallos , Oeum Deceleicum ; Oenoé Hippothoontide., le Pirée, Spendale , à l'Æppothoz ontide. Fr Æthalides , Halime , Deirades, Ekalé, Eupyri des , Ketti, Cropia, Leuconium , Oeum Ceramicum, Pæonides, Potamos, Scambonides, Hybades, Phrear- rhes , à la Leontide, : | Acharne, Butades, Brauron, Epicephefa, Thria, Hippotamades, Laciades , Lucia, Oë, Perithoides, Ptelea, Tyrmides, Philé, à la Léontide, Angelé , Cydathenæum, Cytheron, Myrrhinus , Pæanie fuperieure & inférieure , Prafies, Probalyn: the, Stirie, Phegæa , à la Pardionide, eu Berenicides , Tyrgonides, Conthylé ; Phlya , à fa Prolomaide. | 4 Aroilia , Harma , Achrade, Drymie ; Edapteon ; Enna , Echelides , Euchontheus , Zofter , Thebe, Thrion, Calé, le Céramique de dedans, Cothoci des ; Colonos Hippios , Colonos Agoraios , Cyno= farges , Larifla , Laurium , Lenæum , Limnes , Mi- letum ; Munichia, Panaéte , Parnethe, Payx, Patro- cleia, Sciron , Spofgilos, Hymette , Hyfes , Phor- mifüi , Phrittüi, Chitone , Orope, font des lieux dont on ignore les tribus. ATTIQUE. Voyez EPOQUE , où ERE ATTIQUE: ATTIQUE , Tribu attique. Voyez TRIBU. | ATTIQUE , talent attique. Voyez TALENT: ATTIQUE , ( en Architeïure, ) étage peu élevé qui {ert à couronner & exhaufler un bel étage , tel que celui qui fe voit à Verfailles du côté des Jardins : on nomme cet étage fupérieur artique, parce que fa pro- portion imite celle des bâtimens pratiqués à Athenes, qui étoient tenus d’une hauteur médiocre ; & fur lefs quels il ne paroïfoit point de toits ; aufli faut-il fe garder d’en faire paroïtre de trop élevés, qui femble- roient accabler cet étage ; & fi dans un bâtiment de beaucoup de profondeur ;on-ne pouvoit fe difpen- fer d'introduire des combles apparens , il faudroit fé garer de pratiquer fous ces combles dé pareïls étages, maloré l’ufage fréquent qu’on en fait dans nos bâtimens à la place des manfardes ; cé qui rend à la vérité les étages fupérieurs beaucoup plus pra= ticables, A Ces ‘efpeces d’étages font fouvent décorés d’un ordre d’architeéture qui n’a rien de commun avec la proportion des cinq efpeces d'ordonnances , tofca- ne , dorique, ionique, corinthienne , & compotée : mais cépendant il doit y avoir quelque rapport avec le genre d’architeéture qui le reçoit ; c’eft-à-dire, que chacun des cinq ordres à fa proportion particuhere , ” qui exprime le genre ruftique ,folide , moyen , dé cat, & compofé; & que l’ordre arrique , à lui feul, doit emprunter de chacun de ces ordres le caraétere qui lui convient , felon qu'il eft placé fur l’un d’eux, fans pour cela avoir plus de cinq diametres au moins, ou fix diametres au plus , & fe diftinguer principale- ment par la richeffe ou la fimplicité , felon que l’exi- ge la convenance du bâtiment. La plüpart des archite“tes font d'avis contraires fur la hauteur qu’on doit donner à cet ordre, par rap- port à celui de deflous. Ce qu'ils ont trouvé de plus parfait dans les exemples antiques , n’a pü les ac- corder : les uns lui donnent les deux tiers de la hau- teur de l’ordre qui les foûtient ; les autres ne lui en donnent que la moitié. Je fuis de ce dernier avis, & conviens néanmoins que cette proportion peut Va: tier de quelque chofe , felon que l'édifice eft plus on moins élevé ; ce qui ne peut fe déterminer qu’à la fa- veur des regles de l’optique, fans lefquelles on ne peut que tâtonner, rifquer de faire des fautes monf- trueules , ou réuflir par un heureux hafard. Jamais il ne faut employer cet ordre en colonne, fa proportion raccourcie ne pouvant jamais faire un bon effet; & quand il fe trouve des colonnes dans l'ordonnance d’un bâtiment que l’on veut couronner d'un artique, il faut reculer ce dernier ordre à-plomb des pilaftres de deflous, & couronner les colon- nes de devant avec des figures , comme à Verfailles, à S. Cloud , à Ctagny , Gc. Il faut favoir auf que les croïfées que l’on pratique dans ces étages doivent être quarrées , ou tout au plus que leur largeur doit être à leur hauteurs, comme 4 eft à 5 , & fur-tout éviter de les faire barlongues, formes confacrées aux foûpiraux. Voyez ABAJOUR. Lesbaluftrades qui couronnent cet étage ; doivent auf fe réflentir de {a proportion raccourcie, & avoir environ un cinquieme moins de hauteur que celles qui couronnent un ordre régulier. On pratique fouvent des arriques fans ordre & fans croifée : ils font deflinés à recevoir feulement des infcriptions au lieu de baluftrades, tels qu’on voit ceux de la porte S. Denys, S. Martin, S. Bernard, &c à la plüpart des fontaines publiques ; alors ces ar- tiques prennent le nom de l’architetture qui les re- çoit , &c de la diverfité des formes qui les compofent ; ce qui fait appeller arfique continu , celui qui entoure toutes les faces d’un bâtiment fans interruption ; 4 tique circulaire , celui qui fert d’exhauffement à un dô- me ; à une coupole, à une lanterne, &c. atrique in- zerpofé , celui qui eft fitué entre deux grands étages ; attique de comble ; celui qui eft conftruuit de pierre où de bois , revêtu de plomb, fervant de parapet à une terrafle , plateforme , Éc. arrique de cheminée , le re- vêtiflement de marbre ou de menuiferie , depuis le deflus de la tablette, jufquw’environ la moitié de la hauteur du manteau ; ces dermiers étoient fort uf- tés dans le dernier fiecle , avant l’ufage des glaces : Verfailles, Trianon, & Clagny , nous en fourniflent des exemples , que l’on imite encore aujourd’hui dans les grandes pieces , où la dépenfe & la décoration des glaces feroient fuperflues, (P) ATT 845 : ATTIRAGE, t Porps b°) cet ainû que les 2 leurs d’or appellent les poids employés dans leur roûet. Voyez & Particle FiLER L°6R , dans la defcrip- tion du rouet, l’ufage de, ces poids. F'oyez aufi lex plication du même mot au MOULIN À FIL, Les fileurs d’or donnent aufli Le nom de cordes d’at- tirage ; aux cordes qui foûtiennent les poids d’errz- rage. ATTISE , f.f. nom qué l’on donne deñs Les Braf- Jéries au bois que Pon met dans les fourneaux fous les chaudieres. ATTISONNOIR ,f. m. les Fozdeurs appellent ain fi un outil crochu dont ils fe fervent pour attifer le feu. ATTITUDE ; {. f. en terme de Peinture & de Scula pture ; eft la pofition ou l’aétion de figures en géné: ral : néanmoins il femble convenir particulierement à celles qu’on a müfes dans une pofition tranquille. On dit l’arsirude , & non l'aëion d'un corps mort, On dit : certe figure eft bien deffinée, bien coloriée? mais attitude ex ef? defagréable. (CR ) ATTITUDE , ez Ecriture , {e dit de la poftion du corps & dé la tête quand on écrit. Il y a deux fortes d'artitude, felon la forte d’écri- ture ; ona la tête un peu panchée fur la gauche pour la batarde & la coulée ; on l’a droite pour la ronde, _* ATTOCK , (ROYAUME D’) Géog. province d’Afie dans l’empire du Mogol , vers la grande Tar- tarie & les fources de l’Inde , entre les provinces dé Cachemire, Penback , Multant, Hujacan ; & Ca- bul. Le Send & l’Iñde font fes principales rivieres. ATTOMBISSEUR , f. m. serme de Fauconnerie, oï- feau qui attaque le héron dans fon vol : il faut fa- voir qu’on en lâche plufeurs fur lui, & qu'il y en a qui lui donnent la premiere attaque , d’autres la fes conde. On dit : ce faucon ef? bon attombiffeur. ATTOUCHEMENT , f. m.(Géom. ) point d’as= touchement ; qu'on appelle auf point de confa où de contingence, eft le point dans lequel une ligne droite touche une ligne courbe, où dans lequel deux , courbes fe touchent. Foyez CONTINGENCE. On dit ordinairement en Géométrie , que lé point d’attouchement vaut deux points d’interleétion , parce que la tangente peut être regardée comme une fécan- te qui coupe la courbe en deux points infiniment proches. En effet, difent les géometres , concevons par exemple une ligne droite indéfnie qui coupe un cercle en deux points ; imaginons enfuite que cette ligne droite fe meuve parallèlement à elle-même vers le fommet du cercle; les deux points d’interfe&tion {e rapprocheront infenfiblement ,-& enfin fe confonà dront , ou ne feront plus qu'un point ; lorfqué par ce mouvement la fécante fera devenue tangente , c’eft-à-dire , ne fera plus que toucher ou rafer le cercle, | Comme il n’y a point réellement de quantités in« finiment petites, & que par conféquent l’on ne fau- roit concevoir deux points infiniment proches ( Foy. INFINT € INFINIMENT PETIT), il eft très-impor- tant de fe former une idée nette de cette façon de parler, que X point d’attouchement vaut deux points d’interféttion infiniment proches. Elle fignihe ieulement que le point d’arouchement eft la limite ou le terme de tous les doubles points d'interfeétion des fécantes paralleles à la tangenre ; c’eft-ä-dire , que fi on mene parallelément à la tangente une ligne qui coupe en deux points la courbe, par exemple , le cer clé, Of peut tobjouts imaginer cette ligne à une telle diftan- ce de la tangente » que la diftancé des deux points d'interfeion foit aufli petite qu’on voudrai mais que cette diftance ne deviendra pourtant jamais ab: {olument nulle, à moins que la fécante ne fe con fonde abfolument avec la tañpente, Cette idée des limires eft très-nette, & très-utile pour réduire la 840 AT T géométrie des infiniment petits à des notions claires. Voyez LIMITE , Éc. | . Aurefte, il n’eft queftion jufqu'ici que du point d’attouchement fimple ; car il y a des points d’artou- chement qui équivalent à trois points d'interfeétion, ‘comme dans lartouchement au point d’inflexion ; d’au- tres équivalent à quatre points d’interfe&tion , com- ime dans l’airouchement au point de ferpentement in- finiment petit; & ainf à l’infini; voyez INFLEXION, SERPENTEMENT : ce qui, en réduifant la chofe à des notions claires, fignifie fimplement que la va- leur de la fecante devenue touchante, a dans ce cas trois ou quatre, Gc. racines égales dans l’équation de la courbe ; je dis, de la fécante devenue touchante, car il y a des cas où une fécante a plufeurs ra- cines égales , fans être touchante , comme dans les points doubles , & dans les points conjugués. Ce qui diftingue ces points des points d’asrouchement, c’eft que fi vous donnez une autre dire@tion à la ligne qui étoit tangente , en la faifant toûjours pañler par le point d’artouchemenr , alors elle ne coupe plus la courbe qu’en un point , & l’équation qui repréfente Ton interfeétion ceffe d’avoir des racines égales ; au lieu que dans les points multiples & comugués, la fécante a toüjours plufieurs racines égales , quelque ofition qu'on lui donne , pourvû qu’elle pañle toû- jours par le point multiple ou conjugué. Voyez RA- CINE , INTERSECTION, POINT MULTIPLE , POINT CONJUGUÉ , Gc. ATTRACTIF, adj. m. fe dit de ce qui a le pou- voir ou la propriété d’attirer. #7. ATTRACTION, 6c. Ainf on dit force attratlive , vis attrathiva , &tc. La vertu aérraëlive de l’aimant fe communique au fer, en faifant toucher le fer à l’aimant. Voyez Ar- MANT. (O0) ATTRACTIFS, adj. ( Medecine. ) remedes appli- qués extérieurement, qui par leur aétivité pénetrent les pores, fe mêlent avec les matieres qui caufent Pobftrufion , les raréfient , les difpofent à s’évacuer re facilement ; en tenant la partie ouverte par la rülure ou par l’incifion, éc. Les artrathifs ne different point des remedes qui font mürir & digérer. Voyez MÜRIR , DIGESTION. Les principaux fimples de cette nature font les dif- férentes matieres grafles , la fiente de pigeon & celle des vaches, le fon , le levain , le hareng, l’encens, la poix, la réfine, huile , Gc. La matiere étant raréfiée par les remedes, & par conféquent devenue plus coulante, le fang qui circu- le fans ceffe peut aifément l’entraîner dans£on cours, la mêler ainfi avec la mafle commune , & caufer de grands defordres. La raréfa@ion lui faifant occuper un efpace plus confidérable , 1l en réfulte une extenfion des parties qui la contiennent ; & le fentiment en eft doulou- reux. Un plus grand concours des fluides , & par conféquent une augmentation de la tumeur , en ‘ont d’autres fâcheux effets. Il faut donc adminiftrer ce genre de médicamens ayec une extrème circonfpec- fon. (N)8 ATTRACTION , . £. arrraëtio ou ratio , compofé de ad , &c de traho,, je tire ; fignifie, ex Méchanique , l’aétion d’une forcemotrice, par laquelle un mobile eft tiré ou Fppies de la puiffance qui le meut. 7. PUISSANCE & MOUVEMENT. Comme la réaétion eft toüjours égale & contraire à l’action , il s’enfuit que dans toute arrraëtion le mo- teur eft attiré vers le mobile autant que le mobile vers le moteur. Voyez ACTION & RÉACTION. Dans l’ufage ordinaire on dit qu’un corps À eft attiré vers un autre corps B, lorfque À ef lié ou at- taché avec B par le moyen d’une corde, d’une cour- roie,ou d’un bâton ; c’eft de cette maniere qu’un che- val tire un charriot ou une barque : &.en général on dit qu'un Corps en attire ün autre, lorfqu'il commu: nique du mouvement à cet autre par le moyen dé, quelque corps placé entre eux, & que le corpsmo- : teur précede celui qui eft mû.. De plus, lorfqu’on voit deux corps libres éloignés Jun de l’autre s'approcher mutuellement fans que. Jon apperçoive de caufe , on-donné encore à ce phé- nomene le nom d’artraétion ; & c’eft principalement. dans ce dernier fens qu'il a été employé par:les phi- lofophes anciens & modernes. L’arrraélion prifeidans le premier fens, fe nomme plus communément srac- tion. Voyez TRACTION: … Attraflion ou force attraëtive , dans l’ancienne Phy- fique , fignifie une force naturelle qu'on fuppofe in- hérente à çertains corps , & en vertu de laquelle ils agiflent fur d’autres corps éloignés , &c les tirent à eux, Voyez FORCE. Le mouvement que ces prétendues forces produi-. fent , eft appellé par les Péripatéticiens movyemens d'attration, & én plufieurs occañons , fuétion ; & ils rapportent différens exemples où , felon eux , ce mou- vement fe remarque : ainfi nous refpirons air,difent- ils,par attraction ou fuélion ; de même nous fuçons par. attrattion une pipe de tabac: c’eft encore par arrac- tion qu'un enfant tete : c’eft par arrrattion que le fang monte dans les ventoufes , que l’eau s’éleve danses pompes, & la fumée dans les cheminées ; les vapeurs & les exhalaifons font attirées par le foleil , le fer par l’aimant , les pailles & la pouffiere par l’ambre & les autres corps éleétriques. Ÿoyez SUCTION. Si ces philofophes avoient fait un plus grand nom-. bre d'expériences , ils auroient bientôt reconnu que ces différens phénomenes venoient de limpulfon. d’un fluide invifible. Aufh la plûpart des effets que les anciens attribuoient à l’asrrattion , {ont aujour- d’hui attribués à des caufes plus naturelles & plus fenfibles, principalement à la preffion de l’air. Voyez AIR 6 PRESSION. C’eft la preflion de lair, par exemple, qui pro- duit les phénomenes de l’infpiration des ventoufes , de la fuétion des pompes , des vapeurs, des exhalaï- fons, &c. Voyez; RESPIRATION , SUCTION, POMPE, VENTOUSE , VAPEUR, FUMÉE , EXHALAISON , &c. . Sur les phénoméenes de l’arraition éleétrique & magnétique, voyez AIMANT , MAGNÉTISME 6 ELECTRICITÉ. La puiffance oppofée à l’artraétion eft appellée re- puilfion ; & on obferve que la répulfion a lieu dans quelques effets naturels. Voyez RÉPULSION. Attraition où puiffance attractive , {e dit plus parti- culierement , dans la philofophie Newtonienne, d’une puifflance ou principe, en vertu duquel toutes les parties, foit d’un même corps, foit de corps diffé- rens, tendent les unes vers les autres ; ou pour par- ler plus exaétement , l’atrraition eft l'effet d'une puif- fance, par laquelle chaque particule de matiere tend vers une autre particule. Voyez MATIERE 6 PARTI- QULE. Les lois & les phénomenes de l’arraéfion font un des points principaux de la philofophie Newto- mienne. Voyez PHILOSOPHIE NEWTONIENNE. Quoique ce grand philofophe fe ferve du mot dar: trattion ,| comme les philofophes de l’école , cepen- dant, felon la plüpart de fes difciples , il ÿ attache une idée bien différente. Nous difons /é/on la plépart de fes difciples, car nous ne faifons que détailler ici ce qui a été dit fur l’artrattion, nous réfervant à expofer à la fin de cet article notre fentiment particulier. L’attrattion dans la Philofophie ancienne étoit, fe- lon eux , une efpece de qualité inhérente à certains corps, & qui réfultoit de leurs forres particulieres & fpécifiques ; & l’idée que les anciens philofophes attachoient à ce mot de forme , étoit fort obfcure. Voyez QUALITÉ 6 FORME, AT AT _ L’asraihion Newtonienne, au contraire, eftuñ-prin- _cipe indéfini, c’eft-à-dire, par-lequel-on ne veut dé: figner ni aucune efpece où maniere d’aéton parti culiere, ni aucune caufe phyfqne d’une pareille ae- tion, mais feulement une tendance engénéral, un comatus accedendi , ou effort pour s'approcher quelle qu’en foit la caufe phylique ou métaphyfique ; c'eft: à-dire, foit que la puifance qui Le produit foitänhé: rente aux corps mêmes , foit-qu'elle confifte. dans Pimpulfion d’unsagent extérieur. _ Auf Newton dit-il expreflément dans fes princis pes , qu'il fe fert indifféremment des mots d'assrahion d’impulfion, &.de propenfion ; & avertit le leéteur de ne pas croire que.par le mot d’assrailion 1l veuille défigner une maniere d’aétion ou fa caufe efciente , & fuppofer qu'il y a réellement.une force attraétive dans des centres, qui ne font que des points mathe- matiques. L. I, p. 5. Et dans un autre endroit il dit: qu'il confidere les forces centripetes comme deswr- crachions , quoique peut-être elles ne foient, phyfique- ment parlant, que de véritables impulfions. 18; pag. 24.7: I dit aufü dans fon optique , p. 322. que ce qu'il appelle atrrathion , eft peut-être l’eitet de quelque 1m- pulfion qui agit fuivant des lois différentes de lim- pulfion ordinaire ; ou peut-être auf l'effet de quel- que caufe qui nous eft inconnue. Si on confidere l’aftrathion , continuent les Newto- niens , comme une qualité qui réfulte des formes particulieres de certains corps, on doit la profcrire avec les fympathies, antipathies, & qualités occul- tes. Voyez QUALITÉ OCCULTE. Mais quand on a une fois écarté cetteidée, on remarque dans la na- ture un grand nombre de phénomenes, entre autres la pefanteur des, corps ou leur tendance versun cen- tre, quifemblent n'être point l'effet d’une impulfion, où dans lefquels au moins l’impulfonn’eft pas fenfi- ble : de plus , ajoûtentäls,, cette ation paroît différer à quelques égards de Pimpulfion que: nous connoïf- {ons ; car l’impulfon eft toûjours. proportionnelle à la furface des corps, au lieu que la gravité agit fur les parties folides.& intérieures, &efttotjours pro- portionnelle à la mafle, & par conféquent doit être l'effet d’une caufe qui pénetre toute leur fubitance. D'ailleurs, les obfervations nous ont appris qu'il y a divers cas où les corps s’approchent les uns des au- tres, quoiqu'on ne-puifle découvrir en aucune ma- niere qu'il y ait quelque.caufe extérieure qui agifle pour les mettre en mouvement, Quiconque attribue ce mouvement à une impulfon extérieure, fuppote donc un peu trop legerement cette caufe. Ainfi quand on voit que deux corps éloignés s’approchent lun de l’autre , on ne doit pas fe prefler de conclurre que ces corps font pouiés lPun vers l’autre par l’aétion d’un fluide ou d’un autre corps invifble , jufqu’à ce que Pexpérience l’ait démontré ; comme il eft arrivé dans les phénomenes que les anciens attribuoient à Fhor- reur du vuide, & qu'on a reconnu être l'effet de la preflion de l’air. Encore moins doit-on attribuer ces phénomenes à, l’impulfion , lorfqu'il paroït impofñf. ble, où au moins très-dificile, de les expliquer parce principe, comme il eft prouvé à l'égard de la pefan- teur. Muffch. £ff2y de Phyf. Le principe inconnu de larrrattion, c’eft-à-dire inconni par la caufe ( car les effets font fous les yeux de tout le monde ) eft ce que l’on appelle arrrailion ; & fous ce nom général, on comprend toutes les ten- dances mutuelles dans lefquelles l’impulfon ne fe ma- nifefte pas, & qui. par conféquent ne peuvent s’ex- pliquer par le fecours d’aucunes lois connues de la nature. si | S C’eft de là que fant venues les différentes fortes d’artrattions ; favoir la pefanteur , l’afcenfion des li- queurs dans les tuyaux capillaires , la rondeur des gouttes de fluide, Gr, qui font l'effet d'autant de dif AITIT 847 férens principesagifflant par des dois différentes fais tratlions, qui n’ont-rien de, commun , finon qu'elles re font peut-être point l'effet d’une caule phyfique , & qu’elles paroïffent réfulter d’une force inhérente aux corps, par laquelle ils agiifent {ur des.corps éloignés, quoique notre raifon ait beaucoup de diff culté à admettre une pareille force, +. Wrin L’attraition peut{e divifer jewésardauxilois qu'elle obferve , en deux efpeces. La premiere s'étend àune diftance fenfble : telles font l’asrrattion de la pefan- teur qui.s’obferve dans tous les corps., & l’attrailion du magnétifme, de Péleétricite , 6e. qui n’a heuque dans certains corps particuliers. Voyez Les lois de cha curre) de ces attraitions aux mots. GRAVITÉ ,- AIMANT É ELECTRICITÉ. Aa L'artraétion de la gravité, que les Mathématiciens appéllent aufl fouce centripere, eft un des plus grands principes & des plus univerfels de la nature, Nousla voyons 8 nous la fentons dans les corps qui. font pro- che de la furface de la terre , (F'oyez PESANTEUR. ) & nous trouvons par obfervationique lamème. force, (c’eft--dire cette force qui eft toüjours proportion: nelle à la quantité de matiere , 8x qui.agit.en,raïfon inverfe du quarré de la diffance.) que cette force, dis-je, s'étend jufqu'à lalune ,.& jufqu'aux autres planetes premieres & fecondaires, aufli.-bien que jufqu'aux cometes ; 8 que c’eit par elle quelles corps céleftes font retenus dans leurs_.orbites. Or,comme nous trouvons la pefanteur dans tous. les corps qui font le fujet de nos obfervations, nous fommes en droit d’en conclurre par une desiregles reçües,en.PEr lofophie, qw’elle fe trouve aufi dans tous-les au tres: de plus , comme nous-remarquonsqu'elle eft proportionnelle à la quantité de matiere.de, chaque corps, elle doit exifter.dans chaçune-de leurs parties; & c’eit par conféquentune loï de la nature, que cha: que particule de matiereïtende vers.chaque, autre particule. Voyez la prenve plus étendue, de.,cette vérité, & lapplication de ce principe aux mouvemens des corps céleftes., fous les.articles PHILOSORHIE NEWTONIENNE , SOLEIL, LUNE, PLANEE,, Co- METE , SATELLITE, CENTRIPETE, CENTRIEUGE; C’eft donc de l’arrraition., fuivant M,..Newton., que proviennent la plûpart des mouvemens,, & par,con- {équent des changemens qui fe font dans l'univers: c’eit par elle que les corps pefans defcendent, &c que les corps légers montent ; c’eft par elle que les projediles {ont dirigés dans leur courfe , que les. va- peurs montent, & que la pluie tombe ; c’eft par elle que les fleuves coulent, que l’air prefle, que l'Océan a un flux &c reflux. 7. MOUVEMENT, DESCENTE, ASCENSION ; PROJECTILE , VAPEUR, PLUIE ; FLEUVE , FLux & REFLUX , AIR, ATMOSPHERE, Ge, Les mouvemens qui réfultent de ce principe, font l’objet de cette partie fi étendue des Mathéma- tiques , qu'on appelle Méchanique où Statique , com- me auffi de | Hydroffarique, de Hydraulique , &cc. qui en font comme les branches & la fuite, Ge. 7. MÉ- CHANIQUE ,STATIQUE , HYDROSTATIQUE , PNEU- MATIQUE ; voyez auf MATHÉMATIQUE ; PHILO- SOPHIE , GC, : La feconde efpece d’arraëtion eft celle qui ne s’'é- tend qu'à des diftances infenfibles. Telle eft l’urtrac- tion mutuelle qu'on remarque dans les petites parties dont les corps font compolés; car ces parties s’atti- rent les unes les autres au point de contaét, ou ex- trèmement près de ce point, avec une force. trés: fupérieure à celle de la pefanteur, mais qui décroït enfuite à une très-petite diftance , jufqu'à devenir beaucoup moindre que la pefanteur. Un auteur. mo: derne a appellé cette forc es attratfion de cohéfion, (up: pofant que c’eft elle qui unit les particules élémentais res des corps pour en faire des males fenfibles, Foyez CoOnHÉSION , ATOME, PARTICULE, Gt, 545 A T T: Toutes les parties des fluides s’attirent mutuelle- ment, comme il paroît par la ténacité & par la ron- deur de leurs gouttes, fi on en excepte l'air, le feu 8 la lumiere, qu’on n’a jamais vüs fous la formé de gouttes. Ces mêmes fluides fe forment en gouttes dans le vuide comme dans l’air, ils attirent les corps folides , & en font réciproquement attirés ; d’où il paroït que la vertu attraétive fe trouve répandue par- tout. Qu'on mette l’une fur l’autre deux glaces de miroir bien unies, bien nettes & bien feches, on trou- vera alors qu’elles tiennent enfemble avec beaucoup de force, de forte qu’on ne peut les féparer l’une de l’autre qu'avec peine. La même chofe arrive dans le vuide , lorfqu’on retranche une petite portion de deux balles de plomb , enforte que leurs furfaces devien- nent unies à l'endroit de la e@tion , & qu'on les prefle énfuite l’une contre l’autre avec iaëhain , en leur fai- fant faire en mêmé tems la quatrieme partie d’un tour ; on remarque que ces balles tiennent enfem- ble avec une force de 40 ou 50 livres. En général tous les corps dont les furfaces font unies, feches & nettes, principalement les métaux , fe collent & s’at- tachent mutuellement l’un à l’autre quand on les ap- proche ; de forte qu'il faut quelque force pour les fé- parer. Mufch. Ef/ay de Phyf. Les corps s’attirent réciproquement , non- feule- ment lorfqu'ils fe touchent, mais auffi lorfqu'ils font à une certaine diftance les uns des autres : car mettez entre les deux glaces de miroir dont nous venons de parler, un fil de foie fort fin, alors ces deux glaces ne pourront pas fe toucher, puifqu’elles feront éloignées l’une de l’autre de toute l’épaifleur du fil; cependant on ne laiflera pas de voir que ces deux glaces s’atti- rent mutuellement , quoiqu’avec moins de force que lorfqu’il n'y avoit rien entre elles. Mettez entre les glaces deux fils que vous aurez tors enfemble ; en- fuite trois fils tors de même, & vous verrez que Vartrattion diminuera à mefure! que les glaces s’éloi- gneront l’une de l’autre. Mufch. :21d. On peut encore faire voir d’une maniere bien fen- fible cette vertu attra@tive par une expérience cu- rieufe. Prenez un corps folide &c opaque, qui finiffe en pointe, foit de métal, foit de pierre, ou même de verte ; fi des rayons de lumiere paralleles paffent tout près de la pointe ou du tranchant de ce corps dansune chambre obfcure , alors le rayon qui fe trouvera tout près de la pointe , fera attiré avec beaucoup de force vers le corps ; & après s'être détourné de fon che- min, il en prendra un autre, étant brifé par l’artrac- tion que ce corps exerce fur lui. Le rayon un peu plus éloigné de la pointe eft auf attiré ; mais moins que Le précédent ; &c ainfal fera moins rompu, & s’écar- fera moins de fon chemin. Le rayon fuivant qui eft encore plus éloigné, fera aufli moins attiré & moins détourné de fa premiere route. Enfin , à une certaine diflance fort petite, il y aura un rayon qui ne fera plus attiré du tout, ou du moins fenfiblement , & qui confervera fans fe rompre fa direétion primitive. Muffch. :hid, C’eft à M. Newton que nous devons la découverte de cette dermere efpece d’arraition , qui n’agit qu’à de très-petites diftances ; comme c’eft à lui que nous devons la connoiffance plus parfaite de l’autre , qui agit à des-diftances confidérables, En effet, les lois du mouvement & de la percuffion des corps fenfibles dans les différentes circonftances où nous pouvons les fuppofer , ne paroïflent pas fufifantes pour ex- pliquer les mouvemens inteftins des particules des corps, d'où dépendent les différenschangemens qu'ils fubiffent dans leurs contextures, leurs couleurs, leurs propriétés ; ainfi notre Philofophie feroit néceffaire- ment en défaut , fi elle étoit fondée fur le principe feul de la gravitation, porté même auffi loin qu'il eft: poffible, Voyez LUMIERE , COULEUR , 6. ANTEN Maïs'outre les lois ordinaires du mouvément dans les corps fenfbles , les particules dont ces corps font compolés, en obfervent d’autres, qu’on n’a com- méncé à remarquer que depuis peu de tems, & dont on n’a éncore qu'une connoiflance fort imparfaite. M. Newton, à la pénétration duquel.nousen devons la premiere idée, s’eft prefque contenté d’en établir lexiftence ; & après avoir prouvé qu'il y a des mou vemens dans les petites parties des corps, il ajoûte que ces mouvemens proviennent de certaines puif- fances ou forces, qui paroïflent différentes de toutes les forces que nous connoïflons, « C’eft en vertu de » ces forces, felon lui, que les petites particules des » corps agiflent les unes fur les autres, même à une » certaine diflance, & produifent par-là plufeurs » phénomenes de la nature. Les corps fenfibles, com » me nous avons déjà remarqué , agiflent mutuélle- » ment les uns fur les autres ; & comme lanature agit » d’une maniere toiyouts conftante & uniforme , il » eff fort vraiflemblable: qu'il y a beaucoup de for- » ces de la même efpece; celles dont nous venons de » parler s'étendent à des diffances aflez fenfbles , » pour pouvoir être remarquées par des yeux vul- » gaires: mais 1l peut y en avoir d’autres qui agiflent # à des diftances trop petites, pour qu’on ait pû les » obferver juiqu'ici; &c l’éleétricité, par exemple, » agit peut-être à detelles diftances, même fans être » excitée par le frottement ». Ù Cet illuftre auteur confirme cette opinion par un grand nombre de phénomenes & d’expériences , qu? prouvent clairement, felon li, qu'il y a une puif- fance & une a@ion atrraëlive entre les particules, par exemple, du fel & de l’eau; entre celles du vitriol & de l’eau, du fer & de l’eau-forte, de l’efprit de vi- triol & du falpetre. Il ajoûte que cette puiflance n’eft pas d’une égale force dans tous les corps; qu’elle eft plus forte, par exemple, entre les particules du fek detartre & celles de Peau-forte, qu'entre les parti- cules du fel de tartre & celles de l'argent : entre l’eau forte, & la pierre calaminaire, qu’entre l’eau-forte & le fer: entre l’eau-forte & le fer, qu’entre l’eau- forte & le cuivre ; encore moindre entre l’eau-forte & l'argent, ou entre Peau forte & le mercure. De mê- mème l’efprit de vitriol agit fur l’eau, mais il agit en- core davantage fur le fer ou fur le cuivre. I! eft facile d’expliquer par latrrathion mutuelle la rondeur que les gouttes d’eau affeétent ; car comme ces parties doivent s’artirer toutes également & en tous fens, elles doivent tendre à former un corps, dont tous les points de la furface foient à diftance égale de fon centre. Ce corps feroit parfaitement fphérique, fi les parties qui le compofent étoient fans pefanteur: mais cette force qui les fait defcendre ent embas, oblige [a goutte de s’allonger un peu, & c’eff pour cette raifon, que les gouttes de fluide attachées à la furface inférieure des corps, dont le grand axe eft vertical, prennent une figure un peu ovale. On remarque aufl cette même figure dans les gonttes d’eau qui font placées fur la furface fupérieure d’un plan horifontal ; mais alors le petit axe de cette figu- re eft vertical , & fa furface inférieure, c’eft-à-dire , celle qui touche le plan, eftplane; ce qui vient tant de la pefanteur des particules de l’eau, que de lar- traëtior du corps fur lequel elles font placées, & qui altere l’effet de leur arrratfion mutuelle. Auffi, moins la furface fur laquelle la goutte eft placée, a de for- ce pour attirer {es parties, plus la goutte refte ron- de: c’eft pour cette raïfon, que les gouttes d’eau qu'on voit fur quelques feuilles de plantes, font par- faitement rondes ; au lieu que celles qui fe trouvent fur du verre, fur des métaux, ou fur des pierres, ne font qu’à demi rondes, ou quelquefois encore moins. Il en eft de même du mercure, qui fe partage fur le papier en petites boules parfaitement rondes a eu La ®. EEE eo NO © lieu qu’il prend une figure applatie lorfqu'il eft mis fur du vérre ou fur quelqu’autre métal. Plus les gout- tes font petites, moins elles ont de pefanteur; & par conféquent lorfqu’elles viendront à s’attirer , elles formeront un globule beaucoup plus rond que celui qui fera formé par les grofles gouttes, comme on pourroit le démontrer plus au long, & comme l’ex- périence le confirme. Il eft à remarquer que tous ces phénomenes s’obfervent également dans l'air & dans le vuide. Muffch. - On peut s’aflürer encore de la force avec laquelle les particules d’eau s’astirenr, en prenant une phiole, dont le cou foit fort étroit, & n’ait pas plus de deux lignes de diametre, & en renverfant cette phiole , après l’avoir remplie d’eau : car on remarquera alors qu’il n’en fort pas une feule goutte. | Comme dans une goutte d’eau, les parties qui s’attirent réciproquement, ne reftent pas en repos avant que d’avoir formé une petite boule, de même auf deux gouttes d’eau fituées l’une proche de lau- tre, & légerement attirées par la furface fur laquelle elles fe trouvent, fe précipiteront l’une vers l’autre par leur attration mutuelle ; & dans l’in/fanr mème de leur premier contaé, elles fe réuniront & forme- ront une boule, comme on l’obferve en effet ; la mê- me chofe arrive à deux gouttes de mercure. Lorfqu’on verfe enfemble les parties de divers li- quides, elles s’attirent mutuellement ; celles qui fe touchent alors, tiennent l’une à l’autre par la force avec laquelle elles agiffent ; c’eft pourquoi les liqui- des pourront en ce cas fe changer en un corps folide, qui {era d’autant plus dur, que l’artraéfion aura été plus forte ; ainf ces liquides fe coaguleront. Mzffch. Lorfqu’on a fait difloudre des parties de fel dans une grande quantité d’eau, elles font attirées par l’eau avec plus de force qu’elles ne peuvent s’attirer mu- tuellement, & elles reftent féparées aflez loin les unes des autres : mais lorfqu’on fait évaporer une grande quantité de cette même eau, foit par la cha- leur du {oleil, foit par celle du feu , foit parle moyen du vent, il s’éleve'fur la furface de l’eau une pelli- cule fort mince , formée par les particules de fel qui {etiennentenhaut, & dont l’eau s’eft évaporée. Cet- te pellicule, qui n’eft compofée que des parties de {el, peut alors attirer & féparer de l’eau qui eft au- deflous, différentes particules falines , avec plus de force, que ne pouvoit faire auparavant cette même eau déjà diminuée de volume ; car par l’évaporation d’une grande quantité d’eau, les parties falines fe rap- prochent davantage, & s’uniflent beaucoup plus qu'auparavant; &c l’eau fe trouvant en moindre quantité , elle a aufi moins de force pour pouvoir agir fur les’ parties falines qui font alors attirées en- haut vers la pellicule de fel à laquelle elles fe joi- gnent. Cette petite peau devient par conféquent plus épaifle & plus pefante que le liquide qui eft au-def- fous, puifque la pefanteur fpécifique des parties fa- lines eft beaucoup plus grande que celle de l’eau ; ainf dès que cette peau eft devenue fort pefante , elle fe brife en pieces ; ces morceaux tombent au fond, & continuent d'attirer d’autres parties falines; d’où 1] arrive qu'augmentant encore de volume, ils {e for- ment en groffes mafles de différentes grandeurs ap- pellées cryffaux. Muffch. L'air, quoiqu'il doive furnager tous les liquides que nous connoïflons, & qui font beaucoup moins pefans que lui, ne laïffe pas d’en être asriré, & de fe mêler avec eux; & M. Petit a fait voir par plufieurs expériences, de quelle maniere il eft adhérent aux corps fluides, & fe colle, pour ainfi-dire, aux corps {olides. Mém. Acad. 1732. ”. Les effervefcences qui arrivent lorfqu’on mêle en- femble différens liquides, nous donnent un exemple remarquable de ces fortes d'aréraéfions entre les peti- Tome I, A-TUT 849 tés parties dés Corps fluides : on en verra ci-deflous une explication un peu plus détaillée. Il n’eft pas non plus fort difficile de prouver qué les liquides font astirés par les corps folides. Eneftet, qu'on verfe de l’eau dans un verre bien net, on re- marquera qu’elle eft attirée fur les côtés contre lef- quels elle monte 8 auxquels elle s’attaché, &e forte que la furface de la liqueur eft plus bafle au milieu que celle qui touche les parois du verre, & qui de-: vient concave : au contraire, lorfqu’on verfe du mer- cure dans un verte, fa furface devient convexe étant plus haute au milieu qué proche les parois du verre, ce qui Vient de cé que les parties du mercure s’asri= rent réciproquement avec plus de force, qu’elles ne font attirées par le verre, S1 on prend un corps folide bien net, & qui ne foit pas gras, & qu'on le plonge dansun liquide, & qu’en- fuite on le leve fort doucement & qu’on l’en retire, la liqueur y reftera attachée, même quelquefois à une hauteur aflez confidérable; en forte qu'il refte entre le corps & la furface du liquide, une petite co- lonne qui y demeure fufpendue ; cette colonne fe détache, & retombe lorfqu’on a élevé le corps aflez haut, pour que la pefanteur de la colonne l’emporte fur La force attrattive. Muffch. La force avec laquelle le verre attire les fluides fe manifefte principalement dans les expériences fur les tuyaux capillaires. Voyez TuyYAUX capiz- LAIRES. Il y a une infinité d’autres expériences qui confta- tent l’exiftence de ce principe d’arrratfion entre les particules des corps. Voyez Les articles SEL, MENS- TRUE, Éc. Toutes ces aétions en vertu defquelles les particu- les des corps tendent les unes vers les autres, font ap- pellées en général par Newton du nom indéfini d’as- - traction , qu eft également applicable à toutes les ac- tions par lefquelles les corps fenfibles agiflentles uns fur les autres, foit par impulfion, ou par quelqu’au- tre force moins connue: & par-là cet auteur expli- que une infinité de phénomenes, qui feroient inex- plicables par le feul principe de la gravité : tels font la cohéfion, la diflolution, la coagulation, la cryf- tallifation , l’afcenfion des fluides dans les tuyaux ca- pillaires, les fecrétions animales, la fluidité, la fixi- té , la fermentation, Gc. Voyez les articles CORÉ- SION, DiISSOLUTION, COAGULATION, CRys- TALLISATION, ASCENSION, SECRÉTION , FER- MENTATION, &c. « En admettant ce principe , ajoûte cet illufire » auteur ,ontrouvera que la nature eft par-tout con- » forme à elle-même , & très-fimple dans fes opé- .» rations : qu’elle produit tous les grands mouve- » mens des corps céleftes par lartraélion de la gra- » vité qui agit fur les corps, & prefque tous les pe- » tits mouvemens de leurs parties, parle moyen de » quelqu’autre puiflance arrraélive répandue dans ces » parties. Sans ce principe il n’y auroit point de » mouvement dans le monde : & fans la continua- » tion de l’aétion d’une pareille caufe , le mouve- » ment périroit peu à peu, puifqu'il devroit conti- » nuellement décroître & diminuer, fi ces puiflances » aétivesn’en reproduifoient fans cefle de nouveaux, » Optig. p. 373 ». Il eft facile de juger après cela combien font in- juftes ceux des philofophes modernes qui fe décla- rent hautement contre le principe de l’attraéfion » fans en apporter d’autre raifon , finon , qu'ils ne conçoi- vent pas comment un corps peut agir fur un autre qui en ef éloigné. Il eff certain que dans un grand nombre. de phénomenes , les philofophes ne recon- noïflent point autre d’aétion , que celle qui eft pro- duite par limpulfon & le contaët immédiat : mais nous voyons dans la nature plufeurs effets , fans y PPppp 950 A TT remarquer d’impulfon: fouvent même nous fommes en état de prouver, que toutes les explications qu’on peut donner de ces effets , par le moyen des lois connues de limpulfon , font chimériques &z con- +raïres aux principes dela méchanique la plus fm- ple. Rienw’eft donc plus fage & plus conforme à la “vraie -Philofophie, que de fufpendré notre jugement fur la nature de la force qui produit ces effets. Par tout où il y a un efet, nous pouvons con- clurre qu'il ya une caufe, foit que nous la voyions ou que nous ne la voyions pas. Mais quand la caufe eft inconnue , nous pouvons confidérer fimplement l'effet , fans avoir égard à la caufe ; & c’eft même à quoiil femble qu’un philofophe doit fe borner en pa reil cas : car, d’un côté , ce feroit laifier un grand vuide dans l’hifloire de la nature, que de nous dif- penfer d'examiner un grand nombre de phénomenes fous prétexte que nous en ignorons la caufe ; & de l’autre, ce feroit nous expofer à faire un roman , que de vouloir raïfonner fur des caufes qui nous font in- connues. Les phénomenes de l’arracfion font donc la matiere des recherches phyfiques ; & en cette quali- té ils doivent faire partie d’un fyftème de phyfique : mais la. caufe de ces phénomenes n'eft du reffort du phyficien., que quand elle eft fenfble, c’eft-à-dire , quand elle paroit elle-même être l'effet de quelque caufe plus relevée : ( car la caufe immédiate d’un effet ne paroît elle-même qu’un effet , la premiere caufe étant invifible. ) Ain nous pouvons fuppofer autant de caufes d’attraition qu'il nous plaira , fans que cela puifle nuire aux eflets. L’illuftre Newton femble même être indécis fur la nature de ces caufes: car ilparoît quelquefois regarder la gravité , comme l’efet d’une caufe immatérielle ; ( Optique p. 343, &c.) & quelquefois il paroît la regarder comme l’ef- fet d’une caufe matérielle. Ibid, p.323. Dans la philofophie Newtonienne, la recherche de la caufe eft le dernier objet qu’on a en vüe ; Ja- mais on" ne penfe à la trouver que quand les lois de l'effet & les phénomenes font bien établis ; parce que c’eft par les effets feuls qu’on peut remonter jufqu’à la caufe : les a@tions mêmes les plus palpables & les plus fenfibles n’ont point une caufe entierement connue : les plus profonds philofophes ne fauroient concevoir comment l’impulfñon produit le mouve- ment , c’efl-à-dire , comment le mouvement d’un corps pafle dans un autre par le choc: cependant la communication du mouvement par l’impulfion eft un principe admis , non-feulement en Philofophie , mais encore en Mathématique ; & même une, grande pattie de laMéchanique élémentaire a pour objet Les lois &r les effets de cette commumication. Voyez PER- CUSSION & COMMUNICATION de mouvement. Concluons donc que quand les phénomenes font fuffifamment établis, les autres efpeces d'effets, où on ne remarque point d’impulfion , ont le même droit de pafñfer de la Phyfique dans les Mathéma- tiques , fans qu’on s’embarrafle d’en approfondir les caufes qui font peut-être au-deflus de notre portée : ileftpermus deles regarder comme caufes occultes, (car toutes les caufes le font, à parler exaétement ) & de s’en tenir aux effets, qui font la feule chofeim- - médiatement à notre portée. Newton a donc éloigné avec raifon de fa philofo- phie cette difcuflion étrangère & métaphyfique ; & maleré tous les reproches qu'ona cherché à lui faire là-deflus,, il a la gloire d’avoir découvert dans la mé- chanique , un nouveau principe, qui étant bien ap- profondi , doit être infiniment plus étendu que ceux de laméchanique ordinaire : c’eftde ceprincipe feu- lement que nous pouvons attendre Pexplcation d’un grand nombre de changemens qui arniventidans les corps , comme-.produétions , générations ; COrrup- tiqns, Éc, en un mot , de toutes les opérations fur- ATT | prenantes de la Chimie. Voyez GÉNERATION,, Cor: RUPTION ; OPÉRATION , CHIMIE, 6e. Quelques Philofophes Anglois ont approfondi les principes de l’asrraifion. M. Keïl en particulier a tâché de déterminer quelques-unes:des lois de cette nouvelle caufe , & d'expliquer par ce moyen plufeurs phéno- menes généraux de la nature , comme la cohéfion , la fluidité , l’élafticité , la fermentation, la mollefle, la coagulation. M. Friend , marchant fur festraces, a | encore fait une application plus étendue deices mêmes principes aux phénomenes de la Chimie. Auffi quel- ques philofophes ont été tentés de regarder cette nou- velle méchanique commeunefciencecomplete, & de penfer qu'iln’y a prefque aucun effet phyfque dont la force attrattivenefournifleuneexplicationimmediate, : Cependant en tirant cette conféquence, il yauroit lieu de craindre qu’on ne fe hâtât un peu trop : un principe fi fécond a befoind’être examiné encore plus à fond ; & il femble qu'avant d’en faire l'application générale à tous les phénomenes , 1l faudroit examiner plus exaétement fes lois &c fes limites. L’arsrailion en général eft un principe fi complexe , qu’on peut par Ion moyen expliquer une infinité de phénomenes dif- férens les uns des autres : mais jufqu’à ce quenousen connoïffions mieux les propriétés , il feroit peut-être bon de l’appliquer à moins d'effets , & de l’approfon- dif davantage. Il fe peut faire que toutes les asrrac- sions ne fe reflemblent pas , & que quelques-unes dépendent de cértaines caufes particulieres , dont nous n’avons pù nous former jufqu’à préfent aucune idée, parce que nous n'avons pas aflez d’obferva- tions exactes , ou parce que les phénomences: font fi peu fenfibles qu’ils échappent à nos fens. Ceux qui viendront après nous, découvriront peut-être ces di- verfes fortes de phénomenes : c’eft pourquoi nous devons rencontrer un grand nombre de phénomenes qu'il nous eft impoflible de bien expliquer ;| ou de démontrer, avant que ces caufes ayent êté découver- tes. Quant au mot d’atrratlion | on peut fe fervir de ce terme jufqu'à ce que la caufe foit mieux connue. Pout donner un eflai du principe d’errrattion , & de la maniere dont quelques Philofophes l'ont appli- qué , nous joindrons ici les principales lois qui ont été données par M. Newton, M. Keill, M. Friend, &c. THéor.lI. Outre la force artrathive qui retient les planetes 8c les cometes dans leurs orbites ,ily en a une autre par laquelle les différentes parties dont les corps font compolés , s’attirent mutuellement les unes les autres ; & cette force décroit plus qu’en rai- fon inverfe du quarré de la diftance. Ce théoreme.; comme nous l’avons déja remar- qué, peut fe démontrer par un grand nombre de phénomenes. Nous ne rappellerons 1ci que les plus fimples & les plus communs : parexemple , la figure fphérique que les gouttes d’eau prennent, ne peut provenir que d’une pareille force* c’eft par la même raifon que deux boules de mercures’uniffent & s'incor- porent en une feule dès qu’elles viennent àfetoucher, ou qu’ellesfont fort près l’unede l’autre; e’eft encore en vertu de cette force que l’eau s'élève dans les tuyaux capillaires, ce. À l’égard de la loi précife de cette atraélion, on ne l’a point encore déterminée : tout ce que Pon fait certainement , c’eft qu’en s’éloignant du point de conta@, elle déeroît plus que dans la raïfon inverfe du quarré de la diftance, & que par conféquent elle {uit une autre loi que la gravité. Eneffet, fi cette force fuivoit la loi de la raïfon inverfe du quarré de la diftance , elte ne feroit guere plus grande au point de contaë que fort proche de ce point : car M. New- ton a démontré dans fes Principes mathématiques; que fi l'artraëtion d’un corps eft en raifon mverfe du quar- té de la diftance , cette astraëfion ef finie au point de conta&, & qu'ainf elle n’eft guere plus grande au point de contait, qu’à une petite diftance de ce point; au contraire, lorfque l’artratfion décroit plus qu'en raifon inverie du quarré de la diftance, par exemple en raifon inverfe du cube, ou d’une autre puiflance plus grande que le quarré ; alors, felon les démonitrations de M. Newton, l’artraion eft infime au-point de contaét , & finie à une très-petite dif- tance de ce point. Ainf l’attrattion au point de con- ta@ eft beaucoup plus grande, qu’elle n'eft à une très-petite diftance de ce même point. Or il eft cer- tain par toutes les expériences, que l’atrraülion quieft très-srande au point de contaét, devient prefque 1n- {enfble à une très-petite diftance de ce point. D'où il s’enfuit que l’arratfion dont il s’agit, décroiït en raïfon inverfe d’une puiffance plus grande que le quarré de la diftance : mais l'expérience ne nous a point encore appris , fi la diminution de cette force fuit la raïfon inverfe du cube , ou d’une autre puif- fance plus élevée. II. La quantité de l’arrrattion dans tous les corps très-petits, eft proportionnelle , toutes chofes d’ail- leurs égales , à la quantité de matiere du corps atti- rant, parce qu’elle eft en effet, ou du moins à très- peu près, la fomme oule réfultat des artratlions de tou- tes les parties dont le corps eft compofé ; ou, ce qui revient au même , l’astraéfion dans tous Les corps fort petits, eft comme leurs folidités , toutes chofes d’ail- leurs égales. Donc 1°. à diftances égales , les atsrattions de deux corps très-petits feront comme leurs mafles, quel- P | que différence qu’il y ait d’ailleurs entre leur figure & leur volume. 2°, À quelque diftance que ce foit, l’attracfion d’un corps très-petit eft comme fa mafñle divifée par le quarré de la difance. Il faut obferver que cette loi prife rigoureufement, n’a lieu qu’à l'égard des atomes, ou des plus petites parties compofantes des corps, que quelques-uns appellent particules de la derniere compofition | & non pas à l'égard des corpufcules faits de ces atomes. Car lorfqu’un corps eft d’une grandeur finie, las tratlion qu’il exerce fur un point placé à une certaine diftance , n’eft autre chofe que le réfultat des arrac- sions , que toutes les parties du corps artirant exer- cent fur ce point, & qui en fe combinant toutes en- femble , produifent fur. ce point une force ou une tendance unique dans une certaine direétion. Or comme toutes les particules dont le corps aftirant eft compofé, font différemment fituées par rapport au point qu’elles attirent ; toutes les forces que ces par- ticules exercent, ont chacune une valeur & ure di- -rection différente ; & ce n’eft que par le calcul qu’on peut favoir fi la force unique qui en réfulte eft com- me la mañle totale du corps artirant divifée par le quarre de la diftance. Auffi cette propriété n’a-t-elle lieu que dans un très-petit nombre de corps; par exemple dans les fpheres , de quelque grandeur qu’el- les puiffent être. M. Newton a démontré que lar- tratlion qu’elles exercent fur un point placé à une diftance quelconque , eft la même que fi toute la ma- tiere étoit concentrée & réunie au centre de la fphe- re ; d'oùil s'enfuit que l’attrattion d’une fphere eften général comme fa mafle divifée par le quarré de la diftance qu'il y a du point arriré au centre de la fphe- re. Lorfque le corps artirant eft fort petit , toutes fes parties font cenfées être à la même diftance du point attiré , &t font cenfées agir à peu près dans Le même fens : c’eft pour cela que dans les petits corps lar- trathion eft cenfée proportionnelle à la mafle divifée par le quarré de la diftance. Au refte c’eft toüjours à la mañle, & non à la grof- feur ou au volume, que l’artraition eft proportion- nelle; car l’arrrachion totale eft la fomme des artrac- sions particulieres des atomes dont un corps eft com- _ Toml, ATT 851 pofé. Or ces atomes peuvent être tellement ünis en: femble, que les corpufcules les plus folides , forment les particules les plus légeres ; c’eft-à-dire:, que leurs furfaces n'étant point propres pour fe toucher inti: mement, elles feront féparées par de fi grands inter- ftices , que la groffeur ne fera point proportionnelle à la quantité de matiere. III. Si un corps eft compof de particules, dont chacune ait une force arrraëihive décroifante en rai fon triplée ou plus que triplée des diftances , la force" avec laquelle une particule de matiere fera attirée par ce corps au point de contatt , fera infiniment plus grande , que f cette particule étoit placée à une dif tance donnée du corps. M. Newton a démontré cette propolition dans fes principes, comme nous l’ayons déjà remarqué. Voyez Prince, math, feët, xuj, Liv, L. Propofition premiere. | LV. Dans la même fuppoñtion , fi la force artrac- tive qui agit à une diftance affignable, à un rapport fini avec la gravité , la force arraühive au point de contaét , ou infiniment près de ce point, fera infini= ment plus grande que la force de la gravité. V. Mais fi dans le point de contaét la force artrac= tive a un rapport fini à la gravité, la force à une dif tance affignable fera infiniment moindre que la force de la gravité , & par conféquent fera nulle. VI. La force artraélive de chaque particule de ma- tiere au point de contaét , furpañle prefque infini- ment la force de la gravité, mais cependant n’eft pas infiniment plus grande. De ce théorème & du précé- dent , il s'enfuit que la force arrraülive qui agit à une diffance donnée quelconque , fera prefque égale à ZÉTO. Par conféquent cette force arrraüivedes corps ter- reftres ne s’étend que dans un efpace extrèmement petit, & s’évanouit à une grande diftance. C’eft ce qu fait qu’elle ne peut rien déranger dans le mouve- ment des corps céleftes qui en font fort éloignés , & que toutes les planetes continuent fenfiblement leur cours, comme s’il n’y avoit point de force attractive dans les corps terrefires. Où la force attraüive cefle, la force répulfive com- mence, felon M. Newton, ou plütôt la force arrrac- tiye fe change en force répulfive. Voyez RÉPULSION. VII. Suppofons un corpufcule qui touche un corps : la force par laquelle le corpufcule eft pouffé,, c’eft-à-dire , la force avec laquelle il eft adhérent au corps qu'il touche, fera proportionnelle à la quantité du contaët ; car les parties un peu éloignées du point de contaét ne contribuent en rien à la cohéfon. Il y a donc différens degrés de cohéfion , felon la différence qui peut fe trouver dans le contaét des par- ticules : la force de la cohéfion eff la plus grande qu'il eft poflible , lorfque la furface touchante eft plane + en ce cas', toutes chofes d’ailleurs égales, la force par laquelle le corpufcule eft adhérent, fera comme les parties des furfaces touchantes. | C’eft pour cette raïon que deux matbres parfai- tement polis, qui fe touchent par leurs furfaces pla- nes, font fi difficiles à féparer, & ne peuvent l'être que pat un poids fort fupérieur à celui de l'air qui les preffe. | VIII. La force de l’arrraifion croît dans les petites particules , à mefure que le poids & la groffeur de ces particules diminue; ou pour s’expliquer plus clai- rement , la force de l’asrrattion décroït moins à pro- portion que la mañle , toutes chofes d’ailleurs égales. Car comme la force attraétive n’agit qu’au point de conta& , ou. fort près de ce point , le moment de cette force doit être comme la quantité de conta&, c’eft-à-dire, comme la denfité des parties, & la gran- deur de leurs furfaces : or les furfaces des corps croif fent ou décroiflent commeles quarrés des diametres, & les folidités comme les cubes de ces mêmes dia- PPpppi 852 ATT mietrés ; par Conféquent les plus petites particules ayant plus de furface , à proportion de leur folidité, {ont capables d'un contatt plus fort ) Éc. Les cor- pufcules dont le contaët eft le plus petit, & lé moins étendu qu'il eft poflible , comme les fpheres infini- ment petites, font ceux qu’on peut féparer le plus aifément l’un de l’autre. On peut tirer de ce principe la caufe de la flui- dité ; car regardant les parties des fluides comme de petites fpheres ou globules très-polis , on voitque leur arrrathion & cohéfion mutuelle doit être très-peu confidérable , & qu’elles doivent être fort faciles à féparer &c à glifler les unes fur les autres; ce qui conftitue la fluidité. Voyez FLUIDITÉ , EAU, Gc. IX. La force par laquelle un corpufcule eft attiré par un autre corps qui en eft proche , ne reçoit au- cun changement dans fa quantité , foit que la matiere du corps attirant croifle ou diminue , pourvü que le corps attirant conferve toûjours la même denfité, & qué le corpufcule demeure toûjours à la meme dif- tance. | Car puifque la puiffance attraétive n’eft répandue que dans un fort petit efpace , 1l s'enfuit que les cor- pufcules qui font éloignés d’un autre, ne contri- buent en rien pour attirer celui-ci : par conféquent le corpufcule fera attiré vers celui qui en eft proche avec la même force, foit que les autres corpufcules y foient ou n’y foïent pas ; & par conféquent auffi , 1oit qu’on en ajoûte d’autres ou non. Donc les particules auront différentès forces at- tradives , felon la différence de leur ftruêture : par exemple , une particule percée dans fa longueur n’attirera pas fi fort qu'une particule qui feroit en- tiere : de même auffi la différence dans la figure en produira une dans la force attraétive, Ainfiune fphe- re attirera plus qu'un cone, qu’un cylindre, &c. X. Suppolons que la contexture d’un corps foit . telle, que les dernieres particules élémentaires dont il eft compofé foient un peu éloignées de leur pre- mier contaét par l’aétion de quelque force extérieure, comme par le poids ou limpulfion d’un autre corps, mais fans acquérir en vertu de cette force un nou- veau contaét ; dès que l’aétion de cette force aura cefé , ces particules tendant les unes vers les autres par leur force attraétive, retourneront aufli-tôt à leær premier contaét. Or quand les parties d’un corps, après avoir été déplacées , retournent dans leur pre- miere fituation, la figure du corps, qui avoit été changée par le dérangement des parties, fe rétablit aufhi dans fon premier état : donc les corps qui ont perdu leur figure primitive, peuvent la recouvrer pat l’arrrailion. Par-là on peut expliquer la caufe de lélafticité ; car quand les particules d’un corps ont été un peu dérangées de leur fituation , par l’ation de quelque force extérieure ; fi-tôt que cette force cefle d’agir, les parties féparées doivent retourner à leur premie- re place ; & par conféquent Le corps doit reprendre fa figure, &c. Voyez ELASTICITÉ , Ge. XI. Maïs fi la contexture d’un corps eft telle que fes partiés, lorfqw’elles perdent leur conta@ par l’ac- tion de quelque caufe extérieure, en reçoivent un autre du même degré de force ; ce cOfps ne pourra reprendre fa prenuere figure. Par-là on peut expliquer en quoi confifte la mol- leffe des corps. XIL. Un corps plus pefant que l’eau , peut dimi- nuer de groffeur à un tel point, que ce corps demeu- re fufpendu dans l’eau , fans defcendre , comme il le devroit faire , par fa propre pefanteur. Par-là on peut expliquer pourquoi les particules falines, métalliques, & les autres petits corps fem- blables, demeurent fufpendus dans les fluides qui les diffolvent. Voyez MENSTRUE. ATT XIII. Les grands corps s’approchent Fun de l’au: tre avec moins de vitefle que les petits corps. En ef. fet la force avec laquelle deux corps 4, B, s’attirent (fig. 32 mech. n°. 2), réfide feulement dans les par- ticules de ces corps les plus proches ; car les par= ties plus éloignées n’y contribuent en rien : par con- féquent la force qui tend à mouvoir les corps 4 & B , n’eft pas plus grande que celle qui tendroit à mouvoir les feules particules c & d. Or les vitefles des différens corps müûs par une même force font en raïon inverfe des mafles de ces corps;car plus la mañle à mouvoir eff grande,moins cette force doit lui impri- mer de vitefle : donc la viteffe avec laquelle le corps A tend à s’approcher de B, eft à la vitefle avec la- quelle la particule c tendroit à fe mouvoir vers B, {elle étoit détachée du corps 4, comme la particule ceftau corps À : donc la vitefle du corps A eft beau- coup moindre que celle qu'auroit la particule c, fi elle étoit détachée du corps 4. C’eft pour cela que la viteffe avec laquelle deux petits corpufcules tendent à s’approcher l’un de l’au- tre, eft en raïfon inverfe de leurs mafñles ; c’eft aufli pour cette même raïon que le mouvement des grands corps eft naturellement fi lent, que le fluide envi- ronnant & les autres corps adjacens le retardent & le diminuent confidérablement ; au lieu que les petits corps font capables d’un mouvement beaucoup plus grand, & font en état par ce moyen de produire un très-grand nombre d’effets ; tant 1l eft vrai que la for- ce ou l’énergie de l’arrraëtion eft beaucoup plus con- fidérable dans les petits corps que dans les grands. On peut aufñ déduire du même principe la raifon de cet axiome de Chimie : es els n'agiffent que quand ils Jont diffous, XIV. Si un corpufcule placé dans un fluide eft éga- lement attiré en tout fens par les particules environ- nantes, ilne doit recevoir aucun mouvement : mais s’il eft attiré par quelques particules plus fortement que par d’autres , 1l doit fe mouvoir vers le côté où l'attrattion eft la plus grande ; & le mouvement qu'il aura fera proportionné à l’inégalite d’aséraélion ; c’eft- à-dire , que plus cette inégalité fera grande, plus auffi le mouvement fera grand, & au contraire. XV. Si des corpuicules nagent dans un fluide, & qu'ils s’attirent les uns les autres avec plus de force qu'ils n’attirent les particules intermédiaires du flui- de, & qu'ils n’en font attirés, ces corpufcules doi- vent s'ouvrir un pañage à travers les particules du fluide , & s’approcher les uns des autres avec une force égale à l’excès de leur force attraétive fur celle des parties du fluide. XVI. Si un corps eft plongé dans un fluide dont les particules foient attirées plus fortement par les parties du corps , que les parties de ce corps ne s’at- tirent mutuellement, & qu’il y ait dans ce corps un nombre confidérable de pores ou d’interftices à tra- vers lefquels les particules du fluide puiffent pañler ; le fluide traverfera ces pores. De plus, fi la cohé- fion des parties du corps n’eft pas aflez forte pour réfifter à l'effort que le fluide fera pour les féparer , ce corps fe difloudra. Voyez DISSOLUTION. Donc pour qu’un menftrue foit capable de diffou- dre un corps donné , il faut trois conditions : 1°, que les parties du corps attirent les particules du menf true plus fortement qu’elles ne s’attirent elles-mêmes les unes les autres : 2°. que les pores du corps foient perméables aux particules du menfirue: 3°. que la cohéfion des parties du corps ne foitpas affez forte pour réfifter à l’effort & à l’irruption des particules du menftrue. Voyez MENSTRUE. XVII. Les fels ont une grande force attraëtive, même lorfqu’ils font féparés par beaucoup d'interf- tices qui laïffent un libre pañfage à l’eau : par confé- quent les particules de l’eau {ont fortement attirées ATT par les particules falines ; de forte qu’elles fe précr- pitent dans les pores des parties falines , féparent ces parties, & diflolvent le fel. Foyez SEL. XVIIL. Si les corpufcules font plus attirés par les parties du fluide qu'ils ne s’attirent les uns les au- tres, ces corpufcules doivent s'éloigner les uns des autres | & fe répandre çà & [à dans le fluide. Par exemple, fi on diflout un peu de {el dans une grande quantité d’eau , les particules du fel, quoi- que d’une pefanteur fpécifique plus grande que celle de l’eau , fe répandront & fe difperferont dans toîite la mañle de l’eau , de maniere que l’eau fera auf fa- lée au fond, qu’à fa partie fupérieure. Cela ne prou- ve-t-il pas que les parties du fel ont une force cen- trifuge ou répulfive , par laquelle elles tendent à s'éloigner les unes des autres ; ou plütôt qu’elles font attirées par l’eau plus fortement qu’elles ne s’attirent les unes les autres ? En effet, comme tout corps mon- te dans l’eau, lorfqu’il eft moins attiré par la gravi- té terreftre que les parties de l’eau , de même toutes les parties de fel qui flottent dans l’eau , & qui font moins attirées par une partie quelconque de fel que les parties de l’eau ne le font ; toutes ces parties, dis- je , doivent s'éloigner de la partie de fel dont il s’a- git, & laïfler leur place à l’eau qui en ef plus atri- rée. Newton, Op. p. 363. XIX. Si des corpufcules qui nagent dans un flui- de tendent les uns vers les autres, & que ces corpuf cules foient élaftiques , ils doivent après s’être ren- contrés s'éloigner de nouveau, jufqu’à ce qu'ils ren- comrent d’autres corpufcules qu les réfléchiffent ; ce qui doit produire une grande quantité d’impulfions , de répercuflions , & pour ainfi dire de conflits entre ces corpufcules. Or en vertu de la force attraétive, la vitefle de ces corps augmentera continuellement ; de maniere que le mouvement inteftin des particules deviendra enfin fenfible aux yeux. Ÿ. MOUVEMENT INTESTIN. De plus , ces mouvemens feront différens, &f{e- ront plus ou moins fenfibles &c plus ou moins prompts, felon que les corpufcules s’attireront l’un l'autre avec plus ou moins de force , & que leur élaf ticite fera plus ou moins grande. XX. Si des corpufcules qui s’attirent l’un l’autre viennent à fe toucher mutuellement , ils n’auront plus de mouvement , parce qu'ils ne peuvent s’ap- procher de plus près. S'ils font placés à une très-pe- tite diftance lun de l’autre , ils fe mouvront : mais f on les place à une diftance plus grande, de manie- re que la force avec laquelle ils s’attirent l’un l’autre, ne furpañle point la force avec laquelle ils attirent les particules intermédiaires du fluide ; alors ils n’au- ront plus de mouvement. De ce principe dépend l'explication de tous les phénomenes de la fermentation & de l’ébullition, 7. FERMENTATION G ÉBULLITION. Ainfi on peut expliquer par-là pourquoi l’huile de vitriol fermente & s’échauffe quand on verfe un peu d’eau deflus ; car les particules falines qui fe tou- choient font un peu defunies par l’effufion de l’eau : Or comme ces particules s’attirent l’une l’autre plus fortement qw’elles n’attirent les particules de l’eau, & qu'elles ne font pas également attirées en tout fens, elles doivent néceflairement fe mouvoir & fermen- ter. Voyez VITRIOL. C’eft aufli pour cette raïfon qu'il fe fait une fi vio- lente ébullition, lorfqu’on ajoûte à ce mélange, de la limaille d’acier ; car les particules de l’acier font fort élaftiques , & par conféquent font réfléchies avec beaucoup de force. On voit aufli pourquoi certains menftrues agifent plus fortement, & diflolvent plus promptement le corps lorfque ces menftrues ont été mêlés avec l’eau. Cela s’obferve lorfqu’on verfe fur le plomb ou fur A MBUE 853 quelques autres métaux de Phuile de vitriol, de léau- forte, de l’efprit de nitre, re@tifiés ; car ces métaux ne fe diffoudront qu’après qu’on y aura verfé de l’eau. XXI. Si les corpufcules qui s’attirent mutuelle. ment l’un l’autre n’ont point de force élaftique , ils ne feront point réfléchis : maisils {e joindront en petites mafles , d’où naîtra la coagulation. S1 la pefanteur des particules ainfi réunies fut- pañfe la pefanteur du fluide , la précipitation s’en fui vra. Voyez PRÉCIPITATION. XXII. Si des corpufcules nageant dans un fluide s’attrent mutuellement , & fi la figure de ces corpuf cules eft telle, que quelques-unes de leurs parties ayent plus de force arrraëlive que les autres, &: que le contaét foit auffi plus fort dans certaines parties que dans d’autres, ces corpufcules s’uniront en pre- nant de certaines figures ; ce qui produira la cryftal- lifation. Voyez CRYSTALLISATION. Des corpufcules qui font plongés dans un fluide dont les parties ont un mouvement progreffif égal &T uniforme, s’artirent mutuellement de la même maniere que fi le fluide étoit en repos : mais fi toutes les parties du fluide ne fe meuvent point également, lattraëlion des corpufcules ne fera plus la même. C’eft pour cette raïfon que les fels ne fe cryftalli- fent point, à moins que l’eau où on les met ne foit froide. XXIIT. Si entre deux particules de fluide fe trou- ve placé un corpufcule, dont les deux côtés oppofés ayent une grande force arrraétive, ce corpufcule for- cera les particules du fluide de s’umir & de fe congluti- ner avec lui; & s’il y a plufeurs corpufcules de cette forte répandus dans le fluide , ils fxeront toutes les particules du fluide , & en feront un corps folide, & le fluide fera gelé ou changé en glace. Voyez GLACE. XXIV. Si un corps envoye hors de lui une gran- de quantité de corpufceules dont l’attra@tion foit très- forte, ces corpufcules lorfqw’ils approcheront d’un corps fort léger , furmonteront par leur arrraéfion la pefanteur de ce corps, & l’attireront à eux; & com- me les corpufcules font en plus grände abondance à de petites diftances du corps, qu’à de plus grandes, le corps léger fera continuellement tiré vers l'endroit où l’émanation eft la plus denfe ; jufqu’à ce qu’enfin il vienne s’attacher au corps même d’où les émana- tions partent. Voyez ÉMANATION. Par-là on peut expliquer plufieurs phénomenes de Péleétricité. Voyez ÉLECTRICITÉ. Nous avons crû devoir rapporter ici ces différens théorèmes fur l’artration,pour faire voir comment on a tâche d’expliquer à l’aide de ce principe plufieurs phénomenes de Chimie : nous ne prétendons point cependant garantir aucune de ces explications ; & nous avouerons même que la plüpart d’entre elles ne paroïffent point avoir cetfe précifion & cette clarté qui eft néceflaire dans l’expofition des caufes des phé- nomenes de la nature. Il eft pourtant permis de croire que l’attraëlion peut avoir beaucoup de part aux effets dont ils’agit ; & la maniere dont on croit qu’elle peut y fatisfaire, eft encore moins vague que celle dont on prétend les expliquer dans d’autres fyfèmes. Quoi qu'il en foit, le parti le plus fage eft fans doute de fufpendre encore fon jugement fur ces chofes de dé- tail, jufqu’à ce quenous ayons une connoïffance plus parfaite des corps & de leurs propriétés. Voici donc, pour fatisfaire à ce que nous avons promis au commencement de cetarticle, ce qu'ilnous femble qu’on doit penfer fur l’arrraition. Tous les Philofophes conviennent qu'il y a une force qui fait tendre les planetes premieres vers le {oleil , & les planetes fecondaires vers leurs planetes principales. Comme il ne faut point multiplier les . ! J 2° à principes fans néceffité, & que l’impulfon eft le prin- 854 ATT -cipe le plus connu & le moins côntefté du mouves ment des corps, il eft clair que la premiere idée d’un philofophe doit être d’attribuer cette force à l’im- pulfon d’un fluide, C’eft à cette idée que les tourbil- lons de Defcartes doivent leur naïffance ; &elle pa- roifloit d'autant plus heureufe, qu’elle expliquoit à la fois le mouvement de tranflation des planetes par le mouvement circulaire de la matiere du tourbillon, &z leur tendance vers le feleil par la force centrifuge de cette matiere. Mais ce n’eft pas aflez poux une hypothefe de fatisfaire aux phénomenes en gros, pour anfi dire , & d’une maniere vague : les détails en font la pierre de touche , & ces détails ont été la ruine du fyftème Cartéfien. Voyez PESANTEUR, TOURBILLONS, CARTÉSIANISME, 6e, Il faut donc renoncer aux tourbillons , quelque agréable que le fpeétacle en paroïfle. Il y a plus; on eft prefque forcé de convenir que les planetes ne fe meuvent point en vertu de l’aétion d’un fluide : çar de quelque maniere qu’on fuppofe que cefluide agifle, on fe trouve expofé de tous côtés à des difficultés in- furmontables : Le feul moyen de s’en tirer, feroit de fuppofer un fluide qui fût capable de poufler dans un fens, & qui ne réfftât pas dans un autre : mais le re- mede, comme on voit, feroit pire que le mal. On eft donc réduit à dire, que la force qui fait tendre les planetes vers le foleil vient d’un principe inconnu, & fil’on veut d’une qualité occulte; pourvü qu’on n’at- tache point à ce mot d’autre idée que celle qu'il pré- fente naturellement , c’eft-à-dire d’une caufe qui nous eft cachée. C’eft vraiflemblablement le fens qu’Arif- tote y attachoit, en quoi 1l a été plus fage que fes fectateurs, & que bien des philofophes modernes. Nous ne dirons donc point fi l’on veut que larrrac- zion eftune propriété primordiale de la matiere , mais nous nous garderons bien auf d'affirmer, que Pim- pulfon foit le principe néceflaire des mouvemens des planetes, Nous avouons même que fi nous étions for- <és de prendre un parti, nous pencherions bien plü- tôt pour le premier que pour le fecond ; puifqu’il n’a pas encore été poffble d'expliquer par le principe de l’impulfion les phénomenes céleftes ; & que l’impof- fibilité même de les expliquer par ce prinape, eft appuyée fur des preuves très-fortes, pour ne pas dire fur des démonftrations. Si M. Newton paroït in- décis en quelques endroits de fes ouvrages fur la na- ture de la force attraülive ; s’il avoue même qu’elle peut venir d’une impulfion , 1l y a lieu de @roire que c'étoit une efpece de tribut qu'il vouloit bien payer aupréjugé , ou, fi l’on veut, à l’opinion générale de fon fiecle ; & on peut croire qu'il avoit pour l’autre fentiment une forte de prédileétion ; puifqu’il a fouf- fert que M. Côtes fon difciple adoptât ce fentiment ans aucune réferve , dans la préface qu'il a mife à la tête de la feconde édition des Principes ; préface faite fous les yeux de l’auteur, & qu’il paroïît avoir approuvée. D’ailleurs M. Newton admet entre les corps céleftes une arrraëfion réciproque ; & cette opi- nion femble fuppofer que larrrathon eft une vertu in- herente aux corps. Quoi qu’il en foit , la force atrrac- zive , {elon M. Newton, décroît en raïfon inverfe des quarrés des diftances : ce grand philofophe a expliqué par ce feul principe une grande partie des phénome- nes céleftes ; & tous cenx qu’on a tenté d'expliquer depuis par ce même principe, l'ont été avec une faci- lité & une exattitude qui tiennent du prodige. Le feul mouvement des apfdes de la lune a paru durant quelque tems fe refufer à ce fyftème : mais ce point n’eft pas encore décidé au moment que nous écri- vons ceci; & je crois pouvoir aflürer que le fyftème Newtonien en fortira à fon honneur. Voyez LUNE. Toutes les autres inégalités du mouvement de la lu- ne qui, comme l’on fait , font très-confidérables , & en grand nombre , s'expliquent très-heureufement ATOS E dans le fyftème de l’ascradtion. Je m’en fuis anff afftré par le calcul, & je publierai bientôt mon travail. Tous les phénomenes nous démontrent donc qu'il y a une force qui fait tendre les planetes les unes vers les autres, Ainfi nous ne pouvons nous difpenfer de l’admettre ; & quand nous ferions forcés de la recon- noître comme primordiale & inhérente à la matiere, j'ofe dire que la difficulté de concevoir une pareille caufe feroit un argument bien foïble contre {on exif- tence. Perfonne ne doute qu’un corps qui en rencon- treun autre ne lui communique du mouvement: mais avons-nous une idée de la vertu par laquelle fe fait cette communication ? Les Philofophes ont avec le vulgaire bien plus de refflemblance qu’ils ne s’imagi- nent. Le peuple ne s'étonne point de voir une pier- re tomber , parce qu’il l’a toûjours vüû ; de même les Philofophes , parce qu'ils ont vù dès l’enfance les effets de l’impulfion, n’ont aucune inquiétude fur la caufe qui les produit. Cependant fi tous les corps qui en rencontrent un autre s’arrêtoient fans leur com- muniquer du mouvement, un philofophe qui verroit pour la premiere fois un corps en pouffer un autre {eroit auf furpris qu’un homme qui verroit un corps pefant fe foûtenir en l’air fans retomber. Quand nous {aurions en quoi confifte l’impénétrabilité des corps, nous n’en ferions peut-être guere plus éclairés fur la nature dela force impulfive. Nous voyons{feulement, qu’en conféquence de cette impénétrabilité , le choc d’un corps contre un autre doit être fuivi de quelque changement , ou dans l’état des deux corps, ou dans l’état de l’un des deux : mais nous ignorons , & ap- paremment nous ignorerons tohjours, par quelle ver- tu ce changement s'exécute , & pourquoi par exem- ple un corps qui en choque un autre ne refte pas toû- jours en repos après le choc, fans communiquer une partie de fon mouvement au corps choqué. Nous croyons que l’attraétion répugne à l’idée que nous avons de la matiere : mais approfondiflons cette idée, nous ferons -effrayés de voir combien peu elle eft diftinde , & combien nous devons être réfervés dans les conféquences que nous en tirons. L'univers eft caché pour nous derriere un efpece de voile à tra- vers lequel nous entrevoyons confufément quelques points. Si ce voile fe déchiroit tout-à-coup , peut-être ferions nous bien furpris de ce qui fe pañle derriere. D'ailleurs la prétendue incompatibilité de l’arsratfion avec la matiere n’a plus lieu dès qu’on admet un être intelligent & ordonnateur de tout, à qui il a été aufñ libre de vouloir que les corps agïflent Les uns fur les autres à diftance que dans le contaét. Mais autant que nous devons être portés à croire lexiftence de la force d’artrattion dans les corps cé- leftes, autant, ce me femble, nous devons être réfer- vés à aller plus avant. 1°. Nous ne dirons point que l'artraition eft une propriété effentielle de la matiere, c’eft beaucoup de la regarder comme une propriété primordiale ; & il y a une grande différence entre une propriète primordiale & une propriété efferielle. L’impénétrabilité, la divifibilité, la mobilité, font du dernier genre; la vertu impulfive eft du fecond. Dès que nous concevons un corps, nous le conceyons né- ceffairement divifible , étendu, impénétrable : mais nous ne concevons pas néceflairement qu’il mette en mouvement un autre corps. 2°. Si on croit que l’ar- trathion {oit une propriété inhérente à la matiere, on pourroit en conclurre que la loi du quarré s’obferve dans toutes fes parties. Peut-être néanmoins feroit-il plus fage de n’admettre l’asrathion qu'entre les par- ties des planetes, fans prendre notre parti fur la na- ture ni fur la caufe de cette force, jufqu’à ce que de nouveaux phénomenes nous éclairent fur ce fujet- Mais du-moins faut-il bien nous garder d’affürer que quelques parties de la matiere s’attirent furvant d’au- tres lois que celles du quarré, Cette propoftion ne paroit point fufifamment démontrée. Les faits font l'unique bouflole qui doit nous guider 1c1, & Je ne érois pas qüe nous en ayons encore un aflez grand nombre pour nous élever à une affertion fi hardie : on peut en juger par les différens théorèmes que nous venons de rapporter d’après M. Keïl & d’autres phi- lofophes. Le fyftème du monde eft en droit de nous faire foupçonner quelles mouvemens des corps n'ont peut-être pas l’impulfion feule pour caufe; que ce foupçon nous rende fages , & ne nous preflons pas de conclurre que l’arrratlion foit un principe univer- fel , jufqu'à ce que nous y foyons forcés par les phé- nomenes. Nous aimons, il eft vrai, à généralifer nos découvertes ; l’analogie nous plaît , parce qu’elle flatte notre vanité & {oulage notre parefle: maïs la nature n’eft pas obligée de {e conformer à nos idées. Nous voyons fi peu avant dans fes ouvrages, & nous les voyons par de fi petites parties, que les princi- paux reflorts nous en échappent. Fâchons de bien ap- percevoir ce qui eft autour de nous ; & finous vou- lons nous éléver plus haut, que ce foit avec beau- coup de circonfpetion : autrement nous n'en ver- ions que plus mal, en croyant voir plus lom ; les ôbjets éloignés feroient toüjours confus, & ceux qui étoient à nos piés nous échapperoient. Après ces refléxions, je crois qu’on pourroit fe difpenfer de prendre aucun parti fur la difpute qui a partagé deux académiciens célebres, favoir fi la loi d’artraëtlion doit néceflairement être comme une puiflance de la diffance , ou fi elle peut être en gé- nétal comme une fon@ion de cette même diftance, voyez PUISSANCE & FONCTION ; queftion purement métaphyfique , & fur laquelle il eft peut-être bien hardi de prononcer, après ce que nous venons de dire ; aufli n’avons-nous pas cette prétention, fur- tout dans un ouvrage de la nature de celui-ci. Nous croyons cependant que fi on regarde l'arrratfion com- me une propriété de la matiere ou une loi primitive de la nature, il eft aflez naturel de ne faire dépen- dre cette artratlion que de la feule diftance; & en ce cas fa loi ne pourra être repréfentée que par une puifance; car toute autre fonéhion contiendroit un parametre où quantité conflante qui ne dépendroit point de la diftance, & qui parottroit fe trouver là fans aucune raifon fuffifante. Il eft du-moins certain qu'une loi exprimée par une telle fonétion , feroit moins fimple qu’une loi exprimée par une feule puif- fance. Nous ne voyons pas d’ailleurs quel avantage il y auroit à exprimer l’aérattion par une fonétion. On prétend qu'on pourroit expliquer par-là, comment l'attraëlion à de grandes diftances eft en raïfon inver- {e du quarré, & fuit une autre loi à de petites diftan- ces: mais il n’eft pas encore bien certain que cette loi d’atrattion à de petites diftances, foit aufh géné- tale qu'on veut le fuppofer. D'ailleurs, fi on veut faire de cette fonétion une loi générale qui devienne fort différente du quarré à de très-petites diftances, & qui puille fervir à rendre raïfon des arrraüfions qu'on obferve ou qu’on fuppofe dans les corps ter- reftres , 1 nous paroit difhicile d'expliquer dans cette hypothefe comment la pefanteur des corps qui font immédiatement contieus à la terre, eft à la pefan- teur de la lune à peu près en raïfon inverfe du quarré de la diffance. Ajoütons qu’on devroit être fort cir- confpeët à changer la loi du quarré des diftances, quand même, ce qui n’eft pas encore arrivé, on trou- veroit quelque phénomene célefte, pour l’explica- tion duquel cette loi du quarré ne fuffroit pas. Les différens points du fyftème du monde, au moins ceux que nous avons examinés jufqu'icti, s'accordent avec la loi du quarré des diftances : cependant comme cet accord n’eft qu’un à peu près, 1l eff clair qu'ils s’ac- corderoient de même avec une loi qui feroit un peu ASTAR 855 différente de celle du quarré des diffances : mais on. fent bien qu’il feroit ridicule d'admettre une pareille loi par ce feul motif. Refte donc à fayoir fi un feul phénomene qui ne s’accorderoit point avec la loi du quarré, feroit une raifon fufifante pour nous obliger à changer cette loi dans tous les autres; & s’il ne feroit pas plus {a- ge d'attribuer ce phénomene à quelque caufe ou loi particuliere. M. Newton a reconnu lui-même d’aux tres forces que celle-là, puifqu’il paroït fuppofer que la force magnétique de la terre agit fur larlune, & On fait combien cette force eft différente de la force générale d’atrrailion, tant par fon intenfité, que par les lois fuivant lefquelles elle agit. M. de Maupertuis , un des plus célebres partifans du Newtonianifme, a donné dans fon difcours fur les figures des affres une idée du fyftème de larrratfion & des reflexions fur ce fyftème , auxquelles nous croyons devoir renvoyer nos lecteurs, comme au meilleur précis que nous connoïfions de tout ce qu’on peut dire fur cette matiere. Le même auteur obferve dans les Mém. acad.1734 , que M's de Ro- berval, de Fermat & Pafcal ont crû long tems avant M. Newton, que la pefanteur étoit une vertu arrrac- tive &t inhérente aux corps, en quoi on voit qu’ils fe font expliqués d’une maniere bien plus choquante pour les Carteñens ,que M. Newton ne l’a fait. Nous ajoûterons que M. Hook avoit eu la même idée, & avoit prédi qu’on expliqueroit un jour très-heureu- fement par ce principe les mouvemens des planetes. Ces refléxions, en augmentant le nombre des parti- fans de M. Newton, ne diminuent rien de fa gloire, puifqu'étant le premier qui ait fait voir l’ufage du principe , il en eft proprement l’auteur & le crea- teur (O0) Eu ATTRACTION DES MONTAGNES. Il eft certain que fi on admet l’arrrattion de toutes les parties de la terre, il peut y avoir des montagnes dont la male {oit affez confidérable pour que leur arrratlion foit {enfible. En effet, fuppofons pour un moment que la terre foit un globe d’une denfité uniforme, & dont le rayon ait 1500 lieues, & imaginons fur quelque endroit de la furface du globe une montagne de la même denfité que le globe, laquelle foit faite en de- mi-fphere & ait une lieue de hauteur ; 1l eft aifé de prouver qu'un poids placé au bas de cette montagne fera attiré dans le fens horifontal par la montagne, avec une force qui fera la 3000° partie de la pefan- teur, de maniere qu’un pendule ou fil à plomb placé au bas de cette montagne, doit s’écarter d'environ une minute de la fituation verticale ; le calcul n’en eft pas difficile à faire & on peut le fuppofer. Il peut donc arriver que quand on obferve la hau- teur d’un aftre au pié d’une fort grofle montagne, le fil à plomb, dont la direétion fert à faire connoître cette hauteur, ne foit point vertical; & fi l’on fai- {oit un jour cette obfervation , elle fourniroit, ce femble, une preuve confidérable en faveur du fy1- tème de l’artraition, Mais comment s’affürer qu'un fil à plomb n’eft pas exattèment vertical, puifque la di- reétion même de ce fil eft le feul moyen qu'on puifle employer pour déterminer la fituation verticale à Voici le moyen de réfoudre cette dificulté. Imaginons une étoile au nord de la montagne, & que lPobfervateur {oit placé au fud. Si larrraition de la montagne agit fenfiblement fur le ff à plomb, 1 feta'écatté de la fituation verticale vers le nord, & pat conféquent le zénith apparent reculera; pour ainfi dire, d'autant vers Le fud : ainfi la diftance obfervée de l'étoile au zénith, doit être plus grande que sl n’y avoit point d’atrraition. Donc f après avoir obfervé au pié de la monta- gne la diftance de cette étoile au zénith , On fe tranf porte loin dela montagne fur la même ligne à Peft 856 ATT wu à loueft , enforte que l’asrratlion ne puiffe plus avoir d'effet , la diftance de l'étoile obfervée dans cette nouvelle ftation doit être moindre que la pre- miere , au Cas que l’atrrathion de la montagne pro- ‘dif un'effet fenfble. a -On peut auf fe fervir du moyen fuivant, qui eft encore meilleur. Il-eft vifible que fi le fl à plomb au fud de la montagne eft écarté vers le nord, ce mê- me fil à plomb au nord de la montagne fera écarté vers le fud ; ainf le zénith, qui dans le premier cas étoit pour ainfi dire reculé en arriere vers le fud, fera dans le fecond cas rapproché en avant vers le nord; donc dans le fecond cas la diftance de l’étoile au zénith fera moindre que s’il n’y avoit point d’ar- traülion , au lieu que dans ke premier cas elle étoit plus grande. Prenant donc la différence de ces deux diftances & la divifant par la moitié, on aura la quan- tité dont le pendule eft écarté de la fituation verti- cale par l’artrattion de la montagne, On peut voir toute cette théorie fort clairement expofée avec plufieurs remarques qui y ont rapport, dans un excellent mémoire de M. Bouguer, imprimé en 1749 , à la fin de fon livre de La fioure de La terre. I] donne dans ce mémoire le détail des obfervations qu’il ft, conjointement avec M. de la Condamine, au fud & au nord d’une groffe montagne du Pérou appellée Chimboraco ; il réfulte de ces obfervations, que l’atrraëtion de cette grofle montagne écarte le fil à plomb d’environ 7” & demie de la fituation ver- ticale. | Au refte, M. Bounguet fait à cette occañon cette remarque judicieufe , que la plus groffe montagne pourroit avoir très-peu de denfité par rapport au globe terreftre, tant par la nature de la matiere qu’el- le peut contenir, que par les vuides qui peuvent s’y rencontrer , Ge. qu'ainf cent obfervations où on ne trouveroit point d’exrattion fenfible , ne prouve- roient rien contre le fyftème Newtonien ; au lieu qu’une feule qui lui feroit favorable , comme celle de Chimboraco, mériteroit de la part des philofophes la plus grande attention. (0) ATTRACTIONNAIRE , adje@. pris fubft. eft le nom que l’on donne aux partifans de l’arraction. Voyez ATTRACTION. (O0) ATTRAPE, {. f. (Marine,) c’eft une corde qui empêche que le vaifleau ne fe couche plus qu’il n’eft néceflaire , lorfqu’il eft en carene. (Z) ATTRAPE, {. f. {e dit dans Les fonderies de tables en cuivre, d’une pince coudée qui fert à retirer du four- neau les creufets, lorfqu’ils fe caffent. Pour cet effet les extrémités de fes branches les plus courtes, font formées en demi-cercles. Voyez dans les Planches in- titulées de la Calamine , entre celles de Minéralopie, parmi les outils , la figure de l’attrape. ATTRAPE-MOUCHE. 7. MoscrpuLA.(K) ATTRAPPER , ex terme de Panture, défigne l’ac- tion de bien faifir fon objet & de bien l’exprimer. Ce Peintre , dit-on , faifit bien la reflemblance , les ca- rateres ; il attrappe bien la maniere de tel. (R) ATTREMPE , adj. fe dit ez Fauconnerie , d’un oi- feau qui n’eft ni gras ni maigre; on dit ce faucon ef attrempé. ATTREMPER , v.a@t. er Verrerie, fe dit des pots; attremper un pot , c’eft le recuire , ou lui donner peu à peu le degré de chaleurnéceffaire , afin qu’il puiffe paffer dans l’intérieur du four fans rifquer de fe caf- fer; pour cet effet, on marge ou bouche avec le mar- geoir la lunette de l’arche à pot. Voyez LUNETTE, MARGER ; MARGEOIR. On met fur trois petits piliers, ou fur fix moitiés de brique, dont deux moitiés forment un pilier , le fond du pot à artremper ; on l’enferme dans arche par une légere maçonnerie faite de tuiles ou plaques de terre, comme on le jugera à propos, Cela fait , le À 4 pot eft ténu dans une chaleur modérée ; plus oumoins de tems, felon qu'il étoit plus ou moins fec, quand on l’a mis dans l’arche : il refte dans ce premier état, environ fept à huit heures, puis on retire le mar- geoit d'environ deux pouces ; ce qui s’appelle donner le premier coup de feu : le pot refte dans ce fecond état , environ le même tems. | On retire encore un peu le margeoir , & on laiflé. encore à peu près le même intervalle , jufqu’à ce qu’on retire encore un peu le margeoir pour la troi- fieme fois; on continue ainfi jufqu’à ce que le mar- geoir foit entierement retiré. Dans ce dernier état, le pot eft en pleine chaleur ; on l'y laïfle huit, dix, douze heures. Après quoi, onjette du charbon tout autour du pot par un trou pratiqué à la maçonnerie; & à mefure que ce premier charbon fe confume , on en augmente la quantité ; obfervant de le remuer de tems en tems avecun ferret. Lorfquel’arche & le pot feront blancs,la chaleur aura été affez pouffée; le pot fera attrempé; on le retiréra de l’arche, & onletranf portera dans le four : c’eft ainfi que les Anglois arrrem- peñt; en France , on s’y prend un peu autrement. On bouche la lunette de l’arche qui communique dans l’intérieur du four; au bout de vingt-quatre heures , on fait un trou à la lunette; c’eft-là le pre- mier coup de feu. Les autres coups de feu fe donnent dans l’efpace de deux à trois jours , augmentant fuc- ceflivement le trou fait à la lunette , jufqu’à ce qu’elle {oit entierement débouchée, Quelques heures avant que de tirer le pot de Parche, on y jette beaucoup de billettes, & on continue d’en jetter , jufqu’à ce que l’ardeur du feu ait rendu le pot tout blanc ; alors 1l eft artrempeé. ATTRIBUT, f. m. (Méraphyfique.) propriété conftante de l'être , qui eft déterminée par les quali- tés eflentielles. L’effence de l’être confifte dans ces qualités primitives qui ne font fuppofées par aucune autre , & qui ne fe fuppofent point réciproquement. De celles-ci, comme de leur fource, dérivent d’au- tres qualités qui ne fauroient manquer d’avoir lieu , dès que les premieres font une fois pofées ; & quine font pas moins inféparables de l’être, que celles qui conftituent fon eflence. Car les qualités qui peuvent exifter ou ne pas exifter dans le fujet, ne font ni ef- fentielles , ni arrriburs ; elles formentla claffe des mo- des (dont on peut confulter l’article.) Nous ayons donc un criterium propre à diftinguer les qualités ef- fentielles des arrributs , & ceux-ci des modes : mais il faut avouer qu’il n’y a guere que les fujets abftraits 8&t géométriques, dans lefquels on puiffe bien faire fentir ces diftinétions. Le triage des qualités phyfi- ques eft d’une toute autre difficulté, & l’effence des fujets fe dérobe conftamment à nos yeux. Un arrribut qui a fa raïfon fuffifante dans toutes les qualités effentielles, s’appelle asrribut propre : celui qui ne découle que de quelques-unes des qualités ef {entielles, eft un attribut commun. Eclairciflons cect par un exemple. L'égalité des trois angles d’untrian- gle reciligne à deux droits, eftun atéribur propre ; car cette égalité eft déterminée & parle nombre des cô- tés, & par l’efpece des lignes, qui font les deux qua lités eflentielles de ce triangle. Maïs le nombre de trois angles n’eft déterminé que par celui des côtés, & devient par-là un asrribut commun qui convient à toutes fortes de triangles, de quelque efpece quefoient les lignes qui le compofent , droites ou courbes. Au défaut des qualités effentielles, ce font les #s- tributs qui fervent à former les définitions, & à ra- mener les individus à leurs efpeces , & les efpeces à leurs genres. Car la définition (Voyez fon article étant deftinée à faire reconnoitre en tout tems le dé- fini , doit le défigner par des qualités conftantes, tels que font les artriburs, Les genres & les efpeces étant auffi des notions fixes qui doivent caraétérifer fans L variation ATT variation les êtres qui leur font fubordonnés , ne peu vent fe recueillir que des mêmes qualités permanen- tes du fujet. Ces article eff tiré de M. Formey. (X) ATTRIBUTS, (ex Théologie.) qualités ou perfec- tions de la divinité dont elles conftituent l’eflence. Telles font l’infinité , l'éternité, l’immenfité, la bon- té, la juftice , la providence , la toute-puiffance, la préfcience , l’immutabilité, &c. La conciliation de quelques attributs de Dieu , foit entre eux, comme de {a fimplicité avec fon immenfité, & de fa liberté avec fon immutabilité ; foit avec le libre arbitre de Phomme , comme fa préfcience, eft une fource iné- puifable de difficultés , & l’écueil de la raïfon hu- maine. (G) ATTRIBUTS, dans la Mythologie, font des quali- tés de la divinité que les Poëtes & les Théologiens _du Paganifme perfonnifioient , & dont ils faifoient autant de dieux ou de déefles. Ainf, felon eux Jupi- ter étoit la puiflance , Junon le courroux ou la ven- geancé, Minerve la fagefle ; fa volonté abfolue étoit le Deftin, Farum , auquel la puiffance divine ou Ju- piter même étoit aflujetti. (G) ATTRIBUTS, chez les Peintres @& les Sculpteurs, {ont des fymboles confacrés à leurs figures & à leurs ftatues pour cara@térifer les divinités de la fable, les vertus, les Arts, Gc. Ainfi l'aigle & la foudre font les attributs de Jupiter ; le trident eft celui de Neptu- ne ; le caducée de Mercure ; le bandeau, l'arc, le car- quois, cara@térifent l'Amour; une balance & une épée défignent la Juftice; l'olivier marque la Paix, & la palme ou le laurier, font les arributs de la Vic- toire. Voyez STATUE , SCULPTURE , PEINTURE.(G) _ ATTRIBUTIF , adj. ferme de Palais ou de Prati- que , qui ne fe dit que des édits, ordonnances , ou au- tres chofes femblables ; d’où 1l réfulte en fayeur de quelqu'un ou de quelque chofe un droit , un privilé- ge, une prérogative. Ce mot ne fe dit jamais feul ; 1° eft toùjours fuivi de la dénomination du droit ou pri- vilége dont l’édit ou autre aéte en queftion eft arrri- burif, Aïnfñ l’on dit que le fceau du Châtelet de Pa- ris eft artributif de jurifdi@tion, c’eft-à-dire, que c’eft à cette jurifdiétion qu’appartient la connoïflance de l’exécution des a@tes fcellés de fon fceau. (A) . * ATTRITION, £. f. ce mot vient du verbe arte- rere , frotter , ufer , & fe forme de la prépofition ad, à, unie au verbe sero , j'ufe. Il fignifie un frottement réciproque de deux corps, au moyen duquel fe déta- chent les particules brifées de leurs furfaces. Foyez MOUVEMENT 6 FROTTEMENT. C’eft par ce mouvement que l’on aiguife & que lon polit. Voyez aux articles, CHALEUR, LUMIERE, FEU, ÉLECTRICITÉ, les effets de l’attrition. M. Gray atrouvé qu’une plume frottée avec les doigts , acquit par cela feul un tel dègré d’éleûricité, qu’un doigt , auprès duquel on la tenoit , devenoit pour elle un aimant : qu'un cheveu qu’il avoit trois ou quatre fois ainf frotte , voloit à {es doigts, n’en étant éloigné que d’un demi-pouce ; qu’un poil & des fils de foie étoient par ce même moyen rendus élec- triques. L'expérience fait voir la même chofe fur des rubans de diverfes couleurs &c de quelques piés de long ; la main les attire quand ils font frottés : impré- nés de air humide, ils perdent leur éle@ricité ; mais fe feu la leur redonne. Le même philofophe dit que les étoffes de laine, le papier , le cuir, les conpeaux, le parchemin, font rendus éleétriques par l’arrrition. . I y a même quelques-uns de ces corps que l’arrri- tion feule rend lumineux. Voyez PHosPHORE. (0) . ÂATTRITION, fe prend aufñi quelquefois pour le frot- tement de deux corps, qui, fans ufer leurs furfaces , ne fait que mettre en mouvement les fluides qu'ils contiennent : ainfi on dit que les fenfations de la faim, de la douleur, du pla, font çaufées par l'astrition ta Tome L, DONC NATUT 857 des .otganés qui font formés pour ces effets. (O0) ATTRITION, ( ez Théologie.) c’eft une efpe- ce de contrition ou une contrition imparfaite. Voyez CONTRITION. Les Théologiens fcholaftiques définiflent l’asrriion, une douleur & une déteftation du péché, qui naît de la confidération de la laideur du péché & de la crainte des peines de l’enfer. Le concile de Trente, Jef. XIV. chap, 17. déclare que cette efpece de con- trition , fi elle exclut la volonté de pécher, avec ef- pérance d'obtenir pardon de fes fautes pañlées, eft un don de Dieu , un mouvement du Saint-Efprit, & qu'ellesdifpofe le pécheur à recevoir la grace dans le facrement de pénitence. Le fentiment le plus rectt {ur l’artrition, eft que l’arrition dans le facrement de pénitence ne fufit pas pour juftifier le pécheur, x moins qu’elle ne renferme un amour commencé de Dieu , par lequel le pécheur aime Dieu , comme four- ce de toute juftice. C’eft la doûrine du concile de Trente, Jef. VI. chap. vj. & de l’aflemblée du clergé de France en 1700. Les Théologiens difputent entre eux fur la nature de cet amour ; les uns voulant que ce foit un amour de charité proprement dite, les autres foûtenant qu’il fuffit d’avoir un amour d’efpérance, Voyez AMOUR 6: CHARITÉ. Il eft bon de remarquer que le nom d’arrrition ne fe trouve ni dans l’Écriture ni dans les Peres ; qu’il doit fon origineaux Théologiensfcholaftiques,qui ne l'ont introduit que vers l’an 1220 , comme le remarque le P. Morin de Pænitent, Lib. VIII, cap. 1j, n°. 14.(G) ATTRITIONNAIRES, f. m.(Theo/.) nom qu’or donne aux T'héologiens qui foûtiennent que latrririon fervile eft fufifante pour juftifier le pécheur dans le facrement de pénitence. Ce terme eft ordinairement pris en mauvaife part, & appliqué à ceux qui ont foûtenu , ou que l’ari- ton , conçüe par la confidération de la laideur du pé- ché , & par la crainte des peines éternelles , fans nul motif d'amour de Dieu , étoit fuffifante ; ou qu’elle n’éxigeoit qu'un amour naturel de Dieu ; où même que la crainte des maux temporels fufifoit pour læ rendre bonne ; Opinions condamnées ou par les pa- pes ou par le clergé de France. (G) ATTROUPÉES, adj. £. pl.( ex Anatomie. ) épi- thete des glandes qui font voifines les unes des autres. Telles font celles de l’eftomac, du gofer , &:c. on les nomme aufli affemblées, Voyez GLANDE. (L) * ATTUAIRES , £. m. ( Æiff. mod. ) peuples qui faifoient partie de l’ancien peuple François. Ils habi- toient le Laonnois. Les Salies ou Saliens faifoïent l’autre partie. * ATTUND ou OsTuND, ( Géog. ) pays de la Suede , une des trois parties de l’Upland, entre Stoc- kolm , Upfal & la mer Baltique. A. U * AU( Gramm.) Quant à fa valeur dans la com- pofition des mots, c’eftun fon fimple & non diphthon- gue ; il ne differe de celui de la voyelle o qu’en ce qu'il eft un peu plus ouvert : quant à fa valeur dans le difcours , voyez Particle ARTICLE. * AVA,( Géog. mod. ) royaume d’Afie , fur la riviere de même nom, au-delà du Gange , furle golfe de Bengale. 4va en eft la capitale ; fa /ongitude eft 114 , & fa latir, 21. Il y a au Japon un royaume du même nom , dont la capitale s’appelle aufli 4v4 : ce royaume eft renferme dans une île fituée entre la prefqu’ile de Niphon & l'ile de Bongo. long. 151,10, lat, 33. Ava, autre royaume du Japon , avec une ville de même nom, dans la prefqu’ile de Niphon, Long. 159 , lat, 35 ; 20. QQgaa 858 À V A * AVACCARI , ( A}. nar. bor. ) petit arbre qu croit aux Indes, & qui a la feuille, la fleur & la baie du myrte ; fa baie eft feulement un peu plus af fringente. : | -* AVAGE , £ m.( Jurifprud.) c’eft le nom qu’on donne au droit que les exécuteurs levent on en ar- gent ou en nature , fur plufieurs marchandifes. Ils n’ont pas ce droit par-tout, ni tous les jours ; mais feulement dans quelques provinces , & certains jours de marché. AVAL , (Commerce.) c’eft une foufcription qu’on met fur une lettre de change , ou fur une promeñle d’en fournir quelqu'une ; fur des ordres ou fur des acceptations ; {ur des billets de change ou autres bil- lets, & {ur tous autres aétes de femblable efpece, qui fe font entre marchands & négocians; par la- quelle on s’oblige d’en payer la valeur ou le contenu, en cas qu'ils ne foient pas acquités à leur échéance par ceux qui les ont acceptés ou qui les ont fignés. C’eft proprement une caution, pour faire valoir la lettre , la promefle , &c. - Onappelle ceux qui donennt ces fortes de cautions, donneurs d'aval, lefquels font tenus de payer folidai- rement avec les tireurs , prometteurs , endoffeurs & accepteurs , encore qu’il n’en {oit pas fait mention dans laval, Ordonn. de 1673 , art. 33 du tir. V. Suivant Part. 1. du tit. VII. de la même ordon- nance , les donneurs d’aval peuvent être contraints par corps. + Ceux qui foufcrivent & donnent leur aval fur les lettres & billets , ne peuvent prétendre ni réclamer le bénéfice de difcuflion & divifion : mais ils peuvent d’abord être contraints par corps au payement , ain- f'qu'il a été jugé au Parlement de Paris. Les courtiers de marchandifes ne peuvent figner aucune lettre de change par aval, mais feulement certifier que la fignature des lettres eft véritable. Or- donn. de 1673 , art. 2, tit. 12. E femble qu'il en devroit être de même à l’égard des agens de change & de banque ; puifque par l’art. x du tit. I. de la même Ordonnance, 1l leur eft dé- fendu de faire le change &la banque pour leur comp- te perfonnel. (G) AVAL ,(D°) cerme de Riviere , oppofé à d’amonr. L’aval & l’amont font relatifs au cours de la riviere, :&c à la pofition d’un lieu fur fes bords ; Paval de la riviere fuit la pente de fes eaux ; l’amont remonte contre leur cours : le pays d’aval eft celui où l’on ar- rive en fuivant le cours de la riviere ; le pays d’a- mont eft celui où lon arrive en le remontant. Ainfi des marchands qui viennent de Charenton à Paris, navigent aval, mais viennent du pays d’amont ; & pareillement des bateaux qui viennent de Roüen à Paris, & remontent la riviere ,navigent amonr , mais viennent du pays d’aval. AVALAGE ,f. m. serme de Tonnelier ;-c’eft lation par laquelle les maîtres Tonnelliers defcendent les vins dans les caves des particuliers. Voyez Tox- NELIER. AVALANT , participe , es serme de Riviere , c’eft la même chofe que defcendant, On dit d’un bateau qu'il va en avalanren pleine riviere ; que le montant doit céder à l’avalant en pont; & qu’en pertuis , c’eft le contraire. Ondit auffid’une arche , qu’elle eft 2va- dante ; pour marquer que le courant des. eaux y ef fort rapide. | AVALÉE , {. f. serme de Manufaëture en laine ; c’eft la plus grande quantité d’ouvrage que l’ouvrier pue faire, fans dérouler fes enfuples ; celle de devant pour mettre deflus l'ouvrage fait, celle de derriere pour lâcher de la chaîne. On dit aufi /evée, Avalée 8 levée font fynonymes à faffure ; mais faflure n’eft guere d’u- fage que dans les manufa@tures. en foie. AVALÉE , fe dit ençore dans les mêmes manufac- tures ; de la quantité d’étoffe comprife depuis la per- che jufqu’au faudet , dans l’opération qu’on appellé le /ainage ; d’avalée en avalée, la piece fe trouve toute lainée. Voyez LAINER, FAUDET , DRAPERIE. * AVALER , v. a&. (Phyfiolog.) Voyez DÉGLUTI- TION. | | . On voit parmi les raretés qu’onconferve à Leyde, dans l’école d’Anatomie un couteau de dix pouces de long , qu'un payfan avala, & fit fortir par fon ef2 tomac. Ce payfan vécut encore huit ans aprés cet accident. Une dame dont M. Greenhill parle dans les Tra- Jaëlions philofophiques , eut une tumeur au nombril , pour avoir avalé des noyaux de prunes. La tumeur étant venue à s'ouvrir d'elle-même quelque tems après , elle les rendit ; mais elle mourut malgré le foin qu’on en prit. Une fille âgée de dix ans, qui demeu- toit auprès de Hall en Saxe , avala en joüant un cou- : teau de fix pouces 8 demi de long ; la curiofité du fait engagea Wolfgang Chrift Weferton , Medecin de l’éleéteur de Brandebourg , à en prendre foin; le couteau changea de place plufieurs fois, & ceffa d'in- commoder cette fille au bout de quelques mois : mais un an après on ne le fentit prefque plus, tant il avoit diminué : enfin il fortit par un abcès que fa pointe avoit caufé trois travers de doist au-deflous du creux de l’eftomac , maïs il étoit extrèmement dimi- nué , & la fille fut entierement rétablie. Tranfuc. phi- lofoph. n° 219. Voyez auffi les Mém. de ? Acad, de Chir. » Plufieurs perfonnes « ( dit M. Sloane , à Poc- cafion d’un malheureux qui avoit avalé une grande quantité de cailloux , pour remédier aux vents dont il étoit affligé , lefquels, ayant refté dans foneftomac, l’avoient réduit à unétat pitoyable ; ) « s’imaginent # lorfqu'ils voyent que les oifeaux languiflent , à # moins qu'ils n’avalent des cailloux ou du gravier , » que rien n’eft meilleur pour aider la digeftion que » d’en avaler : maïs j'ai toujours condamné cette coû- » tume ; car l’eftomac de l’homme étant tout-à-fait » différent des géliers des oïifeaux , qui font extrè- » mement forts , mufculeux, & tapiflés d’une mem- » brane qui fert avec ces petits cailloux à broyer les » alimens qu'ils ont pris ; les cailloux ne peuvent ÿ manquer de faire beaucoup de mal. Jai connu, » continue cet auteur, un homme qui, après avoir » avale pendant plufieurs années , neuf ou dix caïl- >» loux par jour , auffi gros que des noïfettes , mou- » rut fubitement , quoiqu’ils ne lui euflent fait aucun » malenapparence, & qu'ils euflent toüjours pañlé. AVALER , V. a@. ( Commerce. ) avaler une lettre de change , un billet de change ; c’eft y mettre fon aval, le foufcrire, en répondre : cette expreffion eft peu ufitée. (G ) AVALER (a ficelle, rerne de Chapelier ; c’eft fairé defcendre , avec l’inftrument appellé avzloire, la ficelle depuis le haut de la forme d’un chapeau juf- ues au bas, qui fe nomme le Zez. Voyez CHAPEAU AVALOIRE. AVALER du vin dans une cave , terme de Tonnelier ; c’eft le defcendre dans la cave par le moyen du pou- lain. Voyez AVALAGE 6 POULAIN. *AVALIES , £. f. ( Commerce & Manufaüure. ) c’eft ainf qu’on appelle les laines qu’on enleve des peaux de moutons au {ortir des mains du Boucher. On con- çoit aifément que ces laines étant d’une qualité fort inférieure à celles de toifon, on ne peut guere les employer qu’en trames. AVALOIRE , f. f. outil dont les Chapeliers fe {er= vent pour avaler la ficelle , ou la faire defcendre de- puis le haut de la forme jufqu'au bas. Voyez CHA- - PEAU. L’avaloire eft un inftrument moitié de bois & moi- tié de cuivre ou de fer : la partie qui eft compolée de bois a cinq où fix pouces de longueur , deux dé À V À largeur , & deux ou trois lignes d’épaiffeur : mais | lle ft plus large par en basque par en haut ; le bas eft garni dans toute fa longueur d’une rainure, pour Mieux émbrafler la ficelle : la partie de l’ayaloire , qui eft de fer, luitient heu de manche’, & eft garnie par fa partie fupérieure d’unepeite plaque de fer fur laquelle le Chapelier appuie le ponce en avalant la. ficelle. Voyez CHAPEAU; 6 la figure 10 , Planche du Chapelier. AVALOIRE d’embus , {. f. terme de Bourrelier ; c’eft une partie du harnois dw cheval , qui confifte en une large bande de cuir double, affujettie par les deux bouts à deux grands anneaux de fer à l'extrémité des . - reculemens , & foûtenue par deux bandes de cuir qui defcendent du fur-dos , & qui la tiennent en une po- ition horifontale dans laquelle elle regne autour des cuifles du cheval : l’avaloire d'embas {ert à faire re- culer le carroffe au moyen des bandes de côté qi tirent les chaïinettes, & par conféquent le timon en arriere. Voyez la figure 9 , Planche du Bourrelièr , qui repréfente l’avaloire d’un cheval de limon. *AVALON ( Géographie. ) ville de France en Bourgogne , dans l’Auxoïs , fur le Coufain. Long. 21. 22. lat. 47. 28. Ïl y a dans l'ile de Terre-Neuve , Amérique fep- tentrionale , uñe province de même nom. AVALURE , {. f, ( Manege & Maréchal. ) c’eft un bourrelet, ou cercle de corne, quife forme au fabot d’un cheval quand ce dernier a été bleflé , & qu'il vient de la nouvelle corne qui pouffe Pancienne de- vant elle ;‘c’eft proprement la marque de l’endroit où la nouvelle corne touche l’ancienne. Les avalures n’arrivent que par accidens & bleflu- res à la corne : lorfque celle-ci a été entamée par une bleflure, ou par quelque opération , il fe fait une avalure , c’eft-à-dire , qu'il croît une nouvelle corne à la place de celle qui a été emportée ; cette nouvel- le corne eft plus raboteufe , plus groffiere & plus molle que l’ancienne ; elle part communément de la couronne , & defcend toùjours chaffant la vieille de- vant elle : lorfqu’on voit une avalure , on peut comp- ter que le pie eft altéré. (7°) * AVANAZE ( Hifi. nar. bor, ) forte de noïfettes fort douces & d’une odeur agréable quand elles font broyées , qu'on trouve fur un arbrifleau du Bréfil, dont onne donne point la defcription , & qui fe con- fervent confites dans le fucre’; c’eft un des meilleurs fruits du Bréfil. Il n’eft pas néceflaire d’avertir que cette defcription eft tirée d’un voyageur ou d’un hif torien , & non pas d’un trs. | AVANCE, f. f. (Commerce. ) fe prend pour antici- pation de tems. Payer un billet, une promeffe d’avan- ce; c'eft en compter la valeur avant le tems de fon échéance ,. ce qui fe fait ordinairement en efcomp- tant. Voyez EÉCHÉANCE 6 ESCOMPTER. AVANCE, fignifie aufli prêt d'argent ou fourniture de marchandifes : je füuis en avance avec un rel, c’eft- à-dire , je lui ai prêté des fommes confidérables , je lui ai fourn: beaucoup de marchandifes. AVANCE , On dit er remnes de lettres de change , avan- ce pour le tireur , lorfque d’une lettre négociée , celui qui la négocie en reçoit plus que le pair, c’eft-à-dire, plus que la fomme portée par la lettre : on appelle au contraire avance pour le donneur & perte pour le t1- reur, lorfque par la négociation , celui à qui appar- tient la lettre, n’en recoit pas l’entiere valeur. ( G) AVANCE 04 SAILLIE , ez Architecture; c’eft ordi- nairement la ligne ou la diftance qu'il y a entre l’ex- trémité d'un membre ou d’une moulure , & la par- tie découverte de la colonne ou de toute autre par- tie d’où l’avancede fait. Cependant il y a des auteurs qui regardent l’avaz- ce, ou la Jarllie , comme venant de l’axe de la colon- ne, & ils la définiflent une ligne droite comprife en- ja TOR A Es 4 A; V:A 559 tre l’axe & la furface extérieure d’un membre ou d'uñe moulure, Voyez SA1LLIE. ( P) * AVANCE ( cap d’) cap du Magellan , dans PA- mérique méridionale, ainfi nommé de ce qu'il eff le plus avancé dans le détroit de Magellan. *AVANCER es plantes ( Agriculture.) c’eft hâter leur accroiflement ou leur fruit, ce qui s’opere par ‘le fumier qu'on léur donne , ou par le remuement des terres , où par l’arrofage : tous ces moyens pros duufent le même effet. dy AVANCER , dans le Commerce , a différens {ens. Il fgmfe 1°. faire les frais d’une entreprife avantique le tems foit venu de s’en rembourfer:; ainfi l’onvdit qu'un homme a avancé tous.les frais d’une manufac- ture : 2°. 1l fe prend pour prêter de l'argent ou fours rur à crédit des marchandifes : 3° en fait de payes ment, On dit avancer un payement, c'eft-à-dire, le faire avant l'échéance. WoyeztAvANCE.(G) AVANCER , eyz terme de Tireur d’or; c'eft donner au fil.d’or le quatrieme tirage pour le mettre envétat d'être fini dans la derniere opération qui fe fait par les tourneufes. Foyey TIREUR n’OR. | AVANCEUR ,1..m. ouvrier employé à une:opé- ration particuliere dans le tirage de l’or.. 7. Avan- CER 6 TIRER L’OR. | *AVANIE , outrage, affront , infulte, ( Grammaire.) termes relatifs à la nature des procédés d’un.homme envers un autre. L’ixfulre eft ordinairement dans le difcours ; l’affront dans le refus ; l’ourrage & l’'avanie dans l’aétion : mais l’infulre marque de l’étourderie ; Poutrage, de la violence ; & l’avarie, du mépris. Ce: lui qui vit avec des étourdis eft.expole à des irfultes ; celui qui demande à un indifférent ce qu’on ne doit attendre que d’un ami, mérite prefqu'un affront. I faut éviter les hommes-violens fi l’on craint d’efluyer des outrages ; & ne s'attaquer jamais à la populace ;, fi l’on eft {enfible aux avaries. AVANIE ( Hiff. mod. 6, Commerce. ) ce terme eft particulierement ufité dans le Levant .& dans tous les états du grand-feigneur , pour fignifier les préfens ou les amendesique les bachas & les doïamers Turcs exigent des marchands Chrétiens; où leur font payer inuitement & fous de faux prétextes de contraven- tion. Quand les avanies regardent toute une nation, ce font les ambaffadeurs ‘ou les confüls qui les reglent, & qui enfwite en ordonnentla levée fur les mar chands & particuliers de la nation , mais ordinaires ment de l'avis & avec la participation des principaux d’entr'eux. Pour les avanies particulieres , chacun s’en tire au meilleur marché qu'il lui eft poffible , en employant toùjours néanmoins le crédit & l’entremife des am- baffadeurs ou des confuls, dont le principal emploi à Conftantinople , & dans les échelles de la Médi- terranée , eft de protéger le commerce & les négo- Cians , & de prévenir ou de faire cefler les avaries. (6) AVANT ( Grammaire. ) prépoñition qui marque préférence & priorité de tems ou d'ordre, & de rang: il eft arrivé avant moi : il faut mettre le fujet de la propofition avars l’attribut : fe faire payer avan: l’é- chéance : n’appellez perfonne heureux avazr la mort: nous devons fervir Dieu , & l’aimer avarmt toutes chofes : la probité & la juftice doivent aller avané fout. | M. l’abbé Girard , dans fon traité des Synonymes , obferve qu'avant eft pour l’ordre du tems, & que de- vant eft pour l’ordre des places. Le plitôt arrivé fe place avant les autres ; le plus confidérable fe met devant eux. On eft expofe à attendre devant la porte : quand on s’y rend avant l'heure. | Devant marque aufñ la préfence : il a fait cela de vant moi; au hicu qu'il a fait cela avant moi, mar4 QQqgqaq 1 860 A VA queroït le tems ; fa maïfon’eft devans la mienne, c’eft-à-dire, qu'elleeft placée vis-a-vis dela mienne; au lieu que fi je dis, fa maïfon eft avazt la mienne, cela voudra dire que celui à qui je parlé arrivera à la maifon de celui dont on parle, avant que d’arti- Wer'dladuenne." DL EN PONSEEMENCSEENRE Avant {e prend aufr adverbialement , & alors il î eft précédé d’autres advérbes ; il a pénétré ff avanr, | ‘bién'avant ; trop avant, afflez avant. | . Il faut dire, avant que de pariir où avant que vous partiez. Je fai pourtant qu'il y a des auteurs qui Veu- lent fupprimer le que dans ces phrafes, & dire avanr de fe mettre a table ,. &c. mais je crois que c’eft une faute contre Le bon ufage ; car avanf étant une pré- poñition,, doit avoir un complément ou régime im- médiat ; or.uné autre prépofñtion ne fauroit être ce complément: je crois qu’on ne, peut pas plus dire ‘avant de, qu'avant pour , avant pat avant [ur : de ne fe met apres une prépofition que quand il eft partitif, parce qu'alors il y a-ellipfe ; au lieu que dans avan que, ce mot que , hoc quod, eft le complément , ou , comme on dit , le régime de la prépoñtion avant ; avant.que de, c'eft-à-diré , avant la chofe de, &c.. Avant que de vous voir., tout flattoit mon envie , dit Quinault, & c’eft ainf qu'ont parlé tous les bons auteurs de fon tems, excepté en un très-petit nom- bre d'occafons ou une fyllabe de plus.s’oppofoit à la mefure du vers : la pogfie a des privilèges qui ne {ont.pas accordés à la profe. … D'ailleurs , comme on dit peñdant que , après que, depuis que, parce que, analogie demande que l’on dife avant qu, ‘ ï Enfin , avant eft aufi une prépoñtion inféparable qui entre dans la compofition de plufieurs mots, Par prépofition inféparable , on entend une prépofition qu'on ne peut féparer du mot avec lequel elle fait un tout , fans changer la fignification de ce mot ; ainfi on dit : avant-garde, avant-bras , avant-cour , avant- goët , avant-hier, avant-midi , avant main , avant-pro- POS, avant-quart, avant-train , ce {ont les deux roues qu’on ajoûte à celles de derriere ; ce mot eff fur-tout en ufage ex Ariillerie : on dit aufli ex Architeülure, avant-bec ; ce font les pointes ou épérons qui avan- cent au-delà des piles des ponts de pierre, pour rom- pe l'effort de l’eau contre ces piles, & pour faciliter e paflage des bateaux. (F) | AVANT ( alleren) , terme de Pratique , ufité fingu- lierement dans les avenir qui fe fignifient de procu- reur à procureur : il fignifie pour/uivrele jugement d’une affaire. ( H) | - AVANT ,a différentes fignifications ez Marine. L’a- want du vaifleau ou la proue, c’eft la partie du vaif- eau qui s’avance la premiere à la mer. . On entend auffi par l’avant , toute la partie du vaif- feau comprife entre le mât de mifaine & la proue, le château d'avant, ou le gaillard d'avant, Voyez Cna- TEAU D'AVANT. © Waifleau trop fur l'avans, c’eft-à-dire qui a l’avarz trop enfoncé dans l’eau. ; Etre de l'avant , fe mettre de lavanr, fe dit d’un vai£ feau qui marchant en compagnie, avance des pre- miers. * Etre de l'avant, fe dit auf lorfque l’on fe trouve arrivé à la vûe d’une terre ; quand par l’eftime de fes routes , on croit en être encore éloigné. #7, ESTIME. … Le vent fe range de l'avant , c'efl-à-dire qu’il prend par la proue &t devient contraire à la route. (Z) AVANT-BEC , {. m, ez Architeülure : nom qu’on don- ne aux deux éperons de la pile d’un pont. Leur plan eft le plus fouvent un triangle équilatéral , dont la ointe fe préfente au fil de l’eau pour la brifer & ‘obliger à pañler fous les arches, L'ayant-bec d'aval eft ie plus: fouvent fond, comme au pont de Pon. ÉD EPEE 6 à Hat 20 li #1 1 | L Les Romaïns faifoient quelquefois l’avans-bec Pa mont rond, comme au pont Saint-Ange à Rome; & quelquefois à angle droit, comme au pont antique de Raminien Italie. | " TECUUT L’avant-bec d'amont eft oppofé au fil de l’eau , & -Célui d’aval eft au-deffous.. DUT " Cette pointe d’une pile ee appelle. l'avantbec, cft ordinairement garnie de dales à joints recou- verts, (P) ue Mas se Rae rt AVANT-BRAS, {. m. partie du métier à faire des 2 bas. Voyez BAS lau métier, 4 ta ie Loan AVANT-CHEMIN-COUVERT, c'eft,.dars La Korri- fication, un fecond chemin-couvert qui eftplus avan- cé dans la campagne que le premier. Lorfqu'il y a un avant-foffé ; on confiruit prefquetoûjours au-delà Un avani-chemin-couvert, | Te L'avant-chemin-couvert ne doit point être plus éle. vÉ qué le premier ; au contraire on abaifle quelque- fois fon terre-plein d’un pié & demi ou deux piés: mais on lui conftruit alors deux banquettes, L'avans- chemin - couvert {e durcit de la même maniere que le shemin-couvert ordinaire:1l a , comme cepremier, fes places d'armes, fes traverfes, &c. Voyez CHE- MIN- COUVERT; voyez aufli une partie d'avant - che- #min-couvert, Pl, IF.de l'arc milite, fig. 3. (Q) à à: : AVANT-CŒUR o04,ANTI-CŒUR. C’eft , e2 Anaro- mie, cette partie creufe proche le cœur, communé- ment appellée le creux de l’effomac , & par quelques- uns /érobiculus cordis. Ce deinier mot eft compoié de avri, contra , Contre, & de cor , cœur, (L) ÂAVANT-CŒUR , ( Maréch. ) Les Maréchaux appel- lent ainfi une tumeur contre natute, de figure ronde, & grofle À peu-près comme la moitié du poing, qui fe forme à la poitrine du cheval vis-à-vis du cœur. Si l’avant-cœur ne vient à luppuration, c’eft pour le che- val une maladie mortelle. On dit aufli azci-cœur. L’avanr-cœur {: mamifefte par la tumeur qui paroït en-dehors ; le cheval devient trifte, tient la tête baffe, & {ent un grand battement de cœur; il fe laïfle tomber par terre de tems en tems , comme fi Le cœur lui manquoit, & qu'il fût pret à s'évanouur : il perd totalement.le manger , & la fievre devient quelque- fois fi violente par la douleur aiguë qu'il tent , qu’elle l’emporte en fort peu de tems. ED Cette maladie peut avoir deux çcaufes : elle vient ou d’une morfondure qui aura fait arrêter & répan- dre du fang dans les graifies & dans les attaches du mufcle peétoral d’un côté, ou de tous les deux en- femble; ce fang épanché y forme de la matière , qui étant répandue & fermentant dans un endroit auffi {enfible, doit allumer une fievretrès-vive par la dou- leur violente qu’elle caute.: | » … L'autre caule , qui eft bien auffi vraiffemblable que la premiere, & à laquelle tous ceux qu ont écrit de ce mal ne Pont point attribué , que je fache, eft un écart où un effort du cheval , lequel aura forcé les tendons des mufcles peétoraux ; ce. qui caufant une grande douleur au cheval ; vû la fenfbilité de ces parties, y excite une inflammation avec tumeur par lirruption des vaifleaux dans le tems de lécart. é Cette tumeur difparoît quelquefois, ce qui eft un très-mauvais prosnoftic, À moins que la faignée n’en foit la caufe : enfin fi ce mal'arrive À un cheval mal difpoié , il court grand rifque de n’en pas revenir. Lorfque l’avant-cœur vient à fuppuration, & que la matiere s’y forme promptement, 1l paroît que le che- val a la force de poufler au-dehors cette tumeur, &z c’eft un bon figne pour fa guérifon. , JUS Ïl vient auffi au cheval une groffe tumeur doulott- reufe au haut de la cuifle D du à l'endroit où elle fe joint au bäas-ventre., ç’eft-à-dire à laine: Ce mal eft auffi dangéreux que le précédent; çar il ef AA \W PA ie *7 " produit parlesmêmescaufessla fiewre S’allime avec | autant de violence , &c le cheval peut en mourir en : -Vinget-quatre heutes’s’ilineft:proniptement. faigné. Comme: ces-mauxont les mêmes fymptomes ils { ant. Al voi | -decingq efpeces : le tolçan qui n'étoit feulement qu’un ‘doivent. fe-guérir-par.les mêmes remédes, Le plus preflé eft de diminuer promptement le volume du fang pour lappaifer larfevte. &c: la douleur ; Al faut donc faigner le cheval quatre où: cinq fois brufque- ment du:flanc-ondurtrainide -dertiere pour l'avant | cœur; &:duscow pour latumeur à d’aine , lui:donner beaucoup de lavemens émolliens , & lu faire garder un régimé très-exact son. graiflera en même tems la tumeur avec du fuppuratit ;.&. fi. l’on voit qu’elle vienné à fuppuration , on la perçera avec un bouton de feu pouxenifaire écoulerda,matiere, SE : Quelques jours après que la fievre aura ceflé , il fera bonde faire prendre au cheval. un breuvage,, compofé d’une once de thériaque & d’uneonce d’afla- fortes) (CAT) Fe : pen + + AVANT-CORPS, {.m. cerme d’Architetfure, s'entend de la partie faillante d’un corps d’Architeëture fur un autre corps, foit par rapport aux plans ; {oit par rap- port aux élévations , fans avoir égard à leur lar- _geur, nià leur épaifleur, qui peuvent être arbitraires; c’eft- à-diré qu’un pilaftre ; qu'un corps de refend , eft nommé avané- corps," lorfqu'il fait reflaut fur le nud d’un mur: on dit de même qu’un pavillon fait avant:corps dans-un bâtiment , foit qu'il foit com: pofé d’une ou plufieurs croifées, (P) .. AVANT-CORPS, fe prend ér Serrurerie ainfi qu'ex Architeiture, pour tous les morceaux qui excedent le nud de l'ouvrage, & qui forment faillie fur ce nud. Les moulures forment avazt-corps ; mais les rinceaux ST autres ornemens de cette nature ne partagent point cette dénomination, Fe _ AVANT-COUR, ff. ( Archireülure. ) c’eft dans un palais ou château à là campagne , une cour qui pré- cede la principale; comme la cour dés miniftres à Verfailles, & la premiere cour du Palais-Royal à Paris. Ces fortes d’avant-cours fervent quelquefois à communiquer dans les bafles-cours des cuifines & écuries qui font aflez fouvent aux deux côtés. On les ‘appellé en Latin arria. (P) ui = AVANT-FOSSÉ , f. m. eft, dans la Fortification, un Foffé qu’on conftruit au pié du glacis. Voyez Planche IV. de l'Art mir. fig. 3. | : Onappelle aufli avañt-foffé dans les lignes ou re- tranchemens , le foflé qu'on fait quelquefois un peu én-avant du côté de l'ennemi, pour l'arrêter lorfqu’il veut attaquer le retranchement. Voyez RETRANCHE- MENT , o4 LIGNE DE CIRCONVALLATION. _ L’avanr-foffé des places doit être tobjours plein d’eau: autrement il ferviroit à couvrir l'ennemi du feu de la place, lorfqu’il feroit parvenu à fe rendre maitre de ce foflé. On fait enforte par cette raïfon que l’avant-foffe ne puifle point être faigné. Au-delà de l’avanr-foffé, on conftruit ordinairement des lu- nettes, redoutes ; G'c. Voyez LUNETTE 6: REDOUTE, On enveloppe le tout d’un avant-chemin-couvert, + AVANT-GARDE, {. f. terme de Guerre, eft la pre- miere ligne ou divifion d’une armée rangée en ba- taille , ou qui marche en ordre de bataille ; ou [a par- tie qui eft à la vûe.de l'ennemi, & qui marche la pre- muere à lui. Voyez LIGNE , GARDE, ARMÉE, &c. La totalité du corps d’une armée eft compofée dune avant-garde, d’une arriere-parde , & du corps de bataille. Voyez ARRIERE-GARDE , 6c. | . Avant-garde {e dit aufli quelquefois d’une petite troupe de cavalerie de quinze ou vingt chevaux, commandée..par un lieutenant, qui eft un peu au- delà, mais à la vûüe du corps de bataille. ( Q ). +. AVANT-GARDE, C’eft,-67 Marine , une des divi- fions d’une armée navale , laquelle en fait l’ayarc- garde: dans(la route ;,êc doit tenix la droite dans loc” cañon., (Z) Ce DAME EEE sd Tr Apt 12 à à .… AVANT-LOGIS, f.m..67, Architeilure, c'étoit chez les anciens le corps de logis de devant. Il yen avoit auvent au pourtour de la cour ; le tétraftyle, qui ‘avoit.quatre colonnes qui fervoient à potter cet au- vent ; le corinthien, décoré d’un péniftyle du même ‘ordre an pourtour de la cour; le teflitudinée, qui avoit des arcades couvettes en voûte d’arrête, ainfi que l'étage du defis ; & le découvert, dont la cour n’avoit ni portique ni périftyle, ni anvent en faille, VTuve, Gp. PL 6e à Te .… Palladio décrit, %v. IL. ch. vj, l'avañt-logis corin- thien qu’ila bâti à là Charité de Venife pour des cha- noïnes réouliers, où il'a imité la difpoñition de cel ‘des Romains dont parle Vitruve , p. 329. (P) _ AVANT-MAIN, f. m. ( Manége.”) c’eftle devant du cheval ; favoir la tête , le cou, le poitrail, les épaut- les. L'avunr-main délié & mince, n’eft pas toujours une marque de légereté, Dans les fauts , croupades!, ballotides & caprioles, c’eft de la rêne de dehors qu'il faut'aider lé cheval, parce qu'il 4 l'avant-main {erré &: la croupé en liberté. Au terre-à-terre. il faut aider de la rêne du dedans de la bride, parce qu'alors la croupe eft ferrée , & l'ayant main au large, On dit Ce cheval ef beau de la‘ fnaër'en avant: (( 4 ) vit dis AVANT-MAIN, rérmède Panmier ; prendre une balle d’avant-main , C'elt la Chafier devant foi avec la ra- guette , après lavoir prife du côté de la main dont on tient la raquette. En prenant une balle d’avant-mair, il faut avoir le bras tendu &'le raccourcir un peu en chaffant la balle. 3 ques LE Au AR RERO 50 12 À AVANT-PARLIER, {.m..vieux mot (qui s’eft dit autrefois pour avocat, Voyez PARLIER & AMPAR- LIER, qui fignifie La même chofe. (1) : AVANT-PART, {. m, expreflion d’ifage dans quelques coûtumes , pour fignifier le précipüt de Paîné, Voyez AINESSE & PRÉCIPUT. (A) — _ *AVANT-PESCHE, f f. ( Jardinage J'efpece dé pêches précoces, petites, rondelettés, términées par une efpece de tête, blanche, d’une chair fine, mais päteute, n'ayant qu'un peu de fa faveur de la êche, & portées par un arbre, dOônt la fleur eft d'un blanc blafard, qui pouffe peu dé bois, & qui n’eft pas beau; la maturité de l’avari#péche précede d’un ‘mois ou environ celle des Bonnes pêchess elle prend chair, groffit& mürit dès’ le commence: ment de Juillet ; ellé’eft fort {ujette aux fourmis ; la EE fon mérite principal; elle n’eft gueré onne qu’en compote : la compote s’en fait comme celle de tous les fruits verds. 1 . AVANT-PIÉ, {. m.ex terme de Botrier c’eft le deflus du foulier ; ceique les Cordonniers appellent empeigne. Voyez EMPEIGNE, 6 À fig..43. Pl, du Cor don. bottier. Fuel die | AVANT-PIEU,{. m.ez Architedure, eft un bout de bois quarré , qu’on met fur la couronne d’un pie pour l’entretenir à plomb, lorfqu'on le bat avec la fonnétte pour l’enfoncér, +, ," On nomme auf avant-pieu, un morceau de fer rond pointu par: un des bouts, qui fert à faire des trous pour planter des.piquets, des jalons & des écha- las de treillage, lorfque la terre eft'ferme. (PJ0,, 0 ÂVANT-TERRE, ex eme de riviere, eft fyno- nyme à rivage ; c’eft dans le même fens qu’on appelle les arches de ponts qui tiennent aux deux culées, es arches avant-terre. On dit aufh de deux batteaux qui {ont à côté l’un de l’autre, que celui qui eft près le rivage, eft avant-terre, | | AVANT-TRAIN, C'eft chez les Charrons, la par. tie antérieure d’un carroffe : elle eft compofée d’une fellette dans laquelle eft encaftré un eflieu qui pañlé par les moyeux des petites roues; d’un timon, d'uné 862 A V À fourchette; de deux éremonts, & de quatre jantes de rond, &c. Voyez la figure 1. de la Planche du Char- ron. C’eft aux deux côtés du timon que font attaches les chevaux qui tirent le carrofle. AvANT-TRAIN , comme qui diroit #raën de devant ; il fert dans l’Artillerie, à mener le canon en campa- gne; quant aux parties dont il eft compofé, voyez l’article précédent, I] fe joint à l’affut avec une cheville de, fer, nommée cheville ouvriere, qui entre dans ce qui s'appelle la Zunette de lentretoife de l’affur, Voyez Areur. (Q | | *AVANTAGE, profit, utilité, (Grammaire.) ter- mes relatifs au bien-être que nous tirons des chofes extérieures. L'avantage nait de la commodité ; le pro- ft, du gain; & l’uiliré, du fervice. Ce livre m'eft utile ; ces leçons me font profitables ; fon commerce m'eft avantageux : fuyez les gens qui cherchent en tout leur avantage, qui ne fongent qu'à leur prof, & qui ne font d’aucune wzliré aux autres. AVANTAGE, {. m., serme de Jurifprudence, eft ce qu’on accorde à quelqu'un au-de-là dela part que l’u- fage ou la loi lui attribuent, Ainfi on appelle avantage .ce qu'un teftateur donne à un de:festhéritiers au-de- là de la portion des autres; ce qu'’un:mari donne à fa femme, ou la femme à fon mari, au-delà de ce qui eft reglé par le droit ou la coûtume du lieu. Dans les coùtumes d'égalité, on ne peut faire au- cunavaritage à l’un de fes héritiers , au préjudice des autres ; dans'celle de Paris, les conjoints ne peuvent S’avañtager direétement n1 indireétement pendant le mariage. Voyez ÉGALITÉ 6"CONJOINT. AVANTAGE, e flyle de Pratique on de Palais, eftun défaut obtenu contre une partie non comparante, foit par le demandeur ou le défendeur. Cet avantage confifte dans l’adjudication des conclufions de la par- tie comparante, fauf au défaillant à revenir par op- pofition contre le jugement.obtenu contre lui par dé- faut. Voyez JUGEMENT 6 OPPosiTION. (F7) AVANTAGE, éperon, poulaine ; c’eit, er ferme de Marine, la partie de l'avant du vaiffeau, qui eft en faillie fur l’étrave. Voyez EPERON. Avantage du vent, Voyez VENT 6 DIisPUTER /e vent, (Z) | AVANTAGE, être monte à fon avantage; c’eft, en Manege, être monte fur un bon ou grand cheval : monter avec avantage, Où prendre de l’avantage pour monter à cheval, c’eft fe fervir de quelque chofe fur laquelle on monte avant de mettre le pié à l’étrier. Les femmes , les vieillards & les gens infirmes fe fer- vent ordinairement d’ayantage pour monter à che- val, (F7) | : AVANTAGE, Î. m.ez terme de jeu. On dit qu'un joueur a de l’avartage, lorfqu'il y a plus à parier pour fon, gain, que pour fa perte ; c’eft-à-dire, lorfque fon efpérance furpafle fa mife. Pour éclaircir cette défi- nition par un exemple très-fimple ; je fuppofe qu’un joueur 4 parie contre un autre B,, d'amener deux du prefmier coup avec un dez , &c que la mife de chaque joueur foit d’un écu ; il eft évident que le joueur 2, a un grand avantage dans ce pari; car le dez ayant fix faces peut amener fix chiffres différens, dontil n°y en a qu'un qui fafle gagner le joueur 4. Ainf la mife totale étant deux écus, il ya Cinq contre un à parief que lé joueur B gagnera. Donc l’efpérance de ce joueur eft égale à £ de la mufe totale, c’eft-dire, à 2 d’écu, puifque la nufe totale eft deux écus. Or, 2 d’écu valent un écu & deux tiers d’écu. Donc puifque la mife du joueur 2 eftun écu, fon avan- rage, c'eft-à-dire, l'excès de ce qu'il efpere gagner fur la fomme qu’il met au.jeu, eft + d’écu. De façon que fi le joueur 4, après avoir faitle pari, vouloit renoncer au jeu, & n’ofoit tenter la fortune, il fau- droit qu’il rendit.au joueur B fon écu, & outre cela pi] A V A 2 livres, c’eft--dire, 5 d’écu. 7. PAR:, Jeu, Dez, PROBABILITÉ, Gc. (O) AVANTAGE, en terme de jeu, fe dit encore d’ün moyen d’égalifer la partie entre deux joueurs de for- ce inégale. On donne la maiz au piquet; le pion & le trait, aux échécs ; le dez, au triétrac. _ Le même terme fe prend dans un autre féns à la paume. Lorfque les deux joïeurs ont srenre tous les deux ; au lieu de dire de celui qui gagne le quinze fni- vant, qu'il a guarante-cing, on dit qu'il a avantage. AVARICE, £. f. ( Morale.) Ainfi que la plüpart des pafhons , l’amour defordonné des richefles n’eft vi- ce que par fon excès : corrigé par une fage modéra- tion, 1l redeviendroiït une affeftion innocente. L’or ou l’argent étant, en conféquence d’une convention générale , la clé du commerce & l’inftrument de nos befoins ; il n’eft pas plus criminel d’en defirer, que de fouhaiter les chofes mêmes qu'on acquiert avec ces métaux. | Tout amour immodéré des richefles eft vicieux, mais n'eft pas toüjours -avarice, L’avare, à propre- ment parler , eft celui qui, pervertiffant l’ufage de VPargent , deftiné à procurertles néceflités de la vie, aime mieux fe les refufer, que d’altérer ou ne pas oroffir un thréfor qu'illaifle inutile. L’illufion des avares eÎt de prendre l'or & l'argent pour des biens , au lieu que ceñe font que des moyens pour en avoir. Ceux qui n'aiment largent que pour le dépen- fer , ne font pas véritablementavares ; l’avarice fup- pole une extrème défiance des évenemens, & des précautions exceflives contre les inftabilités de la fortune. L’avarice produit fouvent deseffets contraires: il y a un nombre infmi de gens qui facrifient tout leur bien à des-efpérances douteufes & éloignées ; d’au- tres méprifent de grands avantages à venir pour de petits intérêts préfens. (X) AVARIES, 1. f. pl. terme de Police de mer ; ce font les accidens & mauvaifés aventures qui arrivent aux Vaïfleaux &c aux marchandifes de leurs cargaïfons’, depuis leur chargement & départ , jufqu’à leur retour & déchargement. [l'y a trois fortes d’avaries, de fimples ou parti- culieres, de grofles ou communes & des menues. Les fémples avaries confiftent dans les dépenfes ex- traordinaires qui font faites pour le bâtiment feul ou pour les marchandifes feulement ; & alors le dom- mage qui leur arrive en partitulier doit être fupporté & payé par la chofe qui a fouffert le dommage , ou cauié la dépenfe. « On met au nombre des fémples avaries la perte des cables, des’ancres , des voiles , des mats & des'cor- dages , arrivée par la tempête ou autres fortunes de mer ; & encore le dommage des marchandifes caufé pat la faute du maitre ou de l'équipage. Toutes ces avaries doivent tomber fur le maitre , le navire & le fret ; au lieu que les dommages arrivés aux marchan- difes par leur vice propre, 6%. doivent tomber fur le propriétaire. La nourriture & le loyer des mate- lots , lorfque le navire eft arrêté en voyage par or- dre d’unfouverain, font aufh réputés /£ples avaries, lorfque le vaifleau eft loué au voyage , & non au mois , & c’eft le vaifleau feul qui les doit porter. Les groffes ou conmunes avaries ; {ont les dépenfes extraordinaires faites, & le dommage foufert pour le bien & le falut commun des marchandifes & du vaifleau ;-telles que les chofes données par compo- fition aux pirates pour le rachat du navire & des mar- chandifes ; celles jettées en mer ; les cables & mats rompus ou coupés ; Les ancres & autres effets aban- donnés pour le bien commun du navire &c des mar- chandifes, &c. Toutes ces groffes avaries doivent tom- ber tant fur le vaifleau, que fur les marchandites , pour être déduites au fou la livre fur le tout. ! A UB Les menues avaries font les lamanages, tonages , pilotages, pour entrer dansles havres &c rivieres , OÙ pour en fortir ; & elles doivent être fupportées , un tiers par le navire , & les deux autres tiers par les marchandifes. On ne compte point parmi les avaries les droits de congé , vifite, rapport, balife , 6:c. qui doivent étre fupportés par le maître du vaifleau. On peut voir toutes ces avaries dans l’Ordonnance de la Marine du mois d'Août 1681. au vis, vi du liv. LIT. G | ; en s’employe auffi pour fignifier un droit qui fe paye pour l'entretien d’un port, par chaque vaif- feau qui y mouille. AVASTE , ez Marine, fe dit pour affez , arrétez- vous. (Z) * AVAUX, ( Géog.) comté en Champagne, dans le territoire de Rheïms. A * AUBAGNE , ( Géog. ) ville de France, en Pro- vence , fur la Veaune. Long. 23, 22. lat. 43 , 17. AUBAIN , f. m. eft un étranger qui féjourne dans le royaume fans y être naturalilé. Voyez NATURALI- SATION. Si l’aubain meurt en France , fes biens font acquis au roi, fi ce n'eft qu'il en ait fait donation entre vifs, ou qu'il laifle des enfans nés dans le royaume. Voyez AUBAINE. l Les enfans d’un François qui a féjoutné en pays étranger , n’y font point abains. | * Quelques peuples alliés de la France ne font point non plus réputés avbains : tels font les Suiffes , les Savoyards , les Ecoflois , les Portugais &c les Avi- gnonoïs ; qui font réputés naturels & régmicoles , fans avoir befoin de lettres de naturalité. Les Anglois mé-. me font exempts du droit d’aubaine, au moins pour ce qui eft mobilier , en vertu de l’art. 13 du traité d’Utrecht. Un étranger qui ne féjourne en France qu’en paf- fant , & qui ne s’y domicilie point ; comme un mar- chand venu à une foire , un particulier venu à la pourfuite d’un procès , un ambafladeur pendant tout le tems de fa réfidence , ne font point cenfés az- bains. Nous avons aufli un édit de 1569, qui exempte du droit d’ambaine tous étrangers allant & venant, ou retournant des foires de Lyon, demeurant , féjour- nant où réfidant en la ville de Lyon, & négociant fous la faveur & privilèges d’icelle , fans toutefois y comprendre les immeubles réels ,n1les rentes conf- tituées. ’oyez ÉTRANGER. ( H : AUBAINE , £. f. (Jurifprud. ) eft le droit qui ap- partient au fouverain exclufivement à tout autre, de fuccéder aux étrangers non naturalifés , morts dans le royaume ; à moins que l'étranger n’ait des .énfans nés en France , ou qu'il ne foit de quelqu'un des pays alliés avec le nôtre , qui font ceniés natu- ralifés, & joiuffent de tous les droits defujets naturels, tels que les Savoyards , les Ecoflois , les Portugais , & quelques uns mème, de privilégesexorbitans, tels que les Suifles , dont la condition eft de beaucoup meilleure en France , que celle des naturels du pays. Voyez NATURALISATION , 6 AUBAIN. ” Menage dérive ce mot du Latin, alibi natus ; Cu- jas ; d'advena , comme eft appellé tout étranger dans les capitulaires de Charlemagne #Ducange veut qu'il vienne d’Æbanus , Ecoflois ; & pour ceux qui ne feroïent pas contens de cette derniere étymologie, il leur permet de le dériver du mot /#/andois. N. B. Pour pe les fujets des pays alliés conti- muent de joiur du droit de naturalité , il en faut une confirmation nouvelle, toutes les fois que le fceptre change de main ; parceque ce droit eftinaliénable , & conféquemment tohjours réverfible à la couronne, Le prétexte du droit d'aubaine eft d'empêcher que les biens du royaume ne pañfent en pays étranger : je dis prétexte ; car fi c’étoit [à l'unique & véritable A UB "863 caufe , pourquoi l’axbain ne pourroit-il pas , comme le bâtard , difpofer de fon bien par teftament , du moins en faveur d’un régnicole ; ce qui pourtant ne lui eft pas permis ? Voyez ÉTRANGER. ( H) AUBAN , f. m. serme de Coutume, eft uñ droit qui fe paye ou au feigneur ou aux officiers de police, pour avoir permiffion d'ouvrir boutique. On appelle aufli auban cette permiffiôn même. ( AUBANS , Voyez HAUBANS. AUBE , f. f. vétement de lin ou de toile blanche qui defcend jufqu’aux talons , & que le prêtre porte à l’autel par-deflus fes habits ordinaires & fous fa chafuble ; le diacre , foüdiacre & les induts , font aufli en aube fous leurs dalmatiques. Autrefoisles eccléfaftiques portoient des aubes ou tuniques blanches au lieu de furplis. Voyez SurPLrs. On croit que dans la primitive Eglife , c’étoit leur vêtement ordinaire. Depuis on voit qu'il étoit ordon- né aux clercs de la porter pendant le Service divin feulement. Concile de Narbon. can. 12. Dansles ftatuts de Riculphe , évêque de Soiflons, donnés en 889, il défend aux clercs de fe fervir dans les facrés myfteres , de l'aube qu'ils portent ordinai- rement ; ce qui prouve que jufques-là les éccléfiaf tiques portoient toüjours une aube fur leur tunique pour marque de leur état ; c’eft pourquoi il en falloit une particuliere pour l'autel , afin qu'elle füt plus propre. Fleury, Æiff. ecclef. tom. XI. (G) AUBE , ez Marine , c’eft l'intervalle du tems qui s'écoule depuis le fouper de léquipage jufqu’à ce qu’on prenne le premier quart. Voyez QUART. (Z) AUBE, f. f. ( Hydraul, ) les aubes font par rap- port aux moulins à eau, & aux roues que l’eau fait mouvoir , ce que font les af/es des moulins à vent ; ce font des planches fixées à la circonférence de la roue , & fur lefquelles s'exerce immédiatement l’im- pulfion du fluide, qui les chaffe les unes après les au- to , cé qui fait tourner la roue, Voyez PALETTE. * Si l’on confidere que la viteffe de l’eau n’eft pas la même à différentes profondeurs , & plufieurs au- tres circonftances , on conjeéturera que le nombre & la difpofition les plus favorables des azbes fur une roue , ne font pas faciles à déterminer. 1°. Le nom- bre des aubes n’eft pas arbitraire : quand une aube eft entierement plongée dans l’eau , & qu’elle a la pofi- tion la plus avantageufe pour être bien frappée , qui eft naturellement la perpendiculaire au fil de l’eau, il faut que l'aube qui la fuit & qui vient prendre fa place , ne fafle alors qu’arriver à la furface de l’eau, & la toucher ; car pour peu qu’elle y plongeât, elle déroberoit à la premiere azbeune quantité d’eau pro- portionnée , qui n’y feroit plus d’impreflion ; & quor- que cette quantité d’eau fit impreflion {ur la fecondé aube | celle qui feroit perdue pour la premiere ne {e- roit pas remplacée parlà ; car Pimpreflion fur la pre- miere eût été faite fous l’angle le plus favorable , & l'autre ne peut l'être que fous un angle qui le foit beaucoup moins. On doit donc faire en forte qu’une aube étant entierement plongée dans l’eau , elle né foit nullement couverte par la fuivante ; &c il eft vi- fible que cela demande qu’elles ayent entr'elles un certain intervalle ; & comme il fera lé même pour les autres, il en déterminera le nombre total. Les aubes attachées chacune par fon milien à un rayon d’une roue quitourne, ont deux dimeñfions , lune parallele , l’autre perpendiculaire à ce rayon ; c’eft la parallele que j'appellerai leur hauteur ; fi 14 hauteur eft égale au rayon de la roue , une aube ne peut donc plonger entierement , que le centre de lx roue, ou de l’atbre qui la porte , ne foit à la furface de l’eau ; & il eft néceflaire qu'une awbe étant plon: gée perpendiculairement au courant , la fuivante , qui ne doit nullement la couvrir, füit entierement 864 A U B couchée fur Ja furface de l’eau , & par conféquent fañie avec la premiere un angle de 90 degrés ; ce qui emporte qu'il ne peut y avoir que quatre aubes : d'où Ton voit que le nombre des aubes {era d'autant plus grand que leur largeur fera moindre. Voici une petite table calculée par M. Pitot, du nombre & de la lar- geur des aubes. | Nombre des aubes, 4,5 ,6,7,8,9,10,11, 125228 14 SR FOLIE PE OL 10 20 Largeur des aubes , le rayon étant de 1000 , 1000, 691, 500, 377» 293 » 234 » 191 3 1593 134» 1149 99 » 86,76, 67, GI, 54» 49. k 2°. Il faut diftinguer deux fortes d’aubes : celles qui ont furles rayons de la roue, 8 dont par conféquent elles fuivent la direétion felon leur largeur ; celles qui font fur des tangentes tirées à différens points de la circonférence de larbre qui porte la roue , ce qui ne change rien au nombre : les premieres s’appellent aubes en rayons ; les fecondes, aubes en tangentes, L’aube en rayon & l'aube en tangente entrent dans l’eau & en fortent en même tems , & elles y décri- vent par leur extrémité un arc circulaire , dont le point de milieu eft la plus grande profondeur de l’eau à laquelle l'aube s'enfonce. On peut prendre cette profondeur égale à la largeur des aubes. Si on conçoit que l’aube en rayon'arrive à la furface de l’eau, & par conféquent y eft aufli inclinée qu’elle puille , l'aube en tangente qui y arrive auf, y eftnéceflairement en- core plus inclinée ; & de-là vient que quand l’aube en rayoneftparvenue à être perpendiculaire à l’eau, l'axe en tangente y eft encore inclinée, & par conféquent en reçoit à cet égard, & en a toüjours jufque-là moins recù d'impreffon. Îl eft vrai que cette plus grande partie de l'aube en tangente a été plongée ; ce qui fem- bleroit pouvoir faire une compenfation : mais on trouve au contraire que cette plus grande partie plon- gée reçoit d’autant moins d’impreflion de l’eau, qu- elle eft plus grande par rapport à la partie plus pe- tite de l'aube en rayon plongée auff ; & cela à caufe de la différence des angles d'incidence. Jufques-là l’a- yantage eft pour l’aube en rayon. Enfuite l'aube en rangente parvient à être perpen- diculaire à l’eau : mais ce n’eft qu'après l'aube er rayon ; le point du milieu de l'arc circulaire qu’elles décrivent eft pañlé ; l’aube en rayon aura été entiere- ment plongée, & l'aube en tangente ne le peut plus être qu’en partie ; ce qui lui donne du defavantage encore, dans ce cas même qui lui eft le plus favora- ble. Ainf l’abe en rayon eft toüjours préférable à l'aube en tangente. 3°. On a penfé à donner aux aubes la difpofition des aïles à moulin à vent, & l’on à dit: ce que l’air fait, l’eau peut le faire ; au lieu que dans la difpofi- tion ordinaire des aubes , elles font attachées à un ar- bre perpendiculaire au fil de l’eau , ici elles le font à un arbre parallele à ce fil. L’impreffion de l’eau fur les aubes difpofées à ordinaire , eft inégale d’un inf tant à l’autre : fa plus grande force eft dans le mo- ment où une aube étant perpendiculaire au courant, & entierement plongée, la fuivante va entrer dans l’eau , & la précédente en {ort. Le cas oppofé eff ce- lui où deux aubes font en même tems également plon- gées. Depuis l’inftant du premier cas, jufqu’à l’inf- tant du fecond, la force de l’impreffion diminue toùû- jours ; & il eft clair que cela vient originairement de ce qu'une awbe pendant tout fon mouvement y eft toüjours inégalement plongée. Mais cetinconvénient cefleroit à l’égard des aubes mifes en ailes de moulin à vent ; celles-ci étant tout entieres dans l’air , les au- tres feroient toùjours entierement dans l’eau. Mais on voit que l’impreflion doit être ici décompofée en deux forces ; l’une parallele , & l’autre perpendicu- lire au fil de Peau ; 8 qu'il n’y a que la perpendi- culaire qui ferve à faire tourner, Cette force étant appliquée à une ave nouvelle, qu’on autoït faite égale en furface à une autre pofée felon l’ancienne mamiere , il s’eft trouvé que l’azke nouvelle qui reçoit une impreflion conftante , en eût reçû une un peu moindre que n’auroit fait l’aube ancienne dans le même cas. | D'ailleurs, quand on dit que la plus grande vîtefle que puifle prendre une aube ou aile müûe par un flui- de , eft le tiers de la vitefle de ce fluide , il faut en- tendre que cette vitefle réduite au tiers eft unique- ment celle du centre d’impulfion, ou d’un point de la furface de l'aube où l’on conçoit que fe réunit tou- te l’impreffion faite fur elle. Si le courant fait trois piés en une feconde, ce centre d’impulfion fera un pié en une feconde ; & comme il eft néceffairement placé fur le rayon de la roue , il y aura un point de ce rayon qui aura cette vitefle d’un pié en une fe- conde. Si ce point étoit l’extrémité du rayon qui feroit, par exemple, de dix piés, auquel casil feroit au point d’une circonférence de foixante piés , il ne pourroit parcourir que foixante piés, ou la roue qui porte les aubes ne pourroit faire un tour qu’en foi- xante fecondes , où en une minute. Mais fi ce même centre d'impreffion étoit poié fur fon rayon à un pié de diftance du centre de la roue & de l’arbre, il par- tourroit une circonférence de fix piés, on feroit un tour en fix fecondes ; & par conféquent la circon- férence de la roue feroit auffi fon tour dans le même tems, & auroit une vitefle dix fois plus grande que dans le premier cas : donc moins le centre d’impref- fion eft éloigné du centre de la roue, plus la roue tourne vite. Quand une furface parallélogrammati- que müe par un fluide tourne autour d’un axe im- mobile auquel elle eft fufpendue , fon centre d’im- jénes eft, à compter depuis l’axe, aux deux tiers de a ligne qui la divife en deux felon {a hauteur. Si la roue a dix piés de rayon , l’zube nouvelle qui eft en- tierement plongée dans l’eau , & dont la largeur ow hauteur eft égale au rayon , a donc fon centre d’im- preffion environ à fix piés du centre de la roue. IL s’en faut beaucoup que la largeur ou hauteur des ax bes anciennes ne foit égale au rayon, & par confé- quent leur centre d’impreffion eft toûjours plus éloi- gné du centre de la roue ; & cette roue ne peut tour ner que plus lentement. Mais cet avantage eft dé- truit par une compenfation prefqu’égale : dans le mou- vement circulaire de l’aube, le point immobile ou. point d'appui eft le centre de la roue ; & plus le cen- tre d’impreffion auquel toute la force eft appliquée eft éloigné de ce point d’appui , plus la force agit. avantageufement , parce qu’elle agit par un long bras de levier. Ainfi quand une moindre diftance du. centre d'impreflion au centre de la roue fait tourner, la roue plus vite, & fait gagner du tems, elle fait, perdre du côté de la force appliquée moins avanta- geufement , & cela en même raïon : d’oùil s'enfuit. que la pofition du centre d’impreffion eft indifférente: La propofition énoncée en général eût été fort étran- ge;8& on peut apprendre parbeaucoup d'exemples à ne pas rejetter les paradoxes fur leur premiere appa- rence.Si l’on n’a pas fongé à donner aux ailes de mou+ lin à vent la difpofition des aubes, comme on a fon- gé à donner aux aubes la difpofition des ailes de mou lin , c’eft que les ailes de moulin étant entierement plongées dans le fluide , fon impreffion tendroit à renverfer la machine , en agiflant également fur tou- tes fes parties en même tems, & non à produire un mouvement circulaire dans quelques - unes. Foyez. l’Hifloire de l’Acadèm. 6: les Mém. ann. 1729. pag. 81. 253. 306$. ann. 1723. p. 80. E Juiv. Au refte, le problème pour la folution duquelon Vient de donner d’après M. Pitot quelques principes, demanderoit une phyfique très-exaéte , & une très- fubtile géométrie , pour être rélolu avec RÉ. | En prémier lieu, l'effort du fluide contre chaque point de l’aîle dépend de deux chofes ; de la force d’impulfion du fluide , & du bras de levier par lèquel cette force agit : ces deux chofes varient à chaque point de l’aîle. Le bras de levier eft d’autant plus grand , que le point de l’aîle eft plus éloigné du cen- tre de rotation ; & à l’égard de la force d’impulfion, elle dépend dela viteffe refpettivé du fluide par rap- port au point de l'aîle ; or cette vitefle refpective eft différerite à chaque point: car en fuppofant même que la vitefle abiolue du fluide foit égale à tous les points de l'aile, la vîtefle des points de l'aile eft plus grande ou plus petite, felon qu'ils font plus loin ou plus près du centre de rotation. Il faut donc prendre limpulfion du fluide fur chaque point de Paîle ( ce qui demande encore quelqu'attention pour ne pont fe tromper ) & multiplier par cette impulfion le bras de levier , enfiute intégrer. Dans cette intégration même il y a des cas finguliers où lon doit prendre des précautions que la Géométrie feule ne fuffit pas pour indiquer. V. Ze traité des Fluides, Paris 1744; art. 367. En fecond lieu , quand on a trouvé ainfi l'effort du fluide contre l'aube, il ne faut pas croire que la Phyfique ne doive altérer beaucoup ce calcul : 1°. les lois véritables de l’impulfion des fluides font en- core très-peu connues: 2°. quand une aîle eft fuivie d’une autre , le fluide qui eft entre deux n'agit pas li brement fur celle des deux qui précede, parce qu'il eft arrêté par fon impulfion même fur la fuivante. Toutes ces circonftances dérangent tellement ce cal: cul, d’ailleurs très-épineux fans cela même, que je crois qu'il n’y a que l'expérience feule qui foit ca- pable de réfoudre exaëtement le problème dont il s’agit. Une des conditions que doit avoir une roue char: gée d’aubes , c’eft de tourner toùjours uniformément ; & pour cela , il faut qu’elle foit telle que dans quel- que fituation que ce foit de la roue , l'effort du fluide contre toutes les aubes ou parties d’aubes aëtuelle- ment enfoncées foit nul, c’eft-à-dire, que la fomme des efforts pofitifs pour accélérer la roue , foit égale à la fomme des efforts nésatifs pour la retarder. Ainfi le problème qu'il faudroit d’abord réfoudre , ce fe- roit de favoir quel nombre d’aubes il faut donner , pour que dans quelque fituation que ce foit de la roue , l'effort du fluide foit nul. Il-y a ici deux incon- nues ; la vitefle delaroue, &c le nombre d’aubes ; &c la condition de la nullité de l’effort devroit donner une équation entre la vitefle de la roue & le nombre des aubes, quelle que fût la fituation de la roue: c’eftun problème qui paroît digne d'exercer les Géometres. On pourroit enfuite tracer une courbe , dont les abf cifles exprimeroient le nombre des roues , & les or- données la vitefle; & la plus grande ordonnée de cette courbe donnéroit la folution du problème. Je ne donne ici pour cela que des vûes fort générales, & aflez vagues : mais quand la folution de ce pro- blème feroit poffible mathématiquement , ce que je n'ai pas fuffifamment examiné , je ne doute pas que lés confidérations phyfiques ne Paltéraflent beau- coup , & peut-être même ne la rendiflent tout-à-fait inutile, (O #AUBE, ( Géog. } riviere de France qui a fa fource à l’extrémité méridionale du bois d’Auberive , tra- verfe une partie de la Champagne , & fe jette dans la See. - * AUBENAS, (Géog.) ville de France en Langue- doc , dans le bas Vivarais , fur la riviere d’Ardefche, au pié des Cevennes. Long. 22. 2. lat. 44. 40. : * AUBENTON, ( Géog. ) ville de France en Pt cardie , dans la Thiérache , fur l’Aube. Lo, 27, 55. dat. 43:51. | ‘-AUBÉPINE oz AUBEPIN, oxyacæntha, L'épine- * Tome I, dc: AUB 865$ blanche owanbépine , appellée par le peuple oble épi- ze, forme un arbrifleau, d’un bois fort uni, at- mé de piquans ; fes feuilles font dentélées & d’un fort beau verd : fes fleurs d’une odeur agréable & d’un blanc aflez éclatant , mêlé d’un peu de rouge, font ramaflées par bouquets faits en étoiles : fes fruits {ont ronds, rougeâtres , difpofés en ombelles & ren- fermant la graine. Cet arbrifieau croît fort vite, & fert à planter des haïes dont il défend l’approche par fes pointés. On en fait aufi des paliflades tondues au crfeau , qui font l’ornement des jardins. L’aubepine eff très fujette aux chenilles , & vient de graine ordinairement. On la voit ordinairement en fleur au mois de Mai : il faut la rapporter au genre appellée zéfler. (K) * Par l’analyfe chimique, cette plante outre plus fieurs liqueurs acides ,donne un peu d’efpriturineux, point de fel volatil concret; mais beaucoup d’huile &t beaucoup de terre. Ainf il y a apparence que l’# pine blanche contient un fel femblable au {el de co- rail ,enveloppé de beaucoup de foufre, & mêlé avec un peu de fel ammomac. Tragus aflüre que l’eau difüllée de fes fleurs où Pefprit que lon en tire en les diftillant avec le vin dans lequel elles ont macéré pendant trois jours, fou- lagent beaucoup les pleurétiques & ceux qui ont la colique. Voyez Hiff. des Plant, des env, de Paris. AUBER 04 AUBERE (Manéo.) cheval poil fleur de pêcher, ou cheval poil de mille-fleurs, c’eft-à-dire qui a le poil blanc , mais varié & femé par tout le corps de poil alefan &c de bai. Le cheval aubere eft fujet à perdre la vûe, & peu eftimé dans les maneges. Il n’a pas non plus beaucoup de fenfbilité à la bouche ni aux flancs. (7) : AUBERGE , £. £. ( Hiff. mod. ) lieu où les hommes fontnourris &couchés, & trouvent des écuries pour leurs montures & leur fuite. L’extinétion de l’hofpi-- talité a beaucoup multiplié les auberges ; elles font fa- vorifées par les lois à caufe de la commodité publi- que. Ceux qui les tiennent ont ation pour le paye- ment de la dépenfe qu’on y a faite, fur les équipages & fur les hardes; pourvû que ce ne foient point cel- les qui font abfolument néceffaires pour fe couvrir. Les hôtes y doivent être recüs avec affabilité , y de: meurer en pleine fécurité ; &y être fournis de ce dont ils ont befoin pour leur vie &r celle de leurs animaux, à unjufte prix. Les anciens ont eu des auberges com me nous. Lesnôtres ont leurs loix, dont les princis pales font de n’y point recevoir les domicihiés des lieux ; mais feulement les paflans & les voyageurss de n’y point donner retraite à des gens fufpeéts ; fans avertir les officiers de police ; de n’y fouffrir aucuns vagabonds, gens fans aveu , & blafphémateurs,&r de veiller à la füreté des chofes & des perfonnes. Voyez le traité de la Pol. pag. 727. Dans la capitale ; l’auber- gifle eft encore obligé de porter fur unrégiftre le nom & la qualité de celui qui entre chez lui, avec la date de fon entrée & de fa fortie, & d’en rendre compte à l’infpedteur de police. Il y a des auberges où l'on peut aller manger fans y prendre fa demeure. On paye à tant par tête, en comptant ou fans compter le vin ni les autres hqueurs. AUBERGE. Voyez ALBERGE. (X) AUBERGISTE, f. m. celui qui tient auberge. Voyez AUBERGE. * AUBETERRE ( Géog. ) ville de France , dans É Angoumois, {ur la Dronne. Longitude 5 17: 40: lat. 45 TS NON AUBIER , arbrifleau. Voyez OBtER. (1) * Augier, {. m.( Hifi. nat, Jard, ) c’eft une cou- ronne , ou ceinture plus ou moins épaiffe de boïs blanc , imparfait, qui dans prefque tous les arbres- fe diffingue aifément du bois parfait qu’on appelle le cœur , par la différence de fa couleur & de {a du RRrrr . 866 À U B reté, Elle fe trouve immédiatement fous l'écorce, & enveloppe le bois parfait, qui dans les arbres fains eft à peu près tout de la même couleur, depuis la circonférence juiqu’au centres Le double ou faux aubier eft uñe couronne entiere de bois imparfait , remplie & recouverte par de bon bois ; dans les arbres attaqués par des gelées violen: tes, le bois parfait fe trouve féparé par une couron: ne de bois blanc ; énforte que fur la coupe du tronc d’un de ces arbres, on voit alternativement une cou: ronne d’axbier, puis une de bois parfait, enfuaite une feconde couronne d’aubier , enfin un mafif de bois parfait. Ce défaut eft-plus ou moins grand, & plus ‘ou moins commun, felon les différens terreins & les différentes fituations. Dans les terres fortes &c dans le touflu des forêts, 1l eft plus rare & moins confi- dérable que dans les clairieres & les terres légeres. À la feule infpeétion de ces couronnes de bois blanc, on ‘voit qu’elles font de mauvaife qualité ; & on les trouve telles par l’expérience. Voyez l’article ARBRE. Voyez les mémoires de l'Acad. 1737. p. 276. * AUBIERE, ville de France en Auvergne, à une lièue de Clermont, AUBIFOIN , f. m.( Aift. nat Bor.) plante qui doit fe rapporter au genre appellé luer. Voyez BLUET. (7) * Camerarius affüre qu’en Saxe on fait boire à ceux qui ont la jaunifle & la rétention d'urine, un verre de bierre dans lequel on a fait bouillir une poignée de cette herbe. | Pour faciliter la fortie des dents aux petits enfans, le même auteur leur faifoit bafliner les gencives avec l’eau diftillée de cyanus , mêlée avec le fuc d’écrevif: fe. I] dit que la poudre des fleurs de cette plante fait réfoudre l’éréfipele du vifage. Tragus prétend qu'un demi-gros de graine de b/xer purge aflez bien ; que Peau diftillée de fa fleur eft bonne pôur la rougeur & linflammation des yeux. On la rend plus aétive en y ajoûtant le camphre & le fafran. La décoëtion de cyanus eft diurétique & emménagogue. Hifi, des plant. des env. de Paris. | * AUBIGNY ( Géog. ) ville de France dans le Berry, fur la Nerre. Long. 20. 6. 7. lat. 47. 29.15. AUBIN, £. m.( Manëg. ) allure qui tient de l’am- ble & du galop. | Un cheval qui va l’aubin eft peu eftimé ; parce que cette allure vient aflez fouvent de foiblefle des reins & des jambes , qu’elle n’eft propre nipour le train ni pour le carroffe , & qu’elle ne peut durer. (7) * AUBIN DE POUANCE (S AINT-) ville de ‘ France en Anjou , dans l’éleétion d'Angers. AUBIN DU CORMIER ( SAINT- ) ville de France en Bretagne. Long. 16.15. lat. 48. 15, | AUBINET( SAINT: ) fubft, m. ( Marine. ) c’eft un pont de cordes foûtenu par des bouts de mâts po- fés de travers fur le plat bord à l’avant des vaiffeaux marchands ; il couvre leur cuifine , leurs marchandi- fes &c leurs perfonnes : mais on l’ôte ordinairement dans le gros tems, parce qu’il empêche de manœu- vrer : On dit qu'il y a un pont coupé, quand il y a un faint Aubinet à l'avant &c un fufain à lPautre bout. Voyez PONT. (Z) * AUBONNE ( Géog. ) ville de Suifle , au canton de Berne fur la riviere"de même nom, dans le pays de Vaux. Long. 23. 57. lat. 48. 30. AUBOURS ( Hiff. nat. Bot. ) arbre mieux connu fous le nom d’ébénier ou de faux ébénier, Voyez Éné- NIER. (7 Aa f. m. ( Hifi. nat. Ornithol. ) oïfeau de proie , mieux connu fous le nom dhoereau, Voyez HogerEau. (1) | AUBRON oz AUBERON, f. m. ( Serrurerie. c’eft une efpece de crariponet à peu près en fer à cheval, lequel entre dans la tête du palatre d’une ferrure à pêne en bord, & qui reçoit Les peines & gachettes À U D de ladite ferrure, Îl fe rive für une plaque de fer-de même largeur & longueur, que la tête du palatre de la ferrure, & s’attache au couvercle du coffre. On trouvera dans nos Planches de ferrurrerie plufeurs fig, d’'aubron & d'aubronniere. ; AUBRONNIERE , o4 AUBÉRONNIERE, c’eft en Serrurrerie, l’affemblage de la plaque de même lon- gueur & largeur, que la tête du palatre & de l’aubron. * AUBUSSON ( Géog, ) ville de France, dans la Marche , aux confins du Limofin, fur la Creufe. Long. 29,45 ASE. CS (UP AUCAGUREL ( Géog. ) ville d'Afrique , capitale du royaume d’Adel, fur une montagne, Long, Gz. $$. lat. 9. 10: AUS * AUCH ( Géog. ) ville de France , capitale du comté d’Armagnac, & métropole de toute la Gafco- gne, proche la riviere de Gers. Long, 18, 10. 44e. PRET EME | | : AUCTION, f. f. ( Hifloire anc. ) éfpece de vente chez les Romains, qui fe faifoit par un crieur public Jub hafla, {ous uné lance attachée des deux bouts à cet effet, & par l’autorité du magiftrat qui garantif- {oit la vente en livrant les chofes vendues : cela s’ap- pelloit auéfio, accroiflement ; parce que fuivant Si gonius , les biens étoient vendus à Penchere , e zempe qui plurimum rem augeret. C’eft de-là que vient le verbe /ubhaftare, vendre en public, &r le fubftantif, Jubhaflatio , vente ainfi exécutée , qu’on a francifé. Voyez SUBHASTATION, (4) | * AUDACE., hardieffe, effronterie ( Grammaire. ) : termes relatifs à la nature d’une aétion, à l’état de l’ame de celui qui l’entreprend, & à la maniere avec laquelle il s’y porte. La hardieffe marque du courage; l'audace de la hauteur ; l’efronterie de la déraifon & de l’indécence. Murdieffe fe prend toùjours en bonne part; audace & effronterie fe prennent toüjours en mau- vaife, On eft hardi dans le danger ; audacieux dans le difcours ; effronté dans fes propoñitions. | * AUDE, riviere de France dans le bas-Langrie- doc : elle a fa fource dans les monts Pyrénées , pañle à Carcafflonne , & fe jette dans la Méditerranée. AUDIENCE,, f. f, en général eff l’attention qu’on donne à quelqu'un qui parle. Cemot eft dérivé du verbe latin audio, qui fignifie entendre ou écouser. AUDIENCE, en terme de Palais , fignifie l’afiftance des juges au tribunal, à l’effet d’oiür les plaidoyers des parties ou de leurs avocats : c’eft en ce fens qu’on dit demander , folliciter l'audience, donner audience lever l'audience. Une affaire ou caufe d'audience , eft celle qui eft de nature à être plaidée, qui n’eft pas une caufe de rapport. Voyez RAPPORT. étaler On appelle auffi audience le Heu même où s’aflem« blent les confeillers pour oùir les plaidoyers ; c’eft en ce fens qu’on dit venir à l'audience , fortir de Pax= dience : & le tems que dure la féance des juges ; en ce dernier fens on dit qu’une caufe a occupé trois, qua tre ou cinq audiences. (H) 3 ,; AUDIEN CE, fe dit auffi des cérémonies qui fe pra* tiquent dans les cours, lorfque des ambafladeurs &c des miniftres publics font admis à parler aux princes. Voyez AMBASSADEUR. Un tel ambañladeur envoya demander audience, prit fon audience de congé , Éc. On donne une audience folemnelle aux ambafña- deurs : celle qu’on accorde aux envoyés & aux réfi- dens n’exige pas tant de cérémonial. L'ufage de toutes les cours exige qu'ils faffent trois. révérences avant que de fe couvrir & de s’affeoir, ce: qu’ils ne font même qu'après en avoir apperçü lefi- gne que le roi leur en fait, après s’être aflis &c cou vert lui-même. Lorfqu’il ne fe foucie point de les faire affeoir & fe couvrir, il refte débout & découvert lui même. Cette maniere de marquer indireétement du, mépris pañle pour un affront. Après une audience ob, tenue, &fur-tout la premiere, iln’eft pas de la bien: A U féance de s’empreffer pour en obtenir une autre. (7) AUDIENCE, cour eccléfiaftique d'Angleterre, qui fe tient toutes les fois que l’archevêque veut connoi- tre en perfonne d’une caufe, La cour d'audience connoïît principalèment des diffe- rends mûs au fujet des éle&ions , des confervations, des réceptions, des clercs, & des mariages. (4) AUDIENCE o4 AUDIENCE ROYALE, ( Æif?. mod.) nom que les Efpagnols ont donné aux tribunaux de juftice qu'ils ont établis dans l'Amérique. Ces tribu- naux contiennent fouvent plufieurs provinces dans leur reflort, qui pourtant eft limité, & ils jugent fans appel comme nos parlemens. Les membres qui les compofent font à la nomination de la cour, qui y en- voye fouvent des Efpagnols naturels, & tout s’y de- cide fuivant les lois du royaume. Quelques Géogra- phes modernes ont divifé la nouvelle Efpagne en au- diences fuivant le nombre de ces tribunaux. (G AUDIENCIER , f. m. (Jurifprudence.) fe dit d’un huifier qui eft prefent à l’audience pour appeller les caufes , impofer filence, ouvrir ou fermer les portes, & autres offices. _ Grand AUDIENCIER, eft le nom d’un officier de la grande chancellerie , qui rapporte à M. le chance- lier les lettres qui font à fceller, & qui y met la taxe. Il y en a quatre. On appelle fimplement audienciers , ceux qui font cette même fonétion à la petite chancellerie. Il y en a quatre au parlement de Paris. (4) AUDIENS oz AUDEENS oz VADIENS, f. m. pl. {Æiff. eccléf.) hérétiques du 1v. fiecle, ainfi appellés du nom d’Audins leur chef, qui vivoit en Syrie ou Meéfopotamie vers l’an 342, &c qui ayant déclamé contre les mœurs des eccléfiaftiques, finit par dog- matifer & former un fchifme. Entr'autres erreurs il célébroit la pâque à la facon des Juifs, & enfeignoit que Dieu avoit une figure hu- maine , à la refflemblance de laquelle homme avoit été créé. Selon Theodoret, 1l croyoit que les téne- bres , le feu & l’eau n’avoient point de commence- ment. Ses feétateurs donnoient l’abfolution fans im- pofer aucune fatisfaétion canonique , fe contentant de faire pañler les pénitens entre les livres facrés & les apocryphes. Ils menoient une vie très-retirée, & ne fe trouvoient point aux affemblées eccléfafti- ques, parce qu'ils difoient que les impudiques & les adulteres y étoient reçüs. Cependant Theodoret af fre qu'il fe commettoit beaucoup de crimes parmi eux. $. Auguftin {es appelle Fadiens par erreur, & dit que ceux qui étoient en Egypte communiquoient avec les catholiques. Quoiqu'ils fe fuflent donné des évêques, leur feûte fut peu nombreufe ; leur héréfe ne fubfftoit déjà plus, & à peine connoïfloit-on leur nom du tems de Facundus, qui vivoit dans le cin- quieme fiecle. Le P. Petau prétend que faint Aupuftin & Theo- doret ont mal pris le fentiment des Audiens, & ce qu’en dit faint Epiphane, qui ne leur attribue, dit-il, d’autres fentimens que de croire que la reflemblance de l’homme avec Dieu confiftoit dans le corps. En effet, le texte de faint Epiphane ne porte que cela, & ce pere dit expreflément que les Axdieris n’avoient rien changé dans la doûrine de l’Eglife , ce qui ne feroit pas véritable, s'ils euflent donné à Dieu une forme corporelle, _ AUDITEUR , £ m. (if. mod.) en général celui qui écoute, & fingulierement celui qui eft préfent à une harangue, un fermon ou autre difcours pronon- cé en public. Mais AUDITEUR, ex serme de Droit ou de Palais , fe dit de plufeurs fortes d’officiers commis “pour ouir des comptes. C’eft dans ce fens qu’on ap- pelle auditeurs des comptes, des officiers dont la fonc- tion eft d’examiner.& arrêter les comptes des finan- .€es du roi, & rapporter à la chambre les dificultés 4 Tome IL nn sus de - 0 AUD 867 qui s’y trouvent pour les y faire juger. Originaire- ment 1ls n’étoient point confeillers ; on ne les appels loit que clercs: mais en 15 $2 il leur fut permis d’opi- ner fur les difficultés qui fe préfenterotent dans les comptes dont ils feroient rapporteurs, 7. COMPTE. C'eft dans le même fens qu’on appelle auffi en Angleterre auditeurs, plufieurs clafles d’officiers de léchiquier | chargés du recouvrement des deniers pu- blics & des revenus cafuels de la couronne, du paye: ment des troupes de terre & de mer, & autres dépens: {es publiques ; qui reçoivent & examinent les comps tes des colleéteurs particuliers difperfés dans les pro- vinces , veillent à leur conduite & leur payent leurs gages ; tels font les auditeurs des reçus , les auditeurs des revenus , les auditeurs du prêt, &c. AUDITEURS conventuels ou collésiaux , étoient an= cienrement des oMiciers établis parmi les religieux, pour examiner & régler les comptes du monaftere. Quand c’eft un particulier fans caraétere qui re- ÇOit un compte qui le concerne lui-même, on ne l’ap- pelle pas auditeur, mais oyanr. Voyez OYANT. Auditeur fe prend auñli pour juge de caufes qui fe décident à l'audience. C’eft de cette forte qu’eft le juge auditeur du châtelet de Paris, qui juge fommai= rement à l’audience toutes les caufes qui n’excedent pas cinquante livres ; tels font à Rome les audireurs de rote, & les auditeurs de la chambre apoftolique. Voy. ROTE 6 APOSTOLIQUE (chambre.) | AUDITEUR s’eft dit aufl des enquêteurs commis _pour l’inftruétion dés procès. On appelle même fou= vent les notaires, auditeurs, en Angleterre & dans quelques coûtumes de France. On a même donné ce nom aux témoins & afliftans qui étoient préfens à la pañlation ou à la leéture de quelque aûe , ou qui le {oufcrivoient. (4) AUDITIF, VE, adj. ez Anatomie , {e dit dé quel- ques parties relatives à l’oreille. Voyez OREILLE. Le conduit audinif externe commence par le tro auditif externe ; il a environ cinq ou fix lignes de profondeur ; 1l eft creufé obliquement de derriere en-devant ; 1l fe termine en-dedans par un bord circulaire, qui a dans fa circonférence une rainure fituée entre l’apophyfe maftoide & la fiflure ou fè- lure articulaire. Ce conduit manque dans les enfans , & on trouve à fa place un petit cercle offeux, qui dans Les adultes devient la bafe de ce conduit. Trou auditif externe. Trou auditif interne, L’artere auditive externe fe diftribue à l'oreille ex= terne ; c'eft un rameau de la carotide externe. Foy. CAROTIDE. L’auditive interne fe diftribue à l'oreille interne er pañänt par le tron audirif interne ; c’eft un rameat de l’artere bafilaire. Voyez BASILAIRE. (L) AUDITION , ff, £erme de Palais, quine fe dit que: dans deux phrafes ; l'audition d’un compte , & l’andr: tion des témoins : dans la premiere, il fignifie la ré= ception & l’examen d’un compte ; dans l’autre il f= gntfe la réception des dépoñtions, foit dans une eñ= quête ou une information. 7, COMPTE , ENQUÊ- TE @& INFORMATION. (4) E: | AUDITOIRE , f. m. nom collé@if des perfonnes affemblées , pour en écouter une qui parle en public. Voyez ASSEMBLÉE , DISCOURS , ORAISON, Ge. AUDITOIRE ( Hip. 7204, ) fige e banc, tribunal à Rome ; les divers magiftrats avoïent des axditoires conformes à leur dignité ; ceux des officiers fupé- rieurs s’appelloient sriburaux , & ceux des inférieurs Jubfellia, Voyez TRIBUNAL. Les juges pedanées, ainfi nommés parce qu'ils jus geoient debout , avoient leurs dxdiroires dans le por: tique du palais impérial ; ceux des Hébreux aux pos tes des viliss, Les juges des ançiens Re avons PER 4 Le” St RE | È Voyez TEMPORAL. 868 AVE leurs fiéges fous un orme planté devant le principal manoir , & c’étoit-là leur audisoire. Auditoire , en ce fens, c’eft-à-dire, employé com- me fynonyme à tribunal , ne fe dit que du fiège de juges fubalternes. (Æ) | | AUDITOIRE , dans les anciennes églifes , étoit la partie où les afliftans s'inftruifoient , fe tenant de- bout. J’oyez ÉGLISE. L’auditoire étoit ce qu’on appelle aujourd’hui la nef. Voyez NEF. Dans les premiers fiecles de l’églife , on contenoit fi feverement le peuple dans les bornes de cet audi- toire , que le concile de Carthage excommunia une erfonne pour en être fortie pendant le fermon. (Æ) * AVEIRO ( Géographie. ) ville de Portugal , fur l'étang de Vouga. Long. 9. 30. lat. 40. 30. *AVEIROU, riviere de France , dans le Rouer- gue , a fa fource dans la terre de Several, au-deflus de Rhodès où elle pale , puis à Saint-Antonin , à Bourniquet & à Negrepelifle ; reçoit le Brant , le Le- zett , la Bonnelle & le Lerre avec la Canda, & fe jette dans le Tarn , au lieu dit /a pointe d’Averrou. . AVELANEDE 04 VALANEDE, c’eft ainfi qu'on nomme la coque du gland. On s’en fert pour pañler les cuirs. * AVELLA , ville d'Italie, dans la terre de La- bour , avec titre de marquifat , à quatre milles de Nole & quinze de Naples , du côté de Bénévent. * AVÉLLINO ( Géographie. ) ville d'Italie , au royaume de Naples, dans la principauté ultérieure. Long. 32. 33. lat. 40. 53. AVELINE , corylus feu nux avellana [ylveftris, J.B. T. 120. L& meilleures avelines ou noïfettes font celles qui font grofles , mûres , dont l’amande eft prefque ronde , rougeâtre , pleine de fuc , d’un bon goût, & qui n’eft point vermoulue ; elles font plus nourriffan- tes que Les noix ; on les croit peétorales, mais elles font venteufes & difficiles à digérer. Elles contiennent une moyenne quantité de fel volatil & eflentiel, beaucoup de parties huileufes & terreftres. Leur ufage n’eft point nuifible, s’il eft modéré , & fi on a l’eftomac bon. Plufeurs penfent que les chatons & les coquilles des noïfettes font aftringentes , & les amandes très- difficiles à digérer; qu’elles chargent l’eftomac , em- pêchent la refpiration & rendent la voix rauque : mais leur émulfon , avec l’hydromel, eft bonne con- tre la toux feche & invéterée. (N) AVELINIER , f. m. (Alf. nat. bor.) arbriffeau qui doit fe rapporter au genre nommé zoifetier. Voyez NOISETIER. ; AVE MARIA ou SALUTATION ANGÉLIQUE ( Théologie.) priere à la fainte Vierge , très-ufitée dans l’églife Romaine. Elle eft compofée des paroles que l'ange Gabriel adrefla à la fainte Vierge , lorf- u’il lui vint annoncer le myftere de l’Incarnation ; de celles de fainte Elifabeth, lorfqu’elle reçut la vifite de la Vierge ; & enfin de celles de l’Eglife, pour im- plorer fon interceflion. On l'appelle Ave maria , par- ce qu’elle commence par ces mots, qui fignifient 7e vous falue Marie. On appelle auffi ave maria les plus petits grains du chapelet ou rofaire, qui indiquent que, quand on le récite, on doit dire des ave, à la différence des gros grains , fur lefquels on dit le pater ou l’oraïfon domi- nicale. Voyez CHAPELET 6 ROSAIRE. ( G AVENAGE ,, f. m. serme de Droit coutumier , rede- vance en avoine dûe à un feigneur. (K) *AVENAI( Géographie. ) ville deFrance, en Champagne, proche la riviere de Marne, & non. Join de Rheims. *AVENCHE 04 AVANCHE (Géographie.) ville de . Suiffe , au canton de Berne. Long. 24. 37. lat. 40% 50. AVENEMENT , fe dit de la venue du Meffie. On diftingue deux fortes d’avenemens du Meffe ; l’un ac- compli lorfque le verbe s’eft incarné, & qu’il a paru parmi les hommes revêtu d’une chair mortelle ; lau- tre futur, lorfqu’il defcendra vifiblement du ciel dans fa gloire & fa majefté, pour juger tous les hommes. Les Juifs font toûjouts dans lattente du premier avenement du Meflie, & les Chrétiens dans celle du fecond , qui précedera le jugement. ( &) On dit auffi averemenr d’un Prince à la couronne. AVENT , f. m. ( Æff eccl. ) tems confacré par l’églife , pour fe préparer à célébrer dignement la f6- te de l’avenement ou de la naïfance de Jefus-Chrift, &t qui précede immédiatement cette fête. 7. NOEL. Ce tems dure quatre femaines , & commence le dimanche même qui tombe le jour de faint André, fi le dimanche fe rencontre avec cette fête, ou le di- manche, foit avant foit après , qui en eff le plus pro- che , c’eft-à-dire, le dimanche qui tombe entre le 27 de Novembre & le 3 de Décembre inclufivement., Tel eft l’ufage préfent de Péglife , mais il n’a pas toù- jours été de même : le rit Ambrofien marque fix fe- maines pour l’avent , & le facramentaire de faint Gré- goire en compte cinq: les capitulaires de Charlema- gne portent qu'on fanoit un carème de 40 jours avant Noël, c’eft ce qui eft appellé dans quelques anciens auteurs le caréme de la [aint Martin : cette abftinence avoit d’abord été inftituée pour trois jours par {e- maine ; favoir , le lundi, le mercredi, & le vendredi, par le premier concile de Mâcon, tenu en 581 ; de- puis la piété des fideles l’avoit étendue à tous les au- tres jours : mais elle n’étoit pas conftamment obfer- vée dans toutes les églifes, ni fi régulierement pat les laïques que par les clercs. Chez les Grecs l’ufage métoit pas plus uniforme , les uns commençant le jeûne de l’avers dès le 15 de Novembre, d’aûtres lé 6 de Décembre & d’autres le 20. Dans Conftantino: ple même , l’obfervation de l’ayezt dépendoïit de la dévotion des particuliers, qui le commençoient tan- tôt trois , tantôt fix femaines , & quelquefois une feulement avant Noël. En Angleterre les tribunaux de judicature étoient fermés pendant ce tems-là. Le roi Jean fit à ce fujet une déclaration exprefle qui portoit défenfe de va- quer aux affaires du barreau dans le cours de laver: In adventu Domini nulla affifa capi debet ; & même encore à préfent , il eft défendu de marier pendant l’avent fans difpenfe. Voyez MARIAGE. | Une autre fingularité à obferver , par rapport à l'avenr, c’eft que contre l’ufage établi aujourd’hui d’appeller la premiere femaine de laver celle par la- quelle il commence, & qui eft la plus éloignée de * Noël, on donnoit ce nom à celle qui en eft la plus proche , & on comptoit ainfi toutes les autres en ré- trogradant, comme on fait avant le carême les di- manches de la feptuagéfime , fexagéfime , quinqua= géfime, &c. (G) | * AVENTIN ( MonT }une des fept collines de Rome ; c’eft aujourd’hui la montagne de fainte Sa- bine. A * AVENTURE , évenement, accident ( Gramm. ) termes relatifs aux chofes pañlées , ou confidérées comme telles. Evénement eft une expreffion qui Îeur * eft commune à toutes, &c qui n’en défigne ni la qua- lité, ni celle des êtres à qui elles font arrivées ; il demande une épithete pour indiquer quelque chofe de plus que lexiftence des’chofes ; le changement dans la valeur des efpeces eft un éverement : mais qu’eft cet évenement ? Il eft avantageux pour quél- ques particuliers, fâcheux pour l’état. Accident a rap- ” . . x ? port À un fait unique , ou confidéré comme tel, & à des individus , & marque tojours quelque mal phy= * AVE fique. Il eft arrivé un grand accident dans ce village ; le tonnerre en a brülé la moitié. Avezrure eft auf in- déterminé qu’évezement, quant à la qualité des cho- {es arrivées : mais éveremens eft plus général , il fe dit des êtres animés & des êtres inanimés ; 8&C averzture n’eft relatif qu'aux êtres animés : une aventure eft bonne ou mauvaife , ainfi qu’un évenement : maïs il femble que la caufe de l'aventure nous foit moins in- connue, & fon exiftence moins inopinée que celle de l’évenement & de l’accident, La vie eft pleine d’éve- nemens , dit M. l'Abbé Girard ; entre ces évenemens, combien d’accidens qu’on ne peut ni prévenir , ni ré- parer ? onn'’a pas été dans le monde fans avoir eu quelque aventure, AVENTURE, {. f. évenement extraordinaire ou fürprenant , foit réel foit imaginaire. Voyez FABLE. Certains poëmes contiennent les aveztures des hé- ros , comme l’Odyflée & l’Énéide, celles d’'Ulyfe & d’Énée. Les nouvelles & les romans font des rela- tions circonftanciées d'aventures imaginaires qu’on at- tribue à des cavaliers ; des amans, @c. Voyez Nou- VELLE , ROMAN, 6. (G) AVENTURE, {.f. (Commerce, ) mettre de l'argent à la groffe aventure , c’eft le placer fur un vaifleau, où l’on court rifque de le perdre par le naufrage ou par les corfaires , fi ce n’eft qu’on ait pris une aflù- rance. Voyez ASSÛRANCE 6 ASSÜREUR. (G) * AVENTURES , {. f. ( Are Milis. ) dans nos anciens auteurs figmifie sournois , exercices militaires qui {e font à cheval. Voyez Tournoi. (Q) AVENTURIER , f£. m. dans le commerce , fe dit d’un homme fans caraétere & fans domicile, qui fe mêle hardiment d’affaires, & dont on ne fauroit trop fe défier. AVENTURIER , eft aufli le nom qu’on donne en Amérique aux pirates hardis & entreprenans, qui s’uniflent contre les Efpagnols , & font des courfes fur eux ; on les nomme autrement hozcanniers, Voyez BOUCANNIER. ÂAVENTURIER , eft encore le nom que les Anglois donnent à ceux qui prennent des aétions dans les compagmies formées pour l’établiflement de leurs co- lonies d'Amérique , ce qui les diftingue de ceux qu'ils nomment planteurs , C'eft-à-dire, des habitans qui y ont des plantations. Les derniers s’occupent à planter & à cultiver les terres ; les autres portent leur argent, & pour ainf dire, le metrent à l’avezcure dans l’efpérance des pro- fits qu’ils en doivent retirer par des dividendes; ceux- ci font proprement ce qu’on nomme en France ac- tionnaires ; ceux-là ce qu'on y appelle kabitans , co- ons & conceffionnaires. Dans ce {ens , on trouve dans le recueil des chartres d'Angleterre , es aventuriers & planteurs de la Virginie ; les aventuriers 6 planteurs de la nouvelle Angleterre , les chartres accordées pour les nouvelles colonies y diftinguanttoûjours ces deux fortes d’intéreflés , & leur accordant des privileges différens. "AVENTURIER eft auffi le nom qu’on donne à un vaifleau marchand qui va trafiquer dans l'étendue de la conceflion d’une compagnie de commerce , fans en avoir obtenu la pernufion. #. INTERLOPE. (G ) AVENTURINE. On entend ordinairement par ce mot une Compofition de verre de couleur jaunâtre A . . ou roufsätre , parfemée de points brillants de couleur : d’or. Si on veut trouver une pierre naturelle qui ref. femble à cette compofition , & que l’on puifle nom- mer aventurine naturelle , c’eft parmi les pierres cha- toyantes qu'il faut la chercher ; il y en a une efpece dont la couleur eft approchante de celle de l’aven- turine faëtice , & qui eft auf parfemée de points cha- toyans & très-brillans. 7. PIERRE CHATOYANTE. (1) | AVENUE, L f, ex Architeiture, eft une grande al- AVE 86 _Iée d'arbres avec une contre-allée de chaque côté, ordinairement de la moitié de fa largeur. Ces fortes d’averues {ont ordinairement plantées à l’entréé d’une ville ou d’un château, comme l'avenue de Vincennes près Paris, | | AVENUE EN PERSPECTIVE, eff celle qui eft plus large par un bout que par l’autre, pour donner à une allée uné plus grande apparence de longueur, ou pour la faire paroître parallele en regardant par le boutle plus étroit. Voyez ALLÉE € PARALLELISME. (P) AVEO oz ABYDOS, ( Géog. anc. & mod. ) petite ville de la Turquie d’Afie, en Natolie, fur le détroit de Gallipoli, avec une forterefle fur la côte qu’on appelle wne des Dardanelles, ou Le Château vieux. On la croit bâtie, non fur les ruines de l’ancienne 44ydos, mais fur celles de l’ancien Dardanum, dont elle con ferve le nom. AVERNE, f. m. chez les anciens, fe difoit de cer- tains lieux, grottes, & autres endroits dont l’air eft contagieux, & les vapeurs empoifonnées ou infec= tées; on les appelle aufli mephites. Voyez HUMIDE, EXHALAISON, &c, On dit que les avernes font fréquens en Hongrie ; ce que l’on attribue au grand nombre de fes mines. Voyez MINE & MINÉRAL. La grotte de Cani, en Ita lie, eft célebre. Voyez GROTTE, EXHALAISON , &c. Le plus fameux averze étoit unlac proche de Baies, dans la Campanie ; les Italiens modernes l’ont appel- lé pago di tripergola. Les anciens difent que les vapeurs qu’il exhale font fi pernicieufes, que les oïfeaux ne peuvent le pafler en volant, & qu'ils y tombent morts. Cette circonf- tance jointe à la grande profondeur du lac, fit ima- giner aux anciens, que c’étoit une entrée de l'enfer ; c’eft pourquoi Virgile y fait defcendre Enée par cet endroit. Proche de Baïes, dit Strabon, eft le golfe de Lu- crine, où eft le lac de l’averze. C’étoit-là que les an- ciens croyoient qu'Ulyfle avoit, fuivant Homere, converfé avec les morts, & confulté les manes de Tiréfias ; là étoit l’oracle confacré aux ombres, qu'Ulyfe alla voir & confulter fur fon retour. L’aver- ne eft un lac obfcur & profond, dont l’entrée eft fort étroite du côté de la baie; ileft entouré de rochers pendans en précipice, & n’eft accefible qu'aux na- vires fans voile ; ces rochers étoient autrefois cou- verts d'un bois impénétrable , dont la profonde obf- curité imprimoit une horreur fuperftitieufe, & l’on croyoit que c’étoit le féjour des Cimmeriens , nation qui vivoit en de perpétuelles ténebres. Voyez CiM= MERIEN. Avant que de faire voile vers cet endroit horrible ; on facrifioit aux dieux infernaux pour fe les rendre propices ; dans ces aétes de religion, l’on étoit afifté de prêtres, qui demeuroient & exerçoient leurs fonc- tions proche de l’ayerne. Au-dedans étoit une fontaine d’eau pure, qui fe déchargeoït dans là mer; on n’en buvoit jamais , parce que l’on étoit perfuadé que c’é- toit un écoulement du Styx. En quelqu’endroit pro- che de cette fontaine étoit oracle ; les eaux chau- des qui font communes dans ce pays, faifoient pen- fer aux habitans qu’elles fortoient du Phlégéton. Re- cherches fur La vie d'Homere. fe. 11.(G) AVERRUNQUES, £ m. pl. (Æif£. anc.) dans l'antiquité, un ordre de dieux chez les Romains; leur office étoit de détourner les dangers & les maux. Voyez Duœu. Les Grecs appelloient ces dieux aaxër- xa401 ou amémouralo ; & leur fête roro 9 quel- quefois ATOTPOF EAIOS« Les Egyptiens avoient auffi leurs dieux AVETTUNCE OU apotropæi, auxquels ils donnoient une attitude mê- naçante, & quelquefois ils les armoient d’un foüet; - Ifis étoit une divinité de cette efpece, comme l’a fait 870 AVE voir Kircher. Voyez Œdip. Ægypt. tom. III. p. 487. G) | ; *AVERSE, (Géog.) ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre de labour. Long. 31. 50. las, z. 4 AVERSION, f. f. (Med.) c’eft l’aétion de détour- ner les humeurs vers une partie oppofée, foit par ré- vulfion, dérivation, ou répulfion. Voyez DÉRIVA- TION, RÉVULSION. AVERSION, fignifie aufli zaufée, dépoir, & l’on s’en fert pour exprimer l’horreur que l’on a pour cer- tains alimens. AVERSION, chez quelques auteurs, fignifie Le dé- rangement de Puterus, que les anciens ont cru fortir de fa place dans les maladies hyftériques. . HyYsTE- RIQUE. (N AVERTI, adj. (ez Manege.) pas averti, pas écoute, eft un pas réglé & foûtenu, un pas d'école. On difoit autrefois #7 pas racolr dans le même fens. Voyez PAS, ALLÔRE. (7) *AVERTIN o4 AVORTIN, f. m.(@cozom. ruffiq.) maladie des bêtes aumailles, qu’on appelle auf ver- tige, étourdifflement, fang, folie, 8c tournant, & dans laquelle elles tournent, fautent, ceflent de manger, bronchent, & ont la tête & les piés dans une grande chaleur. Le foleil de Mars & les grandes chaleurs la donnent aux brebis. Pour la guérir, on faigne les bêtes à la tempe, ou à la veine qui pañle fur le nez; alors la bête s’éva- notit, 8 meurt quelquefois. Pour éviter la faignée, on prend des bettes fauvages, on en exprime le fuc ; on en met dans le nez de la bête malade ; on lui fait manger de la plante ; on lui coule auf dans les oreilles du jus d’orvale. L’avertin donne lieu à l’aétion redhibitoire. AVERTIR x cheval, en Manège, c’eft le reveil- ler au moyen de quelques aides, lorfqu’il fe néglige dans fon exercice. Ce terme ne s'emploie guere que dans le manége. (7 AVERTISSEMENT, {. m. ( Lirterat. ) confeil ou inffrutlion , qu’on donne à une perfonne qui y eft in- téreflée. Ce mot vient du latin adyertere, confidérer, faire attention. Les auteurs, à la tête de leurs ouvrages, mettent quelquefois un avertiffement au lefteur, pour le pré- venir fur certaines chofes relatives aux matieres qu'ils traitent , ou à leur méthode. Quand ces avertifflemens {ont d’une certaine étendue, on les nomme Préfaces. Voyez PRÉFACE. AVERTISSEMENT, {e dit auf d’une petite fienif- cation en papier timbré, que les receveurs de la ca- FRE envoyent à ceux qui négligent de la payer. AVERTISSEUR, f. m. (Æff. mod.) officier de [a maïfon du roi, dont la fonttion eft d’annoncer quand Îe roi vient diner. *AVES, (L’'Isce D’) 04 DES OISEAUX, petite île de l'Amérique méridionale, versle z2d. 45/, de la- zirude , au fud de Porto Rico, & au fud-eft de l’ile de Bonair. Il y a une autre île de même nom au nord de la précédente, vers le 15° desré de /acirude. Et une troifieme dans l’Amérique feptentrionale, proche la côte orientale de Terre-neuve, au $oû. 4’, de latitude. Aves, (Rio D’) rivierède Portugal, qui coule ‘dans le pays d’entre Duero & Minho ; & fe jette dans la met, au bourg de Villa de Conde. * AVESNES, (-Géog.) ville des Pays-bas François, au comté de Hainaut, fur la riviere dHefpre. Long. 21..33.1lat. 50. 10. hi | AVETTE, £. f. (Hifi. nat, Infeütolog. ) on donnoit autrefois ce nom aux abeilles, Foyez ABEILLE, (7) _ AVEU, Voyez ADVEUs La -AVEUER , ou mieux AVUER zre Perdrix ; {e-dit en Fauconnerie, pour la fuivre de l’œil, la garder à vie, & obferver quand elle part, & qu’elle va s’ap- puyer dans les remifes, AVEUGLE, adj. pris fubft. fe dit d’une perfonne privée de la vûe, Cette privation devroit, fuivant l’analogie , s’appeller aveuglement ; mais ce mot n’eft ufté que dans un fens moral & figuré, & ce n’eft pas. le feul de notre langue qui ne fe prenne que dans un fens métaphorique ; #affeffe eft de ce nombre: La pri- vation de la ve eft appellée par quelques écrivains cécité, du mot Latin cæciras , qui vient de cæcuss aveugle; & ce mot, qui eft commode, nous paroît mériter d’être adopté. On peut être aveugle de naiflance, ou lé devenir foit par accident, foit par maladie. Notre deflein n’eft point ici de traiter des maladies ou des caufes qui occafionnent la perte de la vûe, & qu’on trouveræ dans ce Diétionnaire à leurs articles : nous nous con- tenterons de faire des réflexions philofophiques fur la cécité , fur les idées dont elle nous prive , fur l’a- vantage que les autres fens peuvent en retirer, &tc. IL eft d’abord évident que le fens de la vûe étant fort propre à nous diftraire par la quantité d’objets qu’il nous préfente à la fois, ceux qui font privés de ce fens doivent naturellement , & en général, avoir plus d'attention aux objets qui tombent fous leurs au- tres fens. C’eft principalement à cette caufe qu’on doit attribuer la finefle du toucher & de l’oûie, qu’on obferve dans certains aveugles, plûtôt qu’à une fu- périorité réelle de ces fens par laquelle la nature ait voulu les dédommager de la privation de la vûe. Cela eft fi vrai, qu'une perfonne devenue aveugle par ac- cident , trouve fouvent dans le fecours des :fens qui lui reftent, des reflources dont elle ne {fe doutoit pas auparavant. Ce qui vient uniquement de ce que cette perfonne étant moins difiraite, eft devenue plus ca- pable d’attention : mais c’eft principalement dans les aveugles nés qu’on peut remarquer , s’il eft permis de s'exprimer amd , les miracles de la cécité. Un auteur anonyme a publié fur ce fujet, en 1749, un petit ouvrage très -philofophique &c très-bien écrit, intitulé Lestres fur les aveugles, à lufage de ceux qui voyent; avec cette épigraphe , poflunt, nec pof[e videntur , qui fait allufon aux prodiges des aveugles nés, Nous allons donner dans cet article l’extrait de cette lettre , dont la métaphyfique eft par-tout très- fine &très-vraie, fion en excepte quelques endroits qui n’ont pas un rapport immédiat au fujet, &c qui peuvent bleffer les oreilles pieufes. L'auteur fait d’abord mention d’un aveugle né qu'il a connu, & qui vraiflemblablement vit encore, Cet aveugle qui demeure au Puifaux en Gatinois, eft Chi- muifte & Muficien. Il fait Lire fon fils avec des carac- teres en relief. Il juge fort exaétement des fymmé- tries : mais on fe doute bien que l’idée de fymmé- trie qui pour nous eft de pure convention à beaucoup d’égards , l’eft encore d'avantage pour lui. Sa définition du miroir eft finguliere ; eff, dit-il, une machine par laquelle les chofes font miles en relief hors d’elles-mêmes. Cette définition peut être abfurde pour un {ot qui a des yeux ; mais un philofophe, mé- me clairvoyant, doit la trouver bien fubtile & bien furprenante. « Defcartes, aveugle ne, dit notre au- » teur, auroit dû, ce me femble, s’en applaudir.En » effet quelle fnefle d'idées n’a tl pas fallu pour y » parvenir ? Notre aveugle n’a de connoïffance que .# par le toucher ; il fait fur lerapport des autres hom- » mes, que par le moyen de la vüe on connoït les » objets, comme ils lui font connus par le toucher, » du moins c’eft la feule notion qu'il puiffe s’en for- » mer ; il fait de plus qu’on ne peut voir fon propre » vifage, quoiqu'on puiffe le toucher. La vüe, doit- » il çonçlurre, eft donc une efpece de fonçher qui ne s'étend due fur les objets différens de notre vi- » fage & éloignés de nous. D'ailleurs le toucher ne _# lui donne l’idée que du relief, Donc, ajoûte-t-1l, # un miroir eft une machine qui nous met en rélief » hors dé nous-mêmes ». Remarquez bien qué ées mots e relief ne {ont pas de trop. Si l’aÿeugle avoit dit fimplement, zousmer hors de nous-mêmes , il auroit dit une abfurdité de plus: car comment concevoir une machine qui puifle doublér un ébjet ? le mot de reliefne s'applique qu'à la furface ; ainfi zous mettre en relief hors de nous - mêmes, c’eft mettre féulement la repréfentation de la furface de notre corps hors de nous. L'aveugle a dù fentir par lé raïfonnement que lé toucher ne lui repréfenté que la furface des corps ; & qu'ainfi cette efpece de toucher qu’on ap: pelle 4e, ne donne l’idée que du reliefou de la fur face des corps, fans donner celle de leur folidité ; le mot de relief ne défignant ici que la furface. J’a- -voüe que la définition de l’aveugle, même avec cette reftrition , eft encore une énigme pour lui: mais du moins on voit qu'il a cherché à diminuer l'énigme de plus qu'il étoit poffible, On juge bien que tous les phénomenes dés miroirs & des verres qui groffiflent ou diminuent ; ou multi- plient les objets , font des myfteres impénétrables pour lui. « Il demanda fi la machine qui groflit les ob- # jets étoit plus courte que celle qui les rappetifle ; » ficelle quiles rapproche étoit plus courte que celle » qui les éloigne ; & ne comprenant point comment » cet autre nous-mêmes, que felon lui, le miroir re- » pete enrelief, échappe au fens du toucher : voilà, » duoit:1l, deux fens qu’une petite machine met en # contradi@ion; une machine plus parfaite les met- # troit peut-être d'accord; peut-être une troifieme # plus parfaite encore & moins perfide, les feroit > difparoiître & nous avertiroit de l’erreur ». Quelles conclufons philofophiques un aveugle né ne peut:l pas tirer dé là contre le témoignage des fens | Il définit les yeux , un organe fur lequel l’air fait l'effet d’un bâton fur la main. L'auteur remarque que cette définition eft affez femblable à celle de Def cartes, qui dans fa Dioptrique compare l’œil à un aveugle qui touche les corps de loin avec fon bâton: les rayons de la lumiere font lé bâton des clair- voyans. Îl à la mémoire dés fons à un degré furpre- nant , & la diverfité des voix le frappe autant que celle que nous obfervons dans les vifages. Le fecours qu’il tire de fes autres fens, & l’ufage fingulier qu'il en fait au point d’étonner ceux qui l’environnent ; le rend aflez indifférent fur la priva- tion de la vüûe. Il fent qu’il a à d’autres égards des avantages fur ceux qui voyent; & au lieu d’avoir des yeux, il dit qu'il aimeroit bien autant avoir dé plus longs bras , s’il en étoit le maître, ? Cet aveugle adrefle au bruit & à la voix très-füre- ment : il éftime la proximité du feu au desté de la chaleur , la plénitude des vaiffleaux au bruit que font en tombant les liqueurs qu'il tranfvafe, & le voif- nage des corps à l’aétion de l'air fur fon vifage : il dif. tingue une rue d’un cul-de-fac ; ée qui prouve bien que l’air n’eft jamais pour lui dans un parfait repos, & que fon vifage reflent jufqu’aux moindres vicifi: tudes del’atmofphere. Il apprécie à merveille le poids des corps, &cles capacités des vaiffeaux ; & il s’eft fait de fes bras des balances fort juftes , & de fes doigts des compas prefque infaïllibles, Le poli des corps n’a guere moins de nuances pour lui , que le fon de la voix : 1l juge de la beauté par le toucher ; & ce qu'il y a de fingulier, c'eft qu'il fait entrer dans ce juge- ment la prononciation &c le fon de la voix. Il fait de petits ouvrages au tour & à l’aigiulle , il nivelle à l’équerre , 1l monte & démonte lés machines ordi- naires : il exécute.un morceau de mufque, dont on Jui dit les notes & les valeurs ; il eftime avec beau AVÉ 87i j Coup plus de précifion que nous la durée du tems; par la fuccefñion des aétions & des penfées, Son averfon pour le vol eft prodigieufe , fané doute à caufe de la difficulté qu’il a de s’appercevoit quand on le volé: il a peu d'idée dé là pudeur, ne reparte lés habits que commé propres à garantir des injurés de l’air, & ne comprend pas pourquoi 6n cou vre plütôt certaines parties du corps que d’autres, Diogene, dit l’auteur que nous abrégeons , n’auroit point été pour notre aveugle un philéfophe. Enfin les apparences extérieures du fafte qui frappent fi fort les autres hommes , ne lui en impofent én aucune mariere. Cét avantage n’eft pas à méprifer. - Nous paffons fous filence un grand ñombre de ré: flexions fort fubtilés qué fait l’auteur de la lettre, pour én venir à ce qu'il dit d’un autré aveugle très- célebre ; c’eft le fameux Saundérfon, profeffèur dé Mathématiqués à Cambridge en Angleterre, mortil y à Quelques années. La petite vérole lui ft perdré la vüe dès fa plus tendre enfance, au point qu'il né fe fouvenoit point d’avoir jamais vù , & n’avoit pas Plus d'idées de la lumiere qu'un dveugle né. Malgré cêtté privation, il fit des progrès fi furprenans dans les Mathématiques , qu’on lui donna la chaire dé pro- fefleur de ces fciences däns l’univerfité de Cambrid: ge. Sés lecons étoient d’une clarté extrème. En effet il parloit à fes élevés commé s’ils éuflent été privés dé la vüe. Or un aveugle qui s’éxprimé clairement pour des aveugles ; doit gagtier beaucoup avec des geñs qui voyent. Voici comment il faifoit les cal: culs, & lès enfeignoit à fes diféipless Imaginez un quarré de bois ( PZ, arirh. € algébrigi fig. 24. ) divifé par des lignes perpendiculaires en quatre attrés péfits quarrés ; fuppofez ce quarré percé dé heüftrôus, câpables de recevoir dés épirigles de la même longueur & de la même groffeur, mais dont les unes ayent la tête plus groffe que lesautress Saunderfon avoit un gränd nomibre de cés petits quartés , tracés {ur une grande table. Pour défigner le chiffre 6, il mettoit une épingle à grofle tête au centre d’un de ces quartés, &c rien dans les autres trous. ( Voyez fig. 15:) Pour défignerle nombre t, il mettoit une épingle à petite tête au centre d’un pe- tit quatre. Pour défigner le nombre 2, 1l mettoit une épingle à grofle tête au centre," au-deflus dans la même ligne, une petite épingle dans le trou corref- pondänt. Pour défigner 3 , la groffé épingle‘au cen- tre , & la petite dans le trou au-deffus à droite ; & ainfi de fuite , comme on le voit fg. z5. où les gros points noirs marquent les groffes épingles ; &c les pe- tits, les petites épiñgles. Ainfi Saunderfon en met: tant le doigt fur un petit quarré, voyoït tout d’un coup le nombre qu'il répréfentoit ; & en jettant les yeux für la fg. 26. on verra comment il faifoit fes additions par le moyen de ces petits quarrés, Cette figure 16, repréfente l'addition fuivante, ALT 1,57 € AE 2.2 3404 SOS HR RE NL: À SEAT 5 F COAD 5 .. 9 6 708 9 56 7 8 9 Q i 8 9 © 1 p D 0 , OÙ Si 03 En pañant fuccéflivement les doigts fur chaque rangée verticale de haut en bas ; il fafoit l’addition à la maniere ordinaire ; & marquoit le réfultat par des épingles mifes dans de petits quarrés , au bas des nombres fufdits. | Cette même table remplie de petits quarrés , lui 572 AVE Lervoit à faire ‘des démonfirations de Géométrie. Il difpofoit es grofles épingles dans les trous, de ma- miere qu'elles avoient la diretion d’une ligne droite, ou qu'elles formoient un polygone, 6. , _ Saunderfon a encore laïflé quelques machines qui ui feciditoient l’étude de la Géométrie : mais on ignore l’ufage qu'il en fadoit, | Il nous a donné des élémens d’Algebre, auxquels on sa rien publié de fupérieur dans cette matiere : mais, comme l’obferve l’auteur, des élémens de Géo- métrie de fa façon auroïent encore été plus curieux. Je fai d’une perfonne qui l’a connu, que les démonf- trations des propriétés des folides qui coutent ordi- nairement tant de peine , à caufe du relief des par- ties, n’étoient qu'un jeu pour lui. Il fe promenoit dans une pyramude, dans un icofahedre , d’un angle à un autre , avec une eéxtrème facilité ; 1l imaginoit dans ces folides, différens plans & differentes coupes fans aucun effort. Peut-être par cette raïfon , les dé- monftrations qu'il en auroit données, auroient-elles été plus difficiles à entendre , que s’il n’eût pas été privé de la vûe: mais fes démonftrations fur les figu- tes planes auroient été probablement fort claires, & peut-être fort fingulieres : les commençans & les philofophes en auroient profité, , Ce qu'il ya de fingulier, c’eft qu’il faifoit des le. gons d’Optique : mais cela ne paroîtra furprenant qu’à la multitude. Les Philofophes concevront aifément qu’un aveugle, fans avoir d’idée de la lumiere êt des couleurs, peut donner des leçons d’Optique ; en pre- nant , comme font les Géometres, les rayons de lu- miere pour des lignes droites, qui doivent être difpo- fées fuivant certaines lois, pour produire les phéno- menes de la vifion, où ceux des miroirs & des verres. Saunderfon , en parcourant avec les mains une fuite de médailles, difcernoit les faufles , même lorf: qu'elles étoient aflez bien contrefaites pour tromper les bons yeux d’un connoïffeur. Il jugeoit de l'exac- titude d’un inftrument de mathématique , en faifant pañer fes doigts fur les divifions. Les moindres vicif, fitudes de l’atmofphere l’affeoient, comme l’aveugle dont nous avons parlé; & il s’appercevoit , fur-tout dans les tems calmes, de la préfence des objets peu éloignés de lui. Un jour qu'il afiftoit dans un jardin à des obfervations aftronomiques , il diftingua pat l’impreffion de l'air fur fon vifage , le tems où lefoleil étoit couvert par des nuages ; ce qui eft d'autant plus fingulier, qu’il étoit totalement privé , non-feulement de la vüe , mais de l'organe. Je dois avertir icique la prétenduehiftoire des der- mers momens de Saunderfon , imprimée en Anglois felon l’auteur, eft abfolument fuppofée. Cette fup- poñition que bien des érudits regardent comme un crime de lefe-érudition, ne feroit qu'une plaïifanterie, fi l’objet n’en étoit pas aufliférieux. L'auteur fait enfuite mention en peu de mots, de plufieurs autres illuftres avezgles qui, avec un fens de moins , étoient parvenus à des connoïffances furpre- nantes ; & 1l obferve, ce quieft fort vraiflemblable, que ce Tirefe ; qui étoit devenu aveugle pour avoir 1ù dans les fecretsides dieux, & qui prédifoit l’ave- nir, étoit , felon toutes les apparences, un grand phi- lofophe aveugle , dont la fable nous a confervé la mé- moire ? Ne feroit-ce point peut-être un aftronome très - fameux , qui prédifoitiles éclipfes ( ce qui de- voit paroïtre très - fingulier des peuples ienorans ) & qui devint aveugle fur la fin de fes jours, pour avoit trop fatigué fes yeux à des obfervations fubtiles & mombreufes , comme Galilée & Cafimi ? Ilarrive quelquefois qu’on reftitue la vüe à des: aveugles nés : témoin ce jeune homme de treize ans, à qui M. Chefelden, célebre Chirurgien de Londres, abattit la cataraéte qui le rendoit aveugle depuis fa ñaifance, M. Chefelden ayant obfervé la maniere ATVTEÉ dont 1l cofimençoit à voir, publia dahs le ne. où des Tran/faëlions philofophiques, & dans le 55° art, du Tarier, c'elt-à-dire du Babillard) les remarques qu'it avoit faites à ce fujet. Voicices remarques, extraites du 3° volume de l’Æiffoire naturelle, de M, de Buf. fon & d’Aubenton. Ce jeune homme, quoiqu’avez- gle, pouvoit difimguer le jour de la nuit , comme tous ceux qui font aveugles par une cataraéte, Il dif tinguoit même à une forte lumiere , le noir, le blanc & l’écarlate : mais il ne difcernoit point la forme des corps. On lui fit d’abord lopération fur un feul œil : au moment où 1l commença de voir , tousles objets lui parurent appliqués contre fes yeux. Les objets qui lui étoient les plus agréables , fans qu’il pût dire pourquoi, étoient ceux dont la forme étoit régu- liere ; il ne reconnoïfloit point les couleurs qu'il avoit difinguées à une forte lumiere étant aveugle: il ne difcernoit aucun objet d’un autre , quelque dif- férentes qu’en fuffent les formes : lorfqw'on lui pré- fentoit les objets qu'il connoïfloit auparavant par le toucher, il les confidéroit avec attention pour les reconnoître une autre fois ; mais bientôt il oublioit tout, ayant trop de chofes à retenir. Il étoit fort fur. pris dene pas trouver plus belles que les autres, les perfonnes qu'il avoit aimées le mieux. Il fut longe tems fans reconnoître que les tableaux repréfen- toient des corps folides , 1l les regardoit comme des plans différemment colorés : mais lorfqu’il fut dé- trompé , & qu’en y portant la main , il ne trouva que des furfaces , il demanda fi c’étoit la vüe ou le toucher qui trompoit. IL étoit furpris qu’on püût faire tenir dans un petit efpace la peinture d’un objet plus grand que cet efpace ; par exemple , un vifage dans une mimature ; & cela lui paroïfloit aufli impoñible que de faire tenir un boifleau dans une pinte. D’a- bord il ne pouvoit fouffrir qu’une très-petite lumiere, &c voyoit tous les objets fort gros : mais les premiers fe rapetifloient à mefure qu’ilen voyoit de plus gros, Quoiqu'il ft bien que la chambre où il étoit, étoir plus petite que la maïfon , il ne pouvoit comprendre comment la maifon pouvoit paroître plus grande que la chambre. Avant qu’on lui eût rendu la vüe., il n°é- toit pas fort empreflé d'acquérir ce nouveau fens , il ne connoïfloit point ce qui lui manquoit, & fentoit même qu'il avoit à certains égards des avantages fur les autres hommes : mais à peine commença-tilà voir diftinétement, qu'il fut tranfporté de joie. Un an après la premiere opération , on lui fit l’opération fur l’autre œil , & elle réufit égalément ; 1l vit d’a- bord de ce fecond œilles objets beaucoup:plus gros que de l’autre ; mais cependant moins gros qu’il ne les avoit vüs du premier œil; & lorfqu'il regardoit le même objet des deux yeux à lafois , il.difoit qué cet objet lui paroifloit une fois plus grand qu'avec {on premier œ1l tout feul. M. Chefelden parle d’autres aveugles nés ; à qui il avoit abattu de même la catarafte, & dans lefquels il avoit obfervé les mêmes phénomenes , quoiqu’a- vec moins de détal : comme ils n’avoient pas befoin de faire mouvoir leurs yeux pendant leur cécité, ce n’étoit que peu à peu qu'ils apprenoient à les tour- ner vers les objets. | Il réfulte de ces expériences, que le fens de la vûe fe perfe@ionne en nous petit-à petit ; que ce fens eft d’abord très-confus., & que nous apprenons à voir , à peu près, comme à parler. Un enfant nouveau né , quiouvre pour la premiere foisles yeux à la lu miere , éprouve fans doute toutes lesmêmes chofes, que nous venons d’obferver dans l’aveuglé né. C’eft le toucher., & l'habitude, qui retifient les jugemens de la vûe. Voyez TOUCHER. | Revenons préfentement à l’auteur dela Zezrre Jar les aveugles : » On cherche , dit-il, à reftituer la vüe » à des aveugles nés , pour examiner oi à » fai AVÉ ÿw fait la vifion : mais je crois qu’on pourroit prof # terautant, enqueftionnant un ayeugledebon fens… » Si l’on vouloit donner quelque certitude à ces ex- _» périences, il faudroit du moins que le fujet füt # préparé de longue-main , & peut-être qu'on le » rendit ROCHE Il feroit très-à-propos de ne » commencer les obfervations que long-tems après » l’opération : pour cet effet il faudroit traiter le _»# malade dans l’obfcurité , & s’aflürer bien que fa ‘# bleflure eft guérie, & que les yeux font {ains. Je » ne voudrois point qu’on l’expofät d’abord au grand » jour... Enfin ce feroit encore un point fort déhcat # que de tirer parti d’un fujet ainf prépare , & de » linterroger avec aflez de finefle pour qu'il ne dit # précifémentique ce qui fe pañfe en lur.. Les plus #, habiles gens, & les meilleurs efprits , ne font pas » trop bons pour une expérience fi philofophique & » fi délicate. » Finiflons cet article avec l’auteur de la Zerrre, par la fameufe queftion de M. Molineux. On fuppofe un avengle né, qui ait appris par le toucher à diftinguer un globe d’un cube ; on demande fi, quand: on lui aura reftitué la vûe , 1l diftinguera d’abord le globe du cube fans les toucher ? M. Molineux croit que non, & M. Locke eft de fon avis ; parce que l’aveu- gle ne peut favoir que l’angle avancé du cube , qui prefle {a main d’une maniere inégale , doit paroître à fes yeux, tel qu'il paroït dans le cube. L'auteur de la Zertre fur les aveugles , fondé fur l’ex- périence de Chefelden, croit avec raïfon que Paveu- gle né verra d’abord tout confufément, & que bien- loin de diffinguer d’abord le globe du cube , il ne verra pas même diftinétément deux figures différen- tes : il croit pourtant qu’à la longue, & fans le fe- cours du toucher, il parviendra à voir diftinétement les deux figures : la raïfon qu'il en apporte, & à la- quelle il nous paroïît difficile de répondre , c’eft que l’aveugle n'ayant pas befoin de toucher pour diftin- guer les couleurs les unes des autres, les limites des couleurs lui fuffiront à. la longue pour difcerner la f- gure ou le contour des Gbjets. Il verra donc un globe êt un cube , ou , f l’on veut, un cercle & un quarré : mais le fens du toucher n'ayant aucun rapport à celui de la vûe , il ne devinera point que l’un de ces deux corps eft celui quäl appelle globe, & l’autre celui qu'il appelle cube ; & la vifion ne li rappellera en aucune maniere la fenfation qu'il a recüe par le tou- cher. Suppofons préfentement qu’on lui dife que l’un de ces deux corps eft celui qu'il fentoit globe par le toucher , & l’autre celui qu’il fentoit cube ; faura-t-1l les diftinguer ? L’auteur répond d’abord qu'un hom- me oroflier & fans connoïffance prononcera au ha- fard; qu'un métaphyficien , fur-tout , s’il eft géo- metre , comme Saunderfon , examinera ces fgu- res ; qu’en y fuppofant de certaines lignes tirées , il verra qu'il peut démontrer de l’une toutes les pro- prictés du cercle que le toucher lui a fait connoitre ; & qu'il peut démontrer de l’autre figure toutes Îles propriétés du quarré. Il fera donc bien tenté de con- clurre : voila le cercle, voila lequarré : cependant, s’il £ft prudent , il fufpendra encore fon jugement; car, pourroitil dire : « peut-être que quand j'appliquerai » mes mainsfur ces deux figures, elles fe transforme- # ront l’une dans l’autre ; de maniere que la même fi- # gure pourroit me fervir à démontrer aux aveugles # les propriétés du cercle, & à ceux qui voyent , les # propriétés du quatré ? Mais non, auroït dit Saun- # derfon, je me trompe ; ceux à qui je démontrois les # propriétés du cercle 8 du quarré , & en qui la » vüe & le toucher étoient parfaitement d'accord, # mentendoient fort bien, quoiqu'ils ne touchafient » pas les figures fur lefquelles je faifois mes démonf- »# rations, & qu'ils fe contentaflent de les voir. Ils # ne voyoient donc pas un quarré quand je fentois Tome I, Na AVE 573 # un cerèle , fans quoi nous ne nous fuffions jamais » entendus : mais puifqu’ils m’entendoient tous, tous » les homniés voyent donc les uns comme les au- » tres: donc je vois quarré ce qu'ils voyoient quar- # ré , &c par conféquent ce que Je fentois quarré ; & » par la même raifon je vois cercle ce que je fentois »# cercle ». | : Nous avons fubftitué ici avec l’auteur le cercle : au globe , & le quarré au cube , parce qu’il y a beau- coup d'apparence que celui qui fe fert de fes yeux pour la premiere fois , ne voit que des furfaces , & ne fait ce que c’eft que faillie ; car la faillie d’un corps confifte en ce que quelques-uns de fes points paroif- {ent plus voifins de nôus que les autres: or c’eft par l'expérience jointe au toucher, & non par la vüe feule, que nous jugeons des diftances, De tout ce qui a été dit jufqu'ici fur lé globe & fur le cube , ou fur le cercle & le quarré, concluons avec auteur qu'il y a des cas où le raifonnement & l'expérience des autres peuvent éclairer la vüe fur la relation du toucher, & aflürer, pour ainfi dire; l'œil qu'il eft d'accord avec le taét. La Zeftre finit par quelques réflexions fur te di ar= riveroit à un homme quiauroit vû dès fa naïflance ; & qui n’auroit point eu le fens du toucher ; & à un homme en qui Les fens de la vüe & du toucher fe con- trediroient perpétuellement. Nous renvoyons nos leéteurs à ces réflexions : elles nous en rappellent uné autre à peu près de la même efpece , que fait l’au- teur dans le corps de la /ersre. « Siun homme, dit-il, » qui n'auroit vû que pendant un jour ou deux , fe » trouvoit confondu chez un peuple d’aveugles , 1Ë »# faudroit qu'il prit le parti de fe taire , on celui de » pafler pour un fou :1l leur annonceroit tous les jours » quelqué nouveau myftere , qui n’en feroit un qué » pour eux, & que les efprits forts {e fauroient bon » gré dé ne pas croire. Les défenfeurs de la religion » né pourroient-1ls pas tirer un grand parti d’une 1u- » crédulité fi opiniâtre , fi jufte même à certains - » égards, & cependant fi peu fondée ? » Nous termis nerons cet article par cette réflexion, capable d’en contrebalancer quelques-autres qui fe trouvent ré- pandues dans l'ouvrage , & qui ne font pas tout-à= fait fi orthodoxes. ( 0) * # AvEuGLes , ( Æ1f. mod, ) hommes privés de la vüe qui forment au Japon un corps de favans fort confidérés dans le pays. Ces beaux efprits font bien venus dés grands ; 1ls fe diftinguent fur-tout par la f- délité dé leur mémoire. Les annales, les hiftoires, les antiquités, forment un témoignage moins fort que leur tradition : ils fe tranfimettent les uns aux at ttes les. évenemens ; ils s’exercent à les retenir, à lés mettre en vers & en chant, &c à les racontéravec agrément. Ils ont des acadèmies où l’on prend des grades. Voyez Barth. Afz, & P'Hiff. du Japon du peré Charlevoix. | AVEUGLEMENT , { m. ( #ed.) privation du fentiment de la vûe , occafionnée parle dérangement total de fes organes, ou par la ceflation mvolontaire de leurs fonétions. L’aveuplement peut avoir plufeurs caufes ; la cataraéte, la goutte fereine, 6e. Foyer CATARACTE, GOUTTE SEREINE, G'c. On a divers exemples d’aveuglement périodique ; quelques per fonnes ne s’appercevant du défaut de leur vüe que dans la nuit., & d’autres que pendant le jour. L’aveu- glement qui empêche de voir pendant la nuit s’ap- pelle zyéalopie. Celui qui empêche de voir les objets durant le jour, hemeralopre. Le, Le mot d’aveuglement ; comme on la obfervé plus haut, fe prend très-rarement dans le fens littéral. L'auteur de l’ambaflade de Garcias de Silva Figue- roa en Perfe, rapporte qu'il y a certains lieux dans ce royaume où l'on trouve un grand nr d'aveus s5s 8w4 A U G | gles , de tout fexe & de tout âge, à caufe de certai: nes mouches qui piquent les yeux & les levrés, qui entrent dans les narines , & dont il eft impoflible de fe parantir. LE Aldrovande parle d’un fculpteur qui devint aveu: gle à vingt ans, & qui dix ans après fit une ftatue de marbre qui reflembloit parfaitement à Cofme IT. rand duc de Tofcane, & une autre d’argille, qui reflembloit à Urbain VIT. Bartholin parle d’un fculp- teur aveugle en Danemarck, qui difcernoit au fim- ple toucher toutes fortes de bois & de couleurs. Le pere Grimaldi rapporte un exemple de la même ef pece. On a vû à Paris un aveugle qui étoit excellent organifte, qui difcernoit bien toutes fortes de mon- noie & de couleurs, & qui étoit bon joueur de car: tes. Le pere Zahn a rapporté plufieurs exemples de chofes difficiles faites par les aveugles , dans un livre qui a pour titre Oculus artificialis, Voy. l’article pré- céder. On appelle vaiffèaux aveugles , en termes de Chimie, ceux qui n’ênt qu'une ouverture d’un côté, & qui font bouchés de l'autre. (N) * AVEZZANO, ( Géog. anc. & mod. ) autrefois Alphabucelus , ville des Marfes en Italie, maintenant village, près du lac Celano, dans l’Abruzze ulté- rieure, proche le royaume de Naples. * AUFEIA , ox MARCIA , eaux conduites à Ro me par le roi Ancus Marcius. Voyez Pline, fur les merveilles de leur fource & de leur cours, L. XX XI. chap. 117. * AUGARRAS, ( Géog. ) peuples de l’Amérique méridionale au Brefl, dans la province ou le gou- vernement de Puerto-Seguro. Laer. AUGE , f. f. ez Archireëture , c’eft une pierre quar- rée ou arrondie par les angles, de grandeur arbitrai- re, mais de hauteur d'appui, fouillée en-dedans , ou taillée de maniere qu’on laifle une épaifleur de fix pouces au plus dans fon pourtour auffi bien que dans le fond , pour retenir l’eau. Ces auges fe mettent or- dinairement dans les cuifines près du lavoir , & dans les baffes-cours des écuries près d’un puits. Foy. AU- GE er Manépe. AUGE de Maçon , efpece de boîte non couverte, conftruite de chêne, de forme quarré-longue, dont le fond plus étroit que l'ouverture forme des talus inclinés en-dedans, & donne la facilité à l’'ouvrier de ramaffer le plâtre qui eft gache dedans , pour l’em- ployer à la main &c à la truelle. (P) AUGE des Couvreurs, eft à peu près comme celle des maçons, à l'exception qu’elle eft beaucoup plus petite. . AUGE , ex Hydraulique & Jardinage. On appelle ain la rigole de pierre ou de plomb fur laquelle coule l'eau d’un aquéduc ou d’une fource , pour fe rendre dans un revard de prife ou dans un réfervoir. (X) AUGE 4 goudron, c'eft en Marine le vaïfleau de bois dans lequel on met le goudron, pour y pañer les cordages. (Z) AUGE, en Manège, fignifie deux chofes : 1°. un canal de bois deftiné à mettre l’avoine du cheval : 2°. une grofle pierre creufe deftinée à le faire boire ; on y verfe l’eau des puits quelque tems avant dela Jui laifler boire, afin d'en ôter la crudité. (F7) Œ AUGE ; dans prefque toutes Les boutiques ou atteliers d'ouvriers en méraux , et Une cavité en pierre pla- cée devant la forge , & pleine d’eau , dont le forge- ron fe fert pour arrofer {on feu, & éteindre ou ra- fraîchir fes tenailles quand elles font trop chaudes ; de même que Le fer quand il faut le retourner, ou qu'il eft trop chaud du côté de la main, … AUGE 4 rompre, chez les Cartonniers , eft une gran- de caïfle de bois, à peu près quarrée, & de la mé- me grandeur que la cuve à fabriquer. On met dans cette Caifle les rognures de papier qu’on deftine à AUG faire du carton, avec de l'eau ; & quand elles ÿ ont pourri pendant quelques jours , on les rompt avec une pelle de bois , quelquefois garnie de fer, avant que de Les faire pafler dans le moulin. AUGE, dans les S'ucreries , {e dit de petits canots de bois tout d’une piece, dans lefquels on laifle re- froïdir le fucre avant que de le mettre en barique. D'où lon voit qu'auge en général eft un vaifleaw de bois ou de pierre , ou fixe ou amovible , &c tranf- portable ;, de matiere & de figure différentes, felon les artiftes ; mais partout deftiné à contenir un liqui- de ou un fluide. AUGE, dans des Verreries , ce font de eros hêtres creufés que l’on tient pleins d’eau , & qui fervent à rafraichir les ferremens qu’on a émployés pour rem- plir ou vuidéf les pots : c’eft aufi au-deflus de cette eau qu'on commence à travailler les matieres vitri- fiées propres à faire des plats. Voyez VERRERIE ex plats ou à vitre. AUGES, {. m. autrement APSIDES , e7 Aftronomie, font deux points dans l’otbite d’une planete, dont l’un eft plus éloigné, & l’autre eft plus proche du foyer de cette orbite qu’aucun des autres points, Ces oints {ont placés à l'extrémité du srand axe de lor- . P P £ bite; l’un s'appelle aphéle, & l’autre périhélie ; & dans la lune, l’un s’appelle apogée , l’autre périgée, Fi. APSIDE , APHÉLIE , APOGÉE, Gc, (O) *AUGES, {. m. pl. ( Phyftolog. ) on ditingue trois fortes de canaux dans lefquels nos fluides font con- tenus: le liquide a dans les uns un mouvement con- tinuel ; tels font les arteres, les veines , & autres vaifleaux coniques & cylindres : dansles autres, l’hu- meur féjourne , comme dans la veffie, dans la véfi- cule du fiel , dans les follicules adipeux ; & on les appelle référvoirs : dans les troifiemes , Phumeur cou- le, mais d’un mouvement interrompu, & 1ls font , , | tantôt vuides , & tantôt pleins; tels font les ventri- cules & les oreillettes du cœur ; & c’eft ce qu’on ap- pelle auges. * AUGE, ( Géog. ) petit pays de France en Nor- mandie, comprenant les villes de Honfleur & de Pont-lEvêque. AUGELOT , f. m.( Agriculr. ) c’eft le nom qu'on donne dans les environs d’Auxerre à une petite fofle quarrée qu'on pratique de bonne heure dans les vi- gnes , & fur laquelle on laiffe pafler Phyver, pout dans la fuite y pofer le chapon ou la croflette , qu’on recouvre de terre, Cette maniere de planter la vigne s’appelle planter a l'augelor, AUGELOTS , ou ANGELOTS , f, m. pl. dans les Sa- lines, ce font des cueïlleres de fer placées féparément entre les bourbons , fur le derriere de la poële, où elles font fixées au nombre de fix, appuyées fur le fond , & dont l’ufage eft de recevoir & retenir les écumes & crafles qui y font portées par l’ébullition de l’eau. Voyez BOURBONS. La platine de fer dont l’augelor eft fait , a les bords repliés de quatre pouces de haut, & le fond plat : le fond peutavoir 18 pouces de long , fur 10 de large. Ce qui eft une fois Jetté dans ce réfervoir ne rece- vant plus d’agitation par les bouillons , y refte juf- qu'à ce qu’on l’ôte : pour cet effet , l’agelor a une queue ou main de fer d’environ deux piés de long, à l’aide de laquelle on le retire ordinairement quand les dernieres chaudes du foccage font données. Voyez SOCCAGE. On a fait l'épreuve des augelots mis en-devant de la poële : mais ils ne fe chargeoient alors que defel; parce que le feu étant plus violent fous cet endroit , & l’eau plus agitée par les bouillons , l’écume étoit chaflée en arriere, comme on voit dans un pot au feu. Voyez ; Planche derniere de Salines, figure 25 augelor ou angelor. AUGET , ( Manëge. ) Payez CANAL, AU G! ‘Aucer ,{ m. & Aucerte,{f, (Art milir.) cé font des conduits de bois où fe placent des faucifons qui conduifeñt le feu à la chambré des mines. Foyez Mr CO) ee LUE Eu er un AUGET , en terme d'Epinglier , eft une efpece d’au- ge fermée d’un bout’, depuistlèquel fes-parties laté- rales vont toùjouts en diminuant de hauteur: Il fert à mettre les égingles dans la frottoire! Foyez FROT- TOIRE , G Planc. feconde de P Epinglier, fig. O. dans la vlortette, " * AUGIAN, (Géog.) ville de la province d’Adher- bigian. Long, 82. 10. lat. féptentrionale 3 7.81 °* AUGILES , £ m.pl° (Æ/f. anc.) peuples de Cy- reneen Afrique ; ils n'avoient d’autres divinités que : les dieux Manes ; ils les invoquoient dans leurs entreprifes , & juioient par eux, aflis fur les fépul- chres. * AUGITES , (Æiff. nat.) nom d’une pierre pré- cieufe dont 1l eft fait mention dans Pline, & qu'on croit être la même que le callais autre pierre précieu- fe, d’un verd päle, de la groffeur & du poids de la topaze , imitant lefaphir, mais plus blanche. AUGMENT , f. m. serme de Grammaire, qui eft fur- toutenufage dans la grammaire Greque. L’augmentr n’eft autre chole qu’une augmentation ou de lettres ou de quantité ; & cette augmentation fe fait au com- _mencement du verbe en certains tems, & par rap- port à la premiere perfonne du préfent de l’indicatif, c’eftà-dire, que c’eft ce mot-là qui augmente en d’au- tres tems : par exemple ; rurre, verbero , voilà la pre- miere pofition du mot fans atgment ; maïs il y a aug- zient en ce vetbe à l’imparfait, érurro ; au parfait, Térugz ; au plufqueparfait, éreruger , & encore à l’ao- rifte fecond rue. Il y a deux fortes d’apment ; lun eft appellé /y7- lâbique , c’elt-è-dire , qu’alors le mot augmente d’une fyllabe; rürro n'a que deux fyllabes ; érurro qui eft limparfait en a trois ; ainf des autres. L'autre forte d’eugmenr qui fe fait par rapport à la quantité profodique de la fyllabe , eft appellé azg- merit temporel, ENeudo , venio j Hneudov , veniebam, Où ‘| vous voyez que lé bref eft changé en élong, & que l’augment temporel n’eit proprement que le change- ment de la breve en la longue qui y répond, ayez la Grammaire Greque de P. K. Ce terme d’augment fyllabique , qui n’eft en ufage que dans la grammaire Greque , devroit aufli être appliqué à la grammaire des langues Orientales où cet augment a lieu. ; Il {e fait aufli dans la langue Latine des augmen- tations de l’une & de l’autre efpece, fans que le mot d’augment y foit en ufage: par exemple , 4ozor au nominatif | konoris au gémitif, Ge. voilà l’axgmenr Jÿllabique ; vêénio, la premiere breve; vez au prété- rit, la premiere longue, voilà l’axgrrent temporel, I ya aufliun augment {yllabique dans les verbes qui re- doublent leur prétérit : mordeo, momordi ; cano, ce- cini. (F) * AUGMENT de dor, (Jurifprud.) eftune portion des biens du mari accordée à la femme furvivante , pour lui aider à s’entretenir fuivant fa qualité. Cette libé- ralité tient quelque chofe de ce qu’on appelloit dans le Droit Romain donation à caufe de noces ; &c quel- que chofe de notre dofaire coérumier. Cette portion eftordinairement réglée par le con- trat de mariage , & dépend abfolument de la volonté des parties, qui la peuvent fixer à telle fomme qu'ils veulent, fans qu’il foit néceflaire d’avoir aucun égard à la dot de la femme , ni aux biens du mari. Lorfqu'elle n’a pas été fixée par le contrat de ma- riage , les ufages des lieux y fuppléent & la déter- minent : mais ces ufages varient fuivant les différens _parlemens de droit écrit ; par exemple , an parle- ment de Touloufe, elle efttoijours fixée à la moitié Tome Z, AOÛUG! 85 dela dot de la femme ; au parlément de Bourdeaux | l'augmens des filles eft de la moitié, & celui des veus * vées du tiers: Siun homme venfqui a dés enfans di premier lit, fe remarie , alors lPaugment de dor & les autres avan-" i , 4 \ : LE tages que le mari fait à {à feconde femme ne pEu- | vént jamais excéder la part du moins prenant des en fans dans la fucceflion de leur pere. Lu fe : La femmé quife remarie ayant des enfans du pre- . müer lit, perd la propriété de tous les gains nuptiaus" du premiér mariage, & fingulieremént de largment de dor qui en fait partie, léquel pafle à l’inftänt même ‘aix enfans, Quand'iliy a poïnt d’enfans du mariage diffous , par la mort du mari, la femme a la proprièté de tout l'augment, foit qu’elle fe temarie , ou ne fe remarie’! pas, | Comme Îles énfans ont lenr portion virile dans” l’augrrent de dot par le bénéfice dé la loi , ils font Éga=n lement appellés à cette portion virile, foit qu'ils ac- _ceptent la lucceffion du pere & de la mere, ou qu'ils ÿ renoncent, Les enfans ne peuvent Jamais avoir l’asgment dé | | dot quand le pere a furvécu la mere ; patce qu’alors cetté hbéralité eft réverfible à celui qui l’a faite, La renonciation que fait une fille aux fucceffions à écheoir du pere:& de la mere ne s’étend pas à l’aug- ment de dot, à moins qu'il n’y foit nommément com- ptis , ou que la rénonciation ne foit faite À tous droits & prétentions qu’elle.a & pourra avoir fur les biens & en la fucceffion du pere & de la mere. Lorfquele pere a vendu dés héritages fujets à l’xrg- ment de dot, le tiers acquéreur ne peut pas prefcrire contre la femine ni contre les enfans durant la vie du pere. | Le parlement de Paris adjuge les intérêts de l’eng- nent de doi du jour du décès, fans aucune demande judiciaire ; ceux de Touloufe & de Provence ne les adjugent que du jour de la demandé faite en juftice: La femme a hypotheque pour fon axgment de dor, du jour du contrat de mariage s’il yena ; & s’il n'y en a point , du jour de la bénédi@ion nuptiale: mais cette hypotheque eft toûjours poftérieure à celle de* fa dot, fi - S1 la femme eft féparée de biens pour mauvaife! adminiftration de la part de fon mari, les parlemens* de Paris & de Provence lui adjugent l’augment de dos :* Jècts à Toulonfe & en Dauphiné. (4) AUGMENTATION , f.f. en général aion d'aug-. menter ,c'eft-a-dire , d’ajoûter où de joindreune chofe à une autre pour la rendre plus grande ou plus con fidérablé. Foyéz ADDITION , ACCROISSEMENT. Les adminiftrateurs des libéralités de la reine An- ne, pour l'entretien des pauvres eccléfiaftiques, ob- tinrent en vertu de plufeurs a@es du parlement, le pouvoir d'augmenter tous les bénéfices duclersé qui n'excedent pas 50 livres fterlins par an; & l’on a prouvé que le nombre des bénéfices qui peuvent s’augmenter en conféquence, efttel qu'il fuit. 1071 bénéfices qui ne pañlent point dix livres de: rénte, & qui peuvent être accrus au. fextuple, des feuls bienfaits de la reine deftinés à cet effet | fu vantles regles aétueiles deleurs admimitrateurs, pro: duiroient une augmentation de 6426. fi! 1467 bénéfices au-deflus de dix livres fterlins part an , &c au-deflous de vingt, peuvent être augmentést jufqu'au quadruple ; ce qui feroit $866 d’augmenta- tion. 1126 bénéfices au-deflus de 20 & au-deflous de’ 30 livres fterlins de rente, peuvent être augmentés: jufqu’au triple; ce qui feroit une augmentation des 5; ; : UN | 7 0 _ 1049 bénéfices au-deflus de 30 &at-deffous de 4ost SSsssi 876 AUG qui peuvent.s’augmenter au double, & cela produi-: roit une augmentation de 2098. 884 bénéfices au-deffus de 40 ër au-deflous de so par an, peuvent être doublés ;: & cela feroit une augmentation de 884. Le nombre des bénéfices dont il s’agit, fe monte à 5597, & celui des augmentations propoiées à 18654 : E) fuppofant le total des bienfaits de la reine fur le pié de 53 augmentations annuelles, on trouve qu'il s'écoulera 339 années depuis 1714, époque de: la premiere augmentation avant que tous les petits bénéfices excedent 50 livres fterlins de rente; & fi l’on compte fur une moitié de telle augmentation à faire de concert avec d’autres bienfaiteurs (ce qui n’a guere d'apparence ) il faudra que 226 ans foient révolus, avant que les bénéfices déjà certifiés moin- dres que so livres pat an , foient enfin d’une rente plus confidérable. (Æ) AUGMENTATION. Cour d'augmentation des revenus du roi ; nom d’une cour qui fut érigée fous Henri HT, d'Angleterre ,en 1536, pour obvier aux fraudes par rapport aux revenus des maïfons religieufes & de leurs terres données au roi par aéte du parlement. Cette cour fut abrogée par un aéte contraire émané du parlement tenu la premiere année du regne de Marie; le bureau en fubfifte encore, 1l contient de précieux monumens. La cour d'augmentation fut ainf nommée, parce que la fuppreflion des monafteres, dont même plufeurs furent appropriés à la couron- ne, en augmenta de beaucoup les revenus. (4) AUGMENTATIONS, en termes de Blafon ; additions faites aux armoiries, nouvelles marques d'honneur ajoûtées à l’écuflon ou portées dans tout un pays. T'elles font les armes d’Ulfter que portent les baro- nets d'Angleterre. (7) *AUGMENTER , aggrändir , (Gramm. Synt.)Vun s'applique à l’étendue, & l’autre aux nombres. On aggrandit une ville , & on augmente le nombre des ci- toyens : on aggrandit fa maïfon, & on en augmente les étages : on aggrandir {on terrein, & on augmenteion bien. On ne peut trop augmenter les forces d’un état, mais On peut trop l’aggrandir. AUGMENTER , croitre : l’un fe fait par développe- ment, l’autre par addition. Les blés croiffezr, la ré- colte augmente. Si l’on dit également bien, la riviere croit & la riviere augmente, c’eft que dans le premier cas on la confidere en elle-même & abftraétion faite des caufes de fon accroïflement , & que dans le fe- cond l’efprit tourne fa vüe fur la nouvelle quantité d’eau furajoûtée qui la fait hauffer. Lorfque deux exprefions font bonnes , 1l faut re- courir à la différence dés vües de l’efprit, pour en trouver la raifon. Quant à la même vüe, 1l n’eft pas pofhble qu’elle {oit également bien défignée par deux expreffions différentes. *AUGON (MonT), Géog. anc. & mod. montagne d'Italie, partie de l’Apennin, fituée dans le Pavefan, que quelques géographes prennent pour lAuginus des anciens ; d’autres prétendent que l’auginus eft notre Monte-codoro. AUGURES 9 {. in, (Æifr. anc. ) nom de dignité à Rome. C’étoient desminiftres de la religion, qu’on regardoït comme les interpretes des dieux, & qu’on confultoit pour favoir fi on réuffiroit dans {es entre- prifes. Ils en jugeoient par le vol des oïfeaux; par la maniere dont mangeoïient les poulets facrés. Les aw- gures ne furent d’abord créés qu'au nombre de trois , oude quatre, & depuis augmentes jufqu’à quinze : ils juroient de ne révéler jamais aucun de leurs myfte- res, fans doute pour ne pas fe décréditer dans l’efprit du peuple; car les grands & les favans n’en étotent pas dupes, témoin ce que Cicéron dit de leurs céré- monies, qui étoient fi ridicules, qu'il s'étonne que À U G deux augures puiflent s’entre-regarder fans éclater de tire. Leurs prédiétions étoient néanmoins rangées dans l’ordre des prodiges naturels, mais perfonne n’en avoit la clé qu’eux ; aufli interprétoient-ils le chant & le vol des oifeaux à leur fantaifie , tantôt pour, tantôt contre. Varron a pretendu que les ter- mes d’augur & d'augurium venoient ex avium garritu du gafouillement des oifeaux, qui faifoit un des ob- jets principaux de lattention des augwres. Feftus &c Lloyd, Anglois, en ont tiré étymologie moins heu- . reulement ; le premier, ex avium geflu , la contenan- ce des oifeaux ; & le fecond , d’avicurus, avicurium , foin des oïfeaux, parce que les zugures étoient char- gés du foin des poulets facrés. Le P. Pezron tire ce nom du Celtique az, foie, & gur, homme ; de forte u’à fon avis l’augure étoit proprement celui qui ob- Par ‘les inteftins des animaux, & devinoit l’ave- nir en confidérant leur foie; opinion qui confond l’augure avec l’'arufpice, dont les fonétions font néan- moins très-diftinguées dans les anciens auteurs. (G) AUGURIUM , fience augurale où des augures ; l’art de prédire Pavenir par le vol & le manger des oifeaux. Les Romains l’avoient reçüe des Tofcans, chez lefquels ils avoient foin d’entretenir fix jeunes Patriciens comme dans une efpece d’académue, pour leur apprendre de bonne heure les principes & les fecrets des augures. Les Tofcans en attribuoient l’in- vention à Tagés, efpece de demi-dieu trouvé par un laboureur {ous une motte de terre. Suidas en fait honneur à Telegonus ; Paufanias, à Parnafus fils de Neptune ; d’autres la font defcendre des Cariens ,des Ciliciens , des Pifidiens, des Egyptiens, des Chal- déens & des Phéniciens, & prétendent même en don- ner une bonne preuve, en remarquant que ces peu- ples de tout tems fe diftinguoient des autres par leur attention particuliere à l’efpece volatile ; enforte que leur commerce fréquent avec ces animaux & le Gin qu'ils prenoient de leur éducation , les mettoit à por- tée d'entendre mieux que d’autres ce que fignifiorent leurs cris, leurs mouvemens, leurs poftures, & leurs différens ramages. Pythagore & Apollonius de Tyane fe vantoient de comprendre le langage des oifeaux. Cette fcience s’appelle encore orzithomantie ou divi- nation par les oifeaux. il paroît par les livres faints, que la fcience des augures étoit très-connue des Égyptiens & des autres Orientaux du tems de Moyle , & même avant lui: ce legiflateur, dans le Lévitique, défend de conful- ter les augures ; & dans la Genefe lintendant de Jo- feph dit que la coupe qui fut trouvée dans le fac de Benjamin , étoit le vale dont fon maïtre fe fervoit pour prendre les augures : non que ce patriarche don- nât dans cette fuperfition ; mais l’'Egyptien s’expri- moit fuivant fes idées, pour rehaufler le prix de la coupe. (G) ; AUGUST AL, adj. m. fe dit de ce qui a rapport à l’empereur ou à l’impératrice. AUGUSTAL ou PRÉFET AUGUSTAL, ( Hif?. anc.) magiftrat romain, prépofé au gouvernement de l'E- gypte, avec un pouvoir femblable à celui du pro- conful dans les autres provinces. #. PROCONSUL, AUGUSTALES. AUGusTALES (TROUPES) £. f. pl. (1/2. añc.) nom donné à ciaq mille foldats que Néron faifoit placer dans l’amphithéatre, pour faire des acclamations & des applaudiffemens toutes les fois que dans les jeux publics il conduifoit lui-même des chats ou fadoit quelques autres exercices. (&) AUGUSTAUX, adj. pris fubft. ( Æiff. anc. ) nom donné aux prêtres deftinés à fervir dans les temples élevés en l’honneur de l’empereur Augufte. Leur nombre de fix les fit auffi appeller féxewmvirs. La pre- miere folemnité où ces prêtres fervirent, fut inftituée l'an de Rome 835, quatre ans après la fin de toutes les guerres : & depuis qu’Augufte eut reglé les affa1- res de Sicile, de Grece, de Syrie, & remis les Par- thes fous le joug de Rome ; le quatre des ides d’Oc- tobre étant le jour de fon entrée en cette capitale, fut auf choïfi pour en célébrer l’anniverfaire & mé dies auguflalis. (G) *AUGUSTBERG ox AUGUSTBOURG , (Géog.) ville d'Allemagne dans la haute-Saxe , au marquifat de Mifnie, fur une montagne, proche le ruiffean de Schop, & à fix milles de Drefde, AUGUSTE, adj. (if. anc.) nom de dignité don- né aux empereurs romains , felon quelques-uns, du mot augeo, parce qu'ilsaugmenterent la puiflance Ro: maine. Ofavien le porta le premier, & il fut adopte par fes fuccefleurs, comme on le voit marqué fur les médailles par cette lettre À,ou par celles-ci AVG. les impératrices païticipoient aufh à ce titre dans les mé- dailles & les autres monumens publics, telles que les médailles d'Helene, mere du grand Conftantin, qui portent cette legende, FL. IVL. HELEN À AVG. Marc Aurele fut le premier qui partagea Le titre d’au- gufte avec L. Aurelius-Verus fon collegue. Aupufte honora de ce nom les principales colonies qu’il éta- blit dans les villes dés Gaules pendant le féjour qu’il y fit, & en particulier la ville de Soiflons, qu’on trouve nommée dans des infcriptions Augufla Suef- Jfionum. Les collegues des empereurs & leurs fucceffeurs, défignés ou aflociés à l'empire, étoient d’abord créés Céfars, puis nommés Awgufles. Le P.Pagi foûtient, contre prefque tous les auteurs, que la gradation fe faïifoit de cette derniere qualité à la prenuere : mais M. Fléchier obferve avec plus de fondement, com- me une chofe qui n’avoit point encore eu d'exemple, que l’empereur Valentinien proclama fon frere Va- lens Argufle , avant que de l’avoir créé Céfar. À l’exemple des Romains , les nations modernes ont donné à leurs fouverains & à leurs reines le fur- nom d’augufle. On voit par d'anciennes médailles ou monnoies , que Childebert, Clotaire, & Clovis ont porté ce nom; & Crotechilde , femme du dernier , eft appellée dans le livre des miracles de S. Germain, tantôt regira , & tantôt augufta. Dans notre hiftoire Philippe IL. eft connu fous le titre de Philippe Auguf- (Go. © AuGusTE, Hiffoire augufle , hiftoire des empereurs de Rome depuis Adrien & l’an de grace 157 jufqu'en 28$ , compolée par fix auteurs Latins, Ælius Spar- tianus, Julius Capitolinus, Ælius Lampridius, Vul- catius Gallicanus, Trebellius Pollio , & Flavius Vo- pifcus. id. Fabric. Bibl. lat, c. vj. (G) AUGUSTE , papier augufte, ( Hifi. anc.) nom donné par flatterie pour l’empereur Augufte, à un papier» très-beau & très-fin qu’on fabriquoit en Egypte, & qu’on appelloit anciennement charta hieratica , papier Jacré, parce qu’on n’y écrivoit que les livres facrés & qui regardoient la religion. On l’appella depuis, par adulation, charta augufla. Les feuilles de ce pa- Pier, qui avoient pañlé pour les meilleures, perdi- rent enfin le rang qu’elles avoient tenu. Elles avoient treize doigts de large , & étoient fi délicates qu’à pei- ne pouvoient-elles foûtenir Le calamus ; l'écriture per- çoit de maniere que les lignes du verfo paroïfloient prefqu’une rature du reéo : elles étoient d’ailleurs f tranfparentes, que cela faifoit un effet défagréable à la vûe. L'empereur Claude en fit faire de plus épaif- fes & de plus fortes ; Le papier augufle ne fervit plus ue pour écrire des lettres miffives. Dom Montfauc, mêm. de l Acad, (G ) AUGUSTIN , £. m. (Théolog.) titre que Cornelius Janfenius, évêque d’Vpres, a donné à fon ouvrage, qui depuis près d’un fiecle a caufe des difputes fi vi- ves dans l’Eglife, & donné naïfflance au Janfénifme A U G 377 & à fes défenfeurs: Voyez JANSÉNISME & JANSÉ= NISTES. | L’Augufhin de Janfenius, qu'il aititula ainfi parce qu'il penfoit n’y foûtenir que la doëtrine de faint Au: . guftin fur la grace, & y donner la clé des endroits les plus difciles de ce pére fur cette matiere, ne parut pour la premiere fois qu'après la mort de fon auteur, imprimé à Louvain.en 1640. Il eft divifé en trois volumes 27-folio ; dont le premier contient huit livres fur l’hérèfie des Pélagiens ; le fecond,, huit = vres, dont un fur l’ufage de la raifon & de l’auto- rité en matieres théologiques; un fur la grace du pre- mier homme &c des anges; quatre de l’état de nature. tombée ; êc trois de l’état de pure nature. Le troifie- me vohune eft divifé en deux parties, dont la pre= miere contient un traité de la grace de Jefus-Chrift en dix livres; la feconde ne comprend qu’un feul li+ vre intitulé Parallele de l'erreur des Semipélagiens & de l'opinion de quelques modernes, c’eft-à-dire des théolo- gieris qui admettent la grace fufiifante. C’eit de cet ouvrage qu'ont été extraites les cinq fameufes propofñtions, dont nous traiterons avec plus 0 à l’article Jarfénifme, Voyez JANSENISME. AUGUSTINS, £. m. pl. (A4 ecclef. ) ordres reli- g1eux qui reconnoiïflent $. Auguftin pour leur maître êt leur pere, & qui profeffent la regle qu’on dit qu'il donna à des moines, avec lefquels il vécut à la cam- pagne près de Milan, & dont il mena quelques-uns avec lui en Afrique. Il les établit près d’Hippone , lorfqu'il en eut èté fait évêque. Les religieux que nous appellons Auguflins étoient dans leur origine des hermites, que le pape Alexan- dre IV. raffembla en 1256, auxquels il donna la re- gle de S. Augufäin, & pour général Lanfranc Septala de Milan, homme d’une très-prande piété. Cet or- dre, fameux par les faints & les favans qu’il a donnés à l’Eglife, s’eft divifé en diverfes branches ; car les hermites de faint Paul, les Jéronymites , les religieux de fainte Brigitte , ceux de faint Ambroïfe, les freres de la charité , & plufeurs autres ordres, jufqu’au nombre de foixante & plus, fuivent tous la regle de fait Auguftin. En France les hermites de faint Au- guftin ont une congrégation particuliére, dite la com- munauté de Bourges ou la province de faint Guillaume. Les Augufhins déchauffés font une réforme de cet or- dre, commencée en Portugal en 1574. Tous ces reli- gieux font vêtus de noir & font un des quatre ordres mendians. Voyez MENDIANS. | Il ne faut pas confondre ces religieux avec difé- tens autres ordres ou congrégations, dont les mem bres, fous le titre de chanoines réguliers ; profeflent la regle de faint Auguftin, tels que ceux de Latran, du {ant Sepulchre , de faint Sauveur, de faint Ruf, du Val des écoliers, & en particulier de la congrégation de France, plus connus fous le nom de Gézovéfains qu'ils ont tiré de la maifon de fainte Génevieve de Paris, dont l’abbé eft toûjours leur fupérieur général. Il y a auffi diverfes abbayes de filles 8 de chanoi- neffes de l’ordre de faint Auguflin. Voyez RELIGIEU- SES @& CHANOINESSES. (G) . AUGUSTIN, (SAINT) neuvieme corps des carac- &eres d’Imprimerie; {a proportion eft de deux lignes deux points , mefure de l'échelle. Son corps double eft le petit canon. Voyez les proportions des caraëleres d’Imprimerie, & l'exemple à l'article CARACTERE, *AUGUSTIN, (SAINT) Géog. fort de l'Amérique feptentrionale, fur la côte orientale de la Floride, à l'extrémité d’une langue de terre. Long. 298. 30. lat. 30. * AUGUSTINE , adj. f. (Æ£. anc.) nom d’une fe- te qui fe célébroit à Rome le 4 des ides d'Oétobre, en l'honneur d’Augufte, 8 en mémoire de fon heu reux retour, après la pacification de la Grece, l’A- AUG fe, la Syrie, & les provinces conquifes fur les Par- thes. Elle étoit folemnelle, & accompagnée de jeux, Voyez AUGUSTAUX: (G) AUGUSTINIENS , f. m. pl. (Théolog. Hiff, Eccl. ) nom qu'on donne dans les écoles aux Théologiens qui foîûtiennent que la grace eft efficace de fa natu- ré abfolument & moralement, & non pas relative- ment & par degrés. Voyez GRACE EFFICACE. On les appelle ainf, parce que dans leurs opinions als fé fondent principalement fur l’autorité de Saint Au- guftin. Le fyftème des Augufliniens fur la grace, fe réduit principalement à ces points. 1°. Ils diftinguent entre lesœuvres naturelles & les œuvres furnaturelles ; entre l’état d’innocence, & l’é- tat de nature tombée. 2°. Ils foûtiennent que toutes les créatures libres dans l’un ou l’autre de ces deux états, ont befoin pour chaque aétion naturelle, du concours aëtuel de Dieu. 3°. Que ce concours n’eft pas antécédent , m1 phy- fiquement prédétermunant , mais fimultanée & flexi- ble au choix de la volonté; enforte que Dieu con- court à telle ou telle aétion, parce que la volonté fe détermine à agir, & fi elle ne s’y détermine pas, Dieu ne prête pas fon concours. 4°. Que quant aux œuvres furnaturelles, les mê- mes créatures libres, en quelqu’état qu'on les fup- pofe , ont befoin d’un fecours fpécial & furnaturel de lagrace. 5°. Que dans l’état de nature innocente, cette gra- ce n’a pas été efficace par elle-même & de fa nature, comme elle l’eft maintenant, mais verfatile ; & c’eft ce qu'ils appellent autrement adwtorium fine quo. 6°. Que dans ce même état de nature innocente, il n’y a point eu de decrets abfolus, efficaces, anté- cédens au confentement libre de la volonté de la créature, & par conféquent nulle prédeftination à la gloire avant la prévifion des mérites, nulle répro- bation qui ne fuppofât la prévifion des démerites. 7°. Que dans l’état de nature tombée ou corrom- pue par le péché, la grace efficace par elle-même, eft néceffaire pour toutes les aéhions qui font dans l'ordre furnatutel. 80. Ils fondent la néceffité de cette grace fur la feule foiblefle de la volonté humaine, confidérée après la chûte d'Adam, & non fur la fubordination & la dé- pendance dans laquelle la créature doit être du créa- teur, comme le veulent les Thomiftes. 9°. Ils font ordinairement confifter la nature de cette grace efficace dans une cettaine déleétation & fuavité vidorieufe, non pas par degrés &c relative- ment, comme l’admettent les Janfémiftes, mais fim- plement & abfolument, par laquelle Dieu incline la volonté au bien, fans toutefois blefler fa liberté. Quoiqu'ils ayouént que Dieu a d’ailleurs une infini- té de moyens inconnus à l’homme, pour déterminer librement la volonté, fuivant ce principe de Saint Auguftin: Deus miris ineffabilibufque modis homines ad fé vocat G trahit. Lib, 7. ad femplic. 10°. Outre la grace efficace, ils en admettent en- core une autre fufifante, grace réelle, & proprement dite, qui donne à la volonté affez de forces pour pou- voir, foit médiatement, foit immédiatement, pro- duire des œuvres furnaturelles & méritoires, mais qui pourtant n’a jamais fon effet fans le fecours d’une grace efhicace. 11°. Quand Dieuappelle quelqu'un efficacement, il lui donne, felon eux,une graceteficace; & il ac- corde aux autres une grace Zafhifante pour accomplir fes commandemens; ou au moins pour obtenir des graces plus abondantes & plus fortes, afin de les accomplir. 12°. Ils foutiennent que quant à l’état dennature : A VI. tombée’, 1l faut admettre des decrets abfolus &efica- ces par eux-mêmes, pour les œuvres qui font dans l’ordre furnaturel. | 13°, Que la prefcience de ces mêmes œuvres eft fondée fur ces decrets abfolus &cefficaces. | 14°. Que toute prédeftinationfoit à la grace, foitr % à la gloire, eft entierement gratuite. 15°. Que la réprobation pofitive fe faiten vüe des . péchés aétuels, & la réprobationnégative, en vüe du. feul péché originel. | Ce fyftème approche fort dull'homifme pour l'état de nature innocente, & du Molinifme pour l’état de | nature tombée. Foyez MOLINISME & THOMISME. On divife les Augufhiniens en rigides & rélâchés. Les rigides font ceux qui foûtiennent tous les points que nous venons d’expofer. Les ré/échés {ont ceux, qui dans les œuvres furnaturelles, en diftinguant de faciles & de difficiles , n’exigent de grace efficace par elle-même, que pour ces dernieres, & foûtiennent que pour les autres, telles que la priere par laquelle on peut obtenir des gracés plus abondantes, la grace fufifante fufhit réellement, & a {ouvent fon effet, fans avoir beloin d'autre fecours. C’étoit le fenti- ment du Cardinal Noris, du P. Thomaflin, & felon M. Habert évêque de Vabres, celui que de fon tems on fuivoit le plus communément en Sorbonne. Tour- nely , ral, de grat, part. II. quœæff. v. parag. 11. ÂUGUSTINIENS, eftaufh, felon Lindanus, le » nom de quelques hérétiques du XVF fiecle, difciples d’un facramentaite appellé Auguflin, qui foûtenoit que le ciel ne feroit ouvert à perfonne avant le juge- ment dernier. (G à | AUGUSTOW , (Géog.) ville de Pologne, dans le duché & palatinat de Podlaquie, fur la riviere de Na- reu. Long. 41.3 7. lat. 53. 25. * AVIA, ( Géog.) petite riviere de Galice, en Ef- pagne. Elle le jette dans le Minho. | * AVIGNON, capitale de l’état de même nom, enclavé dans la France, mais dependant du Pape; la ville eft fur le Rhone. Long, 22. 28. 33. la. 43. CPE sa | AVIGNONET oz VIGNONET , (Géog.) ville de France, dans le haut Languedoc, au pays de Laura- gais, près de la riviere de Lers. | *AVILA, (Hf. nat.) fruit des Indes. C’eft, dit Lémery , Traité des Drogues , une efpece de pomme ; ronde, charnue, jaune, & plus groffe que l'orange; elle croît fur une efpece de liane, ou plante rempan- te qui s’attache aux arbres voifins, & qu’on trouve dans l’Amérique Efpagnole. Elle contient dans fa chair huit ou dix graines plattes, orbiculaires , &tter- minées en pointe obtufe. Ces graines font unies les: unes aux autres, mais fe féparent facilement ; elles font convexes d’un côté, & concaves de l’autre, de la largeur de nos pieces de vint-quatre fous, épaifes: d’un demi-doist, couvertes chacune d’une pean mé-. diocrement épaifle , dure, ligneufe, un peu raboteu- fe, principalement en la partie convexe, & de cou- leur jaunâtre, Sous cette peau eft une amande ten- dre , amete, qu’on eftime grand contre-poifon, êt re- mede excellent dans les humeurs malignes. On en prend une ou deux pour dofe. * Avira, (Géog.) ville d'Efpagne, dans la vieille Caftille. Long. 13.22. lat. 40: 353. Il y a au Pérou, en l’Amérique méridionale, dans la province de Los Quixos, du côté de Quito, fur la riviere de Napo, une autre Avila. ù * AVILES, (Géog.) petite ville d'Efpagne, au, royaume de Léon, dans l’Aflurie d'Oviedo, fur la baie de Bifcaie. Long. 11.36. lat. 43. 41. AVILLONNER , v. a@. terme de Fauconnerie, don: ner des ferres de derriere ; on dit: ce faucon avillonne. vigoureufement Jon gibier. 07.00 RE . AVILLONS, ferres du pouce ou derriere des mains d'un oifeau de proie. | PE: * AVIM, (Géog. fainte.) ville de Paleftine, dans la tribu de Benjamin , entre Bethel & Aphara. | * AVIM, (Géog.) riviere de la Cluydefdale, dans l’Ecofle méridionale ; elle arrofe le bourg d’Avin, & 1e jette dans le Cluyde, proche Hamilton. | AVINO, & MINAS DE AVINO, ville de 'Amé- xique Mexicaine, & de l'audience de Guadalajara, dans la province de Zacatecas, entre El/erena 8 Nombre de Dios. | | * AVIQUIRINA , (Géog.) îlé de l'Amérique fep- tentrionale, dans la mer Pacifique, fur la côte du royaume de Chili, près de la Conception. AVIR , v. neut. e% terme de Chauderonnier, Ferblan- sier, Gc. c’eft rabattre fur une piece rapportée une ef pece de rebord qu’on a eu foin de laiffer au morceau inférieur, afin de mieux les aflembler, AVIRON , f. m. terme de marine 6 deriviere ; inftru- ment de bois rond par la poignée, & plat parle bas, & dont on fe fert pour faire aller {ur l’eau un bachot ou une nacelle. Voyez RAME. * AVIS, féntiment, opinion , (Gramm.) termes {y- nonymes, en ce qu'ils défignent tous un Jugement de lefprit. Le fentiment marque un peu la délibération qui l’a précédé; l'avis, la décifion qu la fuivi, &c Vopirion a rapport à une formalité particuliere de judicature, & De de l'incertitude. Le /ézrimenr emporte une idée de fincérité & de propriété ; avis, une idée d'intérêt pour quelqu’autre que nous ; l’opr- nion, un concours de témoignages. Îl peut y avoir des occafñons, dit M. l'Abbé Girard, où l’on foit obli- gé de donner fon avis contre fon jeztiment, & de fe conformer aux opinions des autres. AVIS, avertiffement, confeil (Grarmm.) termes fy- nonymes, en ce qu'ils font tous les trois relatifs à l’inftrution des autres. L’aversiffement eft moins rela- tif aux mœurs & à la conduite qu’avis & confeil, Avis ne renferme pas une idée de fupériorité fi difinéte que confail, Quelquefois même cette idée de fupério- rité eft tout-à-fait étrangere à avis. Les auteurs met- tent des averriffemens à leurs livres. Les efpions don- nent des avis ; les pères &c les meres donnent des coz- Jeiis à leurs enfans. La cloche averrit : le banquier don- ne avis ; l'avocat confeille. Les avis font vrais ou faux; les avertiffemens, néceflaires ou fuperflus ; &c les coz- Jeils, bons ou mauvais. Voyez Syn. Franç. AVIS où ADVIS, voyez ADVIS, ex terme de commer- ce, avertiflement, inftruétion, qu'on donne à quel- qu'un de quelque chofe qu’il ignore. On dit donner avis d’un envoi de marchandifes, d’une banquerou- te, Gc. | | Parmi les négocians Provençaux , on fe fert du ter- me Italien gdyifo, À Une lettre d'avis éft une lettre mifive par laquelle un marchand ou un banquier mande à fon correfpon- dant qu'il a tiré fur luiune lettre de change, ou quel- qu'autre aftaire relative à leur commerce. Aux lettres d'avis pour envoide marchandifes, on joint ordinairement la fa@ture. Voyez FACTURE. À Pégard des lettres d'avis pour le payement des lettres de change, elles doivent contenir le nom de celui pour le compte de qui on tire, la date du jour, du mois, de l’année , la fomme tirée, le nom de ce- lui qui a fourmi la valeur. Elle doit aufi faire men- tion du nom de celui à qui elle doit être payée, & du tems auquel elle doit l'être ; & quand les lettres de change portent 4 payer a ordre, on le doit pareille- ment fpécifier dans la lettre d’avis. On peut fe difpen- fer d'accepter une lettre de change, quand on n’en a point eu d'avis, (G) | AVIS, dans le commerce, {e prend aufñ pour féxi- ‘ment ou confeil. M. Savary a donné au public un ex- çellent traité intitulé : Pareres où avis 6 confeils fur les plus importantes matieres du commerce. Voyez Pa- RERE. (G) un le | . *AVIS (ORDRE D’), Æiff. mod. ordre militaire dont on fait remonter l’origine en 1 147 fous AlfonfeT. roi de Portugal, & dont on ne date l’ére@ion que de 1162. On dit qu'en 1147, quelques gentilshommes {e liguerent contre les Infideles fous le nom de-#04- velle milice ; qu'ils furent érigés en ordre en 11625 que Jean Zirita, abbé de Touraca, leur donna des confHtutions; qu’ils eurent pour premier grand-mañ- tre Pierre, parent du roi; qu’ils embraflerent la re- gle de Citeaux ; qu’en 1166, Girard-l’Intrépideayant furpnis Evora, le roi Alfonfe donna cette ville aux chevaliers qui en porterent le nom ; que Sanche I. leur ayant accordé en 1181 une terre fur la frontiere pour y conftruire un château, ils apperçurent deux oïfeaux au moment qu’on pofoit la premiere pierre, & qu'ils en prirent le nom d’4vis ; qu'Innocent III. approuva cet établiflement en 1204, que l’ordre d’A. v2s {ervit bien la religion contre les Maures ; qu’en 1213 1l obtint de l’ordre de Calatrava plufieurs pla- ces dans le Portugal ; qu’en reconnoiïflance il fe {oû- mit à cet ordre , dont il ne fe fépara qu’en 1385, pendant les guerres des Portugais & des Caftillans ; que le concile de Bâle tenta inutilement de le rappro- cher ; qu'il ceffa alors d’avoir des grands-maîtres, les papes n’ayant voulu lui donner que des adminiftra- teurs , & que la grande maitrife fût réunie à la cou- ronne de Portugal par le pape Paul III. L'ordre d’A- vis portoit l’habit blanc de Citeaux, 8c pour armes, d’or à la croix fleurdelifée de fynoples, accompa- gnée en pointe de deux oïfeaux affrontés de fable. * Avis , Geog.) ville de Portugal dans l’Alentéjo; proche la riviere du même nom. Long. 10.30. lar. 3840. AVISER , avertir, terme qui étoit autrefois en ufa- ge parmi les névocians, pour fignifier donner avis de quelque chofe à un correfpondant. (G) AVISSURE , f, f. en terme de Chauderoñnier - Fer- blantier , &c. c’eft dans une piece un rebord qui fe ra: bat fur un autre, & les unit étroitement enfemble. Voyez AVIS. AVITAILLEMENT ox AVICTUAILLEMENT ( Art milie. & Marine. ) c'eft la provifion des viétuail- les, aufli-bien que le foin de faire les provifions né- ceffaires pour une place, pour un vaifleau. AVITAILLER ox AVICTUAILLER 2 vaiffeau, une place ; c’eft les fournir de vivres. AVITAILLEUR ,; AVICTUAILLEUR , AVI- TUAILLEUR , 1. m. c’eft cel qui eft chargé de fournir les vivres du vaifleau ou de la place. (Z) AVIVAGE ; f. m. c’eft la premiere façon que le Miroitier donne à la feuille d’étain : pour cet eifet il prend une pelote de ferge, il s’en fert pourenlever de la febile du vifargent ; 1l en frotte la fewille d’é- tain léserement & fans la charger ; & lorfqu’en frot: tant il a rendu la feuille brillante , elleeft avivée. AVIVER , v. at. ez termes de Bijoutier 6 aurres ouvriers en métaux ; c’eit donner le vif ou le dernier poli ou luftre à un ouvrage, par le moyen du rouge | _ d'Angleterre détrempé avec de lefprit-de-vin, & de la pierre-ponce détrempée dans de l’eau-de-vie ou du vinaigre. ne + AVIVER, terme de Doreur ; aviver une figure de bronze pour la dorer, c’eft la nettoyer & la gratter légerement avec un burin ou autre {emblable outil’, ou la frotter avec de la pierre-ponce , où autre ma- tiere femblable. Cela {e fait pour la rendre plus pro- pre à prendre ou recevoir la feuille d’or, qui ne veut rien de fale ou d’impur lorfqu’on l’applique deflus, après toutefois avoir chauffé la figure , où ce qu’on veut dorer. Le mot d’ayiver figniñe donner de la vi- vacité, & rendre la matiere plusfraîche & plus nette; & dans ce fens on s’en fert en diverfes rencontres, A À 4 &T 880 A VI anand-onparle de joindre les métaux & de les fouder nfemble, Woyez la figure de l’avivoir, Planche LI, du LDoreur , fig. 8: Aviver, e2 Teinture, c’eît rendre une couleur plus vive & plus éclatante, en paflant l’étoffe, la foie, la laine, Ec. teinte, fur un mélange tiede d’eau &c d’au- tres ingrédiens choïfs felon l’efpece de couleur à av ver. Voyez TEINTURE. AVIVES, f, f. pl. (Manëge 6 Maréchallerie. ) Les ayives {ont dés glandes fituées entre les oreilles & Le gofier près le haut de la ganache : on dit que quand droit de vifite. Il eft compofé d’un préfident catho- lique , d’un vice - chancelier préfenté par cet élec- : teur, & de dix-huit afflefleurs ou confeillers, dont neuf {ont proteftans , & neuf font cathaliques. ’oyez ASSESSEUR. | È Ils font partagés en deux tribunaux : les gens de qualité occupent l’un , & ceux de robe l’autre; ils tiennent leurs aflemblées en préfence de l’empereur, d’où leur vient le nom de Jufficium imperatoris, juftice où tribunal de l’empereur ; comme celui du confel, aulique, de ce qu’il fuit la cout de Pempereur , aule , & que fa réfidence eft toïjours dans le lieu que l’em- pereur habite. Cette cour & la chambre impériale: de Spire , font aflez dans l’ufage de fe contrarier , à. caufe de la prévention qui a lieu entrelles, & que nulle caufe ne peut s’évoquer de Pune à l’autre, Voyez CHAMBRE IMPERIALE. L'empereur ne peut empê- cher, ni fufpendre les décifions d’aucune de ces cours , ni évoquer à fon tribunal une caufe dont elles ont une fois pris connoïffance, à moins que les états de l'empire n’en foient d'avis. Il eft néanmoins des cas où ce confeil s’abftient de prononcer définitive- ment fans la participation de l’empereur , & dans ces cas on prononce fat votum ad Cæfarem, que le rap port s’en falfe à Céfar, c’eft-à-dirê, à l’empereur en {on confeil. | | Le confeil aulique n’a été originairement inftitué que pour connoître des différends entre les fujets des empereurs. On y a depuis porté les conteftations des fujets de l'empire, & 1l s’eft attribué fur la chambre impériale de Spire ou de Wetzlar, une efpece de droit de-prévention, qui ne fe fouffre pourtant que dans les procès des particuliers : les princes n’ont pas en- core reconnu cette jurifdiétion. Mais fous les empe- reurs Léopold, Jofeph, & Charles VI. le confeil aui- que a fait plufeurs entreprifes contraires aux libertés Germaniques , comme de confifquer les duchés de Mantoue & de Guaftalle , de mettre au ban de l’em- pire les éleéteurs de Baviere & de Cologne. Le confeil aulique cefle aufli-tôt que l’empereur meurt , s’il n’eft continué par ordre exprès des vicai- res de l’empire , au nom defquels il rend alors fes ju- gemens , & fe fert de leur fceau. Heïff. ff. de l’em- pire. (G) 4 AULIQUE, ( Théolog. ) nom qu'on donne à latte ou à la thefe que foûtient un jeune théologien, dans quelques univerfités, & particulierement dans celle de Paris, le jour qu’un licentié en Théologie reçoit le bonnet de doéteur , & à laquelle préfide ce même licentié, immédiatement après la réception du bonnet. On nomme ainfi cet acte du mot 4xla, falle , parce qu’il fe paffe dans une falle de l’univerfité , &c à Paris dans une falle de larchevêché. Voyez UNIVERSITÉ, DEGRÉ, DocTEUR , Gc. (G) AU LIT , AU LIT CHIENS , terme de Venerie ; dont on ufe pour faire guetter les chiens lorfque l’on veut lancer un lievre. AULNAIE ox AUNAIE , £ f. (Jardinage. ) eft un lieu planté d’aulnes. Voyez AULNE. (Æ) AULNE., f. m. a/nus, genre d’arbre qui porte des chatons compofés de fleurs à plufeuts étamines qui s’élevent d’un calice fait de quatre pieces. Ces fleurs font ramaflées en peloton & attachées à un axe ; elles {ont ftériles. Le fruit fe trouve féparément des cha- tons ; il eft compofé d’écailles & rempli d'embryons dans le commencement de fon accroifflement. Dans la fuite il devient plus gros, & alors il renferme des femences, qui pour l’ordinaire font applaties. Tour- nefort, Inff. rei herb. Voyez PLANTE. (1) Il vient de boutures & de marcotte; il aime les marécages AUM marécages & les lieux frais. Son boïs eft recherche pour faire des tuyaux , & les Tourneurs Pemployent en échelles, perches, &autresouvrages. (X) Alnus rotundifolia glutinofa viridis, C. B. On em ploye, ex Medecine , fon écorce & {a feuille, L’é- corce eft aftringente & defliccative. Ses feuilles ver- tes appliquées , réfolvent les tumeurs &*diminuent les inflammations ; priies intérieurement , elles ont la vertu vulnéraire ; mifes dans les fouhers , elles foulagent les voyageurs de leur fatigue. On s’en fert en décottion pour laver les piés des voyageurs, afin de les délafler ; & l’on en frotte le bois des lits pour faire mourir les puces. Le fruit eft aftringent, rafraîchiffant & repercufhf dans les inflammations de la gorge ; étant pris en gargarifme, de même que l'écorce. Il ya une autre efpece d’axlre, qui eft le frangula ou bourgene. Voyez BOURGENE. ( N) AULNE xoir, arbre. Voyez BOURGENE. AU LOF, à Za rifée, en Marine, c'eft un comman- dement que l’on fait au timonier de gouverner vers le vent, lorfqu'il en vient des rifées. #. RISÉE. (Z) * AULPS , ( Géog.) ville de France en Provence, au diocefe de Fréjus. Long. 24. 4. lat. 43. 40. AUMAILLES , serme ufité dans plufteurs de nos cot- surnes , pour fignifier des bêtes à cornes , & même d’autres beftiaux domeftiques. Du Cange croit que ce mot a été fait du Latin 7azualia pecora, [eu anima- dia manfueta, que ad manus accedere confueverunt. (HN) * AUMALE oz ALBEMARLE, ( Géog. ) ville de France dans [a haute Normandie, au pays de Caux. Long. 19. 20. lar. 49. 50. AUME, f.f. ( Commerce. ) c’eft une mefure Hol- landoïfe qui fert à mefurer des liqueurs. Elle con- tient huit fteckans ou vingt verges, ce qui fait la tier- ce Angloïfe ou + tonneau, de France, & + d’Angle- terre. Arbuth. sb. 33. Voyez auffi MESURE, 6:c. (G) AUMÉ, adjeét. pris fubit. serme de Péche & de Chaffe ; 1l fe dit des grandes mailles à filets, qu’on pra- tique de l’un &c de l’autre côté d’un tramail ou d’un hallier : l’aumé facilite l'entrée &: empêche la fortie, * AUMIGNON ( L’) riviere du Vermandoiïs en Picardie ; elle pañle à Vermand, & fe jette dans la Somme, au-deflus de Pérone. AUMONE, f. f. (Théol. moral.) eft un don qu'on fait aux pauvres par compaflion ou par cha- rité. Voyez CHARITÉ. Les eccléfiaftiques ne fubfiftoient autrefois que d'aumône, la ferveur de la primitive églife engageant les fideles à vendre leurs biens & à en dépofer le prix aux piés des Apôtres pour l'entretien des pauvres, des veuves, des orphelins & des miniftres de l’'Evan- gile. Voyez CLERGÉ , DixME. Depuis jufqu’à Conf tantin , les aumônes des fideles fe divifoient en trois parts, l’une pour l’évêque , l’autre pour les prêtres, la troifieme pour les diacres, foûdiacres, & autres clercs. Quelquefois on en réfervoit une quatrieme partie pour les réparations de l’églife : maïs les pau- vres trouvoient toüjouts une reflource füre & des fonds abondans dans la libéralité de leurs freres. Julien ; qui vouloit réformer le paganifme fur le mo- dele dela religion chrétienne, reconnoiïfloit dans cel- le-ci cet avantage. ‘ Un prêtre, dit-il, dans une inf. +» truétion qu'il donne à un pontife des faux dieux, + épitr. 2. doït avoir foin d’inftruire les peuples fur # l’obligation de faire l’aumêne ; car il ef honteux # que les Galiléens (c’eft ainfi qu’il nommoit les Chré- » tiens) nourriflent leurs pauvres & les nôtres », S. Paul écrivant aux Corinthiens leur recomman- de de faire des colleûtes, c’eft-à-dire des quêtes tous . les dimanches , comme il Pavoit prefcrit aux églifes de Galatie. Nous apprenons des. Juftin, martyr, dans fa feconde Apologie , que tous les fideles de la ville Ge de la campagne s’aflembloient le dimançhe pour Tome L, A UM 89: affiftér à la célébration des faints myfteres ; qu'après la priere, chacun farfoit fon aumône, felon {on zele & fes facultés ; qu'on en remettoit l'argent entre les mains de celui qui préfidoit, c’eft-à-diré de l’évêz que ; pour le diftribuer aux pauvres, aux veuves; Ge. Cet ufage s’Obfervoit encore du tems de SJé- rôme. M.de Tillemont , fondé fut un pañlagé du code Théodofien , obferve que dès le quatrieme fiecle , il y avoit de pieufes femmes qui s’employoient À re: cueillir des axmôênes pour les prifonniers, & l’on con: jeéture que c’étoient les diaconefles. Yoyez DiAco: NESSE. ! Chrodegang , évêque de Méts, qui vivoit dans le huitième fiecle, chap. xl. de la regle qu’il prefcrit à fes chanoines réguliers, véut qu'un prêtré à qi l’on donne quelque chofe, ou pour célébrer la Mefñle,, Où pour entendre une confeflion, où pour chanter des pleaumes & des hymnes, ne le reçoive qu’à titre d’aumône, | Tel a totjours été l’éfprit de l’Églife, Les dons faits aux églifes &c tous les biens qu’elle a acquis par donation, les fondations dont on l’a enrichie, font re: gardées comme dés aumônes, dont {es miniftres font les œconomes & les difpenfateurs, & non les pro: priétaires. (G) | AUMONE , en terme de Palais, eft le payerient d’une fomme à laquelle une partie à été condamnée par autorité de juitice, applicable pour l’ordinaité au pain des prionniers. On appelle aumônes ou tenures en anmünes, les térres qui ont été données à des églifés par le roi, ou par des feigneurs de fiefs. Cestérres ne payent ancune re- devance à qui que ce foit, & ne doivent qu'une fint- ple déclaration au feigneur. ù Les aumônes freffées font des fondations royales. Aurnône des charrues en Angleterre, s’eft dit de la cottifation d’un denier par chaque charrue, que le roi Ethelred exigea desAniglois {és fujets pour la fubfiftan- ce des pauvres : on lappella auf l’asmônedu Roi. (H) AUMONERIE , f. £ eft un office clauftral’, dont le titulaire eft chargé de diftribuer par an une cét- taine fomme en aumônes. Voyez AUMÔNE. (A AUMONIER , f. m. ( Théol. ) officier eccléfiaftie que dans les chapelles des princes, ou attachés à 1à perfonne des évêques & des grands, En Francele Roi a un prenuer awmômier , diflingué du grand axinônier de France, &c quatre aumüniers de quartier! la ret= ne auffi a un premier aumbnier, & les princes du fans ont également des axrmôniers en titre, dont l’habit de cérémonie eft une foutane noire, un rochet &/uñ manteau noir. Les aumüniers des évêques font des ec- cléfiaftiques leurs commenfaux, ou attachés à lent perfonne , qui les accompagnent & les fervent dans leurs fonétions épifcopales. (G) F AUMONIER ( GRAND ) de France (Hifi. mod. ) of. ficier de la couronne , dont la dignité ne s’accorde plus qu'aux eccléfiaftiques d’une naïffance diftin- guée , & ne fe donne ordinairement qu’à des cardi- naux ; quoiqu'on l'ait vüe autrefois remplie par Le favant Amyot, qui étoit d’une fort baffe extraétion. Le grand auménier difpofe du fonds deftiné pouf les aumônes du Rot, celebre le fervice divin dans la cha- pelle de fa Majefté, quand 1l le juge à propos, où nomme les prélats qu doivent y officier, lès prédi- cateurs, &c. Il eft l’évêque de la cour, farfant toutes les fonétions de cette dignité dans quelque diocefe qu'il {e trouve fans en demander la permiffion aux évêques des lieux. Il donnoit autrefois les provifons des maladeries de France’, & prétendoit qu'il lut ap= partenoit de gouverner, de vifiter , &c de réformer les hôpitaux du royaume, fur-tout quand ils font sous vernés par des laiques. Les édits de nos rois, &lés arrêts du Parlement de Paris, ont maintenu pers TTttt 852 A UM dant quelque tems dans la pofleffion de ce droit. Il a l’intendance de l'hôpital des Quinze-vingts de Paris. T] prête ferment de fidélité entre les mains du roi, & eft à caufe de fa charge, commandeur ne des ordres de fa Majefté. Morery dit que ce fut Geoffroi de Pom- padour , évêque d'Angoulême , puis de Périgueux &c du Puy en Vélai, qui a porté le premier la qualité de grand aumônier. Selon du Tillet, cité par le P. Thomaf- fin, Difcipl. eccléftaf?. part. IV. iv. I. chap. lxxvüy. C’eft Jean de Rely, évêque d'Angers, qui prit le premier ce titre fous Charles VIII. On ne trouve pas le nom de ce Jean de Rely dans la lifte que donne le diétion- naire de Morery. Ïl en compte cinquante-cinq depuis Euftache , chapelain du roi Philippe I. en 1067, juf- qu'à M. le cardinal de Rohan. M. le cardinal de Sou- bife fon nevèu, occupe aujourd’hui cette grande di- gite. (G) *Ily a auffi en Angleterre un grard aumonier,qw’on appelle /ord aumônier, Les fonds qui lui font affignés pour les aumônes du Roi, font entre autres chofes les deodandes, & les biens des perfonnes qui fe font dé- faites. Il peut en vertu d’un ancien ufage donner le pre- mier plat de la table du Roi à un pauvre, tel qu'il lui plaît le choïfir, ou lui donner l'équivalent en ar- gent. Il y a aufñ fous le lord aumônier un aumônier en fecond , un yeman, & deux gentilshommes de l’aumô- nerie , tous à la nomination du lord aumoônier. AUMONIER : les aumôniers de Marine font des prêtres entretenus par le Roi dans fes arfenaux de marine, pour dire la Mefle aux jours de fêtes & de dimanches fur le vaifeau , qui dans le port a le pa- villon d’anural. | L’aumônier du vaifleau, eft un prêtre commis par le Roi pour faire la priere matin & foi , pour y dire la Mefñe , & y adminiftrer les Sacremens. Aumônier dans un régiment, a logement de capitaï- ne dans la garnifon , fuit en campagne , & a trois pla- ces de fourrage en tems de guerre ; fes appointemens font payés par le Roi, & vont à fix cens lv. plus ou moins; cela varie. (Z) * AUMUSSE , f. f. (Æ5/f. mod.) forte de vêtement de tête & d’épaules dont on fe fervoit anciennement en France ; il étoit à la mode fous les Mérovingiens ; la couronne fe mettoit fur l’aurmuffe ; on la fourra d’hermine {ous Charlemagne ; le fiecle d’après, on la fit toute de peaux : les aumuffes d’étoffes prirent alors le nom de chaperon ; celles d’étoffes retinrent celui d’aumulle : peu à peu les eumufles & les chaperons changerent d’ufage & de forme. Le bonnet leur fuc- céda; & il n’y a plus aujourd’hui que les chanoines & les chanoinefles qui en ayent en été. Ils portent pendant cette faifon fur leur bras, ce qui fervoit ja- dis en tout tems à leur couvrir la tête. Ce font les Pelletiers-Foureurs qui les travaillent ; elles font fai- tes de pieces de petit gris rapportées ; elles ont qua- tre à cinq piés de long, fur huit à neuf pouces de large ; elles font herminées & terminées à un bout par des queués de martes; & l’on pratique quel- quefois à l’autre bout, une efpece de poche oùle breviaire ou quelque livre de piété peut être mis. AUNAGE, f. m. (Commerce) mefurage d’une étof- fe paraunes. Voyez AUNE,, duquel aunage eft dérivé, Bon d'AUNAGE , excédant d'AUNAGE , bénéfice d’AUNAGE , font des mots fynonymes qui fignifent quelque chofe que lon donne où que l’on trouve au- delà de la mefure où de launage ordinaire. Par le reglement des manufaétureside lainages du mois d’Août 1699, art. 44, 1l eft porté que le fa- çonnier ne pourra donner au marchand acheteur d’excédent d’aunage pour la bonne mefure, qu'une aune un quart au plus fur vingt-une aunes. Sous la halle aux toiles à Paris, l’ufage eft d’auner les toiles AUN le pouce devant l’aune ; ce qui s’appelle pouce 6: aure OÙ pouce ayant : ce qui produit de bon aunage pour l’acheteur environ une aune demi tiers fur so aunes. Outre ce pouce on donne encore une auneé fur cinquante aunes pour la bonne mefure ; ce qui fur cinquante aunes fait de bénéfice deux aunes & un demi tiers. M. Savary remarque qu'il y a des endroits en Fran- ce, où quoique l’aune {oit égale à celle de Paris, les ouvriers & manufaéturiers donnent aux acheteurs des excédens d’aunage très-forts, comme à Rouen vingt-quatre aunes pour vingt: mais il ajoûte qu'ils vendent leurs marchandifes plis cher à proportion, ou que ces marchandifes ne font pas fi bonnes & f parfaites , que dans les manufaétures où l’on donne un moindre bénéfice d’aunage. (G) AUNE, ff. ( Commerce. ) mefure de longueur dont on fe fert en différens pays, &c fous diférens noms, Voyez MESURE. L’aune eft un bâton d’une certaine longueur qui fert à mefurer les étoffes, les toiles , les rubans , 6c. L’aure de France a beaucoup de rapport à la ver- ge d'Angleterre & de Séville ; à la canne de Proven- ce , de Touloufe , de Naples , de Genes, de Livour- ne &r autres villes d'Italie ; à la varre d’Aragon; à la barre de Caftille &c de Valence ; à la brafle de Lu- ques; Venife, Boulogne, &c. au palme deSicile; au pic de Conftantinople , de Smyrne & du Caire; à la gueze des Indes & à celle de Perfe. Foye Ver- GE, CANNE, VARRE, &c. | Servius prétend que l’aure eft la longueur que con- tiennent les deux bras étendus : mais Suétone ne fait de cela que la coudée. Voyez COUDÉE. Les aunes dont on fe {ert le plus communément en. Angleterre font l’aune Angloïfe & celle de Flandre, L’aune d'Angleterre contient trois piés neuf pouces ou une verge & un quart mefure d'Angleterre : l’au= ne de Flandre contient vingt-fept pouces ou + d’une verge mefure d'Angleterre ; de forte que lauze d’An- gleterre eft à celle de Flandre comme 5 ef à 3. L’aune de Paris contient trois pis fept pouces huut lignes , conformément à l’étalon qui eft dans le bu- reau des marchands Merciers, & qui par linfcrip- tion gravée deflus, paroît avoir été fait en 1554; fous le regne d'Henri IT. Elle fe divife en deux ma- nieres : la premiere, en demi-awre, en fers , en fixie- me &c en douyieme ; & la feconde , en demi-awre , en quart , en huir & en fèixe, qui eft la plus petite partie de l’aune, 8&c après laquelle il n’y a plus de divifon établie dans le commerce. | Par l’ordonnance du Commerce, de 1673, arti- cle 11. du tit. I. il eft ordonné à tous négocians & marchands , tant en gros qu’en détail , d’avoir à leur égard des aunes ferrées & marquées par les deux bouts, & il leur eft défendu de s’en fervir d’autres à peine de faux, & de cent cinquante livres d’amen- de , parce que les aunes non ferrées par le bout peu- vent s’ufer, fe raccourcir par le bout , & devenir faufles mefures. Ricard , dans fon traité du Commerce , donne la ré- duétion fuivante des aunes : 100 aunes d’Amfterdam en font 98 & À, de Brabant, d'Anvers &t de Bru- xelles ; $8 2 de France & d’Angleterre ; 120 de Hambourg, de Francfort, Leipfic , Cologne; 125 de Breflaw , en Silefie ; 112 + de Dantzick ; 110 de Bergh & de Drontheim; 117 de Stockholm. M. Sa- vary , dans fon Didionnaire du Commerce, donne ün rapport beaucoup plus étendu de l’auxe d'Amfterdam avec les mefures des principales villes de l’Europe, & ce rapport ne quadre point avec celui de Ricard, quant à la proportion de l’aune d’Amfterdam avec celle de Brabañt ; car M. Savary la met comme 100 à Go , & Ricard comme 100 à 125. UNE fe dit aufi de la chofe mefurée ; une aune de drap, une ane de taffetas. . AUNE COURANTE 0% AUNE DE COURS ; C’eftune mefure d’étoffe ou de tapiflérie qui fe prend fur la longueur , fans confidérer la hauteur ; ainf lorfqu’on dit qu'une tapiflerie eft compofée de cinq pieces qui font douze ares courantes , on.doit entendre que les cinq pieces jointes enfemble , ont douze auxes en longueur. | ÂUNE, eft encore une mefure de Perfe, & l’on en diftingue de deux fortes ; l’une qu'on appelle aure royale, & qui a trois piés de roi moins un pouce ; & l’autre qu'on appelle aune raccourcie , en Perfan gueye moukefler , qui n’a que les deux tiers de l'axe royale. Foyez GUEZE. (GC) * AUNEAU Géographie.) petite ville de France, à quatorze lieues de Paris, & à quatre de Chartres. AUNÉE , f. f. plante qui doit être rapportée au genre appellé affre. Voyez ASTRE, pour les caraéte- res’: voici les propriétés, * L’helenium vulgare , ou année , a la racine acre, amere , un peu gluante ; aromatique : elle rougit très-peu le papier bleu, & fent l'iris quand elle eft feche ; elle donne dans l’analyfe des liqueurs acides, beaucoup d'huile, tant foit peu urineufe , point de fel volatil concret; on en tire des feuilles , d’où 1l s’enfuit awelle agit par un fel volatil huileux dont le fel ammoniac n’eft pas tout-à-fait décompofé, mais eft fort chargé de ioufre. La racine eft ffomacale, peétorale, diurétique, & provoque les mois. On l’em- ploye en tifane, dans les bouillons & dans les apo- femes ; pour l’afthme , pour la vieille toux, la coli- que de Poitou, l’hydropifie & la cachexie ; on con- fit au fucre les racines; on les fait bouillir dans le moût ou la biere nouvelle: Le vin d’aunée fortifie Peflomac , guérit la jaunifle , fait paffer les urines & garentit du mauvais air. L'extrait de cette racine a Tes mêmes vertus : appliquée extérieurement elle eft réfolutive & bonne pour les maladies de la peau : on en fait l'onguent ezularum , &c le vin d’aunce. AUNÉE ( onguent d’) Prenez racine d’aunée , de- mi-livre ; vif-argent, térébenthine claire, huile d’ab- fynthe , de chaque quatre onces ; axonge de porc, deux livres : faites-en un onguent felon l’art. On prendra la racine fechée; on la pulvérifera & on la mêlera dans le mortier avec les autres ingré- diens. _ On vante cet onguent pour les maladies de la peau ; on y fait quelquefois entrer le mercure. AUNÉE ( viz d’ ) prenez racine d'année feche & groflierement concaflée , une once; vin blanc , deux livres : faites-les infufer pendant quelques jours en les agitant de terms à autres : gardez ce vin fur fon marc pour l’ufage. C’eft un bon flomachique ; il pouf- fe par les urines, provoque les regles ; il eft anti- fcorbutique ; il peut prévenir les imdigeftions , les coliques d’eftomac & les fievres intermittentes, La dofe eft d’un verre ou de fix onces à jeun le matin , repétée de tems en tems, ou une ou deux fois ie mois. (N) AUNEUR , f. m. (Commerce.) officier commis pour vifiter les aunes des marchands. Voyey AUNAGE. Il y a de pareils officiers à Londres , dont l’office eft d’auner eux-mêmes les étoffes dans les manufac- tures, pour jufhiñer felles ont la longueur & la lar- geur qu'elles doivent avoir fuivant les Ordonnances. - Il y a à Paris une communauté de cinquante jurés auneurs , Viliteurs de toiles , créés en titre d’offices . héréditaires : ils ont deux bureaux établis où ils font leurs fonétions & la perception de leurs droits , qui {ont douze deniers pour aune fur toutes les’toiles , canevas, coutils, &c. qu'ils mefurent : ces bureaux font , Pun à Phôtel des fermes, &c l’autre à la halle aux toiles. Ces offices ayant été fupprimés par édit Tome L : AVIO 88 du mois de Septembre 1719, ontété rétablis par un édit de juin 17304 Il y a aufli à Paris douze aureurs de drap & autres étoftes de laine, qui font commis par les maîtres & gardes Drapiers & Merciers, Ils n’ont aucuñe vifité fur les marchandifes : mais leur fonétion eft de les auner fous la halle , ou dans les magafins & boôuti- ques des marchands, lorfqu'ils en font requis par eux ou par les forains , ou par leurs commiflionnaires. Dansles lieux des fabriques du royaume , il ÿ à aufli des auneurs établis pour auner les étoffes & les toiles. On peut voir , dans le Diétionnaire de Commerce de Savary , ce qui concerne les jurés aureurs de Pa- ris , leurs fonétions & leurs droits fur les différentes étoffes de fabrique du royaume, qui entrent dans cette ville. (G) AUNIEL , f. m. (Commerce. ) ancienne mefure An- gloife ; forte de romaine confiftant en balance pen- dante à des crochets, attachée par chaque bout aw traverfin ou bâton qu'un homme éleve fur quatre doigts pour favoir fi les chofes pefées font égales ou non. J’oyez BALANCE. | Cette maniere de pefer s’étant trouvée fujette à beaucoup de fraudes, plufeurs flatuts l’ont proht- bée, en ordonnant de s’en tenir à la balance unie. Voyez POIDS , ÉTALON. Ce mot continue d’être ufité en Angleterre , en parlant de la chair pefée à la main, &c fans la mettre dans la balance. (G) * AUNIS ( pays D’ ) la plus petite province de France , bornée au nord par le Poitou, dont elle eft {éparée par la Seure; à l'occident par l'Océan; à l’o- rient & au midi, par la Saintonge. La Rochelle en eft la capitale. * AUNOI, petit pays de l'ile de France , dont les confins font maintenant inconnus. On conjetture qu'il étoit entre Paris & Meaux, vers Livry, Bois- le-Vicomte & Claye. AVOCAT. Voyez ADVOCAT, AVOCATOIRE,, adj: ( Æff. mod. & Jurifprud. ) on appelle ainfi un mandement de l’empereur d’Alle- magne, adreflé à quelque prince ou fujet de l’'Em- pire , afin d'arrêter fes procédés illégitimes en toute caufe portée devant lui par appel. On appelle /ettres avotatoires , des lettres d’un prin- ce, par lefquelles 1l prétend révendiquer quelques- uns de fes fujets qui font pañlés dans d’autres états. On ne convient pas que les fouverains ayent ce droit. (4) AVOCETA , avofetta, 1. f. (Hifi. nar. Ornith.\) oifeau un peu plus gros que le vanneau ; il pefé au moins dix onces ; il a environ vingt-deux pouces de- puis la pointe du bec jufqu’au bout des piés "67 feu- lement feize ou dix-fept, fion n’étend la mefure que jufqu’au bout de la queue : lenvergeure éft de vingt- huit ou vingt-neuf pouces ; le bec a plus de trois pou- ces de longueur ; il eft noir, allongé, menu, appla- ti, recourbé en haut & terminé en pointe ; cette courbure du bec eft particulière à l’avocerz | c’eft pourquoi on l’a appellé Recurvi-ro/fra. Foyez Planche XII. fig, 4. Hiff. nat. La langue eft courte , la tête ronde & de srofleur médiocre: Le devant de la tête eft quelquefois blanc, le fommet eft noir ; cette mê- mé couleur s'étend fur le deflus du cou jufqu’au mi- lieu de fa longueur; le deflous du corps de Poifeau eft tout blanc ; le deflus eft en partie blanc, &c en partie noir ; la queue ef blanche en entier ; fa lon- sueur eft d'environ trois pouces ; elle eft compofée de douze plumes ; les pattes font fort longues & d’u- ne belle couleur bleue ; celle des ongles eft noires il y a en arriere un doigt fort court. . | ‘On trouve de ces offeaux en Italie , à Rome , à Venife , &c. On en voit aufli aflez communément TTttty 884 À V O fur les côtes orientales d'Angleterre: mais quelque part que l’on rencontre l’avocera , il fera toûjours fa- cile de le diftinguer de tout autre oïfeau par la cour- bure finguliere de {on bec. Villughby, Ornir, Foyer Oiseau. (dl) | - * AVOGASSE( Géog. ant. 6 mod. ) province _dAfe ; entre la mer Noire , la Géorgie & la Coma- nie; On Ja prend quelquefois pour une partie de la Géorgie. Elle s’étend le long de la mer , & forme avec la Mingrélie , la Colchide des anciens. ._AVOINE , aveña, genre de plante dont les fleurs n’ont point de pétales ; elles font fufpendues par pe- tits paquets. Chaque fleur eft compotée de plufñeurs étamines qui fortent d’un calice; le piftil devient dans la fuité une femence oblongue, mince, farineufe, enveloppée d'une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Les petits paquets de fleurs qui forment l’épi {ont difpofés de façon , que Diofcoride les compare à de petites fauterelles. Tournefort, 22/2. rei herb. Voyez PLANTE (1) | * C’eft des menus grains, celui qui fe femelepre- mier : on en diftingue principalement deux efpeces, l'une cultivée , l’autre fauvage ; celle-ci ne difere de l’autre, qu’en ce que fes grains font plus grands & plus noirs. | Îl y à la folle avoine, qu’on appelle aufi averon ; elle eft ftérile & fans grain. Elle infeéte un champ, & fe repeuple , à moins qu'on ne l’arrache & qu’on n’en coupe les tiges avant fa maturité. Les Canadiens ont une forte d'avoine, qu'ils re- cueillent en Juin ; elle eft beaucoup plus grofle &c plus délicate que la nôtre, 8 on la compare au riz pour la bonté. Il y a des avoines rouges; ily én a de blanches , & de zoires, On croit que la rouge aïme les terres lége- xes &t chaudes ; qu'elle réfifte moins aux accidens dutems ; qu'elle s’épie plitôt que la noire, & qu’el- le eft moins nourriflante & plus chaude. La blanche pañle pour avoir moins de fubffance que l’une & d'autre. Vers la mi-Février , lorfque les grands froids fe- ront pañlés , femez l’ayoine , à moins que la terre ne foit trop humide. Semez-la plütôt dans les terres for- tes que dans les terres légeres & maigres, fi vous craignez qu’elle ne verfe, Prenez pour un arpent huit ou neuf boiffeaux de femailles. Il faut que les terres où vous la répandrez, ayent eu un premier labour après la récolte des blés , & avant l’hyver. Le tems de fa femaille s’étendra jufqu’à la fin d'Avril : vous donnerez le fecond labour immédiatement avant que de femer : vous choifirez pour femer un tems un peu humide. Si votre terre eft forte , vous n’employerez point Ja charrue , pour recouvrir. Vous recouvrirez le grain femé dans les terres légeres , foitayec la char- tue , foit avec la herfe. Cela s’appelle érer deffous. Quand vos ayoines feront levées, vous les roule- rez; rouler, c’eft abattre, adoucir, ou douçoyer, ou ploutrer, ou caferles mottes, & refouler le plant, avec un gros rouleau de bois, qu’un cheval traîne ur toute la piece d’avoine, Vous n'oublietez pas de farcler &d’échardonner; il eft aufli bon que vous fachiez que l’avoine dégé- nere dans les terres froides, & que par conféquent il faut les rechauffer avec des fumiers ; que l’avoine que vous battrez pour en faire dela femencé ; n'ait point été échauflée. .. Vous.ne dépouillerez vos avoines qu'après les blés, fur la fin d'Août; quand vousles verrez jau- mes ou blanches, elles feront mûres. il vaut mieux les fcier queles faucher. Laïfez-les javeller, ou re- pofer quelque tems fur le champ. Quand la rofée ou la pluie commencera à les noïrcir , écochelez; écoche- der, c’eft ramafler l’avoine en tas avec des fourches, & en former des gerbes. Comine elle n’eft pas fujet- te à germer, on peut la laïffer un peu à la pluie, &. même l’arrofer s’il ne pleut pas. Un bon arpent d'avoine rapportera cent gerbes; un mauvais trente au moins ; & les cent gerbes don- neront trois feptiers-mine. Pour conferver vos avois res fur le grenier, mettez-y des feuilles dé laurier. Plus vous les garderez, plus elles décheoiront. Elles veulent être fouvent mamiées. Ne donnez point d’z- voine aux chevaux , fans l'avoir criblée & épouf- 1étSe. Les ayoines {e vendent ordinairement en Carême; c’eft le tems où les grandes maïfons & les brafleurs font leurs provifions. Dans Les endroits où l’on rade la mefure, celle d’avoine fe rade du côté rond, & les autres'grains par la rive quarrée ; c’eft la figure des grains qui fait cette différence. Il y a des endroits où elle fe livre à la mefure ferue ; c’elt-à-dire, qu'on frappe la mefure, foit avec la radoire, quand on ne la donne que rafe, foit avec la pelle, quand onJa four. mit comble, Il y a des provinces où fon boifleau eft beaucoup plus grand que celui du blé, &oùelle eft aflujettie à la verte moute. Voyez VERTE MOUTE, BoissEAU, MESURE. Son prix dépend de toutes les caufes qui font hauffler & baifer les autres grains. L’avoine {ert principalement À nourrir les che- vaux : On en fait du pain dans les tems de difette. Le gruau n’eft autre chofe que de l’avoire mondée. Voyez; GRUAU. Les Mofcovites en tirent par la diftil- lation , une liqueur dont ils ufent en euife de vin , & qui n’enivre guere moins, | Il ÿ a dans le Maine une avoize qui fe feme avant l'hyver, & fe récolte avant les feigles. Lavoine analy{ée donne une liqueur limpide, qui a l'odeur & la faveur d'avoine cuite , & qui eftun peu acide & obfcurément falée ; une liqueur roufä- tre, empyreumatique , acide , auftere , acre , pi- quante , avec indice de fel alkali; une liqueur bru- ne, alkaline , urineufe , & imprégnée de fel volatil urineux ; enfin de l’huile épaifle comme un firop. La malle noire reftée dans la cornue & calcinée pen- dant douze heures au feu de réverbere , a donné des cendres dont on a tiré par lixiviation du fel alkali. Ainfi l’avorne eft compolée d’un fel ammoniacal en- veloppé dans de Phuile; ce qui forme un mixte mu- cilagineux. | Les bowllons d’avoire font falutaires ; ils adoucif fent les humeurs ; ils divifent , ils pouffent par les urines , &r ils excitent quelquefois la tranfpiration. Ils font utiles dans les catarrhes , les enrouemens , la toux , l’ulcération & la fecherefle de gorge ; les aph. thes, la pleuréfie, la péripneumonie , les éréfipeles, & les fievres aiguës. L’ayoine torréfiée dans une poe- le avec quelques pincées de fel, mife chaude fur le ventre dans un linge fin, foulage la colique ; furtont fon y ajoûte le genievre &z le cumin ; & fa farine en cataplafme defleche & digere médiocrement. AVOIR , v. at, serme de Commerce & de teneurs de livres, Les marchands & négocians, ou leurs com- mis & premiers garçons qui tiennent leurs livres , ont coûtume de mettre ce mot avoir en gros carac= tere au commencement de chaque page , à main droite du grand livre , ou livre d’extrait & de rai- fon , ce qu'ils appellent /e côté du crédis | ou des dettes aülives | par oppoñtion aux pages à gauche , qui font le côté du débit ou des dettes pañlives, qu’on diftin- gue par le mot doit aufli écrit en grofles lettres, Tous les autres livres des négocians qui fe tien- nent en débit & crédit, doivent pareïllement avoir ces deux titres à chacune des pages oppofées. Voyez LIVRE. : Le LÉ AVOIR DU POIDS, o4 AVERDUPOIS ,. ( Cowm- merce.) terme ufité en Angleterre, pour défigner une livre de 16 onces, Foyæ Poips. | La proportion d’une livre averdupois , à la livre #roy , eft celle de 17 à 14. Voyez LIVRE 6 ONCE. Toutès les marchandifes pefantes 1e vendent à V'avrrdupois , comme épiceries , fromage , laine , plomb, houblon, 6c. les boulangers, qui ne font point établis en des villes, font tenus de vendre leur pain à l’averdupois, & les autres à la livre sroy. Les Apothicaires achetent leurs drogues à l’averdupois, mais ils vendent leurs médicamens à la livre sroy. (SU * AVON, ( Géog. )ily a trois rivieres de ce nom en Angleterre ; l’une pafle à Bath, & à Briftol; l’au- tre à Salisbury ,. & la troifieme à Warvick. AVORTEMENT , s’employe ez Medecine pour l’accouchement avant terme, d’un fœtus humain im- parfait , foit vivant ou mort, Voyez ACCOUCHE- MENT 6 GROSSESSE. | Dans ce fens , avortement eft la même chofe que ce que nous appellons communément fauffe-couche, les Latins aborius , 8t quelquefois abaëtus. _ L’ayortement peut arriver dans tous les tems de la sroflefle : mais s’ilarrive avant le fecond mois après la conception , on l’appelle proprement fauffe con- ception , Ou faux germe. Voyez CONCEPTION. Il y a des exemples d’avortemens par la bouche, . Panus, le nombril, Ge, Voyez F&@TUS, EMBRYON, Ec. Le Les caufes ordinaires de l'avortement, font des éva- cuations immodérées, des mouvemens violens, des paflions foudaines , des frayeurs , 6c. les autres cau- les {ont la grofeur & la pefanteur du fœtus, lirrita- tion de la matrice , le relâchement des ligamens du placenta , la foibleffe & le défaut de nourriture du fœtus ; trop manger , de longs jeünes ou de longues veilles , lufage des corps baleinés , les mauvaifes odeurs, les violens purgatifs ; & en général tout ce qui tend à provoquer les regles. _ Les fymptomes qui précedent d'ordinaire l’avorte. ment, {ont une fievre continue ou intermittente, une douleur dans les lombes &c à la tête , une pefanteur des yeux, un affaiffement &unrefferrement du ven- tre ; un écoulement de fang pur ou aqueux ; une diminution des mammelles, un lait féreux, Gc. lorf- que le moment de la fauffe couche eft venu , les dou- leurs font à peu-près les mêmes que celles de Pac- couchement. | L’avortement eft dangereux quand la groffeffe eft fort avancée, & qu'ainfi le fœtus eft d’une groteus confidérable ; quand la caufe eft très-violente , qu la malade a de fortes convulfions, que TEE ment eft précédé ou fuivi d’une grande hémorrhagie, que le fœtus eft pourri, 6. Dans d’autres cas, il eft rarement mortel. | . Le traitement doit être conforme aux fymptomes particuliers & aux circonftances. Si la malade eft pléthorique , 1l faut faigner dès que les premiers fymptomes paroïflent. En cas d’hémorrhagie, il faut avoir recours aux aftringens appropriés ; & s'ils ne réufiflent pas, aux fomentations , aux injettions, aux fumigations. S'il y a un ténefme , 1l faut em- ployer la rhubarbe ; 8 s’il y a un relâchement habi- tuel dés vaifleaux de la matrice , on fe fervira du gayac. Voyez GROSSESSE. (N) AVORTON , fm. fe dit en général de tout ce qui vient avant le tems légitime , celui de fa maturité ou de fa perfeétion , arbres , fruits, plantes , ani- maux. Voyez AVORTEMENT. Nous avons un traité fait exprès fur le baptème des avortons. Le deffein de l’anteur eft de montrer qu'un avortor peut êt doit être baptifé en quelque tems & à quelque terme qu'il vienne au monde ; par la raïon qu'on ne connoït pas le tems précis où le fœtus commence d’être animé. Cet ouvrage -gontient plufieurs chofes çurieufes & rares, Il eft AUR Ss intitulé Homo dubius , five de baptifino abortivorum. Lugd. 1674. 1-4, (N) * AVOT,, f. m. eft en Flandre une mefure de foli- des. Quatre avors font la rafiere, & la rafiere con- tient environ 100 livres de Colzat poids de marc, la graine étant bien feche. * AVOTH-JAIR , ou villes de Jair. ( Géog. LE Hifi, Jainte.) elles étoient au nombre de trente, Jair juge des Ifraélites , en étoit maître ; il avoit trente fils, dont elles furent le partage. AVOUTRE, f. m. (Jurifprud, ) on AVOUESTRE ; termes qui fe rencontrent dans quelques-unes de nos anciennes coûtumes , & font fynonymes à adulterin. « Li avoutres, dit Beaumanoir, chap. xvüy, font chil » qui font engendrés en femmes mariées, d'autrui » que de leurs feigneurs ou hommes mariés ». (4) * AURA 0% GALLINASSA , ( Hifi. nar. ) oïfeau d'Amérique, qu’on appelle co/quauth dans la nouvel- le Efpagne ; il a Le fond de la couleur noir ; quelques teintes de rouge au cou , à la poitriné & aux aïles, les angles & le bec recourbés, les paupieres rouges & du poil au front. On prétend qu’il vole prefque toljours , 8 qu’il fe nourrit de ferpens. Si on com- pate cette defcription avec celle d’avocere , qui pré- cede , ou celle d’atruche qui va fuivre , on s’apper- cevra aïfément combien elle eft défetueufe. * AURACH, ( Géog. ) ville d'Allemagne dans la partie méridionale de la Souabe, au duché de Wir- tembere, fur le ruiffleau d’'Ermft. Lo. 25. 4. lar. HS LS. | * AURAIN, petite ville de France dans la génera= té & l’életion de Paris. . AURAIS, ( Geéog. anc, 6 mod. ) anciennement 44- dus , montagne de Barbarie en Afrique , au royaume. de Tunis, proche la côte. | * AURAY , ville & port de France dans la bafle Bretagne & le golfe Morbian, Long, 47. 44. lan 14. 40.8. * AVRANCHES, ( Géog. ) ville de France en bafle Normandie, dans la contrée appellée de fon non l’Ayranchife, proche la riviere de Sée, Lon. 16, 17:22. lat. 48. 41.8. * AURAZ-ER-ZEB , partie du mont Atlas qui . s'étend beaucoup fur les confins de la Conftantine & de Zeb, * AURE , (Geog.) al y a en France trois petites rivieres de ce nom; l’une dans le Perche, qui a fa fource à la forêt de Perche , pafle à Verneuil, Tils liers & Nonancourt, & fe jette dans l’Eure proche Anet ; l’autre dans l’élettion de Bayeux , baigne les murs de cette ville à lorient , fe joint enfute à la Drôme ; & fe perd avec elle; la troifieme dans le Berry, pañle à Bourges, & reçoit l’Aurone &c FAu- Telle Jen AUREA-ALEXANDRINA , en Pharmacie, ef- pece d'opiate ou d’antidote renommé par les livres des anciens , & compofé de quantité d’ingrédiens. On le nomme aurea , de l'or qui entre dans fa compoftion ; & alexandrina , d'Alexandre medecin qui en fut l'inventeur. On dit qué c’eft un bon préfer- vatif contre la colique & l’apoplexie : mais on lui attribue une infinité de vertus dans l’épilepfe, les maladies des yeux , les affeétions de la poitrine & dx bas-ventre. On en peut voir la recette dans Myrep- Jus; la dofe eft de la groffeur d’une noïfette. Il faut remarquer que toutes les drogues qui y entrent, aw nombre de {oixante-douze , en font un éleftuaire des plus compofés, & dont la plüpart des ingrédiens perdent leur vertu par le mélange, & deviennent inutiles. D'ailleurs ce remede n'étant compofé que. de plantes aromatiques , & de drogues extrèmement chaudes , ne peut convenir que dans les cas oùil faut employer des remedes fortifians , reftaurans & to- niques ; dans çes cas la thériaque vaut mieux à tous 386 AUR égards que lantidote d'Alexandre, 7. Corptaz; ALEXIPHARMAQUES ; THERIAQUE. ( N) * AUREGUE, petite riviere de France en Picar- die, traverfe le Santerre, pafle à Roye, & fe jette dans la Somme, AUREILLON , f m. partie du métier d’étoffè de Joie. I y a pluñeurs aureillons au métier d’étoftes de foie; ils fervent à tenir les enfuples fur lefquelles font pliées les chaînes de foie : ces aureillons {ont cloüés contre les piés de derriere du métier ; il en faut deux pour chaque enfuple. . Aureillon férvant a porter la banquette. X\ faut deux aurellons de cette efpece ; ils fervent à appuyer la banquette , & font cloïés aux piés de devant le mé- ter. Voyez l’article VELOURS, où nous expoferons toutes les parties du métier. * AURELIENNE , adj. ( 4x4. ) nom d’une por- te de Rome placée au haut du Janicule, On l’appelle aujourd’hui porte de $. Pancrace. AURENGABAD , ville des Indes, capitale de la province de Balagate, dans les états du Mosgol. Long. 93.30. lat. 19.710. AURÉOLE ,o4 COURONNE DE GLOIRE, af feétée par les peintres & les fculpteurs aux faints, aux vierges , aux martyrs & aux doëteurs, comme un témoignage de la viétoire qu'ils ont remportée. Voyez COURONNE. Le pere Sirmond dit que cette coûtume eftemprun- tée des payens, dont l’ufage étoit d’environner de rayons les têtes de leurs divinités. ( À * AURIBAT , (Pays D’) Géos. contrée de Fran- ce , partie des Landes , fituée pres de l’Adour & de Dax fa capitale, habitée autrefois par les Tarbel- lens, *“AURICK, ( Géog. ) ville d'Allemagne dans lOoftirile , ou Frite orientale, au cercle de Weft- phale, Long. 24. lat. 53. 28. *AURICULAIRE, ce qui eft relatif à l'oreille. #. OREILLE. | . Ainfi difons-nous wz rémoin auriculaire , auriculus teflis ; un témoin par oùi-dire. #. TEMOIN , PREU- VE, TEMOIGNAGE , €c. Ainf confeffion auriculaire, eft celle qui fe fait fe- cretement-à l'oreille. Foyez CONFESSION. AURICULAIRES , medecines, medicamens que l’on prend dans les maladies de l'oreille. | Le doigt qui fuit le petit doigt s’appélle auriculaire, en Grec wrirne, à caufe que l’on s’en cure Poreille. AURIGA , nom Latin de la conftellation du Co- cher. Voyez COCHER.(0O) * AURIGNY , petite ile fur les côtes de Norman- die auprès du Cotentin , fujette aux Anglois. AVRIL, {. m. quatrieme mois de l’année , fuivant la fupputation ordinaire. C’étoit le fecond mois de l’ancienne année Romaine, c’eft-à-dire , de l’année de Romulus, quicommençoit par Mars , & qui avoit dix mois. Numa ajoûta à cette année les deux mois de Janvier & Fevrier, & le mois d’Avri/ fe trouva alorsle quatrieme. Foyez Mots. - Ce mot vient du Latin aprilis, d’aperio , j'ouvre , à caufe que dans ce mois la terre commence À ouvrir fon feim pour la produétion des vésétaux. #. PrIN- TEMS. + Dans ce mois le foleil parcourt le figne du Tau- “eau, ou, pour parler plus exaftement , le foleil en-. tre au figne du Taureau versle 20 d’4yri/, & paroît parcourir ce figne jufqu’au 20 deMaï environ; c’eft- à-dire, que la terre parcourt alors réellement le fi- gne du Scorpion, oppoié à celui duFaureau. Voyez SOLEIL 6 TAUREAU. (O0) | * AURILLAC , ( Géog. ) ville de France dans la baffe Auvergne , fur la Jordane. L. 20. 3. 1144. 44. AURILLAGE , o4 AURISLAGE., terme ufté dans quelques coñtumes pour fignifier le profit des ruches de AUR moriches à miel qui n’ont point de maître : ce profit: appartient dans quelques éndroits au feigneur, &z dans d’autres au roi. (Æ | AURILLAS , adj. pl. ( Manéoe. ) chevaux aurillas , . font ceux qui ont de grandes oreilles, & qui les bran- lent iouvent. (F7 ) AURIOLE , ( Géog.) petit royaume de la pref- qu'ile de l'Inde , en-decçà du Gange ou du Malabar. 11 y a à 15 lieues de Calicut, une petite ville de même nom. AURONE , abrotanum , genre de plante qui ne difx fere de l’abfinthe que par fon port extérieur ; car les fleurs & les fruits de ces deux genres de plante font entierement femblables. 7. ABSYNTHE. Tour nefort ; {nf£. rei herb. W oyex PLANTE. (1) L [y a plufeurs efpeces d’aurone d’ufage en Mede- cine. | La premiere eft labroranum mas anpuflifolium majus. C. B. Elle contient beaucoup d’huile exaltée, des {els volatils & fixes : elle eft incifive, atténuante , apénitive, déterfive, vulnéraire, réfolutive: elle réfifte aux venins ; elle tue les vers ; elle eff diuréti- que , emménagogue , carminative : le jus des feuil- les & la leflive de leurs cendres font croître les chez VEUX. | La feconde eff labrotanum femina, où chamæ-cype- rifus off. germ. La vertu eft la même que dans la pré- cédente. | La troifieme efpece eft l’abrotanum campeflre, C.B. P. artemifia tenuifolia offic. hifl. Oxon. Cette efpece eft tantôt verdâtre, tantôt blanchâtre, & quelque- fois d’une odeur & d’un goût approchant de la carli- ne : elle croit dans les lieux incultes ; elle eft incifi- ve & apéritive comme l’armoife. On dit qu’elle cal- me les douleurs des nerfs & de l’eftomac. (N AURORE, . f. (4ffron. phyfq. ) eft le crépuicule du matin, cette lumiere foible qui commence à pa- roître quand Le foleil eft à 18 degrés de l’horifon, & qui continue en augmentant jufqu'’au lever du foleil, Voyez CRÉPUSCULE. Nicod fait venir ce mot du verbe aurefto, deri- vé d’aurum, quia ab oriente fole aer aurefeir , par- ce que le foleil levant dore, pour ainfi dire, Patmof- phere. | | Les poëtes ont perfonnifié laurore. Voyez plus bas AURORE ( Myth.) | AURORE BORÉALE 04 LUMIERE SEPTENTRIO= NALE, aurora borealis, efpece de nuée rare , tranfpa- rente & lumineufe , qui paroît de tems en tems fur Phorifon , la nuit, du côté du nord. Ce phénomene n’a pas été inconnu aux anciens. | On en trouve la defcription dans Ariftote , Méréo- rol, L. I. ch. iv. $. Pline, Mf. nar. LIT. c.xxvy7, Sene- que, Queff. nar, l. I, c, xv. & d’autres qui font venus après eux. M. de Mairan nous a donné une lifte exaéte de ces auteurs, dans fon raité de l'aurore boréale, ou= vrage plein de recherches curieufes, tant hifforiques que phyfiques & géométriques, & le plus complet que nous connoiflions fur cette matiere, pe Mais les anciens ont en quelque forte multiphé ce phénomene en lui donnant différens OMS. On croyoit autrefois qu'il ÿ avoit un grand mérite à {avoir inventer des noms pour chaque chofe. Ce ta- _ lent s’eft exercé fur le phénomene en queftion. On donne le nom de poutre à une lumiere oblongue , qui paroît dans l’air , & qui eft parallele à Phorifon. Cette même forte de lumiere s’appelle ffeche, lorfqu’une de fes extrémités forme une pointe en maniere de fle- che. La torche eft une lumiere qui fe tient fufpendué en l’air de toutes fortes de manieres , mais qui a uné de fes extrémités plus large que l’autre. On appelle chevre danfante une lumiere à laquelle le vent.fait prendre diverfes figures, & qui paroît tantôt rom pue & tantôt en fon entier, Ce qu’on nomme É0cky= roë ou antre , n’eft autre chofe qu'un air qui paroît creufé en-dedans , comme une profonde caverne , & qui ett entouré comme d’une couronne. On appelle pythie où tonneau, la lumiere qui {e manifefte fous la forme d’un gros tonneau rond qui paroït brûlant. IL eft aifé de s’appercevoir que tous ces noms-là font de peu d'importance , & qu’on en peut imventer lut- vant les différentes formes que prend la lumiere, fans être plus habile pour cela. Mufich. £fay de Phyfique. Ces phénomenes ne paroïffent pas fouvent dans les pays de l’Europe qui font un peu éloignés du pole feptentrional : mais ils font à prétent fort ordinaires dans les pays du nord. Il eft certain , par les obterva- tions de MM.Burman &Celfus,queles aurores boréales fort éclatantes n'avoient jamais été fi fréquentes en Suede , qu’elles l'ont été depuis l'an 1716. On ne doit pourtant pas croire qu'il n'y en ait point eu avant ce tems-là , puitque M. Léopold rapporte dans {on voya- ge de Suede, fait en 1707, quil avoit vü une de ces aurores dont la clarté étoit fort grande. Cet auteur , après nous avoir donné la deicription de cette lu- miere , cite un pañlage tiré du x. chap. de la Deferip- tion de l'ancien Groenland par Thormodus Torfeus , qui prouve que l'aurore boréale étoit alors connue ; &c on en trouve même dans cet ouvrage une figure tout- à-fait curieufe. Comme ce phénomene étoit aflèz peu connu & aflez rare avant l’an 1716, M. Celfus , ha- bile Aftronome , prit alors la rétolution de l’obferver exaltement, & de marquer le nombre de fois qu'il paroîtroit. Quoique cet auteur n'ait commencé à faire fes obfervations qu'après lan 1716, il n’a pas Hiffé de trouver que cette lumiere avoit déjà paru 316 fois en Suede, &ila fait un livre où ces obferva- tions font raflembiées : on a aufli vù plufieurs fois ces fortes d’aurer:s boréales en Angleterre & en Allema- gne : elles ont été moins fréquentes en France, &ten- core moins en Italie ; de forte qu’elles n’avoient êté vües de prefque perfonne avant l'an 1722, qu'après ce tems-là, onne les avoit encore vües que 2 ou 3 fois à Bologne.Celle qui a paru en 1726,a été la premiere qui ait été obfervée avec quelque foin en Italie. Com- ment, Bonon. p. 28.5, On a commencé à les voir fré- quemment en Hollande depuis l’an 1716,de forte que depuis ce tems-là jufqu’à préfent , on a püû les y obter- ver peut-être autant qu’on l’avoit fait, en remontant de cette époque au déluge. On peut diftinguer les awrores boréales en deux ef- peces ; favoir en celles qui ont une lumiere douce & tranquille , & celles dont la lumiere eft refplendif- fante : élles ne {ont pas toûjours accompagnées des mêmes phénomenes. On y peut obferver plufieurs variations. Voici les principales. Dans la région de l’air qu eft dire&te- ment vers le nord, ou qui s'étend du nord vers l’o- tient, ou vers l'occident, paroït d’abord une nuée horifontale qui s’éleve de quelques degrés, mais ra- rement de plus de 40 au-deflus de l’horifon. Cette nuée eft quelquefois {éparée de l’horifon , & alors on voit entre-deux le ciel bleu & fort clair. La nuée oc- cupe en longueur une partie de l’horifon , quelque- fois depuis $ jufqu’à 100 degrés, & même davanta- ge. La nuéeeft blanche & brillante ; elle eft auf fou- vent noire & épaifle. Son bord fupérieur eft paral- ele à lhorifon » && forme comme une longue traînée éclairée, qui eft plus haute en certains endroits, & plus bafle en d’autres: elle paroît auffi recourbée en maniere d’arc , reflemblant à un difque orbiculaire qui s’éleve un peu au-deflus de l’horifon , &c qui a fon centre au-deflus. On voit quelquefoisune large bande blanche ou luifante qui tient au bord fupérieur de la nuée noire. La partie fombre de la nuée fe change aufli en une nuée blanche & Iumineufe , lorfque l’ax- rore boréale a brillé pendant quelque tems , & qu’elle a dardé plufieurs verges ardentes &c éclatantes. Il part AUR 887 du bord fupérieür de la nuée , des rayons fous la for ne de jets, qui font quelquefois en grand, quelquez fois en petit nombre, tantôt les uns proches des au- tres, tantôt à quelques degrés de diftance, Ces jets répandent une lumiere fort éclatante , comme fi une liqueur ardente & brillante fortoit avec impétuofité d'une feringue. Le jet brille davantage, & a moins de largeur à l'endroit du bord d’où il part; il fe dilate & s’obfcurcit à mefure qu’il s’éloigne de fon origine. Il s’éleve d’une large ouverture de lanuée une colonne lumineufe comme une fufée, mais dont le mouve- ment eft lent 8 uniforme , & qui devient pluslarge en s’avançant. Leurs dimenfions &c leur durée wa- rient, La lumiere en eft blanche , rougeâtre, ou de couleur de fang ; lorfqw’elles avancent , les couleurs changent un peu, & forment une efpece d’arc-en- ciel, Lorfque plufeurs colonnes, parties de divers endroits , fe rencontrent au zénith , elles fe confon- dent les unes avec les autres, &c forment par leur mélange une petite nuéé fort épaifle, qui fe mettant d'abord en feu, brûle avec plus de violence, & ré- pand une lumiere plus forte que ne faifoit auparavant chaque colonne féparément. Cette lumiere devient alors verte, bleue & pourpre ; & quittant fa premiere place , elle fe porte vers le fud fous la forme d’un pe- tit nuage clair, Lorfqu’il ne fort plus de colonnes , la nuée ne paroît fouvent que comme le crépufcule du matin, & elle fe diffipeinfenfiblement, Voyez un plus orand détail dans Muflchenbroek , effai de Phyfique, p.1658. & Juiv. Ce phénomene dure quelquefois toute la nuit ; on lé voit même fouvent deux ou trois jours de fuite. M. Muflchenbroek l’obferva plus de dix jours & dix nuits de fuite en 1734, & depuis le 22 jufqu'au 31 Mars 1735. La nuée qui fert de matiere à l’arore bo- réale, dure fouvent plufieurs heures de fuite fans qu’on y remarque le moindre changement ; car on ne voit pas alors qu’elle s’éleve au-deflus de l’horifon , ou qu’elle defcende au-deffous. Quelquefois elle fe meut un peu du nord à l’eft ou à l’oueft; quelquefois aufli elle s'étend beaucoup plus loin de chaque côté, c’eft- à-dire vers l’eft & l’oueft en même tems, & il arrive alors qu’elle darde plufeurs de ces colonnes lumi- neufes dont nous avons parlé. On l’a auf vü s’éle- ver au-deflus de l’horifon , & fe changer entierement en une nuée blanche & lumineufe. Enfin la lumiere naît & difparoît quelquefois en peu de minutes. Plufieurs philofophes croyent que la matiere de l'aurore boréale eft dans notre atmofphere. Ils s’ap- puient , 1°. fur ce qu’elle paroït le foir fous la forme d’un nuage, qui ne differe pas des autres nuages que nous voyons communément : &c ce n’eft en effet qu'un nuage placé à la même hauteur que les autres , autant que la vüe en peut juger. On peut l’obferver même pendant le jour : il reflemble alors aux nuages à ton- nerre , excepté qu'ileft moins épais , d’un bleu tirant für le cendré, & flottant doucement dans l'air. Lorf qu'on voit un pareil nuage au nord, au nord-eft, ou au nord-oueft, il paroît fûrement une aurore boréale, 2°, Comme la nuée lumineufe fe tient plufieurs heu- res de fuite à la même hauteur au-deflus de l’horifon, elle doit néceflairement fe mouvoir en même tems que notre atmofphere ; car puilque la terre tourne chaque jour autour de fon axe, cette nuce lumineufe devroit paroître s'élever au-deffus de l'horifon , & defcendre au-defflous, f elle étoit fupérieure à Pat- mofphere. Cette nuée étant donc emportée en même tems que notre atmofphere , il y a tout lieu de croire qu’elle s’y trouve effe&ivement. 3°. Il y a plufeurs aurores boréales que l'on ne fauroit voir en même tems de deux endroits peu éloignés l’un de l'autre, ce qui prouve qu’elles ne font pas toïjours à une hauteur confidéräble, & qu’elles font fürement dans notre atmofphere. Quelques grands Mathématiciens ont 385 AUR entrepris de donner des regles pour déterminer cette hauteur, par la portion de la nuée lumineufe , vie en un feul endroit. D’autres ont eu recours à la hau- teur du phénomene và en divers endroits à la fois. Mais il n’eft pas bien certain fi l’aurore boréale, qui a été fi commune en 1716, 1726,1720, 1736, & qui a paru dans la plüpart des endroits de l'Europe, étoit toùjours la mème lumiere quife tenoit & brilloit à la même place ; dé forte qu’on ne fauroit déterminer fürement la parallaxe ni par conféquent la véritable difance de ce météore, par la hauteur où on l’a vû de divers endroits. : La matiere de l'aurore boréale eft de telle nature qu’elle peut s’enflammer , & répandre enfuite une lumiere foible. Cette matiere eft alors fi raréfiée, qu’on peuttojours voir les étoiles à-travers ; de forte que non-feulement les colonnes , mais auf la nuée blanche, & même la nuée noire , tranfmettent la lu- miere de ces aftres. On ne fauroit déterminer avec certitude la nature de cette matiere. La Chimie nous fournit aujourd’hui plufieurs matieres qui peu vent s’enflammer , brûler par la fermentation , & jetter de la lumiere comme le-phofphore. Qu'on mêle du tartre avec le régule d’antimoine martial , & qu’on fafle rougir long-tems ce mêlange dans un creufet, on en retire une poudre qui s’enflamme , lorfqu’on l’expofe à un air humide ; & fi elle vieillit un peu, elle devient fort brûlante. L’aurore boréale n’eft pas une flamme comme celle de notre feu ordi- naire : mais elle reflemble au phofphore, qui ne luit pas d’abord, &c qui jette enfuite une lunmere foible. Les colonnes que darde la nuée lumineufe, font com- me la poudre du phofphore que l’on fouffle dans l'air, ou qu’on y répand en la faifant {fortir du cou d’une bouteille ; de forte que chaque parcelle jette à la vé- rité une lueur, maïs elle ne donne pas de flamme ou de feu raffemblé ; & la lumiere eft fi foible, qu’on ne peut la voir pendant le jour, ni lorfque nous avons en été le crépufcule du foir quirépand une trop gran- de clarté. Cette matiere approche donc de la nature du phofphore : mais quoique nous en connoïflions peut-être plus de cinquante efpeces , nous n’oferions cependant aflürer que la nature ne renferme pas dans {on fein un plus grand nombre d’efpeces de matieres femblables, puifque l’art nous en fait tous les jours découvrir de nouvelles. Muffch. I! eft vraïffemblable , felon quelques phyfeiens, que cette matiere tire fon origine de quelque région feptentrionale de la terre , d’où elle s'éleve êc s’éva- pote dans l’air. Il s’en eft évaporé de nos jours une plus grande abondance qu'auparavant, parce que, difent-ils, cette matiere renfermée dans les entrailles de la terre, s’eft détachée & s’eft élevée après avoir été mife en mouvement ; de forte qu’elle peut à pré- fent s'échapper librement par les pores de la terre, au lieu qu'elle étoit auparavant empêchée par les ro- chers, les voûtes pierreufes, ou par des croûtes de terres compactes & durcies , ou bien parce qu’elle étoit trop profondément enfoncée dans la terre. Ainfi nous ne manquerons point de voir des aurores boréz- Les aufi long-tems que cette matiere fe raffemblera , & qu'elle pourra s'élever dans l'air : mais dès qu’elle fera diffipée , ou qu’elle viendra à fe recouvrir par quelque nouveau tremblement de terre, on ne verra plus ces aurores , &t peut-être cefferont - elles même de paroître entierement pendant plufieurs fiecles. On peut expliquer par-là pourquoi lon n’avoit pas ap- perçü cette matiere avant l’an 1716’, tems auquel on fut tout furpris de la voir fubitement fe manifefter , comme fi elle fortoit de la terre en grande quantité. Cette matiere fe trouve peut-être répandue en plu- fieuts endroits de notre globe ; & il y a tout lieu de croire que ces lumieres , dont les anciens Grecs &z Romains font mention, & dont ils nous donnent eux- fmêmes la defcription, étoient produites par une ma. tiere femblable qui fortoit de la terre en Italie & dans la Grece, Si ces phénomenes euflent été alors auf peu fréquens en Italie qu'ils le font aujoure’hui , ni Pline , ni Seneque, n’en auroient pas parlé, comme nous voyons qu'ils ont fait. Il a paru plufeurs expli- cations de lPawrore boréale : mais 1l n’y en a peut-être aucune qui foit pleinement fatisfaifante. L'ouvrage de M. de Mairan, dans lequel 1l propofe fon hypo- thefe fur ce fujet , & rapporte plufeurs phénomenes tout-à-fait curieux, eft le plus convenable à ceux qui veulent s’inftruire à fond de tout ce qui concerne ce météore. M. de Mairan l’attribue à une atmo- phere autour du foleil. Foyez LUMIERE zODprAcA- LE, Selon lui cette atmofphere s'étend jufqu'à Por bite terreftre & au-delà , & le choc du pole de la terre contre cette matiere, produit laurore boréale. Mais c’eft faire tort à fon hypothefe, que de l’expofer fi fort en abregé. Nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer nos leéteurs à l'ouvrage mème. Comme les nuées qui forment l’aurore boréale pa- roïffent au nord, il n’eft pas difhcile de comprendre qu’elles peuvent être pouflées par un vent dans no tre atmofphere vers l’eft, le fud ou l’oueit, où nous pourrons les voir, de forte que nous devrons alors leur donner le nom d’awrores iméridionales. M. Muf- fchenbroek croit avoir apperçù deux de ces lumie- res méridionales en 1738. Le favant M. Weidler nous a aufli donné la defcription d’une femblable lumiere qu’il avoit vûe lui-même entre l’oueft & le fud-oueft le foir du 9 Oëtobre de l’année 1730 , entre 87 & 9 heu. 47/. Elle paroïfloit comme un arc blanc & lu- mineux, élevé de onze dégrés au-deflus de l’horifon, &c dont le diametre étoit de trois degrés. On trouve aufli deux femblables lumieres méridionales dans les Mémoires de l’Académie royale des fciences. Le phé- nomene que vit le pere Laval à Marfeille en 1704, étoit apparemment une lumiere de cette nature ; car il parut dans l’air une poutre lumineufe , pouffée de l’eft à l’oueft affez lentement : Le vent étoit à left. À Montpellier on vit le même foir dans l’air deux pou- tres lumineufes pouffées de la même maniere. Con- cluons toutes ces cbfervations par celle-ci: c’eff que cette lumiere ne produit dans notre atmofphere au- cun changement dont on puifle être aflüré , & qu'el- le n’eft caufe d’aucune maladie, ni du froid qui fur- vient, n1 d’un rude hyver, comme quelques favans Pont crû , puifqu’on a eu des hyvers doux après qu'el- le avoit paru. Maffch. La figure premiere PL. Phyf. repréfente la fameufe aurore boréale de 1726 , telle qu’elle parut à Paris le 19 Oftobre 1726 à 8 heures du foir dans tout lhémif- phere feptentrional : & la figure 2 en repréfente une autre vüe à Gieflen le 17 Fevrier 1731, dépouillée des rayons & jets de lmiere. M. de Maupertuis, dans la relation de fon voyage au nord, décrit en cette forte Les awrores boréales qui paroïflent l’hyver en Laponie. « Si la terre efthorri- » ble alors dans ces climats, le ciel préfente aux yeux » les plus charmans fpettacles. Dès que les nints com- » mencent à être obfcures, des feux de mille couleurs » & de mille figures éclairent le ciel, & femblent vou- » loir dédommager cette terre, accoütumée à être » éclairée continuellement , de l’abfence du foleil qui » la quitte. Ces feux dans ces pays n’ont point de fi- »tuation conftante comme dans nos pays méridio- » naux, Quoiqu'onvoyefouventunarc d’unelumiere » fixe vers le nord, ils femblent cependant le plus fou- » vent occuper indifféremment tout le ciel. [ls com- » mencent quelquefois par formerunegrande écharpe » d’une lumiere claire & mobile , qui a fes extrémités » dansl’horifon , & qui parcourtrapidement les cieux, » par un mouvement femblable à celui du filet des pé- » cheurs, confervant dans ce mouvement aflez fenf- | » blement AUR ÿ blement la diretion perpendiculaire au méridien. » Le plus fouvent après ces préludes, toutes ces lu: » mieres viennent fe réunir vers le zénith, où elles » forment Le fommet d’une efpece de couronne. Sou- # vent des arcs femblables à ceux que nous voyons » en France vers le nord, fe trouvent fitués vers le # midi; fouvent il s’en trouve vers le nord & vers le # midi tout enfemble : leurs fommets s’approchent, # pendant que leurs extrémités s’éloignent en def- » cendant vers l’horifon. J'en ai vû d’ainfi oppofés, » dont les fommets fe touchoient prefqu’au zénith; » les uns & les autres ont fouvent au-delà plufieurs » arcs concentriques. [ls ont tous leurs fommets vers # la direction du méridien, avec cependant quelque # déclinaifon occidentale, qui ne paroït pas toùjours » la même, & qui eft quelquefois infenfible. Quelques- »# uns de ces arcs, après avoir eu leur plus grande lar- » geur au-deflus de l’horifon, fe reflerrent en s’appro- >» chant, & forment au-deflus plus de la moitié d’une » grande ellipfe.On ne finiroit pas, fi l’on vouloit dire » toutes les figures que prennent ces lumieres, ni tous » les mouvemens qui les agitent. Leur mouvement le » plus ordinaire, les fait refflembler à des drapeaux » qu'on feroit voltiger dans l’air ; & par les nuances » des couleurs dont elles font teintes, on les prendroit » pour de vaftes bandes de ces taffetas que nous ap- # pellons flambés. Quelquefois elles tapiffent d’écar- »# late quelques endroits du ciel. » M. de Maupertuis vitun jour à Ofwer-Tornea° (c’étoit le 18 Décembre 1736) un {peétacle de cette efpece, qui attira fon ad- miration, malgré tous ceux auxquels 1l étoit accoù- tumé. On voyoit vers le midi une grande région du ciel teinte d’un rouge fi vif, qu’il fembloit que toute la conftellation d’Orion fût trempée dans du fang. Cette lumiere, fixe d’abord, devint bientôt mobile ; & après avoir pris d’autres couleurs de violet & de bleu, elle forma un dome, dont le fommet étoit peu éloi: né du zénith vers le fud-oueft; le plus beau clair de et n’effaçoit rien de ce fpettacle. M. de Mauper- tuis ajoûte qu'il n’a vû que deux de ces lumieres rou- ges, qui font rares dans ce pays, où 1l y en a de tant de couleurs, & qu’on les y craint comme le figne de quelque grand malheur. Enfin lorfqw’on voit ces phé- nomenes, on ne peut s'étonner que ceux qui les re- gardent avec d’autres yeux que les philofophes , y voyent des chars enflammés, des armées combat- tantes, & mille autres prodiges. . Le même favant dont nous venons de citer ce paf fage, a donné dans les Mémoires de l’Académie de 1733, la folution très-élégante d’un problème géo- métrique fur l’asrore boréale. M..le Monnier, dans ès Znffirutions affronomiques, croit que la formation des aurores boréales eft dûe à une matiere qui s’exhale de notre terre, & qui s’é- leve dans l’atmofphere à une hauteur prodigieufe. Il obferve, comme M. de Maupertuis, que dans la Suede il n’y a aucuné nuit d’hyver où l’on n’apper- coive parmi les conftellations ces aurores, & cela, dans soures les regions du ciel; circonftance bien efen- tielle pour apprétier les explications qu’on peut don: ner de ce phénomene. Il croit que la matiere des ax- rores boréales eft aflez analogue à celle qui forme la queue des cometes. Voyez COMETE, >. Prefque tout cetarticle eft de M. Formey. (0) . * AURORE, {.f. (Myrh.) déeffe du paganifme, qui ptéfidoit à la naïffance du jour. Elle étoit fille d'Hy- perion & d’Æthra, ou Thea, felon quelques-uns ; & felon d’autres, du foleil & de la terre. Homere la cou- vre d’un grand voile , & lui donne des doigts & des chevaux couleur de rofe ; elle verfe la rofée , & fait éclorre les fleurs. Elle époufa Perfée , dont elle eut pour enfans les vents, les aftres, & Lucifer. Tithon fut le fecond objet de fa tendrefle : elle l’enleva, le porta en Ethiopie, l’époufa, & en eut deux fils, Ema- (117 Che . ] AUR 889 thion & Memnon. Tithôn fut rajeuini pat Jupiter à [a ptiere de l’Aurore; on peut voir les conditions de cetté faveur du pere des dieux, & la courte durée de la féconde vié de Tithon, dans une petite piece de M: de Montcrif, écrite avec beaucoup d’efprit & de lé- gereté. Le jeune Céphale fuccéda au vieux Tithon entre les bras de la téndre Aurore, qui n’eût jamais été infidele, fi Tithon n’eût jamais vieilli. Aurore ar- racha Céphale à fon époufe Procris , & le tranfporta en Syrie, où elle en eut Phaéton. Apollodore Paccufe encore d’un troïfieme rapt, celui du géant Orion. Au refte la théologie des payens juftifie tous ces enleve« mens ; & il paroît que tous ces plaïfirs de l’Awrore n’é: toient qu'allégoriques, AURORE , ( Teinture.) jaune dore & éclatant com4 mé celui dont les nuées font ordinairement colorées au lever du foleil, Pour avoir l'aurore, les teinturiers ahineént & gaudent fortement , & rabattent enfuite avec le raücoux diflous en cendre gravelée. L’az: rore doit être aufi garencée ; c’eft l’Ordonnance de 1669 , article 24 du reglement fur les teintures. Foy. TEINTURE. SN UE L *AURUM MUSICUM , (Chim.) c’eit de l’étain qu'on a fublimé par lé moyen du mercure, 8 auquel on a donné la couleur d’or par le fimple degré de fe qui convient à cette opération. Nul autre métal ne {e fublime de même; excepté le zinc qu’on peut fubf: tituer à l’étain, ce qui a fait dire à M. Homberg, que le zinc contient de l’étain. Pour avoir l’aurum muficum, prenez, dit J. Kunc- kel de arte vitran& , lib. III. parties égales d’étain, de vifargent , de foufre, & de fel ammoniac ; faites fondre l’étain fur le feu, & verlez-y votre vif-argent, & laiffez-les refroidir enfemble ; faites fondre le fou: fre enfuite, & mêlez-y le fel ammonmiac bien pulvé: rifé, & laiflez refroidir de même; broyez-les enlui- te avec ioin ; joignez-y l’étain & le FE éryant , que vous ÿ mêlerez bien exaétement, & les réduifez en uné poudre déliée ; mettez lé tout dans un fort ma- tras à long cou, que vous luterez bien par le bas. Obfervez que les trois quarts du matras doivent de- meurer vuides : on bouche lé haut avec un couver- cle de fer-blanc, qu’on lutera pareillement, & qui doit avoir une ouverture de la grofleur d’un pois , pour pouvoir y faire entrer un clou, afin qu’il n’en forte point de fumée. Mettez le matras au feu de fa ble ou fur les cendres chaudes ; donnez d’abord ur feu doux , qué vous augmenterez jufqu'à ce que le matras rougifle ; vous Ôterez alors le clou pour voir s’il vient encore de la fumée ; s’il n’en vient point, laiflez le tout trois ou quatre heures dans une cha= leur égale ; vous aurez un très-bon aurum muficum ; qui eff très-propre à enluminer, à peindre les verres, & à faire du papier doré. Autré mariicre, Prénez uné once d’étain bien pur que vous ferez fondre ; mêlez-y deux gros de bif- muth ; broyez-bien le tout fur un porphyre. Prenez enfuite deux gros de foufre & atitant de fel ammo- niac, que vous broyerez de même; mettez le tout dans un matras ; du refte obfervez le procédé indi- qué ci-déflus, en prenant bien garde qu'il ne forte point dé fumée. Maniere de faire largenium muficum. Prenez une once & demie dé bon étain, que vous ferez fondre dans un creufet ; lorfqu’il fera prefque fondu , met- tez-y une 6nce & demie de bifmuth ; remnez le mê- lange avec un fil de fer, jufqu'à ce que le bifmuth {oit entierément fondu; vous ôterez alors le creufet du feu & laifferez refroidir ; mettez une once & de- mie dé vifargent dans le mélangé fondu, que vous remuerez-bien ; verfez le tout {ur une pierre polie, afin que la matiere fe fige. Quand on voudra en faire ufage , il faudra la délayer avec du blanc d’œuf ou du vernis blanc , de l’eau-de-vie où l’on aura fait VVYvY | 800 A US fondre de [a gomme arabique. Quand on s’en eft fer- vi, on polit l’ouvräge avec une dent de loup. * AUSBOURG , ville d'Allemagne , capitale du cercle de Souabe, entre la Werdach & la Lech. Long. 28. 28. lat, 48 24. AUSBOURG, (CONFESSION D’) Théol. formule ou profeflion de foi préfentée par les Luthèriens à l’empereur Charles V. dans la diète tenue à Æusbourg en 1530. Cette confeflion avoit été compofée par Melanch- ton, & étoit divifée en deux parties, dont la pre- miere contenoit 21 articles fur les principaux points de la religion. Nous allons les rapporter fommaire- ment. Dans le premier on reconnoïfloit de bonne foi ce que les quatre premiers conciles généraux avoient décidé touchant l’unité d’un Dieu &c le myftere de la Trinité. Le fecond admettoit le peché originel, de même que les Catholiques, excepté que les Luthé- riens le faifoient cote tout entier dans la concu- pifcence & dans le défaut de crainte de Dieu &c de confiance en fa bonté. Le troifieme ne comprenoit que ce qui eft renfermé dans le fymbole des apôtres touchant l’incarnation, la vie, la mort, la pañhon, la refurreétion de J. C. & fon afcenfion. Le quatrie- trieme établifloit contre les Pélagiens, que l’homme ne pouvoit être juftifié par fes propres forces : mais il prétendoit contre les Catholiques, que la jufti- fication fe faifoit par la foi feule, à l’exclufion des bonnes œuvres. Le cinquieme étoit conforme aux fentimens des Catholiques, en ce qu'il difoit que le Saint-Efprit eft donné par les facremens de la loi de grace : mais il différoit d’avec eux en reconnoiffant dans la feule foi opération du Saint-Efprit. Le fixie- me, avouant que la foi devoit produire de bonnes œuvres, moit contre Les Catholiques que ces bonnes œuvres ferviflent à la juftification, prétendant qu’el- les n’étoient faites que pour obéir à Dieu. Le feptie- me vouloit que l’'Eglife ne fût compofée que des feuls élüs. Le huitieme reconnoiïfloit la parole de Dieu & les facremens pour efficaces , quoique ceux qui les conferent foient méchans & hypocrites. Le neuvieme foûtenoit contre les Anabaptiftes la néceffité de bap- tifer les enfans. Le dixieme concernoit la préfence réelle du corps & du fang de J.C. dans l’'Euchariftie, que les Luthériens admettoient. Le onzieme admet- toit avec les Catholiques la néceflité de l’abfolution pour la rémiflion des pechés ; mais rejettoit celle de la confeflion. Le douzieme condamnoit les Anabap- tiftes qui foûtenoient l’inadmiffibilité de la juftice, & l’erreur des Novatiens fur l’inutilité de la pénitence: mais il nioit contre la foi catholique qu’un pécheur repentant püt mériter par des œuvres de pénitence la rémiffion de fes péchés. Le treizieme exigeoit la foi aûtuelle dans tous ceux qui reçoivent les facre- mens, même dans les enfans. Le quatorzieme défen- doit d’enfeigner publiquement dans l’Eglife, ou d'y adminiftrer les facremens fans une vocation légiti- me. Le quinzieme commandoit de garder les fêtes &c d’obferver les cérémonies. Le feizieme tenoit les or- donnances civiles pour légitimes, approuvoit les ma- giftrats, la propriété des biens, & le mariage. Le dix- feptieme reconnoïfloit la réfurre@ion , le jugement général, le paradis & l'enfer, 8 condamnoit les er- reurs des Anabaptiftes fur la durée finie des peines de l'enfer, & fur Le prétendu repne de J. C. mille ans avant le jugement. Le dix-fuitieme déclaroit que le libre arbitre ne fufifoit pas pourice qui regarde le fa- lut. Le dix-neuvieme, qu’encoretque Dieweût créé | l’homme & qu'il le confervât, 1l n'étoit, ni ne pou- voit être, la caufe de fon peché. Le vingtieme, que les bonnes œuvres n’étoient pas tout-à=fait inutiles. Le vingt-unieme défendoit d’invoquer les SS. parce quec’étoit, difoit-1l, déroger à la médiation de Je- {us-Chrift, La feconde partie qui concernoit feulementies cés rémonies & les ufages de l’'Eglife, que les Proteftans traitoient d’abus, &c qui les avoient obligés , difoient. ils, à s’en féparer , étoit comprife en fept articles. Le premier admettoit la communion fous les deux efpe ces, & défendoit les proceffions du faint Sacrement. Le fecond condamnoit le célibat des prêtres, reli gieux , rehgieufes, 6'c. Le troifieme excufoit l’aboli- tion des mefles baffes, ou vouloit qu'on les célébrât en langue vulgaire. Le quatrieme exigeoit qu’on dé chargeât les fideles du foin de confeffer leurs péchés, ou du moins d’en faire une énumération exacte & circonftanciée. Le cinquieme combattoit les jeûnes & la vie monaftique. Le fixieme improuvoit ouver- tement les vœux monaftiques. Le feptieme enfin éta- blifloit entre la puiffance eccléfiaftique & la puiffance féculicre , une diftinétion qui alloit à ôter aux ecclé- fiaftiques toute puffance temporelle. Telle fut la fameufe profeflion de foi des Luthériens qui ne la foûtinrent pas dans tous fes points tels que nous venons de la rapporter ; mais qui l’altérerent & varierent dans plufeurs , felon les conjonétures & les nouveaux fyftèmes que prirent leurs doéteurs fur les différens points de doûtrine qu’ils avoient d’abord arrêtés. En effet, elle avoit été publiée en tant de manieres , & avec des différences f. confidérables à Wittemberg & ailleurs, fous les yeux de Melanchton & de Luther; que quand en 1561 les Proteftans s’af- femblerent à Naïmbourg pour en donner une édi- tion authentique , ils déclarerent en même tems que celle qu'ils choififloient n’improuvoit pas les autres ; & particulierement celle de Wittemberg faite en 1540. Les autres facramentaires croyoient même y trouver tout ce qui les favorifoit ; c’eft pourquoi les Zuingliens , dit M. Bofluet, l’appelloient maligne« ment /a boîte de Pandore, d’où fortoit Le bien €: le mal 3 la pomme de diféorde entre les déeffes ; un grand & valte manteau où Satan fe pouvoit cacher auffi-bien que Jefus- Chrift. Ces équivoques & ces obfcurités ; où tout le monde penfoit trouver fon compte, prouvent que la confeffion d’Ausbourg étoit une piece mal conçûe ;: mal digérée , dont les parties fe démentoient & ne compoloient pas un fyftème bien uniforme de reliz gion ; Calvin feignoit de la recevoir pour appuyer {on parti naiflant ; mais dans Le fond il en portoit un jugement peu favorable. Foyez M. Bofluet , Æf?. des variat. tome II. page 304. 6 tome I. page 50. Hifi. ec: cléfiaf?. pour fervir de continuation a celle de M, Fleury, come X XVII. liv., CXXXTII. page 144. 6 fuiv. (G) * AUSE,, (Géog.) riviere de France, en Auver- gne , où elle a fa fource ; elle pañle à S. Anthem , à Pont-Château , à Marignac ; reçoit le Joro , l’Artier, Éc. & fe joint à Allier. * AUSEN , f. m. (ÆH1/f£. mod.) nom que les Goths donnoient à leurs généraux ; il fignifioit demi-dieu, ou plus qu'homme ; & on ne l’obtenoit que par des victoires. * AUSES , £. m. pl. (Géog. & fl. anc.) peuples d'Afrique, dont Hérodote fait mention y. WII. 1 dit qu'ils avoient prefque tous le vifage couvert de leurs cheveux ; que leurs filles armées de pierres &e de bâtons, combattoient entr’elles une fois lan, en l’honneur de Minerve ; que celles qui reftoient vain- cues , où qui perdoient la vie dans le combat, paf- foient pour avoir perdu leur virginité ; & qu’on pro- menoit {ur un char les viétorieufes , autour du lac Tritonmien. * AUSITIDE, (Géog. Jainte. )outerre de Hus, dans l’Arabie heureufe ; les uns prétendent que ce fut-là que la patience de Job fut mife à l'épreuve ; d’autres que ce fut dans l'Arabie déferte près de la Chaldée. AUSPICE ,f. m. (Æf. anc.) efpece d’augure chez les anciens ou de divination parle chant & le vol des oïfeaux. Pline en attribue l’origine à Tiréfasqui ap: A US prit à confidérer le vol des oïfeaux : ainfi axpice venoit ab avium afpeëtu , & l’on appelloit azfpex , -celui qui prenoit l’esfpice par le vol des oïféaux. Les oïfeaux de préfage les plus confidérables étoient le corbeau, la corneille , Le hibou , Paigle, le milan, 8c le vautour : on les appelloit aves ofcines quand on examinoit leur chant & leur maniere de manger, & aves præpetes quand on n’obfervoit que leur vel. Ho- race a dit du premier, Ofcinem corvum , prece fufcirabo Solis ab ortu. Les ayfpices avoïent certains mots confacrés ; par exemple, alio die, à un autre jour , quand ils vou- loient dire qu’on remit l’entreprife projettée ; viturm, quand le tonnerre grondoit ; vitium 6 calamitas, quand le tonnerre grondoit 8 tomboit accompagné de grê- le. Ces mots, addixit avis, l’oifeau l'a promis, figni- fioient unheureux fuccès ; & ceux-ci, corzix vel cor- vus fecit rectum , l'oifeau l'a fait bon , donnoient une efpérance favorable. Les awfpices ou augures, pour marque de leur dignité , portoient un bâton fans nœuds & courbé par Le haut, nommé en Latin Z- tuus. Voyez AUGURES. Servius diftingue l’azfpice de l’augure , & prétend que l’aufpice eît la confidération de tous les fignes propres à la divination, & l'augure celle de quelques fignes feulement. Il ajoûte que de ces deux fonéhons, la premiere s’exerçoit en tout lieu; mais que la fe- conde n’étoit permife à perfonne hors de fon pays natal : Arufpicari cuivis etiam peregrè licet , augurium agere , nife in patriis fedibus, non licer. I] eft certain que les confuls , les généraux, & tous ceux qui ti- roient des préfages hors de Rome, étoient propre- ment dits awfpicari ; cependant l’ufage a prévalu con- tte cette obfervation. (G) | AUSSIERE. , ( Marine.) Voyez HANSIERE. AUSSIERES , cerme de Corderie, font des cordages fimples qui n’ont éte commis qu’une fois , & qui font _compofés de deux fils ou plus, ou de plufeurs faif- ceaux ou torons. Les auffieres de deux fils fe nomment bitord. Voyez BITORD:. Celles de trois fils font appellées du zerlin. Voyez MERLIN. Les auffieres compofées de plufeurs faifceaux ou torons, fe nomment auffieres a trois, quatre torons , G:c. Voyez TORON. Maniere de fabriquer les auffieres à trois torons. Lorf- que les torons ont été fuffifamment tors , le maître Cordier fait ôter la clavette de la manivelle qui eft au milieu du quarré ; il en détache le toron qui y cor- refpond , & le fait tenir bien folhidement par plufieurs ouvriers , afin qu'il ne fe détorde pas : fur le champ onÔte la manivelle, & dans le trou du quarré où étoit cette manivelle, on en place une autre plus grande & plus forte, à laquelle on attache non-feulement le toron du milieu, mais encore les deux autres, de telle forte , que les trois torons fe trouvent réunis à cette {eule manivelle qui tient lieu de l’émerillon, dont on parlera dans l’article du BiTorp. Comme il faut beaucoup de force élaftique pour ployer, ou plûtôt rouler les uns fur les autres des torons qui ont une certaine grofeur, il faudroit tor- dre extrèmement les torons, pour qu’ils puffent fe commettre d'eux-mêmes, s'ils étoient fimplement at- tachés à un émerillon,; c’eft pour cela qu’au lieu d’un émerillon, on employe une grande manivelle qu'un ou deux hommes font tourner, pour concourir avec Peffort que les torons font pour fe commettre. Ainfi au moyen des manivelles, 1l fufit que les torons ayent aflez de force élaftique pour ne point fe fépa- rer, quand ils auront été une fôis commis ; au lieu qu'il en Foxoit une énorme pour obliger des to- omme I. A US _8ot tons un peu gros à fe rouler les uns fur les autres pat le fecours du feul émerillon. Les torons bien difpolés , on les frotte avec uni peu de fif ou de favon, pour que le toupin coule mieux ; enfuite on place le toupin dans l'angle de réunion des trois torons: | On approche le chariot du toupin le plus près du carré qu'il eft poffible ; on conduit le toupin à bras jufqu'à ce qu'il foit arrivé jufqu’au chariot, où on l'attache fortement au moyen d’une traverfe de bois; alors toutes les manivelles tournent ; tant celle du quarré , queles trois duchantier. Le chariot avance, la corde {e commet, les torons fe raccourciflent, & le carré fe rapproche de l’attelier petit à petit. Quand les cordages font longs, la grande mant- velle du quarré ne pourroit pas communiquer fon ef: fet d’un bout à l’autre de la piece ; on y remédie en diftribuant derriere le toupin un nombre d'ouvriers, qui, à l’aide des manivelles, travaillent de concert avec ceux de la manivelle du quarré, à commettre la corde. | | Quand le cordage eft commis entierement, 6n eñ le fortement les extrémitésavec de la ficelle, tant au- près du toupin , qu'auprès de la manivelle du quarré , afin que les torons ne fe féparent pas les uns des au- tres, Enfuite on Le détache des palombes & de la ma- nivelle, 8 on le porte fur des chevalets, afin de le laiffer raffeoir, c’eft-à-dire, afin que les fils prennent le fl qu’on leur a donné en les commettant ; & quel- que tems après on roue le cordage. Woyez ROUER. AUSSIERES 4 quatre torons ,; eÎt une forte de cor- dage compofé de quatre cordons , dont chacun eft un toron ou faifceau de fils tortillés enfemble , & qui tous les quatre font commis enfemble. Elles fe fabriquent de la même maniere que celles à trois torons , à l'exception que quand la corde eft ourdie, où du moins les fils étendus , on les divifé en quatre parties égales pour en former les quatre to- rons ; au lieu que dans les awffieres a trois torons , of ne les divife qu’en trois. Le toupin dont on fe fert pour les auffieres à quatre torons | doit avoir quatre rainures pour aflujettir les quatre torons. La plüpart des Cordiers {ont dans l’ufage de met- tre une meche dans les auffieres a quatre torons. ( Voyez Mecue.) Dans ce cas, il faut que le toupin dont on fe fert foit percé dans toute fa longueur par le mi: lieu , de mamere que la meche puiffe glifler hbre- ment par le trou : mais les bons ouvriers fabriquent les auffieres à quatre torons fans y mettre de meche: L'un & lautre ufage ne laïfle pas que d’avoir des in= convéniens : dans le premier cas, 1l fe fait une con- fommation inutile de matiere , car la meche ne fert qu’à remplir le vuide qui fe trouve néceflairement entre les torons : mais comme cette meche, qui n’eft qu'un faifceau de fils fimplement tortillés , fe trouve avoir plus de tenfion que les torons, & fe cafle au moindre effort ; cette méthode a encore un inconvénient qui eft que le cordage en eft bien plus pefant ; & par conféquent , il n’eff pas fi aïfé de s’en {ervir : enfin il en réfulte un troifieme défaut dans le cordage ; c’eft que l'humidité pénétrant dans le corps de la corde, s’y entretient par le moyen de la meche dont le chanvre s’échauffe , fe corrompt & pourrit le refte du cordage. Il n’y a qu'un inconvénient à évi- ter quand on fabrique des auffieres à quatre rorons fans meche ; c’eft d'empêcher qu'aucun des torons ne s'approche du centre de la corde 9 & ne remplifle le vuide qui doit y être ; dans ce cas, outre que la cor- de ne feroit point unie, mais raboteufe ( ce qui pour- roit l’empêcher de pañfer librement par les pouliés } les quatre torons fe trouveroient tendus inégalement, 8 par conféquent , il ne pourroient pas avoir autant de force pour réfifter aux poids : cet inconvénient. n’eft pas facile à vaincre, & il faut qu'un ouvrier VVvvyi 892 AUS foit habile pour en venir à bout : pour cet effet, il pafle dans le trou qui traverfe le toupin une chevil- le qui entre un peu dans le cordage pendant qu'il fe commet, & autour de laquelle les quatre torons fe roulent. Les auffieres à cinq & à fix torons ne peuvent pas abfolument être fabriquées fans meche : mais quelle doit être la groffeur des meches dans les aufheres à quatre, cinq &c fix torons ? Voyez MECHE. M. Duhamel prétend qu'il eft avantageux de mul- tiplier les torons des awffieres : 1°. parce qu'il faut moins de force élaftique pour commettre de petits torons , que pour en commettre de gros: 2°. plus les torons {font menus, moins 1l y a de différence entre la tenfon des fils qui fé trouvent au milieu, & celle des fils qui fe trouvent à la circonférence ; d’oùil con- clud que de deux auffieres de même groffeur , mais d'un nombre inégal de torons , celle-là eft la plus forte, qui eft faite de plus de torons. AUSSIERES en queue de rat, terme de Corderie ; c’eft une affiere dont un des bouts eft une fois plus gros que l’autre. Maniere d'ourdir les auffieres en queue de rat. Com- me ces cordages font une fois plus gros par un bout que par l’autre , on commence par étendre ce qu'il faut de fils pour faire la groffeur du petit bout, ou la moitié de la groffeur du gros bout ; on divife cette quantité de fils en trois parties , fi l’on veut faire une queue de rat à trois torons ; & en quatre, fi l’on veut en avoir une à quatre : donnons-en un exemple. Si l’on fe propofe de faire une queue de rat à trois torons de 9 pouces de groffeur au gros bout, fachant qu’il faut 384 fils pour une au/ffere de cette groffeur, je divife en deux cette quantité de fils pour avoir la groffeur de la queue de rat au petit bout , & j’étends 192 fils de la longueur de la piece , mettant en outre ce qu'il faut pour le raccourciflement des fils. On apperçoit que chaque piece de cordage doit faire fa manœuvre, c’eft-à-dire , que chaque piece ne doit pas avoir plus de longueur que la manœuvre qu'elle doit faire ; car s’il falloit couper un cordage en queue de rat , on l’affoibliroit beaucoup en la cou- pant par le gros bout, &c elle deviendroit trop grofîle f l’on retranchoit du petit bout. Si donc on veut une cuffiere en queue de rat de 32 braffes de longueur ; j'étends mes 192 fils à 48 braf- fes , fi je me propofe de la commettre au tiers , 8 à 43 brafles , fi je veux la commettre au quart ; enfui- te je divife les 192 fils en trois pour faire une auÿfrere à crois torons , OÙ en quatre pour en faire une à g4a- tre torons ; jufques-là on fuit la même regle que pour faire une auffiere à l’ordinaire : mais pour ourdir les 192 fils reftans , il faut allonger feulement quatre fils aflez pour qu'ils foient à un pié de diftance du quar- ré, & au moyen d’une gance, on en attache un à chacun des torons : voilà déjà l’axffere diminuée de quatre fils. On étend de même quatre autres fils qu'on attache encore avec des gances à un pié de ceux dont nous venons de parler, & la corde fe trouve di- minuée de huit fils : en répétant 48 fois cette opéra- tion , chaque toron fe trouve erofli de 48 fils ; & ces 192 fils étant joints aux 192 qu'on avoit étendus en premier lieu, la corde fe trouve être formée au gros bout de 384 fils, que nous avons fuppofés qu'il fal- loit pour faire une auffiere de neuf pouces de groffeur à ce bout. Suivant cette pratique l’'av/ffere en quef- tion conferveroit neuf pouces de srofleur jufqu'aux quatre cinquiemes de fa longueur ;& ne diminueroit que dans la longueur d’un cinquième. Si un-maître d'équipage vouloit que la diminutionrs’étendit aux deux cinquiemes , le Cordier n’auroit qu'à raccour- cir chaque fil de deux piés au lieu d’un , écçar il eft évident que la queue de rat s’étendra d’autant plus avant dans la piece , qu’on mettra plus de diftance 4 1 | A US d’une gance à une autre : fi on jugeoït plus à propos que la diminution de groffeur de la queue de rat ne fût pas uniforme , on le pourroït faire en augmentant la diftance d’une gance à une autre à mefure qu'on approche du quarré. Voilà tout ce qu'on peut dire fur la maniere d’ourdir ces fortes de cordages :1l faut parler maintenant de [a façon de les commettre. Maniere de commettre les auflieres ën queue de rar. Quand les fils font bien ourdis, quand les fils qui font arrêtés par des gances font aufhi\ tendus que les au- tres , on démare le quarré : mais comme les torons font plus gros du côté du chantier, que du côté du quarré , ils doivent fe tordre plus difficilement au bout où ils font plus gros ; c’eft pour cette raïfon , & afin que le tortillement fe répartiffe plus uniformé- ment, qu'en tordant les torons , on ne fait virer que les manivelles du chantier , fans donner aucun tor- tillement du côté du quarré. Quand les torons fontfuffifamment tortillés, quand ils font raccourcis d’une quantité convenable , on les réunit tous à l'ordinaire à une feule manivelle qui eft au milieu de la traverfe du quarré , on place le tou- pin , dont les rainures doivent être aflez ouvertes pour recevoir les gros bouts des torons , & on ache- ve de commettre la piece à l'ordinaire, ayant gran- de attention que le toupin courre bien ; car comme l'augmentation de groffeur du cordage fait obftacie à fa marche , & comme la groffeur du cordage du côté du quarré eft beaucoup moindre qu'à l’autre bout , il arrive fouvent , fur-tout quand on commet ces cordages au tiers , qu'ils rompent auprés du uarré. M. Duhamel, Traité de la Corderie. * AUSTERE , févere , rude ( Grammaire.) L’auflériré eft dans les mœurs ; la févériré dans les principes ; &c la rudeffe dans la conduite. La vie des anciens ana- choretes étoit auffere ; la morale des apôtres étoit Jêévere , mais leur abord n’avoit rien de rude. La mol- Leffe eit oppofée à l’aufhérisé ; le reléchement à la féve- rité ; & l'affabiliré à la rudeffe. AUSTERE., fe dit encore d’un Peintre chez qui l’at- tention de ne fe permettre aucune licence dégénere en vice. Ses tableaux font froids &c arides. (Æ AUSTRAL , auffralis | méridional , adj. m. ce mot vient d’auffer, vent du midi. Poyez VENT, Mint, MÉRIDIONAL Les fignes auffraux font les fix derniers du zodia- que ; on les nomme ainf, parce qu'ils font au midi de la ligne équinoëtale. Voyez SIGNE. On dit de même pole auffral , hémifphere auftral , pour pole méridional , hémifphere méridional. &tc. (O * AUSTRASIE , {. £. ( Hifloire & Géographie) Il eft difficile de fixer les limites de l’ancien royaume d'Auftrafie. I comprenoit, à ce qu’on dit, l’efpace de terre contenu entre le Rhin, lEfcaut , la Meule, & les monts de Vofge. On y ajoûte la province que nous appellons aujourd’hui Lorraine , & que les La- tins nomment quelquefois Au/frafie, l’ancienne Fran- ce & les contrées conquifes au-delà du Rhin. Thier- ri I. futle premier roi d’Auffrafie. Clotaire, dit le vieux , la réunit à la couronne ; elle en fut féparée après fa mort, & Sigebert fon fils la pofléda. Elle fut réunie à la couronne pour la feconde fois, fons Clotaire IT. qui l’en fépara lui-même en faveur d'un de fes fils naturels appellé Sigebert fecond. On croit que Dagobert , fils de Sigebert, lui fuccéda en Auf- trafie , & qu'après Dagobert l’Aufirafie fut réunie à la couronne pour la troifieme fois : ce qu'il y a de für, c’eft qu’elle n’eut plus de roi. Le royaume d’4z/- crafie s’appelloit auffi le royaume de Metz, & fes villes principales étoient Blamont , Amance, Bar-le-Duc, Dieuze , Efpinal , Pont-à-Mouflon, Charmes , Metz, Mirecourt, Nancy , Toul , Verdun , Neuf-Château, Raon , Remiremont , Vaudemont. AUSTREGUES, fm. pl. (-Æ/. mod. )nom qu'on donne en Allemagne à des juges ow arbitres devant lefquels les éleéteurs , princes , comtes, prélats &c la nobleffe immédiate , ont droit de porter certaines caufes. | | Ce nom vient de l'Allemand, auffragen, qui veut dire accorder , parce que la fonétion de ces juges eft de pacifier les différends; ce font proprement des ar- bitres, à cela près que les arbitres font autorifés par le droit naturel , au lieu que la jurifdi@tion des auf- cregues eft fondée fur des conflitutions de l’Empire, quoique dans le fond leurs fentences ne foient qu’ar- bitrales, Lorfqu’un éleéteur ou prince a différend avec un autre , foit prince foit éleéteur, & qu'il lui a fait f- gnifier fa demande, le défendeur lui dénomme dans le mois quatre éleéteurs ou princes, moitié éccléfafti- ques & moitié féculiers , & le fomme d’en agréer un pour juge , ce que le demandeur eft obligé de faire dans le mois fuivant. Ce juge, qu'on nomme auffre- gue,, inftruit le procès, le décide ; & la partie qui ne veut pas s’en tenir à {on jugement , en appelle direc- tement à la chambre impériale. Ceux qui veulent terminer leurs différends par la voie des auftregues , ont deux moyens pour y parve- nir : Pun, en faifant nommer d'autorité par l’empe- reur , à la requifition du demandeur , un commif- faire impérial , qui doit toûjouts être un prince de J’'Empire, que le défendeur ne peut récufer ; l'autre, en faifant propofer par le demandeur trois éleéteurs dont le défendeur eft obligé d’en choïfir un dans un certain tems pour être leur juge ; & ce juge ou com- miflaire impérial inftruit Le procès & le décide avec les officiers & jurifconfultes de fa propre juftice. Dans cette jurifdiétion d’auffreoues , les parties ne plaident que par produétion , & il ne leur eft permis d'écrire que trois fois , & défendu de multiplier les pieces, quand même elles en appelleroïent à la cham- bre impériale. Tous les membres de l’Empire n’ont pas indifé- remment le droit d’auffregues , ou de nommer des ar- bitres autorilés par l’Empire ; c’eft à peu près la mê- me chofe que ce que nous appellons en France droir de committimus., dont il n’y a que certaines perfon- nes qui foient gratifiées. F’oyez COMMITTIMUS. Ilfautencore remarquer que les a/fregues ne pren- nent point connoifance des grandes affaires , telles que les procès où il s’agit des srands fiefs de PEmpi- re , de l’immédiateté des états, de la liberté des vil- les impériales & autres caufes qui vont diretement à l'Empereur , ou même à la diete de l’Empire. Heïf. Hift. de PEmp. tom. III. (G) AUSWISTERN en Allemand , 1e dépérifflante en François, Weed en Anglois, font termes ufi- tés chez ces nations parmi ceux qui travaillent aux mines des métaux, pour dire une veine de mine de métal fin qui dégénere en une mauvaife marcafi- te; ce qui eft conforme au fentiment de ceux qui croyent que les minéraux croiflent & périflent comme font les végétaux & les animaux. Voyez Mr- NE, VEINE DE MINE, MÉTAL , MARCASSITE , Mi- NERAL. ( M * AUTAN-KELURAN , ( Géog. ) ville du Tur- queftan. Long.z104, & lar. 46. 45. felon Uluhbes; &c long. 116. & la. 45. felon Naffiredden. AUTEL , 1. m. (if anc. mod. & Théol. ) efpece de table de bois , de pierre ou de métal , élevée de quelques piés au-deflus de terre, fur laquelle on fa- crifie à quelque divinité. Voyez SACRIFICE. Les Juifs avoient un aurel d’airain pour les holau- cauftes, 8 un d’or fur lequel ils brûloient l’encens. Voyez TABERNACLE, Gc. Chez les Romains l’ausel étoit une efpece de pié- deftal quarré, rond, ou triangulaire ; orné de fculp- ture, de bas-reliefs & d’infcriptions, fur lequel ils ÀA UT 893 brüloient les vidtimes qu'ils facrifioient aux idoles, Voyez VICTIME, Servius nous apprend que les aurels des diéux cé- leftes & fupérieurs étoient exhauflés & conftruits fur quelqu'édifice relevé ; & que ce fut pour cela qu’on les appella a/sariz, compofé de alta &c ara | quifigni- fient autel élevé, Ceux qu'on deftinoit aux dieux ter- reflres étoient pofés à rafe terre, & on les appel- loit are ; & pour les dieux infernaux , on fouilloit la terre, & oh y faifoit des fofles qu’on appelloit 6 3p# Aæ'##01 > férobiculi. Mais cette diftinétion ne paroït pas fuivie, Les meilleurs auteurs fe fervent fréquemment d’ara, com- me d’un terme générique fous lequel ils compren- nent également les aurels des dieux céleftes , terref- tres & infernaux : témoin Virgile, Edlog. F, En quatuor aras. où affürément a/taria eft bien compris dans are ; cat il eft queftion entr’autres de Phœæbus, qui étoit un dieu célefte.De même Cicéron, pro Quint. Aras de- lubraque Hecates in Græcid vidimus. Les Grecs diftinguoient aufli deux fortes d’auvels ; lun fur lequel ils facrifioient aux dieux, qu’ils ap- pelloient fouoc , 8 qui étoit un véritable ausel: Vau- tre, fur lequel ils facrifioient aux héros, qui étoit plus petit, & qu'ils appelloient écyape. Pollux fait cette diflin@ion des deux fortes d’aurels ufités chez les Grecs, dans fon Oromaflicon : il ajoûte cepen- dant que quelquefois les poëtes employoient le mot écyapæ, pour exprimer l'autel fur lequel on facrifioit aux dieux. Les Septante employent aufli le mot #ry4- pæ, pour yin autel bas, qu'on pourroit exprimer en Latin par craricula , attendu que c’étoit plütôt une efpece d’âtre ou foyer qu’un aurel. Varron dit qu’au commencement les aurels étoient portatifs , & confiftoient en un trépie fur lequel on mettoit du feu pour brüler la viétime. Les aurels étoient communément dans les temples ; cependant il y en avoit de'placés en plein air, foit devant la porte des temples , foit dans le périftyle des palais des princes. Dans les grands temples de l’ancienne Rome il y avoit ordinairement trois aurels : le pre- mier étoit dans le fanétuaire, & au pié de la ftatue du dieu ; on y brüloit l’encens, les parfums, & l’on y faifoit les libations : le fecond étoit devant la porte dutemple, &'on y offroit les facrifices : le troifieme étoit un azrel portatif, nomme anclabris , fur lequel on pofoit les offrandes & les vafes facrés. On juroit par les autels 8x fur les aurels ; & ils fervoient d’afyle aux malheureux. Lorfque la foudre tomboit en.quel- que lieu,on y élevoitunazrel enl’honneur du dieuqui l’avoit lancée: Deo fulguratori aram 6 locumhunc re- ligiofum ex arufpicum fentennié, Quint, Pub. Front, po- fuit , dit une ancienne infcription. On enélevoit aufñ pour conferver la mémoire des grands évenemenñs, comme il paroïît par divers endroits de l'Ecriture. Les Juifs donnoient auffi le nom d’aurels à des ef- peces de tables qu'ils dreffloientiau milieu de la cam- pagne, pour facrifier à Dieu. C’eft de ces autels qu’il faut entendre plufieurs pañläges où on lit : Er cer en droit il édifa un autel au Seigneur. | Il faut pourtant obferver que ces autels ainfi dref- {és en pleine campagne pour facrifier , n’ont été per- mis que dans la loi de nature ; car dans'celle de Moy- fe il ne devoit y avoir pour tout le peuple d'Hraël qu'un aurel'pour offrir des viétimes ; & c’étoit celui des holocauftes qui étoit d’abord dans le taberna- cle, aufli bien que l’aurel des parfums : car on litau chap. xxi. du livre de Jofué, que les tribus de Ruben, de Gad , & la demi-tribu de Manañlé qui en dreffe- rent d’autres , furent obligées de fe difeulper, en re: montrant qu'elles ne les avoiérit pas érigés pour fa- crifier , mais feulement pour fervir de momnent"l] S94 AUT y eut dans le temple de Salomon, comme dans le tas bernacle , deux aztels , un pour les holocauftes, & l’autre pour les parfums. C’étoit violer la loi dans un point capital, que d'offrir des facrifices en tout autre endroit : auffi les aurels que Jeroboam érigea à Samarie, & ceux que les Juifs, à l’exemple de quel- ques-uns de leurs rois , éleverent fur les hauts lieux, furent en abomination aux yeux de Dieu. Autel, parmi les Chrétiens , fe dit d’une table quar- rée, placée ordinairement à l’orient de l’églife, pour y célébrer la mefle, Voyez EUCHARISTIE. L’eutel des Chrétiens ne reflemble pour fa conf- trudion, ni à ceux des Payens, ni à ceux des Juifs : mais il eft fait comme une table, parce que leucha- riftie fut inftituée par J. C. à un fouper, &c fur une ta- ble : ainfi on pourtoit l’appeller , comme on fait en effeten quelques endroits, sable de communion. Foy. COMMUNION. Ce n’eft pas que le nom d’autel n’y convienne auf; çar l’euchariftie étant véritablement un facrifice, la table facrée fur laquelle fe confomme ce myftere eft bien auffi véritablement un autel. Voyez MESSE. Dans la primitive Eglife les autels n’étoient que de bois ; & fe tranfportoient fouvent d’une place à une autre: maïs un concile de Paris de l’an 509 dé- fendit de conftruire à l'avenir des autels d'autre ma- tiere que de pierre. Dans les premiers fecles il n’y avoit qu’un feul autel dans chaque églife : maïs le nombre en augmen- ta bientôt ; & nous apprenons de S. Grégoire le grand, qui vivoit dans le fixieme fiecle , que de fon tems il y en avoit douze & quinze dans certaines églifes. À la cathédrale de Magdebourg il y en a quarante-neuf. L’autel n’eft quelquefois foütenu que par une feu- le colonne , comme dans les chapelles foûterraimes de fainte Cécile à Rome, & ailleurs : quelquefois 1l left par quatre colonnes, comme l’aurel de $. Sébaf- tien , 22 Crypta arenaria : maïs la méthode la plus or- dinaire eft de pofer la table d’aure/ fur un mafif de pierre. Ces aurels reflemblent en quelque chofe à des tombeaux : & en effet nous lifons dans l’hiftoire de VEglife , que les premiers Chrétiens tenoient fouvent leurs aflemblées aux tombeaux des martyrs, & y cé- lébroient les faints myfteres. C’eft dé-là qu’eft venu l'ufage qui s’obferve encore à préfent, de ne point bâtir d’aurel fans mettre deflous quelque relique de faint. Voyez RELIQUE , SAINT, CIMETIERE. L’ufage de la confécration des aurels eft afez an- cien, & la cérémonie en eft réfervée aux évêques. Depuis qu'il n’a plus été permis d'offrir que fur des autels confacrés ; on a fait des autels portatifs, pour s’en fervir dans les lieux où il n’y avoit point d’au- sels. confacrés. Hincmar & Bede en font mention. Les Grecs fe fervent à la place d’aurels de linges be- nis, qu'ils nomment ayrivers , c’eft-à-dire, qui tien- nent heu d’aurel, | AUTEL de prothefe, altare prothefis , eft un petit autel préparatoire fur lequel les Grecs béniffent le pain avant que de Le porter au grand awel, où fe fait tout le refte de la célébration, Cet autel a beaucoup de rapport avec ce que nous appellons dans nos éplifes crédence, Le pere Goar prétend que cette table de prothefe étoit anciennement dans la faeriftie , ou le veftiaire; & {on fentiment paroït appuyépar quelques manuf- crits Grecs, où en effet le mot Jacriféie eft employé au lieu de celui de prorhefe. Voyez SÂcRisTie. Autel fe trouve auf employé dansl’Hiftoire ec- cléfiaftique, pour fignifier les oblations ou les reve- nus cafuels de l’églife. Foyez; OBLATION. Dans les premiers tems on mettoit une diftinétion entre l’éolife & l’aurel : on appelloit l’égufe, les dix- mes & autres revenus fixes ; & l’aurel, les revenus cafuels. Voyez DIxME. On dit même encore en ce fens que Le prétre doir vis vre de l'autel ; ce qui fignifie qu'il ef jufte que fe de vouant tout entier au fervice de Dieu, il puifle être fans inquiétude fur les befoins de la vie. (G) AUTEL , {. m. ( 4ffron. 6 Myth. ) c’eft une conf- tellation méridionale compofée de fept étoiles, &, felon quelques auteurs , d'un plus grand nombre ; car il y en a qui en comptent huit, comme Bayer ; & d’autres veulent qu’elle foit formée de douze étor- les. Suivant la fiion des poëtes elle ef laure! fur le- quel les dieux prêterent ferment de fidélité à Jupiter avant la guerre contre les Titans, & que ce dieu mit entre les aftres après fa viétoire ; ou bien l’aurel fur lequel Chiron le centaure immola un loup , dont la conftellation eft dans le ciel proche de cet aurel, Voyez Lour.(O ) AUTEUR, f£. m. ( Belles-Lert, ) dans le fens pro- pre fignifie celui qui crée ou qui produit quelque chofe.Ce nom convient éminemment à Dieu,comme caufe prenuere de tous les êtres ; aufli l’appelle-t-on l’Auteur du monde, P Auteur de l'univers , l' Auteur de la nature. Voyez CAUSE, DIEU, NATURE. Ce mot eft Latin, & dérivé , felon quelques-uns, d’auêtus, participe d’azgeo, j'accrois. D'autres le ti- rent du Grec œuros, foi-même , parce que l’auteur de quelque chofe que ce foit eft cenfé la produire par lui-même. | On employe fouvent le mot d'auteur dans le mé- me fens qu'inventeur. Polydore Virgile a compofé huit livres far les auteurs ou inventeurs des chofes. On dit qu'Otto de Guericke eft aureur de la machine pneumatique : on regarde Pythagore comme Pareur du dogme de la métempfycofe : mais il eft probable qu'il avoit emprunté des Gymnofophiftes , avec lef- quels il converfa dans fes voyages. Voyez INVEN- TEUR, MÉTEMPSYCOSE. AUTEUR , er: termes de Littérature , eft une perfon- ne qui a compofé quelqu'ouvrage. On le dit égale- ment des perfonnes du fexe comme des hommes. Mefdames Dacier & Deshoulieres tiennent rang par- mi les bons auteurs. On diftingue les auteurs en facrés & profanes , an- ciens & modernes , connus & anonymes, Grecs & La- tins , François , Anglois, &c. on les divife encore, relativement aux divers genres qu'ils ont traités, en Théologiens , Philofophes , Orateurs, Hifloriens , Poë- tes | Grammairiens , Philologues , &tc. On accufe les auteurs Latins d’avoir pillé les Grecs ; & plufieurs modernes , de n’être que l’écho des anciens. Voyez SACRÉ , PROFANE, ANCIEN, MODERNE, 6. Un auteur original, eft celui qui traitant le premier quelque fujet, n’a point eu de modele, foit dans la matiere, foit dans la méthode. Aïnfñi M. de Fonte- nelle eft un auseur original dans fes Mondes, & ne left pas dans fes Dialogues des morts. Pour peu qu'on foit verfé dans la Littérature, on rencontre peu d'au- teurs originaux : les derniers laïffent roüjours. échap- per quelques traits qui décelent ce qu'ils ontemprun- té de leurs prédéceffeurs. ( G) AUTEUR , e7 Droit, eft celui de qui un proprié- taire tient la chofe qu’il poffede : il eft garant de cette chofe ; & fi celui qui la tient de lui eft troublé dans fa poffeffion, il peut appeller fon azreur.en garantie. Si l'auteur avoit commencé à prefcrire la-chofe qu'l a tranfportée depuis,le nouvel acquéreur qui preférit aufñ du moment qu’il a commencé à pofléder , peut joindre , s'ille veut, la prefcription de {on auseur à la fienne : mais s’il juge que la -poffeffion de fon .az- teur étant vicieufe , ne pouvoit pas lui acquérir la prefcription., il peut y renoncer , & prefcrire lui- mème de fonçhef, Dès . AUTEUR , ex terme de Pratique , eft celui au nom de qui un procureur agit : on l’appelle ainfi, parce que c’eft par {on autorité que le procureur agit. Tout ce que fait le procureur en vertu de fa procuration, oblige fon auteur autant que s'il l’avoit fait lui-mèe- me ; car le procureur repréfente fon auteur, (H) AUTHENTIQUE, adj. ( Gramm, ) une chofe d'autorité reçue: quelquefois ce mot fignifie /o/emrel, célebre , revêtu detoutes {es formes , attefté par des perfonnes qui font régulierement foi. C’eft dans ce fens que nous difons : les vérités de la religion Chré- tienne {ont fondées fur des témoignages authentiques : aûtes , papiers authentiques ; &tc. La noblefle, & les perfonnes d’un rang diflingué , avoient autrefois le privilége d’être appellées aw- thentiques | parce qu’on les préfumoit plus dignes de foi que les autres. On appelle, ez ffyle de Pratique , authentique , le fceau d’une juftice fubalterne & non royale. Les ac- . tes paflés fous fcel authentique, n’emportent point hypotheque hors de la jurifdiétion dans laquelle ils {ont pañlés. Voyez ScEAU. (AH) AUTHENTIQUE , adj. neut. 07 authentique , terme de mufique. Quand l’oétave fe trouve divifée arith- métiquement felon les nombres 2, 3, 4, c’eft-à- dire quand la quinte eft au grave & la quarte à l’aigu , le mode ou ton s’appelle authentique , à la différence du ton plagal où l’oétave éft divifée harmonique- ment par les nombres 3, 4, 6; ce qui met la quar- te au grave & la quinte à l’aigu. Ces différences ne s’obfervent plus que dans le plein-chant ; & foit que le chant parcoure l’oftave de la dominante , ce qui conftitueroit le mode plagal, ou celle de la tonique, ce qui le rendroit authentique \ pourvû que la modu- lation foit réguliere, la mufique admet tous ces tons comme authentiques également , ne reconnoiffant ja- mais pour finale que la note qui a pour dominante la quinte à lPaigu , ou la quarte au grave. Voyez Mope. Voyez auffi PLAGAL. Il y a dans les huit tons de l’églife quatre tons authentiques , favoir, le premier , le troifieme , le cin- quieme , & le feptieme. _ Voyez ToNs de léglife. (S) AUTHENTIQUES e2 Droir civil, nom des novel- les de l’empereur Juftinien. Voyez NovELLE. On ne fait pas bien pourquoi elles font ainf appellées. Al- ciat dit que ce nom leur fut originairement donné par Accurfe. Les novelles furent d’abord écrites en Grec, enfuite le patricien Julien les traduifit ; & les abrégea ; il s’en fit du tems des Bulgares , une fecon- de verfion plus exaéte &c plus hitérale , quoique moins élégante. Aceurfe , dit l’auteur que l’on vient de citer, préférant cettetraduühion a celle de Julien , lap- pella authentique ; parce qwelle étoit plus conforme a l'original. (H) | AUTHENTIQUER 7 aîte, terme de Droir , c’eft le revêtir de toutes les formalités propres à le rendre authentique. AUTHENTIQUER, fignifie aufli punir une femme convaincue d’adultere , punition qui confifte à per- dre fa dot & fes conventions matrimoniales, être rafée & enfermée dans un monaftere pour deux ans, après lefquels fi fon mari ne l’en véut pas retirer, elle eft rafée, voilée & cloïtréé pour toute la vie. Cette peine s'appelle ainf, parce qu’elle fut or- donnée dans les authentiques, Sile mari meurt dans les deux années , elle femble être en droit de réqué- tir fa liberté ; où du moins ; un autre homme qui veut l’époufer, peut la demander & probablement l'obtenir de la juftice. (7) -* AUTHIE (Géog.) riviere de France en Picardie, qui a fa fource fur les confins de Artois , pafle à Dourlens & à Auxie , & fe jette dans la mer au pont ge Collines, en un lieu appellé le Pas d’Authie, AUT 895 AUTO DA FË. loyez ACTE de foi. AUTOCÉPHALES, {. m. ( Æift. & Droit ecclef.) les Grecs donnoient ce nom aux évêques, qui n’é- toient point foûmis à la jurifdiétion des Patriarches , & qui étoient indépendans aufli bien qu'eux. Dans l’églife orientale Parchevèque de Bulgarie, & quel- ques autres métropolitains jotufloient de ce privilé- ge ; & dans l’églife occidentale , les archevêques de Ravenne s’étoient attribué la même exemption , de forte qu'ils prétendoient ne dépendre, m1 des patriar- ches de Conftantinople, n1 des évêques de Rome : mais les Grecs ayant été chafles de l’Italie, les papes réduifirent ces archevêques fous leur obéiffance {e- lon le rapport d’Anaftafe, Dans l’origine tous les mé: tropolitains étoient aurocéphales. Dans la fuite, les évêques des grandes villes de l’Empire s’attribuerent des droits fur les provinces, qui étoient de leur dio- cele, favoir d’ordonner les métropolitains , de con- voquer le fynode du diocefe, d’avoir infpe@ion géné- tale fur toutes les provinces qui en dépendoient. Tels furent les droits de l’évêque de Rome, fur le diocefe du vicariat de Rome, ou fur les provinces f#burbicais res ; tels furent les droits de celui d'Alexandrie, fur les provinces d'Égypte , de Libye & de Thébaide; & de celui d’Antioche , fur tout ce qu’on appelloit le diocefe d'Orient. L’évêque d’Éphele femble avoir eu un pouvoir pareil fur le diocefe d’Afie ; & celui de Céfarée en Capadoce, fur le diocefe du Pont. L’at- chevêque de Conftantinople, envahit depuis la jurif= diétion fur la Thrace, & fur ces deux diocefes: mais plufieurs églifes refterent aurocéphales ; tant en orient qu’en occident , c’eft-à-dire indépendantes , quant à l’ordination des évêques, d’un patriarche ou exarque. En occident l’évêque de Carthage étoit indépendant des autres patriarches, & primat du diocefe d'Afri- que. L’évêque de Milan dans les commencemens, étoit chef du vicariat d'Italie , & n’étoit point ordon- né par l’évêque de Rome. Dans les Gaules & dans l’Efpagne , lés métropolitains ne recevoient point l’ordination de l’évêque de Rome. Le métropolitain de l’île de Chypre jouifloit aufli de la même awrocé- phalie ; qui lui fut confirmée contradiétoirement avec l’évêque d’Antioche par le Concile d’Éphefe. Aë&tion vij, & dans le concile :2Trullo, canon 39. Du Cange, Gloffar. Lar. M. Dupin, de anriqué ecclefi@ Diftipliné. * Il eft bon d’ajoüter que les droits des patriar- ches ayant été réglés par les conciles , & fur-tout par ceux de Nicée & de Chalcédoine ; la plüpart des évêques qui s’étoient regardés comme aurocéphales , devinrent {omis à la jurifdiétion foit des Primats foit des patriarches. Quoique les métropolitains ne reçuf- {ent point l’ordination du Pape , ils ne laifloient pas que de le reconnoitre comme le chef de la hiérarchie eccléfiaftique; & dès le troifieme fiecle, ona des preuves évidentes dans la caufe des Quartodecimans & dans celle des Rébaptifans, que les évêques des plus grands fièges reconnoifloient dans celui de Rome uñe primauté d'honneur & de jurifdiéhon. Foyez PRI- MAUTÉ, QUARTODECIMANS , 6 REBAPTISANS. Bingham dans fes antiquités eccléftaffiques , diftingue quatre fortes d’autocéphales, 19; tous les anciens mé- tropolitains auxquels on donnoït ce nom avant l'inft- tution de la dignité patriarchale : 2°. depuis cette inftitution les méttopolitains indépendans ,tels que ceux d'Ibérie, d'Arménie ; & de Pile de Chypre. IL comprend aufli parmi ces autocéphales , les anciens évêques de la grandé Bretagne » Qui ne reconnoif- foient, dit1l , pour fupérieur, que Parchevêque de Cäerleon ( archépifcopo Caerlegionis parebant) & non le Pape , avant que le moine S. Auguftin füt venu en Angleterre. Nous montrerons en traitant dela pri- mauté du Pape, que fa prétention n’eft pas fondée, La troifieme efpece d’aurocéphales étoient des évê- ques foûmis immédiatement à l'autorité d’un patriare 896 AUT che, & non à celle du métropolitain, Nilus Doxopa- trius , écrivain du onzième fiécle , compte jufqu’a vingt-cinq évêques autocéphales de cette forte fous le patriarchat de Jérufalem , & feize fous celui d’An- tioche. Enfin la quatriéme efpece eft celle dont parle M. de Valois, dans fes notes fur le chap. 23 du V. li. de l'Hiftoire eccléfiaftique d’Eufebe : ces autocéphales étoient des évêques , qui n'ayant point de füffragans, ne reconnoifloient non plus ni métropolitain ni pa- triarche. Il en cite pour exemple l’évêque de Jérufa- lem, avant qu'il füt lui-même inftitué patriarche ; mais c’eft une erreur, car il eft conftant qu’alors l’é- vêque de Jérufalem reconnoïfloit pour métropolitain l’évêque de Cefarée, & pour patriarche celui d’An- tioche. Bingham paroît douter & avec fondement, qu'il y ait eu des aurocéphales de cette dermiere ef- pece , à moins, dit-il, que ce n'ait été quelque évé- que établi feul & unique dans une province, dont 1l souvernoit toutes les églifes, fans fuffragans , tel que le métropolitain de Tomes en Scythie ; & c’eft peut- être le feul exemple qu’on en trouve dans l’Hiftoire eccléfiaftique. Bingham. orig. eccléfsaft, Liv, IT. chap. ævüy. $. 2. 2. 3. 6 4: (G) AUTOCHTONES, f. m. pl, (Æ1f. anc.)nom que les Grecs ont donné aux peuples qui fe difoient ori- ginaires du pays qu'ils habitoient , & qui fe vantoient de n’être point venus d’ailleurs. Ce mot eft compofé d’aulos, même , & de «boy, terre, comme qui diroit 24- tifs de La terre méme. Les Athéniens fe glorifioient d’ê- tre de ce nombre. Les Romains ont rendu ce mot par celui d’irdigene , c’eft-à-dire, rés fur Le lieu, (G) AUTOGRAPHE, f. m. ( Gramm.) Ce mot eft compofé de aulce, iple, & de ypaço , ftribo. L’autogra- phe eft done un ouvrage écrit de la main de celui qui l’a compoté, ab ipfo autore feriptum. Comme fi nous avions les épîtres de Ciceron en original. Ce mot eñt un terme dogmatique; une perfonne du monde ne dira pas: J’ai vu chez M. le C. P. les aurographes des lettres de Mie de Sévigné, au lieu de dire les origi- naux , les lettres mêmes écrites de la main de cette dame. (F7) AUTOMATE, f. m. ( Meéchanig. ) engin qui fe meut de lui-même, où machine qui porte en elle le principe de fon mouvement. Cemoteftgrec duroualer, &compotfé de auroe, pfe, Ê juo , je fuis excité ou prét, ou bien de paru, facile- ment, d'où vient évromelos, fpontanée, volontaire. Tel étoit le pigeon volant d’Architas, dont Aulugelle fait mention au 4v. X, ch. x17. des nuits atriques , fuppofé que ce pigeon volant ne foit point une fable. Quelques auteurs mettent au rang des automates les inftrumens de méchanique, mis en mouvement pat des reflorts, des poids internes, 6c. comme les horloges, les montres, &c. Voyez Joan. Bapt. Port. nag. nat, ch. xjx. Scaliger. fubul. 326. Voyez auffi RESSORT, PENDULE, HORLOGE, MONTRE, Gc. Le füteur aucomate de M. de Vaucanfon, membre de l’Académie royale des Sciences, le canard, & quelques autres machines du même auteur, font au nombre des plus célebres ouvrages qu’on ait vüs en ce genre depuus fort long-tems. Voyez à l'article ANDRO1ï1DE ce que c’eft que le Fliseur. L'auteur, encouragé parle fuccès, expofa en 1741 d’autres automates, qui ne furent pas moins bien re- h 218. cüs. C'étoit : 1°, Un canard, dans lequel 1lrepréfente le mécha- nifme des vifceres deftinés aux fonétions du boire, du manger, & de la digeftion; le jeu de toutes Les parties néceflaires à ces aétions , y eft exaétement imi- té : il allonge fon cou pour aller prendre du grain dans la main, il avale, le digere, & le rend par les voies ordinaires tout digéré ; tous les geftes d’un ca- nard quiavale avec précipitation ; & qui redouble de AUT vitéfle dans le mouvement de fon gofer, pour füre pafler fon manger jufques dans Péttotat, y font co- piés d’après nature : l'aliment yeft digéré comme dans les vrais animaux, par diffolution , & non par tritu= ration ; la matiére digérée dans l’eftomac eft conduite par des tuyaux, comme dans l’animal par fes boyaux, jufqu’à l'anus, où il y a un fphinéter qui en permet la fortie. L’Auteur ne donne pas cette digeftion pour une digeftion parfaite, capable de faire du fang & des fucs nourriciers pour l'entretien de l’animal ; on auroit mauvaife grace de lui faire ce reproche. Ilne prétend qu'imiter la méchanique dé cette ation en trois chofes, qui font: 1°. d’aÿaler le grain; 20, de le macèrer, cuire ou dfloudre; 3°. de le faire {ortir dans un changement fenfble. Il a cependant fallu des moyens pour les trois ac- tions, & ces moyens mériteront peut-être quelque attention de la part de ceux qui demanderoïent da- vantage. Il a fallu employer différens expédiens pour faire prendre lé grain au canard artificiel, le lui faire afpirer jufques dans fon eftomac, & là dans un petit efpace, conftruire un laboratoire chimique, pour en decompofer les principales parties intégrantes, & le faire fortir à volonté, par des circonvolutions de. tuyaux, à une extrémité de fon corps toute op- pofée. On ne croit pas que les Anatomiftes ayerit rien à defirer fur la conftruëtion de fes aîles. On a imité os par os, toutes les éminences qu'ils appellent 4pophy- Jès. Elles y font régulierement obfervées, comme les différentes charnieres, les cavités , les courbes. Les trois os qui compofent l'aile, y font très-diftinéts : le premier qui eft l’hurmerus, a {on mouvement de rota- tion en tout fens, avec l'os qui fait l'office d’omopla- te ; le fecond qui eft Le cubitus de l’aîle, a fon mou- vement avec l’humerus par une charmiere, que les Anatomiftes appellent par ginglyme ; le troïfieme qui eft le radius, tourne dans une cavité de l’hurmerus, & eft attaché par fes autres bouts aux petits os du bout de l’aîle, de même que dans l’animal. Pour faire connoïtre que les mouvemens de ces ailes ne reflemblent point à ceux que l’on voit dans les grands chefs-d’œuvres du coq de l’horloge de Lyon & de Strasbourg, toute la méchanique du ca- nard artificiel a été vüe à decouvert, le deflein de l’auteur étant plütôt de démontrer, que de montrer fimplement une machine. | On croit que les perfonnes attentives fentiront la difficulté qu’il y a eu de faire faire à cet auromate tant de mouvemens différens ; comme lorfqu'il s’éle- ve fur fes pattes, & qu'il porte fon cou à droite & à gauche. Ils connoïtront tous les changemens des dif- férens points d’appui ; 1ls verront même que ce qui fervoit de point d'appui à une partie mobile, devient à fon tour mobile fur cette partie, qui devient fixe à fon tour ; enfin ils decouvrirontune infinité de com= binaïions méchaniques. Toute cette machine joue fans qu’on y touche; quand on l’a montée une fois, On oublioit de dire, que l’animal boit, barbot- te dans l'eau, croaffe comme le canard naturel. En- fin l’auteur a tâché de lui faire faire tous les peftes d’après ceux de l’animal vivant, qu’il a confidéré avec attention. 2°, Le fecond automate, eft le joueur de tambou- rin, planté tout droit fur fon pié d’eftal, habillé en berger danfeur , qui joue une vingtaine d’airs, me nuets, rigodons ou contre-danfes. Oncroiroit d’abord que les difficultés ont été moins dres qu’au flûteur automate : maïs fans vouloir élever l'un pour rabaïffer l’autre, il faut faire réflexion qu'il s’agit de l’inftrument le plus ingrat, & le plus faux par lui-même ; qu'il a fallu faire articuler une flûte à AUT trois trous, où tous les tons dépendent di plus où moins de force du vent, & de trous bouchés à moi- tié ; qu'ila fallu donner tous les vents différens , avec ne vitefle que l’oreille a de la peine à fuivre, don- ner des coups de langue à chaque note, jufque dans les doubles.croches, parce que cet inftrument n’eft point agréable autrement. L'axtomare furpaffe en cela tous nos joueurs de tambourin;, qui ne peuvent re- muer la langue avec-affez de légereté, pour faire une mefure.éntiere de doubles croches toutes arti- culées ; ils en coulent la moitié : & ce tambourin aw- Zomate joue unair entier ayec des coups de langue à chaque note. Quelle combinaifon de vents n’a-til pas fallu trou- ver pour cet effet? L'auteur a fait aufli des décou- vêrtes dont on ne fe feroit jamais douté; aureit-on cru que cette petite flûte eft un desinftrumens à vent qui fatiguent le plus la poitrine des joüeurs à Les mufcles de leur poitrine font un effort équiva- lant à un poids de 56 livres, puifqu’il faut cette mê- me force de vent, c’eft-à-dire, un vent poufié par cette force ou cette pefanteur , pour former lé f d’en- Baut, qui eftla derniere note où cet inftrument puif- fe s'étendre: Une once feule fait parler la premiere note, qui eft le #1: que lon juge quelle divifion de vent il a fallu faire pour parcourir toute l’étendue du flageolet Provençal. , Ayant f. peu de pofitions de doists différentes , on - croiroit peut-être qu'il n’a faliu de différens vents, qu'autant qu’il y a de différentes notes : point du tout. Le vent qui fait parler, par exemple, le e à la fuite de Pur, le manque abfolument quand le même eeft à la fuite du #22 au-deflus, & ainfides autres notes. Qu'on calcule, on verra qu'il a fallu le double de dif: férens vents, fans compter les dièfes pour lefquels il faut tohjours un vent particulier. L’auteur a été lui- même étonné de voir cet inftrument avoit befoin d’une combinaïfon fi variée , & 1l a été plus d’une fois prêt à defefpérer de la réuflite : mais le courage & la patience l’ont enfin emporté. - Ce n’eft pas tout: ce flageolet n’occupe qu’une main ; l’automate tient de l’autre une baguette, avec laquelle 1! bat du tambour de Marfeille ; il donne des coups fimples & doubles, fait des roulemens variés à tous les airs, & accompagne en mefure les mêmes airs qu'il joue avec fon flageolet de l’autre main. Ce mouvement n’eft pas un des plus aifés de la machi- ne. Il eft queftion de frapper tantôt plus fort, tantôt plus vite, & de donner toûjours un coup fec, pour tirer du fon du tambour, Cette méchanique confifte dans une combinaïfon infinie de leviers & de reflorts différens , tous mûs avec affez de juiteffe pour fuivre l'air; ce qui feroit trop long à détailler. Enfin cette machine a quelque reflemblance avec celle du Aû2 teur: mais elle a été conftruite par des moyens bien différens. Voyey Obfér. fur les écrits mod. 1 742. (0) *AUTOMATIA , (Myth. ) déeffe du hafard. Ti moléon lui confacra des autels après fes vitoires. On ne nous dit point qu'ilait eu des imitateurs, ni qu’au- Cun des autres géncraux de la Grece ayent jamais ordonné des facrifices dans le temple que la modeftie &r la fincérité de Timoléon avoient élevé à la déeffe du hafard. AUTOMATIQUE, ady. dans l'économie animale ; fe dit des mouvemens qu dépendent uniquement de la ftru@ure des corps , & fur lefquels la volonté n’a aucun pouvoir. Boerhaave!, Comment. phyfiolog. (L) AUTOMNAL , adj. m. fe dit dece qui appartient à l'automne. On dit des fruits automnaux » desfleurs , des fievres automnales, &c. Voyez AUTOMNE. Pornt automral , eft un des points de la ligne équi- noétiale , d’où le foleil commence À defcendre vers le pole méridional ; c’eft lun des points où l'éclipti- Torne I, | | AUT 897 que coupe l'équateur, & celui des deux où commencé le figne de la balance. Voyez EQuINOCTIAL. . Signes AUTOMNAUX ; ce font la Balance; le Scor: pion, le Sagittaire. Voyez BALANCE, Scorpion €: SAGITTAIRE. ( O AUTOMNE , {. m.(4fron.) troifieme faifon de l’année ; tems de la récolte des fruits de l'été, Foyeg: SAISON, ANNÉE, Ge. Quelques-uns le font venir de æugeo , j’accrois » guod annum frugibus augeat. | L'automne commence le jour que la diftance mé ridienne du foleil au zénith , après avoir décrit, fe trouve moyenne entre la plus grande & la moindre. La fin de l'automne fe rencontre avec le commence- ment de l’hyver, Durant l’astomne les jours vont en décroïflant , & {ont toùjours plus courts que les nuits, excepté le premier jour d'automne, qui eft le jour de l’équinoxe. Voyez HIVER, &c. | Diverfes nations ont compté les années par les altomnes ; comme les Anglo-faxons par les hivers. Tacite nous apprend que les anciens Germains con- noïloient toutes les faifons de l’année, excepté l’az: tome , dont ils n’avoient nulle idée: On a toûjours penfé que l’auromneétoit une faifon mal faine. Tertullien l’appelle, seztator valetudinum. Horace ditaufli, autumnus libitine queftus acerba, Equinoxe d'AUTOMNE, eft le tems où le foleil en: tre dans le point automnal. Ÿ. Auromnaz. (0 } AUTOMNE, ex Alchimie, eft le tems où l'opéra tion du grand œuvre eft à fa maturité. (M) * AUTON, volcan de l'Amérique méridionale ; province de Chimito, proche la riviere de Robio. : AUTONOME , adj. ( if. anc.) titre que pre- noïent certaines villes de Grece qui avoient le pri- Vilége de fe gouverner par leurs propres lois. Il eft confervé fur plufieurs médailles antiques. Ce nom eft Grec & vient d’avroc, méme , &t vomes , loi, regle ; que fe regle foi-même. (G) l AUTONOMIE, £. £. ( Hifi. añc. 6 politig. ) forte de gouvernement anärchique où le peuple fe souver- né par cantons, fe donnant des chefs pendant la guerre &t des juges pendant la paix, dont l’autorité ne dure qu'autant qu'il plait à céux qui la leur ont conférée, Hérodote rapporte qué cette efpece d’adminiftration précéda la monarchie chez les anciens Babyloniens : 8c l’on dit qu’elle a encore lieu parmi plufieurs peu- plés de PAmérique feptentrionale , dans l’Arabie de- fêrte, & chez les Tartares de là haute Afe, (G) AUTOPSIE, f. f. Ce mot eft Grec, compofé de autos, foi- même, & de oi, vie ; c’eit l’attion de voir une chofe de fes propres yeux. Foyéz Visiow, Éc. va L’autopfie des anciens étoit un état de l’ame où lon avoit un commerce intime avec les dieux. C’eft ainfr que dans les myfteres d’Eleufis & de Samothrace , les prêtres nommoïent la derniere explication qu'ils donnoïent à leurs profélytes , 8: pour ainfi parler, le mot de l'énigme. Mais ceux-ci aurapport de Cicé- ron étoient fort étonnés que cette vüe claire des myf- teres qui avoit demandé de fi longues préparations, fe réduifoit à leur apprendredes chofes très-fimples , &c moins la nature des dieux que la nature des chofes mêmes , & les principes de la morale. (G) : AUTORISATION , rerme de Palais, eft le con cours ou la jonétion de l'autorité d’untuteur ou d’un mari , dans un acte pañté par un-iineur ou par une femme atuellement en puiflance de mari ; faute de- quoi Paëte feroit invalide & fans effet. Si pourtant l'aéte pañlé fans l’autorifation du tuteur étoit avanta- geuxau pupille ,1l ne tiendroit qu’à lui de s’y tenir : &c celui qui a contraété avec lui, ne feroit pas rece- vable à en demander la nullité en conféquence du. défaut d'autortfatton ; parce que la néceflité de l'axe XXxxXx 893 A UT vorifation n'a êté introduite qu'en faveur diimineur, Voye Mineur. (A) IL. à AUTORITÉ, pouvoir , piuffañce > empires (Gram.) L'autorité ; dit M. l'abbé Girard dans {es Syrony= nes, laifle plus dé liberté dans le choix ; le pouvoira plus de force ; l’érpire eft plus abfolu. On tient l’av- zorité de la fupériorité du rang & de la raïfon ; le pou- voir ; de lattachement que les perfonnes ont pour nous ; l’émpires de l’art qu’on a de faifir le foiblé, L’autoriré perluade ; Le pouvoir entraîne ; l'empire fub= qugue. L'autorité fuppofe du mérite dans celui qui l’a ; le pouvoir, des liaïfons ; l’empire, de l’afcendant. Il faut fe foûmettre à l'auroriré d’un homme fage ; on doit accorder fur foi du pouvoir à fes amis; il ne faut laifier prendre de l’enpire à perfonne. L’autoriré eft ‘communiquée par les lois ; le pouvoir par ceux qui en font dépofitaires; la puiffance par le confentement des hommes ou la force des armes. On eft heureux de vivre {ous l'autorité d’un prince qui aime la juftice ; dont les miniftres ne s’arrogent pas un pouvoir au- delà de celui qu'il leur donne, & qui regarde le zele &t l’amour de {es fujets comme les fondemens de fa puiffance. I n’y a point d'autorité fans loi; il n’y a point de loi qui donne une autorité fans bornes. Tout pouvoir a {es limites. Îl n’y a point de pziffance qui ne doive être foümife à celle de Dieu. L’aroricé foible attire le mépris ; le pouvoir aveugle choque l’équité ; la puiffance jaloufe eft formidable. L'autorité eft rela- tive au droit ; la pziffance aux moyens d’en ufer ; le pouvoir à l’ufage. L'autorité réveille une idée de ref- peé ; la pæiffance une idée de grandeur; le pouvoir une idée de crainte. L'autorité de Dieu eft fans bor- nes ; fa priffance éternelle ; & {on pouvoir abfolu. Les peres ont de l’aurorité fur leurs enfans ; les rois font puiflans entre leurs femblables ; les hommes riches & titrés font piffans dans la fociété ; les magiftrats y ont du pouvoir. . AUTORITÉ POLITIQUE. Aucun homme n’a recû de la nature le droit de commander aux autres. La liberté eft un préfent du ciel, & chaque individu de la même efpece a le droit d’en jouir aufli-tôt qu’il joiuit de la raïfon, Si la nature a établi quelque aurorité, c’eft la puiflance paternelle : mais la puiffancé pater- nelle à fes bornes ; & dans l’état de nature elle fini- roit auffi-tôt que les enfans feroient en état de fe con duire. Toute autre autoriré vient d’une autre origine que de la nature. Qu’on examine bien, & on la fera totyouts remonter à l’une de ces deux fources: ou la force & la violence de celui qui s’en eft emparé ; ou le confentement de ceux qui s’y font foûmis par un contrat fait ou fuppofé entr’eux, & celui à qui ils ont déféré lautorire. | La puifflance qui s’acquiert par la violence , n’eft qu’une ufurpation, & ne dure qu’autant que la for- ce de celui qui commande l’emporte fur celle de ceux qui obéiflent ; enforte que fi ces derniers de- Viennent à leur tour les plus forts, & qu’ils fecouent le joug , ils le font avec autant de droit & de juftice que l’autre qui le leur avoit impofé. La même loi qui a fait l'autorisé, la défait alors : c’eft la loi du plus fort, Quelquefois l’auroriré qui s'établit par la violence change de nature;c’eftlorfqu’elle continue &fe main- tient du confentement exprès de ceux qu’on a foù- mis : mais elle rentre patilà dans la feconde efpece dont je vais parler ; & celui qui fe l’étoit arrogée devenant alors prince, cefle d'être tyran. - La puiffance qui vient du confentément des peu- ples , fuppofe néceflairement des'conditions qui en rendent l’ufage lévitime , utile à la fociété , ayanta- geux à la république , & qui la fixent & la reftrai- gnent entre des limites : car homme neïdoit ni ne peut fe donner entierément &z fans referve à un au- tre homme ; parce qu'il a un maitre fupérieutau-de£ | fus dé tout, à qui feul il appartient tout entier, C’aft Dieu, dont le pouvoir eft toijouts immédiat fur La créature , maître aufü jaloux qu’abfoliu , qui ne pérd jamais de {és droits , & ne les communique point. permet pour le bien commun &z pour le maïntien dé la fociété , quelles hommes établiflent entre eux un ordre de fubordination , qu’ils obéiffent à lun d’eux : mais il veut qué ce foit par raïfon & avec mefure, & non pas aveuglément & fans réferve, afin que la créature ne s’arroge pas les droits du créateur. Toute autre foünuflion eft le véritable crime d'idolatrie. Fléchir le genou devant un homme ou devant une image, n’eft qu'une cérémonie extérieure , dont le vrai Dieu qui demande le cœur & lefprit, ne fe fou- cie guere, & qu'il abandonne à l’inftitution des hom- mes pour en faire, comme il leur conviendra, des marques d’un culté civil & politique, où d’un culte de religion, Ainf ce ne font point ces cérémonies en elles-mêmes, mais l’efprit de leur établiffement, qui en rend la pratique innocente ou criminelle. Un An-. glois n’a point de fcrupule à fervir le roi le genou en terre ; le cérémonial ne fignifie que ce qu’on a voulu qu'il fignifiat : mais livrer fon cœur, fon efprit &c fa conduite fans aucune réferve à la volonté &c au ca- price d’une pure créature, en faire l’unique &c le dernier motif de fes aétions , c’eft affürément un cri- me de lefe-majefté divine au premier chef : autre- ment ce pouvoir de Dieu , dont on parle tant , ñne fe- toit qu’un vain bruit dont la politique humaine ufe- roit à fa fantaifie, & dont lefprit d’irrelision pour- roit fe jouer à fon tour ; de forte que toutes les idées de puffance & de fubordination venant à fe confon-. dre , le prince fe joueroit de Dieu , & le fujet du prince. | La vraie & légitimé puiffance a donc néceflaire- ment des bornes. Auffi Écriture nous dit-elle : « que # votre foümiflion foit raïfonnable » ; fr rarionabile obfequiurn veflrum, « Toute puiffance qui vient de » Dieu eft une puiffance reglée » ; omnis poteflas à Deo ordinata eff, Car c’eft ainfi qu'il faut entendre ces paroles, conformément à la droite raifon & au fens littéral, & non conformément à l'interprétation de la bañeïfe & de la flatterie qui préténdent quetoute puiffance quelle qu’elle foit , vient de Dieu, Quoï donc ; n’y ast:1l point de puiffances injuftes ? n’y a+ t-1l pas des aurorirés qui , loin de vénir de Dieu, s’é- tabliflent contre fes ordres & contre fa volonté ? les ufurpateurs ont-ils Dieu pour eux? faut-il obéir en tout aux perfécuteurs de la vraie religion ? & pour fermer la bouche à l’imbécillité , la puiflance de l’antechrift {era-t-elle légitime ? Ce fera pourtant une grande puiflancé, Enoch & Elie qui lui réfifte- ront, feront-ils des rebelles & des féditieux qui au- ront oublié que toute puiffance vient de Dieu; ou des hommes raifonnables ; fermes & pieux, qui fau« ront que toute puiflance ceffe de l'être, dès qu’elle fort des bornes que la raifon luia prefcrites, & qu’elle s’écarte des regles que le fouverain des princes & des fujets a établies; des hommes enfin qui penferont , comme S. Paul, que toute puiflance n’eft de Dieu qu’autant qu’elle eft jufte & reglée ? 1 Le prince tient de fes fujets mêmes l’avsoriré qu'il a fur eux ; 8c cette autoriré eft bornée par les lois de la nature & de l’état. Les loïs de la nature & de l’état font les conditions fous lefquelles ils fe font foùmis, ou font cenfés s'être foïmis à fon gouvernement, L’une de ces conditions eft que n’ayant de pouvoir & d'autorité {ur eux que par leur choix &c de leur con- fentement, il ne peut jamais employer cette autorité pour cafler l’aéte ou le contrat par lequel elle lui & été déférée : il agiroit dès-lors contre lui-même, puif- que fon aurorité ne peut fubffter que par le titre qui l’a établie. Qui annulle l’un détruit autre. Le prince ne peut donc pas difpofer de fon pouvoir & de fes fujots fans le confentement de la nation, & inde- - pendamment du choix marqué-dansie contrat defotû- mifion. S'il en ufoit autrement, tout feroit nul, & les lois Le releveroient des promefles & des fermens qu'il auroit pù faire , comme DOPAGE AULOIL agi fans connoiflance de caufe ; puifqu il auroit pre- tendu difpofer de ce qu'iln'avoit qu'en dépôt ét avec u 1 . 21. claufe de fubftitution , de la même mamere ques il- lavoit eu en toute propriété & fans aucune condi- tion. : Me à D'ailleurs le gouvernement, quoique héréditaire “dans une famille , & mis entre les mains d'un feul , n’eftpas un bien particuher, mais un bien public ; qui par conféquent ne peut jamais étre enlevé au peu- -ple , à qui feuli appartient effentiellement &t en plet- ne propriété, Aufñ eft-ce tobjours lui qui en fait le bail : il intervient tobjours dans le contrat qui en ad- juge l'exercice. Ce n’eft pas létat qui appartient at prince, c’eft le prince qui appartient à l'état : mais ilappartiènt au prince de gouverner dans l'état,parce que l’état Pa choïf pour cela ; qu'il s’eft engagé en- -vers les peuples à l’adminiftration des affaires, & que ceux-ci de leur côté fe font engagés à lui obéir con- formément aux lois. Celui qui porte la couronne peut bien s’en décharger abfolument sl le veut: mais 1l ne peut la remettre fur la tête d’un autre fans le con- fentement de la nation qui l’a mife fur la fienne. En un mot, la couronne , le gouvernement , &c l’auco- rité publique , {ont des biens dont le corps de la na- tion eft propriétaire , &c dont les princes font les ufu- fruitiers, les miniftres & les dépoñtaires. Quoique _chefs de l’état, ils n’en font pas moins membres, à Ja vérité les premiers, les plus vénérables &c les plus puiflans, pouvant tout pour gouverner , mais ne pou- vant rién légitimement pour changer le gouverne- -ment établi, ni pour mettre un autre chef à leur place. Le fceptre de Louis XV. pañle néceflairement à fon fils aîné, & il n’y a aucune puiflance qui pue s’y oppofer : m celle de la nation, parce que c’ef la con- dition du contrat ; ru1,celle de fon pere par la même ra{on. Le dépôt de l’autoriré n’eft quelquefois que pour un tems limité , comme dans la république Romai- ne. Il eft quelquefois pour la vie d’un feul homme, comme en Pologne ; quelquefois pour tout le tems que fubfiftera une famille , comme en Angleterre ; - quelquefois pour le tems que fubfftera une fanuile parles mâles feulement, comme en France, Ce dépôt eft quelquefois confié à un certau1 or- dre dans la focicté ; quelquefois à plufieurs choïfis _de tous les ordres, & quelquefois à un feul. Les conditions de ce pate font différentes dans les différens états, Maïs par-tout, la nation eft en droit de maintenir envers & contre tous le contraét qu’elle -a fait ; aucune puiffance ne peut le changer; & quand . il n’a plus lieu , elle rentre dans le droit & dans la - pleine liberté, d’en pafler un nouveau avec qui, & comme il lui plait, C’eft ce quu arriveroit en France, fi: par le plus grand des malheurs la famille entiere régnante venoit à s’éteindre jufque dans fes moin- dres rejettons ; alors le fceptre & la couronne re- toutnéroient à la nation. Il femble qu'il n’y ait que des efclavés dont l’ef- prit feroit auffi borné que le cœur feroit bas, qui puñlent penfer autrement. Ces fortes de gens ne font nés m pour la gloire duwprince, ni pour l'avantage de la fociété : ils n’ont nt vertu, ni grandeur d’ame. La crainte & l'intérêt font les reflorts de leur con- dite. La nature ne les produit que pour fervir de lüftre aux hommes vertueux ; & la Providence s’en fert pour former les puuffances tyranniques , dont elle châtie pour l'ordinaire les peuples & les {ou- verains qui offenfent Dieu ; ceux-ci en ufurpant, ceux-là en accordant.trop à homme de ce pouvoir Tome L AIUIT 899 fiprème , que le Créateur seftrefeivé fur là créa ture. és. Jo L’ébfervation des lois , la conférvation de la ii -berté &c l’amour de la patrie, font lesfources fécon: - des de toutes grandes chofes & de toutes bélles ac: tions, Là fe trouvent le bonheur des peuples L6c la véritable illuftration desprinces quidles souvernent, Là l’obéiflance eft glorieule | & le commandement augufte, Au contraire , la flatterie , l'intérêt partieu- lier ; & lefprit dé fervitude font l’origine de tous les maux qui accablent un état ; & de toutes les lâche tés qui le deshonorent. Là les fujets font miférables , êt les princes hais ; là: le monarque ne s’eft jamais entendu proclamer Ze. bien-aimé ; la foûmiffion y eit “honteule, & la domination cruelle. Si jé raflemble fousun même point devie la France & la Turquie , J'apperçois d’un côté une fociété d'hommes que là faifon unit , que la vertu fait agir , & qu’un chef également fage & glorieux gouverne felon les lois de la juftice; de l’autre, un troupeau d'animaux qué l'habitude affemble, que la loi de la verge fait niar- cher ; &r qu’un maître abfolu mene felon fon caprice. Mais pour donner aux principes répandus dans cet article, toute Parorisé qu'ils peuvent fecévoir ; appuyons-les du témoignage d’un de nos plus grands rois, Le difcours qu'il tint à l'ouverture de l’affem- blée des notables de 1596 , plein d’une fincérité que les fonverains ne connoïflent guere’, étoïit bien di- gne des fentimens qu'il y porta. « Perfuadé, dit M. » de Sully, pag. 46 7.1n- 4. tom, I. que les rois » ont deux fouverains , Dieu & la loi; que la jufti- » ce doit préfider fur le thrône , 8 que la douceur » doit être aflife à côté d’elle ; que Dieu étant le vrai » propriétaire de tous les royaumes , & lés rois n’en » étant que les adminiftrateurs , ils doivent repré- » fénter aux peuples célui dont ils tiennent la place; » qu'ils né régneront comme li, qu’autant qu'ils ré- » gneront en peres ; que dans les états monarchiques » héréditaires , il y a une erreur qu’on peut appel- » ler aufli héréditaire , c’eft que le fouverain eff mat- » tre de la vie & des biens de tous fes fujets ; que » moyennant ces quatre mots, sel 6ff nôrre plaifir, il » ft difpenfé de manifefterles raifons de fa condui- »te, où même d’en avoir; que, quand cela feroit, » il n’y a point d’imprudence pareille à celle de fe » faire haïr de ceux auxquels on eft obligé de con- 5 fier à chaque inftant fa vie, & que c’eft tomber » dans ce malheur que d’émporter tout de vive for- » ce. Ce grand homme perfuadé , dis-je , de ces prin- » cipes que tout Partifice du courtifan ne bannira » jamais du cœur de ceux qui lui refféembleront, » déclara que pour éviter tout air de violeñce &de » contrainte , 1l n’avoit pas voulu que l’affemblée fe » fit par des députés nommés par le fouverain, & » toüjouts aveuglément aflervis à toutes fes volon- » tés ; mais que fon intention étoit qu'on y admiît » librement toutes fortes de perfonnes., de quelqu’é- » tat & condition qu’elles puflent être ; afin que les » gens de favoir & de mérite euflent le moyen d’y » propofer fans crainte, ce qu'ils croiroient nécèf- » faire pour Le bien public ; qu'il ne pretendoit en- » core en ce moment leur prefcrire aucunes borries ; » qu'il leur emjoignoït feulement de ne pas abufer de » cette permiffion , pour l’abaiflément de l’aroriré » royale, qui eft le principal nerf de l’état ; de réta- » blir Punion entre fes membres ; de foulager les » peuples ; de décharger le thréfor royal de quan- » tité de dettes , auxquelles il fe voyoit fijet , fans » les avoir! contrattées ; de modérer avec ia même » juftice , les penfons excefives , fans faire tott aux » néceflaures ; afin d'établir pour l'avenir un fonds » fuffifant & clair pour l'entretien des gens dé guet- » re, IL ajoûta qu'il n’auroit aucune peine à {e foû- »-mettre à des moyens qu'il n’auroit point ima ginés Xxxx i 900 AUT » lui-même , d’abord qu'ilfentiroitqu’ils avoientéte » di£tés par un efprit d'équité & de defintéreflement ; » qu'on ne le vetroit point chercher dans fon âge, » dans fon expérience & dans fes qualités perfon- #nelles , un prétexte bien moins frivole , que ce- # lui dont les princes ont coûtume de fe fervir, pour » éluder les reglemens ; qu'il montreroït au contrai- » re par fon exemple, qu'ils ne regardent pas moins # les rois pour les faire obferver ; que les fujets à » pour s’y foûmettre. Siye faifois gloire, continua- st-il, de palfer pour un excellent orateur, j'aurois ap- .wporté ici plus de belles paroles que de bonne volonté: » mais mon ambition a quelque chofe de plus haut que .» de bien parler. J’afpire au glorieux titre de libérateur » & de reflaurateur de la France. Je ne vous ai donc » point appelés, comme faifoientimes prédéceffeurs , pour » vous obliger d'approuver avenglément mes volontés : »je vous ai fait affembler pour recevoir vos confels, # pour les croire, pour les fuivre ; er un mot, poufime » mettre en tutele entre vos mains. C’eff une envie qui ne » prend guere aux rois , aux barbes grifes & aux vilo- » rieux, comme moi: mais l'amour que Je porte à mes » fujets , & l’extrème defir que j'ai de conferver mon »état , me font trouver tout facile & tout honorable. . …» Ce difcours achevé , Henrife leva & fortit, ne » laïffant que M. de Sully dans Paflemblée , pour y » communiquer les états , les mémoires &c les pa- # piers dont on pouvoit avoir befoin. » On n’ofe propofer cette conduite pour modele, parce qu'il y a des occafons où les princes peuvent avoir moins de déférence , fans toutefois s’écarter des fentimens qui font que le fouverain dans la fo- ciété fe regarde comme le pere de famille , & fes fujets comme fes enfans. Le grand Monarque que nous venons de citer , nous fourmira encore l’exem- ple de cette forte de douceur mêlée de fermeté, fire- quife dans les occafions, où la raifon eft fi vifble- mênt du côté du fouverain , qu'ila droit d’ôter à fes fujets la liberté du choix, & de ne leur laïfler que le parti de l’obéifflance. L’Edit de Nantes ayant été ve- rifié , après bien des difficultés du Parlement,du Cler- gé & de l’Univerfté, Henri IV. dit aux évêques: Vous m'avez exhorté de mon devoir ; je vous exhorte du vôtre. Faifons bien à lenvi les uns des autres. Mes pre- décefleurs vous ont donné de belles paroles ; mais moi avec ma jaquette , je vous donnerai de bons effèts : Je verrai vos cahiers, G j'y répondrai le plus favorablement qu'il me fera poffible. Et il répondit au Parlement qui étoit venu lui faire des remontrances : Vous me voyez en mon cabines où je viens vous parler, non pas er.ha- bir royal ,:ni avec l'épée G La cappe , comme mes préde- ceffeurs ; mais vêtu comme un pere de famille , er pour- point, pour parler familierement à fes enfans. Ce quej'ai a yous dire | efl que je vous prie de vérifier l'édit que J'ataccordé à ceux de la religion. Ce que j'en ai fait ef pour de bien de la paix. Je lai faite au-dehors ; je La veux faire au-dedans de mon royaume. Après leur avoir expofé les raifons qu’il avoit eues de faire l’édit, il ajoûta : Ceux qui empêchent que mon édit ne palfe , veu- lent la guerre ; Je la déclarerat demain à ceux de la reli- gion ; mais je ne la ferai pas ; je les y enverrai. Jai fait Pédis ; je veux qu'il Sobferve. Ma volonté deyroit Servir de raifon ; on nela demande jamais au prince , dans un état obéiffant. Jefuis roi, Je vous parle en roi. Je veux étre obéi. Mèm. de Sully , in-49, p. 504. tom. I. Voilà comment il convient à un Monarque de par- ‘ler à fes fujets, quand il a évidemment la juftice de fon côté ; & pourquoi ne pourroït-il pas ce que peut tout homme qui a léquité de fon côté ? Quant aux fujets , la premiere loi que la religion, la raifon & la nature leur impofent , eft de refpeétereux-mêmes les conditions du contrat qu'ils ont fait ,ùde ne ja- mais perdre de vüe la nature de leur gouvernement ; ya si0B ao" ASDBASIT And amants Fee S'trR : “ MEL ST : d A EU TBE tea oare st on 10 FA En 4 DR 4 mn et DETAMUT Le RTL CAT PER » AV Se | LE « s a Le SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES | 1] IL 3 9088 00761 7368